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19 mai 2024 7 19 /05 /mai /2024 23:21
Macron veut-il renouer avec le passé ? 17/12/1918 : L’armée française débarque en Ukraine pour combattre la Révolution russe et accaparer les richesses !

Au début du 20e siècle, le gouvernement français nourrit le projet d'intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire

 

 

En décembre 1918, le pouvoir soviétique paraît aux abois.
Depuis six mois, le soulèvement de la Légion tchèque, manœuvré par les gouvernements français et britannique, a coupé la Sibérie et l’Oural de Moscou.
25 et 26 mai 1918, la Légion tchèque se soulève et sépare la Sibérie de l’URSS
[1].
Avec l’aide monumentale de la Grande-Bretagne, de la France, des Etats Unis, du Japon, du Canada... les armées de l’amiral Koltchak marchent de la Volga vers le Kremlin.
24 décembre 1918 L’armée blanche sibérienne de Koltchak prend Perm et marche vers Moscou
En fait, les grands pays capitalistes sont intervenus en Russie dès la révolution pour tenter de mettre sur pied des armées contre-révolutionnaires, à terme démanteler le pays pour le plus grand profit de leurs grandes entreprises.

 

 

Source : Midi Insoumis, Populaire et Citoyen par Jacques Serieys |

- La France joue un rôle central en 1917/1918/1919 dans la constitution d’une alliance capitaliste internationale contre la Révolution russe
Pourquoi la France joue-t-elle un tel rôle ?

 

🔴 La principale raison me paraît politique : des dirigeants nationalistes et impérialistes

Les dirigeants politiques (Clémenceau, Poincaré...) sortent de la Première Guerre mondiale en pleine euphorie. Ils vivent la France comme la nation militairement la plus forte de la planète d’où une responsabilité de puissance impérialiste principale. Ce comportement des dirigeants politiques est évidemment renforcé par le poids moral des principaux chefs militaires dans la population. Or, Foch comme Castelnau ou Franchet d’Espérey sont aussi profondément imbus de tradition nationaliste militariste conservatrice que les corps d’officiers autrichiens, russes, serbes et allemands dont le rôle a été si important dans le déclenchement de la guerre.


🔴 La France capitaliste a investi des sommes importantes en Russie

Avant et pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement français a mobilisé des moyens de propagande très importants pour pousser les citoyens à souscrire des emprunts d’État russes. Onze milliards et demi de francs-or ont ainsi été récoltés[3]. Trois banques françaises détiennent 30 % du capital des onze principales banques de la capitale tsariste. Plus du tiers des investissements industriels privés étrangers en Russie sont français en 1917.
C’est surtout le grand patronat, d’une part français, d’autre britannique, qui pousse à profiter de la situation instable née de la révolution pour s’accaparer des richesses naturelles du pays.


🔴 La préoccupation impérialiste permanente de Clémenceau

En décembre 1917, au moment où le gouvernement Clémenceau se heurte à de nombreuses difficultés militaires (la révolution d’Octobre a libéré de nombreuses divisions allemandes du Front de l’Est), sociales (grandes grèves de 1917, mutineries), politiques (les socialistes ont rompu l’Union sacrée[4][4bis], financières (lancement d’un nouvel emprunt d’Etat)... son principal souci, c’est en fait de contre-attaquer en Russie même, balayer les bolchéviks, répartir des zones d’influence économique avec les autres Etats capitalistes.
 

Le 23 décembre 1917, lendemain du début de la Conférence de Brest Litovsk, des représentants de la France et de la Grande-Bretagne se réunissent à Paris et con­cluent une convention pour le démembrement de la Russie en zones d’influence :

  • l’Angleterre se réserve les provinces baltes et le Caucase (surtout son pétrole) ;
  • la France choisit l’Ukraine de la Biélorussie à la Bessarabie et au Donetz (fer, charbon, bassin sidérurgique...) ainsi que les rives de la Mer Noire dont Odessa et la Crimée.


🔴 Des dirigeants militaires conservateurs, va-t-en guerre contre le communisme

Foch, général en chef des armées alliées en 1918, pèse lourd dans les décisions prises par la France sur la fin de la guerre et dans les années suivantes. Or, il voit le combat contre le communisme comme une guerre classique avec ses fronts bien délimités. En mars 1919, convoqué à une réunion de chefs d’état pour donner son avis sur la question, il déclare " Le péril bolchéviste s’étend vers le Sud et vers la Hongrie, il faut l’arrêter à Odessa et à Lemberg[5]." 

 

 

- Avant même la fin de la Première Guerre Mondiale, le gouvernement français de Clémenceau se préoccupe plus de combattre les aspirations des peuples et préparer une intervention militaire directe en URSS que de finir rapidement la guerre contre l’Allemagne

En juin 1918, le général Louis Franchet d’Espérey, excellent d’un point de vue militaire, prend le commandement des armées alliées d’Orient à Salonique. En septembre, il dispose de forces imposantes pour passer à l’offensive : 8 divisions françaises (comprenant 18% de Sénégalais et Maghrébins), 6 divisions Serbes, 4 britanniques, 9 grecques et une italienne. En un mois, il bouscule les lignes bulgares et allemandes, pénètre largement en Serbie, entre dans Belgrade, obtient la capitulation de la Bulgarie, fait prisonniers 90000 Bulgares ainsi que l’armée allemande de Von Steuben[6].

 

L’armistice signé à Salonique le 29 septembre 1918 pour tout le Front d’Orient, libère les armées de Franchet d’Espérey qui pourraient pénétrer en Europe centrale sur les arrières allemands. D’ailleurs, le Haut commandement allemand réfléchit alors à un armistice sur tous les fronts.

  • Mais le gouvernement français préfère utiliser ces troupes françaises pour aider à la construction d’un Etat roumain militarisé au service de la France, préparer la naissance de la Pologne et la Tchécoslovaquie sur les mêmes bases, surveiller les peuples hongrois et bulgares, soutenir les armées blanches en Russie.
  • Ainsi, en octobre 1918, le général Franchet d’Esperey, commandant l’armée française des Balkans, reçoit l’ordre de stopper sa marche vers l’Europe centrale, de rassembler les troupes en Roumanie pour intervenir en Russie « afin d’y poursuivre la lutte contre les puissances centrales, mais encore pour réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et en provoquer la chute ».

 

 

- Dès la Première Guerre mondiale terminée, des troupes françaises d’Orient sont maintenues sous les drapeaux pour attaquer l’URSS

L’armistice du 11 novembre 1918 fait passer les troupes allemandes d’Ukraine sous commandement français pour affronter les rouges. Le gouvernement français est alors décidé à apporter le maximum de soutien au général Krasnov dans la zone du Don et au général Dénikine, commandant l’armée blanche du Sud.

  • Le 13 novembre 1918, une flotte alliée mouille devant Constantinople, prête à intervenir en URSS[7]. Elle comprend la deuxième escadre française, commandée par l’amiral Amet, et deux divisions de forces terrestres, avec le général Franchet d’Espérey.
  • Le 20 novembre 1918, des Russes blancs réunis à Jassy (en Roumanie, alliée de la France, où Berthelot et Franchet d’Espérey jouent un rôle très important) demandent officiellement à l’Entente (France, Grande Bretagne, Serbie...) l’envoi d’un corps expéditionnaire pour renverser les soviets[8].
  • Le lendemain, 21 novembre, Clémenceau brosse pour Franchet d’Espérey « un plan général pour l’isolement économique du bolchevisme en Russie en vue de provoquer sa chute ». Il s’agit d’occuper les ports et d’établir un « cordon sanitaire » : étouffer l’économie soviétique et isoler l’Europe de la contagion des idées révolutionnaires. L’importance donnée à l’occupation du Donbass montre bien que les objectifs économiques impérialistes priment[8].
  • Bientôt, la flotte "alliée" composée surtout de forces françaises débarque à Sébastopol (Crimée, 13 décembre) puis dans le port d’Odessa comme en pays conquis. En janvier 1919, viendront le tour des ports de Nikolaïeff et de Kherson.

Les unités françaises et alliées (Grecs, Polonais, Roumains...) opèrent conjointement avec les bandes séparatistes de Petlioura et de Gregoriev, avec les armées blanches de Krasnov dans la région du Don, de Denikine au Kouban.

  • Le 17 décembre 1918, le général français Borius débarque à Odessa avec la 156ème division. Trois compagnies de fusiliers marins aidées de "volontaires" russes et polonais prennent le contrôle du port ; 4000 Allemands gardent la gare et ses environs.
  • Le 25 décembre, la Crimée commence à être investie par des troupes françaises (débarquement du 175ème Régiment d’infanterie à Sébastopol).
  • Fin décembre et début janvier de nouveaux renforts français arrivent, par exemple le 8 janvier 1919, le 4ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (unité d’élite qui a joué un rôle important dans l’offensive de septembre) et une compagnie de mitrailleuses.

Toutes ces troupes sont placées sous le commandement du général d’Anselme qui a commandé en 1918 le 1er Groupement de Divisions de l’Armée d’Orient.

  • Fin janvier 1919, l’armée française a la haute main des bouches du Danube aux bouches du Dniepr (Kherson) en passant par celles du Boug ( Nicolaïeff) et du Dniestr (Tiraspol).

 

🔴 Les capitaux français sont majoritaires dans la société contrôlant l’arsenal de Nicolaieff où se construisent des destroyers, des croiseurs légers, des remorqueurs, des sous-marins. Deux régiments grecs viennent compléter le dispositif français dans cette ville.

 

🔴 La France joue alors un rôle central dans l’accompagnement des armées blanches pour renverser l’URSS. D’Anselme maîtrise un puissant émetteur radio dans le Sud alors qu’en Sibérie ce sont également des Français qui manœuvrent la station d’Omsk, capitale de l’Etat fascisant de Koltchak. Des techniciens français sont attendus pour faire entrer les deux en relation.

 

 

- Comprendre le capitalisme des années 1900 à 1925 : un monde sans aucun sentiment

La principale caractéristique du grand patronat qui a poussé aux guerres coloniales puis à la Première Guerre mondiale, c’est l’absence totale de respect de la vie humaine.

  • Le travailleur colonial doit rapporter le maximum de profit jusqu’à sa mort.
    • Du Congo belge à l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 1961, un grand pays détruit par le colonialisme[9] ;
    • Colonisation française du Niger et du Tchad par la colonne Voulet Chanoine Joalland : un massacre de masse, un crime contre l’humanité (sur la base des archives militaires)[10][10bis] ;
    • 11 août 1904 : le peuple herero de Namibie est écrasé par les troupes coloniales allemandes[11].

 

  • Le soldat doit accepter de se faire tuer pour sa nation (en fait, les profiteurs de son pays) avec courage, patriotisme et abnégation.
    • Ainsi, la majorité des militaires français de l’armée d’Orient sont des réservistes âgés de 30 à 50 ans. Mon grand-père, né en 1877, en a fait partie. Un nombre significatif de soldats de l’armée française d’Orient relève de la classe 1906 qui a fait son service puis a été rappelée pour toute la guerre.
    • Des équipages de la marine n’ont pas vu un port français depuis plusieurs années.
    • Les fantassins ont subi les pires conditions de vie et les pires boucheries. Et maintenant que la guerre contre l’Allemagne est terminée, voilà qu’on leur demande d’aller combattre en Russie.

 

  • Le civil russe suspecté de sympathie socialiste ou le soldat de l’armée rouge sont des fusillés en sursis
    • Les soldats français assistent à de fréquentes exécutions sommaires de bolcheviks présumés. A Kherson par exemple, un millier d’Ukrainiens soupçonnés d’attitude hostile aux armées blanches sont enfermés dans un hangar que l’artillerie française pilonne : le feu prend, aucun survivant. L’ordre fasciste règne dans les zones occupées par l’armée de Clémenceau et de Franchet d’Espérey.

 

  • De plus, les conditions de vie de l’armée française d’intervention en URSS sont catastrophiques
    • « Les services de l’arrière n’existent pas (...), le service postal est si mal assuré que les hommes restent plusieurs semaines sans aucune correspondance avec leurs familles (...), le service du ravitaillement est tel qu’en certains points des soldats français sont en partie vêtus d’uniformes hongrois (...) » (extraits du discours du député Kerguèzec revenant d’une mission d’enquête sur l’armée d’Orient).
    • Dans la marine, la discipline est insupportable, les brimades, corvées et mises aux fers incessantes.

 

 

- 6 février 1919 à Tiraspol éclate la première mutinerie française de la Mer Noire[12]

Char Renault & soldats français Odessa 1918 1919

Tiraspol est une ville sur la rive gauche du Dniestr, intégrée dans la Russie fin 19ème siècle, début 20ème au sein du " gouvernement de Kherson " (Sud de l’Ukraine).

