Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a publié une déclaration[0] explicite d’intention génocidaire à l’égard de la population de Gaza, menaçant les civils de l’enclave d’une punition collective sous la forme d’une « dévastation totale » s’ils ne trouvent pas le moyen de renverser le Hamas et de libérer tous les otages israéliens.
🔴 « Résidents de Gaza, ceci est votre dernier avertissement. Le premier Sinwar a détruit Gaza, et le second Sinwar entraînera sa ruine totale. L’attaque de l’armée de l’air israélienne contre les terroristes du Hamas n’était que la première étape. Ce qui suivra sera bien plus dur, et vous en supporterez tout le coût.
🔴 « L’évacuation de la population des zones de combat reprendra bientôt. Si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et si le Hamas n’est pas chassé de Gaza, Israël agira avec une force que vous n’avez jamais connue auparavant.
🔴« Suivez le conseil du président américain : rendez les otages et chassez le Hamas, et de nouvelles options s’ouvriront à vous, y compris la relocalisation dans d’autres parties du monde pour ceux qui le souhaitent. L’alternative est la destruction et la dévastation totale ».
Lorsque Katz dit « Suivez le conseil du président américain », il fait référence à une déclaration faite par le président Trump le 5 mars, qui a fait essentiellement la même menace adressée « au peuple de Gaza », en disant : «Un bel avenir vous attend, mais pas si vous retenez des otages. Si vous le faites, vous êtes MORTS ! Prenez une décision intelligente. LIBÉREZ LES OTAGES MAINTENANT, OU IL Y AURA UN ENFER À PAYER PLUS TARD ! »
Lorsque j’ai critiqué le président américain pour ces remarques qui menacent explicitement les civils de Gaza, j’ai reçu un déluge de partisans de Trump me disant qu’il ne parlait pas vraiment de « la population de Gaza » comme il l’a dit, mais qu’il ne parlait plutôt que de ceux qui retiennent activement des otages. La déclaration de M. Katz montre clairement qu’ils avaient tort et que ceux d’entre nous qui ont appelé un chat un chat à l’époque avaient raison.
Le ministre israélien de la défense ne fait que suivre la position de Trump et réitérer ce que tous ceux qui ne sont pas des partisans à œillères savaient que Trump disait il y a deux semaines. Il le fait exactement de la même manière que Benjamin Netanyahou a suivi la position de Trump sur le nettoyage ethnique de Gaza le mois dernier en " approuvant avec enthousiasme[3] " le plan proposé par Trump pour " expulser définitivement tous les Palestiniens de l’enclave[4] ". Trump propose un plan, et les responsables israéliens le mettent en œuvre.
Les gouvernements américain et israélien menacent donc ouvertement l’ensemble de la population de la bande de Gaza du crime de guerre de " punition collective[5] " s’ils ne chassent pas le Hamas de Gaza, et annoncent en outre leur intention d’infliger une « dévastation totale » à cette population s’ils ne le font pas.
🔴Il s’agit là de l’aveu le plus explicite possible d’une intention génocidaire.
Dans le cadre du procès pour génocide intenté à Israël devant la Cour internationale de justice[6], les procureurs sud-africains ont rassemblé une montagne de preuves[7] attestant de l’intention des responsables israéliens de commettre un génocide à Gaza.Ainsi, M. Netanyahou a qualifié la population de Gaza d’« Amalek », en référence à un récit biblique relatant l’histoire d’un peuple qui a été complètement anéanti sur ordre de Dieu, ou l’ancien ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a décrit les Palestiniens de Gaza comme des « animaux humains » tout en déclarant un « siège total » de l’enclave.
🔴Raz Segal et Penny Green, d’Al Jazeera, ont écrit ce qui suit[8]à propos de l’affaire de la CIJ l’année dernière :
« Le crime de génocide comporte deux éléments - l’intention et l’exécution - qui doivent tous deux être prouvés lorsque des accusations sont portées... L’intention est généralement plus difficile à prouver lorsque des accusations de génocide sont portées ; le requérant doit être en mesure de prouver « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel », selon les termes de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide. Mais dans le cas d’Israël, l’intention a également été mise à nu par un grand nombre de preuves, comme l’a souligné l’équipe juridique sud-africaine».
La déclaration de M. Katz est probablement l’aveu le plus clair et le plus explicite à ce jour. Il est difficile d’imaginer une déclaration d’intention génocidaire plus claire que la diffusion d’une vidéo adressée à une population civile la menaçant de « dévastation totale » si elle ne fait pas ce qu’on lui dit de faire.
Nous pouvons être sûrs que ces déclarations de Katz et de Trump ont été ajoutées aux dossiers de ceux qui espèrent pouvoir un jour poursuivre avec succès ces monstres pour crimes de guerre.
Nous pouvons également être sûrs qu’elles seront enregistrées dans ce qui sera finalement considéré comme l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de notre civilisation.
« Tu es restée bien silencieuse le 7 octobre. »
Quelques semaines après l’attaque du Hamas contre des soldats et des civils israéliens, il y a un an, une de mes connaissances racontait sur Facebook avoir reçu ce message d’une amie. Je n’ai pas échappé non plus à ce flicage de l’expression de la sympathie pour les victimes israéliennes, la mienne ayant été jugée trop tardive. Horrifiée, je l’étais ; mais j’étais aussi tétanisée, et désespérée.
🔴 Tétanisée, parce que je voyais combien le choc provoqué par le massacre du Hamas était immédiatement instrumentalisé, y compris par une surenchère d’allégations mensongères « bébés décapités », « femme enceinte éventrée », « bébé placé dans un four », afin de mieux exciter la soif de vengeance. Il a été utilisé pour justifier les bombardements sur Gaza, qui ont commencé dès le 7 octobre, puis ce qui n’allait pas tarder à devenir le génocide du peuple palestinien. Israël a « transformé le traumatisme en arme de guerre », comme Naomi Klein vient de le décrire dans un article époustouflant [0].
🔴 Et désespérée, parce que je comprenais brusquement une chose : la justice pour les Palestiniens, que ne cessaient d’attendre – sans doute naïvement – toutes les personnes qui, comme moi, suivent avec attention la situation en Israël-Palestine depuis trente ans ou plus,cette justice ne viendrait jamais.
Les bombardements sur Gaza et la décimation de familles entières, en particulier en 2008-2009 et en 2014[1] ;
La répression de la Grande marche du retour, en 2018, au cours de laquelle les snipers israéliens, en plus de tuer 223 manifestants, ont pulvérisé des rotules à la chaîne ;
le meurtre d’Ahmad Erekat[1bis], en 2020, et tant d’autres exécutions sommaires ;
l’assassinat de la journaliste Shireen Abu-Akleh, en mai 2022, puis l’attaque de son convoi funéraire par la police israélienne, qui a presque renversé son cercueil (Abu-Akleh était chrétienne) [2] ;
Nora Sub Laban expulsée de sa maison de famille à Jérusalem, en juillet 2023, après des années de bataille judiciaire, et l’emménagement immédiat de colons qui ont jeté les meubles dans la rue et accroché des drapeaux israéliens aux fenêtres...
rien de tout cela – pour ne citer que quelques faits marquants – n’avait ému l’opinion ou la classe politique.
