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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 18:40
Prendre conscience du caractère historique du capitalisme
Prendre conscience du caractère historique du capitalisme

Il y a urgence à créer un nouveau rapport social pour organiser la survie de l’humanité. 

 

 

Dans L’Origine du capitalisme, paru début février, l’historienne canadienne Ellen Meiksins Wood souligne combien le capitalisme n’est pas un phénomène « naturel », mais bien un phénomène historique. Une leçon essentielle pour notre temps.

" Qu’est-ce que le capitalisme? Cette question, l’histoire la pose chaque fois que ce système entre en crise, étalant au grand jour ses absurdités. Pour y répondre, il faut en comprendre les origines. Voilà ce que propose Ellen Meiksins Wood dans cet ouvrage initialement paru en 2009.

Personne ne niera que le capitalisme a permis à l’humanité d’accomplir des avancées notables sur le plan matériel. Mais il est devenu aujourd’hui manifeste que les lois du marché ne pourront faire prospérer le capital qu’au prix d’une détérioration des conditions de vie d’une multitude d’individus et d’une dégradation de l’environnement partout dans le monde. Il importe donc plus que jamais de savoir que le capitalisme n’est pas la conséquence inévitable des échanges commerciaux et marchands que l’on retrouve dans presque toutes les sociétés humaines. Le capitalisme a une histoire très singulière et un lieu de naissance bien précis: les campagnes anglaises du XVIIe siècle. En rappelant cette origine, essentiellement politique, l’auteure propose une définition limpide des mécanismes et des contraintes qui font la spécificité du capitalisme. "

 

 

Sources : Romaric Godin |

- C’est la dernière ligne de défense du capitalisme, et souvent la plus puissante.
Ce régime socio-économique serait « naturel », et le seul réellement adapté à la « nature humaine ». Il permettrait en effet, par la magie de la « main invisible » et selon la vieille fable des abeilles de Mandeville, de transformer l’égoïsme « naturel » de l’humanité en bienfaits pour l’ensemble de cette dernière. À cela s’ajoute la capacité du capitalisme de tout quantifier et donc de tout « rationaliser ». Dans les années 1950, la « main invisible » a ainsi pris sa forme mathématique sous l’apparence des modèles d’équilibre général qui dominent encore aujourd’hui les sciences économiques. La mécanique capitaliste devenait alors une équation. Autrement dit, elle atteignait un niveau supérieur de « naturalité ». Aussi vrai que deux et deux font quatre, le capitalisme serait l’essence de l’homme.

 

Les conséquences de cette vision sont immenses.

  • Si le capitalisme est la réalisation profonde de l’essence humaine, alors comment peut-on envisager de le dépasser ? C’est évidemment peine perdue. Le réformisme socialiste qui, dans les premiers textes d’Eduard Bernstein, est encore un moyen d’avancer vers le socialisme est progressivement devenu une force de gestion du capitalisme.
  • Et la chute des régimes « communistes » en 1989-1991 n’a fait que confirmer ce mouvement : ces régimes luttaient en vain contre la « nature humaine », ce qui expliquait leur recours à la violence. Leur chute et la mondialisation du capitalisme représentaient donc l’achèvement de l’histoire humaine, au sens hégélien du terme, par la rationalisation du monde comme une forme de réalisation de l’Esprit.

 

 

L’histoire devait évidemment traduire cette vision du monde.
Puisque le capitalisme est naturel et rationnel, l’histoire de l’humanité se réduirait à un seul grand mouvement : la libération des entraves permettant à un capitalisme sous-jacent de se réaliser. Là encore, on est dans l’idéalisme hégélien : chaque société humaine a toujours eu en soi le capitalisme, mais les intérêts matériels de certains groupes ont tenté de bloquer son déploiement. C’est lorsque ces obstacles ont fini par être levés, et les derniers d’entre eux en 1989-1991, que l’homme a pu réaliser son destin rationnel à travers le capitalisme.

 

 

L’ORIGINE DU CAPITALISME Lire un extrait  Une étude approfondie Ellen Meiksins Wood

- Un ouvrage de 2009 de l’historienne canadienne Ellen Meiksins Wood, récemment traduit en français et publié aux éditions Lux, " L’Origine du capitalisme[1] ", vient briser ces belles certitudes.

Et cela en fait un livre indispensable à notre époque. Car la première partie de l’ouvrage s’emploie avec succès à déconstruire ce caractère « naturel » du développement humain vers le capitalisme. Le tour d’horizon qu’elle entreprend des différentes théories sur l’origine du système capitaliste montre combien le débat était d’emblée verrouillé.

 

Persuadés du caractère inéluctable du capitalisme, les historiens, y compris la grande majorité des historiens marxistes, ont soumis l’histoire à cette lecture préalable. Cette lecture s’appuyait sur l’idée que le commerce était naturellement d’essence capitaliste et ne demandait qu’à se libérer des contraintes de la société féodale pour le devenir pleinement. Une fois ce stade atteint, le capitalisme a pu donner le meilleur de lui-même et s’imposer à une humanité le reconnaissant comme le fruit de sa propre nature. C’est le modèle de la « commercialisation » qui a dominé et domine encore la lecture de l’histoire du capitalisme. « Ces gens tiennent pour acquis que le capitalisme a toujours existé, du moins sous une forme embryonnaire, depuis la nuit des temps, et qu’il serait à la limite inhérent à la nature et à la raison humaine », résume Ellen Meiksins Wood (page 25).

 

L’historienne montre comment même ceux qui essaient d’échapper aux modèles traditionnels « bourgeois » n’échappent pas à cette logique de la « commercialisation ». C’est notamment le cas de Karl Polanyi, qui, malgré sa critique radicale de la marchandisation, n’échappe pas au schéma liant développement commercial au progrès technique et à l’industrialisation. Il peut ainsi défendre l’idée que « lorsque les liens féodaux se sont affaiblis, avant de disparaître, fort peu de choses empêchaient les forces de marché de s’imposer ». Autrement dit, ces forces de marchés, entravées par le féodalisme, étaient bien présentes à l’état latent. Mais ce travers ne manque pas non plus de marquer la grande polémique entre marxistes des années 1950 qui oppose Paul Sweezy et Maurice Dobb.

 

 

- Le premier qui sortit réellement de ce schéma de la « commercialisation » aura été l’historien étasunien Robert Brenner dans un article célèbre datant de 1976, « Agrarian Class Structure and Economic Development in Pre-Industrial Europe ».

Le débat du Brenner Structure de la classe agraire et développement économique en Europe préindustrielle

Brenner, qui est l’inspirateur d’Ellen Meiksins Wood, voit dans le capitalisme un phénomène non pas naturel mais historique, né dans les campagnes anglaises des XVe et XVIe siècles. Il rejette l’idée de tout capitalisme latent ou embryonnaire. Ce texte va provoquer une levée de boucliers dans le milieu historique, dont il sortira un ouvrage, The Brenner Debate (republié en 2009 aux éditions universitaires de Cambridge[2]), où, pour la première fois, la validité du modèle de la « commercialisation » allait être mis en discussion.

 

🔴 Ellen Meiksins Wood s’inscrit clairement dans la continuité du Robert Brenner de 1976. La suite de l’ouvrage tente ainsi d’aller encore plus avant pour décrire la naissance du capitalisme comme un phénomène historique, né d’un contexte historique.

 

Pour sortir du biais de la « commercialisation », l’historienne rappelle plusieurs éléments clés.

  • D’abord, il existe une différence radicale entre le commerce et son développement et le capitalisme et, partant, entre la bourgeoisie des villes vivant du commerce et le capitalisme.
  • Le capitalisme n’est pas simplement un système où existe le marché, c’est un système où le marché dicte sa loi à l’ensemble de la société. La concurrence est alors la force motrice de toute la société, l’obligeant à améliorer en permanence la productivité pour répondre aux prix fixés par le marché. Le marché conduit alors à un besoin de circulation des capitaux et oblige les forces sociales à s’adapter à ce besoin.
  • Ellen Meiksins Wood estime que la force sociale dominante est alors économique : c’est le marché et ses impératifs qui décident de l’attribution des surplus de production.
  • Et c’est là la différence majeure avec les sociétés précapitalistes où les surplus de production font l’objet de mesures politiques, « extra-économiques » comme le disait Marx : impôts divers, droits seigneuriaux, conflits armés. Dans ces sociétés, par ailleurs, l’utilisation des surplus est différente. Ils servent soit à entretenir la rente commerciale à un niveau constant, soit à assurer une consommation de luxe. L’investissement massif dans l’augmentation de la productivité du travail n’est alors pas nécessaire.

 

🔴 L’historienne canadienne montre bien ici la différence notable qui existe entre les exemples classiques de « capitalisme avorté » que sont les villes italiennes de la Renaissance ou les Provinces-Unies (Pays-Bas) du XVIIe siècle et la société capitaliste en formation en Angleterre.

  • Dans ces deux cas, le commerce développa la richesse d’une classe urbaine nombreuse. Mais si « le marché joua un rôle dans leur développement, il paraît aussi évident que ce marché offrait des occasions bien plus qu’il n’imposait ses impératifs ».
  • Et Ellen Meiksins Wood d’ajouter : « En tout cas, le marché ne provoquait pas le besoin constant et typiquement capitaliste de maximiser les profits en développant les forces productives. »

 

Les bourgeois florentins profitaient d’occasions liées aux savoir-faire de leurs artisans, ceux des Pays-Bas jouissaient de leur maîtrise des routes commerciales. Parfois, ils « investissaient » par la guerre ou la diplomatie pour maintenir ces avantages, mais une fois les aubaines disparues et les marchés taris, leur richesse s’évanouissait. Cet échec n’était pas la conséquence d’obstacles empêchant le développement du capitalisme, mais tenait précisément à la nature non capitaliste de ces développements économiques.

 


- Comprendre l’origine du capitalisme pour le dépasser
La thèse défendue par l’ouvrage est que le capitalisme n’est pas né dans les sociétés commerçantes et urbaines comme le veut la vision traditionnelle, mais dans l’Angleterre rurale de l’époque des Tudors.

  • L’Angleterre a connu un développement unique durant la période féodale. Contrairement à la France, par exemple, le pays a été politiquement unifié très rapidement, avant même la conquête normande de 1066, avec une noblesse associée au pouvoir central et non recentrée sur ses pouvoirs locaux. La Grande Charte de 1215 et le pouvoir croissant du Parlement représentaient ce partage du pouvoir au niveau central. On est loin du cas français, où le pouvoir nobiliaire (Propre à la noblesse) resta longtemps décentralisé, y compris sous l’absolutisme.
  • L’aristocratie anglaise a ainsi perdu progressivement les moyens de prélèvement extra-économiques des surplus agricoles qui resteraient en place en France jusqu’au 4 août 1789 (les fameux « privilèges »). Mais, en compensation, l’État anglais attribua à la noblesse deux éléments clés : de fortes garanties de son droit de propriété des terres et un marché national intégré. Alors qu’en France, les petits paysans possédaient leurs terres et payaient des droits à leur seigneur, en Angleterre, les nobles louaient leurs terres à des fermiers et soumettaient ces baux à un marché national pour les valoriser davantage. Se mit donc en place « un système de rentes concurrentielles où les seigneurs chaque fois que c’était possible louaient leur terre au plus offrant », système qui, naturellement, gagna du terrain sur les droits coutumiers résiduels. Dès lors, les fermiers, pour conserver leurs terres, durent se montrer les plus concurrentiels possibles en augmentant leur productivité. La logique capitaliste était née.

 

Le mouvement des « enclosures » qui réduisait les terres gérées en commun a ainsi connu un premier élan décisif dès l’époque Tudor (La période Tudor est la période historique située entre 1485 et 1603 en Angleterre et au pays de Galles[3]). Mais, contrairement à ce que pensaient Polanyi et Marx, il était déjà une conséquence et non une cause du capitalisme. Rapidement, l’agriculture anglaise fut capable de nourrir l’immense métropole londonienne où allaient se réfugier les classes chassées de la campagne par ce même mouvement. Ces masses étaient désormais contraintes à acheter des biens essentiels sur le marché à bas prix. La logique aurait donc pu buter sur la faiblesse naturelle de l’emploi et du pouvoir d’achat des paysans anglais soumis à ce bond de la productivité agricole. Or, cet état de fait favorisa encore davantage le développement de marchés fondés sur la consommation de masse à bas prix et donc sur une productivité accrue. Bientôt, le capitalisme anglais devint industriel par le biais du secteur textile, destiné à répondre à un tel marché. Toutefois, « ce ne sont pas les possibilités offertes par le marché, mais bien ses impératifs qui poussèrent les petits producteurs à l’accumulation ».

 

« Ce fut le premier système économique de l’histoire où les restrictions économiques du marché eurent pour effet d’accroître obligatoirement les forces de production au lieu de les ralentir ou de les entraver », explique Ellen Meiksins Wood. Là où la baisse de la demande commerciale entraîna le déclin des Provinces-Unies, les ressources limitées du prolétariat anglais favorisèrent l’investissement industriel. « Quand le capitalisme industriel vit le jour, la dépendance au marché s’insinua en profondeur dans toutes les strates de l’ordre social. Mais pour en arriver là, il fallait que la dépendance au marché soit déjà un phénomène bien implanté », résume l’historienne.

