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19 avril 2025 6 19 /04 /avril /2025 11:58
Du FN au RN : le parti des donneurs de leçons... devenu celui des plus condamné.es de France !

Le RN dans la dérive croissante.... La condamnation de Marine Le Pen en 2025 a provoqué une déferlante de menaces de mort contre les juges siégeant à son procès[0]... confirmant que le RN est bien le parti des « brebis galeuses » – comme l’avait minimisé Jordan Bardella le 3 juillet 2024[0bis]

 

 

Selon Mme Marine Le Pen, Mr Jordan Bardella et autres Cadres actuels, le FN/RN est IRREPROCHABLE depuis leurs créations !...
Selon elles ou eux, je cite, " notre FN/RN, il n'y PAS PLUS HONNETE que nous comme parti politique Français " !...
Voici la liste non-exhaustive des condamnations de membres du Front National et du assemblement national. Cette liste a été réalisée en effectuant des recherches sur internet  et grâce au travail de certains internautes, Il est possible que certains jugements aient évolués sans qu’ils n’en soient trouvés la trace.

 

Du FN au RN : le parti des donneurs de leçons... devenu celui des plus condamné.es de France !

Sources : Eric Durand | 
- Voici ci-dessous la liste judiciaire de toutes les poursuites à l'égard du FN et ensuite à l'égard du RN (même si ça été un peu plus " calme " !...).
Je n'ai rien inventé, chacun d'entre-nous peut accéder à toutes ces informations !... si j'avais Mr Bardella et Mme Le Pen en face de moi, je poserais qu'une seule question !... C'est quoi pour vous un parti politique irréprochable ?...

 

🔴 Liste des condamnations effectives :

 ⁇ ️ Le Front National 1992-1996 : condamné pour avoir vendu une investiture ;

 ⁇ ️ Robert Lagier, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio 1995 : trois colleurs d’affiches du Front National ont été condamnés pour le meurtre d’Ibrahim Ali-Abdallah[6] ;
 ⁇ ️ Le Front National 2002 : condamné pour avoir utilisé de manière dévalorisante l’image d’une personne ; condamné pour avoir utilisé sur son site les clichés protégés de l’AFP[2] ;

 ⁇ ️ Le Front National 2008 : condamné pour avoir utilisé sans autorisation, en la détournant, la célèbre photo du « Che au béret et à l’étoile »[3] ;
 ⁇ ️ Le Front National 2007-2013 : condamné à rembourser plus de 6,3 millions d’euros de dettes majorées de près de 600 000 € d’intérêts à Fernand Le Rachinel[4].
 ⁇ ️ Le Front National 2009 : condamné à détruire ses tracts[1] ;

 ⁇ ️ 2009 : quatre membres du Front National, dont les noms n’ont pas été révélés, ont été condamnés pour coups et blessures après avoir attaqué un homme noir une fois le repas patriotique organisé par le FN terminé ;
 ⁇ ️ Le Front National 2010 : condamné à retirer ses affiches litigieuses[5] ;
 ⁇ ️ Alexandre Gabriac, 2007 : mis en examen pour ses liens étroits avec un commando d’extrême-droite ayant tenté de cambrioler un stand de tir à Saint-Andéol-le-Château, dont l’aventure s’est terminée par le meurtre du Gendarme ; 

 ⁇ ️ Ambrosse, 2009 : condamné pour apologie de crime contre l’humanité, injures à caractère raciste et violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à 8 jours ;
 ⁇ ️ Alexandre Simonnot, 2006-2010 : condamné pour avoir détruit un préservatif géant à l’occasion de la journée mondiale contre le Sida[7] ;
 ⁇ ️ Antoinette Martinet, 1997 à 1998 : conseillère municipal FN à Maisons-Laffite, reconnue coupable de provocation à la haine, la violence et la discrimination (1 mois de prison avec sursis, 30 000 francs de dommages et intérêts, et 5 ans d’interdictions de droits civiques)[8].
 ⁇ ️ Claude Jaffres, 1997 : conseiller régional FN, reconnu coupable d’abus d’autorité et usurpation de fonction (1 an d’emprisonnement avec sursis, 2 ans de privation de ses droits civiques, civils et familiaux). Il s’est fait passer pour un policier avec 3 membre du DSP et a contrôlé des jeunes gens lors du congrès du FN à Strasbourg[9] ;
 ⁇ ️ Bruno Gollnisch, 2004-2007 : condamné en première instance et par le Conseil d’État pour contestation de l’existence de crime contre l’humanité (négationnisme), la Cour de Cassation va pourtant casser sans renvoi l’arrêt de la cour d’appel ;

 ⁇ ️ Bruno Gollnisch, 2008-2011 : condamné pour incitation à la haine raciale, le Parlement européen lève son immunité[10] ;

 ⁇ ️ Alexandre Gabriac : jeune candidat du FN dans le canton de Grenoble, mimant le salut nazi[10bis], chef des Jeunesses nationalistes, sera écroué durant deux mois pour avoir organisé une manifestation interdite à Paris en 2012[10ter] ;

 ⁇ ️ Bruno Gollnisch, 2025 : condamné, dans l'affaire des Attachés Parlementaires et complicité de détournements de fonds Européens (4 500 000€)[11] ; 
 ⁇ ️ Bruno Mégret (Fondateur du MNR et membre du FN), 1998 : ancien délégué général du FN, condamné pour avoir tenu des propos sur l’inégalité des races[12] ;

 ⁇ ️ Bruno Mégret et Catherine Mégret, 2002-2007 : condamnés pour détournement de fonds publics, après avoir envoyé aux frais de la commune de Vitrolles plusieurs milliers de lettres appelant à parrainer sa candidature pour l’élection présidentielle[13] ;
 ⁇ ️ Catherine Mégret, 1998-2001 : et sa Mairie de Vitrolles furent condamnés pour discrimination et incitation à la discrimination[14] ;

 ⁇ ️ Cédric Bégin,1999-2002 : condamné pour détention sans autorisation de munitions et d’armes, condamné pour incitation à la haine raciale[15] ;
 ⁇ ️ 
Christophe Klein,1999-2002 : condamné pour provocation à la discrimination raciale[15] ;
 ⁇ ️ 
Claude Jaffrès,1997 : condamné pour abus d’autorité et usurpation de fonction[16] ;
 ⁇ ️ 
Daniel Simonpieri (FN puis UMP), 2011 : condamné pour favoritisme, fausses factures et emploi fictif. Condamné pour harcèlement moral[19].
 ⁇ ️ 
Denis Monteillet,1995 : candidat FN aux municipales condamné pour avoir inscrit plusieurs personnes de son voisinage sur la liste présentée par son parti au municipales sans les avoir prévenues. Le Conseil d’Etat a annulé les élections des conseillers municipaux FN pour « liste irrégulière »[16] ;
 ⁇ ️ 
Emilien Bonnal,1985 : ex-candidat FN aux cantonales et municipales, a été reconnu coupable de meurtre, alors qu’il collait des affiches pour le FN, pour avoir tué Abdallah Moktari, 23 ans qui l’avait insulté,  et est condamné à 8 ans de prison[20] ;
 ⁇ ️ 
Francis Watez,1995 : avocat et conseiller municipal FN, condamné pour incitation à la discrimination raciale pour avoir collé des affiches proclamant : « Musulmans, Barbaresques, Algériens, terroristes ou non, tous dehors » et « Refuser l’intégration de ces sauvages est un devoir national ». (2 ans d’inéligibilité et 50 000 F d’amende)[38] ;
 ⁇ ️ 
François Nicolas-Schmitt, 1997 : condamné pour détournement de fonds[16] ;
 ⁇ ️ 
Gilles Lacroix,1997-1997 : condamné pour complicité de violence en réunion, avec arme et préméditation et pour complicité de destruction de biens ;
 ⁇ ️ 
Georges Theil, 2001 : condamné pour contestation de crimes contre l’Humanité. 2004-2006, et de nouveau condamné pour contestation de crimes contre l’humanité[21] ;
 ⁇ ️ 
Jacky Codvelle, 1990 : tête de liste FN aux municipales de 1989, condamné pour avoir mis le feu à la voiture du député du Rhône et maire PS de la ville, Jean Jacques Queyranne pour fêter le 14 juillet[38] ;
 ⁇ ️ 
Jacques Bompard, 2008-2010 : maire d’Orange, condamné à 5 ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt[18] ;
 ⁇ ️ 
Jacques Coutela, 2011 : mis en examen pour incitation à la haine raciale suite à son apologie d’Anders Behring Breivik, auteur des attentats d’Oslo[22] ;
 ⁇ ️ 
Jean Holtzer, 1990 : ex-candidat FN aux cantonales a été reconnu coupable de vol à main armé pour avoir braqué une banque (8 ans fermes). Cet ancien avocat général avait un jour réclamé la peine de mort pour une histoire identique[23] ;
 ⁇ ️ 
Jean-Claude Poulet, 1992 : avocat et conseiller municipal FN, condamné pour avoir battu sa femme pendant quinze ans pour « la stimuler au travail… Il fallait que je la stimule assez fréquemment »[38] ;
 ⁇ ️ 
Jean-Marc Maurice : 2004 à 2009- 2010 à 2011, 6 condamnations. Condamné pour outrage à agent dépositaire de l’autorité publique, vol, escroquerie, banqueroute, travail dissimulé et non déclaré, abus de bien sociaux[24] ;
 ⁇ ️ 
Jean-Marie Le Chevallier : condamné pour subornation de témoin dans l’affaire du meurtre de son directeur de cabinet[25] ;
 ⁇ ️ 
Jean-Yves Douissard,1999-2002 : condamné pour incitation à la haine raciale[15] ;

 ⁇ ️ Jean-Yves Le Gallou, 1991-1998 : président du groupe FN au conseil régional d’Ile-de-France, condamné pour provocation à la haine raciale[27] ;

 ⁇ ️ Joël Klein, 2004 : ancien conseillé régional FN, condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison ferme et 10.000 euros d’amendes pour contestation de crimes contre l’humanité, conformément au réquisitoire du procureur. Le 14 octobre 2004, lors d’une interview à TV8 Mont-Blanc enregistrée dans les couloirs du conseil régional de Rhône-Alpes, Georges Theil avait dénoncé “le fantasme” des chambres à gaz[38] ;

 ⁇ ️ Robert Lagier 1995-1998 : Le 21 février 1995, en pleine campagne présidentielle, Ibrahim Ali, un jeune Marseillais originaire des Comores était tué d'une balle dans le dos par trois hommes qui collaient des affiches pour le FN. Le meurtrier, Robert Lagier a été condamné en juin 1998 à 15 de réclusion criminelle. Des peines de dix ans et de deux ans de prison avaient été prononcées à l'encontre des deux autres colleurs d'affiches qui l'accompagnaient, l'un pour avoir aussi tiré et l'autre pour avoir porté une arme de poing[40] ;

 ⁇ ️ Patrick Bassot : élu FN dans le Vaucluse 2012, a été condamné à 3.500 € d’amende pour « incitation à la discrimination, à la haine et à la violence à l’encontre des immigrés »[31] ;

 ⁇ ️ Marcel Mazières : candidat FN aux élections municipales de 1995 à Aix, reconnu coupable de 5 000 F d’amende, 5 000 F de dommages et intérêts et affichage du jugement pendant un mois à la porte du lycée. Il a en effet envoyé au professeur de philosophie de son fils une lettre anonyme. Extrait : ” vous transformez nos classes en goulag politique, votre aspect physique est disgracieux et, apprenant que vous êtes homo, cela est risible. “[38] ;

 ⁇ ️ Marc Georges : ex-député FN, reconnu coupable de blessure par balle d’un jeune homme (18 mois de prison ferme)[38] ;

 ⁇ ️ Marie Thérèse Philippe 1997 : élue FN de Pontoise, reconnu coupable en novembre 1997 de posséder dans sa voiture, entre les deux tours d’élections municipales partielles avec ses quatre colleurs d’affiches, un pistolet à grenailles[38] ;

 ⁇ ️ Pierre Van Dorte,1989 : conseiller municipal FN, condamné pour avoir tiré à l’aide de son fusil à pompe sur un groupe de jeunes d’origines maghrébine en blessant au dos l’un d’eux parce qu’il faisait trop de bruit[35]. Le FN lui paye ses 15 000F de caution. 15 mois avec sursis ;

 ⁇ ️ Pascal-Bernard de Leersnyder : conseiller régional FN, reconnu coupable de violence sur mineur pour avoir appris l’allemand au fils de sa compagne à coup de poing (jusqu’au sang) et pour lui avoir plongé la tête dans les WC (“Il n’était pas digne de la salle de bains”). 13 mois de prison dont 10 fermes[38] ;

 ⁇ ️ Katherine d’Herblais : conseillère régionale en picardie du FN, doit 400 000 F de préjudice a un garde chasse devant se réfugier dans une voiture pour protéger sa carotide après que ses deux dogues allemands égorgèrent 48 brebis et en blessèrent une centaine d’autres [38] ;

 ⁇ ️ Guillaume d’Herbais (beau-frère de Jean-Marie Le Chevallier) : reconnu coupable d’abus de biens sociaux condamné à 2 ans de prison[38] ;

 ⁇ ️ Marc Lyoen : responsable FN, reconnu coupable d’emploi de clandestins[38] ;

 ⁇ ️ Roger Fabrègues : candidat municipal FN, reconnu coupable de trafic de drogue (23/07/1999). Il avait profité d’un voyage au Maroc pour importer du haschisch(2 ans de prison). Il a fait appel[38] ;

 ⁇ ️ Eric Delcroix, 1996 : candidat FN, reconnu coupable de “contestation de crimes contre l’humanité” en 1996. Auteur de la Police de la pensée contre le révisionnisme, un ouvrage révisionniste et antisémite[38] ;

 ⁇ ️ Xavier Voute, 1997 : conseiller municipal à Paris condamné à 3000 F d’amende pour avoir aspergé de gaz lacrymogène des militants de Ras l’Front (mouvement anti-FN)[39] ;

 ⁇ ️ Philippe Bernard, 2004-2008 : ancien secrétaire départemental du FN dans le Nord, a écopé en 2013 de deux ans de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité pour escroquerie et abus de confiance dans une affaire de financement électoral[17] ;

 ⁇ ️ Sylvain Ferrua,1996 : condamné pour proxénétisme 1 ans avec sursis et 50000 F d’amende[38] ;

 ⁇ ️ Louis de Noëll, 1997 : Secrétaire départemental du FN, reconnu coupable de détournement de fond (?/10/1997). Il avait utilisé de l’argent de la société dont il est le gérant pour s’acheter un appartement à Paris, un autre à Perpignan et une villa sur la mer. 1 an avec sursis et 50 000F d’amende[38] ;

 ⁇ ️ Le Front National 2012 : La Cour de cassation a rejeté les pourvois du RN et de proches de Marine Le Pen dans ce dossier dit aussi « des kits de campagne », utilisés par les candidats frontistes lors des législatives de 2012, rendant ainsi définitive les condamnations. En appel, le RN avait été condamné à une amende de 250.000 euros pour recel d’abus de biens sociaux[26] ;

 ⁇ ️ Raynald Liekens,1984-1987 : condamné à perpétuité pour le meurtre d’une juive. Il a déclaré : « Elle était plus gentille avec moi que personne ne l’avait été jusque-là. Mais, quand j’ai appris qu’elle était juive, j’ai décidé de la tuer car les juifs sont les ennemis de la race blanche »[36] ;

 ⁇ ️ Patrick Binder, 2004-2005 : condamné pour injures racistes en public[32] ;

 ⁇ ️ Tanguy Deshayes, 2008-2009 : tête de liste du Front national aux municipales à Paris en 2007, mis en examen pour menaces de mort, il a confirmé en être l’auteur et a été condamné par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand à six mois de prison avec sursis et à mille euros d’amende[41]. Quelques années auparavant il avait été condamné pour bagarre ainsi que pour port d’arme[41bis]  ;

 ⁇ ️ Yannick Lecointre, 2010-2011 : candidat du FN sur le canton de Thiron-Gardais, a été condamné pour trafic de drogue (transport, détention, acquisition, cession et emploi non autorisés de stupéfiants)[43] ;

 ⁇ ️ Patrick Binder, 2010-2011 : condamné pour injure publique et provocation à la haine raciale[32bis] ;

 ⁇ ️ Richard Jacob, 2013-2014 : ancien élu FN à la mairie d'Auxerre il est condamné pour outrage, rébellion pour des violences à l'encontre de partisans du mariage gay[37] ;

 ⁇ ️ Tanguy Deshayes, 2008-2016 : tête de liste FN aux élections municipales de Paris, mis en examen pour menaces de mort, il a confirmé en être l’auteur, et a été condamné par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand à six mois de prison avec sursis et à mille euros d’amende[42] ;

 ⁇ ️ Philippe Vardon, 2014-2018 : condamné à une amende de 750 € pour des violences suite à un coup de poing[33] ;

 

Du FN au RN : le parti des donneurs de leçons... devenu celui des plus condamné.es de France !
Du FN au RN : le parti des donneurs de leçons... devenu celui des plus condamné.es de France !

🚩 Marine Le Pen...

 ⁇ ️ 2008-2011 : à la suite d'une plainte en diffamation déposée par l'ancien membre du FN Christian Baeckeroot pour des faits datant de 2008, Marine Le Pen et Louis Aliot sont condamnés pour diffamation le 27 janvier 2011, par la cour d'appel de Versailles, à verser 5 000 € de dommages intérêts à Christian Baeckeroot et 4 500 € en frais de procédures. Le pourvoi en cassation formé par Marine Le Pen, Louis Aliot et Jean-Marie Le Pen est rejeté le 11 octobre 2011 et la Cour de cassation fixe en plus à 2 000 € les frais de procédure dus à Christian Baeckeroot[28] ;

 ⁇ ️ 2023 : Marine Le Pen est condamnée à 500 euros d'amende avec sursis pour diffamation envers la Cimade, qu'elle accusait d'organiser une « filière d’immigration clandestine en provenance des Comores » à Mayotte. Le 11 septembre 2024, la peine est confirmée en appel[29] ;

 ⁇ ️ 2025 arrive à un niveau jamais atteint  : à la suite dune plainte pour détournements de fonds Européens (l'affaire des assistants parlementaires européens) pour un montant évalué à 4 100 000 €. 
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné ce lundi Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate et quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme aménageable sous bracelet électronique[30].

  • Le RN est en outre condamné à 2 millions d'euros d'amende, dont 1 million ferme[30bis].
  • Le Parlement européen a réclamé au parti d'extrême droite et aux personnes condamnées lors du procès des assistants parlementaires du RN le paiement de dommages-intérêts. La note s'élève à plus de 3,5 millions d'euros[44].
  • et dans le même temps..., le Conseil d'État a définitivement invalidé 55.000 euros de dépenses de campagne de Jordan Bardella lors des élections européennes de 2019[46].

Conformément au droit, Marine Le Pen a fait appel. Elle est donc, à ce jour, de nouveau " présumée innocente "...

Comme Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, certains (es), ont, ou feront appel, et donc, jusqu'à "preuve du contraire", ils et elles sont de nouveau présumés (ées) innocents (es) tant que ce second procés n'aura pas cours.

Nouvelles sanctions définitives à venir lors de ce second procès.

 ⁇ ️ 2025 : après sa condamnation à cinq ans d'inéligibilité fin mars, Marine Le Pen est destituée de son poste de conseillère départementale du Pas-de-Calais[34]. Elle peut cependant contester cet arrêté préfectoral devant la justice administrative.

 

👉 Toujours dans cette affaire de détournements de fonds publics européens pour un montant évalué à 4 500 000€), Marie-Christine Arnautu, Marie-Christine Boutonnet, Myléne Troszczynski, Catherine Griset, Louis Aliot, Nicolas Bay, Fernand Le Rachinel, Dominique Bilde, Thierry Legier, Julien Odoul (déjà condamné pour injures raciales), Yann Le Pen (encore la Famille Le Pen), Wallerand de St Just et Charles Van Houtte, toutes et tous, ont été condamnés (ées) pour complicités dans ce systéme de détournement sciemment organisé par Marine Le Pen... ("une institution"...)

 ⁇ ️ et dans le même temps...,

  • comme Marine Le Pen Louis, Aliot, Julien Odoul et Bruno Gollnisch, ont ont fait appel, soit fin mars 2025, 13 personnes sur les 25 condamnés et donc, jusqu'à " preuve du contraire ", ils et elles sont de nouveau présumés(ées) innocents(es) tant que ce second procès n'aura pas cours ;
  • et les autres en ne faisant pas appel reconnaissent donc la réalité des actes qui leur sont reprochés et la justice de leur condamnation..

 ⁇ ️ 2025 : Andréa Kotarac, porte parole du RN était lui aussi payé comme assistant au Parlement européen lors de la campagne présidentielle de 2022[45]sera t'il poursuivi ? Affaire à suivre...

 

 

• Jean-Marie Le Pen :
Redressement de 1,4 Millions de Francs), reconnu coupable d’apologie de crime de guerre dont la déportation pour l’édition d’un disque sur lequel on peut entendre « un hymne du parti nazi » et « Vive Hitler », reconnu coupable d’antisémitisme insidieux, reconnu coupable de banalisation d’actes jugés constitutifs de crimes contre l’humanité (11/10/1989) pour avoir qualifié les chambres à gaz de « point de détail » de la 2ème guerre mondiale, reconnu coupable de captation d’héritage, 5000F à verser, reconnu coupable d’agression d’un candidate socialiste, 3 mois avec sursis, 20 000F d’amende, 2 ans d’inéligibilité, reconnu coupable d’avoir tenu des propos sur l’inégalité des races avec B.Megret. Condamné à verser 10 000F a L’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) et à publier à ses frais le jugement dans 3 hebdomadaires (30 000F par publication).
 

 

 

- En conclusion :

  • J'imagine que toutes ces Personnes le savent... Quand ce procès en appel sera effectif, ce vol de fonds Européens a été documenté et prouvé et donc, TOUTES LES CONDAMNATIONS SERONT MAINTENUES.
  • Le problème pour tous ces justiciables n'est pas de savoir s'ils ou elles seront innocentés (ées), ça ils et elles le savent, mais de savoir QUELLES NOUVELLES PEINES SERONT A PURGER (dont l'inéligibilité pour 5 ans de Marine Le Pen) !...

🔴 Une autre question se pose : cela leur servira t-il de leçon ?...
L'avenir le dira, mais j'en doute... le RN, fruit du FN, est une arnaque et restera une arnaque qui viole, instrumentalise le peuple et la République !

 

 

Notes :

[0Condamnation de Marine Le Pen : un suspect de 76 ans arrêté pour avoir menacé la juge

[0bis] Législatives 2024 : quand les « brebis galeuses » du RN forment un troupeau

[1] Le FN condamné à détruire des tracts montrant un projet de mosquée

[2JUSTICE : Jean-Marie Le Pen et le FN condamnés pour avoir utiliser des photos de l'AFP sur leurs sites Internet

[3] Photo du Che: le FN condamné à payer

[4Le FN condamné définitivement à payer 6,2 millions

[5] Le Pen condamné à retirer des affiches de sa campagne

[625 ans après, vibrant hommage à Ibrahim Ali tué par des colleurs d'affiches du Front national

[7] Un élu FN condamné pour destruction d'un préservatif géant

[8RACISME : Antoinette Martinet, élue municipale (FN) à Maisons-Laffitte (Yvelines), condamnée à un mois de prison avec sursis pour « provocation à la haine raciale »

[9Les quatre faux policiers du Front national, dont Claude Jaffres, conseiller général d'Auvergne, condamnés à un an de prison avec sursis

[10Propos anti-islam: le Parlement européen lève l'immunité de Bruno Gollnisch

[10bisJeune candidat du Front national dans le canton de Grenoble, mimant le salut nazi

[10terAlexandre Gabriac : le chef des Jeunesses nationalistes, sera écroué durant deux mois pour avoir organisé une manifestation interdite à Paris en 2012

[11Bruno Gollnisch a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis et un an ferme ce lundi 31 mars lors du procès des assistants parlementaires européens du Rassemblement National.

[12Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret ont été condamnés, mercredi 25 novembre, par le tribunal de grande instance de Nanterre pour leurs propos sur l'« inégalité des races »

[13La cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé, mercredi 28 novembre, la condamnation de Catherine et Bruno Mégret (MNR)

[14Catherine Mégret de nouveau condamnée : sa prime à la naissance a été jugée «discriminatoire»

[15Un élu FN condamné pour provocation raciale

[16Claude Jaffrès, conseiller régional FN d'Auvergne condamné en 1997 pour abus d'autorité et usurpation de fonction

[17Philippe Bernard, ancien secrétaire départemental du Front national dans le Nord, a été condamné à deux ans de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité pour escroquerie

[18Jacques Bompard, le maire d’Orange, condamné à 5 ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt

[19L'ex-maire de Marignane (Bouches-du-Rhône) Daniel Simonpieri, condamné en 2011 à un an de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité dans une affaire de favoritisme

[20En septembre 1985, Abdallah Mokhtari, vingt-trois ans, était tué par un policier municipal, membre actif du Front national, condamné vendredi à huit ans de prison

[21Georges Theil condamné à trois reprises

[22Départementales: le FN désigne de nouveau Coutela, malgré son "apologie de Breivik"

[23Et l'ancien magistrat candidat RN aux cantonales et aux législatives devint braqueur...

[24Arras : Jean-Marc Maurice (FN) condamné à 1 an de prison pour abus de biens sociaux

[25Jean-Marie Le Chevallier condamné à un an de prison avec sursis

[26Affaire des kits de campagne : En pleine campagne des législatives, le RN définitivement condamné

[27Le 4 avril 1991, Jean-Yves Le Gallou, président du groupe FN au conseil régional d’Ile-de-France, est condamné à 6 000 francs d’amende pour « provocation à la haine raciale »

[28] Plainte en diffamation déposée par l'ancien membre du FN Christian Baeckeroot : MARINE LE PEN ET LOUIS ALLIOT DÉFINITIVEMENT CONDAMNÉS

[29Marine Le Pen condamnée en appel à 500 euros d’amende pour diffamation envers la Cimade

[30] L'affaire des assistants parlementaires d'eurodéputés du FN (25 personnes concernées)

[30bisLe RN est en outre condamné à 2 millions d'euros d'amende, dont 1 million ferme

[31Le conseiller général frontiste, Patrick Bassot, condamné

[32Le leader régional du FN condamné pour injures racistes

[32bisPatrick Binder condamné pour haine raciale 

[33L'élu FN Philippe Vardon condamné à une amende de 750 € pour des violences suite à un coup de poing

[34Marine Le Pen est destituée de son poste de conseillère départementale du Pas-de-Calais

[35Coups de feu sur un fils d'immigrés à Gennevilliers Un élu du Front national est inculpé et écroué

[36A la cour d'assises des Alpes-Maritimes Réclusion à perpétuité pour Reynald Liekens

[37Propos homophobes et violences : huit mois de prison et deux ans d'inéligibilité pour Richard Jacob

[38La vérité sur le Front National !

[39VIOLENCES : Xavier Voute a été condamné pour avoir aspergé de gaz lacrymogène quatre militants du mouvement Ras l'Front

[40Vingt ans après, le meurtre raciste du jeune Marseillais d'origine comorienne Ibrahim Ali reste une plaie ouverte

[41Le Parisien Tanguy Deshayes, militant FN, a été condamné par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand à six mois de prison avec sursis et à mille euros d’amende

[41bis] Tanguy Deshayes, tête de liste du Front national aux municipales à Paris en 2007, a avoué avoir envoyé une lettre de menaces de mort à un éleveur du Puy-de-Dôme pour des raisons politiques.

[42Le Parisien Tanguy Deshayes, militant FN, a été condamné par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand à six mois de prison avec sursis et à mille euros d’amende

[43Yannick Lecointre a été condamné, le 15 juillet 2010, pour transport, détention, acquisition, cession et emploi non autorisés de stupéfiants

[44] Condamnation du RN: le Parlement européen réclame 3,5 millions de dommages-intérêts

[45Andréa Kotarac, porte parole du RN était lui aussi payé comme assistant au Parlement européen...

[46Le Conseil d'État a définitivement invalidé 55.000 euros de dépenses de campagne de Jordan Bardella lors des élections européennes de 2019

[47] Procès des assistants parlementaires du RN : 13 condamnés sur 25 ont fait appel, dont Marine Le Pen et Louis Aliot

Pour en savoir plus :

👉 Actualité, crime et extrême droite

Mort de Jean-Marie Le Pen : on a listé ses nombreuses condamnations par la justice

- 2004, Marine Le Pen dénonçait les détournements de fonds publics par les partis politiques

Daniel Grenon, candidat pour le siège de député de l’Yonne : le parquet requiert une peine de 1 500 euros d'amende à son encontre contre des propos racistes, homophobes ou misogynes

- Assistants parlementaires fictifs du RN : Jordan Bardella perd un procès contre « Libération »

- Avec leur imprimerie, Pascal Markowsky député RN du 17 et l'eurodéputée Séverine Werbrouck multiplient et surfacturent des commandes payées avec l’argent du contribuable

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29 mars 2025 6 29 /03 /mars /2025 15:07
Sept ans ferme réclamés contre Sarkozy : le prix d’un « pacte faustien » avec Kadhafi

« Un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l'autel du pouvoir les valeurs essentielles telles que la probité, l'honnêteté et la droiture. 

« Je souhaite qu’il n’y ait pas de mesures d’aménagement de peine pour les peines supérieures à six mois.[0] »

« Nous devrons d’urgence redonner à l’Etat la capacité à faire face à la délinquance , et en particulier celle des multirécidivistes[0] »

 

 

Le Parquet national financier a conclu ses réquisitions en réclamant une peine exemplaire de sept ans de prison[1] contre Nicolas Sarkozy pour sanctionner le pacte de corruption scellé avec la dictature libyenne pour le financement de sa campagne de 2007.

 

 

Sources : Karl Laske | 

- Mutique, fermé, grave, mais sans plus

Nicolas Sarkozy s’est faufilé derrière les bancs des avocats de la défense, puis il a quitté sans un mot la salle d’audience, sans marquer de pause non plus, devant le mur de caméras qui l’attendait à l’extérieur. Le Parquet national financier (PNF) vient de requérir sept ans d’emprisonnement contre lui. Sept ans. Ainsi, on peut être visé par une peine de sept ans de prison et ne pas réagir. Ne pas laisser filtrer la moindre émotion. S’éloigner gravement comme un guerrier. Ou un « bandit ». Même pas mal.

 

Sans réponse de sa part, le mur de caméras s’est tristement incliné vers le sol, avant de se redresser face au communicant de l’ancien président, Guillaume Didier, annonçant la sortie de ses avocats. Maître Christophe Ingrain, les traits tirés, dénonce des « peines hors sol », mais il admet « qu’on ne peut pas dire que Nicolas Sarkozy s’attendait à autre chose », compte tenu de la teneur des réquisitions qui ont débuté mardi.

 

🔴 « Nicolas Sarkozy a contesté les faits dans leur intégralité et ne semble pas prendre la mesure de la gravité des atteintes à la probité qui lui sont reprochées, malgré une condamnation désormais définitive pour corruption et trafic d’influence [dans l’affaire Bismuth[2] – ndlr] », a signalé le procureur Sébastien de La Touanne[3].

 

Plus tôt, des avocats de tous bords pronostiquaient déjà des réquisitions de sept ou huit ans de prison.

  • « Les peines doivent être conformes à la gravité des faits », commente Vincent Brengarth, avocat de partie civile pour l’ONG Sherpa. « Quand on reproche un pacte de corruption avec un régime sanguinaire, je ne vois pas comment ne pas demander sept ans. »
  • Sur le fond, le PNF (Parquet national financier) juge qu’il est « parfaitement établi » que Nicolas Sarkozy « a agi en dehors de ses fonctions de ministre d’État, ministre de l’intérieur, pour conclure un pacte de corruption avec Mouammar Kadhafi ».

 

 

- Corruption de haute intensité

Vers 16 heures, dans l’attente de la lecture de la dernière partie du réquisitoire, pour beaucoup un moment historique, la salle d’audience, bondée, bouillonnait littéralement des discussions entre journalistes, avocates et avocats de tous bords et parties civiles. L’équipe de défense de Nicolas Sarkozy, absent le matin et jusqu’en milieu d’après-midi, faisait cercle autour de lui, têtes baissées, comme une équipe de volley auprès de son coach. Au bout d’un moment, Nicolas Sarkozy a rejoint sa place, où il a fait tourner son stylo entre ses doigts.

 

Les bancs des prévenus semblent s’être vidés. Après les défaillances de Claude Guéant, hospitalisé, et de Brice Hortefeux, rappelé par un deuil familial, l’intermédiaire Alexandre Djouhri s’est fait porter pâle pour raison médicaleDans un silence de cathédrale, le procureur Sébastien de La Touanne, filiforme et sévère, se lève et prend finalement la parole, à côté des deux autres mousquetaires de l’accusation, Quentin Dandoy et Philippe Jaeglé, assis près de lui.