Absente au cours des années précédentes, l’émotion du grand public a déferlé comme une vague le 7 octobre, puis elle a aussitôt reflué, alors que la descente aux enfers définitive des Palestiniens commençait.
Que l’humanité et la sacralité de la vie ne soient accordées, sur un même territoire, qu’à une partie de la population est un scandale qui n’en finit plus de me bouleverser. Le découpage minutieux par lequel les médias et les dirigeants occidentaux distinguent les victimes dignes d’être pleurées de celles qui ne méritent pas une seconde d’attention me fait penser à ces vieilles photos de l’URSS sur lesquelles la censure effaçait soigneusement les contours des dignitaires tombés en disgrâce.
C’est d’autant plus révoltant que cela brouille totalement la réalité du rapport de forces. On en vient à avoir l’impression que ce ne sont pas les Palestiniens qui sont sous la botte, opprimés, dépossédés, expulsés et tués depuis des décennies, mais les Israéliens. Une amie qui a fait ses études en Allemagne me racontait qu’une autre étudiante lui avait un jour dit très sérieusement : « Tout de même, les Palestiniens ont envahi Israël. » D’où, aussi, les comparaisons aberrantes entre Israël et l’Ukraine – alors qu’Israël est dans le rôle de la Russie (à cette différence près que la Palestine, territoire occupé et morcelé, n’est pas un État souverain comme l’Ukraine).
Depuis un an, celles et ceux qui continuent de suivre la situation en Palestine, essentiellement à travers les journalistes palestiniens présents sur les réseaux sociaux, voient tous les jours des images qui leur retournent l’estomac. Tous les jours, tous les jours, tous les jours :
les immeubles pulvérisés ;
les enfants blessés allongés sur le sol d’un hôpital ;
les corps vivants ou morts coincés sous les décombres ;
les blessés dont les bras ou les jambes pendent, presque détachés du reste de leur corps ;
les cadavres alignés dans des linceuls, les proches hagards de douleur ;
la jubilation mauvaise des soldats israéliens pillant et saccageant les intérieurs de familles déplacées ou tuées ;
les enfants agonisants, squelettiques, en raison du blocus sur la nourriture et l’eau annoncé par le ministre de la défense israélien Yoav Gallant dès le 9 octobre 2023. Je reste aussi hantée par les images, vues à deux reprises, d’enfants au visage intact, mais à la boîte crânienne explosée, béante, complètement vide.
Et enfin, ce matin, les images insoutenables de Palestiniens prisonniers des flammes[3bis] après le bombardement d’abris de fortune installés dans la cour de l’hôpital Al-Aqsa.
Au cours de l’année écoulée, Israël a commis à Gaza l’équivalent d’un massacre du 7 octobre chaque semaine
▶️ En octobre, le journaliste Wael Al-Dahdouh apprenait en direct, pendant qu’il travaillait, la mort de sa femme et de deux de ses enfants (en décembre, il a vu son cameraman, Samer Abu Daqqa, mourir à ses côtés, puis, en janvier, il a perdu un autre fils, Hamza Al-Dahdouh, également journaliste).
▶️ En novembre, il y a eu la vieille femme tuée par un sniper alors qu’elle tenait la main de son petit-fils, le petit Taim Abd Al-Aati, qui agitait un drapeau blanc. Ce même mois, les cadavres décomposés des bébés prématurés de l’hôpital Al-Nasr, que le personnel a été forcé d’abandonner dans leurs couveuses par l’armée israélienne.
▶️ En janvier, le meurtre de Hind Rajab, six ans, qui a vu les siens mourir autour d’elle quand leur voiture a été prise pour cible par un char, et qui a supplié les secours de venir la sauver avant d’être à son tour tuée, de même que deux ambulanciers qui tentaient de l’atteindre. (En avril, les étudiants de l’université Columbia à New York, qui occupaient leur campus, ont renommé le Hamilton Hall « Hind’s Hall » en son honneur ; c’est également le titre que le rappeur américain Macklemore a donné à sa chanson en soutien au mouvement étudiant pour la Palestine.)
▶️ En février, le corps de Sidra Hassouna, petite fille de sept ans, accroché au mur sur lequel il avait été projeté par la déflagration. Le « massacre de la farine », quand l’armée israélienne a ouvert le feu sur les Palestiniens affamés par le blocus qui se pressaient autour d’un convoi d’aide alimentaire, tuant au moins 118 d’entre eux. À l’hôpital Nasser, un prisonnier, Jamal Abu Al-Ola, envoyé par les soldats, les mains liées, pour dire aux patients et au personnel d’évacuer, puis abattu sous les yeux de sa mère.
▶️ En mars, Razan Muneer Arafat, onze ans, dans un fauteuil roulant, pleurant à chaudes larmes ses jambes perdues.
▶️ En mai, le cadavre sans tête d’Ahmad Al-Najar, dix-huit mois, décapité quand l’armée israélienne a bombardé des tentes de personnes déplacées à Rafah, faisant quarante-cinq victimes, la plupart brûlées vives.
▶️ En juin, le massacre de Nuseirat, lorsque des soldats israéliens ont tué plus de 270 civils palestiniens pour libérer quatre otages – une opération fêtée comme un « grand succès » dans les chancelleries et les médias occidentaux.
▶️ En juillet, Muhammed Bhar, jeune homme atteint du syndrome de Down, déchiqueté par un chien de l’armée ; les soldats l’ont laissé agoniser, en empêchant ses proches de lui porter secours.
▶️ En août, le journaliste Ismail Al-Ghoul, dans sa voiture visée par un tir de drone, vêtu de son gilet « presse », la tête arrachée – tué avec son cameraman Rami Al-Rifi, ce qui portait alors à 165 le nombre de journalistes tués à Gaza en moins d’un an.
▶️ En septembre, un fœtus sanguinolent tiré des décombres d’un immeuble. Un père embrassant le pied arraché de sa petite fille – tout ce qu’il restait de son corps. Un soldat rigolard fumant une cigarette tandis qu’une mosquée brûle dans son dos. Une effarante accumulation de crimes de guerre, qu’Al-Jazeera a tenté de répertorier dans un documentaire récent [4].
🔴Au cours de l’année écoulée, selon les calculs de Joseph Confavreux dans un article de Mediapart, Israël a commis à Gaza l’équivalent d’un massacre du 7 octobre chaque semaine[5]. Et pourtant… Rien de tout cela ne semble s’être imprimé dans les esprits des gens autour de nous – pas plus que tout ce qui a précédé ne s’y était imprimé. Pour tout le monde, seul existe le massacre du 7 octobre en Israël.
Cette insensibilité explique la grossièreté de ces intervieweurs occidentaux qui reçoivent des Palestiniens endeuillés, ayant perdu plusieurs membres de leur famille (parfois des dizaines), et qui leur lancent d’un seul souffle : « Toutes mes condoléances, est-ce que vous condamnez le meurtre de civils par le Hamas ? ».
