Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 22:20
Comment expliquer la longue agonie du fret ferroviaire ?
Comment expliquer la longue agonie du fret ferroviaire ?

Le principal problème du fret ferroviaire ne vient pas d’un manque d’innovation mais bien de la concurrence avec le transport routier...

 

Fret ferroviaire, la Suisse pionnière : " La route crée des coûts à la société, nous lui demandons de participer ", un exemple pour la France[9] ?

 

Bruxelles et Macron main dans la main pour liquider le fret ferroviaire public[a] avec préméditation et l'aide du cabinet McKINSEY[12!

 

Le 22 octobre 2021, le premier ministre inaugurait en grande pompe la reprise du train des primeurs : le Perpignan-Rungis. Après deux ans de suspension, ce retour fait écho aux mesures annoncées le 27 juillet pour relancer le fret ferroviaire. Cette initiative semble pourtant déjà s’inscrire dans une longue liste de plans de relance qui n’ont pas donné les effets escomptés. Alors, comment expliquer ce déclin du fret ferroviaire ?

Mai 2023, fret SNCF : 500 emplois supprimés et 20 % de l’activité cédée à la concurrence.  Sous la menace d’une liquidation après une enquête approfondie de la Commission européenne, la filiale Fret de la SNCF va être restructurée en profondeur. Les syndicats dénoncent des mesures « inacceptables »[b].

 

 

Sources : Le Vent Se Lève | mis à jour le 01/08/2024

- En 1950 les deux tiers des marchandises sont transportées par le rail.

En 1827, la première ligne de chemin de fer ne transportait pas des voyageurs mais des marchandises. Avec seulement 18 kilomètres de voies, la ligne de Saint-Étienne à Andrézieux, tractée par des chevaux, servait à transporter de la houille depuis le port fluvial. Le transport de marchandises par train s’est ensuite développé de manière exponentielle au travers de compagnies privées. En 1882, la France possède alors la plus forte densité de chemin de fer au monde avec 26 000 km de voies. Les marchandises sont échangées dans des halles adjacentes aux gares, avant que le trafic ne soit peu à peu séparé des voyageurs.

 

En 1938, la création de la SNCF unifie le réseau. Il y a alors 6 500 embranchements jusqu’aux entreprises (les ITE) et plus de 42 500 km de voies. Cette situation continue dans l’après-guerre : en 1950 les deux tiers des marchandises sont transportées par le rail et c’est le transport de marchandises qui fait vivre la SNCF. Alors que les frontières entre cheminots du service voyageur et du service fret ne sont pas établies, on estime que 200 000 d’entre eux travaillent directement ou indirectement dans le transport de marchandises. Pourtant, la concurrence avec la route a déjà commencé. Les camions se multiplient et, en 1984, le ferroviaire ne représente déjà plus que 30% du transport de marchandises[1]. La baisse est brutale : ce chiffre passe à 20% en 1990, puis 17% en 2000 et 9% en 2010.

 

  • Aujourd’hui, il reste moins de 5 000 cheminots au service de SNCF Fret et seulement 32 milliards de tonnes-kilomètres[2] sont transportées sur les voies ferroviaires contre 317,3 milliards de tonnes-kilomètres sur les routes.

 

 

- Le fonctionnement du fret ferroviaire
Pour expliquer cette baisse, il faut d’abord comprendre comment fonctionne le fret ferroviaire.

  • En France, les trains de marchandises circulent le plus souvent sur le même réseau que les trains de voyageurs.
  • Ils occupent donc des sillons horaires de la même manière que les autres trains. Ces sillons sont des laps de temps durant lesquels les trains utilisent une infrastructure donnée (aiguillage, gare, voie ferrée). Ils sont gérés par un gestionnaire de réseau qui les facture au travers de péages ferroviaires.

Pour le transport de marchandises, il existe deux types de trains.

  • Le premier est le train massif qui transporte d’un point à un autre des marchandises sans réorganisation du convoi. Il peut s’agir par exemple d’un train au départ d’une usine agro-alimentaire qui va directement à une autre de transformation.
  • Le second est le train de lotissement. Il est composé de wagons isolés qui doivent être réorganisés dans une gare de triage pour aller dans des directions différentes. Ce serait par exemple le cas d’une usine de voiture en Bretagne qui doit envoyer la moitié de ses wagons dans le Nord et l’autre moitié en Alsace. Le train s’arrête alors dans une gare de triage où les wagons sont remaniés avec d’autres wagons qui vont dans la même direction afin de former un train complet.

 

 

Pour les marchandises ne faisant qu’une partie de leur trajet en train, le reste étant effectué par voie maritime ou routière, il existe des terminaux de transport combiné.

Il peut s’agir de conteneurs récupérés dans un port et qui sont ensuite déposés sur des wagons. Le transport combiné peut également avoir lieu entre le rail et la route avec la prise en charge de la remorque du camion ou du camion entier avec sa cabine (dans ce cas, il s’agit de ferroutage).

 

 

Enfin, si les trains sont chargés dans des terminaux gérés par la SNCF, certaines voies desservent directement des entreprises, usines ou entrepôts particuliers, on parle alors d’installation terminale embranchée (ITE) ou d’embranchement particulier.

Il existe une autre spécificité : les Opérateurs Ferroviaires de Proximité[3] (OFP). Ces entreprises (NDLR : privées) gèrent une petite partie du réseau ferroviaire avec leurs propres matériels. Au port de La Rochelle par exemple, un OFP se charge des activités ferroviaires sur le port[4]. Ces OFP peuvent soit gérer de manière étanche un réseau entre différents terminaux soit le gérer jusqu’au réseau SNCF où un autre opérateur ferroviaire prend le relais pour des plus longues distances.

 

 


- Un déclin plus marqué que chez nos voisins
Le fret français transportait 57,7 milliards de tonnes-kilomètres en 1984, contre 32 milliards de tonnes-kilomètres en 2018. Cette diminution est également visible dans le mix modal du transport de marchandises : en 34 ans, la part du ferroviaire dans le transport de marchandises a diminué de 70%.

 

Évolution du mode de transport des marchandises depuis 1984 en France, INSEE.

 

Si la situation est assez inquiétante dans toute l’Europe, le sort de la France est plus dramatique que celui de ses voisins.

  • En Allemagne, le trafic de fret ferroviaire a connu une hausse de 50% entre 2003 et 2018[5].
  • La dynamique est aussi positive en Autriche, en Suède, en Suisse et de manière plus nuancée en Italie.
  • Si l’Espagne et le Royaume Uni ont, comme la France, subi une diminution de leurs volumes transportés par le fret ferroviaire (environ -10% pour les deux depuis 2003), seule la France connaît une chute aussi importante.

Ainsi, alors que les trafics allemands et français étaient équivalents dans les années 1990, le trafic français est aujourd’hui quatre fois moindre que celui de l’autre côté du Rhin. Enfin, alors que la part moyenne du fret ferroviaire dans le transport de marchandise en Europe est de 18%, cette même valeur se situe en France dix points en deçà, à 9%.

 

Évolution du trafic du fret ferroviaire européen en tonne-kilomètre, base 100 = valeur en 2003, EUROSTAT.

 

 

- Qui a tué le fret ?
On peut trouver trois explications au déclin du fret ferroviaire. 

1 - Tout d’abord, il faut prendre en compte la situation industrielle et portuaire.

La désindustrialisation a diminué de manière importante les marchandises à transporter sur de longues distances à l’intérieur du pays avec, par exemple, la fin des exploitations minières.

 

2 - D’autre part, la France n’arrive pas à capter une part importante du trafic maritime international sur ses ports.

Le tonnage de l’ensemble des ports français équivaut aujourd’hui au seul port de Rotterdam aux Pays-Bas. Anvers en Belgique est parfois même qualifiée de premier port français, une particularité surprenante vue la taille de la façade maritime de l’Hexagone, son positionnement stratégique et le nombre de ports prêts à accueillir des marchandises comme Marseille, Le Havre ou Saint-Nazaire. À cette situation s’ajoute une mauvaise liaison entre les ports français et les voies ferrées. Alors qu’à Hambourg près d’un tiers des marchandises transitent par le rail, seules 10% des marchandises dans les ports français font de même.

 

3 - La concurrence de la route met aussi à mal le fret ferroviaire.

Le transport routier présente pour les entreprises de nombreux avantages : fiable, peu coûteux, les transporteurs y bénéficient également d’un réseau très dense permettant de desservir directement tout le pays. De plus, l’arrivée d’entreprises de transports routiers d’autres États membres de l’UE permet aux transporteurs d’utiliser de la main-d’œuvre étrangère avec des prétentions et des droits salariaux moindre que ceux attendus normalement en France.

 

 

- Pourtant ces différents facteurs n’expliquent pas l’ensemble du déclin du fret ferroviaire.
La situation dans des pays comme l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni montre que malgré la désindustrialisation et l’émergence du transport routier, le fret ferroviaire peut persister et maintenir une part de marché plus importante que celle que nous connaissons en France. De plus, le fret ferroviaire demeure moins coûteux que le transport par camion sur les longues distances. Un kilomètre avec un camion de 40 tonnes coûtait ainsi 1,20 euro en 2007 contre 0,51 euro pour un train de 1 800 tonnes ramené au même poids[6].

 

La violente libéralisation et mise en concurrence voulue par Bruxelles est également responsable de ce déclin.

  • En 1991, l’Union européenne impose une première réforme ferroviaire exigeant la séparation entre l’exploitation des lignes (pour le transport voyageur et fret) et la gestion de celles-ci. Cette réforme donne lieu à la création, en 1997, de Réseau Ferré de France (RFF), le gestionnaire des infrastructures ferroviaires. Pour se financer, RFF dispose des revenus des péages ferroviaires, ce qui représente en parallèle un nouveau coût pour les exploitants (même s’ils en payaient déjà indirectement une partie).
  • Au cours des années 2000, sous la pression des gouvernements et de l’UE, la séparation entre les activités fret et voyageurs à la SNCF est renforcée. L’objectif ? Que l’État et les collectivités territoriales évitent de financer le fret avec des subventions à destination des services voyageurs (comme les TER).

 

Cette évolution entraîne un dédoublement des postes auparavant mutualisés, ce qui augmente les coûts d’exploitation.

  • Dans la même période, l’Union européenne, qui ne jure que par le culte du « marché libre et non faussé », interdit aux États de financer leurs activités de fret, une situation d’autant plus compliquée en France que le service fret de la SNCF n’est plus équilibré budgétairement depuis 1998.
  • En 2004, face à la dette du fret ferroviaire, l’État obtient la permission de l’Union européenne de le recapitaliser à hauteur de 800 millions d’euros (qui s’ajoutent aux 700 millions apportés par la SNCF), en contrepartie de quoi, la France ne doit plus refinancer le fret pendant 10 ans et doit ouvrir cette activité à la concurrence (2005 pour les lignes avec l’étranger puis 2006 sur les lignes intérieures).
  • L’ouverture à la concurrence de ce « deuxième paquet ferroviaire » est une véritable saignée pour le fret SNCF. Si celle-ci garde la majorité des parts du marché ferroviaire, les opérateurs étrangers vont prendre en charge les trains massifs plus rentables et laisser les wagons isolés, plus coûteux, à la SNCF.

 

Témoignage de la diminution du fret, la gare de triage de Sotteville est devenue un cimetière ferroviaire

 

Face à un tel déséquilibre, la crise du fret s’accentue et, deux plans de relance se succèdent en 2004 et en 2007 (plans Véron et Marembaud), tentant de limiter les pertes en abandonnant les dessertes de wagons isolés les moins rentables, menant à une baisse directe du volume transporté et des effectifs cheminots.

  • En 2008, alors qu’il reste moins de 10 000 cheminots dans le fret, la SNCF achète GEODIS, un transporteur routier, et instaure de facto la concurrence au sein même de l’entreprise. La même année, la crise économique frappe de plein fouet le fret ferroviaire (NDLR : la SNCF détenait déjà 42,37% de Geodis, mais le rachat de Géodis par la SNCF s'est effectivement fait en 2008 et a versé 600 millions d'euros pour racheter le reste[6bis]).
  • Les plans s’enchaînent sans enrayer la crise. Les liaisons avec des wagons isolés sont restreintes et les Installations Terminales Embranchées[7] (ITE) qui constituent un enjeu stratégique pour le développement du fret ferroviaire français fermées (4 535 en 2002, 1 400 en 2015).
  • En 2012, alors qu’un tiers du fret est assuré par des opérateurs extérieurs, la SNCF assure encore 400 trains de wagons isolés par semaine. Malgré cette saignée, la Cour des comptes demande en 2017 une nouvelle réduction du nombre de wagons isolés et la cession d’une partie de la flotte de locomotives.
  • Un an plus tard, le rapport Spinetta demande la recapitalisation et la filialisation du fret ferroviaire. Cette même année, Fret SNCF supprime 754 postes et se fixe comme objectif de restreindre à 4 724 les effectifs en 2021.
  • Enfin en 2020, à la suite de la réforme du ferroviaire, FRET SNCF devient une Société par Action Simplifiée, prélude à une cession du capital, c’est-à-dire une privatisation.

 

- Le plan Castex, une nouvelle tentative de sauvegarde du fret
Le 27 juillet 2021, un énième plan en faveur du fret ferroviaire a été présenté par le Premier ministre, qui a annoncé vouloir s’appuyer sur le développement d’autoroutes ferroviaires, des transports combinés et a garanti la gratuité des péages ferroviaires pour 2020 et la division par deux de leurs prix pour le fret en 2021. A ces annonces s’ajoute une recapitalisation de 150 millions d’euros.

 

Cette subvention prouve que la libéralisation du fret ferroviaire est un échec. Elle va toutefois permettre à Fret SNCF de repasser dans le vert temporairement. Les syndicats de cheminots s’amusent à dire que cette même subvention, en 2000, aurait permis, au fret, qui transportait alors 17% du trafic de marchandise avec 10 000 cheminots, d’être excédentaire. Désormais, cet argent va uniquement permettre à Fret SNCF de maintenir son trafic actuel, et non d’investir dans les infrastructures.


Une autre annonce concerne les autoroutes ferroviaires. Il nous faut ici expliquer ce terme. On le sait, le transport combiné est composé d’une partie du trajet en camion et une autre en train à partir d’un terminal de transport combiné. L’autoroute ferroviaire allie le transport combiné avec d’importants corridors qui traversent la France et s’inscrivent dans une logique européenne. Ce système, déjà mis en avant par les plans de relance Véron, Marambaud et Nadal, a pourtant de sérieuses limites.

