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2 décembre 2024 1 02 /12 /décembre /2024 16:08
Des dépossessions pour dettes non payées aux dettes hypothécaires et étudiantes : la dette privée durant l’ère capitaliste

Suite de l'ABC de 5000 ans de dettes privées illégitimes...

Tant qu’on n’aura pas renversé le capitalisme, on ne pourra pas sauver l’éducation

 

 

 Premier article sur LES DETTES 👉 : " DE BABYNONE AUX CONQUISTADORS EN PASSANT PAR LE MONDE ANTIQUE : LES DETTES "

 

 

Sources : CADTM |

- L’endettement privé des classes populaires et la répression du non-paiement de dettes comme sources d’accumulation primitive du capitalisme

En Europe, du XVIe au XVIIIe siècle, l’endettement privé des classes populaires et la répression du non-paiement de dettes ont contribué à constituer une masse de prolétaires : peine d’emprisonnement, mutilation, création de bagnes contribuèrent à obliger les populations paupérisées à accepter du travail dans les manufactures. Cela fait partie intégrante des sources de l’accumulation primitive ayant permis au capitalisme de s’imposer comme mode de production dominant d’abord en Europe puis dans le reste du monde (voir encadré ci-dessous).

 

L’Accumulation primitive par dépossession

 

K. Marx met en avant comme sources, souvent violentes, de l’accumulation primitive ayant permis au capitalisme de prendre le dessus sur d’autres modes de production : la séparation radicale du producteur d’avec les moyens de production, la suppression des biens communaux, le mouvement d’enclosure dans les campagnes, la dépossession des artisans de leurs outils de travail, la répression sanguinaire contre les expropriés (qui avaient tout perdu à cause de dettes qu’ils n’arrivaient pas à rembourser), la conquête coloniale et la mise en coupe réglée des continents accaparés par les puissances européennes, le commerce des esclaves, le système de la dette[0] publique[1].

 

Silvia Federici y ajoute la chasse aux sorcières, ce vaste mouvement sanglant de répression des femmes de la fin du XVe au milieu du XVIIe siècle. Ernest Mandel résume la position de Marx et souligne que « On pourrait même affirmer que Marx a sous-estimé l’importance du pillage du tiers-monde pour l’accumulation du capital industriel en Europe occidentale[2]. »

 

Rosa Luxemburg en 1913, dans L’Accumulation du capital (Paris : Maspero, Vol. II, 1969) revient également sur le processus d’accumulation primitive et son prolongement à l’ère de l’impérialisme de la fin du XIXe siècle[3]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une partie importante de la masse des prolétaires qui rejoignaient les villes où des manufactures commençaient à se développer était constitué de populations rurales surendettées qui avaient été dépossédées de leurs terres par les créanciers.

  • Le non-paiement des dettes a été violemment réprimé jusqu’au milieu du XIXe siècle dans les pays qui ont été au centre de l’essor du système capitaliste industriel : l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord.
  • De lourdes peines de prison sanctionnaient les pauvres coupables du non-paiement des dettes. La peine capitale était couramment appliquée en Angleterre jusqu’au XVIIIe siècle. Aux États-Unis, dans l’État de Pennsylvanie, à la fin du XVIIIe siècle, les mauvais payeurs pouvaient être condamnés au fouet, être mis au pilori avec une oreille clouée à celui-ci, avant d’être coupée. Ils risquaient également d’être marqués au fer rouge. En France, des peines de prison étaient systématiquement appliquées. Bien sûr, s’y ajoutait l’expulsion du logement, la saisie de tous les biens.

 

 

- Quelques exemples de dépossession et de résistance au XVIII et au XIXe siècle
Aux États-Unis, peu de temps après l’indépendance, des mouvements de protestation furent organisés par des paysans dont les terres et les biens étaient saisis pour non-paiement des impôts et taxes. Ce paiement était exigé en monnaie, alors que beaucoup de paysans n’en avaient pas ou très peu, vivant de troc et de paiement en nature. De nombreux paysans avaient servi dans les armées révolutionnaires mais n’avaient jamais reçu l’entièreté de leur solde. Dans le Massachusetts, en 1782 à Groton, et encore en 1783 à Uxbridge, des citoyens s’organisèrent et s’attaquèrent aux autorités, exigeant le retour des biens confisqués. Au début de la Rébellion de Shays, en 1786, les foules empêchèrent les tribunaux de siéger à Northampton et à Worcester après que le gouverneur Bowdoin ait renforcé les actions en justice destinées à recouvrer les dettes et que la législature ait imposé une taxe supplémentaire destinée à financer le paiement de la part du Massachusetts dans la dette étrangère des États-Unis. Daniel Shays, dont le mouvement porte le nom, était un ancien combattant non-payé. Il s’était retrouvé devant un tribunal pour non-paiement d’impôts.

Rébellion de Shays, 1786

Rébellion de Shays, 1786

À partir de 1798, s’organisa un mouvement d’autodéfense des endettés qui exigea l’adoption d’une législation les protégeant contre l’arbitraire des créanciers et de la justice. Une loi fédérale fût adoptée en 1800 mais elle se limitait à protéger les banquiers et les commerçants en suspension de paiement. Par ailleurs les différents États continuèrent à avoir recours à leurs propres lois, qui le plus souvent favorisaient les créanciers.

 

Scott Standage[4] cite un livre de 1828, The Patriot ; or, People’s Companion qui plaidait pour l’abolition de l’emprisonnement des endettés, estimant que la dette constituait une forme « d’esclavage civil » au même titre que l’esclavage des Noirs – les endettés, pas plus que les esclaves, ne bénéficiant d’aucune protection dans la Constitution.

 

Chercher à échapper aux créanciers constituait une des causes du courant migratoire de l’Est des États-Unis vers l’Ouest, le Far West. Une partie majoritaire des Européens qui ont participé à la colonisation du Nouveau Monde aux XVIIe et XVIIIe siècles s’étaient endettés pour payer leur voyage et se trouvaient dans un rapport de servitude par rapport à leurs créanciers. Durant de longues années, ils étaient tenus de rembourser la dette initiale et étaient menacés de prison ou de mutilation en cas de non-paiement. On estime qu’entre la moitié et les deux tiers des Européens qui se sont installés dans les 13 colonies britanniques d’Amérique du Nord entre 1630 et 1776 sont venus dans de telles conditions de servitude pour dettes[5]. Ce type de servitude pour dette n’a été aboli aux États-Unis qu’en 1917.

 

 

🔴 Le même type de contrat d’endettement afin de financer la colonisation a été appliqué dans l’ensemble de l’empire britannique. Des millions de pauvres ont quitté l’Inde dans ces conditions pour s’installer soit dans les îles Caraïbes britanniques, soit à l’Île Maurice, soit en Afrique du Sud, soit dans d’autres parties de l’Empire. Rien que sur l’Île Maurice, entre 1834 et 1917, près d’un million et demi d’Indiens se sont installés en ayant été contraints par la misère d’accepter des contrats de servitude pour dette[6].

  • En 1875, en Inde, dans la vaste région appelée le Deccan, des émeutes éclatèrent au cours desquelles des paysans endettés se sont soulevés pour détruire systématiquement les livres de comptes des usuriers et ainsi répudier leurs dettes[7].
  • La révolte a duré deux mois et a concerné une trentaine de villages couvrant 6 500 km2.
  • Une commission d’enquête parlementaire fut mise en place à Londres et en 1879 fut adoptée une loi intitulée en anglais « Dekkhan Agriculturists’ Relief Act[8] » qui offrait une certaine protection aux paysans endettés.

 

En 1880, une crise de la dette a frappé les petits et moyens paysans aux États-Unis. Cela s’est produit à nouveau à une échelle massive dans les années 1930 comme l’écrivain John Steinbeck le décrit dans son célèbre roman Les Raisins de la colère (titre original en anglais : The Grapes of Wrath) publié en 1939. Ces crises successives ont entraîné la dépossession de millions de paysans endettés des États-Unis en faveur des grandes entreprises privées de l’agrobusiness.

 

 

- Du truck system du XIXe siècle au crédit à la consommation au XXe siècle

Au XIXe siècle, lors de la généralisation de la révolution industrielle et de l’expansion du capitalisme, les patrons ont mis en place le " truck system[8bis] qui permettait d’endetter de manière permanente les salariés. Les travailleurs, dans l’attente du paiement du salaire, devaient acheter au magasin du patron tous les biens élémentaires dont ils avaient besoin pour vivre : aliments, moyens de chauffage, d’éclairage, vêtements… Ils étaient obligés d’acheter à des prix exorbitants et au moment de la paie, après décompte de leurs achats, très souvent ils devaient reconnaître une dette car leurs dépenses avaient dépassé leur salaire. Pour en venir à bout, les ouvriers ont dû mener de durs combats. C’est aussi une des raisons qui ont amené les ouvriers à se doter de coopératives pour produire des aliments (boulangerie…) ou pour vendre à des prix abordables les produits de première nécessité. Le truck system a finalement été interdit.

 

🔴 Après la seconde guerre mondiale, les années 1950-60 sont marquées, dans les pays les plus industrialisés (c’est vrai également dans plusieurs pays du Sud comme l’Argentine, par exemple), par une période de forte croissante économique (les « Trente glorieuses ») qui permet aux travailleurs d’obtenir par la lutte des avancées sociales importantes : nette augmentation du pouvoir d’achat, consolidation du système de sécurité sociale, amélioration des services publics en particulier dans l’éducation et la santé… L’État procède aussi à bon nombre de nationalisations, ce qui renforce son pouvoir d’intervention économique. Les populations profitent davantage de la richesse créée à l’échelle nationale et la part des salaires dans le revenu national augmente.

 

🔴 À partir de l’offensive néolibérale initiée au Chili en 1973 avec le dictateur Pinochet et en Argentine en 1976 avec la dictature de Videla (dictatures qui ont bénéficié du soutien actif de Washington) et développée ensuite par Thatcher et Reagan au cours des années 1980, les salaires réels ont été comprimés. Dans les pays les plus industrialisés, la consommation de masse a poursuivi sa progression au prix d’un endettement de plus en plus important de la population[9]. Les gouvernants, les banques et les grandes sociétés privées de l’industrie et du commerce ont favorisé le recours de plus en plus massif à l’endettement des ménages.

 

L’emprisonnement pour dettes relatives à des amendes non payées à l’État n’a pas disparu partout

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le non-paiement de dettes privées, et plus précisément de dettes privées ou d’amendes à l’égard de l’État, est jusqu’à aujourd’hui toujours passible d’emprisonnement dans plusieurs pays européens bien que plusieurs conventions internationales l’interdisent[10].

 

En France, l’emprisonnement pour dette a été aboli à deux brèves reprises, en 1793 et en 1848. Il fut supprimé définitivement en matière civile et commerciale par la loi du 22 juillet 1867. Le Code de procédure pénale l’a supprimé en 1958 en matière criminelle quant aux dommages-intérêts accordés à la partie civile. Aujourd’hui, l’emprisonnement pour dette ne s’applique plus qu’aux condamnations à une peine d’amende, aux frais de justice et aux paiements au profit du Trésor, et encore, à condition qu’il s’agisse bien d’une infraction de droit commun et n’emportant pas peine perpétuelle. Donc en France, la contrainte judiciaire consiste à incarcérer ou maintenir en détention une personne solvable pour défaut de paiement de certaines amendes, auxquelles elle a été condamnée par le Trésor public ou l’administration des douanes[11].

 

En Belgique, l’emprisonnement (appelé emprisonnement subsidiaire) pour non-paiement des amendes à l’égard de l’État est toujours possible même si depuis une vingtaine d’années les ministres de la justice qui se sont succédés ont recommandé de ne pas l’appliquer. Dans une réponse du ministre de la justice belge à une question parlementaire posée par un député d’extrême-droite (Vlaams Belang) à une époque où ce parti atteignait plus de 20 % des voix, on apprend de la bouche du ministre que « L’article 40 précise « À défaut de payement dans le délai de deux mois à dater de l’arrêt ou du jugement s’il est contradictoire, ou de sa signification, s’il est par défaut, l’amende pourra être remplacée par un emprisonnement dont la durée sera fixée dans le jugement ou l’arrêt de condamnation, et qui n’excédera pas six mois pour les condamnés à raison de crime, trois mois à raison de délit et trois jours pour les condamnés à raison de contravention ». « S’il n’a été prononcé qu’une amende, l’emprisonnement à subir, à défaut de payement est assimilé à l’emprisonnement correctionnel ou de police selon le caractère de la condamnation. » L’article 41 précise : « Dans tous les cas, le condamné peut se libérer de cet emprisonnement en payant l’amende ; il ne peut se soustraire aux poursuites sur ses biens en offrant de subir l’emprisonnement. »[12] En pratique, un juge en Belgique peut émettre une sentence prévoyant un emprisonnement subsidiaire (cela ne se passe qu’en matière pénale). Dans ce cas, le juge prévoit l’amende et indique que si la personne le souhaite ou n’a pas les moyens, elle devra effectuer une peine de prison. Évidemment, il est clair que le riche choisira de payer l’amende et évitera la prison, tandis qu’une personne qui a de faibles revenus et pas de patrimoine ou très peu devra aller en prison. Cela montre que la justice telle qu’elle est rendue est une justice de classe.

 

Le ministre précise : « En 2000, en matière correctionnelle sur 22 632 condamnations à une amende, les parquets ont ouvert 3 745 dossiers concernant l’exécution des peines d’emprisonnement subsidiaire. En 2001, sur 21 375 condamnations à une amende seuls 1 745 dossiers d’exécution de peines de prison subsidiaires ont été ouverts dans les parquets. »
Même si, en pratique, des peines d’emprisonnement ne sont plus appliquées ou très rarement, le fait que certains pays ont maintenu cette possibilité ne peut qu’inquiéter. En effet dans l’éventualité d’une accession de l’extrême-droite au gouvernement et du renforcement permanent des méthodes répressives, il est possible que des peines d’emprisonnement pour dette soient prononcées à l’encontre de boucs émissaires des classes populaires. Il ne manque pas de magistrats réactionnaires dans l’appareil de la justice pour prendre des initiatives qui renforceraient le caractère de classe de l’application de la loi.

 

Plus largement, Jami Hubbard Solli a montré que dans plus de 20 pays, la loi autorise les créancie·res à demander l’incarcération des débiteur·ices en cas de défaut de paiement[13]. Par exemple, au Kenya et en Ouganda, cette législation est bel est bien appliquée. En effet, plusieurs centaines de personnes n’ayant pas pu rembourser leur dette sont emprisonnées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Dettes hypothécaires illégitimes et expulsion de logement

Lorsque la bulle immobilière a éclaté au Japon (années 1990), aux États-Unis (2006-2007), en Irlande et en Islande (2008), en Espagne (2009), des dizaines de millions de ménages des classes populaires ont été acculés à la cessation de paiement et ont commencé à être victimes d’expulsions massives[14]. Dans un contexte de baisse du salaire réel, de chômage massif et de conditions de prêts abusives, les effets de ces dettes sont catastrophiques pour une partie croissante des secteurs populaires.

  • Aux États-Unis, après 2006, quatorze millions de familles ont été dépossédées de leurs logements par les banques[15].
  • En Espagne, il s’agit de plus de 300 000 familles. Nous sommes confrontés une nouvelle fois dans l’histoire des pays du Nord à un phénomène massif de dépossession brutale.
  • Aux États-Unis, la justice a dénombré pas moins de 500 000 cas de contrats immobiliers abusifs et frauduleux, le chiffre réel est bien plus élevé.
  • En Espagne, la législation qui est utilisée par les banquiers pour expulser les familles de leurs logements date de l’époque du dictateur Franco. En Grèce, dans le cadre du troisième mémorandum accepté par le gouvernement Tsipras en 2015, les banques ont commencé à avoir les mains libres pour expulser les familles incapables de payer leurs dettes hypothécaires[16].

Aux États-Unis, en Espagne, en Irlande, en Islande, en Grèce…, un nouveau type de mouvement et de mobilisations est né afin de résister à cette politique d’expulsion/dépossession.

 

 

- Dettes étudiantes illégitimes

Dans les pays anglo-saxons les plus industrialisés ainsi qu’au Japon, les politiques néolibérales appliquées dans le système d’éducation ont augmenté de manière dramatique le coût des études supérieures et ont restreint très fortement l’accès aux bourses d’étude. Le même phénomène est à l’œuvre à l’échelle planétaire.

 

Cela a obligé des dizaines de millions de jeunes des classes populaires à s’endetter dans des proportions dramatiques afin de pouvoir réaliser des études supérieures. Aux États-Unis, la dette étudiante dépasse 1 700 milliards de dollars, soit le double de la dette publique totale de l’ensemble du continent africain, qui compte plus d’un milliards d’habitant·es[17]).

 

Un seuil symbolique qui exprime la gravité de la situation.