Un sommet d’obscénité a été atteint ce 7 octobre avec l’interview sur BFMTV du journaliste Rami Abou Jamous, qui témoigne chaque semaine sur Orient XXI de l’enfer qu’est devenu Gaza. Il n’a été interrogé que sur le Hamas et le 7 octobre[6]. On parle d’un homme épuisé et traumatisé, dont – pour ne citer qu’un exemple – la belle-sœur a été grièvement blessée par un quadricoptère (un petit drone) qui l’a poursuivie jusque sous sa tente de déplacée[7].
Arwa Mahdawi : « Les mêmes personnes qui nous sommaient de désavouer la violence salivent sur notre mort et célèbrent le meurtre à une échelle inimaginable » Au fil des mois, déjà, on avait pu mesurer l’ampleur du « deux poids, deux mesures ». Les massacres, les viols[8] : au vu de l’indignation générale soulevée, à juste titre, quand des Israélien·nes en ont été victimes, on avait pu en déduire, naïvement, que ces crimes étaient condamnables en eux-mêmes. Mais l’indifférence, voire l’approbation, rencontrées quand des Palestinien·nes en sont victimes à leur tour nous force à en déduire que ce qui est réellement terrifiant, ce n’est pas d’être violé·e, décapité·e, massacré·e : c’est de l’être par des Arabes. Les mêmes personnes qui s’étranglaient d’indignation à l’idée que le Hamas se soit attaqué à des civils reprennent sans sourciller la rhétorique raciste des « boucliers humains » ou des « victimes collatérales » concernant les morts palestiniens.
Des témoignages de viols au moyen de barres de métal brûlantes et d’autres objets émanent de la prison israélienne de Sde Teiman - information enterrée tout à la fin d’un article du New York Times [9]. Pourtant, quand, fin juillet, dix soldats ont été arrêtés pour avoir violé en réunion un prisonnier – lequel a été hospitalisé –, viol dont la vidéo a fuité, des manifestants d’extrême droite, parmi lesquels des ministres, ont pris d’assaut la prison pour les faire libérer.
Le ministre Itamar Ben-Gvir a clamé que tout était permis, même le viol, face à l’ennemi palestinien.
Son collègue Bezalel Smotrich a exigé une enquête, non pas sur le viol lui-même, mais sur la fuite de la vidéo.
Les soldats ont finalement été libérés, et l’un d’eux a été invité sur les plateaux de télévision pour se défendre [10].
L’idée selon laquelle les crimes du 7 octobre justifient une vengeance aveugle, cruelle, sans limite, sur toute une population (soit exactement ce qui était condamnable dans l’attaque du 7 octobre elle-même), a normalisé les discours sanguinaires, voire génocidaires. La Une jubilante du New York Post après l’attaque des bipeurs au Liban, alors que cette attaque a fait des milliers de victimes civiles, qui ont eu des bras, des yeux arrachés, au point que les hôpitaux libanais ont été débordés par l’afflux des blessés, l’illustre bien. De même que la décomplexion des appels au meurtre sur les plateaux de télévision français. « Qu’ils crèvent tous. Israël fait le travail de l’humanité ici », a par exemple osé déclarer Louis Sarkozy sur LCI le 26 septembre[10bis].
🔴« Nous, Palestiniens, n’avons pas le droit d’ouvrir nos bouches sans que quelqu’un nous demande de dénoncer la violence et de condamner le Hamas. Puis on nous ordonne de la fermer et de rester silencieux tandis que les mêmes personnes qui nous sommaient de désavouer la violence salivent sur notre mort et célèbrent le meurtre à une échelle inimaginable », écrit la journaliste palestinienne-américaine Arwa Mahdawi[11].
Lina Mounzer : « Nos quartiers ne sont pas des endroits où nous avons joué, grandi, élevé des enfants et rendu visite à des amis : ce sont des “ bastions ” » Une analyse de la presse américaine publiée par le média indépendant The Intercept en janvier dernier a montré que des termes chargés d’émotion, comme « massacre » ou « horrible », étaient réservés aux victimes israéliennes[12]. On observe le même phénomène dans la presse française, par exemple avec ce titre du Monde : « 7 octobre 2023 : une journée atroce, une année tragique » (5 octobre 2024 ; c’est moi qui souligne). L’atrocité, ce sont les crimes du Hamas, et eux seuls ; ce qui a suivi est simplement « tragique » – autrement dit : ce n’est réellement la faute de personne. L’analyse de The Intercept mettait aussi en lumière la façon dont les journaux américains multiplient les contorsions pour éviter de nommer le perpétrateur israélien, ce qui produit des titres en forme de haïkus étranges, dont l’insurpassable et énigmatique « Lives ended in Gaza[12bis] » – « Des vies ont pris fin à Gaza » –, dans le New York Times (2 mars 2024).
Ancienne responsable du bureau du New York Times à Jérusalem, Jodi Rudoren assume ce choix lexical : « Il y a eu un massacre le 7 octobre. Des atrocités ont été commises. Elles étaient barbares. La réponse a été… intense [sic], elle a impliqué beaucoup de mort, de destruction et de déplacement, mais je ne suis pas sûre que “massacre”, “atrocités” et “barbare” soient des termes appropriés, en tout cas pas pour la guerre dans son ensemble (…). Vous parlez de deux choses très différentes, qui nécessitent des adjectifs différents[13]. » Je l’avoue, ces mots, et la décontraction avec laquelle ils sont prononcés, me donnent envie de hurler.
🔴Le post du dessinateur libanais Mazen Kerbaj (ci-dessous 👇) traduit, je crois, l’état d’esprit de beaucoup.
Dans un article brillant, l’autrice libanaise Lina Mounzer a parfaitement décrit le désespoir que l’on peut ressentir devant ces yeux qu’aucune souffrance palestinienne ou libanaise ne semble assez grande pour dessiller. « Nos quartiers ne sont pas des endroits où nous avons joué, grandi, élevé des enfants et rendu visite à des amis : ce sont des “ bastions ”, écrit-elle. Les corps de nos hommes ne sont pas les poitrines bien-aimées contre lesquelles nous nous appuyons, ni les mains que nous tenions ou par lesquelles nous étions tenus, ni les bras forts qui nous portaient, ni les lèvres douces qui nous embrassaient pour nous souhaiter une bonne nuit. Ce sont des “ suspects ”, des “ militants ”, des “ terroristes ”, et leur mort est toujours justifiable parce qu’ils sont des hommes et nos hommes sont mauvais, et c’est comme ça que ça a toujours été, c’est comme ça que nous avons toujours été pour eux.[14] »
Elle observe : « L’Occident cherche à préserver l’image de sa propre humanité en effaçant complètement la nôtre. Comment peuvent-ils être coupables de meurtre si ceux qu’ils tuent ne sont que des “ terroristes ” ou des “ animaux humains ” ? En fait, non seulement ils ne sont pas coupables de meurtre, mais ils sont des héros qui nettoient le monde. Je ne sais pas quel langage il est possible d’employer avec des gens qui ne vous verront jamais comme un être humain. Qui entendront toujours un animal braire lorsque vous parlez.[14] »
Le soutien massif à Israël dans un paysage politique et médiatique français qui penche de plus en plus nettement vers l’extrême droite – une évolution très loin de se cantonner aux médias Bolloré – n’a guère de quoi étonner.Nous avons globalement quitté la normalité (si relative qu’elle ait pu être) : il faut rappeler que, depuis quelques mois, nous ne vivons plus en démocratie. Cela implique de s’exposer à quelques désagréments quand on a la mauvaise idée de vouloir plaider la cause des Palestiniens. Dernier cas en date : celui de Yannis Arab, doctorant en histoire et auteur de plusieurs ouvrages sur la Palestine, arrêté et perquisitionné par la gendarmerie le 8 octobre pour « apologie du terrorisme[14bis] ».
