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15 mars 2024 5 15 /03 /mars /2024 20:37
Ukraine : Face aux va-t'en-guerre, le vote humaniste pacifiste et réaliste de La France Insoumise.

« Rien ne doit exclu[1] », a déclaré Emmanuel Macron le 26 février 2024, à propos de l’envoi de troupes de notre pays en Ukraine. Un dérapage ? Non, le chef de l’Etat a persisté et signé en déclarant quelques jours plus tard : « il n’y a aucune limite[2] » dans la guerre face à la Russie. 

Macron persiste et signe dans Le Parisien : " il faudra (peut-être) avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes (...). La force de la France, c'est que nous pouvons le faire[12] ".

« Nous ne voulons pas de la guerre sur le continent européen ! La République française doit travailler à construire la paix », avait réagi Jean-Luc Mélenchon à Paris[3].

 

 

Seuls les groupes de La France Insoumise et communiste ont voté contre l’accord d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine signée par Macron et Zelinsky.

Le 12 mars 2024, l’Assemblée nationale a débattu de l’accord franco-ukrainien sur la sécurité, signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le 16 février dernier[4]. Celui-ci engage Paris et Kiev pour une durée de dix ans, comprenant notamment un renforcement de la coopération militaire. Il pose également deux objectifs politiques : l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne et dans l’OTAN, ce à quoi les insoumis s’opposent. S’ensuivra un vote purement symbolique.

 

 

Sources : Eric Durand | mis à jour le 17/03/2024

-  Pour le détail pour chaque groupe

Les députés ont débattu mardi de la stratégie française d’aide à l’Ukraine et voté, de manière non contraignante, sur l’accord bilatéral de sécurité signé avec Kiev. Ils l’ont approuvé à 372 voix pour, et 99 voix contre. Au total, 101 députés se sont abstenus[5].

  • Les 169 députés Renaissance ont voté pour ;
  • Les 88 élus RN se sont abstenus ;
  • Les 75 députés « insoumis » ont voté contre ;
  • Chez Les Républicains, 49 ont voté pour et 11 se sont abstenus. Deux n’ont pas pris part au vote ;
  • Au MoDem, 49 députés ont voté pour et il y a une abstention ;
  • Les 31 députés socialistes ont voté pour ;
  • Les 30 députés Horizons ont voté pour ;
  • Chez les écologistes, 20 élus ont voté pour et une a voté contre. Un député n’a pas pris part au vote ;
  • Chez les communistes, les 22 élus se sont opposés à l’accord ;
  • Dans le groupe LIOT, 20 d’entre eux ont voté pour et deux députés n’ont pas pris part au vote ;
  • Enfin chez les non-inscrits : David Habib, Jean-Charles Larsonneur, Hubert Julien-Laferrière et Emmanuelle Ménard ont voté pour, Nicolas Dupont-Aignan a voté contre et Véronique Besse s’est abstenue.

👉 voir aussi le site de l’Assemblée nationale avec les résultats nominatifs et par groupe[6]. 

 

🔴  Le 12 mars 2024, en application de l’article 50 – 1 de la constitution (et non de l’article 53), les 75 membres de France Insoumise et les 22 membres du groupe communiste ont voté contre le traité d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine.

🔴  Ils constituent donc les 99 votes contre. Il y a eu 372 votes pour dont les votes du parti socialiste et les votes du parti écologiste. Les 88 députés du RN se sont abstenu. Il y a eu au total 101 abstentions.

 

 

-  Ukraine : le vote de La France Insoumise est parfaitement cohérent car contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix[3]

Conférence des frontières, garanties de sécurité mutuelle : ce que propose LFI pour mettre fin à la guerre

  • Dès le début du conflit, LFI s’est distinguée par la défense d’objectifs clairs et simples : cessez-le-feu, retraite des troupes russes, discussion sur la sécurité en Europe dans le cadre de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) où siègent les États-Unis et la Russie. Quelques heures après l’agression russe sur le sol ukrainien, le jeudi 24 février 2022, Jean-Luc Mélenchon dénonçait une invasion qui « change le cours de l’Histoire en Europe » et constitue un recul alors que le recours à la force n’était plus considéré comme un des moyens pour régler les conflits sur le vieux continent.

 

  • Comment mettre fin à une guerre et éviter l’escalade guerrière qui risquerait de provoquer un conflit nucléaire ? « Le cessez-le-feu est la première étape pour construire la paix en Ukraine » pour Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, qui plaident pour « discuter des conditions concrètes dans lesquelles le conflit s’arrête ». C’est tout le sens de la proposition portée depuis le premier jour du conflit par le co-président de l’Institut La Boétie. Discuter de la paix en assurant des « garanties de sécurité mutuelle » aux belligérants, aux Ukrainiens comme aux Russes.

 

  • Un certain… Emmanuel Macron proposait la même chose le 3 décembre 2022. « C’est aussi de cela que nous avions discuté avec le président Biden, c’est l’architecture de sécurité dans laquelle nous voulons vivre demain, comment nous protégeons nos alliés et les États membres, en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie, le jour où elle reviendra autour de la table », avait déclaré le chef de l’État sur TF1[7]. Une idée qui n’aura pas fait long feu, comme en témoigne la rhétorique guerrière qui a supplanté l’idée d’une conférence pour la paix.

 

🔴 Deux ans après le début du conflit, cette rhétorique guerrière inonde les débats en France et suspecte de complicité ou de connivence avec le régime poutinien toute voix qui porte la négociation pour la paix. Or, ces deux années l’ont démontré de plus belle : l’issue n’est pas militaire mais bien diplomatique.

 

 

- Dans ce contexte, Emmanuel Macron et ses partisans avancent sur l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou l’OTAN.

Les insoumis s’y opposent pour plusieurs raisons :

  • « Cela n’est pas possible sans harmonisation fiscale et sociale », a avancé le député LFI Arnaud Le Gall ce matin en conférence de presse. Le salaire minimum Ukrainien tourne autour de 200 euros.
  • Difficile alors d’entendre l’adhésion de l’Ukraine quand des millions de travailleurs en pâtiraient.
  • Quant à l’OTAN, l’adhésion de l’Ukraine irait dans le sens inverse de la garantie de sécurité pour les Russes. Des garanties de sécurité sont nécessaires pour les Ukrainiens comme pour les Russes.
  • « Les conditions d’un accord de paix sont sur la table », a expliqué Manuel Bompard, coordinateur national de LFI.
    • Le président ukrainien envisage la possibilité de référendums d’auto-détermination.
    • De leur côté, les Russes se disent favorables à un cessez-le-feu, pour reconstituer leur défense. Ce n’est pas souhaitable, mais cela ouvre une fenêtre afin que tout le monde puisse se mettre autour de la table.

 

Les bons esprits affirment que négocier avec Poutine reviendrait à une capitulation de l’Ukraine.

  • Une position va-t-en-guerre qui balaye d’un revers de la main le sens même de la diplomatie et de la quête d’un mode de résolution des conflits qui ne passerait pas par les tueries.
  • Ce n’est pas parce que quelqu’un a déclenché la guerre qu’on ne peut pas faire la paix. « Il faut sortir de cette idée que créer les conditions d’une négociation, c’est forcément céder à l’ensemble des exigences de Vladimir Poutine. Celui qui a envahi a violé le droit international, il ne s’agit pas de lui donner raison. Si vous voulez la paix, vous devez écouter ce que chacun a à dire. », a précisé Manuel Bompard.

 

De même, les esprits va-t-en-guerre oublient la démarche unique de LFI quant à l’accueil des opposants au régime poutinien en France[8], une démarche singulière que n’observe aucune autre formation politique à part celle de Jean-Luc Mélenchon. 

 

 

- La prolongation du conflit est particulièrement dommageable pour l’Ukraine... mais pas que !
Déjà 444 000 morts[10], et 486 milliards de dollars de destructions directes[9] dans lequel il faudra compter un affaiblissement considérable du potentiel industriel et agricole. Et à cela s’ajoute une énorme pollution des sols.

  • En revanche, les sanctions contre la fédération de Russie ont relancé la croissance économique de ce pays dans tous les domaines : agricole, commerciale et industrielle. Son taux de croissance du PIB est évalué à 3,6 % par la banque mondiale en 2023 contre 0,8 % pour la France.
  • Ce sont les pays européens qui, par effet boomerang, souffrent le plus des sanctions contre la Russie.
  • Les seuls bénéficiaires de la guerre sont les États-Unis d’Amérique du côté occidental.

 

La continuation de la guerre va être catastrophique pour l’Ukraine et va provoquer une récession de l’économie européenne.

 

🔴  La France aura dépensé depuis février 2022 pour près de 15 milliards d’euros pour l’Ukraine. Voici approximativement le décompte : traité d’assistance signé par Macron :

  • 3 milliards d’euros ;
  • + 8 milliards d’euros (sur les 50 milliards votés par le Parlement européen) ;
  • +3,8 milliards d’aides militaires en 2022 et 2023 soit 14,8 milliards ;
  • auxquels il faut ajouter environ 600 millions d’euros pour l’aide aux réfugiés. On dépasse ainsi un total de 15 milliards d’euros.

 

🔴  Pendant ce temps, on nous annonce un plan d’austérité de 10 milliards d’euros ;

  • et on nous a annoncé l’obligation d’augmenter l’âge de la retraite de deux ans en raison d’un déficit de 12 milliards pour les retraites.
  • Dans le même temps, le déficit de la balance commerciale de la France bat des records historique : 99,6 milliards d’euros en 2023, 164 milliards d’euros en 2022. Ce sont les deux plus gros déficits de la balance commerciale enregistrés depuis 1945.
  • Mais ce n’est pas tout : 2022, le déficit du budget de l’État en France s’est élevé à 126,8 milliards d’euros, soit 4,8 % du produit intérieur brut (PIB).
  • En 2023, le déficit a augmenté pour atteindre 173,3 milliards d’euros,

 

 

- Pour éviter des erreurs de jugement, comme celles des médias qui prédisaient voici un an l’effondrement de la Russie et de Vladimir Poutine, il est important d’analyser les rapports de force.

Voici seulement quelques éléments concernant la Russie :

  • Selon des documents divulgués des services de renseignement américains citent le FSB russe, les forces russes auraient subi 110 000 pertes au 28 février 2023[11].
  • La Russie a augmenté son budget militaire de 68 % en 2024 ce qui ne l’empêche pas d’augmenter dans de nombreux secteurs son potentiel industriel.
  • Et l’aménagement de son territoire dans sa partie orientale.. N’oublions pas que le territoire de la fédération de Russie couvre 11 fuseaux horaires
  • La Russie dispose de missiles hypersoniques dépassant de plus de 10 fois la vitesse du son les rendant ininterprétables.

 

🔴 Les dirigeants européens, les sociaux-démocrates et les écologistes aveuglés idéologiquement par une représentation fantasmatique de la Russie ont totalement sous-évalué les capacités économiques, financières, militaires et diplomatiques sur la scène internationale de la fédération de Russie. Ces gens souffrent d’un lourd défaut d’analyse rationnelle et historique de la réalité : je suis tout à fait d’accord sur ce point avec l’analyse de Jacques Baud et de Caroline Galactéros.

 

🔴 Oui, le vote de La France Insoumise n’est pas seulement pacifiste, humaniste, il est réaliste.

 

 

- Ukraine : La France doit être à la pointe de la paix !

« Dans l’épreuve internationale, la France doit être un agent de la solution et non une partie du problème. Ce débat est un simulacre, vous avez déjà signé l'accord de sécurité avec l’Ukraine ! En Ukraine, à Gaza, au Congo, la France doit être à la pointe du combat pour la paix ! Être un agent de la solution et non une partie du problème. » Arnaud Le Gall, dépuré France insoumise /Ñupes

 

 

Notes :

[1] Guerre en Ukraine : " Rien ne doit être exclu ", déclare Emmanuel Macron au sujet de l'envoi de troupes occidentales à l'avenir

[2] Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron dit aux partis qu’il n’y a « aucune limite » au soutien à Kiev

[3Ukraine : contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix

[4] Que contient l’accord de sécurité signé entre la France et l’Ukraine et débattu au Parlement ?

[5Débat sur le soutien de la France à l’Ukraine : les députés approuvent l’accord bilatéral de sécurité

[6] Le site de l’Assemblée nationale avec les résultats nominatifs et par groupe

[7] Au terme de ma visite d’État aux États-Unis d’Amérique, je réponds aux questions de TF1

[8] À L'ASSEMBLÉE, DES DÉPUTÉS INSOUMIS ET MÉLENCHON ACCUEILLENT TROIS OPPOSANTS RUSSES À POUTINE

[9Ukraine : assiégée par l'armée russe, la ville ukrainienne d'Avdiïvka "risque" de tomber

[10] En février 2024, le ministère met à jour son bilan des pertes militaires ukrainiennes qui s'établit à 444 000 tués et blessés.

[11] Selon des documents divulgués des services de renseignement américains citent le FSB russe les forces russes ont subi 110 000 pertes au 28 février 2023.

[12Macron persiste et signe dans Le Parisien : " il faudra (peut-être) avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes (...). La force de la France, c'est que nous pouvons le faire ".

 

Pour en savoir plus :

- Révélation : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères

Du Vatican à Pékin, la position de LFI pour la paix en Ukraine plébiscitée sur la scène internationale

- « Poutine n’en demandait pas tant » – Le député LFI Arnaud Le Gall recadre Macron et plaide pour la paix en Ukraine

 

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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 14:29
Enjeux migratoires en Europe et dans le monde

L'immigration est toujours un exil forcé, une souffrance... Il faut aller à la cause des maux et les éradiquer.

 

 

Depuis les années 1990, l’Europe est devenue l’une des plus importantes régions d’immigration au monde, compte tenu de sa position géographique dans son face-à-face méditerranéen, de son histoire, de l’ouverture à l’Est, et de son image quant au respect des droits de l’Homme et à l’accueil des réfugiés. Mais sa politique migratoire est marquée par la montée des populismes et des démocraties illibérales, où la peur et le rejet de l’Autre migrant occupent une large place.

Migrations : comprendre et convaincre par Catherine WIHTOL DE WENDEN, directrice de recherches au cnrS (centre de recherches internationales-ceri, Sciences po)

 

 

Sources : Catherine WIHTOL DE WENDEN | mis à jour le 15/03/2024

- Les migrants internationaux sont, selon les Nations unies[1], 284 millions, soit plus du double qu’à la fin du XXe siècle, mais ils ne représentent qu’un peu plus de 3 % de la population mondiale.
Selon les Nations unies, un migrant international est quelqu’un qui est né dans un pays et s’est déplacé vers un autre pour une période d’au moins un an. Aujourd’hui les migrations se dirigeant vers le nord du monde (environ 140 millions, Sud-Nord et Nord-Nord) sont en train d’être dépassées par les migrations se situant au sud de la planète (Sud-Sud et Nord-Sud). Quelques chiffres viennent illustrer ce phénomène à la fois global par son ampleur (peu de régions au monde non concernées) et de plus en plus régionalisé (davantage de migrants venant de la même région que de migrants venus d’ailleurs). On compte 11,5 millions de migrants internationaux en Amérique latine, majoritairement sud-américains ; 26,5 millions en Afrique ; 50 millions aux Etats-Unis ; 85 millions en Asie et Océanie ; 45 millions en Europe et 13 millions en Russie.

 

 

- Facteurs structurels de la migration
Des facteurs structurels expliquent la permanence des migrations, quelles que soient les politiques menées pour les dissuader.

