L'Humanité : Vous vous estampillez « antisémite » en titre de votre dernier livre. C’est tout de même grave. Pourquoi ?
Quand le discours sur les crises élude les malfaçons du système
La démocratie va mal. Ce serait la faute des institutions, des réseaux sociaux, de l’individualisme. De la « radicalité des extrêmes », voire de l’impuissance devant la violence économique, qu’il faudrait adoucir. Or le capitalisme se fonde sur la division entre l’économique et le politique, ce qui le rend fondamentalement antidémocratique. ( article de Nancy Fraser, composé à partir de l’ouvrage " Le capitalisme est un cannibalisme ", à paraître aux éditions Agone (Marseille) le 15 janvier 2025 et ont elle est l'auteure).
Sources : Nancy Fraser |
Cette crise de la démocratie à laquelle nous sommes confrontés ne tire pas ses origines de la seule sphère politique.
On ne pourra la surmonter en refondant le sens civique, en cultivant le bipartisme, en renforçant l’« ethos démocratique », en ranimant le « pouvoir constituant », en libérant la force de l’« agonisme »… Ni autonomes ni simplement sectoriels, les maux démocratiques actuels constituent l’aspect spécifiquement politique de la crise généralisée qui engloutit l’ensemble de notre ordre social. Ils ont leur origine dans les fondements mêmes de cet ordre — dans ses structures institutionnelles et ses dynamiques constitutives. Ils ne peuvent être appréhendés que dans une vision critique de la totalité sociale, que nombre d’observateurs identifient au néolibéralisme, non sans raison. Mais il importe de situer le néolibéralisme comme une déclinaison du capitalisme : et toute forme de capitalisme est sujette aux crises politiques et hostile à la démocratie, car recelant une contradiction qui l’y prédispose.
Loin d’être une anomalie, la crise actuelle est la forme que prend cette contradiction.
Réduire le capitalisme à un système économique, et la crise capitaliste à des dysfonctionnements économiques, c’est omettre d’autres contradictions, et les crises qu’elles engendrent : quand les impératifs économiques entrent en conflit avec les conditions d’arrière-plan non économiques dont la bonne santé est essentielle à la poursuite de l’accumulation. Ces conditions sont multiples. Mais la contradiction qui peut être considérée comme à l’origine de la crise démocratique actuelle — étroitement mêlée aux autres impasses du système — porte sur les pouvoirs publics. Leur maintien est une condition de l’accumulation continue du capital, pourtant le capital tend à déstabiliser ces pouvoirs publics dont il dépend.
L’accumulation est inconcevable en l’absence d’un cadre juridique protégeant l’entreprise privée et les échanges marchands.
Elle dépend dans une large mesure des pouvoirs publics :
Ce sont les systèmes juridiques qui ont créé des espaces en apparence dépolitisés, au sein desquels des acteurs privés servent leurs intérêts « économiques » à l’abri de toute ingérence « politique ».
De même, ce sont les États territoriaux qui ont mobilisé la « force légitime » pour réprimer la résistance aux expropriations (notamment coloniales) par lesquelles les rapports de propriété capitalistes ont été créés et maintenus. Après avoir ainsi constitué l’économie capitaliste, ces pouvoirs politiques ont pris des mesures pour accroître la capacité du capital à accumuler des profits. Ils ont construit et entretenu des infrastructures, compensé les « défaillances du marché », orienté le développement, dopé la reproduction sociale, atténué les crises économiques et géré les retombées politiques connexes.
L’espace plus large dans lequel s’inscrivent ces États a été organisé pour faciliter la circulation du capital : non seulement avec le concours de la puissance militaire, mais aussi grâce à des dispositifs politiques transnationaux comme le droit international, les régimes supranationaux et les accords négociés entre grandes puissances qui pacifient plus ou moins (mais toujours en faveur du capital) un espace mondial parfois vu comme à l’état de nature. Essentiel à son fonctionnement, le pouvoir politique fait partie intégrante de l’ordre social institutionnalisé qu’est le capitalisme. Mais son maintien est en tension constante avec l’impératif d’accumulation du capital. Il faut en chercher la cause dans la topographie institutionnelle propre au capitalisme, qui sépare l’« économique » et le « politique ». Chacun se voit assigner sa propre sphère, avec son appareil et son modus operandi particuliers. Le pouvoir d’organiser la production est privatisé et confié au capital. La tâche de gouverner les ordres « non économiques » — dont ceux qui fournissent les conditions externes de l’accumulation — incombe au pouvoir public, à qui revient d’employer les moyens « politiques » de la loi. Dans le capitalisme, l’économique est donc non politique, et le politique non économique.
La gouvernance sans gouvernement
En raison de sa structure même, le capitalisme est donc fondamentalement antidémocratique.
Or le capital, par nature, essaie de jouer sur les deux tableaux.
Cette contradiction constitue une tendance aux crises qui n’est pas située « à l’intérieur » de l’économie, mais plutôt à la frontière qui sépare et relie en même temps l’économie et la gouvernance. Inhérente au capitalisme en soi, cette contradiction d’« inter-règnes » pousse toutes les formes de société capitaliste aux crises politiques.
Précisons : il n’y a pas de société capitaliste « en soi » ; le capitalisme n’a existé que dans des modes ou des régimes d’accumulation historiquement situés. Et, loin d’être donnée une fois pour toutes, la division constitutive entre l’« économique » et le « politique » peut toujours être contestée et modifiée. C’est surtout en temps de crise que la frontière cristallise les luttes entre les acteurs sociaux — qui parviennent parfois à en changer le tracé.
Ainsi, au cours du XXe siècle, le capitalisme géré par l’État, qui succédait au régime du « laissez-faire », a fait usage du pouvoir public afin d’endiguer la crise ou de la ralentir.
Forts du système de contrôle des capitaux mis en place en 1945 sous hégémonie américaine par les accords de Bretton Woods, les États ont, d’une manière générale, discipliné le capital pour son propre bien, et étendu le champ de l’action politique tout en la domestiquant, par des mesures permettant d’intégrer des couches potentiellement révolutionnaires en revalorisant leur citoyenneté et en les impliquant dans le système. La stabilité a ainsi été rétablie pour plusieurs décennies, mais la hausse des salaires et la généralisation des gains de productivité dans l’industrie manufacturière du centre ont incité le capital à déployer de nouveaux efforts pour affranchir le marché de la régulation politique. Dans le même temps, une nouvelle gauche dénonçait à l’échelon mondial les oppressions, exclusions et prédations sur lesquelles reposait l’ensemble de l’édifice. Une longue crise s’est ensuivie, au cours de laquelle ce dispositif a été discrètement supplanté par le régime actuel du capitalisme financiarisé.
Ce dernier a remodelé une fois de plus la relation.
Le capitalisme financiarisé est l’ère de la « gouvernance sans gouvernement » — l’ère de la domination sans la feuille de vigne du consentement. Cela a eu pour principal effet de vider le pouvoir de l’État de sa substance à tous les niveaux. Des questions autrefois considérées comme relevant de l’action politique démocratique sont désormais des « domaines réservés » confiés aux « marchés ». Les auxiliaires du capital n’hésitent pas à s’en prendre au pouvoir des États ou aux forces politiques qui pourraient le contester, en annulant par exemple des élections, ou des référendums qui rejettent l’austérité, comme en Grèce en 2015. Le fameux « déficit démocratique » fait en réalité partie intégrante de la crise généralisée du capitalisme financiarisé. Et comme toute crise généralisée, elle comporte une dimension hégémonique
Aucun engorgement dans les circuits d’accumulation, aucun blocage dans le système de gouvernance ne mérite le terme de « crise » au sens propre. Ce n’est que lorsque des membres de la société perçoivent que les graves difficultés qu’ils rencontrent surviennent, non pas en dépit, mais à cause de l’ordre établi, lorsqu’une masse critique décide que l’ordre peut et doit être transformé par l’action collective, lorsqu’une impasse objective se dote d’une voix subjective, ce n’est qu’alors que l’on peut parler de « crise » au sens de « tournant historique majeur » qui impose de prendre une décision.
C’est la situation d’aujourd’hui. Les dysfonctionnements politiques du capitalisme financiarisé ne sont plus « simplement » objectifs, ils ont trouvé un corrélat subjectif.
L’émergence de cette double vague populiste a marqué un bouleversement majeur. L’illusion du bon sens néolibéral mise à mal, le champ de la réflexion politique s’est élargi. On est entré dans une nouvelle phase : d’un « simple » agrégat d’impasses systémiques, on est passé à une véritable crise d’hégémonie, portée par un conflit ouvert sur la frontière actuelle entre économie et gouvernance. Ainsi, l’idée selon laquelle la planification est de très loin inférieure aux marchés concurrentiels ne va plus de soi. Ce courant a pris de l’ampleur avec la pandémie de Covid-19, qui a démontré la nécessité du pouvoir public. Si nous vivions dans un monde rationnel, le néolibéralisme ne serait plus qu’un souvenir.
Un vernis émancipateur
Mais nous vivons dans un monde capitaliste, par définition gangrené par l’irrationnel. On ne peut donc pas s’attendre à ce que la crise actuelle soit résolue rapidement ou sans heurts. Les populistes de droite n’ont pas de solutions à offrir aux problèmes de leurs partisans ; mis sur le devant de la scène, ils sont les hommes de paille de ceux qui ont créé ces problèmes, et qui se tiennent derrière. Ce qui peut durer, tant que personne ne tire le rideau pour dévoiler l’imposture. Et c’est précisément ce que l’opposition progressiste n’a pas réussi à faire. Loin de démasquer les puissances derrière le rideau, les courants dominants de la « résistance » sont depuis longtemps compromis avec elles.
Aux États-Unis par exemple, c’est le cas des ailes libérales-méritocratiques de mouvements sociaux qui défendent le féminisme, l’antiracisme, les droits de la communauté LGBTQ (lesbiennes, gays, bisexuels, trans et queer) et l’écologie. Sous l’hégémonie libérale, ils ont été pendant des années des acteurs de second plan dans un bloc néolibéral progressiste qui comptait aussi des branches « visionnaires » du capital mondial (informatique, finance, médias, divertissement). Les progressistes ont donc aussi servi d’hommes de paille, mais autrement : en plaquant un vernis de charisme émancipateur sur l’économie politique prédatrice du néolibéralisme. Cette alliance contre-nature a si bien associé féminisme, antiracisme, etc., au néolibéralisme que bien des gens finiront par rejeter les premiers en même temps que le second. C’est pourquoi le principal bénéficiaire, du moins jusqu’à présent, a été le populisme réactionnaire de droite. Factice querelle entre deux bandes de pantins, l’une rétrograde, l’autre progressiste — et derrière le rideau, les puissants prospèrent.
Reste que des crises comme celle-ci représentent des moments décisifs où la possibilité d’agir sur la forme même de la vie sociale est à portée de main. Une question se pose alors : qui guidera le processus de transformation sociale, dans l’intérêt de qui et à quelles fins ? Ce processus a été engagé plusieurs fois par le passé — et a principalement profité au capital. Cela va-t-il se reproduire ? Si l’on s’en tient aux leçons de morale, en enjambant joyeusement les préoccupations des « déplorables », comme les appelait Mme Hillary Clinton en 2016, faute de reconnaître leurs griefs légitimes (si fourvoyés soient-ils), on passe à côté de la lutte pour la construction d’une contre-hégémonie. Qui nous met au défi d’identifier le véritable coupable, et de démanteler l’ordre dysfonctionnel et antidémocratique qu’est le capitalisme.
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🔴 Pour compléter la lecture de l’article précédent, on peut se reporter à deux vidéos intéressantes sur ce thème.
👉 Barbara Stiegler professeur de philosophie à l’université de Bordeaux.) a été invité sur le site QG (Quartier Populaire) pour parler de la nature de la démocratie et de son livre : « Démocratie, manifeste » (édition du bord de l’eau)
. Titre de l’émission : « Le système électif est mort : rendez-nous la démocratie ! ».
👉 Sur ce même thème, on peut visionner un interview intéressant ( sur le site Élucid) de Barbara Stiegler
. Titre de l’émission : « La démocratie et le néolibéralisme ».
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Informations sur l’auteure :
Nancy Fraser : Corps Philosophe, auteure de l’ouvrage Le capitalisme est un cannibalisme, à paraître aux éditions Agone (Marseille) le 15 janvier 2025 et à partir duquel cet article est composé.
Résumé de l'ouvrage : Central dans les débats sur la reproduction sociale, le racisme, l'État et l'écologie, cet ouvrage est utile à tout lecteur qui souhaite comprendre les crises actuelles. Nancy Fraser y suit le capital de crise en crise pour développer l’idée que, dans les sociétés capitalistes, l'économie s'appuie sur des « zones non marchandes » telles que le « travail domestique » non rémunéré, la nature, la politique et le racisme (en tant que mécanisme justifiant l'expropriation). Son argumentation permet de faire dialoguer Karl Marx, Rosa Luxemburg avec des voix issues du féminisme marxiste (comme Eli Zaretsky, Lise Vogel, Nancy Flobre,...), du marxisme noir et de l'écomarxisme (comme James O'Connor et Jason Moore). Affirmer l'intersectionnalité de la race, du genre et de la classe n'est pas suffisant pour les décortiquer en tant que caractéristiques du capitalisme. L'oppression fondée sur le sexe estelle une caractéristique structurellement nécessaire du capitalisme ? La discrimination fondée sur la race estelle intégrée dans la reproduction du capitalisme racial ?
Par : Nancy Fraser
Éditions : Agone
Il y a une règle de météo politique : quand le vent souffle fort il emporte aussi les girouettes[6]... dont " on en connait le point de départ mais pas le point d’arrivée[13] ".
Derrière l’ouvriérisme de François Ruffin, on retrouve son incapacité à concevoir les classes populaires comme hétérogènes et les habitants des quartiers populaires comme des travailleurs y compris prolétarisés. Ouvrir un livre de sociologie n’est pourtant pas un luxe (François Elek)[0]…
Source : | mis à jour le 12/02/2025
Nous savions qu’ils étaient en train de trahir et c’est pourquoi certains n’ont pas été investis.
Tant pis pour les chatouilleux de la com’ qui espéraient pouvoir annoncer une nouvelle division qui viendrait perturber l’union. Mais l’union de qui en fait ?
