L'Humanité : Vous vous estampillez « antisémite » en titre de votre dernier livre. C’est tout de même grave. Pourquoi ?
Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a publié une déclaration[0] explicite d’intention génocidaire à l’égard de la population de Gaza, menaçant les civils de l’enclave d’une punition collective sous la forme d’une « dévastation totale » s’ils ne trouvent pas le moyen de renverser le Hamas et de libérer tous les otages israéliens.
Caitlin JOHNSTONE | mis à jour le 12/04/2025
La déclaration de M. Katz[1] se lit comme suit :
🔴 « Résidents de Gaza, ceci est votre dernier avertissement. Le premier Sinwar a détruit Gaza, et le second Sinwar entraînera sa ruine totale. L’attaque de l’armée de l’air israélienne contre les terroristes du Hamas n’était que la première étape. Ce qui suivra sera bien plus dur, et vous en supporterez tout le coût.
🔴 « L’évacuation de la population des zones de combat reprendra bientôt. Si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et si le Hamas n’est pas chassé de Gaza, Israël agira avec une force que vous n’avez jamais connue auparavant.
🔴 « Suivez le conseil du président américain : rendez les otages et chassez le Hamas, et de nouvelles options s’ouvriront à vous, y compris la relocalisation dans d’autres parties du monde pour ceux qui le souhaitent. L’alternative est la destruction et la dévastation totale ».
Lorsque Katz dit « Suivez le conseil du président américain », il fait référence à une déclaration faite par le président Trump le 5 mars, qui a fait essentiellement la même menace adressée « au peuple de Gaza », en disant : « Un bel avenir vous attend, mais pas si vous retenez des otages. Si vous le faites, vous êtes MORTS ! Prenez une décision intelligente. LIBÉREZ LES OTAGES MAINTENANT, OU IL Y AURA UN ENFER À PAYER PLUS TARD ! »
Lorsque j’ai critiqué le président américain pour ces remarques qui menacent explicitement les civils de Gaza, j’ai reçu un déluge de partisans de Trump me disant qu’il ne parlait pas vraiment de « la population de Gaza » comme il l’a dit, mais qu’il ne parlait plutôt que de ceux qui retiennent activement des otages. La déclaration de M. Katz montre clairement qu’ils avaient tort et que ceux d’entre nous qui ont appelé un chat un chat à l’époque avaient raison.
Le ministre israélien de la défense ne fait que suivre la position de Trump et réitérer ce que tous ceux qui ne sont pas des partisans à œillères savaient que Trump disait il y a deux semaines.
Il le fait exactement de la même manière que Benjamin Netanyahou a suivi la position de Trump sur le nettoyage ethnique de Gaza le mois dernier en " approuvant avec enthousiasme[3] " le plan proposé par Trump pour " expulser définitivement tous les Palestiniens de l’enclave[4] ". Trump propose un plan, et les responsables israéliens le mettent en œuvre.
Les gouvernements américain et israélien menacent donc ouvertement l’ensemble de la population de la bande de Gaza du crime de guerre de " punition collective[5] " s’ils ne chassent pas le Hamas de Gaza, et annoncent en outre leur intention d’infliger une « dévastation totale » à cette population s’ils ne le font pas.
🔴 Il s’agit là de l’aveu le plus explicite possible d’une intention génocidaire.
Dans le cadre du procès pour génocide intenté à Israël devant la Cour internationale de justice[6], les procureurs sud-africains ont rassemblé une montagne de preuves[7] attestant de l’intention des responsables israéliens de commettre un génocide à Gaza. Ainsi, M. Netanyahou a qualifié la population de Gaza d’« Amalek », en référence à un récit biblique relatant l’histoire d’un peuple qui a été complètement anéanti sur ordre de Dieu, ou l’ancien ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a décrit les Palestiniens de Gaza comme des « animaux humains » tout en déclarant un « siège total » de l’enclave.
🔴 Raz Segal et Penny Green, d’Al Jazeera, ont écrit ce qui suit[8] à propos de l’affaire de la CIJ l’année dernière :
« Le crime de génocide comporte deux éléments - l’intention et l’exécution - qui doivent tous deux être prouvés lorsque des accusations sont portées... L’intention est généralement plus difficile à prouver lorsque des accusations de génocide sont portées ; le requérant doit être en mesure de prouver « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel », selon les termes de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide. Mais dans le cas d’Israël, l’intention a également été mise à nu par un grand nombre de preuves, comme l’a souligné l’équipe juridique sud-africaine ».
La déclaration de M. Katz est probablement l’aveu le plus clair et le plus explicite à ce jour. Il est difficile d’imaginer une déclaration d’intention génocidaire plus claire que la diffusion d’une vidéo adressée à une population civile la menaçant de « dévastation totale » si elle ne fait pas ce qu’on lui dit de faire.
Notes :
[0] Déclaration du ministre israélien de la défense, Israël Katz
[1] NOUVEAU | Le ministre israélien de la Défense Katz
[2] Déclaration faite par le président Trump de mars 2025 " Bonjour et au revoir "
[3] Netanyahu " s'est engagé " dans le projet de Trump de prendre le contrôle de Gaza
[4] Trump déclare qu'il n'y a pas de droit au retour pour les Palestiniens de Gaza dans le cadre de son plan
[5] Peine collective est un punition ou sanction imposé à un groupe ou à une communauté entière
[6] Une procédure est engagée le 29 décembre 2023 devant la Cour internationale de justice en vertu de la Convention sur le génocide dans la bande de Gaza
[7] CIJ - AFRIQUE DU SUD CONTRE ISRAËL - L'INTENTION GÉNOCIDAIRE D'ISRAËL (EXTRAIT COMPLET)
[8] L’intention dans l’affaire du génocide contre Israël n’est pas difficile à prouver : Une base de données de plus de 500 déclarations montrant l’incitation israélienne au génocide fournit de nombreuses preuves d’intention génocidaire
Pour en savoir plus :
- Gaza : plus de 320 enfants tués depuis la reprise des bombardements de Netanyahu
Sources : Mona Chollet |
« Tu es restée bien silencieuse le 7 octobre. »
Quelques semaines après l’attaque du Hamas contre des soldats et des civils israéliens, il y a un an, une de mes connaissances racontait sur Facebook avoir reçu ce message d’une amie. Je n’ai pas échappé non plus à ce flicage de l’expression de la sympathie pour les victimes israéliennes, la mienne ayant été jugée trop tardive. Horrifiée, je l’étais ; mais j’étais aussi tétanisée, et désespérée.
🔴 Tétanisée, parce que je voyais combien le choc provoqué par le massacre du Hamas était immédiatement instrumentalisé, y compris par une surenchère d’allégations mensongères « bébés décapités », « femme enceinte éventrée », « bébé placé dans un four », afin de mieux exciter la soif de vengeance. Il a été utilisé pour justifier les bombardements sur Gaza, qui ont commencé dès le 7 octobre, puis ce qui n’allait pas tarder à devenir le génocide du peuple palestinien. Israël a « transformé le traumatisme en arme de guerre », comme Naomi Klein vient de le décrire dans un article époustouflant [0].
🔴 Et désespérée, parce que je comprenais brusquement une chose : la justice pour les Palestiniens, que ne cessaient d’attendre – sans doute naïvement – toutes les personnes qui, comme moi, suivent avec attention la situation en Israël-Palestine depuis trente ans ou plus, cette justice ne viendrait jamais.
rien de tout cela – pour ne citer que quelques faits marquants – n’avait ému l’opinion ou la classe politique.
Absente au cours des années précédentes, l’émotion du grand public a déferlé comme une vague le 7 octobre, puis elle a aussitôt reflué, alors que la descente aux enfers définitive des Palestiniens commençait.
Que l’humanité et la sacralité de la vie ne soient accordées, sur un même territoire, qu’à une partie de la population est un scandale qui n’en finit plus de me bouleverser. Le découpage minutieux par lequel les médias et les dirigeants occidentaux distinguent les victimes dignes d’être pleurées de celles qui ne méritent pas une seconde d’attention me fait penser à ces vieilles photos de l’URSS sur lesquelles la censure effaçait soigneusement les contours des dignitaires tombés en disgrâce.
C’est d’autant plus révoltant que cela brouille totalement la réalité du rapport de forces. On en vient à avoir l’impression que ce ne sont pas les Palestiniens qui sont sous la botte, opprimés, dépossédés, expulsés et tués depuis des décennies, mais les Israéliens. Une amie qui a fait ses études en Allemagne me racontait qu’une autre étudiante lui avait un jour dit très sérieusement : « Tout de même, les Palestiniens ont envahi Israël. » D’où, aussi, les comparaisons aberrantes entre Israël et l’Ukraine – alors qu’Israël est dans le rôle de la Russie (à cette différence près que la Palestine, territoire occupé et morcelé, n’est pas un État souverain comme l’Ukraine).
Depuis un an, celles et ceux qui continuent de suivre la situation en Palestine, essentiellement à travers les journalistes palestiniens présents sur les réseaux sociaux, voient tous les jours des images qui leur retournent l’estomac. Tous les jours, tous les jours, tous les jours :
Au cours de l’année écoulée, Israël a commis à Gaza l’équivalent d’un massacre du 7 octobre chaque semaine
▶️ En octobre, le journaliste Wael Al-Dahdouh apprenait en direct, pendant qu’il travaillait, la mort de sa femme et de deux de ses enfants (en décembre, il a vu son cameraman, Samer Abu Daqqa, mourir à ses côtés, puis, en janvier, il a perdu un autre fils, Hamza Al-Dahdouh, également journaliste).
▶️ En novembre, il y a eu la vieille femme tuée par un sniper alors qu’elle tenait la main de son petit-fils, le petit Taim Abd Al-Aati, qui agitait un drapeau blanc. Ce même mois, les cadavres décomposés des bébés prématurés de l’hôpital Al-Nasr, que le personnel a été forcé d’abandonner dans leurs couveuses par l’armée israélienne.
▶️ En janvier, le meurtre de Hind Rajab, six ans, qui a vu les siens mourir autour d’elle quand leur voiture a été prise pour cible par un char, et qui a supplié les secours de venir la sauver avant d’être à son tour tuée, de même que deux ambulanciers qui tentaient de l’atteindre. (En avril, les étudiants de l’université Columbia à New York, qui occupaient leur campus, ont renommé le Hamilton Hall « Hind’s Hall » en son honneur ; c’est également le titre que le rappeur américain Macklemore a donné à sa chanson en soutien au mouvement étudiant pour la Palestine.)
▶️ En février, le corps de Sidra Hassouna, petite fille de sept ans, accroché au mur sur lequel il avait été projeté par la déflagration. Le « massacre de la farine », quand l’armée israélienne a ouvert le feu sur les Palestiniens affamés par le blocus qui se pressaient autour d’un convoi d’aide alimentaire, tuant au moins 118 d’entre eux. À l’hôpital Nasser, un prisonnier, Jamal Abu Al-Ola, envoyé par les soldats, les mains liées, pour dire aux patients et au personnel d’évacuer, puis abattu sous les yeux de sa mère.
▶️ En mars, Razan Muneer Arafat, onze ans, dans un fauteuil roulant, pleurant à chaudes larmes ses jambes perdues.
▶️ En mai, le cadavre sans tête d’Ahmad Al-Najar, dix-huit mois, décapité quand l’armée israélienne a bombardé des tentes de personnes déplacées à Rafah, faisant quarante-cinq victimes, la plupart brûlées vives.
▶️ En juin, le massacre de Nuseirat, lorsque des soldats israéliens ont tué plus de 270 civils palestiniens pour libérer quatre otages – une opération fêtée comme un « grand succès » dans les chancelleries et les médias occidentaux.
▶️ En juillet, Muhammed Bhar, jeune homme atteint du syndrome de Down, déchiqueté par un chien de l’armée ; les soldats l’ont laissé agoniser, en empêchant ses proches de lui porter secours.
▶️ En août, le journaliste Ismail Al-Ghoul, dans sa voiture visée par un tir de drone, vêtu de son gilet « presse », la tête arrachée – tué avec son cameraman Rami Al-Rifi, ce qui portait alors à 165 le nombre de journalistes tués à Gaza en moins d’un an.
▶️ En septembre, un fœtus sanguinolent tiré des décombres d’un immeuble. Un père embrassant le pied arraché de sa petite fille – tout ce qu’il restait de son corps. Un soldat rigolard fumant une cigarette tandis qu’une mosquée brûle dans son dos. Une effarante accumulation de crimes de guerre, qu’Al-Jazeera a tenté de répertorier dans un documentaire récent [4].
🔴 Au cours de l’année écoulée, selon les calculs de Joseph Confavreux dans un article de Mediapart, Israël a commis à Gaza l’équivalent d’un massacre du 7 octobre chaque semaine[5]. Et pourtant… Rien de tout cela ne semble s’être imprimé dans les esprits des gens autour de nous – pas plus que tout ce qui a précédé ne s’y était imprimé. Pour tout le monde, seul existe le massacre du 7 octobre en Israël.
Cette insensibilité explique la grossièreté de ces intervieweurs occidentaux qui reçoivent des Palestiniens endeuillés, ayant perdu plusieurs membres de leur famille (parfois des dizaines), et qui leur lancent d’un seul souffle : « Toutes mes condoléances, est-ce que vous condamnez le meurtre de civils par le Hamas ? ».
Un sommet d’obscénité a été atteint ce 7 octobre avec l’interview sur BFMTV du journaliste Rami Abou Jamous, qui témoigne chaque semaine sur Orient XXI de l’enfer qu’est devenu Gaza. Il n’a été interrogé que sur le Hamas et le 7 octobre[6]. On parle d’un homme épuisé et traumatisé, dont – pour ne citer qu’un exemple – la belle-sœur a été grièvement blessée par un quadricoptère (un petit drone) qui l’a poursuivie jusque sous sa tente de déplacée[7].
Arwa Mahdawi : « Les mêmes personnes qui nous sommaient de désavouer la violence salivent sur notre mort et célèbrent le meurtre à une échelle inimaginable »
Au fil des mois, déjà, on avait pu mesurer l’ampleur du « deux poids, deux mesures ». Les massacres, les viols[8] : au vu de l’indignation générale soulevée, à juste titre, quand des Israélien·nes en ont été victimes, on avait pu en déduire, naïvement, que ces crimes étaient condamnables en eux-mêmes. Mais l’indifférence, voire l’approbation, rencontrées quand des Palestinien·nes en sont victimes à leur tour nous force à en déduire que ce qui est réellement terrifiant, ce n’est pas d’être violé·e, décapité·e, massacré·e : c’est de l’être par des Arabes. Les mêmes personnes qui s’étranglaient d’indignation à l’idée que le Hamas se soit attaqué à des civils reprennent sans sourciller la rhétorique raciste des « boucliers humains » ou des « victimes collatérales » concernant les morts palestiniens.
Des témoignages de viols au moyen de barres de métal brûlantes et d’autres objets émanent de la prison israélienne de Sde Teiman - information enterrée tout à la fin d’un article du New York Times [9]. Pourtant, quand, fin juillet, dix soldats ont été arrêtés pour avoir violé en réunion un prisonnier – lequel a été hospitalisé –, viol dont la vidéo a fuité, des manifestants d’extrême droite, parmi lesquels des ministres, ont pris d’assaut la prison pour les faire libérer.
L’idée selon laquelle les crimes du 7 octobre justifient une vengeance aveugle, cruelle, sans limite, sur toute une population (soit exactement ce qui était condamnable dans l’attaque du 7 octobre elle-même), a normalisé les discours sanguinaires, voire génocidaires. La Une jubilante du New York Post après l’attaque des bipeurs au Liban, alors que cette attaque a fait des milliers de victimes civiles, qui ont eu des bras, des yeux arrachés, au point que les hôpitaux libanais ont été débordés par l’afflux des blessés, l’illustre bien. De même que la décomplexion des appels au meurtre sur les plateaux de télévision français. « Qu’ils crèvent tous. Israël fait le travail de l’humanité ici », a par exemple osé déclarer Louis Sarkozy sur LCI le 26 septembre[10bis].
🔴 « Nous, Palestiniens, n’avons pas le droit d’ouvrir nos bouches sans que quelqu’un nous demande de dénoncer la violence et de condamner le Hamas. Puis on nous ordonne de la fermer et de rester silencieux tandis que les mêmes personnes qui nous sommaient de désavouer la violence salivent sur notre mort et célèbrent le meurtre à une échelle inimaginable », écrit la journaliste palestinienne-américaine Arwa Mahdawi[11].
Lina Mounzer : « Nos quartiers ne sont pas des endroits où nous avons joué, grandi, élevé des enfants et rendu visite à des amis : ce sont des “ bastions ” »
Une analyse de la presse américaine publiée par le média indépendant The Intercept en janvier dernier a montré que des termes chargés d’émotion, comme « massacre » ou « horrible », étaient réservés aux victimes israéliennes[12]. On observe le même phénomène dans la presse française, par exemple avec ce titre du Monde : « 7 octobre 2023 : une journée atroce, une année tragique » (5 octobre 2024 ; c’est moi qui souligne). L’atrocité, ce sont les crimes du Hamas, et eux seuls ; ce qui a suivi est simplement « tragique » – autrement dit : ce n’est réellement la faute de personne. L’analyse de The Intercept mettait aussi en lumière la façon dont les journaux américains multiplient les contorsions pour éviter de nommer le perpétrateur israélien, ce qui produit des titres en forme de haïkus étranges, dont l’insurpassable et énigmatique « Lives ended in Gaza[12bis] » – « Des vies ont pris fin à Gaza » –, dans le New York Times (2 mars 2024).
Ancienne responsable du bureau du New York Times à Jérusalem, Jodi Rudoren assume ce choix lexical : « Il y a eu un massacre le 7 octobre. Des atrocités ont été commises. Elles étaient barbares. La réponse a été… intense [sic], elle a impliqué beaucoup de mort, de destruction et de déplacement, mais je ne suis pas sûre que “massacre”, “atrocités” et “barbare” soient des termes appropriés, en tout cas pas pour la guerre dans son ensemble (…). Vous parlez de deux choses très différentes, qui nécessitent des adjectifs différents[13]. » Je l’avoue, ces mots, et la décontraction avec laquelle ils sont prononcés, me donnent envie de hurler.
🔴 Le post du dessinateur libanais Mazen Kerbaj (ci-dessous 👇) traduit, je crois, l’état d’esprit de beaucoup.
Dans un article brillant, l’autrice libanaise Lina Mounzer a parfaitement décrit le désespoir que l’on peut ressentir devant ces yeux qu’aucune souffrance palestinienne ou libanaise ne semble assez grande pour dessiller. « Nos quartiers ne sont pas des endroits où nous avons joué, grandi, élevé des enfants et rendu visite à des amis : ce sont des “ bastions ”, écrit-elle. Les corps de nos hommes ne sont pas les poitrines bien-aimées contre lesquelles nous nous appuyons, ni les mains que nous tenions ou par lesquelles nous étions tenus, ni les bras forts qui nous portaient, ni les lèvres douces qui nous embrassaient pour nous souhaiter une bonne nuit. Ce sont des “ suspects ”, des “ militants ”, des “ terroristes ”, et leur mort est toujours justifiable parce qu’ils sont des hommes et nos hommes sont mauvais, et c’est comme ça que ça a toujours été, c’est comme ça que nous avons toujours été pour eux.[14] »
Elle observe : « L’Occident cherche à préserver l’image de sa propre humanité en effaçant complètement la nôtre. Comment peuvent-ils être coupables de meurtre si ceux qu’ils tuent ne sont que des “ terroristes ” ou des “ animaux humains ” ? En fait, non seulement ils ne sont pas coupables de meurtre, mais ils sont des héros qui nettoient le monde. Je ne sais pas quel langage il est possible d’employer avec des gens qui ne vous verront jamais comme un être humain. Qui entendront toujours un animal braire lorsque vous parlez.[14] »
Le soutien massif à Israël dans un paysage politique et médiatique français qui penche de plus en plus nettement vers l’extrême droite – une évolution très loin de se cantonner aux médias Bolloré – n’a guère de quoi étonner. Nous avons globalement quitté la normalité (si relative qu’elle ait pu être) : il faut rappeler que, depuis quelques mois, nous ne vivons plus en démocratie. Cela implique de s’exposer à quelques désagréments quand on a la mauvaise idée de vouloir plaider la cause des Palestiniens. Dernier cas en date : celui de Yannis Arab, doctorant en histoire et auteur de plusieurs ouvrages sur la Palestine, arrêté et perquisitionné par la gendarmerie le 8 octobre pour « apologie du terrorisme[14bis] ».
