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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 11:57
Nouvel élargissement de l'Union Européenne : une folie économique et politique

L’antériorité de l’adhésion à l’OTAN sur l’adhésion à l’UE démontre que les pays candidats ne voient cette dernière que comme le pendant politico-économique de la première

L’hypothétique « convergence » risque de prendre encore des décennies, surtout en cas de nouvel élargissement

Tous les États membres devront payer davantage et recevoir moins...

 

 

La guerre en Ukraine a relancé le processus d’élargissement de l’UE vers l’Est et les Balkans à un rythme effréné. Motivée par des raisons géopolitiques, à savoir endiguer la puissance russe sur le continent européen, cette expansion soulève pourtant d’immenses questions économiques et politiques. En intégrant en son sein des États pauvres, l’Union européenne encouragerait en effet une nouvelle vague de délocalisations et de dumping social et soumettrait les agriculteurs du continent à une terrible concurrence. En outre, le seul moyen d’éviter des blocages politiques d’une Europe à 34 ou 35 serait de renforcer le fédéralisme, en rognant encore davantage les pouvoirs de décision des États-membres. Un scénario délétère poussé par les élites européennes en dehors de tout mandat démocratique.

 

 

🔴 Pour lire la suite cliquez sur l'image 👇

 

 

NOUVEL ÉLARGISSEMENT DE L’UE : UNE FOLIE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

 

Pour en savoir plus :

- Pour Manuel Bompard, député LFI, l’adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne serait une folie !

- Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

 

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 22:39

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8 juin 2023 4 08 /06 /juin /2023 08:20
L’extension de l’OTAN vers l’Est : une menace pour la paix mondiale

La guerre en Ukraine a été provoquée, et il est important de le comprendre pour parvenir à la paix

 

 

Alors que le projet d’une installation de missiles soviétiques à Cuba en 1962, situé à environ 144 km des États-Unis (entre les deux rives), avait provoqué la menace d’une frappe nucléaire des États-Unis contre l’URSS conduisant ainsi à 1 guerre mondiale nucléaire, l’installation d’une multitude de bases de l’OTAN à quelques centaines de kilomètres de la frontière russe ne semble pas poser de problème aux USA et à leurs États vassaux européens. Pire, ces derniers restent totalement sourds aux préoccupations de sécurité de la fédération de Russie.

" La En reconnaissant que la question de l’élargissement de l’OTAN est au cœur de cette guerre, nous comprenons pourquoi l’armement américain n’y mettra pas fin. Seuls les efforts diplomatiques peuvent y parvenir " par Jeffrey D. Sachs[0], auteur de l'article ci-dessous.

 

 

Sources : Dialexis par Jeffrey D. Sachs | mis à jour le 19/06/2023

- George Orwell a écrit dans 1984 que " qui contrôle le passé contrôle l’avenir : qui contrôle le présent contrôle le passé ".
Les gouvernements travaillent sans relâche pour déformer la perception du passé par le public[1]. En ce qui concerne la guerre d’Ukraine, l’administration Biden a affirmé à plusieurs reprises, et à tort, que la guerre d’Ukraine avait commencé par une attaque non provoquée de la Russie contre l’Ukraine le 24 février 2022. En fait, la guerre a été provoquée par les États-Unis d’une manière que les principaux diplomates américains avaient anticipée depuis des décennies, ce qui signifie que la guerre aurait pu être évitée et qu’elle devrait maintenant être arrêtée par le biais de négociations.

 

Reconnaître que la guerre a été provoquée nous aide à comprendre comment y mettre fin. Cela ne justifie pas l’invasion de la Russie. Une bien meilleure approche pour la Russie aurait été d’intensifier la diplomatie avec l’Europe et le monde non occidental pour expliquer et s’opposer au militarisme et à l’unilatéralisme des États-Unis. En fait, les efforts incessants des États-Unis pour élargir l’OTAN sont largement contestés dans le monde entier, de sorte que la diplomatie russe aurait probablement été plus efficace que la guerre.

 

L'équipe Biden utilise sans cesse le mot " non provoqué ", tout récemment dans le grand discours de Biden[2] à l'occasion du premier anniversaire de la guerre, dans une récente déclaration de l'OTAN[3] et dans la dernière déclaration du G7[4]. Les grands médias favorables à M. Biden se contentent de répéter les propos de la Maison-Blanche. Le New York Times est le principal coupable, qualifiant l'invasion de "non provoquée" pas moins de 26 fois, dans cinq éditoriaux, 14 colonnes d'opinion rédigées par des rédacteurs du NYT et sept articles d'opinion rédigés par des invités !

 

 

- Il y a eu en fait deux provocations principales de la part des États-Unis.

  • La première était l'intention des États-Unis d'étendre l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie afin d'encercler la Russie dans la région de la mer Noire par les pays de l'OTAN (Ukraine, Roumanie, Bulgarie, Turquie et Géorgie, dans l'ordre inverse des aiguilles d'une montre).
  • La seconde est le rôle joué par les États-Unis dans l'installation d'un régime russophobe en Ukraine par le renversement violent du président ukrainien pro-russe, Viktor Yanukovych, en février 2014. La guerre avec des armes à feu en Ukraine a commencé avec le renversement de Ianoukovitch il y a neuf ans, et non en février 2022 comme le gouvernement américain, l'OTAN et les dirigeants du G7 voudraient nous le faire croire.

La clé de la paix en Ukraine passe par des négociations basées sur la neutralité de l'Ukraine et le non-élargissement de l'OTAN.

 

 

- M. Biden et son équipe de politique étrangère refusent de discuter de ces racines de la guerre.
Les reconnaître saperait l'administration de trois manières.

  • Premièrement, cela mettrait en évidence le fait que la guerre aurait pu être évitée ou arrêtée rapidement, épargnant à l'Ukraine sa dévastation actuelle et aux États-Unis plus de 100 milliards de dollars de dépenses à ce jour.
  • Deuxièmement, elle mettrait en lumière le rôle personnel du président Biden dans la guerre, en tant que participant au renversement de Ianoukovitch et, avant cela, en tant que fervent partisan du complexe militaro-industriel et défenseur de la première heure de l'élargissement de l'OTAN.
  • Troisièmement, cela pousserait M. Biden à la table des négociations, ce qui saperait l'élan continu de l'administration en faveur de l'expansion de l'OTAN.

 

Expansion de l'OTAN: ce que Gorbatchev a entendu

Les archives[5] montrent de manière irréfutable que les gouvernements américain et allemand ont promis à plusieurs reprises au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev que l'OTAN ne bougerait pas " d'un pouce vers l'est " lorsque l'Union soviétique a démantelé l'alliance militaire du Pacte de Varsovie. Néanmoins, les États-Unis ont commencé à planifier l'expansion de l'OTAN au début des années 1990, bien avant que Vladimir Poutine ne soit président de la Russie. En 1997, l'expert en sécurité nationale Zbigniew Brzezinski a établi le calendrier de l'expansion de l'OTAN avec une précision remarquable.

 


- Les diplomates américains et les dirigeants ukrainiens savaient pertinemment que l'élargissement de l'OTAN pouvait conduire à la guerre.

  • Le grand homme d'État américain George Kennan a qualifié l'élargissement de l'OTAN d'" erreur fatale ", écrivant dans le New York Times[7] : " On peut s'attendre à ce qu'une telle décision enflamme les tendances nationalistes, anti-occidentales et militaristes de l'opinion russe, qu'elle ait un effet négatif sur le développement de la démocratie russe, qu'elle rétablisse l'atmosphère de la guerre froide dans les relations Est-Ouest et qu'elle pousse la politique étrangère de la Russie dans des directions qui ne seront décidément pas à notre goût ".

 

  • William Perry, secrétaire à la défense du président Bill Clinton, a envisagé de démissionner pour protester contre l'élargissement de l'OTAN. Se souvenant de ce moment crucial du milieu des années 1990, Perry a déclaré ce qui suit en 2016[8] : " Notre première action qui nous a vraiment mis sur la mauvaise voie a été lorsque l'OTAN a commencé à s'élargir, en intégrant des pays d'Europe de l'Est, dont certains étaient limitrophes de la Russie. À l'époque, nous travaillions en étroite collaboration avec la Russie et elle commençait à se faire à l'idée que l'OTAN pouvait être un ami plutôt qu'un ennemi... mais elle était très mal à l'aise à l'idée d'avoir l'OTAN juste à sa frontière et elle nous a vivement conseillé de ne pas aller de l'avant. "

 

  • En 2008, William Burns, alors ambassadeur des États-Unis en Russie et aujourd'hui directeur de la CIA, a envoyé un câble à Washington dans lequel il mettait en garde contre les graves risques liés à l'élargissement de l'OTAN[9] : " Les aspirations de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN ne touchent pas seulement la corde sensible de la Russie, elles suscitent de sérieuses inquiétudes quant aux conséquences pour la stabilité de la région. Non seulement la Russie perçoit un encerclement et des efforts visant à saper son influence dans la région, mais elle craint également des conséquences imprévisibles et incontrôlées qui affecteraient gravement les intérêts de sa sécurité. Les experts nous disent que la Russie craint particulièrement que les fortes divisions en Ukraine sur l'adhésion à l'OTAN, une grande partie de la communauté ethnique russe étant opposée à l'adhésion, ne conduisent à une scission majeure, impliquant de la violence ou, au pire, une guerre civile. Dans cette éventualité, la Russie devrait décider d'intervenir ou non, une décision à laquelle elle ne voudrait pas être confrontée ".

 

Les dirigeants ukrainiens savaient pertinemment que toute pression en faveur de l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine serait synonyme de guerre.

  • L'ancien conseiller de Zelensky, Oleksiy Arestovych, a déclaré dans une interview en2019 " que le prix à payer pour rejoindre l'OTAN est une grande guerre avec la Russie " :

 

 

- Entre 2010 et 2013, Ianoukovitch a prôné la neutralité, conformément à l'opinion publique ukrainienne.
Les États-Unis ont œuvré secrètement au renversement de Ianoukovitch, comme en témoigne l'enregistrement de Victoria Nuland, alors secrétaire d'État adjointe des États-Unis, et de l'ambassadeur des États-Unis Geoffrey Pyatt, planifiant le gouvernement post-Yanoukovitch quelques semaines avant le renversement violent de Ianoukovitch. Mme Nuland indique clairement lors de l'appel qu'elle se coordonnait étroitement avec le vice-président de l'époque, M. Biden, et son conseiller à la sécurité nationale, M. Jake Sullivan, la même équipe Biden-Nuland-Sullivan qui est aujourd'hui au centre de la politique américaine à l'égard de l'Ukraine.

 

  • Conversation enregistrée entre Asst. Seconde. d'État Victoria Nuland et Amb. Jeffrey Pyatt

 

- Après le renversement de Ianoukovitch, la guerre a éclaté dans le Donbass, tandis que la Russie revendiquait la Crimée.
Le nouveau gouvernement ukrainien a demandé l'adhésion à l'OTAN, et les États-Unis ont armé et aidé à restructurer l'armée ukrainienne pour la rendre interopérable avec l'OTAN. En 2021, l'OTAN[10] et l'administration Biden[11] se sont fermement engagées à assurer l'avenir de l'Ukraine au sein de l'OTAN.

