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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 20:30
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La question des retraites figurait sans aucun doute parmi les sujets les plus attendus du discours de politique générale de François Bayrou. Dès les premières minutes, le 14 janvier, le Premier ministre a donc abordé ce chapitre. Il a promis de le « remettre en chantier », mais a surtout insisté sur les déficits qu’entraînerait notre système. « Sur les plus de 1 000 milliards de dette supplémentaires accumulés par notre pays ces dix dernières années, les retraites représentent 50 % de ce total », s’est insurgé le chef du gouvernement.

Ses propos posent plusieurs problèmes : d’abord, la méthode de chiffrage choisie par François Bayrou est discutable. Ensuite, ce discours alarmiste participe à alimenter la « politique des caisses vides ». C’est ce qu’explique l’économiste Michaël Zemmour (Michael Zemmour, né en 1983, est un économiste, enseignant-chercheur à l’université Lyon 2 et chercheur associé à Sciences Po. Il travaille sur les systèmes et les financements de protection sociale et des services publics, et sur les politiques de redistribution, notamment des retraites).

 

 

Sources : Alternatives Economiques Propos recueillis par Audrey Fisné-Koch | 

- AT : Chaque année, le Conseil d’orientation des retraites (COR) évalue la situation économique du système des retraites. Or, ses dernières estimations sont loin des chiffres évoqués par François Bayrou[1]. Pourquoi ?

Michaël Zemmour : Les partenaires sociaux, les présidents successifs de ce conseil – même s’ils n’ont pas la même sensibilité –, les économistes ou encore les journalistes ont tous une grille de lecture commune sur les retraites qui est fournie par le COR.


Mais le raisonnement de François Bayrou ne correspond pas du tout au cadre comptable de ce conseil. Ce dernier montre qu’il y a effectivement un déficit modéré du système de retraite [Un solde de - 0,2 % du PIB en 2024 et - 0,8 % du PIB en 2070, d’après le rapport annuel 2024, NDLR.]. Mais la convention retenue n’équivaut pas aux chiffres avancés par le 1er ministre. Toute comptabilité est conventionnelle, mais celle employée par François Bayrou est particulièrement fantaisiste. Le financement de notre système de retraite est mixte, c’est-à-dire qu’il est très majoritairement financé par les cotisations mais aussi par l’Etat.

 

Les cotisations employeur de l’Etat sont particulièrement élevées (beaucoup plus que dans le privé). Pas parce que les retraites du public sont très élevées  –  elles sont comparables à celles du privé en moyenne –, mais parce que l’Etat doit compenser deux phénomènes :

  • la baisse (relative) du nombre de fonctionnaires ;
  • et le gel du point d’indice.

C’est donc parce qu’il a fait de sévères économies budgétaires sur la masse salariale du public (et non parce qu’il dépense sans compter !) que l’Etat doit cotiser (par fonctionnaire) un montant très élevé pour les retraites.
 

 

Par ailleurs, l’Etat concourt par différents mécanismes de solidarité aux financements de l’ensemble des retraites. Le raisonnement utilisé par François Bayrou, qui avait circulé il y a quelque temps déjà sans être reconnu par les économistes spécialistes de la retraite, consiste à dire que tout ce qui n’est pas financé par des cotisations, c’est de la dette. C’est absurde.

 

 

- AT : Pourquoi choisit-il de présenter le déficit du système de cette façon ?
Michaël Zemmour : Cela correspond à une dramatisation du déficit, dont l’objectif est de forcer à faire des économies, ce qu’on appelle « la politique des caisses vides ».

 

Objectivement, les retraites ne sont pas à l’origine du creusement de la dette ces dernières années, sauf à considérer que c’est une dépense particulièrement illégitime, mais elle ne l’est pas plus que les dépenses d’éducation ou les dépenses militaires. Ce discours sur la « dette cachée » des retraites vient complètement brouiller cette légitimité. C’est un élément qui n’est pas très favorable à ce que des solutions émergent.

 

 

- AT : Justement, pour aboutir à des solutions, François Bayrou a, dans un premier temps, demandé une mission flash à la Cour des comptes pour dresser un état des lieux du système des retraites. Que peut-on dire cette méthode ?

Michaël Zemmour : Rappelons qu’il y a deux instances dont le suivi du financement et des paramètres des retraites est le métier :

  • le Conseil d’orientation des retraites, que j’ai déjà évoqué, qui a une vraie expertise dans le domaine, qui rend un rapport annuel et qui est un lieu de dialogue social[2].
  • Et le comité de suivi des retraites (CSR), qui faisait des recommandations au gouvernement sur la base du rapport du COR, mais qui n’a pas été renouvelé depuis le mois de juin.

 

La Cour des comptes écrit aussi sur les retraites – elle peut le faire sur tous les sujets –, mais en l’occurrence c’est un peu étonnant de la mettre en avant comme base de discussion, surtout si l’on veut encourager la discussion sociale. La Cour des comptes n’est pas un haut lieu du diagnostic social partagé. On peut voir ce choix comme une forme de contournement et peut-être de défiance vis-à-vis des instances qui existent. Ça laisse perplexe.

 

 

- AT : Dans un deuxième temps, le Premier ministre propose que les partenaires sociaux négocient pendant trois mois pour trouver un « accord d’équilibre et de meilleure justice » au sujet des retraites. Est-ce une avancée ?
Michaël Zemmour : Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les partenaires sociaux ont été particulièrement maltraités et ignorés. De leur point de vue, être remis au centre du jeu est un point positif. Néanmoins, cette discussion ressemble très fortement au cadre de négociation qui était posé pour l’assurance chômage : il laissait préjuger à l’avance qu’il n’y aurait pas d’accord parce que le patronat avait tout intérêt à ne pas en trouver, sachant que le gouvernement trancherait derrière.

 

🔴 Pour les retraites, c’est pareil : on ne voit pas très bien pourquoi le patronat, favorable à la réforme[3], changerait de position. Il s’est toujours opposé à l’augmentation des ressources du financement, les cotisations par exemple.

 

Le choix de ne pas arrêter la réforme de 2023 pendant les débats est un grand changement par rapport à ce que l’on a connu avec les négociations pour l’assurance chômage. Les conditions ne sont pas très propices à une évolution possible de la réforme car le temps joue en sa faveur, elle continue de s’appliquer. L’âge légal et la durée de cotisation progressent rapidement[4].

 

🔴 Au fond, si un accord devait s’appliquer dans les prochains mois sans mise en pause, le changement ne porterait plus que sur un tiers de la réforme : savoir si on s’arrête à 63 ans ou si on va jusqu’à 64 ans (et sans plus discuter de la durée de cotisation portée à 43 ans de manière accélérée)

 

 

- AT : « Pas de totem, pas de tabou, pas même celui de l’âge », a dit le chef du gouvernement. Mais il a tout de même fixé une règle d’or : « ne pas dégrader l’équilibre financier ». Peut-on aboutir à une réforme plus juste, sans augmenter les recettes ?

Michaël Zemmour : La raison pour laquelle les gouvernements précédents n’ont trouvé aucun accord, c’est parce qu’ils refusaient d’affecter le moindre centime supplémentaire au système des retraites. Ils imposaient même l’idée que baisser les ressources était nécessaire. Si la proposition des partenaires sociaux doit réellement être à budget constant, ils ne vont pas pouvoir discuter de grand-chose.

 

D’autant que, face à un risque social qui augmente – plus de chômage, plus de maladies, plus de retraités –, cela paraît assez naturel de mettre des recettes supplémentaires. C’est le cas pour n’importe quelle assurance. Si l’assurance contre les intempéries fait face à davantage d’intempéries, on ne trouve pas absurde de se poser la question d’augmenter les cotisations.

 

Ne pas augmenter les recettes pour les retraites est une position relativement extrême. L’espace de négociation qui est, par ailleurs, réclamé par l’ensemble des organisations syndicales consiste justement à dire qu’il ne faut pas exclure des recettes supplémentaires du pilotage du système de retraites dans le futur.

 

Si François Bayrou les exclut une par une – ou dit que les recettes qui existent déjà ne sont pas des vraies recettes –, cela ferme une porte qui n’a même pas été tout à fait ouverte.

 

 

* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

 

 

- Manuel Bompard, député La France insoumise des Bouches-du-Rhône, était l'invité de BFMTV ce mardi 14 janvier 2025.

Réforme des retraites: " François Bayrou a donné un droit de veto au Medef ", affirme Manuel Bompard[5]

 

Réforme des retraites: "François Bayrou a donné un droit de veto au Medef", affirme Manuel Bompard (LFI)

 

- Retraites : quelle voie de réforme est possible ? - Le débat économique

Le débat éco entre Thomas Porcher, membre des Economistes Atterrés et professeur à la Paris School of Business et Dominique Seux, éditorialiste à France Inter et aux Echos porte sur l’avenir de la réforme des retraites.

 

Notes :

[1].Notre système de retraite verse chaque année quelque 380 milliards d’euros de pensions. [...] Les employeurs et les salariés privés et publics versent à peu près 325 milliards par an. Restent 55 milliards, versés par le budget des collectivités publiques, au premier chef de l’Etat, à hauteur de quelque 40 ou 45 milliards.

[2] Les organisations professionnelles et syndicales en sont membres.

[3Pour le MEDEF les 64 ans, est un « socle »

[4] Avec la réforme Touraine adoptée sous le mandat de Hollande l’âge légal de départ augmente progressivement de 3 mois par année de naissance jusqu’à atteindre 64 ans pour les générations nées à partir de 1968. Quant à la durée de cotisation, elle continue elle aussi de progresser jusqu’à 43 annuités requises. 

[5Réforme des retraites: "François Bayrou a donné un droit de veto au Medef", affirme Manuel Bompard (LFI)

 

Pour en savoir plus :

- Retraités : le Gouvernement sauvé par le RN et le PS veut les taxer

 

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17 janvier 2025 5 17 /01 /janvier /2025 13:30
Fruit du non vote de la censure du gouvernement Bayrou par le PS le 16/01/2025 - scrutin n°526

Fruit du non vote de la censure du gouvernement Bayrou par le PS le 16/01/2025 - scrutin n°526

Olivier Faure et le PS les girouettes permanentes : en 2024 ils disaient d'une façon et en 2025 ils font l'inverse !

 

 

En 2017, Olivier Faure espérait (déjà !) une grande coalition, allant du Parti socialiste à la droite[0], « qui tienne compte de l'électorat très composite (...) (venu) faire obstacle à Marine Le Pen ». Il la souhaite encore et s'est ainsi dit, suite à la censure du gouvernement Barnier, prêt à discuter avec les macronistes et la droite[1], sur la base « de concessions réciproques ». Il s’est même dit prêt à faire « des compromis sur tous les sujets ». Hormis quelques sièges de députés, l’union avec le PS ne peut rien apporter de bénéfique. Le recul du PS sur ses engagements : une situation qui était prévisible[0bis]. Le rejet de ce parti, parfois perçu comme une posture sectaire ou un refus obstiné de l'unité, découle pourtant directement de l'expérience : celle de ses choix politiques, de sa manière de gouverner et de l’espoir, vivace, de voir le peuple l'écarter des outils de construction d'une véritable alternative de rupture de gauche : celle d'une fédération populaire portée par LFI[1bis] en s'élargissant au 4e bloc[1ter].

 

 

Sources : Eric Durand | mis à jour le 20/01/2025

- En France, la vie politique est structurée par les partis et, pour certains, par l'intérêt individuel des élus qui les composent.

