" Nous ne récupérons pas la colère populaire, nous proposons qu’elle nous utilise. Ce n’est pas pareil. "
Dans un entretien publié au quotidien italien « Corriere della Sera » le 13 mai 2025, le leader insoumis livre son analyse sur la situation politique en France et à l’international, caractérisée par la crise du capitalisme. Il revient sur les grandes notions développées dans son livre « Faites mieux[0] », traduit en espagnol, en anglais et bientôt en italien sous le titre de « Révoltez vous ! ».
Face à un capitalisme dépassé, et à une social-démocratie qui ne fonctionne pas, l’heure est à la révolution citoyenne, une révolution du peuple contre l’oligarchie.
Dans son bureau au siège des Insoumis dans un quartier populaire au nord de la capitale, avant d’aborder la discussion sur son livre qui va arriver dans le librairies italiennes, Jean-Luc Mélenchon invoque son amour pour l’Italie, pour la culture classique (le latin surtout) de la péninsule et aussi pour son histoire politique. « L’Europe, le monde, doivent à l’Italie l’organisation civique des cités après l’empire, la Renaissance, bien sûr, et combien d’autres choses…
Enfin pour moi, l’effondrement du parti communiste italien a été décisif. Voilà le prototype de gens qui ont cru bien faire : ils ont mis la cravate, ciré les chaussures pour se rendre respectables, Mais ils ont rallié la doctrine sociale-démocrate au pire moment. C’est-à-dire au moment où ça ne pouvait plus marcher. La dynamique du capitalisme ne peut plus produire d’avantages pour le peuple ! Vous avez un parti qui s’appelle « Parti démocratique » pour ne pas être clivant . Peut-on se dire anti-démocratique ? Autant s’appeler Parti-parti. C’est le vide qui ne convainc personne ».
L’Insoumission relaie dans ses colonnes l’entretien de Jean-Luc Mélenchon.
Corriere della Sera :Le titre de votre livre en italien est « Ribellatevi ! », « Révoltez-vous ! », et vous y évoquez une révolution citoyenne au XXI siècle. Quelles seront les caractéristiques de cette révolution ?
Jean-Luc Mélenchon : « La rébellion, ou l’insoumission, c’est la grande tradition italienne et française du refus de l’évidence, du choix de la conflictualité intellectuelle. C’est un point de vue fécond, créateur. Ce n’est pas le désordre, c’est le changement de la hiérarchie des normes juridiques, institutionnelles et l’incessibilité des biens communs dans l’intérêt général humain. ».
Corriere della Sera :Pourquoi vous précisez « citoyenne » ? Jean-Luc Mélenchon : « Ce n’est pas pour euphémiser la révolution socialiste. Il s’agit d’autre chose. Le citoyen, c’est l’exercice du pouvoir. Ce n’est pas la simple civilité. Les révolutions citoyennes sont donc toutes, au point de départ, des révolutions pour le contrôle, par des gens rendus dépendants de services collectifs qui leur échappent ou leur sont refusés. L’eau, l’électricité, la santé par exemple ? Pourquoi rien ne marche ? Pourquoi les services publics sont remplacés par des prestations marchandes ? La révolution citoyenne cherche à reprendre contrôle collectivement sur les réseaux commun d’existence matérielle et immatérielle, pour créer une société nouvelle ».
Corriere della Sera :Vous parlez beaucoup du peuple, dans le livre. Jean-Luc Mélenchon : « Oui. Être de gauche, c’est dire d’abord : il n’y a pas de pouvoir au-dessus de la souveraineté du peuple. Nous, nous sommes absolument hors de l’idée d’un avant-gardisme révolutionnaire. Certains de mes camarades italiens, souvent marqués par un marxisme un peu rigide, continuent à parler d’une classe ouvrière et de rapports sociaux de production, d’exploitation et d’accumulation tels qu’ils étaient au XXe siècle. Moi, je parle de mon époque, de concepts nouveaux. Avant, c’était bourgeois contre prolétaires. Aujourd’hui c’est l’oligarchie contre le peuple. Et je définis en matérialiste ce que tout cela change et d’où ça vient . ».
Corriere della Sera :Et vous citez Robespierre, qui se définissait lui aussi « homme du peuple ». Jean-Luc Mélenchon : « Quelqu’un a dit que Robespierre : c’est l’incarnation de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. J’admire sa vision de l’insoumission. Voyez sa lutte pour l’interdiction de l’esclavage. On lui dit que c’est économiquement impossible. Lui s’emporte et répond : « périssent les colonies, plutôt qu’un principe ! ». On peut l’accuser d’un sommet de l’irréalisme. Mais concrètement l’esclavage est-il un réalisme supportable ? Sa protestation à ce moment-là paraît une catastrophe économique. Mais il convainc une majorité. L’esclavage est aboli une première fois en France.
Cela signifie que la volonté humaine peut à tout moment restructurer ce qui semble être une évidence, une loi de la nature économique ». Madame Thatcher répétait à propos du marché, du capitalisme, " there is no alternative ". Nous, les Insoumis, nous pensons que ce n’est pas vrai.Nous nous opposons à cet ordre injuste socialement et destructeur de la civilisation humaine avec la crise climatique dont il veut tirer des profits. ».
Corriere della Sera :Marine Le Pen aussi évoque le peuple tout le temps. Quelle est la plus grande différence entre elle et vous ? Jean-Luc Mélenchon : « Notre définition du peuple résulte de ses relations sociales. Pour elle le peuple résulte d’une filiation génétique et traditionnelle. Une fois, dans un débat à l’Assemblée nationale sur la procréation médicalement assistée, elle m’a dit « M. Mélenchon, il y a un ordre biologique de la famille. » Et je lui ai répondu « Non, Madame, il n’y en a pas. La famille est toujours le résultat d’une culture. Le pater familias avait le droit de vie et de mort sur sa femme et ses enfants. Appellerez-vous ça, aujourd’hui, un ordre naturel traditionnel qu’il nous faudrait respecter ? »
Mais surtout, le peuple dont elle parle, est une construction idéologique dont le but est de séparer :
d’un côté les Français « de souche », les blancs, les chrétiens ;
de l’autre les noirs, les musulmans, les universalistes.
Nous, notre but, c’est d’unir pour satisfaire les biens et besoins communs. Nous sommes unifiants, ils sont discriminants. ».
Corriere della Sera :C’est votre concept de créolisation ? Jean-Luc Mélenchon : « Oui, mais ce n’est pas un programme, c’est une réalité.Leur opposition à la créolisation n’est qu’une des formes du rejet des autres.La France a toujours été le pays créole d’Europe. Qui parlait français dans ce pays ? Personne. La langue française est une invention et une décision politique du roi François I au seizième siècle. La créolisation a commencé dès le début avec l’emprunt au latin et au grec tous les mots manquants. c’est un fait culturel qui touche tous les domaines Voyez : les plus grands mangeurs de pizza de toute l’Europe, ce ne sont pas les Italiens, mais nous. La créolisation est aussi culinaire, musicale, plastique ».
Corriere della Sera :Vous indiquez un système capitalistique au bord de la rupture, qui pourrait s’effondrer à cause d’un grain de sable. Quel pourrait être ce grain de sable ?
Jean-Luc Mélenchon :« Ce système est à la limite de l’équilibre. Donc, il suffit de peu de choses. Vous serez surpris de ce qui déclenchera l’avalanche. Moi aussi. Hélas ! Car si j’étais capable de le prévoir, je serais en train de l’organiser. Mon livre montre le caractère inéluctable de la révolution citoyenne.Elle résulte des caractéristiques nouvelles de notre temps. Et d’un nouvel acteur social, le peuple. Le nombre d’humains, leur concentration dans la ville, sa dépendance aux réseaux collectifs créent une intense interdépendance sociale animée par les questions liées au revenu, à la répartition de la richesse. Les révolutions, aujourd’hui, sont des révolutions du peuple contre l’oligarchie ».
Corriere della Sera :Mais qu’est-ce que vous envisagez-vous après la révolution, après l’effondrement de ces systèmes ? Vous avez un projet à l’esprit ? Jean-Luc Mélenchon : « La première crise, c’est celle de l’écosystème en voie d’effondrement. Pour ça on a besoin de planification écologique, donc d’un contrôle citoyen. Pour celail faut un autre pouvoir politique fondé sur davantage d’intervention citoyenne. De beaucoup plus de pouvoir à l’échelon de la commune. La révolution citoyenne est une révolution concrète plus qu’idéologique. Nous sommes le mouvement de la radicalité concrète.
C’est pourquoi nos adversaires ont tellement intérêt à déplacer le débat. Les Insoumis ont un programme ? Nos adversaires préfèrent disserter sur Jean-Luc Mélenchon, mon caractère, mes goûts, mon entourage. Tout, plutôt que notre programme. Notre lutte propose une harmonisation des relations des êtres humains entre eux et avec la nature. C’est impossible dans un système capitaliste. ».
Corriere della Sera :Mais vous n’êtes pas le seul à subir de commentaires de caractère personnel. Pensez à tout ce qu’on a dit à propos du président Macron. Jean-Luc Mélenchon : « Mais pour lui c’était utile ! Parce que personne ne lisait son livre « Révolution »pendant ce temps-là. Sauf l’oligarchie libérale, qui l’a trouvé très à son gout et l’a propulsé ».
Corriere della Sera :A ce propos, est-ce que la révolution est une tentation française ? Et en quoi vôtre appel est différent de celui de Macron en 2017 ? Jean-Luc Mélenchon :« Dans l’imaginaire politique français la révolution est un mot qui a une résonance positive. La Révolution de Macron, c’est plutôt une contre-révolution.Car il promeut un néo-libéralisme anti collectif comme modèle de société.A l’inverse notre révolution citoyenne est processus populaire spontané au service du collectif populaire. ».
Corriere della Sera :Avez-vous renoncé à demander sa destitution ? Jean-Luc Mélenchon : « Non, on ne peut pas. C’est une question de dignité démocratique[2]. Son pouvoir, son gouvernement, sont illégitimes. Il ne se soumet pas au résultat des élections qu’il a lui-même convoquées. Donc nous continuerons à demander sa démission. Nous étions proches du but, mais le Parti Socialiste a décidé de le sauver avec l’extrême droite en refusant de censurer son gouvernement[1]! ».
Corriere della Sera :A propos de la situation internationale, n’avez-vous pas le sentiment que vous et une partie de la gauche vous vous êtes trompé à l’égard de Poutine, en voyant toujours en Moscou un rempart contre le capitalisme et l’impérialisme de Washington, selon un vieux prisme de l’époque soviétique ?
Jean-Luc Mélenchon :« Comment nous pourrions confondre Poutine et l’URSS ? Moi j’ai été trotskiste, pas stalinien. Nous ne voulons ni de l’invasion ni de la guerre comme solution a un problème. A ceux qui disent qu’on fait la guerre pour la liberté, il avait répondu : aucun peuple n’aime les missionnaires armés. En tout cas, c’est une manipulation de s’en prendre à moi sur ce sujet. Moi je suis allé à Moscou faire une réunion avec ses opposants de gauche. Adressez-vous au vrai suspect : personne n’obligeait M. Macron à recevoir Poutine en grandes pompes à Versailles ! Pourquoi a-t-il fait cela ? »
Corriere della Sera :Peut–être pour l’amadouer ? Jean-Luc Mélenchon : « Alors ça n’a vraiment pas marché. Moi, j’ai une vision beaucoup plus pragmatique. Si je dirigeais ce pays, je ne ferais pas de disputes idéologiques à propos de M.Poutine. Je discuterai des garanties de sécurité pour l’Europe et la France sur les missiles moyenne portée, les centrales nucléaires ukrainiennes et le déminage de la mer noire. »
Corriere della Sera :Sur Gaza aussi vos positions vous attirent beaucoup des critiques. Faites-vous un lien entre ce qui se passe à Gaza et votre dénonciation de l’islamophobie en France ? Jean-Luc Mélenchon : « Notre position est le respect du droit international. C’est un ancrage nouveau pour les insoumis. Cela a été une rupture avec une certaine manière de mépriser le Droit en général, parce que c’est le droit des dominants. Il est imparfait ? On est d’accord. Mais c’est tout ce qu’on a. Et si ce n’est pas ça, il ne reste que la loi du plus fort. Et comme nous avons dénoncé un génocide, reconnu par la Cour international de justice, nous avons vécu 18 mois d’accusations terribles ».
Corriere della Sera :Faites-vous référence aux accusations d’antisémitisme ? Jean-Luc Mélenchon : « Oui, bien sûr. Que s’est-il passé ? Historiquement, l’accusation d’antisémitisme s’adressait à l’extrême-droite. Pour le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou quiconque critique sa politique serait antisémite. Tout le monde en a été accusé : le pape François, le secrétaire général de l’ONU, la Cour internationale de justice, et même Macron. Heureusement la situation se retourne devant l’ampleur des crimes commis.
Corriere della Sera :Et vous ? Jean-Luc Mélenchon : « Pourquoi voulez-vous qu’à 70 ans, je devienne antisémite ? Voyez ce qu’a été mon histoire personnelle. Mes adversaires ont dit : « vous faites ça par clientélisme pour les quartiers populaires ». Donc, ils créent une nouvelle équation : quartier populaire égal musulman, égal antisémite. C’est un autre racisme affiché au nom du refus de l’antisémitisme. Le problème numéro en France c’est plutôt le fidèle musulman qu’on tue dans la mosquée, ou des femmes qui se font arracher le voile dans la rue. N’oubliez pas que vous êtes dans un ancien pays colonial. Des blessures sont toujours là.
Ensuite il y a beaucoup de binationaux en France. L’islam est la deuxième religion du pays.La priorité c’est l’unité de notre peuple. La religion, c’est l’affaire de chacun, dans son privé. Enfin nous ne confondons pas un Juif avec un sniper de monsieur Netanyahu à Gaza ! Au total nous avons renversé les rôles à propos de l’unité du peuple, de la nation, du drapeau national, que nous nous sommes réappropriés contre le racisme et les guerres de religion.
Corriere della Sera :Que pensez-vous des efforts de l’Europe de bâtir une défense commune, en s’affranchissant des Etats Unis ? Jean-Luc Mélenchon :« Cela n’existe pas. « Nous allons faire l’Europe de la défense », disent-ils. Qui commence ? Personne. Van der Layen a fait voter un budget d’armement de 850 milliards. Pile les 5% du PIB réclamés par Trump ! On va faire « le pilier européen » de l’OTAN ?Mais ça ce n’est pas la défense de l’Europe car le commandement suprême est aux USA. Les États-Unis d’Amérique menacent d’envahir un pays européen, le Groenland. Réponse ? Aucune.Nous pensons qu’il faut s’affranchir de l’économie d’armement des États-Unis, pour bâtir une économie de la paix dont l’Europe est capable. Pour nous la priorité c’est la protection commune contre le changement climatique. ».
Corriere della Sera :Et la possibilité que la Russie, après l’Ukraine, continue son attaque à l’Europe ? Jean-Luc Mélenchon :« La Russie va venir à Paris pour nous voler la Tour Eiffel. ? Pendant toute la guerre froide, on parlait déjà des chars russes sur les Champs Elysées. C’est grotesque. ».
Corriere della Sera :Est-ce que l’Otan est toujours d’actualité ? Jean-Luc Mélenchon : « Il faut quitter l’OTAN et le faire de manière maitrisée, c’est-à-dire par étapes. Mais on quitte l’OTAN pour être non-aligné.On ne peut pas être non-aligné et appartenir à une alliance militaire, gendarme du reste du monde. Il n’y a plus d’Urss mais il y a encore l’OTAN ! Il faut plutôt une diplomatie altermondialiste faites de la défense des causes communes de l’humanité : l’eau, la faim, les épidémies.Autant de droit international à construire. ».
Corriere della Sera :Que ferez-vous si en 2027 vous réussissez à conquérir l’Elysée ? Jean-Luc Mélenchon : « Il faudrait déjà que je sois candidat !. Mais admettons qu’un insoumis ou une insoumise gagne la présidentielle. Dans une campagne j’avais choisi une formule un peu provocatrice, j’avais dit : « Je serais le dernier président de la Vᵉ République autoritaire et je me prépare à jeter les clés de l’Élysée dans la Seine ». C’était pour dire qu’il faut passer à une 6ème République celle d’un pouvoir populaire élargi avec des moyens comme le referendum révocatoire des élus, inclus le président de la République. »
Corriere della Sera : Et l’Europe ? Jean-Luc Mélenchon : « Ma priorité à moi c’est l’Europe latine :France, Italie, Espagne ce sont les trois puissances après l’Allemagne., et puis les Grecs, les Portugais, les roumains …L’Europe latine est celle qui produit le plus sur le continent. Pendant que nos amis allemands nous méprisent et nous imposent les recette mortifères du néo libéralisme. Mais le premier qui rompt le mensonge collectif du discours, c’est M. Trump quand il dit : ce n’est pas la main invisible du marché, la concurrence libre, mais c’est moi l’Etat, qui décide des prix à cout de droit de douane. Rions-en : il parle comme Brejnev ».
Corriere della Sera : Convoquerez-vous une assemblée constituante, comme vous l’évoquez dans le livre ? Jean-Luc Mélenchon :« Oui, l’assemblée constituante est une stratégie révolutionnaire et la voie la plus pacifique pour changer la France en profondeur. C’est le peuple qui décidera. Nous ne sommes pas un parti guide d’avant-garde. Nous ne récupérons pas la colère populaire, nous proposons qu’elle nous utilise. Ce n’est pas pareil. »
Les ministres israéliens déclarent de plus en plus ouvertement que le prétexte d'une guerre pour « sauver les otages » est en train d'être abandonné.... et, si la France reconnaît la Palestine « Nous répondrons en annexant les colonies de Cisjordanie[6] » !
et... alors que la France n'a toujours reconnu la Palestine, le 29 mai 2025, un ministre d’extrême-droite annonce la création de 22 nouvelles colonies juives en Cisjordanie[8]...
Un jour après que le cabinet israélien a voté l'approbation d'un plan pour l'occupation militaire totale de Gaza, le déplacement interne de sa population et la prise en charge des approvisionnements alimentaires par les Forces de défense israéliennes (FDI), le ministre des finances Bezalel Smotrich a clairement indiqué qu'il s'agissait de l'étape suivante dans le nettoyage ethnique total de Gaza[0].
Sources :World Socialist Web Site (Article paru en anglais le 7 mai 2025) | mis à jour le 31/05/2025
Bezalel Smotrich s’est engagé à ce que : D'ici un an, [...] Gaza sera entièrement détruite, les civils seront envoyés [...] dans le sud, dans une zone humanitaire [...] et de là, ils commenceront à partir en grand nombre vers des pays tiers[0].
🔴 Cette proposition de destruction de Gaza, d'occupation militaire et de nettoyage ethnique de sa population est en fait le plan opérationnel de la « guerre » d'Israël à Gaza, qui a été lancée sous le prétexte de l'attaque du Hamas et de la prise d'otages du 7 octobre 2023.
🔴 Afin de fournir une couverture politique au génocide planifié, le président américain Joe Biden, le Parti démocrate [NDLR : et le gouvernement français] et les médias ont prétendu qu'Israël menait une guerre contre le Hamas, visant à restituer les otages, alors même qu'ils fournissaient à Israël des milliers de bombes d’une tonne dont la seule utilité était de détruire des pâtés de maisons entiers.En février, le président américain Donald Trump a annoncé publiquement la politique actuelle, à savoir la démolition totale de la bande de Gaza. Israël et les États-Unis allaient « raser le site », déplacer sa population et annexer le territoire[1].
🔴Le plan annoncé lundi 5 mai par le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou[2][2bis], comme l'a clairement expliqué Smotrich[0], marque la mise en œuvre à grande échelle de cette vision.Les Palestiniens de Gaza seront rassemblés, déplacés dans des camps de concentration dans le sud du territoire, puis forcés à traverser le désert jusqu'en Égypte ou embarqués sur des bateaux.
Ce plan sera présenté comme une relocalisation « volontaire », dans le contexte d'un blocus total de la nourriture, de l'eau et de l'électricité dans la bande de Gaza. Mais il ne sera « volontaire » que parce que rester dans un endroit sans nourriture sera une condamnation à mort.
Bien sûr, ce sera une condamnation à mort pour les otages restés à Gaza, qui mourront de faim avec le reste de la population palestinienne. Mais les ministres israéliens déclarent de plus en plus ouvertement que le prétexte d'une guerre pour « sauver les otages » est en train d'être abandonné.
Comme l'a déclaré Smotrich à l'Agence France-Presse (AFP) : Israël n'a pas l'intention de se retirer des territoires capturés par Tsahal, pas même dans le cadre d'un accord de libération d'otages. En réponse au projet d'occupation totale de la bande de Gaza, le Hamas a déclaré qu'il n'engagerait plus de négociations avec Israël.
Basem Naim, haut responsable du Hamas, a déclaré à l'AFP :
« Il ne sert à rien d'engager des pourparlers ou d'envisager de nouvelles propositions de cessez-le-feu tant que la guerre de la faim et la guerre d'extermination se poursuivent dans la bande de Gaza.[3] »
Le plan israélien d'occupation et de nettoyage ethnique de Gaza a été accueilli par le silence du Parti démocrate israélien : Hakeem Jeffries, chef de la minorité parlementaire, Chuck Schumer, chef de la minorité sénatoriale, Joe Biden, ancien président, Barack Obama et Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants, sont restés muets.
Depuis le 2 mars, Israël bloque totalement l'entrée de la nourriture, de l'eau et de l'électricité dans la bande de Gaza, ce qui a entraîné une augmentation de la malnutrition. Un sac de farine, vendu auparavant 5 dollars, coûte désormais jusqu'à 500 dollars.
Israël utilise délibérément la famine comme arme de guerre. Le mois dernier, le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a déclaré :
« La politique d'Israël est claire : aucune aide humanitaire n'entrera à Gaza, et le blocage de cette aide est l'un des principaux moyens de pression empêchant le Hamas de l'utiliser comme un outil auprès de la population. [...] Personne ne prévoit actuellement d'autoriser l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, et rien n'est prévu à cet effet. »
Environ 69 % de la bande de Gaza a été incorporée dans une zone tampon israélienne ou fait l'objet d'ordres d'évacuation, laissant la population restante de Gaza, qui a été déplacée à de multiples reprises, piégée dans des enclaves de plus en plus petites.
Dans une déclaration faite cette semaine, le Croissant-Rouge palestinien (CRP) a indiqué que « la nourriture était complètement épuisée, tant sur les marchés que dans les centres de distribution »[4].
Dans sa dernière mise à jour humanitaire, le Croissant-Rouge palestinien a déclaré : « La population est à nouveau exposée à un risque extrême de famine » et « il est impossible de répondre aux besoins quotidiens minimums de plus d'un million de personnes déplacées »[4].
Dans une déclaration, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué : «Les besoins des civils à Gaza sont actuellement écrasants » et «en vertu du droit humanitaire international, Israël a l'obligation d'utiliser tous les moyens disponibles pour veiller à ce que les besoins fondamentaux de la population civile sous son contrôle soient satisfaits. »
Dans un communiqué publié mardi, l'UNICEF a fait remarquer : «Au cours du mois dernier, plus de 75 % des ménages ont signalé une détérioration de l'accès à l'eau : ils n'ont pas assez d'eau à boire, ne peuvent pas se laver les mains lorsque c'est nécessaire et sont souvent obligés de choisir entre se doucher, faire le ménage et cuisiner.»[5]. L’organisme ajoute : «La malnutrition est également en hausse. Plus de 9000 enfants ont été admis pour traitement de la malnutrition aiguë depuis le début de l'année. Des centaines d'autres enfants ayant désespérément besoin d'un traitement ne peuvent y accéder en raison de l'insécurité et des déplacements. Depuis le 18 mars, les hostilités se sont intensifiées, entraînant le déplacement de 390 000 personnes qui n'ont nulle part où aller en toute sécurité. »[5].
Aya al-Skafy, une habitante de la ville de Gaza, a déclaré à Al Jazeera que son bébé était mort la semaine dernière de malnutrition :«Elle avait quatre mois et pesait 2,8 kg. En raison de sa malnutrition sévère, elle souffrait d'acidité sanguine, d'insuffisance hépatique et rénale, et de nombreuses autres complications. Elle a aussi perdu ses cheveux et ses ongles à cause de la malnutrition ».
Mohammed al-Seikaly, un autre habitant de la ville de Gaza, a déclaré à Reuters :« Il ne reste plus rien dans la bande de Gaza qui n'ait été frappé par des missiles et des barils explosifs. [...] Je demande devant le monde entier : « Que reste-t-il à bombarder ?»[7].
🚩Gaza : les images authentifiées de l’opération sans précédent menée par Israël à Rafah
Dans un immeuble anonyme de Paris, Pierre-Yves Bocquet a consulté les archives de la Caisse des Dépôts et Consignations. Les découvertes qu'il y a faites sont consternantes.
Pierre-Yves Bocquet est directeur adjoint de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME). Il a été en 2014 le conseiller mémoire de François Hollande, alors président de la République. Cela fait des années qu’il s’intéresse au sujet de la double dette d’Haïti. Il a raconté pour le « Nouvel Obs », sa dernière découverte aux archives de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC)
Le reliquat de l’argent d’Haïti était allé dans les caisses du Trésor public français : voilà ce que disaient les quelques notes, vieilles de plus d’un siècle, que je tenais entre les mains. C’est donc cela, que ressentent les chercheurs en histoire quand ils font une découverte ?
Tressaillir, en ouvrant une chemise en papier de couleur, en sortir la liasse de vieux papiers jaunis qu’elle contient, parcourir les lignes qu’ont tracées des gens morts depuis longtemps et, tout à coup, y lire ce qu’on est venu chercher : la pièce manquante du puzzle, celle qui révèle le sens de l’image incomplète, la clé de l’énigme irrésolue.
Le récit d’une découverte Je suis dans un immeuble anonyme du quai Anatole-France, à Paris, dans une petite pièce sans fenêtre d’un bâtiment de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), l’institution vénérable qui, depuis plus de deux cents ans, effectue les missions financières de confiance de l’Etat français. Pour le meilleur – la Sécurité sociale est en partie née dans les livres de la Caisse, qui géra quelques-uns des premiers systèmes de retraites publiques dès le XIXe siècle – et pour le pire – quand une ancienne puissance coloniale, défaite par ceux qu’elle avait réduits en esclavage, rançonna pendant des décennies le petit Etat qu’ils s’étaient donné. Et aspirant sa richesse avec cette constance et cette efficacité qui font la réputation des administrations françaises lorsqu’il est question d’argent.
Je suis dans cette petite pièce sans fenêtre car je suis venu y consulter les traces écrites de l’une des plus grandes injustices de l’histoire : l’indemnité faramineuse que la France du roi Charles X a imposée en 1825 à la République d’Haïti, son ancienne colonie alors appelée Saint-Domingue, pour reconnaître son indépendance, qu’elle avait pourtant gagnée vingt et un ans plus tôt au terme d’une guerre coloniale sanglante contre les troupes que Napoléon Bonaparte y avait envoyées.
Des boîtes pleines de notes et de procès-verbaux
Cette indemnité, d’un montant de 150 millions de francs-or (ramenés en 1838 à 90 millions de francs-or), représentait plusieurs années de la production nationale de la jeune république – essentiellement le café cultivé par une population formée par les anciens esclaves émancipés et leurs descendants. Cette somme exorbitante était destinée à leurs anciens maîtres, ces riches propriétaires terriens de l’Ancien Régime, dont beaucoup n’avaient même jamais mis les pieds à Saint-Domingue, qui avaient vu leur fortune s’évanouir quand les esclaves qui en faisaient le prix (que vaut une plantation sans personne pour la cultiver ?) se sont révoltés et ont brisé les chaînes du système qui les opprimait.
