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29 novembre 2023 3 29 /11 /novembre /2023 17:03
Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

Les pays du Sud Global savent très bien que les sanctions économiques sont des actes de guerre économique.

Les États-Unis veulent désormais entraîner l’Europe dans leur guerre économique contre la Chine

L’altermondialisme passe aussi par une forme de pragmatisme sur les enjeux internationaux

 

 

Érosion de l’hégémonie du dollar, « mutinerie » des pays du Sud contre la politique étrangère occidentale, montée en puissance des BRICS, guerre économique des États-Unis envers la Chine… Le système international né de la fin de la Guerre Froide, dominé par l’hyperpuissance américaine, est en train de s’effondrer et de laisser place à un nouvel ordre mondial multipolaire.

Plutôt que de prendre acte de cette nouvelle donne et de diversifier ses liens avec le reste du monde, l’Europe s’aligne toujours plus sur Washington. Mais est-il encore possible de mettre en place une politique altermondialiste, alors que les BRICS se comportent parfois eux-mêmes de manière impérialiste ?

Peter Mertens, secrétaire général du Parti du Travail de Belgique[1], l’affirme, à condition de prendre un tournant radical dans notre politique étrangère. Entretien réalisé par William Bouchardon et Amaury Delvaux, avec l’aide de Laëtitia Riss.

 

 

Sources : Le vent se Lève |

-Le Vent Se Lève : Vous êtes secrétaire général du Parti de Travail de Belgique (PTB), aux côtés de Raoul Hedebouw, et vous venez de publier " Mutinerie ". Comment notre monde bascule (à paraître en français aux éditions Agone début mars 2024[2], ndlr) afin d’analyser les recompositions du système international. Dans quelle mesure votre parcours au sein du PTB a-t-il nourri l’élaboration de ce livre ?

Peter Mertens : J’ai été président du Parti du Travail de Belgique (PTB) entre 2008 et 2021, date à laquelle Raoul Hedebouw a pris ma succession. Avec d’autres membres, j’ai participé au nécessaire renouveau du parti (tout en conservant un socle idéologique marxiste, ndlr) à partir du milieu des années 2000, où nous étions alors un petit parti avec des tendances sectaires. Ce renouveau nous a pris plus de 10 ans. Notre analyse était la suivante : " nous devions construire un rapport de force et un parti de la classe travailleuse, capable de peser en Belgique ".

 

Avec la croissance du parti, il y a beaucoup plus de travail, c’est pourquoi nous avons dédoublé le leadership du parti : Raoul Hedebouw est le président et le porte-parole principal et j’en suis le secrétaire général. Comme nous étions concentrés sur la construction du rapport de force en Belgique, nous étions moins occupés avec ce qui se passait à l’étranger. Désormais, nous sommes en train de remettre nos tâches internationalistes à la hauteur des défis d’aujourd’hui. Et sur ce terrain, nous sommes en contact avec de nombreux mouvements et partis à la gauche de la social-démocratie, en Europe et ailleurs dans le monde. 

 

C’est grâce à ce leadership collectif et à ces rencontres que j’ai pu écrire ce livre, qui n’est pas juste un projet individuel. Je m’appuie aussi sur le service d’étude de notre parti, dirigé par notre directeur politique David Pestieau. Lui et son équipe m’ont aidé à rechercher des documents exhumés dans mon livre, notamment les textes de l’OTAN et de l’Organisation Mondiale du Commerce.

 

 

-Le Vent Se Lève :  Ces organisations occidentales sont au cœur du système international qui a été hégémonique jusqu’à récemment. Le titre de votre livre fait cependant référence à une contestation grandissante du règne de l’hyperpuissance américaine. Comment expliquez-vous que les pays du Sud soient de plus en plus réticents à s’aligner sur la position américaine ?

MUTINERIE Comment notre monde bascule

Peter Mertens : Le titre du livre vient d’une déclaration de Fiona Hill, une ex-membre du National Security Council américain (organe qui conseille directement le Président américain en matière de défense et d’affaires étrangères, ndlr). Selon elle, l’abstention de la plupart des pays du Sud Global sur les sanctions contre la Russie était une « mutinerie »[2bis]. Soyons clairs : la majorité de ces États ont condamné l’invasion illégale de la Russie sur le territoire ukrainien, ce qui est logique vu que nombre d’entre eux ont été envahis de multiples fois et connaissent bien l’importance de la souveraineté. 

 

Toutefois, concernant les sanctions, ils n’ont pas suivi Washington. C’est là aussi logique : un pays sur dix sur la planète subit, sous une forme ou une autre, des sanctions de la part de Washington. Ces pays savent très bien que les sanctions économiques sont des actes de guerre économique. Or, dans la majorité des cas, les conséquences de ces sanctions sont supportées par les peuples des pays en question et ces mesures n’ont aucun effet sur le régime politique en place.

 

Ici, en Europe, nous ne nous en sommes pas rendus compte ; l’eurocentrisme nous aveugle. Le regard de la majorité des peuples du Sud Global sur les événements internationaux est pourtant très différent de la vision développée en Europe. J’ai récemment discuté avec beaucoup de personnes issues du Sud Global et j’ai constaté des moments de fractures profonds avec l’Occident.

  • La première fracture est la guerre des États-Unis contre l’Irak en 2003, qui était illégale et basée sur un mensonge[3]. Au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique Latine et en Asie, c’est un moment charnière majeur.
  • La crise financière de 2008 constitue le deuxième moment charnière. En Europe, cette crise nous a contraint à sauver les banques avec l’argent public et a eu pour conséquence l’austérité. Pour les pays du Sud, cette crise a été plus profonde encore et a montré la fragilité de l’hégémonie du dollar américain, autour duquel est organisé tout le commerce international.

 

 

-Le Vent Se Lève :  Renaud Lambert et Dominique Plihon s’interrogent en effet sur la fin du dollar[4] dans le dernier numéro du Monde Diplomatique. De nouveaux accords commerciaux sont, par ailleurs, conclus dans d’autres monnaies et les banques centrales commencent à diversifier le panier de devises qu’elles ont en réserve. Est-ce une des conséquences de la guerre en Ukraine ?

Peter Mertens : Cette érosion du dollar débute avec la crise financière de 2008. C’est à ce moment-là que l’idée des BRICS[5] est réellement née, bien qu’il existe également d’autres raisons historiques à son émergence. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud se sont rassemblés car ils veulent faire du commerce sur une autre base que celle du néo-colonialisme, en mettant en place un système financier proposant des alternatives de paiements au dollar. C’est pour cela qu’ils ont créé une banque d’investissement dirigée par Dilma Rousseff, l’ancienne présidente du Brésil. Certes, le dollar reste hégémonique, mais cela constitue malgré tout une nouvelle donne.

 

Est-ce vraiment la fin du dollar ?

Parmi leurs sanctions contre la Russie, les autorités américaines ont débranché la Russie du système international de paiement SWIFT, dont le siège est en Belgique. L’usage de cette puissante arme de guerre économique a entraîné une panique dans beaucoup de pays du Sud, car ils ont réalisé qu’elle pouvait aussi être utilisée contre eux. Avec ce genre de sanction, les États-Unis peuvent prendre otage les pays avec leur propre argent ! Cela a sans doute incité certains pays à vouloir rejoindre les BRICS. Lors de leur dernier congrès à Johannesburg fin août, les BRICS ont accueilli 6 nouveaux membres (l’Argentine, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Ethiopie, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis, ndlr), sur un total de 40 pays candidats[6]. C’est un vrai saut qualitatif.

 

De ce point de vue, la guerre en Ukraine est en effet un autre moment charnière, en raison des sanctions. J’en citerai encore deux autres :

  • D’abord, la COP de Copenhague en 2009, où les pays occidentaux ont refusé de prendre des mesures fortes pour le climat et pour aider les pays pauvres face au changement climatique.
  • Enfin, le refus des pays occidentaux de lever les brevets sur les vaccins contre le Covid-19, qui a marqué une fracture profonde face à un problème mondial.

 

Depuis le 7 octobre, la guerre contre la Palestine constitue un nouveau point de rupture, dont l’impact est potentiellement le plus important. L’axe guerrier États-Unis-Israël pratique une violence extrême, pensant être au-dessus de toutes les lois internationales et pouvoir se permettre n’importe quoi. Mais cet axe est plus isolé que jamais. Partout dans le monde, le deux poids deux mesures est devenu évident. Entre 2003 et 2023, il y a donc eu plusieurs moments de fractures majeurs entre l’Occident et le reste du monde ! Et pourtant, la grande majorité de l’establishment et des médias vivent encore dans la période d’avant 2003.

 

 

-Le Vent Se Lève : Outre le dollar et leur armée, les États-Unis disposent également d’une puissance technologique redoutable, qu’ils utilisent pour faire avancer leurs intérêts. Les GAFAM espionnent ainsi le monde entier, tandis que de nouvelles rivalités autour des microprocesseurs se mettent en place avec la Chine. Est-il possible d’échapper à l’emprise des États-Unis en matière technologique ? 
Peter Mertens : Je pense qu’il faut regarder en face la puissance économique des BRICS : en termes de PIB mondial, ils pèsent désormais plus que le G7 (qui regroupe ce qui était les 7 pays les plus industrialisés au monde, ndlr). Cette puissance économique constitue une différence avec le mouvement des non-alignés des années 60-70. A l’époque, les États-Unis ont pu tuer le mouvement des non-alignés grâce à la dette. Puis l’URSS s’est effondrée et ils se sont retrouvés sans rivaux sérieux. Mais désormais, la situation est différente, notamment en raison du poids économique de la Chine. La réaction des États-Unis est claire : ils lui ont déclaré la guerre économique. J’emploie le mot guerre de manière délibérée : la guerre commerciale prépare la guerre militaire[7]. Les bateaux de l’OTAN qui encerclent la Chine et les sanctions prises par les États-Unis contre Pékin font partie de la même stratégie.

 

Dans mon nouveau livre, je cite longuement Alex W. Palmer, un spécialiste américain des microprocesseurs. En 2022, deux dates sont importantes selon ce chercheur : le 24 février 2022 avec l’invasion de la Russie en Ukraine et le 7 octobre 2022, date à laquelle les USA ont pris les mesures pour interdire presque tout développement des microprocesseurs en Chine.

Puces : Washington rallie le Japon et les Pays-Bas contre la Chine

D’après lui, ces mesures sont un acte de guerre économique inédit, dont l’objectif est de détruire tout développement économique en Chine[8]. Les États-Unis veulent désormais entraîner l’Europe dans leur guerre économique contre la Chine. Récemment, Joe Biden a convoqué le premier ministre néerlandais Mark Rutte à Washington pour lui ordonner de cesser l’exportation vers la Chine des machines fabriquées par la firme hollandaise ASML, qui sont essentielles pour la fabrication des semi-conducteurs de dernière génération. Le premier ministre hollandais a accepté sans contrepartie

 

Les États-Unis sont inquiets de l’avance de la Chine dans les secteurs de technologies de pointe. Il y a de quoi : sur les 90 domaines les plus avancés au niveau des sciences et technologies, la Chine mène la danse dans 55 d’entre eux[10]. Les États-Unis ne l’ont pas vu venir. C’est pour cela qu’ils réagissent désormais par le protectionnisme et la guerre économique. Jack Sullivan (influent conseiller à la sécurité nationale auprès de Joe Biden, ndlr) l’affirme de manière assez transparente : « C’est fini le globalisme d’avant ; il faut du protectionnisme ; c’est fini avec le néolibéralisme ; c’en est fini avec l’accès de la Chine au marché international. »

 

On constate la même dynamique sur les ressources énergétiques, qui ont toujours formé l’infrastructure du système capitaliste. Au XIXe siècle, c’était le charbon, puis au XXe le pétrole. De l’arrivée de British Petroleum en Irak en 1902 aux guerres du Golfe, d’innombrables guerres ont été menées pour le pétrole. Désormais, c’est la guerre des batteries qui est lancée : tout le monde se rue sur le lithium et les ressources essentielles pour l’électrification. Là aussi, les États-Unis se montrent très agressifs vis-à-vis de la Chine et des BRICS. Malgré tout, je pense que les États-Unis ne parviendront pas à restreindre la montée en puissance de la Chine.

 

 

-Le Vent Se Lève : Hormis cette opposition à l’hégémonie américaine, il est tout de même difficile de voir ce qui rassemble les BRICS. Par ailleurs, il existe de réelles tensions entre des pays au sein de ce bloc, notamment entre la Chine et l’Inde. Peut-on vraiment attendre quelque chose d’un groupe aussi hétérogène ?

Analyse. Le sommet des Brics annonce-t-il un “changement tectonique” international ?

Peter Mertens : Aucune valeur ne réunit les BRICS ! C’est une association de pays strictement pragmatique, car c’est comme ça que l’ordre mondial fonctionne. La gauche a souvent une lecture erronée car elle pense en termes de morale et de « valeurs ». Or, l’impérialisme et les forces anti-impérialistes ne pensent pas en ces termes mais plutôt en termes de pouvoir politique et économique. Les BRICS ne sont pas un projet de gauche, mais un projet pragmatique visant à servir les intérêts de ces pays, en créant une alternative au dollar et au Fonds Monétaire International et en cherchant à favoriser le commerce Sud-Sud.

 

Je ne suis évidemment pas dupe. L’Inde connaît de grandes tensions avec la Chine et Modi est un homme d’extrême-droite. Ses trois grands amis étaient Jair Bolsonaro, Donald Trump et Boris Johnson. Il est responsable de l’assassinat de plus de 750 paysans[11] lors de la plus grand révolte de l’histoire indienne de la paysannerie et a laissé des razzias racistes contre les musulmans avoir lieu.

 

De même en Arabie Saoudite : c’est le despotisme total. Il n’y a aucune liberté pour la classe travailleuse et pour les femmes. Il n’empêche que l’entrée de l’Arabie Saoudite dans les BRICS marque un tournant. En 1971, avec les pétrodollars, les États-Unis ont promis à l’Arabie Saoudite d’avoir toujours des armes et une stabilité politique en échange de pétrole bon marché. Désormais, l’Arabie Saoudite vend son pétrole à la Chine non plus en dollars, mais en yuans ! Bien sûr que c’est un régime haïssable. Mais en matière de politique internationale, on ne peut pas juste réagir émotionnellement en fonction de « valeurs », il faut analyser l’échiquier mondial avec réalisme. Et la réalité est que les BRICS défient le système construit autour du dollar. Personnellement, bien que je ne soutienne pas les régimes de certains pays des BRICS, je considère leur émergence comme une bonne nouvelle parce qu’elle défie l’unilatéralisme et l’hégémonie américaine pour la première fois depuis 1991. 

 

Mais en parallèle de la mutinerie menée par les BRICS, il y a également une mutinerie au sein de ces pays. En Inde, je suis avec attention les luttes des paysans, des femmes et de la classe travailleuse contre le régime de Modi[11]. De même, l’Afrique du Sud connaît une corruption énorme, le fossé entre riches et pauvres y est considérable et le régime politique est fortement critiqué par la population. Lula est un progressiste, mais son gouvernement n’est pas pour autant socialiste[12]. Et contre les concessions faites aux grands propriétaires fonciers au Brésil, je soutiens ceux qui luttent pour les droits des paysans, comme le Mouvement des Paysans sans Terre.

 

 

-Le Vent Se Lève : Dans votre livre, vous rappelez l’histoire du mouvement tiers-mondiste, à partir notamment de la conférence de Bandung en 1955. Ce mouvement était porteur d’espoir pour un rééquilibrage des relations internationales et de l’économie mondiale. Croyez-vous à la résurgence de l’altermondialisme et sur quelles bases ? Les tentatives consistant à faire revivre cet esprit de « non-alignement », notamment de la part de Lula, vous semblent-elles prometteuses ?
Peter Mertens : Je crois que la tentative opérée par les BRICS de permettre un commerce dans d’autres monnaies que le dollar relève surtout du pragmatisme. Mais cette démarche est déjà un acte progressiste en soi. Regardons en face la situation depuis les années 50-60 : la dette des pays du Tiers Monde doit être payée en dollars. Cela signifie que ces pays doivent privilégier des monocultures tournées vers l’exportation, plutôt que des productions au service de leurs propres populations, afin d’obtenir des dollars. Et quand ils ont des difficultés à refinancer leur dette, le Fonds Monétaire International (FMI) ne leur octroie des prêts qu’à condition de couper dans les services publics, les salaires et les pensions et de privatiser davantage. Tout cela ne fait que les rendre plus dépendants des États-Unis et de l’Europe. C’est un mécanisme néocolonial ! Désormais, pour la première fois, les pays du Tiers Monde peuvent refinancer leur dette, indépendamment du FMI, grâce à la banque des BRICS. Certes, ce n’est pas un emprunt socialiste mais au moins c’est un mécanisme honnête et sans conditions. Quand bien même ce n’est un progrès en direction du socialisme, cela reste un progrès pour les pays du Sud Global, qui doit être soutenu.

 

Certes, cela ne suffit pas pour construire un altermondialisme de gauche. C’est pourquoi nous devons aussi soutenir les mouvements de gauche dans ces pays, afin de peser sur l’agenda politique. On peut tout à fait soutenir le MST au Brésil pour mettre la pression sur Lula, tout en reconnaissant qu’il joue un rôle important pour nos idées au niveau international. De la même manière, je soutiens le NUMSA, le syndicat des métallos sud-africains, qui lutte contre la corruption considérable au sein du gouvernement de l’ANC, tout en étant en accord avec la politique extérieure de l’Afrique du Sud. Bien sûr que la gauche a des valeurs à défendre, mais je refuse d’interpréter toute la complexité du monde actuel uniquement en termes de valeurs. L’altermondialisme passe aussi par une forme de pragmatisme sur les enjeux internationaux.

 

 

EN ALLEMAGNE, LA MORT DU PACIFISME

-Le Vent Se Lève : L’Union européenne tend à s’aligner sur les États-Unis, contrairement à ce qu’affirment nos dirigeants. S’ils prétendent réguler l’action des GAFAM, ou encore bâtir une « autonomie stratégique » en matière internationale ou de réindustrialisation, la réalité est que nous sommes de plus en plus dépendants des Américains, y compris dans des domaines où cela était encore peu le cas, comme les énergies fossiles. Comment peut-on retrouver une véritable autonomie ? Cela implique-t-il une rupture avec l’Union européenne ? 
Peter Mertens : Ce qui s’est passé en Europe suite à la guerre en Ukraine, surtout en Allemagne, est grave. Quelques semaines après le début du conflit, le Bundestag a renié sa politique de non-militarisation de l’économie vieille de 75 ans et a investi plus de 100 milliards d’euros dans le budget de la défense[13]. Tout ce qui existait en termes de liens avec la Russie, notamment de la part de la social-démocratie allemande – dont les liens de Schröder avec Gazprom (l’ancien chancelier allemand a ensuite siégé au conseil d’administration de la compagnie russe, ndlr) sont le symbole le plus évident – a été détruit. Il s’agit d’un bouleversement considérable : la mémoire des comportements barbares des nazis, qui étaient presque arrivés à Moscou, a longtemps conduit à une politique de coopération entre l’Allemagne et la Russie, plutôt que d’agressivité. En quelques semaines à peine, les États-Unis ont réussi à briser cela.

 

Cette coupure brutale avec la Russie a suscité des remous au sein des grandes entreprises allemandes : les grands patrons de BASF, de Bosch ou Siemens ont demandé au gouvernement allemand de ne pas rompre les liens avec Gazprom, car ils souhaitaient continuer de bénéficier du gaz russe bon marché. En se rendant dépendante du gaz américain, beaucoup plus cher, l’Allemagne est rentrée en récession. En prenant des sanctions contre la Russie, l’Europe a donc pris des sanctions contre elle-même et s’est tirée une balle dans le pied. De surcroît, avec l’Inflation Reduction Act (IRA), les États-Unis tentent d’attirer sur leur territoire des firmes européennes, notamment de technologie de pointe, grâce à d’importantes subventions et remises d’impôts. La réaction de l’Union Européenne à cette offensive américaine a été très faible. Aucune politique industrielle européenne autonome n’émerge[14].

 

Les États-Unis veulent maintenant répliquer cela avec la Chine. C’est une folie : non seulement ils auront beaucoup de mal à se couper de la Chine, mais l’Europe en aura encore plus : nous échangeons avec la Chine 850 milliards d’euros de marchandises chaque année[15] ! J’ajoute que la neutralité carbone en Europe dépend pour l’instant de la technologie chinoise. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis d’accord avec les patrons de Bosch, Siemens, Volkswagen et Mercedes quand ils demandent de ne pas reproduire avec la Chine ce que l’Europe a fait avec la Russie. Dans le conflit inter-impérialiste entre capitalistes, j’espère que la bourgeoisie européenne se comportera de manière sérieuse et dira non à la bourgeoisie américaine qui veut nous entraîner dans de nouveaux conflits.

Bien sûr, je n’ai aucune illusion : la bourgeoisie européenne ne veut pas une Europe progressiste, mais cherche au contraire à imposer aux peuples européens une nouvelle dose d’austérité. Elle entend également conserver des relations néo-coloniales avec une partie du monde, bien que le rejet de la France en Afrique ne cesse de grandir[16]. Mais c’est la même dialectique que pour les BRICS : on ne peut pas raisonner uniquement en termes de « gentils » et de « méchants », il y a de nombreuses contradictions sur lesquelles il faut jouer. Donc je soutiens les capitalistes allemands dans leur opposition aux États-Unis, mais continue de défendre une Europe socialiste, contre les intérêts de ces grandes entreprises.

 

 

-Le Vent Se Lève : Il est vrai que les sanctions prises à l’encontre de la Russie ont renforcé la dépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis. Pensez-vous qu’il soit possible de réorienter l’Union européenne vers une politique socialiste ? Ou faut-il rompre avec les traités européens et construire de nouveaux cadres de coopération ?
Peter Mertens : Ma position sur cette question est liée à l’histoire belge : nous sommes un petit pays qui a été créé pour jouer le rôle d’État-tampon entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Un changement de société au niveau de la seule Belgique, ça n’existe pas! ! Je plaide donc pour une autre société, une autre industrialisation et une autre forme de commerce à l’échelle continentale. Cela passera, selon moi, par plus d’échanges entre ceux qui luttent et qui résistent dans toute l’Europe pour créer une rupture au sein de l’Union Européenne.

 

Mais cela suppose que nous soyons à la hauteur. J’en ai assez de la dépression collective de la gauche européenne qui passe son temps à se lamenter de la percée de l’extrême-droite ! Quand je vais en Amérique latine ou en Inde, eux aussi s’inquiètent de la montée du fascisme, mais surtout ils le vivent et ils luttent. Bien sûr que l’extrême-droite progresse et nous menace. Mais pour reconquérir une partie de la classe travailleuse tentée par le vote fasciste, on ne peut pas se contenter de se plaindre. La droite et l’extrême-droite s’appuient sur une narratif dépressif, selon lequel la classe travailleuse n’existe pas et l’immigration va nous détruire.

 

Face à cela l’extrême-droite), il faut recréer un narratif autour de la lutte des classes et rebâtir une conscience commune chez les travailleurs. Les mobilisations sociales massives que nous avons connu récemment en Angleterre, en Allemagne et en France sont des points d’appui. Comme la grève des ouvriers de l’automobile aux États-Unis, avec une belle victoire à la clé[17] ! Et puis nous devons être là où sont les gens, c’est-à-dire avant tout dans les quartiers populaires et sur les lieux de travail, pas seulement avec les intellectuels. Ce n’est que comme cela que nous pourrons arrêter la tentation fasciste au sein de la classe travailleuse.

 

Par exemple, avec notre programme Médecine pour le peuple (initiative de médecine gratuite dans les quartiers populaires[18], ndlr), on touche des personnes qui votent pour le Vlaams Belang (extrême-droite indépendantiste flamande, ndlr). Plutôt que de les exclure, nous discutons avec eux et tentons de les convaincre. Les gens sentent si vous êtes honnêtes et convaincus du discours que vous portez. Donc il faut un langage clair et franc, comme celui de Raoul Hedebouw, qui permet d’attirer vers nous des gens en colère en raison de leur situation précaire et de politiser cette colère. Si l’on se contente des livres, on ne changera rien. Il faut aussi des gens sur le terrain.

 

Notes :
[1] Peter Mertens, secrétaire général du Parti du Travail de Belgique

[2] A paraître en français aux éditions Agone début mars 2024

[2bis] Fiona Hill: l'Ukraine dans le nouveau désordre mondial

[3] Irak 2003 : un mensonge pour une guerre

[4] Est-ce vraiment la fin du dollar

[5] Brics

[6] Les Brics, un nouvel ordre mondial alternatif ?

[7] Chronique de la « GUERRE GLOBALE » : tension extrême dans le DÉTROIT DE FORMOSE 

[8«Un acte de guerre»: le blocus du silicium contre la Chine en Amérique

[9Puces : Washington rallie le Japon et les Pays-Bas contre la Chine

[10] Ces sept domaines où la Chine a déjà dépassé le reste du monde

[11] Réforme agricole en Inde: Modi fait volte-face et annonce son abrogation dans un but électoraliste

[12] LULA FAVORI AU BRÉSIL : VICTOIRE OU MORT DE LA GAUCHE ?

[13EN ALLEMAGNE, LA MORT DU PACIFISME

[14EMBARGO SUR LE PÉTROLE RUSSE : L’UE SE TIRE-T-ELLE UNE BALLE DANS LE PIED ?

[15] Relations commerciales de l'UE avec la Chine. Faits, chiffres et derniers développements.

[16] Comment Macron a perdu l’Afrique

[17] AUX ÉTATS-UNIS, LES SYNDICATS ENCHAÎNENT LES VICTOIRES

[18« LE DROIT À LA SANTÉ PASSE PAR UNE SOCIÉTÉ PLUS ÉGALITAIRE » – ENTRETIEN AVEC SOFIE MERCKX (PTB)

 

Pour en savoir plus :

VERS LA FIN DE L’HÉGÉMONIE DU DOLLAR ?