  • Tout d’abord l’entrée du monde dans la mobilité : depuis les années 1990, le monde est en mouvement, du fait de l’ouverture d’espaces autrefois clos par des frontières étanches (Chine, Cuba, Europe de l’Est) mais aussi au sud du monde, avec la généralisation de l’accès à un passeport. Il est devenu facile de sortir de chez soi, mais difficile d’entrer ailleurs en raison d’un système de visas très hiérarchisé selon le « risque migratoire » de tel ou tel pays d’origine[2]. Ce phénomène s’est inversé depuis la fin du XIXe siècle, période de la première grande migration de masse[3], où il était plus difficile de sortir de son pays que d’entrer ailleurs car les grands empires considéraient leur population comme une richesse démographique, fiscale, agricole et militaire et les empêchaient souvent de sortir.
  • Autres facteurs structurels : les grandes lignes de fracture du monde, avec des régions qui cumulent les indicateurs les plus bas du développement humain (espérance de vie à la naissance, taux de scolarisation, niveau de ressources en parts du PIB national), parfois peu éloignées des régions les plus riches[4]. Ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent loin mais celles et ceux qui ont des réseaux de connaissances liés aux diasporas transnationales, qui sont câblés sur les nouvelles technologies… L’offre des passeurs pour ceux qui n’ont pas de visas s’est aussi multipliée, de même que les crises politiques, économiques et sanitaires, au Sud. Pour l’instant, les catastrophes environnementales induisent surtout des migrations internes et de voisinage.

 

Les plus grands moteurs de départ sont l’absence d’espoir, l’aspiration à changer de vie notamment chez les plus diplômés, la nécessité de fuir un pays en guerre, les discriminations à l’égard des femmes. De nouvelles figures des migrants internationaux apparaissent avec, par exemple, des touristes qui finissent par s’installer au soleil, chez les séniors ou des diplômés du Sud venant chercher des opportunités au Sud et au Nord.

 

Les profils de migrants ne se sont pas seulement diversifiés, ils sont devenus plus flous : les catégorisations des migrants se sont parfois effacées, entre le demandeur d’asile et celui qui cherche du travail notamment avec la suspension de l’immigration de travail salarié depuis le milieu des années 1970, en Europe. Hier, le réfugié était socialement très différent du travailleur, peu qualifié et rural. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus proches du fait de l’urbanisation et des progrès de la scolarisation au sud du monde. Dans le même temps, dans un contexte de dissuasion, de répression et de militarisation, les frontières se sont fermées pour le plus grand nombre (les deux tiers de la population de la planète), avec une série d’instruments de contrôle qui tiennent souvent lieu de politique migratoire (accords de réadmission avec les pays du Sud, politiques d’externalisation des frontières, système Schengen, accords de Dublin sur l’asile, Système d’information Schengen-SIS fichant sans-papiers, déboutés du droit d’asile ou condamnés cherchant à pénétrer les frontières de l’Union européenne-UE)…

 

 

- Crises en série et lignes de fracture
Des crises se sont succédé : révolutions arabes de 2011, crise syrienne de 2015, Covid-19, crise ukrainienne de 2022. L’UE est face aux plus grands mouvements de réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, même si la plupart de ces derniers ont trouvé l’hospitalité dans les pays les plus proches de chez eux : Iran et Pakistan pour les Afghans, Syrie pour les Irakiens, Turquie et Liban pour les Syriens, Pologne, Hongrie, Roumanie et Moldavie pour les Ukrainiens. Ces crises ont amené à leur tour des lignes de fracture en Europe : crise de l’hospitalité entre l’Est et l’Ouest, lors de la crise syrienne. L’Allemagne a alors été le principal pays d’accueil (plus d’un million de personnes entre 2015 et 2016), alors que les pays de Visegrad[5] ont refusé l’hospitalité à ces populations non désirées. Une crise s’est aussi amorcée avec le système européen de Dublin : le Sud reçoit l’essentiel des nouveaux arrivants (Italie, Grèce, Espagne, Malte), lesquels leur sont renvoyés par les autres pays européens s’ils ont traversé leurs frontières. Ce qui nourrit, dans les pays du Sud, un sentiment d’abandon par les autres pays européens.

 

Le Pacte européen pour l’immigration et l’asile de 2020, qui devrait être adopté au printemps 2024, a prévu, pour y remédier, une solidarité obligatoire de tous les pays. Ce Pacte conserve une dimension essentiellement sécuritaire, qui reprend les politiques antérieures de trente ans d’âge de renvoi, de dissuasion et de répression, alors même que ces politiques n’ont pas démontré d’effets sur la diminution des mouvements migratoires[6]. Un filtrage des demandes d’asile aux frontières extérieures de l’UE permettra en outre d’arrêter ceux qui viennent de pays « sûrs ». L’Europe est au carrefour de plusieurs espaces migratoires qui ont connu beaucoup de mutations au cours des vingt dernières années : l’espace euro-méditerranéen, la circulation migratoire Est-Ouest, et de plusieurs défis contradictoires comme, d’un côté, la crise du Covid, l’Ukraine, le risque environnemental, et, de l’autre, le vieillissement, les pénuries de main-d’œuvre, la crise de l’hospitalité sur fond de montée des populismes.

 

 

- L’Euroméditerranée en mouvement(s)
Les migrations entre l’Europe et la rive Sud de la Méditerranée[7] sont vécues comme un défi du fait de l’écart démographique entre les deux rives (âge médian en Europe de 41 ans, contre 25 au Maghreb et 19 en Afrique subsaharienne), des réfugiés, du terrorisme et des migrants à la recherche de travail. L’Europe cherche à fermer ses frontières, sans y parvenir. Pourtant, elle vieillit et manque de main-d’œuvre, très qualifiée, moyennement qualifiée et peu qualifiée dans les métiers dits en tension (restauration, tourisme, médecine, agriculture…).

 

La Méditerranée constitue l’un des plus importants espaces migratoires au monde, un espace migratoire régional constitué essentiellement de migrants de la rive Sud mais aussi, dans le passé, du sud de l’Europe[8]. Le monde euro-méditerranéen connaît aussi de nouvelles migrations, comme l’installation des séniors au soleil (Français au Maroc et en Tunisie, Anglais à Malte, Allemands en Espagne) ou l’exode des jeunes qualifiés vers le sud du monde (Maroc, Amérique du Sud). La migration étudiante est aussi une autre composante des migrations intra-méditerranéennes avec un exode des cerveaux du sud de l’Europe vers le Nord (Italiens, Espagnols, Portugais, Grecs)[9].

 

Les pays d’Europe du Sud, qui ont longtemps été des pays d’émigration, sont devenus des pays d’immigration au milieu des années 1980 et ont dû adopter à la hâte des politiques migratoires (régularisation des sans-papiers, contrôle des frontières externes, acquis communautaire). Ils ont reçu et continuent à recevoir des migrants arrivés par la mer tout en étant des pays touristiques, une cohabitation parfois difficile même pour ceux qui ont aussi besoin de main-d’œuvre. Malgré des configurations migratoires différentes, propres à l’histoire et à la géographie de chacun, ils sont devenus les garde-frontières de l’UE.

 

 

- Coronavirus et interdépendances
La fermeture des frontières nationales a été l’une des premières mesures adoptées par de nombreux pays européens pour limiter la propagation du coronavirus. D’autres pays ont ensuite emboîté le pas[10], révélant aux migrants du Nord que les frontières n’étaient plus ouvertes à tous et qu’ils devenaient indésirables au Sud. Le moment de leur réouverture s’est étalé dans le temps, d’abord progressivement, avec les frontières internes, notamment dans les pays de tourisme (Italie, Espagne, Portugal, Grèce).

L’Organisation mondiale des migrations (OIM) a observé une baisse importante du trafic en Méditerranée centrale, de la Libye à l’Italie ou vers la Grèce. L’Europe n’était plus attractive, du fait de la fermeture des frontières et des risques sanitaires – le continent étant particulièrement touché par la pandémie. L’épidémie a suspendu les arrivées de migrants en Europe et leur circulation entre pays membres. Le droit d’asile s’est arrêté, avec la fermeture des guichets.

 

Mais la crise a surtout révélé la dépendance des pays d’immigration à l’égard de leur main-d’œuvre immigrée. Ainsi l’Italie et le Portugal ont décidé de régulariser les sans-papiers travaillant dans les métiers des soins à la personne, compte tenu des besoins dans ce secteur. En Allemagne, la pénurie de travailleurs saisonniers agricoles s’est fait sentir, notamment pour les récoltes de printemps, habituellement effectuées par des Ukrainiens. En Espagne, les ramasseuses de fraises marocaines se sont heurtées au blocage des frontières, mettant en péril leurs familles au Maroc. En Italie, les saisonniers marocains n’ont pu revenir qu’au compte-gouttes comme au Royaume-Uni, où les Roumains sont revenus travailler dans les champs[11].

 

Le Covid-19 n’a pas sonné la fin des migrations mais il a accéléré les migrations internes de retour vers les régions d’origine[12]. Il a aussi montré l’interdépendance structurelle des pays riches à l’égard des pays pauvres.

 

 

- Les réponses face à la crise ukrainienne
La crise ukrainienne est venue allonger la liste des pays créant le plus de réfugiés (le plus grand nombre de départs dans le temps le plus bref), avec un accueil surtout en Pologne (pour près de la moitié d’entre eux), en Roumanie, Moldavie, en République tchèque et en Hongrie.

 

C’est une migration de voisinage entre pays ayant eu une proximité culturelle : l’ouest de l’Ukraine était une partie de la Pologne avant 1945, le Sud a appartenu à l’Autriche[13]. Même chose en République tchèque, en Roumanie et Moldavie.

 

L’accueil des Ukrainiens a tranché avec celui des Syriens, Irakiens, Afghans et autres Moyen-orientaux, en 2015. L’UE leur a appliqué la directive dite « protection temporaire » de 2001, créée pour les réfugiés de la crise dans l’ex-Yougoslavie, et jamais appliquée. Ce statut temporaire évite la durée de la procédure d’asile, permet de travailler immédiatement et de retourner dans son pays d’origine alors que c’est impossible pour les réfugiés classiques, sans risque de perdre leur statut. Enfin, la solidarité entre les pays européens et l’hospitalité se sont déployées avec le concours des pouvoirs publics. Comme en Allemagne en 2015, les pouvoirs publics français ont déployé des moyens hier considérés comme impossibles à satisfaire en mobilisant collectivités territoriales et citoyens volontaires pour l’hébergement, l’ouverture d’écoles et de cours de français, l’accès à des logements sociaux et à des soins immédiats[14].

 

  • On peut espérer que cet épisode fera jurisprudence dans la politique européenne de l’asile et incitera les pays européens à remettre à plat leur politique migratoire en ouvrant davantage de voies légales d’entrée.

 

 

- L’Europe et ses frontières : perspectives
La montée du populisme et des démocraties illibérales dans nombre de pays européens, y compris en Europe du Nord (Suède et Danemark), et la recherche des votes d’extrême droite pour gagner les élections conduisent à une surenchère sur la fermeture des frontières. Cela alimente des peurs, à court terme, peu fondées, comme l’« invasion » des déplacés environnementaux et le « déversement » des Africains en Europe ou le « grand remplacement[17] », alors que le vieillissement des Européens n’est pas pris en compte.

 

Les déplacés environnementaux ne sont pas une menace à court terme pour l’Europe. Ce sont, pour l’essentiel, des migrations internes et des migrations Sud-Sud. Leur nombre est évalué à une soixantaine de millions[15], mais les experts du climat (le Giec) considèrent qu’ils pourraient atteindre 150 à 200 millions à la fin du siècle. La plupart se déplacent dans leur propre pays : ce sont les plus pauvres, soucieux de garder des modes de vie liés au milieu naturel (agriculture, élevage, pêche). Une petite partie décide de franchir les frontières mais reste souvent à proximité de leur pays d’origine. Ils ne bénéficient pas du statut de réfugiés car ils ne sont pas considérés comme craignant ou ayant été victimes de persécutions, selon les termes de la convention de Genève, et les tentatives de définition d’un autre statut international (l’initiative Nansen de 2011) n’ont pas abouti.

 

Les causes de ces déplacements sont multiples :

  • Liées à des phénomènes naturels aussi vieux que le monde (éruptions volcaniques, cyclones, tornades) mais aussi à des phénomènes récents de sécheresse, de dégel, de montée des eaux, d’inondations, de coulées de boue et d’engloutissement d’îles par la mer. Les régions les plus touchées sont l’Asie pacifique pour 68 % des cas, l’Asie du Sud pour 14,8 %, l’Amérique latine (7,3 %). Beaucoup de ces pays n’ont pas les moyens de faire face aux catastrophes environnementales[16] et ce sont les plus pauvres qui seront les plus exposés, comme aux Etats-Unis, lors du cyclone Katrina frappant la Nouvelle-Orléans. Ce sont les pays du Sud, proches des pays concernés par les crises environnementales, qui seront les plus touchés par les migrants environnementaux.
  • Des conflits de valeurs divisent l’Europe et ses migrations : entre libéralisme économique et sécurité militarisée des frontières, entre éthique de la solidarité et de l’hospitalité et nationalismes, entre besoins de main-d’œuvre, vieillissement et utilisation de l’immigration à des fins électorales et populistes.

De nombreux défis concernant la cohésion sociale montrent que l’Europe tarde à adopter des mesures adaptées à une immigration de peuplement, à la différence de pays comme les Etats-Unis, le Canada, ou l’Australie, car elle peine à se considérer comme continent d’immigration : lutte contre les discriminations, introduction de la diversité dans la définition de la citoyenneté, dialogue avec l’islam, droit de vote local des non-Européens, démocratisation du droit à la mobilité avec des frontières plus ouvertes aux migrations de travail. C’est pourquoi, face à des politiques d’opinion s’appuyant sur les sondages, l’enjeu est de taille : il s’agit de convaincre.

 

🔴 Pour aller plus loin...

 

- Jean-Luc Mélenchon : " Il faut s’attaquer aux causes qui provoquent l’afflux de migrants "

Pour lutter contre l’immigration massive – qui d’ailleurs est principalement interne aux pays en voie de développement –, il faut s’attaquer aux causes des migrations : l’impossibilité de tout développement des pays de départ, en raison des dettes et des politiques d’ajustement structurel imposées par le Fonds monétaire international [FMI] ou la Banque mondiale, le pillage des ressources par les multinationales et le libre-échange...

Notes :

[1Rapport Undesa (Département des affaires économiques et sociales des Nations unies), 2022.

[2] Les Afghans n’ont accès qu’à vingt-cinq pays environ, voisins et pauvres, alors que les Japonais, Coréens du Sud, Européens et Américains du Nord ont le plus large accès au monde sans visa.

[3] On parle à l’époque d’une migration de cinquante-millions d’Européens.

[4] La Méditerranée est ainsi une ligne de fracture démographique, économique, politique, sociale et culturelle importante, malgré les nombreux liens transnationaux qui la traversent.

[5] Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque.

[6] Trois-cent-trente-mille entrées irrégulières en 2022, selon l’agence Frontex (agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes), soit 30 % de plus qu’en 2021, et un niveau égal à celui d’avant la pandémie.

[7] Voir Catherine wihtol de wenden, « Migrations méditerranéennes », in Pouvoirs n° 183, p. 87-98.

[8] Les Turcs constituent la plus importante diaspora transnationale en Europe, devant les Marocains, puis Portugais, Italiens, Espagnols, Algériens et Roumains, mais leur répartition varie beaucoup selon les pays d’accueil.

[9] Enrico Pugliese, Quelli che se ne vanno, Bologna, Il Mulino, 2018.

[10] Par exemple aux Etats-Unis, en Asie, au Maghreb, en Afrique sub-saharienne, en Australie et dans le Golfe.

[11] Pour mémoire, la concurrence avec les travailleurs de l’Est européen a été l’un des thèmes favoris du Brexit.

[12] Ce fut le cas pour les Ukrainiens quittant la Pologne, ainsi que les Vénézuéliens et les Afghans de retour chez eux.

[13] Ceci explique l’accueil de ces anciens Hongrois par le gouvernement de Viktor Orban, qui avait déjà généreusement accordé des passeports hongrois à certains d’entre eux.

[14] Cet accueil peut être comparé à celui des Vietnamiens à la fin des années 1970, lié à la volonté de montrer un Occident protégeant les victimes du communisme.

[15] Parmi eux, quarante-millions de migrations internes.

[16] C’est le cas du Bangladesh, classé au premier rang des pays vulnérables en 2014, du fait de la fonte des glaciers de l’Himalaya qui se déversent dans les deux grands fleuves de ce pays delta.