Je suis dans cette petite pièce sans fenêtre car je suis venu y toucher du doigt la réalité de cette « rançon », que la CDC a gérée avec son efficacité coutumière pendant un siècle exactement ; et je suis venu y chercher une réponse à une de ces questions que je me pose depuis des années, sans avoir trouvé de réponses complètes et définitives dans les articles et ouvrages que j’ai lus :
puisque Haïti a payé intégralement la somme que la France lui avait imposée, cet argent a-t-il été totalement dépensé ?
Et s’il est resté un écart entre les sommes perçues – jusqu’en 1888 – et les sommes distribuées aux descendants des anciens colons (car en 1888 ces derniers étaient tous morts depuis longtemps), où est allée cette différence ?
Qui en a bénéficié ?
A-t-il été restitué « aux habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue » à qui, selon les termes de l’ordonnance de Charles X, ces millions avaient été extorqués, ou d’autres s’en sont-ils enrichis ?
Pénétrer dans les archives de la CDC pour trouver une réponse à ces questions, c’était pour moi, pour la première fois de ma vie, faire un travail d’historien. Je peux dire que je suis né dans l’histoire, fils de deux professeurs d’histoire-géographie, ayant grandi dans une maison remplie de livres d’histoire, dans une région pleine de lieux de mémoire (champs de bataille, monuments aux morts, forteresses, musées), dans une famille où mes parents, qui avaient connu la Seconde Guerre mondiale, nous ont élevés, mon frère et moi, dans les récits de leurs souvenirs de cette période qui fut la plus effrayante de leur vie. Mais, après avoir quitté Sciences-Po, c’est la carrière de haut fonctionnaire que j’ai embrassée, dans le secteur social, pendant laquelle j’ai inspecté, évalué, administré en tant qu’inspecteur général des affaires sociales.
Et puis, un jour, j’ai retrouvé professionnellement l’histoire, celle qui se fait et celle qu’étudient les historiens, lorsque je suis devenu en 2014 conseiller mémoire du président de la République François Hollande ; et je travaille aujourd’hui à sa transmission, dans une institution mémorielle que j’ai aidée à créer, sous la présidence de l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.
C’est dans ce cadre que je me suis intéressé à l’indemnité d’Haïti de 1825, parce que cette année 2025 en marquera le deuxième centenaire. Depuis plusieurs années, j’ai donc cherché à comprendre cette histoire passablement embrouillée, comme le sont toujours les histoires postcoloniales mal dénouées.
Un point m’a plus particulièrement intéressé, sans doute parce qu’il m’a rappelé le genre de questions sur lesquelles j’ai eu à travailler comme inspecteur général des affaires sociales : la façon dont la CDC avait géré le recouvrement de cette indemnité, et de l’emprunt que Haïti avait souscrit en 1825 pour en payer la première annuité – ce qu’on a appelé la « double dette » d’Haïti, jusque dans les livres de comptes de la Caisse où cette étrange appellation a subsisté jusqu’en 1925.
C’est cela que je suis venu regarder, dans la petite pièce aveugle du quai Anatole-France : les traces concrètes, matérielles, de ce grand transfert de richesses qui a duré pendant trois quarts de siècle, depuis les Caraïbes jusqu’à Paris. Et les traces étaient bien là, devant mes yeux, dans ces boîtes pleines de notes, de procès-verbaux, de documents divers qui tout à coup prenaient sens et se mirent à me parler, à mesure que je les parcourais, avec d’infinies précautions pour ne pas les déchirer.
Des caisses cerclées de fer, remplies de pièces d’or et d’argent Ils me racontaient une histoire qui me faisait penser (dans sa matérialité et non dans sa signification) à cette séquence au début de « Casino » de Martin Scorsese où l’on voyait l’argent liquide circuler de la chambre forte du casino à Las Vegas à l’arrière-boutique d’une épicerie italienne de Kansas City, passer d’une caisse à un sac, d’un sac à un coffre, d’un coffre à une mallette transportée ensuite à pied, en voiture, en avion.
L’histoire que racontaient les papiers de la Caisse des Dépôts remplaçait les billets verts par des monnaies d’or et d’argent de toute la Caraïbe, piastres, doublons espagnols ou colombiens, aigles américains, qu’on avait rassemblées à Port-au-Prince ou Cap-Haïtien, chargées dans des caisses cerclées de fer, embarquées dans un bateau français, déchargées et pesées à Brest sous la surveillance du receveur général des finances, transportées jusqu’aux locaux de la Caisse des Dépôts, rue de Lille dans le 6e arrondissement, à deux pas de là où j’étais, où les caisses étaient de nouveau pesées, puis descellées en présence de responsables de la Caisse et du gouvernement français.
Les pièces étaient alors comptées, en plusieurs jours car il y en avait parfois des centaines de milliers, puis dûment enregistrées sur un bordereau, comme l’un de ceux que j’ai en main et sur lequel la plume d’un agent avait noté le poids des caisses (1 968 kilogrammes pour la livraison de mai 1841) et le nombre des monnaies qu’elles contenaient (85 961 pièces d’or).
Restait ensuite à convertir ces piles de pièces d’or étrangères en bons francs français pour payer aux pauvres colons esclavagistes ce qu’on leur avait promis : ce serait chose faite après une mise en vente dans les locaux de la CDC dont la tenue était annoncée par voie d’affiches, dont les archives de la Caisse avaient conservé quelques exemplaires, vieux de près de deux cents ans. Sur l’un d’entre eux, on lisait que, dans ces opérations, le gouvernement d’Haïti était représenté par Jacques Laffitte, sans doute le financier français le plus célèbre de cette première moitié du XIXe siècle, qui avait été banquier, gouverneur de la Banque de France et même ministres des Finances au début du règne de Louis-Philippe.
Ce que l’affiche ne dit pas, c’est à quoi pensait le financier en voyant passer ces pièces d’or venues de l’autre côté de la mer tandis qu’on les mettait à l’encan.
Pensait-il aux paysans haïtiens dont chacune de ces pièces représentait un peu de la sueur qu’ils avaient versée pour gagner cette somme qu’ils ne toucheraient jamais ?
A l’absurdité de ces transports d’argent à travers l’océan pour enrichir des gens en France qui n’avaient plus aucun lien avec Haïti depuis des décennies ?
Ou juste à sa propre situation, lui qui avait cru faire une bonne affaire en prêtant son argent à Haïti et qui se retrouvait près de vingt ans plus tard à devoir compter des pièces d’or pour espérer un jour être remboursé ?
Les papiers de la CDC ne disent rien de tout cela. Ils racontent par contre comment, de décennie en décennie, il y a toujours eu des agents pour compter, vérifier, recompter et noter d’une belle écriture à la plume combien d’argent Haïti devait encore payer pour solder sa double dette.
A partir de 1847, les caisses de pièces de monnaies ont cessé d’arriver jusqu’à la rue de Lille ; transférer des tonnes d’or dans un bateau français à Port-au-Prince créait chaque année des émotions en Haïti, et les deux gouvernements décidèrent de mettre en place un système plus simple basé sur des traites à payer, qui permettait à la Caisse des Dépôts de récupérer les sommes dues directement auprès des clients français d’Haïti, sans obliger à cette manutention douloureuse pour le jeune Etat pauvre et fragile…
Une belle mécanique parfaitement rodée Et c’est ainsi que, en France, les gouvernements et les régimes pouvaient passer, cela ne remettait jamais en cause la méticulosité de la Caisse qui savait toujours dire, quarante ans, cinquante ans, soixante ans après l’ordonnance de 1825, combien le malheureux peuple haïtien devait encore aux anciens colons esclavagistes d’avant 1789 et à leurs ayants droit de plus en plus lointains et anonymes…
🔴 Il n’y eut que la Commune de Paris pour ébranler cette belle efficacité, car une partie des archives de la Caisse était partie en fumée lors des grands incendies de la Semaine sanglante. Les flammes avaient notamment détruit les registres sur lesquels étaient notés les noms des bénéficiaires des titres que la CDC avait émis en 1840 quand, pour simplifier la gestion de l’indemnité, une loi l’avait transformée en titres au porteur similaires à une obligation de l’Etat haïtien (à cette différence près que, de cet emprunt d’Etat-là, le gouvernement d’Haïti n’avait rien touché). Les agents de la CDC étaient donc dans l’incapacité de savoir à qui était allé l’argent d’Haïti avant 1870, et à qui la Caisse devait encore des sommes.
🔴 Mais il aurait fallu bien plus que cela pour arrêter cette belle mécanique désormais parfaitement rodée. Dans les archives de la CDC, on trouve en effet des notes des années 1870, 1880 et 1890, un siècle après le déclenchement de la révolution haïtienne, qui calculaient avec la plus grande précision combien Haïti devait encore à la France – à la France républicaine, non plus à la France réactionnaire de la Restauration –, sur les différents aspects de sa double dette : les indemnités restant à régler aux ayants droit des anciens colons, le capital et les intérêts du prêt de 1825 et même, à partir de 1873, des pénalités de retard, que la France a imposées et obtenues d’Haïti, à hauteur de plus de 5 millions de francs au total, prélevés sur les paiements effectués jusqu’en 1888 par le gouvernement d’Haïti.
Il faudra néanmoins que le ministère français des Affaires étrangères informe la CDC en 1893 que, après avoir conduit une mission à Port-au-Prince, il considérait que la double dette d’Haïti était éteinte pour que la CDC en donne acte au gouvernement haïtien, auquel elle continuait de réclamer des sommes.
Tout cela était écrit dans les papiers conservés dans les boîtes rangées dans la petite pièce aveugle du quai Anatole-France.
Il restait néanmoins un mystère : une fois les sommes encaissées, inscrites dans les livres de la Caisse, elles devaient être distribuées.
Mais il fallait pour cela les réclamer : cela était-il encore le cas à la fin du XIXe siècle, cent ans après la révolution qui avait balayé la société coloniale esclavagiste de Saint-Domingue ?
Les papiers de la Caisse montraient que oui : des personnes se manifestaient toujours à la suite des avis de versement que la CDC faisait paraître au « Journal officiel » et dans diverses publications suivies, sans doute, par les notaires et rentiers français qui étaient les seuls à se souvenir encore à cette époque de l’indemnité de Saint-Domingue et de l’emprunt de 1825. Et, oui, il y eut bien un reliquat entre les sommes versées par Haïti et la somme des montants réclamés par les indemnitaires. Pas très élevé : entre 600 000 francs et 1,2 million de francs au début du XXe siècle, soit entre 0,5 % à 1 % des 112 millions de francs que Haïti avait versés pour sa double dette, entre 1825 et 1888.
Quand le Trésor public s’enrichit
C’était la réponse que j’étais venu chercher dans la petite pièce aveugle du quai Anatole-France. Elle était dans une chemise à la couleur verte passée, classée dans un gros dossier baptisé « Prescription trentenaire », qui contenait les notes de la CDC à propos de l’application de la loi de 1895 qui définissait la position à prendre sur les dépôts et sommes consignés depuis plus de trente ans et qui n’avaient fait l’objet d’aucun mouvement dans cette période. Les notes montraient que les services de la Caisse n’avaient aucun doute sur l’applicabilité de ce texte aux sommes qu’elle conservait au titre de la double dette d’Haïti : ce solde devait revenir au Trésor public français.
🔴 Dès 1893, après confirmation que le gouvernement d’Haïti avait bien réglé tout ce qu’il devait depuis 1825 et 1838, lorsque les sommes résiduelles liées à la double dette furent réunies sur une seule ligne dans le bilan de la Caisse, un calendrier avait été défini :
les sommes liées à l’indemnité, issues des derniers paiements d’Haïti à ce titre opérés en 1878, seraient frappées par la déchéance trentenaire en 1908 ;
celles relatives à l’emprunt, dont les dernières opérations avaient eu lieu en 1893, le seraient en 1923.
🔴 Et c’est bien ce que racontaient les notes que je consultais ce jour-là, extraites de la chemise à la couleur vert passé : en 1907 et 1908, la CDC et le ministre des Finances de l’époque (Joseph Caillaux) avaient échangé des courriers à propos du montant élevé des sommes reversées par la Caisse au Trésor Public au titre de la déchéance trentenaire, et la Caisse avait expliqué que ce montant était lié à la déchéance du montant résiduel du compte de l’indemnité de Saint-Domingue : près de 600 000 francs de dépôts, augmentés de trente ans d’intérêts représentant 800 000 francs, et 600 000 francs de consignations plus anciennes, soit un total de 2 millions de francs, qui auraient été alors versés à l’Etat français.
🔴 J’ai demandé à l’archiviste de la CDC qui m’avait ouvert les dossiers de regarder s’il pouvait trouver la trace de ce versement ; ses recherches se sont avérées pour le moment infructueuses. Mais j’ai bien retrouvé la trace de la diminution du montant de la ligne « Fonds affectés au règlement de la double dette du gouvernement d’Haïti » dans le bilan de la CDC pour 1907, de 564 47, 37 francs à 29 000 francs. Et en 1924, on trouve bien un versement ultime de 13 000 francs sur cette même ligne, après lequel elle a totalement disparu des livres de Caisse des Dépôts et Consignations, qui aura ainsi géré la double dette d’Haïti pendant exactement un siècle.
Que nous apprennent tous ces mouvements bien techniques ? Tout d’abord, que les archives peuvent encore parler. Certaines historiennes (Gusti-Klara Gaillard-Pourchet et Frédérique Beauvois) ont évoqué la déchéance trentenaire dans leurs travaux très précieux sur la double dette. Mais je n’avais jamais vu d’évaluation chiffrée de son application, ou cela m’aura échappé : et si cet article permet de mieux diffuser des travaux aujourd’hui méconnus, j’en serais très heureux. La CDC elle-même ne s’est pas penchée sur cette question, sur laquelle elle est pourtant régulièrement interpellée. En 1966, lorsqu’elle a célébré son 150e anniversaire en publiant un luxueux livre d’histoire signé du journaliste économique Roger Priouret, un chapitre entier est consacré à sa gestion de la double dette d’Haïti, mais rien n’est dit de la clôture de cette histoire.
Le point pourrait sembler anecdotique : il ne l’est pas, car il montre que, à la fin de l’histoire, c’est le Trésor public français qui s’est enrichi du reliquat de la double dette d’Haïti. Cette somme qui n’avait pas été versée aux ayants droit des colons auxquels elle était exclusivement destinée n’a pas été rendue à Haïti. Il n’en a même jamais été question, dans aucun des documents que j’ai consultés. Pendant un siècle, l’Etat français n’avait cessé de rappeler qu’il n’était pas partie à ces opérations, qui ne concernaient que d’une part les anciens colons et leurs ayants droit et d’autre part l’Etat haïtien. Mais lorsqu’il a fallu décider du sort du trop-versé par Haïti, personne n’a songé que cette somme appartenait aux habitants d’Haïti, selon les termes mêmes de l’ordonnance de Charles X. Elle est allée couvrir les dépenses courantes de l’Etat français, où elle a disparu définitivement.
Deux millions de francs de 1907 représentent en valeur actuelle exactement 9 133 220, 62 €. Quoi que l’on pense de la légitimité des demandes de restitution des montants injustement extorqués à Haïti par la France au titre de la double dette de 1825, cette somme-là appartient incontestablement au peuple haïtien et devrait lui être rendue. Ce n’est pas le seul geste que la France devrait faire à l’égard d’Haïti, si elle se décide à reconnaître enfin le caractère injuste de l’ordonnance de 1825. Mais celui-là pourrait être le premier.
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Interpellé sur la double dette coloniale d'Haïti, le 17 avril 2025, E. Macron appuie sur le bouton " Commission d'historiens " après avoir, 6 mois plus tôt, traité les responsables haïtiens " d'être complètement cons ".
Emmanuel Macron reconnaît une " injustice initiale " mais évite les réparations. Le président français Emmanuel Macron a reconnu, ce jeudi, une " forme d'injustice initiale " concernant la dette imposée par la France à Haïti en 1825 pour la reconnaissance de son indépendance[0].
L’Afrique se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, coincée entre des crises internes, une évolution des rapports de force internationaux et le lent délitement de l’ordre politique post-libéral. Sur l’ensemble du continent, les partis au pouvoir qui ont autrefois acquis une légitimité en tant que forces de libération nationale perdent peu à peu leur emprise ; pourtant, l’offre gouvernementale alternative de l’opposition reste fragmentée et peu convaincante.
Les élections mozambicaines de 2024 sont l’un des exemples les plus frappants de ce déclin, le parti au pouvoir, le Frelimo, ayant proclamé sa victoire dans le prolongement d’un scrutin largement dénoncé comme frauduleux. Le chef de l’opposition, Venâncio Mondlane, se présentait sous la bannière du nouveau parti Podemos. Il a accusé le gouvernement d’avoir orchestré une manipulation électorale massive après que des comptages parallèles des voix eurent fait apparaître qu’il avait en réalité gagné. Le parti au pouvoir a répondu aux manifestations de masse par une répression violente[1]. Cela s’inscrit dans une tendance à la répression de la dissidence politique par des moyens de plus en plus autoritaires.
🔴 L’illégitimité croissante de ces gouvernements issus de l’après-guerre de libération ne se limite pas au Mozambique.
En Afrique du Sud, l’ANC[0] a perdu sa majorité absolue pour la première fois depuis 1994, ne recueillant qu’environ 40 % des voix aux élections de 2024. Après des décennies de domination politique, le parti se retrouve désormais dans une coalition précaire et extrêmement fragile avec l’Alliance démocratique (DA), son rival de longue date. Cela a contraint l’ANC à adopter une position gouvernementale plus centriste, limitant sa capacité à poursuivre les politiques que sa base traditionnelle pouvait attendre.
Alors que certains au sein de l’ANC considèrent cette coalition comme un compromis nécessaire pour maintenir la stabilité, d’autres y voient une trahison de la mission historique du parti, en particulier compte tenu de l’orientation politique néolibérale de la DA. Les conséquences de cette entente restent incertaines : la coalition durera-t-elle, provoquera-t-elle une nouvelle fracture au sein de l’ANC ou donnera-t-elle naissance à des mouvements d’opposition plus forts en dehors du processus électoral traditionnel ?
Le déclin de l’ANC s’inscrit dans une tendance plus large en Afrique australe.
Au Zimbabwe, le Zanu-PF reste bien ancré grâce à la répression plutôt qu’au soutien populaire, s’appuyant sur le pouvoir judiciaire et la commission électorale pour écarter toute concurrence sérieuse de l’opposition.
Parallèlement, le Swapo namibien et le BDP botswanais ont tous deux fait face à des défis électoraux sans précédent (le BDP ayant perdu une élection pour la première fois depuis l’indépendance), ce qui montre que même les partis au pouvoir autrefois stables ne sont plus assurés de victoires faciles.
Le délitement de ces mouvements suggère que les références à la lutte de libération, autrefois si efficaces, ne suffisent plus pour asseoir leur légitimité au pouvoir.
Conflit L'affaiblissement de ces gouvernements se déroule sur fond d'aggravation des conflits et d'instabilité ailleurs sur le continent.
Darfour devenu une calamité humanitaire, une crise des droits humains
Le Soudan :reste enfermé dans une guerre dévastatrice entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti »[2]. Il s’agit d’un conflit qui a déplacé des millions de personnes tout en s’internationalisant de plus en plus, l’Égypte et les Émirats arabes unis soutenant des camps opposés. La guerre a non seulement aggravé l'effondrement économique du Soudan, mais menace également la stabilité régionale, avec des retombées au Tchad, au Soudan du Sud et en Éthiopie.
La République démocratique du Congo (RDC) : continue de lutter contre les insurrections armées, en particulier la résurgence du M23, dont le soutien du Rwanda a exacerbé les tensions régionales[3]. Les accusations d’ingérence transfrontalière mettent encore plus à rude épreuve les relations diplomatiques.
Ces crises ne sont pas isolées : elles reflètent un échec plus profond de la gouvernance à travers l'Afrique, où l'État est souvent incapable de résoudre les griefs sociaux et économiques sans recourir à la violence.
L'effet Trump
En plus de ces crises, l’Afrique est également confrontée à un ordre international en pleine mutation. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a déjà commencé à remodeler les relations entre les États-Unis et l’Afrique. On observe un mouvement vers une approche plus axée sur les transactions et un regain d’intérêt pour la sécurité au détriment du développement. L’une des premières mesures importantes de Trump en matière de politique étrangère a été de réduire considérablement l’aide étrangère, de démanteler l’USAID et de couper les financements de grands programmes dans le domaine de la santé, dont le PEPFAR[4]. Des millions de personnes se sont ainsi retrouvées privées d’accès au traitement du VIH et à d’autres services essentiels.
Les pays où les systèmes de santé sont déjà très en difficulté ont été les plus touchés, ce qui a exacerbé les crises de santé publique et pourrait avoir des effets déstabilisateurs à long terme. La justification de ces coupes budgétaires par l’actuelle administration s’enracine dans son principe général « America First »[5]. L’aide étrangère y est considérée comme une dépense inutile plutôt que comme un investissement stratégique dans la stabilité.
🔴 Et cela a coïncidé avec un durcissement de la politique américaine en matière d’immigration.
L’actuelle administration envisage une suppression généralisée des visas qui pourrait affecter des dizaines de pays africains, limitant les déplacements des étudiants, des travailleurs et des touristes. Cette politique rappelle les restrictions aux déplacements imposées par Trump lors de son premier mandat. Elle traduit un isolationnisme croissant des États-Unis vis-à-vis de l’Afrique, le continent étant davantage considéré comme un risque en matière de sécurité et de migration que comme un partenaire diplomatique ou économique.
Trump et l'Afrique du Sud L'hostilité de l'administration à l'égard de l'Afrique du Sud a été particulièrement frappante. Trump a expulsé l’ambassadeur sud-africain et imposé des sanctions. C'était en réponse aux politiques d'expropriation des terres de Pretoria et à ses positions de politique étrangère, en particulier ses efforts pour tenir Israël responsable de son génocide à Gaza[6]. L'administration marque cette sympathie pour le Hamas et l'Iran.
Ces mesures punitives reflètent l'inconfort plus large de l'administration à l'égard des gouvernements qui contestent l'hégémonie américaine, en particulier ceux au sein des BRICS. En présentant les positions politiques de l'Afrique du Sud comme “ anti-américaines, ” Trump a effectivement rompu l'une des relations diplomatiques les plus importantes entre les États-Unis et une puissance africaine. Cela joue également dans l'accent plus large mis par son administration sur le privilège des États de droite alignés sur les autoritaires tout en isolant les gouvernements perçus comme étant de gauche ou indépendants.
Les ressources des États-Unis, de la Chine et de l’Afrique
Dans le même temps, l’administration Trump poursuit un autre type d’engagement avec d’autres États africains, notamment dans le secteur des ressources. L'administration négocie actuellement un accord minerais contre sécurité avec la RDC[7]. Ils offrent une assistance militaire en échange d'un accès exclusif aux minéraux critiques, essentiels pour les industries américaines avancées, en particulier dans les domaines de la technologie et de la défense. L’accord accorderait aux entreprises américaines un contrôle étendu sur le cobalt et d’autres minéraux essentiels. Cela reflète un changement dans la stratégie américaine, passant de l’aide au développement à l’extraction économique directe ([NDLR : idem avec l'Ukraine[8]).
🔴 L'administration affirme que ce partenariat contribuera à stabiliser la RDC en fournissant une assistance en matière de sécurité.
Les critiques préviennent qu’il risque d’approfondir la dynamique néocoloniale en donnant la priorité à l’extraction des ressources plutôt qu’au véritable développement économique.
🔴 Dans le même temps, l'approche de la Chine à l'égard de l'Afrique change également.
Pendant deux décennies, Pékin a été le partenaire économique dominant du continent[9], finançant les infrastructures et le commerce à une échelle inégalée par aucune autre puissance extérieure[10]. Cependant, avec le ralentissement de l'économie intérieure de la Chine, sa volonté d'accorder des prêts à grande échelle aux gouvernements africains a diminué. Des pays comme la Zambie et le Kenya, lourdement endettés envers la Chine, ont déjà ressenti la pression de la stratégie de prêt recalibrée de Pékin. L’époque où la Chine offrait un crédit facile pour de grands projets d’infrastructure touche peut-être à sa fin, laissant les États africains dans une position précaire. De nombreux gouvernements, ayant structuré leur économie autour de la poursuite des investissements chinois, ont désormais du mal à s’adapter à cette nouvelle réalité. Ce changement laisse à l’Afrique moins d’options de financement extérieur, dans la mesure où les institutions financières occidentales ont également durci les conditions de prêt, en particulier pour les pays lourdement endettés.
Une nouvelle politique possible ? Pour les gouvernements africains, ces évolutions soulèvent des questions difficiles sur la stratégie politique et économique.
Le déclin des mouvements de libération nationale n’a pas encore abouti à l’émergence d’alternatives progressistes viables.
Les partis d’opposition de la région ont largement adopté des modèles de gouvernance néolibéraux plutôt que d’articuler de nouvelles visions de transformation économique.
Au lieu d’un changement décisif vers le renouveau démocratique, une grande partie du continent semble osciller entre une répression accrue de l’État et une opposition fragmentée.
De nombreux partis d’opposition, bien que critiquant ouvertement les gouvernements au pouvoir, n’ont pas réussi à proposer des programmes économiques qui rompent avec le paradigme néolibéral dominant.
Cela signifie que, même lorsque les partis au pouvoir sont confrontés à un déclin électoral, rien n’indique que leurs remplaçants modifieraient fondamentalement le paysage politique ou économique.
Même si les mouvements enracinés dans les luttes syndicales et populaires continuent de promouvoir le changement, leur capacité à remettre en question les structures de pouvoir bien établies reste incertaine. La faiblesse des alternatives de gauche en Afrique reflète aujourd’hui des tendances mondiales plus larges, où les forces socialistes et sociales-démocrates ont eu du mal à se réaffirmer dans un monde façonné par le capital financier et le pouvoir des entreprises.
🔴 Cependant, certains signes indiquent que cela pourrait changer.
Sur tout le continent, des appels croissants à la souveraineté économique, des demandes en faveur de programmes de protection sociale plus solides et une résistance accrue aux diktats financiers extérieurs se multiplient[11]. Si ces luttes se fondent en formations politiques plus cohérentes, elles pourraient constituer la base d’un nouveau type de politique qui romprait à la fois avec les échecs des partis post-libération et avec les limites des forces d’opposition libérales.
🔴 L’ordre politique post-libération en Afrique s’effondre, mais la suite est loin d’être claire.
L’érosion de la légitimité du parti au pouvoir ne s’est pas encore traduite par une transformation systémique significative. Dans de nombreux cas, cela a simplement ouvert la porte à de nouvelles formes de manœuvres d’élite. En ce moment de transition, la véritable bataille ne porte pas seulement sur les élections mais sur la nature même de l'État, la gouvernance économique, et la place de l'Afrique dans un ordre mondial en mutation rapide.
Jusqu'à ce que des alternatives émergent qui remettent en question la dépendance du continent à l'égard de la finance mondiale, de l'extraction des ressources et d'une croissance tirée par la dette, l'Afrique restera enfermée dans des cycles d'instabilité, avec ou sans les anciens mouvements de libération à la barre.
[5] America First fait référence à une théorie politique populiste aux États-Unis qui met l'accent sur la notion fondamentale de « prioriser l'Amérique », ce qui implique généralement d'ignorer les affaires mondiales et de se concentrer uniquement sur la politique intérieure aux États-Unis. Source : Wikipédia
« Tout est réuni pour que la politique de Trump produise à la fois une crise du capitalisme et une crise politique populaire... » Par cette porte inattendue, la « révolution citoyenne » peut surgir !