 

 

- Dans la période qui a précédé l'invasion russe, l'élargissement de l'OTAN était au centre des préoccupations.
Le projet de traité américano-russe de Poutine (17 décembre 2021)[12] demandait l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN. Les dirigeants russes ont présenté l'élargissement de l'OTAN comme la cause de la guerre lors de la réunion du Conseil national de sécurité de la Russie le 21 février 2022[13]. Dans son discours à la nation ce jour-là, Poutine a déclaré que l'élargissement de l'OTAN était l'une des principales raisons de l'invasion[14].

 

L'historien Geoffrey Roberts a récemment écrit : " La guerre aurait-elle pu être évitée par un accord russo-occidental qui aurait stoppé l'expansion de l'OTAN et neutralisé l'Ukraine en échange de solides garanties d'indépendance et de souveraineté ukrainiennes ? C'est tout à fait possible "[15]. En mars 2022, la Russie et l'Ukraine ont fait état de progrès vers une fin rapide et négociée de la guerre sur la base de la neutralité de l'Ukraine.

 

Selon Naftali Bennett, ancien Premier ministre israélien, qui a joué le rôle de médiateur, un accord était sur le point d'être conclu avant que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ne le bloquent.

 

 

Alors que l'administration Biden déclare que l'invasion russe n'a pas été provoquée, la Russie a recherché des options diplomatiques en 2021 pour éviter la guerre, tandis que Biden rejetait la diplomatie, insistant sur le fait que la Russie n'avait pas son mot à dire sur la question de l'élargissement de l'OTAN. En mars 2022, la Russie a fait appel à la diplomatie, tandis que l'équipe de M. Biden a de nouveau bloqué l’évirement  de la guerre par la voie diplomatique.

 

 

- En reconnaissant que la question de l'élargissement de l'OTAN est au cœur de cette guerre, nous comprenons pourquoi l'armement américain n'y mettra pas fin.
La Russie fera tout ce qui est nécessaire pour empêcher l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine. La clé de la paix en Ukraine passe par des négociations basées sur la neutralité de l'Ukraine et le non-élargissement de l'OTAN. L'insistance de l'administration Biden sur l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine a fait de l'Ukraine la victime d'aspirations militaires américaines mal conçues et irréalisables. Il est temps que les provocations cessent et que les négociations rétablissent la paix en Ukraine.

 

Notes :

[0] Titre original : The War in Ukraine Was Provoked—and Why That Matters to Achieve Peace
Auteur : Jeffrey D. Sachs Jeffrey D. Sachs est professeur d'université et directeur du Centre pour le développement durable de l'université Columbia, où il a dirigé l'Institut de la Terre de 2002 à 2016. Il est également président du Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies et commissaire de la Commission à haut débit des Nations unies pour le développement. Il a été conseiller auprès de trois secrétaires généraux des Nations unies et est actuellement défenseur des objectifs de développement durable auprès du secrétaire général Antonio Guterres. M. Sachs est l'auteur, plus récemment, de "A New Foreign Policy : Beyond American Exceptionalism" (2020). Parmi ses autres ouvrages, citons "Building the New American Economy : Smart, Fair, and Sustainable" (2017) et "The Age of Sustainable Development" (2015) avec Ban Ki-moon.

[1Un exemple de l’enseignement de l’ignorance : quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

[2] Discours du président Biden à l’approche du premier anniversaire de l’invasion brutale et non provoquée de l’Ukraine par la Russie

[3] Réponse de l'OTAN à l'invasion russe de l'Ukraine

[4] Déclaration des dirigeants du G7 sur l'Ukraine.

[5] Expansion de l'OTAN: ce que Gorbatchev a entendu

[6Une géostratégie pour l'Eurasie

[7] L’élargissement de l’OTAN : Une erreur fatale – George Kennan – 05/02/1997

[8] L'hostilité russe «en partie causée par l'Occident», affirme l'ancien chef de la défense américaine

[9] NYET MOYEN NYET: REDLINES DE L'ÉLARGISSEMENT DE L'OTAN DE LA RUSSIE

[10] Communiqué du Sommet de Bruxelles

[11] Déclaration conjointe sur le partenariat stratégique américano-ukrainien

[12] Traité entre les États-Unis d'Amérique et la Fédération de Russie sur les garanties de sécurité

[13] Réunion du Conseil de sécurité

[14] Discours du Président de la Fédération de Russie

[15] L'historien Geoffrey Roberts a récemment écrit

 

Pour en savoir plus :

- Le gouvernement américain savait que l’expansion de l’OTAN en Ukraine forcerait la Russie à intervenir

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6 octobre 2022 4 06 /10 /octobre /2022 18:20
Chronique de la « GUERRE GLOBALE » : tension extrême dans le DÉTROIT DE FORMOSE

Taïwan : les tensions entre Chine et États-Unis se radicalisent[0] !

 

Après le point sur la guerre en Ukraine dans notre précédent numéro, ce second volet de la « guerre globale » se penche sur l’Extrême-Orient. Nous vivons l’étape ultime précédant une guerre éventuelle, comme c’était le cas en Ukraine dans les années 2000 et 2010, à savoir l’étape du pré positionnement stratégique belliqueux. La tension monte et les Occidentaux, tout comme la Chine populaire, guettent l’erreur éventuelle de l’adversaire pour ouvrir les hostilités.

 

 PREMIERE ARTICLE ICI 👉 : POINT SUR LA GUERRE EN UKRAINE EN SEPTEMBRE 2022

 

 

Sources : RESPUBLICA | mis à jour le 30/10/2024

 SECOND ARTICLE : TENSION EXTRÊME DANS LE DÉTROIT DE FORMOSE

- L’étincelle Pelosi

Nancy Pelosi fraîchement reçue à Tokyo et Séoul, embarrassés par les conséquences de sa visite à Taïwan

L’histoire retiendra peut-être cette date : le 2 août 2022. C’est le jour où Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, est arrivée à Taïwan, devenant ainsi le plus haut responsable politique américain à se rendre sur l’île en 25 ans[1]. Ainsi les États-Unis ont décidé, totalement « à froid », de raviver un conflit vieux de 73 ans, et cela en pleine guerre en Europe.

  • Pourquoi cette provocation ?

Il est impossible d’apporter aujourd’hui une réponse définitive à cette simple question. Pourtant, l’enjeu est considérable. Provoquer la Chine populaire, c’est provoquer une Russie multipliée par 10 ! En effet, la Chine représente dix fois la Russie en termes de produit intérieur brut en 2020 (PIB russe : 1,483 billion dollars ; PIB Chine : 14,720 billions dollars[2]), comme en termes de population (Russie : 144 millions ; Chine : 1,402 milliard).

 

Cette fois-ci, la Chine de Xi Jinping n’a pas fait le dos rond et a relevé le défi. Des manœuvres militaires de grande ampleur ont été organisées par l’armée chinoise, l’APL (Armée populaire de libération). À la veille de son vingtième congrès qui se tiendra cet automne, le Parti communiste chinois (PCC) change de ton et abandonne sa traditionnelle réserve, si chère à Deng Xiaoping. Ce dernier avait pour règle d’or la prudence et le refus de céder aux provocations des Occidentaux. Aujourd’hui, le maître de la cité interdite refuse de courber la tête. Tout est donc prêt pour une escalade dans les prochains mois.

 

Depuis « l’étincelle Pelosi », le complexe militaro-industriel américain utilise tout son poids politique et d’influence pour armer Taïwan. Un formidable marché pour rénover la flotte d’avions de guerre taïwanaise est à l’ordre du jour. Lockheed Martin et Boeing jouent des coudes pour fournir les armes aériennes de dernière génération.

 

Car les États-Unis mettent le paquet, n’hésitant pas à se mettre en parfaite contradiction… avec eux-mêmes ! Car l’enjeu du conflit est un pays, Taïwan, qu’ils n’ont jamais reconnu[3].


Taïwan est un curieux pays, une sorte d’ambiguïté territoriale : cette île est exclue de toutes les instances mondiales, l’ONU, la Banque mondiale, l’OMS ou du FMI. Elle a réussi uniquement à intégrer l’organisation mondiale du commerce (OMC). L’immense majorité des pays du monde, dont les États-Unis, ne reconnaissent qu’une seule Chine, la Chine populaire[4]. La communauté occidentale reconnaît par là même l’appartenance de l’île de Taïwan à la nation chinoise unique. Pour surmonter idéologiquement cette contradiction, les États-Unis ont inventé le concept « d’ambiguïté stratégique[5] », maniant le flou total sur leur participation à une éventuelle défense de Taïwan en cas d’attaque de la Chine continentale, c’est dire la clarté de la situation actuelle !

 

 

- De Taïwan à Baltimore
Pour mieux comprendre le voyage de Nancy Pelosi, un détour est nécessaire par la grande histoire contemporaine de la Chine, mais aussi par la petite histoire d’une ville américaine du Maryland, Baltimore… lieu de naissance justement en 1940 de l’actuelle présidente de la Chambre des représentants des États-Unis.

 

 

- « Formosa » entre Chine et Japon
Cette île, remarquée par les intrépides navigateurs portugais qui l’appelèrent « Formosa » (« belle » en portugais) et peuplée historiquement d’aborigènes, était plutôt hostile aux empereurs chinois. Il y avait de quoi : les Chinois méprisaient les natifs considérés comme des « sous-hommes ». Les îliens changèrent d’oppresseur à la fin du XIXe siècle, se retrouvant sous souveraineté japonaise après la défaite de l’empire de Chine contre le Japon en 1895. L’île de Taïwan (« grande baie » en chinois) subit une dure occupation de la part des Japonais, également teintée d’un profond mépris raciste. Ce qui amena sa population à adhérer aux idées progressistes et républicaines de Sun Yat-sen, fondateur de la République de Chine. Notons que les idées communistes étaient aussi partagées par beaucoup d’habitants de la « belle » île. Le 2 septembre 1945, lorsque le Japon capitula sans condition, Taïwan fut évacué par l’armée nippone[4].

 

 

- Un refuge pour le Kuomintang
Toutefois, la république de Chine ne va pas récupérer directement ce territoire, mais c’est l’ONU tout juste créée qui reçut mandat de décider de l’avenir de l’île. L’organisation internationale confia donc à l’armée des États-Unis le soin du transfert de souveraineté à la Chine continentale, c’est-à-dire à l’époque au Kuomintang de Tchang Kaï-chek.

Ainsi, l’histoire de Taïwan croisa celle des États-Unis dès l’après-guerre. L’armée yankee et celle de Tchang Kaï-chek prirent possession des lieux. Mais, dès 1946, ce qui deviendra la « guerre froide » commença à régir les rapports entre les puissances. Et sur le terrain chinois, les troupes communistes de Mao Zedong volèrent de victoire en victoire, les jours du Kuomintang étaient comptés.

 

LE MASSACRE / L’INCIDENT 228 二二八事件 – 28 FÉVRIER 1947

 À Taïwan, les troupes nationalistes, avec les conseils du corps de Marines américain, envisagent que l’île devienne un refuge en cas de malheur. Le 28 février 1947, resté dans l’histoire sous le nom de « l’incident 228[6] », débuta une grande révolte populaire contre le gouvernement du Kuomintang. Celui-ci réagit en massacrant méthodiquement tous les « communisants », et pour éviter d’en oublier un seul, ils liquidèrent également tous les progressistes. Bilan : entre 10 000 et 30 000 morts selon les estimations. L’inévitable défaite du KMT (Kuomintang) sonna bel et bien en 1949. Le Parti communiste chinois prit le pouvoir le 1er octobre de cette année.

