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8 novembre 2022 2 08 /11 /novembre /2022 14:59
Au centre, debout, Itamar Ben-Gvir, le 2 novembre 2022

Au centre, debout, Itamar Ben-Gvir, le 2 novembre 2022

Les lendemains d’élections ont montré que la société israélienne est devenue en partie religieuse et en grande partie raciste[1], la haine des Arabes étant son principal carburant, sans personne pour s’y opposer...

 

25 novembre 2022 : Israël Benjamin Netanyahu signe son premier accord de coalition avec l'extrême droite[0]... et, un mois plus tard, présente un programme « encourageant » la colonisation en Cisjordanie[7]...

 

et Macron veut « renforcer les liens » entre les deux pays (en soutenant donc ce régime d'apartheid et la violation des résolutions de l'ONU)[6]...

 

Tandis que les élections anticipées du 1er novembre 2022 ont vu les suprémacistes juifs faire une percée historique au Parlement, un nouveau visage de l’Etat hébreu se dessine. S’il se confirme dans la composition du prochain gouvernement, il devrait imposer à ses alliés occidentaux un réexamen de leurs relations avec Israël...

 

 

Sources : A l'encontre par Gideon Levy | mis à jour le 14/02/2023

- Que pensiez-vous qu’il allait se passer ?
Que pensait la gauche sioniste, qui a sombré dans le coma après les Accords d’Oslo de 1994[2] ? Qu’il était possible de revenir au pouvoir en sortant du coma ? Les mains vides ? Sans alternative et sans leadership ? Sur la seule base de la haine de Netanyahou ? En dehors de cela, cette gauche sioniste n’avait rien à offrir.

 

Personne ne devrait être surpris par ce qui s’est passé (l’obtention d’une majorité de sièges à la Knesset – 64 sur 120 – de la coalition menée par Benyamin Netanyahou du Likoud et Itamar Ben-Gvir du Otzma Yehudit[2bis]). Il ne pouvait en être autrement. Cela a commencé avec l’occupation (en 1967) – pardonnez cette mention ennuyeuse et clichée[3] – mais c’est alors que cela a vraiment commencé. Il fallait que cela débouche sur un gouvernement ouvertement raciste et de « transfert » des Palestiniens.

  • Cinquante ans de propagande contre les Palestiniens et de manœuvres de terreur à leur égard ne pouvaient pas aboutir à « un gouvernement de paix ».
  • Cinquante ans de soutien presque total à l’occupation, de la part de la gauche et de la droite sionistes, ne pouvaient se terminer autrement qu’avec Ben-Gvir comme héros populaire[4].
  • Une occupation sans fin ne pouvait que conduire au gouvernement Benyamin Netanyahou-Itamar Ben-Gvir.

Car si vous devez avoir une occupation, alors vous devez embrasser sa version authentique, celle qui ne s’en gêne le moins du monde, c’est-à-dire la version Ben-Gvir.

 

Il était tout simplement impossible de poursuivre les illusions – Juif et démocratique, occupation éclairée, occupation temporaire – et tout ce répertoire de phrases usées. Le temps de la vérité était arrivé, et c’est ce que Netanyahou et Ben-Gvir vont nous expliquer.

 

 

- Hier (2 novembre), Israël s’est réveillé à l’aube d’un nouveau jour, dans lequel tous les bavardages et les euphémismes appartiennent désormais au passé.
Désormais, l’occupation n’est plus que occupation. Il en va de même pour la suprématie juive en Israël. Désormais, le sionisme est promu au rang de racisme déclaré. Hier, la mort de la ligne verte, frontière établie le 4 juin 1967, (et surnommée « mur de la honte » (par analogie avec le Mur de Berlin) ou « mur d'annexion », voire également « mur de l'Apartheid »[5], par la gauche israélienne) a également été officiellement déclarée : l’occupation est ici et partout.

  • Quiconque pensait que ce qui se passe à Yitzhar (colonie israélienne au sud de la ville de Naplouse) ne reste qu’à Yitzhar ne faisait que se tromper ;
  • Quiconque pensait que Yesha (coopérative agricole établie dans le Néguev se réclamant initialement du sionisme de gauche) est là-bas et pas ici se trompait.

Depuis longtemps, maintenant, Yesha se rapproche à grands pas d’Israël, avec son nationalisme et son fondamentalisme enracinés. Pendant toutes ces années, personne ne s’est levé pour l’arrêter. Aujourd’hui, il est trop tard. Il y a deux jours, cette dynamique s’est conclue.

 

 

- Il est inutile de poursuivre, maintenant, une campagne de dénonciation.
Yair Lapid a siphonné les votes travaillistes, les travaillistes n’ont pas fusionné avec le Meretz (formation dite de gauche qui ne dispose plus de sièges à la Knesset), Balad (formation nationaliste palestinienne) n’a pas rejoint la liste commune. Tous ces éléments n’auraient été que des analgésiques temporaires pour une maladie incurable. Même si tout cela ne s’était pas produit, rien du tableau général n’aurait été différent : la société qui s’est formée dans ce pays est en partie religieuse et en grande partie raciste, la haine des Arabes étant son principal carburant, et il n’y avait personne pour s’y opposer.

 

 

- Ce qui s’est passé il y a deux jours n’a pas commencé il y a deux jours.
Peut-être que c’est Golda Meir (première ministre de mars 1969 à juin 1974, antérieurement ministre du Travail et de la Sécurité sociale de 1949 à 1956, puis des Affaires étrangères de 1956 à 1966) qui a commencé, peut-être Shimon Peres (plusieurs fois premier ministre, entre septembre 1984 et octobre 1986, entre novembre 1995 et juin 1996), mais quoi qu’il en soit, aucun de leurs successeurs n’a essayé de faire autrement pour endiguer la marée. Avez-vous vraiment pensé que Yair Lapid (ministre des Affaires étrangères de juin 2021 à fin juin 2022, puis premier ministre dès le 1er juillet 2022), un droitier modéré et creux, rempli de bonnes intentions, était capable d’offrir une alternative à Ben-Gvir ? Quelle alternative ? Tuer en douceur ? Embrasser Emmanuel Macron (lors de sa réception à l’Elysée le 22 août 2022) ? Maintenant, Israël a décidé qu’il préférait ne pas être gentil quand il s’agit de tuer. Le prochain gouvernement évitera au moins de faire de l’esbroufe.

 

 

- Pendant des années,...

  • une gauche et un centre à la dérive qui manquent de leadership et de courage ont désespérément essayé de se prosterner devant la droite et de lui ressembler. Il fallait que cela se termine avec Ben-Gvir et avec le nationaliste Shas (parti religieux ultraorthodoxe créé en 1984). Il n’y avait pas d’autre issue possible ;
  • les Israéliens ont parlé du « peuple élu », de l’Holocauste après lequel tout est permis, des Arabes qui veulent nous jeter à la mer, de notre droit à la terre en raison des récits bibliques, de l’Armée de défense d’Israël (Tsahal) comme l’armée la plus morale du monde, de David contre Goliath, des Arabes israéliens comme une cinquième colonne, du monde entier qui est contre nous et du fait que quiconque nous critique est un antisémite.

 

Que pensions-nous qu’il ressortirait de tout cela ? Ben-Gvir, en fait, a pris son temps. Il aurait pu faire son grand tabac il y a longtemps. C’est ce qui arrive quand vous avez un Bolsonaro et pas de Lula en face de lui. C’est ce qui arrive lorsque les cris de « Mort aux Arabes », qui seront désormais répétés dans les écoles lors de la réunion matinale, n’ont pas été accueillis par un seul cri de « Liberté pour les Arabes ». C’est là que ça a commencé, c’est là que ça se termine.

 

Notes :

[0]  En Israël Benjamin Netanyahu signe son premier accord de coalition avec l'extrême droite. Le nouveau ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben-Gvir, a été condamné en 2007 pour incitation raciste contre les Arabes. Ils veulent la mort de la Palestine.

[1] Divers analystes ont qualifié l’évolution politique d’Israël comme étant marquée par un «ethno-nationalisme» dominant. « Qu’est-ce que l’ethnonationalisme ? » par Arthur Kemp, un texte fondamental

[2] QU'EST-CE QUE LES ACCORDS D’OSLO ?

[2bisOtzma Yehudit, anciennement Otzma LeYisrael, est un parti politique d'extrême droite10 israélien créé en novembre 2012

[3] Une des facettes de la réalité de l’occupation est aujourd’hui décrite ainsi, y compris par un quotidien tel que 24 heures, le 1er novembre 2022. Nous ne citerons que ce passage : « Des attaques aux formes très variées, parfois coordonnées entre différentes colonies ou avant-postes, avec la police et l’armée israéliennes à proximité, comme l’a confirmé un rapport de l’ONG israélienne Breaking the Silence publié l’été dernier. Sans compter les menaces des colons armés sur les Palestiniens et le harcèlement moral et psychologique au quotidien qui les poussent à partir. »

[4] Selon le Jerusalem Post du 2 novembre, selon des sources issues d’Otzma Yehudit, la formation d’Itamar Ben-Gvir et de Bazalel Smotrich, ce dernier veut « expulser par bateau et par avion ceux qui agressent des soldats de Tsahal », autrement dit tout Palestinien manifestant une résistance quelconque à l’occupation ou à une discrimination au sein de l’Etat hébreu, tout cela présenté sous l’angle d’une « lutte contre le terrorisme ». Ben Gvir a ajouté qu’il fallait expulser Ayman Odeh, Arabe israélien, dirigeant du Parti communiste et président de la coalition électorale Liste arabe unie. Parmi ses autres cibles, on retrouve les membres d’ONG « étrangères » qui analysent la réalité israélienne et dénoncent les diverses formes de répression touchant les Palestiniens. Ben Gvir vise le ministère de l’Intérieur et un ou deux ministères liés au secteur de «la sécurité».

[5] Le Mur d'apartheid

[6Macron a déjà, sans concertation, ni débat, donné la position de la France en félicitant Netanyahu pour sa victoire, et veut « renforcer les liens » entre les deux pays (en soutenant donc ce régime d'apartheid et la violation des résolutions de l'ONU)

[7] Dans un communiqué, le Premier ministre israélien a présenté les différents points qu’il souhaite mettre en place lors de son mandat

 

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/israel-macron-felicite-netanyahu-pour-sa-victoire-veut-renforcer-les-liens-entre-les-deux-pays-20221106?fbclid=IwAR0iUssQ1_kBuJjm7BnI7CpXcsnMUdpa-1ApV4M_KBmYeAHUXly98qBVk1I

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/israel-macron-felicite-netanyahu-pour-sa-victoire-veut-renforcer-les-liens-entre-les-deux-pays-20221106?fbclid=IwAR0iUssQ1_kBuJjm7BnI7CpXcsnMUdpa-1ApV4M_KBmYeAHUXly98qBVk1I

Pour en savoir plus :

- En 2016, un général de Tsahal comparait l’atmosphère en Israël à celle de l’Allemagne des années 1930 

- Peux-tu donner un aperçu de la situation politique en Israël, à l’approche de nouvelles élections ?

Nationalisme d’Etat et intégrisme nationaliste : le cas d’Israël

Après les élections législatives, le visage nouveau et inquiétant d’Israël

L’Afrique du Sud demande qu’Israël soit déclaré " État d’apartheid "

Cinq anciens ministres des Affaires étrangères accusent Israël de pratiquer une forme d'apartheid dont l'ancien chef de la Diplomatie française, Hubert Védrine.

Depuis janvier, plus de 650 structures où vivaient environ 750 Palestiniens ont été démolies par Israël...

- « Ces colons savent qu’ils peuvent agir en toute impunité »

- Les élections israéliennes ont reflété l’enracinement d’une extrême droite juive antidémocratique, raciste et décomplexée.

- Israël : de retour au pouvoir, Netanyahou s’entoure d’alliés racistes et homophobes

- Israël. L’idée rance d’un homme fort pour la nation juive

Itamar Ben Gvir, condamné pour incitation à la haine et soutien à une organisation terroriste, devient officiellement ministre de la sécurité publique, aux côtés d’autres ministres xénophobes, racistes et homophobes

- Fruit d'un accord entre la droite et l'extrême-droite, Israël ne rejoindra finalement pas la Convention d'Istanbul sur les violences faites aux femmes.

- La Palestine assiégée : de la colonisation à l’apartheid

- Cisjordanie : Israël va légaliser neuf colonies

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 13:16
Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »
Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »
Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »
Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »

Taïwan : les macronistes bêlent en chœur avec les folliculaires atlantistes et d'autres les rejoignent pour se démarquer et exister

 

La scène internationale m’afflige autant que les misérables simagrées des macronistes avec leur diversion sur l’antisémitisme attribué à la LFI. Certes, il s’agit pour ces misérables de faire oublier leur forfaiture dans leur panique face à l’idée d’une taxation des profiteurs de crise. Mais autrement plus lourde de conséquences est la provocation des USA à Taïwan. Quel est le sens de la visite de Pelosi sur place[1] ?

Voilà ce qui a fait polémique y compris par une partie de la gauche, certains restant silencieux pour des raisons politiciennes, estimant que tout ce qui sert à démolir Jean-Luc Mélenchon étant bon pour leur propre existance !

Mais sur le fond du sujet...

 

Sources : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le 10/08/2022

- Une partie de mes lignes de clôture m’est imposée par les très étranges réactions qu’a suscité mon précédent post.
Les cris d’orfraie à propos de mes lignes publiées le 03/08/2022 ici[1], sur la visite de Nancy Pelosi à Taïwan m’ont bien espanté[1bis]. Certes les divers bulletins paroissiaux atlantistes en France ne m’ont pas surpris. Pavlov règne en maître sur eux. Un seul mot : « USA » et la meute se déchaîne. Aucun intérêt. La dépêche AFP qui prétend rendre compte de mon post ne mérite qu’un commentaire affligé: à quoi bon lire un résumé aussi calamiteux ? Mieux vaut lire mon texte directement en se rendant sur mon blog[1]. Ce n’est pas long. Il s’agit de 3500 signes.

  • Mais pourquoi si peu de gens informés, et cultivés n’interrompent pas un instant leurs vacances pour dire ce que tout le monde sait sur le sujet de Taïwan ?
  • Comment comprendre que le vacarme des uns ne reçoive pas le démenti étonné des autres ?
  • Quelle genre de peur règne sur le débat ?
  • Où est passé l’actif président des amitiés franco-chinoises monsieur Raffarin ?
  • Et les signataires de l’accord de coopération de l’UMP avec le Parti Communiste chinois ?
  • Et Fabien Roussel après son si récent voyage d’amitié en Chine[1ter] ?

La suffisance des premiers et la prudence effrayée des seconds me consternent.

 


- En réalité, pour ma part, je n’ai fait que répéter la doctrine constante de notre pays (la France rappelons-le) depuis 1965 à propos de la Chine.

Elle a été encore confirmée par Jean-Yves Le Drian alors ministre des Affaires Etrangères de Macron quand il a été interrogé sur le sujet. Il n’y a qu’une seule Chine[2]... position confirmée par Catherine Colonna ministre des Affaires étrangères le 4 août 2022 : « Les tensions entre la Chine et Taïwan connaissent un nouveau sursaut. Dans ce conflit, la France s'en tient à la " politique d'une seule Chine " »[2bis]..

  • Un de mes critiques se prononce différemment ?
  • Pourquoi ne le dit-il pas alors aussi clairement que je le fais de mon côté ?
  • Quelqu’un discute de quelle Chine on parle ?
  • Pourquoi ne pas le dire au lieu de tourner autour du pot ?

Car cela est également réglé par les accords internationaux acceptés par notre pays et les membres de l’ONU.


🔴  Il s’agit de la Chine, dont la capitale est Pékin et siège parmi les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU aux côtés notamment de la France ;

🔴 La Chine qui a une ambassade à Paris (la capitale des Français).

  • Ceux qui trouvent à redire contre mon post savent-ils qu’aux Etats Unis mon point de vue est aussi exprimé par de nombreuses personnalités, et au plus haut niveau de l’administration Démocrate actuelle ?
Rencontre en Mao Zedong et Richard Nixon en février 1972.
  • Savent-ils qu’il en va de même dans les services de sécurité qui interviennent si largement dans la définition de la politique étrangère des USA ?
  • Et que disent-ils de l’accueil super froid reçu depuis sa provocation par madame Nancy Pelosi à Tokyo et Séoul[5] ?
  • Savent-ils que les USA sont engagés avec la Chine par trois communiqués communs très clairs avec le gouvernement communiste chinois[6] ?
  • Savent-ils que dès le premier (en 1972, répété en 1978 et 1982) les USA proclament qu’il n’y a qu’une seule Chine dont Taïwan fait partie[6] ?
  • Et que Chine et USA s’engagent à respecter la souveraineté et l’unité territoriale de l’autre ?

-  Que veulent ceux qui nient tout cela ?

  • Ils pensent que la Chine millénaire va s’incliner devant leurs gesticulations ?
  • Ils veulent pousser la Chine à devoir entrer en convergence plus étroite avec la Russie ?
  • Ils veulent pousser à la formation d’un bloc plus homogène entre les USA et l’Europe « quoi qu’il en coûte » en matière d’asservissement et de risque de guerre ?

Car ce sont là les thèses sur la table. Pour l’instant, nul ne les a tranchées encore. Ni aux Etats-Unis ni en Chine. Mais la formation des nouveaux grands blocs géopolitiques est l’enjeu de notre temps.

 

 

- La France de Macron a renoncé à jouer un rôle dans cette partie mondiale.
Faut-il s’y résigner ? Les macronistes bêlent donc en chœur avec les folliculaires atlantistes. Sans vergogne !

  • Se souviennent-ils de la façon dont la France a été traitée par les Australiens sur ordre des USA dans l’affaire des sous-marins[3] ?
  • Et comment elle a été expulsée de l’alliance militaire anglo-saxonne pour le Pacifique[4] ?
  • Ils veulent mendier une caresse de leur maître qui les traite si grossièrement ?
  • Les va-t-en-guerre des salles de rédaction et des groupuscules de la macronie savent-ils quels risques leurs sottises feraient prendre au monde si quelqu’un les prenait au sérieux ?
  • Les grenouilles qui se prennent pour des bœufs ne seraient pas seules à éclater si leurs bêtises faisaient la loi. 

Les va-t-en-guerre des salles de rédaction et des groupuscules de la macronie savent-ils quels risques leurs sottises feraient prendre au monde si quelqu’un les prenait au sérieux ?

 

 

- C’est pourquoi le non-alignement est une thèse centrale pour les Français dans cette époque de transition.
En face quelle proposition ? Il n’y en a pas.

Et qu’on ne vienne pas me dire que mon propos revient à approuver tout ce que fait le gouvernement chinois. Non seulement je ne crois pas que ce soit sa demande pour vivre en paix avec les autres nations, mais je veux aussi rappeler ce que j’en ai dit dans le post incriminé[1]. Voici : « Quels que soient l’ampleur et le niveau des critiques qui peuvent être adressées au gouvernement chinois, nous devons refuser de cautionner la guerre à la Chine pour satisfaire les vues des USA sur Taïwan ».

 

Ce qui veut dire faire front aussi avec ceux qui aux USA sont aussi de cet avis. Nous ne devons pas vouloir d’un nouveau front de guerre ni de rien qui nous détourne de la politique altermondialiste dont l’espèce humaine a besoin pour faire face aux conséquences du changement climatique.

 

 

- Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 29 novembre 2021 contre la proposition de résolution en faveur de l’association de Taïwan aux travaux des organisations internationales et des forums de coopération multilatérale.

Le député insoumis a fait valoir le fait que depuis la décision du général de Gaulle de reconnaître la Chine en 1964, aux yeux de la France, Taïwan est une province chinoise et qu'il n'y a qu'une seule Chine dont la capitale est Pékin.

 

Il a dénoncé la logique de guerre froide que les États-Unis essaient de mettre en place contre la Chine en prenant Taïwan pour prétexte. Il a expliqué que la position de la France devait être de favoriser la paix, en traitant la Chine avec respect et en évitant toute logique de tensions et d'affrontements. Il a, enfin, dénoncé les mesures ultra-restrictives de libertés mises en œuvre par Taïwan prétendument pour lutter contre la pandémie

Notes :

[1Taïwan est un sujet tendu depuis la libération de la Chine. Mais, pour les Français depuis 1965 et le général de Gaulle, il n’y a qu’une seule Chine.

[1bis] espanté

[1ter] " PAS CHOQUÉ " PAR LES PROPOS DE MÉLENCHON SUR TAÏWAN, FABIEN ROUSSEL JUGE LA VISITE DE PELOSI " INAPPROPRIÉE "

[2] Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur Taïwan, à l'Assemblée nationale le 8 juin 2021.

[2bis] Position confirmée par Catherine Colonna ministre des Affaires étrangères : « Les tensions entre la Chine et Taïwan connaissent un nouveau sursaut. Dans ce conflit, la France s'en tient à la " politique d'une seule Chine " ».

[3] Sous-marins : l’Australie rompt le « contrat du siècle » avec la France, crise diplomatique entre Paris et Washington

[4] Les trois leçons de l’alliance entre l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni

[5] Nancy Pelosi fraîchement reçue à Tokyo et Séoul, embarrassés par les conséquences de sa visite à Taïwan

[6] LES TROIS COMMUNIQUÉS CONJOINTS SINO-AMÉRICAINS

 

Pour en savoir plus :

- Statut de Taïwan
- Taïwan : Ce qui aurait dû faire débat dans la note de Mélenchon.

- Taïwan : la visite de Nancy Pelosi loin de faire l'unanimité aux États-Unis

- Entretien avec Arnaud le Gall, député NUPES-France insoumise membre de la Commission des Affaires étrangères, en charge notamment du volet international de l’Avenir en commun.

Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »
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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 13:35
Une proposition légitime de résolution du PCF assimilant Israël à " un régime d'apartheid " crée de hystérie au sein de la majorité gouvernementale LREM/RN/LR
Une proposition légitime de résolution du PCF assimilant Israël à " un régime d'apartheid " crée de hystérie au sein de la majorité gouvernementale LREM/RN/LR

Apartheid Israélien, il y a urgence à mettre fin au bal des Hypocrites... et en tout état de cause, « Critiquer l’exécutif israélien, ce n’est pas être antisémite »

 

Pour faire la clarté : L’apartheid est un terme afrikaans qui signifie « séparation » et désigne la politique dite " de développement séparé " instaurée par le Parti national afrikaner (NP) en 1948, dans une Union sud-africaine encore sous domination britannique[0].

A juste titre, la proposition de résolution du groupe parlementaire PCF #Nupes[1" condamne l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien[0bis] " et veut faire reconnaître le boycott des produits israéliens par l'Assemblée nationale, avec le soutien de 38 députés PCF, PS et un écologiste et LFI de l'intergroupe #Nupes cosignateurs.

 

Les Palestiniens priés d’emprunter des bus différents des colons
Voilà qui justifie la résolution contre le régime d'apartheid israélien

 

Sources : Durand Eric  mis à jour le 11/08/2022

- Tout d'abord, pour expliquer l'agitation parlementaire, retour sur un concept non négociable " Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes "... et pourtant remis en cause par la macronie

Tout part des propos de Manuel Valls (1er Ministre de François Hollande)[1bis], selon qui l’antisionisme est « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ». Prononcée le 7 mars 2016 lors du dernier dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des juifs de France)[2], organisme principalement consacré à la défense des gouvernements israéliens successifs auprès des autorités françaises,, cette accusation vise à faire peser un soupçon indistinct d’infamie sur les mouvements de solidarité avec les Palestiniens. et a été contestée, notamment par Pascal Boniface, Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris)[2bis]

  • Et ils ne lâchent rien en la matière. Le 12 Novembre 2019 a été présenté à l’Assemblée nationale une résolution LREM visant à assimiler la critique du sionisme à un acte antisémite[3].
    • En réaction, 125 universitaires juifs lancent un appel à l’Assemblée Nationale : " Ne soutenez pas la proposition de résolution assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme et approuvant la définition de l’IHRA "[4].
    • Le 3 décembre 2019, L'assemblée nationale adoptait la définition de l'antisémitisme de l'IHRA appelée « RÉSOLUTION MAILLARD (député LREM) [4bis] » (texte résolution n° 2403[5])... et dont le contenu fait débat. (Pour la Ligue des Droits de l'Homme, il s'agit d'UN TEXTE AMBIGU ET TRÈS CONTROVERSÉ[6]).
    • Précision : La résolution de l’Assemblée Nationale est un acte par lequel l’Assemblée émet un avis sur une question déterminée. Cette résolution est de faite, non contraignante mais constitue une restriction à la liberté d’expression, cela peut s’assimiler à un délit d’opinion[6].
    • Et aujourd'hui, dénoncer et combattre le régime d'apartheid israéliens ferait de nous des antisémites... nous ne céderons pas !

 

 

- C'est dans ce cadre que lors de la présentation de la résolution du PCF[1], le 2 août les masques sont définitivement tombés

En l'absence de majorité, dans un contexte socio-économique hyper tendu, ce 2 août, le gouvernement a abattu sa dernière carte face à l'opposition de gauche en la vouant aux gémonies de l'antisémitisme.

 

Ce fut d'abord le très sioniste soutien du gouvernement Netanyahou, M Habib[10] qui sonna la charge. Ses insultes auraient pu en " toucher une sans faire bouger l'autre ", tant l'homme est connu pour ces outrances pro israéliennes et islamophobes. Cependant, le garde des sceaux, qui au lendemain des législatives fut l'un des tous premiers à tendre la main à l'extrême droite, reprend à son compte les accusations. Puis Éric Dupond-Moretti qui a mis de l'huile sur le feu. Enfin ce fut au tour de Madame Borne, première ministre sans portefeuille ni pouvoir de tenter avec ses gros sabots de scinder l'opposition de gauche en déclarant que bien sûr PCF EELV et PS étaient dans le champ républicain tout en excluant LFI.

 

Dans cette ambiance particulièrement pesante où l'accusation d'antisémitisme est portée contre les députés et les partis de la NUPES, ce sont toutes les composantes de gauche que l’on veut délégitimer en les accusant d’antisémitisme. 

 

C'est ainsi que le député communiste Jean-Paul Lecoq, premier signataire de la résolution sur Israël[1] déposée par plusieurs élus de la Nupes, a vivement protesté. Et à l'initiative des députés de la France insoumise, la quasi-totalité des élus de gauche ont quitté l'hémicycle.

 

 

- Et c'est dans ce contexte que l'Union Juive Française pour la Paix dénonce : " l'Apartheid, le bal des Hypocrites[9] "
Selon elle (extrait), l’institutionnalisation de l’apartheid par Israël ne fait plus aucun doute pour les juristes internationaux, qu’ils opèrent dans les institutions officielles ou dans les grandes ONG...

  • Non, le crime d’apartheid ne se juge pas par l’identité de forme avec le régime imposé par le pouvoir blanc en Afrique du Sud[0], maintenant honni par tous quand il bénéficiait jusqu’à sa chute du soutien de bien des discoureurs d’aujourd’hui (notamment le soutien permanent d’Israël, soit dit en passant).
  • Oui par le refus du droit au retour des réfugiés, par les discriminations institutionnelles entre Juifs et Palestiniens en Israël même comme dans les territoires occupés, par le blocus de Gaza, Israël coche de nombreuses cases de l’énumération des caractéristiques d’un régime d’apartheid dans les différentes conventions internationales sur le crime d’apartheid.

 

Et le crime d’apartheid ne résume pas à lui seul tous les crimes de guerre et crimes contre l’humanité que commet Israël.

 

Nous avons déjà dénoncé la campagne de calomnies qui s’est immédiatement développée dès la publication de ce projet de résolution[1] : les défenseurs inconditionnels du sionisme, sans le moindre argument pour critiquer l’argumentation du projet de résolution, ont aussitôt brandi hors de toute décence l’argument de l’antisémitisme, dès lors que les fondements de la création d’Israël sont interrogés. Cette campagne d’une droite sioniste décomplexée (la LICRA, le CRIF, Goldnadel, Prasquier, Aurore Bergé, Sylvain Maillard, Meyer Habib[10]…) bénéficie du silence des autorités de l’État, occupées à recevoir avec les honneurs le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, avant que cet après-midi même le Garde des Sceaux crée le buzz en relançant l’accusation inepte d’antisémitisme contre « l’extrême gauche ». Cette campagne se déroule au moment où précisément Israël est dans un temps fort de colonisation, notamment à Jérusalem Est, et dans un temps fort de discriminations légales visant à favoriser les expulsions et les départs des Palestiniens.

 

Cependant, nous devons dire un mot des critiques adressées au projet de résolution par ceux qui se veulent progressistes, mais veulent encore aujourd’hui protéger l’État d’Israël des accusations portées par le projet, en cherchant à tout prix et contre toute évidence à ne voir dans les crimes commis que le résultat des politiques des gouvernements de droite....

 

On voit le Centre Medem, faisant fi de ses origines antisionistes du Bund, dénoncer de même ce projet. Lui aussi fait semblant de croire que seul le régime sud-africain mérite le terme d’apartheid. Et il ose même reprocher au projet d’ignorer « (…) délibérément la participation active des citoyens arabes aux instances de la démocratie israélienne », faisant probablement référence au parti de la droite islamiste arabe un temps associé en roue de secours aux projets réactionnaires du gouvernement Bennett !

 

  • Non, la destruction des Juifs d’Europe n’autorise pas Israël à se parer de cette Histoire pour justifier d’être hors-la-loi commune. L’égalité des droits est un combat qui vaut pour toutes et tous. Il vaut pour ici comme pour là-bas. Nous le poursuivrons sans relâche.
Une proposition légitime de résolution du PCF assimilant Israël à " un régime d'apartheid " crée de hystérie au sein de la majorité gouvernementale LREM/RN/LR

Notes :

 [0L’apartheid est un terme afrikaans qui signifie « séparation » et désigne la politique dite " de développement séparé " instaurée par le Parti national afrikaner (NP) en 1948, dans une Union sud-africaine encore sous domination britannique

[0bisLes Palestiniens priés d’emprunter des bus différents des colons

[1Proposition de résolution de M. Jean-Paul Lecoq condamnant l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien

[1bisManuel Valls

[2Dîner du Crif: pour Valls, «l'antisionisme est synonyme de l'antisémitisme»

[2bis] Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface publie un ouvrage pour répondre à ses détracteurs, parmi lesquels l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui l’estampillent « antisémite » 

[3] PROPOSITION DE RÉSOLUTION visant à lutter contre l’antisémitisme

[4Sionisme et ainsi de suite… par Jean-Luc Mélenchon

[4bis] Le 28 mai 2019, le député Sylvain Maillard avait participé à une conférence aux côtés de Yossi Dagan, un leader militant des colons, qui préside une autorité de l’État Israélien en charge des colonies en Cisjordanie occupée.

[5Analyse du scrutin public n° 2338 sur la proposition de résolution visant à lutter contre l’antisémitisme

[6] DÉCRYPTAGE DE LA RÉSOLUTION DITE « RÉSOLUTION MAILLARD »

[9] Apartheid, le bal des Hypocrites

[10] Un député français (UDI) “porte-parole” de Benyamin Netanyahou à l’Assemblée nationale

 

Pour en savoir plus :

- Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes

- Antisémitisme : en finir avec le poison de la rumeur par Manuel Bompard

- Dans un contexte particulièrement pesant où l'accusation d'antisémitisme est portée contre les députés et les partis de la NUPES, des communistes ont décidé de répondre à une tribune de Michel Onfray ciblant le PCF parue le 31 juillet dans le JDD.

- Corbyn n’est pas antisémite. Son vrai péché est de se battre contre l’injustice dans le monde, dont sa version israélienne.

- L’Afrique du Sud demande qu’Israël soit déclaré "État d’apartheid"

- Contre vents et marées, la résistance palestinienne, debout !

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 09:45
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine

La guerre en Ukraine : un objet historique multifacette

 

Dans un contexte où il est difficile de distinguer propagande de guerre et information impartiale, il nous a semblé utile de proposer ici quelques documents permettant d’élargir et d’approfondir notre champ de vision concernant le conflit militaire russo–ukrainien. Pour lire la suite cliquer ICI

 

 

Pour en savoir plus :

- 2015 : La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

- « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » par Philippe Descamps 

- On l’oublie un peu, mais la crise en Ukraine a surgi aussi sur fond d’enjeux économico-stratégiques mettant en cause le grand projet de M. Vladimir Poutine : l’Union économique eurasiatique (UEE), qui doit prendre effet en janvier 2015. 

- L’INVASION DE L’UKRAINE RENFORCE LA FRACTION MILITARISTE DES ÉLITES AMÉRICAINES

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- NATIONALISME EN UKRAINE : MYTHE ET RÉALITÉ

- Ukraine, d’une oligarchie à l’autre

- Eric Toussaint docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France : Pourquoi annuler la dette de l’Ukraine ?

- UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS COMPTENT FAIRE LA GUERRE « JUSQU’AU DERNIER UKRAINIEN »

- " Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ", pour Henri Guaino

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 11:58
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !

La Russie a lancé son opération militaire en Ukraine  : Jean-Luc Mélenchon a prévenu pendant 10 ans[3bis] !

 

et Anne Hidalgo, Yannick Jadot, sont en campagne et s'agitent !
Un adversaire unique pour exister, qui à leurs yeux serait pro-Poutine
[1][2][2bis]... Jean-Luc Mélenchon !
Dans le même temps, les perroquets médiatiques répètent eux aussi en boucle la même chanson pour le salir !
Or, depuis des années (ci-dessous je remonte à 2012), Jean-Luc Mélenchon critique et s'oppose au poutinisme.
Ça suffit ! Mélenchon président défendra l'intérêt de la France, l'intérêt général humain, la paix !
Quand Jaurès refusait la guerre, on le traitait d’« agent du parti allemand
[3»... quand Jean-Luc Mélenchon défend une France non-alignée au service de la paix, les apprentis de la géopolitique pour les nuls, à la peine dans leur campagne électorale, le traitent de " pro-Poutine "...
L’acharnement de ceux qui utilisent la guerre pour taper sur Jean-Luc Mélenchon ne trompe pas les Français.
Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi
[4]...
Le candidat de l'#UnionPopulaire, Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

 

 

Sources : Durand Eric | mis à jour le 13/02/2023

- Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

 

- Quand le 17 mai 2018, Jean-Luc Mélenchon alertait sur le risque de guerre en Europe

Il soulignait que la paix est un objectif et une construction politique. Il rappelait l’importance de l’indépendance de la France pour pouvoir être utile au service de la paix. Il appelait à ne pas mettre le doigt dans l’engrenage qui pourrait conduire à une guerre entre l’OTAN et la Russie.

 

Une vidéo utile à revisionner aujourd'hui alors que la guerre de Poutine en Ukraine a montré la fragilité de la paix en Europe et la difficulté à y revenir une fois l'attaque lancée.

 

  • et plus globalement... Poutine, Russie, Ukraine : ce que dit Mélenchon depuis 10 ans (cliquez sur l'image)

 

Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine !

 

 

- Alors Jean-Luc Mélenchon ami, aficionado de Poutine ?

 

 

 

- Et maintenant que c'est la guerre, le 24 février, invité de l'émission spéciale de France 2 sur la situation en Ukraine Jean-Luc Mélenchon a fait une proposition simple pour sortir du conflit par le haut

4 ième jour de combat en Ukraine[6]  Plus de trois jours après le début de l’offensive lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, des milliers de personnes fuient leur pays. D’autres ont décidé de prendre les armes ou même de faire face aux chars russes à mains nues.

 

En France, Jean-Luc Mélenchon (candidat aux élections présidentielles 2022) a expliqué que s'il était président de la République, il ferait la proposition d'un cessez-le-feu en Ukraine, d'un retrait des troupes russes et de l'engagement d'une discussion sur la neutralité de l'Ukraine

 

Cette proposition a été reprise ce vendredi 25 février par les proches du président de la République ukrainienne, monsieur Zelensky[7]. L'un de ses conseillers se dit notamment prêt à engager des discussions avec Poutine sur la neutralité de l'Ukraine. Côté russe aussi, ces discussions sont souhaitées, même si pour l'heure les conditions posées à l'Ukraine pour une discussion équivalent à une reddition pure et simple. 

 

On le voit : sur ce sujet encore, Jean-Luc Mélenchon propose une solution de règlement du conflit par le haut. En 2022, il faudra choisir un président de la République qui a été capable de prévoir les dangers qui pesaient sur la paix, et a proposé des solutions diplomatiques pour éviter le passage à un conflit armé comme on en connaît aujourd'hui.  

 

 

- Ukraine : Jean-Luc Mélenchon et Hubert Vedrine font la même proposition pour cesser la guerre

 

- Discours de Jean-Luc Mélenchon sur la guerre en Ukraine prononcé le 1er mars 2022 à l'Assemblée nationale

Face à la volonté de l'Ukraine d'entrer dans l'OTAN et le non positionnement de l'occident pour dire NON, Poutine a fait le choix de la guerre... pour Jean-Luc Mélenchon, le seul but qui doit nous guider, c’est la paix.

 

Jean-Luc Mélenchon a rappelé qu’il n’y a pas d’alternative.... c’est la guerre totale ou la diplomatie. Par conséquent, le choix est vite fait, la France doit prendre une initiative diplomatique radicale : " Il faut rendre la diplomatie plus profitable que la guerre.

 

  • Jean-Luc Mélenchon appelle à la " proclamation de la neutralité de l'Ukraine ", à laquelle le président #Zelensky s'est dit " officiellement prêt ".

 

- Mais au fait, qui sont les amis à Poutine ?

Il existe des photos des candidats et politiciens qui accusent de Jean-Luc Mélenchon de soutenir Poutine ou de lui faire des courbettes.

En revanche, on n’en a aucune de ou il figure...  par contre, en mai 2018, Jean-Luc Mélenchon a rencontré Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes.

 

À #Moscou, rencontre avec Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes

 

  • les amis à Poutine... c'est eux !

 

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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Notes :

[1] Anne Hidalgo : "Jean-Luc Mélenchon est devenu l'allié et le soutien de Vladimir Poutine" 

[2] Delphine Batho, porte-parole de la campagne de Yannick Jadot : " JEAN-LUC MÉLENCHON, JAMAIS EN RETARD D'UNE COMPLAISANCE VIS-À-VIS DE POUTINE "

[2bis] Présidentielle : comment Hidalgo et Jadot utilisent la crise ukrainienne pour attaquer Mélenchon

[3] Jaures agent du parti allemand 

[3bisUkraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans !

[4] Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi...

[5] Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

[6Crise ukrainienne : la Russie lance une opération militaire, l’Ukraine craint « une grande guerre en Europe »

[7Guerre en Ukraine : la présidence ukrainienne déclare avoir accepté des pourparlers avec la Russie à la frontière avec la Biélorussie

 

Pour en savoir plus :

- Jean-Luc Mélenchon : ce qu'il a vraiment dit sur la Russie, Poutine et la Syrie

- Les Européens hors jeu : Ukraine, pourquoi la crise

- Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

- Jean-Luc Mélenchon : " Ukraine/Russie : l’UE n’a décidément rien compris "

- En octobre 2013, dans un texte écrit en commun, Noël Mamère et Jean-Luc Mélenchon appelaient à la libération des écologistes emprisonnés en Russie.

- Crise autour de l’Ukraine : l’alignement condamne à la figuration

- « J’ai toujours dit que si on menaçait la Russie, elle passerait les frontières », déclare Mélenchon

- Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine

Jean-Luc Mélenchon : La comédie ukrainienne

- Jean-Luc mélenchon " Macron : La comédie de Moscou "

- Guerre russe en Ukraine : depuis bientôt 10 ans, Jean-Luc Mélenchon lance l’alerte

- Dés 2017 Jean-Luc Mélenchon mettait en garde, et face au danger de guerre en Europe appelait à sortir de l'OTAN

- Jean-Luc Mélenchon " Je condamne la guerre de la Russie en Ukraine "

- Communiqué de Jean-Luc Mélenchon suite au déclenchement de la guerre russe en Ukraine.

- Crise en Ukraine : Mélenchon accuse l'OTAN d'attiser les tensions

- Ukraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans

- Attaque de la Russie en Ukraine – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Guerre russe en Ukraine : La France Insoumise renouvelle sa demande de débat à l’Assemblée nationale

- Jean-Luc Mélenchon : Ukraine - Cessez-le-feu, retrait russe : ce que la France doit proposer

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes 

Ukraine : Mélenchon défend la paix à l’Assemblée et marche dans les pas de Jaurès

- Ukraine : Mélenchon propose la neutralité de Kiev

- 2 Mars, Jean-Luc Mélenchon sur l'Ukraine : face à la menace nucléaire, l’urgence c’est la paix

- Ukraine nucléaire – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Jean-Luc Mélenchon le 2 mars 2022 " Ukraine : je veux construire le camp de la paix contre les va-t-en guerre "

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- Jean-Luc Mélenchon se désole de l’opacité autour des questions miliaires et de l’absence d’un dialogue sur les décisions prises par l’exécutif. Et demande un débat hebdomadaire au Parlement sur la crise.

- Jean-Luc Mélenchon : La Guerre d’Ukraine doit finir

- Tribune cosignée par Jean-Luc Mélenchon. Guerre en Ukraine : « Nous appelons à redoubler d’efforts diplomatiques pour établir un cessez-le-feu »

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 15:18
Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Révélation : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]

 

Les bruits de bottes aux portes de l’Europe affolent les chancelleries occidentales.
Deux interprétations s’opposent. Pour les uns, Moscou fait monter les enchères afin d’obtenir des concessions de la part de Washington et des Européens. D’autres au contraire estiment que le Kremlin veut pouvoir prétexter d’une fin de non-recevoir pour justifier un passage à l’acte en Ukraine. Dans tous les cas, la question se pose du moment choisi par Moscou pour engager ce rapport de forces. Pourquoi jouer ce jeu risqué, et pourquoi maintenant ?

Des éléments de réponse dans l'article ci dessous, (article traduit en anglais à partir de l’original arabe de Gilbert Achar publié dans Al-Quds al-Arabi, 25 janvier 2022 [traduction de l’anglais par la rédaction de A l’Encontre])

 

Sources : Alencontre par Gilbert Achcar | mis à jour le 25/05/2022

- Il n’est pas exagéré de dire que ce qui se passe actuellement au cœur du continent européen est le moment le plus dangereux de l’histoire contemporaine et le plus proche d’une troisième guerre mondiale depuis la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962[1].

Il est vrai que, jusqu’à présent, ni Moscou ni Washington n’ont fait allusion à l’utilisation d’armes nucléaires, même s’il ne fait aucun doute que les deux pays ont mis leurs arsenaux nucléaires en état d’alerte face aux circonstances actuelles. Il est également vrai que le degré d’alerte militaire aux Etats-Unis n’a pas encore atteint celui qu’il avait atteint en 1962. Mais le déploiement militaire russe aux frontières de l’Ukraine dépasse les niveaux de concentration de troupes à une frontière européenne observés aux moments les plus chauds de la «guerre froide», tandis que l’escalade verbale occidentale contre la Russie a atteint un stade dangereux accompagné de gesticulations et de préparatifs militaires qui créent une possibilité réelle de conflagration.

 

 

- Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu.