Pour ma part, j’y suis résignée. Ce que peuvent penser de moi des gens qui défendent un génocide m’est complètement indifférent. Ma seule préoccupation est désormais de ne pas décevoir ou trahir celles et ceux – chrétien·nes, juif·ves, musulman·es, athées ou croyant·es – dont je partage la sensibilité sur ce sujet. Comme l’écrit encore Lina Mounzer, le niveau de violence mis en œuvre par Israël dès octobre 2023 était « si bouleversant qu’il a immédiatement divisé le monde en deux : entre ceux qui savaient ce qui se passait et ceux qui le niaient ».
Les anglophones ont un acronyme pour cela : PEP, ou « progressive except for Palestine » – « progressiste, sauf sur la Palestine »
Ce qui est réellement douloureux, cependant, c’est de se heurter aux mêmes préjugés, au même hermétisme, chez des journalistes et des personnalités de gauche, dont on se sent politiquement proche, que l’on estime, avec qui l’on est par ailleurs d’accord sur à peu près tout. Les anglophones ont un acronyme pour cela : PEP, ou « progressive except for Palestine » – « progressiste, sauf sur la Palestine ».
Ainsi, dans une interview à Télérama, en avril, à l’occasion de la publication de son livre sur le choc du 7 octobre, l’avocat Arié Alimi expédiait en quatre lignes la question des agissements de l’armée israélienne à Gaza : « Soyons clairs, je suis aussi révolté par une forme d’insensibilité à ce qui est en train de se passer à Gaza ; par le fait qu’aujourd’hui, il y a un risque plausible de génocide – et de plus en plus de traces laissent penser qu’un jour cette qualification sera retenue [15][15bis]. » Pardon, mais si on pense sincèrement qu’un génocide risque de se dérouler, cela ne justifierait-il pas d’en faire son sujet principal ?
De même, plus récemment, dans sa critique du livre remarquable de Didier Fassin, Une étrange défaite, qu’elle disqualifie d’un « Bof », Valérie Lehoux reproche à l’auteur d’user de procédés malhonnêtes pour « mieux affirmer que le drame gazaoui est un génocide – il est tout à fait possible que la justice le reconnaisse un jour comme tel – qu’il est honteux de ne pas arrêter ». Elle aussi admet donc l’hypothèse d’un génocide… mais, à nouveau, entre tirets, sans en tirer aucune conséquence[16]. Un génocide est donc moins grave qu’un massacre ?
La conviction profonde selon laquelle il est moins grave de s’en prendre à des colonisés qu’à des colons
Autre exemple, qui me semble révélateur des hésitations d’une gauche par ailleurs impeccable sur tant de sujets. Dans l’article de Joseph Confavreux déjà cité plus haut, et par ailleurs excellent, quelques lignes me font sursauter : « Certes, d’un point de vue anthropologique, le théâtre de la cruauté déployé par le Hamas durant les massacres d’octobre dernier n’est pas similaire, terme à terme, avec les actes commis par l’armée israélienne depuis un an[16bis]. »
Je me frotte les yeux. Si la mutilation de dix enfants par jour en moyenne, les parents tués devant leurs enfants et inversement, l’agonie durant des heures ou des jours sous les décombres d’un immeuble (des milliers de cadavres y sont ensevelis), les enfants visés à la tête par des snipers [17], les civils désarmés poursuivis et pulvérisés par des tirs de drone, le fait de priver toute une population d’eau et de nourriture (mais aussi de produits d’hygiène, de sorte que les maladies de peau se propagent), de diffuser ses crimes de guerre sur TikTok avec des musiques entraînantes, ne relèvent pas également d’un « théâtre de la cruauté », et cette fois à l’échelle de tout un peuple, j’aimerais vraiment savoir comment il faut les qualifier.
Quelques jours après la parution de l’article, ce passage a été modifié. On lit désormais : « Les façons de mettre à mort, les projets plus larges dans lesquels les meurtres s’inscrivent, l’intentionnalité de tuer des civils, la volonté d’effrayer et/ou d’éliminer une population sont aussi à prendre en compte. Tout ne se mesure pas avec le décompte macabre des cadavres. » J’avoue que j’y perds mon latin. Faut-il en déduire que l’armée israélienne n’a pas de « projet plus large » ? Qu’elle n’a pas de volonté de « tuer des civils » ou « d’effrayer et/ou d’éliminer une population » ? Que tous ces crimes relèvent d’une touchante maladresse ?
Difficile de ne pas déceler ici la conviction profonde selon laquelle il est moins grave de s’en prendre à des colonisés qu’à des colons. Cela me rappelle ce que m’avait raconté il y a quelques mois l’une de mes amies, qui est algérienne et qui enseigne dans une université américaine. Alors qu’elle évoquait le cas d’un colon violemment battu lors d’une révolte au XIXe siècle en Algérie, ses étudiants s’étaient mis à pousser des exclamations horrifiées. Exaspérée, elle leur avait lancé : « Mais enfin, je viens de vous parler d’enfumades[17bis] et d’autres atrocités, et vous n’avez pas bronché ! »
Une incapacité à renoncer à l’image vertueuse d’Israël
L’indulgence irréelle manifestée envers l’armée israélienne procède aussi, je crois, d’une réticence persistante à renoncer à l’image d’Israël comme un État vertueux, peuplé de gens cultivés, progressistes, démocrates, humanistes, en refusant de voir que ces Israéliens, s’ils existent bien, sont aujourd’hui une toute petite minorité, dans un pays que des décennies de racisme institutionnalisé et d’impunité internationale ont mené au fanatisme, avant que le 7 octobre le radicalise encore davantage.
Ainsi, beaucoup de gens veulent croire que les manifestations parfois massives contre le gouvernement Netanyahou qui se déroulent en Israël ces temps-ci concernent aussi les crimes commis à Gaza, alors que ce n’est pas le cas. « Netanyahou est peut-être méprisé par la moitié de la population, mais sa guerre contre Gaza ne l’est pas, et, selon des sondages récents, une majorité substantielle d’Israéliens pensent que sa riposte est appropriée, voire qu’elle n’est pas allée assez loin », écrivait Adam Shatz en juin[18].
Partout s’exprime cette « obsession de la symétrie » que Joss Dray et Denis Sieffert pointaient déjà il y a plus de vingt ans[19].
On ne manque pas de souligner qu’un deuil est toujours une tragédie, qu’une vie vaut une vie, que chaque vie est précieuse, que « les chiffres ne disent pas tout », en renvoyant à leur supposée mesquinerie ceux qui pointent la folle disproportion du bilan des victimes entre le camp de l’occupé et celui de l’occupant.
Est-il vraiment si difficile d’appeler à l’arrêt des massacres, au lieu d’aligner des propos creux sur « la valeur de chaque vie », « l’empathie » ou « la paix » ?
Oui, bien sûr, sur le plan intime et privé, c’est vrai : un deuil est toujours une tragédie. Mais on ne devrait pas se servir de cette vérité pour occulter une réalité politique. Cette réalité n’est pas celle de « deux peuples qui se déchirent depuis très longtemps pour une même terre sans qu’on y comprenne grand-chose », comme on l’entend si souvent, mais celle d’un État qui pratique le nettoyage ethnique et le massacre depuis sa création, qui occupe un autre peuple militairement et qui s’emploie actuellement à le rayer de la surface de la Terre sans rencontrer aucun frein.
À l’heure où j’écris, le massacre continue imperturbablement à Gaza ;
Est-il vraiment si difficile d’appeler à l’arrêt de tout cela, au lieu d’aligner des propos creux sur « la valeur de chaque vie », « l’empathie » ou « la paix » ? Comme le rappelait Rob Grams, rédacteur en chef adjoint de la revue Frustration, sur X, l’empathie pour les otages israéliens est « tout à fait présente, médiatique, officielle. Celle pour les Palestiniens est criminalisée[19b] ». Est-il si difficile de le souligner ? « Pourquoi Gaza a-t-elle disparu derrière des sophismes, des approximations, des murmures désolés ? », interroge à raison l’écrivain palestinien Karim Kattan[19c].
« Mourir en un seul morceau est devenu un luxe à Gaza »
Même si l’on s’en tient au plan intime et privé, ces déclarations bien-pensantes négligent une autre différence de taille.
Parmi les enfants rencontrés à Gaza par la journaliste et écrivaine Susan Abulhawa (toujours dans le documentaire d’Al-Jazeera), certains lui ont confié qu’ils voulaient mourir, mais qu’ils espéraient seulement rester entiers. « Mourir en un seul morceau est devenu un luxe à Gaza », confirme Mariam Mohammed Al Khateeb [20]. Le 25 septembre, l’armée israélienne – qui a par ailleurs ravagé plusieurs cimetières, à Gaza mais aussi au Liban – a envoyé à Gaza un camion contenant des dizaines de corps, sans aucun document permettant de les identifier. Les proclamations vertueuses sur la valeur égale des vies, auxquelles je n’ai rien à redire, me semblent un peu vaines si on ne commence pas par dénoncer cette situation.
L’Orient vu comme un espace abstrait, insignifiant, appropriable ; comme une annexe de la scène européenne
L’image bienveillante d’Israël que conservent beaucoup de gens à gauche procède pour une large part du fait qu’ils transposent telle quelle la réalité de l’oppression historique subie par les juifs en Europe dans le contexte du Proche-Orient[21]. Par là, ils reproduisent à leur insu la désinvolture du rapport colonial à une terre étrangère, l’habitude de la traiter comme un espace abstrait, insignifiant, appropriable ; comme une annexe de la scène européenne.
C’est cette désinvolture qu’Edward Saïd, dans L’Orientalisme, mettait en exergue chez Lamartine lors de son voyage en Orient, entrepris en 1833. L’écrivain français envisageait ce voyage comme un « grand acte de [s]a vie intérieure » : il s’agissait de projeter des fantasmes, plutôt que de rencontrer une autre réalité. Saïd observe : « Ses pages sur la pensée arabe, sur laquelle il disserte avec une confiance suprême, ne laissent paraître aucune gêne quant à son ignorance totale de la langue. ».
Le voyageur s’enthousiasme : « Cette terre arabe est la terre des prodiges, tout y germe, et tout homme crédule ou fanatique peut y devenir prophète à son tour. » Il traite l’Orient comme une « province personnelle », selon les mots de Saïd, qui résume plus loin : « La Palestine était considérée – par Lamartine et par les premiers sionistes – comme un désert vide qui attendait de fleurir ; les habitants qu’il pouvait avoir n’étaient, pensait-on, que des nomades sans importance, sans véritable droit sur la terre et, par conséquent, sans réalité culturelle ou nationale. »
Après avoir toujours clamé que la Palestine n’existait pas, certains colons israéliens affirment aujourd’hui que « le Liban n’existe pas[21bis] » et rêvent d’y implanter des colonies. L’automne dernier, peu après le 7 octobre, j’ai encore été effarée par la façon dont des gens pouvaient discuter, sur X, du pays arabe où il conviendrait d’expulser les Palestiniens. Il ne leur venait pas à l’idée, visiblement, que les Palestiniens étaient chez eux sur leur terre. Cela me donnait une furieuse envie d’envoyer mes interlocuteurs vivre sous une tente dans une banlieue de Turin ou de Copenhague – au hasard ; après tout, tous ces gens sont des Européens, ce sont plus ou moins les mêmes, non ?
Croire qu’on peut réparer l’écrasement d’un peuple en cautionnant l’écrasement d’un autre
Ainsi, en espérant réparer l’écrasement d’un peuple, nos amis de gauche pro-israéliens cautionnent, sans même s’en apercevoir, l’écrasement d’un autre. Dans un livre saisissant, l’universitaire américain d’origine palestinienne Saree Makdisi souligne ce fait qui dit tout : depuis le Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, dédié aux victimes de la Shoah, on aperçoit les ruines du village palestinien de Deir Yassin, théâtre d’un massacre en avril 1948, lors de la fondation de l’État d’Israël, qui vit l’expulsion de quelque 750 000 Palestiniens[22] – la Nakba, ou « catastrophe », toujours en cours, aujourd’hui plus que jamais.
« Si des juifs avaient simplement voulu vivre en Palestine, cela n’aurait pas été un problème, écrivait soixante-dix ans après, en 2018, la juriste palestinienne-américaine Noura Erakat. En fait, juifs, musulmans et chrétiens avaient coexisté pendant des siècles dans tout le Moyen-Orient. Mais les sionistes voulaient la souveraineté sur une terre où d’autres gens vivaient. Leur ambition requérait non seulement la dépossession et le déplacement des Palestiniens en 1948, mais aussi leur exil forcé, leur effacement juridique et le déni qu’ils aient jamais existé[23]. ».
Comme le remarque Saree Makdisi, les innombrables élus démocrates américains qui clament leur attachement à un État « juif et démocratique » oublient – ou feignent d’oublier – la contradiction contenue dans cette formule :
Si la vision vertueuse d’Israël persiste à gauche, c’est aussi en raison des stratégies de relations publiques mises en œuvre par cet État afin de dissimuler son racisme structurel, que détaille Saree Makdisi dans son livre. Il raconte notamment comment, dès 1948, sous l’égide du Fonds national juif (FNJ), Israël a planté des arbres afin de recouvrir les ruines des villages palestiniens détruits – stratégie qui continue aujourd’hui avec les villages bédouins dans le Néguev.
Kamala Harris en 2017 : « Quand je me suis rendue en Israël pour la première fois, j’ai vu que l’ingéniosité israélienne avait réellement fait fleurir le désert »
Le paysage naturel palestinien, avec ses oliviers, ses figuiers de barbarie et ses citronniers, a été éradiqué à coup d’herbicides et remplacé par des monocultures de conifères qui donnent à certains lieux des allures de paysage alpin. Depuis 1967, environ 800 000 oliviers ont été déracinés sur les territoires occupés cette année-là (ces derniers temps, cependant, la tendance est à l’appropriation plutôt qu’à la destruction[24]. Et quand un hôte de marque arrive dans le pays, on l’invite à planter un arbre : un geste pacifiste, écologiste, humaniste, dont personne ne songerait à questionner l’innocence.
C’est peu dire que cette stratégie de séduction fonctionne. En 2017, lors d’une conférence de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), Kamala Harris déclarait : « Ayant grandi dans la baie de San Francisco, je me souviens avec tendresse de ces boîtes du Fonds national juif que nous utilisions pour collecter les dons afin de planter des arbres pour Israël. Des années plus tard, quand je me suis rendue en Israël pour la première fois, j’ai vu les fruits de ces efforts, et que l’ingéniosité israélienne a réellement fait fleurir le désert. »
Le livre de Saree Makdisi vient de paraître[22], mais il a été écrit avant le 7 octobre 2023. Dans sa conclusion, l’auteur observe que, « à l’époque des Trump, Bolsonaro, Duterte, Modi et cie », les autorités israéliennes semblent estimer qu’elles peuvent abandonner leurs campagnes de communication destinées à se concilier le public occidental progressiste, et assumer désormais ouvertement leur racisme. Ce que confirment les bonnes relations entre Netanyahou et Trump – qui, durant son mandat, fit déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem[24bis], un geste hautement symbolique.
De fait, en persistant dans leur soutien à Israël, Joe Biden et Kamala Harris ignorent le tournant pro-palestinien de plus en plus marqué qui s’opère dans l’électorat démocrate, tandis que la droite, et en particulier la droite évangélique, violemment islamophobe (et antisémite !), s’affirme, elle, comme fanatiquement pro-israélienne. Il est dommage, alors, que tant de progressistes français s’accrochent encore à leur sympathie pour Israël. Sympathie qui est d’ailleurs le pire service à rendre y compris à Israël lui-même, enfermé dans une spirale sans issue de haine et de folie destructrice.
« Nous avons découvert l’étendue de notre déshumanisation, à tel point qu’il n’est plus possible de fonctionner dans le monde de la même façon »
Cela ne m’amuse pas particulièrement de critiquer mes amis politiques. Mais je le fais parce que je crois que nous avons besoin de serrer les rangs. Le génocide en Palestine opère aussi comme une scène sur laquelle se joue, par procuration, le passage à l’acte d’un racisme anti-Arabes qui travaille à peu près toutes les sociétés occidentales. Avec l’afflux de doubles nationaux dans l’armée israélienne[25], la Palestine semble être devenue le stand de tir de tous les islamophobes de la Terre. En soutenant le carnage (ce génocide est américain au moins autant qu’israélien), les dirigeants occidentaux envoient aussi un clair message d’abandon, pour ne pas dire plus, à leurs citoyens d’origine arabe.
« Le niveau de traumatisme créé chez les Palestiniens-Américains par la normalisation du meurtre de leurs proches a laissé une communauté en lambeaux », écrit le journaliste Azad Essa[26]. « C’est comme être dans une relation abusive avec le monde », témoigne Nada al-Hanooti, qui vit à Dearborn, la ville américaine (dans le Michigan) où cette communauté est le plus présente[27]. Lina Mounzer lui fait écho : « Demandez à n’importe quel·le Arabe quelle prise de conscience a été la plus douloureuse cette année, et il ou elle vous répondra : nous avons découvert l’étendue de notre déshumanisation, à tel point qu’il n’est plus possible de fonctionner dans le monde de la même façon[28]. »
🔴 La hantise de beaucoup – et notamment de Francesca Albanese[29], la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens – semble être que la violence déchaînée, en plus de détruire la Palestine, ne s’arrête ni aux limites de ce territoire, ni à celles des communautés arabes. La légitimation d’un tel degré de barbarie devrait inquiéter tout le monde. Et rend d’autant plus urgente une clarification des positions de la gauche.
Notes :
[0] Naomi Klein, « How Israel has made trauma a weapon of war », The Guardian, 5 octobre 2024
[1] Le bilan humain du conflit israélo-palestinien
[1bis] Un Palestinien en route pour le mariage de sa sœur tué par des soldats israéliens
[2] Forensic Architecture et Al-Haq, « Mort de Shireen Abu Akleh : comment l’armée israélienne a sciemment exécuté une journaliste », Mediapart, 22 septembre 2022
[3] Cf. Kaoutar Harchi, « Israël-Palestine : handicaper est une politique coloniale », L’Humanité, 3 septembre 2024
[3bis] Nuit d’horreur à Gaza : des Palestiniens brûlés vifs dans le bombardement d’un campement
[4] « Investigating war crimes in Gaza », Al Jazeera English, 3 octobre 2024
[5] Joseph Confavreux, « Crimes israéliens, complicité occidentale », Mediapart, 30 septembre 2024
[6] Cf. Daniel Schneidermann, « BFM : Victime palestinienne, accusez-vous ! », Arrêt sur images, 10 octobre 2024
[7] Rami Abou Jamous, « “Apparemment, on n’a pas le droit de rêver ici” », Orient XXI.info, 29 août 2024. Le 12 octobre 2024, au prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre, trois trophées ont été décernés à Rami Abou Jamous – une première en trente-et-une éditions.
[8] Sur la question des violences sexuelles commises le 7 octobre, lire l’enquête publiée en avril par le quotidien israélien Haaretz : Liza Rozovsky, « 15 Witnesses, Three Confessions, a Pattern of Naked Dead Bodies. All the Evidence of Hamas Rape on October 7 », Haaretz, 18 avril 2024.
[9] « Inside the Base Where Israel Has Detained Thousands of Gazans », The New York Times, 6 juin 2024.
[10] Cf. Simon Speakman Cordall, « ’Everything is legitimate’ : Israeli leaders defend soldiers accused of rape », Al-Jazeera, 9 août 2024.
[10bis] "Qu'ils crèvent tous" : Louis Sarkozy provoque l'indignation après ses propos sur le Hamas et le Hezbollah
[11] Arwa Mahdawi, « As a Palestinian living in the US, I have lost friends, job opportunities – and my faith in humanity », The Guardian, 6 octobre 2024.
[12] Article traduit ici : Adam Johnson et Othman Ali, « La couverture de la guerre de Gaza par le New York Times et d’autres grands journaux a fortement favorisé Israël, selon une analyse », Agence Médias Palestine, 9 janvier 2024.
[12bis] Des Vies ont pris fin à Gaza
[13] « Inside Western media’s reporting on Gaza », « The Listening Post », Al-Jazeera English, 5 octobre 2024.