  • Comme son nom l’indique, il ne relie que peu de points de dessertes et montre donc assez peu de flexibilité.
  • De plus, le transport combiné s’appuie sur un simple ferroutage : on met un camion sur un wagon. Une technique bien moins économique que le remplissage d’un wagon standardisé. L’annonce de Jean Castex, qui s’appuie déjà sur de précédents projets d’autoroutes, ne peut donc pas entraîner un report massif vers le fret ferroviaire. Et pour cause, en France, 63% du transport de marchandises concerne le trafic intérieur. Comme le dit Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminot, « Les autoroutes ne servent à rien sans routes départementales et communales ! »

 

 

- Un intérêt écologique, mais des entreprises sceptiques
Si les plans de sauvetage ou de relance du fret ferroviaire ont pour l’instant tous échoué, la demande citoyenne d’une relance est très présente, notamment pour des raisons écologiques. Le transport routier, aujourd’hui largement majoritaire en France, est à l’origine d’une forte pollution atmosphérique. En 2018, il génère à lui seul 28,6% des gaz à effet de serre (en équivalent CO2), contre 21,3% en 1990. Au sein des transports routiers, les poids lourds représentent en 2018 un quart des émissions (41,3% si on y inclut les véhicules utilitaires). L’ensemble du transport ferroviaire ne représente quant à lui que 0,1% des gaz à effet de serre.

 

Les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports

 

Selon le rapport Bain, le transport routier émet en France 82 grammes de CO2 par tonne-kilomètre (g/t-km) contre huit g/t-km pour le ferroviaire. Pour l’Agence européenne de l’environnement, ce chiffre serait plutôt de 20,97 g/t-km, à l’échelle européenne, contre 75,33 g/t-km pour le routier. Quoi qu’il en soit, le constat est sans appel : le fret ferroviaire émet quatre à dix fois moins de CO2 que la route. En outre, la forte électrification du réseau ferré français et notre important recours à l’énergie nucléaire garantissent une pollution très faible. En 2010, un rapport du Sénat[8], chiffrait ainsi le bilan écologique du transport de marchandises : 2 grammes/km de CO2 pour un train électrique et 55 grammes/km pour un train thermique contre 196 grammes/km pour un seul camion semi-remorque de 32 tonnes et 982 grammes/km pour un utilitaire léger. Par ailleurs, au-delà du bilan écologique, le fret ferroviaire participe à l’équilibre du territoire en reliant des régions parfois mal desservies par la route.

 

Toutefois, malgré ces divers avantages, les clients de Fret SNCF ne manifestent pas un grand attachement pour le ferroviaire. Plus de quatre clients sur dix s’en disent peu ou pas satisfaits et la moitié déçus du rapport qualité-prix. La ponctualité est également mise en cause : le rapport du Sénat de 2008 pointait ainsi une ponctualité dans la journée de seulement 70% pour les wagons isolés contre 80% dans l’heure pour les trains massifs. Les clients du fret ferroviaire réclament donc une fiabilité plus importante et un meilleur rapport qualité-prix, deux éléments qui les font pencher en faveur du transport routier.

 

 

- Les solutions pour relancer l'activité
Pour aller au-delà des annonces, plusieurs projets existent.

  • En 2008, le projet EuroCarex a ainsi essayé de créer un TGV fret de nuit. Après un essai en 2012 entre Lyon et Londres, le projet est aujourd’hui au point mort à cause de sa rentabilité à court terme.
  • En 2014, le projet Marathon a mis sur pied le plus long train de fret d’Europe. Long de 1,5 km, il a transporté 70 wagons, contre 35 habituellement.
  • En 2015, dans le prolongement de ce projet, le train le plus lourd du réseau ferroviaire, long de 947 mètres et avec une masse de 5 410 tonnes a relié Somain dans le Nord à Uckange en Moselle. Ces deux projets sont aujourd’hui au point mort.
  • Depuis 2017, c’est le projet de train autonome qui est sur les rails. L’objectif est de développer divers niveaux d’autonomie pour un train (conduite assistée, conduite à distance, voire absence de conducteur) à horizon 2023. Si les conséquences sociales de ce projet ne sont pas encore connues, celui-ci devrait permettre d’améliorer la ponctualité des trains grâce au calcul informatique.

 

Ces différentes innovations nous amènent à regarder de l’autre côté de l’Atlantique. Aux États-Unis, les trains de fret impressionnent par leurs dimensions, avec deux étages de conteneurs sur un seul wagon et une longueur pouvant atteindre plus de trois kilomètres. Des chiffres d’autant plus spectaculaires quand on les comparent aux 750 mètres des trains français.

 

Comment expliquer ces différences qui pourraient largement augmenter la compétitivité du fret SNCF ? Le problème réside dans le réseau. Le réseau américain a été adapté au niveau des ponts et des tunnels pour que les trains puissent mesurer plus de 6 mètres de haut contre 4,28 mètres en France. Pour prétendre à ces dimensions en France, il faudrait adapter un nombre très important d’ouvrages. Pour la longueur, le problème vient également des infrastructures. Le réseau français a été construit historiquement pour des trains de 500 mètres de long puis de 750 mètres. Cela signifie que l’ensemble du réseau a été adapté sur ces distances avec des voies de garage et des triages à ces tailles. Aux États-Unis, le réseau est extrêmement long et permet de doubler des trains de plusieurs kilomètres de long. Pour obtenir les mêmes performances que le réseau américain, c’est tout le réseau ferroviaire, les wagons et les infrastructures qui devraient être adaptés en conséquence, ce qui demanderait d’importants investissements.

 

Sauver la planète : La Suisse, championne des autoroutes ferroviaires

 

- Le principal problème du fret ferroviaire ne vient pas d’un manque d’innovation mais bien de la concurrence avec le transport routier

Or, ce dernier n’est davantage compétitif qu’en raison de la non-prise en compte des externalités négatives, notamment environnementales, qu’il génère. Outre la pollution, les ballets de camions ont aussi un impact fort sur l’usure des infrastructures routières, sur les nuisances sonores, les embouteillages et les accidents de la route. Autant de facteurs qui plaident pour l’augmentation des impôts et droits de péages sur le fret routier.

 

Depuis le début du déclin du fret ferroviaire, ce sont 1,8 million de camions qui ont été mis sur les routes.

Un report modal massif du routier vers le ferroviaire aurait pourtant de nombreuses conséquences positives. Mais pour ce faire, trois éléments seront nécessaires :

  • des investissement massifs dans le fret ferroviaire (cheminots, infrastructures, réseau) ;
  • la remise en cause de la libéralisation du fret ferroviaire ;
  • et une nouvelle façon de prendre en compte l’ensemble des conséquences négatives du transport routier (NDLR le tout comme proposé par L'Avenir en Commun[10]).

 

 

----------------------------

 

 

- Et pour aller plus loin...

Si la France bénéficie du deuxième réseau ferré le plus dense d’Europe, avec 29 000 km de voies, elle investit beaucoup moins par habitant dans ses infrastructures que la plupart de ses voisins européens - soit environ deux fois moins qu’en Italie et trois fois moins qu’en Allemagne, comme le montre l'infographie ci dessous[11].

 

Comment expliquer la longue agonie du fret ferroviaire ?
  • Résultat...

 

 

 

- Fédération CGT : REDYNAMISER LE FRET FERROVIAIRE

Contribution de la Fédération CGT des cheminots au comité de suivi de l’engagement national pour le fret ferroviaire.

Cette contribution écrite a pour objectif d’exposer aux membres du comité le positionnement de la Fédération CGT des cheminots sur l’engagement national pour le fret ferroviaire. Sur la base de débats publics qu’elle a organisés ou auxquels elle a participé, des échanges avec les cheminots, les salariés, les cadres dirigeants de Fret SNCF, les élus politiques, les chargeurs… Elle formule des propositions pour redynamiser le fret ferroviaire en France.

 

📌 Accès aux propositions de la Fédération CGT des cheminots  👇

 

REDYNAMISER LE FRET FERROVIAIRE

 

Conclusions :

  • L’écart est grand entre la tendance à une marginalisation du fret ferroviaire en France observée de 2000 à 2010 et l’objectif d’atteindre une part des modes de transport alternatifs à la route de 25 % en 2022. Les mesures annoncées dans le cadre de l’engagement national ne nous semblent pas être de nature à résorber cet écart. Les propositions de la CGT présentées ci-dessus s’inscrivent dans notre volonté de ne pas assister passivement à un échec qui serait lourd de conséquences pour la collectivité. Nous appelons à un nouveau débat public sur le sujet pour procéder à un diagnostic objectif de la situation actuelle, pour évaluer les évolutions probables à horizon 2022 au regard des orientations mises en œuvre et pour examiner à quelles conditions atteindre une part modale de 25 % pour le fluvial et le ferroviaire.

🔴 Le projet alternatif de la CGT pour sauver le Fret SNCF " ENSEMBLE POUR LA CONTINUITÉ DE FRET SNCF !  " 👇

 

- Liquidation du fret ferroviaire par Macron – ce député cheminot vous dit tout

Bérenger Cernon est cheminot, syndicaliste et depuis sa victoire contre le candidat d’extrême droite Nicolas Dupont-Aignan le 7 juillet 2024, député de la Nation.
Pour tout savoir sur la grève, et la casse du service public ferroviaire par Macron et l’Union européenne, découvrez son entretien à l’Insoumission avec Sylvain Noël, rédacteur en chef.

 

Comment expliquer la longue agonie du fret ferroviaire ?
Partager cet article
Repost0
24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 14:41
SNCF : Orion... le logiciel qui fait boguer les cheminots

Logiques managériales de la SNCF pour contribuer au détricotage du service public

 

En région parisienne, on ne compte plus le nombre de trains annulés faute de conducteurs[1]. La mise en place d’un logiciel privé de gestion du personnel devait permettre de compenser le manque d’effectifs. Non seulement les usagers ne constatent aucune amélioration, mais les cheminots voient leurs conditions de travail se détériorer — ce qui les pousse à la démission. Une spirale infernale.

 

 

Sources : Le MONDE diplomatique par SELIM DERKAOUI | mis à jour le 18/02/2023

- Ils n’avaient pas besoin de ça, les cheminots.

Depuis quelques années, le manque d’embauches avait déjà sérieusement dégradé leurs conditions de travail. Mais avec la mise en place d'Orion, un logiciel de gestion du personnel, la situation s’est encore détériorée. « C’est toujours la veille pour le lendemain que mes heures et lieux sont calés, et parfois même quelques heures avant. Ma vie avec un enfant à charge est devenue ingérable. Et cela a empiré avec Orion ! », témoigne Mme Nathalie T., conductrice de RER, qui préfère rester anonyme.

 

Ce logiciel de programmation des journées de service des conducteurs est expérimenté sur le Transilien (trains et RER d’Île-de-France) de la gare de Paris Saint-Lazare depuis juin 2021. Avant, la tâche était entièrement dévolue aux agents gestionnaires de moyens (les « GM »), chargés de répartir le travail. Désormais, Orion « rationalise » le processus. La plate-forme peut changer la veille pour le lendemain, voire quelques heures avant, les horaires de l’ensemble des conducteurs. Ainsi Mme T., qui habite à une heure de son lieu de travail, peut apprendre, juste avant de se coucher, qu’au lieu de commencer à 5 heures du matin, ce sera à 3 heures 30. Elle prévoit de terminer sa journée à Cergy (Val-d’Oise) ? Finalement, ce sera à Mantes-la-Jolie (Yvelines). « Nous devenons des numéros interchangeables », s’alerte le syndicaliste Sud Rail Nicolas Hémon, qui roule régulièrement sur la ligne J du Transilien (Paris Saint-Lazare à Ermont - Eaubonne, Gisors, Mantes-la-Jolie et Vernon - Giverny).

 

 

- Les agents posent le sac

Auparavant, quand un conducteur rencontrait un problème personnel important, il allait voir un « GM », qui essayait d’en tenir compte. Plus difficile aujourd’hui : on ne discute pas avec un algorithme. De plus, les conducteurs pouvaient bénéficier de primes « traction » allant de 500 à 1 000 euros, calculées en fonction du nombre de voyages effectués, et d’autres liées aux heures de nuit ainsi qu’aux « découchés », c’est-à-dire au nombre de fois où le travail se termine ailleurs qu’à Saint-Lazare, obligeant à dormir sur place. « Les méthodes de calcul du logiciel Orion visent des gains de temps et une réduction du nombre de voyages, et donc de nos primes », déplore M. Hémon. Et ce alors que les salaires sont bloqués depuis huit ans et que la direction propose une hausse d’à peine 3 % pour couvrir l’inflation galopante en 2022. Faute d’effectifs suffisants, elle décide même, à la veille de l’été, de limiter les possibilités de partir en vacances en juillet-août. Les esprits s’échauffent, un vent de contestation souffle dans les dépôts. Les 13, 23 et 24 juin, des grèves sont organisées[2].

 

Puis, le 27 juin 2022, la programmation par Orion des jours travaillés tombe. La contestation grandit. Les 29 et 30 juin, les cheminots de Paris Saint-Lazare refusent de conduire leur train. Plus de 70 % de grévistes ! Ils décident ce qu’on appelle un « dépôt de sac », c’est-à-dire un débrayage intempestif et déterminé, sans la « déclaration individuelle d’intention » quarante-huit heures à l’avance, instaurée sous le président Nicolas Sarkozy. « Le conducteur pose le sac au niveau du téléphone de quai le jour même, il appelle qui de droit — les collègues qui gèrent le trafic en opérationnelle —, et c’est fini ! », raconte un autre syndicaliste Sud Rail. La direction évoque des « grèves sauvages », un « mouvement illégal » avec lequel il ne faudrait naturellement pas discuter[3].