- En Inde, la colère paysanne défie le pouvoir du Premier ministre Narendra Modi

- INDE : DES RÉFORMES AGRAIRES ENTRAÎNENT LA PLUS GRANDE GRÈVE DU MONDE

CHRISTOPHE VENTURA : « LULA NE COMPTE PAS MONTRER PATTE BLANCHE À WASHINGTON »

- LES ERREMENTS DU CAMPISME ET DU « CAMPISME INVERSÉ »

- Entretien avec Jean-Luc Mélenchon autour de son dernier livre. | « Si nous sommes alignés sur les États-Unis d’Amérique, nous nous impliquons dans la confrontation organisée autour de la défense de son hégémonie ! »

 

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 22:39

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8 juin 2023 4 08 /06 /juin /2023 08:20
L’extension de l’OTAN vers l’Est : une menace pour la paix mondiale

La guerre en Ukraine a été provoquée, et il est important de le comprendre pour parvenir à la paix

 

 

Alors que le projet d’une installation de missiles soviétiques à Cuba en 1962, situé à environ 144 km des États-Unis (entre les deux rives), avait provoqué la menace d’une frappe nucléaire des États-Unis contre l’URSS conduisant ainsi à 1 guerre mondiale nucléaire, l’installation d’une multitude de bases de l’OTAN à quelques centaines de kilomètres de la frontière russe ne semble pas poser de problème aux USA et à leurs États vassaux européens. Pire, ces derniers restent totalement sourds aux préoccupations de sécurité de la fédération de Russie.

" La En reconnaissant que la question de l’élargissement de l’OTAN est au cœur de cette guerre, nous comprenons pourquoi l’armement américain n’y mettra pas fin. Seuls les efforts diplomatiques peuvent y parvenir " par Jeffrey D. Sachs[0], auteur de l'article ci-dessous.

 

 

Sources : Dialexis par Jeffrey D. Sachs | mis à jour le 19/06/2023

- George Orwell a écrit dans 1984 que " qui contrôle le passé contrôle l’avenir : qui contrôle le présent contrôle le passé ".
Les gouvernements travaillent sans relâche pour déformer la perception du passé par le public[1]. En ce qui concerne la guerre d’Ukraine, l’administration Biden a affirmé à plusieurs reprises, et à tort, que la guerre d’Ukraine avait commencé par une attaque non provoquée de la Russie contre l’Ukraine le 24 février 2022. En fait, la guerre a été provoquée par les États-Unis d’une manière que les principaux diplomates américains avaient anticipée depuis des décennies, ce qui signifie que la guerre aurait pu être évitée et qu’elle devrait maintenant être arrêtée par le biais de négociations.

 

Reconnaître que la guerre a été provoquée nous aide à comprendre comment y mettre fin. Cela ne justifie pas l’invasion de la Russie. Une bien meilleure approche pour la Russie aurait été d’intensifier la diplomatie avec l’Europe et le monde non occidental pour expliquer et s’opposer au militarisme et à l’unilatéralisme des États-Unis. En fait, les efforts incessants des États-Unis pour élargir l’OTAN sont largement contestés dans le monde entier, de sorte que la diplomatie russe aurait probablement été plus efficace que la guerre.

 

L'équipe Biden utilise sans cesse le mot " non provoqué ", tout récemment dans le grand discours de Biden[2] à l'occasion du premier anniversaire de la guerre, dans une récente déclaration de l'OTAN[3] et dans la dernière déclaration du G7[4]. Les grands médias favorables à M. Biden se contentent de répéter les propos de la Maison-Blanche. Le New York Times est le principal coupable, qualifiant l'invasion de "non provoquée" pas moins de 26 fois, dans cinq éditoriaux, 14 colonnes d'opinion rédigées par des rédacteurs du NYT et sept articles d'opinion rédigés par des invités !

 

 

- Il y a eu en fait deux provocations principales de la part des États-Unis.

  • La première était l'intention des États-Unis d'étendre l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie afin d'encercler la Russie dans la région de la mer Noire par les pays de l'OTAN (Ukraine, Roumanie, Bulgarie, Turquie et Géorgie, dans l'ordre inverse des aiguilles d'une montre).
  • La seconde est le rôle joué par les États-Unis dans l'installation d'un régime russophobe en Ukraine par le renversement violent du président ukrainien pro-russe, Viktor Yanukovych, en février 2014. La guerre avec des armes à feu en Ukraine a commencé avec le renversement de Ianoukovitch il y a neuf ans, et non en février 2022 comme le gouvernement américain, l'OTAN et les dirigeants du G7 voudraient nous le faire croire.

La clé de la paix en Ukraine passe par des négociations basées sur la neutralité de l'Ukraine et le non-élargissement de l'OTAN.

 

 

- M. Biden et son équipe de politique étrangère refusent de discuter de ces racines de la guerre.
Les reconnaître saperait l'administration de trois manières.

  • Premièrement, cela mettrait en évidence le fait que la guerre aurait pu être évitée ou arrêtée rapidement, épargnant à l'Ukraine sa dévastation actuelle et aux États-Unis plus de 100 milliards de dollars de dépenses à ce jour.
  • Deuxièmement, elle mettrait en lumière le rôle personnel du président Biden dans la guerre, en tant que participant au renversement de Ianoukovitch et, avant cela, en tant que fervent partisan du complexe militaro-industriel et défenseur de la première heure de l'élargissement de l'OTAN.
  • Troisièmement, cela pousserait M. Biden à la table des négociations, ce qui saperait l'élan continu de l'administration en faveur de l'expansion de l'OTAN.

 

Expansion de l'OTAN: ce que Gorbatchev a entendu

Les archives[5] montrent de manière irréfutable que les gouvernements américain et allemand ont promis à plusieurs reprises au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev que l'OTAN ne bougerait pas " d'un pouce vers l'est " lorsque l'Union soviétique a démantelé l'alliance militaire du Pacte de Varsovie. Néanmoins, les États-Unis ont commencé à planifier l'expansion de l'OTAN au début des années 1990, bien avant que Vladimir Poutine ne soit président de la Russie. En 1997, l'expert en sécurité nationale Zbigniew Brzezinski a établi le calendrier de l'expansion de l'OTAN avec une précision remarquable.

 


- Les diplomates américains et les dirigeants ukrainiens savaient pertinemment que l'élargissement de l'OTAN pouvait conduire à la guerre.

  • Le grand homme d'État américain George Kennan a qualifié l'élargissement de l'OTAN d'" erreur fatale ", écrivant dans le New York Times[7] : " On peut s'attendre à ce qu'une telle décision enflamme les tendances nationalistes, anti-occidentales et militaristes de l'opinion russe, qu'elle ait un effet négatif sur le développement de la démocratie russe, qu'elle rétablisse l'atmosphère de la guerre froide dans les relations Est-Ouest et qu'elle pousse la politique étrangère de la Russie dans des directions qui ne seront décidément pas à notre goût ".

 

  • William Perry, secrétaire à la défense du président Bill Clinton, a envisagé de démissionner pour protester contre l'élargissement de l'OTAN. Se souvenant de ce moment crucial du milieu des années 1990, Perry a déclaré ce qui suit en 2016[8] : " Notre première action qui nous a vraiment mis sur la mauvaise voie a été lorsque l'OTAN a commencé à s'élargir, en intégrant des pays d'Europe de l'Est, dont certains étaient limitrophes de la Russie. À l'époque, nous travaillions en étroite collaboration avec la Russie et elle commençait à se faire à l'idée que l'OTAN pouvait être un ami plutôt qu'un ennemi... mais elle était très mal à l'aise à l'idée d'avoir l'OTAN juste à sa frontière et elle nous a vivement conseillé de ne pas aller de l'avant. "

 

  • En 2008, William Burns, alors ambassadeur des États-Unis en Russie et aujourd'hui directeur de la CIA, a envoyé un câble à Washington dans lequel il mettait en garde contre les graves risques liés à l'élargissement de l'OTAN[9] : " Les aspirations de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN ne touchent pas seulement la corde sensible de la Russie, elles suscitent de sérieuses inquiétudes quant aux conséquences pour la stabilité de la région. Non seulement la Russie perçoit un encerclement et des efforts visant à saper son influence dans la région, mais elle craint également des conséquences imprévisibles et incontrôlées qui affecteraient gravement les intérêts de sa sécurité. Les experts nous disent que la Russie craint particulièrement que les fortes divisions en Ukraine sur l'adhésion à l'OTAN, une grande partie de la communauté ethnique russe étant opposée à l'adhésion, ne conduisent à une scission majeure, impliquant de la violence ou, au pire, une guerre civile. Dans cette éventualité, la Russie devrait décider d'intervenir ou non, une décision à laquelle elle ne voudrait pas être confrontée ".

 

Les dirigeants ukrainiens savaient pertinemment que toute pression en faveur de l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine serait synonyme de guerre.

  • L'ancien conseiller de Zelensky, Oleksiy Arestovych, a déclaré dans une interview en2019 " que le prix à payer pour rejoindre l'OTAN est une grande guerre avec la Russie " :

 

 

- Entre 2010 et 2013, Ianoukovitch a prôné la neutralité, conformément à l'opinion publique ukrainienne.
Les États-Unis ont œuvré secrètement au renversement de Ianoukovitch, comme en témoigne l'enregistrement de Victoria Nuland, alors secrétaire d'État adjointe des États-Unis, et de l'ambassadeur des États-Unis Geoffrey Pyatt, planifiant le gouvernement post-Yanoukovitch quelques semaines avant le renversement violent de Ianoukovitch. Mme Nuland indique clairement lors de l'appel qu'elle se coordonnait étroitement avec le vice-président de l'époque, M. Biden, et son conseiller à la sécurité nationale, M. Jake Sullivan, la même équipe Biden-Nuland-Sullivan qui est aujourd'hui au centre de la politique américaine à l'égard de l'Ukraine.

 

  • Conversation enregistrée entre Asst. Seconde. d'État Victoria Nuland et Amb. Jeffrey Pyatt

 

- Après le renversement de Ianoukovitch, la guerre a éclaté dans le Donbass, tandis que la Russie revendiquait la Crimée.
Le nouveau gouvernement ukrainien a demandé l'adhésion à l'OTAN, et les États-Unis ont armé et aidé à restructurer l'armée ukrainienne pour la rendre interopérable avec l'OTAN. En 2021, l'OTAN[10] et l'administration Biden[11] se sont fermement engagées à assurer l'avenir de l'Ukraine au sein de l'OTAN.

 

 

- Dans la période qui a précédé l'invasion russe, l'élargissement de l'OTAN était au centre des préoccupations.
Le projet de traité américano-russe de Poutine (17 décembre 2021)[12] demandait l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN. Les dirigeants russes ont présenté l'élargissement de l'OTAN comme la cause de la guerre lors de la réunion du Conseil national de sécurité de la Russie le 21 février 2022[13]. Dans son discours à la nation ce jour-là, Poutine a déclaré que l'élargissement de l'OTAN était l'une des principales raisons de l'invasion[14].

 

L'historien Geoffrey Roberts a récemment écrit : " La guerre aurait-elle pu être évitée par un accord russo-occidental qui aurait stoppé l'expansion de l'OTAN et neutralisé l'Ukraine en échange de solides garanties d'indépendance et de souveraineté ukrainiennes ? C'est tout à fait possible "[15]. En mars 2022, la Russie et l'Ukraine ont fait état de progrès vers une fin rapide et négociée de la guerre sur la base de la neutralité de l'Ukraine.

 

Selon Naftali Bennett, ancien Premier ministre israélien, qui a joué le rôle de médiateur, un accord était sur le point d'être conclu avant que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ne le bloquent.

 

 

Alors que l'administration Biden déclare que l'invasion russe n'a pas été provoquée, la Russie a recherché des options diplomatiques en 2021 pour éviter la guerre, tandis que Biden rejetait la diplomatie, insistant sur le fait que la Russie n'avait pas son mot à dire sur la question de l'élargissement de l'OTAN. En mars 2022, la Russie a fait appel à la diplomatie, tandis que l'équipe de M. Biden a de nouveau bloqué l’évirement  de la guerre par la voie diplomatique.

 

 

- En reconnaissant que la question de l'élargissement de l'OTAN est au cœur de cette guerre, nous comprenons pourquoi l'armement américain n'y mettra pas fin.
La Russie fera tout ce qui est nécessaire pour empêcher l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine. La clé de la paix en Ukraine passe par des négociations basées sur la neutralité de l'Ukraine et le non-élargissement de l'OTAN. L'insistance de l'administration Biden sur l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine a fait de l'Ukraine la victime d'aspirations militaires américaines mal conçues et irréalisables. Il est temps que les provocations cessent et que les négociations rétablissent la paix en Ukraine.

 

Notes :

[0] Titre original : The War in Ukraine Was Provoked—and Why That Matters to Achieve Peace
Auteur : Jeffrey D. Sachs Jeffrey D. Sachs est professeur d'université et directeur du Centre pour le développement durable de l'université Columbia, où il a dirigé l'Institut de la Terre de 2002 à 2016. Il est également président du Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies et commissaire de la Commission à haut débit des Nations unies pour le développement. Il a été conseiller auprès de trois secrétaires généraux des Nations unies et est actuellement défenseur des objectifs de développement durable auprès du secrétaire général Antonio Guterres. M. Sachs est l'auteur, plus récemment, de "A New Foreign Policy : Beyond American Exceptionalism" (2020). Parmi ses autres ouvrages, citons "Building the New American Economy : Smart, Fair, and Sustainable" (2017) et "The Age of Sustainable Development" (2015) avec Ban Ki-moon.

[1Un exemple de l’enseignement de l’ignorance : quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

[2] Discours du président Biden à l’approche du premier anniversaire de l’invasion brutale et non provoquée de l’Ukraine par la Russie

[3] Réponse de l'OTAN à l'invasion russe de l'Ukraine

[4] Déclaration des dirigeants du G7 sur l'Ukraine.

[5] Expansion de l'OTAN: ce que Gorbatchev a entendu

[6Une géostratégie pour l'Eurasie

[7] L’élargissement de l’OTAN : Une erreur fatale – George Kennan – 05/02/1997

[8] L'hostilité russe «en partie causée par l'Occident», affirme l'ancien chef de la défense américaine

[9] NYET MOYEN NYET: REDLINES DE L'ÉLARGISSEMENT DE L'OTAN DE LA RUSSIE

[10] Communiqué du Sommet de Bruxelles

[11] Déclaration conjointe sur le partenariat stratégique américano-ukrainien

[12] Traité entre les États-Unis d'Amérique et la Fédération de Russie sur les garanties de sécurité

[13] Réunion du Conseil de sécurité

[14] Discours du Président de la Fédération de Russie

[15] L'historien Geoffrey Roberts a récemment écrit

 

Pour en savoir plus :

- Le gouvernement américain savait que l’expansion de l’OTAN en Ukraine forcerait la Russie à intervenir

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6 octobre 2022 4 06 /10 /octobre /2022 18:20
Chronique de la « GUERRE GLOBALE » : tension extrême dans le DÉTROIT DE FORMOSE

Taïwan : les tensions entre Chine et États-Unis se radicalisent[0] !

 

Après le point sur la guerre en Ukraine dans notre précédent numéro, ce second volet de la « guerre globale » se penche sur l’Extrême-Orient. Nous vivons l’étape ultime précédant une guerre éventuelle, comme c’était le cas en Ukraine dans les années 2000 et 2010, à savoir l’étape du pré positionnement stratégique belliqueux. La tension monte et les Occidentaux, tout comme la Chine populaire, guettent l’erreur éventuelle de l’adversaire pour ouvrir les hostilités.

 

 PREMIERE ARTICLE ICI 👉 : POINT SUR LA GUERRE EN UKRAINE EN SEPTEMBRE 2022

 

 

Sources : RESPUBLICA | mis à jour le 13/06/2023

 SECOND ARTICLE : TENSION EXTRÊME DANS LE DÉTROIT DE FORMOSE

- L’étincelle Pelosi

Nancy Pelosi fraîchement reçue à Tokyo et Séoul, embarrassés par les conséquences de sa visite à Taïwan

L’histoire retiendra peut-être cette date : le 2 août 2022. C’est le jour où Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, est arrivée à Taïwan, devenant ainsi le plus haut responsable politique américain à se rendre sur l’île en 25 ans[1]. Ainsi les États-Unis ont décidé, totalement « à froid », de raviver un conflit vieux de 73 ans, et cela en pleine guerre en Europe.

  • Pourquoi cette provocation ?

Il est impossible d’apporter aujourd’hui une réponse définitive à cette simple question. Pourtant, l’enjeu est considérable. Provoquer la Chine populaire, c’est provoquer une Russie multipliée par 10 ! En effet, la Chine représente dix fois la Russie en termes de produit intérieur brut en 2020 (PIB russe : 1,483 billion dollars ; PIB Chine : 14,720 billions dollars[2]), comme en termes de population (Russie : 144 millions ; Chine : 1,402 milliard).

 

Cette fois-ci, la Chine de Xi Jinping n’a pas fait le dos rond et a relevé le défi. Des manœuvres militaires de grande ampleur ont été organisées par l’armée chinoise, l’APL (Armée populaire de libération). À la veille de son vingtième congrès qui se tiendra cet automne, le Parti communiste chinois (PCC) change de ton et abandonne sa traditionnelle réserve, si chère à Deng Xiaoping. Ce dernier avait pour règle d’or la prudence et le refus de céder aux provocations des Occidentaux. Aujourd’hui, le maître de la cité interdite refuse de courber la tête. Tout est donc prêt pour une escalade dans les prochains mois.

 

Depuis « l’étincelle Pelosi », le complexe militaro-industriel américain utilise tout son poids politique et d’influence pour armer Taïwan. Un formidable marché pour rénover la flotte d’avions de guerre taïwanaise est à l’ordre du jour. Lockheed Martin et Boeing jouent des coudes pour fournir les armes aériennes de dernière génération.

 

Car les États-Unis mettent le paquet, n’hésitant pas à se mettre en parfaite contradiction… avec eux-mêmes ! Car l’enjeu du conflit est un pays, Taïwan, qu’ils n’ont jamais reconnu[3].


Taïwan est un curieux pays, une sorte d’ambiguïté territoriale : cette île est exclue de toutes les instances mondiales, l’ONU, la Banque mondiale, l’OMS ou du FMI. Elle a réussi uniquement à intégrer l’organisation mondiale du commerce (OMC). L’immense majorité des pays du monde, dont les États-Unis, ne reconnaissent qu’une seule Chine, la Chine populaire[4]. La communauté occidentale reconnaît par là même l’appartenance de l’île de Taïwan à la nation chinoise unique. Pour surmonter idéologiquement cette contradiction, les États-Unis ont inventé le concept « d’ambiguïté stratégique[5] », maniant le flou total sur leur participation à une éventuelle défense de Taïwan en cas d’attaque de la Chine continentale, c’est dire la clarté de la situation actuelle !

 

 

- De Taïwan à Baltimore
Pour mieux comprendre le voyage de Nancy Pelosi, un détour est nécessaire par la grande histoire contemporaine de la Chine, mais aussi par la petite histoire d’une ville américaine du Maryland, Baltimore… lieu de naissance justement en 1940 de l’actuelle présidente de la Chambre des représentants des États-Unis.

 

 

- « Formosa » entre Chine et Japon
Cette île, remarquée par les intrépides navigateurs portugais qui l’appelèrent « Formosa » (« belle » en portugais) et peuplée historiquement d’aborigènes, était plutôt hostile aux empereurs chinois. Il y avait de quoi : les Chinois méprisaient les natifs considérés comme des « sous-hommes ». Les îliens changèrent d’oppresseur à la fin du XIXe siècle, se retrouvant sous souveraineté japonaise après la défaite de l’empire de Chine contre le Japon en 1895. L’île de Taïwan (« grande baie » en chinois) subit une dure occupation de la part des Japonais, également teintée d’un profond mépris raciste. Ce qui amena sa population à adhérer aux idées progressistes et républicaines de Sun Yat-sen, fondateur de la République de Chine. Notons que les idées communistes étaient aussi partagées par beaucoup d’habitants de la « belle » île. Le 2 septembre 1945, lorsque le Japon capitula sans condition, Taïwan fut évacué par l’armée nippone[4].

 

 

- Un refuge pour le Kuomintang
Toutefois, la république de Chine ne va pas récupérer directement ce territoire, mais c’est l’ONU tout juste créée qui reçut mandat de décider de l’avenir de l’île. L’organisation internationale confia donc à l’armée des États-Unis le soin du transfert de souveraineté à la Chine continentale, c’est-à-dire à l’époque au Kuomintang de Tchang Kaï-chek.

Ainsi, l’histoire de Taïwan croisa celle des États-Unis dès l’après-guerre. L’armée yankee et celle de Tchang Kaï-chek prirent possession des lieux. Mais, dès 1946, ce qui deviendra la « guerre froide » commença à régir les rapports entre les puissances. Et sur le terrain chinois, les troupes communistes de Mao Zedong volèrent de victoire en victoire, les jours du Kuomintang étaient comptés.

 

LE MASSACRE / L’INCIDENT 228 二二八事件 – 28 FÉVRIER 1947

 À Taïwan, les troupes nationalistes, avec les conseils du corps de Marines américain, envisagent que l’île devienne un refuge en cas de malheur. Le 28 février 1947, resté dans l’histoire sous le nom de « l’incident 228[6] », débuta une grande révolte populaire contre le gouvernement du Kuomintang. Celui-ci réagit en massacrant méthodiquement tous les « communisants », et pour éviter d’en oublier un seul, ils liquidèrent également tous les progressistes. Bilan : entre 10 000 et 30 000 morts selon les estimations. L’inévitable défaite du KMT (Kuomintang) sonna bel et bien en 1949. Le Parti communiste chinois prit le pouvoir le 1er octobre de cette année.

 

Les débris de l’armée de Tchang Kaï-chek, plus de deux millions d’hommes souvent accompagnés de leurs familles, traversèrent le détroit de Formose et débarquèrent à Taïwan. Le KMT imposa sa dictature sur Taïwan en se prétendant le pouvoir légal chinois et le représentant de toute la république de Chine. Notons au passage un point important  : la « sinisation[7] » définitive de cet archipel (Taïwan est en fait un archipel composé de dizaines d’îles et de centaines d’îlots) date de cette époque, les aborigènes et les descendants de l’occupant japonais étant noyés sous les millions de Chinois fraîchement débarqués du continent.

 

 

- Une épouvantable dictature à l’ombre de la 7e flotte
Tchang Kaï-chek et le KMT instituèrent la loi martiale qui resta en vigueur jusqu’en 1987. Une terrible « terreur blanche » (en chinois : 白色恐怖 ; pinyin : báisè kǒngbù) se déchaîna durant quatre décennies : on compte des milliers de morts par exécution, des dizaines de milliers d’emprisonnés. Ce régime sanguinaire a survécu grâce à l’assistance économique et à la protection militaire américaine de la 7e flotte dans le détroit de Formose[8].

 

Toutefois, le régime du KMT disposait de deux atouts de première main :

  • D’abord, il détenait le siège permanent chinois au conseil de sécurité de l’ONU jusqu’en 1971, date de sa restitution à la Chine populaire. Que Taïwan fasse partie du Conseil de sécurité de l’ONU a été important pour les États-Unis, permettant par exemple au début des années 1950 que le corps expéditionnaire américain en Corée soit déployé sous l’égide de l’ONU et non sous étendard yankee (bénéficiant aussi de l’erreur de l’URSS jouant alors la politique de la « chaise vide » durant deux séances décisives du Conseil de sécurité).

 

  • Deuxième atout, une influence sur la diaspora chinoise, la plus grande du monde, une influence certes minoritaire, mais essentielle pour les États-Unis. En effet, l’enjeu était d’une extrême importance en Asie, en particulier entre les années 50 à 80 pour éviter que les communautés chinoises basculent du côté des communistes, comme cela a été le cas en Indonésie où s’est déchaînée une terrible répression anti communiste en 1965-1966 (entre 500 000 et 3 millions de morts[9]) et à Saïgon avec le soulèvement pro Viêt-Cong du quartier chinois de Cholon au moment de l’offensive du Têt en janvier 1968. Il était donc essentiel pour les USA de doter Taïwan de moyens exceptionnels pour contrecarrer la domination de Pékin sur la diaspora.
    • Une alliance stratégique anti-communiste a été mise en place entre la CIA, le Kuomintang et les « Triades ».
      Membres de triades arrêtés en Thaïlande avant 1950.
      Membres de triades arrêtés en Thaïlande avant 1950.
      Ces dernières étaient des sociétés secrètes patriotiques créées à la fin du XIXe siècle qui se transformèrent progressivement au cours du siècle suivant en organisations purement mafieuses. Interdites par la Chine communiste en 1949, elles se replièrent à Hong Kong et surtout à Taïwan. Leur rayonnement sur la diaspora chinoise fut considérable, car la CIA les laissa dominer totalement le trafic des opiacés, y compris sur le territoire américain, générant des revenus monstrueux. Les experts estiment que dans les années 1980, le chiffre d’affaires des « triades » était de l’ordre de 1,1 % du produit intérieur brut des USA, soit plus de 50 milliards de dollars de l’époque[10].
    • Cette masse financière permit entre autres la surveillance et le contrôle des diasporas chinoises, malgré l’activisme patriotique de la Chine populaire.

 

 

- « Triades » chinoises pro Taïwan et mafias « démocrates » américaines
Le point de contact entre les « Triades » monopolisant le trafic des opiacés et les mafias américaines, en particulier d’origine italienne, est la collaboration commerciale pour la diffusion de drogue. De leur côté, les organisations mafieuses américaines étaient historiquement du côté des « démocrates ». Le président Kennedy fut d’ailleurs élu en 1960 de justesse (un écart de 0,17 %) grâce aux voix achetées par les maffiosi de Chicago ou d’ailleurs[11].

 

À Baltimore, nœud ferroviaire et routier de la côte Est des États-Unis permettant la distribution des produits licites et illicites sur tout le rivage atlantique des États-Unis, ce fut le père de Nancy Pelosi[1], Thomas D’Alesandro Jr, qui d’abord régna sur la ville, maire de 1947 à 1959. Connue sous le nom de « Big Tommy », sa base était située dans le quartier de « little Italy ». Puis, après un court intermède, ce fut le frère de Nancy Pelosi, également démocrate, Thomas D’Alesandro lll, qui lui succéda à la mairie de Baltimore de 1967 à 1971. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la réputation du père comme du fils était fort sulfureuse, tout comme d’ailleurs celle d’un autre italo-americain, Paul Pelosi, mari de Nancy. Celui-ci a fait fortune dans l’immobilier avec des opérations financières pour le moins suspectes. Bref, des années 1960 aux années 2000, la convergence entre les « Triades » et les Italo-américains a été constante pour les « affaires », légales ou non, et s’est traduite sur le plan politique par un soutien sans faille au Parti démocrate. Le soutien du lobby de Taïwan au « parti bleu », en particulier après la restitution de Hong Kong à la Chine populaire en 1997 a été permanent et puissant. Plusieurs scandales de subventions financières occultes des campagnes présidentielles démocrates par des intérêts taïwanais liés aux « Triades » ont fait grand bruit au cours des années 1980 et 1990.