Ne serions-nous pas précisément dans ce mélange hybride, qui « rassemble » de Poutou à Hollande et qui oppose dans le même temps le soliste Ruffin du parti de Picardie (qu'il a fondé en 2017 et enregistré en 2021[0bis]) à Jean-Luc Mélenchon, l’homme des 22% de la France insoumise aux présidentielles de 2022 ?
Ce front populaire qui n’a pas permis à Roussel d’être élu, alors que les insoumis se sont plus mobilisés que les communistes au 1er tour, est plus que jamais un révélateur du rejet de certaines pratiques politiques malgré une mobilisation hors norme de nos concitoyens.
La politique de rupture de la ligne Mélenchon se traduit par un succès lorsque l’on compte le nombre d’insoumis élus au 1er tour, soit 20[1].
Les médias, en chœur avec la droite, l’extrême-droite et la macronie ne sont pas parvenus, malgré les moyens hors normes déployés pour nous calomnier, à freiner l’élan populaire de LFI qui poursuit sa dynamique depuis les Européennes ! Un million d’électeurs en plus malgré les insultes et la violence du débat public.
On imagine, à la lecture de ces messages horribles, envoyés par des soldats de l’armée la plus morale du monde, ce que peuvent subir les femmes Palestiniennes qui sont en proies à ces criminels de guerre.
Mais c’est un sujet trop sensible ou trop dangereux pour Sandrine Rousseau, Marine Tondelier ou Clémentine Autain (pour ne citer que les plus emblématiques !) qui semblent plus préoccupées par un avenir politiquement correct que par un engagement courageux, mais certes plus risqué pour soutenir Rima! la sororité a ses limites, la dignité aussi !
Ainsi sommes-nous, tous, obligés de naviguer dans ce nid de frelons pour avoir une chance de partager notre miel avec les plus nécessiteux !
Nous devons supporter que chacun s’en donne à cœur joie pour insulter celui (Jean-Luc Mélenchon) qui les terrorise tous, le boulet antisémite, dictateur et colérique qui mène 8 millions d’électeurs à la baguette !
Cet homme serait coupable de tout ce qui ne va pas dans ce pays, à gauche, à droite, mais aussi de la montée de l’extrême droite… Quand on pense qu’il n’a jamais gouverné, c’est plutôt cocasse[7] !
Voilà que Ruffin, le soliste de Picardie, nous explique que Jean-Luc serait le repoussoir, coupable de son échec au 1er tour,...
même s’il s’est affiché à ses côtés 👇 pour aller gratter des voix, dans la circonscription d’Amiens qu’il a manifestement désertée après avoir été élu !
Si les macronistes votent pour lui, il aura une chance de s’en sortir, c’est l’ironie de la traitrise, il est macron compatible... (NDLR : et réélu avec le soutien macronien[3] !
Car en macronie, il y a le bon Lfiste et le mauvais Lfiste, c’est un mauvais sketch des inconnus qui ne fait rire que l’extrême droite dont les frontières se sont bien affirmées depuis la dissolution, de LR à Macron en passant par le Modem ! Telle sera l’union extrême des droites, dans le pire de scenarios !
D’abord Ruffin envisage une coalition avec Macron sur la base de trois éléments de notre programme et le lendemain il se défend de s’allier avec eux pour faire dit-il un « gloubi boulga ».
La politique est une valse qui donne le tournis à ceux qui ne connaissent que leur petits pas et qui tournent en rond sans se soucier de leur partenaire, ils finissent par terre, hagards, perdus et solitaires au milieu de tous !
Oui ils vont probablement tous, non pas nous trahir, car nous sommes prêts, mais se trahir et trahir probablement le programme qu’ils défendent aujourd’hui et bien sûr trahir une nouvelle fois leur mandants !
Mais nous continuerons à avancer, à lutter et à gagner voix par voix, en porte à porte et dans les urnes, le cœur et le bon sens des citoyens Français qui comptent sur nous pour tenir bon, pour nous obstiner, à l’image de ce vieil humaniste, têtu et combatif en qui ils se reconnaissent parce qu’il leur donne l’espoir que c’est encore possible de faire de la politique noble et au service de la cité !
🔴 « François Ruffin, l'ascension d'un opportuniste » avec Mérième ALAOUI
Arthur de Laborde avec Mérième ALAOUI, Journaliste indépendante, passée par RTL, Le Point mais aussi par Le Courrier de l'Atlas, auteur de « François Ruffin, l'ascension d'un opportuniste » aux éditions Robert Laffont.
🔴 François Ruffin : abcès crevé - solde de tout compte !
Il fallait que je vide mon sac sur Ruffin, lequel je n'ai absolument jamais apprécié dans sa démarche politique vis-à-vis de la FI même s'il a des qualités indéniables de metteur en scène.
Maintenant, pour moi ce sujet sera clos à moins que ce monsieur ne revienne encore nous insulter.
🔴 « François Ruffin, l’ascension d’un opportuniste » : la stratégie du coup d’éclat permanent passée au crible
Ses réseaux, ses méthodes, son plan caché pour l'Élysée... En quelques années seulement, François Ruffin, député de la Somme, électron libre de l'extrême gauche, a imposé son style et ses idées. Sa posture d'élu "proche du peuple" qui se paie au Smic et s'exprime sans filtre détonne...
François Ruffin est un homme politique pressé. En quelques années, cet électron libre de la gauche est passé du statut d’agitateur à celui de député omniprésent sur les réseaux sociaux et dans les médias. « Insoumis » sans être un fidèle de Jean-Luc Mélenchon, il a su bâtir méthodiquement son espace politique propre. Aucune biographie ne lui avait encore été consacrée. Dans " François Ruffin, l’ascension d’un opportuniste[8] ", Mérième Alaoui, journaliste indépendante, livre un portrait à la fois intime et politique, où l’on découvre l’ambition précoce du « député-reporter », mais aussi ses failles et contradictions...
Éditions : Groupe Robert Laffont
...Et le 14 septembre 2024, François Ruffin est défendu par Michaël Delafosse (Maire de Montpellier - Président de la Métropole), représentant l’aile droite du PS. Celle qui manifeste avec le RN à Montpellier. La boucle est bouclée.
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🔴 Les magouilleurs étaient déjà en action en 2023 !
Imaginez un.e candidat.e vouloir une investiture au sein de Renaissance pour être un " trait d'union " contre la ligne Macron.... Dans n'importe quel parti politique, un.e candidat.e qui demanderait une investiture pour être un " trait d'union " contre la stratégie de celui qui porte le parti depuis des années... et le " remplacer[8bis] " serait immédiatement exclu.... cela na pas été fait !
Et pourtant, après avoir, le 6 novembre 2023 été mise en retrait du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale pour quatre mois, en 2024, Raquel Garrido voulait une nouvelle investiture de LFI pour, de l'intérieur, continuer " contrer la ligne sectaire des mélenchonistes ".
🔴 Les masques de la valse continuent à tomber !
Le 12 Juillet 2024 Alexis Corbière, Raquel Garrido, Clémentine Autain, Hendrik Davi, et Danielle Simonnet (ex député.es LFI) annoncent officiellement[9] qu'ils ont créé leur propre mouvement politique " l'Après[10] " le 21 mai 2024 voir pièce ci-dessous).... dans l'objectif des présidentielles et législatives 2027 👇... mais dont ils n'ont fait l'annonce officielle que le 12 juillet 2024.
« L’après » c’était déjà avant.
Ils ont lancé leur structure partisane en mai donc avant les élections européennes 2024. Et après ils se sont étonnés de ne pas avoir été investis par la FI aux législatives (qu'ils ont pourtant trahie en maintenant leur candidature sous l'étiquette du " Nouveau Front Populaire ", sauf Raquel Garrido au second tour et Clémentine Autain) !
En définitive :
Pour rappel :
- Danielle Simonnet s'est fait élire au détriment de Verzeletti Celine, candidate officielle du Nouveau Front Populaire ;
- Alexis Corbière s'est fait élire au détriment de Sabrina AliBenali, candidate officielle du Nouveau Front Populaire ;
- Hendrik Davi s'est fait élire au détriment de Allan Popelard, candidate officielle du Nouveau Front Populaire ;
- Raquel Garrido a perdu face à Aly Diouara, candidat officielle du Nouveau Front Populaire ;
en violation des dispositions du Comité de respect des principes de la France insoumise sur les élections législatives de 2024[12]
🔴 La chute des masques de la valse continue et se traduit par les actes politiques !
- Elle a donc voté en faveur de son budget (cliquer sur limage pour vérifier le non vote), qui pourtant est plus violent et austéritaire que celui de BARNIER.
- Avec le PS et le RN, elle apporte donc son soutien à l'application de la politique de la droite macrolepeniste.
🔴 En conclusion..
Notes :
[0] Pour François Ruffin, la leçon de ce scrutin, c'est qu'il n’est plus possible d'ignorer la France des périphéries qui souffre, et ne fera pas toujours rempart.
[0bis] Picardie debout ! est un parti politique français fondé par François Ruffin en 2017 et enregistré en 2021.
[1] 20 députés France insoumise élu.es au 1er tour : Manuel Bompard (4e circonscription des Bouches-du-Rhône) ; Sébastien Delogu (7e des Bouches-du-Rhône) ; François Piquemal (4e de Haute-Garonne) ; Nathalie Oziol (2e de l'Hérault) ; Andy Kerbrat (2e de Loire-Atlantique) ; Sophia Chikirou (6e de Paris) ; Rodrigo Arenas (10e de Paris) Sarah Legrain (16e de Paris) ; Danièle Obono (17e de Paris) ; Aymeric Caron (18e de Paris) ; Aurélien Saintoul (11e des Hauts-de-Seine) ; Aurélie Trouvé (9e de Seine-Saint-Denis) ; Eric Coquerel (1ère de Seine-Saint-Denis) ; Nadège Abomangoli (10e de Seine-Saint-Denis) ; Bastien Lachaud (6e de Seine-Saint-Denis) ; Clémentine Autain (11e de Seine-Saint-Denis) ; Mathilde Panot (10e du Val-de-Marne) ; Clémence Guetté (2e du Val-de-Marne) ; Paul Vannier (5e du Val-d'Oise) ; Carlos Martens Bilongo (8e du Val d'Oise)
[2] Ruffin : " Je pense que Jean-Luc Mélenchon est un obstacle à la victoire du Front Populaire "
[3] François Ruffin a été réélu ans la 1ère circonscription de la Somme aux élections législatives.
[4] Sauf que, médias ne rêvez pas : il n'y aura pas de duel avec mon ami Jean-Luc Mélenchon. Nos forces s'additionnent pour " faire mieux " !
[5] Lors d'une conférence de presse, en marge d'un déplacement de soutien aux éboueurs d'Abbeville en grève depuis vendredi contre la détérioration de leurs conditions salariales, François Ruffin a précisé " souhaiter que le divorce se passe à l'amiable et que ça ne se passe pas avec du bruit de vaisselle ".
[5 bis] François Ruffin : " Ma place ne sera pas dans le groupe LFI si je suis élu "
[6] Jean-Luc Mélenchon « Il y a une règle de météo politique. Quand le vent souffle fort, il emporte aussi les girouettes »
[7] Au delà des justificatifs médiatiques & politiques fallacieux pourquoi Jean-Luc Mélenchon est-il la cible ?
[8] Mérième Alaoui : François Ruffin - L'ascension d'un opportuniste
[8bis] Garrido-Corbière : leur plan secret pour remplacer Mélenchon
[9] Le 12 Juillet 2024 Alexis Corbière annonce officiellement la création de leur propre mouvement politique " l'Après "
[11] Olivier Legrain, le millionnaire dans l’ombre de François Ruffin et de la " gauche "
[12] Position du Comité de respect des principes sur les élections législatives de 2024
[13] Ruffin : la honte en entier et pas à moitié
[14] Analyse du scrutin n°739 Première séance du lundi 10 février 2025
Pour en savoir plus :
- François Ruffin : « Je suis social-démocrate »
- Les nouvelles ambitions de François Ruffin
- La gauche actualise sa stratégie à l’aune du livre de Cagé et Piketty
- JEAN-LUC MÉLENCHON JUGE QUE FRANÇOIS RUFFIN "SE MET EN DANGER" EN PRENANT SES DISTANCES AVEC LFI
La France insoumise peaufine la stratégie du « 4e bloc »[3]... et, lors des législatives, européennes 2024 : le quatrième bloc est la stratégie gagnante de la France insoumise[4]
Les conclusions de l’essai de Julia Cagé et Thomas Piketty sur l’importance du critère de classe dans le vote et le retard du « bloc social-écologique » dans les classes populaires rurales alimentent les réflexions et les controverses d’une gauche en recherche d’une stratégie victorieuse.
Source : Médiapart extrait | mis à jour le 06/09/2024
Le 20 septembre, Jean-Luc Mélenchon ne boudait pas son plaisir d’accueillir Julia Cagé et Thomas Piketty dans un amphithéâtre rempli au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), à Paris, pour une conférence de l’Institut La Boétie (ILB), qu’il copréside.
« Vous êtes ici, en quelque sorte, chez vous », a-t-il lancé aux coauteurs de l’essai de la rentrée, " Une histoire du conflit politique (Seuil) ", précisant que s’il n’y a pas de compagnonnage politique entre eux et La France insoumise (LFI), au moins y a-t-il une parenté de pensée : « Les Insoumis et les Insoumises pensent que l’analyse électorale est un enjeu idéologique. »
Dans leur somme de 851 pages, les deux économistes décortiquent les résultats de 12 élections présidentielles et 41 élections législatives, de 1789 à 2022, dans les 36 000 communes de France. Un travail qui ne pouvait donc qu’intéresser les Insoumis. Par la quantité de données analysées, révélant les failles et les marges de progression de chaque bloc politique, les deux économistes se sont de fait quasiment convertis en oracles de la gauche. Leurs conclusions – sur le caractère plus déterminant que jamais de la classe sociale dans le vote, la marge de progression du bloc social-écologique dans les classes populaires rurales et le potentiel retour d’une bipolarisation gauche/droite – ont de quoi rendre le camp mélenchoniste optimiste.
Mais des nuances sur la stratégie électorale qui découle des enseignements du livre se dessinent.