 

 

- Orion est la déclinaison à l’échelle de Transilien du logiciel Hastus, que la SNCF a acheté très cher à l’entreprise de transports canadienne Giro[4]

 Chaque activité, TGV, TER, Intercités, aura ainsi sa propre déclinaison d’Hastus à l’échelle nationale », nous explique M. Vépierre. La direction de Transilien SNCF reste muette sur le coût et botte en touche, le verbe bien technocratique, sur les raisons du déploiement de ce logiciel souvent défectueux : « Orion intègre plusieurs fonctionnalités-clés en un seul logiciel pour simplifier et unifier la gestion des matériels roulants et le planning des conducteurs. L’enjeu est de permettre une meilleure anticipation des éléments impactant les plans de transport (…). Avant d’être mis à disposition de chaque ligne, il a été testé depuis plusieurs mois sur une ligne pilote afin d’ajuster, corriger les premiers bugs et améliorer la prise en main par les équipes. » Celles-ci apprécieront…

 

Pour les syndicats, ce logiciel test est surtout un moyen de flexibiliser davantage et de compenser le sous-effectif. La pénurie nationale se chiffrerait à environ 1 200 conducteurs, soit 10 % des personnels[5] — ce que conteste le président-directeur général de SNCF Voyageurs, M. Christophe Fanichet, tout en reconnaissant « une tension qui obère le plan de transport[6] ».

 

Non seulement la compagnie peine à recruter en raison des salaires et des conditions de travail, mais « le nombre de démissions a augmenté de 40 % en 2019, alertait déjà en décembre 2020 le sénateur communiste du Nord Éric Bocquet[7]. Du jamais-vu ! » Et pour cause : « La direction de la SNCF propose aux cheminots tentés de partir vers le privé de démissionner et ainsi perdre leur statut, et d’être réembauchés sous un contrat de droit privé en échange d’une augmentation de salaire », ajoutait-il.

 

Chaque conducteur doit suivre une formation d’un an. L’un d’entre eux nous raconte son quotidien, quand il enchaînait des allers-retours Paris-Tours toutes les trois semaines, il y a quelques années : huit heures par jour de travail sur place et trois de devoirs à la maison le soir, et l’on « doit aussi sacrifier ses week-ends pour avoir une chance de réussir ». Puis, quand on est embauché, on touche « 1 626 euros pour la première catégorie ; il faut donc compter sur les primes. Ça ne donne pas vraiment envie de sacrifier ses semaines ou ses week-ends ».

 

Au lieu de s’attaquer à cela, la direction espérerait-elle gérer la pénurie grâce à Orion ? « Il s’agit de deux sujets totalement différents, assure M. Aymeric Anselin, responsable des relations avec la presse à Transilien SNCF. La crise sanitaire, économique et sociale liée au Covid-19 a ralenti le recrutement et la formation de nos agents. Ce manque de conducteurs — une cinquantaine sur les 2 650 [affectés au Transilien] — peut amener certaines lignes à supprimer quelques trains en journée. »

 

 

- La direction lâche du lest

En ce début d’été 2022, les cheminots, eux, lient tous les problèmes et réclament la suppression du logiciel Orion, la connaissance du planning de travail au moins vingt et un jours à l’avance, des recrutements et une augmentation des salaires. Les « dépôts de sac » des conducteurs Paris Saint-Lazare se sont propagés aux conducteurs de Paris-Est le 4 juillet, suivis de ceux de Paris-Nord le lendemain. « Grève illégale » ou pas, la direction finit par lâcher du lest : accord obligatoire des agents pour toute modification de service, versement de primes dont le montant total avoisine les 1 000 euros et suspension des « protocoles congés » jusqu’en 2023.

 

Mais les problèmes de fond demeurent : le logiciel Orion reste en activité et risque d’être déployé à l’échelle nationale, les conditions de travail sont délétères et les effectifs manquent toujours cruellement. Selon UNSA-Ferroviaire, plus de 6 500 postes ont été supprimés entre 2018 et 2021[8] et, selon la Confédération générale du travail (CGT), 20 000 en huit ans, soit 12,6 % des effectifs[9]. Les conséquences ont été particulièrement visibles cet été : pannes, trains retardés ou annulés, défaillances d’installations de sécurité, accidents… Le tout sur fond d’ouverture à la concurrence, de sous-traitance, de développement coûteux des lignes à grande vitesse, de privatisations de TER et de suppression de dessertes locales. Un service public détricoté, en somme.

 

----------------------------

 

 

- Et pour aller plus loin...

Si la France bénéficie du deuxième réseau ferré le plus dense d’Europe, avec 29 000 km de voies, elle investit beaucoup moins par habitant dans ses infrastructures que la plupart de ses voisins européens - soit environ deux fois moins qu’en Italie et trois fois moins qu’en Allemagne, comme le montre l'infographie ci dessous[10].

 

SNCF : Orion... le logiciel qui fait boguer les cheminots
SNCF : Orion... le logiciel qui fait boguer les cheminots
Partager cet article
Repost0
1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 14:39
Appel : " Un nouvel élan pour nos services publics "

Le constat est sans appel : la France de 2022 est un pays en voie de sous-développement[1] !

 

Faudra t-il être riche à l'avenir pour se faire soigner, éduquer ses enfants, affronter le réchauffement climatique ?

 

Les services publics sont nos biens commun, nous devons les défendre, les étendre, les améliorer, les démocratiser…

 

Je publie ici l’appel "un nouvel élan pour nos services publics", car les services publics sont notre bien commun à toutes et tous. A Lure (en Haute-Saône), du 12 au 14 mai 2023 de nombreux débats sont prévus pour "défendre les services publics, les étendre, les améliorer, les démocratiser".

Une manifestation nationale aura lieu le samedi 13 mai à Lure (départ 14h30).

 

 

Sources : NESP 2023 | mis à jour le 16/12/2022

-  APPEL NATIONAL porté par les signataires

" Nous, collectifs, coordinations, organisations syndicales, associatives et politiques, décidons de converger pour reconquérir nos services publics afin de faire de la lutte pour leur défense, leur développement et leur démocratisation un combat central pour les décennies à venir. Par cette dynamique pluraliste nous souhaitons notamment engager le débat public sur le choix de société que nous souhaitons.

 

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : le choix d’une société solidaire, fraternelle, où l’égalité des droits et la devise de notre République ne sont pas que de vains mots, où notre mode de production et de consommation ne se fasse pas au détriment de l’humanité et de notre Planète.

 

Nous combattons le démantèlement, l’appauvrissement, la privatisation, la mise en concurrence, l’externalisation des missions de nos services publics et de la Sécurité Sociale. Car ce sont eux qui permettent à notre société de rester debout à chaque crise mais aussi au quotidien. Ce sont eux qui sont vecteurs d’égalité et d’émancipation pour toutes et tous. S’ils le restent malgré les attaques subies c’est grâce au dévouement de leurs personnels et à l’attachement de la population.

 

Or ce dévouement, cet attachement, sont méprisés et détournés depuis des décennies par les gouvernements successifs et par le « new public management ». La population voit les services publics, notre patrimoine commun, être dévoyés à des intérêts mercantiles. Elle assiste impuissante à la mise en œuvre à marche forcée de la numérisation, véritable arme de destruction massive de la qualité du service, du lien social et de la proximité. Ces stratégies vont de pair avec les attaques contre les effectifs et statuts des personnels, leur rémunération, leurs conditions sociales, et le sens même de leur travail.

 

📌 Nous appelons les usagers, les personnels et les élus à se mobiliser, à faire œuvre commune en exigeant ensemble des politiques publiques qui répondent aux enjeux de ce siècle et :

  • permettent de lutter contre le chômage et le réchauffement climatique par un aménagement harmonieux du territoire privilégiant la proximité ;
  • assurent l’égalité et l’accès aux droits quels que soient nos origines, notre condition sociale, notre âge ou notre genre, que l’on habite à la campagne, en métropole ou en périphérie ;
  • tournent le dos à l’austérité en assurant prioritairement un avenir à notre jeunesse et en permettant l’accès de toutes et tous aux droits fondamentaux : santé, logement, nourriture et eau saines, énergie, transports, éducation, culture... ;
  • partent des besoins de la population et donnent les moyens aux services publics d’y répondre correctement et considèrent nos services publics, notre sécurité sociale et leurs personnels pour ce qu’ils sont : une richesse et non un coût. Le financement doit être à la hauteur en s’appuyant sur une meilleure répartition et utilisation des richesses ;
  • cessent la gabegie financière de la concurrence internationale prétendument libre et non faussée, des privatisations et des externalisations et sortent nos services publics et la sécurité sociale de la sphère marchande ;
  • permettent aux usagers, aux personnels et aux élus de contrôler et de faire entendre leurs besoins et leurs revendications au sein même de nos services publics et de nos institutions.

 

Nous sommes convaincus qu’une très large partie de la population est attachée à une société d’entre-aide, de solidarité répondant à l’intérêt général, et à l’Égalité, non au chacun pour soi.

 

Toutes et tous, ensemble, nous voulons donner la perspective d’un autre monde, d’un nouvel élan par une mobilisation ample et singulière, l’instauration d’un rapport de force national pérenne ...

 

🔶 Nous refusons de voir cette mandature balayer d’un revers de mains toutes les avancées sociales et démocratiques conquises par nos aînés.

🔶 Ensemble, nous avons la volonté inébranlable de converger pour mettre en place les conditions de retrouver le chemin du progrès social et démocratique.

🔶 Nous appelons les usagers, les personnels et les élus à mettre les services publics au cœur du débat public, des politiques publiques et au cœur des mobilisations sociales et citoyennes.

 

Nous les appelons ainsi que l’ensemble des organisations du mouvement social et écologique à converger dans une campagne rythmée par de multiples actions et mobilisations avec un point d’orgues d’ores et déjà programmé lors d’un grand rassemblement pour les services publics les 12, 13 et 14 mai 2023 à Lure en Haute-Saône. " 

 

 

-  169 signataires de l'appel au 17/11/2022

  • 16 Organisations syndicales nationales ;
  • 37 Organisations associatives nationales et internationales ;
  • 17 Partis et mouvement politiques nationaux ;
  • 28 Organisations syndicales locales ;
  • 51 Organisations associatives locales :
  • 20 Partis et mouvements politiques locaux.
L'intégrale des signataires 👉 ICI

📌 Pour SIGNER L'APPEL 👉 ICI

 

🔴 Pour prendre contact, participer à l'événement 👉 ICI

 

Appel : " Un nouvel élan pour nos services publics "
Partager cet article
Repost0
21 août 2022 7 21 /08 /août /2022 21:21

Préface du futur...

Pourquoi il faut (re)créer d’urgence les services publics pour (ré)inventer la démocratie

Bien qu’on ne puisse pas « faire bouillir les marmites de l’avenir », il y a des moments où il faut tenter une piste. Nous sommes à l’un de ces moments. Un appel à contributions signé par Roland Gori, Frédéric Pierru et Bernard Teper intitulé : « Pourquoi il faut (re)créer d’urgence les services publics pour (ré)inventer la démocratie[1] » a permis déjà à plusieurs dizaines de textes d’alimenter la rubrique « Services publics ou barbarie[2] » de notre média. Nous remercions les lecteurs de ReSPUBLICA et les membres de l’Appel des appels pour leur importante contribution. Ce ne sont que les prémisses du travail nécessaire pour retrouver le chemin de l’émancipation.

 

 

Sources : ReSPUBLICA | 

- Ce que l’appel à contributions avait suggéré a été confirmé par les quelque vingt-cinq textes de publiés sous la rubrique « Services publics ou barbarie[2] »
L’intérêt de ces textes est qu’ils montrent en partant des réalités des différents métiers présents dans les services publics que tous ont été impactés par de nouvelles pratiques, pratiques issues de causes endogènes au modèle politique qui s’est constitué petit à petit, sous l’impulsion du mouvement réformateur néolibéral d’une part mais aussi des politiques ordolibérales issues quant à elle du type de construction de l’actuelle Union européenne. Suivant les métiers, l’impact déterminant est ou l’un ou l’autre. Nous savons par ailleurs que ces politiques ont été créées pour contrer les effets immédiats de la crise du capitalisme lui-même.

 

Ces textes montrent aussi la perte de sens pour les travailleurs des services publics de leurs métiers respectifs et même dans certains cas une souffrance au travail. Cela corrobore aussi l’appel à contributions, à savoir que l’amplification de l’introduction du taylorisme et du fordisme à l’intérieur des services publics – après avoir été pratiqués dans l’industrie – crée une colère et des souffrances grandissantes, tant chez les usagers que chez les personnels des services publics. C’est une confirmation de la nécessité de pratiquer une bifurcation.

 

Malgré l’augmentation des richesses produites, s’agglomèrent :

  • augmentation forte des inégalités sociales de toutes natures pour les assurés sociaux et leurs familles ;
  • diminution de l’accès aux services publics, désertification des services publics, perte de sens du travail dans les différents métiers des services publics ;
  • difficultés pour recruter dans tous les services publics ;
  • difficulté à conserver les personnels qui fuient des conditions de travail impossibles ;
  • baisse du pouvoir d’achat de la grande majorité des salariés des services publics ;
  • dégradation des services publics dans tous leurs principes d’égalité, de mutabilité et de continuité, etc.

Cela fait déjà beaucoup !
De plus, nous voyons se développer des actions populaires locales (contre les fermetures de services voire d’hôpitaux, contre le processus de suppression massives des postes, etc.) et nationales (par exemple, le mouvement des gilets jaunes) qui montrent que les assurés sociaux sont de plus en plus investis dans la lutte contre les reculs des conquis sociaux.

 

 

- Alors pourquoi donc la bifurcation semble-t-elle impossible à obtenir ?
Et si nous regardions plus sérieusement ce que nous disent les études sociologiques des élections politiques et les résultats des élections professionnelles du mouvement syndical revendicatif ! La classe populaire ouvrière et employée, qui représente 45 % de la population active française, a voté à plus de 75 % des votants pour la gauche en 1981.
Aujourd’hui, cela représente moins de 30 % ! Le mouvement syndical revendicatif baisse régulièrement à chaque élection professionnelle alors qu’il conteste la ligne suivie par le gouvernement.


Nous faisons l’hypothèse dans cette « Préface du futur « que c’est parce les lignes stratégiques suivies laissent croire que l’objectif est de revenir aux mesures des années 1944-46, ou encore de croire que la bifurcation est possible dans le cadre du modèle politique actuel ou que la lutte défensive promue par diverses organisations politiques et syndicales n’est que du corporatisme strict.

 

 

- Priorité 1 : passer par une vision holistique
Nous pensons que nous devons alors travailler une autre hypothèse. Celle qu’il y a un lien direct entre le modèle politique et l’objet réel des services publics. Et si nous devons regarder les années 1944-46, ce n’est surtout pas pour faire ce qui a été fait car le monde a profondément changé mais pour comprendre que le contenu du programme du Conseil national de la Résistance (CNR) publié le 15 mars 1944 n’est que la conséquence de la République sociale en tant que nouveau modèle politique promu par le CNR. Dans cette hypothèse, la renaissance des services publics ne pourrait donc advenir que si et seulement si, nous la pensions collectivement comme une conséquence d’un nouveau modèle politique à créer. Si cette hypothèse est juste, il faudra donc que le soutien populaire au nouveau modèle politique et donc in fine à ses services publics soit équivalent à ce qu’il fut dans les années 1945-46.