  • Deux étudiant·es sur trois sont endetté·es et doivent en moyenne 37 667 dollars.
  • En 2008, 80 % des étudiant·es qui terminaient un master en droit cumulaient une dette de 77 000 dollars s’ils avaient fréquenté une université privée et de 50 000 dollars s’il s’agissait d’un établissement public.
  • L’endettement moyen des étudiant·es qui ont accompli une année de spécialisation de médecine atteignait 140 000 dollars. Une étudiante qui a réussi son master en droit déclarait à un quotidien italien : « Je pense que je n’arriverai pas à rembourser les dettes que j’ai contractées pour payer mes études, certains jours je pense que lorsque je mourrai, j’aurai encore les mensualités de la dette pour l’université à payer. Aujourd’hui j’ai un plan de remboursement étalé sur 27 ans et demi, mais il est trop ambitieux car le taux est variable et je parviens à grande peine à payer (…). La chose qui me préoccupe le plus est que je suis incapable d’épargner, et ma dette est toujours là et me hante »[18].

Comme elles subissent des discriminations majeures dans l’accès à l’emploi, dans la distribution des salaires, et dans la répartition du travail domestique non rémunéré (pour les femmes), les femmes et les personnes racisées sont les premières à subir ce système universitaire basé sur l’endettement[19]. Elles s’endettent donc davantage et mettent beaucoup plus de temps pour rembourser ces emprunts. En 2019, 20 ans après avoir commencé leurs études, les personnes noires s’étant endettées devaient 95% de leur dette étudiante. Les individus blancs dans la même situation avaient remboursé 94% de cet emprunt[20].

Des dépossessions pour dettes non payées aux dettes hypothécaires et étudiantes : la dette privée durant l’ère capitaliste

Au Japon, un·e étudiant·e sur deux est endetté. L’endettement moyen des étudiants atteint l’équivalent de 30 000 dollars. Au Canada, la tendance est la même[21]. Aller à l’université coûte de plus en plus cher alors que sur le marché du travail sinistré et saturé, il est de plus en plus difficile de trouver un emploi avec un salaire décent. Après leurs études, les jeunes endettés et leurs familles éprouvent de plus en plus de difficultés à rembourser les dettes. Pour la rembourser, ils sont souvent amenés à accepter des emplois très précaires et des conditions de travail dégradantes. Les banques font des profits juteux grâce à la dette étudiante. Comme sur la thématique des dettes hypothécaires illégitimes, de nouvelles formes de luttes et de nouveaux mouvements sont en train de naître pour combattre contre les dettes étudiantes illégitimes. C’est notamment le cas aux États-Unis avec le mouvement Strike Debt ! On assiste à des tentatives de fédérer les différentes résistances sur le front de la dette : dettes étudiantes, dettes hypothécaires, dettes de consommation, dettes liées aux impôts, sans oublier la dette publique[22].

 

Le surendettement affecte et dégrade les conditions de vie d’un secteur grandissant des couches populaires dans tous les pays les plus industrialisés. En Belgique, le nombre de personnes en règlement collectif de dettes a plus que doublé entre 2007 et 2017.

 

Les femmes cheffes de famille monoparentale sont partout durement touchées par le surendettement. Les souffrances liées aux humiliations auxquelles les personnes surendettées sont soumises grandissent. Les intrusions auxquelles se livrent les autorités dans la vie privée et au domicile des surendettés se multiplient et s’aggravent. Vu la précarisation du travail, le paiement de salaires de misère pour un temps partiel ou même pour un temps complet, de plus en plus de salariés et de salariées sont victimes du système dette.

 

 

- La Fabrique de l’homme endetté

Au cours des dernières décennies, la politique de destruction des conquêtes sociales menées par les gouvernements successifs et la classe capitaliste vise notamment à s’attaquer aux contrats de travail stable et négocié collectivement. Les droits élémentaires des travailleur·euses et des allocataires sociaux sont présentés comme des privilèges et des obstacles à la compétitivité et à la flexibilité.

 

Une campagne en faveur de l’auto-emploi est menée systématiquement en faisant miroiter la perspective de la liberté. De plus en plus de personnes sont poussées à s’endetter afin de s’auto-employer, de créer leur micro entreprise, de faire d’eux-mêmes une entreprise, d’exploiter eux-mêmes « leur capital humain ». Comme le dit Maurizio Lazzaretto dans son livre La Fabrique de l’homme endetté, « Dans l’économie de la dette, devenir capital humain ou entrepreneur de soi, signifie assumer les coûts et les risques d’une entreprise flexible et financiarisée, coûts et risques qui ne sont pas seulement, loin s’en faut, ceux de l’innovation, mais aussi et surtout ceux de la précarité, de la pauvreté, du chômage, des services de santé défaillants, de la pénurie de logements, etc. »[23].

 

Grandit le nombre de personnes qui, ayant tenté l’expérience de l’auto-emploi échouent dans le surendettement et perdent le peu qu’ils possédaient. Plus loin, Lazzarato écrit : « Le processus stratégique du programme néolibéral en ce qui concerne l’État-providence consiste en une progressive transformation de « droits sociaux » en « dettes sociales » que les politiques néolibérales tendent à leur tour à transformer en dettes privées, parallèlement à la transformation des « ayants droit » en « débiteurs » auprès des caisses d’assurance chômage (pour les chômeurs) et auprès de l’État (pour les bénéficiaires des minima sociaux) »[24].

 

Alors que les politiques menées par les gouvernements néolibéraux mènent à l’appauvrissement des salariés (blocage ou réduction des salaires, précarisation,…) et des autres détenteurs de droits sociaux (blocage ou réduction des retraites, réduction ou suppression des aides sociales, dégradation ou disparition de certains services publics, diminution ou suppression des allocations de chômage, réduction ou suppression des bourses d’études, etc.), « la finance prétend les enrichir par le crédit et l’actionnariat. Pas d’augmentation de salaire direct ou indirect (retraites), mais crédit à la consommation et incitation à la rente boursière (fonds de pension, assurance privée) ; pas de droit au logement, mais crédits immobiliers ; pas de droits à la scolarisation, mais prêts pour payer les études ; pas de mutualisation contre les risques (chômage, santé, retraite, etc.) mais investissement dans les assurances individuelles. »[25]

 

🔴 Depuis la crise qui a éclaté dans les pays les plus industrialisés en 2007, on assiste donc à un nouveau durcissement du « système dette » dans sa facette dette privée : dettes hypothécaires abusives, dettes étudiantes illégitimes, dettes de consommation aliénantes et appauvrissantes. Cela va de pair avec l’action des gouvernements qui utilisent l’augmentation de la dette publique qu’ils ont favorisée pour renforcer l’offensive contre les conquêtes sociales du XXe siècle.

 

 

- Soutenir les initiatives qui prennent à bras le corps la lutte contre les dettes privées illégitimes
Comment veut-on que des gens humiliés car surendettés, abusés par les banques, jetés en dehors de leur logement et qui, malgré cela, sont encore redevables d’une partie de la dette, puissent se mobiliser tous ensemble pour qu’on arrête de payer la dette publique de l’État ou pour des actions collectives sur les droits des travailleurs ? S’ils ont été défaits dans leur lutte personnelle parce qu’il n’y avait pas un mouvement de résistance suffisamment fort pour empêcher les expulsions de logement, pour sortir d’autres formes de surendettement, ils risquent de ne pas trouver la force de continuer à se battre, ils risquent de considérer que la question de la dette publique illégitime ne les concerne pas, de même en ce qui concerne les combats collectifs pour les droits sociaux. Il faut soutenir les initiatives qui prennent à bras le corps la lutte contre les dettes privées illégitimes.

 

 

Fin de la seconde partie. ICI

👉 : La partie 3 porte sur les dettes privées illégitimes dans les pays dits en développement : le cas du microcrédit !

 

Notes :

[0Dette

[1] voir Livre 1 du Capital. «  L’Accumulation primitive. Gallimard », La Pléade p. 1167 à 1240

[2] « Accumulation primitive et industrialisation du tiers-monde », in Victor Fay (éd.) En partant du « Capital », Paris : Anthropos, pp. 143–168

[3] « L'accumulation du capital Rosa Luxemburg » Voir également Harvey, David (2010). Le Nouvel impérialisme, Paris, Les Prairies ordinaires ainsi que Jean Batou, Accumulation par dépossession et luttes anticapitalistes : une perspective historique longue – CONTRETEMPS, « Accumulation par dépossession et luttes anticapitalistes : une perspective historique longue »

[4] Standage, Scott, Born Losers : A « History of Failure in America », Harvard University Press, 2005

[5] Galenson, David (March 1984). « The Rise and Fall of Indentured Servitude in the Americas : An Economic Analysis ». The Journal of Economic History. 44 (1) : 1–26.

[6] Logo UCLA Sciences sociales MANAS

[7] Voir David Graeber, p. 315 (édition en français). Voir aussi « Peasant movements and tribal uprisings in the 18th and 19th centuries : Deccan Uprising (1875) – HISTORY AND GENERAL STUDIES »

[8] Voir le texte de la loi Dekkhan Agriculturists’ Relief Act, 1879 « https://indiankanoon.org/doc/1545750/ »

[8bisTruck system

[9] Voir Éric Toussaint, “ Au Sud comme au Nord, de la grande transformation des années 1980 à la crise actuelle ”, publié le 8 septembre 2009

[10] L’emprisonnement pour dettes est d’ailleurs interdit par l’article 1er du protocole n° 4 à la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, reconnaissant certains droits et libertés autres que ceux figurant déjà dans la Convention et dans le premier protocole additionnel à la Convention, tel qu’amendé par le protocole n° 11. Cf. : http://www.echr.coe.int/Documents/Convention_FRA.pdf

[11] Voir " Contrainte judiciaire "

[12] Bulletin n° : B123 - " Question et réponse écrite n° : 0599 - Législature : 50 ", Date de publication : 04/06/2002. 

[13] Jami Hubbard Solli, « Heavily indepted Humans Deserve Debt Relief (Just as Nations do) », CADTM, 04/10/2022

[14] Éric Toussaint, 2007-2017 : " Les causes d’une crise financière qui a déjà 11 ans

[15] Éric Toussaint, États-Unis : " Les abus des banques dans le secteur immobilier et les expulsions illégales de logement ", Voir aussi Éric Toussaint, " Les banques et la nouvelle doctrine "« Too Big to Jail », publié le 9 mars 2014

[16] Voir « Les banques et l’État grecs essaient de prendre nos maisons tous les mercredis au tribunal de paix »

[17] Voir sur le site de la Banque mondiale

[18] La Repubblica, 4 août 2008 cité par Maurizio Lazzarato, " La fabrique de l’homme endetté. Essai sur la condition néolibérale ", Éd. Amsterdam, 2011, p. 28.

[19] Voir Maxime Perriot, « L’annulation de la dette étudiante par Joe Biden, un pansement nécessaire mais largement insuffisant », CADTM, 12/10/2022

[20] Taylor Nicole Rogers, Gary Silverman, « Race and finance : the student loan trap », Financial times, 21/12/2021. Étude menée sur près de 25 ans par Federal Reserve Bank of St Louis, publiée en 2017.

[21] Luttes & dettes étudiantes au Québec : « Tant qu’on n’aura pas renversé le capitalisme, on ne pourra pas sauver l’éducation » (Entretien avec Éric Martin, réalisé par Maud Bailly)
. Voir aussi Isabelle Ducas « L’endettement étudiant, un lourd fardeau » 
. Voir le site officiel du gouvernement canadien : « Rembourser votre dette d’étudiant »

[22] Voir " Strike Debt ! The Debt Resisters’ Operations Manual " et en particulier en ce qui concerne les dettes étudiantes 

[23] Maurizio Lazzarato, La fabrique de l’homme endetté. Essai sur la condition néolibérale, Éd. Amsterdam, 2011, p. 42.

[24] Maurizio Lazzarato, p. 81.

[25] Maurizio Lazzarato, p. 85.

 

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11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 12:09
Guillaume Kasbarian au logement : le coup de fouet libéral d’Emmanuel Macron

Guillaume Kasbarian, nouveau ministre non pas du logement mais des expulsions[1]... une provocation, " une véritable gifle à tout le secteur du logement " pour la CNL[6]" ! 

 

 

Bête noire des organisations de mal-logés ou de locataires, le nouveau ministre, qui ne jure que par le libre marché et la suppression des « normes », a le pedigree idoine pour enclencher une dérégulation massive du secteur au détriment des plus précaires alors que  selon le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre : « La bombe sociale du logement a explosé.[4] ».

 

 

Sources : Lucie Delaporte & Pauline Graulle | mis à jour le 13/05/2024

- Kasbarian au logement ?
Une « provocation » pour Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité. « C’est comme si vous mettiez Depardieu à l’égalité hommes-femmes ! », a lui aussi réagi le député insoumis François Ruffin[2]. « Sous le choc », le DAL (l’association Droit au logement) a quant à lui ironiquement salué l’arrivée du « ministre du délogement et de l’immobilier », appelant à un rassemblement de protestation ce vendredi après-midi à Paris.

 

Il faut dire que, dans le milieu, la politique logement à la sauce Kasbarian a déjà été largement éprouvée depuis le second quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est lui qui a porté la loi dite « anti-squat », critiquée par la Défenseure des droits, condamnée jusqu’à l’ONU, et considérée par les associations comme « piétin[ant] le droit au logement »[1].

 

Une loi adoptée en avril dernier avec les voix du Rassemblement national (RN) qui criminalise l’occupation de surfaces vacantes – y compris des bureaux vides – et qui prévoyait, dans sa première mouture et à la demande expresse du député d’Eure-et-Loir, six mois de prison pour les locataires en situation d’impayés.

 

L’homme est assez constant dans ces combats puisqu’il signait déjà en 2020 une tribune appelant à revenir sur la trêve hivernale au motif que certains propriétaires se retrouvent dans des situations inextricables[3]. « Il fait partie de ceux prêts à dégommer des tabous consensuels comme la trêve hivernale, obtenue par l’abbé Pierre après son appel de 1954. Ne pas expulser les gens quand il neige dehors c’est quand même le minimum du minimum », rappelle Manuel Domergue.

 

Alors que son prédécesseur à l’hôtel de Roquelaure, Patrice Vergriete, pouvait difficilement accepter de voir démanteler la loi SRU, une loi emblématique des politiques de mixité sociale qu’il a contribué à écrire lorsqu’il était au cabinet de Claude Bartolone, son remplaçant, lui, ne devrait pas faire de manière pour mettre en œuvre la feuille de route de Matignon.

 

« Autant Vergriete avait une fibre locataire, autant “Kasba” est plutôt fibre propriétaire », résume, à mots choisis, un de ses collègues de banc du groupe Renaissance où il est, malgré sa bonhomie, diversement apprécié.

 


- Une discrète passation de pouvoir
La passation de pouvoir entre le ministre sortant et son successeur s’est déroulée vendredi 9 février à huis clos dans une ambiance étrange. « Kasbarian n’a pas dit un mot sur le logement social, pas un mot sur la politique de la ville. Tout a tourné autour de la politique de l’offre et la défense du petit propriétaire », raconte, navré, un participant.

 

Alors que, la veille déjà, son nom circulait dans les couloirs du colloque des vingt ans de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), le monde du logement social semblait incrédule. « Kasbarian, c’est le virage thatchérien de la politique du logement », lançait un acteur majeur du logement social estimant que « son projet c’est de financiariser le monde HLM ». En 1988, la première ministre britannique avait lancé un grand plan de privatisation du parc de logement social en prônant une politique d’accès à la propriété qui ne déplairait pas au nouveau ministre.

 

Avocat de la propriété privée, Guillaume Kasbarian a aussi vigoureusement défendu dans l’hémicycle le « décret habitat » qui permet désormais de mettre en location des surfaces avec 1,80 m de hauteur sous plafond, peu éclairées et peu ventilées[5]. Aux côtés de sa collègue Marie Lebec, ministre chargée des relations avec le Parlement, qui pouffait de rire en expliquant « 1,80 mètre, je passe », Kasbarian avait argumenté qu’au moment où les Français peinent à se loger, il « serait dommage de se priver de surfaces atypiques ».

  • Une ligne plus dure encore que celle de Christophe Béchu, son ministre de tutelle, qui s’est dit prêt à revoir le texte mais qui contente les propriétaires de sous-pentes ou de caves autant que les marchands de sommeil.
  • Ce fervent défenseur des petits propriétaires pourrait aussi se montrer plus sensible au très fort lobbying pour repousser le calendrier d’interdiction de location des passoires thermiques. Peu intéressé par les questions écologiques, il s’est moult fois fait le porte-parole des inquiétudes des acteurs de l’immobilier sur le sujet.

 


- Macroniste de la première et de la dernière heure
À 36 ans, le député, considéré comme « l’un des derniers membres sincères du fan-club de Macron », a connu une ascension éclair. Créateur du premier comité En Marche de Chartres et de ses alentours, Guillaume Kasbarian remporte en 2017 la très rurale première circonscription d’Eure-et-loir sur la promesse du « renouvellement ».

