La précondition pour pouvoir gagner est d’affirmer clairement un programme de rupture, partant des besoins des classes populaires et se donnant les moyens politiques et économiques de les concrétiser.
Ce qui importe c’est comment les électrices et électeurs ressentent le projet dont le NFP est porteur.
La victoire de Trump est porteuse de leçons pour la gauche à condition de dépasser le niveau superficiel de l’analyse qui met l’accent sur le personnage et son comportement. Loin de s’y réduire, sa victoire, comme les autres montées de l’extrême droite, pose des questions qui, pour ne pas être nouvelles, sont plus que jamais d’actualité.
Il parait difficile dans le flot de commentaires qui a suivi la victoire de Trump d’y ajouter un point de vue tant soit peu original.
Néanmoins, il parait nécessaire d’y revenir pour essayer d’aller au-delà de l’écume de l’évènement. Il faut pour cela distinguer trois niveaux de réflexions.
🔴 Le premier, le plus superficiel, concerne les méthodes employées par Trump lors de la campagne électorale : tout a été dit sur le sujet : invectives, mensonges, démagogie, violence des propos. Trump a fait du Trump en portant à l’incandescence un discours de haine. Mais ce constat n’explique strictement rien.
Pourquoi cela a-t-il marché en 2024 et pas lors de l’affrontement avec Biden ?
Qu’est-ce qui lui a permis, non seulement de remporter les swings states, mais aussi, résultat a priori inconcevable, largement le vote populaire ?
🔴 Le deuxième niveau de réflexion a été parfaitement résumé par Bernie Sanders : « Cela n’a rien d’étonnant que le parti démocrate, qui a abandonné la classe ouvrière, voie que la classe ouvrière l’a abandonné ». Et d’ajouter : « nous n’avons même pas présenté de législation visant à augmenter le salaire minimum, malgré le fait que quelque 20 millions de personnes dans ce pays travaillent pour moins de 15 dollars de l’heure. Aujourd’hui, en Amérique, nous n’avons pas présenté de loi qui faciliterait l’adhésion des travailleurs aux syndicats. Nous ne parlons pas des régimes de retraite à prestations définies pour que nos personnes âgées puissent prendre leur retraite en toute sécurité. Nous ne parlons pas de la hausse du plafond de la sécurité sociale afin de prolonger sa solvabilité et d’augmenter les prestations. En fin de compte, si vous êtes un travailleur moyen, pensez-vous vraiment que le parti démocrate va se battre pour vous, qu’il va s’attaquer à des intérêts particuliers puissants et se battre pour vous ? Je pense que la réponse écrasante est non, et c’est ce qui doit changer ».
🔴 En fait donc Trump a bénéficié du décalage entre une bonne santé affichée de l’économie américaine et ce que vivait concrètement une grande partie des salarié.es des États-Unis. Comme l’explique Romaric Godin[1], « la croissance a changé de nature. Elle ne reflète plus aussi clairement le bien-être social […] l’accélération de la croissance a un coût social croissant ». Ainsi, la croissance économique s’est accompagnée d’une hausse importante des dépenses contraintes des ménages et des denrées alimentaires, alors même que le discours officiel de l’administration Biden était focalisé sur la maitrise de l’inflation. Pire même, la croissance économique a généré plus d’inégalités sociales rendant encore plus illusoire le « rêve américain » de promotion sociale et entretenant ainsi le cauchemar du déclassement. Dans cette situation, la désignation par Trump de boucs-émissaires a joué à plein.
C’est là où la campagne menée par Harris a été catastrophique. Non seulement elle n’a absolument pas tenu compte de cette situation, ni proposé de remèdes pour y faire face, mais elle a mené une campagne centrée sur la personnalité de Trump, pensant ainsi profiter d’un rejet de l’électorat. Si ce n’est sur la question de l’avortement, il est difficile de savoir ce qu’Harris a proposé pendant cette campagne. Elle est apparue, de fait, comme la candidate de la continuité, alors même qu’une majorité voulait un changement. Multipliant de plus les apparitions avec des vedettes de la chanson et des stars d’Hollywood, elle est apparue comme déconnectée des réalités sociales d’une partie même de son électorat. Enfin, son incapacité à prendre en compte la sensibilité de la communauté arabo-musulmane et son soutien sans fard à la politique israélienne lui a aliéné des votes dans un certain nombre d’États clefs, alors même qu’elle ne pouvait pas concurrencer Trump sur ce soutien et que la communauté juive était elle-même très divisée sur le sujet. Bref une campagne électorale tournée vers la droite, comme le montre les « signaux » envoyés notamment quand on l’a vue valoriser le port d’armes.
Dans cette situation, Trump a réussi à dessiner une vision du futur pour les États-Unis Une vision certes détestable, mais qui face au vide de la campagne d’Harris, a pu occuper l’espace de l’imaginaire collectif.
🔴 C'est là le troisième niveau de réflexion. Il faut revenir ici sur les transformations profondes qui se sont produites dans les sociétés occidentales ces dernières décennies.
Une révolution anthropologique est en cours qui remet en cause des centaines de siècles de rapports d’oppression et les représentations sociales correspondantes, que ce soit sur la place des femmes, de l’homosexualité ou des minorités discriminées et plus globalement sur la conception de la famille. Il serait naïf de croire qu’un tel processus puisse se faire sans résistance. En ce sens Trump représente probablement la forme la plus construite et la plus décomplexée de la contre-révolution dont l’objectif clairement assumé est celui d’un retour en arrière.
Il ne s’agit pas seulement d’une réaction conservatrice, le backlash, mais d’une volonté d’imposer un nouvel imaginaire social. Ce dernier fait certes la part belle aux masculinistes blancs mais est loin de s’y réduire au vu du résultat beaucoup moins important que prévu d’Harris chez les femmes et les minorités.
La victoire sans appel de Trump tient à la conjonction qu’il a réussi à opérer entre cet imaginaire dont on peut penser qu’il reste minoritaire aux États-Unis - comme le montrent les résultats d’un certain nombre de référendums sur l’avortement dans des États ayant voté Trump – avec l’angoisse du déclassement social d’une partie de l’électorat démocrate qui a ainsi basculé. Les caractéristiques individuelles du personnage étaient en symbiose avec le récit qu’il entendait imposer : homme fort, providentiel, volontariste capable de résoudre rapidement le problèmes.
Quelles leçons peut-on en tirer pour la gauche en France ? La première est que la précondition pour pouvoir gagner est d’affirmer clairement un programme de rupture, partant des besoins des classes populaires et se donnant les moyens politiques et économiques de les concrétiser. En ce sens, les tentatives à gauche des revenants du néolibéralisme, les Cazeneuve, Hollande, Delga, etc. qui, n’ayant rien appris ni rien oublié, rêvent de détruire le NFP et fantasment sur le retour à la domination d’une offre politique centriste, ne peuvent que mener à la catastrophe face à l’extrême droite. La débâcle d’Harris, après d’autres du même type, prouve une nouvelle fois que la gauche néolibérale est incapable de répondre aux défis du moment.
🔴 Cependant, cette précondition pour indispensable qu’elle soit, n’est pas suffisante.
Comme dans le cas de Trump, la force de l’extrême droite est de développer une vision du futur nourrissant un imaginaire social s’appuyant sur les angoisses diverses de l’électorat. Face au ressentiment qui nourrit l’extrême droite, le pire serait d’essayer de la battre sur son propre terrain en s’emparant de ses thèmes, croyant ainsi la cantonner alors que cela ne fait que la légitimer. Le laminage de la droite dite républicaine par le RN et l’épisode de la déchéance de nationalité par Hollande sont là en France pour nous le rappeler. Il faut au contraire être capable de porter l’espoir d’une société désirable en mettant en avant la recherche de l’égalité, l’exigence de la solidarité, la nécessité de la justice sociale et écologique, l’impératif de la démocratie.
🔴 Et de même que le profil de Trump correspond au projet politique qu’il porte, de même, la gauche doit adopter des comportements qui correspondent à son projet d’émancipation, la morale politique et le réalisme stratégique correspondant dans ce cas. La question du programme effectif, c’est-à-dire le détail des mesures préconisées, pour importante qu’elle soit, n’est pas la plus décisive. Ce qui importe c’est comment les électrices et électeurs ressentent le projet dont le NFP est porteur. Ainsi, quand on propose un projet de rupture :
il faut rassurer et non pas inquiéter par des propos et des comportements brutaux, ce d’autant plus quand la société en question est angoissée quant à son avenir et que l’extrême droite essaie de se banaliser.
De plus, l’exigence démocratique ne peut être renvoyée à des jours meilleurs. Elle doit imprégner le rapport que les partis politiques entretiennent avec les classes populaires et avec leurs propres militant.es et adhérent.es.
Enfin une politique de gauche ne peut donner à voir simplement une concurrence entre les différentes forces politiques. Même s’il est naturel que chaque parti défende ses positions, la recherche permanente de l’hégémonie est un obstacle à la construction commune qui ne peut reposer que sur le respect de la diversité.
Sondage inédit de Cluster17 : avec la NUPES, la victoire est possible ! 23-08-2023
Aux dernières législatives, la #NUPES a redonné espoir à des millions de Français, en particulier à la jeunesse...
Nous ne pouvons pas abandonner la perspective de l'union parce que c'est la perspective de l'alternative et de l'espoir. La gauche, c'est le camp de ceux qui changent la vie !
Aujourd'hui, bravo les jeunes : l'avenir c'est vous !
Dépassons les blocages des appareils politiques. Travaillons à chaque étape pour faire gagner la gauche. Oui nous pouvons avoir un programme commun aux élections européennes !
La meilleure réponse au sectarisme des appareils des partis de la gauche d'avant c'est le projet européen partagé par les organisations de jeunesse. Pourquoi pas une liste commune de ces jeunes unionistes ?
Sources :Eric Durand | mis à jour le 01/10/2023
Après avoir travaillé tout l’été pour un programme européen commun, les #JeunesNupes demandent à leurs partis de les recevoir rapidement. Ils ne laisseront pas doucher l’espoir levé par la #NUPES en 2022.
Le débat que nous devons avoir sur l'union, c'est de dépasser les jeux d'appareil. Les Françaises et les Français de gauche nous attendent : 80% des sympathisants veulent une liste #NUPES aux européennes !
Ils ne laisseront pas faire la division, conférence de presse des jeunes de la NUPES...
Présentation des 166 mesures du programme commun des Jeunes de la #NUPES pour les européennes 👇
On nous disait que c'était impossible de se mettre d'accord, de dépasser les divergences... Ce programme, c'est l'alternative au marasme ambiant !
ATTENTION :la conférence commence à la 16iéme minute
🔴Pour accéder au document, cliquezICI 👇
🔴Téléchargement du document, à votre disposition ICI 👇
Voici des lignes, parmi beaucoup d’autres, à propos de l’Union européenne, qui engagent EELV, le PCF, LE PS, GenerationsMvt et la France Insoumise devant les Français.
Ce travail commun historique (le programme de la #Nupes[1]) et l’espoir qu’il a suscité, nous a fait gagner le 1er tour des élections législatives.
Et on veut nous le faire oublier une fois que chacun a ramassé sa petite part du gâteau en élus à l’Assemblée nationale ?
Quel argument recevable justifierait que dans un moment politique aussi dangereux que celui que nous vivons, ce travail soit mis à la poubelle à l’occasion des élections européennes ?Poursuivons !
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« Responsables de la NUPES : la jeunesse vous regarde »
Bravo aux 700 jeunes qui attendent énormément de la réunion programmatique des responsables de la Nupes ce lundi 2 octobre 2023.
J’ai déjà écrit une première lettre ouverte sur l’obligation de l’union, approche et concept qui dépasse celui de la nécessité[0].
Le 28 juillet 2023, 3 h du matin, une nuit d’orage et de colère
Les dirigeants ne sont pas en effet seuls à décider, à partir de la situation de leur organisation, de leurs calculs politiciens, et de leurs fantasmes d’enfants égocentriques, les décisions prises le sont dans un cadre politique précis, qui surplombe les décisions prises : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies ; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants ». K.Marx, « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte ».