 

Cette hypothèse sera bien sûr à vérifier dans ce futur.

En tout cas, les nationalisations par le haut des années 1981-82 ont montré qu’elles ont été produites par un nouveau management public souvent détestable (les travaux de Yohann Chapoutot ont montré que pour conquérir un espace immense avec des ressources limitées, le nazisme a déjà eu recours à cette détestable rationalité managériale).

 

 

- Priorité 2 : mettre enfin de la démocratie dans les services publics
La deuxième hypothèse que nous proposons est que ce nouveau modèle politique et donc les nouveaux services publics à construire ne seront possibles que si la démocratie est refondée au sein d’une République sociale comme nouveau modèle politique et qu’elle ne s’arrête pas à la porte des nouveaux services publics. Nous pensons que nous devons revenir au débat sur la démocratie qui a eu lieu au sein de la Révolution française, à savoir d’un côté la thèse du gouvernement représentatif de l’abbé Sieyès pour éviter la démocratie, et de l’autre la démocratie aux conditions de Condorcet, à savoir que toutes les propositions doivent être portés à la connaissance de tous et toutes, qu’un débat raisonné doit avoir lieu entre ces propositions, qu’un suffrage universel sans grève du vote ait lieu, que les citoyens et les travailleurs doivent rester maîtres du jeu via ce que nous pourrions appeler aujourd’hui le référendum d’initiative populaire et le référendum révocatoire.

 

Force est de constater aujourd’hui est que ce que certains appellent démocratie n’est que le modèle du gouvernement représentatif qui dans l’esprit de Sieyès était le moyen d’éviter la démocratie car, disait-il, « la France ne saurait être démocratique[3] » ! Et qu’on arrête de nous faire croire que la démocratie au sein des services publics se résume à la participation de quelques responsables syndicaux en bout de table des conseils d’administration !

 

 

- Priorité 3 : produire pour chaque métier une alternative au fordisme et au taylorisme
La troisième hypothèse que nous proposons de développer est de poser une « révolution des métiers des services publics » en partant des travaux de Bruno Trentin et d’Alain Supiot, afin de rompre avec le taylorisme et le fordisme défendus au XXe siècle tant par les communistes bolcheviks que par les tenants du capitalisme lui-même ! Cela demande de travailler cela métier par métier et d’analyser sociologiquement, pour chacun, les conflits d’intérêts qu’il faudra traiter.

 

 

- En conclusion
Nous suggérons de travailler sur ces trois hypothèses dans une nouvelle séquence que nous proposons à tous ceux et à toutes celles qui voudraient se joindre à nous, individuellement ou collectivement, avec les acteurs du mouvement social et politique qui le souhaiteront.

 

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 11:55
Nathalie Sarles, députée LREM, pointe du doigt la dérive autoritaire et la suppression des libertés individuelles qui découlent de ce texte[18]
Nathalie Sarles, députée LREM, pointe du doigt la dérive autoritaire et la suppression des libertés individuelles qui découlent de ce texte[18]

Nathalie Sarles, députée LREM, pointe du doigt la dérive autoritaire et la suppression des libertés individuelles qui découlent de ce texte[18]

Jean-Luc Melenchon : " Si je suis élu en 2022, cette loi sera abrogée ![A] "

 

20 mai 2021 : Le Conseil Constitutionnel censure l’article 24 de la loi Sécurité globale qui interdisait de filmer les policiers[B].

 

20 novembre 2020 ! Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux, sur le projet de Loi "sécurité globale" déclare : " Dans le droit pénal français, on ne peut pas poursuivre des gens pour une intention mais pour un acte ou pour un fait ".
Stupéfiant ! Éric Dupond-Moretti explique que le Projet de Loi "sécurité globale" est, en l'état, contraire au droit pénal, mais qu'il n'a pas pu le faire entendre au gouvernement et qu'il espère que le sénat l'amendera
[
T].

Entre tyrannie et absurdie, Macron conduit notre pays au chaos. Vivement la fin !

 

Sources : La Sociale | mis à jour le 20/05//2021

- La loi dite « sécurité globale » que le gou­ver­ne­ment est en train de faire voter est révélatrice d’une orientation déjà bien engagée depuis des décennies

On se sou­vien­dra des « lois anticasseurs[C] » de feu Marcelin, de la loi « sécurité liberté[D] » de Peyrefitte, des très nombreuses lois antiterroristes, de l’ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion de l’état d’urgence, etc. Toutes ces lois mettent progressivement en pièces les libertés publiques fon­da­men­ta­les, dans l'indifférence de la classe politique et de la plus grande partie de nos concitoyens. En fait, on étrangle la liberté, lentement, un clic après l’autre, la corde se resserre. La loi présentée au Parlement en cet automne (proposition 3452[E]) ne présente donc pas une grande nouveauté, mais fait de nouveaux pas vers l’ins­tau­ra­tion d’un État policier, c’est-à-dire d’un État où le pouvoir exécutif et sa police peuvent agir sans contre-pouvoir et sans contrôle de quelque ins­ti­tu­tion républicaine que ce soit.

 

 

- Typique de l’état d’esprit de ce genre de loi et des classes dirigeantes et de leur « Parlement » croupion, l’exposé des motifs définit… un champ indéfini de la loi

Il s’agit en effet de répondre à la menace que font peser toutes les formes d'insécurité, « depuis les invincibilités dans les transports jusqu’aux violences graves sur les personnes en passant par les trafics - notamment de stupéfiants - en bas des immeubles, les violences urbaines ou les rixes entre bandes. » Le législateur écarte d’emblée ce fait majeur que la première insécurité » qui touche tous les Français est l'insécurité sociale, la dégradation de la santé publique, les menaces sur les retraites, la précarité de l’emploi et le chômage galopant.... Voilà un premier point qui méri­te­rait à lui seul toute une réflexion.

 

 

- La notion d'insécurité est elle-même peu définie.

L'impolitesse, stricto sensu, est une incivilité, mais on se souvient aussi que le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, avait qualifié d'invincibilité le meurtre d’un chauffeur de bus par une bande de voyous[F]. Concernant les violences graves sur les personnes le législateur a-t-il en vue les violences exercées contre les manifestants Gilets jaunes, gazés, éborgnés, amputés par des forces de police déchaînées[G], à qui un ministre de l’intérieur, qui connaît bien les méthodes des voyous, avait lâché la bride.

 

Deuxième remarque concernant l’exposé des motifs. On n’y parle pas seulement de l’autorité de l’État ni de l’ordre public. Désormais, selon les normes du jargon à la mode, les « acteurs de la sécurité » sont considérés à l’égal des agents de l’État, ainsi les 165 000 agents privés de sécurité. C’est parfaitement révélateur de la pri­va­ti­sa­tion en cours des fonctions dites « régaliennes ». Et les députés LREM ajoutent : « toutes ces forces échangent et coo­pè­rent entre elles. Or, ce sont leur articulation et les conditions de leur col­la­bo­ra­tion qui font une partie importante de la qualité de la coproduction de sécurité dans notre pays et donc, de la sécurité de toutes et tous.[H] »

 

 

- La sécurité est donc bien une sorte de PPP (partenariat public/privé) d’un nouveau genre.

Demain ce sera le tour de la justice - ici le « cheval de Troie » est l’informatique, puisque l’on teste des programmes d’aide à la décision (IA)[I]. Dans la défense, les choses sont déjà bien engagées, même si officiellement des opérations de guerre ne sont pas encore sous-traitées à des agences privées. Le cadre « sécurité globale » permet donc maintenant de déléguer des tâches de maintien de l’ordre à des sociétés privées de sécurité qui doivent être « articulées » aux forces de l’ordre étatiques et municipales.

 

De là découle l’objectif de la loi : « savoir être inventif et innovant afin de renforcer le continuum de sécurité, tout en respectant pleinement les identités et les missions de chacun des acteurs qui y contribuent. » Là encore le vocabulaire, propre à l’époque, est entièrement issu du monde de LREM, c’est-à-dire le monde du marketing - car la victoire de LREM a été le triomphe des commerciaux sur les énarques et, plus anciennement, les ingénieurs de la Ve république encore jeune. Mais le mot important est « continuum[J] ».

 

Ceux qui attendaient que soient réglés les graves problèmes posés par l’usage incontrôlé d’armes létales contre les manifestants ou par les abus de pouvoir de la police en seront pour leurs frais : ce qui est visé est « une sécurité plus efficace, en traitant également la question du recours à de nouveaux moyens tech­no­lo­gi­ques pour les forces ». Efficacité et technologie, là encore les mots clés sont clairs et foin des considérations de droit et de liberté. Le maintien de l’ordre n’est pas au service de la liberté, mais il devient une fin en soi, ce qui est carac­té­ris­ti­que de l’État policier.

 

D’ailleurs dans ce texte, la liberté et les libertés sont à peine évoquées sinon sous l’angle (on y revient) des restrictions à apporter à la liberté de la presse[K]. Ou encore, concernant la possibilité de filmer par drones les manifestations, le texte « prévoit d’autoriser les services de l’État concourant à la sécurité intérieure et à la défense nationale et les forces de sécurité civile à filmer par voie aérienne pour des finalités précises, ce en fixant les garanties qui assurent le respect des libertés publiques. » Il s’agit bien de limiter « pour des finalités précises », les libertés publiques. Et tout est à avenant.

 

 

- Le premier titre commence par un élargissement des pouvoirs des polices municipales.

Pour l’instant, il ne s’agit que d’une expérimentation qui n’a donc pas valeur pour l’ensemble du territoire et ne concerne que les communes employant plus de vingt agents dans leur police municipale. Là encore, c’est un mouvementent en cours depuis longtemps, l’armement des polices municipales a été un tournant[L]. Cela s’inscrit dans le désengagement de l’État central et de la mise en place d’un véritable plan « police partout ». Jadis, les élégantes « auber­gi­nes » venaient coller des papillons sur les pare-brise des voitures mal garées. Désormais des patrouilles patibulaires, à qui ne manque que le casque intégral pour avoir l’air de tortues ninjas, font régner l’ordre sur la voie publique. On étend leur champ d’inter­ven­tion à toutes sortes de délits réels ou supposés, notamment ceux concernant le trafic de drogue. Pour la répression du trafic de drogue, il est possible que ce ne soit pas très efficace et contribue à semer la pagaille, mais l’effet « police partout » est la seule chose vraiment recherchée.

 

Concernant les sociétés privées de sécurité, les pouvoirs de leur agents sont étendus. Ainsi sous certaines conditions, ils peuvent retenir (c’est-à-dire arrêter) une personne suspecte d’un délit. Si de nouvelles dis­po­si­tions réglementaires encadrent les activités de ces sociétés, c’est seulement pour prendre en compte l’extension de leurs pouvoirs et de leurs domaines de compétence.

 

 

Eric Coquerel, député France insoumise " Je m'oppose à la privatisation de la sécurité publique, via le renforcement des compétences de la sécurité privée et de son utilisation de la sous-traitance.... "

 

- Le titre III du projet de loi porte sur la vidéosurveillance et la captation d’images.

On peut résumer d’un mot ce que propose celui qu’on appelle encore « le législateur » : « en avant vers le modèle chinois ! » On commence par étendre à des « agents individuellement désignés et dûment habitabilités » la possibilité d’exercer des missions de surveillance réservées jadis aux forces publiques.

  • La légalisation de dispositifs de vidéosurveillance aujourd’hui plus ou moins légaux est actée ainsi que la possibilité de la surveillance par drones. Là encore, tout était anticipé dans la pratique : la surveillance des plages par drones a été mise en œuvre dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. La loi « sécurité globale » vient ainsi pour entériner extension indéfinie de la surveillance policière déjà mise en œuvre sous couvert d’état d’urgence, de lutte contre le terrorisme, etc. Un article d’une tartuferie singulière d’ailleurs nous prévient : « Le public est informé par tout moyen approprié de la mise en œuvre de dispositifs aéroportés de cap­ta­tion d’images et de l’autorité responsable, sauf lorsque les circonstances l’inter­di­sent ou que cette information entrerait en contradiction avec les objectifs poursuivis. » (art. L242-3[M]).

 

  • Vient ensuite le très controversé article 24[N] qui modifier article 35 de la loi 1881 sur la liberté de la presse[O] : « Est puni d’un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. » Autrement dit, filmer et diffuser des images de policiers en train de tabasser des manifestants peut coûter un an de prison[P] ! Poutine et Xi Jinping ont fait des émules.

On nous objectera que c’est seulement si on filme un policier « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique », mais la formulation est si vague qu’elle per­met­tra s’envoyer tout audacieux sous les verrous pour un an.

 

  • Une autre modification n’est pas moins inquiétante : « II. - L’arti­cle 35 quin­quies de la loi du 28 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne font pas obstacle à la com­mu­ni­ca­tion, aux autorités administratives et judiciaires compétentes, dans le cadre des pro­cé­du­res qu’elles diligentent, d’images et éléments d’iden­ti­fi­ca­tion d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale. » Autrement dit : les journalistes devront communiquer les images qui pourraient être diffusées et la police est investie d’un droit de censure ces images.

 

  • L’arti­cle 25 dont on a beaucoup moins parlé est tout aussi inquiétant[Q]. Il modifie ainsi le code de la sécurité intérieure : « “Art. L. 315 - 3. - Le fait qu’un fonctionnaire de la police nationale ou un militaire de la gendarmerie nationale porte son arme hors service, dans des conditions définies par arrêté du ministre de l’Intérieur, ne peut lui être opposé lors de l’accès à un établissement recevant du public. » ” On a bien lu : “ hors service ”. Un policier n’est plus un citoyen ordinaire qui accomplit un office public. En tant qu’homme privé (ce qu’il est « hors ser­vice »), il possède un droit exorbitante du droit commun. Tout cela confirme bien notre diagnostic : marche forcée vers l’État policier.

 

Les dispositions par­ti­cu­liè­res concernant la SNCF et la RATP et per­met­tant d’assu­rer la surveillance des ces réseaux sont étendues à la route, c’est-à-dire d’abord aux sociétés privées exploitant les autoroutes en attendant la pri­va­ti­sa­tion des routes nationales qui est maintenant possible légalement et techniquement[R].