[17] D'hier à aujourd'hui : la thèse du « grand remplacement »

 

Pour en savoir plus :

Politique migratoire Macron/Le Pen : préférence nationale, un remède de charlatan

- Crise des réfugiés : s'attaquer aux causes des migrations

- Jean-Luc Mélenchon, son programme Afrique : « Nous combattrons le fléau de la prédation ultralibérale qui s’abat sur le continent »

- Les causes de l’immigration – Quand le libre-échange sème la misère

 

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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 11:57
Nouvel élargissement de l'Union Européenne : une folie économique et politique

L’antériorité de l’adhésion à l’OTAN sur l’adhésion à l’UE démontre que les pays candidats ne voient cette dernière que comme le pendant politico-économique de la première

L’hypothétique « convergence » risque de prendre encore des décennies, surtout en cas de nouvel élargissement

Tous les États membres devront payer davantage et recevoir moins...

 

 

La guerre en Ukraine a relancé le processus d’élargissement de l’UE vers l’Est et les Balkans à un rythme effréné. Motivée par des raisons géopolitiques, à savoir endiguer la puissance russe sur le continent européen, cette expansion soulève pourtant d’immenses questions économiques et politiques. En intégrant en son sein des États pauvres, l’Union européenne encouragerait en effet une nouvelle vague de délocalisations et de dumping social et soumettrait les agriculteurs du continent à une terrible concurrence. En outre, le seul moyen d’éviter des blocages politiques d’une Europe à 34 ou 35 serait de renforcer le fédéralisme, en rognant encore davantage les pouvoirs de décision des États-membres. Un scénario délétère poussé par les élites européennes en dehors de tout mandat démocratique.

 

 

🔴 Pour lire la suite cliquez sur l'image 👇

 

 

NOUVEL ÉLARGISSEMENT DE L’UE : UNE FOLIE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

 

Pour en savoir plus :

- Pour Manuel Bompard, député LFI, l’adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne serait une folie !

- Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

 

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8 mai 2023 1 08 /05 /mai /2023 10:43
Un exemple de l’enseignement de l’ignorance : quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

La propagande massive n’a pas cessé avec la fin de la seconde guerre mondiale. Nous y sommes confrontés tous les jours en écoutant la plupart des médias mainstream. (Économique, politique, géostratégique etc…)... membres du gouvernement y compris[0] !

 

 

Bernays l’avait bien décrit en expliquant pourquoi il était aisé de manipuler les plus instruits[1]
Le changement de société passe par une réappropriation de l’information, car on a beau être intelligent, si on ne raisonne pas sur des informations justes, on raisonne faux... La preuve ci-dessous.

Billet en hommage aux livres de Jean-Claude Michéa (son fameux L’enseignement de l’ignorance[2]) et de Jean-Paul Brighelli (La fabrique du crétin[3])… Voici une très intéressante étude de l’Ifop (Institut français d’opinion publique), qui est le plus ancien du pays, créé en 1938. Il a donc réalisé des sondages forts intéressants

 

 

Sources : Les Crises | mis à jour le 26/06/2023

- L'opinion sur les accords de Munich
« À la suite de la signature des accords de Munich le 29 septembre 1938[3bis] par la France, la Grande- Bretagne, l’Italie et l’Allemagne, Jean Stoetzel réalise le tout premier sondage politique : 57 % des personnes interrogées déclarent approuver ces accords tandis que 37 % les jugent néfastes[4].

 

1er octobre 1938, les accords de Munich

Les autres questions posées dans cette enquête apportent des éléments de compréhension sur l’état d’esprit d’un peuple pris entre deux tensions qui s’avèreront contradictoires. D’un côté, figure la crainte d’un nouvel embrasement mondial, vingt ans seulement après la fin de la Grande Guerre, qui explique cette recherche du compromis avec l’Allemagne nazie et pour finir le « lâche soulagement » après Munich. Pour 73 % des personnes interrogées, une nouvelle guerre mondiale entraînerait la destruction de la civilisation.

 

De l’autre côté, le sondage de l’Ifop montre que le renoncement de Munich s’accompagne désormais de fortes résolutions pour l’avenir. A la question « pensez-vous que la France et l’Angleterre doivent désormais résister à toute nouvelle exigence de Hitler, 70 % des Français répondent oui, 17 % manifestent leur opposition. Cette adhésion à l’idée que Munich doit être une sorte de « der des der » face à la politique d’expansion du Führer est majoritaire dans tous les segments de la population, à l’exception des professions libérales ainsi que des commerçants et des industriels interrogés rejetant à plus des deux tiers l’idée qu’il faut résister à toute nouvelle exigence allemande. […]

 

Pour autant, même après l’invasion allemande de la Bohème-Moravie, les Français, tout en prenant la mesure des menaces extérieures, refusent dans leur majorité de croire à la guerre. Seuls 37 % des personnes interrogées par l’Ifop en mai 1939 estiment que le pays sera inévitablement entraîné dans une guerre en 1939 ou en 1940 (63 % ne le pensent pas ou se disent sans opinion). Ce n’est qu’en juillet 1939 soit moins de 40 jours avant l’invasion de la Pologne par l’armée allemande et la déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne que l’on assiste à un basculement relatif de l’opinion : 45 % des interviewés (contre 34 %) pronostiquent une guerre dès 1939.

 

76 % considèrent que « si l’Allemagne tente de s’emparer de la ville libre de Dantzig par la force, nous devrons l’en empêcher au besoin par la force ». L’opinion était désormais prête à mourir pour Dantzig. »

 

 

- Qui a le plus aidé à battre l’Allemagne ?
Un sondage mené par l’Ifop en mai 1945, sur l’ensemble du territoire français désormais libéré (et confirmant un sondage de septembre 1944 auprès des Parisiens), a montré que les interviewés apparaissent bien conscients du rapport de force et du rôle des alliés dans la guerre, et ce malgré la censure et la difficulté sous l’occupation à accéder à une information fiable.

 

Ainsi, une très nette majorité (57 %) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national, ne recueillent respectivement que 20 % et 12 %. (N.B. Il ne s’agit évidement pas ici de minorer l’importance de l’effort accompli par les USA, tant industriel qu’humain)

 

Mais ce qui est proprement sidérant est que cette vision de l’opinion publique s’est inversée de manière très spectaculaire avec le temps, comme l’ont montré deux sondages réalisés en 1994, en 2004 et en mai 2015[5] :

 

La nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne

 

La nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne

 

 

- C’est tout de même formidable
En 1945, les Français qui ont vécu sous la censure ont bien compris qui a vraiment battu l’Allemagne, mais 70 ans plus tard, c’est une Histoire totalement différente qui est dans nos esprits !

Le sondeur britannique ICM a réalisé le même sondage en 2015 dans plusieurs pays d’Europe. Voici le résultat :

 

L’enseignement de l’ignorance : Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

 

  • Cela interpelle quant à la notion d’Histoire…

« Les vainqueurs sont ceux qui écrivent l’Histoire. C’est celle-là qui est rédigée dans nos livres d’école, pas la vraie Histoire telle qu’elle s’est déroulée, mais une Histoire qui caresse le camp des gagnants. L’Histoire a cessé, depuis longtemps d’être la somme des humanités aujourd’hui elle n’appartient qu’à une poignée d’individus. » [Maxime Chattam, Les arcanes du chaos[6]]

 

  • Et mieux encore, le sondage de 2004 fournit des informations surprenantes quand on regarde en détail (c’est identique en 2015) :

 

L’enseignement de l’ignorance : Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

 

On retrouve pour une fois les les Cadres et les Ouvriers dans la même catégorie – ceux qui ont fait le plus et le moins d’études !

On note aussi, étonnement, que l’orientation politique n’a pas une si grande influence…

    « La manipulation des élites est encore plus facile que celle des masses. » [Jean Yanne]

 

  • En effet, quelques rappels sur les 80 millions de morts de la seconde guerre mondiale :

 

L’enseignement de l’ignorance : Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

 

Soulignons que les 25 millions de Soviétiques morts se répartissent principalement par nationalité en :

. Russie : 14 millions (13 % de la population de 1940) – 7 M de soldats, 7 M de civils ;

. Ukraine : 7 millions (16 %) – 1,7 M de soldats, 5,3 M de civils (NB. Il s’agit surtout des civils Ukrainiens du Centre et de l’Est, hors Galicie – sauf pour les Juifs) ;

. Biélorussie : 2,3 millions (25 %) – 0,6 M de soldats, 1,7 M de civils.

 

  • Les pertes militaires en Europe durant la deuxième guerre mondiale :

 

L’enseignement de l’ignorance : Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

 

  • Et en Asie :

 

L’enseignement de l’ignorance : Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

 

  • Et le total des morts militaires par pays :

 

L’enseignement de l’ignorance : Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

 

  • Ainsi :

 

L’enseignement de l’ignorance : Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ?

 

 

Ceci est cohérent avec la répartition des divisons de l’armée allemande :
___Front Est _Front Ouest _Autres
. 1942: 179(79%) | 38(17%) | 9(4%)
. 1943: 187(73%) | 50(20%) | 19(7%)
. 1944: 165(60%) | 86(31%) | 23(9%)

 

  • P.S. L’étude complète de l’IFOP :

https://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2014/06/liberation-19441.jpg

https://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2014/06/liberation-19441.jpg

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 17:51
Marine Le Pen (France) - Jimmie Åkesson (Suède) - Giorgia Meloni (Italie) - Eric Zemmour (France) - Viktor Orbán (Hongrie) - Mateusz Morawiecki (Pologne)

Marine Le Pen (France) - Jimmie Åkesson (Suède) - Giorgia Meloni (Italie) - Eric Zemmour (France) - Viktor Orbán (Hongrie) - Mateusz Morawiecki (Pologne)

80 ans après, l’ombre de l’extrême droite s’étend sur l’Europe[10 !

 

Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne... Ensemble pour un front antifasciste[9!

 

 

Ces derniers mois la montée de l’extrême droite a fait la “une” des pages politiques des journaux européens à la suite de la victoire de coalitions droite/extrême droite lors des dernières élections législatives en Suède comme en Italie.

En Suède, pays exemplaire pour la social-démocratie qui a dominé la vie politique du pays pendant près d’un siècle, la droite et l’extrême droite ont gagné les élections du 11 septembre 2022, le parti des “ Démocrates de Suède ” devenant le 2e parti du pays après les sociaux-démocrates avec 20% des voix. Ce parti a été fondé en 1988 par des néo-nazis, il a légèrement modéré ses positions tout en restant marqué par ce passé et sa ligne actuelle est avant tout anti-immigration.

En Italie, la coalition formée par un parti de droite et deux partis d’extrême droite a gagné les élections du 25 septembre 2022, et c’est Giorgia Meloni[0], la dirigeante des “ Frères d’Italie ”, un parti néo-faciste, qui devient Premier Ministre du pays.

 

 

Sources : Europe Solidaire Sans Frontières par Christophe Aguiton | Mis à jour le 26/02/2024

-  Ces dernières victoires électorales ne sont pas des phénomènes isolés.

En Pologne comme en Hongrie, des partis populistes d’extrême droite sont au pouvoir depuis des années et dans les autres pays européens l’extrême droite progresse. Par exemple Vox, en Espagne, avait obtenu 15% des voix lors des législatives de 2019 et les sondages les donnent en nette progression, et en France Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement National a obtenu 23% des vois au 1er tour de l’élection présidentielle d’avril 2022 et 31% au 2nd tour[1].

 

Pour en rester au constat, la croissance de l’extrême droite en se limite pas à l’Europe. Dans d’autres régions du monde on voit surgir des dirigeants qui, comme Jair Bolsonaro au Brésil ou Donald Trump aux Etats-Unis, ressemblent beaucoup aux dirigeants d’extrême droite en Europe.

 

 

-  Des mouvements différents de ceux du 20e siècle
Quand on pense au fascisme italien ou au nazisme allemand des années 1920 et 1930, on comprend qu’il s’agit de partis qui construisent des milices violentes, rejettent la démocratie, s’attaquent avant tout au mouvement ouvrier et s’appuient sur une bourgeoisie qui veut rétablir l’ordre dans un continent marqué par des vagues révolutionnaires.

 

Les mouvements d’extrême droite européens actuels sont très loin du fascisme et du nazisme de l’entre-deux guerre, mais ils sont aussi différents de l’extrême droite qui s’est reconstruite après la 2e guerre mondiale. Des nostalgiques du fascisme ont reconstruit des partis, le MSI en Italie, le NPD en Allemagne ou le Front National en France[2], aujourd'hui RN, qui avaient tous les mêmes caractéristiques. Ils s’opposaient à l’immigration, mais ils étaient tout autant hostiles au communisme, aux syndicats et au mouvement ouvrier en général et étaient réactionnaires sur tout une série de sujets, les droits des femmes, l’homosexualité, etc.

 

Les partis d’extrême droite contemporains ont des positions différentes sur beaucoup de questions mais sont d’accord sur deux d’entre elles :

  • une obsession sur l’immigration, souvent liée à une haine de l’islam ;
  • et une défense de la nation contre les élites et les institutions qu’elles incarnent, en particulier l’Union Européenne.

 

Sur le reste, tout les séparent.

  • Certains partis sont conservateurs sur le plan des mœurs, antiféministes, anti-homosexuels et anti-avortement, en Pologne, Hongrie ou en Espagne... alors que d’autres, en France ou au Pays-Bas par exemple, s’appuieront sur les droits des femmes ou des homosexuels pour mieux s’attaquer à l’islam.
  • Certains soutiennent la Russie de Poutine, Orban en Hongrie ou Matteo Salvini en Italie, alors que d’autres sont pro-ukrainiens, comme le PiS polonais ou Giorgia Meloni en Italie.
  • Le changement climatique les a aussi séparé, certains d’entre eux niant ses causes humaines, tout comme les campagnes vaccinales contre la Covid-19.
  • La question des droits sociaux les divise également, en France Marine Le Pen, du RN, les défend et réclame verbalement le retour de la retraite à 60 ans (N.D.L.R. : mais dans les faits Marine Le Pen est contre la retraite à 60 ans et la hausse du SMIC[3][4])... alors que Eric Zemmour défend les entreprises et le néolibéralisme.

 

 

-  A la source de l’essor de l’extrême droite, la mondialisation néolibérale...

Depuis plusieurs décennies le monde est entré dans une phase de mondialisation néolibérale, ce qui a entraîné de nombreuses transformations dont certaines sont à la base de l’essor de l’extrême droite[5].

 

Trois d’entre elles sont particulièrement importantes.

  • La première est la croissance des inégalités et les transformations du travail.

Les pays européens, si l’on se réfère à l’indice Gini qui calcule le niveau d’inégalité pays par pays, sont parmi les plus égalitaires. Mais la mondialisation a permis une concentration des richesses toujours plus importante vers un tout petit nombre d’individus, et les élites sont perçues comme un monde à part, déconnecté de la vie quotidienne de la grande majorité de la population. Le néolibéralisme et la mondialisation ont entraîné une transformation profonde du travail, de nombreux emplois industriels ont disparu à cause des délocalisations, et pour ceux qui restent, tout comme ceux du secteur tertiaire, la précarité a progressé et les collectifs de travailleurs se sont fragmentés. Le résultat de ces évolutions, combiné à l’existence d’un filet de sécurité protégeant les plus pauvres, ont entraîné un tassement vers le bas de la pyramide des revenus et un sentiment de déclassement pour la classe ouvrière et les couches moyennes.

 

  • La seconde est l’affaiblissement des capacités des Etats et des institutions traditionnelles face à la puissance des marchés

Une évolution que l’on retrouve dans la plupart des régions du monde mais qui est particulièrement marquée en Europe où l’existence de l’Union Européenne éloigne encore plus les citoyens des lieux de décisions.

 

Dans les décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le commerce mondial était très limité, les principaux Etats, en Europe, avaient la possibilité de développer tel ou tel secteur d’activité et la vie politique s’organisait dans un bipartisme droite/gauche. Aujourd’hui les partis de droite ou de gauche dite “ de gouvernement ”, comme les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates ont des politiques comparables (N.D.L.R. : en France on l'a vu avec l'évolution du PS à partir de 1983 et sa finalité sous Hollande[6]) et ils perdent, des deux côtés, leurs électeurs traditionnels et l’on assiste, dans toute l’Europe à une fragmentation de la scène politique et à une percée de l’extrême droite qui, dans de nombreux pays, dépassent en voix les partis de droite traditionnels, (N.D.L.R. et en France la gauche traditionnelle comme en témoigne les résultats des élections présidentielles 2022 : Jadot : 4,63% ; Roussel : 2,28% ; Hidalgo : 1,75% ; Poutou : 0,77% ; Arthaud : 0,56%[6bis]).