[14] Lina Mounzer, « A Year of War Without End », The Markaz Review, 4 octobre 2024.
[14bis] Yannis Arab, doctorant en histoire et auteur de plusieurs ouvrages sur la Palestine, a été arrêté et perquisitionné par la gendarmerie ce mardi dans le cadre d'une énième enquête pour " apologie du terrorisme "
[15] Valérie Lehoux, « L’avocat Arié Alimi : “Je sais que l’antisémitisme existe à gauche, mais le savoir n’a rien à voir avec l’éprouver” », Télérama, 7 avril 2024.
[15bis] Novembre 2024 ; Décision prise par la Cour pénale internationale de délivrer un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu, le général Gallant et un responsable du Hamas, est un événement important et constructif sur la scène de la vie internationale
[16] Valérie Lehoux, « “ Une étrange défaite, consentement à l’écrasement de Gaza ”, essai peu convaincant de Didier Fassin », Télérama, 5 septembre 2024.
[16bis] Joseph CONFAVREUX " De Gaza au Liban : Crimes israéliens, complicité occidentale "
[17] Chris McGreal, « Une guerre pas comme les autres : des médecins affirment que des enfants ont été pris pour cible par des snipers israéliens à Gaza », The Guardian via Agence Médias Palestine, 2 avril 2024.
[17bis] Les enfumades sont une technique utilisée par le corps expéditionnaire français durant la conquête de l'Algérie, en 1844 et 1845
[18] Adam Shatz, « Israël dans l’abîme de Gaza », Orient XXI, 24 juin 2024.
[19] Joss Dray et Denis Sieffert, La Guerre israélienne de l’information. Désinformation et fausses symétries dans le conflit israélo-palestinien, La Découverte, « Sur le vif », Paris, 2002.
[19a] Au Liban, Israël attaque les Casques bleus, derniers témoins de ses agissements
[19b] Personnellement j'ai tout à fait de l'empathie pour les otages israéliens et leurs familles. Mais cette empathie est déjà tout à fait présente, médiatique, officielle. Celle pour les Palestiniens est criminalisée
[19c] Karim Kattan, écrivain palestinien : « Pourquoi Gaza a-t-elle disparu derrière des sophismes, des approximations, des murmures désolés ? »
[19d] Youmna El Sayed d'Al Jazeera sur le garçon qui avait son petit frère décédé dans un sac à dos
[20] Mariam Mohammed Al Khateeb, « The luxury of death », We Are Not Numbers, 10 juin 2024
[21] Qualifier le massacre du 7 octobre en Israël de massacre antisémite, ou de pogrom, relève de la même logique. À ce sujet, lire le texte de Tsedek !, « 7 octobre : un massacre antisémite ? », 12 février 2024
[21bis] « Il n’existe pas de pays comme le Liban. Les gens qui. Tous eux-mêmes Libanais, font semblant de vivre dans un pays.» C’est tellement illusoire, c’est comique
[22] Saree Makdisi, Tolerance Is a Wasteland : Palestine and the Culture of Denial, University of California Press, 2024
[23] Noura Erakat, « Palestinians have no choice but to continue the struggle », The Washington Post, 16 mai 2018
[24] Cf. également l’article d’Aïda Delpuech, « En Israël, l’arbre est aussi un outil colonial », Le Monde diplomatique, octobre 2024 ; et Rob Goyanes, « La guerre écologique contre Gaza », Jewish Currents, 9 septembre 2019.
[24bis] Le 14 mai 2018, les États-Unis transféraient leur ambassade en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem
[25] La France n'envisage pas d'enquêter sur les Franco-israéliens qui ont rejoint l'armée israélienne
[26] Azad Essa, « ’I call my brother knowing he won’t pick up’ : The anguish felt by Palestinian Americans over Gaza », Middle East Eye, 5 octobre 2024.
[27] Yasmine El-Sabawi, « ’Unlike anything’ : A year of collective grief for Palestinians in the West over Gaza », Middle East Eye, 7 octobre 2024.
[28] Lina Mounzer, « A Year of War Without End », art. cit.
[29] FRANCESCA ALBANESE : Il ne faut pas dire cessez-le-feu, il faut dire cessez le GENOCIDE !
Le film de montage d'Aymeric Caron, député France insoumise, diffusé à l'Assemblée nationale le 29 mai dernier (avant la dissolution)
« Ce film est écrasant, effroyable… Voilà ce qu’est vraiment la supposée “ guerre contre le Hamas ”.
Cette réalité terrible doit être montrée crûment. Il est bon que ce film puisse être vu.
On aimerait qu’il soit vu en Israël. » Rony Brauman (Médecin, essayiste, ex-président de Médecins Sans Frontières)
Réalisation : CINÉmutinsBitton |
Le film vu par les Mutins de Pangée
Attention, si vous décidez d’appuyer sur le bouton de lecture, vous ne sortirez pas indemne de ce visionnage. Personne n’a envie de voir des images aussi effroyables, mais elles témoignent de ce qui se passe à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre 2023.
🔴 Un cauchemar
« C’est un rêve ou une réalité ? » demande une petite fille abasourdie par ses blessures. C’est un cauchemar, sans aucun doute, et rien ne peut le justifier, ni les crimes du 7 octobre ni la détention des otages israéliens par le Hamas. Condamner tous les crimes du 7 octobre, d’avant et d’après, condamner l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, c’est le sens commun. Il semble cependant qu’il faille le préciser. Toute personne normalement constituée souhaite que les otages survivants puissent un jour retrouver leurs familles et que s’arrête immédiatement le massacre à Gaza. Mais aller jusqu’au bout de la démarche, c’est voir les choses en face, voir ce qui se passe à Gaza depuis le 7 octobre, ce que fait l’armée israélienne, ce que ne montrent pas les chaînes de télévision.
🔴 Des journalistes documentent
Reporters Sans Frontières a dénoncé la mort d’une centaine de journalistes, tués à Gaza par l’armée israélienne entre le 7 octobre 2023 et début juin 2024, souvent délibérément ciblés, comme l’ont été des soignants et du personnel humanitaire, parmi les dizaines de milliers de gens bombardés ou visés par des snipers, mutilés, déplacés, affamés, harcelés, torturés, des familles entièrement décimées (dont au moins 40 % sont des enfants), dans leurs habitations, dans la rue, dans des écoles, dans des hôpitaux, dans des ambulances, dans des camps de réfugiés… Le bilan s’alourdit en permanence, il est mis à jour par les ONG. L’Unicef alertait dès le début : « La bande de Gaza est aujourd’hui l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant. » (voir site de l'Unicef[1])
Ce film de montage a été réalisé par le journaliste et député Aymeric Caron avec l’aide d’une équipe, qui a identifié, trié et daté ces images, contacté des journalistes sur place. Sans autres commentaires que les titres et légendes qui datent et donnent les sources des images envoyées depuis Gaza comme des bouteilles à la mer par des filmeurs et des filmeuses, journalistes qui continuent à travailler dans des conditions terribles alors qu’aucun de leurs collègues étrangers n’est autorisé à entrer dans cette zone de crime de 360 km2. Leurs images se percutent avec des prises de paroles israéliennes, officielles et dissidentes, ainsi que des vidéos postées sur les réseaux par des soldats israéliens.
Le film contient beaucoup d’images du journaliste palestinien Motaz Azaiza, aujourd’hui en exil, et qui vient de recevoir le prix Liberté à Caen, décerné par la région Normandie avec l’Institut international des droits de l’homme et de la paix (Le Monde, 17 juin 2024[2])
🔴 Une première séance à l’Assemblée nationale
Le député Aymeric Caron a d’abord organisé une séance à l’Assemblée nationale pour ses collègues de tous les groupes parlementaires, le 29 mai dernier[3]. Seulement 17 députés ont assisté à cette projection, quelques journalistes étaient présents. Aymeric Caron a alors précisé qu’il souhaitait mettre son film « à disposition de tous ceux qui veulent le voir ». Nous l’avons aussitôt contacté pour en parler. Nous nous sommes bien sûr demandé s’il fallait vous montrer ces images sur CinéMutins. Après réflexions, discussions, consultations, nous avons voulu vous laisser la libre décision de visionner ce film (ou pas), en libre accès, après vous avoir averti de la nature de ces images, le réalisateur ayant ajouté un carton au début du film.
🔴 Un film qu’on voudrait voir s’arrêter
Préalablement, il a fallu donc visionner le film et nous l’avons jugé terrible, insoutenable… mais nécessaire. Car, au-delà de tous les discours et de « la guerre des mots » qui montrent le visage assez délirant de l’environnement politico-médiatique dans lequel on baigne en France, ces images documentent les crimes de guerre perpétrés, dans une démocratie, par l’autoproclamée « armée la plus morale du monde ». Des crimes commis avec des armes fournies en grande partie par les États-Unis et l’Union européenne, l’Allemagne surtout et même la France comme l’ont révélé Disclose et Marsactu en mars 2024 (en savoir plus[4]).
Dès les premières minutes de visionnage, on voudrait que le film s’arrête, que ça cesse immédiatement… que cessent les crimes, que cesse le feu, que tout ça n’ait jamais existé.
🔴 Qui peut encore nier ou justifier ces crimes après avoir vu ces images ?
Nous ne trouvons pas les mots à opposer à la mauvaise foi où le poids d’une photo ne pèse plus bien lourd au milieu de la masse d’images qu’il faut digérer chaque jour, où les réalités sont niées avec aplomb, voire même, carrément justifiées ouvertement avec mépris, insultes et menaces, par des criminels de guerre et leurs complices, qui osent salir les morts qu’ils engendrent, mais aussi la mémoire des victimes de l’antisémitisme dans l’histoire, en usant de cette grave accusation à tous propos dans le but de faire taire toute contestation. Ces images témoignent pour que ça cesse, avant tout. Face à ceux qui continuent à soutenir ces crimes, face aux discours de haine, de vengeance et de déshumanisation, plutôt que de se laisser entrainer dans une forme de surenchère verbale, nous préférons opposer ce miroir sans tain. Bon courage.
Présentation du film
Faut-il traiter d’antisémites et condamner ces huit rescapés des camps d’extermination pour leurs comparaisons entre les politiques sionistes et celles des Nazis ? Chris Knight, anthropologiste et militant britannique pose la question, en publiant les citations ci-dessous.
Source : | mis à jour le 23/10/2024
Marika Sherwood, survivante du ghetto de Budapest.
« (...) Peu de temps après (en 1956), j’ai appris que les Israéliens rassemblaient les Palestiniens dans des camps de concentration. Je ne pouvais pas y croire. Les Israéliens n’étaient-ils pas des Juifs ? Ne venions-nous/ne venaient-ils pas de survivre au plus grand pogrom de notre histoire ? Les camps de concentration – souvent appelés par euphémisme, « colonies de peuplement » - n’étaient-ils pas la principale caractéristique de ce pogrom ? Comment ces Juifs israéliens pouvaient-ils opprimer d’autres gens ? Dans mon imagination de romantique, les Juifs d’Israël étaient des socialistes, des gens qui discernaient le bien du mal. C’était manifestement inacceptable. J’avais l’impression qu’on m’avait laissé tomber, comme si on m’avait volé une partie de ce que je pensais être mon héritage. …
Il me faut dire au gouvernement israélien qui prétend parler au nom de tous les Juifs, qu’il ne parle pas en mon nom. Je ne garderai pas le silence face à la tentative d’annihilation des Palestiniens, la vente d’armes aux régimes répressifs partout dans le monde et la tentative d’étouffer la critique d’Israël dans les médias au niveau mondial, quand on voit ce gouvernement remuer le couteau dans la plaie - traduisons ‘ culpabilité ’ - afin d’obtenir des concessions économiques de la part des pays occidentaux. Naturellement, la position géopolitique d’Israël a une incidence grandissante en ce moment. J’empêche Israël de confondre les termes « antisémite » et « antisioniste » : On ne peut pas laisser passer ça."
🔴 Dr. Marika Sherwood, ‘ How I became an anti-Israel Jew ’ (Voilà comment je suis devenue une Juive anti-Israël), Middle East Monitor, 7/3/18[0]... Je ne suis pas antisémite, mais je suis antisioniste[1]
Israël Shahak, survivant du ghetto de Varsovie et du camp de concentration de Bergen-Belsen.
« Pour survivre, Israël doit renoncer au désir de domination. Il deviendra alors un bien meilleur pays pour les Juifs eux-mêmes. En Israël, beaucoup comparent aisément le pays avec l’Allemagne. Non seulement l’Allemagne d’Hitler et des Nazis, mais aussi l’ancien Empire germanique voulait dominer l’Europe. Ce qui s’est passé au Japon, après l’attaque contre la Chine, c’est qu’ils voulaient dominer une vaste zone de l’Asie. Lorsque l’Allemagne et le Japon renoncèrent à leur souhait de domination, ils devinrent des sociétés bien plus sympathiques pour les Japonais et les Allemands eux-mêmes. "
🔴 Dr. Israel Shahak, Middle East Policy Journal, été 1989, no.29[2]... " Le racisme de l'état d'Israël " aux éditions Guy Authier[3]
Hajo Meyer, était un survivant d’Auschwitz.
« Ça me fait mal d’observer les parallèles entre mes expériences dans l’Allemagne d’avant 1939 et celles que souffrent les Palestiniens de nos jours. Je ne peux pas m’empêcher d’entendre les échos nazis de « sang et sol », dans la rhétorique des colons fondamentalistes, qui revendiquent le droit sacré à toutes les terres de la Judée-Samarie biblique.
Les divers aspects de punition collective infligée au peuple Palestinien – ghettoïsation forcée derrière un « mur de sécurité », destruction de maisons au bulldozer, déprédation de champs, bombardement d’écoles, de mosquées et d’édifices gouvernementaux, blocus économique qui prive les gens d’eau, de nourriture, de médicaments, d’éducation et de nécessités de base pour survivre dans la dignité – tout ceci me pousse à me rappeler les privations et les humiliations dont j’ai fait l’expérience dans ma jeunesse. Toutes ces oppressions qui durent depuis un siècle, signifient des souffrances inimaginables pour les Palestiniens. »
🔴 Dr. Hajo Meyer, ‘ An Ethical Tradition Betrayed ’, Huffington Post, 27/1/10[4].
Gabor Mate, survivant du Ghetto de Budapest.
« Jeune homme élevé à Budapest, enfant qui avait survécu au génocide nazi, j’ai été hanté pendant des années par une question qui résonnait dans ma tête avec une telle force que, parfois, elle tournait : ‘ Comment cela fut-il possible ? Comment le monde permit-il de telles horreurs ? ’ Question naïve d’un enfant. Maintenant, j’en sais plus : La réalité est là. Que ce soit au Vietnam, au Rwanda ou en Syrie, l’humanité demeure les bras croisés, complice, inconsciente ou impuissante, comme toujours. À Gaza en ce moment, on trouve le moyen de justifier le bombardement des hôpitaux, l’extermination de familles en train de manger, le meurtre de jeunes qui jouent au foot sur une plage… On ne peut pas comprendre Gaza hors contexte, c’est à dire le nettoyage ethnique continu, le plus long de tous, du siècle dernier et du présent, la tentative continue de détruire la nation palestinienne. Les Palestiniens utilisent des tunnels ? Mes héros de même : les combattants mal équipés du Ghetto de Varsovie. Contrairement à Israël, les Palestiniens n’ont ni hélicoptères Apache, ni drones télécommandés, avions de combat chargés de bombes, artillerie laser : Avec leur défiance inefficace, ils lancent des roquettes primitives qui provoquent de la terreur pour des civils innocents israéliens, mais rarement des blessures. Vu l’énorme inégalité de forces, il n’existe aucun parallèle de culpabilité. …
Qu’allons-nous donc faire, nous, gens ordinaires ? Je prie qu’on écoute notre cœur. Le mien me dit que ‘ plus jamais ça ’ n’est pas une expression exclusive : Le meurtre de mes grands-parents à Auschwitz ne justifie pas la dépossession incessante des Palestiniens. La justice, la vérité, la paix, ce n’est pas l’apanage d’une seule tribu. Le ‘ droit d’Israël à se défendre ’ - indiscutable en principe – ne justifie pas l’extermination de masse. »
🔴 Dr. Gabor Mate, ‘ Beautiful Dream of Israel has become a Nightmare ’ (Le Beau Rêve d’Israël s’est transformé en Cauchemar), Toronto Star, 22/7/14[5].
Marek Edelman, était un survivant du Ghetto de Varsovie et un des chefs du soulèvement du Ghetto.
« Pendant la guerre, nous, on n’aurait jamais pensé que les Sionistes restaient volontairement passifs quant à la destruction des Juifs, afin de mieux justifier la fondation de l’état d’Israël… Mais de nos jours, même les historiens reconnus s’expriment à haute voix sur la façon dont certains Sionistes installés en Palestine exploitaient politiquement l’Holocauste ! … Le premier chef du gouvernement israélien, Ben Gourion estimait que, plus ça irait mal pour les Juifs d’Europe, plus ça irait mieux pour Israël. Il a mis ce projet en œuvre… Ben Gourion s’est lavé les mains de la Diaspora… Dès la conférence du parti Mapai en décembre 1942, il a déclaré que la tragédie des Juifs d’Europe ne les concernait pas - lui et ses associés – directement. C’étaient les paroles d’un chef qui était d’accord pour sacrifier la vie de millions de Juifs pour élaborer un état juif. Je ne dis pas qu’il aurait pu sauver des milliers d’êtres humains, mais il aurait pu combattre pour ces milliers de gens. Il s’en est abstenu. J’ignore si c’était voulu. »
🔴 Dr Marek Edelman, 2016. Being On the Right Side : Everyone in the Ghetto Was a Hero (Du Bon Côté : Dans le Ghetto, Ils étaient tous des Héros), pages 223, 448[6].
Zeev Sternell, survivant du ghetto de Przemysl, en Pologne.
« La gauche n’est plus capable de maîtriser l’ultra-nationalisme qui s’est développé ici, en Israël – le genre dont la branche européenne a contribué à éliminer presque tous les Juifs européens. Les entretiens que Ravit Hecht du Haaretz a effectués avec les politiques de la droite israélienne, Smotrich et Zohar, (les 3 décembre 2016 et 28 octobre 2017) devraient être distribués dans tous les médias, en Israël et partout dans le monde juif. On voit en eux non seulement un fascisme israélien grandissant, mais aussi un racisme qui ressemble au Nazisme dans son enfance.
Comme toute idéologie, la théorie raciale nazie s’est développée au cours des années. Au début, elle a uniquement privé les Juifs de leurs droits civils et humains. Il est possible que, sans la Seconde Guerre Mondiale, le ‘ problème juif ’ se fût terminé simplement avec l’expulsion ‘ volontaire ’ des Juifs des terres du Reich. Après tout, la plupart des Juifs d’Autriche et d’Allemagne ont pu partir à temps. Il est possible que ce soit un avenir à prévoir pour les Palestiniens. » :
🔴 Prof. Zeev Sternhell, ‘ Opinion in Israel, Growing Fascism and a Racism Akin to Early Nazism ’, Haaretz, 19/1/18[7].
Primo Levi était un survivant d’Auschwitz.
« En ce qui concerne le Premier Ministre Menachem Begin, ‘ Fasciste ’ est une définition pour moi acceptable. À mon avis, même Begin serait d’accord. C’était l’élève de Jabotinsky, qui représentait l’aile droite du Sionisme et qui se disait fasciste. C’était l’un des interlocuteurs de Mussolini. Assurément, Begin était son élève. Voilà toute l’histoire de Begin…. L’Holocauste est la défense préférée de Begin : Je n’y attribue aucune validité. »
🔴 Primo Levi, The Voice of Memory : Primo Levi Interviews (La voix de la Mémoire : Entretiens avec Primo Levi), 1961-1987, pp. 285-286. La citation date de 1982[8].
Rudolf Vrba, survivant de Majdanek et d’Auschwitz
Il s’est évadé d’Auschwitz en 1944[9], pour prévenir les Juifs hongrois au sujet du programme nazi d’extermination. Malheureusement, certains chefs sionistes pensaient différemment.