  • Dénué d’expérience politique mais diplômé de l’ESSEC, il lorgnera, tout le premier quinquennat, sur le portefeuille de l’industrie. Puis, après sa réélection en 2022, à la faveur d’une alliance avec un baron local Les Républicains (LR) et maire de Chartres, Jean-Pierre Gorges, il change son fusil d’épaule et se positionne sur le créneau du logement.
  • Très proche d’Aurore Bergé qui le pousse à la présidence de la commission des affaires économiques en 2022 et avec qui il fréquente le Printemps républicain, celui qui aime à cultiver son look de dandy des champs – béret en tweed, moustache impériale – devient l’une des figures en vue de la Macronie.
  • À la tête de la commission des affaires économiques, « Kasba » hérite ainsi de textes clefs, comme celui sur le pouvoir d’achat en tout début du mandat, ou celui sur le nucléaire. Il pique aussi à son collègue et président de la commission du développement durable, Jean-Marc Zulesi, avec qui il entretient des relations notoirement exécrables, une partie de l’examen du texte sur les énergies renouvelables. Il s’oppose alors à « la paperasse administrative, [les] procédures à rallonge et [les] lenteurs », bref, à tout ce qui pourrait entraver le développement du business des éoliennes et du photovoltaïque.

 

 

- Ce libéral assumé qui espère, depuis le début de la législature, que la majorité nouera un « contrat de coalition » avec LR, a un credo : le libre marché.

« Il a un point commun avec Macron, c’est son indifférence totale aux problèmes des gens : il considère sincèrement que ce n’est pas son job », dit de lui un membre du groupe LR à l’Assemblée nationale.

 

Pour William Martinet, spécialiste du logement à La France insoumise (LFI) siégeant à la commission des affaires économiques, il n’est rien qu’un « idéologue ». « Quand on le pousse dans ses retranchements, il se met à réciter du Ricardo pour nous expliquer que seule la dérégulation du marché pourra résoudre la crise du logement », raconte l’Insoumis qui estime qu’il est bien difficile pour l’opposition d’avoir prise sur son « dogmatisme » économique.

 

« Si Macron est libéral, alors Kasbarian est ultralibéral, et va donner aux marchés la tâche de répondre à une crise qui nécessiterait pourtant une ambition publique très forte », déplore le député communiste de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu, qui rappelle les chiffres dramatiques de la crise du logement dans son département : 1 500 appels par soir au Samusocial, plus d’un demi-millier de personnes à la rue, dont des dizaines de femmes enceintes…

 

 

- Une réalité que Guillaume Kasbarian devra pourtant se coltiner, lui qui pourfend la dépense publique, la dette, les impôts et les « normes » en tout genre – une ritournelle qu’il n’a eu de cesse de répéter à ses administrés pendant la crise agricole.

Au printemps dernier, il sortait de l’anonymat après un tweet particulièrement véhément à l’égard de la réalisatrice Justine Triet, taclant « ce petit microcosme [du cinéma français – ndlr], biberonné aux aides publiques comme jamais, qui fustige une politique “néo-libérale”... » « Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables », ajoutait celui qui refusera mordicus par la suite d’aller visionner la Palme d’or, lui préférant le dernier Astérix, de Guillaume Canet.

 

Pour Emmanuel Macron, le choix de ce ministre constitue en tout cas une nette rupture et un jalon supplémentaire de la droitisation de ses gouvernements. Jusque-là, le chef de l’État avait toujours opté pour le logement pour des profils issus du Parti socialiste : Julien Denormandie, Emmanuelle Wargon, Olivier Klein et Patrice Vergriete.

 

Cette fois, c’est un libéral, un vrai, qui portera la politique du logement. Sans états d’âme.

 

Notes :

[1]  wikipedia

[2] GUILLAUME KASBARIAN AU LOGEMENT: "COMME SI ON METTAIT DEPARDIEU À L’ÉGALITÉ HOMME-FEMME", TACLE FRANÇOIS RUFFIN

[3TRIBUNE. Trêve hivernale : " Ne laissons pas les locataires et les propriétaires à la rue! "

[4 rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre : « La bombe sociale du logement a explosé. »

[5] Un décret paru fin juillet va « faciliter la location » de logements dont la hauteur est de 1,80 m, contre 2,20 m selon la norme générale, dénonce la Fondation Abbé Pierre, qui y voit « un recul ».

[6] Guillaume Kasbarian nommé ministre délégué au Logement : "C'est une véritable gifle à tout le secteur du logement", dénonce le président de la CNL

 

Pour en savoir plus :

Logement social – Loi SRU : 64% des communes sont hors-la-loi

-  Élections du 9 juin : LFI organise la résistance face au ministre du Logement et sa chasse aux pauvres

 

Guillaume Kasbarian au logement : le coup de fouet libéral d’Emmanuel Macron
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13 décembre 2017 3 13 /12 /décembre /2017 18:00
Noéés présente : la Charte de l'urbanisme pour faire face à la bétonisation anarchique de la Rochelle

La " Charte de l'urbanisme " : un outil permettant l'intervention citoyenne pour le bien vivre

ensemble dans un urbanisme maitrisé

 

Telle est l’ambition de l'association rochelaise " Noéés – La Rochelle Perspectives[1] " qui se veut être une force de propositions face à l’urbanisation anarchique et à l’exclusion des familles modestes du droit de vivre dans la « Cité ».

 

Sources :  Association Noéés mis à jour le 7 novembre 2017

Le 1er octobre 2015, l'association rochelaise  Noéés de La Rochelle créait l'événement en mettant sur la place publique la question sur le prix du foncier partant du constat que : " La Rochelle est une ville qui compte plus de 1.500 logements vacants... On y observe un vieillissement du parc et une dégradation de l’habitat.... Située en zone tendue, La Rochelle voit les jeunes familles partir de plus en plus loin pour faire face au coût de l'immobilier inaccessible. " et formulait des propositions pour juguler le prix du foncier et notamment une " Charte de modération du prix du foncier " partant du principe que " le prix du FONCIER est AU CŒUR de la PROBLÉMATIQUE LOGEMENT sur La Rochelle ".
 

Aujourd'hui, Noéés vient de s'adresser au milieu associatif œuvrant pour la défense des riverains dans les quartiers, aux comités de quartiers, en rendant public le second volet de ses travaux sous forme de document de travail intitulé " Charte de l'urbanisme ".

 

 

- Objectif de Noéés : faire des propositions citoyennes pour " fabriquer une ville apaisée avec le droit à l’urbanité et au logement pour tous "

Ce document de travail se fixe comme objectifs :

  • d'intervenir dans le débat public à l'occasion de l'élaboration du PLUI de l'agglomération rochelaise [2] pour construire son agglomération en 2030/2050 ;
  • Imposer, avant tout, aux élus une implication citoyenne et alternative aux choix d'urbanisme intensif actuel ;
  • de permettre des échanges entre citoyens, fondateur du « vivre ensemble » et d’un civisme retrouvé ;
  • de faire face à la bétonisation anarchique qui se développe dans la cité sans une véritable réflexion d’urbanisme à caractère macro-territorial ;

 

 Ainsi, avec la " Charte de modération du prix du foncier " et la " Charte de l'urbanisme " les citoyens de l'agglomération rochelaise ont en mains deux outils complémentaires améliorable au service de la mobilisation pour le droit au logement pour tous et le bien vivre ensemble dans un urbanisme maitrisé. 

 

Retrouvez en téléchargement   ci-dessous la proposition de «   Charte de l'urbanisme » de Noées.

 

Reste l'essentiel : l'indispensable mobilisation populaire pour remettre réellement les

citoyens au centre des choix d'urbanisme, de réponse aux besoins de logement en lien avec la nécessaire rénovation énergétique de

l'habitat qui n'aura pas lieu sans une

révolution du foncier !    

 

Note :

[1] Noéés

[2] La loi dite « Grenelle II » impose aux Etablissements Publics de Coopération Intercommunale ayant compétence en matière d'urbanisme - c'est le cas de la CdA - de réaliser un Plan Local d'Urbanisme Intercommunal (PLUi). Ce futur document stratégique traduira l'expression du projet politique d'aménagement et de développement de l'agglomération concernée. Outil règlementaire, il déterminera notamment les règles d'occupation et d'utilisation du sol sur l'ensemble du territoire, à l'exception du secteur couvert par le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) de l'agglomération concernée.

 

Pour en savoir plus :

- Noéés force de propositions pour juguler le prix du foncier à la Rochelle

- PLUI de l'agglomération rochelaise

- Il n'y aura pas de transition énergétique sans une révolution du foncier

- Des "chartes promoteurs" pour défendre le droit à la ville

- La Rochelle : les riverains ont gagné… un étage en moins

- La Rochelle : un immeuble va pousser au pied de leurs maisons

- Urbanisme à La Rochelle : les pistes de réflexion pour les futurs quartiers

- Stupéfiant rapport de la fondation Abbé Pierre

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21 octobre 2017 6 21 /10 /octobre /2017 15:51

« Depuis 50 ans, la grande distribution s’est développée sans limite en périphérie des villes. Ce développement se poursuit même là où la population et le revenu moyen n’augmentent plus. La consommation des ménages progresse de 1,5% par an en moyenne, et le nombre de m² de surfaces commerciales de 3% »

 

Sauf à un changement politique porteur de propositions alternatives la << liberté du commerce >> constituée en << droit fondamental >> a de belles heures devant elle. C'est au nom du respect de ce principe que le ministère de l'économie vient de renoncer à imposer un << moratoire >> à la grande distribution[1]

 

Comment la France a tué ses villes ?
Comment la France a tué ses villes ?
Comment la France a tué ses villes ?

Comment la France a tué ses villes ? C'est un livre au titre choc qu'a publié Olivier Razemon, journaliste indépendant dont le travail s’articule principalement autour de l’urbanisme et des transports. Car c’est une réalité que personne ne peut plus ignorer désormais : les villes moyennes françaises vont mal. Entre fermeture des commerces, départ des plus riches et élus locaux fatalistes, c’est un portrait de villes à l’agonie que dresse le journaliste.

Et pourtant des solutions existent ! Interview.

 

Sources : URBIS par Vanessa Delevoye (Journaliste spécialisée dans les questions urbaines et rédactrice-en-chef d'Urbis le mag.

-

URBIS : « Que se passe-t-il actuellement dans les villes françaises ?
Olivier Razemon : Seules les très grandes villes, Paris et les métropoles régionales, ainsi que les localités touristiques, se portent bien. Les autres, les villes petites et moyennes, souffrent terriblement. Le premier symptôme de leur maladie réside dans la fermeture des commerces qui, chaque année, prend davantage d’ampleur. Ce phénomène des vitrines vides saute aux yeux partout, que l’on se balade dans le centre de Béziers, Périgueux ou de Soissons.


Le nombre de logements vides est un autre symptôme : les villes moyennes présentent un taux de logements vacants dépassant nettement les 10 %, résultat du départ des familles qui en ont les moyens vers la périphérie et ses maisons individuelles. C’est un paradoxe, alors qu’on nous répète en boucle que la France manque de 500 000 logements neufs par an.


Le troisième symptôme, c’est l’appauvrissement de ces villes : elles sont devenues plus pauvres que leur environnement immédiat. Enfin, on constate la disparition de commerces de base – boucherie, boulangerie, équipement de la maison – au profit d’enseignes de tatouage, de vapotage, d’achat d’or, de ventes éphémères... Le commerce du superflu a envahi les villes moyennes, le commerce de l’essentiel tend, lui, à disparaître.

 

 

-

URBIS : Cela fait des années que cette tendance est en marche. Pourquoi cette prise de conscience tardive ?
Olivier Razemon : Il n’y a pas réellement encore eu de prise de conscience ! La plupart des Parisiens ou des Lyonnais, par exemple, ignorent tout du phénomène… Aucun des candidats à l’élection présidentielle n’a évoqué cette question des villes moyennes où vit pourtant un quart de la population. Et puis même si localement, il y a une prise de conscience, les choses continuent comme avant : les autorisations sont accordées pour continuer à construire la ville en dehors de la ville, avec toujours plus de centres commerciaux, de zones d’activités, de rocades, de lotissements, de gares TGV bâties dans le périurbain.

 

Alors, oui, les élus locaux en parlent, mais ils identifient ça soit comme un problème de commerçants, soit comme une fatalité. Beaucoup n’ont pas conscience que c’est comme ça partout ailleurs et pas seulement chez eux. Et la situation risque de s’aggraver : seulement 10% des projets commerciaux en cours verront le jour en ville et donc 90% en périphérie…

 

 

-

URBIS : De potentiels coupables sont souvent désignés, à tort… Qui sont-ils ?
Olivier Razemon : Une foule de coupables sont désignés : l’e-commerce, les loyers commerciaux trop élevés, la crise, les métropoles… Ces facteurs ont bien un impact mais cela reste un impact limité sur d’autres. Internet ne nuit pas aux boulangeries. Pourtant, ces dernières ferment.

 

La crise n’explique pas tout non plus : quand on regarde les chiffres, les gens sont plus riches qu’avant, car oui, le niveau de vie continue à croitre en France. Ce paradoxe est très visible à Aurillac, Vitré, Rodez : ce sont des villes où le chômage reste plutôt faible mais les commerces ferment quand même… On accuse aussi la métropole voisine. C’est vrai que les villes moyennes ne bénéficient pas des mêmes aides publiques, ni de la présence des intellectuels et cols blancs. Mais la quincaillerie d’Agen ne ferme pas à cause de Bordeaux…

 

 

-

URBIS : A quoi la crise que traversent les villes moyennes peut-elle être véritablement imputée ?
Olivier Razemon : Pour moi, c’est la méconnaissance autour du sujet qui est véritablement la cause de l’inertie actuelle. Il faut arrêter de croire que la création d’une activité économique crée des emplois nets. C’est sur la base de cet argument de l’emploi que les élus acceptent la construction de centres commerciaux. Or, si des emplois sont bien créés, davantage encore sont détruits dans les centres-villes ! Continuer à construire en périphérie des commerces soi-disant situés « au cœur de l’agglomération », mais uniquement accessibles en voiture, c’est un laisser-faire, une facilité, un manque de responsabilité.

 

Il n’y a pas de grand complot… Il s’agit juste d’une pensée à court terme d’hommes et de femmes élus pour 5 ans, de représentants de la grande distribution mais aussi de nous tous, collectivement. Si tous les Français décidaient d’aller dans les commerces de proximité plutôt que d’aller faire leurs courses uniquement au centre commercial, cela aurait un réel impact positif. La qualité de vie, c’est aussi de pouvoir aller acheter son pain à pied…

 

Les bonnes idées viennent de partout. Le Parti communiste, par exemple, propose de taxer les parkings des hypermarchés pour limiter le développement des grandes surfaces. Une telle taxe, assise sur les surfaces de stationnements des entreprises tertiaires et des commerces de plus de 2 500 m², n’est pas une utopie. Elle existe déjà en Ile-de-France et contribue à financer les transports publics. Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer de limiter le recours au travail le dimanche aux seuls commerces de proximité et de le bannir, à l’inverse, dans les zones commerciales de périphérie…

 

 

-

URBIS : Quelles pistes de travail entrevoyez-vous pour les urbanistes et plus globalement, ceux qui fabriquent la ville ?
Olivier Razemon : Il est aujourd’hui indispensable de refaire de la ville un espace public où il est simple et agréable de se déplacer à pied. Remettre la voiture partout dans les villes moyennes n’est pas la solution. Les quelques villes qui l’ont fait juste après les dernières élections – en remettant du stationnement sur des places jusque-là piétonnes par exemple -  en reviennent. C’est au niveau de la qualité urbaine que cela peut se jouer : des trottoirs larges, des éléments identitaires… c’est dans un travail de détails et de couture minutieux que les urbanistes ont un grand rôle à jouer. »

 

France : 62% du chiffre d’affaires commercial se fait en périphérie

Ailleurs en Europe, Les villes moyennes allemandes ou italiennes continuent à afficher une belle santé. « L’Allemagne et l’Italie ont un rapport à la ville qui n’est pas le même que le nôtre, indique Olivier Razemon. Ce sont deux pays plus urbanisés, dont les villes ont une histoire ancienne et une identité forte, contrairement à nos sous-préfectures françaises, désignées comme telles par la simple volonté de l’Etat. Le nombre élevé de communes françaises a aussi favorisé la multiplication des implantations commerciales : chaque maire a voulu son supermarché. »

 

Une étude réalisée en juillet 2012 par le cabinet Procos montrait qu’en France, « 62% du chiffre d’affaires du commerce se réalise en périphérie, contre 25% en centre-ville et 13% dans les quartiers. En Allemagne, selon le même document, les proportions sont les suivantes : 33% en périphérie, 33% en centre-ville et 33% dans les quartiers. Les différences observées dans les deux pays reflètent exactement la situation des villes. Vivantes et animées en Allemagne, elles sont en déclin et désolées en France. »

 

Note :

[1] Hypermarchés : la France en veut encore

 

Pour en savoir plus :

- Comment la France a tué ses villes éditions de l'Echiquier

- Logement : reconquérir La Rochelle pour les familles et jeunes couples

- Centres-villes morts, moches périphéries, merci qui ?

