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26 mars 2023 7 26 /03 /mars /2023 16:28
Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)
Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)
Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)
Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)
Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)
Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)

Selon le rapport annuel d’Europol sur le terrorisme dans le Vieux Continent, l’Hexagone totalise 37% des interpellations en Europe en lien avec des affaires de terrorisme jihadiste et 45% de celles concernant le terrorisme d’extrême droite[1]...

En France, le Rassemblement national et les radicaux poursuivent leur collaboration[38]

 

 

Europe, en 2021, l’ont été en France. Ce constat est tiré du dernier rapport d’Europol sur la situation et les tendances du terrorisme au sein de l’Union européenne (TE-SAT), publié mi-juillet. Un document qui confirme notamment que si le terrorisme jihadiste reste la principale menace, quoique moins virulente qu’au cours de la dernière décennie, les services de sécurité du Vieux Continent doivent désormais aussi faire face à celle que représentent les guerriers autoproclamés de la «race blanche»[1].

L’extrême-droite continue de tuer en France. Elle a heureusement été empêchée hier de prendre le pouvoir. Mais la lutte contre elle et son idéologie meurtrière doit continuer.

 

 

Sources : Eric DURAND | mis à jour le 18/07/2024

-  Au fait, l'extrême droite qui sème la peur pour exister, alimenter ses thèses, est-ce nouveau en France ?

Non, sans retourner plus loin, en juin 2015, des militants du FN dont un ex-responsable départemental du Front national de Seine-et-Marne ont été écroués pour avoir incendié des voitures et inventé une agression alors qu’il dénonçait sur son blog « l’insécurité » dans sa commune.... avec comme objectif : Nourrir le discours sécuritaire de leur parti !

 

Des militants du FN incendiaient des voitures pour dénoncer l’insécurité

 

 

-  13, 15 et 26 septembre 2017 : six attaques au marteau ou au bocal de verre sont commises en Bourgogne par un groupe nommé « Commando de défense du peuple et de la patrie française »

Le groupe a attaqué au moins cinq personnes, principalement des femmes. Dans son communiqué, il cite pour motivation principale la lutte contre « l'islamisation [du] pays » et exige la libération de militants d’ultradroite.

 

À ce jour, le commando a revendiqué au total six attaques, principalement commises au marteau, qui ont eu lieu à Dijon et à Chalon-sur-Saône entre le 15 et le 27 septembre[22].

 

 

-  28 octobre 2019 : Claude Sinké, ancien candidat Front national, tente d'incendier la mosquée de Bayonne

Il tire sur deux fidèles qui sortaient du bâtiment, les blessant gravement, avant d'incendier une voiture et de s'enfuir ; il est arrêté peu après à son domicile par la police, qui trouve une arme de poing et une bonbonne de gaz dans son véhicule

Le tireur : un retraité de 84 ans, entraîné au tir sportif et anciennement candidat du FN aux élections départementales[21].

 

 

-  16 octobre 2020 attentat de Conflans-Sainte-Honorine : deux amis de Le Pen en lien avec l'islamiste Sefrioui qui à l'origine de cette attaque terroriste islamiste

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d'histoire à Conflans-Sainte-Honorine, est violemment assassiné lors d'une attaque terroriste islamiste perpétrée par lislamiste Adboullakh Anzorov[23].

Cet acte terroriste survient alors que se tient en France le procès des auteurs de l'attentat ayant visé la rédaction du journal Charlie Hebdo en 2015, dont le prétexte était notamment la publication par ce journal de caricatures de Mahomet.

 

Proches de Marine Le Pen, Axel Loustau et Frédéric Chatillon ont gravité, dans l'entourage de Dieudonné, avec Abdelhakim Sefrioui, l'activiste impliqué dans la mort du professeur Samuel Paty[23bis].

 

 

-  29 octobre 2020, des militants d’Action Française ont, sur la Place de la Concorde, en plein Paris, déployé une banderole : « Décapitons la République »[4]

Le même jour, un militant de Génération identitaire menaçait un commerçant d’origine maghrébine avec une arme de poing avant de se faire abattre par la police à Avignon. Un autre groupuscule d’extrême droite, Vengeance Patriote, entraîne ses 400 membres répartis dans l’ensemble du pays au combat et au maniement d’armes. Action Française, Génération identitaire, Vengeance Patriote… L’extrême droite est en roue libre. Ces groupuscules entretiennent des liens étroits avec le Rassemblement national (RN)[5].

 

Une enquête de StreetPress, publiée en octobre 2020 donnait une idée précise du phénomène. Vengeance Patriote, un groupuscule d’extrême droite inconnu des médias et du grand public réparti sur l’ensemble du territoire, prépare ses membres au combat.

Leur objectif ? Monter des « gardes » régionales pour lutter contre un prétendu « grand remplacement », pour être « prêt à prendre le pouvoir après l’effondrement programmé de la République ». Sur les réseaux sociaux comme dans les services d’ordre de manifestations, là encore, le groupuscule d’extrême droite se met au service du Rassemblement national[4bis].

 

 

- 6 décembre 2020 : une association née du mouvement des Policiers en colère a publié une publication qui constitue un appel au meurtre... et récidive le 9 décembre

  • Sur Facebook, une association de policiers a publié un appel à ouvrir le feu sur les manifestants et de ne plus les épargner !
    Suite aux manifestations du 5 décembre contre la Loi dite de " Sécurité globale ", le 6 décembre, l’association pro-police " Hors service ", a publié sur sa page facebook un appel à " ouvrir le feu " sur les manifestants et de ne plus les épargner[25] !
  • Le 9 décembre 2020, des membres de cette organisation policière " Hors service " menacent Jean-Luc Melenchon de mort, qui déclare : " J'ai saisi le commandant qui assure la sécurité de l'assemblée nationale. Je vous informe. Quelle autre protection ? Jlm "[25bis] !

 

 

- 19 mars 2021 : attaque par 48 hommes de la librairie anarchiste La Plume Noire à Lyon

Cette attaque menée par près de cinquante militants, témoigne d’une union des divers groupuscules de la galaxie nationaliste lyonnaise en vengeance contre la dissolution par le ministre de l'intérieur de Génération Identitaire, comme l'atteste un graffiti « On ne dissout pas une génération, retenez la leçon » inscrit sur les murs de la librairie[20]

 

Rapidement, le groupe s’enfuit en scandant « avant avant Lion le melhor », cri de guerre utilisé à Lyon au Moyen Âge et slogan bien connu de l’extrême droite radicale lyonnaise. Les identitaires lyonnais avaient d’ailleurs nommé un de leurs premiers sites Internet « Lion le Melhor ». Un salut nazi est effectué par un des attaquants, la provenance de l’attaque ne fait aucun doute.

 

 

-  20 février 2021 : Génération identitaire, mouvement anti-immigration et anti-migrants, a marché dans les rues de Paris samedi 20 février pour dénoncer sa dissolution envisagée par le gouvernement... avec le soutien du RN de Marine le Pen

Officiellement, il n'existe aucun lien ni rapport entre Génération identitaire et le RN, si ce n'est une communauté d'idées. En réalité, on trouve certaines passerelles, notamment parce que le Rassemblement national offre un débouché pour les militants identitaires qui veulent embrasser une carrière politique. Philippe Vardon, un dirigeant historique des Identitaires, en est un bon exemple. Il a rejoint la liste de Marion Maréchal Le Pen en 2015 pour les régionales en PACA[28].

 

Il y a également des identitaires qui accèdent à des postes moins exposés, comme permanents au parti ou collaborateurs d’élus RN. Le plus célèbre est sans doute Damien Rieu, l’un des fondateurs de Génération Identitaire qui est désormais assistant parlementaire de l’euro-député Philippe Olivier. et rejoint Zemmour[29].

 

Le Rassemblement national soutient Génération identitaire, mais de loin

 

- 6 mai 2021 : dans une lettre ouverte adressée au Président E. Macron des policiers demandent à pouvoir « ouvrir le feu dès lors qu’un fuyard n’obtempère pas » 

Ce texte d’extrême-droite, qui remet en cause la loi française et républicaine, appelle à des méthodes dignes des pires dictatures.

 

  • Syndicat France Police – Policiers en colère demande un « bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée, en contrôlant et en limitant les entrées et sorties de ces zones par des checkpoints sur le modèle israélien ». Des méthodes indignes de la République Française, donc. Mais le syndicat ne s’arrête pas là, il demande à l’exécutif de faire passer par 49.3 la possibilité pour la police de pouvoir « ouvrir le feu » sur les civils.
  • Au sein même de la police française, un syndicat fait donc la demande de pouvoir tirer sur les citoyens en ayant carte blanche et en s’affranchissant de la justice française pour faire régner l’ordre[11]… sur des modèles dictatoriaux.

 

Le syndicat France Police – Policiers en colère adresse une lettre ouverte au président Macron

 

 

-  31 juillet 2021 à Nantes, des participants à un rassemblement organisé contre le pass sanitaire victimes d'une attaque de l’extrême droite

Parmi les assaillants, un cadre du Rassemblement national local, « responsable des actions militantes » de la fédération du Rassemblement national Loire-Atlantique, armé d’une matraque télescopique[10].

 

Un cadre local du RN a-t-il participé à une attaque de l’extrême droite lors de la manif contre le pass sanitaire à Nantes ?

 

 

-  Octobre 2021 : un jeune nazi s’apprêtait à commettre un attentant contre son lycée et une mosquée

D’après Éric Zemmour tous les terroristes sont musulmans. C’est pourtant un jeune nazi de 19 ans, adulateur d’Adolf Hitler, qui s’apprêtait à commettre une attaque terroriste contre son lycée et une mosquée qui a été, fort heureusement, arrêté ce vendredi 1er octobre 2021[9].

 

Dans notre pays, la terreur d’extrême-droite sévit depuis trop longtemps dans l’impunité et a multiplié les menaces contre le camp républicain antiraciste : vidéo de Papacito, constitution de listes de juifs et d’«islamo-gauchiste» et appel à se former militairement par la Légion des volontaires français (groupe d’extrême droite rassemblant 4 500 personnes, nommée d’après le groupe de français collabos s’étant battus pour l’Allemagne nazie NDLR), etc.

 

 

-  Extrême-droite : qui se cache derrière M. Le Pen et É. Zemmour ?

Marine Le Pen et Éric Zemmour ne sont que la partie émergée de l’iceberg. L’extrême-droite, bloc hétérogène, est composé de multiples groupuscules, représentée par des personnalités hétéroclites. Ils sont plus ou moins violents, radicaux, et ont des modes d’actions divers[24bis].

  • « Il y a des gens autour d’Éric Zemmour qui sont des nazis ![30] » disait Marine Le Pen en février 2022 : Marine Le Pen devrait balayer devant sa porte... car plutôt culotté venant de la candidate aux présidentielles issue d’un parti fondé par des collabos et d’anciens SS, comme Léon Gaultier et Pierre Bousquet. Marine Le Pen a oublié de balayer devant sa porte[31].

 

↪️ Visiblement, Marine Le Pen n’a pas balayé devant sa porte. Identitaires, antisémites, anciens du GUD… 👇

 

Extrême-droite : qui se cache derrière Marine Le Pen et Éric Zemmour ?

 

↪️ De même, Marine Le Pen a-t-elle omit que le conseiller régional RN Gilles Pennelle est membre du Bureau national du parti et qu’il a été référent éducation pour la campagne alors qu’il « a fait ses armes dans le mouvement racialiste et néopaïen de Pierre Vial, Terre et peuple[32] » ?

 

 

-  L’extrême droite n’en finit plus de s’armer

Octobre 2021, nous apprenons la saisie de plusieurs armes de guerre chez plusieurs militants survivalistes d’extrême droite. Ce sont plusieurs armes de guerre comprenant entre autre un pistolet-mitrailleur, un fusil d’assaut, deux fusils à pompe et des grenades et 2 500 munitions qu’ont trouvé la police aux domiciles de trois individus. Âgés de 22 à 49 ans, certaines armes étaient « approvisionnées, prêtes à un emploi immédiat » d’après le procureur de la République David Charmatz[2].

 

Il n’est pas rare dans les mouvances néo-fascistes de retrouver des affaires de possession et de trafic d’armes. En janvier 2021, plusieurs militaires et anciens militaires ont été mis en cause dans une vaste affaire de trafic d’armes où s’échangeaient des armes lourdes, des armes légères et des tonnes de munitions[3].

 

 

- 25 avril 2022 : Nice, un militant du RN poignarde un prêtre et une bonne sœur

Kevin Ravenna a 31 ans. Il est sympathisant du Front National de la Jeunesse (FNJ), branche jeune du Rassemblement National qu’il rejoint en 2017. Proche de Benoit Loeuillet, dirigeant local du Rassemblement National suspendu pour des propos négationnistes (déclarant qu’il n’y avait « pas eu de mort de masse comme cela a pu être dit » pendant la Shoah), il a lui-même déjà tenu des propos racistes et homophobes en direct à la télévision en 2018 visant notamment Florian Philippot (« Moi j’ai une éducation à l’ancienne et les homosexuels ce n’est pas mon délire. »).

 

Si, dans les faits, son irresponsabilité pénale pourra être discutée, étant diagnostiqué bipolaire et ayant séjourné plusieurs fois à l’hôpital psychiatrique, on trouve aussi des motifs politiques : celui-ci voulait « tuer Macron » selon ses dires et se serait rabattu sur l’église et les deux religieux[15].

 

  • Au-delà de l’attaque de Nice, une longue histoire des liens entre Rassemblement National (RN) et attentats terroristes car ce n’est pas la première fois que le Rassemblement National se trouve mêlé à des attentats ou à leur apologie sur le sol français.

- En octobre 2019, l’effroyable fusillade à la sortie de la mosquée de Bayonne faisant deux blessés graves ayant provoqué un immense sursaut contre l’islamophobie était menée directement par Claude Sinké un ex-candidat RN aux départementales[16] ;

- On peut citer Catherine Blein, ex-conseillère régionale RN de Bretagne, condamnée pour apologie du terrorisme pour avoir soutenu sur Twitter l’attentat de Christchurch contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande qui avaient fait une cinquantaine de morts[17] ;

- Plus récemment, c’était Loïk Le Priol et ses acolytes, proche de Marine Le Pen et ayant côtoyés intimement des cadres du RN et du Groupe Union Défense qui passaient à l’action en assassinant le rugbyman argentin Federico Martin Aramburu[18].

 

 

- 27/28 aout 2022 : saluts hitlérien, « sieg heil ! », un cortège néo-nazi défile en pleine rue à Besançon

Dans la nuit du 27 au 28 août, un véritable défilé néonazi a eu lieu dans les rues de Besançon. Saluts nazis, tapage nocturne du style « Besançon est national-socialiste », « Sieg Heil », insultes proférées contre des clients en terrasses… Le tout étant suivi de réactions pour le moins tièdes des autorités locales et du responsable du bar le Shake Pint, connu pour accueillir régulièrement des militants d’extrême droite[18bis].

 

Depuis la rentrée 2021, et surtout du fait de la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle, l’extrême-droite bisontine se déchaine. Affichages sauvages, profanation de mosquée, agressions lors de meetings, et même un défilé néonazi en guise de goûter d’anniversaire. Tels sont les évènements qui salissent la vie politique et militante dans la Boucle (le centre-ville de Besançon) et en dehors.