L’insistance des auteurs sur les écarts de vote entre mondes rural et urbain et l’idée que « la gauche n’a pas de proposition très construite pour attirer les classes populaires rurales » confortent l’analyse formulée par François Ruffin après les élections législatives de 2022. Celui-ci avait identifié les campagnes populaires, la France des bourgs et des villages, comme le point faible de LFI, sur lequel le mouvement devait travailler en priorité – même s’il a déjà progressé en 2022 par rapport à 2017, en remportant des législatives dans la Creuse, l’Ille-et-Vilaine ou encore la Haute-Vienne. Lors d’un débat avec Clémentine Autain à la Fête de l’Humanité le 16 septembre, le député de la Somme a fait référence à cette source de légitimation scientifique, estimant que désormais, pour lui, le chemin était « clair ».
La France insoumise peaufine la stratégie du « 4e bloc »
« Non seulement le livre de Julia Cagé et Thomas Piketty offre un élan d’optimisme sur une victoire de la gauche, mais il permet d’objectiver quelque chose qui se dessinait après les législatives de 2022, que François avait posé dans le débat public, à savoir les enjeux géographiques du travail qu’il nous reste à faire », abonde Clémentine Autain, interrogée par Mediapart. Pour la députée de Seine-Saint-Denis, « la question des services publics est une partie de la réponse pour atteindre l’objectif d’unifier les classes populaires rurales et urbaines : il galvanise notre propre public, et peut contribuer à l’élargir ».
🔴 Ce n’est pas tout à fait la lecture que fait Jean-Luc Mélenchon, pour qui la clef d’une prochaine victoire de la gauche réside dans la mobilisation du « 4e bloc », c’est-à-dire les 26 millions d’abstentionnistes du second tour des législatives de 2022. Il vise en particulier les jeunes de 18 à 24 ans, qui ont voté pour lui à 38 % au premier tour de la présidentielle, mais se sont abstenus à 66 %, et les quartiers populaires.
🔴 « Bien sûr, il faut aller chercher les milieux ruraux déclassés : qui va dire le contraire ? Mais le gros de la troupe qui va nous faire gagner, ce sont les quartiers populaires, où on vote pour nous à 80 % au premier tour mais où 30 % seulement vont voter. […] La priorité, c’est de les convaincre eux, et pour ça, il faut parler clair, cru, dru, et dur », a-t-il lancé à ses convives le 20 septembre. Il se distingue ainsi des observations faites par François Ruffin cet été, estimant que « poser la radicalité n’est plus utile ». Le livre de Cagé et Piketty a donc rapidement alimenté des controverses préexistantes, chacun ayant tendance à y voir une confirmation de sa propre thèse.
Nous pouvons l’emporter en parvenant à mobiliser davantage les catégories populaires. Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise
Interrogé par Mediapart, Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, qui a dialogué avec Julia Cagé et Thomas Piketty, estime ainsi que leur travail légitime la stratégie insoumise de conquête des abstentionnistes. Les deux universitaires montrent que pendant une longue période, notamment les années 1960-1970, « les communes pauvres votaient plus que les communes riches », en particulier dans les banlieues populaires, du fait du travail de mobilisation du Parti communiste français (PCF). Il y aurait donc une réserve de voix à récupérer.
🔴 À la conférence de l’ILB, la sociologue Marion Carrel abondait dans ce sens, affirmant, d’une part, qu’il serait « dramatique » de « laisser tomber les abstentionnistes au motif que stratégiquement ils sont trop loin du vote » et, d’autre part, que « les conditions sociales et politiques d’une remobilisation existent ».
🔴 « L’expérience des discriminations, en particulier territoriales, raciales et religieuses, suscite une politisation ordinaire qui a du mal à être captée par les organisations politiques et associatives. Cette politisation ordinaire peut amener à un retour possible au vote, à condition d’un travail militant de longue haleine, qui s’appuie sur des leaders de quartier, et que les formats d’engagement soient participatifs, portés sur l’action », a-t-elle décrit.
Unifier les classes populaires : un objectif partagé
Sur le plan programmatique, alors que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), basée sur le programme de LFI[2], est traversée de tensions du fait de la volonté de ses partenaires de rééquilibrer l’alliance vers le centre pour « rassurer » un électorat de gauche modéré, le travail de Cagé et Piketty leur donne tort aux yeux des Insoumis :
🔴 « Les classes populaires participent davantage lorsque la gauche est organisée autour d’un pôle de rupture avec le capitalisme (PCF historique ; PS des années 1970 et du Programme commun), ce qui valide notre positionnement programmatique. Et j’ajoute que l’on voit s’esquisser une hausse de la participation populaire entre 2017 et 2022, à laquelle nous ne sommes sans doute pas étrangers », argumente Manuel Bompard.
Au-delà des rangs insoumis, le livre incite les partis à des convergences politiques : une audition de Cagé et Piketty est d’ailleurs prévue à l’Assemblée nationale le 4 octobre par des député·es de la Nupes. Pour Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste (PS), l’un des apports du livre est d’affirmer « que le sentiment de désaffection des classes populaires n’est pas d’abord lié à une panique morale et identitaire mais à un sentiment de relégation économique et sociale en dehors des métropoles. Les solutions, c’est de ramener de l’emploi et des services publics dans les zones périurbaines ».
Cet enseignement permet de mettre à distance l’idée d’« insécurité culturelle » un temps popularisée par le Printemps républicain avec l’essayiste Christophe Guilluy, qui avait fait dériver le PS vers des thématiques identitaires – une pente que semble prendre aujourd’hui le PCF de Fabien Roussel lorsqu’il flatte un chauvinisme supposé de la France des villages.
Pour les écologistes aussi, le livre donne matière à penser. Le diagnostic à leur égard y est plus déprimant. Cagé et Piketty décrivent un profil de vote écologiste atypique à gauche, très urbain et où « plus les communes sont riches, plus elles votent pour l’écologie politique, sauf au sommet de la distribution des revenus ». Ils concluent : « Pour de nombreux électeurs issus des catégories populaires ou des territoires défavorisés, le vote écologiste est souvent associé à un discours certes respectable et même indispensable sur le plan des objectifs, mais qui en pratique tend à négliger la question des inégalités sociales et risque de se retourner contre les plus modestes, qui ne semblent pas toujours figurer parmi les priorités de ce courant politique, généralement considéré comme plus proche des classes urbaines relativement favorisées. »
🔴 Pour avoir la majorité aux législatives, il faut gagner dans plus de 289 circonscriptions, donc il faut aussi gagner dans des endroits où on est plus fragiles.
Dialogues avec Cagé et Piketty : Géographie des votes de gauche et stratégie de conquête électorale
L’Institut La Boétie a pour vocation d’organiser, pour le camp de l’émancipation, le dialogue, l’interface entre monde politique et monde universitaire. C’est pourquoi il a organisé, le 20 septembre 2023, une soirée d’échanges autour de cet ouvrage " Une histoire du conflit politique : Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022 "
Ce livre est " Une histoire du conflit politique : Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022 "
En s’appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques des 36 000 communes de France couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une histoire du vote et des inégalités à partir du laboratoire français.
Au-delà de son intérêt historique, ce livre apporte un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement.
La tripartition de la vie politique issue des élections de 2022, avec d’une part un bloc central regroupant un électorat socialement beaucoup plus favorisé que la moyenne – et réunissant d’après les sources ici rassemblées le vote le plus bourgeois de toute l’histoire de France –, et de l’autre des classes populaires urbaines et rurales divisées entre les deux autres blocs[1], ne peut être correctement analysée qu’en prenant le recul historique nécessaire. En particulier, ce n’est qu’en remontant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à une époque où l’on observait des formes similaires de tripartition avant que la bipolarisation ne l’emporte pendant la majeure partie du siècle dernier, que l’on peut comprendre les tensions à l’œuvre aujourd’hui. La tripartition a toujours été instable alors que c’est la bipartition qui a permis le progrès économique et social. Comparer de façon minutieuse les différentes configurations permet de mieux envisager plusieurs trajectoires d’évolutions possibles pour les décennies à venir.
Une entreprise d’une ambition unique qui ouvre des perspectives nouvelles pour sortir de la crise actuelle. Toutes les données collectées au niveau des quelques 36 000 communes de France sont disponibles en ligne en accès libre sur le site unehistoireduconflitpolitique.fr, qui comprend des centaines de cartes, graphiques et tableaux interactifs auxquels le lecteur pourra se reporter afin d’approfondir ses propres analyses et hypothèses.
Par :
Éditions : Les Editions SEUIL
Date de parution : 8 septembre 2023
Pages : 864
Disponibilité : ICI
Format : 15,6 cm x 21,9 cm
Prix papier TTC : 27 €
Notes :
[1] Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon
[2] Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale
[3] Manuel Bompard ; Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?
[4] Législatives, européennes 2024 : Quatrième bloc, la stratégie gagnante de la France insoumise
Pour en savoir plus :
Ce livre est enfin et surtout un outil pour l’action !
Le titre « Faites mieux ! » s’adresse à tous ceux qui ne se résignent pas au gâchis laissé par la génération d’après la guerre mondiale et veulent changer le monde.
Je propose une théorie globale sur notre temps
Je suis l’auteur d’un livre qui vient de paraitre le 28 septembre. Je le dis dans le cas où vous auriez échappé à mes annonces sur le sujet…
Au départ c’est une commande de mes proches pour l’école de formation du Mouvement Insoumis, quand je suis devenu le co-président de l’Institut la Boétie. Il s’agissait de présenter la « théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne ». Car après des dizaines de conférences sur le thème en France et en Amérique du sud, son contenu s’est profondément précisé, notamment depuis sa première formulation il y a plus de dix ans. Surtout grâce à l’observation des cas concrets où elle se vérifiait. L’ambition depuis dix ans n’a pas changé. La mise en panne de la pensée politique de la gauche à propos du changement nécessaire pour la société nous laisse sans moyen d’action claire. Depuis l’effondrement de l’URSS et de la social-démocratie, les politiques de gauche se limitent à être une collection de pansements écologiques ou sociaux. Dans les meilleurs des cas. Peut-on faire mieux ? Ce livre le propose.
Source : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le 23/02/2024
De quoi parle-t-il ?
Une ère politique entièrement nouvelle s’ouvre. Le changement climatique est désormais irréversible. La catastrophe finale est en vue. Si rien ne change, et rien ne change, « l’effondrement est commencé » a déjà déclaré le secrétaire général de l’ONU. Je le pense aussi. Comment en est-on arrivé là, comment peut-on surmonter cette épreuve ?
Ce livre formule une théorie, c’est-à-dire une façon de comprendre ce qui se passe sous nos yeux et que souvent nous ne voyons pas parce que nous y sommes totalement immergés. Pour cela, il met en relation les faits nouveaux structurant de notre époque en commençant par les exposer. Son parti pris intellectuel : sans théorie claire l’action est aveugle. Sans compréhension des causes on ne peut combattre les effets ni changer le cours catastrophique des évènements en cours.
Le raisonnement part de l’augmentation extraordinaire de la population au vingtième siècle.
Il explique de cette façon une modification radicale de la condition humaine, devenue désormais urbaine. Le nombre fait les villes. Les villes ont formé des réseaux collectifs dont dépendent désormais la production et reproduction de la vie matérielle de chacun. Ces réseaux font émerger un acteur social et politique nouveau : le peuple. Et celui-ci s’auto-détermine spontanément. Le peuple, nouvel acteur politique permet de définir un « peuplisme ».
La théorie explique la nouvelle définition du peuple par la dépendance envers les réseaux collectifs urbains.
Alors, ce nouveau contexte humain constitue le terreau propice d’où surgissent les « révolutions citoyennes ». Ce livre en décrit des exemples contemporains pris dans quinze pays du monde entier. Il en met à nu les formes et les étapes, les signes avant-coureurs et les étapes de déroulement.
Au fil des pages, c’est aussi un livre à propos de notre époque et des comportements qui s’y manifestent.
Les nouvelles composantes de la réalité politique sont là. L’hyperconnexion des individus, l’individuation, la « poly-présence », la grande bascule du monde dans l’ère de la numérisation générale de l’activité humaine et la mutation du capitalisme contemporain sont identifiés comme les bases nouvelles de la condition humaine dans la « noosphère » concept emprunté à un chimiste soviétique et à un religieux français. Elles produisent de nouvelles conflictualités organisatrices de la vie en société. La critique ici vise le libéralisme comme obscurantisme quand il s’approprie les savoirs humains et marchandise leur droit d’accès. Dans le même ordre d’esprit, la théorie propose un dépassement de l’opposition humain et nature en identifiant des droits biologiques fondamentaux de l’espèce animale humaine. Le silence, la nuit, l’air, l’eau sont pris en exemple de cette approche. Ce livre pense les humains sans les séparer de leur écosystème global.
Ce livre est un livre de théorie politique.
Il démontre l’obsolescence des pensées traditionnelles de la politique quand ils n’ont pas su abandonner l’impératif du productivisme. Leur espoir d’une croissance sans fin, en pleine hallucination consumériste en fait des logiciels périmés. Libéraux, sociaux-démocrates ou écologiste « d’accompagnement » sont également dépassés et dangereux. Ici l’écologie politique est nécessairement incompatible avec le capitalisme. La civilisation humaine butte sur le capitalisme comme sur une limite imprévue par les théories politiques du passé, inclues celles du socialisme. Mais elle est incontournable. Le livre reformule entièrement donc la « théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne » dont les fondements avaient été élaborés il y a plus de dix ans, en donnant à ces concepts leur contenu dans le contexte particulier de l’effondrement de l’écosystème.
C’est enfin et surtout un outil pour l’action.
Le titre « Faites mieux ! » s’adresse à tous ceux qui ne se résignent pas au gâchis laissé par la génération d’après la guerre mondiale et veulent changer le monde. Il veut parler à tous ceux intéressés par la rencontre avec une vision globale du moment.
L’ambition est d’aider à l’émergence d’un peuple humain. Il s’agit de le faire notamment par la stratégie des « causes communes ». Notamment à propos des nouveaux espaces d’expansion de l’humanité : la Mer et l’Espace. Ainsi le livre est clos par une réflexion sur les normes morales motivant l’action quand celle-ci semble devenue vaine. Il donne les conditions d’émergence d’un nouvel humanisme.
Je destine ce travail à la jeune génération en recherche d’un cadre global de pensée pour agir dans son temps. Mais aussi à tous ceux qui ont envie de partager une expérience intellectuelle revigorante : comprendre à partir d’un point de vue et confronter celui-ci à l’épreuve des faits. Soit pour corriger la théorie, la compléter soit pour la démentir.