Pour ma part, j’y suis résignée. Ce que peuvent penser de moi des gens qui défendent un génocide m’est complètement indifférent. Ma seule préoccupation est désormais de ne pas décevoir ou trahir celles et ceux – chrétien·nes, juif·ves, musulman·es, athées ou croyant·es – dont je partage la sensibilité sur ce sujet. Comme l’écrit encore Lina Mounzer, le niveau de violence mis en œuvre par Israël dès octobre 2023 était « si bouleversant qu’il a immédiatement divisé le monde en deux : entre ceux qui savaient ce qui se passait et ceux qui le niaient ».
Les anglophones ont un acronyme pour cela : PEP, ou « progressive except for Palestine » – « progressiste, sauf sur la Palestine » Ce qui est réellement douloureux, cependant, c’est de se heurter aux mêmes préjugés, au même hermétisme, chez des journalistes et des personnalités de gauche, dont on se sent politiquement proche, que l’on estime, avec qui l’on est par ailleurs d’accord sur à peu près tout. Les anglophones ont un acronyme pour cela : PEP, ou « progressive except for Palestine » – « progressiste, sauf sur la Palestine».
Ainsi, dans une interview à Télérama, en avril, à l’occasion de la publication de son livre sur le choc du 7 octobre, l’avocat Arié Alimi expédiait en quatre lignes la question des agissements de l’armée israélienne à Gaza : « Soyons clairs, je suis aussi révolté par une forme d’insensibilité à ce qui est en train de se passer à Gaza ; par le fait qu’aujourd’hui, il y a un risque plausible de génocide – et de plus en plus de traces laissent penser qu’un jour cette qualification sera retenue [15][15bis]. » Pardon, mais si on pense sincèrement qu’un génocide risque de se dérouler, cela ne justifierait-il pas d’en faire son sujet principal ?
De même, plus récemment, dans sa critique du livre remarquable de Didier Fassin, Une étrange défaite, qu’elle disqualifie d’un « Bof », Valérie Lehoux reproche à l’auteur d’user de procédés malhonnêtes pour « mieux affirmer que le drame gazaoui est un génocide – il est tout à fait possible que la justice le reconnaisse un jour comme tel – qu’il est honteux de ne pas arrêter ». Elle aussi admet donc l’hypothèse d’un génocide… mais, à nouveau, entre tirets, sans en tirer aucune conséquence[16].Un génocide est donc moins grave qu’un massacre ?
La conviction profonde selon laquelle il est moins grave de s’en prendre à des colonisés qu’à des colons Autre exemple, qui me semble révélateur des hésitations d’une gauche par ailleurs impeccable sur tant de sujets.Dans l’article de Joseph Confavreux déjà cité plus haut, et par ailleurs excellent, quelques lignes me font sursauter : « Certes, d’un point de vue anthropologique, le théâtre de la cruauté déployé par le Hamas durant les massacres d’octobre dernier n’est pas similaire, terme à terme, avec les actes commis par l’armée israélienne depuis un an[16bis]. »
Je me frotte les yeux. Si la mutilation de dix enfants par jour en moyenne, les parents tués devant leurs enfants et inversement, l’agonie durant des heures ou des jours sous les décombres d’un immeuble (des milliers de cadavres y sont ensevelis), les enfants visés à la tête par des snipers [17], les civils désarmés poursuivis et pulvérisés par des tirs de drone, le fait de priver toute une population d’eau et de nourriture (mais aussi de produits d’hygiène, de sorte que les maladies de peau se propagent), de diffuser ses crimes de guerre sur TikTok avec des musiques entraînantes, ne relèvent pas également d’un « théâtre de la cruauté », et cette fois à l’échelle de tout un peuple, j’aimerais vraiment savoir comment il faut les qualifier.
Quelques jours après la parution de l’article, ce passage a été modifié. On lit désormais : « Les façons de mettre à mort, les projets plus larges dans lesquels les meurtres s’inscrivent, l’intentionnalité de tuer des civils, la volonté d’effrayer et/ou d’éliminer une population sont aussi à prendre en compte. Tout ne se mesure pas avec le décompte macabre des cadavres. » J’avoue que j’y perds mon latin. Faut-il en déduire que l’armée israélienne n’a pas de « projet plus large » ? Qu’elle n’a pas de volonté de « tuer des civils » ou « d’effrayer et/ou d’éliminer une population » ? Que tous ces crimes relèvent d’une touchante maladresse?
Difficile de ne pas déceler ici la conviction profonde selon laquelle il est moins grave de s’en prendre à des colonisés qu’à des colons. Cela me rappelle ce que m’avait raconté il y a quelques mois l’une de mes amies, qui est algérienne et qui enseigne dans une université américaine. Alors qu’elle évoquait le cas d’un colon violemment battu lors d’une révolte au XIXe siècle en Algérie, ses étudiants s’étaient mis à pousser des exclamations horrifiées. Exaspérée, elle leur avait lancé : « Mais enfin, je viens de vous parler d’enfumades[17bis] et d’autres atrocités, et vous n’avez pas bronché ! »
Une incapacité à renoncer à l’image vertueuse d’Israël L’indulgence irréelle manifestée envers l’armée israélienne procède aussi, je crois, d’une réticence persistante à renoncer à l’image d’Israël comme un État vertueux, peuplé de gens cultivés, progressistes, démocrates, humanistes, en refusant de voir que ces Israéliens, s’ils existent bien, sont aujourd’hui une toute petite minorité, dans un pays que des décennies de racisme institutionnalisé et d’impunité internationale ont mené au fanatisme, avant que le 7 octobre le radicalise encore davantage.
Ainsi, beaucoup de gens veulent croire que les manifestations parfois massives contre le gouvernement Netanyahou qui se déroulent en Israël ces temps-ci concernent aussi les crimes commis à Gaza, alors que ce n’est pas le cas. « Netanyahou est peut-être méprisé par la moitié de la population, mais sa guerre contre Gaza ne l’est pas, et, selon des sondages récents, une majorité substantielle d’Israéliens pensent que sa riposte est appropriée, voire qu’elle n’est pas allée assez loin », écrivait Adam Shatz en juin[18].
Partout s’exprime cette « obsession de la symétrie » que Joss Dray et Denis Sieffert pointaient déjà il y a plus de vingt ans[19].
Si on dit un peu de mal des Israéliens, alors on s’empresse d’en dire aussi des Palestiniens pour faire bonne mesure ;
Si on dit un peu de bien des Palestiniens, alors on s’empresse d’en dire aussi des Israéliens.