 

Le lobby pro-Taïwan aux USA, dont Nancy Pelosi a toujours fait partie, a été caractérisé par un ultra activisme agrémenté de « dessous de table » à Washington. Visiblement, le voyage de 2 août de la présidente de la Chambre des représentants a peut-être été une opération diplomatique « au forceps ». Car, il semble bien que l’administration Biden ait été mise au pied du mur. Il n’empêche qu’aujourd’hui le basculement vers la confrontation USA-Chine populaire est la ligne de plus forte pente.

 

 

- Le tournant taïwanais vers la démocratie… et les semi-conducteurs
De nos jours, le soutien occidental à Taïwan se renforce constamment, bien que les pays du camp occidental et de l’OTAN n’aient pas reconnu diplomatiquement l’île. Il s’agit pour l’instant d’un soutien économique et idéologique. Depuis peu, le soutien militaire massif commence à pointer son nez aussi.

 

Sur le point de « la guerre des idées », il est aisé en 2022 pour les démocraties libérales de présenter Taïwan comme un « modèle » en termes de liberté et de droits de l’homme en Asie, à l’instar d’ailleurs de la présentation positive de la « démocratie ukrainienne » sur le continent européen.

 

En effet, depuis la fin des années 1990, l’île chinoise est passée d’une épouvantable dictature à une démocratie pluraliste formelle. Bien sûr, il s’agit d’une démocratie totalement cadenassée qui se réduit en fait à un duel permanent entre le vieux parti KMT (Kuomintang) et le Parti démocrate progressiste (Minjindang). Le premier de ce duo politique penche pour un dialogue avec Pékin sur l’avenir définitif de l’île, le second se positionnant pour une marche vers l’indépendance. Car, jusqu’à présent, Taïwan n’a jamais proclamé son indépendance ! Encore une autre « ambiguïté stratégique ».

  • Donc, aussi curieux que cela paraisse, de nombreuses voix s’élèvent en Occident pour défendre une entité qui n’est pas reconnue internationalement et qui n’a jamais déclaré sa propre indépendance… C’est ce que l’on pourrait appeler une zone grise en plein brouillard ! Les médias des pays alliés des États-Unis se mobilisent à fond pour « promouvoir » la « démocratie exemplaire taïwanaise ».
  • Pots-de-vin et morts mystérieuses: les frégates de Taïwan, une affaire digne d'un thriller
    En France par exemple, le sujet est d’actualité à longueur de colonnes et régulièrement présent sur les ondes. Notre pays aurait-il oublié son pire scandale de corruption par la masse financière des « pots-de-vin » que l’on nomma à l’époque « l’affaire des frégates de Taïwan »[12]) ? « Une enquête fut ouverte à propos des rétrocommissions (interdites par la loi), mais les juges se sont vu opposer le secret défense par les gouvernements de droite comme de gauche »[13]. Pourtant, cette affaire date des années 1990 et 2000, c’est-à-dire à une époque où Taïwan était déjà une « démocratie exemplaire ». L’esprit des « Triades » a, semble-t-il, encore de beaux restes !

 

Mais l’atout maître en 2022 de Taïwan, c’est son industrie high-tech, en particulier sa place de leader dans une industrie vitale pour le monde occidental, celle des semi-conducteurs : les « puces » électroniques étant indispensables aux automobiles, avions, ordinateurs, smartphones… Et Taïwan représente 60 % de leur production mondiale[14]. Des investissements monstres ont été nécessaires pour construire cette industrie. Le trésor des « Triades » y a certainement largement contribué. Avec la montée de la tension dans le détroit de Formose, la Chine communiste bloque les importations de la silice dans l’île, matière première de la fabrication des « puces » électroniques[15]. Notons que les relations économiques entre Taïwan et la Chine continentale sont particulièrement développées. En fait, depuis une vingtaine d’années, les deux entités industrielles sont quasiment intriquées. Par exemple, la principale entreprise de Taïwan pour les semi-conducteurs, le mastodonte Taïwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), produisant quasiment la moitié des « puces » électroniques de la planète, dirige ses usines géantes aussi bien sur l’île, que sur le continent chinois. Un éventuel blocus de Taïwan par la Chine populaire, similaire à celui de Cuba par les États-Unis, serait fatal pour l’industrie high-tech de la « belle » île.

 

Face à cette situation industrielle très tendue, les États-Unis semblent jouer sur deux tableaux :

  • d’une part, augmenter leur soutien, y compris militaire, à Taïwan,
  • et d’autre part déclencher une relocalisation en urgence des usines de semi-conducteurs sur le territoire américain.

Le dernier accord américano-mexicain de septembre 2022 porte d’ailleurs sur la construction de gigantesques unités de production de « puces » de part et d’autre de la frontière du Rio Grande[16]. Ainsi, les États-Unis se préserveraient d’une perte définitive de l’île chinoise… un élément assez inquiétant pour le Parti démocrate progressiste actuellement au pouvoir à Taïwan.

 

 

- « L’ambiguïté stratégique » peut durer longtemps… y compris en cas d’invasion de Taïwan
Comment réagiraient les USA, l’AUKUS (acronyme désignant l’alliance politico-militaire Australia, United Kingdom et United States) ou encore l’OTAN, en cas d’intervention de la Chine communiste pour récupérer sa province taïwanaise ? Il est très difficile de conclure définitivement sur cette question. À l’ère des missiles hypersoniques « tueurs de porte-avions », la 7e flotte ne dispose plus de la suprématie totale sur mer. De son côté, la Chine n’est plus un « nain militaire », depuis un quart de siècle, son armée (APL) est devenue une force non négligeable, et le pays dispose d’une puissance atomique, ainsi que d’une flotte de satellites spatiaux permettant une parfaite connaissance des moindres mouvements des flottes militaires occidentales.

 

 

Il est donc fort possible qu’en cas de débarquement de l’APL (Armée populaire de libération) à Taïwan, les États-Unis jouent un simple soutien à une guerre prolongée, une sorte de guérilla high-tech à l’image de la résistance ukrainienne à l’invasion russe en mars-avril dernier. Problème : Taïwan est une île dont le ravitaillement en armes et munitions ne pourrait se faire qu’en brisant un éventuel blocus maritime ou en empêchant militairement la Chine populaire de contrôler l’espace aérien de Taïwan. Aussi les dangers d’affrontements directs entre l’APL et l’US Army et ses alliés sont potentiellement très importants.

 

Pour sa part, la Chine populaire ne dévoile pas son jeu : elle attend de voir et d’analyser l’évolution de la guerre en Europe. Cette puissance asiatique a toujours privilégié le long terme au court terme.

  • Si la Chine connaît des problèmes économiques et financiers, c’est aussi le cas de l’occident. Qui tombera en premier ?
  • Comment les pays de l’OTAN supporteront-ils par exemple l’hiver de la guerre en Ukraine ?
  • Les populations occidentales vont-elles encaisser sans réagir l’hyper inflation actuelle ?
  • Les États-Unis peuvent-ils résoudre leur crise politique permanente avec Trump en embuscade ?

 

Il est donc fort possible, mais non fort probable, car la situation mondiale se révèle d’une instabilité inédite, que la Chine populaire patiente quelques mois ou quelques années, avant d’affronter les États-Unis en espérant un affaiblissement de sa puissance politique et militaire. Mais attention, car comme le disait Mao Zedong : « Une simple étincelle peut mettre le feu à la plaine ».

 

Notes :

[0] Taïwan : les tensions entre Chine et États-Unis se radicalisent

[1Nancy Pelosi fraîchement reçue à Tokyo et Séoul, embarrassés par les conséquences de sa visite à Taïwan

[2Comparaison de l'évolution de PIB annuel aux prix du marché de Russie vs Chine

[3] Cité du Vatican (Le Saint-Siège) (1942) ; Haïti (1956) ; Paraguay (1957) ; Guatemala (1960) ; El Salvador (1961) ; Honduras (1965) ; Swaziland (1968) ; Nauru (1980 – 2002, 2005) ; Saint-Vincent-et-les-Grenadines (1981) ; Îles Salomon (1983) ; Saint-Kitts-et-Nevis (1983) ; Sainte-Lucie (1984 – 1997, 2007) ; Belize (1989) ; Nicaragua (1990) ; Îles Marshall (1998) ; Palau (1999) ; Kiribati (2003).

[4] Taïwan

[5] Joe Biden entretient l'ambiguïté stratégique de Washington vis-à-vis de Taiwan

[6] LE MASSACRE / L’INCIDENT 228 二二八事件 – 28 FÉVRIER 1947

[7] Définition de SINISATION

[8] Pourquoi le gouvernement américain doit-il être responsable du problème de Taiwan ?

[9] Indonésie 1965, la plus terrible des répressions anticommunistes

[10] Source : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Triades_chinoises

[11] Le journaliste Seymour Hersh a avancé, dans son livre La face cachée du clan Kennedy (en fr. 1998), que la victoire de Kennedy était redevable de l'aide apportée par la mafia pour obtenir la majorité notamment dans l'Illinois  : Mafia Helped JFK to Win, Book Claims, latimes.com, 9 novembre 1997, et Was Nixon Robbed, David Greenberg, slate.com, 16 octobre 2000

[12] Voir : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_frégates_de_Taïwan

[13] Source Wikipédia citée plus haut.

[14] Taïwan, ce géant des puces électroniques qui fait rêver l'Europe

[15] Pourquoi Pékin interdit l'exportation de sable vers Taïwan

[16] Les États-Unis invitent le Mexique à se joindre à leur mégaplan sur les microprocesseurs

 

Pour en savoir plus :

- Comment le lobby chinois a façonné l’Amérique, par Jonathan Marshall

- Taïwan : les tensions entre Chine et États-Unis se radicalisent

-  Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »

- Chine/USA : UNE GUERRE DE GÉANTS POUR QUELQUES NANOMÈTRES

- Les Philippines donnent aux États-Unis un accès à quatre bases militaires supplémentaires

Texte intégral : Document de réflexion de l’Initiative mondiale sur la sécurité de la Chine par Xinhua

 

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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 20:23
Bloc OTAN contre bloc RUSSIE-CHINE, chronique de la « GUERRE GLOBALE »

Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, la tension monte dangereusement dans le détroit de Formose. Durant les mois de juillet et d’août, nous avons assisté au développement du bellicisme aussi bien en Occident qu’en Orient.

Plutôt que d’envisager une troisième guerre mondiale, hélas forcément nucléaire, l’on s’oriente peut-être vers une « guerre globale » au niveau planétaire, c’est-à-dire vers des guerres conventionnelles de haute intensité en Europe et en Asie opposant le bloc OTAN et ses alliés au bloc Russie-Chine. La « danse sur le bord du volcan » est donc de plus en plus dangereuse, car un dérapage atomique est toujours possible. En cette rentrée de septembre, nous faisons le point sur cette « guerre globale », qui risque de marquer nos existences et la vie politique pendant une longue période.

Cet article est conçu en deux temps, la première partie (PUBLIÉE CI-DESSOUS) est consacrée à la guerre en Ukraine, la seconde traitera de la tension à Taïwan.

 

 

Sources : RESPUBLICA | mis à jour le 14/10/2022

 PREMIER ARTICLE : POINT SUR LA GUERRE EN UKRAINE EN SEPTEMBRE 2022

-  Le point début septembre sur la guerre en Ukraine
Notons en préambule qu’il est fort difficile d’accéder à une information fiable. Le contrôle de celle-ci par la Russie d’une part et l’OTAN d’autre part est total. Rappelons que les compétences et missions du « commandement intégré » de cette alliance politico-militaire incluent la coordination de l’information sur la guerre en Ukraine à destination du grand public de ses différents membres.

UKRAINE : LES TACTIQUES DE COMBATS UKRAINIENNES METTENT EN DANGER LA POPULATION CIVILE

Les reportages de journalistes sur la ligne de front proprement dite sont quasiment impossibles dans les deux camps. Les bilans indépendants sont rares et violemment attaqués : on a pu s’en apercevoir lors de la publication du rapport d’Amnesty International sur l’armée ukrainienne[1]. À peine sa parution a-t-elle eu lieu qu’un tollé médiatique s’est déclenché dans les pays occidentaux. Paraître critiquer légèrement l’Ukraine est quasiment impossible dans les pays de l’OTAN. Recouper l’information est donc fort difficile. Ainsi, sommes-nous réduits à des approximations, faute de chiffres et de bilans objectifs d’organisations internationales crédibles comme le CICR par exemple (Comité international de la Croix Rouge).

 

 

-  Gel du front russo-ukrainien en juillet et août et offensive ukrainienne en septembre 
En Ukraine, la guerre de haute intensité continue de plus belle, mais sur un mode statique en juillet et août. Puis une offensive ukrainienne a débuté début septembre, d’abord dans la région sud vers Kherson, puis à l’est vers Kharkiv. La première attaque de Kiev au sud semblait être un leurre pour masquer la vraie l’offensive à l’est. Au milieu de l’été, l’actualité guerrière était faite de bombardements réciproques par missiles de croisière, drones kamikazes et artilleries de précision du type canon Caesar d’origine française. Ni la Russie ni l’Ukraine a fortiori ne manquent d’armes ni de munitions… D’ailleurs l’offensive ukrainienne de ce mois de septembre le prouve : l’équipement de l’armée de Kiev est de la dernière génération technologique fournie par l’OTAN. À la mi-septembre, l’Ukraine semble marquer des points. La sophistication des armes occidentales est peut-être en passe de reproduire le désastre russe de mars-avril dernier qui a vu l’écrasement de ses colonnes blindées russes d’un autre âge. L’avenir le dira.

 

Mais ce sont les hommes qui font défaut. La raison en est certainement l’épuisement réciproque et le manque d’effectifs combattants. En effet, les deux protagonistes s’épuisent à la même vitesse. Les deux armées en présence sont de petite taille, autour de 200 000 hommes chacune tout au plus, en dehors des troupes de défense opérationnelle de territoire (DOT) pour les Ukrainiens et des séparatistes pro-russes des républiques autoproclamées du Donbass et de Lougansk. Or, beaucoup d’hommes ont été perdus en six mois. Le renseignement britannique évoque 86 000 morts et blessés du côté russe. Un chiffre à prendre bien sûr avec précaution, car Londres est le principal boutefeu de l’OTAN en Europe. Mais, il est vrai que la Russie a essuyé un revers en mars et avril, l’obligeant à revoir totalement son déploiement opérationnel pour se consacrer exclusivement, du moins pour le moment, au front de l’est et du sud de l’Ukraine. Cet échec militaire a dû être très coûteux en vies humaines, les colonnes blindées russes ayant été taillées en pièces en mars et avril au nord de Kiev.

 

 

-  Décompte macabre
Du côté ukrainien, la situation n’est guère plus brillante. L’état-major de l’armée annonçait le chiffre de 9000 morts le 22 août dernier, un chiffre manifestement sous-estimé.

GUERRE EN UKRAINE: KIEV RECONNAÎT LA MORT DE 9000 DE SES SOLDATS

Le président Zelensky évoquant lui-même 100 à 200 morts ukrainiens par jour dans l’est du pays, au plus fort de l’offensive russe en mai et juin derniers. Il est donc logique d’estimer les pertes entre 25 ou 40 000 morts, une fourchette assez large pour être réaliste. À cela, il faut ajouter les blessés graves. Suivant les ratios habituellement retenus, il peut être question de 15 à 30 000 soldats blessés sérieusement. Enfin, à ces pertes d’effectifs, les prisonniers doivent être rajoutés. Sur ce plan Kiev, ou Kyiv en ukrainien, a perdu le plus de troupes, en particulier après la défaite de Marioupol. Dans ce port de la mer d’Azov étaient retranchés des troupes d’élite des commandos de marine et des régiments politico-militaires de la division Azov (dont une partie des soldats se revendiquent comme néo-nazis). Plus de 7000 hommes au total ont été pris dans la tenaille russe et faits prisonniers. Bref, il est fort possible que l’armée ukrainienne ait perdu environ le tiers de ses effectifs en 6 mois… c’est-à-dire finalement une proportion à peu près du même ordre que l’armée russe et ses alliés ukrainiens pro-russes.

 

 

-  Une situation de guerre en miniature ?
Ainsi, aujourd’hui chaque camp en présence dispose de 120 à 130 000 hommes en force d’intervention (en dehors des forces de sécurité territoriales). Or, l’Ukraine est un grand pays dont la superficie (603 700 km2) dépasse celle de la France. Le front principal entre Kherson et Kharkiv s’étire sur plus de mille kilomètres. Il est donc impossible de tenir la « ligne de feu » de manière étanche pour l’une ou l’autre troupe. Nécessité faisant loi, nous assistons donc depuis juillet à des escarmouches sur un front discontinu, sans réelle cohérence opérationnelle ni offensive construite. 

 

Pour sortir de cette situation de « guerre en miniature », et l’offensive ukrainienne de septembre est la preuve de cette volonté, l’un et l’autre camp doivent regonfler d’urgence les effectifs combattants. Car les derniers combats de septembre dans la région de Karkiv sont encore une fois terriblement coûteux en vies humaines pour les deux camps. Là se situe le nœud du problème, car les implications politiques sous-jacentes sont énormes.

 

 

-  Russie : la ligne rouge de la conscription
Faisons le point à ce propos en passant en revue les deux protagonistes. Commençons par la Russie. Depuis le début de l’attaque russe, le 24 février dernier, le président Poutine ne parle pas de guerre… mais « d’opération spéciale ». Théoriquement, les troupes engagées sont professionnelles, sans participation du contingent. Une affirmation à prendre avec des pincettes, car il semble bien que des appelés figurent au nombre des victimes, d’après des témoignages de familles en deuil sur les réseaux sociaux. Avec une population de 144 millions, la Russie pourrait procéder à une mobilisation partielle ou générale (ce qu'elle vient d'engager[2]), mais le risque politique est énorme. Pour le moment, dans sa majorité, l’opinion publique semble se montrer neutre ou favorable au bellicisme du Kremlin. Mais le peuple russe est-il prêt à la guerre totale ? Il est permis d’en douter (Depuis l’annonce de Vladimir Poutine d’une « mobilisation partielle » de 300 000 réservistes en Russie, des citoyens russes cherchent à quitter le pays en masse[3]).

Guerre en Ukraine : des Russes fuient leur pays par milliers

Un autre indice confirme ce doute : la mini crise entre Moscou et Jérusalem sur la menace de fermeture de « l’Agence Juive », qui est en charge de l’émigration des juifs vers Israël (Alyah), sur le territoire russe. En effet, au cours du premier semestre 2022, 20 000 nouveaux immigrants sont venus de Russie, plus nombreux que ceux venant d’Ukraine, 11 000. Ceux qui quittent la Russie sont en général de jeunes diplômés, particulièrement qualifiés dans la high-tech.

 

Leurs motivations sont diverses, mais la peur de la conscription y est pour beaucoup. Malgré les bonnes relations entre Poutine et les premiers ministres successifs, Netanyahou en particulier, le Kremlin menace de fermer l’institution israélienne pour stopper l’hémorragie des jeunes et des cerveaux[4]. En fait, le départ des candidats éligibles à « l’alyah » (au minimum un grand-parent juif) est révélateur de l’esprit de l’ensemble de la jeunesse russe qui ne semble pas prête à « marcher vers la mort au pas cadencé » comme disait la chanson pacifiste de Francis Lemarque (« Quand un soldat », 1952). Par ailleurs, une mobilisation de la conscription désorganiserait encore davantage la production industrielle déjà atteinte par le blocus occidental. Seul un accord de coopération de grande ampleur avec la Chine populaire permettrait de surmonter ce problème. Or pour l’instant la Chine n’est pas disposée à venir sur ce terrain… à moins que la situation dans le détroit de Formose ne change la donne.

 

 

-  Manque de recrues aussi en Ukraine
Côté ukrainien, la situation n’est guère plus brillante. Bien sûr, la propagande joue sa rengaine. Le président Zelensky et l’état-major parlent de « lever une armée d’un million de soldats ». Théoriquement, c’est possible sur le papier en versant toutes les milices de la défense du territoire dans l’armée régulière. Mais dans les faits, c’est impossible. Accepter de défendre sa ville, son quartier, sa maison, est une chose, se retrouver fantassin dans un régiment de ligne de front en est une autre. Peu signalé par les médias des pays de l’OTAN, le fait que beaucoup de jeunes hommes fuient l’Ukraine. Dans ce pays où la corruption est généralisée, comme en Russie d’ailleurs, il est possible de quitter le pays assez facilement malgré l’interdiction faite aux hommes entre 18 et 60 ans. Face à cette situation, Kiev ratisse les fonds de tiroir dans les unités de défense territoriale et envoie ces nouvelles recrues au Royaume-Uni ainsi qu’en Suède depuis fin août, qui se chargent de la formation militaire avec les fonds de l’OTAN. Londres proclame pouvoir former 10 000 hommes par trimestre au combat, en particulier en zone urbaine. C’est possible, mais même en prenant ce chiffre pour argent comptant, cela ne fait qu’une quarantaine de milliers de militaires formés en un an. Une autre possibilité existe : la formation de régiment « privatisé » dont les frais sont payés par un oligarque ukrainien. La solde du soldat y est meilleure, ce qui peut provoquer des engagements… disons « alimentaires ». C’est le cas par exemple du « bataillon Porochenko », soutenu financièrement par l’ancien président, prédécesseur de Zelensky.

 

 

-  Les forces d’appoint
Devant ce manque d’effectifs aussi bien côté russe qu’ukrainien, l’un et l’autre camp font appel aux volontaires étrangers, aux mercenaires et aux sociétés privées de « sécurité ». L’état-major russe utilise des troupes tchétchènes, ils sont, semble-t-il, plusieurs milliers, et syriennes mais dans une moindre mesure. Aguerris et réputés pour leur sauvagerie, en particulier avec les prisonniers, ils sont aussi un moyen de guerre psychologique pour effrayer les velléités d’engagement dans le camp adverse. Sur le plan de l’utilisation des sociétés privées, l’état-major russe emploie l’entreprise Wagner, dont l’utilisation est déjà ancienne dans le Donbass.

 

Le côté ukrainien n’est pas en reste. Deux éléments militaires sont à sa disposition pour gonfler les effectifs : la « légion étrangère » et également les sociétés privées. Le président Zelensky a annoncé dès fin février la création d’une sorte de « brigade internationale ». Très peu d’informations circulent sur cette légion, officieusement soutenue politiquement par les gouvernements des pays membres de l’OTAN

Paris confirme la mort d'un second combattant français en Ukraine

Un exemple, le gouvernement français a présenté ses condoléances à la famille du deuxième français de cette unité étrangère mort en Ukraine… ce qui est assez étonnant, voire carrément illégal[5].

Il faut dire que le premier mort français était moins présentable puisque militant néo-fasciste identitaire acharné. Notons simplement que beaucoup de membres étrangers sont anglo-saxons, américains, britanniques, australiens, sud-africains. Cette « légion étrangère », en particulier un effectif suédois important, semble très présente dans l’offensive ukrainienne de septembre autour de Karkiv. Avons-nous à faire à des « idéalistes » ou est-ce le paravent d’une intervention étrangère de soutien à Kiev ? Impossible à dire avec certitude. Le fait est que la plupart des anglo-saxons de la légion étrangère sont d’anciens militaires. Difficile de parler de mercenaires, car la solde est faible. Il est possible que des unités d’élite de services secrets interviennent dans ces régiments, c’est en tous les cas la version du Kremlin. Autre structure de soutien étranger, les sociétés privées de guerre. Les Américains semblent reproduire la même stratégie qu’en Afghanistan… malgré le désastre de cette intervention. En effet, dans ce pays, les effectifs des sociétés privées étaient supérieurs à ceux de l’armée américaine régulière. Deux structures se taillent la part du lion : Blackwater, l’armée privée la plus importante du monde, et plus récemment l’agence Mozart (décidément les agences de mercenaires ont un faible pour les compositeurs classiques !). Payées directement par le budget américain, voté par le Congrès au titre de l’aide militaire à l’Ukraine, ces agences sont aujourd’hui omniprésentes à l’arrière du front et assurent également le rôle de conseil et de formation des troupes de combat. Ayant accompagné tous les désastres militaires des USA, en Irak, en Afghanistan, au Kurdistan ou ailleurs, elles sont, tels des vautours se nourrissant des cadavres, dotées d’un fort gros appétit (financier), mais disposent de capacités opérationnelles finalement assez réduites.

 

 

-  Comment sortir du blocage ?
Ainsi, la situation tactique s’apparente à un blocage total. La tentation est donc grande pour l’un ou l’autre des protagonistes de « renverser la table » pour sortir par le haut de ce bourbier et reprendre l’offensive vers une victoire espérée. La question est : comment ?

 

  • Pour Poutine, une solution possible : décréter la mobilisation partielle ou générale…

et faire avaler la pilule à son opinion publique (ce qu'il vient d'engager[2]). Il lui faut démontrer que la Russie est menacée dans son existence même. L’appel « à froid » à la conscription sur le seul dossier de la guerre en Ukraine serait la démonstration de son erreur initiale du 24 février dernier. Le président de la Russie et son état-major escomptaient un effondrement en quelques jours de l’Ukraine. Six mois après, ils sont dans l’incapacité de gagner la bataille sans mobilisation du contingent (Depuis l’annonce de Vladimir Poutine d’une « mobilisation partielle » de 300 000 réservistes en Russie, des citoyens russes cherchent à quitter le pays en masse[3]). Si un deuxième front s’ouvrait dans la Baltique, en Transnistrie ou ailleurs, Poutine pourrait décréter « la patrie en danger » et faire accepter le sacrifice de la jeunesse russe à sa population.

 

  • Pour l’Ukraine et son président Zelensky, les éléments du problème sont différents.

Son réservoir de soldats mobilisables est faible d’autant que 7 à 8 millions d’Ukrainiens ont déjà fui le pays. De plus, comme la situation économique est catastrophique, une mobilisation générale serait un coup fatal qui pourrait entraîner un effondrement dans tous les domaines, et en particulier sur le plan alimentaire. En fait, une seule possibilité existe : l’élargissement du conflit avec la participation directe de contingents de pays alliés. Il faudrait donc que des pays de l’Union européenne entrent dans le conflit… et rapidement. Sinon l’Ukraine risque de s’épuiser face à un ennemi disposant d’immenses réserves stratégiques, notamment en matières premières, et d’une population 4 fois plus importante (en intégrant le fait que 20 % des Ukrainiens ont quitté le pays). Pour l’instant, l’Union européenne n’est pas prête à l’entrée en guerre, mais les choses peuvent évoluer rapidement :

Volodymyr Zelensky signe une demande d’adhésion accélérée de l’Ukraine à l’Otan
  • d'autant que lors d'une cérémonie au Kremlin le 30 septembre, Vladimir Poutine a officialisé l'annexion des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia, occupées par les troupes russes[6] ;
  • d'autant que Volodymyr Zelensky vient de signer une demande d’adhésion accélérée de l’Ukraine à l’Otan[7].