Chaque dirigeant politique de la NUPES a donc une responsabilité historique, face à ce qui s’annonce et de dévoile un peu plus chaque jour, et ceux qui aujourd’hui refusent l’union, encore plus que les autres…
Ce qui s'annonce et se dévoile
Lors du premier mandat de Macron, on avait déjà vu les dérives, pas simplement néolibérales et économiques, mais aussi autoritaires, visant à réduire le pays à une simple « start-up » pour ne pas dire l’aveugler, pour l’empêcher de voir et se comprendre : « Suppression des observatoires de la délinquance, de la laïcité, des inégalités , de la pauvreté etc… » au nom des économies budgétaires (allouées par la suite aux cabinets Mc Kinsey sans doute). Or supprimer un observatoire, dont la mission est d’observer, c’est se rendre aveugle volontairement et se réveiller le lendemain avec des émeutes-révoltes urbaines que l’on n’avait pas vu venir…
C’est surtout empêcher le pays lui-même (les citoyens) de savoir ce qu’il est, ce qu’ils sont. Or « la dictature s’épanouit sur le terrain de l’ignorance ».
Un observatoire c’est glace qui réfléchit ce que nous sommes comme Nation au tréfonds de nos rapports sociaux, et c’est là où pour un pouvoir néo-libéral autoritaire, le bât blesse.
Rajoutons les petites phrases blessantes et humiliantes : « Les analphabètes », « des gens qui ne sont rien », « un pognon de dingue », « traverses la rue »…révélant le mépris du peuple comme les « Capet » en 1789.
C’est sans doute le mélange de tous ces aspects, avec la goutte qui fait déborder le vase, du prix de l’essence qui explique la première jacquerie des gilets jaunes[1], où le pouvoir du château trembla sur ses bases et fut déjà sauvé par les « nouveaux gardes suisses » du régime (Police).
De 2022 à nos jours dans le réel
Le second mandat de Macron fut obtenu lors d’une élection tronquée et truquée, tronquée car le monarque refusa tout débat démocratique, imposant son système de « lui » et les autres, truquée car choisissant par avance, via les médias aux ordres, son adversaire du second tour (Le Pen) (NDLR avec la complicité de la gauche PS - EELV - PCF qui refusèrent la proposition de fédération populaire proposée par LFI en avril 2019[2]) jouant la roue de secours du système, sans compter le rôle dévastateur sur l’opinion des sondages empêchant pour 200.000 voix Mélenchon d’être au second tour. La bourgeoisie affairiste immobilière et financière tremblait. A ce propos, Poutine n’aurait pas fait mieux. La France est-elle encore une République démocratique ?
De la NUPES proposées par La France insoumise dans le cadre des législatives[3] [3bis] : Alors vient le coup de génie de la NUPES, et par l’alliance des « gauches » enfin unie (L.F.I, E.E.L.V, P.C.F, P.S, Génération) la NUPES gagne le premier tour de l’élection législative, alors s’organise concrètement le pseudo « l’arc Républicain [4] » pour empêcher la matérialisation au second tour, préférant Le Pen à un député Insoumis. Voilà le réel.
Les crises sociales : Les crises sociales se succèdent jusqu’à celle des retraites, immense, profonde, soutenue. Unité syndicale sans faille permettant l’organisation et le succès de 14 journées de mobilisation[5].
La crise politique : c’est déjà un régime fragile, qui choisit de passer en force en utilisant tous les articles possibles de la constitution (du 37.1 au 49.3[6]), en vue d’empêcher le débat parlementaire et jamais les députés, détenteurs de la souveraineté du peuple, entre deux élections n‘ont pu voter le texte.
La crise institutionnelle : Le conseil constitutionnel aux ordres valide le texte, et de plus retoque la démarche de demande de référendum partagé[7]…
La crise des casseroles : Voilà que comme en 1789, devant la surdité du pouvoir engage la révolution pacifique des casseroles, élément historique ventant des profondeurs de notre histoire.
Coup d’Etat et dictature : Avec la réforme des retraites, la loi censée être votée par les députés, dans un régime démocratique, a été décidée par 12 personnes (le Président de la République, la première ministre, les 9 du conseil Constitutionnel et la Présidente de l’Assemblée nationale). « Les 12 salopards » étaient un film, mais désormais la réalité dépasse la fiction.
Dictature ? Pour les ignares, qui ne voient en dictature que le régime de Pinochet ou de Poutine, sachez que la définition de dictature, est : « Individu ou groupe d’individus détenant tous les pouvoirs », ce qui correspond exactement à ce qui s’est passé pour la loi sur les retraites (voir plus haut). Rappelons aussi que pour « Montesquieu » (forme de Mélenchon des temps passés), la démocratie se fonde sur le principe suivant : « je veux que par la disposition des choses, un pouvoir arrête le pouvoir[8] ». Or à aucun moment ce processus ne s’est vérifié. Le pouvoir est au-dessus du peuple.
Libertés en danger : Déjà lors des manifestations des gilets jaunes, la répression des « gardes suisses » du régime a été terrible entrainant éborgnement, mains arrachées et morts, car il s’agissait de planifier et d’organiser une politique de la peur et de la terreur, visant à dissuader de manifester…La prise de pouvoir de la police sur le pouvoir politique était déjà perceptible mettant en danger les libertés publiques des citoyens tel que rédigés en 1789, dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, au point que la France fut rappelé à l’ordre par le conseil de l’Europe et l’O.N.U, se déclarant préoccupé par les « droits de l’homme » en France[9].
La police au-dessus des lois et de la constitution[10] : Rappelons qu’avant l’actuel mouvement de la police, il y eut un précédent le 19 mai 2021, manifestant aux cris de « le problème de la police, c’est la justice[10bis] » et certains dirigeants syndicaux appelant à « rompre les digues de la constitution et de la loi ». Ceci devant être mis en relation avec l’appel des généraux[11].
La police tue : Oui la police tue, le cri d’alarme émis par Jean-Luc Mélenchon[12], une fois de plus avant tout le monde, à propos d’une jeune femme de 19 ans, tuée alors que passagère d’un véhicule ayant refusé d’obtempérer, et ce en plein Paris, où c’est connu les caméras de surveillance n’existent pas, sauf pour arrêter les « fauteurs de trouble en manifestation », mais jamais pour les « black books », c’est curieux, ça » (NDLR : « En Allemagne, il y a eu un tir mortel en dix ans pour refus d’obtempérer, contre 16 en France depuis un an et demi[13] » )…
Nahel : S’en est suivi l’assassinat du jeune Nahel, 17 ans et malheureusement pour la police, une citoyenne a filmé la scène, d’une horreur absolue et surtout contredisant la thèse des policiers, aussitôt reprise par les médias aux ordres, de la légitime défense.
Emeutes ou révoltes urbaines ? Les « gardes suisses » pris la main dans le sac, si je puis dire, les quartiers se révoltent, pas simplement pour Nahel, mais pour toutes les exactions commises par les « gardes suisses » du régime, depuis longtemps des contrôles au faciès aux arrestations illégitimes et violentes entrainant la mort (Traore). Le calme ne peut revenir que par la Justice… égale pour tous en Démocratie[14]. Les révoltes se propagent dans tout le Pays y compris en campagne comme lors de la « grande peur » précédant la nuit du 4 aout, mais en Macronistan, l’obscurité règne en maitre. Il faut « utiliser la constitution » et non l’appliquer. Décidément, « il fait bien noir, au pays des lumières » (Graffiti urbain).
La responsabilisation parentale individuelle : Tel est la nature des régimes néo-libéraux dictatoriaux, de ne jamais regarder ses responsabilités politiques (non-application du plan Borloo, rejeté par Macron[15]) et de toujours reporter la responsabilité sur les individus. Observons de plus que par principe les parents, pour leurs enfants font tout ce qu’il faut par principe, mais que peut faire une mère isolée, pour garder et éduquer ses enfants quand elle travaille à horaire décalé, comme femme de ménage, pour les cadres blancs des « tours du business » de la métropole affairiste ??? La « responsabilisation » individuelle se conjugue avec le « ruissellement ».
Ça pourrait être votre fils (sauf s’il est blanc et porte Rolex, étiquette de la bourgeoisie) : A Marseille en marge des « émeutes-révoltes urbaines » Hedi, un jeune à été tiré au champs de foire et ça pourrait être votre fils, sauf s’il est blanc et porte Rolex[16].
De la République policière à la république fasciste : Maintenant que la police a pris le pouvoir, la prochaine étape est le fascisme. Dirigeants plus qu’autistes (aveugles et sourds), comme citoyen et militant politique je vous demande de lire l’article de Frédéric Lordon, qui lui aussi alerte : De la république policière à la république fasciste[17] ? :
On s’endort en république et en démocratie et on se réveille dans le fascisme Il faut se rappeler l’Histoire : « celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre » K.Marx.
Le Régime était démocratique et républicain quand Mussolini prit le pouvoir ;
Le régime était démocratique et républicain quand Franco prit le pouvoir ;
Le régime était démocratique et républicain quand Hitler, pas fou, mais soutenu par la bourgeoisie industrielle, prit le pouvoir ;
Le régime était démocratique et républicain quand Pétain prit le pouvoir imposant le régime de Vichy, la collaboration avec Hitler) et le pacte (« honneur, famille, patrie[18] »), en lieu et place de « liberté, égalité, fraternité ».
Le régime était démocratique et républicain quand Pinochet prit le pouvoir au Chili (coup d’état fomenté par la C.I.A) et assassinant Allende et des dizaines de milliers d’opposants.
Dit autrement, on s’endort en république et en démocratie et on se réveille en dictature.
Qu’est ce que vous ne comprenez pas ou vous ne voyez pas voir encore, dans les événements qui se succèdent et s’accumulent, toujours dans le même sens, dirigeants plus qu’autistes (aveugles et sourds) ?
Seul vos égos de petits dirigeants vous font fermer les yeux et les oreilles sur le réel du tsunami qui se prépare !
Savez-vous que « tant qu’il n’est pas au pouvoir, jamais le fascisme ne montre son vrai visage. Et qu’après il est trop tard »…
Dirigeant de pacotille d’EELV, du P.C.F et du P.S (les responsables de la F.I par leurs interventions ont compris ce qui se tramait et sont à hauteur de l’Histoire, ne cessant d’appeler à l’union[20]), savez-vous que le peuple vous regarde et que vous porterez pour l’Histoire, la trace indélébile d’une « gigantesque farce »:« Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. » K.Marx / « Le 18 brumaire de Louis Bonaparte / 1851 Depuis sa tombe le spectre revient et vous contemple en souriant dans sa barbe espiègle.
Même les jeunes ont compris l’urgence et l’ardente nécessité.
Ma supplique de militant actif de plus de 50 ans d’activités, en quelques mots : " l’union n’est pas un souhait, un désir, ou même une nécessité, elle s’impose comme condition historique supérieure qui vous surplombe ".
MON APPEL : Quel que soient vos futures décisions n’ayant aucune confiance en vous (confiance, concept du marché), j’appelle à ce que partout en France (dans chaque commune) des « comités locaux de la liberté » se constituent regroupant de manière large des militants syndicaux, politiques, associatifs et des citoyens, en vue de défendre la démocratie. Sachons imposer aux dirigeants de pacotille l’ardente obligation de l’Union.
« Tant qu’il n’est pas au pouvoir, jamais le fascisme ne montre son vrai visage, après, il est trop tard ».
- P.S 1 :Observons que les temps actuels de crise sociale, financière économique et politique renvoie à la période des années 30 avec en plus la crise climatique et écologique. « L’histoire ne se répète pas, elle bégaie » (répétition en pire). - P.S 2 : L’autisme est une maladie involontaire, mais souvent les autistes savent mieux voir et entendre… l’égocentrisme politique est une volonté individuelle qui refuse de voir et d’entendre.
Face à la dérive anti NUPES de Roussel et Chassaigne, des communistes réagissent.
Une tribune est signée par 206 membres du #PCF dont 15 maires et ex-maires, 13 parlementaires et ex, des élu-es municipaux, régionaux, départementaux.
" L'heure est grave, la démocratie vacille. L'heure est à l'union à gauche "
Si certains refusent de parler de problème systémique à propos de violences policières,les réactions collectives venant de policiers, de syndicats de police, et soutenues par la plus haute hiérarchie ne peuvent qu'inquiéter fortement la gauche et au-delà toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie[19]...
Olivier Faure aux côtés d'Hélène Geoffroy, sa concurrente, lors du dernier congrès du PS, à Villeurbanne, en 2021
L’union de la gauche sans LFI, ça n’a aucun sens politique, c’est suicidaire !
Le Parti socialiste entre dans sa campagne pour le congrès, qui se tiendra fin janvier 2023 à Marseille. Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, pourrait être challengé par deux autres motions.
Derrière Olivier Faure, Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol, trois équipes se disputent la direction du Parti socialiste. Mi-janvier, les adhérents les départageront sur la base de « textes d’orientation » aux stratégies bien distinctes.
La principale ligne de fracture : le rapport à la Nupes. Les socialistes ont fixé leur rendez-vous : à Marseille, du 27 au 29 janvier 2023.