 


- Le capitalisme se développa donc bien dans un lieu précis et dans une époque donnée.
Et il se développa non pas comme une force naturelle, mais bien davantage comme le fruit de « rapports de propriété particuliers », des rapports « médiatisés par le marché ». L’autrice passe sans doute rapidement sur la lutte de classes qui constitue l’arrière-plan de cette évolution, mais il n’empêche que ce livre, qui, par ailleurs, présente des réflexions également stimulantes sur le colonialisme et l’État, est essentiel pour la réflexion actuelle.

 

Le capitalisme, sans rival L'avenir du système qui domine le monde Branko Milanovic

🔴 À l’heure où le néolibéralisme, mode de gestion du capitalisme mondialisé, peine à répondre aux défis de notre temps, cette étude est précieuse. Elle offre un contenu profondément révolutionnaire. Car si le capitalisme est un phénomène historique, il peut être dépassé comme tout phénomène historique. Il n’est pas le seul horizon possible, fût-il, comme le souligne Branko Milanović dans son dernier livre, " Le Capitalisme, sans rival[4] " (à paraître aux éditions La Découverte en avril), le seul système socio-économique persistant. S’il n’est pas « naturel », il n’est pas immortel, ou, du moins il n’est pas destiné à emporter l’humanité dans sa disparition.

 

En remettant le capitalisme à sa place, autrement dit en réaffirmant son caractère historique, Ellen Meiksins Wood remplit trois rôles essentiels.

  • D’abord, elle permet de revenir aux fondements de la critique du capitalisme. Le philosophe allemand anti-stalinien Karl Korsch estimait dans son ouvrage Karl Marx, publié en 1938 et traduit en français aux éditions Ivrea, que « le premier des principes fondamentaux de la nouvelle science révolutionnaire de la société, c’est le principe de la spécification historique de tous les rapports sociaux ». L’apport de Marx est donc de renvoyer les catégories « bourgeoises » (à entendre ici au sens de « capitalistes ») à leur réalité historique « bourgeoise ». Dès lors que ces catégories sont effectivement historiques et ne relèvent pas de l’essence de l’homme, alors elles sont modifiables par l’histoire humaine. La critique peut donc envisager son dépassement. Le combat de Marx contre la dialectique idéaliste hégélienne et celui contre le caractère absolu de l’économie politique capitaliste vont donc de pair et se rejoignent ici dans le travail de l’historienne canadienne.

 

  • Dès lors que l’horizon se débouche et que les arguments de café de commerce du type « de tous temps » ou « la nature humaine » sont écartés, le travail d’Ellen Meiksins Wood ouvre aussi une autre perspective. Le capitalisme est issu de rapports de propriété. La question de la propriété est donc centrale pour le dépasser. En cela, cette recherche semble donner raison à la réflexion menée par Thomas Piketty ou Benoît Borrits sur la nécessité d’engager le débat sur le plan de la propriété. Tout combat qui n’engagera pas directement cette question semble voué à l’échec ou plutôt à la reproduction de la logique capitaliste. Comme le montrent les travaux de l’historienne canadienne, cela ne signifie sans doute pas la disparition du commerce, de l’échange et du progrès technique. Toutes ces notions, contrairement à ce qu’ont tenté d’imposer certains, ne sont pas l’apanage du capitalisme et existaient dans les sociétés non capitalistes.

​​​​​​​

  • Or, et c’est la troisième leçon de l’ouvrage, la logique capitaliste ne saurait faire face au défi écologique. Le capitalisme, et c’est là la clé de son succès et de son expansion, a une logique de fuite en avant continuelle. Ce n’est pas un régime stagnant, mais en croissance permanente. Ce besoin de progression infinie (qui se traduit bien par sa mathématisation récente) est aujourd’hui confronté au fini du monde physique. L’emballement du capitalisme agraire anglais se transmettant à l’ensemble de la société anglaise, puis au reste du monde, pose désormais un problème écologique grave et urgent. La fable du « capitalisme sobre » ne tient pas face à l’histoire même de ce système.

- Conclusion
Il y a donc urgence à créer un nouveau rapport social pour organiser la survie de l’humanité. Sans doute le capitalisme a apporté beaucoup à l’humanité, et il n’est pas question de remettre en cause son intérêt historique (ce que reconnaissait déjà Marx), mais ce n’est qu’un moment historique. Comme d’autres avant lui, ce régime a sans doute fait son temps. Et le livre d’Ellen Meiksins Wood aide à le comprendre[1].

 

Notes :

[1L’ORIGINE DU CAPITALISME Une étude approfondie d'Ellen Meiksins Wood

[2] Le débat du Brenner : Structure de la classe agraire et développement économique en Europe préindustrielle

[3] La période Tudor est la période historique située entre 1485 et 1603 en Angleterre et au pays de Galles

[4Le capitalisme, sans rival : L'avenir du système qui domine le monde

 

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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 11:57
Nouvel élargissement de l'Union Européenne : une folie économique et politique

L’antériorité de l’adhésion à l’OTAN sur l’adhésion à l’UE démontre que les pays candidats ne voient cette dernière que comme le pendant politico-économique de la première

L’hypothétique « convergence » risque de prendre encore des décennies, surtout en cas de nouvel élargissement

Tous les États membres devront payer davantage et recevoir moins...

 

 

La guerre en Ukraine a relancé le processus d’élargissement de l’UE vers l’Est et les Balkans à un rythme effréné. Motivée par des raisons géopolitiques, à savoir endiguer la puissance russe sur le continent européen, cette expansion soulève pourtant d’immenses questions économiques et politiques. En intégrant en son sein des États pauvres, l’Union européenne encouragerait en effet une nouvelle vague de délocalisations et de dumping social et soumettrait les agriculteurs du continent à une terrible concurrence. En outre, le seul moyen d’éviter des blocages politiques d’une Europe à 34 ou 35 serait de renforcer le fédéralisme, en rognant encore davantage les pouvoirs de décision des États-membres. Un scénario délétère poussé par les élites européennes en dehors de tout mandat démocratique.

 

 

🔴 Pour lire la suite cliquez sur l'image 👇

 

 

NOUVEL ÉLARGISSEMENT DE L’UE : UNE FOLIE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

 

Pour en savoir plus :

- Pour Manuel Bompard, député LFI, l’adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne serait une folie !

- Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

 

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29 novembre 2023 3 29 /11 /novembre /2023 17:03
Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

Les pays du Sud Global savent très bien que les sanctions économiques sont des actes de guerre économique.

Les États-Unis veulent désormais entraîner l’Europe dans leur guerre économique contre la Chine

L’altermondialisme passe aussi par une forme de pragmatisme sur les enjeux internationaux

 

 

Érosion de l’hégémonie du dollar, « mutinerie » des pays du Sud contre la politique étrangère occidentale, montée en puissance des BRICS, guerre économique des États-Unis envers la Chine… Le système international né de la fin de la Guerre Froide, dominé par l’hyperpuissance américaine, est en train de s’effondrer et de laisser place à un nouvel ordre mondial multipolaire.

Plutôt que de prendre acte de cette nouvelle donne et de diversifier ses liens avec le reste du monde, l’Europe s’aligne toujours plus sur Washington. Mais est-il encore possible de mettre en place une politique altermondialiste, alors que les BRICS se comportent parfois eux-mêmes de manière impérialiste ?

Peter Mertens, secrétaire général du Parti du Travail de Belgique[1], l’affirme, à condition de prendre un tournant radical dans notre politique étrangère. Entretien réalisé par William Bouchardon et Amaury Delvaux, avec l’aide de Laëtitia Riss.

 

 

Sources : Le vent se Lève | mis à jour le 01/08/2024

-Le Vent Se Lève : Vous êtes secrétaire général du Parti de Travail de Belgique (PTB), aux côtés de Raoul Hedebouw, et vous venez de publier " Mutinerie ". Comment notre monde bascule (à paraître en français aux éditions Agone début mars 2024[2], ndlr) afin d’analyser les recompositions du système international. Dans quelle mesure votre parcours au sein du PTB a-t-il nourri l’élaboration de ce livre ?

Peter Mertens : J’ai été président du Parti du Travail de Belgique (PTB) entre 2008 et 2021, date à laquelle Raoul Hedebouw a pris ma succession. Avec d’autres membres, j’ai participé au nécessaire renouveau du parti (tout en conservant un socle idéologique marxiste, ndlr) à partir du milieu des années 2000, où nous étions alors un petit parti avec des tendances sectaires. Ce renouveau nous a pris plus de 10 ans. Notre analyse était la suivante : " nous devions construire un rapport de force et un parti de la classe travailleuse, capable de peser en Belgique ".

 

Avec la croissance du parti, il y a beaucoup plus de travail, c’est pourquoi nous avons dédoublé le leadership du parti : Raoul Hedebouw est le président et le porte-parole principal et j’en suis le secrétaire général. Comme nous étions concentrés sur la construction du rapport de force en Belgique, nous étions moins occupés avec ce qui se passait à l’étranger. Désormais, nous sommes en train de remettre nos tâches internationalistes à la hauteur des défis d’aujourd’hui. Et sur ce terrain, nous sommes en contact avec de nombreux mouvements et partis à la gauche de la social-démocratie, en Europe et ailleurs dans le monde. 

 

C’est grâce à ce leadership collectif et à ces rencontres que j’ai pu écrire ce livre, qui n’est pas juste un projet individuel. Je m’appuie aussi sur le service d’étude de notre parti, dirigé par notre directeur politique David Pestieau. Lui et son équipe m’ont aidé à rechercher des documents exhumés dans mon livre, notamment les textes de l’OTAN et de l’Organisation Mondiale du Commerce.

 

 

-Le Vent Se Lève :  Ces organisations occidentales sont au cœur du système international qui a été hégémonique jusqu’à récemment. Le titre de votre livre fait cependant référence à une contestation grandissante du règne de l’hyperpuissance américaine. Comment expliquez-vous que les pays du Sud soient de plus en plus réticents à s’aligner sur la position américaine ?

MUTINERIE Comment notre monde bascule

Peter Mertens : Le titre du livre vient d’une déclaration de Fiona Hill, une ex-membre du National Security Council américain (organe qui conseille directement le Président américain en matière de défense et d’affaires étrangères, ndlr). Selon elle, l’abstention de la plupart des pays du Sud Global sur les sanctions contre la Russie était une « mutinerie »[2bis]. Soyons clairs : la majorité de ces États ont condamné l’invasion illégale de la Russie sur le territoire ukrainien, ce qui est logique vu que nombre d’entre eux ont été envahis de multiples fois et connaissent bien l’importance de la souveraineté. 

 

Toutefois, concernant les sanctions, ils n’ont pas suivi Washington. C’est là aussi logique : un pays sur dix sur la planète subit, sous une forme ou une autre, des sanctions de la part de Washington. Ces pays savent très bien que les sanctions économiques sont des actes de guerre économique. Or, dans la majorité des cas, les conséquences de ces sanctions sont supportées par les peuples des pays en question et ces mesures n’ont aucun effet sur le régime politique en place.

 

Ici, en Europe, nous ne nous en sommes pas rendus compte ; l’eurocentrisme nous aveugle. Le regard de la majorité des peuples du Sud Global sur les événements internationaux est pourtant très différent de la vision développée en Europe. J’ai récemment discuté avec beaucoup de personnes issues du Sud Global et j’ai constaté des moments de fractures profonds avec l’Occident.

  • La première fracture est la guerre des États-Unis contre l’Irak en 2003, qui était illégale et basée sur un mensonge[3]. Au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique Latine et en Asie, c’est un moment charnière majeur.
  • La crise financière de 2008 constitue le deuxième moment charnière. En Europe, cette crise nous a contraint à sauver les banques avec l’argent public et a eu pour conséquence l’austérité. Pour les pays du Sud, cette crise a été plus profonde encore et a montré la fragilité de l’hégémonie du dollar américain, autour duquel est organisé tout le commerce international.

 

 

-Le Vent Se Lève :  Renaud Lambert et Dominique Plihon s’interrogent en effet sur la fin du dollar[4] dans le dernier numéro du Monde Diplomatique. De nouveaux accords commerciaux sont, par ailleurs, conclus dans d’autres monnaies et les banques centrales commencent à diversifier le panier de devises qu’elles ont en réserve. Est-ce une des conséquences de la guerre en Ukraine ?

Peter Mertens : Cette érosion du dollar débute avec la crise financière de 2008. C’est à ce moment-là que l’idée des BRICS[5] est réellement née, bien qu’il existe également d’autres raisons historiques à son émergence. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud se sont rassemblés car ils veulent faire du commerce sur une autre base que celle du néo-colonialisme, en mettant en place un système financier proposant des alternatives de paiements au dollar. C’est pour cela qu’ils ont créé une banque d’investissement dirigée par Dilma Rousseff, l’ancienne présidente du Brésil. Certes, le dollar reste hégémonique, mais cela constitue malgré tout une nouvelle donne.

 

Est-ce vraiment la fin du dollar ?