On ne manque pas de souligner qu’un deuil est toujours une tragédie, qu’une vie vaut une vie, que chaque vie est précieuse, que « les chiffres ne disent pas tout », en renvoyant à leur supposée mesquinerie ceux qui pointent la folle disproportion du bilan des victimes entre le camp de l’occupé et celui de l’occupant.
Est-il vraiment si difficile d’appeler à l’arrêt des massacres, au lieu d’aligner des propos creux sur « la valeur de chaque vie », « l’empathie » ou « la paix » ? Oui, bien sûr, sur le plan intime et privé, c’est vrai : un deuil est toujours une tragédie. Mais on ne devrait pas se servir de cette vérité pour occulter une réalité politique. Cette réalité n’est pas celle de « deux peuples qui se déchirent depuis très longtemps pour une même terre sans qu’on y comprenne grand-chose », comme on l’entend si souvent, mais celle d’un État qui pratique le nettoyage ethnique et le massacre depuis sa création, qui occupe un autre peuple militairement et qui s’emploie actuellement à le rayer de la surface de la Terre sans rencontrer aucun frein.
À l’heure où j’écris, le massacre continue imperturbablement à Gaza ;
la Cisjordanie est elle aussi à feu et à sang ;
le tourbillon de souffrances infligées à la Palestine s’étend au Liban ;
Israël bombarde Beyrouth, rase des villages entiers au Sud-Liban, attaque les casques bleus de l’ONU[19a].
Est-il vraiment si difficile d’appeler à l’arrêt de tout cela, au lieu d’aligner des propos creux sur « la valeur de chaque vie », « l’empathie » ou « la paix » ? Comme le rappelait Rob Grams, rédacteur en chef adjoint de la revue Frustration, sur X, l’empathie pour les otages israéliens est « tout à fait présente, médiatique, officielle. Celle pour les Palestiniens est criminalisée[19b]». Est-il si difficile de le souligner ? «Pourquoi Gaza a-t-elle disparu derrière des sophismes, des approximations, des murmures désolés ? », interroge à raison l’écrivain palestinien Karim Kattan[19c].
« Mourir en un seul morceau est devenu un luxe à Gaza » Même si l’on s’en tient au plan intime et privé, ces déclarations bien-pensantes négligent une autre différence de taille.
Les Israéliens qui ont perdu un proche l’année dernière ont la possibilité de vivre leur deuil, qui est respecté et partagé dans tout l’Occident et au-delà. (Même les soldats d’une armée génocidaire sont honorés dans les médias occidentaux comme des héros.).
Les Palestiniens, traumatisés par des deuils multiples, obligés d’assurer quotidiennement leur survie, n’en ont pas les moyens. Certains n’ont pas de corps à pleurer : leurs proches ont disparu dans une prison, ou sont restés ensevelis sous les décombres de leur immeuble. Parfois, ils sont contraints de rassembler leurs restes dans des sacs en plastique. (Cette année, on a aussi vu, en mars, le garçon qui transportait dans son sac à dos le corps de son petit frère[19d].)
Parmi les enfants rencontrés à Gaza par la journaliste et écrivaine Susan Abulhawa (toujours dans le documentaire d’Al-Jazeera), certains lui ont confié qu’ils voulaient mourir, mais qu’ils espéraient seulement rester entiers. « Mourir en un seul morceau est devenu un luxe à Gaza », confirme Mariam Mohammed Al Khateeb [20]. Le 25 septembre, l’armée israélienne – qui a par ailleurs ravagé plusieurs cimetières, à Gaza mais aussi au Liban – a envoyé à Gaza un camion contenant des dizaines de corps, sans aucun document permettant de les identifier. Les proclamations vertueuses sur la valeur égale des vies, auxquelles je n’ai rien à redire, me semblent un peu vaines si on ne commence pas par dénoncer cette situation.
L’Orient vu comme un espace abstrait, insignifiant, appropriable ; comme une annexe de la scène européenne L’image bienveillante d’Israël que conservent beaucoup de gens à gauche procède pour une large part du fait qu’ils transposent telle quelle la réalité de l’oppression historique subie par les juifs en Europe dans le contexte du Proche-Orient[21]. Par là, ils reproduisent à leur insu la désinvolture du rapport colonial à une terre étrangère, l’habitude de la traiter comme un espace abstrait, insignifiant, appropriable ; comme une annexe de la scène européenne.
C’est cette désinvolture qu’Edward Saïd, dans L’Orientalisme, mettait en exergue chez Lamartine lors de son voyage en Orient, entrepris en 1833. L’écrivain français envisageait ce voyage comme un « grand acte de [s]a vie intérieure » : il s’agissait de projeter des fantasmes, plutôt que de rencontrer une autre réalité. Saïd observe : « Ses pages sur la pensée arabe, sur laquelle il disserte avec une confiance suprême, ne laissent paraître aucune gêne quant à son ignorance totale de la langue. ».
Le voyageur s’enthousiasme : « Cette terre arabe est la terre des prodiges, tout y germe, et tout homme crédule ou fanatique peut y devenir prophète à son tour. » Il traite l’Orient comme une « province personnelle », selon les mots de Saïd, qui résume plus loin : « La Palestine était considérée – par Lamartine et par les premiers sionistes – comme un désert vide qui attendait de fleurir ; les habitants qu’il pouvait avoir n’étaient, pensait-on, que des nomades sans importance, sans véritable droit sur la terre et, par conséquent, sans réalité culturelle ou nationale. »
Après avoir toujours clamé que la Palestine n’existait pas, certains colons israéliens affirment aujourd’hui que « le Liban n’existe pas[21bis] » et rêvent d’y implanter des colonies. L’automne dernier, peu après le 7 octobre, j’ai encore été effarée par la façon dont des gens pouvaient discuter, sur X, du pays arabe où il conviendrait d’expulser les Palestiniens. Il ne leur venait pas à l’idée, visiblement, que les Palestiniens étaient chez eux sur leur terre. Cela me donnait une furieuse envie d’envoyer mes interlocuteurs vivre sous une tente dans une banlieue de Turin ou de Copenhague – au hasard ; après tout, tous ces gens sont des Européens, ce sont plus ou moins les mêmes, non ?
Croire qu’on peut réparer l’écrasement d’un peuple en cautionnant l’écrasement d’un autre
Ainsi, en espérant réparer l’écrasement d’un peuple, nos amis de gauche pro-israéliens cautionnent, sans même s’en apercevoir, l’écrasement d’un autre. Dans un livre saisissant, l’universitaire américain d’origine palestinienne Saree Makdisi souligne ce fait qui dit tout : depuis le Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, dédié aux victimes de la Shoah, on aperçoit les ruines du village palestinien de Deir Yassin, théâtre d’un massacre en avril 1948, lors de la fondation de l’État d’Israël, qui vit l’expulsion de quelque 750 000 Palestiniens[22] – la Nakba, ou « catastrophe », toujours en cours, aujourd’hui plus que jamais.
« Si des juifs avaient simplement voulu vivre en Palestine, cela n’aurait pas été un problème, écrivait soixante-dix ans après, en 2018, la juriste palestinienne-américaine Noura Erakat. En fait, juifs, musulmans et chrétiens avaient coexisté pendant des siècles dans tout le Moyen-Orient. Mais les sionistes voulaient la souveraineté sur une terre où d’autres gens vivaient. Leur ambition requérait non seulement la dépossession et le déplacement des Palestiniens en 1948, mais aussi leur exil forcé, leur effacement juridique et le déni qu’ils aient jamais existé[23]. ».