Sources :Mediapart par Fabien Escalona | mis à jour le 26/01/2023
Dans leur affrontement pour la tête du Parti socialiste (PS), ses élites dirigeantes en passent encore par la production de textes collectifs. C’est en effet sur cette base qu’elles seront départagées par les membres du parti à jour de leur cotisation, au cours d’un vote organisé le 12 janvier prochain, préalable au renouvellement de la direction qui sera acté lors du congrès prévu à Marseille à la fin du même mois.
Dévoilés il y a une semaine, trois « textes d’orientations » (TO) sont ainsi censés sublimer les luttes de pouvoir internes, par leur affirmation respective d’un cap doctrinal et stratégique singulier. Il y a celui des soutiens d’Olivier Faure, député et actuel premier secrétaire ; celui des soutiens d’Hélène Geoffroy, son opposante en 2021, maire de Vaulx-en-Velin ; et enfin celui des soutiens de Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen cherchant à incarner une voie médiane. Mediapart a passé en revue ces dissertations d’une grosse vingtaine de pages.
À première vue, les différences ne sautent pas aux yeux.
Tous les signataires de ces textes s’affirment conscients des grandes crises du moment, en tirent la conclusion qu’un retour des socialistes au pouvoir est nécessaire, sur la base d’une union de la gauche dans laquelle ils auront regagné en influence, afin de mettre en œuvre des politiques écologistes, féministes et de justice sociale, propres à regagner la confiance des catégories populaires.
Derrière ces passages obligés, des différences d’approche se logent malgré tout. Si elles servent bien sûr à se démarquer les uns des autres, il serait excessif de les considérer comme totalement artificielles.
D’une part, une fois écrites noir sur blanc, elles engagent un minimum les équipes qui les portent.
D’autre part, ces différences sont assez cohérentes pour traduire des degrés de radicalité distincts quant à la manière d’aborder la conflictualité sociale et la question écologique.
Enfin, leurs implications seraient lourdes en ce qui concerne la préservation (ou pas) de l’union des gauches – la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes)– à laquelle participe actuellement le PS.
La participation à la Nupes en suspens
C’est sur cet aspect stratégique que les positions sont les plus tranchées. Si l’union de la gauche est vantée dans son principe, tout le monde n’en a pas la même conception. Le texte d’Hélène Geoffroy, en particulier, tire à boulets rouges contre le choix de s’intégrer à la Nupes[1].Cet « accord “sauve-qui-peut” », sans légitimité militante, aurait transformé le PS en « filiale » de La France insoumise (LFI)[2].
Or le parti (N.D.L.R. " mouvement " pas " parti ") de Jean-Luc Mélenchon n’est pas considéré comme un partenaire digne des socialistes, comme l’atteste le passage déplorant que « c’est désormais le cynisme qui prime, un populisme qui heurte nos valeurs, qui théorise l’apport des voix du RN lors des motions de censure votées récemment ». Exagérée, cette dernière affirmation colle au discours anti-LFI primaire de certains membres de la majorité présidentielle, de même que l’usage du vocable « extrême gauche » pour désigner cette force politique.
L’union trouvée aux législatives est clairement venue nourrir le refrain que les soutiens d’Hélène Geoffroy martelaient déjà lors du dernier congrès, à savoir celui de l’abandon d’une identité socialiste originale par la direction sortante. La conclusion pratique de ce diagnostic est assumée : dès février 2023, un PS dirigé par cette équipe procéderait à la « suspension de la participation à la Nupes et [à la] réintégration des candidats aux législatives exclus » pour s’être présentés en dissidents.
Le texte d’Oliver Faure, au contraire, défend son choix en renvoyant ses concurrents à l’évanescence de tout chemin alternatif : « Nous entendons ceux qui disent “ l’union, oui, mais une autre union ”. Mais laquelle ? Personne n’a jamais apporté de réponse à cette question. » Les scores réalisés par le PS aux élections de portée nationale tenues depuis 2017, de même que ceux des candidatures dissidentes lors des législatives de juin dernier, ne laissent guère entrevoir, en effet, de martingale électorale plus crédible.
L’accord de la Nupes était la seule façon pour la direction sortante d’éviter d’affronter l’actuel congrès avec pour seul bilan, catastrophique, le score piteux d’Anne Hidalgo à l’élection présidentielle. Puisqu’ils ne peuvent pas dire les choses aussi frontalement, les « fauristes » insistent sur les bénéfices collectifs qu’en a tirés le PS, « de retour au cœur de la gauche » après avoir sauvé une trentaine de sièges à l’Assemblée. Et pour désamorcer les craintes de disparition, ils minimisent le caractère contraignant de cette union.
« La Nupes […] est une coordination de groupes parlementaires et un espace de dialogue permanent, écrivent-ils. […] Nous assumons d’être engagés dans cette union tout en nous distinguant et contestant, lorsque c’est nécessaire, la stratégie ou la communication de nos partenaires. » Sur les sujets internationaux notamment, les positions des députés socialistes se sont effectivement distinguées de celles de LFI. « Il ne suffit pas de revendiquer une place plus importante au sein de l’union : il faut la mériter et la gagner auprès des électeurs », ajoute la direction sortante, qui compte bien s’y employer.
À cet égard, les tournures de phrases du texte de Nicolas Mayer-Rossignol traduisent assez bien une position au milieu du gué, qui gagne en œcuménisme ce qu’elle perd en courage et en clarté : « Pour nous, l’accord électoral Nupes, qu’il fût jugé nécessaire ou pas, respectueux ou pas de notre implantation, a été le produit de l’état “ comateux ” de la gauche sociale et écologique depuis 2017. […] Elle (sic) ne peut pas être le cadre politique durable de l’Union de toute la Gauche et des écologistes pour gagner. »
D’où une vague proposition d’« états généraux de la transformation sociale et écologiste », dont on ne voit pas pourquoi le cadre, au demeurant imprécis, serait préféré par les partenaires actuellement rassemblés dans la Nupes. Par rapport au texte de l’opposition la plus ancienne à Olivier Faure, les reproches à LFI sont moins crus et adressés de manière plus vague, même si la force mélenchoniste est clairement visée par la distinction établie entre « radicalité » et « démagogies et populismes ».
« Front de classe » contre « socialisme écologique » ? Sur le fond du cap politique,les trois documents n’offrent pas un éventail de positions aussi large qu’à l’époque où des personnalités comme Dominique Strauss-Kahn et Jean-Luc Mélenchon cohabitaient dans le même parti.
C’est logique : depuis 2017 en particulier, les départs vers la « grande coalition » macroniste et une scission de l’aile gauche ont sérieusement réduit la diversité idéologique du parti. Cela se sent notamment à propos de l’intégration européenne : un énième appel à une refonte des traités est commun à tous les textes d’orientation, mais sans réelle stratégie à l’appui, ce qui n’empêche pas certains de rejeter explicitement la désobéissance promue par les Insoumis.
On observe néanmoins que plus la proximité avec la Nupes est défendue, plus la politique générale préconisée est ancrée à gauche en termes idéologiques. Il en résulte une configuration originale.
Alors que la direction du PS avait historiquement campé sur un centre de gravité lui permettant de s’appuyer tantôt sur des sensibilités plus conservatrices, tantôt sur des sensibilités plus transformatrices, c’est l’équipe de Mayer-Rossignol qui tente d’incarner cet espace – soit pour être faiseuse de rois, soit pour ravir directement la tête du parti.
Les balancements et les évitements rhétoriques typiques de ce positionnement se retrouvent sans coup férir dans le texte intitulé « Refondations ! » :
La proportionnelle sera introduite, mais seulement pour la moitié des députés.
Les inégalités seront combattues « à la racine », mais le mode de production capitaliste n’est jamais nommé en tant que tel.
De même, la planification écologique est mise en avant mais presque incidemment, sans aucune précision sur ses modalités et son degré de contrainte.
C’est finalement la direction sortante qui se retrouve dans la posture la plus « radicale ».
Elle affiche l’ambition d’un « socialisme écologique », poursuivant « la justice et l’émancipation » en prenant au sérieux « la limitation des ressources dans un monde fini », et nomme les personnes dont elle défendra les intérêts (celles qui sont pénalisées par les « déterminismes sociaux »), mais aussi les groupes dont les intérêts matériels seront lésés par la « bifurcation » à accomplir (« ceux qui vivent du travail des autres » et « les 10 % les plus riches »).
À cet égard, une certaine confusion peut naître de l’emploi, dans le texte d’Hélène Geoffroy, de la notion de « front de classe » comme base sociale d’un PS refondé.La notion provient en ligne directe des années 1970, lorsque le parti s’était reconstruit sous l’égide de François Mitterrand, sur une ligne fort à gauche. À l’époque, comme l’expliquait le politiste Paul Bacot, ce front de classe désignait « l’ensemble du salariat exploité » et d’autres couches non salariées partageant « une situation de totale dépendance par rapport aux sociétés capitalistes » (comme certains paysans et artisans). Il s’agissait par là de désigner un projet de dépassement du capitalisme grâce à la coalition des forces qui y avaient intérêt. Et ce projet impliquait simultanément l’union de la gauche avec l’autre composante majeure de l’époque : le Parti communiste, en dépit de sa complaisance avec les régimes du bloc de l’Est.
À lire le texte de l’opposition la plus farouche à Olivier Faure, on en est très loin.
Premièrement, parce que l’union avec LFI est rejetée en parallèle, ce qui rend la portée stratégique de la notion contradictoire.
Deuxièmement, parce que les composantes de ce front de classe version 2022 sont tellement nombreuses qu’elles semblent désigner la société tout entière: les « catégories populaires », les « classes moyennes », mais aussi « les classes favorisées […] parties chez LREM [le parti macroniste – ndlr] ».
De manière symptomatique, aucun adversaire social n’est désigné, qui empêcherait de faire « France commune » ou de satisfaire les intérêts des personnes les plus fragiles.Quant à la « transition écologique », elle est réduite à une stratégie d’« efficacité plus que [de] sobriété énergétique », ce que tous les écolos conséquents dénoncent. Alors que les autres textes envisagent de diversifier les indicateurs de richesses et de progrès social, celui-ci parle uniquement d’une « croissance nouvelle » assez mal définie.
Au sein du petit milieu auquel le socialisme français a été réduit, certes plus homogène qu’avant, les trois lignes qui s’affronteront au congrès de Marseille restent donc bien identifiables. Selon celle qui l’emportera, la dynamique d’ensemble de la fragile union des gauches (#Nupes) en sera forcément affectée.
- Congrès du PS : (le parti au bord de la rupture : La victoire du premier secrétaire sortant Olivier Faure n’est toujours pas acceptée par le camp de Nicolas Mayer-Rossignol, à une semaine du congrès de Marseille qui pourrait être celui de l’éclatement du parti.) les scénarios pour sortir les doigts de la crise
Le sociologue Didier Eribon, qui a soutenu la campagne de Jean-Luc Mélenchon, analyse les causes de la poussée de l’extrême droite, et les défis qui attendent La France insoumise pour reconstituer durablement une pensée de gauche.
Dans Retour à Reims (Fayard, 2009)[1], récemment adapté au cinéma par Jean-Gabriel Périot, le philosophe et sociologue Didier Eribon analyse, à travers le récit intime de sa famille, le glissement du vote de la classe ouvrière du communisme vers le Front national (FN), puis le Rassemblement national (RN). Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril, confirme selon lui l’inscription dans le temps d’un « vote de classe » favorable à l’extrême droite.
Une partie des causes de ce basculement est à chercher dans la conversion au néolibéralisme du Parti socialiste (PS), qui a « créé de la colère, de l’abstention, et finalement le vote » des classes populaires qu’il devait représenter contre lui – c’était l’objet de son essai, D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française (Léo Scheer, 2007). Le score piteux du PS (1,75 %) marque à ce titre « l’aboutissement d’un processus entamé au début des années 1980 », et qui a abouti à l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, explique-t-il.
Il estime cependant que la dynamique de Jean-Luc Mélenchon[2] (qu’il a soutenu publiquement), plébiscité dans les quartiers populaires, peut être de nature à faire dérailler l’anéantissement « programmé » de la gauche.
Le premier enseignement de ce premier tour de l’élection présidentielle, c’est que l’extrême droite obtient plus de 30 % des voix, et qu’elle s’installe pour la deuxième fois consécutive au deuxième tour de ce scrutin. Comment interprétez-vous ce phénomène structurant de la vie politique française ?