  • En 1918, l’armée française fait rapidement de Tiraspol un point d’appui essentiel de son dispositif. Par exemple, les chars d’assaut Renault livrés aux troupes françaises d’Odessa le seront par des chalands venant de cette ville située près de l’embouchure du Dniestr sur la Mer noire.
  • Début février 1918, une petite unité russe favorable à la révolution arrive devant Tiraspol en descendant la rive du fleuve. Elle tire quelques coups de canon et met en batterie des mitrailleuses.

 

Le général Berthelot, présent en Roumanie où il a joué un rôle militaire très important de 1916 à 1918, décide d’envoyer des forces conséquentes pour ne pas prendre de risque : un train blindé, des chars d’assaut, des unités françaises de zouaves, des Tchèques, des Polonais... En fait, la défense de Tiraspol est essentiellement assurée par le 58ème Régiment français d’infanterie et les soldats de cette grosse unité n’ont guère envie de combattre les Russes. Il a suffi le 4 février, d’un petit mouvement de repli pour que des militaires des 6ème, puis 5ème et 7ème compagnies abandonnent leur poste.

 

Après une période de repos, de reprise en mains et d’arrivée de renforts, le colonel Lejay veut lancer l’attaque pour reprendre Tiraspol, en commençant par une préparation d’artillerie. Sont également présents, côté français une unité du 501ème Régiment d’Artillerie d’Assaut et un bataillon du Régiment de Marche d’Afrique... Mais les artilleurs concernés refusent de faire avancer leurs engins, encore plus de tirer.

 

Les officiers enferment ces artilleurs dans un petit périmètre afin d’éviter la contagion aux autres troupes. Arrivent alors les pioupious du 2ème bataillon qui prennent fait et cause pour les mutins ; leur commandant " réussit à rétablir une situation périlleuse " d’après le rapport.... Quelques heures plus tard, lorsque les officiers espèrent enfin relancer l’offensive, les mutins refusent à nouveau de marcher. L’autre bataillon les rejoint... Lorsque la dernière "unité fidèle" décide de rallier la sédition, l’enthousiasme est tel parmi les soldats que les officiers n’ont plus aucune autorité.

 

🔴 Les arguments des mutins sont exposés très clairement dans le rapport qui suivra " La guerre est finie. L’armistice est signé. Nous nous sommes battus pendant quatre ans. Nous ne sommes pas en guerre contre les bolcheviques... "

 

Clémenceau réclame une sévérité extrême contre les mutins. Par contre les généraux présents dont D’Anselme et Franchet d’Espérey préfèrent une certaine souplesse " à une répression aveugle dangereuse à court terme ".

 

En fait, le 9 février, le régiment est à nouveau en ordre de marche. " Les recherches faites n’ont permis de découvrir aucun meneur " note le colonel Lejay en conclusion.

 

- 9 mars 1919, L’armée française évacue Kherson puis Nicolaieff
Après les évènements de Tiraspol, les troupes françaises déployées sur les rives de la Mer noire essaient de " tenir " la vaste zone qui leur est attribuée. Les accrochages se multiplient avec les unités " rouges ".

 

Dans " 1919 : les illusions de la gloire" (Editeur Robert Laffont, 1979 [13]), Claude Paillat (pourtant loin d’être pro-bolchévique) développe l’analyse suivante à partir des documents d’époque " A l’évidence, la population, bon gré mal gré, faisait cause commune avec les révolutionnaires. Progressivement aussi, l’Armée rouge, en s’améliorant, faisait front. Son avance dans le Don et le Donetz remettait en cause les importants succès obtenus dans le Caucase par les Blancs. La propagande communiste parvenait à créer des failles chez les séparatistes ukrainiens, isolés, rongés par des "soviets d’ouvriers" et des "Comités de soldats". Notre situation, déjà précaire, s’effritait. Le risque de mutinerie augmente en effet dans les rangs des régiments Français ; des zouaves du 1er Régiment de Marche d’Afrique quittent leur unité et justifient leur attitude "Les officiers nous bourrent le crâne. On nous a trompés..."

 

  • Le 8 mars 1919, des détachements de l’armée rouge approchent de la ville de Kherson qui représente l’avant-garde française vers l’Est en direction des armées blanches.
  • Deux compagnies du 176e régiment d’infanterie s’opposent à un ordre d’attaque. " Aucun homme ne bougea... ; tous opposaient non seulement une force d’inertie que l’on sentait concertée d’avance mais encore un refus catégorique se traduisant par des murmures et des paroles d’indiscipline. " Face à un officier qui tente de les mener de façon rude les traitant de " lâches ", l’excitation monte, mais les soldats restent aussi fermes dans leur refus de combattre.
  • Le lendemain, 9 mars, l’armée française évacue le port et la ville de Kherson.
  • Bientôt, Nicolaieff est également abandonné malgré les capitaux français déjà investis.
  • Le 11 mars 1919, Franchet d’Espérey envoie un télégramme (7107/3) à Clémenceau président du Conseil " Nous n’avons plus comme adversaires actuels en Russie méridionale des bandes bolchéviques mais une armée bien commandée, encadrée, parfaitement disciplinée, rétablissant l’ordre à la place du désordre. Autour de nous, et, derrière nous, hostilité presque unanime de la population, dissolue et xénophobe, qui corrompt nos soldats et leur tire dans le dos dès que l’armée bolchevique apparaît. "
  • Le lendemain 12 mars, le général Berthelot envoie un télégramme à Clémenceau et Franchet d’Espérey de même teneur. 

 

Bateaux français Odessa 1919

 

- L’évacuation d’Odessa

Depuis le début de l’intervention militaire française en URSS, la ville d’Odessa a été mise en avant comme bastion mondial face au communisme.

 

Aussi, l’ordre qui règne dans cette grande ville occupée par l’armée de la république française relève bien plus de la dictature militaire fascisante que des du respect des droits de l’homme.

  • 1er mars 1919, Jeanne Labourbe, institutrice communiste, est fusillée à Odessa[14] ;
  • L’ordre français règne à Odessa :
    • L’armée française essaie de miser sur une répression dure pour terroriser la population, ainsi le bombardement du village autour de l’usine traitant les eaux pour Odessa ;
    • Ainsi, encore à Odessa, l’exécution de deux civils à la mitrailleuse puis la pendaison de leurs corps aux grilles de la gare.
  • Cela ne faisait que monter un peu plus la population contre les soldats.

 

🔴  Pourtant, le 14 mars, l’armée française décrète l’état de siège.

  • Qu’est-ce que cela signifie ?
    • Art 7. - Aussitôt l’état de siège déclaré, les pouvoirs dont l’autorité civile était revêtue pour le maintien de l’ordre et la police passent tout entiers à l’autorité militaire ;
    • Art. 9. - L’autorité militaire a le droit :
      • 1° - de faire des perquisitions, de jour et de nuit, dans le domicile des citoyens ;
      • 2° - d’éloigner les repris de justice et les individus qui n’ont pas leur domicile dans les lieux soumis à l’état de siège ;
      • 3° - d’ordonner la remise des armes et munitions, et de procéder à leur recherche et à leur enlèvement ;
      • 4° - d’interdire les publications et les réunions qu’elle juge de nature à exciter ou à entretenir le désordre.

 

🔴  La poursuite des mutineries parmi les militaires français
- Le 21 mars, la 1ère compagnie du 40ème Régiment d’infanterie se met en grève sur le tas et " dépose ses équipements ".

- Le même jour, la compagnie du 19ème Régiment d’Artillerie de Campagne fait de même. Devant la justice militaire, les mutins affirment n’avoir aucune couleur politique mais assument leur acte " On se moque des conseils de guerre. On nous sacrifie pour des milliards. La guerre n’est pas déclarée contre les bolcheviques. Je n’ai pas de fonds russes. En France, on s’amuse ; ici on se fait tuer..."

- Le 22 mars, le développement du mouvement d’humeur atteint une compagnie du 15ème Régiment du Génie. Un gradé cherche à user de son autorité pour mater les soldats. L’Internationale est alors reprise en chœur par ces troupes qui devaient servir de bastion face au communisme international.

 

🔴 Le 29 mars, Clémenceau se trouve obligé d’ordonner l’évacuation d’Odessa et le repli sur la "ligne du Dniestr"
Le retrait se fait dans des conditions surprenantes.

  • L’attitude mutine de plusieurs unités se maintient, par exemple pour plusieurs groupes du 19e régiment d’artillerie à Odessa le 5 avril.
  • Des sapeurs du 7e génie fraternisent et laissent aux bolcheviks du matériel avant de quitter la ville.

 

 

- 20 avril 1919 : Les mutins de la Mer Noire hissent le drapeau rouge sur les vaisseaux de guerre français (le France, le Jean Bart, La Justice)

Du 10 au 30 avril 1919, se déroulent les grandes mutineries de marins.

  • En Roumanie, à Galatz, le chef mécanicien André Marty projette de s’emparer du torpilleur Protêt, d’enfermer les officiers et de rallier les bolcheviks à Sébastopol. Le complot découvert, il est arrêté le 16 avril et sera condamné à vingt ans de travaux forcés.
  • Le 17 avril, sur le croiseur France, des protestations éclatent ; quatre matelots sont enfermés, mais, deux jours plus tard, l’équipage révolté les libère, élit des délégués, exige le retour à Toulon.
  • Le 20, le drapeau rouge est hissé sur le France, le Jean-Bart, La Justice au chant de L’Internationale. L’après-midi, des marins qui manifestent dans Sébastopol avec la population essuient le feu de soldats grecs. Le calme revient les jours suivants, les délégués, d’abord seuls obéis, voient leur rôle décroître. Mais le Jean-Bart ainsi que le France regagnent Toulon et Bizerte.
  • Une autre mutinerie a lieu le 25 sur le Waldeck-Rousseau devant Odessa. Un comité de marins décide la révolte, exige la délivrance de Marty et le retour en France. Dans les jours suivants, le bâtiment rentre en France ainsi d’ailleurs que tous les navires de la mer Noire. Mais l’effervescence continue en mai et en juin à Toulon, à Brest, à Bizerte, en Grèce (sur le Guichen avec Charles Tillon) et même à Vladivostok...

 

🔴 Cette crise, qui surprit le commandement, a plusieurs causes.

  • Des raisons matérielles : hiver pénible, courrier désorganisé, corvées incessantes dans les ports paralysés par les grèves des dockers russes.
  • Les équipages sont démoralisés par une guerre longue, et l’armistice, pour eux, c’est la démobilisation : « Nous ne sommes pas en guerre contre les Russes ; nous voulons rentrer en France », répètent-ils. Marty nous dit que les marins lisaient les journaux pacifistes comme La Vague et Le Journal du peuple ainsi que les discours des députés socialistes contre l’intervention.
  • Des tracts et journaux clandestins sont édités par les bolcheviks, en particulier par le groupe communiste français animé à Odessa par Jeanne Labourbe, qui sera fusillée le 1er mars 1919. Le ministre de la Marine affirme d’ailleurs, le 17 juin, aux députés que la cause des troubles est la propagande révolutionnaire.

 

Ces mutineries n’expliquent qu’en partie l’évacuation ; en fait, il n’y avait qu’une division à Odessa et les Alliés comptaient surtout sur les Blancs : ils furent très déçus par Denikine. Ces mouvements sont importants dans la mesure où ils s’intègrent dans une crise politique et sociale mondiale qui dépasse la simple histoire militaire.

 

Notes :

[1] 25 et 26 mai 1918, la Légion tchèque se soulève et sépare la Sibérie de l’URSS

[2] 24 décembre 1918 L’armée blanche sibérienne de Koltchak prend Perm et marche vers Moscou

[3] En 1914, la valeur globale des titres d'emprunt de l'Etat russe détenus par 1 500 000 porteurs français s'élevait à 11,5 milliards de francs-or.

[4] En septembre, le refus des socialistes de soutenir le gouvernement formé par Paul Painlevé met fin à l'Union sacrée.

[4bis] Fin de l'Union sacrée (1914)

[5Paul Mantoux, Délibérations du Conseil des Quatre, Tome 1, CNRS

[6] La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants, en 2 tomes  Aristide Quillet, 1922

[7] Le 13 novembre 1918, une flotte alliée composée de 54 navires anglais, français et italiens, et d’un cuirassé grec, entre solennellement dans le Bosphore et jette l’ancre devant le palais de Dolmabahçe, où réside le sultan Mehmet VI. Débute dès lors l’occupation alliée de Constantinople (1918-1923.