On le voit encore une fois depuis quelques mois, avec la création du NFP et les négociations pour avoir les places éligibles aux législatives, puis les négociations pour tenter d’aboutir à un choix commun de premier ministre NFP et enfin aujourd’hui avec toute la gauche “ de gouvernement ”, qui va boire la soupe de Macron, à part LFI. L’intérêt des partis est supérieur à celui des idées qu’ils prétendent défendre. Cette simple affirmation est une évidence pour la majorité de la population, qui affiche une juste défiance à la fois spontanée et réfléchie au personnel politique. Mais les militants politiques, et c’est bien normal, s’engagent initialement souvent avant tout pour des idées, des convictions, et sont donc sans cesse déçus par les élus et les dirigeants des partis politiques, qui visent avant tout la poursuite de leur carrière et des rémunérations qui l’accompagnent. 

 

 

- Pour le PS, les idées ne sont qu'un outil pour gagner les élections
Le Parti socialiste en est la plus pure illustration. Entre ses discours quand il est en campagne électorale et ce qu'il pratique une fois qu'il est au pouvoir, il y a un monde. Les idées ne sont pour lui qu'un outil parmi d'autres pour gagner des élections. Il joue le jeu classique et cynique des sociaux-démocrates qui consistent à faire des promesses antilibérales dans un cadre de parfaitement libéral, comme nous avançons déjà l'occasion de l'époque de l'écriture : « cela a l'avantage de montre une bonne volontaire en faisant mine de vouloir mettre en place ce pour quoi sur un été élu, puis de faire constater à tous l'échec de ces politiques alors même que celles-ci ne pouvaient qu'échouer dans ce contexte. C'est une des manœuvres de la bourgeoisie, aussi grossière qu'efficacité, pour “naturaliser ” une fois de plus le capitalisme[2] ».

 

C’est pour cela que nous détestons le Parti socialiste.

Ce n’est pas un préjugé, ce n’est pas un « refus d’unité », ça n’est pas un caprice qui empêcherait la gauche de gouverner. C’est que tout gouvernement où le PS aura une position déterminante mènera une politique de droite et c’est l’expérience qui le démontre. Quand il gouverne, le PS ne fait pas qu’accompagner le libéralisme, il accélère la destruction de notre modèle social, tout en ayant promis le contraire.

 

🔴 En particulier, Mitterrand et ses gouvernements ont libéralisé massivement l’économie. 

Le storytelling de gauche sur l’expérience mitterrandienne consiste souvent à considérer que les socialistes ont fait des réformes de gauche jusqu’en 1983, que cela a créé trop de problèmes économiques et qu’ils ont ensuite arrêté les réformes (le fameux “ tournant ” de la rigueur).  En réalité, ce “ tournant ” était prévu dès le départ comme le montre le discours de politique générale du premier ministre Pierre Mauroy du 8 juillet 1981[3] où il affirme notamment :  “ Cette démarche, que je viens d’inscrire dans la durée, sera conduite dans la rigueur. Cela signifie la rigueur budgétaire. Cela signifie que nous défendrons le franc et le maintiendrons dans le système monétaire européen. ” La soumission à l’Europe au détriment de la population française était déjà très claire. Le PS a par la suite réformé massivement tout au long des années 1980, en faveur du capital : il a mis fin au contrôle des crédits et des taux d’intérêts et a déréglementé les marchés financiers. Il a légalisé les produits dérivés à l’origine de la crise de 2008. Il a soutenu le traité de Maastricht qui nous a fait perdre notre indépendance monétaire et nous a livrés pieds et poings liés aux emprunts auprès des marchés financiers. Et dans le même temps, il a désindexé les salaires des prix.

 

 

🔴 Lionel Jospin va garder cette cohérence libérale quand il devient Premier ministre en 1997

  • Il privatise à tout va[4] (France Télécom, CIC, Crédit Lyonnais, les autoroutes ASF, le futur EADS, Air France, etc.) et en fait bénéficier les entreprises privées d’exonérations massives de cotisations sociales lors de la mise en œuvre des 35 heures.
  • Le PS va également autoriser les grandes entreprises du CAC 40 à racheter jusqu’à 10 % de leurs actions et diminuer la fiscalité sur les plus-values boursières des actions.

 

A l’époque, il avait pourtant largement les moyens de faire autrement : la gauche était au pouvoir dans de nombreux pays européens, ce qui aurait permis de négocier des traités plus favorables aux salariés. La croissance était au beau fixe, ce qui permettait de dégager de larges marges de manœuvre financières. L’épisode le plus symptomatique fut sans doute celui de la “ cagnotte[5] ”. En 1999, l’économie française connaît un taux de croissance dépassant les prévisions (3% au lieu de 2 %), ce qui crée l’équivalent d’environ quinze milliards d’euros de rentrées fiscales supplémentaires. Après avoir tenté maladroitement de cacher cette “ cagnotte ” pendant des mois aux Français, le gouvernement a finalement choisi, plutôt que de l’orienter vers les plus pauvres, de l’utiliser pour baisser la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, soit celle qui est payée par les plus riches !  

 

🔴 En 2012, après dix ans de disette, le PS revient aux plus hautes responsabilités.
François Hollande a été élu sur un programme qu’il a peu à peu gauchisé pendant la campagne électorale, sous pression de la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages[6]. “ Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ”, a-t-il clamé lors de son discours au Bourget de janvier 2012. 👇

 

 

Une fois élu, il ne fait ensuite que conforter les intérêts de la finance et du patronat.
Il nomme immédiatement Emmanuel Macron secrétaire général adjoint de son cabinet, puis ministre de l’Economie en 2014[7].

  • Il met en œuvre de multiples lois de déréglementation du droit du travail, facilitant les licenciements boursiers, plafonnant les indemnités de licenciement illicites, et permettant à des accords d’entreprise de déroger au droit du travail en défaveur des salariés. (NDLR : Pour Philippe Martinez secrétaire général de la CGT : « Le bilan de Hollande est négatif »[8])
  • Les cadeaux au patronat atteignent dans le même temps des sommets, avec en particulier le CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi) versé aux entreprises pour un montant global de 20 milliards d’euros par an, sans contrepartie.

 

Le mandat de Hollande a été aussi un tournant sur le maintien de l’ordre[9], les manifestants étant systématiquement matraqués à partir de 2014, et sur l’immigration[10].
Rappelons-nous de la pauvre Leonarda Dibrani[11], enfant de 15 ans arrêtée par la police à la sortie de son autobus scolaire en 2013 pour l’expulser au Kosovo, avant que, vu le tollé médiatique, François Hollande tente de reculer en l’autorisant elle seule, sans sa famille, à revenir en France, une aberration contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant. Le PS a achevé également, pendant cette période, sa conversion à l’islamophobie, comme le raconte Aurélien Bellanger dans son ouvrage " Les derniers jours du Parti socialiste[12] ".

 

 

- Se débarrasser du PS en faisant tomber les masques !
Pourquoi croire que le PS d’aujourd’hui fera différemment ? Par quel miracle ?

  • Olivier Faure a voté absolument toutes les lois de régression sociale de François Hollande.
  • Il a même hésité à soutenir Macron dès 2016.
  • Il aurait été prêt à signer quasiment n’importe quel programme électoral pour assurer un nombre suffisant de députés à son parti.

 

🔴 1er mai 2022 : création de la Nupes[13].

Après un deuxième scrutin présidentiel consécutif où aucun candidat de gauche n'a été présent au second tour en raison notamment du refus d'une Fédération Populaire[14] pour rassembler la gauche (et donc d'une candidature pour chaque parti au 1er tour, cette coalition est de présenter des candidatures communes aux élections législatives de 2022 qui suivent la réélection d'Emmanuel Macron à un second mandat présidentiel.

  • La Nupes porte un programme de rupture[15], feuille de route partagée d'un futur gouvernement. Il est le fruit d’un travail collectif associant plusieurs organisations politiques, sur la base de programmes eux-mêmes élaborés en associant des milliers de citoyennes et citoyens, acteurs associatifs, syndicaux, environnementaux, politiques.

 

▶️ Fin 2023, la fracture de la Nupes s'annonce

Début 2023 la France insoumise avait engagé des discussions avec l’ensemble de ses partenaires au plan national pour les sénatoriales de 2023[16], fait des propositions[19] et critique avec véhémence la constitution de listes d'union entre le PS, le PCF et EÉLV pour les sénatoriales de 2023, du 24 septembre 2023, excluant ainsi LFI[17]. Elle y voit, à juste titre, la volonté de rompre l'alliance.

  • Le choix de division fait par les socialistes, écologistes et communistes et l’éparpillement des listes coûtent aux composantes de la NUPES une demi-douzaine de sièges et aident à la progression de l’extrême droite au Sénat[18].

 

▶️ Début 2024, la fin de la Nupes se concrétise lors des élections européennes :

" Sans union aux européennes, la Nupes éclatera " prévenait la France insoumise en juin 2023[19] Cette alliance n'est pas qu'un accord électoral, c'est une coalition et nous devons en faire un mouvement politique d'ampleur. Il nous faut pour cela de la cohérence, de la stabilité et de la lisibilité. Le seul moyen d'y parvenir, c'est d'avoir une liste commune à l'ensemble des prochaines échéances électorales " et plaide pour une liste commune[20].

  • Face au choix de division porté par les socialistes, écologistes et communistes, la France Insoumise est même prête à laisser la tête de liste à EELV pour une liste commune[21] . Unie aux élections européennes, la NUPES pouvait l’emporter face à Macron et Le Pen[22]... il n'en sera rien : la Nupes est morte !

 

🔴 10 juin 2024 : Le Nouveau Front Populaire est né[23].

Face à l’ultra-droitisation du pays, la France insoumise reste attachée à la stratégie de l'union avec l'objectif de déjouer les calculs politiciens de Macron qui comptait sur une gauche désunie et isolée pour produire une nouveau débat limité à un nouveau face à face entre son parti et le RN dans chaque circonscription[23] à l'occasion des législatives 2024 faisant suite à sa dissolution de l'Assemblée Nationale annoncée par Macron le 9 Juin 224[24], à l'issue élections européennes .

 

Pour créer le NFP, une soirée de négociations a d’ailleurs suffit : le PS, les programmes, il ne les applique pas, de toute manière. A terme, le but de Faure n’est pas de combattre Macron, mais de le remplacer avec éventuellement Hollande. Il veut que le PS retrouve son rôle historique central : incarner une alternance politique acceptée par la bourgeoisie et défendant ses intérêts en prétendant le contraire.

  • Pour que le Parti Socialiste ait 66 investitures, 97 circonscriptions de l’accord de la #NUPES leur ont été cédées par La France insoumise[24is].

 

Extrait du discours d'Olivier Faure, du Campus du Parti Socialiste à Blois, le 31 août 2024

 

▶️ A l'issue des législatives, suite au refus de la macronie de, conformément à la constitution, désigner un ou une iére ministre issu-e de la plus grande coalition parlementaire, le NFP : une Motion de censure est déposée par le NFP... et l'Assemblée nationale renverse le gouvernement de Michel Barnier[25].

 

▶️ Suite à la dissolution du gouvernement de Michel Barnier, Macron constitue le gouvernement Bayrou allant d'ex membres du PS (comme Manuel Valls nommé aux Outre-mer, François Rebsamen, ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation ou Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la ville...) à la droite extrême avec Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur, en passant par le retour de Gérald Darmanin, nommé à la justice, mais aussi d’Élisabeth Borne[26].

  • Suite au refus de la macronie de, conformément à la constitution, désigner un ou une iére ministre issu-e de la plus grande coalition parlementaire, le NFP : la France insoumise met une motion de censure sur la table...
    • Elle est soutenue pas les écologistes les communistes et quelques socialistes[27] ;
    • Le PS et le RN ne la votent pas[28]... ! Résultat :

👉 une politique d'austérité encore pire que celle du budget du gouvernement Barnier va être mise en œuvre !