 

Les débris de l’armée de Tchang Kaï-chek, plus de deux millions d’hommes souvent accompagnés de leurs familles, traversèrent le détroit de Formose et débarquèrent à Taïwan. Le KMT imposa sa dictature sur Taïwan en se prétendant le pouvoir légal chinois et le représentant de toute la république de Chine. Notons au passage un point important  : la « sinisation[7] » définitive de cet archipel (Taïwan est en fait un archipel composé de dizaines d’îles et de centaines d’îlots) date de cette époque, les aborigènes et les descendants de l’occupant japonais étant noyés sous les millions de Chinois fraîchement débarqués du continent.

 

 

- Une épouvantable dictature à l’ombre de la 7e flotte
Tchang Kaï-chek et le KMT instituèrent la loi martiale qui resta en vigueur jusqu’en 1987. Une terrible « terreur blanche » (en chinois : 白色恐怖 ; pinyin : báisè kǒngbù) se déchaîna durant quatre décennies : on compte des milliers de morts par exécution, des dizaines de milliers d’emprisonnés. Ce régime sanguinaire a survécu grâce à l’assistance économique et à la protection militaire américaine de la 7e flotte dans le détroit de Formose[8].

 

Toutefois, le régime du KMT disposait de deux atouts de première main :

  • D’abord, il détenait le siège permanent chinois au conseil de sécurité de l’ONU jusqu’en 1971, date de sa restitution à la Chine populaire. Que Taïwan fasse partie du Conseil de sécurité de l’ONU a été important pour les États-Unis, permettant par exemple au début des années 1950 que le corps expéditionnaire américain en Corée soit déployé sous l’égide de l’ONU et non sous étendard yankee (bénéficiant aussi de l’erreur de l’URSS jouant alors la politique de la « chaise vide » durant deux séances décisives du Conseil de sécurité).

 

  • Deuxième atout, une influence sur la diaspora chinoise, la plus grande du monde, une influence certes minoritaire, mais essentielle pour les États-Unis. En effet, l’enjeu était d’une extrême importance en Asie, en particulier entre les années 50 à 80 pour éviter que les communautés chinoises basculent du côté des communistes, comme cela a été le cas en Indonésie où s’est déchaînée une terrible répression anti communiste en 1965-1966 (entre 500 000 et 3 millions de morts[9]) et à Saïgon avec le soulèvement pro Viêt-Cong du quartier chinois de Cholon au moment de l’offensive du Têt en janvier 1968. Il était donc essentiel pour les USA de doter Taïwan de moyens exceptionnels pour contrecarrer la domination de Pékin sur la diaspora.
    • Une alliance stratégique anti-communiste a été mise en place entre la CIA, le Kuomintang et les « Triades ».
      Membres de triades arrêtés en Thaïlande avant 1950.
      Membres de triades arrêtés en Thaïlande avant 1950.
      Ces dernières étaient des sociétés secrètes patriotiques créées à la fin du XIXe siècle qui se transformèrent progressivement au cours du siècle suivant en organisations purement mafieuses. Interdites par la Chine communiste en 1949, elles se replièrent à Hong Kong et surtout à Taïwan. Leur rayonnement sur la diaspora chinoise fut considérable, car la CIA les laissa dominer totalement le trafic des opiacés, y compris sur le territoire américain, générant des revenus monstrueux. Les experts estiment que dans les années 1980, le chiffre d’affaires des « triades » était de l’ordre de 1,1 % du produit intérieur brut des USA, soit plus de 50 milliards de dollars de l’époque[10].
    • Cette masse financière permit entre autres la surveillance et le contrôle des diasporas chinoises, malgré l’activisme patriotique de la Chine populaire.

 

 

- « Triades » chinoises pro Taïwan et mafias « démocrates » américaines
Le point de contact entre les « Triades » monopolisant le trafic des opiacés et les mafias américaines, en particulier d’origine italienne, est la collaboration commerciale pour la diffusion de drogue. De leur côté, les organisations mafieuses américaines étaient historiquement du côté des « démocrates ». Le président Kennedy fut d’ailleurs élu en 1960 de justesse (un écart de 0,17 %) grâce aux voix achetées par les maffiosi de Chicago ou d’ailleurs[11].

 

À Baltimore, nœud ferroviaire et routier de la côte Est des États-Unis permettant la distribution des produits licites et illicites sur tout le rivage atlantique des États-Unis, ce fut le père de Nancy Pelosi[1], Thomas D’Alesandro Jr, qui d’abord régna sur la ville, maire de 1947 à 1959. Connue sous le nom de « Big Tommy », sa base était située dans le quartier de « little Italy ». Puis, après un court intermède, ce fut le frère de Nancy Pelosi, également démocrate, Thomas D’Alesandro lll, qui lui succéda à la mairie de Baltimore de 1967 à 1971. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la réputation du père comme du fils était fort sulfureuse, tout comme d’ailleurs celle d’un autre italo-americain, Paul Pelosi, mari de Nancy. Celui-ci a fait fortune dans l’immobilier avec des opérations financières pour le moins suspectes. Bref, des années 1960 aux années 2000, la convergence entre les « Triades » et les Italo-américains a été constante pour les « affaires », légales ou non, et s’est traduite sur le plan politique par un soutien sans faille au Parti démocrate. Le soutien du lobby de Taïwan au « parti bleu », en particulier après la restitution de Hong Kong à la Chine populaire en 1997 a été permanent et puissant. Plusieurs scandales de subventions financières occultes des campagnes présidentielles démocrates par des intérêts taïwanais liés aux « Triades » ont fait grand bruit au cours des années 1980 et 1990.

 

Le lobby pro-Taïwan aux USA, dont Nancy Pelosi a toujours fait partie, a été caractérisé par un ultra activisme agrémenté de « dessous de table » à Washington. Visiblement, le voyage de 2 août de la présidente de la Chambre des représentants a peut-être été une opération diplomatique « au forceps ». Car, il semble bien que l’administration Biden ait été mise au pied du mur. Il n’empêche qu’aujourd’hui le basculement vers la confrontation USA-Chine populaire est la ligne de plus forte pente.

 

 

- Le tournant taïwanais vers la démocratie… et les semi-conducteurs
De nos jours, le soutien occidental à Taïwan se renforce constamment, bien que les pays du camp occidental et de l’OTAN n’aient pas reconnu diplomatiquement l’île. Il s’agit pour l’instant d’un soutien économique et idéologique. Depuis peu, le soutien militaire massif commence à pointer son nez aussi.

 

Sur le point de « la guerre des idées », il est aisé en 2022 pour les démocraties libérales de présenter Taïwan comme un « modèle » en termes de liberté et de droits de l’homme en Asie, à l’instar d’ailleurs de la présentation positive de la « démocratie ukrainienne » sur le continent européen.

 

En effet, depuis la fin des années 1990, l’île chinoise est passée d’une épouvantable dictature à une démocratie pluraliste formelle. Bien sûr, il s’agit d’une démocratie totalement cadenassée qui se réduit en fait à un duel permanent entre le vieux parti KMT (Kuomintang) et le Parti démocrate progressiste (Minjindang). Le premier de ce duo politique penche pour un dialogue avec Pékin sur l’avenir définitif de l’île, le second se positionnant pour une marche vers l’indépendance. Car, jusqu’à présent, Taïwan n’a jamais proclamé son indépendance ! Encore une autre « ambiguïté stratégique ».

  • Donc, aussi curieux que cela paraisse, de nombreuses voix s’élèvent en Occident pour défendre une entité qui n’est pas reconnue internationalement et qui n’a jamais déclaré sa propre indépendance… C’est ce que l’on pourrait appeler une zone grise en plein brouillard ! Les médias des pays alliés des États-Unis se mobilisent à fond pour « promouvoir » la « démocratie exemplaire taïwanaise ».
  • Pots-de-vin et morts mystérieuses: les frégates de Taïwan, une affaire digne d'un thriller
    En France par exemple, le sujet est d’actualité à longueur de colonnes et régulièrement présent sur les ondes. Notre pays aurait-il oublié son pire scandale de corruption par la masse financière des « pots-de-vin » que l’on nomma à l’époque « l’affaire des frégates de Taïwan »[12]) ? « Une enquête fut ouverte à propos des rétrocommissions (interdites par la loi), mais les juges se sont vu opposer le secret défense par les gouvernements de droite comme de gauche »[13]. Pourtant, cette affaire date des années 1990 et 2000, c’est-à-dire à une époque où Taïwan était déjà une « démocratie exemplaire ». L’esprit des « Triades » a, semble-t-il, encore de beaux restes !

 

Mais l’atout maître en 2022 de Taïwan, c’est son industrie high-tech, en particulier sa place de leader dans une industrie vitale pour le monde occidental, celle des semi-conducteurs : les « puces » électroniques étant indispensables aux automobiles, avions, ordinateurs, smartphones… Et Taïwan représente 60 % de leur production mondiale[14]. Des investissements monstres ont été nécessaires pour construire cette industrie. Le trésor des « Triades » y a certainement largement contribué. Avec la montée de la tension dans le détroit de Formose, la Chine communiste bloque les importations de la silice dans l’île, matière première de la fabrication des « puces » électroniques[15]. Notons que les relations économiques entre Taïwan et la Chine continentale sont particulièrement développées. En fait, depuis une vingtaine d’années, les deux entités industrielles sont quasiment intriquées. Par exemple, la principale entreprise de Taïwan pour les semi-conducteurs, le mastodonte Taïwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), produisant quasiment la moitié des « puces » électroniques de la planète, dirige ses usines géantes aussi bien sur l’île, que sur le continent chinois. Un éventuel blocus de Taïwan par la Chine populaire, similaire à celui de Cuba par les États-Unis, serait fatal pour l’industrie high-tech de la « belle » île.

 

Face à cette situation industrielle très tendue, les États-Unis semblent jouer sur deux tableaux :

  • d’une part, augmenter leur soutien, y compris militaire, à Taïwan,
  • et d’autre part déclencher une relocalisation en urgence des usines de semi-conducteurs sur le territoire américain.

Le dernier accord américano-mexicain de septembre 2022 porte d’ailleurs sur la construction de gigantesques unités de production de « puces » de part et d’autre de la frontière du Rio Grande[16]. Ainsi, les États-Unis se préserveraient d’une perte définitive de l’île chinoise… un élément assez inquiétant pour le Parti démocrate progressiste actuellement au pouvoir à Taïwan.

 

 

- « L’ambiguïté stratégique » peut durer longtemps… y compris en cas d’invasion de Taïwan
Comment réagiraient les USA, l’AUKUS (acronyme désignant l’alliance politico-militaire Australia, United Kingdom et United States) ou encore l’OTAN, en cas d’intervention de la Chine communiste pour récupérer sa province taïwanaise ? Il est très difficile de conclure définitivement sur cette question. À l’ère des missiles hypersoniques « tueurs de porte-avions », la 7e flotte ne dispose plus de la suprématie totale sur mer. De son côté, la Chine n’est plus un « nain militaire », depuis un quart de siècle, son armée (APL) est devenue une force non négligeable, et le pays dispose d’une puissance atomique, ainsi que d’une flotte de satellites spatiaux permettant une parfaite connaissance des moindres mouvements des flottes militaires occidentales.