[8] 20 novembre 1918, des Russes blancs réunis à Jassy demandent l’envoi d’un corps expéditionnaire pour renverser les soviets

[9Du Congo belge à l’assassinat de Lumumba

[10Colonisation française du Niger et du Tchad par la colonne Voulet Chanoine Joalland : un crime contre l’humanité

[10bisLa mission Voulet-Chanoine en 1899 : Cette expédition, parfois appelée « la colonne infernale », se signale par des actes d’une telle barbarie que l’opinion publique en métropole finit par s’en émouvoir…

[111904 Le génocide du peuple herero (Namibie)

[12] Les mutineries de la mer Noire sont une série de révoltes survenues dans les troupes terrestres et les bâtiments français de l’escadre de la mer Noire en 1919.

[13] 1919 : les illusions de la gloire – Claude PAILLAT

[141er mars 1919, Jeanne Labourbe, institutrice communiste, est fusillée à Odessa

 

Pour en savoir plus :

Guerre en Ukraine : Macron évoque à nouveau l’envoi de troupes « si les Russes percent les lignes de front »

 - Les mutineries de la mer Noire : 1919 et les origines du Parti communiste français

 

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15 mars 2024 5 15 /03 /mars /2024 20:37
Ukraine : Face aux va-t'en-guerre, le vote humaniste, pacifiste et réaliste de La France Insoumise.

« Rien ne doit exclu[1] », a déclaré Emmanuel Macron le 26 février 2024, à propos de l’envoi de troupes de notre pays en Ukraine. Un dérapage ? Non, le chef de l’Etat a persisté et signé en déclarant quelques jours plus tard : « il n’y a aucune limite[2] » dans la guerre face à la Russie. 

Macron persiste et signe dans Le Parisien : " il faudra (peut-être) avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes (...). La force de la France, c'est que nous pouvons le faire[12] ".

« Nous ne voulons pas de la guerre sur le continent européen ! La République française doit travailler à construire la paix », avait réagi Jean-Luc Mélenchon à Paris[3].

 

 

Seuls les groupes de La France Insoumise et communiste ont voté contre l’accord d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine signée par Macron et Zelinsky.

Le 12 mars 2024, l’Assemblée nationale a débattu de l’accord franco-ukrainien sur la sécurité, signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le 16 février dernier[4]. Celui-ci engage Paris et Kiev pour une durée de dix ans, comprenant notamment un renforcement de la coopération militaire. Il pose également deux objectifs politiques : l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne et dans l’OTAN, ce à quoi les insoumis s’opposent. S’ensuivra un vote purement symbolique.

 

 

Sources : Eric Durand | mis à jour le 17/03/2024

-  Pour le détail pour chaque groupe

Les députés ont débattu mardi de la stratégie française d’aide à l’Ukraine et voté, de manière non contraignante, sur l’accord bilatéral de sécurité signé avec Kiev. Ils l’ont approuvé à 372 voix pour, et 99 voix contre. Au total, 101 députés se sont abstenus[5].

  • Les 169 députés Renaissance ont voté pour ;
  • Les 88 élus RN se sont abstenus ;
  • Les 75 députés « insoumis » ont voté contre ;
  • Chez Les Républicains, 49 ont voté pour et 11 se sont abstenus. Deux n’ont pas pris part au vote ;
  • Au MoDem, 49 députés ont voté pour et il y a une abstention ;
  • Les 31 députés socialistes ont voté pour ;
  • Les 30 députés Horizons ont voté pour ;
  • Chez les écologistes, 20 élus ont voté pour et une a voté contre. Un député n’a pas pris part au vote ;
  • Chez les communistes, les 22 élus se sont opposés à l’accord ;
  • Dans le groupe LIOT, 20 d’entre eux ont voté pour et deux députés n’ont pas pris part au vote ;
  • Enfin chez les non-inscrits : David Habib, Jean-Charles Larsonneur, Hubert Julien-Laferrière et Emmanuelle Ménard ont voté pour, Nicolas Dupont-Aignan a voté contre et Véronique Besse s’est abstenue.

👉 voir aussi le site de l’Assemblée nationale avec les résultats nominatifs et par groupe[6]. 

 

🔴  Le 12 mars 2024, en application de l’article 50 – 1 de la constitution (et non de l’article 53), les 75 membres de France Insoumise et les 22 membres du groupe communiste ont voté contre le traité d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine.

🔴  Ils constituent donc les 99 votes contre. Il y a eu 372 votes pour dont les votes du parti socialiste et les votes du parti écologiste. Les 88 députés du RN se sont abstenu. Il y a eu au total 101 abstentions.

 

 

-  Ukraine : le vote de La France Insoumise est parfaitement cohérent car contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix[3]

Conférence des frontières, garanties de sécurité mutuelle : ce que propose LFI pour mettre fin à la guerre

  • Dès le début du conflit, LFI s’est distinguée par la défense d’objectifs clairs et simples : cessez-le-feu, retraite des troupes russes, discussion sur la sécurité en Europe dans le cadre de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) où siègent les États-Unis et la Russie. Quelques heures après l’agression russe sur le sol ukrainien, le jeudi 24 février 2022, Jean-Luc Mélenchon dénonçait une invasion qui « change le cours de l’Histoire en Europe » et constitue un recul alors que le recours à la force n’était plus considéré comme un des moyens pour régler les conflits sur le vieux continent.

 

  • Comment mettre fin à une guerre et éviter l’escalade guerrière qui risquerait de provoquer un conflit nucléaire ? « Le cessez-le-feu est la première étape pour construire la paix en Ukraine » pour Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, qui plaident pour « discuter des conditions concrètes dans lesquelles le conflit s’arrête ». C’est tout le sens de la proposition portée depuis le premier jour du conflit par le co-président de l’Institut La Boétie. Discuter de la paix en assurant des « garanties de sécurité mutuelle » aux belligérants, aux Ukrainiens comme aux Russes.

 

  • Un certain… Emmanuel Macron proposait la même chose le 3 décembre 2022. « C’est aussi de cela que nous avions discuté avec le président Biden, c’est l’architecture de sécurité dans laquelle nous voulons vivre demain, comment nous protégeons nos alliés et les États membres, en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie, le jour où elle reviendra autour de la table », avait déclaré le chef de l’État sur TF1[7]. Une idée qui n’aura pas fait long feu, comme en témoigne la rhétorique guerrière qui a supplanté l’idée d’une conférence pour la paix.

 

🔴 Deux ans après le début du conflit, cette rhétorique guerrière inonde les débats en France et suspecte de complicité ou de connivence avec le régime poutinien toute voix qui porte la négociation pour la paix. Or, ces deux années l’ont démontré de plus belle : l’issue n’est pas militaire mais bien diplomatique.

 

 

- Dans ce contexte, Emmanuel Macron et ses partisans avancent sur l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou l’OTAN.

Les insoumis s’y opposent pour plusieurs raisons :

  • « Cela n’est pas possible sans harmonisation fiscale et sociale », a avancé le député LFI Arnaud Le Gall ce matin en conférence de presse. Le salaire minimum Ukrainien tourne autour de 200 euros.
  • Difficile alors d’entendre l’adhésion de l’Ukraine quand des millions de travailleurs en pâtiraient.
  • Quant à l’OTAN, l’adhésion de l’Ukraine irait dans le sens inverse de la garantie de sécurité pour les Russes. Des garanties de sécurité sont nécessaires pour les Ukrainiens comme pour les Russes.
  • « Les conditions d’un accord de paix sont sur la table », a expliqué Manuel Bompard, coordinateur national de LFI.
    • Le président ukrainien envisage la possibilité de référendums d’auto-détermination.
    • De leur côté, les Russes se disent favorables à un cessez-le-feu, pour reconstituer leur défense. Ce n’est pas souhaitable, mais cela ouvre une fenêtre afin que tout le monde puisse se mettre autour de la table.

 

Les bons esprits affirment que négocier avec Poutine reviendrait à une capitulation de l’Ukraine.

  • Une position va-t-en-guerre qui balaye d’un revers de la main le sens même de la diplomatie et de la quête d’un mode de résolution des conflits qui ne passerait pas par les tueries.
  • Ce n’est pas parce que quelqu’un a déclenché la guerre qu’on ne peut pas faire la paix. « Il faut sortir de cette idée que créer les conditions d’une négociation, c’est forcément céder à l’ensemble des exigences de Vladimir Poutine. Celui qui a envahi a violé le droit international, il ne s’agit pas de lui donner raison. Si vous voulez la paix, vous devez écouter ce que chacun a à dire. », a précisé Manuel Bompard.

 

De même, les esprits va-t-en-guerre oublient la démarche unique de LFI quant à l’accueil des opposants au régime poutinien en France[8], une démarche singulière que n’observe aucune autre formation politique à part celle de Jean-Luc Mélenchon. 

 

 

- La prolongation du conflit est particulièrement dommageable pour l’Ukraine... mais pas que !
Déjà 444 000 morts[10], et 486 milliards de dollars de destructions directes[9] dans lequel il faudra compter un affaiblissement considérable du potentiel industriel et agricole. Et à cela s’ajoute une énorme pollution des sols.

  • En revanche, les sanctions contre la fédération de Russie ont relancé la croissance économique de ce pays dans tous les domaines : agricole, commerciale et industrielle. Son taux de croissance du PIB est évalué à 3,6 % par la banque mondiale en 2023 contre 0,8 % pour la France.
  • Ce sont les pays européens qui, par effet boomerang, souffrent le plus des sanctions contre la Russie.
  • Les seuls bénéficiaires de la guerre sont les États-Unis d’Amérique du côté occidental.

 

La continuation de la guerre va être catastrophique pour l’Ukraine et va provoquer une récession de l’économie européenne.

 

🔴  La France aura dépensé depuis février 2022 pour près de 15 milliards d’euros pour l’Ukraine. Voici approximativement le décompte : traité d’assistance signé par Macron :

  • 3 milliards d’euros ;
  • + 8 milliards d’euros (sur les 50 milliards votés par le Parlement européen) ;
  • +3,8 milliards d’aides militaires en 2022 et 2023 soit 14,8 milliards ;
  • auxquels il faut ajouter environ 600 millions d’euros pour l’aide aux réfugiés. On dépasse ainsi un total de 15 milliards d’euros.

 

🔴  Pendant ce temps, on nous annonce un plan d’austérité de 10 milliards d’euros ;

  • et on nous a annoncé l’obligation d’augmenter l’âge de la retraite de deux ans en raison d’un déficit de 12 milliards pour les retraites.
  • Dans le même temps, le déficit de la balance commerciale de la France bat des records historique : 99,6 milliards d’euros en 2023, 164 milliards d’euros en 2022. Ce sont les deux plus gros déficits de la balance commerciale enregistrés depuis 1945.
  • Mais ce n’est pas tout : 2022, le déficit du budget de l’État en France s’est élevé à 126,8 milliards d’euros, soit 4,8 % du produit intérieur brut (PIB).
  • En 2023, le déficit a augmenté pour atteindre 173,3 milliards d’euros,

 

 

- Pour éviter des erreurs de jugement, comme celles des médias qui prédisaient voici un an l’effondrement de la Russie et de Vladimir Poutine, il est important d’analyser les rapports de force.

Voici seulement quelques éléments concernant la Russie :

  • Selon des documents divulgués des services de renseignement américains citent le FSB russe, les forces russes auraient subi 110 000 pertes au 28 février 2023[11].
  • La Russie a augmenté son budget militaire de 68 % en 2024 ce qui ne l’empêche pas d’augmenter dans de nombreux secteurs son potentiel industriel.
  • Et l’aménagement de son territoire dans sa partie orientale.. N’oublions pas que le territoire de la fédération de Russie couvre 11 fuseaux horaires
  • La Russie dispose de missiles hypersoniques dépassant de plus de 10 fois la vitesse du son les rendant ininterprétables.

 

🔴 Les dirigeants européens, les sociaux-démocrates et les écologistes aveuglés idéologiquement par une représentation fantasmatique de la Russie ont totalement sous-évalué les capacités économiques, financières, militaires et diplomatiques sur la scène internationale de la fédération de Russie. Ces gens souffrent d’un lourd défaut d’analyse rationnelle et historique de la réalité : je suis tout à fait d’accord sur ce point avec l’analyse de Jacques Baud et de Caroline Galactéros.

 

🔴 Oui, le vote de La France Insoumise n’est pas seulement pacifiste, humaniste, il est réaliste.

 

 

- Ukraine : La France doit être à la pointe de la paix !