     

D’ailleurs, dans cette hypothèse, les opinions publiques commencent à être « travaillées ». En France, le président Macron a clairement affirmé que les Français devaient avoir « la grandeur d’âme » pour accepter les sacrifices « pour rester libres ». Espérons qu’il ne faille pas prendre cette déclaration au pied de la lettre ! En soutien médiatique à cette politique d’alignement OTAN, les médias français servent de caisse de résonance permanente pour instiller l’inéluctabilité de la guerre en Europe. Tout l’été, l’ensemble des grands quotidiens et magazines (Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Point…) ont mis l’Ukraine à la une, avec des « live » quotidiens sur la situation… alors même qu’il ne se passait quasiment rien sur le front en juillet-août. Notons que Le Figaro, Le Monde et Le Point, entre autres, développent un argument particulièrement absurde : l’Ukraine manquerait d’armes. C’est en effet absurde, car la défaite russe de mars dernier dans sa tentative d’assaut de Kiev, et les soldats de Kiev qui viennent de reprendre des villes entières tombées aux mains des forces russes, démontre exactement le contraire[8].

 

Les Ukrainiens n’ont pas remporté ces victoire avec de vieilles pétoires et des cocktails Molotov, ils ont vaincu, car ils disposaient d’un armement high-tech de dernière génération (missiles sol-sol antichars et missiles sol-air portatifs, drones d’attaque…), face aux colonnes blindées russes à l’équipement obsolète datant des années 60 ou 80. L’Ukraine n’a jamais manqué d’arme ni de formation militaire pour ses soldats y compris donc avant le 24 février dernier. Depuis 2014, l’Ukraine a été préparée à la guerre par l’OTAN, c’était en tout cas l’affirmation au printemps dernier de l’état-major de l’armée française (sur ce sujet, relire ici[9]). Le but de cette mobilisation médiatique est de préparer l’opinion à une éventuelle intervention directe de l’Union européenne cet automne ou cet hiver.

 

Ainsi du côté russe comme ukrainien, la situation est intenable, et toute provocation est bonne à prendre pour sortir de la nasse. En ce début septembre, aucun signe n’existe de détente ni de possibilité d’un cessez-le-feu ni encore moins d’une conférence de paix. Or le temps va manquer.

 

 

-  Face à ce danger d’escalade et le risque de la « montée aux extrêmes », comme disent les militaires, c’est-à-dire la marche vers la guerre totale, les réactions politiques sont d’une faiblesse presque incroyable… en particulier en France.
Pourtant fin août, Emmanuel Macron a annoncé clairement la couleur dans son discours de Bormes-les-Mimosas. À part un commentaire d’Eric Ciotti à droite, le silence est assourdissant à gauche. Les partis de la NUPES sont aux abonnés absents. Seul Mélenchon est intervenu sur les tensions géopolitiques, mais plus particulièrement sur le dossier chinois[10]. Il faut bien constater son isolement. Car en fait, au sein de la NUPES, les positions sont divergentes sur la guerre, les Verts et le Parti socialiste soutenant en fait l’Ukraine en guerre et donc objectivement l’OTAN (NDLR : ce qui ne veut pas dire que Jean-Luc Mélenchon est pro-Poutine[11].

 

 

-  En fait, le président Macron a annoncé tout simplement la guerre
La France ayant rejoint le commandement intégré de l’OTAN, cela implique un alignement et un contrôle en termes de communication des alliés sur le conflit Russie-Ukraine. Donc, Emmanuel Macron ne peut pas parler « à la légère » sur ce dossier. Il est donc urgent d’intervenir, d’expliquer et expliquer encore qu’une autre voie que la guerre est possible. Or en ce mois de septembre, l’offensive ukrainienne marque des points sur le terrain et ressuscite l’espoir fou dans le camp de l’OTAN d’un effondrement total russe… et pourquoi pas d’un limogeage de Poutine du Kremlin. Ce désir d’une défaite totale russe est extrêmement dangereux justement. Si Poutine se retrouve au bord du gouffre, il n’hésitera pas à employer tous les moyens pour sauver sa peau et sortir de la nasse, y compris les moyens nucléaires !

 

-  Militer pour la République Sociale, dans l’esprit de Jaurès, c’est militer pour la paix en Europe et contre le bellicisme à outrance.

Il faut qu’une fraction politique importante à gauche intervienne pour la promotion d’une conférence internationale de paix sous l’égide de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Si les républicains de gauche restent passifs, la guerre générale en Europe sera inévitable tôt ou tard et les populations européennes en subiront les conséquences.

 

 

 

 SECOND ARTICLE ICI 👉 : TENSION EXTRÊME DANS LE DETROIT DE FORMOSE

Notes :

[1] UKRAINE : LES TACTIQUES DE COMBATS UKRAINIENNES METTENT EN DANGER LA POPULATION CIVILE

[1bis] GUERRE EN UKRAINE: KIEV RECONNAÎT LA MORT DE 9000 DE SES SOLDATS

[2] 21 septembre 2022 : Vladimir Poutine décrète «une mobilisation militaire partielle» en Russie et, contrairement à ce qui a été annoncé à la télévision, le décret signé par Vladimir Poutine ne précise pas que seuls les militaires de réserve sont soumis à la conscription.

[3] Depuis l’annonce de Vladimir Poutine d’une « mobilisation partielle » de 300 000 réservistes en Russiedes Russes fuient leur pays par milliers mais aussi Depuis l’annonce de Vladimir Poutine de mobiliser partiellement sa population, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes de Russie. Selon le groupe de surveillance indépendant russe OVD-Info, plus de 1 000 manifestants ont déjà été arrêtés par la police russe. et dans l’UE, 66 000 entrées en une semaine

[4] La Russie menace de fermer les bureaux de l’Agence juive à Moscou

[5] Paris confirme la mort d'un second combattant français en Ukraine

[6] Lors d'une cérémonie au Kremlin vendredi, Vladimir Poutine a officialisé l'annexion des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia, occupées par les troupes russes.

[7] Volodymyr Zelensky vient de signer une demande d’adhésion accélérée de l’Ukraine à l’Otan

[8] Guerre en Ukraine : l'armée russe recule face à la contre-offensive éclair des forces de Kiev. Près de 6 000 kilomètres carrés ont déjà été libérés, selon Volodymyr Zelensky

[9] Le judoka Poutine aurait-il essuyé un « ko soto gari » ?

[10Jean-Luc Mélenchon : « Taïwan : je refuse la guerre froide avec la Chine... c’est au chinois (dont ceux de Taïwan) de régler la question entre eux… »

[11Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !

 

Pour en savoir plus :

Vladimir Poutine signe un décret visant à agrandir l’armée russe

- ADHÉSION DE LA FINLANDE ET DE LA SUÈDE À L’OTAN : LA BALTIQUE BIENTÔT ZONE DE GUERRE ?

- Situation géoéconomique de l’Ukraine dans les mailles de l’ultralibéralisme.

- Révélation : avant que l’Ukraine ne fasse sauter le pont de Kerch, des espions britanniques avaient préparé le coup.

- L’OTAN panique devant l’incapacité de trouver le sous-marin nucléaire russe Belgorod dans l’Arctique

- « La guerre en Ukraine menace l’Europe et met en péril son moteur premier, le couple franco-allemand »

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 11:58
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !

La Russie a lancé son opération militaire en Ukraine  : Jean-Luc Mélenchon a prévenu pendant 10 ans[3bis] !

 

et Anne Hidalgo, Yannick Jadot, sont en campagne et s'agitent !
Un adversaire unique pour exister, qui à leurs yeux serait pro-Poutine
[1][2][2bis]... Jean-Luc Mélenchon !
Dans le même temps, les perroquets médiatiques répètent eux aussi en boucle la même chanson pour le salir !
Or, depuis des années (ci-dessous je remonte à 2012), Jean-Luc Mélenchon critique et s'oppose au poutinisme.
Ça suffit ! Mélenchon président défendra l'intérêt de la France, l'intérêt général humain, la paix !
Quand Jaurès refusait la guerre, on le traitait d’« agent du parti allemand
[3»... quand Jean-Luc Mélenchon défend une France non-alignée au service de la paix, les apprentis de la géopolitique pour les nuls, à la peine dans leur campagne électorale, le traitent de " pro-Poutine "...
L’acharnement de ceux qui utilisent la guerre pour taper sur Jean-Luc Mélenchon ne trompe pas les Français.
Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi
[4]...
Le candidat de l'#UnionPopulaire, Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

 

 

Sources : Durand Eric | mis à jour le 13/02/2023

- Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

 

- Quand le 17 mai 2018, Jean-Luc Mélenchon alertait sur le risque de guerre en Europe

Il soulignait que la paix est un objectif et une construction politique. Il rappelait l’importance de l’indépendance de la France pour pouvoir être utile au service de la paix. Il appelait à ne pas mettre le doigt dans l’engrenage qui pourrait conduire à une guerre entre l’OTAN et la Russie.

 

Une vidéo utile à revisionner aujourd'hui alors que la guerre de Poutine en Ukraine a montré la fragilité de la paix en Europe et la difficulté à y revenir une fois l'attaque lancée.

 

  • et plus globalement... Poutine, Russie, Ukraine : ce que dit Mélenchon depuis 10 ans (cliquez sur l'image)

 

Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine !

 

 

- Alors Jean-Luc Mélenchon ami, aficionado de Poutine ?

 

 

 

- Et maintenant que c'est la guerre, le 24 février, invité de l'émission spéciale de France 2 sur la situation en Ukraine Jean-Luc Mélenchon a fait une proposition simple pour sortir du conflit par le haut

4 ième jour de combat en Ukraine[6]  Plus de trois jours après le début de l’offensive lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, des milliers de personnes fuient leur pays. D’autres ont décidé de prendre les armes ou même de faire face aux chars russes à mains nues.

 

En France, Jean-Luc Mélenchon (candidat aux élections présidentielles 2022) a expliqué que s'il était président de la République, il ferait la proposition d'un cessez-le-feu en Ukraine, d'un retrait des troupes russes et de l'engagement d'une discussion sur la neutralité de l'Ukraine

 

Cette proposition a été reprise ce vendredi 25 février par les proches du président de la République ukrainienne, monsieur Zelensky[7]. L'un de ses conseillers se dit notamment prêt à engager des discussions avec Poutine sur la neutralité de l'Ukraine. Côté russe aussi, ces discussions sont souhaitées, même si pour l'heure les conditions posées à l'Ukraine pour une discussion équivalent à une reddition pure et simple. 

 

On le voit : sur ce sujet encore, Jean-Luc Mélenchon propose une solution de règlement du conflit par le haut. En 2022, il faudra choisir un président de la République qui a été capable de prévoir les dangers qui pesaient sur la paix, et a proposé des solutions diplomatiques pour éviter le passage à un conflit armé comme on en connaît aujourd'hui.  

 

 

- Ukraine : Jean-Luc Mélenchon et Hubert Vedrine font la même proposition pour cesser la guerre

 

- Discours de Jean-Luc Mélenchon sur la guerre en Ukraine prononcé le 1er mars 2022 à l'Assemblée nationale

Face à la volonté de l'Ukraine d'entrer dans l'OTAN et le non positionnement de l'occident pour dire NON, Poutine a fait le choix de la guerre... pour Jean-Luc Mélenchon, le seul but qui doit nous guider, c’est la paix.

 

Jean-Luc Mélenchon a rappelé qu’il n’y a pas d’alternative.... c’est la guerre totale ou la diplomatie. Par conséquent, le choix est vite fait, la France doit prendre une initiative diplomatique radicale : " Il faut rendre la diplomatie plus profitable que la guerre.

 

  • Jean-Luc Mélenchon appelle à la " proclamation de la neutralité de l'Ukraine ", à laquelle le président #Zelensky s'est dit " officiellement prêt ".

 

- Mais au fait, qui sont les amis à Poutine ?

Il existe des photos des candidats et politiciens qui accusent de Jean-Luc Mélenchon de soutenir Poutine ou de lui faire des courbettes.

En revanche, on n’en a aucune de ou il figure...  par contre, en mai 2018, Jean-Luc Mélenchon a rencontré Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes.

 

À #Moscou, rencontre avec Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes

 

  • les amis à Poutine... c'est eux !

 

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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Notes :

[1] Anne Hidalgo : "Jean-Luc Mélenchon est devenu l'allié et le soutien de Vladimir Poutine" 

[2] Delphine Batho, porte-parole de la campagne de Yannick Jadot : " JEAN-LUC MÉLENCHON, JAMAIS EN RETARD D'UNE COMPLAISANCE VIS-À-VIS DE POUTINE "

[2bis] Présidentielle : comment Hidalgo et Jadot utilisent la crise ukrainienne pour attaquer Mélenchon

[3] Jaures agent du parti allemand 

[3bisUkraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans !

[4] Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi...

[5] Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

[6Crise ukrainienne : la Russie lance une opération militaire, l’Ukraine craint « une grande guerre en Europe »

[7Guerre en Ukraine : la présidence ukrainienne déclare avoir accepté des pourparlers avec la Russie à la frontière avec la Biélorussie

 

Pour en savoir plus :

- Jean-Luc Mélenchon : ce qu'il a vraiment dit sur la Russie, Poutine et la Syrie

- Les Européens hors jeu : Ukraine, pourquoi la crise

- Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

- Jean-Luc Mélenchon : " Ukraine/Russie : l’UE n’a décidément rien compris "

- En octobre 2013, dans un texte écrit en commun, Noël Mamère et Jean-Luc Mélenchon appelaient à la libération des écologistes emprisonnés en Russie.

- Crise autour de l’Ukraine : l’alignement condamne à la figuration

- « J’ai toujours dit que si on menaçait la Russie, elle passerait les frontières », déclare Mélenchon

- Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine

Jean-Luc Mélenchon : La comédie ukrainienne

- Jean-Luc mélenchon " Macron : La comédie de Moscou "

- Guerre russe en Ukraine : depuis bientôt 10 ans, Jean-Luc Mélenchon lance l’alerte

- Dés 2017 Jean-Luc Mélenchon mettait en garde, et face au danger de guerre en Europe appelait à sortir de l'OTAN

- Jean-Luc Mélenchon " Je condamne la guerre de la Russie en Ukraine "

- Communiqué de Jean-Luc Mélenchon suite au déclenchement de la guerre russe en Ukraine.

- Crise en Ukraine : Mélenchon accuse l'OTAN d'attiser les tensions

- Ukraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans

- Attaque de la Russie en Ukraine – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Guerre russe en Ukraine : La France Insoumise renouvelle sa demande de débat à l’Assemblée nationale

- Jean-Luc Mélenchon : Ukraine - Cessez-le-feu, retrait russe : ce que la France doit proposer

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes 

Ukraine : Mélenchon défend la paix à l’Assemblée et marche dans les pas de Jaurès

- Ukraine : Mélenchon propose la neutralité de Kiev

- 2 Mars, Jean-Luc Mélenchon sur l'Ukraine : face à la menace nucléaire, l’urgence c’est la paix

- Ukraine nucléaire – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Jean-Luc Mélenchon le 2 mars 2022 " Ukraine : je veux construire le camp de la paix contre les va-t-en guerre "

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- Jean-Luc Mélenchon se désole de l’opacité autour des questions miliaires et de l’absence d’un dialogue sur les décisions prises par l’exécutif. Et demande un débat hebdomadaire au Parlement sur la crise.

- Jean-Luc Mélenchon : La Guerre d’Ukraine doit finir

- Tribune cosignée par Jean-Luc Mélenchon. Guerre en Ukraine : « Nous appelons à redoubler d’efforts diplomatiques pour établir un cessez-le-feu »

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 15:18
Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Révélation : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]

 

Les bruits de bottes aux portes de l’Europe affolent les chancelleries occidentales.
Deux interprétations s’opposent. Pour les uns, Moscou fait monter les enchères afin d’obtenir des concessions de la part de Washington et des Européens. D’autres au contraire estiment que le Kremlin veut pouvoir prétexter d’une fin de non-recevoir pour justifier un passage à l’acte en Ukraine. Dans tous les cas, la question se pose du moment choisi par Moscou pour engager ce rapport de forces. Pourquoi jouer ce jeu risqué, et pourquoi maintenant ?

Des éléments de réponse dans l'article ci dessous, (article traduit en anglais à partir de l’original arabe de Gilbert Achar publié dans Al-Quds al-Arabi, 25 janvier 2022 [traduction de l’anglais par la rédaction de A l’Encontre])

 

Sources : Alencontre par Gilbert Achcar | mis à jour le 25/05/2022

- Il n’est pas exagéré de dire que ce qui se passe actuellement au cœur du continent européen est le moment le plus dangereux de l’histoire contemporaine et le plus proche d’une troisième guerre mondiale depuis la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962[1].

Il est vrai que, jusqu’à présent, ni Moscou ni Washington n’ont fait allusion à l’utilisation d’armes nucléaires, même s’il ne fait aucun doute que les deux pays ont mis leurs arsenaux nucléaires en état d’alerte face aux circonstances actuelles. Il est également vrai que le degré d’alerte militaire aux Etats-Unis n’a pas encore atteint celui qu’il avait atteint en 1962. Mais le déploiement militaire russe aux frontières de l’Ukraine dépasse les niveaux de concentration de troupes à une frontière européenne observés aux moments les plus chauds de la «guerre froide», tandis que l’escalade verbale occidentale contre la Russie a atteint un stade dangereux accompagné de gesticulations et de préparatifs militaires qui créent une possibilité réelle de conflagration.

 

 

- Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu.

Macron joue l'apaisement... à sa façon

Vladimir Poutine peut penser qu’il ne fait que déplacer la reine et la tour sur le grand échiquier afin de forcer l’adversaire à retirer ses pièces. Joe Biden peut croire qu’il s’agit d’une bonne occasion pour lui de redorer son image nationale et internationale, très ternie depuis son échec embarrassant dans l’organisation du retrait des forces étatsuniennes d’Afghanistan. Et Boris Johnson peut croire que les rodomontades prétentieuses de son gouvernement sont un moyen bon marché de détourner l’attention de ses problèmes politiques intérieurs. Il n’en reste pas moins que, dans de telles circonstances, les événements acquièrent rapidement leur propre dynamique au son des tambours – une dynamique qui dépasse le contrôle de tous les acteurs, pris individuellement, et risque de déclencher une explosion qu’aucun d’entre eux n’avait initialement souhaitée.

 

 

- En Europe, la tension actuelle entre la Russie et les pays occidentaux a atteint un degré jamais vu sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les premiers épisodes de guerre qui s’y sont déroulés depuis lors, les guerres des Balkans dans les années 1990, n’ont jamais atteint le niveau de tension prolongée et d’alerte entre les grandes puissances elles-mêmes auquel nous assistons aujourd’hui. Si une guerre devait éclater en raison de la tension présente – même si elle ne faisait initialement que sévir sur le sol ukrainien – la situation centrale et la taille même de l’Ukraine suffisent à faire du danger de propagation de l’incendie à d’autres pays européens limitrophes de la Russie, ainsi qu’au Caucase et à l’Asie centrale, un péril grave et imminent.

 

 

- La cause principale de ce qui se passe aujourd’hui est liée à une série de développements

La première et principale responsabilité incombe au plus puissant qui en a eu l’initiative – c’est-à-dire, bien sûr, les Etats-Unis. Depuis que l’Union soviétique est entrée dans la phase terminale de son agonie sous Mikhaïl Gorbatchev, et plus encore sous le premier président de la Russie post-soviétique, Boris Eltsine, Washington s’est comporté envers la Russie comme un vainqueur impitoyable envers un vaincu qu’il cherche à empêcher de pouvoir jamais se redresser.

Cela s’est traduit par l’expansion de l’OTAN, dominée par les Etats-Unis, en y intégrant des pays qui appartenaient auparavant au Pacte de Varsovie dominé par l’URSS[2], au lieu de dissoudre l’Alliance occidentale parallèlement à son homologue orientale le 1er juillet 1991[3], amenant l'ambassadeur russe auprès de l'UE a dénoncer plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est[0] (VOIR AUSSI : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est[2bis], par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]), auquel il convient d'ajouter le non respect des accords de MinskI[1bis] et MinskII[1ter].

L'OTAN de sa création à l'intégration du Monténégro

 

Cela s’est également traduit par le fait que l’Occident a dicté une politique économique de « thérapie de choc » à l’économie bureaucratique de la Russie, provoquant une crise socio-économique et un effondrement d’énormes proportions.

 

 

- Ce sont ces prémisses qui ont le plus naturellement conduit au résultat

Prémisses contre lequel l’un des conseillers les plus éminents de Gorbatchev – un ancien membre du Soviet suprême et du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique –, Georgi Arbatov[4], avait mis en garde il y a trente ans, lorsqu’il avait prédit que les politiques occidentales à l’égard de la Russie conduiraient à « une nouvelle guerre froide[5] » et à l’émergence d’un régime autoritaire à Moscou, renouant avec la vieille tradition impériale de la Russie. C’est ce qui s’est produit avec l’arrivée au pouvoir de Poutine qui représente les intérêts des deux blocs les plus importants de l’économie capitaliste russe (dans laquelle se mêlent capitalisme d’Etat et intérêts privés) : le complexe militaro-industriel – qui emploie un cinquième de la main-d’œuvre industrielle russe, en plus des effectifs des forces armées – et le secteur pétrolier et gazier.

 

 

- Le résultat est que la Russie de Poutine pratique une politique d’expansion militaire qui va bien au-delà de ce qui prévalait à l’époque de l’Union soviétique.

A l’époque, Moscou n’a déployé de forces de combat en dehors de la sphère qui était tombée sous son contrôle à la fin de la Seconde Guerre mondiale que lors de l’invasion de l’Afghanistan à la fin de 1979, invasion qui a précipité l’agonie de l’URSS. Quant à la Russie de Poutine, après avoir retrouvé une vitalité économique, depuis le début du siècle, grâce à l’augmentation du prix des combustibles, elle est intervenue militairement hors de ses frontières à une fréquence comparable à celle des interventions militaires étatsuniennes avant la défaite au Vietnam, et entre la première guerre des Etats-Unis contre l’Irak en 1991 et la sortie peu glorieuse des forces étatsuniennes de ce pays, vingt ans plus tard. Les interventions et les invasions de la Russie ne se limitent plus à son « étranger proche », c’est-à-dire les pays adjacents à la Russie, qui étaient dominés par Moscou à travers l’URSS ou le Pacte de Varsovie. La Russie post-soviétique est intervenue militairement dans le Caucase, notamment en Géorgie[6], en Ukraine (Guerre du Donbass[7]) et plus récemment au Kazakhstan[8]. Mais elle mène également, depuis 2015, une guerre en Syrie[9] et intervient sous un déguisement qui ne trompe personne en Libye[10] et plus récemment en Afrique subsaharienne[11].

 

Ainsi, entre le regain de belligérance russe et la poursuite de l’arrogance des Etats-Unis, le monde se trouve au bord d’une catastrophe qui pourrait grandement accélérer l’anéantissement de l’humanité, vers lequel notre planète se dirige par le biais de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique.

  • Nous ne pouvons qu’espérer que la raison l’emportera et que les grandes puissances parviendront à un accord répondant aux préoccupations de sécurité de la Russie et recréant les conditions d’une « coexistence pacifique » renouvelée qui réduirait la chaleur de la nouvelle guerre froide et l’empêcherait de se transformer en une guerre chaude qui serait une catastrophe énorme pour toute l’humanité.

 

-----------------------------------

 

🔴 Note personnelle à méditer...

 

1 - L'OTAN AU SERVICE DU MARCHÉ DE L'INDUSTRIE D'ARMEMENT ?

- L'OTAN un outil politico militaire au service du marché ?

Depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991, l’OTAN s’est transformée, à l’initiative des Etats -Unis, d’une organisation de sécurité défensive en une organisation expansionniste et militaire agressive. 

Aujourd'hui, l'objectif de l'OTAN, c'est t-il pas aussi de maintenir les tensions avec la Russie, l'extrême Orient avec la Chine pour justifier l'investissement public dans l'armement, alimenter le PIB, la croissance, l'industrie de l'armement, la finance ?

  • Selon l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm, le total des dépenses militaires mondiales s'élève à 1 981 milliards de dollars en 2020, soit une augmentation de 2,6 % en termes réels par rapport à 2019, selon de nouvelles données publiées par le Stockholm International[12] ;
  • Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde[13]

 

- Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde
L’administration américaine représente 36 % de l’effort militaire mondial, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm[14].

Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde[15], une large partie étant assurée par les Etats-Unis (70% en 2018[16]).

 

 

Répartition des dépenses militaires par pays en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

Classement des 10 plus importants budgets militaires en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

2 - L'ENJEU DU GAZ EN EUROPE... L'AUTRE DESSOUS DES CARTES EN UKRAINE ? 

- Les Etats-Unis veulent faire blocus contre le gaz russe pour nous vendre leur gaz de schiste liquéfié ainsi une celui de leurs amis Qataris.

L’Europe est plus que jamais le terrain de jeu de la guerre énergétique entre les Etats-Unis et la Russie. L’intrusion des américains sur le marché européen du gaz est récente, grâce à leur révolution du gaz de schiste. Les russes, eux, ont toujours été l’un des premiers fournisseurs de gaz des pays européens avec le Qatar ou l’Algérie, notamment pour la France[17].

 

Mais ce sont surtout les importations en provenance des Etats-Unis qui ont explosé. Elles ont presque triplé, passant de 2,7 millions de tonnes sur l’année 2018 à 7,6 millions sur les neuf premiers mois de 2019. Une poussée due au gigantesque essor du gaz de schiste américain depuis sept ans. "L’essentiel du gaz que les américains exportent est du gaz de schiste", explique un spécialiste du secteur. En France aussi, cette tendance est la même : les importations de gaz américains ont presque quadruplé depuis le début de l’année! Même si elles partaient de très bas[17]…

 

 

- En définitive, la crise Ukrainienne constitue des enjeux inavoués mais majeurs pour les États-Unis

Bien que situé à plus de 8000 km du théâtre d’opération ukrainien[6], les États-Unis sont loin de se désintéresser du conflit qui s’y déroule. Et pour cause : la question ukrainienne intéresse les Américains à au moins trois titres : Géopolitiques, commerciaux, énergétiques[18].

  • Géopolitiques, l’enjeu est ici clair : la crise ukrainienne fournit aux États-Unis une occasion rêvée de proroger la partition de l’Europe engagée dès 1944, à l’aube de la victoire alliée sur les forces de l’Axe.

 

  • Commerciaux : Ici c’est la question de la libéralisation des échanges avec l’UE qui est en jeu. Comme au temps de la guerre froide, l’arme commerciale vient en effet doubler l’arme économique tout en visant à parvenir au même but. Couper la Russie de l’Europe occidentale tout en renforçant la dépendance de cette dernière à l’égard des États-Unis.