👉 le PS trahi son serment du 8 juin 2023, le Nouveau Front Populaire et s'en autoexclue... mais grâce au vote des écologistes et communistes le Nouveau Front Populaire est toujours là !

 

 

🚩 Rappel au #PS et électeurs socialistes...
👍 Le 8 juin 2023, la #Nupes a fait un serment : tout faire pour abroger la retraite à 64 ans et mettre en place la retraite à 60 ans[29]

 

« Nous faisons le serment d’agir sans relâche pour rassembler une majorité qui mettra fin à cette réforme injuste » – Le serment du 8 juin

 

🚩 Ici 👇 on apprend que c’est celui qui a mis le PS à moins de 2% et nous a donné Macron qui a négocié la non censure avec Bayrou.

C’est vrai que c’est un expert en engagements non tenus. Si les socialistes le suivent ils auront peut être la clef pour maintenir le macronisme jusqu’en 2027 mais ensuite la porte électorale leur sera fermée.

 

« Les socialistes ont la clé jusqu’en 2027 », affirme François Hollande

 

🔴 Résultat de la trahison.... 👇

Fruit du non vote de la censure du gouvernement Bayrou par le PS le 16/01/2025 - scrutin n°526

 

#PlusJamaisPS

 

Notes :

[0Le patron du PS, Olivier Faure, a «hété» à rejoindre Emmanuel Macron en 2016

[0bisTRIBUNE : Le recul du PS sur ses engagements : une situation qui était prévisible

[1] Le Parti socialiste, reçu à l'Elysée, se met en rupture avec La France insoumise

[1bisJean-Luc Mélenchon : « Je lance un appel à la création d’une fédération populaire »

[1terCagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

[2Pourquoi Mitterrand ne nous manque pas

[3Déclaration de politique générale de M. Pierre Mauroy, Premier ministre, devant l'Assemblée nationale le 8 juillet 1981, publiée dans Le Monde le 10 juillet 1981

[4Lionel Jospin : le retour de la momie sociale-démocrate

[5Le gouvernement Jospin, de l'embellie à la désillusion

[6Sondage : Mélenchon, le candidat qui incarne le plus le changement

[7Emmanuel Macron, de « Mozart de l'Elysée » à ministre de l'économie

[8Pour Philippe Martinez secrétaire général de la CGT : « Le bilan de Hollande est négatif »

[9Paris 14 juin 2016, j'y étais, j'ai vu, j'accuse... Gazer, mutiler, soumettre : la police au service du néolibéralisme autoritaire, je l'ai vue à l'œuvre !  

[10La loi immigration, ni tournant, ni trahison : une continuité politique

[11L'affaire Leonarda

[12Aurélien Bellanger dans son ouvrage " Les derniers jours du Parti socialiste "

[13Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes)

[14] Jean-Luc Mélenchon : « Je lance un appel à la création d’une fédération populaire »

[15Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[16Les prochaines élections sénatoriales auront lieu en septembre 2023

[17Sénatoriales : La France insoumise dénonce un "enterrement de la Nupes" avant une possible alliance PS-EELV-PCF

[18Élections sénatoriales : le refus de l’union autour de la NUPES aura coûté à la gauche près de 10 sièges

[19LFI propose de créer des structures locales de la Nupes, de lancer une agora, de bâtir des alliances électorales aux sénatoriales et aux européennes

[20Européennes 2024 : La France insoumise plaide pour une liste commune 

[21La France Insoumise est même prête à laisser la tête de liste à EELV pour une liste commune

[22Sondage : unie aux élections européennes, la NUPES peut l’emporter face à Macron et Le Pen

[23Le Nouveau Front Populaire est né

[24Dissolution : Emmanuel Macron annonce la dissolution de l'Assemblée nationale 

[24bis] Législatives 2024 : LFI, PS, Verts, PCF, combien de candidats les partis du Front populaire présenteront-ils ? 

[25Motion de censure : l'Assemblée nationale renverse le gouvernement de Michel Barnier

[26Gouvernement Bayrou : qui sont les 35 nouveaux ministres ?

[27ASSEMBLÉE NATIONALE 14 janvier 2025 : MOTION DE CENSURE présentée par Mme Mathilde PANOT et 57 de ses collègues communistes et écologistes

[28Scrutin public n°526 sur la motion de censure, déposée en application de l'article 49, alinéa 2, de la Constitution, par Mme Mathilde Panot et 57 députés.

[298 juin 2023, la #Nupes a fait un serment

 

Pour en savoir plus :

- « Je démissionne du Parti socialiste » – Après la non-censure, le PS face à la fronde massive de ses élus et de ses militants

Décryptage – Censure du 16 janvier 2025 : comment François Bayrou a enfumé le Parti Socialiste

- Hollande et la gauche du rien

 

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12 janvier 2025 7 12 /01 /janvier /2025 18:47
Entretien avec Michaël Löwy : Jean-Luc Mélenchon « a largement contribué à populariser la notion d’écosocialisme et a un discours élaboré sur l’écologie »

Michael Löwy (1938) est une figure intellectuelle incontournable de la gauche dans le monde. Après un pèlerinage intellectuel à travers plusieurs pays, du Brésil au Royaume-Uni en passant par Israël, c’est en France que Michael Löwy s’est installé en 1969, invité par Nicos Poulantzas. Fin philosophe révolutionnaire, il a présenté une thèse sur György Lukács en 1975 et s’est passionné tant pour le marxisme que pour le surréalisme.

Parallèlement à sa vie intellectuelle, Michael Löwy est un homme engagé politiquement. Il a milité dans la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), mouvement emblématique du trotskisme en France, et aussi, de l’autre côté de l’Atlantique, aux côtés de l’aile gauche du Partido dos Trabalhadores (PT) et du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST) du Brésil. Récemment, il a commencé à collaborer avec l’Institut La Boétie, le think tank de La France Insoumise, fondé en 2020 par Jean-Luc Mélenchon.

Pensant bienveillant, Michael Löwy s’efforce de créer une synthèse intellectuelle entre le marxisme et la pensée écologiste, dans le but de construire une nouvelle théorie politique : l’écosocialisme. Cette approche cherche à combiner le pragmatisme scientifique du marxisme avec les préoccupations utopiques des écologistes. Entretien.

 

 

Sources : L'insoumission | 

- Diario Red / Insoumission[1] : Vous collaborez actuellement avec l’Institut La Boétie, (think tank à La France Insoumise) après un long parcours dans les organisations de la gauche trotskiste révolutionnaire. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rapprocher de La France Insoumise ?

Michael Löwy : À mon avis, la gauche trotskiste révolutionnaire a intérêt à collaborer avec des partis de gauche comme La France Insoumise, dans la mesure où ils constituent les principales forces incarnant une dynamique anticapitaliste dans la société. Dans le cas de Jean-Luc Mélenchon, nous avons affaire à un leader politique qui a largement contribué à populariser la notion d’écosocialisme et qui a un discours élaboré sur l’écologie.

 

Il a fait avancer nos thèses dans la bataille des idées. Par conséquent, il n’y a pas de contradiction entre se rapprocher de partis comme La France Insoumise et rester dans la tradition de la gauche trotskiste révolutionnaire.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Que peut apporter la pensée marxiste à l’écologie ?
Michael Löwy : Le marxisme est une théorie nécessaire pour tout projet de transformation sociale, car il nous permet de comprendre scientifiquement ce qu’est le capitalisme et les raisons pour lesquelles, en raison de la logique d’accumulation du capital, il génère une exploitation sans limites de l’homme et de la nature. Pour cette raison, le marxisme est une arme pour lutter contre les « falsificateurs de l’écologie », en particulier les promoteurs du capitalisme vert, qui redoublent d’efforts pour démontrer une thèse impossible : la compatibilité de l’écologie avec le capitalisme.

 

De plus, le marxisme est un outil intellectuel pour comprendre ce que pourrait être une alternative au capitalisme. Il élabore ses contours, défendant la constitution d’une économie qui priorise une production destinée à satisfaire les besoins sociaux à travers une planification démocratique, par opposition aux marchandises destinées au marché.

 

J’insiste particulièrement sur cette notion, car elle est consubstantielle à toute perspective écologique : une société durable ne pourra pas continuer à produire n’importe quoi à des fins d’échange sur un marché, comme c’est le cas aujourd’hui. La préservation de la vie humaine sur Terre exige la production de biens en fonction de leur utilité sociale et environnementale, en opposition à l’irresponsabilité totale qui règne dans la production actuelle.

 

🔴 Par conséquent, nous devons transformer le marxisme en un « éco-marxisme » et le socialisme en un « éco-socialisme », et mettre en œuvre une politique de planification qui intègre la notion de limites écologiques.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Comment peut-on construire une planification économique démocratique ?
Michael Löwy : Il est nécessaire de rompre avec le modèle soviétique de planification. À mon avis, l’excessive verticalité du système et l’absence de démocratie ont conduit à son incapacité à répondre réellement aux besoins de la population, et, en conséquence, à sa chute. Les décisions sur la manière et les raisons de produire doivent être prises de manière participative. Comment y parvenir ?

 

Nous devons partir du principe de subsidiarité : les décisions qui peuvent être prises au niveau local ou micro-local doivent être réalisées à cette échelle. Cela favorisera l’autogestion et multipliera la prise de décisions au niveau direct. De nombreuses institutions qui opèrent uniquement au niveau local pourraient être gérées directement par leur personnel.

 

Cependant, les activités de certaines administrations et entreprises nécessitent la mobilisation d’une région ou même de tout un pays. Dans ces cas, je défends un principe de représentativité : les décisions sur ce qui doit être produit et consommé doivent être prises par le peuple, par des représentants élus et des référendums.

 

🔴 Il est important de comprendre que l’économie n’est pas un fait naturel, mais un fait politique. Les grandes décisions économiques, concernant ce qui doit être produit et consommé, doivent être prises au niveau politique. Il ne s’agit pas d’éliminer complètement le marché, mais de lui donner sa place adéquate, notamment pour garantir la gratuité de certains services essentiels et, finalement, dépasser la politique de l’offre et son irresponsabilité sociale et écologique.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Vous vous intéressez au rôle révolutionnaire de l’utopie. Soutenez-vous les socialistes utopiques si critiqués par Marx ?
Michael Löwy : Je m’inspire du penseur Miguel Abensour, qui souligne que Marx ne critique pas les socialistes utopiques pour le contenu de leurs utopies, qu’il trouvait en réalité fascinantes, mais pour leur vision parfois erronée du politique.

 

Beaucoup de socialistes utopiques pensaient qu’il suffisait de gagner le cœur de quelques riches philanthropes pour réaliser leurs projets et les étendre à toute la société. Ce que Marx critiquait essentiellement chez Fourier ou Proudhon, c’était qu’ils ignoraient des questions politiques centrales : quelle classe sociale devra réaliser cette société utopique ? Quel sera le processus de transition vers une nouvelle société ?

 

Face à des penseurs qui, parfois, défendaient le retrait de la société pour entrer dans des phalanstères et qui, parfois, ressentaient de la nostalgie pour des formes de travail écrasées par le machinisme industriel, Marx pose la nécessité d’un processus révolutionnaire mené jusqu’au bout par une classe sociale ascendante : le prolétariat, qu’il définit comme les travailleurs ne possédant pas leurs moyens de production.

 

Cependant, cela n’empêchait pas Marx de s’intéresser sincèrement aux idées des socialistes utopiques, qui furent l’une des trois principales sources d’inspiration de sa pensée, avec l’idéalisme allemand hégélien et les économistes classiques anglais.