 

  • La troisième transformation est la conséquence d’une « métropolisation » qui est une des conséquence de la mondialisation.

Il s’agit de l’adaptation des grandes villes aux besoins de l’économie néolibérale, à l’intensification des flux commerciaux et financiers et de la mise en relation des économies à l’échelle mondiale. Face à l’affaiblissement du rôle économique des Etats émerge un réseau hiérarchisé de métropoles qui dessine un archipel dominant l’économie mondiale. Mais la métropolisation a pour corollaire le déclin des territoires ruraux et des villes moyennes, très nombreuses en Europe, qui voient disparaître les services publics et la vie de leurs centres villes.

 

 

-  L’enjeu des classes populaires et des territoires ruraux
La percée de l’extrême droite ne peut se comprendre qu’en croisant les trois transformations que nous venons de rappeler. L’extrême droite perce chez les classes populaires et dans les territoires ruraux et les petites villes à cause d’un sentiment – qui est souvent une réalité factuelle – de déclassement et d’abandon face à un Etat qui ne les protège pas et est au service des élites. Toutes les études montrent l’importance des classes populaires dans l’électorat d’extrême droite.

 

Deux exemples :

  • les Démocrates de Suède a obtenu un score de 8% chez ceux qui ont fait des études supérieures et 25% chez ceux qui ont un plus faible niveau d’éducation ;
  • et, en France, le Rassemblement National a recueilli les voix de près de la moitiés des ouvriers mais seulement 15% des cadres[1].

 

La césure entre les métropoles et le reste des territoires est elle aussi frappante. En France presque toutes les grandes villes sont dirigées par la gauche et l’extrême droite y fait des scores très faibles alors que ce parti fait des scores importants dans les petites villes et les territoires ruraux. Une réalité que l’on observe dans de nombreux pays où les métropoles sont souvent plus à gauche que le reste du pays.

 

Ces réalités obligent les forces de gauche et les mouvements sociaux à une discussion stratégique. La gauche de gouvernement, qu’elle soit démocrate aux Etats-Unis, social-démocrate ou écologiste en Europe, a privilégié les questions “ sociétales ”, les droits des femmes, des communautés LGBTQ, l’antiracisme plutôt que les questions sociales qu’elle était prêt, dans la dernière période, à sacrifier aux noms des nécessités de l’économie dans une phase de mondialisation. Face à cette situation, une partie de la gauche explique qu’il faut relativiser les questions sociétales, en particulier sur l’immigration, pour se concentrer sur les questions sociales et tenter, par cette orientation, de regagner les classes populaires qui se sont tournées vers l’extrême droite.

 

Mais une nouvelle génération de mouvements politiques et de mouvements sociaux, en Europe comme dans le reste du monde, veut défendre l’ensemble de ces exigences, les questions sociales bien évidemment, mais aussi la justice climatique et environnementale, les droits des immigrés, des femmes et des minorités LGTB et l’antiracisme (N.D.L.R. : En France, c'est le cas de la France insoumise[7] et de la #Nupes[8]) !

 

Notes :

[0] Qui est Giorgia Meloni, la néofasciste qui s’apprête à gouverner l’Italie

[1Crise politique : le miroir électoral

[2] Les anciens SS ont reconstruit l'extrême droite française après 1945

[3] Marine Le Pen est contre la retraite à 60 ans et la hausse du SMIC

[4] Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes

[5] Le néo-libéralisme est le berceau de l’extrême droite

[6Mais pourquoi Olivier Faure du PS a t-il peur, en 2022, d'une baisse du FN/RN ?

[6bis] Présidentielles 2022 : ne cédons pas à la déception... la lutte continue !

[7] France insoumise

[8] La Nupes : Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[9] Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne…

[1080 ans après, l’ombre de l’extrême droite s’étend sur l’Europe !

 

Pour en savoir plus :

- ÉTAT DES LIEUX DE L'EXTRÊME DROITE EN EUROPE

Le vote d’ouvriers et d’employés pour des candidats d’extrême droite : une problématique à ne pas esquiver

Jean-Luc Melenchon : Le moment brun doit être repoussé par l’action

- Suisse : la droite et l’extrême droite suppriment le salaire minimum

- Italie : le projet de Meloni, une restauration réactionnaire et libérale

- Diaboliser Mélenchon, dédiaboliser Le Pen : le jeu terriblement dangereux de Macron

Que fait l'extrême droite lorsqu'elle est au pouvoir ? La chasse aux précaires. Elle supprime les revenus minimums, comme c'est le cas en Italie

- Juin 2023 : Confirmation de l'alliance droite/extrême-droite en Finlande pour former un gouvernement xénophobe et anti écologie.

LE RETOUR DE L’EXTRÊME-DROITE ALLEMANDE

- Martine Billard : " France : Tentation fasciste ? "

- « Remigration » : l'effroyable projet de l’extrême droite allemande de déporter 2 millions de personnes

- L’extrême droite allemande (AfD) veut déporter 2 millions de personnes, Le Pen et Bardella lui fait un « accueil chaleureux »

 

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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 09:45
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine

La guerre en Ukraine : un objet historique multifacette

 

Dans un contexte où il est difficile de distinguer propagande de guerre et information impartiale, il nous a semblé utile de proposer ici quelques documents permettant d’élargir et d’approfondir notre champ de vision concernant le conflit militaire russo–ukrainien. Pour lire la suite cliquer ICI

 

 

Pour en savoir plus :

- 2015 : La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

- « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » par Philippe Descamps 

- On l’oublie un peu, mais la crise en Ukraine a surgi aussi sur fond d’enjeux économico-stratégiques mettant en cause le grand projet de M. Vladimir Poutine : l’Union économique eurasiatique (UEE), qui doit prendre effet en janvier 2015. 

- L’INVASION DE L’UKRAINE RENFORCE LA FRACTION MILITARISTE DES ÉLITES AMÉRICAINES

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- NATIONALISME EN UKRAINE : MYTHE ET RÉALITÉ

- Ukraine, d’une oligarchie à l’autre

- Eric Toussaint docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France : Pourquoi annuler la dette de l’Ukraine ?

- UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS COMPTENT FAIRE LA GUERRE « JUSQU’AU DERNIER UKRAINIEN »

- " Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ", pour Henri Guaino

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

- Le problème du nazisme en Ukraine

- NOUVEL ÉLARGISSEMENT DE L’UE : UNE FOLIE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

 

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 11:58
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !

La Russie a lancé son opération militaire en Ukraine  : Jean-Luc Mélenchon a prévenu pendant 10 ans[3bis] !

 

et Anne Hidalgo, Yannick Jadot, sont en campagne et s'agitent !
Un adversaire unique pour exister, qui à leurs yeux serait pro-Poutine
[1][2][2bis]... Jean-Luc Mélenchon !
Dans le même temps, les perroquets médiatiques répètent eux aussi en boucle la même chanson pour le salir !
Or, depuis des années (ci-dessous je remonte à 2012), Jean-Luc Mélenchon critique et s'oppose au poutinisme.
Ça suffit ! Mélenchon président défendra l'intérêt de la France, l'intérêt général humain, la paix !
Quand Jaurès refusait la guerre, on le traitait d’« agent du parti allemand
[3»... quand Jean-Luc Mélenchon défend une France non-alignée au service de la paix, les apprentis de la géopolitique pour les nuls, à la peine dans leur campagne électorale, le traitent de " pro-Poutine "...
L’acharnement de ceux qui utilisent la guerre pour taper sur Jean-Luc Mélenchon ne trompe pas les Français.
Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi
[4]...
Le candidat de l'#UnionPopulaire, Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

 

 

Sources : Durand Eric | mis à jour le 13/02/2023

- Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

 

- Quand le 17 mai 2018, Jean-Luc Mélenchon alertait sur le risque de guerre en Europe

Il soulignait que la paix est un objectif et une construction politique. Il rappelait l’importance de l’indépendance de la France pour pouvoir être utile au service de la paix. Il appelait à ne pas mettre le doigt dans l’engrenage qui pourrait conduire à une guerre entre l’OTAN et la Russie.

 

Une vidéo utile à revisionner aujourd'hui alors que la guerre de Poutine en Ukraine a montré la fragilité de la paix en Europe et la difficulté à y revenir une fois l'attaque lancée.

 

  • et plus globalement... Poutine, Russie, Ukraine : ce que dit Mélenchon depuis 10 ans (cliquez sur l'image)

 

Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine !

 

 

- Alors Jean-Luc Mélenchon ami, aficionado de Poutine ?

 

 

 

- Et maintenant que c'est la guerre, le 24 février, invité de l'émission spéciale de France 2 sur la situation en Ukraine Jean-Luc Mélenchon a fait une proposition simple pour sortir du conflit par le haut

4 ième jour de combat en Ukraine[6]  Plus de trois jours après le début de l’offensive lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, des milliers de personnes fuient leur pays. D’autres ont décidé de prendre les armes ou même de faire face aux chars russes à mains nues.

 

En France, Jean-Luc Mélenchon (candidat aux élections présidentielles 2022) a expliqué que s'il était président de la République, il ferait la proposition d'un cessez-le-feu en Ukraine, d'un retrait des troupes russes et de l'engagement d'une discussion sur la neutralité de l'Ukraine

 

Cette proposition a été reprise ce vendredi 25 février par les proches du président de la République ukrainienne, monsieur Zelensky[7]. L'un de ses conseillers se dit notamment prêt à engager des discussions avec Poutine sur la neutralité de l'Ukraine. Côté russe aussi, ces discussions sont souhaitées, même si pour l'heure les conditions posées à l'Ukraine pour une discussion équivalent à une reddition pure et simple. 

 

On le voit : sur ce sujet encore, Jean-Luc Mélenchon propose une solution de règlement du conflit par le haut. En 2022, il faudra choisir un président de la République qui a été capable de prévoir les dangers qui pesaient sur la paix, et a proposé des solutions diplomatiques pour éviter le passage à un conflit armé comme on en connaît aujourd'hui.  

 

 

- Ukraine : Jean-Luc Mélenchon et Hubert Vedrine font la même proposition pour cesser la guerre

 

- Discours de Jean-Luc Mélenchon sur la guerre en Ukraine prononcé le 1er mars 2022 à l'Assemblée nationale

Face à la volonté de l'Ukraine d'entrer dans l'OTAN et le non positionnement de l'occident pour dire NON, Poutine a fait le choix de la guerre... pour Jean-Luc Mélenchon, le seul but qui doit nous guider, c’est la paix.

 

Jean-Luc Mélenchon a rappelé qu’il n’y a pas d’alternative.... c’est la guerre totale ou la diplomatie. Par conséquent, le choix est vite fait, la France doit prendre une initiative diplomatique radicale : " Il faut rendre la diplomatie plus profitable que la guerre.

 

  • Jean-Luc Mélenchon appelle à la " proclamation de la neutralité de l'Ukraine ", à laquelle le président #Zelensky s'est dit " officiellement prêt ".

 

- Mais au fait, qui sont les amis à Poutine ?

Il existe des photos des candidats et politiciens qui accusent de Jean-Luc Mélenchon de soutenir Poutine ou de lui faire des courbettes.

En revanche, on n’en a aucune de ou il figure...  par contre, en mai 2018, Jean-Luc Mélenchon a rencontré Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes.

 

À #Moscou, rencontre avec Sergueï Oudaltsov, leader du Front de gauche de #Russie, emprisonné durant 4 ans et demi à la suite des manifestations de 2012 pour des élections honnêtes

 

  • les amis à Poutine... c'est eux !

 

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !

Notes :

[1] Anne Hidalgo : "Jean-Luc Mélenchon est devenu l'allié et le soutien de Vladimir Poutine" 

[2] Delphine Batho, porte-parole de la campagne de Yannick Jadot : " JEAN-LUC MÉLENCHON, JAMAIS EN RETARD D'UNE COMPLAISANCE VIS-À-VIS DE POUTINE "

[2bis] Présidentielle : comment Hidalgo et Jadot utilisent la crise ukrainienne pour attaquer Mélenchon

[3] Jaures agent du parti allemand 

[3bisUkraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans !

[4] Si Poutine est évidemment responsable de la situation, une majorité de Français pense que l’OTAN aussi...

[5] Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le candidat le plus à la hauteur des événements.

[6Crise ukrainienne : la Russie lance une opération militaire, l’Ukraine craint « une grande guerre en Europe »

[7Guerre en Ukraine : la présidence ukrainienne déclare avoir accepté des pourparlers avec la Russie à la frontière avec la Biélorussie

 

Pour en savoir plus :

- Jean-Luc Mélenchon : ce qu'il a vraiment dit sur la Russie, Poutine et la Syrie

- Les Européens hors jeu : Ukraine, pourquoi la crise

- Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

- Jean-Luc Mélenchon : " Ukraine/Russie : l’UE n’a décidément rien compris "

- En octobre 2013, dans un texte écrit en commun, Noël Mamère et Jean-Luc Mélenchon appelaient à la libération des écologistes emprisonnés en Russie.

- Crise autour de l’Ukraine : l’alignement condamne à la figuration

- « J’ai toujours dit que si on menaçait la Russie, elle passerait les frontières », déclare Mélenchon

- Mélenchon : 10 ans d'alerte sur la Russie et l'Ukraine

Jean-Luc Mélenchon : La comédie ukrainienne

- Jean-Luc mélenchon " Macron : La comédie de Moscou "

- Guerre russe en Ukraine : depuis bientôt 10 ans, Jean-Luc Mélenchon lance l’alerte

- Dés 2017 Jean-Luc Mélenchon mettait en garde, et face au danger de guerre en Europe appelait à sortir de l'OTAN

- Jean-Luc Mélenchon " Je condamne la guerre de la Russie en Ukraine "

- Communiqué de Jean-Luc Mélenchon suite au déclenchement de la guerre russe en Ukraine.

- Crise en Ukraine : Mélenchon accuse l'OTAN d'attiser les tensions

- Ukraine : Mélenchon a prévenu pendant 10 ans

- Attaque de la Russie en Ukraine – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Guerre russe en Ukraine : La France Insoumise renouvelle sa demande de débat à l’Assemblée nationale

- Jean-Luc Mélenchon : Ukraine - Cessez-le-feu, retrait russe : ce que la France doit proposer

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes 

Ukraine : Mélenchon défend la paix à l’Assemblée et marche dans les pas de Jaurès

- Ukraine : Mélenchon propose la neutralité de Kiev

- 2 Mars, Jean-Luc Mélenchon sur l'Ukraine : face à la menace nucléaire, l’urgence c’est la paix

- Ukraine nucléaire – Communiqué de Jean-Luc Mélenchon

- Jean-Luc Mélenchon le 2 mars 2022 " Ukraine : je veux construire le camp de la paix contre les va-t-en guerre "

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- Jean-Luc Mélenchon se désole de l’opacité autour des questions miliaires et de l’absence d’un dialogue sur les décisions prises par l’exécutif. Et demande un débat hebdomadaire au Parlement sur la crise.

- Jean-Luc Mélenchon : La Guerre d’Ukraine doit finir

- Tribune cosignée par Jean-Luc Mélenchon. Guerre en Ukraine : « Nous appelons à redoubler d’efforts diplomatiques pour établir un cessez-le-feu »

Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon " pro-Poutine " ? Remettons les pendules à l'heure !
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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 15:18
Cœur de l'Europe : Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Révélation : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]

 

Les bruits de bottes aux portes de l’Europe affolent les chancelleries occidentales.
Deux interprétations s’opposent. Pour les uns, Moscou fait monter les enchères afin d’obtenir des concessions de la part de Washington et des Européens. D’autres au contraire estiment que le Kremlin veut pouvoir prétexter d’une fin de non-recevoir pour justifier un passage à l’acte en Ukraine. Dans tous les cas, la question se pose du moment choisi par Moscou pour engager ce rapport de forces. Pourquoi jouer ce jeu risqué, et pourquoi maintenant ?