 

  • « Madame la présidente, commence-t-il, durant ces douze semaines d’audience, nous avons examiné dans le détail l’ensemble des faits reprochés aux treize prévenus, dont un certain nombre sont absents aujourd’hui. » En plus des prévenus « excusés », l’intermédiaire Ziad Takieddine, l’ancien dignitaire libyen Bachir Saleh et le milliardaire saoudien Khaled Bughsan sont aussi recherchés et sous le coup de mandats d’arrêt internationaux.
  • « Un tableau très sombre d’une partie de notre République s’est dessiné », marqué par « une corruption de haute intensité » qui a « tissé sa toile jusqu’aux plus hautes sphères de l’État », résume le procureur.
  • « On y a vu un ministre d’État, dont l’énergie et le talent politique lui permettront quelques mois plus tard d’obtenir la confiance d’une majorité des Français, s’engager, aux côtés de son plus proche collaborateur Place Beauvau [Claude Guéant] et de son ami de trente ans [Brice Hortefeux], dans une quête effrénée, à la recherche des financements nécessaires à la satisfaction de ses ambitions politiques dévorantes. ».
  • Un « pacte de corruption faustien» a ainsi été conclu « avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces trente dernières années », avec l’appui d’un premier « agent de corruption », l’introducteur de l’équipe Sarkozy en Libye, Ziad Takieddine.

 

 

- Les peines requises pour tous les prévenus

 ⁇ ️ Nicolas Sarkozy : sept ans d’emprisonnement, 300 000 euros d’amende et une peine de cinq ans d’inéligibilité.

 ⁇ ️ Claude Guéant (ancien préfet, et ancien Ministre de l'Intérieur de France) : six ans d’emprisonnement, 100 000 euros d’amende, confiscation de l’appartement acquis (725 925 euros) et une peine de cinq ans d’inéligibilité.

 ⁇ ️ Béchir Saleh (haut fonctionnaire et diplomate libyen) : six ans d’emprisonnement, maintien du mandat d’arrêt et 4 millions d’euros d’amende.

 ⁇ ️ Ziad Takieddine (Homme d'affaires), intermédiaire : six ans d’emprisonnement, maintien du mandat d’arrêt et 3 millions d’euros d’amende.

 ⁇ ️ Alexandre Djouhri (Homme d'affaires), intermédiaire : cinq ans d’emprisonnement, 4 millions d’euros d’amende et cinq ans d’interdiction de gérer. Wahib Nacer, (banquier)

 ⁇ ️ Wahib Nacer, (banquier) : quatre ans d’emprisonnement, 1 million d’euros d’amende, confiscation de contrats d’assurance-vie (427 745,49 euros) et cinq ans d’interdiction de gérer.

 ⁇ ️ Brice Hortefeux (il est successivement ministre délégué aux Collectivités territoriales de 2005 à 2007, de l'Immigration de 2007 à 2009, du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité en 2009 puis de l'Intérieur et de l'Outre-mer de 2009 à 2011) : trois ans d’emprisonnement, 150 000 euros d’amende et une peine de cinq ans d’inéligibilité.

 ⁇ ️ Thierry Gaubert (homme d'affaires français. Ami de Nicolas Sarkozy, il fut son collaborateur à la mairie de Neuilly-sur-Seine puis au ministère du Budget dans les années 1990) : trois ans d’emprisonnement, 150 000 euros d’amende et une peine de cinq ans d’inéligibilité.

 ⁇ ️ Khaled Bughsan, (homme d’affaires saoudien) : trois ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis, maintien du mandat d’arrêt et 4 millions d’euros d’amende.

 ⁇ ️ Ahmed Salem Bughsan, (homme d’affaires saoudien) : deux ans d’emprisonnement, dont un avec sursis, et 4 millions d’euros d’amende.

 ⁇ ️ Édouard Ullmo, (ancien directeur chez Airbus) : trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, et 375 000 euros d’amende.

 ⁇ ️ Éric Woerth, député du groupe Ensemble pour la République (il fut ministre du Budget puis ministre du Travail des deux premiers gouvernements Fillon de 2007 à 2010) : un an d’emprisonnement aménageable et 3 750 euros d’amende.

 ⁇ ️ Le parquet a en outre acté l’extinction de l’action publique contre Sivajothi Rajendram à la suite de son décès.

 

Ce pacte « signe la négation des devoirs de probité et d’exemplarité qu’attendent légitimement nos concitoyens à l’égard de leurs dirigeants » et « heurte la mémoire des victimes de ce dictateur sanguinaire », estime le procureur Sébastien de La Touanne. En propos liminaire, le procureur a d’ailleurs demandé que soient jugées recevables les constitutions de partie civile des familles des victimes de l’attentat contre le DC-10 de la compagnie aérienne UTA orchestré par la Libye en 1989, « en raison de l’existence d’un préjudice personnel, direct et certain ».

 

🔴 Dans « le tableau sombre » du procureur figure aussi « un haut fonctionnaire, à la carrière préfectorale en apparence exemplaire », Claude Guéant, qu’on a vu « se compromettre aux côtés d’un terroriste condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité [dans le dossier du DC-10 – ndlr] », Abdallah Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi, puis « réceptionner des valises de billets à des fins de financement politique, et enfin se perdre dans des manœuvres financières complexes servant son seul enrichissement personnel ».

 

🔴 Un « second agent de corruption », Alexandre Djouhri, est apparu aussi, éloigné « de ses anciennes connexions dans le milieu du banditisme », fort de « ses réseaux politiques en France et à travers le monde » ; il a été « reçu à 59 reprises à l’Élysée, dont les locataires ont pu profiter de son expertise » – sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

 

- Une réponse ferme

  • La République s’est « pliée en quatre pour accueillir sur notre sol un des agents publics étrangers impliqués dans le pacte », Bachir Saleh, ancien chef de cabinet de Mouammar Kadhafi, « puis s’est démenée pour l’exfiltrer quand sa présence devenait gênante », rappelle encore le procureur.
  • Le tableau sombre est celui de « l’opacité financière, [d]es sociétés offshore, [d]es paradis fiscaux, [d]es banques d’affaires », qui se sont « mis au service de la corruption », rendant difficile, voire impossible pour la justice de reconstituer les flux financiers illicites. Le procureur a aussi demandé au tribunal de déclarer recevables les constitutions de parties civiles des associations anticorruption Sherpa, Anticor et Transparency International France, très actives à l’audience.
  • À toutes les étapes de cette enquête, les juges se sont heurtés à l’omerta d’un clan soudé. « La position qui a été celle des prévenus depuis le début de l’audience, mais aussi au cours des dix années d’information judiciaire, n’aura pas permis de comprendre comment ils ont pu en arriver là, déplore Sébastien de La Touanne, et quels étaient les ressorts de ce système. »

Le représentant du PNF (Parquet national financier) dit qu’il préfère croire « qu’il s’agit là d’un système hérité d’une époque révolue », et qui n’était que « celui d’un petit groupe d’individus, dont les errements appartiennent désormais au passé ».

  • « Quelle réponse pénale apporter aux nombreuses et graves infractions à la probité reprochées aux différents prévenus ?, interroge-t-il. Cette réponse doit pour nous être celle de la fermeté et de la justice. Une réponse ferme, à la hauteur de la gravité des faits, et de l’attente légitime de justice de nos concitoyens face à ces comportements. »

 

🔴 Assis non loin du procureur, Nicolas Sarkozy, une jambe repliée sur l’autre, toise les magistrats avec lassitude. C’est son tour

 ⁇ ️ « Il est parfaitement établi que Nicolas Sarkozy a agi en dehors de ses fonctions de ministre d’État, ministre de l’intérieur, pour conclure un pacte de corruption avec Mouammar Kadhafi, dictateur dont nous avons rappelé les agissements, poursuit Sébastien de La Touanne. Il n’a pas hésité à s’appuyer sur son principal collaborateur Claude Guéant et sur son ami Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités locales, pour parvenir à ses fins et obtenir la remise par les caciques du régime kadhafiste de fonds publics libyens par l’intermédiaire de Ziad Takieddine et [de] Thierry Gaubert, ces fonds étant utilisés dans le cadre du financement de la campagne présidentielle de 2007. »


 ⁇ ️ L’ancien président hoche la tête en signe de désapprobation, se tournant brièvement vers ses avocats. Le procureur expose qu’une fois élu président de la République, Nicolas Sarkozy a « poursuivi l’exécution du pacte de corruption en détournant les moyens de sa fonction pour favoriser les intérêts du régime libyen et exfiltrer Béchir Saleh », également poursuivi.


 ⁇ ️ « Homme politique de premier plan, maire, président de conseil général, député, député européen, ministre, ministre d’État, président de la République, Nicolas Sarkozy était tenu à un devoir d’exemplarité et d’intégrité, poursuit Sébastien de La Touanne. Au regard de la gravité des faits, de la personnalité du prévenu et de l’état de son patrimoine, seules des peines d’emprisonnement et d’amende fermes seront susceptibles d’assurer la protection de la société, de prévenir la commission de nouvelles infractions et restaurer l’équilibre social. »


 ⁇ ️ Compte tenu de la nature des délits reprochés, qui touchent « plus particulièrement à la probité des agents publics », il convient, en outre, de « priver l’intéressé de certains de ses droits civiques, civils et politiques », relève Sébastien de La Touanne.


🔴 La contribution des autres acteurs du pacte de corruption est aussi résumée.

 ⁇ ️ D’abord celle de Claude Guéant, « impliqué dans tous les volets » du dossier, et qui s’est « personnellement enrichi par la corruption et le trafic d’influence ».

  • L’ancien directeur de cabinet a « participé à la préparation, à la conclusion et à l’exécution du pacte de corruption », en relation étroite avec Ziad Takieddine.
  • Il est aussi « impliqué, en lien avec Alexandre Djouhri, dans la prétendue vente des tableaux, la vente de la villa Mougins, ainsi que dans le volet Airbus ».

« Préfet, directeur général de la police nationale, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant était tout comme Nicolas Sarkozy tenu à un devoir d’exemplarité et d’intégrité », relève le procureur.


 ⁇ ️ Brice Hortefeux, le fidèle lieutenant, le « frère » de Nicolas Sarkozy, a lui aussi participé à la préparation du pacte « en détournant les moyens de ses fonctions de ministre délégué aux collectivités territoriales ». Puis, « par la remise des coordonnées bancaires du compte Rossfield à Abdallah Senoussi, à l’occasion d’un voyage officiel en Libye en présence du bénéficiaire économique de ce compte, Ziad Takieddine, il a participé à la mise à exécution de ce pacte », résume le procureur.


 ⁇ ️ En 2006, cinq millions d’euros sont versés par le canal de Senoussi sur le compte Rossfield afin de soutenir la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

 

 

- Une défense de clan

"Le patron voyou doit être traité comme un voyou. C'est encore pire d'être un voyou d'en haut de l'échelle" #pdc

Durant l’audience, les deux proches de Nicolas Sarkozy ont prétendu tous les deux avoir été « piégés » par Ziad Takieddine, qui les aurait entraînés contre leur gré chez Abdallah Senoussi, sans pouvoir expliciter sérieusement quels auraient pu être l’enjeu ou les ressorts de ce « piège ». L’ancien président a souscrit à la même théorie, en déplorant qu’ils aient été piégés, par naïveté. Une défense de clan.

 

  • « Nicolas Sarkozy aurait peut-être pu reconnaître ou expliquer certaines choses, s’interroge Vincent Ollivier, avocat de familles des victimes du DC-10. J’ai eu l’impression que son principal objectif n’était pas de convaincre le tribunal, mais plutôt d’essayer de convaincre l’opinion publique, pour maintenir sa place dans l’histoire. On ne peut pas poursuivre ces deux objectifs simultanément. Il n’a pas accepté le débat judiciaire. Notamment en soutenant qu’il ne connaissait rien à rien ou, par exemple, qu’il ne connaissait pas Takieddine. »
  • Ses avocats sont aussi restés en retrait, laissant à l’ancien président le soin de se défendre. Seul. Et mal. À l’ancienne. Dans un entretien au journal Le Parisien, jeudi, Nicolas Sarkozy affirme vouloir démontrer son « innocence ». « Je ne vais pas quand même avouer quelque chose que je n’ai pas fait ! Est-ce que ce que je dis est faux ? », s’interroge-t-il.
  • Il conteste avec la même vigueur sa condamnation définitive pour corruption dans l’affaire Bismuth[4]… « J’ai été condamné pour une intervention qui n’a jamais été faite, en échange d’un service qui n’a jamais été demandé ni rendu… Je suis certain qu’on gagnera devant la Cour européenne. »
  • « L’ex-président a la conviction que les Français l’ont compris », analyse la journaliste du Parisien Marion Mourgue. « Il en veut pour preuve les ventes de ses livres, les sollicitations qu’il reçoit, les messages dans la rue, les demandes de selfie quand il court, les politiques qui défilent dans son bureau. »

 

🔴 À 16 h 49, quelques minutes seulement après sa sortie de la salle d’audience, l’équipe de Nicolas Sarkozy diffuse un communiqué sur ses réseaux sociaux.

  • Il y dénonce les « constructions intellectuelles », « imaginées par l’accusation ». La riposte est hors sol.
  • « Le Parquet national financier persiste depuis 13 ans à essayer par tous les moyens possibles de prouver ma culpabilité dans l’affaire du prétendu financement libyen, se plaint l’ancien président. Aucun des faits mis à jour [sic] et soulignés par ma défense durant l’audience devant le tribunal correctionnel ne pouvait ébranler ce postulat idéologique de base [sic]. »
  • Selon lui, « la fausseté et la violence des accusations » et « l’outrance de la peine réclamée » par le parquet ne visent « qu’à masquer la faiblesse des charges alléguées ». Lors d’une audition par les juges, en octobre 2022, il avait eu cette phrase plus ambiguë : « Je ne prends pas du tout cette histoire à la légère, mais les apparences sont pour moi, elles ne sont pas contre moi, sauf à ce que je mente et que vous trouviez quelque chose, mais pour le moment ça n’est pas le cas. »

 

 

🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 

 

 

- Il risque 7 ans de prison : le procès qui fait trembler Sarkozy

Décryptage des réquisitions et des enjeux explosifs de cette affaire avec Vincent Brengarth, avocat pour l’association #Sherpa, une des ONG qui s’est constituée partie civile.

 

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22 mars 2025 6 22 /03 /mars /2025 09:30
Mouvement social d’Ukraine : " Pour une Ukraine sans oligarques ni occupants " !

Des millions provenant des oligarques – pour le bien-être et la défense ! Pour une Ukraine sans oligarques ni occupants !

 

 

Les politiques prédatrices du nouveau président américain rendent impossible l’instauration d’une paix durable pour les Ukrainiens. Le refus de l’Ukraine de signer l’accord d’extraction minière, conçu pour servir les intérêts du capital américain, témoigne de sa détermination à éviter la dépendance coloniale. Cela ouvre la voie à l’exploration d’un modèle de relations plus équitables entre l’Ukraine et les États d’Europe, d’Asie et du reste du monde, sous le signe de la résistance à la domination impérialiste. Cependant, si la politique actuelle persiste, l’Ukraine risque une réduction imminente, voire un arrêt complet, de l’aide militaire des États-Unis.

 

 

Sources : Mouvement social d’Ukraine (Sotsialnyi Rukh)[0] |

- Cette aide n’a jamais été opportune ni suffisante. Cependant, son arrêt serait profondément ressenti.
Si l’État ukrainien est déterminé à maintenir l’effort militaire jusqu’à la libération de ses territoires ou la défaite décisive de l’agresseur, il doit adopter les méthodes appropriées. Selon nous, la défense de l’Ukraine pourrait être renforcée par une transition vers une politique de « socialisme de guerre », qui impliquerait la mobilisation de capitaux suffisants pour servir l’État par le biais de confiscations et l’abandon de la régulation économique fondée sur le marché. Une telle politique, combinée à une redistribution des richesses, réduirait le fardeau de la guerre qui pèse de manière disproportionnée sur les couches les plus pauvres de la société ukrainienne.

 

La communauté européenne a déjà réagi aux déclarations de Trump en augmentant ses budgets de défense et en augmentant son aide militaire à l’Ukraine. Il convient de noter que depuis l’invasion à grande échelle, le gouvernement a pris des mesures importantes pour renforcer ses propres capacités de défense, ancrer localement la production occidentale, relancer ses programmes de missiles et intensifier son programme de drones. Cependant, l’Ukraine dispose encore d’un potentiel substantiel pour mobiliser ses ressources internes.

 

 

- Le Mouvement social (Sotsialnyi Rukh) a longtemps souligné la nécessité de ces mesures, mais elles sont désormais essentielles pour la capacité de l’Ukraine à se défendre.

Le principal obstacle à une mobilisation efficace des ressources est la politique néolibérale, qui privilégie la propriété privée, encourage le profit et permet l’accumulation de richesses par des particuliers. Tant que les villes ukrainiennes resteront occupées et que l’agresseur russe conservera ses capacités offensives, tous les secteurs de l’économie doivent fonctionner de manière coordonnée, maximisant leur contribution à l’effort de défense.

 

La majeure partie des ressources financières devrait être concentrée entre les mains de l’État et investie dans le secteur de la défense, tandis que les capitaux privés devraient être soumis à une fiscalité progressive pour renflouer le budget de l’État. Le renforcement de la défense est indissociable d’investissements massifs dans le domaine social :

  • création d’emplois (notamment dans les secteurs d’infrastructures critiques) ;
  • amélioration du secteur des soins pour permettre à davantage de femmes d’intégrer le marché du travail, et amélioration de l’accès aux services sociaux tels que les soins de santé ;
  • l’hébergement temporaire et la réadaptation.

Ces mesures pourraient également contribuer à faire revenir des citoyens de l’étranger.

 

En outre, il est essentiel d’améliorer les garanties sociales pour les militaires, en particulier ceux qui défendent l’Ukraine depuis 2022.

 

 

- La singularité de la situation ukrainienne réside dans le fait que le démantèlement du capitalisme oligarchique est devenu plus que jamais possible dans un contexte de guerre totale et que cela est légitimé par la société.

 ⁇ ️ Premièrement, une part importante des services publics essentiels, déterminants pour la résilience de l’Ukraine, est déjà assurée par des entreprises publiques (chemins de fer, services postaux, santé, éducation, banques).

 ⁇ ️ Deuxièmement, de nombreuses entreprises (principalement celles liées aux oligarques russes) ont été nationalisées et la part du PIB redistribuée via le budget a augmenté.

 ⁇ ️ Troisièmement, les oligarques ukrainiens ont déjà perdu une partie de leur richesse et de leurs leviers de contrôle, se soumettant de plus en plus à l’influence du pouvoir d’État.

 

🔴 Il est donc urgent et nécessaire de mettre en œuvre :

  • Un audit des ressources naturelles et des terres permettra de déterminer leurs propriétaires et les avantages publics découlant de leur exploitation. La transparence dans le contrôle de la richesse nationale n’est pas nécessaire pour la commercialisation hâtive de ces ressources, mais pour comprendre les fondements sur lesquels repose la croissance de la prospérité générale. Cela motivera la population à lutter plus efficacement pour sa patrie et ses perspectives sociales.

 

  • Il faut établir un contrôle étatique sur les entreprises des secteurs stratégiques de l’économie et mettre en place une production de masse pour répondre aux besoins des populations en première ligne.
    • L’industrie doit œuvrer dans l’intérêt de la défense, et non pour suivre les fluctuations du marché.
    • Il faut restituer à l’État la propriété des infrastructures essentielles
    •  L’accès aux biens de première nécessité ne doit pas servir de pâture aux oligarques ni de moyen de détourner les aides de l’État vers les poches des monopoleurs.
    • Maintenir DTEK Société de carburant et de l’énergie du Donbass- NDT entre les mains de Rinat Akhmetov ou les entreprises énergétiques régionales entre les mains de Vadym Novynskyi est un acte injustifié de charité de l’État en faveur des oligarques.

 

  • Réexaminer les résultats de la privatisation spoliatrice. Les entreprises rachetées pour une bouchée de pain devraient être restituées à l’État, sinon la différence entre le prix d’achat et la valeur marchande réelle devrait être compensée. En premier lieu, les entreprises des secteurs minier, mécanique et chimique, essentielles à la défense, devraient être placées sous le contrôle de l’État. Il faut arrêter de ponctionner les subventions ; que les oligarques paient !

 

  • Dénoncer tout accord visant à éviter la double imposition avec Chypre, les Îles Vierges et d’autres juridictions offshore. La valeur ajoutée créée grâce aux ressources naturelles, aux infrastructures et à la main-d’œuvre ukrainiennes devrait être imposée ici, et uniquement ici.

 

  • Instaurer une fiscalité progressive et une taxe de luxe. La défense du pays repose sur l’héroïsme et les sacrifices des paysans, des ouvriers et des petites entreprises ukrainiens. Pour préserver le pays, les plus riches doivent sacrifier leur fortune, proportionnellement à l’influence qu’ils exerçaient avant la guerre - le taux d’imposition maximal devrait atteindre 90 % du revenu. Sans activisme fiscal, l’Ukraine tombera dans un piège d’endettement insurmontable (d’ici 2025, la dette extérieure pourrait approcher 100 % du PIB).

 

  • Instaurer le contrôle des travailleurs dans les entreprises comme outil efficace d’audit interne et forme de société auto-organisée. Depuis les premiers jours de la guerre jusqu’à aujourd’hui, le pays a été le théâtre de scandales de corruption liés à des détournements de fonds. Un contrôle permanent par les syndicats et les comités d’entreprise est essentiel pour une plus grande transparence des actions des dirigeants et pour prévenir la corruption. Il est possible de corrompre des individus, mais impossible de corrompre une collectivité entière. Accorder des pouvoirs de contrôle effectifs aux syndicats encouragera le développement d’un véritable mouvement ouvrier.

 

  • Abandonner la pratique antérieure de sous-financement de l’éducation et de la science. La haute technologie de la guerre moderne rend le rôle des ingénieurs et des ouvriers qualifiés tout aussi important que celui des soldats.
    • Seule l’inertie éducative de l’époque précédente, combinée à la culture technique répandue de la population ukrainienne, a rendu possibles la conception, la production et la maîtrise de nombreux outils techniques modernes qui nous confèrent un avantage sur le champ de bataille. Nous ne pouvons plus compter sur l’inertie des époques passées. Des investissements importants dans l’éducation et la science auraient été nécessaires hier. Sans développement du secteur social, l’Ukraine est confrontée à une émigration massive et à une crise démographique qui l’empêcheront de compenser les pertes humaines.

 

  • Monopole d’État sur les exportations. En 2024, les exportations de produits agricoles ont atteint le chiffre record de 24,5 milliards de dollars, alors que les profits continuent de profiter aux particuliers.

 

  • Révision des relations avec l’Europe concernant le sort des actifs russes. En se débarrassant des vestiges de l’influence oligarchique, l’Ukraine guérira de la corruption, ce qui permettra d’engager une discussion de fond sur le transfert des actifs russes gelés pour les besoins ukrainiens. Actuellement, environ 200 milliards de dollars sur les 300 milliards de dollars d’actifs d’origine russe sont détenus dans des pays européens.

 

  • Améliorer le prestige social du personnel militaire. La reconstitution du budget de l’État permettra de verser une juste compensation financière aux soldats blessés souhaitant reprendre du service. Il est essentiel de rétablir le maintien du salaire moyen des militaires mobilisés, ce qui garantira aux forces armées ukrainiennes le potentiel nécessaire en effectifs.

 

 

- La mise en œuvre de ces mesures est impossible sans une rupture entre les dirigeants du pays, les grandes entreprises et leurs vecteurs d’influence.

Si certaines de ces mesures sont mises en œuvre, elles renforceront la confiance du public envers le gouvernement. Les véritables garanties de la sécurité de l’Ukraine résident dans le renforcement des liens sociaux internes. D’un autre côté, les autres pays ne nous aideront pas tant que nous n’aurons pas démontré notre volonté de privilégier les intérêts de la défense plutôt que ceux du marché. Et, 34 ans après son indépendance, l’Ukraine devra apprendre à vivre sans oligarques et capitalistes. Alors que l’Ukraine dispose encore d’importantes ressources financières, industrielles et humaines, ne pas progresser vers leur socialisation serait une erreur majeure.

 

🔴 Le gouvernement ukrainien a désormais une occasion unique de démontrer concrètement ce qu’il est prêt à sacrifier : le pays ou les oligarques.

  • Si nous mettons fin au chaos néolibéral qui creuse le fossé entre riches et pauvres, nous unirons le peuple et deviendrons une force unificatrice d’envergure mondiale !
  • Si nous reconstruisons l’économie sur des principes sociaux, nous résisterons.

 

Des millions provenant des oligarques – pour le bien-être et la défense !

Pour une Ukraine sans oligarques ni occupants !

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19 mars 2025 3 19 /03 /mars /2025 20:23
Mais qui sont les électeurs du Rassemblement national ?

" Ni assez riches ni assez pauvres "

 

 

Un parti capable de gagner huit millions de voix en vingt ans ? Voilà qui interroge. Quelle est sa recette ? Et en quoi consistent ses ingrédients idéologiques ou sociologiques ? Sur ces sujets comme sur d’autres, plusieurs publications récentes apportent de précieuses réponses.

 

 

Sources : Benoît Bréville |

- La question a suscité tant de livres, de colloques et de thèses qu’on pourrait l’imaginer résolue.

Qui vote pour l’extrême droite, et pourquoi ? Depuis ses premiers succès il y a quarante ans, le Front national (FN), devenu Rassemblement national (RN) en 2018, est « sans conteste le parti politique français qui a été le plus étudié au cours des dernières décennies », observe le politiste Alexandre Dezé, avec pas moins de 210 livres publiés entre les années 1980 et 2017[0].

  • Et le flot ne s’est pas tari. Comment interpréter les logiques territoriales de son implantation ? Son ascension témoigne-t-elle d’une droitisation du pays ?
  • Ses électeurs sont-ils principalement animés par des considérations sociales ou des préoccupations culturelles ?

 

🔴 Ils ne justifient pas leur vote de la même manière, ni ne manifestent le même attachement au parti ; leurs motivations varient selon leur parcours biographique, leur âge, leur origine sociale, professionnelle, géographique…

Il faudrait ainsi parler « des » électorats du RN tant ce parti pénètre tous les milieux. Lors des élections européennes de juin 2024, la liste conduite par M. Jordan Bardella est arrivée en tête dans chaque catégorie socioprofessionnelle, 53 % chez les ouvriers, 40 % chez les employés, mais aussi 20 % chez les cadres (à égalité avec M. Raphaël Glucksmann)[1]. Le RN repose sur une base populaire et peu diplômée, mais il peut aussi compter sur une certaine bourgeoisie. La plupart des universitaires renoncent dès lors à tirer des enseignements trop généraux, à retenir des objets trop larges, et privilégient des études parcellaires sur tel quartier ou tel métier, afin d’examiner toutes les sinuosités des choix électoraux. Les médias, eux, ne s’embarrassent pas de telles nuances.

 

  • Dès les années 1990, le géographe Jacques Lévy s’est fait connaître par sa théorie du « gradient d’urbanité »[2] : le vote FN, très faible au centre des agglomérations, lieu de diversité et de connexion internationale, augmenterait à mesure que l’on se dirige vers des zones moins denses et moins diverses, périurbaines et rurales, où l’attachement aux identités locales et traditionnelles est fort. Tout reposerait sur le couple densité-diversité. Invalidée par de nombreux contre-exemples, critiquée pour son usage douteux des statistiques et pour son oubli des variables sociales, la thèse de Lévy n’en a pas moins connu une certaine postérité. D’autant que quelques-uns de ses émules l’ont affinée, en y ajoutant des considérations économiques. Tel le géographe et consultant Christophe Guilluy, auteur d’un livre à succès en 2014[3]. Selon lui, si le clivage territorial est bien réel, il s’opère en fait entre une « France métropolitaine » prospère, traversée par les flux matériels, financiers et humains du capitalisme, celle des « élites » et des « gagnants de la mondialisation », et la « France périphérique », frappée par la désindustrialisation, à l’écart de la création de richesse, éloignée des bassins d’emploi, celle du « peuple » et des « oubliés », qui vote massivement à l’extrême droite.

 

▶️ Divers spécialistes ont reproché à Guilluy d’homogénéiser la France des campagnes et des petites villes, d’en donner une image démesurément sombre tandis qu’il embellissait le sort réservé aux banlieues populaires.

  • L'illusion du vote bobo Configurations électorales et structures sociales dans les grandes villes françaises
    Certains comme Éric Charmes, Lydie Launay et Stéphanie Vermeerschont rappelé, études à l’appui, que le fait d’habiter dans le périurbain, quand la commune de résidence est choisie et offre un cadre de vie agréable, ne favorise pas le vote d’extrême droite[4].
  • D’autres ont souligné, en croisant un vaste jeu de données au niveau des bureaux de vote (registres électoraux, questionnaires à la sortie des urnes, statistiques de recensement…), que la localisation détermine moins les choix électoraux que l’âge, le diplôme ou la profession. Étudiant l’aire urbaine de Nantes, le géographe Jean Rivière souligne ainsi que « les mutations électorales épousent étroitement la trajectoire sociologique des quartiers de la métropole »[5]. L’éclatement des blocs électoraux et la tripartition politique découlant de la victoire de M. Emmanuel Macron en 2017 ont quelque peu mis à mal sa théorie, mais Guilluy n’en démord pas : « Il n’y a pas trois blocs mais deux, les métropoles contre la France périphérique », expliquait-il encore au lendemain du second tour des élections législatives au Figaro, le 15 juillet 2024.

 

 

- Kebabs, dosettes de café et choix politiques

Sur le marché des explications électorales à coups de cartes-chocs, le consultant se voit désormais concurrencé par le directeur du département Opinion de l’Institut français d’opinion publique (IFOP), Jérôme Fourquet. Dans une trilogie entamée avec « L’Archipel français » (Seuil, 2019) et ponctuée par « La France d’après. Tableau politique » (Seuil, 2023)[5bis], le sondeur corrige certains défauts de ses prédécesseurs. Il examine diverses variables, plusieurs échelles, fait apparaître les fragmentations locales. Il en ressort une France non pas coupée en deux, mais « archipélisée », éparpillée entre des groupes implantés dans des territoires différents, qui ne partagent pas les mêmes modes de vie ni les mêmes conceptions du monde. « La France d’après » nous apprend :

  • qu’en Alsace les clubs de danse country se concentrent surtout dans les zones périurbaines (où le vote RN est fort), tandis que les kebabs se situent essentiellement dans les grandes villes (Strasbourg, Mulhouse, Colmar) et leurs banlieues (où la gauche réalise ses meilleurs scores).
  • Que les détenteurs de machines à café à capsules ont davantage voté pour M. Macron en 2022, quand ceux qui possèdent une machine à dosettes ont privilégié Mme Marine Le Pen. Qu’une forte densité d’enseignes bio, de cafés Starbucks, d’établissements où bruncher et de restaurants répertoriés dans le guide branché Fooding s’est traduite par un vote élevé pour les écologistes aux municipales de 2020, comme à Bordeaux ou Grenoble. Succès médiatique garanti.
La France d'après. Tableau politique Jérôme Fourquet

 

▶️ De ces percées conceptuelles, Fourquet conclut que l’extrême droite s’adresse au gruppetto, aux relégués de la société de consommation, dans un raisonnement qui confond stratégie électorale et placement de produit, groupes sociaux et segments de marché.

S’il utilise d’innombrables variables, il n’en croise généralement que deux ou trois, opportunément choisies, et la juxtaposition des cartes fait office de démonstration. Que les électeurs des petites villes de la Somme et de l’Aude (cinq cents à cinq mille inscrits) où sont implantées des éoliennes aient accordé une « prime de quelques points » à Mme Le Pen en 2022 doit laisser penser que les mesures écologiques alimenteraient le vote d’extrême droite. Pour illustrer la fracture entre la « Butte [Montmartre] macroniste » et la « Goutte-d’Or mélenchoniste » dans le XVIIIe arrondissement de Paris, Fourquet choisit d’utiliser le prix de l’immobilier et la présence de commerces africains, dans une opposition caricaturale entre Blancs riches et immigrés pauvres.

 

🔴 Examinons ces deux exemples à l’aide de travaux universitaires récents.

▶️ Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la question des éoliennes dans les Hauts-de-France[6].

Eux aussi remarquent un « survote » pour le RN dans les municipalités où ces engins sont implantés. Mais ils ne s’en tiennent pas à ce constat. L’analyse des données sociodémographiques des territoires concernés leur permet d’établir que les communes dotées d’éoliennes abritent davantage d’ouvriers, de précaires et de non-diplômés, soit une population plus encline à voter RN. « De plus en plus, observent les sociologues, l’éolien se déploie de manière socialement inégalitaire », dans des villes livrées à la dérégulation territoriale et qui n’ont pas les moyens de résister à la promotion agressive des opérateurs fonciers. Dans cette perspective, le « survote » apparaît comme le symptôme du traitement réservé aux territoires populaires, et non comme l’expression d’une sensibilité antiécologique des électeurs d’extrême droite.

 

▶️ Concernant le XVIIIe arrondissement, les variables choisies par Fourquet ont pour effet d’associer mécaniquement les immigrés pauvres au vote Mélenchon, et les citadins aisés au vote Macron.

Une étude menée dans une zone urbaine sensible du nord de Paris, à la composition sociale proche de la Goutte-d’Or, met en avant d’autres réalités[7].

  • Tout métropolitains qu’ils soient, les habitants du quartier ont accordé 13,7 % de leurs suffrages à Mme Le Pen lors du premier tour de la présidentielle de 2017, soit presque trois fois plus que la moyenne parisienne. On retrouve parmi ces électeurs de nombreuses familles blanches qui déplorent la dégradation de leur quartier et en attribuent la responsabilité aux étrangers et aux musulmans.
  • Mais le vote RN attire aussi des habitants originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne. Comme Abdelmalik, ancien ouvrier kabyle qui touche désormais une pension d’invalidité et tient en horreur les « islamistes », ou Nadine, catholique immigrée du Congo et titulaire d’un diplôme de secrétariat. En affichant leur attachement au RN, tous deux espèrent se distinguer des autres non-Blancs, pour mieux souligner leur intégration réussie et montrer qu’ils sont du « bon côté ».