Didier Eribon : Je crois que malheureusement le vote à l’extrême droite est bien installé. Cela s’est produit progressivement, depuis le milieu des années 1980. Au départ, c’était en grande partie un vote de protestation. Quand j’ai demandé à ma mère pourquoi elle avait voté Le Pen pour la première fois, elle m’a dit : « Pour donner un coup de semonce ». La deuxième fois, c’était sans doute pour donner un deuxième coup de semonce. Et la troisième fois, cela devient le vote naturel qui a remplacé celui d’autrefois pour la gauche.
Cela signifie que c’est toute la perception du monde qui change. Les conversations quotidiennes, le rapport aux autres, aux partis politiques, à ses propres aspirations personnelles. Le vote n’est pas seulement un acte électoral.
C’est aussi une sorte de culture au sens très large du terme. Comme je le disais dans Retour à Reims, dans ma famille, on ne votait pas seulement pour le Parti communiste français (PCF) : c’était toute une culture qui allait avec. On parlait le langage du Parti communiste. Il y avait une culture communiste, qui s’est délitée, laissant les individus à l’état d’abandon politico-idéologique.
C’est, bien sûr, lié à la transformation du monde du travail. Quand ma mère était ouvrière, dans les années 1970 et 1980, aux Verreries mécaniques champenoises, il y avait 1 700 ouvriers, dont 500 étaient membres de la CGT. C’était une force mobilisable, et souvent mobilisée, une force collective considérable.
L’usine a fermé dans les années 1980. Les enfants et petits-enfants de ces ouvriers n’ont pas retrouvé de travail dans ce type d’usines, qui fermaient les unes après les autres.
Quand ils ne sont pas chômeurs, ou au RSA, ou occupant des emplois temporaires, ils travaillent maintenant beaucoup dans la logistique, dans les entrepôts d’Amazon. Or, si vous êtes livreur, que vous travaillez dans un entrepôt, où la syndicalisation est difficile et risquée, il est évident que vous n’avez plus le même rapport à la politique. Vous étiez une force collective, vous êtes devenu un individu isolé.
Les gens privés de cette culture politique, et du mode d’expression qu’elle leur conférait, se sont reconstitué individuellement et collectivement une autre culture et un autre moyen de s’exprimer : le vote pour le FN, puis le RN. Pour eux, c’est une manière de se constituer collectivement comme sujet politique.
C’est ainsi que Marine Le Pen obtient des scores impressionnants dans l’Aisne, le Pas-de-Calais, le Nord, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, etc., c’est-à-dire les anciens bastions ouvriers, miniers, qui avaient été les berceaux du mouvement ouvrier français, et qui sont désormais désindustrialisés, précarisés, désespérés.
Si c’est une autre forme de vote ouvrier, de vote des catégories populaires, on peut donc dire que c’est un vote de classe. Ce qui est inquiétant, c’est que ce vote de classe s’est durablement inscrit dans le paysage politique. Il faut alors essayer de comprendre pourquoi. Et on ne peut pas comprendre ce qui se passe si on ne fait pas l’histoire dans le temps long, en remontant à la fin des années 1970.
Dans votre livre sorti en 2007, D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, vous situez l’origine de ce que nous vivons au tournant idéologique effectué par le Parti socialiste (PS) dans les années 1980. Pensez-vous qu’avec le score réalisé par le PS à cette élection, 1,75 %, on est arrivés au bout de cette séquence politique ?
Didier Eribon :On assiste à l’aboutissement d’un processus entamé au début des années 1980. La démarche critique, politique et intellectuelle a certes reflué par des effets structuraux après l’effervescence des années 1960 et 1970. Mais il y a eu aussi une volonté intellectuelle mise en œuvre par des think tanks dont l’objectif explicite était de défaire tout ce qui faisait que la gauche était la gauche, en démantelant la pensée de gauche, la pensée critique : Foucault, Bourdieu, Derrida étaient – déjà ! – les cibles principales.
Des cénacles se sont créés, comme la fondation Saint-Simon, créée par François Furet, avec des universitaires, des patrons de l’industrie et de la banque comme Roger Fauroux, Jean Peyrelevade, des journalistes, etc.
Ils ont activement organisé ce basculement vers la droite du champ politico-intellectuel en combattant la pensée de gauche – François Furet n’avançait pas masqué, puisque sa référence était Raymond Aron. Le Parti socialiste (PS) a été l’un des acteurs et des vecteurs de ce glissement organisé vers la droite. Si vous remplacez la notion de classe sociale, l’idée de mobilisation sociale et l’idée pourtant élémentaire qu’un parti de gauche doit s’appuyer sur ces réalités et sur ces processus, et doit représenter les ouvriers, les précaires, les chômeurs, et porter leur voix dans l’espace public, si tout cela est ignoré, repoussé et combattu idéologiquement, qui va se reconnaître dans ces partis de gauche ?
Pierre Bourdieu m’avait dit au milieu des années 1990 : « Ce pur produit de l’ENA [École nationale d’administration] qu’est François Hollande, se faisant élire à Tulle, ça veut dire le FN à 20 % dans dix ans. »
Que des technocrates élus sous l’étiquette PS dans des régions ouvrières développent des politiques néolibérales destructrices pour les vies des gens qui les ont élus, cela crée de la colère, de l’abstention, et finalement le vote contre ces gens-là.
Si les partis de gauche ne représentent plus, ne soutiennent plus, ne se font plus les porte-voix des ouvriers, des précaires, dans la sphère publique, alors ceux qui sont ainsi abandonnés ne votent plus à gauche, ils s’abstiennent ou votent FN. J’ai observé comment quasiment toute ma famille est passée en moins de dix ans d’un vote communiste à un vote FN.
En écrivant Retour à Reims, je me suis aperçu, par exemple, que c’était devenu aussi naturel pour un de mes frères de voter FN que pour mes parents de voter communiste autrefois. Il n’y a pas eu de transmission d’héritage politique, si ce n’est un héritage de révolte, de colère contre la situation qui est faite aux subalternes, et du vote comme moyen collectif de protestation. Le contenu du vote a changé, mais le geste est le même.
Si la gauche avait été du côté de Bourdieu au moment de la grande grève de décembre 1995, et pas du côté des cénacles qui la dénonçaient et qui insultaient les grévistes et les intellectuels qui la soutenaient, si elle avait soutenu et représenté les mouvements sociaux au lieu de les combattre, nous n’en serions pas là.
Les journalistes ont aussi une part de responsabilité. Libération employait contre Bourdieu des vocables que ce journal n’employait même pas contre Le Pen. Dans The Class Ceiling : Why It Pays to Be Privileged, de Sam Friedman et Daniel Laurison, il y a un tableau qui montre que les professions dont l’accès est le plus réservé aux classes supérieures, c’est la médecine puis le journalisme. Cette homogénéité ne peut pas ne pas avoir de conséquences. Cela explique évidemment le soutien de la presse à Emmanuel Macron en 2017 : l’affinité des habitus l’emporte sur les différences de surface.
Finalement, nous aurions pu vivre en France un scénario à l’italienne, c’est-à-dire une disparition de la gauche ?
Didier Eribon : C’était programmé, en effet. Le PS a renoncé depuis longtemps à faire vivre la pensée de gauche.À la parution de mon livre sur la révolution conservatrice, Christian Paul m’avait dit vouloir créer des ateliers pour réinventer cette pensée. Le premier invité était Alain Finkielkraut, et le deuxième était Marcel Gauchet. Réinventer la gauche avec des idéologues aussi réactionnaires ! Vous voyez où on en était.
Il est évident que quelque chose se jouait à ce moment-là. Le PS s’est de plus en plus dissocié à la fois des classes populaires d’un côté, et des intellectuels de gauche de l’autre. C’est devenu un parti d’énarques dont les références intellectuelles se situent très, très, très à droite.
Ça a commencé sous Jospin, et l’aboutissement de tous ces processus a été la présidence Hollande, élu contre Sarkozy. Son secrétaire général adjoint était Emmanuel Macron, devenu son ministre de l’économie.
Rétrospectivement, on se dit : si le ministre de l’économie d’un gouvernement qui se disait de gauche à ce moment-là était Emmanuel Macron, comment aurait-il pu être possible que les classes populaires se reconnaissent dans le PS ? Le divorce, qui était déjà bien entamé, allait devenir un gouffre. C’était évident. Hollande n’a même pas pu se représenter.
Puis la droite a soutenu Macron, aux côtés de tous les hiérarques socialistes, préoccupés par leurs postes : on a vu Olivier Véran et Muriel Pénicaud gouverner avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. S’ils peuvent cohabiter dans un même gouvernement, c’est qu’ils pensent tout simplement la même chose. Ils sont les mêmes : des représentants des classes supérieures qui regardent le monde social d’en haut et imposent leurs décisions. Tout cela a provoqué chez les électeurs de gauche un sentiment profond de révolte, de fureur même…
L’effondrement du PS est l’aboutissement de cette droitisation. Et l’aboutissement logique de cette séquence, c’est Macron, l’enfant idéologique de François Hollande et de la technocratie néolibérale qu’il avait épousée en noces publiques en édictant la loi Travail, et autres mesures du même genre.
Macron est l’incarnation de cette séquence historique. Il n’a pas de talent particulier : il est un effet, un produit de ces processus historiques. Il n’y a plus besoin d’un PS néolibéral, oxymore qui se retrouve condensé dans sa personne. Et la vraie droite et la fausse gauche réunies dans leur programme commun.
C’était le projet de la fondation Saint-Simon dans les années 1980. Réunir droite et gauche au « centre », ce qui veut dire à droite.
Au fond, Furet et Rosanvallon étaient les prédécesseurs de Blanquer et Vidal, avec leur assaut contre la pensée critique, qui représentait à leurs yeux une menace pour la « cohésion sociale », le « pacte social », la « rationalité gouvernementale », la « modernité économique », et toutes ces notions qui ressortissent à une perception bourgeoise, conservatrice et autoritaire de la vie politique. Bourdieu était leur cible principale. On voit aujourd’hui le beau résultat de leurs agissements délétères.
Jean-Luc Mélenchon a-t-il réussi à faire dérailler durablement ce scénario à l’italienne programmé depuis les années 1980 ? Est-il de nature à desserrer l’étau qui nous enferme dans l’alternative entre l’extrême droite et l’extrême libéralisme de Macron ?
Didier Eribon :C’est l’autre phénomène le plus frappant de cette élection de 2022 : la dynamique qu’a su créer Jean-Luc Mélenchon en mobilisant les énergies à gauche, sur un programme élaboré.Ce succès est insuffisant, mais tout de même incroyable.Il faut s’interroger sur ce que ça peut signifier pour les possibilités futures de recréer une dynamique de gauche.
Sartre dit, dans un entretien, qu’il y avait une puissante force collective de transformation sociale en mai 1968, qui s’est effondrée quand chacun s’est retrouvé dans l’isoloir, le 30 juin. Le régime gaulliste a été sauvé par les votes des millions de travailleurs dont les grèves l’avaient si brutalement ébranlé.
Au fond, le PS des années 1980, 1990, 2000 a rêvé, comme la droite, d’un 30 juin permanent, c’est-à-dire de la fin de la protestation sociale et la soumission des gouvernés aux décisions des gouvernants. Ce à quoi il est urgent et nécessaire d’opposer un « Mai 68 » permanent ou en tout cas un « esprit de 68 ».
Je pense que les mouvements sociaux de ces dernières années ont réinventé une dimension collective de la perception de soi. La violence de la répression subie par ces mouvements a accentué cette dimension collective. Et, cette fois-ci, Mélenchon a su faire passer l’idée qu’une dynamique de gauche était encore possible dans les manifestations, mais aussi à travers le vote, pensé comme un acte de regroupement, de reconstitution d’une force qui va compter, qui va peser. On n’est plus les objets de la décision politique, on redevient des sujets.
Olivier Masclet a écrit un livre important sur la manière dont la gauche n’a jamais su s’intéresser aux énergies dans les quartiers populaires (La gauche et les cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, 2006 – ndlr[3]). La gauche a méprisé, oublié les habitants de ces quartiers. Ils ne vont plus voter. Mélenchon a su les respecter, les défendre, les soutenir et leur faire considérer qu’ils pouvaient se faire entendre dans l’espace public par le moyen de leur vote.
On voit ce qui s’est passé à Marseille, à Roubaix, ou en Seine-Saint-Denis : une bonne partie du vote des quartiers populaires s’est portée sur son nom.Il a mobilisé un électorat qui ne votait plus. Mélenchon, malgré toutes les critiques que je peux lui faire, a réussi à recréer une dynamique de gauche.