 

  • Le Rassemblement National, vivier de pseudos-dissidents

Les affichages de la Cocarde étudiante (« syndicat » étudiant d’extrême droite) commencent dès septembre 2021. Le plus souvent de nuit, sur les trois campus de Besançon. Sur le compte Twitter de la Cocarde Franche-Comté, trois visages et trois noms reviennent beaucoup. Le premier est Steven Fasquelle. Il est aujourd’hui encore responsable de Génération Nation, l’organe jeunesse du Rassemblement National (RN). Il est également collaborateur du député RN de Haute-Saône Emeric Salmon (à en croire son compte Twitter) et conseiller municipal en Franche-Comté.... et finissent, point d’orgue de la saison d’extrême-droite 2022 par un défilé qui a lieu dans la nuit du 27 au 28 août

 

Saluts hitlérien, « sieg heil ! », un cortège néo-nazi défile en pleine rue à Besançon

 

 

- 15 décembre 2022 : après le match France/Maroc, l’extrême droite passe à l’attaque dans plusieurs villes

L’extrême droite s’est déchainée à la suite de la demi-finale France/Maroc. Loin du monde imaginaire des plateaux de CNEWS, la fraternité a primé entre les supporters des deux équipes. La fraternité, mais aussi le respect propre à toute compétition sportive, et le sentiment d’avoir assisté à un match historique. Sur les plateaux de la chaine d’extrême droite, on attendait la bave aux lèvres un déchainement de violences pour hurler à la « pré-guerre civile ». Avaient-ils prévu que la violence viendrait en réalité de fachos excités[12] ?

 

  • À Montpellier, une quarantaine de fascistes ont attaqué des supporters à coups de… mortier ! Plusieurs blessés sont à dénombrer[13] ;
  • À Nice, des identitaires ont lancé des ratonnades contre des supporters marocains isolés[14] ;
  • À Lyon, plus d’une cinquantaine de militants d’extrême-droite se sont armés (battes de baseball, gazeuses, bar en fer, matraque…) à proximité de leurs locaux dans le Vieux-Lyon puis sont partis attaquer des jeunes supporters du Maroc isolés[14] ;
  • A Paris, une cinquantaine de personnes proches de l’ultra droite s’apprêtaient à rejoindre les Champs-Élysées à Paris à l’issue de la demi-finale France/Maroc. Ils étaient prêts à en découdre[14] ;

 

 

- 23 décembre 2022, un attentat sous la forme d'une fusillade de masse a lieu à Paris, dans le 10e arrondissement

Deux personnes sont mortes et quatre autres blessés ce vendredi, après une fusillade rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris. L'auteur présumé des coups de feu est un homme qui avait déjà été interpellé il y a un an pour s’être attaqué à un camp de migrants dans le 12e arrondissement de la capitale[19].

 

 

- Mars 2023 l’extrême droite tente de conquérir les facs à coups de poing

Les facs ont longtemps été les bastions réputés imprenables de la gauche. Depuis plusieurs mois, l’extrême droite lui dispute ce terrain à coup de poings. StreetPress a recensé plusieurs dizaines d'agressions, une nouvelle génération d’étudiants radicaux biberonnés à la violence tente de s’imposer à coups de poings.

 

« Alors que partout dans les universités prospèrent les thèses du gauchisme culturel (…), il n’est plus concevable qu’à droite le militantisme d’opposition demeure cantonné aux questions du nombre de places dans les amphithéâtres ou d’aménagement des locaux. (…) La bataille des idées relève à nos yeux d’une dimension “supérieure” à celle des conditions matérielles », proclame ainsi La Cocarde étudiante sur son site. Ce syndicat universitaire d’extrême droite qui tente d’afficher une vitrine proprette se présente aux élections étudiantes et revendique une quinzaine de sections locales un peu partout sur le territoire. Apparu en 2015, il a toujours servi de vivier au Rassemblement national de Marine Le Pen ainsi désormais qu’à Eric Zemmour. Enquête[6].

 

 

- 25 Mars 2023 : alors que dans tout le pays, le peuple se mobilisait en masse contre la réforme des retraites[7], à Bordeaux le palais Rohan a été la cible ce jeudi soir d’une tentative d’incendie

Etienne Guyot, préfet de la Gironde, a lui évoqué les « groupes d’activistes » d'extrême gauche qui ont tourné en ville après la manifestation et qui se tenaient « en embuscade ». Mais le slogan entendu sur la vidéo tournée par Rue89 Bordeaux au moment de l’incendie n’est pas précisément attribuable aux anarchistes ou à l’extrême-gauche.

  • On peut entendre en effet distinctement quelqu’un crier « elle est à qui la France ? » et plusieurs personnes répondre : « Elle est à nous ». Sur d’autres vidéos de la même scène, « Front national remplace Macron ! » est clairement audible[8].

 

Des casseurs d’extrême-droite derrière la tentative d’incendie de la mairie de Bordeaux ?

 

🟥 Mars 2023 : alors que le gouvernement tente d’imposer aux Français sa réforme des retraites par une voie autoritaire, le mouvement social bat son plein, à Besançon,  l’extrême droite tente notamment… de s’introduire dans l’université et de forcer le blocus étudiant.

La lutte contre la réforme des retraites aura certes fait sortir dans les rues des millions de Français, exaspérés de voir les néolibéraux casser leurs services publics, précariser leur travail et leurs conditions de vie. Mais dans le même temps, l’extrême-droite, tente de prendre nos rues, mais elle se heurte néanmoins au rejet unanime du mouvement social[26].

 

RÉCIT – À Besançon, l’extrême droite en embuscade contre le mouvement social

 

🟥 Avril 2023 : Alors que plusieurs universités sont bloquées en réaction à la réforme des retraites, des groupuscules d’extrême droite ont attaqué les étudiants grévistes dans plusieurs villes

De Paris à Rennes en passant par Montpellier, des militants d’ultradroite ont attaqué ces derniers jours des étudiants qui protestaient contre la réforme des retraites devant des universités bloquées, un phénomène dénoncé par les organisations de jeunesse, qui regrettent « l’absence de sanctions »[33].

 

Retraites : à Paris, Lyon ou Rennes, quand des militants d’ultradroite attaquent les étudiants grévistes

 

Jeudi 30 mars, plusieurs centaines de jeunes se sont rassemblés place du Panthéon à Paris à l’appel de la coordination nationale étudiante, pour dénoncer à la fois « la répression policière et les bandes d’extrême droite qui s’attaquent à la mobilisation des jeunes ». « Des commandos d’extrême droite baptisés + Waffen Assas +, du nom de l’université parisienne, ont attaqué un cortège étudiant en parallèle de la manifestation du 23 mars puis ils s’en sont pris à des personnes situées sur des blocages de l’université Paris 1, samedi dernier, au niveau du centre René-Cassin », a relaté Éléonore Schmitt, porte-parole du syndicat étudiant L’Alternative.

 

Dans un communiqué, L’Alternative a déploré que « bien souvent, ces attaques se déroulent sur les lieux d’études sans qu’aucune sanction ou protection ne soient prévues ». Paris n’est pas la seule ville concernée par ces violences. À Rennes, entre 200 et 300 personnes se sont rassemblées mercredi en solidarité avec trois étudiants agressés et blessés le 19 mars[34]...

 

  • GLOBALEMENT :

Depuis la mi-mars, «Libé» a recensé les attaques perpétrées par des groupes fascistes contre des opposants à la réforme du gouvernement. Des actions violentes, touchant surtout les étudiants et les militants de gauche radicale.

 

Décompte L’extrême droite a commis une quinzaine d’agressions contre les opposants à la réforme des retraites

 

 

- 2 Avril 2023 : un groupuscule d’extrême-droite menace des musulmans en marge du ramadan à Lille, auquel s'ajoute une liste de personnalités ciblées

Une vingtaine de groupes néo-nazi infiltré, appel aux meurtres, menace de mort contre un élu, ratonnades, des centaines de personnes impliquées dont des militaires et policiers[35].

 

  • Plutôt que de dénoncer le prétendu « terrorisme intellectuel » de ses opposants, que fait Darmanin face à la menace d’extrême droite[35ter] ?

Les parlementaires de la France insoumise interpellent le gouvernement[35bis].

 

Un groupuscule d’extrême-droite menace des musulmans en marge du ramadan à Lille

 

 

- 22 avril 2023 : Deux militants d’extrême droite viennent d’être arrêtés avec du matériel militaire à leur retour d’Ukraine. Ils étaient en possession d’armes de guerre.

Le gouvernement va encore fermer les yeux sur le danger mortel que représente l’extrême-droite ?

 

Paris : deux militants d’extrême droite arrêtés avec du matériel militaire à leur retour d’Ukraine

 

 

- Extrême droite : «Division Martel», la nouvelle bande violente qui sévit à Paris

Ce groupe aux références néofascistes qui compte des militants mineurs s’est distingué par une agression raciste devant un lycée parisien le 20 avril 2023, et par ses liens avec d’autres collectifs violents.

Le groupuscule, apparu à l’automne dernier, se revendique d’une idéologie allant du néofascisme au néonazisme, et est très connecté aux factions radicales de toute la France[34bis].

 

Ratonnade à Paris : de très jeunes militants d’extrême droite en garde à vue

 

 

- 24 avril 2023 : Nouvelle alerte sur la menace d’extrême-droite. Des néofascistes parisiens jouent aux petits soldats et s’entraînent avec des armes à feu en se  préparant comme des paramilitaires.
Un drapeau néofasciste qui flotte au vent. Un groupe de jeunes gens, pour certains en treillis, qui marchent dans la forêt ou rampent en tenant des bâtons faisant figure de fusils. Qui tirent à l’arme à feu, aussi. Les militants d’extrême droite radicale du groupuscule Brigade Lutèce ont diffusé samedi sur Telegram une vidéo aux accents guerriers et déjà visionnée plusieurs milliers de fois. « Dans l’ombre et en silence », dit la légende qui l’accompagne. et que fait le gouvernement ?

 

Armes à feu et entraînement paramilitaire : les néofascistes parisiens jouent aux petits soldats

 

 

- 10 mai 2023 : WaffenKraft, le projet terroriste d’un gendarme néonazi

Quatre personnes, dont un gendarme, comparaîtront devant la cour d’assises de Paris, du 19 au 30 juin, pour des projets d’attentats terroristes liés à l’extrême droite : une première en France. Une affaire jamais médiatisée qui relance le débat sur l’infiltration des services de sécurité[36].

 

Apparaissant parmi les cibles potentielles dans l’affaire « Waffenkraft » – projets d’attentats ourdis par un groupe de jeunes néonazis menés par un gendarme révélés hier par Politis – Jean Luc Mélenchon, candidat aux présidentielles 2022, souhaite se constituer partie civile[36bis].

 

WaffenKraft : le projet terroriste d’un gendarme néonazi

 

 

- 19 juillet 2023 : Un groupe d’extrême droite menace de mort le député France insoumise Thomas Portes

« C’est nous qui allons te crever. » Le député LFI Thomas Portes (3e circonscription de Seine-Saint-Denis) a reçu le 19 juillet un courrier de menaces de mort émanant d’un groupe d’extrême droite qui se fait appeler le « Comité 732[37] ». C’est la seconde fois que l’élu de Seine-Saint-Denis est visé par un courrier de menaces de mort de ce mystérieux groupuscule. Le député ainsi que deux ONG humanitaires, qui avaient préféré rester discrètes pour des raisons de sécurité, avaient déjà été pris pour cible via des missives similaires le 24 novembre dernier[37bis].

 

  • « Il se fait que notre petite organisation bien cloisonnée, faite d’une poignée de patriotes répartis dans tous les angles de l’Hexagone, compte un ou deux détectives professionnels. Donc nous te trouverons et, à partir de là, numérote des abattis fumier ! » promet la missive envoyée par courrier à l’Assemblée nationale 👇.

 

Voilà ce que reçoit  @Portes_Thomas  de la part d’1 groupuscule d’extrême-droite.

 

 

- 18 juillet 2024 : Un jeune néonazi alsacien voulant sévir durant les JO placé en garde à vue

Un homme de 19 ans membre de la mouvance néonazie a été arrêté à Rhinau pour avoir diffusé des menaces de mort envers des cibles politiques ou des personnes issues de l'immigration.
Il aurait projeté une action pendant une étape du relais de la flamme olympique...

 

Un jeune néonazi alsacien voulant sévir durant les JO placé en garde à vue

 

 

- Schéma de l’extrême droite française [mise à jour en janvier 2022] pour mieux la connaitre pour mieux la combattre

Les groupuscules d’extrême-droite sont de plus en plus actifs en France. On compte pas moins de 1 300 militants d’extrême-droite fichés S dans notre pays. Ce chiffre est en nette hausse depuis des années : la menace est de plus en plus présente dans notre pays. Elle inquiète jusqu’au plus haut sommet des services de renseignement[24]. Entre autres grâce aux informations des médias Blast et Streetpress, et du site antifasciste la Horde, nous vous proposons une cartographie des groupuscules d’extrême-droite française. Ce, en détaillant ses tendances, ses bastions et ses modes d’actions[24bis].

 

  • Mieux la connaitre pour mieux la combattre : Schéma de l’extrême droite française [mise à jour janvier 2022]

 

Mieux la connaitre pour mieux la combattre Schéma de l’extrême droite française [mise à jour janvier 2022]

 

Ultra-droite en France, la nouvelle menace terroriste : face à l’émergence de groupuscules néonazis en France, les services de renseignement ont renforcé leurs moyens, craignant de possibles passages à l’acte[27].

 

 

- Face à la menace d’extrême-droite, entretien avec Thomas Portes

Thomas Portes, président de l’Observatoire de l’extrême-droite, intervient ici pour prendre le temps de préciser cette menace d’extrême-droite : parler de ses différents groupuscules, la sociologie de ses militants, décortiquer son idéologie, le « grand remplacement », la « re-migration », le virilisme, son anti-Républicanisme, son histoire, caractériser la menace terroriste, la menace envers les journalistes, comment on vit quand on est menacé, pour caractériser la zemmourisation médiatique, politique, les liens de l’extrême droite avec le champ médiatique et la bourgeoisie, mais aussi penser la bataille culturelle et la riposte antifasciste.

 

 

Notes :

[1] Selon le rapport annuel d’Europol sur le terrorisme dans le Vieux Continent, l’Hexagone totalise 37% des interpellations en Europe en lien avec des affaires de terrorisme jihadiste et 45% de celles concernant le terrorisme d’extrême droite.

[2] Des armes de guerre et des explosifs saisis chez des survivalistes d'ultra-droite

[3] En France, l’extrême droite s’arme… pour ressusciter les milices d’Hitler ?

[4] « Décapiter la République » : l’extrême droite en roue libre

[4bis] Vengeance Patriote, le groupuscule d’extrême droite qui prépare ses militants au combat

[5] Extrême droite : Génération identitaire avec le RN,le grand rapprochement

[6] L’extrême droite tente de conquérir les facs à coups de poing

[7] Réforme des retraites : regain de mobilisation, la 9e journée de manifestations minute par minute

[8] Des casseurs d’extrême-droite derrière la tentative d’incendie de la mairie de Bordeaux ?