Des éléments de réponse dans l'article ci dessous, (article traduit en anglais à partir de l’original arabe de Gilbert Achar publié dans Al-Quds al-Arabi, 25 janvier 2022 [traduction de l’anglais par la rédaction de A l’Encontre])

 

Sources : Alencontre par Gilbert Achcar | mis à jour le 25/05/2022

- Il n’est pas exagéré de dire que ce qui se passe actuellement au cœur du continent européen est le moment le plus dangereux de l’histoire contemporaine et le plus proche d’une troisième guerre mondiale depuis la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962[1].

Il est vrai que, jusqu’à présent, ni Moscou ni Washington n’ont fait allusion à l’utilisation d’armes nucléaires, même s’il ne fait aucun doute que les deux pays ont mis leurs arsenaux nucléaires en état d’alerte face aux circonstances actuelles. Il est également vrai que le degré d’alerte militaire aux Etats-Unis n’a pas encore atteint celui qu’il avait atteint en 1962. Mais le déploiement militaire russe aux frontières de l’Ukraine dépasse les niveaux de concentration de troupes à une frontière européenne observés aux moments les plus chauds de la «guerre froide», tandis que l’escalade verbale occidentale contre la Russie a atteint un stade dangereux accompagné de gesticulations et de préparatifs militaires qui créent une possibilité réelle de conflagration.

 

 

- Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu.

Macron joue l'apaisement... à sa façon

Vladimir Poutine peut penser qu’il ne fait que déplacer la reine et la tour sur le grand échiquier afin de forcer l’adversaire à retirer ses pièces. Joe Biden peut croire qu’il s’agit d’une bonne occasion pour lui de redorer son image nationale et internationale, très ternie depuis son échec embarrassant dans l’organisation du retrait des forces étatsuniennes d’Afghanistan. Et Boris Johnson peut croire que les rodomontades prétentieuses de son gouvernement sont un moyen bon marché de détourner l’attention de ses problèmes politiques intérieurs. Il n’en reste pas moins que, dans de telles circonstances, les événements acquièrent rapidement leur propre dynamique au son des tambours – une dynamique qui dépasse le contrôle de tous les acteurs, pris individuellement, et risque de déclencher une explosion qu’aucun d’entre eux n’avait initialement souhaitée.

 

 

- En Europe, la tension actuelle entre la Russie et les pays occidentaux a atteint un degré jamais vu sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les premiers épisodes de guerre qui s’y sont déroulés depuis lors, les guerres des Balkans dans les années 1990, n’ont jamais atteint le niveau de tension prolongée et d’alerte entre les grandes puissances elles-mêmes auquel nous assistons aujourd’hui. Si une guerre devait éclater en raison de la tension présente – même si elle ne faisait initialement que sévir sur le sol ukrainien – la situation centrale et la taille même de l’Ukraine suffisent à faire du danger de propagation de l’incendie à d’autres pays européens limitrophes de la Russie, ainsi qu’au Caucase et à l’Asie centrale, un péril grave et imminent.

 

 

- La cause principale de ce qui se passe aujourd’hui est liée à une série de développements

La première et principale responsabilité incombe au plus puissant qui en a eu l’initiative – c’est-à-dire, bien sûr, les Etats-Unis. Depuis que l’Union soviétique est entrée dans la phase terminale de son agonie sous Mikhaïl Gorbatchev, et plus encore sous le premier président de la Russie post-soviétique, Boris Eltsine, Washington s’est comporté envers la Russie comme un vainqueur impitoyable envers un vaincu qu’il cherche à empêcher de pouvoir jamais se redresser.

Cela s’est traduit par l’expansion de l’OTAN, dominée par les Etats-Unis, en y intégrant des pays qui appartenaient auparavant au Pacte de Varsovie dominé par l’URSS[2], au lieu de dissoudre l’Alliance occidentale parallèlement à son homologue orientale le 1er juillet 1991[3], amenant l'ambassadeur russe auprès de l'UE a dénoncer plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est[0] (VOIR AUSSI : Comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est[2bis], par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères[0bis]), auquel il convient d'ajouter le non respect des accords de MinskI[1bis] et MinskII[1ter].

L'OTAN de sa création à l'intégration du Monténégro

 

Cela s’est également traduit par le fait que l’Occident a dicté une politique économique de « thérapie de choc » à l’économie bureaucratique de la Russie, provoquant une crise socio-économique et un effondrement d’énormes proportions.

 

 

- Ce sont ces prémisses qui ont le plus naturellement conduit au résultat

Prémisses contre lequel l’un des conseillers les plus éminents de Gorbatchev – un ancien membre du Soviet suprême et du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique –, Georgi Arbatov[4], avait mis en garde il y a trente ans, lorsqu’il avait prédit que les politiques occidentales à l’égard de la Russie conduiraient à « une nouvelle guerre froide[5] » et à l’émergence d’un régime autoritaire à Moscou, renouant avec la vieille tradition impériale de la Russie. C’est ce qui s’est produit avec l’arrivée au pouvoir de Poutine qui représente les intérêts des deux blocs les plus importants de l’économie capitaliste russe (dans laquelle se mêlent capitalisme d’Etat et intérêts privés) : le complexe militaro-industriel – qui emploie un cinquième de la main-d’œuvre industrielle russe, en plus des effectifs des forces armées – et le secteur pétrolier et gazier.

 

 

- Le résultat est que la Russie de Poutine pratique une politique d’expansion militaire qui va bien au-delà de ce qui prévalait à l’époque de l’Union soviétique.

A l’époque, Moscou n’a déployé de forces de combat en dehors de la sphère qui était tombée sous son contrôle à la fin de la Seconde Guerre mondiale que lors de l’invasion de l’Afghanistan à la fin de 1979, invasion qui a précipité l’agonie de l’URSS. Quant à la Russie de Poutine, après avoir retrouvé une vitalité économique, depuis le début du siècle, grâce à l’augmentation du prix des combustibles, elle est intervenue militairement hors de ses frontières à une fréquence comparable à celle des interventions militaires étatsuniennes avant la défaite au Vietnam, et entre la première guerre des Etats-Unis contre l’Irak en 1991 et la sortie peu glorieuse des forces étatsuniennes de ce pays, vingt ans plus tard. Les interventions et les invasions de la Russie ne se limitent plus à son « étranger proche », c’est-à-dire les pays adjacents à la Russie, qui étaient dominés par Moscou à travers l’URSS ou le Pacte de Varsovie. La Russie post-soviétique est intervenue militairement dans le Caucase, notamment en Géorgie[6], en Ukraine (Guerre du Donbass[7]) et plus récemment au Kazakhstan[8]. Mais elle mène également, depuis 2015, une guerre en Syrie[9] et intervient sous un déguisement qui ne trompe personne en Libye[10] et plus récemment en Afrique subsaharienne[11].

 

Ainsi, entre le regain de belligérance russe et la poursuite de l’arrogance des Etats-Unis, le monde se trouve au bord d’une catastrophe qui pourrait grandement accélérer l’anéantissement de l’humanité, vers lequel notre planète se dirige par le biais de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique.

  • Nous ne pouvons qu’espérer que la raison l’emportera et que les grandes puissances parviendront à un accord répondant aux préoccupations de sécurité de la Russie et recréant les conditions d’une « coexistence pacifique » renouvelée qui réduirait la chaleur de la nouvelle guerre froide et l’empêcherait de se transformer en une guerre chaude qui serait une catastrophe énorme pour toute l’humanité.

 

-----------------------------------

 

🔴 Note personnelle à méditer...

 

1 - L'OTAN AU SERVICE DU MARCHÉ DE L'INDUSTRIE D'ARMEMENT ?

- L'OTAN un outil politico militaire au service du marché ?

Depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991, l’OTAN s’est transformée, à l’initiative des Etats -Unis, d’une organisation de sécurité défensive en une organisation expansionniste et militaire agressive. 

Aujourd'hui, l'objectif de l'OTAN, c'est t-il pas aussi de maintenir les tensions avec la Russie, l'extrême Orient avec la Chine pour justifier l'investissement public dans l'armement, alimenter le PIB, la croissance, l'industrie de l'armement, la finance ?

  • Selon l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm, le total des dépenses militaires mondiales s'élève à 1 981 milliards de dollars en 2020, soit une augmentation de 2,6 % en termes réels par rapport à 2019, selon de nouvelles données publiées par le Stockholm International[12] ;
  • Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde[13]

 

- Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde
L’administration américaine représente 36 % de l’effort militaire mondial, selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm[14].

Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde[15], une large partie étant assurée par les Etats-Unis (70% en 2018[16]).

 

 

Répartition des dépenses militaires par pays en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

Classement des 10 plus importants budgets militaires en 2018 INFOGRAPHIE LE MONDE

 

2 - L'ENJEU DU GAZ EN EUROPE... L'AUTRE DESSOUS DES CARTES EN UKRAINE ? 

- Les Etats-Unis veulent faire blocus contre le gaz russe pour nous vendre leur gaz de schiste liquéfié ainsi une celui de leurs amis Qataris.

L’Europe est plus que jamais le terrain de jeu de la guerre énergétique entre les Etats-Unis et la Russie. L’intrusion des américains sur le marché européen du gaz est récente, grâce à leur révolution du gaz de schiste. Les russes, eux, ont toujours été l’un des premiers fournisseurs de gaz des pays européens avec le Qatar ou l’Algérie, notamment pour la France[17].

 

Mais ce sont surtout les importations en provenance des Etats-Unis qui ont explosé. Elles ont presque triplé, passant de 2,7 millions de tonnes sur l’année 2018 à 7,6 millions sur les neuf premiers mois de 2019. Une poussée due au gigantesque essor du gaz de schiste américain depuis sept ans. "L’essentiel du gaz que les américains exportent est du gaz de schiste", explique un spécialiste du secteur. En France aussi, cette tendance est la même : les importations de gaz américains ont presque quadruplé depuis le début de l’année! Même si elles partaient de très bas[17]…

 

 

- En définitive, la crise Ukrainienne constitue des enjeux inavoués mais majeurs pour les États-Unis

Bien que situé à plus de 8000 km du théâtre d’opération ukrainien[6], les États-Unis sont loin de se désintéresser du conflit qui s’y déroule. Et pour cause : la question ukrainienne intéresse les Américains à au moins trois titres : Géopolitiques, commerciaux, énergétiques[18].

  • Géopolitiques, l’enjeu est ici clair : la crise ukrainienne fournit aux États-Unis une occasion rêvée de proroger la partition de l’Europe engagée dès 1944, à l’aube de la victoire alliée sur les forces de l’Axe.

 

  • Commerciaux : Ici c’est la question de la libéralisation des échanges avec l’UE qui est en jeu. Comme au temps de la guerre froide, l’arme commerciale vient en effet doubler l’arme économique tout en visant à parvenir au même but. Couper la Russie de l’Europe occidentale tout en renforçant la dépendance de cette dernière à l’égard des États-Unis.

 

  • Énergétiques via l’augmentation des capacités d’exportation : c’est un autre aspect caché – et de ce fait souvent méconnu – de la crise ukrai­nienne. Celle-ci pourrait en effet à terme permettre à l’industrie américaine d’aug­menter sensiblement ses capacités d’exportation de gaz naturel.

 

3 - L'Ukraine, c'est aussi :

Pourquoi l'Ukraine compte-t-elle économiquement pour le " marché " et donc l'occident et ce indépendamment des questions géopolitiques et de domination militaire dans une stratégie de nassage de la Russie... ?

  • Pour le savoir, regarder comment la nation indépendante, souveraine et démocratique de l'Ukraine se classe :

🥇1ère réserve européenne de minerais d'uranium ;
🥈2e réserve européenne de minerais de titane - 10e réserve mondiale ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de manganèse (2,3 milliards de tonnes, soit 12% des réserves mondiales) ;
🥈2e réserve mondiale de minerais de fer (30 milliards de tonnes) ;
🥈2e réserve européenne de minerais de mercure ;
🥉3e réserve européenne de gaz de schiste (22 milliards de mètres cubes) - 13e réserve mondiale
📌 4e place mondiale en valeur totale des ressources naturelles
📌 7e réserve mondiale de charbon (33,9 milliards de tonnes)
❗️🇺🇦 L'Ukraine est un pays agricole - elle peut répondre aux besoins alimentaires de 600 millions de personnes :
🥇La plus grande superficie de terres arables d'Europe ;
🥉3e plus grande superficie de terre noire (tchornozem) dans le monde (25% du volume mondial) ;
🥇1er exportateur mondial de tournesol et d'huile de tournesol ;
🥈2e producteur mondial d'orge - 4ème exportateur mondial ;
🥉3e producteur mondial de maïs - 4e exportateur mondial ;
- 4e producteur mondial de pommes de terre ;
- 5e producteur mondial de seigle ;
- 5e place mondiale en production apicole - miel, cire, gelée royale, pollen, propolis, venin d'abeille (75 000 tonnes) ;
- 8e exportateur mondial de blé ;
- 9e producteur mondial d'œufs de poule ;
- 16e exportateur mondial de fromages
🇺🇦 L'Ukraine est un pays industrialisé :
🥇 1er producteur européen d'ammoniaque; 
🥈 2е plus grand réseau de gazoducs d'Europe et 4e mondial (142,5 milliards de mètres cubes de capacité de débit de gaz dans l'UE) ;
🥉 3e plus grand parc nucléaire européen - 8e mondial ;
🥉 3e plus long réseau ferroviaire d'Europe - 11e mondial (21 700 km) ;
🥉 3e producteur mondial de localisateurs et d'équipements de localisation (après les États-Unis et la France) ;
🥉 3e exportateur mondial de fer ;
💥 4e exportateur mondial de turbines pour centrales nucléaires ;
💥 4e fabricant mondial de lance-roquettes ;
💥 4e exportateur mondial d'argile ;
💥 4e exportateur mondial de titane ;
💥 8ème exportateur mondial de minerais et concentrés métallurgiques ;
💥 9e exportateur mondial dans l'industrie de l'armement ;
💥 10e producteur mondial d'acier (32,4 millions de tonnes).

 

En conclusion, l’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement[20]. 

 

- Les révélations de Roland Dumas : comment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est
Comme nous l'avons expliqué plus haut, la crise actuelle trouve son origine dans l’extension permanente de l’OTAN depuis la disparition de l’URSS. Et ci-dessous, Roland Dumas dévoile, confirme ce qui a été dit et promis à l’URSS en 1990, en échange de la réunification de l’Allemagne.

 

- L'OTAN accroît les tensions en Europe, avec le Général Vincent Desportes

Général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences Po et à HEC : Ukraine : 5ème jour de guerre

 

 

Notes

[0] L'ambassadeur russe auprès de l'UE dénonce plusieurs vagues d'élargissement de l'OTAN vers l'Est

[0bisComment l’Occident a promis à l’URSS que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est, par Roland Dumas, ex-ministre des affaires étrangères

[1] La crise des missiles de Cuba est une suite d'événements survenus du 14 octobre au 28 octobre 1962

[1bis] Protocole de MinskI

[1terProtocole de MinskII du 11 février 2015

[2] Pourquoi l'OTAN continue à s'élargir vers l'est

[2bis] Des documents récemment déclassifiés révèlent que des dirigeants occidentaux - et non des moindres, comme le président américain George H.W. Bush et le secrétaire général de l'Otan de l'époque Manfred Wörner - avaient assuré au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, que l'Alliance atlantique ne s'élargirait pas à l'est au delà de l'Allemagne de l'Est après la réunification allemande d'octobre 1990.