Macron joue l'apaisement... à sa façon

Vladimir Poutine peut penser qu’il ne fait que déplacer la reine et la tour sur le grand échiquier afin de forcer l’adversaire à retirer ses pièces. Joe Biden peut croire qu’il s’agit d’une bonne occasion pour lui de redorer son image nationale et internationale, très ternie depuis son échec embarrassant dans l’organisation du retrait des forces étatsuniennes d’Afghanistan. Et Boris Johnson peut croire que les rodomontades prétentieuses de son gouvernement sont un moyen bon marché de détourner l’attention de ses problèmes politiques intérieurs. Il n’en reste pas moins que, dans de telles circonstances, les événements acquièrent rapidement leur propre dynamique au son des tambours – une dynamique qui dépasse le contrôle de tous les acteurs, pris individuellement, et risque de déclencher une explosion qu’aucun d’entre eux n’avait initialement souhaitée.

 

 

- En Europe, la tension actuelle entre la Russie et les pays occidentaux a atteint un degré jamais vu sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les premiers épisodes de guerre qui s’y sont déroulés depuis lors, les guerres des Balkans dans les années 1990, n’ont jamais atteint le niveau de tension prolongée et d’alerte entre les grandes puissances elles-mêmes auquel nous assistons aujourd’hui. Si une guerre devait éclater en raison de la tension présente – même si elle ne faisait initialement que sévir sur le sol ukrainien – la situation centrale et la taille même de l’Ukraine suffisent à faire du danger de propagation de l’incendie à d’autres pays européens limitrophes de la Russie, ainsi qu’au Caucase et à l’Asie centrale, un péril grave et imminent.

 

 

- La cause principale de ce qui se passe aujourd’hui est liée à une série de développements

La première et principale responsabilité incombe au plus puissant qui en a eu l’initiative – c’est-à-dire, bien sûr, les Etats-Unis. Depuis que l’Union soviétique est entrée dans la phase terminale de son agonie sous Mikhaïl Gorbatchev, et plus encore sous le premier président de la Russie post-soviétique, Boris Eltsine, Washington s’est comporté envers la Russie comme un vainqueur impitoyable envers un vaincu qu’il cherche à empêcher de pouvoir jamais se redresser.

Cela s’est traduit par l’expansion de l’OTAN, dominée par les Etats-Unis, en y intégrant des pays qui appartenaient auparavant au Pacte de Varsovie dominé par l’URSS[2], au lieu de dissoudre l’Alliance occidentale parallèlement à son homologue orientale le 1er juillet 1991[3], amenant l'ambassadeur russe auprès de l'UE a dénoncer plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est[0] (VOIR AUSSI : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est[2bis], par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]), auquel il convient d'ajouter le non respect des accords de MinskI[1bis] et MinskII[1ter].

L'OTAN de sa création à l'intégration du Monténégro

 

Cela s’est également traduit par le fait que l’Occident a dicté une politique économique de « thérapie de choc » à l’économie bureaucratique de la Russie, provoquant une crise socio-économique et un effondrement d’énormes proportions.

 

 

- Ce sont ces prémisses qui ont le plus naturellement conduit au résultat

Prémisses contre lequel l’un des conseillers les plus éminents de Gorbatchev – un ancien membre du Soviet suprême et du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique –, Georgi Arbatov[4], avait mis en garde il y a trente ans, lorsqu’il avait prédit que les politiques occidentales à l’égard de la Russie conduiraient à « une nouvelle guerre froide[5] » et à l’émergence d’un régime autoritaire à Moscou, renouant avec la vieille tradition impériale de la Russie. C’est ce qui s’est produit avec l’arrivée au pouvoir de Poutine qui représente les intérêts des deux blocs les plus importants de l’économie capitaliste russe (dans laquelle se mêlent capitalisme d’Etat et intérêts privés) : le complexe militaro-industriel – qui emploie un cinquième de la main-d’œuvre industrielle russe, en plus des effectifs des forces armées – et le secteur pétrolier et gazier.

 

 

- Le résultat est que la Russie de Poutine pratique une politique d’expansion militaire qui va bien au-delà de ce qui prévalait à l’époque de l’Union soviétique.

A l’époque, Moscou n’a déployé de forces de combat en dehors de la sphère qui était tombée sous son contrôle à la fin de la Seconde Guerre mondiale que lors de l’invasion de l’Afghanistan à la fin de 1979, invasion qui a précipité l’agonie de l’URSS. Quant à la Russie de Poutine, après avoir retrouvé une vitalité économique, depuis le début du siècle, grâce à l’augmentation du prix des combustibles, elle est intervenue militairement hors de ses frontières à une fréquence comparable à celle des interventions militaires étatsuniennes avant la défaite au Vietnam, et entre la première guerre des Etats-Unis contre l’Irak en 1991 et la sortie peu glorieuse des forces étatsuniennes de ce pays, vingt ans plus tard. Les interventions et les invasions de la Russie ne se limitent plus à son « étranger proche », c’est-à-dire les pays adjacents à la Russie, qui étaient dominés par Moscou à travers l’URSS ou le Pacte de Varsovie. La Russie post-soviétique est intervenue militairement dans le Caucase, notamment en Géorgie[6], en Ukraine (Guerre du Donbass[7]) et plus récemment au Kazakhstan[8]. Mais elle mène également, depuis 2015, une guerre en Syrie[9] et intervient sous un déguisement qui ne trompe personne en Libye[10] et plus récemment en Afrique subsaharienne[11].

 

Ainsi, entre le regain de belligérance russe et la poursuite de l’arrogance des Etats-Unis, le monde se trouve au bord d’une catastrophe qui pourrait grandement accélérer l’anéantissement de l’humanité, vers lequel notre planète se dirige par le biais de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique.

  • Nous ne pouvons qu’espérer que la raison l’emportera et que les grandes puissances parviendront à un accord répondant aux préoccupations de sécurité de la Russie et recréant les conditions d’une « coexistence pacifique » renouvelée qui réduirait la chaleur de la nouvelle guerre froide et l’empêcherait de se transformer en une guerre chaude qui serait une catastrophe énorme pour toute l’humanité.

 

-----------------------------------

 

🔴 Note personnelle à méditer...

 

1 - L'OTAN AU SERVICE DU MARCHÉ DE L'INDUSTRIE D'ARMEMENT ?

- L'OTAN un outil politico militaire au service du marché ?

Depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991, l’OTAN s’est transformée, à l’initiative des Etats -Unis, d’une organisation de sécurité défensive en une organisation expansionniste et militaire agressive. 

Aujourd'hui, l'objectif de l'OTAN, c'est t-il pas aussi de maintenir les tensions avec la Russie, l'extrême Orient avec la Chine pour justifier l'investissement public dans l'armement, alimenter le PIB, la croissance, l'industrie de l'armement, la finance ?

  • Selon l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm, le total des dépenses militaires mondiales s'élève à 1 981 milliards de dollars en 2020, soit une augmentation de 2,6 % en termes réels par rapport à 2019, selon de nouvelles données publiées par le Stockholm International[12] ;
  • Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde[13]

 

- Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde
L’administration américaine représente 36 % de l’effort militaire mondial, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm[14].

Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde[15], une large partie étant assurée par les Etats-Unis (70% en 2018[16]).

 

 

Répartition des dépenses militaires par pays en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

Classement des 10 plus importants budgets militaires en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

2 - L'ENJEU DU GAZ EN EUROPE... L'AUTRE DESSOUS DES CARTES EN UKRAINE ? 

- Les Etats-Unis veulent faire blocus contre le gaz russe pour nous vendre leur gaz de schiste liquéfié ainsi une celui de leurs amis Qataris.

L’Europe est plus que jamais le terrain de jeu de la guerre énergétique entre les Etats-Unis et la Russie. L’intrusion des américains sur le marché européen du gaz est récente, grâce à leur révolution du gaz de schiste. Les russes, eux, ont toujours été l’un des premiers fournisseurs de gaz des pays européens avec le Qatar ou l’Algérie, notamment pour la France[17].

 

Mais ce sont surtout les importations en provenance des Etats-Unis qui ont explosé. Elles ont presque triplé, passant de 2,7 millions de tonnes sur l’année 2018 à 7,6 millions sur les neuf premiers mois de 2019. Une poussée due au gigantesque essor du gaz de schiste américain depuis sept ans. "L’essentiel du gaz que les américains exportent est du gaz de schiste", explique un spécialiste du secteur. En France aussi, cette tendance est la même : les importations de gaz américains ont presque quadruplé depuis le début de l’année! Même si elles partaient de très bas[17]…

 

 

- En définitive, la crise Ukrainienne constitue des enjeux inavoués mais majeurs pour les États-Unis

Bien que situé à plus de 8000 km du théâtre d’opération ukrainien[6], les États-Unis sont loin de se désintéresser du conflit qui s’y déroule. Et pour cause : la question ukrainienne intéresse les Américains à au moins trois titres : Géopolitiques, commerciaux, énergétiques[18].

  • Géopolitiques, l’enjeu est ici clair : la crise ukrainienne fournit aux États-Unis une occasion rêvée de proroger la partition de l’Europe engagée dès 1944, à l’aube de la victoire alliée sur les forces de l’Axe.

 

  • Commerciaux : Ici c’est la question de la libéralisation des échanges avec l’UE qui est en jeu. Comme au temps de la guerre froide, l’arme commerciale vient en effet doubler l’arme économique tout en visant à parvenir au même but. Couper la Russie de l’Europe occidentale tout en renforçant la dépendance de cette dernière à l’égard des États-Unis.

 

  • Énergétiques via l’augmentation des capacités d’exportation : c’est un autre aspect caché – et de ce fait souvent méconnu – de la crise ukrai­nienne. Celle-ci pourrait en effet à terme permettre à l’industrie américaine d’aug­menter sensiblement ses capacités d’exportation de gaz naturel.

 

3 - L'Ukraine, c'est aussi :

Pourquoi l'Ukraine compte-t-elle économiquement pour le " marché " et donc l'occident et ce indépendamment des questions géopolitiques et de domination militaire dans une stratégie de nassage de la Russie... ?

  • Pour le savoir, regarder comment la nation indépendante, souveraine et démocratique de l'Ukraine se classe :

🥇1ère réserve européenne de minerais d'uranium ;
🥈2e réserve européenne de minerais de titane - 10e réserve mondiale ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de manganèse (2,3 milliards de tonnes, soit 12% des réserves mondiales) ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de fer (30 milliards de tonnes) ;
🥈2e réserve européenne de minerais de mercure ;
🥉3e réserve européenne de gaz de schiste (22 milliards de mètres cubes) - 13e réserve mondiale
📌 4e place mondiale en valeur totale des ressources naturelles
📌 7e réserve mondiale de charbon (33,9 milliards de tonnes)
❗️🇺🇦 L'Ukraine est un pays agricole - elle peut répondre aux besoins alimentaires de 600 millions de personnes :
🥇La plus grande superficie de terres arables d'Europe ;
🥉3e plus grande superficie de terre noire (tchornozem) dans le monde (25% du volume mondial) ;
🥇1er exportateur mondial de tournesol et d'huile de tournesol ;
🥈2e producteur mondial d'orge - 4ème exportateur mondial ;
🥉3e producteur mondial de maïs - 4e exportateur mondial ;
- 4e producteur mondial de pommes de terre ;
- 5e producteur mondial de seigle ;
- 5e place mondiale en production apicole - miel, cire, gelée royale, pollen, propolis, venin d'abeille (75 000 tonnes) ;
- 8e exportateur mondial de blé ;
- 9e producteur mondial d'œufs de poule ;
- 16e exportateur mondial de fromages
🇺🇦 L'Ukraine est un pays industrialisé :
🥇 1er producteur européen d'ammoniaque; 
🥈 2е plus grand réseau de gazoducs d'Europe et 4e mondial (142,5 milliards de mètres cubes de capacité de débit de gaz dans l'UE) ;
🥉 3e plus grand parc nucléaire européen - 8e mondial ;
🥉 3e plus long réseau ferroviaire d'Europe - 11e mondial (21 700 km) ;
🥉 3e producteur mondial de localisateurs et d'équipements de localisation (après les États-Unis et la France) ;
🥉 3e exportateur mondial de fer ;
💥 4e exportateur mondial de turbines pour centrales nucléaires ;
💥 4e fabricant mondial de lance-roquettes ;
💥 4e exportateur mondial d'argile ;
💥 4e exportateur mondial de titane ;
💥 8ème exportateur mondial de minerais et concentrés métallurgiques ;
💥 9e exportateur mondial dans l'industrie de l'armement ;
💥 10e producteur mondial d'acier (32,4 millions de tonnes).

 

En conclusion, l’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement[20]. 

 

- Les révélations de Roland Dumas : comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est
Comme nous l'avons expliqué plus haut, la crise actuelle trouve son origine dans l’extension permanente de l’OTAN depuis la disparition de l’URSS. Et ci-dessous, Roland Dumas dévoile, confirme ce qui a été dit et promis à l’URSS en 1990, en échange de la réunification de l’Allemagne.

 

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes

Général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences Po et à HEC : Ukraine : 5ème jour de guerre

 

 

Notes

[0] L'ambassadeur russe auprès de l'UE dénonce plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est

[0bisComment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères

[1] La crise des missiles de Cuba est une suite d'événements survenus du 14 octobre au 28 octobre 1962

[1bis] Protocole de MinskI

[1terProtocole de MinskII du 11 février 2015

[2] Pourquoi l'OTAN continue à s'élargir vers l'est

[2bis] Des documents récemment déclassifiés révèlent que des dirigeants occidentaux - et non des moindres, comme le président américain George H.W. Bush et le secrétaire général de l'Otan de l'époque Manfred Wörner - avaient assuré au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, que l'Alliance atlantique ne s'élargirait pas à l'est au delà de l'Allemagne de l'Est après la réunification allemande d'octobre 1990.

[3] Dissolution du pacte de Varsovie le 1er juillet 1991

[4] Georgy Arbatov

[5] «Eurasia Letter : A New Cold War», Georgi Aabatov, in Foreign Policy. No.95, Summer 1994 (pp. 90-103)

[6] Géorgie-Ossétie-Russie. Une guerre à toutes les échelles

[7] Guerre du Donbass

[8] Intervention russe au Kazakhstan : le Kremlin défend un partenaire clé

[9] Intervention militaire de la Russie en Syrie

[10] En Libye, ces mercenaires russes “ qui n’existent pas ”

[11] Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne

[12] Nouvelles données publiées aujourd'hui par le Stockholm International

[13] Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde

[14] Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde

[15] Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde

[16]  Les dépenses militaires des Etats-Unis ont représenté en 2018 près de 70% des dépenses militaires totales de l'Otan. 

[17] LE GAZ DE SCHISTE AMÉRICAIN INONDE L’EUROPE

[18Russie-Ukraine Les enjeux gaziers du conflit

[19Roland Dumas a été notamment ministre des Relations extérieures de 1984 à 1986 et des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Il a ensuite présidé le Conseil constitutionnel de 1995 à 2000.

[20L’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement. 

 

Pour en savoir plus :

- 2015 : La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

- Fascisme de masse en Ukraine. Attention !

- Les européens s’étaient effectivement engagés à ce que l’OTAN ne s’étende pas vers l’est. Cet article contient les liens vers les sources de ces informations

- Ukraine et néo-nazis

- 9 avril 2015 : L’Ukraine se réclame de la tradition nazie

- L'Otan rejette l'exigence russe de renoncer à l'adhésion de Kiev

- Les ressources énergétiques et naturelles sont au coeur des conflits internationaux

Les Américains n’ont pas de partenaires. Ils n’ont que des vassaux. Sans sortie de l’OTAN, toute armée européenne ne sert qu’en supplétif de l’armée USA et au service de sa guerre froide.

- Loin de jouer l’apaisement et la voie diplomatique, les États-Unis répondent aux menaces russes par une stratégie d’escalade.

- Quels sont les objectifs de Vladimir Poutine  ?

- La Russie envahit, mais il n’y a pas de bons gars dans la guerre en Ukraine

- Reconstituer le puzzle de la guerre en Ukraine : c’est possible, mais cela demande du temps.

Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

- « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » par Philippe Descamps 

- On l’oublie un peu, mais la crise en Ukraine a surgi aussi sur fond d’enjeux économico-stratégiques mettant en cause le grand projet de M. Vladimir Poutine : l’Union économique eurasiatique (UEE), qui doit prendre effet en janvier 2015. 

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS COMPTENT FAIRE LA GUERRE « JUSQU’AU DERNIER UKRAINIEN »

Entre 2015 et 2020, malgré l'embargo de l'UE, la France a fourni 152 millions d’euros de matériels pour des chars, des avions de chasse et des hélicoptères de combat aux Russes, révèle « Disclose ».

- " Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ", pour Henri Guaino

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 13:46
Guerres et terrorisme : sortir du déni
Guerres et terrorisme : sortir du déni
Guerres et terrorisme : sortir du déni

Mais au fait, qui se souvient de la période ou les djihadistes étaient nos amis[1bis] ?

 

Moins de guerres et plus de justice déboucheront assurément sur moins de terrorisme ! 

 

Le lien entre les interventions militaires occidentales et certains attentats n’est jamais interrogé, déplore ce texte signé notamment par Virginie Despentes, Adèle Haenel, Annie Ernaux, Jean-François Bayart et Alexis Jenni.

 

Sources : BibliObs | modifié le 28/02/2021

- Il ne fait pas bon avancer quelques arguments posés au pays de la liberté d’expression.

Celle-ci est brandie à cor et à cris par ceux-là mêmes qui, dans le même temps, stigmatisent, injurient, intimident et menacent quiconque tenterait d’éclairer sous un jour différent la situation terrible que nous traversons.

 

Cette situation, qui a vu se succéder plusieurs assassinats abjects faits pour nous épouvanter, est de fait épouvantable. Mais au-delà de l’épouvante, il ne faudrait rien dire : aux yeux de ces détracteurs, les attentats commis par des terroristes fanatiques ne mériteraient aucune autre explication que cette tautologie : ils sont commis par des terroristes fanatiques. Toute personne proposant des éléments d’analyse et de compréhension est aussitôt vouée aux gémonies sur les réseaux sociaux, par des commentateurs et dans certains journaux qui se repaissent des attentats pour achalander leur boutique raciste et fourbir leurs appels à la guerre comme au choc de civilisations.

 

 

- Débattre de façon démocratique
C’est ce qui est arrivé ces jours-ci à Judith Bernard. Fondatrice du site d’entretiens « Hors-Série[1] » et dramaturge, Judith Bernard est régulièrement invitée dans l’émission « 28 minutes » sur Arte pour prendre part au débat sur l’actualité. C’était le cas le 30 octobre dernier. Le présentateur de l’émission Renaud Dély y posait cette question : « Pourquoi la France est-elle à nouveau visée par les attentats ?[2] »

 

Sans prétendre réduire l’explication des différentes attaques survenues, elle a répondu en mentionnant les guerres livrées par la France dans les mondes musulmans ; elle a rappelé que Daech était né dans le chaos social engendré par la guerre menée par les puissances occidentales en Irak. Elle a affirmé que ces guerres étaient contre-productives : en détruisant les structures et les institutions des pays qu’elles avaient frappés et en y faisant d’innombrables victimes, elles y avaient suscité des vocations terroristes.

 

Aussitôt, elle a été calomniée, menacée, accusée de complicité de crime et d’apologie du terrorisme. Au risque de subir les mêmes avanies, nous lui donnons raison. Et nous souhaitons que cet enjeu crucial soit débattu de manière démocratique, fondée, raisonnée et argumentée. Nous aimerions que les personnes soucieuses de bonne foi et d’honnêteté intellectuelle y prêtent attention.

 

 

- Ce que produisent nos guerres
Les guerres menées par notre pays sont soit passées sous silence soit glorifiées. Les chefs d’État successifs qui en décident sans aucune validation démocratique aiment s’afficher en chefs de guerre. Sans aucune validation démocratique en effet, puisque c’est là le fait du prince, comme le veulent les institutions de la Ve République. Le Parlement, qui n’a déjà pas beaucoup de pouvoir en général, n’a qu’à se taire. Se taire : c’est l’essentiel de ce qui se passe sur ces guerres.

 

Il faut donc puiser dans les travaux de chercheuses, chercheurs en politique internationale et d’ONG pour avoir davantage de prise sur ces situations dont la démocratie est exclue tout comme le droit à l’information. Parmi bien d’autres, on citera ceux d’Arund Kundnani, Robert Pape, James K. Feldman, Alex Braithwaite, Marie Cold-Ravnkilde, Katja Jacobsen, Vron Ware, Marielle Debos, Mathias Delori et Christophe Wasinski. Par ailleurs, un réseau de chercheuses et de chercheurs appelé OCTAV (Observatoire contemporain du terrorisme, de l’antiterrorisme et des violences[3]) a travaillé pendant trois ans sur le caractère relationnel et mimétique des violences « terroristes » et « anti-terroristes ».

 

Tous montrent non seulement bien sûr la violence inhérente à ces opérations militaires mais en outre leur absolue inefficacité quant aux finalités dont elles sont officiellement dotées lorsqu’elles se désignent comme « guerres antiterroristes ». Nombre de ces analyses avancent que le phénomène est celui du « pompier pyromane » : loin de combattre le terrorisme, il l’alimente en nourrissant le ressentiment.

 

 

- Approximation indécente
Que sont ici les victimes civiles des frappes, bombardements et guerres faites par notre pays, seul ou dans le cadre de coalitions internationales ? À peine des chiffres, rarement avancés. Ce sont des morts abstraites, invisibles, ignorées. 1 600 civils dans la seule ville de Raqqa entre 2017 et 2019, 4 000 ou 6 000 civils à Mossoul. En juillet 2016, quelques jours de bombardements incessants sur Manbij ont tué plus de 400 personnes civiles, parmi lesquelles une centaine d’enfants.

 

« Une centaine » : cette approximation en soi nous paraît indécente. On aimerait leur donner un visage et un nom, à ces femmes, ces hommes et ces enfants. Mais elles et ils demeurent trop loin de nous, bien que l’État dans lequel nous vivons soit responsable de leur mort. D’aucuns avancent la notion de « terrorisme de l’air », si l’on admet que le mot « terrorisme » renvoie à la violence faite à des civils sans défense. Dans tous les cas, les observatoires internationaux, parmi lesquels Amnesty International, évoquent de manière très ferme et très claire des violations du droit humanitaire et des crimes de guerre.