Par : Jean-Luc Mélenchon
Éditions : Les Editions Robert Laffont
Date de parution : 28 septembre 2023
Pages : 352
Disponibilité : interforum
Format : 15,5 cm x 24,2 cm
Prix papier TTC : 20 €
Pour en savoir plus :
- Entretien avec Jean-Luc Mélenchon autour de son dernier livre. | « Si nous sommes alignés sur les États-Unis d’Amérique, nous nous impliquons dans la confrontation organisée autour de la défense de son hégémonie ! »
- Antoine Léaument 23/02/2024 : Ce que « faites mieux » veut dire
Le parti pris de cette nouvelle biographie de Robespierre – qui fait sa valeur et son originalité – est le refus revendiqué de toute approche psychologisante, de tout affect et de tout sensationnalisme. Nous voyons ainsi évoluer l'homme parmi ses pairs et ses rivaux, dont beaucoup ont partagé avec lui les mêmes expériences : une enfance difficile, une adolescence studieuse et une réussite sociale, mondaine et littéraire précoce.
A travers ses multiples et successives prises de position politiques, y compris celles qui paraissent mineures, on comprend qu'il s'exprime en réponse aux Danton, Marat, Pétion, Saint-Just, Fabre d'Eglantine, Camille Desmoulins, Hébert, Collot d'Herbois, dans un jeu de bascule permanent, sans pouvoir exercer une quelconque magistrature suprême. Lorsqu'il paraît enfin pouvoir y accéder, il est condamné hors la loi par ses collègues, le 9 thermidor 1794.
En savoir plus
Chacun le sait, aucune artère parisienne ne porte le nom de Robespierre, passé à la postérité comme l'archétype du monstre. Sans l'absoudre de rien, sans l'accabler non plus, Jean-Clément Martin explique que cette réputation a été fabriquée par les thermidoriens qui, après l'avoir abattu, voulurent se dédouaner de leur recours à la violence d'Etat : les 10 et 11 thermidor, qui voient l'exécution de Robespierre, de Couthon, de Saint-Just et de près de cent autres, servent en réalité à dénoncer " l'Incorruptible " comme le seul responsable de la " Terreur ". Cette accusation a réécrit l'histoire de la Révolution et s'impose encore à nous.
En historien, l'auteur démonte les mythes et la légende noire pour retrouver l'homme.
Une démonstration sans faille et un livre à l'image de Robespierre : éminemment politique.
Informations sur l’auteur :
Jean-Clément Martin est un historien français, spécialiste de la Révolution française et de la guerre de Vendée. Docteur ès lettres de l'université Paris IV-Sorbonne (1987), il fut professeur d'histoire contemporaine à l'université de Nantes, puis, en 2000, professeur d'histoire de la Révolution française à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne et directeur de l'Institut d'histoire de la Révolution française (CNRS). Depuis 2008, il est professeur émérite à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne. Il est membre de la Société des Études robespierristes. Il a dirigé la collection des éditions Geste "en 30 questions".
Une autre histoire du néolibéralisme
" Le choix de la guerre civile " (éditions Lux) ou comment le projet d’une pure société de marché sait parfois se doter des moyens de la coercition militaire et policière.
Il ne s’agit pas ici de quelconque guerre civile qui surgirait on ne sait d’où et comment, fantasmes alimentés par des courants d’extrême droite, mais de la parution d’un livre qui interroge sur la nature contemporaine du néolibéralisme.
Cet ouvrage aborde le néolibéralisme sur le terrain qui, dès ses origines, fut le sien : le choix de la guerre civile en vue de réaliser le projet d’une pure société de marché. Une guerre de domination polymorphe qui sait parfois se doter des moyens de la coercition militaire et policière, mais qui se confond souvent avec l’exercice du pouvoir gouvernemental et qui se mène dans et par les institutions de l’État.
De Hayek à Thatcher et Pinochet, de Mises à Trump et Bolsonaro et de Lippmann à Biden et Macron, le néolibéralisme a pris et prend des formes diverses selon ce que commandent les circonstances. Et ce qui apparaît, dans cette perspective stratégique, c’est l’histoire d’une logique dogmatique implacable qui ne regarde pas aux moyens employés pour affaiblir et, si possible, écraser ses ennemis.
Le Média .tv a organisé une émission sur la présentation du livre : « Le choix de la guerre civile ».
Sources : Hervé Debonrivage | mis à jour le 20/05/2023
C’est Margaret Thatcher qui, pour la première fois, utilise la terminologie « d’ennemi intérieur[1] » pour qualifier le mouvement social opposé à sa politique du tout marché.
Avec le développement du néolibéralisme en France depuis les années 2000, la démocratie sociale incarnée par les actions syndicales et associatives se voit de plus en plus non prise en compte par les gouvernements néolibéraux.
Apparaît alors la criminalisation du mouvement syndical, une instrumentalisation politique de la justice contre le mouvement social. Le mépris des mouvements revendicatifs se transforme alors en mise en œuvre d’une politique agressive policière contre les actions revendicatives.
Les manifestants ou grévistes deviennent alors des « ennemis intérieurs » qu’il faut combattre par tous les moyens, y compris des armes de guerre (LBD ; Grenades lacrymogènes contenant du cyanure et du TNT). Cette utilisation disproportionnée de la force est dénoncée par plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’Homme. C’est dans ce contexte que ce livre prend toute sa signification et décrit ainsi correctement la dérive ultra autoritaire du néolibéralisme.
Par : Christian Laval, Haud Guéguen, Pierre Dardot, Pierre Sauvêtre
Collection : Futur proche
Parution en Amérique du Nord : 19 avril 2021
Parution en Europe : 8 avril 2021
Nombre de pages : 328
Sources :
[1] Margaret Thatcher n’hésite pas à désigner les grévistes comme « les ennemis de l’intérieur ».
Pour en savoir plus :
- Le macronisme est un autoritarisme : « projet de société global »
- néolibéralisme : Macron et la guerre civile en France
- En Macronie, la montée du « national-libéralisme »
- « Le macronisme : une haine bien ordonnée de la démocratie »
« La question du racisme dans la police[…] C’est un problème connu et récurent.[…] tous les jours un officier[…] fait le ménage sur la table de pause pour y déposer exclusivement son magazine d’extrême-droite préféré » auquel s'ajoute violence, faux en écriture publique, corruption, complicité de la hiérarchie… Le gouvernement ne pourra plus dire on ne savait pas... un livre d’utilité publique !
Six policiers lanceurs d'alerte prennent la parole à visage découvert. Racisme, violences, harcèlement, corruption, faux en écriture publique... Pour la première fois, six policiers issus de différents services – stups, mineurs, BAC, CRS, police aux frontières – révèlent à visage découvert ce qui depuis trop longtemps gangrène la police.
Cette immersion dans leur travail quotidien montre la mécanique froide mise en œuvre par l’administration pour faire taire les policiers : « Soit tu fermes ta gueule, soit tu fermes ta gueule. »
Dans un milieu où l’omerta règne en maître, ces lanceurs d’alerte font le pari courageux de prendre la parole, moins pour dénoncer des coupables que dans l’espoir de voir évoluer leur institution vers davantage de justice et d’avoir ainsi une police irréprochable.
Éditions : Le Cherche-Midi
Il est urgent que les militants du champ politique et social soient plus nombreux à s’intéresser au champ transversal et paradoxal de la famille !
« Dépassant le clivage traditionnel entre la gauche et la droite, l’auteur montre que les véritables enjeux sur la question familiale se situent entre d’une part les pratiques et les attentes populaires et d’autre part une vision de la famille promue par les classes dominantes. » (4e de couverture)
Cet ouvrage très récemment paru aux Éditions Critiques (2022, 328 pages) est important, car il est le premier à embrasser le sujet de la famille dans la société contemporaine sous un angle politique et global depuis les livres de tendances foucaldienne ou bourdieusienne d’il y a quelques décennies[1]. Il échappe à la sociologie descriptive et aux effets de mode par un point de vue théorique solide (celui des Appareils idéologiques d’État d’Althusser), combiné à une expérience professionnelle « du dedans » de l’institution familiale et à une solide documentation.
Au sein des politiques sociales, le champ de la famille ne jouit que de peu d’attention de la part des politiques et de peu de connaissance du public. Il s’y ajoute une représentation institutionnelle fort peu démocratique : celle de l’UNAF que l’auteur connaît intimement[2].
Si l’on dépasse la tentation d’assimiler famille et familialisme, la lecture de cet ouvrage très détaillé, mais jamais jargonnant ni technocratique s’impose pour comprendre les particularités d’un système français issu de l’histoire (objet de la première moitié du livre de Raymond Debord[0]), mais profondément remanié par l’avènement du néolibéralisme. La seconde partie s’attache aux enjeux de la période macronienne pour montrer la possibilité de résistance qu’offre la famille face à la montée d’un individualisme destructeur des solidarités.
Sources : ReSPUBLICA |
De 1848 à la fin de la IIIe République
A la fin du XVIIIe siècle et dans la première partie du XIXe, c’est la doctrine malthusienne qui domine et dicte les comportements de la bourgeoisie libérale : il faut limiter les naissances non seulement pour contrôler les pauvres, mais pour limiter la dispersion du capital lors des héritages.
A partir de 1848, trois courants se dessinent :
Au-delà de leurs différences, ces courants se rejoignent pour fonder une véritable idéologie familialiste, qui aura de beaux jours en particulier avec la multiplication des associations familiales, en attendant que la Ve République la dote d’un appareil étatique dédié.
Raymond Debord retrace au passage, en un chapitre plein de saveur, le cheminement de l’idée du suffrage familial dont le premier promoteur serait Lamartine (en 1848, il s’agissait de restreindre la portée du suffrage universel qui venait d’être octroyé) et le dernier tenant Michel Debré en 1948 encore. Il y eut entre-temps d’âpres discussions dans les années 1920 et 1930 en concurrence avec la question du vote féminin puis, finalement, le projet de constitution du maréchal Pétain du 30 janvier 1944, trop tardif pour entrer en vigueur, qui prévoyait des conditions d’éligibilité différentes pour les hommes et les femmes, et un double suffrage pour les pères de trois enfants et plus.
L’auteur rappelle que le Front national, adepte dans une filiation contre-révolutionnaire de l’ordre naturel, faisait figurer le vote familial dans ses « 300 mesures pour le renouveau de la France » (N.D.L.R. : grâce auquel les pères voteraient pour leurs fils mineurs et les mères pour les filles[3]) en 1992, et que Jean-Marie Le Pen continua à le revendiquer jusqu’en 2002.
Ajoutons que l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et ses composantes départementales restent en 2022 le dernier bastion du vote familial ! Anachronisme que l’auteur ne semble pas juger prioritaire de combattre, contrairement à nous.
Ambiguïté des relations entre famille et mouvement ouvrier
Dans ce chapitre fondamental pour sa thèse, R. Debord part de l’idée que l’assimilation courante entre le mouvement ouvrier et socialiste et la gauche républicaine (bourgeoise et petite-bourgeoise) doit être ici révisée :
En fait, la famille reste considérée par une gauche convergeant avec le libéralisme comme le lieu à préserver de formation de l’individu libre. Après avoir examiné plus particulièrement les thèses de Proudhon, Marx et Engels, et celles des anarchistes néo-malthusiens, l’auteur note que le Parti socialiste, ouvert à l’émancipation féminine, « n’a jamais développé de positions théoriques propres sur la question familiale ».
Quant au Parti communisme, son adoption claire de la défense de la famille dans les années 30 a tout à voir avec le virage de la politique de l’URSS. Loin des thèses d’Alexandra Kollontaï, l’heure y est au natalisme et aux valeurs familiales. Paul Vaillant-Couturier écrit qu’il s’agit de « donner sa dignité à la famille en lui enlevant le caractère honteux de contrat commercial que lui donne le Code Napoléon ou de châtiment que lui donne l’Église. »
Tout est en place pour la mise en place de la politique de la famille à laquelle le PCF va participer à la Libération.
De 1945 au « grand retournement »
Concernant la période de Vichy, au-delà d’une promotion symbolique de la famille insistante, l’auteur signale que la politique de Pétain n’est pas en opposition avec celle de ses prédécesseurs, notamment Daladier. Et que celle apparue à la Libération – sur d’autres bases il est vrai et avec une autre ampleur – n’est pas non plus en rupture avec les précédentes. Car en 1945 se forge une « nouvelle grande alliance entre bonapartistes gaullistes, catholiques sociaux et communistes », jusqu’au retour au pouvoir du libéralisme avec le président Giscard d’Estaing et sa ministre Simone Veil[4].
Nous ne pouvons suivre en détail les éléments de cet apogée des politiques familiales : création de l’UNAF et autres organismes consultatifs, intégration des caisses d’allocations familiales à la Sécurité sociale, création de la PMI… Bien sûr, près 1947, les secousses politiques vont se répercuter dans l’institution représentative et finalement les mouvements contrôlés par le PCF n’entreront pas à l’UNAF… L’analyse se poursuit avec celle des tensions entre catholiques traditionalistes, catholiques sociaux et représentants de la sensibilité laïque[5], exacerbées par des questions de représentativité qui conduiront à une réforme des statuts de l’Union votés en 1975.
Ce que Raymond Debord qualifie de « grand retournement », c’est un changement accéléré de la société qui correspond pour lui à la crise de l’« ordre productif keynesiano-fordiste » autour de 1973, mais déjà présente sous Pompidou. Il note ainsi à contre-courant des idées reçues que le passage accéléré des femmes du foyer domestique au monde du travail n’est pas dû à un effet « Mai-68 », mais bien aux besoins du capital qui l’a organisé.
La période du « libéralisme avancé » de Valéry Giscard d’Estaing conserve à l’État un rôle d’intervention notable (loi sur la contraception orale et réforme de l’autorité parentale) combiné une reconnaissance croissante des droits individuels. L’illustrent les idéologies du moment : MLF, FHAR[6], antipsychiatrie et dénonciation de la toxicité de la famille, tandis que s’affaisse l’influence des catholiques.
Dès 1977, pourtant, avec la fin des « expériences disruptives », Debord souligne que certains intellectuels de gauche inscrivent la défense de la famille dans une perspective anticapitaliste[7].
La centaine de pages consacrées à ce double constat sont les plus originales du livre, elles méritent d’interpeller la gauche et vont peut-être ébranler les convictions « spontanées » de certains de ceux qui s’en revendiquent. Le constat premier est que nos politiques de la famille sont passées du familialisme à la parentalité, puis de la parentalité à « l’enfantalité ».