 

L’arti­cle 30 nous indi­que que l’achat de pétards du 14 juillet sera soumis à un examen de compétence (c’est inclus dans le code l’envi­ron­ne­ment). Et enfin le coût de cette loi sera financé par une hausse des taxes sur tabac et les alcools…

 

D’autres points méritaient d’être analysés.... car la situation est à un tel point grave, que Nathalie Sarles, députée LREM, pointe du doigt la dérive « vers un État autoritaire » et la suppression des libertés individuelles qui découlent de ce texte[U].

 

 

- La défenseure des droits, nommé par Macron, en la personne de Claire Hédon, s’exprime sans ambages dans un communiqué en date du 5 novembre[S]

La Défenseure des droits, Claire Hédon, considère en effet que cette proposition de loi « sou­lève des ris­ques consi­dé­ra­bles d’atteinte à plu­sieurs droits fon­da­men­taux, notam­ment au droit à la vie privée et à la liberté d’infor­ma­tion. »

  • Elle est par­ti­cu­liè­re­ment préoccupée par les restrictions envisagées concernant la diffusion d’images des agents des forces de sécurité dans l’exercice de leur fonction.
  • Elle demande à ce que ne soient, à l’occa­sion de ce texte, entravés ni la liberté de la presse ni le droit à l’infor­ma­tion.
  • Elle tient en effet à rappeler l’impor­tance du caractère public de l’action des forces de sécurité et consi­dère que l’infor­ma­tion du public et la publication d’images relatives aux interventions de police sont légitimes et nécessaires au fonctionnement démo­cra­ti­que, comme à l’exer­cice de ses propres missions de contrôle du com­por­te­ment des forces de sécurité.

 

Dans son avis, la Défenseure des droits souligne également les points suivants comme étant susceptibles de porter atteinte à des droits fondamentaux : 

  • La possibilité pour les policiers municipaux et les agents de la ville de Paris de consulter les images des caméras de vidéo protection — habilitation jusque-là strictement encadrée — porterait une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée. Ces images étant de nature à permettre l’identification des personnes, cette disposition serait contraire à nos engagements européens comme à nos obligations constitutionnelles ;
  • L’exploitation en temps réel des images des caméras-piéton des policiers, sans objectif explicite dans le texte, est susceptible de porter une atteinte disproportionnée au respect de la vie privée.
  • Enfin, le recours aux drones comme outil de surveillance ne présente pas les garanties suffisantes pour préserver la vie privée. En effet, les drones permettent une surveillance très étendue et particulièrement intrusive, contribuant à la collecte massive et indistincte de données à caractère personnel. 
  • " La Défenseure des droits suivra avec la plus grande vigilance la suite des discussions parlementaires.”

 

Ine fine, comme le dit la chro­ni­queuse Anne-Sophie Chazaud, ce serait une faute cri­mi­nelle de lais­ser à l’extrême gauche mono­pole de la lutte contre cette loi.

Intervention de Jean-Luc Mélenchon le 24 novembre 2020 contre la proposition de loi « sécurité globale ». Le texte de l'intervention est disponible ici https://www.youtube.com/watch?v=Q5cajKqWUuE&feature=emb_logo à la lecture.

 

- 20 mai 2021 : Le Conseil Constitutionnel censure l’article 24 de la loi Sécurité globale qui interdisait de filmer les policiers[B]

Une victoire !

Le Conseil constitutionnel censure l’article 24 de la #LoiSecuriteGlobale contre laquelle nous nous sommes mobilisés. Cette loi liberticide n’apporte rien pour la sûreté publique, ni n’améliore les conditions de travail des fonctionnaires de police.

  • Heureusement, la France Insoumise est là pour défendre les libertés face à Macron, Darmanin et autres ! 
  • Le chaos, c'est eux ! Les républicains, c'est nous ! 

 

 

 

 

 

Notes :

[A] Jean-Luc Melenchon en 2022 : " Si je suis élu en 2022, cette loi sera abrogée ! "

[B] Loi « sécurité globale » : Le Conseil constitutionnel censure l'ex-article 24 qui prévoyait de punir la diffusion d'images de policiers

[CLa première Loi Anti casseur

[D] JUIN 1980 : LA DÉFENSE DES LIBERTÉS

[E] Proposition de loi nº 3452 relative à la sécurité globale

[F] Jean-Baptiste Djebbari, avait qua­li­fié d’inci­vi­lité le meur­tre d’un chauf­feur de bus

[G] Gilets jaunes : près de 400 enquêtes visent les forces de l’ordre

[H] RAPPORT DE LA MISSION PARLEMENTAIRE

[I] Genetec lance Citigraf : un nouveau système d’aide à la décision pour la sécurité publique

[J] Définitions : continuum

[K] L’article 24 « risque d’entraîner sur le terrain des comportements attentatoires à la liberté de la presse »

[L] « Pourquoi il ne faut pas armer les policiers municipaux » par Madjid Messaoudene

[M] TITRE III VIDÉOPROTECTION ET CAPTATION D’IMAGES

[N] arti­cle 24 qui modi­fier l’arti­cle 35 de la loi 1881 sur la liberté de la presse

[O] Article 35 de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse

[P] Mme Schiappa confirme que tout journaliste qui diffusera l'image d'un policier en train de commettre une violence policière pourra être renvoyé devant un Tribunal. Journalistes et directeurs de chaines, préparez vous au menottage, GAV 48H puis dépôt.

[Q] L’arti­cle 25 dont on a beaucoup moins parlé est tout aussi inquiétant

[R] Un décret publié au Journal officiel en août permet aux sociétés concessionnaires d'autoroutes de privatiser des sections de routes nationales

[S] PROPOSITION DE LOI « SÉCURITÉ GLOBALE » : L’ALERTE DE LA DÉFENSEURE DES DROITS

|T] Éric Dupond-Moretti : " Dans le droit pénal français, on ne peut pas poursuivre des gens pour une intention mais pour un acte ou pour un fait "

[U] Sécurité globale : une députée macroniste s’inquiète d’une dérive « vers un État autoritaire »

 

Pour en savoir plus :

- La loi de 1881 détricotée, la démocratie mutilée

- 28 novembre : 500000 manifestants partout en France contre la loi Sécurité Globale

- Les possibilités de fichage de la police discrètement élargies par trois décrets

- Présidentielles 2020 : MACRON / LE PEN : DU SOIT-DISANT “REMPART” AU MARCHE-PIED

 

Partager cet article
Repost0
13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 12:21
Services publics : Refonder plutôt que réformer !

C'est une bataille ritualisée entre des adversaires inégaux.

Elle commence toujours ainsi : au nom de la modernité, un gouvernement impose la mutilation du système d’intérêt général créé après-guerre comme un point d’appui pour des conquêtes à venir : le régime général de la Sécurité sociale, les retraites, le statut des fonctionnaires, le secteur nationalisé où les salariés échappent à l’arbitraire du « marché du travail ».

Aussitôt, les dirigeants éditoriaux déploient la « pédagogie de la réforme ».

La déréglementation serait « inéluctable » puisque nécessaire (ou l’inverse) ; sans appel, car révélatrice du « courage politique » d’un exécutif décidé à contourner le Parlement ; « juste », car pensée pour araser les « privilèges » de ceux qui travaillent dans des conditions un peu moins précaires que les autres.

Écrit lors de la réforme de la Sécurité sociale lancée par M. Alain Juppé en novembre 1995, ce scénario réserve aux opposants un rôle bien encadré et tout aussi rituel. Montrer que les « privilèges » ne se situent pas précisément où le gouvernement les désigne, contrer la crécelle médiatique et… défendre les services publics.

 

Sources : Le Monde Diplomatique par Pierre Rimbert

 

-Mais que défendre, au juste ?
Le 12 décembre 1995, lors d’une réunion publique de solidarité avec les cheminots en grève, le sociologue Pierre Bourdieu avait exposé la nécessité d’empêcher « la destruction d’une civilisation associée à l’existence du service public ». Un quart de siècle plus tard, ces institutions d’intérêt général sont abîmées. Parfois même en ruine. La « main droite » de l’État que forment le ministère de l’économie et des finances, d’une part, et la technocratie patronale, de l’autre, a accompli sa mission. De réformes en privatisations, la part du secteur public[1] dans l’emploi est passée de 19 % en 1985 à 5,5 % fin 2015, avec 791 000 salariés résiduels. Alors que ces entreprises produisaient un quart de la richesse nationale au milieu des années 1980, le chiffre est tombé à moins de 6 % trente ans plus tard[2]. Partout, les directions ont instauré les exigences comptables et la pression managériale en vigueur dans le privé.

 

À la réforme de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) M. Emmanuel Macron aimerait qu’on oppose la même défense de l’existant, qu’il sait vouée à l’échec, car fondamentalement insincère : on protège un service dont chacun déplore le mauvais fonctionnement quotidien. Soignants et patients alertent que l’hôpital implose, que les maisons de retraite craquent ; étudiants et enseignants préviennent que l’école et l’université dépérissent ; voyageurs et cheminots savent que la SNCF déraille. Réduits à l’ombre d’eux-mêmes, les services publics survivent et résistent. Mais cet existant-là n’est plus guère ni désirable ni mobilisateur.

 

Pris en tenaille entre la contrainte budgétaire et la concurrence du privé, l’hôpital public gère des flux de patients selon le budget de la Sécurité sociale, quitte à renvoyer chez eux des malades incapables de se débrouiller seuls, plutôt que de produire du soin en fonction des besoins de la population. L’université, créée pour former des esprits critiques et les pousser vers les plus hauts accomplissements, travaille désormais à l’équilibre des comptes et aligne ses exigences sur celles du marché du travail. La Poste, fondée pour rendre un service universel de communication, se transforme en prestataire pour Amazon. France Télécom, séparée de La Poste puis privatisée, n’a plus vocation à équiper le pays en infrastructures ni à servir ses usagers, mais à vendre des produits, à conquérir des parts de marché, à satisfaire des actionnaires. Installée sur le marché international de l’énergie, Électricité de France (EDF) rachète des entreprises privatisées au Royaume-Uni. Quant à la SNCF (lire Benoît Duteurtre, « Il paraît que les petites lignes de chemin de fer coûtent trop cher »), son obsession des lignes rentables à grande vitesse l’a conduite à sacrifier le transport de marchandises au profit de la route, à négliger les lignes conventionnelles — et à asperger les voyageurs d’une prose aux subtils accents poétiques : « TGV porte une nouvelle promesse client baptisée TGV inOUI[3].  »

 

 

-

« Faire entreprise » plutôt que faire société

Ce changement de finalité imposé contre l’avis des usagers fut mis en œuvre avec une détermination d’autant plus extrême qu’il rencontra la résistance de millions de fonctionnaires. À La Poste, à l’école, à l’hôpital, dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les effets délétères des réformes furent longtemps masqués par le dévouement de salariés — en majorité des femmes — qui se mettaient en quatre pour assurer le service. Comment défendre les « services publics » quand les entreprises concernées infligent à leurs personnels l’obligation de trahir leur vocation ?

 

Les agents, explique la sociologue Danièle Linhart, « considèrent que leur tâche revêt une importance et une noblesse qui impliquent “naturellement” de leur part un engagement et une volonté de bien faire en toute circonstance. Ils s’affichent “au service du service public”, conscients d’incarner l’esprit républicain et de garantir l’intérêt général[4]  ». C’est ce que s’employa à tuer, au sens propre du terme, le management qui poussa au suicide des dizaines de salariés de France Télécom, et qui conduit désormais des membres du personnel de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris à mettre fin à leurs jours.

 

 

- « Défendre les services publics »

Le mot d’ordre comporte une ambiguïté mortelle quand la main droite de l’État s’acharne à les rendre détestables à ceux-là mêmes qui les produisent comme à leurs usagers. Lutter avec quelque chance de succès pour le service public d’intérêt général suppose de sortir du cadre imposé par la bataille rituelle qu’engage chaque gouvernement depuis trente ans. De quitter les abris de la défense passive. Et de passer à l’offensive.

 

Le travail, la sécurité économique et sociale, l’éducation, la retraite, la santé, les loisirs, le transport, l’accès de tous à l’énergie, les grandes infrastructures que cet ensemble implique ne sont pas seulement des services. Ce sont des droits. Constitutionnels pour les uns, acquis par la loi pour d’autres, ils ne sont pas octroyés ni concédés par l’État et le patronat comme une cerise sur le gâteau démocratique : ils sont dus aux populations. En d’autres termes, les collectivités ont l’obligation d’assurer leur fourniture, d’en garantir l’efficacité et de s’abstenir d’y porter atteinte. Le préambule de la Constitution de 1946, repris dans celle en vigueur, indique d’ailleurs la voie à suivre : « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité » (article 9).

 

Exiger en toute occasion la refondation d’un service public de haute qualité, conformément au droit inaliénable des populations, plutôt que défendre les entreprises publiques cabossées par les réformateurs présente des vertus unificatrices et mobilisatrices majeures. D’abord parce qu’une telle exigence s’appuie sur l’intérêt commun des usagers et des agents, des habitants des métropoles comme de ceux des petites villes, des banlieues, des campagnes, des territoires d’outre-mer. Elle donne de surcroît au mouvement social la visée positive et l’effet d’entraînement qui lui font si cruellement défaut après des décennies de luttes défensives : la refondation d’une institution universelle tournée vers l’avenir[5]. Nul n’aurait la naïveté d’attendre une victoire rapide ; mais chaque mobilisation offrirait l’occasion de marteler les trois principes d’un projet suffisamment consensuel pour agréger un bloc social majoritaire.

 

 

-

Premier principe, qui remédie à l’un des grands maux du salariat moderne

Donner aux agents les moyens de bien faire leur travail. Cette condition élémentaire de l’épanouissement et de la qualité, les salariés du privé en furent dépossédés sous les coups du néomanagement des années 1990. Dès le milieu de la décennie suivante, infirmières, aides de vie scolaire, enseignants, postiers, cheminots, etc. en ont été à leur tour privés. Objectifs chiffrés absurdes, réductions d’équipes, ordres intenables de manageurs qui ne connaissent rien à la réalité du travail se rencontrent désormais aussi bien chez Lidl ou chez Free que dans un Ehpad. Ce lugubre trait d’union public-privé devient une ligne de force : parce qu’ici le manutentionnaire sait d’expérience ce que subit là-bas la soignante, et avec quelles conséquences, il se mobilisera peut-être plus volontiers pour que la collectivité se donne les moyens de traiter ses anciens avec respect.