« Dans l’épreuve internationale, la France doit être un agent de la solution et non une partie du problème. Ce débat est un simulacre, vous avez déjà signé l'accord de sécurité avec l’Ukraine ! En Ukraine, à Gaza, au Congo, la France doit être à la pointe du combat pour la paix ! Être un agent de la solution et non une partie du problème. » Arnaud Le Gall, dépuré France insoumise /Ñupes

 

 

Notes :

[1] Guerre en Ukraine : " Rien ne doit être exclu ", déclare Emmanuel Macron au sujet de l'envoi de troupes occidentales à l'avenir

[2] Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron dit aux partis qu’il n’y a « aucune limite » au soutien à Kiev

[3Ukraine : contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix

[4] Que contient l’accord de sécurité signé entre la France et l’Ukraine et débattu au Parlement ?

[5Débat sur le soutien de la France à l’Ukraine : les députés approuvent l’accord bilatéral de sécurité

[6] Le site de l’Assemblée nationale avec les résultats nominatifs et par groupe

[7] Au terme de ma visite d’État aux États-Unis d’Amérique, je réponds aux questions de TF1

[8] À L'ASSEMBLÉE, DES DÉPUTÉS INSOUMIS ET MÉLENCHON ACCUEILLENT TROIS OPPOSANTS RUSSES À POUTINE

[9Ukraine : assiégée par l'armée russe, la ville ukrainienne d'Avdiïvka "risque" de tomber

[10] En février 2024, le ministère met à jour son bilan des pertes militaires ukrainiennes qui s'établit à 444 000 tués et blessés.

[11] Selon des documents divulgués des services de renseignement américains citent le FSB russe les forces russes ont subi 110 000 pertes au 28 février 2023.

[12Macron persiste et signe dans Le Parisien : " il faudra (peut-être) avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes (...). La force de la France, c'est que nous pouvons le faire ".

 

Pour en savoir plus :

- Révélation : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères

Du Vatican à Pékin, la position de LFI pour la paix en Ukraine plébiscitée sur la scène internationale

- « Poutine n’en demandait pas tant » – Le député LFI Arnaud Le Gall recadre Macron et plaide pour la paix en Ukraine

 

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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 11:57
Nouvel élargissement de l'Union Européenne : une folie économique et politique

L’antériorité de l’adhésion à l’OTAN sur l’adhésion à l’UE démontre que les pays candidats ne voient cette dernière que comme le pendant politico-économique de la première

L’hypothétique « convergence » risque de prendre encore des décennies, surtout en cas de nouvel élargissement

Tous les États membres devront payer davantage et recevoir moins...

 

 

La guerre en Ukraine a relancé le processus d’élargissement de l’UE vers l’Est et les Balkans à un rythme effréné. Motivée par des raisons géopolitiques, à savoir endiguer la puissance russe sur le continent européen, cette expansion soulève pourtant d’immenses questions économiques et politiques. En intégrant en son sein des États pauvres, l’Union européenne encouragerait en effet une nouvelle vague de délocalisations et de dumping social et soumettrait les agriculteurs du continent à une terrible concurrence. En outre, le seul moyen d’éviter des blocages politiques d’une Europe à 34 ou 35 serait de renforcer le fédéralisme, en rognant encore davantage les pouvoirs de décision des États-membres. Un scénario délétère poussé par les élites européennes en dehors de tout mandat démocratique.

 

 

🔴 Pour lire la suite cliquez sur l'image 👇

 

 

NOUVEL ÉLARGISSEMENT DE L’UE : UNE FOLIE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

 

Pour en savoir plus :

- Pour Manuel Bompard, député LFI, l’adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne serait une folie !

- Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

 

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 09:45
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine

La guerre en Ukraine : un objet historique multifacette

 

Dans un contexte où il est difficile de distinguer propagande de guerre et information impartiale, il nous a semblé utile de proposer ici quelques documents permettant d’élargir et d’approfondir notre champ de vision concernant le conflit militaire russo–ukrainien. Pour lire la suite cliquer ICI

 

 

Pour en savoir plus :

- 2015 : La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

- « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » par Philippe Descamps 

- On l’oublie un peu, mais la crise en Ukraine a surgi aussi sur fond d’enjeux économico-stratégiques mettant en cause le grand projet de M. Vladimir Poutine : l’Union économique eurasiatique (UEE), qui doit prendre effet en janvier 2015. 

- L’INVASION DE L’UKRAINE RENFORCE LA FRACTION MILITARISTE DES ÉLITES AMÉRICAINES

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- NATIONALISME EN UKRAINE : MYTHE ET RÉALITÉ

- Ukraine, d’une oligarchie à l’autre

- Eric Toussaint docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France : Pourquoi annuler la dette de l’Ukraine ?

- UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS COMPTENT FAIRE LA GUERRE « JUSQU’AU DERNIER UKRAINIEN »

- " Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ", pour Henri Guaino

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

- Le problème du nazisme en Ukraine

- NOUVEL ÉLARGISSEMENT DE L’UE : UNE FOLIE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

 

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 11:58
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !

La Russie a lancé son opération militaire en Ukraine  : Jean-Luc Mélenchon a prévenu pendant 10 ans[3bis] !

 

et Anne Hidalgo, Yannick Jadot, sont en campagne et s'agitent !
Un adversaire unique pour exister, qui à leurs yeux serait pro-Poutine
[1][2][2bis]... Jean-Luc Mélenchon !
Dans le même temps, les perroquets médiatiques répètent eux aussi en boucle la même chanson pour le salir !
Or, depuis des années (ci-dessous je remonte à 2012), Jean-Luc Mélenchon critique et s'oppose au poutinisme.
Ça suffit ! Mélenchon président défendra l'intérêt de la France, l'intérêt général humain, la paix !
Quand Jaurès refusait la guerre, on le traitait d’« agent du parti allemand
[3»... quand Jean-Luc Mélenchon défend une France non-alignée au service de la paix, les apprentis de la géopolitique pour les nuls, à la peine dans leur campagne électorale, le traitent de " pro-Poutine "...
L’acharnement de ceux qui utilisent la guerre pour taper sur Jean-Luc Mélenchon ne trompe pas les Français.
Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi
[4]...
Le candidat de l'#UnionPopulaire, Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

 

 

Sources : Durand Eric | mis à jour le 13/02/2023

- Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

 

- Quand le 17 mai 2018, Jean-Luc Mélenchon alertait sur le risque de guerre en Europe

Il soulignait que la paix est un objectif et une construction politique. Il rappelait l’importance de l’indépendance de la France pour pouvoir être utile au service de la paix. Il appelait à ne pas mettre le doigt dans l’engrenage qui pourrait conduire à une guerre entre l’OTAN et la Russie.

 

Une vidéo utile à revisionner aujourd'hui alors que la guerre de Poutine en Ukraine a montré la fragilité de la paix en Europe et la difficulté à y revenir une fois l'attaque lancée.

 

  • et plus globalement... Poutine, Russie, Ukraine : ce que dit Mélenchon depuis 10 ans (cliquez sur l'image)

 

Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine !

 

 

- Alors Jean-Luc Mélenchon ami, aficionado de Poutine ?

 

 

 

- Et maintenant que c'est la guerre, le 24 février, invité de l'émission spéciale de France 2 sur la situation en Ukraine Jean-Luc Mélenchon a fait une proposition simple pour sortir du conflit par le haut

4 ième jour de combat en Ukraine[6]  Plus de trois jours après le début de l’offensive lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, des milliers de personnes fuient leur pays. D’autres ont décidé de prendre les armes ou même de faire face aux chars russes à mains nues.

 

En France, Jean-Luc Mélenchon (candidat aux élections présidentielles 2022) a expliqué que s'il était président de la République, il ferait la proposition d'un cessez-le-feu en Ukraine, d'un retrait des troupes russes et de l'engagement d'une discussion sur la neutralité de l'Ukraine

 

Cette proposition a été reprise ce vendredi 25 février par les proches du président de la République ukrainienne, monsieur Zelensky[7]. L'un de ses conseillers se dit notamment prêt à engager des discussions avec Poutine sur la neutralité de l'Ukraine. Côté russe aussi, ces discussions sont souhaitées, même si pour l'heure les conditions posées à l'Ukraine pour une discussion équivalent à une reddition pure et simple. 

 

On le voit : sur ce sujet encore, Jean-Luc Mélenchon propose une solution de règlement du conflit par le haut. En 2022, il faudra choisir un président de la République qui a été capable de prévoir les dangers qui pesaient sur la paix, et a proposé des solutions diplomatiques pour éviter le passage à un conflit armé comme on en connaît aujourd'hui.  

 

 

- Ukraine : Jean-Luc Mélenchon et Hubert Vedrine font la même proposition pour cesser la guerre

 

- Discours de Jean-Luc Mélenchon sur la guerre en Ukraine prononcé le 1er mars 2022 à l'Assemblée nationale

Face à la volonté de l'Ukraine d'entrer dans l'OTAN et le non positionnement de l'occident pour dire NON, Poutine a fait le choix de la guerre... pour Jean-Luc Mélenchon, le seul but qui doit nous guider, c’est la paix.

 

Jean-Luc Mélenchon a rappelé qu’il n’y a pas d’alternative.... c’est la guerre totale ou la diplomatie. Par conséquent, le choix est vite fait, la France doit prendre une initiative diplomatique radicale : " Il faut rendre la diplomatie plus profitable que la guerre.

 

  • Jean-Luc Mélenchon appelle à la " proclamation de la neutralité de l'Ukraine ", à laquelle le président #Zelensky s'est dit " officiellement prêt ".

 

- Mais au fait, qui sont les amis à Poutine ?

Il existe des photos des candidats et politiciens qui accusent de Jean-Luc Mélenchon de soutenir Poutine ou de lui faire des courbettes.

En revanche, on n’en a aucune de ou il figure...  par contre, en mai 2018, Jean-Luc Mélenchon a rencontré Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes.

 

À #Moscou, rencontre avec Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes

 

  • les amis à Poutine... c'est eux !

 

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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Notes :

[1] Anne Hidalgo : "Jean-Luc Mélenchon est devenu l'allié et le soutien de Vladimir Poutine" 

[2] Delphine Batho, porte-parole de la campagne de Yannick Jadot : " JEAN-LUC MÉLENCHON, JAMAIS EN RETARD D'UNE COMPLAISANCE VIS-À-VIS DE POUTINE "

[2bis] Présidentielle : comment Hidalgo et Jadot utilisent la crise ukrainienne pour attaquer Mélenchon

[3] Jaures agent du parti allemand 

[3bisUkraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans !

[4] Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi...

[5] Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

[6Crise ukrainienne : la Russie lance une opération militaire, l’Ukraine craint « une grande guerre en Europe »

[7Guerre en Ukraine : la présidence ukrainienne déclare avoir accepté des pourparlers avec la Russie à la frontière avec la Biélorussie

 

Pour en savoir plus :

- Jean-Luc Mélenchon : ce qu'il a vraiment dit sur la Russie, Poutine et la Syrie

- Les Européens hors jeu : Ukraine, pourquoi la crise

- Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

- Jean-Luc Mélenchon : " Ukraine/Russie : l’UE n’a décidément rien compris "

- En octobre 2013, dans un texte écrit en commun, Noël Mamère et Jean-Luc Mélenchon appelaient à la libération des écologistes emprisonnés en Russie.

- Crise autour de l’Ukraine : l’alignement condamne à la figuration

- « J’ai toujours dit que si on menaçait la Russie, elle passerait les frontières », déclare Mélenchon

- Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine

Jean-Luc Mélenchon : La comédie ukrainienne

- Jean-Luc mélenchon " Macron : La comédie de Moscou "

- Guerre russe en Ukraine : depuis bientôt 10 ans, Jean-Luc Mélenchon lance l’alerte

- Dés 2017 Jean-Luc Mélenchon mettait en garde, et face au danger de guerre en Europe appelait à sortir de l'OTAN

- Jean-Luc Mélenchon " Je condamne la guerre de la Russie en Ukraine "

- Communiqué de Jean-Luc Mélenchon suite au déclenchement de la guerre russe en Ukraine.

- Crise en Ukraine : Mélenchon accuse l'OTAN d'attiser les tensions

- Ukraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans

- Attaque de la Russie en Ukraine – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Guerre russe en Ukraine : La France Insoumise renouvelle sa demande de débat à l’Assemblée nationale

- Jean-Luc Mélenchon : Ukraine - Cessez-le-feu, retrait russe : ce que la France doit proposer

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes 

Ukraine : Mélenchon défend la paix à l’Assemblée et marche dans les pas de Jaurès

- Ukraine : Mélenchon propose la neutralité de Kiev

- 2 Mars, Jean-Luc Mélenchon sur l'Ukraine : face à la menace nucléaire, l’urgence c’est la paix

- Ukraine nucléaire – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Jean-Luc Mélenchon le 2 mars 2022 " Ukraine : je veux construire le camp de la paix contre les va-t-en guerre "

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- Jean-Luc Mélenchon se désole de l’opacité autour des questions miliaires et de l’absence d’un dialogue sur les décisions prises par l’exécutif. Et demande un débat hebdomadaire au Parlement sur la crise.