Dans les colonnes de l'Insoumission, Jean-Luc Mélenchon analyse les crises et les chocs provoqués par la mise en application des mesures de droit de douane aux Etats-Unis d’Amérique qui cherchent par tous les moyens à conserver leur domination sur le monde. Le leader insoumis alerte sur les chocs majeurs, un choc récessif et inflationniste dans tous les pays, un choc financier, et un choc social qui s’ajoute comme conséquences des dévastations que les deux premiers vont produire, ainsi qu’un choc guerrier.
« Condamner la politique absurde de Donald Trump ne signifie pas que nous serions d’une manière ou d’une autre ralliés à la doctrine du libre-échange »
La mise en application des mesures de droits de douane aux États-Unis d’Amérique est dorénavant bien comprise comme un événement considérable.
Il s’agit ici de la re-fragmentation du système des échanges commerciaux mondiaux et par conséquent de tous les aspects de la production et de l’organisation des échanges et de la division internationale du travail.
Est mis à terre l’ordre sur lequel reposait toutes les mesures politiques, économiques et sociales depuis quarante ans au moins.
Il est impossible qu’un tel revirement survienne sans provoquer de considérables secousses.
🔴 Nous-mêmes, Insoumis, n’avons jamais été partisans du libre-échange.
Mais nous avons toujours considéré qu’il n’était pas possible de procéder à la hache pour mettre en place le protectionnisme nécessaire pour permettre à notre nation de retrouver par exemple sa souveraineté alimentaire et sanitaire. Et de même pour l’essentiel des produits industriels dont elle a besoin pour assurer ses industries de pointe comme le spatial, le numérique, le maritime, en imposant sur tous ces terrains d’actions économiques 100 pour-cent de droits de douane.
C’est pourquoi nous parlions de « protectionnisme solidaire », ce qui signifiait dans notre esprit un retour au bilatéralisme pour ce qui est de la négociation des droits de douane, en fonction des intérêts mutuels qui pouvaient être négociés dans cette circonstance, au cas par cas, pays par pays. Condamner la politique absurde de Donald Trump ne signifie pas que nous serions d’une manière ou d’une autre ralliés à la doctrine du libre-échange et de la « concurrence libre et non faussée ».
Mais nous ne pouvons accepter qu’en tel choc soit infligé à l’ensemble de l’économie mondiale. Et donc très directement à tous les peuples du monde. Surtout venant d’une puissance brutale qui n’a aucun autre objectif que de conforter sa puissance, et si possible de l’amplifier. Et dans tous les cas de l’imposer au reste du monde.
« La certitude d’une aggravation des tensions sociales partout et des « lutte de classes ». » Nous pouvons deviner au moins deux conséquences probables au vu des conditions dans lesquelles s’opère la politique de Monsieur Trump.
La première est que d’un côté les droits de douane des USA,
de l’autre les répliques dans tous les autres pays du monde ce sera autant d’inflation importée partout.
Et cette inflation vient s’ajouter à celle qui déjà s’est produite après la COVID du fait du rattrapage par les prix des retards d’accumulation des principales puissances capitalistes, grandes entreprises, banques et autres. Dans la période immédiatement précédente, aucune compensation salariale n’a été accordée d’une manière générale pour rattraper la ponction de l’inflation sur les salaires. Seuls quelques pays, seuls quelques activités dans quelques pays ont bénéficié de rattrapage.
Mais globalement, les peuples se sont appauvris. Le nouveau choc inflationniste va donc tomber sur un terrain déjà meurtri. Et dans une logique des rapports sociaux qui sont celles de la période du néolibéralisme triomphant. C’est-à-dire des rapports sociaux brutaux et totalement déséquilibrés.C’est donc la certitude d’une aggravation des tensions sociales partout et des « lutte de classes ». Qui en résulte d’une façon générale.
Dans de telles circonstances. Plus ces tensions interviendront dans des sociétés déjà déséquilibré du point de vue du fonctionnement de leur démocratie et de l’exaspération des tensions déjà présentes, plus évidemment, elles généreront de crises politiques. Jusque dans des formes majeures, comme celle de « révolutions citoyennes ». C’est-à-dire d’une volonté de reprise du contrôle par le grand nombre sur sa destinée.
« Tout est réuni pour que la politique de Trump produise à la fois une crise du capitalisme et une crise politique populaire » À côté de cet événement social, et peut-être avant lui l’autre conséquence de la politique douanière de Trump, c’est le déséquilibre qu’il introduit à l’intérieur de la sphère financière globale c’est-à-dire du choc qui lui inflige et qui peut produire par effet domino une contagion de paniques boursières. Et d’effondrement en chaîne de sociétés liées les unes aux autres, soit par des prêts interentreprises, soit par des prêts bancaires qu’elles ne peuvent plus honorer. Dans ces conditions, tout est réuni pour que la politique de Trump produise à la fois une crise du capitalisme et une crise politique populaire.
L’intéressé, Donald Trump lui-même a d’ores et déjà admis que sa politique aurait un effet récessif aux États-Unis d’Amérique. Mais évidemment, et par contagion, danstoutes les nations productives du monde qui verront leur commerce mutuel passer au ralenti d’une manière considérable.
À mes yeux, il n’y a aucune chance pour que les États-Unis dans un tel épisode et en 4 ans, de la durée d’un mandat présidentiel arrive à reconstituer une base productive industrielle au niveau auquel Trump voudrait la voir parvenir pour effacer le solde abyssal du déséquilibre du commerce extérieur nord-américain. Encore faut-il bien comprendre que ce déséquilibre a été le mode d’organisation de l’économie mondiale depuis 1971. C’est parce que les États-Unis achetaient à crédit partout qu’une animation du commerce et de la production avait lieu sans qu’on ne demande jamais aux États-Unis la contrepartie des dollars qu’ils émettaient pour combler leur déficit.
Un tel système ne durera pas et poussera sans aucun doute les nations qui ont été piégées par l’usage du dollar à devoir s’en passer et à se passer des relations avec les États-Unis d’Amérique. Mais rien de tout cela ne peut avoir lieu sans que tout commence par la récession.Or, d’ores et déjà, plusieurs économies, et non des moindres dans le monde, comme celle de l’Allemagne sont en récession. La France de son côté ne prévoit pas d’augmentation de sa croissance de plus de 0,7%, c’est à dire quasiment la stagnation.
Dès lors :
les recettes fiscales seront en baisse.
Les dépenses sociales liées au chômage et à la mauvaise santé seront en hausse.
Et la mécanique qui a déjà ruiné le pays s’amplifiera puisqu’on refuse de mettre à contribution les grandes fortunes.
Tout cela ne peut que conduire au chaos comme celui qui se prépare avec par exemple le gel de 9 milliards des crédits votés dans le budget de l’État.
Des chocs majeurs vers un choc guerrier On ne sait combien de temps Donald Trump pourra continuer sur sa lancée sans rencontrer de résistance. La politique dont il a fixé les grandes orientations, à savoir :
la paix en Europe aux conditions de la Russie et sans la participation des Européens pour obtenir des garanties mutuelles avec les Russes se conclura donc dans des conditions instables et menaçantes pour le futur.
La paix au Moyen-Orient semble prendre chaque jour prendre un visage de bouleversement de la carte géopolitique que ce soit aux frontières du Liban, de la Syrie et sans doute ensuite plus loin comme avec l’Iran.
Mais fondamentalement, la préparation de la guerre[0]dans la mer de Chine n’aura pas cessé un seul jour depuis des mois et des mois.Les incidents sont quasi quotidiens. L’installation sur la pointe avancée des Philippines d’ogives nucléaires nord-américaine capable d’atteindre le continent et en particulier le territoire de la Chine[1] continentale, est une provocation. Elle fait penser à celle qui fut organisée contre la Russie soviétique quand les Américains installèrent en Turquie leurs missiles, a quoi les Russes répondirent par l’installation des leurs missiles à 150 km eux aussi de la frontière des États-Unis d’Amérique, à Cuba.
Il est absolument exclu d’imaginer que les Chinois, d’une quelconque manière, se laissent intimider par la puissance déclinante des États-Unis d’Amérique.
Il est également exclu de penser que les États européens, contrairement à ce que disent leurs discours, soient capables d’organiser une « défense européenne » souveraine.
Rien n’en prend le chemin.C’est par dizaines et dizaines que des avions F 35 sont commandés aux États-Unis d’Amérique par tous les pays d’Europe. Tous ces avions interviennent dans le cadre de l’Inter opérationnalité avec le matériel américain. C’est-à-dire sous le contrôle direct de la présidence des États-Unis d’Amérique qui peut décider quel avion décolle et quel avion ne décolle pas, quelle cible peut être visée et qu’elle ne peut pas l’être.
Et cela dans le même temps où la pression pour confisquer le Groenland au profit des États-Unis d’Amérique contre le Danemark n’a pas cessé un seul jour et semble se diriger, comme pour les autres objectifs fixés par Trump par une mise en œuvre matérielle concrète, à horizon très proche. Tout cela inflige donc des chocs majeurs :
un choc récessif et inflationniste dans tous les pays ;
un choc financier sur l’ensemble de la sphère numérique financière globale ;
un choc social s’ajoutant comme conséquences des dévastations que les deux premiers vont produire ;
La « révolution citoyenne » peut surgir par cette porte inattendue ouverte par l’absurdité de la politique des USA. Ce qui compte n’est pas l’addition des crises, mais leur superposition. Et cette superposition, intervient elle-même dans un contexte d’aggravation des conséquences de la crise climatique globale.Il est donc prévisible, a moins d’un changement d’orientation majeur que cela conduise d’une façon générale à une crise de la civilisation humaine comparable à celles qui ont été le résultat des 2 premières guerres mondiales.Et par conséquent, toutes les sociétés seront mises au défi de savoir où elles veulent aller et quels moyens elles se donnent de le faire.
Il faudra s’aligner sans rechigner et sans discuter sur les désidératas des Nord-américains et payer le tribut qu’ils ont fixé à tous leurs alliés.
C’est-à-dire 5% de leur PIB consacré à des dépenses militaires pour acheter du matériel américain.
Ou bien s’inscrire dans une logique alternative c’est-à-dire de non-alignement aux côtés de tous ceux qui refusent de céder, qui refusent d’entrer dans une logique de confrontations violentes et guerrières avec l’une ou l’autre des puissances.
🔴 C’est à la fois un moment très dangereux et un moment plein d’opportunités.
Mais un moment dans lesquels les faux pas, les à-peu-près, et les faux-semblants ne peuvent produire que des désastres.Plus que jamais les Insoumis doivent se présenter comme l’alternative à la marche, à la ruine du monde cela dans notre pays avec le peuple qui le fait vivre.
Sans concession.
Sans arrangement.
Sans dilution de la clarté et de la cohérence des objectifs de son programme si l’on veut d’un « avenir en commun ».
La « révolution citoyenne » peut surgir par cette porte inattendue ouverte par l’absurdité de la politique des USA.
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Alors quelle riposte efficace contre Trump ?
Beaucoup d’argent est en train de s’envoler en fumée, comme c’est toujours le cas lorsqu’il y a une crise financière du capitalisme. Je complète mon analyse parue ci-dessus puisque les événements confirment mon angle d’analyse.
Pour accéder au texte d'analyse complet sur la riposte à Trump cliquez sur l'image de Trump ci-dessous.👇
Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a publié une déclaration[0] explicite d’intention génocidaire à l’égard de la population de Gaza, menaçant les civils de l’enclave d’une punition collective sous la forme d’une « dévastation totale » s’ils ne trouvent pas le moyen de renverser le Hamas et de libérer tous les otages israéliens.
🔴 « Résidents de Gaza, ceci est votre dernier avertissement. Le premier Sinwar a détruit Gaza, et le second Sinwar entraînera sa ruine totale. L’attaque de l’armée de l’air israélienne contre les terroristes du Hamas n’était que la première étape. Ce qui suivra sera bien plus dur, et vous en supporterez tout le coût.
🔴 « L’évacuation de la population des zones de combat reprendra bientôt. Si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et si le Hamas n’est pas chassé de Gaza, Israël agira avec une force que vous n’avez jamais connue auparavant.
🔴« Suivez le conseil du président américain : rendez les otages et chassez le Hamas, et de nouvelles options s’ouvriront à vous, y compris la relocalisation dans d’autres parties du monde pour ceux qui le souhaitent. L’alternative est la destruction et la dévastation totale ».
Lorsque Katz dit « Suivez le conseil du président américain », il fait référence à une déclaration faite par le président Trump le 5 mars, qui a fait essentiellement la même menace adressée « au peuple de Gaza », en disant : «Un bel avenir vous attend, mais pas si vous retenez des otages. Si vous le faites, vous êtes MORTS ! Prenez une décision intelligente. LIBÉREZ LES OTAGES MAINTENANT, OU IL Y AURA UN ENFER À PAYER PLUS TARD ! »
Lorsque j’ai critiqué le président américain pour ces remarques qui menacent explicitement les civils de Gaza, j’ai reçu un déluge de partisans de Trump me disant qu’il ne parlait pas vraiment de « la population de Gaza » comme il l’a dit, mais qu’il ne parlait plutôt que de ceux qui retiennent activement des otages. La déclaration de M. Katz montre clairement qu’ils avaient tort et que ceux d’entre nous qui ont appelé un chat un chat à l’époque avaient raison.
Le ministre israélien de la défense ne fait que suivre la position de Trump et réitérer ce que tous ceux qui ne sont pas des partisans à œillères savaient que Trump disait il y a deux semaines. Il le fait exactement de la même manière que Benjamin Netanyahou a suivi la position de Trump sur le nettoyage ethnique de Gaza le mois dernier en " approuvant avec enthousiasme[3] " le plan proposé par Trump pour " expulser définitivement tous les Palestiniens de l’enclave[4] ". Trump propose un plan, et les responsables israéliens le mettent en œuvre.
Les gouvernements américain et israélien menacent donc ouvertement l’ensemble de la population de la bande de Gaza du crime de guerre de " punition collective[5] " s’ils ne chassent pas le Hamas de Gaza, et annoncent en outre leur intention d’infliger une « dévastation totale » à cette population s’ils ne le font pas.
🔴Il s’agit là de l’aveu le plus explicite possible d’une intention génocidaire.
Dans le cadre du procès pour génocide intenté à Israël devant la Cour internationale de justice[6], les procureurs sud-africains ont rassemblé une montagne de preuves[7] attestant de l’intention des responsables israéliens de commettre un génocide à Gaza.Ainsi, M. Netanyahou a qualifié la population de Gaza d’« Amalek », en référence à un récit biblique relatant l’histoire d’un peuple qui a été complètement anéanti sur ordre de Dieu, ou l’ancien ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a décrit les Palestiniens de Gaza comme des « animaux humains » tout en déclarant un « siège total » de l’enclave.
🔴Raz Segal et Penny Green, d’Al Jazeera, ont écrit ce qui suit[8]à propos de l’affaire de la CIJ l’année dernière :
« Le crime de génocide comporte deux éléments - l’intention et l’exécution - qui doivent tous deux être prouvés lorsque des accusations sont portées... L’intention est généralement plus difficile à prouver lorsque des accusations de génocide sont portées ; le requérant doit être en mesure de prouver « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel », selon les termes de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide. Mais dans le cas d’Israël, l’intention a également été mise à nu par un grand nombre de preuves, comme l’a souligné l’équipe juridique sud-africaine».
La déclaration de M. Katz est probablement l’aveu le plus clair et le plus explicite à ce jour. Il est difficile d’imaginer une déclaration d’intention génocidaire plus claire que la diffusion d’une vidéo adressée à une population civile la menaçant de « dévastation totale » si elle ne fait pas ce qu’on lui dit de faire.
Nous pouvons être sûrs que ces déclarations de Katz et de Trump ont été ajoutées aux dossiers de ceux qui espèrent pouvoir un jour poursuivre avec succès ces monstres pour crimes de guerre.
Nous pouvons également être sûrs qu’elles seront enregistrées dans ce qui sera finalement considéré comme l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de notre civilisation.
Des millions provenant des oligarques – pour le bien-être et la défense ! Pour une Ukraine sans oligarques ni occupants !
Les politiques prédatrices du nouveau président américain rendent impossible l’instauration d’une paix durable pour les Ukrainiens. Le refus de l’Ukraine de signer l’accord d’extraction minière, conçu pour servir les intérêts du capital américain, témoigne de sa détermination à éviter la dépendance coloniale. Cela ouvre la voie à l’exploration d’un modèle de relations plus équitables entre l’Ukraine et les États d’Europe, d’Asie et du reste du monde, sous le signe de la résistance à la domination impérialiste. Cependant, si la politique actuelle persiste, l’Ukraine risque une réduction imminente, voire un arrêt complet, de l’aide militaire des États-Unis.
Cette aide n’a jamais été opportune ni suffisante.Cependant, son arrêt serait profondément ressenti.
Si l’État ukrainien est déterminé à maintenir l’effort militaire jusqu’à la libération de ses territoires ou la défaite décisive de l’agresseur, il doit adopter les méthodes appropriées. Selon nous, la défense de l’Ukraine pourrait être renforcée par une transition vers une politique de « socialisme de guerre », qui impliquerait la mobilisation de capitaux suffisants pour servir l’État par le biais de confiscations et l’abandon de la régulation économique fondée sur le marché.Une telle politique, combinée à une redistribution des richesses, réduirait le fardeau de la guerre qui pèse de manière disproportionnée sur les couches les plus pauvres de la société ukrainienne.
La communauté européenne a déjà réagi aux déclarations de Trump en augmentant ses budgets de défense et en augmentant son aide militaire à l’Ukraine. Il convient de noter que depuis l’invasion à grande échelle, le gouvernement a pris des mesures importantes pour renforcer ses propres capacités de défense, ancrer localement la production occidentale, relancer ses programmes de missiles et intensifier son programme de drones. Cependant, l’Ukraine dispose encore d’un potentiel substantiel pour mobiliser ses ressources internes.
Le Mouvement social (Sotsialnyi Rukh) a longtemps souligné la nécessité de ces mesures, mais elles sont désormais essentielles pour la capacité de l’Ukraine à se défendre.
Le principal obstacle à une mobilisation efficace des ressources est la politique néolibérale, qui privilégie la propriété privée, encourage le profit et permet l’accumulation de richesses par des particuliers. Tant que les villes ukrainiennes resteront occupées et que l’agresseur russe conservera ses capacités offensives, tous les secteurs de l’économie doivent fonctionner de manière coordonnée, maximisant leur contribution à l’effort de défense.
La majeure partie des ressources financières devrait être concentrée entre les mains de l’État et investie dans le secteur de la défense, tandis que les capitaux privés devraient être soumis à une fiscalité progressive pour renflouer le budget de l’État. Le renforcement de la défense est indissociable d’investissements massifs dans le domaine social :
création d’emplois (notamment dans les secteurs d’infrastructures critiques) ;
amélioration du secteur des soins pour permettre à davantage de femmes d’intégrer le marché du travail, et amélioration de l’accès aux services sociaux tels que les soins de santé ;
l’hébergement temporaire et la réadaptation.
Ces mesures pourraient également contribuer à faire revenir des citoyens de l’étranger.
En outre, il est essentiel d’améliorer les garanties sociales pour les militaires, en particulier ceux qui défendent l’Ukraine depuis 2022.
La singularité de la situation ukrainienne réside dans le fait que le démantèlement du capitalisme oligarchique est devenu plus que jamais possible dans un contexte de guerre totale et que cela est légitimé par la société.
Premièrement, une part importante des services publics essentiels, déterminants pour la résilience de l’Ukraine, est déjà assurée par des entreprises publiques (chemins de fer, services postaux, santé, éducation, banques).
Deuxièmement, de nombreuses entreprises (principalement celles liées aux oligarques russes) ont été nationalisées et la part du PIB redistribuée via le budget a augmenté.
Troisièmement, les oligarques ukrainiens ont déjà perdu une partie de leur richesse et de leurs leviers de contrôle, se soumettant de plus en plus à l’influence du pouvoir d’État.
🔴 Il est donc urgent et nécessaire de mettre en œuvre :
Un audit des ressources naturelles et des terres permettra de déterminer leurs propriétaires et les avantages publics découlant de leur exploitation. La transparence dans le contrôle de la richesse nationale n’est pas nécessaire pour la commercialisation hâtive de ces ressources, mais pour comprendre les fondements sur lesquels repose la croissance de la prospérité générale. Cela motivera la population à lutter plus efficacement pour sa patrie et ses perspectives sociales.
Il faut établir un contrôle étatique sur les entreprises des secteurs stratégiques de l’économie et mettre en place une production de masse pour répondre aux besoins des populations en première ligne.
L’industrie doit œuvrer dans l’intérêt de la défense, et non pour suivre les fluctuations du marché.
Il faut restituer à l’État la propriété des infrastructures essentielles
L’accès aux biens de première nécessité ne doit pas servir de pâture aux oligarques ni de moyen de détourner les aides de l’État vers les poches des monopoleurs.
Maintenir DTEK Société de carburant et de l’énergie du Donbass- NDT entre les mains de Rinat Akhmetov ou les entreprises énergétiques régionales entre les mains de Vadym Novynskyi est un acte injustifié de charité de l’État en faveur des oligarques.
Réexaminer les résultats de la privatisation spoliatrice.Les entreprises rachetées pour une bouchée de pain devraient être restituées à l’État, sinon la différence entre le prix d’achat et la valeur marchande réelle devrait être compensée. En premier lieu, les entreprises des secteurs minier, mécanique et chimique, essentielles à la défense, devraient être placées sous le contrôle de l’État. Il faut arrêter de ponctionner les subventions ; que les oligarques paient !
Dénoncer tout accord visant à éviter la double imposition avec Chypre, les Îles Vierges et d’autres juridictions offshore. La valeur ajoutée créée grâce aux ressources naturelles, aux infrastructures et à la main-d’œuvre ukrainiennes devrait être imposée ici, et uniquement ici.
Instaurer une fiscalité progressive et une taxe de luxe. La défense du pays repose sur l’héroïsme et les sacrifices des paysans, des ouvriers et des petites entreprises ukrainiens. Pour préserver le pays, les plus riches doivent sacrifier leur fortune, proportionnellement à l’influence qu’ils exerçaient avant la guerre - le taux d’imposition maximal devrait atteindre 90 % du revenu. Sans activisme fiscal, l’Ukraine tombera dans un piège d’endettement insurmontable (d’ici 2025, la dette extérieure pourrait approcher 100 % du PIB).
Instaurer le contrôle des travailleurs dans les entreprises comme outil efficace d’audit interne et forme de société auto-organisée. Depuis les premiers jours de la guerre jusqu’à aujourd’hui, le pays a été le théâtre de scandales de corruption liés à des détournements de fonds. Un contrôle permanent par les syndicats et les comités d’entreprise est essentiel pour une plus grande transparence des actions des dirigeants et pour prévenir la corruption. Il est possible de corrompre des individus, mais impossible de corrompre une collectivité entière. Accorder des pouvoirs de contrôle effectifs aux syndicats encouragera le développement d’un véritable mouvement ouvrier.
Abandonner la pratique antérieure de sous-financement de l’éducation et de la science. La haute technologie de la guerre moderne rend le rôle des ingénieurs et des ouvriers qualifiés tout aussi important que celui des soldats.
Seule l’inertie éducative de l’époque précédente, combinée à la culture technique répandue de la population ukrainienne, a rendu possibles la conception, la production et la maîtrise de nombreux outils techniques modernes qui nous confèrent un avantage sur le champ de bataille. Nous ne pouvons plus compter sur l’inertie des époques passées. Des investissements importants dans l’éducation et la science auraient été nécessaires hier. Sans développement du secteur social, l’Ukraine est confrontée à une émigration massive et à une crise démographique qui l’empêcheront de compenser les pertes humaines.
Monopole d’État sur les exportations. En 2024, les exportations de produits agricoles ont atteint le chiffre record de 24,5 milliards de dollars, alors que les profits continuent de profiter aux particuliers.
Révision des relations avec l’Europe concernant le sort des actifs russes. En se débarrassant des vestiges de l’influence oligarchique, l’Ukraine guérira de la corruption, ce qui permettra d’engager une discussion de fond sur le transfert des actifs russes gelés pour les besoins ukrainiens. Actuellement, environ 200 milliards de dollars sur les 300 milliards de dollars d’actifs d’origine russe sont détenus dans des pays européens.
Améliorer le prestige social du personnel militaire. La reconstitution du budget de l’État permettra de verser une juste compensation financière aux soldats blessés souhaitant reprendre du service. Il est essentiel de rétablir le maintien du salaire moyen des militaires mobilisés, ce qui garantira aux forces armées ukrainiennes le potentiel nécessaire en effectifs.
La mise en œuvre de ces mesures est impossible sans une rupture entre les dirigeants du pays, les grandes entreprises et leurs vecteurs d’influence.
Si certaines de ces mesures sont mises en œuvre, elles renforceront la confiance du public envers le gouvernement. Les véritables garanties de la sécurité de l’Ukraine résident dans le renforcement des liens sociaux internes. D’un autre côté, les autres pays ne nous aideront pas tant que nous n’aurons pas démontré notre volonté de privilégier les intérêts de la défense plutôt que ceux du marché. Et, 34 ans après son indépendance, l’Ukraine devra apprendre à vivre sans oligarques et capitalistes.Alors que l’Ukraine dispose encore d’importantes ressources financières, industrielles et humaines, ne pas progresser vers leur socialisation serait une erreur majeure.
🔴 Le gouvernement ukrainien a désormais une occasion unique de démontrer concrètement ce qu’il est prêt à sacrifier : le pays ou les oligarques.
Si nous mettons fin au chaos néolibéral qui creuse le fossé entre riches et pauvres, nous unirons le peuple et deviendrons une force unificatrice d’envergure mondiale !
Si nous reconstruisons l’économie sur des principes sociaux, nous résisterons.
Des millions provenant des oligarques – pour le bien-être et la défense !
Hillary Clinton : « La guerre contre la Libye visait à empêcher la souveraineté économique de l’Afrique ![1]»
En France : « Déclaration du Gouvernement sur l’intervention des forces armées en Libye et débat sur cette déclaration », séance du 21 mars 2011 à l’Assemblée nationale avec Fillon, Juppé, Ayrault etc. « tous ensemble, tous ensemble…[2] »
Le 19 mars 2011, les forces EU/OTAN commençaient le bombardement aéronaval de la Libye. La guerre fut dirigée par les États-Unis, d’abord via le Commandement Africa, puis par l’OTAN sous commandement des EU.
Le 19 mars 2011, les forces EU/OTAN commençaient le bombardement aéronaval de la Libye.
En sept mois, l’aviation EU/OTAN effectue 30 mille missions, dont 10 mille d’attaque, avec plus de 40 000 bombes et missiles. L’Italie – avec le consensus multi-partisan du Parlement (Partito democratico au premier rang) – participe à la guerre :
avec 7 bases aériennes (Trapani, Gioia deL Colle, Sigonella, Decimomannu, Aviano, Amendola et Pantelleria) ;
avec des chasseurs bombardiers Tornado, Eurofighter et d’autres, avec le porte-avions Garibaldi et d’autres navires de guerre.
Avant même l’offensive aéro-navale, avaient été financés et armés en Libye des secteurs tribaux et groupes islamistes hostiles au gouvernement, et infiltrées des forces spéciales notamment qataris, pour propager les affrontements armés à l’intérieur du pays.