Normes petites-bourgeoises et reclassement idéologique
Que la défense des droits de l’Homme ait fait place à l’idéologie des droits individuels, l’auteur l’illustre dans divers secteurs, dont l’Éducation nationale, tout en relevant le « recours croissant à des techniciens pour pallier ce qui est considéré comme relevant des carences parentales ». Si l’accord se fait sur la notion – floue – de l’intérêt de l’enfant, l’appréciation varie selon les catégories sociales, le bloc ouvriers, employés, professions intermédiaires se distanciant des normes de « bonne parentalité » qui correspondent à la nouvelle petite bourgeoisie urbaine, en particulier en matière de garde du jeune enfant et d’allaitement. Le reclassement qui accompagne ces évolutions idéologiques est finement analysé du point de vue des partis politiques et du point de vue des associations familiales. D’un côté, le mouvement socialiste – qui s’accommode globalement du néolibéralisme, « la défense des intérêts collectifs ne faisant plus recette », note Debord – s’illustre dans deux courants : celui de la CSF[8] et celui du CNAFAL[9] qui dénonce familialisme et cléricalisme. Rappelons qu’à droite figurent les AFC[10] et que le mouvement centriste Familles rurales est aujourd’hui dominant dans l’institution familiale. (On regrettera au passage que l’auteur ne consacre aucune analyse à la gouvernance de la CNAF et à son rôle.)
Sous l’ère Macron
En 2017, Emmanuel Macron ne semblait pas accorder d’importance à la politique familiale. Dans une logique d’individualisation des droits, ses propositions concernent surtout les revendications homoparentales et les demandes des féministes en matière d’option de déclaration individuelle des revenus imposables pour les couples. Le premier quinquennat d’un président qui se défie des corps intermédiaires fait aussi planer des menaces sur l’institution UNAF, qui semblent aujourd’hui oubliées au prix de l’alignement de ses positions sur celles du gouvernement.
Parmi les mesures de la période allant dans le sens d’une étatisation au détriment des prérogatives familiales, on retiendra l’analyse par l’auteur de l’obligation scolaire généralisée à trois ans en 2019[11], sur laquelle il émet des réserves qui méritent d’être débattues.
Quant à la campagne des présidentielles de 2022, elle présente par rapport à 2017 des références explicites à la politique familiale, notamment aux familles monoparentales et à l’enfance. Au-delà des annonces, il reste aujourd’hui que la réalité budgétaire en termes de prestations familiales n’est pas brillante :
Si, dans la droite ligne de la pensée marxiste, Raymond Debord note que les idées de la classe dominante sont aussi les idées dominantes dans la société, il remarque qu’on peut s’interroger sur l’existence d’une morale « d’État » et sur la survie d’un familialisme conservateur. Suivent une série de discussions sur des questions d’actualité non résolues ; dans l’impossibilité d’en rendre compte, voici une simple liste de ces points de tension : la filiation et l’adoption, la bioéthique, les contradictions du féminisme, la place des pères, les théories du genre.
Résilience de la famille
S’appuyant sur diverses enquêtes, l’auteur montre ensuite l’adhésion massive des Français aux valeurs familiales (« lieu de solidarité », « amortisseur social ». Pour lui :
Crise sanitaire et crise économique ne font que renforcer ce sentiment.
Autres signes : l’union légale, avec le Pacs et malgré la désaffection vis-à-vis du mariage, « fait de la résistance », et le salaire maternel revient dans les débats sous l’appellation de « revenu parental ».
L’ouvrage se termine avec la discussion de deux domaines connexes : les politiques de l’immigration[13] et le néomalthusianisme des milieux écologistes. Et avec une charge contre ce que l’auteur qualifie drôlement de « croyances de luxe » de la petite bourgeoisie intellectuelle : par exemple l’engouement pour les « mamans solo », pour la PMA, pour la pluriparentalité.
Et les dernières pages abordent de façon peu habituelle la place de la femme dans les milieux populaires (plutôt matricentrés) qui « sont aujourd’hui les principales victimes d’une précarisation économique renforcée par celle des liens affectifs ».
Cet ouvrage stimulant et critique, on le voit, ouvre des pistes de réflexion nombreuses dont certaines mériteraient des études précises sur les évolutions des comportements et des opinions en fonction des catégories sociales. Quid, par exemple, de l’hétérogamie croissante des unions, ou du célibat ?
Il reste à souhaiter que les militants du champ politique et social soient plus nombreux à s’intéresser au champ transversal et paradoxal de la famille !
Notes
[0] Raymond Debord, est cadre dans la protection de l’enfance. Docteur en sciences humaines, il est spécialiste de la famille et militant politique.
[1] Pour la première tendance Jacques Donzelot, Christopher Lasch ; pour la seconde, Remi Lenoir
[2] La Cours des comptes a relevé en 2017 que 12 % seulement des familles bénéficiaires d’allocations familiales y étaient représentées !
[3] M. Le Pen prône la préférence « familiale et nationale »
[4] Non sans raison, Raymond Debord estime que c’est Lucien Neuvirth plutôt que Simone Veil qui, pour la loi de 1967 sur la contraception, devrait passer à la postérité pour avoir incarné un point de bascule anthropologique majeur.
[5] Ce n’est qu’en 1977 qu’une association ouvertement laïque – le CNAFAL – entre à l’UDAF
[6] Front homosexuel d’action révolutionnaire
[7] En particulier Christopher Lasch qui n’a été traduit en français qu’en 2012 et que paradoxalement Éric Zemmour et les ultra-conservateurs catholiques ont été les seuls à saluer…
[8] Confédération sociale des familles, tendance cathos de gauche qui va tenir la direction de l’UNAF de 1996 à 2015.
[9] Conseil national des associations familiales laïques.
[10] Associations familiales catholiques, qui ont alimenté l’opposition au mariage « pour tous », devenues fillionnistes.
[11] L'instruction obligatoire dès 3 ans à la rentrée 2022-2023. Il a été approuvé par le haut comité de l'éducation puis par le conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec). Dans l'Hexagone, la loi a abaissé dès 2019, l'âge de l'instruction obligatoire à 3 ans au lieu de 6 ans. L’obligation scolaire dès 3 ans, une généralisation en trompe-l’oeil
[12] Je souligne. La transmission du capital culturel, en parallèle à celle du capital financier, est un aspect moins visible du rôle de la famille, mais de nature anthropologique.
[13] On constate à la deuxième génération que « les descendants d’immigrés sont plus éloignés des traditions de leurs parents que la population majoritaire »…
Ce dictionnaire rédigé par des économistes, des historiens et des juristes mutualisent une quantité importante de recherche sur la notion de commun et de bien commun. C’est un instrument de réflexion pour tous les citoyens et particulièrement pour les militants de la gauche populaire pour repenser la notion de propriété et construire de nouvelles organisations collectives dans les domaines de la production, de la consommation, du partage des compétences et des savoirs dans un contexte où l’écologie politique rest prégnante.
Par Marie Cornu est directrice de recherches au CNRS à l’Institut des Sciences sociales du Politique (ISP - ENS Paris Saclay, université Paris-Nanterre, CNRS).
Midi Insoumis, Populaire et Citoyen par Hervé Debonrivage
Marie Cornu et Judith Rochfeld nous présente leur Dictionnaire des biens communs (PUF, 2017), co-écrit avec Fabienne Orsi.
Que sont les « communs », les « biens communs », les « patrimoines communs », les « choses communes » ?
Ces notions sont fortement mobilisées aujourd’hui dans nombre de disciplines des sciences sociales et actions de citoyens. Leur poussée traduit une évolution des pratiques sociales : sous la pression de la crise écologique et de la transformation numérique notamment, les biens seraient davantage mis en partage. Logiciel libre, encyclopédie et habitat participatif, vélos ou voitures en usage successif, entreprise qui serait le « bien commun » de toutes les parties prenantes : les notions des communs intéressent les domaines de la culture, de la protection de l’environnement, de l’urbanisme, de la santé, de l’innovation, du travail, etc.
La mobilisation est intense car elle autorise à penser le changement social sur la base d’un réinvestissement du collectif, des communautés, de l’usage et du partage. Elles permettent de proposer des réinterprétations des valeurs fondatrices des sociétés contemporaines tels le rôle de l’État, de la propriété et des formes d’expression de la démocratie. Elles appellent à la fois une réflexion théorique, un débat politique et se concrétisent dans des expériences citoyennes. Ce dictionnaire, à mi-chemin entre le vocabulaire et l’encyclopédie, se veut un outil de compréhension de l’ensemble de ces phénomènes.
Par : Marie Cornu ; Fabienne Orsi ; Judith Rochfeld
Éditions : uf
ISBN : 978-2-13-081768-0
Numéro d'édition : 2
Nombre de pages : 1392
Format : 14.5 x 20 cm
Prix papier TTC : 5 €
Nous présentons ici le dictionnaire des biens communs par une vidéo tournée en juin 2018.
Une autre présentation de l’ouvrage plus courte
Pour en savoir plus sur " les communs " :
- Non à la privatisation des barrages hydroélectriques ! lundi 2 mai 2022 par Jacques Serieys
- La flamme du Commun jeudi 3 mars 2022 par Debonrivage
- La lumière du bien commun mardi 22 février 2022 par Debonrivage
- Le Commun : une notion complexe qui peut être ambiguë mardi 18 août 2020 par Debonrivage
- Avec les communs, la pensée est de retour ! lundi 26 février 2018
- Loi numérique : le domaine commun placé hors champ par le privativisme. lundi 13 novembre 2017 par Debonrivage
- Rendre inaliénables les biens communs mardi 7 août 2018
- « La renaissance des communs. Pour une société de coopération et de partage » de D. Bollier mardi 29 juillet 2014
- Manifeste pour les biens communs dans l’union européenne dimanche 6 juillet 2014 par Debonrivage
- Paris : droit à la ville capitaliste ou communs pour construire un droit à la ville écosocialiste. vendredi 15 mars 2019 par Danielle Simonnet, Coordinatrice du PG
- Commun, Essai sur la révolution au XXIe siècle lundi 15 septembre 2014
Fin 2019, le déficit budgétaire de la France représentait 72,8 milliards d’euros, «une véritable catastrophe, un mal à éradiquer » pour de nombreuses voix. Un an et une crise sanitaire après, on annonçait que la dette représenterait au moins 220 milliards d’euros fin 2021. Les portes de l'enfer sont-elles pour autant ouvertes ?
E
L’exécutif n’a pourtant pas tardé à ressortir le spectre de la dette, prétexte idéal pour justifier ses politiques libérales : baisse des dépenses publiques, réformes « structurelles » qui sont autant d'attaques contre le monde du travail, etc.
Cet ouvrage se veut un antidote à ces politiques. Pour commencer, il propose d’annuler la « dette Covid » (les sommes dépensées pour faire face aux conséquences de l’épidémie et détenues par la BCE). Et plus largement, il explique pourquoi et comment il est temps d’affirmer « lâchez-nous la dette », d’arrêter de brandir ce faux problème, tel un épouvantail permettant de faire passer les réformes les plus antisociales.
Un exercice pédagogique et engagé d'autant plus indispensable que la question de la dette, souvent rebattue, devrait être au centre du débat économique des élections de 2022.
Informations sur l’auteur :
Engagé de longue date, Éric Coquerel a cofondé avec Jean-Luc Mélenchon le Parti de gauche en 2008, puis, largement œuvré à la création du Front de gauche. Élu conseiller régional Ile-de-France en 2010, puis député France Insoumise en Seine-Saint-Denis depuis 2017, il est très présent dans les mobilisations, notamment dans les luttes des quartiers populaires et contre les discriminations racistes, il est un des députés les plus assidus de l’assemblée où il siège pour son groupe à la commission des finances..
Par : Eric Coquerel
Éditions : Les Editions de l'Atelier
Date de parution : 22 septembre 2021
Pages : 96
Disponibilité : chez l'éditeur Les Editions de l'Atelier
Format : 180 mm x 120 mm
Prix papier TTC : 9,80€
Le 25 novembre 2021 est sorti aux éditions seuil « Génération Mélenchon », le premier livre d’Adrien Quatennens, député du Nord et coordinateur de La France insoumise (LFI).
Un ouvrage mettant en lumière la réalisation peut-être la plus précieuse de la vie de Jean-Luc Mélenchon : avoir réussi à constituer autour de lui une équipe très jeune, prête à gouverner grâce aux responsabilités et à l’expérience engrangée à l’Assemblée nationale et au Parlement européen. Une équipe formée intellectuellement à la théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne, écologique et sociale.
Adrien Quatennens, 31 ans, est l’illustration de cette #GenerationMelenchon née dans les années 90 qui s’est politisée grâce à Jean-Luc Mélenchon, et qui assure la pérennité du combat des insoumis.
E
Il y a dix ans, conscient de l’urgence pressante de tout changer, convaincu par son programme et certain qu’il était le mieux équipé pour le faire appliquer, j’ai choisi de rejoindre Jean-Luc Mélenchon et de me battre à ses côtés. En une poignée d’années, partant de si peu et alors que la politique n’avait rien d’évident dans le milieu dans lequel j’ai évolué, je suis devenu son compagnon de route et moi même-député. Je suis de cette génération Mélenchon qu’il a patiemment construite, assurant la pérennité du combat que nous menons.
Cette histoire-là, peu commune, on me demande souvent de la raconter. Probablement pour mieux connaître, vu de l’intérieur, le fonctionnement de cet homme qui ne laisse personne indifférent. Peut-être aussi pour le comprendre autrement qu’au travers de l’image renvoyée par le filtre, souvent déformant, des médias. Possiblement par intérêt pour l’histoire de la transmission entre un combattant aguerri de la politique et un jeune engagé qu’on a vu y débarquer de nulle part.
J’ai répondu une fois qu’un jour, sûrement, je prendrai la plume pour en dire davantage sur mon parcours récent et raconter au travers de ce récit le Mélenchon que je connais bien.
Mais alors que nous sommes collectivement engagés dans un moment décisif et qu’à cette heure c’est lui qui marche devant nous, j’ai réfléchi : pourquoi attendre plus longtemps pour vous raconter tout cela ?
Informations sur l’auteur :
Adrien Quatennens, 31 ans est député du Nord et coordinateur du mouvement La France Insoumise. Élu à 27 ans en 2017, il est rapidement devenu l’une des principales figures de l’opposition à Emmanuel Macron et un porte-parole médiatique de sa famille politique..