[9] Un jeune nazi s’apprêtait à commettre un attentant contre son lycée et une mosquée

[10] Le samedi 31 juillet, militants d’extrême droite et militants antifascistes se sont fait face pendant de longues minutes après une charge des premiers.

[11] Le syndicat France Police – Policiers en colère adresse une lettre ouverte au président Macron

[12] Après le match France/Maroc, l’extrême droite passe à l’attaque dans plusieurs villes

[13] À Montpellier, une quarantaine de fascistes ont attaqué des supporters à coups de… mortier ! Plusieurs blessés sont à dénombrer.

[14] Nice, Paris, Lyon... en marge des célébrations pour France-Maroc, les militants d'ultradroite "voulaient en découdre"

[15] Nice : un militant du RN poignarde un prêtre et une bonne sœur

[16] Attaque de la mosquée de Bayonne

[17] Rennes : une ex-élue RN condamnée en appel pour apologie du terrorisme

[18] Rugbyman tué à Paris : un proche de Marine Le Pen, principal suspect

[18bis] Défilé nazi au centre-ville : une marche « contre l’extrême droite » samedi

[19] Fusillade à Paris: le suspect avait attaqué un camp de migrants au sabre, il venait d'être libéré

[20] Lyon : Une union des extrêmes droites pour venger la dissolution de Génération Identitaire

[21] Ce que l'on sait de l'attaque qui a fait deux blessés devant la mosquée de Bayonne

[22] Bourgogne : qui se cache derrière le "commando au marteau" d'ultradroite ?

[23] Assassinat de Samuel Paty

[23bis] Attentat de Conflans-Sainte-Honorine : deux amis de Le Pen en lien avec l'islamiste Sefrioui

[24] Les projets d’actions violentes en lien avec la mouvance extrémiste s’accumulent depuis plusieurs mois. Une menace qui inquiète sérieusement les autorités.

[24bis] Cartographie des groupuscules d’extrême-droite en France : tendances, bastions et modes d’actions

[25] Que sait-on de l’association pro-police Hors service, qui appelle à «ouvrir le feu» ?

[25bis] Jean-Luc Mélenchon : " J'ai saisi le commandant qui assure la sécurité de l'assemblée nationale. Je vous informe. Quelle autre protection ? "

[26] RÉCIT – À Besançon, l’extrême droite en embuscade contre le mouvement social

[27] Ultra-droite en France : la nouvelle menace terroriste

[28] Marion Maréchal-Le Pen joue l’ouverture aux Identitaires et Élections régionales en PACA : qui est Philippe Vardon, l'identitaire que Marion Maréchal Le Pen veut sur sa liste ?

[29] Qui est Damien Rieu le candidat de Reconquête ! Depuis 2019, Damien Rieu était l'assistant parlementaire de l'eurodéputé Philippe Olivier, beau-frère et proche conseiller de Marine Le Pen

[30] Présidentielle : Marine Le Pen dit voir "quelques nazis" dans l'entourage d'Éric Zemmour

[31] Les anciens SS ont reconstruit l'extrême droite française après 1945

[32] Extrême-droite : qui se cache derrière Marine Le Pen et Éric Zemmour ?

[33] Retraites : à Paris, Lyon ou Rennes, quand des militants d’ultradroite attaquent les étudiants grévistes

[34] L'alternative

[34bis] Ratonnade à Paris : de très jeunes militants d’extrême droite en garde à vue

[35] Un groupuscule d’extrême-droite menace des musulmans en marge du ramadan à Lille

[35bis] France insoumise avril 2023 :  " FR Deter " Darmanin doit répondre d’urgence à la menace terroriste d’extrême droite

[35ter] Plutôt que de dénoncer le prétendu « terrorisme intellectuel » de ses opposants, que fait Darmanin face à la menace d’extrême droite ?

[36] WaffenKraft : le projet terroriste d’un gendarme néonazi

[36bisAffaire WaffenKraft : Jean-Luc Mélenchon veut se constituer partie civile

[37La menace 732

[37bis19 Juillet 2023 : Un groupe d’extrême droite menace de mort le député LFI Thomas Portes

[38Le Rassemblement national et les radicaux poursuivent leur collaboration

 

Pour en savoir plus :

- Liste d'attaques terroristes d'extrême droite (Cet article dresse la liste des attaques terroristes d'extrême-droite qui ont été menées à terme et ne doit pas être confondu avec la liste d'attaques terroristes d'extrême droite déjouées)

- Éclairage. Le terrorisme d’extrême droite, une menace mondiale sous-estimée

- La France sous la menace du terrorisme d’extrême droite

Radicalisation policière : le poids de l’extrême droite dans les forces de l’ordre

- Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 20 octobre 2020 après l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'Histoire-Géographie, par un terroriste islamiste à Conflans-Saint-Honorine

- Dans la nuit du 26 juin 2022, une dizaine de personnes soupçonnées d’appartenir au mouvement d’extrême-droite Bordeaux Nationaliste, a mené des opérations de provocation dans le quartier de Saint-Michel aux cris de « mort aux arabes »

- Quand le RN fait « l'apologie de l’Algérie française et des crimes de la colonisation » et notamment de l'attentat du Petit Clamart

- Carte : les violences d’extrême droite en France en 2021

- Délation, harcèlement et menaces de mort : les méthodes ignobles de l’extrême droite contre une enseignante

- Reconquête : comment Éric Zemmour mène une offensive sur l’éducation

- Un ancien candidat FN impliqué dans les tractations entre Lafarge et Daesh

- VIDEO. Des militants d'extrême droite perturbent une conférence des députés LFI Louis Boyard et Carlos Martens Bilongo

- Partout en France, des étudiants sous la menace de militants d’ultradroite

- Groupe d’ultradroite «FR DETER» : un membre de la police nationale suspendu

- Scandale : menacé par l’extrême droite, le maire de Saint-Brévin démissionne, les députés RN restent assis

- Intimidations, harcèlement : les campagnes racistes et homophobes de l’extrême droite se multiplient

- Terrorisme d’extrême droite : des néo-nazis ont projeté d’assassiner Mélenchon

- Le fascisme avance masqué par Clémentine Autain

- Saint-Brévin, Callac, Carnac : l'ombre de l'extrême droite plane sur la Bretagne 

- Les 10 raisons pour lesquelles Marine Le Pen n’aime pas la France

- 20 avril 2023 :  Ratonnade en plein Paris : 11 militants d’extrême droite en garde à vue après une rixe à caractère raciste devant un lycée

- Croix, chiffres, crânes ou guêpes : ces symboles utilisés par l’extrême droite en France que vous devez connaître

- 19 juin 2023 : Ultradroite : cinq personnes arrêtées pour des violences après un concert de Médine à l’Armada de Rouen

🔴 Juin 2023 : suivi du procès WaffenKrakt

- rapport d’enquête parlementaire sur les groupuscules d’extrême droite en France. Remis le 6 juin 2019

- Juillet 2023 : Lyon : jusqu’à deux ans de prison pour sept militants d’ultradroite auteurs d’agressions racistes

-  Hangest-en-Santerre : Mardi 18 juillet, un sexagénaire a été agressé alors qu’il sortait de la boucherie d’Hangest-en-Santerre. En pleine rue, son agresseur l’a frappé et a proféré des insultes racistes.

- Le Parquet national antiterroriste a demandé le renvoi de seize membres d’Action des forces opérationnelles (AFO) devant le tribunal correctionnel pour « association de malfaiteurs terroriste ».

- De la république policière à la république fasciste ?

- Des néonazis finlandais condamnés pour un projet terroriste de " guerre raciale "

- 11 novembre 2023, peu après 19 h, une quarantaine de militants d’extrême droite radicale ont attaqué une conférence de solidarité avec la Palestine dans le Vieux-Lyon

- 18 Novembre 2023 : des militants d’extrême-droite ont été arrêtés. Parmi eux on trouve un ancien policier des Renseignements territoriaux. Des dizaines d’armes et des explosifs ont été découverts. L’extrême-droite menace le pays. 

- 25 Novembre 2023 : Après la mort de Thomas, l’extrême droite organise une descente à Romans-sur-Isère et multiplie les tentatives de récupération et Des militants néo-nazis sont-ils à l'origine du rassemblement à Romans-sur-Isère ?

- Romans-sur-Isère : la Police a-t-elle renseigné des néo-nazis pour organiser leur ratonnade ?

- 27 novembre 2023 : « Bleu blanc rouge, la France aux Français » : après Romans-sur-Isère, les fascistes défilent à Rennes

- Le RN est la « vitrine policée » de « l’ultradroite », estime le député Renaissance Sacha Houlié

 - Yvelines 14 janvier 2024 : le fils d'un élu agressé par deux militants d'ultra-droite

-  Violences contre les élus : Marine Le Pen incite ses troupes à passer à l’acte

- 11 mars 2024 : Le Conseil d’État confirme : le Rassemblement national est bien d’extrême droite

 

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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 13:46
Guerres et terrorisme : sortir du déni
Guerres et terrorisme : sortir du déni
Guerres et terrorisme : sortir du déni

Mais au fait, qui se souvient de la période ou les djihadistes étaient nos amis[1bis] ?

 

Moins de guerres et plus de justice déboucheront assurément sur moins de terrorisme ! 

 

Le lien entre les interventions militaires occidentales et certains attentats n’est jamais interrogé, déplore ce texte signé notamment par Virginie Despentes, Adèle Haenel, Annie Ernaux, Jean-François Bayart et Alexis Jenni.

 

Sources : BibliObs | modifié le 28/02/2021

- Il ne fait pas bon avancer quelques arguments posés au pays de la liberté d’expression.

Celle-ci est brandie à cor et à cris par ceux-là mêmes qui, dans le même temps, stigmatisent, injurient, intimident et menacent quiconque tenterait d’éclairer sous un jour différent la situation terrible que nous traversons.

 

Cette situation, qui a vu se succéder plusieurs assassinats abjects faits pour nous épouvanter, est de fait épouvantable. Mais au-delà de l’épouvante, il ne faudrait rien dire : aux yeux de ces détracteurs, les attentats commis par des terroristes fanatiques ne mériteraient aucune autre explication que cette tautologie : ils sont commis par des terroristes fanatiques. Toute personne proposant des éléments d’analyse et de compréhension est aussitôt vouée aux gémonies sur les réseaux sociaux, par des commentateurs et dans certains journaux qui se repaissent des attentats pour achalander leur boutique raciste et fourbir leurs appels à la guerre comme au choc de civilisations.

 

 

- Débattre de façon démocratique
C’est ce qui est arrivé ces jours-ci à Judith Bernard. Fondatrice du site d’entretiens « Hors-Série[1] » et dramaturge, Judith Bernard est régulièrement invitée dans l’émission « 28 minutes » sur Arte pour prendre part au débat sur l’actualité. C’était le cas le 30 octobre dernier. Le présentateur de l’émission Renaud Dély y posait cette question : « Pourquoi la France est-elle à nouveau visée par les attentats ?[2] »

 

Sans prétendre réduire l’explication des différentes attaques survenues, elle a répondu en mentionnant les guerres livrées par la France dans les mondes musulmans ; elle a rappelé que Daech était né dans le chaos social engendré par la guerre menée par les puissances occidentales en Irak. Elle a affirmé que ces guerres étaient contre-productives : en détruisant les structures et les institutions des pays qu’elles avaient frappés et en y faisant d’innombrables victimes, elles y avaient suscité des vocations terroristes.

 

Aussitôt, elle a été calomniée, menacée, accusée de complicité de crime et d’apologie du terrorisme. Au risque de subir les mêmes avanies, nous lui donnons raison. Et nous souhaitons que cet enjeu crucial soit débattu de manière démocratique, fondée, raisonnée et argumentée. Nous aimerions que les personnes soucieuses de bonne foi et d’honnêteté intellectuelle y prêtent attention.

 

 

- Ce que produisent nos guerres
Les guerres menées par notre pays sont soit passées sous silence soit glorifiées. Les chefs d’État successifs qui en décident sans aucune validation démocratique aiment s’afficher en chefs de guerre. Sans aucune validation démocratique en effet, puisque c’est là le fait du prince, comme le veulent les institutions de la Ve République. Le Parlement, qui n’a déjà pas beaucoup de pouvoir en général, n’a qu’à se taire. Se taire : c’est l’essentiel de ce qui se passe sur ces guerres.

 

Il faut donc puiser dans les travaux de chercheuses, chercheurs en politique internationale et d’ONG pour avoir davantage de prise sur ces situations dont la démocratie est exclue tout comme le droit à l’information. Parmi bien d’autres, on citera ceux d’Arund Kundnani, Robert Pape, James K. Feldman, Alex Braithwaite, Marie Cold-Ravnkilde, Katja Jacobsen, Vron Ware, Marielle Debos, Mathias Delori et Christophe Wasinski. Par ailleurs, un réseau de chercheuses et de chercheurs appelé OCTAV (Observatoire contemporain du terrorisme, de l’antiterrorisme et des violences[3]) a travaillé pendant trois ans sur le caractère relationnel et mimétique des violences « terroristes » et « anti-terroristes ».

 

Tous montrent non seulement bien sûr la violence inhérente à ces opérations militaires mais en outre leur absolue inefficacité quant aux finalités dont elles sont officiellement dotées lorsqu’elles se désignent comme « guerres antiterroristes ». Nombre de ces analyses avancent que le phénomène est celui du « pompier pyromane » : loin de combattre le terrorisme, il l’alimente en nourrissant le ressentiment.

 

 

- Approximation indécente
Que sont ici les victimes civiles des frappes, bombardements et guerres faites par notre pays, seul ou dans le cadre de coalitions internationales ? À peine des chiffres, rarement avancés. Ce sont des morts abstraites, invisibles, ignorées. 1 600 civils dans la seule ville de Raqqa entre 2017 et 2019, 4 000 ou 6 000 civils à Mossoul. En juillet 2016, quelques jours de bombardements incessants sur Manbij ont tué plus de 400 personnes civiles, parmi lesquelles une centaine d’enfants.

 

« Une centaine » : cette approximation en soi nous paraît indécente. On aimerait leur donner un visage et un nom, à ces femmes, ces hommes et ces enfants. Mais elles et ils demeurent trop loin de nous, bien que l’État dans lequel nous vivons soit responsable de leur mort. D’aucuns avancent la notion de « terrorisme de l’air », si l’on admet que le mot « terrorisme » renvoie à la violence faite à des civils sans défense. Dans tous les cas, les observatoires internationaux, parmi lesquels Amnesty International, évoquent de manière très ferme et très claire des violations du droit humanitaire et des crimes de guerre.

 

De leur côté, les euphémismes des puissants ne mentionnent, du bout des lèvres et des communiqués, que des « dégâts collatéraux ». « Bavures », lit-on parfois dans les journaux, comme quand « le Figaro » accorde à la catastrophe des bombardements sur Manbij une brève de six lignes. Il faut chercher ailleurs ces images et les regarder bien en face : voir ce que font les avions de la coalition, voir ces mains d’enfants tués qui dépassent des décombres, voir l’ampleur de l’horreur.

