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2 février 2024 5 02 /02 /février /2024 17:16
Nordine Raymond : Colère des agricultrices et agriculteurs

Nordine Raymond candidat #Nupes (affilié à LFI) pour les législatives 2022 #Circo1702[1] s'adresse aux agriculteurs et agricultrices.

Retrouvez le courrier que j'adresse aujourd'hui aux agricultrices et agriculteurs du territoire.

 

Source : Nordine Raymond |

 

" Chère agricultrice, cher agriculteur, 

 

Je suis Nordine Raymond, j’étais candidat sur la deuxième circonscription de Charente-Maritime pour la NUPES. J’ai échangé avec beaucoup de paysannes et paysans pour cette occasion. Je suis un enfant de la côte, petit fils de marin et actuellement restaurateur. Si je le précise, c’est parce que vous comprendrez aisément que je sais ce que c’est que de travailler près de 100 heures par semaine sans parfois pouvoir se payer.

 


- Je vous écris aujourd’hui non pas pour parler de moi, mais pour parler de nous.
Je connais votre colère, je la comprends, je la soutiens !

 

Je ne suis pas homme à faire semblant. Je ne vais pas cacher qu’on ne s’est pas toujours compris.

 

Pour que ce système puisse exister il lui faut nous diviser. Alors, on a laissé croire que nous n’aimions pas vos traditions, que nous étions contre l’agriculture ou encore que les problèmes que vous rencontrez n'étaient pas liés à un système global qui broie les êtres humains et la nature. 

 


- Il est là le sujet, le système économique !
Pourtant, maintenant que votre colère explose, on voit bien qui est là pour vous soutenir et quels ont été les votes des différents partis politiques ces dernières années. 

 

On ne va pas se mentir non plus : je suis pour une transition agricole !


Ce système est dangereux. Il ne vous assure pas des prix rémunérateurs et met en danger votre santé. Au bout de combien de lymphomes, de leucémies, de mélanomes, de tumeurs du système nerveux que vous développez allons-nous réagir ? On notera d'ailleurs que ceux qui vous vendent les pesticides d'une main vous vendent les médicaments de l'autre ! Et pourquoi donc risquer sa vie ? Pour toujours plus de rendements, en appauvrissant les terres et en ne pouvant pas vivre dignement. On vous a demandé de vous endetter toujours plus, et vous avez dû le faire.

 

  • Ce système est défendu par des mouvements politiques qui essaient actuellement de vous enfumer.

🔴 La macronie : c’est dégueulasse !
Vous leur faites peur et c’est tant mieux. Alors, ils vous caressent dans le sens du poil. Regardez un peu ce qu’ils ont voté ces dernières années et la considération qu’ils ont pour les gens comme vous.

 

Il y’a peu, le député insoumis Manuel Bompard a proposé à l’Assemblée Nationale une loi pour des prix planchers. C’est simple à comprendre : obtenir que personne ne puisse vous payer moins cher que ce que vous a coûté votre production. À 6 voix prêts cette loi était votée[2]. Aucun des députés macronistes de notre territoire ne l’a voté. Pas un. Et surtout pas Anne-Laure Babault qui ne s’intéresse à l’agriculture que pour la photo. 

 

Au parlement européen, où tout se décide en ce qui vous concerne puisque nous avons cédé notre souveraineté nationale à l’Europe, ils votent pour tous les traités de libres échanges. 

 

La liste serait longue de tous les coups bas qu’ils vous ont fait subir. Vous les connaissez mieux que moi. Vous les subissez directement. Sur la formation professionnelle, sur la fin de certaines aides à l’installation, sur les tonnes de paperasse qu’ils vous font remplir, sur le non accompagnement dans les transitions, sur le manque d'ingénierie de projet, sur la fermeture des services publics de proximité…

 

🔴 Le Rassemblement National : des hypocrites !
Dans le tas des politiciens, il y’a toujours les plus véreux. L’extrême droite, avec ses belles cravates, ses mots doux et ses élus bourgeois qui ignorent tout ce qu’est l’agriculture, obtient la première place. Ils tiennent des doubles discours, essaient de nous diviser par des contres feux et ne font aucune proposition concrète pour notre modèle agricole. 

 

Ceux-là sont les pires ! Ils disent ici vous défendre et votent main dans la main avec les macronistes à Bruxelles pour la PAC ou les traités de libres échanges[3]. Et quand certains s’aperçoivent de leur erreur alors ils se divisent au sein de leur groupe au parlement européen pour satisfaire tout le monde. Ceux qui doivent montrer un blanc-seing à la finance internationale, et qui votent pour importer toujours plus de viande d'Amérique du sud, et ceux qui veulent vous faire croire qu’ils sont là pour vous et votent contre. Des tartuffes en somme, aucune ligne claire.

 

Quand votre seul moyen d’expression devient les blocages alors ils fuient et ne vous soutiennent plus.

 

Dans leur France fantasmée, les agriculteurs s’opposeraient aux habitants des villes ou à ceux qui rencontrent des difficultés dans la vie parce qu’ils ne savent pas que la paysannerie c’est justement l’entraide et le partage.

 


-  Nous les insoumis avons une ligne claire. 
Nous pensons qu’il faut sortir de l’agriculture intensive et productiviste. Celle-ci vous a mené à votre perte.

 

Nous pensons qu’il faut vous garantir des prix rémunérateurs, qu’il faut sortir des traités de libre-échanges, qu’il faut aider les jeunes à l’installation, qu’il faut développer la formation professionnelle notamment dans la bio, qu’il faut un partage de l’eau équitable entre tous ses usages pour garantir que tout le monde y ait accès, qu’il faut créer de l’emploi paysan en masse, qu’il faut arrêter avec les aides à l’hectare…

 

Je pourrais vous faire un catalogue complet de nos propositions mais là n’est pas le but de ce courrier. Vous les trouverez aisément sur nos réseaux et elles ne datent pas d’hier.

 

Mais par-dessus tout, nous pensons qu’il faut garantir une souveraineté alimentaire nationale. C’est le prix de notre liberté. La guerre en Ukraine l’a très bien illustré. Il faut donc arrêter d’importer des produits avec des normes qui ne sont pas les nôtres sur notre territoire et consommer ceux que vous produisez.

 

Si je vous écris aujourd’hui c’est que j’ai l’impression que d’une certaine manière nous nous sommes retrouvés. Grâce à votre mouvement, l'agriculture, et l’alimentation, sont devenus un sujet central et les politiciens dégoûtants et hypocrites apparaissent pour ce qu’ils sont : des gens laids qui ne s'intéressent pas à vous.

 

Vous nous trouverez toujours à vos côtés pour dialoguer et trouver des solutions concrètes à ce que votre métier soit considéré autrement !

 

Un très vieux proverbe français dit : “ Paysan debout met noble à genoux ”, ne lâchez rien !

 

Je suis disponible pour échanger plus en profondeur.

 

Vous pouvez compter sur nous !

 

Fraternellement "

 

 

 

 

 

 

 

Notes :

[1] résultat 1er tour élections législatives 2022 circo1701 

[2Prix planchers pour les agriculteurs : LFI va redéposer une proposition de loi

[3] Le #RN par les actes : la stratégie du double-langage est une arnaque (suite) !

 

Pour en savoir plus :

- Comment nous allons : BIEN NOURRIR TOUT LE MONDE

La France insoumise - NUPES répond aux #AgriculteursEnColère

Agriculture et alimentation - livret thématique - Mélenchon 2022

 

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26 février 2023 7 26 /02 /février /2023 18:11
France : Les firmes s’emparent de la terre !

Mobilisez-vous contre la nouvelle Loi d'Orientation Agricole dont l'examen parlementaire est repoussée à début 2024[3]

 

Aujourd’hui en France, une ferme sur dix est contrôlée par des firmes[1] ! L’essor de ces sociétés augure d’une nouvelle ère : une agriculture sans agriculteurs, où la productivité et la rentabilité financière président à l’orientation des usages de la terre.

En 2023, le gouvernement planche sur un Pacte-Loi d’Orientation Agricole (PLOA), qui devrait être présenté en juin, pour répondre aux défis du renouvellement des générations et de l’adaptation au changement climatique[2].

Une loi d’orientation agricole voit le jour en moyenne tous les 10 ans…

Autrement dit, c’est le futur de notre agriculture qui va se jouer dans les mois à venir. Ne laissons pas cette loi se dessiner sans faire entendre notre voix !

 

 

Sources : Midi insoumis populaire et citoyen | mis à jour le 07/02/2024

- Enquête : les Firmes s'emparent de la terre  

C'est l’ultime étape de l’absorption de l’agriculture par le capitalisme qui se répand à bas bruit, chez nous en France : l’agriculture de firmes, une agriculture… sans agriculteurs

 

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 15:34
Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !

Il faut augmenter les salaires pour pouvoir payer le bio...

Le modèle agricole doit changer de A à Z.

 

Primaire populaire, inflation, salaires, retraites, dette Covid…

 

Sources : Sud-Ouest |

- SUD OUEST : Une centaine d’artistes a appelé les candidats de gauche à participer à la primaire populaire. Vous qui ne souhaitez pas y être associé, que pensez-vous de cette initiative ?

Jean-Luc Mélenchon : Je suis choqué par la violence de ces procédés, comme mettre M. Jadot, Mme Hidalgo ou moi-même candidats contre notre gré. Je n’en dis pas plus. Trois cent mille personnes me parrainent, des dizaines de syndicalistes et personnalités. Donc je ne me sens pas concerné par cette initiative.

 

 

- SUD OUEST : Face à l’inflation, vous proposez le blocage des prix alimentaires. Comment défendre cette mesure et une juste rémunération des producteurs ?

Jean-Luc Mélenchon : Il n’y a pas de contradiction. Pour un euro que dépense le consommateur, 8 centimes vont à l’agriculteur. Le blocage sera donc répercuté sur la grande distribution qui baissera ses marges. Nous appliquerons un coefficient multiplicateur qui limitera par combien elle peut multiplier le coût de production réel à la vente. Et il n’y aura pas de vente à perte. Le blocage des prix a déjà été fait par Michel Rocard en 1991[1] sur les carburants et par Emmanuel Macron en 2020 sur les masques et le gel hydroalcoolique.

 

 

- SUD OUEST : Les produits bios sont plus chers. Comment les rendre plus accessibles ?

Jean-Luc Mélenchon : Il faut augmenter les salaires pour pouvoir payer le bio. Le modèle agricole doit changer de A à Z. L’actuel a épuisé la terre et contaminé 99 % des Français aux pesticides. Je veux supprimer le ministère de l’agriculture et le remplacer par un ministère de la production alimentaire. Produire n’importe quoi pour le marché mondial, c’est fini. Il faut produire bien pour manger tous et manger mieux.


 

- SUD OUEST : Dans le Sud-Ouest, les éleveurs de volailles sont confrontés à l’influenza aviaire[2]. Que leur proposez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon : C’est la quatrième vague de grippe aviaire. Les élevages hyperintensifs, au-delà de la souffrance animale, facilitent les zoonoses[3], c’est-à-dire le passage des virus des animaux sauvages aux animaux domestiques puis aux êtres humains. Il faut les interdire. Pour l’instant, en France, il n’y a pas d’exemple de passage du virus de la grippe aviaire à l’être humain, mais en Asie oui. Les producteurs doivent se reconvertir. L’État doit le financer.

 

 

- SUD OUEST : Face à l’envolée des prix de l’énergie, le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire. L’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence a touché ses limites ?
Jean-Luc Mélenchon : La démonstration est faite que le marché créé le chaos.

 

 

- SUD OUEST : Emmanuel Macron propose de miser sur le nucléaire avec le développement de mini-réacteurs…
Jean-Luc Mélenchon : Le nucléaire ne nous rend pas indépendants. Nous n’avons pas d’uranium en France[4]. Nous allons le chercher au Kazakhstan, dont le régime a montré ses limites, ou au Niger. D’ici à 2030, le nucléaire sera plus cher que les autres sources d’énergie. Je rétablirai notre indépendance énergétique grâce aux énergies en mer ou à l’hydraulique sur les rivières. Macron veut installer des mini-réacteurs nucléaires ? Qui en voudra près de chez soi ?

 

 

- SUD OUEST : L’éolien est aussi controversé…

Jean-Luc Mélenchon : L’éolien terrestre a du mal à être accepté. Et les gens ont raison de considérer importante la beauté d’un paysage. Mais dans la baie de Saint-Nazaire où ont été installés les premiers modèles d’éoliennes offshore, il n’y a pas de problèmes. Elles se trouvent au large. La mer contient 64 fois l’énergie dont nous avons besoin à terre. C’est incontournable.

 

 

- SUD OUEST : Vous plaidez la hausse du smic. Mais quid des autres salaires ?
Jean-Luc Mélenchon : On a 9 millions de pauvres et 8 millions de personnes à l’aide alimentaire. On ne peut pas vivre avec les revenus actuels. En France, cinq personnes détiennent autant que 27 millions. Il faut donc partager la richesse. Je suis pour la hausse du smic à 1 400 euros net. Quant aux autres salaires, je convoquerai en urgence les négociations annuelles obligatoires avec deux ajustements : elles auront lieu au niveau des branches et non des entreprises et devront être obligatoirement conclusives. Il faudra aussi bloquer les loyers.