 

De leur côté, les euphémismes des puissants ne mentionnent, du bout des lèvres et des communiqués, que des « dégâts collatéraux ». « Bavures », lit-on parfois dans les journaux, comme quand « le Figaro » accorde à la catastrophe des bombardements sur Manbij une brève de six lignes. Il faut chercher ailleurs ces images et les regarder bien en face : voir ce que font les avions de la coalition, voir ces mains d’enfants tués qui dépassent des décombres, voir l’ampleur de l’horreur.

 

Alors que la coalition avait largué des milliers de bombes sur la ville d’Hanjib en Syrie, le colonel français François-Régis Legrier, engagé en Afghanistan puis en Irak, déclarait : « Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale, laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la guerre.[4] »

 

 

- Causalités multiples
Au-delà, on n’a pas suffisamment su, ici, les conséquences meurtrières qu’ont eues en Irak les guerres et l’embargo auxquels la France a pris sa part. Et là, les morts se comptent par centaines de milliers, parmi lesquels une majorité d’enfants. Dans la plus grande indifférence – ou avec la justification cynique de Madeleine Albright : « Nous le savons, mais cela valait la peine.[5] »

 

Assurément, tous les attentats ne sauraient s’expliquer par ces ingérences militaires et guerrières. Chaque situation a sa singularité et trouve aussi ses raisons multiples dans la trajectoire biographique, sociale et psychologique des individus qui les perpètrent. Bien sûr, le terrorisme djihadiste a son propre agenda, des stratégies déterminées par des contextes précis, une histoire nourrie des causalités complexes propres à chacun des pays où il prend racine et à chacun des pays où il frappe : aucune explication n’est mécanique et il ne faut se satisfaire d’aucune interprétation univoque ou réductrice.

 

Mais il est essentiel de ne jamais s’interdire l’examen de ces causalités, dans toutes leurs composantes, tant il est certain qu’on ne peut lutter contre un phénomène qu’en analysant précisément tout ce qui l’a rendu possible et a favorisé son essor. On ne répétera jamais assez (contrairement à Manuel Valls[6]) qu’expliquer n’est pas justifier, et que l’exercice de la lucidité et de la raison n’ont strictement rien de commun avec des inclinations légitimatrices.

 

 

- Rendre visible ce que fait la France
En l’occurrence, il nous importe de souligner la nécessité de s’informer et rendre visible ce que la France et l’armée française font. En notre nom. Prendre conscience de la terreur imposée à ces populations bombardées par les coalitions, sous l’effet de doctrines nommées « Choc et effroi » et leurs déclinaisons. Exiger que l’État rende des comptes et qu’il fournisse l’élémentaire information sur ce qu’il y ordonne. Soutenir pleinement celles et ceux qui, comme Judith Bernard, défendent ces positions et appeler à ce que de telles paroles ne soient plus criminalisées comme elle le sont en toute indignité. Car nous redoutons que, comme par le passé, la conduite de ces guerres extérieures n’entraîne une réduction des libertés à l’intérieur.

 

Il n’y a pas de réponse unique et monolithique au désastre humain qu’engendrent les attentats. Si la liberté d’expression a un sens, ce devrait être de garantir au moins la possibilité d’en débattre dans des conditions dignes et éclairées. Mais nous en avons la conviction : « moins de guerres et plus de justice déboucheront assurément sur moins de terrorisme ».


🔴Ce texte est une TRIBUNE dont vous trouverez la liste des signataires ICI.

 

Notes :

[1] site d’entretiens « Hors-Série »

[1bis] Quand les djihadistes étaient nos amis

[2] Covid-19 / Restriction des libertés / Menace terroriste : Le Club 28’ ! - 28 Minutes - ARTE

[3] O.C.T.A.V. : Groupe de travail sur le terrorisme et l’antiterrorisme

[4] La stratégie française contre Daech est-elle erronée ?

[5] Quand Madeleine Albright approuvait la mort de 500.000 enfants en Irak

[6] "Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser": depuis les attentats, Manuel Valls s’en prend à la démarche sociologique et au travail intellectuel.

 

Pour en savoir plus :

- Comment la France est devenue une cible « légitime » pour les groupes djihadistes

« Les attentats sont une conséquence de la politique française ambiguë contre le terrorisme »

- Terrorisme et Moyen-Orient : à la recherche des causes

- Daesh, la nouvelle armée secrète de l’OTAN ?

- Montebourg : "à partir du moment où vous décidez d’être justicier international, vous en payez le prix, vous êtes exposé".

- Petit à petit la réalité des implications occidentales et notamment françaises dans la création et la montée de DAESH perce dans les médias !

 

- De Villepin : « L’État Islamique, c’est l’enfant monstrueux de la politique occidentale »

 

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24 août 2019 6 24 /08 /août /2019 20:24
Notre époque rappelle peut-être les années 1930, mais l’histoire ne doit pas nécessairement se répéter

Dans les années 1930, le capitalisme avait besoin d’une « solution de rechange ». Confronté à une désaffection de masse après le krach financier de 1929 ainsi qu’un mouvement communiste grandissant qui menaçait de nationaliser la propriété et d’exproprier les profits, le capital a dû faire face à une crise existentielle sans précédent.

 

Sources : EQUALTIMES par Nick Dearden[*]

 

-Le fascisme offrait une échappatoire.

Certes, certains « hommes forts » du fascisme pouvaient sembler vulgaires, offensants et erratiques, mais, du côté positif, de nombreux dirigeants du monde de la finance et de l’industrie ont argumenté qu’ils avaient au moins le pouvoir d’écraser la résistance et de mettre l’État au service de leurs intérêts économiques.

 

 

-Aujourd’hui, nous assistons à une répétition de l’Histoire.

Bien entendu, aucun mouvement communiste n’est sur le point de prendre le pouvoir dans le monde développé. Pourtant, le capitalisme est menacé comme il ne l’a pas été depuis 80 ans, accablé par sa propre logique. Faire partir la planète en fumée pour réaliser des profits de plus en plus importants à court terme ne peut continuer sans conséquences catastrophiques[1] que la plupart des gens ne toléreront pas. Pour les personnes avides de profit, même les mesures très modestes qui ont été adoptées pour lutter contre les changements climatiques sont une mauvaise nouvelle.

 

Le pillage des ressources publiques — qu’il s’agisse de l’espace public ou des services publics, par exemple — atteint ses limites actuelles. Le résultat ? Les pires inégalités[2] que le monde ait jamais connues. Les niveaux d’endettement, qui jusqu’à présent camouflaient cette inégalité, en sont à leur point de rupture. Cela ne pourra pas durer éternellement.

Une révolution technologique est en cours et promet l’automatisation de masse[3], ajoutant plusieurs millions de travailleurs aux centaines de millions de petits agriculteurs et paysans dont le capitalisme ne se soucie pas. Et les populations sont déjà furieuses.

 

 

-Que faire ?

Le rôle qu’assumaient auparavant les fascistes est aujourd’hui comblé par un groupe d’hommes forts autoritaires dont Donald Trump[4] est le chef de file. Des fascistes purs et durs sont de nouveau au pouvoir en Italie[5]. La Hongrie est essentiellement dirigée par un fasciste aussi, et ces forces-là ont enregistré quelques gains lors des élections européennes[6] du mois dernier.

 

Mais considérez les pays plus importants pour l’avenir du capitalisme. L’Inde est dirigée par Narendra Modi, un nationaliste hindou dont le mandat a été marqué par une vague croissante de crimes haineux, de meurtres, de lynchages, de passages à tabac en public et de viols collectifs, visant en particulier les musulmans et les groupes des castes inférieures. Le Brésil, autrefois point d’ancrage de la « marée rose » des gouvernements de gauche, est aujourd’hui dirigé par Jair Bolsonaro[7], un nostalgique de la dictature militaire, homophobe, raciste et misogyne qui qualifie de « terroristes » les groupes d’activistes. Les Philippines sont dirigées par Rodrigo Duterte[8], responsable du meurtre de 20.000 toxicomanes, qui a comparé sa guerre contre la drogue à l’extermination des Juifs par Hitler.

 

 

-

Exploitation tous azimuts

À l’instar des fascistes des années 1930, tous ces hommes forts sont arrivés au pouvoir en alimentant la division sociale. Les migrants, les musulmans, les homosexuels, les transsexuels, les sans-abri et les groupes de castes inférieures sont diabolisés, car on craint que ces personnes ne deviennent trop puissantes et ne mettent en danger le pouvoir des classes moyennes et populaires inférieures dominantes. Le féminisme est une cible privilégiée pour tous ces dirigeants ; il suffit d’observer la résurgence du message anti-avortement.

 

Une fois arrivés au pouvoir, comme dans les années 1930, ces hommes forts ont entrepris de saper et de démanteler les institutions de la démocratie libérale : tribunaux, parlements et médias. En dépit de toutes leurs imperfections, ces institutions bloquent le pouvoir des laquais de Trump et nous laissent un certain espace pour organiser la résistance. Mais le système économique ne peut supporter une réelle résistance en ce moment et ces espaces doivent donc être fermés si l’on souhaite que la « solution de rechange » du capitalisme soit une réussite.

 

 

-

Vient ensuite le cœur du programme : l’extrême tous azimuts des personnes et de la planète.

Il s’agit de M. Trump qui ouvre toutes les eaux côtières américaines au forage pétrolier offshore, de M. Bolsonaro qui ouvre l’Amazonie à l’exploitation minière ou de M. Modi qui libéralise l’économie indienne, fragilisant les petits exploitants agricoles et les économies traditionnelles. Il s’agit aussi de réductions sans précédent de l’impôt des sociétés, d’une déréglementation financière massive ou de la semi-criminalisation de l’activisme climatique. Tout va dans la même direction. Et c’est la raison pour laquelle les marchés boursiers ont été si positifs concernant ces nouveaux hommes forts.

 

Peut-être que Mark Zuckerberg de Facebook n’aime pas la rhétorique de M. Trump. Je pourrais le croire. Mais si les titans des géants de la technologie veulent que la quatrième révolution industrielle profite à leurs propres comptes de résultat plutôt que de mener à une restructuration radicale et démocratique de l’économie, une logique sous-tend les politiques de M. Trump ; et toute rhétorique qui lui permet de mener ces politiques à bien.

 

 

-

Il est également vrai que le comportement de ces dirigeants est empreint d’excentricités et de contradictions massives.

C’est le danger inhérent aux hommes forts – de par leur nature, ils ne peuvent pas être contrôlés. Nous ne prétendons pas que telle est la forme de société dans laquelle la plupart des capitalistes voudraient idéalement vivre, mais bien que le capitalisme mondial a de plus en plus besoin de cette forme de société pour prospérer et survivre.

 

Ces politiques « trumpiennes » ne se limitent pas aux pays déjà mentionnés. Elles empoisonnent le corps politique à l’échelle mondiale. Au Royaume-Uni, un sondage d’opinion réalisé le mois dernier a révélé que 54 % de la population était d’accord avec l’affirmation : « La Grande-Bretagne a besoin d’un dirigeant fort disposé à enfreindre les règles.[9» Seuls 23 % n’étaient pas d’accord. Dans une bonne partie de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique latine, ces politiques s’infiltrent dans le discours public là où nous pensions qu’elles avaient été reléguées aux oubliettes du passé. Et le « trumpisme » donne une nouvelle protection rhétorique aux dirigeants oppressifs de toute l’Afrique et du Moyen-Orient.

 

Mais M. Trump est le roi – le symbole de la manière dont ces politiques peuvent réussir, la pierre angulaire d’un réseau de financement et de recherche. C’est pour cette raison que nous devons nous opposer à lui lors de sa première visite d’État officielle au Royaume-Uni aujourd’hui.

 

 

-

Bien sûr, nous pouvons nous moquer de lui et nous devons de le faire.

Mais Hitler faisait aussi l’objet de moqueries satiriques dans les clubs du Berlin de la République de Weimar. Cela ne l’a pas arrêté. Nous devons comprendre ce qui se passe, nous y opposer physiquement et, à travers cette lutte, construire une politique alternative à même de reconquérir de vastes pans de la population active. Par-dessus tout, tirons une leçon clé de l’échec de la gauche allemande dans les années 1930.

 

Nous ne pouvons pas supposer que le « trumpisme » échouera et qu’il sera suivi d’un « après, c’est à notre tour ». M. Duterte a un taux de popularité d’environ 80 %. La victoire de M. Modi aux élections indiennes a été écrasante. M. Trump et M. Bolsonaro, malgré leur popularité moindre, ne peuvent être ignorés et pourraient potentiellement décrocher un deuxième mandat. La gauche doit mettre fin à son sectarisme. Il est urgent de nouer de vastes alliances et d’adopter des politiques radicales.

Nous pouvons gagner la lutte contre le changement climatique, utiliser l’intelligence artificielle pour construire un monde meilleur et limiter le pouvoir des entreprises, mais la seule façon d’y parvenir est de créer des réseaux ; aux niveaux local, national et international. Nous nous retrouvons dans une position plus fragile que ne l’était la gauche dans les années 1930. Mais nous avons fait quelques avancées, nous avons obtenu des réformes modérées pour lutter contre les changements climatiques, nous avons obtenu des droits civils tant attendus.

 

Il est possible que les années 1930 ne se reproduisent pas. Mais ce ne sera pas facile.

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13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 13:01
Brésil : la stratégie de l’empire US pour reprendre la main en Amérique du sud

Sources : Chroniques du Yeti par Pierrick Tillet le 8 octobre 2018

- Le déroulement de la présidentielle brésilienne illustre jusqu’à la caricature la tentative de l’empire US pour reprendre la main en Amérique du sud.

Dimanche au Brésil, le candidat de la droite pro US, Jair Bolsonaro [photo], est largement arrivé en tête (46,06%) devant le candidat de gauche par défaut (de Lula), Fernando Haddad, Parti des travailleurs (PT, 29,24%). Les commentateurs de gauche tentent de se rassurer en évaluant les chances de leur poulain de refaire son retard au second tour en réunissant la totalité des voix “progressistes” éparpillées.

 

Mais c’est un peu vite oublier la volonté de l’Oncle Sam voisin d’empêcher par tous les moyens toute élection démocratique d’un prétendant qui contrecarrerait les ambitions de l’empire US sur le continent sud-américain. La stratégie est des plus simplistes : ou vous votez démocratiquement pour des candidats qui nous sont favorables, ou on arrangera votre démocratie à notre sauce.

 

L’usure de certains candidats sortants de gauche favorise bien évidemment la première option US. Ce fut le cas avec l’élection à la régulière de Mauricio Macri en Argentine après le départ de Cristina Kirchner en 2015. ET il faut bien dire qu’en 13 années de pouvoir au Brésil, le PT avait accumulé bien des déceptions et rancœurs contre lui (au point que ce même même dimanche, l’ancienne présidente Dilma Rousseff a échoué dans sa tentative d’être élue sénatrice dans l’État de Minas Gerais.

 


- Trois méthodes radicales US pour “arranger” la démocratie

Les méthodes d'”arrangement démocratique” brillent par leur radicalisme très primaire :

  • la corruption d’élus au départ défavorables en principe au système : c’est d’évidence le cas en Équateur avec le président Lenin Moreno, successeur du trublion Correa en mai 2017 ; la tentative d’amadouer le président de Cuba, Raul Castro par un assouplissement de l’embargo semble elle avoir échoué ;
  • la destitution d’élus ou la disqualification de candidats défavorables, via des juges complaisants et sous de vagues prétextes de corruption avérée ou plus souvent supposée : Dilma Roussef, présidente destituée au Brésil en 2016, Lula, ex-président PT et grand favori de la présidentielle 2018, emprisonné pour douze ans en avril 2018 ; notez également les poursuites judiciaires envisagées ou même entamées pour empêcher les retours de Cristina Kirchner en Argentine ou de Rafael Correa en Équateur ;
  • enfin, au cas ou les deux solutions précédentes ne marcheraient pas, reste l’hypothèse du coup d’État bête et brutal  ouvertement envisagé par des responsables étatsuniens[1] contre le “régime” de Nicolás Maduro au Venezuela.

 

La détermination des États-Unis à reprendre la main sur sa chasse-gardée sud-américaine s’explique par le contexte géopolitique international. Marginalisé au Moyent-Orient et en Eurasie par l’axe constitué de la Russie, de la Chine et de l’Iran (sans oublier l’Inde et quelques autres pays émergents), l’empire US ne pouvait pas non plus se laisser manger la laine sur le dos aussi près de ses frontières.

 

L’urgence de réagir était d’autant plus vive que la fronde avait été amplement initiée par le Cuba de Castro, le Venezuela de Chavez, la Bolivie de Morales, l’Équateur de Correa, l’Argentine de Kirchner, le Brésil de Lula, l’Uruguay de José Mujica et maintenant le Mexique d’AMLO (Andrés Manuel Lôpez Obrador), “dangereux” président de gauche passé entre les mailles du filet de la CIA en juillet 2018 et dont vous pouvez être persuadé qu’il est sous étroite surveillance[2].

 

Note :

[1] Venezuela : des responsables américains ont envisagé de renverser Maduro

|2] Le président Lopez Obrador peut-il tirer le Mexique de son marasme ?

 

Pour en savoir plus :

- Chronologie des interventions américaines dans le monde

- Que cache la militarisation de l’Amérique Latine ?

- 11 septembre 73 : Salvador Allende était renversé par un coup d'Etat avec l'aide des Etats-Unis...

- AU BRÉSIL COMME AILLEURS, LES RICHES TOURNENT BRUNS

- Entretien avec Rafael CORREA, ancien président de l'Équateur : « Ils veulent exterminer la gauche »

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9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 22:18
La Françafrique, le plus long scandale de la République

Guerres civiles, dictatures, pauvreté, analphabétisme, malnutrition... La situation précaire de l’Afrique francophone soulève de nombreuses questions. Pourquoi tant de misère dans des pays si riches en matières premières ? À qui profi te l’argent du pétrole, de l’uranium, du diamant, du bois, des minerais ? Comment expliquer la présence permanente de l’armée française dans ses anciennes colonies ? Pour quelles raisons le gouvernement français reçoit-il régulièrement, avec tous les honneurs, des dirigeants africains parvenus au pouvoir par des coups d’Etat ou des élections truquées ?

 

Sources : Survie le 12 juillet 2016 | mis à jour le 09/03/2022

- Une décolonisation inachevée

La Françafrique désigne le système politique et institutionnel ainsi que l’ensemble des réseaux qui permettent à la France de garder la mainmise sur ses anciennes colonies, afi n de garantir son accès aux matières premières et de conserver sa puissance sur l’échiquier international.

 

Il a été mis en place au moment des indépendances africaines par le sommet de l’Etat français et a accompagné toute l’histoire de la Ve République.

 

La France développe et déploie ses pratiques néocoloniales, avec la complicité de nombreux chefs d’Etats africains dits « amis de la France » : pillage des matières premières, corruption, détournement de l’aide au développement, soutien aux dictatures, trafics, interventions militaires.

 

« Le temps de la françafrique est révolu »

 

— François Hollande, le 12 octobre 2012 à Dakar

 

 

- Et aujourd'hui ?

Aujourd’hui, tout en prétendant avoir mis fin à ces pratiques, la France poursuit son ingérence dans ses anciennes colonies[1]. Le pillage et les guerres sont banalisés sous prétexte de crise économique et de lutte contre le terrorisme. Dans les médias comme les discours politiques, racisme et préjugés participent de ce système.

 

La Françafrique s’oppose à la démocratie et aux droits de l’Homme en Afrique, car elle repose sur le maintien de régimes dictatoriaux , répressifs et prédateurs, qui empêchent toute émergence démocratique.

 

La Françafrique s’oppose à la démocratie et aux droits de l’Homme en France, car elle résulte de décisions prises sans la moindre transparence par les plus hautes sphères de l’État, sans concertation ni contrôle parlementaire ou citoyen.

 

« La Françafrique, c’est comme un iceberg. Vous avez la face du dessus, la partie émergée de l’iceberg : la France meilleure amie de l’Afrique, patrie des droits de l’Homme, etc. Et puis ensuite, vous avez 90 % de la relation qui est immergée : l’ensemble des mécanismes de maintien de la domination française en Afrique avec des alliés africains. »

 

— François-Xavier Verschave, ancien président de Survie, auteur de La Françafrique, le plus long scandale de la République , 1998, Stock

 

 

- Les mécanismes de la Françafrique

  • Un peu d’histoire...

« Tous les pays sous développés, qui hier dépendaient de nous, et qui sont aujourd’hui nos amis préférés, demandent notre aide et notre concours ? Mais cette aide et ce concours, pourquoi les donnerions-nous si cela n’en vaut pas la peine ? ».


— De Gaulle, 5 septembre 1961

 

A la fin des années 1950, De Gaulle accorde officiellement l’indépendance à 14 pays d’Afrique francophone, pendant que, avec son conseiller Jacques Foccart, ils organisent officieusement le maintien de ces pays sous influence française.

 

  • Pourquoi ?

2 raisons économiques :

  • Garder un accès privilégié aux matières premières stratégiques (pétrole, uranium, minerais) et aux cultures de rente (coton, bois, plantations agricoles).
  • Préserver des débouchés pour les entreprises françaises.

3 raisons politiques :

  • Garder l’Afrique dans le camp occidental en période de guerre froide.
  • Maintenir le rang de la France à l’ONU avec un cortège « d’Etats clients ».
  • Financer le parti gaulliste par le détournement des rentes africaines, puis par la suite tous les partis de gouvernement (ce qu’a révélé notamment l’affaire Elf).

 

  • Comment ?