- Jean-Luc Mélenchon : La Guerre d’Ukraine doit finir

- Tribune cosignée par Jean-Luc Mélenchon. Guerre en Ukraine : « Nous appelons à redoubler d’efforts diplomatiques pour établir un cessez-le-feu »

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 15:18
Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Révélation : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]

 

Les bruits de bottes aux portes de l’Europe affolent les chancelleries occidentales.
Deux interprétations s’opposent. Pour les uns, Moscou fait monter les enchères afin d’obtenir des concessions de la part de Washington et des Européens. D’autres au contraire estiment que le Kremlin veut pouvoir prétexter d’une fin de non-recevoir pour justifier un passage à l’acte en Ukraine. Dans tous les cas, la question se pose du moment choisi par Moscou pour engager ce rapport de forces. Pourquoi jouer ce jeu risqué, et pourquoi maintenant ?

Des éléments de réponse dans l'article ci dessous, (article traduit en anglais à partir de l’original arabe de Gilbert Achar publié dans Al-Quds al-Arabi, 25 janvier 2022 [traduction de l’anglais par la rédaction de A l’Encontre])

 

Sources : Alencontre par Gilbert Achcar | mis à jour le 25/05/2022

- Il n’est pas exagéré de dire que ce qui se passe actuellement au cœur du continent européen est le moment le plus dangereux de l’histoire contemporaine et le plus proche d’une troisième guerre mondiale depuis la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962[1].

Il est vrai que, jusqu’à présent, ni Moscou ni Washington n’ont fait allusion à l’utilisation d’armes nucléaires, même s’il ne fait aucun doute que les deux pays ont mis leurs arsenaux nucléaires en état d’alerte face aux circonstances actuelles. Il est également vrai que le degré d’alerte militaire aux Etats-Unis n’a pas encore atteint celui qu’il avait atteint en 1962. Mais le déploiement militaire russe aux frontières de l’Ukraine dépasse les niveaux de concentration de troupes à une frontière européenne observés aux moments les plus chauds de la «guerre froide», tandis que l’escalade verbale occidentale contre la Russie a atteint un stade dangereux accompagné de gesticulations et de préparatifs militaires qui créent une possibilité réelle de conflagration.

 

 

- Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu.

Macron joue l'apaisement... à sa façon

Vladimir Poutine peut penser qu’il ne fait que déplacer la reine et la tour sur le grand échiquier afin de forcer l’adversaire à retirer ses pièces. Joe Biden peut croire qu’il s’agit d’une bonne occasion pour lui de redorer son image nationale et internationale, très ternie depuis son échec embarrassant dans l’organisation du retrait des forces étatsuniennes d’Afghanistan. Et Boris Johnson peut croire que les rodomontades prétentieuses de son gouvernement sont un moyen bon marché de détourner l’attention de ses problèmes politiques intérieurs. Il n’en reste pas moins que, dans de telles circonstances, les événements acquièrent rapidement leur propre dynamique au son des tambours – une dynamique qui dépasse le contrôle de tous les acteurs, pris individuellement, et risque de déclencher une explosion qu’aucun d’entre eux n’avait initialement souhaitée.

 

 

- En Europe, la tension actuelle entre la Russie et les pays occidentaux a atteint un degré jamais vu sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les premiers épisodes de guerre qui s’y sont déroulés depuis lors, les guerres des Balkans dans les années 1990, n’ont jamais atteint le niveau de tension prolongée et d’alerte entre les grandes puissances elles-mêmes auquel nous assistons aujourd’hui. Si une guerre devait éclater en raison de la tension présente – même si elle ne faisait initialement que sévir sur le sol ukrainien – la situation centrale et la taille même de l’Ukraine suffisent à faire du danger de propagation de l’incendie à d’autres pays européens limitrophes de la Russie, ainsi qu’au Caucase et à l’Asie centrale, un péril grave et imminent.

 

 

- La cause principale de ce qui se passe aujourd’hui est liée à une série de développements

La première et principale responsabilité incombe au plus puissant qui en a eu l’initiative – c’est-à-dire, bien sûr, les Etats-Unis. Depuis que l’Union soviétique est entrée dans la phase terminale de son agonie sous Mikhaïl Gorbatchev, et plus encore sous le premier président de la Russie post-soviétique, Boris Eltsine, Washington s’est comporté envers la Russie comme un vainqueur impitoyable envers un vaincu qu’il cherche à empêcher de pouvoir jamais se redresser.

Cela s’est traduit par l’expansion de l’OTAN, dominée par les Etats-Unis, en y intégrant des pays qui appartenaient auparavant au Pacte de Varsovie dominé par l’URSS[2], au lieu de dissoudre l’Alliance occidentale parallèlement à son homologue orientale le 1er juillet 1991[3], amenant l'ambassadeur russe auprès de l'UE a dénoncer plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est[0] (VOIR AUSSI : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est[2bis], par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]), auquel il convient d'ajouter le non respect des accords de MinskI[1bis] et MinskII[1ter].

L'OTAN de sa création à l'intégration du Monténégro

 

Cela s’est également traduit par le fait que l’Occident a dicté une politique économique de « thérapie de choc » à l’économie bureaucratique de la Russie, provoquant une crise socio-économique et un effondrement d’énormes proportions.

 

 

- Ce sont ces prémisses qui ont le plus naturellement conduit au résultat

Prémisses contre lequel l’un des conseillers les plus éminents de Gorbatchev – un ancien membre du Soviet suprême et du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique –, Georgi Arbatov[4], avait mis en garde il y a trente ans, lorsqu’il avait prédit que les politiques occidentales à l’égard de la Russie conduiraient à « une nouvelle guerre froide[5] » et à l’émergence d’un régime autoritaire à Moscou, renouant avec la vieille tradition impériale de la Russie. C’est ce qui s’est produit avec l’arrivée au pouvoir de Poutine qui représente les intérêts des deux blocs les plus importants de l’économie capitaliste russe (dans laquelle se mêlent capitalisme d’Etat et intérêts privés) : le complexe militaro-industriel – qui emploie un cinquième de la main-d’œuvre industrielle russe, en plus des effectifs des forces armées – et le secteur pétrolier et gazier.

 

 

- Le résultat est que la Russie de Poutine pratique une politique d’expansion militaire qui va bien au-delà de ce qui prévalait à l’époque de l’Union soviétique.

A l’époque, Moscou n’a déployé de forces de combat en dehors de la sphère qui était tombée sous son contrôle à la fin de la Seconde Guerre mondiale que lors de l’invasion de l’Afghanistan à la fin de 1979, invasion qui a précipité l’agonie de l’URSS. Quant à la Russie de Poutine, après avoir retrouvé une vitalité économique, depuis le début du siècle, grâce à l’augmentation du prix des combustibles, elle est intervenue militairement hors de ses frontières à une fréquence comparable à celle des interventions militaires étatsuniennes avant la défaite au Vietnam, et entre la première guerre des Etats-Unis contre l’Irak en 1991 et la sortie peu glorieuse des forces étatsuniennes de ce pays, vingt ans plus tard. Les interventions et les invasions de la Russie ne se limitent plus à son « étranger proche », c’est-à-dire les pays adjacents à la Russie, qui étaient dominés par Moscou à travers l’URSS ou le Pacte de Varsovie. La Russie post-soviétique est intervenue militairement dans le Caucase, notamment en Géorgie[6], en Ukraine (Guerre du Donbass[7]) et plus récemment au Kazakhstan[8]. Mais elle mène également, depuis 2015, une guerre en Syrie[9] et intervient sous un déguisement qui ne trompe personne en Libye[10] et plus récemment en Afrique subsaharienne[11].

 

Ainsi, entre le regain de belligérance russe et la poursuite de l’arrogance des Etats-Unis, le monde se trouve au bord d’une catastrophe qui pourrait grandement accélérer l’anéantissement de l’humanité, vers lequel notre planète se dirige par le biais de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique.

  • Nous ne pouvons qu’espérer que la raison l’emportera et que les grandes puissances parviendront à un accord répondant aux préoccupations de sécurité de la Russie et recréant les conditions d’une « coexistence pacifique » renouvelée qui réduirait la chaleur de la nouvelle guerre froide et l’empêcherait de se transformer en une guerre chaude qui serait une catastrophe énorme pour toute l’humanité.

 

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🔴 Note personnelle à méditer...

 

1 - L'OTAN AU SERVICE DU MARCHÉ DE L'INDUSTRIE D'ARMEMENT ?

- L'OTAN un outil politico militaire au service du marché ?

Depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991, l’OTAN s’est transformée, à l’initiative des Etats -Unis, d’une organisation de sécurité défensive en une organisation expansionniste et militaire agressive. 

Aujourd'hui, l'objectif de l'OTAN, c'est t-il pas aussi de maintenir les tensions avec la Russie, l'extrême Orient avec la Chine pour justifier l'investissement public dans l'armement, alimenter le PIB, la croissance, l'industrie de l'armement, la finance ?

  • Selon l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm, le total des dépenses militaires mondiales s'élève à 1 981 milliards de dollars en 2020, soit une augmentation de 2,6 % en termes réels par rapport à 2019, selon de nouvelles données publiées par le Stockholm International[12] ;
  • Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde[13]

 

- Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde
L’administration américaine représente 36 % de l’effort militaire mondial, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm[14].

Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde[15], une large partie étant assurée par les Etats-Unis (70% en 2018[16]).

 

 

Répartition des dépenses militaires par pays en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

Classement des 10 plus importants budgets militaires en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

2 - L'ENJEU DU GAZ EN EUROPE... L'AUTRE DESSOUS DES CARTES EN UKRAINE ? 

- Les Etats-Unis veulent faire blocus contre le gaz russe pour nous vendre leur gaz de schiste liquéfié ainsi une celui de leurs amis Qataris.

L’Europe est plus que jamais le terrain de jeu de la guerre énergétique entre les Etats-Unis et la Russie. L’intrusion des américains sur le marché européen du gaz est récente, grâce à leur révolution du gaz de schiste. Les russes, eux, ont toujours été l’un des premiers fournisseurs de gaz des pays européens avec le Qatar ou l’Algérie, notamment pour la France[17].

 

Mais ce sont surtout les importations en provenance des Etats-Unis qui ont explosé. Elles ont presque triplé, passant de 2,7 millions de tonnes sur l’année 2018 à 7,6 millions sur les neuf premiers mois de 2019. Une poussée due au gigantesque essor du gaz de schiste américain depuis sept ans. "L’essentiel du gaz que les américains exportent est du gaz de schiste", explique un spécialiste du secteur. En France aussi, cette tendance est la même : les importations de gaz américains ont presque quadruplé depuis le début de l’année! Même si elles partaient de très bas[17]…

 

 

- En définitive, la crise Ukrainienne constitue des enjeux inavoués mais majeurs pour les États-Unis

Bien que situé à plus de 8000 km du théâtre d’opération ukrainien[6], les États-Unis sont loin de se désintéresser du conflit qui s’y déroule. Et pour cause : la question ukrainienne intéresse les Américains à au moins trois titres : Géopolitiques, commerciaux, énergétiques[18].

  • Géopolitiques, l’enjeu est ici clair : la crise ukrainienne fournit aux États-Unis une occasion rêvée de proroger la partition de l’Europe engagée dès 1944, à l’aube de la victoire alliée sur les forces de l’Axe.

 

  • Commerciaux : Ici c’est la question de la libéralisation des échanges avec l’UE qui est en jeu. Comme au temps de la guerre froide, l’arme commerciale vient en effet doubler l’arme économique tout en visant à parvenir au même but. Couper la Russie de l’Europe occidentale tout en renforçant la dépendance de cette dernière à l’égard des États-Unis.

 

  • Énergétiques via l’augmentation des capacités d’exportation : c’est un autre aspect caché – et de ce fait souvent méconnu – de la crise ukrai­nienne. Celle-ci pourrait en effet à terme permettre à l’industrie américaine d’aug­menter sensiblement ses capacités d’exportation de gaz naturel.

 

3 - L'Ukraine, c'est aussi :

Pourquoi l'Ukraine compte-t-elle économiquement pour le " marché " et donc l'occident et ce indépendamment des questions géopolitiques et de domination militaire dans une stratégie de nassage de la Russie... ?