 

Alors que la coalition avait largué des milliers de bombes sur la ville d’Hanjib en Syrie, le colonel français François-Régis Legrier, engagé en Afghanistan puis en Irak, déclarait : « Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale, laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la guerre.[4] »

 

 

- Causalités multiples
Au-delà, on n’a pas suffisamment su, ici, les conséquences meurtrières qu’ont eues en Irak les guerres et l’embargo auxquels la France a pris sa part. Et là, les morts se comptent par centaines de milliers, parmi lesquels une majorité d’enfants. Dans la plus grande indifférence – ou avec la justification cynique de Madeleine Albright : « Nous le savons, mais cela valait la peine.[5] »

 

Assurément, tous les attentats ne sauraient s’expliquer par ces ingérences militaires et guerrières. Chaque situation a sa singularité et trouve aussi ses raisons multiples dans la trajectoire biographique, sociale et psychologique des individus qui les perpètrent. Bien sûr, le terrorisme djihadiste a son propre agenda, des stratégies déterminées par des contextes précis, une histoire nourrie des causalités complexes propres à chacun des pays où il prend racine et à chacun des pays où il frappe : aucune explication n’est mécanique et il ne faut se satisfaire d’aucune interprétation univoque ou réductrice.

 

Mais il est essentiel de ne jamais s’interdire l’examen de ces causalités, dans toutes leurs composantes, tant il est certain qu’on ne peut lutter contre un phénomène qu’en analysant précisément tout ce qui l’a rendu possible et a favorisé son essor. On ne répétera jamais assez (contrairement à Manuel Valls[6]) qu’expliquer n’est pas justifier, et que l’exercice de la lucidité et de la raison n’ont strictement rien de commun avec des inclinations légitimatrices.

 

 

- Rendre visible ce que fait la France
En l’occurrence, il nous importe de souligner la nécessité de s’informer et rendre visible ce que la France et l’armée française font. En notre nom. Prendre conscience de la terreur imposée à ces populations bombardées par les coalitions, sous l’effet de doctrines nommées « Choc et effroi » et leurs déclinaisons. Exiger que l’État rende des comptes et qu’il fournisse l’élémentaire information sur ce qu’il y ordonne. Soutenir pleinement celles et ceux qui, comme Judith Bernard, défendent ces positions et appeler à ce que de telles paroles ne soient plus criminalisées comme elle le sont en toute indignité. Car nous redoutons que, comme par le passé, la conduite de ces guerres extérieures n’entraîne une réduction des libertés à l’intérieur.

 

Il n’y a pas de réponse unique et monolithique au désastre humain qu’engendrent les attentats. Si la liberté d’expression a un sens, ce devrait être de garantir au moins la possibilité d’en débattre dans des conditions dignes et éclairées. Mais nous en avons la conviction : « moins de guerres et plus de justice déboucheront assurément sur moins de terrorisme ».


🔴Ce texte est une TRIBUNE dont vous trouverez la liste des signataires ICI.

 

Notes :

[1] site d’entretiens « Hors-Série »

[1bis] Quand les djihadistes étaient nos amis

[2] Covid-19 / Restriction des libertés / Menace terroriste : Le Club 28’ ! - 28 Minutes - ARTE

[3] O.C.T.A.V. : Groupe de travail sur le terrorisme et l’antiterrorisme

[4] La stratégie française contre Daech est-elle erronée ?

[5] Quand Madeleine Albright approuvait la mort de 500.000 enfants en Irak

[6] "Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser": depuis les attentats, Manuel Valls s’en prend à la démarche sociologique et au travail intellectuel.

 

Pour en savoir plus :

- Comment la France est devenue une cible « légitime » pour les groupes djihadistes

« Les attentats sont une conséquence de la politique française ambiguë contre le terrorisme »

- Terrorisme et Moyen-Orient : à la recherche des causes

- Daesh, la nouvelle armée secrète de l’OTAN ?

- Montebourg : "à partir du moment où vous décidez d’être justicier international, vous en payez le prix, vous êtes exposé".

- Petit à petit la réalité des implications occidentales et notamment françaises dans la création et la montée de DAESH perce dans les médias !

 

- De Villepin : « L’État Islamique, c’est l’enfant monstrueux de la politique occidentale »

 

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4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 09:03
Rony Brauman: « Les mensonges des guerres humanitaires »

Somalie, Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye… Qu’est-ce qui peut définir une guerre « juste » ? Comment le mensonge et la propagande des États ont permis de s’émanciper de toute légalité et de tordre le droit international ? Ancien président de MSF, Rony Brauman[1] publie un essai, " Guerres humanitaires ? Mensonges et intox ".

 

-En savoir plus

« C’est toujours au nom d’un Bien que se déclenchent les guerres » rappelle Rony Brauman dans cette conversation avec Régis Meyran. Pour le célèbre Médecins sans Frontières, les guerres « humanitaires » récentes ne sont rien d'autre que des croisades morales fondées sur des mensonges.

 

Les exemples de propagande belliciste ne manquent pas : prétendu arsenal d’armes de destruction massive détenu par feu Saddam Hussein en Irak, question du génocide discutable au Kosovo, chiffres bidons de la famine en Somalie, faux massacre de manifestants en Lybie…

 

Sans être non-interventionniste par principe, Rony Brauman se montre extrêmement méfiant à l’égard de l’engouement guerrier dont nombre de dirigeants font preuve aujourd’hui, et n'hésite pas à critiquer les instances internationales : le conseil de sécurité de l'ONU ou la Cour pénale internationale représentent pour lui avant tout les intérêts des puissants. Contre un prétendu « droit d'ingérence », et en s’appuyant sur les critères de la « guerre juste », Brauman critique l'obsession occidentale d’imposer par la force les valeurs démocratiques.

 

C’est preuves à l’appui qu'il démonte les fausses raisons d'entrer dans des guerres prétendument « justes » sans jamais céder à une quelconque théorie du complot.

 

- Par : Rony Brauman

Éditions : Les Editions Textuel

Date de parution : 24 janvier 2018

Pages : 128

Disponibilité : chez l'éditeur Les Editions Textuel

Format : 110 x 120 mm

Prix papier TTC : 15,9 €

 

 

- Quelles ont été les machines à propagande construite pour justifier les guerres d'Irak ou de Libye? Rony Brauman s'en explique dans cet entretien.

 

Note :

[1] médecin, co-fondateur et ancien président de Médecins sans Frontières (1982-1994). Il est Directeur de Recherche à la Fondation Médecins sans Frontières et professeur à l’IEP de Paris. Il s’est notamment opposé à l’intervention militaire française en Lybie. Son livre paru chez Textuel Humanitaire, le dilemme (1996,réed. 2002) est le premier titre de la collection « Conversations pour demain ». On lui doit également Diplomatie de l’ingérence (Elytis, 2016) et Manifeste pour les Palestiniens (Autrement, 2014).

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 14:56
Religion et politique : un couple infernal à séparer de toute urgence !

Loi du 9/12/1905, art 2 : " La République ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte "

 

Loin de moi l'idée de focaliser le débat sur une religion, mais, en France, Macron remet le débat sur la table en voulant " Organiser l'Islam de France " et " Poser les jalons de toute l'organisation de l'Islam de France ". A ce stade, il n'est pas inutile de rappeler que depuis la nuit des temps les religions ont été utilisées par des fous afin d'assouvir appétits de pouvoir et instincts meurtriers. Un prétexte bien commode puisque irrationnel. De l'Inquisition à Trump des terroristes ont semé la haine et la mort en leur nom. Il est urgent de les arrêter. Et, pour commencer, exigeons des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse mortifère !

 

Sources :  Le Grand Soir par  Claire VÉRILHAC | mis à jour le 21 mai 2020

- On l’a déjà oublié mais Donald Trump, à peine investi Président des Etats Unis, annonçait déjà la couleur.

Pour son premier voyage officiel, en mai 2017, il se rendait dans les trois États religieux que sont le Vatican, l’Arabie Saoudite et Israël !

 

Ainsi commencera sa "croisade" qui l’amènera à désigner Jérusalem capitale d’Israël, comme il l’avait promis durant sa campagne à la droite évangélique, la remerciant ainsi de son important soutien électoral.

 

Pied de nez au droit international, risque d’embrasement du Proche Orient, dangers de l’importation du conflit, haines et replis communautaires attisés, tout ça est de peu de poids face aux magouilles politiciennes.

 

 

- Et ce n’est pas nouveau. En tous temps et en tous lieux le pouvoir politique a utilisé les religions pour arriver à ses fins.

C’est bien au nom d’une religion que, dès le Moyen Age, les inquisiteurs ont torturé et tué des milliers d’hommes et de femmes. Sous prétexte de combattre les "hérésies" l’Inquisition était déjà l’instrument par lequel les monarques, alliés à l’église catholique, imposaient leur pouvoir par la violence.

 

Notons qu’il fallait une bonne dose de " mauvaise foi " pour commettre ces crimes au nom d’un Jésus de Nazareth dont le seul acte un peu brusque, aux dires mêmes de ses biographies que sont les Évangiles, est celui d’un Juif pieux renversant les tables des changeurs de monnaies au Temple de Jérusalem. Pas bien méchant !

 

De toute évidence la terreur semée par l’Inquisition vise davantage à maintenir un pouvoir temporel, remis en cause par les Cathares ou les Templiers, et la religion n’est là qu’un prétexte.

 

Même chose pour les milliers de morts de la St Barthélémy et des guerres dites "de religion". Car derrière le combat théologique de la Réforme protestante c’est une lutte plus décisive qui se mène, contre un pouvoir politique et matériel, bien réel, celui de l’Eglise, du Pape et ... du Roi. Et c’est surtout cela qu’il fallait réprimer par tous les moyens. C’est d’ailleurs l’analyse qu’en fera Engels trois siècles plus tard.

 

 

- On voit bien que dès que sont associés " pouvoir " et " religion " la volonté de semer la terreur (dérivé du latin " terrere ", faire trembler), c’est à dire le terrorisme, n’est jamais très loin.

C’est même le compagnon de route habituel.

 

Ainsi dans la Palestine sous mandat, entre 1920 et 1948, on parlera de " terrorisme sioniste " pour désigner les attentats à l’encontre des civils arabes et des forces de l’ordre britanniques, mais aussi de " terrorisme juif ". Alors s’agissait-il de semer la terreur au nom d’un nationalisme, le sionisme, ou pour imposer la seule présence en Palestine d’un foyer religieux juif ? Sans doute les deux comme nous le montre hélas la suite de l’Histoire.

 

L’horreur nazie, elle, a assassiné méthodiquement et industriellement des millions de Juifs au nom de leur religion. Mais, pour que nul ne puisse échapper à sa condition, elle a développé le concept de " race " afin qu’il ne s’agisse plus seulement de foi, de baptême, et donc de conversion possible, mais de " nature ". On retrouve cet  "enrobage " racial chez les suprémacistes blancs américains comme chez les antisémites.

 

Mais en Europe, et particulièrement en France, nombre de voix politiques et médiatiques flirtent dangereusement avec ces théories raciales, par exemple lorsqu’elles exigent des seuls Musulmans qu’ils se positionnent contre le terrorisme.

 

Demande-t-on à tous les Juifs de prendre parti contre les massacres de Palestiniens ? A tous les Catholiques de se dissocier les prêtres pédophiles ? Heureusement non bien sur. Ils le font, à titre individuel ou collectif, s’ils le jugent souhaitable. Mais on ne les assigne pas tous, à priori, à leur seule religion.

 

Les Musulmans sont devenus des cibles permanentes et les propos racistes à leur égard désormais monnaie courante. Dans le cadre de l’état d’urgence c’est au nom de leur religion (supposée) qu’ils ont été arrêtés, perquisitionnés ou assignés à résidence quand bien même on n’avait rien de spécial à leur reprocher. Des coupables potentiels " par nature" là aussi !

 

Ce sont pourtant eux les principales victimes du terrorisme et la simple décence voudrait qu’on cesse de parler de "terrorisme islamique" et d’associer ainsi, comme le souhaitent les assassins, leurs crimes à une religion.

 

L’université du Maryland (Etats-Unis) a recensé l’intégralité des attaques terroristes qui ont eu lieu à travers le monde entre 2001 et 2016. Celles-ci ont coûté la vie à 188 272 personnes, sans compter les auteurs des faits eux-mêmes, et fait plus de 340 000 blessés. Les pays les plus frappés sont l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan. Et les musulmans représentent 90 % des victimes !

 

Et la liste macabre s’est encore allongée depuis : 150 morts à Kaboul en juin 2017, 300 dans une mosquée d’Égypte récemment, etc ...

 

 

 

- Mais comment en est-on arrivés là ?

Les dirigeants occidentaux, États-Unis en tête, ont soutenu, et soutiennent, systématiquement les régimes religieux les plus rétrogrades : Talibans, Israël ou Arabie Saoudite. En parallèle ils se sont acharnés à détruire les régimes laïques : Irak, Libye ou Syrie semant chaos, déstabilisation politique durable de régions entières, guerres, terrorisme, cortèges de réfugiés ...

 

Ce choix délibéré devrait interroger nombre d’observateurs mais on en trouve peu de traces. Politiciens et media préfèrent fermer les yeux lâchement plutôt qu’analyser la proximité idéologique qui lie les obscurantistes de tous poils : fondamentalistes musulmans, sionistes juifs et extrême droite chrétienne étasunienne.

 

Cette "coalition" de fait est responsable d’innombrables victimes civiles. Il faut y ajouter la présence sur le terrain de millions d’armes et la formation par les Etats-Unis et leurs alliés de combattants au gré de leurs intérêts stratégiques (pétroliers, militaires ou politiques).

 

 

- Ces combattants vont se recycler et se multiplier dans des pays où la population est essentiellement musulmane et souvent traversée par des divisions internes. Ainsi va naître le terrorisme qu’on dit " islamique ".

D’abord en Afghanistan avec Al-Qaïda (littéralement " la base ") mais qui recrute souvent ailleurs ses candidats au suicide. Ainsi sur les 19 auteurs des attentats du 11 septembre aux Etats Unis, 15 sont saoudiens.

 

En représailles, et bien qu’aucun Irakien ne soit impliqué, les dirigeants des États-Unis vont mentir à la communauté internationale et à leurs propres citoyens afin d’attaquer ... l’Irak !

 

Décision lourde de conséquence puisqu’elle aboutira, une fois le pays dévasté, à la création de l’État Islamique en 2006.

 

Ce mouvement terroriste se revendique d’un courant religieux et prétend à l’établissement d’un État. Pour cela il va s’engager dans des guerres d’abord en Irak puis en Syrie. Une conquête territoriale qui sera menée par des locaux rejoints bientôt par des combattants venant d’un peu partout y compris de France. Avec toujours en parallèle des attentats suicide au Proche et Moyen Orient ainsi qu’en Europe.

 

En terre de tradition musulmane les cibles des terroristes sont essentiellement des soufies et des communautés réputées pour leur pratique d’un Islam non fondamentaliste mais tolérant et ouvert. En Europe leur objectif est surtout d’assurer la propagande médiatique et le recrutement de nouveaux adeptes, ce qui les conduit sans doute à revendiquer toutes tueries de masse, fussent-elles l’œuvre de criminels isolés.