Parmi leurs sanctions contre la Russie, les autorités américaines ont débranché la Russie du système international de paiement SWIFT, dont le siège est en Belgique. L’usage de cette puissante arme de guerre économique a entraîné une panique dans beaucoup de pays du Sud, car ils ont réalisé qu’elle pouvait aussi être utilisée contre eux. Avec ce genre de sanction, les États-Unis peuvent prendre otage les pays avec leur propre argent ! Cela a sans doute incité certains pays à vouloir rejoindre les BRICS. Lors de leur dernier congrès à Johannesburg fin août, les BRICS ont accueilli 6 nouveaux membres (l’Argentine, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Ethiopie, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis, ndlr), sur un total de 40 pays candidats[6]. C’est un vrai saut qualitatif.

 

De ce point de vue, la guerre en Ukraine est en effet un autre moment charnière, en raison des sanctions. J’en citerai encore deux autres :

  • D’abord, la COP de Copenhague en 2009, où les pays occidentaux ont refusé de prendre des mesures fortes pour le climat et pour aider les pays pauvres face au changement climatique.
  • Enfin, le refus des pays occidentaux de lever les brevets sur les vaccins contre le Covid-19, qui a marqué une fracture profonde face à un problème mondial.

 

Depuis le 7 octobre, la guerre contre la Palestine constitue un nouveau point de rupture, dont l’impact est potentiellement le plus important. L’axe guerrier États-Unis-Israël pratique une violence extrême, pensant être au-dessus de toutes les lois internationales et pouvoir se permettre n’importe quoi. Mais cet axe est plus isolé que jamais. Partout dans le monde, le deux poids deux mesures est devenu évident. Entre 2003 et 2023, il y a donc eu plusieurs moments de fractures majeurs entre l’Occident et le reste du monde ! Et pourtant, la grande majorité de l’establishment et des médias vivent encore dans la période d’avant 2003.

 

 

-Le Vent Se Lève : Outre le dollar et leur armée, les États-Unis disposent également d’une puissance technologique redoutable, qu’ils utilisent pour faire avancer leurs intérêts. Les GAFAM espionnent ainsi le monde entier, tandis que de nouvelles rivalités autour des microprocesseurs se mettent en place avec la Chine. Est-il possible d’échapper à l’emprise des États-Unis en matière technologique ? 
Peter Mertens : Je pense qu’il faut regarder en face la puissance économique des BRICS : en termes de PIB mondial, ils pèsent désormais plus que le G7 (qui regroupe ce qui était les 7 pays les plus industrialisés au monde, ndlr). Cette puissance économique constitue une différence avec le mouvement des non-alignés des années 60-70. A l’époque, les États-Unis ont pu tuer le mouvement des non-alignés grâce à la dette. Puis l’URSS s’est effondrée et ils se sont retrouvés sans rivaux sérieux. Mais désormais, la situation est différente, notamment en raison du poids économique de la Chine. La réaction des États-Unis est claire : ils lui ont déclaré la guerre économique. J’emploie le mot guerre de manière délibérée : la guerre commerciale prépare la guerre militaire[7]. Les bateaux de l’OTAN qui encerclent la Chine et les sanctions prises par les États-Unis contre Pékin font partie de la même stratégie.

 

Dans mon nouveau livre, je cite longuement Alex W. Palmer, un spécialiste américain des microprocesseurs. En 2022, deux dates sont importantes selon ce chercheur : le 24 février 2022 avec l’invasion de la Russie en Ukraine et le 7 octobre 2022, date à laquelle les USA ont pris les mesures pour interdire presque tout développement des microprocesseurs en Chine.

Puces : Washington rallie le Japon et les Pays-Bas contre la Chine

D’après lui, ces mesures sont un acte de guerre économique inédit, dont l’objectif est de détruire tout développement économique en Chine[8]. Les États-Unis veulent désormais entraîner l’Europe dans leur guerre économique contre la Chine. Récemment, Joe Biden a convoqué le premier ministre néerlandais Mark Rutte à Washington pour lui ordonner de cesser l’exportation vers la Chine des machines fabriquées par la firme hollandaise ASML, qui sont essentielles pour la fabrication des semi-conducteurs de dernière génération. Le premier ministre hollandais a accepté sans contrepartie

 

Les États-Unis sont inquiets de l’avance de la Chine dans les secteurs de technologies de pointe. Il y a de quoi : sur les 90 domaines les plus avancés au niveau des sciences et technologies, la Chine mène la danse dans 55 d’entre eux[10]. Les États-Unis ne l’ont pas vu venir. C’est pour cela qu’ils réagissent désormais par le protectionnisme et la guerre économique. Jack Sullivan (influent conseiller à la sécurité nationale auprès de Joe Biden, ndlr) l’affirme de manière assez transparente : « C’est fini le globalisme d’avant ; il faut du protectionnisme ; c’est fini avec le néolibéralisme ; c’en est fini avec l’accès de la Chine au marché international. »

 

On constate la même dynamique sur les ressources énergétiques, qui ont toujours formé l’infrastructure du système capitaliste. Au XIXe siècle, c’était le charbon, puis au XXe le pétrole. De l’arrivée de British Petroleum en Irak en 1902 aux guerres du Golfe, d’innombrables guerres ont été menées pour le pétrole. Désormais, c’est la guerre des batteries qui est lancée : tout le monde se rue sur le lithium et les ressources essentielles pour l’électrification. Là aussi, les États-Unis se montrent très agressifs vis-à-vis de la Chine et des BRICS. Malgré tout, je pense que les États-Unis ne parviendront pas à restreindre la montée en puissance de la Chine.

 

 

-Le Vent Se Lève : Hormis cette opposition à l’hégémonie américaine, il est tout de même difficile de voir ce qui rassemble les BRICS. Par ailleurs, il existe de réelles tensions entre des pays au sein de ce bloc, notamment entre la Chine et l’Inde. Peut-on vraiment attendre quelque chose d’un groupe aussi hétérogène ?

Analyse. Le sommet des Brics annonce-t-il un “changement tectonique” international ?

Peter Mertens : Aucune valeur ne réunit les BRICS ! C’est une association de pays strictement pragmatique, car c’est comme ça que l’ordre mondial fonctionne. La gauche a souvent une lecture erronée car elle pense en termes de morale et de « valeurs ». Or, l’impérialisme et les forces anti-impérialistes ne pensent pas en ces termes mais plutôt en termes de pouvoir politique et économique. Les BRICS ne sont pas un projet de gauche, mais un projet pragmatique visant à servir les intérêts de ces pays, en créant une alternative au dollar et au Fonds Monétaire International et en cherchant à favoriser le commerce Sud-Sud.

 

Je ne suis évidemment pas dupe. L’Inde connaît de grandes tensions avec la Chine et Modi est un homme d’extrême-droite. Ses trois grands amis étaient Jair Bolsonaro, Donald Trump et Boris Johnson. Il est responsable de l’assassinat de plus de 750 paysans[11] lors de la plus grand révolte de l’histoire indienne de la paysannerie et a laissé des razzias racistes contre les musulmans avoir lieu.

 

De même en Arabie Saoudite : c’est le despotisme total. Il n’y a aucune liberté pour la classe travailleuse et pour les femmes. Il n’empêche que l’entrée de l’Arabie Saoudite dans les BRICS marque un tournant. En 1971, avec les pétrodollars, les États-Unis ont promis à l’Arabie Saoudite d’avoir toujours des armes et une stabilité politique en échange de pétrole bon marché. Désormais, l’Arabie Saoudite vend son pétrole à la Chine non plus en dollars, mais en yuans ! Bien sûr que c’est un régime haïssable. Mais en matière de politique internationale, on ne peut pas juste réagir émotionnellement en fonction de « valeurs », il faut analyser l’échiquier mondial avec réalisme. Et la réalité est que les BRICS défient le système construit autour du dollar. Personnellement, bien que je ne soutienne pas les régimes de certains pays des BRICS, je considère leur émergence comme une bonne nouvelle parce qu’elle défie l’unilatéralisme et l’hégémonie américaine pour la première fois depuis 1991. 

 

Mais en parallèle de la mutinerie menée par les BRICS, il y a également une mutinerie au sein de ces pays. En Inde, je suis avec attention les luttes des paysans, des femmes et de la classe travailleuse contre le régime de Modi[11]. De même, l’Afrique du Sud connaît une corruption énorme, le fossé entre riches et pauvres y est considérable et le régime politique est fortement critiqué par la population. Lula est un progressiste, mais son gouvernement n’est pas pour autant socialiste[12]. Et contre les concessions faites aux grands propriétaires fonciers au Brésil, je soutiens ceux qui luttent pour les droits des paysans, comme le Mouvement des Paysans sans Terre.

 

 

-Le Vent Se Lève : Dans votre livre, vous rappelez l’histoire du mouvement tiers-mondiste, à partir notamment de la conférence de Bandung en 1955. Ce mouvement était porteur d’espoir pour un rééquilibrage des relations internationales et de l’économie mondiale. Croyez-vous à la résurgence de l’altermondialisme et sur quelles bases ? Les tentatives consistant à faire revivre cet esprit de « non-alignement », notamment de la part de Lula, vous semblent-elles prometteuses ?
Peter Mertens : Je crois que la tentative opérée par les BRICS de permettre un commerce dans d’autres monnaies que le dollar relève surtout du pragmatisme. Mais cette démarche est déjà un acte progressiste en soi. Regardons en face la situation depuis les années 50-60 : la dette des pays du Tiers Monde doit être payée en dollars. Cela signifie que ces pays doivent privilégier des monocultures tournées vers l’exportation, plutôt que des productions au service de leurs propres populations, afin d’obtenir des dollars. Et quand ils ont des difficultés à refinancer leur dette, le Fonds Monétaire International (FMI) ne leur octroie des prêts qu’à condition de couper dans les services publics, les salaires et les pensions et de privatiser davantage. Tout cela ne fait que les rendre plus dépendants des États-Unis et de l’Europe. C’est un mécanisme néocolonial ! Désormais, pour la première fois, les pays du Tiers Monde peuvent refinancer leur dette, indépendamment du FMI, grâce à la banque des BRICS. Certes, ce n’est pas un emprunt socialiste mais au moins c’est un mécanisme honnête et sans conditions. Quand bien même ce n’est un progrès en direction du socialisme, cela reste un progrès pour les pays du Sud Global, qui doit être soutenu.

 

Certes, cela ne suffit pas pour construire un altermondialisme de gauche. C’est pourquoi nous devons aussi soutenir les mouvements de gauche dans ces pays, afin de peser sur l’agenda politique. On peut tout à fait soutenir le MST au Brésil pour mettre la pression sur Lula, tout en reconnaissant qu’il joue un rôle important pour nos idées au niveau international. De la même manière, je soutiens le NUMSA, le syndicat des métallos sud-africains, qui lutte contre la corruption considérable au sein du gouvernement de l’ANC, tout en étant en accord avec la politique extérieure de l’Afrique du Sud. Bien sûr que la gauche a des valeurs à défendre, mais je refuse d’interpréter toute la complexité du monde actuel uniquement en termes de valeurs. L’altermondialisme passe aussi par une forme de pragmatisme sur les enjeux internationaux.

 

 

EN ALLEMAGNE, LA MORT DU PACIFISME

-Le Vent Se Lève : L’Union européenne tend à s’aligner sur les États-Unis, contrairement à ce qu’affirment nos dirigeants. S’ils prétendent réguler l’action des GAFAM, ou encore bâtir une « autonomie stratégique » en matière internationale ou de réindustrialisation, la réalité est que nous sommes de plus en plus dépendants des Américains, y compris dans des domaines où cela était encore peu le cas, comme les énergies fossiles. Comment peut-on retrouver une véritable autonomie ? Cela implique-t-il une rupture avec l’Union européenne ? 
Peter Mertens : Ce qui s’est passé en Europe suite à la guerre en Ukraine, surtout en Allemagne, est grave. Quelques semaines après le début du conflit, le Bundestag a renié sa politique de non-militarisation de l’économie vieille de 75 ans et a investi plus de 100 milliards d’euros dans le budget de la défense[13]. Tout ce qui existait en termes de liens avec la Russie, notamment de la part de la social-démocratie allemande – dont les liens de Schröder avec Gazprom (l’ancien chancelier allemand a ensuite siégé au conseil d’administration de la compagnie russe, ndlr) sont le symbole le plus évident – a été détruit. Il s’agit d’un bouleversement considérable : la mémoire des comportements barbares des nazis, qui étaient presque arrivés à Moscou, a longtemps conduit à une politique de coopération entre l’Allemagne et la Russie, plutôt que d’agressivité. En quelques semaines à peine, les États-Unis ont réussi à briser cela.

 

Cette coupure brutale avec la Russie a suscité des remous au sein des grandes entreprises allemandes : les grands patrons de BASF, de Bosch ou Siemens ont demandé au gouvernement allemand de ne pas rompre les liens avec Gazprom, car ils souhaitaient continuer de bénéficier du gaz russe bon marché. En se rendant dépendante du gaz américain, beaucoup plus cher, l’Allemagne est rentrée en récession. En prenant des sanctions contre la Russie, l’Europe a donc pris des sanctions contre elle-même et s’est tirée une balle dans le pied. De surcroît, avec l’Inflation Reduction Act (IRA), les États-Unis tentent d’attirer sur leur territoire des firmes européennes, notamment de technologie de pointe, grâce à d’importantes subventions et remises d’impôts. La réaction de l’Union Européenne à cette offensive américaine a été très faible. Aucune politique industrielle européenne autonome n’émerge[14].