 

  • Énergétiques via l’augmentation des capacités d’exportation : c’est un autre aspect caché – et de ce fait souvent méconnu – de la crise ukrai­nienne. Celle-ci pourrait en effet à terme permettre à l’industrie américaine d’aug­menter sensiblement ses capacités d’exportation de gaz naturel.

 

3 - L'Ukraine, c'est aussi :

Pourquoi l'Ukraine compte-t-elle économiquement pour le " marché " et donc l'occident et ce indépendamment des questions géopolitiques et de domination militaire dans une stratégie de nassage de la Russie... ?

  • Pour le savoir, regarder comment la nation indépendante, souveraine et démocratique de l'Ukraine se classe :

🥇1ère réserve européenne de minerais d'uranium ;
🥈2e réserve européenne de minerais de titane - 10e réserve mondiale ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de manganèse (2,3 milliards de tonnes, soit 12% des réserves mondiales) ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de fer (30 milliards de tonnes) ;
🥈2e réserve européenne de minerais de mercure ;
🥉3e réserve européenne de gaz de schiste (22 milliards de mètres cubes) - 13e réserve mondiale
📌 4e place mondiale en valeur totale des ressources naturelles
📌 7e réserve mondiale de charbon (33,9 milliards de tonnes)
❗️🇺🇦 L'Ukraine est un pays agricole - elle peut répondre aux besoins alimentaires de 600 millions de personnes :
🥇La plus grande superficie de terres arables d'Europe ;
🥉3e plus grande superficie de terre noire (tchornozem) dans le monde (25% du volume mondial) ;
🥇1er exportateur mondial de tournesol et d'huile de tournesol ;
🥈2e producteur mondial d'orge - 4ème exportateur mondial ;
🥉3e producteur mondial de maïs - 4e exportateur mondial ;
- 4e producteur mondial de pommes de terre ;
- 5e producteur mondial de seigle ;
- 5e place mondiale en production apicole - miel, cire, gelée royale, pollen, propolis, venin d'abeille (75 000 tonnes) ;
- 8e exportateur mondial de blé ;
- 9e producteur mondial d'œufs de poule ;
- 16e exportateur mondial de fromages
🇺🇦 L'Ukraine est un pays industrialisé :
🥇 1er producteur européen d'ammoniaque; 
🥈 2е plus grand réseau de gazoducs d'Europe et 4e mondial (142,5 milliards de mètres cubes de capacité de débit de gaz dans l'UE) ;
🥉 3e plus grand parc nucléaire européen - 8e mondial ;
🥉 3e plus long réseau ferroviaire d'Europe - 11e mondial (21 700 km) ;
🥉 3e producteur mondial de localisateurs et d'équipements de localisation (après les États-Unis et la France) ;
🥉 3e exportateur mondial de fer ;
💥 4e exportateur mondial de turbines pour centrales nucléaires ;
💥 4e fabricant mondial de lance-roquettes ;
💥 4e exportateur mondial d'argile ;
💥 4e exportateur mondial de titane ;
💥 8ème exportateur mondial de minerais et concentrés métallurgiques ;
💥 9e exportateur mondial dans l'industrie de l'armement ;
💥 10e producteur mondial d'acier (32,4 millions de tonnes).

 

En conclusion, l’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement[20]. 

 

- Les révélations de Roland Dumas : comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est
Comme nous l'avons expliqué plus haut, la crise actuelle trouve son origine dans l’extension permanente de l’OTAN depuis la disparition de l’URSS. Et ci-dessous, Roland Dumas dévoile, confirme ce qui a été dit et promis à l’URSS en 1990, en échange de la réunification de l’Allemagne.

 

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes

Général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences Po et à HEC : Ukraine : 5ème jour de guerre

 

 

Notes

[0] L'ambassadeur russe auprès de l'UE dénonce plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est

[0bisComment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères

[1] La crise des missiles de Cuba est une suite d'événements survenus du 14 octobre au 28 octobre 1962

[1bis] Protocole de MinskI

[1terProtocole de MinskII du 11 février 2015

[2] Pourquoi l'OTAN continue à s'élargir vers l'est

[2bis] Des documents récemment déclassifiés révèlent que des dirigeants occidentaux - et non des moindres, comme le président américain George H.W. Bush et le secrétaire général de l'Otan de l'époque Manfred Wörner - avaient assuré au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, que l'Alliance atlantique ne s'élargirait pas à l'est au delà de l'Allemagne de l'Est après la réunification allemande d'octobre 1990.

[3] Dissolution du pacte de Varsovie le 1er juillet 1991

[4] Georgy Arbatov

[5] «Eurasia Letter : A New Cold War», Georgi Aabatov, in Foreign Policy. No.95, Summer 1994 (pp. 90-103)

[6] Géorgie-Ossétie-Russie. Une guerre à toutes les échelles

[7] Guerre du Donbass

[8] Intervention russe au Kazakhstan : le Kremlin défend un partenaire clé

[9] Intervention militaire de la Russie en Syrie

[10] En Libye, ces mercenaires russes “ qui n’existent pas ”

[11] Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne

[12] Nouvelles données publiées aujourd'hui par le Stockholm International

[13] Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde

[14] Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde

[15] Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde

[16]  Les dépenses militaires des Etats-Unis ont représenté en 2018 près de 70% des dépenses militaires totales de l'Otan. 

[17] LE GAZ DE SCHISTE AMÉRICAIN INONDE L’EUROPE

[18Russie-Ukraine Les enjeux gaziers du conflit

[19Roland Dumas a été notamment ministre des Relations extérieures de 1984 à 1986 et des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Il a ensuite présidé le Conseil constitutionnel de 1995 à 2000.

[20L’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement. 

 

Pour en savoir plus :

- 2015 : La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

- Fascisme de masse en Ukraine. Attention !

- Les européens s’étaient effectivement engagés à ce que l’OTAN ne s’étende pas vers l’est. Cet article contient les liens vers les sources de ces informations

- Ukraine et néo-nazis

- 9 avril 2015 : L’Ukraine se réclame de la tradition nazie

- L'Otan rejette l'exigence russe de renoncer à l'adhésion de Kiev

- Les ressources énergétiques et naturelles sont au coeur des conflits internationaux

Les Américains n’ont pas de partenaires. Ils n’ont que des vassaux. Sans sortie de l’OTAN, toute armée européenne ne sert qu’en supplétif de l’armée USA et au service de sa guerre froide.

- Loin de jouer l’apaisement et la voie diplomatique, les États-Unis répondent aux menaces russes par une stratégie d’escalade.

- Quels sont les objectifs de Vladimir Poutine  ?

- La Russie envahit, mais il n’y a pas de bons gars dans la guerre en Ukraine

- Reconstituer le puzzle de la guerre en Ukraine : c’est possible, mais cela demande du temps.

Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

- « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » par Philippe Descamps 

- On l’oublie un peu, mais la crise en Ukraine a surgi aussi sur fond d’enjeux économico-stratégiques mettant en cause le grand projet de M. Vladimir Poutine : l’Union économique eurasiatique (UEE), qui doit prendre effet en janvier 2015. 

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS COMPTENT FAIRE LA GUERRE « JUSQU’AU DERNIER UKRAINIEN »

Entre 2015 et 2020, malgré l'embargo de l'UE, la France a fourni 152 millions d’euros de matériels pour des chars, des avions de chasse et des hélicoptères de combat aux Russes, révèle « Disclose ».

- " Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ", pour Henri Guaino

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

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8 février 2021 1 08 /02 /février /2021 12:17
L’extrême droite de Donald Trump et Marine Le Pen
L’extrême droite de Donald Trump et Marine Le Pen
L’extrême droite de Donald Trump et Marine Le Pen

" C’est par le renforcement de nos principes démocratiques que nous devons répondre à l’extrême droite et  non l’inverse. "

 

 

Les images ont choqué le monde. La cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden au Congrès a été interrompue ce mercredi 6 janvier. Des manifestant.es pro-Trump ont envahit le Capitole[1] quelques heures après un discours dans lequel le président républicain avait affirmé qu'il ne reconnaîtrait jamais sa défaite, accusant les démocrates d'un vaste complot électoral et poussant ses partisans à l’insurrection.

Cet assaut du Capitole interroge et doit être pris au sérieux, mais avec raison. Certes il questionne d'abord sur le fait que le bâtiment n'a manifestement pas été sérieusement sécurisé malgré de nombreux appels à l'insurrection lancés sur les réseaux de l'extrême droite américaine. Mais les forces en présence n'étaient de toute manière – et les faits l'ont confirmé - pas en capacité de faire chuter l'ordre constitutionnel américain. Et si l’image d'un homme en peau de bison, par exemple, peut paraître folklorique, il ne faut pas se laisser entraîner dans la caricature des images ou dans la pathologisation de ce qui est en vérité une action de l’extrême droite.

Derrière leurs idées, il n'y a pas de la folie mais un projet politique. Il ne faut donc sous-estimer ni leur projet, ni leur capacité d’entraînement. Cette extrême droite que l'on retrouve derrière Trump est diverse. Mais entre ceux qui arborent des symboles pro-nazis, brandissent le Dixie flag,(drapeau à la gloire des confédérés sudistes), ou se revendiquent de Qanon et ceux qui s'en tiennent à des casquettes rouges « Make America Great Again », il y a certes un monde, mais en réalité il existe un cadre idéologique commun.

 

Sources : le Journal de l'Insoumission par Anthony Brondel | mis à jour le 05/08/2021
- Une idéologie de la violence et du refus de la différence

Leur logiciel commun est « l’éloge de la force », l'idée que le peuple devrait se soumettre à une loi naturelle, celle du plus fort, celle de la compétition et de la « sélection naturelle ». A leurs yeux,  les êtres humains ne sont pas égaux, il existe une hiérarchie naturelle entre les Hommes et la normalité serait les forts dominant les faibles.  Cela permet alors à l’extrême droite de justifier le racisme, le sexisme, le colonialisme, les inégalités ou l'exploitation. L'autre face de cette idéologie commune est de se considérer comme faisant partie d'un même groupe social en retenant une définition ethnique et identitaire de la nation américaine.

 

Donald Trump sait parler à ces gens lorsqu'il exalte la puissance américaine, la violence, le port d'armes, la virilité, ou lorsqu'il s'en prend aux immigrés, à la population noire ou latino, aux féministes, aux LGBTQIA+, aux antifa, aux « communistes », aux progressistes… ces catégories étant considérées par les  militant.es d’extrême droite comme les ennemis de la nation, et responsables de l'affaiblissement du pays. Leur croyance d’être mis en danger par ces catégories rend légitime à leurs yeux le fait de nier le processus démocratique, d’autant plus lorsque s’ajoute à cela la croyance d’une triche organisée par leurs opposant.es. Se voyant comme les sauveurs de la nation américaine, ils se pensent alors comme les GI du peuple.

 

 

- Une idéologie contre la démocratie
La démocratie suppose d'accepter que l’on puisse penser différemment. Penser différemment vient aussi parfois de nos différences. La démocratie suppose donc d’accepter également cette  différence chez l'autre, d'accepter l’autre pour ce qu'il est, pour ce qu'il croit ou pour ce qu'il pense et donc de le considérer comme un semblable. À partir du moment où l'on nie à l'autre la qualité d'égal ou son appartenance à la communauté, sa voix n'a plus d'importance. Voilà pourquoi l’extrême droite, à chaque fois qu’elle l’a pu, s’est sentie légitime d’imposer sa vision par la violence, quitte à commettre des atrocités, l’autre étant nié dans son humanité. Tout comme elle n’hésite pas à contourner les processus démocratiques, considérant la nation en danger, persuadée de détenir la vérité et quitte à soumettre une majorité par la force. 

 

 

- Le mensonge, la falsification et la manipulation comme méthode
La falsification des faits, des réalités sociales, historiques et scientifiques sont des méthodes qu’affectionne l’extrême droite. Théoriser un complot permet de construire de toute pièce des ennemis. Et puisque ce sont des ennemis, ils leur sont forcément hostiles, la démonstration est imparable ! Les faits importent peu ! Donald Trump a opéré de la sorte, en inventant le « complot démocrate » et la falsification des résultats électoraux.

 

Il faut constater que ces méthodes à l'heure d'internet font des ravages. L’extrême droite (aux Etats-Unis, comme partout dans le monde) a très bien compris la puissance d'internet dans la lutte politique. Elle y est très organisée, agit de manière efficace et insuffle le doute chez toute une frange de la population, désabusée et délaissée depuis tant d’années par les pouvoirs politiques de gouvernement.

 

Sur les réseaux sociaux, fakes news et thèses conspirationnistes sont légions.  Nous voilà donc devant notre écran abreuvés d’informations manipulées, sans détenir les outils permettant à tout à chacun.e de vérifier, croiser les sources… Comme la rumeur se propageait comme une traînée de poudre dans un village, à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, l’échelle est d’autant plus grande qu’elle en devient encore plus inquiétante et dangereuse. C’est le fameux « y’ pas de fumée sans feu ! ». Le phénomène de « bulle de filtre[2] » et l'absence de contradiction sur les réseaux font prospérer les thèses confusionnistes. Voilà comment parmi les électeurs républicains, certains se sont laissés convaincre de la réalité de la fraude électorale. L’élection leur aurait été volée. Et ce alors même que la plupart des responsables républicains se sont désolidarisés de leur candidat, D. Trump, et ont reconnu les résultats.

 

 

- Une extrêmes-droite que l'on retrouve en France
Nous retrouvons ce même logiciel idéologique au sein de l’extrême droite française. On y retrouve la même définition ethnique et  identitaire de la nation, le refus de l'égalité entre les êtres humains et la condamnation des mouvements sociaux ou politiques qui se battent pour l'égalité. Celle-ci jouit de tribunes médiatiques et politiques et adoptent les mêmes méthodes que leurs homologues américains.

 

Hier elle s'attaquait aux prétendus complots « judéo-maçonique », aux « judéo-bolchñeviques », aux juifs, aux immigrés bretons, italiens ou polonais, aux communistes, aux homosexuels ou aux tziganes. Aujourd'hui, elle s'en prend volontiers aux arabes, noirs, musulmans, gens du voyage, immigrés, antifascistes, syndicalistes, féministes et autres défenseurs des droits de l'Homme. Le multiculturalisme serait une hérésie, des mariages mixtes jusqu'aux prénoms qui devraient se limiter à ceux du calendrier des saints chrétiens. L’ennemi serait terré dans l’ « idéologie gay », dans l’« idéologie intersectionnelle », ou chez le « lobby juif » etc...

 

  • Elle falsifie l'Histoire en prétendant par exemple que les communistes étaient du côté de la collaboration, en réhabilitant la mémoire du Maréchal Pétain, en saluant le rôle positif de la colonisation, en qualifiant de génocide la guerre civile de Vendée entre républicains et monarchistes ou lorsqu'elle remet en cause l'existence même de la Shoah.
  • Elle se fait reine des fakes news[3], n'hésitant pas à manipuler et à mentir sur les chiffres de l'immigration ou des réfugiés[4], sujet qui les obsède, et créer du fantasme, un sentiment de peur, un sentiment identitaire qui nous séparerait.
  • On remarquera également que cette extrême droite française a toujours soutenu Donald Trump et s'est fait le relais de ses thèses de fraudes électorales, à commencer par Marine Le Pen[5] elle-même. Ceci alors même que Donald Trump était déjà lâché par son propre camp aux Etats-Unis.

 

 

- Dénoncer l’extrême droite pour ce qu'elle est vraiment : le parti de l'ordre injuste des puissants
Les événements du capitole ont ravivé le débat sur la manière de lutter contre l’extrême droite, en particulier sur les réseaux sociaux.

 

Certes, il faut dénoncer ses méthodes de manipulation de l’opinion publique. Mais surtout il faut l'attaquer sur son projet profondément inégalitaire de la société. Projet que l’on retrouve aussi dans la logique capitaliste qui prône la compétition et voit dans les inégalités la résultante naturelle de cette compétition.  

 

Combattre l’extrême droite, c'est :

  • d'abord mener la bataille culturelle en déconstruisant les préjugés, les raccourcis et mensonges véhiculés par celle-ci. Il ne faut pas leur abandonner le terrain sur leurs thématiques de prédilection que sont les questions identitaires, la définition de la nation, les enjeux liés aux réfugiés, les problématiques de sécurité, les questions liées au terrorisme etc. et leur laisser le monopole des définitions et des solutions. D'où la nécessité d'investir ces thématiques et leur apporter la contradiction ;
  • surtout dénoncer sa véritable fonction : un parti qui défend les intérêts des puissants. Leur autoritarisme et leurs revendications pour plus de répression envers les mouvements sociaux, envers celles et ceux qui se battent pour plus d’égalité et qui remettent en cause les politiques néolibérales, n'est pas quelque chose d’anodin. L’extrême droite est l'idiote utile du système, elle divise les gens sur leurs différences plutôt que de les unir dans la défense de leurs intérêts. En instaurant du « diviser pour mieux régner », elle participe au maintien de l'exploitation et à défense des intérêts des puissants. Elle est d’ailleurs son ultime recours, dans le cas où les partis traditionnels de l'ordre établi serait amené à disparaître. Dans l'histoire, la bourgeoisie et les grands propriétaires capitalistes ont toujours choisi de soutenir l’extrême droite plutôt que les forces de progrès. N'oublions pas que la bourgeoisie allemande[6] et française[7] dans les années 30, s’est liée aux ligues fascistes et à Hitler face à la montée des communistes et du Front populaire, considérés comme une menace pour leurs intérêts.
  • Il est essentiel de s'adresser à l'électorat d’extrême droite. Ne faisons pas l’erreur d’y voir un ensemble homogène animé d’une même haine de l’autre. Beaucoup sont des victimes de la mondialisation, du déclassement en quête d'un État plus protecteur. L’extrême droite ne défend pas leurs intérêts, et c'est en replaçant au centre du débat politique les thématiques sociales liées à la précarité, aux inégalités et au partage des richesses, que nous ferrons la démonstration que sur ces questions, l’extrême droite a choisi son camp : celui des puissants.

 

 

- La sanctionner lorsqu'elle contrevient à la loi … mais dans le cadre de l'Etat de droit !
Il serait aussi temps de sanctionner cette extrême-droite lorsqu'elle contrevient à la loi sur les réseaux sociaux, lorsqu'elle en appelle à la violence, à la haine, lorsqu’elle harcèle ou tient des injures à caractères racistes. Aujourd'hui, ces comportements sur les réseaux sociaux ne sont, bien souvent, pas sanctionnés. On peut y voir le symptôme d’une police qui ne dispose pas de moyens humains suffisants pour lutter contre ce phénomène. Cependant, cette sanction doit se faire dans le cadre de l’Etat de droit, avec une police républicaine qui constate l'infraction et une justice qui tranche en application de la règle de droit[8].

 

  • Sanctionner pour les empêcher de nuire, oui,  mais pas n'importe comment.

Déléguer aux multinationales comme Facebook ou Twitter le pouvoir de police et de sanction (ce que prévoyant la loi AVIA défendue par le gouvernement Français[9]) via des algorithmes ou des décisions purement arbitraires, sans permettre le débat contradictoire n'est pas acceptable dans une démocratie. D'abord car les algorithmes ne permettent pas de constater s'il y a eu infraction ou non, seul l'humain est en capacité d'en faire l'analyse. Ensuite parce que les réseaux sociaux ont aujourd'hui une place centrale dans le débat public.

  • Ainsi priver quelqu'un de compte sur Twitter ou facebook est clairement une restriction de sa liberté d'expression ;
  • Accorder à des multinationales comme facebook ou Twitter ce pouvoir de censure, sans débat contradictoire est une atteinte aux principes de démocratie.


Confier ce pouvoir à des multinationales est dangereux.

Celles-ci pourraient avoir des intérêts particuliers entrant en contradiction avec certains acteurs politiques ou d’opinion, sur lesquels elles auraient alors un droit de vie ou de mort numérique. La censure ne peut être motivée que dans le cadre d’une infraction à la loi, à l’issu d’un débat contradictoire que permet le procès et seulement après décision d'un juge indépendant. Seule la Justice peut trancher au nom de l’intérêt général.


En ce sens, la fermeture du compte Twitter du président des Etats-Unis[10], en dehors de ce que l'on peut penser du contenu de ses publications, n'est pas acceptable tant du point de vue de ce que cela engendre comme précédent que dans ses effets, renforçant la figure de victime du système que serait D. Trump. C’est par le renforcement de nos principes démocratiques que nous devons répondre à l’extrême droite et  non l’inverse.

 

Notes :

[1] VIDÉO. Etats-Unis : des manifestants pro-Trump envahissent le Capitole

[2] https://www.bilan.ch/opinions/david-delmi/comment-les-reseaux-sociaux-nous-enferment-dans-des-bulles-de-filtres

[3https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/12/a-l-extreme-droite-les-fake-news-se-partagent-a-la-pelle-avant-les-europeennes_5422458_823448.html

[4] https://www.liberation.fr/checknews/2018/10/18/y-a-t-il-250-000-ou-420-000-entrees-legales-d-immigres-par-an_1682354

[5] https://www.leparisien.fr/politique/elections-americaines-le-rn-soutient-trump-dans-son-bras-de-fer-avec-biden-05-11-2020-8406858.php

[6] 30 janvier 1933, Hitler n'est pas tombé du ciel, il a été porté au pouvoir par les magnats de l'industrie et de la finance

[7] La droite versaillaise et décomplexée, sans parler de la droite nationaliste, a toujours été prête à choisir « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Si le slogan n’est pas avérée sous la plume ou dans la bouche d’un grand patron ou d’un dirigeant d’une des droites françaises de l’entre-deux-guerres, un intellectuel centriste écrivait en 1938 : « On ne comprendra rien au comportement de cette fraction de la bourgeoisie française si on ne l’entend murmurer à mi-voix : « Plutôt Hitler que Blum », propos tenus par deux députés de Meurthe-et-Moselle. Arrivé au pouvoir dans un moment d'euphorie en juin 1936. C’était dans le numéro d’octobre 1938 de la revue Esprit (Lendemains d'une trahison), sous la signature d’Emmanuel Mounier, qui n’avait pas fait preuve d’un antinazisme primaire.

[8] Radicalisation policière : le poids de l’extrême droite dans les forces de l’ordre

[9] https://www.laquadrature.net/2020/06/18/loi-haine-le-conseil-constitutionnel-refuse-la-censure-sans-juge/

[10] Twitter suspend définitivement le compte de Donald Trump et efface certains de ses messages

 

Pour en savoir plus :

- Ken Loach: ” Les riches soutiennent le fascisme quand ils sentent que leur argent est menacé ”

- En France, l’extrême droite s’arme… pour ressusciter les milices d’Hitler ?

- Présidentielles 2020 : MACRON / LE PEN : DU SOIT-DISANT “REMPART” AU MARCHE-PIED

- Les anciens SS ont reconstruit l'extrême droite française après 1945

- Marine Le Pen: l’autre candidate des riches

- Extrême-droite : qui se cache derrière Marine Le Pen et Éric Zemmour ?

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16 janvier 2021 6 16 /01 /janvier /2021 15:14
Vert foncé : États ayant signé et ratifié ; Vert clair : États ayant signé, mais pas ratifié

Vert foncé : États ayant signé et ratifié ; Vert clair : États ayant signé, mais pas ratifié

Le rôle du traité Ciel ouvert comme instrument de renforcement de la confiance et de la sécurité a été miné par l'administration Trump !

Que fera Joe Biden, qui annonce la production de nouveaux décrets revenant sur des décisions prises par Trump ?... C'est notre sécurité globale qui est en cause !

 

Sources : Midi Insoumis, Populaire et Citoyen | modifié le 057/08/2022

- Les Etats-Unis de Trump se retirent officiellement du traité de désarmement sur les armés nucléaires de portée intermédiaire
Le 2 août 2019[1], les Etats-Unis sortaient officiellement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), ouvrant de ce fait la voie à une nouvelle course aux armements.

 

Après six mois d’attente, la procédure de retrait de l’accord, lancée par Donald Trump en février 2019, est arrivé à son terme et débouchera donc sur la fin du traité bilatéral ratifié par les États-Unis en 1993.

 

Les Etats-Unis, s’ils ont assuré ne pas vouloir déployer de nouveaux missiles nucléaires en Europe, n’ont formulé aucune promesse quant au potentiel déploiement d’armes conventionnelles. Enfin, l’avenir du traité START[3] de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques, qui arrive à échéance en février 2021, est également en question.

 

 

- Qu’est-ce que le Traité "" Ciel ouvert " dont les Etats Unis trumpistes se sont retirés en 2020 ?
C'est en 1989, que le président George Bush relançait l'idée d'un Traité « Ciel ouvert[2] ». Le Traité “ Ciel ouvert ” (« Open Skies » en anglais) est avant tout un traité militaire, basé sur la confiance.

 

Après des négociations entre les membres de l'OTAN et du Pacte de Varsovie (dissous en 1991), les discussions englobent au fil des années de plus en plus de pays, il est signé à Helsinki le 24 mars 1992. La Russie le signait en 2001, ce qui permettait l'entrée en vigueur du traité, ratifié par 35 pays, au 1er janvier 2002 , et compte actuellement trente-quatre États (depuis le retrait des USA). Il permet aux signataires des accords de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe de survoler leurs territoires respectifs pour vérifier leurs mouvements militaires et les mesures de limitation des armements des uns et des autres.

 

 

- Les Etats-Unis se retirent officiellement du traité « Ciel ouvert » (23 novembre 2020)
Annoncé depuis le 21 mai 2020 par le président américain Donald Trump, le retrait des Etats-Unis du traité « Ciel ouvert », est devenu effectif et officiel le 22 novembre 2020.

 

Du fait de cette décision, les Etats-Unis ne pourront plus effectuer de vols d’observations non armés au-dessus du territoire russe ou de celui des autres pays signataires du traité « Ciel ouvert ». Ils ne pourront pas non plus, en théorie, bénéficier des renseignements transmis en vertu de l’accord. Cependant, il est possible que les Etats-Unis demandent des photographies aériennes de la Russie prises par d’autres membres de l’OTAN, tout en interdisant les vols russes équivalents au-dessus des installations militaires américaines.

 

Le chef de la diplomatie allemande a ensuite souligné qu’il regrettait la décision prise par l’administration Trump, estimant que le traité « Ciel ouvert » contribuait au renforcement de la confiance et à la promotion de la sécurité dans tout l’hémisphère nord « de Vladivostok à Vancouver[3bis]».

