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25 octobre 2022 2 25 /10 /octobre /2022 09:56
Contre l’inflation, un outil : l'échelle mobile des salaires, retraites et allocations
Contre l’inflation, un outil : l'échelle mobile des salaires, retraites et allocations

Quand les prix augmentent plus vite que les salaires, le salaire réel diminue [cqfd].

 

Non, il n'y a pas de lien entre les augmentations de salaires et l’inflation[0] !

 

L’inflation, accélérateur de la lutte des classes[1]...

 

Mai 2023, pour le partage de la valeur : le groupe parlementaire de la France insoumise présente sa contre proposition de loi comportant un mécanisme dit « échelle mobile des salaires »

 

 

Après une hausse de 1,4 % en mars, les prix à la consommation ont encore augmenté et atteint en août dernier 5,9% sur un an. La hausse des prix de l’alimentation et des services a pris le relais de celle constatée sur les prix du gaz et des carburants. Pour l’alimentation, l’inflation s’élève 7,7 % sur un an et pour les produits manufacturés et les services elle progresse respectivement de 3,5 % et de 3,9 % par rapport au mois d’avril 2021. Entre juillet 2021 et juillet 2022, elle est passée de 1,5% à 6,8%, avant de légèrement ralentir en août (6,5%). Ce qui représente une inflation annuelle de 5,8 %, du jamais vu depuis le milieu des années 1980. Cela entraine mécaniquement une perte nette de pouvoir d’achat pour la plus grande partie de la population.

A cela s'ajoute la stratégie des primes qui minent le modèle social français, avec comme résultat... le travail ne paie pas[4!

Dans le même temps, les propositions formulées par la #Nupes[2] (LFI, EELV, le PCF et le PS) en 2022, à savoir : le blocage des prix..., la hausse du SMIC à hauteur de 1 500 € nets n'ont pas été adoptée par les députés. 257 parlementaires, dont Marine Le Pen[2bis] ou Aurore Bergé, ont en effet voté contre. (257 parlementaires ont voté contre, 121 pour et 4 se sont abstenus, selon le site de l'Assemblée[3])...

Une mobilisation politique est en cours à l'initiative de la France insoumise pour la taxation des super profits, pétition que je vous invite à signer[3bis], un projet de Loi signé par les membres de la #Nupes[3ter]... c'est important pour contrer l'austérité, mais...

Aujourd'hui, face à l'inflation galopante, hors de la hausse possible du SMIC et l'ouverture de négociations par branche pour revaloriser les grilles salariales, la seule revendication permettant de renverser durablement la vapeur est d’imposer une échelle mobile, c’est-à-dire l’indexation automatique des salaires, retraites et allocations diverses sur les prix.

 

 

Sources :  Eric DURAND | mis à jour le 09/06/2023

- L’échelle mobile des salaires : " une revendication oubliée " selon Albert Ricchi[5]

Le pourquoi du comment : Si ne pas être au chômage constitue une chance pour beaucoup, travailler donne de moins en moins la possibilité de vivre décemment, en particulier pour les salariés les moins qualifiés, en CDD, contrats d’intérim, CNE, travail à temps partiel subi, etc.

 

En bref : L'échelle mobile des salaires a été introduite en France en juillet 1952 par le gouvernement Antoine Pinay et consistait à augmenter les salaires en fonction de l'augmentation des prix afin de conserver le pouvoir d'achat des salariés face à l'inflation à une fréquence déterminée par les accords qui l'instaurent.[6].

 

🔴   C’est le 13 juin 1982, sous la présidence de François Mitterrand, que la gauche a opéré un tournant historique [Jacques Delors (PS) était ministre des Finances, dans le deuxième gouvernement de Pierre Mauroy (PS)][8]. Voulant lutter contre l’inflation, le blocage des salaires et des prix fut imposé de juin à novembre. Ainsi, dans la fonction publique, l’Etat bloqua les salaires qui avaient suivi l’évolution des prix les années précédentes. Il incita ensuite les employeurs du secteur privé à faire de même, en les invitant à faire évoluer les salaires en fonction non de la hausse réelle des prix, mais du taux d’inflation " prévu " par le gouvernement.

 

  • Les clauses d’indexation des salaires sur les prix furent une à une retirées des conventions collectives dans les années qui suivirent. Elles étaient de fait considérées comme illégales depuis une ordonnance d’Antoine Pinay en 1959, mais après mai 1968, elles réapparaissaient dans certaines conventions ;
  • Puis les lois Auroux ont réaffirmé leur interdiction dans le Code du travail, article L.141-9 : " Sont interdites, dans les conventions ou accords collectifs de travail, les clauses comportant des indexations sur le salaire minimum de croissance ou des références à ce dernier en vue de la fixation et de la révision des salaires prévus par ces conventions ou accords. " ;
  • En 1983, Jacques Delors, ministre de l’Economie et des Finances, décida de deux plans d’austérité[9] et le pouvoir d’achat des salariés commença à diminuer régulièrement, l’échelle mobile des salaires ayant été supprimée sans pour autant que le chômage diminue.
  • Enfin, la réforme des 35 heures, (mesure mise en place par le gouvernement Lionel Jospin à partir de l’année 2000 et obligatoire pour toutes les entreprises à compter du 1er janvier 2002, par deux lois votées en 1998 et 2000), a eu, de part ses modalités de mise en œuvre, contestées par la CGT pour conséquences de brider le pouvoir d'achat des milieux les plus populaires et d'entraîner une « smicardisation » de nombres de salariés (notamment dans la masse des entreprises ou ils ne sont pas syndicalement organisés, voire dans un syndicat de collaboration de classe) car la loi n'avait pas tranché cette question de la compensation salariale, renvoyant le sujet à la négociation[10].

 

 

- Aujourd’hui

Depuis la suppression de l’échelle mobile des salaires en 1982[7], le niveau réel des salaires baisse régulièrement.

 

Résultat, depuis quarante ans, le pouvoir d’achat des salaires a été peu à peu grignoté, comme la rouille ronge inlassablement le métal. Mais ce gel des salaires a également contribué au recul de la part des salaires dans la richesse produite en faveur des dividendes. Le montant de ce braquage, perpétré depuis 1983, est estimé à 1 500 milliards d’euros[7bis] ! Un argument « coup de poing » à utiliser sans modération pour défendre le pouvoir d’achat des salariés.

 

Un tel dispositif indexant les salaires sur l’indice des prix et visant à maintenir le pouvoir d’achat des salariés était une vieille revendication du mouvement syndical, mais elle ne semble plus aujourd’hui d’actualité, ni pour les organisations syndicales, ni pour les partis politiques... et pourtant !

 

Chaque année, c’est à peu près le même scénario qui se produit :

  • les pouvoirs publics et le patronat proposent, dans les secteurs public et privé, un pourcentage d’augmentation des salaires inférieur à l’indice des prix ;
  • les organisations syndicales soumettant, quant à elles, un pourcentage supérieur ,
  • puis, dans un second temps, souvent après quelques manifestations ou grèves, les pouvoirs publics et le patronat, faisant mine de reculer, proposent un pourcentage d’augmentation supérieur à celui proposé initialement mais cependant toujours inférieur à l’inflation ! Ce scénario se reproduit ainsi, cahin-caha, depuis le début des années 80, alors que la protection du pouvoir d’achat des salariés devrait dépendre d’un mécanisme précis, s’appliquant de façon automatique chaque année, au même titre que l’indexation de certains avantages sociaux ou prestations familiales.

 

🔴   Et pourtant...

  • la France comptait plus de 10 millions de pauvres en 2020[11], au sens des critères retenus par l’union européenne - 60% du revenu médian, soit environ 780 € par mois - et, en 2021, 2,04 millions de salariés (environ 12 % de l'emploi salarié au 01/01/2021) étaient payés au SMIC[12] ;
  • Parmi les salariés au Smic, 59,3 % sont des femmes24,1 % travaillent dans des entreprises de moins de 10 salariés et 34,6 % exercent leur activité à temps partiel (données en date du 01/01/2021)[12] ;
  • 30 % des salariés à temps plein (hors intérim) touchent un salaire inférieur à 1,3 SMIC (moins de 1 630 € bruts par mois[13]). Moins mal lotis, mais loin d’être aisés, près de la moitié de l’ensemble des salariés, soit 8,5 millions de personnes, touchent un salaire inférieur à 1,6 fois  le SMIC (soit entre 1 630 € et 2 500 € bruts par mois)... alors qu'un quart d'entre eux a un salaire supérieur à 2 fois le SMIC[14] ;
  • 70% des branches professionnelles ont des niveaux inférieurs au Smic[15].

 

Outre la revalorisation annuelle du SMIC[16], les salaires évoluent en pratique :

  • soit à l’occasion d’une négociation individuelle entre l’employeur et le salarié ;
  • soit au cours de négociations conclues entre les partenaires sociaux.
  • ou encore via l'attribution de chèque inflation, prime carburant, « prime Macron »… car face à la diminution du pouvoir d’achat, les primes en tout genre se multiplient.
    • En la matière, si un coup de pouce financier ponctuel est évidemment un bon moyen d’aider les plus démunis à court terme, l’inefficacité des petits chèques est désormais manifeste.
    • Mais si les gouvernements successifs les apprécient tant, c’est d’abord car les primes ne constituent pas un salaire. Dès lors, bien que de plus en plus courantes, elles n’augmentent pas les revenus de manière pérenne et surtout ne comportent pas de cotisations sociales. Une focalisation excessive sur le pouvoir d’achat conduit ainsi souvent à nier l’importance du salaire comme vecteur de progrès social.... (Pouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?[16bis].

Lorsqu’un accord est conclu, un avenant s’ajoute à la convention collective et s’applique à tous les employeurs concernés, après parution d’un arrêté ministériel. Des accords peuvent également être prévus dans le cadre de l’entreprise. Ils se superposent alors aux conventions collectives, ce qui signifie qu’ils ne peuvent en aucun cas prévoir des salaires inférieurs à ceux déjà fixés par la convention collective.

 

Si les salaires les plus bas sont automatiquement réévalués en fonction du SMIC, ces augmentations n’entraînent pas, par contre, la réévaluation des salaires supérieurs à cette rémunération minimale. En effet, la loi interdit la réévaluation automatique des salaires en fonction du SMIC ou de tout autre indice. Cette pratique, renouvelée chaque année, tasse de plus en plus les grilles hiérarchiques vers le bas...

 

Mais la situation des salariés est aussi aggravée par un indice officiel des prix à la consommation qui ne reflète pas la réalité.

- Aujourd’hui, en vue des négociations salariales 2022, les directions d’entreprise s’appuient sur le chiffre officiel de l’inflation d'avril 2022, environ 4,8%, pour négocier comme d’habitude a minima. En réalité, la hausse des loyers autorisée par le tout nouvel indice de référence des loyers (IRL) est de 3,6%[17] et l’augmentation des prix des produits alimentaires se situe entre 7,7% et 7,9% !

En un an, le ticket de caisse d'un plein de courses a grimpé de 12,4 % ! Le tout sur des produits de 1ère nécessité comme les pâtes[17bis] ! 

- En fait, la mesure de l’inflation ne concerne que les prix à la consommation. Cet indice ne dit donc rien, par exemple, de la fiscalité, et constatons qu’entre impôts directs et indirects, le gouvernement table sur une augmentation des recettes fiscalité de +27,4 milliards bruts, +24 milliards nets[18] !

- Enfin, même pour la consommation, quand un nouveau produit est mis en vente, l’augmentation de prix par rapport au produit ancien n’est pas intégré dans l’indice.

 

- L’indice des prix calculé par l’INSEE est d’autant plus fantaisiste qu’il n’a jamais intégré l’augmentation des prix camouflée par les « arrondis » opérés par exemple à la hausse après le passage à l’€uro ou encore par un blocage ou une diminution de salaires liés au passage aux 35 heures dans la plupart des entreprises.

 

 

➡️  En ayant négligé le problème de la défense du pouvoir d’achat, tous les gouvernements successifs, depuis 1983, ont une lourde part de responsabilité dans les difficultés que rencontrent aujourd’hui des millions de personnes...

 

➡️  Afin d’enrayer l’érosion continue du pouvoir d’achat des salariés, il est donc urgent de réintroduire un système d’indexation des salaires à l’indice des prix, car l’inflation touche en priorité les salariés et les couches sociales les plus fragiles alors que les super profits explosent[19]... et qu'une mobilisation pour la taxation des #Superprofits est engagée par la #Nupes à l'initiative de la France insoumise[20].

 

 

- Echelle mobile des salaires, première tentative de restauration en 2013

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 26 juin 2013.  PROPOSITION DE LOI  visant à instaurer une échelle mobile des salaires et traitements,
Pour accéder au projet de loi législatif, cliquer sur l'image

Retrouvez le projet de Loi déposé par les députés communistes à l'Assemblée Nationale le 26 juin 2013

 

" Mesdames, Messieurs,

L’échelle mobile des salaires consiste à augmenter les salaires en fonction de l’augmentation des prix afin de conserver le pouvoir d’achat des salariés face à l’inflation.

 

Cette mesure de bon sens a été introduite en France en juillet 1952 sous la présidence de Vincent Auriol, par le Gouvernement Pinay.

 

Elle a malheureusement été supprimée en 1982 par Jacques Delors et Pierre Mauroy, qui marquait le début du tournant libéral de la rigueur et de la construction européenne.... "

 

 

 

 

 

- Juin 2023. Partage de la valeur : le groupe parlementaire de la France insoumise présente sa contre proposition de loi comportant un mécanisme dit « échelle mobile des salaires »

Partage de la valeur : le groupe parlementaire de la France insoumise présente sa contre proposition de loi
Pour accéder au projet de loi législatif, cliquer sur l'image

En parallèle des mesures de soutien immédiates aux plus bas salaires, il est nécessaire pour garantir le maintien du pouvoir d’achat, d’augmenter les salaires à mesure de la hausse des prix. C’est pourquoi le titre II de la proposition de Loi insoumise de Juin 2023 prévoit d’indexer les salaires sur l’inflation via l'instauration un mécanisme dit « échelle mobile des salaires  »

 

Pour lire la suite, cliquez sur l'image 👉 

 

 

 

 

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-  L’inflation et la lutte des classes ont été au menu des universités d’été de La France insoumise (LFI) 2022 à Valence.
Jean-Luc Mélenchon a profité de cette conférence pour partager une démonstration sur l’impact de la hausse des prix sur la mobilisation du peuple

 

Notes :

[0Non, il n'y a pas de lien entre les augmentations de salaires et l’inflation !

[1] - L’inflation, accélérateur de la lutte des classes

[2] Nupes

[2bisPouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes

[3] 257 parlementaires ont voté contre, 121 pour et 4 se sont abstenus, selon le site de l'Assemblée

[3bis] pétition pour la taxation des super-profits des multinationales

[3ter] Ensemble, les membres de la #Nupes, ont consigné la proposition de loi pour créer une taxe sur les superprofits

[4] - La dévalorisation économique et sociale de la force de travail des salariés.

[5] L’échelle mobile des salaires : une revendication oubliée par Albert Ricchi 

[6Échelle mobile des salaires

[7] Supprimée en 1982 en France, l’échelle mobile des salaires continue à protéger tant bien que mal les salariés belges contre l’inflation

[7bis] Le montant de ce braquage, perpétré depuis 1983, est estimé à 1 500 milliards d’euros !

[813 juin 1982 : le blocage des prix et des salaires

[9] Tournant de la rigueur

[10] « Bosser moins, mais tous et mieux ! » : les 35 heures ont 20 ans

[11] PLUS DE 10 MILLIONS DE PAUVRES EN FRANCE EN 2020 : LES PRÉVISIONS ALARMANTES DU SECOURS CATHOLIQUE

[12] la finance pour tous

[13] Chiffres 2007

[14] DARES

[15Salaires : 70% des branches professionnelles ont des niveaux inférieurs au Smic

[16] Salaire minimum interprofessionnel de croissance

[16bisPouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?

[17Indice de référence des loyers : quelle hausse au 2e trimestre 2022

[17bisEn un an, le ticket de caisse d'un plein de courses a grimpé de 12,4 % ! Le tout sur des produits de 1ère nécessité comme les pâtes ! 

[18] 2022 : 24 milliards d'impôts en plus pour l'Etat

[19Total, Engie, Stellantis, LVMH... Le filon inexploité des superprofits des crises

[20] Super-profits : « Il y a urgence » à taxer les multinationales, selon LFI-NUPES

 

Pour en savoir plus :

- La dévalorisation économique et sociale de la force de travail des salariés

- Projet de Loi déposé par les députés communistes à l'Assemblée Nationale le 26 juin 2013  visant à instaurer une échelle mobile des salaires et traitements, Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 26 juin 2013.

- La rémunération du travail s’amenuise en faveur du capital

Le 9 juillet 2022, dans le cadre du projet de loi gouvernemental nº 19 portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat François Ruffin, député France insoumise #Nupes a déposé un Amendement n°AS140 " ...nous proposons que les salaires du secteur privé soient indexés sur l’inflation en mettant quelques garde-fous. L’inflation n’est pas conjoncturelle, mais structurelle. Elle était installée dans la durée, liée à la crise écologique qui produit un relèvement du prix des matières premières et des denrées alimentaires. Cette inflation réclame donc une réponse structurelle, et non un laborieux bricolage de mesures, d’incessants pansements... ". Cette proposition d'amendement a été " non retenue "

 

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20 septembre 2022 2 20 /09 /septembre /2022 22:25
La dévalorisation économique et sociale de la force de travail des salariés.

On est le 22 septembre 2022, et à partir d'aujourd'hui les salariés du CAC40 travaillent exclusivement pour gonfler les dividendes des actionnaires... un tiers de l'année sacrifié pour ces assistés[19].

 

Des primes qui minent le modèle social français... le travail ne paie pas !

 

La baisse, la stagnation et la croissance des salaires, du SMIC et des pensions de retraite constituent la problématique centrale des luttes sociales et des affrontements de classe entre salariés et employeurs depuis fort longtemps. Elle prend encore plus d’ampleur en période d’inflation et de chômage.

Le pouvoir politique et ses valets médiatiques tente de brouiller les cartes de la répartition des richesses en agitant une multitude de diversions dont l’une soit disant opposition entre la France des assistés et des travailleurs qui se lèvent tôt le matin.

Selon le président Macron, la « fin de l’abondance est arrivée[1] »... Mais dans quel monde vit-il ?

Celui des patrons d’entreprises publiques qui veulent faire sauter leur plafond salarial jugé trop bas (37 500 euros par mois) ? Celui des actionnaires ?

Pour beaucoup de familles, la rentrée se tient sous le signe de la chute du pouvoir d’achat, que les mesures de cet été ne compenseront pas.

 

 

Sources :  Le Monde diplomatique par Martine Bulard

-  Des aides, mais surtout pas de hausses de salaire.
Voilà qui pourrait servir de titre à la loi sur le pouvoir d’achat, proposée par le gouvernement choisi par M. Emmanuel Macron et adoptée le 3 août par les députés de la majorité présidentielle, de droite et du Rassemblement national, à deux exceptions près[2]. Venant de responsables qui ne cessent de vitupérer les assistés et n’ont que le mot « travail » à la bouche, le renversement idéologique ne manque pas de piquant… au moins en apparence.

 

Évolution des salaires de base et conditions d’emploi dans le secteur privé. Résultats provi

Avec une inflation qui grimpe dans les tours (6,8 % attendus pour cette année), notamment pour les produits de première nécessité, un pouvoir d’achat des salariés qui a chuté de 3 % en un an[3] et un mouvement des « gilets jaunes » dans toutes les mémoires, le président Macron ne pouvait rester inactif.

 

Il aurait pu ouvrir son second quinquennat par un geste marquant, en demandant au Parlement de rétablir l’échelle mobile des salaires[4], leur permettant d’augmenter au même rythme que les prix. Lancée en 1952 par Antoine Pinay — un homme de droite —, la loi instaurant cette pratique a fonctionné jusqu’en 1982, date à laquelle François Mitterrand et un gouvernement à majorité socialiste l’ont jetée au panier. Elle n’était pas parfaite et souvent les rémunérations mettaient un temps certain avant leur mise à niveau. Mais, globalement, elle protégeait les salariés. L’économiste Alain Cotta, champion de l’orthodoxie, qualifiera d’ailleurs sa suppression de « don Delors » (du nom du puissant ministre de l’économie) au patronat[5].

 

Cette mise à mort sonnera le début d’un nouveau partage des richesses produites, en faveur des profits et au détriment des salaires. La part de ces derniers dans la valeur ajoutée est passée de 74,1 % en 1982 à 63,5 % en 1998. Elle connaîtra ensuite de petites variations à la hausse ou à la baisse, mais ne remontera jamais au pic de 1982, et elle atteint 65,4 % en 2019[6][7].

 


-  Au contraire, M. Macron a préféré un panier de mesures qui évite toute croissance générale des rémunérations.
Seule exception, le point d’indice servant à calculer le traitement des fonctionnaires est relevé de 3,5 %. La revalorisation, bien en dessous de l’inflation de l’année, est à relativiser ; surtout, cet indice est bloqué depuis 2010 (sauf pour une courte parenthèse 2016-2017). Si l’on tient compte de la hausse des prix, il a perdu 17,6 % de sa valeur en vingt-deux ans[8]. Dit autrement, un fonctionnaire qui touchait 1 000 euros en 2010 ne reçoit aujourd’hui que l’équivalent de 820,40 euros. On s’étonne ensuite de ne plus trouver d’infirmières ni d’enseignants — parmi les plus mal payés en Europe.

 

Elisabeth Borne s'engage à faire toute la baisse promise des impôts de production dès 2023

« C’est mieux que rien » Il paraît que la France ne peut pas faire plus. Ministres et chroniqueurs nous expliquent — avec ce qu’il faut d’intonation dans la voix pour bien faire percevoir l’énormité de la somme en jeu — que cette hausse « historique » va

coûter la bagatelle de 7,5 milliards d’euros. Curieusement, pas une voix ne s’élève pour faire connaître ce que représente, par exemple, la baisse des impôts de production pour les entreprises annoncée par la première ministre Élisabeth Borne lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale le 6 juillet dernier[9] : 8 milliards d’euros. Et nul ne s’interroge sur l’utilisation de cette manne.

 


-  Le paquet présidentiel comprend donc quelques « boucliers » tarifaires (loyers, gaz…).

  • Il impose ainsi une baisse de 30 centimes du litre d’essence jusqu’à la fin octobre, de 10 centimes pour les deux mois suivants, mais le gouvernement ne touche pas aux impôts indirects indexés sur les prix à la pompe, ni aux superprofits encaissés par les compagnies pétrolières. Il limite à 4 % la hausse du tarif de l’électricité jusqu’à la fin de l’année, mais contraint Électricité de France (EDF) à fournir 40 % de sa production bon marché à ses concurrents, plutôt que d’en faire bénéficier les usagers[10].

 

  • Il augmente de 4 % les retraites de base, dont les bénéficiaires avaient perdu 1,1 % de pouvoir d’achat rien qu’en 2019, ainsi que le revenu de solidarité active (RSA), essentiellement payé par les collectivités locales. Quant à l’aide personnalisée au logement (APL), elle grimpe de 3,5 %, mais cela ne compense pas — loin de là — les « 10 milliards d’euros économisés au détriment des plus modestes » depuis l’arrivée au pouvoir de M. Macron, comme le rappelle la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel sur le mal-logement [11].

 

Pour le reste, M. Macron renouvelle l’opération de 2018, au sortir du mouvement des « gilets jaunes », encourageant les employeurs à verser une prime désormais joliment appelée « partage de la valeur ». L’annonce à grande pompe de son triplement (3 000 euros) ressemble fort à de la publicité mensongère, le montant moyen réellement reçu par les quinze millions de salariés (sur vingt-sept millions) qui en ont bénéficié en 2019 n’ayant pas dépassé 542 euros, à peine plus de la moitié du montant alors autorisé[12]. La décision d’élargir encore la défiscalisation des heures supplémentaires et de celles effectuées à la place des réductions du temps de travail (RTT) relève tout autant de la mystification.

 


-  Évidemment, devant les difficultés de fins de mois, on peut être tenté de se dire que « c’est mieux que rien ».