 

Cette vision erronée de la notion d’utopie chez Marx a conduit de nombreux marxistes à rejeter a priori toute politique de l’utopie. Pour ma part, je pense que l’idée d’utopie est nécessaire à tout projet politique révolutionnaire.

 

Le penseur marxiste utopique Ernst Bloch, que je cite fréquemment, disait que la force du marxisme réside dans la combinaison d’un « courant froid », une lecture scientifique du capitalisme, avec un « courant chaud », la vision utopique d’une société sans classes, basée sur la justice et l’égalité, où nous serions libérés de la surexploitation, du productivisme et du fétichisme de la marchandise, et par conséquent du consumérisme. Selon moi, le « courant froid » doit être un moyen pour atteindre le « courant chaud ».

 

 

- Diario Red / Insoumission : Vous parlez d’une transformation des forces productives en forces destructrices, en opposition au marxisme classique, en vous inspirant des thèses de Walter Benjamin. Ne risquez-vous pas de tomber dans une condamnation a priori du progrès technique, comme le font de nombreux penseurs écologistes décroissants ?
Michael Löwy : Je pense que nous devons éviter toute simplification à propos du progrès technologique et adopter une vision dialectique. La catégorie « progrès technique » ne signifie rien en soi : le progrès technique n’est pas unique, il est multiple, et peut donc être défini de diverses manières.

 

Laissons de côté les simplifications et les discours binaires : nous pouvons observer qu’il existe des avancées techniques majoritairement positives, comme celles de la médecine, et d’autres négatives, comme la voiture individuelle ou l’extraction pétrolière.

 

🔴 Pourquoi cette différence entre des réalisations qui sont considérées comme faisant partie d’un même ensemble, le progrès technique ?
Pour une raison simple : je pars du principe que le véritable problème n’est pas la technique, mais le capitalisme. Le capitalisme crée une technologie qui lui est propre et qui est à son service. Prenons l’exemple de l’automobile individuelle : un produit qui, à l’origine, ne répondait à aucun besoin social réel, a fait l’objet d’une véritable fétichisation comme produit de consommation ostentatoire, et a réorganisé la société au bénéfice du capitalisme contemporain.

 

Il est donc nécessaire de dépasser une illusion entretenue par le marxisme le plus orthodoxe : l’écosocialisme démontre que nous ne pouvons pas nous approprier toute la technologie et tout l’appareil de production existant pour les mettre au service des travailleurs, car une partie de ces derniers existe uniquement pour satisfaire les besoins spécifiques du capitalisme. Que changerait-il en termes de politique écologique si un puits pétrolier en haute mer était sous le contrôle des travailleurs ?

 

 

- Diario Red / Insoumission : L’écosocialisme est-il alors synonyme de décroissance ?
Michael Löwy : Ce n’est pas si simple. Soyons clairs : l’écosocialisme implique une forme de décroissance dans la mesure où il remet en question l’existence même d’une partie de notre appareil productif et de notre production. Pourquoi ? Parce que le capitalisme ne produit pas des choses pour répondre à des besoins, mais uniquement en fonction de leur capacité à être échangées sur le marché, de leur valeur d’échange.

 

🔴 Par exemple, le fait que tous nos appareils électroménagers deviennent obsolètes après quelques années ne répond pas à nos besoins en tant que consommateurs, mais à l’objectif d’augmenter la circulation des valeurs d’échange sur le marché, de stimuler les ventes et la concurrence, au détriment de toute responsabilité environnementale. La mise en œuvre d’un système écosocialiste qui dépasse le capitalisme impliquerait donc l’élimination de tout le gaspillage de ressources humaines et naturelles causé par l’irresponsabilité de l’économie capitaliste, ce qui entraînerait inévitablement une forme de décroissance.

 

Cependant, la décroissance en elle-même ne sera jamais un projet de société. En effet, il existe des formes de décroissance capitalistes, comme les mesures malthusiennes ou la destruction d’activités jugées « insuffisamment rentables », qui sont souvent nécessaires au bien-être de la société.

 

🔴 Par conséquent, il existe un danger que la question de la décroissance soit posée par les classes dominantes sans aucune critique du capitalisme, créant une société encore plus aliénée. La décroissance est également une notion complexe qui ne peut être résumée par des lieux communs ou des idées uniformes. Elle ne peut être pensée simplement comme une diminution du PIB, mais comme une manière de réorganiser la production.

 

Nous devons sérieusement nous poser ces questions : quelle partie de l’appareil productif doit être démantelée et quelle partie doit être développée ? Par exemple, je pense que les énergies fossiles et la publicité font partie des activités qui doivent décroître. En revanche, les investissements dans les transports publics doivent augmenter, car les voitures individuelles sont destinées à disparaître.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Vous êtes brésilien. Les discours écosocialistes et les formes de décroissance qu’ils impliquent sont-ils audibles dans un pays et un continent qui désirent à tout prix se développer et croître économiquement ?
Michael Löwy : Malgré la présence de réseaux écosocialistes actifs au sein des forces de gauche, notamment au Brésil, il faut reconnaître que la vision dominante en Amérique latine, dans toutes les forces politiques, reste développementaliste. Il est évident que l’Amérique latine doit se développer ; ce n’est pas la question. La véritable question est : quel type de développement le continent a-t-il besoin ? À mon avis, il ne faut pas y reproduire les erreurs du développement des pays du Nord.

 

🔴 Le modèle de développement suivi en Amérique latine est le suivant : produire des matières premières non transformées destinées au marché mondial, avec des conséquences désastreuses sur le plan écologique. Les tentatives de diversification industrielle en Amérique latine, comme le développement d’une industrie automobile ou aéronautique, sont également conditionnées par les exigences du marché mondial.

Ces productions sont-elles une priorité pour les Sud-Américains, dont la majorité n’a ni voiture ni accès aux avions ? Il est nécessaire de penser un autre modèle de développement, ce qui implique de produire pour la population et non pour le marché mondial.

 

Par exemple, mon pays, le Brésil, détruit la forêt amazonienne pour produire une quantité de soja et de viande qui dépasse largement la demande nationale, voire régionale : la surproduction agricole pour satisfaire le marché mondial et le secteur de la viande conduit nécessairement à l’accélération de la déforestation de l’Amazonie… Avec le temps, cela pourrait provoquer l’assèchement des fleuves qui coulent vers le sud du pays et qui alimentent la production agricole… Une véritable catastrophe !

 

Dans cet écocide, l’extrême droite est en première ligne, avec l’ex-président Bolsonaro, qui voulait éradiquer la forêt « parce qu’elle ne sert à rien » et mettre fin aux modes de vie indigènes. Le peuple brésilien ne se nourrit pas de soja, mais principalement de riz, de haricots, de farine et de poulet.

 

🔴 Par conséquent, l’agriculture doit être orientée en priorité vers le marché intérieur et viser une production biologique. Il n’y a pas d’autre solution pour stopper le désastre écologique en cours. Cela a été compris par le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), qui est aujourd’hui le principal producteur de riz biologique du pays.

 

Comme pour le progrès technique, la question du développement doit être abordée selon une approche dialectique et non comme une perspective uniforme. Il existe un développement capitaliste, destructeur, et un développement nécessaire dont l’Amérique latine a besoin : plus de services publics, d’électricité, d’approvisionnement en eau, d’assainissement, etc.

 

L’Amérique latine peut être pionnière en matière de progrès technique respectueux des équilibres naturels, contrairement aux sociétés occidentales. Dans ce combat, la gauche, les paysans, les indigènes et une partie de l’Église jouent un rôle fondamental.

 

 

- Diario Red / Insoumission : Quels sont les principaux obstacles à une politique écologiste et écosocialiste en Amérique latine, et au Brésil en particulier ?
Michael Löwy : Je pense que la gauche latino-américaine a souffert d’une idéalisation du pétrole. Le contrôle de celui-ci était perçu comme un moyen d’acquérir plus de souveraineté économique par rapport aux États-Unis, mais il a fini par affaiblir les économies du continent, dévaster l’environnement et attiser les ambitions des oligarchies étrangères.

 

Cependant, je constate quelques signaux positifs. Au sein du gouvernement de Lula, la ministre de l’Environnement, Marina Silva, s’oppose à l’exploitation pétrolière dans l’estuaire de l’Amazone. Lula n’a pas encore pris de décision sur le sujet, mais il est important que cette position ait été exprimée.

 

🔴 La seconde menace est le libre-échange et la surdépendance au marché mondial, dont j’ai exposé la relation de cause à effet avec la déforestation de l’Amazonie. Il est certain que la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur[2] est une très mauvaise nouvelle pour la préservation de l’environnement en Amérique latine.

 

Notes :

[1L’Insoumission et le média espagnol Diario Red (Canal Red) s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours en France, en Espagne et en Amérique du Sud. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et de Diario Red.

[2UE-Mercosur : un accord mortel pour les agriculteurs et l'environnement

 

Point en savoir plus :

- JEAN-LUC MÉLENCHON : CLIMAT - Je lance l'alerte : le temps est compté !

- « L’urgence écologique doit être au point de départ de ma campagne »

 

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10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 20:42
Municipales 2026 : quelle stratégie de La France Insoumise ?

En 2026, aux municipales, nous souhaiterions des listes d’union.

Mais elles sont empêchées par ceux qui ne veulent pas du NFP.

Il y aura partout des listes insoumises : prêtes aux municipales, pour l’union ou pour être proposées au vote[1].

 

 

Dix ans après la fondation de la France insoumise, ces municipales seront la nouvelle étape de la construction de notre mouvement politique, cela fera dix ans que nous existons !
Si le Nouveau Front Populaire a pu remporter les élections législatives, c’est d’abord parce que nous avons su mettre en mouvement une partie du peuple qui avait renoncé à venir aux urnes. Nous l’avons enclenché lors des élections européennes où nos progrès ont été impressionnants dans la jeunesse et dans les quartiers populaires. Cette dynamique s’est confirmée lors des élections législatives : ce sont dans les bureaux de vote où la progression insoumise a été la plus forte aux élections européennes qu’ont été observés les progrès les plus importants du Nouveau Front Populaire aux élections législatives.
Des marges de progression existent encore et les élections municipales en sont un nouvel " outil " servant à accélérer notre implantation locale et des cadres d’auto-organisation populaires à tous les niveaux de représentations politiques.

Retrouvez ci-dessous la stratégie adoptée par l'Assemblée représentative de la France insoumise du 14 décembre 2024[2] pour les élections municipales et validée par 93.9 % des insoumis par vote[3]

Pour accéder à l'intégrale du texte texte d’orientation stratégique cliquez ici 👉 [4]

 

 

Sources : La France Insoumise | 

- Préparer les élections municipales pour présenter des listes dans le plus grand nombre de communes

Nos groupes d’action ont consolidé leur ancrage ces dernières années et encore plus ces derniers mois.

  • Nous avons constitué un réseau d’élu·es militant·es dans le cadre de l’Association nationale du réseau des élu·es insoumis·es et citoyen·nes.
  • Nous avons été en tête dans un grand nombre de communes lors des dernières élections européennes : notre liste a, par exemple, dépassé les 20 % à Audincourt, Avignon, Marseille, Montpellier, Strasbourg, Lille, Saint-Étienne, Grenoble, Audincourt ; les 30 % à Choisy-le-Roi, Givors, Grande-Synthe, Vitry-sur-Seine, Vernouillet, Montreuil, Cergy, Saint-Ouen, Bagnolet, Montataire, Nanterre, Dreux, Sarcelles, Bethoncourt ; les 40 % à Argenteuil, Bondy, Villiers-le-Bel, Sevran, Creil, Vaulx-en-Velin, Aubervilliers ; les 50 % à Saint-Denis, Bobigny, Trappes, La Courneuve…

 

Sur ces bases, nous nous donnons l’objectif :

  • de conquérir des mairies et des présidences d’exécutifs locaux et de constituer des groupes d’élu·es insoumis·es et citoyen·nes dans les conseils municipaux et dans les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ;
  • d’investir un maximum de conseils municipaux, jusqu’aux plus petits villages.
  • Notre objectif est aussi de faire élire un maximum de conseillers consulaires.