 

 

- SUD OUEST : Un des marqueurs de la gauche, c’est la dépense publique. Le « quoi qu’il coûte » d’Emmanuel Macron, c’est une approche de gauche ?

Jean-Luc Mélenchon : Ce n’est pas le marché mais l’État qui a sauvé l’économie. C’est grâce au financement du chômage technique que l’appareil productif ne s’est pas effondré. Monsieur Macron a découvert un keynésianisme[5] assez classique.

 

 

- SUD OUEST : Le gouvernement maintient qu’il faudra rembourser la dette du « quoi qu’il en coûte »…

Jean-Luc Mélenchon : C’est absurde. Comment rembourser la dette ? Avec 10 milliards d’euros d’excédent budgétaire chaque année, il faudrait 270 ans. Avec 1,5 % de croissance, 248 ans. Prétendre qu’on va un jour rembourser cette dette est juste un prétexte à diminuer l’intervention de l’État. C’est pourtant le levier de développement le plus puissant. Ma proposition : annuler la dette déjà rachetée par la Banque centrale européenne[6]. Pas un épargnant privé ne serait lésé.

 

 

- SUD OUEST : La crise sanitaire prouve-t-elle qu’il y a une alternative à l’austérité ?
Jean-Luc Mélenchon : L’austérité ne sert à rien sinon à répandre du malheur. On me demande combien coûte mon programme, j’y répondrai. Mais quel est le coût du malheur ? Combien ça coûte de reculer l’âge de la retraite pour la santé ? Je rétablirai la retraite à 60 ans.

 

 

- SUD OUEST : Un candidat à la présidentielle peut-il affirmer « La République, c’est moi » ou « ma personne est sacrée » ?
Jean-Luc Mélenchon : ​​​​​​​La preuve ! Ces deux formules ont eu un très grand succès, on en a fait des t-shirts et des mugs. Comme l’a rappelé, il y a peu, le président de l’Assemblée nationale à propos des menaces de mort qui ont pesé sur les députés, les élus sont statutairement inviolables[7][8]. Ces deux phrases rappelaient dans un moment de grande tension des principes fondateurs de l’État républicain.

 

 

- SUD OUEST : Samedi, vous avez mis en cause un institut de sondage affirmant qu’il était lié au chef de l’État, ce qui est faux. Depuis vous avez effacé ce tweet. Une erreur ou vous craignez une manipulation ?
Jean-Luc Mélenchon : Un sondage qui oublie de préciser qu’il exclut de son résultat tous ceux qui ne sont pas sûrs à 100 % d’aller voter 3 mois avant est à mes yeux une manipulation. Il exprime le rêve d’une élection dont les milieux populaires très hésitants aujourd’hui s’excluraient eux-mêmes.
 

Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !

- Et pour aller plus loin....

Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
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Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
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Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !
Jean-Luc Mélenchon à « Sud Ouest » : L’austérité ne sert à rien !

 

- Et à votre disposition

 

L'HARMONIE DES ÊTRES HUMAINS ENTRE EUX ET AVEC LA NATURE.

 

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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 21:01
Pour ceux tentés de minimiser le rachat de Monsanto par Bayer

Les deux géants de l’agrochimie ont annoncé mercredi 14 septembre leurs futures fiançailles, une fusion qui ne serait anodine ni pour les agriculteurs ni pour les consommateurs.

 

Sources : Benoît Biteau, paysan agronome

-  BAYER au service de la machine de guerre nazie

C'est après la seconde guerre mondiale, lors du procès de Nuremberg qu'il fallait définitivement se débarrasser de ces monstres. Au lieu de ça, au court de ces 70 dernières années, les pouvoirs successifs les ont laissé prospérer au détriment de l'intérêt commun, au détriment de la planète et au détriment de l'intérêt supérieur des générations futures pour ne servir que les profits de quelques uns, dans un manque d'humanisme et d'humanité rare et un cynisme insolent.

 

En effet, pendant la Seconde Guerre mondiale, Bayer se livre au trafic d'êtres humains en achetant des déportés du camp d’Auschwitz pour servir de cobayes dans le cadre d'expérimentations à prétention médicale et de caractère confidentiel.

 

Cinq lettres[1] signées par les responsables de Bayer et destinées aux dirigeants du camp d'Auschwitz, rédigées en avril et mai 1943, ont été découvertes par un régiment de l'Armée soviétique lors de la libération du camp d’Auschwitz, pour l'achat de « lots de femmes » déportées.

 

Des extraits de ces lettres sont lus dans deux documentaires réalisés par Émile Weiss, le dernier volet de la trilogie documentaire Destruction sur le camp d'Auschwitz, et également dans Criminal Doctors - Auschwitz, France, 2013.

 

La première lettre indique le besoin de femmes déportées, en tant que cobayes pour expérimenter un soporifique. La deuxième stipule que le prix de « 200 marks est exagéré ; nous offrons 170 marks par sujet, nous avons besoin de 150 femmes. » La troisième demande : « Veuillez donc faire préparer un lot de 150 femmes saines. » La quatrième indique : « Nous sommes en possession du lot de 150 femmes. Votre choix est satisfaisant, quoique les sujets soient très amaigris et affaiblis. Nous vous tiendrons au courant des résultats des expériences. » Enfin, la cinquième et dernière lettre retrouvée mentionne : « Les expériences n'ont pas été concluantes. Les sujets sont morts. Nous vous écrirons prochainement pour vous demander de préparer un autre lot. »  Après la guerre, lors des procès de Nuremberg, l'une des douze séances concerne directement le Procès IG Farben où plusieurs dirigeants d'IG Farben - dont Bayer était une filiale - sont condamnés pour crimes de guerre, entre 6 mois et 6 ans de prison. Bayer n'a pas fait l'objet de poursuites, mais son personnel dirigeant a été limogé et IG Farben démantelé.


A savoir également que Bayer et Monsanto sont issus de ce démantèlement de IG Farben.
Monsanto étant un "cadeau" fait aux américains (qui en ont profité d'ailleurs pour récupérer tout un tas de brevets, et/ou de résultats, et/ou des analyses "scientifiques" des expériences citées ci-dessus)...[
2].

 


-  Ce rapprochement Monsanto/Bayer c'est carrément recréer IG Farben...

Plus récemment, Bayer c'est aussi les huiles frelatées, la pilule contraceptive de la mort, le sang contaminé, le gaz moutarde, le tabun et, entre autres, le fabriquant du zyklon B ..........

 

Monsanto, quand à lui, est le producteur, entre autres saloperies, du Napalm et de l'agent orange (précurseur du roundup) utilisés au Vietnam et responsables d'innombrables cancers et malformations, notamment en raison de la présence de dioxine, un des poisons les plus puissants et les plus stables connus. L'agent orange est responsable de plusieurs maladies chez les militaires assurant sa dispersion, mais surtout chez les civils et combattants vietnamiens évoluant dans les zones directement ou indirectement exposées. La stabilité de la dioxine, sa granulométrie, sa bioaccumulation lui confèrent un effet durable sur les habitants des régions touchées, occasionnant ainsi des cas de cancers ou de malformations à la naissance, des années après la fin des combats. Des milliers d'hectares restent encore aujourd'hui stérilisés par l'agent orange.

 

C'est aussi le leader mondial de la recherche et de la mise en marché des OGMs, et leur cortège de désastres sur les équilibres, les ressources et l'eau en particulier, les biodiversités sauvages et domestiques, le climat et la santé.

 

Nous venons donc de laisser s'accoupler deux des plus grands monstres que l'humanité ait connu...

 

Note :

[1] Lettres de l'entreprise Bayer au camp d'Auschwitz sur l'achat de femmes pour expérimentations chimiques

[2] Monsanto est né ensuite et a récupéré des brevets d'IG Farben

 

Pour en savoir plus :

- Bayer un Poison allemand par le Parti de Gauche

- Bayer/Monsanto – Des pesticides aux OGM, la fusion de tous les dangers

- Comprendre Monsanto dans une vidéo de 3mn. Si tu n’aimes pas Monsanto alors partage !!!

- L’agent orange continue de contaminer des milliers d’enfants au Vietnam

- Pourquoi Monsanto est-elle "la société la plus détestée de la planète" ?

- En achetant Monsanto, Bayer contrôlera près d’un tiers du marché mondial des semences

- Jean-Luc Mélenchon : Lettre à la Commission européenne au sujet de la fusion Bayer-Monsanto

la pieuvre

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 08:26
Irrigation du maïs en 17, août 2016. Crédit photo : Félix Tuchais

Irrigation du maïs en 17, août 2016. Crédit photo : Félix Tuchais

Le 18 août dernier le quotidien Sud-ouest titrait "Charente-Maritime : ce manque d’eau qui les bassine" ajoutant "Le département est exposé à un manque d’eau cinq mois dans l’année. Des solutions sont à l’étude, comme les « bassines » (retenues de substitution)".

L’occasion est en effet belle pour les maïsiculteurs adeptes de la création de retenues de substitution, financées à grands renforts d’argent public, de ressortir des cartons leurs projets démesurés.

Benoît Biteau[1] propose un éclairage différent, convoquant approche globale, vision à très long terme et intérêt général.

Le texte téléchargeable est peut être un peut long, mais le sujet est complexe et ne peut être traité en quelques lignes.

Benoît Biteau nous invite toutefois à lire avec attention pour comprendre l’immense imposture de ces projets…. et les alternatives possibles.

 

Sources : Le blog de Benoît Biteau, paysan agronome

-  Les enjeux du stockage de l’eau en agriculture.

Sans adopter une posture dogmatique d’opposition à l’irrigation, à la production de maïs et au stockage de l’eau, il est utile de bien cerner les enjeux de l’usage de l’eau d’irrigation par l’agriculture.  


En  préambule, il est utile de rappeler les fondamentaux des deux premiers articles de la loi sur l’eau.
- Article premier. L’eau est un bien commun.

- Article deux. La hiérarchie des usages de l’eau sont :

  • 1. L’eau potable
  • 2. Le bon état des milieux.
  • Ces fondamentaux sont régulièrement bousculés par les prélèvements importants d’eau pour l’irrigation. 

 

Et s’il est régulièrement avancé que les volumes mobilisés par l’irrigation ne représentent que 3 % des volumes de précipitation sur le même périmètre, cette présentation en valeur relative, s’avère rapidement démagogique quand ces volumes sont présentés en valeur absolue, et surtout apparaît vite que ces volumes ne sont pas disponibles si on veut réellement respecter la hiérarchie des priorités posées par la loi !

  • Pour lire la suite c'est ICI

 

 

- Pour télécharger l'intégralité du texte, voir ci dessous :

Note :

[1] Benoît Biteau : Ingénieur agronome de formation, Benoît Biteau a d’abord travaillé dans la fonction publique. Conservateur de patrimoine dans le marais poitevin,il a participé à l’élaboration du projet de territoire pour la labellisation du parc. Ce fils d’agriculteur a ensuite repris l’exploitation familiale de Sablonceaux. Acteur incontournable de l’écologie, son objectif est de proposer des produits sains tout en démontrant que l’on peut cultiver sans inonder les sols de pesticides.Aujourd’hui, il cultive 200 hectares tout en bio avec son frère et deux maraîchers. Sa ferme produit des légumes et des céréales, auxquels s’ajoutent l’élevage de vaches maraîchines, de chèvres poitevines et des races menacées (baudet du Poitou, cheval de trait poitevin).

La transformation du domaine familial en agriculture biologique a été couronnée par le Ministère de l’Agriculture comme un exemple de développement durable. Elu local depuis les dernières élections régionales de 2010, Benoît Biteau est un ardent défenseur de l’agriculture biologique.

 

Pour en savoir plus :

- Pollution du fleuve Charente : pesticides

- Les huîtres sont malades, l’Ifremer est attaqué

- CEP17 refuse de plonger dans les bassines !

- Charente-Maritime : les irrigants suspectés d'avoir faussé le niveau de l’eau de la Seudre

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 09:34
Photo: PABvision.com.

Photo: PABvision.com.

Tandis que les tracteurs sont à nouveau de sortie aujourd’hui dans plusieurs régions de France pour crier la détresse paysanne, Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine, dénonçait hier la manière dont on ruine les éleveurs en France pour augmenter les marges de l’aval.

 

Source : l'Humanité du 27 janvier 2016 par Gérard Le Puill

Le 26 janvier, au moment où Stéphane Le Foll annonçait un rajout de 290 millions d’euros pour venir en aide aux éleveurs de bovins à viande, de porcs mais aussi de palmipèdes gras sans oublier les producteurs laitiers, Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB) de la FNSEA tenait une conférence de presse. Cette rencontre était prévue depuis trois semaines dans le cadre de la préparation du congrès annuel de la FNB qui se tiendra à Bourg-en-Bresse le 3 et le 4 février. 

 
Elle fut l’occasion pour l’éleveur bourguignon de rappeler que le plan d’aide de l’été dernier devait réduire pour éleveurs le coût financier des conséquences de la sécheresse dans certaines régions d’élevage ; réduire aussi les pertes de revenu induites par le blocage des bovins prêts à la vente dans les élevages suite à la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui touche aussi les bovins. Enfin, une partie de ces aides sert à prendre en charge de cotisations sociales d’éleveurs incapables de tirer un revenu de leur métier. Non par incompétence, mais en raison d’un marché de la viande bovine où l’offre est légèrement supérieure à la demande. Du coup les prix baissent, ce qui est également vrai pour la viande porcine et pour la production laitière.
 