Ainsi est démoli cet État africain qui, comme l’expliquait la Banque mondiale en 2010, maintenait « de hauts niveaux de croissance économique »
Ces « hauts niveaux de croissance économique » se traduisaient par une augmentation annuelle du PIB de 7,5%, et enregistrait « de hauts indicateurs de développement humain » parmi lesquels l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et, pour plus de 40% aux universités. Malgré les disparités, le niveau de vie moyen était en Libye plus haut que dans les autres pays africains. Environ deux millions d’immigrés, en majorité africains, y trouvaient du travail.
L’État libyen, qui possédait les plus grandes réserves pétrolifères de l’Afrique plus d’autres en gaz naturel, laissait des marges de profit limitées aux compagnies étrangères.
Grâce à l’exportation énergétique, la balance commerciale libyenne avait un excédent annuel de 27 milliards de dollars.
Avec de telles ressources, l’État libyen avait investi à l’étranger environ 150 milliards de dollars.
Les investissements libyens en Afrique étaient déterminants pour le projet de l’Union africaine de créer trois organismes financiers : le Fonds monétaire africain, avec siège à Yaoundé (Cameroun) ; la Banque centrale africaine, avec siège à Abuja (Nigeria) ; la Banque africaine d’investissement, avec siège à Tripoli. Ces organismes auraient servi à créer un marché commun et une monnaie unique de l’Afrique.
Ce n’est pas un hasard si la guerre OTAN pour démolir l’État libyen commence moins de deux mois après le sommet de l’Union africaine
Car, le 31 janvier 2011, ce sommet de l'Union Africaine avait donné son feu vert pour la création dans l’année du Fonds monétaire africain.
Le prouvent les e-mails de la secrétaire d’État de l’administration Obama, Hillary Clinton, mis en lumière ensuite par WikiLeaks : États-Unis et France voulaient éliminer Kadhafi avant qu’il n’utilise les réserves en or de la Libye pour créer une monnaie pan-africaine alternative au dollar et au franc CFA (la monnaie imposée par la France à 14 de ses ex-colonies).
Ceci est prouvé par le fait que, avant qu’en 2011 n’entrent en action les bombardiers, ce sont les banques qui entrent en action : elles séquestrent les 150 milliards de dollars investis à l’étranger par l’État libyen, dont la plus grande partie disparaît.Dans la grande rapine se distingue Goldman Sachs, la plus puissante banque d’affaires étasunienne, dont Mario Draghi a été vice-président.
Aujourd’hui en Libye les entrées de l’export énergétique se trouvent accaparées par des groupes de pouvoir et des multinationales, dans une situation chaotique d’affrontements armés.
Le niveau de vie moyen de la majorité de la population s’est effondré. Les immigrés africains, accusés d’être « des mercenaires de Kadhafi », ont été emprisonnés jusque dans des cages de zoo, torturés et assassinés.
La Libye est devenue la principale voie de transit, aux mains de trafiquants d’êtres humains, d’un chaotique flux migratoire vers l’Europe qui a provoqué beaucoup plus de victimes que la guerre de 2011.
À Tawerga, les milices islamistes de Misrata soutenues par l’OTAN (celles qui ont assassiné Kadhafi en octobre 2011) ont accompli un véritable nettoyage ethnique, contraignant presque 50 000 citoyens libyens à fuir sans pouvoir y revenir.
De tout cela est responsable aussi le Parlement italien qui, le 18 mars 2011, engageait le Gouvernement à « adopter toute initiative (c’est-à-dire l’entrée en guerre de l’Italie contre la Libye) pour assurer la protection des populations de la région ».
L’impérialisme chinois ne s’étend pas en créant des bases militaires ou en occupant du territoire, mais dispute avec le centre impérial la domination sur une partie du monde – et là, il a gagné.
À la fin de la première semaine de septembre 2024, le Forum de la Coopération sino-africaine s’est réuni en Chine, avec la présence de 53 des 54 pays africains[0] (l’eSwatini, anciennement Swaziland, est resté à l’écart, étant le seul pays du continent à reconnaître Taïwan).
Lors du forum, Jinping (Président de la République populaire de Chine) a promis que dans les trois prochaines années, la Chine investirait environ 50 milliards de dollars en Afrique[3], soit en investissements directs (un cinquième de cette valeur), soit en prêts et en dons. La question que je pose ici est la suivante : la Chine est-elle une puissance impérialiste et cette relation avec l’Afrique fait-elle partie d’un projet néocolonial ?
La transformation de l’économie chinoise en usine du monde ne compte que quelques décennies. C’est donc pendant cette période récente que la Chine est devenue une puissance économique, en maintenant le contrôle public sur le système financier et les règles pour l’investissement étranger, tout en appliquant un taux élevé d’effort d’investissement, de développement technologique planifié et d’accumulation de capital dans certaines grandes entreprises privées. Son PIB est supérieur à celui des Etats-Unis en parité de pouvoir d’achat[1] et pourrait bientôt être plus important en termes absolus (bien que, la population chinoise étant cinq fois plus importante, le PIB par habitant soit beaucoup plus faible), ses excédents commerciaux sont plus importants et sa capacité à thésauriser des réserves est donc supérieure à celle de ses concurrents.
🔴 En 2013, le gouvernement chinois a lancé une initiative économique et diplomatique, la « Nouvelle Route de la Soie », par analogie avec les circuits commerciaux depuis l’époque de Marco Polo, mais cette fois sous direction chinoise (Ce projet baptisé Belt and Road Initiative (BRI) a pour objectif d’améliorer les voies de communication et la coopération à l’échelle transcontinentale][2].
🔴 En 2023, 152 pays se sont réunis pour célébrer ce mouvement de capitaux et d’intérêts. La réunion de septembre
avec les pays africains correspond à un processus parallèle qui, comme le montre le graphique, s’est développé depuis 2000 jusqu’à ce que la Chine devienne le principal partenaire commercial de l’Afrique et, de loin, la principale économie investisseuse. En annonçant les 50 milliards, le président chinois a ajouté qu’ils créeraient un million d’emplois[3], mais a aussi entendu les dirigeants africains contester le poids des dettes antérieures et demander que la relation inégale ne soit pas accentuée. De plus, comme le montre le graphique, entre 2016 et aujourd’hui, les prêts chinois ont été réduits d’environ moitié en termes de poids dans le PIB africain, et le montant annoncé est inférieur à celui des années de pic de cette relation. Par ailleurs, les investissements se concentrent dans quelques pays (dans l’ordre : Afrique du Sud, Angola, Nigeria, Congo, Égypte).
Il n’y a eu aucun signe d’allègement de la dette. Cette relation économique subordonne donc les pays africains. Et, si les infrastructures créées sont particulièrement orientées vers l’extraction minière (le commerce entre la Chine et l’Afrique a augmenté en 2023 pour atteindre 282 milliards de dollars[4]), l’engagement de ces économies africaines dans le rentisme extractif est la contrepartie de la rentabilité des grandes entreprises technologiques chinoises. Ainsi, cette forme de subordination est une exploitation néocoloniale.
Empire La transformation de la Chine en une économie capitaliste n’a pas d’équivalent avec ce que l’on connaît dans d’autres pays. Avec la chute du régime de l’URSS, sa structure politique s’est effondrée et, s’il est vrai que beaucoup des bénéficiaires du raid de la piraterie privatisatrice, les nouveaux magnats, avaient été des chefs du parti communiste et des bureaucrates régionaux ou nationaux, ce transit s’est fait dans un nouveau cadre politique, à l’époque dirigé par Eltsine. Dans le cas angolais, c’est le parti de la résistance anticoloniale qui, arrivé au pouvoir, a donné à son président et à ses généraux le pouvoir de voler les ressources et de constituer leurs fortunes personnelles[5]. Ainsi, l’accumulation de capital s’est faite par la rupture politique.
🔴 Or, dans le cas chinois, il y a une continuité politique garantie par l’hégémonie du parti communiste. C’est précisément sa bureaucratie qui répond aux deux principales formes de création d’une classe capitaliste, l’une pour la combattre et l’autre pour la promouvoir :
la corruption, qui est fustigée par les autorités car elle empêche leur contrôle sur les mécanismes de formation des fortunes ;
et la propriété et la direction d’entreprises qui bénéficient des exportations et, de plus en plus, du marché intérieur.
🔴 Ainsi, c’est un capitalisme tutélaire de l’État sous une forme historiquement inédite, étant donné la particularité d’être dirigé par un parti communiste. Mais c’est une économie capitaliste et 60% du PIB est généré par ces secteurs d’accumulation privée, correspondant probablement aux trois quarts de l’emploi[6]. La relation avec l’Afrique, qui vise à obtenir des importations d’énergie fossile et surtout de minéraux fondamentaux pour les productions de matériel de communication, est une composante importante de cette carte.
En même temps, Jinping (Président de la République populaire de Chine) assure la fidélité des alliés et, étant de loin le principal partenaire économique de l’Afrique, dirige un réseau d’alliances qui secondarise le rôle de Washington sur ce continent. L’impérialisme chinois ne s’étend pas en créant des bases militaires ou en occupant du territoire, mais dispute avec le centre impérial la domination sur une partie du monde – et là, il a gagné.
« Tu es restée bien silencieuse le 7 octobre. »
Quelques semaines après l’attaque du Hamas contre des soldats et des civils israéliens, il y a un an, une de mes connaissances racontait sur Facebook avoir reçu ce message d’une amie. Je n’ai pas échappé non plus à ce flicage de l’expression de la sympathie pour les victimes israéliennes, la mienne ayant été jugée trop tardive. Horrifiée, je l’étais ; mais j’étais aussi tétanisée, et désespérée.
🔴 Tétanisée, parce que je voyais combien le choc provoqué par le massacre du Hamas était immédiatement instrumentalisé, y compris par une surenchère d’allégations mensongères « bébés décapités », « femme enceinte éventrée », « bébé placé dans un four », afin de mieux exciter la soif de vengeance. Il a été utilisé pour justifier les bombardements sur Gaza, qui ont commencé dès le 7 octobre, puis ce qui n’allait pas tarder à devenir le génocide du peuple palestinien. Israël a « transformé le traumatisme en arme de guerre », comme Naomi Klein vient de le décrire dans un article époustouflant [0].
🔴 Et désespérée, parce que je comprenais brusquement une chose : la justice pour les Palestiniens, que ne cessaient d’attendre – sans doute naïvement – toutes les personnes qui, comme moi, suivent avec attention la situation en Israël-Palestine depuis trente ans ou plus,cette justice ne viendrait jamais.
Les bombardements sur Gaza et la décimation de familles entières, en particulier en 2008-2009 et en 2014[1] ;
La répression de la Grande marche du retour, en 2018, au cours de laquelle les snipers israéliens, en plus de tuer 223 manifestants, ont pulvérisé des rotules à la chaîne ;
le meurtre d’Ahmad Erekat[1bis], en 2020, et tant d’autres exécutions sommaires ;
l’assassinat de la journaliste Shireen Abu-Akleh, en mai 2022, puis l’attaque de son convoi funéraire par la police israélienne, qui a presque renversé son cercueil (Abu-Akleh était chrétienne) [2] ;
Nora Sub Laban expulsée de sa maison de famille à Jérusalem, en juillet 2023, après des années de bataille judiciaire, et l’emménagement immédiat de colons qui ont jeté les meubles dans la rue et accroché des drapeaux israéliens aux fenêtres...
rien de tout cela – pour ne citer que quelques faits marquants – n’avait ému l’opinion ou la classe politique.
Absente au cours des années précédentes, l’émotion du grand public a déferlé comme une vague le 7 octobre, puis elle a aussitôt reflué, alors que la descente aux enfers définitive des Palestiniens commençait.
Que l’humanité et la sacralité de la vie ne soient accordées, sur un même territoire, qu’à une partie de la population est un scandale qui n’en finit plus de me bouleverser. Le découpage minutieux par lequel les médias et les dirigeants occidentaux distinguent les victimes dignes d’être pleurées de celles qui ne méritent pas une seconde d’attention me fait penser à ces vieilles photos de l’URSS sur lesquelles la censure effaçait soigneusement les contours des dignitaires tombés en disgrâce.
C’est d’autant plus révoltant que cela brouille totalement la réalité du rapport de forces. On en vient à avoir l’impression que ce ne sont pas les Palestiniens qui sont sous la botte, opprimés, dépossédés, expulsés et tués depuis des décennies, mais les Israéliens. Une amie qui a fait ses études en Allemagne me racontait qu’une autre étudiante lui avait un jour dit très sérieusement : « Tout de même, les Palestiniens ont envahi Israël. » D’où, aussi, les comparaisons aberrantes entre Israël et l’Ukraine – alors qu’Israël est dans le rôle de la Russie (à cette différence près que la Palestine, territoire occupé et morcelé, n’est pas un État souverain comme l’Ukraine).
Depuis un an, celles et ceux qui continuent de suivre la situation en Palestine, essentiellement à travers les journalistes palestiniens présents sur les réseaux sociaux, voient tous les jours des images qui leur retournent l’estomac. Tous les jours, tous les jours, tous les jours :
les immeubles pulvérisés ;
les enfants blessés allongés sur le sol d’un hôpital ;
les corps vivants ou morts coincés sous les décombres ;
les blessés dont les bras ou les jambes pendent, presque détachés du reste de leur corps ;
les cadavres alignés dans des linceuls, les proches hagards de douleur ;
la jubilation mauvaise des soldats israéliens pillant et saccageant les intérieurs de familles déplacées ou tuées ;
les enfants agonisants, squelettiques, en raison du blocus sur la nourriture et l’eau annoncé par le ministre de la défense israélien Yoav Gallant dès le 9 octobre 2023. Je reste aussi hantée par les images, vues à deux reprises, d’enfants au visage intact, mais à la boîte crânienne explosée, béante, complètement vide.
Et enfin, ce matin, les images insoutenables de Palestiniens prisonniers des flammes[3bis] après le bombardement d’abris de fortune installés dans la cour de l’hôpital Al-Aqsa.
Au cours de l’année écoulée, Israël a commis à Gaza l’équivalent d’un massacre du 7 octobre chaque semaine
▶️ En octobre, le journaliste Wael Al-Dahdouh apprenait en direct, pendant qu’il travaillait, la mort de sa femme et de deux de ses enfants (en décembre, il a vu son cameraman, Samer Abu Daqqa, mourir à ses côtés, puis, en janvier, il a perdu un autre fils, Hamza Al-Dahdouh, également journaliste).
▶️ En novembre, il y a eu la vieille femme tuée par un sniper alors qu’elle tenait la main de son petit-fils, le petit Taim Abd Al-Aati, qui agitait un drapeau blanc. Ce même mois, les cadavres décomposés des bébés prématurés de l’hôpital Al-Nasr, que le personnel a été forcé d’abandonner dans leurs couveuses par l’armée israélienne.
▶️ En janvier, le meurtre de Hind Rajab, six ans, qui a vu les siens mourir autour d’elle quand leur voiture a été prise pour cible par un char, et qui a supplié les secours de venir la sauver avant d’être à son tour tuée, de même que deux ambulanciers qui tentaient de l’atteindre. (En avril, les étudiants de l’université Columbia à New York, qui occupaient leur campus, ont renommé le Hamilton Hall « Hind’s Hall » en son honneur ; c’est également le titre que le rappeur américain Macklemore a donné à sa chanson en soutien au mouvement étudiant pour la Palestine.)
▶️ En février, le corps de Sidra Hassouna, petite fille de sept ans, accroché au mur sur lequel il avait été projeté par la déflagration. Le « massacre de la farine », quand l’armée israélienne a ouvert le feu sur les Palestiniens affamés par le blocus qui se pressaient autour d’un convoi d’aide alimentaire, tuant au moins 118 d’entre eux. À l’hôpital Nasser, un prisonnier, Jamal Abu Al-Ola, envoyé par les soldats, les mains liées, pour dire aux patients et au personnel d’évacuer, puis abattu sous les yeux de sa mère.
▶️ En mars, Razan Muneer Arafat, onze ans, dans un fauteuil roulant, pleurant à chaudes larmes ses jambes perdues.
▶️ En mai, le cadavre sans tête d’Ahmad Al-Najar, dix-huit mois, décapité quand l’armée israélienne a bombardé des tentes de personnes déplacées à Rafah, faisant quarante-cinq victimes, la plupart brûlées vives.
▶️ En juin, le massacre de Nuseirat, lorsque des soldats israéliens ont tué plus de 270 civils palestiniens pour libérer quatre otages – une opération fêtée comme un « grand succès » dans les chancelleries et les médias occidentaux.
▶️ En juillet, Muhammed Bhar, jeune homme atteint du syndrome de Down, déchiqueté par un chien de l’armée ; les soldats l’ont laissé agoniser, en empêchant ses proches de lui porter secours.
▶️ En août, le journaliste Ismail Al-Ghoul, dans sa voiture visée par un tir de drone, vêtu de son gilet « presse », la tête arrachée – tué avec son cameraman Rami Al-Rifi, ce qui portait alors à 165 le nombre de journalistes tués à Gaza en moins d’un an.
▶️ En septembre, un fœtus sanguinolent tiré des décombres d’un immeuble. Un père embrassant le pied arraché de sa petite fille – tout ce qu’il restait de son corps. Un soldat rigolard fumant une cigarette tandis qu’une mosquée brûle dans son dos. Une effarante accumulation de crimes de guerre, qu’Al-Jazeera a tenté de répertorier dans un documentaire récent [4].
🔴Au cours de l’année écoulée, selon les calculs de Joseph Confavreux dans un article de Mediapart, Israël a commis à Gaza l’équivalent d’un massacre du 7 octobre chaque semaine[5]. Et pourtant… Rien de tout cela ne semble s’être imprimé dans les esprits des gens autour de nous – pas plus que tout ce qui a précédé ne s’y était imprimé. Pour tout le monde, seul existe le massacre du 7 octobre en Israël.
Cette insensibilité explique la grossièreté de ces intervieweurs occidentaux qui reçoivent des Palestiniens endeuillés, ayant perdu plusieurs membres de leur famille (parfois des dizaines), et qui leur lancent d’un seul souffle : « Toutes mes condoléances, est-ce que vous condamnez le meurtre de civils par le Hamas ? ».
Un sommet d’obscénité a été atteint ce 7 octobre avec l’interview sur BFMTV du journaliste Rami Abou Jamous, qui témoigne chaque semaine sur Orient XXI de l’enfer qu’est devenu Gaza. Il n’a été interrogé que sur le Hamas et le 7 octobre[6]. On parle d’un homme épuisé et traumatisé, dont – pour ne citer qu’un exemple – la belle-sœur a été grièvement blessée par un quadricoptère (un petit drone) qui l’a poursuivie jusque sous sa tente de déplacée[7].
Arwa Mahdawi : « Les mêmes personnes qui nous sommaient de désavouer la violence salivent sur notre mort et célèbrent le meurtre à une échelle inimaginable » Au fil des mois, déjà, on avait pu mesurer l’ampleur du « deux poids, deux mesures ». Les massacres, les viols[8] : au vu de l’indignation générale soulevée, à juste titre, quand des Israélien·nes en ont été victimes, on avait pu en déduire, naïvement, que ces crimes étaient condamnables en eux-mêmes. Mais l’indifférence, voire l’approbation, rencontrées quand des Palestinien·nes en sont victimes à leur tour nous force à en déduire que ce qui est réellement terrifiant, ce n’est pas d’être violé·e, décapité·e, massacré·e : c’est de l’être par des Arabes. Les mêmes personnes qui s’étranglaient d’indignation à l’idée que le Hamas se soit attaqué à des civils reprennent sans sourciller la rhétorique raciste des « boucliers humains » ou des « victimes collatérales » concernant les morts palestiniens.
Des témoignages de viols au moyen de barres de métal brûlantes et d’autres objets émanent de la prison israélienne de Sde Teiman - information enterrée tout à la fin d’un article du New York Times [9]. Pourtant, quand, fin juillet, dix soldats ont été arrêtés pour avoir violé en réunion un prisonnier – lequel a été hospitalisé –, viol dont la vidéo a fuité, des manifestants d’extrême droite, parmi lesquels des ministres, ont pris d’assaut la prison pour les faire libérer.
Le ministre Itamar Ben-Gvir a clamé que tout était permis, même le viol, face à l’ennemi palestinien.
Son collègue Bezalel Smotrich a exigé une enquête, non pas sur le viol lui-même, mais sur la fuite de la vidéo.
Les soldats ont finalement été libérés, et l’un d’eux a été invité sur les plateaux de télévision pour se défendre [10].
L’idée selon laquelle les crimes du 7 octobre justifient une vengeance aveugle, cruelle, sans limite, sur toute une population (soit exactement ce qui était condamnable dans l’attaque du 7 octobre elle-même), a normalisé les discours sanguinaires, voire génocidaires. La Une jubilante du New York Post après l’attaque des bipeurs au Liban, alors que cette attaque a fait des milliers de victimes civiles, qui ont eu des bras, des yeux arrachés, au point que les hôpitaux libanais ont été débordés par l’afflux des blessés, l’illustre bien. De même que la décomplexion des appels au meurtre sur les plateaux de télévision français. « Qu’ils crèvent tous. Israël fait le travail de l’humanité ici », a par exemple osé déclarer Louis Sarkozy sur LCI le 26 septembre[10bis].
🔴« Nous, Palestiniens, n’avons pas le droit d’ouvrir nos bouches sans que quelqu’un nous demande de dénoncer la violence et de condamner le Hamas. Puis on nous ordonne de la fermer et de rester silencieux tandis que les mêmes personnes qui nous sommaient de désavouer la violence salivent sur notre mort et célèbrent le meurtre à une échelle inimaginable », écrit la journaliste palestinienne-américaine Arwa Mahdawi[11].
Lina Mounzer : « Nos quartiers ne sont pas des endroits où nous avons joué, grandi, élevé des enfants et rendu visite à des amis : ce sont des “ bastions ” » Une analyse de la presse américaine publiée par le média indépendant The Intercept en janvier dernier a montré que des termes chargés d’émotion, comme « massacre » ou « horrible », étaient réservés aux victimes israéliennes[12]. On observe le même phénomène dans la presse française, par exemple avec ce titre du Monde : « 7 octobre 2023 : une journée atroce, une année tragique » (5 octobre 2024 ; c’est moi qui souligne). L’atrocité, ce sont les crimes du Hamas, et eux seuls ; ce qui a suivi est simplement « tragique » – autrement dit : ce n’est réellement la faute de personne. L’analyse de The Intercept mettait aussi en lumière la façon dont les journaux américains multiplient les contorsions pour éviter de nommer le perpétrateur israélien, ce qui produit des titres en forme de haïkus étranges, dont l’insurpassable et énigmatique « Lives ended in Gaza[12bis] » – « Des vies ont pris fin à Gaza » –, dans le New York Times (2 mars 2024).
Ancienne responsable du bureau du New York Times à Jérusalem, Jodi Rudoren assume ce choix lexical : « Il y a eu un massacre le 7 octobre. Des atrocités ont été commises. Elles étaient barbares. La réponse a été… intense [sic], elle a impliqué beaucoup de mort, de destruction et de déplacement, mais je ne suis pas sûre que “massacre”, “atrocités” et “barbare” soient des termes appropriés, en tout cas pas pour la guerre dans son ensemble (…). Vous parlez de deux choses très différentes, qui nécessitent des adjectifs différents[13]. » Je l’avoue, ces mots, et la décontraction avec laquelle ils sont prononcés, me donnent envie de hurler.
🔴Le post du dessinateur libanais Mazen Kerbaj (ci-dessous 👇) traduit, je crois, l’état d’esprit de beaucoup.
Dans un article brillant, l’autrice libanaise Lina Mounzer a parfaitement décrit le désespoir que l’on peut ressentir devant ces yeux qu’aucune souffrance palestinienne ou libanaise ne semble assez grande pour dessiller. « Nos quartiers ne sont pas des endroits où nous avons joué, grandi, élevé des enfants et rendu visite à des amis : ce sont des “ bastions ”, écrit-elle. Les corps de nos hommes ne sont pas les poitrines bien-aimées contre lesquelles nous nous appuyons, ni les mains que nous tenions ou par lesquelles nous étions tenus, ni les bras forts qui nous portaient, ni les lèvres douces qui nous embrassaient pour nous souhaiter une bonne nuit. Ce sont des “ suspects ”, des “ militants ”, des “ terroristes ”, et leur mort est toujours justifiable parce qu’ils sont des hommes et nos hommes sont mauvais, et c’est comme ça que ça a toujours été, c’est comme ça que nous avons toujours été pour eux.[14] »
Elle observe : « L’Occident cherche à préserver l’image de sa propre humanité en effaçant complètement la nôtre. Comment peuvent-ils être coupables de meurtre si ceux qu’ils tuent ne sont que des “ terroristes ” ou des “ animaux humains ” ? En fait, non seulement ils ne sont pas coupables de meurtre, mais ils sont des héros qui nettoient le monde. Je ne sais pas quel langage il est possible d’employer avec des gens qui ne vous verront jamais comme un être humain. Qui entendront toujours un animal braire lorsque vous parlez.[14] »
Le soutien massif à Israël dans un paysage politique et médiatique français qui penche de plus en plus nettement vers l’extrême droite – une évolution très loin de se cantonner aux médias Bolloré – n’a guère de quoi étonner.Nous avons globalement quitté la normalité (si relative qu’elle ait pu être) : il faut rappeler que, depuis quelques mois, nous ne vivons plus en démocratie. Cela implique de s’exposer à quelques désagréments quand on a la mauvaise idée de vouloir plaider la cause des Palestiniens. Dernier cas en date : celui de Yannis Arab, doctorant en histoire et auteur de plusieurs ouvrages sur la Palestine, arrêté et perquisitionné par la gendarmerie le 8 octobre pour « apologie du terrorisme[14bis] ».
Pour ma part, j’y suis résignée. Ce que peuvent penser de moi des gens qui défendent un génocide m’est complètement indifférent. Ma seule préoccupation est désormais de ne pas décevoir ou trahir celles et ceux – chrétien·nes, juif·ves, musulman·es, athées ou croyant·es – dont je partage la sensibilité sur ce sujet. Comme l’écrit encore Lina Mounzer, le niveau de violence mis en œuvre par Israël dès octobre 2023 était « si bouleversant qu’il a immédiatement divisé le monde en deux : entre ceux qui savaient ce qui se passait et ceux qui le niaient ».
Les anglophones ont un acronyme pour cela : PEP, ou « progressive except for Palestine » – « progressiste, sauf sur la Palestine » Ce qui est réellement douloureux, cependant, c’est de se heurter aux mêmes préjugés, au même hermétisme, chez des journalistes et des personnalités de gauche, dont on se sent politiquement proche, que l’on estime, avec qui l’on est par ailleurs d’accord sur à peu près tout. Les anglophones ont un acronyme pour cela : PEP, ou « progressive except for Palestine » – « progressiste, sauf sur la Palestine».
Ainsi, dans une interview à Télérama, en avril, à l’occasion de la publication de son livre sur le choc du 7 octobre, l’avocat Arié Alimi expédiait en quatre lignes la question des agissements de l’armée israélienne à Gaza : « Soyons clairs, je suis aussi révolté par une forme d’insensibilité à ce qui est en train de se passer à Gaza ; par le fait qu’aujourd’hui, il y a un risque plausible de génocide – et de plus en plus de traces laissent penser qu’un jour cette qualification sera retenue [15][15bis]. » Pardon, mais si on pense sincèrement qu’un génocide risque de se dérouler, cela ne justifierait-il pas d’en faire son sujet principal ?