 

Les États-Unis veulent maintenant répliquer cela avec la Chine. C’est une folie : non seulement ils auront beaucoup de mal à se couper de la Chine, mais l’Europe en aura encore plus : nous échangeons avec la Chine 850 milliards d’euros de marchandises chaque année[15] ! J’ajoute que la neutralité carbone en Europe dépend pour l’instant de la technologie chinoise. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis d’accord avec les patrons de Bosch, Siemens, Volkswagen et Mercedes quand ils demandent de ne pas reproduire avec la Chine ce que l’Europe a fait avec la Russie. Dans le conflit inter-impérialiste entre capitalistes, j’espère que la bourgeoisie européenne se comportera de manière sérieuse et dira non à la bourgeoisie américaine qui veut nous entraîner dans de nouveaux conflits.

Bien sûr, je n’ai aucune illusion : la bourgeoisie européenne ne veut pas une Europe progressiste, mais cherche au contraire à imposer aux peuples européens une nouvelle dose d’austérité. Elle entend également conserver des relations néo-coloniales avec une partie du monde, bien que le rejet de la France en Afrique ne cesse de grandir[16]. Mais c’est la même dialectique que pour les BRICS : on ne peut pas raisonner uniquement en termes de « gentils » et de « méchants », il y a de nombreuses contradictions sur lesquelles il faut jouer. Donc je soutiens les capitalistes allemands dans leur opposition aux États-Unis, mais continue de défendre une Europe socialiste, contre les intérêts de ces grandes entreprises.

 

 

-Le Vent Se Lève : Il est vrai que les sanctions prises à l’encontre de la Russie ont renforcé la dépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis. Pensez-vous qu’il soit possible de réorienter l’Union européenne vers une politique socialiste ? Ou faut-il rompre avec les traités européens et construire de nouveaux cadres de coopération ?
Peter Mertens : Ma position sur cette question est liée à l’histoire belge : nous sommes un petit pays qui a été créé pour jouer le rôle d’État-tampon entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Un changement de société au niveau de la seule Belgique, ça n’existe pas! ! Je plaide donc pour une autre société, une autre industrialisation et une autre forme de commerce à l’échelle continentale. Cela passera, selon moi, par plus d’échanges entre ceux qui luttent et qui résistent dans toute l’Europe pour créer une rupture au sein de l’Union Européenne.

 

Mais cela suppose que nous soyons à la hauteur. J’en ai assez de la dépression collective de la gauche européenne qui passe son temps à se lamenter de la percée de l’extrême-droite ! Quand je vais en Amérique latine ou en Inde, eux aussi s’inquiètent de la montée du fascisme, mais surtout ils le vivent et ils luttent. Bien sûr que l’extrême-droite progresse et nous menace. Mais pour reconquérir une partie de la classe travailleuse tentée par le vote fasciste, on ne peut pas se contenter de se plaindre. La droite et l’extrême-droite s’appuient sur une narratif dépressif, selon lequel la classe travailleuse n’existe pas et l’immigration va nous détruire.

 

Face à cela l’extrême-droite), il faut recréer un narratif autour de la lutte des classes et rebâtir une conscience commune chez les travailleurs. Les mobilisations sociales massives que nous avons connu récemment en Angleterre, en Allemagne et en France sont des points d’appui. Comme la grève des ouvriers de l’automobile aux États-Unis, avec une belle victoire à la clé[17] ! Et puis nous devons être là où sont les gens, c’est-à-dire avant tout dans les quartiers populaires et sur les lieux de travail, pas seulement avec les intellectuels. Ce n’est que comme cela que nous pourrons arrêter la tentation fasciste au sein de la classe travailleuse.

 

Par exemple, avec notre programme Médecine pour le peuple (initiative de médecine gratuite dans les quartiers populaires[18], ndlr), on touche des personnes qui votent pour le Vlaams Belang (extrême-droite indépendantiste flamande, ndlr). Plutôt que de les exclure, nous discutons avec eux et tentons de les convaincre. Les gens sentent si vous êtes honnêtes et convaincus du discours que vous portez. Donc il faut un langage clair et franc, comme celui de Raoul Hedebouw, qui permet d’attirer vers nous des gens en colère en raison de leur situation précaire et de politiser cette colère. Si l’on se contente des livres, on ne changera rien. Il faut aussi des gens sur le terrain.

 

Notes :
[1] Peter Mertens, secrétaire général du Parti du Travail de Belgique

[2] A paraître en français aux éditions Agone début mars 2024

[2bis] Fiona Hill: l'Ukraine dans le nouveau désordre mondial

[3] Irak 2003 : un mensonge pour une guerre

[4] Est-ce vraiment la fin du dollar

[5] Brics

[6] Les Brics, un nouvel ordre mondial alternatif ?

[7] Chronique de la « GUERRE GLOBALE » : tension extrême dans le DÉTROIT DE FORMOSE 

[8«Un acte de guerre»: le blocus du silicium contre la Chine en Amérique

[9Puces : Washington rallie le Japon et les Pays-Bas contre la Chine

[10] Ces sept domaines où la Chine a déjà dépassé le reste du monde

[11] Réforme agricole en Inde: Modi fait volte-face et annonce son abrogation dans un but électoraliste

[12] LULA FAVORI AU BRÉSIL : VICTOIRE OU MORT DE LA GAUCHE ?

[13EN ALLEMAGNE, LA MORT DU PACIFISME

[14EMBARGO SUR LE PÉTROLE RUSSE : L’UE SE TIRE-T-ELLE UNE BALLE DANS LE PIED ?

[15] Relations commerciales de l'UE avec la Chine. Faits, chiffres et derniers développements.

[16] Comment Macron a perdu l’Afrique

[17] AUX ÉTATS-UNIS, LES SYNDICATS ENCHAÎNENT LES VICTOIRES

[18« LE DROIT À LA SANTÉ PASSE PAR UNE SOCIÉTÉ PLUS ÉGALITAIRE » – ENTRETIEN AVEC SOFIE MERCKX (PTB)

 

Pour en savoir plus :

VERS LA FIN DE L’HÉGÉMONIE DU DOLLAR ?

- En Inde, la colère paysanne défie le pouvoir du Premier ministre Narendra Modi

- INDE : DES RÉFORMES AGRAIRES ENTRAÎNENT LA PLUS GRANDE GRÈVE DU MONDE

CHRISTOPHE VENTURA : « LULA NE COMPTE PAS MONTRER PATTE BLANCHE À WASHINGTON »

- LES ERREMENTS DU CAMPISME ET DU « CAMPISME INVERSÉ »

- Entretien avec Jean-Luc Mélenchon autour de son dernier livre. | « Si nous sommes alignés sur les États-Unis d’Amérique, nous nous impliquons dans la confrontation organisée autour de la défense de son hégémonie ! »

- Mondialisation, capitalisme et hégémonie - Sur l’aiguisement de la rivalité sino-étatsunienne et l’histoire chinoise

 

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 18:19
" Lutter avec les chiffres ! " : Un guide CGT des comptes de l'entreprise et du droit à l'expertise

Du coût du capital aux chiffres de l’entreprise, un guide de lutte

 

 

La critique du coût du capital (la part non réinvestie des profits et le pouvoir exorbitant des détenteur·rices de capitaux) est au cœur de la démarche revendicative de la CGT.

La faiblesse de l’investissement productif, des salaires, les versements de dividendes, les aides publiques aux entreprises, la mise en faillite de nos services publics et de notre Sécurité sociale, la crise environnementale, la dégradation des conditions de travail, la déstructuration des collectifs, la mise en concurrence des travailleur·ses… toutes ces réalités sont différentes facettes du coût du capital et, plus généralement, de la domination du capital sur le travail dans l’entreprise et en dehors.

Toutes les semaines, le pôle économique confédéral produit des analyses qui documentent ces réalités et que vous pouvez retrouver sur le site du revendicatif confédéral[1]. Le livret « Indicateurs économiques et sociaux », aussi appelé « Baromètre[2] », donne une vision globale des enjeux économiques à travers notre prisme CGT.

L’objet du guide que vous avez en mains est de sortir de cette vision « générale », pour attaquer le coût du capital dans nos entreprises et dans nos groupes, notamment via notre rapport à « l’expertise économique ».

 

 

Sources : La CGT |

-  Un guide, pour quoi faire ?
La réalité de nos entreprises, pas plus que le fonctionnement du capitalisme contemporain, ne doivent être des freins à la lutte.
En échangeant avec les camarades dans les organisations est apparu un besoin d’être mieux équipé·e sur les affaires économiques internes à l’entreprise. Bien souvent, nous avons, dans le cadre de nos négociations et consultations, recours à des expert·es, sans que l’on sache toujours très bien quoi leur demander ni que faire des résultats fournis. L’objet de ce guide est d’éviter de donner « carte blanche » aux cabinets d’expertise, en étant capables de poser les bonnes questions, celles au service de nos revendications, pour aller convaincre les salarié·es et mener les luttes.

 

Quelques précautions d’usage cependant pour qu’il n’y ait pas de doute sur son utilité :

  • c’est un guide revendicatif, et non un guide « technique » ; le but n’est pas de transformer les camarades en expert·es-comptables, mais qu’elles et ils puissent, en lien avec l’expert·e et dans nos négociations, dans nos luttes, aller chercher les arguments dans les chiffres de l’entreprise pour convaincre les autres salarié·es de se mobiliser (le patron ne sera jamais convaincu, et ses intérêts seront toujours différents des nôtres) ;
  • disons les choses clairement, ce guide n’est pas une « recette de cuisine » permettant d’inverser le rapport de force dans l’entreprise. Aucun guide, aucun outil n’a jamais remplacé la lutte. Au niveau interprofessionnel, savoir que le patrimoine de Bernard Arnault représente plusieurs millions d’années de Smic n’a jamais poussé à la révolte en tant que tel. C’est en revanche un appui revendicatif. La même logique est à l’œuvre ici ; il s’agit d’être capable d’avoir une vision CGT des comptes de nos entreprises, pour avoir des expertises qui répondent à notre cahier des charges.

 

 

-   Ce guide se veut le compagnon de tout·es les camarades confronté·es à l’expertise économique et, plus globalement, aux chiffres des entreprises.
Il contient nécessairement des termes techniques (notamment comptables), un peu abruptes à première vue, mais qui sont systématiquement expliqués et illustrés par un exemple. L’ensemble de ces définitions sont regroupées dans le glossaire à la fin du document.
Pensé non pas comme une baguette magique mais comme un véritable outil confédéral au service des luttes, nous espérons ce guide le plus vivant possible, et le pôle économique confédéral se tient à disposition pour le faire vivre.

 

📌 Accès au guide CGT des comptes de l'entreprise et du droit à l'expertise  👇

 

Lutter avec les chiffres

 

Notes :

[1] Analyses et Propositions CGT

[2] Le baromètre économique et social de la CGT

Le guide CGT des comptes de l'entreprise et du droit à l'expertise en  version téléchargée 👇

 

Pour en savoir plus :

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1 février 2023 3 01 /02 /février /2023 21:25
La France insoumise : projet pour une possible autre réforme des retraites !

" Un système de retraite est toujours un choix de société "...

 

" Le modèle que dessine la réforme du gouvernement, avec la retraite à 64 ans, est guidé par une logique productiviste, archaïque et injuste. "

 

 

INTRODUCTION

de Mathilde Panot
Présidente du groupe parlementaire
LFI-NUPES

 

 

Sources : La France insoumise | mis à jour le 18/02/2023

- Un système de retraite est toujours un choix de société.
Ses modalités soulèvent, en creux, des questions fondamentales :
Souhaitons-nous une société de l’entraide ou une société du chacun pour soi ? Quel sens donnons-nous au travail ? Il nous faut répondre collectivement à ces questions ; et contrairement à ce qu’énonce le gouvernement, il n’est pas une seule réponse possible.

 

 

- Le modèle que dessine la réforme du gouvernement, avec la retraite à 64 ans, est guidé par une logique productiviste, archaïque et injuste.
Il s’agit de travailler plus longtemps, en faisant peser l’effort sur les plus pauvres, dans le but de produire davantage. Pour cela, le gouvernement rebat les mêmes arguments éculés qui échouent à convaincre le grand nombre. Nous en sommes à la neuvième tentative de réforme[1] : le jargon néolibéral des technocrates ne fait plus effet.

 

L’édifice idéologique du gouvernement est d’autant plus inefficace qu’il se déploie dans un moment politique terrible. Demander aux Français de consentir à des efforts supplémentaires est inaudible :

  • notre pays a connu une crise sanitaire, suivie d’une explosion des prix de l’énergie et de l’alimentation ;
  • On compte toujours 10 millions de pauvres, tandis que la fortune des ultra-riches bat des records historiques.

 

 

- Contrairement à ce qu’ils s’imaginent, la résistance populaire face à cette réforme ne relève ni d’un malentendu, ni d’un manque de pédagogie.
La majorité du pays a parfaitement compris ce qui se joue : il faudrait vivre pour travailler, et non plus travailler pour vivre.

 

 

- Cette réforme organise le vol délibéré du temps libre, et donc de la liberté.
Car la retraite, c’est ce temps de vie qui échappe au temps contraint du travail, à sa cadence parfois infernale, au stress, à toutes ces déterminations qui nous sont imposées par d’autres. Ce sont à ces instants de la vie que commencent le choix et la liberté.