En juin 2015, les paysans affiliés à la FNB avaient bloqué des abattoirs pendant plusieurs jours dans le but d’obtenir une négociation avec les abatteurs et les distributeurs. Ils voulaient que le prix du kilo de viande bovine non désossée augmente de 40 centimes par kilo, somme nécessaire pour dégager un peu de revenu. Dans un premier temps, les enseignes de la distribution jouant le jeu, les prix augmentèrent de 13 centimes en quelques semaines. Mais, dès la fin du mois d’août, « cette dynamique globale de filière a été torpillée par des entreprises d’aval, en particulier le groupe Bigard, qui a délibérément joué la baisse brutale des prix, y compris sur des segments où rien ne perturbait fondamentalement le maintien d’une revalorisation sur les viandes destinées aux circuits de la grande distribution et de la boucherie artisanale. Les cours ont alors dévissé, entrainés dans une spirale de baisse qui a conduit à tomber même en dessous des cours moyens précédant les engagements pris en juin », constate Jean-Pierre Fleury huit mois plus tard.
 
Selon lui, le groupe privé Bigard, qui abat 40% des bovins en France- contre seulement 12% pour la seconde entreprise d’abattage-, a fait le choix d’augmenter ses marges sur le dos des éleveurs et notamment ceux qui sont spécialisés dans les races à viande. Il faut savoir ici que ce secteur compte en France plus 4,2 millions de vaches, à quoi s’ajoutent les jeunes bovins. Les vaches du troupeau allaitant sont plus nombreuses en France que celles du troupeau laitier qui sont environ 3,7 millions. Mais, du fait de sa géographie constituée de vastes zones herbagères, la France est le seul pays européen dans cette situation. Du coup, les éleveurs de bovins à viande sont dépendants des achats de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce, de la Turquie, voire de quelques pays du Maghreb pour vendre leurs « broutards ». Ces animaux maigres vendus à dix mois sont souvent engraissés dans les pays qui les consomment.
 
De son côté, le marché français consomme surtout des vaches de réforme et des génisses de deux à trois ans. Mais le marché de la vache de réforme est souvent encombré par les vaches laitières à courte durée de vie en raison même des dégâts du productivisme laitier sur leur organisme. Plus fâcheux encore, le nombre de laitières à augmenté en Europe avec la sortie des quotas laitiers. Ce qui se traduit aussi par plus d’abattage de laitières de réforme, surtout quand le prix du lait baisse sensiblement pour cause de surproduction, ce qui est le cas en Europe depuis plusieurs mois.
 
Facteur aggravant, les carcasses de vaches laitières sont de plus en plus transformées en viande hachée, ce qui permet de faire du steak haché avec de la viande à bouillir en y intégrant pas mal de graisse. La graisse lui donne plus de goût et diminue le prix de revient au détriment de la diététique. Mais son prix est attractif car la matière première ne coûte pas cher. La viande hachée sous toutes ses formes représente désormais près de 50% des volumes de viande bovine vendus en grande surface. Du coup, la viande de qualité et notamment les pièces nobles issues des races prestigieuses comme la charolaise, la limousine, la blonde d’Aquitaine, la salers, l’Aubrac et quelques autres peine à trouver sa place dans les rayons de la distribution.
 
On en est là aujourd’hui et il est difficile de savoir s’il y aura une sortie de crise dans les mois qui viennent. Ce n’est donc pas le moment d’ouvrir le marché européen aux viandes d’outre Atlantique. Jean-Pierre Fleury est allé le dire récemment à la Commission européenne qui négocie actuellement des baisses de tarifs douaniers avec les Etats Unis sur les exportations de viandes bovines et veut faire la même chose avec les pays du Mercosur. Au pays du Hamburger, 100% des vaches laitières de réforme sont transformées en viande hachée. Mais les Etats Unis engraissent aussi pour l’exportation beaucoup de bovins de races à viande dans leurs « feedlots », ces parcs d’engraissement conçus comme des camps de concentration pour bétail où l’alimentation granivore destinées aux herbivores arrive en trains entiers tandis que les hormones de croissance et les antibiotiques entrent régulièrement dans la ration alimentaire.
 
Selon Jean-Pierre Fleury, la commissaire européenne en charge du Commerce a repris une offre européenne faite des 2003 aux Etats Unis dans le cadre d’une négociation non aboutie depuis. Il s’agit d’importer annuellement sans droits de douanes 300.000 tonnes de pièces nobles des Etats Unis alors que ces mêmes pièces issues de nos races à viande peinent à trouver leur place sur le marché. En oubliant que la consommation de viande bovine a diminué de 27% en Europe depuis 2003 tandis que l’offre de viande qualité au augmenté en France.
 
Plus grave encore, cette viande trouve de moins en moins sa place dans la politique de l’offre dans notre pays avec la fermeture des boucheries traditionnelles et l’augmentation des ventes dans la grande distribution où le client n’est pratiquement pas conseillé.
 
Décidément, des usines aux exploitations agricoles, la politique commerciale de l’Europe n’en finit pas de provoquer des crises et d’en faire payer l’addition par les hommes et les femmes qui n’en sont pas responsables. Et la France du président Hollande accompagne cette politique sans prendre la moindre initiative pour tenter de la corriger. Du coup les tracteurs sont encore de sortie aujourd’hui à l’initiative de milliers de paysans au bord de la ruine tandis que l’Europe des marchands brade aussi notre souveraineté alimentaire. 
 
Pour en savoir plus :
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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 09:38
COP21 : les peuples doivent prendre le pouvoir

Sources : le Parti de Gauche par Mathieu Agostini

En décembre 2015 se tiendra, au Bourget, sous l’égide de l’ONU, la 21e conférence internationale sur le climat (COP21). L’enjeu est d’importance : contenir un dérèglement climatique qui menace les hommes, nos sociétés et nos conditions de vie sur terre. L’objectif est connu : il s’agit de limiter dans le temps nos émissions de GES (Gaz à effet de serre) afin d’empêcher une augmentation moyenne de la température de 2°C sur le globe.

 

Il faut d’abord noter la remise en cause au cours du temps de l’objectif de 1,5°C, jugé inatteignable, pour le fixer à 2°C. Adopté par tout le monde, ce demi-degré Celsius signifie la disparition de larges morceaux du globe sous l’eau à commencer par les États insulaires. Et pourtant, même cet objectif des 2°C va, comme nous le montrons plu loin, être petit à petit remis en cause, avec la COP21 participant vraisemblablement de cette régression. Enfin, contre les puissants qui veulent transférer leur responsabilité sur les pays pauvres et les peuples, rappelons que 60% des émissions de GES émises depuis la révolution industrielle sont du fait direct de 90 multinationales (Chevron, Exxon, BP, Shell etc.).

 

En tant que pays hôte, la France pilote les négociations diplomatiques. Les critiques portées contre le gouvernement ne sont donc pas des effets de manches mais une analyse directe de son comportement au regard des enjeux.

 

 

- L’oligarchie aux manettes

François Hollande a lancé la mobilisation pour la COP21…depuis le bunker du G7 avant de s’envoler pour le circuit des 24H du Mans. Au même moment avaient lieu à Bonn une négociation climatique intermédiaire sous l’égide de l’ONU. Les puissants d’un côté, le reste des pays de l’autre. Pendant que Bonn s’enlisait, Hollande ventait un accord historique : une promesse d’avoir des objectifs ambitieux – ça ne coûte rien – et l’annonce qu’ils se donnent près d’un siècle pour décarbonner l’économie mondiale. Sachant que l’enjeu pour les pays développés serait de réduire de l’ordre de 80 à 90% leurs émissions de GES d’ici…2050. L’objectif du G7 est un pied de nez aux négociateurs onusiens.

 

L’oligarchie financière a définitivement pris le pouvoir sur les négociations climatiques, qu’elle utilise pour faire avancer ses fausses solutions et développer le nucléaire au profit d’un pseudo « capitalisme vert » (marché carbone, compensation, géo‐ingénierie, REDD etc.). Le cas du marché européen des droits à polluer est à ce titre révélateur : pour satisfaire l’appétit vorace des spéculateurs, tout est transformé en marchandise. Cela se traduit directement dans les financements pour l’organisation de la COP21 : Axa, BNP, LVMH, Suez, EDF, Nissan…

 

 

- Remise en cause des principes fondateurs

Quel que soit la volonté des gouvernants de laisser une trace dans ce long processus, si un accord est trouvé, le ministre Laurent Fabius a déjà annoncé que ce ne sera pas un accord historique ! De son côté, Laurence Tubiana, représentante de la France dans les négociations, tempérait les attentes en affirmant « À Paris, nous ne serons pas en capacité d’être dans un scenario de limitation du réchauffement à 2 °C. » Voilà l’objectif des 2°C qui commence à être doucement remis en cause.


Quelle en est la raison ? Les pays développés savent qu’ils ne s’engageront jamais pour des objectifs ambitieux. Si l’échec de Copenhague est un souvenir pour les peuples, c’est un acte pour les puissants. Aussi, depuis 2009 les pays développés s’efforcent de revenir sur les acquis des négociations climatiques issus du processus de Kyoto. La question centrale est : qui paye et sur qui pèsent ces contraintes ? Le protocole de Kyoto était un accord contraignant basé sur le principe de responsabilité commune mais différenciée. C’est à dire que tous les pays sont collectivement responsables mais les pays développés, ayant profité de larges émissions de GES, ont une responsabilité plus forte et première. Inacceptable pour les États-Unis mais aussi la Chine, le Canada… Renverser la responsabilité au sein d’un accord non contraignant est l’enjeu de la COP21 pour les puissants.

 

Le processus a démarré à la COP de Lima (2014). Sous l’influence de la Banque Mondiale, des États-Unis, de la Chine et grâce à la préparation avisée du gouvernement français, plusieurs actes ont été posés. D’abord le glissement sémantique d’accord contraignant vers un « accord universel ». C’est la stratégie d’Obama dite du « Name&Shame ». Chacun est libre de se fixer des objectifs et ne pèse plus sur les pays comme contrainte et la honte de ne pas avoir atteint les objectifs. Deuxième éléments, les pays développés conditionnent aujourd’hui leurs objectifs aux engagements des pays en développement. C’est l’attaque directe contre la notion de responsabilité commune mais différenciée en faisant peser sur ces pays en développement la dette écologique accumulée à leur égard.

 

 

- Les peuples doivent faire irruption.

Dans ce contexte, nous devons appuyer le développement d’un mouvement social des peuples pour la justice climatique. Cela passe par notre implication dans les mouvements qui se développent.


De nombreuses et importantes mobilisations pour la justice climatique s’organisent. Les immenses manifestations en septembre 2014 à New York et dans le monde montrent la capacité des populations à se mobiliser. De plus cette mobilisation se fait sur des bases plus radicales. C’est ainsi qu’une banderole « Changeons le système et pas le climat » ouvrait la manifestation de Lima.


Pour la préparation de la COP 21 au Bourget, syndicats, ONG, associations et réseaux, se mobilisent au sein de la « Coalition Climat 21 ». Son but est de contribuer à la création d’un rapport de force favorable à une action climatique ambitieuse et juste, et à la transformation durable de toutes les politiques publiques afférentes. Nous nous félicitons de l’existence d’une coalition d’organisations aussi multiples, venant d’horizons aussi divers, et qui s’engagent dans une démarche collective. Le Parti de Gauche soutient donc la Coalition Climat 21.

 

Pour autant, nous estimons qu’il y a un espace important pour porter la lutte contre « les fausses solutions », le marché carbone, le nucléaire, la marchandisation du vivant, la nécessité d’un modèle social plus sobre qui tourne le dos au libéralisme et au productivisme. En France, le mouvement « Alternatiba » est parti de Bayonne fin 2013, à l’initiative de nos camarades de l’association basque Bizi, comme outil de mobilisation citoyenne et populaire. Le mouvement Alternatiba consiste à investir des centre-ville pour les transformer durant une ou deux journées en « Villages des alternatives ». A Bayonne, comme ensuite à Nantes, Lille et Bordeaux, ce sont entre 10.000 et 15.000 personnes qui se sont déplacées à chaque fois. Entre 50 et 60 projets Alternatiba sont programmés dans toute la France durant cette année 2015.

 

Ce mouvement d’ampleur préfigure l’irruption dans les négociations des peuples organisés pour changer le système.


 

 

 

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier COP21

- Changement climatique : Une nécessaire révolution agricole

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 08:12
Poitou-Charentes perd 3% d’exploitations agricoles chaque année

Sources :  Le Petit économiste

La DRAFF Poitou-Charentes vient de publier une enquête sur la structuration des exploitations agricoles en Poitou-Charentes en 2013.
On y apprend que le territoire, qui se place à la 8e place nationale, compte 23000 exploitations agricoles, en diminution de 3% chaque année depuis 2010.
Autre critère important : 44 000 personnes travaillent de façon permanente, à temps complet ou partiel, sur les exploitations et plus d’un quart des chefs d’exploitation a dépassé les 60 ans.