Mais est-ce durable ? Mélenchon a fait des scores importants dans l’ancienne ceinture rouge de la banlieue parisienne, où le PCF n’existe plus. Mais La France insoumise (LFI) n’a pas les structures partisanes du PCF de la grande époque…
Didier Eribon : Il est entouré d’une équipe de gens très talentueux, dont j’admire le travail et l’engagement. Maintenant, il est vrai qu’ils n’ont pas beaucoup de mairies, ni d’implantation dans des structures stables comme le PCF ou le PS, dans les régions ouvrières du Nord, en avaient autrefois. J’imagine que les Insoumis s’en préoccupent. À lire aussi Jean-Luc Mélenchon a rassemblé plus de 22 % des suffrages au niveau national et réalisé une percée spectaculaire dans les grandes villes et les banlieues alentour[4].
Quand le meeting, la manifestation, l’élection s’arrêtent, il faut faire perdurer la mobilisation dans le « pratico-inerte », selon le mot de Sartre, rappelé par Geoffroy de Lagasnerie dans Sortir de notre impuissance politique : c’est-à-dire dans la vie quotidienne, sur les lieux de travail, dans les quartiers, etc.
Ce n’est pas simple. Et je ne donne pas de leçons. Je sais que cela ne se décrète pas. Il faut aussi que des gens le veuillent et le puissent, alors qu’ils ont des préoccupations quotidiennes plus urgentes. Le vote ouvrier (blanc et non diplômé) du Nord et de l’Est est d’ailleurs allé globalement davantage à Marine Le Pen, alors que celui des jeunes urbains des villes universitaires (Nantes, Grenoble…) est allé à Mélenchon. Ce sont des blocs importants, dans les deux cas, la question étant pour la gauche de savoir comment les rapprocher, les réconcilier.
Cette composition de son électorat ne donne-t-elle pas finalement raison au rapport de Terra Nova sorti en 2011 (« Gauche : quelle majorité électorale pour 2012[5] »), dans lequel on lisait : « La classe ouvrière n’est plus le cœur du vote de gauche, elle n’est plus en phase avec l’ensemble de ses valeurs. » L’électorat de Mélenchon, urbain, jeune, diplômé, ne confirme-t-il pas ce rapport, malgré lui ?
Didier Eribon :Pour moi, ça ne donne pas du tout raison à Terra Nova, car leur rapport concluait qu’il ne faut plus s’occuper des classes populaires, qu’elles seraient définitivement perdues. Si vous voulez seulement vous occuper du féminisme, de l’écologie et du mouvement LGBT (et je n’ai pas besoin de préciser à quel point ces mouvements sont importants à mes yeux), délaissant les questions sociales, vous laissez des pans entiers de la société en déshérence politique, sans cadre pour se penser, et qui finissent par voter FN, ou qui continueront à le faire...
Ce rapport était un signe supplémentaire que la bourgeoisie socialiste cherchait à justifier son effacement des questions ouvrières. David Gaborieau, un sociologue qui travaille sur les métiers de la logistique et les entrepôts d’Amazon, montre bien qu’il y a une classe ouvrière nouvelle, qui ne ressemble pas à celle des années 1950 ou 1960.
Il suffit de voir le film de Ken Loach, Sorry We Missed You, pour le comprendre. La classe ouvrière aujourd’hui, c’est, pour une bonne part, le livreur Amazon et l’aide à domicile. Mais sans la grande usine, comment se mobiliser ? Il n’y a plus de lieu où peut se créer la solidarité de classe.
Au lieu de les effacer du paysage intellectuel et organisationnel de la gauche, il faut au contraire les y intégrer en multipliant et renforçant les organisations syndicales et politiques qui offrent à cette nouvelle classe ouvrière les moyens de se penser comme sujet politique collectif.
Vous plaidez pour le retour d’un discours de classe ?
Didier Eribon :La classe ouvrière est une réalité économique et objective. Mais c’est aussi une production discursive performative. Il y a des classes sociales, parce que Marx a dit qu’il y avait des classes, et la théorie, en proposant une perception du monde, façonne la réalité et notamment celle des luttes.
Il faut repenser, retravailler ces cadres théoriques qu’on ne peut jamais tenir pour acquis et définitifs. La réalité change. La théorie doit changer.La grande tâche de LFI est d’élaborer un tel cadre théorique, qui donne un cadre politique pour se penser soi-même comme une force collective de gauche.
Quand le PCF faisait ses meilleurs scores (plus de 20 % des voix), c’étaient à peu près 30 % à 40 % des ouvriers qui votaient pour lui, et les autres, c’étaient des enseignants, des employés, le monde de la culture, etc... Pourtant, ce parti se présentait comme le parti de la classe ouvrière et, d’une certaine manière, il l’était effectivement. Il l’était pour mes parents, ma famille, des millions d’autres, même si de nombreux ouvriers votaient à droite.
Le cadre discursif produit performativement le creuset, le foyer politique, dans lequel un « bloc », pour parler comme Gramsci, constitué de catégories différentes, peut s’agréger.
Et je ne pense pas que le concept central puisse en être la notion de « peuple ». Je n’adhère pas à l’idée d’un « populisme de gauche », même dans la version éminemment sophistiquée et séduisante qu’en propose mon amie Chantal Mouffe.
L’idée de « peuple » ne peut pas venir remplacer l’idée de classe, même s’il s’agit d’articuler les « équivalences » entre différents mouvements – classe, genre, race, écologie... La notion de « peuple » peut paraître combler les manques de la notion de classe mais elle revient à dire qu’une demande sociale ne devient politique que si elle se réfère à une notion commune de « peuple » et se transcende dans cette notion.
Il me semble qu’il faut au contraire penser la multiplicité, la spécificité et l’autonomie des mouvements, chacun ayant ses traditions, ses revendications, ses formes d’organisation, ses divergences internes… Disons que ce serait déployer une activité critique généralisée, tant théorique que pratique, pour défaire les différentes formes instituées de pouvoir et de domination.
La notion de « peuple » construit la politique en référence à une identité fictive, alors que, selon moi, il faut ancrer la politique dans les expériences et les identités vécues, les oppressions concrètes…. Etil incombe aux organisations politiques telles que LFI d’essayer de « travailler avec » tous ces mouvements pour proposer des débouchés politiques effectifs. Cela s’appelle la gauche. Une démarche de gauche.
À l’aune de la campagne de Mélenchon en 2022, peut-on dire que le « moment populiste » de 2017 est terminé ?
Didier Eribon : Je ne sais pas. Il peut prendre d’autres formes. Ou resurgir plus tard ou ailleurs. Et cela peut toujours avoir des effets mobilisateurs. Mais l’essentiel pour moi n’est pas là. Je crois qu’opposer le « peuple » à la « caste », ou à l’ « oligarchie », n’est pas une stratégie pertinente ni viable à long terme.
On voit ce que ça a produit en Espagne, où les fascistes de Vox sont à 18 %, en prétendant défendre le « peuple », et Podemos à 10 ou 11 %. L’idée de peuple est dangereuse à manipuler. Marine Le Pen peut très bien elle aussi opposer le « peuple » à « l’oligarchie ».Si « peuple » est un « signifiant vide », comme le disent Laclau et Mouffe, on peut hélas y mettre ce qu’on veut, et cela ne correspond pas toujours aux souhaits agréables de ces deux auteurs.
Il est plus difficile pour l’extrême droite de se réclamer d’une idée de « classe ouvrière » organisée, de mobilisations sociales ancrées dans une perspective de justice sociale, de solidarité collective, de protection sociale, d’égalité, de développement des droits sociaux…
Un des défis de LFI est de construire un cadre qui puisse rendre compte des transformations de la classe ouvrière : la précarisation, le chômage… Comment s’adresser au père ou à la mère d’Édouard Louis, qui sont au RSA et qu’on menace de radier s’ils ne reprennent pas un travail, alors qu’ils ont le dos brisé, les articulations usées, et qui ont souvent voté FN ?Il faut justement leur donner un moyen de s’exprimer qui ne passe pas par le vote Le Pen. Un programme social comme celui de LFI (l'Avenir en Commun[6])peut contribuer à ce changement.
Je suis frappé quand on dit de Mélenchon qu’il est de gauche radicale. Mélenchon a un projet social-démocrate classique. Dans " L’Esprit de 45[7] ", Ken Loach montre bien ce qu’était le projet des travaillistes britanniques après la Deuxième Guerre mondiale : création de services publics dans tous les secteurs, nationalisations… C’est ce projet, largement réalisé, que la droite s’est acharnée à détruire par la suite avec le thatchérisme, et qu’aujourd’hui on considérerait comme extrémiste, quasiment soviétique.
Mélenchon ne pourrait même pas envisager d’aller si loin. Celui qui a un programme extrémiste, c’est Macron, il est du côté du thatchérisme, de la violence sociale du néolibéralisme.
L’électorat de Mélenchon se divise sur l’attitude à avoir au deuxième tour. Il a donné pour consigne de ne pas donner une seule voix à l’extrême droite, mais ça ne suffira peut-être pas…
Didier Eribon :Tous mes amis ont voté pour Mélenchon et, évidemment, personne ne songe, même une seule seconde, à voter Marine Le Pen. Cela va de soi. Certains vont se résigner à voter Macron, malgré le dégoût profond qu’il leur inspire…
Mais nous ne sommes pas représentatifs de l’électorat de Mélenchon, et il est possible que la colère contre Macron soit si forte que certains dans d’autres catégories sociales soient prêts à faire n’importe quoi pour le lui faire savoir.
Plusieurs de mes amis vont s’abstenir. Et c’est ce que je vais faire aussi. Il m’est difficile de voter pour quelqu’un qui, à chaque fois que j’ai voulu exprimer mon opinion, m’a envoyé la police la plus violemment répressive, m’a asphyxié dans des nuages de gaz lacrymogène, a terrorisé des gens pour qu’ils ne manifestent plus. Selon l’Observatoire des street-médics[8], il y a eu 28 000 blessés dans les manifestations entre fin 2018 et début 2020.Le bilan du macronisme est effarant.
Et puis, il ne faut pas inverser les responsabilités.J’ai soutenu les grèves de 1995, j’ai manifesté contre la loi Travail, contre les réformes des retraites, j’ai soutenu l’hôpital public, j’ai prévenu que la destruction des services publics et l’appauvrissement et la précarisation des plus pauvres allaient faire monter l’extrême droite.
Depuis 30 ans, je « fais barrage ». J’ai écrit avant le premier tour de 2017 que voter Macron aurait pour résultat inéluctable de faire monter Le Pen. J’avais raison. Ceux qui nous ont combattus, insultés, réprimés sont les responsables de la situation actuelle. Les responsables, ce sont ceux qui ont installé le macronisme, soutenu cette politique ! Pas moi !
J’ajoute que ceux qui voulaient faire barrage à Marine Le Pen avaient un moyen très simple : voter pour Mélenchon au premier tour. Il lui a manqué un point. Et je n’oublie pas que ceux qui viennent donner des leçons aujourd’hui allaient jusqu’à proclamer que, en cas de deuxième tour entre Mélenchon et Le Pen, ils s’abstiendraient, ou même iraient jusqu’à voter Le Pen. Je n’invente rien !
Et ils viennent nous dire désormais que s’abstenir, c’est être complice de Le Pen, alors qu’ils étaient prêts à voter pour elle, il y a encore quelques jours ? On croit rêver.
La possible victoire de Marine Le Pen, alors qu’on sait ce qu’elle ferait si elle arrivait au pouvoir, ne vous oblige-t-elle pas, justement, à faire barrage malgré tout ?
Didier Eribon :Je pense vraiment qu’il y a fort peu de chances pour que Le Pen puisse gagner cette élection. Le risque est très faible, quasiment inexistant. On essaie de nous faire peur pour augmenter le score de Macron afin qu’il puisse ensuite affirmer que son projet a été soutenu par un grand nombre d’électeurs.
Et dès qu’il sera élu, il reprendra sa politique de démolition, et accueillera tous ceux qui voudront protester avec des charges policières, des grenades lacrymogènes, des « balles de défense », provoquant à nouveau blessures et mutilations.
Ce n’est donc pas seulement que je ne veux pas voter pour Macron, c’est que je ne peux pas. La politique de classe qu’il incarne me révulse. Il a fait barrage aux mouvement sociaux, aux revendications syndicales, aux demandes sociales.
Il a fait barrage aux libertés publiques, à la démocratie. Il nous dit qu’il va changer, qu’il va écouter, mais c’est évidemment une obscène plaisanterie. Comment pourrait-il changer ?
Non, sauf dans le cas tout à fait improbable où les sondages indiqueraient qu’il existe un danger réel, je ne voterai pas pour lui.