Pouvoir d'achat : les salariés pourront désormais troquer leurs RTT contre de l'argent

Pourtant, ces mesures masquent un nouveau recul social. Le plus évident concerne les RTT puisque les salariés sont incités à troquer leurs journées de repos pour un peu d’argent[13]. Pas besoin d’être grand clerc pour savoir que cette « monétisation » concernera d’abord les travailleurs à la paye maigrichonne, qui sont souvent ceux qui exercent des emplois parmi les plus harassants. Voilà comment on contourne en douceur la loi sur les trente-cinq heures, jamais digérée par le patronat, tout en se présentant comme un « président soucieux du petit peuple ».

 


-  Plus insidieux encore est le recours systématique aux primes.
Officiellement, celles-ci ne peuvent se substituer aux augmentations de salaire. Dans la vraie vie, elles les remplacent. Or, elles dépendent du bon vouloir (ou des capacités) de l’employeur et ne sont donc pas pérennes. Pour les salariés, elles n’ouvrent aucun droit et sont exclues du calcul des indemnités de congé maladie ou de maternité, des pensions de retraite et des allocations de chômage. Pour les caisses de la protection sociale et celles de l’État, elles représentent un manque de recettes considérable. Comme quoi on peut se dire inquiet de la dette et organiser les déficits.

 

C’est également vrai avec les primes d’intéressement (sans cotisation, par définition) que peuvent désormais distribuer les petites et moyennes entreprises. Sans oublier, bien sûr, les heures supplémentaires dont les exonérations sociales et fiscales pour les salariés existent depuis 2019, M. Macron ayant rétabli la mesure mise en place par le président Nicolas Sarkozy (2007-2012) et supprimée par son successeur François Hollande. Cette « générosité » sur le dos des caisses publiques avait le mérite de masquer un autre cadeau offert aux employeurs quelques mois plus tôt, lors des « ordonnances travail » : la moindre rémunération des heures supplémentaires dont la majoration tombait à 25 % et même à 10 % après accord d’entreprise, au lieu de 50 % (pour les huit premières heures). Le système est toujours en vigueur mais, en plus, l’allégement s’étend aux cotisations patronales.

 

Pouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?

Un marché de dupes (une arnaque[14]) pour la très grande majorité de la population car ces exemptions à répétition, dont une partie est étendue cette année aux travailleurs indépendants, creusent les déficits de la Sécurité sociale et de l’assurance-chômage. Des « trous » qui seront compensés par des réductions de prestations aux conséquences incalculables pour les familles, notamment aux revenus les plus modestes. En clair, le pouvoir reprendra demain ce qu’il vient de concéder aujourd’hui.

 


-  Le mouvement est engagé de longue date.
Les premières exonérations de charges patronales sont apparues dans le paysage dès 1993, par la grâce du très conservateur Édouard Balladur, alors chef du gouvernement. Depuis, onze premiers ministres et quatre présidents de la République — de gauche et de droite — se sont succédé. Si certains ont renâclé, aucun n’a inversé la tendance. À tel point que, désormais, l’employeur ne paie plus aucune cotisation sur le smic, à l’exception de l’assurance-accident du travail dont le montant dépend des branches. On pourrait en conclure qu’un coup de pouce sur ces salaires ne mettrait pas les entreprises sur la paille. Que nenni. Comme les treize précédents, le quatorzième rapport du « comité d’experts » (qui ne comprend ni un syndicaliste, ni même un économiste un tant soit peu iconoclaste) a conclu que cela mettrait en péril l’économie française. Mieux, en ces temps d’inflation, il propose de mettre fin « au mécanisme d’indexation automatique[15] » du smic, le seul qui existe encore. Anticipant une vague de « travailleurs pauvres », il suggère de miser sur la prime d’activité. Encore une, inventée celle-là par M. Hollande, pour officiellement « inciter à prendre ou garder un emploi », même faiblement rémunéré. Elle a surtout incité les patrons à offrir des salaires extrêmement médiocres et des horaires atypiques dont sont victimes les femmes en premier lieu.

 


-  Pour l’heure, le smic reste heureusement indexé sur les prix et le niveau du salaire moyen.

Salaire minimum et coût de la main-d’œuvre dans l’Union européenne Données annuelles de 2000 à 2022

Il n’en est pas moins fort maigre par rapport à de nombreux pays européens au produit intérieur brut (PIB) comparable. En avril 2022 (dernière statistique européenne), avec un niveau de 1 603 euros brut, il se situait en dessous de celui du Luxembourg (2 257 euros), de l’Irlande (1 775 euros), des Pays-Bas (1 725 euros), de la Belgique (1 658 euros) et même de l’Allemagne (1 621 euros), qui n’a instauré un salaire minimum qu’en 2015[16]. Il a augmenté un peu le 1er août dernier, mais il reste inférieur à celui du Royaume-Uni, peu réputé pour son progressisme social.

 

De plus, les patrons se sentent si forts face à des syndicats affaiblis qu’ils ont établi des grilles salariales comportant des indices de base (ce que l’on appelle le salaire minimum conventionnel) inférieurs au smic. En 2020, 16 % des branches professionnelles étaient dans ce cas. En 2022, elles sont 70 %[17] ! Certes, les employeurs ne peuvent verser un salaire en dessous du smic, mais ils bloquent toute évolution (liée à l’ancienneté ou à une petite qualification), jusqu’à ce que les changements d’indice permettent d’atteindre le niveau du smic. On assiste ainsi à un écrasement de la hiérarchie salariale : par le bas avec des minima conventionnels trop faibles et par le haut, si l’on peut écrire, avec la non-répercussion de l’évolution du smic sur l’ensemble de l’échelle.

 

Au total, la moitié des employés du secteur privé et des entreprises publiques gagnent moins de 2 005 euros net par mois et 80 % moins de 3 000 euros net — tous font l’objet d’un allègement de cotisations patronales, dégressif jusqu’à 2,4 fois le smic[18]. Les employeurs ont donc intérêt à ne pas dépasser ce seuil.

 


-  Cette trappe à bas salaires a des conséquences sociales évidentes, mais aussi économiques.
En témoignent le recul industriel de la France dans les technologies de pointe, les difficultés à recruter dans les secteurs vitaux de services aux personnes âgées ou aux enfants, par exemple. Devant la pénurie, le gouvernement nommé par M. Macron a trouvé deux remèdes : réformer l’assurance-chômage pour contraindre les demandeurs d’emploi à prendre n’importe quel emploi, quitte à développer les primes d’activité, et réduire les exigences professionnelles pour certains postes. Un arrêté du 4 août 2022 publié au Journal officiel permet ainsi de recruter du personnel non qualifié dans les crèches grâce « à des dérogations aux conditions de diplôme ou d’expérience[20] ».

 

Et ce sombre tableau ne décrit que les salaires. Il doit être complété par la situation des près de deux millions d’autoentrepreneurs (qui touchent en moyenne moins de 900 euros par mois), souvent assujettis à des donneurs d’ordre (plate-forme, sociétés de services, etc.).

 


-  La logique de ce marché de l’emploi fracturé et pressuré ?

Baisser le « coût du travail » pour maintenir ou accroître celui du capital[21]... Moins le travail paie et plus l’actionnaire final gagne.

Michaël Zemmour : « “La prime Macron” creuse volontairement le déficit de la Sécurité sociale »
  • Et cela se fait à coups de déréglementations, de défiscalisation, de « définancement » de la protection sociale et… de primes pour rendre le tout à peu près supportable[22] ;
  • Les recettes manquent, les prestations diminuent ;
  • Le recours au privé (mutuelles, retraites surcomplémentaires, etc.) s’imposera… pour ceux qui peuvent. Les couches intermédiaires se débrouilleront ;
  • Les pauvres devront se contenter de produits bas de gamme, de coupons de réduction dans les hypermarchés ou de charité...

 

Ainsi, le modèle français, fondé sur la solidarité collective et la responsabilité sociale des entreprises, est attaqué de l’intérieur.

 

Petit à petit, il se délite et menace d’imploser, à l’image de ce qui s’est produit avec l’hôpital public, aujourd’hui en état de délabrement avancé.

 

Le sort des générations futures dépend bien plus sûrement de la défense et de la rénovation de ce modèle que du poids de la dette publique.

 

  • en conclusion...  Jean-Luc Mélenchon : " Vous avez dit « Lutte des classes »[0] !

 

Notes :

[0] Jean-Luc Mélenchon : Vous avez dit « Lutte des classes »

[1] " Fin de l'abondance " : Emmanuel Macron change de stratégie et cherche à préparer les esprits

[2] Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes

[3] Jérôme Hananel, « Évolution des salaires de base dans le secteur privé. Résultats provisoires du deuxième trimestre 2022 », Dares indicateurs, n° 38, ministère du travail, du plein-emploi et de l’insertion, 12 août 2022.

[4] On en parle : annulation dette publique, inflation, échelle mobile des salaires...

[5] Lire Serge Halimi, « Ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut », Le Monde diplomatique, juillet 2011.

[6« Indicateurs économiques et sociaux de la CGT » (PDF), Confédération générale des travailleurs, Montreuil, 6 avril 2022. Cf. aussi Sophie Piton et Antoine Vatan, « Le partage de la valeur ajoutée : un problème capital », dans L’Économie mondiale 2019, La Découverte, Paris, 2018.

[7] On en parle : partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits

[8] Céline Mouzon, « Rémunération des fonctionnaires : un dégel ne fait pas le printemps », Alternatives économiques, Paris, 30 juin 2022.

[9] Elisabeth Borne s'engage à faire toute la baisse promise des impôts de production dès 2023

[10] L'Etat contraint EDF à brader sa production au profit de ses concurrents

[11] Cité dans Guillaume Jacquot, La réforme des APL a fait plus de perdants que de gagnants, selon un rapport du Sénat

[12] La prime Macron, l'alternative au salaire peu utilisée par les employeurs

[13] Pouvoir d'achat : les salariés pourront désormais troquer leurs RTT contre de l'argent

[14] Pouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?

[15] « Rapport annuel du groupe d’experts SMIC », direction générale du Trésor, Paris, 15 décembre 2021.

[16] « Salaire minimum dans les pays de l’Union européenne en 2022 », Eurostat, 21 avril 2022.

[17] Salaires : dans 70% des branches, les minima conventionnels sont inférieurs au Smic

[18] Insee Première, n° 1898, Paris, avril 2022.

[19] Demain, 22 septembre, c'est le #JourDuDepassementCapitaliste. " Marianne " a calculé le jour à partir duquel les salariés du CAC 40 ne travaillent plus que pour leur actionnaire

[20] Pénurie de personnel en crèche : des recrutements de non-professionnels autorisés

[21] Lire Laurent Cordonnier, « Coût du capital, la question qui change tout », Le Monde diplomatique, juillet 2013

[22]  « La “prime Macron” creuse volontairement le déficit de la Sécurité sociale », Le Monde, 20 juillet 2022

 

Pour en savoir plus :

Le projet de loi réformant le régime de l'assurance-chômage ne laisse aucun doute sur le projet du gouvernement : précariser davantage les demandeurs d'emploi et faire pression sur les salariés.

- BERNARD FRIOT : « LA SOUVERAINETÉ POPULAIRE SUR LE TRAVAIL EST UNE URGENCE »

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2 août 2022 2 02 /08 /août /2022 22:57
Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes
Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes
Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes
Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes

Mesures Macron d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat : « On aura vu le vrai visage du RN »...

Résultat « Ceux qui ne sont rien » auront des miettes[1] !

...la loi « pouvoir d’achat » n’augmente pas le pouvoir d’achat mais entérine sa baisse[1bis] !

 

Demandée par la #Nupes[2] (LFI, EELV, le PCF et le PS), la hausse du SMIC à hauteur de 1 500 € nets n'a pas été adoptée par les députés. 257 parlementaires, dont Marine Le Pen ou Aurore Bergé, ont en effet voté contre. (257 parlementaires ont voté contre, 121 pour et 4 se sont abstenus, selon le site de l'Assemblée[3])
«  Main dans la main RN et macronistes refusent l'augmentation du SMIC. La pire droite d'Europe », a lancé sur Twitter Jean-Luc Mélenchon, l'ancien candidat insoumis à la présidentielle[4].

«  On aura vu le vrai visage du RN qui vote contre les intérêts des plus pauvres. On aura vu le vrai visage de LREM qui s’allie avec le RN pour protéger les intérêts des plus riches », commente quant à lui le jeune député LFI Louis Boyard[5].

 

Sources : l'insoumission | mis à jour le 17/10/2022

- SMIC. « Nous voterons l’essentiel des mesures que vous proposez », avait, la veille du vote, déclaré Marine Le Pen dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, en s’adressant au gouvernement[6].

Quel autre exemple que celui-ci pour illustrer l’alliance LREM & RN qui a été observé pendant plusieurs semaines à l’Assemblée ?

  • Après que les députés macronistes aient votés pour faire élire deux députés d’extrême-droite du RN à la vice-présidence de l’Assemblée[7] ;
  • après que les députés du RN aient refusé de voter la motion de censure du gouvernement[8]...
  • nouvelle épisode de l’alliance capital-fasciste : le 20 juillet 2022 l’alliance LREM & RN a voté d'une seule voix contre l’augmentation du SMIC à 1500€ net proposée par la gauche (amendement #Nupes[9]), et lors du vote global de l'article 4 du projet de loi (qui ne prévoit pas le SMIC à 1 500€), vote POUR[10].

 

 

- Défendus par le parti présidentiel et par son allié objectif, le Rassemblement national, les intérêts du capital sont bien gardés.

L’examen du texte « paquet pouvoir d’achat » à l’Assemblée nationale, a laissé éclater au grand jour ce que l’insoumission martèle depuis des mois : Marine Le Pen et le Rassemblement national, derrière la communication, portent un programme économique de saignée des classes populaires[11] : Refus d’augmenter les salaires, mais également de bloquer les prix, de dégeler le point d’indice des fonctionnaires, recul sur les retraites, arnaque sur l’ISF, remboursement de la dette, maintien de la flat-tax, austérité dans les services publics… Marine Le Pen défend, main dans la main avec Emmanuel Macron, les intérêts du capital contre le travail.

 

 

- Macron et Le Pen, main dans la main contre l’augmentation du SMIC
Un accord de fond qui ne date pas d’hier. Pendant la campagne présidentielle, Marine Le Pen s’était positionnée contre l’augmentation du SMIC, comme Emmanuel Macron. Candidate du peuple et du pouvoir d’achat ? Que nenni. À la place, la responsable du Rassemblement national (RN) proposait de supprimer des cotisations sociales pour augmenter le salaire net[12]. C’est-à-dire prendre dans notre poche gauche pour mettre quelques euros dans notre poche droite.

 

  • Quoi de plus normal pour Marine Le Pen de VOTER POUR[13] le « paquet pouvoir d’achat » proposé par le gouvernement, ce projet de loi qui donne toujours plus au capital qu’au travail, validant le non blocage des prix, la non hausse du SMIC, des pensions de retraites au delà de l'inflation, la revalorisation des minimas sociaux au dessus du seuil de pauvreté, le non gel des loyers... ?

 

 

 

- Par ce geste, le RN acte son rapprochement idéologique avec le macronisme.

Ses députés approuvent la distribution de miettes et de chèques, portée par les députés LREM. Le parti d’extrême-droite montre aux yeux du monde qu’il n’a jamais lutté pour la hausse des salaires :

  • Que le RN ne compte pas changer de position à ce sujet ;
  • Que le RN est bien un allié tacite de Macron, un allié des intérêts du capital, contre les intérêts des travailleurs.

 

 

- Le député France Insoumise, Adrien Quatennens a dénoncé avec vigueur l’hypocrisie du RN.

« Le partage de la valeur, ce ne sont pas des primes. Ce sont des augmentations de salaires et offrir les conditions d’une vie digne aux travailleurs, de vivre de leur travail. Ce que précisément, vous aussi, en bonne alliée de la macronie, vous refusez. […] Vos électeurs vous voient. Vous vous couchez contre la logique macroniste qui vise à verser des primes aléatoires et des chèques ! », s’est-il exclamé dans l’hémicycle[14].

 

 

- « Nous voterons l’essentiel des mesures que vous proposez » : pour quelles miettes le RN a-t-il voté ?
Un article a été publié ici même 👉 [15] par les insoumis pour décortiquer le « paquet pouvoir d’achat » du gouvernement.

 

🟥 Que contient-il ? Miettes, chèques et mesurettes.

Voilà, ce alors que les Français sont pris à la gorge par l’inflation et qu’ils ont un besoin urgent d’augmentation de leurs salaires, ce que le RN a avalisé : 

  • Une revalorisation du point d’indice des fonctionnaires (+3,5%), présentée comme historique, mais inférieure à l’inflation. Cela revient à une perte sèche de pouvoir d’achat de 2,25% sur l’année pour les fonctionnaires ;
  • Aucun effort demandé aux 3,5% d’ultra-riches qui possèdent la moitié des logements du pays, alors que les Français vont pâtir de l’inflation des loyers, qui est leur premier poste de dépenses ;
  • Pas d’augmentation du SMIC ;
  • Pas de blocage des prix de l’essence et des biens de première nécessité ;
  • Aucune taxation des milliardaires qui se sont gavés pendant la crise sanitaire ;
  • Des primes pour les entreprises qui le voudront bien, des miettes payées par… le contribuable.

 

👉 En définitive, un paquet pouvoir d’achat d’où est absent le mot « salaires ».

  • Voilà ce que le RN a soutenu, main dans la main avec la macronie et les Républicains.
  • Une lune de miel pour soutenir le capital plutôt que le travail.
  • L’alliance capital-fasciste se confirme chaque jour un peu plus.

 

 

- Et pourtant...

Malgré la propagande macroniste, les français ont compris que la loi sur le pouvoir d'achat était surtout une manière de protéger les superprofits.

Pas convaincus par la loi pouvoir d’achat, les Français voulaient taxer les superprofits - EXCLUSIF

 

- Pour en savoir plus...

Macron et Le Pen contre les hausses de salaire ! | Débats à l'Assemblée

 

Notes

[1] « Ceux qui ne sont rien » auront des miettes

[1bis] LES SALARIÉS PERDENT DU POUVOIR D'ACHAT: LES HAUSSES DE RÉMUNÉRATION NE COMPENSENT PAS L'INFLATION

[2] Nupes

[3] 257 parlementaires ont voté contre, 121 pour et 4 se sont abstenus, selon le site de l'Assemblée

[4] Main dans la main RN et macronistes refusent l'augmentation du SMIC. La pire droite d'Europe. #DirectAN

[5On aura vu le vrai visage du RN qui vote contre les intérêts des plus pauvres.

[6] Loi pouvoir d’achat : « Nous voterons l’essentiel des mesures que vous proposez», annonce Marine Le Pen

[7] En récoltant respectivement 290 et 284 voix, les députés d’extrême droite ont été élus dès le premier tour grâce à des votes de la majorité et de la droite, dans un scrutin à bulletin secret.

[8Marine Le Pen refuse de voter la motion de censure du gouvernement déposée par LFI, l’alliance RN & LREM se confirme

Quels sont les députés qui ont voté la motion de censure présentée par la Nupes à l’Assemblée ?

[9Scrutin public sur l'amendement n° 844 qui veut porter le SMIC à 1 500€

[10] vote global de l'article 4 du projet de loi (qui ne prévoit pas le SMIC à 1 500€

[11] Le programme économique de Marine Le Pen : une saignée pour les classes populaires

[12] Dans une tribune aux « Echos », Marine Le Pen, propose que pour toute hausse de salaire de 10 % accordée à l'ensemble des salariés gagnant jusqu'à trois fois le SMIC, les entreprises soient exonérées de cotisations patronales sur cette augmentation, et ce pour les cinq années suivant 2022

[13] 21 juillet 2022 : l'Assemblée adopte en première lecture l'ensemble du projet de loi n° 19 portant " mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat "

[14] Macron et Le Pen contre les hausses de salaire ! | Débats à l'Assemblée - Adrien Quatennens

[15] Paquet « pouvoir d’achat » : des miettes mais surtout, surtout, pas d’augmentation des salaires

 

 

Pour en savoir plus :

- « “La prime Macron” creuse volontairement le déficit de la Sécurité sociale »

Pas convaincus par la loi pouvoir d’achat, les Français voulaient taxer les superprofits - EXCLUSIF

- Super-profits : le RN remercie le patron de CMA CGM, l’homme qui a pris 30 milliards en 1 an

Le RN vote contre le rétablissement de l’ISF, l’extrême-droite amie des riches

Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes
Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes
Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes
Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes
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1 août 2022 1 01 /08 /août /2022 10:00
Explication de vote LFI-NUPES sur la loi “ pouvoir d’achat ”

Le 22 juillet au matin, à 6h après une nuit de débats, la loi intitulée « Mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat » a été adoptée en première lecture. Le groupe LFI-NUPES a voté contre[1]. Hendrick Davi, député LFI-NUPES revient ici sur les raisons de ce vote.

 

Sources : par Hendrick Davi, député LFI-NUPES | mis à jour le 08/08/2022

-  La situation sociale est grave.

L’INSEE a révélé que sur un an les prix avaient augmenté de 5,8% en juin 2022[2]. Sur la même période, selon le Magazine « Que Choisir », la hausse atteint 24% pour l’essence, 28% pour le gaz et 7% pour l’alimentaire. Pour le seul premier trimestre 2022, les loyers ont augmenté de 2,48%[3]. Ces hausses frappent encore plus les ménages modestes, qui allouent près de 50% de leurs revenus au loyer. Ces hausses conduisent à de nombreuses luttes sur les salaires en France (SNCF, Transavia, Golden Tulip) et en Europe (poste britannique).

 

Mais la situation récente a aussi été marquée par deux canicules exceptionnelles qui ont conduit à des mégas feux détruisant près de 20 000 hectares de forêts dans les Landes. Comment ne pas voir les conséquences désastreuses du changement climatique et l’urgence de sortir des énergies fossiles ?

 

 

- Or cette loi, mal rédigée, faite de bric et de broc, ne répond en rien aux enjeux de la période et le gouvernement a refusé la plupart des amendements qui auraient pu en améliorer le contenu.

D’une part :

  • la loi ne compense pas la perte de la valeur de nos revenus avec l’inflation ;
  • d’autre part elle aggrave les émissions de gaz à effet de serre avec l’importation de gaz de schiste américains et la relance d’une centrale à charbon.

 

Entrons dans les détails.

  • L’article 1 prévoit l’augmentation du plafond de la prime dite Macron.

Cette prime défiscalisée peut être versée par les entreprises aux salariés. Cette mesure pose plusieurs problèmes :

  • D’abord, elle ne bénéficiera pas à tous les salariés, mais seulement ceux qui sont dans des entreprises qui ont les moyens et la volonté de la verser. En 2021, seulement 4 millions de personnes l’ont touchée sur 25 millions de salariés (soit 16%)[4] et le montant moyen versé était de 506 euros en moyenne[4], bien en deçà du plafond de 1000€ ;
  • Rien n’indique que l’augmentation du plafond changera dans les mêmes proportions l’augmentation des versements ;
  • Mais surtout des primes versées annuellement et sans aucune garantie ne constituent pas une solution pour des millions de citoyens pour payer chaque mois l’essence et l’alimentation ou pour avoir une garantie pour un bailleur.
  • Pire, les entreprises qui ont des marges importantes pourront verser cette prime défiscalisée en lieu et place d’une augmentation de salaires ;
  • C’est donc possiblement un frein à de vraies augmentations de salaires. Or comme ces primes sont défiscalisées, c’est un manque à gagner de cotisations pour la sécurité sociale, ce qui risque de peser notamment sur le système de  retraites.

 

  • Dans la même veine, le gouvernement a décidé avec l’article 2 de faciliter l’intéressement.

L’intéressement dépend des profits de l’entreprise et il est prioritairement versé sur des plans d’épargne salariale défiscalisés. C’est encore un moyen d’éviter les hausses de salaires en proposant des alternatives défiscalisées et irrégulières. Actuellement, les exonérations de cotisations sur les diverses formes d’intéressement coûtent 1,7 Md€ par an. C’est donc une mauvaise solution pour le pouvoir d’achat, comme pour notre modèle social.

 

  • Le reste des articles présente quelques avancées même si elles sont souvent largement insuffisantes.
    • L’article 4 vise à limiter le nombre de branches professionnelles pour lesquelles les minima sont en dessous du SMIC, par exemple en fusionnant les branches.