 

Le modèle de société que nous lui opposons tient en une formule : la civilisation du temps libéré. Cela signifie, concrètement, de diminuer le temps de travail dans la semaine, dans l’année et dans la vie, grâce à l’application stricte des 35 heures pour aller vers les 32 heures, la sixième semaine de congés payés et la retraite à 60 ans avec 40 annuités.

 

Le combat pour la diminution du temps de travail fait partie de notre ADN politique, et s’inscrit dans une longue histoire dont nous sommes les héritiers[2]. Au cours du XXe siècle, le nombre d’heures de travail a été divisé par deux pour produire 40 fois plus. Le sens de l’histoire, c’est d’avoir augmenté la quantité de richesse produite tout en diminuant le temps de travail. Désormais, la crise climatique et écologique met à l’épreuve ce modèle, car elle exige de transformer profondément nos modes de production et de consommation. Le modèle productiviste et consumériste, dans lequel le gouvernement s’entête, est insoutenable. À ce moment précis de la civilisation humaine, la diminution du temps de travail est autant un progrès social qu’écologique.

 

 

Au fond, si cette réforme est aussi impopulaire, c’est probablement à cause de l’aveuglement à une chose spécifique de la nature humaine : chaque être est profondément attaché à l’autodétermination dans l’organisation de sa vie. Ce que nous attendons de l’existence, c’est de prendre soin de nos écosystèmes comme de nos proches, d’entretenir des relations épanouissantes, d’être en bonne santé, d’apprendre de nouvelles choses… ce n’est pas d’être plus productifs.

 

Comme dirait Orwell : « et si le but poursuivi était, non de rester vivant, mais de rester humain ? ».

 

Contre projet-Retraites LFI NUPES
Cliquer sur l'image pour accéder à l'intégrale du contre-projet

 

  • Cliquer sur l'une ou l'autre des deux images 🖕 👇 pour accéder à l'intégralité du contre-projet de la France insoumise...

 

Contre projet-Retraites LFI NUPES
Cliquer sur l'image pour accéder à l'intégrale du contre-projet

 

  • Pour télécharger le contre projet au format PDF 👇

 

- Présentation du contre-projet des retraites FI : une autre réforme des retraites est possible

Le lundi 30 janvier 2023, les député.es France insoumise Mathilde Panot, Clémence Guetté et Hadrien Clouet présentaient en conférence de presse notre contre-projet de #réformedesretraites.

 

- Pour aller plus loin

 

Par l'Institut La Boétie : Retraites des arguments pour convaincre

 

Une réforme, d’un coût de 8 milliards, soit quasiment le déficit qu’il dit craindre en 2027… On est donc face à une réforme qui vise à faire payer aux futurs salariés les cadeaux aux actionnaires.

 

  • Cliquer sur l'image 👇 pour accéder à l'intégralité de l'argumentaire

 

Retraites : les arguments pour convaincre

 

  • Pour télécharger les fichiers au format PDF 👇

 

Par l'Institut La Boétie : Retraites : les mensonges du gouvernement

 

Ce que nous apprend la propre étude d'impact du gouvernement

 

  • Cliquer sur l'image 👇 pour accéder à l'intégralité de l'argumentaire

 

Retraites : les mensonges du gouvernement Ce que nous apprend la propre étude d'impact du gouvernement

 

Notes :

[1] Retour sur l'état des conquêtes sociales de la France, fruit des luttes sociales et politiques

[2] Les retraites par leur histoire

 

Pour en savoir plus :

Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...

- Retraites : comment le gouvernement creuse lui-même le déficit

- Institut La Boétie :Retraites des arguments pour convaincre

- Retraites : 30% des seniors ne sont déjà plus en emploi à 62 ans, réduisons et partageons le temps de travail au lieu de le prolonger bêtement

Manon Aubry, députée européenne LFI rappelle qu'ailleurs en Europe, un report de l'âge légal de départ à la retraite s'est souvent accompagné d'un accroissement de la pauvreté des seniors.

- Les retraites du XVe siècle à nos jours : Une longue histoire, une bataille actuelle

L'intergroupe de la NUPES de l'Assemblée et les groupes de gauche et des écologistes au Sénat publient leur livret de décryptage du projet de loi retraites ! 👇

 

Projet Macron contre nos retraites, décryptage du texte de loi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Retraites : 2,5 millions de salariés en burn out sévère, on accélère encore ? 

- Retraites : la France championne d’Europe des accidents du travail

- Communiqué du groupe parlementaire LFI-NUPES : L’Assemblée nationale n’a pas voté la retraite à 64 ans

- Jean-Luc Mélenchon : Victoire à l’Assemblée pour réussir celle de la rue

- Contre la casse de nos retraites : on peut gagner ! Retours sur quelques mouvements sociaux victorieux de l’histoire récente

 

La France insoumise : projet pour une possible autre réforme des retraites !
La France insoumise : projet pour une possible autre réforme des retraites !
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23 janvier 2023 1 23 /01 /janvier /2023 15:07
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...

Macron est un " propagateur de mensonges "... et manipulateur : 10 éditorialistes « influents », dont Nathalie Saint-Cricq (France télévision) son fils Benjamin Duhamel (BFMTV), ont été reçus secrètement par Emmanuel Macron à l’Élysée, avec un objectif... influencer discrètement l’opinion[2] !

 

Retraites : les 15 mensonges de Macron dans sa lettre aux syndicats du 10 mars 2023[0]

 

Et qu'on le fasse savoir : sur les retraites, le Rassemblement National est une arnaque[4] qui défend la retraite à 67 ans[11] !

 

Pour faire avaler la pilule aux Français qui sont massivement contre cette réforme, le chef de l’État et ses soutiens n’hésitent pas à utiliser toute une série d’arguments fallacieux, largement relayés par les médias de grande écoute. 

Avec un peut de recherche, les éléments de langage, l'argumentation du gouvernement et ses soutiens explosent en plein vol… car, plus les jours passent et plus ce pouvoir a décidé de se foutre de la gueule des salariés jusqu’au bout ! 

Un exemple : entre 60 et 64 ans, deux seniors sur trois n'ont pas d'emploi. Or, cette réforme des retraites va augmenter le nombre de senior sur le marché du travail. Cela va donc augmenter le chômage, et exercer une pression à la baisse sur les salaires.

 

 

Sources : Eric DURAND | mis à jour le 30/07/2023

- La réforme est nécessaire pour sauver notre système ? Mensonge !
C’est probablement l’argument numéro un du gouvernement  : " Si nous n’agissons pas très rapidement, le système risquerait de s’effondrer, rongé par un déficit structurel. "


Le problème pour la " macronie ", c’est que cette affirmation n'en est pas la raison officielle... car c'est ballot – il a écrit les vraies raisons dans des documents officiels... et il s'agit en réalité de financer la baisse des impôts pour les plus grosses entreprises, comme la suppression de la " cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), effective dés 2023 depuis l'adoption par 49.3 en octobre 2022[a][b], qui est l'une des composantes de la contribution économique territoriale (CET) avec la cotisation foncière des entreprises (CFE)[1] ". Elle est assise sur la valeur ajoutée produite au cours de la période de référence...

 

👉En définitive, la réforme des retraites (comme celles de l'assurance chômage) n'est rien d'autre qu'une compensation financière du coût pour les finances publiques des cadeaux fiscaux faits aux actionnaires (passés par 49.3). 

  • extrait du Projet de Loi de Finances 2023, page 9 ; 👇
  • extrait du Programme de Stabilité 2022-2027, page 16 👇
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...

Pour en savoir plus dans le détail :

🔶 voir  l'intégrale du Projet de Loi de Finances 2023 adopté par 49.3 ICI 

🔶 voir  l'intégrale du Programme de Stabilité 2022-2027 ICI 

 

 

- ALERTE : quand la réforme des retraites sert d'alibi pour s'en prendre à la durée du travail et pas que...

 

Réforme des retraites : des députés macronistes veulent revenir sur les 35 heures

 

Proposition formulée par certains députés du MoDem, parti allié d'Emmanuel Macron, présidé par François Bayrou[4bis]...

  • La retraite à 64 ans ne leur suffit pas... ils veulent supprimer les 35 heures ;
  • Et demain, la fin des congés payés, de la Sécurité sociale ?

 

De leur côté, certains, comme Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, vont jusqu'à proposer la " suppression pure et simple de l'âge de départ à la retraite "[1bis]...

 

 

- Le purgatoire selon Elisabeth Borne 

64 ans : l'âge moyen où l'on subit des incapacités dans les gestes de la vie quotidienne (on ne peut plus se pencher, porter une charge...).

Travailler, et mourir avant la retraite : un quart des hommes et 13 % des femmes les plus pauvres meurent avant 62 ans[13].

  • Le projet du gouvernement, c'est donc la retraite pour celles et ceux qui ne pourront plus en profiter. 

 

 

 

- L'emploi des seniors

En 2021, une personne de 55 à 69 ans sur six ni en emploi ni à la retraite, une situation le plus souvent subie[13bis].

Les données de l'Insee confirment qu'avant l'âge de la retraite, les séniors subissent un fort niveau de chômage, pour raison de santé dans 50% des cas.

  • La réforme des retraites ne fera qu'empirer la situation.

 

En 2021, une personne de 55 à 69 ans sur six ni en emploi ni à la retraite, une situation le plus souvent subie

 

 

- Tiens en passant...

Rien ne justifie le report de l’âge de la retraite dans un pays qui n’a jamais été aussi riche qu’il est aujourd’hui… mais où tout le pognon part dans les mêmes poches : celles de ceux qui veulent vous voler votre retraite !

  • En 1982, quand la retraite à 60 ans fut mise en œuvre, le pays était 5 fois moins riche qu’aujourd’hui. Aujourd’hui il est 5 fois plus riche, mais tout part dans les caisses des patrons et actionnaires.
  • Dans les années 80, les multinationales payaient 50% d’impôts, puis 37% dans les années 90, puis entre 0 et 15% dans les années 2010, 2020. Voilà le pourquoi de la dette. 
  • Un travailleur aujourd’hui produit 3 fois plus que dans les années ou la retraite a été mise à 60 ans, balayant ainsi l’argument comme quoi il n'y aurait pas suffisamment d’actifs aujourd’hui, mais, antisociaux insatiables, cela ne leur suffit pas. 

 

 

 

- Contre réforme retraites par E. Macron " Ne recopiez pas le modèle suédois ! "

L'homme qui a fait la retraite à 65 ans en Suède appelle Emmanuel Macron à ne pas commettre la même erreur : " Ne recopiez pas le modèle suédois ! ".

  • Le taux de pauvreté des seniors à doublé en 9 ans ! Ça fait froid dans le dos !

 

-  Pourquoi les recettes du système de protection sociale, donc de retraites baissent ?

  • Parce que Emmanuel Macron a multiplié les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises sans contrepartie et asséché méthodiquement les sources de financement de la Sécurité sociale[5]... 
  • Parce que le taux de cotisation patronale au niveau du Smic est de 7 % pour les entreprises de plus de 20 salariés, en baisse de 14 points par rapport à 2010[6].

 

Le taux de cotisation patronale au niveau du Smic est de 7 %

 

  • Tiens, au fait !
    • En 2022, les allégements de cotisations sociales des employeurs du régime général (du privé) ont atteint un niveau record en 2022 représentent 73,6 milliards d’euros, en hausse de 13,1 % sur un an[5bis].

C'est le résultat de la politique suicidaire des bas salaires du gouvernement.... qui creuse le déficit des caisses de retraites, de sécurité sociale... 

Le montant de ces exonérations a presque triplé en 10 ans.

 

En 2022, les allégements de cotisations sociales des employeurs du régime général représentent 73,6 milliards d’euros, en hausse de 13,1 % sur un an sous l’effet de la dynamique des bas salaires

 

 

-  Histoire de remettre les pendules à l'heure !

Pas de pension retraite en dessous de 1200 euros brut ? Les macronistes sont très fiers de pouvoir l’annoncer. Sauf que… c’est une énorme douille, il n’y a rien derrière. Premièrement, c’était déjà dans la loi depuis 2003, il suffisait de l’appliquer. Surtout, c’est pour une carrière complète au SMIC. Donc cela ne concerne que 0,002% des salariés[6bis]. C’est ça le progrès pour Macron : voler deux années à tous les travailleurs et travailleuses du pays, en moyenne 36 210 euros par personne, et augmenter de moins de 100 euros une personne sur 50 000.

Pour en savoir plus, voir l'Institut La Boetie : retraites, les arguments pour convaincre

 

 

  • ENFIN, le 23 février la baudruche se dégonfle...

🔴 Après avoir :

  • fait croire à la retraite à 1 200€ pour tous ;
  • dit qu’elle ne concernerait que les carrières complètes ;
  • parlé de 1,8 million de retraités revalorisées ;
  • inventé le chiffre de 40 000 bénéficiaires,

Olivier Dussopt Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion de France avoue que cela concernera seulement 10000 à 20000 personnes... soit 1,2% à 2,5% des retraités[6ter]

 

  • Cliquer sur l'image 👇 pour accéder à l'intégralité de l'argumentaire
La retraite à 1200 euros concernera seulement "10.000 à 20.000" nouveaux bénéficiaires par an
La retraite à 1200 euros concernera seulement "10.000 à 20.000" nouveaux bénéficiaires par an

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-  Remise des pendules à l'heure pour démasquer les mensonges de Macron et ses sbires
Assemblée nationale 19 janvier 2023 : " Les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme ", indique le président du Conseil d'orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras.