« Le mouvement sioniste européen a joué un rôle très important dans l’extermination de masse des Juifs. Je crois vraiment que, sans la coopération des Sionistes, ça aurait été une tâche bien plus difficile…. Les Sionistes disaient que nous ne sommes pas tchécoslovaques, ni allemands ni français : Nous sommes juifs et nous devons, en tant que juifs, retourner dans notre pays, en Israël ou Palestine, et fonder notre état. …
Par conséquent, :
Les jeunes, piliers de la résistance, ont toujours entre 16 et 30 ans. Chaque soldat sait qu’ils sont les meilleurs éléments pour le combat. … J’étais sidéré par le fait que les Sionistes qui se disaient protecteurs des Juifs, avaient décidé en premier lieu, de laisser partir un groupe de résistants potentiels qui, en dernier lieu, pourraient protéger les familles, en employant la force, si nécessaire.… « Je suis juif. Toutefois – plutôt à cause de cela – j’accuse certains chefs juifs d’une des actions les plus horribles de la guerre. »
Ce petit groupe de collaborateurs savait ce qui se passait dans les chambres à gaz d’Hitler et ont sauvé leur propre vie en achetant leur silence. Parmi eux, se trouvait le Docteur Rudolf Kastner, à la tête du conseil qui parlait au nom de tous les Juifs hongrois…
Prisonnier numéro 44070 à Auschwitz – numéro resté sur mon bras – j’ai calculé minutieusement les statistiques des exterminations … J’ai emporté ces affreuses statistiques lors de mon évasion en 1944, et j’ai pu prévenir les chefs sionistes hongrois trois semaines à l’avance qu’Eichmann avait l’intention d’envoyer un million de leurs Juifs dans ses chambres à gaz. … Kastner est allé dire à Eichmann : ‘ Je connais vos projets. Sauvez des Juifs que je pourrais choisir, et je me tairai. ’ Non seulement Eichmann a accepté, mais il a déguisé Kastner en S.S. et l’a emmené à Belsen pour chercher certains de ses amis. Et ce marchandage ne s’en est pas arrêté là.
Kastner a payé Eichmann plusieurs milliers de dollars. Avec cette petite fortune, Eichmann a pu acheter sa liberté lors de la défaite de l’Allemagne, et s’installer en Argentine… »
Voici très précisément le discours de Chaim Weizmann : " J’ai dit à la Commission royale britannique que les espoirs des six millions de Juifs d’Europe visaient l’émigration. On m’a demandé : ‘ Pouvez-vous emmener six millions de Juifs en Palestine ? ’ J’ai répondu que non. Les vieux disparaitront. Les autres subiront ou non leur destin. Ils ne sont que poussière, économique et morale, dans un monde cruel … seule une partie survivra … Ils devaient l’accepter. … S’ils voient les choses et souffrent, ils trouveront leur voie - Beacharit Hayamim [‘Lorsque viendra le Messie, tous les morts ressusciteront’] – quand viendra le temps … Je souhaite que soit préservée notre unité nationale, car c’est tout ce que nous possédons. "
Ma famille, je suppose, était la poussière qui allait être balayée jusque dans les fours par les Nazis qui utilisaient les chefs juifs comme balais … »
🔴 "Oral history interview with Rudolf Vrba’ , World at War TV Series (Un Monde en Guerre, série télévisée), de 1972. Première partie. Passages de 32/45 minutes).
🔴 Dr. Rudolf Vrba, Daily Herald, février 1961 (tiré du livre de Ben Hecht, Perfidy - publié en 1962 - p. 231).
🔴 Dr. Rudolf Vrba, I Escaped from Auschwitz (Je me suis évadé d’Auschwitz) [2002], pp. 281-2.
🔴 Les opinions de Rudolf Vrba étaient toujours sujets à controverse, mais même les journaux sionistes tels que le ‘Jewish News’, (15/12/16) et le ‘Jerusalem Post’, (16/2/17) ont, ces dernières années, publié de sérieuses critiques du rôle de Kastner dans l’Holocauste. Pour en savoir plus sur toute cette controverse, voir : Tony Greenstein, Weekly Worker, (1/6/17) et Ruth Linn, ‘Rudolf Vrba and the Auschwitz Reports : Conflicting Historical Interpretations’ (2011) .
" L’un des aspects les plus inquiétants de la définition de l’Holocauste par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, c’est la suggestion que, si l’on compare la politique israélienne actuelle à celle des Nazis, c’est forcément de l’antisémitisme. Il est vrai que de telles comparaisons sont parfois grossières et sans fondement historique, mais dans la plupart des cas, il semble exagéré de l’attribuer à de l’antisémitisme, même si on n’est pas toujours d’accord avec la conclusion", conclut Chris Knight. (Dulwich et West Norwood CLP : circonscription électorale du Parti travailliste)
Notes :
[0] Marika Sherwood : Comment je suis devenu un juif anti-Israël
[1] Marika Sherwood : Je ne suis pas antisémite, mais je suis antisioniste
[2] Entretien avec Israel Shahak dirigé par Anne Joyce (du Middle East Policy Council Journal : Midle East Policy, été 1989, numéro 29)
[3] Le racisme de l'état d'Israël du Dr. Israël Shahak aux éditions Guy Authier
[4] Hajo Meyer "Je suis peiné par les parallèles que j’observe entre mes expériences en Allemagne avant 1939 et celles subies par les Palestiniens aujourd’hui. Je ne peux m'empêcher d'entendre des échos du mythe nazi du « sang et de la terre » dans la rhétorique du fondamentalisme des colons."
[5] Dr. Gabor Mate, BEAU RÊVE D'ISRAËL EST DEVENU UN CAUCHEMAR
[6] Marek Edelman, Marek Edelman. Être du bon côté. Livre de poche – 1er juillet 2016
[7] Zeev Sternell, En Israël, un fascisme croissant et un racisme semblable au nazisme primitif
[8] Primo Levi, La voix de la Mémoire : Entretiens avec Primo Levi
[9] Rudolf Vrba, né sous le nom de Walter Rosenberg, (11 septembre 1924 à Topoľčany, Slovaquie - 27 mars 2006 à Vancouver, Canada), est un des seuls Juifs à s'être évadé du camp d'Auschwitz. Interné dans le camp de concentration en juin 1942, il est témoin de l'extermination en masse des Juifs à Auzchwitz-Birkenau
Pour en savoir plus :
- Un descendant de survivants de la Shoah prône la paix à Gaza
- L'Holocauste comme prétexte de l'annexion
Couverture de la guerre au Proche-Orient et recomposition de l’« arc républicain »
Le journalisme français, un danger public
Délinquance informationnelle : de la crise sanitaire covid 19, à la guerre en Ukraine jusqu’au conflit israélo – palestinien, la manipulation informationnelle de masse totalitaire est en marche.
Je partage ici un article du Monde diplomatique qui montre avec éclat que les journalistes ne sont plus des professionnels ayant pour fonction de véhiculer d’une manière impartiale et neutre des informations fondées sur des faits mais sont devenus des propagandistes agressifs, des soldats de la guerre idéologique au service non seulement du gouvernement en place et des groupes financiers qui le soutiennent mais aussi des soldats exécutants l’ordre de diffuser les narratifs de la guerre cognitive mise au point par les différentes officines spécialisées en ingénierie sociale et communication travaillant pour la défense et le renseignement nord américain.
En cas de conflits armés, ces pseudo journalistes sont devenus des acteurs de la guerre psychologique pour conditionner l’opinion publique nationale et mondiale dans le sens voulu par les autorités politiques nord américaine. Parler dorénavant d’information n’a donc plus de sens plus exactement est une escroquerie, un abus de confiance, une tromperie. Ce militantisme guerrier n’est pas sans conséquence sur la vie des gens engagés dans ces conflits. Ces escrocs de l’information sont donc devenus dangereux par leur bellicisme passionnel. En interdisant tout débat approfondi et contradictoire dans un climat de sérénité, ils mettent en place un totalitarisme idéologique en contradiction totale avec leur prétention arrogante de défendre les droits de l’Homme.
Il faudra s’interroger un jour pour comprendre comment il a été possible de laisser envahir l’espace médiatique par des individus aussi médiocres intellectuellement, aussi fanatiques et aussi vassalisés.
Sources : Serge Halimi & Pierre Rimbert | mis à jour le 14/02/2024
Depuis le 7 octobre dernier, les grands médias veillent à l’alignement des planètes autoritaires en France. Leur soutien inconditionnel à Israël s’accompagne de leur diffamation des opinions dissidentes, de leur mise en cause des libertés publiques et de leur chasse aux immigrés. Jusqu’où ira cette guerre idéologique ? Au service de qui ?
Un moment de folie médiatique a révélé en même temps que précipité un mouvement de bascule politique : dans les semaines qui ont suivi les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, les principaux médias et le gouvernement français ont réalisé une double prouesse. Celle d’exclure de l’« arc républicain » La France insoumise (LFI), qui refusait d’absoudre d’avance les représailles militaires du gouvernement israélien à Gaza, et, symétriquement, celle d’y inclure le Rassemblement national (RN). Jugé indigne de gouverner par les classes dirigeantes qui appelaient à « faire barrage » contre lui, le parti fondé en 1972 par M. Jean-Marie Le Pen s’est trouvé subitement réhabilité et blanchi par son alignement sur les positions du gouvernement israélien de M. Benyamin Netanyahou. Sur CNews-Europe 1, la journaliste Sonia Mabrouk en vint même à célèbrer en Mme Marine Le Pen « le rempart, la protection, le bouclier pour les Français juifs » (10 octobre 2023), tandis que Le Figaro (5-6 novembre 2023) et BFM TV (12 décembre 2023) alternaient un portrait louangeur de M. Jordan Bardella et des bandeaux triomphaux « Bardella à Matignon : 46 % des Français séduits ». Au même moment, la presse progressiste pilonne M. Jean-Luc Mélenchon dans les termes qu’elle réservait autrefois à M. Le Pen : il « accumule les dérapages rances » (L’Obs, 12 octobre 2023) à force de déclarations « imprégnées de stéréotypes antisémites » (Mediapart, 10 novembre 2023). « Antisémitisme : comment Jean-Luc Mélenchon cultive l’ambiguïté », titre un long article du Monde (4 janvier 2024) qui échoue à produire le moindre propos antisémite. En trois mois, ce quotidien aura consacré une demi-douzaine d’articles et plusieurs éditoriaux à la tentative d’assassinat symbolique du dirigeant de LFI.
« Le diable a changé de camp », constate Nicolas Beytout dans le quotidien patronal L’Opinion (12 octobre 2023) : « L’attaque du Hamas rebat les cartes. Les Insoumis sont plus faciles à haïr, le Rassemblement national plus difficile à combattre. » Dans les médias, l’arc républicain se confond alors avec l’arc israélien. Le 12 décembre, le journaliste de France Culture Brice Couturier révèle même dans un tweet le désir inavouable d’une fraction croissante des élites françaises : « Puisqu’il va falloir en passer par un épisode RN (tous les sondages le montrent), pourquoi pas dans le cadre d’une cohabitation ? Dissolution. À l’Élysée, Macron garde la main sur la politique étrangère (pas de rupture avec l’UE et l’OTAN), et il dissout au moment propice en 2026. »
Inimaginable il y a encore dix ans, une extrême-droitisation aussi rapide du spectre politique hexagonal a évolué de pair avec la restriction des libertés d’expression, d’opinion, de manifestation.
À l’unisson du ministre de l’intérieur, les médias assimilent, par dessein idéologique ou par paresse intellectuelle, à de l’antisémitisme des manifestations ordinaires de soutien à la cause palestinienne, lesquelles sont d’abord interdites. « Des manifestations de soutien aux terroristes », corrige alors Bernard-Henri Lévy dans Le Point (9 novembre). Son admirateur, le journaliste Darius Rochebin, propose sur LCI l’« internement administratif des islamistes » (15 octobre 2023). La « loi immigration » votée par la majorité présidentielle, la droite et le RN viendra couronner cette séquence, le 19 décembre : le texte, qui institutionnalise la préférence nationale et durcit la répression des étrangers, a été promu par le ministère de l’intérieur comme un bouclier contre les « atteintes aux intérêts fondamentaux de l’État », les « activités à caractère terroriste », et la provocation à la violence — entendre celle de musulmans « islamistes » tentés de commettre des pogroms antisémites.
Le séisme couvait — et s’était déjà manifesté ailleurs en Europe.
L’ironie veut cependant qu’en France un tel tournant autoritaire s’effectue sous la conduite conjointe d’une corporation journalistique qui s’autoproclame gardienne des libertés démocratiques et d’un gouvernement élu pour faire barrage à l’extrême droite. Et que l’une et l’autre justifient leurs agissements par la nécessité de soutenir le « droit d’Israël à se défendre » au moment où cet État multiplie les crimes de guerre dans l’espoir de précipiter l’exil ou la déportation de tout un peuple et d’empêcher ainsi qu’il devienne un jour souverain sur son territoire. L’ampleur des massacres commis à Gaza, la réprobation internationale qu’ils suscitent et le discrédit d’un journalisme occidental à la partialité caricaturale amèneront probablement certains protagonistes à espérer qu’on oubliera leur égarement et les dégâts qui en ont découlé. Raison de plus pour revenir en détail sur les deux temps de la guerre de l’information qui s’est ouverte le 7 octobre :
En quelques semaines, la France a fait l’expérience d’un journalisme de meute qui déteste autant le débat contradictoire que la liberté d’expression.
Organiser ainsi le calendrier détermine mécaniquement la nature de ce qui fera l’événement (le massacre d’Israéliens), le rôle tenu par les protagonistes (les terroristes du Hamas, les victimes israéliennes et les justiciers de l’armée), enfin le déroulement du scénario : à l’horreur (du 7 au 26 octobre) succède la « riposte », le « droit d’Israël à se défendre » (27 octobre au 10 décembre). Ces deux séquences concentrent l’essentiel de la médiatisation. Au détriment de la troisième : la contestation internationale d’une guerre potentiellement génocidaire (depuis le début du mois de décembre) sensiblement moins couverte que la première séquence[1]. L’importance de cette dimension temporelle se perçoit facilement : si l’événement médiatique s’était construit autour des crimes ordinaires perpétrés par Israël dans les territoires occupés ou du blocus meurtrier de Gaza, le « droit des Palestiniens à se défendre » aurait pu s’imposer comme un sujet d’actualité légitime.
Ou pas… Car le regard journalistique sur le conflit israélo-palestinien s’articule autour d’un deuxième axe : l’occidentalisme. Alignées sur une diplomatie française et européenne de plus en plus atlantiste, les rédactions voient en Tel-Aviv l’allié qui partage la même vision du monde, les mêmes ennemis, la même conviction d’appartenir à une civilisation supérieure, celle des sociétés libérales. Au Proche-Orient fait rage « un combat des démocraties occidentales contre l’obscurantisme de l’islamisme radical », affirme la journaliste Laurence Ferrari dans une question-manifeste posée à Michel Onfray (Paris Match, 4 janvier 2023). « Parce que l’horreur a été commise, il faut qu’elle soit commise de l’autre côté ? » Lorsque M. Dominique de Villepin interroge ainsi l’animatrice de BFM TV Apolline de Malherbe (27 octobre 2023), il s’attire cette réplique : « Mais vous pensez comme quelle partie de l’humanité ? » — l’Occident éclairé ou ce Sud populeux où « la rue » ménage les terroristes. « J’aime Israël (…) parce que c’est un pays où souffle l’esprit européen », résume l’ancien directeur de Charlie Hebdo Philippe Val, désormais chroniqueur sur Europe 1 (9 octobre 2023), la radio extrêmement de droite de M. Vincent Bolloré.
Comme ce fut le cas pour Kiev un an et demi plus tôt, les médias entérinent sans vérification ni recul la plupart des récits du gouvernement et de l’armée israéliens, dont les communicants parlent souvent parfaitement l’anglais et connaissent les codes journalistiques du public-cible.
En revanche, toute information issue du Hamas, y compris le décompte des victimes, se trouve frappée au coin du doute. Au-delà des multiples fake news de « Tsahal » (les quarante bébés décapités, les vingt enfants brûlés et exécutés, le nouveau-né rôti au four, la femme enceinte abattue et éventrée, le quartier général du Hamas sous l’hôpital Al-Shifa, etc.), dont le démenti tardif a moins d’écho et d’impact que l’information sensationnelle initiale, c’est le cœur même du récit officiel israélien que les médias français relaient : l’armée de la « seule démocratie du Proche-Orient » a pour mission de détruire un monstre inhumain fondu dans la population gazaouie ; le Hamas porte par conséquent la responsabilité principale de toutes les victimes du conflit.
Comme souvent en pareilles circonstances, ce genre de propagande n’a pas de meilleur interprète que Bernard-Henri Lévy. « Israël s’oblige à respecter le droit humanitaire, plaide l’essayiste sur LCI le 29 octobre 2023. Israël fait tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il y ait loins de victimes civiles possible. Encore une fois, Israël lance des tracts, téléphone, envoie des messages de toutes sortes aux Gazaouis en disant “ Ne restez pas ! Ne restez pas les otages de ces salopards qui vous manipulent depuis quinze ans, partez, fuyez. ” Donc le droit humanitaire, il est dans la tête et dans les cœurs des Israéliens autant que dans la tête et les cœurs des téléspectateurs bien tranquilles de New York, de Paris ou de Berlin. » En somme, comme le précisera le 31 décembre M. Netanyahou, Israël mène une « guerre d’une moralité sans équivalent ».
Au fil des jours, cette fable débitée sur toutes les chaînes d’information relativise la courbe ascendante des victimes palestiniennes...
Et maquille en riposte légitime ce qui a les apparences d’une tentative d’épuration ethnique. « Là, pour que ceux qui nous regardent, nous écoutent, comprennent bien, le Hamas demande aux civils de ne pas bouger pour ensuite s’en servir comme… boucliers humains et s’en servir comme une sorte de propagande alors même que l’armée israélienne prévient et donne cet ordre d’évacuation. C’est… c’est bien ça l’objet de cette propagande du mouvement terroriste ? » demande Benjamin Duhamel, le 13 octobre 2023, sur BFM-RMC. Perplexe face à une présentation aussi lumineusement objective de la situation, son invité, le journaliste Georges Malbrunot, répond : « Oui… c’est grosso modo à peu près ça. »
Deux jours plus tard, Duhamel chapitre un député de LFI qui a, prudemment, évoqué l’idée d’un cessez-le-feu : « Avec le Hamas, François Ruffin ? Le Hamas est un mouvement terroriste ! Ça veut dire que vous dites : il faut qu’Israël négocie avec le Hamas ? » Puis il reprend : « Il y a quelque chose qui m’interpelle dans ce que vous dites. Est-ce que, au fond, vous faites partie de ceux qui, notamment au sein de La France insoumise, semblent renvoyer dos à dos d’un côté les attentats terroristes du 7 octobre et la riposte d’Israël ? »
Même son de cloche sur France Inter, mais un mois et douze mille morts plus tard (16 novembre) : « Si Israël veut atteindre ses objectifs de guerre plus rapidement, il va devoir tuer plus de civils puisque le Hamas se protège derrière les civils », justifie Pierre Servent, l’expert chouchou de la station publique. « Je ne vois pas comment une autre armée d’un État démocratique pourrait faire mieux », poursuit-il, en soulignant lui aussi « l’avertissement des populations, les couloirs humanitaires, un certain nombre de précautions réelles que Tsahal prend pour atteindre ses objectifs de guerre ». Tout le contraire, selon lui, du Hamas, affairé à « créer un événement tragique dans la bande de Gaza, qui va être monté en épingle ». C’est toutefois Europe 1 qui décroche le titre (très disputé) de porte-parole de M. Netanyahou à la radio. Au point de faire parfois rougir d’embarras son idole. Les soldats israéliens, affirme ainsi l’historien Georges Bensoussan sans être contredit par la journaliste Sonia Mabrouk, « ont apporté la vie et la survie, ils ont apporté du matériel médical » (Europe 1-CNews, 16 novembre 2023).
Et puisque cette armée bienveillante nous ressemble, les journalistes français accompagnent un de leurs compatriotes quand il rejoint ses rangs.
Le 10 octobre 2023, dans la matinale de France Inter, Sonia Devillers héroïse « Yoval », un étudiant qui, quittant la France pour se battre en Israël, ne semble pas distinguer le Hamas de la population civile de Gaza. « Merci Yoval, bonne route ! », conclut la journaliste en guise de salut au soldat qui se prépare à envahir ce territoire palestinien. Sa consœur Judith Waintraub célèbre un autre paladin dans Le Figaro Magazine (24 novembre 2024) : Julien Bahloul, « né en France dont il est parti pour fuir l’antisémitisme », et qui « après cinq ans sur la chaîne de télévision i24News, remet l’uniforme pendant ses périodes de réserve, qu’il effectue en tant que porte-parole de Tsahal ».