Selon nous, il aurait été préférable de conditionner des aides publiques au fait d’avoir des minima de branche au-dessus du SMIC. Nous avons proposé de porter le SMIC à 1500€ net. Sans succès, car le bloc de droite LR, RN et LREM a voté contre !

  • L’article 5 prévoit une revalorisation anticipée de 4 % à partir de juillet des droits et prestations sociales indexés sur l’inflation.

Mais cette revalorisation est insuffisante vue l’inflation.

  • L’article 6 prévoit la revalorisation anticipée des APL à hauteur de 3,5 % et le plafonnement de l’indice de référence des loyers à 3,5 % jusqu’au deuxième trimestre 2023.

C’est notoirement insuffisant. Par exemple, pour un loyer de 600 euros et des APL de 200 euros, l’augmentation de 3,5 % des deux se traduit par un maigre gain de 7 euros d’APL et 21 euros de loyer supplémentaire, soit 168 euros de perte annuelle.

Nous avons proposé le gel des loyers. Sans succès, car le bloc de droite LR, RN et LREM a voté contre[4bis] !

  • L’article 7 oblige les vendeurs en ligne à garantir au consommateur un “ accès facile, direct et permanent à une fonctionnalité dédiée ” à la résiliation du contrat conclu et à lui indiquer clairement la date de la fin du contrat lorsque le consommateur décide de résilier le contrat.

LREM s’est opposé à l’extension de cette obligation à plus de secteurs.

  • L’article 8 concerne la même garantie pour les assurances.

 

Pour tous ces articles, le débat a été entre d’un côté ceux qui proposaient des primes (LREM, LR, et RN) et de l’autre ceux (la NUPES dans sa diversité) qui exigeaient la hausse générale des salaires, leur indexation sur l’inflation étant la seule mesure permettant de garantir en réalité la valeur de nos salaires et donc de notre travail.

 

 

- L’inflation...

L’inflation actuelle n’est pas causée par la seule guerre en Ukraine ou par une augmentation des salaires, elle est causée aussi (et surtout) par l’explosion des dividendes des entreprises, qui alimentent la spéculation dans de nombreux secteurs et des blocages dans les chaînes d’approvisionnement mondiales suite au COVID. C’est le chaos capitaliste qui génère actuellement l’inflation et sûrement pas nos salaires. Choisir la hausse des salaires plutôt que des primes défiscalisées ou de l’intéressement, c’est contraindre les entreprises à réajuster la répartition de la valeur ajoutée entre les salaires et les dividendes. Rappelons que les entreprises du CAC 40 ont versé 80 milliards d’euros en dividendes à leurs actionnaires en 2021[5], soit l’équivalent de 3200€ par salarié français…

 

 

- Mais ce texte en plus d’être largement insuffisant pour contrer la paupérisation des salariés, présente des dispositions nocives pour l’environnement et le climat.

Afin de sécuriser l’approvisionnement énergétique,...

  • l’article 13 prévoit que le ministre chargé de l’énergie puisse obliger l’opérateur d’un terminal méthanier flottant à le maintenir en exploitation pour la durée fixée par ce ministre ;
  • l’article 14 la construction d’un terminal flottant d’importation de gaz naturel liquéfié (gaz de schiste américain) au Havre ;
  • L’article 15 permet aux exploitants de centrales à charbon de recourir “ en cas de reprise temporaire d’activité ” à des CDD et des contrats de mission pour leurs recrutements, notamment en faisant revenir les salariés en cours de reclassement suite à la fermeture initiale ;

Par dérogation au droit du travail, la durée des CDD ainsi conclus peut atteindre 36 mois au lieu de 18.

  • Enfin, l’article 19 prévoit la validation du décret du 11 mars 2022 qui oblige EDF à vendre plus d’énergie à prix cassé à ses concurrents, pour l’année 2022 et ce “ à titre exceptionnel ”.

 

Bref, comme le gouvernement a été incapable d’organiser la transition énergétique, il est obligé de relancer l’exploitation et l’usage d’énergies fossiles, à cause des risques liés à la crise en Ukraine. Le principal problème de cette approche, c’est qu’à aucun moment le gouvernement ne planifie la sortie des énergies fossiles de façon conséquente en développant les transports en commun, la rénovation des logements et le développement des énergies renouvelables. Pire, le dernier article menace la survie de notre opérateur historique EDF en le contraignant à revendre à perte de l’électricité à ses concurrents.

 

Sur les questions écologiques, comme sur les articles sur le pouvoir d’achat, le même bloc LR, LREM et RN s’est opposé aux amendements proposant d’autres solutions, ou à minima limitant dans le temps le recours aux énergies fossiles.

 

Pour toutes ces raisons, il était inconcevable de voter une telle loi climaticide et organisant la perte de notre pouvoir d’achat et donc de pouvoir de vivre de nos concitoyens.

Il est nécessaire maintenant que les salariés se battent partout par la grève et les manifestations pour obtenir de leurs dirigeants les augmentations de salaires que le gouvernement et ses alliés de LR et du RN ont refusé de leur donner.

 

Notes :

[1l'ensemble du projet de loi portant mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat (première lecture)

[2] En juin 2022, les prix à la consommation augmentent de 5,8%

[3] Pour le seul premier trimestre 2022, les loyers ont augmenté de 2,48%

[4] Prime Macron : près de 4 millions de bénéficiaires en 2021

[4bis] Loi pouvoir d’achat : les députés LREM et RN empêchent le gel des loyers, la hausse plafonnée

[5] Le CAC 40 va verser 80 milliards d'euros à ses actionnaires au titre de 2021

 

Pour en savoir plus :

- « “La prime Macron” creuse volontairement le déficit de la Sécurité sociale »

 

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28 juillet 2022 4 28 /07 /juillet /2022 21:56
Le partage de la valeur ajoutée : un enjeu économique et politique crucial
Le partage de la valeur ajoutée : un enjeu économique et politique crucial

Le débat actuel sur le pouvoir d’achat des Français repose avec une certaine acuité la question du partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits, entre revenus du travail et revenus du capital.

 

Introduction

Probablement conseillés par des cabinets de conseil en ingénierie sociale de manipulation, une fois de plus, les macroniens utilisent une expression employée par leurs adversaires politiques (la NUPES[1]) pour en falsifier le sens : en l’occurrence « partage de la valeur » réduite ici à l’octroi de primes « pouvoir d’achat » par les employeurs. On remarque tout de suite le caractère non structurel, c’est-à-dire non permanent, non universel et aléatoire de ce type de versement. Celui-ci est exempté des cotisations sociales et n’entre pas dans le calcul de la retraite.

En macroéconomie, lorsque l’on parle de partage de la valeur ajoutée, c’est le partage du PIB entre la somme des salaires et la somme des profits sachant que les cotisations sociales sont considérées comme salaires indirects et les pensions de retraite comme salaires différés. Comme il a été dit par plusieurs représentants de la Nouvelle Union Populaire[1], ces primes ne permettent même pas de neutraliser l’inflation en 2022.

Remarquons que ce procédé ne se réduit pas à une simple manœuvre politicienne de bas étage mais constitue un moyen redoutable de brouillage idéologique et « d’essorage sémantique » altérant le sens non seulement d’un mot mais d’un concept.

-  Le partage de la valeur ajoutée : un enjeu économique et politique crucial.
Nota : la valeur ajoutée représente les richesses produites dans les entreprises lorsqu’elles transforment les biens et les services pour leur production.
Le débat actuel sur le pouvoir d’achat des Français repose avec une certaine acuité la question du partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits, entre revenus du travail et revenus du capital....


🔎 Comment expliquer la déformation du partage de la valeur ajoutée depuis 30 ans ?

Le partage de la valeur ajoutée revient comme un thème majeur de recherche en économie. Les dernières décennies ont en effet été marquées par une déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment du travail. Dans cette interview, Sophie Piton nous éclaire sur les différentes causes de cette tendance de long terme, aujourd'hui discutées par les économistes : le progrès technique, la mondialisation, le renforcement de la concentration, les changements de gouvernance dans les grandes entreprises.

Comment expliquer la déformation du partage de la valeur ajoutée depuis 30 ans ?

 

 

 

🟥 Pour accéder à l'interview de Sophie Piton, cliquez sur l'image  👉

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les « ordres de grandeur » sélectionnés dans les visuels de la CGT ci-dessous peuvent contribuer à faire comprendre que les décisions économiques sont des décisions politiques, et qu’il y a donc toujours une alternative.

 

Sources : CGT |  mis à jour le 20/09/2022

- Derrière les milliards dont nous abreuvent les gros titres de la presse se cachent des choix !

Très éloignés du quotidien de fin de mois difficiles de la masse des salariés, il nous est souvent compliqué d'en mesurer les conséquences sur notre vie. La CGT publie un petit dépliant qui devrait vous aider à rétablir, sur quelques grandes données économiques, les ordres de grandeur de ce " pognon de dingue " dont on parle et valider l'idée que le partage de la valeur ajoutée est un enjeu économique et politique crucial urgent.

 

Les chiffres donnés ici sont simplement des ordres de grandeur pour mettre les choses en perspective. Cela ne signifie pas qu’il y a un lien direct entre les données ou encore que l’on pourrait remplacer l’un par l’autre directement.

 

- Partage de la Valeur ajoutée : à qui profite la création de richesse

 

 

- La course aux profits : stop ou encore ?

 

 

- Cadeaux fiscaux : quel coût pour le budget de l'Etat ?

 

 

- Des dividendes toujours à la hausse : aux dépens de qui ?

 

 

- CAC 40 : l'indécence (même en temps de crise)

 

 

- Baisse de l'impôt sur la fortune : qui paie le manque à gagner ?

 

 

- Aides publiques aux entreprises : quel coût pour la collectivité ?

 

 

- Fraude et évasion fiscale : quels poids dans le déficit public ?

 

 

- Chiffres clés

 

  • Télécharger les documents c'est ICI

 

 

-  En finir avec le capitalovirus. L’alternative est possible !

Extraits de la conférence débat organisée par l’association Rencontres Marx Montpellier, soutenue par Les Amis du Monde diplomatique Montpellier et Attac Montpellier le mardi 10 mai 2022 à Montpellier avec Jean-Marie HARRIBEY coprésident du conseil scientifique d’ATTAC France, (...)

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16 juin 2022 4 16 /06 /juin /2022 12:43
Manifestation de la CGT contre la réforme des retraites en janvier 2020. © Jeanne Menjoulet

Manifestation de la CGT contre la réforme des retraites en janvier 2020. © Jeanne Menjoulet

Les primes contre le salaire : STOP !

Augmenter le salaire net en diminuant le brut est un cadeau empoisonné et aurait pour conséquence de supprimer ce qui fait l’hôpital public et ce qui le finance, servirait de point d'appui au gouvernement pour justifier la diminution des remboursements médicaux et pharmaceutiques, l'augmentation de la franchise médicale[0].

 

Chèque inflation, prime carburant, « prime Macron »… Face à la diminution du pouvoir d’achat, les primes en tout genre se multiplient. Si un coup de pouce financier ponctuel est évidemment un bon moyen d’aider les plus démunis à court terme, l’inefficacité des petits chèques est désormais manifeste.
Mais si les gouvernements successifs les apprécient tant, c’est d’abord car les primes ne constituent pas un salaire. Dès lors, bien que de plus en plus courantes, elles n’augmentent pas les revenus de manière pérenne et surtout ne comportent pas de cotisations sociales. Une focalisation excessive sur le pouvoir d’achat conduit ainsi souvent à nier l’importance du salaire comme vecteur de progrès social.

 

Sources :  LVSL - Romain Darricarrère | mis à jour le 29/06/2023

- Alors que l’inflation atteint des niveaux non observés depuis des décennies et que les salaires stagnent, les Français s’inquiètent de plus en plus pour leur pouvoir d’achat.

A l’approche des élections législatives, et alors que l’alliance de gauche promet de porter immédiatemment le SMIC à 1500 euros nets, le gouvernement évoque une future « loi pouvoir d’achat » afin d’attirer les suffrages. Si le texte n’est pas encore abouti, les mesures phares devraient être le " versement d’un chèque alimentaire par l’Etat pouvant atteindre 60€ pour les foyers très modestes, la prolongation de la remise de 18 centimes par litre de carburant ou encore le triplement de la « prime Macron », défiscalisée et exonérée de cotisations patronales[1] ".

 

Ce type d’outils n’est pas nouveau : depuis le début des années 2000, les primes dont la vocation première est de lutter contre la diminution du pouvoir d’achat se sont multipliées. La première est créée sous le gouvernement de Lionel Jospin, en mai 2001 : la prime pour l’emploi. L’article unique de cette loi disposait ainsi : « Afin d’inciter au retour à l’emploi ou au maintien de l’activité, il est institué un droit à récupération fiscale, dénommé prime pour l’emploi ». Bien qu’issue d’un gouvernement de gauche, cette mesure pose plusieurs questions : d’abord, en excluant les chômeurs, le dispositif est conçu comme un moyen de creuser l’écart entre les prestations sociales et les revenus du travail. Ensuite, si ces derniers sont augmentés, cela se fait sans toucher au salaire minimum[2]. Enfin, la prime est originellement pensée comme étant un crédit d’impôt, et non un versement monétaire direct[3].

 

 

- L’acharnement dans une voie inefficace
D’emblée, la mesure séduit jusque dans les rangs des plus libéraux ; Alain Madelin, par exemple, y est grandement favorable. Les gouvernements successifs de Jean-Pierre Raffarin (2003) puis de Dominique de Villepin (2006), décident tour à tour d’augmenter le montant de cette prime [4]. Pourtant, face à son efficacité toute relative, le dispositif fusionne finalement avec le RSA activité en 2015 pour donner naissance à la prime d’activité, encore en vigueur aujourd’hui.

 

De manière assez prévisible, Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe ont prolongé cette série de primes pour le pouvoir d’achat au moment du soulèvement des Gilets Jaunes, dans l’espoir de calmer la colère. A l’automne dernier, face à l’augmentation forte des prix du carburant, c’est à nouveau une prime, de 100 euros, que le gouvernement a décidé d’instaurer[5]. La future « loi pouvoir d’achat » n’invente donc rien.

 

La seule multiplication et succession de toutes ces primes devraient a minima interpeller ou, mieux, faire figure de preuve par l’exemple qu’elles ne sont pas assez efficaces. Il ne semble en être rien dans les rangs de la droite. Pourtant, ces dispositifs présentent des défauts criants, à-mêmes de les disqualifier pour de bon.

 

 

- Les primes contre le salaire
En premier lieu, ces primes sont pensées comme étant ponctuelles, alors même que l’aspect multifactoriel de l’inflation et de la pauvreté, dont elles aspirent à juguler les conséquences, tend à rappeler que le problème n’est pas uniquement conjoncturel. Des mesures simples et pérennes, comme la simple augmentation du SMIC, seraient ainsi autrement plus efficaces. C’est par exemple le point de vue de Noé Gauchard, qui affronte Elisabeth Borne pour la députation dans la sixième circonscription du Calvados, sous les couleurs de la NUPES. Pour lui, le constat est sans appel : « Toutes ces mesures sont évidemment nécessaires dans l’urgence, mais elles sont utilisées par l’exécutif actuel pour faire diversion. En refusant de porter le SMIC à 1500€, l’actuel gouvernement se rend coupable de ne pas permettre durablement à tous les travailleurs de remplir dignement leur frigo ».

 

Des mesures simples et pérennes, comme l’augmentation du SMIC, seraient autrement plus efficaces.

 

Par ailleurs, le caractère temporaire de ces primes maintient en permanence ses bénéficiaires dans l’insécurité. Noé Gauchard estime ainsi que « l’imprévisibilité de tous ces dispositifs successifs et illisibles empêche les bénéficiaires de se projeter durablement et sereinement ». L’exemple de la prime Covid des personnels soignants est à ce titre éloquent : nombre de travailleuses et travailleurs ne savaient pas, jusqu’au dernier moment, s’ils toucheraient cette fameuse prime. La déception fut grande pour bon nombre d’entre elles et eux, en atteste le documentaire " Debout les femmes "[6].

 

Ensuite, ces dispositifs sont non seulement illisibles, mais également complexes – et donc coûteux – à mettre en œuvre. Les nombreux critères à prendre en compte, très stricts et techniques, génèrent une activité compliquée à gérer pour les administrations, alors qu’une simple augmentation du salaire minimum ne présenterait pas cet inconvénient.

 

 

En outre, ces primes, exclusivement orientées pour répondre au thème du pouvoir d’achat, sont orientées. Si la première prime pour l’emploi consistait en un crédit d’impôt, ses plus récentes déclinaisons sont bien des versements, mais le plus souvent sous forme de chèques à un usage pré-affecté. En effet, comme le rappelle le sociologue Denis Colombi, auteur de Où va l’argent des pauvres (Payot, 2020), le regard de la société sur la façon dont les plus modestes gèrent leur argent est souvent très moralisateur[7]. Dans cette vision, les pauvres seraient avant tout des personnes incapables de bien gérer leur budget, comme l’illustrent les polémiques annuelles autour de l’allocation de rentrée scolaire[8]. Ainsi, les aides financières apportées aux plus démunis ont de plus en plus tendance à être fléchées vers un poste de consommation.

 

Surtout, les primes, en plus de n’être que ponctuelles, sont aussi isolées et déconnectées de tout autre droit. Le salaire, au contraire, en tant que fruit d’une importante lutte syndicale, est le socle de beaucoup d’autres droits. La focalisation des discours libéraux sur le pouvoir d’achat tend ainsi à éclipser un constat autrement plus lourd de sens et de conséquences : le seul travail ne paie plus. Un constat corroboré par les chiffres de l’INSEE[9] : en 2019, avant même les conséquences néfastes de la pandémie, dont on peine encore à mesurer toute la portée, 6,8% des salariés étaient pauvres, de même que 17,6% des travailleurs indépendants, c’est-à-dire plus que la moyenne de la population générale (14,6%).

 

C’est pourtant là le nœud de bien des problèmes sociaux : ces primes, temporaires et complexes à mettre en œuvre, ne peuvent prétendre les prendre à bras-le-corps dès lors qu’elles se focalisent sur le seul besoin traduit par le pouvoir d’achat et n’épousent pas une vision globale et sociale plus émancipatrice, tournée sur les salaires. Au-delà du pouvoir d’achat, la question qui se pose en creux est celle du pouvoir sur le travail.

 

 

- Le salaire brut, foyer de droits impensés
Mais quand il est question de salaire, nombreux sont ceux à opposer salaire net et salaire brut. Le discours dominant se satisfait de la vision selon laquelle la part de salaire brut, à laquelle il faut soustraire les cotisations sociales (qui ne sont pas des impôts) pour obtenir le net, représente un coût – celui du travail, paraît-il. Toutefois le travail n’est un coût que pour celui qui l’exploite et partant, cette vision s’avère d’emblée biaisée et insusceptible d’apporter une réponse pertinente car ratant l’essentiel. D’Eric Zemmour à François Hollande en passant par Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, les promesses d’augmentation du niveau de vie se fondant sur le rapprochement du salaire net vers le salaire brut, une obsession au moins relie tous ceux à qui le mot socialisation fait peur : la lutte contre les cotisations sociales.

 

Augmenter le salaire net en diminuant le brut est un cadeau empoisonné.

 

C’est pourtant ce salaire brut qui permet de financer le régime général de Sécurité sociale, c’est-à-dire de financer les allocations chômage et famille, les APL, les pensions de retraites[11] ou l’hôpital public[12] et d’alimenter nos cartes vitales. Bien peu lucide serait donc quiconque refuserait de voir le lien évident entre politique de baisse des cotisations d’un côté et destruction du système hospitalier aboutissant à la fermeture de toujours plus de maternités ou de lits d’hôpitaux de l’autre. En réalité, le salaire brut est le vecteur privilégié d’au moins deux éléments décisifs pour l’amélioration des conditions de vie et la rémunération du travail.

 

D’une part, le salaire brut fait partie intégrante du salaire[13]. Au moment de payer avec la carte Vitale, c’est bien grâce au salaire socialisé par la cotisation au régime général que chacun de nous est solvabilisé en tant qu’usager du système de soins conventionnés. En supprimant ou allégeant les cotisations (c’est-à-dire en faisant triompher le net sur le brut), peut-être le salaire net s’en trouverait augmenté. Il n’en demeure pas moins qu’à chaque rendez-vous chez le médecin ou passage à la pharmacie, le coût en serait automatiquement renchéri. Dans ce sens, toute augmentation du salaire net serait mécaniquement contre-productive, car la mutuelle à laquelle il faudrait souscrire représenterait un coût plus important que la part de brut. Le programme défendu par les candidats de la NUPES[14] s’inscrit ainsi à rebours de cette logique de destruction du système de protection sociale, en proposant au contraire d’instaurer un système de prise en charge intégrale des soins prescrits, en intégrant donc dans la Sécurité sociale les complémentaires santé qui renchérissent le coût des prestations, aujourd’hui non remboursées.

 

D’autre part, s’il ressort donc que le salaire brut est bien du salaire qui nous permet à chacune et chacun d’avoir accès à des prestations autrement souvent inaccessibles, le salaire brut permet surtout de générer du travail. C’est le cas du système hospitalier qui, financé par les cotisations, ne fonctionne que grâce à l’avance monétaire permise par le subventionnement des caisses du régime général à partir des années 1950-1960[12]. Augmenter le salaire net en diminuant le brut est un cadeau empoisonné et aurait pour première conséquence de supprimer ce qui fait l’hôpital public et ce qui le finance. Si cette position constitue une proposition ultra-libérale, il est nécessaire d’insister sur un enchaînement qui ne peut être aisément démenti : défendre la diminution des cotisations en même temps que l’amélioration de l’hôpital public est un non-sens.

 

 

- Travail contre capital : l'histoire de rémunérations rivales
Les défendeurs des projets libéraux se drapent souvent des meilleures intentions pour défendre ce qui relèverait d’une hypothétique « valeur travail ». Souvent partisans d’un dialogue « apaisé » et « raisonné », ils aspirent à contenter à la fois le syndicat patronal et les syndicats des salariés. C’est, là encore, commettre une erreur rédhibitoire relativement à la rémunération du travail.

 

L’augmentation pure et simple du salaire n’est pas la redistribution d’un impôt collecté, mais impose au contraire une nouvelle répartition primaire de la valeur dans l’entreprise.

 

En vérité, la valeur ajoutée produite par toute entreprise[15] est répartie entre les différentes parties prenantes. Ainsi, au-delà de l’autofinancement ou des taxes, la valeur ajoutée est notamment répartie entre les salaires à verser et les dividendes à distribuer. Les premiers rémunèrent le travail, les seconds le capital. Dès lors, il s’agit d’un jeu à somme nulle : défendre une meilleure rémunération du travail sans remettre en cause celle du capital est tout simplement impossible.

 

Finalement, l’augmentation du salaire minimum (et de tous les salaires en conséquence) permet donc de mieux rémunérer le travail, durablement, sans se contenter de primes subordonnées à la volonté imprévisible d’un exécutif par ailleurs réticent à accéder aux demandes du camp du travail. Surtout, les primes dites de pouvoir d’achat et versées par l’Etat présentent enfin le fâcheux inconvénient d’être financées par les contribuables eux-mêmes !

 

Au contraire, l’augmentation pure et simple du salaire, en plus de permettre l’augmentation de la cotisation donc l’amélioration de la protection sociale, n’est pas la redistribution d’un impôt collecté, mais impose une nouvelle répartition primaire de la valeur dans l’entreprise. C’est là un tout autre projet, véritablement social et émancipateur.

 

 

- Cotisations sociales, arnaque Macron (fiche de paie)

Comprendre toutes les lignes de la fiche de paie, et comprendre les arnaques des discours des politiques sur les cotisations salariales (charges sociales comme ils disent).

 

 

- Pouvoir d'achat et primes : la mystification du gouvernement
L’air de rien, c’est bien d’un choix de société dont il est question depuis lundi à l’Assemblée. D’un côté, un gouvernement qui tente de soutenir le pouvoir d’achat par un système de primes qui échappent aux cotisations sociales.... 