 

 

-  Les retraites et l'emploi
La France est le pays d'Europe où les plus de 55 ans rencontrent le plus de difficultés à trouver un emploi (données Insee)... mais le Gouvernement veut fixer à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite.

  • C'est cynique, hypocrite... et surtout injuste !

 

Emploi, chômage, revenus du travail  Édition 2021

 

 

-  Confirmation : reporter l’âge de départ à la retraite fait augmenter le chômage des seniors
En 2010, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans et de l'âge du taux plein de 65 à 67 ans s’est traduit par une hausse de 100 000 de chômeurs (surface entre la courbe orange et bleue)

 

100 000 seniors de plus au chômage après la réforme des retraites de 2010

 

 

-  Vous voulez de l'argent pour financer un hypothétique déficit de notre système de retraite.... ?
Il y en a là : 👇
Sur les 10 dernières années, en moyenne, pour 100€ de richesses créées en France, 35€ ont été captés par les 1% des Français les plus riches, 32€ par les 9% suivants. Les 50% les plus précaires n’en ont capté que 8€.

 

 

 

-  Retraites : la raison de ne pas faire comme nos voisins européens ?
Les retraités sont plus pauvres dans les pays où l’âge de départ est plus élevé.
Simple, basique.

 

Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...

 

-  Une taxe de 2% sur la fortune des milliardaires français suffirait à financer un potentiel déficit de notre système de retraite...
Depuis qu’Emmanuel Macron est au pouvoir, la fortune des milliardaires a doublé en France. À 42, ils se partagent désormais 544 500 000 000 €... dont, depuis 2020, 189 milliards d'euros..

  • 1% les plus riches ont capté 63% des richesses produites depuis le #Covid19 ;
  • 42 milliardaires se partagent l'équivalent du budget de l'État

S'il manque de l'argent au gouvernement pour sauver l'hôpital public, les EHPAD et éventuellement nos retraites, le pognon, il est là ! 👇

 

Retraites : une taxe de 2% sur la fortune des milliardaires français suffirait à financer le déficit

 

 

-  Le mur d’ignorance sur le financement des retraites bâti par les militants macronistes déguisés en éditorialistes de plateaux s’effondre.
Sur le plateau de BFM Business, Gilles Raveaud, économiste, maître de conférences à l’Institut d’études européennes à l’université Paris 8 démonte tous leurs mensonges en un temps record.

 

 

-  Toujours la double peine pour les femmes !
Déjà des pensions de misère aujourd'hui ... et les 1ères victimes de la retraite à 64 ans qui allongera encore plus pour les femmes que les hommes la durée de travail avant de pouvoir partir en retraite.... ce que reconnais Franck Riester, le ministre des Relations avec le Parlement[3]

  •  Toujours la double peine pour les femmes : c'est ça la " justice " à la sauce Macron

 

 

 

- Des mesures injustes et inégalitaires.
Régulièrement, on entend les défenseurs de ces réformes expliquer que « parce que l’on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps », sans tenir compte du fait que c’est notamment à mesure que le temps de travail dans la vie a reculé que l’espérance de vie a augmenté. De plus, les écarts d’espérance de vie sont de 6 ans entre un cadre et un ouvrier, et même de 13 ans entre les 5% les plus riches et les 5% les plus pauvres.

  • Il est bien foutu ce graphique.. au premier jour du départ à la retraite 25% des plus pauvres sont déjà morts... Par contre, il faut attendre l’âge de 80 ans pour que cette proportion soit atteinte pour les 5% les plus riches.

 

A l’âge de la retraite, 25% des plus pauvres sont déjà morts

 

 

- Face à l'intox, l'économiste Zemmour Michael répondait point par point aux arguments du gouvernement

La retraite à 65 ans est « une réforme brutale, pas nécessaire », selon l’économiste Michaël Zemmour. Avec Annie Jolivet, spécialiste de l’emploi des seniors, il décortique dans notre émission « À l’air libre » un projet dont les syndicats ne veulent pas, mais que le gouvernement pourrait imposer début 2023 avec un énième 49-3. ou un 47.1

 

 

- L'enjeu derrière la réforme des retraites est celui du partage des richesses produites

Le gouvernement essaie de nous faire peur avec les terribles déficits qui mettraient en péril notre système de #retraites, alors pour vous aider à y voir plus clair dans la valse des milliards, on vous rappelle quelques ordres de grandeurs

Il n'y a pas de problème de financement des retraites.
En revanche, il y a un problème avec ces politiques qui se moquent du peuple.

  • Au cas ou, l'argent existe ! 
    • 12 milliards : l'hypothétique déficit du système de retraites ;

    • 257 milliards : aides publiques versés aux (grandes) entreprises ;

    • 1 000 milliards : fortune des 500 + grandes fortunes françaises.

 

  • Au cas ou, l'argent existe ! 
    • Quand les start-up lèvent plus d'argent... que le besoin de financement des caisses de retraite
    • Oui, on peut trouver les 12 milliards nécessaires sans faire trimer les gens 2 ans de plus. 
13 milliards d’euros levés en 2022, un chiffre encourageant malgré le contexte

 

  • En France, la productivité horaire est l'une des plus élevées d'Europe, devant la plupart de nos voisins européens.
    • Retraite à 60 ans pour toutes et tous, réduction du temps de travail à 32 H... ces mesures permettrait une création massive d'emplois,... donc le financement de notre protection sociale sans impacter la productivité économique.
Où la productivité horaire est-elle la plus (et la moins) élevée ?

 

 

- Décidément la macronie est au abois : écoutez-le, on aurait pas dit mieux

Quand Franck Riester Ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé des Relations avec le Parlement n'a pas bien lu les éléments de langage de son gouvernement et reconnaît que la réforme des retraites pénalisera encore plus les femmes[3]

 

- Des sous pour l'hypothétique déficit du système de retraites... il y en a
Le choix de Macron et Borne est clair : gaver les actionnaires au détriment des salaires.
Faire cotiser les dividendes comme les salaires dégagerait jusqu'à 48 Md€ par an pour les retraites.

  • Mettons à contribution les revenus du capital comme ceux du travail !

 

 

 

-  C'est l'heure de s'inviter à la table des très grands possédants (les ultra-riches) pour financer un hypothétique déficit de notre système de retraite....

Les inégalités de patrimoine sont très importantes en France. En 2021, la moitié des ménages les plus pauvres ne possèdent que 8 % des avoirs.... Où est la justice là dedans ?

  • C'est l'heure de s'inviter à la table des possédants.

Vous voulez de l'argent pour financer, il y en a là 👇

 

La moitié des ménages français possède 92 % du patrimoine

 

 

- Tous les jours de nouvelles découvertes !

Ils sont à deux doigts de se rendre compte que cette réformes des retraites va coûter plus chère qu'elle ne va en rapporter, c'est ballot pour une réforme " technique "...

  • En effet, le report de deux ans de l’âge de départ devrait se traduire par près de 100 000 chômeurs de 60 ans et plus supplémentaires selon une étude de l’Unédic portant sur la réforme de 2010[8bis] !...

📌 Vous comprenez pourquoi le gouvernement à limité les débats à l'Assemblée Nationale et refusé de répondre aux parlementaires insoumis qui cherchaient à démasquer le fond de cette contre-réforme des #retraites ?

 

Retraite : les seniors au chômage, le coût caché de la réforme

 

 

- Et pendant ce temps là, l'intergroupe de la NUPES de l'Assemblée et les groupes de gauche et des écologistes au Sénat publient leur livret de décryptage du projet de loi retraites !

Ce document vise à décrypter le projet de loi du gouvernement. Il donne les grands axes sur lesquels député·es et sénateurs·trices de nos groupes de gauche et écologistes se battront ensemble. Notre objectif commun est de faire reculer le gouvernement par la mobilisation sociale et la bataille parlementaire. Et de mettre en place la retraite à 60 ans !

 

  • Cliquer sur l'image 👇 pour accéder à l'intégralité de l'argumentaire

 

Projet Macron contre nos retraites, décryptage du texte de loi

 

  • Pour télécharger les fichiers au format PDF 👇

 

- Projet de la France insoumise pour une possible autre réforme des retraites !!

Contrairement à ce qu’ils s’imaginent, la résistance populaire face à cette réforme ne relève ni d’un malentendu, ni d’un manque de pédagogie.
La majorité du pays a parfaitement compris ce qui se joue :
il faudrait vivre pour travailler, et non plus travailler pour vivre.

 

Le modèle de société que nous lui opposons tient en une formule : la civilisation du temps libéré. Cela signifie, concrètement, de diminuer le temps de travail dans la semaine, dans l’année et dans la vie, grâce à l’application stricte des 35 heures pour aller vers les 32 heures, la sixième semaine de congés payés et la retraite à 60 ans avec 40 annuités.

 

  • Cliquer sur l'image 👇 pour accéder à l'intégralité de l'argumentaire

 

La France insoumise : projet pour une possible autre réforme des retraites !

 

 

- Qu'on le fasse savoir : sur les retraites, le Rassemblement National est une arnaque[4] !

Quand les députés du RN sont présents sur les retraites, ils veulent vider les caisses de retraite et fragiliser la sécurité sociale.

  • Comment ? En proposant la mise en place de primes, d'augmentation des salaires exonérés de toutes cotisations sociales[9]
    •  Le RN préfère mettre en place des primes sans cotisations que de taxer les ultras riches[9bis] (Pour rappel, une taxe de 2% sur la fortune des 42 milliardaires français suffirait à financer le déficit des retraites) ;
      • Le parlement rejette cette proposition[9ter].
    • Mais jamais le RN ne proposera de taxer le capital, et pour une bonne raison : car le RN compte bien sur l’oligarchie médiatique pour arriver au pouvoir en 2027 ;
    • Le RN a choisi son camp : ce n’est pas celui des 2 millions de manifestants, ni de 93% des actifs, mais celui des riches[8] sur la base d'un programme économique constituant une saignée pour les classes populaires[7] ;

 

Examen du texte de loi sur les retraites en commission : le RN ou l’opposition qui ne s’oppose pas.

  • Le groupe de Marine Le Pen a déposé 75 amendements sur le texte #retraites… contre 105 pour Renaissance[10] ;
  • Les deux seuls députés RN présents en commission ont voté contre l'amendement insoumis de rétablissement de la retraite à 60 ans, car, pour eux, " il n'est pas sérieux de prétendre que l'on peut rétablir la retraite à 60 ans[12]" !
  • Autrement dit, ils ont moins de choses à corriger dans le texte que les députés macronistes eux-mêmes !

 

CONCLUSION : Le RN, une arnaque sociale à démasquer avant qu’il ne soit trop tard :

 

🔴 Tout est dit ici : 

  • Quand les députés du RN sont présents sur les retraites, ils veulent vider les caisses de retraite et fragiliser la sécurité sociale 👇

 

 

Synthétiquement...

 

Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...

Notes :

[0] Retraites : les 15 mensonges de Macron dans sa lettre aux syndicats

[1] Qu’est-ce que la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ?

[a] LA SUPPRESSION DÉFINITIVE DE LA COTISATION SUR LA VALEUR AJOUTÉE DES ENTREPRISES

[b] La suppression définitive de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises à l’horizon 2024

[1bis] Henri Guaino, l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a appelé à " supprimer l'âge de départ à la retraite "

[2] 10 éditorialistes « influents », dont Nathalie Saint-Cricq (France télévision) son fils Benjamin Duhamel (BFMTV), ont été reçus secrètement par Emmanuel Macron à l’Élysée, avec un objectif : influencer discrètement l’opinion

[3] RETRAITES: LE MINISTRE FRANCK RIESTER ADMET QUE LES FEMMES SONT "UN PEU PÉNALISÉES" PAR LE REPORT DE L'ÂGE LÉGAL

[4] Qu'on le fasse savoir : sur les retraites, le Rassemblement National est une arnaque !

[4bisRéforme des retraites : des députés macronistes veulent revenir sur les 35 heures

[5] Malgré les crises, le gouvernement n’a eu de cesse de distribuer des aides et de baisser les impôts des entreprises sans contrepartie, tout en mettant la Sécurité sociale à contribution.

[5bisEn 2022, les allégements de cotisations sociales des employeurs du régime général représentent 73,6 milliards d’euros, en hausse de 13,1 % sur un an sous l’effet de la dynamique des bas salaires

[6] Le taux de cotisation patronale au niveau du Smic est de 7 %

[6bisRetraites – Attention, énorme arnaque : la pension à 1200 euros brut minimum ne concerne que… 0,002% des salariés !