 

Pour autant les cibles ne sont pas toujours choisies " au hasard ". Elles sont souvent en lien direct avec des religions comme l’école juive de Toulouse, la Synagogue de Copenhague, Charlie Hebdo après la diffusion des caricatures du Prophète, le musée juif de Bruxelles, le magasin Hyper Cacher à Paris ou encore le prêtre égorgé à Saint-Etienne de Rouvray.

 

Aux États-Unis les attentats contre des lieux de culte sont surtout l’œuvre de suprémacistes blancs. Comme en 2015 où un partisan revendiqué du nazisme et du Ku Klux Klan tuait neuf paroissiens dans une église de Charleston ou encore en 2017 où un homme massacrait 26 personnes dans une petite église du Texas.

 

Les EU détiennent d’ailleurs le record des tueries de masse. La forte présence de la religion dans l’espace public et la circulation des armes n’y sont pas étrangères bien sur, mais a amené de nombreux observateurs à s’interroger sur la personnalité des auteurs et leurs motivations. Quelles constantes relèvent-ils : dérangement mental, problèmes familiaux, inculture, embrigadement dans une organisation de nature sectaire souvent sous couvert religieux, parfois aussi des antécédents de violences domestiques, etc ...

 

 

 

- Mais il est un élément qui est commun à tous ces tueurs, qu’on les nomme terroristes ou pas, qu’ils soient étasuniens ou pas : ils sont tous candidats au suicide !

Et les religions sont sans doute le piège et le terreau idéal pour conduire des hommes fragiles à tuer et à se tuer (ou se faire tuer). Outre qu’elles offrent l’espoir d’un au-delà, elles apportent des réponses simplistes à des questions existentielles au fond légitimes. Et leurs versions fondamentalistes, qui visent à régir toute la vie des humains, trouvent chaque jour de nouveaux adeptes en quête d’identité dans un monde qui semble leur échapper.

 

Les religions ont tout à fait leur place dans notre culture en tant qu’œuvres littéraires au même titre que celles d’Aristote, Avicenne, Maïmonide, Descartes ou Spinoza. Car les trois religions du Livre, qui en réalité n’en sont qu’une, nous invitent à l’universalisme. Il y est question de notre fragile condition humaine et cela ne peut pas nous être totalement indifférent.

 

Encore faut-il interroger ces sources que sont la Bible, les Évangiles ou le Coran en les situant dans leur contexte historique, géographique et politique. Ce que font de passionnants exégètes talmudiques, coraniques, ou les penseurs de la Réforme par exemple.

 

Les fondamentalistes de tous poils rejettent, eux, ces analyses et n’admettent qu’une lecture au premier degré de ces textes, faisant fi du contexte dans lequel ils ont été écrits, opposant ainsi la croyance à la raison ce qui permet toutes les dérives. Ce serait de peu d’importance s’il ne s’agissait là que de quelques illuminés à qui on n’accorde pas un rôle politique majeur.

 

 

- Mais ce sont justement ces adeptes de l’ignorance qui sont au pouvoir

  • un président des EU redevable aux fondamentalistes chrétiens qui ont assuré son élection et qui rejettent en bloc la science, le savoir, le progrès ;
  • un premier ministre israélien qui s’appuie sur des textes vieux de 3 000 ans pour justifier colonisation, racisme, apartheid, massacres ...;
  • dirigeants saoudiens qui utilisent une religion pour s’affranchir du respect des droits humains fondamentaux.

C’est cette coalition obscurantiste qui décide de la marche du monde et qui fait son malheur !

 

C’est elle que les dirigeants français de tous bords ont choisi de soutenir. Or, elle est totalement illégitime, disqualifiée, pour combattre d’autres fondamentalistes et mettre fin à leurs crimes terroristes. Tous ces falsificateurs d’Histoire ont du sang sur les mains. Il est temps de leur rappeler.

 

 

- Cherchons donc à comprendre (sans vouloir aucunement excuser !) ce qui pousse ces politiciens à afficher publiquement des prises de position à caractère religieux, à s’en prendre à des croyants pour leurs convictions ou leurs pratiques, ou à se cacher honteusement derrière la laïcité pour faire passer un message raciste.

Manuel Valls, est en cela une sorte de caricature. Ancien Premier Ministre, actuel député, la religion est devenue son fond de commerce. De convictions politiques changeantes au gré des circonstances et de ses intérêts de carrière, il lui faut, pour continuer d’exister médiatiquement, affirmer par exemple sa proximité avec le judaïsme, inséparable selon lui d’un soutien indéfectible à la politique d’extrême droite israélienne, et évoquer sans cesse un "problème" musulman qui se nicherait partout, y compris sur ... les plages !

 

Cette volonté d’attiser les haines, les communautarismes, encourage toutes les intolérances et créée à coup sur de nouveaux adeptes pour toutes les sectes assassines.

 

Et cette escalade de la terreur est le climat idéal pour mettre en œuvre une politique aux relents totalitaires à base d’attaques contre les libertés, d’état d’urgence et autres remises en cause de droits qui sont l’honneur de notre pays, comme le droit d’asile.

 

 

https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 - Voilà où mène ce mariage contre nature entre religion et politique.

Il est grand temps de séparer ce couple infernal et la France s’est dotée d’un atout précieux, la laïcité, qui devrait lui permettre de jouer un rôle important en ce sens au niveau international.

 

La paix et la sécurité de tous sont en jeu. Les citoyens doivent le rappeler sans cesse à leurs représentants et exiger d’eux, pour commencer, des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse.

Pour en savoir plus :

- Organiser l'islam de France, la prochaine mission de Macron

- Comment dévoyer la laïcité sans lever les foules ? L’édulcorer, la falsifier… Dès l’école !

- Catherine Kintzler : « la laïcité a produit plus de libertés que ne l’a fait aucune religion investie du pouvoir politique »

- La gauche peut-elle être complice des religions ? " Nous assistons à un retour catastrophique des religions. Que le pouvoir politique de Macron s'en accommode, voire s'en félicite, ne doit pas nous étonner. Mais que la gauche, dont l'identité est laïque et fondée sur une critique rationnelle et raisonnable des méfaits des religions dans l'histoire, s'en fasse la complice est surprenant. Nouvelle défaite de la pensée progressiste ? "

- Kamel Bencheikh, écrivain : La laïcité, garantie d’un État moderne

- NON à un statut spécifique de #islam toutes les religions doivent être traitées de la même façon !

 

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11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 10:35
Brzezinski est mort, je ne vais pas, moi non plus le pleurer

Zbigniew Brzezinski est mort ce 26 mai 2017, à l’âge de 89 ans. Cet homme est l’instigateur de la guerre en Afghanistan, celui qui – pour la CIA – a inventé le concept moderne du djihad, en soutenant les opposants à Najibullah le Président afghan de l’époque.

 

Sources : Le Grand * Soir par Selma BENKHELIFA

L’Afghanistan était pourtant résolument tourné vers la modernité. Les femmes y travaillaient, les filles y allaient à l’Université. Le pays avait sa propre compagnie aérienne. Une agriculture florissante en faisait le premier exportateur de fruits d’Asie centrale.

 

 

- Mais Zbigniew Brzezinski est arrivé. Et le drame a commencé.

Dans une longue interview, il admet avoir écrit une note au président Carter selon laquelle si la CIA aidait les Moudjahiddines, traduisez les « soldats de la Religion », cela entraînerait une réaction des Soviétiques, qui voudraient soutenir le Président Najibullah.

 

L’idée n’était pas de réellement mettre les moudjahiddines au pouvoir, mais de créer une guerre civile qui forcerait l’intervention russe. Et l’idée a marché.

 

L’armée soviétique envahit l’Afghanistan, le 24 décembre 1979, quelques mois après la note de Brzezinski à Carter.

 

Heureux de son succès, Brzezinski écrira à Carter « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. »

 

La guerre en Afghanistan n’a pas cessé depuis. Le pays exsangue ne s’est jamais remis des plaies causées par les combats fratricides qui l’ensanglantent encore aujourd’hui.

 

Des années plus tard, lorsqu’un journaliste du Nouvel Observateur interroge Brzezinski sur d’éventuels regrets, il répondra imperturbable :

« Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège Afghan et vous voulez que je le regrette ? »[1]

 

Le journaliste surpris insiste : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste,d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

 

Et Zbigniew Brzezinski répond : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes où la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

 

Les « excités islamistes » ne font pas peur à la CIA, ni aux Présidents des États-Unis qui se sont succédé.

 

Ce sont tout au plus des mercenaires dont on se sert et puis qu’on jette quand ils ne sont plus utiles. Ce sont des terroristes parce qu’ils terrorisent les gens du commun, vous, moi, ceux et celles qui partent travailler en métro ou qui vont à un concert. Ils ont terrorisés les habitants de Kaboul, d’Alger et d’Alep. Ils ne terrorisent pas les puissants de ce monde, qui sont très satisfaits de les voir faire le sale boulot et les aider à justifier leurs guerres et leurs atteintes à nos droits.

 

 

- On pourrait penser que c’est de l’histoire ancienne, un cours sur la Guerre Froide, mais Brzezinski a continué à sévir des années durant.

Il a aussi été conseiller du Président Obama.

 

Alors comment ne pas faire le rapprochement entre ce que la CIA a fait pour manipuler l’URSS et pousser les Soviétiques dans une guerre en Afghanistan et ce qui se passe en Syrie ?

 

Nous sommes tous et toutes victimes de la même manipulation, de Bruxelles à Damas, de Kaboul à Manchester.

 

Brzezinski est mort, je ne vais pas le pleurer, je voudrais juste qu’on se rappelle le manipulateur pervers qu’il a été et sa responsabilité dans tant d’années de guerres et de barbarie. Si certains hommes ont rendu le monde meilleur, Brzezinski fait assurément partie de ceux qui l’ont rendu pire.

 

Pour en savoir plus :

- [1] Le Nouvel Observateur, 15/01/1998

Le Nouvel Observateur, 15/01/1998

Le Nouvel Observateur, 15/01/1998

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22 juillet 2016 5 22 /07 /juillet /2016 08:29
Comment la France est devenue une cible « légitime » pour les groupes djihadistes

Il n’existe aucun rapport entre la politique française au Proche-Orient ou au Sahel et les attentats dont elle a été, et est encore la victime : telle est la doxa qui domine à Paris.

Ce ne seraient pas les guerres que la France mène « là-bas » qui provoqueraient des répliques meurtrières sur son sol, mais la haine de « nos valeurs », de « nos idéaux », voire du mode de vie hexagonal.

Ce ne serait pas non plus les "victimes collatérales" qui créeraient de nouvelles générations de futurs candidats potentiels au "martyr"(NDLR) [6].

Pourtant, toute l’histoire récente enseigne le contraire.

 

Sources : Orient XXI  par Alain Gresh&Jean-Pierre Séréni le 17 décembre 2015 modifié le 9 août 2017

Au temps des colonies, le scénario des expéditions militaires outre-mer était simple : la guerre se déroulait exclusivement sur le territoire de la victime et l’agresseur n’imaginait pas que ses villes et ses villages puissent être la cible de contre-attaques ennemies. Non sans raison. La supériorité de ses armements, sa maîtrise absolue des mers et l’absence de toute «  cinquième colonne  » active sur son sol l’interdisaient. Le Royaume-Uni et la France ont conquis la presque totalité du globe au XVIIIe et au XIXe siècle selon ce schéma très différent des guerres européennes où les destructions, les morts et les blessés n’épargnaient aucun pays ni aucune population civile en dehors de l’insulaire Royaume-Uni.

 

Désormais, il n’en va plus de même. Certes, la bataille reste toujours inégale, même si l’Organisation de l’État islamique (OEI) dispose d’un territoire, administre des millions d’habitants et défend ses frontières. Mais un équilibre de la terreur s’ébauche et les spécialistes parlent de «  guerre asymétrique  », les uns ayant des avions, des drones et des missiles, les autres maniant Internet, l’explosif et la «  kalach  ». «  Donnez-nous vos avions, nous vous donnerons nos couffins  », expliquait en substance Larbi Ben M’Hidi, l’un des chefs de l’insurrection algérienne arrêté en 1957 à ses bourreaux qui lui reprochaient de déposer des bombes camouflées dans des couffins[1].

 

Les ennemis de la France ou des États-Unis, que ce soient des États ou des organisations politico-militaires, ne sont plus impuissants au-dehors et peuvent désormais atteindre d’une façon ou d’une autre le territoire d’où partent les opérations qui les visent, comme on vient encore de le voir à San Bernardino en Californie où 14 civils ont payé de leur vie la vengeance d’un couple inspiré par l’OEI que l’US Air Force combat à plusieurs milliers de kilomètres|2].

 

 

- De la guerre Irak-Iran au conflit algérien et aux bombardements contre l’OEI

Moins de 25 ans après la fin de la guerre d’Algérie avec son long cortège de fusillades, de sabotages et d’attentats en métropole, la France fait à nouveau connaissance avec le terrorisme. Le 17 septembre 1986, au 140 de la rue de Rennes, à Paris, face au magasin populaire Tati, une poubelle municipale en fer explose  ; bilan : 7 morts et 55 blessés. C’est le dernier d’une série de 14 attentats commis en moins d’un an par un mystérieux «  Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient  ». L’intitulé cache le véritable objectif de son «  cerveau  », Fouad Ali Saleh, un Tunisien converti au chiisme, qui cherche moins à libérer ses camarades emprisonnés qu’à faire cesser le soutien militaire de Paris à l’Irak dans le conflit meurtrier qui l’oppose à la République islamique d’Iran depuis 1980.

 

Élu en mai 1981, François Mitterrand ne cache pas son penchant pro-irakien. Mais l’attentat de l’immeuble Drakkar à Beyrouth occupé par l’armée française (58 parachutistes tués) le 23 octobre 1983 et attribué à des groupes liés à Téhéran le pousse à autoriser la livraison de munitions aux forces armées iraniennes. Celles-ci sont équipées en petite partie de matériel français livré avant la chute du chah en 1979. Cinq cent mille obus de 155 et 203 mm sont acheminés vers l’Iran par le biais de pays sud-américains et balkaniques qui fournissent des certificats de complaisance. Avec la victoire de Jacques Chirac et de la droite aux élections parlementaires de 1986 commence la «  cohabitation  ». Le ministre de la défense, André Giraud, ordonne l’arrêt immédiat de toute livraison de munitions à destination de l’Iran et livre à la justice les protagonistes de ce qu’on appellera «  l’affaire Luchaire  »[3]. La réponse iranienne aura lieu rue de Rennes.

 

Depuis l’interruption des premières élections législatives libres en Algérie en décembre 1991, soldées par la victoire du Front islamique du salut (FIS), Mitterrand et son gouvernement oscillent entre le soulagement — les islamistes ne sont pas au pouvoir — et la dénonciation du putsch, contraire à leurs principes.