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François Ruffin, député France insoumise
Les campagnes de la Somme ont voté, hors Amiens, à 61% pour Marine Le Pen. Alors, on fait quoi ? On les abandonne au RN ? Non, on relève le gant, ici et ailleurs. Sur le papier, électoralement, je suis mort ! Et pourtant, on va ressusciter, et pourtant, à la fin, c'est nous qu'on va gagner !
Retrouvez la conférence des #AMFIS2022 intitulée : « Qui a voté pour l’extrême droite en 2022
« Qui a voté pour l’extrême droite en 2022 ? », avec :
• Alexis Corbière, député LFI-NUPES
• Boris Bilia, statisticien et co-animateur d’Intérêt général
• Gala Kabbaj, chercheuse, en charge du programme Stratégies contre l’extrême droite de Transform!
• Lucie Delaporte, journaliste à Mediapart, spécialiste de l’extrême droite
On nous dit, face à la division de la gauche, vite la " Primairepopulaire " et on tente de nous présenter Christiane Taubira, comme étant " notre solution commune " !
🔴 A celles et ceux, qui se disant de gauche, applaudissent la multiplication des candidats " de gauche " au non de l'Union ;
🔴 A celles et ceux qui n'ont pas compris que Christiane Taubira et les instigateurs de la " primaire populaire " de gauche.... ouverte à tous, ne sont que les porteurs d'un concept qui n'a rien de nouveau " TOUT CONTRE MELENCHON PORTEUR DE L'AVENIR EN COMMUN " ! 👉 Vous êtes les victimes, d'une manipulation politicienne visant à vous empêcher d'accéder au pouvoir... " Plutôt Macron/Pécresse/Le Pen ou Zemmour que l'#UnionPopulaire "... ça ne vous rappelle rien ?
🔴 Au fait, ceux qui défendent cette stratégie affirment y croire dur comme fer, parce qu’il ne s’agirait pas de n’importe quelle politicienne ! Qu’en est-il vraiment ? Taubira est-elle la clef pour nous sortir de l’enfer, le phare dans l’inconnu ou encore la lumière dans les ténèbres ? Rien n’est moins sûr...
🔴 Pour accéder à l'intégralité de l'article, cliquez sur le lien ci dessous 👇
Christiane Taubira est présentée par certains comme le sauveur suprême de “la gauche“. Pourquoi ? Comment ? Née en février 1952 à Cayenne (elle a donc au moins six mois de moins que Mélenchon qui la précède assez largement dans les sondages, mais dans son cas, nul soit-disant observateur ne met en avant son âge et l'adage “place aux jeunes“ ne semble pas lui être applicable) ell
Ou en est le candidat porteur de l'#AvenirEnCommunet de la stratégie de l'#UnionPopulaire ?
Jean-Luc Mélenchon à portée de main du second tour.
Le nouveau sondage Cluster17, publié le vendredi 17 décembre 2021[1], confirme la dynamique solide qui se crée autour du candidat de l’Union Populaire, Jean-Luc Mélenchon. Favori à gauche, il devance nettement ses concurrents, d’au moins 8 points. Avec 13% d’intentions de votes, il laisse loin derrière lui Anne Hidalgo ou Yannick Jadot, respectivement à 3% et 5%. Qui d’autre que Jean-Luc Mélenchon peut faire gagner la gauche en 2022 ?
🔴 Pour suivre l'évolution sondagière hebdomadaire de Jean-Luc Mélenchon cliquez sur le lien ci-dessous 👇
🔴 Gagner est possible ! La preuve ici 👇
Et que l'on ne vienne pas nous dire que la victoire chilienne est due à une " primaire de la gauche " ou une " primaire populaire "
Prenant appui sur un large front antifasciste de la jeunesse et de la génération du coup d’État, Gabriel Boric a mené une intense campagne de politisation pour faire reculer l’extrême droite et une abstention galopante. Sa victoire est à la hauteur espérée.
Mais, Contrairement à ce que certains disent, ce n'est pas une " Gauche unie " qui a gagné au Chili (même s'il y avait eu une " primaire " le dimanche 21 juillet 2021) qui n'a pas été respectée par la quasi totalité des organisations y ayant participé, ce qui ne permet pas d'affirmer que la victoire chilienne est due à une " primaire de la gauche " ou une " primaire populaire " comme le fait le PS.
Au 1er tour il y avait 4 candidats de Gauche[3] :
- Gabriel Boric, Gauche radicale : 25,8 %
- Eduardo Artés, extrême-Gauche : 1,5 %
- Marco Enríquez-Ominami, centre Gauche : 7,6 %
- Yasna Provoste, centre Gauche : 11,6 %
-Seul Boric est resté qualifié pour le 2e tour.
Au second tour, avec 56% des voix contre le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, la victoire est écrasante pour Gabriel Boric, ancien député et leader étudiant, défenseur de l’Etat-providence et pourfendeur du néolibéralisme. À 35 ans, il est le nouveau président du Chili. 48 ans après le coup d’état du 11 septembre 1973 contre le président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende, cette victoire est historique pour la gauche. « Le néo-libéralisme est né au Chili, et ce pays sera son tombeau » a déclaré le tout nouveau président. Un vent d’espoir incroyable s’est levé au Chili[4].
Ine fine, Taubira serait-elle plus à gauche que Poutou, Arthaud, Roussel, Hidalgo ou tout simplement effe fait passer l'intérêt du pays, l'intérêt du peuple en souffrance avant l'intérêt du parti ?
Peut importe, c'est le résultat qui compte :Christiane Taubira appelle au vote Jean-Luc Mélenchon au 1er tour.
OUI, Olivier Faure, « les dérives sont possibles à gauche » quand, par exemple, nombre de militants ou responsables du PS ont rejoint la République en Marche, la majorité de Macron, et quand une partie de votre électorat lui fait allégeance !
...Par contre on s'attendrait à ce qu'un possible affaiblissement du vote FN/RN satisfasse la " gauche "... enfin le PS... et bien NON, au contraire il s'en inquiète !
... Le fait que Le Pen rejoigne la niche Europe " jusqu'au bout " en est-il l'une des raisons[1ter] ?
Rappel des propos d'Olivier Faure (premier secrétaire du Parti socialiste)[1bis] : C'est la grande crainte d'Olivier Faure " que les électorats de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen opèrent un rapprochement dans le futur. "
Le patron du Parti socialiste l'a exprimée, mardi 12 janvier[1], à l'occasion de son passage sur BFM TV : selon lui, il est possible que s'opère, à un moment, une « fusion » des électorats de La France insoumise et du Rassemblement national. Et ce, alors même qu'il estime pourtant que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sont « à l'opposé » sur les questions ayant trait au racisme. Le patron des socialistes s'est refusé à « mettre sur le même plan » les deux leaders politiques, et ce sur des questions aussi variées que la stratégie vaccinale anti-Covid, l'Europe, le protectionnisme ou encore les récentes sorties de Donald Trump. « Je ne pense pas que celles et ceux qui dirigent les Insoumis soient en volonté et en situation un jour de rejoindre Marine Le Pen, et l'inverse pareillement », a-t-il insisté. « Je crains en revanche qu'il y ait à un moment une fusion des électorats, à force de laisser penser que l'adversaire, ce serait principalement le social-démocrate ou même le libéral », s'est-il inquiété en dénonçant une « forme de confusion organisée ». « Il y a des ennemis dans la République, il y a des adversaires et je ne les mélange pas », a ajouté Olivier Faure en rappelant être « intervenu à plusieurs reprises sur la République », car « les dérives sont possibles » à gauche.
Sources :Eric Durand | modifié le 28/03/2021
Remettre les pendules à l'heure, qui a instrumentalisé le FN ?
Affaiblir ses adversaires pour se renforcer, trouver un moyen de les diviser.... ce n'est pas nouveau
En fin stratège, François Mitterrand a eu recours à cette tactique en 1985, alors que sa cote de popularité était au plus bas. Pour disperser les forces de la droite, pourquoi ne pas favoriser l'essor du Front national ? A l'époque, le mouvement d'extrême droite fondé par Jean-Marie Le Pen ne pèse quasiment rien. Mais il apparaît comme un moyen efficace de tourmenter la droite... [2] ;
Quand le PS faisait monter le FN… " Le PS a un objectif : que le FN obtienne des scores de plus en plus élevés. Alors, que les élus socialistes ne viennent pas nous donner des leçons de morale quand nous, nous cherchons à faire baisser le niveau d’influence électorale du FN en abordant les problèmes de fond qui contribuent à ce vote » "[3].
Et aujourd'hui, c'est Macron qui poursuit la méthode par exemple en instrumentalisant Orban, la laïcité, le communautarisme, pour fracturer la droite, renouveler le duel avec le Rassemblement National qui est son assurance vie et celle du néolibéralisme en France.
Remettre les pendules à l'heure, qui a trahi ses engagements et a fait fuir les électeurs vers l'abstention ou le vote RN/FN ?
De " Mon adversaire c'est la finance "... à la Loi ElKhomri
Ce fut l’une des phrases les plus marquantes de la campagne présidentielle de 2012 : “ Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ”[4]. Prononcée par le candidat Hollande lors du célèbre discours du Bourget, elle fut par la suite régulièrement répétée pendant son quinquennat, synonyme de l’un de ses plus cinglants renoncements ;
De son côté, la Loi El Khomri/Valls[5], obéissait aux exigences de Bruxelles et des traités européens en appliquant la politique de l’offre (baisse du « coût du travail », flexibilisation du marché du travail)… Chacun avait compris qu'elle allait pourrir nos vies comme les autres lois du même genre adoptées depuis 30 ans, qu'elle ne créerait aucun emploi et augmenterait la précarité. dont chacun avait compris qu'elle allait pourrir nos vies. Malgré la lutte de masse, elle a été imposée à coup de 49.3 constituant le summum des trahisons du septennat Hollande.
Le résultat ne s'est pas fait attendre.Avec 7 citoyens sur 10 opposés à la loi El Khomri, 3 mois de luttes syndicales et le succès de la grosse manifestation à Paris, des initiatives en province le 14 juin[5bis] en pleine compétition européenne de football, des milliers de policiers et gendarmes mobilisés en permanence, certains très fatigués qui « pètent les plombs », d’autres qui matraquent à tout va, des députés socialistes totalement discrédités par leur attitude de « petits toutous » qui avalent sans problème le 49-3, la cote de François Hollande à 11% de satisfaits et celle de Valls à 14%... le résultat de cette démarche suicidaire pour l’avenir politique de tous les futurs candidats socialistes est connu.
Au final, Hollande à suscité un tel rejet à gauche, que non seulement il n'a pas été réélu, mais nous en subissons encore politiquement les conséquences aggravées par la politique à Macron :
Une enquête menée sur 2041 personnes du 7 au 10 juillet 2020, montre que les français s’auto-positionnent de moins en moins à gauche sur un axe Gauche-Droite. En effet, seuls 13% des français se définissent comme de gauche dans cette étude[7] (dans la même enquête produite en juin 2019, seulement 15% des Français déclaraient se reconnaître dans la notion de " Gauche "[8], soit - 2% en un an) ;
une partie des électeurs des milieux populaires (ouvriers, employés, chômeurs, petits boulots, bas de la hiérarchie des revenus) s'est réfugiée dans la grève des urnes (commencée sous l'ère Sarkozy[6]) atteignant son paroxysme aux élections européennes de 2019 et municipales de 2020 (le taux d’abstention pour ce second tour s’est élevé à 58,4 %, du jamais-vu dans ces élections) ;
une autre partie, résidant dans des territoires de la périphérie des villeset dans d'anciens bassins industriels touchés par la crise, les processus de délocalisation et de désaffiliation sociale, véritable « électorat de la crise »se sont réfugiés, par rejet politique de la "gôche " dans le vote FN/RN, sans pour autant en partager l'idéologie, tous ne sont pas convaincus par les thèses ethnicistes de Marine Le Pen. Ainsi, en 2017, 39 % du vote ouvrier se dirigeait en faveur de Marine Le Pen, 25 % de Jean-Luc Mélenchon et 6 % de Benoît Hamon et 4 % pour l'ensemble de l’extrême gauche[9bis]. Les ruptures économiques et sociales qui ont touché de plein fouet ces milieux entraînent des phénomènes de rupture politique et de rupture personnelle. Les acteurs de ces ruptures ne vivent pas forcément leurs évolutions politiques comme des reniements ou des trahisons. Nombre des électeurs disent que ce n'est pas eux qui ont changé mais que c'est la gauche qui a changé et les a abandonnés (le septennat Hollande en constituant le pire des témoignages). Au fond, derrière leur vote passé de gauche et le vote actuel frontiste de rejet,reste une volonté pérenne de « voter social »..... ils ne sont donc pas " perdus " pour ceux qui portent un programme social et populaire.... , il y a là un potentiel de gens qu'il faut convaincre de faire un autre choix
Or, cet électorat est essentielpour espérer peser dans le jeu politique et remporter une victoire : il pèse près de 20 % du corps électoral potentiel[9bis], oron peut en convaincre une partie, programme en main.