[6ter] La retraite à 1200 euros concernera seulement " 10.000 à 20.000 " nouveaux bénéficiaires par an

[7] Le programme économique du RN : une saignée pour les classes populaires

[8] Le RN a choisi son camp : celui des riches

[8bis] Retraite : les seniors au chômage, le coût caché de la réforme

[9] Le RN veut, via 2 propositions de loi, inciter les entreprises à augmenter les primes, les salaires en favorisant cette hausse par une exonération des cotisations sociales

[9bis] Retraite : le RN ridiculisé par un député LFI

[9ter] L’Assemblée nationale a rejeté, jeudi 12 janvier, une proposition de loi portée par le groupe RN, qui entendait inciter les entreprises à augmenter les salaires de 10 % via des baisses des cotisations patronales

[10Réforme des retraites : 7 000 amendements sur le projet de loi déposés en commission par les députés

[11] Sur France Info, Marine Le Pen défend la retraite à… 67 ans et ici Retraites : la vidéo qui démasque Marine Le Pen

[12] RN : " il n'est pas sérieux de prétendre que l'on peut rétablir la retraite à 60 ans "

[13] Travailler, et mourir avant la retraite : un quart des hommes et 13 % des femmes les plus pauvres meurent avant 62 ans

[13bis] En 2021, une personne de 55 à 69 ans sur six ni en emploi ni à la retraite, une situation le plus souvent subie

 

Pour en savoir plus :

- Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

- En Suède, le report de l'âge de départ à 65 ans a paupérisé les retraités. Vingt ans plus tard, son instigateur déconseille à Macron de suivre son exemple.

CGT : Le projet de réforme des retraites est une aberration à plusieurs titres et on vous explique comment on démonte un à un les arguments du gouvernement.

- Retraites : comment le gouvernement creuse lui-même le déficit

- Institut La Boétie :Retraites des arguments pour convaincre

- Retraites : 30% des seniors ne sont déjà plus en emploi à 62 ans, réduisons et partageons le temps de travail au lieu de le prolonger bêtement

Manon Aubry, députée européenne LFI rappelle qu'ailleurs en Europe, un report de l'âge légal de départ à la retraite s'est souvent accompagné d'un accroissement de la pauvreté des seniors.

- Retraites : les mensonges du gouvernement : Ce que nous apprend la propre étude d'impact du gouvernement

- Communiqué du groupe parlementaire LFI-NUPES : L’Assemblée nationale n’a pas voté la retraite à 64 ans

- Retraite : tout ça pour économiser seulement 2,8 milliards d’euros selon l’OFCE

- Retraites. Dupont & Dupond : vive la capitalisation ! Je dirais même plus : vive la capitalisation !

- Retraites : le lien entre âge de départ et chômage des seniors confirmé par une étude

- CGT : Comparer les systèmes de retraites dans le monde revient à comparer des choux et des carottes

 

- sur le RN et les retraites :

Qu'on le fasse savoir : sur les retraites, le Rassemblement National est une arnaque !

Retraites : sur BFMTV, Mathilde Panot démasque Jordan Bardella du RN

Qu'on le fasse savoir : sur les retraites, le Rassemblement National est une arnaque !

 Le programme économique du RN : une saignée pour les classes populaires

Le RN a choisi son camp : celui des riches

Sur France Info, Marine Le Pen défend la retraite à… 67 ans et ici Retraites : la vidéo qui démasque Marine Le Pen

- Que propose réellement Marine Le Pen : faire travailler les enfants pour partir à 60 ans... car si tu fais des études, c'est cuit, tu partiras à 67 ans

 

 

Retraites : des éléments pour mener la bataille, convaincre et GAGNER face aux mensonges du pouvoir macronien et ses complices...
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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 09:53

Cet article est reposté depuis Rue du Blogule Rouge Insoumis.

Un concept rare et progressiste : la retraite est un progrès social !

 

- Petit retour en arrière : " retraites : comprendre leur histoire pour mener le bataille "

« Les retraites du 15ème siècle à nos jours : une longue histoire, une bataille actuelle » : voici le titre d’une note publiée par L’institut La Boétie, fondation insoumise. Son objectif : retracer l’Histoire passionnante de notre système de retraites depuis plus de six siècles.

  • Y a-t-il eu des formes de retraites dès le Moyen-Âge ?
  • La Révolution industrielle du 19ème siècle a-t-elle été propice à la mise en place d’un système de solidarité intergénérationnelle ?
  • Comment expliquer le succès du mouvement social de 1995 ? Dans quelle dynamique s’inscrit l’actuelle attaque d’Emmanuel Macron contre notre système de retraites ?
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12 janvier 2023 4 12 /01 /janvier /2023 09:59
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

La retraite à 64 ans : travaillez plus, pour gaver plus[1] !

 

... première action : signer la pétition 👉 ICI 

 

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, et même Emmanuel Macron ont un point commun : il y a peu, tout report de l’âge de départ à la retraite leur apparaissait comme une véritable arnaque[1bis].

 

 

Emmanuel Macron est " déterminé ", ne cesse-t-il d’affirmer. Il veut laisser son empreinte, avec cette réforme, lors de son dernier quinquennat. Il ne laissera pas s’éterniser les débats à l’Assemblée nationale soit il reçoit le soutien des Républicains, déjà quasiment acquis, soit il utilise le 49-3 (NDLR : voir il intègre la réforme dans un projet de budget de la Sécu rectificatif, cette option pourrait permettre à l’exécutif d’éviter d’avoir recours à un 49-3 en jouant sur les délais d’examen des lois de financement de la Sécu prévus à l’article 47-1 de la Constitution. Au bout de 20 jours de débat à l’Assemblée, le texte pourrait être transmis sans vote au Sénat[2]). 
Pourtant, cette réforme est rejetée par 8 Français sur 10. Toutes les organisations syndicales y sont opposées et sont déterminées à construire, ensemble, des mobilisations unitaires, avec grèves et manifestations, en janvier et février.
Cela fait trente ans que des réformes sont présentées comme le seul moyen de « sauver le système », soit en reculant l’âge de départ à la retraite, soit en augmentant le nombre des annuités de cotisations, soit, comme maintenant, en procédant à ces deux régressions cumulées.
Pourtant, dans son dernier rapport, sorti en septembre 2022, le Conseil d’orientation des retraites (COR) affirme : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite. »
Explications.

 

 

 PREMIER ARTICLE SUR LA RÉFORME MACRON... ICI 👉 : " Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent "

 

 

Sources : Yves Mestas | mis à jour le 18/02/2023

 

DEUXIÉME VOLET : L'HEURE DE VÉRITÉ... ET DE LA MOBILISATION SONT VENUES ! 👇

 

- Élisabeth Borne, Première ministre, vient d’annoncer le projet de réforme des retraites, dont le cœur est le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités.
Réforme qui sera présenté en conseil des ministres le 23 janvier, puis mis en débat à l’Assemblée nationale début février, pour un vote avant la fin du premier trimestre.

  • Quand Emmanuel Macron trouvait "hypocrite" de décaler l'âge légal de départ à la retraite
    Pourtant, Emmanuel Macron, le 25 avril 2019, tenait des propos bien différents : « Quand on est peu qualifié, quand on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! C’est ça, la réalité de notre pays ! Et on va expliquer aux gens : travaillez plus longtemps, jusqu’à 64 ans ! Franchement ce serait hypocrite de décaler l’âge légal[3] »
  • Décembre 2022, changement du discours d’Emmanuel Macron, sur TF1 : « Sans cette réforme, notre système de retraite par répartition est en danger. »
  • Ainsi, outre Emmanuel Macron, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, ont un point commun : il y a peu, tout report de l’âge de départ à la retraite leur apparaissait comme une véritable arnaque[1bis].

 

Alors, pourquoi ce revirement ?

Durant la campagne présidentielle 2022, le candidat Emmanuel Macron a signé le programme de stabilité envoyé à Bruxelles, qui spécifiait : « Ce programme de stabilité (est) en faveur (…..) de  la compétitivité des entreprises : c’est par exemple le cas de (…..) la baisse des impôts de production dès 2023. (…..) La maitrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment[4]. »

 

 

- Huitième réformes en trente ans
Depuis 1993, les attaques contre le système de retraite se succèdent, sous tous les gouvernements. C’est la huitième fois, depuis ternet ans, qu’un gouvernement entend réformer le système des retraites. Les discours se suivent et se ressemblent, depuis des décennies : « Il faut le réformer pour le sauver, car il est gravement déficitaire. » Cela fait donc trente ans que des réformes sont présentées comme le seul moyen de « sauver le système », soit en reculant l’âge de départ à la retraite, soit en augmentant le nombre des annuités de cotisations, soit, désormais, en procédant à ces deux régressions cumulées. Régulièrement, gouvernements, ministres, experts et médias inféodés expliquent qu’il faut faire une nouvelle réforme pour « sauver les retraites ». Mais ces réformes sont avant tout idéologiques.

 

 

- Que dit le Conseil d’orientation des retraites ?
Notre système de retraite serait donc en danger ? Ce n’est pas l’avis du Conseil d’orientation des retraites (COR). Créé en 2000, le COR est une structure rattachée à Matignon (Premier ministre), difficilement soupçonnable de positions gauchistes. Son rapport annuel est attentivement scruté par l’ensemble de la classe politique. Dans son dernier rapport de septembre 2022, nous pouvons lire : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite[5]. »

 

 

🔴 Remise des pendules à l'heure pour démasquer les mensonges de Macron et ses sbires :
Assemblée nationale 19 janvier 2023 : " Les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme ", indique le président du Conseil d'orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras. 👇

 

 

🔴 Pour l'’économiste Gilles Raveaud chez BFM Business : « Il n’y a pas de problème de financement des retraites. » 👇

 

L’économiste Gilles Raveaud chez BFM Business : « Il n’y a pas de problème de financement des retraites. »

 

Notre système de retraite a enregistré un excédent de 900 millions d’euros en 2021, malgré la crise sanitaire. Celui-ci est de 3,2 milliards d’euros pour 2022. Pour évaluer la situation des années à venir, le taux de chômage a son importance. Le gouvernement prévoyait un taux de chômage de 8,4% en 2027. Il a révisé ses chiffres et prévoit maintenant 5% de chômage pour 2027. Dans ces projections, le COR se base sur les estimations gouvernementales jusqu’en 2027. Au-delà, il établit ses propres hypothèses. Le COR prévoit, 7% de chômage en 2032 ; il est donc obligé de simuler une récession entre 2027 et 2032 dans ses calculs. Ce qui lui permet de faire, prudemment (notez le conditionnel), cette hypothèse : « La situation financière du système de retraite se détériorerait avec un déficit allant de -0,5% de PIB à -0,8% de PIB », dans les 10 prochaines années. Cela représente environ 10 milliards d’euros par an, soit moins de 3% du budget des retraites qui est de 340 milliards d’euros. Un déficit faible et contrôlé, selon le rapport du COR : « À plus long terme, de 2032 jusqu’à 2070, malgré le vieillissement progressif de la population française, la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable ou en diminution. »

 

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

Le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, qui soutient le président Macron, évoque une autre piste que celle du gouvernement. Elle consisterait à augmenter d’un point les cotisations patronales retraite, qui passeraient de 16,5% à 17,5% du salaire brut, et rapporteraient 7,5 milliards d’euros[6].

 

Car, le faible déficit des retraites à venir n’est pas la conséquence d’une dynamique incontrôlée des dépenses, mais bien d’un manque de ressources. L’octroi de primes (non-soumises à cotisation) en concurrence des augmentations de salaires, comme la « prime Macron » par exemple, est monnaie courante, depuis plusieurs années. De même, les exonérations de cotisations sur les bas salaires accordées aux entreprises assèchent la ressource des rentrées de cotisations dans les caisses de retraites[7].

 

Capitalisation vs/ répartition : le vrai match de cette réforme

 

 

- Les séniors sont évincés du marché du travail avant 62 ans
En 2021, selon la Dares[8] (service statistiques du ministère du travail), le taux d’emploi des plus de 60 ans est de 35,5%. Les entreprises poussent les salariés âgés vers la sortie, via des dispositifs comme les plans de départ volontaire, les ruptures conventionnelles en fin de carrière… Un phénomène qui ne touche pas que les ouvriers ; les cadres grisonnants sont, eux aussi, dans le viseur des employeurs. Pour les ouvriers, à 61 ans, le taux d’emploi est de 28% ; pour les sans diplôme, le taux est de 25%. Autant d’assurés sociaux qui sont en salle d’attente du « ni ni », c’est-à-dire ni en emploi ni en retraite.

 

Cela signifie que plus de 60% d’entre eux sont, soit au chômage suite à licenciement, soit en maladie, soit en invalidité, soit au RSA. Comme le dit le rédacteur en chef du magazine Santé & travail, « pour eux, reculer l’âge de départ, c’est les laisser dans la perspective de toucher une retraite plus faible puisqu’ils auront moins cotisé ». Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le taux de pauvreté des séniors ni en emploi ni en retraite atteint déjà, en effet, 32%[9] !

  • Les économies réalisées dans les caisses de retraites, ce sont les caisses de l’assurance-chômage, de l’assurance maladie et des minimas sociaux qui seront sollicitées pour les compenser.
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

 

- La retraite à 64 ans génère-t-elle des économies ?
Le Trésor a calculé, fin janvier, les économies réalisées avec un passage progressif de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans, à raison de trois mois de plus par an. Résultat, le solde du système s’améliorerait de 0,3% de produit intérieur brut (PIB), (environ 7,5 milliards d’euros à la valeur actuelle du PIB) d’ici 2027, et de 0,5% (12,5 milliards d’euros) d’ici 2032.