De même, plus récemment, dans sa critique du livre remarquable de Didier Fassin, Une étrange défaite, qu’elle disqualifie d’un « Bof », Valérie Lehoux reproche à l’auteur d’user de procédés malhonnêtes pour « mieux affirmer que le drame gazaoui est un génocide – il est tout à fait possible que la justice le reconnaisse un jour comme tel – qu’il est honteux de ne pas arrêter ». Elle aussi admet donc l’hypothèse d’un génocide… mais, à nouveau, entre tirets, sans en tirer aucune conséquence[16].Un génocide est donc moins grave qu’un massacre ?
La conviction profonde selon laquelle il est moins grave de s’en prendre à des colonisés qu’à des colons Autre exemple, qui me semble révélateur des hésitations d’une gauche par ailleurs impeccable sur tant de sujets.Dans l’article de Joseph Confavreux déjà cité plus haut, et par ailleurs excellent, quelques lignes me font sursauter : « Certes, d’un point de vue anthropologique, le théâtre de la cruauté déployé par le Hamas durant les massacres d’octobre dernier n’est pas similaire, terme à terme, avec les actes commis par l’armée israélienne depuis un an[16bis]. »
Je me frotte les yeux. Si la mutilation de dix enfants par jour en moyenne, les parents tués devant leurs enfants et inversement, l’agonie durant des heures ou des jours sous les décombres d’un immeuble (des milliers de cadavres y sont ensevelis), les enfants visés à la tête par des snipers [17], les civils désarmés poursuivis et pulvérisés par des tirs de drone, le fait de priver toute une population d’eau et de nourriture (mais aussi de produits d’hygiène, de sorte que les maladies de peau se propagent), de diffuser ses crimes de guerre sur TikTok avec des musiques entraînantes, ne relèvent pas également d’un « théâtre de la cruauté », et cette fois à l’échelle de tout un peuple, j’aimerais vraiment savoir comment il faut les qualifier.
Quelques jours après la parution de l’article, ce passage a été modifié. On lit désormais : « Les façons de mettre à mort, les projets plus larges dans lesquels les meurtres s’inscrivent, l’intentionnalité de tuer des civils, la volonté d’effrayer et/ou d’éliminer une population sont aussi à prendre en compte. Tout ne se mesure pas avec le décompte macabre des cadavres. » J’avoue que j’y perds mon latin. Faut-il en déduire que l’armée israélienne n’a pas de « projet plus large » ? Qu’elle n’a pas de volonté de « tuer des civils » ou « d’effrayer et/ou d’éliminer une population » ? Que tous ces crimes relèvent d’une touchante maladresse?
Difficile de ne pas déceler ici la conviction profonde selon laquelle il est moins grave de s’en prendre à des colonisés qu’à des colons. Cela me rappelle ce que m’avait raconté il y a quelques mois l’une de mes amies, qui est algérienne et qui enseigne dans une université américaine. Alors qu’elle évoquait le cas d’un colon violemment battu lors d’une révolte au XIXe siècle en Algérie, ses étudiants s’étaient mis à pousser des exclamations horrifiées. Exaspérée, elle leur avait lancé : « Mais enfin, je viens de vous parler d’enfumades[17bis] et d’autres atrocités, et vous n’avez pas bronché ! »
Une incapacité à renoncer à l’image vertueuse d’Israël L’indulgence irréelle manifestée envers l’armée israélienne procède aussi, je crois, d’une réticence persistante à renoncer à l’image d’Israël comme un État vertueux, peuplé de gens cultivés, progressistes, démocrates, humanistes, en refusant de voir que ces Israéliens, s’ils existent bien, sont aujourd’hui une toute petite minorité, dans un pays que des décennies de racisme institutionnalisé et d’impunité internationale ont mené au fanatisme, avant que le 7 octobre le radicalise encore davantage.
Ainsi, beaucoup de gens veulent croire que les manifestations parfois massives contre le gouvernement Netanyahou qui se déroulent en Israël ces temps-ci concernent aussi les crimes commis à Gaza, alors que ce n’est pas le cas. « Netanyahou est peut-être méprisé par la moitié de la population, mais sa guerre contre Gaza ne l’est pas, et, selon des sondages récents, une majorité substantielle d’Israéliens pensent que sa riposte est appropriée, voire qu’elle n’est pas allée assez loin », écrivait Adam Shatz en juin[18].
Partout s’exprime cette « obsession de la symétrie » que Joss Dray et Denis Sieffert pointaient déjà il y a plus de vingt ans[19].
Si on dit un peu de mal des Israéliens, alors on s’empresse d’en dire aussi des Palestiniens pour faire bonne mesure ;
Si on dit un peu de bien des Palestiniens, alors on s’empresse d’en dire aussi des Israéliens.
On ne manque pas de souligner qu’un deuil est toujours une tragédie, qu’une vie vaut une vie, que chaque vie est précieuse, que « les chiffres ne disent pas tout », en renvoyant à leur supposée mesquinerie ceux qui pointent la folle disproportion du bilan des victimes entre le camp de l’occupé et celui de l’occupant.
Est-il vraiment si difficile d’appeler à l’arrêt des massacres, au lieu d’aligner des propos creux sur « la valeur de chaque vie », « l’empathie » ou « la paix » ? Oui, bien sûr, sur le plan intime et privé, c’est vrai : un deuil est toujours une tragédie. Mais on ne devrait pas se servir de cette vérité pour occulter une réalité politique. Cette réalité n’est pas celle de « deux peuples qui se déchirent depuis très longtemps pour une même terre sans qu’on y comprenne grand-chose », comme on l’entend si souvent, mais celle d’un État qui pratique le nettoyage ethnique et le massacre depuis sa création, qui occupe un autre peuple militairement et qui s’emploie actuellement à le rayer de la surface de la Terre sans rencontrer aucun frein.
À l’heure où j’écris, le massacre continue imperturbablement à Gaza ;
la Cisjordanie est elle aussi à feu et à sang ;
le tourbillon de souffrances infligées à la Palestine s’étend au Liban ;
Israël bombarde Beyrouth, rase des villages entiers au Sud-Liban, attaque les casques bleus de l’ONU[19a].
Est-il vraiment si difficile d’appeler à l’arrêt de tout cela, au lieu d’aligner des propos creux sur « la valeur de chaque vie », « l’empathie » ou « la paix » ? Comme le rappelait Rob Grams, rédacteur en chef adjoint de la revue Frustration, sur X, l’empathie pour les otages israéliens est « tout à fait présente, médiatique, officielle. Celle pour les Palestiniens est criminalisée[19b]». Est-il si difficile de le souligner ? «Pourquoi Gaza a-t-elle disparu derrière des sophismes, des approximations, des murmures désolés ? », interroge à raison l’écrivain palestinien Karim Kattan[19c].
« Mourir en un seul morceau est devenu un luxe à Gaza » Même si l’on s’en tient au plan intime et privé, ces déclarations bien-pensantes négligent une autre différence de taille.
Les Israéliens qui ont perdu un proche l’année dernière ont la possibilité de vivre leur deuil, qui est respecté et partagé dans tout l’Occident et au-delà. (Même les soldats d’une armée génocidaire sont honorés dans les médias occidentaux comme des héros.).
Les Palestiniens, traumatisés par des deuils multiples, obligés d’assurer quotidiennement leur survie, n’en ont pas les moyens. Certains n’ont pas de corps à pleurer : leurs proches ont disparu dans une prison, ou sont restés ensevelis sous les décombres de leur immeuble. Parfois, ils sont contraints de rassembler leurs restes dans des sacs en plastique. (Cette année, on a aussi vu, en mars, le garçon qui transportait dans son sac à dos le corps de son petit frère[19d].)
Parmi les enfants rencontrés à Gaza par la journaliste et écrivaine Susan Abulhawa (toujours dans le documentaire d’Al-Jazeera), certains lui ont confié qu’ils voulaient mourir, mais qu’ils espéraient seulement rester entiers. « Mourir en un seul morceau est devenu un luxe à Gaza », confirme Mariam Mohammed Al Khateeb [20]. Le 25 septembre, l’armée israélienne – qui a par ailleurs ravagé plusieurs cimetières, à Gaza mais aussi au Liban – a envoyé à Gaza un camion contenant des dizaines de corps, sans aucun document permettant de les identifier. Les proclamations vertueuses sur la valeur égale des vies, auxquelles je n’ai rien à redire, me semblent un peu vaines si on ne commence pas par dénoncer cette situation.
L’Orient vu comme un espace abstrait, insignifiant, appropriable ; comme une annexe de la scène européenne L’image bienveillante d’Israël que conservent beaucoup de gens à gauche procède pour une large part du fait qu’ils transposent telle quelle la réalité de l’oppression historique subie par les juifs en Europe dans le contexte du Proche-Orient[21]. Par là, ils reproduisent à leur insu la désinvolture du rapport colonial à une terre étrangère, l’habitude de la traiter comme un espace abstrait, insignifiant, appropriable ; comme une annexe de la scène européenne.
C’est cette désinvolture qu’Edward Saïd, dans L’Orientalisme, mettait en exergue chez Lamartine lors de son voyage en Orient, entrepris en 1833. L’écrivain français envisageait ce voyage comme un « grand acte de [s]a vie intérieure » : il s’agissait de projeter des fantasmes, plutôt que de rencontrer une autre réalité. Saïd observe : « Ses pages sur la pensée arabe, sur laquelle il disserte avec une confiance suprême, ne laissent paraître aucune gêne quant à son ignorance totale de la langue. ».
Le voyageur s’enthousiasme : « Cette terre arabe est la terre des prodiges, tout y germe, et tout homme crédule ou fanatique peut y devenir prophète à son tour. » Il traite l’Orient comme une « province personnelle », selon les mots de Saïd, qui résume plus loin : « La Palestine était considérée – par Lamartine et par les premiers sionistes – comme un désert vide qui attendait de fleurir ; les habitants qu’il pouvait avoir n’étaient, pensait-on, que des nomades sans importance, sans véritable droit sur la terre et, par conséquent, sans réalité culturelle ou nationale. »
Après avoir toujours clamé que la Palestine n’existait pas, certains colons israéliens affirment aujourd’hui que « le Liban n’existe pas[21bis] » et rêvent d’y implanter des colonies. L’automne dernier, peu après le 7 octobre, j’ai encore été effarée par la façon dont des gens pouvaient discuter, sur X, du pays arabe où il conviendrait d’expulser les Palestiniens. Il ne leur venait pas à l’idée, visiblement, que les Palestiniens étaient chez eux sur leur terre. Cela me donnait une furieuse envie d’envoyer mes interlocuteurs vivre sous une tente dans une banlieue de Turin ou de Copenhague – au hasard ; après tout, tous ces gens sont des Européens, ce sont plus ou moins les mêmes, non ?
Croire qu’on peut réparer l’écrasement d’un peuple en cautionnant l’écrasement d’un autre
Ainsi, en espérant réparer l’écrasement d’un peuple, nos amis de gauche pro-israéliens cautionnent, sans même s’en apercevoir, l’écrasement d’un autre. Dans un livre saisissant, l’universitaire américain d’origine palestinienne Saree Makdisi souligne ce fait qui dit tout : depuis le Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, dédié aux victimes de la Shoah, on aperçoit les ruines du village palestinien de Deir Yassin, théâtre d’un massacre en avril 1948, lors de la fondation de l’État d’Israël, qui vit l’expulsion de quelque 750 000 Palestiniens[22] – la Nakba, ou « catastrophe », toujours en cours, aujourd’hui plus que jamais.
« Si des juifs avaient simplement voulu vivre en Palestine, cela n’aurait pas été un problème, écrivait soixante-dix ans après, en 2018, la juriste palestinienne-américaine Noura Erakat. En fait, juifs, musulmans et chrétiens avaient coexisté pendant des siècles dans tout le Moyen-Orient. Mais les sionistes voulaient la souveraineté sur une terre où d’autres gens vivaient. Leur ambition requérait non seulement la dépossession et le déplacement des Palestiniens en 1948, mais aussi leur exil forcé, leur effacement juridique et le déni qu’ils aient jamais existé[23]. ».
Comme le remarque Saree Makdisi, les innombrables élus démocrates américains qui clament leur attachement à un État « juif et démocratique » oublient – ou feignent d’oublier – la contradiction contenue dans cette formule :
soit Israël est un État juif, qui, pour se maintenir comme tel, doit opprimer, expulser, tuer, et dans ce cas il n’a rien de démocratique ;
soit il est réellement démocratique, et alors il doit accorder les mêmes droits et les mêmes libertés aux populations musulmanes et chrétiennes présentes sur son sol.
La forêt plantée pour dissimuler les ruines du village palestinien de Saffourieh, détruit en 1948 lors de la Nakba. Photo : Jason Bechtel, Interface Peace-Builders, 2010
Si la vision vertueuse d’Israël persiste à gauche, c’est aussi en raison des stratégies de relations publiques mises en œuvre par cet État afin de dissimuler son racisme structurel, que détaille Saree Makdisi dans son livre. Il raconte notamment comment, dès 1948, sous l’égide du Fonds national juif (FNJ), Israël a planté des arbres afin de recouvrir les ruines des villages palestiniens détruits – stratégie qui continue aujourd’hui avec les villages bédouins dans le Néguev.
Kamala Harris en 2017 : « Quand je me suis rendue en Israël pour la première fois, j’ai vu que l’ingéniosité israélienne avait réellement fait fleurir le désert » Le paysage naturel palestinien, avec ses oliviers, ses figuiers de barbarie et ses citronniers, a été éradiqué à coup d’herbicides et remplacé par des monocultures de conifères qui donnent à certains lieux des allures de paysage alpin. Depuis 1967, environ 800 000 oliviers ont été déracinés sur les territoires occupés cette année-là (ces derniers temps, cependant, la tendance est à l’appropriation plutôt qu’à la destruction[24]. Et quand un hôte de marque arrive dans le pays, on l’invite à planter un arbre : un geste pacifiste, écologiste, humaniste, dont personne ne songerait à questionner l’innocence.
C’est peu dire que cette stratégie de séduction fonctionne. En 2017, lors d’une conférence de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), Kamala Harris déclarait : « Ayant grandi dans la baie de San Francisco, je me souviens avec tendresse de ces boîtes du Fonds national juif que nous utilisions pour collecter les dons afin de planter des arbres pour Israël. Des années plus tard, quand je me suis rendue en Israël pour la première fois, j’ai vu les fruits de ces efforts, et que l’ingéniosité israélienne a réellement fait fleurir le désert. »
14/05/2018. Inauguration ambassade USA à Jérusalem
Le livre de Saree Makdisi vient de paraître[22], mais il a été écrit avant le 7 octobre 2023. Dans sa conclusion, l’auteur observe que, « à l’époque des Trump, Bolsonaro, Duterte, Modi et cie », les autorités israéliennes semblent estimer qu’elles peuvent abandonner leurs campagnes de communication destinées à se concilier le public occidental progressiste, et assumer désormais ouvertement leur racisme. Ce que confirment les bonnes relations entre Netanyahou et Trump – qui, durant son mandat, fit déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem[24bis], un geste hautement symbolique.
De fait, en persistant dans leur soutien à Israël, Joe Biden et Kamala Harris ignorent le tournant pro-palestinien de plus en plus marqué qui s’opère dans l’électorat démocrate, tandis que la droite, et en particulier la droite évangélique, violemment islamophobe (et antisémite !), s’affirme, elle, comme fanatiquement pro-israélienne. Il est dommage, alors, que tant de progressistes français s’accrochent encore à leur sympathie pour Israël. Sympathie qui est d’ailleurs le pire service à rendre y compris à Israël lui-même, enfermé dans une spirale sans issue de haine et de folie destructrice.
« Nous avons découvert l’étendue de notre déshumanisation, à tel point qu’il n’est plus possible de fonctionner dans le monde de la même façon » Cela ne m’amuse pas particulièrement de critiquer mes amis politiques. Mais je le fais parce que je crois que nous avons besoin de serrer les rangs.Le génocide en Palestine opère aussi comme une scène sur laquelle se joue, par procuration, le passage à l’acte d’un racisme anti-Arabes qui travaille à peu près toutes les sociétés occidentales. Avec l’afflux de doubles nationaux dans l’armée israélienne[25], la Palestine semble être devenue le stand de tir de tous les islamophobes de la Terre. En soutenant le carnage (ce génocide est américain au moins autant qu’israélien), les dirigeants occidentaux envoient aussi un clair message d’abandon, pour ne pas dire plus, à leurs citoyens d’origine arabe.
« Le niveau de traumatisme créé chez les Palestiniens-Américains par la normalisation du meurtre de leurs proches a laissé une communauté en lambeaux », écrit le journaliste Azad Essa[26]. « C’est comme être dans une relation abusive avec le monde », témoigne Nada al-Hanooti, qui vit à Dearborn, la ville américaine (dans le Michigan) où cette communauté est le plus présente[27]. Lina Mounzer lui fait écho : « Demandez à n’importe quel·le Arabe quelle prise de conscience a été la plus douloureuse cette année, et il ou elle vous répondra : nous avons découvert l’étendue de notre déshumanisation, à tel point qu’il n’est plus possible de fonctionner dans le monde de la même façon[28]. »
🔴La hantise de beaucoup – et notamment de Francesca Albanese[29], la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens – semble être que la violence déchaînée, en plus de détruire la Palestine, ne s’arrête ni aux limites de ce territoire, ni à celles des communautés arabes. La légitimation d’un tel degré de barbarie devrait inquiéter tout le monde. Et rend d’autant plus urgente une clarification des positions de la gauche.
La précondition pour pouvoir gagner est d’affirmer clairement un programme de rupture, partant des besoins des classes populaires et se donnant les moyens politiques et économiques de les concrétiser.
Ce qui importe c’est comment les électrices et électeurs ressentent le projet dont le NFP est porteur.
La victoire de Trump est porteuse de leçons pour la gauche à condition de dépasser le niveau superficiel de l’analyse qui met l’accent sur le personnage et son comportement. Loin de s’y réduire, sa victoire, comme les autres montées de l’extrême droite, pose des questions qui, pour ne pas être nouvelles, sont plus que jamais d’actualité.
Il parait difficile dans le flot de commentaires qui a suivi la victoire de Trump d’y ajouter un point de vue tant soit peu original.
Néanmoins, il parait nécessaire d’y revenir pour essayer d’aller au-delà de l’écume de l’évènement. Il faut pour cela distinguer trois niveaux de réflexions.
🔴 Le premier, le plus superficiel, concerne les méthodes employées par Trump lors de la campagne électorale : tout a été dit sur le sujet : invectives, mensonges, démagogie, violence des propos. Trump a fait du Trump en portant à l’incandescence un discours de haine. Mais ce constat n’explique strictement rien.
Pourquoi cela a-t-il marché en 2024 et pas lors de l’affrontement avec Biden ?
Qu’est-ce qui lui a permis, non seulement de remporter les swings states, mais aussi, résultat a priori inconcevable, largement le vote populaire ?
🔴 Le deuxième niveau de réflexion a été parfaitement résumé par Bernie Sanders : « Cela n’a rien d’étonnant que le parti démocrate, qui a abandonné la classe ouvrière, voie que la classe ouvrière l’a abandonné ». Et d’ajouter : « nous n’avons même pas présenté de législation visant à augmenter le salaire minimum, malgré le fait que quelque 20 millions de personnes dans ce pays travaillent pour moins de 15 dollars de l’heure. Aujourd’hui, en Amérique, nous n’avons pas présenté de loi qui faciliterait l’adhésion des travailleurs aux syndicats. Nous ne parlons pas des régimes de retraite à prestations définies pour que nos personnes âgées puissent prendre leur retraite en toute sécurité. Nous ne parlons pas de la hausse du plafond de la sécurité sociale afin de prolonger sa solvabilité et d’augmenter les prestations. En fin de compte, si vous êtes un travailleur moyen, pensez-vous vraiment que le parti démocrate va se battre pour vous, qu’il va s’attaquer à des intérêts particuliers puissants et se battre pour vous ? Je pense que la réponse écrasante est non, et c’est ce qui doit changer ».
🔴 En fait donc Trump a bénéficié du décalage entre une bonne santé affichée de l’économie américaine et ce que vivait concrètement une grande partie des salarié.es des États-Unis. Comme l’explique Romaric Godin[1], « la croissance a changé de nature. Elle ne reflète plus aussi clairement le bien-être social […] l’accélération de la croissance a un coût social croissant ». Ainsi, la croissance économique s’est accompagnée d’une hausse importante des dépenses contraintes des ménages et des denrées alimentaires, alors même que le discours officiel de l’administration Biden était focalisé sur la maitrise de l’inflation. Pire même, la croissance économique a généré plus d’inégalités sociales rendant encore plus illusoire le « rêve américain » de promotion sociale et entretenant ainsi le cauchemar du déclassement. Dans cette situation, la désignation par Trump de boucs-émissaires a joué à plein.
C’est là où la campagne menée par Harris a été catastrophique. Non seulement elle n’a absolument pas tenu compte de cette situation, ni proposé de remèdes pour y faire face, mais elle a mené une campagne centrée sur la personnalité de Trump, pensant ainsi profiter d’un rejet de l’électorat. Si ce n’est sur la question de l’avortement, il est difficile de savoir ce qu’Harris a proposé pendant cette campagne. Elle est apparue, de fait, comme la candidate de la continuité, alors même qu’une majorité voulait un changement. Multipliant de plus les apparitions avec des vedettes de la chanson et des stars d’Hollywood, elle est apparue comme déconnectée des réalités sociales d’une partie même de son électorat. Enfin, son incapacité à prendre en compte la sensibilité de la communauté arabo-musulmane et son soutien sans fard à la politique israélienne lui a aliéné des votes dans un certain nombre d’États clefs, alors même qu’elle ne pouvait pas concurrencer Trump sur ce soutien et que la communauté juive était elle-même très divisée sur le sujet. Bref une campagne électorale tournée vers la droite, comme le montre les « signaux » envoyés notamment quand on l’a vue valoriser le port d’armes.
Dans cette situation, Trump a réussi à dessiner une vision du futur pour les États-Unis Une vision certes détestable, mais qui face au vide de la campagne d’Harris, a pu occuper l’espace de l’imaginaire collectif.
🔴 C'est là le troisième niveau de réflexion. Il faut revenir ici sur les transformations profondes qui se sont produites dans les sociétés occidentales ces dernières décennies.
Une révolution anthropologique est en cours qui remet en cause des centaines de siècles de rapports d’oppression et les représentations sociales correspondantes, que ce soit sur la place des femmes, de l’homosexualité ou des minorités discriminées et plus globalement sur la conception de la famille. Il serait naïf de croire qu’un tel processus puisse se faire sans résistance. En ce sens Trump représente probablement la forme la plus construite et la plus décomplexée de la contre-révolution dont l’objectif clairement assumé est celui d’un retour en arrière.
Il ne s’agit pas seulement d’une réaction conservatrice, le backlash, mais d’une volonté d’imposer un nouvel imaginaire social. Ce dernier fait certes la part belle aux masculinistes blancs mais est loin de s’y réduire au vu du résultat beaucoup moins important que prévu d’Harris chez les femmes et les minorités.
La victoire sans appel de Trump tient à la conjonction qu’il a réussi à opérer entre cet imaginaire dont on peut penser qu’il reste minoritaire aux États-Unis - comme le montrent les résultats d’un certain nombre de référendums sur l’avortement dans des États ayant voté Trump – avec l’angoisse du déclassement social d’une partie de l’électorat démocrate qui a ainsi basculé. Les caractéristiques individuelles du personnage étaient en symbiose avec le récit qu’il entendait imposer : homme fort, providentiel, volontariste capable de résoudre rapidement le problèmes.
Quelles leçons peut-on en tirer pour la gauche en France ? La première est que la précondition pour pouvoir gagner est d’affirmer clairement un programme de rupture, partant des besoins des classes populaires et se donnant les moyens politiques et économiques de les concrétiser. En ce sens, les tentatives à gauche des revenants du néolibéralisme, les Cazeneuve, Hollande, Delga, etc. qui, n’ayant rien appris ni rien oublié, rêvent de détruire le NFP et fantasment sur le retour à la domination d’une offre politique centriste, ne peuvent que mener à la catastrophe face à l’extrême droite. La débâcle d’Harris, après d’autres du même type, prouve une nouvelle fois que la gauche néolibérale est incapable de répondre aux défis du moment.
🔴 Cependant, cette précondition pour indispensable qu’elle soit, n’est pas suffisante.
Comme dans le cas de Trump, la force de l’extrême droite est de développer une vision du futur nourrissant un imaginaire social s’appuyant sur les angoisses diverses de l’électorat. Face au ressentiment qui nourrit l’extrême droite, le pire serait d’essayer de la battre sur son propre terrain en s’emparant de ses thèmes, croyant ainsi la cantonner alors que cela ne fait que la légitimer. Le laminage de la droite dite républicaine par le RN et l’épisode de la déchéance de nationalité par Hollande sont là en France pour nous le rappeler. Il faut au contraire être capable de porter l’espoir d’une société désirable en mettant en avant la recherche de l’égalité, l’exigence de la solidarité, la nécessité de la justice sociale et écologique, l’impératif de la démocratie.
🔴 Et de même que le profil de Trump correspond au projet politique qu’il porte, de même, la gauche doit adopter des comportements qui correspondent à son projet d’émancipation, la morale politique et le réalisme stratégique correspondant dans ce cas. La question du programme effectif, c’est-à-dire le détail des mesures préconisées, pour importante qu’elle soit, n’est pas la plus décisive. Ce qui importe c’est comment les électrices et électeurs ressentent le projet dont le NFP est porteur. Ainsi, quand on propose un projet de rupture :
il faut rassurer et non pas inquiéter par des propos et des comportements brutaux, ce d’autant plus quand la société en question est angoissée quant à son avenir et que l’extrême droite essaie de se banaliser.
De plus, l’exigence démocratique ne peut être renvoyée à des jours meilleurs. Elle doit imprégner le rapport que les partis politiques entretiennent avec les classes populaires et avec leurs propres militant.es et adhérent.es.
Enfin une politique de gauche ne peut donner à voir simplement une concurrence entre les différentes forces politiques. Même s’il est naturel que chaque parti défende ses positions, la recherche permanente de l’hégémonie est un obstacle à la construction commune qui ne peut reposer que sur le respect de la diversité.
Élection de Donald Trump : " seule une gauche radicale et populaire peut l’emporter contre l’extrême droite "[2] !
La leçon à en tirer pour la gauche française se tient là, en écho à la victoire du Nouveau Front Populaire aux dernières élections législatives : " on ne peut combattre l’extrême droite et la droite fascisante qu’avec un programme de gauche, avec des propositions de rupture, avec des alternatives qui changeront réellement et profondément la vie des gens "[3].
Les USA ne pouvaient pas choisir la gauche : il n’y en avait pas. Quand il n’y a plus de gauche, il n’y a pas de limite à droite. Quand il n’y a pas de bataille de programme, l’élection devient un casting. La victoire de Trump est la conséquence imparable de cette situation. Le monde va monter en tension. Prudence et détermination. La France peut ouvrir un autre chemin. Un contre modèle. Non alignement, droit international, justice sociale, planification écologique. Sinon quoi[1] ?
La victoire de Donald Trump, c’est celle de la fusion aboutie entre le capitalisme le plus prédateur et l’extrême-droite la plus débridée[0]. Une classe dominante prête à tout pour maintenir sur pied un système à bout de souffle et continuer à s’enrichir, qui attise la haine et dupe le peuple à grand coup de vérités alternatives et de racisme décomplexé propagé à l’infini par les chaines d’informations et les réseaux sociaux.
C’est aussi et d’abord la défaite du camp démocrate, qui a renoncé depuis longtemps à incarner une alternative à ce modèle. On ne peut pas gagner une élection sans projet de transformation et sans autre idée que celle de faire « barrage » pour mieux continuer comme avant. On ne peut pas vaincre le capitalisme, l’impérialisme, le racisme, le patriarcat, la régression sociale et écologique, en renonçant à contester leur discours, et en transigeant avec celui-ci.