 

Notes :

[0France / Finances : Bercy veut réduire les dépenses publiques en rognant sur les soins

[1] Loi pouvoir d'achat : 5 propositions, le face à face de la Nupes et Ensemble

[2] Se trouve ici illustré le mythe selon lequel les bénéficiaires des minimas sociaux, confortablement installés avec leurs quelques centaines d’euros mensuelles, préféreraient cette situation à celle de l’emploi.

[3] Toutefois, le IV de l’article unique de la loi du 31 mai 2000 prévoit que « si l’impôt sur le revenu n’est pas dû ou si son montant est inférieur à celui de la prime, la différence est versée aux intéressés ».

[4] Voir « Prime contre salaire. Histoire et sous-entendu d’une lutte menée au nom du pouvoir d’achat », article paru dans La vie des idées, mars 2022.

[5] CHÈQUE DE 100 EUROS : LA TRIPLE ARNAQUE

[6] GILLES PERRET : « J’ESSAIE TOUJOURS DE METTRE DES OPPOSANTS POLITIQUES DANS MES FILMS »

[7] DENIS COLOMBI : « LA SOCIÉTÉ A PARFOIS INTÉRÊT À CE QUE LA PAUVRETÉ PERSISTE »

[8] LA VÉRIF. L'ALLOCATION DE RENTRÉE SCOLAIRE FAIT-ELLE BONDIR LES VENTES D'ÉCRANS PLATS ?

[9] En 2019, 9,2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire

[10] LA COTISATION, PUISSANT MÉCANISME D’ÉMANCIPATION

[11] « IL Y A UNE STRATÉGIE DE MISE EN DÉFICIT DU SYSTÈME DE RETRAITES » – ENTRETIEN AVEC MICHAEL ZEMMOUR

[12] LA CAUSE DU DÉSASTRE HOSPITALIER : L’ABANDON DES PRINCIPES FONDATEURS DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

[13Le salaire, c'est le salaire net + le salaire différé socialisé : c'est quoi le salaire différé socialisé ?

[14] Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[15] Etant néanmoins entendu ici que l’entreprise lucrative n’est pas la seule entité productive où le travail est et doit être rémunéré. Ne doivent ainsi pas être oubliées les associations, les coopératives ou encore la fonction publique.

 

Pour en savoir plus :

- « La “prime Macron” creuse volontairement le déficit de la Sécurité sociale », Le Monde, 20 juillet 2022

- CGT : Alors que les salarié·es subissent de plein fouet une inflation supérieure à 10 % qui s’installe, notamment sur les produits essentiels, la question du partage de la valeur ne peut pas être restreinte à la seule question des primes.

 

Pouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?
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16 février 2021 2 16 /02 /février /2021 11:41
On en parle : partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits
On en parle : partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits

Où sont passés les salariés dans la répartition des richesses créées ?

Ce n'est pas le coût du travail qui est un problème mais celui du capital[4] !

Comment la baisse tendancielle du taux de profit explique le capitalisme d'aujourd'hui[5]

 

La création de richesses brutes d’une entreprise est appelée la valeur ajoutée (VA). Cette richesse créée est répartie sous trois formes : salaires pour les travailleurs, profits et dividendes pour les propriétaires du capital, et enfin l’impôt, prélevé par l’État. La lutte syndicale dans l’entreprise se cristallise autour de la question de partage de la valeur ajoutée entre le capital et le travail, c’est à dire autour de la répartition de la richesse créée à l’entreprise : salaire ou dividende ?

 

Sources : CGT - CGT Métallurgie - Regards.fr | mis à jour le 14/10/2022

- La part des salaires dans la Valeur ajoutée
Ces dernières années, la part du total des salaires dans le total de la valeur ajoutée, au niveau macroéconomique, a beaucoup évolué. Cette part salariale est restée stable dans les années 1960, et jusqu’à la crise du milieu des années 1970 qui la fait brusquement augmenter. Puis intervient au début des années 1980 un retournement de tendance qui conduit à une baisse régulière puis à une relative stabilisation à un niveau historiquement très bas. Le partage de la valeur ajoutée devient plus favorable au capital à partir des années 2000, cette situation s’explique par la transformation du rapport de forces entre classes sociales à cette période et la financiarisation de notre économie.


Ainsi, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises est de 65,8 % en 2006 contre 74,2 % en 1982, soit un recul de 8,4 points. Selon la Commission européenne, la part des salaires dans l’ensemble de l’économie est passée de 66,5 % en 1982 à 57,2 % en 2006, soit une baisse de 9,3 points.

 

 

- La part des dividendes a beaucoup augmenté

Elle est passée de 4,6 % en 1998 à 9,5 % en 2013, soit un doublement en quinze ans. Cette augmentation s’est faite dans un premier temps au détriment des salariés. Entre 1998 et 2008, la baisse de la part de la rémunération des salariés (-5,9 points de pourcentage) est venue compenser l’augmentation des dividendes (+4,7 points de pourcentage).

 

Depuis la crise financière e 2008, la part des salaires dans la valeur ajoutée est remontée à 59% (+6 points). Pas parce que les salaires ont beaucoup augmenté mais parce que la valeur créée par l’entreprise était plus faible du fait de la crise, et que la part des salaires restant stable, relativement son poids a été plus élevée. Ceci s’explique clairement par les effets de la conjoncture économique : en général, lors d’une récession, les profits (- 10,2 % en 2009) baissent plus que les salaires (- 1,2 %).

 

 

- Une situation contrastée
Néanmoins, la situation n’est pas la même pour tous. Entre 1996-2006, on constate une envolée des très hauts salaires en France, les 0,1 % les mieux rémunérés avaient vu leur salaire mensuel brut progresser (inflation déduite) de 19 374 à 24 000 euros, un gain de 28 % soit 5 426 euros. Pour la plupart des 60 % des salariés les moins bien payés, le gain n’avait pas dépassé les 130 euros. Par ailleurs, entre 2009 et 2014, les dividendes ont augmenté de 58% et les grandes entreprises françaises se sont fortement financées auprès des marchés financiers, par le biais d’émissions d’actions. En conséquence, elles ont consacré jusqu’à la crise de 2008 une part croissante de leurs profits à rémunérer leurs actionnaires sous forme de dividendes ; et ce, au détriment de l’investissement et de l’emploi.


Pour l'année 2018 par exemple, les entreprises du CAC 40 ont gâté leurs actionnaires. Elles ont versé 46,8 milliards d’euros de dividendes, soit 48% de leurs résultats sur l’exercice écoulé. Ce chiffre est supérieur à celui de 2017 (45,1 milliards).

 

 

- Quelle est la tendance en Europe ?
D’après une estimation de la Confédération européenne des syndicats (CES), si la part des salaires dans le PIB de l’Union européenne était restée identique à ce qu’elle était au début des années 90, les salariés auraient gagné, en moyenne, 1764 € de plus en 2017. De fait, la part des salaires dans le PIB est en déclin dans tous les pays de l’UE depuis le milieu des années 1970. Les salaires comptaient pour 72 % du produit intérieur brut en 1975, leur part est tombée à moins de 63 % en 2017.
Le travail est à l’origine de la création des richesses. C’est un formidable atout pour l’économie française. Les salaires et les cotisations sociales sont primordiaux pour vivre, se soigner, bien vieillir.
Chaque augmentation de salaires gagnée améliore l’économie du pays et la pérennité de la sécurité sociale.

 

 

- Une autre vue qui représente les dividendes versés dans les entreprises en jours de travail de 1981 à 2012

En un seul coup d’œil, la dégradation produite par trente années de contre-réformes libérales se révèle dans sa brutalité : en 1981, les dividendes versés aux actionnaires représentaient 10 jours de travail par salarié dans les sociétés non financières, en 2012, ils en représentent 45 jours. Dit autrement, un salarié travaille 45 jours par an, soit 9 semaines, uniquement pour payer les dividendes des actionnaires[2].

 

Les modifications dans la répartition capital/travail sont observées depuis bien longtemps. Ainsi des études[3] sur la part des salaires dans la valeur ajoutée montrent une forte diminution de ceux-ci aux profits de la rémunération du capital. On sait aussi que la part des dividendes versés aux actionnaires est passée de 4% de la masse salariale en 1980 à 13% aujourd’hui (en 2012). Dans un livre très remarqué, Le capital au XXIème siècle, Thomas Piketty présente la dynamique de la répartition des revenus et des patrimoines depuis le XVIIIème siècle et démontre que le capitalisme contemporain est un capitalisme de rentiers.

 

La force du graphique produit par la CGT est sans doute de rendre cette réalité accessible à tous.

 

 

- Et les insoumis, ils en disent quoi ?
Ce n’est pas le coût du travail qui pose problème, mais le coût du capital ! 

Depuis 2009, les dividendes des actionnaires du #CAC40 ont augmenté trois fois plus vite que les salaires des employés. Ce n’est pas le coût du travail qui pose problème, mais le coût du capital[1] !

 

 

 

Le 7 mars 2018, Adrien Quatennens, député France insoumise, était l'invité de David Pujadas sur LCI. Au programme : "super riche, super profit : chance ou scandale ?"

 

- " Jour du dépassement capitaliste : à partir de ce 22 septembre 2022, vous travaillez pour... les actionnaires " titrait Marianne[6]

Comme tous les ans, le 22 septembre marque l’anniversaire de la proclamation, en 1792, de la République. Elle n’est alors pas encore « sociale », mais la Fraternité s’apprête à rejoindre l’Égalité et la Liberté dans la trinité républicaine.
Ironie du calendrier, cette année, la date coïncide avec le jour du dépassement capitaliste pour les salariés.

  • À partir de ce jour d’équinoxe, les salariés des multinationales françaises bosseront uniquement pour rémunérer les actionnaires des sociétés du CAC 40.
  • En dix ans, ils ont capté 45 jours supplémentaires... En détail ci-dessous...

 

"Jour du dépassement" capitaliste : à partir de ce 22 septembre, vous travaillez pour... les actionnaires


 

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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 15:19
On en parle : annulation dette publique, inflation, échelle mobile des salaires...
On en parle : annulation dette publique, inflation, échelle mobile des salaires...
On en parle : annulation dette publique, inflation, échelle mobile des salaires...
On en parle : annulation dette publique, inflation, échelle mobile des salaires...

Coronavirus : E. Macron appelle à « annuler » les dettes des pays africains[1]...

 

...et en France, J.L. Mélenchon est le seul à vouloir abattre le mur de la dette, notamment pour financer la bifurcation écologique[5]et [5bis]...

 

ainsi, l'argument de l'impossibilité ne tient pas, Macron le proposant pour l'Afrique... !

 

 

En Préambule... (Extrait de " Pourquoi et comment annuler la dette des États européens ? "[4])

Peu de gens le savent parce qu’ils n’en entendent jamais parler. Mais la dette publique des États est moins importante que la dette privée. Cela se vérifie dans chaque pays, dans l’Union européenne et d’une façon générale dans le monde. Cette dette est évidemment la plus incertaine car les débiteurs peuvent disparaitre d’un jour sur l’autre par la faillite ou la mort. D’énormes secteurs de dettes privées sont ainsi à la merci de n’importe quel évènement privé parfois minuscule. Ce fut le cas des dettes immobilières en subprime aux États-Unis : un divorce raté de trop ruina d’un coup de longues chaînes de gens, par centaines de milliards comme par un effet de boule de neige. Idem pour la dette des étudiants qui reste une bombe à retardement aux USA.

 

Pourtant, c’est à l’État que les libéraux font leur reproche. Les arguments pleuvent. Les libéraux reprochent par exemple à la dette des États de peser sur le marché financier et de faire monter les taux pour l’emprunt et l’investissement privé. Ils lui reprochent de générer des remboursements qui créent des impôts, ce qu’ils ont en horreur. En effet ils pensent que l’argent privé doit rester dans les mains des « investisseurs » privés, plutôt qu’en impôts utilisés par l’État. Pour eux l’argent est toujours mieux utilisé et placé par le privé et plus efficacement que par le public. Pour finir, ils répandent le bruit, rabâché sur les plateaux de télé, qu’à partir d’un certain niveau, la dette publique étouffe l’économie. Par exemple on entend dire régulièrement qu’au-delà de 100% de dette par rapport à la richesse produite pendant un an (PIB) par le pays c’est la catastrophe (Mauvaise plaisanterie[3] ). Cela n’a jamais été prouvé. Mais par contre on connaît au moins un pays endetté à plus de 200 % et qui n’en est pourtant loin d’en être mort : le Japon[2].

 

 

Sources : Eric DURAND | mis à jour le 25/09/2022

- On nous dit : en 2017, Jean-Luc Mélenchon faisait le pari de l'inflation
" Les dangers de l'inflation "... c'est, en effet, quand nous débattons de " la dette " et des propositions de J.L. Melenchon en la matière, l'un des arguments que l'on nous ressort régulièrement.

 

Alors, oui, en 2017, il souhaitait que la Banque centrale européenne rachète toutes les dettes souveraines afin que les États «puissent à nouveau respirer ». Quitte à ce qu'il y ait de l'inflation ce « qui nous permettra d'une part de dévaloriser la capital dû et de permettre à tous les pays de retrouver de la respiration pour repartir de l'avant[6». Plus d'un an auparavant, en avril 2013, Jean-Luc Mélenchon avait défendu exactement la même position, dans l'émission " Des paroles et des actes sur France 2, face à l'économiste Jacques Attali ".

 

Or, la position de Jean-Luc Mélenchon risquait d'engendrer une hyperinflation (une hausse extrêmement rapide des prix) qui toucherait le pouvoir d'achat des plus modestes. Le rachat de la totalité des dettes souveraines pouvant se traduire par une inflation largement supérieure à 4 à 5 points.

 

Mais en France, face à ce risque, nous n'étions pas sans arme :

  • d'un côté nos concitoyens vivant d'allocations et autres aides, auraient bénéficié d'une revalorisation systématique ;
  • et pour les salariés,  le blocage des prix[6bis] et l'instauration ou la négociation d'une échelle mobile des salaires avec les organisations syndicales aurait permis d'y faire face

 

 

- En 2022, pour Jean-Luc Melenchon : coronavirus oblige, « Il faut annuler la dette »

Comment annuler la dette pour redémarrer l’économie : " Plutôt que de racheter aux banques privées des titres de dettes des États , la BCE les achèterait directement aux États. Elle les stockerait en dette perpétuelle à intérêt négatif[7] (c’est le cas des emprunts de long terme aujourd’hui). Les États retrouveraient leur capacité de financement pour de nouveaux emprunts et l’ancienne dette fondrait petit à petit, au fil de l’inflation dans les coffres de la Banque Centrale Européenne. Et ne serait jamais payée. Car bien sûr ces dettes ne seront jamais payées " déclare J.L. Melenchon le 15 décembre 2020[8].

 

  • Décryptage de la solution Melenchon (par Antoine Léaument pour LE BON SENS)
    • Pour faire face à la crise économique provoquée par la crise sanitaire du coronavirus, le gouvernement a décidé de creuser la dette, pour ultérieurement tenter de faire payer toute ou partie de la facture au peuple par une austérité renforcée et une baisse des dépenses publiques. Celle-ci va maintenant dépasser les... 115% du PIB selon le discours libéral (en réalité TAUX D'ENDETTEMENT de la France en 2020 : 👉 14,5 % du Pib annuel ! EXPLICATIONS 👉 [3]).
    • En tout état de cause, elle est devenue impayable, sauf à vouloir y consacrer tous les moyens de l'État pendant les cent prochaines années ce qui est impensable alors qu'il nous faut engager au plus vite la transition écologique et développer de nouveau nos services publics. C'est pourquoi Jean-Luc Mélenchon propose de l'annuler. EXPLICATIONS 👉 [9].

 

 

- Revenons à l’échelle mobile des salaires : " une revendication oubliée " selon Albert Ricchi[10]

En bref : L'échelle mobile des salaires consiste à augmenter les salaires en fonction de l'augmentation des prix afin de conserver le pouvoir d'achat des salariés face à l'inflation[11].

 

➡️ Explication...

Si ne pas être au chômage constitue une chance pour beaucoup, travailler donne de moins en moins la possibilité de vivre décemment, en particulier pour les salariés les moins qualifiés, en CDD, contrats d’intérim, CNE, travail à temps partiel subi, etc.

 

➡️ Aujourd’hui :

  • la France compte plus de 7 millions de pauvres (10 millions en 2020[12]), au sens des critères retenus par l’union européenne - 60% du revenu médian, soit environ 780 € par mois - et 2 540 000 personnes sont payées au SMIC[13] ;
  • 30 % des salariés à temps plein (hors intérim) touchent un salaire inférieur à 1,3 SMIC (moins de 1 630 € bruts par mois[13]). Moins mal lotis, mais loin d’être aisés, près de la moitié de l’ensemble des salariés, soit 8,5 millions de personnes, touchent entre 1,3 et 2 fois le SMIC (soit entre 1 630 € et 2 500 € bruts par mois)[13] ;

 

 

🔴   Depuis la suppression de l’échelle mobile des salaires au début des années 80, le niveau réel des salaires baisse régulièrement.

Un tel dispositif indexant les salaires sur l’indice des prix et visant à maintenir le pouvoir d’achat des salariés était une vieille revendication du mouvement syndical mais elle ne semble plus aujourd’hui d’actualité, ni pour les organisations syndicales, ni pour les partis politiques...

 

Chaque année, c’est à peu près le même scénario qui se produit :

  • les pouvoirs publics et le patronat proposent, dans les secteurs public et privé, un pourcentage d’augmentation des salaires inférieur à l’indice des prix ;
  • les organisations syndicales soumettant, quant à elles, un pourcentage supérieur.

 

Puis, dans un second temps, souvent après quelques manifestations ou grèves, les pouvoirs publics et le patronat, faisant mine de reculer, proposent un pourcentage d’augmentation supérieur à celui proposé initialement mais cependant toujours inférieur à l’inflation ! Ce scénario se reproduit ainsi, cahin-caha, depuis le début des années 80, alors que la protection du pouvoir d’achat des salariés devrait dépendre d’un mécanisme précis, s’appliquant de façon automatique chaque année, au même titre que l’indexation de certains avantages sociaux ou prestations familiales.

 

C’est le 13 juin 1982, sous la présidence de François Mitterrand, que la gauche a opéré un tournant historique [Jacques Delors (PS) était ministre des Finances, dans le deuxième gouvernement de Pierre Mauroy (PS)][14]. Voulant lutter contre l’inflation, le blocage des salaires et des prix fut imposé de juin à novembre. Ainsi, dans la fonction publique, l’Etat bloqua les salaires qui avaient suivi l’évolution des prix les années précédentes. Il incita ensuite les employeurs du secteur privé à faire de même, en les invitant à faire évoluer les salaires en fonction non de la hausse réelle des prix, mais du taux d’inflation " prévu " par le gouvernement.

Pour avoir accès à l'original, cliquer sur l'image
  • Les clauses d’indexation des salaires sur les prix furent une à une retirées des conventions collectives dans les années qui suivirent. Elles étaient de fait considérées comme illégales depuis une ordonnance d’Antoine Pinay en 1959, mais après mai 1968, elles réapparaissaient dans certaines conventions ;
  • Puis les lois Auroux ont réaffirmé leur interdiction dans le Code du travail, article L.141-9 : " Sont interdites, dans les conventions ou accords collectifs de travail, les clauses comportant des indexations sur le salaire minimum de croissance ou des références à ce dernier en vue de la fixation et de la révision des salaires prévus par ces conventions ou accords. " ;
  • En 1983, Jacques Delors, ministre de l’Economie et des Finances, décida de deux plans d’austérité[15] et le pouvoir d’achat des salariés commença à diminuer régulièrement, l’échelle mobile des salaires ayant été supprimée sans pour autant que le chômage diminue.
  • Enfin, la réforme des 35 heures, (mesure mise en place par le gouvernement Lionel Jospin à partir de l’année 2000 et obligatoire pour toutes les entreprises à compter du 1er janvier 2002, par deux lois votées en 1998 et 2000), a eu, de part ses modalités de mise en œuvre, contestées par la CGT pour conséquences de brider le pouvoir d'achat des milieux les plus populaires et d'entraîner une « smicardisation » de nombres de salariés (notamment dans la masse des entreprises ou ils ne sont pas syndicalement organisés, voire dans un syndicat de collaboration de classe) car la loi n'avait pas tranché cette question de la compensation salariale, renvoyant le sujet à la négociation[15bis].

 

➡️ Aujourd’hui

Outre la revalorisation annuelle du SMIC[16]), les salaires évoluent en pratique :

  • soit à l’occasion d’une négociation individuelle entre l’employeur et le salarié ;
  • soit au cours de négociations conclues entre les partenaires sociaux.

 

Lorsqu’un accord est conclu, un avenant s’ajoute à la convention collective et s’applique à tous les employeurs concernés, après parution d’un arrêté ministériel. Des accords peuvent également être prévus dans le cadre de l’entreprise. Ils se superposent alors aux conventions collectives, ce qui signifie qu’ils ne peuvent en aucun cas prévoir des salaires inférieurs à ceux déjà fixés par la convention collective.

 

Si les salaires les plus bas sont automatiquement réévalués en fonction du SMIC, ces augmentations n’entraînent pas, par contre, la réévaluation des salaires supérieurs à cette rémunération minimale. En effet, la loi interdit la réévaluation automatique des salaires en fonction du SMIC ou de tout autre indice. Cette pratique, renouvelée chaque année, tasse de plus en plus les grilles hiérarchiques vers le bas...

 

Mais la situation des salariés est aussi aggravée par un indice officiel des prix à la consommation qui ne reflète pas la réalité.

- Aujourd’hui, en vue des négociations salariales 2007, les directions d’entreprise s’appuient sur le chiffre officiel de l’inflation, environ 1,5%, pour négocier comme d’habitude a minima. En réalité, la hausse des loyers autorisée par le tout nouvel indice de référence des loyers (IRL) est de 3,19% et l’augmentation des prix des produits alimentaires se situe entre 1,7% et plus de 3,6%[13] !

- En fait, même si les prix des produits manufacturés restent maîtrisés (diminution de 0,10%), la mesure de l’inflation ne concerne que les prix à la consommation. Cet indice ne dit donc rien, par exemple, de la fiscalité, et gageons qu’entre impôts directs et indirects, la fiscalité augmentera de plus de 1,5%[13] !

- Enfin, même pour la consommation, quand un nouveau produit est mis en vente, l’augmentation de prix par rapport au produit ancien n’est pas intégré dans l’indice.

- L’indice des prix calculé par l’INSEE est d’autant plus fantaisiste qu’il n’a jamais intégré l’augmentation des prix camouflée par les « arrondis » opérés nettement à la hausse après le passage à l’euro et par un blocage ou une diminution de salaires liés au passage aux 35 heures dans la plupart des entreprises.

 

➡️  En ayant négligé le problème de la défense du pouvoir d’achat, tous les gouvernements successifs, depuis 1983, ont une lourde part de responsabilité dans les difficultés que rencontrent aujourd’hui des millions de personnes...

 

➡️   Afin d’enrayer l’érosion continue du pouvoir d’achat des salariés, il est donc urgent de réintroduire un système d’indexation des salaires à l’indice des prix, car l’inflation, même si elle est plus faible aujourd’hui que dans les années 80, touche en priorité les salariés et les couches sociales les plus fragiles.

 

 

- Echelle mobile des salaires, nous ne partons pas de rien

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Pour accéder au projet de loi législatif, cliquer sur l'image

Retrouvez le projet de Loi déposé par les députés communistes à l'Assemblée Nationale le 26 juin 2013

 

" Mesdames, Messieurs,

L’échelle mobile des salaires consiste à augmenter les salaires en fonction de l’augmentation des prix afin de conserver le pouvoir d’achat des salariés face à l’inflation.

 

Cette mesure de bon sens a été introduite en France en juillet 1952 sous la présidence de Vincent Auriol, par le Gouvernement Pinay.

 

Elle a malheureusement été supprimée en 1982 par Jacques Delors et Pierre Mauroy, qui marquait le début du tournant libéral de la rigueur et de la construction européenne.... "

 

Pour lire la suite, cliquez sur l'image 👉 

 

Notes :

[1] Coronavirus : Emmanuel Macron appelle à son tour à «annuler» les dettes des pays africains !

[2] L'endettement à 250 %, souci mineur du Japon

[3] 2020 : La dette à nouveau agitée pour que le peuple ait peur et se taise...