 

Le recul du nombre d’exploitations touche surtout les petites structures, accentuant ainsi la part des moyennes et grandes. Ce recul est de même niveau en Poitou-Charentes, en Aquitaine ou en Pays de la Loire mais plus marqué qu’en Limousin.

 

La surface agricole utilisée moyenne des exploitations passe de 68 hectares en 2010 à 74 hectares en 2013.
Deux exploitations sur cinq sont spécialisées dans les grandes cultures avec une tendance à l’augmentation. Par contre, les élevages bovins (lait, viande), caprins et ovins sont clairement à la baisse.
Le nombre de structures de polyculture-polyélevage augmente de 5 %. La viticulture, avec le Cognac qui totalise près de 20 % de l’ensemble, reste stable depuis 2010.

 

Les exploitations individuelles continuent de perdre du terrain au profit des formes sociétaires. Les groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC) voient leur nombre diminuer de 9 % par rapport à 2010. A l’inverse, le nombre des autres sociétés augmente : 9% pour les exploitations à responsabilité limitée (EARL) et 11 % pour les sociétés civiles d’exploitation agricole (SCEA). Ces sociétés représentent 41 % des moyennes et grandes exploitations.

 

La population picto-charentaise des chefs d’exploitation vieillit, 26 % d’entre eux ont au moins 60 ans, soit une hausse de 3 points entre 2010 et 2013. La part des moins de 40 ans diminue de 1 % au cours de la même période. En comptabilisant seulement la catégorie des moyennes et grandes exploitations ce déséquilibre s’accentue, la proportion de la classe des 60 ans ou plus est passée de 10 % à 15 % en 3 ans.

 

 

- Une autre politique agricole est possible :

Le Parti de Gauche préconise la mise en oeuvre d'une politique basée sur une agriculture écologique et créatrice d’emplois, des campagnes vivantes avec comme objectif : une alimentation de qualité pour tous !

 

Alors que la France est la troisième puissance agricole du monde, son agriculture va mal : souffrance sociale pour les paysans, baisse de la qualité des aliments pour les consommateurs, dégradation de l’environnement pour tous.


Ce n’est pourtant pas une fatalité. Notre pays a les moyens de faire autrement. Mais pour cela, il faut d’abord rompre avec l’idéologie libérale et productiviste qui domine la Politique Agricole Commune et l’Union Européenne.


Alors une autre politique agricole deviendrait possible, conforme à l’intérêt de la grande majorité des agriculteurs et de la masse de la population.

 

  • Les propositions du Parti de Gauche ICI

 

Pour en savoir plus :

- L’aveuglement de la FNSEA est responsable de la crise agricole

- La Confédération paysanne dénonce "le fossoyeur Beulin"

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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 08:18
Crédit Photo:  Photothèque Rouge / JMB

Crédit Photo: Photothèque Rouge / JMB

Sources :  Le NPA par Gérard FLORENSON délégué syndicale CGT FRANCEAGRIMER

Les agriculteurs sont dans la rue. Après des semaines de manifestations et de blocages à l’initiative des éleveurs, des centaines de tracteurs ont envahi la capitale à l’appel de la FNSEA et du CNJA. Au-delà de la gêne occasionnée, les réactions de la population sont diverses : de la sympathie pour les éleveurs qui ne s’en sortent plus alors que les consommateurs paient le prix fort, mais aussi de l’incompréhension face aux manifestations parfois violentes de la colère paysanne quand cette profession semble bénéficier de beaucoup d’aides publiques et se plaindre toujours.

 

La reprise en main de la mobilisation des éleveurs luttant pour des prix rémunérateurs par le syndicat majoritaire, porteur de revendications qui s’inscrivent dans une autre logique, vient brouiller les cartes ; débordée par la base, la direction de la FNSEA chevauche le mouvement pour le récupérer et l’instrumentaliser. Les grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution, cibles des premières manifestations, sont exonérés de leurs responsabilités : la colère devrait se tourner contre les « charges », la fiscalité, l’administration, les contrôles, les écologistes..

 

Au service de quels intérêts ? L’arrivée de Xavier Beulin, tenant de l’agriculture capitaliste et promoteur des agrocarburants, à la tête du syndicat, a mis fin à la fiction de la défense de tous les paysans ; ses prédécesseurs étaient choisis parmi les petits éleveurs, même si leurs multiples casquettes leur assurait un meilleur revenu que leur production. Les masques sont tombés, le mythe de l’unité paysanne également, au point que Xavier Beulin s’est vu obligé de se justifier dans une lettre aux agriculteurs, ce qui ne lui a pas valu un accueil plus enthousiaste dans la manifestation.

 

Pour autant la crise qui frappe la paysannerie est bien réelle et même si pour telle ou telle production les conditions climatiques ou l’embargo russe peuvent en aggraver les conséquences cette crise n’est pas conjoncturelle. Même si les céréaliers paraissent mieux lotis le marché mondial pourrait ne pas être éternellement porteur. L’agriculture française se reconvertit à un rythme accéléré, ce qui se traduit par des différentiations de plus en plus importantes et par un nombre croissants de laissés pour compte, d’agriculteurs en grande difficulté.

 

 

- Des mutations qui laissent à l’écart beaucoup d’agriculteurs.

Depuis quelques années se développe en France une agriculture capitaliste, avec un décalage par rapport à d’autres pays qui s’étaient engagés plus tôt dans cette voie. Une agriculture capitaliste, ça n’est pas seulement des paysans propriétaires exploités par les marchands d’intrants et de machinisme, par les banques et par la distribution. La tendance est au développement de grandes exploitations industrialisées et très productives (souvent au détriment de la qualité et toujours au préjudice de la santé et de l’environnement) avec des coûts de production plus faibles que la moyenne. Ces exploitations existent en élevage comme dans les grandes cultures. Présentées comme des exemples de compétitivité dans le cadre d’un politique agricole axée vers les exportations, elles récupèrent la plus grosse partie des aides européennes et nationales, ce qui ne les empêche pas d’exiger toujours davantage de subventions et d’exonérations au prétexte que, fortement insérées dans les marchés mondiaux, elles affrontent la concurrence des pays à faible coût de main d’oeuvre. Cette agriculture industrielle, gourmande en eau et en intrants, dégage pourtant suffisamment de revenus pour intéresser désormais des investisseurs qui n’ont pas grand-chose à voir avec le monde paysan. Le projet de la ferme des mille vaches s’inscrit dans cette logique de développement d’usines à lait, à œufs, à viande, produisant à bas prix en fonction des exigences des industriels et de la grande distribution.

 

En parallèle nous voyons renaître un tissu de petites exploitations, pas forcément en bio mais bénéficiant souvent de labels, privilégiant la vente directe, les marchés paysans, les circuits courts et les réseaux de commercialisation indépendants de la grande distribution. Ces exploitations, individuelles ou familiales, peuvent vivre grâce aux prix de vente plus élevés que leur permettent l’évitement d’intermédiaires trop puissants ainsi que le goût des consommateurs pour les produits de qualité. Leur existence est parfaitement tolérable par le système. Quand la demande se développe, l’industrie et la grande distribution s’y intéressent pour prélever leur part de bénéfice en proposant des débouchés aux producteurs. Quand elle reste marginale, elle est un alibi écologique, un supplément d’âme pour le capitalisme, sans compter que les nantis préfèrent bien se nourrir et réserver la malbouffe aux classes populaires. Cependant il s’agit souvent de marchés dits « de niche », représentant une faible part de la production de denrées alimentaires et il est illusoire de présenter ce modèle agricole comme une solution qui pourrait se généraliser dans le cadre du système. Les débouchés sont limités par le faible pouvoir d’achat d’une grande partie des consommateurs qui s’approvisionnent pour l’essentiel dans les grandes surfaces. Au-delà du pouvoir d’achat limité d’une population souvent contrainte de limiter son budget alimentaire pour faire face aux autres dépenses (logement et transports pèsent plus que l’alimentation) il est un autre obstacle au développement d’une agriculture locale de qualité : c’est la concentration des industries agroalimentaires et du commerce. Jadis chaque canton avait son moulin, son abattoir, son atelier de découpe, sa petite entreprise de transformation. Les uns ont disparu parce que moins rentables face à la concurrence des grandes minoteries ou des grands groupes, les autres ont été condamnés pour de prétendues raisons sanitaires, en fait faute d’investissements pour améliorer les installations. Chaque village avait sa boulangerie, sa boucherie, son épicerie : on sait la suite. Il ne s’agit pas d’idéaliser le passé : les petits paysans étaient pressurés par le négoce et la situation des salariés des entreprises artisanales n’avait rien d’enviable (elle ne l’est toujours pas). Une société débarrassée de l’exploitation capitaliste devra reconstruire sur d’autres bases, sous le contrôle des producteurs agricoles et industriels et de la population, les infrastructures locales indispensables pour un autre développement agricole. 

 

La majorité des exploitations n’appartient ni à l’une ni à l’autre de ces catégories. Petites ou moyennes, individuelles ou en société familiale, elles luttent pour survivre et dégagent de plus en plus souvent des revenus inférieurs au SMIC qui, contrairement au passé ou dominait la polyculture, ne sont plus compensés par une certaine autosuffisance. La force du système, bien appuyé en cela par la FNSEA, a été de convaincre ces agriculteurs qu’ils n’étaient pas des paysans travailleurs proches des salariés mais des chefs d’entreprise. Or non seulement ces agriculteurs se débattent dans un contexte de plus en plus concurrentiel, mais cette concurrence est loin d’être aussi libre et non faussée que le prétendent les libéraux. La situation la plus caricaturale est celle des éleveurs en intégration, devenus une main d’œuvre sans droits ni garanties. Mais bien d’autres sont totalement dépendants des grands groupes privés ou coopératifs, comme on vient de le voir avec Bigard et la Cooperl s’entendant comme larrons en foire pour boycotter le marché du porc breton et refuser d’appliquer les hausses de prix. Coincés entre les fournisseurs d’intrants et d’aliments qui imposent leurs prix de vente (souvent des prix mondialisés comme pour les céréales et le soja, ou liés aux cours du pétrole pour les engrais) et les grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution qui refusent d’augmenter leurs prix d’achat même de quelques centimes, ces agriculteurs sont littéralement étranglés. Ils le sont d’autant plus qu’ils ont suivi les conseils des pouvoirs publics : pour être compétitifs ils ont agrandi leur exploitation, ont investi et sont surendettés. Acculés, ils expriment d’abord leur rage, parfois sans discernement mais cette rage n’en est pas moins légitime : ils sont victimes d’un système qu’ils ne remettent que très confusément en question. Quand ils descendent dans la rue pour réclamer des prix qui couvrent les coûts d’exploitation et leur permettent de vivre, ils ne font que défendre leur droit à un emploi et à un salaire décent, un combat dont nous ne pouvons qu’être solidaires tout en mettant en avant les intérêts communs à celles et à ceux qui vivent de leur travail, que ce soit à la ferme, à l’usine ou dans un bureau.

 

 

- L’impasse productiviste et celle du nationalisme

La baisse des prix étant présentée comme inéluctable dans une économie mondialisée, il faudrait produire davantage pour s’en sortir, donc s’agrandir et augmenter les rendements ; et comme les marchés solvables ne sont pas illimités il faut être compétitifs pour les disputer à la concurrence étrangère. Moins de charges, moins de contraintes sanitaires et environnementales et la paysannerie française est sauvée ? C’est ce que prétend la FNSEA, mais aussi ce qu’avec quelques précautions de langage les gouvernements successifs ont mis en application. Sous couvert de simplification administrative les élevages peuvent ainsi s’agrandir sans enquête publique. Les agriculteurs qui suivent ce discours simpliste oublient deux choses : la première est que la surproduction provoquera une nouvelle baisse des prix, la seconde est que la course au gigantisme est d’abord une concurrence entre producteurs et que beaucoup resteront sur le carreau pour que d’autres puissent prospérer. C’est le résultat déjà prouvé du productivisme défendu par la FNSEA et par l’Etat, pourtant les deux s’obstinent à pousser les agriculteurs dans cette voie sans issue et à canaliser leur colère.

 

Quant au « produisons français » il sonne faux avec un modèle agricole tourné vers les exportations, comme si ces dernières n’avaient pas de contreparties. Brûler les camions espagnols où détruire des barquettes de viande allemande n’a aucun sens, sauf à renoncer à vendre à l’étranger des céréales et du vin. Le hochet de l’étiquetage « origine France » ne leurrera pas longtemps le monde agricole. En fait le combat pour imposer des prix rémunérateurs ne peut pas déboucher dans le cadre national puisque l’aval de la filière a toujours la ressource de se fournir à moindre coût dans un autre pays. On le voit dans la filière porcine où quelques centimes d’écart suffisent pour que les industriels délocalisent leurs approvisionnements. Seule une grève de la production menée à l’échelle européenne par des éleveurs refusant de se laisser mettre en concurrence, avec comme objectif un prix minimum garanti, pourrait les faire céder.  