Cette élection est lourde de conséquences.
Pour des millions de personnes aux Etats-Unis, immigrés, minorités, femmes, les plus pauvres qui subiront de plein fouet les politiques régressives du trumpisme.
Pour le monde, quand l’élection de Trump ouvre la voie à la poursuite du génocide à Gaza, à la montée des tensions au Proche-Orient et dans la zone Asie-Pacifique.
Pour la planète elle-même, avec l’arrivée au pouvoir d’une administration climatosceptique au cœur du système capitaliste.
Pour nous, Français, insoumis, l’heure est comme toujours au combat. Aux côtés des victimes du trumpisme aux Etats-Unis, vers lesquelles se tournent nos pensées, nos cœurs, notre solidarité d’internationalistes. Dans le monde, où nous avons la tâche de faire entendre une voix non-alignée, attachée au multilatéralisme, au règlement pacifique des conflits, à l’effort commun de l’humanité face au changement climatique et aux défis planétaires auxquels elle fait face. En France même, où notre devoir est de nous battre, pour refuser le face-à-face stérile mortifère entre une extrême-droite et un extrême-centre qui partagent le même socle, et incarner une alternative démocratique, sociale, écologiste et humaniste, pour en finir avec leur monde failli et ouvrir un autre chemin.
Si tu te dégonfles, tu te Trump Jean-Luc Mélenchon est revenu sur le résultat des élections présidentielles aux États-Unis le 6 novembre 2024.
Deux visions de députés France insoumise/Nouveau Front Populaire
Le film de montage d'Aymeric Caron, député France insoumise, diffusé à l'Assemblée nationale le 29 mai dernier (avant la dissolution)
« Ce film est écrasant, effroyable… Voilà ce qu’est vraiment la supposée “ guerre contre le Hamas ”.
Cette réalité terrible doit être montrée crûment. Il est bon que ce film puisse être vu.
On aimerait qu’il soit vu en Israël. » Rony Brauman (Médecin, essayiste, ex-président de Médecins Sans Frontières)
Le film vu par les Mutins de Pangée Attention, si vous décidez d’appuyer sur le bouton de lecture, vous ne sortirez pas indemne de ce visionnage. Personne n’a envie de voir des images aussi effroyables, mais elles témoignent de ce qui se passe à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre 2023.
🔴Un cauchemar « C’est un rêve ou une réalité ? » demande une petite fille abasourdie par ses blessures. C’est un cauchemar, sans aucun doute, et rien ne peut le justifier, ni les crimes du 7 octobre ni la détention des otages israéliens par le Hamas. Condamner tous les crimes du 7 octobre, d’avant et d’après, condamner l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, c’est le sens commun. Il semble cependant qu’il faille le préciser. Toute personne normalement constituée souhaite que les otages survivants puissent un jour retrouver leurs familles et que s’arrête immédiatement le massacre à Gaza. Mais aller jusqu’au bout de la démarche, c’est voir les choses en face, voir ce qui se passe à Gaza depuis le 7 octobre, ce que fait l’armée israélienne, ce que ne montrent pas les chaînes de télévision.
🔴Des journalistes documentent Reporters Sans Frontières a dénoncé la mort d’une centaine de journalistes, tués à Gaza par l’armée israélienne entre le 7 octobre 2023 et début juin 2024, souvent délibérément ciblés, comme l’ont été des soignants et du personnel humanitaire, parmi les dizaines de milliers de gens bombardés ou visés par des snipers, mutilés, déplacés, affamés, harcelés, torturés, des familles entièrement décimées (dont au moins 40 % sont des enfants), dans leurs habitations, dans la rue, dans des écoles, dans des hôpitaux, dans des ambulances, dans des camps de réfugiés… Le bilan s’alourdit en permanence, il est mis à jour par les ONG. L’Unicef alertait dès le début : « La bande de Gaza est aujourd’hui l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant. » (voir site de l'Unicef[1])
Ce film de montage a été réalisé par le journaliste et député Aymeric Caron avec l’aide d’une équipe, qui a identifié, trié et daté ces images, contacté des journalistes sur place. Sans autres commentaires que les titres et légendes qui datent et donnent les sources des images envoyées depuis Gaza comme des bouteilles à la mer par des filmeurs et des filmeuses, journalistes qui continuent à travailler dans des conditions terribles alors qu’aucun de leurs collègues étrangers n’est autorisé à entrer dans cette zone de crime de 360 km2. Leurs images se percutent avec des prises de paroles israéliennes, officielles et dissidentes, ainsi que des vidéos postées sur les réseaux par des soldats israéliens.
Le film contient beaucoup d’images du journaliste palestinien Motaz Azaiza, aujourd’hui en exil, et qui vient de recevoir le prix Liberté à Caen, décerné par la région Normandie avec l’Institut international des droits de l’homme et de la paix (Le Monde, 17 juin 2024[2])
🔴Une première séance à l’Assemblée nationale Le député Aymeric Caron a d’abord organisé une séance à l’Assemblée nationale pour ses collègues de tous les groupes parlementaires, le 29 mai dernier[3]. Seulement 17 députés ont assisté à cette projection, quelques journalistes étaient présents. Aymeric Caron a alors précisé qu’il souhaitait mettre son film « à disposition de tous ceux qui veulent le voir ». Nous l’avons aussitôt contacté pour en parler. Nous nous sommes bien sûr demandé s’il fallait vous montrer ces images sur CinéMutins. Après réflexions, discussions, consultations, nous avons voulu vous laisser la libre décision de visionner ce film (ou pas), en libre accès, après vous avoir averti de la nature de ces images, le réalisateur ayant ajouté un carton au début du film.
🔴Un film qu’on voudrait voir s’arrêter Préalablement, il a fallu donc visionner le film et nous l’avons jugé terrible, insoutenable… mais nécessaire. Car, au-delà de tous les discours et de « la guerre des mots » qui montrent le visage assez délirant de l’environnement politico-médiatique dans lequel on baigne en France, ces images documentent les crimes de guerre perpétrés, dans une démocratie, par l’autoproclamée « armée la plus morale du monde ». Des crimes commis avec des armes fournies en grande partie par les États-Unis et l’Union européenne, l’Allemagne surtout et même la France comme l’ont révélé Disclose et Marsactu en mars 2024 (en savoir plus[4]).
Dès les premières minutes de visionnage, on voudrait que le film s’arrête, que ça cesse immédiatement… que cessent les crimes, que cesse le feu, que tout ça n’ait jamais existé.
🔴Qui peut encore nier ou justifier ces crimes après avoir vu ces images ?
Nous ne trouvons pas les mots à opposer à la mauvaise foi où le poids d’une photo ne pèse plus bien lourd au milieu de la masse d’images qu’il faut digérer chaque jour, où les réalités sont niées avec aplomb, voire même, carrément justifiées ouvertement avec mépris, insultes et menaces, par des criminels de guerre et leurs complices, qui osent salir les morts qu’ils engendrent, mais aussi la mémoire des victimes de l’antisémitisme dans l’histoire, en usant de cette grave accusation à tous propos dans le but de faire taire toute contestation. Ces images témoignent pour que ça cesse, avant tout.Face à ceux qui continuent à soutenir ces crimes, face aux discours de haine, de vengeance et de déshumanisation, plutôt que de se laisser entrainer dans une forme de surenchère verbale, nous préférons opposer ce miroir sans tain. Bon courage.
Des milliardaires construisent des bunkers entièrement autonomes ou veulent coloniser Mars[2] : prévision de l’apocalypse climatique, sociale ou féodalisme ?
Lorsqu’on pense aux « survivalistes » – ces hommes et ces femmes qui se préparent à la fin du monde –, viennent principalement à l’esprit des images d’Américains paranoïaques ou de sécessionnistes adeptes des armes à feu et vivant déjà aux marges de la société.
Mais l’apparente déraison de ces « preppers » semble saisir depuis peu une tout autre catégorie de la population, celle des ultra-riches, issus de la Silicon Valley, de start-up new-yorkaises ou de hedge funds californiens.
Censés afficher leur confiance en l’avenir ( technologique ) de l’homme et un rapport raisonnable à notre futur, ils commencent en réalité à stocker vivres et munitions, à acheter des terrains reculés et à se faire construire des bunkers de luxe.
Ce qu’ils craignent est toutefois moins la fin du monde que la fin de leur monde : la grande revanche des « exclus » de la modernité américaine, les pauvres, les Noirs, les Latinos[1]…
Source :Durand Eric|
Depuis quelques années, les bunkers ultra-luxueux et entièrement autonomes sont en vogue chez les milliardaires. Alors que certains pourraient y voir une prédiction d’un avenir apocalyptique, des analystes suggèrent plutôt une forme de féodalisme. Autrement dit, ils chercheraient à créer des écosystèmes autonomes dont ils contrôlent tous les aspects, et ce tout en étant en accord avec les communautés locales.
En décembre 2023, il a été rapporté que Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a acheté des milliers d’hectares de terrain sur l’île de Kauai, à Hawaï[3]. Il serait en train d’y installer un immense complexe qu’il a baptisé " Ko’olaou Ranch ", et dont la construction coûterait plus de 260 millions de dollars. S’étendant sur 5 500 000 mètres carrés, l’immense domaine ultrasécurisé est entièrement entouré d’un mur de deux mètres de haut et surveillé en permanence par de nombreux agents de sécurité.
D’après les plans révélés par Wired[4], le domaine inclut plusieurs grandes villas reliées par des tunnels souterrains, au moins 11 cabanes de luxe perchées dans les arbres et reliées par des ponts suspendus et un terrain de foot. Un gigantesque bunker sous-terrain serait également en construction dans le ranch. Diverses installations sont dédiées au dessalement, à la purification et au stockage de l’eau.
Zuckerberg a également révélé dans l’une de ses publications sur Instagram, qu’il y élevait son propre bétail en les nourrissant avec des noix de macadamia provenant des plantations du ranch. Étant donné que chaque vache consomme entre 2 et 5 tonnes de nourriture par an, cela représente des centaines d’hectares de plantation.
D’autres milliardaires, dont Oprah Winfrey, Frank VanderSloot (PDG de Melaleuca) et Bill Gates ont également acheté de milliers d’hectares de terrain pour y construire de gigantesques propriétés à Hawaï et ailleurs sur le territoire américain.
D’autres, comme Peter Thiel (fondateur de PayPal), préfèrent investir à l’étranger, notamment en Nouvelle-Zélande.
Le point commun entre les projets de ces milliardaires est la présence de bunkers fortifiés ainsi que de systèmes d’approvisionnement leur permettant une autonomie quasi totale. Alors que ces infrastructures sont toujours plus en vogue dans la culture populaire, les raisons de leur construction ont tendance à motiver toutes sortes d’hypothèses. « Les gens ne se demandent pas seulement ‘pourquoi Mark Zuckerberg construit-il un bunker privé contre l’apocalypse à Hawaï ?’, mais aussi ‘que savent les [milliardaires] ? ’ et ‘que va-t-il se passer en 2024 qu’ils ne nous disent pas ? ’ », ont écrit dans un article de " The Conversation[5] " des experts de l’Université du Queensland.
D’après les plans de leurs constructions, ces grandes fortunes semblent en effet vouloir se préparer à une catastrophe mondiale.
Cependant, selon les experts, la réalité serait beaucoup plus subtile et ambitieuse : la construction d’écosystèmes entièrement autonomes au sein desquels les terres, l’agriculture, les infrastructures et le travail sont tous contrôlés et gérés par une seule personne. Cette vision aurait donc plus d’éléments en commun avec un seigneur féodal qu’avec un capitaliste moderne.
Alors, pourquoi les millionnaires se préparent-ils à la fin du monde ? Les super-riches savent que l’effondrement est pour bientôt ! Les milliardaires et millionnaires de la Silicon Valley, les fondateurs des fameuses start-ups en hypercroissance sont de plus en plus nombreux à l’avouer et à l’assumer.
Ils se préparent à un bouleversement majeur dans les prochaines années[6].
Achat d’îles isolées ;
construction de bunkers ;
villes ultras-sécurisées ;
plans d’évacuation ;
recrutement d’anciens militaires…
Quand on a les moyens, on ne compte pas !
Qui sont vraiment ces riches qui se préparent à l’apocalypse ? Contrairement aux anciennes générations de dirigeants d’entreprise, ce sont des « Self-made man » (« qui s’est fait tout seul », en français). Ils ne doivent leur fortune qu’à leur grande " intelligence " et à leur " sens des affaires ". Ces ultra-riches, milliardaires ou « seulement » multi-millionnaires sont ceux qui ont créé le monde ultra connecté dans lequel nous vivons.
Récupération massive des données personnelles ;
Reconnaissance faciale ;
Automatisation massive de la production et des services…
Ce sont eux qui sont en train de créer leur propre monde du futur.
Pourquoi ceux qui créent le futur le redoutent-ils ? Quand on crée un système, on connaît ses forces, mais aussi ses faiblesses. Ils connaissent mieux que personne les dangers du monde ultra connecté et ultra dépendant à la technologie dans lequel nous vivons.
Ils savent qu’un simple bug informatique ou une coupure d’électricité généralisée peut causer des ravages dans les pays industrialisés.
🔴La crainte d’un crash technologique
Il y a 50 ans, en cas de coupure d’électricité, il suffisait d’allumer des bougies pour que la vie reprenne son cours... Aujourd’hui, tout s’arrête : les transports, les hôpitaux, l’approvisionnement alimentaire, la sécurité…
Dans les villes, où la population est ultra concentrée, les dégâts seront terribles.
Imagine un bug dans le système de paiement de ta banque ;
Un scénario de fin du monde rarement pris comme exemple et qui ne semble pas critique ;
Si un bug majeur était détecté dans le système informatique des banques (elles utilisent quasiment toutes la même technologie), l’économie mondiale serait tout simplement paralysée ;
Plus personne n’aura confiance dans les données qui sont stockées sur les serveurs.
🔴La monnaie n’a plus aucune valeur, l’économie s’effondre
Si plus personne n’a confiance dans les données des banques.
Un billet de 500 € vaudra autant qu’un emballage de sandwich.
Voici la définition de la monnaie fiduciaire selon Wikipédia :
« La monnaie fiduciaire est la monnaie comprenant les pièces et les billets de banque, c’est un instrument financier dont la valeur nominale est supérieure à la valeur intrinsèque : la confiance (fiducia en latin) que lui accorde l’utilisateur comme valeur d’échange, moyen de paiement, et donc comme monnaie, repose sur un principe de garantie défendu par une institution centralisatrice. »
Conséquences ?
Impossible de retirer de l’argent en liquide de son compte bancaire ;
Impossible de payer avec une carte de crédit ;
Impossible de payer les salaires ;
Impossible pour les entreprises de payer leurs fournisseurs ;
Sans moyen de paiement informatique, l’économie s’effondre complètement.
🔴La crainte de troubles sociaux
En plus des risques technologiques, il y a une autre peur latente dans l’esprit de ces super-riches... C’est celle des troubles sociaux de grande ampleur.
Ces troubles,ils en seront la cause, mais surtout,ils seront les premières victimes de cet inévitable effondrement.
En effet, ce sont eux qui, en automatisant le travail, détruisent des millions d’emplois. Ces milliardaires ont mis en place les modèles économiques qui réduisent à la misère les classes sociales les plus vulnérables ;
Ce sont également eux qui, en coulisses, aident les États à mettre en place des outils de contrôle des masses
Récupération et analyse des données, vidéosurveillance avec reconnaissance faciale, manipulation de l’opinion…
Ça a longtemps été un fantasme, mais ces technologies sont aujourd’hui dans nos rues.
Une tendance vers le féodalisme ? Dans le système féodal de l’Europe médiévale, le roi possédait la quasi-totalité des biens, que ce soit les terres ou les habitations. Les droits de propriété des habitants dépendaient ainsi de leur relation avec ce roi. Les paysans vivaient et cultivaient généralement sur des terrains concédés par le roi à un seigneur local. Il arrivait même que les outils qu’ils utilisaient ne leur appartienne pas.
Selon les experts de l’Université de Queensland, ce que font les milliardaires comme Zuckerberg à Hawaï évoque ce féodalisme. Bien que l’homme d’affaires est soupçonné d’avoir joué de ses relations pour obtenir ses terres, la communauté locale a néanmoins accepté son installation et lui a confié la gestion de ses terres. « Il s’agit d’un modèle économique qui mène directement au féodalisme », ont écrit les chercheurs.
La stratégie d’installation de Zuckerberg est ainsi basée sur la coopération avec les locaux. Bien que les terres lui appartiennent désormais, son installation a offert des opportunités d’emploi et de développement économique pour les natifs. En outre, le PDG de Meta et sa femme incluent également des projets de conservation de la biodiversité indigène, ainsi que des fermes de curcuma et de gingembre bio. Dans cette vision, l’écosystème élaboré par Zuckerberg est entièrement autonome et chaque membre y apporte sa contribution (chacun y voyant un intérêt).
En revanche, l’installation de Thiel en Nouvelle-Zélande n’a pas aussi bien été acceptée par les locaux.Le fondateur de PayPal projetait notamment de construire un bâtiment souterrain sophistiqué ressemblant à un bunker et s’étendant sur plus de 73 700 mètres carrés, sur l’île d’Aotearoa. Le projet a été rejeté en raison de conflits d’intérêts avec le conseil local. Les autorités souhaitaient probablement protéger les intérêts des natifs ou autochtones qui, dans de nombreux pays (dont Hawaï), sont souvent exclus de leurs terres ancestrales pour des raisons économiques, telles que l’installation d’individus fortunés.
« Ce qui émerge parmi les milliardaires est plutôt la conviction que la survie ne dépend pas (seulement) du fait de se cacher dans un trou en béton armé creusé dans le sol, mais (aussi) du développement et du contrôle de son propre écosystème », indique le groupe d’analystes.
Conclusion
Sur le fond, ces milliardaires prévoyants ne sont pas dupes, ils sont conscients que la situation n’est pas viable sur le long terme.
Ils vivent dans la crainte que la population se révolte.
Contre le système actuel.
Contre eux.
Prépare-toi !
Quand les ultra-riches veulent échapper à la fin du monde dans laquelle ils nous mènent
Quand les plus pauvres suffoqueront sous 40°C dans un épais nuage de pollution, où seront les ultra-riches ? A priori dans leurs bunkers. Ce marché est florissant à mesure que la crise climatique et autres tensions géopolitiques s’accélèrent.
Le patron de Facebook (Meta) est en première ligne : il est en train de construire secrètement un bunker sur l’île hawaïenne Kauai.
Au début du 20e siècle, le gouvernement français nourrit le projet d'intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire
En décembre 1918, le pouvoir soviétique paraît aux abois.
Depuis six mois, le soulèvement de la Légion tchèque, manœuvré par les gouvernements français et britannique, a coupé la Sibérie et l’Oural de Moscou.
25 et 26 mai 1918, la Légion tchèque se soulève et sépare la Sibérie de l’URSS[1].
Avec l’aide monumentale de la Grande-Bretagne, de la France, des Etats Unis, du Japon, du Canada... les armées de l’amiral Koltchak marchent de la Volga vers le Kremlin.
24 décembre 1918 L’armée blanche sibérienne de Koltchak prend Perm et marche vers Moscou
En fait, les grands pays capitalistes sont intervenus en Russie dès la révolution pour tenter de mettre sur pied des armées contre-révolutionnaires, à terme démanteler le pays pour le plus grand profit de leurs grandes entreprises.
La France joue un rôle central en 1917/1918/1919 dans la constitution d’une alliance capitaliste internationale contre la Révolution russe Pourquoi la France joue-t-elle un tel rôle ?
🔴 La principale raison me paraît politique : des dirigeants nationalistes et impérialistes
Les dirigeants politiques (Clémenceau, Poincaré...) sortent de la Première Guerre mondiale en pleine euphorie. Ils vivent la France comme la nation militairement la plus forte de la planète d’où une responsabilité de puissance impérialiste principale. Ce comportement des dirigeants politiques est évidemment renforcé par le poids moral des principaux chefs militaires dans la population. Or, Foch comme Castelnau ou Franchet d’Espérey sont aussi profondément imbus de tradition nationaliste militariste conservatrice que les corps d’officiers autrichiens, russes, serbes et allemands dont le rôle a été si important dans le déclenchement de la guerre.
🔴 La France capitaliste a investi des sommes importantes en Russie
Avant et pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement français a mobilisé des moyens de propagande très importants pour pousser les citoyens à souscrire des emprunts d’État russes. Onze milliards et demi de francs-or ont ainsi été récoltés[3]. Trois banques françaises détiennent 30 % du capital des onze principales banques de la capitale tsariste. Plus du tiers des investissements industriels privés étrangers en Russie sont français en 1917. C’est surtout le grand patronat, d’une part français, d’autre britannique, qui pousse à profiter de la situation instable née de la révolution pour s’accaparer des richesses naturelles du pays.
🔴La préoccupation impérialiste permanente de Clémenceau
En décembre 1917, au moment où le gouvernement Clémenceau se heurte à de nombreuses difficultés militaires (la révolution d’Octobre a libéré de nombreuses divisions allemandes du Front de l’Est), sociales (grandes grèves de 1917, mutineries), politiques (les socialistes ont rompu l’Union sacrée[4][4bis], financières (lancement d’un nouvel emprunt d’Etat)... son principal souci, c’est en fait de contre-attaquer en Russie même, balayer les bolchéviks, répartir des zones d’influence économique avec les autres Etats capitalistes.
Le 23 décembre 1917, lendemain du début de la Conférence de Brest Litovsk, des représentants de la France et de la Grande-Bretagne se réunissent à Paris et concluent une convention pour le démembrement de la Russie en zones d’influence :
l’Angleterre se réserve les provinces baltes et le Caucase (surtout son pétrole) ;
la France choisit l’Ukraine de la Biélorussie à la Bessarabie et au Donetz (fer, charbon, bassin sidérurgique...) ainsi que les rives de la Mer Noire dont Odessa et la Crimée.
🔴Des dirigeants militaires conservateurs, va-t-en guerre contre le communisme
Foch, général en chef des armées alliées en 1918, pèse lourd dans les décisions prises par la France sur la fin de la guerre et dans les années suivantes. Or, il voit le combat contre le communisme comme une guerre classique avec ses fronts bien délimités. En mars 1919, convoqué à une réunion de chefs d’état pour donner son avis sur la question, il déclare " Le péril bolchéviste s’étend vers le Sud et vers la Hongrie, il faut l’arrêter à Odessa et à Lemberg[5]."
Avant même la fin de la Première Guerre Mondiale, le gouvernement français de Clémenceau se préoccupe plus de combattre les aspirations des peuples et préparer une intervention militaire directe en URSS que de finir rapidement la guerre contre l’Allemagne
En juin 1918, le général Louis Franchet d’Espérey, excellent d’un point de vue militaire, prend le commandement des armées alliées d’Orient à Salonique.En septembre, il dispose de forces imposantes pour passer à l’offensive : 8 divisions françaises (comprenant 18% de Sénégalais et Maghrébins), 6 divisions Serbes, 4 britanniques, 9 grecques et une italienne. En un mois, il bouscule les lignes bulgares et allemandes, pénètre largement en Serbie, entre dans Belgrade, obtient la capitulation de la Bulgarie, fait prisonniers 90000 Bulgares ainsi que l’armée allemande de Von Steuben[6].
L’armistice signé à Salonique le 29 septembre 1918 pour tout le Front d’Orient, libère les armées de Franchet d’Espérey qui pourraient pénétrer en Europe centrale sur les arrières allemands. D’ailleurs,le Haut commandement allemand réfléchit alors à un armistice sur tous les fronts.
Mais le gouvernement français préfère utiliser ces troupes françaises pour aider à la construction d’un Etat roumain militarisé au service de la France, préparer la naissance de la Pologne et la Tchécoslovaquie sur les mêmes bases, surveiller les peuples hongrois et bulgares, soutenir les armées blanches en Russie.
Ainsi, en octobre 1918, le général Franchet d’Esperey, commandant l’armée française des Balkans, reçoit l’ordre de stopper sa marche vers l’Europe centrale, de rassembler les troupes en Roumanie pour intervenir en Russie « afin d’y poursuivre la lutte contre les puissances centrales, mais encore pour réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et en provoquer la chute ».
Dès la Première Guerre mondiale terminée, des troupes françaises d’Orient sont maintenues sous les drapeaux pour attaquer l’URSS
L’armistice du 11 novembre 1918 fait passer les troupes allemandes d’Ukraine sous commandement français pour affronter les rouges.Le gouvernement français est alors décidé à apporter le maximum de soutien au général Krasnov dans la zone du Don et au général Dénikine, commandant l’armée blanche du Sud.
Le 13 novembre 1918, une flotte alliée mouille devant Constantinople, prête à intervenir en URSS[7]. Elle comprend la deuxième escadre française, commandée par l’amiral Amet, et deux divisions de forces terrestres, avec le général Franchet d’Espérey.
Le 20 novembre 1918, des Russes blancs réunis à Jassy (en Roumanie, alliée de la France, où Berthelot et Franchet d’Espérey jouent un rôle très important) demandent officiellement à l’Entente (France, Grande Bretagne, Serbie...) l’envoi d’un corps expéditionnaire pour renverser les soviets[8].
Le lendemain, 21 novembre, Clémenceau brosse pour Franchet d’Espérey « un plan général pour l’isolement économique du bolchevisme en Russie en vue de provoquer sa chute ». Il s’agit d’occuper les ports et d’établir un « cordon sanitaire » : étouffer l’économie soviétique et isoler l’Europe de la contagion des idées révolutionnaires. L’importance donnée à l’occupation du Donbass montre bien que les objectifs économiques impérialistes priment[8].
Bientôt, la flotte "alliée" composée surtout de forces françaises débarque à Sébastopol (Crimée, 13 décembre) puis dans le port d’Odessa comme en pays conquis. En janvier 1919, viendront le tour des ports de Nikolaïeff et de Kherson.
Les unités françaises et alliées (Grecs, Polonais, Roumains...) opèrent conjointement avec les bandes séparatistes de Petlioura et de Gregoriev, avec les armées blanches de Krasnov dans la région du Don, de Denikine au Kouban.
Le 17 décembre 1918, le général français Borius débarque à Odessa avec la 156ème division. Trois compagnies de fusiliers marins aidées de "volontaires" russes et polonais prennent le contrôle du port ; 4000 Allemands gardent la gare et ses environs.
Le 25 décembre, la Crimée commence à être investie par des troupes françaises(débarquement du 175ème Régiment d’infanterie à Sébastopol).
Fin décembre et début janvier de nouveaux renforts français arrivent, par exemple le 8 janvier 1919, le 4ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (unité d’élite qui a joué un rôle important dans l’offensive de septembre) et une compagnie de mitrailleuses.
Toutes ces troupes sont placées sous le commandement du général d’Anselmequi a commandé en 1918 le 1er Groupement de Divisions de l’Armée d’Orient.
Fin janvier 1919, l’armée française a la haute main des bouches du Danube aux bouches du Dniepr (Kherson) en passant par celles du Boug ( Nicolaïeff) et du Dniestr (Tiraspol).
🔴Les capitaux français sont majoritaires dans la société contrôlant l’arsenal de Nicolaieff où se construisent des destroyers, des croiseurs légers, des remorqueurs, des sous-marins. Deux régiments grecs viennent compléter le dispositif français dans cette ville.
🔴La France joue alors un rôle central dans l’accompagnement des armées blanches pour renverser l’URSS. D’Anselme maîtrise un puissant émetteur radio dans le Sud alors qu’en Sibérie ce sont également des Français qui manœuvrent la station d’Omsk, capitale de l’Etat fascisant de Koltchak. Des techniciens français sont attendus pour faire entrer les deux en relation.