 

 

-

Le deuxième principe touche à l’unité et à l’aménagement du territoire

La refondation du service public devrait se donner pour priorité de doter des infrastructures les plus sophistiquées et des agents les plus qualifiés les populations vivant hors des grandes métropoles. C’est à Vierzon et à Saint-Étienne plutôt que dans le 11e arrondissement de Paris qu’on expérimentera des systèmes fiables et efficaces de santé, d’éducation, de transports, de communication, de socialisation des données numériques à des fins d’utilité publique. Sises majoritairement hors des grands centres urbains, les classes populaires se retrouveraient motrices de ces services réellement publics, tant du côté des agents que des usagers, comme elles le furent au sortir de la guerre en fondant la Sécurité sociale.

 

 

-

Le troisième principe concerne le statut et le financement de cette institution d’intérêt général, « propriété de la collectivité »

Ici, une autre équation rituelle impose son évidence : au service du public, donc de statut public, donc d’État. Bien sûr, les statuts des électriciens-gaziers, du mineur, des fonctionnaires furent arrachés en 1946 comme la pointe avancée d’un modèle social par les communistes qui siégeaient alors au gouvernement (lire Anicet Le Pors[6]). Mais le lien entre l’État et l’intérêt général s’est effiloché, voire rompu. Parce qu’il subit les diktats du ministère de l’économie et des finances, tout service public se trouve à la merci des fondamentalistes du marché. En attendant le carambolage historique qui renversera la vapeur, le mouvement social gagnerait à revendiquer la création d’institutions de propriété collective certes garanties par l’État, mais indépendantes de Bercy, soustraites à la concurrence (donc au dumping social) et gérées par les usagers-salariés. C’est le cas du régime général de l’assurance-maladie — la « Sécu ». Comme l’explique l’économiste et sociologue Bernard Friot, elle tire ses ressources immenses non pas de l’impôt, mais, pour l’essentiel, de la cotisation sociale. Cette dernière n’échoit pas au ministère des finances, mais à des caisses qui, de 1946 à 1967, furent administrées par les salariés eux-mêmes. Un service public financé par la cotisation plutôt que par l’impôt, une richesse socialisée contrôlée par les producteurs plutôt que par des technocrates, des usagers ayant voix au chapitre : idée d’avenir…

 

Utopie, rétorquera-t-on !

Mais, dans les circonstances actuelles, refonder l’intérêt général n’est pas moins irréaliste que défendre le statut des cheminots. Non pas qu’il faille abandonner ce dernier. Mais le meilleur moyen de le sauver consiste à l’universaliser : à rendre au service public sa vocation fondatrice d’avant-garde du bonheur commun. 

 

Services publics : Refonder plutôt que réformer !

 

-Vu d'ailleurs, TRANSPORTS : les privatisations et la concurrence coûtent plus cher que le service public

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale le 12 septembre 2019. Il a dénoncé la volonté d’ouvrir le réseau de la RATP à la concurrence et la désarticulation du service public qui était à l’oeuvre dans cette volonté.

 

Jean-Luc Mélenchon a également dénoncé le coût supplémentaire occasionné par le privé, qui doit faire de la publicité pour gagner des parts de marché et verser des dividendes pour satisfaire ses actionnaires. Il a expliqué comment le privé gérait les services rentables et laissait au service public le soin de s’arranger du reste.

 

Surtout, le président du groupe « La France insoumise » a expliqué que dans la nouvelle organisation du territoire, chaque Français parcourait en moyenne 45km par jour et que la mobilité n’était pas un choix mais une obligation. Il a donc appelé à ce que le service public en assure correctement la gestion.

Notes :

[1] Défini comme l’ensemble des sociétés directement détenues majoritairement par l’État ou appartenant à des groupes dont la tête est détenue majoritairement par l’État.

[2] Tableaux de l’économie française, Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), coll. « Insee références », Paris, 2018, www.insee.fr

[3] www.oui.sncf/aide. Sur ce processus, cf. Laurent Bonelli et Willy Pelletier (sous la dir. de), L’État démantelé. Enquête sur une révolution silencieuse, La Découverte - Le Monde diplomatique, Paris, 2010.

[4] Danièle Linhart, « Comment l’entreprise usurpe les valeurs du service public », Le Monde diplomatique, septembre 2009

[5] Lire Bernard Friot, « En finir avec les luttes défensives », Le Monde diplomatique, novembre 2017

[6] Anicet Le Pors, « Les fonctionnaires, voilà l’ennemi »

 

Pour en savoir plus :

- Les étudiants livrés au marché de l’anxiété

- L’intérêt général à la casse, réussir sa contre-révolution

- Il paraît que les petites lignes de chemin de fer coûtent trop cher

- De Saint-Just à Macron, variations sur un même thème

- « Pas concernés »

Partager cet article
Repost0
10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 10:14
En quoi la lutte pour les services publics relève-t-elle d’un enjeu de civilisation ?

Macron "Le voici Néron, ivre de brûler Rome, brûler une civilisation. Brûler cette civilisation sociale que les luttes d’hier ont conquise ; que les militants d’hier par leurs sacrifices, leurs peines, ont conquise ; que, tous mêlés, les militants ouvriers d’autrefois ont conquise."

Entretien avec Christian de Montlibert, sociologue et Willy Pelletier, coordinateur général de la Fondation Copernic

 

Sources :  L'Humanité

Willy Pelletier, coordinateur général de la Fondation Copernic

Willy Pelletier, coordinateur général de la Fondation Copernic

- Les modernisations libérales décivilisent

Ce ne sont pas les grévistes qui, par plaisir, font grève ; ce sont les agressions libérales, en rendant les métiers et les vies impossibles, qui déclenchent les grèves. Les grèves ne paralysent pas, au contraire elles débloquent des situations intenables. Les grèves ne sont pas violences, au contraire elles empêchent les surcroîts de violences qu’imposent aux salariés ces dirigeants d’entreprise qui peuplent les ministères, avant de repartir vers les directions d’entreprise ou de banque. Nous connaissions Macron en Brutus, poignardant son père politique. Nous l’avons vu briser le Code du travail, chantant au Medef : « Je serai l’ombre de ton ombre/l’ombre de ta main/l’ombre de ton chien. » Le voici Néron, ivre de brûler Rome, brûler une civilisation. Brûler cette civilisation sociale que les luttes d’hier ont conquise ; que les militants d’hier par leurs sacrifices, leurs peines, ont conquise ; que, tous mêlés, les militants ouvriers d’autrefois ont conquise.

 

Nous avons, chacune, chacun, leurs visages en nous, leurs voix résolues et inquiètes en nous, leurs yeux rieurs, remplis de larmes, leur courage, leur souffle, leur vie donnée, licenciée, ruinée, mais debout, toujours debout. C’est pourquoi la lutte qui vient ne nous appartient pas. Cette lutte va au-delà de nous-mêmes, nous n’avons pas le droit de la perdre.

 

Les modernisations libérales décivilisent. Elles exaspèrent les concurrences dans et pour l’emploi. Elles insécurisent les carrières, les avenirs. Elles explosent les collectifs de travail, séparent, isolent les souffrances. Elles empêchent qu’entre salariés se forge l’intérêt commun qui, hier, faisait voir le collègue, les jeunes, les travailleurs immigrés comme des semblables.

 

Les « décideurs » restent invisibles. Mais, au travail, où individuellement chacun se sent menacé et sans prise sur la menace, les plus proches, les voisins d’atelier ou de bureau devenus rivaux, localisables mais méconnus, inquiètent. Aux guichets des services publics, la détresse et la rage d’usagers démunis qui, depuis des mois, attendent pour n’obtenir rien rencontrent la lassitude d’agents surchargés, empêchés d’aider. S’avive ainsi, en milieux populaires, le chacun seul, un « chacun sa merde » vécu dans l’impuissance amère, un sauve-qui-peut général.

 

 

- Les grèves civilisent

Sans elles, ni congés payés, ni Code du travail, ni Smic, pas de limites aux heures de travail, des licenciements sans entrave, les protections sociales cédées aux assurances, les services publics d’aide sociale réduits à zéro et privatisés.

 

Fini le statut des fonctionnaires, qui garantit leur indépendance vis-à-vis des puissants. Paraphrasant Pierre Bourdieu, qui évoquait le mouvement des chômeurs, dans Normale Sup occupée, il faut dire ceci : la première conquête des grèves, ce sont les grèves elles-mêmes, leur existence même. Elles arrachent les travailleurs, toujours plus précaires, à l’invisibilité, à l’isolement, au silence.

 

En affirmant leurs droits, les grévistes ramènent à une certaine fierté ceux qui sont pressurés, abattus, voués à la fermer et rester à leur place.

 

Dans les grèves seulement, les apéros, les assemblées générales, les manifestations, se fabriquent des perceptions nouvelles de nos intérêts communs, des diagnostics partagés sur ce qui casse nos vies.

 

Dans les grèves seulement, se reconstruisent, coude-à-coude, l’entre-soi et les solidarités populaires. Dans les grèves seulement, gagnent en estime d’eux-mêmes ceux que la noblesse d’argent ignore et méprise.

 

 

Christian de Montlibert, sociologue

Christian de Montlibert, sociologue

- Manifester, c’est défendre un système de lutte contre l’insécurité sociale

On n’a pas manifesté le 22 mars seulement pour défendre la situation de catégories de salariés mise à mal par les politiques gouvernementales. Les manifestations défendaient aussi les services publics, les systèmes de retraite, la Sécurité sociale, tout ce qui institue la solidarité.

 

En s’opposant à une croyance qui veut que la conception néolibérale de l’économie soit rationnelle et la seule possible, elles défendaient l’idée qu’une société n’est pas une collection d’individus qui s’assemblent au gré de leurs intérêts. Ce faisant, elles défendaient un mode de vie, et plus encore une « civilisation », qui s’oppose à l’insécurité sociale. L’ensemble de ces manifestations, cinquante ans après celles de 1968, rappellent également que la détermination paye : les 10 millions de grévistes de 1968 ont permis d’obtenir des avantages sociaux considérables – ainsi en est-il de l’accord interprofessionnel sur la sécurité de l’emploi, des quatre semaines de congés payés, de la transformation du Smig en Smic, de la mensualisation, des indemnités de maternité, des accords sur la formation continue, sur la formation professionnelle, sur la durée maximale du travail, des préretraites indemnisées à 70 % du salaire, de l’accession des immigrés aux élections professionnelles, de l’interdiction du travail clandestin, de la généralisation des retraites complémentaires, de la mise en place des garanties pour les salariés d’une entreprise placée en liquidation judiciaire, de l’indemnisation du chômage.

 

Depuis, le patronat s’efforce de reprendre ce qu’il a dû concéder, avec l’aide aujourd’hui d’un gouvernement qui camoufle son adhésion au néolibéralisme sous le couvert d’une expertise rationnelle. D’une certaine façon, ces manifestations honorent la mémoire de ceux et celles qui se sont battus, depuis l’expansion du capitalisme, pour inventer des systèmes mettant en actes l’égalité et la fraternité.

 

De fait, le développement des services publics n’a pu se mettre en place qu’après des luttes importantes entraînant souvent une répression des militants : il suffit de rappeler les décisions du cabinet de Clemenceau qui, en 1908, fit tirer sur les manifestants grévistes de Draveil et Villeneuve-Saint-Georges et arrêter 31 dirigeants de la CGT, ou celles de Daladier, qui fit promulguer, le 12 octobre 1938, 32 décrets-lois qui, non seulement, revenaient sur tous les acquis du Front populaire de 1936, mais, en plus, permettaient la chasse aux étrangers clandestins et la répression de la mobilisation ouvrière ou, aujourd’hui, les poursuites pénales contre des militants.

 

Manifester, c’est défendre un système de lutte contre l’insécurité sociale dont le développement a été très lent tant les classes dominantes s’y opposaient : il faudra dix-huit ans avant que le projet de loi sur les accidents du travail, qui entraîne de facto une limitation du pouvoir patronal, ne soit voté ! Ce développement resta contesté : la loi Loucheur du 5 avril 1928, qui créait un système d’assurances sociales obligatoires donnant droit à des aides en cas de maladie, d’invalidité ou de maternité, étendues aux travailleurs agricoles en 1930 en permettant à l’État de compenser la faiblesse des cotisations des ouvriers agricoles par une dotation complémentaire, a été très violemment attaquée par les représentants des classes dominantes.

 

Ce développement, enfin, reste limité. Pourtant, l’expérience de ces quarante dernières années est venue vérifier l’hypothèse du progrès de l’égalité : même si l’intervention de l’État en matière de logement a été tardive, maladroite, très incomplète, l’amélioration du logement, tant que dure « l’aide à la pierre », n’en a pas été moins réelle.

 

Même si l’intervention de l’État en matière scolaire est le plus souvent limitée par l’étroitesse des budgets, l’accession d’un plus grand nombre d’enfants à une culture générale et technique n’en est pas moins réelle. Même si l’intervention de l’État en matière de protection sociale a été souvent désordonnée et toujours freinée par les exigences patronales, il n’en est pas moins résulté, après des luttes sociales intenses il est vrai, jusque vers le milieu des années 1970, un appareillage efficace : en témoignent la généralisation de la Sécurité sociale, l’amélioration des retraites, la création du Smic, l’autorisation administrative de licenciement…Or, c’est ce système que les défenseurs du libéralisme mettent en cause. De fait, il s’agit surtout d’une régression. Sur le seul point des effets du statut des personnels, la comparaison que l’on pouvait établir entre les « gens du public » et les « gens du privé » le fait bien comprendre.

 

Les fonctionnaires se caractérisaient, il y a peu encore, par un moindre taux de suicide, un moindre taux de maladies mentales, une moindre condamnation pénale, une meilleure réussite scolaire et une meilleure intégration sociale de leurs enfants.

 

Il n’est pas jusqu’à la durée de vie qui, à situation professionnelle comparable, ne manifestait des différences à leur avantage. On comprend que les salariés du privé aient souhaité la généralisation de ces conditions d’existence et que, à l’inverse, vouloir aujourd’hui étendre les conditions d’existence du secteur privé au secteur public soit ressenti comme rétrograde. Vouloir, en plus, présenter cette régression comme un progrès relève d’autant plus de la duplicité des défenseurs des classes dirigeantes que l’on sait déjà ce qu’il en est des conditions de travail et des conditions d’existence, faute d’y avoir créé des postes de fonctionnaires : des milliers de précaires, intérimaires, contractuels, vacataires dans la fonction publique et dans les collectivités territoriales et hospitalières.