 

 

Il est donc fort possible qu’en cas de débarquement de l’APL (Armée populaire de libération) à Taïwan, les États-Unis jouent un simple soutien à une guerre prolongée, une sorte de guérilla high-tech à l’image de la résistance ukrainienne à l’invasion russe en mars-avril dernier. Problème : Taïwan est une île dont le ravitaillement en armes et munitions ne pourrait se faire qu’en brisant un éventuel blocus maritime ou en empêchant militairement la Chine populaire de contrôler l’espace aérien de Taïwan. Aussi les dangers d’affrontements directs entre l’APL et l’US Army et ses alliés sont potentiellement très importants.

 

Pour sa part, la Chine populaire ne dévoile pas son jeu : elle attend de voir et d’analyser l’évolution de la guerre en Europe. Cette puissance asiatique a toujours privilégié le long terme au court terme.

  • Si la Chine connaît des problèmes économiques et financiers, c’est aussi le cas de l’occident. Qui tombera en premier ?
  • Comment les pays de l’OTAN supporteront-ils par exemple l’hiver de la guerre en Ukraine ?
  • Les populations occidentales vont-elles encaisser sans réagir l’hyper inflation actuelle ?
  • Les États-Unis peuvent-ils résoudre leur crise politique permanente avec Trump en embuscade ?

 

Il est donc fort possible, mais non fort probable, car la situation mondiale se révèle d’une instabilité inédite, que la Chine populaire patiente quelques mois ou quelques années, avant d’affronter les États-Unis en espérant un affaiblissement de sa puissance politique et militaire. Mais attention, car comme le disait Mao Zedong : « Une simple étincelle peut mettre le feu à la plaine ».

 

Notes :

[0] Taïwan : les tensions entre Chine et États-Unis se radicalisent

[1Nancy Pelosi fraîchement reçue à Tokyo et Séoul, embarrassés par les conséquences de sa visite à Taïwan

[2Comparaison de l'évolution de PIB annuel aux prix du marché de Russie vs Chine

[3] Cité du Vatican (Le Saint-Siège) (1942) ; Haïti (1956) ; Paraguay (1957) ; Guatemala (1960) ; El Salvador (1961) ; Honduras (1965) ; Swaziland (1968) ; Nauru (1980 – 2002, 2005) ; Saint-Vincent-et-les-Grenadines (1981) ; Îles Salomon (1983) ; Saint-Kitts-et-Nevis (1983) ; Sainte-Lucie (1984 – 1997, 2007) ; Belize (1989) ; Nicaragua (1990) ; Îles Marshall (1998) ; Palau (1999) ; Kiribati (2003).

[4] Taïwan

[5] Joe Biden entretient l'ambiguïté stratégique de Washington vis-à-vis de Taiwan

[6] LE MASSACRE / L’INCIDENT 228 二二八事件 – 28 FÉVRIER 1947

[7] Définition de SINISATION

[8] Pourquoi le gouvernement américain doit-il être responsable du problème de Taiwan ?

[9] Indonésie 1965, la plus terrible des répressions anticommunistes

[10] Source : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Triades_chinoises

[11] Le journaliste Seymour Hersh a avancé, dans son livre La face cachée du clan Kennedy (en fr. 1998), que la victoire de Kennedy était redevable de l'aide apportée par la mafia pour obtenir la majorité notamment dans l'Illinois  : Mafia Helped JFK to Win, Book Claims, latimes.com, 9 novembre 1997, et Was Nixon Robbed, David Greenberg, slate.com, 16 octobre 2000

[12] Voir : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_frégates_de_Taïwan

[13] Source Wikipédia citée plus haut.

[14] Taïwan, ce géant des puces électroniques qui fait rêver l'Europe

[15] Pourquoi Pékin interdit l'exportation de sable vers Taïwan

[16] Les États-Unis invitent le Mexique à se joindre à leur mégaplan sur les microprocesseurs

 

Pour en savoir plus :

- Comment le lobby chinois a façonné l’Amérique, par Jonathan Marshall

- Taïwan : les tensions entre Chine et États-Unis se radicalisent

-  Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »

- Chine/USA : UNE GUERRE DE GÉANTS POUR QUELQUES NANOMÈTRES

- Les Philippines donnent aux États-Unis un accès à quatre bases militaires supplémentaires

Texte intégral : Document de réflexion de l’Initiative mondiale sur la sécurité de la Chine par Xinhua

- Mondialisation, capitalisme et hégémonie - Sur l’aiguisement de la rivalité sino-étatsunienne et l’histoire chinoise

- La Chine est une cible pour le Parlement européen de l’extrême droite jusqu’au centre gauche Vert et PS, depuis des mois et même des années en étroite corrélation avec le point de vue des USA et de la mouvance atlantiste.

 

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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 20:23
Bloc OTAN contre bloc RUSSIE-CHINE, chronique de la « GUERRE GLOBALE »

Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, la tension monte dangereusement dans le détroit de Formose. Durant les mois de juillet et d’août, nous avons assisté au développement du bellicisme aussi bien en Occident qu’en Orient.

Plutôt que d’envisager une troisième guerre mondiale, hélas forcément nucléaire, l’on s’oriente peut-être vers une « guerre globale » au niveau planétaire, c’est-à-dire vers des guerres conventionnelles de haute intensité en Europe et en Asie opposant le bloc OTAN et ses alliés au bloc Russie-Chine. La « danse sur le bord du volcan » est donc de plus en plus dangereuse, car un dérapage atomique est toujours possible. En cette rentrée de septembre, nous faisons le point sur cette « guerre globale », qui risque de marquer nos existences et la vie politique pendant une longue période.

Cet article est conçu en deux temps, la première partie (PUBLIÉE CI-DESSOUS) est consacrée à la guerre en Ukraine, la seconde traitera de la tension à Taïwan.

 

 

Sources : RESPUBLICA | mis à jour le 14/10/2022

 PREMIER ARTICLE : POINT SUR LA GUERRE EN UKRAINE EN SEPTEMBRE 2022

-  Le point début septembre sur la guerre en Ukraine
Notons en préambule qu’il est fort difficile d’accéder à une information fiable. Le contrôle de celle-ci par la Russie d’une part et l’OTAN d’autre part est total. Rappelons que les compétences et missions du « commandement intégré » de cette alliance politico-militaire incluent la coordination de l’information sur la guerre en Ukraine à destination du grand public de ses différents membres.

UKRAINE : LES TACTIQUES DE COMBATS UKRAINIENNES METTENT EN DANGER LA POPULATION CIVILE

Les reportages de journalistes sur la ligne de front proprement dite sont quasiment impossibles dans les deux camps. Les bilans indépendants sont rares et violemment attaqués : on a pu s’en apercevoir lors de la publication du rapport d’Amnesty International sur l’armée ukrainienne[1]. À peine sa parution a-t-elle eu lieu qu’un tollé médiatique s’est déclenché dans les pays occidentaux. Paraître critiquer légèrement l’Ukraine est quasiment impossible dans les pays de l’OTAN. Recouper l’information est donc fort difficile. Ainsi, sommes-nous réduits à des approximations, faute de chiffres et de bilans objectifs d’organisations internationales crédibles comme le CICR par exemple (Comité international de la Croix Rouge).

 

 

-  Gel du front russo-ukrainien en juillet et août et offensive ukrainienne en septembre 
En Ukraine, la guerre de haute intensité continue de plus belle, mais sur un mode statique en juillet et août. Puis une offensive ukrainienne a débuté début septembre, d’abord dans la région sud vers Kherson, puis à l’est vers Kharkiv. La première attaque de Kiev au sud semblait être un leurre pour masquer la vraie l’offensive à l’est. Au milieu de l’été, l’actualité guerrière était faite de bombardements réciproques par missiles de croisière, drones kamikazes et artilleries de précision du type canon Caesar d’origine française. Ni la Russie ni l’Ukraine a fortiori ne manquent d’armes ni de munitions… D’ailleurs l’offensive ukrainienne de ce mois de septembre le prouve : l’équipement de l’armée de Kiev est de la dernière génération technologique fournie par l’OTAN. À la mi-septembre, l’Ukraine semble marquer des points. La sophistication des armes occidentales est peut-être en passe de reproduire le désastre russe de mars-avril dernier qui a vu l’écrasement de ses colonnes blindées russes d’un autre âge. L’avenir le dira.

 

Mais ce sont les hommes qui font défaut. La raison en est certainement l’épuisement réciproque et le manque d’effectifs combattants. En effet, les deux protagonistes s’épuisent à la même vitesse. Les deux armées en présence sont de petite taille, autour de 200 000 hommes chacune tout au plus, en dehors des troupes de défense opérationnelle de territoire (DOT) pour les Ukrainiens et des séparatistes pro-russes des républiques autoproclamées du Donbass et de Lougansk. Or, beaucoup d’hommes ont été perdus en six mois. Le renseignement britannique évoque 86 000 morts et blessés du côté russe. Un chiffre à prendre bien sûr avec précaution, car Londres est le principal boutefeu de l’OTAN en Europe. Mais, il est vrai que la Russie a essuyé un revers en mars et avril, l’obligeant à revoir totalement son déploiement opérationnel pour se consacrer exclusivement, du moins pour le moment, au front de l’est et du sud de l’Ukraine. Cet échec militaire a dû être très coûteux en vies humaines, les colonnes blindées russes ayant été taillées en pièces en mars et avril au nord de Kiev.

 

 

-  Décompte macabre
Du côté ukrainien, la situation n’est guère plus brillante. L’état-major de l’armée annonçait le chiffre de 9000 morts le 22 août dernier, un chiffre manifestement sous-estimé.

GUERRE EN UKRAINE: KIEV RECONNAÎT LA MORT DE 9000 DE SES SOLDATS

Le président Zelensky évoquant lui-même 100 à 200 morts ukrainiens par jour dans l’est du pays, au plus fort de l’offensive russe en mai et juin derniers. Il est donc logique d’estimer les pertes entre 25 ou 40 000 morts, une fourchette assez large pour être réaliste. À cela, il faut ajouter les blessés graves. Suivant les ratios habituellement retenus, il peut être question de 15 à 30 000 soldats blessés sérieusement. Enfin, à ces pertes d’effectifs, les prisonniers doivent être rajoutés. Sur ce plan Kiev, ou Kyiv en ukrainien, a perdu le plus de troupes, en particulier après la défaite de Marioupol. Dans ce port de la mer d’Azov étaient retranchés des troupes d’élite des commandos de marine et des régiments politico-militaires de la division Azov (dont une partie des soldats se revendiquent comme néo-nazis). Plus de 7000 hommes au total ont été pris dans la tenaille russe et faits prisonniers. Bref, il est fort possible que l’armée ukrainienne ait perdu environ le tiers de ses effectifs en 6 mois… c’est-à-dire finalement une proportion à peu près du même ordre que l’armée russe et ses alliés ukrainiens pro-russes.

 

 

-  Une situation de guerre en miniature ?
Ainsi, aujourd’hui chaque camp en présence dispose de 120 à 130 000 hommes en force d’intervention (en dehors des forces de sécurité territoriales). Or, l’Ukraine est un grand pays dont la superficie (603 700 km2) dépasse celle de la France. Le front principal entre Kherson et Kharkiv s’étire sur plus de mille kilomètres. Il est donc impossible de tenir la « ligne de feu » de manière étanche pour l’une ou l’autre troupe. Nécessité faisant loi, nous assistons donc depuis juillet à des escarmouches sur un front discontinu, sans réelle cohérence opérationnelle ni offensive construite. 