[3] Dissolution du pacte de Varsovie le 1er juillet 1991

[4] Georgy Arbatov

[5] «Eurasia Letter : A New Cold War», Georgi Aabatov, in Foreign Policy. No.95, Summer 1994 (pp. 90-103)

[6] Géorgie-Ossétie-Russie. Une guerre à toutes les échelles

[7] Guerre du Donbass

[8] Intervention russe au Kazakhstan : le Kremlin défend un partenaire clé

[9] Intervention militaire de la Russie en Syrie

[10] En Libye, ces mercenaires russes “ qui n’existent pas ”

[11] Sociétés militaires privées russes en Afrique subsaharienne

[12] Nouvelles données publiées aujourd'hui par le Stockholm International

[13] Armement.2020, année record pour les dépenses militaires dans le monde

[14] Les Etats-Unis resteront pour longtemps encore le premier budget militaire du monde

[15] Au total, les dépenses militaires de l'alliance atlantique OTAN, représentent 70% des dépenses au monde

[16]  Les dépenses militaires des Etats-Unis ont représenté en 2018 près de 70% des dépenses militaires totales de l'Otan. 

[17] LE GAZ DE SCHISTE AMÉRICAIN INONDE L’EUROPE

[18Russie-Ukraine Les enjeux gaziers du conflit

[19Roland Dumas a été notamment ministre des Relations extérieures de 1984 à 1986 et des Affaires étrangères de 1988 à 1993. Il a ensuite présidé le Conseil constitutionnel de 1995 à 2000.

[20L’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine, ce qui signifie qu’il existe plusieurs possibilités d’importer et d’exporter de l’UE vers l’Ukraine, et inversement. 

 

Pour en savoir plus :

- 2015 : La crise russo-ukrainienne accouchera-t-elle d’un nouvel ordre européen ?

- Fascisme de masse en Ukraine. Attention !

- Les européens s’étaient effectivement engagés à ce que l’OTAN ne s’étende pas vers l’est. Cet article contient les liens vers les sources de ces informations

- Ukraine et néo-nazis

- 9 avril 2015 : L’Ukraine se réclame de la tradition nazie

- L'Otan rejette l'exigence russe de renoncer à l'adhésion de Kiev

- Les ressources énergétiques et naturelles sont au coeur des conflits internationaux

Les Américains n’ont pas de partenaires. Ils n’ont que des vassaux. Sans sortie de l’OTAN, toute armée européenne ne sert qu’en supplétif de l’armée USA et au service de sa guerre froide.

- Loin de jouer l’apaisement et la voie diplomatique, les États-Unis répondent aux menaces russes par une stratégie d’escalade.

- Quels sont les objectifs de Vladimir Poutine  ?

- La Russie envahit, mais il n’y a pas de bons gars dans la guerre en Ukraine

- Reconstituer le puzzle de la guerre en Ukraine : c’est possible, mais cela demande du temps.

Quand en 2014, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il y aurait la guerre en Ukraine

- « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » par Philippe Descamps 

- On l’oublie un peu, mais la crise en Ukraine a surgi aussi sur fond d’enjeux économico-stratégiques mettant en cause le grand projet de M. Vladimir Poutine : l’Union économique eurasiatique (UEE), qui doit prendre effet en janvier 2015. 

- Jean-Luc Mélenchon : " Pendant la guerre, le monde change sous les radars "

- UKRAINE : LES ÉTATS-UNIS COMPTENT FAIRE LA GUERRE « JUSQU’AU DERNIER UKRAINIEN »

Entre 2015 et 2020, malgré l'embargo de l'UE, la France a fourni 152 millions d’euros de matériels pour des chars, des avions de chasse et des hélicoptères de combat aux Russes, révèle « Disclose ».

- " Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ", pour Henri Guaino

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 09:42
Mélenchon 2022... l'insoumission à l'Europe : " Je ne nous laisserai pas dépouiller... je ne cèderai pas "

Jean-Luc Mélenchon :

. « Nous désobéirons à toutes les dispositions des traités qui sont contradictoires à notre programme »...

. « Les conditions sont mûres pour un grand changement en Europe »... « j'appliquerai mon programme quoi qu’il arrive[1] »

 

Qui croit encore sincèrement aux grandes promesses d’une Europe sociale, écologique et démocratique qui nous sont chantées à chaque élection présidentielle ?

Bien peu. Vingt ans de casse des services publics et des droits des travailleurs, de pollution massive, de mise en concurrence sauvage et de privatisation à tout va n’ont fait qu’opposer les institutions européennes aux peuples du continent.

L’histoire réelle de l’Union européenne est celle d’une profonde déception et, depuis 2005, d’une usurpation. En effet, si depuis l‘Europe des six, cette union originelle a changé de nature politique, de géographie, de sens géopolitique, à de nombreuses reprises, un seuil a été franchi dans l’histoire récente. Depuis le « non » au référendum en 2005 par deux des peuples fondateurs, transformé en France en « oui » par un congrès parlementaire de forfaiture, l’Union européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui est une construction illégitime face à la souveraineté du peuple français.

L’élection présidentielle de 2022 nous impose d’aborder sérieusement notre relation à l’Union européenne et notre stratégie.

 

Sources : l'Insoumission | mis à jour le 30/01/2022

- Désobéir à l’Union Européenne : l’opt-out comme moyen de pression
Il est clair qu’une bonne partie du programme l’Avenir en Commun n’est pas applicable dans le cadre des traités européens. Mais Jean-Luc Mélenchon est très clair de ce point de vue-là : « La ligne rouge absolue, c’est l’application dans tous les cas de notre programme. Nous utiliserons donc la clause « opt-out » quand les traités sont contraires aux engagements du programme. » C’est-à-dire que la France ne se pliera pas aux exigences de Bruxelles de Berlin et pourra bloquer de nombreuses décisions grâce à son droit de vote.

  • Dans le cadre de cette stratégie, il ne s’agira cependant pas de sortir de l’euro, et donc d’aller vers un « chaos économique et politique ».

 

 

- L’Europe : facteur de division à gauche ?
Il est évident que les positions de l’Union Populaire (NDLR et donc de l'Avenir en commun[2]) et des autres candidatures à gauche ne sont pas conciliables. Pour le moment. Puisque leurs promesses sont incompatibles avec les traités européens, Jean-Luc Mélenchon pense qu’il « peut les convaincre« , surtout qu’il propose à la fois « une politique et le moyen de la mettre en oeuvre ».

 

 

- Du respect des droits de l’homme et de l’État de droit dans l’Union Européenne

Sans réserve, Jean-Luc Mélenchon condamne le non-respect de l’Etat de droit par la Hongrie ou la Pologne[3], « car leurs mesures car elles sont contraires à l’identité française sur les droits de l’homme » . Sur la question de l’immigration, Jean-Luc Mélenchon met en cause directement la responsabilité de l’Union Européenne : « L’UE est directement responsable de l’appauvrissement des gens qui émigrent ». Les migrants doivent faire l’objet d’une répartition équitable entre les pays, pour éviter que certains pays aient en assumer toute la charge, l’insupportable réglementent Dublin. Certains pays doivent assumer leurs responsabilités, comme le Royaume-Uni dont la France n’a « pas à être le garde-frontière ».

 

 

- Défense européenne et rapports avec la Russie
Jean-Luc Mélenchon a pu rappeler dans cette interview l’un de ses mesures-clés : la sortie de l’OTAN, d’autant que, « l’Europe de la défense, [elle], ne peut pas exister ». « La France, qui dispose de la dissuasion nucléaire[4] », doit rester une grande puissance indépendante, non-alignée et altermondialiste. Elle doit « produire son propre armement sans dépendre des importations américaines« . Le candidat de l’Union populaire a pu rappeler que la politique n’était pas dans notre intérêt, et qu’il ne fallait pas s’étonner des troupes russes massées à la frontière de l’Ukraine, dans cette ambiance de nouvelle guerre froide. C’est empreint de cette vision qu’il fait la proposition d’un référendum sous l’égide de l’ONU sur la question de la Crimée.

 

 

- Globalement, nous proposons donc une autre voie : respecter scrupuleusement la souveraineté populaire en Europe et imposer en toute circonstance un principe de non-régression écologique et sociale.

Appliquer le programme quoi qu'il en coûte
A consulter, l'Avenir en commun : notre stratégie en Europe

Notre objectif est simple : le mieux-disant en matière de progrès écologique et social : notre engagement est clair : appliquer notre programme, d’un bout à l’autre.

 

Pour cela, notre stratégie européenne repose sur l’analyse lucide des obstacles posés par les règles européennes à l’application de notre programme et propose une méthode pour lever ces blocages. Elle implique à la fois la construction d’un rapport de force et des mesures unilatérales de désobéissance.

 

L’histoire entière de l’Union européenne est faite de ces rapports de force et coopérations à géométrie variable : il est temps de s’en servir nous aussi pour se donner les moyens de mettre en œuvre notre programme. Faute de quoi, ce serait se condamner aux mensonges électoraux et aux trahisons des précédents gouvernements.

 

Nos adversaires l’ont bien compris et ont toujours su trouver des failles pour obtenir ce qu’ils voulaient : le peuple français a également les moyens de faire respecter sa volonté, en s’appuyant sur le mandat populaire qui aurait été donné à l’ambition que nous proposons avec notre programme l’Avenir en commun.

 

👉 A votre disposition : téléchargement de " Notre stratégie pour l'Europe👇

 

- Le mardi 18 janvier 2022, Jean-Luc Mélenchon tenait une conférence de presse sur les questions européennes.

Un discours net précis instructif et sans concession... ou vous sera notamment expliqué le pourquoi de l'évolution depuis le concept de " Plan A[5]... Plan B[6] " dont il " garde la trame ".

Entretien paru dans Le Monde
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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 14:21
Crédit photo : afp.com/PHILIPPE HUGUEN

Crédit photo : afp.com/PHILIPPE HUGUEN

Jean Luc Mélenchon : Notre choix n’est ni le chaos, ni le Frexit de principe, ni la soumission aux traités actuels, ni la fumeuse attente résignée d’une renégociation générale. C’est l’application des décisions du vote populaire et donc l’opt-out pour tout ce qui lui fait obstacle... "[1bis]

 

Non, le Brexit n’est pas né uniquement de la colère du peuple contre les élites, mais d’une stratégie d’un pan de la finance, emmené par les hedge funds, désireux de quitter l’UE pour dérégulariser davantage. C’est la thèse d’un essai sombre, qui annonce l’avènement d’un « libertarianisme autoritaire ».

 

Sources : Midi Insoumis, Populaire et Citoyen | mis à jour le 17/02/2023

- Le feuilleton du Brexit s’est souvent apparenté à une pièce de théâtre shakespearienne, avec coups de bluff, trahisons en série et jusqu’à l’assassinat d’une députée

Mais l’essai que viennent de publier deux sociologues français, Marlène Benquet et Théo Bourgeron[1] Quand la City de Londres faisait campagne pour le Brexit ", braque les projecteurs sur un personnage qui ne semblait être, jusqu’à présent, qu’un second couteau du drame en cours : ces hedge funds, fonds de capital-investissement et de trading à haute fréquence, qui prospèrent « aux marges les moins régulées du secteur financier ».

 

En choisissant de s’intéresser, non pas aux ressorts psychologiques des électeurs du Brexit, ou à leurs conditions socioéconomiques, mais aux « intérêts patronaux » de ceux qui l’ont provoqué, La Finance autoritaire (Raisons d’agir) déplace la focale. Elle se penche sur les intérêts économiques des classes dominantes, et ceux, en particulier, de la City de Londres, moins monolithique qu’elle n’est souvent décrite. « Le Brexit est la répercussion d’une opposition économique, devenue conflit institutionnel et politique, entre deux fractions du patronat financier », écrivent Benquet, chargée de recherche au CNRS, et Bourgeron, post-doctorant à Dublin.

 

 

- Ces deux universitaires vont plus loin

Ils font du Brexit « le premier exemple significatif du basculement d’un pays du néolibéralisme vers le libertarianisme autoritaire », une dynamique également à l’œuvre, selon eux, dans les États-Unis de Trump ou au Brésil de Bolsonaro. Le Brexit a souvent été narré comme « l’histoire d’un mauvais calcul stratégique », le résultat d’un aventurier opportuniste nommé David Cameron, désireux d’asphyxier le UKIP de Nigel Farage sur sa droite. Mais ce récit manquerait peut-être l’essentiel : la bataille à laquelle se sont livrés, au cours de l’année 2016, deux pans de la finance, l’une « historique » (banques, assurances, etc.), l’autre, alternative, autour des fonds spéculatifs.

 

La principale différence entre ces deux acteurs de la City, pour reprendre la terminologie marxiste maniée par les deux auteurs, est liée à leur « mode d’accumulation » :

  • les premiers s’enrichissent avant tout sur les marchés boursiers ;
  • les seconds interviennent sur des marchés de gré à gré, c’est-à-dire non organisés.

Benquet et Bourgeron opposent une « première financiarisation » à une « seconde financiarisation », encore moins régulée. Les deux forces se trouvent désormais « en concurrence pour la négociation d’un régime politique d’accumulation institutionnalisant leur droit à accumuler ».

 

 

- L’une des pièces maîtresses de leur raisonnement est un travail de compilation inédit

A partir des chiffres publiés par la Commission électorale du Royaume-Uni, ils ont analysé l’origine des 349 lignes de dons accordés par 313 donateurs distincts aux plateformes en faveur du maintien (remain) ou du divorce (leave) – soit 33 millions de livres (37 millions d’euros environ) dépensées en cinq mois.

 

Alors que les médias ont souvent écrit que la City tremblait devant la perspective d’un Brexit, ils observent que 57 % des recettes de la campagne en faveur du " leave " (partir) proviennent du secteur financier, contre 36 % pour celle du " remain " (rester). En affinant les recherches, ils découvrent que les " hedge funds " (fonds spéculatifs) ont consacré près de 90 % de leurs ressources au leave.

 

👉 Au total, la campagne du leave est financée à 94 % par des acteurs de ce qu’ils nomment « la seconde financiarisation ».

 

La presse britannique a déjà souligné, ces dernières années, le rôle discret joué dans la campagne par certains gestionnaires de hedge funds, Arron Banks, mécène du Ukip et cofondateur de la plateforme Leave.EU, étant sans doute le plus connu (Mediapart avait publié son portrait ici). Des journalistes, à l’instar de Peter Geoghegan (Democracy for sale, 2020), ont publié des essais ultradocumentés sur l’opacité des financements de la campagne du leave (Mediapart en a parlé en 2019).

 

..............................................

 

- Quels enseignements en tirer ? Regardons ce qu'en dit la France insoumise (extrait)[2]

Partant du constat que le Brexit est une sortie néolibérale de l’Union européenne, et donc la pire envisageable, les citoyens et citoyennes que nous sommes doivent tirer les leçons de cet épisode :

  • 1- La Commission européenne confirme qu’elle ne sait, ne peut, ni ne veut négocier. Elle est soumise à des impératifs idéologiques si puissants qu’elle ne sait faire preuve d’aucune souplesse. On peut sans risque affirmer que ce qui lui importe essentiellement dans cette négociation Brexit c’est d’imposer un accord qui se voudrait punitif pour ne pas donner l’exemple à ceux des autres peuples qui pourraient être taraudés par l’idée de la quitter ;
  • 2- Le Brexit est une sortie néolibérale de l’Union européenne, et donc la pire envisageable. Cela confirme que sortir de l’UE pour sortir de l’UE n’est pas un programme. Car dans cette affaire, une seule certitude demeure : avant comme après, les Britanniques subiront la même politique néolibérale, au moins aussi féroce, voire pire. L’important consiste bien pour nous à se fixer des objectifs politiques et sociaux de justice sociale, environnementale et fiscale, et de les appliquer. Dès lors que, ces objectifs étant fixés, l’UE est un obstacle, il faut la combattre comme telle ;
  • 3- Instaurer un rapport de forces est la condition nécessaire au changement. L’UE est obstacle au changement, il faut instaurer avec elle un rapport de forces et ne pas imaginer que la négociation soit réellement possible avec l’UE telle qu’elle est.

 

- Jean-Luc Melenchon : Vous tuez l'idée européenne
On ne tuera jamais si bien et si efficacement l’idée européenne qu’en la traitant comme on est en train de le faire... 

 

  • Les propositions de la France insoumise :

« L’Avenir en commun, en Europe aussi ! » : Ce document programmatique pour les élections européennes est proposé par l’espace du programme de La France insoumise, coordonné par Charlotte Girard et Boris Bilia[3].