Drames individuels et statistiques.
Près de quatre mois après le déclenchement du conflit, aucun grand média français n’a réalisé une enquête quantitative sur le traitement journalistique du conflit.
Aux États-Unis, The Intercept (9 janvier 2024) a analysé un vaste échantillon d’articles du New York Times, du Washington Post et du Los Angeles Times parus entre le 7 octobre et le 24 novembre 2023[3]. Les résultats ne devraient pas dépayser les lecteurs français. « Le terme de “carnage” a été utilisé 60 fois plus dans le cas de victimes israéliennes plutôt que palestiniennes, et celui de “massacre” 125 fois dans le premier cas et 2 fois dans le second. “Terrifiant” est employé 36 fois dans le cas de victimes israéliennes, 4 fois si elles sont palestiniennes. » Les auteurs relèvent par ailleurs « le manque d’attention médiatique réservée au nombre sans précédent d’enfants et de journalistes tués, alors que ces deux groupes suscitent en général la sympathie des médias occidentaux ». Enfin, alors que les assassinats de civils commis par le Hamas sont bien présentés comme le produit d’une stratégie intentionnelle, les journalistes dépeignent les meurtres de Gazaouis « comme s’il s’agissait d’une succession d’erreurs reproduites des milliers de fois ».
Le lexique chargé d’émotion pour les uns, distancié pour les autres, est également confirmé par l’étude d’un autre média occidental, la British Broadcasting Corporation (BBC)[4]. Les chercheurs ont passé au crible 90 % de la production en ligne de la BBC entre le 7 octobre et le 2 décembre 2023. Outre l’association presque systématique des mots « massacres », « meurtres » et « carnage » aux victimes israéliennes — les Palestiniens étant « tués » ou « morts » —, la recherche établit que les termes exprimant les relations familiales comme « mère », « grand-mère », « filles », « fils », « époux », etc., ont été beaucoup plus fréquemment utilisés pour décrire des Israéliens que des Palestiniens.
Cent jours après l’attaque du Hamas en Israël dont le bilan s’élève selon Tel-Aviv (15 décembre) à 1 139 morts dont 766 civils et 132 otages toujours retenus à Gaza, les militaires israéliens, équipés et financés par les États-Unis, avaient tué 23 000 Palestiniens (8 000 autres étant portés disparus), bombardé des hôpitaux, des écoles, des églises, les centres culturels, les archives, les routes, les infrastructures énergétiques, endommagé ou détruit 60 % des bâtiments, déplacé 85 % de la population, organisé méthodiquement une pénurie d’eau et de médicaments ainsi qu’une famine à grande échelle qui menace 40 % des survivants. C’est l’« une des campagnes punitives contre des civils les plus intenses de l’histoire », relève l’historien américain Robert Pape, l’ampleur des destructions surpassant celles d’Alep en Syrie, de Marioupol en Ukraine et même de villes allemandes par les bombardements alliés à la fin de la seconde guerre mondiale[5]. Or il ne s’agit pas d’un dérapage : l’opération a été précédée de déclarations officielles à tonalité génocidaire. À commencer par celles du président socialiste Isaac Herzog (« C’est une nation entière là-bas qui est responsable ») et du ministre de la défense Yoav Galant (« Gaza ne redeviendra jamais ce qu’il a été. Nous éliminerons tout »).
Et « Brice » interpelle France Inter Analyser un carnage israélien conforme au destin que les dirigeants de Tel-Aviv entendaient réserver à des « animaux humains » n’exigeait pas une puissante enquête pour en retracer l’origine, ni des cours de sémiologie avancée pour en saisir le sens. Mais les médias ont alors changé de stratégie. Après avoir disséminé sans relâche une histoire boiteuse résumant le destin palestinien au « terrorisme islamiste » et la politique israélienne à une série de « ripostes » à ces massacres, après avoir affiché une solidarité occidentale permettant d’humaniser l’allié et d’ensauvager l’adversaire, la plupart des journalistes français ont choisi de détourner le regard. Ils ont délibérément réduit la médiatisation du conflit afin de ne pas devoir poser des questions qui fâchent[6].
La logique et la justice auraient pourtant voulu que les régiments de commentateurs et de décideurs qui avaient proclamé en octobre qu’« Israël avait le droit de se défendre » soient à leur tour interpellés sur les conséquences de ce « droit » au regard du nombre de victimes qui en avait découlé.
Et qu’ils soient sommés de proposer des actions et des sanctions pour interrompre la tuerie. Ne pas parler de « terrorisme » palestinien avait valu une lapidation médiatique aux contrevenants. Cette fois, d’autres termes paraissaient découler de l’observation de la conduite israélienne de la guerre : « déportation », « nettoyage ethnique », voire « tentative génocidaire ». Les journalistes allaient-ils à présent retourner leurs armes et leurs commentaires contre certains des avocats d’un « soutien inconditionnel » à Israël, allaient-ils leur reprocher leur aveuglement alors que les massacres de civils, cette fois à Gaza, imposaient qu’on haussât le ton contre leur protégé ? Mme Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, M. Gérard Larcher, président du Sénat, M. Éric Ciotti, président des Républicains (LR), Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, pour ne citer que ceux-là, auraient pu être soumis à la question comme les dirigeants insoumis quelques semaines plus tôt. « Approuvez-vous le nettoyage ethnique », « S’agit-il plutôt d’une déportation ? », « Pourquoi ne pas interdire la participation des athlètes israéliens, souvent réservistes de l’armée, aux Jeux olympiques ? », « Quand prendrez-vous enfin des sanctions contre Israël ? ». On sait — mais à vrai dire on avait déjà deviné — qu’il n’en serait rien. Même un journal comme Le Monde, qui s’est distingué par une couverture plus juste du conflit que la plupart de ses confrères, ne recommande toujours pas que l’État coupable de crimes de guerre en Palestine soit sanctionné par la « communauté internationale ».
Lors de ses vœux du Nouvel An, le président Macron a consacré quinze mots aux 22 000 morts de Gaza.
Ce même 31 décembre 2023, Le Journal du dimanche est parvenu, malgré ses 48 pages, à ne publier aucun article sur le martyre palestinien. Deux semaines plus tard, deux dirigeants politiques aussi différents que MM. Raphaël Glucksmann et Éric Zemmour étaient longuement interrogés, l’un par France Inter, l’autre par Europe 1. Seul point commun entre ces deux émissions : cinquante minutes d’entretien, aucune consacrée à Gaza. M. Glucksmann parla bien d’hôpitaux attaqués — mais seulement de celui de Corbeil-Essonnes, victime de hackeurs russes.
Quelques jours plus tôt, le 21 décembre, M. François Hollande était — une nouvelle fois — invité par France Inter. Après seize minutes d’entretien la guerre de Gaza n’avait toujours pas été abordée.
Un auditeur, « Brice », perturba alors le ronronnement de l’échange : « À partir de combien de dizaines de milliers de morts en Palestine va-t-on enfin décider de demander à tous vos intervenants s’ils condamnent sans ambiguïté les atrocités de l’armée israélienne ? Au début, pendant quelques jours vous égreniez le nombre de morts de chaque côté, et puis, je me rappelle bien Nicolas Demorand [présentateur de la matinale de France Inter], vous vous êtes arrêtés à 1 200, au moment où c’était à égalité. Là, maintenant, on est à vingt fois plus [de morts côté palestinien]. Donc il serait peut-être temps de demander à chacun s’il condamne sans ambiguïté tout ça. » Peine perdue. Le lendemain, le député insoumis François Ruffin était l’invité de France Inter ; à aucun moment les journalistes ne l’interrogèrent sur Gaza.
Du 8 au 21 octobre, dans les quinze jours qui suivent l’attaque du Hamas, tous les invités de la matinale de France Inter sauf deux sont interrogés sur les massacres ou expriment spontanément leur horreur : « On est obligés aujourd’hui si on veut se conduire bien de dire ce que ça nous fait à l’intérieur de nous, ce qu’on ressent », explique le comédien Vincent Lindon le 13 octobre. Deux mois plus tard, cette « obligation morale » a disparu. Du 8 au 21 décembre, alors qu’enfle un débat international sur les risques de génocide à Gaza, y compris au sein d’agences des Nations unies, seuls deux des invités de la matinale de France Inter sont questionnés sur le sujet. L’intervention de « Brice » portera ce nombre à trois…
On cumulerait à l’envi les preuves d’un journalisme biaisé en faveur d’Israël, comme la couverture en direct par France Info, le vendredi 12 janvier 2024, de la défense de Tel-Aviv contre les accusations d’actes de génocide alors que, la veille, les plaidoiries sud-africaines devant la Cour internationale de justice à La Haye n’avaient pas bénéficié du même traitement. Toutefois, la critique d’un « deux poids, deux mesures » qui suggère un déséquilibre justiciable d’un réglage ne suffit pas. Car ce traitement particulier du conflit israélo-palestinien participe d’une transformation plus large.
En quatre mois, les dirigeants du « quatrième pouvoir » n’ont pas seulement alimenté un culturalisme qui, comme au temps des empires coloniaux, place l’Occident au pinacle de l’humanité.
Ils ont, dans leur grande majorité, entériné le point de vue de l’extrême droite israélienne et accompagné ou cautionné en France la marginalisation des opposants à la guerre en leur interdisant d’exprimer des solidarités hier encore évidentes. Ils ont ainsi précipité le baptême républicain du RN, en même temps qu’ils célèbrent le réarmement militaire et moral de la France au nom de la lutte contre la menace russe et le terrorisme islamiste. Le combat mené depuis quinze ans par les gouvernements libéraux contre les mouvements « populistes » et les régimes « illibéraux » a ici trouvé un renfort inattendu : la naissance et l’installation en France d’un journalisme autoritaire.
🔴 Annexe
Pour mieux comprendre la notion de « délinquance informationnelle » des médias occidentaux, il suffit d’écouter l’interview de ce spécialiste du renseignement ayant travaillé pour l’OTAN et les Nations unies qui est Jacques Baud au regard du droit international, il explique la légitimité et la légalité de l’intervention militaire russe en Ukraine.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a enregistré 3 393 civils tués et 9 020 blessés entre le 14 avril 2014 et le 24 janvier 2022. Parmi les victimes civiles, on compte 1 428 hommes, 861 femmes, 174 garçons et 130 filles. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également suivi le conflit et a publié des rapports réguliers sur les victimes civiles. Le dernier rapport de l’OSCE, publié le 24 janvier 2022, fait état de 3 402 civils tués et 9 014 blessés. Il est important de noter que ces chiffres ne sont que des estimations. Le nombre réel de victimes pourrait être plus élevé. Il ne s’agit ici que des pertes civiles. Aucune information dans les médias occidentaux entre 2014 et février 2022 sur cette situation. Cette censure délibérée est expliquée par Jacques Baud.
Notes :
[1] Nombre d’articles et de séquences audiovisuelles répertoriés dans la presse française sur l’agrégateur Europresse.
[2] Cf. Pauline Perrenot, « À la Une du Parisien, la caricature du double standard », Acrimed, 21 décembre 2023.
[3] Cf. également les recherches de Holly Jackson sur un autre échantillon de presse américaine
[4] L’étude est résumée par Xander Elliards, « Study shows BBC “bias” in reporting on Palestinian and Israeli deaths », The National, Glasgow, 9 janvier 2024.
[5] Julia Frankel, « Israel’s military campaign in Gaza seen as among the most destructive in recent history, experts say », Associated Press, 11 janvier 2024.
[6] Cf. Alain Gresh et Sarra Grira, « Gaza, l’escorte médiatique d’un génocide », Orient XXI, 8 janvier 2024.
Pour en savoir plus :
- Nos idiots utiles dans la classe médiatique
- Gaza : Israël est incapable de fournir une preuve contre l’UNRWA
Le Collectif Boycott Apartheid Israël promeut le boycott comme une arme politique, citoyenne et non-violente, pour faire pression sur le gouvernement israélien jusqu'à ce que cesse la politique de colonisation et d'apartheid imposées aux palestinien.
En 2005, 172 organisations de la société palestinienne lançaient un appel à une campagne de Boycott, Désinvestissement et de Sanctions (BDS[1])contre Israël. L’appel fixe trois objectifs : la fi n de l’occupation et de la colonisation de la Palestine, l’égalité des droits pour les Palestiniens d’Israël et l’application du droit au retour pour les réfugiés. L’AFPS[2] a souscrit à cet appel.
Ci-après une liste de produits, de services et d’entreprises que l’AFPS encourage à boycotter en raison de leurs liens avérés avec le régime d’apartheid israélien et les crimes qu’il commet à l’encontre du peuple palestinien. Cette liste n’est pas exhaustive.
Ces actions de boycott constituent un moyen essentiel pour exprimer notre indignation et notre refus face à l’horreur du génocide en train d’être commis à Gaza et dans toute la Palestine occupée. Ces actions doivent être poursuivies jusqu’à ce que les entreprises visées mettent un terme effectif à leur complicité.
Source : Eric Durand | mis à jour le 04/10/2024
Notes :
[1] BDS - pour Boycott, Désinvestissement, Sanction - est un mouvement lancé il y a une vingtaine d’années contre Israël pour l’inciter à respecter le droit international et humanitaire. Il prend de l’ampleur en particulier dans les pays du Sud où les populations sont nombreuses à protester contre le traitement réservé aux Palestiniens à Gaza. La campagne cible les produits israéliens comme les fruits mais aussi une liste d’entreprises que le mouvement encourage à boycotter. On y retrouve par exemple les entreprises françaises Carrefour ou AXA. L'assureur avait été la cible d'une action du BDS devant son assemblée générale au printemps 2023.
[2] Association France Palestine Solidarité
Pour en savoir plus :
- BOYCOTTER ISRAËL SUR LE MODÈLE DE L’APARTHEID EN AFRIQUE DU SUD : L’APPEL DE NAOMI KLEIN
- GAZA : DERRIÈRE LES MASSACRES, LES PROFITEURS DE GUERRE
- Enquête : Qu'est ce que l’accord UE-Israel qui finance le génocide de Netanyahu ?
Cet article est reposté depuis Rue du Blogule Rouge Insoumis.
La course à l’échalotte de l’opinion publique menée par les médias français à propos de Gaza
Course à l’échalotte = course en duo où le second doit tenir le premier par le col et le fond du pantalon sans le lâcher . C’est bien ce qui se passe actuellement surtout avec l’actualité du Proche-Orient sur tous nos médias, aux mains des milliardaires ou à celles du pouvoir. Ils font le forcing pour faire courir l’opinion.
En relayant prioritairement la communication de l’armée
Publication de l'Association France Palestine Solidarité[1] (NDLR : mise à jour régulièrement par mes soins)
L’Association France Palestine Solidarité (AFPS) rassemble des personnes attachées au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à la défense des droits humains. Elle a pour vocation le soutien au peuple palestinien notamment dans sa lutte pour la réalisation de ses droits nationaux. Elle regroupe près de 5000 adhérents, organisés en une centaine de groupes locaux en France.
Merci à la plateforme des ONG françaises pour la Palestine[2] pour la frise chronologique dont c'est inspiré, pour partie, cette publication, et si vous voulez aller plus loin, je vous invite à cliquer sur les catégories : Israël ; Palestine ; Moyen-Orient ; Paix de ce blog
Source : France Palestine Solidarité | mis à jour le 02/01/2025
2017 : l'État de Palestine est reconnu par 136 États
70,5 % des 193 États membres que compte l'Organisation des Nations unies reconnaissent la Palestine, mais ne l'est pas par les pays d'Amérique du Nord, ainsi que la plupart de l'Europe de l'Ouest, notamment les pays du G7. Les frontières de l'État de Palestine sont celles de la Cisjordanie, gouvernée partiellement depuis 1994 par l'Autorité palestinienne, et de la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas depuis 2007. La capitale de l'État de Palestine est Jérusalem. Le siège du gouvernement palestinien se situe à Ramallah.
Le 6 décembre : Trump, foulant aux pieds les résolutions de l’ONU, reconnait Jérusalem comme capitale d’Israël.
2018 : loi qui définit Israël comme " l'État nation du peuple juif "
🔴 Le 19 juillet : la Knesset vote la loi fondamentale qui inscrit dans la constitution israélienne la suprématie juive, l’apartheid à l’encontre des Palestiniens d’Israël et qui fait de la colonisation une valeur nationale. Les habitants palestiniens sont privés de leurs droits politiques.
🔴 À partir du 30 mars, les grandes marches du retour.
Tous les vendredis, la population de Gaza manifeste par milliers jusqu’au mur qui enferme Gaza. La répression fera 241 morts, plus de 25 000 blessés cette année là.
2021 : guerre " préventive " contre Gaza
🔴 Le 13 avril : l’intervention de l’armée sur l'esplanade des Mosquées provoque des affrontements avec les Palestiniens de Jérusalem qui s’étendent aux villes mixtes d’Israël. Israël déclenche une guerre préventive éclair contre Gaza qui fera plus de 256 morts.
🔴 Le 22 octobre : le gouvernement Bennett-Lapid déclare arbitrairement comme terroristes 6 ONG palestiniennes de Défense des Droits humains qui fournissent des preuves des crimes de l’occupation à la Cour pénale internationale.
2022 :
🔴 Le 9 avril : l’armée israélienne mène plusieurs raids meurtriers dans le camp de réfugiés de Jénine : 1 mort et des blessés.
🔴 En novembre 2022 : l’extrême droite israélienne la plus ultra entre au gouvernement
A l'issue des élections législatives, Nétanyahou constitue une coalition avec plusieurs partis de l'extrême droite religieuse, fasciste et suprématiste. Les agressions des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie se multiplient et tournent au pogrom. La politique de nettoyage ethnique s’accentue à Jérusalem, contre les villages bédouins de la vallée du Jourdain et des collines du sud d’Hébron.
2023 : le pire massacre de l'histoire palestinienne
🔴 Les 3-4 juillet : bombardement israélien du camp de Jénine, dans l'indifférence de la "communauté internationale". Il y a 12 morts, 3000 personnes chassées de leur maison.
🔴 Du 13 Octobre à décembre : après l'attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre, qui fait 1200 victimes selon le gouvernement israélien et capture 240 otages[3], l'armée israélienne entreprend la destruction massive de la bande de Gaza. Gaza est défigurée par les bombardements israéliens, comme Berlin l'était en 1945. En deux mois, il y a plus de 18 000 morts, dont plus de 7000 enfants et près de 5000 femmes. 10 000 Palestiniens sont emprisonnés en Israël.
2024 : Netanyahou ordonne à l’armée israélienne de « préparer » une offensive sur Rafah, le Parlement Israélien adopte une résolution s'opposant à « la création d'un État palestinien », la Cour internationale de justice estime que l’occupation des territoires palestiniens par Israël depuis 1967 est « illégale »
🔴 Le 7 février : Alors que des négociations se poursuivent autour d’un possible accord sur la libération des otages, Le Premier ministre israélien a déclaré mercredi 7 février avoir ordonné à l’armée de « préparer » une offensive sur Rafah, la ville la plus au sud de la bande de Gaza, estimant que la victoire sur le Hamas était « une affaire de mois », là où se sont réfugiées plus d’1 million de Gazaouites. Le génocide est en cours…
🔴 Dans la nuit du 17/18 juillet 2024 le Parlement Israélien a adopté une résolution s'opposant à « la création d'un État palestinien » : Pour la première fois de son histoire, le parlement israélien a adopté hier à une écrasante majorité une résolution s'opposant à la solution des deux états - la Palestine aux côtés de l'Etat hébreu - comme voie de règlement négociée du conflit.
Selon cette résolution, « la Knesset s'oppose fermement à la création d'un État palestinien à l'ouest du Jourdain » c'est-à-dire en Cisjordanie (territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967) ou dans la bande de Gaza[5].
Cette résolution symbolique, proposée par un député de droite de l'opposition, a recueilli le soutien de 68 élus de la coalition au pouvoir et de l'opposition. Neuf députés ont voté contre.
🔴 Le 19 juillet : La Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l'ONU, a estimé que l'occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967 était « illégale », ajoutant qu'elle devait cesser « le plus rapidement possible »[6].