- Des centres-villes de plus en plus déserts

- Noéés force de propositions pour juguler le prix du foncier à la Rochelle

- La France se transforme en friche commerciale

- La France abandonne ses villes moyennes

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 09:27
21ème rapport du mal–logement en France : la dégradation se poursuit

Une forme de violence économique, sociale et psychologique.

 

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées

"Comme chaque année, ce rapport dresse le tableau de bord du mal-logement à partir de chiffres actualisés, notamment grâce à une exploitation inédite de l’enquête Logement 2013 de l’Insee fortement attendue, et du suivi des politiques du logement de l’année écoulée. Il montre la dégradation alarmante de nombreux indicateurs, qu’il s’agisse du nombre de personnes sans domicile, en précarité énergétique, en effort financier excessif ou en hébergement contraint chez des tiers."

Vous pouvez accéder à tous les éléments du rapport en cliquant ici

 

 

-  Quelques chiffres essentiels

  • Près de 900 000 personnes sont privées de logement personnel, selon la Fondation. Parmi elles, 141 500 sont sans domicile et 85 000 vivent dans des habitations de fortune.
  • Près de 2,9 millions de personnes vivent dans des conditions de logement « très difficiles » (privation de confort, surpeuplement « accentué »).1 % des logements sans eau courante, douche ni WC
  • En 2013, 204 000 logements en France ne disposaient pas d’eau courante, d’une installation sanitaire – baignoire ou douche – ou de WC intérieurs.
  • Plus d’1,9 million de logements « étaient dépourvus de chauffage central en 2013.
  • Les ménages les plus pauvres (1er décile de la population) consacrent plus de la moitié de leur revenu à leur logement, contre 17,4 % en moyenne chez les Français, et 12,5 % pour les plus aisés.
  • Les 10 % les plus pauvres (1er décile) ayant un revenu mensuel moyen de 678 euros selon l’Insee, le logement leur coûte ainsi 379 euros en moyenne par mois, ne laissant que 299 euros pour tout le reste.582 bidonvilles
  • Fin 2015, 17 929 personnes vivaient dans l’un des 582 bidonvilles référencés en France par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal). 37 % de ces personnes « très marginalisées » habitent dans un campement illicite situé en Ile-de-France, et 21 % sont regroupés en Nord-Pas-de-Calais.

« À lui seul, le département de Seine-Saint-Denis abrite 12 % des personnes recensées et 7 % des bidonvilles à l’échelle nationale », souligne le rapport de la fondation Abbé Pierre.Un sur trois

  • Près d’un tiers des enfants vivant dans des logements précaires présentent des sifflements respiratoires, contre 7,1 % en moyenne dans les autres foyers. Près de la moitié des adultes dans des logements précaires souffrent de migraines (47,7 % contre 31,6 % des autres ménages) et de dépression ou d’anxiété (40,8 % contre 28,7 %).450 000 personnes contraintes à revenir vivre chez leurs parents
  • Près de 450 000 personnes sont revenues au domicile parental en 2013 en raison d’une situation personnelle difficile (perte d’emploi, problèmes financiers, mauvaise santé ou problèmes de logement). Chez les plus de 25 ans (hors étudiants), le nombre est en augmentation de 20 % entre 2002 et 2013, passant de 282 000 à 338 000 en 11 ans. Plus impressionnante, l’augmentation est de 66 % entre ces deux années pour les personnes âgées de plus de 60 ans contraintes d’habiter chez un tiers avec lequel elles n’ont pas de lien de parenté direct (de 50 000 à 83 000).

 

Résumé réalisé par "Les décodeurs" Blog journal Le Monde accessible en en cliquant ici

 

 

-  La crise du logement expliquée en quatre minutes

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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 08:45
Noéés force de propositions pour juguler le prix du foncier à la Rochelle

Fabriquer une ville apaisée avec le droit à

l’urbanité et au logement pour tous.


Telle est l’ambition sur laquelle Noéés[1] – La Rochelle Perspectives entend être une force de propositions face à l’urbanisation anarchique et à l’exclusion des familles modestes du droit de vivre dans la « Cité ».

Partons d'un constat : tout le monde se plaint de la cherté de l'immobilier, y compris la la Fédération des promoteurs immobiliers, pour qui les prix des logements neufs ont bondi de 17% depuis 2008, pénalisant les classes modestes, moyennes et les jeunes.

Ainsi le 25 mars 2015 Noéés créait l'événement en présentant aux associations et comités de quartier de La Rochelle son projet de "charte des promoteurs" pour faire baisser le prix du foncier sur La Rochelle et la CDA.

Ce projet est Inspiré de la "Charte promoteurs" élaborée en 2006 sur la CDA de Plaine Commune en Ile de France dont le succès n'est plus a démontré (renouvelée en 2011).
Le projet de charte a été rendu public lors d'une conférence de presse le 30 septembre 2015 à l'issu du processus de concertation citoyen.

 

Sources :  Association Noéés mis à jour le 30 juillet 2019

 

Pour Noéés, le FONCIER est au coeur de la

problématique LOGEMENT sur La Rochelle.

 

- 1. Point de situation[2]

La Rochelle est une ville qui compte plus de 1.500 logements vacants avec davantage de volets clos en son centre.
On y observe un vieillissement du parc et une dégradation de l’habitat. Située en zone tendue, La Rochelle voit les jeunes familles partir de plus en plus loin pour faire face au coût de l'immobilier inaccessible.


Les chiffres alarmants en attestent sur La Rochelle :

  • l'indice des loyers de marché a progressé de 46,5% entre 2000 et 2014 [3]
  • Avec 13,6€ le m² La Rochelle est en tête de 201 villes du Sud-Ouest en mai 2014 [3]

 

A - Un espace doublement attractif : quand le « résidentiel » s’ajoute au « balnéaire »
La Rochelle compte à elle seule environ 80 000 habitants. En ajoutant les 27 autres communes composant le périmètre de l’agglomération, elle totalise approximativement 160.000 habitants.

 

Le centre ancien de La Rochelle s’articule autour du Vieux Port. La mise en valeur du centre-ville intervientdès 1971 où son architecture est protégée par un périmètre sauvegardé. Des secteurs piétonniers sont mis en place et les déplacements en vélo encouragés.

 
Les différents quartiers sont plus ou moins marqués socialement : au profil « aisé » des habitants de La Genette s’oppose celui plus « populaire » des habitants des immeubles collectifs de Mireuil, Villeneuve les Salines ou cité de maisons ouvrières de Bongraine.


Une partie des ménages à revenus modestes et moyens, les jeunes couples candidats à la propriété ont été contraints de s'installer dans les communes périphériques de La Rochelle à partir des années 1980, en raison des niveaux de prix atteints à La Rochelle. Ainsi, jusqu’à la fin des années 1990, des communes comme Périgny, Nieul-sur-Mer, Dompierre ou Angoulins ont accueilli la majeure partie de la croissance démographique rochelaise. À une première zone d’extension urbaine constituée dès la fin du XIXe siècle par les quartiers de Saint Maurice ou Tasdon, voire quelques communes voisines à l’image d’Aytré, s’ajoute alors une couronne plus récente, constituée quasi-exclusivement de maisons individuelles en lotissements.


Cette vaste zone d’habitat pavillonnaire se déplace aujourd’hui progressivement vers l’est et le sud : les ménages désirant accéder à la propriété se tournent depuis le début des années 2000 vers les communes extérieures à l'agglomération, jusqu’à 50 kms vers l’intérieur des terres. La provenance des actifs travaillant dans l’agglomération illustre d’ailleurs bien le poids des migrations alternantes avec l’est de la Rochelle (Pays d’Aunis, axe La Rochelle-Niort) et le sud vers Rochefort.

 

B - Un renforcement de l’embourgeoisement depuis une décennie ?
Le poids des résidences secondaires a progressé d’ouest en est au cours des années 1990 et la destination des constructions neuves depuis 10 ans confirme bien une scission entre les communes rétaises, fortement tournées vers la résidence secondaire, et celles du continent, où plus de 8 nouveaux logements sur 10 sont des résidences principales.


Cette scission se confirme dans les profils sociodémographiques des nouveaux propriétaires sur les quatre communes. En effet, aux Portes, 75 % d’entre eux sont des résidents secondaires, domiciliés principalement en Île-de-France ou à l’étranger, contre à peine un quart dans les trois autres communes. Une grande part des nouveaux propriétaires nieulais, saint-xandrais et solinois sont des actifs anciennement domiciliés à La Rochelle ou dans les communes voisines dans un rayon de moins de 30 kms. De plus, ce sont principalement des ménages d’âge médian qui s’installent, plutôt que de jeunes couples avec enfants comme c’était le cas dans les années 1980 et 1990 (les effectifs scolaires, alors en hausse, chutent actuellement).


Les résidents secondaires qui achètent une maison sont légèrement plus âgés, souvent la cinquantaine. À Nieul et Saint-Xandre, les retraités constituent un bon tiers d’entre eux. L’âge peut être complété par le statut matrimonial des nouveaux propriétaires. Ainsi, si dans toutes les communes les résidents secondairesachètent très majoritairement en couple (ils sont mariés à 70 à 80 %), les résidents principaux, plus jeunes, sont aussi plus fréquemment des célibataires (jusqu’à 50 % des cas).

 

Le profil socioprofessionnel des acquéreurs permet quant à lui une distinction plus fine. En fait, si les actifs sont majoritaires, les profils socioprofessionnels des nouveaux propriétaires varient grandement en fonction des communes. Les professions « intermédiaires » arrivent en tête chez les résidents principaux nouvellement propriétaires à Nieul, Saint-Xandre et Sainte-Soulle. Si la Profession et Catégorie Socioprofessionnelle des cadres supérieurs, enseignants et professions libérales (PCS 3) arrive en seconde position à Nieul, les employés et ouvriers constituent chacun plus d’1/5 des nouveaux propriétaires à Sainte- Soulle (Saint-Xandre étant en position intermédiaire avec une proportion significative d’artisans, commerçants, PCS 2, et d’employés, PCS 5). Du littoral vers l’intérieur du continent, on constate des différences : d’un profil plus aisé à Nieul à un autre plus populaire à Sainte-Soulle.


Inversement, les retraités occupent une place prépondérante chez les résidents secondaires qui viennent d’acquérir un pied-à-terre à Nieul et Saint-Xandre. Ce phénomène renvoie à l’installation des retraités sur les communes littorales atlantiques. De son côté, Sainte-Soulle présente – étrangement – une situation comparable, même si les effectifs solinois sont faibles : les résidents secondaires sont plutôt des actifs, majoritairement des cadres supérieurs. En fait, il peut s’agir de personnes investissant dans un pied-à-terre solinois pour leurs vacances ou retraites à venir (vu que ce sont majoritairement des quinquagénaires), ou des actifs qui viennent s’installer définitivement sur La Rochelle. Dans les deux cas, les mobiles d’installation à Sainte-Soulle mériteraient un approfondissement et, pour être validées et approfondies, ces hypothèses ne pourront faire l’économie d’enquêtes longitudinales. Elles permettraient de savoir plus précisément si le choix de Sainte-Soulle pour les actifs comme pour les résidents secondaires n’est pas un choix par défaut ; autrement dit, il illustrerait une incapacité financière pour les actifs à se loger sur La Rochelle comme pour les résidents secondaires à s’installer plus près du littoral.

 

C – Une place prépondérante vers l’habitation à loyer modéré :
La Rochelle a mené une politique volontariste en matière de logement social depuis très longtemps. Le premier office public d’habitation (OPH) a fêté son centenaire en 2013. C’est le premier organisme créé de ce type, au niveau national. Le résultat, c’est qu’en 2014, il y a environ un tiers d’habitation à loyer modéré (dit social ou HLM) dans la ville. Avant même les obligations légales, la commune était largement au – dessus de ce qui est aujourd’hui imposé (25%). Néanmoins, cette politique généreuse a deux effets négatifs.


Le premier touche le prix du parc privé qui voit son prix de vente augmenter par un effet mécanique. Le second relève de l’origine du peuplement. Le nombre de demandes d’HLM ne baisse jamais, les jeunes actifs rochelais et les jeunes familles rentrent en concurrence directe avec la demande nationale sur notre
territoire.

 

 

- 2. Prix immobilier au m² La Rochelle en décembre 2014[5]

  • Dans La Rochelle, les appartements et maisons se négocient entre 1 811 € / m2 et 4 389 € / m2.
  • Le prix immobilier moyen d'un bien pour La Rochelle est de 415 527 €.. Sur 12 mois, le prix au m2 de La Rochelle a évolué de 4.6 %.
  • Selon l'INSEE, le marché immobilier de La Rochelle comprend 65 % d'appartements et 35 % de maisons.

 

ÉVOLUTION DU PRIX M² (maisons + appartements) La rochelle - Août 2007 à Août 2015

 http://www.lesclesdumidi.com

 

 

Les prix de l'immobilier au m2 à La rochelle, 17000 sont actuellement les suivants au 1er Septembre 2015.
 

  Prix du m² min. Prix du m² moyen Prix du m² max. Évolution
Prix du m² appartement 2 350 € 3 590 € 5 263 € +7.68%
Prix du m² maison 2 014 € 2 443 € 2 988 € +13.52%

 

Source : lesclésdumidi.com (http://www.lesclesdumidi.com/prix/m2-la_rochelle-17)

 

 

D’autre part, selon des estimations fournies par le site « www.meilleursagents.com »[6] au 1er février 2015, l’évolution des tendances de la population, des revenus et du marché immobilier de La Rochelle par rapport à la moyenne des villes comme Nantes, Bordeaux, Bayonne ou Dunkerque sont les suivantes :

 

  • A La Rochelle, les mouvements sont à la baisse pour les jeunes enfants, les étudiants et les actifs de - 3 % ainsi que dans le nombre de résidences principales de - 7 %. Le prix moyen au m2 des maisons sur La Rochelle (2.568 €/m2) est à peu près équivalent que la moyenne des villes (2.535 €/m2), mais nettement plus bas qu’à Bordeaux (3.021 €/m2) ou qu’à Nantes (2.715 €/m2), soit environ 300 €/m2 de moins (12 %).
  • En revanche, les positions sont à la hausse pour le nombre de retraités et de résidences secondaires d’environ + 6 %. Contrairement aux maisons, le prix moyen au m2 des appartements sur La Rochelle (3.195 €/m2) est plus haut que la moyenne des villes étudiées (2.839 €/m2), soit environ une hausse de 356 €/m2 et qui représente aussi 13 %.
  • Le revenu mensuel moyen d’un rochelais flirte avec les 1.574 € tandis que la moyenne des villes prises en compte se situe autour de 2.145 €. Par conséquent, le différentiel de revenus rochelais reste d’environ moins de 570 € par mois, ce qui représente un quart du revenu moyen des habitants des villes citées mais environ un tiers du salaire du bordelais ou du nantais.

 

 

- 3. Conclusion :

Tout d'abord il convient de noter que :

  • L’amélioration de la desserte routière (notamment avec le projet de A831) impliquera une augmentation des prix des logements et des terrains ainsi qu’une modification de la composition socio-spatiale de la population sur certaines communes ;
  • Les politiques d’habitation à loyer modéré (PLH) sont à même, en pesant sur le prix du foncier, de perturber fortement la logique de gentrification[7] existante sur La Rochelle ;

Parmi les outils à disposition :
- rendre La Rochelle éligible au droit à l'encadrement des loyers[
8] ;

- mettre en oeuvre une surtaxe de la taxe d’habitation pour les résidences secondaires[9] ;
- le programme local de l’habitat, actuellement en révision, devra d’une part intégrer du PLS, ce qui permettra à des personnes éligibles aux HLM mais non prioritaires (PLAI) d’accéder à un logement et d’autre part, d’imposer de l’accession abordable à la propriété (moins 30% du prix du marché avec des critères d’anti spéculation) ;
- le programme d’intérêt général (PIG), destiné aux logements vacants ou insalubres, doit voir son nombre de logements rénovés augmenter.


permettraient de remettre dans le circuit locatif des logements inoccupés et de desserrer la pression existante sur le foncier ;

  • En 2005, le Poitou-Charentes comptait 1 700 000 habitants. En 2030, il y en aurait 10 % de plus selon le scénario de projection dit «central» établi par l'INSEE à partir d’indicateurs de fécondité, de mortalité et de migrations prenant en compte les tendances observées entre 1990 et 2005, ce qui mécaniquement engendrera une augmentation du prix du foncier, du logement[10] ;
  • Les objectifs ambitieux du plan de rénovation énergétique[11] du parc résidentiel présenté par le Président de la république le 21 mars 2013 va, se heurter au coût très élevé ce cette opération (entre 10 000 et 50 000 € selon l’état énergétique du logement, les matériaux choisis et les coûts de main-d’oeuvre) auquel va s'ajouter les coûts cachés, et « externalités », qui peuvent en annuler totalement l’intérêt[12] si rien n'est fait sur le prixdu foncier ;
  • Le droit de préemption renforcé aux immeubles en copropriété[13] permettrait non seulement d'instaurer une mixité sociale très fine, à l'échelle d'une résidence, de revitaliser le caractère populaire du centre-ville, de réduire la pression foncière, et d’éviter que des familles soient chassées de leur appartement quand celui-ci est mis en vente ;
  • La question récurrente mais cruciale de l’anticipation foncière et de ses liens avec des politiques d’aménagement du territoire, déjà formulée par Comby et Renard (1996)[14], est ainsi directement posée, car c'est un outil à disposition pour contribuer à la baisse du prix du foncier.