Comprendre le capitalisme des années 1900 à 1925 : un monde sans aucun sentiment
La principale caractéristique du grand patronat qui a poussé aux guerres coloniales puis à la Première Guerre mondiale, c’est l’absence totale de respect de la vie humaine.
Le travailleur colonial doit rapporter le maximum de profit jusqu’à sa mort.
Du Congo belge à l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 1961, un grand pays détruit par le colonialisme[9] ;
Colonisation française du Niger et du Tchad par la colonne Voulet Chanoine Joalland : un massacre de masse, un crime contre l’humanité (sur la base des archives militaires)[10][10bis] ;
11 août 1904 : le peuple herero de Namibie est écrasé par les troupes coloniales allemandes[11].
Le soldat doit accepter de se faire tuer pour sa nation (en fait, les profiteurs de son pays) avec courage, patriotisme et abnégation.
Ainsi, la majorité des militaires français de l’armée d’Orient sont des réservistes âgés de 30 à 50 ans. Mon grand-père, né en 1877, en a fait partie. Un nombre significatif de soldats de l’armée française d’Orient relève de la classe 1906 qui a fait son service puis a été rappelée pour toute la guerre.
Des équipages de la marine n’ont pas vu un port français depuis plusieurs années.
Les fantassins ont subi les pires conditions de vie et les pires boucheries. Et maintenant que la guerre contre l’Allemagne est terminée, voilà qu’on leur demande d’aller combattre en Russie.
Le civil russe suspecté de sympathie socialiste ou le soldat de l’armée rouge sont des fusillés en sursis
Les soldats français assistent à de fréquentes exécutions sommaires de bolcheviks présumés. A Kherson par exemple, un millier d’Ukrainiens soupçonnés d’attitude hostile aux armées blanches sont enfermés dans un hangar que l’artillerie française pilonne : le feu prend, aucun survivant. L’ordre fasciste règne dans les zones occupées par l’armée de Clémenceau et de Franchet d’Espérey.
De plus, les conditions de vie de l’armée française d’intervention en URSS sont catastrophiques
« Les services de l’arrière n’existent pas (...), le service postal est si mal assuré que les hommes restent plusieurs semaines sans aucune correspondance avec leurs familles (...), le service du ravitaillement est tel qu’en certains points des soldats français sont en partie vêtus d’uniformes hongrois (...) » (extraits du discours du député Kerguèzec revenant d’une mission d’enquête sur l’armée d’Orient).
Dans la marine, la discipline est insupportable, les brimades, corvées et mises aux fers incessantes.
6 février 1919 à Tiraspol éclate la première mutinerie française de la Mer Noire[12]
Char Renault & soldats français Odessa 1918 1919
Tiraspol est une ville sur la rive gauche du Dniestr, intégrée dans la Russie fin 19ème siècle, début 20ème au sein du " gouvernement de Kherson " (Sud de l’Ukraine).
En 1918, l’armée française fait rapidement de Tiraspol un point d’appui essentiel de son dispositif. Par exemple, les chars d’assaut Renault livrés aux troupes françaises d’Odessa le seront par des chalands venant de cette ville située près de l’embouchure du Dniestr sur la Mer noire.
Début février 1918, une petite unité russe favorable à la révolution arrive devant Tiraspol en descendant la rive du fleuve. Elle tire quelques coups de canon et met en batterie des mitrailleuses.
Le général Berthelot, présent en Roumanie où il a joué un rôle militaire très important de 1916 à 1918, décide d’envoyer des forces conséquentes pour ne pas prendre de risque : un train blindé, des chars d’assaut, des unités françaises de zouaves, des Tchèques, des Polonais... En fait, la défense de Tiraspol est essentiellement assurée par le 58ème Régiment français d’infanterie et les soldats de cette grosse unité n’ont guère envie de combattre les Russes. Il a suffi le 4 février, d’un petit mouvement de repli pour que des militaires des 6ème, puis 5ème et 7ème compagnies abandonnent leur poste.
Après une période de repos, de reprise en mains et d’arrivée de renforts, le colonel Lejay veut lancer l’attaque pour reprendre Tiraspol, en commençant par une préparation d’artillerie. Sont également présents, côté français une unité du 501ème Régiment d’Artillerie d’Assaut et un bataillon du Régiment de Marche d’Afrique...Mais les artilleurs concernés refusent de faire avancer leurs engins, encore plus de tirer.
Les officiers enferment ces artilleurs dans un petit périmètre afin d’éviter la contagion aux autres troupes. Arrivent alors les pioupious du 2ème bataillon qui prennent fait et cause pour les mutins ; leur commandant " réussit à rétablir une situation périlleuse " d’après le rapport.... Quelques heures plus tard, lorsque les officiers espèrent enfin relancer l’offensive, les mutins refusent à nouveau de marcher. L’autre bataillon les rejoint... Lorsque la dernière "unité fidèle" décide de rallier la sédition, l’enthousiasme est tel parmi les soldats que les officiers n’ont plus aucune autorité.
🔴Les arguments des mutins sont exposés très clairement dans le rapport qui suivra "La guerre est finie. L’armistice est signé. Nous nous sommes battus pendant quatre ans. Nous ne sommes pas en guerre contre les bolcheviques... "
Clémenceau réclame une sévérité extrême contre les mutins. Par contre les généraux présents dont D’Anselme et Franchet d’Espérey préfèrent une certaine souplesse " à une répression aveugle dangereuse à court terme ".
En fait, le 9 février, le régiment est à nouveau en ordre de marche. " Les recherches faites n’ont permis de découvrir aucun meneur " note le colonel Lejay en conclusion.
9 mars 1919, L’armée française évacue Kherson puis Nicolaieff Après les évènements de Tiraspol, les troupes françaises déployées sur les rives de la Mer noire essaient de " tenir " la vaste zone qui leur est attribuée. Les accrochages se multiplient avec les unités " rouges ".
Dans " 1919 : les illusions de la gloire" (Editeur Robert Laffont, 1979 [13]), Claude Paillat (pourtant loin d’être pro-bolchévique) développe l’analyse suivante à partir des documents d’époque " A l’évidence, la population, bon gré mal gré, faisait cause commune avec les révolutionnaires. Progressivement aussi, l’Armée rouge, en s’améliorant, faisait front. Son avance dans le Don et le Donetz remettait en cause les importants succès obtenus dans le Caucase par les Blancs. La propagande communiste parvenait à créer des failles chez les séparatistes ukrainiens, isolés, rongés par des "soviets d’ouvriers" et des "Comités de soldats". Notre situation, déjà précaire, s’effritait. Le risque de mutinerie augmente en effet dans les rangs des régiments Français ; des zouaves du 1er Régiment de Marche d’Afrique quittent leur unité et justifient leur attitude "Les officiers nous bourrent le crâne. On nous a trompés..."
Le 8 mars 1919, des détachements de l’armée rouge approchent de la ville de Kherson qui représente l’avant-garde française vers l’Est en direction des armées blanches.
Deux compagnies du 176e régiment d’infanterie s’opposent à un ordre d’attaque. " Aucun homme ne bougea... ; tous opposaient non seulement une force d’inertie que l’on sentait concertée d’avance mais encore un refus catégorique se traduisant par des murmures et des paroles d’indiscipline. " Face à un officier qui tente de les mener de façon rude les traitant de " lâches ", l’excitation monte, mais les soldats restent aussi fermes dans leur refus de combattre.
Le lendemain, 9 mars, l’armée française évacue le port et la ville de Kherson.
Bientôt,Nicolaieff est également abandonné malgré les capitaux français déjà investis.
Le 11 mars 1919, Franchet d’Espérey envoie un télégramme (7107/3) à Clémenceau président du Conseil " Nous n’avons plus comme adversaires actuels en Russie méridionale des bandes bolchéviques mais une armée bien commandée, encadrée, parfaitement disciplinée, rétablissant l’ordre à la place du désordre. Autour de nous, et, derrière nous, hostilité presque unanime de la population, dissolue et xénophobe, qui corrompt nos soldats et leur tire dans le dos dès que l’armée bolchevique apparaît. "
Le lendemain 12 mars, le général Berthelot envoie un télégramme à Clémenceau et Franchet d’Espérey de même teneur.
Bateaux français Odessa 1919
L’évacuation d’Odessa
Depuis le début de l’intervention militaire française en URSS, la ville d’Odessa a été mise en avant comme bastion mondial face au communisme.
Aussi, l’ordre qui règne dans cette grande ville occupée par l’armée de la république française relève bien plus de la dictature militaire fascisante que des du respect des droits de l’homme.
1er mars 1919, Jeanne Labourbe, institutrice communiste, est fusillée à Odessa[14] ;
L’ordre français règne à Odessa :
L’armée française essaie de miser sur une répression dure pour terroriser la population, ainsi le bombardement du village autour de l’usine traitant les eaux pour Odessa ;
Ainsi, encore à Odessa, l’exécution de deux civils à la mitrailleuse puis la pendaison de leurs corps aux grilles de la gare.
Cela ne faisait que monter un peu plus la population contre les soldats.
🔴Pourtant, le 14 mars, l’armée française décrète l’état de siège.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Art 7. - Aussitôt l’état de siège déclaré, les pouvoirs dont l’autorité civile était revêtue pour le maintien de l’ordre et la police passent tout entiers à l’autorité militaire ;
Art. 9. - L’autorité militaire a le droit :
1° - de faire des perquisitions, de jour et de nuit, dans le domicile des citoyens ;
2° - d’éloigner les repris de justice et les individus qui n’ont pas leur domicile dans les lieux soumis à l’état de siège ;
3° - d’ordonner la remise des armes et munitions, et de procéder à leur recherche et à leur enlèvement ;
4° - d’interdire les publications et les réunions qu’elle juge de nature à exciter ou à entretenir le désordre.
🔴La poursuite des mutineries parmi les militaires français - Le 21 mars, la 1ère compagnie du 40ème Régiment d’infanterie se met en grève sur le tas et " dépose ses équipements ".
- Le même jour, la compagnie du 19ème Régiment d’Artillerie de Campagne fait de même. Devant la justice militaire, les mutins affirment n’avoir aucune couleur politique mais assument leur acte " On se moque des conseils de guerre. On nous sacrifie pour des milliards. La guerre n’est pas déclarée contre les bolcheviques. Je n’ai pas de fonds russes. En France, on s’amuse ; ici on se fait tuer..."
- Le 22 mars, le développement du mouvement d’humeur atteint une compagnie du 15ème Régiment du Génie. Un gradé cherche à user de son autorité pour mater les soldats. L’Internationale est alors reprise en chœur par ces troupes qui devaient servir de bastion face au communisme international.
🔴 Le 29 mars, Clémenceau se trouve obligé d’ordonner l’évacuation d’Odessa et le repli sur la "ligne du Dniestr"
Le retrait se fait dans des conditions surprenantes.
L’attitude mutine de plusieurs unités se maintient, par exemple pour plusieurs groupes du 19e régiment d’artillerie à Odessa le 5 avril.
Des sapeurs du 7e génie fraternisent et laissent aux bolcheviks du matériel avant de quitter la ville.
20 avril 1919 : Les mutins de la Mer Noire hissent le drapeau rouge sur les vaisseaux de guerre français (le France, le Jean Bart, La Justice)
Du 10 au 30 avril 1919, se déroulent les grandes mutineries de marins.
En Roumanie, à Galatz, le chef mécanicien André Marty projette de s’emparer du torpilleur Protêt, d’enfermer les officiers et de rallier les bolcheviks à Sébastopol. Le complot découvert, il est arrêté le 16 avril et sera condamné à vingt ans de travaux forcés.
Le 17 avril, sur le croiseur France, des protestations éclatent ; quatre matelots sont enfermés, mais, deux jours plus tard, l’équipage révolté les libère, élit des délégués, exige le retour à Toulon.
Le 20, le drapeau rouge est hissé sur le France, le Jean-Bart, La Justice au chant de L’Internationale. L’après-midi, des marins qui manifestent dans Sébastopol avec la population essuient le feu de soldats grecs. Le calme revient les jours suivants, les délégués, d’abord seuls obéis, voient leur rôle décroître. Mais le Jean-Bart ainsi que le France regagnent Toulon et Bizerte.
Une autre mutinerie a lieu le 25 sur le Waldeck-Rousseau devant Odessa. Un comité de marins décide la révolte, exige la délivrance de Marty et le retour en France. Dans les jours suivants, le bâtiment rentre en France ainsi d’ailleurs que tous les navires de la mer Noire. Mais l’effervescence continue en mai et en juin à Toulon, à Brest, à Bizerte, en Grèce (sur le Guichen avec Charles Tillon) et même à Vladivostok...
🔴 Cette crise, qui surprit le commandement, a plusieurs causes.
Des raisons matérielles : hiver pénible, courrier désorganisé, corvées incessantes dans les ports paralysés par les grèves des dockers russes.
Les équipages sont démoralisés par une guerre longue, et l’armistice, pour eux, c’est la démobilisation : « Nous ne sommes pas en guerre contre les Russes ; nous voulons rentrer en France », répètent-ils. Marty nous dit que les marins lisaient les journaux pacifistes comme La Vague et Le Journal du peuple ainsi que les discours des députés socialistes contre l’intervention.
Des tracts et journaux clandestins sont édités par les bolcheviks, en particulier par le groupe communiste français animé à Odessa par Jeanne Labourbe, qui sera fusillée le 1er mars 1919. Le ministre de la Marine affirme d’ailleurs, le 17 juin, aux députés que la cause des troubles est la propagande révolutionnaire.
Ces mutineries n’expliquent qu’en partie l’évacuation ; en fait, il n’y avait qu’une division à Odessa et les Alliés comptaient surtout sur les Blancs : ils furent très déçus par Denikine. Ces mouvements sont importants dans la mesure où ils s’intègrent dans une crise politique et sociale mondiale qui dépasse la simple histoire militaire.
Les Nations Unies considèrent la Nouvelle-Calédonie comme un « territoire non autonome », c'est-à-dire un territoire dont la population ne s'administre pas encore complètement elle-même[1].
La Nouvelle Calédonie s’embrase, le Gouvernement s’en moque, il est responsable du chaos[9] !
Pour sauver le processus de décolonisation débuté il y a près de quarante ans, l’exécutif doit comprendre que la réforme du corps électoral sur laquelle il s’est fracassé est une question de survie pour les Kanaks, liée à leur minoration démographique, au cœur de la domination française depuis le XIXe siècle.
Manque d’écoute et de considération, passage en force législatif, envoi du GIGN et du Raid, couvre-feu, état d’urgence… Alors que cinq personnes ont été tuées (trois Kanaks et deux gendarmes) et de nombreuses autres blessées dans les affrontements survenus à Nouméa et ses environs au cours des derniers jours, l’exécutif est aspiré par la spirale de violence qu’il n’a pas su désamorcer, voire qu’il a contribué à réveiller.
Les tirs à balles réelles, sur fond d’incendies, de barrages routiers et de pillages, font ressurgir le spectre de la guerre civile entre indépendantistes et loyalistes dont le point culminant a été atteint en mai 1988 avec la mort de dix-neuf Kanaks et de deux militaires lors de l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Déjà, l’enjeu du corps électoral était au cœur de ce que l’on a hypocritement appelé les « événements ».
En raison de sa désinvolture et de son impréparation, tant l’histoire semble se répéter, l’exécutif fait prendre à la France le risque de réduire en cendres près de quarante ans d’un patient processus de décolonisation, qui avait permis jusque-là, dans un savant apprentissage des forces en présence, de maintenir la paix civile en Nouvelle-Calédonie et dont certains, y compris parmi les officiels, ont longtemps espéré qu’il symbolise la première décolonisation « réussie », c’est-à-dire sans violences, de notre pays.
Aujourd’hui, le fil des échanges et de l’équilibre sur lequel s’est construit le destin commun en Nouvelle-Calédonie semble cassé, malgré les appels au calme qui se font entendre de toutes parts, côté loyaliste et côté indépendantiste.
Emmanuel Macron en porte la responsabilité, au regard des fautes accumulées par l’exécutif.
Plutôt que d’entendre les alertes des indépendantistes lancées depuis des mois sur les conséquences d’un élargissement du corps électoral susceptible de marginaliser les Kanak·es dans la répartition des sièges dans les provinces, l’exécutif a choisi de les mépriser.
Plutôt que de persister dans la nécessité d’un dialogue, tout complexe soit-il, il a choisi de passer en force son projet à l’Assemblée nationale (NDLR : adopté avec la complicité du RN[2]).
Plutôt que de saisir la gravité du moment en tirant les leçons des expériences passées, le président refuse de faire une pause sur le fond de la réforme contestée, recourt à l’état d’urgence – inscrit dans la loi en 1955 pour faire face aux « événements » d’une autre ex-colonie, l’Algérie – et envoie les troupes.
Des blessures ravivées Après avoir alimenté le chaos, il promet une réponse « implacable » à l’embrasement des rues. Pour faire bonne figure face à la brutalité de sa stratégie, il « invite » désormais les délégations calédoniennes à venir discuter à Paris, tout en prévenant qu’il maintiendrait la réunion du congrès à Versailles « avant la fin juin » pour entériner la révision constitutionnelle si aucun accord n’était trouvé d’ici là.Des négociations avec un ultimatum… pas sûr que les intéressés apprécient.
Le ministre de l’intérieur le dit à sa manière, encore moins policée : « La République ne tremblera pas. Oui au dialogue comme l’a dit le premier ministre, autant qu’il faudra, où il le faudra, avec qui il faudra, mais jamais la République ne doit trembler devant les kalachnikovs », a affirmé Gérald Darmanin, après avoir salué la mémoire du gendarme décédé sans un mot pour les autres victimes.
Compte tenu de son implication dans le processus décolonial, l’État français devrait pourtant le savoir : on ne met pas fin impunément à un héritage de conquête, d’asservissement et de ressentiment sans rompre avec les méthodes brutales et expéditives qui ont façonné le passé.
Loin de l’apaisement escompté, le chef de l’État ravive douloureusement les blessures d’une histoire de domination jamais complètement refermée, malgré les accords de Matignon de 1988[3], consécutifs à la tragédie d’Ouvéa, puis les accords de Nouméa de 1998,dont le préambule a, pour la première fois, officiellement reconnu le fait colonial de la République française : " Lorsque la France prend possession de la Grande Terre, que James Cook avait dénommée « Nouvelle-Calédonie », le 24 septembre 1853, elle s'approprie un territoire selon les conditions du droit international alors reconnu par les nations d'Europe et d'Amérique, elle n'établit pas des relations de droit avec la population autochtone. Les traités passés, au cours de l'année 1854 et les années suivantes, avec les autorités coutumières, ne constituent pas des accords équilibrés mais, de fait, des actes unilatéraux. "[4].
Ces accords ont manifesté la volonté partagée de « tourner la page de la violence et du mépris pour écrire ensemble des pages de paix, de solidarité et de prospérité », comme l’État avait obtenu de l’inscrire dans le marbre. Il semble, au regard de la situation actuelle, que l’exécutif ait oublié de lire la page jusqu’au bout, avant de la tourner. Car même si le « non » aux référendums d’autodétermination l’a emporté trois fois, le processus de décolonisation, contrairement à ce qu’il aimerait croire, n’est pas achevé pour autant. Selon ce qui a été dit et écrit,un accord global sur l’avenir institutionnel de cet archipel du Pacifique, toujours considéré par l’ONU comme un territoire non autonome à décoloniser[1],doit encore être conclu.
On ne se débarrasse pas ainsi d’un substrat colonial qui imprègne encore le présent du pays, sans l’avoir regardé en face. Sur une terre où les habitant·es et les institutions ont su faire preuve d’intelligence collective et d’accommodements raisonnables, la gestion managériale et policière, sans passé ni futur, de ce dossier brûlant est vouée non seulement à l’échec, mais aussi au drame.
🔴 « Le temps viendra où le désir de dominer, de dicter sa loi, de bâtir son empire, la fierté d’être le plus fort, l’orgueil de détenir la vérité, seront considérés comme un des signes les plus sûrs de la barbarie à l’œuvre dans l’histoire des humanités » : ces lignes des écrivains Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau (ici et là) devraient résonner aux oreilles d’Emmanuel Macron. Écrites en 2007, elles ne faisaient pas référence à la situation calédonienne, mais répondaient au sinistre « débat » sur l’« identité nationale », dont on mesure, rétrospectivement, à quel point il a réactivé de vieilles matrices racistes.
Les fautes du président
Comment en est-on arrivé à ce qui pourrait se transformer en point de non-retour ? Depuis l’Hexagone, Nouméa a paru s’embraser en un rien de temps, alors que les débats parlementaires touchaient à leur fin.
Mais la colère couvait depuis bien plus longtemps.
La faute originelle du chef de l’État remonte à 2021 quand l’exécutif a exigé le maintien du troisième référendum sur l’indépendance, pourtant boycotté par les indépendantistes.
En dépossédant les premiers concernés de l’expression de leur voix, le scrutin perdait de facto toute légitimité.
La confiance perdue, les relations avec les principales composantes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) se sont considérablement tendues, jusqu’à entraver la reprise des discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
En 2022, les indépendantistes ont perçu comme un manque évident d’impartialité de l’État la nomination au gouvernement de Sonia Backès, fer de lance de la droite loyaliste. Ces derniers temps, leur courroux a fini par se fixer sur la personne de Gérald Darmanin, qui a repris le dossier en main, en rupture avec la tradition de le confier à Matignon, et dont les manœuvres politiciennes cadrent mal avec la recherche du consensus et le crédit à la parole donnée au centre de la culture politique en Nouvelle-Calédonie.
L’étincelle finale est ainsi venue du projet de réforme porté par le ministre de l’intérieur.Depuis la révision constitutionnelle de 2007, découlant de l’accord de Nouméa, seules les personnes inscrites sur les listes électorales avant la date de l’accord pouvaient voter aux élections provinciales – une dérogation à la loi française visant à atténuer le poids des nouveaux venus et à permettre aux Kanak·es de continuer d’influer sur le cours des décisions les concernant.
Au mépris de cet engagement, Gérald Darmanin, désireux de tourner la fameuse page de l’Histoire, a jugé que ce principe n’était « plus conforme aux principes de la démocratie »[5]. Après avoir boycotté le troisième référendum en raison du non-respect de la période de deuil kanak post-Covid, les indépendantistes ont instantanément vu le dégel du corps électoral comme une mise en minorité supplémentaire, les Kanak·es ne représentant plus que 41 % de la population selon le dernier recensement.
Une question de survie La question est existentielle pour eux : faute de majorité démographique, leur destin politique leur échappe, eux qui soutiennent ultra-majoritairement le chemin de l’indépendance, face aux héritiers des colons blancs, et aux Calédonien·nes d’origine européenne en général, faisant le choix inverse. Et ils ont de quoi se méfier des intentions de l’État tant la France, dès qu’elle s’est installée en Océanie, en a fait un enjeu stratégique au service de sa politique de colonisation et de remplacement.
Dès la prise de possession de l’île en 1853 sur ordre de Napoléon III, les spoliations foncières, les déplacements et le travail forcé de la population autochtone ont eu pour effet de la réduire numériquement.Au recensement de 1921, il ne restait plus que 27 100 Kanak·es, soit environ 80 % de moins qu’en 1774.
Dans les années 1950, après la fin de l’indigénat en 1946, alors que les mouvements de décolonisation s’intensifiaient partout dans le monde, la France, à contre-courant, a amplifié sa stratégie de peuplement en Nouvelle-Calédonie. Après avoir déporté des bagnards, des communards et des Algériens dans la deuxième moitié du XIXe siècle, elle a, dans la foulée de la Seconde Guerre mondiale, considéré l’immigration comme une nécessité pour maintenir sa présence dans cette partie du globe.
Puis, au cours des années 1970, avec le boom du nickel,cette vague de « migrants économiques », principalement venus des îles Wallis et Futuna, a fait basculer le peuple kanak dans la minorité numérique.
La circulaire du premier ministre Pierre Messmer du 19 juillet 1972 est des plus explicite : « La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones, appuyées par quelques alliés éventuels dans d’autres communautés ethniques venant du Pacifique. À court et moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer devrait permettre d’éviter ce danger, en maintenant ou en améliorant le rapport numérique des communautés. À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire.[6] » Voilà, tout est dit.
Dans le même temps, les revendications kanakes deviennent si fortes que l’État ne peut plus les ignorer. Les indépendantistes estiment qu’outre les Kanak·es, celles et ceux qu’ils appellent les « victimes de l’Histoire », c’est-à-dire les personnes forcées par l’administration coloniale de venir s’installer dans l’archipel, devraient être autorisé·es à s’exprimer sur l’avenir du pays. Les bases d’une négociation en vue de l’autodétermination sont jetées en 1983 lors d’une table ronde organisée à Nainville-les-Roches, en Essonne.
🔴 Dès lors, la question du corps électoral est posée. Elle ne cessera de l’être, notamment en 1988, mais aussi lors du premier référendum d’autodétermination en 2018… jusqu’à aujourd’hui.
Nouvelle-Calédonie : le gouvernement est responsable du chaos
Suivez en intégralité le passage de Mathilde Panot, députée LFI le 17 mai au micro d’Apolline de Malherbe... le gouvernement doit faire un geste fort pour l’apaisement en retirant son texte[8] !
« Ce ne sont pas les organisations indépendantistes kanaks qui sont " mafieuses " comme le prétend Darmanin, ce sont les quelques familles de colons qui avec dix groupes familiaux contrôlent 80% de l'économie de la Nouvelle-Calédonie.[7]»
Faut-il traiter d’antisémites et condamner ces huit rescapés des camps d’extermination pour leurs comparaisons entre les politiques sionistes et celles des Nazis ? Chris Knight, anthropologiste et militant britannique pose la question, en publiant les citations ci-dessous.
Marika Sherwood, survivante du ghetto de Budapest.
« (...) Peu de temps après (en 1956), j’ai appris que les Israéliens rassemblaient les Palestiniens dans des camps de concentration. Je ne pouvais pas y croire. Les Israéliens n’étaient-ils pas des Juifs ? Ne venions-nous/ne venaient-ils pas de survivre au plus grand pogrom de notre histoire ? Les camps de concentration – souvent appelés par euphémisme, « colonies de peuplement » - n’étaient-ils pas la principale caractéristique de ce pogrom ? Comment ces Juifs israéliens pouvaient-ils opprimer d’autres gens ? Dans mon imagination de romantique, les Juifs d’Israël étaient des socialistes, des gens qui discernaient le bien du mal. C’était manifestement inacceptable. J’avais l’impression qu’on m’avait laissé tomber, comme si on m’avait volé une partie de ce que je pensais être mon héritage. …
Il me faut dire au gouvernement israélien qui prétend parler au nom de tous les Juifs, qu’il ne parle pas en mon nom. Je ne garderai pas le silence face à la tentative d’annihilation des Palestiniens, la vente d’armes aux régimes répressifs partout dans le monde et la tentative d’étouffer la critique d’Israël dans les médias au niveau mondial, quand on voit ce gouvernement remuer le couteau dans la plaie - traduisons ‘ culpabilité ’ - afin d’obtenir des concessions économiques de la part des pays occidentaux. Naturellement, la position géopolitique d’Israël a une incidence grandissante en ce moment. J’empêche Israël de confondre les termes « antisémite » et « antisioniste » : On ne peut pas laisser passer ça."
🔴 Dr. Marika Sherwood, ‘ How I became an anti-Israel Jew ’ (Voilà comment je suis devenue une Juive anti-Israël), Middle East Monitor, 7/3/18[0]...Je ne suis pas antisémite, mais je suis antisioniste[1]
Israël Shahak, survivant du ghetto de Varsovie et du camp de concentration de Bergen-Belsen.