« L’Avenir en commun, sortir des traités européens » : Plan A : Proposer une refondation démocratique, et appliquer un « plan B » en cas d’échec des négociations[4]

 

Notes :

[1] Quand la City de Londres faisait campagne pour le Brexit

[1bisJean Luc Mélenchon

[2France insoumise : Brexit ou le jeu de dupes 

[3] « L’Avenir en commun, en Europe aussi ! »

« L’Avenir en commun, en Europe aussi ! » téléchargeable

[4] « L’Avenir en commun, Sortir des traités européens »

 

Pour en savoir plus :

- Ce que contient l'accord post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni

- Les eurodéputés de La France insoumise pointent les impasses actuelles de la construction européenne. Ils s'opposent au dumping social et écologique et à l'évasion fiscale.

- Brexit, pas touche au marché unique

- Accord de Brexit: les paradis fiscaux ont de beaux jours devant eux ! (Fabien Roussel - PCF)

- Manon Aubry, députée européenne France insoumise : " Avec l'accord Brexit, le Royaume-Uni pourra tranquillement  inonder gratuitement le marché Drapeau de l'Union européenne sans en respecter toutes les normes sociales, fiscales & environnementales. La porte ouverte au dumping ! "

- C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !

- Brexit : Bruxelles prête à de la créativité, pas à une atteinte au marché unique !

- Europe : Le Pen et le FN/RN rejoignent la niche. Jusqu’au bout

- Brexit : 40% des camions qui reviennent du Royaume-Uni sont... vides, n'ayant bien souvent pas de marchandises à ramener

- Younous Omarjee, député européen France insoumise, tenait une conférence de presse sur la Réserve d'ajustement au Brexit, aux côtés de Pascal Arimont, son rapporteur (Cet instrument devrait tempérer les effets socioéconomiques du retrait britannique dans les régions impactées)

La cause du Brexit est parfaitement claire : le peuple est stupide et les élites devraient le dissoudre

- Brexit : deux tiers des Britanniques favorables à un référendum pour rejoindre à nouveau l’Union Européenne

« IL NE SUFFIT PAS DE SORTIR DE L’EURO POUR REDEVENIR SOUVERAIN »

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16 janvier 2021 6 16 /01 /janvier /2021 15:14
Vert foncé : États ayant signé et ratifié ; Vert clair : États ayant signé, mais pas ratifié

Vert foncé : États ayant signé et ratifié ; Vert clair : États ayant signé, mais pas ratifié

Le rôle du traité Ciel ouvert comme instrument de renforcement de la confiance et de la sécurité a été miné par l'administration Trump !

Que fera Joe Biden, qui annonce la production de nouveaux décrets revenant sur des décisions prises par Trump ?... C'est notre sécurité globale qui est en cause !

 

Sources : Midi Insoumis, Populaire et Citoyen | modifié le 057/08/2022

- Les Etats-Unis de Trump se retirent officiellement du traité de désarmement sur les armés nucléaires de portée intermédiaire
Le 2 août 2019[1], les Etats-Unis sortaient officiellement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), ouvrant de ce fait la voie à une nouvelle course aux armements.

 

Après six mois d’attente, la procédure de retrait de l’accord, lancée par Donald Trump en février 2019, est arrivé à son terme et débouchera donc sur la fin du traité bilatéral ratifié par les États-Unis en 1993.

 

Les Etats-Unis, s’ils ont assuré ne pas vouloir déployer de nouveaux missiles nucléaires en Europe, n’ont formulé aucune promesse quant au potentiel déploiement d’armes conventionnelles. Enfin, l’avenir du traité START[3] de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques, qui arrive à échéance en février 2021, est également en question.

 

 

- Qu’est-ce que le Traité "" Ciel ouvert " dont les Etats Unis trumpistes se sont retirés en 2020 ?
C'est en 1989, que le président George Bush relançait l'idée d'un Traité « Ciel ouvert[2] ». Le Traité “ Ciel ouvert ” (« Open Skies » en anglais) est avant tout un traité militaire, basé sur la confiance.

 

Après des négociations entre les membres de l'OTAN et du Pacte de Varsovie (dissous en 1991), les discussions englobent au fil des années de plus en plus de pays, il est signé à Helsinki le 24 mars 1992. La Russie le signait en 2001, ce qui permettait l'entrée en vigueur du traité, ratifié par 35 pays, au 1er janvier 2002 , et compte actuellement trente-quatre États (depuis le retrait des USA). Il permet aux signataires des accords de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe de survoler leurs territoires respectifs pour vérifier leurs mouvements militaires et les mesures de limitation des armements des uns et des autres.

 

 

- Les Etats-Unis se retirent officiellement du traité « Ciel ouvert » (23 novembre 2020)
Annoncé depuis le 21 mai 2020 par le président américain Donald Trump, le retrait des Etats-Unis du traité « Ciel ouvert », est devenu effectif et officiel le 22 novembre 2020.

 

Du fait de cette décision, les Etats-Unis ne pourront plus effectuer de vols d’observations non armés au-dessus du territoire russe ou de celui des autres pays signataires du traité « Ciel ouvert ». Ils ne pourront pas non plus, en théorie, bénéficier des renseignements transmis en vertu de l’accord. Cependant, il est possible que les Etats-Unis demandent des photographies aériennes de la Russie prises par d’autres membres de l’OTAN, tout en interdisant les vols russes équivalents au-dessus des installations militaires américaines.

 

Le chef de la diplomatie allemande a ensuite souligné qu’il regrettait la décision prise par l’administration Trump, estimant que le traité « Ciel ouvert » contribuait au renforcement de la confiance et à la promotion de la sécurité dans tout l’hémisphère nord « de Vladivostok à Vancouver[3bis]».

 

Moscou, en outre, voit d’un mauvais œil ce retrait américain : « Le retrait des Etats-Unis de ce traité signifie non seulement un coup porté aux fondements de la sécurité européenne mais aussi aux instruments de la sécurité militaire existants et aux intérêts essentiels de sécurité des alliés mêmes des Etats-Unis[4] », avait estimé fin mai 2020 le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko. « Ce n’est pas un traité bilatéral, mais multilatéral. Et une décision si brusque affectera les intérêts de tous les participants sans exception [4]», avait-il également regretté.

 

 

- La Russie annonce son retrait du traité Ciel ouvert en réaction au départ de Washington
Dans un communiqué de presse publié le 15 janvier 2021, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé entamer son retrait du traité " Ciel ouvert " que les Etats-Unis avaient quitté fin novembre[5]. Ce texte permet de vérifier la réalité des limitations des armements des pays signataires.

 

Déplorant les « dommages » causés à « l’équilibre » de ce texte par le retrait américain, Moscou déplore en outre que ses « propositions concrètes correspondant aux dispositions fondamentales du traité », visant à « maintenir sa viabilité dans les nouvelles conditions », n’aient pas « reçu le soutien des alliés américains ».

 

Notes :

[1] Les États-Unis sortent du traité de désarmement INF conclu avec la Russie en 1987

[2] Traité Ciel ouvert

[3] Traités Start de réduction des armes stratégiques

[3bis] La sécurité européenne devient l’affaire de l’UE seulement

[4Retrait américain du traité "Ciel ouvert": un "coup" à la sécurité européenne, affirme Moscou

[5] Pourquoi la Russie se retire du traité " Ciel ouvert "

 

Pour en savoir plus :

- Communiqué des ministères des Affaires étrangères suite à l’annonce du gouvernement des États-Unis de son intention de se retirer du Traité ciel ouvert (22 mai 2020)

- La remilitarisation de l’Europe sous le regard fatigué de la gauche

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27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 18:56
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !

L'Europe a bon dos !...

- Il y a nécessité de remettre les choses dans l'ordre, ce n'est pas l'Europe qui fixe la politique européenne,... mais les gouvernements des États qui la compose !

- Si les pays qui compose l'Europe étaient antilibéraux... l'Europe mènerait une politique antilibérale !

et en tout état de cause, « Il ne suffit pas de sortir de l'Europe pour devenir souverain ![17] »

 

L'Europe au quotidien, c'est dans les territoires qu'elle se vit : agriculture, aménagement du territoire, pêche, cohésion sociale, services publics, etc....
Donc " Tout le monde parle de l'Europe ! Mais c'est sur la manière de faire cette Europe que l'on ne s'entend plus ! ". Jean Gabin dans " Le Président " (1961)
Et si, en fait, l'Europe n'avait pour rôle que :
- de faire adopter des mesures que les États membres ne peuvent pas faire passer ;
- de servir d'alibi à ces États pour leur permettre de dire :... " C'est pas nous, c'est Bruxelles " !

Et si la désobéissance aux traités et directives européennes était conçue et popularisée comme un outil capable d’accélérer l’émergence d’une communauté politique, un embryon de peuple européen ?


Sources : Eric Durand | mis à jour le 16/02/2023

-C'est la commission européenne qui en fait dirige l'Europe
Rappel sur son rôle :

  • Instituée par le traité de Rome de 1957, la Commission européenne est l'une des principales institutions de l'Union européenne, avec le Conseil de l'Union européenne, le Parlement européen et le Conseil européen. Elle est la seule institution en mesure de proposer de nouveaux textes législatifs. Ceux-ci sont, dans la plupart des cas, soumis au Parlement européen et au Conseil de l'Union européenne puis appliqués dans les Etats membres[1] ;
  • Elle constitue surtout l'organe "exécutif " de l'Union européenne. Une fois les actes législatifs adoptés, la Commission européenne veille à leur application, sous le contrôle de la Cour de justice de l'UE (CJUE). De surcroît, elle gère les politiques de l'UE et alloue les financements européens : elle fixe les priorités budgétaires de l'UE, établit les budgets annuels (qui doivent être approuvés par le Parlement et le Conseil), et contrôle la façon dont les fonds sont utilisés. Enfin, à l'exception de la politique étrangère et de sécurité commune, elle assure la représentation extérieure de l'UE[1].

 

Composition :

  • Elle est composée d'un commissaire européen par État membre, soit 27 commissaires[2] ;
  • Ceux-ci sont proposés par les chefs d'État ou de gouvernement des États membres réunis au sein du Conseil européen, et approuvés par le Parlement européen[2] ;

 

-La commission, la politique qu'elle mène, sont la traduction de la situation politique de chaque pays (de la gauche à l'extrême droite)

Question : qui imaginerai qu'un pays propose à Bruxelles un commissaire qui ne soit pas en adéquation avec l'orientation politique de ce pays ?

  • Quand les pays sont politiquement, socialistes (sociaux démocrates), à droite ou à l'extrême droite, ils désignent un commissaire pour porter une politique libérale, ultralibérale.... et l'Europe mène une politique libérale ou ultralibérale ;
  • Si les pays étaient à gauche, ils désigneraient un commissaire pour porter une politique de gauche.... et l'Europe mènerait une politique.... de gauche (on ne va pas débattre de la notion de " gauche ") !

 

-La politique menée par l'Europe est donc celle que les pays membre de l'Europe demandent aux commissaires qu'ils ont désignés... de mener
Ainsi, à votre avis, quelle politique les commissaires désignés par la France (voir liste ci dessous) ont-ils eu pour mandat de mener : une politique de gauche ? Evidemment que non !.... et il en est de même dans chaque pays !

 

Robert Marjolin SFIO Raymond Barre UDF
Jean-François Deniau UDF Claude Cheysson PS
François-Xavier Ortoli Parti gaulliste Edgard Pisani PS
Jacques Delors PS Christiane Scrivener Parti républicain
Édith Cresson PS Yves-Thibault de Silguy Parti gaulliste
Michel Barnier UMP Pascal Lamy PS
Jacques Barrot UMP Pierre Moscovici PS
Thierry Breton Grand patron et homme de droite    

 

 

Derniers points :

  • Les traités adoptés par Bruxelles doivent être ratifiées par les parlement de chaque pays[3]..... ce qui est fait quasi systématiquement en France ;
  • Les règlements et les décisions deviennent automatiquement contraignants dans toute l’UE à la date de leur entrée en vigueur. Les directives doivent être transposées par les pays de l’UE dans leur législation nationale[5] ;
  • Inscrite depuis un demi-siècle dans la jurisprudence, le principe de « primauté » du droit européen signifie que le droit de l'Union prévaut sur les droits nationaux des États membres. Il bénéficie à toutes les normes de droit européen disposant d'une force obligatoire et s'exerce à l'égard de toutes les normes nationales[4].

 

-Aujourd'hui.... quitter l'Europe (Frexit) pour changer de politique en France ?

D'une manière récurrente, cette demande revient sur les réseaux sociaux, or :

  • affirmer que c'est l'Europe qui dirige la France est.... FAUX, car Bruxelles mène la politique que les pays membres lui demande de mettre en oeuvre (via le parlement et la commission) !
  • Et quand Bruxelles mène une politique de droite (néolibérale), et qu'en France nous avons un gouvernement néolibéral, le « capitalisme populaire [7] » prôné par Emmanuel Macron, affirmer qu'il conviendrait de quitter l'Europe via un Frexit pour mettre en oeuvre une autre politique est.... ARCHI FAUX !

 

-Alors qu'elle issue ?

Pour mener une autre politique, il faut d'abord œuvrer à ce que le peuple prenne le pouvoir en France, comme en Bolivie[8], au Chili[9].

 

C'est tout le sens de la stratégie politique mise en oeuvre par la France insoumise, pour, au travers de la " Fédération populaire[10] " rassembler sur les causes communes autour de l'avenir en commun[11].

 

Et une fois le pouvoir pris, la Constituante[12] lancée  pour changer de fond en comble la Constitution, abolir la monarchie présidentielle et restaurer le pouvoir de l'initiative populaire (La 6e République commencera et ce sera une refondation de la France elle-même), la question de l'Europe sera posée !

 

 

-  Pas de frexit, mais au pire, une sortie des traités comme le propose la France insoumise

En effet, lorsqu'il y aura un gouvernement France insoumise, trois issues seront devant nous[13] dans les discussions avec nos partenaires européens. Toutes d'ailleurs reviennent à une sortie des traités.

  • Première possibilité : nous proposons un nouveau traité. La négociation se passe bien, et le nouvel accord est adopté ;
  • Autre possibilité : c'est non, ou plutôt c'est nein, et nous employons une option de retrait, c'est ce qu'a fait pendant longtemps le Royaume-Uni, qui consiste à se mettre d'accord avec nos partenaires pour ne pas appliquer certaines règles ;
  • Enfin, si c'est encore nein, il ne nous resterait plus que la désobéissance unilatérale concernant les traités

 

🔴 FONDAMENTAL : Beaucoup de gens ignorent que désobéir aux traités européens, c’est légal[14].

  • En droit, l’Union européenne n’est ni un super-État, ni un État fédéral. C’est une organisation internationale. Autrement dit, contrairement par exemple aux États-Unis d’Amérique, elle n’a pas de souveraineté. Il n’existe que la souveraineté des États membres, dont la France, qui consentent, uniquement parce qu’ils ont souverainement signé des traités, à en appliquer les règles ;
  • Par conséquent la France a parfaitement le droit, en exerçant sa souveraineté, de décider qu’elle n’applique plus telle ou telle disposition des traités. Cela s’appelle « l’option de retrait[15] ». Elle peut le faire de façon négociée : par exemple, le Danemark a négocié avec les autres pays de l’Union qu’il ne participerait pas à l'Euro (l'accord d'Édimbourg), alors que Schengen est prévu par les traités. La France peut aussi le faire unilatéralement : par exemple, la Suède a voté « non » par référendum sur l’adhésion à l’euro et depuis, elle n’utilise pas cette monnaie alors que cette dernière est prévue par les traités.

 

Il faut donc arrêter les réactions hystériques quand la France insoumise parle de désobéir aux traités européens : c’est légal, ça s’appelle « l’option de retrait ». Quant à savoir avec quels autres pays membres la France lancerait une grande « option de retrait », tout dépend quels gouvernements seront en place en Europe quand les insoumis auront pris le pouvoir par les urnes.

 

🔴 EN DÉFINITIVE...

 la désobéissance aux traités et directives européennes peut aussi être conçue et popularisée comme un outil capable d’accélérer l’émergence d’une communauté politique, un embryon de peuple européen[16].

 

 

-Concrètement que veut mettre en oeuvre la France insoumise...