  • Manifester pour les services publics, c’est défendre une « civilisation », car soumettre « l’État social » au régime du secteur privé, c’est, d’une certaine façon, contribuer au relâchement des systèmes d’interdépendance liant les groupes professionnels et les individus les uns aux autres, en favorisant le repli sur soi.

C’est aussi réduire la possibilité d’une symbolisation des intérêts personnels et ainsi libérer l’agressivité. C’est dire que, dans ces conditions, la probabilité de tensions et de violences interpersonnelles et intergroupales augmente considérablement, tout comme les chances de stigmatisation des catégories jugées « infâmes ».

  • Manifester pour les services publics c’est, enfin, militer en faveur non seulement de leur maintien, mais aussi de leur extension.

C’est dire qu’il faut pousser l’État, pour espérer plus d’égalité et de fraternité, à réduire l’efficacité des mécanismes sociaux producteurs d’inégalités, en particulier en contribuant à réduire la violence propre aux mécanismes de marchés (du travail, du logement, etc.), mais aussi créer une gestion démocratique pour réduire les violences qui peuvent s’exercer dans les lieux de travail, les espaces d’habitat, les institutions de contrôle social… Mais cela n’est possible qu’en freinant la propension des classes dominantes à s’approprier les avantages procurés par le marché.

 

Pour en savoir plus :

- Le droit contre les privatisations : Rendre inaliénables les biens communs

Partager cet article
Repost0
6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 11:47
Comment la dette de la SNCF enrichit les marchés financiers, au détriment des cheminots et des usagers

Il se dit que la SNCF couterait 100€ par français, c'est faux !

En revanche l'évasion fiscale c'est 1 600€ par an et foyer fiscal, il y a donc d'autres priorités que celle de la SNCF si l'on rentre dans ce débat !

 

Sous prétexte de sauver la SNCF, endettée de près de 50 milliards d’euros, le gouvernement Philippe prépare une profonde réforme du secteur ferroviaire, ouvrant la porte à sa privatisation de fait. Présentée comme la conséquence de performances insuffisantes de l’entreprise, cette dette résulte pourtant très largement de choix politiques et organisationnels antérieurs. Loin des fantasmes sur le statut des cheminots, Basta ! retrace l’histoire de cet endettement, qui constitue aussi une rente annuelle de plus d’un milliard d’euros pour les marchés financiers. Pour en venir à bout, d’autres solutions sont possibles.

 

Sources : BASTA! par Nolwenn Weiler | mis à jour le 02/12/2021

Lors de l’inauguration de la ligne grande vitesse Paris-Rennes, en juillet dernier, Emmanuel Macron a évoqué une offre : l’État pourrait prendre en charge la dette de la SNCF en échange d’un « nouveau pacte social » au sein de l’entreprise publique, qui verrait le statut des cheminots progressivement supprimé. Emmanuel Macron faisait ainsi implicitement le lien entre l’endettement colossal de la SNCF – 46,6 milliards d’euros – et le « coût du statut » des cheminots, qui leur donne notamment la possibilité de partir en retraite plus tôt. Le rapport Spinetta, remis le 15 février dernier au gouvernement en vue d’une loi réformant la SNCF, reprend cette thèse d’un coût du travail trop élevé qui viendrait gréver les finances du système ferroviaire français.

 

« C’est une escroquerie intellectuelle de laisser penser cela, s’insurge Jean-René Delépine, représentant du syndicat Sud-rail au conseil d’administration de SNCF réseau, la branche qui gère les voies ferrées. Cette dette, c’est d’abord la contre-valeur d’un bien commun : un réseau de chemin de fer. Elle est visible parce qu’elle se trouve au sein d’une seule société. Si une entreprise avait, à elle seule, la charge de maintenir et de développer le réseau routier, sa dette serait infiniment supérieure ! L’État, qui se présente comme la victime d’un endettement non maîtrisé de la SNCF, est en fait le premier responsable de l’explosion de la dette. »

 

 

- Une dette « mise sous le tapis » il y a vingt ans

Dans les années 80, la politique du « tout TGV », vers lequel les investissements sont essentiellement dirigés, se traduit par une diminution continuelle des budgets de maintenance et de renouvellement du reste du réseau – dessertes des agglomérations, lignes rurales, lignes inter-cités – qui aboutit à un état de délabrement alarmant d’une partie des voies. « En 2005, un audit sur l’état du réseau français réalisé par l’école polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) à la demande de Réseau ferré de France (RFF) et de la SNCF alertait sérieusement sur le vieillissement du réseau et pointait la responsabilité de l’État », souligne la CGT dans un récent rapport sur l’avenir du service public ferroviaire. Plus de 9000 kilomètres (sur un total de 30 000) sont considérés comme vétustes voire dangereux [1]. À certains endroits, les rails sont si dégradés que les trains doivent ralentir. Tout cela oblige l’État à engager un important et très coûteux programme de travaux au début des années 2000.

 

En 1997, pour répondre aux critères du traité de Maastricht qui conditionne le passage à l’euro à la maîtrise du déficit public, la France choisit de loger sa dette ferroviaire dans un nouvel établissement public, séparé de la SNCF : Réseau ferré de France (RFF, renommé SNCF réseau en 2014). « C’est une façon de masquer la dette publique, estime Jean-René Delépine. À la même époque, l’Allemagne a de son côté décidé de reprendre la dette du système ferroviaire, alors qu’elle était en pleine réunification ! »

 

La dette de 46,6 milliards d’euros qui plombe actuellement le système ferroviaire est celle de SNCF réseau, mise sous le tapis il y a vingt ans [2]. « RFF puis SNCF réseau se retrouvent à porter, seules, des investissements qui doivent normalement revenir à l’État, poursuit Jean-René Delépine. C’est pourtant lui qui prend les décisions d’aménagements ! »

 

 

- Dix milliards ponctionnés par les marchés financiers

À la fin des années 2000, le gouvernement de Nicolas Sarkozy décide de lancer un vaste programme de travaux, mais sans y allouer les finances nécessaires. À la remise en état des voies vieillissantes, s’ajoute la construction de quatre nouvelles Lignes à grande vitesse (LGV) [3]. En 2010, SNCF réseau investit 3,2 milliards d’euros tout en percevant 2,2 milliards de subventions. Il faut donc emprunter sur les marchés pour trouver le milliard manquant. En 2012, les investissements s’élèvent à 4,3 milliards d’euros quand les subventions de l’État plafonnent à 1,2 milliard. Nouvel emprunt. En 2015, rebelote : alors que SNCF réseau doit débourser 5,3 milliards, il ne reçoit que 1,1 milliard de l’État. Cette année là, les subventions ne couvrent que 23 % des besoins d’investissement. Le recours à l’emprunt augmente encore. Depuis, les subventions consenties par l’État restent bien inférieures aux montants de travaux... pourtant engagés à sa demande ! « En 2017, 5,4 milliards d’euros ont été investis pour la régénération du réseau. 2,2 milliards ont été versés par des subventions. Le reste a été emprunté », illustre Jean-René Delépine.

 

À ce système structurellement déficitaire, s’ajoute le fait qu’« SNCF Réseau doit payer les intérêts de sa dette passée, comme l’explique Adrien Coldrey, économiste au sein du cabinet d’expertise Degest [4]. Or, il n’a plus aucune ressource pour payer ces intérêts puisque celles-ci ont été utilisées pour l’investissement : il doit donc s’endetter pour les payer. C’est un effet boule de neige, qui ressemble à une situation de surendettement pour un particulier. »

 

Ces dix dernières années, cette charge de la dette – 10,3 milliards d’euros seulement pour les intérêts – pèse plus lourd que l’entretien et le développement du réseau – 7,2 milliards d’euros ! « Quand la SNCF emprunte 100 euros pour le réseau, il ne peut en utiliser que 41. Les 59 restant sont ponctionnés par le système financier », détaille Arnaud Eymery, le directeur du cabinet Degest. Soit les banques, assurances et fonds d’investissement qui prêtent à la SNCF [5].

 
 

- « On travaille pour financer les banques »

« Pour le dire autrement, afin d’investir 100 euros sur la modernisation des voies, la SNCF doit emprunter 243 euros ! Le surcoût est considérable. C’est une rente pour les marchés financiers, même si les taux sont actuellement très bas. » Si les taux devaient remonter, l’absurdité de ce choix économique serait encore plus flagrante. « La charge de la dette avale les trois quarts de la performance économique de l’outil industriel, assène Jean-René Delépine, de Sud-rail. On travaille pour financer les banques. C’est une honte. » Et plus le temps passe, plus la dette se creuse. « Si l’État l’avait reprise en 2010, seulement 7,2 milliards d’euros d’endettement auraient été générés, contre 17,5 milliards actuellement », calcule Arnaud Eymery du cabinet Degest.

 

Autre choix politique absurde : en 2006, le gouvernement de Dominique de Villepin privatise les autoroutes, ce qui provoque un gros manque à gagner pour le système ferroviaire. Une partie des subventions versées par l’État à la SNCF provient de l’agence de financement des investissements de transports de France, qui était alimentée par les redevances des concessions d’autoroutes...

 

Pour se faire une idée des sommes dont est aujourd’hui privé le système ferroviaire, il suffit de regarder le montant des dividendes que se sont partagés les actionnaires des sociétés concessionnaires d’autoroute (SCA) en 2016 : 4,7 milliards d’euros [6] ! « La suppression du projet d’écotaxe en octobre 2014 [par le gouvernement de Manuel Valls, ndlr], également prévue par le Grenelle de l’environnement pour financer la construction des LGV, vient à nouveau gréver les finances et donc le report des trafics de la route vers le train », ajoute Arnaud Eymery.

 


- Pour les usagers, le prix des billets explose

Le report de la route vers le train constitue un défi crucial face au réchauffement climatique et à l’aggravation de la pollution atmosphérique. Mais pour les usagers, le coût du train s’envole. Car pour faire face à sa situation financière, le tarif facturé par RFF aux sociétés exploitants les trains – et donc principalement à la SNCF – a été considérablement augmenté (+26 % entre 2007 et 2013). « La hausse est aussitôt répercutée sur le prix des billets, qui augmente de 20% entre 2008 et 2013 », souligne Arnaud Eymery. Résultat : les Français délaissent le train jugé hors de prix.

 

Dès 2010, la fréquentation des TGV est en baisse. Un cercle infernal se met en place : les gens prennent moins le train, le nombre de trains diminue, les péages augmentent, de même que les billets, ainsi que les investissements nécessaires. Entre 2010 et 2016, le trafic ferroviaire enregistre une hausse de 1 % quand la voiture bondit de 7 % et le transport aérien de 17 %.

 

Plutôt que de taxer la route pour financer le transport ferroviaire, beaucoup moins polluant, l’État prétend que celui-ci peut s’autofinancer à condition que les cheminots travaillent plus et mieux. Pourtant, d’importants efforts ont déjà été consentis. « Chaque année, on demande à la SNCF d’économiser 1,5 milliard d’euros. Et la principale source d’économies, c’est l’emploi », poursuit Arnaud Eymery. Entre 2004 et 2014, les effectifs cheminots ont chuté. Ces derniers passent de 175 000 à 154 000 salariés, soit 2000 emplois supprimés chaque année.

 

 

- Productivité élevée, espérance de vie réduite

Selon le cabinet Degest, une étude des gains de productivité laisse apparaître, entre 2004 et 2014, une progression plus forte pour les cheminots (+3,2% par an) que pour l’économie française dans sa globalité (+1,9%). Une tendance qui devrait se prolonger ces prochaines années du fait des contrats de performance signés entre l’État et la SNCF. Néanmoins, le coût de cette pression sur le travail est élevé. À la SNCF comme ailleurs, les salariés sont écartelés entre des objectifs sans cesse accrus et des moyens revus à la baisse. Au point que certains ne peuvent plus assurer correctement la sécurité sur les voies (lire notre enquête sur l’accident de Brétigny en 2013). Et que d’autres sont sommés de proposer aux voyageurs les billets les plus chers [7].

 

Pour que les trains puissent rouler en continu, la maintenance est davantage assurée de nuit, alors que le travail nocturne a des effets importants sur la santé. « Les indices de morbidité [le nombre de jours d’absence des salariés pour maladie ou accident du travail, ndlr] ont augmenté au fur et à mesure que des gains de productivité étaient enregistrés », remarque Arnaud Eymery.

 

L’espérance de vie des cheminots est inférieure à la moyenne nationale, notamment pour les personnels de l’exécution et de la traction. Ces derniers meurent quatre ans plus tôt que le reste de la population [8]. La fédération Sud-rail, à qui la direction refuse de fournir des chiffres, estime qu’une cinquantaine de cheminots se suicident chaque année.

 


- 1269 euros, le salaire de base d’un chef de bord

En parallèle, les réorganisations et le déploiement de nouvelles technologies entraînent une hausse de l’encadrement. « En créant trois entités en 2014, on a créé trois états-majors différents, illustre Jean-René Delépine. Cela augmente automatiquement la masse salariale puisque les cadres sont plus nombreux et mieux payés. » L’augmentation exponentielle de la sous-traitance a également entraîné une augmentation du taux d’encadrement. Pour réaliser des économies, il serait ainsi possible de regarder du côté de l’organisation du travail, ou encore... de la direction.

 

En 2017, les onze membres du comité exécutif de SNCF Réseau se sont ainsi partagés une rémunération nette imposable de 2,5 millions d’euros, assortis de 38 000 euros d’avantages en nature, soit une moyenne de 19 000 euros par mois et par personne. En 2017, Florence Parly, l’actuelle ministre des Armées, a été payée 52 000 euros par mois en tant que directrice générale chargée de SNCF voyageurs. Par comparaison, le traitement de base d’un chef de bord, qui assure les trajets à bord d’un train corail, est de 1269 euros nets, assortis de plusieurs primes.

 

 

- D’autres solutions pour financer le réseau

Comment sortir le système ferroviaire de cette voie de garage ? L’État pourrait aider l’entreprise dont il est actionnaire à sortir du cycle infernal de l’endettement, et doter le train de financements pérennes. La CGT propose de flécher 6 milliards d’euros des recettes de la TICPE (taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques) pour le financement du réseau ferré national. En 2016, ces recettes se sont élevées à 28,5 milliards d’euros pour les produits pétroliers [9]. La CGT propose par ailleurs de mettre fin aux exonérations et au remboursement partiel de cette taxe dont bénéficient les transporteurs routiers ou le secteur aérien.