Ces « cas improbables » illustrent la force du mécanisme de mise à distance dans le choix du RN, lequel découle souvent de conflits sociaux localisés et de trajectoires individuelles que la comparaison de deux cartes rudimentaires ne permet pas de saisir.

 

La droitisation française, mythe et réalités : comment citoyens et électeurs divergent Vincent Tiberj

🔴 À force d’infographies sur les agressions de médecins et de pompiers, les cambriolages, les points de « deal », les prénoms musulmans, l’ouvrage de Fourquet donne le sentiment d’une France qui se droitise et se barricade à mesure que l’immigration augmente.

Vincent Tiberj, sociologue, spécialiste des comportements électoraux, n’en croit rien. En agglomérant des dizaines d’enquêtes d’opinion — mais en écartant les moins sérieuses —, il a confectionné des « indices longitudinaux de préférences culturelles, sociales et de tolérance » pour mesurer l’opinion des Français dans la longue durée[8]. Ses résultats contre-intuitifs ont agacé Le Figaro : car, selon Tiberj, la « droitisation française » relèverait du « mythe ». Mieux : le pays serait de plus en plus tolérant et progressiste concernant la sexualité, les religions, l’immigration, l’égalité entre hommes et femmes…

  • En 1981, 29 % des sondés considéraient l’homosexualité comme « une manière acceptable de vivre sa sexualité » ; en 1995, ils étaient 62 % ; et, depuis le début du XXIe siècle, la proportion tourne autour de 90 %.
  • En 1992, 44 % des personnes interrogées voyaient les immigrés comme une « source d’enrichissement culturel » ; trente ans plus tard, ils étaient 76 %. Et ainsi de suite concernant la peine de mort, l’acceptation des minorités juives ou musulmanes, l’usage des drogues…

Un constat corroboré par le politiste Luc Rouban[9]. Son « indice d’altérité » suggère que même les électeurs du RN sont devenus plus tolérants. Des préoccupations sociales motiveraient donc avant tout leur vote. Rouban en veut pour preuve le « baromètre » établi par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) en 2022 : 38 % des électeurs du RN classaient le pouvoir d’achat au premier rang de leurs préoccupations, contre 18 % pour l’immigration.

 

 

- Alors pourquoi n’observe-t-on pas cette « gauchisation » de l’opinion dans les urnes ?
Pour Tiberj, la faute en reviendrait à la « grande démission » des électeurs, c’est-à-dire à l’abstention. « S’il y a autant d’écarts entre les valeurs des citoyens et les votes des électeurs, avance-t-il, c’est que nombre d’entre eux ne s’expriment plus. » Tandis que les électeurs conservateurs, souvent âgés, se mobiliseraient massivement, galvanisés par la parole réactionnaire libérée dans les médias, d’autres, souvent des jeunes réputés plus progressistes, bouderaient les isoloirs, pour marquer leur distance avec l’offre politique. Le temps jouerait donc en faveur de la gauche, qui n’a pas besoin de convaincre les électeurs du RN : il lui suffirait d’attendre que les jeunes générations remplacent les « boomers » et de remobiliser les déçus de la politique en favorisant la démocratie directe, notamment l’organisation de référendums à tous les niveaux.

 

 

- Celui qui paie beaucoup et ne reçoit rien
Essentiellement fondée sur des sondages, la démonstration recèle plusieurs failles.

  • Tout d’abord, les jeunes finissent par vieillir. Au second tour de l’élection présidentielle de 2002, seuls 7 % des 18-24 ans avaient voté pour Jean-Marie Le Pen, environ trois fois moins que les 25-34 ans (22 %) et les 35-44 ans (18 %).
  • Parvenue à l’âge adulte, cette même cohorte (désormais âgée de 38 à 44 ans) a plébiscité Mme Le Pen à hauteur de 47 % en 2022 — bien plus que les 65-79 ans (29 %).

Le temps ne fait donc rien à l’affaire, et l’horizon est d’autant plus sombre que le RN part désormais de très haut : 32 % des 18-24 ans ont voté pour Mme Le Pen en 2022…

  • Rien n’indique non plus une masse de gauche tapie dans l’ombre de l’abstention. Si la tendance peut s’observer dans certains quartiers populaires de banlieue, elle est plus douteuse ailleurs. Les enquêtes électorales indiquent que nombre d’électeurs s’abstenaient avant de se décider à glisser un bulletin pour le RN. Le profil sociologique des abstentionnistes est en outre proche de celui des électeurs d’extrême droite, plus populaire que la moyenne, moins diplômé. Une hausse de la participation ne profiterait donc pas mécaniquement à la gauche. D’ailleurs, le RN réalise souvent ses meilleurs scores lors des scrutins les plus mobilisateurs, à commencer par l’élection présidentielle.

 

🔴 Et puis l’approche par sondages agglomérés ne permet pas de saisir les dynamiques politiques à l’œuvre derrière les évolutions des mentalités, en particulier la manière dont l’extrême droite met en concurrence certaines causes, opposant l’immigration et l’islam à la défense des femmes et des homosexuels.

Sans compter que le front du changement social n’est pas figé. De nouveaux combats apparaissent quand les précédents sont remportés, qui permettent au camp conservateur d’entretenir la polarisation culturelle. C’est ce qu’observent Matt Grossmann et David Hopkins au sujet des États-Unis, où les républicains ont délaissé — dans une certaine mesure — leurs attaques contre les homosexuels pour cibler les trans, le « wokisme », la cancel culture… Ainsi le même schéma peut-il se répéter au fil des décennies : « D’abord, les conservateurs expriment leur colère face aux nouveaux changements culturels, tandis que les progressistes les défendent comme s’il s’agissait de valeurs communes, résument les chercheurs. Ensuite, les conservateurs s’accommodent progressivement de ce changement en acceptant l’évolution des normes. Enfin, les progressistes l’emportent, établissant leur point de vue comme un nouveau consensus — même s’ils perdent de nombreuses élections en cours de route[10]. »

Des électeurs ordinaires Enquête sur la normalisation de l'extrême droite Félicien Faury

 

🔴 Un pays plus tolérant et moins raciste, des électeurs du RN motivés principalement par des préoccupations sociales ?

Réalisée entre 2016 et 2022 dans plusieurs petites villes de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), l’enquête de terrain de Félicien Faury dévoile une autre réalité, où le racisme est sans cesse palpable[11]. Les électeurs du RN — mais pas seulement — invoquent les « Arabes », les « Turcs » ou les « musulmans » pour se plaindre du manque de places en crèche, de la dégradation de l’offre scolaire, de la disparition des commerces traditionnels en centre-ville, des difficultés d’accès au service public, de la baisse du pouvoir d’achat, des impôts trop élevés pour financer « les branleurs »… « La force de l’extrême droite n’a pas résidé dans sa capacité à imposer “un” seul thème, celui de l’immigration, dans le débat public, mais plus précisément à proposer sans relâche des jonctions entre cette thématique et une liste toujours plus longue d’autres enjeux sociaux, économiques et politiques », analyse le sociologue, qui juge donc vides de sens les « baromètres » invitant les électeurs à hiérarchiser leurs préoccupations, en choisissant parmi plusieurs items (NDLR : Les « items » sont des objets, et plus particulièrement les éléments qui forment un ensemble que l'on considère isolément.).

 

🔴 Présenté comme omniprésent, le racisme n’est toutefois pas conçu par Faury comme « une haine de l’autre abstraite », mais comme le produit d’« une série d’intérêts proprement matériels, où l’hostilité raciale s’entremêle aux préoccupations économiques ».

Contrairement aux nombreuses recherches portant sur des régions en déclin, frappées par la désindustrialisation, Faury a mené l’enquête dans une zone prospère, dopée par une économie touristique et résidentielle de services, mais soumise à une forte pression immobilière et à la montée des inégalités. Ici, ce sont surtout les classes populaires stabilisées, les petites classes moyennes, les retraités qui votent pour le RN, avec une surreprésentation de certains secteurs (artisanat, commerce, métiers de la sécurité…).

  • Préservés du chômage, ces électeurs perçoivent néanmoins leur situation comme fragile.
  • Ils considèrent appartenir au « mauvais milieu », ni assez riches pour être à l’aise, ni assez pauvres pour bénéficier du soutien public, celui qui paie beaucoup et ne reçoit rien. Ainsi se dessine un nouveau rapport de défiance à l’égard des institutions, et plus généralement de l’État-providence, perçu comme injuste et défaillant, privilégiant toujours « les autres » à « ceux qui le méritent vraiment ».

▶️ La sociologue Clara Deville l’a également observé dans le Libournais (Gironde), où elle a suivi des bénéficiaires d’aides sociales dans leur périple pour faire valoir leurs droits[12]. Entre fermetures des guichets, dématérialisation et contrôles tatillons, la galère administrative finit parfois par générer des préjugés, quand un enquêté croit percevoir que « les Noirs et les Arabes » s’en sortent mieux que lui : « Vous allez dire que je suis raciste, mais non, c’est juste que je vois bien qu’à la CAF [caisse d’allocations familiales] c’est les Noirs et tout qui font la queue et qui réclament. » Ainsi, les discriminations dont sont victimes certaines minorités contribuent, dans un cercle vicieux, à accroître le stigmate qui pèse sur elles.

 

 

- « Tout le monde pense ça ici »
▶️ En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le sentiment de tenaille sociale se combine à celui d’un étau territorial, dans une région où les prix de l’immobilier explosent et où la mobilité résidentielle se révèle très entravée. Coincés entre des espaces inaccessibles et d’autres indésirables, les électeurs du RN craignent le déclassement de leur quartier.

  • Dans ce contexte, écrit Faury, les personnes non blanches paraissent « dévaloriser par leur simple présence les territoires où elles s’installent. Plus encore que les cités situées en périphérie, c’est l’installation de nouveaux résidents immigrés dans un quartier environnant ou, pire, dans son propre quartier qui est la plus redoutée ». Ainsi l’ouverture d’un café sans alcool ou d’une boucherie halal dans le centre-ville peut-elle faire jaser pendant des mois.

 

Ceux qui restent Faire sa vie dans les campagnes en déclin

▶️ Cette exploration « par le bas » des logiques de normalisation du RN recoupe certaines observations de Benoît Coquard dans les campagnes désindustrialisées du Grand Est[13], où le vote d’extrême droite est également très répandu, notamment parmi les ouvriers, les précaires et les jeunes adultes.

  • Les deux sociologues mettent en évidence des territoires où le vote RN est devenu une sorte de norme - non pas une déviance, un geste honteux dont il faudrait se cacher -, mais un acte que l’on peut revendiquer, une fierté. Ainsi signifie-t-on qu’on n’est pas un « assisté », un « cassos’ », un « fainéant », bref de « ceux qui profitent du système ». Chacun connaît des amis, des voisins, des parents, des commerçants qui font de même, et la sociabilité conduit à un autorenforcement. « Tout le monde pense ça ici », « tout le monde vous le dira », « je ne suis pas seul à dire ça », réplique-t-on fréquemment aux deux sociologues. « Partagé par un nombre croissant d’électeurs, le vote RN peut dès lors être présenté non plus comme pathologique, mais “ logique ”, non plus extrême mais “ bien normal ” », observe Faury, tandis que Coquard abonde : « S’afficher “ pour Le Pen ” est ici un positionnement légitime, facile à soutenir en public. »

​​​​​​​

▶️ Il n’en va pas de même pour celui qui s’affirme de gauche. Dans les campagnes du Grand Est, il risque de « provoquer critiques et moqueries sur le thème de la fainéantise présumée ou de la naïveté ». Quasiment absente de ces territoires, notamment du fait des dynamiques territoriales qui poussent les diplômés vers les grandes villes, la gauche est assimilée à l’entre-soi des élites locales ou aux beaux parleurs parisiens. Des gens qui vivent confortablement, mais s’autorisent tout de même à « donner des leçons », dans un mélange d’hypocrisie et de suffisance. Sont particulièrement visés les enseignants, les universitaires, les artistes, les journalistes, mais aussi les travailleurs associatifs locaux, les cadres des services publics. C’est-à-dire la petite élite du diplôme, qui symbolise le savoir au quotidien.

 

Sun Tzu l’a théorisé dans " L’Art de la guerre[14] " : pour remporter une bataille, il faut connaître son adversaire, mais aussi se connaître soi-même. On en vient donc à espérer autant de livres sur la gauche, ses dirigeants, ses militants, ses électeurs, pour dire comment elle a pu se désarrimer à ce point des classes populaires.

Notes :

[0] Alexandre Dezé, « Que sait-on du Front national ? », dans Olivier Fillieule, Florence Haegel, Camille Hamidi et Vincent Tiberj (sous la dir. de), Sociologie plurielle des comportements politiques, Presses de Sciences Po, Paris, 2017.

[1« Sociologie des électorats et profil des abstentionnistes. Élections européennes, 9 juin 2024 »

[2] Jacques Lévy, « L’Espace légitime. Sur la dimension géographique de la fonction politique », Presses de Sciences Po, 1994.

[3] Christophe Guilluy, « La France périphérique. Comment on a fracturé les classes populaires », Flammarion, Paris, 2014.

[4] Éric Charmes, Lydie Launay et Stéphanie Vermeersch, « Quitter Paris ? Les classes moyennes entre périphéries et centres », Créaphis, Grane, 2019.

[5] Jean Rivière, « L’Illusion du vote bobo. Configurations électorales et structures sociales dans les grandes villes françaises », presses universitaires de Rennes, 2022.

[5bis] Jérôme Fourquet « La France d'après. Tableau politique »

[6] Jimmy Grimault, Tristan Haute, Leny Patinaux et Pierre Wadlow, « Les voix du vent. Développement éolien et vote aux élections régionales dans les Hauts-de-France », Mouvements, vol. 118, n° 3, Paris, 2024.

[7] Lorenzo Barrault-Stella et Clémentine Berjaud, « Quand des minorités ethno-raciales des milieux populaires soutiennent le Front national », dans Safia Dahani, Estelle Delaine, Félicien Faury et Guillaume Letourneur (sous la dir. de), Sociologie politique du Rassemblement national. Enquêtes de terrain, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d’Asq, 2023.

[8] Vincent Tiberj, « La droitisation française, mythe et réalités : comment citoyens et électeurs divergent », PUF, Paris, 2024.

[9] Luc Rouban, « La Vraie Victoire du RN », Presses de Sciences Po, 2022, et « Les Ressorts cachés du vote RN », Presses de Sciences Po, 2024.

[10] Matt Grossmann et David A. Hopkins, « Polarisé par degrés Comment la division des diplômes et la guerre culturelle ont transformé la politique américaine », Cambridge University Press, 2024.

[11] Félicien Faury, « Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême droite », Seuil, Paris, 2024.

[12] Clara Deville, « L’État social à distance. Dématérialisation et accès aux droits des classes populaires rurales », Vulaines-sur-Seine, 2023.

[13] Benoît Coquard, « Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin », La Découverte, Paris, 2019.

[14] Sun Tzu « L’Art de la guerre »

 

Pour en savoir plus :

Vote RN : qui sont les électeurs du parti d'extrême droite et quelles sont leurs motivations

- La preuve par M. Bompard : la stratégie électorale des insoumis est gagnante

 

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26 février 2025 3 26 /02 /février /2025 18:25
Allemagne : « L’orientation de Die Linke est clarifiée, et sa base électorale consolidée »

Le politiste Kolja Lindner analyse le relatif succès dans les urnes du parti de gauche radicale, qui a reconstitué son groupe parlementaire. Il a fait mieux que résister à la scission organisée voici un an par une de ses anciennes responsables, Sahra Wagenknecht.
En obtenant près de 9 % des suffrages lors des élections fédérales tenues le 23 février
[1], Die Linke[0] a enregistré une progression qui constitue l’une des rares bonnes nouvelles pour les gauches en Allemagne.
Né en 2007 de la fusion opérée entre des dissidents sociaux-démocrates de l’Ouest et d’ex-communistes de l’Est, le parti s’était installé dans le paysage politique national depuis de nombreuses années. Il avait cependant décliné de manière significative lors du précédent scrutin législatif, en 2021. Et l’an dernier, ses perspectives s’étaient encore assombries en raison d’une scission à l’initiative de Sahra Wagenknecht. Celle-ci avait lancé une formation « conservatrice de gauche » à son nom, ce qui avait privé Die Linke de groupe parlementaire.

À rebours de nombreux commentaires, Kolja Lindner estimait alors que le départ de Wagenknecht offrait l’occasion d’une clarification pour Die Linke, dont l’image avait été dégradée par des controverses internes interminables.

Maître de conférences en théorie politique allemande à l’université Paris 8, titulaire de la chaire Maurice-Halbwachs à l’université de Wuppertal (Allemagne) en 2024-25, il a répondu à nos questions sur les résultats de ce dimanche.

 

 

Sources : Médiapart |

- Mediapart : Die Linke a retrouvé une représentation inespérée au Bundestag. Quels ont été les moteurs de sa dynamique électorale ?

Kolja Lindner : Le premier facteur date d’avant l’annonce des élections anticipées. En octobre dernier, un nouveau binôme paritaire a été élu à la tête du parti. Cela l’a rendu apte à saisir une fenêtre d’opportunité pour augmenter son poids électoral.

 

Sur le papier, l’équilibre traditionnel entre une personne issue de l’Ouest (Jan van Aken) et une personne issue de l’Est (Ines Schwerdtner) a été reproduit. Mais le plus important, c’est qu’ils incarnaient tous deux une véritable relève générationnelle.

  • Jan van Aken provient de milieux activistes écologistes dans la ville de Hambourg ;
  • tandis qu’Ines Schwerdtner, qui a travaillé pour la version allemande de la revue de gauche Jacobin, n’avait aucun lien historique avec l’ancien parti du régime communiste.

 

🔴 Cela a considérablement joué sur deux plans.

  • D’une part, Die Linke a connu des adhésions massives : le parti est passé de 54 000 membres en 2022 à 81 000 membres juste avant les élections législatives.
  • D’autre part, les jeunes se sont davantage reconnus dans son offre politique.

Celles et ceux qui ont voté pour la première fois ont été 27 % à mettre un bulletin Die Linke dans l’urne, et les 18-24 ans ont été 25 % à faire de même. Die Linke est le premier parti dans ces deux catégories.

 

🔴 Le deuxième facteur a été le positionnement du parti sur le fond. Die Linke est apparue en pointe de la mobilisation antifasciste. Après que Friedrich Merz [le chef de file des chrétiens-démocrates – ndlr] a fait passer une motion sur l’immigration avec les voix de l’AfD au Bundestag, la députée Heidi Reichinnek a appelé à résister à la tribune, et enregistré une intervention devenue virale sur les réseaux sociaux. Elle a ainsi contribué à la mobilisation de centaines de milliers de personnes contre la rupture du cordon sanitaire avec l’extrême droite.

 

🔴 Ensuite, Die Linke a mené une campagne sur les enjeux sociaux, et plus particulièrement sur la question des loyers et de l’habitat communal. Cet enjeu a fortement résonné dans les zones urbaines où Die Linke a réalisé de gros scores. On l’a notamment vu à Berlin, où la question du logement fait l’objet de mobilisations régulières.

 

 

- Mediapart : Une des limites de la progression de Die Linke n’est-elle pas d’avoir été faite aux dépens d’autres partis de gauche, et relativement peu grâce à d’autres sources de voix ?

Kolja Lindner : Effectivement, on observe une redistribution de l’électorat à l’intérieur de la gauche. Un peu moins de 300 000 « non-votants » ont nourri le score de Die Linke, contre 700 000 voix venues d’anciens électeurs écologistes, et environ 560 000 venues d’anciens électeurs sociaux-démocrates.

 

Mais est-ce révélateur d’une faiblesse structurelle, ou d’un début de recomposition de la gauche ? L’avenir le dira, mais j’observe que les 4,4 millions de voix de Die Linke ont été obtenues sur une base programmatique qui a gagné en cohérence et s’est « gauchisée » à la suite du départ de Sahra Wagenknecht. D’ailleurs, si l’on ajoute les scores de cette dernière et de Die Linke, la somme est plus importante que tous les résultats obtenus quand les deux sensibilités cohabitaient encore ensemble.

 

C’est aussi comme cela qu’il faut comprendre l’euphorie de dimanche soir chez les partisans de Die Linke. Leur parti est désormais relativement uni, sur une orientation politique clarifiée, avec une base électorale consolidée. L’avenir leur paraît bien plus prometteur qu’il y a quelques mois à peine.

 

 

- Mediapart : En termes de géographie électorale, ce scrutin a-t-il permis de vérifier la tendance à la « nationalisation » de l’implantation de Die Linke, au-delà de sa surreprésentation historique à l’Est ?
Kolja Lindner : Oui. Un écart persiste, puisque le vote pour Die Linke reste un peu plus fort à l’Est, autour de 13 %, contre 7-8 % environ à l’Ouest. Mais cela n’a rien à voir avec les différences enregistrées par le passé.

 

Au-delà des effets propres au profil politique du parti, il faut y voir la traduction d’évolutions sociodémographiques. Il y a trente ans, aux élections fédérales de 1994, le parti héritier du régime communiste, le PDS, frôlait les 20 % à l’Est et n’atteignait que 1 % à l’Ouest. Mais cela date d’une génération : beaucoup d’électeurs de cette époque sont décédés ou devenus très âgés, ils pèsent beaucoup moins lourd qu’autrefois.

 

De manière générale, les « frontières fantômes » persistent encore dans le comportement électoral, mais c’est à nuancer avec d’autres variables sociologiques. On voit par exemple que Die Linke a conquis des circonscriptions au scrutin majoritaire dans des centres de grandes villes comme Leipzig et Erfurt. Plus que leur localisation à l’Est, c’est le très bon score de Die Linke auprès des jeunes femmes urbaines qui a joué, alors qu’à l’inverse l’AfD a fait ses meilleures performances auprès des hommes âgés résidant en zone rurale.

 

Si l’on regarde la place de l’Allemagne de l’Est dans le programme électoral de Die Linke, une section lui est bien consacrée, mais bien plus courte que par le passé. Cela atteste que la question, sans disparaître, a perdu en importance.

 

 

- Mediapart : Die Linke a déjà connu cet étiage électoral : en 2017, elle dépassait les 9 %. Qu’est-ce que le parti peut faire de plus que d’incarner une voix d’opposition de gauche, impuissante à ce stade ?
Kolja Lindner : Il faut tout de même rappeler que depuis la scission de l’an dernier, le groupe parlementaire n’existait même plus au Bundestag, puisqu’il ne comptait plus assez de membres. Cela avait coûté au parti des capacités d’intervention au Bundestag, et du temps d’antenne à la télévision.

 

Avec le score de dimanche, le groupe est restauré, avec les ressources auxquelles il donne droit. Cela signifie, entre autres, que l’importante Fondation Rosa Luxemburg [un institut de réflexion et de formation associé au parti – ndlr[2]] n’est plus menacée dans son existence.

 

Alors certes, Die Linke ne va toujours pas peser sur la formation des politiques publiques. Pour autant, sa capacité à incarner des propositions alternatives va être plus importante qu’avant le scrutin, et sur une base idéologique bien plus claire et moins disputée en interne.

 

 

- Mediapart : Comment appréciez-vous le score du parti de Sahra Wagenknecht ? Après tout, en 2013, l’AfD avait elle aussi manqué de peu l’entrée au Bundestag, ce qui n’avait pas empêché sa progression ultérieure.
Kolja Lindner : La dynamique ne me semble pas identique. Celle de l’AfD était montante, et l’extrême droite s’est saisie de nouvelles crises pour progresser. Le parti qui porte son nom, le BSW, est au contraire sur le déclin après être entré dans quelques parlements régionaux d’ex-Allemagne de l’Est.

 

Il ne s’agit pas uniquement du résultat de dimanche. La structuration du parti est d’ores et déjà entravée par le départ de salariés qui ont exprimé leur désaccord avec le discours sur les politiques migratoires, jugé trop proche de celui de l’AfD. En Bavière, vingt-huit permanents du puissant syndicat IG Metall ont reproché au chef régional du parti de « s’être associé à des racistes » et lui ont demandé de démissionner. Et dans les manifestations pour le cordon sanitaire, on pouvait lire de nombreuses pancartes hostiles à Sahra Wagenknecht.

 

Si je devais m’avancer sur un pronostic, je dirais donc que le BSW pourrait avoir atteint son zénith, et que son futur au niveau fédéral est désormais très incertain.

 

 

- Mediapart : Sahra Wagenknecht a développé une ligne fort complaisante avec Vladimir Poutine, pas du tout solidaire du peuple ukrainien. Quel discours Die Linke a-t-elle tenu sur le sujet ?
Kolja Lindner : Un des deux coprésidents, Jan van Aken, a été inspecteur pour l’ONU des armes biologiques. Il connaît donc bien les questions internationales et était à l’aise sur le sujet lors des débats télévisés.

 

  • Sa ligne consiste à contester la livraison d’armes, que ce soit à l’Ukraine ou à Israël, pour des raisons pacifistes. Mais le parti défend une solidarité différente, de type civil, passant par des sanctions et une offensive diplomatique auprès de la Chine, afin de contraindre la Russie à entrer dans des négociations de paix.
  • Die Linke dénonce clairement l’agression de l’Ukraine par Poutine, et affirme qu’aucune négociation ne devrait avoir lieu sans les Ukrainiens et les Ukrainiennes.
Allemagne : « L’orientation de Die Linke est clarifiée, et sa base électorale consolidée »
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13 février 2025 4 13 /02 /février /2025 09:13
Communiqué de LFI tirant les enseignements du non-vote des censures par le PS

« Nous constatons avec regret que le PS a confirmé son changement d’alliance[2»

Nous aspirons au rassemblement avec toutes celles et ceux qui se retrouvent autour du contenu du programme du NFP, dans une exigence de clarté, de respect mutuel et de fidélité à la parole donnée.

 

 

Le refus du PS, se déclarant pourtant inscrit dans l’opposition, de voter la censure (main dans la main avec le RN)[0], a permis le passage en force des budget de la Sécurité sociale venant après le budget de l’État avec leurs conséquences dramatiques.

En refusant de censurer pour la 5e fois en un mois, le PS a confirmé une nouvelle orientation politique, renouant avec le hollandisme et rompant avec celle du Nouveau Front Populaire[0(seul Euskal Herria Bai député du parti basque " Euskal Herria Bai " mais apparenté socialiste la voté une nouvelle fois).

 

 

Sources : Eric Durand | mis à jour le 16/02/2025

-  Déclaration de la coordination nationale et de l’intergroupe parlementaire de la France insoumise 👇 

 

 

Notes :

[0Aujourd’hui, une nouvelle fois, le PS main dans la main avec le RN n’ont pas censuré le gouvernement Bayrou.

[1Déclaration de la coordination nationale et de l’intergroupe parlementaire de la France insoumise

[2« Nous constatons avec regret que le PS a confirmé son changement d’alliance »

 

Pour en savoir plus :

Quelle est la durée de vie d’un engagement du Parti socialiste ? Les dernières déclarations d’Olivier Faure reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron le 6 décembre 2024, donnent la réponse sans détours : pas plus de quelques mois au gré des opportunités.

- Jean-Luc Mélenchon : regrette également la « relation toxique » avec le PS dans le cadre du NFP

- Jean-Luc Mélenchon : « Nous devons tourner la page d'une alliance toxique avec les socialistes » 👇

 

https://www.20minutes.fr/politique/4138389-20250212-identite-nationale-gouvernement-cherche-alliance-extreme-droite-assure-jean-luc-melenchon

https://www.20minutes.fr/politique/4138389-20250212-identite-nationale-gouvernement-cherche-alliance-extreme-droite-assure-jean-luc-melenchon

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30 janvier 2025 4 30 /01 /janvier /2025 21:25
2025 : L’Avenir en commun réactualisé... nous sommes prêt·es à gouverner !

« L’Avenir en commun » est « le programme d’une nouvelle France : celle du peuple éliminé de tout pouvoir aujourd’hui, et celle qui peut naître à partir de ses exigences », écrivent Jean-Luc Mélenchon, Clémence Guetté et Hadrien Clouet[1

C’est une étape qui marque le début de la campagne présidentielle pour nous […] nous voulons montrer que nous sommes prêts », déclare Jean-Luc Mélenchon devant la presse[0        

 

 

Dans une ambiance studieuse, le mardi 28 janvier 2025, les insoumis ont franchi une étape centrale dans la vie de leur mouvement et leur préparation des futures échéances électorales. Le programme actualisé « L’Avenir en commun », édition 2025, a été présenté publiquement en conférence de presse au siège de LFI. « L’affirmation d’un sérieux » a introduit Jean-Luc Mélenchon, rappelant le caractère unique du programme insoumis « sans équivalent » dans le pays et validé par plus de 7 millions d’électeurs aux élections présidentielles. Un socle et une matrice puissants, capables d’unir des personnes de toutes convictions anticapitalistes.   

 

 

Sources : La France insoumise | mis à jour le 18/02/2025

- « L’Avenir en commun », le programme de LFI, présente 831 mesures pour une « nouvelle France »
« L’Avenir en commun » prend sa source dans le programme de Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle de 2012, « L’ère du peuple ».

  • En 2017, complété et solidifié, il devient « L’Avenir en commun », qui sera également le programme de LFI pour la présidentielle de 2022.
  • Sur sa base, furent rédigés les programmes de la NUPES et du Nouveau Front Populaire pour les élections législatives de 2022 et 2024.

 

🔴 La source de ce programme ? La société elle-même. Associations, syndicats, collectifs, scientifiques… Ils sont nombreux à avoir contribué à la rédaction de « L’Avenir en commun ». 

 

Le travail sur la version actualisée du programme a commencé il y a tout juste un an : 143 mesures ont été ajoutées et 120 précisées.

 

 

- Présentation du programme L'Avenir en commun - édition 2025
Revivez la présentation du programme actualisé " L'Avenir en commun ", le 28 janvier 2025, avec Jean-Luc Mélenchon, Clémence Guetté, Manuel Bompard, Mathilde Panot, Eric Coquerel, Aurélie Trouvé et Hadrien Clouet          

     

- Table des matières de « L’Avenir en commun » :  CLIQUEZ sur chaque image pour en savoir plus !  👇

 

Introduction programme la France insoumise 2025

 

programme la France insoumise 2025 Faire la révolution citoyenne

 

programme la France insoumise 2025 L’harmonie des êtres humains entre eux

 

programme la France insoumise 2025 L’harmonie des êtres humains avec la nature

 

programme la France insoumise 2025 Ordonner le monde

 

🔴  Pour en savoir plus autour du programme

 

▶️ Cliquez pour savoir " Comment a été conçu le programme "

 

▶️ Cliquez pour accéder aux Réponses aux associations et collectifs "

 

▶️ Cliquez pour accéder au Simulateur d’impôt "

 

▶️ Cliquez pour accéder au " Simulateur d’héritage "

 

▶️ Cliquez pour accéder aux " Adaptations "

 

▶️ Cliquez pour accéder au " Chiffrage du programme "

 

 

🔴  CLIQUEZ sur l'image pour  👇 accéder à l'intégralité du dossier programme

 

Programme La France insoumise 2025
Programme La France insoumise 2025

 

🔴  CLIQUEZ ICI pour télécharger le programme

 

 

- Clémence Guetté face aux streameur·ses ! - Émission Spéciale Programme

Nous sommes prêts ! Clémence Guetté Vice-présidente de l'Assemblée nationale et députée LFI-NFP face aux streameur·ses. Échange autour du projet politique insoumis avec Wissam, Cassandre, Mouffette, Travata et Jonathan Ruff-Zahn Cofondateur de Tsedek.

 

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24 janvier 2025 5 24 /01 /janvier /2025 23:49
Les 46 décrets du premier jour de Trump passés au crible

Depuis son entrée en fonction le 20 janvier dernier, le président américain, Donald Trump, multiplie les décrets sur une foule de sujets : immigration, justice, économie, identité de genre, environnement. 

 

 

Pour « rendre l’Amérique grande à nouveau », Donald Trump avait annoncé « un déluge » de décrets présidentiels dès le premier jour de sa présidence. De fait, ce 20 janvier, il a paraphé à tour de bras des dizaines d’« ordres exécutifs », de « proclamations » et de « memoranda ». Des mesures chocs, de nature juridique parfois légèrement différentes (et qui pourraient, pour certaines, être rapidement contestées), qui concrétisent la politique du nouvel homme fort des Etats-Unis, en donnant le ton d’un mandat placé sous le signe de la rupture radicale. 

 

 

Sources : Eric Durand |  mis à jour le 05/04/2025

- Quelle est la portée de ces décrets et comment vont-ils façonner la vie politique aux États-Unis ?
Un décret est « une extension du pouvoir exécutif du président », explique Christophe Cloutier-Roy, directeur adjoint de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand. « Dans sa définition la plus simple, un décret, c’est une consigne que donne le président à tout ce qui relève du pouvoir exécutif : fonctionnaires, militaires, bref tout ce qui relève du gouvernement fédéral. »

 

Les décrets présidentiels n’ont pas force de loi. Ils peuvent être soumis au jugement des tribunaux et infirmés s’ils ne respectent par les principes de la Constitution américaine. Mais ils sont très utiles pour agir rapidement et de façon très précise sur certaines questions.