En conséquence, nous partageons donc l'analyse selon laquelle :

  • Il n'y aura pas de réappropriation de la ville par les jeunes couples en ménages et budgets modestes ;
  • Il n'y aura pas de « ville lente et apaisée » sans rapprochement des lieux de vie, de décisions, de distractions, de travail ;
  • Il n'y aura pas de transition énergétique ;

            sans une révolution de la politique foncière.

 

 

C'est pour l’ensemble de ces raisons, Noéés met en débat sa proposition de « charte promoteur » de modération du prix du foncier dont vous trouverez le lien pour son téléchargement ci-dessous.


 

 

 

 

 

 

- Présentation de la charte des promoteurs aux associations et comités de quartier le 25 mars 2015

 

- La conférence de presse du 30 septembre 2015

Parmi les présents :

- Roger GERVAIS : maire de Saint Médard d'Aunis et vice-président en charge du foncier à la CDA de La Rochelle ;

-  Guy DENIER : maire de Périgny ;

- Jean-Pierre DOARE et Yves RONTEAU élus de Dompierre-sur-Mer

- de représentants de la  Ville de La Rochelle

Noéés force de propositions pour juguler le prix du foncier à la Rochelle
Noéés force de propositions pour juguler le prix du foncier à la Rochelle

Note :

[1] Noéés

[2] Sources et carthographie
[3] Clameur
[4] Sud Ouest :

[5] Sources : efficity.com
[6] Sources : http://www.meilleursagents.com/prix-immobilier/

[7] Gentrification

[8] Source : http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/la-rochelle-reclame-l-encadrement-des-loyers-7774337974

[9] Source : http://www.sudouest.fr/2014/11/04/la-taxe-d-habitation-pourrait-etre-alourdie-de-20-pour-certaines-residencessecondaires-1725577-705.php

[10] Source : http://insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=12&ref_id=11660

[11] Source : http://www.territoires.gouv.fr/le-plan-de-renovation-energetique-de-l-habitat
[12] Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/frederic-denhez/120914/il-ny-aura-pas-de-transition-energetique-sans-unerevolution-du-foncier

[13] Source : http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/paris-des-logements-sociaux-bientot-crees-au-sein-d-immeubles-en-copropriete-05-12-2014-4350617.php

[14] Les politiques foncières - Joseph Comby (Auteur) -  Vincent Renard (Auteur) : http://livre.fnac.com/a139980/Joseph-Comby-Les-politiques-foncieres

 

Pour en savoir plus :

- 1er novembre : Noées - La Rochelle Perspective est né

- Charte promoteurs de Saint Ouen

- voir rapport du Sénat : Les facteurs fonciers et immobiliers de la crise du logement

- Logement : la flambée des prix du foncier dénoncée par une association de consommateurs

- L’association Noéés propose une charte pour doper le logement « abordable ». Le point

- Immobilier dans l’agglomération rochelaise : « Provoquer un choc de l’offre »

- L'obligation de 30% de logements abordables vous semble-t-elle suffisante ?

- Les locations sur Airbnb : Un système qui inquiète à La Rochelle

- La Rochelle : le boom du marché immobilier

- l'Humanité : Des "chartes promoteurs" pour défendre le droit à la ville

- Les logements neufs trop chers pour les classes modestes et moyennes ?

- Comment la France a tué ses villes

- Didier Robineau promoteur à La Rochelle (Eurotim), vice-président de la Fédération régionale des promoteurs immobiliers : Agglo rochelaise : "Décidons d’un moratoire sur le logement social !"

- Il n'y aura pas de transition énergétique sans une révolution du foncier

- Noéés présente : la Charte de l'urbanisme pour faire face à la bétonisation anarchique de la Rochelle

- immobilier : avec un Smic, un salarié ne peut s’offrir que 26 m² à Bordeaux, et dix à Paris

- Terrain de Beauregard à la Rochelle : et en attendant, ça flambe " Plusieurs raisons expliqueraient en partie l’inflation d’un terrain aussi vierge qu’au début : droit à bâtir, portage foncier, explosion du marché rochelais "

- Charente-Maritime: la reprise du marché immobilier se confirme et à La Rochelle, ce sont les programmes neufs qui tirent les prix vers le haut

- Immobilier à La Rochelle : pourquoi les prix du neuf vont encore augmenter

- Des pauvres relégués à la campagne Exode urbain, exil rural

- Logement : reconquérir La Rochelle pour les familles et jeunes couples

- La Rochelle : des travailleurs saisonniers à la rue faute de logement

- Pendant que Paris se contente de les « encadrer », Berlin gèle les loyers pendant cinq ans

- Stupéfiant rapport de la fondation Abbé Pierre

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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 09:00
(Crédit photo : Petras Gagilas - Flickr)

(Crédit photo : Petras Gagilas - Flickr)

Interview - Du béton, des rues, des transports, mais aussi des passants qui portent leurs effets personnels et leurs courses. Pour que la ville durable voie le jour, il faut bien connaître la « logistique piétonne », assure Franck Cochoy, sociologue.

 
Source : terraeco.net

Dans les rues des villes, les citoyens se promènent ou vaquent à leurs occupations, souvent encombrés de cabas, de sacs à dos ou de poches plastique. Car la charge portée par les urbains a largement augmenté depuis un siècle. C’est la conclusion d’une étude franco-suédoise qui s’est penchée sur les photographies de deux rues, l’une à Toulouse, l’autre à Göteborg, en Suède, à quatre périodes différentes : avant la Première Guerre mondiale, dans l’entre-deux-guerres, dans les années 1950 et 1960 et enfin, aujourd’hui. Or, soulignent les chercheurs, si l’on veut pousser les gens vers les transports doux ou publics, la « logistique du piéton » doit être prise en compte. Elle est pourtant largement ignorée par les concepteurs de la ville durable, souligne Franck Cochoy, sociologue et coauteur de l'étude franco-suédoise et d’une autre plus ancienne « Places et déplacements : une archéologie statistique de la logistique piétonneouce  » résumée dans la revue Mondes sociaux.



- Terra eco : Qu’est ce qui a motivé votre recherche ?

Franck Cochoy : Elle avait pour ambition d’examiner des comportements quotidiens très banals, comme le fait de transporter ses courses, et de montrer leur impact sur la vie de la cité. Dans une ville que l’on veut durable, on fait en sorte que les gens utilisent des transports doux, qu’ils aient moins recours à la voiture, qu’ils consomment près de chez eux. Mais cela a des effets sur l’encombrement des personnes, cela peut entraîner de la peine, de la fatigue, de l’embarras. Si l’on se focalise sur l’urbanisme ou l’installation des bus électriques en oubliant de considérer la logistique du déplacement piéton, les politiques d’encouragement à la ville durable risquent de rester un vœu pieux.

Or, c’est déjà le cas. Dans les vidéos, les dessins d’architectes, les maquettes en 3D qui dessinent la ville de demain, les piétons représentés ne portent très souvent rien. La ville est pensée comme un ensemble de béton, d’aménagements, de transports avec des gens presque tout nus. D’ailleurs, quand on a présenté notre étude, on n’a pas bénéficié de beaucoup d’attention de la part des élus. Notre enquête leur a paru un peu farfelue. Les gens aiment bien qu’on leur parle politique, mais peu de choses pratiques.

 

 

- Terra eco : Quelles sont les conclusions de votre étude ?
Franck Cochoy : Dans ces deux rues photographiées à travers le temps, on a regardé si les gens portaient des chapeaux ou non, quel était leur sexe, s’ils s’agissait d’adultes ou d’enfants. Et puis, on a pensé aux mains. Est-ce qu’ils ont les mains libres ? Est-ce qu’ils ont les mains dans les poches ? Qu’est-ce qu’ils portent et à quel endroit de leur corps ? Sur un siècle, on s’est rendu compte que la quantité d’objet transporté par personne s’est accrue.

On peut expliquer ce phénomène par l’accroissement du pouvoir d’achat, par la progression de la société de consommation, mais aussi par le recul de la domesticité. Il n’y a pas beaucoup de gens aujourd’hui qui paient pour qu’on leur porte leurs colis ou leurs bagages, à part peut-être dans les hôtels de luxe. Certains pourront interpréter cette progression de la charge par personne comme quelque chose de positif – l’évolution vers une société plus égalitaire, une capacité d’achat étendue. D’autres le verront sous un jour négatif : la progression d’une société de consommation dans laquelle on acquiert et transporte des choses superflues.

La deuxième chose que l’on a observée, c’est le taux d’occupation des mains. Alors que le nombre de choses portées augmente, le pourcentage de mains libres sur les photos reste étonnamment le même. Ce paradoxe s’explique par l’évolution des technologies de portage. On utilise de plus en plus les dos et les épaules – grâce à la multiplication des sacs en bandoulière et des sacs à dos – pour porter nos affaires. Mais si cette évolution concerne la manière dont on transporte les effets personnels, ce n’est pas vrai des sacs de caisse qui sont toujours portés exclusivement à la main. C’est comme si les commerces avaient un siècle de retard sur l’évolution des pratiques.



- Terra eco : Vous dites dans votre étude que, pour encourager la fréquentation des transports en commun et éviter que les gens ne se tournent vers la voiture pour des questions d’encombrement, il faut organiser le portage. Est-ce à dire qu’il faut encourager la distribution de sacs jetables en bandoulière ? Ce n’est pas très durable…
Franck Cochoy : Notre rôle s’arrête aux observations. Nous ne sommes pas là pour faire du design industriel. D’ailleurs, notre étude peut poser de vraies questions en terme de durabilité. Des militants pourraient aussi se demander : « Faut-il rendre la vie des consommateurs plus aisée alors que la consommation entraîne le gaspillage ? » Mais ce qui nous intéresse avant tout, c’est de montrer que des choses qui paraissent aller de soi affectent la manière dont on vit, la préférence accordée à tel ou tel mode de transport. Celui qui circule en vélo a une empathie par rapport au sac à dos. Un piéton qui entre dans un bus est confronté à une nouvelle problématique.

Si vous interrogez les gens en leur demandant comment ils vivent avec leurs sacs, ils vous rient au nez. Ils n’ont rien à dire. Et pourtant, leur propre corps réagit à la charge. Et s’ils sont trop encombrés, ils prennent la voiture sans vraiment réfléchir consciemment à ce choix. Si on pense bien les objets, les aménagements, on peut agir sur les mouvements. Au caractère un peu trop provocant de l’image près, c’est un peu comme du bétail que l’on canaliserait avec des barrières. La ville, c’est un flux, on peut fluidifier les choses sans forcément que les usagers s’en aperçoivent.

Notre étude, puisqu’elle est internationale, permet aussi de combattre la représentation culturelle. Les gens adorent expliquer les différences de comportements par la culture. Quand on compare l’usage du vélo à Amsterdam ou à Copenhague – où environ un tiers des déplacements se font à vélo – à celui en France – qui tourne autour des 4% –, on explique souvent la différence par une culture plus accentuée du vélo dans les deux premières villes. Mais c’est avant tout une affaire d’infrastructures et de décisions politiques ! A Copenhague, quand il y a des chutes de neige, la voirie déneige en premier lieu les pistes cyclables. Pour la logistique piétonne, c’est pareil. Ça ne veut pas dire que les gens doivent forcément se saisir de cette question d’encombrement. Ça signifie en revanche que les gens qui aménagent l’espace doivent y réfléchir.

 

Pour en savoir plus :

- Voyez le déclin des centres commerciaux américain

- Ringards mais toujours conquérants, les centres (...)

- Le temps des renaissances ?

- Comment la France a tué ses villes

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 09:00
Des carottes dans le ciment : l’agriculture urbaine.

Sources : Le 4eme singe - posté dans  Agriculture, Alimentation, Alternatives [1]

Alors que les architectes et autres aménageurs du territoire préparent les nouveaux plans de développements, ils pensent très certainement aux routes, aux parkings, mais pensent-ils aux plantations productives, aux rôles des toits végétalisés et à la biodiversité ? Certainement pas. Ayant visité d’excellentes initiatives d’agriculture urbaine ces dernières années, cela me semble honteux pour deux raisons. Premièrement parce que l’agriculture urbaine est un domaine en expansion très rapide, et en le laissant donc de côté, ils prennent du retard, et deuxièmement parce qu’ils dessinent un futur qui en aura certainement grandement besoin. L’agriculture urbaine est un concept avant-gardiste. C’est ce dont nous avons besoin maintenant.

 

Afin d’amener l’agriculture urbaine et son potentiel dans nos discussions de ce mois-ci sur le sujet de la « Réimagination de l’urbanisme », qui de mieux pour en parler qu’André Viljoen et Katrin Bohn, architectes, universitaires et auteurs du livre récemment publié « Une seconde nature, l’agriculture urbaine : dessinez des villes productives ? ». Leur premier livre « Paysages Urbaines de productions continues », publié en 2004, insérait l’idée d’agriculture urbaine dans la profession d’architecte. Beaucoup de choses ont changé depuis. Je les ai contactés via Skype il y a de ça quelques semaines. Comme m’avait dit André, lorsqu’ils ont proposé il y a 10 ans à des éditeurs un livre sur l’agriculture urbaine la réaction avait été « L’agriculture ? On fait l’architecture ! ».

 

book

Le changement depuis leur premier livre a été remarquable. Par exemple, la ville de Berlin a adopté une stratégie urbaine de production, et de nombreuses histoires sur la façon dont cela se propage dans le monde sont présentées dans ce livre (quelques initiatives de villes en transition et leur travail sur la production urbaine de nourriture s’y trouvent aussi). Le livre se présente comme un recensement des plus récentes recherches et projets en la matière ainsi qu’un outil pour mettre en place de l’agriculture urbaine. Et c’est un succès dans les deux cas.

 

 

- L’agriculture urbaine et la nouvelle économie

Une des premières choses qui ressors du livre c’est combien les initiatives d’agriculture urbaine, à l’instar des groupes de transition, essayent d’inclure le concept de viabilité économique.

 

  • J’ai questionné Katrin sur cette tendance :

« Certains des exemples du livre fonctionnent et sont rentables. C’est LA condition pour que l’agriculture urbaine ait un véritable avenir. Mais cela ne signifie pas que ces schémas économiquement viables doivent être orientés vers la recherche du profit. Ils peuvent être des entreprises sociales. Mais ce que l’on a remarqué ces 10 dernières années, ce qui est crucial, c’est que si l’on veut maintenir cette affirmation de faisabilité pour l’agriculture urbaine, afin de changer les apparences des villes, on doit proposer des concepts dans lesquels l’agriculture est aussi un facteur économique. Cela ne peut pas rester sous forme de jardins communautaires. »

 

Pour Katrin, l’émergence de ces initiatives d’agriculture urbaine économiquement viables, un peu partout dans le monde, lui permet d’affirmer « Oui, l’agriculture urbaine est une bonne idée. Parce que l’on peut voir ces modèles qui fonctionnent ».

 

hackney

 

 

 

 

 

 

 

 

L’un des jardins du marché communautaire de Hackney.

 

L’un des meilleurs exemples de cela, qu’André tenait à souligner, ce sont les « Growing Communities de Hackney » à Londres. Ils ont construit une entreprise en expansion, qui inclus des formations, des potagers destinés aux marchés urbains, et un modèle en permanente évolution sur comment Londres pourrait mieux se nourrir.

 

  • Cependant, André reconnait que :

« Bien que l’on puisse constater l’émergence de ces projets qui commencent à être rentables économiquement, il y a toujours beaucoup de travail et les gérants doivent fournir un travail considérable. La plupart d’entre eux ont plusieurs sources de revenus. »

 

Comme exemple, il a cité ce qui est certainement la ferme sur toit d’immeuble la plus connu du monde, la Brooklyn Grange Farm à New York. Leur rentabilité économique ne provient pas simplement de la production de nourriture, mais d’une approche entrepreneuriale plus globale, m’a-t-il expliqué.

 

  • Ainsi :

« Ils opèrent économiquement en fonction de la quantité de nourriture qu’ils produisent, et celle-ci est importante, mais ils louent aussi l’espace pour des festivités, des mariages, des fêtes et d’autres évènements. C’est une partie importante de leur revenu à ce stade. Ceux qui fonctionnent uniquement grâce à la production ont tendance à utiliser l’hydroponie sur les toits. Ils sont légers, ils produisent intensivement et de manière conventionnelle, et je pense que ce qui peut être intéressant, c’est de se demander si l’hydroponie pourrait être converti en aquaponie ce qui se rapprocherait plus de systèmes fermées. »

 

brookBrooklyn Grange Farm, New York.

 

- Le défi de changer d’échelle

Un autre point clé pour rendre l’agriculture urbaine économiquement viable, selon André, c’est de la considérer comme partie intégrale d’un système circulaire fermé utilisant les déchets urbains pour le compost et l’alimentation.