 

La confédération syndicale propose également de mettre en place un « versement transport additionnel régional » : calculé à partir de la masse salariale et redevable par les entreprises d’au moins onze salariés, cet impôt permettrait de doter les régions de 500 à 850 millions d’euros par an pour financer les lignes locales. « Sur le modèle du Livret A créé pour financer le logement social, nous proposons la création d’un nouveau livret d’épargne défiscalisé offrant un produit d’épargne sécurisé, dont les fonds seraient centralisés par la Caisse des dépôts et consignations », suggère encore la CGT.

 

 

- Développer le train pour sauver le climat

De son côté, le syndicat Sud-rail propose de réunir les trois entités qui composent actuellement la SNCF en une seule et même entreprise, ce qui permettrait de mutualiser les capitaux propres : ceux de SNCF mobilités s’élèvent à 15 milliards d’euros, alors que ceux de SNCF réseau sont négatifs de 12 milliards. « Nous aurions une entité qui démarrerait avec un capital positif de 3 milliards de capitaux propres » , résume Jean-René Delépine. La fusion entraînerait une mutualisation des marges opérationnelles, diluant la charge liée au remboursement de la dette et améliorant la capacité d’autofinancement.

 

Cette réunification aurait, toujours selon Sud-rail, un autre avantage : économiser les coûts de fonctionnement liés à la multitude de contrats passés entre les deux entités. Par exemple, lorsque SNCF réseau ferme une ligne pour réaliser des travaux, elle dédommage SNCF mobilités qui ne peut plus y faire passer ses trains. « Ces transactions créent des litiges, et induisent des surcoûts organisationnels monstrueux. » Sans oublier le bon millier de filiales créées par la SNCF, véritable mille-feuille organisationnel dont les effet économiques et sociaux réels restent à déterminer.

 

Sur le plan climatique, le secteur des transport est l’un des plus émetteur en gaz à effet de serre. Privilégier les modes de transport les moins polluants est donc indispensable. Une étude réalisée en Europe par le cabinet néerlandais CE Delf met en évidence un coût social et environnemental neuf fois plus élevé pour la voiture que pour le train. « Je pense même qu’en France, où le parc diesel est très important, ces chiffres sont encore supérieurs », estime Arnaud Eymery. Face aux défis, immenses, que pose le changement climatique, le train pourrait être considéré comme un atout plutôt que comme un poids. Ce n’est malheureusement pas le sens des conclusions du rapport Spinetta, qui sert de base à la future réforme ferroviaire.

 

Notes

[1L’audit réalisé par l’école polytechnique de Lausanne est disponible ici.

[2Les deux autres établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) du groupe n’ont pas de dettes « inquiétantes » pour le moment. On parle là de l’« Epic de tête » (la holding qui chapeaute l’ensemble) et de SNCF mobilités qui fait rouler les trains (et qui possède par ailleurs des centaines de filiales).

[3Paris-Strasbourg, Paris-Bordeaux, Paris-Rennes, contournement Nîmes-Montpellier.

[4Le Cabinet Degest a rédigé en 2013 un rapport très documenté pour la SNCF en vue de la réforme ferroviaire de 2014. Les principales conclusions de ce rapport sont à lire ici. Le rapport est consultable .

[5Voir ici l’analyse de Degest sur le coût de la dette.

[6Pour consulter la synthèse des comptes des concessions autoroutières, voir ici.

[8Espérance de vie à l’âge de 60 ans : 24,9 ans pour la France entière ; 20,3 ans pour les personnels d’exécution à la SNCF, 22 pour les personnels de traction.

[9La TICPE est la quatrième recette fiscale de l’État derrière la TVA, les impôts sur le revenu et sur les sociétés.

 

Pour en savoir plus :

- Comment la SNCF a créé des centaines de filiales pour mieux préparer le démantèlement du transport ferroviaire.

- Réforme SNCF : en finir avec les données fausses sur les chemins de fer

- Quand tout sera privé, on sera privé de tout ! par Manuel Bompard

- SNCF : la Fédération des usagers prend ses distances avec la réforme

- [SNCF] Une contre-analyse déboulonne les arguments du rapport Spinetta

- Reprise de la dette : Edouard Philippe veut-il enfumer usagers et cheminots ?

- La France insoumise propose de rendre inaccessible au privé le capital de la SNCF. Amendement rejeté par la majorité

- L'Insee a décidé de requalifier la dette de SNCF Réseau en dette publique est appliquée rétroactivement dès 2016

- LA LONGUE AGONIE DU FRET FERROVIAIRE

Comment la dette de la SNCF enrichit les marchés financiers, au détriment des cheminots et des usagers
Partager cet article
Repost0
7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 14:12
Cheminots, usagers : pour construire un avenir au rail, NOUS ALLONS DEVOIR NOUS BATTRE, ENSEMBLE !

Alors que le rapport Spinetta annonce une cure de rigueur chez la SNCF, la CGT et les cheminots présentent un contre-projet dans son rapport « Ensemble pour le fer », qui prône a contrario une relance du ferroviaire, dont voici une synthèse.

 

Contre la doctrine libérale qui prône la rigueur pour la SNCF, la CGT propose autre réforme, défend un contre-projet alternatif : la voie du service public SNCF. Seule l’entreprise publique peut relever les défis de modernisation, de développement de l’activité ferroviaire, tout en répondant aux enjeux sociaux, environnementaux et énergétiques auxquels nous devons faire face, car seule l’entreprise publique est dictée par l’intérêt général et non la rentabilité.

 

Sources : Fédération CGT des Cheminots ! mis à jour le 31/12/2022

- Seul un service public peut faire face aux problématiques environnementales, sociales, sociétales et économiques, car ce dernier est dicté par l’intérêt général.
Parce que se déplacer est une liberté fondamentale dont le droit au transport est un support essentiel, parce que 95 % des émissions à effet de serre dans le secteur des transports en 2017 est issu du mode routier, parce que le rail est un transport économique (la pollution de l’air et les accidents corporels issu du mode routier coutent bien plus à la société), parce que les TET (trains d’équilibre des territoires), les TER et le fret de proximité sont des facteurs de cohésion et de désenclavement territorial et parce que l’industrie ferroviaire est une filière stratégique qui génère un chiffre d’affaire de 4,2 milliards par an, seul l’intérêt général — auquel on ne peut opposer d’exigences de rentabilité financière — doit guider les choix d’organisation, d’investissements et de gestion des services publics.

 

 

- La privatisation : le cas de British Rail
Le cas de la privatisation de British Rail il y a vingt ans au Royaume-Uni devrait nous alerter sur une possible privatisation de la SNCF. En l’espèce, outre-manche, on a constaté une explosion incontrôlée du prix des billets de 117 % en moyenne, les britanniques dépensant désormais en moyenne 15 % de leur revenus dans les transports, contre 3 % en France. Certains employés demandent même des prêts à leur entreprise pour pouvoir payer leur abonnement annuel tandis que quatre trains sur cinq sont en retard dans le sud, si bien qu’une majorité de britanniques est désormais favorable à sa renationalisation. Ainsi, cet exemple vient contredire la propagande libérale matraquée qui prétend que l’ouverture des réseaux ferrés à la concurrence soit synonyme de plus de performance et d’économies pour l’usager : l’efficacité d’un système ferroviaire est avant tout une question de moyen.

 

 

- L’accident de Brétigny de juillet 2013, révélateur du désinvestissement de l’état
D’ailleurs, l’accident de Brétigny de juillet 2013 a été révélateur du désinvestissement de l’État dans la maintenance du réseau. Les économies d’échelles effectuées dans un but de rentabilité et de compétitivité s’est faite au détriment de la sécurité des salariés et des usagers.


Parallèlement, l’ouverture à la concurrence du fret dans le transport de marchandises depuis 2006 n’a pas permis d’augmenter l’activité ferroviaire, qui ne représente que 10 % du transport de marchandises, ne permettant pas de relever les défis environnementaux auxquels nous devons faire face, via une diminution de la part modale du routier.


Enfin, l’argument du passage obligatoire à la concurrence doit aussi être contesté. Le paragraphe 4 bis de l’article 5 et le paragraphe 6 de l’article 4 du règlement européen dit « Obligation de service public » (OSP) disposent que la nation peut garder un service public ferroviaire, justifiant des exigences des normes sociales, qualitatives et environnementales.

 

 

- La Fédération CGT des cheminots présente son rapport, ses propositions pour l'avenir du service public ferroviaire et contre le statut quo libéral dont voici le..

SOMMAIRE

CONSTAT

  • Le Rail, un mode de transport indispensable .......................................................................... 2

- Garantir le droit au transport pour tous ................................................................................ 2

- Relever concrètement les défis environnementaux .......................................................... 2

- Le rail est un mode de transport économique ................................................................... 3

- Une autre conception de l’aménagement du territoire doit émerger ............................. 5

- Le rail est un atout pour de nouvelles ambitions industrielles ....................................... 5

  • Les concours publics et les autres modes de transport ..................................................... 6
  • Le Service Public, cible du libéralisme ..................................................................................... 9

- En Europe ................................................................................................................................. 9

- Les effets de la libéralisation des services publics ....................................................... 10

  • Spécificités et pertinence du mode ferroviaire .................................................................... 10
  • L’efficacité de l’entreprise publique ........................................................................................ 11
  • L’expérimentation douloureuse des transferts au privé ................................................... 13
  • Un modèle social au service de l’intêret général ................................................................ 14
  • La logique actuelle du Groupe SNCF ....................................................................................... 15
  • La concurrence en Europe, mythes et réalités .................................................................... 17
  • Complémentarités et solidarité vs concurrence et démantèlement ............................. 20
  • Une gestion cloisonnée de l’entreprise pour mieux la privatiser à terme .................... 22
  • La branche ferroviaire : le contre exemple du fret ............................................................. 23

PROPOSITIONS CGT

  • Le Service Public SNCF au cœur d’un projet de société ................................................... 25

- Pour un service public du fret ferroviaire .......................................................................... 26

- Situation du transport public SNCF de voyageurs ......................................................... 28

- Tarification du transport Voyageurs ................................................................................... 31

  • Leviers pour la conquête et le développement du Service Public SNCF........................ 32

- Renforcer le pouvoir d’intervention des usagers, des cheminots, de la représentation nationale et des AOT tout en maintenant la cohérence nationale du système. .................. 32

- Le financement du système ferroviaire ............................................................................ 32

- L’Etat doit prendre ses responsabilités : ......................................................................... 33

- Transformer la dette du système ferroviaire en dette publique ................................... 33

- Nationaliser les autoroutes ................................................................................................ 33

- La CGT propose de nouvelles modalités de financement : ........................................ 34

- Fléchage de la TICPE pour le financement des infrastructures ................................. 34

- Créer un Versement Transport additionnel pour les Régions .................................... 35

- Stopper les Partenariats Public-Privé (PPP) qui ne servent que l’intérêt de groupes du BTP (Vinci, Bouygues, Eiffage) ..................................................................................................... 35

- La création d’un pôle financier public participant au financement des infrastructures ferroviaires ........................................................................................................................................ 36

- De nouvelles normes sociales, environnementales et de sécurité pour l’ensemble du secteur des transports ......................................................................................................................... 37

- Coopération avec les autres services publics ............................................................... 39

  • La CGT propose une autre réforme : la voie du service public SNCF ............................ 39

- Améliorer la production ....................................................................................................... 43

- Développer le service public SNCF .................................................................................. 44

- Remerciements…………………………………………........……………………………. 45

 

Pour prendre connaissance de l'intégralité du rapport en ligne c'est ICI

Pour le télécharger c'est ci-dessous

 

Cheminots, usagers : pour construire un avenir au rail, NOUS ALLONS DEVOIR NOUS BATTRE, ENSEMBLE !

 

- Et maintenant ?

Cheminots, usagers : pour construire un avenir au rail, NOUS ALLONS DEVOIR NOUS BATTRE, ENSEMBLE !

Cheminots, usagers, nous allons devoir nous battre ensemble !

 

La Fédération CGT appelle les cheminots, les usagers, leurs associations ainsi que toutes celles et ceux qui sont attachés au service public ferroviaire, à participer à la manifestation nationale unitaire le 22 mars 2018, place de la République à Paris à 13h00.

 

Pour prendre connaissance de l'appel national aux usagers, c'est ICI

 

Pour en savoir plus :

- SNCF, le rapport Spinetta c'est : nationaliser les pertes et privatiser les profits !

- Réforme de la SNCF : un cas d’école

- La SNCF coûte moins cher que les accidents de la route

- Contribution à l’étude du surcoût des Partenariats-Publics-Privés (PPP) dans le ferroviaire

- le gouvernement fait le forcing : Transdev obtient l'autorisation de concurrencer la SNCF

- Déclaration unitaire des organisations de gauche engagées dans la défense du service public : Alternative Libertaire (AL) ; EELV ; Ensemble ; Gauche Démocratique et sociale (GDS) ; Géneration.s, ; Groupe Parlementaire FI ; NPA ; Nouvelle Donne ; PCF ; PCOF ; Parti de Gauche (PG) ; République et socialisme.

- Depuis fin février, le gouvernement noircit le tableau de l’entreprise ferroviaire, accusée d’être surendettée et sclérosée par le statut des cheminots. «Libération» décrypte ces exagérations, alors que la grève débute ce mardi.

 

  • PACTE FERROVIAIRE OÙ EN SOMMES-NOUS ?

Ce Gouvernement est l’un des plus durs que nous ayons connus ces dernières années. Il enchaîne les réformes qui bouleversent le modèle social français. Malgré un mécontentement général, il ne fait pas encore face à une contestation de grande ampleur.


En revanche, avec la réforme ferroviaire, il a un caillou dans la chaussure. Bien que le Premier ministre martèle son intransigeance, le conflit des cheminots fait la une des médias à chaque séquence de grève. Il pèse sur l’économie. Il l’oblige à répondre en permanence aux initiatives syndicales. Notre mouvement est donc aujourd’hui à un moment charnière. Pour lire la suite : Fédération CGT des Cheminots

- L’ouverture à la concurrence du « deuxième paquet ferroviaire » est une véritable saignée pour le fret SNCF.

Partager cet article
Repost0