[4] Pourquoi et comment annuler la dette des États européens ?

[5En France, J.L. Mélenchon est le seul à vouloir abattre le mur de la dette, notamment pour financer la bifurcation écologique

[5bisComment annuler la dette pour redémarrer l’économie

[6] 2017 : Dette publique Jean-Luc Mélenchon faisait le pari de l'inflation

[6bis] Jean-Luc Mélenchon : LE BLOCAGE DES PRIX C’EST POSSIBLE TOUT DE SUITE !

[7] Coronavirus : J.L. Melenchon, transformer la dette,... en dette perpétuelle...

[8] Ce n'est pas à la jeune génération de payer la dette. Il faut mettre un terme à cette comédie ! Il faut annuler la dette publique détenue par la BCE.

[9Décryptage de la solution Melenchon (par Antoine Léaument pour LE BON SENS)

[10] L’échelle mobile des salaires : une revendication oubliée par Albert Ricchi 

[11] Échelle mobile des salaires

[12] PLUS DE 10 MILLIONS DE PAUVRES EN FRANCE EN 2020 : LES PRÉVISIONS ALARMANTES DU SECOURS CATHOLIQUE

[13] Chiffres 2007

[14] 13 juin 1982 : le blocage des prix et des salaires

[15] Tournant de la rigueur

[15bis] « Bosser moins, mais tous et mieux ! » : les 35 heures ont 20 ans

[16] Salaire minimum interprofessionnel de croissance

 

Pour en savoir plus :

- « Echelle mobile » ou « indexation » des salaires en France ? [article]

- Il faut envisager la dette de l’État comme un outil au service d’une politique d’investissement public ambitieuse, estime l’économiste Eric Berr

- Pour l’après-Covid, plus de 100 économistes demandent à la BCE d’annuler les dettes publique

- Mélenchon : " Mes solutions pour nous libérer d'un futur enchainé au remboursement sans fin de la dette "

- 150 économistes proposent comme Mélenchon l’annulation de la dette détenue par la BCE

ANNULATION DE LA DETTE ÉTUDIANTE AUX ÉTATS-UNIS : LA FIN D’UN TOTEM NÉOLIBÉRAL

- Europe : 18 ans après le « non » au TCE, l’annulation des dettes publiques, une priorité politique absolue

 

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12 juin 2018 2 12 /06 /juin /2018 08:30

- Le 15 mars, à l’appel de 9 organisations, 200 000 retraité-e-s ont exprimé le mécontentement et la colère de millions d’autres face à cette ponction de CSG et exigé la revalorisation de leurs pensions

Le gouvernement, obligé de tenir compte de la force de ces rassemblements, imagine qu’en annonçant un allègement de CSG pour certaines personnes fera taire la colère de millions de retraité-es mécontents.

 

Environ 100 000 ménages dont le revenu fiscal de référence (RFF) se situe juste au-dessus du seuil retenu pour cette augmentation, soit 14 404 euros, seraient concernés.

 

Le comble du mépris c’est que cette décision ne serait effective qu’en 2019 !!

 

Dans leurs circonscriptions, les parlementaires font face à la colère de ces millions de retraité-es.

 

Loin d’être des « nantis » de la « génération dorée », les retraité-es ne méconnaissent nullement la solidarité intergénérationnelle qu’ils pratiquent tous les jours dans leur entourage. Quand le gouvernement offre des milliards de cadeaux fiscaux aux grands patrons et aux plus riches, c’est aux retraité-e-s qu’il demande de compenser la baisse du pouvoir d’achat des salariés !!

 

L'heure est à la poursuite de l'action...

 

En Charente Maritime aussi, le jeudi 14 juin 2018, les retraités seront dans la rue
  • Pour signer la pétition, c'est ICI
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7 février 2018 3 07 /02 /février /2018 15:04
Le salaire, c'est le salaire net + le salaire différé socialisé : c'est quoi le salaire différé socialisé ?

Rapprocher le salaire net du salaire brut : trompeur, pernicieux, dangereux[0]… et pourtant M. Le Pen le propose[0bis] !

Ce qu'est le salaire (rappel)... cotisations sociales ou salaire socialisé mais pas " charges ".

 

Pour la CGT, le salaire est la contrepartie du travail fourni. Constitue une rémunération le salaire ou traitement ordinaire de base ou minimum et tous les autres avantages et accessoires payés, directement ou indirectement, en espèces ou en nature, par l’employeur au salarié en raison de l’emploi de ce dernier[1].

Selon l'INSEE le salaire est " L'ensemble des rémunérations en espèces et en nature que les employeurs versent à leurs salariés en paiement du travail accompli par ces derniers : salaires et traitements bruts en espèces et en nature, cotisations sociales effectives et imputées à la charge des employeurs"[2].

Macron et son gouvernement quant à eux, entendent supprimer les cotisations sur les heures supplémentaires à l'horizon 2020[8].... ( L’exonération des cotisations sociales sur les heures supplémentaires a un coût annuel estimé à 3 milliards d’euros[9]).

Entreprenons une explication sur le salaire différé socialisé. C'est le fondement même de la Sécurité sociale, mais également de l’assurance-chômage et des allocations familiales. Comme chacun sait, le rôle des « politiques » institutionnels, des représentants patronaux et des économistes, étant de rendre confus ce qui est clair, nous entendons bien plus souvent parler, à ce propos, de « charges » des entreprises et de « prélèvements obligatoires » sur les salaires. D’où l’explication qui suit.

 

Sources :  La Commune par  Rémi Duteil - Eric Durand | mis à jour le 16/10/2023

Lorsque nous lisons notre feuille de paye, nous y voyons les cotisations prises sur notre salaire et « ce que cotise » l’employeur pour nous. Tant pour l’assurance maladie, pour la retraite, le chômage et les allocs. Et nous entendons dire en boucle que toutes ces charges pèsent sur les entreprises, que les PME sont traquées par l’horrible URSSAF. Voilà comment, à grands traits, la réalité nous est dépeinte. Dans le même ordre d’idée, beaucoup de gens pensent que la CAF, c’est l’État.

 

 

- Salaire super-brut ou salaire chargé

Or, les fameuses cotisations, tant celles prélevées sur les salaires que celles versées directement par l’employeur, constituent en réalité une partie des salaires qui est « différée » car nous n’en disposons pas immédiatement. Elle nous est restituée sous forme d’un salaire indirect : pour se soigner, pour toucher notre pension de retraite, pour les allocations familiales, les allocations chômage et le financement intégral (voire, majoré en cas de « faute inexcusable de l’employeur ») des suites d’accidents du travail, de trajet et maladies professionnelles reconnues comme telles.

 

Cela est si vrai que la comptabilité des entreprises a une rubrique « salaire super brut » ou « salaire chargé » (salaire brut + cotisations patronales) qui chiffre le fameux « coût du travail ». D’un point de vue strictement comptable, la distinction entre « part des salaires » et « part patronale » des cotisations versées est purement technique et arbitraire. L’INSEE considère d’ailleurs la rémunération des salariés comme l’ « Ensemble des rémunérations en espèces et en nature que les employeurs versent à leurs salariés en paiement du travail accompli par ces derniers : salaires et traitements bruts en espèces et en nature, cotisations sociales effectives et imputées à la charge des employeurs ».

 

 

- Un pour tous, tous pour un

Dans un article précédent[3], nous avons vu, qu’au début du XIXe siècle, les ouvriers tailleurs se sont dotés de caisses de solidarité et de secours. Ils ont ensuite été imités par les autres corporations. Cela consistait à se cotiser pour mettre dans un pot commun une partie de leur salaire et créer ainsi un lien de solidarité selon le bon vieux principe : « un pour tous, tous pour un ». Celui qui tombait malade ou qui était blessé au travail était « secouru » par cette caisse. La bataille pour l’augmentation des salaires devient la bataille pour couvrir les besoins urgents (se vêtir, se nourrir, se loger) et les besoins à plus long terme des travailleurs ( se soigner et avoir de quoi vivre lorsque la vieillesse ou l’invalidité nous place dans l’incapacité de travailler).

 

Nous avons vu, dans nos articles précédents, comment ce principe de solidarité a abouti en 1945 à la création de la Sécurité Sociale et comment la CGT a porté ce combat vital.

 

 

- Le salaire collectivisé

Rares sont les spécialistes de l’histoire de la Sécurité Sociale qui mentionnent le projet d'ordonnance organisant la Sécurité Sociale, rapport présenté par Georges Buisson (CGT), le 24 juillet 1945. Or, comme l’avait souligné en son temps « La Vérité », ce projet prévoyait que la cotisation serait totalement à la charge de l’employeur[4].

 

Après moult débats, l’article 32 de l’ordonnance définitive du 4 octobre 1945 coupera la poire en deux : « Le taux de la cotisation des assurances sociales est de 12 p. 100. La moitié de la cotisation est à la charge de l'employeur, l'autre moitié à la charge du salarié ou assimilé. »[5]

 

 

- Pourquoi la sécu inocule la rage aux capitalistes et leurs gouvernements ?

Quoiqu’il en soit, la Sécurité sociale est née comme institution indépendante de l’État, financée par le salaire différé de tous les travailleurs, leur salaire collectivisé.

 

Ce salaire différé, sur lequel repose la Sécu, représente une manne financière plus forte que le Budget de l’État et qui échappe aux marchés financiers. Ce qui fait enrager les gouvernements et les capitalistes.

 

D’autre part, si un patron peut jouer sur la « variable d’ajustement » qu’est le salaire direct, il ne peut pressurer le salaire différé… À moins d’obtenir les exonérations de « charges » par l’État qui sont, il est vrai, de plus en plus massives dans l’objectif « décomplexé » de faire chuter le « coût du travail ».

 

 

- « Trou », quel « trou » ?

Dans le même temps, nous subissons une intox permanente depuis 40 ans sur le « trou » de la Sécu. Un « trou » totalement fictif puisque le seul remboursement par l’État des « exonérations » non compensées par lui, ferait litière de ce « trou » artificiel. Un point que nous avions amplement démontré, faits et chiffres à l’appui, dans notre article « Sous la réforme des retraites, le démantèlement de la sécurité sociale »[6]. Sur le même sujet lire aussi : Le « Trou » de la Sécurité Sociale : un trou « fictif »... ou pas ? La dette « sociale » légitime ou pas ?[7]

 

 

- Cotisations sociales, arnaque Macron (fiche de paie)

Comprendre toutes les lignes de la fiche de paie, et comprendre les arnaques des discours des politiques sur les cotisations salariales (charges sociales comme ils disent).

 

- Pour la France insoumise, la baisse des cotisations, c’est la baisse du salaire !

Le salaire, c'est le salaire net + le salaire différé socialisé : c'est quoi le salaire différé socialisé ?

Sources :  La France insoumise

Communiqué du groupe « La France insoumise » à l’Assemblée nationale

Courant janvier, le Gouvernement promettait aux citoyens une belle surprise sur leur fiche de paie à la fin du mois : une hausse du pouvoir d’achat pour tous les salariés.

 

Cependant, pour un gain réduit pour les salariés du privé, c’est d’insupportables ponctions qu’ont subi les retraités, qui ont pourtant cotisé toute leur vie.

 

De plus, le Gouvernement a opéré un décalage dans le calendrier de ses réformes, qui lui permet d’économiser plusieurs milliards sur le dos des français qu’il prétend défendre. Ainsi, si la hausse de la CSG est intervenue dès le 1er janvier, il faudra attendre l’automne 2018 pour que la baisse des cotisations soit complète. Pire : la suppression de la taxe d’habitation se fera en trois temps et ne sera donc que pleinement effective fin 2020.

 

Mais surtout, le gouvernement ment sur la nature de l’opération : en baissant les cotisations sociales, c’est bien le salaire socialisé qui est réduit. Cette part du salaire mis en commun rend possible l’existence de notre protection sociale. L’assurance-maladie subit déjà une décennies de plans d’austérité que subissent les soignants des EHPAD et le personnel des hôpitaux publics, et il faudrait la priver de davantage de ressources ? Et que dire de l’assurance-chômage, qui perd l’intégralité des cotisations salariales qui lui étaient jusqu’ici destiné ? Le droit aux indemnités chômage, jusqu’ici lié au statut de cotisant, sera-t-il encore garanti ?

 

Nous nous élevons contre cette « fake news » qui consiste à faire croire que la baisse des cotisations salariales consiste en une hausse de pouvoir d’achat : Quand le reste à charge pour les dépenses de santé aura explosé et que l’assurance-chômage sera réduite à la portion congrue, les Français devront payer de leur poche ce à quoi ils avaient auparavant droit !

 

Le salaire, c'est le salaire net + le salaire différé socialisé : c'est quoi le salaire différé socialisé ?

- En conclusion

Cotisations sociales ou salaire socialisé mais pas "charges".
Quand un journaliste, un homme politique ou un patron parle de "charges" ou de "coût du travail" les propos qui suivent sont généralement très emprunts de l'idéologie Néolibérale qui théorisent la puissance de l'argent et de la finance au détriment de la solidarité et de la force de travail. 


Ce sont ces mêmes discours qui propagent des idées complètement fausses comme la théorie du ruissellement ou le manque de compétitivité  de nos entreprises. La seule question a poser en retour à ces gens là est la suivante : " Avant de nous dire combien on vous coûte, expliquez nous plutôt d'abord combien on vous rapporte".

 

Avec le visuel ci-dessous, on peut aisément comprendre que toutes les baisses de cotisations sociales, opportunément appelées "charges", ne conduisent qu'à une chose : l'appauvrissement de la sécurité sociale (Retraites et assurance maladie).
Indirectement, il s'agit d'orienter les gens vers un système d'assurances sociales privées pour compenser les baisses des remboursements de sécurité sociale et des retraites qui en résultent et maintenir le niveau de protection sociale antérieur, avec comme résultat :
seuls, ceux qui en auront les moyens s'en sortiront !

 

Le salaire, c'est le salaire net + le salaire différé socialisé : c'est quoi le salaire différé socialisé ?
Le salaire, c'est le salaire net + le salaire différé socialisé : c'est quoi le salaire différé socialisé ?

Notes :

[0] Rapprocher le salaire net du salaire brut : trompeur, pernicieux, dangereux…

[0bis] La proposition de Marine Le Pen pour inciter à augmenter les salaires

[1] UD CGT71

[2] Définition du salaire selon l'INSEE

[3] http://www.lacommune.org/..

[4] La Vérité – Avril 1977- « Des conquêtes sociales révolutionnaires » par Denis Follas – voir page 112. – La Vérité était alors l’organe mensuel de l’organisation communiste internationaliste. (OCI)

[5] Ordonnance du 4 octobre 1945

[6] Sous la réforme des retraites : le démantèlement de la Sécurité sociale

[7] Le « Trou » de la Sécurité Sociale : un trou « fictif »... ou pas ? La dette « sociale » légitime ou pas ?

[8] Heures supplémentaires : l'allégement de la fiscalité confirmé «à l'horizon 2020»

[9 L’exonération des cotisations sociales sur les heures supplémentaires a un coût annuel que nous estimons à 3 milliards d’euros.

 

 

Pour en savoir plus :

- L’exonération des cotisations sociales sur les heures supplémentaires a un coût annuel que nous estimons à 3 milliards d’euros.

- A quoi sert le plafond de la sécurité sociale ?

- Comment l’exécutif a plombé les comptes de la Sécu et s’apprête à nous faire payer la facture

- Salaire différé : « La réforme des retraites n’est qu’un volet d’une baisse générale des revenus du travail »

- « “La prime Macron” creuse volontairement le déficit de la Sécurité sociale »

- Baisser les cotisations sociales, c’est du vol de salaire par le patron

 

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2 février 2018 5 02 /02 /février /2018 09:30
Les robots ne libèrent pas les humains du travail, au contraire

Message à ceux qui surfent sur la prétendue " fin du travail " pour justifier la négation de la notion de travail elle-même !

 

Contrairement à une idée reçue, l’automatisation ne libère pas les humains du travail, mais les asservit davantage. C’est ce qu’explique l’auteur de cette tribune, qui invite à une « critique sans concession des nouvelles technologies ».

 

Sources : Reporterre par David Gaborieau[1] modifié le 30 juillet 2018

Avec les robots, les drones-livreurs, les exosquelettes et l’intelligence artificielle, on nous promet la fin du travail pénible, voire la fin du travail tout court. Non seulement cette promesse est illusoire, mais elle cache ce que produisent déjà les automates dans le présent : une intensification du travail. La communication du groupe Amazon est un parfait exemple : elle met en avant des machines souriantes alors que des milliers d’intérimaires s’épuisent pour livrer les courses de Noël.

 

Rappelons une évidence trop souvent mise de côté : la robotisation s’inscrit dans le parfait prolongement d’un modèle industriel dont nous connaissons déjà les principes et les conséquences. Il se caractérise par un usage à outrance des ressources naturelles et humaines, ressources qu’il épuise à son profit. Et lorsque des machines sont perfectionnées, c’est bien pour augmenter la productivité des humains qui inévitablement travaillent autour. Malgré tout, l’automatisation est depuis longtemps présentée comme une forme de libération du travail humain. Andrew Ure, un des premiers penseurs de l’industrie, affirmait dès 1836 que « la plus parfaite manufacture est celle qui peut se passer du travail des mains ». En pleine époque des sweatshop [litt. « usine à sueur »] anglais, ces ateliers de misère de l’industrie textile qui brisaient les corps, la formulation était déjà osée.

 

 

- Intensification du travail et perte des savoir-faire 

Cette idée a fait un grand retour dans les années 1990, portée par un ouvrage célèbre dont le titre ne prévoyait ni plus ni moins que « la fin du travail ». Jeremy Rifkin y voyait les ouvriers disparaître sous ses yeux, remplacés par des machines. L’époque était à l’optimisme, les rapports de l’Union européenne annonçaient fièrement que « le taylorisme, c’est fini » [2]. Près de trente ans plus tard, un homme sur trois ayant un emploi est toujours ouvrier en France [3] et les emplois industriels que l’on dit « disparus » ont juste été déplacés dans des pays à bas coûts. La taylorisation peut même gagner du terrain, comme dans les centres d’appel, où les dialogues sont devenus répétitifs sous l’effet d’un logiciel qui guide les conversations. Et les caissières vous le diront toutes, rien de pire que la tâche consistant à surveiller en même temps six à dix caisses « automatiques ».

 

Malgré des échecs répétés, la prophétie de l’automatisation libératrice se renouvelle sans cesse. Une étude d’Oxford a récemment prédit que près d’un emploi états-unien sur deux était voué à disparaître d’ici vingt ans [4]. Moins alarmiste, l’OCDE estime tout de même que 9 % des emplois français présentent un « risque élevé d’automatisation » [5]. Si ces données ont de quoi faire peur, elles suscitent aussi certains espoirs. Une partie des défenseurs du revenu universel s’appuie ainsi sur l’argument d’un surplus de temps et d’argent, libéré par les machines, que nous pourrions redistribuer pour le bonheur de tous.

 

Mais il existe un décalage considérable entre la façon dont on s’imagine l’automatisation et sa réalité concrète. Les ouvriers de l’automobile le savent bien, eux qui entendent depuis longtemps les promesses de qualification et d’autonomie tout en étant confrontés quotidiennement à l’intensification du travail et à la perte des savoir-faire. Les médias participent pleinement à cette confusion : les journaux télévisés montrent des bras automatisés sur des chaînes de montage mais en arrière-plan les maladies du geste répétitif explosent. Elles sont de plus en plus précoces, comme dans les entrepôts de la grande distribution ou ceux de la vente en ligne. Et pourtant, les ouvriers de la logistique travaillent désormais avec de l’informatique : ils ont des écrans tactiles accrochés au bras ou des casques audios pour recevoir les ordres d’une voix numérique, une sorte de taylorisme assisté par ordinateur.

 

 

- La menace de l’obsolescence devient courante et ruine toute possibilité d’expression 

Même lorsque la machine brise la santé, l’automate reste la solution miracle. Pour maintenir les cadences sans revoir l’organisation du travail, les industriels testent actuellement des exosquelettes et autres cobots, ces robots collaboratifs censés accompagner l’humain. Plutôt que de revoir l’organisation du travail, ils préfèrent pousser à son comble la logique techniciste en équipant le corps humain jugé trop faible d’un artefact mécanique. Face aux impasses sanitaires, ils brandissent également le rêve d’une usine sans ouvriers, mirage qui s’éloigne dès qu’on s’en approche. Soyons patients, la souffrance au travail pour partie engendrée par la technologie va disparaître d’elle-même… grâce à la technologie. De cette façon, les discours sur la robotisation détournent les regards d’un présent inquiétant vers un futur toujours réenchanté.

 

Ce futur n’est pas tracé d’avance mais les discours sur le progrès technique ont déjà un lourd impact. Ils rendent invisibles des pans entiers de nos sociétés, ceux qu’on voudrait ne pas voir, en nous faisant croire qu’ils ont déjà disparu. Cet horizon robotisé permet aussi de signifier à tous ceux qui voudraient défendre leur métier qu’ils feraient mieux de rester silencieux s’ils ne veulent pas être remplacés par une machine. Dans les entretiens annuels, dans les négociations syndicales, la menace de l’obsolescence devient courante et ruine toute possibilité d’expression. Comment revendiquer des façons de bien faire le travail si l’on est voué à disparaitre ?

 

Combattre ces prophéties malveillantes implique de ne pas se focaliser sur un avenir trop lointain mais de regarder ce qui, dans le présent, rend indispensable une critique sans concession des nouvelles technologies. Avant de craindre ou d’espérer la disparition du travail, essayons d’empêcher qu’il ne soit systématiquement dégradé au nom de la modernité productiviste.

 

Notes :

[1} David Gaborieau est sociologue du travail à l’université de Marne-la-Vallée.

[2Dans le Livre vert de la Commission européenne, « Partenariat pour une nouvelle organisation du travail », 1997.

[3Selon l’Insee, Enquête emploi 2012. Parmi ces ouvriers, la moitié appartiennent désormais au secteur tertiaire (logistique, transport, restauration, nettoyage…).

[4Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne, The future of employment, Université d’Oxford, 2013.

[5OCDE, Synthèses sur l’avenir du travail, « Automatisation et travail indépendant dans une économie numérique », 2016.

 

Pour en savoir plus :

- La robotisation ne tue pas le travail, elle le transforme

- Non, le travail n’est pas en train de disparaître

- À l’usine, au bureau, tous remplacés par des robots ?

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20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 11:28
Le gouvernement et le MEDEF veulent baisser massivement les retraites !
Le gouvernement et le MEDEF veulent baisser massivement les retraites !

Cette nouvelle étape dans la politique du patronat et du gouvernement est une suite à l’accord sur les retraites complémentaires Agirc et Arrco, signé le 16 octobre 2015 entre le patronat (MEDEF, CGPME et UPA) et trois syndicats (CFDT, CFE — CGC et CFTC), et se traduit déjà  par un recul de l’âge de la retraite et une baisse des pensions[1].

 

Sources : AGORAVOX Le média citoyen par Taktak modifié le 8 juin 2019

Suppression des régimes spéciaux, alignement par le bas des régimes de retraites du privé et du public, retraite par points : dans le viseur du gouvernement Macron et du MEDEF, la baisse massive des retraites.

 

Dans son programme, le candidat Macron a repris la revendication du MEDEF – un système également promu par l’Union Européenne – de passer à une retraite par points pour faire voler en éclat le système de retraite par répartition. Il s’agit tout à la fois de diminuer massivement les retraites, et de préparer la privatisation complète du système de retraite : en effet avec la sécurité sociale, les retraites échappent aujourd’hui au “marché” capitaliste.

 

 

- Retraite à points : attention danger.

Le système de retraite par points fonctionne selon un régime assurantiel : un actif cotise et accumule chaque année un nombre de points qui sera transformé en pension mensuelle une fois l’âge de la retraite atteint. Avec ce système, chaque personne faisant partie de la population active dispose d’un compte sur lequel les points sont additionnés. C’est le nombre de points accumulés – et non plus le meilleur salaire ou le salaire des six derniers mois – qui servent de base au calcul de la pension de retraite. Ce système permettra – en jouant par exemple sur la valeur du point – de faire baisser massivement les pensions de retraites. Dans le projet Macron, pour calculer la pension de retraite, le système prendrait en compte l’ensemble des sommes versées au cours de la carrière, que l’on diviserait par le nombre d’années de vie restantes “en théorie”. Ce nombre serait évalué à partir de l’espérance de vie pour la classe d’âge concernée.