Par : Adrien Quatennens
Éditions : Les Editions Seuil
Date de parution : 25 Novembre 2021
Pages : 304
Disponibilité : chez l'éditeur Les Editions Seuil
Format : 22 cm x 14 cm
Prix papier TTC : 17,90 €
Les trompettes de la renommée n’ont pas retenti dans l’enceinte médiatique lors de la parution du dernier livre de Jacques Généreux. Ce silence assourdissant est un bon indice de la dangerosité idéologique de cet ouvrage pour l’oligarchie en place et ses valets médiatiques.
** Jacques Généreux vient de publier en octobre 2021 aux éditions du Seuil un nouvel ouvrage intitulé : Quand la connerie économique prend le pouvoir.
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Aucune crise ne semble altérer la détermination de nos dirigeants à perpétuer le monde d’avant en pire, car l’entendement des élites est durablement embrouillé par une religion néolibérale insensée inculquée à plusieurs générations d’énarques, de journalistes, de professeurs, etc.
Jacques Généreux approfondit ici la piste de recherche amorcée dans La Déconnomie[1]. En mobilisant la psychologie sociale et cognitive, il révèle la « banalité de la bêtise » et de sa forme entêtée, la connerie. Il montre comment celle-ci imbibe l’idéologie économique qui inspire la parole, l’arrogance et la politique de Macron, comme elle a inspiré la gauche et la droite européennes depuis trente ans. La connerie économique, c’est aussi la maladie d’une société dont toutes les sphères sont contaminées par le virus de la compétition (la politique, l’usine, le bureau, l’école, la recherche, les médias). Un virus qui stimule la bêtise et pervertit la démocratie en piège à cons.
L’antidote existe.
C’est l’intelligence collective qui peut surgir de la délibération citoyenne. Sans installation de cette dernière au pouvoir, la meilleure des reconstructions sociales pourra toujours être anéantie par une prochaine génération d’abrutis.
Informations sur l’auteur :
Jacques Généreux, membre des Économistes atterrés et de l’Association française d’économie politique, enseigne l’économie à Sciences Po depuis près de quarante ans. Il a publié de nombreux best-sellers d’initiation à l’économie et des essais qui tentent de refonder l’économie et la politique sur les sciences de l’homme (La Dissociété, L’Autre Société, La Grande Régression).
Par : Jacques Généreux
Éditions : Les Editions Seuil
Date de parution : 07 Octobre 2021
Pages : 304
Disponibilité : chez l'éditeur Les Editions Seuil
Format : 20;5 cm x 15 cm
Prix papier TTC : 19,00 €
Note :
Auteur : Benoît Borrits | 26 Juin 2020 | https://autogestion.asso.fr/virer-les-actionnaires-pourquoi-et-comment-sen-passer/
Il y a urgence à mettre fin à la dictature de l'actionnariat !
Les gouvernements du monde entier déversent des aides massives pour les sociétés de capitaux (exonération de cotisations sociales, chômage partiel, prêts bonifiés…) au nom de la prétendue sauvegarde de l’économie et de l’emploi. Nos budgets publics sont donc massivement sollicités pour sauver le patrimoine des actionnaires sans aucune contrepartie : la reprise boursière en est le témoin le plus criant.
Cette crise sanitaire et économique ne fait que renforcer la tendance lourde à un ralentissement généralisé de la croissance mondiale qui, comme le livre Virer les actionnaires, pourquoi et comment s’en passer ? le démontre, empêche un quelconque compromis entre les classes sociales.
Pour le dire autrement, on peut vouloir une reprise du progrès social, il est urgent d’engager la transition écologique de nos sociétés mais ceci ne pourra se faire sans poser la question du départ des actionnaires et de la transformation des sociétés de capitaux en unités de production autogérées par leurs travailleur.ses et usager.ères.
Nous publions ici, avec l’aimable autorisation des Éditions Syllepse, l’introduction de ce livre écrit quelques mois avant la crise du covid-19.
Sources : | mis à jour le 17/09/2020
Le paysage politique semblait stable après la chute du mur de Berlin
Cet événement nous a été présenté comme le glas de toute alternative possible au capitalisme. S’il y avait toujours une gauche et une droite dans les pays de démocratie parlementaire, les différences entre les deux s’estompaient au point où certains théorisaient la fin de l’Histoire dans une combinaison heureuse de démocratie, de liberté et de croissance[1]. Dans les pays anciennement industrialisés, la réalité de ces trente dernières années s’est révélée bien différente. Le chômage de masse et la précarité n’ont cessé de croître. De nombreuses avancées sociales ont été remises en cause par des « réformes » successives présentées comme « inévitables ». Dans le même temps, ce système s’avère incapable de répondre aux enjeux écologiques et le réchauffement climatique nous menace à très court terme : nous assistons impuissants à la destruction méthodique de l’ensemble de nos écosystèmes.
La crise des subprimes de 2008 est révélatrice de l’instabilité fondamentale de ce système
Comme les salaires étaient insuffisants pour générer une demande satisfaisante pour les profits des entreprises, on a endetté des ménages à faibles revenus en leur proposant d’emprunter à taux élevés à des conditions intenables pour qu’ils deviennent propriétaires de leurs logements. C’était côté pile. Côté face, les banques ont revendu ces prêts sous forme de produits financiers à haut rendement – Collateralized Debt Obligation (CDO) – réputés sûrs du fait de l’adjonction d’un dérivé d’assurance – Credit Default Swap (CDS). Il est arrivé ce qui devait arriver : les ménages n’ont pu rembourser. Mais trop, c’est trop : les contreparties des dérivés d’assurance se sont avérées défaillantes alors que ces produits insolvables étaient dans tous les bilans des banques et des institutions financières. La banque Lehmann Brothers a fait faillite entraînant des pertes gigantesques dans tous les établissements financiers et bloquant les prêts à l’économie. Cette crise a entraîné la plus grande récession depuis 1929 et d’une certaine façon, et comme nous le verrons, le capitalisme ne sera plus jamais comme avant. Il a certes été sauvé mais les populations en ont payé le prix fort.
Ceci ne pouvait pas avoir d’effets sur le plan politique
Les anciennes forces dominantes – conservatrices et sociales-démocrates – vont toutes, sous des formes différentes et selon les pays, connaître des chutes de popularité sans précédent. En France, le Parti socialiste et les Républicains ne sont plus que des forces d’appoint. En Allemagne, il a été nécessaire d’établir une coalition entre les partis chrétien-démocrate et social-démocrate. L’hégémonie de ces partis est contestée par des forces dites populistes qui se présentent comme anti-système dont l’origine vient soit de l’extrême droite historique comme en France ou en Italie, soit de partis conservateurs comme en Hongrie ou aux États-Unis. En France, l’émergence d’Emmanuel Macron et de son nouveau parti En marche se présente comme le rempart contre ces courants tout en poursuivant le programme néolibéral sous couvert d’incarner la « révolution »[2]. Ceci nous rappelle étrangement un certain Matteo Renzi en Italie, venu de la démocratie chrétienne et qui intègre le Parti démocrate issu de l’ancien Parti communiste… Même jeunesse, même volonté de « réformes », même volonté de relancer l’économie du pays et de renouveler les institutions… pour décevoir et laisser la place à une improbable coalition de la Liga, issue d’un mouvement séparatiste nord-italien d’extrême droite, et du nouveau Mouvement cinq étoiles, qui a siphonné les voix de la gauche avec un discours mêlant démocratie radicale, écologie et rejet des immigrés et des syndicats.
Partout ce populisme progresse avec au moins un point commun : le refus de l’étranger
Aux États-Unis, c’est l’arrivée de Donald Trump à la présidence sous les couleurs du Parti républicain. Au programme, la contestation des conditions actuelles du libre-échange avec le retour de barrières protectionnistes censées recréer des emplois locaux et une chasse totalement inhumaine et sans précédent contre les immigrés, le tout sous un refus éhonté de l’évidence du réchauffement climatique. Au Royaume-Uni, il a pris la forme de la sortie de l’Union européenne à la suite d’un référendum dont les instigateurs, trop sûrs d’eux-mêmes, pensaient qu’il confirmerait le statu quo. Le pire est de penser que ce sont les couches populaires qui ont voté cette sortie, comme si elle allait résoudre leurs problèmes dans ce pays malmené par des années de thatchérisme et de blairisme. En attendant, la crise politique est à son comble et risque de réveiller des tensions historiques en Irlande. En Italie, c’est surtout l’extrême droite qui profite de cette coalition hétéroclite avec l’institutionnalisation d’un discours anti-immigrés et l’instauration d’une flat tax qui fera les choux gras des plus riches.
Libéralisme ou populisme ?
Tel semble désormais être l’alternative peu réjouissante qui nous est proposée. Certes, on constate ici et là l’émergence d’une troisième voie de gauche qui s’incarnerait par un renouveau social-démocrate assez net du côté des pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis, ou par un renforcement de l’écologie politique qui s’explique, entre autres, par l’urgence de conjurer le réchauffement climatique. D’une façon générale, ces forces politiques ne remettent pas en cause le capitalisme : il s’agit d’introduire de la justice sociale et une reconversion écologique de l’économie par des redistributions, des législations et des incitations. Nous avons ici affaire à un paradoxe énorme. Sur ces trente dernières années, la social-démocratie a échoué dans son projet politique qui consiste à aménager le capitalisme dans un sens favorable à la classe salariée. Plus nous avançons dans le temps, plus on s’aperçoit que le capital est incapable d’accepter le moindre progrès social et plus les électeur/trices salarié·es ont assimilé la social-démocratie au consensus néolibéral au point qu’une fraction non négligeable de cet électorat s’est tournée vers l’extrême droite. Qu’est-ce qui ferait qu’aux États-Unis, un Parti démocrate conquis par son aile gauche sociale-démocrate réussirait là où leurs homologues européens ont échoué ? Comment expliquer que de nouvelles forces de gauche qui n’ont pas de programme de sortie du capitalisme, telles que Podemos en Espagne ou La France insoumise[6], réussiraient là où la social-démocratie traditionnelle a échoué ? Parce que les sociaux-démocrates ont trahi alors que ceux-ci ne faibliront pas ? La thèse de la trahison n’est guère crédible tant le renoncement a été général : les raisons de la faillite de la social-démocratie sont plus à trouver dans l’irréalisme de leurs programmes d’aménagement du capitalisme.
Concernant l’écologie politique, on peut tout autant s’interroger
La mise en œuvre de la reconversion écologique de l’économie impose des mesures de restrictions de certaines productions et consommations, de taxations et de redistributions à visées incitatives. Le capital n’y est jamais favorable : il rejette toute décision politique qui fixe des limites à sa valorisation. De ce point de vue, le projet actuel de l’écologie politique a ceci de commun avec celui de la social-démocratie qu’il ne remet pas en cause le capitalisme. L’écologie politique veut certes constituer un nouveau paradigme politique autour d’une écologie qui intégrerait la justice sociale. Ceci a beaucoup de sens, mais en l’état actuel de ses programmes, elle rencontrera les mêmes obstacles que la social-démocratie.
Dépasser le capitalisme ? Sortir du capitalisme ?
Combien de fois entend-on ces expressions au point où elles semblent parfois relever de la pure rhétorique. Pour nous, la définition du capitalisme est simple : il s’agit d’une économie dominée par des sociétés de capitaux[2][3], à savoir des entreprises privées qui appartiennent à des personnes, physiques ou morales, extérieures à l’entreprise et qui ne les détiennent que dans le but de valoriser leur patrimoine. Il ne s’agit donc pas de l’économie marchande en tant que telle même si celle-ci, sans contrepoids politique, mène directement au capitalisme. Le capitalisme n’est pas non plus le néolibéralisme même si nous défendons que ce dernier est l’évolution naturelle et terminale du capitalisme. Sortir du capitalisme correspond donc à quelque chose de précis : évincer les actionnaires.
Comme nous allons le montrer dans ce livre (Virer les actionnaires, pourquoi et comment s'en passer ?), nous ne voulons pas évincer les actionnaires parce nous serions des gens au mieux radicaux, au pire méchants. Nous voulons les évincer parce que ce système est aujourd’hui incapable de nous apporter de nouveaux progrès – ce qu’il a su faire dans le passé sous la pression de luttes sociales – et de répondre à l’urgence écologique. L’objet premier de ce livre est de démontrer qu’il n’y a plus de possibilités de progrès social, de transition écologique de l’économie si nous maintenons les sociétés de capitaux.
Face à l’augmentation sans précédent des profits des entreprises, la tentation est grande – et facile – de penser qu’il suffirait que les entreprises gagnent un peu moins pour que tout aille mieux.
On avancera même que si les salaires étaient plus élevés, la population dépenserait plus auprès des entreprises et que cela pousserait celles-ci à investir pour répondre à cette demande nouvelle. Ceci a l’apparence d’un raisonnement infaillible d’autant que cela a fonctionné dans le passé. Pourtant cela ne marche pas à tous les coups et fonctionnera encore moins demain qu’hier. La raison ? Des changements structurels en termes de croissance et de taux d’intérêt.
Ceci suppose de tordre le cou à une erreur fondamentale : une assimilation de la valeur de l’entreprise avec celle de son patrimoine net.
Le patrimoine net ou les fonds propres de l’entreprise – ces deux termes sont synonymes – se définit par la différence entre ce que l’entreprise possède – ses actifs – et ce qu’elle doit – ses dettes. Or une transaction sur une entreprise – qu’elle se fasse lors d’un rachat ou par l’échange quotidien de ses actions en bourse – ne se fait jamais sur la base de ses fonds propres. La valeur d’une action ou d’une entreprise est toujours déterminée, comme pour n’importe quel actif financier, par la valeur actualisée de ses revenus futurs. Pour une action, l’évaluation par le marché de ses dividendes futurs déterminera sa valeur. Autrement dit, la valeur d’une entreprise est purement spéculative : si tout le monde est convaincu que l’entreprise ne versera jamais aucun dividende dans le futur, alors cette entreprise ne vaut strictement rien, et ce, même si elle dispose d’un patrimoine net significatif. Inversement, si le marché estime que les dividendes à venir vont être fabuleux, sa valeur tend parfois vers le déraisonnable. Ceci se comprend aisément : le seul intérêt d’être propriétaire d’une entreprise est d’en recevoir des rémunérations.
On peut trouver technique ce distinguo entre patrimoine net et valeur.