 

Moscou, en outre, voit d’un mauvais œil ce retrait américain : « Le retrait des Etats-Unis de ce traité signifie non seulement un coup porté aux fondements de la sécurité européenne mais aussi aux instruments de la sécurité militaire existants et aux intérêts essentiels de sécurité des alliés mêmes des Etats-Unis[4] », avait estimé fin mai 2020 le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko. « Ce n’est pas un traité bilatéral, mais multilatéral. Et une décision si brusque affectera les intérêts de tous les participants sans exception [4]», avait-il également regretté.

 

 

- La Russie annonce son retrait du traité Ciel ouvert en réaction au départ de Washington
Dans un communiqué de presse publié le 15 janvier 2021, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé entamer son retrait du traité " Ciel ouvert " que les Etats-Unis avaient quitté fin novembre[5]. Ce texte permet de vérifier la réalité des limitations des armements des pays signataires.

 

Déplorant les « dommages » causés à « l’équilibre » de ce texte par le retrait américain, Moscou déplore en outre que ses « propositions concrètes correspondant aux dispositions fondamentales du traité », visant à « maintenir sa viabilité dans les nouvelles conditions », n’aient pas « reçu le soutien des alliés américains ».

 

Notes :

[1] Les États-Unis sortent du traité de désarmement INF conclu avec la Russie en 1987

[2] Traité Ciel ouvert

[3] Traités Start de réduction des armes stratégiques

[3bis] La sécurité européenne devient l’affaire de l’UE seulement

[4Retrait américain du traité "Ciel ouvert": un "coup" à la sécurité européenne, affirme Moscou

[5] Pourquoi la Russie se retire du traité " Ciel ouvert "

 

Pour en savoir plus :

- Communiqué des ministères des Affaires étrangères suite à l’annonce du gouvernement des États-Unis de son intention de se retirer du Traité ciel ouvert (22 mai 2020)

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

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24 août 2019 6 24 /08 /août /2019 20:24
Notre époque rappelle peut-être les années 1930, mais l’histoire ne doit pas nécessairement se répéter

Dans les années 1930, le capitalisme avait besoin d’une « solution de rechange ». Confronté à une désaffection de masse après le krach financier de 1929 ainsi qu’un mouvement communiste grandissant qui menaçait de nationaliser la propriété et d’exproprier les profits, le capital a dû faire face à une crise existentielle sans précédent.

 

Sources : EQUALTIMES par Nick Dearden[*]

 

-Le fascisme offrait une échappatoire.

Certes, certains « hommes forts » du fascisme pouvaient sembler vulgaires, offensants et erratiques, mais, du côté positif, de nombreux dirigeants du monde de la finance et de l’industrie ont argumenté qu’ils avaient au moins le pouvoir d’écraser la résistance et de mettre l’État au service de leurs intérêts économiques.

 

 

-Aujourd’hui, nous assistons à une répétition de l’Histoire.

Bien entendu, aucun mouvement communiste n’est sur le point de prendre le pouvoir dans le monde développé. Pourtant, le capitalisme est menacé comme il ne l’a pas été depuis 80 ans, accablé par sa propre logique. Faire partir la planète en fumée pour réaliser des profits de plus en plus importants à court terme ne peut continuer sans conséquences catastrophiques[1] que la plupart des gens ne toléreront pas. Pour les personnes avides de profit, même les mesures très modestes qui ont été adoptées pour lutter contre les changements climatiques sont une mauvaise nouvelle.

 

Le pillage des ressources publiques — qu’il s’agisse de l’espace public ou des services publics, par exemple — atteint ses limites actuelles. Le résultat ? Les pires inégalités[2] que le monde ait jamais connues. Les niveaux d’endettement, qui jusqu’à présent camouflaient cette inégalité, en sont à leur point de rupture. Cela ne pourra pas durer éternellement.

Une révolution technologique est en cours et promet l’automatisation de masse[3], ajoutant plusieurs millions de travailleurs aux centaines de millions de petits agriculteurs et paysans dont le capitalisme ne se soucie pas. Et les populations sont déjà furieuses.

 

 

-Que faire ?

Le rôle qu’assumaient auparavant les fascistes est aujourd’hui comblé par un groupe d’hommes forts autoritaires dont Donald Trump[4] est le chef de file. Des fascistes purs et durs sont de nouveau au pouvoir en Italie[5]. La Hongrie est essentiellement dirigée par un fasciste aussi, et ces forces-là ont enregistré quelques gains lors des élections européennes[6] du mois dernier.

 

Mais considérez les pays plus importants pour l’avenir du capitalisme. L’Inde est dirigée par Narendra Modi, un nationaliste hindou dont le mandat a été marqué par une vague croissante de crimes haineux, de meurtres, de lynchages, de passages à tabac en public et de viols collectifs, visant en particulier les musulmans et les groupes des castes inférieures. Le Brésil, autrefois point d’ancrage de la « marée rose » des gouvernements de gauche, est aujourd’hui dirigé par Jair Bolsonaro[7], un nostalgique de la dictature militaire, homophobe, raciste et misogyne qui qualifie de « terroristes » les groupes d’activistes. Les Philippines sont dirigées par Rodrigo Duterte[8], responsable du meurtre de 20.000 toxicomanes, qui a comparé sa guerre contre la drogue à l’extermination des Juifs par Hitler.

 

 

-

Exploitation tous azimuts

À l’instar des fascistes des années 1930, tous ces hommes forts sont arrivés au pouvoir en alimentant la division sociale. Les migrants, les musulmans, les homosexuels, les transsexuels, les sans-abri et les groupes de castes inférieures sont diabolisés, car on craint que ces personnes ne deviennent trop puissantes et ne mettent en danger le pouvoir des classes moyennes et populaires inférieures dominantes. Le féminisme est une cible privilégiée pour tous ces dirigeants ; il suffit d’observer la résurgence du message anti-avortement.

 

Une fois arrivés au pouvoir, comme dans les années 1930, ces hommes forts ont entrepris de saper et de démanteler les institutions de la démocratie libérale : tribunaux, parlements et médias. En dépit de toutes leurs imperfections, ces institutions bloquent le pouvoir des laquais de Trump et nous laissent un certain espace pour organiser la résistance. Mais le système économique ne peut supporter une réelle résistance en ce moment et ces espaces doivent donc être fermés si l’on souhaite que la « solution de rechange » du capitalisme soit une réussite.

 

 

-

Vient ensuite le cœur du programme : l’extrême tous azimuts des personnes et de la planète.

Il s’agit de M. Trump qui ouvre toutes les eaux côtières américaines au forage pétrolier offshore, de M. Bolsonaro qui ouvre l’Amazonie à l’exploitation minière ou de M. Modi qui libéralise l’économie indienne, fragilisant les petits exploitants agricoles et les économies traditionnelles. Il s’agit aussi de réductions sans précédent de l’impôt des sociétés, d’une déréglementation financière massive ou de la semi-criminalisation de l’activisme climatique. Tout va dans la même direction. Et c’est la raison pour laquelle les marchés boursiers ont été si positifs concernant ces nouveaux hommes forts.

 

Peut-être que Mark Zuckerberg de Facebook n’aime pas la rhétorique de M. Trump. Je pourrais le croire. Mais si les titans des géants de la technologie veulent que la quatrième révolution industrielle profite à leurs propres comptes de résultat plutôt que de mener à une restructuration radicale et démocratique de l’économie, une logique sous-tend les politiques de M. Trump ; et toute rhétorique qui lui permet de mener ces politiques à bien.

 

 

-

Il est également vrai que le comportement de ces dirigeants est empreint d’excentricités et de contradictions massives.

C’est le danger inhérent aux hommes forts – de par leur nature, ils ne peuvent pas être contrôlés. Nous ne prétendons pas que telle est la forme de société dans laquelle la plupart des capitalistes voudraient idéalement vivre, mais bien que le capitalisme mondial a de plus en plus besoin de cette forme de société pour prospérer et survivre.

 

Ces politiques « trumpiennes » ne se limitent pas aux pays déjà mentionnés. Elles empoisonnent le corps politique à l’échelle mondiale. Au Royaume-Uni, un sondage d’opinion réalisé le mois dernier a révélé que 54 % de la population était d’accord avec l’affirmation : « La Grande-Bretagne a besoin d’un dirigeant fort disposé à enfreindre les règles.[9» Seuls 23 % n’étaient pas d’accord. Dans une bonne partie de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique latine, ces politiques s’infiltrent dans le discours public là où nous pensions qu’elles avaient été reléguées aux oubliettes du passé. Et le « trumpisme » donne une nouvelle protection rhétorique aux dirigeants oppressifs de toute l’Afrique et du Moyen-Orient.

 

Mais M. Trump est le roi – le symbole de la manière dont ces politiques peuvent réussir, la pierre angulaire d’un réseau de financement et de recherche. C’est pour cette raison que nous devons nous opposer à lui lors de sa première visite d’État officielle au Royaume-Uni aujourd’hui.

 

 

-

Bien sûr, nous pouvons nous moquer de lui et nous devons de le faire.

Mais Hitler faisait aussi l’objet de moqueries satiriques dans les clubs du Berlin de la République de Weimar. Cela ne l’a pas arrêté. Nous devons comprendre ce qui se passe, nous y opposer physiquement et, à travers cette lutte, construire une politique alternative à même de reconquérir de vastes pans de la population active. Par-dessus tout, tirons une leçon clé de l’échec de la gauche allemande dans les années 1930.

 

Nous ne pouvons pas supposer que le « trumpisme » échouera et qu’il sera suivi d’un « après, c’est à notre tour ». M. Duterte a un taux de popularité d’environ 80 %. La victoire de M. Modi aux élections indiennes a été écrasante. M. Trump et M. Bolsonaro, malgré leur popularité moindre, ne peuvent être ignorés et pourraient potentiellement décrocher un deuxième mandat. La gauche doit mettre fin à son sectarisme. Il est urgent de nouer de vastes alliances et d’adopter des politiques radicales.

Nous pouvons gagner la lutte contre le changement climatique, utiliser l’intelligence artificielle pour construire un monde meilleur et limiter le pouvoir des entreprises, mais la seule façon d’y parvenir est de créer des réseaux ; aux niveaux local, national et international. Nous nous retrouvons dans une position plus fragile que ne l’était la gauche dans les années 1930. Mais nous avons fait quelques avancées, nous avons obtenu des réformes modérées pour lutter contre les changements climatiques, nous avons obtenu des droits civils tant attendus.

 

Il est possible que les années 1930 ne se reproduisent pas. Mais ce ne sera pas facile.

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19 août 2019 1 19 /08 /août /2019 13:27
Le shopping territorial des Etats-Unis, une vieille habitude

Le président Donald Trump aurait évoqué avec ses conseillers une proposition de rachat du Groenland au Royaume du Danemark, affirme le "Wall Street Journal". Une idée saugrenue ? Non, une habitude américaine en matière d’expansion territoriale.

 

Sources : France Culture

Le 4 juillet 1776, les treize colonies d'Amérique du Nord proclament leur indépendance, qui sera reconnue, à l’issue d’une guerre de sept ans contre la couronne britannique, par le traité de Paris, en 1783. Un pays est né, mais il est loin de ressembler à ce qu’il deviendra au fil des siècles.

 

Les Etats-Unis de 1783, ce sont treize Etats ancrés sur la façade atlantique et coincés entre le Canada britannique, l'Atlantique et la Louisiane espagnole. En moins d’un siècle, le pays contrôle un territoire continu entre les deux océans : Atlantique et Pacifique. Une expansion rendue possible par la colonisation, la conquête, parfois brutale, ou l’achat de territoires.

arte de 1898 illustrant le développement territorial des Etats-Unis• Crédits : Universal History Archive/Universal Images Group - Getty

arte de 1898 illustrant le développement territorial des Etats-Unis• Crédits : Universal History Archive/Universal Images Group - Getty

 

-1. La conquête du Midwest
La première acquisition est une opération majeure, puisqu’elle double dès 1803 le territoire des Etats-Unis. C’est Robert Livingston[1] qui, sous la présidence de Thomas Jefferson, négocie l’achat de la Louisiane à la France pour 15 millions de dollars. Un gros sacrifice territorial pour Bonaparte, acquis de haute lutte au détriment des Espagnols. Mais c’est le prix d’un affaiblissement des Anglais : en renforçant la puissance des Etats-Unis, le premier consul français entendait contrarier les ambitions britanniques dans le Nouveau Monde. Car quand on parle de la Louisiane, on ne parle pas de l’Etat du même nom. C’est d’un territoire qui couvre l’ensemble du Midwest actuel qu’il s’agit : de l’embouchure du Mississippi au Dakota du Nord et au Montana actuels.

Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane nouvellement découverte, par le révérend père Louis Hennepin.• Crédits : Gallica, Bibliothèque nationale de France

Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane nouvellement découverte, par le révérend père Louis Hennepin.• Crédits : Gallica, Bibliothèque nationale de France

 

-2. La Floride
En 1819, le traité d'Adams-Onís, dit « Traité d'amitié, de colonisation et de limite entre les États-Unis d'Amérique et sa Majesté catholique », définit la frontière avec la « Nouvelle Espagne », notamment au Texas. Il scelle aussi la cession par l'Espagne de la Floride orientale et de l'État libre de Sabine. Les Etats-Unis, qui avaient planté leur drapeau en 1810 en Floride occidentale, exercent désormais leur autorité du Canada aux Caraïbes.

 

 

-3. Les « cessions » mexicaines
Depuis le début de leur guerre d'indépendance, les Mexicains ont autorisé des Américains à s'installer au Texas, sous réserve qu’ils se convertissent au catholicisme et deviennent mexicains. Las, ce seront des protestants qui coloniseront la région, qui sera finalement annexée par les États-Unis en 1845. Un casus belli : la guerre avec le Mexique est déclarée. Elle durera dix-sept mois et s’achèvera sur une victoire des États-Unis et le traité de Guadalupe-Hidalgo, en 1848. Moyennant une « compensation » de 18 millions de dollars, le Mexique abandonnera à Washington les territoires correspondant au Texas, à la Californie, à l’Utah, au Nevada, à l’Arizona et au Nouveau Mexique. 

Les troupes du général Winfield attaquent le château de Chapultepec, au Mexique, le 13 septembre 1847.• Crédits : Getty

Les troupes du général Winfield attaquent le château de Chapultepec, au Mexique, le 13 septembre 1847.• Crédits : Getty

Cette conquête militaire sera complétée par l’achat dit « Gadsden[3] », en 1853, d’une bande de terre le long de la frontière avec le Mexique, entre les actuels Nouveau Mexique et Arizona, pour 10 millions de dollars.

 

1953 3c Gadsden Purchase Mint Single

1953 3c Gadsden Purchase Mint Single

 

-4. L'« Amérique russe »
Face aux visées expansionnistes de l’empire britannique, comment garder le contrôle sur des territoires éloignés ? C’est la question qui taraude le tsar Alexandre II lorsqu’il évoque l’Alaska, une vaste étendue glacée et quasi inoccupée, réputée impossible à coloniser et voisine du Canada britannique. Pour l’empire russe, en difficultés, financières, vendre ce territoire de 1,7 million de kilomètres carrés aux États-Unis est peut-être la solution. Et Washington, même si l’opinion publique s’y oppose[4], y voit une belle opportunité de s’étoffer de 20 % de terres (et de ressources) supplémentaires. L’achat sera signé le 30 mars 1867 et le transfert effectif le 18 octobre 1867.

 

 

 

-5. Les derniers trésors espagnols
En 1898, le traité de Paris marque la fin du « Desastre del 98 », la guerre qui aura opposé, cinq mois durant, l’empire espagnol déclinant aux Etats-Unis. Il confirme la cession de Porto Rico, Guam, de Cuba (qui accèdera à l’indépendance en 1902) et des Philippines (indépendantes en 1946) aux États-Unis, moyennant une compensation de 20 millions de dollars versée à l'Espagne.

 

-6. Les « confettis » pacifiques
En 1900, les îles Tutuila et Aunuu, vendues par leurs chefs, viennent compléter le territoire des Samoa américaines, annexées par les Etats-Unis l’année précédente. Pour Washington, la Première Guerre mondiale est aussi l’occasion de mettre la main sur des possessions européennes délaissées. Ainsi, en 1917, les îles Vierges danoises deviennent américaines pour 25 millions de dollars.

 

Notes :

[1Robert Livingston

[2] le traité d'Adams-Onís

[3] achat dit « Gadsden », en 1853

[4] l’opinion publique s’y oppose

 

Pour en savoir plus :

- Rachat du Groenland : Donald Trump persiste et signe

Histoire sociolinguistique des États-Unis

- Chronologie des interventions américaines dans le monde

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13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 13:01
Brésil : la stratégie de l’empire US pour reprendre la main en Amérique du sud

Sources : Chroniques du Yeti par Pierrick Tillet le 8 octobre 2018

- Le déroulement de la présidentielle brésilienne illustre jusqu’à la caricature la tentative de l’empire US pour reprendre la main en Amérique du sud.

Dimanche au Brésil, le candidat de la droite pro US, Jair Bolsonaro [photo], est largement arrivé en tête (46,06%) devant le candidat de gauche par défaut (de Lula), Fernando Haddad, Parti des travailleurs (PT, 29,24%). Les commentateurs de gauche tentent de se rassurer en évaluant les chances de leur poulain de refaire son retard au second tour en réunissant la totalité des voix “progressistes” éparpillées.

 

Mais c’est un peu vite oublier la volonté de l’Oncle Sam voisin d’empêcher par tous les moyens toute élection démocratique d’un prétendant qui contrecarrerait les ambitions de l’empire US sur le continent sud-américain. La stratégie est des plus simplistes : ou vous votez démocratiquement pour des candidats qui nous sont favorables, ou on arrangera votre démocratie à notre sauce.

 

L’usure de certains candidats sortants de gauche favorise bien évidemment la première option US. Ce fut le cas avec l’élection à la régulière de Mauricio Macri en Argentine après le départ de Cristina Kirchner en 2015. ET il faut bien dire qu’en 13 années de pouvoir au Brésil, le PT avait accumulé bien des déceptions et rancœurs contre lui (au point que ce même même dimanche, l’ancienne présidente Dilma Rousseff a échoué dans sa tentative d’être élue sénatrice dans l’État de Minas Gerais.

 


- Trois méthodes radicales US pour “arranger” la démocratie

Les méthodes d'”arrangement démocratique” brillent par leur radicalisme très primaire :

  • la corruption d’élus au départ défavorables en principe au système : c’est d’évidence le cas en Équateur avec le président Lenin Moreno, successeur du trublion Correa en mai 2017 ; la tentative d’amadouer le président de Cuba, Raul Castro par un assouplissement de l’embargo semble elle avoir échoué ;
  • la destitution d’élus ou la disqualification de candidats défavorables, via des juges complaisants et sous de vagues prétextes de corruption avérée ou plus souvent supposée : Dilma Roussef, présidente destituée au Brésil en 2016, Lula, ex-président PT et grand favori de la présidentielle 2018, emprisonné pour douze ans en avril 2018 ; notez également les poursuites judiciaires envisagées ou même entamées pour empêcher les retours de Cristina Kirchner en Argentine ou de Rafael Correa en Équateur ;
  • enfin, au cas ou les deux solutions précédentes ne marcheraient pas, reste l’hypothèse du coup d’État bête et brutal  ouvertement envisagé par des responsables étatsuniens[1] contre le “régime” de Nicolás Maduro au Venezuela.

 

La détermination des États-Unis à reprendre la main sur sa chasse-gardée sud-américaine s’explique par le contexte géopolitique international. Marginalisé au Moyent-Orient et en Eurasie par l’axe constitué de la Russie, de la Chine et de l’Iran (sans oublier l’Inde et quelques autres pays émergents), l’empire US ne pouvait pas non plus se laisser manger la laine sur le dos aussi près de ses frontières.

 

L’urgence de réagir était d’autant plus vive que la fronde avait été amplement initiée par le Cuba de Castro, le Venezuela de Chavez, la Bolivie de Morales, l’Équateur de Correa, l’Argentine de Kirchner, le Brésil de Lula, l’Uruguay de José Mujica et maintenant le Mexique d’AMLO (Andrés Manuel Lôpez Obrador), “dangereux” président de gauche passé entre les mailles du filet de la CIA en juillet 2018 et dont vous pouvez être persuadé qu’il est sous étroite surveillance[2].

 

Note :

[1] Venezuela : des responsables américains ont envisagé de renverser Maduro

|2] Le président Lopez Obrador peut-il tirer le Mexique de son marasme ?

 

Pour en savoir plus :

- Chronologie des interventions américaines dans le monde

- Que cache la militarisation de l’Amérique Latine ?

- 11 septembre 73 : Salvador Allende était renversé par un coup d'Etat avec l'aide des Etats-Unis...

- AU BRÉSIL COMME AILLEURS, LES RICHES TOURNENT BRUNS

- Entretien avec Rafael CORREA, ancien président de l'Équateur : « Ils veulent exterminer la gauche »

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 14:56
Religion et politique : un couple infernal à séparer de toute urgence !

Loi du 9/12/1905, art 2 : " La République ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte "

 

Loin de moi l'idée de focaliser le débat sur une religion, mais, en France, Macron remet le débat sur la table en voulant " Organiser l'Islam de France " et " Poser les jalons de toute l'organisation de l'Islam de France ". A ce stade, il n'est pas inutile de rappeler que depuis la nuit des temps les religions ont été utilisées par des fous afin d'assouvir appétits de pouvoir et instincts meurtriers. Un prétexte bien commode puisque irrationnel. De l'Inquisition à Trump des terroristes ont semé la haine et la mort en leur nom. Il est urgent de les arrêter. Et, pour commencer, exigeons des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse mortifère !

 

Sources :  Le Grand Soir par  Claire VÉRILHAC | mis à jour le 21 mai 2020

- On l’a déjà oublié mais Donald Trump, à peine investi Président des Etats Unis, annonçait déjà la couleur.

Pour son premier voyage officiel, en mai 2017, il se rendait dans les trois États religieux que sont le Vatican, l’Arabie Saoudite et Israël !

 

Ainsi commencera sa "croisade" qui l’amènera à désigner Jérusalem capitale d’Israël, comme il l’avait promis durant sa campagne à la droite évangélique, la remerciant ainsi de son important soutien électoral.

 

Pied de nez au droit international, risque d’embrasement du Proche Orient, dangers de l’importation du conflit, haines et replis communautaires attisés, tout ça est de peu de poids face aux magouilles politiciennes.

 

 

- Et ce n’est pas nouveau. En tous temps et en tous lieux le pouvoir politique a utilisé les religions pour arriver à ses fins.

C’est bien au nom d’une religion que, dès le Moyen Age, les inquisiteurs ont torturé et tué des milliers d’hommes et de femmes. Sous prétexte de combattre les "hérésies" l’Inquisition était déjà l’instrument par lequel les monarques, alliés à l’église catholique, imposaient leur pouvoir par la violence.

 

Notons qu’il fallait une bonne dose de " mauvaise foi " pour commettre ces crimes au nom d’un Jésus de Nazareth dont le seul acte un peu brusque, aux dires mêmes de ses biographies que sont les Évangiles, est celui d’un Juif pieux renversant les tables des changeurs de monnaies au Temple de Jérusalem. Pas bien méchant !

 

De toute évidence la terreur semée par l’Inquisition vise davantage à maintenir un pouvoir temporel, remis en cause par les Cathares ou les Templiers, et la religion n’est là qu’un prétexte.

 

Même chose pour les milliers de morts de la St Barthélémy et des guerres dites "de religion". Car derrière le combat théologique de la Réforme protestante c’est une lutte plus décisive qui se mène, contre un pouvoir politique et matériel, bien réel, celui de l’Eglise, du Pape et ... du Roi. Et c’est surtout cela qu’il fallait réprimer par tous les moyens. C’est d’ailleurs l’analyse qu’en fera Engels trois siècles plus tard.

 

 

- On voit bien que dès que sont associés " pouvoir " et " religion " la volonté de semer la terreur (dérivé du latin " terrere ", faire trembler), c’est à dire le terrorisme, n’est jamais très loin.

C’est même le compagnon de route habituel.

 

Ainsi dans la Palestine sous mandat, entre 1920 et 1948, on parlera de " terrorisme sioniste " pour désigner les attentats à l’encontre des civils arabes et des forces de l’ordre britanniques, mais aussi de " terrorisme juif ". Alors s’agissait-il de semer la terreur au nom d’un nationalisme, le sionisme, ou pour imposer la seule présence en Palestine d’un foyer religieux juif ? Sans doute les deux comme nous le montre hélas la suite de l’Histoire.

 

L’horreur nazie, elle, a assassiné méthodiquement et industriellement des millions de Juifs au nom de leur religion. Mais, pour que nul ne puisse échapper à sa condition, elle a développé le concept de " race " afin qu’il ne s’agisse plus seulement de foi, de baptême, et donc de conversion possible, mais de " nature ". On retrouve cet  "enrobage " racial chez les suprémacistes blancs américains comme chez les antisémites.

 

Mais en Europe, et particulièrement en France, nombre de voix politiques et médiatiques flirtent dangereusement avec ces théories raciales, par exemple lorsqu’elles exigent des seuls Musulmans qu’ils se positionnent contre le terrorisme.

 

Demande-t-on à tous les Juifs de prendre parti contre les massacres de Palestiniens ? A tous les Catholiques de se dissocier les prêtres pédophiles ? Heureusement non bien sur. Ils le font, à titre individuel ou collectif, s’ils le jugent souhaitable. Mais on ne les assigne pas tous, à priori, à leur seule religion.

 

Les Musulmans sont devenus des cibles permanentes et les propos racistes à leur égard désormais monnaie courante. Dans le cadre de l’état d’urgence c’est au nom de leur religion (supposée) qu’ils ont été arrêtés, perquisitionnés ou assignés à résidence quand bien même on n’avait rien de spécial à leur reprocher. Des coupables potentiels " par nature" là aussi !

 

Ce sont pourtant eux les principales victimes du terrorisme et la simple décence voudrait qu’on cesse de parler de "terrorisme islamique" et d’associer ainsi, comme le souhaitent les assassins, leurs crimes à une religion.

 

L’université du Maryland (Etats-Unis) a recensé l’intégralité des attaques terroristes qui ont eu lieu à travers le monde entre 2001 et 2016. Celles-ci ont coûté la vie à 188 272 personnes, sans compter les auteurs des faits eux-mêmes, et fait plus de 340 000 blessés. Les pays les plus frappés sont l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan. Et les musulmans représentent 90 % des victimes !

 

Et la liste macabre s’est encore allongée depuis : 150 morts à Kaboul en juin 2017, 300 dans une mosquée d’Égypte récemment, etc ...

 

 

 

- Mais comment en est-on arrivés là ?