 

« Les décrets sont bons pour obtenir des gains à brève échéance, estime M. Cloutier-Roy. Et c’est certainement bon pour Donald Trump, en début de mandat, de montrer à ses partisans qu’il est actif, qu’il remplit ses promesses et qu’il est mesure de faire avancer son programme. Beaucoup plus que de passer par le Congrès, où le processus légal est complexe, long et très incertain. »

 

Les décrets ont toujours fait partie de l’arsenal présidentiel. Là où le gouvernement Trump se démarque, c’est par le nombre et la teneur des décrets adoptés en tout début de mandat.

 

« La plupart des présidents qui entrent en poste avec leur parti au pouvoir au Congrès [comme c’est le cas pour Trump] sont plus économes dans l’utilisation du décret présidentiel », soutient Christophe  Cloutier-Roy, qui souligne la forte empreinte partisane qui marque les dizaines de décrets adoptés jusqu’à maintenant. « Ce sont des décrets fortement teintés politiquement aussi, ce n’est pas la liste d’épicerie d’un président qui entre en fonction. Déclarer l’état d’urgence à la frontière, remettre en question la citoyenneté américaine, ce sont des signaux forts qu’on envoie à la base partisane. »

 

 

- Voici, par ordre chronologique de signature, l’ensemble des textes signés au « day one » du second mandat de Donald Trump.

🔴 Nominations et drapeaux au vent
Le ballet des signatures a commencé à 13 h 15, dans une salle du Capitole, avec cinq textes, consistant :

  • pour les quatre premiers – à désigner les membres du nouveau cabinet présidentiel, les responsables des sous-cabinets ou des présidents de commission.
  • Le cinquième texte est une proclamation en vertu de laquelle les drapeaux hissés le jour d’une investiture doivent flotter au vent.

Joe Biden avait en effet ordonné que les drapeaux soient en berne durant tout un mois, suite à la mort de l’ancien président Jimmy Carter, le 29 décembre. Or, Trump ne souhaitait pas que sa présidence débute avec des drapeaux en berne.

 

🔴 Annulation de 78 décrets de l’ère Biden
Trump avait assuré en novembre « pouvoir défaire presque tout ce que Joe Biden a fait, par le biais d’un décret ».

De fait, le tout premier décret signé par le nouveau président devant la foule annule en bloc 78 décrets pris par son prédécesseur[0]. Parmi les textes retoqués :

  • la priorité à l’équité raciale dans l’élaboration des politiques du gouvernement fédéral ;
  • l’existence d’une « task force » chargée de réunir les familles séparées à la frontière du Mexique ;
  • la reconstruction du programme d’accueil des réfugiés ;
  • la prévention et la lutte contre la discrimination fondée sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelle ;
  • la lutte contre la crise climatique dans le pays et à l’étranger ;
  • l’égalité pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers et intersexuées.
  • Trump a également annulé la décision de Biden de retirer Cuba de la liste des Etats soutenant le terrorisme, réduisant à néant l’une des dernières mesures de politique étrangère du président démocrate.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Restauration de la liberté d’expression »
Le décret portant sur « la restauration de la liberté d’expression et la fin de la censure fédérale » interdit l’utilisation de fonds fédéraux pour toute action « visant à restreindre la liberté d’expression des citoyens américains »
[1]. Le texte impose au procureur général des Etats-Unis (en charge du département de la Justice) d’enquêter sur les éventuelles entorses du gouvernement Biden aux principes de la liberté d’expression, notamment les « pressions » qui auraient pu être exercées sur les plateformes de réseaux sociaux pour lutter contre la désinformation.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Fin de la militarisation du gouvernement fédéral »
Selon Trump, « le peuple américain a vu l’administration précédente s’engager dans une campagne systématique » contre « ses opposants politiques », notamment au travers de la poursuite « impitoyable de plus de 1 500 personnes » impliquées dans l’assaut sur le Capitole le 6 janvier 2021.
Dès lors, le nouveau président souhaite « examiner les activités de tous les départements et agences exerçant des pouvoirs d’exécution civils ou pénaux » et leur conduite sur les quatre dernières années. Des rapports d’enquête seront commandés et des « mesures correctives » prises.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Fin du télétravail dans l’administration fédérale »
Le décret met fin aux mesures de télétravail instaurées dans l’administration durant la pandémie de Covid. Le travail des employés fédéraux doit désormais être réalisé en présentiel[2].

 

🔴 20 janvier 2025 : « Gel des dispositions transmises au registre fédéral »
Donald Trump ordonne à tous les départements et toutes les agences :

  • de ne pas proposer ou publier de nouvelles dispositions, jusqu’à ce qu’un chef de département ou d’agence nouvellement désigné par lui-même n’ait examiné et approuvé le texte en question.
  • le retrait immédiat de tous les textes qui ont été envoyés au registre fédéral (en charge de la publication officielle des lois fédérales et des décrets) mais non encore publiés, afin qu’ils puissent être réexaminés et approuvés.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Gel des embauches de fonctionnaires »

Le onzième texte proclame un gel des embauches à des postes de fonctionnaires en lien avec la branche exécutive. Aucun poste civil vacant ne peut être pourvu, et aucun nouveau poste créé[3]. Seules exceptions prévues :

  • le personnel militaire,
  • les postes liés à l’application des lois sur l’immigration, en lien avec la sécurité nationale ou la sécurité publique,
  • et les postes liés aux prestations de sécurité sociale, aux assurances santé ou à l’aide aux anciens combattants.

L’administration doit présenter, sous quatre-vingt-dix jours, un plan de réduction des effectifs du gouvernement fédéral, suite à quoi ce gel des embauches sera caduc, excepté pour l’Internal Revenue Service (IRS, l’agence qui collecte notamment l’impôt sur le revenu).

 

🔴 20 janvier 2025 : « Logement, emploi, et coût des appareils électroménagers »
Le douzième texte porte sur la « crise du coût de la vie ». Donald Trump y ordonne aux responsables de tous les départements et toutes les agences de :

  • réduire le coût du logement et augmenter l’offre ,
  • d’éliminer les exigences contre-productives qui augmentent les coûts des appareils électroménagers,
  • de « créer des opportunités d’emploi pour les travailleurs américains »,
  • ou encore d’« éliminer les politiques climatiques nuisibles et coercitives qui augmentent les coûts des denrées alimentaires et des carburants ».

 

🔴 20 janvier 2025 « Retrait des Etats-Unis des accords de Paris sur le climat »

Le treizième texte acte le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris de 2015 sur le climat, avec effet immédiat[4].

  • Les agences fédérales doivent ainsi cesser tout engagement financier lié à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
  • Le décret révoque également le Plan international de financement climatique jusqu’alors en vigueur.
  • Enfin, il ordonne aux agences fédérales responsables d’accords internationaux sur l’énergie de donner « dorénavant la priorité à l’efficacité économique, à la promotion de la prospérité américaine, au choix du consommateur et à la modération fiscale ».

 

🔴 20 janvier 2025 : « Grâce accordée aux assaillants du Capitole »
Comme annoncé de longue date, Donald Trump a gracié plus de 1 500 personnes condamnées pour leur participation à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, les qualifiant à nouveau d’« otages »
[5]. Il a ainsi commué les peines de 14 membres des milices Proud Boys et Oath Keepers, dont la plupart avaient été condamnés pour conspiration. Trump a également demandé au ministère de la Justice de rejeter « tous les actes d’accusation en cours » subsistant à l’encontre des personnes inculpées le 6 janvier.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Suspension du bannissement de TikTok »
Ce décret suspend le texte relatif aux « applications contrôlées par des adversaires étrangers » qui, depuis la veille, interdisait l’accès à l’application TikTok aux Etats-Unis[6]. Trump demande au procureur général de ne pas appliquer les dispositions de la loi pendant soixante-quinze jours, le temps qu’un accord d’achat soit conclu.

🔴 20 janvier 2025 : « Retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé »
Par ce seizième décret, Trump retire les Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)[7]. Il liste une série de raisons, comme la « mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 » par l’OMS, des « paiements injustement onéreux » réclamés aux Etats-Unis ou encore le fait que la Chine paye moins que Washington. Le nouveau président républicain s’en était déjà pris à l’organisme dépendant des Nations unies en 2020, lors de la pandémie de Covid, et avait alors menacé de lui retirer son financement. Une mesure ensuite bloquée par Joe Biden.

 

Restauration d’une catégorie spéciale pour les fonctionnaires en lien avec l’exécutif. Le décret suivant rétablit un ordre exécutif de 2020, annulé par Biden en 2021. Il instaure une catégorie spécifique aux postes de la fonction publique liés à l’exécutif. Les fonctionnaires qui ont cette classification peuvent être plus facilement embauchés, mais aussi révoqués.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Responsabilité des anciens fonctionnaires en lien avec « l’ingérence électorale » et la « divulgation d’informations sensibles »
Par ce décret, Trump annule toutes les autorisations en matière de sécurité encore détenues par 51 anciens responsables des services de renseignement
[8] qui ont signé une lettre au cours de la campagne électorale de 2020 suggérant que les agents républicains ayant récupéré l’ordinateur de Hunter Biden faisaient « partie d’une campagne de désinformation russe ».

 

Le décret s’en prend également à un ennemi de longue date de Trump, John R. Bolton, son ancien conseiller à la sécurité nationale maintenant très critique à son égard. Donald Trump le prive de toute habilitation de sécurité. Ce 20 janvier, Biden avait prononcé une série de grâces anticipées en faveur de plusieurs élus et fonctionnaires, menacés par les représailles du 47e président des Etats-Unis.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Déclaration de l’urgence nationale à la frontière sud des Etats-Unis »
Le 19e texte signé par Trump proclame l’urgence nationale à la frontière entre le Etats-Unis et le Mexique, et y autorise le déploiement de forces armées (garde nationale comprise) pour soutenir les actions de sécurité intérieure[9]

  • Les barrières physiques doivent être renforcées, et les restrictions d’usages de drones dans les 8 kilomètres autour de la frontière y être levées aussitôt que possible.
  • Le secrétaire à la Défense et le secrétaire à la Sécurité intérieure doivent, en outre, prendre « toutes les mesures appropriées » pour empêcher l’entrée physique non autorisée d’étrangers.

Habilitations de sécurité pour le personnel du bureau exécutif du Président. Le 20e texte signé par le nouveau président entend résoudre ce qu’il définit comme un « retard inacceptable » de l’administration Biden concernant le « traitement des habilitations de sécurité des personnes recrutées pour travailler au sein du bureau exécutif du Président ». Donald Trump fournit ainsi une liste de personnes auxquelles il donne accès immédiatement aux informations « top secret ».

 

🔴 20 janvier 2025 : « L’Amérique d’abord »
Ce texte vise à « placer les intérêts des travailleurs et des entreprises des Etats-Unis au premier plan »[10]. Le secrétaire au Commerce et le secrétaire au Trésor doivent enquêter sur « les causes des déficits commerciaux persistants » des Etats-Unis et proposer des mesures correctives, telles qu’une révision des droits de douane. Si les pourcentages ne sont pas précisés, le candidat Trump a plusieurs fois évoqué les chiffres de 25 % pour les importations en provenance du Mexique et du Canada, et « jusqu’à 60 %» pour les produits chinois. Les « pratiques commerciales déloyales » des autres pays doivent être recensées, en vue là encore d’adopter des « mesures correctives ».

 

Le même texte ordonne en outre « l’examen de faisabilité » d’une autre annonce récente du candidat : la création de « l’External Revenue Service » (ERS), nouvelle agence chargée de collecter les revenus provenant de sources étrangères. Par ailleurs, les dispositions de l’Accord Etats-Unis-Mexique-Canada (USMCA), qui doit entrer en vigueur en 2026, doivent être réexaminées.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Le rôle de l’armée « clarifié »
Ce décret vise à « clarifier » le rôle de l’armée dans la protection de l’intégrité territoriale des Etats-Unis, en ajoutant que « la politique des Etats-Unis est de s’assurer que les forces armées des Etats-Unis donnent la priorité à la protection de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats-Unis le long de nos frontières nationales »[11]. Entendre : « sceller les frontières » et « repousser les formes d’invasions, y compris les migrations massives illégales » en employant « toutes les options disponibles ».

 

🔴 20 janvier 2025 : « Libérer l’énergie américaine »
Ce décret concrétise plusieurs promesses de campagne liées à la politique énergétique étasunienne, en abrogeant notamment de nombreux textes favorisant les énergies renouvelables[12]. Il annule ainsi, comme annoncé plusieurs fois au cours de la campagne électorale, le « mandat relatif aux véhicules électriques », une réglementation de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) impulsée par Biden limitant la pollution liée aux gaz d’échappement. Plus généralement, il met fin au « Green New Deal » étasunien – l’importante politique d’investissement pour la transition écologique initiée par Biden.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Suspension d’un programme d’admission des réfugiés »
Trump a signé un décret suspendant le programme américain d’admission des réfugiés (USRAP)[13], disposant que « les Etats-Unis n’ont pas la capacité d’absorber un grand nombre de migrants, et en particulier de réfugiés, dans leurs communautés d’une manière qui ne compromette pas la disponibilité des ressources pour les Américains ». Le décret suspend la réinstallation des réfugiés à partir du lundi 27 janvier. Il ordonne aux hauts responsables du ministère de la Sécurité intérieure et du département d’Etat de lui remettre un rapport tous les quatre-vingt-dix jours afin de lui permettre d’évaluer si le programme de réfugiés « est dans l’intérêt des Etats-Unis ».

 

🔴 20 janvier 2025 : Protection « du sens et de la valeur » de la citoyenneté américaine

▶️ Cet « executive order » vise à préciser les conditions du « droit du sol » définies par la Constitution[14]. Selon l’interprétation poussée par ce décret, la citoyenneté américaine ne peut pas être automatiquement accordée aux personnes nées aux Etats-Unis si leur mère était présente illégalement, si leur présence était temporaire au moment de la naissance, ou si le père n’était pas citoyen américain (ou résident permanent de manière légale). A noter que la contestation d’un tel décret devant les tribunaux est inévitable, du fait de sa contradiction présumée avec la Constitution. Le 23 janvier, un juge fédéral a suspendu temporairement le décret, le qualifiant de « manifestement inconstitutionnel[14bis] ».

 

▶️ Renforcement des frontières Dans le monde de Trump, « une nation sans frontières n’est pas une nation », comme le souligne un autre de ses décrets relatif à la sécurité aux frontières[15]. « Toutes les mesures appropriées » doivent alors être prises pour déployer et construire « des barrières physiques temporaires et permanentes le long de la frontière sud des Etats-Unis », et déployer un nombre de personnels suffisant.

 

Trump met également fin à la politique dite « catch and release » (attraper et relâcher), qui consiste à libérer les personnes sans statut légal en attendant qu’elles soient entendues par un tribunal de l’immigration. Ce texte prévoit également de rétablir la politique « Rester au Mexique », qui oblige certains demandeurs d’asile à la frontière sud à attendre au Mexique leur audience devant le tribunal américain de l’immigration.

 

▶️ « Les gens avant les poissons » Avec sa formule « à la Trump », le texte vise à reprendre les travaux lancés sous son premier mandat pour – supposément – permettre « à d’énormes quantités d’eau issue de la fonte des neiges et à de l’eau de pluie » de ruisseler vers le sud de la Californie[16]. Selon le nouveau président, l’impossibilité de maîtriser les incendies dans la région de Los Angeles serait liée au fait que de l’eau douce a été acheminée vers l’océan pour garantir la sauvegarde de plusieurs espèces de poissons. Un narratif vivement contesté par de nombreux experts.

 

▶️ Rétablissement de la peine de mort au niveau fédéral[17]. A travers ce nouvel executive order, Donald Trump veut rétablir l’application de la peine de mort au niveau fédéral, devenue rarissime, en chargeant le procureur général de « poursuivre l’application de la peine de mort pour tous les crimes dont la gravité exige son application ».

 

Le décret prévoit aussi l’application de la peine de mort dans tous les cas où une personne est reconnue coupable du meurtre d’un agent des forces de l’ordre et pour tous les crimes capitaux commis par des immigrés sans statut légal.

 

▶️ Directive relative à l’architecture des bâtiments civils[18]. Trump demande que lui soient soumises, sous deux mois, « des recommandations » quant aux politiques qui permettraient « que les bâtiments publics fédéraux soient visuellement identifiables » comme tels, dans le respect « du patrimoine architectural régional, traditionnel et classique », afin « d’améliorer et d’embellir les espaces publics et d’ennoblir les Etats-Unis ».

 

▶️ Licenciement facilité des cadres du Senior Executive Service (SES)[19]. Dans ce texte, Donald Trump s’en prend une nouvelle fois à la bureaucratie, et notamment aux « cadres supérieurs » du Senior Executive Service (SES), des fonctionnaires occupant des postes clés, juste en dessous des personnes nommées par le Président. Trump énonce que ces postes doivent pouvoir être attribués « selon le bon vouloir du Président ». Le licenciement des titulaires de ces postes est, par là même, facilité.

 

▶️ « Urgence énergétique nationale »[20]. Cet « executive order » donne mandat à plusieurs agences fédérales de faciliter l’identification, la location, l’installation, la production, le transport, le raffinage et la génération de ressources énergétiques permettant de satisfaire les besoins de tous les secteurs, des transports à l’agriculture en passant par la défense. Un prélude à l’octroi de nombreuses futures autorisations d’exploitation gazière ou pétrolière.

 

▶️ Gel de l’éolien en mer Le président Trump a ordonné au département du Trésor de geler les nouveaux baux éoliens « offshore » sur le plateau continental extérieur, ces terres submergées qui se trouvent au large des limites des eaux de l’Etat[21]. Le décret supprime l’ensemble des nouvelles concessions ou celles renouvelées pour l’éolien en mer, mais n’affecte pas les concessions existantes ni les concessions sur le plateau continental pour l’exploitation du pétrole et du gaz.

 

Trump charge également le ministère de l’Intérieur de mener un examen des incidences environnementales de cette source d’énergie.

 

▶️ Réévaluation de l’aide étrangère[22]. Le décret suspend pour quatre-vingt-dix jours les programmes d’aide au développement, afin d’évaluer leur efficacité et leur adéquation avec la politique étrangère des Etats-Unis.

 

▶️ Réorganisation du Conseil national de sécurité[23]. Afin de « relever les défis de la sécurité nationale » et refonder le « système d’élaboration, de prise de décision, de mise en œuvre et de suivi de la politique de sécurité nationale », Trump indique que le Conseil de sécurité nationale (National Security Council, ou NSC) devra être dédié à faire appliquer son agenda et être aligné avec ses mesures.

 

Ce texte prévaut sur toute ordonnance ou directive antérieure concernant cet organisme. Le conseiller à la Sécurité nationale, Mike Waltz, avait par ailleurs publiquement signalé ces derniers jours son intention de se débarrasser de toutes les personnes nommées pour des raisons non politiques, pour s’assurer que le conseil soit composé de ceux qui soutiennent le mieux l’agenda de Trump.

 

▶️ Position sur l’accord fiscal international de l’OCDE[24]. Le texte affirme que les dispositions de l’accord fiscal de l’OCDE, qui oblige notamment les Etats à taxer les bénéfices des entreprises à 15 % minimum, n’ont pas été acceptées au niveau du Congrès, et n’engagent donc pas les Etats-Unis.

 

▶️ Lutte contre « l’invasion »[25]. Ce décret ordonne aux agences fédérales d’utiliser « tous les moyens légaux pour assurer l’exécution fidèle des lois sur l’immigration des Etats-Unis contre tous les étrangers inadmissibles et expulsables ». Trump révoque par ailleurs plusieurs décrets pris par Joe Biden, notamment celui fournissant « un traitement sûr et ordonné des demandeurs d’asile à la frontière des Etats-Unis », ou celui établissant un « groupe de travail pour la réunification des familles ».

 

Le texte indique aussi que « toutes les ressources légalement disponibles » doivent être allouées pour « construire, exploiter, contrôler ou utiliser des installations pour détenir des étrangers amovibles ». En cas de manquement ou retard d’un pays étranger dans le cadre d’un rapatriement, Donald Trump n’exclut pas « l’émission de sanction ».

 

▶️ « Libérer le potentiel extraordinaire des ressources de l’Alaska »[26]. Cet " executive order " lève diverses restrictions qui limitaient l’exploitation du pétrole et du gaz dans différentes zones de l’Alaska. Il restaure différents baux d’exploitation dans le refuge faunique national de l’Arctique suspendus par l’administration Biden. Les dispositions du texte visent également à favoriser la production de gaz naturel liquéfié en Alaska.

 

▶️ L’octroi de visas en question[27]. Ce décret dispose que tous « les étrangers qui ont l’intention d’être admis, d’entrer ou qui se trouvent déjà à l’intérieur des Etats-Unis » seront « contrôlés et filtrés au maximum ». Trump veut également « évaluer tous les programmes de visas pour s’assurer qu’ils ne sont pas utilisés par des Etats étrangers ou d’autres acteurs hostiles pour nuire à la sécurité, à l’économie, à la politique, à la culture ou à d’autres intérêts nationaux des Etats-Unis ». Des « suspensions partielles ou totales de l’admission » de ressortissants sont notamment évoquées dans le décret, si les « informations relatives à l’examen et au filtrage [fournies par leur pays] sont insuffisantes ».

 

▶️ Une politique étrangère organisée autour de « l’Amérique d’abord »[28]. Trump demande au secrétaire d’Etat de publier « dès que possible » des orientations « visant à aligner les politiques, les programmes, le personnel et les opérations du département d’Etat sur une politique étrangère qui place l’Amérique et ses intérêts au premier plan ».

 

▶️ Le « Doge » d’Elon Musk[29]. Selon ce décret, le service numérique des Etats-Unis est rebaptisé Service Doge des Etats-Unis (USDS) et sera établi au sein du bureau exécutif du Président. Ce département de l’efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency) sera dirigé par Elon Musk, PDG de Tesla. Le décret précise que l’objectif du groupe est de « moderniser la technologie et les logiciels fédéraux » afin de faire des économies. Elon Musk a évoqué « jusqu’à 2 000 milliards de dollars » d’économie. Des syndicats d’employés du gouvernement, des groupes de surveillance et des organisations d’intérêt public ont déposé des recours dans les minutes qui ont suivi la signature de ce texte, alléguant que le Doge enfreint une loi de 1972 qui régit les comités consultatifs fédéraux.

 

▶️ Lois anti-trans[25]. Ce décret établit que le gouvernement fédéral reconnaît uniquement deux sexes, masculin et féminin, définis de manière définitive à la conception. L’ensemble des agences fédérales doivent désormais mener leurs politiques en fonction de ces définitions restrictives. Par ailleurs, les prisons, centres de détention et refuges « pour femmes » administrés au niveau fédéral, doivent être réservés aux personnes de sexe féminin, selon le cadre posé par le décret. Ce dernier interdit en outre le financement de transition de genre sur fonds fédéraux.

 

▶️ Fin des programmes de diversité et d’inclusion mis en place par Biden[30]. Dans ce texte, Donald Trump s’attaque aux programmes de « diversité, équité et inclusion » (DEI) mis en place sous l’administration Biden, qu’il considère comme un « gaspillage public et une discrimination honteuse ». Il met fin à tous ces programmes, y compris les mandats, politiques, programmes, préférences et activités de « diversité, équité, inclusion et accessibilité » au sein du gouvernement fédéral, citant à titre d’exemple les programmes de justice environnementale du ministère de l’Agriculture, ainsi que la formation à la diversité.

 

🔴 20 janvier 2025 : « Réforme du processus de recrutement fédéral »
Ce décret énonce en préambule que le recrutement au niveau fédéral ne devrait pas « être basé sur des facteurs inadmissibles », tels que des quotas favorisant la représentation raciale ou la parité. Trump ordonne la préparation, sous cent vingt jours, d’un programme de recrutement fédéral qui doit donner la priorité « à des personnes qui s’engagent à améliorer l’efficacité du gouvernement fédéral, qui sont passionnées par les idéaux de notre République américaine et qui s’engagent à faire respecter l’Etat de droit et la Constitution des Etats-Unis ».

 

🔴 20 janvier 2025 : Des cartels et gangs désignés comme « terroristes »[31]
Ce que Trump a annoncé dans son discours d’inauguration se matérialise dès le 20 janvier en décret : le Président définit les cartels de la drogue comme des organisations terroristes étrangères, afin d’accélérer l’expulsion des membres de groupes tels que Tren de Aragua, une organisation criminelle transnationale du Venezuela, ou encore du gang salvadorien MS-13. Selon Trump, ces cartels « opèrent à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des Etats-Unis » et « présentent une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale, la politique étrangère et l’économie des Etats-Unis ».

 

🔴 20 janvier 2025 : Restaurer des noms qui « honorent la grandeur de l’Amérique »[32]
Donald Trump veut rebaptiser, dans les trente jours, le golfe du Mexique et le mont Denali situé en Alaska. La mer qui borde le sud-est des Etats-Unis sera renommée « golfe d’Amérique » tandis que le mont Denali, le plus haut sommet d’Amérique du Nord, redeviendra le mont McKinley, nom qu’il portait avant que Barack Obama ne le change en 2015 pour refléter les traditions des Amérindiens de l’Alaska ainsi que la préférence de nombreux résidents de l’Alaska. Le changement de nom de ces deux éléments naturels « apporte du bon sens au gouvernement et renouvelle les piliers de la civilisation américaine », indique le décret. Toutefois, si changer le nom du mont Denali, qui se trouve entièrement sur le sol américain, semble possible, rebaptiser le golfe du Mexique – zone considérée comme relevant des eaux internationales – pourrait se heurter à quelques écueils.

 

🔴 20 janvier 2025 : Garantir la protection des Etats contre « l’invasion »[33]
Dans le 46e et dernier texte signé par Trump le 20 janvier et publié sur le site de la Maison Blanche, le Président rappelle l’article 4 de la Constitution, qui dispose que le gouvernement fédéral doit « protéger chacun [des Etats] contre l’invasion ». Mais il souligne que le gouvernement a échoué à cette mission, car une « invasion est en cours à travers la frontière sud des Etats-Unis ». Le 47e président suspend donc l’entrée physique des étrangers « impliqués dans une invasion aux Etats-Unis à travers la frontière sud », le tout jusqu’à ce que le Président décrète que « l’invasion a pris fin ».

 

 

🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 

 

 

- De la Chine à Gaza, comment Trump met le monde en danger de guerre totale ?
Quelles sont les plans et les motivations de Donald Trump ? Comment sa stratégie de prédation menace-t-il le monde d'une guerre totale ? Quelles menaces font peser les GAFAM sur la souveraineté numérique de la France ? Pourquoi la France renonce-t-elle au non-alignement pour préférer le suivisme atlantiste ?

 

 

Notes :

[0Le président Donald Trump a annulé 78 décrets de Joe Biden

[1États-Unis : la vision de Donald Trump sur la “ liberté d'expression ” se fait au détriment de la liberté de la presse

[2] États-Unis : Donald Trump signe un décret pour interdire le télétravail aux fonctionnaires fédéraux

[3Donald Trump gèle les embauches de fonctionnaires fédéraux

[4Les Etats-Unis se retirent de l'accord de Paris, un coup dur pour la politique climatique internationale

[5Trump accorde sa grâce présidentielle à plus de 1 500 assaillants du Capitole, une «insulte» à la justice pour Pelosi

[6TikTok obtient de Donald Trump soixante-quinze jours de sursis aux Etats-Unis

[7] " L'OMS nous a escroqués ": Donald Trump signe un décret pour sortir les États-Unis de l'agence de l'ONU

[8Trump suspend les autorisations de 50 anciens responsables du renseignement suite à une lettre de Hunter Biden

[9Immigration : Trump accentue son offensive à la frontière mexicaine avec l'aide de l'armée

[10Trump prépare un plan de guerre économique mondiale

[11États-Unis : Donald Trump s’attaque au droit du sol et à la diversité

[12Donald Trump décrète « l’urgence énergétique » et enterre de nouveau la lutte contre le dérèglement climatique pour « forer, forer »

[13] Trump suspend l’entrée de réfugiés aux États-Unis

[14En remettant en cause le droit du sol, Trump déstabilise l’identité américaine

[14bisLe 23 janvier, un juge fédéral a suspendu temporairement le décret, le qualifiant de « manifestement inconstitutionnel »

[15État d’urgence à la frontière, droit du sol : Trump lance sa vaste offensive anti-immigration

[16Aux Etats-Unis, l'administration Trump rétrograde la loi sur l'eau

[17Investiture de Donald Trump - Donald Trump signe un décret pour élargir l'application de la peine de mort

[18Aux États-Unis, Donald Trump impose par décret une architecture « traditionnelle et classique »

[19Limogeage de hauts responsables américains : le jeu de massacre de Trump

[20L'état d'urgence énergétique de Trump a des conséquences jusqu'en Europe

[21Le couperet tombe sur l'éolien en mer américain

[22] Mise en œuvre du décret présidentiel sur la réévaluation et la réorientation de l’aide extérieure des États-Unis

[23Trump a lancé une réorganisation du Conseil de sécurité nationale

[24Trump retire les États-Unis de l'accord mondial sur la taxation minimale des multinationales

[25États-Unis : Donald Trump signe une série de décrets anti-droits

[26Trump et l’énergie : une politique au service des industries fossiles

[27États-Unis : Donald Trump lance son offensive anti-migrants

[28« Je vais faire passer l’Amérique en priorité »

[29Donald Trump signe l’ordre exécutif créant le DOGE : son site arbore le logo de Dogecoin !

[30Les programmes de diversité, équité et inclusion (DEI) sont dans la ligne de mire de l’administration Trump. Un décret y a mis fin dans toutes les sphères du gouvernement fédéral.

[31Des cartels et gangs désignés comme « terroristes »

[32Après le Golfe du Mexique, Donald Trump relance la controverse avec le mont Denali

[33États-Unis. Trump fonde sa politique migratoire sur le fantasme de “ l’invasion ”

 

Pour en savoir plus :

- Le retour de Trump à la tête des USA, est un tournant politique inquiétant. Derrière ses promesses de " restaurer la grandeur de l’Amérique ", plusieurs mesures annoncées risquent d’affaiblir les protections sociales, de creuser davantage les inégalités

- Trump veut restaurer l’empire américain qui domine les affaires avec un ordre bâti pour assouvir ses intérêts

- Trumpisme et fascisme

- Salut nazi : Elon Musk, chef de file des trolls néofascistes

Comment la crise de l’abordabilité a profité à Trump

- La récente victoire de Donald Trump recouvre un énorme paradoxe. Elle va coûter très cher aux personnes de condition modeste qui ont cru devoir voter pour lui.

- « Contrôle » de Gaza, « Côte d’Azur du Moyen-Orient » : Trump veut achever le génocide commencé par Netanyahu

- Le 6 février 2025 Trump signe un décret pour sanctionner la Cour Pénale Internationale, le criminel de guerre Netanyahu visé par un mandat d’arrêt, applaudit

- Fascisme chrétien, milliardaires et trumpisme 

- Le coup d’État trumpiste, le fascisme à l’américaine dans une ère de déclin capitaliste et quelques pistes de résistance

- Trump : La fin du mythe du gentil Nord-Américain

- Menaces contre les droits des femmes et des minorités, censure et novlangue réactionnaire : la liste des méfaits de Trump s’allonge

- « Les mesures de Trump consistent en une déclaration de guerre contre la classe travailleuse ! » – Entretien avec Xavier Arrizabalo, membre du Comité pour l’alliance des travailleurs et des peuples

« Trump engage une crise globale du capitalisme » – L’analyse de Jean-Luc Mélenchon

Avec Trump, l’émergence d’un « capitalisme de malfrats »

 

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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 20:30
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La question des retraites figurait sans aucun doute parmi les sujets les plus attendus du discours de politique générale de François Bayrou. Dès les premières minutes, le 14 janvier, le Premier ministre a donc abordé ce chapitre. Il a promis de le « remettre en chantier », mais a surtout insisté sur les déficits qu’entraînerait notre système. « Sur les plus de 1 000 milliards de dette supplémentaires accumulés par notre pays ces dix dernières années, les retraites représentent 50 % de ce total », s’est insurgé le chef du gouvernement.

Ses propos posent plusieurs problèmes : d’abord, la méthode de chiffrage choisie par François Bayrou est discutable. Ensuite, ce discours alarmiste participe à alimenter la « politique des caisses vides ». C’est ce qu’explique l’économiste Michaël Zemmour (Michael Zemmour, né en 1983, est un économiste, enseignant-chercheur à l’université Lyon 2 et chercheur associé à Sciences Po. Il travaille sur les systèmes et les financements de protection sociale et des services publics, et sur les politiques de redistribution, notamment des retraites).

 

 

Sources : Alternatives Economiques Propos recueillis par Audrey Fisné-Koch | mis à jour le 24/01/2025

- AT : Chaque année, le Conseil d’orientation des retraites (COR) évalue la situation économique du système des retraites. Or, ses dernières estimations sont loin des chiffres évoqués par François Bayrou[1]. Pourquoi ?

Michaël Zemmour : Les partenaires sociaux, les présidents successifs de ce conseil – même s’ils n’ont pas la même sensibilité –, les économistes ou encore les journalistes ont tous une grille de lecture commune sur les retraites qui est fournie par le COR.