Comme le remarque Saree Makdisi, les innombrables élus démocrates américains qui clament leur attachement à un État « juif et démocratique » oublient – ou feignent d’oublier – la contradiction contenue dans cette formule :
soit Israël est un État juif, qui, pour se maintenir comme tel, doit opprimer, expulser, tuer, et dans ce cas il n’a rien de démocratique ;
soit il est réellement démocratique, et alors il doit accorder les mêmes droits et les mêmes libertés aux populations musulmanes et chrétiennes présentes sur son sol.
La forêt plantée pour dissimuler les ruines du village palestinien de Saffourieh, détruit en 1948 lors de la Nakba. Photo : Jason Bechtel, Interface Peace-Builders, 2010
Si la vision vertueuse d’Israël persiste à gauche, c’est aussi en raison des stratégies de relations publiques mises en œuvre par cet État afin de dissimuler son racisme structurel, que détaille Saree Makdisi dans son livre. Il raconte notamment comment, dès 1948, sous l’égide du Fonds national juif (FNJ), Israël a planté des arbres afin de recouvrir les ruines des villages palestiniens détruits – stratégie qui continue aujourd’hui avec les villages bédouins dans le Néguev.
Kamala Harris en 2017 : « Quand je me suis rendue en Israël pour la première fois, j’ai vu que l’ingéniosité israélienne avait réellement fait fleurir le désert » Le paysage naturel palestinien, avec ses oliviers, ses figuiers de barbarie et ses citronniers, a été éradiqué à coup d’herbicides et remplacé par des monocultures de conifères qui donnent à certains lieux des allures de paysage alpin. Depuis 1967, environ 800 000 oliviers ont été déracinés sur les territoires occupés cette année-là (ces derniers temps, cependant, la tendance est à l’appropriation plutôt qu’à la destruction[24]. Et quand un hôte de marque arrive dans le pays, on l’invite à planter un arbre : un geste pacifiste, écologiste, humaniste, dont personne ne songerait à questionner l’innocence.
C’est peu dire que cette stratégie de séduction fonctionne. En 2017, lors d’une conférence de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), Kamala Harris déclarait : « Ayant grandi dans la baie de San Francisco, je me souviens avec tendresse de ces boîtes du Fonds national juif que nous utilisions pour collecter les dons afin de planter des arbres pour Israël. Des années plus tard, quand je me suis rendue en Israël pour la première fois, j’ai vu les fruits de ces efforts, et que l’ingéniosité israélienne a réellement fait fleurir le désert. »
14/05/2018. Inauguration ambassade USA à Jérusalem
Le livre de Saree Makdisi vient de paraître[22], mais il a été écrit avant le 7 octobre 2023. Dans sa conclusion, l’auteur observe que, « à l’époque des Trump, Bolsonaro, Duterte, Modi et cie », les autorités israéliennes semblent estimer qu’elles peuvent abandonner leurs campagnes de communication destinées à se concilier le public occidental progressiste, et assumer désormais ouvertement leur racisme. Ce que confirment les bonnes relations entre Netanyahou et Trump – qui, durant son mandat, fit déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem[24bis], un geste hautement symbolique.
De fait, en persistant dans leur soutien à Israël, Joe Biden et Kamala Harris ignorent le tournant pro-palestinien de plus en plus marqué qui s’opère dans l’électorat démocrate, tandis que la droite, et en particulier la droite évangélique, violemment islamophobe (et antisémite !), s’affirme, elle, comme fanatiquement pro-israélienne. Il est dommage, alors, que tant de progressistes français s’accrochent encore à leur sympathie pour Israël. Sympathie qui est d’ailleurs le pire service à rendre y compris à Israël lui-même, enfermé dans une spirale sans issue de haine et de folie destructrice.
« Nous avons découvert l’étendue de notre déshumanisation, à tel point qu’il n’est plus possible de fonctionner dans le monde de la même façon » Cela ne m’amuse pas particulièrement de critiquer mes amis politiques. Mais je le fais parce que je crois que nous avons besoin de serrer les rangs.Le génocide en Palestine opère aussi comme une scène sur laquelle se joue, par procuration, le passage à l’acte d’un racisme anti-Arabes qui travaille à peu près toutes les sociétés occidentales. Avec l’afflux de doubles nationaux dans l’armée israélienne[25], la Palestine semble être devenue le stand de tir de tous les islamophobes de la Terre. En soutenant le carnage (ce génocide est américain au moins autant qu’israélien), les dirigeants occidentaux envoient aussi un clair message d’abandon, pour ne pas dire plus, à leurs citoyens d’origine arabe.
« Le niveau de traumatisme créé chez les Palestiniens-Américains par la normalisation du meurtre de leurs proches a laissé une communauté en lambeaux », écrit le journaliste Azad Essa[26]. « C’est comme être dans une relation abusive avec le monde », témoigne Nada al-Hanooti, qui vit à Dearborn, la ville américaine (dans le Michigan) où cette communauté est le plus présente[27]. Lina Mounzer lui fait écho : « Demandez à n’importe quel·le Arabe quelle prise de conscience a été la plus douloureuse cette année, et il ou elle vous répondra : nous avons découvert l’étendue de notre déshumanisation, à tel point qu’il n’est plus possible de fonctionner dans le monde de la même façon[28]. »
🔴La hantise de beaucoup – et notamment de Francesca Albanese[29], la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens – semble être que la violence déchaînée, en plus de détruire la Palestine, ne s’arrête ni aux limites de ce territoire, ni à celles des communautés arabes. La légitimation d’un tel degré de barbarie devrait inquiéter tout le monde. Et rend d’autant plus urgente une clarification des positions de la gauche.
Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme !
Les macronistes sont tombés tous seuls dans le piège qui a déjà détruit LR[0]
Écrire en temps de guerre médiatique est un exercice un peu délicat, j’en conviens. Cela peut être imprudent. Un mot, pour peu qu’on le torde sans frein, peut être fatal. Des heures durant sur tant de médias il n’est question de moi que pour m‘insulter, m’attribuer le pire soit par des invités plus ou moins fanatisés soit par des « journalistes » suivant fidèlement des éléments de langage absolument identiques d’une rédaction à l’autre. Certains moments sont spécialement pénibles pour moi par la haine qu’ils expriment, les menaces qu’ils encouragent, ou l’injustice de ce qu’ils diffusent et les calomnies qu’ils rabâchent. La pseudo exégèse de Mediapart pour porter ses insinuations d’antisémitisme m’a particulièrement choqué. Et le fait de savoir de qui vient cette bassesse n’enlève rien à leur indignité. Je tiens à le dire. Mais par tweet, j’ai pu accompagner l’actualité sans passer par la case déchiqueteuse de ces prétendues interviews pleines de haine et de mauvaise foi que subissent mes camarades. Le tweet permet à la fois de contrôler mot à mot et de placer à bon escient les chiffons rouges à destination des médias. Je ne suis pas seul sous la douche à boues. En ce moment nuit et jour les insoumis sont pilonnés médiatiquement (attention cette expression est une image. NDR). Il faut le prendre pour ce que c’est : une guerre (c’est une image NDR) des mots. Pour construire des prises de conscience raisonnée, il faut rendre les coups avec efficacité : court, clair, net. Encore est-ce trop pour certains ! « Quand va-t-on lui couper le tweet », demande Marine Tondelier à mon sujet avec sa finesse bien connue.