 

Cette avancée n’épuiserait pas le sujet de la rémunération du travail agricole. Au-delà du prix à la production des mécanismes non marchands devront prendre en compte les écarts de rendements, la préservation des espaces ruraux et l’aménagement du territoire. L’accès au foncier, qui est une entrave à l’installation, doit être repensé de fond en comble. Vaste chantier programmatique qui doit être abordé avec la majorité des agriculteurs et non contre eux.

 

Pour en savoir plus :

- Décryptage du plan pour l’élevage : Trois milliards sans véritables solutions

- L’aveuglement de la FNSEA est responsable de la crise agricole

- La Confédération paysanne dénonce "le fossoyeur Beulin"

- Au cœur d’Avril-Sofiproteol et de la FNSEA : Xavier Beulin, l’homme aux mille bras

- La crise agricole émigre de Paris à Bruxelles

- Le plan de Xavier Beulin qui va faire disparaitre les petits paysans

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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 08:05
Martine Billard secrétaire nationale du Parti de Gauche : Pourquoi la décroissance est incontournable !

De plus en plus d’intellectuels, de militants ou de simples citoyens sont persuadés que le modèle de croissance de ces 6o dernières années n’est plus souhaitable, ni possible. La remise en cause du concept même de PIB (Produit intérieur brut) est largement présente dans le débat public. Malgré cela, le pourcentage d’augmentation de la production continue a être l’alpha et l’oméga de la vie en société. Couplé à l’hégémonie de l’idéologie de la « compétitivité » et au fétichisme de la marchandise, la vision productiviste de l’économie reste dominante. Le mot décroissance pose de bonnes questions mais il suscite aussi incompréhension, réticence et peur. Pourtant une croissance infinie sur une planète aux ressources non renouvelables est impossible. Les périls qui pèsent sur la biosphère ont atteint un seuil qui oblige à des ruptures majeures.

C’est la raison du projet écosocialiste, tandis que perdure ailleurs l’illusion dépassée de réponses sans remise en cause des rapports sociaux ni du fonctionnement de l’économie de marché.

Vous trouverez ci-après ma réflexion personnelle sur le sujet

 

Source : le blog de Martine Billard Secrétaire nationale du parti de Gauche

- A) La croissance en berne

Malgré les innombrables déclarations faisant de la croissance un totem, celle-ci est de longue date en baisse pour les pays industrialisés. En France, on est passé de 4,9 % d’augmentation annuelle moyenne pour la période 1950-1973 à 1,18 entre 2002 et 2012. Cette quasi-stagnation a des racines profondes, bien au delà des effets conjoncturels dûs aux crises successives :

  • Le temps de l’énergie bon marché et du gaspillage massif des ressources naturelles est résolument derrière nous entraînant globalement une tendance à une moindre efficacité du système économique.
  • Le consumérisme des pays riches a atteint ses limites. Les produits phares des 30 glorieuses (automobile, électroménager, ameublement) sont désormais entrés dans une phase de saturation des besoins et de simples renouvellements. La demande se déplace vers des services à faible productivité ou liés à l’évolution des modes de vie (à interroger d’ailleurs).
  • Les cycles de croissance ont toujours été liés à des innovations majeures entraînant des gains considérables de productivité. Or comme le PIB, la productivité connaît elle aussi une tendance à la stagnation : 5% de gain annuel pendant les 30 glorieuses, 1% aujourd’hui. Notre société se caractérise par une panne des innovations susceptibles de relancer la machine de la production. Les fameuses « nouvelles technologie de l’information et de la communication » vantées jour et nuit par les médias ont un impact bien moindre que les découvertes du passé. Elles ne se traduisent pas pour le moment par la mise en place d’un régime d’accumulation durable et efficace.

 

 

- B) Une situation écologique insoutenable

Les périls qui pèsent sur l’écosystème ont désormais atteint un seuil qui oblige à des ruptures majeures.

  • Le réchauffement climatique

L’émission massive de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle a entraîné une hausse de 0.85 degré depuis 1880 et pourrait aboutir à une augmentation de 4.8 degré à l’horizon 2100 dans le scénario le plus pessimiste envisagé par le 5° rapport du GIEC publié en novembre 2014. Si cette évolution devait se poursuivre, les conséquences en seraient dramatiques : multiplication des accidents climatiques (tempêtes, inondations...) risque accru d’incendies, menaces sur la bio-diversité, déplacement des maladies tropicales, mouvement massif de population, baisse de rendement des cultures, montée des eaux due à la fonte des pôles et des glaciers (98 cm prévu et jusqu’à 7 M en cas de fonte des glaces du Groenland !) , risque de submersion des zones de delta, acidification des océans et disparition des coraux, modification des courants océaniques. Pour éviter cette catastrophe, il faut réduire d’au moins 70% les émissions pour limiter à 2 degré la hausse moyenne des températures. Un tel effort est impossible sans changement radical.

 

  • La 6° extinction des espèces

En matière de bio-diversité, 17 000 espèces sont dès maintenant en danger dont : 1 oiseau sur 8, 1 conifère sur 4, 1 amphibien sur 3 et 1 mammifère sur 4. De même 70% des plantes et 37% des poissons d’eau douce sont concernés. Cette perte est due à la destruction des milieux naturels (forêts, prairie, zones humides) mais aussi à l’agriculture intensive et à l’usage des pesticides et insecticides. Qu’il s’agisse d’alimentation, de pollinisation animale, d’appauvrissement génétique des plantes, de vulnérabilité des récoltes ou de l’importance de la pharmacopée, la bio-diversité est inéluctablement liée au destin de l’humanité. L’affaiblir, c’est rendre plus difficile la vie humaine.

 

  • La menace chimique

Qu’il s’agisse de l’air, de l’eau ou des sols, la pollution induite par les dizaines de milliers de molécules chimiques en circulation est maintenant incontestable : l’atmosphère remplie de particules fines et de multiples gaz irritants entraînerait la perte de 8 mois à 2 ans de vie en moyenne en Europe. La circulation massive des pesticides (présents dans 96% des eaux de surface), des perturbateurs endocriniens du type bisphénol ou PCB comme de dizaines de substances toxiques contenues dans nombres d’objet de la vie courante (tissus, meubles, produits ménagers, électroniques) seraient responsables d’une progression considérable de certaines pathologies comme le cancer, les malformations génitales, le diabète ou les AVC aboutissant à un surcoût de 13 à 20% des dépenses de santé et à une diminution de l’espérance de vie sans incapacité majeure !

 

Une étude récente montre l’impact de ces pollutions sur les femmes enceintes et les jeunes enfants amenant une érosion des facultés cognitives et l’augmentation quasi-exponentielle de certains troubles comme l’autisme. Les sols sont fortement dégradés par l’agriculture intensive, le tassement dû aux engins lourds, l’érosion, les déchets, l’imperméabilisation lié à l’urbanisme qui se traduisent par une baisse des rendements dans certaine zones ou une perturbation de la circulation d’eau potable. Outre l’acidification constatée des océans, ce sont pas moins de 269000 tonnes de plastique en suspension qui pollueraient les mers avec des conséquences majeures sur le milieu.

 

  • L’épuisement des ressources naturelles

Les prélèvements sur les ressources renouvelables ou non concernent d’abord l’eau potable dont les quantités disponibles par habitant sont en constante régression, puis les minerais exploitables dont les gisements ne sont pas infinis. Au rythme de consommation actuelle, l’étain,le plomb et le cuivre en particulier devraient connaître un épuisement des stocks d’ici 30 ans. L’extraction des minerais consomme de plus en plus d’énergie. L’exploitation des « terres rares », indispensables à de nombreuses activités de haute technologie, largement concentrée aujourd’hui en Chine (40% des ressources estimées) provoque des dégâts environnementaux significatifs. Leur fin est aussi programmée aux alentours des années 2020. Le pétrole et le gaz dopés par les huiles et gaz de schiste ont vu leur extraction fortement augmentée au prix d’une catastrophe environnementale. L’utilisation de la totalité des réserves en énergies fossiles, dont le charbon signifierait un réchauffement de 4 degré à la fin du siècle. En outre, même si le rythme se ralentit (5,2 millions d’Ha entre 2000 et 2010 contre 8,3 entre 90 et 2000), la déforestation reste extrêmement préoccupante particulièrement en Amazonie,Afrique Équatoriale et Malaisie/Indonésie.

 

 

- C) Les fausses solutions

Le rêve de « tout changer pour ne rien changer », c’est à dire trouver des réponses sans remettre en cause ni les rapports sociaux, ni le fonctionnement de l’économie de marché, amènent à de fausses solutions.

 

  • Les gestes individuels

90 sociétés sont responsables de 63% des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1751 ! La modification des comportements individuels (tri sélectif, recyclage, économie de l’usage de l’eau, de l’électricité, remplacement des hamburgers par des salades bio, lutte contre le gaspillage alimentaire) ne peut donc être la seule solution.

 

  • Le marché

L’orientation des choix économiques par des éco-taxes ou des marchés de droits à polluer n’a jamais démontré son efficacité et se heurte en profondeur à la logique de la concurrence et du profit.. Le mécanisme européen de marché d’émission du CO2 est un échec patent. Le prix de la tonne est passé de 25 euros en 2008 à 5 euros en 2014 alors qu’il faudrait un coût d’environ 70 € la tonne pour peut-être inciter à la réduction des émissions. Il en est de même pour le programme REDD de lutte contre la déforestation qui ne fait que développer des effets pervers pour les pays du Sud.

 

L’espoir d’une « croissance verte » est une vision à court terme qui ne remet en cause ni notre mode de développement ni les conditions de vie et de travail de la majorité de la population. Il ne règle en rien la question du type d’énergie et des réserves de métaux. L’idée d’un « capitalisme vert » est une impasse. Elle consiste à « imposer au capitalisme des règles qui lui sont totalement étrangères ». (M. Husson)

 

  • Le nucléaire

Avec la lutte contre le réchauffement climatique, les défenseurs du nucléaire se sentent ragaillardis. Le nucléaire n'émettrait pas de gaz à effet de serre et donc serait LA solution. Cette approche fait l'impasse déjà sur deux réalités. La construction des centrales nucléaires entraîne la production de gaz à effets de serre. Ensuite le nucléaire ne répond pas à la question globale de l'énergie mais uniquement à la demande en électricité. Cela ne règle donc en rien la question des carburants. Quant à la question du chauffage domestique, ce problème peut être réglé bien plus simplement par l'isolation des bâtiments et du chauffage d'appoint à base d'énergie renouvelable (selon les ressources du lieu : géothermie, bois, biomasse ...).

 

De plus le nucléaire, contrairement à ce qui est toujours faussement affirmé, ne règle pas la question de l'indépendance énergétique puisque l'uranium n'existe que dans un nombre réduit de pays. Enfin l'argument central pour refuser le nucléaire est tout simplement son danger entre la gravité des accidents (Tchernobyl et Fukushima sont pourtant là pour nous le rappeler) et le problème de la durée de vie et du stockage des déchets radioactifs.

 

  • La techno-science

La plupart des solutions proposées pour sortir de la crise écologique reposent sur une croyance aveugle dans les capacités scientifiques et technologiques. Pour limiter le réchauffement à 2°C, il faut une réduction de 70 à 85% des émissions de CO2 donc une diminution de l’intensité CO2 (rapport entre émission et point de CO2) 3 fois plus rapide que celle constatée depuis 40 ans. Rien en l’état actuel des techniques ne permet d’imaginer produire plus en émettant moins. Sauf à rentrer dans des scénarios dignes de la science-fiction, il faut donc envisager une diminution annuelle du PIB mondial d’environ 3% par an jusqu’en 2050, à moduler bien sûr en fonction du niveau de richesse et de pollution accumulé... Les fanatiques de la techno-science proposent de faire baisser la température par « géo-ingéniérie » : ensemencement en fer des océans, pulvérisation d’aérosols soufrés dans l’atmosphère, capture et stockage du CO2, filtre des rayons solaires... Ces illusions technologiques, le plus souvent impraticables, produiraient des effets extrêmement négatifs (modification du régime des moussons, aggravation de l’acidification des océans). Bref, les nouveaux apprentis sorciers du climat sont prêts à tout pour continuer à polluer tout en gagnant de l’argent !

 

 

- D) Qu’en est-il des arguments contre la décroissance ?

Évacuons immédiatement une première approche qui récuserait la décroissance au motif que comme la croissance elle utiliserait les mêmes mesures mettant la production au coeur de l’analyse économique. Il s’agirait alors de privilégier de « nouveaux indicateurs » plus qualitatifs, aussi nombreux que complexes. Cette approche qui est loin d’être absurde, a toutefois l’inconvénient de ne pas s’affronter directement à l’activité économique telle qu’elle existe dans l’immédiat.

 

Cela nous amène à traiter d’une autre façon très répandue d’escamoter la croissance comme projet global. Elle consiste à expliquer que dans l’avenir certains secteurs doivent diminuer et d’autres augmenter sans que la question du solde soit jamais clairement posée. Cette présentation ne prend évidemment pas en compte la nécessité de la diminution nette de la production telle que nous l’avons examiné plus haut.

 

  • Austérité choisie contre austérité subie ?