 

Le régime général français et les régimes complémentaires (Agirc et Arrco) fonctionnent de cette façon. Et on voit avec la réforme actuelle de l’AGIRC ARRCO ce qui va se passer pour le régime général.

 

Seule la CFDT est favorable à ce système, alors que l’ensemble des syndicats de travailleurs ont dénoncé “une baisse des pensions”. De fait, en Suède où le système est en vigueur, pour bénéficier du même niveau de pension qu’en 2011, les travailleurs devront partir à la retraite … à 75 ans !

 

 

- Ce qu'en disait à juste titre François Fillon en 2016... éloquent !

En mars 2016, devant la Fondation Concorde, un lobby patronal, François Fillon alors candidat à la présidentielle de 2017 avoue le vrai but de la réforme des retraites par points voulue par Emmanuel Macron : “ le système par point en réalité, ça permet une chose, qu’aucun homme politique n’avoue. Ça permet de baisser chaque année le montant des points, la valeur des points, et donc le niveau des pensions

 

 

- L’analyse détaillée par la CGT Cadres : vers une baisse massive des retraites complémentaires

Dès le mois de novembre,  la CGT cadre a oublié une analyse de l'accord signé par les syndicats jaunes (CFDT, UNSA …) avec le patronat pour une baisse massive des retraites complémentaires

Le nouveau régime unique de retraite complémentaire verra le jour en 2019. Il fait actuellement l’objet de négociations (8 et 17 novembre) et remplacera les actuels régimes AGIRC et ARRCO et adoptera pour unité de base la valeur de service du point de retraite de l’ARRCO.

 

Dans un communiqué, l’Ugict a vivement dénoncé la volonté du Medef de geler les ressources du régime et soulevé la problématique de la baisse mécanique des pensions, ce dont se défend l’organisation patronale.

 

Pour faire la transparence et vous permettre d’y voir plus clair dans le flou polémique, nous publions ici deux études de la direction technique de l’Agirc-Arcco qui démontrent que dans ce contexte, un gel des cotisations entraînerait une dégradation importante des prestations (qu’on se garde bien de garantir…). Dans cette situation, l’encadrement ne pourrait qu’être contraint à travailler plus longtemps ou recourir à des assurances retraite privées aussi inefficaces que peu fiables.

 

  • Le point sur le régime par points

Dans un régime par points, la pension est obtenue en multipliant : nombre de points acquis pendant la carrière (X) la valeur de service du point au moment de la liquidation de la retraite.

 

Pour les actifs, l’évolution de la valeur de service du point détermine ainsi le niveau de la première pension par rapport au dernier salaire de carrière (le taux de remplacement).

 

Puis, pour les retraités elle détermine la revalorisation des pensions.

 

La progression de la valeur du service du point concerne tout autant les actifs que les retraités, contrairement à ce que soutient le Medef, qui pour minimiser l’impact de ses propositions, déclare à l’envie que la valeur de service du point ne concernerait que les retraités.

 

  • Une étude qui chiffre le refus de financement par le Medef

À la demande de la CGT, les services techniques de l’AGIRC et de l’ARRCO ont chiffré les impacts de l’accord proposé par le Medef sur l’évolution de cette valeur de service du point.

 

Le chiffrage a été établi compte tenu des taux de cotisation définis par l’accord du 30 octobre 2015 et compte tenu de l’obligation faite au nouveau régime de disposer à tout moment d’une réserve financière égale à 6 mois de prestations.

 

Le résultat décrypte les effets de l’accord proposé par le Medef, d’aujourd’hui à 2060 (Note DT 2017-107, établie par la Direction techniques du GIE AGIRC-ARRCO, et en téléchargement libre ci-dessous)

- d’une part sur l’évolution de la valeur de service du point de retraite ;

 - et d’autre part sur le rendement de la cotisation, ou autrement dit, ce que rapporte la cotisation.

 

L’étude permet ainsi de comprendre l’évolution des taux de remplacement du salaire par la pension pour des carrières moyennes, c’est-à-dire ce que la première pension nette représente par rapport au dernier salaire net (retracée par l’étude DT 2017-112, à télécharger ICI).

 

  • Un effet pervers et mécanique

Dans un contexte d’accroissement de la population retraitée, l’intangibilité des taux de cotisation exigée par le Medef, conjuguée avec la nécessité de disposer à tout moment de 6 mois de prestations sous forme de réserves contraint à une baisse en euros constants de la valeur de service du point et donc des pensions.

 

Cette valeur s’établissait en 2015 et s’établit toujours à 1,2513 euros. En 2033, elle ne serait plus que de 1,1420 euros (page 10 de la note DT 2017-107 (à télécharger ICI), ligne en gras) soit une baisse en euros constants de près de 9 % en 18 ans. Et il faudrait attendre 2045 pour qu’elle retrouve son niveau de 2015 !

 

Concrètement, pour 1000 euros de pension qu’il percevait en 2015, en euros constants, le retraité n’en aurait plus en 2033 que 913 euros.

 

  • Cotiser pareil, pour avoir droit à moins

- En 1990, 100 euros de cotisation ouvraient droit à 11,94 euros de pension.

- En 2018, 100 euros de cotisation ouvraient droit à 7,25 euros de pension.

- En 2033, 100 euros de cotisation ouvriraient droit à 5,77 euros de pension.

- En 2060, 100 euros de cotisation ouvraient droit à 5,27 euros de pension.

- Cela représente une baisse de 23 % d’ici à 2033.

 

  • Le diable est dans les détails… absents du projet d’accord

 Les accords AGIRC-ARRCO de 2013 et 2015 interdisaient la diminution du montant nominal de la valeur de service du point. Cette interdiction disparaît de la proposition du Medef.

 

Les actifs seraient pénalisés deux fois : pendant leur carrière, lors de la constitution de leurs droits, puis pendant la retraite.

 

La baisse de la valeur du point engendrerait une baisse considérable du rendement de la cotisation contractuelle, c’est-à-dire du droit à retraite ouvert par 100 euros de cotisations (cf. page 10, colonne RBE à multiplier par 1,27 pour obtenir le rendement contractuel)

 

  • Un projet pour repousser l’âge de départ à la retraite et encourager le recours au privé

Dans un régime de retraite par points, plus on travaille longtemps, plus on acquiert de points.

 

Pour compenser une éventuelle baisse de valeur du point acquis, il faudrait forcément, en l’absence de possibilité d’augmenter les cotisations et donc les ressources du régime, allonger la durée d’activité de 30 %, soit, pour un jeune qui a commencé à travailler à 20 ans une perspective de retraite à 76 ans !

 

Et la France se retrouverait dans le peloton de tête des pays les plus rétrogrades en matière de retraite, avec la Suède et l’Italie.

 

Il s’ensuivrait un effondrement du niveau des retraites nettes par rapport aux salaires nets de fin de carrière (Etude DT 2017-112, simulation S2, la seule qui permet de respecter le maintien de 6 mois d’allocations sous forme de réserves).

 

  • Effondrement du niveau des pensions par rapport aux salaires de fin de carrière

Pour un salarié moyen, les évolutions seraient les suivantes :

Le gouvernement et le MEDEF veulent baisser massivement les retraites !
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2 janvier 2018 2 02 /01 /janvier /2018 14:04
Après les ordonnances contre le Code du Travail.... le SMIC dans l'oeil du cyclone
Après les ordonnances contre le Code du Travail.... le SMIC dans l'oeil du cyclone
Après les ordonnances contre le Code du Travail.... le SMIC dans l'oeil du cyclone

Avec un SMIC, un salarié ne peut s'offrir que 26 m2 à Bordeaux, et dix à Paris !

 

95 % des salariés payés au salaire minimum sont ouvriers ou employés. Près des deux tiers sont des femmes. Les jeunes aussi sont surreprésentés[1].

Après avoir inversé la hiérarchie des normes du code du travail, supprimé l’ISF et l’impôt sur les dividendes, réduit l’impôt sur les revenus du capital, le nouveau gouvernement des riches va-t-il s’attaquer au SMIC, comme le recommande Pierre Gattaz du Medef (il considère que la France a le Smic le plus élevé d’Europe[5]) mais aussi le groupe d’experts « indépendants » acquis à sa cause et comme le Figaro l'annonce[4] ?

Pourtant, selon ces derniers, la France se place sixième des salaires minimums les plus avantageux d’Europe, derrière bon nombre de ses voisins frontaliers[6].

Pour autant, replacé dans le système d’aides sociales, il ne permet pas à tout le monde d’échapper à la pauvreté, à commencer par les familles avec enfants[7].

 

Sources : L'Heure du Peuple par Les Socialistes insoumis par Liêm HOANG NGOC (Porte-parole « économie » de La France Insoumise) mis à jour le 09/08/2022

- Le comité d’experts sur le SMIC nommé par le gouvernement a fait la part belle aux adversaires du salaire minimum.

Selon un arrêté du premier ministre en date du 23 août 2017, un « groupe d’experts sur le salaire minimum de croissance » a été nommé par le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire, ainsi que la ministre du travail Muriel Pénicaud. Or, les experts en question ont été méticuleusement choisis pour leurs positions politiques par rapport au SMIC. Loin de constituer un lieu de réflexion ouvert sur la société et propre à délivrer des recommandations politiques favorables aux salariés, cette commission ressemble à un commando pour préparer une attaque contre le salaire minimum légal.

 

 

- Le SMIC un objet uniquement économique ?

Parmi ces cinq « experts », on trouve André Zylberberg, Isabelle Méjean Andrea Garnero, Marie-Claire Villeval et Gilbert Cette, nommé président du groupe d’experts sur le salaire minimum de croissance.

 

Ces « experts » sont tous les cinq économistes. Le gouvernement n’a jugé utile d’associer aucun universitaire membre d’une autre discipline (sociologue, historien, politiste, juriste…) comme si le salaire minimum n’était pas un élément fondamental de vie sociale de la nation mais un élément uniquement économique. Il a également écarté tout expert en-dehors du monde académique : ni syndicaliste, ni même chef d’entreprise d’ailleurs, ni élu, ni témoin d’expériences étrangères qui aurait pu témoigner des effets positifs de l’introduction du SMIC au Royaume-Uni ou en Allemagne, par exemple. Par ce choix, le gouvernement veut contribuer à sortir le SMIC du débat politique pour le réduire à une simple question technique, débattue entre économistes triés sur le volet.

 

 

- Rôle prépondérant d’« économistes atterrants »

En effet, le choix des économistes en questions est très idéologique. A la présidence de la commission est ainsi nommé Gilbert Cette. Cet économiste a été l’auteur en 2008, avec André Zylberberg également présent dans la commission, d’un rapport du Conseil d’analyse économique intitulé Salaire minimum et bas revenus : comment concilier justice sociale et efficacité économique ? A l’intérieur de ce document, le chœur des pleureuses s’est particulièrement distingué en déplorant un salaire minimum fixé par voie légale de manière uniforme, qui ne permettrait pas de lutter contre les inégalités. Cependant, en 2015, le taux de risque de pauvreté chez les personnes en emploi est de 7,5% en France, contre 9,5% en moyenne dans l’Union européenne ou 9,6% en Allemagne. Ils espéraient avec leur rapport « dépolitiser et dépassionner progressivement les débats » sur le SMIC. Comme si la question du niveau de vie et la dignité du salaire pouvaient être « dépassionnés » et abandonnés à une poignée d’économistes libéraux.

 

 

- Geler le SMIC

Les auteurs du rapport souhaitaient déjà liquider le SMIC en modifiant son évolution annuelle.

 

Un rappel s’impose : aujourd’hui, le SMIC est revalorisé légalement selon l’inflation, et il augmente de la moitié des « gains de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier ». Cela signifie le gain de pouvoir d’achat des salariés. En clair, il augmente selon la hausse des prix, et répercute aussi une partie du pouvoir d’achat. Gilbert Cette et André Zylberberg souhaitaient, eux, supprimer tout lien avec le pouvoir d’achat des salariés. Exemple : en 2016, le SMIC a été augmenté de 0,6% automatiquement. Si seule l’inflation avait été prise en compte, et pas l’augmentation du pouvoir d’achat, cette hausse n’aurait été que de 0,2%, soit trois fois moins ! Au lieu de passer de 1458€ à 1467 € par mois, le SMIC serait passé de 1458€ à 1461€. Le gain annuel serait tombé de 108€ à 36€.

 

 

- Vers un SMIC différent selon « l’âge ou la région »

Dans un entretien au journal Libération du 3 septembre 2015, Gilbert Cette persistait et signait. Il réclamait « un smic qui varie en fonction de l’âge ou encore de la région ». Vieille idée… puisque c’était le cas du SMIG (1950-1970) avant les accords de Grenelle de 1968, divisé entre vingt zones de « niveau de vie » ! A l’opposé de ce que défend Gilbert Cette, c’est le SMIC unifié qui harmonise progressivement les conditions de vie de la population. Segmenter le SMIC entre des catégories d’âges ou de régions, comme en Allemagne, augmenterait les inégalités, en organisant du dumping interne à l’intérieur du pays, des régions les moins développées vers les plus développées, des jeunes vers les vieux. Cela impliquerait aussi un renoncement au principe fondamental de salaire égal pour travail égal. Le SMIC jeune, par exemple, n’a jamais eu d’autre effet que de diminuer les revenus des jeunes là où il a été mis en place. Aucun employeur ne se rue pour embaucher des jeunes sous prétexte qu’ils sont moins chers – pour la bonne raison qu’effectivement, d’ores et déjà, les jeunes travaillent pour des salaires plus faibles que les salariés dotés d’ancienneté !

 

Par ailleurs, Gilbert Cette prétend discerner une relation entre les pays dotés d’un SMIC jeune, comme les Pays-Bas et le Royaume-Uni, et la faiblesse du taux de chômage. Effectivement, ces deux pays sont passés champions dans l’art de convertir des chômeurs en inactifs, avec des dispositifs de retrait du marché du travail. La grosse différence dans le chômage des jeunes est en réalité liée à leur taux d’activité. En France, 37% des moins de 25 ans sont sur le marché du travail, contre 68% aux Pays-Bas et 58% au Royaume-Uni.

 

 

- Vers plus de travailleurs pauvres ?

En effet, dans chacun des deux États, de nombreux étudiants sont obligés de travailler à temps partiel pour subvenir à leurs besoins et payer leurs études, surtout face au remplacement progressif des aides sociales par des crédits bancaires. En France, jusqu’à l’âge de 26 ans, la majorité des étudiants sont en-dehors du marché du travail. Aux Pays-Bas, dès 16 ans, la majorité des étudiants ou apprentis sont sur le marché du travail. Ils n’exercent que des emplois à faible durée et intermittents, mais comptent de ce fait dans la main d’œuvre, et diminuent le « taux de chômage » si l’on compare les deux pays sans tenir compte de leurs institutions respectives. Plus le nombre de personnes en emploi est élevé, plus le taux de chômage baisse : 1 chômeur sur 5 travailleurs équivaut à un taux de chômage à 20%, tandis qu’1 chômeur sur 6 travailleurs équivaut à un taux de chômage de 16,5%. Voilà d’où vient le taux de « chômage des jeunes » : moins de personnes sur le marché du travail en France qu’aux Pays-Bas, pour un nombre de chômeurs équivalent. Et il faudrait distribuer des petits emplois à 5 heures par semaine pour réaliser ce miracle néerlandais que Gilbert Cette appelle de ses vœux ?

 

 

- Une commission pour étouffer le débat ?

  • Second membre de cette commission, André Zylberberg, est surtout un auteur de mauvais pamphlets. Il a notamment corédigé le livre «  Le négationnisme économique[2», ouvrage d’une rare subtilité dans lequel il compare ses collègues doutant des poncifs libéraux à des négationnistes. Nous avons donc affaire à un économiste qui récuse le pluralisme académique, et tente de bâillonner par la diffamation ses collègues qui proposent d’autres conclusions théoriques. Dans ce livre, il n’hésite d’ailleurs pas à citer des études depuis invalidées pour leurs erreurs de calcul, ou bien à tordre leurs conclusions dans le sens qui l’arrange.

 

Il prétend que « certains travailleurs finiront par coûter plus qu’ils ne rapportent » avec les hausses du salaire minimum. Bizarrement, il est moins disert lorsque « certains capitaux finissent par coûter plus qu’ils ne rapportent » au pays ! Mais prenons l’argument au sérieux. Dans le cas d’une grande entreprise, elle doit être fort mal gérée si l’organisation du travail génère moins de 11€ de valeur ajoutée par heure. Dans le cas des petites entreprises, elles méritent un soutien lorsque les frais de location, d’escompte, de crédit bancaire, de démarchage et de sécurisation des débouchés sont bien trop élevés et les étranglent au profit des grands monopoles, d’où notre proposition d’une caisse de solidarité inter-entreprises.

 

Mais dans la réalité, plus une entreprise est intensive en capital, plus elle embauche au SMIC. Et à l’inverse, plus une entreprise est petite, plus son taux de marge est élevé. Globalement, aucun des récents travaux de l’INSEE n’a jamais identifié de lien entre le niveau de salariés au SMIC et la rentabilité des entreprises. Même celles qui vont très bien embauchent allègrement au niveau du SMIC. Il s’agit d’un faux argument. S’il y a matière à décharger les PME, c’est sur leurs charges financières moyennes (intérêts d’emprunts, gestion de compte, frais de commission et de découverts…) qui pèsent au point de représenter entre 30 et 40% de leur chiffre d’affaire selon la taille et le secteur. Ou bien sur leur loyer : 150€ par mètre carré à Marseille, autant dire que 4m² ont le même prix qu’une revalorisation intégrale et immédiate du SMIC comme prévu par L’Avenir en commun !

 

  • L’économiste Marie-Claire Villeval ne se situe pas au même niveau de mauvaise foi que ses deux collègues. Elle appartient au courant de « l’économie comportementale », qui tente de simuler en laboratoire les réactions humaines. Ce courant est au centre d’un débat académique pour évaluer ses apports et ses limites : que peut-on réellement simuler en laboratoire, qui soit identique à la vie réelle ? Elle a notamment essayé d’appliquer son cadre théorique au marché de l’emploi, avec des conclusions qui laissent sceptique. Elle explique par exemple que « l’excès d’optimisme réduit l’efficacité de l’assurance-chômage », alors qu’on serait tenté de proclamer au contraire que le déficit d’assurance-chômage réduit l’optimisme .

 

Elle continue en assénant que « la crainte de perte de bien-être ou de pouvoir d’achat par un chômeur par rapport [à] son ancien emploi le conduit à refuser des offres d’emploi pourtant raisonnables ». Superbe glissement du scientifique au politique : nul ne saura ce qu’elle définit comme « offre d’emploi raisonnable », mais elle semble convaincue que les chômeurs devraient reprendre des offres d’emploi moins bien payées que leur emploi précédent. Cela permet de cerner un peu ce troisième membre de la commission.

 

  • Enfin, Isabelle Méjean, ne s’est jamais distinguée par des propos néolibéraux sur le marché de l’emploi. Nous sommes donc curieux des conclusions qu’elle apportera au groupe d’experts. Andrea Garnero, quant à lui, est expert de l’OCDE. Cette institution a longtemps eu la main lourde sur les préconisations libérales, même si elle entame une légère réorientation depuis quelques années. M. Garnero a en tout cas écrit des documents qui semblent plaider pour le salaire minimum, notamment lorsqu’il a montré avec d’autres chercheurs que la fixation des salaires plancher au niveau des branches couvrait moins de personnes qu’un salaire minimum légal . Mais que pèseront ces avis face à l’agenda politique et médiatique du duo Cette-Zylberberg ?

 

- Dire stop aux mensonges contre le SMIC

Mieux vaut prévenir que guérir, et donc rappeler quelques arguments. D’abord, le salaire minimum français n’est pas particulièrement élevé. Il est inférieur à celui du Luxembourg, de la Belgique, des Pays-Bas, de l’Australie ou même de l’Irlande. Le discours catastrophique sur la compétitivité de la France par rapport à l’étranger n’a pas de raison d’être. Le SMIC ne concerne que 10% de la main d’œuvre des PME françaises.


La France est un des pays d’Europe les moins ouverts au commerce international – ce qui est un point d’appui pour mener une autre politique – et 85% des salariés y travaillent dans un secteur préservé de la concurrence étrangère, comme le commerce de détail, l’hôtellerie, la restauration, l’enseignement, les services à la personne… Donc le SMIC n’occasionne aucun risque pour les emplois nationaux lorsqu’il augmente. Personne n’ira manger son hamburger à Varsovie ou Hanoï si Mac Donald’s est par exemple obligé d’augmenter ses salariés.

 

- Revaloriser le SMIC, une mesure d’intérêt général

Surtout, le SMIC a été dégradé depuis des décennies. La productivité horaire a progressé de 30% entre 1993 et 2011, alors que le salaire minimum ne gagnait que 10%. Les 20% d’écart sont partis dans les revenus des actionnaires, au lieu d’alimenter l’économie réelle et de prévenir une prochaine récession. Laisser le SMIC fondre à côté de la productivité revient à créer les conditions d’un prochain effondrement spéculatif, à cause de la hausse des profits du capital. Lorsque le SMIC augmente, cela profite d’abord aux petites entreprises au détriment des plus grandes. En effet, les personnes à petits revenus peuvent alors se permettre des dépenses en-dehors du strict minimum vital consommé dans des grands magasins pour profiter des prix les plus bas que pratique la grande distribution. Même au sein des grands distributeurs, certaines gammes gagnent à la hausse du SMIC, comme les produits bio ou les aliments de qualité supérieure qui sont plus consommés. Autant dire qu’un euro mis dans la hausse du SMIC est un euro directement envoyé en soutien à l’investissement et à la consommation, puisque les petits revenus n’épargnent presque pas, faute d’en avoir les moyens.

 

Enfin, toute hausse du SMIC se diffuse, et tous les salariés y ont un intérêt. En effet, l’augmentation des petits salaires conduit mécaniquement ceux du dessus à être réévalués, afin de maintenir les écarts salariaux (ou de les diminuer dans le cas des hauts salaires, qui peuvent rester stables). D’après l’INSEE, à l’horizon d’un an, une hausse du SMIC mensuel de 100€ conduit à une réévaluation de 50€ des salaires au niveau d’1,5 SMIC.

 

 

- Le SMIC : un objet politique

En nommant des experts très orientés qui rêvent de soustraire le SMIC du débat citoyen, Emmanuel Macron prouve le contraire. Il rappelle que le salaire minimum est une conquête politique et l’objet permanent d’un rapport de force social. Il n’a pas toujours existé. Créé en 1950 pour répondre aux revendications de dégel des salaires, il a alors pour objectif d’empêcher la pauvreté des travailleurs et de relancer la consommation. Deux ans plus tard, il est indexé sur l’inflation pour empêcher son écrasement par la hausse des prix. Il connaît son apogée en 1968, avec une hausse de 36% dans la foulée des accords de Grenelle. C’est un bien précieux, qui a longtemps permis (avant la montée du temps partiel) de faire rimer emploi avec dignité. Ces nominations doivent donc sonner comme un signal d’alarme.

 

Et si après le code du travail, le SMIC était la prochaine cible d’Emmanuel Macron ?

 

 

- Le rapport d’experts « indépendants » publié... maintenant, ils veulent s’attaquer au SMIC !

Le groupe d’experts de la Commission Nationale de la Négociation Collective vient de remettre son rapport annuel sur le SMIC, quelques semaines avant sa revalorisation du 1er janvier. Il recommande de mettre un terme aux mécanismes d’indexation du SMIC, garantissant jusqu’à présent le pouvoir d’achat des bas salaires. Cela concerne 11% des salariés. Le rapport propose en premier lieu de mettre fin aux « coups de pouce », permettant aux gouvernements d’accroître à discrétion les bas salaires. Il recommande en second lieu que lors de sa revalorisation annuelle, la progression du SMIC ne soit plus indexée sur l’inflation et sur l’évolution du salaire horaire de base des ouvriers et des employés, ou bien qu’elle soit uniquement dépendante de l’inflation.