  • Pour le savoir, regarder comment la nation indépendante, souveraine et démocratique de l'Ukraine se classe :

🥇1ère réserve européenne de minerais d'uranium ;
🥈2e réserve européenne de minerais de titane - 10e réserve mondiale ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de manganèse (2,3 milliards de tonnes, soit 12% des réserves mondiales) ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de fer (30 milliards de tonnes) ;
🥈2e réserve européenne de minerais de mercure ;
🥉3e réserve européenne de gaz de schiste (22 milliards de mètres cubes) - 13e réserve mondiale
📌 4e place mondiale en valeur totale des ressources naturelles
📌 7e réserve mondiale de charbon (33,9 milliards de tonnes)
❗️🇺🇦 L'Ukraine est un pays agricole - elle peut répondre aux besoins alimentaires de 600 millions de personnes :
🥇La plus grande superficie de terres arables d'Europe ;
🥉3e plus grande superficie de terre noire (tchornozem) dans le monde (25% du volume mondial) ;
🥇1er exportateur mondial de tournesol et d'huile de tournesol ;
🥈2e producteur mondial d'orge - 4ème exportateur mondial ;
🥉3e producteur mondial de maïs - 4e exportateur mondial ;
- 4e producteur mondial de pommes de terre ;
- 5e producteur mondial de seigle ;
- 5e place mondiale en production apicole - miel, cire, gelée royale, pollen, propolis, venin d'abeille (75 000 tonnes) ;
- 8e exportateur mondial de blé ;
- 9e producteur mondial d'œufs de poule ;
- 16e exportateur mondial de fromages
🇺🇦 L'Ukraine est un pays industrialisé :
🥇 1er producteur européen d'ammoniaque; 
🥈 2е plus grand réseau de gazoducs d'Europe et 4e mondial (142,5 milliards de mètres cubes de capacité de débit de gaz dans l'UE) ;
🥉 3e plus grand parc nucléaire européen - 8e mondial ;
🥉 3e plus long réseau ferroviaire d'Europe - 11e mondial (21 700 km) ;
🥉 3e producteur mondial de localisateurs et d'équipements de localisation (après les États-Unis et la France) ;
🥉 3e exportateur mondial de fer ;
💥 4e exportateur mondial de turbines pour centrales nucléaires ;
💥 4e fabricant mondial de lance-roquettes ;
💥 4e exportateur mondial d'argile ;
💥 4e exportateur mondial de titane ;
💥 8ème exportateur mondial de minerais et concentrés métallurgiques ;
💥 9e exportateur mondial dans l'industrie de l'armement ;
💥 10e producteur mondial d'acier (32,4 millions de tonnes).

 

En conclusion, l’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement[20]. 

 

- Les révélations de Roland Dumas : comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est
Comme nous l'avons expliqué plus haut, la crise actuelle trouve son origine dans l’extension permanente de l’OTAN depuis la disparition de l’URSS. Et ci-dessous, Roland Dumas dévoile, confirme ce qui a été dit et promis à l’URSS en 1990, en échange de la réunification de l’Allemagne.

 

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes

Général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences Po et à HEC : Ukraine : 5ème jour de guerre

 

 

Notes

[0] L'ambassadeur russe auprès de l'UE dénonce plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est

[0bisComment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères

[1] La crise des missiles de Cuba est une suite d'événements survenus du 14 octobre au 28 octobre 1962

[1bis] Protocole de MinskI

[1terProtocole de MinskII du 11 février 2015

[2] Pourquoi l'OTAN continue à s'élargir vers l'est

[2bis] Des documents récemment déclassifiés révèlent que des dirigeants occidentaux - et non des moindres, comme le président américain George H.W. Bush et le secrétaire général de l'Otan de l'époque Manfred Wörner - avaient assuré au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, que l'Alliance atlantique ne s'élargirait pas à l'est au delà de l'Allemagne de l'Est après la réunification allemande d'octobre 1990.

[3] Dissolution du pacte de Varsovie le 1er juillet 1991

[4] Georgy Arbatov

[5] «Eurasia Letter : A New Cold War», Georgi Aabatov, in Foreign Policy. No.95, Summer 1994 (pp. 90-103)

[6] Géorgie-Ossétie-Russie. Une guerre à toutes les échelles

[7] Guerre du Donbass

[8] Intervention russe au Kazakhstan : le Kremlin défend un partenaire clé

[9] Intervention militaire de la Russie en Syrie

[10] En Libye, ces mercenaires russes “ qui n’existent pas ”

[11] Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne

[12] Nouvelles données publiées aujourd'hui par le Stockholm International

[13] Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde

[14] Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde

[15] Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde

[16]  Les dépenses militaires des Etats-Unis ont représenté en 2018 près de 70% des dépenses militaires totales de l'Otan. 

[17] LE GAZ DE SCHISTE AMÉRICAIN INONDE L’EUROPE

[18Russie-Ukraine Les enjeux gaziers du conflit

[19Roland Dumas a été notamment ministre des Relations extérieures de 1984 à 1986 et des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Il a ensuite présidé le Conseil constitutionnel de 1995 à 2000.

[20L’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement. 

 

Pour en savoir plus :

- 2015 : La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

- Fascisme de masse en Ukraine. Attention !

- Les européens s’étaient effectivement engagés à ce que l’OTAN ne s’étende pas vers l’est. Cet article contient les liens vers les sources de ces informations

- Ukraine et néo-nazis

- 9 avril 2015 : L’Ukraine se réclame de la tradition nazie

- L'Otan rejette l'exigence russe de renoncer à l'adhésion de Kiev

- Les ressources énergétiques et naturelles sont au coeur des conflits internationaux

Les Américains n’ont pas de partenaires. Ils n’ont que des vassaux. Sans sortie de l’OTAN, toute armée européenne ne sert qu’en supplétif de l’armée USA et au service de sa guerre froide.

- Loin de jouer l’apaisement et la voie diplomatique, les États-Unis répondent aux menaces russes par une stratégie d’escalade.

- Quels sont les objectifs de Vladimir Poutine  ?

- La Russie envahit, mais il n’y a pas de bons gars dans la guerre en Ukraine

- Reconstituer le puzzle de la guerre en Ukraine : c’est possible, mais cela demande du temps.

Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

- « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » par Philippe Descamps 

- On l’oublie un peu, mais la crise en Ukraine a surgi aussi sur fond d’enjeux économico-stratégiques mettant en cause le grand projet de M. Vladimir Poutine : l’Union économique eurasiatique (UEE), qui doit prendre effet en janvier 2015. 

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS COMPTENT FAIRE LA GUERRE « JUSQU’AU DERNIER UKRAINIEN »

Entre 2015 et 2020, malgré l'embargo de l'UE, la France a fourni 152 millions d’euros de matériels pour des chars, des avions de chasse et des hélicoptères de combat aux Russes, révèle « Disclose ».

- " Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ", pour Henri Guaino

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 08:02
La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

En dépit des divergences au sein du monde euro-atlantique et des réticences de Washington, les seconds accords de Minsk, visant à mettre fin au conflit dans l’est du Donbass, ont été signés à l’arraché grâce à une initiative conjointe de la France et de l’Allemagne, le 11 février dernier.

S’ils parviennent à empêcher une nouvelle partition de l’Ukraine, ces accords, si fragiles et ambigus soient-ils, pourraient offrir une chance ultime de rénovation de l’ordre européen, en jetant les bases d’un modus vivendi avec la Russie.

La France et l’Allemagne, qui demeurent les principaux piliers de l’Union européenne, pourraient jouer ici un nouveau rôle historique dans l’établissement d’un modus vivendi entre le monde occidental et la Russie. Mais examinons d’abord les paramètres qui pourraient permettre d’envisager la réalisation des accords de Minsk.

 

Sources :  le Monde Diplomatique par Jacques Lévesque[1], juin 2015 | mis à jour le 2 février 2016

- L’annexion de la Crimée peut à juste titre être attribuée au revanchisme.

Cependant, l’examen de la politique extérieure de la Russie postsoviétique montre qu’elle a été le produit de circonstances récentes, et qu’elle n’était pas inéluctable, ni même programmée, avant le début de 2014. C’est pourquoi elle était totalement inattendue. La résurrection du terme Novorossia la nouvelle Russie ») pour désigner le sud-est de l’Ukraine, et son utilisation par M. Vladimir Poutine, ne l’ont pas précédée, mais suivie, pour la justifier a posteriori.

 

 

- Deux conditions cruciales sont posées par Moscou pour la finalisation des accords de Minsk.

La première, et la plus importante, qui n’est pas explicitement inscrite dans ces accords : la non-adhésion de l’Ukraine à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). La seconde, la fédéralisation de l’Ukraine, doit être vue avant tout comme un moyen de garantir la première.

 

Depuis la fin de l’URSS, le processus d’élargissement de l’OTAN vers l’Est a été le principal facteur de la détérioration — entrecoupée de phases de coopération importantes — des relations entre la Russie et les Etats-Unis. Dès 1994, même les occidentalophiles qui entouraient encore Boris Eltsine s’y opposaient, affirmant qu’il ne pouvait être vu à Moscou que comme un moyen d’empêcher sa résurgence en tant que puissance européenne majeure. Même si Washington et les chancelleries occidentales niaient viser un tel objectif, Varsovie, Budapest, Prague et, plus tard, les républiques baltes affirmaient clairement, quant à eux, vouloir rallier l’OTAN pour se protéger d’une menace militaire russe qui n’allait pas tarder à revenir. Ce n’est que vingt ans plus tard que celle-ci s’est manifestée, telle une prophétie autoréalisatrice.

 

 

- Il a fallu beaucoup de temps pour cela.

En 1997, Eltsine signait avec son homologue ukrainien un traité solennel qui, pour la première fois, reconnaissait formellement l’intégrité territoriale de l’Ukraine, Crimée comprise. Il comptait ainsi freiner ce qui n’était alors que des velléités de rejoindre l’OTAN. Après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, M. Poutine, misant sur une refondation des relations avec Washington, facilita l’ouverture de bases et d’infrastructures militaires américaines en Asie centrale postsoviétique pour la conduite de la guerre d’Afghanistan. Il avala même la couleuvre du feu vert donné par M. George W. Bush à l’admission des trois républiques baltes au sein de l’OTAN, en espérant qu’elles seraient les dernières à la rejoindre. Jusqu’en 2004, il garda la conviction que la Russie pouvait devenir autre chose qu’une force d’appoint de la puissance américaine (2). Durant la période de coopération qui suivit le 11-Septembre, le partenariat stratégique avec la Chine pour la promotion d’un monde multipolaire, amorcé sous Eltsine, fut même prudemment mis en veilleuse.

 

C’est après la « révolution orange » de 2004 en Ukraine, et surtout après le sommet de l’OTAN d’avril 2008, au cours duquel M. Bush réussit à faire inscrire dans une déclaration solennelle que l’Ukraine et la Géorgie deviendraient un jour membres de l’Alliance, que M. Poutine se fit plus ouvertement menaçant. M. Bush avait arraché cette déclaration après que la France et l’Allemagne eurent fait échouer son projet de leur octroyer immédiatement un plan d’appartenance à l’Alliance. Tous les sondages en Ukraine montraient alors que la majorité de la population s’opposait à l’adhésion à l’OTAN, raison pour laquelle le gouvernement refusait la tenue d’un référendum sur la question.

 

Plusieurs mois auparavant, M. Poutine avait prévenu que si les puissances occidentales reconnaissaient l’indépendance du Kosovo sans l’accord du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), il se sentirait libre de faire de même avec l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, et de remettre à son tour en question le tabou de l’intangibilité des frontières des Etats issus de la guerre froide. Ces menaces ne furent pas prises au sérieux, pas davantage que les protestations russes émises depuis 1994 face à l’expansion de l’OTAN. C’est la Géorgie qui en paya le prix. 

 

Malgré tous les gages que M. Mikhaïl Saakachvili avait donnés à M. Bush, il ne reçut aucun secours décisif ni de Washington ni de l’OTAN lorsqu’il tenta quelques mois plus tard de reprendre l’Ossétie du Sud. Avec le redressement économique de la Russie, l’enlisement des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, la défaite catastrophique de la Géorgie révéla assez clairement la fin du « moment unipolaire » qui inspirait encore la politique internationale de Washington. Ce n’est qu’avec l’administration de M. Barack Obama que l’on commença à en mesurer les conséquences.

 

 

- La centralité de l’OTAN dans l’obsession géopolitique qui prédomine en Russie a fini par déborder sur ses relations avec l’Union européenne.