 

Pour sortir de cette situation de « guerre en miniature », et l’offensive ukrainienne de septembre est la preuve de cette volonté, l’un et l’autre camp doivent regonfler d’urgence les effectifs combattants. Car les derniers combats de septembre dans la région de Karkiv sont encore une fois terriblement coûteux en vies humaines pour les deux camps. Là se situe le nœud du problème, car les implications politiques sous-jacentes sont énormes.

 

 

-  Russie : la ligne rouge de la conscription
Faisons le point à ce propos en passant en revue les deux protagonistes. Commençons par la Russie. Depuis le début de l’attaque russe, le 24 février dernier, le président Poutine ne parle pas de guerre… mais « d’opération spéciale ». Théoriquement, les troupes engagées sont professionnelles, sans participation du contingent. Une affirmation à prendre avec des pincettes, car il semble bien que des appelés figurent au nombre des victimes, d’après des témoignages de familles en deuil sur les réseaux sociaux. Avec une population de 144 millions, la Russie pourrait procéder à une mobilisation partielle ou générale (ce qu'elle vient d'engager[2]), mais le risque politique est énorme. Pour le moment, dans sa majorité, l’opinion publique semble se montrer neutre ou favorable au bellicisme du Kremlin. Mais le peuple russe est-il prêt à la guerre totale ? Il est permis d’en douter (Depuis l’annonce de Vladimir Poutine d’une « mobilisation partielle » de 300 000 réservistes en Russie, des citoyens russes cherchent à quitter le pays en masse[3]).

Guerre en Ukraine : des Russes fuient leur pays par milliers

Un autre indice confirme ce doute : la mini crise entre Moscou et Jérusalem sur la menace de fermeture de « l’Agence Juive », qui est en charge de l’émigration des juifs vers Israël (Alyah), sur le territoire russe. En effet, au cours du premier semestre 2022, 20 000 nouveaux immigrants sont venus de Russie, plus nombreux que ceux venant d’Ukraine, 11 000. Ceux qui quittent la Russie sont en général de jeunes diplômés, particulièrement qualifiés dans la high-tech.

 

Leurs motivations sont diverses, mais la peur de la conscription y est pour beaucoup. Malgré les bonnes relations entre Poutine et les premiers ministres successifs, Netanyahou en particulier, le Kremlin menace de fermer l’institution israélienne pour stopper l’hémorragie des jeunes et des cerveaux[4]. En fait, le départ des candidats éligibles à « l’alyah » (au minimum un grand-parent juif) est révélateur de l’esprit de l’ensemble de la jeunesse russe qui ne semble pas prête à « marcher vers la mort au pas cadencé » comme disait la chanson pacifiste de Francis Lemarque (« Quand un soldat », 1952). Par ailleurs, une mobilisation de la conscription désorganiserait encore davantage la production industrielle déjà atteinte par le blocus occidental. Seul un accord de coopération de grande ampleur avec la Chine populaire permettrait de surmonter ce problème. Or pour l’instant la Chine n’est pas disposée à venir sur ce terrain… à moins que la situation dans le détroit de Formose ne change la donne.

 

 

-  Manque de recrues aussi en Ukraine
Côté ukrainien, la situation n’est guère plus brillante. Bien sûr, la propagande joue sa rengaine. Le président Zelensky et l’état-major parlent de « lever une armée d’un million de soldats ». Théoriquement, c’est possible sur le papier en versant toutes les milices de la défense du territoire dans l’armée régulière. Mais dans les faits, c’est impossible. Accepter de défendre sa ville, son quartier, sa maison, est une chose, se retrouver fantassin dans un régiment de ligne de front en est une autre. Peu signalé par les médias des pays de l’OTAN, le fait que beaucoup de jeunes hommes fuient l’Ukraine. Dans ce pays où la corruption est généralisée, comme en Russie d’ailleurs, il est possible de quitter le pays assez facilement malgré l’interdiction faite aux hommes entre 18 et 60 ans. Face à cette situation, Kiev ratisse les fonds de tiroir dans les unités de défense territoriale et envoie ces nouvelles recrues au Royaume-Uni ainsi qu’en Suède depuis fin août, qui se chargent de la formation militaire avec les fonds de l’OTAN. Londres proclame pouvoir former 10 000 hommes par trimestre au combat, en particulier en zone urbaine. C’est possible, mais même en prenant ce chiffre pour argent comptant, cela ne fait qu’une quarantaine de milliers de militaires formés en un an. Une autre possibilité existe : la formation de régiment « privatisé » dont les frais sont payés par un oligarque ukrainien. La solde du soldat y est meilleure, ce qui peut provoquer des engagements… disons « alimentaires ». C’est le cas par exemple du « bataillon Porochenko », soutenu financièrement par l’ancien président, prédécesseur de Zelensky.

 

 

-  Les forces d’appoint
Devant ce manque d’effectifs aussi bien côté russe qu’ukrainien, l’un et l’autre camp font appel aux volontaires étrangers, aux mercenaires et aux sociétés privées de « sécurité ». L’état-major russe utilise des troupes tchétchènes, ils sont, semble-t-il, plusieurs milliers, et syriennes mais dans une moindre mesure. Aguerris et réputés pour leur sauvagerie, en particulier avec les prisonniers, ils sont aussi un moyen de guerre psychologique pour effrayer les velléités d’engagement dans le camp adverse. Sur le plan de l’utilisation des sociétés privées, l’état-major russe emploie l’entreprise Wagner, dont l’utilisation est déjà ancienne dans le Donbass.

 

Le côté ukrainien n’est pas en reste. Deux éléments militaires sont à sa disposition pour gonfler les effectifs : la « légion étrangère » et également les sociétés privées. Le président Zelensky a annoncé dès fin février la création d’une sorte de « brigade internationale ». Très peu d’informations circulent sur cette légion, officieusement soutenue politiquement par les gouvernements des pays membres de l’OTAN

Paris confirme la mort d'un second combattant français en Ukraine

Un exemple, le gouvernement français a présenté ses condoléances à la famille du deuxième français de cette unité étrangère mort en Ukraine… ce qui est assez étonnant, voire carrément illégal[5].

Il faut dire que le premier mort français était moins présentable puisque militant néo-fasciste identitaire acharné. Notons simplement que beaucoup de membres étrangers sont anglo-saxons, américains, britanniques, australiens, sud-africains. Cette « légion étrangère », en particulier un effectif suédois important, semble très présente dans l’offensive ukrainienne de septembre autour de Karkiv. Avons-nous à faire à des « idéalistes » ou est-ce le paravent d’une intervention étrangère de soutien à Kiev ? Impossible à dire avec certitude. Le fait est que la plupart des anglo-saxons de la légion étrangère sont d’anciens militaires. Difficile de parler de mercenaires, car la solde est faible. Il est possible que des unités d’élite de services secrets interviennent dans ces régiments, c’est en tous les cas la version du Kremlin. Autre structure de soutien étranger, les sociétés privées de guerre. Les Américains semblent reproduire la même stratégie qu’en Afghanistan… malgré le désastre de cette intervention. En effet, dans ce pays, les effectifs des sociétés privées étaient supérieurs à ceux de l’armée américaine régulière. Deux structures se taillent la part du lion : Blackwater, l’armée privée la plus importante du monde, et plus récemment l’agence Mozart (décidément les agences de mercenaires ont un faible pour les compositeurs classiques !). Payées directement par le budget américain, voté par le Congrès au titre de l’aide militaire à l’Ukraine, ces agences sont aujourd’hui omniprésentes à l’arrière du front et assurent également le rôle de conseil et de formation des troupes de combat. Ayant accompagné tous les désastres militaires des USA, en Irak, en Afghanistan, au Kurdistan ou ailleurs, elles sont, tels des vautours se nourrissant des cadavres, dotées d’un fort gros appétit (financier), mais disposent de capacités opérationnelles finalement assez réduites.

 

 

-  Comment sortir du blocage ?
Ainsi, la situation tactique s’apparente à un blocage total. La tentation est donc grande pour l’un ou l’autre des protagonistes de « renverser la table » pour sortir par le haut de ce bourbier et reprendre l’offensive vers une victoire espérée. La question est : comment ?

 

  • Pour Poutine, une solution possible : décréter la mobilisation partielle ou générale…

et faire avaler la pilule à son opinion publique (ce qu'il vient d'engager[2]). Il lui faut démontrer que la Russie est menacée dans son existence même. L’appel « à froid » à la conscription sur le seul dossier de la guerre en Ukraine serait la démonstration de son erreur initiale du 24 février dernier. Le président de la Russie et son état-major escomptaient un effondrement en quelques jours de l’Ukraine. Six mois après, ils sont dans l’incapacité de gagner la bataille sans mobilisation du contingent (Depuis l’annonce de Vladimir Poutine d’une « mobilisation partielle » de 300 000 réservistes en Russie, des citoyens russes cherchent à quitter le pays en masse[3]). Si un deuxième front s’ouvrait dans la Baltique, en Transnistrie ou ailleurs, Poutine pourrait décréter « la patrie en danger » et faire accepter le sacrifice de la jeunesse russe à sa population.

 

  • Pour l’Ukraine et son président Zelensky, les éléments du problème sont différents.

Son réservoir de soldats mobilisables est faible d’autant que 7 à 8 millions d’Ukrainiens ont déjà fui le pays. De plus, comme la situation économique est catastrophique, une mobilisation générale serait un coup fatal qui pourrait entraîner un effondrement dans tous les domaines, et en particulier sur le plan alimentaire. En fait, une seule possibilité existe : l’élargissement du conflit avec la participation directe de contingents de pays alliés. Il faudrait donc que des pays de l’Union européenne entrent dans le conflit… et rapidement. Sinon l’Ukraine risque de s’épuiser face à un ennemi disposant d’immenses réserves stratégiques, notamment en matières premières, et d’une population 4 fois plus importante (en intégrant le fait que 20 % des Ukrainiens ont quitté le pays). Pour l’instant, l’Union européenne n’est pas prête à l’entrée en guerre, mais les choses peuvent évoluer rapidement :

Volodymyr Zelensky signe une demande d’adhésion accélérée de l’Ukraine à l’Otan
  • d'autant que lors d'une cérémonie au Kremlin le 30 septembre, Vladimir Poutine a officialisé l'annexion des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia, occupées par les troupes russes[6] ;
  • d'autant que Volodymyr Zelensky vient de signer une demande d’adhésion accélérée de l’Ukraine à l’Otan[7].

     

D’ailleurs, dans cette hypothèse, les opinions publiques commencent à être « travaillées ». En France, le président Macron a clairement affirmé que les Français devaient avoir « la grandeur d’âme » pour accepter les sacrifices « pour rester libres ». Espérons qu’il ne faille pas prendre cette déclaration au pied de la lettre ! En soutien médiatique à cette politique d’alignement OTAN, les médias français servent de caisse de résonance permanente pour instiller l’inéluctabilité de la guerre en Europe. Tout l’été, l’ensemble des grands quotidiens et magazines (Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Point…) ont mis l’Ukraine à la une, avec des « live » quotidiens sur la situation… alors même qu’il ne se passait quasiment rien sur le front en juillet-août. Notons que Le Figaro, Le Monde et Le Point, entre autres, développent un argument particulièrement absurde : l’Ukraine manquerait d’armes. C’est en effet absurde, car la défaite russe de mars dernier dans sa tentative d’assaut de Kiev, et les soldats de Kiev qui viennent de reprendre des villes entières tombées aux mains des forces russes, démontre exactement le contraire[8].