Certes l’actualité des crimes de guerre et la propagande des partisans du soutien inconditionnel au droit de Netanyahu à tuer tout le monde à Gaza, submerge tout. Mais les autres points de tensions de la société continuent pourtant leur vie sous les radars. Ils produiront leurs effets publics le moment venu. Ainsi en est-il des questions sociales qui étranglent la masse de notre peuple. Le moment venu évidemment une étincelle mettra le feu à la plaine (il s’agit d’une métaphore. NDLR).
Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme.
Or, c’est un enjeu stratégique pour nous. En effet, les racismes sous toutes leurs formes sont un frein interne puissant contre l’unité populaire dont nous avons besoin.L’antisémitisme est une forme de racisme restant fondamentalement l’apanage de l’extrême droite. Celle-ci était pourtant l’invité très attendue par les organisateurs de la marche. Dès lors, l’union populaire contre l’antisémitisme dans une mobilisation commune devenait impossible à réaliser.
Là est la racine de l’échec populaire de la marche du dimanche 12. Oui, échec, car d’habitude quand il s’agit de mouvement de fond du pays, les proportions sont toutes autres. 200 000 contre l’agression du cimetière juif de Carpentras[1], 4 millions contre l’assassinat de la rédaction de « Charlie »[2].
Quand le peuple profond s’y met, ça donne 963 000 dans tout le pays pour une seule manifestation sur les retraites, selon les chiffres de la police (2,5 millions selon l’intersyndicale[3]). Mais à part la CFDT et l’UNSA, tout le reste du mouvement syndical et social français est resté en retrait. Une bonne partie de la communauté juive aussi a boudé l’événement comme le prouvent les chiffres annoncés. Bref, un gâchis total.
Pourtant cette marche est un succès politicien.
« L’arc républicain » a franchi un pallier en s’affichant uni sur le terrain et en se validant les uns les autres.Le « monde d’avant » s’est reconstitué, affiché et a paradé, tout à sa joie des retrouvailles derrière sa banderole de tête. La droite, le PS Hollande, Cazeneuve, la Macronie amnistiaient l´extrême droite. En échange, celle-ci cesse le combat politique « antisystème ». Tous les rejetés des dix dernières années étaient là : deux anciens Présidents de la République battus, quatre anciens premiers ministres, tous rejetés, sans oublier deux anciens présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Pour ne citer que ceux-là.
Tous les partis de droite sans exception, toute l’extrême droite plus les groupuscules communautaires violents avaient mobilisé. Et avec eux toute « la gauche d’avant » franchissant elle aussi un palier comme le déclarait Fabien Roussel dans une interview sur place affirmant lancer là « le début de quelque chose de nouveau » entre les trois composantes. Bonjour le baptême ! À la base, l’enthousiasme n’a pas suivi. Le cordon sanitaire n’excédait pas trente manifestants débordés par un simple drapeau royaliste. Et dans les sections ce fut la Bérézina.
Comme dans cette assemblée parisienne où sur cinquante communistes un vota pour aller à la manif et quarante neuf pour le contraire. En région ce fut souvent pire. Donc : tous unis et seulement cent mille personnes si l’on accepte les chiffres des organisateurs. Autant que nous seuls, place de la République en 2017 et 2022, une place plus vaste et plus remplie que l’esplanade des Invalides.
Tout cela a été pourtant préparé de longue main et s’est expérimenté au fil des mois dans les votes communs de la macronie et du RN à l’Assemblée Nationale, loin des yeux du grand public.
Voilà donc pour le prétendu « succès » claironné par tous les répondeurs automatiques.
🔴« Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir, un bide en nombre, un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite »
En fait oui : un succès de manœuvre politicienne.La presse étrangère ne s’y trompe pas. La grand quotidien allemand Der Spiegel par exemple titre : «Pour les juifs de France, Le Pen devient acceptable ». Je ne le crois pas.Mais c’est l’illusion qu’il s’agissait de propager. Je crois au contraire que nous avons besoin d’une vraie mobilisation commune sous la houlette du mouvement social pour refuser d’être embrigadé dans un racisme contre un autre.
Et puisque j’ai déjà cité le Pape je cite à présent le recteur de la mosquée de Paris : « C’est l’heure du choix, déclare-t-il avec noblesse. Pas entre les musulmans et les juifs. Pas entre Israël et un État palestinien dont l’édification s’avère plus que jamais urgente. Non. Il faut choisir entre l’humanisme et l’horreur»[4].. Avant cela il avait protesté : « Les musulmans de France subissent des accusations abjectes qui les (…) rendent tous complices des pires dérives, qui ne sont pas les leurs » parlant de l’antisémitisme.
En effet, cette marche du 12 novembre fut entourée et précédée de violences délibérées.
Violences verbales, islamophobie assumée.Mais aussi violences physiques de la LDJ[5] (Ligue de Défense Juive, NDLR), la milice du CRIF contre le rassemblement au Monument de la rafle du Vel’ d’Hiv’ organisé par les organisations politiques de la jeunesse de gauche avec les syndicats étudiants et lycéens. Mais aussi violences contre des journalistes de France info dénoncées par leur rédaction qui n’ont nommé pourtant ni leurs agresseurs ni « la manifestation aux abords de laquelle » ils ont été frappés.
Des députés ont été insultés et menacés de mort, les musulmans insultés à longueur d’interviews de Zemmour et de Meyer Habib pour ne parler que d’eux. Une ambiance haineuse et sectaire se débridait tout au long du cortège dès qu’un imprudent passait là et pas seulement aux abords des rangs des partisans de l’extrême droite dont c’était " le jour de gloire enfin arrivé[6] ".
Un violent sectarisme régnait. La poignée de socialistes, celle plus maigre encore de communistes et d’EELV ont essuyé leur lot d’injures et de crachats dès leur arrivée. Même Roussel qui avait pourtant annoncé une fois de plus la sortie du PCF hors de la Nupes pour se faire bien voir de la droite qui tenait la rue n’eut droit qu’à des quolibets. Ces trois chefs ont marché tête basse sans obtenir leur absolution du public ultra droitier qui les entourait.On imagine comment auraient été accueillis les Insoumis s’ils avaient eu la sottise de croire les bonnes paroles des initiateurs de cette manipulation ou d’écouter les conciliateurs qui espéraient les y pousser.
Telle était cette marche.Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir.
Un bide en nombre. Mais aussi un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite dont nombre de dirigeants de la droite classique et de la macronie se sont réjouis comme le fit Edouard Philippe. Tout cela fut immédiatement capté par le grand nombre poussé alors à rester à l’écart de la marche.