La conquête de la Palestine - Carte de la Palestine occupée
Notes :
[1] Association France Palestine Solidarité
[2] Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
[3] 7 Octobre 2023 : Riposte du Hamas depuis Gaza, contre les multiples attaques des colons et de l'armée israélienne
[4] Guerre Israël-Hamas : Netanyahou ordonne à l’armée israélienne de « préparer » une offensive sur Rafah
[5] 18 juillet 2024 : Le Parlement israélien adopte une résolution « contre la création d'un État palestinien »
[6] La Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l'ONU, a estimé vendredi 19 juillet que l'occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967 était « illégale », ajoutant qu'elle devait cesser « le plus rapidement possible ».
Pour en savoir plus :
- De 1947 à 2023, un conflit israélo-palestinien complexe et dans l’impasse
- Palestine : histoire d'une terre, d'un peuple de 1880 à 1993
- Chronologie des accords d’Oslo, 1991-2000
- Israël-Palestine : origines et évolution de la solution à deux États
- La Palestine en cartes, citations, faits et chiffres
- Conflit israélo-palestinien : l’art d’empêcher toute issue possible
- Palestine 2023 : Premières leçons d’une catastrophe
- 26 janvier 2024 : La Cour Internationale de Justice reconnait le risque génocidaire à Gaza
- L’ONU considère que les colonies israéliennes relèvent du crime de guerre
- 22 mars 2024 : Israël annonce la saisie de 800 hectares de terres en Cisjordanie occupée, la plus importante depuis 1993
- Le 3 mai, Netanyahu a dévoilé Gaza 2035
- 3 décembre 2024, l’Onu adopte une résolution pour la création d’un État palestinien
- Reconnaissance de l’État de Palestine : comment la France a renoncé
Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme !
Les macronistes sont tombés tous seuls dans le piège qui a déjà détruit LR[0]
Écrire en temps de guerre médiatique est un exercice un peu délicat, j’en conviens. Cela peut être imprudent. Un mot, pour peu qu’on le torde sans frein, peut être fatal. Des heures durant sur tant de médias il n’est question de moi que pour m‘insulter, m’attribuer le pire soit par des invités plus ou moins fanatisés soit par des « journalistes » suivant fidèlement des éléments de langage absolument identiques d’une rédaction à l’autre. Certains moments sont spécialement pénibles pour moi par la haine qu’ils expriment, les menaces qu’ils encouragent, ou l’injustice de ce qu’ils diffusent et les calomnies qu’ils rabâchent.
La pseudo exégèse de Mediapart pour porter ses insinuations d’antisémitisme m’a particulièrement choqué. Et le fait de savoir de qui vient cette bassesse n’enlève rien à leur indignité. Je tiens à le dire. Mais par tweet, j’ai pu accompagner l’actualité sans passer par la case déchiqueteuse de ces prétendues interviews pleines de haine et de mauvaise foi que subissent mes camarades. Le tweet permet à la fois de contrôler mot à mot et de placer à bon escient les chiffons rouges à destination des médias.
Je ne suis pas seul sous la douche à boues. En ce moment nuit et jour les insoumis sont pilonnés médiatiquement (attention cette expression est une image. NDR). Il faut le prendre pour ce que c’est : une guerre (c’est une image NDR) des mots. Pour construire des prises de conscience raisonnée, il faut rendre les coups avec efficacité : court, clair, net. Encore est-ce trop pour certains ! « Quand va-t-on lui couper le tweet », demande Marine Tondelier à mon sujet avec sa finesse bien connue.
Sources : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le
Mais la conscience politique est bien un tout.
Certes l’actualité des crimes de guerre et la propagande des partisans du soutien inconditionnel au droit de Netanyahu à tuer tout le monde à Gaza, submerge tout. Mais les autres points de tensions de la société continuent pourtant leur vie sous les radars. Ils produiront leurs effets publics le moment venu. Ainsi en est-il des questions sociales qui étranglent la masse de notre peuple. Le moment venu évidemment une étincelle mettra le feu à la plaine (il s’agit d’une métaphore. NDLR).
Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme.
Or, c’est un enjeu stratégique pour nous. En effet, les racismes sous toutes leurs formes sont un frein interne puissant contre l’unité populaire dont nous avons besoin. L’antisémitisme est une forme de racisme restant fondamentalement l’apanage de l’extrême droite. Celle-ci était pourtant l’invité très attendue par les organisateurs de la marche. Dès lors, l’union populaire contre l’antisémitisme dans une mobilisation commune devenait impossible à réaliser.
Là est la racine de l’échec populaire de la marche du dimanche 12. Oui, échec, car d’habitude quand il s’agit de mouvement de fond du pays, les proportions sont toutes autres. 200 000 contre l’agression du cimetière juif de Carpentras[1], 4 millions contre l’assassinat de la rédaction de « Charlie »[2].
Quand le peuple profond s’y met, ça donne 963 000 dans tout le pays pour une seule manifestation sur les retraites, selon les chiffres de la police (2,5 millions selon l’intersyndicale[3]). Mais à part la CFDT et l’UNSA, tout le reste du mouvement syndical et social français est resté en retrait. Une bonne partie de la communauté juive aussi a boudé l’événement comme le prouvent les chiffres annoncés. Bref, un gâchis total.
Pourtant cette marche est un succès politicien.
« L’arc républicain » a franchi un pallier en s’affichant uni sur le terrain et en se validant les uns les autres. Le « monde d’avant » s’est reconstitué, affiché et a paradé, tout à sa joie des retrouvailles derrière sa banderole de tête. La droite, le PS Hollande, Cazeneuve, la Macronie amnistiaient l´extrême droite. En échange, celle-ci cesse le combat politique « antisystème ». Tous les rejetés des dix dernières années étaient là : deux anciens Présidents de la République battus, quatre anciens premiers ministres, tous rejetés, sans oublier deux anciens présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Pour ne citer que ceux-là.
Tous les partis de droite sans exception, toute l’extrême droite plus les groupuscules communautaires violents avaient mobilisé. Et avec eux toute « la gauche d’avant » franchissant elle aussi un palier comme le déclarait Fabien Roussel dans une interview sur place affirmant lancer là « le début de quelque chose de nouveau » entre les trois composantes. Bonjour le baptême ! À la base, l’enthousiasme n’a pas suivi. Le cordon sanitaire n’excédait pas trente manifestants débordés par un simple drapeau royaliste. Et dans les sections ce fut la Bérézina.
Comme dans cette assemblée parisienne où sur cinquante communistes un vota pour aller à la manif et quarante neuf pour le contraire. En région ce fut souvent pire. Donc : tous unis et seulement cent mille personnes si l’on accepte les chiffres des organisateurs. Autant que nous seuls, place de la République en 2017 et 2022, une place plus vaste et plus remplie que l’esplanade des Invalides.
Tout cela a été pourtant préparé de longue main et s’est expérimenté au fil des mois dans les votes communs de la macronie et du RN à l’Assemblée Nationale, loin des yeux du grand public.
Voilà donc pour le prétendu « succès » claironné par tous les répondeurs automatiques.
🔴 « Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir, un bide en nombre, un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite »
En fait oui : un succès de manœuvre politicienne. La presse étrangère ne s’y trompe pas. La grand quotidien allemand Der Spiegel par exemple titre : « Pour les juifs de France, Le Pen devient acceptable ». Je ne le crois pas. Mais c’est l’illusion qu’il s’agissait de propager. Je crois au contraire que nous avons besoin d’une vraie mobilisation commune sous la houlette du mouvement social pour refuser d’être embrigadé dans un racisme contre un autre.
Et puisque j’ai déjà cité le Pape je cite à présent le recteur de la mosquée de Paris : « C’est l’heure du choix, déclare-t-il avec noblesse. Pas entre les musulmans et les juifs. Pas entre Israël et un État palestinien dont l’édification s’avère plus que jamais urgente. Non. Il faut choisir entre l’humanisme et l’horreur »[4].. Avant cela il avait protesté : « Les musulmans de France subissent des accusations abjectes qui les (…) rendent tous complices des pires dérives, qui ne sont pas les leurs » parlant de l’antisémitisme.
En effet, cette marche du 12 novembre fut entourée et précédée de violences délibérées.
Violences verbales, islamophobie assumée. Mais aussi violences physiques de la LDJ[5] (Ligue de Défense Juive, NDLR), la milice du CRIF contre le rassemblement au Monument de la rafle du Vel’ d’Hiv’ organisé par les organisations politiques de la jeunesse de gauche avec les syndicats étudiants et lycéens. Mais aussi violences contre des journalistes de France info dénoncées par leur rédaction qui n’ont nommé pourtant ni leurs agresseurs ni « la manifestation aux abords de laquelle » ils ont été frappés.
Des députés ont été insultés et menacés de mort, les musulmans insultés à longueur d’interviews de Zemmour et de Meyer Habib pour ne parler que d’eux. Une ambiance haineuse et sectaire se débridait tout au long du cortège dès qu’un imprudent passait là et pas seulement aux abords des rangs des partisans de l’extrême droite dont c’était " le jour de gloire enfin arrivé[6] ".
Un violent sectarisme régnait. La poignée de socialistes, celle plus maigre encore de communistes et d’EELV ont essuyé leur lot d’injures et de crachats dès leur arrivée. Même Roussel qui avait pourtant annoncé une fois de plus la sortie du PCF hors de la Nupes pour se faire bien voir de la droite qui tenait la rue n’eut droit qu’à des quolibets. Ces trois chefs ont marché tête basse sans obtenir leur absolution du public ultra droitier qui les entourait. On imagine comment auraient été accueillis les Insoumis s’ils avaient eu la sottise de croire les bonnes paroles des initiateurs de cette manipulation ou d’écouter les conciliateurs qui espéraient les y pousser.
Telle était cette marche. Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir.
Un bide en nombre. Mais aussi un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite dont nombre de dirigeants de la droite classique et de la macronie se sont réjouis comme le fit Edouard Philippe. Tout cela fut immédiatement capté par le grand nombre poussé alors à rester à l’écart de la marche.
🔴 « Cet évènement représente un palier dans la vie politique de notre pays »
Au demeurant, les macronistes eux-mêmes n’avaient pas le cœur à l’ouvrage. Car ils savaient comment les maniganceurs de cette marche avaient volontairement mis hors du jeu Emmanuel Macron lui-même. Lui fut très grossièrement sommé de rallier une démarche organisée par les siens, sans en être informé et d’approuver le périmètre politique et les mots d’ordre. Sagement et comprenant à temps la manœuvre qui dénaturait aussi gravement la fonction qu’il doit encore assurer quatre ans, il s’abstint de s’y joindre[0].
Aussitôt la machine médiatico-politique qui insulte et salit nuit et jour quand elle se met en meute se mit en mouvement contre lui, tous azimuts. Au point où le prétendu CRIF relaya mot pour mot les répliques de Netanyahou à Macron. Et cela le jour où celui-ci décidait de menacer de raser Beyrouth au Liban comme il rasait Gaza[7], tout en conseillant comme un parrain aux chefs d’États arabe de « garder le silence » « dans leur intérêt » !
Dans ce contexte le CRIF se sentit pousser des ailes et l’association loi de 1901 exigea « des clarifications de la France ». Pas moins ! Et toute la fachosphère médiatique se mit aussitôt à l’agonir d’injures et de menaces, jusqu’à des menaces de mort publiquement vociférées comme slogan dans la marche du 12 novembre.
Sous cet angle, il est certain que cet évènement représente un palier dans la vie politique du pays.
En effet il parvient à dessiner ce que serait cet « arc républicain[7bis] » où le RN , les Zemmour et la droite seraient bien intégrés et seulement séparés de la « gauche d’avant », paraît-il, par un pauvre cordon symbolique bien maigrichon.
Les supplétifs de la « gauche d’avant » feraient bien de se méfier. Déjà la fameuse marche à l’appel du CRIF dans les beaux quartiers ne leur avait pas valu de compliments de la part des bénéficiaires de leur dévotion. Anne Hidalgo dut être exfiltrée sous les injures. Olivier Faure y manifesta tandis qu’on lui criait dessus : « Zemmour président ». Je plains ces gens.
Les voilà désormais ramenés à la case départ politique d’où la Nupes les avait tirés. Les revoilà marchant avec le Front National comme hier avec les « syndicats » de police[8]. Même veulerie sous la charge médiatique, même rêve d’être les « gentils » de la comédie se chargeant de dénigrer les opposants inconfortables que sont les LFI. Venir à cette marche leur convenait. Venir à celle où appelait toute la gauche sociale et syndicale quinze jours auparavant leur répugnait : aucun des trois n’y appela et aucun n’y vint. Avant de faire le contraire une semaine plus tard.
Pour nous les Insoumis, le défi est désormais dans l’accélération du processus politique que nous affrontons et que le pays subit.
Nos repères ne doivent être en aucun cas les diktats et caprices de la sphère médiatique. Celle-ci est à présent extrêmement extérieure aux questions vivantes dans la société.
Le crime contre l’humanité que les dominants protègent par des diversions de toutes sortes ne pourra être effacé par aucun subterfuge. Notre première tâche est d’alimenter en masse les consciences à cette occasion, jour après jour et dans le détail dans tous les milieux. Il s’agit de construire une prise de conscience durable en faisant comprendre les raisons, les origines, les connexions de ce massacre et de l’introduction en France du schéma politique du « choc des civilisations ».
Il faut voir loin. La guerre générale qui menace au Proche-Orient et aux frontières de l’Europe nécessite un solide armement moral et politique du plus grand nombre. Car elle forme un tout avec l’écroulement social de notre société en voie de quart-mondisation et le délabrement général accéléré sous les coups du changement climatique. Tout cela doit être compris et les réponses comprises et partagées. À ce prix, notre peuple sera fort dans l’épreuve qui s’avance. Sinon il n’y a ni perspectives ni espoir.
Il est de nouveau dans une recomposition générale du paysage politique de la résistance. Il est de nouveau urgent de laisser s’épuiser toutes seules les formules démenties par la vie. Roussel ne veut pas de la Nupes, Faure non plus et le groupe parlementaire dont il est membre l’a déjà retiré de son nom. Leur signature, leurs engagements ne valaient rien.
Nous n’avons pas eu besoin de tout cela pour parvenir au point où nous avons amené nos idées et notre programme dans la confiance populaire. Ne confions à personne le soin de faire le travail nécessaire.
Mieux vaut admettre combien notre confiance a été trompée que de continuer à espérer une aide qui nous sera toujours refusée avec mépris, ingratitude et méchanceté. L’enjeu n’est pas les bons points pour bonne conduite délivrés par l’officialité mais la survie de la démocratie dans un pays dévoré par l’autoritarisme du sommet, le sectarisme des intermédiaires et la désorientation des bases populaires.
🔴 Pour aller plus loin : Tribune – Jean-Luc Mélenchon : « Turbulences des sommets »
Dans ce 167e numéro de la Revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon revient sur les dernières actualités.
Et, dans ce cadre, il :
Notes :
[0] « Turbulences des sommets » – L’analyse de Jean-Luc Mélenchon
[1] 14 mai 1990 : 200 000 personnes à l'immense marche transpartisane contre l'antisémitisme après les profanations de Carpentras
[2] Un rassemblement "sans précédent" en hommage aux victimes
[3] Réforme des retraites : entre 963 000 et « plus de 2,5 millions » de personnes ont manifesté samedi
[4] Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris : « C’est l’heure du choix : pas entre les musulmans et les juifs, pas entre Israël et la Palestine, mais entre l’humanisme et l’horreur »
[5] Nous demandons l’interdiction de la Ligue de Défense Juive (LDJ)
[7] « Ce que nous pouvons faire à Gaza, nous pouvons aussi le faire à Beyrouth », a déclaré Yoav Gallant lors d’une visite dans le nord d’Israël.
[7bis] « S'il existe encore un barrage pseudo-républicain en France, c'est désormais contre la gauche antilibérale »
[8] Le PCF et le PS participeront au rassemblement des syndicats de policiers
Pour en savoir plus :
- L’antisémitisme tourne toujours à droite
- Macron : 7 ans de flirts avec l’extrême-droite
Cet article est reposté depuis Rue du Blogule Rouge Insoumis.
Même si Macron ne veut pas, la France est solidaire de Gaza !
Même si Macron ne veut pas (ni BFM, ni la télé publique), la France a montré sa solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Figure-toi, l’ami, qu’en cherchant des infos sur la manifestation pour un cessez-le feu à Gaza, j’en suis venu à zapper sur BFMTV. Justement, le journaliste de plateau expliquait les circonstances de cette manif et donnait la parole à un journaliste sur le terrain
Nordine Raymond candidat #Nupes (affilié à LFI) pour les législatives 2022 #Circo1702[1] s'adresse à nous :
" Très chers toutes et tous,
Une nouvelle fois je prends la plume pour vous exprimer mon analyse politique du moment que nous traversons.
Ça peut paraître long mais l'écriture permet justement de ne pas tomber dans les facilités des réponses hâtives que les médias nous réclament.
Une nouvelle fois merci à toutes et tous pour la force transmise. "
Source : Nordine Raymond |
Voilà des semaines que les insoumis se font insulter. Pourquoi ?
Pour avoir refusé de parler de " terrorisme " au sujet des crimes de guerre commis par le Hamas. Avions-nous raison ? Cent fois oui ! Tout nous le démontre actuellement. Qualifier de " terrorisme " les attaques du Hamas, c’est cautionner la riposte sanglante d’Israël. Le terrorisme on ne le combat pas, on l’éradique. La lutte contre le terrorisme ne supporte aucune règle de droit international. Nous en avons fait l'amère expérience lors des interventions américaines en Afghanistan et en Irak créant les désastres que l'on connaît, notamment l'implantation de Daesh et le retour en force des Talibans. A l'époque, la France n'était pas alignée !
Oui, l’attaque du Hamas était d’une atrocité sans nom.
Oui, il faut la paix, la libération des otages, le cessez-le-feu immédiat, un corridor humanitaire. Oui, il faut deux états qui coexistent, le respect des résolutions de l’ONU, les frontières de 67…
Si quelqu’un voit dans ce que je viens d’écrire quelque chose qui justifierait un procès médiatique, la mise au ban du camp républicain, les insultes et les menaces de mort : qu’il me le dise !
La réalité, c’est que rien dans ce qui a été écrit par l’un des membres de La France Insoumise ne mérite la moitié de ce que l’on subit actuellement.
Surtout pas le premier tweet de Jean-Luc Mélenchon qui exprime notre compassion avec le peuple Israélien.
J’ai commencé par parler du conflit au Proche-Orient car les choses doivent être claires, rien n’est comparable entre ce que nous subissons ici et ce qu’ont subi les israéliens le 7 octobre et les palestiniens depuis des semaines.
Avant de dire en quoi je suis fier d’être insoumis, quelques mots sur la doxa médiatique et ses éléments de langages actuels.
L’ensemble des médias + le RN / LR / Renaissance nous disent “ Israël a le droit de se venger ”. Ah bon c’est ça le Droit, la vengeance ? C’est exactement tout le contraire. Imaginons, même si ça fait mal, demain quelqu’un vient à tuer ma nièce, l’un des êtres que j’aime le plus sur Terre, sans plus de détails, juste la tuer. Aurais-je envie de me venger ? Sans doute. En aurais-je le droit ? Heureusement : non. Le Droit, c’est justement ne pas réagir par l’émotion guidée par les passions humaines. La justice, ce n'est pas la vengeance. Punir les agresseurs, c’est trouver la peine la plus adaptée pour qu’ils ne nuisent plus à la société.
Si certains pensent que s'orienter vers un génocide, comme viennent de le déclarer des experts indépendants de l’ONU[2], est une réponse adéquate aux attaques du Hamas, alors je ne crois pas que je peux faire société avec ceux-là.
Finissons-en sur le conflit :
L’extrême droite prépare le terrain depuis des décennies à ce qu’elle rêverait de voir sur notre territoire : une guerre civile, reprenant ainsi l'absurde théorie du " choc des civilisations[3] ". Ils ne vivent que pour ça ! L’espoir de voir des français blancs et d’autres un peu trop marrons se foutre sur la gueule dans la rue. D’ailleurs ils surfent sur chaque fait divers qui pourrait aller dans leur sens (qu’importe bien souvent si ce sont des fakes-news). Ils sont bien trop heureux de ce qui se passe actuellement !
L’islamisme n’a rien à voir avec les musulmans.