Pendant plusieurs années, la Russie ne s’est pas opposée à ce que les anciens membres du Pacte de Varsovie, et même les anciennes républiques baltes, s’y joignent. Mais la conjugaison des nouvelles adhésions à l’OTAN et à l’Union européenne a rendu plus difficiles ses relations avec la seconde. C’est sur l’initiative des nouveaux membres qu’a été créé en 1999 le Partenariat oriental de l’Union, taillé sur mesure pour tous les Etats qui, de la Biélorussie au Nord jusqu’à la Géorgie, flanquent les frontières occidentales de la Russie. Il visait à leur donner un statut et des avantages distincts de ceux de la Russie, moyennant des gages de démocratisation qui se sont avérés bien légers s’agissant du régime de M. Viktor Ianoukovitch. Cela a amené M. Poutine, au début de son troisième mandat, à mettre en avant son projet d’Union eurasiatique (3) pour y attirer les mêmes Etats. Comme on le sait, c’est cette concurrence et la décision de M. Ianoukovitch de différer la conclusion d’un accord de l’Ukraine avec l’Union qui ont entraîné l’insurrection, la chute du président et la crise actuelle.

 

 

- La question la plus difficile à résoudre dans le cadre des accords de Minsk sera celle du statut final des régions qui échappent au contrôle de Kiev.

La résolution de cette question constitue explicitement une condition préalable à la reprise du contrôle des frontières ukrainiennes par le gouvernement. Depuis 1994, Moscou a préconisé la fédéralisation de l’Ukraine comme solution aux profondes divisions socio-politiques qui la caractérisent depuis son indépendance. Jusqu’ici, l’Ukraine a résolument refusé d’utiliser le terme de fédéralisation, pour de bonnes raisons. Les formules de fédéralisation mises en avant par Moscou relèvent davantage d’une confédération que d’une fédération.

 

On l’a vu clairement en novembre 2003, lorsque, sous l’égide de M. Poutine, un accord est intervenu entre la Moldavie et la Transnistrie pour mettre fin à la sécession de cette dernière (4). Suite aux promesses de soutien formulées par l’ambassadeur des Etats-Unis à Chisinau, le président moldave Vladimir Voronine refusa in extremis l’accord, au grand dam de M. Poutine, qui dut rebrousser chemin alors qu’il se rendait en Moldavie pour le signer. Dans le cas du Donbass, la France et l’Allemagne, parce qu’elles sont parties prenantes des accords, et en raison de leur poids politique international, peuvent faire en sorte que l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit maintenue, et que l’autonomie prévue pour les régions sécessionnistes de Donetsk et de Lougansk ne se fasse pas aux conditions maximales souhaitées par Moscou.

 

 

- Dans un discours au Bundestag, en 2001, Vladimir Poutine avait souligné la primauté de l’appartenance européenne de la Russie

Depuis 1992, la France et l’Allemagne ont été les partenaires politiques européens privilégiés de la Russie. L’Allemagne demeure son principal partenaire économique. L’Union européenne reste, et de loin, le principal partenaire économique de la Russie. On se souvient de la concertation des trois pays dans l’opposition à la guerre en Irak, que Moscou a voulu poursuivre sur d’autres dossiers. Depuis toujours, Moscou mise sur les divergences entre les Etats-Unis et l’Europe. La France et l’Allemagne disposent de leviers importants pour obtenir le maintien de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ; elles peuvent et doivent profiter de la place qu’elles occupent dans les calculs politiques russes pour exiger un règlement qui soit dans leur intérêt et dans celui de l’Europe. Les accords de Minsk contiennent une lueur d’espoir pour un réaménagement des rapports entre la Russie et l’Europe : pour la première fois, on y a accepté le principe d’une négociation à trois des relations économiques entre la Russie, l’Ukraine et l’Union. La conclusion d’un accord acceptable pour les trois parties, sur ces questions qui ont été à l’origine des manifestations de Maïdan, serait d’une portée politique considérable.

 

 

- A l’évidence, le soutien de la Russie aux séparatistes ukrainiens représente avant tout une police d’assurance contre une nouvelle marche de l’Ukraine vers l’OTAN.

Si, après la saisie de la Crimée, M. Poutine s’était contenté du référendum, qui devait initialement porter sur le statut futur de la région, et non sur son annexion, il aurait plus facilement pu réaliser cet objectif, sans avoir pour cela à soutenir l’extension du conflit ailleurs en Ukraine (5). Dans les conditions actuelles, il sera sans doute très difficile de trouver une façon de fermer la voie atlantiste à l’Ukraine, même si la France et l’Allemagne ont par le passé pris des positions qui allaient dans ce sens.

 

On dit en effet, à Washington et ailleurs, qu’une assurance de non-extension de l’OTAN serait une prime à l’annexion russe de la Crimée. Au premier abord, l’argument paraît convaincant. Mais il recèle une forte dose d’hypocrisie. La demande d’intégration rapide à l’OTAN formulée par le gouvernement de Kiev ne rencontre aucun écho favorable à Washington. Même les républicains les plus interventionnistes, qui exigent la fourniture d’armes aux forces ukrainiennes, écartent l’idée d’envoyer des soldats américains combattre pour l’Ukraine. Cependant, il existe un consensus à Washington pour utiliser la crise ukrainienne afin de renforcer l’OTAN dans sa composition actuelle. Un peu comme à l’époque du secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld, les Etats-Unis misent sur la « nouvelle Europe » pour renforcer l’hégémonie américaine au sein de l’OTAN.

 

 

- Sauf que ce n’est plus toute la « nouvelle Europe » qui est au rendez-vous... 

La Hongrie, la Slovaquie et même la République tchèque manquent à l’appel.

Malgré cela, la presse allemande a révélé les efforts du commandant des forces alliées de l’OTAN, le général Philip Breedlove, pour exagérer les chiffres avancés par les services de renseignement européens sur le nombre de militaires et les fournitures d’armements russes aux régions séparatistes de l’Ukraine de l’Est. Il s’agissait de justifier le déploiement d’une force de trois mille hommes de l’OTAN dans les républiques baltes (6). Bref, on fait comme si c’étaient elles, plus que l’Ukraine, qui avaient besoin d’un secours rapide.

 

Dans l’état actuel des rapports de forces internationaux, il faut bien reconnaître que la promesse d’une entrée dans l’OTAN adressée en 2008 à la Géorgie et à l’Ukraine par M. Bush n’a fait qu’aggraver leur vulnérabilité. Si les accords de Minsk pouvaient aboutir à un aggiornamento sur cette question, un nouvel ordre international pourrait s’établir en Europe. On pourrait alors assister à une véritable coopération entre la Russie, l’OTAN et l’Europe, et sauver l’Ukraine de la faillite générale qui la menace tout en obtenant des garanties conjointes de sécurité pour l’avenir. La fin de l’expansion de l’OTAN vers l’Est pourrait permettre un retour à la primauté de l’appartenance européenne de la Russie, que M. Poutine avait fortement soulignée dans un discours au Bundestag au début de son premier mandat, en 2001.

 

 

- Il s’agit là d’une vision très optimiste des virtualités des accords de Minsk 2.

On souhaiterait que ce scénario soit le plus probable, mais rien de permet encore de le croire. Le pire pourrait même se produire. Tout d’abord, du côté du discours officiel russe, qui se fait défiant et parfois menaçant. Est-ce seulement pour obtenir des concessions tangibles sur les questions évoquées ? Ou bien M. Poutine ferait-il preuve d’hubris, comme en témoigneraient la mégalomanie des Jeux olympiques de Sotchi, la sous-estimation des capacités occidentales de rétorsion et la poussée de son avantage dans le Donbass au-delà du succès facile remporté en Crimée, sans mort d’homme ?

 

Quant au pouvoir en place à Kiev, très divisé et instable, son comportement est difficile à prévoir face aux revendications des bataillons de combattants volontaires. Dans un passé encore récent, il a réussi à obtenir contre Moscou, de la part des Etats-Unis d’abord, puis de l’Europe, grâce aux pressions des premiers sur la seconde, de sévères sanctions. Fort de cet appui, et profitant d’une désescalade purement tactique de Moscou, il a déjà tenté, avec des succès initiaux, de reprendre le contrôle militaire des régions rebelles. 

 

C’est dans ce contexte que Mme Angela Merkel s’était rendue à Kiev, en août 2014, pour fêter le 23e anniversaire de la déclaration d’indépendance de l’Ukraine. Elle avait appelé publiquement, devant un président Petro Porochenko impassible, à un cessez-le-feu que Washington évitait de réclamer. Plus réaliste que son interlocuteur ukrainien, elle savait que Moscou avait peu à faire pour renverser le sort des armes. Même maintenant, on tente à Kiev de modifier les conditions prévues par les accords de Minsk pour l’octroi d’une autonomie aux régions sécessionnistes, afin de forcer la main aux puissances occidentales. Le gouvernement ukrainien n’a pas repris le versement des salaires aux enseignants et fonctionnaires des régions sécessionnistes du Donbass. Dans les cercles du pouvoir, plusieurs préfèrent y voir un conflit gelé plutôt que l’exécution d’un accord jugé trop favorable aux demandes de Moscou.

 

Enfin, l’administration Obama, qui est divisée sur la question, pourrait encore décider d’envoyer une quantité d’armements sophistiqués aux forces ukrainiennes, malgré l’opposition de la France et de l’Allemagne, comme elle a déjà menacé de le faire en février dernier, quelques jours avant la tenue de la réunion diplomatique de Minsk.

 

L’escalade qui en résulterait pourrait amener Moscou à soutenir les rebelles, qui ne demandent que cela, pour une reprise de Marioupol et d’une partie de la région côtière, afin de faire de l’ensemble du territoire conquis un nouveau « conflit gelé » de longue durée, et ainsi garder une hypothèque sur l’avenir de l’Ukraine.

 

Les Ukrainiens, mais aussi les Russes, paieraient alors un prix très lourd, notamment par le renforcement de l’autoritarisme et des aspects les plus détestables et inquiétants de la dernière mouture du régime Poutine.

 

Le glissement de la Russie vers la Chine et l’Asie, qui n’a jamais été son premier choix, se poursuivrait, l’isolant davantage du monde occidental. Ce dernier attendrait un changement de régime qui pourrait mettre beaucoup de temps à venir, et même voir l’instauration d’un pouvoir plus répressif et plus rétrograde que l’actuel.

 

Notes :

[1] - Jacques Lévesque : Professeur émérite à la faculté de science politique et de droit de l’Université du Québec à Montréal. Co-auteur de La Russie et son ex-empire : reconfiguration géopolitique de l’ancien espace soviétique, Presses de Sciences Po, Paris, 2003.

(2) L’octroi du Membership Action Plan (MAP) à l’un ou l’autre des ces deux pays ne pourrait plus faire l’unanimité (nécessaire) des membres de l’OTAN dans son état actuel. Lire « La Russie est de retour sur la scène internationale », Le Monde diplomatique, novembre 2013.

(3) Jean-Marie Chauvier, « Eurasie, le “choc des civilisations” version russe », Le Monde diplomatique, mai 2014.

(4) L’accord paraphé par les parties et par le représentant de M. Poutine, M. Dmitri Kozak, prévoyait une chambre haute donnant 50 % des sièges aux Moldaves et 50 % à la Transnistrie et à la Gagaouzie, qui, ensemble, disposaient d’une capacité de blocage sur des questions majeures en matière de politique internationale et de défense, alors qu’elles comptaient pour 18 % de la population. Lire Jens Malling, « De la Transnistrie au Donbass, l’histoire bégaie », Le Monde diplomatique, mars 2015.

(5) Jacques Lévesque, « Annexion de la Crimée par la Russie : quelle est la stratégie du Kremlin en Ukraine ? », Diplomatie, n° 21, juin-juillet 2014.

 

Pour en savoir plus :

- UE-Ukraine: la vérité se fraye un chemin

- Thierry Mariani : la politique étrangère américaine est porteuse de discorde et de chaos

- L’Ukraine en voie de dislocation

- L’Ukraine sera fédérale ou ne sera plus

- Un reportage de Canal+ sur le Maïdan ukrainien vilipendé par les médias et menacé de déprogrammation

- TV. Derrière les masques de la révolution ukrainienne

- Interdiction de dire la vérité sur l’Ukraine ? Paul Moreira répond aux critiques sur son film sur les nazis de Maidan !

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12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 09:00
Ukraine/Russie : l’UE n’a décidément rien compris

Sources : Jean Luc Mélenchon député pour changer d'Europe publié le 20 février 2015

L’Union européenne vient de mettre en œuvre un huitième volet de sanctions engagées contre la Russie depuis mars dernier. Ainsi, l'Europe, dans le sillage des demandes nord-américaines, est engagée en Ukraine dans une stratégie d'engrenage absurde face à la Russie. Depuis le putch masqué dans le prétexte des manifestations anti oligarchiques sur la place Maïdan puis l'adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie, tout un arsenal de sanctions contre-productives ont déjà été déployé. 