Question :doit-on les abandonner dans ce " refuge " temporaire ou leur démontrer qu'il y a une alternative à la " gauche " néolibérale et à l'extrême droite ?... Evidemment que NON,... sauf pour Olivier Faure et le PS !
Olivier Faure n'a pas d'alternative au libéralisme à proposer et, en mai 2017, souhaitait déjà la réussite de Macron !
« Plus jamais Macron ? » Dans son édition du 6 février 2020, L’Obs y allait fort mais son titre de « une[10] » en forme d’interrogation reflétait le divorce qui s’est opéré entre le président de la République et l’électorat de " gauche", enfin pas la " gauche " libérale.
Olivier Faure, a beau nous chanter les louanges du retour de la gauche plurielle[10bis] :
L'alternative ce ne sera pas Anne Hidalgo, ambiguë sans ambiguïté selon Jean-Luc Melenchon [10quad], (n'en déplaise à O. Faure[10ter]) qui, adepte et soutien du social libéralisme d'Hollande, (elle appelait à voter Macron " sans ambiguïté " en 2017), et dont on peut synthétiser sa politique en quelques mots : à Paris " Macron en rêve, Hidalgo le fait ! ". Aujourd'hui, personne ne sera dupe face à sa plateforme " Idées en commun "... , après avoir fait " Paris en commun " et pompé jusqu'au nom du programme de la France insoumise " l'Avenir en Commun ",... sans le contenu.
L'alternative ne sera pas, non plus, Olivier Faure qui voulait que Macron réussisse et que le PS participe à la majorité Macronnienne... (cliquez sur les 2 images pour afficher les originaux en ligne sur twitter)
Pour rassurer Olivier Faure, deux exemples de nature à lever toute ambiguïté
La France Insoumise et le RN/FN ont deux conceptions diamétralement opposées du peuple : un populisme démocratique, soucieux l'amélioration de la gouvernance et respectueux des institutions républicaines du côté de la France insoumise,... ou un populisme réactionnaire consistant à monter les perdants de la crise contre ceux qui sont encore plus perdants du côté du FN/RN ? [9] "
La France insoumise n'a pas le même programme que le RN/FN de Le Pen (Avenir en commun 2017).
Pour conclure
Olivier Faure parle des électorats.
En effet, par exemple, dans les ex bassin minier des pans entiers des électorats PS et PCF sont bel et bien devenus les bases populaires du F/RN. LFI n’existait pas. Qu’il balaie donc ses écuries et se demande comment la politique du quinquennat Hollande/Valls/Macron a conforté le FN dans toutes les communes minières.
Un des enjeux avec l’abstention est aussi la reconquête de cet électoratqui ne se fera que sur rassemblement autour de nos causes communes portées par un programme social avancé,l'Avenir en commun.
Personne, absolument personne, n'a autant combattu les idées infectes de l'extrême droite, des RN/FN et de ceux qui s'en rapprochent (notamment certains courants des LR, et certaines pratiques de LREM), que Jean-Luc Mélenchon, le PG, le PCF tous ceux et toutes celles qui rejoignent nos combats communs.
Quant au PS rappelons-nous de son attitude qui jouait le Pen comme pion central d'un échiquier et qui n'ont pas suivi J.L. Mélenchon quand dans les années 90, il demandait des sanctions voire l'interdiction du FN...
Tout ceci pour dire que tous les libéraux ont tellement peur de la victoire de nos idées portées par l'Avenir en commun que les pires saloperies vont pleuvoir et qu'il nous faut savoir ne rien laisser passer et mesurer l'ensemble des expressions publiques sans concession pour ces idées et ceux qui aimeraient que nous changions de stratégie, 2022 constituant une nouvelle étape dans la stratégie de la révolution citoyenne[11].
Auteur : Benoît Borrits | 26 Juin 2020 | https://autogestion.asso.fr/virer-les-actionnaires-pourquoi-et-comment-sen-passer/
Il y a urgence à mettre fin à la dictature de l'actionnariat !
Les gouvernements du monde entier déversent des aides massives pour les sociétés de capitaux (exonération de cotisations sociales, chômage partiel, prêts bonifiés…) au nom de la prétendue sauvegarde de l’économie et de l’emploi. Nos budgets publics sont donc massivement sollicités pour sauver le patrimoine des actionnaires sans aucune contrepartie : la reprise boursière en est le témoin le plus criant.
Cette crise sanitaire et économique ne fait que renforcer la tendance lourde à un ralentissement généralisé de la croissance mondiale qui, comme le livre Virer les actionnaires, pourquoi et comment s’en passer ? le démontre, empêche un quelconque compromis entre les classes sociales.
Pour le dire autrement, on peut vouloir une reprise du progrès social, il est urgent d’engager la transition écologique de nos sociétés mais ceci ne pourra se faire sans poser la question du départ des actionnaires et de la transformation des sociétés de capitaux en unités de production autogérées par leurs travailleur.ses et usager.ères.
Nous publions ici, avec l’aimable autorisation des Éditions Syllepse, l’introduction de ce livre écrit quelques mois avant la crise du covid-19.
Le paysage politique semblait stable après la chute du mur de Berlin
Cet événement nous a été présenté comme le glas de toute alternative possible au capitalisme. S’il y avait toujours une gauche et une droite dans les pays de démocratie parlementaire, les différences entre les deux s’estompaient au point où certains théorisaient la fin de l’Histoire dans une combinaison heureuse de démocratie, de liberté et de croissance[1]. Dans les pays anciennement industrialisés, la réalité de ces trente dernières années s’est révélée bien différente. Le chômage de masse et la précarité n’ont cessé de croître. De nombreuses avancées sociales ont été remises en cause par des « réformes » successives présentées comme « inévitables ». Dans le même temps, ce système s’avère incapable de répondre aux enjeux écologiques et le réchauffement climatique nous menace à très court terme : nous assistons impuissants à la destruction méthodique de l’ensemble de nos écosystèmes.
La crise des subprimes de 2008 est révélatrice de l’instabilité fondamentale de ce système
Comme les salaires étaient insuffisants pour générer une demande satisfaisante pour les profits des entreprises, on a endetté des ménages à faibles revenus en leur proposant d’emprunter à taux élevés à des conditions intenables pour qu’ils deviennent propriétaires de leurs logements. C’était côté pile. Côté face, les banques ont revendu ces prêts sous forme de produits financiers à haut rendement – Collateralized Debt Obligation (CDO) – réputés sûrs du fait de l’adjonction d’un dérivé d’assurance – Credit Default Swap (CDS). Il est arrivé ce qui devait arriver : les ménages n’ont pu rembourser. Mais trop, c’est trop : les contreparties des dérivés d’assurance se sont avérées défaillantes alors que ces produits insolvables étaient dans tous les bilans des banques et des institutions financières. La banque Lehmann Brothers a fait faillite entraînant des pertes gigantesques dans tous les établissements financiers et bloquant les prêts à l’économie. Cette crise a entraîné la plus grande récession depuis 1929 et d’une certaine façon, et comme nous le verrons, le capitalisme ne sera plus jamais comme avant. Il a certes été sauvé mais les populations en ont payé le prix fort.
Ceci ne pouvait pas avoir d’effets sur le plan politique
Les anciennes forces dominantes – conservatrices et sociales-démocrates – vont toutes, sous des formes différentes et selon les pays, connaître des chutes de popularité sans précédent. En France, le Parti socialiste et les Républicains ne sont plus que des forces d’appoint. En Allemagne, il a été nécessaire d’établir une coalition entre les partis chrétien-démocrate et social-démocrate. L’hégémonie de ces partis est contestée par des forces dites populistes qui se présentent comme anti-système dont l’origine vient soit de l’extrême droite historique comme en France ou en Italie, soit de partis conservateurs comme en Hongrie ou aux États-Unis. En France, l’émergence d’Emmanuel Macron et de son nouveau parti En marche se présente comme le rempart contre ces courants tout en poursuivant le programme néolibéral sous couvert d’incarner la « révolution »[2]. Ceci nous rappelle étrangement un certain Matteo Renzi en Italie, venu de la démocratie chrétienne et qui intègre le Parti démocrate issu de l’ancien Parti communiste… Même jeunesse, même volonté de « réformes », même volonté de relancer l’économie du pays et de renouveler les institutions… pour décevoir et laisser la place à une improbable coalition de la Liga, issue d’un mouvement séparatiste nord-italien d’extrême droite, et du nouveau Mouvement cinq étoiles, qui a siphonné les voix de la gauche avec un discours mêlant démocratie radicale, écologie et rejet des immigrés et des syndicats.
Partout ce populisme progresse avec au moins un point commun : le refus de l’étranger
Aux États-Unis, c’est l’arrivée de Donald Trump à la présidence sous les couleurs du Parti républicain. Au programme, la contestation des conditions actuelles du libre-échange avec le retour de barrières protectionnistes censées recréer des emplois locaux et une chasse totalement inhumaine et sans précédent contre les immigrés, le tout sous un refus éhonté de l’évidence du réchauffement climatique. Au Royaume-Uni, il a pris la forme de la sortie de l’Union européenne à la suite d’un référendum dont les instigateurs, trop sûrs d’eux-mêmes, pensaient qu’il confirmerait le statu quo. Le pire est de penser que ce sont les couches populaires qui ont voté cette sortie, comme si elle allait résoudre leurs problèmes dans ce pays malmené par des années de thatchérisme et de blairisme. En attendant, la crise politique est à son comble et risque de réveiller des tensions historiques en Irlande. En Italie, c’est surtout l’extrême droite qui profite de cette coalition hétéroclite avec l’institutionnalisation d’un discours anti-immigrés et l’instauration d’une flat tax qui fera les choux gras des plus riches.
Libéralisme ou populisme ?
Tel semble désormais être l’alternative peu réjouissante qui nous est proposée. Certes, on constate ici et là l’émergence d’une troisième voie de gauche qui s’incarnerait par un renouveau social-démocrate assez net du côté des pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis, ou par un renforcement de l’écologie politique qui s’explique, entre autres, par l’urgence de conjurer le réchauffement climatique. D’une façon générale, ces forces politiques ne remettent pas en cause le capitalisme : il s’agit d’introduire de la justice sociale et une reconversion écologique de l’économie par des redistributions, des législations et des incitations. Nous avons ici affaire à un paradoxe énorme. Sur ces trente dernières années, la social-démocratie a échoué dans son projet politique qui consiste à aménager le capitalisme dans un sens favorable à la classe salariée. Plus nous avançons dans le temps, plus on s’aperçoit que le capital est incapable d’accepter le moindre progrès social et plus les électeur/trices salarié·es ont assimilé la social-démocratie au consensus néolibéral au point qu’une fraction non négligeable de cet électorat s’est tournée vers l’extrême droite. Qu’est-ce qui ferait qu’aux États-Unis, un Parti démocrate conquis par son aile gauche sociale-démocrate réussirait là où leurs homologues européens ont échoué ? Comment expliquer que de nouvelles forces de gauche qui n’ont pas de programme de sortie du capitalisme, telles que Podemos en Espagne ou La France insoumise[6], réussiraient là où la social-démocratie traditionnelle a échoué ? Parce que les sociaux-démocrates ont trahi alors que ceux-ci ne faibliront pas ? La thèse de la trahison n’est guère crédible tant le renoncement a été général : les raisons de la faillite de la social-démocratie sont plus à trouver dans l’irréalisme de leurs programmes d’aménagement du capitalisme.
Concernant l’écologie politique, on peut tout autant s’interroger
La mise en œuvre de la reconversion écologique de l’économie impose des mesures de restrictions de certaines productions et consommations, de taxations et de redistributions à visées incitatives. Le capital n’y est jamais favorable : il rejette toute décision politique qui fixe des limites à sa valorisation. De ce point de vue, le projet actuel de l’écologie politique a ceci de commun avec celui de la social-démocratie qu’il ne remet pas en cause le capitalisme. L’écologie politique veut certes constituer un nouveau paradigme politique autour d’une écologie qui intégrerait la justice sociale. Ceci a beaucoup de sens, mais en l’état actuel de ses programmes, elle rencontrera les mêmes obstacles que la social-démocratie.
Dépasser le capitalisme ? Sortir du capitalisme ?