Son développement a, en revanche, à voir avec la politique internationale des pays occidentaux. Comme l’extrême droite se base ici sur la haine de l’autre, l’islamisme se construit sur la haine de l’occident et de sa culture. Partout où l’islamisme s’est développé rapidement, les occidentaux y sont présents pour des intérêts économiques, soutiennent des dictatures, y ont fait la guerre…
J’ai presque envie de dire que l’islamisme est un fascisme comme les autres. Il se base sur la haine de l’autre, utilise le mensonge et la calomnie. Il est violent, réactionnaire, anti-femme, anti-gay, contre les libertés publiques… Bref, les islamistes et l’extrême droite sont des alliés objectifs : ce sont les deux faces de la même pièce.
Revenons-en au sujet : fier d’être insoumis !
Voilà des semaines qu’ils tapent tous ensemble donc : les médias et la classe politique de Renaissance au RN. Quand des universitaires, des intellectuels, des experts de la région disent ce que nous disons, les plateaux généralement les laissent parler, quand c’est un insoumis qui le dit alors : nous sommes antisémites.
Cette insulte m’est insupportable. Jamais je ne m'y habituerai.
Le combat contre l'antisémitisme est trop sérieux pour se laisser insulter par des gens qui s’en fichent pas mal le reste de l’année. L’antisémitisme est une idée abjecte, beaucoup trop présente dans nos sociétés malgré le passé récent. De plus, dévoyer ce mot abîme gravement la lutte impérieuse que nous devons mener.
Malgré cette insulte qui tétanise et qui fait mal aux tripes, le mouvement insoumis n’a rien cédé de ce que nous croyons juste : l’appel à une paix durable au Proche-Orient[4].
Il y a eu des jours compliqués, où on se faisait insulter sur les réseaux sociaux et où on recevait des menaces de mort. Certains camarades plus que d’autres, et il n’est jamais agréable de voir les gens que l’on estime être mis en danger pour ce qu’ils pensent. Pourtant, le mouvement n’a jamais faibli.
La rage nous a parfois traversé en voyant des images de l’Assemblée Nationale où la quasi-totalité des députés était levée et applaudissait à l’unisson “ le soutien inconditionnel à Israël ”. Particulièrement, de voir des députés d’un parti fondé par des SS[5] (mais qui portent de belles cravates !) qu’on respectabilise alors qu’on devrait à jamais les bannir du champ républicain. Pourtant, nous n’avons rien cédé.
Dire qu’il a été facile pour nous de traverser ces dernières semaines serait un mensonge.
Déjà, devoir supporter les images des massacres commis par le Hamas puis l’armée Israélienne était anxiogène. En plus de cela, devoir supporter la calomnie et la vindicte était difficile. Pourtant, nous avons tenu bon.
On aurait pu espérer que certains " alliés " seraient montés au créneau pour nous défendre et ne pas laisser des militants de la paix être traités de la sorte. Au contraire, certains en ont profité pour tenter de détruire l’alliance qui avait créé un souffle d’espoir dans le peuple de gauche. Ils ont fait ce qu’ils savent le mieux faire : des coups bas qui créent du désespoir et s'aplatir devant la meute. Pourtant, nous avons supporté la traîtrise.
Je crois que de mémoire de militant je n’avais jamais vu le corps médiatico-politique aussi coupé de la réalité de la société.
Très vite, Darmanin a décidé d’interdire les manifestations pour la paix au Proche-Orient alors que du monde entier nous parvenaient les vidéos de foules immenses manifestant contre les massacres en Palestine. Les camarades avec qui nous sommes en contact à l’étranger nous le disaient : “ il n’y a que chez vous que ça se passe comme ça ”. La réalité politique du pays, c’est que les gens sont sur notre position au contraire de la classe politico-médiatique. Pourtant, nous avons appelé à rejoindre les manifestations pour le cessez-le-feu sans trembler de la main.
Alors camarade insoumis, sympathisant, toi qui lis mes mots et sais la sincérité de mon engagement et de celui de mes camarades : retiens cette leçon. Il ne faut jamais plier de peur. Il ne faut jamais se décourager dans notre tâche ; celle de défendre une société de paix.
Plus ils nous salissent, plus ils nous renforcent. Car le mouvement insoumis c’est aussi l’incroyable solidarité qui existe entre ses membres.
🔴 Pour finir ce billet, ces quelques vers de l’un de mes poèmes préférés d’Aragon : “ Un jour viendra, couleur orange ”.
“Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche “
Force et honneur, la lutte continue !
Je vous invite à écouter cette chanson de Barbara avec texte si juste
Le 9 mars 1974 BARBARA chante " Perlimpinpin " en s'accompagnant au piano Émissions TV, Archive tv, Archive télévision, tv replay live, live music, french tv Images d'archive INA (Institut National de l'Audiovisuel)
Mais qui est Nordine Raymond ? " L'ami des gens " vu par un film documentaire de Nicolas Dattilesi
La caméra de Nicolas Dattilesi a suivi pendant 5 semaines la campagne électorale aux élections législatives de juin 2022 de Nordine Raymond (candidat pour La Nupes issu de La France Insoumise) sur la 2ème circonscription de Charente Maritime. (NDLR avec 27,50% et 14 928 électeurs, il lui a manqué 318 voix pour être au second tour[1]).
Le film qui en résulte est bien plus qu’un film de campagne.
Le film documentaire “ Nordine, l'ami des gens ” de Nicolas Dattilesi donne à voir tous les espoirs portés par des militants de la 2ème circonscription de la Charente Maritime, en matière de justice sociale et de protection de l'environnement. Un regard tendre et amusé pour ré-enchanter le débat politique et rendre compte de l'engagement d'une bande d'irréductibles assoiffés de progrès humains et environnementaux. 76 minutes que l'on ne voit pas passer tant les sujets pourtant graves qui y sont parfois questionnés, sont abordés ici avec la sincérité joyeuse de ceux qui veulent bâtir un autre monde des possibles.
Notes :
[1] résultat 1er tour élections législatives 2022 circo1701
[2] Gaza/Israël : « Risque grave de génocide » (rapporteurs de l’ONU)
[3] Le «choc des civilisations»: une thèse dangereuse
[4] Conflit israélo-palestinien : notre position pour une paix juste et durable
[5] Oui, le RN est « l’héritier de Pétain », le FN a été fondé par des anciens nazis
Cet article est reposté depuis fedetlib.overblog.com.
Cet article est reposté depuis Le blog de Roger Colombier.
Le secrétaire départemental de la CGT du Nord placé en garde à vue pour "apologie du terrorisme". Il a été arrêté vendredi, chez lui, à 6 heures du matin, pour avoir affiché dans un trac le soutien de la CGT au peuple palestinien. France Bleue Nord et France info ont consulté ce tract. Extraits de leur part: "les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées" et que "depuis sam
Cet article est reposté depuis Allain GRAUX.
Il s'agit d'une guerre car les Palestiniens n’en peuvent plus.
Dans les faits, les accords d’Oslo n’existent plus...
Israël/Palestine : pour une paix juste et durable, stop à l'escalade !
Comment ne pas condamner l'attaque du Hamas contre Israël qui endeuille et dessert la cause palestinienne, mais.... au-delà de l’émotion ou la colère légitime devant les victimes civiles d’un conflit, et c’est évidemment vrai pour les victimes israéliennes et palestiniennes d'hier, d'aujourd'hui et demain, toute réaction politique doit tenir compte des événements et du contexte.
Car, en Palestine comme ailleurs, il faut contextualiser une situation pour la comprendre. L’accroissement exponentiel du nombre de colons israéliens, le régime d’apartheid dénoncé par de nombreuses ONG internationales et israéliennes réputées devraient être rappelés plus souvent… pour permettre de comprendre le pourquoi du comment !
Source : Alain Graux | mis à jour le 09/10/2024
Sur le fond, au delà des propos médiatiques pro-israéliens
Cette attaque du Hamas (NDLR : le Hamas politique a été créé en douce par Israël[2][2bis]) se produit alors que l’occupation et la colonisation se poursuivent et que les Palestiniens ne se sont jamais retrouvés aussi seuls au moment où Israël entame une normalisation de ses relations avec l’Arabie saoudite et des pays arabes. Les territoires occupés s’embrasent car l’espoir de voir la création d’un État palestinien n’existe plus, que la communauté internationale parle mais n’agit pas. La bande de Gaza est sous blocus israélien depuis 17 ans, et, (NDLR : entre 2008 et 2022, Tel Aviv a mené cinq offensives militaires dans la bande de Gaza. Israël a non seulement tué des milliers de Palestiniens de façon indiscriminée, le plus souvent dans des zones civils, mais a délibérément détruit les infrastructures industrielles et agricoles de la bande de Gaza, a établi une zone tampon dans le territoire palestinien, et l’a finalement clôturé, la transformant en prison à ciel ouvert[3].
Ce n'est pas un conflit au sens classique du terme, c'est une armée super équipée face à un peuple qui résiste. Il y a un occupant et un occupé. Il y a une armée d’occupation qui avaient obtenu plus d’un an à l’avance le plan du Hamas visant à mener une attaque sans précédent contre Israël... et des résistants.
Chaque jour, il y a des Palestiniens assassinés par les colons israéliens, l'armée ou la police[4].
Le Hamas n'est pas ma tasse de thé, mais l’autorité palestinienne, aux mains du Fatah, est complètement corrompue. Dans cette situation, on peut aisément comprendre le désespoir des Palestiniens et en particulier de la jeunesse palestinienne pour laquelle il n’y aucun avenir autre que l’exil ou la soumission à un gouvernement israélien dominé par des extrémistes juifs qui veulent annexer leurs terres, détruisent leurs maisons ancestrales.
Et l'occident ?
Les pays occidentaux regardent ailleurs malgré des dizaines de résolutions de l'ONU[1] qui condamnent Israël et son occupation illégale, ses violences, tueries et vols de terres, discriminations de toutes sortes.
Les Israéliens agissent en toute impunité parce que les européens d'Europe ou d'Amérique se sentent coupables à l'égard des juifs et de la shoah. Le fait d'être un colon juif donne t-il le droit de tuer, de voler impunément, de violer les règlements internationaux ?
Là, comme ailleurs, la seule issue se sont des négociations, dans une conférence internationale avec les principaux acteurs pour aboutir à une paix juste et durable, et une solution qui respecte le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
-----------------------------
Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, Israël/Palestine : il faut un cessez-le-feu !
Notes :
[1] Résolutions de l’ONU non respectées par Israël... quel État pourrait se permettre un tel palmarès en toute impunité
[2] Avi Primor, ancien ambassadeur d'Israël, et ancien porte-parole du Ministère israélien des Affaires Étrangères : « C'est le gouvernement israélien, c'est nous qui avons créé le Hamas, afin de créer un poids contre le Fatah »
[2bis] Quand Israël favorisait le Hamas, par Charles Enderlin
[3] Les raisons d’une escalade de la violence
[4] Le bilan humain du conflit israélo-palestinien de 2008 à 2020 chiffré par l'ONU
[5] Révélation du New York Times : des responsables israéliens avaient obtenu plus d’un an à l’avance le plan du Hamas visant à mener une attaque sans précédent contre Israël.
Pour en savoir plus :
- De 1947 à 2023, un conflit israélo-palestinien complexe et dans l’impasse
- Terrible rappel à la réalité du journal israélien Haaretz sur une déclaration de Netanyahu en 2019 : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. Cela fait partie de notre stratégie ».
- La #Palestine est un un territoire gruyère, dominé, occupé, colonisé : Un peuple, une colonisation. De l’occupation au morcellement
- Charles de Gaulle le 27 Novembre 1967 : “ L'état israélien organise l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression et la résistance qui s'organise est qualifiée de terroriste ” ... et c'est toujours d'actualité avec le résultat que l'on connait !
- Israël-Palestine : pour une paix juste et durable, stop à l’escalade ! Communiqué du groupe parlementaire de La France Insoumise-NUPES en date du 7 OCTOBRE 2023
- Israël-Palestine : Jean-Luc Mélenchon appelle à la paix et au cessez-le-feu
- Le bilan humain du conflit israélo-palestinien de 2008 à 2020 chiffré par l'ONU
- Communiqué de l’Union juive française pour la paix : " Ça suffit le concert des nations pro-israélien ! Résister à un occupant est légitime "
- Israël-Palestine : Macron s’aligne sur l’extrême droite israélienne contre les voix de la paix
- « Éradiquer Gaza mais aussi LFI » : l’arc des faiseurs de guerre contre les défenseurs de la paix
- Bande de Gaza : une succession de 15 années de guerres avec Israël
- Israël-Gaza : quelle est la différence entre un crime de guerre et un acte terroriste ?
- Israël-Palestine : le crime de guerre, une imputation bien plus grave que celle de terrorisme
- Gaza : la France a voté contre un « cessez-le-feu humanitaire » à l’ONU
- Un document des renseignements israéliens, authentifié par le journal israélien Haaretz, planifie le nettoyage ethnique de Gaza en proposant comme solution de dégager les palestiniens de Gaza pour les placer dans le Sinaï en Égypte sous des tentes.
- Un an à l’avance, les autorités israéliennes étaient au courant d’une attaque du Hamas
- Le sénateur américain Sanders s'oppose à une aide financière de 10,1 milliards de dollars à Israël
- Voilà pourquoi Israël a créé et financé le Hamas, savait un an à l'avance quil préparait une attaque et à laissé faire, entrepris un génocide sur Gaza et le détruire : 16 décembre 2023 BENJAMIN NETANYAHU SE DIT "FIER" D'AVOIR "EMPÊCHÉ" LA CRÉATION D'UN ÉTAT PALESTINIEN
- Palestine 2023 : Premières leçons d’une catastrophe
- 26 janvier 2024 : La Cour Internationale de Justice reconnait le risque génocidaire à Gaza
- Sionisme, Israël et judaïsme, entre mythes et réalités
- Gaza : Israël est incapable de fournir une preuve contre l’UNRWA
- Israël a créé des « zones de tir à vue » à Gaza. Quiconque y pénètre est abattu.
Palestine: " Comment Gaza change la donne géopolitique internationale "
La seule issue se sont des négociations, dans une conférence internationale avec les principaux acteurs pour aboutir à une paix juste et durable, et une solution qui respecte le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes... via la construction de deux Etats
Cet article est reposté depuis Les communistes de Pierre Bénite et leurs amis !.
Démocratie en Israël et libération de la Palestine : même combat ! par Patrick Le Hyaric
Manifestation monstre à Tel Aviv contre le gouvernement
Le puissant mouvement qui perdure en Israël contre la refonte judiciaire soulève deux questions fondamentales liées entre elles : la démocratie et l’enjeu de la coexistence de deux États – Israël et la Palestine – vivant côte à côte et en paix. Deux questions restant taboues dans la plupart des chancelleries notamment aux Éta
Les lendemains d’élections ont montré que la société israélienne est devenue en partie religieuse et en grande partie raciste[1], la haine des Arabes étant son principal carburant, sans personne pour s’y opposer...
25 novembre 2022 : Israël Benjamin Netanyahu signe son premier accord de coalition avec l'extrême droite[0]... et, un mois plus tard, présente un programme « encourageant » la colonisation en Cisjordanie[7]...
et Macron veut « renforcer les liens » entre les deux pays (en soutenant donc ce régime d'apartheid et la violation des résolutions de l'ONU)[6]...
Tandis que les élections anticipées du 1er novembre 2022 ont vu les suprémacistes juifs faire une percée historique au Parlement, un nouveau visage de l’Etat hébreu se dessine. S’il se confirme dans la composition du prochain gouvernement, il devrait imposer à ses alliés occidentaux un réexamen de leurs relations avec Israël...
Sources : A l'encontre par Gideon Levy | mis à jour le 20/07/2023
Que pensiez-vous qu’il allait se passer ?
Que pensait la gauche sioniste, qui a sombré dans le coma après les Accords d’Oslo de 1994[2] ? Qu’il était possible de revenir au pouvoir en sortant du coma ? Les mains vides ? Sans alternative et sans leadership ? Sur la seule base de la haine de Netanyahou ? En dehors de cela, cette gauche sioniste n’avait rien à offrir.
Personne ne devrait être surpris par ce qui s’est passé (l’obtention d’une majorité de sièges à la Knesset – 64 sur 120 – de la coalition menée par Benyamin Netanyahou du Likoud et Itamar Ben-Gvir du Otzma Yehudit[2bis]). Il ne pouvait en être autrement. Cela a commencé avec l’occupation (en 1967) – pardonnez cette mention ennuyeuse et clichée[3] – mais c’est alors que cela a vraiment commencé. Il fallait que cela débouche sur un gouvernement ouvertement raciste et de « transfert » des Palestiniens.
Car si vous devez avoir une occupation, alors vous devez embrasser sa version authentique, celle qui ne s’en gêne le moins du monde, c’est-à-dire la version Ben-Gvir.
Il était tout simplement impossible de poursuivre les illusions – Juif et démocratique, occupation éclairée, occupation temporaire – et tout ce répertoire de phrases usées. Le temps de la vérité était arrivé, et c’est ce que Netanyahou et Ben-Gvir vont nous expliquer.
Hier (2 novembre), Israël s’est réveillé à l’aube d’un nouveau jour, dans lequel tous les bavardages et les euphémismes appartiennent désormais au passé.
Désormais, l’occupation n’est plus que occupation. Il en va de même pour la suprématie juive en Israël. Désormais, le sionisme est promu au rang de racisme déclaré. Hier, la mort de la ligne verte, frontière établie le 4 juin 1967, (et surnommée « mur de la honte » (par analogie avec le Mur de Berlin) ou « mur d'annexion », voire également « mur de l'Apartheid »[5], par la gauche israélienne) a également été officiellement déclarée : l’occupation est ici et partout.
Depuis longtemps, maintenant, Yesha se rapproche à grands pas d’Israël, avec son nationalisme et son fondamentalisme enracinés. Pendant toutes ces années, personne ne s’est levé pour l’arrêter. Aujourd’hui, il est trop tard. Il y a deux jours, cette dynamique s’est conclue.
Il est inutile de poursuivre, maintenant, une campagne de dénonciation.
Yair Lapid a siphonné les votes travaillistes, les travaillistes n’ont pas fusionné avec le Meretz (formation dite de gauche qui ne dispose plus de sièges à la Knesset), Balad (formation nationaliste palestinienne) n’a pas rejoint la liste commune. Tous ces éléments n’auraient été que des analgésiques temporaires pour une maladie incurable. Même si tout cela ne s’était pas produit, rien du tableau général n’aurait été différent : la société qui s’est formée dans ce pays est en partie religieuse et en grande partie raciste, la haine des Arabes étant son principal carburant, et il n’y avait personne pour s’y opposer.
Ce qui s’est passé il y a deux jours n’a pas commencé il y a deux jours.
Peut-être que c’est Golda Meir (première ministre de mars 1969 à juin 1974, antérieurement ministre du Travail et de la Sécurité sociale de 1949 à 1956, puis des Affaires étrangères de 1956 à 1966) qui a commencé, peut-être Shimon Peres (plusieurs fois premier ministre, entre septembre 1984 et octobre 1986, entre novembre 1995 et juin 1996), mais quoi qu’il en soit, aucun de leurs successeurs n’a essayé de faire autrement pour endiguer la marée. Avez-vous vraiment pensé que Yair Lapid (ministre des Affaires étrangères de juin 2021 à fin juin 2022, puis premier ministre dès le 1er juillet 2022), un droitier modéré et creux, rempli de bonnes intentions, était capable d’offrir une alternative à Ben-Gvir ? Quelle alternative ? Tuer en douceur ? Embrasser Emmanuel Macron (lors de sa réception à l’Elysée le 22 août 2022) ? Maintenant, Israël a décidé qu’il préférait ne pas être gentil quand il s’agit de tuer. Le prochain gouvernement évitera au moins de faire de l’esbroufe.
Pendant des années,...
Que pensions-nous qu’il ressortirait de tout cela ? Ben-Gvir, en fait, a pris son temps. Il aurait pu faire son grand tabac il y a longtemps. C’est ce qui arrive quand vous avez un Bolsonaro et pas de Lula en face de lui. C’est ce qui arrive lorsque les cris de « Mort aux Arabes », qui seront désormais répétés dans les écoles lors de la réunion matinale, n’ont pas été accueillis par un seul cri de « Liberté pour les Arabes ». C’est là que ça a commencé, c’est là que ça se termine.