 

Cela a commencé par des sanctions diplomatiques visant de nombreuses personnalités de Crimée, russes et ukrainienne. Ces sanctions comprennent l'arrêt de la délivrance de visas et le gel des avoirs des personnes visées. Elles sont appliquées indifféremment à des personnalités politiques comme des députés de la Douma, des ministres en exercice, ou le maire de Sebastopol, des hauts fonctionnaires comme le procureur de Crimée, le directeur du FSB. Mais il y a aussi des hommes d'affaires, des actionnaires de la banque Rossyia ou ceux des compagnies gazières et pétrolières. Et même à un chanteur, Yossif Kobzon, extrêmement populaire en Russie et en Ukraine. Son crime est d'être venu à Donetsk pour donner un concert au moment où la ville était bombardée par les forces « anti-terroristes » de Kiev, c’est-à-dire le gouvernement de coalition avec les néo-nazis ukrainiens.

 

Les sanctions sont rapidement passées au plan de l’économie. Ce fut l'arrêt en juillet 2014 des programmes menés en Russie par la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Puis la mise en place d'une restriction de l'accès russe aux marchés européens, les citoyens européens et les entreprises ne pourront plus acheter ni vendre de nouvelles actions financières si elles proviennent d'une banque russe dont l'Etat est l'actionnaire majoritaire. De nombreuses sociétés sont ainsi peu à peu interdites d'accès aux marchés de capitaux européens, principalement les compagnies énergétiques : dont les principaux producteurs et transporteurs de pétrole russes – Rosneft, Transneft et Gazprom Neft.

 

A cela s'ajoutent des sanctions militaires avec la mise en place d'un embargo sur l'import et l'export des armes et du matériel en provenance et à destination de la Russie. L'exportation des biens et des technologies à usage militaire est elle aussi interdite, de même que les biens à double usage civil et militaire. La France a aussi par la suite interrompue de façon inacceptable la livraison à la Russie des Mistrals dont le premier des porte-hélicoptères devait être livré à la marine russe en novembre 2014 dans le cadre d'un contrat signé en 2011.

 

Les sanctions de l'UE contre la Russie ne sont que des provocations dérisoires. Elles font suite en général à des demandes des USA qui se gardent bien d’en décider d’aussi féroces pour leur propre économie. Naturellement leurs effets diplomatiques sont nuls. Jean-Claude Juncker reconnaissait lui-même au début du mois de février avant les nouvelles sanctions que « après les accords signés à Minsk, le temps n'est pas aujourd'hui aux sanctions ». Elles sont surtout absurdes économiquement.

 

  • Le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo a rappelé à ses collègues au seuil d’une réunion des chefs de diplomatie des pays membres de l'UE à Bruxelles que les mesures punitives contre la Russie avaient déjà coûté 21 milliards d'euros à l'UE. Et que de nouvelles mesures pourraient avoir de « lourdes conséquences pour tous ». L'Espagne a en effet « essuyé des pertes dans l'agriculture et le tourisme » du fait de ces sanctions. Elle pâtit aussi à l’inverse de l'embargo mit en place par la Russie en réaction en aout 2014.
  • Même en France, les effets négatifs de ces sanctions se font sentir : Les Atelières, société coopérative des ex-ouvrières de Lejaby vient d'être placée en liquidation suite à l'importante chute dans les ventes russes et ukrainiennes qui représentaient 30% du chiffre d'affaire l'année précédente.

 

Comme on pouvait le prévoir les aventures ukrainiennes et les sanctions contre les Russes ont aggravé la récession en Europe et en France. A mes yeux, compte tenu de la stupidité de la politique suivie dont les résultats locaux sont tellement à l’inverse des objectifs annoncés, je me demande si le but des Etats-unis est vraiment l’affaiblissement de la Russie ou celui de l’Union européenne. Si c’est l’Union c’est réussi et c’est tant pis puisque les gouvernements sont assez serviles pour s’y plier de plein gré. Si c’est la Russie c’est raté et c’est tant mieux, car personne de sensé ne peut souhaiter voir les « autorités » d’extrême droite de Kiev l’emporter.

 

Pour en savoir plus :

- Ukraine: où en est-on ?

- Chars et soldats US pour les pays baltes

- Ukraine: l'armée américaine déploie des instructeurs, Moscou en colère

- Face à la Russie, Jean-Claude Juncker veut une armée européenne

- Jean-Luc Mélenchon, l’homme à abattre

- Le problème du nazisme en Ukraine

 

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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 09:05
L’Ukraine en voie de dislocation

Selon le chercheur Jacques Sapir " la position des pays de l’UE, et de la France en particulier, d’appeler à ne pas reconnaître ces élections n’est pas seulement une faute, mais c’est une stupidité grave ".

 

 

En une semaine, l’ouest et le centre du pays ont voté pour que des législatives se tiennent dans l’Ouest et, dans le Donbass, pour élire un parlement et un président à chacune des deux régions. Deux élections qui confirment l’éclatement d’un pays où chacune des parties joue sa propre partition et où la crise sociale pourrait accélérer les mouvements séparatistes sur l’ensemble du territoire.

 

 

Sources :  L'Humanité | mis à jour le 18/12/2023

Deux élections pour une Ukraine ? Une semaine après les législatives, la partie orientale du pays a voté pour élire son Parlement et son président. Non reconnu par une partie des dirigeants européens et les États-Unis, ce scrutin a vu sa participation frôler les 80 % dans les deux Républiques populaires de Lougansk (LNR) et de Donetsk (DNR). Au final, Igor Plotnitsky et Alexander Zakhartchenko ont été élus dirigeants respectifs des deux entités du Donbass. Mais quelle légitimité peuvent-ils avoir ? Pour le chef de la Commission électorale centrale (CEC), Sergueï Koziakov : « Les élections se sont déroulées légitimement et sans aucun incident capable d’en influencer les résultats. Actuellement, nous disposons d’un pouvoir légitime. Le Donbass ne fait plus partie de l’Ukraine. »

 

De son côté, le chercheur Jacques Sapir sur son blognité estime que « la question de la légitimité réelle se pose pour chaque pouvoir, celui de Kiev élu avec une participation de moitié environ, et celui de Donetsk où la participation pourrait atteindre les trois quarts du corps électoral. C’est pour cela que la position des pays de l’UE, et de la France en particulier, d’appeler à ne pas reconnaître ces élections n’est pas seulement une faute, mais c’est une stupidité grave ».

 

 

- Vers la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie ?

Le scrutin dans les régions de l’Est avait été accepté lors de l’accord de paix signé à Minsk (Biélorussie), le 5 novembre, entre les représentants de Kiev, des dirigeants de la LNR et de la DNR, avec la médiation de la Russie et de l’OSCE. « La différence, c’est que Kiev avait décidé qu’elles auraient lieu en décembre et seraient organisées sous son égide. En gros, que l’on accorderait quelques avancées à ces régions récalcitrantes, sous-estimant le dégât des opérations militaires auprès des populations », explique la politologue Elena Tchaltseva, réfugiée à Slaviansk. L’année écoulée depuis le soulèvement de Maïdan, à Kiev, a fracturé l’Ukraine. L’option militaire, choisie par le pouvoir ukrainien depuis avril, a fait basculer le pays dans une guerre civile. Les organisations humanitaires sur place évoquent entre 5 000 et 10 000 morts. Le retour de ces régions dans le giron d’un État ukrainien semble improbable. Le principal défi reste posé : l’unité du pays. Le risque d’un démantèlement est bien réel. La crise économique, les mesures sociales imposées par le FMI et l’UE, et la com position du Parlement ukrainien laissent craindre un « Tchernobyl politique et social » que nous décrivait l’ancien diplomate Andreï Gratchev (« HD » n° 434). Des mouvements autonomistes et indépendantistes apparaissent sur l’ensemble du territoire. « Dans la région occidentale de Galicie, des mouvements séparatistes demandent soit leur indépendance, soit, plus probablement, leur rattachement à la Pologne. Cela aurait pour conséquence l’émergence de mouvements demandant à leur tour le rattachement à la Hongrie et à la Slovaquie dans la zone des Carpates », constate Jacques Sapir.

 

  • LE CHOIX DU GOUVERNEMENT D’AGIR MILITAIREMENT A FAIT ENTRE 5 000 ET 10 000 MORTS.

 

- À l'ouest, 60 % d'abstention

La composition du prochain Parlement ukrainien inquiète. Si la presse française se targue d’une victoire écrasante des forces « pro-européennes », qualifiées par d’autres d’antirusses, elle sous-estime un phénomène : l’abstention. La participation a atteint 52 % des suffrages. Et entre 5 et 7 millions d’Ukrainiens n’ont pu participer au vote (Donbass, Crimée...) ; des partis de l’opposition, dont le Parti communiste ukrainien, n’ont pu faire campagne... Au total, l’abstention dépasse les 60 % et dévoile un succès en trompe-l’œil, la participation étant très forte dans l’Ouest, fief des ultranationalistes d’où leur forte présence parlementaire. Pour Philippe Migault, directeur de recherche à l’IRIS : « L’entrée au Parlement de députés membres de formations paramilitaires arborant des insignes nazis et accusés de crimes de guerre dans l’Est ne semble pas un signe de bonne santé démocratique. Or Porochenko, qui ne dispose pas de majorité, devra nécessairement composer avec eux, ce qui augure mal d’une sortie de crise négociée dans l’est du pays. »

 

 

- Cartographie

 

L’Ukraine en voie de dislocation
http://www.courrierinternational.com/dossier/2014/03/03/ukraine-la-revolution-ou-la-guerre

http://www.courrierinternational.com/dossier/2014/03/03/ukraine-la-revolution-ou-la-guerre

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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 11:10
Photo : Wikipedia (NightThree / CC BY 2.0)

Photo : Wikipedia (NightThree / CC BY 2.0)

En Ukraine, l'enjeu pour les occidentaux, c'est aussi la poursuite de l'accaparement des terres agricoles...

 

 

Chaque jour, des petits paysans se voient dépossédés de leur unique moyen de subsistance. Les sociétés agro-industrielles et les spéculateurs européens contrôlent déjà dix-sept millions d’hectares de terres agricoles mondiales hors de leurs pays, dont plus d’un million en Ukraine.

 

 

Sources : Reporterre le quotidien de l'écologie le 08/09/2014 par Agnès Stienne (Farm Land Grab)

Certes, l’historique de ces données permet de voir qu’environ un contrat sur sept (13 %) n’aboutit pas. Mais de nouvelles tractations s’ouvrent à chaque instant, et les acquisitions de larges étendues de terres arables progressent inexorablement.

 

Chaque jour, des petits paysans (dont une part importante de femmes) se voient dépossédés de leur unique moyen de subsistance. Et ces accaparements de terres, destinés aux marchés d’exportation, provoquent une pression croissante sur les ressources alimentaires des pays les plus pauvres.

 

Mais pas seulement. Lorsque, le 22 février 2014, les Ukrainiens de la place Maidan destituent Viktor Ianoukovitch, 1,6 million d’hectares de terres des plus fertiles d’Ukraine étaient passées, par l’affairisme du président, entre les mains d’investisseurs étrangers, dont 1,3 million au profit d’Européens.

 

La semaine suivante, le négociant danois Trigon Agri, jouissant de 52 000 hectares en Ukraine, estimait sans inquiétude qu’« il est fort probable que tout ceci conduira à un environnement plus favorable pour les affaires que celui que nous avons connu ces dernières années ». C’est dire !

 

Les investisseurs des quinze pays européens les plus riches ont désormais, à eux seuls, jeté leur dévolu sur plus de dix-sept millions d’hectares de terres, dont 70 % sur le continent africain. Sans surprise, on y cultive des agrocarburants, des céréales, des palmiers à huile, du soja, du bois, du caoutchouc.

 

Il est urgent :

  • de mettre un terme à l’accaparement des terres par les investisseurs ;
  • d'interdire l'usage à des fins énergétiques (photovoltaïque au sol, agrocarburants) des terres agricoles dont la vocation doit rester à des fins alimentaires des terres agricole ;
  • de mettre en place une politique européenne exemplaire en la matière ;
  • d'impulser un nouveau modéle agricole.

 

Pour en savoir plus :

- Nous pourrions nourrir deux fois la population mondiale, et pourtant...

- ONU : Rapport 2014 soumis par le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter

- Quand l’agriculture sert à nourrir les machines aux dépens des humains

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