C’est aussi de cette façon que nous permettrons l’entrée de la France insoumise au Sénat, après en avoir été empêchée par les directions nationales du Parti socialiste et du Parti communiste en 2023. Nous appelons largement les insoumis·es à se porter candidat·es aux élections municipales afin de permettre une présence dans un maximum de communes, y compris les plus petites, en déposant ou en participant à des listes complètes ou partielles dans les communes de moins de 1 000 habitant·es où le mode de scrutin autorise le panachage.

 

Pour atteindre ces objectifs, nous invitons les insoumis·es à réunir les conditions permettant de constituer des listes insoumises dans le plus grand nombre possible de communes (et de pays en vue des élections consulaires), en s’appuyant sur une démarche d’union populaire et en encourageant des collectifs et luttes locales dans les quartiers populaires, la jeunesse, comme partout où les secteurs populaires se mobilisent pour défendre leurs revendications sociales, écologistes, démocratiques. Notre objectif est de rendre la commune à ses habitant·es et de porter un programme de rupture à l’échelle municipale.

 


- Nous proposerons un accord national à nos partenaires du Nouveau Front Populaire

Dans tous les cas, nous travaillerons là où c’est possible à des accords locaux ou départementaux avec une ou plusieurs composantes du NFP. Dans certaines communes, cela pourra conduire à la constitution de listes communes dès le premier tour avec une ou plusieurs composantes du Nouveau Front Populaire. Cela nécessitera des garanties programmatiques claires et publiques (voir Annexe 1👇) et que la représentativité de la France insoumise soit assurée. Pour les élections consulaires, un travail sera mené avec les groupes d’action des Français·es de l’étranger pour établir la liste des garanties programmatiques ainsi que le calendrier.

 

Fort·es de nos expériences précédentes, nous abordons cette possibilité sans naïveté. Ces dix dernières années, aux côtés des habitant·es, nous avons fait l’expérience des conséquences des politiques conduites par les notables de la droite, et, parfois, de la gauche d’avant, dont certain·es ont ouvert leurs majorités à des composantes du macronisme.
D’autres s’inscrivent dans la lignée de la démarche de rupture avec le NFP exprimée par François Hollande ou Raphaël Glucksmann, qui s’efforcent déjà au quotidien de marginaliser la France insoumise pour mieux s’opposer à nos idées. D’autres encore soutiennent le projet de grande coalition avec les macronistes.
Il est évident qu’une alliance sera impossible dans ces cas de figure.

 

La « droite républicaine » et le Rassemblement National conduisent, au plan local, des politiques violentes, racistes, discriminatoires et anti-écologiques. C’est pourquoi, en tout état de cause, au second tour, nous chercherons à rassembler les listes issues du Nouveau Front Populaire pour battre la droite et l’extrême droite, hormis si l’hégémonisme ou les renoncements programmatiques nous obligent à garantir seul·es notre représentation au sein des conseils municipaux et consulaires.

 

Nous proposerons par ailleurs aux forces du Nouveau Front Populaire une coordination nationale particulière dans les communes dirigées par le RN et le parti d’Éric Ciotti afin de réunir les meilleures conditions possibles pour y défendre notre programme dès le premier tour. Face au danger de l’extrême droite, nous pourrons envisager des fusions ou des désistements au second tour.

 

 

- Définir les marqueurs programmatiques pour un mouvement communaliste

La France insoumise est un mouvement communaliste, c’est-à-dire qui réaffirme la commune comme premier échelon de la démocratie pour un pouvoir démocratique s’exerçant au plus près des besoins des habitant·es. Nous voulons restaurer la démocratie communale et tourner le dos à la dépolitisation de la fonction d’élu·e local·e, transformé·e en gestionnaire de l’austérité. Mouvement de la Révolution citoyenne, nous voulons oeuvrer à l’implication du peuple à chaque étape de nos campagnes et dans l’exercice des responsabilités. Six ans après l’abstention de masse des dernières élections municipales, nous savons que la participation populaire est la condition pour nous ouvrir les chemins de la victoire. Afin qu’elles puissent reprendre leur destin en main, nous souhaitons favoriser la participation dans les conseils municipaux des classes populaires et de tou·tes celles et ceux qui sont engagé·es et portent des luttes syndicales, citoyennes ou associatives.

 

Témoins du clientélisme et partageant le dégoût qu’il engendre chez les habitant·es, nos candidat·es s’engageront à lutter contre le népotisme et la corruption locale et à garder, dans leur mandat, un lien constant et transparent avec le peuple, à l’image de nos parlementaires. Partisan·es de la rupture, nous nous adresserons dans la clarté aux électeur·rices en définissant des garanties programmatiques ambitieuses et non-négociables qui devront être intégrées à l’ensemble des programmes défendus par les listes municipales soutenues par la France insoumise (voir Annexe 1👇). Pour les élections consulaires, un travail sera mené avec les groupes d’action des Français·es de l’étranger pour établir la liste des garanties programmatiques ainsi que le calendrier.

 

Pour nous donner les moyens de nos ambitions, la Coordination de la France insoumise, en lien avec les boucles départementales, conduira un travail de ciblage visant à identifier nos possibilités de conquête, d’implantation et de consolidation. C’est là que nous concentrerons nos forces. En parallèle, en lien avec l’Association nationale du réseau des élu·es insoumis·es et citoyen·nes, tenant compte du travail des Rencontres Nationales des Quartiers Populaires et des militant·es et élu·es dans les territoires ruraux :

  • elle travaillera à la mise à disposition dès le premier trimestre 2025 d’une boîte à outils afin d’inspirer et d’enrichir les programmes de nos listes élaborées localement ;
  • elle proposera des outils, tutoriels et fiches pratiques d’organisation d’une campagne municipale ouverts à tou·tes les insoumis·es (législation, financement, constitution de listes, démarches administratives déclaratives, points de vigilance, astuces, méthodes d’implication citoyenne, charte éthique des candidat·es insoumis·es…) afin de faciliter l’engagement de primo-candidat·es et d’assurer notre présence dans un maximum de petites et moyennes communes ;
  • enfin, elle proposera aux chef·fes de file insoumis·es des communes prioritairement ciblées par notre mouvement un cycle de formation au cours de l’année 2025. Les boucles départementales sont invitées à contribuer à ce travail de formation à destination de tou·tes les insoumis·es.

 

 

🔴ANNEXE 1 - GARANTIES PROGRAMMATIQUES MUNICIPALES SUR LA BASE DUN PRORAMME DE RUPTURE
1 - Commencer la révolution citoyenne dans les communes

  • Instaurer un référendum d’initiative citoyenne municipal et s’engager à convoquer des référendums locaux pour les grands projets structurants pour la commune.
  • Faciliter l’exercice du droit de propositions des élu·es de l’opposition comme de la majorité (ordre du jour du conseil municipal, droit d’amendement, motions…).


2 - Gérer les communes par des régies publiques

  • Lancer dès l’accession aux responsabilités municipales une revue générale de toutes les délégations de services publics au secteur privé (DSP) et de tous les partenariats publics privés (PPP) afin de déterminer un plan de retour en régie publique, en commençant par les communs essentiels comme l’eau, la production d’énergies renouvelables, les transports en commun, la restauration scolaire ou la gestion des déchets. Les régies publiques devront permettre aux usager·es et aux agent·es de siéger dans les conseils d’exploitation ou d’administration.
  • Garantir de cette façon des services publics communaux pour couvrir les besoins essentiels de l’existence : se loger, se nourrir, boire, se déplacer, se cultiver, se soigner…


3 - Installer la règle verte communale

  • Refuser d’accorder des permis et des autorisations pour des activités polluantes et écocides.
  • Réduire la tarification des transports en commun pour faire la gratuité en commençant par les moins de 25 ans, les privé·es d’emploi et les usager·es disposant de faibles revenus.
  • Faire un moratoire sur les zones à faibles émissions (ZFE) en attendant de déployer des mobilités alternatives.
  • Développer des « mines urbaines » municipales : déchetteries, recycleries, ateliers de réparations...


4 - Instaurer es communes zéro chômeur pour le droit à l'emploi

  • Développer une politique locale de garantie d’emploi notamment en faisant entrer les communes ou intercommunalités dans le dispositif « territoires zéro chômeur de longue durée », en tenant compte des bilans tirés, notamment par les syndicats et actionner tous les leviers pour favoriser l’emploi local de qualité : commande publique, fonction publique…


5 - Tuer la spéculation immobilière

  • Mettre sous contrôle le marché du logement en augmentant la part de logement public, en appliquant partout où c’est possible l’encadrement des loyers et en développant l’accession à la propriété non spéculative (via les offices fonciers solidaires, l’habitat coopératif, etc.), notamment par l’exercice du droit de préemption.
  • Mettre fin au clientélisme dans l’attribution des logements sociaux en transformant le « quota du maire » en quota du conseil municipal, soumis à discussion après élaboration d’une grille claire de critères.
  • Fixer l’objectif de communes zéro sans abri, zéro passoire thermique, zéro habitat insalubre.


6 - Passer à une alimentation 100 % bio et locale dans les cantines et les rendre gratuites

  • Organiser la conversion de tous les repas des cantines scolaires en bio et produits locaux, avec introduction d’options végétariennes quotidiennes. Instaurer progressivement la gratuité en commençant par renforcer la progressivité des tarifs pour les petits revenus et la gratuité immédiate pour les familles en dessous du seuil de pauvreté.
  • Participer parallèlement à la conversion de l’offre agricole locale en bio, par exemple par la mise en place de zones agricoles protégées.


7 - Favoriser l'école publique et laïque

  • Réaffirmer le rôle central de l’École de la République dans la construction de la citoyenneté.
  • Appliquer strictement la loi pour les subventions de fonctionnement aux établissements scolaires privés et refuser tout financement public pour la construction d’établissements scolaires privés ou leur rénovation ainsi que pour les associations confessionnelles.


8 - Faire des communes activement antiracistes, féministes et inclusives

  • Créer des observatoires communaux ou intercommunaux des discriminations, en collaboration avec les associations et les habitant·es, capables de mener des actions de testing et former l’ensemble des agent·es de la collectivité sur ces enjeux.
  • Constituer la municipalité partie civile des plaintes des victimes de racisme, sexisme et LGBTIphobie, soutenir le présence de centres de planification familiale.
  • Combattre le validisme. Renforcer les moyens en faveur d’un accueil digne des exilé·es.


9 - Des communes engagées pour la paix

  • Défendre la paix dans le monde et la justice pour les peuples. Par exemple, faire voter par le conseil municipal une motion pour soutenir le cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et au Liban, la reconnaissance de l’État de Palestine, et demander un embargo sur les exportations d’armes au gouvernement de Netanyahou.
Municipales 2026 : quelle stratégie de La France Insoumise ?
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18 décembre 2024 3 18 /12 /décembre /2024 15:17
L’État néolibéral contre la planification

La question des formes de planification revient dans le débat public, notamment dans la perspective d’une transition écologique. Cependant, l’aggravation des politiques d’austérité et des mesures de régression écologique et sociale, notamment en France, semble aller dans une direction opposée. Quelle place le néolibéralisme peut-il laisser à des perspectives de planification ?