Mais le raisonnement de François Bayrou ne correspond pas du tout au cadre comptable de ce conseil. Ce dernier montre qu’il y a effectivement un déficit modéré du système de retraite [Un solde de - 0,2 % du PIB en 2024 et - 0,8 % du PIB en 2070, d’après le rapport annuel 2024, NDLR.]. Mais la convention retenue n’équivaut pas aux chiffres avancés par le 1er ministre. Toute comptabilité est conventionnelle, mais celle employée par François Bayrou est particulièrement fantaisiste. Le financement de notre système de retraite est mixte, c’est-à-dire qu’il est très majoritairement financé par les cotisations mais aussi par l’Etat.

 

Les cotisations employeur de l’Etat sont particulièrement élevées (beaucoup plus que dans le privé). Pas parce que les retraites du public sont très élevées  –  elles sont comparables à celles du privé en moyenne –, mais parce que l’Etat doit compenser deux phénomènes :

  • la baisse (relative) du nombre de fonctionnaires ;
  • et le gel du point d’indice.

C’est donc parce qu’il a fait de sévères économies budgétaires sur la masse salariale du public (et non parce qu’il dépense sans compter !) que l’Etat doit cotiser (par fonctionnaire) un montant très élevé pour les retraites.
 

 

Par ailleurs, l’Etat concourt par différents mécanismes de solidarité aux financements de l’ensemble des retraites. Le raisonnement utilisé par François Bayrou, qui avait circulé il y a quelque temps déjà sans être reconnu par les économistes spécialistes de la retraite, consiste à dire que tout ce qui n’est pas financé par des cotisations, c’est de la dette. C’est absurde.

 

 

- AT : Pourquoi choisit-il de présenter le déficit du système de cette façon ?
Michaël Zemmour : Cela correspond à une dramatisation du déficit, dont l’objectif est de forcer à faire des économies, ce qu’on appelle « la politique des caisses vides ».

 

Objectivement, les retraites ne sont pas à l’origine du creusement de la dette ces dernières années, sauf à considérer que c’est une dépense particulièrement illégitime, mais elle ne l’est pas plus que les dépenses d’éducation ou les dépenses militaires. Ce discours sur la « dette cachée » des retraites vient complètement brouiller cette légitimité. C’est un élément qui n’est pas très favorable à ce que des solutions émergent.

 

 

- AT : Justement, pour aboutir à des solutions, François Bayrou a, dans un premier temps, demandé une mission flash à la Cour des comptes pour dresser un état des lieux du système des retraites. Que peut-on dire cette méthode ?

Michaël Zemmour : Rappelons qu’il y a deux instances dont le suivi du financement et des paramètres des retraites est le métier :

  • le Conseil d’orientation des retraites, que j’ai déjà évoqué, qui a une vraie expertise dans le domaine, qui rend un rapport annuel et qui est un lieu de dialogue social[2].
  • Et le comité de suivi des retraites (CSR), qui faisait des recommandations au gouvernement sur la base du rapport du COR, mais qui n’a pas été renouvelé depuis le mois de juin.

 

La Cour des comptes écrit aussi sur les retraites – elle peut le faire sur tous les sujets –, mais en l’occurrence c’est un peu étonnant de la mettre en avant comme base de discussion, surtout si l’on veut encourager la discussion sociale. La Cour des comptes n’est pas un haut lieu du diagnostic social partagé. On peut voir ce choix comme une forme de contournement et peut-être de défiance vis-à-vis des instances qui existent. Ça laisse perplexe.

 

 

- AT : Dans un deuxième temps, le Premier ministre propose que les partenaires sociaux négocient pendant trois mois pour trouver un « accord d’équilibre et de meilleure justice » au sujet des retraites. Est-ce une avancée ?
Michaël Zemmour : Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les partenaires sociaux ont été particulièrement maltraités et ignorés. De leur point de vue, être remis au centre du jeu est un point positif. Néanmoins, cette discussion ressemble très fortement au cadre de négociation qui était posé pour l’assurance chômage : il laissait préjuger à l’avance qu’il n’y aurait pas d’accord parce que le patronat avait tout intérêt à ne pas en trouver, sachant que le gouvernement trancherait derrière.

 

🔴 Pour les retraites, c’est pareil : on ne voit pas très bien pourquoi le patronat, favorable à la réforme[3], changerait de position. Il s’est toujours opposé à l’augmentation des ressources du financement, les cotisations par exemple.

 

Le choix de ne pas arrêter la réforme de 2023 pendant les débats est un grand changement par rapport à ce que l’on a connu avec les négociations pour l’assurance chômage. Les conditions ne sont pas très propices à une évolution possible de la réforme car le temps joue en sa faveur, elle continue de s’appliquer. L’âge légal et la durée de cotisation progressent rapidement[4].

 

🔴 Au fond, si un accord devait s’appliquer dans les prochains mois sans mise en pause, le changement ne porterait plus que sur un tiers de la réforme : savoir si on s’arrête à 63 ans ou si on va jusqu’à 64 ans (et sans plus discuter de la durée de cotisation portée à 43 ans de manière accélérée)

 

 

- AT : « Pas de totem, pas de tabou, pas même celui de l’âge », a dit le chef du gouvernement. Mais il a tout de même fixé une règle d’or : « ne pas dégrader l’équilibre financier ». Peut-on aboutir à une réforme plus juste, sans augmenter les recettes ?

Michaël Zemmour : La raison pour laquelle les gouvernements précédents n’ont trouvé aucun accord, c’est parce qu’ils refusaient d’affecter le moindre centime supplémentaire au système des retraites. Ils imposaient même l’idée que baisser les ressources était nécessaire. Si la proposition des partenaires sociaux doit réellement être à budget constant, ils ne vont pas pouvoir discuter de grand-chose.

 

D’autant que, face à un risque social qui augmente – plus de chômage, plus de maladies, plus de retraités –, cela paraît assez naturel de mettre des recettes supplémentaires. C’est le cas pour n’importe quelle assurance. Si l’assurance contre les intempéries fait face à davantage d’intempéries, on ne trouve pas absurde de se poser la question d’augmenter les cotisations.

 

Ne pas augmenter les recettes pour les retraites est une position relativement extrême. L’espace de négociation qui est, par ailleurs, réclamé par l’ensemble des organisations syndicales consiste justement à dire qu’il ne faut pas exclure des recettes supplémentaires du pilotage du système de retraites dans le futur.

 

Si François Bayrou les exclut une par une – ou dit que les recettes qui existent déjà ne sont pas des vraies recettes –, cela ferme une porte qui n’a même pas été tout à fait ouverte.

 

 

* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

 

 

- Manuel Bompard, député La France insoumise des Bouches-du-Rhône, était l'invité de BFMTV ce mardi 14 janvier 2025.

Réforme des retraites: " François Bayrou a donné un droit de veto au Medef ", affirme Manuel Bompard[5]

 

Réforme des retraites: "François Bayrou a donné un droit de veto au Medef", affirme Manuel Bompard (LFI)

 

- Retraites : quelle voie de réforme est possible ? - Le débat économique

Le débat éco entre Thomas Porcher, membre des Economistes Atterrés et professeur à la Paris School of Business et Dominique Seux, éditorialiste à France Inter et aux Echos porte sur l’avenir de la réforme des retraites.

 

Notes :

[1].Notre système de retraite verse chaque année quelque 380 milliards d’euros de pensions. [...] Les employeurs et les salariés privés et publics versent à peu près 325 milliards par an. Restent 55 milliards, versés par le budget des collectivités publiques, au premier chef de l’Etat, à hauteur de quelque 40 ou 45 milliards.

[2] Les organisations professionnelles et syndicales en sont membres.

[3Pour le MEDEF les 64 ans, est un « socle »

[4] Avec la réforme Touraine adoptée sous le mandat de Hollande l’âge légal de départ augmente progressivement de 3 mois par année de naissance jusqu’à atteindre 64 ans pour les générations nées à partir de 1968. Quant à la durée de cotisation, elle continue elle aussi de progresser jusqu’à 43 annuités requises. 

[5Réforme des retraites: "François Bayrou a donné un droit de veto au Medef", affirme Manuel Bompard (LFI)

 

Pour en savoir plus :

- Retraités : le Gouvernement sauvé par le RN et le PS veut les taxer

La mystification de la retraite par points défendue par le Parti Socialiste

- « Les concessions budgétaires au groupe PS sont un écran de fumée » – L’analyse d’Eric Coquerel après le vote du budget au Sénat

 

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17 janvier 2025 5 17 /01 /janvier /2025 13:30
Fruit du non vote de la censure du gouvernement Bayrou par le PS le 16/01/2025 - scrutin n°526

Fruit du non vote de la censure du gouvernement Bayrou par le PS le 16/01/2025 - scrutin n°526

100 ans de trahisons socialiste[0ter]... Olivier Faure et le PS continuent à jouer aux girouettes permanentes : en 2023 ils disaient d'une façon et en 2025 ils font l'inverse !

 

 

En 2017, Olivier Faure espérait (déjà !) une grande coalition, allant du Parti socialiste à la droite[0], « qui tienne compte de l'électorat très composite (...) (venu) faire obstacle à Marine Le Pen ». Il la souhaite encore et s'est ainsi dit, suite à la censure du gouvernement Barnier, prêt à discuter avec les macronistes et la droite[1], sur la base « de concessions réciproques ». Il s’est même dit prêt à faire « des compromis sur tous les sujets ». Hormis quelques sièges de députés, l’union avec le PS ne peut rien apporter de bénéfique. Le recul du PS sur ses engagements : une situation qui était prévisible[0bis]. Le rejet de ce parti, parfois perçu comme une posture sectaire ou un refus obstiné de l'unité, découle pourtant directement de l'expérience : celle de ses choix politiques, de sa manière de gouverner et de l’espoir, vivace, de voir le peuple l'écarter des outils de construction d'une véritable alternative de rupture de gauche : celle d'une fédération populaire portée par LFI[1bis] en s'élargissant au 4e bloc[1ter].

 

 

Sources : Eric Durand | mis à jour le 16/04/2025

- En France, la vie politique est structurée par les partis et, pour certains, par l'intérêt individuel des élus qui les composent.

On le voit encore une fois depuis quelques mois, avec la création du NFP et les négociations pour avoir les places éligibles aux législatives, puis les négociations pour tenter d’aboutir à un choix commun de premier ministre NFP et enfin aujourd’hui avec toute la gauche “ de gouvernement ”, qui va boire la soupe de Macron, à part LFI. L’intérêt des partis est supérieur à celui des idées qu’ils prétendent défendre. Cette simple affirmation est une évidence pour la majorité de la population, qui affiche une juste défiance à la fois spontanée et réfléchie au personnel politique. Mais les militants politiques, et c’est bien normal, s’engagent initialement souvent avant tout pour des idées, des convictions, et sont donc sans cesse déçus par les élus et les dirigeants des partis politiques, qui visent avant tout la poursuite de leur carrière et des rémunérations qui l’accompagnent. 

 

 

- Pour le PS, les idées ne sont qu'un outil pour gagner les élections

Le Parti socialiste en est la plus pure illustration. Entre ses discours quand il est en campagne électorale et ce qu'il pratique une fois qu'il est au pouvoir, il y a un monde. Les idées ne sont pour lui qu'un outil parmi d'autres pour gagner des élections. Il joue le jeu classique et cynique des sociaux-démocrates qui consistent à faire des promesses antilibérales dans un cadre de parfaitement libéral, comme nous avançons déjà l'occasion de l'époque de l'écriture : « cela a l'avantage de montre une bonne volontaire en faisant mine de vouloir mettre en place ce pour quoi sur un été élu, puis de faire constater à tous l'échec de ces politiques alors même que celles-ci ne pouvaient qu'échouer dans ce contexte. C'est une des manœuvres de la bourgeoisie, aussi grossière qu'efficacité, pour “ naturaliser ” une fois de plus le capitalisme[2] ».

 

C’est pour cela que nous détestons le Parti socialiste.

Ce n’est pas un préjugé, ce n’est pas un « refus d’unité », ça n’est pas un caprice qui empêcherait la gauche de gouverner. C’est que tout gouvernement où le PS aura une position déterminante mènera une politique de droite et c’est l’expérience qui le démontre. Quand il gouverne, le PS ne fait pas qu’accompagner le libéralisme, il accélère la destruction de notre modèle social, tout en ayant promis le contraire.

 

🔴 En particulier, Mitterrand et ses gouvernements ont libéralisé massivement l’économie. 

Le storytelling de gauche sur l’expérience mitterrandienne consiste souvent à considérer que les socialistes ont fait des réformes de gauche jusqu’en 1983, que cela a créé trop de problèmes économiques et qu’ils ont ensuite arrêté les réformes (le fameux “ tournant ” de la rigueur).  En réalité, ce “ tournant ” était prévu dès le départ comme le montre le discours de politique générale du premier ministre Pierre Mauroy du 8 juillet 1981[3] où il affirme notamment :  “ Cette démarche, que je viens d’inscrire dans la durée, sera conduite dans la rigueur. Cela signifie la rigueur budgétaire. Cela signifie que nous défendrons le franc et le maintiendrons dans le système monétaire européen. ” La soumission à l’Europe au détriment de la population française était déjà très claire. Le PS a par la suite réformé massivement tout au long des années 1980, en faveur du capital : il a mis fin au contrôle des crédits et des taux d’intérêts et a déréglementé les marchés financiers. Il a légalisé les produits dérivés à l’origine de la crise de 2008. Il a soutenu le traité de Maastricht qui nous a fait perdre notre indépendance monétaire et nous a livrés pieds et poings liés aux emprunts auprès des marchés financiers. Et dans le même temps, il a désindexé les salaires des prix.

 

 

🔴 Lionel Jospin va garder cette cohérence libérale quand il devient Premier ministre en 1997

  • Il privatise à tout va[4] (France Télécom, CIC, Crédit Lyonnais, les autoroutes ASF, le futur EADS, Air France, etc.) et en fait bénéficier les entreprises privées d’exonérations massives de cotisations sociales lors de la mise en œuvre des 35 heures.
  • Le PS va également autoriser les grandes entreprises du CAC 40 à racheter jusqu’à 10 % de leurs actions et diminuer la fiscalité sur les plus-values boursières des actions.

 

A l’époque, il avait pourtant largement les moyens de faire autrement : la gauche était au pouvoir dans de nombreux pays européens, ce qui aurait permis de négocier des traités plus favorables aux salariés. La croissance était au beau fixe, ce qui permettait de dégager de larges marges de manœuvre financières. L’épisode le plus symptomatique fut sans doute celui de la “ cagnotte[5] ”. En 1999, l’économie française connaît un taux de croissance dépassant les prévisions (3% au lieu de 2 %), ce qui crée l’équivalent d’environ quinze milliards d’euros de rentrées fiscales supplémentaires. Après avoir tenté maladroitement de cacher cette “ cagnotte ” pendant des mois aux Français, le gouvernement a finalement choisi, plutôt que de l’orienter vers les plus pauvres, de l’utiliser pour baisser la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, soit celle qui est payée par les plus riches !  

 

🔴 En 2012, après dix ans de disette, le PS revient aux plus hautes responsabilités.
François Hollande a été élu sur un programme qu’il a peu à peu gauchisé pendant la campagne électorale, sous pression de la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages[6]. “ Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ”, a-t-il clamé lors de son discours au Bourget de janvier 2012. 👇

 

 

Une fois élu, il ne fait ensuite que conforter les intérêts de la finance et du patronat.
Il nomme immédiatement Emmanuel Macron secrétaire général adjoint de son cabinet, puis ministre de l’Economie en 2014[7].

  • Il met en œuvre de multiples lois de déréglementation du droit du travail, facilitant les licenciements boursiers, plafonnant les indemnités de licenciement illicites, et permettant à des accords d’entreprise de déroger au droit du travail en défaveur des salariés. (NDLR : Pour Philippe Martinez secrétaire général de la CGT : « Le bilan de Hollande est négatif »[8])
  • Les cadeaux au patronat atteignent dans le même temps des sommets, avec en particulier le CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi) versé aux entreprises pour un montant global de 20 milliards d’euros par an, sans contrepartie.

 

Le mandat de Hollande a été aussi un tournant sur le maintien de l’ordre[9], les manifestants étant systématiquement matraqués à partir de 2014, et sur l’immigration[10].
Rappelons-nous de la pauvre Leonarda Dibrani[11], enfant de 15 ans arrêtée par la police à la sortie de son autobus scolaire en 2013 pour l’expulser au Kosovo, avant que, vu le tollé médiatique, François Hollande tente de reculer en l’autorisant elle seule, sans sa famille, à revenir en France, une aberration contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant. Le PS a achevé également, pendant cette période, sa conversion à l’islamophobie, comme le raconte Aurélien Bellanger dans son ouvrage " Les derniers jours du Parti socialiste[12] ".

 

 

- Se débarrasser du PS en faisant tomber les masques !
Pourquoi croire que le PS d’aujourd’hui fera différemment ? Par quel miracle ?

  • Olivier Faure a voté absolument toutes les lois de régression sociale de François Hollande.
  • Il a même hésité à soutenir Macron dès 2016.
  • Il aurait été prêt à signer quasiment n’importe quel programme électoral pour assurer un nombre suffisant de députés à son parti.

 

🔴 1er mai 2022 : création de la Nupes[13].

Après un deuxième scrutin présidentiel consécutif où aucun candidat de gauche n'a été présent au second tour en raison notamment du refus d'une Fédération Populaire[14] pour rassembler la gauche (et donc d'une candidature pour chaque parti au 1er tour, cette coalition est de présenter des candidatures communes aux élections législatives de 2022 qui suivent la réélection d'Emmanuel Macron à un second mandat présidentiel.

  • La Nupes porte un programme de rupture[15], feuille de route partagée d'un futur gouvernement. Il est le fruit d’un travail collectif associant plusieurs organisations politiques, sur la base de programmes eux-mêmes élaborés en associant des milliers de citoyennes et citoyens, acteurs associatifs, syndicaux, environnementaux, politiques.

 

▶️ Fin 2023, la fracture de la Nupes s'annonce

Début 2023 la France insoumise avait engagé des discussions avec l’ensemble de ses partenaires au plan national pour les sénatoriales de 2023[16], fait des propositions[19] et critique avec véhémence la constitution de listes d'union entre le PS, le PCF et EÉLV pour les sénatoriales de 2023, du 24 septembre 2023, excluant ainsi LFI[17]. Elle y voit, à juste titre, la volonté de rompre l'alliance.

  • Le choix de division fait par les socialistes, écologistes et communistes et l’éparpillement des listes coûtent aux composantes de la NUPES une demi-douzaine de sièges et aident à la progression de l’extrême droite au Sénat[18].

 

▶️ Début 2024, la fin de la Nupes se concrétise lors des élections européennes :

" Sans union aux européennes, la Nupes éclatera " prévenait la France insoumise en juin 2023[19] Cette alliance n'est pas qu'un accord électoral, c'est une coalition et nous devons en faire un mouvement politique d'ampleur. Il nous faut pour cela de la cohérence, de la stabilité et de la lisibilité. Le seul moyen d'y parvenir, c'est d'avoir une liste commune à l'ensemble des prochaines échéances électorales " et plaide pour une liste commune[20].

  • Face au choix de division porté par les socialistes, écologistes et communistes, la France Insoumise est même prête à laisser la tête de liste à EELV pour une liste commune[21] . Unie aux élections européennes, la NUPES pouvait l’emporter face à Macron et Le Pen[22]... il n'en sera rien : la Nupes est morte !

 

🔴 10 juin 2024 : Le Nouveau Front Populaire est né[23].

Face à l’ultra-droitisation du pays, la France insoumise reste attachée à la stratégie de l'union avec l'objectif de déjouer les calculs politiciens de Macron qui comptait sur une gauche désunie et isolée pour produire une nouveau débat limité à un nouveau face à face entre son parti et le RN dans chaque circonscription[23] à l'occasion des législatives 2024 faisant suite à sa dissolution de l'Assemblée Nationale annoncée par Macron le 9 Juin 224[24], à l'issue élections européennes .

 

Pour créer le NFP, une soirée de négociations a d’ailleurs suffit : le PS, les programmes, il ne les applique pas, de toute manière. A terme, le but de Faure n’est pas de combattre Macron, mais de le remplacer avec éventuellement Hollande. Il veut que le PS retrouve son rôle historique central : incarner une alternance politique acceptée par la bourgeoisie et défendant ses intérêts en prétendant le contraire.

  • Pour que le Parti Socialiste ait 66 investitures, 97 circonscriptions de l’accord de la #NUPES leur ont été cédées par La France insoumise[24is].

 

Extrait du discours d'Olivier Faure, du Campus du Parti Socialiste à Blois, le 31 août 2024

 

▶️ A l'issue des législatives, suite au refus de la macronie de, conformément à la constitution, désigner un ou une iére ministre issu-e de la plus grande coalition parlementaire, le NFP : une Motion de censure est déposée par le NFP... et l'Assemblée nationale renverse le gouvernement de Michel Barnier[25].

 

▶️ Suite à la dissolution du gouvernement de Michel Barnier, Macron constitue le gouvernement Bayrou allant d'ex membres du PS (comme Manuel Valls nommé aux Outre-mer, François Rebsamen, ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation ou Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la ville...) à la droite extrême avec Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur, en passant par le retour de Gérald Darmanin, nommé à la justice, mais aussi d’Élisabeth Borne[26].

  • Suite au refus de la macronie de, conformément à la constitution, désigner un ou une iére ministre issu-e de la plus grande coalition parlementaire, le NFP : la France insoumise met une motion de censure sur la table...
    • Elle est soutenue pas les écologistes les communistes et quelques socialistes[27] ;
    • Le PS et le RN ne la votent pas[28]... ! Résultat :

👉 une politique d'austérité encore pire que celle du budget du gouvernement Barnier va être mise en œuvre !

👉 le PS trahi son serment du 8 juin 2023, le Nouveau Front Populaire et s'en autoexclue... mais grâce au vote des écologistes et communistes le Nouveau Front Populaire est toujours là !

 

 

🚩 Rappel au #PS et électeurs socialistes...
👍 Le 8 juin 2023, la #Nupes a fait un serment : tout faire pour abroger la retraite à 64 ans et mettre en place la retraite à 60 ans[29]

 

« Nous faisons le serment d’agir sans relâche pour rassembler une majorité qui mettra fin à cette réforme injuste » – Le serment du 8 juin

 

🚩 100 ans de trahisons socialiste[0ter]... et ça continue !

 

🔴 Ici 👇 on apprend que c’est celui qui a mis le PS à moins de 2% et nous a donné Macron qui a négocié la non censure du budget d'austérité de Bayrou.... avec Bayrou

C’est vrai que c’est un expert en engagements non tenus. Si les socialistes le suivent ils auront peut être la clef pour maintenir le macronisme jusqu’en 2027 mais ensuite la porte électorale leur sera fermée.

 

« Les socialistes ont la clé jusqu’en 2027 », affirme François Hollande

 

  • 22 janvier 2025 : comme pour la censure, le #PS est parti seul pour l'élection du Rapporteur Général de la Sécurité Sociale à l'Assemblée.

Tout le #NFP s'est uni pour élire le candidat écologiste. Les socialistes ont voté pour Jérôme Guedj, l'anti-#NFP.
📍  Résultat, la droite a gagné.... le #PS est au service de qui ?

 

Comme pour la censure, le PS est parti seul pour l'élection du Rapporteur Général de la Sécurité Sociale à l'Assemblée. Tout le NFP s'est uni pour élire le candidat écologiste. Les socialistes ont voté pour Jérôme Guedj, l'anti-NFP. Résultat, la droite a gagné.

 

  • 03 février 2025 : le PS décide, main dans la main avec le RN, de ne pas censurer le gouvernement Bayrou… ce coup-ci !

La décision du PS de ne pas voter la censure[30] consomme son ralliement au gouvernement Bayrou (pour l’instant sans participation).

  • Mais qui s’en souvient : le refus du recours au 49.3 était une des lignes rouges du PS au début de sa danse du ventre devant Bayrou !
  • Et qui le rappellera : le vote de la censure est une motion de défiance opposée au refus du gouvernement de demander un vote de confiance à l’Assemblée.

 

[Info Public Sénat] Budget : le PS décide de ne pas censurer le gouvernement Bayrou… ce coup-ci

 

  • 05 février 2025 : le Parti Socialiste et le RN refusent de censurer le budget 2025 austéritaire du gouvernement François Bayrou[31] et refusent de censurer le budget de la Sécurité sociale[32] qui est pire que celui de Barnier... aux mêmes causes les mêmes effets !

Par cette décision de non censure du budget 2025 (non suivie par 6 députés PS qui ont voté la motion de censure) :

▶️ le PS et le RN cautionnent la pire cure d'austérité du 21e siècle qui va être imposée au peuple : les coupes massives dans les budgets de l’écologie, du logement, de la recherche, de la culture, de l’éducation nationale, du sport, de l’agriculture ; hausse des tarifs de l’électricité ; baisse de l’indemnisation maladie des fonctionnaires et de la prime d’activité ; taxe sur les micro-entrepreneurs.

▶️ le PS rompt unilatéralement et sans aucune discussion collective préalable le cadre du Nouveau Front Populaire créé pour proposer une alternative au macronisme et non pour sauver ses gouvernements illégitimes.

. Par cette décision de non censure sur la partie 2 du budget de la Sécurité sociale, le PS et le RN valident 3 milliards d'économies dans la santé et une hausse des taxes sur les apprentis qui gagnent moins que le SMIC.

 

Analyse du scrutin n°693 Scrutin public n°693 sur la motion de censure déposée en application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution par Mme Mathilde Panot et 90 députés.

 

🔴 Je refuse ce retour aux pratiques de la vieille gauche à la Hollande qui trahit ses engagements et renie sa parole donnée et s'allie par les faits et actes avec l'extrême droite et vous livre la liste des coupables : Retrouvez les noms des députés PS et RN qui ont sauvé Bayrou de la censure[33].

 

  • 09 février 2025 : Hollande est parvenu à faire du PS un parti inutile pour les gens et utile pour la macronie.

Un nouveau concept du génie Hollande : déposer une motion de censure pour ne pas faire tomber le gouvernement.  

  • Chaque fois qu'il parle, il nous rappelle que c'est lui qui a installé Macron à Bercy.
  • Aujourd'hui, c'est lui qui lui permet de se maintenir à l'Elysée.

 

François Hollande, sur la motion de censure que va déposer le PS: "Cette motion n'est pas faite pour faire tomber le gouvernement, mais pour s'opposer à la politique gouvernementale"

 

🔴 Et pire François Hollande veut deux candidats de gauche à l’élection présidentielle.
Soyons clair, ça veut dire qu’il veut l’extrême droite au pouvoir.
On ne peut pas gagner si on refait comme en 2022[34].

 

  • 10 février 2025 : Aujourd’hui le PS main dans la main avec le RN n’ont pas censuré le gouvernement Bayrou.

Ils sauvent une fois de plus la macronie et laissent passer un budget de la sécurité sociale amputé de 3.7 milliards d’euros. Un budget aux conséquences mortifères. 👇

 

Première séance du lundi 10 février 2025 Scrutin public n°739 sur la motion de censure déposée en application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution par Mme Mathilde Panot et 70 députés.

 

🔴 Seulement UN député socialiste et apparentés a voté la Motion de censure, devinez quoi ?
Il est député du parti basque " Euskal Herria Bai " mais apparenté socialiste.
Donc le seul député socialiste qui n’a pas trahit les électeurs n’est pas vraiment socialiste : bravo monsieur Peio DUFAU !

 

  • 12 février 2025 : Aujourd’hui, une nouvelle fois, le PS main dans la main avec le RN n’ont pas censuré le gouvernement Bayrou[36].

Le refus du PS et du RN, se déclarant pourtant tous deux inscrits dans l’opposition, de voter la censure a permis le passage en force des budget de la Sécurité sociale venant après le budget de l’État avec leurs conséquences dramatiques.

 

En refusant de censurer pour la 5e fois en un mois, le PS a confirmé une nouvelle orientation politique, renouant avec le hollandisme et rompant avec celle du Nouveau Front Populaire[35] (seul Euskal Herria Bai  député du parti basque " Euskal Herria Bai " mais apparenté socialiste la voté).

 

  • Pour voir le détail du vote en cliquant sur l'image 👇
Première séance du mercredi 12 février 2025 Scrutin public n°791 sur la motion de censure déposée en application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution par Mme Mathilde Panot et 73 députés.

 

  • 19 février 2025 : motion de censure du PS :... le pistolet à eau a fonctionné[37], le gouvernement Bayrou est toujours là  !

Cette motion est à la censure ce que le PS est à la gauche : une contrefaçon.
Deux semaines après l’avoir sauvé, le PS n'a toujours pas œuvré pour le faire chuter, on avait été prévenu par François Hollande qui avait annoncé : « il ne s'agit pas de faire tomber le gouvernement... si le RN annonçait la voter, il faudrait que nous ne la votions pas ». 

 

François Hollande, sur la motion de censure que va déposer le PS: "Cette motion n'est pas faite pour faire tomber le gouvernement, mais pour s'opposer à la politique gouvernementale"

 

🔴 C'est une censure pour faire semblant venant d'une fausse opposition qui a validé, pour l'année 2025, la pire cure d'austérité de la 5ème République ! Le capitaine de pédalo a inventé la motion de censure « pistolet à eau » !

 

  • 30 mars 2025 : Une nouvelle arnaque du PS : la retraite à 63 ans

Menacé d’éclatement, le PS hésite à censurer le gouvernement sur les retraites. Pour éviter une dissolution, les socialistes implorent François Bayrou de lâcher un compromis — même symbolique — pour sauver la face… et leur été. Il s’agirait en l’espèce de la retraite à 63 ans.

 

Réforme de retraites : le PS veut «un petit truc» de Bayrou pour ne pas le censurer

 

🔴 L’article du Journal du Dimanche affirme que « pour les socialistes, arracher les 63 ans permettrait de moucher les insoumis, promoteurs du “ tout ou rien ”, et de renouer avec la culture d’une gauche responsable…[38] ».

 

  • 14 avril 2025 : Le PS promettait de censurer le gouvernement Bayrou s'il ne revenait pas sur la réforme des retraites... on connait la suite !

Et maintenant il accepte 40 milliards d'austérité si les riches en paient un tout petit bout.
En fait, le #PS c'est le parti qui trahit même quand il n'est pas au pouvoir !

 

Pour Olivier Faure, il y aura "censure" s'il n'y a pas de contribution des plus riches pour trouver 40 milliards d'euros dans le budget

 

 

⚠️ Résultat des trahisons.... 👇

Fruit du non vote de la censure du gouvernement Bayrou par le PS le 16/01/2025 - scrutin n°526

 

#PlusJamaisPS

 

 

Notes :

[0Le patron du PS, Olivier Faure, a «hété» à rejoindre Emmanuel Macron en 2016

[0bisTRIBUNE : Le recul du PS sur ses engagements : une situation qui était prévisible

[0ter100 ans de trahisons socialiste (des origines à nos jours)

[1] Le Parti socialiste, reçu à l'Elysée, se met en rupture avec La France insoumise

[1bisJean-Luc Mélenchon : « Je lance un appel à la création d’une fédération populaire »

[1terCagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

[2Pourquoi Mitterrand ne nous manque pas

[3Déclaration de politique générale de M. Pierre Mauroy, Premier ministre, devant l'Assemblée nationale le 8 juillet 1981, publiée dans Le Monde le 10 juillet 1981

[4Lionel Jospin : le retour de la momie sociale-démocrate

[5Le gouvernement Jospin, de l'embellie à la désillusion

[6Sondage : Mélenchon, le candidat qui incarne le plus le changement

[7Emmanuel Macron, de « Mozart de l'Elysée » à ministre de l'économie

[8Pour Philippe Martinez secrétaire général de la CGT : « Le bilan de Hollande est négatif »

[9Paris 14 juin 2016, j'y étais, j'ai vu, j'accuse... Gazer, mutiler, soumettre : la police au service du néolibéralisme autoritaire, je l'ai vue à l'œuvre !  

[10La loi immigration, ni tournant, ni trahison : une continuité politique

[11L'affaire Leonarda

[12Aurélien Bellanger dans son ouvrage " Les derniers jours du Parti socialiste "

[13Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes)

[14] Jean-Luc Mélenchon : « Je lance un appel à la création d’une fédération populaire »

[15Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[16Les prochaines élections sénatoriales auront lieu en septembre 2023

[17Sénatoriales : La France insoumise dénonce un "enterrement de la Nupes" avant une possible alliance PS-EELV-PCF

[18Élections sénatoriales : le refus de l’union autour de la NUPES aura coûté à la gauche près de 10 sièges

[19LFI propose de créer des structures locales de la Nupes, de lancer une agora, de bâtir des alliances électorales aux sénatoriales et aux européennes

[20Européennes 2024 : La France insoumise plaide pour une liste commune 

[21La France Insoumise est même prête à laisser la tête de liste à EELV pour une liste commune

[22Sondage : unie aux élections européennes, la NUPES peut l’emporter face à Macron et Le Pen

[23Le Nouveau Front Populaire est né

[24Dissolution : Emmanuel Macron annonce la dissolution de l'Assemblée nationale 

[24bis] Législatives 2024 : LFI, PS, Verts, PCF, combien de candidats les partis du Nouveau Front populaire présenteront-ils ? 

[25Motion de censure : l'Assemblée nationale renverse le gouvernement de Michel Barnier

[26Gouvernement Bayrou : qui sont les 35 nouveaux ministres ?