Prôner la décroissance reviendrait à proposer de passer d'une austérité subie à une austérité choisie. Ce tour de passe-passe vise de fait à faire accepter l'austérité. La remise en cause en profondeur du système économique est escamotée au profit d'une question de curseur et de choix démocratique. C'est une vision individualiste où il suffirait de choisir ce qu'on est prêt à accepter comme réduction de consommation sans remettre en cause les choix de production. Une politique d'austérité a pour objectif de réduire la consommation en baissant considérablement les dépenses publiques. L'accès à des services comme l'éducation, la santé, les transports ... devient donc dépendant de la capacité de chaque usager à remplacer les services publics précédemment disponibles par des services privatisés bien plus coûteux que seules les catégories les plus fortunées peuvent se payer.

 

La baisse de consommation n'est donc pas une austérité choisie mais une austérité imposée à ceux qui n'ont pas les moyens. Cela peut très bien s'accompagner d'une baisse des dépenses socialement utiles et d'une augmentation des dépenses inutiles. De même que le capitalisme vante la politique des gestes individuels du type éteindre l'électricité en sortant de la pièce ou fermer le robinet d'eau pour surtout ne pas remettre en cause le système capitaliste, l'austérité choisie vise surtout à ne pas poser la question de la répartition des richesses et du mode de production.

 

  • Décroissance et pouvoir d’achat

A gauche, la décroissance est souvent assimilée à tort à l’austérité et à la baisse du pouvoir d’achat des classes populaires. Il y a là en effet un débat important avec une vision réductrice du progressisme : celle du « toujours plus ». A la notion de pouvoir d’achat, nous opposons celle du « pouvoir de vivre ». Est-ce un progrès de toujours dépenser plus pour les déplacements domicile/travail, pour plus de consommations médicales afin de réparer les dégâts de modes de vie pathogènes, pour plus de vêtements à la mode, de gadgets à durée limitée, de nourriture jetée à la poubelle ? Toutes ces dépenses augmentent le PIB mais pas le bien vivre. Au delà d’un certain seuil, atteint pour une part importante de la population des pays riches, il n’y a plus de rapport mécanique entre sentiment de bonheur et enrichissement matériel. La décroissance signifiera un accroissement du « bien vivre » pour la majorité de la population, tandis que les possesseurs de yacht et les usagers des palaces auront du souci à se faire.

 

  • Décroissance et chômage

La décroissance serait synonyme de chômage de masse. L’emploi est la résultante de 3 composantes majeures : l’évolution de la population active, le rapport consommation/productivité et le temps de travail. Il faut revenir sur l’intensification du travail, créer de l’emploi sans avoir peur de faire baisser la productivité ou en la mettant au service de la réduction du temps de travail. En effet, le temps de travail a connu une baisse spectaculaire interrompue seulement par les politiques libérales de ces 30 dernières années. Ce blocage de la diminution du temps de travail est d’ailleurs une des origines de la montée actuelle du chômage avec une division entre ceux qui travaillent trop et ceux qui sont dépourvus d’emploi. Il faut reprendre et accélérer la tendance à la réduction en commençant pas un passage immédiat aux 32 heures. Si la transition écologique supprimera des emplois, les plus nocifs, dans la finance, la publicité ou les services, elle créera aussi de nouveaux emplois dans les énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments, la réparation. De même, l’agriculture paysanne crée plus d’emplois que l’agriculture industrielle. Dans les services où la machine a remplacé le contact humain (Postes, Banques, Chemins de fer ...), où le « taper 1, taper2, taper ... » revient à exclure de nombreuses personnes de leur accès, des emplois peuvent être recréés.

 

  • Décroissance et pays pauvres

Enfin la décroissance empêcherait les pays pauvres d’accéder au même niveau de vie que les nations les plus riches. C’est l’inverse : consommer mieux et plus sobrement dans nos pays permettra un meilleur partage, la possibilité d’un développement endogène et la fin des pillages. Il s’agit de reconnaître au paysan bengali ou africain le droit de vivre en satisfaisant ses besoins essentiels, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Ce sont les pays du Nord, ceux dont l’empreinte écologique est insoutenable, qui sont visés. Mais les pays émergents ne sont pas obligés de faire les mêmes erreurs que celles commises par l’industrialisation à outrance. Le cas de la Chine est le plus frappant. Les niveaux de pollution et d’émission de CO2 engendrés par une croissance déséquilibrée ne sont pas tenables dans l’intérêt même d’une population qui en subit les effets les plus nocifs. Les pays émergents doivent aujourd’hui intégrer la notion de limite de la planète dans leurs choix de développement et refuser le modèle du tout extrativiste au bénéfice du nord ainsi que celui de l’agriculture industrielle exportatrice et de l’agroforesterie destructrice des forêts primaires et provoquant l’épuisement des sols.

 

 

- E) Ecosocialisme et décroissance

  • Le Bien Vivre

La décroissance est un projet de rupture radicale avec le modèle social consumériste et marchand. Face au fétichisme de l’accumulation d’objets comme outil de réalisation de soi et de rapport aux autres, l’écosocialisme promeut une autre logique, centrée sur le « bien vivre » : « moins de biens, plus de liens ». La décroissance introduit avec force la notion de limites à l’opposé de la démesure qui gouverne les sociétés contemporaines : désirs illimités, affirmation de la toute puissance de l’individu et croyance irraisonnée dans les vertus de la science et de la technologie. La pensée progressiste a longtemps imaginé que toute avancée scientifique était par définition émancipatrice si elle se déployait dans un cadre public. Cette idée est désormais caduque. La question n’est plus de savoir si une technique est possible mais si elle répond à des besoins réels. Au-delà, le risque est grand de tomber dans une dépendance qui institue une nouvelle forme d’asservissement de l’homme à la techno-science. Des avancées médicales oui, des robots pour s’occuper des personnes âgées, non !

 

L’autre vision novatrice concerne le rapport au temps. L’accélération permanente, le « toujours plus vite » conduit au burn-out. Il faut réhabiliter la lenteur, rejeter l’injonction d’immédiateté et la dictature du « temps réel », négation de la démocratie. Prendre le temps de méditer, lire, dormir, flâner, mais aussi décider collectivement.

 

  • Pour une démondialisation solidaire

Une écologie radicale est impossible sans rompre avec la mondialisation libérale. Il ne s’agit pas seulement d’en finir avec la « spéculation financière » repartie de plus belle depuis la crise de 2008. C’est l’ensemble des échanges internationaux qu’il faut rééxaminer. Une part considérable de ceux-ci est constituée de commerce intra-firmes (entre filiales d’une même multinationale) et intra-branches (on vend et on achète des produits similaires entre différents pays). Cette circulation effrénée de services et de marchandises génère le dumping social, des pollutions insupportables et est incompatible avec les impératifs écologiques. La multiplication des transports génère des pollutions devenus insupportables.

 

Il faut relocaliser les productions en n’échangeant entre pays que l’indispensable. De même que nous prônons la souveraineté alimentaire, il faut se diriger vers la souveraineté industrielle. Ce processus de démondialisation est solidaire car il doit se penser non pas dans une logique de marché (diminution des coûts), ni de guerre commerciale entre tous, mais par la coopération des peuples fondée sur la satisfaction des besoins sociaux. Bien loin d’un « repli sur soi », il nécessite la mise en place d’un protectionnisme solidaire.

 

  • Empreinte écologique et dette écologique

L’empreinte écologique mondiale a dépassé la capacité biologique de la Terre à produire ce dont nous avons besoin et à absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980. Si tous les habitants de la planète consommaient autant que les Français, il faudrait disposer de 2,5 planètes. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait disposer de 5 planètes. Nous sommes donc maintenant en surconsommation, ce qui signifie que nous puisons dans nos réserves en surexploitant la nature (l’exemple le plus criant est celui des ressources en poisson). Voilà pourquoi une décroissance globale est indispensable. Pour que cela ne se fasse pas au bénéfice des pays riches ou des oligarchies de tout pays, il est impossible de laisser faire le marché et la concurrence libre et non faussée. D’où les propositions du Parti de Gauche d’inscrire la règle verte dans la constitution d’une 6e république et de mettre en œuvre une planification écologique. C’est tout le défi de l’écosocialisme.

 

  • Planification écologique

Il n’y a donc pas d’autre solution qu’une décroissance des ponctions sur la nature à l’échelle de la planète. Si on ne veut pas que cela s’effectue sauvagement et donc au bénéfice des pays riches et des oligarchies quelque soit leur pays d’origine, il faut surtout ne pas laisser faire le marché et la concurrence libre et non faussée. Il faut donc l’organiser et l’outil pour cela est la planification écologique avec deux principes de base :

 

- la règle verte : La règle verte consiste à inscrire dans la constitution le fait de ne pas prélever plus de ressources et de ne pas produire plus de déchets que ce que notre pays peut supporter. Le calcul se base sur l’utilisation de la notion d’empreinte écologique afin de réduire l’utilisation de ressources non renouvelables et de limiter les ressources renouvelables à ce que l’écosystème a le temps de renouveler. Les choix économiques, agricoles, énergétiques, d’aménagement du territoire et de transports doivent être planifiés afin de respecter cette règle verte et de réorienter production, échange et consommation selon leur utilité sociale et écologique. Cela nécessite une action qui soit à la fois coordonnée, volontariste et inscrite dans le long terme, tout en engageant des moyens immédiats pour les premières ruptures. Cela suppose d’identifier au préalable les biens communs et les services publics qui constituent les droits fondamentaux, de trouver le niveau pertinent d’articulation entre le central et le local, explorer les voies de la socialisation et de la réappropriation citoyenne.

 

- la reconnaissance de la dette écologique des pays industrialisés envers les autres pays. Le développement des pays du nord s’est effectué en pillant les ressources des pays du sud et ce pillage continue de nos jours sous des formes diverses par l’appropriation des matières premières, des terres et de la biodiversité sous la forme de la brevetabilité du vivant. Ce pillage doit donc cesser et être remplacé par des échanges justes partant des besoins des populations des pays du sud, de la nécessité de ces pays d’aller vers leur autonomie et leur souveraineté sous toute ses formes afin de ne plus dépendre des pays du nord. La coopération entre pays, basée sur l’intérêt général des populations des pays pillés, doit remplacer les mécanismes de marché. Les pays industrialisés ayant le plus de responsabilités dans le réchauffement climatique non seulement dans la durée mais aussi dans les quantités rapportées au nombre d’habitants, doivent faire les efforts principaux dans la réduction des émissions de gaz à effets de serre.

 

- La décroissance ce n’est donc pas une question morale.

- Ce n’est pas non plus revenir à la bougie ni se priver des avancées technologiques qui soulagent les êtres humains de tâches pénibles.

- La décroissance c’est le choix de la sobriété heureuse pour que la vie humaine soit encore longtemps possible sur notre planète terre.

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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 08:58
Selon Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis: près de 50% des terres arables de la RDC sont bradées

Sources : Africatime.com R.D.Congo | mis à jour le 13/02/2024

- Après le secteur des mines, qui a subi une véritable razzia, c’est le tour de terres arables de la RDC[1] de faire l’objet d’une ruée à l’échelle internationale.

Dans son livre intitulé ‘’ Le futur ’’, Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis, note que 48,8% des 120 millions d’hectares des terres arables que compte le Congo-Kinshasa sont déjà cédées aux étrangers. Un véritable bradage qui se fait malheureusement, dénonce l’ex numéro 2 sous Bill Clinton, au détriment du peuple congolais. Une redéfinition s’impose.


Scandale géologique, la République démocratique du Congo n’a pas cessé de séduire. Qui eut imaginé qu’au-delà de ses mines et de ses forets, la RDC pouvait attirer autant de convoitises pour ses terres arables ? Et sur ce point précis, la RDC a été bien dotée par la nature, parce qu’elle en compte environ 120 millions, derrière le Brésil.

 

La RDC, c’est aussi de larges étendues de terres fertiles et propices à l’agro-industrie. Une bénédiction de la nature (ou de Dieu). Les conditions climatiques favorisent le déploiement à grande échelle des activités agricoles toute l’année.

 

 

- Malheureusement, le peuple congolais n’en tire pas le meilleur parti. Pourquoi ?

Parce que son élite, toutes tendances confondues, s’embourbe dans des disputes politiques internes, ceux qui disposent du regard de l’aigle ont vite fait d’anticiper. Maffieux ou pas, ces investisseurs étrangers à la recherche de nouvelles sources d’enrichissement n’ont pas tardé pour prendre pied en RDC.

 

Leur flair les a renseignés que ce grand pays au centre de l’Afrique est un nouvel eldorado où terres rares et terres arables font ménage. Dès lors, ils préviennent la désertification qui guette des pays tels que l’Arabie Saoudite, la Chine et les Etats-Unis. Les terres arables et partant l’agriculture, se feront de plus en plus rares dans un avenir pas très lointain.

 

Dans cette recherche de la survie, la RDC est au centre du de nouveaux enjeux internationaux. D’autant que le Brésil est un pays pas facile d’accès.

Selon Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis: près de 50% des terres arables de la RDC sont bradées

- Le pavé d’Al Gore

Dans son dernier ouvrage intitulé : « Le futur. Six logiciels pour changer le monde », Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis sous l’ère Bill Clinton de 1993 à 2001 et prix Nobel de la paix, pose le problème dans des termes clairs. « Dans nos économies mondialisées, écrit-il, certains pays dont la population augmente et qui épuisent les ressources de leurs sols et en eau sont amenés à acheter de vastes étendues de terres arables dans d’autres pays, en particulier en Afrique où l’on estime qu’un tiers des terres non cultivées sont disponibles ».