Le pouvoir français installe dès le début des années 60 des chefs d’état acquis à ses intérêts, et use de différents moyens pour les maintenir en place : élections truquées, coups d’Etat, assassinats politiques, soutien militaire via des accords de défense secrets...

 

Par exemple, entre 1955 et 1971, la France mène au Cameroun une guerre coloniale faisant des dizaines de milliers de morts, et participe à l’assassinat ciblé des grands leaders indépendantistes (Ruben um Nyobe, Félix Mounié, Ernest Ouandié).

 

Depuis lors, elle soutient la dictature en place, d’abord celle d’Ahmadou Ahidjo, puis celle de Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis plus de 33 ans.

 

  • ... et aujourd’hui ?

Les mécanismes de maintien de la domination française en Afrique perdurent aujourd’hui encore, bien qu’ils aient pris de nouvelles formes. Les intérêts ont évolué au fil des années.

 

Au niveau économique, l’exploitation des matières premières s’est intensifiée et mondialisée, les entreprises nationales ont presque toutes été privatisées. Par ailleurs, de nouvelles puissances sont entrées dans le jeu de la concurrence, en particulier les pays émergents.

 

Fini « l’âge d’or » où des entreprises facilement identifiables comme « françaises » se partageaient seules le gâteau des profits en Afrique francophone.

 

Aujourd’hui l’ancrage de l’économie africaine dans la mondialisation (ce qui implique un partage du gâteau, mais aussi un gâteau plus gros !) pousse l’Etat français à agir ouvertement en faveur de la défense de firmes transnationales qui brandissent les arguments de l’emploi et du rayonnement tricolore pour bénéficier à plein régime de son réseau d’influence.

 

« L’Afrique est comme une île, reliée au monde par les mers. Donc, qui tient les grues tient le continent ! »


— Un ancien cadre du groupe Bolloré (Th. Deltombe, le monde diplomatique, avril 2009)[3]

 

Au niveau de la politique internationale, la guerre froide a pris fin, mais le camp occidental et ses alliés se retrouvent aujourd’hui engagés dans une « guerre contre le terrorisme » dans laquelle la France se donne un rôle prépondérant. Malgré une économie affaiblie, elle reste une puissance de premier ordre, notamment grâce à ses positions militaires sur le sol africain. La France soutient politiquement et militairement des dictatures au pouvoir depuis plusieurs décennies : Depuis 1967 pour la famille Bongo au Gabon, depuis 1990 pour Idriss Déby au Tchad...

 

Quant à la politique intérieure, l’affaire des valises révélée par Robert Bourgi en 2011, ou les accusations de plus en plus étayées de financement de la campagne de N. Sarkozy de 2007 par M. Kadhafi, nous rappellent que les pratiques de financement occulte des partis politiques perdurent encore de nos jours.

 

 

- Les piliers de la Françafrique

  • L’armée française en Afrique et la coopération militaire

Peu connue, la présence militaire de la France en Afrique constitue depuis plus de 50 ans un des piliers de sa politique d’ingérence. Héritage d’un passé colonial proche, la France joue encore aujourd’hui un rôle de puissance militaire majeure en Afrique.

 

Avec 8 700 militaires sur le sol africain, la France intervient régulièrement sous différents prétextes (anti- terrorisme, démocratie, maintien de la « paix ») assurant ainsi sa domination sur les états et sur leurs ressources.

 

« Si la France ne s’était pas engagée [au Mali], et bien les risques les plus grands auraient existé pour nos six mille ressortissants à Bamako et puis pour les ressources tout à fait importantes en uranium qui se trouvent au Niger »


— Déclaration du Général Desportes en 2013

 

  • Le franc CFA[2]

Le franc CFA est la seule monnaie coloniale ayant survécu à la décolonisation, il lie quinze pays d’Afrique à la France. Aujourd’hui encore ce système empêche ces pays d’être souverains économiquement : chaque pays doit déposer 50 % de ses réserves en devises étrangères au trésor public français, le franc CFA est arrimé à l’euro et donc soumis à ses fluctuations, et des Français siègent aux instances de direction des banques centrales africaines. La France, en se portant officiellement garante de la stabilité et la convertibilité du franc CFA, contrôle directement ou indirectement la politique monétaire des États concernés.

 

  • L’aide publique au développement

En 2013, l’aide publique au développement française était de 8,5 milliards d’€, dont 45,6 % pour l’Afrique. Il s’agit d’un mélange de dons, de prêts et d’allègements de dette.

 

Cette « aide » est essentiellement un outil au service des intérêts français et un instrument de tutelle et de dépendance.

 

Parmi les dons, la France comptabilise par exemple : les frais d’accueil des réfugiés en France, les coûts des étudiants africains en France, les dépenses visant au rayonnement culturel et à la promotion du français. Une institution financière met en œuvre la politique d’Aide Publique : l’Agence Française de Développement (AFD). Elle fonctionne comme une banque. Sa politique est menée avec le souci constant de préserver et favoriser les intérêts de la France... et ceux de ses grandes entreprises.

 

 

- Comment résister ?

Ce qui est scandaleux :

  • La françafrique : une politique néo-coloniale française, au service des intérêts de l’État, d’entreprises, de carrières politiques ou militaires, dont les populations paient le prix fort.
  • Les conséquences humaines et environnementales sont dramatiques : dictatures, crimes et guerres, pauvreté, migrations, pollution.
  • L’impunité des acteurs impliqués, militaires, économiques, politiques, est garantie, même lorsqu’ils vont jusqu’à se rendre complices d’un génocide, comme au Rwanda en 1994 (soutien diplomatique, livraison de munitions...) lors du génocide des Tutsis.

 

La pauvreté en Afrique a d’abord des racines politiques, il faut donc agir dans le champ politique !

 

  • Résistances à la Françafrique en Afrique

Il existe en Afrique de nombreux mouvements citoyens, syndicaux, de défense des droits humains comme le Balai citoyen au Burkina Faso, Dynamique Citoyenne au Cameroun, Ça Suffit Comme Ça au Gabon, le ROTAB au Niger...

Soutenir les peuples africains, cela passe aussi par le soutien aux mouvements des sociétés civiles en lutte pour leurs droits.

https://survie.org/publications/livres/article/francafrique-la-famille-recomposee-4763

  • Et en France

Survie s’engage depuis 30 ans pour une refonte de la politique de la France en Afrique. Des associations de la diaspora africaine et de solidarité internationale participent également à ce combat.

 

Survie demande :

  • une diplomatie qui soutienne les peuples.
  • le retrait de l’armée française d’Afrique
  • la fin du pillage et la transparence économique et fiscale
  • un véritable contrôle parlementaire de la politique étrangère
  • une justice indépendante et la fin de l’impunité s.

 

Note :

[1] Macron confirme : la politique de l’Afrique française ne change pas

[2] Comprendre le franc CFA en quatre questions

[3Port, rail, plantations : le triste bilan de Bolloré au Cameroun

 

Pour en savoir plus :

- La Françafrique n'est pas morte, elle est devenue l'Africa France

- Rétrospective des interventions militaires Françaises en Afrique

- Comprendre  Francafrique, la famille recomposée

- Petit guide de la Françafrique

- Les guerres africaines de Vincent Bolloré

- Afrique : 50 ans d’indépendances, mais pas la fin des dépendances

- Billets d’Afrique, mensuel de l’association surviele franc CFA en quatre questions

- Sahel. Le Mali épuisé par une longue et vaine « guerre contre le terrorisme »

- France-afrique. Ces drôles de prêts qui enchaînent les pays en développement

- L'éditorial de Pierre Chaillan. L'aide publique au développement va-t-elle normaliser des pratiques néocoloniales du temps pas si lointain de la Françafrique ?

- Mélenchon demande des comptes sur l’aide financière accordée au Gabon

- La France donne un ultimatum à la Guinée équatoriale de mettre fin à sa nouvelle monnaie

- Said Bouamama : « Les scandales de la Françafrique se perpétuent par la chape de silence qui l’accompagne » (CADTM)

- Quand la Françafrique permet de faramineux montages fiscaux aux pontes du CAC 40 : les révélations de Libération

- Du Mali à la Guinée, Thomas Dietrich revient sur les reconfigurations de la Françafrique

- Septembre 2021 : coup d’état en Guinée... l’arrestation « prévisible » d’Alpha Condé

- Montpellier 2021, la Françafrique à bout de souffle

- Quel avenir pour le FRANC CFA ?

- Un an après les émeutes de Dakar, radioscopie du sentiment antifrançais

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4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 09:03
Rony Brauman: « Les mensonges des guerres humanitaires »

Somalie, Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye… Qu’est-ce qui peut définir une guerre « juste » ? Comment le mensonge et la propagande des États ont permis de s’émanciper de toute légalité et de tordre le droit international ? Ancien président de MSF, Rony Brauman[1] publie un essai, " Guerres humanitaires ? Mensonges et intox ".

 

-En savoir plus

« C’est toujours au nom d’un Bien que se déclenchent les guerres » rappelle Rony Brauman dans cette conversation avec Régis Meyran. Pour le célèbre Médecins sans Frontières, les guerres « humanitaires » récentes ne sont rien d'autre que des croisades morales fondées sur des mensonges.

 

Les exemples de propagande belliciste ne manquent pas : prétendu arsenal d’armes de destruction massive détenu par feu Saddam Hussein en Irak, question du génocide discutable au Kosovo, chiffres bidons de la famine en Somalie, faux massacre de manifestants en Lybie…

 

Sans être non-interventionniste par principe, Rony Brauman se montre extrêmement méfiant à l’égard de l’engouement guerrier dont nombre de dirigeants font preuve aujourd’hui, et n'hésite pas à critiquer les instances internationales : le conseil de sécurité de l'ONU ou la Cour pénale internationale représentent pour lui avant tout les intérêts des puissants. Contre un prétendu « droit d'ingérence », et en s’appuyant sur les critères de la « guerre juste », Brauman critique l'obsession occidentale d’imposer par la force les valeurs démocratiques.

 

C’est preuves à l’appui qu'il démonte les fausses raisons d'entrer dans des guerres prétendument « justes » sans jamais céder à une quelconque théorie du complot.

 

- Par : Rony Brauman

Éditions : Les Editions Textuel

Date de parution : 24 janvier 2018

Pages : 128

Disponibilité : chez l'éditeur Les Editions Textuel

Format : 110 x 120 mm

Prix papier TTC : 15,9 €

 

 

- Quelles ont été les machines à propagande construite pour justifier les guerres d'Irak ou de Libye? Rony Brauman s'en explique dans cet entretien.

 

Note :

[1] médecin, co-fondateur et ancien président de Médecins sans Frontières (1982-1994). Il est Directeur de Recherche à la Fondation Médecins sans Frontières et professeur à l’IEP de Paris. Il s’est notamment opposé à l’intervention militaire française en Lybie. Son livre paru chez Textuel Humanitaire, le dilemme (1996,réed. 2002) est le premier titre de la collection « Conversations pour demain ». On lui doit également Diplomatie de l’ingérence (Elytis, 2016) et Manifeste pour les Palestiniens (Autrement, 2014).

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 14:56
Religion et politique : un couple infernal à séparer de toute urgence !

Loi du 9/12/1905, art 2 : " La République ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte "

 

Loin de moi l'idée de focaliser le débat sur une religion, mais, en France, Macron remet le débat sur la table en voulant " Organiser l'Islam de France " et " Poser les jalons de toute l'organisation de l'Islam de France ". A ce stade, il n'est pas inutile de rappeler que depuis la nuit des temps les religions ont été utilisées par des fous afin d'assouvir appétits de pouvoir et instincts meurtriers. Un prétexte bien commode puisque irrationnel. De l'Inquisition à Trump des terroristes ont semé la haine et la mort en leur nom. Il est urgent de les arrêter. Et, pour commencer, exigeons des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse mortifère !

 

Sources :  Le Grand Soir par  Claire VÉRILHAC | mis à jour le 21 mai 2020

- On l’a déjà oublié mais Donald Trump, à peine investi Président des Etats Unis, annonçait déjà la couleur.

Pour son premier voyage officiel, en mai 2017, il se rendait dans les trois États religieux que sont le Vatican, l’Arabie Saoudite et Israël !

 

Ainsi commencera sa "croisade" qui l’amènera à désigner Jérusalem capitale d’Israël, comme il l’avait promis durant sa campagne à la droite évangélique, la remerciant ainsi de son important soutien électoral.

 

Pied de nez au droit international, risque d’embrasement du Proche Orient, dangers de l’importation du conflit, haines et replis communautaires attisés, tout ça est de peu de poids face aux magouilles politiciennes.

 

 

- Et ce n’est pas nouveau. En tous temps et en tous lieux le pouvoir politique a utilisé les religions pour arriver à ses fins.

C’est bien au nom d’une religion que, dès le Moyen Age, les inquisiteurs ont torturé et tué des milliers d’hommes et de femmes. Sous prétexte de combattre les "hérésies" l’Inquisition était déjà l’instrument par lequel les monarques, alliés à l’église catholique, imposaient leur pouvoir par la violence.

 

Notons qu’il fallait une bonne dose de " mauvaise foi " pour commettre ces crimes au nom d’un Jésus de Nazareth dont le seul acte un peu brusque, aux dires mêmes de ses biographies que sont les Évangiles, est celui d’un Juif pieux renversant les tables des changeurs de monnaies au Temple de Jérusalem. Pas bien méchant !

 

De toute évidence la terreur semée par l’Inquisition vise davantage à maintenir un pouvoir temporel, remis en cause par les Cathares ou les Templiers, et la religion n’est là qu’un prétexte.

 

Même chose pour les milliers de morts de la St Barthélémy et des guerres dites "de religion". Car derrière le combat théologique de la Réforme protestante c’est une lutte plus décisive qui se mène, contre un pouvoir politique et matériel, bien réel, celui de l’Eglise, du Pape et ... du Roi. Et c’est surtout cela qu’il fallait réprimer par tous les moyens. C’est d’ailleurs l’analyse qu’en fera Engels trois siècles plus tard.

 

 

- On voit bien que dès que sont associés " pouvoir " et " religion " la volonté de semer la terreur (dérivé du latin " terrere ", faire trembler), c’est à dire le terrorisme, n’est jamais très loin.

C’est même le compagnon de route habituel.

 

Ainsi dans la Palestine sous mandat, entre 1920 et 1948, on parlera de " terrorisme sioniste " pour désigner les attentats à l’encontre des civils arabes et des forces de l’ordre britanniques, mais aussi de " terrorisme juif ". Alors s’agissait-il de semer la terreur au nom d’un nationalisme, le sionisme, ou pour imposer la seule présence en Palestine d’un foyer religieux juif ? Sans doute les deux comme nous le montre hélas la suite de l’Histoire.

 

L’horreur nazie, elle, a assassiné méthodiquement et industriellement des millions de Juifs au nom de leur religion. Mais, pour que nul ne puisse échapper à sa condition, elle a développé le concept de " race " afin qu’il ne s’agisse plus seulement de foi, de baptême, et donc de conversion possible, mais de " nature ". On retrouve cet  "enrobage " racial chez les suprémacistes blancs américains comme chez les antisémites.

 

Mais en Europe, et particulièrement en France, nombre de voix politiques et médiatiques flirtent dangereusement avec ces théories raciales, par exemple lorsqu’elles exigent des seuls Musulmans qu’ils se positionnent contre le terrorisme.

 

Demande-t-on à tous les Juifs de prendre parti contre les massacres de Palestiniens ? A tous les Catholiques de se dissocier les prêtres pédophiles ? Heureusement non bien sur. Ils le font, à titre individuel ou collectif, s’ils le jugent souhaitable. Mais on ne les assigne pas tous, à priori, à leur seule religion.

 

Les Musulmans sont devenus des cibles permanentes et les propos racistes à leur égard désormais monnaie courante. Dans le cadre de l’état d’urgence c’est au nom de leur religion (supposée) qu’ils ont été arrêtés, perquisitionnés ou assignés à résidence quand bien même on n’avait rien de spécial à leur reprocher. Des coupables potentiels " par nature" là aussi !

 

Ce sont pourtant eux les principales victimes du terrorisme et la simple décence voudrait qu’on cesse de parler de "terrorisme islamique" et d’associer ainsi, comme le souhaitent les assassins, leurs crimes à une religion.

 

L’université du Maryland (Etats-Unis) a recensé l’intégralité des attaques terroristes qui ont eu lieu à travers le monde entre 2001 et 2016. Celles-ci ont coûté la vie à 188 272 personnes, sans compter les auteurs des faits eux-mêmes, et fait plus de 340 000 blessés. Les pays les plus frappés sont l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan. Et les musulmans représentent 90 % des victimes !

 

Et la liste macabre s’est encore allongée depuis : 150 morts à Kaboul en juin 2017, 300 dans une mosquée d’Égypte récemment, etc ...

 

 

 

- Mais comment en est-on arrivés là ?

Les dirigeants occidentaux, États-Unis en tête, ont soutenu, et soutiennent, systématiquement les régimes religieux les plus rétrogrades : Talibans, Israël ou Arabie Saoudite. En parallèle ils se sont acharnés à détruire les régimes laïques : Irak, Libye ou Syrie semant chaos, déstabilisation politique durable de régions entières, guerres, terrorisme, cortèges de réfugiés ...

 

Ce choix délibéré devrait interroger nombre d’observateurs mais on en trouve peu de traces. Politiciens et media préfèrent fermer les yeux lâchement plutôt qu’analyser la proximité idéologique qui lie les obscurantistes de tous poils : fondamentalistes musulmans, sionistes juifs et extrême droite chrétienne étasunienne.

 

Cette "coalition" de fait est responsable d’innombrables victimes civiles. Il faut y ajouter la présence sur le terrain de millions d’armes et la formation par les Etats-Unis et leurs alliés de combattants au gré de leurs intérêts stratégiques (pétroliers, militaires ou politiques).

 

 

- Ces combattants vont se recycler et se multiplier dans des pays où la population est essentiellement musulmane et souvent traversée par des divisions internes. Ainsi va naître le terrorisme qu’on dit " islamique ".

D’abord en Afghanistan avec Al-Qaïda (littéralement " la base ") mais qui recrute souvent ailleurs ses candidats au suicide. Ainsi sur les 19 auteurs des attentats du 11 septembre aux Etats Unis, 15 sont saoudiens.

 

En représailles, et bien qu’aucun Irakien ne soit impliqué, les dirigeants des États-Unis vont mentir à la communauté internationale et à leurs propres citoyens afin d’attaquer ... l’Irak !

 

Décision lourde de conséquence puisqu’elle aboutira, une fois le pays dévasté, à la création de l’État Islamique en 2006.

 

Ce mouvement terroriste se revendique d’un courant religieux et prétend à l’établissement d’un État. Pour cela il va s’engager dans des guerres d’abord en Irak puis en Syrie. Une conquête territoriale qui sera menée par des locaux rejoints bientôt par des combattants venant d’un peu partout y compris de France. Avec toujours en parallèle des attentats suicide au Proche et Moyen Orient ainsi qu’en Europe.

 

En terre de tradition musulmane les cibles des terroristes sont essentiellement des soufies et des communautés réputées pour leur pratique d’un Islam non fondamentaliste mais tolérant et ouvert. En Europe leur objectif est surtout d’assurer la propagande médiatique et le recrutement de nouveaux adeptes, ce qui les conduit sans doute à revendiquer toutes tueries de masse, fussent-elles l’œuvre de criminels isolés.

 

Pour autant les cibles ne sont pas toujours choisies " au hasard ". Elles sont souvent en lien direct avec des religions comme l’école juive de Toulouse, la Synagogue de Copenhague, Charlie Hebdo après la diffusion des caricatures du Prophète, le musée juif de Bruxelles, le magasin Hyper Cacher à Paris ou encore le prêtre égorgé à Saint-Etienne de Rouvray.

 

Aux États-Unis les attentats contre des lieux de culte sont surtout l’œuvre de suprémacistes blancs. Comme en 2015 où un partisan revendiqué du nazisme et du Ku Klux Klan tuait neuf paroissiens dans une église de Charleston ou encore en 2017 où un homme massacrait 26 personnes dans une petite église du Texas.

 

Les EU détiennent d’ailleurs le record des tueries de masse. La forte présence de la religion dans l’espace public et la circulation des armes n’y sont pas étrangères bien sur, mais a amené de nombreux observateurs à s’interroger sur la personnalité des auteurs et leurs motivations. Quelles constantes relèvent-ils : dérangement mental, problèmes familiaux, inculture, embrigadement dans une organisation de nature sectaire souvent sous couvert religieux, parfois aussi des antécédents de violences domestiques, etc ...

 

 

 

- Mais il est un élément qui est commun à tous ces tueurs, qu’on les nomme terroristes ou pas, qu’ils soient étasuniens ou pas : ils sont tous candidats au suicide !

Et les religions sont sans doute le piège et le terreau idéal pour conduire des hommes fragiles à tuer et à se tuer (ou se faire tuer). Outre qu’elles offrent l’espoir d’un au-delà, elles apportent des réponses simplistes à des questions existentielles au fond légitimes. Et leurs versions fondamentalistes, qui visent à régir toute la vie des humains, trouvent chaque jour de nouveaux adeptes en quête d’identité dans un monde qui semble leur échapper.

 

Les religions ont tout à fait leur place dans notre culture en tant qu’œuvres littéraires au même titre que celles d’Aristote, Avicenne, Maïmonide, Descartes ou Spinoza. Car les trois religions du Livre, qui en réalité n’en sont qu’une, nous invitent à l’universalisme. Il y est question de notre fragile condition humaine et cela ne peut pas nous être totalement indifférent.

 

Encore faut-il interroger ces sources que sont la Bible, les Évangiles ou le Coran en les situant dans leur contexte historique, géographique et politique. Ce que font de passionnants exégètes talmudiques, coraniques, ou les penseurs de la Réforme par exemple.