 

En mars 1993, Édouard Balladur devient premier ministre. En décembre 1994, un Airbus d’Air France est détourné à Alger et se pose à Marseille où le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) le prend d’assaut sans qu’il ait pu atteindre son objectif : s’écraser sur la Tour Eiffel. Charles Pasqua, nouveau ministre de l’intérieur, avait rompu avec l’attitude de son prédécesseur socialiste qui fermait les yeux sur les complicités agissantes dont bénéficiaient le Groupe islamique armé (GIA) en France dans la diaspora algérienne. Il avait lancé des opérations de répression, multiplié les perquisitions et les assignations à résidence contre les soutiens plus ou moins discrets du GIA, obligés alors de quitter la France pour la Suisse ou la Belgique.

 

Entre juillet et octobre 1995, une nouvelle vague de 8 attentats vise l’Hexagone. Le plus meurtrier, le 25 juillet 1995 à la station Saint-Michel du RER B à Paris, fait 8 morts et 55 blessés. Attribués au GIA, ces attentats font encore suite aux prises de position politique de Paris vis-à-vis de la guerre civile algérienne. Le nouveau président de la République, Jacques Chirac, élu en 1995, comprend parfaitement le message et se place en retrait par rapport à l’Algérie, celle du président Liamine Zeroual comme celle des islamistes.

 

Janvier 2015. Moins de 5 mois après le début des bombardements français sur l’Irak, Paris est à nouveau ensanglanté par le terrorisme. Si les deux agresseurs de Charlie Hebdo sont mus par l’intolérance religieuse la plus extrême, Amedy Coulibaly, celui de la supérette cacher de la porte de Vincennes prétend venger les victimes de l’intervention française dans son pays d’origine, le Mali. Le 13 novembre, moins de 3 mois après l’extension des bombardements à la Syrie, l’OEI revendique les fusillades meurtrières de l’Est parisien (130 morts, plus de 400 blessés)[4].

 

- Inflexions de la politique de Paris

Comme on le voit, les attentats, aussi condamnables soient-ils, ne peuvent se comprendre (et donc se combattre) que dans un cadre politique et diplomatique. Après le 11 septembre 2001, et surtout la guerre déclenchée par les États-Unis contre l’Irak en mars 2003, le sol européen est à nouveau un objectif : deux attentats majeurs frappent Madrid en mars 2004 et Londres en juillet 2005. Ils ne visent pas «  le mode de vie  » occidental, mais deux pays parmi les plus actifs de la coalition qui démolit l’Irak. La France est épargnée, sans doute grâce, entre autres, au discours anti-guerre du 14 février 2003 de son ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, au Conseil de sécurité des Nations unies.

 

On ne mesure pas à quel point les guerres menées par les Occidentaux dans le monde musulman nourrissent une haine qui dépasse très largement les cercles extrémistes. Les centaines de milliers de morts, les millions de réfugiés, les tortures d’Abou Ghraib, les «  dommages collatéraux  », les tirs de drones — tous concentrés sur les pays musulmans — alimentent la propagande de l’OEI dénonçant une guerre des «  Croisés  » contre l’islam et une impunité aussi injuste qu’unilatérale : aucun des responsables américains de la catastrophe irakienne n’a été jugé, ni même inquiété par la Cour pénale internationale (CPI).

 

Au Proche-Orient, la voix de la France a perdu cette petite musique qui faisait sa spécificité. Paris s’est aligné, après 2003, sur les États-Unis dans les dernières années de la présidence de George W. Bush, a entériné l’occupation de l’Irak, est intervenue militairement en Libye, au Mali, en RCA, et finalement en Irak puis en Syrie. Son appui va — sans réserve publiquement exprimée — à l’écrasement du Yémen par l’Arabie saoudite, à laquelle elle fournit de l’armement. Aucune autre puissance occidentale, à l’exception des États-Unis, n’est aussi présente militairement en terre d’islam. Et quand Paris fait entendre sa différence, c’est pour critiquer le président Barack Obama, jugé trop souple avec l’Iran sur le dossier nucléaire et insuffisamment interventionniste à ses yeux en Syrie.

 

Sans oublier l’infléchissement français sur le conflit israélo-palestinien. Depuis l’écrasement de la seconde intifada par les chars israéliens en 2002-2003, l’opinion a assisté, souvent en direct à la télévision, aux attaques massives contre Gaza en 2008, 2012 et 2014. À chaque fois, le gouvernement français, de droite comme de gauche, les a entérinées au nom du « droit dIsraël à se défendre   ». Comment le Quai d’Orsay, à l’instar de nombre d’intellectuels, peut-il prétendre que la rage contre l’Occident et contre la France ne résulte pas aussi du drame palestinien  ? Le général américain David Petraeus, alors chef du Central Command[5], était plus lucide :

 

" Les tensions israélo-palestiniennes se transforment souvent en violence et en confrontations armées à grande échelle. Le conflit provoque un sentiment anti-américain, à cause de la perception du favoritisme des États-Unis à l’égard d’Israël. La colère arabe sur la question palestinienne limite la puissance et la profondeur de nos relations avec des gouvernements et des peuples de cette zone et affaiblit la légitimité des régimes modérés dans le monde arabe. Pendant ce temps, Al-Qaida et d’autres groupes militants exploitent la colère pour mobiliser. "

 

 

L’oubli du lien entre la politique étrangère menée dans le monde arabe et le développement du djihadisme amène une cécité qui explique quinze ans d’échec de la «  guerre contre le terrorisme  ». Cette omission paralyse la réflexion stratégique et entraine la France dans un engrenage infernal dont elle ne peut que payer le prix fort[2] [4].

 

Note :

[1] Larbi Ben M’hidi, un symbole national

[2] mais aussi l'attentat de Nice en France en juillet 2016

[3] NDLR. Scandale de ventes occultes d’armes à l’Iran par la société d’armement Luchaire et de reversement de commissions occultes aux partis politiques français dans les années 1980.

[4] attentats 2015 en France :

- 7 et 9 janvier 2015 : les attentats de «Charlie Hebdo» et de l’Hyper Cacher

Les frères Chérif et Saïd Kouachi pénètrent au siège de Charlie Hebdo, dans le XIarrondissement, et abattent à la kalachnikov 12 personnes, dont les dessinateurs Wolinski, Cabu, Charb et Tignous, ainsi que deux policiers. Retranchés le surlendemain dans une entreprise de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), ils sont abattus par le GIGN. Le 8 janvier, Amédy Coulibaly tue une policière municipale et blesse un agent municipal à Montrouge (Hauts-de-Seine) puis prend plusieurs personnes en otages le lendemain, dans une épicerie casher de la Porte de Vincennes, à Paris XXe. Il tue 4 personnes et est abattu dans l’assaut du Raid.

- 13 novembre 2015 : 130 morts dans des attaques coordonnées

Trois attaques ont lieu durant la même soirée à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). A proximité du Stade de France, pendant un match amical opposant la France à l’Allemagne, trois kamikazes se font exploser, faisant une victime. Un peu plus tard dans la soirée, trois hommes mitraillent des terrasses de cafés et restaurants des Xe et XIe arrondissements de Paris. Dans ce même XIe arrondissement a lieu une longue prise d’otages, au Bataclan, où 1 500 personnes assistent au concert des Eagles of Death Metal. Le bilan total de cette nuit sanglante s’élève à 130 morts. Le lendemain, les attaques ont été revendiquées par l’Etat islamique.

[5] Le Central Command, le plus important des cinq commandements régionaux américains, couvre le Proche et Moyen-Orient. Discours prononcé devant le Sénat le 25 mars 2010.

[6] Au moins 56 civils tués dans des raids de la coalition en Syrie

 

 

- Point de vue

Que le Président de la République aille en Irak dans une période de crise, pourquoi pas. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est l’annonce du président Obama de la formation d’une grande coalition pour engager la troisième guerre d’Irak ; c’est une décision, je pèse mes mots, absurde et dangereuse. Pourquoi ? Parce que il serait temps que les pays occidentaux, l’Europe et les États-Unis, tirent les leçons de l’expérience depuis l’Afghanistan. Ça fait 13 ans nous avons multiplié les interventions militaires : Afghanistan, Irak, Libye, Mali, pour quel résultat ? Il y avait en 2001 un foyer de crise terroriste central. Aujourd’hui, il y en a près d’une quinzaine. C’est dire que nous les avons multipliés, je dis bien NOUS les avons multipliés. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui l’État Islamique, Daesh, comme le disent les anglo-saxons, c’est l’enfant monstrueux de l’inconstance et de l’arrogance de la politique occidentale. Guerre en 2003 irréfléchie, départ en 2011 précipité, et puis soutien jusqu’au bout au régime d’un Premier ministre irakien, monsieur Al-Maliki, qui a fait le jeu confessionnel en opposant les chiites aux sunnites. De la même façon, en Syrie, nous avons lâché les opposants, les rebelles syriens au milieu du guet faisant le jeu à la fois du régime de Bachar el-Assad, et en même temps des extrémistes djihadistes. Faut se rendre compte qu’aujourd’hui la montée en puissance de l’État Islamique à grande vitesse – ils étaient quelques milliers il y a quelques mois, aujourd’hui on en dénombre entre 20 et 30 000 – et bien c’est la conséquence de nos incohérences.

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 09:17
En 1991, la guerre en Irak a été la première guerre suivie en live à la télévision.

En 1991, la guerre en Irak a été la première guerre suivie en live à la télévision.

Il y a 25 ans, une coalition de 49 pays envahissait l’Irak. La guerre, l’embargo qui a suivi, une nouvelle guerre et une occupation ont laissé derrière eux un pays sans ressources. Mais l’Irak n’est pas mort. L’opposition et les protestations n’ont jamais cessé et sont l’antidote contre le militarisme et l’occupation.

 

Sources : Solidaire par Dirk Adriaensens le 15 janvier 2015

- La guerre du Golfe de 1991

Le 17 janvier 1991, 29 pays, parmi lesquels la Belgique et quelques pays arabes, envahissaient l’Irak. Le but était de chasser l’armée irakienne du Koweit, qu’elle avait envahi en août 1990. En 43 jours, une coalition internationale effectuait 100 000 bombardements aériens, lançait 450 roquettes Tomahawk et larguait 265 000 bombes. Une grande partie des infrastructures sociales et économiques d’Irak était détruites. Le pays était rejeté dans l’ère pré-industrielle pour une très longue période. 

 

En 1991, la guerre en Irak a été la première guerre suivie en live à la télévision. Les premiers bombardements sur Bagdad, le 17 janvier, ont été montrés en direct et de manière quasi triomphale sur CNN (photos ci-dessus). Beaucoup d’images infographiques ont également été utilisées pour illustrer les prétendues « frappes chirurgicales ». En réalité, celles-ci ont été bien moins précises que les images le laissaient croire. Elles ont coûté le vie à des milliers de gens, alors qu’on évoquait des « dommages collatéraux ».  

 

Le 26 février, l’Irak se retirait du Koweit. Les troupes qui se repliaient étaient également attaquées. Rien que là, on a compté 25 000 morts irakiens. Au total, 125 000 militaires irakiens ont trouvé la mort, contre 125 Américains. 

 

Après le retrait irakien du Koweit, le Conseil de sécurité des Nations Unies organisait un embargo jusqu’à ce que toutes les armes non-conventionnelles (chimiques, biologiques et atomiques) soient détruites. La commission des Nations unies UNSCOM était chargée de cette mission. Jusqu’au mois d’août, 340 équipes UNSCOM ont contrôlé 9 346 sites où des armes auraient pu être entreposées. Après ces contrôles, il n’y avait plus d’armes de destruction en Irak. L’embargo serait d’application jusqu’en mai 2003, après la chute du président Saddam Hussein. 

 

La guerre du Golfe a coûté 676 milliards de dollars, ce qui correspondait à ce moment-là à la moitié du montant de la dette du tiers-monde.

 

 

- Après la guerre militaire, la guerre économique : l’embargo 

Le nombre de morts dus à l’embargo est énorme. D’après les chiffres du ministère irakien de Santé publique (chiffre pour fin 2002), 1 806 915 victimes civiles, dont 750 000 enfants de moins de 5 ans, sont mortes à cause de l’étranglement économique. Avant la guerre du Golfe, l’Irak importait 70 % de sa nourriture : pour 2 à 3 milliards de dollars par an. Sous l’embargo, à peine la moitié entrait encore dans le pays. La production locale n’a pas non plus pu se rétablir. 

 

L’embargo a été une punition collective, imposée à toute la population irakienne pour exercer une pression sur le gouvernement irakien. Les changements que le pays subissait après dix ans de sanctions sont incommensurables. Les indicateurs de base (alphabétisation, santé, enseignement...) qui mesurent le niveau de bien-être des gens étaient en Irak avant l’embargo parmi les meilleurs du monde. En 2000, l’Irak régressait jusqu’au 20 % les plus bas. En dix ans, la mortalité infantile passait de l’une des plus basses au monde à l’une des plus hautes. 

 

Même quand la guerre du Golfe était officiellement terminée, il y avait encore des bombardements tous les jours sur une grande partie du pays. Entre 1991 et 2001, les forces armées américaines et britanniques ont effectué 280 000 vols de combat au dessus de l’Irak et tué des centaines de civils.

 

L’infrastructure était également gravement touchée. L’Irak a quand même réussi à reconstruire toute seule une partie importante de ses infrastructures vitales.

 

Highway of Death (l’autoroute de la mort) : l’attaque sur les troupes irakiennes qui se retiraient du Koweït vers l’Irak via l’autoroute côtière a fait à elle seule 25 000 morts. L’avant du convoi a été bombardé. Comme il y avait des champs de mines sur les côtés, impossible de prendre une autre voie. Des milliers de soldats irakiens réfugiés dans des tranchées ont été enterrés vivants dans le sable par des bulldozers. (Photo Joe Coleman / Wikimedia Commons)

 

- Les buts stratégiques des États Unis

Les États-Unis avaient cinq buts stratégiques pour le Moyen-Orient : 

  • Assurer le contrôle des réserves pétrolières du Moyen-Orient pour déterminer les quantités produites et faire baisser les prix. 
  • Maintenir les structures politiques de la région, surtout celles des Émirats et de l’Arabie saoudite qui assuraient le contrôle de l’Occident sur le pétrole. 
  • Détruire le potentiel économique et militaire de l’Irak.
  • Installer des bases militaires pour imposer les diktats de l’Occident.
  • Sécuriser la suprématie d’Israël sur tous les pays arabes.

Comme grand producteur de pétrole, l’Irak avait nationalisé ce secteur en 1972 et investissait les revenus de ce pétrole pour son propre développement. Les pouvoirs occidentaux et les compagnies pétrolières n’ont jamais pu l’accepter.

 

Dans les années 1990, la France et la Russie avaient conclu des accords avec l’Irak pour exploiter le pétrole irakien après la levée des sanctions. Ces contrats concernaient au total 1 100 milliards de dollars. Les États-Unis étaient exclus de l’accès au développement futur des plus grandes réserves de pétrole au monde (à un près). 

 

L’Occident avait aussi un problème par rapport à l’économie socialiste (socialisante) d’Irak. A la fin de l’année 2000, le gouvernement irakien décidait de ne plus travailler avec le dollar pour les opérations pétrolières parce qu’il était une « monnaie ennemie ». Toutes les transactions se faisaient, depuis la fin de 2000, en euros, et le siège des comptes pétroliers n’étaient plus situé aux USA mais à Paris. « Dans le monde réel (...), le seul facteur à la base de la prospérité américaine est le maintien du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Ceci ne peut se faire que si les pays producteurs de pétrole gardent le dollar pour calculer le prix du pétrole. Le dernier clou au cercueil de Saddam Hussein a été sa décision de commencer à vendre son pétrole en euros », commente Richard Benson, analyste de Citibank et Chase Manhattan.