Cet article s’inspire d’une communication présentée dans le cadre du congrès 2024 de l’Association française d’économie politique (AFEP)[0], qui avait pour thème la question suivante : « Face aux crises, des planifications sont-elles possibles ? »

 

 

Sources : Stéphanie Treillet économiste |

-  Le néolibéralisme peut être considéré comme inaugurant, à partir de la décennie 1990, une conception et une pratique du rôle de l’État cohérentes et nouvelles dans l’histoire du capitalisme.
Il configure en effet un État principal organisateur des marchés et de la concurrence.

Dans la mesure où les crises financières récurrentes, la crise sociale, la crise écologique font revenir dans le débat public la thématique de la planification, on peut se demander si cette forme contemporaine d’intervention de l’État ouvre un espace renouvelé pour des formes de planification ou, au contraire, si elle s’y oppose frontalement et lui fait obstacle.

 

 

-  L’État néolibéral : un État fort et actif

Il est important tout d’abord, avant d’examiner l’action effective de l’État à cette étape du capitalisme, de préciser quelle conception de son rôle sous-tend le projet néolibéral. En effet, prévaut souvent l’idée erronée, y compris au sein des forces sociales opposées au néolibéralisme, que celui-ci supposerait un État minimal réduit à ses fonctions régaliennes, voire absent du fonctionnement de l’économie et plus globalement de l’organisation sociale. En réalité :

  •  deux représentations du rôle de l’État dans l’économie ;
  • deux cohérences en apparence contradictoires

coexistent dans l’histoire de la pensée économique depuis ses débuts.

Adam Smith
Adam Smith

 

🔴 Le paradigme des défaillances du marché. L’idée est apparue dès la naissance de l’économie politique, Adam Smith par exemple constatant que, si prédominantes que soient la concurrence et la « main invisible » du marché, elles ne sont pas en mesure d’assurer la fourniture de biens comme les ponts ou l’instruction publique[1]. Mais c’est Alfred Marshall qui, à la fin du XIXe siècle, systématise cette idée[2].

 

Les défaillances du marché désignent des cas de figure où la régulation par la seule concurrence ne permet pas à l’économie d’atteindre une situation optimale d’allocation des ressources : il demeure des pénuries, du gaspillage, des goulots d’étranglement. Les externalités négatives, comme les dégradations environnementales, en sont un cas emblématique : les agents économiques, par exemple les entreprises, ne supportent pas les coûts sociaux et collectifs de leur activité, si une action de la puissance publique (par exemple un impôt, du type taxe Pigou[3]) ne les amène pas à modifier leurs calculs. Mais on peut citer aussi les biens collectifs ou les monopoles naturels, dont la production dans un cadre concurrentiel ne peut être rentable et qui doivent donc être pris en charge par l’État.

 

🔴 La figure hayekienne du marché autorégulateur et non construit, sui generis. On peut faire référence à une filiation ultralibérale qui, parallèlement à la précédente, traverse toute l’histoire de la pensée économique, depuis Malthus à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à l’école du Public Choice et aux libertariens aujourd’hui, en passant par le courant des économistes « autrichiens », et notamment Friedrich von Hayek[4].

 

Pour eux, les défaillances du marché n’existent pas, ou du moins ne sont pas à prendre en considération dans la mesure où les défaillances d’un État qui serait amené à tenter de les corriger seront toujours plus importantes. Pour Hayek, qui se place dans une optique philosophique de rejet des Lumières et du « constructivisme », aucun mode de coordination des actions individuelles ne peut être plus efficace que le marché, qui est non construit, naturel et le lieu d’un processus continuel d’apprentissage par les individus qui le rend insurpassable.

 

Adolph Wagner
Adolph Wagner en 1899

▶️ Si on compare ces deux filiations :

  • la première semble constituer, on le verra, un guide du rôle effectif de l’État dans la reproduction du capital aux XXe et XXIe siècles, et plus particulièrement dans l’étape néolibérale.
  • Tandis que la seconde reste une utopie, qui ne paraît pas applicable ni appliquée dans les politiques publiques (malgré les déclarations d’intention de nombreux responsables politiques et dirigeants depuis le début des années 1980), et ne rend pas compte du fonctionnement effectif du système. En effet, l’évolution du capitalisme, l’approfondissement de la division sociale du travail et la complexification des sociétés rendent impossible un retrait de l’État qui par ailleurs n’a jamais été absent de la construction et de la mise en place des économies de marché. On peut faire référence à la loi de Wagner sur l’extension des domaines d’activité de l’État en corrélation avec la croissance du PIB[5].

 

Mais bien qu’utopiste, cette conception n’en a pas moins des effets performatifs sur la trajectoire des sociétés en posant une norme de référence, même inatteignable, et en alimentant un discours adossé à un imaginaire.

 

Cependant, Christian Laval et Pierre Dardot mettent en évidence la constitution dans la phase néolibérale d’un État créateur et organisateur des marchés et des différentes formes de la concurrence, un État régulateur[6]. Pour eux, « le néolibéralisme peut se définir comme l’ensemble des discours, des pratiques, des dispositifs, qui déterminent un nouveau gouvernement des hommes selon le principe universel de la concurrence ». Or ce programme suppose un « État fort », des règles, et non le laisser-faire. Mais cette modalité d’intervention de l’État est principalement indirecte et en rupture avec l’État de l’étape précédente du capitalisme (qu’on peut appeler « étape fordiste » pour faire référence à la catégorie régulationniste), qui était un État redistributeur, planificateur (notamment en France), parfois producteur, et sur lequel s’adossaient des politiques discrétionnaires de réglage fin de la conjoncture.

 

La cohérence de cet État néolibéral est assise sur des fondements théoriques pluriels et éventuellement hétérogènes qui convergent cependant pour constituer un mainstream global à la puissance normative forte.

 

Thomas Sargent
Thomas Sargent

On peut en recenser trois en particulier.

▶️ L’ordolibéralisme, dans le cadre de la construction de l’Union européenne[7].

▶️ Le cadre conceptuel des anticipations rationnelles des agents économiques. Ce corpus d’hypothèses, constitutif de la nouvelle macroéconomie classique à partir du début des années 1980, considère que les agents économiques sont en quelque sorte extralucides et réagissent comme s’ils avaient en tête tout le modèle économique. On ne peut donc pas les tromper et leur comportement sera de nature à annuler d’avance tous les effets escomptés des politiques économiques[8]. Le théorème dit de Ricardo-Barro, ou d’équivalence ricardienne, en est un exemple : si l’État s’endette pour financer des dépenses publiques destinées à relancer la croissance économique par le biais de la demande, les agents économiques anticiperont de futures augmentations des impôts consacrées au remboursement de cette dette et, épargnant pour les financer, réduiront leur consommation. L’augmentation de la dépense publique sera donc annulée par une diminution de la consommation des ménages et l’effet sur la demande globale, et donc sur la croissance, sera nul.

▶️ Le paradigme néoinstitutionnaliste, ou Nouvelle économie institutionnelle (NEI), aujourd’hui ultradominant dans les élaborations normatives des grandes institutions internationales. Ses hypothèses peuvent apparaître contradictoires avec les anticipations rationnelles : rationalité limitée des agents économiques, notion élaborée par Herbert Simon[9], information imparfaite et asymétrique, existence de modes de coordination non-marchands.

 

Cette conception fait des institutions, formelles comme informelles, le résultat de calculs d’optimisation des individus, qui utilisent des formes sociales complémentaires ou alternatives au marché pour organiser leurs interactions. Mais, une fois construites, les institutions constituent également l’environnement permettant au marché de fonctionner, plus ou moins efficacement, et délivrant à ces mêmes individus les incitations les conduisant à des comportements efficients[10]. C’est ainsi que l’existence de règles, de droits de propriété plus ou moins clairs apparaît de nature à expliquer les performances différentes, dans l’histoire et dans le monde, des pays en termes de développement[11].

 

La NEI met en avant la thématique de la gouvernance, réduite à un panel de procédures techniques censées permettre une allocation efficiente des ressources, et se présente donc comme une politique économique dépolitisée. Il n’est en effet pas question de choix de société qui pourraient être effectués sur la base d’une délibération démocratique.

 

 

-  La régulation néolibérale contre la planification

Le mirage de la compétence Séhili Djaouida - Rozenblatt Patrick SYLLEPSE

La régulation conçue dans cette optique consiste en une organisation de l’activité économique par l’État ou les instances étatiques au moyen d’un pilotage indirect par les résultats des différentes catégories d’acteurs (entreprises privées, administrations publiques ou parapubliques, voire associations). Ces résultats sont mesurés par une panoplie d’indicateurs chiffrés dans le cadre de procédures d’évaluation systématiques.

 

Dans le secteur privé marchand, il s’agit de substituer aux grilles de qualifications fondées sur des conventions collectives de branche une évaluation des compétences individuelles dépendant de la capacité des salarié·es à atteindre les objectifs[12]. Dans le secteur non-marchand, le New Public Management (NPM), traduit par la loi organique relatives aux lois de finances (LOLF) puis la révision générale des politiques publiques (RGPP) en France, a pour objectif d’aligner le fonctionnement de ce secteur sur celui du secteur concurrentiel[13]. Le secteur associatif est mis en demeure de s’adapter à ces critères. C’est le cas, par exemple, pour les mutuelles de santé, de plus en plus contraintes à s’aligner sur les règles et les critères de fonctionnement des compagnies d’assurance privées.

 

D’une façon générale, on assiste à une tentative d’extension de la régulation concurrentielle et des critères de rentabilité à toutes les activités. De nombreux travaux et prises de position[13bis], issus de la recherche académique comme de la société civile, ont abondamment documenté le principe d’inefficacité fondamental qui sous-tend ce processus (inefficacité sociale, mais aussi économique à l’aune des critères mis en avant par les réformateurs eux-mêmes) et l’hypertrophie des structures de régulation ainsi convoquées, à l’opposé d’un « État minimal ».

 

Dans le paradigme des défaillances du marché, les interventions de l’État sont circonscrites à un périmètre limité et défini techniquement. Ainsi, la déréglementation et l’ouverture à la concurrence des monopoles publics, auparavant fondés par l’existence de monopoles naturels, sont aujourd’hui justifiées par les évolutions technologiques qui les auraient fait disparaître. Dans le secteur des télécommunications, ce serait le cas du remplacement du téléphone fixe par la téléphonie mobile et l’expansion des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Cette définition exclusivement technique des biens collectifs est contestée par une approche en termes de communs définis par une décision politique et par leur place dans la société[14].

La résistible ascension du néolibéralisme Modernisation capitaliste et crise politique en France (1980-2020)

 

De façon complémentaire, l’étape néolibérale est marquée par un tournant dans la conception des politiques économiques. Un premier changement majeur avait eu lieu au début des années 1980, avec une inversion de la hiérarchie des objectifs des politiques économiques : la désinflation et les grands équilibres ont été mis au premier plan au détriment de la croissance du PIB et de l’emploi[15].

 

Mais, à la fin de la décennie 1990, c’est un changement encore plus radical de la conception même des politiques publiques qui intervient : les politiques discrétionnaires, cherchant à opérer une action contracyclique par rapport aux variations de la conjoncture (par exemple contrecarrer une conjoncture récessive), sont bannies pour promouvoir exclusivement des politiques structurelles et des politiques de règles. Ces politiques sont conçues comme devant rester intangibles quelles que soient les échéances politiques et les variations conjoncturelles.

 

La conception des traités de l’Union européenne, la construction et le fonctionnement de ses principaux organes (Banque centrale européenne, Commission européenne, Commission de la concurrence…) et dispositifs de fonctionnement constituent une sorte d’idéal-type de cette conception. En effet, l’indépendance de la Banque centrale européenne, théorisée par le corpus des anticipations rationnelles mais imputable également, selon Christian Laval et Pierre Dardot, à l’ordolibéralisme, garantit la permanence de l’orientation anti-inflationniste de la politique monétaire, tout en envoyant aux marchés financiers le signal de crédibilité requis. Le Pacte de stabilité budgétaire, dans ses versions successives, verrouille les politiques budgétaires des États membres en les empêchant de s’adapter aux variations de la conjoncture et d’exercer une action contracyclique, c’est-à-dire de remédier aux tendances récessives par une politique de relance.