 

Les fondamentalistes de tous poils rejettent, eux, ces analyses et n’admettent qu’une lecture au premier degré de ces textes, faisant fi du contexte dans lequel ils ont été écrits, opposant ainsi la croyance à la raison ce qui permet toutes les dérives. Ce serait de peu d’importance s’il ne s’agissait là que de quelques illuminés à qui on n’accorde pas un rôle politique majeur.

 

 

- Mais ce sont justement ces adeptes de l’ignorance qui sont au pouvoir

  • un président des EU redevable aux fondamentalistes chrétiens qui ont assuré son élection et qui rejettent en bloc la science, le savoir, le progrès ;
  • un premier ministre israélien qui s’appuie sur des textes vieux de 3 000 ans pour justifier colonisation, racisme, apartheid, massacres ...;
  • dirigeants saoudiens qui utilisent une religion pour s’affranchir du respect des droits humains fondamentaux.

C’est cette coalition obscurantiste qui décide de la marche du monde et qui fait son malheur !

 

C’est elle que les dirigeants français de tous bords ont choisi de soutenir. Or, elle est totalement illégitime, disqualifiée, pour combattre d’autres fondamentalistes et mettre fin à leurs crimes terroristes. Tous ces falsificateurs d’Histoire ont du sang sur les mains. Il est temps de leur rappeler.

 

 

- Cherchons donc à comprendre (sans vouloir aucunement excuser !) ce qui pousse ces politiciens à afficher publiquement des prises de position à caractère religieux, à s’en prendre à des croyants pour leurs convictions ou leurs pratiques, ou à se cacher honteusement derrière la laïcité pour faire passer un message raciste.

Manuel Valls, est en cela une sorte de caricature. Ancien Premier Ministre, actuel député, la religion est devenue son fond de commerce. De convictions politiques changeantes au gré des circonstances et de ses intérêts de carrière, il lui faut, pour continuer d’exister médiatiquement, affirmer par exemple sa proximité avec le judaïsme, inséparable selon lui d’un soutien indéfectible à la politique d’extrême droite israélienne, et évoquer sans cesse un "problème" musulman qui se nicherait partout, y compris sur ... les plages !

 

Cette volonté d’attiser les haines, les communautarismes, encourage toutes les intolérances et créée à coup sur de nouveaux adeptes pour toutes les sectes assassines.

 

Et cette escalade de la terreur est le climat idéal pour mettre en œuvre une politique aux relents totalitaires à base d’attaques contre les libertés, d’état d’urgence et autres remises en cause de droits qui sont l’honneur de notre pays, comme le droit d’asile.

 

 

https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 - Voilà où mène ce mariage contre nature entre religion et politique.

Il est grand temps de séparer ce couple infernal et la France s’est dotée d’un atout précieux, la laïcité, qui devrait lui permettre de jouer un rôle important en ce sens au niveau international.

 

La paix et la sécurité de tous sont en jeu. Les citoyens doivent le rappeler sans cesse à leurs représentants et exiger d’eux, pour commencer, des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse.

Pour en savoir plus :

- Organiser l'islam de France, la prochaine mission de Macron

- Comment dévoyer la laïcité sans lever les foules ? L’édulcorer, la falsifier… Dès l’école !

- Catherine Kintzler : « la laïcité a produit plus de libertés que ne l’a fait aucune religion investie du pouvoir politique »

- La gauche peut-elle être complice des religions ? " Nous assistons à un retour catastrophique des religions. Que le pouvoir politique de Macron s'en accommode, voire s'en félicite, ne doit pas nous étonner. Mais que la gauche, dont l'identité est laïque et fondée sur une critique rationnelle et raisonnable des méfaits des religions dans l'histoire, s'en fasse la complice est surprenant. Nouvelle défaite de la pensée progressiste ? "

- Kamel Bencheikh, écrivain : La laïcité, garantie d’un État moderne

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 13:30
Gravure de 1886 parue dans le journal Harper's Weekly représentant la tragédie de Haymarket Square.

Gravure de 1886 parue dans le journal Harper's Weekly représentant la tragédie de Haymarket Square.

Sources : Black Friday | mis à jour le 11/08/2021

Le Black Friday (littéralement : « Vendredi noir ») peut désigner le vendredi , quand furent exécutés quatre des huit militants de gauche (socialistes et anarchistes) arrêtés après l'explosion d'une bombe lors du rassemblement politique de Haymarket Square, le 4 mai 1886 à Chicago, point culminant de la lutte pour la journée de huit heures aux États-Unis et un élément majeur de l'histoire de la fête des travailleurs du1er mai[5].

 

Cette manifestation était la réponse des ouvriers de la ville à la répression policière qui avait sévi quelques mois plus tôt, le 3 mai 1886, lors de la grève des ouvriers des usines Mc Cormick, faisant deux morts parmi ceux-ci. Le lien entre les militants et l'attentat ne fut jamais clairement établi[1].

 

 

-

Retour au à Chicago : la grève qui a commencé le 1er mai se poursuit aux usines McCormick.

À proximité se tient un meeting des ouvriers du bois où interviennent divers orateurs (dont les anarchistes Samuel Fielden et August Spies). Des affrontements se produisent lorsque des grévistes, désirant chasser les « jaunes » embauchés par Mc Cormick pour briser la grève, sont accueillis par les détectives de l’agence Pinkerton et la police armée de fusils à répétition. Deux ouvriers trouvent la mort et cinquante sont blessés (le Chicago Daily News en avait annoncé six). Le lendemain, le meeting de protestation à Haymarket Square se termine lui aussi en drame.

 

 

« The Haymarket Martyrs ».

« The Haymarket Martyrs ».

- Le procès

Le procès s'ouvre le 21 juin 1886 à la cour criminelle du comté de Cook (Illinois) dans le centre de Chicago. C'est avant tout le procès des anarchistes et du mouvement ouvrier. La sélection du jury compte par exemple un parent du policier tué. Le procureur Julius Grinnel déclare ainsi lors de ses instructions au jury :

« Il n'y a qu'un pas de la République à l'anarchie. C'est la loi qui subit ici son procès en même temps que l'anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu'ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent.
Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d'eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société.
C'est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l'anarchie, ou non. »

 

Le 19 août, tous sont condamnés à mort, à l'exception d'Oscar Neebe qui écope de 15 ans de prison. Un vaste mouvement de protestation international se déclenche. Les peines de mort de Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden sont commuées en prison à perpétuité (ils seront tous les trois graciés le 26 juin 1893 après six années de prison ou de pénitencier). Louis Lingg a lui aussi été condamné à mort mais se suicide en prison[2].

 

Quant à Auguste Spies, George Engel, Adolph Fischer et Albert Parsons, ils sont pendus le 11 novembre 1887. Les capitaines d'industrie purent assister à la pendaison par invitation.

 

Ce n'est qu'en 1893 que les condamnés furent innocentés et réhabilités par le gouverneur de l'Illinois John Peter Altgeld, Celui-ci confirma que c'était le chef de la police de Chicago, Bonfield, qui avait tout organisé, et même commandité l'attentat pour justifier la répression qui allait suivre et le jugeant responsable de l'attentat par les brutalités qu'il a lui-même commises envers la population[3].

 

Plaque commémorative.

Plaque commémorative.

L'événement connut une intense réaction internationale et fit l'objet de manifestation dans la plupart des capitales européennes. George Bernard Shaw déclara à cette occasion :

« Si le monde doit absolument pendre huit de ses habitants, il serait bon qu'il s'agisse des huit juges de la Cour suprême de l'Illinois[4] »

 

Notes :

[1] Normand Baillargeon, L'ordre moins le pouvoir, Agone, p. 100.

[2] (en) Nicolas Lampert, A People s Art History of the United States: 250 Years of Activist Art and Artists Working in Social Justice Movements, The New Press, (ISBN 9781595589316, lire en ligne).

[3] (en) John Peter Altgeld, « Reasons for pardoning Fielden, Neebe and Schwab », Haymarket Affair Digital Collection, Chicago Historical Society, .

[4] Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis, Agone, 1980, trad. fr. 2002, p. 314.

[5] Certes, si cette parenté n’est pas entièrement dénuée de tout fondement, elle n’est pas tout à fait exacte, car elle masque, en réalité, la place éminente qu’occupe le mouvement ouvrier français dans la genèse de cette histoire.... lire la suite...

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8 novembre 2017 3 08 /11 /novembre /2017 15:51
Un peu d’humilité à l’égard de la Chine, bon sang !
 
Sources : Bruno Guigue 
- L’affligeante nullité des commentaires de la presse française sur le 19ème congrès du parti communiste chinois (18-24 octobre) est éloquente.
Qu’avons-nous appris ? Quasiment rien à vrai dire, sinon que la dictature communiste est abominable, que Xi Jin Ping a été déifié, que la Chine croule sous la corruption, que son économie est chancelante, son endettement abyssal et son taux de croissance en berne. Enfilade de lieux communs et fausses évidences à l’appui, la vision française de la Chine a brillé une fois encore par un simplisme narquois qui masque à peine une ignorance crasse. Il suffit d’avoir entendu une seule émission de Vincent Hervouët sur Europe 1 pour prendre la mesure de ce vide sidéral.
 
 
 
- Il faut dire que la Chine ne fait rien pour faciliter les distinctions tranchées - dignes du lit de Procuste - et les catégories préétablies auxquelles ce petit monde médiatique voudrait la plier à tout prix. Communiste, capitaliste, un peu des deux, ou autre chose encore ?
Dans les sphères médiatiques, on y perd son chinois. Inconsciemment, on le sent bien, nos commentateurs aimeraient pouvoir dire que la Chine n’est plus communiste, ce serait tellement plus simple. Convertie au libéralisme, cette nation rebelle réintégrerait le droit commun. Retour à l’ordre des choses, cette capitulation idéologique validerait la téléologie de l’homo occidentalis. Absorbant la Chine, le capitalisme mondialisé pourrait enfin déboucher le Champagne.
 
 
 
- Mais voilà, c’est une romance libérale, une de plus.
Le PCC n’a nullement renoncé à son rôle dirigeant dans la société, et il fournit son ossature à un Etat qui tire sa force de sa souveraineté. Hérité du maoïsme, l’Etat central conserve la maîtrise de la politique monétaire et contrôle le secteur bancaire. Doté depuis les lois de 2008 d’une fiscalité moderne, d’un code du travail et d’un système social - certes imparfaits -, il s’est fixé pour objectif numéro un l’élévation du niveau de vie de la population. Restructuré dans les années 1990, le secteur public demeure la colonne vertébrale de l’économie chinoise : avec 40% des actifs et 50% des profits générés par l’activité industrielle, il est prédominant dans la sidérurgie, l’énergie et l’électricité.
 
 
 
  - Aucun commentateur ne l’a fait, mais il suffit de lire la résolution finale du 19ème congrès pour mesurer l’ampleur des défis de la Chine contemporaine.
Lorsque cette résolution affirme que “le Parti doit s’unir pour remporter la victoire décisive de l’édification intégrale de la société de moyenne aisance, faire triompher le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère, et lutter sans relâche pour réaliser le rêve chinois du grand renouveau de la nation”, il faut peut-être prendre ces déclarations au sérieux. Avec 89 millions de membres, le PCC n’est pas en perte de vitesse. Mais il lui faudra stimuler la consommation intérieure, réduire les inégalités sociales et juguler la pollution - un véritable fléau -, s’il veut conserver l’appui d’une population en voie d’urbanisation accélérée.
 
 
 
- En Occident, la vision de la Chine est obscurcie par les idées reçues.
On s’imagine que l’ouverture aux échanges internationaux et la privatisation de nombreuses entreprises ont sonné le glas du “socialisme à la chinoise”. Mais c’est faux. Pour les Chinois, cette ouverture est la condition du développement des forces productives, et non le prélude à un changement systémique. Les “zones d’exportation spéciale” ont dopé la croissance, mais cette insertion dans la mondialisation s’est effectuée aux conditions fixées par l’Etat. Pour Pékin, il fallait accumuler les capitaux afin de poursuivre les réformes. Elles ont permis de sortir 700 millions de personnes de la pauvreté, soit 10% de la population mondiale. Il n’est pas étonnant que le 19ème congrès ait réitéré le choix d’une économie mixte en insistant sur les défis de l’urbanisation et la nécessaire réduction des inégalités.
 
 
 
- Depuis 40 ans, la Chine change à un rythme déconcertant et brouille les repères habituels.
Un pays qui assure 30% de la croissance mondiale et dont on juge que sa croissance “fléchit” lorsqu’elle est à 6,5% mérite quand même le détour. On peut ironiser sur ce communisme qui fait la part belle au capitalisme, ou encore évoquer le spectre d’un capitalisme d’État, mais à quoi bon ? Les communistes chinois se moquent bien des catégories dans lesquelles nos appareils idéologiques désignent la réalité chinoise. Ils la connaissent mieux que nous, et ils savent que nous n’avons aucune prise sur notre propre réalité. La puissance qui est la leur et l’impuissance qui est la nôtre suffisent à nous disqualifier. Si seulement la France était un État souverain, peut-être aurions-nous quelque chose à dire. Mais franchement, mettez-vous à la place des Chinois. Allons, un peu d’humilité !
 
Pour en savoir plus :
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7 novembre 2017 2 07 /11 /novembre /2017 14:51
Selon une équipe de chercheurs de l’université de Berkeley, depuis 1980, l’augmentation des températures en Afrique subsaharienne a accru de 11/% le risque de guerres, comme au Darfour.

Selon une équipe de chercheurs de l’université de Berkeley, depuis 1980, l’augmentation des températures en Afrique subsaharienne a accru de 11/% le risque de guerres, comme au Darfour.

Climat... le réchauffement amplificateur de menaces nécessitant des réponses urgentes globales

 

Étudiés depuis quinze ans, les liens entre réchauffement global et risque de conflits restent sujets à débats scientifiques. Ils existent, mais gare au simplisme, alertent doublement beaucoup de chercheurs.

Mais dans le même temps, comme le propose les insoumis avec l'Avenir en commun[1] (version 2016 mise à jour), il nécessite des réponses urgentes comme :

  • mettre en œuvre la planification écologique (la France devant devenir un modèle en a matière ;
  • sortir des traités commerciaux comme l'OMC qui régissent le " commerce libre et non faussé " ;
  • instaurer un protectionnisme solidaire ;
  • étendre les protections du droit international à de nouveaux domaines ;
  • Instaurer l’indépendance de la France dans le monde au service de la Paix ;
  • ce qui revient dans le même temps s'attaquer aux causes des migrations...

 

Sources : l'Humanité par Marie-Noëlle Bertrand | mis à jour le 17/10/2021

« On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique.  » Début juillet, Emmanuel Macron déclenchait une volée de réactions, parfois vertes, parfois moqueuses, en prononçant ces mots en conclusion du sommet du G20. Quelques mois plus tôt, en 2016, Climate Diplomacy, une plate-forme d’échanges et de réflexions promue par le gouvernement allemand, avait publié un rapport analysant ce lien. Katharina Nett et Lukas Rüttinger, ses auteurs, y notifiaient que ces dernières années des «  organisations armées non étatiques  », telles que Boko Haram ou Daech, ont prospéré dans des régions touchées de plein fouet par le changement climatique, grâce, justement, aux conditions météorologiques exceptionnelles qui y règnent. Mais «  les liens entre changement climatique, conflits et fragilité étatique ne sont ni simples, ni linéaires  », soulignaient également les auteurs.

 

«  Les conséquences de plus en plus importantes du changement climatique ne provoquent pas forcément plus de fragilité étatique et de conflits  », concluait leur rapport. Ainsi, le président de la République n’avait-il pas tort sur le fond. Le péché résidait en revanche dans la forme, maladroite et trop prompte à simplifier une problématique complexe débattue depuis quinze ans.

 

Dans quelle mesure le réchauffement climatique aggrave-t-il, voire génère-t-il, les situations de conflits  ? La question a été posée sur le tapis pour la première fois en 2002. Discrètement, d’abord, dans un document allemand. Puis, avec un impact bien plus retentissant, dans un texte publié en 2003 par la CIA. Mais, depuis tout ce temps que le sujet est à l’étude, «  les recherches ont produit plus d’incertitudes que de certitudes sur la réponse à apporter  », relève Bastien Alex, chercheur et responsable du programme Climat, énergie et sécurité de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). «  Le changement climatique n’est pas une entité  », résume-t-il. «  Il peut jouer sur certains paramètres, mais ne déclenche pas en lui-même de violences.  »

 

 

- Les phénomènes migratoires, amplifiés par le réchauffement...

Depuis quelques années, pourtant, l’actualité rapporte des résultats de recherche tendant à attester d’un lien établi entre hausse ou aggravation des conflits et réchauffement global. Certains chiffres, même, sont d’une précision affûtée.

 

En juillet, la FAO relayait ainsi, lors de sa conférence bisannuelle, les résultats d’une étude américaine publiée en septembre 2016, avançant des données très arrêtées. Selon une équipe de chercheurs de l’université de Berkeley, depuis 1980, l’augmentation des températures en Afrique subsaharienne a accru de 11 % le risque de guerres dans cette zone. Si le réchauffement climatique n’est pas enrayé, ce risque pourrait augmenter de 54 % d’ici à 2030 à l’échelle du continent. Le texte avance aussi des données portant sur les phénomènes migratoires, amplifiés par le réchauffement  : en 2016, les changements climatiques auraient ainsi provoqué plus de 7 000 victimes, affecté la vie de 400 millions de personnes, engendré 20 millions de déplacés et causé des dégâts estimés à 100 millions de dollars.

 

Dirigés par Solomon Hsiang, les résultats ne font pas l’unanimité chez les scientifiques. Certes, «  le consensus est large pour affirmer que le bouleversement climatique va augmenter le risque de conflits et créer un monde subissant davantage de problèmes de sécurité  », rappelle François Gemenne, directeur exécutif du programme de recherche interdisciplinaire Politiques de la Terre à Sciences-Po. «  On peut d’ailleurs sérieusement penser qu’il a aggravé plusieurs conflits récents, tels ceux de la Syrie ou du Darfour.  »

 

Évaluer avec précision la mesure dans laquelle le changement climatique a agi, en revanche, est bien plus délicat, pour ne pas dire casse-gueule, quand il s’agit de réfléchir dans le futur.

 

De fait, la pratique oppose deux approches scientifiques, l’une dite quantitative, l’autre qualitative. La première consiste à tenter d’établir des corrélations entre les données climatiques et des données relatives à la sécurité d’une région. Jeune chercheur états-unien, Solomon Hsiang est regardé comme le «  pape  » de cette discipline. «  Son équipe a pu établir ce type de corrélations dans un grand nombre de situations conflictuelles  », dont elle a extrapolé les chiffres mentionnés plus haut, reprend François Gemenne. Le chercheur invite à rester prudent face à ces résultats. «  Ils servent essentiellement à attirer l’attention des journalistes et des pouvoirs publics  », prévient-il. «  Si l’idée est d’aider à la prise de conscience, d’accord. Mais du point de vue du chercheur, cela ne tient pas.  »

 

 

- « On est face à un enchevêtrement de facteurs très complexes  »

Les qualitativistes (s’il faut créer des cases) opposent à cette façon de faire une approche plus subtile, visant à établir des tendances. «  L’étude des liens entre les changements climatiques et l’émergence de conflits ne peut pas faire abstraction du contexte sociologique, démographique ou politique dans lequel le réchauffement se manifeste  », explique Bastien Alex. Difficiles à établir dans le présent, ces données s’avèrent d’autant plus ardues à projeter dans l’avenir. Quel sera le contexte politique du Sahel en 2080  ? Où en seront les ambitions agronomiques chinoises en 2050 ou les pratiques agricoles du Tchad d’ici vingt ans  ? Autant de questions compliquées, si ce n’est impossibles à résoudre et qui comptent pourtant rudement dans l’équation conflictuelle.

 

Dans un article publié dans le Monde diplomatique en août 2015, Agnès Sinaï, journaliste et fondatrice de l’Institut Momentum, rappelle ainsi comment l’effondrement du système agricole syrien a influé dans les tensions dramatiques qui ont suivi. Or, celui-ci résultait «  d’un jeu complexe de facteurs dont le changement climatique, une mauvaise gestion des ressources naturelles et la dynamique démographique  », écrit-elle.

 

Souvent présenté comme le premier cas de guerre climatique, le cas du Darfour n’est pas plus simple à décortiquer. «  On est face à un enchevêtrement de facteurs très complexes  », reprend Bastien Alex. «  Le climat y joue un rôle. Mais, sur le fond, ce conflit a été déclenché sous l’action des pouvoirs publics et de transformations économiques brutales inadaptées à la géographique culturale et agricole de la région. Au final, il est plus sûrement lié à une mauvaise gestion de la ressource et à des politiques de prédation ou d’instrumentalisation de certaines communautés qu’à des paramètres naturels  », assène-t-il.

 

 

- « L’usage stratégique du discours alarmiste n’est pas sans danger  »

Accentuée par les épisodes de sécheresse ou, à l’inverse, de pluies intenses, la raréfaction des ressources, première cause de heurts, ne peut ainsi être résumée aux seuls bouleversements de l’atmosphère. L’assèchement du lac Tchad ou celui de la mer d’Aral doivent beaucoup aux politiques de culture intensive du coton, rappellent les chercheurs dits qualitativistes… lesquels n’en insistent pas moins sur la nécessité de prendre en compte le facteur climat dans l’élaboration des politiques de sûreté nationale et internationale, et surtout de développement. Pourquoi, alors, se disputer sur de telles nuances, quand l’enjeu reste au final le même  ? Question de crédibilité, avance Bastien Alex.