Combien de fois entend-on ces expressions au point où elles semblent parfois relever de la pure rhétorique. Pour nous, la définition du capitalisme est simple : il s’agit d’une économie dominée par des sociétés de capitaux[2][3], à savoir des entreprises privées qui appartiennent à des personnes, physiques ou morales, extérieures à l’entreprise et qui ne les détiennent que dans le but de valoriser leur patrimoine. Il ne s’agit donc pas de l’économie marchande en tant que telle même si celle-ci, sans contrepoids politique, mène directement au capitalisme. Le capitalisme n’est pas non plus le néolibéralisme même si nous défendons que ce dernier est l’évolution naturelle et terminale du capitalisme. Sortir du capitalisme correspond donc à quelque chose de précis : évincer les actionnaires.
Comme nous allons le montrer dans ce livre (Virer les actionnaires, pourquoi et comment s'en passer ?), nous ne voulons pas évincer les actionnaires parce nous serions des gens au mieux radicaux, au pire méchants. Nous voulons les évincer parce que ce système est aujourd’hui incapable de nous apporter de nouveaux progrès – ce qu’il a su faire dans le passé sous la pression de luttes sociales – et de répondre à l’urgence écologique. L’objet premier de ce livre est de démontrer qu’il n’y a plus de possibilités de progrès social, de transition écologique de l’économie si nous maintenons les sociétés de capitaux.
Face à l’augmentation sans précédent des profits des entreprises, la tentation est grande – et facile – de penser qu’il suffirait que les entreprises gagnent un peu moins pour que tout aille mieux.
On avancera même que si les salaires étaient plus élevés, la population dépenserait plus auprès des entreprises et que cela pousserait celles-ci à investir pour répondre à cette demande nouvelle. Ceci a l’apparence d’un raisonnement infaillible d’autant que cela a fonctionné dans le passé. Pourtant cela ne marche pas à tous les coups et fonctionnera encore moins demain qu’hier. La raison ? Des changements structurels en termes de croissance et de taux d’intérêt.
Ceci suppose de tordre le cou à une erreur fondamentale : une assimilation de la valeur de l’entreprise avec celle de son patrimoine net.
Le patrimoine net ou les fonds propres de l’entreprise – ces deux termes sont synonymes – se définit par la différence entre ce que l’entreprise possède – ses actifs – et ce qu’elle doit – ses dettes. Or une transaction sur une entreprise – qu’elle se fasse lors d’un rachat ou par l’échange quotidien de ses actions en bourse – ne se fait jamais sur la base de ses fonds propres. La valeur d’une action ou d’une entreprise est toujours déterminée, comme pour n’importe quel actif financier, par la valeur actualisée de ses revenus futurs. Pour une action, l’évaluation par le marché de ses dividendes futurs déterminera sa valeur. Autrement dit, la valeur d’une entreprise est purement spéculative : si tout le monde est convaincu que l’entreprise ne versera jamais aucun dividende dans le futur, alors cette entreprise ne vaut strictement rien, et ce, même si elle dispose d’un patrimoine net significatif. Inversement, si le marché estime que les dividendes à venir vont être fabuleux, sa valeur tend parfois vers le déraisonnable. Ceci se comprend aisément : le seul intérêt d’être propriétaire d’une entreprise est d’en recevoir des rémunérations.
On peut trouver technique ce distinguo entre patrimoine net et valeur.
Il n’en reste pas moins que confondre les deux a des implications politiques fondamentales. Si on assimile à tort la valeur de l’entreprise à son patrimoine net, on considère alors qu’il est tout à fait acceptable pour des actionnaires que l’entreprise gagne moins : il est donc possible d’établir un compromis entre les classes. À l’inverse, si on fait ce distinguo, on comprend alors que si les profits sont moindres, ceci signifie que les perspectives de dividendes vont baisser et donc les valorisations des entreprises. Dit autrement, si l’entreprise gagne toujours de l’argent, les actionnaires, eux, vont en perdre. En soi, cela ne saurait nous émouvoir sauf que ceux-ci conservent le pouvoir et décident, par l’intermédiaire des directions qu’ils ont mises en place, du niveau de l’emploi et des investissements. Ils n’embaucheront et n’investiront que si leurs projets répondent aux critères financiers des marchés, à savoir un rendement supérieur au taux d’intérêt et à la prime de risque. Or en cas de baisse des profits, ce dernier paramètre ne pourra que bondir et raréfier les projets. Pour le dire plus crûment, les actionnaires vont pratiquer la grève des investissements… C’est ce que nous verrons dans le premier chapitre.
Il est possible que ces notions apparaissent techniques, voire compliquées.
Ce premier chapitre et les suivants détailleront celles-ci de la façon la plus didactique qui soit. Afin de faciliter la compréhension de ces notions fondamentales, on signalera entre crochets […] des vidéos disponibles sur le site economie.org. Au nombre de treize, celles-ci sont regroupées en quatre sessions : l’entreprise, la finance, la monnaie et la macroéconomie. Il n’est pas forcément indispensable de les écouter dans la mesure où ce livre se suffit à lui-même mais celles-ci peuvent apporter un éclairage complémentaire sur un sujet donné. Ces vidéos n’ont qu’une vocation pédagogique et on pourra les écouter à son rythme si on souhaite approfondir certaines des notions évoquées dans ce livre.
C’est dans cette confusion entre patrimoine net et valeur de l’entreprise que se trouve l’impasse de toutes les politiques sociales-démocrates et de l’écologie politique.
On veut pratiquer des politiques socialement et écologiquement nécessaires et on se heurte immédiatement au « mur d’argent » ou plus exactement au pouvoir du capital. L’actualisation des dividendes attendus qui nous donne la valeur de l’entreprise fait aussi appel à d’autres paramètres tels que le taux d’intérêt ou la croissance. La croissance mondiale se ralentit partout et, pour soutenir celle-ci, les banques centrales n’ont de cesse depuis plus de trente ans de baisser les taux d’intérêt. Depuis la récession de 2009, ceux-ci sont désormais proches de zéro, voire négatifs. Le taux d’intérêt représente la rémunération du capital sans risque. Si le taux d’intérêt est nul ou négatif, ceci signifie que le capital en tant que tel ne rémunère plus : il est alors nécessaire de prendre des risques pour obtenir une rémunération. Voilà une situation qui tranche largement avec celle qui a prévalu durant deux siècles durant lesquels la rente tournait autour de 5 %. N’est-ce pas un symptôme qui nous indique qu’il est désormais nécessaire de tourner la page du capitalisme ? En ne la tournant pas, nous nous trouvons alors face à un capitalisme de plus en plus féroce et intransigeant. Comme la valorisation du capital est purement spéculative et que les anticipations de résultats sont intégrées dans les cours, la hausse du capital ne peut donc se réaliser que par une pression accrue sur les salaires et le refus de toute hausse de la fiscalité. Le fait que le capital et les gouvernements libéraux ou populistes qui le soutiennent deviennent de plus en plus autoritaires ne saurait nous étonner dans ce contexte. Et quand bien même le capital réussirait dans ses desseins, ne serait-ce pas une victoire à la Pyrrhus ? Une pression accrue sur les salaires sape la demande adressée aux entreprises et nuit à la croissance. Et si tel n’est pas le cas, cette croissance nous mène tout droit à la catastrophe écologique. Tel est l’objet du second chapitre.
Mais que proposent la gauche et les écologistes dans cette situation ?
La théorisation de la finance a commencé dans les années d’après-guerre pour n’être appliquée dans les entreprises que dans les années 1980 et 1990. Assez paradoxalement, celle-ci n’a pas été intégrée dans le camp progressiste qui continue de préconiser des recettes keynésiennes datant de l’entre-deux-guerres et des années 1950. Avec la chute du mur de Berlin, la gauche a mis en veilleuse sa volonté de transformation sociale en se rabattant sur des politiques qui étaient précédemment pratiquées par des conservateurs au moment où ces derniers abandonnent le keynésianisme pour lui préférer la violence du néolibéralisme. Incroyable paradoxe qui donne à la gauche son image délicieusement passéiste et ne la vaccine nullement contre quelques rares convergences très ponctuelles, néanmoins interpellantes, avec l’extrême droite. Le troisième chapitre questionnera donc le caractère progressiste du keynésianisme et l’insuffisance des politiques de redistribution.
La critique est aisée mais l’art est difficile.
Dès lors, que substituer au capitalisme ?Le cœur du conflit entre le capital et le travail est le partage de la valeur ajoutée, à savoir ce qui est produit. Comme la valorisation du capital productif est basée sur les anticipations de dividendes, ceci signifie que si une configuration sociale et politique remet en cause ces dividendes, alors la valorisation du capital sera nulle et la question de la relève sera posée. Qui doit dès lors diriger les unités de production ? C’est ici que la pratique du Commun[4] nous est utile pour penser le dépassement du capitalisme et de la propriété productive[5] : ce sont les utilisateurs des moyens de production à savoir les travailleur·euses et les usager·ères de l’entreprise qui sont appelé·es à diriger celle-ci, à constituer un commun productif qui sera en interaction avec d’autres communs de financement des actifs et de sécurisation des revenus des salarié·es. Nous reviendrons sur ces questions dans le quatrième chapitre.
Enfin le cinquième et dernier chapitre
Celui-ci décrira un scénario qui permet d’envisager cette transition entre le capitalisme et une société plus humaine qui permettra de garantir à toutes et tous un avenir digne dans un monde qui aura surmonté – hélas, non sans dégâts irréparables – les défis écologiques qui se posent à nous. Nous avons bien dit « permettra » car le monde que nous décrivons sera profondément démocratique et cela n’exonérera nullement la population de devoir faire les bons choix au bon moment. Mais, à l’inverse du capitalisme où l’horizon des possibles est bloqué par la nécessité d’assurer une valorisation au capital, cette société nous autorisera enfin à prendre les décisions qui s’imposent face au péril écologique. En tout état de cause, il ne s’agit que d’un scénario et comme tout scénario, il ne se déroulera jamais tel quel. Mais son objectif est de montrer qu’une transition pacifique est possible.
Le capitalisme a largement fait son chemin ; il est urgent d’en sortir.
Notes : [1] Francis Fukuyama, La Fin de l’histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion 2009.
Olivier Faure, patron du Parti Socialiste, nous chante les louanges du retour de la gauche plurielle[1].
A longueur d’antenne, la même rengaine : l’union fait la force et cela serait, comme nous l’aurions vu aux municipales, le seul moyen de mettre à terre Macron et Le Pen. La poussière est maintenant retombée et toutes les analyses sérieuses ont été faites sur la toute petite vaguelette verte, l’immense torrent d’abstention[2] qui illustre la grève civique des français, et la représentativité populaire immensément faible des exécutifs élus (de 10% à 20% des inscrits). Mais rien n’est aussi simple que semble vouloir le dire Olivier Faure.
Le Parti Socialiste, mine de rien, commence à retrouver son appétit hégémonique.
En ayant entrouvert la porte à se ranger derrière une hypothétique candidature EELV, les éléphants, pour ce qu’il en reste, ont fait comprendre à Faure qu’ils ne l’entendaient pas de cette oreille. Déjà parce que les Verts risquent de se déchirer comme d’habitude entre leurs orientations aussi diverses qu’irréconciliables. La lutte entre Eric Piolle et Yannick Jadot[3] est une sorte de madeleine de Proust écolo. Côté PS et social-démocratie, certains lanceraient Laurent Joffrin[4 et 4bis] dans le bain politique pour tenter de remettre en selle une candidature de François Hollande. Interdit de rigoler…
Et dans tout cela, le Parti Socialiste reste incapable de couper le cordon ombilical avec le Macronisme.
Les stratégies mises en place par les socialistes ne visent qu’à garder des postes électoraux. On dirait le PRG, enfin la galaxie « radicale social-libérale », un fossile politique vivant mais sans le moindre avenir. Une espèce panchronique de type Cœlacanthe… Rien que l’accumulation de termes montre à quel point cela ne pèse plus rien et comment tout ce petit monde fraie pour un plat de lentilles. Si l’on constate ce genre de choses aux élections municipales, les élections des exécutifs métropolitains ne sont pas de tout repos. A plus d’un titre, elles permettent une clarification nécessaire que nous devrons garder en mémoire dans la perspective de la présidentielle de 2022.
Grenoble est un exemple hallucinant.
Alors que la ville de Grenoble est restée dans l’escarcelle d’Eric Piolle, maire issu d’une alliance EELV/LFI, c’est Christophe Ferrari qui a été rééluà la tête de la Métropole[5]. Par quel miracle le socialiste a-t-il réalisé cet exploit ? Grâce aux voix du délinquant de droite Alain Carignon, aux voix de la République en Marche et avec la bénédiction du Rassemblement National[6]. Bravo !