 

Les Ukrainiens n’ont pas remporté ces victoire avec de vieilles pétoires et des cocktails Molotov, ils ont vaincu, car ils disposaient d’un armement high-tech de dernière génération (missiles sol-sol antichars et missiles sol-air portatifs, drones d’attaque…), face aux colonnes blindées russes à l’équipement obsolète datant des années 60 ou 80. L’Ukraine n’a jamais manqué d’arme ni de formation militaire pour ses soldats y compris donc avant le 24 février dernier. Depuis 2014, l’Ukraine a été préparée à la guerre par l’OTAN, c’était en tout cas l’affirmation au printemps dernier de l’état-major de l’armée française (sur ce sujet, relire ici[9]). Le but de cette mobilisation médiatique est de préparer l’opinion à une éventuelle intervention directe de l’Union européenne cet automne ou cet hiver.

 

Ainsi du côté russe comme ukrainien, la situation est intenable, et toute provocation est bonne à prendre pour sortir de la nasse. En ce début septembre, aucun signe n’existe de détente ni de possibilité d’un cessez-le-feu ni encore moins d’une conférence de paix. Or le temps va manquer.

 

 

-  Face à ce danger d’escalade et le risque de la « montée aux extrêmes », comme disent les militaires, c’est-à-dire la marche vers la guerre totale, les réactions politiques sont d’une faiblesse presque incroyable… en particulier en France.
Pourtant fin août, Emmanuel Macron a annoncé clairement la couleur dans son discours de Bormes-les-Mimosas. À part un commentaire d’Eric Ciotti à droite, le silence est assourdissant à gauche. Les partis de la NUPES sont aux abonnés absents. Seul Mélenchon est intervenu sur les tensions géopolitiques, mais plus particulièrement sur le dossier chinois[10]. Il faut bien constater son isolement. Car en fait, au sein de la NUPES, les positions sont divergentes sur la guerre, les Verts et le Parti socialiste soutenant en fait l’Ukraine en guerre et donc objectivement l’OTAN (NDLR : ce qui ne veut pas dire que Jean-Luc Mélenchon est pro-Poutine[11].

 

 

-  En fait, le président Macron a annoncé tout simplement la guerre
La France ayant rejoint le commandement intégré de l’OTAN, cela implique un alignement et un contrôle en termes de communication des alliés sur le conflit Russie-Ukraine. Donc, Emmanuel Macron ne peut pas parler « à la légère » sur ce dossier. Il est donc urgent d’intervenir, d’expliquer et expliquer encore qu’une autre voie que la guerre est possible. Or en ce mois de septembre, l’offensive ukrainienne marque des points sur le terrain et ressuscite l’espoir fou dans le camp de l’OTAN d’un effondrement total russe… et pourquoi pas d’un limogeage de Poutine du Kremlin. Ce désir d’une défaite totale russe est extrêmement dangereux justement. Si Poutine se retrouve au bord du gouffre, il n’hésitera pas à employer tous les moyens pour sauver sa peau et sortir de la nasse, y compris les moyens nucléaires !

 

-  Militer pour la République Sociale, dans l’esprit de Jaurès, c’est militer pour la paix en Europe et contre le bellicisme à outrance.

Il faut qu’une fraction politique importante à gauche intervienne pour la promotion d’une conférence internationale de paix sous l’égide de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Si les républicains de gauche restent passifs, la guerre générale en Europe sera inévitable tôt ou tard et les populations européennes en subiront les conséquences.

 

 

 

 SECOND ARTICLE ICI 👉 : TENSION EXTRÊME DANS LE DETROIT DE FORMOSE

Notes :

[1] UKRAINE : LES TACTIQUES DE COMBATS UKRAINIENNES METTENT EN DANGER LA POPULATION CIVILE

[1bis] GUERRE EN UKRAINE: KIEV RECONNAÎT LA MORT DE 9000 DE SES SOLDATS

[2] 21 septembre 2022 : Vladimir Poutine décrète «une mobilisation militaire partielle» en Russie et, contrairement à ce qui a été annoncé à la télévision, le décret signé par Vladimir Poutine ne précise pas que seuls les militaires de réserve sont soumis à la conscription.

[3] Depuis l’annonce de Vladimir Poutine d’une « mobilisation partielle » de 300 000 réservistes en Russiedes Russes fuient leur pays par milliers mais aussi Depuis l’annonce de Vladimir Poutine de mobiliser partiellement sa population, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes de Russie. Selon le groupe de surveillance indépendant russe OVD-Info, plus de 1 000 manifestants ont déjà été arrêtés par la police russe. et dans l’UE, 66 000 entrées en une semaine

[4] La Russie menace de fermer les bureaux de l’Agence juive à Moscou

[5] Paris confirme la mort d'un second combattant français en Ukraine

[6] Lors d'une cérémonie au Kremlin vendredi, Vladimir Poutine a officialisé l'annexion des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia, occupées par les troupes russes.

[7] Volodymyr Zelensky vient de signer une demande d’adhésion accélérée de l’Ukraine à l’Otan

[8] Guerre en Ukraine : l'armée russe recule face à la contre-offensive éclair des forces de Kiev. Près de 6 000 kilomètres carrés ont déjà été libérés, selon Volodymyr Zelensky

[9] Le judoka Poutine aurait-il essuyé un « ko soto gari » ?

[10Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »

[11Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !

 

Pour en savoir plus :

Vladimir Poutine signe un décret visant à agrandir l’armée russe

- ADHÉSION DE LA FINLANDE ET DE LA SUÈDE À L’OTAN : LA BALTIQUE BIENTÔT ZONE DE GUERRE ?

- Situation géoéconomique de l’Ukraine dans les mailles de l’ultralibéralisme.

- Révélation : avant que l’Ukraine ne fasse sauter le pont de Kerch, des espions britanniques avaient préparé le coup.

- L’OTAN panique devant l’incapacité de trouver le sous-marin nucléaire russe Belgorod dans l’Arctique

- « La guerre en Ukraine menace l’Europe et met en péril son moteur premier, le couple franco-allemand »

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30 août 2022 2 30 /08 /août /2022 10:27
Ariane 6 lanceur fusée espace spatial

Ariane 6 lanceur fusée espace spatial

Jean-Luc Mélenchon : " ...la suite de l’aventure de l’humanité dans l’espace est en train de s’écrire. Il n’est pas question d’être naïfs et de tenir une position destinée à être dépassée par les évènements et les autres protagonistes. La France est une puissance et son devoir est de se déployer dans toutes les directions de l’épopée humaine. "[1]

 

Alors que l’espace suscite de nouveau l’intérêt des grandes puissances et de nouveaux acteurs privés, la France semble se reposer sur ses lauriers et abandonner son rôle de puissance spatiale. D’une part, Paris semble préférer déléguer cette activité au secteur privé, au lieu de piloter indirectement l’action de ce dernier, comme le fait la NASA. D’autre part, l’Allemagne ne cache plus ses ambitions et délaisse la coopération européenne, tout en essayant de récupérer les technologies françaises.

 

 

Sources : Le Vent se lève |

- La conquête spatiale fut l’un des grands enjeux de la Guerre froide

Dans cet affrontement entre Soviétiques et Américains, la politique d’indépendance du général De Gaulle s’est également traduite en termes de souveraineté spatiale[1bis]. Du programme Véronique au développement d’Ariane 6, la France reste un acteur majeur du spatial dans le monde. Ce rôle permet d’avoir une place importante en matière militaire, scientifique et industrielle. Ce, même face aux géants étasuniens, russes et, aujourd’hui, chinois. Pour ce faire, la France a pu compter sur l’expertise acquise par le Centre national d’études spatiales (CNES[2]) qui a fêté ses 60 ans en 2021. Ces compétences, fruit d’années d’investissements et d’ambitions publiques, ont fait le lit de l’excellence française en matière spatiale. Depuis lors, la France a tout naturellement pris le rôle de moteur européen dans les activités extra-atmosphériques. Toutefois, fer de lance de la souveraineté française, le secteur spatial ne cesse de voir sa position fragilisée par l’absence de vision et la naïveté de la France face à l’Allemagne dans l’UE.

 

 

 

- Une nouvelle zone de conflictualité ?
En 1958, une résolution de l’ONU faisait référence à l’usage « exclusivement pacifique » de l’espace extra-atmosphérique[3]. A l’époque, Russes et Américains s’étaient entendus pour faire retirer l’adverbe exclusivement dans le texte onusien. Bien qu’ancienne, la militarisation, c’est-à-dire l’usage à des fins militaires de l’espace, tend à s’accentuer ces dernières années. La facilité de l’accès à l’espace permet aux armées du monde entier d’envoyer des systèmes orbitaux d’observation et de télécommunication. En revanche, l’arsenalisation – l’usage d’actions militaires dans, depuis et vers l’espace – de la zone extra-atmosphérique paraît de plus en plus inéluctable. De nombreux Etats sont par exemple d’ores et déjà capables de détruire des satellites depuis le sol.

 

 

Pourtant le traité de l’espace de 1967[4], la référence en droit spatial, indique que nul ne peut s’approprier l’espace.
La zone extra-atmosphérique est donc ouverte à tous. De même, le traité stipule que les armes nucléaires ne peuvent y être déployées. Le texte reste néanmoins flou et sujet à interprétation dans sa rédaction. Il apparaît de moins en moins adapté aux nouvelles réalités conflictuelles, comme le note un récent rapport d’information parlementaire[5].

 

Donald Trump dévoile le drapeau de la «force de l'Espace» des Etats-unis
D. Trump dévoile le drapeau de la «force de l'Espace» des USA

En 2015, Barack Obama ouvre une première brèche avec le Space act[6], qui autorise l’exploitation des ressources dans l’espace et son appropriation par les citoyens étasuniens. Par la suite, Donald Trump suivra en créant une Space force[7] pour défendre les intérêts des Etats-Unis dans l’espace. Emmanuel Macron, dans la foulée de son homologue américain, a décidé de passer à une doctrine plus active en termes de protection des intérêts spatiaux de la France. Ceci afin de « répondre aux défis […] dans les nouvelles zones de confrontation que sont l’espace cyber ou l’espace exo-atmosphérique[8».

 


- SPACE X et les réalités du NEW SPACE
Si l’intérêt pour l’espace connaît un regain d’intérêt depuis environ une décennie, cela s’explique aussi par les mutations profondes de l’industrie spatiale suite à l’arrivée d’acteurs privés. Ainsi, plusieurs sociétés, dont celles de multimilliardaires, se sont engouffrées dans ce nouvel environnement technologique et sociétal, dénommé new space. Les emblèmes de cette nouvelle ère sont sans aucun doute Space X d’Elon Musk et Blue Origin de Jeff Bezos. Le phénomène a également gagné le Vieux continent. De nouvelles entités y ont émergé et viennent concurrencer les acteurs traditionnels du spatial, comme Airbus, Thales, Safran, etc. En outre, ce nouvel âge spatial s’appuie également sur un cycle d’innovation plus court dû à la miniaturisation des satellites et de leurs composants, d’une part, et la numérisation de la société, d’autre part. Cette numérisation à outrance a pour corollaire non seulement des infrastructures au sol, câbles sous marins et data centers, mais également des moyens de télécommunication en orbite, tels que les constellations de satellites actuellement déployées par Starlink (Elon Musk), OneWeb (Airbus) ou Kuyper (Jeff Bezos). L’émergence du tourisme spatial[9fait également partie des moteurs de ces mutations.