L’interdit posé sur les politiques conjoncturelles et discrétionnaires laisse toute la place aux politiques structurelles telles que la Stratégie européenne de l’emploi. Celle-ci organise à partir de 2000, de façon convergente, les réformes des marchés du travail dans les différents pays, orientées vers la flexibilisation et l’action sur l’offre de travail, en articulation avec les réformes des systèmes de protection sociale (retraites, assurance chômage). L’objectif est d’agir sur l’offre de travail, à la fois sur le plan quantitatif (dispositifs de workfare) et qualitatif (employabilité, réformes de la formation)[16]. On observe un parallélisme de cette mutation dans les pays en développement et dans les économies industrialisées, identifiable dans la doctrine des organisations internationales[17].

 

Cette conception du rôle de l’État contrecarre dans ses principes mêmes toute possibilité de processus de planification, pour plusieurs raisons.

L'impossible capitalisme vert Daniel Tanuro
  • En premier lieu, elle repose sur une approche exclusivement microéconomique, fondée sur les mécanismes d’incitations en information imparfaite adressées aux agents économiques au niveau individuel. Celle-ci exclut a priori toute prise en compte de la globalité, des paradoxes de composition, des mécanismes systémiques et des perspectives de transformation volontariste des structures par une l’action publique.
  • Ensuite, le pilotage par des indicateurs chiffrés mesurant les résultats à court terme exclut toute trajectoire de transition économique et sociale de moyen-long terme, par nature potentiellement contradictoire avec une augmentation de la rentabilité immédiate. Elle exclut également, pour la même raison, la prise en compte de critères de soutenabilité environnementale ou de besoins sociaux[18].
  • Enfin, les objectifs de cette régulation néolibérale sont fondés sur le postulat de l’inexistence d’un intérêt général qui serait irréductible à la somme des intérêts individuels. Les actions des agents économiques sont supposées mues uniquement par la recherche de rente telle que théorisée par l’école du Public Choice : la sphère du politique n’a pas d’existence ni même de logique propre, on a affaire à un marché politique comparable au marché des biens et services : les offreurs sont les dirigeants politiques qui cherchent à se faire élire, ou réélire, et les acheteurs sont les électeurs, organisés en groupes de pression. Cette conception, proche de celle des libertariens, réintroduit par ce biais l’utopie ultralibérale.

 

🔴 Une véritable planification orientée vers des alternatives à la crise sociale et écologique semble devoir remplir deux conditions.

  • La première, qui ne constitue en rien une feuille de route en ce qu’elle n’apporte pas de solution toute faite aux difficultés à résoudre (hiérarchisation des objectifs, niveaux de décision appropriés), est de reposer sur des modalités de construction donnant toute sa place à la délibération démocratique.
  • La deuxième est de se mettre en mesure de rompre clairement avec les normes de la rentabilité capitaliste, porteuses à la fois d’aveuglement court-termiste et de destructivité sociale et écologique.

 

Or, les modalités de la régulation étatique néolibérale apparaissent contradictoires avec ces deux conditions.

  • La promotion de politiques de règles conçues comme intangibles constitue en effet une mise à l’écart des mesures de politique économique de tout contrôle citoyen, qu’il s’agisse des instances élues ou de la société civile.
  • L’usage systématique d’indicateurs de résultats isolés d’une prise en compte des systèmes globaux interdit la construction de stratégies orientées vers des objectifs écologiques et sociaux durables.

Notes :

[0Association française d'économie politique: AFEP

[1] Adam Smith, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », 1776

[2] Alfred Marshall, « Principes d’économie politique », 1890

[3] Arthur Cecil Pigou, « The Economics of Welfare », 1920. Pigou préconise une taxation des activités génératrices d’externalités négatives de façon à inciter les agents économiques qui en sont à l’origine à « internaliser les externalités », c’est-à-dire à intégrer dans leurs calculs les coûts pour la collectivité. L’exemple le plus emblématique est l’écotaxe, ou système « pollueur-payeur », sous toutes ses formes

[4] Friedrich von Hayek, « La Route de la servitude », 1944

[5] Adolph Wagner, « Les Fondements de l’économie politique », 1872

[6] Pierre Dardot et Christian Laval, « La Nouvelle raison du monde. Essai sur le capitalisme néolibéral, La Découverte », 2010

[7] Ibid

[8] Les références sont nombreuses. Les principaux fondateurs sont Robert Barro, Robert Lucas et Thomas Sargent. Voir, par exemple, Thomas Sargent, « Rational Expectations », The Concise Encyclopedia ou, dans une perspective critique, Emmanuelle Bénicourt et Bernard Guerrien, La Théorie économique néoclassique. Microéconomie, macroéconomie et théorie des jeux, La Découverte, 2008

[9] Herbert Simon, « A Behavioral Model of Rational Choice », The Quarterly Journal of Economics, vol. 69, 1955/1, p. 99-118

[10] Banque mondiale, « Des institutions pour les marchés », in « Rapport sur le développement dans le monde », 2022.

[11] Douglass North, « institutions and Economic Growth: An historical introduction », Elsevier, 1989.

[12] Patrick Rozenblatt et Djaouidah Séhili (dir.), « Le Mirage de la compétence », Syllepse, 2021.

[13] Françoise Dreyfus, « La Révision générale des politiques publiques, une conception néolibérale du rôle de l’État ? », Revue française d’administration publique, n° 136, 2010, p. 857-864

[13bisL'Appel des Appels

[14] Benjamin Coriat (dir.), « Le Retour des communs. La crise de l’idéologie planétaire, Les liens qui libèrent », 2015

[15] Bruno Amable, « La Résistible ascension du néolibéralisme. Modernisation capitaliste et crise politique en France (1980-2020) », La Découverte, 2021

[16] Michel Husson, « La Nouvelle stratégie européenne pour l’emploi », Chronique internationale de l’IRES, n° 82, 2003, p. 53-66.

[17] Stéphanie Treillet, « Universalisme ou ciblage des politiques sociales dans les Stratégies de réduction de la pauvreté : une prise en compte des inégalités ? », in Dynamique des inégalités et développement (Léo Charles et al. dir.), Karthala, 2023

[18] Daniel Tanuro, « L’Impossible capitalisme vert », La Découverte, 2012

 

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7 décembre 2024 6 07 /12 /décembre /2024 20:36

Quand le discours sur les crises élude les malfaçons du système

 

 

La démocratie va mal. Ce serait la faute des institutions, des réseaux sociaux, de l’individualisme. De la « radicalité des extrêmes », voire de l’impuissance devant la violence économique, qu’il faudrait adoucir. Or le capitalisme se fonde sur la division entre l’économique et le politique, ce qui le rend fondamentalement antidémocratique. ( article de Nancy Fraser, composé à partir de l’ouvrage " Le capitalisme est un cannibalisme ", à paraître aux éditions Agone (Marseille) le 15 janvier 2025 et ont elle est l'auteure).

 

 

Sources : Nancy Fraser |

-  Cette crise de la démocratie à laquelle nous sommes confrontés ne tire pas ses origines de la seule sphère politique.

On ne pourra la surmonter en refondant le sens civique, en cultivant le bipartisme, en renforçant l’« ethos démocratique », en ranimant le « pouvoir constituant », en libérant la force de l’« agonisme »… Ni autonomes ni simplement sectoriels, les maux démocratiques actuels constituent l’aspect spécifiquement politique de la crise généralisée qui engloutit l’ensemble de notre ordre social. Ils ont leur origine dans les fondements mêmes de cet ordre — dans ses structures institutionnelles et ses dynamiques constitutives. Ils ne peuvent être appréhendés que dans une vision critique de la totalité sociale, que nombre d’observateurs identifient au néolibéralisme, non sans raison. Mais il importe de situer le néolibéralisme comme une déclinaison du capitalisme : et toute forme de capitalisme est sujette aux crises politiques et hostile à la démocratie, car recelant une contradiction qui l’y prédispose. 

 

 

-  Loin d’être une anomalie, la crise actuelle est la forme que prend cette contradiction.

Réduire le capitalisme à un système économique, et la crise capitaliste à des dysfonctionnements économiques, c’est omettre d’autres contradictions, et les crises qu’elles engendrent : quand les impératifs économiques entrent en conflit avec les conditions d’arrière-plan non économiques dont la bonne santé est essentielle à la poursuite de l’accumulation. Ces conditions sont multiples. Mais la contradiction qui peut être considérée comme à l’origine de la crise démocratique actuelle — étroitement mêlée aux autres impasses du système — porte sur les pouvoirs publics. Leur maintien est une condition de l’accumulation continue du capital, pourtant le capital tend à déstabiliser ces pouvoirs publics dont il dépend.

 

 

-  L’accumulation est inconcevable en l’absence d’un cadre juridique protégeant l’entreprise privée et les échanges marchands.
Elle dépend dans une large mesure des pouvoirs publics :

  • pour garantir les droits de propriété, faire respecter les contrats et trancher les litiges ;
  • pour réprimer les rébellions, maintenir l’ordre et gérer les dissensions ;
  • pour soutenir les régimes monétaires ; pour prendre des mesures en vue de prévenir ou de gérer les crises ;
  • enfin, pour codifier et appliquer les hiérarchies de statut, comme celles qui distinguent les citoyens des « étrangers ».

 

 

-  Ce sont les systèmes juridiques qui ont créé des espaces en apparence dépolitisés, au sein desquels des acteurs privés servent leurs intérêts « économiques » à l’abri de toute ingérence « politique ».

De même, ce sont les États territoriaux qui ont mobilisé la « force légitime » pour réprimer la résistance aux expropriations (notamment coloniales) par lesquelles les rapports de propriété capitalistes ont été créés et maintenus. Après avoir ainsi constitué l’économie capitaliste, ces pouvoirs politiques ont pris des mesures pour accroître la capacité du capital à accumuler des profits. Ils ont construit et entretenu des infrastructures, compensé les « défaillances du marché », orienté le développement, dopé la reproduction sociale, atténué les crises économiques et géré les retombées politiques connexes.

 

L’espace plus large dans lequel s’inscrivent ces États a été organisé pour faciliter la circulation du capital : non seulement avec le concours de la puissance militaire, mais aussi grâce à des dispositifs politiques transnationaux comme le droit international, les régimes supranationaux et les accords négociés entre grandes puissances qui pacifient plus ou moins (mais toujours en faveur du capital) un espace mondial parfois vu comme à l’état de nature. Essentiel à son fonctionnement, le pouvoir politique fait partie intégrante de l’ordre social institutionnalisé qu’est le capitalisme. Mais son maintien est en tension constante avec l’impératif d’accumulation du capital. Il faut en chercher la cause dans la topographie institutionnelle propre au capitalisme, qui sépare l’« économique » et le « politique ». Chacun se voit assigner sa propre sphère, avec son appareil et son modus operandi particuliers. Le pouvoir d’organiser la production est privatisé et confié au capital. La tâche de gouverner les ordres « non économiques » — dont ceux qui fournissent les conditions externes de l’accumulation — incombe au pouvoir public, à qui revient d’employer les moyens « politiques » de la loi. Dans le capitalisme, l’économique est donc non politique, et le politique non économique.