 

«  Dire que le changement climatique est responsable de la guerre au Darfour revient à avancer une fausse information. Au final, c’est donner le bâton pour se faire battre à ceux qui cherchent à décrédibiliser le travail scientifique, climatosceptiques en tête.  » Surtout, cela conduit à dédouaner les vrais coupables de leurs responsabilités. «  Cet usage stratégique du discours alarmiste n’est pas sans danger  », insistent ainsi Alice Baillat et Lucile Maertens, toutes les deux chercheuses à Science-Po, dans une tribune publiée début juillet dans le magazine en ligne Reporterre. «  En simplifiant des liens de causalité complexes, il porte le risque de dépolitiser les causes de conflit, de déresponsabiliser les acteurs politiques et de stigmatiser les pays les plus vulnérables.  » Ainsi a-t-on entendu Bachar Al Assad présenter la sécheresse qui frappe la Syrie comme une manifestation directe du changement climatique, quand celle-ci résulte avant tout de décennies de gestion calamiteuse des ressources hydriques et d’irrigation intensive, relèvent les chercheuses. Ou encore le président soudanais Omar El Béchir, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, invoquer le changement climatique comme une circonstance atténuante des actes commis sous son régime.

 

Notes :

[1] l'Avenir en commun (version 2021)

 

Pour en savoir plus :

- Comment le réchauffement climatique augmente les risques de guerre en Afrique

- Changement climatique et conflit : une relation compliquée

- Aux origines climatiques des conflits

- Le changement climatique est le terreau du terrorisme, constate un rapport d’experts

- Les ressources énergétiques sont aussi au coeur des conflits internationaux

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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 10:52
Pierre Bourdieu : L’essence du néolibéralisme

Sources : Le MONDE diplomatique par Pierre Bourdieu Sociologue, professeur au Collège de France.  mars 1998 | mis à jour le 13/07/2020

Le monde économique est-il vraiment, comme le veut le discours dominant, un ordre pur et parfait, déroulant implacablement la logique de ses conséquences prévisibles, et prompt à réprimer tous les manquements par les sanctions qu’il inflige, soit de manière automatique, soit — plus exceptionnellement — par l’intermédiaire de ses bras armés, le FMI ou l’OCDE, et des politiques qu’ils imposent : baisse du coût de la main-d’œuvre, réduction des dépenses publiques et flexibilisation du travail ? Et s’il n’était, en réalité, que la mise en pratique d’une utopie, le néolibéralisme, ainsi convertie en programme politique, mais une utopie qui, avec l’aide de la théorie économique dont elle se réclame, parvient à se penser comme la description scientifique du réel ?

 

 

Cette théorie tutélaire est une pure fiction mathématique, fondée, dès l’origine, sur une formidable abstraction : celle qui, au nom d’une conception aussi étroite que stricte de la rationalité identifiée à la rationalité individuelle, consiste à mettre entre parenthèses les conditions économiques et sociales des dispositions rationnelles et des structures économiques et sociales qui sont la condition de leur exercice.

 

Il suffit de penser, pour donner la mesure de l’omission, au seul système d’enseignement, qui n’est jamais pris en compte en tant que tel en un temps où il joue un rôle déterminant dans la production des biens et des services, comme dans la production des producteurs. De cette sorte de faute originelle, inscrite dans le mythe walrasien [1] de la « théorie pure », découlent tous les manques et tous les manquements de la discipline économique, et l’obstination fatale avec laquelle elle s’accroche à l’opposition arbitraire qu’elle fait exister, par sa seule existence, entre la logique proprement économique, fondée sur la concurrence et porteuse d’efficacité, et la logique sociale, soumise à la règle de l’équité.

 

Cela dit, cette « théorie » originairement désocialisée et déshistoricisée a, aujourd’hui plus que jamais, les moyens de se rendre vraie, empiriquement vérifiable. En effet, le discours néolibéral n’est pas un discours comme les autres. A la manière du discours psychiatrique dans l’asile, selon Erving Goffman[2], c’est un « discours fort », qui n’est si fort et si difficile à combattre que parce qu’il a pour lui toutes les forces d’un monde de rapports de forces qu’il contribue à faire tel qu’il est, notamment en orientant les choix économiques de ceux qui dominent les rapports économiques et en ajoutant ainsi sa force propre, proprement symbolique, à ces rapports de forces. Au nom de ce programme scientifique de connaissance, converti en programme politique d’action, s’accomplit un immense travail politique (dénié puisque, en apparence, purement négatif) qui vise à créer les conditions de réalisation et de fonctionnement de la « théorie » ; un programme de destruction méthodique des collectifs.

 

Le mouvement, rendu possible par la politique de déréglementation financière, vers l’utopie néolibérale d’un marché pur et parfait, s’accomplit à travers l’action transformatrice et, il faut bien le dire, destructrice de toutes les mesures politiques (dont la plus récente est l’AMI, Accord multilatéral sur l'investissement, destiné à protéger, contre les États nationaux, les entreprises étrangères et leurs investissements), visant à mettre en question toutes les structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur : nation, dont la marge de manœuvre ne cesse de décroître ; groupes de travail, avec, par exemple, l’individualisation des salaires et des carrières en fonction des compétences individuelles et l’atomisation des travailleurs qui en résulte ; collectifs de défense des droits des travailleurs, syndicats, associations, coopératives ; famille même, qui, à travers la constitution de marchés par classes d’âge, perd une part de son contrôle sur la consommation.

 

Le programme néolibéral, qui tire sa force sociale de la force politico-économique de ceux dont il exprime les intérêts — actionnaires, opérateurs financiers, industriels, hommes politiques conservateurs ou sociaux-démocrates convertis aux démissions rassurantes du laisser-faire, hauts fonctionnaires des finances, d’autant plus acharnés à imposer une politique prônant leur propre dépérissement que, à la différence des cadres des entreprises, ils ne courent aucun risque d’en payer éventuellement les conséquences —, tend globalement à favoriser la coupure entre l’économie et les réalités sociales, et à construire ainsi, dans la réalité, un système économique conforme à la description théorique, c’est-à-dire une sorte de machine logique, qui se présente comme une chaîne de contraintes entraînant les agents économiques.

 

La mondialisation des marchés financiers, jointe au progrès des techniques d’information, assure une mobilité sans précédent de capitaux et donne aux investisseurs, soucieux de la rentabilité à court terme de leurs investissements, la possibilité de comparer de manière permanente la rentabilité des plus grandes entreprises et de sanctionner en conséquence les échecs relatifs. Les entreprises elles-mêmes, placées sous une telle menace permanente, doivent s’ajuster de manière de plus en plus rapide aux exigences des marchés ; cela sous peine, comme l’on dit, de « perdre la confiance des marchés », et, du même coup, le soutien des actionnaires qui, soucieux d’obtenir une rentabilité à court terme, sont de plus en plus capables d’imposer leur volonté aux managers, de leur fixer des normes, à travers les directions financières, et d’orienter leurs politiques en matière d’embauche, d’emploi et de salaire.

 

Ainsi s’instaurent le règne absolu de la flexibilité, avec les recrutements sous contrats à durée déterminée ou les intérims et les « plans sociaux » à répétition, et, au sein même de l’entreprise, la concurrence entre filiales autonomes, entre équipes contraintes à la polyvalence et, enfin, entre individus, à travers l’individualisation de la relation salariale : fixation d’objectifs individuels ; entretiens individuels d’évaluation ; évaluation permanente ; hausses individualisées des salaires ou octroi de primes en fonction de la compétence et du mérite individuels ; carrières individualisées ; stratégies de « responsabilisation » tendant à assurer l’auto-exploitation de certains cadres qui, simples salariés sous forte dépendance hiérarchique, sont en même temps tenus pour responsables de leurs ventes, de leurs produits, de leur succursale, de leur magasin, etc., à la façon d’« indépendants » ; exigence de l’« autocontrôle » qui étend l’« implication » des salariés, selon les techniques du « management participatif », bien au-delà des emplois de cadres. Autant de techniques d’assujettissement rationnel qui, tout en imposant le surinvestissement dans le travail, et pas seulement dans les postes de responsabilité, et le travail dans l’urgence, concourent à affaiblir ou à abolir les repères et les solidarités collectives[3].

 

L’institution pratique d’un monde darwinien de la lutte de tous contre tous, à tous les niveaux de la hiérarchie, qui trouve les ressorts de l’adhésion à la tâche et à l’entreprise dans l’insécurité, la souffrance et le stress, ne pourrait sans doute pas réussir aussi complètement si elle ne trouvait la complicité des dispositions précarisées que produit l’insécurité et l’existence, à tous les niveaux de la hiérarchie, et même aux niveaux les plus élevés, parmi les cadres notamment, d’une armée de réserve de main-d’œuvre docilisée par la précarisation et par la menace permanente du chômage. Le fondement ultime de tout cet ordre économique placé sous le signe de la liberté, est en effet, la violence structurale du chômage, de la précarité et de la menace du licenciement qu’elle implique : la condition du fonctionnement « harmonieux » du modèle micro-économique individualiste est un phénomène de masse, l’existence de l’armée de réserve des chômeurs.

 

Cette violence structurale pèse aussi sur ce que l’on appelle le contrat de travail (savamment rationalisé et déréalisé par la « théorie des contrats »). Le discours d’entreprise n’a jamais autant parlé de confiance, de coopération, de loyauté et de culture d’entreprise qu’à une époque où l’on obtient l’adhésion de chaque instant en faisant disparaître toutes les garanties temporelles (les trois quarts des embauches sont à durée déterminée, la part des emplois précaires ne cesse de croître, le licenciement individuel tend à n’être plus soumis à aucune restriction).

 

On voit ainsi comment l’utopie néolibérale tend à s’incarner dans la réalité d’une sorte de machine infernale, dont la nécessité s’impose aux dominants eux-mêmes. Comme le marxisme en d’autres temps, avec lequel, sous ce rapport, elle a beaucoup de points communs, cette utopie suscite une formidable croyance, la free trade faith (la foi dans le libre-échange), non seulement chez ceux qui en vivent matériellement, comme les financiers, les patrons de grandes entreprises, etc., mais aussi chez ceux qui en tirent leurs justifications d’exister, comme les hauts fonctionnaires et les politiciens, qui sacralisent le pouvoir des marchés au nom de l’efficacité économique, qui exigent la levée des barrières administratives ou politiques capables de gêner les détenteurs de capitaux dans la recherche purement individuelle de la maximisation du profit individuel, instituée en modèle de rationalité, qui veulent des banques centrales indépendantes, qui prêchent la subordination des Etats nationaux aux exigences de la liberté économique pour les maîtres de l’économie, avec la suppression de toutes les réglementations sur tous les marchés, à commencer par le marché du travail, l’interdiction des déficits et de l’inflation, la privatisation généralisée des services publics, la réduction des dépenses publiques et sociales.

Sans partager nécessairement les intérêts économiques et sociaux des vrais croyants, les économistes ont assez d’intérêts spécifiques dans le champ de la science économique pour apporter une contribution décisive, quels que soient leurs états d’âme à propos des effets économiques et sociaux de l’utopie qu’ils habillent de raison mathématique, à la production et à la reproduction de la croyance dans l’utopie néolibérale. Séparés par toute leur existence et, surtout, par toute leur formation intellectuelle, le plus souvent purement abstraite, livresque et théoriciste, du monde économique et social tel qu’il est, ils sont particulièrement enclins à confondre les choses de la logique avec la logique des choses.

 

Confiants dans des modèles qu’ils n’ont pratiquement jamais l’occasion de soumettre à l’épreuve de la vérification expérimentale, portés à regarder de haut les acquis des autres sciences historiques, dans lesquels ils ne reconnaissent pas la pureté et la transparence cristalline de leurs jeux mathématiques, et dont ils sont le plus souvent incapables de comprendre la vraie nécessité et la profonde complexité, ils participent et collaborent à un formidable changement économique et social qui, même si certaines de ses conséquences leur font horreur (ils peuvent cotiser au Parti socialiste et donner des conseils avisés à ses représentants dans les instances de pouvoir), ne peut pas leur déplaire puisque, au péril de quelques ratés, imputables notamment à ce qu’ils appellent parfois des « bulles spéculatives », il tend à donner réalité à l’utopie ultraconséquente (comme certaines formes de folie) à laquelle ils consacrent leur vie.

 

Et pourtant le monde est là, avec les effets immédiatement visibles de la mise en œuvre de la grande utopie néolibérale : non seulement la misère d’une fraction de plus en plus grande des sociétés les plus avancées économiquement, l’accroissement extraordinaire des différences entre les revenus, la disparition progressive des univers autonomes de production culturelle, cinéma, édition, etc., par l’imposition intrusive des valeurs commerciales, mais aussi et surtout la destruction de toutes les instances collectives capables de contrecarrer les effets de la machine infernale, au premier rang desquelles l’Etat, dépositaire de toutes les valeurs universelles associées à l’idée de public, et l’imposition, partout, dans les hautes sphères de l’économie et de l’Etat, ou au sein des entreprises, de cette sorte de darwinisme moral qui, avec le culte du winner, formé aux mathématiques supérieures et au saut à l’élastique, instaure comme normes de toutes les pratiques la lutte de tous contre tous et le cynisme.

 

Peut-on attendre que la masse extraordinaire de souffrance que produit un tel régime politico-économique soit un jour à l’origine d’un mouvement capable d’arrêter la course à l’abîme ? En fait, on est ici devant un extraordinaire paradoxe : alors que les obstacles rencontrés sur la voie de la réalisation de l’ordre nouveau — celui de l’individu seul, mais libre — sont aujourd’hui tenus pour imputables à des rigidités et des archaïsmes, et que toute intervention directe et consciente, du moins lorsqu’elle vient de l’Etat, par quelque biais que ce soit, est d’avance discréditée, donc sommée de s’effacer au profit d’un mécanisme pur et anonyme, le marché (dont on oublie qu’il est aussi le lieu d’exercice d’intérêts), c’est en réalité la permanence ou la survivance des institutions et des agents de l’ordre ancien en voie de démantèlement, et tout le travail de toutes les catégories de travailleurs sociaux, et aussi toutes les solidarités sociales, familiales ou autres, qui font que l’ordre social ne s’effondre pas dans le chaos malgré le volume croissant de la population précarisée.

 

Le passage au « libéralisme » s’accomplit de manière insensible, donc imperceptible, comme la dérive des continents, cachant ainsi aux regards ses effets, les plus terribles à long terme. Effets qui se trouvent aussi dissimulés, paradoxalement, par les résistances qu’il suscite, dès maintenant, de la part de ceux qui défendent l’ordre ancien en puisant dans les ressources qu’il recelait, dans les solidarités anciennes, dans les réserves de capital social qui protègent toute une partie de l’ordre social présent de la chute dans l’anomie. (Capital qui, s’il n’est pas renouvelé, reproduit, est voué au dépérissement, mais dont l’épuisement n’est pas pour demain.)

 

Mais ces mêmes forces de « conservation », qu’il est trop facile de traiter comme des forces conservatrices, sont aussi, sous un autre rapport, des forces de résistance à l’instauration de l’ordre nouveau, qui peuvent devenir des forces subversives. Et si l’on peut donc conserver quelque espérance raisonnable, c’est qu’il existe encore, dans les institutions étatiques et aussi dans les dispositions des agents (notamment les plus attachés à ces institutions, comme la petite noblesse d’Etat), de telles forces qui, sous apparence de défendre simplement, comme on le leur reprochera aussitôt, un ordre disparu et les « privilèges » correspondants, doivent en fait, pour résister à l’épreuve, travailler à inventer et à construire un ordre social qui n’aurait pas pour seule loi la recherche de l’intérêt égoïste et la passion individuelle du profit, et qui ferait place à des collectifs orientés vers la poursuite rationnelle de fins collectivement élaborées et approuvées.

 

Parmi ces collectifs, associations, syndicats, partis, comment ne pas faire une place spéciale à l’Etat, Etat national ou, mieux encore, supranational, c’est-à-dire européen (étape vers un Etat mondial), capable de contrôler et d’imposer efficacement les profits réalisés sur les marchés financiers et, surtout, de contrecarrer l’action destructrice que ces derniers exercent sur le marché du travail, en organisant, avec l’aide des syndicats, l’élaboration et la défense de l’intérêt public qui, qu’on le veuille ou non, ne sortira jamais, même au prix de quelque faux en écriture mathématique, de la vision de comptable (en un autre temps, on aurait dit d’« épicier ») que la nouvelle croyance présente comme la forme suprême de l’accomplissement humain.

 

Notes :

[1] NDLR : par référence à Auguste Walras (1800-1866), économiste français, auteur de De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur (1848) ; il fut l’un des premiers à tenter d’appliquer les mathématiques à l’étude économique.

[2] Erving Goffman, Asiles. Etudes sur la condition sociale des malades mentaux, Editions de Minuit, Paris, 1968.

[3] On pourra se reporter, sur tout cela, aux deux numéros des Actes de la recherche en sciences sociales consacrés aux « Nouvelles formes de domination dans le travail » (1 et 2), no 114, septembre 1996, et no 115, décembre 1996, et tout spécialement à l’introduction de Gabrielle Balazs et Michel Pialoux, « Crise du travail et crise du politique », no 114, p. 3-4.

 

 

-Comment le néolibéralisme défait la démocratie

Pierre Dardot, Christian Laval, présentation: Stanislas D'Ornano.

 

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26 octobre 2017 4 26 /10 /octobre /2017 12:29
Comprendre le franc CFA en quatre questions
  • Le CFA, un outil au service du maintien d’une relation coloniale au-delà des indépendances entre la France et les 15 pays des zones francs[1]...

 

En mettant le feu un billet de 5 000 FCFA lors d'un rassemblement le 20 août dernier à Dakar, le polémiste Kémi Séba a relancé un débat brûlant. Le Franco-Béninois, très controversé, proche de certains membres de l'extrême droite française, a finalement été relaxé mardi 29 août par la justice sénégalaise. Mais ce geste a suscité une avalanche de réactions sur le Franc CFA, la dernière monnaie coloniale encore utilisée.

 

Sources : rfI Afrique par Anne Cantener, Alice Pozycki, Matthieu Millecamps | mis à jour le 20/11/2021

- Comment fonctionne le franc CFA ?

Depuis les accords de Bretton Woods de 1945, le franc est la monnaie commune de la "zone franc". Cette zone comprend 14 pays répartis au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) auxquels s’ajoutent les Comores. Près de 155 millions de personnes utilisent le franc CFA.

 

Au moment de sa création, l’acronyme signifiait « Franc des Colonies françaises d’Afrique ». Par la suite, il est devenu le franc de la Communauté financière africaine pour les Etats de l’UEMOA et le franc de la coopération financière en Afrique centrale pour les pays de la CEMAC. Dans chacune de ces deux zones, une banque centrale est chargée de régir la politique du franc. Il s’agit de la Banque des Etats d’Afrique de l’Ouest pour l’UEMOA, et de la Banque des Etats d’Afrique centrale pour la CEMAC.

 

Depuis 1945, la Banque de France est le troisième acteur de ce système monétaire. Le franc CFA est arrimé à l’euro selon une parité fixe décidée par la France. En contrepartie, les pays de la zone franc ont l’obligation de déposer 50 % de leurs réserves de change au Trésor français. C’est aussi en France que sont imprimés les billets de francs CFA, à des milliers de kilomètres des banques centrales africaines.

 

 

- Quelles conséquences pour les pays de la zone franc ?

Le système garantit aux pays africains concernés la possibilité de convertir le franc dans n’importe quelle autre devise et garantit également la stabilité de la monnaie. Comme le franc CFA est indexé sur l’euro, pas de brusques dévaluations possibles. Toujours à cause de ce lien avec l’euro, le franc CFA est une monnaie plutôt forte, ce qui facilite les importations. En revanche, les pays de la zone franc sont pénalisés pour les exportations.

 

 

- Quelles sont les critiques portées par les opposants à ce système ?

En plus de 70 ans, le franc CFA a essuyé de nombreuses critiques. Les opposants à cette monnaie commune estiment qu’elle est la preuve d’une « survivance coloniale ». L'économiste Kalo Nubukpo dénonce la « servitude monétaire » issue de l’obligation pour les pays africains de déposer 50 % de leur réserve au Trésor français. « Le mécanisme d’assurance qu’offre le Trésor français à la zone franc est un mécanisme qui permet de s’assurer contre les défaillances de la gouvernance économique et politique en Afrique. Ce n’est pas un mécanisme qui peut permettre à l’Afrique d’enclencher sa transformation structurelle. Donc, cette question de la souveraineté monétaire de l’Afrique est une question cruciale ».

 

Pour l’économiste, trois choses posent problème : le franc français n’existe plus, pourquoi le franc CFA existe donc encore ? Pourquoi les billets de banque CFA – fabriqués uniquement en France – ne peuvent-ils pas être fabriqués en Afrique ? Enfin, la BCEAO, comme la BEAC en Afrique centrale sont désormais indépendantes des Etats et elles vont s’inféoder un ministère d’un pays étranger, le ministère français des Finances pour gérer le franc CFA.

 

« La France, une ancienne puissance coloniale, fait circuler sa monnaie dans 15 pays alors même qu’elle ne l’utilise plus, c’est une situation exceptionnelle », s’insurge l’économiste Martial Ze Belinga. Les deux experts voient également dans cette monnaie un frein au développement des pays de la zone franc. L’arrimage à l’euro, une monnaie forte, empêcherait les Etats de proposer des prix compétitifs au détriment des exportations.

 

L’économiste Carlos Lopes, lorsqu’il était encore secrétaire général adjoint de l’ONU, a fait sensation en remettant en cause le franc CFA de manière publique. Dans un entretien à RFI, il a qualifié les mécanismes du franc CFA de « désuets ». « Il faut que le mécanisme soit dynamique. Il ne faut pas voir la composition et les caractéristiques actuelles, parce qu’elles ne sont pas de nature à répondre à la dynamique des croissances et à la dynamique internationale économique », expliquait-il alors.

 

Pour lui, la stabilité des taux de change a eu ses avantages, mais « la consommation interne est devenue la plus importante des composantes de la croissance » dans les régions de la zone franc, rendant cette politique des taux fixes handicapante.