 

  • Il le formule ainsi :

« Si ce point est compris alors il devient plus probable de la rendre économiquement viable en la pensant en relation avec le flux de déchets. »

 

Mais comment changer d’échelle ? Je suis intrigué par comment ils pensent possible l’adoption de l’agriculture urbaine par les architectes et autres aménageurs du territoire comme une donnée classique de leurs planifications.

 

  • Katrin m’a dit :

« A Brighton, où nous sommes basés, le conseil a inscrit dans son planning de renseignements un petit changement sur le site web, et lorsque vous soumettez une demande d’aménagement, ils vérifient l’espace de parking, la surface de fenêtres, la surface des balcons, mais aussi si vous réservez un espace pour faire pousser de la nourriture ».

 

Pour elle, cela pourrait être à travers ce genre de législation, qui est actuellement testée à Brighton et ailleurs, que l’agriculture urbaine pourrait se voir accepter, et inscrite. « La meilleure façon pourrait être via ces législations afin que les gens comprennent que leur conseil exige quelque chose et qu’ils bénéficieront donc d’aide pour cela », m’a-t-elle confié.

 

Ceci est possible à Brighton grâce aux Food Growing and Development, et à la note de suggestion que le conseil a mis en place en partenariat avec le département de Brighton and Hove Food. Bien que cela ne soit pas une condition pour obtenir un permis de construire, cela signifie que vous si vous suivez leurs recommandations vous bénéficierez d’un regard favorable sur votre demande. À Brighton, m’a confié André, « cela a eu un impact très important sur les demandes incluant des espaces de maraichage. »

 

  • Une nouvelle question vient alors se poser, comme André l’explique :

« Le challenge qui se profile alors est le suivant, si vous introduisez des espaces de maraichage, nous savons comment les mettre en place, mais reste la question de qui va s’en occuper et les faire évoluer. »

 

 

- Recenser les bénéfices de l’agriculture urbaine

Un des points clé pour étendre l’agriculture urbaine c’est de montrer les preuves indéniables des nombreux bénéfices qu’elle procure.

 

  • Comme André me l’a dit :

« Il y a de nombreuses études qui documentent les bienfaits pour le mental d’avoir accès à un espace ouvert, la cohésion sociale est améliorée grâce au maraichage en communauté. Le programme « Pouce Vert » à New York qui soutient les jardins communautaires a amassé bien des preuves des bénéfices sociaux et sanitaires, physiques et mentaux, de ces espaces. »

 

Mais il y a d’autres intérêts. André a pris l’exemple du High Line in New York, et bien que cette initiative soit principalement un jardin de plantes ornementales plutôt que comestibles, cela reste très attractif pour les gens, et cela a augmenté les prix du quartier. Prinzessinnengarten in Berlin nous montre bien que l’agriculture urbaine est un concept esthétique que les touristes apprécient, et un autre potager urbain, Marzahn, toujours à Berlin, témoigne de l’augmentation de l’attractivité d’un « quartier défavorisé » grâce à l’agriculture urbaine.

 

ruchesRûches au Prinzessinnengarten, Berlin.

 

 

- L’agriculture urbaine et la profession d’architecte

L’architecture est, comme le monde de la mode, soumis à des tendances. Ce qui est cool une année ne l’est plus l’année d’après, et la super idée de cette année pourrait se retrouver démoder dans 4 ans. Comment éviter cela ? Comment être sûr que l’agriculture urbaine soit durablement intégrée ?

 

  • Katrin admis que c’était effectivement un risque.

« Nous en sommes au stade où il nous faut faire comprendre aux gens l’importance de ces espaces en termes de parties essentielles des infrastructures écologiques d’une ville, de l’infrastructure de base d’une ville. Si ce pont mental est franchi, et si nous apportons suffisamment de preuves que c’est bel et bien le cas, alors ces espaces serons définitivement incorporées dans nos villes.»

 

En partant de ça, pour André et Katrin, il est aussi essentiel pour le développement de l’agriculture urbaine qu’il y ait beaucoup de recherches. Ils font partie d’un projet de recherche appelé « Transformations Urbaines, de la pratique à la règlementation ». En termes de recherche, André souligne le travail de Debra Solomon aux Pays-Bas, qu’elle a appelé « Urbaniahoeve ». Ils introduisent des paysages comestibles dans nombres de villes là-bas. Leur préoccupation majeure, en attendant la conférence de septembre 2015, est de développer des outils afin d’orienter et de faire émerger des changements dans les règlementations, en terme d’agriculture urbaine.

 

 

- Pour finir

« Seconde Nature Agriculture Urbaine » est assez extraordinaire. Si nous voulons créer un environnement qui s’inscrive dans ce futur à faible cout carbone que nous souhaitons tous, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas y inclure d’agriculture urbaine. Celle-ci doit être partout, et ce n’est clairement pas le cas pour l’instant, ça ne se propage pas assez vite. Je vous recommande fortement la lecture de ce livre.

Rob Hopkins.

 

Note :

[1] Traduction d’un article du blog de Rob Hopkins (co-fondateur du mouvement des villes en Transition)

 

Pour en savoir plus :

Une vidéo extraite du documentaire « Sacrée Croissance! » de Marie-Monique Robin :

Amy : L'agriculture urbaine transforme les villes - Sacrée croissance - ARTE

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 16:06
Il n'y aura pas de transition énergétique sans une révolution du foncier

Transition énergétique ? Occupez-vous d’abord du foncier !

 

Ministres et spécialistes n’ont que ce mot en bouche : il faut ré-no-ver les logements de façon à ce qu’ils consomment moins d’énergie. C’est bon pour le porte-monnaie, la balance commerciale de la France, l’emploi, l’atmosphère, la Planète.

Sans cela, nous n’atteindrons jamais les objectifs de réduction de nos gaz à effet de serre retenus par l’Europe. La maison (et le bureau), c’est il est vrai autour de 40 % de notre consommation énergétique. Un poste important !

Pour chacun de nous, c’est la facture la plus lourde, surtout en hiver. Alors, i-so-lons ! Changeons la chaudière ! Installons un compteur in-te-lli-gent ! on ne peut pas faire autrement. L’avenir est à ce prix.

 

Source : Médiapart par Frédéric Denhez mis à jour le 02/07/2022

- Très cher, la rénovation énergétique…

Très élevé, ce prix. Entre 10 000 et 50 000 € selon l’état énergétique du logement, les matériaux choisis et les coûts de main-d’œuvre. Une facture importante que la baisse de la consommation induite ne permet pas de compenser, car celle-ci ne résiste pas longtemps à la hausse constante du prix du kWh. En cinq ans environ le bénéfice est annulé. D’autant que s’ajoute à la bête mais tenace hausse du coût de l’énergie, l’effet de notre psychologie : j’en ai souvent parlé, l’effet rebond rogne de 30 à 50 % les économies réalisées en raison du fait que nous profitons de celles-ci pour, par exemple, monter légèrement la température de consigne de la chaudière toute neuve.

 

La rénovation énergétique des logements comprend aussi des coûts cachés, des « externalités », qui peuvent en annuler totalement l’intérêt. Car c’est une affaire très technique que d’envelopper un bâtiment dans une peau censée réguler ses échanges avec l’extérieur, installer des panneaux photovoltaïques, une vanne trois voies ou une VMC double flux. Il faut des compétences que tous les artisans n’ont pas, d’autant que les matériels et matériaux évoluent vite tout en se complexifiant. Rénover, ce n’est pas coller du BA-13 derrière un parpaing. Surtout, il faut aux professionnels penser le bâtiment dans son ensemble, en modélisant bien la circulation de l’air, l’humidité, les inévitables ponts thermiques (voyez cette thermométrie édifiante de FLIR Systems en photo de haut de page), l’inertie thermique des murs.

 

Dans les faits, une bonne rénovation nécessite souvent un maître d’œuvre. Sinon, on doit se préparer à des malfaçons et, à tout le moins, des désillusions. Une isolation de murs en pierre par l’intérieur conduit souvent à pourrir ceux-ci par l’humidité qu’auparavant ils pouvaient évacuer. Mais une isolation par l’extérieur qui a mal traité les ponts thermiques que sont les appuis de fenêtre peut aussi conduire à une accumulation d’humidité (et donc, une perte de chaleur), à ce niveau. Rénover une maison tout en laissant la cheminée ouverte et les fenêtres sans volets n’a pas non plus beaucoup de sens.

 

 

- … parce que trop cher, le mètre carré !

Il ne faut donc pas attendre de la rénovation thermique des bâtiments les bénéfices mirifiques qui sont affichés. Il y aura des pertes. Mieux vaudrait, si l’on était cohérent, casser les passoires (disons que c’est la moitié du bâti actuel) pour construire à la place des bâtiments réellement « passifs ». Mais là encore, attention ! Ils sont chers, beaucoup plus que ce que l’on dit : pas 3 ou 4 % en plus, mais 20 à 30 %, à moins qu’on ne les bâtisse soi-même, ce qui est parfaitement possible (en kit, par exemple), moyennant beaucoup de temps. Faire construire est coûteux parce qu’encore une fois les matériaux et les matériels performants sont chers et complexes, et les bons artisans se font désirer.

C’est le prix à payer pour moins consommer qui in fine empêchera la transition énergétique d’atteindre ses nobles objectifs. Prix d’autant plus élevé que… le prix du logement, avant même d’en changer les fenêtres, est, en France, exorbitant. Comment voulez-vous inciter les Français à ré-no-ver alors qu’ils ont au cou la corde bancaire pour une génération ? Qu’ils vont claquer le tiers au moins de leurs revenus durant la période où ils seront le plus productifs pour simplement faire partie de la caste enviée des propriétaires ? Tant que les prix ne chuteront pas, que le système de Ponzi du marché immobilier ne se sera pas effondré, il ne pourra y avoir de transition énergétique.

 

Vu comme ça, la question trouve une réponse dans la polémique stérile et pathétique sur la loi Alur. C’est elle qui aurait gelé toute construction en France, alors qu’elle n’est même pas entrée en action, faute de décrets d’application ! Cette tentative d’encadrer les loyers, certes très mal vulgarisée, a été vidée de son sens par le lobby immobilier qui n’a pas intérêt à ce que l’offre rejoigne enfin la demande. La société non plus d’ailleurs : si le marché de l’immobilier - et de la terre agricole - est délirant en France, c’est parce que les propriétaires et ceux qui espèrent l’être y ont tout intérêt. Pour compenser le coût du crédit, rien de tel en effet que l’espoir d’une forte plus-value à la revente. Or, celle-ci naît de la faiblesse de l’offre par rapport à la demande. Et puisque tout le monde veut être propriétaire, il faut que les prix montent en permanence, c’est-à-dire qu’il y ait toujours moins de logements pour toujours plus de gens prêts à payer toujours plus chers. Ce dont ensuite tout le monde se plaint, y compris la Fédération des promoteurs immobiliers après s’être félicité du doublement de la valeur de la maison en dix ans. C’est bien cela, un système de Ponzi (excellente infographie de Idé, pour la Dépêche).

 

 

- Que faire ? Précipiter l’éclatement de la bulle…

Vous en doutez ? La hausse va continuer ? La bulle est un fantasme ? C’est toujours « le moment d’acheter », comme disent les magazines ? 

 

Regardez ces graphes :

  • le premier (que j’ai réalisé à partir de données d’Empruntis.com et du Huffington Post) montre ce que l’on peut acheter à Paris, en remboursant 1 500 €/ mois durant 20 ans : trois fois moins de surface qu’il y a 17 ans, alors que les taux de crédit ont été divisés par 2 ! Et dire que le lobby immobilier continue d’affirmer que seule la baisse des taux relancera le secteur… Si l’on prolonge la tendance, la capacité d’achat sera de 0 m2 aux alentours de 2030. Absurde !

 

 

  • Le second graphique, issu de l’incontournable équipe de Jacques Friggit, au CGEDD, montre la même chose d’une façon différente : combien de temps faut-il pour s’acheter le même bien moyen, en France ? 27 ans, contre 13 ans en 1997 ! Regardez bien l’année 1991 : ça grimpe, et ça chute sévère pour près de dix ans. À bon entendeur…

 

 

  •  Le troisième graphique, lui aussi sorti des cerveaux de l’équipe de Friggit, montre à quel point le marché est déconnecté de l’économie réelle : la courbe de l’indice prix/revenus (en noir), qui monte lorsque les prix augmentent plus vite que les revenus, ou quand ils baissent moins vite que les revenus, se situe aujourd'hui à un gouffre béant d’écart de celle indiquant le nombre de ventes (en rouge). Autrement dit, nous sommes dans une bulle. Pour savoir ce que ça fait, une bulle, quand elle éclate, je vous renvoie au graphique précédent.

 

Conclusions :

1) tout est en place pour que la pyramide de Ponzi s’écroule,

2) l’histoire montre que les taux bas sont une incitation à acheter qui entretient la hausse des prix. Et inversement. Le prix d’achat est définitif alors qu’un emprunt peut se renégocier. Mieux vaut donc préférer acheter avec des prix bas et des taux élevés que l’inverse, les deux étant toujours liés. L’éclatement de la bulle viendra donc sans doute de la hausse des taux. Ça tombe bien, le taux directeur de la BCE, qui vient d’être abaissé, ne pourra plus aller plus bas…

 

 

- … et abolir la propriété, telle qu’elle existe en France

Comme les taux bas, aider une fois encore les aspirants propriétaires à grands coups d’argent du contribuable ne fera que maintenir les prix à un niveau trop élevé. Les subventions ont toujours créé un effet d’aubaine pour les vendeurs, elles n’ont jamais fait baisser les prix ni incité à construire. Sinon, on l’aurait remarqué. La France est droguée aux aides publiques. Parce que chez elle la propriété est une pathologie. Une dictature mentale qui la rend dingue, immobilise un argent considérable qui ne circule pas dans l’économie (celle de la rénovation énergétique !) et réduit le niveau de vie des Français.

 

Il faut nous soigner.

En rendant la propriété pas plus attractive que la location ou qu’un placement financier. Encadrer le marché serait un minimum. Fixer des prix maximums, appliquer des impôts confiscatoires au-delà. C’est le cas dans la plupart des pays d’Europe du Nord y compris en Allemagne que l’on aime tant à copier. Allez voir un peu de l’autre côté du Rhin comment les loyers et les bails sont encadrés ! Une sorte de fermage urbain. On ne peut pas dire pour autant qu’Angela Merkel est à la tête d’un bastion communiste.... Non plus du Danemark, des Pays-Bas ou de la Suède !

 

Or, dans ces pays, la propriété n’est qu’un ensemble de droits et devoirs réglementant l’usage du foncier… qui n’appartient à personne, si ce n’est à tout le monde. Bien public, le foncier n’est pas aliénable. Attribuable pour x années, il n’est pas achetable, mais à louer. Quand vous achetez un appartement à Rotterdam, vous ne payez que les murs, pas le sol. Un loyer trimestriel est réclamé par la collectivité pour l’utilisation de celui-ci. Ces pays construisent beaucoup parce que la propriété n’est pas une fin en soi, et aussi parce que les promoteurs et les acheteurs n’ont pas le foncier à acquérir avant même d’avoir coulé la dale de béton ! Qui plus est, dans le neuf, les coopératives d’acheteurs, maîtres d’œuvre, font bâtir sans passer par un promoteur. Encore cela de gagné.

 

Imaginez cela en France…

 

Foncier = bien public pour que l’énergie n’aggrave plus les inégalités sociales

 

 

...oui mais cela reviendrait à abolir la propriété telle qu’elle existe en France depuis la Révolution.

  • Parce qu’il faudrait considérer que le foncier urbain est un bien public géré par les collectivités, et que le foncier agricole, de par son importance fondamentale pour notre alimentation, est un bien commun sous la responsabilité de la Nation.
  • Parce qu’il faudrait planifier sur le long terme l’allocation du foncier pour tel ou tel usage, à l’échelle de chaque bassin de vie, c’est-à-dire le nombre et l’emplacement des logements, le nombre de logements à rénover, année après année, sur au moins une génération.
  • Parce que le permis de construire ne serait plus dans les mains des maires, mais d'un petit millier d’agglomérations.

 

Certes, une telle transition foncière serait douloureuse pour les propriétaires actuels à qui la folie du marché a injecté l’espoir de caresser un jour l’état de rentier. Mais en laissant faire, la dictature du foncier privera nos enfants et petits-enfants de tout espoir de se loger décemment, près de leur travail, et leur interdira de vivre en consommant peu d’énergie. Des logements énergivores situés loin des villes : la dictature du foncier enchaînera les générations de demain à la dictature de la voiture, laquelle compte dans le budget énergie des ménages autant que le chauffage de la maison… En tout, 10 % du budget mensuel familial (limite théorique de la précarité énergétique, 16% pour les familles les moins aisées ou habitant le plus loin de leurs lieux de travail, ou les plus âgées - dont les logements sont trop grands, mal isolés, chauffés au fioul), en ne comptant que le gaz, l’électricité, le bois, l’essence. Avec le budget total de l’auto, on arrive à 16-17% (25-30% pour les familles citées). Immobilier, énergie, voiture, le triple étranglement pour une part croisante de la population chaque jour plus fragilisée par la crise.