 

 

- La gouvernance sans gouvernement

  • Une séparation qui, en soumettant de vastes aspects de la vie sociale à la « loi du marché » (c’est-à-dire aux grandes entreprises), nous prive de la capacité de décider collectivement ce que nous voulons produire et en quelle quantité, sur quel principe énergétique et selon quels modes de relations sociales.
  • Elle nous prive également des moyens de décider de l’emploi du surplus social produit collectivement, de la relation que nous voulons avec la nature et les générations futures, de l’organisation du travail de reproduction sociale et de son rapport à la production.

En raison de sa structure même, le capitalisme est donc fondamentalement antidémocratique.

 

Or le capital, par nature, essaie de jouer sur les deux tableaux.

  • D’un côté, il vit aux crochets des pouvoirs publics, profitant des régimes juridiques, des forces répressives, des infrastructures et des organismes de régulation.
  • De l’autre, l’appât du gain pousse régulièrement certains segments de la classe capitaliste à se rebeller contre l’État, dont ils blâment l’infériorité par rapport aux marchés, et qu’ils cherchent à affaiblir. Dans ces cas-là, lorsque les intérêts à court terme l’emportent sur la survie à long terme, le capital menace de détruire les conditions politiques mêmes de son existence.

Cette contradiction constitue une tendance aux crises qui n’est pas située « à l’intérieur » de l’économie, mais plutôt à la frontière qui sépare et relie en même temps l’économie et la gouvernance. Inhérente au capitalisme en soi, cette contradiction d’« inter-règnes » pousse toutes les formes de société capitaliste aux crises politiques.

 

Précisons : il n’y a pas de société capitaliste « en soi » ; le capitalisme n’a existé que dans des modes ou des régimes d’accumulation historiquement situés. Et, loin d’être donnée une fois pour toutes, la division constitutive entre l’« économique » et le « politique » peut toujours être contestée et modifiée. C’est surtout en temps de crise que la frontière cristallise les luttes entre les acteurs sociaux — qui parviennent parfois à en changer le tracé.

 

 

- Ainsi, au cours du XXe siècle, le capitalisme géré par l’État, qui succédait au régime du « laissez-faire », a fait usage du pouvoir public afin d’endiguer la crise ou de la ralentir.
Forts du système de contrôle des capitaux mis en place en 1945 sous hégémonie américaine par les accords de Bretton Woods, les États ont, d’une manière générale, discipliné le capital pour son propre bien, et étendu le champ de l’action politique tout en la domestiquant, par des mesures permettant d’intégrer des couches potentiellement révolutionnaires en revalorisant leur citoyenneté et en les impliquant dans le système. La stabilité a ainsi été rétablie pour plusieurs décennies, mais la hausse des salaires et la généralisation des gains de productivité dans l’industrie manufacturière du centre ont incité le capital à déployer de nouveaux efforts pour affranchir le marché de la régulation politique. Dans le même temps, une nouvelle gauche dénonçait à l’échelon mondial les oppressions, exclusions et prédations sur lesquelles reposait l’ensemble de l’édifice. Une longue crise s’est ensuivie, au cours de laquelle ce dispositif a été discrètement supplanté par le régime actuel du capitalisme financiarisé.

 

Ce dernier a remodelé une fois de plus la relation.

  • Les banques centrales et les institutions financières mondiales ont remplacé les États dans leur rôle d’arbitres d’une économie de plus en plus mondialisée. Ce sont elles qui édictent désormais la plupart des principales règles régissant les relations entre travail et capital, citoyens et États, centre et périphérie, et — point crucial — entre débiteurs et créanciers.
  • Le régime précédent avait permis aux États de subordonner les intérêts à court terme des entreprises privées à l’objectif à long terme d’une accumulation soutenue. À l’inverse, le régime actuel permet au capital financier de contraindre les États et les citoyens dans l’intérêt immédiat des investisseurs privés.
  • Coup double :
    • d’un côté, les institutions étatiques qui étaient (un peu) à l’écoute des citoyens sont de moins en moins à même de répondre à leurs besoins ;
    • de l’autre, les banques centrales et les institutions financières mondiales sont « politiquement indépendantes » — libres d’agir au profit des investisseurs et des créanciers.

 

Le capitalisme financiarisé est l’ère de la « gouvernance sans gouvernement » — l’ère de la domination sans la feuille de vigne du consentement. Cela a eu pour principal effet de vider le pouvoir de l’État de sa substance à tous les niveaux. Des questions autrefois considérées comme relevant de l’action politique démocratique sont désormais des « domaines réservés » confiés aux « marchés ». Les auxiliaires du capital n’hésitent pas à s’en prendre au pouvoir des États ou aux forces politiques qui pourraient le contester, en annulant par exemple des élections, ou des référendums qui rejettent l’austérité, comme en Grèce en 2015. Le fameux « déficit démocratique » fait en réalité partie intégrante de la crise généralisée du capitalisme financiarisé. Et comme toute crise généralisée, elle comporte une dimension hégémonique

 

 

Aucun engorgement dans les circuits d’accumulation, aucun blocage dans le système de gouvernance ne mérite le terme de « crise » au sens propre. Ce n’est que lorsque des membres de la société perçoivent que les graves difficultés qu’ils rencontrent surviennent, non pas en dépit, mais à cause de l’ordre établi, lorsqu’une masse critique décide que l’ordre peut et doit être transformé par l’action collective, lorsqu’une impasse objective se dote d’une voix subjective, ce n’est qu’alors que l’on peut parler de « crise » au sens de « tournant historique majeur » qui impose de prendre une décision.

 

C’est la situation d’aujourd’hui. Les dysfonctionnements politiques du capitalisme financiarisé ne sont plus « simplement » objectifs, ils ont trouvé un corrélat subjectif.

  • Dans de nombreuses parties du monde, des populistes de droite ont réussi à séduire des électeurs de la classe ouvrière appartenant à la majorité en promettant de « reprendre » leur pays au capital mondial, aux immigrés « envahisseurs » et aux minorités ethniques ou religieuses.
  • Leur contrepartie de gauche a réussi des percées importantes dans la société civile en militant pour les « 99 % » et contre un système « truqué » qui favorise la « classe des milliardaires ».

 

L’émergence de cette double vague populiste a marqué un bouleversement majeur. L’illusion du bon sens néolibéral mise à mal, le champ de la réflexion politique s’est élargi. On est entré dans une nouvelle phase : d’un « simple » agrégat d’impasses systémiques, on est passé à une véritable crise d’hégémonie, portée par un conflit ouvert sur la frontière actuelle entre économie et gouvernance. Ainsi, l’idée selon laquelle la planification est de très loin inférieure aux marchés concurrentiels ne va plus de soi. Ce courant a pris de l’ampleur avec la pandémie de Covid-19, qui a démontré la nécessité du pouvoir public. Si nous vivions dans un monde rationnel, le néolibéralisme ne serait plus qu’un souvenir.

 

 

- Un vernis émancipateur
Mais nous vivons dans un monde capitaliste, par définition gangrené par l’irrationnel. On ne peut donc pas s’attendre à ce que la crise actuelle soit résolue rapidement ou sans heurts. Les populistes de droite n’ont pas de solutions à offrir aux problèmes de leurs partisans ; mis sur le devant de la scène, ils sont les hommes de paille de ceux qui ont créé ces problèmes, et qui se tiennent derrière. Ce qui peut durer, tant que personne ne tire le rideau pour dévoiler l’imposture. Et c’est précisément ce que l’opposition progressiste n’a pas réussi à faire. Loin de démasquer les puissances derrière le rideau, les courants dominants de la « résistance » sont depuis longtemps compromis avec elles.

 

Aux États-Unis par exemple, c’est le cas des ailes libérales-méritocratiques de mouvements sociaux qui défendent le féminisme, l’antiracisme, les droits de la communauté LGBTQ (lesbiennes, gays, bisexuels, trans et queer) et l’écologie. Sous l’hégémonie libérale, ils ont été pendant des années des acteurs de second plan dans un bloc néolibéral progressiste qui comptait aussi des branches « visionnaires » du capital mondial (informatique, finance, médias, divertissement). Les progressistes ont donc aussi servi d’hommes de paille, mais autrement : en plaquant un vernis de charisme émancipateur sur l’économie politique prédatrice du néolibéralisme. Cette alliance contre-nature a si bien associé féminisme, antiracisme, etc., au néolibéralisme que bien des gens finiront par rejeter les premiers en même temps que le second. C’est pourquoi le principal bénéficiaire, du moins jusqu’à présent, a été le populisme réactionnaire de droite. Factice querelle entre deux bandes de pantins, l’une rétrograde, l’autre progressiste — et derrière le rideau, les puissants prospèrent.

 

Reste que des crises comme celle-ci représentent des moments décisifs où la possibilité d’agir sur la forme même de la vie sociale est à portée de main. Une question se pose alors : qui guidera le processus de transformation sociale, dans l’intérêt de qui et à quelles fins ? Ce processus a été engagé plusieurs fois par le passé — et a principalement profité au capital. Cela va-t-il se reproduire ? Si l’on s’en tient aux leçons de morale, en enjambant joyeusement les préoccupations des « déplorables », comme les appelait Mme Hillary Clinton en 2016, faute de reconnaître leurs griefs légitimes (si fourvoyés soient-ils), on passe à côté de la lutte pour la construction d’une contre-hégémonie. Qui nous met au défi d’identifier le véritable coupable, et de démanteler l’ordre dysfonctionnel et antidémocratique qu’est le capitalisme.

 

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🔴 Pour compléter la lecture de l’article précédent, on peut se reporter à deux vidéos intéressantes sur ce thème.

👉 Barbara Stiegler professeur de philosophie à l’université de Bordeaux.) a été invité sur le site QG (Quartier Populaire) pour parler de la nature de la démocratie et de son livre : « Démocratie, manifeste » (édition du bord de l’eau)

. Titre de l’émission : « Le système électif est mort : rendez-nous la démocratie ! ».

 

👉 Sur ce même thème, on peut visionner un interview intéressant ( sur le site Élucid) de Barbara Stiegler

. Titre de l’émission : « La démocratie et le néolibéralisme ».

 

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Informations sur l’auteure :

Nancy Fraser : Corps Philosophe, auteure de l’ouvrage Le capitalisme est un cannibalisme, à paraître aux éditions Agone (Marseille) le 15 janvier 2025 et à partir duquel cet article est composé. 

Résumé de l'ouvrage : Central dans les débats sur la reproduction sociale, le racisme, l'État et l'écologie, cet ouvrage est utile à tout lecteur qui souhaite comprendre les crises actuelles. Nancy Fraser y suit le capital de crise en crise pour développer l’idée que, dans les sociétés capitalistes, l'économie s'appuie sur des « zones non marchandes » telles que le « travail domestique » non rémunéré, la nature, la politique et le racisme (en tant que mécanisme justifiant l'expropriation). Son argumentation permet de faire dialoguer Karl Marx, Rosa Luxemburg avec des voix issues du féminisme marxiste (comme Eli Zaretsky, Lise Vogel, Nancy Flobre,...), du marxisme noir et de l'écomarxisme (comme James O'Connor et Jason Moore). Affirmer l'intersectionnalité de la race, du genre et de la classe n'est pas suffisant pour les décortiquer en tant que caractéristiques du capitalisme. L'oppression fondée sur le sexe est­elle une caractéristique structurellement nécessaire du capitalisme ? La discrimination fondée sur la race est­elle intégrée dans la reproduction du capitalisme racial ?

 

 

-  Par : Nancy Fraser

Éditions : Agone

ISBN : 9782748905724
Date de parution : 15/01/2025
Pages : 288
Disponibilité : chez l'éditeur Agone
Format papier : 120 mm x 210 mm
Traduit par : Laure Mistral
Prix papier TTC chez Agone : 21
 
 
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