 

Il reste cependant persuadé qu'« une zone monétaire est un atout », mais qu’il faut se pencher sur les caractéristiques de cette zone monétaire : « Quelle politique est associée à cette zone monétaire ? Comment on utilise les réserves ? Comment on fait en sorte qu’il y ait un peu plus de contribution des politiques monétaires à la transformation structurelle ? » Pour Carlos Lopes, « le débat doit être un débat de fond et pas un débat idéologique ». Dans des pays où les secteurs agricoles sont fragiles et le secteur industriel souvent embryonnaire, les économies des pays de la zone franc sont engagées dans des transformations structurelles importantes. « Il faut que la monnaie accompagne ces politiques avec des mesures spécifiques. Actuellement, les mesures ne sont pas d’accompagnement, mais plutôt immuables, où l’on essaie de protéger les pays de la zone », jugeait Carlos Lopes en octobre dernier.

 

 

- Quels avantages pour la France ?

Le système permet de garantir un cadre sûr dans une zone où la France a beaucoup d’intérêts économiques et de liens commerciaux. D’ailleurs, l’indexation du franc CFA sur l’euro et le fait qu'il soit une monnaie forte facilitent les investissements d’entreprises françaises en Afrique. Plusieurs économistes précisent en revanche que Paris ne gagne pas d’argent avec les fameux 50 % des réserves obligatoirement déposés en France. Cette somme se trouve à la Banque de France. Tous les ans, l’institution reverse les intérêts aux pays africains. Et il existe un taux minimum fixé en 2013 : 0,75 %. Concrètement, cela signifie que les pays africains ne peuvent pas toucher moins, même si le taux d’intérêt officiel est plus bas. C’est le cas en ce moment, le taux se situe autour de 0,25 %.

 

  • Débat du jour - Faut-il en finir avec le Franc CFA ?
Pour accéder au débat, cliquez sur l'image

 

 

 

-La fabrique : CFA, la monnaie qui dérange.

Le Média : replay de la chronique "La fabrique : CFA, la monnaie qui dérange". Théophile Kouamouo recevait l'économiste N'Dongo Samba Sylla, chargé de recherche à la Fondation Rosa Luxembourg, pour parler de la monnaie CFA en Afrique.

Rôle du Franc-CFA dans la domination africaine

 

Je partage cette analyse selon laquelle : " la politique monétaire permet de jouer sur les importations et exportations. C’est un outil fondamental de la souveraineté, comme l’est l’indépendance militaire par exemple. Or, les Etats les africains n’ont pas cette liberté d’action et donc cette indépendance économique et politique.

 

La Banque de France et maintenant la Banque centrale européenne avec l’euro ont décidé des dévaluations et du moment où elles ont eu lieu. Un gouverneur de la Banque de France dispose du droit de veto, sur les politiques de la Banque Centrale africaine francophone en matière monétaire. L’Afrique francophone est donc ainsi dépossédée de se souveraineté monétaire et donc économique."

 

Source : http://www.mondialisation.ca/la-domination-des-banquiers-au-coeur-des-tats/15505

 

- La France insoumise : Faut-il en finir avec le Franc CFA ?

Une émission présentée par Charlotte Girard, avec : - Kako Nubukpo, Économiste et ancien ministre de la Prospective du Togo - Mathilde Panot, députée FI - Théophile Malo, rédacteur du livret Pour une France indépendante au service de la paix

 

Note :

[1Le franc CFA, ou le colonialisme monétaire. Synthèse pour non économistes

 

Pour en savoir plus :

- Essai. L’Afrique sous servitude monétaire

- Mobilisation pour demander la fin du franc CFA en Afrique

- Kako Nubukpo: le franc CFA «c'est la servitude volontaire»

- Franc CFA : les propos de M. Macron sont « déshonorants pour les dirigeants africains »

- Un cadre de la Francophonie suspendu après une tribune anti-CFA publiée sur « Le Monde Afrique »

- A la place du franc CFA, une monnaie commune d’Afrique de l’Ouest ?

- Histoires françafricaines : le Franc CFA

- La France donne un ultimatum à la Guinée équatoriale de mettre fin à sa nouvelle monnaie

- Franc CFA. Le colonialisme français se perpétue en Afrique

- Mamadou Koulibaly: « Le franc cfa a été créé pour les esclavagiste français » (Connection ivoirienne)

- Franc CFA : La monnaie commune est-elle un frein au développement? (Deutsche Welle)

- La fin du franc CFA pourrait «couper les liens entre le Trésor français» et l’Afrique (Sputniknews)

- Du franc CFA à l’éco : brève histoire d’une monnaie controversée

- 15 Etats d'Afrique de l'Ouest veulent remplacer le franc CFA par une monnaie unique dès 2020

- Emmanuel Macron a sonné le glas du franc CFA  samedi 21 décembre 2019

- Ce que la fin du franc CFA va changer pour les pays d'Afrique de l'Ouest

- Du Franc CFA à l’ECO : une réforme de façade pour sauver les meubles.

- Quel avenir pour le FRANC CFA ?

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 14:59
Les frontières et l’Europe

Sources : Blog Jean Luc Mélenchon

Pendant la campagne de l’élection présidentielle, j’ai proposé qu’existe une conférence permanente sur les frontières en Europe. À l’époque, le point de départ était la situation créée par l’adhésion de la Crimée à la Russie dans le cadre des événements de l’Ukraine. À l’époque, l’opinion de la caste était chauffée à blanc par le sentiment anti-russe. On ne pouvait parler de rien. Dans la mesure où j’avais été assimilé à un partisan de Vladimir Poutine, tout ce que je disais était immédiatement interprété dans la version la plus fantasque.

 

Bien sûr, depuis, la situation s’est bien stabilisée. Le gouvernement français et le président Macron ont pratiquement repris au mot près ce que je disais à propos des solutions à la situation en Syrie. La réception de Vladimir Poutine à Versailles est passée par là. Mais la question que je voulais poser demeure. Que fera-t-on en Europe quand des frontières bougent ? Assez stupidement, mes détracteurs de l’époque m’accusèrent de vouloir remettre en cause ces frontières. Naturellement, il n’en était rien. Puis je partais de l’idée que puisqu’elles avaient bougées, comme c’était le cas en Ukraine, alors la question se poserait de nouveaux à toute l’Europe. J’évoquais l’éventuelle sécession de l’Écosse et de la Catalogne, mais peut-être aussi demain de la Flandre et de la Wallonie. Depuis s’est ajouté la question de l’Irlande en raison du Brexit et du rétablissement de la frontière entre les deux Irlande. Et ainsi de suite.

 

La situation en Catalogne a ramené ma question sur le devant de la scène. On remarquera qu’elle se règle sans débat, par la force. L’Union européenne a dit qu’elle soutiendrait Madrid contre Barcelone. De son côté, la maire de Barcelone demande à l’Europe d’intervenir dans le litige. Naturellement, rien n’est prévu. On aurait tort de croire à une situation isolée. Naturellement la question de la Catalogne espagnole se pose dans les conditions particulières de l’Histoire de ce pays. Pour autant, selon moi, il est significatif que la crise éclate avec cette violence au moment où la mise en œuvre des directives européennes en Espagne ont tendu toutes les relations internes de ce pays. Autrement dit, les fractures actuelles repassent sur les vieilles cicatrices.

 

On aurait tort de croire qu’une telle configuration ne concerne que l’Espagne. On ne peut oublier qu’aux dernières élections législatives, le corps électoral en Corse a donné trois députés aux autonomistes sur quatre élus. Beaucoup d’esprits étroits oublient que l’Italie ou l’Allemagne sont des États-nations très récents. Et si l’on va vers les frontières de l’Est, on ne trouve que les Eurobéats français pour avoir oublié que la Slovaquie et la Tchéquie se sont séparées, d’une part, et, d’autre part, que l’interdiction d’enseigner dans une autre langue que l’ukrainien en Ukraine ne se contente pas de viser la minorité russe du Donbass mais également les Polonais, les Hongrois et quelques autres en Ukraine qui se vivent dorénavant comme des minorités opprimées.

 

C’est pourquoi j’écris de nouveau ces lignes. Le temps des polémiques et des injures absurdes inventées pour nuire dans une compétition électorale est dorénavant derrière nous. Peut-être peut-on à présent parler sérieusement d’un sujet qui finira par concerner la France, sa sécurité et son voisinage. S’il n’existe aucune voie pacifique proposée et encadrée par la communauté internationale, ces sortes de questions ne peuvent se régler autrement que par la force. Il n’y a pas d’entre-deux.

 

Poser la question, ce n’est pas souhaiter le problème, n’en déplaise à mes adversaires. Leur ignorance leur fait méconnaître que les accords d’Helsinki de 1975, toujours en vigueur, affirment que les frontières peuvent bouger dans le cadre d’un consentement des parties concernées. Ce consentement ne peut se constater sans que des règles aient été énoncées pour le vérifier. J’y reviens donc. Il existe un cadre commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE.

 

La question des frontières ne se limite pas aux aspects culturels du sujet. Elle implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs. Les générations dirigeantes actuelles n’ont aucune perception sérieuse sur le sujet. Le dernier événement dans ce domaine est considéré par eux comme un sujet exotique. L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. 400 000 personnes sont mortes dans cette aventure. N’est-il pas frappant que le président de la République n’en ait pas dit un mot dans cette étrange allocution de la Sorbonne ? Au contraire, il s’est engagé de façon plus aveuglée que jamais dans une vision d’intégration européenne anti-nationale. On l’a  entendu plaider à la fois la « souveraineté européenne » contre la souveraineté nationale, puis la disparition des commissaires européens « issus des grands pays » avant d’aboutir à une « défense européenne », liée a l’OTAN, des plus évaporées.

 

Pour ma part je n’oublie ni les permanences de l’Histoire, ni ce fait qu’elle a toujours été tragique en Europe. Il est temps de faire l’Histoire avant de se laisser défaire par elle.

 

Pour en savoir plus :

- Jean-Luc Mélenchon veut une « conférence sur la sécurité » en Europe

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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 20:02
1973-2017 : l’effondrement idéologique de la “gauche” française

Sources : Le Grand*Soir par Bruno GUIGUE

-D'hier.... à aujourd'hui
En 1973, le coup d’État du général Pinochet contre le gouvernement d’Unité populaire au Chili provoqua une vague d’indignation sans précédent dans les milieux progressistes du monde entier. La gauche européenne en fit le symbole du cynisme des classes dominantes qui appuyèrent ce “pronunciamiento”. Elle accusa Washington, complice du futur dictateur, d’avoir tué la démocratie en armant le bras meurtrier des militaires putschistes. En 2017, au contraire, les tentatives de déstabilisation du pouvoir légitime au Vénézuéla ne recueillent au mieux qu’un silence gêné, un sermon moralisateur, quand ce n’est pas une diatribe antichaviste de la part des milieux de gauche, qu’il s’agisse des responsables politiques, des intellectuels qui ont pignon sur rue ou des organes de presse à gros tirage.

 

Du PS à l’extrême-gauche (à l’exception du “Pôle de renaissance communiste en France”, qui a les idées claires), on louvoie, on ménage la chèvre et le chou, on reproche au président Maduro son “autoritarisme” tout en accusant l’opposition de se montrer intransigeante. Dans le meilleur des cas, on demande au pouvoir légal de faire des compromis, dans le pire on exige qu’il se démette. Manuel Valls, ancien premier ministre “socialiste”, dénonce la “dictature de Maduro”. Son homologue espagnol, Felipe Gonzalez, trouve scandaleux l’appel aux urnes, et il incrimine “le montage frauduleux de la Constituante”. Mouvement dirigé par la députée de la “France Insoumise” Clémentine Autain, “Ensemble” condamne le “caudillisme” du pouvoir chaviste. Eric Coquerel, également député de la FI et porte-parole du Parti de gauche, renvoie dos-à-dos les fauteurs de violence qui seraient à la manœuvre “des deux côtés”, tout en avouant ingénument qu’il n’a “pas envie de critiquer Maduro”.

 

 

- Entre 1973 et 2017, que s’est-il passé ?
Il y a un demi-siècle, la gauche française et européenne était généralement solidaire - au moins en parole - des progressistes et révolutionnaires des pays du Sud. Sans méconnaître les erreurs commises et les difficultés imprévues, elle ne tirait pas une balle dans le dos à ses camarades latino-américains. Elle ne distribuait pas les responsabilités entre les putschistes et leurs victimes en rendant une sorte de jugement de Salomon. Elle prenait parti, quitte à se tromper, et ne pratiquait pas, comme la gauche actuelle, l’autocensure trouillarde et la concession à l’adversaire en guise de défense. Elle ne disait pas : tout cela, c’est très vilain, et tout le monde a sa part de culpabilité dans ces violences regrettables. La gauche française et européenne des années 70 était sans doute naïve, mais elle n’avait pas peur de son ombre, et elle ne bêtifiait pas à tout bout de champ lorsqu’il s’agissait d’analyser une situation concrète. C’est incroyable, mais même les socialistes, comme Salvador Allende, pensaient qu’ils étaient socialistes au point d’y laisser leur peau.

 

 

- A voir l’ampleur du fossé qui nous sépare de cette époque, on est pris de vertige.
La crise vénézuélienne fournit un exemple commode de cette régression parce qu’elle se prête à une comparaison avec le Chili de 1973. Mais si l’on élargit le spectre de l’analyse, on voit bien que le délabrement idéologique est général, qu’il traverse les frontières. Lors de la libération d’Alep par l’armée nationale syrienne, en décembre 2016, les mêmes “progressistes” qui font la fine bouche devant les difficultés du chavisme ont fait chorus avec les médias détenus par l’oligarchie pour accuser Moscou et Damas des pires atrocités. Et la plupart des “partis de gauche” français (PS, PCF, PG, NPA, Ensemble, EELV) ont appelé à manifester devant l’ambassade de Russie, à Paris, pour protester contre le “massacre” des civils “pris en otage” dans la capitale économique du pays.


Bien sûr, cette indignation morale à sens unique occultait la véritable signification d’une “prise d’otages” qui eut lieu, en effet, mais par les milices islamistes, et non par les forces syriennes. On put le constater dès que les premiers couloirs d’évacuation furent mis en place par les autorités légales : les civils fuirent en masse vers la zone gouvernementale, parfois sous les balles de leurs gentils protecteurs en “casque blanc” qui jouaient au brancardier côté cour et au djihadiste côté jardin. Pour la “gauche”, le million de Syriens d’Alep-Ouest bombardés par les extrémistes customisés en “rebelles modérés” d’Alep-Est ne comptaient pas, la souveraineté de la Syrie non plus. La libération d’Alep restera dans les annales comme un tournant de la guerre par procuration menée contre la Syrie. Le destin aura aussi voulu, malheureusement, qu’elle signale un saut qualitatif dans l’avachissement cérébral de la gauche française.

 

 

- Syrie, Venezuela : ces deux exemples illustrent les ravages causés par l’indigence de l’analyse conjuguée à la couardise politique.

Tout se passe comme si les forces qui tenaient lieu de “forces vives” dans ce pays avaient été anesthésiées par on ne sait quel puissant sédatif. Parti des sphères de la “gauche de gouvernement”, le ralliement à la doxa diffusée par les médias dominants est général. Convertie au néo-libéralisme mondialisé, l’ancienne social-démocratie ne s’est pas contentée de tirer une balle dans le dos à ses ex-camarades des pays du Sud, elle s’est aussi tirée une balle dans le pied. Transformé en courant minoritaire - social-libéral - au sein d’une droite plus dévouée que jamais au capital, le PS s’est laissé cannibaliser par Macron, la savonnette à tout faire de l’oligarchie capitaliste euratlantique. Dans les années 70, même la droite française “libérale éclairée”, avec Giscard d’Estaing, était plus à gauche que le PS d’aujourd’hui, ce résidu vermoulu dont l’unique fonction est de distribuer les sinécures aux rescapés du hollandisme.

 

 

- La page de Solférino une fois tournée, on pouvait alors espérer que la “gauche radicale” prendrait le relais en soldant les comptes des errements passés.
Mais la “France insoumise”, malgré son succès électoral du 23 avril 2017, est un grand corps mou, sans colonne vertébrale. On y trouve des gens qui pensent que Maduro est un dictateur et d’autres qui pensent qu’il défend son peuple. Ceux qui dénoncent l’adhésion de la France à l’OTAN pleuraient à chaudes larmes sur le sort de ses mercenaires wahhabites à Alep. La main sur le cœur, on se proclame contre l’ingérence étrangère et l’arrogance néo-coloniale au Moyen-Orient, mais on veut “envoyer Assad devant la CPI”, ce tribunal d’exception réservé aux parias du nouvel ordre mondial. Le président syrien, nous dit-on, est un “criminel”, mais on compte quand même sur le sacrifice de ses soldats pour éliminer Daech et Al-Qaida. Ces contradictions seraient risibles, si elles ne témoignaient d’un délabrement plus profond, d’un véritable collapsus idéologique.

 

Elle a beau vouloir rompre avec la social-démocratie, cette gauche adhère à la vision occidentale du monde et à son droit-de-l’hommisme à géométrie variable. Sa vision des relations internationales est directement importée de la doxa pseudo-humaniste qui partage le monde en sympathiques démocraties (nos amis) et abominables dictatures (nos ennemis). Ethnocentrique, elle regarde de haut l’anti-impérialisme légué par les nationalismes révolutionnaires du Tiers Monde et le mouvement communiste international. Au lieu de se mettre à l’école d’Ho Chi-Minh, Lumumba, Mandela, Castro, Nasser, Che Guevara, Chavez et Morales, elle lit Marianne et regarde France 24. Elle croit qu’il y a des bons et des méchants, que les bons nous ressemblent et qu’il faut taper sur les méchants. Elle est indignée - ou gênée - lorsque le chef de la droite vénézuélienne, formé aux USA par les néo-conservateurs pour éliminer le chavisme, est mis sous les verrous pour avoir tenté un coup d’Etat. Mais elle est incapable d’expliquer les raisons de la crise économique et politique au Venezuela. Pour éviter les critiques, elle répugne à décrire comment la rupture des approvisionnements a été provoquée par une bourgeoisie importatrice qui trafique avec les dollars et organise la paralysie des réseaux de distribution en espérant saper la légitimité du président Maduro.

 

 

- Indifférente aux mouvements de fond, cette gauche se contente de participer à l’agitation de surface.

En proie à une sorte de divertissement pascalien qui la distrait de l’essentiel, elle ignore le poids des structures. A croire que pour elle, la politique n’est pas un champ de forces, mais un théâtre d’ombres. Elle prend parti pour les minorités opprimées à travers le monde en omettant de se demander pourquoi certaines sont visibles et d’autres non. Elle préfère les Kurdes syriens aux Syriens tout court parce qu’ils sont minoritaires, sans voir que cette préférence sert leur instrumentalisation par Washington qui en fait ses supplétifs et cautionne un démembrement de la Syrie conforme au projet néo-conservateur. Elle refuse de voir que le respect de la souveraineté des États n’est pas une question accessoire, qu’elle est la revendication majeure des peuples face aux prétentions hégémoniques d’un Occident vassalisé par Washington, et que l’idéologie des droits de l’homme et la défense des LGBT servent souvent de paravent à un interventionnisme occidental qui s’intéresse surtout aux hydrocarbures et aux richesses minières.

 

On pourra chercher longtemps, dans la production littéraire de cette gauche qui se veut radicale, des articles expliquant pourquoi à Cuba, malgré le blocus, le taux de mortalité infantile est inférieur à celui des USA, l’espérance de vie est celle d’un pays développé, l’alphabétisation est de 98% et il y a 48% de femmes à l’Assemblée du pouvoir populaire (merci à Salim Lamrani et à Flavien Ramonet, enfin, de l’avoir fait). On n’y lira jamais, non plus, pourquoi le Kérala, cet Etat de 33 millions d’habitants dirigé par les communistes et leurs alliés depuis les années 50, a l’indice de développement humain de loin le plus élevé de l’Union indienne, et pour quelle raison les femmes y jouent un rôle social et politique de premier plan. Car les expériences de développement autonome et de transformation sociale menées loin des projecteurs dans des contrées exotiques n’intéressent guère nos progressistes, fascinés par l’écume télévisuelle et les péripéties du barnum politicien.

 

 

- Et pendant ce temps là....
Dopée à la moraline, intoxiquée par le formalisme petit-bourgeois, la gauche boboïsée signe des pétitions, elle intente des procès et lance des anathèmes contre des chefs d’État qui ont la fâcheuse manie de défendre la souveraineté de leur pays. Ce manichéisme lui ôte la pénible tâche d’analyser chaque situation concrète et de regarder plus loin que le bout de son nez. Elle fait comme si le monde était un, homogène, traversé par les mêmes idées, comme si toutes les sociétés obéissaient aux mêmes principes anthropologiques, évoluaient selon les mêmes rythmes. Elle confond volontiers le droit des peuples à s’auto-déterminer et le devoir des États de se conformer aux réquisits d’un Occident qui s’érige en juge suprême. Elle fait penser à l’abolitionnisme européen du XIXème siècle, qui voulait supprimer l’esclavage chez les indigènes en y apportant les lumières de la civilisation au bout du fusil. La gauche devrait savoir que l’enfer de l’impérialisme aujourd’hui, comme du colonialisme hier, est toujours pavé de bonnes intentions. Lors de l’invasion occidentale de l’Afghanistan, en 2001, on n’a jamais lu autant d’articles, dans la presse progressiste, sur l’oppression des femmes afghanes et l’impératif moral de leur libération. Après quinze ans d’émancipation féminine au canon de 105, elles sont plus couvertes et illettrées que jamais.

 

Pour en savoir plus :

- Emmanuel Maurel : « Ce n’est pas un départ du PS, c’est une scission »

Une partie de la droite vénézuellienne en action
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  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, syndicaliste CGT, conseiller Prud'homme depuis 1978.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, syndicaliste CGT, conseiller Prud'homme depuis 1978.

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