 

Derrière le phénomène au nom rêveur du new space se trouve une réalité bien connue, celle des start-ups. Il s’agit de l’afflux de capitaux privés, via du capital risque, sensibles à l’image positive que véhicule le spatial, ses innovations technologiques et la rentabilité présumée du secteur. Ce faisant, il s’est créé un effet d’entraînement global. A l’instar de la bulle Internet, au début des années 2000, le new space n’est d’ailleurs pas à l’abri d’une bulle financière, notamment alors que les taux d’intérêt sont en train de remonter.

 

Toutefois, si cet appel aux capitaux privés, notamment aux États-Unis, conduit certains commentateurs à évoquer une privatisation de l’espace, cette dernière mérite d’être questionnée.

  • Premièrement, ces financements viennent parfois en complément du public sur des programmes très onéreux.
  • Deuxièmement, les principaux clients de Space X restent le gouvernement américain lui-même à travers la NASA ou le Pentagone. Cela se traduit par de nombreux lancements institutionnels pour l’envoi de satellites, civils et militaires, ou l’approvisionnement de l’ISS (Station spatiale internationale) avec le Falcon 9.
  • Enfin, toutes les technologies développées par ces acteurs privés sont issues des recherches de la NASA, comme le rappelle notamment les travaux de l’économiste Mariana Mazzucato[10].

 

- Ainsi, et de manière contre intuitive, l’apport du new space dans l’écosystème spatial américain tient moins de l’innovation de rupture que de la facilité qu’ont ces entreprises à industrialiser les technologies de la NASA. En somme, entre le new space aux États-Unis et la NASA, la filiation est directe. Le rapport d’information parlementaire cité plus haut, révèle ainsi qu’historiquement la NASA a utilisé les acteurs du New space pour pallier l’échec de son programme de navette.

- Ainsi, les rares marchés exclusivement privés se trouvent dans le tourisme spatial et les méga-constellations en orbite basse. Ces deux activités, dont le modèle économique est très fragile[11], sont toutes deux très polluantes et néfastes aux activités scientifiques.

 

 

- Entre automutilation et illusion libérale : le New SPACE français
Face à cette nouvelle configuration, la France tente aujourd’hui de rattraper ce qu’elle considère comme un retard. Néanmoins, à la différence des Etats-Unis, le marché des lancements institutionnels européens n’est ni conséquent ni garanti. Quand le budget de la NASA s’élève à plus de 20 milliards, celui du CNES atteint à peine plus de 2 milliards et de 6 milliards pour l’ESA (European Space Agency)

 

La moitié de l'enveloppe financière devrait atterrir dans les poches des acteurs du NewSpace.

Dans le sillage des illusions sur la start-up nation, Bruno Le Maire a annoncé l’avènement d’un Space X français d’ici 2026[12]. Ce faisant, le Ministre de l’économie a oublié que le leader mondial des lancements commerciaux était français. En effet, avec Arianespace, qui gère la commercialisation et l’exploitation des systèmes de lancements depuis Kourou (les lanceurs Ariane et Vega), la France a un accès privilégié, et de qualité, à l’espace ! Pour soutenir les acteurs du new space, Emmanuel Macron a annoncé investir 1,5 milliard dans ce secteur dans le cadre du plan France 2030[13]. Dès lors, deux stratégies distinctes se dessinent de chaque côté de l’Atlantique : d’un côté une privatisation pilotée par la NASA, de l’autre un véritable laissé faire, sans planification

 

L’automutilation de l’Etat français et l’absence de vision à long terme, censée guider les politiques spatiales, se font ressentir au cœur même de l’excellence française. En effet, le Centre national d’études spatiales est touché de plein fouet par ces nouvelles orientations. C’est pourquoi, en avril dernier, les ingénieurs du CNES, de Paris à Kourou, dans un mouvement sans précédent depuis 60 ans, ont décidé de se mettre en grève pour protester contre les nouveaux contrats d’objectifs[14]. Ces derniers, aux dires des syndicats, privilégient les nouveaux acteurs privés au détriment de la recherche publique. Leur crainte est qu’à travers ces objectifs, le CNES ne devienne qu’une agence de financement. Dès lors, le regard stratégique sur le devenir des grands projets reviendrait aux seuls industriels

 

Arianespace : l'Etat signe la vente de ses parts à Airbus et Safran

Ces craintes sont fondées : ce retrait du CNES est déjà une réalité depuis 2015. Quand Manuel Valls avait décidé de vendre les parts de l’Etat (34%), à travers le CNES, dans la société Arianespace[15]. Cette société est pourtant hautement stratégique en termes d’efficience industrielle et de souveraineté d’accès à l’espace. Les parts ont été cédées à la co-entreprise (Ariane group), composée de Safran et d’Airbus. La cession a mis fin à la logique de partenariat public/privé qui avait prévalu en France et qui avait fait ses preuves. A sa place, une logique de gestion pilotée uniquement par les industriels, notamment celle du futur lanceur Ariane 6, est en train de s’affirmer.

 

 

 

- L’Allemagne se rêve en puissance spatiale

Outre une ambition politique aux abonnés absents, le spatial français doit faire face aux divergences politiques avec l’Allemagne. Ces divergences ne sont du reste pas nouvelles, elles existent d’ores et déjà pour l’industrie militaire. La naïveté française dans les grands projets industriels de l’UE permet aux entreprises allemandes de siphonner les technologies françaises. Du programme SCAF (avion de chasse de nouvelle génération) au transfert du moteur d’Ariane 6 de Vernon vers la Bavière, les exemples sont légion.


Face aux problèmes budgétaires de la France, l’Allemagne s’est en effet mise en tête de prendre le leadership européen dans le spatial. Le conseiller espace d’Angela Merkel à l’époque, Peter Hintze, relayé par La Tribune, le disait en ces termes : « l‘Allemagne occupe le deuxième rang européen en matière de spatial; se satisfaire du deuxième rang ne suffit pas, il faut considérer ce classement comme une source de motivation »[17].

 

Depuis, l’Allemagne a été à plusieurs reprises la plus grande contributrice du budget de l’ESA. L’objectif, à peine voilé, est de conforter sa base industrielle dans un esprit mercantile orienté vers la haute valeur ajoutée. Les spécialistes faisaient remarquer à l’époque l’absence de vision en termes d’indépendance dans le discours allemand, comme le confirme un document que s’est procuré La Tribune[18]. Ce dernier indique que le gouvernement allemand pense qu’ « un système de lancement compétitif européen au niveau mondial n’est pas un objectif prioritaire […] ». D’autant que la compétition est, selon elle, complètement biaisée : « la demande institutionnelle nettement plus importante aux États-Unis […] Un système européen ne pourrait survivre dans cet environnement qu’avec de lourdes subventions gouvernementales annuelles[18] ». L’Allemagne y fustige également le manque de concurrence face à Arianegroup.

 

Espace : OHB, cette PME allemande au coeur des tensions entre Paris et Berlin

Berlin, dans un esprit libéral, refuse donc la logique d’agence et de coopération européenne de l’ESA et aimerait lui substituer une logique d’acteurs industriels. A contrario, la tradition française, qui associe programmes civils et militaires, est de penser le spatial en termes de souveraineté d’accès. Ainsi, profitant de l’avènement du new space, Berlin a fait émerger de nouveaux acteurs tels que OHB ou encore ISAR Aerospace. Ces différents choix stratégiques de l’Allemagne posent des problèmes de cohérence à ses partenaires européens, notamment la France. Récemment, l’agence spatiale allemande (DLR) a choisi Space X pour l’envoi de son satellite d’observation de la terre. Ou, encore, le lobbying d’OHB[19] en faveur du lanceur américain pour l’envoi des derniers satellites du programme Galileo, le GPS européen. De fait, Berlin semble avoir abandonné toute idée de préférence européenne.

 

Outre-Rhin, on pense l’avenir à travers les megaconstellations et les micro lanceurs réutilisables. Ils visent ainsi le marché, non institutionnel, des envois commerciaux. Cette stratégie permet à ces start-ups, soutenues par le gouvernement allemand, de s’autonomiser, en partie, du port spatial de Kourou. L’opération Launch Germany[20] s’inscrit dans cette logique. Elle a pour objectif de développer une zone de lancement pour micro-lanceurs en mer du nord. Pourtant le CNES, l’ESA et Ariangroup cherchent à redéployer l’ancien site de lancement de la fusée diamant en base pour micro-lanceurs. Il s’agit des programmes Thémis, Prometheus et Callisto.

 

Ces divergences se confirment dans cette période de transition entre les versions 5 et 6 d’Ariane. Cette dernière est censée être plus compétitive face à la concurrence de Space X. Néanmoins, conscient des défis de la fusée réutilisable, Paris indique que ce nouveau lanceur, qui n’intègre pas de modules réutilisables, est quasi obsolète. La volonté est donc d’embrayer très vite sur une nouvelle génération de lanceurs. Pour Berlin, qui a financé un des quatre milliards de conception d’Ariane 6, c’est évidemment trop tôt. Le retour sur investissement de la fusée Ariane 6 se fera certainement sur la durée, entre 10 à 15 ans. Or, repartir sur une nouvelle génération de lanceur entraînera d’énormes coûts de conception, jusqu’à 10 milliards d’euros selon les estimations. Ce sont les industriels d’Arianegroup et l’ESA, au travers de ses membres étatiques, qui porteront ce coût.

 

 

- Le port spatial de Kourou : un fleuron mis à mal
Si l’avenir de la coopération spatiale européenne reste incertain, qu’en est-il des bases de lancement ?

Pour l’heure, le port spatial de Kourou[21], en territoire français, offre au pays des Lumières un atout essentiel d’indépendance et de sécurité. Le déploiement des programmes de vols, notamment ceux à usage militaire, se fait sans contrainte d’exportation et de location d’un site étranger. L’indépendance qu’offre ce site lui confère donc un grande importance. Malheureusement, celui-ci est également confronté à une période difficile.

 

Le 25 décembre 2021, comme un cadeau offert à la communauté scientifique et au monde, s’envolait le télescope James Webb[22]. Le remplaçant du célèbre Hubble était attendu par les scientifiques du monde entier. Depuis, James Webb réjouit la communauté scientifique et même les particuliers par ses performances optiques. Ce joyau technologique a coûté 10 milliards de dollars à la NASA sur 20 ans. Le télescope est parti depuis Kourou, en Guyane, empaqueté dans la coiffe d’une Ariane 5. La précision du vol fut telle que le télescope a gagné en durée de vie en économisant son carburant[23].

 

Si, cet exploit technique et scientifique a été salué par la NASA, qui a reconnu l’extrême précision du lancement, il ne saurait cacher néanmoins les difficultés du sport spatial. Le développement d’Ariane 6 s’articule autour d’un leitmotiv : la réduction des coûts. Cela passe notamment par la réduction d’effectifs, surtout lorsque les budgets sont contraints et orientés vers des start-ups. Dans ce cadre, le gestionnaire du site, Arianegroup – actionnaire majoritaire d’Arianespace (76%) – se prépare depuis deux ans à des réductions d’effectifs. 600 licenciements répartis entre la France et l’Allemagne, sont évoqués[24]. Concernant le Centre spatial guyanais, une étude évoque une suppression de 300 postes[25]. Cette réduction d’effectifs fait craindre une perte de savoir-faire, notamment dans le domaine d’excellence de la France : la filière des lanceurs.