 

Tout cela était une raison suffisante pour les États Unis pour entreprendre une action déterminante et envahir une nouvelle fois l’Irak.

 

 

- Invasion illégale et occupation de l’Irak

Le 19 mars 2003, les États-Unis et la Grande-Bretagne attaquaient illégalement l’Irak. 41 000 vols de combat étaient effectués et 27 000 bombes étaient larguées. A peu près 200 000 soldats prenaient part aux opérations au sol. Les gouvernements des États-Unis et de la Grande-Bretagne n’avaient pas l’approbation du Conseil de sécurité des Nations Unies pour une telle attaque. Ils ont alors eu recours à des mensonges pour pouvoir envahir l’Irak : ce pays détiendrait des armes de destruction massive et aurait un lien avec les terroristes d’Al Qaïda ; et la guerre apporterait la démocratie en Irak... Le président Bush et ses ministres ont menti exactement 935 fois entre le 11 septembre 2001 et le 19 mars 2003 pour justifier leur invasion. Et cette désinformation a été coûteuse. En 2009, le ministère américain de la Défense a dépensé au moins 4,7 milliards de dollars pour « gagner les cœurs et les esprits » dans le pays et à l’étranger. 

 

 

- Le coût de la guerre : plus de 3 000 milliards de dollars

Le budget de la Défense des États-Unis a augmenté de 335 milliards de dollars en 2001 à 637 milliards de dollars en 2015. Le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz a déclaré à ce sujet : « Une guerre gratuite n’existe pas. L’aventure de l’Irak a sérieusement affaibli l’économie américaine et la misère va bien plus loin que la crise des hypothèques. On ne peut pas dépenser 3 milliards de dollars pour une guerre ratée à l’étranger sans en ressentir le mal à l’intérieur du pays. » 

 

D’après Stiglitz, les États Unis dépensent en ce moment 5 milliards de dollars par an en Afrique : « 5 milliards d’euros, c’est environ 10 jours de combats. Cela vous donne une idée du gaspillage de moyens. »

 

 

- La destruction intentionnelle de l’État irakien 

Après 25 ans de guerre, d’embargo, d’occupation et de chaos, il est évident que la destruction de l’État irakien a été voulue sciemment par les États-Unis. Les architectes américains de cette guerre avaient déjà prédit depuis des années qu’une invasion de l’Irak provoquerait la fin de l’État irakien. Dans un rapport de 1996, des auteurs néoconservateurs décrivaient l’inévitable déclin de l’Irak après une invasion militaire, affirmant qu’un changement de régime mènerait à « un déchirement de l’Irak par la politique des seigneurs de guerre, des voleurs, des clans, des sectes et des familles importante. » Ces mêmes auteurs sont pourtant par la suite devenus les défenseurs les plus agressifs d’une invasion. Les effets désastreux du point de vue culturel et humain de la destruction de l’État irakien de 2003 à 2011 – déjà fort affaibli par la guerre du Golfe en 1991 et par les sanctions économiques – sont énormes. Plus d’un million et demi de citoyens ont perdu la vie, l’infrastructure sociale – électricité, eau potable, égouts et institutions publiques – était détruite, des académiciens et des professionnels étaient assassinés, à peu près 2,5 millions de personnes devenaient des réfugiés dans leur pays (IDP) et 2 764 000 personnes ont fui. 

 

 

- Socialement et écologiquement invivable 

La destruction sociale est inestimable. Le niveau de l’enseignement et de la santé se situent aujourd’hui encore loin en dessous de celui d’avant l’invasion. Les minorités nationales irakiennes (chrétiens, Assyriens, Mandéens...) sont au bord de l’éradication. Certaines de ces minorités religieuses et ethniques irakiennes ont cohabité en paix dans la région pendant plus de 2 000 ans. Les droits des femmes ont été complètement supprimés, comme le droit à la protection de la maternité, le permis de travail et les soins de santé. De grandes parties du pays sont devenues écologiquement invivables. Des régions entières sont contaminées par l’uranium appauvri et par d’autres pollutions militaires, des millions de tonnes de déchets ont été abandonnés et ont non seulement porté atteinte au système écologique fragile de façon irréversible mais ont également provoqué une forte augmentation des malformations génétiques et des cancers. Le bas niveau de l’eau des lacs et rivières a provoqué des catastrophes parce que l’absence d’égouts a rendu l’eau impropre à la consommation humaine et animale. 

 

Du point de vue économique, l’Irak est devenu un immense paradis du marché libre, où les Irakiens n’ont aucun pouvoir. 

 

 

- L’occupation crée l’opposition 

L’opposition contre l’occupation étrangère a commencé tout de suite après l’invasion. Des officiers de l’armée irakienne, avec l’appui de la population, ont commencé immédiatement une guérilla qui a débouché sur une véritable rébellion civile. L’opposition a mené en moyenne 185 attaques par jour contre les forces d’occupation (chiffre de juin 2007). Les voitures piégées et autres attaques kamikazes ne sont qu’une petite partie de toutes les attaques. 90% des attaques kamikazes en Irak ont été effectuées par des combattants étrangers liés à Al Qaïda en Irak, et non pas seulement par l’opposition, d’après les statistiques de l’armée américaine elle-même. Les troupes irakiennes de sécurité du gouvernement comptaient 330 000 hommes. En mars 2011 ils étaient 670 000. Ils étaient souvent utilisés comme unités de choc pour l’armée d’occupation et il n’est donc pas étonnant qu’ils aient également été visés par l’opposition. 

 

En 2008, 157 800 militaires américains, plus de 150 000 mercenaires, 41 000 membres de la « National Police » (précédemment les escadrons de la mort) et 144 000 personnes des services de surveillance devaient essayer de maîtriser l’opposition massive irakienne. 

 

 

- Les américains sèment les germes de conflits 

Quand, en juillet 2013, le diplomate américain Paul Bremer créait l’organe de direction provisoire, l’Iraqi Governing Council (IGC), il a sélectionné les gens sur base de leur provenance religieuse et ethnique,  mentionnant leur appartenance derrière leur nom. L’identité irakienne a été totalement effacée du dictionnaire des occupants. Au lieu de construire un État avec des droits et des devoirs égaux pour tous les citoyens, les arabes sunnites ont été marginalisés, et le gouvernement, surtout constitué de certains groupes chiites et kurdes, les a très mal traités. La poudrière en Irak a été créée par l’occupation américaine. 

 

Le 15 décembre 2001, une marche internationale pour la paix avait lieu à Bruxelles. (Photo Solidaire, Salim Hellalet)

- La sale guerre 

Quand les armées américaine et britannique ont été confrontées à une opposition sérieuse, ils ont changé drastiquement leur tactique. « La seule façon que nous avons de gagner, c’est de passer à des moyens conventionnels. Nous devrons jouer leur jeu. Guérilla versus guérilla, terrorisme versus terrorisme. Nous devons terroriser les Irakiens et les obliger à se soumettre », ont-ils estimé. Pendant la période qui a suivi, des rapports ont vu le jour à propos des escadrons de la mort et de purification ethnique. Les médias ont, eux, parlé de « violences sectaires ». Une partie de la violence était peut-être spontanée, mais il y a cependant des preuves écrasantes que la plus grande partie était le résultat des plans décrits par les divers experts américains en décembre 2003. 

 

La firme de sécurité américaine Blackwater USA a recruté des mercenaires venant du Chili, de Pérou, d’Argentine, de Colombie et du Guatemala. Dans ces pays, on a de l’expérience pour les sales guerres. Les militaires y étaient bien entraînés à fréquenter les éléments subversifs internes. Le but n’était pas d’identifier les vrais combattants de l’opposition, de les arrêter et de les assassiner mais d’atteindre la population civile. C’était une stratégie de terrorisme d’Etat pour couper le lien entre la population et l’opposition et pour briser l’appui de la population à la guérilla. 

 

Des milliers d’Irakiens ont disparu entre 2005 et 2007. Certains étaient attrapés par les milices et chargés sur des camions, d’autres avaient l’air de disparaître tout simplement. Au plus fort des assassinats sectaires, entre 50 et 180 corps étaient largués tous les jours dans les rues de Bagdad. Beaucoup étaient décapités ou abattus par balles et portaient des traces de torture. 

 

 

- « Retrait » des troupes d’Irak

Le 21 octobre 2011, le président américain Obama annonçait le départ des dernières troupes. L’opposition irakienne y a beaucoup contribué. Cependant, le retrait des troupes ne signifiait pas la fin de l’occupation. L’empreinte américaine est toujours solidement présente. Une mission complète américaine de 16 000 personnes était maintenue en Irak, dans la plus grande ambassade américaine du monde. De plus, les États-Unis maintiennent toujours des «conseillers» dans tous les ministères irakiens. 

 

 

- Opposition pacifique d’une partie de la société 

A côté de l’opposition armée l’Irak, des protestations pacifiques d’un mouvement ouvrier fort et de groupes d’intérêt de la classe moyenne sont nées dans les années après l’invasion. Les autorités ont réagi brutalement contre les grèves. Les syndicats indépendants sont interdits et les travailleurs n’ont pas droit à des négociations collectives ni à la grève. Pour museler les protestations, plus de 44 % du budget du régime est consacré à la « sécurité ». Entre-temps, le citoyen irakien vit 18h par jour sans électricité, n’a souvent pas d’eau potable (70%) ou d’équipements sanitaires (80%). A Bagdad, près des deux tiers des eaux usées coulent toujours directement dans les rivières. 

 

En 2011 et 2013, il y a eu des centaines de milliers de manifestants dans les rues. Leurs exigences : suppression de la peine de mort, renforcement des services de base, pas de division entre groupes ethniques et religieux, arrêt de la corruption, lutte contre le sectarisme sous toutes ses formes et maintien de l’unité nationale.

 

 

- Chaos, répression et néolibéralisme ont fait le succès de Daech

Après une année de protestations pacifiques, le Premier ministre irakien Maliki a envoyé son armée et ses milices armées contre les manifestants. Plusieurs villes ont été attaquées et bombardées par les troupes gouvernementales. De ce fait, les islamistes sunnites séparatistes ont commencé à gagner en influence. Malgré les contretemps subis par Daech au cours de l’occupation de l’Irak, le groupe parvenait déjà fin 2012 à porter le nombre de ses combattants actifs à environ 2 500. La terreur semée par Daech est effrayante, mais les méfaits des milices chiites et de l’armée gouvernementale, soutenus par l’étranger, le sont tout autant. A part l’Occident, les États du Golfe comme l’Arabie saoudite et l’Iran, la Turquie aussi commence à jouer un rôle en Irak.

 

Et, pendant ce temps, la population irakienne est prise entre l’enclume et le marteau. Le 15 juin 2015, au moins quatre millions d’Irakiens étaient des déplacés internes. 

Bagdad 2002. (Photo Solidaire, Antonio Gomez Garcia)

 

- La crise humanitaire dans un pays oublié

En 2015, par manque d’argent, les Nations unies ont gelé la plupart des programmes de santé en Irak. Lors d’un appel à donation portant sur au moins 60 milliards de dollars, à peine 5,1 millions sont rentrés. 

 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dû fermer plus de 184 services de santé. Les réfugiés et les personnes déplacées n’ont de ce fait plus accès aux soins de première ligne, post-traumatiques, alimentaires et aux services de vaccination En Irak, au moins 8 millions de personnes, soit un tiers de la population, ont besoin aujourd’hui d’aide humanitaire. C’est 3 millions de plus que lors de la dernière enquête de mars 2015, avant l’arrêt des programmes santé des Nations unies.  

 

 

- 2015 : la population irakienne résiste à la terreur de Daech et à celle de son gouvernement 

Malgré la terreur semée par Daech, le peuple irakien ne s’avoue pas vaincu. Les protestations massives débutées le 31 juillet 2015 ont atteint un point culminant le 7 août. 

 

Pour la seule Bagdad, environ un demi-million de personnes ont défilé dans les rues en scandant des slogans contre le gouvernement corrompu. Des centaines de milliers d’autres ont manifesté dans les villes chiites du sud. Des slogans comme « Ni chiites, ni sunnites mais laïcité » et « Le régime religieux nous a trompés » montrent la vraie nature des protestations de la population irakienne. Celle-ci a exprimé sa profonde colère à propos de la pauvreté, de l’insécurité, du non-respect des droits fondamentaux et du gouvernement irakien corrompu et sectaire. 

 

Selon un récent sondage effectué pour la BBC, 66% de la population irakienne estime que le pays va dans la mauvaise direction. 90% croit qu’il est possible de dégager une solution diplomatique aux différends nationaux. 84% pense que Daech a une influence « fortement négative ». 56% est hostile aux attaques aériennes de la coalition. 

 

 

- Laissez l’Irak au peuple irakien 

Il y a actuellement diverses initiatives du monde associatif irakien et des anciens mouvements d’opposition en vue de résoudre les différends nationaux de façon pacifique. Ces tentatives de se mettre autour d’une table sont l’une après l’autre sabotées par le gouvernement irakien et ses conseillers étrangers. 

 

La vente d’armes augmente. L’Occident entame de nouvelles opérations terrestres et aériennes contre des villes syriennes et irakiennes. Cela ne fera que gonfler les rangs de Daech et accroître encore les risques d’actions terroristes en Europe et aux États-Unis. Le monde associatif et les mouvements d’opposition en Irak sont les seules forces qui peuvent venir à bout de Daech et des autres milices. 

 

L’Irak n’est pas morte. Ces dernières 25 années, la résistance et les protestations n’ont jamais cessé et constituent le contre-poison au militarisme et à l’occupation. Le peuple irakien veut reprendre son pétrole en mains propres et il veut une économie saine au service des gens et ce, dans un environnement paisible. L’intervention militaire n’est pas la solution. Celle-ci réside dans la nécessité d’écouter la société civile irakienne et de soutenir les initiatives en vue de la réconciliation. Une Irak vraiment démocratique, souveraine, est une condition absolue si on veut faire disparaître Daech.

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22 janvier 2016 5 22 /01 /janvier /2016 09:21
DAECH : par François Burgat, directeur de recherche au CNRS

François Burgat[1] est directeur de recherches au CNRS, politologue, spécialiste du monde arabe contemporain, il a été directeur du Centre français d'archéologie et de sciences sociales au Yemen de 1997 à 2003. puis il a été directeur de l’Institut Français du Proche Orient (IFPO). 

 

 

- Il a été entendu le 12 janvier 2016 par le Commission des Lois de l'Assemblée Nationale

Pour le chercheur François Burgat, spécialiste de l’islam, un bon musulman en France, c’est… quelqu’un qui n’est plus musulman ! Auditionné à l’Assemblée nationale française le 12 janvier 2016 à l’occasion d’une commission d’enquête sur Daesh, François Burgat a dénoncé l’instrumentalisation des musulmans par les médias et la classe politique en France et leur représentation néo-coloniale de l’islam. Iconoclaste dans son domaine d’étude, à rebours d’intellectuels très médiatiques comme l’islamologue Gilles Kepel, François Burgat se refuse à toute essentialisation (les musulmans sont terroristes parce qu’ils sont musulmans !) et analyse le radicalisme comme une réaction aux injustices, aux inégalités, à la crise multiforme que connaît la France, mais également à la montée en flèche du discours (et des actes) islamophobes.