Il n’en reste pas moins que confondre les deux a des implications politiques fondamentales. Si on assimile à tort la valeur de l’entreprise à son patrimoine net, on considère alors qu’il est tout à fait acceptable pour des actionnaires que l’entreprise gagne moins : il est donc possible d’établir un compromis entre les classes. À l’inverse, si on fait ce distinguo, on comprend alors que si les profits sont moindres, ceci signifie que les perspectives de dividendes vont baisser et donc les valorisations des entreprises. Dit autrement, si l’entreprise gagne toujours de l’argent, les actionnaires, eux, vont en perdre. En soi, cela ne saurait nous émouvoir sauf que ceux-ci conservent le pouvoir et décident, par l’intermédiaire des directions qu’ils ont mises en place, du niveau de l’emploi et des investissements. Ils n’embaucheront et n’investiront que si leurs projets répondent aux critères financiers des marchés, à savoir un rendement supérieur au taux d’intérêt et à la prime de risque. Or en cas de baisse des profits, ce dernier paramètre ne pourra que bondir et raréfier les projets. Pour le dire plus crûment, les actionnaires vont pratiquer la grève des investissements… C’est ce que nous verrons dans le premier chapitre.
Il est possible que ces notions apparaissent techniques, voire compliquées.
Ce premier chapitre et les suivants détailleront celles-ci de la façon la plus didactique qui soit. Afin de faciliter la compréhension de ces notions fondamentales, on signalera entre crochets […] des vidéos disponibles sur le site economie.org. Au nombre de treize, celles-ci sont regroupées en quatre sessions : l’entreprise, la finance, la monnaie et la macroéconomie. Il n’est pas forcément indispensable de les écouter dans la mesure où ce livre se suffit à lui-même mais celles-ci peuvent apporter un éclairage complémentaire sur un sujet donné. Ces vidéos n’ont qu’une vocation pédagogique et on pourra les écouter à son rythme si on souhaite approfondir certaines des notions évoquées dans ce livre.
C’est dans cette confusion entre patrimoine net et valeur de l’entreprise que se trouve l’impasse de toutes les politiques sociales-démocrates et de l’écologie politique.
On veut pratiquer des politiques socialement et écologiquement nécessaires et on se heurte immédiatement au « mur d’argent » ou plus exactement au pouvoir du capital. L’actualisation des dividendes attendus qui nous donne la valeur de l’entreprise fait aussi appel à d’autres paramètres tels que le taux d’intérêt ou la croissance. La croissance mondiale se ralentit partout et, pour soutenir celle-ci, les banques centrales n’ont de cesse depuis plus de trente ans de baisser les taux d’intérêt. Depuis la récession de 2009, ceux-ci sont désormais proches de zéro, voire négatifs. Le taux d’intérêt représente la rémunération du capital sans risque. Si le taux d’intérêt est nul ou négatif, ceci signifie que le capital en tant que tel ne rémunère plus : il est alors nécessaire de prendre des risques pour obtenir une rémunération. Voilà une situation qui tranche largement avec celle qui a prévalu durant deux siècles durant lesquels la rente tournait autour de 5 %. N’est-ce pas un symptôme qui nous indique qu’il est désormais nécessaire de tourner la page du capitalisme ? En ne la tournant pas, nous nous trouvons alors face à un capitalisme de plus en plus féroce et intransigeant. Comme la valorisation du capital est purement spéculative et que les anticipations de résultats sont intégrées dans les cours, la hausse du capital ne peut donc se réaliser que par une pression accrue sur les salaires et le refus de toute hausse de la fiscalité. Le fait que le capital et les gouvernements libéraux ou populistes qui le soutiennent deviennent de plus en plus autoritaires ne saurait nous étonner dans ce contexte. Et quand bien même le capital réussirait dans ses desseins, ne serait-ce pas une victoire à la Pyrrhus ? Une pression accrue sur les salaires sape la demande adressée aux entreprises et nuit à la croissance. Et si tel n’est pas le cas, cette croissance nous mène tout droit à la catastrophe écologique. Tel est l’objet du second chapitre.
Mais que proposent la gauche et les écologistes dans cette situation ?
La théorisation de la finance a commencé dans les années d’après-guerre pour n’être appliquée dans les entreprises que dans les années 1980 et 1990. Assez paradoxalement, celle-ci n’a pas été intégrée dans le camp progressiste qui continue de préconiser des recettes keynésiennes datant de l’entre-deux-guerres et des années 1950. Avec la chute du mur de Berlin, la gauche a mis en veilleuse sa volonté de transformation sociale en se rabattant sur des politiques qui étaient précédemment pratiquées par des conservateurs au moment où ces derniers abandonnent le keynésianisme pour lui préférer la violence du néolibéralisme. Incroyable paradoxe qui donne à la gauche son image délicieusement passéiste et ne la vaccine nullement contre quelques rares convergences très ponctuelles, néanmoins interpellantes, avec l’extrême droite. Le troisième chapitre questionnera donc le caractère progressiste du keynésianisme et l’insuffisance des politiques de redistribution.
La critique est aisée mais l’art est difficile.
Dès lors, que substituer au capitalisme ? Le cœur du conflit entre le capital et le travail est le partage de la valeur ajoutée, à savoir ce qui est produit. Comme la valorisation du capital productif est basée sur les anticipations de dividendes, ceci signifie que si une configuration sociale et politique remet en cause ces dividendes, alors la valorisation du capital sera nulle et la question de la relève sera posée. Qui doit dès lors diriger les unités de production ? C’est ici que la pratique du Commun[4] nous est utile pour penser le dépassement du capitalisme et de la propriété productive[5] : ce sont les utilisateurs des moyens de production à savoir les travailleur·euses et les usager·ères de l’entreprise qui sont appelé·es à diriger celle-ci, à constituer un commun productif qui sera en interaction avec d’autres communs de financement des actifs et de sécurisation des revenus des salarié·es. Nous reviendrons sur ces questions dans le quatrième chapitre.
Enfin le cinquième et dernier chapitre
Celui-ci décrira un scénario qui permet d’envisager cette transition entre le capitalisme et une société plus humaine qui permettra de garantir à toutes et tous un avenir digne dans un monde qui aura surmonté – hélas, non sans dégâts irréparables – les défis écologiques qui se posent à nous. Nous avons bien dit « permettra » car le monde que nous décrivons sera profondément démocratique et cela n’exonérera nullement la population de devoir faire les bons choix au bon moment. Mais, à l’inverse du capitalisme où l’horizon des possibles est bloqué par la nécessité d’assurer une valorisation au capital, cette société nous autorisera enfin à prendre les décisions qui s’imposent face au péril écologique. En tout état de cause, il ne s’agit que d’un scénario et comme tout scénario, il ne se déroulera jamais tel quel. Mais son objectif est de montrer qu’une transition pacifique est possible.
Le capitalisme a largement fait son chemin ; il est urgent d’en sortir.
Notes :
[1] Francis Fukuyama, La Fin de l’histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion 2009.
[2] Qu'est-ce que le «capitalisme populaire» prôné par Emmanuel Macron ?
[3] Capitalisme, Libéralisme : quelles différences entre ces deux notions ?
[4] Pierre Dardot et Christian Laval, Commun : essai sur la révolution au 21e siècle, Paris, La Découverte, 2014
[5] Benoît Borrits, Au-delà de la propriété : pour une économie des communs, Paris, La Découverte, 2018.
[6] La France insoumise avec l'Avenir en commun mis à jour
Pour en savoir plus :
- Le Macronisme, la maladie infantile du Parti Socialiste
- De la nécessité de la fédération populaire
- Barbara Stiegler : “ la crise sanitaire actuelle est le pur produit du néolibéralisme ”
- CGT : Les actionnaires ne connaissent pas la crise
- Comment la baisse tendancielle du taux de profit explique le capitalisme d'aujourd'hui
Un procès politique en France !
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« Je ne dois pas accepter de me faire couper la gorge dans le vacarme confus de l’information spectacle qui va prévaloir. Je prends donc la plume.
Je vais prendre ma part du témoignage de notre époque puisque j’ai l’honneur d’être parmi les trois premiers députés Insoumis inculpés politiques depuis la guerre d’Algérie. Mais je vais le faire à ma façon. Sans m’en obséder. Sans assommer les lecteurs du livre que je prévois de faire avec ces lignes.
Et sans sombrer dans le juridisme qui est toujours l’engloutissement de la parole des victimes.
Je vais le faire au fil du clavier et parfois des rêveries qui m’atteignent chaque jour. Je vais écrire "à saut et gambades" comme disait Montaigne. Une chronique "consubstantielle à son auteur" comme il le disait de ses propres chroniques consignées dans Les Essais. Et je compte, de cette façon, réunir au moins une fois noir sur blanc quelques-unes de nos raisons de dénoncer ce qui nous est infligé.
Nous avons trop tardé à le faire. » Jean-Luc Mélenchon
Par : Jean-Luc Mélenchon
Éditions : Les Editions Plon
Date de parution : 19 septembre 2019
Pages : 192
Disponibilité : chez l'éditeur Les Editions Plon
Format : 132 x 201 mm
Prix papier TTC : 10,00 €
« Et ainsi de suite. Un procès politique en France » - Conf de presse de J.-L.Mélenchon sur son livre
Le jeudi 12 septembre 2019, Jean-Luc Mélenchon était en conférence de presse à la maison de l'Amérique latine pour faire dans un premier temps un retour sur son déplacement au Mexique (où il a rencontré le président Andrés Manuel López Obrador dit AMLO), en Argentine (où il a rencontré l'ex-présidente Cristina Kirchner), en Uruguay (où il a rencontré l'ex-président Pepe Mujica) et au Brésil (où il a rencontré l'ex président et prisonnier politique Luiz Inácio Lula da Silva).
Il est ensuite revenu en détail sur son nouveau livre « Et ainsi de suite. Un procès politique en France » et a détaillé les raisons pour lesquelles il estimait que la justice de notre pays ne pouvait plus être digne de confiance. Il a en particulier expliqué que la France insoumise avait subi un régime juridique et policier d'exception.
40 minutes d’images cachées : le coup monté médiatico-judiciaire contre La France Insoumise
Alexis Corbière, député insoumis de Seine-Saint-Denis, a levé un gros lièvre à propos d’une lourde manipulation médiatique dans l’affaire des perquisitions contre le siège de la France Insoumise. Au cours de la conférence de presse du groupe parlementaire[1] il a révélé que depuis un an « Quotidien » joue le jeu de la police politique. Ce sont les images de la caméra de cette émission qui servent à illustrer (en boucle) la scène des perquisitions sur toutes les chaînes de télé. Nous y figurons dans le rôle des méchants violents. Ces images servent d’ailleurs dans le générique de l’émission, tous les soirs, depuis presque un an. Mais ce sont aussi ces images qui servent de base à nos accusateurs. Barthès s’était bien gardé de le dire au public jusque-là.
Au cours des auditions qui nous ont été imposées pendant des heures, chacun des six députés et des quatre militants d’abord convoqués ont été confrontés à l’une ou l’autre des images de « Quotidien » enregistrées ce jour-là. Pourtant, ces images, le juge a refusé de nous les transmettre. C’est là encore une des innombrables violations des droits de la défense dans cette affaire. Encore un des non moins nombreux vices de procédures de cette histoire si lamentablement menée par la police politique du pouvoir. Les champions de l’investigation et autre implacables redresseurs de tort se sont bien gardés d’en dire jamais un mot. Ils se sont contentés de recopier servilement les morceaux choisis fournis par ceux qui s’occupent dans les milieux judiciaires de « vendre » des fuites de presse à la criée.
Maintenant, grâce aux révélations de Corbière, la vérité éclate. Il y a quarante minutes d’images cachées[2], pas moins ! Et ces images sont parlantes. Depuis un an « Quotidien » cachait ces moments où Corbière et moi rassurons les policiers et appelons au calme. C’est le contraire de ce que montrent depuis octobre derniers les 30 secondes que diffusent « Quotidien » et tous les moutons de Panurge de l’officialité médiatique.
" Le temps des procès politiques doit cesser "
Non, la justice ne doit pas servir d’arme de persécution politique !
Pourtant c’est devenu le cas aujourd’hui presque partout dans le monde. Déjà, avec la criminalisation des lanceurs d’alerte, des syndicalistes, des militants écologistes et des participants aux manifestations interpellés arbitrairement, les droits des citoyens ont beaucoup reculé. Le maintien de l’ordre libéral coûte cher à la démocratie. A présent un seuil est en train d’être franchi. C’est ce que l’on appelle la tactique du « lawfare ». Il s’agit de l’instrumentalisation de la justice pour éliminer les concurrents politiques.
Le « lawfare » commence avec des dénonciations sans preuves, se prolonge dans d’obsédantes campagnes de dénigrement médiatique et oblige ses cibles à d’interminables justifications sans objet. Puis c’est la prison et les amendes. Le « lawfare » enferme les débats politiques dans les cours de justice. Pour finir, il fausse le déroulement des élections qui ne sont plus vraiment libres. Les exemples sont nombreux. Citons, en Amérique du Sud, le Brésilien Lula, condamné sans preuve et empêché de se présenter à l’élection présidentielle. Son « juge », Sergio Moro, est devenu depuis ministre de la Justice du président d’extrême droite Jaïr Bolsonaro. Mais aussi l’Equatorien Rafael Correa et l’Argentine Cristina Kirchner, persécutés sans trêve.
Citons, en Afrique, le Mauritanien Biram Dah Abeid, emprisonné sur une dénonciation sans preuve retirée au bout de plusieurs mois de détention. Et encore l’avocat égyptien Massoum Marzouk, opposant au régime de Sissi emprisonné sur le prétexte fallacieux de charges antiterroristes. Il y aussi le cas de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle au Cameroun et emprisonné depuis janvier dernier, ou l’ancien député gabonais Bertrand Zibi, condamné à six ans de prison.
Citons, en Europe, le Français Jean-Luc Mélenchon, poursuivi sans preuve et jugé pour rébellion, ou le Russe Serguei Oudaltsov, dirigeant du Front de gauche, condamné à quatre ans et demi de prison pour avoir organisé des manifestations contre le pouvoir. Citons, en Asie, le Cambodgien Kem Sokha, principal leader de l’opposition emprisonné à la veille des élections législatives de 2017. Ou l’acharnement judiciaire aux Philippines contre la sénatrice Leila de Lima, figure de l’opposition.