Les dirigeants occidentaux, États-Unis en tête, ont soutenu, et soutiennent, systématiquement les régimes religieux les plus rétrogrades : Talibans, Israël ou Arabie Saoudite. En parallèle ils se sont acharnés à détruire les régimes laïques : Irak, Libye ou Syrie semant chaos, déstabilisation politique durable de régions entières, guerres, terrorisme, cortèges de réfugiés ...

 

Ce choix délibéré devrait interroger nombre d’observateurs mais on en trouve peu de traces. Politiciens et media préfèrent fermer les yeux lâchement plutôt qu’analyser la proximité idéologique qui lie les obscurantistes de tous poils : fondamentalistes musulmans, sionistes juifs et extrême droite chrétienne étasunienne.

 

Cette "coalition" de fait est responsable d’innombrables victimes civiles. Il faut y ajouter la présence sur le terrain de millions d’armes et la formation par les Etats-Unis et leurs alliés de combattants au gré de leurs intérêts stratégiques (pétroliers, militaires ou politiques).

 

 

- Ces combattants vont se recycler et se multiplier dans des pays où la population est essentiellement musulmane et souvent traversée par des divisions internes. Ainsi va naître le terrorisme qu’on dit " islamique ".

D’abord en Afghanistan avec Al-Qaïda (littéralement " la base ") mais qui recrute souvent ailleurs ses candidats au suicide. Ainsi sur les 19 auteurs des attentats du 11 septembre aux Etats Unis, 15 sont saoudiens.

 

En représailles, et bien qu’aucun Irakien ne soit impliqué, les dirigeants des États-Unis vont mentir à la communauté internationale et à leurs propres citoyens afin d’attaquer ... l’Irak !

 

Décision lourde de conséquence puisqu’elle aboutira, une fois le pays dévasté, à la création de l’État Islamique en 2006.

 

Ce mouvement terroriste se revendique d’un courant religieux et prétend à l’établissement d’un État. Pour cela il va s’engager dans des guerres d’abord en Irak puis en Syrie. Une conquête territoriale qui sera menée par des locaux rejoints bientôt par des combattants venant d’un peu partout y compris de France. Avec toujours en parallèle des attentats suicide au Proche et Moyen Orient ainsi qu’en Europe.

 

En terre de tradition musulmane les cibles des terroristes sont essentiellement des soufies et des communautés réputées pour leur pratique d’un Islam non fondamentaliste mais tolérant et ouvert. En Europe leur objectif est surtout d’assurer la propagande médiatique et le recrutement de nouveaux adeptes, ce qui les conduit sans doute à revendiquer toutes tueries de masse, fussent-elles l’œuvre de criminels isolés.

 

Pour autant les cibles ne sont pas toujours choisies " au hasard ". Elles sont souvent en lien direct avec des religions comme l’école juive de Toulouse, la Synagogue de Copenhague, Charlie Hebdo après la diffusion des caricatures du Prophète, le musée juif de Bruxelles, le magasin Hyper Cacher à Paris ou encore le prêtre égorgé à Saint-Etienne de Rouvray.

 

Aux États-Unis les attentats contre des lieux de culte sont surtout l’œuvre de suprémacistes blancs. Comme en 2015 où un partisan revendiqué du nazisme et du Ku Klux Klan tuait neuf paroissiens dans une église de Charleston ou encore en 2017 où un homme massacrait 26 personnes dans une petite église du Texas.

 

Les EU détiennent d’ailleurs le record des tueries de masse. La forte présence de la religion dans l’espace public et la circulation des armes n’y sont pas étrangères bien sur, mais a amené de nombreux observateurs à s’interroger sur la personnalité des auteurs et leurs motivations. Quelles constantes relèvent-ils : dérangement mental, problèmes familiaux, inculture, embrigadement dans une organisation de nature sectaire souvent sous couvert religieux, parfois aussi des antécédents de violences domestiques, etc ...

 

 

 

- Mais il est un élément qui est commun à tous ces tueurs, qu’on les nomme terroristes ou pas, qu’ils soient étasuniens ou pas : ils sont tous candidats au suicide !

Et les religions sont sans doute le piège et le terreau idéal pour conduire des hommes fragiles à tuer et à se tuer (ou se faire tuer). Outre qu’elles offrent l’espoir d’un au-delà, elles apportent des réponses simplistes à des questions existentielles au fond légitimes. Et leurs versions fondamentalistes, qui visent à régir toute la vie des humains, trouvent chaque jour de nouveaux adeptes en quête d’identité dans un monde qui semble leur échapper.

 

Les religions ont tout à fait leur place dans notre culture en tant qu’œuvres littéraires au même titre que celles d’Aristote, Avicenne, Maïmonide, Descartes ou Spinoza. Car les trois religions du Livre, qui en réalité n’en sont qu’une, nous invitent à l’universalisme. Il y est question de notre fragile condition humaine et cela ne peut pas nous être totalement indifférent.

 

Encore faut-il interroger ces sources que sont la Bible, les Évangiles ou le Coran en les situant dans leur contexte historique, géographique et politique. Ce que font de passionnants exégètes talmudiques, coraniques, ou les penseurs de la Réforme par exemple.

 

Les fondamentalistes de tous poils rejettent, eux, ces analyses et n’admettent qu’une lecture au premier degré de ces textes, faisant fi du contexte dans lequel ils ont été écrits, opposant ainsi la croyance à la raison ce qui permet toutes les dérives. Ce serait de peu d’importance s’il ne s’agissait là que de quelques illuminés à qui on n’accorde pas un rôle politique majeur.

 

 

- Mais ce sont justement ces adeptes de l’ignorance qui sont au pouvoir

  • un président des EU redevable aux fondamentalistes chrétiens qui ont assuré son élection et qui rejettent en bloc la science, le savoir, le progrès ;
  • un premier ministre israélien qui s’appuie sur des textes vieux de 3 000 ans pour justifier colonisation, racisme, apartheid, massacres ...;
  • dirigeants saoudiens qui utilisent une religion pour s’affranchir du respect des droits humains fondamentaux.

C’est cette coalition obscurantiste qui décide de la marche du monde et qui fait son malheur !

 

C’est elle que les dirigeants français de tous bords ont choisi de soutenir. Or, elle est totalement illégitime, disqualifiée, pour combattre d’autres fondamentalistes et mettre fin à leurs crimes terroristes. Tous ces falsificateurs d’Histoire ont du sang sur les mains. Il est temps de leur rappeler.

 

 

- Cherchons donc à comprendre (sans vouloir aucunement excuser !) ce qui pousse ces politiciens à afficher publiquement des prises de position à caractère religieux, à s’en prendre à des croyants pour leurs convictions ou leurs pratiques, ou à se cacher honteusement derrière la laïcité pour faire passer un message raciste.

Manuel Valls, est en cela une sorte de caricature. Ancien Premier Ministre, actuel député, la religion est devenue son fond de commerce. De convictions politiques changeantes au gré des circonstances et de ses intérêts de carrière, il lui faut, pour continuer d’exister médiatiquement, affirmer par exemple sa proximité avec le judaïsme, inséparable selon lui d’un soutien indéfectible à la politique d’extrême droite israélienne, et évoquer sans cesse un "problème" musulman qui se nicherait partout, y compris sur ... les plages !

 

Cette volonté d’attiser les haines, les communautarismes, encourage toutes les intolérances et créée à coup sur de nouveaux adeptes pour toutes les sectes assassines.

 

Et cette escalade de la terreur est le climat idéal pour mettre en œuvre une politique aux relents totalitaires à base d’attaques contre les libertés, d’état d’urgence et autres remises en cause de droits qui sont l’honneur de notre pays, comme le droit d’asile.

 

 

https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 - Voilà où mène ce mariage contre nature entre religion et politique.

Il est grand temps de séparer ce couple infernal et la France s’est dotée d’un atout précieux, la laïcité, qui devrait lui permettre de jouer un rôle important en ce sens au niveau international.

 

La paix et la sécurité de tous sont en jeu. Les citoyens doivent le rappeler sans cesse à leurs représentants et exiger d’eux, pour commencer, des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse.

Pour en savoir plus :

- Organiser l'islam de France, la prochaine mission de Macron

- Comment dévoyer la laïcité sans lever les foules ? L’édulcorer, la falsifier… Dès l’école !

- Catherine Kintzler : « la laïcité a produit plus de libertés que ne l’a fait aucune religion investie du pouvoir politique »

- La gauche peut-elle être complice des religions ? " Nous assistons à un retour catastrophique des religions. Que le pouvoir politique de Macron s'en accommode, voire s'en félicite, ne doit pas nous étonner. Mais que la gauche, dont l'identité est laïque et fondée sur une critique rationnelle et raisonnable des méfaits des religions dans l'histoire, s'en fasse la complice est surprenant. Nouvelle défaite de la pensée progressiste ? "

- Kamel Bencheikh, écrivain : La laïcité, garantie d’un État moderne

- NON à un statut spécifique de #islam toutes les religions doivent être traitées de la même façon !

 

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 13:30
Gravure de 1886 parue dans le journal Harper's Weekly représentant la tragédie de Haymarket Square.

Gravure de 1886 parue dans le journal Harper's Weekly représentant la tragédie de Haymarket Square.

Sources : Black Friday | mis à jour le 11/08/2021

Le Black Friday (littéralement : « Vendredi noir ») peut désigner le vendredi , quand furent exécutés quatre des huit militants de gauche (socialistes et anarchistes) arrêtés après l'explosion d'une bombe lors du rassemblement politique de Haymarket Square, le 4 mai 1886 à Chicago, point culminant de la lutte pour la journée de huit heures aux États-Unis et un élément majeur de l'histoire de la fête des travailleurs du1er mai[5].

 

Cette manifestation était la réponse des ouvriers de la ville à la répression policière qui avait sévi quelques mois plus tôt, le 3 mai 1886, lors de la grève des ouvriers des usines Mc Cormick, faisant deux morts parmi ceux-ci. Le lien entre les militants et l'attentat ne fut jamais clairement établi[1].

 

 

-

Retour au à Chicago : la grève qui a commencé le 1er mai se poursuit aux usines McCormick.

À proximité se tient un meeting des ouvriers du bois où interviennent divers orateurs (dont les anarchistes Samuel Fielden et August Spies). Des affrontements se produisent lorsque des grévistes, désirant chasser les « jaunes » embauchés par Mc Cormick pour briser la grève, sont accueillis par les détectives de l’agence Pinkerton et la police armée de fusils à répétition. Deux ouvriers trouvent la mort et cinquante sont blessés (le Chicago Daily News en avait annoncé six). Le lendemain, le meeting de protestation à Haymarket Square se termine lui aussi en drame.

 

 

« The Haymarket Martyrs ».

« The Haymarket Martyrs ».

- Le procès

Le procès s'ouvre le 21 juin 1886 à la cour criminelle du comté de Cook (Illinois) dans le centre de Chicago. C'est avant tout le procès des anarchistes et du mouvement ouvrier. La sélection du jury compte par exemple un parent du policier tué. Le procureur Julius Grinnel déclare ainsi lors de ses instructions au jury :

« Il n'y a qu'un pas de la République à l'anarchie. C'est la loi qui subit ici son procès en même temps que l'anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu'ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent.
Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d'eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société.
C'est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l'anarchie, ou non. »

 

Le 19 août, tous sont condamnés à mort, à l'exception d'Oscar Neebe qui écope de 15 ans de prison. Un vaste mouvement de protestation international se déclenche. Les peines de mort de Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden sont commuées en prison à perpétuité (ils seront tous les trois graciés le 26 juin 1893 après six années de prison ou de pénitencier). Louis Lingg a lui aussi été condamné à mort mais se suicide en prison[2].

 

Quant à Auguste Spies, George Engel, Adolph Fischer et Albert Parsons, ils sont pendus le 11 novembre 1887. Les capitaines d'industrie purent assister à la pendaison par invitation.

 

Ce n'est qu'en 1893 que les condamnés furent innocentés et réhabilités par le gouverneur de l'Illinois John Peter Altgeld, Celui-ci confirma que c'était le chef de la police de Chicago, Bonfield, qui avait tout organisé, et même commandité l'attentat pour justifier la répression qui allait suivre et le jugeant responsable de l'attentat par les brutalités qu'il a lui-même commises envers la population[3].

 

Plaque commémorative.

Plaque commémorative.

L'événement connut une intense réaction internationale et fit l'objet de manifestation dans la plupart des capitales européennes. George Bernard Shaw déclara à cette occasion :

« Si le monde doit absolument pendre huit de ses habitants, il serait bon qu'il s'agisse des huit juges de la Cour suprême de l'Illinois[4] »

 

Notes :

[1] Normand Baillargeon, L'ordre moins le pouvoir, Agone, p. 100.

[2] (en) Nicolas Lampert, A People s Art History of the United States: 250 Years of Activist Art and Artists Working in Social Justice Movements, The New Press, (ISBN 9781595589316, lire en ligne).

[3] (en) John Peter Altgeld, « Reasons for pardoning Fielden, Neebe and Schwab », Haymarket Affair Digital Collection, Chicago Historical Society, .

[4] Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis, Agone, 1980, trad. fr. 2002, p. 314.

[5] Certes, si cette parenté n’est pas entièrement dénuée de tout fondement, elle n’est pas tout à fait exacte, car elle masque, en réalité, la place éminente qu’occupe le mouvement ouvrier français dans la genèse de cette histoire.... lire la suite...

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11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 10:35
Brzezinski est mort, je ne vais pas, moi non plus le pleurer

Zbigniew Brzezinski est mort ce 26 mai 2017, à l’âge de 89 ans. Cet homme est l’instigateur de la guerre en Afghanistan, celui qui – pour la CIA – a inventé le concept moderne du djihad, en soutenant les opposants à Najibullah le Président afghan de l’époque.

 

Sources : Le Grand * Soir par Selma BENKHELIFA

L’Afghanistan était pourtant résolument tourné vers la modernité. Les femmes y travaillaient, les filles y allaient à l’Université. Le pays avait sa propre compagnie aérienne. Une agriculture florissante en faisait le premier exportateur de fruits d’Asie centrale.

 

 

- Mais Zbigniew Brzezinski est arrivé. Et le drame a commencé.

Dans une longue interview, il admet avoir écrit une note au président Carter selon laquelle si la CIA aidait les Moudjahiddines, traduisez les « soldats de la Religion », cela entraînerait une réaction des Soviétiques, qui voudraient soutenir le Président Najibullah.

 

L’idée n’était pas de réellement mettre les moudjahiddines au pouvoir, mais de créer une guerre civile qui forcerait l’intervention russe. Et l’idée a marché.

 

L’armée soviétique envahit l’Afghanistan, le 24 décembre 1979, quelques mois après la note de Brzezinski à Carter.

 

Heureux de son succès, Brzezinski écrira à Carter « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. »

 

La guerre en Afghanistan n’a pas cessé depuis. Le pays exsangue ne s’est jamais remis des plaies causées par les combats fratricides qui l’ensanglantent encore aujourd’hui.

 

Des années plus tard, lorsqu’un journaliste du Nouvel Observateur interroge Brzezinski sur d’éventuels regrets, il répondra imperturbable :

« Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège Afghan et vous voulez que je le regrette ? »[1]

 

Le journaliste surpris insiste : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste,d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

 

Et Zbigniew Brzezinski répond : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes où la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

 

Les « excités islamistes » ne font pas peur à la CIA, ni aux Présidents des États-Unis qui se sont succédé.

 

Ce sont tout au plus des mercenaires dont on se sert et puis qu’on jette quand ils ne sont plus utiles. Ce sont des terroristes parce qu’ils terrorisent les gens du commun, vous, moi, ceux et celles qui partent travailler en métro ou qui vont à un concert. Ils ont terrorisés les habitants de Kaboul, d’Alger et d’Alep. Ils ne terrorisent pas les puissants de ce monde, qui sont très satisfaits de les voir faire le sale boulot et les aider à justifier leurs guerres et leurs atteintes à nos droits.

 

 

- On pourrait penser que c’est de l’histoire ancienne, un cours sur la Guerre Froide, mais Brzezinski a continué à sévir des années durant.

Il a aussi été conseiller du Président Obama.

 

Alors comment ne pas faire le rapprochement entre ce que la CIA a fait pour manipuler l’URSS et pousser les Soviétiques dans une guerre en Afghanistan et ce qui se passe en Syrie ?

 

Nous sommes tous et toutes victimes de la même manipulation, de Bruxelles à Damas, de Kaboul à Manchester.

 

Brzezinski est mort, je ne vais pas le pleurer, je voudrais juste qu’on se rappelle le manipulateur pervers qu’il a été et sa responsabilité dans tant d’années de guerres et de barbarie. Si certains hommes ont rendu le monde meilleur, Brzezinski fait assurément partie de ceux qui l’ont rendu pire.

 

Pour en savoir plus :

- [1] Le Nouvel Observateur, 15/01/1998

Le Nouvel Observateur, 15/01/1998

Le Nouvel Observateur, 15/01/1998

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6 juin 2017 2 06 /06 /juin /2017 20:37
Donald Trump est le visage de notre idiotie collective

Impopulaire, Donald Trump ? Oui, mais dans son propre électorat, sa cote reste forte, 85% en moyenne, et les Républicains ont la majorité au Congrès, à la Chambre des Représentants comme au Sénat. Pour le journaliste militant Chris HEDGES, nous refusons de voir l’effondrement qui vient. Donald J. TRUMP n’est pas la maladie, il est le symptôme. Nous vous proposons la traduction de son article publié sur Truthdig, « Le Règne des idiots », qui fait penser au film formidable de Mike Judge, IDIOCRACY (2006)[2].

 

Sources : Là-bas si j'y suis par Chris Hedges

-

« Les idiots prennent le pouvoir dans les derniers jours d’une civilisation qui s’effondre. »

« Les généraux idiots mènent des guerres sans fin, vouées à l’échec, qui mènent la nation à la faillite. Les économistes idiots appellent à réduire les impôts pour les riches et à supprimer les aides sociales pour les pauvres, et se projettent dans une croissance économique fondée sur un mythe. Les industriels idiots empoisonnent l’eau, le sol et l’air, détruisent les emplois et réduisent les salaires. Les banquiers idiots misent sur des bulles financières auto-créées, et infligent des dettes qui paralysent les citoyens. Les journalistes et les intellectuels idiots prétendent que le despotisme est la démocratie. Les agents de renseignements idiots orchestrent le renversement de gouvernements étrangers pour y créer des enclaves sans foi ni loi qui créeront des fanatiques enragés. Les professeurs, les « experts » et les « spécialistes » idiots s’affairent dans un jargon incompréhensible et des théories ésotériques qui soutiennent la politique des dirigeants. Les artistes et les producteurs idiots créent d’épouvantables spectacles sexuels, horrifiques et fantastiques.

 

Certaines étapes bien connues aboutissent à l’extinction. Nous sommes en train d’en cocher toute la liste.

 

Les idiots ne connaissent qu’un seul mot – « plus ». Ils ne s’encombrent pas du bon sens. Ils amassent des richesses et des ressources jusqu’à ce que les travailleurs ne puissent plus gagner leur vie et que les infrastructures s’effondrent. Ils vivent dans des environnements privilégiés, où ils mangent du gâteau au chocolat en donnant l’ordre d’envoyer des missiles. Ils considèrent l’État comme un prolongement de leur vanité. Les dynasties romaine, maya, française, Habsburg, ottomane, Romanov, Wilhelmine, Pahlavi et soviétique se sont effondrées à cause des caprices et des obsessions de ces idiots au pouvoir.

 

 

-

Donald Trump est le visage de notre idiotie collective.

Ce qui se cache derrière le masque de notre civilisation et de sa rationalité déclarée – un mégalomane bafouillant, narcissique, assoiffé de sang. Il utilise l’armée et la flotte contre les damnés de la terre, il ignore joyeusement la misère humaine catastrophique causée par le réchauffement climatique, il pille au nom de l’oligarchie mondiale, puis le soir, il s’assoit devant sa télévision, la bouche ouverte, avant d’ouvrir son « joli » compte Twitter. C’est notre version de l’empereur romain Néron, qui avait alloué de vastes dépenses de l’État pour obtenir des pouvoirs magiques, de l’empereur chinois Qin Shi Huang, qui avait financé de multiples expéditions sur l’île mythique des immortels pour en ramener la potion qui lui aurait donné la vie éternelle, ou encore d’une royauté russe en décomposition, assise autour d’un jeu de tarot et d’une séance de spiritisme pendant que leur nation était décimée par la guerre et que la révolution grondait dans la rue.

 

Ce moment marque la fin d’une longue et triste histoire de cupidité et de meurtre de la part des Blancs. Il était inévitable que, pour ce spectacle final, nous régurgitions un personnage grotesque tel que Trump. Les Européens et les États-Uniens ont passé cinq siècles à conquérir, piller, exploiter et polluer la Terre au nom du progrès de l’humanité. Ils ont utilisé leur supériorité technologique pour créer les machines de mort les plus efficaces de la planète, dirigées contre n’importe qui et n’importe quoi, surtout contre les cultures autochtones qui se trouvaient sur leur chemin. Ils ont volé et amassé les richesses et les ressources de la planète. Ils ont cru que cette orgie de sang et d’or ne finirait jamais, et ils y croient encore. Ils ne comprennent pas que la triste morale d’une expansion capitaliste et impérialiste sans fin condamne les exploiteurs autant que les exploités. Mais, alors même que nous sommes au bord de l’extinction, nous n’avons pas l’intelligence et l’imagination de nous libérer de cette évolution.

 

Plus les signes avant-coureurs sont palpables – hausse des températures, effondrements financiers mondiaux, migrations de masse, guerres sans fin, empoisonnement des écosystèmes, corruption rampante de la classe dirigeante –, plus nous nous tournons vers ceux qui scandent, par idiotie ou par cynisme, le même refrain, selon lequel ce qui a fonctionné par la passé fonctionnera à l’avenir, que le progrès est inévitable. Les preuves factuelles, qui sont un obstacle à ce que nous désirons, sont bannies. Les impôts sur les sociétés et sur les riches, qui ont désindustrialisé le pays et transformé plusieurs de nos villes en ruines, diminuent, et on casse la régulation, dans le but de nous ramener à un hypothétique âge d’or des années 1950 pour travailleurs américains blancs. Des terrains publics sont ouverts à l’industrie pétrolière et gazière, dont la hausse des émissions de carbone va faire périr notre espèce. La baisse des rendements agricoles due aux canicules et aux sécheresses est ignorée. La guerre est l’activité principale de l’État kleptocratique.

 

Donald Trump est le visage de notre idiotie collective

En 1940, à l’apogée du fascisme européen et alors que la guerre devenait mondiale, Walter Benjamin écrivait :

« Il existe un tableau de Klee qui s’intitule Angelus novus. Il représente un ange qui semble avoir dessein de s’éloigner de ce à quoi son regard semble rivé. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. Tel est l’aspect que doit avoir nécessairement l’ange de l’histoire. Il a le visage tourné vers le passé. Où paraît devant nous une suite d’événements, il ne voit qu’une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d’amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si forte que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l’avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu’au ciel devant lui s’accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. » [1]

 

 

-

La pensée magique n’est pas limitée aux croyances et aux pratiques des cultures pré-modernes.

C’est ce qui définit l’idéologie du capitalisme. Les quotas et les ventes prévues peuvent toujours être satisfaites. Les bénéfices peuvent toujours être atteints. La croissance est inévitable. L’impossible est toujours possible. Les sociétés humaines, si elles s’inclinent devant les impératifs du marché, entreront dans le paradis capitaliste. C’est seulement une question de bonne attitude et de bonne technique. Quand le capitalisme prospère, on nous assure que nous prospérerons. L’individu s’est fondu dans l’organisation capitaliste, ce qui nous a privé de notre pouvoir, de notre créativité, de notre capacité à la réflexion personnelle et à l’autonomie morale. Nous définissons notre valeur, non par notre indépendance ou notre caractère, mais par les standards matériels établis par le capitalisme – richesse personnelle, grandes marques, avancement de carrière et de statut social. Nous sommes modelés dans un conformisme et un refoulement collectifs. Ce conformisme de masse est caractéristique des États totalitaires et autoritaires. C’est la disneyisation de l’Amérique, la terre des pensées éternellement heureuses et des attitudes positives. Et quand la pensée magique ne fonctionne pas, on nous dit – et souvent on l’accepte – que le problème, c’est nous. Nous devons avoir plus de foi. Nous devons envisager ce que nous voulons. Nous devons faire plus d’efforts. Le système n’est jamais à blâmer. Nous avons échoué. Pas lui.

 

Tous nos systèmes d’information, des gourous du coaching personnel à Hollywood, en passant par ces monstruosités politiques telles que Trump, nous vendent cette poudre de Perlimpinpin. Nous refusons de voir l’effondrement qui vient. L’illusion dans laquelle nous nous réfugions est une opportunité pour ces charlatans qui nous disent ce que nous voulons entendre. La pensée magique qu’ils adoptent est une forme d’infantilisme. Elle discrédite les faits et la réalité, que rejette l’hypocrisie éclatante de slogans comme « Rendre sa grandeur à l’Amérique. » La réalité est bannie par un optimisme impitoyable et sans fondement.

 

La moitié du pays peut vivre dans la pauvreté, les libertés individuelles peuvent nous être enlevées, la police militarisée peut assassiner des citoyens désarmés dans les rues et nous avons beau avoir le système carcéral le plus grand du monde et la machine de guerre la plus meurtrière, toutes ces vérités sont pourtant soigneusement ignorées. Trump incarne l’essence même de ce monde pourri, en faillite intellectuelle et immoral. Il en est l’expression naturelle. Il est le roi des idiots. Nous sommes ses victimes. »

 

Notes

- [1] Walter Benjamin, Thèses sur la philosophie de l’histoire, éditions Denoël, 1971

- [2] En 2006 sortait Idiocracy, un film de Mike Judge : l’histoire d’un soldat ordinaire cryogénisé dans le cadre d’un programme d’hibernation, et qui se réveille en 2505, dans un monde où tout le monde est devenu idiot, et où il devient l’homme le plus intelligent du monde… 10 ans plus tard, après l’investiture de Donald J. Trump comme candidat républicain, le co-scénariste du film, Etan Cohen, écrivait : « Je ne pensais pas qu’Idiocracy deviendrait un documentaire »

 

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16 décembre 2016 5 16 /12 /décembre /2016 09:13
États-Unis - Pourquoi la classe ouvrière blanche se révolte : le néolibéralisme est en train de la tuer… littéralement (Truth Dig)

Depuis huit ans c’est le Parti Démocrate qui incarne l’Establishment, et on peut dire que les Clinton l’incarnent depuis 24 ans. Depuis la fin des années 1990, les membres de la classe ouvrière blanche titulaires au mieux d’un diplôme d’études secondaires ont vu leur espérance de vie chuter considérablement, au point qu’ils sont en train de mourir à un rythme bien plus rapide que les statistiques ne le prévoient.