 

La transition énergétique est une question foncière parce qu’elle est une question sociale. Tant que la classe moyenne peinera à se loger, elle consommera toujours trop d’énergie.

 

Vous l’avez compris, il n’y aura pas de transition énergétique avec un marché immobilier en roue libre. La transition est en fait une révolution foncière. Y compris pour la terre agricole, mais de cela je vous causerai plus tard.

 

 

 

 

 

- Question : faut-il aussi en finir avec la propriété immobilière lucrative ?

Dans le fond, est-il acceptable qu’une minorité de la population s’enrichisse de la galère à se loger de la majorité des autres, et ce, de façon exponentielle dans le temps ?[1]

 

Note :

[1] Pourquoi il faut en finir avec la propriété immobilière lucrative ?

- (billet repris samedi 13 septembre dans CO2, mon amour, sur Inter : http://www.franceinter.fr/emission-co2-mon-amour-avec-jean-louis-fournier-ecrivain-facetieux)

- docs : ponts thermiques © FLIR systems, Ponzi © idé/La Dépêche, mètre carré © Empruntis/Huffington Post/FD, durée d’emprunt et prix/CGEDD.

 

Pour en savoir plus :

- Pour l'historien Pierre Vermeren, une des solutions pour atténuer les fractures relevées par Christophe Guilluy dans son livre La France périphérique pourrait être de réaménager nos centres-villes.

- Les facteurs fonciers et immobiliers de la crise du logement

- L’association Noéés propose une charte pour doper le logement « abordable ». Le point

- La Rochelle : l'obligation de 30% de logements abordables vous semble-t-elle suffisante ?

- Réglementation thermique : la RT 2012 contre-productive ?

- Selon la Fédération des promoteurs immobiliers, les prix des logements neufs ont bondi de 17% depuis 2008, pénalisant les classes modestes, moyennes et les jeunes

- Stupéfiant rapport de la fondation Abbé Pierre

 

- sur Foncier = bien public pour que l’énergie n’aggrave plus les inégalités sociales

- Dissocier le foncier de l’immobilier

- DISSOCIER LE FONCIER ET LE BÂTI, UNE DES NOMBREUSES PROPOSITIONS POUR FAIRE BAISSER LE PRIX DES LOGEMENTS

- Proposition de loi déposée par Jean-Luc Lagleize (Modem)

 

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 14:03
Avec Duflot, c’est la hausse des loyers, à toute Alur !

Mardi 4 Mars 2014
Source : le Parti de Gauche Jeanne Bouyat et Mathilde Panot

La loi Duflot pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové (Alur), adoptée ce 20 février 2014, est vendue par le gouvernement comme une loi équilibrée et répondant avant tout à un « impératif de justice sociale ». Or cette loi adopte un parti pris très clair pour les propriétaires au détriment des locataires et des plus précaires déjà fortement touchés par la crise du logement.

 

-La situation insupportable du logement en France

10 millions de personnes subissent aujourd’hui la crise du logement en France selon la Fondation Abbé Pierre. Parmi elles, on compte 3,5 millions de mal-logés, 3,8 millions qui souffrent de précarité énergétique et environ 141 500 qui dorment dans la rue. Ce nombre a augmenté de moitié en 10 ans. La spéculation foncière, elle, bat son plein : les loyers des HLM et du parc locatif privé ont respectivement augmenté de 29% et 44,2% des dix dernières années, et les prix à l’achat ont plus que doublé ! De plus les expulsions locatives ne donnent pas lieu à des relogements dans presque deux tiers des cas (70% en île de France par exemple !) tandis que le nombre de logements vacants a doublé en 35 ans (7% du parc de logements ordinaires). La course effrénée aux profits, a ainsi permis aux sociétés immobilières d’engranger 340 milliards ces trente dernières années !

 

Pourtant la loi Alur, malgré l’objectif affiché de « réguler les dysfonctionnements du marché », ne permettra pas d’encadrer ce marché immobilier ni de garantir un accès au logement digne pour tous.

 

La mesure phare de la loi est la mise en place d’un système d’encadrement des loyers, une promesse de campagne du président Hollande. Des observatoires des loyers fixeront un loyer médian de référence spécifique à l’aire géographique. Les loyers devront alors être compris dans une fourchette allant de - 30% du loyer de référence à une majoration de + 20% de celui-ci.

 

Ce système ne permet pas de faire baisser les loyers ni de lutter efficacement contre leur hausse. En effet, le système ne joue pas sur les niveaux des loyers mais sur les écarts : il se contente d’interdire les trop grandes différences de loyers : si le niveau est très élevé partout, comme c’est le cas en région parisienne ou dans certaines grandes villes, son effet est nul !

 

De plus, la loi permet aux bailleurs de faire sauter ce maigre verrou avec « un complément de loyer exceptionnel » à la suite de travaux d’aménagement ou si le logement présente des «caractéristiques, notamment de localisation ou de confort» particulières. Cette terminologie floue permet une grande latitude pour les bailleurs et vide donc de son contenu cette mesure déjà faible.

 

Mais la réalité est pire ! Comme le dénonce la plate-forme des mouvements sociaux et la Fondation Abbé Pierre : le système impose une spirale inflationniste par le bas, en encadrant à la hausse les loyers les moins chers d’une zone donnée, touchant donc les plus précaires tandis que seuls les loyers les plus chers donnée seront eux limités. Un effet d’aubaine pour ceux qui avaient déjà les moyens de payer un loyer cher.

 

De plus aucun critère écologique (qualité du bâti, performance énergétique) n’est inscrit dans le processus d’évaluation des loyers prévu par la loi. Or poser des critères écologiques pour évaluer des loyers est une mesure sociale et écologique : ils inciteraient les propriétaires à rénover les passoires énergétiques, qui généralement concernant les ménages les plus précaires, et les charges énergétiques pour les locataires seraient ainsi moins élevées.

 

-La garantie universelle du logement (GUL) : encore une manipulation

La loi crée également une garantie universelle des loyers, initialement obligatoire et qui, sous l’action de lobbying des propriétaires est à présent facultative.

 

Elle permet d’indemniser pendant 18 mois les bailleurs en cas d’impayés de loyers sans qu’ils n’aient à exiger de caution des locataires. D’après le gouvernement, elle est censée favoriser la mise en location de logements vacants, donner accès au logement à des personnes aux revenus modestes, et empêcher les expulsions locatives. En pratique, cette fausse sécurité sociale du logement va à l’encontre totale de ces objectifs. Elle ne permettra pas l’accès aux logements des étudiants et des précaires puisque la GUL n’est accordée que si le locataire dispose de revenu au moins égal au double du montant du loyer !

 

De plus, alors qu’elle pourra indemniser les propriétaires à hauteur du loyer médian de référence dans le cas général, elle est censée couvrir jusqu’au loyer majoré pour les étudiants et précaires pour faciliter leur accès au parc locatif. Mais en créant une situation particulière pour les plus défavorisés, cette mesure aboutit seulement à ce que ces étudiants et précaires paient des loyers plus chers (et les étudiants doivent en plus avancer une caution !). En outre, les expulsions sont toujours possibles à l’issue de la période de garantie…

 

Enfin, en devenant facultative, la mutualisation des risques est abandonnée puisque seuls les propriétaires anticipant un risque important d’impayés, choisiront d’y adhérer. Financée par l’impôt et les fonds d’Action logement, le dispositif sécurise ainsi la rente du capital immobilier des propriétaires en les couvrant par les ressources des collectivités publiques.

 

- Sans volonté politique, le gouvernement préfère la communication

Si la loi contient marginalement quelques mesures positives (encadrement des honoraires des agences immobilières, plafonnement des tarifs des syndics, réforme du système d’attribution pour simplifier les demandes de logements sociaux), elles ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux et manquent de volonté politique. D’autant que pour lutter efficacement contre les logements vides, le gouvernement aurait dû exiger leur réquisition. Cécile Duflot avait annoncé en novembre 2012 devant l’Assemblée nationale prendre des mesures dans ce sens. Il n’en est rien: 7% du parc locatif ordinaire est vacant, et sur les 100 000 logements repérés en Ile-de-France, aucun ont été réquisitionnés. Les dispositions actuelles incitent même à la spéculation : moitié moins des logements seront concernés par la taxe sur les logements vacants et la hausse des loyers sera facilitée si le logement n’est pas occupé les 24 derniers mois. Laisser vide son bien immobilier pour en augmenter le prix, il fallait l’inventer !

 

- La loi Alur est donc une vaste fumisterie, du sparadrap contre le mal logement !

Plutôt qu’un encadrement des loyers, le Parti de Gauche propose un système de blocage par une loi qui impose la baisse immédiate et générale de l’ensemble des loyers, et notamment un gel des loyers HLM. La question du logement est un axe prioritaire du programme l’ « Humain d’abord ». L’urgence actuelle ne peut se contenter de mesures anecdotiques voire contreproductives. Osons la réquisition, la préemption locative et la taxation de logements vides, pour lutter contre la spéculation immobilière. Il faut mettre un terme à cette marchandisation, l’accès au logement pour toutes et tous est un droit ! C’est aussi un devoir d’un gouvernement responsable.

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-   Le point de vue du DAL

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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 21:51
La Rochelle &quot;VERTE et OUVERTE : Logement et Urbanisme

Source : La Rochelle 2014 VERTE et OUVERTE

Préambule

La Rochelle, ville des vitrines et des volets clos, est la proie des promoteurs immobiliers, à qui la municipalité a donné carte blanche, avec un PLU peu contraignant autorisant des R+4 sur les « boulevards », mais aussi dans des zones excentrées comme le Lieu-Dit Besselue, la rue des peupliers à Tasdon, en dépit des particularités patrimoniales et environnementales des sites…

 

Le programme d’urbanisation intensive n’est pas terminé puisque de nombreux projets sur Rompsay, Beauregard, Zac de la gare émergent, au détriment des riverains, de l’environnement et font concurrence à la restauration coûteuse de nombreux logements, pourtant à proximité des zones de service. Nous notons la conversion de grands logements en petits studios pour loger les étudiants, dans des conditions parfois précaires. Par ailleurs, l’attractivité de la ville valorise la location saisonnière plus rentable pour les propriétaires et responsable de la désertification de certains secteurs (Les Minimes) ou pire à l’intérieur des quartiers, brisant ainsi le lien social entre voisins.

 

Le logement social de la ville pourrait apporter un contrepoids à cette spéculation mais le vieillissement du parc HLM, l’opacité des conditions d’attribution et la multiplication des situations de précarité ne font qu’aggraver le problème du logement à La Rochelle

 

Les conséquences : vieillissement du parc, défiguration de certains quartiers, menace sur les zones humides et zones littorales, très convoitées par les promoteurs, exil des jeunes familles qui ne peuvent plus faire face au coût de la spéculation immobilière.

 

- Un SCOT caduc et incomplet

Au titre de sa compétence urbanisme et planification urbaine, l'agglomération a mis en place un SCOT (schéma de cohérence territoriale) à l'échelle de ses 18 communes. Ce schéma approuvé en 2011 est déjà caduc, du fait de l'arrivée de 10 communes en janvier 2014, mais aussi parce qu'il n'a pas été conçu avec les normes des lois Grenelle. Ces lois exigent la prise en compte de critères de développement durable : efficacité énergétique, nouvelles techniques de construction, économie des terres agricoles, accessibilité aux transports collectifs en alternative au « tout voiture », protection de la biodiversité, gestion des risques, accès au logement pour tous …

 

Dans ce SCOT, le développement économique et commercial, ainsi que la question des risques (naturels et industriels) ont été survolés voire ignorés. Les déplacements ont été pensés en dehors de la réflexion sur le SCOT et le plan de déplacements urbains, approuvé récemment, n'est pas connecté aux évolutions démographiques constatées dans le SCOT.

 

- L'étalement infini des zones commerciales et l'asphyxie des commerces de proximité : inéluctables ?

Le SCOT actuel ne prévoit aucune planification commerciale, et le projet de schéma d'aménagement commercial peine à sortir. En attendant, toutes les mauvaises idées d'extension de zones commerciales ont libre cours : alors que l'agglomération de La Rochelle est sur-dotée en m² de surface commerciale par rapport à d'autres villes moyennes de littoral ou touristiques, l'étalement des zones de périphéries, comme Beaulieu ou Angoulins, s'exprime à l'infini avec la bénédiction des élus locaux, grignotant les terres agricoles, des coupures vertes et surtout fragilisant le commerce de centre-ville, déjà mal en point.

 

Il faudra donc faire des choix. Nous préconisons l'arrêt de l'extension des zones commerciales au profit du soutien au commerce de proximité (centre-ville et quartiers). L'effort nécessaire de rénovation des zones commerciales existantes et de leurs accès (circulation, transports publics) devra passer après des dépenses plus urgentes (rénovation des façades en centre-ville, accès piéton, navettes de proximité ...).

 

- Le littoral et la biodiversité : une priorité

Enfin, du côté de l'Environnement, alors que le SCOT avait omis les risques submersion, Xynthia est arrivé. Depuis des décisions ont été prises par l'Etat pour tenter de prévenir le pire (Plan de prévention des risques inondation et submersion, plan d'intervention (PPR, PAPI) et les municipalités ont établi des plans de secours, plans de sauvegarde). Nous ne devons pas en rester là et réfléchir sérieusement sur l'après Xynthia, qui selon les experts pourrait être plus grave en terme de risques. Des décisions doivent être prises sur la protection des zones littorales, des zones d'expansion, et des zones humides qui retiennent, absorbent et ralentissent les colères du climat. L'espoir de fin des risques par des linéaires de digues est un leurre, et trop coûteux pour espérer satisfaire tout le monde.

 

Enfin, l'inventaire des richesses biologiques et de la biodiversité à travers le dispositif « trames vertes et bleues », doit se traduire concrètement dans les documents d'urbanisme communaux, prévoyant leur protection, leur valorisation, et leur connexion avec les communes voisines, parce que la Nature ignore les frontières communales !

 

Il faudra donc en premier lieu réviser le SCOT, et introduire les points cruciaux des choix économiques (voir notre programme économique), adosser la politique des déplacements à notre schéma d'urbanisme (voir notre programme de transports) et enfin, nous proposons de réfléchir sur tous ces points, à l'échelle du bassin de vie et d'emploi des habitants, avec les territoires voisins à l'échelle inter Scot (Aunis, Rochefort, Niort, Vendée).

 

Au delà de ces approches, nos deux priorités : mieux agir sur l'urbanisation pour offrir un logement à tous, notamment les jeunes et les ménages modestes, et préserver les terres agricoles et naturelles.

 

 

1 - Un toit, un droit
- Constat : Les jeunes vont se loger ailleurs...

Du côté du logement, le constat est clair : la ville de La Rochelle perd des habitants et les jeunes (couples, familles ou jeunes professionnels) sont chassés à 20 voire 40 km pour se loger à des prix décents. Ils doivent le plus souvent s'engager très tôt dans l'endettement pour l'achat de leur logement, parce que l'offre locative est insuffisante ou trop chère. La programmation de logements sociaux n'est pas toujours adaptée à ces ménages et d'autres formes d'habitat sont à privilégier pour garder ces générations éduquées à La Rochelle.

 

Il y a quelques explications à cela : La Rochelle, comme d'autres villes littorales de la façade Atlantique est attractive, et son marché locatif est répertorié dans les marchés tendus.

 

Malgré les efforts de renouvellement du parc locatif social, la liste d’attente reste importante, alors que l'offre privée est insuffisante et présente des loyers très élevés pour une ville moyenne. On constate une multiplication des impayés qui peuvent être liés à la situation précaire des locataires mais aussi au poids excessif du loyer dans le budget des ménages.

 

L'accession à la propriété devient alors inéluctable pour les ménages modestes mais à distance de leur lieu de travail (la démographie autour de la Rochelle a explosé alors que la ville historique voit ses écoles se vider).

 

Les récentes études de l'INSEE et l'inventaire suscité par les membres du Conseil de développement de l'agglomération de La Rochelle, ont révélé un nombre important de logements vacants, dont de nombreux appartements insalubres et énergivores. La conversion de certains logements de centre ville en résidences secondaires ou locatif saisonnier est alarmant, alors que des zones de relégation se profilent dans certains quartiers autrefois paisibles et connus pour leur mixité sociale.

 

L'occupation des logements sur le long terme n'est plus adaptée aux besoins des locataires qui évoluent avec le parcours de vie (composition familiale, séparations, vieillissement/accessibilité, premier logement/premier travail, stage/apprentissage...).

 

La forte augmentation du nombre de SDF, en particulier des jeunes, sur notre territoire ne doit pas être seulement attribuée à notre situation littorale : ce sont des jeunes comme nos enfants qui peuvent se trouver un jour dans cette impasse. Nous devons agir en leur offrant une perspective de logement source de stabilisation et de reconquête d'une vie sociale.