 

Les auteurs indiquent qu’ils militent en faveur de la régionalisation du SMIC et de l’instauration d’un SMIC jeunes, mais que le contexte sociétal n’est pas propice à ces propositions. Ils considèrent enfin que le salaire minimum est un piètre instrument de lutte contre la pauvreté et se félicite de la hausse de la prime d’activité. Leurs arguments se résument à l’idée simpliste selon laquelle le coût du travail excessif est à l’origine du déficit de compétitivité de l’économie française et du chômage. Les « travaux » du clan des économistes orthodoxes auquel ils appartiennent ont servi de caution idéologique aux politiques qui se sont déployées pour détricoter le code du travail, réduire le coût du travail et rétablir le taux de marge des entreprises. Le coût de exonérations de cotisations sociales, combinées au CICE, s’élève désormais à 60 milliards, soit 3% du PIB. Alors que les effets de ces mesures sur la compétitivité et l’emploi ne sont pas probants, voila que les mêmes experts s’attèlent à préparer les esprit à la suppression des mécanismes d’indexation du SMIC, réputés renchérir le coût du travail non qualifié et entraîner une pression à la hausse des bas salaires négociés dans les branches.

 

 

- La baisse du coût du travail n’a pas amélioré la compétitivité et l’emploi

Alors même que la productivité des travailleurs de France est l’une des plus forte au monde[3], le coût du travail français évolue désormais à un rythme inférieur à celui observé en moyenne dans la zone euro. Symétriquement, le taux de marge brut converge vers à son plus haut taux historique. Malheureusement, les entreprises n’utilisent aucunement les profits pour investir et innover. Leur sous-investissement explique que le commerce extérieur reste structurellement déficitaire. La part des profits consacrés à l’investissement reste faible, alors que celle consacrée au versement de dividendes s’accroît. Elle s’élèvera d’autant plus que les revenus du capital sont désormais sous-taxés par la « Flat Tax » (le prélèvement forfaitaire unique permettant aux revenus du capital d’échapper au barème de l’impôt sur le revenu) et que l’impôt sur les dividendes a été supprimé.

 

Obsédés par le coût du travail, nos économistes officiels en oublient de regarder du côté du coût du capital, devenu exorbitant. Les modèles théoriques postkeynésiens, qu’ils méconnaissent, montrent pourtant qu’une hausse du taux de marge peut s’avérer contreproductive dans l’hypothèse où l’essentiel de la part des profits est versée sous forme de dividendes et où la propension à épargner des actionnaires est forte. Dans ce cas d’école, proche de la réalité actuelle, les politiques de l’offre ont pour effet pervers d’accroître la part de l’épargne dans l’économie, au détriment de la consommation et de l’investissement. C’est cette pression déflationniste qu’a craint la BCE il y a peu. Une telle situation appelle la mise en œuvre de politiques de monétaire et budgétaire de relance, ainsi qu’une hausse des salaires.

 

Une hausse du SMIC est certes susceptible d’engendrer une tension sur les coûts dans les services, où la productivité est stagnante. Néanmoins, dans ce secteur abrité de la concurrence internationale, une hausse sensible du prix relatif des services permet de faire face à la hausse générale des bas salaires. Un regain de demande et d’inflation est d’ailleurs souhaitable, dans la conjoncture déflationniste actuelle.

 

 

- Il faut augmenter le SMIC et les minima sociaux

Rappelons enfin que la fonction du SMIC n’est pas de lutter contre la pauvreté, mais de reconnaître, sur le territoire national, la valeur minimale de la force de travail que les ouvriers et les employés sont contraints de vendre pour vivre. Il est heureux que le SMIC situe au-dessus du seuil de pauvreté (pour un salarié à temps complet).

 

Pour lutter résolument contre la pauvreté, il faut porter le niveau des minima sociaux au niveau du seuil de pauvreté (60% du revenu médian), soit 1000 euros. Or nos experts « indépendants » ne l’imaginent jamais. Ils craignent, dans ce cas, que le trop faible écart entre les minima sociaux et le salaire minimum (dont ils veulent modérer la hausse) ne dés-incite les individus à travailler, d’où leur plaidoyer en faveur de la prime d’activité. Or celle-ci a pour inconvénient de laisser sur le bord du chemin des millions de chômeurs involontaires, ayant épuisé leur droit aux allocations chômage et condamnés à survivre avec des minima sociaux inférieurs au seuil de pauvreté. Augmenter simultanément le SMIC et les minima sociaux est une nécessité. Porter ces derniers au niveau du seuil de pauvreté « coûte » 10 milliards. Cette somme est à mettre en balance avec le montant, comparable, consacré par la loi de finance 2018 aux réformes fiscales en faveur de la détention et des revenus du capital.

 

Notes :

[1] Salariés au Smic : portrait d’une France populaire

[2] Pierre Cahuc, André Zylberberg, Le négationnisme économique, Comment s’en débarrasser ?, Flammarion, 2016.

[3] Ambassade de France à Prague : La productivité française, parmi les plus élevée au monde

[4] Un projet de loi porté par Bruno Le Maire envisagerait, selon Le Figaro, de réformer la revalorisation du salaire minimum.

[5] Non, Pierre Gattaz, la France n’a pas le Smic le plus élevé d’Europe

[6] la France se place sixième des salaires minimums les plus avantageux d’Europe, derrière bon nombre de ses voisins frontaliers.

[7] En France, le salaire minimum ne permet pas aux familles d’échapper à la pauvreté

 

Pour en savoir plus :

- Les 12 pays les plus productifs au monde : la France au XIe rang

- SMIC : Valls propose d’abaisser les salaires par Gérard Filoche

- Smic : le Medef s'empare de l'idée d'un salaire minimum « transitoire »

- Alternatives Économiques : Smic vers une réforme libérale radicale

- Gilbert Cette, la carte secrète de Macron qui prône un SMIC par région et par âge !

- Smic : un groupe d’expert préconise la fin du "coup de pouce annuel"

- France insoumise : Le SMIC, prochaine cible de Macron ?

- L'Avenir en commun : minimas sociaux,salaires et pensions

- immobilier : avec un Smic, un salarié ne peut s’offrir que 26 m² à Bordeaux, et dix à Paris

- Un projet de loi porté par Bruno Le Maire envisagerait, selon Le Figaro, de réformer la revalorisation du salaire minimum.

- Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes

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9 décembre 2017 6 09 /12 /décembre /2017 15:04
La faiblesse des salaires du secteur public ralentit les salaires du privé et l’économie

Une étude souligne comment, depuis la crise, la faible hausse des rémunérations dans le secteur public a en partie déterminé celle du privé.

 

Sources : Le Monde Économie par Marie Charrel

C’est l’un des grands mystères sur lequel les économistes s’arrachent actuellement les cheveux : en dépit de la reprise, l’inflation reste anormalement basse dans les pays de l’Organisation de coopération et développements économiques (OCDE). « C’est en partie lié à la faiblesse des cours du pétrole, mais aussi, et surtout, à celle des salaires », explique Véronique Riches-Flores, économiste indépendante.

 

 

-

Les coupables ?

La persistance d’un chômage encore élevé, bien sûr : face au grand nombre de candidats sur le marché du travail, les entreprises n’ont pas besoin d’accorder des augmentations. Mais pas seulement. « Austérité oblige, l’évolution des salaires publics a également été faible depuis 2009 dans beaucoup d’économies », expliquent Gabriel Stern et Rinalds Gerinovics, économiste chez Oxford Economics. Ils viennent de publier une étude passant au crible l’incidence de cette modération, intitulée « L’austérité pèse toujours sur l’ensemble des salaires ».

 

Si avant la crise, les salaires publics étaient plus dynamiques que ceux du privé dans nombre de pays européens, les courbes se sont ensuite inversées. Depuis 2009, la hausse des traitements des fonctionnaires a ainsi été en moyenne inférieure de 0,5 point par an à celle du privé dans l’OCDE. Et même de 1,4 point en Italie, de 0,7 point en Espagne et 0,7 point au Royaume-Uni. La différence n’a en revanche été que de 0,2 point en France tandis qu’en Allemagne, pays faisant figure d’exception, les traitements ont progressé de 0,3 point de plus par an que dans le privé sur la période.

 

 

-

Un baromètre pour nombre d’employeurs

« Cette modération a un impact déterminant, car l’emploi public représente 18 % de l’emploi total dans les pays de l’OCDE », expliquent les auteurs. Une part s’élevant même à 21,3 % pour la France, et 28,5 % pour la Suède. Mais ce n’est pas tout : l’anémie des salaires publics a également « contaminé » celle du privé par deux mécanismes.

 

D’abord, ils servent de baromètre à nombre d’employeurs lors des négociations salariales. Ensuite, la faiblesse des traitements a poussé les fonctionnaires de certains pays à quitter le public pour le privé. Cet afflux de travailleurs s’ajoutant à ceux déjà sur le marché du travail a également pesé sur les négociations salariales dans l’industrie et les services marchands.

 

Certes, la modération des rémunérations publiques a soulagé les finances des Etats – c’est d’ailleurs ce qui a justifié les politiques de rigueur. Dans une certaine mesure, expliquent les économistes, elle peut aussi se traduire par un gain de compétitivité, de productivité et, à terme, par une hausse des salaires dans le privé.

 

Reste que ces prochains mois, elle continuera de peser sur le niveau global de l’inflation, même si certains pays recommencent à augmenter plus généreusement leurs agents publics. En outre, il n’est pas certain qu’un rebond des salaires se traduise par un regain d’inflation. Soumis à une concurrence accrue des pays à bas coût et des plates-formes de e-commerce, comme Amazon, nombre d’entreprises pourraient être tentées de rogner leurs marges plutôt que d’augmenter leurs tarifs, afin de ne pas perdre de parts de marché. Au grand dam des banquiers centraux, dont la grande mission est de tirer l’inflation vers les 2 %…

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26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 09:47
Comment les syndicats contribuent à réduire les inégalités de revenus

Sources : THE CONVERSATION

Les écarts de revenus se sont particulièrement accentués au cours des dernières décennies. Les 10 % les plus riches se sont enrichis plus vite[1] que les 90 % les plus pauvres dans de nombreux pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

 

Or, un facteur peu évoqué dans les discussions sur les inégalités de revenus est l’influence des syndicats sur les politiques salariales. Que sait-on réellement du rôle joué par les organisations syndicales de salariés dans la répartition des richesses ?

 

 

- Un taux de syndicalisation élevé fait baisser les inégalités de revenus

Un récent rapport[2] du Fonds monétaire international montre que la présence syndicale participe à la promotion de politiques sociales redistributives[3] et contribue à réduire les inégalités salariales.

Au niveau macro-économique, le taux de syndicalisation expliquerait une part importante des inégalités de revenus observés au sein de chaque pays. Ainsi, les pays scandinaves, où les taux de syndicalisation sont les plus élevés des pays de l’OCDE, affichent les niveaux d’inégalités de revenus les plus bas.

 

  • Taux de syndicalisation et distribution des revenus

Comment les syndicats contribuent à réduire les inégalités de revenus

Toutefois, l’existence d’une corrélation, même forte, ne signifie pas pour autant qu’il existe une relation de cause à effet. Les données macro-économiques disponibles ne tiennent pas compte par exemple des caractéristiques culturelles, institutionnelles et technologiques propres à chaque pays. Celles-ci pourraient expliquer les écarts de revenus.

 

Il existe cependant d’autres études au sein de chaque pays qui confirment l’importance de la syndicalisation sur les écarts de salaires. Aux États-Unis, où le déclin syndical est aussi marqué qu’en France[4], les études existantes suggèrent que la baisse de la syndicalisation dans le secteur privé est responsable de 10 à 20 % de l’évolution récente des inégalités de revenus au sein du pays. Entre 1983 et 2012[5], le taux de syndicalisation a diminué de 9 points de pourcentage aux États-Unis, passant de 20,3 % à 11,3 %. Dans le même temps, les plus aisés ont vu leur part de richesse augmenter d’environ 8 points.

 

Cette tendance se retrouve également dans d’autres pays. Au Canada, 15 % des inégalités de revenu du travail s’expliqueraient[6] par le déclin syndical. De même, la désyndicalisation explique environ 15 % de l’accroissement des écarts de salaire entre 1980 et 1990 en Grande-Bretagne[7].

 

  • Taux de syndicalisation et part du revenu des 10 % les plus riches dans le revenu total aux États-Unis, entre 1920 et 2015
Comment les syndicats contribuent à réduire les inégalités de revenus

Quel que soit le pays, les organisations syndicales ont tendance à privilégier des systèmes de rémunération fondés sur des critères objectifs, attachés aux emplois plutôt qu’aux individus. Cette préférence des organisations syndicales, associée à leur lutte contre les discriminations, tend à compresser les salaires fixes.

 

Au final, la façon dont les syndicats réduisent les inégalités dépend des caractéristiques des salariés et du degré de centralisation et de coordination de la négociation collective.

 

 

- Les syndicats, un facteur de progrès social

Des recherches ont montré que la présence syndicale avait tendance à améliorer plus particulièrement la situation des bas salaires. Les chercheurs Richard Freeman et James Medoff observent[8], dès la fin des années 70, que la présence syndicale réduit d’environ 15 % l’écart salarial entre les cadres et les non-cadres aux États-Unis.

 

Les syndicats compressent les salaires parce que la prime syndicale est de plus grande ampleur pour les bas salaires et s’avère plus modérée pour les moyens et hauts salaires. Une étude plus récente[10] de Kevin Banning et Ted Chiles a même montré que la syndicalisation réduisait de 19 % le niveau de salaire des PDG aux États-Unis.

 

Dans la même veine, Rafael Gomez et Konstantinos Tzioumis ont révélé[9] que la rémunération des cadres dirigeants était bien moins élevée en présence de syndicats et qu’ils bénéficiaient de beaucoup moins de stock-options que leurs homologues d’entreprises comparables sans syndicats.

 

Dans les pays d’Europe continentale, où la négociation collective a lieu à la fois au niveau local et au niveau national, la négociation d’entreprise fixe les salaires à des niveaux supérieurs à ceux négociés au niveau national.

 

Mais les effets des accords d’entreprise sur la dispersion des salaires diffèrent beaucoup selon les études et les pays étudiés. En France, la seule présence syndicale dans les entreprises ne suffit pas à expliquer l’évolution des inégalités de richesse, notamment parce que, contrairement aux États-Unis, les revenus de transfert[11] (prestations et allocations sociales) compensent partiellement les inégalités de revenus du travail et de capital.

 

En Allemagne[12], les syndicats affectent non seulement le niveau et la dispersion des salaires mais aussi l’ensemble des composantes de la rémunération. Ils agissent notamment sur le salaire des dirigeants d’entreprise dans le cadre de leurs prérogatives dans les conseils d’administration.

 

 

- La santé économique des entreprises passe par une répartition moins inégalitaire des profits

Le déclin syndical auquel on assiste depuis plusieurs années explique en partie l’accroissement des inégalités de revenus dans les pays développés. Face à l’offensive de plus en plus marquée du capitalisme financier qui ne se préoccupe que de l’enrichissement de ses actionnaires (les revenus du capital ont progressé plus vite que les revenus du travail depuis 25 ans), il est important de rappeler que l’entreprise est un « objet d’intérêt général ».

 

Si les entreprises veulent demeurer compétitives, il faut que l’ensemble des salariés soit directement concerné par la prospérité de l’entreprise. On sait, depuis John S. Adams[13] (initiateur de la théorie de l'équité), que le montant des salaires n’explique pas complètement la motivation et l’implication des salariés.

 

La perception de la rémunération des autres joue un rôle important pour les salariés qui se trouvent dans des situations financières plus difficiles. Le fait syndical contribue ainsi au sentiment de justice distributive perçue par les salariés.

 

Pourtant, rappellent Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, il ne peut y avoir de dynamiques d’innovations et donc de croissance économique sans « un projet commun qui implique non seulement ceux qui apportent le capital initial mais aussi ceux qui pourront développer dans l’action collective de nouveaux potentiels ». Il importe donc de redonner toute sa place à la négociation collective.

 

Notes :

[1] Les 10 % les plus riches se sont enrichis plus vite que les 90 % les plus pauvres

[2] Un récent rapport du Fonds monétaire international

[3] promotion de politiques sociales redistributives

[8] la présence syndicale réduit d’environ 15 % l’écart salarial entre les cadres et les non-cadres aux États-Unis.

[9] la rémunération des cadres dirigeants était bien moins élevée en présence de syndicats

[10] la syndicalisation réduisait de 19 % le niveau de salaire des PDG aux États-Unis.

[11] les revenus de transfert (prestations et allocations sociales) compensent partiellement les inégalités de revenus du travail et de capital.

[12] En Allemagne, les syndicats affectent non seulement le niveau et la dispersion des salaires mais aussi l’ensemble des composantes de la rémunération

[13] John S. Adams (initiateur de la théorie de l'équité)

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 09:41
Universités populaires : revenu universel et salaire à vie

Mis à jour le :  24/10/2021

- Universités populaires : revenu universel et salaire à vie

Michel Husson est un économiste et statisticien travaillant à l’Institut de Recherches Economiques et Sociales, et spécialisé sur la question de l’emploi. Il a été membre du PSU et de la LCR. Il est également membre de la fondation Copernic, ainsi que du Conseil scientifique d’ATTAC. Il a participé à la création de l’association « Agir ensemble contre le chômage » (« AC! »).

 

- Philippe Martinez (CGT) sur le revenu universel : "Cette proposition est la négation de la notion de travail"

 

- Le 26 novembre 2020, Adrien Quatennens, député France insoumise, intervenait à l'Assemblée nationale lors des débats sur le revenu universel appelé "socle citoyen".

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29 septembre 2016 4 29 /09 /septembre /2016 08:04
Des chiffres, des chiffres… Et le SMIC ?

Le programme de Jean-Luc Mélenchon n’est pas encore complètement finalisé, il est donc prématuré de lui demander des détails sur le chiffrage de son programme et la manière de le financer. Mais les économistes collaborant avec Jean-Luc Mélenchon n’auront pas beaucoup de difficultés pour résoudre cette question puisqu’ils y réfléchissent depuis 2011 En attendant, abordons l’univers numérique et symbolique du SMIC..

Nous avons sélectionné un libéral particulièrement hargneux pour poser les questions.

 

Sources : le Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage

- Donnez-moi le chiffre du montant du SMIC "socialiste" actuel

Le SMIC actuel Au 01/01/2016, le SMIC mensuel brut (base 35 heures) s’élève à : 1 467 €. ce qui correspond à un salaire net de 1 128 € mensuel. (environ 23 % du brut de cotisations à la charge du salarié)

 

 

- Donnez-moi le chiffre des charges écrasantes payées par les entreprises . Ça double le montant ?

Les charges patronales après abattement (Réduction Fillon) et en intégrant une mutuelle s’élèvent à 13 %, soit + 195 €. Le CICE s’élève à 6% du salaire brut et doit être déduit du coût du SMIC, soit - 88 € . Le SMIC mensuel chargé (base 35 heures) coûte donc au total 1574 € à l’entreprise.

 

 

- Donnez-moi le chiffre de l’augmentation "mécanique" du SMIC en juillet 2016.

C’est en janvier 2016 que le SMIC avait été revalorisé de 0,6 % mais augmentation n’a eu lieu que cet été. Son montant horaire est passé de 9,61 euros à 9,67 euros bruts entre 2015 et 2016.

Source : http://www.net-iris.fr/indices-taux...

 

 

- Quel est le chiffre vertigineux de l’augmentation du le SMIC "socialiste" entre 2012 et 2016

Entre 2012 et 2016 le SMIC horaire brut a augmenté de 0,27 € soit une augmentation de 2,87 % en 5 ans. Cela correspond à une augmentation de 40,95 euros bruts mensuels soit environ une augmentation de 32 € nets par mois (sur les 5 ans) soit environ une augmentation moyenne de 6 euros nets par an du SMIC mensuel.

Source INSEE http://www.insee.fr/fr/themes/table...

 

 

- Donnez-moi le chiffre du SMIC envisagé par l’extrémiste populiste Mélenchon. C’est 3000 € ?

Dans son programme de 2012, "L’humain d’abord" (page 5) il était proposé un SMIC de 1700 € bruts pour 35 heures hebdomadaires de travail.

Source : L’humain d’abord, page 5 http://www.jean-luc-melenchon.fr/br...

 

  • C’est énorme !

Cela correspond à un salaire net de 1310 € environ et rappelons que le montant moyen des loyers en France en 2014 s’élevait à 614 €.(Charges comprises). Il reste dans ce cas moyen 696 € par mois pour vivre.

Source : Montant des loyers : Nouvel Obs immobilier http://tempsreel.nouvelobs.com/immo...

 

  • C’est intenable, c’est plus élevé que le salaire médian en France !

Le salaire net médian s’élève à 1 772 euros par mois en 2014 en France. Le SMIC net proposé par Mélenchon est était donc 26 % moins élevé que le salaire médian.

 

Si l’on considère le salaire brut moyen en France en 2014, il s’élevait à 2912 €. (L’écart considérable entre le salaire médian et le salaire moyen s’explique par l’existence de très hauts salaires qui tirent la moyenne vers le haut.)

Le SMIC brut proposé par Mélenchon est donc de 42 % moins élevé que le salaire brut moyen. Source : INSEE http://www.insee.fr/fr/themes/docum...

 

  • Oui mais tout cela est insupportable pour les chefs d’entreprise dont le revenu moyen est de 2500 €.

Le salaire mensuel d’un dirigeant d’entreprise de moins de 20 salariés s’élevait en moyenne à 4.248,33 euros nets en 2010, soit 50.980 euros annuel, selon l’Insee.

Source : l’Express . INSEE http://lentreprise.lexpress.fr/rh-m...

 

Selon la CGPME la rémunération moyenne des patrons de TPE est de 4 249 euros par mois, soit deux fois moins que les dirigeants de plus grandes entreprises, les disparités sont importantes entre les secteurs.

Source : les Échos du 15/02/2013 http://business.lesechos.fr/entrepr...

 

Si l’on s’intéresse spécialement aux dirigeants des entreprises du CAC 40, le revenu annuel moyen s’élève à 4,2 millions d’euros , soit 350 000 € par mois, c’est-à-dire 250 SMIC environ. Leur revenu a augmenté de 11,4 % entre 2014 et 2015. Le dirigeant le mieux rémunéré perçoit environ 1,4 millions d’euros par mois c’est-à-dire environ 1000 SMIC.

Source : La Tribune . On a la liste http://www.latribune.fr/opinions/bl...

 

 

- Des chiffres des chiffres ! Oui des chiffres !

On pourrait examiner le montant et l’évolution des indemnités parlementaires depuis 2012 , sachant, en outre, que 59 % d’entre eux sont cumulards, (339/577) des députés qui considèrent les propositions de Mélenchon comme extrémistes.

Source : les cumulards. Voir la liste. http://www.observatoiredesgaspillag...

 

Si l’on totalise l’ensemble des indemnités, d’un député on obtient le chiffre de 12 860 € bruts mensuels. L’indemnité de parlementaire de base est cumulable avec une autre mandat dans la limite de 2757,34 euros supplémentaires. Le chiffre avancé souvent par les médias est de 7100 € bruts mais il s’agit seulement ici de l’indemnité de base

Pour plus de détails voir JDN http://www.journaldunet.com/economi... et le site droit finances.net http://droit-finances.commentcamarc...

 

Indiquons, par ailleurs, que l’on peut consulter les déclarations de revenus des parlementaires sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique : http://www.hatvp.fr

 

Il ne s’agit pas ici de faire de l’antiparlementarisme primaire, mais simplement de faire remarquer aux parlementaires de droite et aux médias qui s’insurgent contre des minima sociaux jugés excessifs qu’il y a quelque chose d’indécent dans leurs propos au regard de leurs propres revenus. qui sont largement supérieurs au salaire moyen des Français et même au revenu moyen des chefs de petites et moyennes entreprises. Il faut alors leur retourner la question sur le chiffrage des dépenses publiques : le chiffrage de vos revenus n’indique-t-il pas qu’ils sont excessifs ?

 

Et dans cette présentation, nous n’avons même pas mentionné d’autres revenus de la propriété, d’investissements en actions, de droits d’auteur, etc de certains parlementaires.