 

Reprenant les déclarations de Makambo Lotorobo, agent de terrain chez Friends of Turkana, une Ong environnementale kenyane, Al Gore souligne que : « La Chine, l’Inde, la République de Corée, l’Arabie Saoudite, notamment, ainsi que des entreprises multinationales, des fonds de pension et des universités achètent de grandes étendues de terres sur le continent (Ndlr : noir) afin de produire du blé et d’autres céréales non seulement pour leur propre consommation mais aussi pour les vendre sur les marchés mondiaux. C’est une sorte de nouveau colonialisme, comme au XIXè siècle quand nos ressources étaient exploitées pour permettre au monde occidental de se développer ».

 

Al Gore poursuit, citant cette fois-ci Philip Woodhouse de l’université de Manchester, qu’ « il ne fait aucun doute qu’il ne s’agit plus seulement de terres mais bien de l’eau ». Et d’ajouter : « Les pays riches ont un œil sur l’Afrique, pas uniquement en termes de profits et de retours sur investissements mais aussi comme une police d’assurance ».

 

 

- Dans cette nouvelle chasse aux terres arables de l’Afrique, la RDC (République Démocratique du Congo) n’est pas à l’abri.

Selon Al Gore, qui se réfère à une analyse de Rights and Resources Initiative, une Ong internationale basée à Washington, « la République démocratique du Congo a signé des accords avec des propriétaires étrangers pour céder 48,8% de ses terres cultivables ». Plus explicite, l’ancien vice-président des Etats-Unis affirme que « la Chine a obtenu un agrément avec la République démocratique du Congo sur l’exploitation de l’huile de palme pour des biocarburants sur une étendue de 2,8 millions d’hectares ». « Quant à la part exacte des achats massifs destinés au biofuel, note Al Gore, les experts sont partagés. La Banque mondiale a calculé que, en 2009, 21% y étaient destinés, alors que l’International Land Coalition estime qu’ils représentent 44% ».

 

A voir de plus près, les estimations d’Al Gore paraissent tout à fait minimalistes pour le cas précis de la RDC. Sûrement, la cession des terres arables de la RDC se situe bien au-delà de 50%. Et, la Banque mondiale, citée toujours par Al Gore, penche dans ce sens. « La Banque mondiale, écrit-il, a analysé les rapports concernant les transactions immobilières internationales en matière d’agriculture entre 2008 et 2009 et conclu que, durant cette période de deux ans, les pays étrangers et les entreprises ont acheté presque 8 millions d’hectares de terres – approximativement la superficie du Pakistan – et que deux tiers des ventes se sont déroulées en Afrique ».

 

De ce point de vue, qui d’autre en Afrique à part la RDC dispose de terres arables assez larges pour se livrer à un tel exercice ? Si la Banque mondiale limite ses analyses en 2009, elle ne fait pas mention de tout ce qui se passe jusqu’à ce jour. En effet, la réalité est que le monde nourrit de grandes ambitions sur les terres arables. Et la RDC est dans l’œil du cyclone.

 

La menace de désertification qui guette de nombreux pays tels la Chine, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis les poussent aujourd’hui à lorgner ailleurs, notamment en Afrique, pour trouver des terres cultivables. Or, la RDC en compte environ 120 millions d’hectares, dont à peine 10% sont mis en valeur. Elle paraît, de ce point de vue, comme un candidat potentiel à la grande ruée internationale des terres arables.

 

Pour ces pays en panne, il devient préférable, comme l’indique Al Gore, « d’acheter des terres disposant d’abondantes nappes d’eau douce en Afrique » que d’investir dans des projets d’irrigation extrêmement onéreux « at home ».

 

 

- La voie de sortie

Dans ces conditions, peut-on espérer une inversion de la tendance ? Difficile à dire pour l’instant. Toutefois, d’aucuns sont d’avis qu’une nouvelle colonisation de l’Afrique serait en gestation. L’Afrique se réveiller. Particulièrement la RDC, qui a le devoir ici et maintenant prendre conscience du danger pour éviter une nouvelle hécatombe au pays.

 

Alors que le vaste bradage des mines ne s’est pas encore arrêté, un autre, d’une grande amplitude, risque de ruiner complètement l’avenir de la RDC. Les terres arables congolaises sont à protéger et non à brader. Et, l’Etat, garant de la souveraineté et du bien-être du patrimoine commun doit les protéger contre vents et marées.

 

Dans une étude intitulée : « Les conflits autour des terres arables en RDC : négligés mais aussi dévastateurs que les guerres à l’Est du pays » de Joël Siku Kasereka, postée sur Internet le 20 mars 2013, l’auteur prédit un scenario apocalyptique pour la RDC. Il note que « la richesse potentielle de la RDC cache des réalités paradoxales ». L’auteur craint une résurgence des conflits autour de l’accès aux terres, notamment cultivables.

 

Pourtant, avec plus de 120 millions d’hectares des terres arables, la RDC pourrait nourrir plus du tiers de la population mondiale, en utilisant les technologies de production améliorées les plus récentes. Ce qui n’est pas le cas. En lieu de rentabiliser ses terres, la RDC a préféré les céder aux étrangers pour une exploitation agro-industrielle qui ne profite nullement à sa population. Recadrer le tir parait plus que jamais inévitable pour éviter un cataclysme national.

 

Quid ? Déposséder le pays des terres arables, comme c’est le cas actuellement, c’est entretenir des conflits que l’on ne saura pas maitriser dans les prochains jours. Une redéfinition s’impose pour recadrer les choses. Il y a va de l’intérêt du pays.

 

 

- Quelques données chiffrées sur la RDC

 

• Superficie de la RDC : 2.345.000 Km²
• +/- 120 millions d’hectares de terres arables dont 10% exploitées et 4 millions d’hectares irrigables
• +/-135 millions ha des forêts tropicales (52% de la RDC)
• Potentiel halieutique: +/- 700.000 T de poissons par an
• Potentiel de Gros bétail à élever + 40 millions de têtes
• +/-60 millions d’habitants dont 70 millions en milieu rural (six millions de ménages agricoles)
• 400.000 artisans pêcheurs.

 

Note

[1] République démocratique du Congo

 

Pour en savoir plus :

- DOSSIER : Les terres agricoles en Afrique

- Des paysans cambodgiens attaquent le groupe Bolloré en justice

- L’accaparement des terres en Afrique : Investissement ou pillage ?

- Terres "accaparées" : séance d'explications entre Bolloré et les communautés locales

- Les guerres africaines de Vincent Bolloré

- Bolloré étend son empire agricole

- La RDC peut-elle devenir le grenier de l’Afrique ?

 

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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 08:12
Au cœur d’Avril-Sofiproteol et de la FNSEA : Xavier Beulin, l’homme aux mille bras

Au cœur d’Avril-Sofiproteol et de la FNSEA, un homme, Xavier Beulin. Indestructible, faiseur de ministres, lié au grand patronat, il applique la politique de l’industrialisation de l’agriculture française. Au prix de la disparition de dizaines de milliers d’exploitations agricoles et de la destruction de l’environnement.

 

Sources : Reporterre le quotidien de l'écologie le 02/04/2015 par Barnabé Binctin et Laure Chanon

C’est le symptôme le plus évident de sa puissance : d’« Agricultor » pour Libération à « Agrobusiness man » pour Le Monde, toute la presse nationale a tiré la caricature de cet « homme d’affaires [qui] détonne dans le milieu agricole » selon Le Point. Mais rien n’y fait. Xavier Beulin semble indestructible.

 

Cheveux gominés, chaîne en or, montre Breitling et villa en Tunisie, son train de vie n’est pas un mystère. M. Beulin n’est plus guère paysan, et il s’en fiche. Difficile de trouver un cliché de lui sur son tracteur ; et quand Reporterre lui propose en juillet dernier une rencontre sur son exploitation de 500 hectares dans le Loiret, il refuse. Son véritable lieu de travail est son bureau installé dans les beaux quartiers du 8e arrondissement de Paris, dans lequel il a de nouveau reçu le quotidien de l’écologie.

 

 

- « Fossoyeur de l’agriculture », selon Marianne[1], il ne cache pas sa vision des choses

Il n’y a d’autre choix possible que l’industrialisation de l’agriculture :

 

- Ecouter Xavier Beulin :

 
 
 

Et pourtant. « Beaucoup d’agriculteurs ne se rendent toujours pas compte qu’ils sont en train d’être vendus à un industriel », dit Grégoire Frison, avocat de Novissen, l’association en pointe dans le combat contre la ferme-usine des Mille vaches. Lors d'une plaidoirie, il avait tenté de stigmatiser ces petits réseaux qui contrôlent l’agriculture moderne. « Mais les juges ont fermé yeux et oreilles ».

 

En revanche, M. Beulin peut injurier les opposants au barrage de Sivens, les taxant de « djihadistes verts » sans que personne s’en émeuve, hormis les écologistes et le Parti de Gauche.

 

Rien n’ébranle l’autorité de Xavier Beulin. Et pour cause, l’homme est puissant. Celui qu’on présente parfois comme le "ministre occulte de l'agriculture" fait plus que murmurer à l’oreille des ministres. Il est l’homme providentiel, une sorte de super-ministre tapi dans l’ombre des ministres officiels, le sauveur masqué des soirs de réveillon :

 

- Ecouter Xavier Beulin :

 

 

En décembre 2013, François Hollande avait fait spécialement le déplacement pour les trente ans de Sofiprotéol, y prononçant un discours flatteur.


 

- Cumul des mandats et conflit d’intérêt

Le pouvoir de M. Beulin tient à sa position centrale dans les multiples réseaux qui irriguent le monde agricole. Président du premier syndicat agricole français, la FNSEA, vice-président du syndicat agricole majoritaire représenté à Bruxelles, le Copa-Cogeca, il est aussi président de l’EOA, l’alliance européenne des oléo-protéagineux, vice-président du CETIOM (un institut de recherche spécialisé dans les filières oléagineuses), vice-président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Loiret, département dont il est issu. Egalement secrétaire-adjoint de la Chambre régionale d’agriculture du Centre, il avait été president du Haut conseil à la cooperation agricole et du conseil d’administration de FranceAgriMer, l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer.

 

L’association nationale des producteurs de lait s’est amusée, en 2012, à schématiser les différentes structures tombées sous la casquette de Xavier Beulin. Le tableau n'est pas exhaustif :

 

 

Les responsabilités de l’homme aux mille bras, d’ailleurs, ne se cantonnent pas au milieu de l’agriculture : il préside aussi l’IPEMED, un institut de coopération avec les pays du bassin méditerranéen, le CESER (Conseil économique social et environnemental régional) du Centre et et le conseil de surveillance du port autonome de La Rochelle/Pallice, premier port français d’importation des produits forestiers et deuxième exportateur des céréales.

 

Toutes ces responsabilités cumulées induisent des conflits d’intérêt, au sens de « situation de fait dans laquelle se trouve placée une personne face à deux intérêts divergents ». Interrogée par Reporterre sur le combat qu’elle avait eu à mener contre la Copa-cogeca au sujet des agrocarburants – pierre angulaire du développement de Sofiprotéol – Corinne Lepage raconte : « Sous couvert du discours de l’intérêt général qu’on peut porter comme syndicaliste, ces revendications lui permettaient de défendre au plus haut ses propres intérêts ». De son coté, Michelle Rivet, vice-présidente du conseil régional du Centre, témoigne : « A l’échelle de notre territoire, il est à la fois juge et partie. Avec le CESER, il est censé faire du conseil à la collectivité en toute impartialité, mais il est dans le même temps responsable syndical, sans compter ses intérêts industriels ».

 

 

- La FNSEA, la machine de guerre de l’homme d’affaires

Le cœur de ce mélange des genres – homme d’affaires, syndicaliste, représentant de collectivités publiques – est la machine de la FNSEA, qu’il préside. Pourquoi Xavier Beulin, patron d’industrie fort occupé, déjà pourvu de multiples casquettes, a t-il pris la tête de la FNSEA en 2010 ? Parce que la FNSEA est une machine de guerre. Dès sa naissance en 1946, elle a cogéré l’agriculture et les budgets agricoles avec les gouvernements. La gauche de 1981 a tenté de changer les habitudes mais le naturel est vite revenu. Le syndicat pousse les portes et les ministères accèdent à ses demandes.

 

La puissance de la FNSEA repose sur une main-mise historique sur les chambres d’agriculture, leur budget et leurs services, dont le plus important concerne l’accès aux aides publiques, fondamentales en agriculture. L’argent des « chambres » sert à une politique agricole qui converge avec celle dessinée par Sofiprotéol.

 

S’appuyant sur sa représentativité et ses quelques 300 000 adhérents, elle entend être l’interlocuteur unique des pouvoirs publics. Elle est souvent seule à négocier, ne tolérant pas la présence de la Confédération paysanne, de la Coordination rurale ou du Modef, trois syndicats minoritaires, souvent en désaccord avec elle.