[27ASSEMBLÉE NATIONALE 14 janvier 2025 : MOTION DE CENSURE présentée par Mme Mathilde PANOT et 57 de ses collègues communistes et écologistes

[28Scrutin public n°526 sur la motion de censure, déposée en application de l'article 49, alinéa 2, de la Constitution, par Mme Mathilde Panot et 57 députés.

[298 juin 2023, la #Nupes a fait un serment

[30Budget 2025: le PS et le RN ne voteront pas la motion contre le gouvernement Bayrou

[31Scrutin public n°693 sur la motion de censure déposée en application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution par Mme Mathilde Panot et 90 députés.

[32Scrutin public n°694 sur la motion de censure déposée en application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution par Mme Mathilde Panot et 91 députés.

[33La liste des coupables. Retrouvez les noms des députés PS et RN qui ont sauvé Bayrou de la censure

[34] François Hollande veut deux candidats de gauche à l’élection présidentielle

[35Déclaration de la coordination nationale et de l’intergroupe parlementaire de la France insoumise

[36Aujourd’hui, une nouvelle fois, le PS main dans la main avec le RN n’ont pas censuré le gouvernement Bayrou.

[37Scrutin public n°842 sur la motion de censure, déposée en application de l'article 49, alinéa 2, de la Constitution, par M. Boris Vallaud et 65 députés.

[38La dernière arnaque du PS : la retraite à 63 ans

 

Pour en savoir plus :

- « Je démissionne du Parti socialiste » – Après la non-censure, le PS face à la fronde massive de ses élus et de ses militants

Décryptage – Censure du 16 janvier 2025 : comment François Bayrou a enfumé le Parti Socialiste

- Hollande et la gauche du rien

La mystification de la retraite par points défendue par le Parti Socialiste

- Taxe sur les apprentis, hausse des prix de l’électricité – Découvrez le programme actualisé du RN et du PS après leur refus de censurer Bayrou en février 2025

- Parti socialiste : Trahir et détruire

- « Nous constatons avec regret que le PS a confirmé son changement d’alliance »

À l’Assemblée, la censure « en mousse » des socialistes vire à l’humiliation 👇

Emmanuel Todd : historien, anthropologue, démographe, essayiste français

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12 janvier 2025 7 12 /01 /janvier /2025 18:47
Entretien avec Michaël Löwy : Jean-Luc Mélenchon « a largement contribué à populariser la notion d’écosocialisme et a un discours élaboré sur l’écologie »

Michael Löwy (1938) est une figure intellectuelle incontournable de la gauche dans le monde. Après un pèlerinage intellectuel à travers plusieurs pays, du Brésil au Royaume-Uni en passant par Israël, c’est en France que Michael Löwy s’est installé en 1969, invité par Nicos Poulantzas. Fin philosophe révolutionnaire, il a présenté une thèse sur György Lukács en 1975 et s’est passionné tant pour le marxisme que pour le surréalisme.

Parallèlement à sa vie intellectuelle, Michael Löwy est un homme engagé politiquement. Il a milité dans la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), mouvement emblématique du trotskisme en France, et aussi, de l’autre côté de l’Atlantique, aux côtés de l’aile gauche du Partido dos Trabalhadores (PT) et du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST) du Brésil. Récemment, il a commencé à collaborer avec l’Institut La Boétie, le think tank de La France Insoumise, fondé en 2020 par Jean-Luc Mélenchon.

Pensant bienveillant, Michael Löwy s’efforce de créer une synthèse intellectuelle entre le marxisme et la pensée écologiste, dans le but de construire une nouvelle théorie politique : l’écosocialisme. Cette approche cherche à combiner le pragmatisme scientifique du marxisme avec les préoccupations utopiques des écologistes. Entretien.

 

 

Sources : L'insoumission | 

- Diario Red / Insoumission[1] : Vous collaborez actuellement avec l’Institut La Boétie, (think tank à La France Insoumise) après un long parcours dans les organisations de la gauche trotskiste révolutionnaire. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rapprocher de La France Insoumise ?

Michael Löwy : À mon avis, la gauche trotskiste révolutionnaire a intérêt à collaborer avec des partis de gauche comme La France Insoumise, dans la mesure où ils constituent les principales forces incarnant une dynamique anticapitaliste dans la société. Dans le cas de Jean-Luc Mélenchon, nous avons affaire à un leader politique qui a largement contribué à populariser la notion d’écosocialisme et qui a un discours élaboré sur l’écologie.

 

Il a fait avancer nos thèses dans la bataille des idées. Par conséquent, il n’y a pas de contradiction entre se rapprocher de partis comme La France Insoumise et rester dans la tradition de la gauche trotskiste révolutionnaire.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Que peut apporter la pensée marxiste à l’écologie ?
Michael Löwy : Le marxisme est une théorie nécessaire pour tout projet de transformation sociale, car il nous permet de comprendre scientifiquement ce qu’est le capitalisme et les raisons pour lesquelles, en raison de la logique d’accumulation du capital, il génère une exploitation sans limites de l’homme et de la nature. Pour cette raison, le marxisme est une arme pour lutter contre les « falsificateurs de l’écologie », en particulier les promoteurs du capitalisme vert, qui redoublent d’efforts pour démontrer une thèse impossible : la compatibilité de l’écologie avec le capitalisme.

 

De plus, le marxisme est un outil intellectuel pour comprendre ce que pourrait être une alternative au capitalisme. Il élabore ses contours, défendant la constitution d’une économie qui priorise une production destinée à satisfaire les besoins sociaux à travers une planification démocratique, par opposition aux marchandises destinées au marché.

 

J’insiste particulièrement sur cette notion, car elle est consubstantielle à toute perspective écologique : une société durable ne pourra pas continuer à produire n’importe quoi à des fins d’échange sur un marché, comme c’est le cas aujourd’hui. La préservation de la vie humaine sur Terre exige la production de biens en fonction de leur utilité sociale et environnementale, en opposition à l’irresponsabilité totale qui règne dans la production actuelle.

 

🔴 Par conséquent, nous devons transformer le marxisme en un « éco-marxisme » et le socialisme en un « éco-socialisme », et mettre en œuvre une politique de planification qui intègre la notion de limites écologiques.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Comment peut-on construire une planification économique démocratique ?
Michael Löwy : Il est nécessaire de rompre avec le modèle soviétique de planification. À mon avis, l’excessive verticalité du système et l’absence de démocratie ont conduit à son incapacité à répondre réellement aux besoins de la population, et, en conséquence, à sa chute. Les décisions sur la manière et les raisons de produire doivent être prises de manière participative. Comment y parvenir ?

 

Nous devons partir du principe de subsidiarité : les décisions qui peuvent être prises au niveau local ou micro-local doivent être réalisées à cette échelle. Cela favorisera l’autogestion et multipliera la prise de décisions au niveau direct. De nombreuses institutions qui opèrent uniquement au niveau local pourraient être gérées directement par leur personnel.

 

Cependant, les activités de certaines administrations et entreprises nécessitent la mobilisation d’une région ou même de tout un pays. Dans ces cas, je défends un principe de représentativité : les décisions sur ce qui doit être produit et consommé doivent être prises par le peuple, par des représentants élus et des référendums.

 

🔴 Il est important de comprendre que l’économie n’est pas un fait naturel, mais un fait politique. Les grandes décisions économiques, concernant ce qui doit être produit et consommé, doivent être prises au niveau politique. Il ne s’agit pas d’éliminer complètement le marché, mais de lui donner sa place adéquate, notamment pour garantir la gratuité de certains services essentiels et, finalement, dépasser la politique de l’offre et son irresponsabilité sociale et écologique.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Vous vous intéressez au rôle révolutionnaire de l’utopie. Soutenez-vous les socialistes utopiques si critiqués par Marx ?
Michael Löwy : Je m’inspire du penseur Miguel Abensour, qui souligne que Marx ne critique pas les socialistes utopiques pour le contenu de leurs utopies, qu’il trouvait en réalité fascinantes, mais pour leur vision parfois erronée du politique.

 

Beaucoup de socialistes utopiques pensaient qu’il suffisait de gagner le cœur de quelques riches philanthropes pour réaliser leurs projets et les étendre à toute la société. Ce que Marx critiquait essentiellement chez Fourier ou Proudhon, c’était qu’ils ignoraient des questions politiques centrales : quelle classe sociale devra réaliser cette société utopique ? Quel sera le processus de transition vers une nouvelle société ?

 

Face à des penseurs qui, parfois, défendaient le retrait de la société pour entrer dans des phalanstères et qui, parfois, ressentaient de la nostalgie pour des formes de travail écrasées par le machinisme industriel, Marx pose la nécessité d’un processus révolutionnaire mené jusqu’au bout par une classe sociale ascendante : le prolétariat, qu’il définit comme les travailleurs ne possédant pas leurs moyens de production.

 

Cependant, cela n’empêchait pas Marx de s’intéresser sincèrement aux idées des socialistes utopiques, qui furent l’une des trois principales sources d’inspiration de sa pensée, avec l’idéalisme allemand hégélien et les économistes classiques anglais.

 

Cette vision erronée de la notion d’utopie chez Marx a conduit de nombreux marxistes à rejeter a priori toute politique de l’utopie. Pour ma part, je pense que l’idée d’utopie est nécessaire à tout projet politique révolutionnaire.

 

Le penseur marxiste utopique Ernst Bloch, que je cite fréquemment, disait que la force du marxisme réside dans la combinaison d’un « courant froid », une lecture scientifique du capitalisme, avec un « courant chaud », la vision utopique d’une société sans classes, basée sur la justice et l’égalité, où nous serions libérés de la surexploitation, du productivisme et du fétichisme de la marchandise, et par conséquent du consumérisme. Selon moi, le « courant froid » doit être un moyen pour atteindre le « courant chaud ».

 

 

- Diario Red / Insoumission : Vous parlez d’une transformation des forces productives en forces destructrices, en opposition au marxisme classique, en vous inspirant des thèses de Walter Benjamin. Ne risquez-vous pas de tomber dans une condamnation a priori du progrès technique, comme le font de nombreux penseurs écologistes décroissants ?
Michael Löwy : Je pense que nous devons éviter toute simplification à propos du progrès technologique et adopter une vision dialectique. La catégorie « progrès technique » ne signifie rien en soi : le progrès technique n’est pas unique, il est multiple, et peut donc être défini de diverses manières.

 

Laissons de côté les simplifications et les discours binaires : nous pouvons observer qu’il existe des avancées techniques majoritairement positives, comme celles de la médecine, et d’autres négatives, comme la voiture individuelle ou l’extraction pétrolière.

 

🔴 Pourquoi cette différence entre des réalisations qui sont considérées comme faisant partie d’un même ensemble, le progrès technique ?
Pour une raison simple : je pars du principe que le véritable problème n’est pas la technique, mais le capitalisme. Le capitalisme crée une technologie qui lui est propre et qui est à son service. Prenons l’exemple de l’automobile individuelle : un produit qui, à l’origine, ne répondait à aucun besoin social réel, a fait l’objet d’une véritable fétichisation comme produit de consommation ostentatoire, et a réorganisé la société au bénéfice du capitalisme contemporain.

 

Il est donc nécessaire de dépasser une illusion entretenue par le marxisme le plus orthodoxe : l’écosocialisme démontre que nous ne pouvons pas nous approprier toute la technologie et tout l’appareil de production existant pour les mettre au service des travailleurs, car une partie de ces derniers existe uniquement pour satisfaire les besoins spécifiques du capitalisme. Que changerait-il en termes de politique écologique si un puits pétrolier en haute mer était sous le contrôle des travailleurs ?

 

 

- Diario Red / Insoumission : L’écosocialisme est-il alors synonyme de décroissance ?
Michael Löwy : Ce n’est pas si simple. Soyons clairs : l’écosocialisme implique une forme de décroissance dans la mesure où il remet en question l’existence même d’une partie de notre appareil productif et de notre production. Pourquoi ? Parce que le capitalisme ne produit pas des choses pour répondre à des besoins, mais uniquement en fonction de leur capacité à être échangées sur le marché, de leur valeur d’échange.

 

🔴 Par exemple, le fait que tous nos appareils électroménagers deviennent obsolètes après quelques années ne répond pas à nos besoins en tant que consommateurs, mais à l’objectif d’augmenter la circulation des valeurs d’échange sur le marché, de stimuler les ventes et la concurrence, au détriment de toute responsabilité environnementale. La mise en œuvre d’un système écosocialiste qui dépasse le capitalisme impliquerait donc l’élimination de tout le gaspillage de ressources humaines et naturelles causé par l’irresponsabilité de l’économie capitaliste, ce qui entraînerait inévitablement une forme de décroissance.

 

Cependant, la décroissance en elle-même ne sera jamais un projet de société. En effet, il existe des formes de décroissance capitalistes, comme les mesures malthusiennes ou la destruction d’activités jugées « insuffisamment rentables », qui sont souvent nécessaires au bien-être de la société.

 

🔴 Par conséquent, il existe un danger que la question de la décroissance soit posée par les classes dominantes sans aucune critique du capitalisme, créant une société encore plus aliénée. La décroissance est également une notion complexe qui ne peut être résumée par des lieux communs ou des idées uniformes. Elle ne peut être pensée simplement comme une diminution du PIB, mais comme une manière de réorganiser la production.

 

Nous devons sérieusement nous poser ces questions : quelle partie de l’appareil productif doit être démantelée et quelle partie doit être développée ? Par exemple, je pense que les énergies fossiles et la publicité font partie des activités qui doivent décroître. En revanche, les investissements dans les transports publics doivent augmenter, car les voitures individuelles sont destinées à disparaître.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Vous êtes brésilien. Les discours écosocialistes et les formes de décroissance qu’ils impliquent sont-ils audibles dans un pays et un continent qui désirent à tout prix se développer et croître économiquement ?
Michael Löwy : Malgré la présence de réseaux écosocialistes actifs au sein des forces de gauche, notamment au Brésil, il faut reconnaître que la vision dominante en Amérique latine, dans toutes les forces politiques, reste développementaliste. Il est évident que l’Amérique latine doit se développer ; ce n’est pas la question. La véritable question est : quel type de développement le continent a-t-il besoin ? À mon avis, il ne faut pas y reproduire les erreurs du développement des pays du Nord.

 

🔴 Le modèle de développement suivi en Amérique latine est le suivant : produire des matières premières non transformées destinées au marché mondial, avec des conséquences désastreuses sur le plan écologique. Les tentatives de diversification industrielle en Amérique latine, comme le développement d’une industrie automobile ou aéronautique, sont également conditionnées par les exigences du marché mondial.

Ces productions sont-elles une priorité pour les Sud-Américains, dont la majorité n’a ni voiture ni accès aux avions ? Il est nécessaire de penser un autre modèle de développement, ce qui implique de produire pour la population et non pour le marché mondial.

 

Par exemple, mon pays, le Brésil, détruit la forêt amazonienne pour produire une quantité de soja et de viande qui dépasse largement la demande nationale, voire régionale : la surproduction agricole pour satisfaire le marché mondial et le secteur de la viande conduit nécessairement à l’accélération de la déforestation de l’Amazonie… Avec le temps, cela pourrait provoquer l’assèchement des fleuves qui coulent vers le sud du pays et qui alimentent la production agricole… Une véritable catastrophe !

 

Dans cet écocide, l’extrême droite est en première ligne, avec l’ex-président Bolsonaro, qui voulait éradiquer la forêt « parce qu’elle ne sert à rien » et mettre fin aux modes de vie indigènes. Le peuple brésilien ne se nourrit pas de soja, mais principalement de riz, de haricots, de farine et de poulet.

 

🔴 Par conséquent, l’agriculture doit être orientée en priorité vers le marché intérieur et viser une production biologique. Il n’y a pas d’autre solution pour stopper le désastre écologique en cours. Cela a été compris par le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), qui est aujourd’hui le principal producteur de riz biologique du pays.

 

Comme pour le progrès technique, la question du développement doit être abordée selon une approche dialectique et non comme une perspective uniforme. Il existe un développement capitaliste, destructeur, et un développement nécessaire dont l’Amérique latine a besoin : plus de services publics, d’électricité, d’approvisionnement en eau, d’assainissement, etc.

 

L’Amérique latine peut être pionnière en matière de progrès technique respectueux des équilibres naturels, contrairement aux sociétés occidentales. Dans ce combat, la gauche, les paysans, les indigènes et une partie de l’Église jouent un rôle fondamental.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Quels sont les principaux obstacles à une politique écologiste et écosocialiste en Amérique latine, et au Brésil en particulier ?
Michael Löwy : Je pense que la gauche latino-américaine a souffert d’une idéalisation du pétrole. Le contrôle de celui-ci était perçu comme un moyen d’acquérir plus de souveraineté économique par rapport aux États-Unis, mais il a fini par affaiblir les économies du continent, dévaster l’environnement et attiser les ambitions des oligarchies étrangères.

 

Cependant, je constate quelques signaux positifs. Au sein du gouvernement de Lula, la ministre de l’Environnement, Marina Silva, s’oppose à l’exploitation pétrolière dans l’estuaire de l’Amazone. Lula n’a pas encore pris de décision sur le sujet, mais il est important que cette position ait été exprimée.

 

🔴 La seconde menace est le libre-échange et la surdépendance au marché mondial, dont j’ai exposé la relation de cause à effet avec la déforestation de l’Amazonie. Il est certain que la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur[2] est une très mauvaise nouvelle pour la préservation de l’environnement en Amérique latine.

 

Notes :

[1L’Insoumission et le média espagnol Diario Red (Canal Red) s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours en France, en Espagne et en Amérique du Sud. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et de Diario Red.

[2UE-Mercosur : un accord mortel pour les agriculteurs et l'environnement

 

Point en savoir plus :

- JEAN-LUC MÉLENCHON : CLIMAT - Je lance l'alerte : le temps est compté !

- « L’urgence écologique doit être au point de départ de ma campagne »

 

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10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 20:42
Municipales 2026 : quelle stratégie et programme de La France Insoumise ?
Municipales 2026 : quelle stratégie et programme de La France Insoumise ?

En 2026, aux municipales, nous souhaiterions des listes d’union.

Mais elles sont empêchées par ceux qui ne veulent pas du NFP.

Il y aura partout des listes insoumises : prêtes aux municipales, pour l’union ou pour être proposées au vote[1], pour un communalisme insoumis !

 

 

Dix ans après la fondation de la France insoumise, ces municipales seront la nouvelle étape de la construction de notre mouvement politique, cela fera dix ans que nous existons !
Si le Nouveau Front Populaire a pu remporter les élections législatives, c’est d’abord parce que nous avons su mettre en mouvement une partie du peuple qui avait renoncé à venir aux urnes. Nous l’avons enclenché lors des élections européennes où nos progrès ont été impressionnants dans la jeunesse et dans les quartiers populaires. Cette dynamique s’est confirmée lors des élections législatives : ce sont dans les bureaux de vote où la progression insoumise a été la plus forte aux élections européennes qu’ont été observés les progrès les plus importants du Nouveau Front Populaire aux élections législatives.
Des marges de progression existent encore et les élections municipales en sont un nouvel " outil " servant à accélérer notre implantation locale et des cadres d’auto-organisation populaires à tous les niveaux de représentations politiques.

Retrouvez ci-dessous la stratégie adoptée par l'Assemblée représentative de la France insoumise du 14 décembre 2024[2] pour les élections municipales et validée par 93.9 % des insoumis par vote[3]

Pour accéder à l'intégrale du texte texte d’orientation stratégique cliquez ici 👉 [4]

 

 

Sources : La France Insoumise | 

- Préparer les élections municipales pour présenter des listes dans le plus grand nombre de communes

Nos groupes d’action ont consolidé leur ancrage ces dernières années et encore plus ces derniers mois.

  • Nous avons constitué un réseau d’élu·es militant·es dans le cadre de l’Association nationale du réseau des élu·es insoumis·es et citoyen·nes.
  • Nous avons été en tête dans un grand nombre de communes lors des dernières élections européennes : notre liste a, par exemple, dépassé les 20 % à Audincourt, Avignon, Marseille, Montpellier, Strasbourg, Lille, Saint-Étienne, Grenoble, Audincourt ; les 30 % à Choisy-le-Roi, Givors, Grande-Synthe, Vitry-sur-Seine, Vernouillet, Montreuil, Cergy, Saint-Ouen, Bagnolet, Montataire, Nanterre, Dreux, Sarcelles, Bethoncourt ; les 40 % à Argenteuil, Bondy, Villiers-le-Bel, Sevran, Creil, Vaulx-en-Velin, Aubervilliers ; les 50 % à Saint-Denis, Bobigny, Trappes, La Courneuve…

 

Sur ces bases, nous nous donnons l’objectif :

  • de conquérir des mairies et des présidences d’exécutifs locaux et de constituer des groupes d’élu·es insoumis·es et citoyen·nes dans les conseils municipaux et dans les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ;
  • d’investir un maximum de conseils municipaux, jusqu’aux plus petits villages.
  • Notre objectif est aussi de faire élire un maximum de conseillers consulaires.

C’est aussi de cette façon que nous permettrons l’entrée de la France insoumise au Sénat, après en avoir été empêchée par les directions nationales du Parti socialiste et du Parti communiste en 2023. Nous appelons largement les insoumis·es à se porter candidat·es aux élections municipales afin de permettre une présence dans un maximum de communes, y compris les plus petites, en déposant ou en participant à des listes complètes ou partielles dans les communes de moins de 1 000 habitant·es où le mode de scrutin autorise le panachage.

 

Pour atteindre ces objectifs, nous invitons les insoumis·es à réunir les conditions permettant de constituer des listes insoumises dans le plus grand nombre possible de communes (et de pays en vue des élections consulaires), en s’appuyant sur une démarche d’union populaire et en encourageant des collectifs et luttes locales dans les quartiers populaires, la jeunesse, comme partout où les secteurs populaires se mobilisent pour défendre leurs revendications sociales, écologistes, démocratiques. Notre objectif est de rendre la commune à ses habitant·es et de porter un programme de rupture à l’échelle municipale.

 


- Nous proposerons un accord national à nos partenaires du Nouveau Front Populaire

Dans tous les cas, nous travaillerons là où c’est possible à des accords locaux ou départementaux avec une ou plusieurs composantes du NFP. Dans certaines communes, cela pourra conduire à la constitution de listes communes dès le premier tour avec une ou plusieurs composantes du Nouveau Front Populaire. Cela nécessitera des garanties programmatiques claires et publiques (voir Annexe 1👇) et que la représentativité de la France insoumise soit assurée. Pour les élections consulaires, un travail sera mené avec les groupes d’action des Français·es de l’étranger pour établir la liste des garanties programmatiques ainsi que le calendrier.

 

Fort·es de nos expériences précédentes, nous abordons cette possibilité sans naïveté. Ces dix dernières années, aux côtés des habitant·es, nous avons fait l’expérience des conséquences des politiques conduites par les notables de la droite, et, parfois, de la gauche d’avant, dont certain·es ont ouvert leurs majorités à des composantes du macronisme.
D’autres s’inscrivent dans la lignée de la démarche de rupture avec le NFP exprimée par François Hollande ou Raphaël Glucksmann, qui s’efforcent déjà au quotidien de marginaliser la France insoumise pour mieux s’opposer à nos idées. D’autres encore soutiennent le projet de grande coalition avec les macronistes.
Il est évident qu’une alliance sera impossible dans ces cas de figure.

 

La « droite républicaine » et le Rassemblement National conduisent, au plan local, des politiques violentes, racistes, discriminatoires et anti-écologiques. C’est pourquoi, en tout état de cause, au second tour, nous chercherons à rassembler les listes issues du Nouveau Front Populaire pour battre la droite et l’extrême droite, hormis si l’hégémonisme ou les renoncements programmatiques nous obligent à garantir seul·es notre représentation au sein des conseils municipaux et consulaires.

 

Nous proposerons par ailleurs aux forces du Nouveau Front Populaire une coordination nationale particulière dans les communes dirigées par le RN et le parti d’Éric Ciotti afin de réunir les meilleures conditions possibles pour y défendre notre programme dès le premier tour. Face au danger de l’extrême droite, nous pourrons envisager des fusions ou des désistements au second tour.

 

 

- Définir les marqueurs programmatiques pour un mouvement communaliste

La France insoumise est un mouvement communaliste, c’est-à-dire qui réaffirme la commune comme premier échelon de la démocratie pour un pouvoir démocratique s’exerçant au plus près des besoins des habitant·es. Nous voulons restaurer la démocratie communale et tourner le dos à la dépolitisation de la fonction d’élu·e local·e, transformé·e en gestionnaire de l’austérité. Mouvement de la Révolution citoyenne, nous voulons oeuvrer à l’implication du peuple à chaque étape de nos campagnes et dans l’exercice des responsabilités. Six ans après l’abstention de masse des dernières élections municipales, nous savons que la participation populaire est la condition pour nous ouvrir les chemins de la victoire. Afin qu’elles puissent reprendre leur destin en main, nous souhaitons favoriser la participation dans les conseils municipaux des classes populaires et de tou·tes celles et ceux qui sont engagé·es et portent des luttes syndicales, citoyennes ou associatives.

 

Témoins du clientélisme et partageant le dégoût qu’il engendre chez les habitant·es, nos candidat·es s’engageront à lutter contre le népotisme et la corruption locale et à garder, dans leur mandat, un lien constant et transparent avec le peuple, à l’image de nos parlementaires. Partisan·es de la rupture, nous nous adresserons dans la clarté aux électeur·rices en définissant des garanties programmatiques ambitieuses et non-négociables qui devront être intégrées à l’ensemble des programmes défendus par les listes municipales soutenues par la France insoumise (voir Annexe 1👇). Pour les élections consulaires, un travail sera mené avec les groupes d’action des Français·es de l’étranger pour établir la liste des garanties programmatiques ainsi que le calendrier.

 

Pour nous donner les moyens de nos ambitions, la Coordination de la France insoumise, en lien avec les boucles départementales, conduira un travail de ciblage visant à identifier nos possibilités de conquête, d’implantation et de consolidation. C’est là que nous concentrerons nos forces. En parallèle, en lien avec l’Association nationale du réseau des élu·es insoumis·es et citoyen·nes, tenant compte du travail des Rencontres Nationales des Quartiers Populaires et des militant·es et élu·es dans les territoires ruraux :

  • elle travaillera à la mise à disposition dès le premier trimestre 2025 d’une boîte à outils afin d’inspirer et d’enrichir les programmes de nos listes élaborées localement ;
  • elle proposera des outils, tutoriels et fiches pratiques d’organisation d’une campagne municipale ouverts à tou·tes les insoumis·es (législation, financement, constitution de listes, démarches administratives déclaratives, points de vigilance, astuces, méthodes d’implication citoyenne, charte éthique des candidat·es insoumis·es…) afin de faciliter l’engagement de primo-candidat·es et d’assurer notre présence dans un maximum de petites et moyennes communes ;
  • enfin, elle proposera aux chef·fes de file insoumis·es des communes prioritairement ciblées par notre mouvement un cycle de formation au cours de l’année 2025. Les boucles départementales sont invitées à contribuer à ce travail de formation à destination de tou·tes les insoumis·es.

 

 

🔴ANNEXE 1 - GARANTIES PROGRAMMATIQUES MUNICIPALES SUR LA BASE DUN PRORAMME DE RUPTURE
1 - Commencer la révolution citoyenne dans les communes

  • Instaurer un référendum d’initiative citoyenne municipal et s’engager à convoquer des référendums locaux pour les grands projets structurants pour la commune.
  • Faciliter l’exercice du droit de propositions des élu·es de l’opposition comme de la majorité (ordre du jour du conseil municipal, droit d’amendement, motions…).


2 - Gérer les communes par des régies publiques

  • Lancer dès l’accession aux responsabilités municipales une revue générale de toutes les délégations de services publics au secteur privé (DSP) et de tous les partenariats publics privés (PPP) afin de déterminer un plan de retour en régie publique, en commençant par les communs essentiels comme l’eau, la production d’énergies renouvelables, les transports en commun, la restauration scolaire ou la gestion des déchets. Les régies publiques devront permettre aux usager·es et aux agent·es de siéger dans les conseils d’exploitation ou d’administration.
  • Garantir de cette façon des services publics communaux pour couvrir les besoins essentiels de l’existence : se loger, se nourrir, boire, se déplacer, se cultiver, se soigner…


3 - Installer la règle verte communale

  • Refuser d’accorder des permis et des autorisations pour des activités polluantes et écocides.
  • Réduire la tarification des transports en commun pour faire la gratuité en commençant par les moins de 25 ans, les privé·es d’emploi et les usager·es disposant de faibles revenus.
  • Faire un moratoire sur les zones à faibles émissions (ZFE) en attendant de déployer des mobilités alternatives.
  • Développer des « mines urbaines » municipales : déchetteries, recycleries, ateliers de réparations...


4 - Instaurer es communes zéro chômeur pour le droit à l'emploi

  • Développer une politique locale de garantie d’emploi notamment en faisant entrer les communes ou intercommunalités dans le dispositif « territoires zéro chômeur de longue durée », en tenant compte des bilans tirés, notamment par les syndicats et actionner tous les leviers pour favoriser l’emploi local de qualité : commande publique, fonction publique…


5 - Tuer la spéculation immobilière

  • Mettre sous contrôle le marché du logement en augmentant la part de logement public, en appliquant partout où c’est possible l’encadrement des loyers et en développant l’accession à la propriété non spéculative (via les offices fonciers solidaires, l’habitat coopératif, etc.), notamment par l’exercice du droit de préemption.
  • Mettre fin au clientélisme dans l’attribution des logements sociaux en transformant le « quota du maire » en quota du conseil municipal, soumis à discussion après élaboration d’une grille claire de critères.
  • Fixer l’objectif de communes zéro sans abri, zéro passoire thermique, zéro habitat insalubre.


6 - Passer à une alimentation 100 % bio et locale dans les cantines et les rendre gratuites

  • Organiser la conversion de tous les repas des cantines scolaires en bio et produits locaux, avec introduction d’options végétariennes quotidiennes. Instaurer progressivement la gratuité en commençant par renforcer la progressivité des tarifs pour les petits revenus et la gratuité immédiate pour les familles en dessous du seuil de pauvreté.
  • Participer parallèlement à la conversion de l’offre agricole locale en bio, par exemple par la mise en place de zones agricoles protégées.


7 - Favoriser l'école publique et laïque

  • Réaffirmer le rôle central de l’École de la République dans la construction de la citoyenneté.
  • Appliquer strictement la loi pour les subventions de fonctionnement aux établissements scolaires privés et refuser tout financement public pour la construction d’établissements scolaires privés ou leur rénovation ainsi que pour les associations confessionnelles.


8 - Faire des communes activement antiracistes, féministes et inclusives

  • Créer des observatoires communaux ou intercommunaux des discriminations, en collaboration avec les associations et les habitant·es, capables de mener des actions de testing et former l’ensemble des agent·es de la collectivité sur ces enjeux.
  • Constituer la municipalité partie civile des plaintes des victimes de racisme, sexisme et LGBTIphobie, soutenir le présence de centres de planification familiale.
  • Combattre le validisme. Renforcer les moyens en faveur d’un accueil digne des exilé·es.


9 - Des communes engagées pour la paix

  • Défendre la paix dans le monde et la justice pour les peuples. Par exemple, faire voter par le conseil municipal une motion pour soutenir le cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et au Liban, la reconnaissance de l’État de Palestine, et demander un embargo sur les exportations d’armes au gouvernement de Netanyahou.

 

 

🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴🔴

 

 

- Retrouvez la boîte à outils programmatique insoumise pour les municipales !

Objectif : porter la révolution citoyenne en commençant la planification écologique, en fortifiant l’entraide et en construisant la nouvelle France.

 

 ⁇ ️ La boîte à outils programmatique insoumise pour les municipales n’a pas vocation à remplacer le programme de chaque liste soutenue par la France insoumise dans les communes.
 ⁇ ️ Les insoumis·es ont adopté à l’occasion de leur Assemblée représentative de décembre 2024[3], 9 garanties programmatiques (voir Annexe 1 ☝️ ci-dessus) qui constituent les points de programme qui doivent absolument être présents dans un programme municipal pour qu’il soit soutenu par la France insoumise.
 ⁇ ️ La présente boîte à outils a vocation à lister, thème par thème, les mesures qui peuvent constituer un programme de rupture complet et couvrant tous les domaines de l’action publique municipale. Elle est à la disposition des insoumis·es pour les aider et les guider dans le travail programmatique local, qu’elle ne remplace pas.

 

Pour accéder à la boîte à outils programmatique insoumise cliquez sur l'image ci-dessous 👇👇

 

Boîte à outils programmatique municipales 2026

 

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7 janvier 2025 2 07 /01 /janvier /2025 17:36
Le 11 juillet 2024

Le 11 juillet 2024

« Nous voulons négocier » – Le PS tue le NFP en négociant avec Bayrou, Valls, Retailleau et Darmanin[a]

 

 

La tentative de discussion avec l’Élysée a galvanisé le PS, réunifié autour de la rupture stratégique avec Jean-Luc Mélenchon. Chez les Écologistes, en revanche, les zigzags de la direction ont brouillé les lignes. Et au PCF, la crise est ouverte avec Fabien Roussel.

 

 

Sources : Mathieu Dejean et Pauline Graulle le 10 décembre 2024 | mis à jour le 15/01/2025

- Emmanuel Macron aura au moins réussi une chose : semer la zizanie à gauche.
En invitant toutes les forces politiques ayant « indiqué se placer dans une logique de compromis » à une réunion à l’Élysée mardi 10 décembre – à l’exception de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN) –, le président de la République a mis un nouveau coup de boutoir dans la fragile alliance du Nouveau Front populaire (NFP).