 

Une partie des économies réalisées sur les comptes des retraites sont annulées par l’augmentation des dépenses pour d’autres branches de la sécurité sociale ou pour les départements en charge d’une partie croissante de l’aide sociale[10]. Eloigner l’horizon de la retraite nécessite, pour certaines personnes, de rallonger les périodes de chômage, d’arrêt maladie ou de RSA. La Dares chiffre à 1,3 milliard d’euros les allocations chômage supplémentaires à verser avec un passage à 64 ans, tandis que la Drees évalue à 3,6 milliards d’euros la hausse du coût des autres prestations sociales ! Au total, cela représente environ 0,2% de PIB.

 

  • A contrario, le report de l’âge légal génère aussi des recettes pour les comptes publics. Tous ceux qui restent en emploi payent plus d’impôt sur le revenu et aussi de CSG, de même qu’ils continuent de cotiser aux différentes caisses… Le Trésor prévoit ainsi une hausse de 0,6% de PIB.

 

Au total, entre l’amélioration du solde des retraites (+0,5% de PIB), la hausse des dépenses des autres branches de la sécu (-0,2%) et les autres recettes (+0,6), le Trésor en conclut qu’un report de l’âge légal à 64 ans réduirait le déficit public de 0,9% de PIB dans 10 ans.

 

🔶 Retraites : la raison de ne pas faire comme nos voisins européens ? ▶️ Les retraités sont plus pauvres dans les pays où l’âge de départ est plus élevé. Simple, basique.

 

 

- Travailler plus longtemps, même pour les carrières longues et pénibles
🔴 Cette réforme reporte progressivement l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, mais avec une accélération de la loi Touraine-Hollande[11] pour atteindre les 43 annuités de cotisations (172 trimestres) en 2027 au lieu de 2035. L’âge d’annulation de la décote restera à 67 ans.

  • La réforme s’appliquera ainsi, à partir du 1er septembre 2023 (voir le tableau, ci-dessous) :
  • Pour les personnes nées en 1961, départ possible à 62 ans et trois mois ;
  • Pour les personnes nées en 1964, départ possible à 63 ans ;
  • Pour les générations nées en 1968 et après, départ possible à 64 ans, à condition d’avoir 43 années de cotisations, soit 172 trimestres.

 

 

🔴 Les petites pensions des retraités actuels et des futurs retraités seraient revalorisées à hauteur de 100 € brut par mois, à compter du mois de septembre 2023... pour atteindre ultérieurement quasiment 1 200 € brut, soit 85% du SmicA condition d’avoir une carrière complète !

 

🔴 Les « carrières longues » et les « métiers pénibles » devront travailler plus longtemps, alors qu’il est déjà difficile aujourd’hui de bénéficier de ces reconnaissances. En 2022, seulement 125 784 personnes sont parties de manière anticipée à la retraite, grâce au dispositif « carrière longue », selon le ministère du Travail.

 

🔴 Actuellement pour profiter d’un départ anticipé pour « carrière longue », il faut avoir cotisé quatre ou cinq trimestres avant la fin de ses 18 ans, pour un départ à 58 ans, ou avoir cotisé quatre ou cinq trimestres avant la fin de ses 20 ans pour un départ à 60 ans.

 

🔴 Selon Élisabeth Borne, la réforme Macron sera « une amélioration pour les carrières longues ». En réalité, le départ sera toujours anticipé de deux, quatre ou six ans avant l’âge légal (64 ans), mais en travaillant donc deux ans de plus :

  • Ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans, pourront partir à 58 ans ;
  • Ceux qui ont commencé à travailler à 15 ans, pourront partir à 59 ans ;
  • Ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans, pourront partir à 60 ans, contre 58 ans actuellement ;
  • Et ainsi de suite…

 

 

🔴 Les « métiers pénibles » devront également travailler plus longtemps. Pourtant, en 2022 déjà, seulement 9596 personnes ont bénéficié du dispositif « pénibilité », selon le ministère du travail. Actuellement, un compte pénibilité existe, qui permet de bénéficier d’un départ anticipé au mieux de deux ans. Les critères de pénibilité qui sont pris en considération ne sont plus qu’au nombre de six ; ils étaient dix auparavant, mais quatre d’entre eux ont été supprimés en octobre 2017, soit cinq mois seulement après l’arrivée au pouvoir du président Macron. De quoi faire douter d’une réelle volonté d’améliorer ce dossier.

  • Pourtant de nombreux métiers devraient être mieux pris en compte : ouvriers de l’industrie ou du BTP, agents d’entretien, aides à domiciles, caissières…

 

 

🔴 Par ailleurs, les « régimes spéciaux » seraient supprimés. Les nouveaux embauchés à la RATP, dans la branche industries électriques et gazières (IEG) et à la Banque de France seront notamment affiliés au régime général pour la retraite, a précisé la cheffe du gouvernement. Ce « chiffon rouge » a toujours été utilisé par les gouvernements pour opposer les salariés les uns aux autres, monter l’opinion publique contre une catégorie de salariés, afin d’imposer une régression des droits existants ou futurs de l’ensemble des régimes. L’anticipation de départ à la retraite pour certaines fonctions professionnelles, pour des raisons de pénibilités, comme à la RATP, dans les IEG, à la SNCF, etc., devrait, au contraire, être étendue à de nombreux salariés du privé. Une exception au système général reste néanmoins prévue par le projet Macron pour les professions libérales, les avocats, ainsi que pour les marins, les salariés de l’Opéra de Paris et de la Comédie française.

  • Les fonctionnaires qui exercent des métiers pénibles (dits « de catégorie active ») verraient, en revanche, leur âge de départ lui aussi repoussé de deux ans. Concrètement, les pompiers, policiers ou infirmiers pourraient alors faire valoir leurs droits à la retraite à 54 ou 59 ans, selon le métier exercé, contre 52 et 57 ans actuellement.

 

Par William Martinet député France insoumise #nupes ⚠️ Retraite minimum à 1200€ ? Mensonge ! 🕐 2 minutes pour comprendre la dernière arnaque du gouvernement. #StopRetraiteMacron #ReformesDesRetraites

 

-  L’heure de vérité
Emmanuel Macron est déterminé, ne cesse-t-il d’affirmer. Il veut laisser son empreinte, avec cette réforme, lors de son dernier quinquennat. Il ne laissera pas s’éterniser les débats à l’Assemblée nationale :

  • soit il reçoit le soutien des Républicains, déjà quasiment acquis ;
  • soit il utilise le 49-3 ;
  • (NDLR : voir il intègre la réforme dans un projet de budget de la Sécu rectificatif, cette option pourrait permettre à l’exécutif d’éviter d’avoir recours à un 49-3 en jouant sur les délais d’examen des lois de financement de la Sécu prévus à l’article 47-1 de la Constitution. Au bout de 20 jours de débat à l’Assemblée, le texte pourrait être transmis sans vote au Sénat[2]). 

 

🔴 Pourtant, cette réforme est rejetée par 8 Français sur 10[12].

  • 60% des Français disent "soutenir" ou éprouver de la " sympathie " à l'égard de la mobilisation contre la réforme des retraites[13] ;
  • Le soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites monte à 67% chez les employés, 65% chez les ouvriers et 68% chez les 50-64 ans[13] ;
  • 46% des personnes interrogées se disent prêtes " à se mobiliser " contre le projet du gouvernement " dans les prochaines semaines.[13] "

 

Toutes les organisations syndicales y sont opposées et sont déterminées à construire, ensemble, des mobilisations unitaires, avec grèves et manifestations, en janvier et février.

  • Réunis à la Bourse du travail, à Paris, les syndicats – la CFDT, Force ouvrière, la CFE-CGC, l’Unsa, Solidaires, la CFTC, la FSU et la CGT – ont appelé, mardi 10 janvier, les salariés à se mobiliser « fortement », lors d’une première journée de manifestations et de grève, le jeudi 19 janvier.

                              👇                                                                    Elles ont reçu le soutien politique de la #Nupes

COMMUNIQUÉ INTERSYNDICAL - RETRAITES : PREMIÈRE JOURNÉE DE MOBILISATION LE 19 JANVIER

👇                               

Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale - NUPES 11 janvier 2023

 

 

 

-  Une autre solution : le programme partagé de gouvernement de la NUPES[14]
📌 Garantir une retraite digne, ce qui signifie :

  • Restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous après quarante annuités de cotisation avec une attention particulière pour les carrières longues, discontinues et les métiers pénibles ;
  • Maintenir l’équilibre des retraites en soumettant à cotisation patronale les dividendes, participation, épargne salariale, rachats d’actions, heures supplémentaires, en augmentant de 0,25% par an le taux de cotisation vieillesse et en créant une surcotisation sur les hauts salaires ;
  • Rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron ;
  • Porter à minima au niveau du SMIC revalorisé toutes les pensions pour une carrière complète, et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté ;
  • Prendre en compte le revenu de solidarité active (RSA) pour valider des trimestres en vue de la retraite ;
  • Indexer le montant des retraites sur les salaires ;
  • Interdire au Fonds de réserve pour les retraites d’investir dans des secteurs polluants ;

📌 Augmenter les salaires et réduire les inégalités salariales dans l’entreprise :

  • Porter immédiatement le SMIC mensuel à 1 500 € net et accompagner les TPE/PME ;
  • Organiser une conférence sociale générale sur les salaires ainsi que dans chaque branche, qui aborderont notamment :
    • les augmentations de salaires, notamment pour les métiers occupés majoritairement par des femmes dans les secteurs du soin, du lien et du contact ;
    • les écarts de salaires : limiter l’écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut dans une entreprise ;
    • la répartition de la valeur : fixer un seuil minimal pour les revalorisations salariales, afin que la somme consacrée aux revalorisations salariales soit au moins égale à la croissance du retour à l’actionnaire (dividendes et rachats d’actions) ;
    • l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (salaires, formations, carrière, promotions…) : augmentation des sanctions financières et pénales (amendes, refus d’attribution de marchés publics), création de commissions de contrôle salarié dans les entreprises ;
    • la formation, les parcours professionnels et les conditions de travail ;
  • Revaloriser le traitement des fonctionnaires et dégeler le point d’indice ;
  • Interdire les parachutes dorés et les retraites chapeaux ;
  • Supprimer les stock-options.

 

« Pour nos retraites, une seule solution, faire front ensemble » : 250 syndicalistes appellent à la grève du 19 et à la marche du 21 janvier[15] !

 

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

Notes :

[1La retraite à 64 ans : travaillez plus, pour gaver plus

[1bis] Quand les (futurs) macronistes fustigeaient la retraite à 64 ans

[2] Retraites : après le 49-3, découvrez le 47-1, l’autre arme du gouvernement pour faire passer la réforme à l’Assemblée

[3] Quand Emmanuel Macron trouvait "hypocrite" de décaler l'âge légal de départ à la retraite

[4] La maitrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment comme le Président de la République s'y est engagé au cours de la campagne électorale. L'effort de maîtrise est réparti entre l'État, les collectivités territoriales et la sécurité sociale.

[5Rapport annuel du COR septembre 2022 - Evolutions et perspectives des retraites en France

[6] Réforme des retraites : François Bayrou veut « éclairer » l ....

[7] Pouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?

[8] En 2021, selon la Dares (service statistiques du ministère du travail), le taux d’emploi des plus de 60 ans est de 35,5%.

[9] Pauvreté : 32% des seniors sans emploi ni retraite vivent sous le seuil de pauvreté en France

[10] Quel est le rôle du département en matière d'aide sociale ?

[11] Aujourd'hui, sur la remise en cause de nos retraites, E. Borne dit entrer dans le cadre de la réforme Touraine de Hollande et du PS de l'époque

[12] SONDAGE EXPLOSIF : 80% des Français sont contre la retraite à 64 ans

[13] SONDAGE BFMTV - 60% DES FRANÇAIS APPROUVENT LA MOBILISATION CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES

[14Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[15] « Pour nos retraites, faire front ensemble » : 250 syndicalistes appellent à la grève du 19 et à la marche du 21 janvier

 

Pour en savoir plus :

- Petit guide contre les bobards de la réforme des retraites

- Retraite à 64 ans : Élisabeth Borne déclare la guerre sociale à 80% des Français

- Qui ne sera pas dans la rue le 19 janvier 2023 pour s’opposer à la retraite à 64 ans ?

- Scandale : 157 milliards d’aides pour le CAC40 et pas 10 milliards pour financer nos retraites ?

Capitalisation vs/ répartition : le vrai match de cette réforme

- Pour les salariés de plus de 60 ans, un taux de sortie de CDI plus bas dans les petites entreprises

- La réforme des retraites, un non-sens écologique

ATTAC. : les sept perfidies de la réforme des retraites 2023

Avertissement : 9 000 morts supplémentaires avant la retraite si Macron fait passer sa réforme

- Retraite à 64 ans : travaillez 2 ans de plus pour financer les cadeaux aux assistés d’en haut

- Femmes, pauvres, carrières incomplètes… quelles sont les premières victimes des inégalités entre les retraites ?

- Retraite à 64 ans : le coup fatal de Macron aux associations ?

- Retraites : une taxe de 2% sur la fortune des milliardaires français suffirait à financer un éventuel déficit

- Les retraites par leur histoire

- Communiqué du groupe parlementaire LFI-NUPES : L’Assemblée nationale n’a pas voté la retraite à 64 ans

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