 

 

- Du côté des salariés de la base, c’est le flou concernant la suite de l’aventure spatiale.
« Les salariés sont anxieux face à la baisse de cadence et les solutions amenées pour y faire face. L’arrêt prématuré de Soyouz n’arrange pas les choses. Il y a une véritable lenteur des dirigeants à trouver et proposer des solutions. » nous rapporte Youri Antoinette, syndicaliste UTG-CGT sur la base. Pour ce dernier, le contrat passé avec Amazon[26] est une bonne nouvelle.


Il s’inquiète néanmoins de la gestion de cette période de transition. En effet, le lancement de la constellation Kuiper d’Amazon doit débuter en 2024 à bord d’Ariane 6. Il y a donc un trou de deux ans à combler. Cette transition devait se faire grâce au lanceur russe Soyouz, basé en Guyane depuis 2011. Cependant, la guerre en Ukraine a eu pour conséquence l’arrêt des coopérations entre l’ESA et Roscosmos. L’UE n’a par conséquent pas de lanceur de substitution. Dans l’intervalle, la production d’Ariane 5 est stoppée et le programme Ariane 6 a pris du retard. De plus, L’arrêt de Soyouz signe la disparition de 50 emplois équivalent temps plein sur la base.
 

  • La souveraineté spatiale de la France est donc mise à mal de toute part.
  • Son rôle moteur au sein de l’UE est remis en cause par l’Allemagne, dont les ambitions hégémoniques s’affirment de plus en plus.
  • Pendant ce temps, en dehors de l’UE les puissances spatiales poursuivent leur affrontement pour la primauté scientifique, industrielle et/ou commerciale.
  • Force est de constater, qu’à ce jour, la France, prise dans le dédale de ses contradictions et de l’UE, semble ne plus avoir les capacités de tisser le fil d’Ariane d’une nouvelle ambition spatiale.

 

Notes :

[1] À la conquête de l’espace

[1bis] La naissance de la politique spatiale française

[2] Le site du Centre national d'études spatiales CNES

[3] RESOLUTION DU 13 DECEMBER1958 SUR L'UTILISATION DE L'ESPACE EXTRA-ATMOSPHERIQUE A DES FINS PACIFIQUES (NATIONS UNIES) - 1348 - XIII (Création du Comité spécial des utilisatoins pacifiques de l'espace extra-atmosphérique)

[4] Traité de l'espace 1967

[5] RAPPORT D’INFORMATION PAR LA COMMISSION DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES FORCES ARMÉES

[6] Droit de l’espace : évolution, révolution ou déliquescence annoncée ?

[7] Trump crée un commandement militaire spatial pour sa future " Armée de l'Espace "

[8Armées : Macron annonce la création d’un commandement militaire de l’espace, et La France muscle sa stratégie spatiale avec un commandement dédié

[9] MILLIARDAIRES DANS L’ESPACE, DYSTOPIE SUR TERRE

[10L'État entrepreneurial

[11] OneWeb: de nombreuses interrogations autour du modèle économique

[12] Espace : Paris présente son plan pour concurrencer SpaceX

[13] Plan "France 2030" : Macron met sur la table 1,5 milliard d'euros pour le spatial

[14] Grève historique au CNES : " Des projets spatiaux s'arrêtent faute de financement "

[15] Arianespace : l'Etat signe la vente de ses parts à Airbus et Safran

[16] Du néant de la relation stratégique franco-allemande au divorce nécessaire

[17] Espace : la France rend les armes face à l'Allemagne

[18] Stratégie lanceurs : comment l'Allemagne s'oppose fortement à Bruxelles et à la France

[19] Espace : OHB, cette PME allemande au coeur des tensions entre Paris et Berlin

[20] Spatial européen : l'inquiétant séparatisme allemand

[20] Centre spatial guyanais

[22] Le télescope spatial James-Webb est arrivé à destination, à 1,5 million de kilomètres de la Terre

[23] Un lancement précis d'Ariane 5 devrait prolonger la durée de vie prévue de Webb

[24] Arianegroup annonce la suppression de 600 postes en France et en Allemagne

[25] Spatial : Le CSG va vers un plan social qui ne dit pas son nom

[26] ARIANESPACE SIGNE UN CONTRAT HISTORIQUE AVEC AMAZON POUR 18 ARIANE 6 AFIN DE DÉPLOYER LE PROJET DE CONSTELLATION KUIPER

 

Pour en savoir plus :

- Spatial : vers un déclassement de la France ?

Quand le capitalisme se rêve un destin cosmique ; le capital à l'assaut de l'espace

Spatial : l'Europe se contente du minimum syndical

- L'Otan va installer à Toulouse un centre de formation et01 d'expérimentations dédié à l'espace, ont indiqué vendredi le ministère des armées et le CNES

- L’Otan installe à Toulouse son QG de l’espace pour contrer les menaces sur ses satellites

- l'Union Populaire (France insoumise) Mélenchon 2022 : L’espace, notre horizon commun

L’espace, notre horizon commun

 

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4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 08:41
La France autorise l'installation de bases de l'Otan sur son territoire

Sources : Scoop.it! par HumdeBut

Le Parlement français a adopté, le 7 avril 2016, le Protocole sur le statut des quartiers généraux militaires internationaux créés en vertu du Traité de l’Atlantique-Nord.

 

50 ans après la décision du général de Gaulle de fermer les bases militaires étrangères, en l’occurrence étasuniennes, présentes en France, le Parlement vient d’adopter la loi rendant possible un retour des troupes de l’OTAN sur le sol français - See more at: https://www.lepartidegauche.fr/communique/retour-en-france-des-troupes-l-otan-l-oligarchie-atlantiste-unie-au-parlement-34590#sthash.M0f1ZW3y.0dBOy4eH.dpuf

Ainsi, 50 ans après la décision du général de Gaulle prise en 1966 de fermer les bases militaires étrangères, en l’occurrence étasuniennes, présentes en France, le Parlement vient d’adopter la loi rendant possible un retour des troupes de l’OTAN sur le sol français en autorisant l’installation de bases de l’Otan sur le territoire national.

 

Les groupes PS, UDI, Radicaux de gauche et la majorité des élus « Républicains », unis dans leur soumission à l’atlantisme, ont voté pour.

 

  • Pour accéder au dossier officiel, c'est ICI

 

 

- Pour une France indépendante, un seul candidat, Jean-Luc Mélenchon

L’armée française est engagée dans un nombre sans précédents de guerres. Comment sortir de la logique de guerre ? Comment restaurer l’indépendance de la France et quelles alliances nouer pour cela ? Formulez vos propositions en la matière :  ICI

 

Pour en savoir plus :

- OTAN : Hollande exécuteur testamentaire de Nicolas Sarkozy

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 08:07
Michel Collon - L'OTAN est une association de criminels

Sources : Eric Durand | mis à jour le 19/08/2022

- L’Otan, c’est quoi ?

C’est l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. L’Otan peut également être appelé Nato (acronyme anglais de «North Atlantic treaty organization»), l’Alliance ou encore l’Alliance atlantique. Concrètement, l’Otan est une alliance de pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Le texte de ce traité est signé le . L'OTAN regroupe actuellement 30 pays membres, dont la France, les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne ou encore la Turquie. Les derniers pays ayant intégré l’Otan Macédoine du Nord et le Monténégro (Pour voir l'intégrale).

 

 

- Quel est son but ?

En théorie, maintenir la paix sur les continents américain et européen et assurer une défense commune contre les menaces extérieures. Avant tout par la diplomatie et par la collaboration politique. Mais si ces moyens ne sont pas suffisants, l’Otan possède des capacités militaires qui lui permettent de conduire des «opérations multinationales de gestion de crise», c’est-à-dire des interventions armées.

 

Notez que l’Otan obéit à un principe majeur: l’attaque de l’un ou plusieurs de ses membres doit être considérée comme une attaque dirigée contre tous, ce qui implique de répondre par une «défense collective». C’est l’article 5 du Traité de Washington, ou Traité de l’Atlantique Nord, le traité fondateur de l’Otan. Cet article 5 n’a été invoqué qu’une seule fois, en réponse aux attentats terroristes du 11-Septembre.

 

- Quelle est son histoire ?

L’Alliance a été créée en 1949 pour assurer la sécurité du continent européen après la Seconde Guerre mondiale. Deux Etats préoccupent alors l’Otan: l’Allemagne et l’Union soviétique.

 

En 1991, l’empire soviétique n’existe plus, la Russie est à l’agonie économique, la guerre froide est terminée. Mais cette année-là marque le début des guerres de Yougoslavie, soit dix ans de conflits, d’abord en Slovénie, puis en Croatie, en Bosnie, au Kosovo et en Macédoine. L’Otan intervient en Bosnie en 1995 et au Kosovo en 1999. En 2001, les attentats du 11-Septembre font jouer un nouveau rôle à l’Otan, qui s’engage dans une « guerre contre le terrorisme ». En mars 2011, intervention militaire en Libye, et à partir du , l'ensemble des opérations sont conduites par l'OTAN dans le cadre de l'opération Unified Protector[1].

 

Et la France ?

  • 7 mars 1966 : La France est donc l’un des membres fondateurs de l’OTAN. Malgré cela, le 7 mars 1966, le général DE GAULLE, alors président de la République française, annonce dans une lettre adressée au président américain, Lyndon B. JOHNSON, le retrait de la France de la structure militaire de l’OTAN. »La France, écrit-il, se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entravé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’OTAN.«  
  • 7 novembre 2007 : La réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord est annoncée par le président de la République Nicolas Sarkozy au Congrès à Washington le 7 novembre 2007.
  • À l'Assemblée nationale, cette politique donne lieu à une motion de censure le 8 avril 2008 et à un vote de confiance le 17 mars 2009. Les deux votes sont favorables au gouvernement et le vote de confiance entérine le retour. Ce retour devient effectif lors du sommet de l'OTAN à Strasbourg-Kehl les 3 et 4 avril 2009.


 

- Comment fonctionne l’Otan ?

Pour agir, l’Otan doit prendre des «décisions» qui doivent faire «consensus». Autrement dit, une décision doit être adoptée par chacun des membres. Dans les faits, il n’y a pas de vote à l’Otan. Les Etats discutent entre eux jusqu’à ce qu’une décision acceptable par tous soit prise. Il arrive que les pays membres conviennent de ne pas s’accorder sur un point particulier.

 

Pour éclairer les membres dans leur prise de décisions, des centaines d’experts et de responsables civils et militaires se rendent chaque jour au siège de l’Otan, à Bruxelles, pour échanger des informations et partager des idées.

 

 

- Michel Collon : " Toutes les guerres de l'OTAN sont des guerres de pillage "

Exraits de " Ce soir ou jamais " du 22-05-2012 de Frédéric Taddeï.

 

 

- OTAN : Pour aller plus loin 

  • OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 1/3

 

OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 1/3

 

  • OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 2/3

 

OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 2/3

 

  • OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 3/3

 

La réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN

 

Note :

[1] « Libye : point de situation opération Harmattan no 14 » [archive], sur www.defense.gouv.fr, (consulté le 1er avril 2011).

 

Pour en savoir plus

- L’OTAN, instrument de domination militaire au profit des Etats Unis et du capitalisme

- La Colombie, vieil allié stratégique de Washington-OTAN

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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