 

En fin d’après-midi, les dirigeants des trois partis de gauche – Parti socialiste (PS), Parti communiste français (PCF) et Les Écologistes – sont sortis bredouilles de leur rendez-vous avec le chef de l’État. « Il faut… arrêter les réunions à l’Élysée », a même conclu la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale[0], Cyrielle Chatelain, estimant que deux options s’offraient désormais à Emmanuel Macron : nommer un premier ministre issu de la force arrivée en tête aux législatives de juin ou s’exposer à une nouvelle motion de censure.

 

Un épilogue aux airs de retour à la case départ, après une semaine de tensions à gauche sur la meilleure manière d’aborder l’après-censure, laissant les partis jusqu’ici coalisés dans le NFP éparpillés façon puzzle. Au lendemain de la chute de Michel Barnier, les socialistes ont été les premiers à accepter de se rendre à une réunion à l’Élysée pour discuter d’un accord de non-censure d’un gouvernement de gauche, entraînant derrière eux Les Écologistes et le PCF. De quoi ouvrir un gouffre au sein du NFP, LFI excluant toute logique de compromis avec le pouvoir.

 

Ces derniers jours, les passes d’armes entre les différents responsables de gauche se sont multipliées.

  • « Qu’allez-vous faire dans cette galère ? Vous êtes sur le point de vous asseoir à la table des négociations avec Gabriel Attal et Laurent Wauquiez ! », exhortait mardi le député LFI Paul Vannier[1],
  • tandis que Jean-Luc Mélenchon regrettait que le PS, le PCF et les Écologistes fassent une « coalition pour négocier avec les droites[2] ».
  • Un peu plus tôt, le communiste André Chassaigne, président du groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR) à l’Assemblée, et l’Insoumis Éric Coquerel s’invectivaient sur BFM, le premier accusant le second d’être « favorable au chaos »[3].

 

 

- Crise ouverte au PCF…
L’annonce de la réunion élyséenne de mardi, en présence du parti Les Républicains (LR), a également fracturé l’intérieur des mouvements de gauche. Le matin même, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a provoqué un tollé en semblant faire de l’abrogation de la réforme des retraites une monnaie d’échange avec le pouvoir. « Si, nous, on reste bloqués sur l’abrogation […], on n’avancera pas[4] », a déclaré l’ancien député, qui fait l’objet d’une enquête[5] du Parquet national financier (PNF).

 

« On dirait le clergé décadent négociant les évangiles », a réagi le député communiste Nicolas Sansu[6], qui s’était déjà ému la veille d’une première salve de déclarations de Fabien Roussel s’éloignant de l’abrogation[7]. En catastrophe, le groupe GDR a annulé sa conférence de presse hebdomadaire à la suite des remous provoqués par cette déclaration – et ce n’est pas la seule[8] qui pose problème en interne.

Huit député·es du groupe GDR et une douzaine de sénateurs et sénatrices communistes se sont retrouvé·es dans la foulée au Sénat et en visioconférence avec le secrétaire national du PCF pour faire le point dans une ambiance tendue. Ni le député Stéphane Peu ni le sénateur Pascal Savoldelli n’ont défendu Fabien Roussel. « Unanimement, nous avons dit qu’il fallait arrêter de remettre en cause l’idée de l’abrogation de la réforme des retraites. On veut préserver l’unité du NFP quoi qu’il arrive », rapporte Nicolas Sansu. « Fabien s’est fait recadrer mais évidemment, il en fera bien ce qu’il veut », raconte un autre participant lassé de la godille politique de son chef de file.

 

De quoi creuser encore le fossé entre le secrétaire national et le groupe à l’Assemblée, composé quasiment pour moitié d’ultramarins rétifs à toute concession aux macronistes. Dans l’autre moitié, communiste « pur jus », là aussi, ça grince : « Fabien Roussel a parlé d’un accord de non-censure d’un gouvernement qui va jusqu’à LR, mais on n’en a jamais parlé dans le groupe », rapporte la députée PCF Elsa Faucillon, qui ne « voi[t] pas comment le groupe communiste à l’Assemblée survivrait » si la Place du Colonel-Fabien actait un accord dans le dos des parlementaires.

 

En dehors des député·es communistes, des cadres du PCF rapportent aussi, à la veille d’une « conférence nationale » (un mini-congrès) qui aura lieu samedi, une ambiance interne explosive. « Quand on dit qu’il y a une ligne rouge, il ne faut pas la dépasser. Quelque part, Fabien la dépasse, et je ne suis pas d’accord avec ça », déplore Raphaëlle Primet, coprésidente du groupe communiste au conseil de Paris. Le courant unitaire du PCF, Alternative communiste, a quant à lui publié une lettre ouverte au secrétaire national l’appelant à « passer le relais » : « Fabien, permets-nous de te le dire avec gravité : cette voie [celle du “terrain d’entente avec Emmanuel Macron” – ndlr] est une trahison.[9] »

 

 

- … et remous chez les Écologistes
Chez Les Écologistes, c’est aussi avec des yeux ronds que bien des militant·es ont observé les variations stratégiques de Marine Tondelier. Le 1 décembre, elle publiait un appel à une candidature commune de la gauche en 2027 avec Lucie Castets[10]. Mais quelques heures avant la motion de censure, la voilà qui appelait unilatéralement à des discussions avec l’ensemble des partis ayant participé au front républicain aux législatives, provoquant la perplexité de responsables du NFP.

 

L’aile gauche du parti, en particulier, n’est pas convaincue. L’appel de l’ancienne ministre de l’écologie Cécile Duflot, directrice de l’ONG Oxfam, à une « coalition climat et sociale qui doit aller des Écologistes au bloc central », sans le RN ni LFI[11], a remis de l’huile sur le feu, certains écologistes craignant que les négociations avec Emmanuel Macron ne débouchent sur une séparation avec LFI. « Ce n’est pas à une ONG de se positionner pour souhaiter une coalition allant de LR au PCF, en excluant le RN et LFI qui, par ce fait, sont assimilés, quoi que vous en disiez. Le périmètre partidaire ne vous regarde pas », a répliqué la sénatrice écologiste Raymonde Poncet[12].
 

La liste de onze propositions prioritaires faisant office de base de discussion n’a également pas fait l’unanimité chez les Écologistes. De même que les réactions, plutôt optimistes, de Marine Tondelier et Cyrielle Chatelain à leur première rencontre avec Emmanuel Macron le 9 décembre. Marine Tondelier s’était dite « satisfaite de plusieurs choses[13] » et Cyrielle Chatelain avait répondu positivement à la proposition de « nouvelle méthode » faite par Emmanuel Macron.

 

« C’est une chose de dire à Macron qu’en cas de premier ministre NFP, on s’engage à ne pas utiliser le 49-3, et qu’on ne peut pas appliquer tout le programme ; ç’en est une autre de discuter d’une plateforme programmatique. Il y a eu un recadrage après leur première réunion », rapporte le député Hendrik Davi, qui siège dans le groupe écologiste à l’Assemblée.

 

Membre du bureau exécutif des Écologistes, Alain Coulombel se dit toutefois convaincu de la solidité des dirigeantes du parti : « On ne va pas renouveler l’expérience Emma Cosse, qui disait qu’elle n’entrerait jamais au gouvernement, pour finalement le faire. » Les tensions internes au NFP ont cependant été jugées suffisamment préoccupantes pour que deux petits partis proches des Écologistes, L’Après de Clémentine Autain et Alexis Corbière, et Génération·s publient, ce 10 décembre, des communiqués appelant à ne pas « tomber dans le piège d’Emmanuel Macron[14] ».

 


- Au PS, démelenchonisation express et unité retrouvée
Il n’y a guère que le PS que la période semble galvaniser. « Parfait accord autour de la délégation qui rencontrera le président de la République ! », triomphait le député Pierre Pribetich, proche de François Hollande, au sortir de la réunion hebdomadaire du groupe à l’Assemblée, mardi matin. À l’autre bout du spectre socialiste, le « fauriste » Laurent Baumel se félicitait lui aussi de l’unité retrouvée à la faveur de l’échappée en solitaire du PS au lendemain de la motion de censure : « On est dans une phase de désinféodation de Jean-Luc Mélenchon, et là-dessus, comme sur le fait que personne ne participera à une coalition avec la droite, tout le monde est d’accord », soulignait l’ancien frondeur.

 

Au point que, fait inédit au moins depuis le calamiteux congrès de Marseille[15] (Bouches-du-Rhône), un communiqué signé par tous les représentants des courants socialistes, y compris par les ennemis jurés du premier secrétaire, a été publié lundi pour fixer dans le marbre les « exigences [des socialistes] pour construire un nouveau chemin [...] permettant de trouver une issue à cette situation de blocage préjudiciable aux Françaises et aux Français ».

 

La semaine dernière n’a pourtant pas été un fleuve tout à fait tranquille pour le PS. Les hésitations d’Olivier Faure, sur France Info[16], où il a semblé évoquer des « concessions réciproques », dans un accord comprenant la droite de Laurent Wauquiez, ont fait tordre le nez à certains de ses proches. Il a clarifié le lendemain.
 

Quelques jours plus tard, la formule absconse de Boris Vallaud à la question d’un journaliste de LCP lui demandant si la présence de Bruno Retailleau au gouvernement pouvait constituer une ligne rouge a aussi pu laisser songeur : « Bruno Retailleau qui mène la politique de Bruno Retailleau, ce n’est pas possible pour nous[17] », a ainsi éludé le président du groupe socialiste, dans une vidéo abondamment relayée - et moquée - par certains Insoumis. « Il ne voulait surtout pas avoir l’air d’entrer dans la discussion en demandant la tête d’untel ou d’untel », déminait, mardi, son entourage, glissant que dans le fond, « bien sûr, Retailleau, c’est no way ».

 

Autrement troublantes, les nuances sémantiques entre les député·es du même groupe. Jérôme Guedj, revendiquant une « suspension » de la réforme des retraites, son collègue Arthur Delaporte revendiquant, lui, « l’abrogation » de la loi Dussopt... De là à voir se dessiner en creux les fissures qui pourraient vite réapparaître dans le parti ? « La stratégie du PS est bonne, mais mal exécutée : les gens parlent trop, ils se font les porte-parole de Macron », commente un écologiste.

 

Mardi matin, Laurent Baumel ne disait, dans le fond, pas vraiment autre chose : « En réalité, s’il y a cette impression un peu brouillonne, c’est qu’on n’est pas tous carrés sur ce que signifie concrètement nouer un “accord de non-censure”. Pour certains, comme moi, cela signifie une vraie reparlementarisation : ne pas censurer un gouvernement, quel qu’il soit, dès lors qu’il n’utilise pas le 49-3. Pour d’autres, la censure dépendra des avancées qu’on peut obtenir. Mais là-dessus, le débat devient complexe, y compris au PS, car il y a une infinité de nuances. »

 

En attentant, le parti d’Olivier Faure a décidé d’une politique de petits pas. Quelques heures avant la réunion à l’Élysée, un membre de l’équipe dirigeante du groupe à l’Assemblée se montrait combatif : « Il faut arracher tout ce qu’on peut arracher sur les retraites, la revalorisation des salaires… Les macronistes n’ont jamais été aussi faibles, Marine Le Pen est à poil. Et on a réussi à isoler les Insoumis et à fédérer autour de notre ligne les communistes et les Verts », résumait-il, se fiant un peu vite aux déclarations de dirigeants de partis pas forcément en phase avec leur propre base.

 

 

- Analyse radicalement inverse pour Jean-Luc Mélenchon.
« Je continue à avoir l’espoir qu’ils [le PS, les écologistes et les communistes - ndlr] n’aient pas la bêtise d’aller au bout de cette démarche [...]. Je parle au nom de millions de gens de toutes opinions, mais aussi de socialistes, de communistes, d’écologistes qui ne veulent pas participer à cette mascarade », a-t-il lancé lundi soir, lors d’un meeting à Redon (Ille-et-Vilaine), convaincu d’être à la fin le seul et unique rassembleur....  En tout état de cause " La négociation du PS avec le gouvernement Macron-Bayrou n'engage que lui " déclarait-il le 6 janvier 2025[18].

 

🔴  Et pour mémoire : Le 8 juin 2023, les forces de gauche ont prêté serment de continuer à lutter contre la retraite à 64 ans et pour la retraite à 60 ans.

 

« Nous faisons le serment d’agir sans relâche pour rassembler une majorité qui mettra fin à cette réforme injuste » – Le serment du 8 juin

 

Notes :

[a« Nous voulons négocier » – Le PS tue le NFP en négociant avec Bayrou, Valls, Retailleau et Darmanin

[0] Nomination d'un Premier ministre: " Il faut arrêter les réunions à l'Élysée ", déclare Cyrielle Chatelain, députée EELV

[1] " Qu’allez-vous faire dans cette galère ? Vous assoir à la table des négociations avec Attal et Wauquiez… J’appelle mes camarades socialistes, écologistes et communistes à ne pas tomber dans le piège tendu par le Président de la République. "

[2] Jean-Luc Mélenchon : " Le PS/ PCF / EELV  en coalition pour négocier avec les droites : retour vers le passé. Tristesse. "

[3Consultations à l'Élysée: échange tendu entre Éric Coquerel (LFI) et André Chassaigne (PCF) après l'annonce d'une nouvelle réunion

[4] Retraites : Réforme des retraites "Il faut trouver un terrain d'entente sinon on n'avancera pas", dit Fabien Roussel

[5Le Parquet national financier a ouvert une instruction, vendredi, concernant les soupçons d’emploi fictif du candidat PCF à la présidentielle lorsqu’il était assistant parlementaire

[6Sansu Nicolas : N'a t il pas lu le communiqué  du Pcf ? On dirait le clergé décadent négociant les évangiles... Ça suffit. Abrogation abrogation

[7] Sansu Nicolas : " J’apprends à la télé qu’on lâcherait l’abrogation de la réforme des retraites Macron contre une conférence sociale !!! Pas ça ! Les députés GDR n’ont jamais proposé ça ! "

[8] Ce n’est pas la seule déclaration de Fabien Roussel qui pose problème en interne comme en atteste la réaction du député Pouria Amirshahi

[9] 1000 communistes de carte ou de cœur adressent une lettre ouverte à Fabien Roussel

[10Lucie Castets et Marine Tondelier appellent à une candidature commune à gauche pour 2027.

[11] Cécile Duflot : « Mon option est la constitution d’une coalition climat et sociale qui doit aller des écologistes au bloc central »

[12Ce n'est pas à une ONG à se positionner pour souhaiter une coalition allant de LR au PCF, en excluant le RN et LFI qui par ce fait sont assimilés quoi que vous en dites

[13Marine Tondelier s’était dite « satisfaite de plusieurs choses »

[14L’Après : « Ne tombons pas dans les pièges de Macron » !

[15Congrès du PS : malgré l’accord, rien ne sera simple pour Olivier Faure

[16"Je suis prêt à entrer en discussions", avance Olivier Faure avant sa venue à l'Elysée

[17Gouvernement Bayrou: pour Boris Vallaud (PS), Bruno Retailleau "ne peut pas rester" pour faire une nouvelle loi immigration

[18] 06 janvier 2025 Jean-Luc Mélenchon : La négociation du PS avec le gouvernement Macron-Bayrou n'engage que lui

 

Pour en savoir plus :

- Le 11 juillet 2024 : Olivier Faure : J’ai fait le choix du rassemblement de la gauche depuis que je suis Premier secrétaire, et je n’en bougerai pas.

- 6 janvier 2025 : " Nous voulons une négociation " Olivier Faure s'exprime à la sortie des négociations pour le budget à Bercy

- 7 janvier 2025 : Le PS est " ouvert au compromis " avec le gouvernement sur la question budgétaire, affirme son Premier secrétaire Olivier Faure.

- 08 janvier 2025 Jean-Luc Mélenchon :  Aucun accord de non censure du PS et de EELV ne nous concernera jamais.

- Jean-Luc Mélenchon : La nuit des longues fourchettes 

- Jean-Luc Mélenchon : Le jour des petites cuillères... L’annonce des socialistes avait été noyée dans l’habituel flot de paroles confuses qu’est la manière socialiste elle-même

- Jean-Luc Mélenchon : L’après Bayrou est servi

- Censure : lâché par Bayrou, le PS s’enfonce dans la crise

 

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6 janvier 2025 1 06 /01 /janvier /2025 14:14
La bande (très) organisée de Jean-Luc Mélenchon

Nous nous préparons à exercer le pouvoir. La victoire est au bout de nos efforts !

 

 

Juillet 2024, dans un salon d'hôtel proche de la Bastille. Le cadre est agréable mais l'ambiance est crispée. Les représentants du Nouveau Front populaire ne parviennent pas à s'accorder sur un nom à proposer pour Matignon. La nuit s'étire, les nerfs lâchent, et le bras droit de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, tente un coup auprès des socialistes : « On se revoit demain et je vous fais une proposition avec plusieurs noms. » Le lendemain, le coordinateur de La France insoumise met quatre noms de premiers-ministrables sur la table des négociations : Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot, Clémence Guetté et lui-même[0]. Aucun n'est suffisamment consensuel pour être accepté, mais cette proposition en dit déjà beaucoup. Elle suffit à elle seule à signaler aux autres qui compte en terre Insoumise.

 

 

Sources : LA TRIBUNE DIMANCHE |

- Cing mois plus tard, c'est 4 ce même trio redoutable et soudé que Jean-Luc Mélenchon a demandé de lancer la machine de la campagne présidentielle et de plaider a nouveau pour la destitution du président.
Il est convaincu qu'Emmanuel Macron ne tiendra pas les trente mois qui lui restent et veut être prêt pour ce jour potentiel où tout basculerait.

  • La députée du Val-de-Marne Clémence Guetté planche sur une nouvelle version du programme des Insoumis, « L'avenir en commun », qui sera présentée fin janvier.
  • Manuel Bompard organise depuis le 15 décembre la collecte des 500 signatures et va lancer une campagne pour inciter les jeunes des quartiers a s'inscrire sur les listes électorales.
  • Quant a Mathilde Panot, elle motive les 71 députés du groupe LFI a l'Assemblée nationale pour que ces derniers soient prêts a faire campagne.

 

🔴 Ces trois-la partagent plusieurs points communs :

  • ils sont trentenaires ;
  • ils ont grandi politiquement ensemble au Mouvement pour la VIe République, lancé par Jean-Luc Mélenchon en 2016[1] ;
  • ils fument ;
  • ils consacrent la quasi-intégralité de leur vie au combat politique ;
  • ils se disent « en colère » et veulent « prendre le pouvoir avec une ambition révolutionnaire pour le pays ».
  • Mais, surtout, leur proximité avec Jean-Luc Mélenchon et l'ossature politique dont ils disposent leur ont permis de gravir tous les échelons de la sphère Insoumise pour accéder aux postes clés. 

🔴 A chacun d'entre eux, le tribun de la gauche a délégué une partie de son pouvoir :

  • à Manuel Bompard la tête du mouvement Insoumis et sa circonscription de Marseille ;
  • à Clémence Guetté la co-présidence de l'Institut La Boétie, qui reçoit nombre d'universitaires, de sociologues, et donne a LFI une certaine respectabilité intellectuelle dans les sphères de la gauche radicale ;
  • à Mathilde Panot la présidence du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale.

 

Tous trois vouent aussi à leur chef un culte sans faille : « C'est un dirigeant politique extraordinaire, qui peut vous parler de l'Antiquité, des australopithèques ou du congrès des Verts », loue Clémence Guetté. Manuel Bompard a plus de pudeur, mais ses yeux noirs pétillent quand il parle de « Jean-Luc, sa pensée philosophique et stratégique ». Mathilde Panot, elle, questionne : « Vous connaissez beaucoup de gens de sa génération qui parlent comme ça des questions de transidentité ? J'aime la personne, son envie de protéger, de transmettre, son humour corrosif, sa manière de ne jamais baisser les bras, c'est une forme d'exemple. »

 

 

- « Manu », le joueur d'échecs

Manuel Bompard, 38 ans, qui a dirigé deux campagnes de Jean-Luc Mélenchon, est le matheux de la bande, celui qui déroule des démonstrations pointues sur l'électorat Insoumis, « un fin et brillant stratège » pour ses partisans, un « stalinien » pour ses détracteurs, qui l'accusent de « mener les basses œuvres de Jean-Luc Mélenchon ». De l'avis de tous, un infatigable bosseur qui en chaine les plateaux télé et radio, des « matchs de catch », comme il les appelle. « On vit dans une bulle médiatique très hostile a notre égard, assure le député des Bouches-du-Rh6éne. L'idée pour nous est de faire avancer nos idées dans ce terrain miné. Je le vis comme un  jeu d'échecs. »

 

Celui que tout le monde surnomme « Manu » chez les Insoumis avait vu Jean-Luc Mélenchon pour la première fois dans une librairie parisienne après avoir lu son livre " En quête de gauche[2] ", critique du socialisme et de la campagne de Ségolene Royal, paru en 2007. C'est François Delapierre, intime de Jean-Luc Mélenchon décédé en 2015, qui avait repéré ce jeune militant malin. Depuis, il a monté tous les échelons jusqu'à devenir directeur de la campagne présidentielle de 2017, avec un budget de 12 millions d'euros a gérer.

 

 

- Clémence Guetté, l'idéologue

A 33 ans, Clémence Guetté est l'un des nouveaux visages de La France insoumise. Une intellectuelle discrète et bûcheuse. Jean-Luc Mélenchon lui avait proposé de devenir secrétaire générale du groupe parlementaire a l'Assemblée nationale. Un poste de l'ombre mais hautement stratégique au Palais-Bourbon, où elle se retrouve, à 26 ans, à manager une quinzaine de personnes. En 2019, elle devient responsable du programme, qu'elle actualise sans cesse depuis.

 

Plutôt que par le terme « intellectuelle », qu'elle juge potentiellement prétentieux, Clémence Guetté préfère se définir comme celle « chargée des batailles idéologiques » et affirme être « matérialiste », d'après la philosophie marxiste qui considère que l'histoire a pour moteur la lutte des classes. Sous une apparence affable, elle porte aussi une forme de radicalité : « L'humiliation sociale, je l'ai vécue dans ma chair, dit-elle. J'ai décidé de mettre mon énergie en politique afin de canaliser cette colère. Si un jour je ne suis plus en colère, je ne ferai plus de politique. »
Le 19 juillet, elle a franchi une nouvelle étape en se faisant élire vice-présidente de l'Assemblée nationale. « Elle a une autorité naturelle, admet l'une de ses adversaires macronistes. Elle est douée, cette fille. »

 

 

- Mathilde Panot, « cheffe de meute »

Dans son bureau de l'Assemblée nationale, où s'empilent des dossiers dans un certain désordre, Mathilde Panot gère ce qu'elle appelle le « collectif humain », le troisième groupe de l'Assemblée nationale. « Mathilde est une cheffe de meute, décrit Manuel Bompard. Une fois qu'on s'est mis d'accord, on tape sur un clou et on se met tous a taper sur le même. » Elle occupait déjà ce rôle lors de la précédente législature, après avoir vu faire Jean-Luc Mélenchon, qui lui avait passé la main en octobre 2021. Les députés Insoumis sont accusés par tous leurs opposants d'organiser la bordélisation de I'hémicycle. « L'image que nous avons est terrifiante, je l'admets, estime-t-elle. Les liens de haine sont difficiles a défaire. » A l'Assemblée nationale, Mathilde Panot a la réputation d'être sévère, elle qui politise les relations humaines jusqu'à dire bonjour ou non en fonction de l'appartenance politique.
Avec la présidente de l'institution, Yaél Braun-Pivet, le climat est exécrable.

 

 

- Transmission intellectuelle
Quand Jean-Luc Mélenchon avait lancé « faites mieux ![3] » au soir du premier tour de la présidentielle de 2022, c'est sans doute à eux trois que le message était particulièrement destiné. « Ce n'est pas un trio dans le sens ou ils ne seraient pas prêts a rouler les uns pour les autres, corrige l'un des purgés de LFI. Jean-Luc Mélenchon a un _fonctionnement en étoile. Il ne crée pas de collectif, il met des gens en concurrence. » Avec ces trois-la, le patriarche tisse une transmission intellectuelle autour de discussions philosophiques, scientifiques et bien sûr politiques. Le premier ouvrage qu'il a conseillé à Manuel Bompard, c'est " Socialisme utopique et socialisme scientifique[4] " de Friedrich Engels.

 

  • Récemment ils ont discuté du livre de Vincent Tiberj " La droitisation françaises - Mythe et réalités[5] " .
  • Il y a deux ans, pour Noél, le septuagénaire avait offert a Mathilde Panot les " Mémoires d'Hadrien[6] ", de Marguerite Yourcenar.
  • Avec Clémence Guetté, il a beaucoup discuté autour de l'ouvrage " Où va le bloc bourgeois ?[7] ", de l'économiste et chercheur Stefano Palombarini, reçu par |'Institut La Boétie.

Lorsqu'elle est allée 4a New-York début octobre pour un déplacement sur la planification écologique, Jean-Luc Mélenchon voulait tout savoir. A deux reprises, il l'a appelée : « Comment ça se passe ? »

 

🔴 Comme leur chef, Manuel Bompard, Mathilde Panot et Clémence Guetté attendent le nouveau gouvernement de Francois Bayrou au tournant.

Autant ils ont présenté des dizaines de fois des motions de censure sans aucune chance d'aboutir, autant, cette fois, ils peuvent être de ceux qui enverront valser le gouvernement Bayrou après avoir renversé celui de Michel Barnier. Ce qu'ils veulent, c'est une présidentielle anticipée. Et autant dire que pour eux la candidature de Jean-Luc Mélenchon relèverait de la plus pure « évidence ».

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4 janvier 2025 6 04 /01 /janvier /2025 09:36

Comme d’habitude, notre président nous a devancé dans ses vœux pour la nouvelle année, qui s’annonce politiquement au moins aussi riche que la précédente. On en parlera dans notre première rubrique et on reviendra ensuite sur la composition de notre nouveau gouvernement de soi-disant cadors, avant de se pencher sur leurs derniers faits d’armes.

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7 décembre 2024 6 07 /12 /décembre /2024 20:36

Quand le discours sur les crises élude les malfaçons du système

 

 

La démocratie va mal. Ce serait la faute des institutions, des réseaux sociaux, de l’individualisme. De la « radicalité des extrêmes », voire de l’impuissance devant la violence économique, qu’il faudrait adoucir. Or le capitalisme se fonde sur la division entre l’économique et le politique, ce qui le rend fondamentalement antidémocratique. ( article de Nancy Fraser, composé à partir de l’ouvrage " Le capitalisme est un cannibalisme ", à paraître aux éditions Agone (Marseille) le 15 janvier 2025 et ont elle est l'auteure).

 

 

Sources : Nancy Fraser |

-  Cette crise de la démocratie à laquelle nous sommes confrontés ne tire pas ses origines de la seule sphère politique.

On ne pourra la surmonter en refondant le sens civique, en cultivant le bipartisme, en renforçant l’« ethos démocratique », en ranimant le « pouvoir constituant », en libérant la force de l’« agonisme »… Ni autonomes ni simplement sectoriels, les maux démocratiques actuels constituent l’aspect spécifiquement politique de la crise généralisée qui engloutit l’ensemble de notre ordre social. Ils ont leur origine dans les fondements mêmes de cet ordre — dans ses structures institutionnelles et ses dynamiques constitutives. Ils ne peuvent être appréhendés que dans une vision critique de la totalité sociale, que nombre d’observateurs identifient au néolibéralisme, non sans raison. Mais il importe de situer le néolibéralisme comme une déclinaison du capitalisme : et toute forme de capitalisme est sujette aux crises politiques et hostile à la démocratie, car recelant une contradiction qui l’y prédispose. 

 

 

-  Loin d’être une anomalie, la crise actuelle est la forme que prend cette contradiction.

Réduire le capitalisme à un système économique, et la crise capitaliste à des dysfonctionnements économiques, c’est omettre d’autres contradictions, et les crises qu’elles engendrent : quand les impératifs économiques entrent en conflit avec les conditions d’arrière-plan non économiques dont la bonne santé est essentielle à la poursuite de l’accumulation. Ces conditions sont multiples. Mais la contradiction qui peut être considérée comme à l’origine de la crise démocratique actuelle — étroitement mêlée aux autres impasses du système — porte sur les pouvoirs publics. Leur maintien est une condition de l’accumulation continue du capital, pourtant le capital tend à déstabiliser ces pouvoirs publics dont il dépend.

 

 

-  L’accumulation est inconcevable en l’absence d’un cadre juridique protégeant l’entreprise privée et les échanges marchands.
Elle dépend dans une large mesure des pouvoirs publics :

  • pour garantir les droits de propriété, faire respecter les contrats et trancher les litiges ;
  • pour réprimer les rébellions, maintenir l’ordre et gérer les dissensions ;
  • pour soutenir les régimes monétaires ; pour prendre des mesures en vue de prévenir ou de gérer les crises ;
  • enfin, pour codifier et appliquer les hiérarchies de statut, comme celles qui distinguent les citoyens des « étrangers ».

 

 

-  Ce sont les systèmes juridiques qui ont créé des espaces en apparence dépolitisés, au sein desquels des acteurs privés servent leurs intérêts « économiques » à l’abri de toute ingérence « politique ».

De même, ce sont les États territoriaux qui ont mobilisé la « force légitime » pour réprimer la résistance aux expropriations (notamment coloniales) par lesquelles les rapports de propriété capitalistes ont été créés et maintenus. Après avoir ainsi constitué l’économie capitaliste, ces pouvoirs politiques ont pris des mesures pour accroître la capacité du capital à accumuler des profits. Ils ont construit et entretenu des infrastructures, compensé les « défaillances du marché », orienté le développement, dopé la reproduction sociale, atténué les crises économiques et géré les retombées politiques connexes.

 

L’espace plus large dans lequel s’inscrivent ces États a été organisé pour faciliter la circulation du capital : non seulement avec le concours de la puissance militaire, mais aussi grâce à des dispositifs politiques transnationaux comme le droit international, les régimes supranationaux et les accords négociés entre grandes puissances qui pacifient plus ou moins (mais toujours en faveur du capital) un espace mondial parfois vu comme à l’état de nature. Essentiel à son fonctionnement, le pouvoir politique fait partie intégrante de l’ordre social institutionnalisé qu’est le capitalisme. Mais son maintien est en tension constante avec l’impératif d’accumulation du capital. Il faut en chercher la cause dans la topographie institutionnelle propre au capitalisme, qui sépare l’« économique » et le « politique ». Chacun se voit assigner sa propre sphère, avec son appareil et son modus operandi particuliers. Le pouvoir d’organiser la production est privatisé et confié au capital. La tâche de gouverner les ordres « non économiques » — dont ceux qui fournissent les conditions externes de l’accumulation — incombe au pouvoir public, à qui revient d’employer les moyens « politiques » de la loi. Dans le capitalisme, l’économique est donc non politique, et le politique non économique.

 

 

- La gouvernance sans gouvernement

  • Une séparation qui, en soumettant de vastes aspects de la vie sociale à la « loi du marché » (c’est-à-dire aux grandes entreprises), nous prive de la capacité de décider collectivement ce que nous voulons produire et en quelle quantité, sur quel principe énergétique et selon quels modes de relations sociales.
  • Elle nous prive également des moyens de décider de l’emploi du surplus social produit collectivement, de la relation que nous voulons avec la nature et les générations futures, de l’organisation du travail de reproduction sociale et de son rapport à la production.

En raison de sa structure même, le capitalisme est donc fondamentalement antidémocratique.

 

Or le capital, par nature, essaie de jouer sur les deux tableaux.

  • D’un côté, il vit aux crochets des pouvoirs publics, profitant des régimes juridiques, des forces répressives, des infrastructures et des organismes de régulation.
  • De l’autre, l’appât du gain pousse régulièrement certains segments de la classe capitaliste à se rebeller contre l’État, dont ils blâment l’infériorité par rapport aux marchés, et qu’ils cherchent à affaiblir. Dans ces cas-là, lorsque les intérêts à court terme l’emportent sur la survie à long terme, le capital menace de détruire les conditions politiques mêmes de son existence.

Cette contradiction constitue une tendance aux crises qui n’est pas située « à l’intérieur » de l’économie, mais plutôt à la frontière qui sépare et relie en même temps l’économie et la gouvernance. Inhérente au capitalisme en soi, cette contradiction d’« inter-règnes » pousse toutes les formes de société capitaliste aux crises politiques.

 

Précisons : il n’y a pas de société capitaliste « en soi » ; le capitalisme n’a existé que dans des modes ou des régimes d’accumulation historiquement situés. Et, loin d’être donnée une fois pour toutes, la division constitutive entre l’« économique » et le « politique » peut toujours être contestée et modifiée. C’est surtout en temps de crise que la frontière cristallise les luttes entre les acteurs sociaux — qui parviennent parfois à en changer le tracé.