 

Certes, les agriculteurs ne représentent guère que 1 % de la population française, mais leurs manifestations musclées et le poids des votes dans les campagnes, font peur aux hommes politiques. Les gouvernements, UMP ou PS, composent avec leur représentant officiel, la FNSEA.

 

Ainsi, en décembre 2011, alors candidat à l’élection présidentielle, François Hollande répond à une lettre que lui avait envoyée Xavier Beulin : celui-ci s’inquiétait de l’alliance entre les socialistes et le parti écologiste EELV. Hollande le rassure, promettant que « rien ne se fera sans les organisations agricoles » s’il était élu président.

 

  • Reporterre dévoile cette lettre en exclusivité :

- Télécharger :

PDF - 206 ko


- François Hollande et Xavier Beulin -


M. Hollande a tenu parole. Quand Xavier Beulin, coiffé de son chapeau de la FNSEA, monte au créneau, il obtient gain de cause. Avant les élections de 2012, il s’était prononcé pour un ministère de l'agriculture et de l'agroalimentaire, il l’a obtenu. Il souhaitait voir Stéphane Le Foll plutôt qu’un autre au ministère de l'agriculture en cas de victoire du PS ; son vœu a été exaucé. Le rejet de l’ecotaxe ? Après des manifestations plus que musclées,  il a été accepté. Agrandissement des élévages ? C’est fait pour les porcs et les volailles. « Directive nitrate »  ? La FNSEA en fait une grosse colère, Manuels Valls l'a remise en cause. Aides aux retenues d’eau pour l’irrigation ? Le ministre Le Foll obtempère.
  • C’est simple : sous Hollande, on ne dit pas non à Xavier Beulin.

 

- « Une confusion des genres assez troublante »

La source essentielle de la puissance de la FNSEA est qu’elle tient les chambres d’agriculture : un outil impressionnant, que le rapport du député Nicolas Perruchot, portant sur le financement des syndicats, publié non sans difficulté en 2012, a permis d’évaluer précisément.

 

- Télécharger le rapport Perruchot (lire notamment à partir de la page 94 :

PDF - 2.1 Mo

Car le syndicat agricole gère en quasi-totalité les chambres d’agriculture, que gère en quasi totalité la FNSEA, soit un budget atteignant 700 millions d'Euros en 2014.

 

Les chambres apportent à la fois des fonds et des hommes aux ordres sur le terrain. « Présentes dans chaque département et chaque région, les chambres d’agriculture sont des établissements publics dirigés par 4 200 élus professionnels, tous représentants des diverses activités du secteur agricole et forestier. Ces élus sont assistés par 7 800 collaborateurs, afin de coopérer à la réalisation de projets territoriaux en matière agricole et d’accompagner les agriculteurs dans leur installation ou leur développement.”

 

Le député poursuivait : “ Le contrôle de ces instances confère aux organisations d’exploitants majoritaires une position stratégique, sur le plan de la représentativité bien sûr, mais aussi pour l’accès aux moyens du réseau, qui s’élèvent à quelques 500 millions d’euros.”

 

Et M. Peruchot d’enfoncer le clou : “Une part importante des moyens financiers est fréquemment détournée dans l’intérêt des représentants du syndicalisme majoritaire”.

 

A tel point qu’il assimile ces moyens à « des subventions déguisées” au profit du syndicat majoritaire qui “ne se trouvent (pas) valorisées dans les comptes”.

 

Pour lui, il y a bel et bien « confusion des genres » : “De fait, la FNSEA et le Centre national des jeunes agriculteurs [syndicat majoritaire des agriculteurs de moins de 40 ans] exercent une influence sans partage sur le réseau. Dans certaines situations, il en résulte une certaine confusion des genres assez troublante”, précise le rapport.

 

 

- Des services publics contre adhésion au syndicat

“De même, l’adhésion au syndicat majoritaire se trouve-t-elle encore favorisée par son caractère incontournable dans la gestion des différents dispositifs d’aide aux agriculteurs”, constate le rapport. Car lorsqu’un agriculteur s’adresse à sa chambre d’agriculture, passage obligé pour formuler une demande d’aides publiques, mieux vaut qu’il soit adhérent de la FNSEA s’il veut que son dossier aboutisse.


Un témoin entendu par le rapporteur explique : “Dans le syndicalisme majoritaire, l’adhésion paraît quasi obligatoire : il est de notoriété publique que, sans adhésion à la FNSEA ou aux JA, il est difficile d’obtenir des prêts – bien qu’il y ait eu une évolution en la matière depuis la fin du monopole du Crédit agricole –, d’agrandir son exploitation, voire d’obtenir des conseils juridiques : dans certaines chambres d’agriculture, le conseiller juridique suggère d’abord à l’agriculteur de prendre sa carte à la fédération départementale, la FDSEA. Bien sûr, de telles conditions ne sont jamais exposées par écrit”.

 

Un autre témoin raconte qu’il a été incité à adhérer au syndicat majoritaire pour obtenir un avis favorable à sa demande d’installation en tant qu’agriculteur. Cette influence de la FNSEA sur les demandes d’installation explique en partie la grande difficulté de l’agriculture biologique à se développer en France malgré la forte croissance de la demande.



- Omniprésence et capacité d’action

La FNSEA est incontournable. Pas seulement au sein des chambres d’agriculture. Elle siège dans les Safer qui autorisent ou refusent les achats de terres agricoles. Elle siège dans les banques qui accordent ou non les prêts. Elle est présente au sein des assurances (Groupama), de la sécurité sociale des agriculteurs (MSA), des organismes de formation, de l’enseignement agricole, de la recherche publique, au Conseil économique et social, au Haut conseil aux biothnologies.

 

Politiquement, la FNSEA a ses entrées dans toutes les structures, des mairies rurales, aux conseils généraux et régionaux dans les territoires. Il n’est pas rare que des élus soient adhérents du syndicat qui lui apporte son soutien. C’est le cas du maire de en Vendée. Elle a des relais dans les administrations et tous les ministères à Paris, à la Commission européenne à Bruxelles.

 

Qui tient la FNSEA tient l’agriculture en France. Les ministres, le président, se plient, en échange de la paix sociale sur le front agricole. Et quand cette puissance se cumule avec celle d’un grand groupe agro-industriel, comme Avril-Sofiproteol, on est, simplement, dans une logique oligarchique, où public et privé se combinent à l’avantage des intérêts privés.

 

 

- Un homme au cœur du « Milieu » des affaires

Car en tant qu’homme d’affaires, M. Beulin déroule aussi un fort réseau d’intérêts économiques qui le place en relation avec le cœur du capitalisme français. C’est ce dont témoigne la composition du nouveau conseil d’administration d’Avril :

 

 

On y trouve Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva (dont le chiffre d’affaires ne pèse guère plus que celui d’Avril-Sofiproteol, malgré une notoriété infiniment supérieure). Une personne clé, tant par ses relations avec le pouvoir politique, que parce qu’elle préside la commission innovation 2030, avec ses 300 millions d’euros à distribuer.

 


Y siège aussi Pierre Pringuet, un « parrain du capitalisme français », selon le journal économique l'Expansion : il préside l’Association française des entreprises privées (AFEP), qui regroupe les cent plus grandes entreprises françaises. Un lobby moins visible que le Medef, mais largement aussi influent.

 

- Anne Lauvergeon -

 

Les autres membres du conseil d’administration d’Avril sont des pivots de l’agriculture française : Arnaud Rousseau et Gérard Tubéry viennent représenter la FOP, la fédération française des oléagineux et protéagineux, dont M. Beulin était président jusqu'en 2011. Bernard de Verneuil préside le CETIOM dont le vice-président est M. Beulin. Patrice Gollier, lui, est l’ancien directeur général d’InVivo, la plus grande coopérative agricole de France, présente dans les semences, par le biais de RAGT Semences, au capital duquel participe Sofiprotéol. On notera enfin la présence du milieu bancaire – que Xavier Beulin connaît bien en tant qu’administrateur du Crédit Agricole – avec Jean-Pierre Denis, qui représente le Crédit Mutuel. Ancien secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac, l’homme avait alors succédé à son " amie "... Anne Lauvergeon. Le monde est toujours petit, autour de Xavier Beulin.

 

Le PDG de Sofiprotéol a su jouer de tous ses réseaux et des responsabilités diverses pour appliquer sa matrice à l'agriculture française. Son affairisme lui permet aujourd’hui de verrouiller la trajectoire qu’il donne au secteur primaire : une industrialisation forcenée qui fait de Xavier Belin le meilleur lobbyiste de la mort des paysans français.

 

- Xavier Beulin en entretien avec Reporterre -

 

Car il faut le rappeler : le bilan est catastrophique. En vingt ans, le nombre d'exploitations agricoles a baissé de moitié. Le gaspillage des terres a continué à un rythme effréné, avec la perte d’1,7 millions d’hectares de terres agricoles. La balance agricole française se dégrade et l’agriculture est de plus en plus polluante, en termes d’engrais, de pesticides et de gaspillage de l’eau.

 

Une nouvelle fois, ce désastre social et environnemental est rendu possible par une profonde défaillance de nos systèmes démocratiques. Le cas Beulin et l’histoire de Sofiprotéol sont à ce titre un exemple parfait d’une oligarchie qui ne dit jamais son nom. Mais qui continue à détruire le pays.

 

Note :

[1] « Fossoyeur de l’agriculture », selon Marianne

 

Crédits photos et dessin :
. Hollande :
Sofiproteol
. MM. Hollande et Beulin : Présidence de la République - P. Segrette

. Tommy Dessine pour Reporterre
. Xavier Beulin entretien : Romain Guédé pour Reporterre

 

Pour en savoir plus :

- Les autres volets de notre grande enquête sur le maitre caché de l’agriculture française

- La forteresse agricole : une histoire de la FNSEA

-

- Xavier Beulin (FNSEA) qui défend les éleveurs : la paille et la poutre

- Syndicats agricoles : la FNSEA… et les autres

- L. Pinatel (CP) : « Les revendications de la Fnsea ne sont pas tenables »

- Le plan de Xavier Beulin qui va faire disparaitre les petits paysans

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14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 08:24
Paysage agricole de la vallée de Viñales - Miriane Demers-lemay

Paysage agricole de la vallée de Viñales - Miriane Demers-lemay

Après avoir essuyé les ravages économiques et environnementaux de la monoculture à grande échelle, Cuba se tourne maintenant vers l'agroforesterie à une vitesse et une ampleur inégalées. Et c'est un succès.

 

Source : notre-planete.info par Miriane Demers-Lemay / indépendante le 03/03/2015

Au lendemain de la révolution de 1959, le gouvernement cubain adopte le modèle de développement agricole promu par la révolution verte. L'île se modernise. Elle introduit massivement les tracteurs, les fertilisants chimiques, les herbicides, les systèmes d'irrigation à grande échelle et les graines hybrides. Cuba devient l'un des pays les plus mécanisés d'Amérique latine.

 

Près de 90% des terres agricoles sont alors occupées par la monoculture intensive, principalement de sucre. Les récoltes sont exportées aux pays du bloc soviétique. De ces pays, on importe les produits agrochimiques et le pétrole pour faire fonctionner la machinerie agricole. Toutefois, cet effort agricole ne suffit pas à l'autonomie alimentaire de l'île. À la fin des années 80, près de 60% de ce que mangent les Cubains est importé.

L'agriculture tout comme la sécurité alimentaire de Cuba dépendent fortement du commerce avec l'extérieur.

 

En 1990, la chute du bloc soviétique entraîne Cuba dans la crise économique. L'embargo américain se resserre. Les exportations de sucre chutent. Le pays ne peut importer le pétrole et les produits agrochimiques nécessaires à ses monocultures. Pire : les monocultures ont laissé en héritage des sols érodés, compacts, salins et peu fertiles. De nouvelles pestes résistantes aux herbicides et aux insecticides ont émergé. L'économie du pays menace de couler à pic.

 

 

- Une révolution agraire

Le gouvernement prend alors les grands moyens. Il instaure un programme d'austérité nationale. La « période spéciale en temps de paix » commence. Cuba est alors marquée par une seconde révolution. Celle-ci, cependant, n'est pas politique, mais agraire. Sans combustible, la machinerie est désuète. Elle est remplacée par les animaux de trait. Les pesticides et les insecticides sont remplacés par la fertilisation et le contrôle biologique. Les sols sont restaurés avec une reforestation massive. Cuba troque ses monocultures pour l'une des plus anciennes méthodes de production agricole du monde : l'agroforesterie.

 

Une exploitation agroforestière peut être décrite comme un hybride entre un champ et une forêt. On y retrouve des plantes herbacées, comme les céréales ou le fourrage, ainsi que des arbres et des arbustes. Des oasis des déserts du Maghreb aux milpas du Mexique, on trouve des systèmes agroforestiers partout sur la planète. L'agroforesterie a été extirpée des oubliettes par les scientifiques il y a une trentaine d'années. Elle est maintenant considérée comme l'une des solutions les plus prometteuses pour réconcilier la production alimentaire avec la protection de l'environnement, tout en contribuant à l'économie locale. Depuis plusieurs années, la promotion et l'expansion de l'agroforesterie sont à l'agenda de programmes internationaux comme ceux de la FAO</