De nombreuses voix se sont élevées dans le monde pour dénoncer cette situation : des groupements de juristes, des autorités religieuses comme le pape François, des figures de la défense des droits de l’Homme, des dirigeants syndicalistes ou politiques.
Notre déclaration commune salue ces protestations.
Nous invitons à la vigilance pour défendre les victimes de ce type d’opération quelle que soit leur appartenance politique. Nous appelons à la coopération mondiale des résistances juridiques. Nous demandons que soient dénoncés devant l’opinion publique les gouvernements et les magistrats comme le juge Sergio Moro, au Brésil, qui acceptent de jouer ce rôle néfaste aux libertés individuelles et politiques.
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Avec dix-sept députés répartis dans huit commissions à l’Assemblée nationale, La France insoumise n’est pas le plus grand groupe d’opposition, mais elle est vite apparue comme étant la seule véritable force d’opposition au gouvernement Macron, et en particulier à sa politique économique, fiscale et sociale.
En onze chapitres, les députés dressent un état critique de la France de M. Macron, en centrant leur analyse sur les politiques les plus contestables, tant du point de vue de l’efficacité que de la justice. Ils montrent ainsi ce qui, selon eux, est vraiment « en marche » dans la France de Macron : une régression qui poursuit et approfondit la logique néolibérale installée par les gouvernements précédents (de droite comme de gauche). Mais La France insoumise est aussi la première force de propositions de lois alternatives : chaque diagnostic critique dessine donc également les voies d’une autre politique.
Les députés insoumis
Clémentine AUTAIN, Ugo BERNALICIS, Alexis CORBIÈRE, Éric COQUEREL, Caroline FIAT, Bastien LACHAUD, Michel LARIVE, Jean-Luc MÉLENCHON, Danièle OBONO, Mathilde PANOT, Loïc PRUD'HOMME, Adrien QUATENNENS, Jean-Hugues RATENON, Muriel RESSIGUIER, Sabine RUBIN, François RUFFIN, Bénédicte TAURINE
Par : Les députés insoumis - Les députés des Insoumis
Date de parution : 4 octobre 2018
Pages : 160
ISBN : 202140398X
Disponibilité : chez l'éditeur et chez tous les libraires
Prix papier TTC : 12,9 €
Thomas Guenolé est politologue (lRIS), enseignant (université Paris-Est Créteil), essayiste et éditorialiste. Intellectuel engagé à gauche, il est le disciple d'Emmanuel Todd. Il est notamment l'auteur de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? (Bord de l'Eau) et de La Mondialisation malheureuse (First).
Depuis 2017, il est membre de La France insoumise et responsable de son école de formation de La France insoumise.
Il offre avec cet ouvrage une boîte à outils pour s’opposer activement au projet qui vise à mettre à terre le service public français et à démolir notre modèle social.
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Lorsque les droits des chômeurs sont attaqués, vous ne vous mobilisez pas, vous qui n'êtes pas chômeur. Lorsque les conditions de travail du personnel des hôpitaux sont attaquées, vous ne vous mobilisez pas, vous qui n'êtes ni infirmière ni médecin hospitalier. Lorsque l'Education nationale est attaquée, vous ne vous mobilisez pas, vous qui n'êtes ni enseignant ni étudiant. Lorsque s'accumulent les sans-abris, et les personnes précaires, vous ne vous mobilisez pas, vous qui avez un toit sur la tête.
Et, donc, lorsque l'offensive contre nos droits devient totale, ce chacun-pour-soi général conduit à l'échec - encore - de tout mouvement social et politique pour les défendre. Réveillez-vous. Cette fois, c'est différent. Non, l'"Antisocial" ne va pas s'arrêter. Non, si vous ne faites pas partie des 10 % les plus riches, vous ne lui échapperez pas. Bataille des idées, bataille sociale, bataille politique : il faut organiser tous ensemble la défense et la contre-attaque. Avant qu'il ne soit trop tard.
Un projet identifié ici comme reposant sur un mépris de classe qui engendre divisions et inégalités. L’auteur déconstruit les croyances néolibérales et leurs justifications par grands secteurs, ce dont témoignent les intitulés des chapitres : « Anti-santé », « Anti-code du travail », « Anti-éducation », « Anti-taxes », etc. La dynamique de résistance est éclairée par deux chapitres historiques rappelant comment des combats jugés perdus d’avance se sont conclus par des coups de théâtre, comment des victoires ont été rendues possibles par des luttes politiques et syndicales — dont la grève générale partant de la base. Guénolé appelle à se souvenir de ces conquêtes pour préparer celles des temps qui viennent.
Par : Thomas Guénolé
Date de parution : 1er mars 2018
Pages : 273
Disponibilité : chez l'éditeur
Format : 132 x 202 mm
Prix papier TTC : 17,9 €
Somalie, Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye… Qu’est-ce qui peut définir une guerre « juste » ? Comment le mensonge et la propagande des États ont permis de s’émanciper de toute légalité et de tordre le droit international ? Ancien président de MSF, Rony Brauman[1] publie un essai, " Guerres humanitaires ? Mensonges et intox ".
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« C’est toujours au nom d’un Bien que se déclenchent les guerres » rappelle Rony Brauman dans cette conversation avec Régis Meyran. Pour le célèbre Médecins sans Frontières, les guerres « humanitaires » récentes ne sont rien d'autre que des croisades morales fondées sur des mensonges.
Les exemples de propagande belliciste ne manquent pas : prétendu arsenal d’armes de destruction massive détenu par feu Saddam Hussein en Irak, question du génocide discutable au Kosovo, chiffres bidons de la famine en Somalie, faux massacre de manifestants en Lybie…
Sans être non-interventionniste par principe, Rony Brauman se montre extrêmement méfiant à l’égard de l’engouement guerrier dont nombre de dirigeants font preuve aujourd’hui, et n'hésite pas à critiquer les instances internationales : le conseil de sécurité de l'ONU ou la Cour pénale internationale représentent pour lui avant tout les intérêts des puissants. Contre un prétendu « droit d'ingérence », et en s’appuyant sur les critères de la « guerre juste », Brauman critique l'obsession occidentale d’imposer par la force les valeurs démocratiques.
C’est preuves à l’appui qu'il démonte les fausses raisons d'entrer dans des guerres prétendument « justes » sans jamais céder à une quelconque théorie du complot.
Par : Rony Brauman
Date de parution : 24 janvier 2018
Pages : 128
Disponibilité : chez l'éditeur
Format : 110 x 120 mm
Prix papier TTC : 15,9 €
Quelles ont été les machines à propagande construite pour justifier les guerres d'Irak ou de Libye? Rony Brauman s'en explique dans cet entretien.
Note :
[1] médecin, co-fondateur et ancien président de Médecins sans Frontières (1982-1994). Il est Directeur de Recherche à la Fondation Médecins sans Frontières et professeur à l’IEP de Paris. Il s’est notamment opposé à l’intervention militaire française en Lybie. Son livre paru chez Textuel Humanitaire, le dilemme (1996,réed. 2002) est le premier titre de la collection « Conversations pour demain ». On lui doit également Diplomatie de l’ingérence (Elytis, 2016) et Manifeste pour les Palestiniens (Autrement, 2014).
La vérité sur le pillage de l'argent public !
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Dans cette nouvelle enquête, Roger Lenglet et Jean-Luc Touly[1] s’attaquent au pillage des biens de l’État. Lobbies, élus locaux, ministres, entreprises… les « liquidateurs » de la République redoublent d’imagination quand il s’agit de consolider leur assise politique et d’augmenter leurs revenus.
Des appels d’offre truqués aux prises illégales d’intérêts, des détournements de fonds publics aux multiples pots-de-vin et autres fraudes fiscales… ce livre dénonce les tractations inavouables, des attributions frauduleuses de marchés publics, des corruptions devenues systématiques, des arrangements qui aliènent des agents publics au privé. Il dresse le portrait d’élus mais aussi d’hommes de l’ombre participant à ce festin scandaleux laissant Marianne exsangue, allant même souvent jusqu’à hypothéquer la santé de la population.
Loin de sombrer dans le découragement, cette investigation est aussi l’occasion de montrer que des citoyens dénoncent ces affaires et en font condamner les responsables par la justice. Un tour d’horizon décapant qui porte enfin à la connaissance de tous des pratiques devenues trop fréquentes et scandaleuses pour être encore tolérées.
En conclusion, dans la forêt vierge des corruptions, des pillages et des fraudes constituant le monde de nos décideurs économiques et politiques, dans le tintamarre des casseroles collées à leurs pas, Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, se sont aventurés les yeux et les oreilles grands ouverts. Ca a donné un livre « Les Crapules de la République ».
Par : Roger Lenglet et Jean-Luc Touly,
ISBN : 9782412025000
Parution : 30-11-2017
Disponibilité : chez l'éditeur
Prix papier TTC : 17,95 €
Notes
[1] Roger Lenglet est philosophe, et journaliste d'investigation. Jean-Luc Touly est militant associatif et juge prud'homal.
Spécialistes du lobbying et de la corruption, ils ont notamment cosigné aux éditions First Syndicats, corruption, dérives, trahisons (2013), Les recasés de la République (2015) et L'armoire est pleine (2016)
Journaliste d'investigation, Roger Lenglet est l'invité du Grand Soir 3 ce mercredi 3 janvier.
Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface publie un ouvrage pour répondre à ses détracteurs, parmi lesquels l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui l’estampillent « antisémite ».
L'Humanité : Vous vous estampillez « antisémite » en titre de votre dernier livre. C’est tout de même grave. Pourquoi ?
Pascal Boniface : Comme le montre la couverture du livre, je suis, pour certains, tamponné « antisémite ». C’est une accusation particulièrement grave qui m’a pénalisé personnellement, professionnellement, qui a également atteint ma famille. Pourtant, personne n’a jamais pu citer un seul de mes propos ou de mes écrits qui justifierait cela. Sinon, je me serais retrouvé devant la justice. Il y a des lois en France qui encadrent très sévèrement les propos antisémites et les propos racistes. C’est ce paradoxe que j’essaie d’expliquer dans ce livre. Autre source d’interrogation, les grands médias n’ont jamais essayé d’entamer une réelle réflexion par rapport à ces accusations. Récemment encore, Manuel Valls a demandé que les ministères cessent tout contact avec l’Iris. C’est pourtant un « think tank » que je dirige, qui emploie trente salariés et qui est reconnu au niveau international. De tels propos de la part d’un ancien premier ministre auraient dû interpeller les médias sur la liberté d’expression. Si un ministre russe avait osé une telle demande, il y aurait eu une levée de boucliers contre une telle ingérence dans le débat public. Là, ce n’est pas le cas. Même Marianne, magazine qui a posé la question, n’a pas relevé cela. Il y a donc le fait que ce procès injustifié qui m’est fait n’a jamais suscité le désir d’une enquête approfondie.
L'Humanité : Est-ce que ces accusations formulées contre vous depuis seize ans se posent de la même manière aujourd’hui ? N’est-ce pas la moindre critique de la politique israélienne qui est ainsi remise en cause et taxée d’antisémitisme ?
Pascal Boniface : Il existe une sorte d’assimilation de la part de certains entre antisémitisme et antisionisme. Ils prônent la liberté de critiquer le gouvernement israélien mais cette liberté serait contestable puisque tous ceux qui émettent des critiques, s’ils ne sont pas Israéliens, seraient des antisémites. Depuis quelque temps s’installe un autre phénomène. Ceux qui plaident pour la fin de la discrimination à l’égard des musulmans, exprimant le vœu que ces derniers puissent s’exprimer en tant que tels, sont taxés de pro-islamistes, de faire de l’antisémitisme.
L'Humanité : Pourquoi de telles attaques aujourd’hui ? Est-ce pour empêcher tout débat ou pour clouer au pilori toute critique de la politique israélienne ?
Pascal Boniface : Lors des premières attaques contre moi, en 2001, certains ont pensé que c’était passager. Or, ça s’est amplifié. La raison ne l’a pas emporté. Les accusations d’antisémitisme sont encore plus importantes aujourd’hui qu’à l’époque. La critique s’adresse maintenant à toute personne qui se lève pour dénoncer la politique du gouvernement israélien. Elle est profondément enracinée, devenue presque un réflexe conditionné justement parce que le gouvernement israélien est de plus en plus critiquable et que le soutien à cette politique est de moins en moins défendable. J’entends les dénonciations de la présence de l’extrême droite au sein du gouvernement autrichien. Mais l’extrême droite est encore plus présente au sein du gouvernement israélien. Et personne ne soulève le problème.
Certains ministres israéliens ont fait des déclarations ouvertement racistes qui seraient condamnées en France. Or, ces propos ne sont pas dénoncés. Il existe une gêne et donc il faut trouver un bouc émissaire. Dans la mesure où il est de plus en plus difficile de soutenir l’occupation, pour le gouvernement israélien, il est plus aisé de faire croire que les critiques ne sont pas émises pour des raisons politiques mais par antisémitisme. C’est également une façon d’empêcher le débat.
L'Humanité : Vous allez jusqu’à penser qu’il existe un problème de libertés publiques ?
Pascal Boniface : Oui. On le voit bien avec les multiples demandes d’interdiction de débats, de meetings… Une sorte de terrorisme intellectuel est à l’œuvre. On veut faire peur aux gens. De fait, beaucoup de mes collègues universitaires ou certains journalistes disent que sur le conflit israélo-palestinien ils pensent comme moi mais ne le diront pas publiquement. C’est vrai aussi pour des femmes et des hommes politiques. Il faudrait un débat sur les raisons de ce chantage qui est dangereux parce qu’il banalise l’antisémitisme. Si la critique du gouvernement israélien est antisémite, on voit bien qu’on se trompe de cible. Je dis souvent à mes interlocuteurs que, dans la lutte contre l’antisémitisme, je suis leur allié, mais par contre je ne le suis pas dans la protection de l’actuel gouvernement israélien. Pour eux, la protection du gouvernement israélien devient plus importante que la lutte contre l’antisémitisme puisqu’on me traite en ennemi. L’occupation d’un territoire par un pays était difficilement acceptable au XXe siècle, elle l’est encore moins au XXIe.
Par : Pascal Boniface
ISBN : 978-2-31500-824-7
Pagination : 208
Format : Broché
Dimensions : 15cm X 21cm
Disponibilité : chez l'éditeur
Prix papier TTC : 18 €
Pour en savoir plus :
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