 

Source : Le Grand Soir par Juan COLE[1]

Voici un an, Anna Case et Angus Deaton, économistes à l’Université de Princeton, ont publié une étude aux résultats saisissants ; depuis 1999, le taux de mortalité chez les Étasuniens blancs âgés de 45 à 54 ans est en augmentation constante.

 

 

-

Le constat est pire encore quand on sait que dans le même temps le taux de mortalité était en diminution pour la population dans son ensemble.

L’une des raisons principales à cette augmentation est la forte consommation d’opioïdes et autres drogues pouvant conduire à l’overdose, mais également les maladies hépatiques causées par une consommation excessive d’alcool et un taux de suicide relativement élevé. Ces problèmes étaient particulièrement graves parmi la classe ouvrière et les Blancs vivant en milieu rural de niveau d’études secondaire ou inférieur. De récentes études ont montré que ce phénomène touchait également les plus jeunes dans cette classe sociale, jusqu’aux trentenaires. Manifestement, c’est la perte des emplois manufacturiers bien rémunérés qui était la raison essentielle de ce désespoir.

 

Si l’on prend 1999 comme année de référence, selon une autre étude récente de la Commonwealth Foundation, les travailleurs blancs « ont des revenus inférieurs, moins d’entre eux ont un emploi, moins d’entre eux sont mariés ». Dans cette étude, d’autres causes aux taux de mortalité que celles citées plus haut sont mises en avant, mais sans contredire les résultats de l’équipe de Princeton. On trouvera ci-après le graphique :

 

États-Unis - Pourquoi la classe ouvrière blanche se révolte : le néolibéralisme est en train de la tuer… littéralement (Truth Dig)

La seule comparaison qui me vienne à l’esprit est celle de la Russie des années 1990, après l’effondrement de l’Union Soviétique. La Fédération de Russie, qui comptait 150 millions d’habitants en 1990, a vu ce chiffre chuter à 144 millions. Avec la fin de l’Union Soviétique, c’est la confiance en l’avenir qui s’est écroulée ; avec la fin de l’ancien système économique, c’est le chômage de masse qui est apparu. Dès lors les Russes ont cessé de faire des enfants et se sont noyés dans l’alcool.

 

Le néolibéralisme (à savoir : politiques sociales abandonnées aux forces du marché et entreprises explicitement encouragées à délocaliser, avec pour conséquence augmentation des bénéfices mais chute des emplois industriels sur place) a eu à peu près les mêmes effets sur le classe ouvrière blanche que la chute du système soviétique sur la classe ouvrière russe. Détaillons le sort qu’a connu le secteur industriel étasunien dès lors que les politiques néolibérales ont gagné la partie :

États-Unis - Pourquoi la classe ouvrière blanche se révolte : le néolibéralisme est en train de la tuer… littéralement (Truth Dig)

Les gens qui nous expliquent que la classe ouvrière aux EU est privilégiée, avec trop d’avantages sociaux et des salaires trop élevés, ceux-là me mettent en rage. Les travailleurs allemands sont bien payés et bénéficient d’avantages sociaux substantiels, et pourtant l’industrie allemande est bien plus prospère que la nôtre.

 

 

- Le problème, c’est bel et bien la politique globale mise en œuvre par notre gouvernement.
Mark Levinson, du Congressional Research Service, explique pour sa part que :

  • La part des EU dans l’activité industrielle mondiale s’est effondrée, passant de 28% en 2002, après la récession américaine de 2001, à 16,5% en 2011. Depuis cette date, elle est remontée un peu pour atteindre 17,2%. Ces estimations sont calculées sur le volume industriel de chaque pays exprimé en dollars ; la baisse s’explique en partie par la chute de 23% du dollar entre 2002 et 2011, et la hausse d’après 2011 en partie par la remontée du même dollar.
  • La Chine a pris aux EU la première place au tableau des plus grandes nations industrielles en 2010. Là encore, la progression de la Chine s’explique en partie par la hausse du yuan par rapport au dollar.
  • La production industrielle, mesurée en monnaies locales et corrigées de l’inflation, a progressé au cours de la dernière décennie plus lentement aux Etats-Unis qu’en Chine, au Japon, en Allemagne ou au Mexique.

 

 

-

Et au premier rang des promoteurs du système néolibéral figure le couple Clinton.
Ici, un intermède ironique : s’il y a une chose qui a pu aider les Blancs de la classe ouvrière face à la multiplication de leurs problèmes de santé, c’est bien l’Obamacare. Mais les congrès des Etats à majorité républicaine ont tout fait pour l’empêcher, se rendant objectivement complices de leur colère, le parti Républicain n’ayant jamais accepté que cette population puisse même avoir une protection sociale. (Ce parti, au fond, ne représente que le grand patronat, qui ne voulait pas mettre la main à la poche pour cela).

 

C’est bien la colère de ces travailleurs qui explique le côté imprévisible de l’élection de 2016, puisqu’ils ont très majoritairement voté Donald Trump. (Bien d’autres groupes sociologiques ont voté pour ce dernier, mais beaucoup étaient des électeurs républicains traditionnels ; la classe ouvrière blanche, en revanche, votait massivement Démocrate.)

 

 

-

Ce qui les a séduits dans le message de Trump ?

  1. Le protectionnisme et la critique violente de partenaires commerciaux tels la Chine et le Japon, que Trump et ses partisans accusent d’avoir accumulé des avantages commerciaux déloyaux.
  2. Les attaques sur l’ALENA et le Traité Transpacifique, et l’accent mis sur les parts de marché et les emplois perdus au bénéfice du Mexique ou de le Chine.
  3. Les attaques contre Hillary Clinton au sujet de ses discours fort bien payés pour le compte des grandes banques de Wall Street, les mêmes dont les magouilles ont valu à beaucoup de travailleurs blancs de perdre leur maison.
  4. Le racisme anti-immigrant, le sentiment de perdre emplois et suprématie culturelle au bénéfice des nouveaux arrivants.

 

Le refus du Parti Démocrate de bouger ne serait-ce que le petit doigt contre Wall Street après les méga-scandales financiers à partir de 2009 lui est revenu comme un boomerang. En d’autres termes, les Clinton se sont trouvés étroitement mêlés aux politiques mêmes dont les travailleurs blancs considéraient qu’elles avaient détruit leur vie. Et en toute objectivité, ce sentiment n’était pas faux.

 

Et la classe ouvrière blanche a donc puni le Parti Démocrate pour n’être pas un parti de gauche.

 

Note :

[1] Traduit de l’anglais (EU) par Coraline BONNET et Théo FASILLEAU, sous la supervision de Jean-Charles KHALIFA

 

Pour en savoir plus :

- Les inégalités entre Noirs et Blancs aux Etats-Unis restent très élevées

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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 09:10
Pas Trump ni Clinton mais... SANDERS et MELENCHON

Les medias font leur une sur ce non-événement qu’est la victoire, qu’ils n’avaient pas plus prévue que les sondages, de Trump sur Clinton.

 

Sources : Le blog de Michel par Michel

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USA-France comparons ce qui est comparable et regardons peut être plutôt les phénomènes Sanders et Mélenchon.

Le peuple américain a montré son ras le bol des oligarchies et s’est reporté sur un ersatz de candidat du peuple qui s’opposait à un candidat de la même oligarchie. La vulgarité, les propos outranciers ont vaincu l’hypocrisie et les faux semblants…. La comparaison avec une situation possible identique ici s’arrête là. Le système électoral US n’a rien à voir avec le système français, les primaires ne font pas partie du système français. Trump n’est ni Sarkozy ni Le Pen, sans doute une combinaison complexe des deux, Clinton n’est ni Hollande ni Macron, sans doute un savant et mystérieux dosage de chacun.

 

 

-

Pour le reste, cette situation qui n’est pas la nôtre est cependant source de réflexions utiles pour notre propre réalité.

Elle illustre de façon lumineuse cette réalité des primaires que le PG et Mélenchon ont eu 1 000 fois raison de refuser. Piège si bien dénoncé dans l’excellent livre d’Alexis Corbière, il a conduit à coup de réflexes, de possibles tricheries, de coups médiatiques et d’influence de sondages qui là-bas comme ici n’ont que la valeur de l’instant T et de l’orientation de vote qu’ils donnent, à éliminer de la course celui qui peut-être, aurait été le vainqueur de ce scrutin : Bernie Sanders.

 

Ces primaires que PS comme « Républicains » veulent à tout crin instaurer dans notre paysage politique et qui ont contaminé jusque chez les Verts et une grande partie du PCF, comportent le même risque de perversité, celui d’écarter toute voix discordante de la majorité de soutien des oligarchies auxquelles la 5ème République a donné la place centrale.

 

Sanders a été éliminé du jeu par cette logique, Mélenchon a eu la clairvoyance de ne pas y entrer et de mener campagne avec le seul acteur réel de la vie démocratique: le peuple.

Mais nous aimerions tant que la comparaison là aussi s’arrête ici.

Sanders a été victime de la logique des primaires, celle qui l’a conduit au choix du réalisme sur celui de renverser la table et à se rallier, sans doute trop vite, au vainqueur de la primaire démocrate au lieu de continuer le combat, seul s’il le fallait.

 

 

-

La situation de Jean-Luc Mélenchon n’est pas du tout identique.

Même s’il bénéficie de notre choix de ne pas jouer ce jeu des primaires et que la situation de confusion de tous ceux qui à gauche se sont enlisés dans cette affaire  lui profite de manière spectaculaire, soyons vigilants sur divers aspects qui ne sont ni en aucun une remise en cause de mon soutien total mais qui se veulent une contribution à un débat positif et souhaitable.

 

  • Nous devons mesurer les écueils comme celui des blocages de parrainages soit par intimidation des maires comme le fait le PS soit par attente de la décision du PCF dans une arlésienne qui a aussi ce but et continuer sans relâche notre investissement personnel mairie par mairie..

 

  • Nous devons nous méfier de nos propres démons,

- celui de calculer les éléments de la victoire en cherchant les soutiens politiques comme ce déchaînement à vouloir absolument ramener le PCF à un soutien alors que les divergences notamment sur le terrain écologiste et sur les institutions sont connues et, pour le moment, non conciliables.

- celui de vouloir coller au réalisme économique en laissant une porte de négociation à la sortie des traités européens ou en ne prenant pas la seule logique d’augmentation du SMIC qui est la revendication compréhensible et porteuse de la CGT à savoir : 1 800 € bruts.

- celui de vouloir apparaître hyper légaliste en voulant absolument passer par un article de la Constitution de la 5ème pour décider de l’axe fondamental du programme à savoir la convocation de la Constituante, point qui devrait être le symbole du "je ne céderai pas" et êtres convoquée comme prévu le lendemain de l'investiture, mettant ainsi le système devant ses propres contradictions.

- celui de s’inscrire dans un sentiment du peuple, plutôt que dans une analyse rigoureuse, qui consiste à consacrer comme idée neuve celle des tenants de l’anti vocable de gauche, de l’anti parti ou les adeptes d’un tirage au sort dangereux pour la démocratie elle-même.

 

Non, les USA ne sont pas la France et oui nous avons avec la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon une chance, sans doute unique, de renverser la table comme aurait dû pouvoir le faire Sanders. Ne la gâchons pas en négligeant de nous poser sans cesse les questions sur les quelques écueils qui peuvent faire la différence…

 

 

Leçon 1 : les primaires sont une machine à museler l’énergie populaire !

Leçon 2 : la droitisation de la droite est une pente sans limite.

Leçon 3 : la droitisation de la « gôche » est un désarmement unilatéral.

Leçon 4 : les « démocrates » sont le problème, pas la solution, pour qui veut barrer la route à ce qui monte de partout en Europe et en France.

Leçon 5 : il faut descendre d’urgence du train fou atlantiste.

  • Vite, montrer au monde qu’on peut faire autre chose, autrement.
  • Nous le pouvons en 2017.
  • Avec la France Insoumise, rejetez les Clinton français : vous vous éviterez la honte d’être les fourriers des Trump locaux !

(J.L. Mélenchon)

 

 

 

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Mercredi 9 novembre 2016, Jean-Luc Mélenchon participait à une édition spéciale sur les élections américaines après la victoire de Donald Trump.

Il a dénoncé ceux qui ignorent les aspirations du peuple et a affirmé qu'Hilary Clinton ne représentait pas les progressistes.

 

 

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Vous voulez une preuve de plus pour voir que le seul rempart contre le FN est Jean-Luc Mélenchon comme Sanders l'aurait été face à Trump !!

Pas Trump ni Clinton mais... SANDERS et MELENCHON
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11 octobre 2016 2 11 /10 /octobre /2016 08:07
Photo: Zuma / TASS

Photo: Zuma / TASS

Comme le rapporte l’agence « Xinhua », au sommet du « G20 » la Chine[1] a proposé au monde un nouveau modèle de gestion de l’économie mondiale. Les jalons essentiels en sont consignés dans un document appelé « le consensus de Hangzhou ». Fait intéressant, « Xinhua », constate une bonne compréhension du projet par les autres membres du G20.

 

Sources : Le site du Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Andreï Ivanov, traduit du Russe par Marianne Dunlop

Formellement, à la rencontre de Hangzhou[2] rien d’extraordinaire ne s’est passé. Les médias ont rapporté que les dirigeants du monde ont discuté entre eux des problèmes les plus aigus, mais ne disent pas quelles mesures pratiques ont été envisagées. Par exemple, dans le cadre de diverses réunions, Hollande, Merkel, Obama et Poutine ont discuté de la Syrie et de l’Ukraine. Mais en fait, il semble que tout reste inchangé, rien n’a été expressément convenu, et chaque Etat continuera à tenir sa ligne. La même chose peut être dite sur les problèmes de l’économie mondiale. Bref, on s’est rencontré, on a parlé et on est reparti. Le sommet du G20 dans la conscience de masse est associé à une espèce de « club d’élite », et non une autorité qui prendrait des décisions politiques.

 

Par conséquent, le message de « Xinhua » mérite une certaine attention. Il apparaît, selon l’agence, que « grâce aux efforts de la Chine, au sommet du G20 à Hangzhou pour la première fois une place importante dans les politiques macro-économiques mondiales a été accordée aux questions de développement, pour la première fois a été élaboré un plan d’action pour la mise en œuvre d’un développement durable à l’horizon 2030 ». Autrement dit, avant les dirigeants du monde se réunissaient seulement pour parler, mais en Chine, ils ont commencé à travailler sérieusement.

 

« Cela signifie que les fruits du développement économique ne doivent pas seulement profiter à un petit nombre de personnes ou de pays, mais que tous les pays doivent en tirer profit, indépendamment du fait qu’ils soient pauvres ou riches, développés ou sous-développés. Là est le problème de l’économie mondiale « , – a commenté Zhao Xijun, Vice-Président de l’Académie des finances de l’Université Populaire de Chine.

 

Étant donné la retenue traditionnelle des médias chinois dans leurs formulations, on peut conclure que la Chine prépare un modèle fondamentalement nouveau de l’ordre mondial.

 

 

- Nous pouvons essayer d’imaginer quelle sera son essence.

L’économie mondiale ralentit sa croissance. Cela s’est produit d’abord dans les pays développés, et il y avait de l’espoir pour la croissance dans les pays en développement. Mais, plus récemment, il est devenu clair que cet espoir ne se justifiait pas. Qu’est-ce qui peut relancer l’économie mondiale ? Certains disent les nouvelles technologies. Toutefois, les gains de productivité ne suppriment pas le problème de la saturation des marchés. En Europe déjà certaines banques commerciales concèdent des prêts à intérêt négatif, à tel point dans le monde d’aujourd’hui il est devenu difficile de trouver une utilisation à l’argent.

 

Le problème, bien sûr, n’est pas l’absence physique de consommateurs. C’est juste que le modèle actuel est basé sur la croissance effrénée de la consommation dans les pays riches et laisse de côté des centaines de millions de personnes dans les pays pauvres, en fait exclus de l’économie mondiale. Pour la reprise de la croissance il est nécessaire de créer la demande des consommateurs en Afrique, dans les pays les plus pauvres d’Asie et d’Amérique latine. Mais cela signifie que nous devrions réduire les disparités entre les différentes régions du monde et abandonner l’ancien modèle.

 

La nouvelle économie doit être basée non pas sur la croissance de la consommation, mais sur la fourniture du nécessaire à tout le monde. Cela suppose d’économiser l’énergie et les ressources, et de transférer la motivation pour le travail des besoins aux capacités de chacun.

 

Le modèle actuel repose sur le dollar, et il est basé sur l’inégalité. En outre, les pays les plus prospères, plutôt que produire eux-mêmes, gèrent la redistribution des résultats du travail des autres et des ressources des autres. Changer le système n’est possible qu’en renonçant au dollar.

 

Il n’est pas difficile de deviner qu’en qualité de nouvelle monnaie mondiale, la Chine envisage le yuan. A propos, au dos des billets d’un yuan est représenté le Lac de l’Ouest, situé au centre de Hangzhou. On peut dire que le lieu du G20 chinois n’a pas été choisi au hasard. Les experts disent que l’image sur le billet de banque est un symbole de l’unité du ciel, de la terre et de l’homme. Cela est tout à fait différent des symboles ouvertement maçonniques au verso du dollar sur un fond de toile d’araignée qui semble envelopper le monde.

 

La seule chose que l’on peut contester parmi les affirmations de l’article de « Xinhua » est que tous les dirigeants du monde accueillent favorablement les initiatives de la Chine. Les USA et les pays européens ne renonceront pas si facilement au fondement de leur prospérité.

  • La Chine tente aujourd’hui d’évincer les pays occidentaux dans la gestion de l’économie mondiale, – a déclaré le directeur adjoint de l’Institut d’Etudes Extrême-Orientales Andrei Ostrovsky.
  • Les « majorités de contrôle » dans les institutions financières internationales clés sont détenues par les États-Unis et l’Union européenne. Si nous parlons des devises, partout ont cours le dollar, l’euro, la livre sterling, le yen. Ce n’est que récemment qu’il a été décidé d’inclure le yuan dans la liste des monnaies de réserve mondiale.

 

A Hangzhou, la Chine a tenté de réviser le système de la gouvernance économique mondiale, et d’associer au processus les pays en développement. Le G20 comprend 19 pays plus l’Union européenne, et 77 pays étaient représentés au sommet. La Chine étant le pays organisateur, elle a le droit d’inviter d’autres États. Elle en a profité au maximum, afin d’obtenir un large soutien à ses initiatives.

 

 

- INTERVIEW

  • « SP » : – Qu’a l’intention de faire la Chine en pratique ?

La Chine a déjà mis en place la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, le fonds « Route de la Soie ». Ce sont des faits tangibles. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures dépasse déjà la Banque asiatique pour la reconstruction et le développement.

 

La Chine met en œuvre le projet « Route de la Soie ». Peu importe comment les autres pays l’accueilleront, la Chine a déjà commencé à mettre en œuvre son programme économique. La Chine s’éloigne peu à peu de l’esprit « profil bas » de Deng Xiaoping, ce qui est apparu clairement au sommet du « G20 » à Hangzhou.

 

  • « SP » : – Quels sont les principaux changements à attendre ?

La Chine est prête à accroître la capacité économique des pays en développement. Aujourd’hui, la proportion du G20 dans l’économie mondiale est de 86%, et tous les autres pays ne représentent que 14%, ainsi, nous voyons une grande disparité dans le monde. Pour réduire l’écart, il faut changer le système de gouvernance économique mondiale. Aujourd’hui, le système est lié au dollar, au Système fédéral de réserve et aux accords de Bretton Woods. Les Chinois tentent de corriger cette chose. La première étape est de faire du yuan une monnaie convertible. De toute évidence, ce n’est pas l’affaire d’un seul quinquennat.

 

La transition du « dollar mondial » au « yuan mondial » est un long processus. Mais le yuan est entré dans le panier de devises mondiales de réserve. Cela signifie que toutes les banques qui font l’échange de devises seront tenues d’avoir des réserves de yuans, donc acheter sur le marché mondial de la monnaie chinoise. Par exemple, les banques russes veulent avoir des bureaux à l’étranger. A partir d’octobre, elles devront avoir non seulement des livres et des dollars, mais aussi des yuans.

 

L’essentiel est de voir d’où vient ce processus. Le fait est que l’économie chinoise est en pleine croissance, et son taux de croissance est plus élevé qu’aux Etats-Unis et dans l’Union européenne. Il faut compter avec la Chine.

 

  • « SP » : – Les initiatives de la Chine peuvent ne pas plaire à l’Occident

Bien sûr. Et il y a des tentatives pour faire dévier la Chine de sa voie vers le développement durable. Ce n’est pas un hasard si on assiste à ces scandales autour des îles contestées dans la mer de Chine du Sud. Il est amusant de voir la polémique entre le leader des Philippines et le président des États-Unis. Les deux parties ont dû faire des compromis en raison de la Chine.

 

Le facteur chinois est aujourd’hui un élément clé dans le monde, au même titre que les États-Unis. En parité de pouvoir d’achat le PIB en Chine est plus élevé qu’aux Etats-Unis. Le revenu moyen par habitant des provinces côtières du Shandong, Jiangsu, Zhejiang est assez comparable au revenu américain sur la côte atlantique, à Boston ou à Philadelphie.

 

  • « SP » : – Comment les changements amenés par la Chine dans l’économie mondiale pourraient-ils affecter la Russie ?

Nous avons signé beaucoup d’accords et de contrats avec la Chine. Le problème est que notre « pivot vers l’Est »est mal appliqué. 85% du volume total du commerce extérieur se fait encore avec l’Occident, et seulement 15% en Orient, et sur ces 15% la Chine représente 12%. Notre volume du commerce extérieur avec la Chine est faible. Au cours des huit premiers mois de cette année, le volume du commerce extérieur représentait moins de 50 milliards de dollars. Nous ne pouvons pas encore atteindre le niveau de 2014. En pratique c’est« chaud en politique, froid en économie ». La coopération économique est loin derrière l’entente politique.

 

La part du commerce transfrontalier est seulement 15% du commerce total. Le volume des investissements mutuels est faible. L’an dernier, les Chinois ont investi chez nous environ un milliard de dollars, et nous en Chine – seulement 40 millions. Le commerce extérieur est directement lié à l’investissement mutuel.

 

Nous devons déterminer si nous nous tournerons vers l’Est. Au forum économique oriental on en a parlé. Mais les négociations sont en cours, et nous ne voyons pas de progrès. Quelque chose se fait, mais pas des changements fondamentaux. Il y a eu cette question des crèmes glacées, que nous faisons beaucoup mieux que les Chinois. Pourquoi y a-t-il des problèmes même avec les glaces ?

 

La Chine propose avant tout l’ouverture des marchés régionaux grâce à l’élimination des taxes à l’exportation et l’importation, – considère le Directeur de l’École d’études orientales, École supérieure d’économie Alexei Maslov.

 

C’est bénéfique pour la Chine, qui a accumulé une masse des marchandises. Elle veut pénétrer de nouveaux marchés. Les États-Unis s’y opposent, en interdisant le dumping. Quand la Chine parle des nouvelles règles du commerce mondial, elle est préoccupée principalement par elle-même et non les autres pays.

 

Simplement le marché mondial actuel s’est constitué sans la participation de la Chine, comme un système étroit. La Chine veut obtenir sa part du marché.

 

Actuellement, à mon avis, les propositions de la Chine ne seront pas acceptées. Mais la Chine est obligée de les mettre en avant pour se déclarer comme le chef du nouvel ordre mondial et attirer à elle un grand nombre de pays d’Asie.

 

La Chine propose l’admission des Etats à leurs marchés respectifs. Formellement, cela sonne bien. Mais l’avantage n’est que pour ceux qui ont des marchandises excédentaires. Dans une certaine mesure, cela est bénéfique pour la Russie, mais pour l’instant nous ne disposons pas d’une quantité suffisante de produits qui puissent entrer sur les marchés mondiaux. La Chine est opposée à diverses restrictions de quotas commerciaux. La Chine se bat pour elle-même, mais prétend défendre les intérêts des autres pays.

 

  • « SP » : – dans quelle mesure est justifiée la thèse selon laquelle la Chine veut passer d’un modèle de croissance de la consommation à un modèle de croissance du bien-être ?

Ce n’est pas un modèle économique, mais une déclaration politique. Pendant longtemps, l’économie de la Chine a augmenté grâce à des investissements en actifs fixes, c’est-à-dire, à travers la construction d’usines et de routes. Formellement, cela augmentait le PIB. Mais la croissance était fondée sur l’augmentation des immobilisations, et non sur la croissance du bien-être des citoyens. Aujourd’hui, la Chine entend développer la consommation intérieure. Ainsi, la RPC entend relancer l’économie.

 

Mais on n’a jamais vu que la croissance de la consommation rende tout le monde en même temps plus riche. Quelqu’un sera plus pauvre, d’autres seront ruinés. Mais théoriquement cela donne une chance de nourrir tout le monde.

 

  • « SP » : – La Chine a l’ambition de reformater le système économique mondial ?

La Chine a des ambitions sérieuses. En plus de développer le commerce, la Chine est intéressée à être admise aux grands projets d’investissement dans le monde. Aujourd’hui, ils peuvent ne pas rapporter d’intérêt, mais le bénéfice est à long terme. Il s’agit de lignes de chemin de fer, de l’achat de ports. La Chine est engagée vers l’expansion et l’investissement étranger. Mais pour cela, il faut obtenir beaucoup de permissions des bureaucraties d’État, auxquelles la Chine s’oppose.

 

Si nous prenons la question du « yuan d’or », la Chine ne l’aborde pas ouvertement. Mais il est clair que la Chine ne souhaite pas lier sa monnaie à la notion de libre convertibilité. La Chine n’a pas soulevé cette question afin de ne pas dépendre du système de Bretton Woods, quand toute conversion passe par le dollar.

 

Le yuan peut rester une monnaie de réserve, comme elle est maintenant. Ou bien la Chine peut essayer d’élever le yuan au rang de devise, qui permettra la conversion. Autrement dit, la question est celle de la formation d’un système alternatif de conversion de devises. Théoriquement, c’est bien beau, mais en pratique, cela exige un consensus de nombreux Etats. Je doute sérieusement que la Chine soit en mesure de le faire au cours des prochaines années.

 

Ce que dit la Chine est conçu pour au moins 25 ans, ce qui est le temps long habituel pour les Chinois.

 

Note :

[1] Chine 1ère puissance économique mondiale 2ème puissance politique et militaire

[2] Xi Jinping rencontre les dirigeants du monde entier à Hangzhou les 4 et 5 septembre 2016

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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