 

 

- Ainsi, au cours du XXe siècle, le capitalisme géré par l’État, qui succédait au régime du « laissez-faire », a fait usage du pouvoir public afin d’endiguer la crise ou de la ralentir.
Forts du système de contrôle des capitaux mis en place en 1945 sous hégémonie américaine par les accords de Bretton Woods, les États ont, d’une manière générale, discipliné le capital pour son propre bien, et étendu le champ de l’action politique tout en la domestiquant, par des mesures permettant d’intégrer des couches potentiellement révolutionnaires en revalorisant leur citoyenneté et en les impliquant dans le système. La stabilité a ainsi été rétablie pour plusieurs décennies, mais la hausse des salaires et la généralisation des gains de productivité dans l’industrie manufacturière du centre ont incité le capital à déployer de nouveaux efforts pour affranchir le marché de la régulation politique. Dans le même temps, une nouvelle gauche dénonçait à l’échelon mondial les oppressions, exclusions et prédations sur lesquelles reposait l’ensemble de l’édifice. Une longue crise s’est ensuivie, au cours de laquelle ce dispositif a été discrètement supplanté par le régime actuel du capitalisme financiarisé.

 

Ce dernier a remodelé une fois de plus la relation.

  • Les banques centrales et les institutions financières mondiales ont remplacé les États dans leur rôle d’arbitres d’une économie de plus en plus mondialisée. Ce sont elles qui édictent désormais la plupart des principales règles régissant les relations entre travail et capital, citoyens et États, centre et périphérie, et — point crucial — entre débiteurs et créanciers.
  • Le régime précédent avait permis aux États de subordonner les intérêts à court terme des entreprises privées à l’objectif à long terme d’une accumulation soutenue. À l’inverse, le régime actuel permet au capital financier de contraindre les États et les citoyens dans l’intérêt immédiat des investisseurs privés.
  • Coup double :
    • d’un côté, les institutions étatiques qui étaient (un peu) à l’écoute des citoyens sont de moins en moins à même de répondre à leurs besoins ;
    • de l’autre, les banques centrales et les institutions financières mondiales sont « politiquement indépendantes » — libres d’agir au profit des investisseurs et des créanciers.

 

Le capitalisme financiarisé est l’ère de la « gouvernance sans gouvernement » — l’ère de la domination sans la feuille de vigne du consentement. Cela a eu pour principal effet de vider le pouvoir de l’État de sa substance à tous les niveaux. Des questions autrefois considérées comme relevant de l’action politique démocratique sont désormais des « domaines réservés » confiés aux « marchés ». Les auxiliaires du capital n’hésitent pas à s’en prendre au pouvoir des États ou aux forces politiques qui pourraient le contester, en annulant par exemple des élections, ou des référendums qui rejettent l’austérité, comme en Grèce en 2015. Le fameux « déficit démocratique » fait en réalité partie intégrante de la crise généralisée du capitalisme financiarisé. Et comme toute crise généralisée, elle comporte une dimension hégémonique

 

 

Aucun engorgement dans les circuits d’accumulation, aucun blocage dans le système de gouvernance ne mérite le terme de « crise » au sens propre. Ce n’est que lorsque des membres de la société perçoivent que les graves difficultés qu’ils rencontrent surviennent, non pas en dépit, mais à cause de l’ordre établi, lorsqu’une masse critique décide que l’ordre peut et doit être transformé par l’action collective, lorsqu’une impasse objective se dote d’une voix subjective, ce n’est qu’alors que l’on peut parler de « crise » au sens de « tournant historique majeur » qui impose de prendre une décision.

 

C’est la situation d’aujourd’hui. Les dysfonctionnements politiques du capitalisme financiarisé ne sont plus « simplement » objectifs, ils ont trouvé un corrélat subjectif.

  • Dans de nombreuses parties du monde, des populistes de droite ont réussi à séduire des électeurs de la classe ouvrière appartenant à la majorité en promettant de « reprendre » leur pays au capital mondial, aux immigrés « envahisseurs » et aux minorités ethniques ou religieuses.
  • Leur contrepartie de gauche a réussi des percées importantes dans la société civile en militant pour les « 99 % » et contre un système « truqué » qui favorise la « classe des milliardaires ».

 

L’émergence de cette double vague populiste a marqué un bouleversement majeur. L’illusion du bon sens néolibéral mise à mal, le champ de la réflexion politique s’est élargi. On est entré dans une nouvelle phase : d’un « simple » agrégat d’impasses systémiques, on est passé à une véritable crise d’hégémonie, portée par un conflit ouvert sur la frontière actuelle entre économie et gouvernance. Ainsi, l’idée selon laquelle la planification est de très loin inférieure aux marchés concurrentiels ne va plus de soi. Ce courant a pris de l’ampleur avec la pandémie de Covid-19, qui a démontré la nécessité du pouvoir public. Si nous vivions dans un monde rationnel, le néolibéralisme ne serait plus qu’un souvenir.

 

 

- Un vernis émancipateur
Mais nous vivons dans un monde capitaliste, par définition gangrené par l’irrationnel. On ne peut donc pas s’attendre à ce que la crise actuelle soit résolue rapidement ou sans heurts. Les populistes de droite n’ont pas de solutions à offrir aux problèmes de leurs partisans ; mis sur le devant de la scène, ils sont les hommes de paille de ceux qui ont créé ces problèmes, et qui se tiennent derrière. Ce qui peut durer, tant que personne ne tire le rideau pour dévoiler l’imposture. Et c’est précisément ce que l’opposition progressiste n’a pas réussi à faire. Loin de démasquer les puissances derrière le rideau, les courants dominants de la « résistance » sont depuis longtemps compromis avec elles.

 

Aux États-Unis par exemple, c’est le cas des ailes libérales-méritocratiques de mouvements sociaux qui défendent le féminisme, l’antiracisme, les droits de la communauté LGBTQ (lesbiennes, gays, bisexuels, trans et queer) et l’écologie. Sous l’hégémonie libérale, ils ont été pendant des années des acteurs de second plan dans un bloc néolibéral progressiste qui comptait aussi des branches « visionnaires » du capital mondial (informatique, finance, médias, divertissement). Les progressistes ont donc aussi servi d’hommes de paille, mais autrement : en plaquant un vernis de charisme émancipateur sur l’économie politique prédatrice du néolibéralisme. Cette alliance contre-nature a si bien associé féminisme, antiracisme, etc., au néolibéralisme que bien des gens finiront par rejeter les premiers en même temps que le second. C’est pourquoi le principal bénéficiaire, du moins jusqu’à présent, a été le populisme réactionnaire de droite. Factice querelle entre deux bandes de pantins, l’une rétrograde, l’autre progressiste — et derrière le rideau, les puissants prospèrent.

 

Reste que des crises comme celle-ci représentent des moments décisifs où la possibilité d’agir sur la forme même de la vie sociale est à portée de main. Une question se pose alors : qui guidera le processus de transformation sociale, dans l’intérêt de qui et à quelles fins ? Ce processus a été engagé plusieurs fois par le passé — et a principalement profité au capital. Cela va-t-il se reproduire ? Si l’on s’en tient aux leçons de morale, en enjambant joyeusement les préoccupations des « déplorables », comme les appelait Mme Hillary Clinton en 2016, faute de reconnaître leurs griefs légitimes (si fourvoyés soient-ils), on passe à côté de la lutte pour la construction d’une contre-hégémonie. Qui nous met au défi d’identifier le véritable coupable, et de démanteler l’ordre dysfonctionnel et antidémocratique qu’est le capitalisme.

 

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🔴 Pour compléter la lecture de l’article précédent, on peut se reporter à deux vidéos intéressantes sur ce thème.

👉 Barbara Stiegler professeur de philosophie à l’université de Bordeaux.) a été invité sur le site QG (Quartier Populaire) pour parler de la nature de la démocratie et de son livre : « Démocratie, manifeste » (édition du bord de l’eau)

. Titre de l’émission : « Le système électif est mort : rendez-nous la démocratie ! ».

 

👉 Sur ce même thème, on peut visionner un interview intéressant ( sur le site Élucid) de Barbara Stiegler

. Titre de l’émission : « La démocratie et le néolibéralisme ».

 

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Informations sur l’auteure :

Nancy Fraser : Corps Philosophe, auteure de l’ouvrage Le capitalisme est un cannibalisme, à paraître aux éditions Agone (Marseille) le 15 janvier 2025 et à partir duquel cet article est composé. 

Résumé de l'ouvrage : Central dans les débats sur la reproduction sociale, le racisme, l'État et l'écologie, cet ouvrage est utile à tout lecteur qui souhaite comprendre les crises actuelles. Nancy Fraser y suit le capital de crise en crise pour développer l’idée que, dans les sociétés capitalistes, l'économie s'appuie sur des « zones non marchandes » telles que le « travail domestique » non rémunéré, la nature, la politique et le racisme (en tant que mécanisme justifiant l'expropriation). Son argumentation permet de faire dialoguer Karl Marx, Rosa Luxemburg avec des voix issues du féminisme marxiste (comme Eli Zaretsky, Lise Vogel, Nancy Flobre,...), du marxisme noir et de l'écomarxisme (comme James O'Connor et Jason Moore). Affirmer l'intersectionnalité de la race, du genre et de la classe n'est pas suffisant pour les décortiquer en tant que caractéristiques du capitalisme. L'oppression fondée sur le sexe est­elle une caractéristique structurellement nécessaire du capitalisme ? La discrimination fondée sur la race est­elle intégrée dans la reproduction du capitalisme racial ?

 

 

-  Par : Nancy Fraser

Éditions : Agone

ISBN : 9782748905724
Date de parution : 15/01/2025
Pages : 288
Disponibilité : chez l'éditeur Agone
Format papier : 120 mm x 210 mm
Traduit par : Laure Mistral
Prix papier TTC chez Agone : 21
 
 
Pour en savoir plus :
 
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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 21:52
Des Etats-Unis à la France : Après la victoire de Trump, quelles leçons pour la gauche ?
Des Etats-Unis à la France : Après la victoire de Trump, quelles leçons pour la gauche ?

La précondition pour pouvoir gagner est d’affirmer clairement un programme de rupture, partant des besoins des classes populaires et se donnant les moyens politiques et économiques de les concrétiser.

Ce qui importe c’est comment les électrices et électeurs ressentent le projet dont le NFP est porteur.

 

 

La victoire de Trump est porteuse de leçons pour la gauche à condition de dépasser le niveau superficiel de l’analyse qui met l’accent sur le personnage et son comportement. Loin de s’y réduire, sa victoire, comme les autres montées de l’extrême droite, pose des questions qui, pour ne pas être nouvelles, sont plus que jamais d’actualité.

 

 

Sources : Pierre Khalfa |

- Il parait difficile dans le flot de commentaires qui a suivi la victoire de Trump d’y ajouter un point de vue tant soit peu original.

Néanmoins, il parait nécessaire d’y revenir pour essayer d’aller au-delà de l’écume de l’évènement. Il faut pour cela distinguer trois niveaux de réflexions.

 

🔴 Le premier, le plus superficiel, concerne les méthodes employées par Trump lors de la campagne électorale : tout a été dit sur le sujet : invectives, mensonges, démagogie, violence des propos. Trump a fait du Trump en portant à l’incandescence un discours de haine. Mais ce constat n’explique strictement rien.

  • Pourquoi cela a-t-il marché en 2024 et pas lors de l’affrontement avec Biden ?
  • Qu’est-ce qui lui a permis, non seulement de remporter les swings states, mais aussi, résultat a priori inconcevable, largement le vote populaire ?

 

🔴 Le deuxième niveau de réflexion a été parfaitement résumé par Bernie Sanders : « Cela n’a rien d’étonnant que le parti démocrate, qui a abandonné la classe ouvrière, voie que la classe ouvrière l’a abandonné ». Et d’ajouter : « nous n’avons même pas présenté de législation visant à augmenter le salaire minimum, malgré le fait que quelque 20 millions de personnes dans ce pays travaillent pour moins de 15 dollars de l’heure. Aujourd’hui, en Amérique, nous n’avons pas présenté de loi qui faciliterait l’adhésion des travailleurs aux syndicats. Nous ne parlons pas des régimes de retraite à prestations définies pour que nos personnes âgées puissent prendre leur retraite en toute sécurité. Nous ne parlons pas de la hausse du plafond de la sécurité sociale afin de prolonger sa solvabilité et d’augmenter les prestations. En fin de compte, si vous êtes un travailleur moyen, pensez-vous vraiment que le parti démocrate va se battre pour vous, qu’il va s’attaquer à des intérêts particuliers puissants et se battre pour vous ? Je pense que la réponse écrasante est non, et c’est ce qui doit changer ».

 

🔴 En fait donc Trump a bénéficié du décalage entre une bonne santé affichée de l’économie américaine et ce que vivait concrètement une grande partie des salarié.es des États-Unis. Comme l’explique Romaric Godin[1], « la croissance a changé de nature. Elle ne reflète plus aussi clairement le bien-être social […] l’accélération de la croissance a un coût social croissant ». Ainsi, la croissance économique s’est accompagnée d’une hausse importante des dépenses contraintes des ménages et des denrées alimentaires, alors même que le discours officiel de l’administration Biden était focalisé sur la maitrise de l’inflation. Pire même, la croissance économique a généré plus d’inégalités sociales rendant encore plus illusoire le « rêve américain » de promotion sociale et entretenant ainsi le cauchemar du déclassement. Dans cette situation, la désignation par Trump de boucs-émissaires a joué à plein.

 

 

- C’est là où la campagne menée par Harris a été catastrophique.
Non seulement elle n’a absolument pas tenu compte de cette situation, ni proposé de remèdes pour y faire face, mais elle a mené une campagne centrée sur la personnalité de Trump, pensant ainsi profiter d’un rejet de l’électorat. Si ce n’est sur la question de l’avortement, il est difficile de savoir ce qu’Harris a proposé pendant cette campagne. Elle est apparue, de fait, comme la candidate de la continuité, alors même qu’une majorité voulait un changement. Multipliant de plus les apparitions avec des vedettes de la chanson et des stars d’Hollywood, elle est apparue comme déconnectée des réalités sociales d’une partie même de son électorat. Enfin, son incapacité à prendre en compte la sensibilité de la communauté arabo-musulmane et son soutien sans fard à la politique israélienne lui a aliéné des votes dans un certain nombre d’États clefs, alors même qu’elle ne pouvait pas concurrencer Trump sur ce soutien et que la communauté juive était elle-même très divisée sur le sujet. Bref une campagne électorale tournée vers la droite, comme le montre les « signaux » envoyés notamment quand on l’a vue valoriser le port d’armes.

 

 

- Dans cette situation, Trump a réussi à dessiner une vision du futur pour les États-Unis
Une vision certes détestable, mais qui face au vide de la campagne d’Harris, a pu occuper l’espace de l’imaginaire collectif.

 

🔴 C'est là le troisième niveau de réflexion. Il faut revenir ici sur les transformations profondes qui se sont produites dans les sociétés occidentales ces dernières décennies.

  • Une révolution anthropologique est en cours qui remet en cause des centaines de siècles de rapports d’oppression et les représentations sociales correspondantes, que ce soit sur la place des femmes, de l’homosexualité ou des minorités discriminées et plus globalement sur la conception de la famille. Il serait naïf de croire qu’un tel processus puisse se faire sans résistance. En ce sens Trump représente probablement la forme la plus construite et la plus décomplexée de la contre-révolution dont l’objectif clairement assumé est celui d’un retour en arrière.
  • Il ne s’agit pas seulement d’une réaction conservatrice, le backlash, mais d’une volonté d’imposer un nouvel imaginaire social. Ce dernier fait certes la part belle aux masculinistes blancs mais est loin de s’y réduire au vu du résultat beaucoup moins important que prévu d’Harris chez les femmes et les minorités.
  • La victoire sans appel de Trump tient à la conjonction qu’il a réussi à opérer entre cet imaginaire dont on peut penser qu’il reste minoritaire aux États-Unis - comme le montrent les résultats d’un certain nombre de référendums sur l’avortement dans des États ayant voté Trump – avec l’angoisse du déclassement social d’une partie de l’électorat démocrate qui a ainsi basculé. Les caractéristiques individuelles du personnage étaient en symbiose avec le récit qu’il entendait imposer : homme fort, providentiel, volontariste capable de résoudre rapidement le problèmes.

 

 

- Quelles leçons peut-on en tirer pour la gauche en France ?
La première est que la précondition pour pouvoir gagner est d’affirmer clairement un programme de rupture, partant des besoins des classes populaires et se donnant les moyens politiques et économiques de les concrétiser. En ce sens, les tentatives à gauche des revenants du néolibéralisme, les Cazeneuve, Hollande, Delga, etc. qui, n’ayant rien appris ni rien oublié, rêvent de détruire le NFP et fantasment sur le retour à la domination d’une offre politique centriste, ne peuvent que mener à la catastrophe face à l’extrême droite. La débâcle d’Harris, après d’autres du même type, prouve une nouvelle fois que la gauche néolibérale est incapable de répondre aux défis du moment.

 

 

🔴 Cependant, cette précondition pour indispensable qu’elle soit, n’est pas suffisante.

Comme dans le cas de Trump, la force de l’extrême droite est de développer une vision du futur nourrissant un imaginaire social s’appuyant sur les angoisses diverses de l’électorat. Face au ressentiment qui nourrit l’extrême droite, le pire serait d’essayer de la battre sur son propre terrain en s’emparant de ses thèmes, croyant ainsi la cantonner alors que cela ne fait que la légitimer. Le laminage de la droite dite républicaine par le RN et l’épisode de la déchéance de nationalité par Hollande sont là en France pour nous le rappeler. Il faut au contraire être capable de porter l’espoir d’une société désirable en mettant en avant la recherche de l’égalité, l’exigence de la solidarité, la nécessité de la justice sociale et écologique, l’impératif de la démocratie.

 

 

🔴  Et de même que le profil de Trump correspond au projet politique qu’il porte, de même, la gauche doit adopter des comportements qui correspondent à son projet d’émancipation, la morale politique et le réalisme stratégique correspondant dans ce casLa question du programme effectif, c’est-à-dire le détail des mesures préconisées, pour importante qu’elle soit, n’est pas la plus décisive. Ce qui importe c’est comment les électrices et électeurs ressentent le projet dont le NFP est porteur. Ainsi, quand on propose un projet de rupture :

  • il faut rassurer et non pas inquiéter par des propos et des comportements brutaux, ce d’autant plus quand la société en question est angoissée quant à son avenir et que l’extrême droite essaie de se banaliser.
  • De plus, l’exigence démocratique ne peut être renvoyée à des jours meilleurs. Elle doit imprégner le rapport que les partis politiques entretiennent avec les classes populaires et avec leurs propres militant.es et adhérent.es.
  • Enfin une politique de gauche ne peut donner à voir simplement une concurrence entre les différentes forces politiques. Même s’il est naturel que chaque parti défende ses positions, la recherche permanente de l’hégémonie est un obstacle à la construction commune qui ne peut reposer que sur le respect de la diversité.
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7 novembre 2024 4 07 /11 /novembre /2024 14:39
Droite et extrême droite en France : quand les idées fusionnent
Droite et extrême droite en France : quand les idées fusionnent
Droite et extrême droite en France : quand les idées fusionnent

Sur des questions comme la sécurité, l’immigration ou l’identité, on peut s’interroger sur ce qui distingue la droite dite « républicaine » et l’extrême droite incarnée par le Rassemblement national. La « fusion » idéologique est-elle achevée ? Comment comprendre le processus historique de rapprochement ? Comment se positionne le premier ministre Michel Barnier ?

 

 

Sources : The conversation par Florence Haegel, Sciences Po[5] |

- Depuis quelques mois, Les Républicains (LR) se sont rapprochés du Rassemblement national (RN)

  • Pour les uns en faisant alliance avec lui ; pour les autres en acceptant son soutien parlementaire ;
  • Pour beaucoup en reprenant ses discours et ses propositions.

Principal acteur de ce rapprochement, Éric Ciotti, alors président de LR, dévoilait et justifiait sa décision de faire alliance avec le RN aux élections législatives anticipées de juin 2024 par ce simple constat : « nous disons la même chose[0] ».

 

Son choix n’a pas entraîné une hémorragie au sein de LR même si un groupe « ciottiste » a pu se constituer avec 16 députés, pour plus de la moitié originaire du Sud-Est. Mais la plupart de ses anciens compagnons, prompts à condamner sa traitrise, disent, eux aussi, souvent la même chose que le RN : 170 des 177 parlementaires LR ont apporté leur soutien à Bruno Retailleau[1], ministre de l’Intérieur, qui remettait en cause le caractère intangible de l’État de droit à propos du traitement de l’immigration.

 

Dans l’histoire de la Ve République, la distance prise par la droite vis-à-vis de l’extrême droite a varié mais la frontière entre les deux camps n’a jamais été totalement étanche, elle laissait circuler des idées et quelques personnalités même si jusqu’à présent aucune stratégie d’alliance ou de soutien n’avait été adoptée.

 


- 1976-2002 : La circulation des hommes et des idées
L’histoire débute dans les années 70. Le Front national (FN), l’ancien RN, est créé, en 1972, à partir du mouvement nationaliste d’extrême droite[2], et de l’organisation Ordre Nouveau, successeur d’Occident interdit en 1968. Quelques années plus tard, les droites se structurent autour d’une composante post-gaulliste incarnée par Jacques Chirac et le Rassemblement pour la République (RPR) créé en 1976 et des composantes libérales et démocrates-chrétiennes fédérées au sein de l’Union de la Démocratie française (UDF) en 1978.

 

À l’examen de cette longue période, on ne peut ériger une statue à Jacques Chirac en qualité de gardien du cordon sanitaire contre l’extrême droite comme on a eu tendance à le faire, après 2002, au motif qu’il avait incarné la défense républicaine face à Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Mais il serait tout aussi faux d’accuser un RPR, parti bonapartiste attaché à l’autorité du chef, d’être plus complaisant avec l’extrême droite qu’une UDF, orléaniste et plus libérale. En réalité, durant cette longue période, la circulation entre droites (RPR et UDF) et extrêmes droites n’est pas exceptionnelle.

 

L’entrée dans le post-gaullisme floute les frontières générées par l’opposition d’une partie de la droite à l’indépendance de l’Algérie. Du milieu des années 70 au début des années 80 (avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981), toute une génération, engagée par anticommunisme et défense de l’Algérie française à l’extrême droite (en particulier, à Occident puis Ordre Nouveau) ou, dans une optique plus conservatrice, au Centre Nationale des Indépendants et Paysans (CNIP) se recycle dans différentes organisations. Elle rejoint le FN bien sûr mais aussi le Parti Républicain, composante de l’UDF, (Gérard Longuet, Alain Madelin, Jean-Yves Le Gallou, père de la notion de préférence nationale, Henri Novelli, etc.) et le RPR (Yvan Blot, Henri de Lesquen, Patrick Devedjan, William Abitbol, proche de Charles Pasqua, Pierre-Marie Guastavino, etc.) ; le Club de l’Horloge, créé en 1974 ou le Figaro Magazine, créé en 1978, constituant des espaces d’échanges et de circulation.

 

 

Le chiraquisme a selon les conjonctures mis sa distance ou repris les thèmes du FN. Aux élections législatives de 1993, par exemple, le programme du RPR, en matière d’immigration, affirmait que le seuil de tolérance était depuis longtemps franchi, stigmatisait la polygamie et annonçait qu’il faudrait reconsidérer certains aspects de notre système de solidarité sociale et réformer le code de la nationalité. Mais aux régionale de 1998, quand des présidents de régions (Rhône-Alpes, Languedoc Roussillon, Picardie et Bourgogne) ont été élus avec les voix du FN, cela concernait l’UDF et non le RPR.

 


- 2002–2024 : la dialectique rapprochement/déclin
La création de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP)[3] ouvre une nouvelle période qui commence par ce que l’on peut rétrospectivement considérer comme une parenthèse. L’UMP naît après le 21 avril et la qualification de Jean-Marie Le Pen au 2e tour de l’élection présidentielle. Il est dirigé par Alain Juppé (son directeur général est Edouard Philippe).

 

L’UMP accueille, à sa fondation, un certain nombre de personnalités appartenant au mouvement de la droite souverainiste dont certains la quitteront d’ailleurs assez rapidement, à l’instar de Nicolas Dupont Aignan qui en 2017 conclura un « accord de gouvernement » avec Marine Le Pen. Mais le parti se présente comme un « grand parti européen » et marque sa distance vis-à-vis du FN.

 

À partir de novembre 2004 et l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence du parti puis en 2007 de la République, l’objectif affiché est de récupérer les électeurs partis au FN. Cette période de cooptation des thèmes de l’extrême droite sur les questions d’identité nationale, d’immigration est bien connue. Elle se déroule en deux étapes : lors de la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy promeut le thème de l’identité nationale, de l’ordre, en particulier à l’école, mais se déclare aussi favorable à des formes de discrimination positive. Face aux mauvais scores aux élections régionales de 2010, il se radicalise.

 

Au même moment, se crée au sein de l’UMP un sous-groupe parlementaire d’une trentaine de députés, la Droite populaire, dont les chefs de file, sont Thierry Mariani, député du Vaucluse, rallié eu RN en 2019, et Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes. Ces députés – dont beaucoup ont été marqués par la guerre d’Algérie – promeuvent les thèmes de prédilection du FN (restriction des droits des immigrés, contrôle de la justice, défense de la police, lutte contre la « théorie du genre », réaffirmation de la symbolique nationale et catholique et célébration de la mémoire anti-communiste et colonial).

 

🔴 La science politique a étudié la manière dont la droite européenne a réagi à la percée de l’extrême droite. Elle a établi le processus de contagion de ses idées sur les partis les plus proches (mais pas seulement, la gauche n’y échappe pas complètement) et les effets de légitimation qu’il engendrait :

  • en reprenant les thèmes de l’extrême droite, la droite les rend légitimes mais entretient aussi sur le long terme la montée de celle-ci.
  • Dans le cas français, le succès du siphonnage des voix du FN par Sarkozy à l’élection présidentielle est toujours pris comme référence mais il a été de courte durée.
  • Le FN perd un million de voix entre les élections présidentielles de 2002 (4, 8 millions) et 2007 (3, 8) mais dès 2012, le rebond se manifeste (6,4) et la montée se confirme en 2017 (7,6) et 2022 (8,1).

 

Après 2012, l’UMP devenu LR s’effondre progressivement[4] en termes de sympathisants (de 2013 à 2021, elle en perd les deux tiers, d’adhérents, d’électeurs et de députés et donc de dotation financière. À partir de 2017, sa situation s’aggrave puisqu’il se trouve en concurrence avec le macronisme qui siphonne à son tour ses électeurs et ses dirigeants de centre droit, ceux qui restent sont les plus à droite et sont de plus en plus nombreux à penser comme le RN sur les sujets de société liés à l’immigration, l’ordre et l’autorité.

 

Aujourd’hui, le gouvernement Barnier reprend largement l’agenda du RN sur ces questions mais le rapport de force s’est inversé : LR se trouve dominé numériquement et semble avoir abandonné le projet d’incarner une alternative à l’extrême droite.

 

Notes :

[0Éric Ciotti, un flirt de longue date avec l'extrême droite

[1« L'État de droit est essentiel à la démocratie, mais il n'a jamais été figé » : l’appel de 170 parlementaires en soutien à Bruno Retailleau

[2Oui, le RN est « l’héritier de Pétain », le FN a été fondé par des anciens nazis

[3Les droites en fusion, Transformations de l'UMP

[4Dix ans d’évolution du paysage politique français

[5Florence Haegel est professeure à Sciences Po. Ses recherches actuelles s’inscrivent dans les domaines d’étude des partis politiques et des formes de socialisation et participation politiques. S’agissant du premier domaine, ses travaux concernent à la fois l’analyse des systèmes et des clivages partisans et celle des organisations partisanes. Ils s’intéressent précisément à la droite partisane française dans une perspective de comparaison européenne. S’agissant du deuxième domaine, elle s’intéresse à la fois aux pratiques de discussion politiques, aux réactions des citoyens à l’égard de l’Europe et plus récemment aux enjeux que soulève la participation des plus démunis. Elle est par ailleurs directrice du département de science politique de Sciences Po et responsable du master « sociologie politique comparée » au sein du parcours doctoral en science politique à l’Ecole doctorale de Sciences Po

 

Pour en savoir plus :

Congrès LR : la droite débordée par sa droite ?

- La guerre des droites, à l’origine des tiraillements des Républicains

- Droitisation : le poisson pourri par la tête

 

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6 novembre 2024 3 06 /11 /novembre /2024 13:56
Victoire de Trump : Trump a fait du Trump, Harris a fait du Hollande !

Élection de Donald Trump : " seule une gauche radicale et populaire peut l’emporter contre l’extrême droite "[2] !

La leçon à en tirer pour la gauche française se tient là, en écho à la victoire du Nouveau Front Populaire aux dernières élections législatives : " on ne peut combattre l’extrême droite et la droite fascisante qu’avec un programme de gauche, avec des propositions de rupture, avec des alternatives qui changeront réellement et profondément la vie des gens "[3].

 

 

Les USA ne pouvaient pas choisir la gauche : il n’y en avait pas. Quand il n’y a plus de gauche, il n’y a pas de limite à droite. Quand il n’y a pas de bataille de programme, l’élection devient un casting. La victoire de Trump est la conséquence imparable de cette situation. Le monde va monter en tension. Prudence et détermination. La France peut ouvrir un autre chemin. Un contre modèle. Non alignement, droit international, justice sociale, planification écologique. Sinon quoi[1] ?

 

 

Sources : Bastien Lachaud | mis à jour le 21/01/2025

- La victoire de Donald Trump, c’est celle de la fusion aboutie entre le capitalisme le plus prédateur et l’extrême-droite la plus débridée[0].
Une classe dominante prête à tout pour maintenir sur pied un système à bout de souffle et continuer à s’enrichir, qui attise la haine et dupe le peuple à grand coup de vérités alternatives et de racisme décomplexé propagé à l’infini par les chaines d’informations et les réseaux sociaux. 

 


- C’est aussi et d’abord la défaite du camp démocrate, qui a renoncé depuis longtemps à incarner une alternative à ce modèle.
On ne peut pas gagner une élection sans projet de transformation et sans autre idée que celle de faire « barrage » pour mieux continuer comme avant. On ne peut pas vaincre le capitalisme, l’impérialisme, le racisme, le patriarcat, la régression sociale et écologique, en renonçant à contester leur discours, et en transigeant avec celui-ci. 

 


- Cette élection est lourde de conséquences.

  • Pour des millions de personnes aux Etats-Unis, immigrés, minorités, femmes, les plus pauvres qui subiront de plein fouet les politiques régressives du trumpisme.
  • Pour le monde, quand l’élection de Trump ouvre la voie à la poursuite du génocide à Gaza, à la montée des tensions au Proche-Orient et dans la zone Asie-Pacifique.
  • Pour la planète elle-même, avec l’arrivée au pouvoir d’une administration climatosceptique au cœur du système capitaliste. 

 


- Pour nous, Français, insoumis, l’heure est comme toujours au combat.
Aux côtés des victimes du trumpisme aux Etats-Unis, vers lesquelles se tournent nos pensées, nos cœurs, notre solidarité d’internationalistes. Dans le monde, où nous avons la tâche de faire entendre une voix non-alignée, attachée au multilatéralisme, au règlement pacifique des conflits, à l’effort commun de l’humanité face au changement climatique et aux défis planétaires auxquels elle fait face. En France même, où notre devoir est de nous battre, pour refuser le face-à-face stérile mortifère entre une extrême-droite et un extrême-centre qui partagent le même socle, et incarner une alternative démocratique, sociale, écologiste et humaniste, pour en finir avec leur monde failli et ouvrir un autre chemin.

 

 

- Si tu te dégonfles, tu te Trump
Jean-Luc Mélenchon est revenu sur le résultat des élections présidentielles aux États-Unis le 6 novembre 2024.

 

 

- Deux visions de députés France insoumise/Nouveau Front Populaire

 

Les leçons des élections étasuniennes sont édifiantes.

 

Ce n’est pas Trump qui a gagné. C’est Harris qui a perdu, alors qu’elle avait en face d’elle un candidat d’une telle médiocrité qu’il lui garantissait le succès. Sa défaite est d’autant plus impardonnable.

 

Notes :

[0Dossier Etats-Unis. « Trump et le trumpisme »

[1] Jean-Luc Mélenchon : Les USA ne pouvaient pas choisir la gauche : il n’y en avait pas.

[2] Élection de Donald Trump : seule une gauche radicale et populaire peut l’emporter contre l’extrême droite

[3Plongée au cœur des élections américaines, jour de vote et nuit de résultats !

 

Pour en savoir plus :

- Manuel Bompard : Kamala Harris perd (47 % pour elle – en recul de 4 points par rapport à 2020, et 50 % pour Trump – en progression de 6 points) chez les électeurs qui gagnent moins de 50 000 dollars par an. Elle ne devance Donald Trump que chez les électeurs ayant un revenu supérieur à 100 000 dollars par an

- Élection de Donald Trump : Trump a fait du Trump, Harris a fait du Hollande !

Les bourses européennes dans le vert avec la victoire de Trump

L’extrême droite de Donald Trump et Marine Le Pen

Trump ou le triomphe logique de la guerre des races néolibérale

Trump : la masculinité toxique a gagné

- « It’s the economy, stupid ! » : le véritable sens de la victoire de Donald Trump

- Le trumpisme " pas si loin d’une version américaine du fascisme " (Michael Walzer : « Il sera très difficile pour les progressistes de gagner des élections à l’avenir »)

- L’élection de Trump et des Républicains à sa botte - Le monde change de base comme à l’avènement d’Hitler en 1933

- Où en sont les « socialistes » aux États-Unis ?

- Investiture de Trump – Retour sur la candidature de Kamala Harris, une Démocrate trop Républicaine

 

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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