🔴« Cet évènement représente un palier dans la vie politique de notre pays »
Au demeurant, les macronistes eux-mêmes n’avaient pas le cœur à l’ouvrage. Car ils savaient comment les maniganceurs de cette marche avaient volontairement mis hors du jeu Emmanuel Macron lui-même. Lui fut très grossièrement sommé de rallier une démarche organisée par les siens, sans en être informé et d’approuver le périmètre politique et les mots d’ordre. Sagement et comprenant à temps la manœuvre qui dénaturait aussi gravement la fonction qu’il doit encore assurer quatre ans, il s’abstint de s’y joindre[0].
Aussitôt la machine médiatico-politique qui insulte et salit nuit et jour quand elle se met en meute se mit en mouvement contre lui, tous azimuts. Au point où le prétendu CRIF relaya mot pour mot les répliques de Netanyahou à Macron. Et cela le jour où celui-ci décidait de menacer de raser Beyrouth au Liban comme il rasait Gaza[7], tout en conseillant comme un parrain aux chefs d’États arabe de « garder le silence » « dans leur intérêt » !
Dans ce contexte le CRIF se sentit pousser des ailes et l’association loi de 1901 exigea « des clarifications de la France ». Pas moins !Et toute la fachosphère médiatique se mit aussitôt à l’agonir d’injures et de menaces, jusqu’à des menaces de mort publiquement vociférées comme slogan dans la marche du 12 novembre.
Sous cet angle, il est certain que cet évènement représente un palier dans la vie politique du pays.
En effet il parvient à dessiner ce que serait cet « arc républicain[7bis]» où le RN , les Zemmour et la droite seraient bien intégrés et seulement séparés de la « gauche d’avant », paraît-il, par un pauvre cordon symbolique bien maigrichon.
Les supplétifs de la « gauche d’avant » feraient bien de se méfier.Déjà la fameuse marche à l’appel du CRIF dans les beaux quartiers ne leur avait pas valu de compliments de la part des bénéficiaires de leur dévotion. Anne Hidalgo dut être exfiltrée sous les injures. Olivier Faure y manifesta tandis qu’on lui criait dessus : « Zemmour président ». Je plains ces gens.
Les voilà désormais ramenés à la case départ politique d’où la Nupes les avait tirés. Les revoilà marchant avec le Front National comme hier avec les « syndicats » de police[8]. Même veulerie sous la charge médiatique, même rêve d’être les « gentils » de la comédie se chargeant de dénigrer les opposants inconfortables que sont les LFI. Venir à cette marche leur convenait. Venir à celle où appelait toute la gauche sociale et syndicale quinze jours auparavant leur répugnait : aucun des trois n’y appela et aucun n’y vint. Avant de faire le contraire une semaine plus tard.
Pour nous les Insoumis, le défi est désormais dans l’accélération du processus politique que nous affrontons et que le pays subit.
Nos repères ne doivent être en aucun cas les diktats et caprices de la sphère médiatique. Celle-ci est à présent extrêmement extérieure aux questions vivantes dans la société.
Le crime contre l’humanité que les dominants protègent par des diversions de toutes sortes ne pourra être effacé par aucun subterfuge. Notre première tâche est d’alimenter en masse les consciences à cette occasion, jour après jour et dans le détail dans tous les milieux. Il s’agit de construire une prise de conscience durable en faisant comprendre les raisons, les origines, les connexions de ce massacre et de l’introduction en France du schéma politique du « choc des civilisations ».
Il faut voir loin. La guerre générale qui menace au Proche-Orient et aux frontières de l’Europe nécessite un solide armement moral et politique du plus grand nombre.Car elle forme un tout avec l’écroulement social de notre société en voie de quart-mondisation et le délabrement général accéléré sous les coups du changement climatique. Tout cela doit être compris et les réponses comprises et partagées. À ce prix, notre peuple sera fort dans l’épreuve qui s’avance.Sinon il n’y a ni perspectives ni espoir.
Le futur de la République et d’une société délivrée de tous les racismes n’est pas dans le triste carré de tête des revenants vus à la marche de ce dimanche.
Ni non plus dans sa cohue en fin de cortège entre les Zemmour et le Pen.
Ni dans les piteux du cordon sanitaire.
Il est de nouveau dans une recomposition générale du paysage politique de la résistance. Il est de nouveau urgent de laisser s’épuiser toutes seules les formules démenties par la vie. Roussel ne veut pas de la Nupes, Faure non plus et le groupe parlementaire dont il est membre l’a déjà retiré de son nom.Leur signature, leurs engagements ne valaient rien.
Pouvons-nous l’ignorer ?
Subir de nouvelles invectives, outrances et mise en cause personnelles ?
Accepter de voir notre image abîmée par le spectacle de divergences aussi incompréhensibles que venimeuses ?
Nous n’avons pas eu besoin de tout cela pour parvenir au point où nous avons amené nos idées et notre programme dans la confiance populaire.Ne confions à personne le soin de faire le travail nécessaire.
Mieux vaut admettre combien notre confiance a été trompée que de continuer à espérer une aide qui nous sera toujours refusée avec mépris, ingratitude et méchanceté. L’enjeu n’est pas les bons points pour bonne conduite délivrés par l’officialité mais la survie de la démocratie dans un pays dévoré par l’autoritarisme du sommet, le sectarisme des intermédiaires et la désorientation des bases populaires.
Dans ce 167e numéro de la Revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon revient sur les dernières actualités.
Et, dans ce cadre, il :
commence par parler du conflit au Proche-Orient, pour rappeler l’importance des frontières dans les conflits internationaux.
revient sur la théorie du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, soulignant ses limites conceptuelles et son utilisation pour justifier des politiques de domination. Au XXIème siècle, elle s’ajoute au concept de « guerre totale » et donne lieu à ce qu’on nomme « le nettoyage ethnique ».
revient alors sur la nécessité d’un cessez-le-feu, ce qu’il soutient dès sa première déclaration suite aux attaques du 7 octobre 2023.
souligne ensuite l'impact des conflits étrangers sur la politique nationale.
critique alors l’organisation de la marche contre l'antisémitisme du 12 novembre 2023, affirmant que l'absence de l'appel à la lutte contre tous les racismes a empêché beaucoup de monde de participer. Il souligne la nécessité d'une mobilisation massive contre tous les racismes, l’antisémitisme et l’extrême droite et appelle les insoumis à manifester samedi 18 novembre à cet égard.
Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.
La France insoumise
Pour une MAJORITÉ POPULAIRE, renforcer la France insoumise pour GAGNER !
🔴 La France insoumise et ses 71 députés sont au service des Françaises et des Français face à l'inflation et l'accaparement des richesses par l'oligarchie.
✅ La dissolution, nous y sommes prêts !
Avec la #Nupes, la France Insoumise propose l’alternative
📌Pourquoi La France insoumise, ses origines ? La France insoumise : comment ? La France insoumise : pour quoi faire ?
Autant de questions dont vous trouverez les réponses...✍️en cliquant ci-dessous 👇
N'attendez pas la consigne !
✅ Pour rejoindre la France insoumise et AGIR ENSEMBLE pour GAGNER : cliquez ci-dessous 👇
La chaîne télé de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇
Le blogde Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