Quelques chiffres INSEE à l’appui

  • Augmentation de la part des logements vacants (de 6,9% en 1999 à 8,4% en 2009 environ 4000 logements)
  • Augmentation de la part des résidences secondaires. (de 5,9% en 1999 à 7,4% en 2009)

 

 

2 - Propositions : Agir - Prévenir - Garantir

- Agir

  • Mobiliser les logements vides dans le parc privé comme dans le parc social public : établir un état des lieux – Créer les conditions de remise sur le marché.

  • Baisser de 15% le montant des loyers dans le parc social de plus de 25 ans.
  • Mettre en place des parcours résidentiels (en fonction des parcours de vie et de santé) facilités par une bourse d’échanges d’appartements.

  • Soutenir les associations qui mettent en place des projets d’insertion par le logement.
  • Favoriser les formes d’habitat partagé et la remise sur le marché de la location à l’année, d’appartements loués à la semaine, en agissant sur la fiscalité locale.

  • Appliquer la taxe sur les logements vacants (TLV 2013).
  • Favoriser la construction de nouveaux logements dans le cadre d’une densification maîtrisée à l’échelle de la CDA (densification des lotissements existants, augmentation du parc social dans les communes où il demeure insuffisant, éco-quartiers avec mixité sociale et générationnelle, ZAC).

 

- Prévenir 

  • Faire diminuer les factures énergétiques par l’isolation thermique des logements.

  • Faire diminuer les factures d’eau en instaurant, les 3 premiers mètres cubes et l’abonnement gratuits, puis une tarification progressive et individuelle sur la consommation.

  • Anticiper les difficultés financières : structure de veille et d’information « lancement d’alerte et sensibilisation à la consommation ».

 

- Garantir

  • Pas d’expulsion sans solution de relogement. Notons que l’expulsion a un coût très élevé pour la collectivité en particulier quand des enfants doivent alors être placés en famille d’accueil.

  • Anonymat des dossiers présentés en commission d’attribution des logements sociaux.
  • Etablir une Charte des promoteurs et une charte des propriétaires pour modérer les prix.

 

 

3 - Une plus grande maîtrise par la collectivité de l'urbanisation

- La collectivité doit reprendre en main l’urbanisation de son territoire dans le but de :

  • Permettre aux ménages aux revenus modestes et notamment aux jeunes couples et aux familles, de vivre à La Rochelle.

  • Densifier les zones déjà urbanisées (lotissements peu denses, favoriser le partage des logements existants...) de façon respectueuse des riverains et de l’environnement.

 

- Pour cela, nous aurons une politique volontariste mobilisant les outils dont disposent les collectivités et qui sont insuffisamment utilisés aujourd’hui :

  • La maîtrise foncière communale
  • Le droit de préemption urbain
  • Les Orientation d’Aménagement et de Programmation du PLU (OAP)

Les OAP permettent aux collectivités de traduire en grands principes d'aménagement la politique de la Ville. Pour anticiper et apporter une réelle réflexion sur la façon de construire la Ville et notamment sur la manière d’opérer la densification. Cet outil peu utilisé aujourd’hui, doit être développé par la commune en concertation avec la population. Ainsi nous pourrons véritablement imposer les objectifs de la collectivité et de la population aux opérateurs privés.

  • La maîtrise d’ouvrage communale des projets urbains avec l’outil ZAC

Pour les zones à urbaniser à forts enjeux (superficie importante, localisation stratégique...), la Ville de La Rochelle doit assurer la maîtrise foncière des terrains et la maîtrise d'ouvrage de l'opération avec la mise en place de Zone d’Aménagement Concertée (ZAC). Cela lui permettra d’assurer un contrôle complet de l’opération, en concertation approfondie avec les habitants.

 

- Ces outils nous permettront de :

  • Lutter contre la spéculation foncière,
  • Maîtriser les prix des logements,
  • Diversifier les programmes en réservant une place de choix à l’habitat coopératif et social,
  • Diversifier les types de logements (habitat individuel dense, habitat intermédiaire…),
  • Mutualiser les espaces de services (jardins partagés, laverie, ateliers vélos….),
  • Maîtriser les consommations d'énergie (orientation des bâtiments, bâtiments à énergie positive...),
  • Limiter les consommations d'eau,
  • Mixer équipements publics, activités et logements dans les quartiers,
  • Connecter les nouveaux quartiers avec le tissu urbain existant,
  • Prévoir des espaces publics à forte utilité sociale (superficie, confort, type : Jeux d'enfants, espaces de rencontre, de détente pour les adolescents, les familles, les personnes âgées...),

  • Préserver des espaces naturels et la biodiversité,
  • Donner une place réelle aux piétons, cyclistes, et hiérarchiser la voirie (cheminements piétons / cyclables, voie de transit, voie de desserte...),

  • Aboutir enfin à une réelle accessibilité à tous de la ville et de ses équipements publics et privés (personnes handicapées physiques, handicapées mentaux, personnes âgées, parents avec poussette...),

  • Mutualiser le stationnement,
  • Favoriser une diversité commerciale,
  • Prévoir la gestion des déchets (tri, compostage collectif ...).

 

- ZAC du Parc des expositions

Dans ce sens, nous proposons la création d’une ZAC au niveau du parc d’exposition. Cet emplacement est une réserve foncière en plein centre-ville, lieu idéal pour créer un éco-quartier qui mixera logements, équipements publics et commerces de proximité. Les logements ou parcelles à construire seront à des prix abordables et proposés aux jeunes couples et familles modestes. Les piétons et les cyclistes y seront prioritaires. Une étude de faisabilité pourra être lancée pour la réalisation d’une piscine communale chauffée par géothermie, ressource naturelle offerte par le marais de Tasdon. En parallèle, le parc des expositions sera déplacé en périphérie de la Rochelle. Déplacement qui sera l’occasion de le moderniser, de repenser son utilisation (ex : mutualiser ses besoins de stationnement avec d’autres équipements) et de le faire devenir un équipement communautaire.

 

 

4 - Une densification respectueuse des riverains et de l'environnement des zones déjà urbanisées

Le principe de densification doit garantir la qualité de vie des riverains en respectant des règles d’urbanisme (hauteur, volume, espaces verts, espace, qualité architecturale, cadre de vie, existant et histoire du quartier, paysages), en associant les populations concernées et les riverains à la définition des projets.

 

- Une étude sera menée quartier par quartier et les divisions immobilières encadrées par des règles urbaines.

 

Le principe de densification doit garantir la qualité de vie des riverains en respectant des règles d’urbanisme (hauteur, volume, espaces verts, espace, qualité architecturale, cadre de vie, existant et histoire du quartier, paysages), en associant les populations concernées et les riverains à la définition des projets.

Une étude sera menée quartier par quartier et les divisions immobilières encadrées par des règles urbaines.

 

- Ce principe de densification maîtrisée devra tenir compte :

  • des possibilités au niveau des voiries, des stationnements internes et externes, densité de circulation ;
  • des pollutions sonores, des contraintes de voisinage et du comportement civique des citoyens ;
  • des possibilités pour le voisinage en termes d’ensoleillement et de respect des règles potentielles de l’habitat BBC pour chaque maison existante (capteurs solaires, vérandas…) ;
  • de la gestion des eaux pluviales (qualité et quantité) ;

 

- Quelques contre exemples d'aménagements que nous ne voulons plus voir :

  • la destruction des maisons individuelles (avec un certain style) dans les vieux quartiers et la destruction des jardins potagers porteurs de biodiversité et de cadre de vie.
  • le bétonnage des rues et avenues (rétrécissement des distances, des vis-à-vis, avec sentiment de confinement accéléré : on revient aux années 60..).
  • l’uniformisation architecturale (mêmes promoteurs et architectes)
  • l'urbanisation de secteurs très contraints, qui entraine des surcoûts à la construction (la proximité des zones humides telles que le marais de Tasdon exige des fondations profondes et la réalisation de parkings souterrains dans les nappes phréatiques).

 

- Redynamiser les cœurs de chaque quartier Rochelais

La plupart des « grands ensembles » des quartiers de La Rochelle, disposent d'espaces verts vastes mais peu animés car mal conçus. Simples pelouses sans jeux d'enfants, ni bancs pour s'asseoir, bavarder, voire jardiner collectivement. Il faudra donc aménager en concertation avec les habitants, ces espaces pour qu'ils vivent et retrouvent de la convivialité dans chaque quartier pour recréer du lien (aires de jeux, jardins partagés, composteur collectif, terrains de boules, skate parc, commerces et services de proximité…).

 

- Aménagement et sobriété

Compte tenu de la raréfaction des finances publiques et de notre souhait de limiter la pression fiscale, il faut repenser les aménagements publics et leurs contraintes d'entretien. Pour l'existant : créer un pôle de petit entretien en partenariat avec les bailleurs sociaux et les régies de quartier. Pour les futurs aménagements, penser la dépense dans le cycle de vie d’un bâtiment  (ex : piscine, gymnases, écoles communales, bâtiments administratifs).

 

Intégrer dans les projets :

  • le budget investissement
  • Le budget petit entretien
  • Le budget gros entretien

Réfléchir à long terme sur des projets cohérents même si les travaux doivent se dérouler par phases. Par exemple, prévoir l'insertion de voies cyclables lors de création de routes ou la rénovation lourde de voies existantes (c'est obligatoire mais trop souvent négligé). La création de passerelles vélo coûte plus cher après coup que si on les prévoit à la construction. L'incapacité des villes à mettre en œuvre d'ici 2015, la loi sur le handicap de 2005, avec l'accessibilité des équipements publics et privés, et les voies, aux personnes handicapées est une illustration malheureuse de ces coûts reportés.

 

De même, prévoir l'emprise d'un futur tramway ou de la fibre optique sur les futurs réaménagements des rues et avenues comme le Bd Sautel ou la Rue Normandin, aménagements qui seront une source de dépenses immédiates mais d'économie pour les générations futures. Ce sont des dépenses d'avenir pour lesquelles l'emprunt se justifie.

 

Enfin, limiter les emprises excessives pour des usages limités qui demandent trop d'entretien pour une utilité sociale nulle (ex : stationnements, squares trop petits pour être utilisés, plantations de fleurs annuelles…).

 

 

5 - Protéger et restaurer les zones naturelles du littoral et les zones humides

- Protéger et ouvrir au public les espaces naturels littoraux

Protéger définitivement les espaces naturels littoraux de La Rochelle (marais de Tasdon, littoral de la pointe de Roux à la pointe du Chay …), en développant un partenariat avec le Conservatoire du littoral et le Département de la Charente-Maritime.

 

Mettre en œuvre avec ces partenaires des programmes de maîtrise foncière, de restauration, de renaturation et d'ouverture au public ambitieux de ces espaces aujourd'hui niés et fortement dégradés qui constitueront des sites majeurs de promenade et de découverte du patrimoine naturel, historique et culturel (anciens marais salants) au cœur de l'agglomération rochelaise.

 

Ces espaces naturels préservés et restaurés renforceront l’identité littorale et écologique de La Rochelle et bénéficieront aux Rochelais et aux touristes. Pour cela il faut aussi relancer la dynamique de l'aire marine protégée (label parc marin) à laquelle ne manque plus qu'un décret ministériel. La proximité du Parc naturel du marais poitevin est également un atout aux portes de la Rochelle.

 

Pour les marais de Tasdon, nous proposons notamment :

  • d'enrayer la politique d’urbanisation programmée de cette zone naturelle en refusant le boulevard côte-mailles (une emprise de 17 hectares pour une avenue de 2,2 km entre le rond-point des Cottes-Mailles et le pont Jean-Moulin avec deux voies pour les voitures, deux voies pour les bus et une piste cyclable.) et en revenant sur le classement en zone à urbaniser de la partie ouest des marais ;

  • de les restaurer et de les conserver définitivement en transférant leur propriété au Conservatoire du littoral qui sera garant de leur protection définitive et de la pérennité de l'esprit des lieux ;

  • de valoriser les 1200 ans d'histoire qui les ont façonnés et leur patrimoine naturel par des cheminements d'interprétation ;
  • de protéger les zones agricoles tampon à proximité de la zone et seront reconverties vers le bio afin de ne pas nuire à la qualité des eaux du marais (partenariat avec la chambre d’agriculture), avec un classement administratif fiable et durable pour la Réserve Naturelle (Périmètre Natura 2000 et transfert de propriété au Conservatoire du littoral)

  • de créer un pôle nature, permettant l’accueil du public et l'initiation à l'environnement, en complément du relais-nature de la Moulinette.

  • d'instituer un comité de suivi et de gestion de la zone réunissant le Conservatoire du littoral, la Ville (élus et techniciens), la Ville d’Aytré, la CDA (élus et techniciens), la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), l’EID (démoustication), les propriétaires de terrains, les associations environnementales (Nature environnement 17…), les « comités de quartiers », les associations de loisirs (centres sociaux, associations pêcheurs, caboteurs, jardiniers…,), les agriculteurs et éleveurs, et tous les représentants des usagers du site.

 

Une démarche similaire sera développée pour le littoral allant de la pointe de Roux à la Pointe du Chay.

 

Par ailleurs, la construction des digues prévues dans les PAPI d'Esnandes et d'Yves devra être l'occasion de créer de nouvelles zones humides à fort intérêt écologique en requalifiant les zones d'emprunts des matériaux nécessaires à leur construction (sur les zones drainées dédiées à l'agriculture intensive) par des travaux de génie écologique et la mise en œuvre de mesures compensatoire et d'accompagnement ambitieux (renaturation de l'anse de Fouras en particulier) à l'image de ce qui a été fait sur la Prée Mizottière en Vendée et sur Charron par le Conservatoire du littoral.

 

 

6 - Préserver les espaces agricoles

L'agriculture littorale et péri-urbaine est soumise à des pressions foncières considérables. Les surfaces agricoles diminuent fortement alors qu'elles jouent un rôle essentiel de production et de maintien des équilibres dans l'aménagement des territoires. L'instauration d'une Zone de Protection Agricole (Z.A.P.) et d'un Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et Naturels Péri-urbains (P.E.A.N.) à l'échelle de l'agglomération permettra une protection forte de ces espaces agricoles et une maîtrise foncière. Périmètre de protection où pourra se développer une agriculture paysanne biologique de proximité (filières courtes), respectueuse des paysages, de la qualité des eaux et de la santé des habitants. Elle contribuera à la création d'emplois pérennes non délocalisables.

 

Pour en savoir plus :

- Mainmise sur les villes

- En Suède, une ville écologique du futur sort de terre

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8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 15:09
La Rochelle &quot;VERTE et OUVERTE : Pour chaque Rochelais, un toit c’est un droit

Source : La Rochelle 2014 VERTE et OUVERTE

1 - Constat :

  • Tension sur le marché locatif (ville étudiante, ville touristique, ville attractive/retraités) ;
  • Liste d’attente importante pour le logement social ;
  • Montant élevé des loyers ;
  • Difficile accession à la propriété des ménages modestes ;
  • Nombreux logements vides insalubres, énergivores (parc ancien important) ;
  • Augmentation des résidences secondaires + locatif saisonnier qui rapporte plus ;
  • Inadéquation entre taille des logements et besoin des locataires / parcours de vie ;
  • Très forte inégale répartition spatiale du logement social = ghettos sociaux ;
  • Forte précarité de nombreux locataires et difficultés à payer les loyers ;
  • Forte augmentation du nombre de SDF en particulier des jeunes.

 

2 - Propositions

- Agir :

  • Mobiliser les logements vides dans le parc privé comme dans le parc social public : établir un état des lieux – Créer les conditions de la remise sur le marché ;
  • Baisser de 15% le montant des loyers dans le parc social de plus de 25 ans ;
  • Mettre en place des parcours résidentiels (en fonction des parcours de vie et de santé) facilités par une bourse d’échanges d’appartements ;
  • Soutenir les associations qui mettent en place des projets d’insertion par le logement ;
  • Favoriser en agissant sur la fiscalité locale les formes d’habitat partagé et la remise sur le marché de la location à l’année d’appartements loués à la semaine ;
  • Appliquer la taxe sur les logements vacants (TLV 2013) ;
  • Favoriser la construction de nouveaux logements dans le cadre d’une densification maitrisée à l’échelle de la CDA (densification des lotissements existants, augmentation du parc social dans les communes où il demeure insuffisant, éco-quartiers avec mixité sociale et générationnelle, ZAC), habitat participatif et habitat coopératif.

- Prévenir :

  • Faire diminuer les factures énergétiques par l’isolation thermique des logements ;
  • Faire diminuer les factures d’eau en instaurant..... pour en savoir plus... ICI.... ;
  • Anticiper les difficultés financières : structure de veille et d’information « lancement d’alerte et sensibilisation à la consommation ».

- Garantir :

  • Pas d’expulsion sans solution de relogement. Notons que l’expulsion a un coût très élevé pour la collectivité en particulier quand des enfants doivent alors être placés en famille d’accueil ;
  • Anonymat des dossiers présentés en commission d’attribution des logements sociaux ;
  • Etablir une Charte des promoteurs et une charte des propriétaires pour modérer les prix.

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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 21:55
Logement : reconquérir La Rochelle pour les familles et jeunes couples