« Pour survivre, Israël doit renoncer au désir de domination. Il deviendra alors un bien meilleur pays pour les Juifs eux-mêmes.En Israël, beaucoup comparent aisément le pays avec l’Allemagne. Non seulement l’Allemagne d’Hitler et des Nazis, mais aussi l’ancien Empire germanique voulait dominer l’Europe. Ce qui s’est passé au Japon, après l’attaque contre la Chine, c’est qu’ils voulaient dominer une vaste zone de l’Asie. Lorsque l’Allemagne et le Japon renoncèrent à leur souhait de domination, ils devinrent des sociétés bien plus sympathiques pour les Japonais et les Allemands eux-mêmes. "
🔴 Dr. Israel Shahak, Middle East Policy Journal, été 1989, no.29[2]... " Le racisme de l'état d'Israël " aux éditions Guy Authier[3]
Hajo Meyer, était un survivant d’Auschwitz.
« Ça me fait mal d’observer les parallèles entre mes expériences dans l’Allemagne d’avant 1939 et celles que souffrent les Palestiniens de nos jours. Je ne peux pas m’empêcher d’entendre les échos nazis de « sang et sol », dans la rhétorique des colons fondamentalistes, qui revendiquent le droit sacré à toutes les terres de la Judée-Samarie biblique.
Les divers aspects de punition collective infligée au peuple Palestinien – ghettoïsation forcée derrière un « mur de sécurité », destruction de maisons au bulldozer, déprédation de champs, bombardement d’écoles, de mosquées et d’édifices gouvernementaux, blocus économique qui prive les gens d’eau, de nourriture, de médicaments, d’éducation et de nécessités de base pour survivre dans la dignité – tout ceci me pousse à me rappeler les privations et les humiliations dont j’ai fait l’expérience dans ma jeunesse. Toutes ces oppressions qui durent depuis un siècle, signifient des souffrances inimaginables pour les Palestiniens. »
🔴 Dr. Hajo Meyer, ‘ An Ethical Tradition Betrayed ’, Huffington Post, 27/1/10[4].
Gabor Mate, survivant du Ghetto de Budapest.
« Jeune homme élevé à Budapest, enfant qui avait survécu au génocide nazi, j’ai été hanté pendant des années par une question qui résonnait dans ma tête avec une telle force que, parfois, elle tournait : ‘ Comment cela fut-il possible ? Comment le monde permit-il de telles horreurs ? ’ Question naïve d’un enfant. Maintenant, j’en sais plus : La réalité est là. Que ce soit au Vietnam, au Rwanda ou en Syrie, l’humanité demeure les bras croisés, complice, inconsciente ou impuissante, comme toujours. À Gaza en ce moment, on trouve le moyen de justifier le bombardement des hôpitaux, l’extermination de familles en train de manger, le meurtre de jeunes qui jouent au foot sur une plage… On ne peut pas comprendre Gaza hors contexte, c’est à dire le nettoyage ethnique continu, le plus long de tous, du siècle dernier et du présent, la tentative continue de détruire la nation palestinienne.Les Palestiniens utilisent des tunnels ? Mes héros de même : les combattants mal équipés du Ghetto de Varsovie. Contrairement à Israël, les Palestiniens n’ont ni hélicoptères Apache, ni drones télécommandés, avions de combat chargés de bombes, artillerie laser : Avec leur défiance inefficace, ils lancent des roquettes primitives qui provoquent de la terreur pour des civils innocents israéliens, mais rarement des blessures. Vu l’énorme inégalité de forces, il n’existe aucun parallèle de culpabilité. …
Qu’allons-nous donc faire, nous, gens ordinaires ? Je prie qu’on écoute notre cœur. Le mien me dit que ‘ plus jamais ça ’ n’est pas une expression exclusive : Le meurtre de mes grands-parents à Auschwitz ne justifie pas la dépossession incessante des Palestiniens. La justice, la vérité, la paix, ce n’est pas l’apanage d’une seule tribu. Le ‘ droit d’Israël à se défendre ’ - indiscutable en principe – ne justifie pas l’extermination de masse. »
🔴 Dr. Gabor Mate, ‘ Beautiful Dream of Israel has become a Nightmare ’ (Le Beau Rêve d’Israël s’est transformé en Cauchemar), Toronto Star, 22/7/14[5].
Marek Edelman, était un survivant du Ghetto de Varsovie et un des chefs du soulèvement du Ghetto.
« Pendant la guerre, nous, on n’aurait jamais pensé que les Sionistes restaient volontairement passifs quant à la destruction des Juifs, afin de mieux justifier la fondation de l’état d’Israël… Mais de nos jours, même les historiens reconnus s’expriment à haute voix sur la façon dont certains Sionistes installés en Palestine exploitaient politiquement l’Holocauste ! … Le premier chef du gouvernement israélien, Ben Gourion estimait que, plus ça irait mal pour les Juifs d’Europe, plus ça irait mieux pour Israël. Il a mis ce projet en œuvre… Ben Gourion s’est lavé les mains de la Diaspora… Dès la conférence du parti Mapai en décembre 1942, il a déclaré que la tragédie des Juifs d’Europe ne les concernait pas - lui et ses associés – directement. C’étaient les paroles d’un chef qui était d’accord pour sacrifier la vie de millions de Juifs pour élaborer un état juif. Je ne dis pas qu’il aurait pu sauver des milliers d’êtres humains, mais il aurait pu combattre pour ces milliers de gens. Il s’en est abstenu. J’ignore si c’était voulu. »
🔴Dr Marek Edelman, 2016. Being On the Right Side : Everyone in the Ghetto Was a Hero (Du Bon Côté : Dans le Ghetto, Ils étaient tous des Héros), pages 223, 448[6].
Zeev Sternell, survivant du ghetto de Przemysl, en Pologne.
« La gauche n’est plus capable de maîtriser l’ultra-nationalisme qui s’est développé ici, en Israël – le genre dont la branche européenne a contribué à éliminer presque tous les Juifs européens. Les entretiens que Ravit Hecht du Haaretz a effectués avec les politiques de la droite israélienne, Smotrich et Zohar, (les 3 décembre 2016 et 28 octobre 2017) devraient être distribués dans tous les médias, en Israël et partout dans le monde juif. On voit en eux non seulement un fascisme israélien grandissant, mais aussi un racisme qui ressemble au Nazisme dans son enfance.
Comme toute idéologie, la théorie raciale nazie s’est développée au cours des années. Au début, elle a uniquement privé les Juifs de leurs droits civils et humains. Il est possible que, sans la Seconde Guerre Mondiale, le ‘ problème juif ’ se fût terminé simplement avec l’expulsion ‘ volontaire ’ des Juifs des terres du Reich. Après tout, la plupart des Juifs d’Autriche et d’Allemagne ont pu partir à temps. Il est possible que ce soit un avenir à prévoir pour les Palestiniens. » :
🔴Prof. Zeev Sternhell, ‘ Opinion in Israel, Growing Fascism and a Racism Akin to Early Nazism ’, Haaretz, 19/1/18[7].
Primo Levi était un survivant d’Auschwitz.
« En ce qui concerne le Premier Ministre Menachem Begin, ‘ Fasciste ’ est une définition pour moi acceptable. À mon avis, même Begin serait d’accord. C’était l’élève de Jabotinsky, qui représentait l’aile droite du Sionisme et qui se disait fasciste. C’était l’un des interlocuteurs de Mussolini. Assurément, Begin était son élève. Voilà toute l’histoire de Begin…. L’Holocauste est la défense préférée de Begin : Je n’y attribue aucune validité. »
🔴Primo Levi, The Voice of Memory : Primo Levi Interviews (La voix de la Mémoire : Entretiens avec Primo Levi), 1961-1987, pp. 285-286. La citation date de 1982[8].
Rudolf Vrba, survivant de Majdanek et d’Auschwitz
Il s’est évadé d’Auschwitz en 1944[9], pour prévenir les Juifs hongrois au sujet du programme nazi d’extermination. Malheureusement, certains chefs sionistes pensaient différemment.
« Le mouvement sioniste européen a joué un rôle très important dans l’extermination de masse des Juifs. Je crois vraiment que, sans la coopération des Sionistes, ça aurait été une tâche bien plus difficile…. Les Sionistes disaient que nous ne sommes pas tchécoslovaques, ni allemands ni français : Nous sommes juifs et nous devons, en tant que juifs, retourner dans notre pays, en Israël ou Palestine, et fonder notre état. …
S’ensuivit la Loi de Nuremberg, loi divulguée par un État dit civilisé – l’Allemagne nazie – qui affirmait que les Juifs ne faisaient pas partie de l’Europe, mais de la Palestine…Donc, ensemble, le Nazisme et le Sionisme partageaient la même chose : Ils proclamaient tous les deux que les Juifs n’appartiennent pas à l’Europe, mais à la Palestine. …
Donc, naturellement, les Allemands ont dit aux Sionistes : ‘ Vous voyez, les Juifs ne nous font peut-être pas confiance, mais ils vous croiront ’, car ils ont compris qu’on leur avait, en fait, dit la vérité : que vous faites partie de la Palestine, que vous êtes ici des étrangers ’. … C’est comme cela qu’une clique sioniste, a formé les conseils juifs (appelés ‘ Judenräte ’) pour " gérer les affaires juives ", soutenue par l’argent d’hommes d’affaires juifs importants, prêts à tolérer la discrimination contre l’ensemble de la population juive qui n’était ni riche, ni sioniste – qui tout simplement, ne faisait pas partie de la clique. …
Par conséquent, :
je ne me fiais pas à eux, malgré le fait que les Nazis leur avaient donné des droits, suite aux lois de Nuremberg. Je les jugeais fascistes, tout simplement, dès le début, créatures méprisables qui s’associent aux fascistes et qui en bénéficient, ne subissant pas la discrimination infligée aux autres. …
Je n’avais pas plus confiance dans les Nazis que dans les conseils juifs sionistes. Assurément, je me suis rendu compte que les Sionistes et les Nazis sont mes ennemis à part égale : Tous les deux, ils veulent me faire partir avec 25 kilos de bagages, vers un endroit inconnu, et laisser ma mère chez elle, sans défense. …
Les jeunes, piliers de la résistance, ont toujours entre 16 et 30 ans. Chaque soldat sait qu’ils sont les meilleurs éléments pour le combat. … J’étais sidéré par le fait que les Sionistes qui se disaient protecteurs des Juifs, avaient décidé en premier lieu, de laisser partir un groupe de résistants potentiels qui, en dernier lieu, pourraient protéger les familles, en employant la force, si nécessaire.… « Je suis juif. Toutefois – plutôt à cause de cela – j’accuse certains chefs juifs d’une des actions les plus horribles de la guerre. »
Ce petit groupe de collaborateurs savait ce qui se passait dans les chambres à gaz d’Hitler et ont sauvé leur propre vie en achetant leur silence. Parmi eux, se trouvait le Docteur Rudolf Kastner, à la tête du conseil qui parlait au nom de tous les Juifs hongrois…
Prisonnier numéro 44070 à Auschwitz – numéro resté sur mon bras – j’ai calculé minutieusement les statistiques des exterminations … J’ai emporté ces affreuses statistiques lors de mon évasion en 1944, et j’ai pu prévenir les chefs sionistes hongrois trois semaines à l’avance qu’Eichmann avait l’intention d’envoyer un million de leurs Juifs dans ses chambres à gaz. … Kastner est allé dire à Eichmann : ‘ Je connais vos projets. Sauvez des Juifs que je pourrais choisir, et je me tairai. ’ Non seulement Eichmann a accepté, mais il a déguisé Kastner en S.S. et l’a emmené à Belsen pour chercher certains de ses amis. Et ce marchandage ne s’en est pas arrêté là.
Kastner a payé Eichmann plusieurs milliers de dollars. Avec cette petite fortune, Eichmann a pu acheter sa liberté lors de la défaite de l’Allemagne, et s’installer en Argentine… »
« Pourquoi le Docteur Kastner a-t-il trahi les siens, alors qu’il aurait pu en sauver beaucoup en les prévenant, en leur donnant l’occasion de se battre, d’organiser un deuxième ‘Soulèvement de Varsovie’ – ce que craignait Eichmann ? …
Était-il donc possible que l’humeur défaitiste du Docteur Kastner ait été renforcée par le souvenir des paroles prononcées par le Docteur Chaim Weizmann, premier président d’Israël, lorsqu’il a parlé à un congrès sioniste à Londres en 1937 ?
Voici très précisément le discours de Chaim Weizmann : " J’ai dit à la Commission royale britannique que les espoirs des six millions de Juifs d’Europe visaient l’émigration. On m’a demandé : ‘ Pouvez-vous emmener six millions de Juifs en Palestine ? ’ J’ai répondu que non. Les vieux disparaitront. Les autres subiront ou non leur destin. Ils ne sont que poussière, économique et morale, dans un monde cruel … seule une partie survivra … Ils devaient l’accepter. … S’ils voient les choses et souffrent, ils trouveront leur voie - Beacharit Hayamim [‘Lorsque viendra le Messie, tous les morts ressusciteront’] – quand viendra le temps … Je souhaite que soit préservée notre unité nationale, car c’est tout ce que nous possédons. "
‘ Seule une branche survivra …’. Kastner, comme Hitler, croyait-il en une race supérieure, une nation juive formée d’élites, pour les élites, par les élites ?
Était-ce sa façon d’interpréter le sombre discours du Docteur Chaim Weizmann ?
Dans l’affirmative, qui allait choisir la branche ?
Qui allait décider quels grains constitueraient le tas de poussière économique, dont le destin serait d’attendre la venue du Messie ? …
Ma famille, je suppose, était la poussière qui allait être balayée jusque dans les fours par les Nazis qui utilisaient les chefs juifs comme balais … »
🔴 "Oral history interview with Rudolf Vrba’ , World at War TV Series (Un Monde en Guerre, série télévisée), de 1972. Première partie. Passages de 32/45 minutes).
🔴 Dr. Rudolf Vrba, Daily Herald, février 1961 (tiré du livre de Ben Hecht, Perfidy - publié en 1962 - p. 231).
🔴 Dr. Rudolf Vrba, I Escaped from Auschwitz (Je me suis évadé d’Auschwitz) [2002], pp. 281-2.
🔴 Les opinions de Rudolf Vrba étaient toujours sujets à controverse, mais même les journaux sionistes tels que le ‘Jewish News’, (15/12/16) et le ‘Jerusalem Post’, (16/2/17) ont, ces dernières années, publié de sérieuses critiques du rôle de Kastner dans l’Holocauste. Pour en savoir plus sur toute cette controverse, voir : Tony Greenstein, Weekly Worker, (1/6/17) et Ruth Linn, ‘Rudolf Vrba and the Auschwitz Reports : Conflicting Historical Interpretations’ (2011) .
" L’un des aspects les plus inquiétants de la définition de l’Holocauste par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, c’est la suggestion que, si l’on compare la politique israélienne actuelle à celle des Nazis, c’est forcément de l’antisémitisme. Il est vrai que de telles comparaisons sont parfois grossières et sans fondement historique, mais dans la plupart des cas, il semble exagéré de l’attribuer à de l’antisémitisme, même si on n’est pas toujours d’accord avec la conclusion", conclut Chris Knight. (Dulwich et West Norwood CLP : circonscription électorale du Parti travailliste)
[9] Rudolf Vrba, né sous le nom de Walter Rosenberg, (11 septembre 1924 à Topoľčany, Slovaquie - 27 mars 2006 à Vancouver, Canada), est un des seuls Juifs à s'être évadé du camp d'Auschwitz. Interné dans le camp de concentration en juin 1942, il est témoin de l'extermination en masse des Juifs à Auzchwitz-Birkenau
« Rien ne doit exclu[1] », a déclaré Emmanuel Macron le 26 février 2024, à propos de l’envoi de troupes de notre pays en Ukraine. Un dérapage ? Non, le chef de l’Etat a persisté et signé en déclarant quelques jours plus tard : « il n’y a aucune limite[2] » dans la guerre face à la Russie.
Macron persiste et signe dans Le Parisien : " il faudra (peut-être) avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes (...). La force de la France, c'est que nous pouvons le faire[12] ".
« Nous ne voulons pas de la guerre sur le continent européen ! La République française doit travailler à construire la paix », avait réagi Jean-Luc Mélenchon à Paris[3].
Seuls les groupes de La France Insoumise et communiste ont voté contre l’accord d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine signée par Macron et Zelinsky.
Le 12 mars 2024, l’Assemblée nationale a débattu de l’accord franco-ukrainien sur la sécurité, signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le 16 février dernier[4]. Celui-ci engage Paris et Kiev pour une durée de dix ans, comprenant notamment un renforcement de la coopération militaire. Il pose également deux objectifs politiques : l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne et dans l’OTAN, ce à quoi les insoumis s’opposent. S’ensuivra un vote purement symbolique.
Les députés ont débattu mardi de la stratégie française d’aide à l’Ukraine et voté, de manière non contraignante, sur l’accord bilatéral de sécurité signé avec Kiev. Ils l’ont approuvé à 372 voix pour, et 99 voix contre. Au total, 101 députés se sont abstenus[5].
Les 169 députés Renaissance ont voté pour ;
Les 88 élus RN se sont abstenus ;
Les 75 députés « insoumis » ont voté contre;
Chez Les Républicains, 49 ont voté pour et 11 se sont abstenus. Deux n’ont pas pris part au vote ;
Au MoDem, 49 députés ont voté pour et il y a une abstention ;
Les 31 députés socialistes ont voté pour ;
Les 30 députés Horizons ont voté pour ;
Chez les écologistes, 20 élus ont voté pour et une a voté contre. Un député n’a pas pris part au vote ;
Chez les communistes, les 22 élus se sont opposés à l’accord;
Dans le groupe LIOT, 20 d’entre eux ont voté pour et deux députés n’ont pas pris part au vote ;
Enfin chez les non-inscrits : David Habib, Jean-Charles Larsonneur, Hubert Julien-Laferrière et Emmanuelle Ménard ont voté pour, Nicolas Dupont-Aignan a voté contre et Véronique Besse s’est abstenue.
👉 voir aussi le site de l’Assemblée nationale avec les résultats nominatifs et par groupe[6].
🔴Le 12 mars 2024, en application de l’article 50 – 1 de la constitution (et non de l’article 53), les 75 membres de France Insoumise et les 22 membres du groupe communiste ont voté contre le traité d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine.
🔴Ils constituent donc les 99 votes contre. Il y a eu 372 votes pour dont les votes du parti socialiste et les votes du parti écologiste. Les 88 députés du RN se sont abstenu. Il y a eu au total 101 abstentions.
Ukraine : le vote de La France Insoumise est parfaitement cohérent car contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix[3]
Conférence des frontières, garanties de sécurité mutuelle : ce que propose LFI pour mettre fin à la guerre
Dès le début du conflit, LFI s’est distinguée par la défense d’objectifs clairs et simples : cessez-le-feu, retraite des troupes russes, discussion sur la sécurité en Europe dans le cadre de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) où siègent les États-Unis et la Russie. Quelques heures après l’agression russe sur le sol ukrainien, le jeudi 24 février 2022, Jean-Luc Mélenchon dénonçait une invasion qui « change le cours de l’Histoire en Europe » et constitue un recul alors que le recours à la force n’était plus considéré comme un des moyens pour régler les conflits sur le vieux continent.
Comment mettre fin à une guerre et éviter l’escalade guerrière qui risquerait de provoquer un conflit nucléaire ? « Le cessez-le-feu est la première étape pour construire la paix en Ukraine » pour Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, qui plaident pour « discuter des conditions concrètes dans lesquelles le conflit s’arrête ». C’est tout le sens de la proposition portée depuis le premier jour du conflit par le co-président de l’Institut La Boétie. Discuter de la paix en assurant des « garanties de sécurité mutuelle » aux belligérants, aux Ukrainiens comme aux Russes.
Un certain… Emmanuel Macron proposait la même chose le 3 décembre 2022. « C’est aussi de cela que nous avions discuté avec le président Biden, c’est l’architecture de sécurité dans laquelle nous voulons vivre demain, comment nous protégeons nos alliés et les États membres, en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie, le jour où elle reviendra autour de la table », avait déclaré le chef de l’État sur TF1[7]. Une idée qui n’aura pas fait long feu, comme en témoigne la rhétorique guerrière qui a supplanté l’idée d’une conférence pour la paix.
🔴Deux ans après le début du conflit, cette rhétorique guerrière inonde les débats en France et suspecte de complicité ou de connivence avec le régime poutinien toute voix qui porte la négociation pour la paix. Or, ces deux années l’ont démontré de plus belle : l’issue n’est pas militaire mais bien diplomatique.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron et ses partisans avancent sur l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou l’OTAN.
Les insoumis s’y opposent pour plusieurs raisons :
« Cela n’est pas possible sans harmonisation fiscale et sociale », a avancé le député LFI Arnaud Le Gall ce matin en conférence de presse. Le salaire minimum Ukrainien tourne autour de 200 euros.
Difficile alors d’entendre l’adhésion de l’Ukraine quand des millions de travailleurs en pâtiraient.
Quant à l’OTAN, l’adhésion de l’Ukraine irait dans le sens inverse de la garantie de sécurité pour les Russes. Des garanties de sécurité sont nécessaires pour les Ukrainiens comme pour les Russes.
« Les conditions d’un accord de paix sont sur la table », a expliqué Manuel Bompard, coordinateur national de LFI.
Le président ukrainien envisage la possibilité de référendums d’auto-détermination.
De leur côté, les Russes se disent favorables à un cessez-le-feu, pour reconstituer leur défense. Ce n’est pas souhaitable, mais cela ouvre une fenêtre afin que tout le monde puisse se mettre autour de la table.
Les bons esprits affirment que négocier avec Poutine reviendrait à une capitulation de l’Ukraine.
Une position va-t-en-guerre qui balaye d’un revers de la main le sens même de la diplomatie et de la quête d’un mode de résolution des conflits qui ne passerait pas par les tueries.
Ce n’est pas parce que quelqu’un a déclenché la guerre qu’on ne peut pas faire la paix. « Il faut sortir de cette idée que créer les conditions d’une négociation, c’est forcément céder à l’ensemble des exigences de Vladimir Poutine. Celui qui a envahi a violé le droit international, il ne s’agit pas de lui donner raison. Si vous voulez la paix, vous devez écouter ce que chacun a à dire. », a précisé Manuel Bompard.
De même, les esprits va-t-en-guerre oublient la démarche unique de LFI quant à l’accueil des opposants au régime poutinien en France[8], une démarche singulière que n’observe aucune autre formation politique à part celle de Jean-Luc Mélenchon.
La prolongation du conflit est particulièrement dommageable pour l’Ukraine... mais pas que ! Déjà 444 000 morts[10], et 486 milliards de dollars de destructionsdirectes[9] dans lequel il faudra compter un affaiblissement considérable du potentiel industriel et agricole. Et à cela s’ajoute une énorme pollution des sols.
En revanche, les sanctions contre la fédération de Russie ont relancé la croissance économique de ce pays dans tous les domaines : agricole, commerciale et industrielle. Son taux de croissance du PIB est évalué à 3,6 % par la banque mondiale en 2023 contre 0,8 % pour la France.
Ce sont les pays européens qui, par effet boomerang, souffrent le plus des sanctions contre la Russie.
Les seuls bénéficiaires de la guerre sont les États-Unis d’Amérique du côté occidental.
La continuation de la guerre va être catastrophique pour l’Ukraine et va provoquer une récession de l’économie européenne.
🔴La France aura dépensé depuis février 2022 pour près de 15 milliards d’euros pour l’Ukraine. Voici approximativement le décompte : traité d’assistance signé par Macron :
3 milliards d’euros ;
+ 8 milliards d’euros (sur les 50 milliards votés par le Parlement européen) ;
+3,8 milliards d’aides militaires en 2022 et 2023 soit 14,8 milliards ;
auxquels il faut ajouter environ 600 millions d’euros pour l’aide aux réfugiés. On dépasse ainsi un total de 15 milliards d’euros.
🔴Pendant ce temps, on nous annonce un plan d’austérité de 10 milliards d’euros ;
et on nous a annoncé l’obligation d’augmenter l’âge de la retraite de deux ans en raison d’un déficit de 12 milliards pour les retraites.
Dans le même temps,le déficit de la balance commerciale de la France bat des records historique : 99,6 milliards d’euros en 2023, 164 milliards d’euros en 2022.Ce sont les deux plus gros déficits de la balance commerciale enregistrés depuis 1945.
Mais ce n’est pas tout : 2022, le déficit du budget de l’État en France s’est élevé à 126,8 milliards d’euros, soit 4,8 % du produit intérieur brut (PIB).
En 2023, le déficit a augmenté pour atteindre 173,3 milliards d’euros,
Pour éviter des erreurs de jugement, comme celles des médias qui prédisaient voici un an l’effondrement de la Russie et de Vladimir Poutine, il est important d’analyser les rapports de force.
Voici seulement quelques éléments concernant la Russie :
Selon des documents divulgués des services de renseignement américains citent le FSB russe, les forces russes auraient subi 110 000 pertes au 28 février 2023[11].
La Russie a augmenté son budget militaire de 68 % en 2024ce qui ne l’empêche pas d’augmenter dans de nombreux secteurs son potentiel industriel.
Et l’aménagement de son territoire dans sa partie orientale..N’oublions pas que le territoire de la fédération de Russie couvre 11 fuseaux horaires
La Russie dispose de missiles hypersoniques dépassant de plus de 10 fois la vitesse du son les rendant ininterprétables.
🔴Les dirigeants européens, les sociaux-démocrates et les écologistes aveuglés idéologiquement par une représentation fantasmatique de la Russie ont totalement sous-évalué les capacités économiques, financières, militaires et diplomatiques sur la scène internationale de la fédération de Russie. Ces gens souffrent d’un lourd défaut d’analyse rationnelle et historique de la réalité : je suis tout à fait d’accord sur ce point avec l’analyse de Jacques Baud et de Caroline Galactéros.
🔴Oui, le vote de La France Insoumise n’est pas seulement pacifiste, humaniste, il est réaliste.
Ukraine : La France doit être à la pointe de la paix !
« Dans l’épreuve internationale, la France doit être un agent de la solution et non une partie du problème. Ce débat est un simulacre, vous avez déjà signé l'accord de sécurité avec l’Ukraine ! En Ukraine, à Gaza, au Congo, la France doit être à la pointe du combat pour la paix ! Être un agent de la solution et non une partie du problème. » Arnaud Le Gall, dépuré France insoumise /Ñupes
Javier Milei, en campagne le 25 septembre 2023 pour le scrutin 19 novembre, brandit sa tronçonneuse dont il fait un symbole. PHOTO CHRISTINA SILLE/REUTERS
En Argentine, Javier Milei dérégule l’économie et organise la répression sociale Le nouveau président a lancé un décret et une loi pour déréguler l’économie, et plus généralement la société argentine. Le tout accompagné d’une répression violente des droits de grève et de manifestation et d’un renforcement des droits de la police. Romaric Godin 28 décembre 2023 à 19h20 J
Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.
La France insoumise
Pour une MAJORITÉ POPULAIRE, renforcer la France insoumise pour GAGNER !
🔴 La France insoumise et ses 71 députés sont au service des Françaises et des Français face à l'inflation et l'accaparement des richesses par l'oligarchie.
✅ La dissolution, nous y sommes prêts !
Avec la #Nupes, la France Insoumise propose l’alternative
📌Pourquoi La France insoumise, ses origines ? La France insoumise : comment ? La France insoumise : pour quoi faire ?
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