 

En consultant quelques déclarations de revenus,sur le site indiqué on s’aperçoit alors des revenus mensuels moyens beaucoup plus élevés.

 

 

- Des chiffres, des chiffres,…

On voit sur cet exemple combien il est difficile pour les libéraux de s’attaquer sur le fond aux arguments de Mélenchon. C’est la raison pour laquelle ils portent tous leurs efforts pour l’attaquer sur la forme.

 

Il est donc clair que l’enjeu de la bataille se joue autant sur le fond que sur la forme des interventions de Jean-Luc Mélenchon.

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 09:25
 Le revenu de base, nouvel horizon pour le mouvement social ?

« Sans revenu, point de citoyen » s’exclamait en 1792 le philosophe Thomas Paine du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale

 

Sources : Le Parti de gauche51 le 15 juin 2013 | mis à jour le 24/10/2021

Allons mes camarades, imaginons un monde dans lequel chaque être humain serait reconnu par la société pour ce qu’il est et non pour ce qu’il peut apporter.
Reconnu à la naissance comme un être disposant du droit inaliénable à une vie décente et donc à un revenu, reconnu comme un élément essentiel de la société.

 


- La Déclaration universelle des Droit de l’homme de 1948 reconnait un certain nombre de droits aux individus, l’article 22 stipule :

Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays.

 

Mais conditionne la réalisation de ces droit à un travail (article 23) :

  1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
  2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
  3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
  4. Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

 

- L’article 25, alinéa 1 précise ces droits et évoque la possibilité d’un revenu de substitution en cas de chômage, maladie, veuvage…

Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté

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Signature de la Déclaration de Philadelphie

Signature de la Déclaration de Philadelphie

 

 

- Une idée ancienne
Pourtant l’idée d’un revenu universel ne date pas d’hier, déjà en 1516 Thomas More dans son recueil De optimo rei publicae statu, deque nova insula Utopia (Utopia) imagine une société idéale, égalitaire et rationnelle dans laquelle la propriété privée est inconnue, les Utopistes travaillent six heures par jour, gagnent tous le même salaire,  prennent leur repas en commun et passent leur temps libre à des loisirs comme les échecs ou l’apprentissage des belles lettres…


Cette idée d’un revenu garanti est reprise par deux siècles plus tard, par Thomas Paine (1737-1809), figure marquante des révolutions américaines et françaises qui propose une dotation forfaitaire donnée à chaque homme et chaque femme dès l’âge adulte, justifiée par une redistribution égale de la valeur de la terre (« justice agraire »), concrétisant ainsi l’idée du juriste hollandais Grotius (1583-1645) selon laquelle la terre est la propriété commune de l’espèce humaine. On retrouve cette idées dans la notion de dividende universel qui consiste que chaque humain est copropriétaire des biens produits par l’ensemble de la société et qu’à ce titre chaque « actionnaires » doit recevoir une part de la richesse produite sous forme de dividende.


Karl Marx revient sur cette idée dans les « Grundrisse » , dans la perspective d’une réappropriation des conditions sociales de la production « … où le revenu distribué cesse d’être fonction de la quantité de travail fournie, pour devenir fonction de la quantité de richesse que la société décide de produire… », Marx imagine le développement d’une société où l’humanité sera sortie du salariat et où les machines seules assureront la création de richesses, qui seront reversées sous la forme d’un revenu socialisé universel, au début du XXème siècle l’idée est relancée par le philosophe britannique Bertrand Russell et a été largement développée au cours de ces dernières années par des penseurs comme André Gotz.


Tout au long des derniers siècle l’idée de fournir un revenu ou un salaire à chaque individu composant la société sans contrepartie directement mesurable sous forme d’une activité professionnelle s’est répandue même si elle fait l’objet de blocage très puissants de nature économique, culturel, psychologique ou politique…Des expérience ont été menées ici où là dans le monde à partir des années 60 (Programme Mincome au Canada,  l’Alaska Permanent Fund en Alaska (le seul état Américain où les inégalités reculent) ou plus récemment l’expérience de Otjivero - Omitara en Namibie).

 

 

- Principe du salaire universel

  • Le revenu de base est un droit inaliénable, reconnu à chacun, nul ne peut en contester l’octroi, c’est un revenu versé mensuellement, en espèce (et non en nature) et d’un montant suffisant pour se passer d’un travail.
  • Il est inconditionnel, sa délivrance se fait sur une base individuelle (le citoyen), elle est automatique et ne nécessite aucune justification ou contrôle de ressource ni contrepartie (d’activité ou d’inactivité, de maladie ou de handicap), il est versé de la naissance à la mort.
  • Il est cumulable avec d’autres revenus (salaire par exemple).

 

- Attention aux faux amis

Des personnalités de droite comme Christine Boutin ou Dominique de Villepin se sont déclarés favorables au revenu d’existence.
C’est qu’il y a bien deux manières de concevoir la proposition du revenu de base : d’un côté, la voie libérale ou néolibérale, de l’autre, la voie progressiste, anticapitaliste ou anti-utilitariste.

 

  • Dans les années 60, aux Etats-Unis, l’économiste ultra libéral Milton Friedman (Capitalisme et Liberté) a proposé l’instauration d’un impôt négatif (sorte de crédit d’impôt remboursable pour les plus pauvres) en vue de simplifier l’Etat social (ou plutôt de l’éliminer), s’inspirant ainsi d’une idée avancée par Cournot au XIXe siècle. Friedman proposait en contrepartie d’un revenu d’existence d’un montant trés faible, la suppression du salaire minimum et de tous les dispositifs de protection sociale, afin disait-il de ne pas entraver le « bon » fonctionnement du marché de l’emploi. L’administration Nixon a repris en partie sa proposition dans l’idée de remplacer le programme d’assistance aux plus pauvres par un revenu garanti assorti de compléments financiers pour les travailleurs. Le plan adopté en 1970 par la Chambre des représentants a cependant été rejeté de justesse par le Sénat nordaméricain.
  • Gortz a débusqué cette imposture en démontrant que cette conception du revenu universel revenait de fait à une subvention déguisée aux entreprises leur permettant d’embaucher des chômeurs à vil prix et permettant ainsi le démantèlement du droit social. A suivre André Gorz, il faut être attentif à deux conceptions du revenu d’existence qui cohabitent dans la pensée contemporaine, parfois chez les mêmes auteurs. L’une voit « le moyen de soustraire la vie à l’imaginaire marchand et à la mise au travail total ». L’une voit au contraire dans le revenu de base une « rémunération du temps hors travail » considérant que « la vie toute entière est devenue productive » et que la production capitaliste doit tirer profit « de toutes les capacités, compétences et ressources que les personnes développent dans leur vie ». Si la première conception est une attaque contre la valeur travail et ne rémunère rien (elle rejoint ainsi la position anti-utilitariste), la seconde légitime le travail invisible source de productivité et de plus-value. « Toute la productivité de soi est rabattue sur le travail économique » et « tout le monde contribue à la production sociale par le seul fait de vivre en société. »
  • Dans les années 1980, de nombreux débats ont eu lieu aux Pays-Bas et au Royaume-Uni sur cette question. En Allemagne, c’est Thomas Schmid (Befreiung von falscher Arbeit 1984) qui a lancé la discussion. Le terme de « revenu de citoyen » (Bürgergeld) a alors été avancé. Plusieurs publications sur la question, venant d’intellectuels proches du parti des Verts, ont vu le jour en Allemagne à fin des années 80 et milieu des années 1990. En France, le revenu d’existence, l’allocation universelle ou revenu minimum inconditionnel ont été défendu par des sociologues ou des philosophes comme André Gorz, Jean-Marc Ferry ou encore le Mouvement anti-utilitariste dans les Sciences sociales (M.A.U.S.S.).

 

- Pourquoi un revenu de base ? Les fondements.

On ne dira jamais assez à quel point la déclaration de 1948 fut un immense progrès qui s’inscrivait dans l’esprit de la Déclaration de Philadelphie (1944) signée quelque années auparavant et qui évoquait même dans son article III la possibilité d’un revenu de base mais la Déclaration Universelle des Droit de l’Homme ne remet pas en cause le modèle d’organisation sociale reposant sur la salariat et la répartition inégale de la richesse, pas plus qu’elle ne précise les modalités de mise en place des droits qu’elle entend promouvoir, rappelant juste la nécessité d’une sécurité sociale et la garantie de droits économiques.


La notion bien vague de « droit à une niveau de vie suffisant » laisse libre cours à toutes les interprétations et récupérations possibles de l’esprit de la charte.

 Le revenu de base, nouvel horizon pour le mouvement social ?

Nous constatons l’échec de notre civilisation à assurer à chaque être humain des conditions de vie dignes alors même que le progrès technique, le formidable accroissement des connaissance scientifiques n’a jamais produit autant de richesse.


Les gains extraordinaires de la productivité ont engendré le chômage de masse, une existence précaire pour un nombre sans cesse croissant individus, des inégalités révoltantes et un salariat résigné, en proie à une grave crise de sens, soumis à la dure loi du rendement capitaliste qui est de plus en plus déconnectée des réalités humaines.


Ne soyons pas naïf, le chômage ne baissera pas ou de façon très marginale, l’économie sera toujours en crise et la sacro-sainte croissance ne reviendra jamais car elle est un non-sens économique et une aberration écologique non souhaitable.


Ces invocations ne servent qu’a dissimuler une faillite, celle du productivisme et de ses appendices que sont le capitalisme financiarisé et le communisme totalitaire.
Cette économie qui fait le malheur des gens alors qu’elle pourrait faire leur bonheur, cette économie dénuée de finalité, de morale et de sens, traverse une crise sans précédent qui dépasse les simples considérations d’ordre économique.


C’est une crise de sens, une crise qui touche au cœur nos représentations mentales, la place du travail dans une vie, la notion de reconnaissance, de valeur du travail et son utilité.
Nous sommes collectivement en proie à un paradoxe existentiel, celui qui nous pousse à nous resituer et à reconstruire nos représentations et c’est au pied du mur de la réalité que nous évoluerons contraints ou enthousiastes et que nous imaginerons de nouvelle façons d’organiser nos existences et la vie des sociétés.


C’est sur ces bases que nous pouvons nous interroger : Comment concilier l’économie et la société ? comment réconcilier l’homme et son milieu naturel ? travailler à t’il toujours un sens ? l’exploitation est-elle une fatalité et qu’est-ce qui justifie les injustices si elles ne permettent même pas d’assurer des conditions de vie décentes au plus grand nombre ? Et la place de la liberté dans tout ça.

 

 

- C’est à ces interrogations que le revenu de base se pose en recours.

  • Ce concept à d’abord été pensé pour éradiquer la première des injustices, la pauvreté, la cruelle, l’ignoble, celle qui abaisse l’être humain et le pousse à la violence et aux conduites antisociales.
  • Il a ensuite été imaginé pour permettre l’émancipation économique et politiques des individus car sans autonomie économique les conditions de la liberté ne peuvent êtres garanties, c’est d’ailleurs l’une des faiblesse de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui n’a pas été capable de préciser et d’imposer l’autonomie économique comme un élément fondateur et nécessaire de la liberté individuelle. Sans autonomie économique reconnue comme un préalable il n’est pas possible à l’individu d’exprimer sa pleine capacité de citoyen, le citoyen cède la place au salarié lié par un lien de subordination à son employeur et guidé par la nécessité de se nourrir, de se chauffer, de se déplacer… Nous avons là une des raison de la sclérose de nos démocraties car sans citoyens point de démocratie vivante et dynamique.
  • Le revenu de base est aussi un appel à transformer radicalement notre rapport à la production et à la consommation en permettant à l’individu de se construire autour d’autres principes de vie librement choisis et assumés et de se libérer de la dualité salariat/consommation. Cette transformation, ce nouveau paradigme doit permettre de dégager des marges de manœuvre afin de concevoir un horizon au delà de l’accumulation mécanique et compulsive de marchandises qui débouche sur la nécessité de se vendre au plus offrant sur le marché du travail.
  • La nécessité de se détacher de ce mode d’existence, de cette aliénation est un impératif écologique car nos mode de consommation et de production impactent gravement notre écosystème. Un tel revenu doit permettre à chacun de choisir la place que doit avoir le travail dans sa vie et dans la société, ce revenu doit permettre aux citoyens émancipés de définir par la délibération le contenu de la production et ses finalités, supplanter la valeur d’échange par la valeur d’usage.
  • Le revenu de base n’est pas le refus du travail, mais une redéfinition profonde de son exercice et de ses finalités.
  • Le revenu de base à aussi des fondements économiques, en redonnant du pouvoir d’achat à des catégories dépourvues.

 

Comment le financer ?


- Comment le financer ?

 Le revenu de base, nouvel horizon pour le mouvement social ?

Tout d’abord il faut savoir que le revenu de base est presque une réalité dans nos sociétés car un partie parfois non négligeable de nos revenus est déconnectée de notre activité salariée (revenus de substitution, retraite, prestations familiales etc), ce qui revient à convertir ces revenus et à les réaffecter au financement du revenu de base.


A l’échelle de la France il s’agit ici de se dire qu’il va falloir distribuer environs 900 euros à 65 000 000 d’habitants (et 400 euros aux mineurs).


Notez tout d’abord que les besoins administratifs pour gérer cette distribution sont quasiment nuls car c’est un revenu inconditionnel ne nécessitant pas un travail administratif évolué. Cette tâche pourrait même être confiée à des structures existantes : caisses de retraites (c’est déjà leur activité), Sécurité sociale (ils connaissent tout le monde et ont l’habitude de faire des versements) ou Trésor public (qui gère les finances publiques).


Un certain nombre de prestations sociales deviennent également caducs avec ce revenu de base : Allocations familiales, RSA, ARS, PAJE, allocations logement, allocations soutien familiale, allocation parent isolé, Allocation d’adoption, allocation de solidarité aux personnes âgées, Assurance vieillesse des parents au foyer, Allocation personnalisé d’autonomie, allocation spécifique de solidarité, allocation d’insertion, allocation équivalent retraite, assurance chômage (aide au retour à l’emploi), retraite, bourses d’études, congés maternités…Les coûts de fonctionnement énormes de ces dispositifs seront économisé et seront utilisés de manière plus utile au financement du revenu de base.


Le revenu de base permettra aussi d’économiser sur les dépenses de santé car les gens seront moins soumis aux accidents du travail, au stress et aux maladies professionnelles, des économies très importantes seront aussi à prévoir en matière de sécurité par la baisse de la criminalité (ces effets ont été observés dans les expérimentations qui ont eu lieu à travers le monde).


Le complément pourra être trouvé dans des recettes nouvelles. De nombreux économistes ont étudiés les différentes pistes de financement et leur faisabilité,  on citera :

  • La compensation salariale : À partir d’un certain seuil de revenu, les salariés « remboursent » progressivement le montant du revenu de base ; pour la population économiquement non active, on fera jouer l’effet de substitution (suppression de prestations en fonction du besoin aujourd’hui en vigueur). C’est la solution politiquement la plus anodine, parce que la plus conservatrice. Elle se limite à affronter la pauvreté et ne change que très peu les conditions cadre de l’économie.

 

  • Les cotisations sur salaire : c’est le principe de financement du système actuel, basé uniquement sur le salariat. Financer le revenu de base entièrement par les cotisations sur salaires.

 

  • La fiscalité directe (impôt sur le revenu) : C’est une possibilité, à condition de ne pas imposer le revenu de base. En Suisse, concrètement, ce serait l’Impôt Fédéral Direct (IFD) qui devrait alors être choisi. Cette option implique une baisse quasi équivalente des impôts cantonaux – ce qui n’est pas irréaliste dans la mesure où les dépenses sociales des cantons et des communes sont largement remplacées par le revenu de base.

 

  • La fiscalité indirecte (TVA) : Financer le revenu de base par une taxe sur la valeur ajoutée sensiblement augmentée (au moins à un taux moyen de 30%, ce qui correspond à la part du revenu de base dans le PIB) est une option « révolutionnaire » qui, bien qu’elle soit la plus conforme aux changement d’orientation de l’économie opéré par le revenu de base, risque tout d’abord de rebuter. Néanmoins, si en contrepartie on supprime les prélèvements obligatoires sur salaire (cotisations) et que les partenaires sociaux jouent le jeux dans les négociations salariales, le prix de revient de la production de biens et services ne devrait pas changer de manière tragique. Sous l’impulsion du revenu de base, la fixation des rémunérations nettes par le jeu de l’offre et de la demande devrait à la fois assurer le fonctionnement de l’activité économique et provoquer une revalorisation des bas salaires – le tout sans réglementation contraignante impliquant des risques de fraude. En outre, le financement de la protection sociale par la TVA présente trois avantages de poids :
    1. Le financement du revenu de base est réparti sur tous les facteurs participant à la création de valeur – le facteur travail n’est plus pénalisé. Il en résulte une baisse de coût relative pour les activités à faible valeur ajoutée, mais à haute valeur sociale (économie sociale et solidaire ; services de proximité, soins aux personnes âgées, réparation de biens de consommation durable et autres). Ces activités, aujourd’hui subventionnées, pourraient alors « tourner » de manière financièrement autonome.

    2. Le financement de la protection sociale par la TVA constitue une réponse idéale au dumping social (délocalisation) que nous connaissons aujourd’hui. Ce n’est plus le pays producteur, mais le pays consommateur qui finance cette protection et applique ses standards aux importations.

    3. Le financement par la TVA, pour les mêmes raisons, poussera davantage à l’adoption du revenu de base sur un plan international.

 

  • La création monétaire.

 

Bien entendu il est possible d’imaginer des formes combinées des ces solutions, certaines pistes sont d’inspiration libérales, elles n’auront bien évidement pas leur place dans la création d’un revenu de base d’inspiration écosocialiste.

 

 

- La position du Parti de gauche sur le sujet

 Le revenu de base, nouvel horizon pour le mouvement social ?

Nous n’avons pas encore de position arrêtée sur le sujet mais nous en débattons.

 

J’espère pour ma part que ce thème trouvera la place centrale qui lui revient dans notre projet écosocialiste par ce qu’il porte de radicalité concrète. J’aimerais qu’on ne laisse pas les libéraux nous imposer leur version dénaturée et réactionnaire du revenu de base, à nous de réfléchir, de débattre et d’imaginer le monde de demain…

 

 

Explications de : Corinne Morel-Darleux, Conseillère Régionale Rhône Alpes et Secrétaire nationale à l'écologie du Parti de Gauche, nous explique où en est l'idée du revenu universel au sein de son parti, et exprime son soutien à l'Initiative Citoyenne Européenne pour un Revenu de Base.

 

  • Et vous comment l’imaginez-vous cet avenir ? Que feriez-vous de votre vie si vous étiez débarrassé de la peur du lendemain grâce au revenu de base ? Dites le moi dans vos commentaires
  •  

    Un film pour mieux comprendre le revenu de base

    - Un film pour mieux comprendre le revenu de base

    « Un revenu, c'est comme l'air sous les ailes de l'oiseau ! ». C'est ainsi que commence le film. Est-ce que ce revenu devrait être inconditionnel pour chacun ? Est-ce possible, un droit civique économique ?

Important : Une initiative citoyenne européenne (ICE) en faveur du revenu de base a été officiellement lancée en janvier 2013 conjointement avec les réseaux militants et associatifs de 15 autres pays.

  • Pour la signer rendez vous ICI

 

Pour en savoir plus

- Revenu de base: une analyse marxiste

- Namibie. Les miracles du revenu minimum garanti

- André Gorz

(1988), Métamorphoses du travail.Critique de la raison économique, Paris : Edition Galilée
(1993) « Bâtir la civilisation du temps libéré », in Manière de voir n° 18 », Paris : Le Monde diplomatique

- Yoland Bresson
             Une clémente économie ; au-delà du revenu d’existence, Edition L’Esprit Frappeur

              Précis d’utopie réaliste, Un revenu pour tous, Baptiste Mylondo, Les Editions Utopia

- Mouvement Français pour un Revenu de Base

- Le revenu garanti et ses faux amis

- Revenu de base, salaire à vie : les enjeux

- GARANTIE PUBLIQUE D’EMPLOI : DÉFENDRE LES COMMUNS CONTRE L’INDIVIDUALISME DU REVENU UNIVERSEL

- ENTRE REVENU UNIVERSEL ET EMPLOI GARANTI, UNE TROISIÈME VOIE ?

 Le revenu de base, nouvel horizon pour le mouvement social ?
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26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 09:58
Non, Pierre Gattaz, la France n’a pas le Smic le plus élevé d’Europe

Source : Comité Régional CGT Poitou-Charentes le 15 janvier 2016 | Libération par Pauline Moullot

N’en déplaise au patron du Medef, la France n’a pas le SMIC le plus élevé d’Europe. Alors qu’il était l’invité de la matinale de France Inter ce jeudi, le patron du Medef qui martèle vouloir faire baisser le coût du travail est revenu sur son obsession permanente : le « problème des charges patronales« . Pour preuve selon lui : le coût du salaire minimum. «Vous savez qu’un Smic aujourd’hui, c’est 1 450 euros chargés, nous avons le coût du Smic le plus élevé d’Europe», ce qui est faux.

 

 

- À voir à partir de 5 minutes 11 secondes :

 

Alors oui, le Smic français est parmi les salaires minimums les plus élevés d’Europe, mais il n’est pas en tête. Avec 1 458 euros bruts au 1er janvier 2015, il est le sixième salaire minimum européen. Eurostats divise les pays de l’UE en fonction de leur salaire minimum en trois groupes : moins de 500 euros par mois (pays de l’est), entre 500 et 1 000 (pays du sud) et, enfin, au moins 1 000 euros (pays de l’ouest).

 

 

Avec un salaire minimum brut à 1 458 euros au 1er janvier 2015, la France se situe dans ce dernier groupe : derrière l’Irlande (1 462 euros), l’Allemagne (1 473), la Belgique et les Pays-Bas (1 502 euros) et enfin le Luxembourg, loin devant avec 1 921 euros par mois. Seul le Royaume-Uni a un salaire minimum beaucoup moins élevé dans ce groupe (1 379 euros). En enlevant ces deux extrêmes, le salaire minimum est donc sensiblement le même pour tous les pays du groupe 3 et la France ne bat aucun record.

 

 

- CICE et Pacte de responsabilité : les cotisation patronales diminuent pour atteindre 8,46% seulement

Pour ce qui est du coût pour l’employeur, il n’est pas beaucoup plus élevé puisque, dans le cadre du pacte de responsabilité, les entreprises sont exonérées depuis le 1er janvier 2015 des cotisations patronales Urssaf. Même si Pierre Gattaz aime à rappeler qu’il reste certaines charges patronales (l’assurance chômage, la retraite complémentaire, les transports, la formation…), celles-ci s’élèvent à 14,46% du Smic brut. En tenant compte du CICE à 6%, les cotisations patronales diminuent encore pour atteindre 8,46%.

 

 

Dans ce groupe, Eurostats note que trois pays ne calculent pas le salaire minimum sur une base mensuelle mais sur un taux horaire : la France, l’Allemagne et l’Irlande. Avec 9,61 euros de l’heure au 1er janvier 2015 (9,67 depuis le 1er janvier 2016), le salaire minimum français est le plus élevé des trois (8,50 en Allemagne et 8,65 en Irlande). C’est donc le nombre d’heures travaillées par semaine qui explique la différence au niveau mensuel : 40 en Allemagne, 39 en Irlande et 35 en France.

 

 

- Comparaison en parité de pouvoir d’achat

Mais comparer les salaires minimums en regardant uniquement les montants bruts a peu de sens, selon les experts, qui préfèrent s’appuyer sur d’autres critères. Ainsi, Eurostat présente aussi les salaires minimums en fonction du pouvoir d’achat. Encore une fois, la France se situe dans la moyenne des salaires minimum les plus élevés avec un salaire de 1 337 euros derrière les Pays-Bas (1 363), la Belgique (1 374), l’Allemagne (1 441) et le Luxembourg (1 561).

 

 

Elle gagne une place en arrivant devant l’Irlande (1 238) et le Royaume-Uni (1 082). Grâce à cette méthode, on constate que les écarts sont surtout beaucoup moins élevés entre les pays européens. Alors que le ratio était de 1 à 10 avec les salaires bruts, il n’est que de 1 à 4 en «standard pouvoir d’achat».

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  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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