 

Note :

[1] François Burgat

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier terrorisme

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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 09:21
Qu'entend-on par jihâd ?

Le jihadisme contemporain entend faire table rase du passé, y compris en imposant une nouvelle acception du mot jihâd[4].

 

Sources :  Sciences Humaines par Makram Abbès[1] le 04/03/2016

Tuer au nom de Dieu. Vouer une haine inextinguible à l’autre parce qu’il est différent théologiquement. Penser que le salut de l’âme peut être obtenu par des atrocités ! Certains groupes politiques radicaux ont réussi à propager ces images à propos de la guerre en Islam[2]. Et une actualité déchirée par de nombreux conflits l’a imposée aux médias, contaminant jusqu’aux spécialistes les plus avertis et les moins tentés par les essentialismes de tout genre. Si bien qu’affirmer qu’il y a eu d’autres manières de penser la guerre en Islam ou oser des comparaisons avec d’autres cultures relèverait de la gageure, tant les adeptes de cette conception une et indifférenciée de la guerre la confondent avec une identité culturelle et religieuse.

 

Afin de sortir de cette approche conduisant à de nombreuses impasses, il faut d’abord rappeler le contexte de l’élaboration de la doctrine jihadiste. Cette dernière est, en effet, le produit d’une réaction identitaire globale qui caractérise l’époque contemporaine. Elle s’est mise en place précisément au milieu du 20e siècle, avec les théoriciens de l’idéologie islamiste. C’est dans ce contexte de l’extinction du paradigme de l’Empire avec l’abolition de la dynastie ottomane en 1922, et de la délégitimation des modèles politiques anciens au profit de l’État-nation importé d’Europe, qu’une forte pensée réactionnaire et conservatrice émerge dans le sillage des Frères musulmans, fondés en Égypte. Elle propose une alternative à la culture libérale qui s’est implantée dans l’Orient arabe, et qui a conduit à une modernisation rapide du droit, du statut de la femme, des lettres, des lois et des pratiques politiques.

 

L’assomption de cette pensée n’est pas immédiate : elle est contenue dans les années 1950-1960 par les espoirs de la fondation d’un État séculier et moderne, et par la présence d’une culture héritière de la période de la Renaissance arabe, la Nahda, étalée sur un siècle (milieu du 19e/milieu du 20e siècle). Mais les échecs répétés lors des conflits avec Israël, la révolution iranienne de 1979, enfermée après son éclatement dans un caractère religieux prononcé revendiquant un « gouvernement islamique », enfin le contexte géopolitique et économique amenant les États-Unis à maintenir leur contrôle sur tous les pays du Moyen-Orient… Tous ces facteurs ont fortifié cette tendance guerrière jihadiste, avec le modèle théologique dont elle se réclame, et favorisé la confusion entre ses propres pratiques guerrières et l’identité « islamique » qu’elle promeut.

 

 

- Atomisation de la violence

La notion de « jihâd » est très symptomatique de ces difficultés actuelles, de ce malaise profond dans la culture qui ne cesse d’obscurcir le lien avec le passé, de paralyser le rapport au présent et au futur. À tel point que ce rapport est justement devenu l’un des enjeux les plus importants de la lutte contre les lectures qui le prennent à parti, l’hypothèquent en le défigurant et en le gauchissant. Elle fait partie d’un arsenal de mots fétichisés (califat, hijâb, charî‘a[3], etc.), auxquels on attribue le pouvoir magique d’apporter des solutions radicales aux maux sociaux et politiques dont souffrent de nombreux pays arabo-musulmans.

 

La transformation contemporaine du jihâd pose de manière lancinante et récurrente le problème de l’atomisation de la violence. Elle ouvre sur la substitution de la logique sectaire religieuse à celle du politique. Corollaire de la faillite de l’éthique et du politique, la transformation contemporaine du jihâd amène l’intolérance et rend impensable le vivre-ensemble autrement que sur le mode de la secte fermée ; elle attise la haine de l’autre par l’enfermement de ce dernier dans les spéculations doctrinaires relatives à l’orthodoxie et à l’hétérodoxie ; elle fait régner une représentation nihiliste et macabre de la religion islamique ; elle subvertit le rôle de la violence en politique en faisant du radicalisme religieux l’aliment d’une entreprise semant le chaos et assumant théologiquement la barbarie.

 

Si l’on insiste tant sur la nouveauté de cette signification du jihâd, ce n’est pas pour prétendre qu’elle n’a aucun lien avec l’islam (car c’est bien dans le giron de l’Islam contemporain qu’elle est née et l’un des premiers pas vers la résolution des problèmes qu’elle pose est de reconnaître cette réalité), mais pour rappeler que cette signification est le fruit d’une mutation théologique récente. Car il n’y a pas eu semblable théorisation avant la naissance de l’islamisme. En effet, toutes les conceptualisations de la guerre, philosophiques (chez al-Fârâbî ou Averroès), politiques (chez les spécialistes de la stratégie) ou juridico-théologiques (dans les grandes écoles de droit) montrent que cette activité est dotée de lois, de codes, qu’elle obéit à une rationalité purement étatique, et que l’on est loin de l’activité arbitraire et du déploiement de la violence aveugle qui caractérise le jihadisme. Même chez les juristes et les théologiens qui ont forgé l’équivalent du modèle de la guerre sainte en Occident, la guerre reste une activité décidée par le souverain, un devoir certes religieux mais incombant à la collectivité politique et territoriale.

 

Si les origines théologiques de la justification de la guerre (défendre la communauté naissante des croyants) et la finalité qui lui est assignée (répandre le message de Dieu, soutenir le monothéisme contre le polythéisme) ne laissent aucun doute sur le caractère sacré de ce combat, il n’en reste pas moins que ce dernier est doté de principes juridiques tels que la distinction entre combattants et non-combattants, le respect des pactes et traités entre États, et surtout la présence d’une autorité politique légitime (le prince ou son représentant) qui conduit la guerre. À l’opposé de cette conception juridique, le jihâd pratiqué à l’heure actuelle par de nombreux groupes vise l’anéantissement de l’État et ne propose, en définitive, aucune vision politique au-delà du chaos qu’il cherche à instaurer en détruisant les différentes formes d’associations politiques et en tentant de leur substituer des formes religieuses inspirées de leur vision de la loi (charî‘a).

 

 

- Une homogénéité factice

Afin d’approfondir la déconstruction de cette notion de jihâd et des représentations actuelles qu’elle véhicule, un autre exemple peut être puisé dans l’une des plus grandes traditions de réflexion sur la guerre, celle des Miroirs des princes et des traités de stratégie militaire. Cette tradition prône des attitudes politiques fondées sur l’importance d’éviter le déclenchement des hostilités par la négociation, la diplomatie ou l’emploi de la ruse. Refusant le recours à la violence avant d’épuiser les autres formes pacifiques de la résolution des conflits, elle fait confiance à la prudence du prince et aux exigences de justice qui peuvent être reconnues par tous les hommes, indépendamment de ce que stipulent leurs lois positives ou des exhortations de leurs règles théologiques particulières. Pour mesurer la divergence entre le jihadisme et l’approche des auteurs classiques de l’Islam (juristes, théologiens, lettrés, historiens, et philosophes), il faut rappeler aussi que le jihâd n’était pas autre chose qu’un synonyme de « harb », qui signifie la guerre tout court. Nombreux sont les traités de stratégie et de tactique qui emploient indistinctement les deux termes, et un philosophe comme al-Fârâbî (m. 950), qui avait développé des vues extrêmement sécularisatrices sur la religion, l’emploie indifféremment avec « harb » dans l’Obtention du bonheur.

 

Cette remarque vise à se défaire de la sacralisation des mots et de leur icônisation par les groupes islamistes. Ils ont recours à une mystification courante consistant à oblitérer les significations présentes dans les textes anciens. Ce faisant, ils dissimulent le pluralisme doctrinal et les divergences d’approche du thème de la guerre en Islam au profit d’une prétendue homogénéité et unidimensionnalité qui aurait existé dès le 7e siècle, et qui serait incarnée par leurs activités actuelles. Il faudrait donc se garder de la tendance qui parcourt le champ de la recherche sur ce thème, et qui tente de démontrer qu’il n’existerait qu’une seule conception de la guerre « islamique ». Une telle démarche, qui correspond aux vœux des acteurs se réclamant des textes sacrés de l’islam, ne traduit ni les liens entre la guerre et la politique, ni la manière dont la guerre a effectivement été menée dans l’histoire ou théorisée dans les textes.

 

À ce propos, il faut rappeler que non seulement le jihâd a pu se confondre avec la guerre défensive ou la guerre de conquête, la guerre juste ou la guerre sainte, le terrorisme ou la lutte pour la libération nationale ; mais que la prétendue correspondance du jihadisme avec la doctrine coranique de la guerre, essentiellement tournée vers la fondation de la troisième religion monothéiste sous la conduite du Prophète, n’a pu être mobilisée par les tenants de l’islamisme que parce que ce dernier a franchi le pas de la manipulation de la notion d’orthodoxie, et qu’il a osé prétendre, au bout de quatorze siècles d’existence, que le « vrai » islam n’était pas encore fondé.

 

C’est en abusant des faiblesses d’une identité meurtrie par les ingérences de toutes sortes, et en profitant de la faillite du politique, incapable de dessiner un horizon ontologique de dignité et de fierté, que le jihadisme a pu prospérer. Il a même su convaincre certaines parties des peuples musulmans de l’idée absurde de la nécessité de refonder une religion présente depuis des siècles. De son côté, la décadence des sciences humaines et sociales, confisquées depuis quelques décennies par les discours islamistes sur l’éducation, explique le succès de la lecture messianique de l’histoire. Celle-ci cherche à résumer l’expérience du passé de l’Islam dans le moment de sa fondation, tout en bricolant un présent marqué par un horizon d’attente censé répéter ce moment inaugural – mais il est en même temps réceptif à une modernité technique superficielle et une mentalité consumériste qu’il n’hésite pas à calquer sur l’Occident tant décrié.

 

 

- Lutter contre le désastre

Pour lutter contre le désastre culturel et politique instauré par cette transformation, certains utilisent les subterfuges linguistiques. Par exemple, ils souhaitent convaincre de la nécessité de remplacer le mot jihâd (combat armé) par l’ijtihâd, une autre notion présente dans l’héritage classique. Elle est de la même racine (JHD), mais elle désigne tout autre chose, à savoir l’effort de réflexion sur les textes. D’autres penseurs opposent au règne de la violence arbitraire dont est responsable le jihadisme la vision d’une guerre idéalisée, pure. Ils tentent d’y faire rentrer la notion de jihâd sur un mode essentialiste et apologétique, en rappelant que c’est ainsi que la guerre fut pratiquée ou théorisée en Islam. Cela est d’autant plus faux que l’histoire nous enseigne qu’il y avait plus de guerres entre musulmans (dans le cadre de rivalités politiques entre les États) qu’avec les autres nations étrangères.

 

Certaines voix récentes se sont saisies du caractère polysémique de la notion à l’époque médiévale, où l’idée de lutte renvoyait aussi bien à des dimensions ontologiques qu’à des significations éthiques afin de contrer le jihadisme. Selon la première détermination, l’individu ou le groupe ne peuvent se contenter du rôle de spectateur face aux aberrations et aux injustices du monde. Ce versant ontologique se déduit de l’atmosphère globale initiée par les enseignements de l’islam. De ce point de vue, le contraire du jihâd n’est pas la paix, mais la paresse, l’apathie ou l’indolence. Il faut être actif à l’échelle individuelle ou sociale, lutter pour un idéal commun, défendre des causes considérées comme légitimes : tel est le fondement de cette vision de la vie comme un champ de luttes, et de la forte philosophie de l’action qu’elle sous-tend.

 

L’autre dimension est d’ordre éthique. Elle concerne la lutte morale que l’individu engage contre les passions de l’âme. Cet usage s’est répandu avec le développement de la philosophie morale en Islam chez des auteurs comme Ibn al-Muqaffa‘ (m. 756) – la Grande Éthique – ; al-Mâwardî (m. 1058) – les Règles de conduite pour l’ici-bas et l’au-delà ; ou Miskawayh (m. 1030) – la Réforme de l’éthique. Il s’agit de l’idée de combat spirituel qui rejoint, au fond, la thématique universelle du gouvernement de soi qui s’est considérablement développée en Islam tant dans les traditions philosophiques que dans les textes religieux ou mystiques. Certes, la réhabilitation des dimensions ontologique et éthique, actuellement très peu développées en raison de la situation désastreuse d’une discipline comme la philosophie ou la morale, amènerait un grand changement à l’échelle sociale et politique.

 

Il faudrait se garder, toutefois, de la tendance qui vise à accorder à la notion de jihâd un sens purement soufi, et à y réduire les différentes acceptions qu’elle a connues à l’époque médiévale. Tout en partant d’intentions louables visant à combattre la violence armée s’exerçant au nom de la religion, le fait de dire que le « vrai » ou le « bon » jihâd correspond à la lutte spirituelle ne reflète pas la réalité des usages linguistiques anciens et modernes, ni ne permet d’aborder sereinement le sens militaire de la notion. Car le versant militaire du jihâd tel qu’il est compris et pratiqué de nos jours devrait d’abord trouver un traitement politique, et c’est seulement à travers la prise en compte de toutes les dimensions de la politique dans son rapport à l’économie, à l’éthique, à l’administration et à l’éducation que pourraient émerger des solutions concrètes au problème de la violence jihadiste.

 

Notes

[1] Makram Abbès: Professeur à l’École normale supérieure de Lyon, auteur de Islam et Politique à l’âge classique, Puf, 2009, et traducteur de Al-Mâwârdî, De l’éthique du roi et du gouvernement du royaume, Les Belles Lettres, 2015.

[2] Islam/islam Ne  pas confondre Islam avec une majuscule, qui désigne l’ensemble géographique à large majorité musulmane (le monde musulman) ; et islam avec une minuscule, qui renvoie à la religion islamique. De même, il faut distinguer islamique (qui renvoie à ce qui est musulman) d’islamiste, adjectif et substantif caractérisant des mouvements et idéologies fondamentalistes se revendiquant de l’islam.

[3] Charî‘a « Voie » en arabe – sous-entendu de Dieu. Ensemble de normes doctrinales codifiant les dimensions privée et publique de la vie d’un musulman.

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Djihad

 

Pour en savoir plus :

- Le Jihad. Origines, interprétations, combats Michael Bonner, Téraèdre, 2005

- Islam et Politique à l’âge classique Makram Abbes, Puf, 2009

- Jihad. Expansion et déclin de l’islamisme Gilles Kepel, Gallimard, 2001

- Cinq idées reçues sur l’islam et le terrorisme

- Gilles Kepel « L’émergence du salafisme est un signe des failles de notre société »

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