Notes :
[0] En Israël Benjamin Netanyahu signe son premier accord de coalition avec l'extrême droite. Le nouveau ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben-Gvir, a été condamné en 2007 pour incitation raciste contre les Arabes. Ils veulent la mort de la Palestine.
[1] Divers analystes ont qualifié l’évolution politique d’Israël comme étant marquée par un «ethno-nationalisme» dominant. « Qu’est-ce que l’ethnonationalisme ? » par Arthur Kemp, un texte fondamental
[2] QU'EST-CE QUE LES ACCORDS D’OSLO ?
[2bis] Otzma Yehudit, anciennement Otzma LeYisrael, est un parti politique d'extrême droite10 israélien créé en novembre 2012
[3] Une des facettes de la réalité de l’occupation est aujourd’hui décrite ainsi, y compris par un quotidien tel que 24 heures, le 1er novembre 2022. Nous ne citerons que ce passage : « Des attaques aux formes très variées, parfois coordonnées entre différentes colonies ou avant-postes, avec la police et l’armée israéliennes à proximité, comme l’a confirmé un rapport de l’ONG israélienne Breaking the Silence publié l’été dernier. Sans compter les menaces des colons armés sur les Palestiniens et le harcèlement moral et psychologique au quotidien qui les poussent à partir. »
[4] Selon le Jerusalem Post du 2 novembre, selon des sources issues d’Otzma Yehudit, la formation d’Itamar Ben-Gvir et de Bazalel Smotrich, ce dernier veut « expulser par bateau et par avion ceux qui agressent des soldats de Tsahal », autrement dit tout Palestinien manifestant une résistance quelconque à l’occupation ou à une discrimination au sein de l’Etat hébreu, tout cela présenté sous l’angle d’une « lutte contre le terrorisme ». Ben Gvir a ajouté qu’il fallait expulser Ayman Odeh, Arabe israélien, dirigeant du Parti communiste et président de la coalition électorale Liste arabe unie. Parmi ses autres cibles, on retrouve les membres d’ONG « étrangères » qui analysent la réalité israélienne et dénoncent les diverses formes de répression touchant les Palestiniens. Ben Gvir vise le ministère de l’Intérieur et un ou deux ministères liés au secteur de «la sécurité».
[6] Macron a déjà, sans concertation, ni débat, donné la position de la France en félicitant Netanyahu pour sa victoire, et veut « renforcer les liens » entre les deux pays (en soutenant donc ce régime d'apartheid et la violation des résolutions de l'ONU)
[7] Dans un communiqué, le Premier ministre israélien a présenté les différents points qu’il souhaite mettre en place lors de son mandat
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/israel-macron-felicite-netanyahu-pour-sa-victoire-veut-renforcer-les-liens-entre-les-deux-pays-20221106?fbclid=IwAR0iUssQ1_kBuJjm7BnI7CpXcsnMUdpa-1ApV4M_KBmYeAHUXly98qBVk1I
Pour en savoir plus :
- Peux-tu donner un aperçu de la situation politique en Israël, à l’approche de nouvelles élections ?
- Nationalisme d’Etat et intégrisme nationaliste : le cas d’Israël
- Après les élections législatives, le visage nouveau et inquiétant d’Israël
- L’Afrique du Sud demande qu’Israël soit déclaré " État d’apartheid "
- « Ces colons savent qu’ils peuvent agir en toute impunité »
- Le gouvernement d'extrême droite en Israël, " une épreuve pour la démocratie "
- Israël : de retour au pouvoir, Netanyahou s’entoure d’alliés racistes et homophobes
- Israël. L’idée rance d’un homme fort pour la nation juive
- La Palestine assiégée : de la colonisation à l’apartheid
Apartheid Israélien, il y a urgence à mettre fin au bal des Hypocrites... et en tout état de cause, « Critiquer l’exécutif israélien, ce n’est pas être antisémite »
Pour faire la clarté : L’apartheid est un terme afrikaans qui signifie « séparation » et désigne la politique dite " de développement séparé " instaurée par le Parti national afrikaner (NP) en 1948, dans une Union sud-africaine encore sous domination britannique[0].
A juste titre, la proposition de résolution du groupe parlementaire PCF #Nupes[1] " condamne l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien[0bis] " et veut faire reconnaître le boycott des produits israéliens par l'Assemblée nationale, avec le soutien de 38 députés PCF, PS et un écologiste et LFI de l'intergroupe #Nupes cosignateurs.
Sources : Durand Eric mis à jour le 11/08/2022
Tout d'abord, pour expliquer l'agitation parlementaire, retour sur un concept non négociable " Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes "... et pourtant remis en cause par la macronie
Tout part des propos de Manuel Valls (1er Ministre de François Hollande)[1bis], selon qui l’antisionisme est « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ». Prononcée le 7 mars 2016 lors du dernier dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des juifs de France)[2], organisme principalement consacré à la défense des gouvernements israéliens successifs auprès des autorités françaises,, cette accusation vise à faire peser un soupçon indistinct d’infamie sur les mouvements de solidarité avec les Palestiniens. et a été contestée, notamment par Pascal Boniface, Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris)[2bis]
'est dans ce cadre que lors de la présentation de la résolution du PCF[1], le 2 août les masques sont définitivement tombés
En l'absence de majorité, dans un contexte socio-économique hyper tendu, ce 2 août, le gouvernement a abattu sa dernière carte face à l'opposition de gauche en la vouant aux gémonies de l'antisémitisme.
Ce fut d'abord le très sioniste soutien du gouvernement Netanyahou, M Habib[10] qui sonna la charge. Ses insultes auraient pu en " toucher une sans faire bouger l'autre ", tant l'homme est connu pour ces outrances pro israéliennes et islamophobes. Cependant, le garde des sceaux, qui au lendemain des législatives fut l'un des tous premiers à tendre la main à l'extrême droite, reprend à son compte les accusations. Puis Éric Dupond-Moretti qui a mis de l'huile sur le feu. Enfin ce fut au tour de Madame Borne, première ministre sans portefeuille ni pouvoir de tenter avec ses gros sabots de scinder l'opposition de gauche en déclarant que bien sûr PCF EELV et PS étaient dans le champ républicain tout en excluant LFI.
Dans cette ambiance particulièrement pesante où l'accusation d'antisémitisme est portée contre les députés et les partis de la NUPES, ce sont toutes les composantes de gauche que l’on veut délégitimer en les accusant d’antisémitisme.
C'est ainsi que le député communiste Jean-Paul Lecoq, premier signataire de la résolution sur Israël[1] déposée par plusieurs élus de la Nupes, a vivement protesté. Et à l'initiative des députés de la France insoumise, la quasi-totalité des élus de gauche ont quitté l'hémicycle.
Et c'est dans ce contexte que l'Union Juive Française pour la Paix dénonce : " l'Apartheid, le bal des Hypocrites[9] "
Selon elle (extrait), l’institutionnalisation de l’apartheid par Israël ne fait plus aucun doute pour les juristes internationaux, qu’ils opèrent dans les institutions officielles ou dans les grandes ONG...
Et le crime d’apartheid ne résume pas à lui seul tous les crimes de guerre et crimes contre l’humanité que commet Israël.
Nous avons déjà dénoncé la campagne de calomnies qui s’est immédiatement développée dès la publication de ce projet de résolution[1] : les défenseurs inconditionnels du sionisme, sans le moindre argument pour critiquer l’argumentation du projet de résolution, ont aussitôt brandi hors de toute décence l’argument de l’antisémitisme, dès lors que les fondements de la création d’Israël sont interrogés. Cette campagne d’une droite sioniste décomplexée (la LICRA, le CRIF, Goldnadel, Prasquier, Aurore Bergé, Sylvain Maillard, Meyer Habib[10]…) bénéficie du silence des autorités de l’État, occupées à recevoir avec les honneurs le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, avant que cet après-midi même le Garde des Sceaux crée le buzz en relançant l’accusation inepte d’antisémitisme contre « l’extrême gauche ». Cette campagne se déroule au moment où précisément Israël est dans un temps fort de colonisation, notamment à Jérusalem Est, et dans un temps fort de discriminations légales visant à favoriser les expulsions et les départs des Palestiniens.
Cependant, nous devons dire un mot des critiques adressées au projet de résolution par ceux qui se veulent progressistes, mais veulent encore aujourd’hui protéger l’État d’Israël des accusations portées par le projet, en cherchant à tout prix et contre toute évidence à ne voir dans les crimes commis que le résultat des politiques des gouvernements de droite....
On voit le Centre Medem, faisant fi de ses origines antisionistes du Bund, dénoncer de même ce projet. Lui aussi fait semblant de croire que seul le régime sud-africain mérite le terme d’apartheid. Et il ose même reprocher au projet d’ignorer « (…) délibérément la participation active des citoyens arabes aux instances de la démocratie israélienne », faisant probablement référence au parti de la droite islamiste arabe un temps associé en roue de secours aux projets réactionnaires du gouvernement Bennett !
Notes :
[0] L’apartheid est un terme afrikaans qui signifie « séparation » et désigne la politique dite " de développement séparé " instaurée par le Parti national afrikaner (NP) en 1948, dans une Union sud-africaine encore sous domination britannique
[0bis] Les Palestiniens priés d’emprunter des bus différents des colons
[1] Proposition de résolution de M. Jean-Paul Lecoq condamnant l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien
[1bis] Manuel Valls
[2] Dîner du Crif: pour Valls, «l'antisionisme est synonyme de l'antisémitisme»
[2bis] Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface publie un ouvrage pour répondre à ses détracteurs, parmi lesquels l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui l’estampillent « antisémite »
[3] PROPOSITION DE RÉSOLUTION visant à lutter contre l’antisémitisme
[4] Sionisme et ainsi de suite… par Jean-Luc Mélenchon
[4bis] Le 28 mai 2019, le député Sylvain Maillard avait participé à une conférence aux côtés de Yossi Dagan, un leader militant des colons, qui préside une autorité de l’État Israélien en charge des colonies en Cisjordanie occupée.
[5] Analyse du scrutin public n° 2338 sur la proposition de résolution visant à lutter contre l’antisémitisme
[6] DÉCRYPTAGE DE LA RÉSOLUTION DITE « RÉSOLUTION MAILLARD »
[9] Apartheid, le bal des Hypocrites
[10] Un député français (UDI) “porte-parole” de Benyamin Netanyahou à l’Assemblée nationale
Pour en savoir plus :
- Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes
- Antisémitisme : en finir avec le poison de la rumeur par Manuel Bompard
- L’Afrique du Sud demande qu’Israël soit déclaré "État d’apartheid"
- Contre vents et marées, la résistance palestinienne, debout !
Au cours de l'été 2014 Israël lançait l'opération « Bordure protectrice »
Alors qu'en France la mobilisation pour exiger qu'Israël cesse ses frappes sur Gaza s’amplifiait, la LDJ (Ligue de Défense Juive) multipliait les provocations et exactions.
Ainsi, suite au lancement de la , par Jean-Jacques Candelier député communiste du Nord, le site qui accueillait la pétition "Wesign.it" subissait une attaque de grande ampleur et, les équipes techniques mobilisées peinaient pour garantir l'accès à la plateforme.
Cette attaque par des soutiens de la Ligue de Défense Juive, confirmait la nécessité de se mobiliser contre ce groupuscule d'extrême droite qui sème la violence et cultive la haine. Pour exiger la dissolution de la Ligue de Défense Juive... une pétition était mise en ligne.
Dans le même temps, pour la 7ème fois Facebook supprimait la page principale de la Ligue de Défense Juive, pour incitation à la haine et appel à la violence
Poursuivons l'action pour l'interdiction de la LDJ
Le 28 mars 2018, la LDJ (Ligue de Défense Juive) a chassé des représentants de la France Insoumise de la Marche Blanche organisée en hommage à Mireille Knoll aux cris sexistes et homophobes de : « Autain sale pute », « Insoumis enculés », « Mélenchon pédé »… Le groupuscule a ensuite participé au service d'ordre de madame Le Pen. La LDJ a ainsi récupéré et entaché – avec violence – cette manifestation organisée en l’honneur d’une personne décédée à laquelle le fils de madame Knoll avait pourtant invité « tout le monde » à participer pacifiquement.
La LDJ est une organisation d’extrême droite, branche française d’un mouvement créé aux Etats-Unis où il est classé depuis 2001 comme « organisation terroriste ». En Israël même, la Ligue est interdite depuis 2004, année où l’un de ses membres assassina 29 Palestiniens et blessa 125 personnes. En France, le groupuscule s’est fait maintes fois remarquer pour ses agressions et a déjà été condamné.
À l’heure actuelle, la LDJ jouit d’un statut flou qui ne l’empêche pas de s’en prendre à des élu-e-s du peuple et d’imposer sa propre marche brune au sein d’une Marche Blanche. Rappelons également que les propos sexistes et homophobes susmentionnés sont passibles de poursuites. Aussi, nous demandons à l’État d’agir en interdisant purement et simplement cette organisation criminelle, en bloquant les dons qui lui sont faits et en réprimant ses militants.
Exigeons que l’État agisse en interdisant purement et simplement cette organisation criminelle
Ligue de défense juive : milice ou bullshit ?
Bullshit est une expression d'anglais américain qui signifie littéralement « merde de taureau » ou « merde de bison », elle est l'équivalent de « foutaise », « connerie ». Elle sert à dénoncer un mensonge ou une exagération et la traduction la plus juste serait « c'est des conneries » dans la plupart des cas.
Le Média reçoit le fondateur de StreetPress qui s'est immergé avec la LDJ pour une enquête disponible sur leur site. Un entretien passionnant.
En 2014, déjà des révélations explosives sur la LDJ
La LDJ, une ligue qui prône l’autodéfense juive
- Betar et LDJ : complément d'enquête sur France 2
- Un clip de rap dénonce Manuel Valls, « protecteur » de la Ligue de défense juive
- La Ligue de défense juive, un groupuscule d'extrême droite aux méthodes radicales
- Marine Le Pen défend l'existence de la LDJ
- LDJ-FN : Des relations anciennes qui remonteraient au début des années 2000
La « Ligue de défense juive » continue de frapper impunément
- Le ministère de l’Intérieur étudie la possibilité juridique de dissoudre la LDJ.
- Marine Le Pen justifie l’existence de la Ligue de défense juive
- LA LDJ EXPULSE LE PROPALESTINIEN MELENCHON DE LA MARCHE EN MEMOIRE de MIREILLE KNOLL
- Marche blanche : la LDJ sort Mélenchon et escorte Le Pen
- Qui est derrière la LDJ, accusée d'avoir bousculé Jean-Luc Mélenchon et protégé Marine Le Pen
Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface publie un ouvrage pour répondre à ses détracteurs, parmi lesquels l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui l’estampillent « antisémite ».
L'Humanité : Vous vous estampillez « antisémite » en titre de votre dernier livre. C’est tout de même grave. Pourquoi ?
Pascal Boniface : Comme le montre la couverture du livre, je suis, pour certains, tamponné « antisémite ». C’est une accusation particulièrement grave qui m’a pénalisé personnellement, professionnellement, qui a également atteint ma famille. Pourtant, personne n’a jamais pu citer un seul de mes propos ou de mes écrits qui justifierait cela. Sinon, je me serais retrouvé devant la justice. Il y a des lois en France qui encadrent très sévèrement les propos antisémites et les propos racistes. C’est ce paradoxe que j’essaie d’expliquer dans ce livre. Autre source d’interrogation, les grands médias n’ont jamais essayé d’entamer une réelle réflexion par rapport à ces accusations. Récemment encore, Manuel Valls a demandé que les ministères cessent tout contact avec l’Iris. C’est pourtant un « think tank » que je dirige, qui emploie trente salariés et qui est reconnu au niveau international. De tels propos de la part d’un ancien premier ministre auraient dû interpeller les médias sur la liberté d’expression. Si un ministre russe avait osé une telle demande, il y aurait eu une levée de boucliers contre une telle ingérence dans le débat public. Là, ce n’est pas le cas. Même Marianne, magazine qui a posé la question, n’a pas relevé cela. Il y a donc le fait que ce procès injustifié qui m’est fait n’a jamais suscité le désir d’une enquête approfondie.
L'Humanité : Est-ce que ces accusations formulées contre vous depuis seize ans se posent de la même manière aujourd’hui ? N’est-ce pas la moindre critique de la politique israélienne qui est ainsi remise en cause et taxée d’antisémitisme ?
Pascal Boniface : Il existe une sorte d’assimilation de la part de certains entre antisémitisme et antisionisme. Ils prônent la liberté de critiquer le gouvernement israélien mais cette liberté serait contestable puisque tous ceux qui émettent des critiques, s’ils ne sont pas Israéliens, seraient des antisémites. Depuis quelque temps s’installe un autre phénomène. Ceux qui plaident pour la fin de la discrimination à l’égard des musulmans, exprimant le vœu que ces derniers puissent s’exprimer en tant que tels, sont taxés de pro-islamistes, de faire de l’antisémitisme.
L'Humanité : Pourquoi de telles attaques aujourd’hui ? Est-ce pour empêcher tout débat ou pour clouer au pilori toute critique de la politique israélienne ?
Pascal Boniface : Lors des premières attaques contre moi, en 2001, certains ont pensé que c’était passager. Or, ça s’est amplifié. La raison ne l’a pas emporté. Les accusations d’antisémitisme sont encore plus importantes aujourd’hui qu’à l’époque. La critique s’adresse maintenant à toute personne qui se lève pour dénoncer la politique du gouvernement israélien. Elle est profondément enracinée, devenue presque un réflexe conditionné justement parce que le gouvernement israélien est de plus en plus critiquable et que le soutien à cette politique est de moins en moins défendable. J’entends les dénonciations de la présence de l’extrême droite au sein du gouvernement autrichien. Mais l’extrême droite est encore plus présente au sein du gouvernement israélien. Et personne ne soulève le problème.
Certains ministres israéliens ont fait des déclarations ouvertement racistes qui seraient condamnées en France. Or, ces propos ne sont pas dénoncés. Il existe une gêne et donc il faut trouver un bouc émissaire. Dans la mesure où il est de plus en plus difficile de soutenir l’occupation, pour le gouvernement israélien, il est plus aisé de faire croire que les critiques ne sont pas émises pour des raisons politiques mais par antisémitisme. C’est également une façon d’empêcher le débat.
L'Humanité : Vous allez jusqu’à penser qu’il existe un problème de libertés publiques ?
Pascal Boniface : Oui. On le voit bien avec les multiples demandes d’interdiction de débats, de meetings… Une sorte de terrorisme intellectuel est à l’œuvre. On veut faire peur aux gens. De fait, beaucoup de mes collègues universitaires ou certains journalistes disent que sur le conflit israélo-palestinien ils pensent comme moi mais ne le diront pas publiquement. C’est vrai aussi pour des femmes et des hommes politiques. Il faudrait un débat sur les raisons de ce chantage qui est dangereux parce qu’il banalise l’antisémitisme. Si la critique du gouvernement israélien est antisémite, on voit bien qu’on se trompe de cible. Je dis souvent à mes interlocuteurs que, dans la lutte contre l’antisémitisme, je suis leur allié, mais par contre je ne le suis pas dans la protection de l’actuel gouvernement israélien. Pour eux, la protection du gouvernement israélien devient plus importante que la lutte contre l’antisémitisme puisqu’on me traite en ennemi. L’occupation d’un territoire par un pays était difficilement acceptable au XXe siècle, elle l’est encore moins au XXIe.
Par : Pascal Boniface
ISBN : 978-2-31500-824-7
Pagination : 208
Format : Broché
Dimensions : 15cm X 21cm
Disponibilité : chez l'éditeur
Prix papier TTC : 18 €
Pour en savoir plus :
Pour une MAJORITÉ POPULAIRE, renforcer la France insoumise pour GAGNER !
🔴 La France insoumise et ses 71 députés sont au service des Françaises et des Français face à l'inflation et l'accaparement des richesses par l'oligarchie.
✅ La dissolution, nous y sommes prêts !
Avec la #Nupes, la France Insoumise propose l’alternative
📌 Pourquoi La France insoumise, ses origines ? La France insoumise : comment ? La France insoumise : pour quoi faire ?
Autant de questions dont vous trouverez les réponses... ✍️ en cliquant ci-dessous 👇
N'attendez pas la consigne !
✅ Pour rejoindre la France insoumise et AGIR ENSEMBLE pour GAGNER : cliquez ci-dessous 👇
La chaîne télé de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇
Le blog de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