  • Plan A. Proposer une refondation démocratique, sociale et écologique des traités européens par la renégociation (c'est la sortie concertée des traités européens par l'abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d'autres règles.)

 

C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !
  • ​​​Plan B. en cas d'échec des négociations (c'est la sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d'autres coopérations. L'UE, on la change ou on la quitte. Le mandat de négociation de ces plans sera soumis au préalable à l'Assemblée nationale. La validation de ce processus passera nécessairement par une décision du peuple français par référendum).
C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !

 

-  Il faut sortir des traités européens (Jean-Luc Melenchon)

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 20 février 2018 dans le cadre du débat sur l'élection des représentants au Parlement européen. Il a dénoncé la construction d'une Europe dans laquelle les peuples n'ont pas la capacité de s'exprimer puisque le Parlement européen n'a aucun pouvoir.

 

Il a expliqué que l'Union européenne ne permettait pas la solidarité entre les peuples puisqu'elle refuse l'harmonisation sociale et fiscale et donc la fraternité, à l'heure où l'extrême droite progresse à l'Est de l'Europe et est désormais donnée comme la deuxième force politique en Allemagne. Face à cette impasse, Jean-Luc Mélenchon a appelé à sortir des traités européens actuels et à « refonder l'Europe de la cave au grenier ».

 

Précision :

Je n'ai volontairement pas parlé du rôle du parlement européen qui s'inscrit dans la même logique. Car même si parfois il est est amené à adopter des décisions dont nous ne pouvons que nous satisfaire ( ex : la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité !), globalement sa composition politique allant des conservateurs aux libéraux leur donne 546 sièges sur 751[6].

 

Notes :

[1Rôle de la Commission européenne

[2] la Commission européenne compte actuellement un commissaire par Etat membre

[3] les résolutions prises par Bruxelles doivent être ratifiées par les parlement de chaque pays

[4] Primauté du droit de l'Union européenne

[5] Appliquer la législation européenne

[6] Evolution des rapports de force au Parlement européen

[7] Qu'est-ce que le «capitalisme populaire» prôné par Emmanuel Macron ?

[8Le 18 octobre, le candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), Luis Arce, a été élu président de l’Etat plurinational de Bolivie dès le premier tour

[9] Fin de l’ère Pinochet et début de la Constituante, une nouvelle page de l’histoire du Chili s’ouvre aujourd’hui !

[10] De la nécessité de la fédération populaire

[11] L'Avenir en commun : Le programme de la France insoumise

[12] L'Avenir en commun : La constituante

[13] PAS DE FREXIT MAIS UNE SORTIE DES TRAITÉS: LA FRANCE INSOUMISE EXPLIQUE SON DISCOURS SUR L'EUROPE

[14] Beaucoup de gens ignorent ceci : désobéir aux traités européens, c’est légal

[15] Le Danemark a un opt-out (« option de retrait ») pour l’euro

[16] « Rompre avec le néolibéralisme en désobéissant aux traités européens »

[17« IL NE SUFFIT PAS DE SORTIR DE L’EURO POUR REDEVENIR SOUVERAIN »

 

Pour en savoir plus :
-
Pour Jacques Généreux : "Le seul moyen de faire bouger l’Europe, dit-il, c’est de violer les traités » 

- « L’Avenir en commun, en Europe aussi ! » (document programmatique de la France insoumise pour les élections européennes)

- Jean-Luc Mélenchon : « Je suis un indépendantiste français »

- Suite au refus de ratification du CETA par Chypre, l'accord entre l'Union européenne et le Canada ne ne devrait plus être appliqué

- La Pologne et la Hongrie bloquent le plan de relance européen

- Jean-Luc Mélenchon : Qui s’en fout de l’Europe ? Les eurolâtres !

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 09:41
" Non à une Histoire officielle", réécrite et dictée par le Parlement européen... et...
" Non à une Histoire officielle", réécrite et dictée par le Parlement européen... et...
" Non à une Histoire officielle", réécrite et dictée par le Parlement européen... et...

... honte au révisionniste qui se cache derrière l'écologiste Benoît Biteau... élu européen EELV de Charente Maritime !

 

Côté " face " un engagement au service d'une agriculture paysanne[1] que je salue et soutiens.... et, côté " pile ", un positionnement politique plus que contestable, au travers du vote d'une résolution qui déshonore le parlement européen, ceux qui l'on voté[4], et insulte les peuples d’Europe et de l’ex-URSS !

 

Source : Eric Durand | mis à jour le 28/09/2021

-  Indignation générale

En effet, c'est l'indignation générale après le vote révisionniste du parlement européen, réécrivant l’histoire, réhabilitant le fascisme[2] avec, en arrière pensée, de justifier la construction d'une Europe de la défense supranationale et le maintien dans l'OTAN !

 

 

-  4 eurodéputés français courageux

Il n’y aura donc eu que 4 eurodéputés français courageux et digne pour voter contre la résolution révisionniste du parlement européen, criminalisant le communisme et réhabilitant de facto le nazisme et ses régimes fascistes alliés... 4 euro députés de la France Insoumises.

 

...Et EELV ?

  • Contrairement à d’autres députés verts européens qui ont également voté contre, les députés EELV se sont … abstenus... sauf un Benoît Biteau qui mêlant sa voix à la droite la plus réactionnaire, au PS et à l'extrême droite a voté POUR[3] !
  • Tous ceux qui en Poitou/Charente ont voté Benoît Biteau et EELV, ont-ils voté pour ça ? J'en doute !
  • J'attends sans illusion un désaveux des EELV locaux.... ! Leur silence est lourd de sens !

 

-  Explications des enjeux de ce scrutin par Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité

Le Parlement européen a voté il y a quelques jours une résolution scélérate censée souligner l’« importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe ». En réalité, cette mémoire est bafouée ligne par ligne, laissant présager un « avenir » sombre pour l’Europe. Visant à mettre un trait d’égalité entre communisme et nazisme, ce texte mobilise des considérants qui sont chacun des modèles de propagande et de révisionnisme historique.

  • La signature du pacte germano-soviétique est ainsi obsessionnellement désignée comme cause principale du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Ce grossier raccourci historique permet d’absoudre cyniquement aussi bien le national-socialisme, son idéologie de mort et les régimes fascistes des années 1930 que l’atermoiement meurtrier et parfois connivent des chancelleries occidentales avec le nazisme, et la complicité active de puissances d’argent avec les régimes fascistes et nazi.

  • Silence est fait sur le traité de Versailles et ses conséquences.

 

  • Aucun mot n’est consacré aux accords de Munich d’octobre 1938, ce « Sedan diplomatique » qui a livré les peuples européens au « couteau de l’égorgeur », ce « début d’un grand effondrement, la première étape du glissement vers la mise au pas », comme l’écrivait dans l’Humanité le journaliste et député communiste Gabriel Péri, fusillé par les nazis.

 

  • Tout le faisceau de causes mobilisées par des générations d’historiens pour tenter d’expliquer le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale est bazardé au profit d’une bouillie antirusse sans aucun égard pour le sacrifice immense des Soviétiques dans l’éradication du nazisme.

​​​​​​​

  • S’il ne fait aucun doute que le régime stalinien fut bel et bien un régime sanglant et criminel, il est moralement et historiquement inconcevable de faire de l’Union soviétique, de son armée et de tous ceux qui s’engagèrent avec elle, communistes de tous pays acteurs décisifs du combat libérateur, des équivalents des nazis et de leurs supplétifs collaborateurs, sauf à sombrer dans « l’obsession comparatiste », névrose idéologique dénoncée par l’historien Marc Ferro.

Les communistes furent, dans de nombreux pays et avec l’appui de différentes forces, gaullistes et socialistes en France, les artisans du redressement national, créant un rapport de force qui permit l’édification d’institutions républicaines et sociales sur les cendres du nazisme et des collaborations. Est-ce un hasard si cet héritage fait parallèlement l’objet de violentes attaques dans tous les pays de l’Union européenne ?

 

  • Les pays d’Europe orientale furent, quant à eux, des points d’appui décisifs dans les combats anticoloniaux qui essaimèrent après guerre. Noyer dans le concept de totalitarisme des réalités historiques aussi dissemblables ne peut apparaître que comme une escroquerie intellectuelle. Une telle entreprise ne sert en aucun cas à poser un regard lucide et apaisé, pourtant indispensable, sur les contradictions, crimes et fautes des régimes influencés par le soviétisme et qui ont pris le nom de socialisme.

 

-  Cette résolution :

  • s’appuie sur un considérant aussi grotesque que l’interdiction formulée dans certains pays de l’Union de « l’idéologie communiste », semblant acter des dérives revanchardes des extrêmes droites du continent en incitant tous les États membres à s’y plier. Signe qui ne trompe pas, l’inféodation à l’Otan est ici désignée comme gage de liberté pour les peuples de l’Est européen.

 

  • fait la part belle au révisionnisme d’extrême droite quand les pays baltes sont désignés comme ayant été « neutres », alors que ces derniers ont mis en place bien avant le pacte germano-soviétique des régimes de type fasciste laissés aux mains de « ligues patriotiques » et autres « loups de fer », suscitant un antisémitisme viscéral qui connaîtra son apogée sanglant dans ces pays lors de la Seconde Guerre mondiale.

 

-  Mais encore

Incidemment, la Shoah, sa singularité intrinsèque, et les logiques d’extermination méticuleuses et industrielles du régime nazi sont fondues dans le magma des meurtres du XXe siècle et ainsi relativisées. L’odieuse équivalence entre nazisme et communisme permet d’exonérer les régimes nationalistes d’inspiration fasciste des années 1930 que des gouvernements et ministres actuels d’États membres de l’Union européenne célèbrent ardemment.

 

 

-  Viserait-on, par ce texte politicien, à réhabiliter ces régimes qui gouvernèrent de nombreux pays d’Europe orientale avant de sombrer dans la collaboration en nourrissant l’effort de guerre nazi et son projet d’extermination des juifs d’Europe ?

Ce texte est une insulte faite aux 20 millions de Soviétiques morts pour libérer l’Europe du joug nazi, aux millions de communistes européens engagés dans la Résistance et les combats libérateurs, un affront fait aux démocrates alliés aux mouvements communistes contre nazis et fascistes, avant et après la Seconde Guerre mondiale.

 

Au moment où Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, propose de nommer un commissaire à la « protection du mode de vie européen[5] », célébrant un culte que l’on croyait révolu à la pureté continentale, les thèses historiques révisionnistes des droites extrêmes et réactionnaires, qui ont de toute évidence inspiré ce texte, font leur entrée fracassante au Parlement européen. Pendant ce temps, aucun commissaire n’est nommé sur les questions d’éducation ou de culture…

 

 

-  Thomas Mann, vigie morale d’une Europe décomposée, écrivait

« Placer sur le même plan moral le communisme russe et le nazi-fascisme, en tant que tous les deux seraient totalitaires, est dans le meilleur des cas de la superficialité, dans le pire c’est du fascisme. Ceux qui insistent sur cette équivalence peuvent bien se targuer d’être démocrates, en vérité, et au fond de leur cœur, ils sont déjà fascistes ; et à coup sûr ils ne combattront le fascisme qu’en apparence et de façon non sincère, mais réserveront toute leur haine au communisme. »

 

Si l’expérience qui a pris le nom de communiste au XXe siècle ne peut être, pour tout esprit honnête, résumée à la personne de Staline ou à une forme étatique, tel n’est pas le cas du nazisme, intrinsèquement lié à un homme, à un régime. Et si le communisme propose un horizon d’émancipation universelle, quoi qu’on pense des expériences qui s’en sont réclamées, tel n’est pas le cas de l’idéologie nazie, qui se revendique raciste, réactionnaire et exclusive, portant la mort en étendard. Ces simples arguments de bon sens disqualifient l’odieuse comparaison de cette résolution.

 

C’est bien la visée communiste, dont nous maintenons qu’elle ne fut jamais mise en pratique dans les pays du bloc soviétique, qui est la cible de ce texte indigne et inculte, et avec elle, la possibilité d’une autre société. Que des voix sociales-démocrates et écologistes aient pu soutenir pareille résolution, mêlant leurs voix au Rassemblement national (ex-FN) et aux extrêmes droites continentales, est le signe désolant de la lente dérive d’une frange trop importante de la gauche européenne qui largue les amarres d’une histoire et d’un courant, ceux du mouvement ouvrier, dans lesquels elle fut elle aussi forgée, qui prête également le flanc aux pires tendances qui s’expriment dans le continent.

 

 

-  Demain, un maire, un élu, un député pourra-t-il se dire communiste sans enfreindre la docte délibération du Parlement européen ?

Et l’Humanité pourrait-elle un jour passer sous les fourches Caudines de la censure imposée des droites extrêmes coalisées ? Ne plane-t-il pas là comme un parfum munichois, justement, face à une offensive idéologique dont certains pensent pouvoir se satisfaire en rasant les murs ?

 

Tous les démocrates, toutes les personnes attachés à la libre expression des courants qui se réclament du communisme et d’une alternative au système capitaliste devraient au contraire se lever contre cette inquiétante dérive qui nous concerne tous. Au risque d’y laisser eux aussi un jour leur peau.

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8 juin 2019 6 08 /06 /juin /2019 21:32
30 janvier 1933, Hitler n'est pas tombé du ciel, il a été porté au pouvoir par les magnats de l'industrie et de la finance
30 janvier 1933, Hitler n'est pas tombé du ciel, il a été porté au pouvoir par les magnats de l'industrie et de la finance

Ce que nos médias veulent cacher : 

  • 30 janvier 1933, les Krupp, les Thyssen, les financiers imposent la dictature brune en Allemagne[1]...
  • Les origines patronales du fascisme italien[1ter]

 

 

Il est de bon ton, de nos jours, de présenter Hitler et le nazisme, comme un accident de l'histoire. Un  " incident fortuit "  sans rapport avec la situation économique et sociale allemande. Les dix ans de sanglante dictature gammée sont présentés comme une période qu'il faut mettre entre parenthèse, hors du temps, et de générer l'idée qu'un mauvais génie serait tombé par hasard sur l'Allemagne

 

 

Sources : le blog de Jean Levy | mis à jour le 19/12/2023

-Rien n'est plus contraire à la vérité, le futur chancelier du Reich n'est pas tombé du ciel.

Si Hitler accède à la chancellerie le 30 janvier 1933, c'est à la suite de tractations entre lui et la fine fleur du capital allemand. Déjà celui-ci, subventionne le NSDAP, le parti d'Hitler, qui n'obtenait que 4% des voix  aux élections de 1928 et 33% cinq ans plus tard. Par cet investissement, le capital d'outre Rhin veut se refaire une santé en préparant la revanche de novembre 1918.

 

Cette perspective nécessite un réarmement intensif, donc un juteux commerce des armes, ce qui lui était interdit par les vainqueurs de la Première guerre mondiale, et  la mise hors combat de l'opposition allemande, les communistes en premier, qui dénoncent  cette politique.

 

N'étaient ce pas les spartakistes, les premiers communistes allemands, qui en octobre-novembre 1918 ont mis crosse en l'air et retourné leurs armes contre leurs officiers, obligeant les dirigeants allemands, empereur, gouvernement, responsables politiques,  à cesser le combat contre les Alliés en signant l'armistice le 11 novembre ?

 

 

-Cet épisode de l'histoire allemande pèsera lourd sur la politique menée ultérieurement par les cercles dirigeants du Reich.

Ceux-ci ont veulent la revanche d'une défaite, ressentie comme une trahison imputée aux communistes et aux pacifistes. Ce qui conduira les konzerns allemands à se constituer une milice privée, les Chemises brunes, les fameux SA , pour s'en faire d'abord un bouclier, puis à préparer une nouvelle guerre en se servant du parti de Hitler comme du bras séculier de leur propre pouvoir.

  • C'est pourquoi ils ont financé les nazis et  misé sur eux pour imposer leur politique.
  • C'est à quoi ont abouti les entretiens entre Krupp, Thyssen et autres représentants du capital allemand et Hitler en janvier 1933.

 

La nomination de celui-ci à la tête du gouvernement par le Président Hindenbourg ouvre donc la voie aux douze ans de dictature brune en Allemagne et à la Seconde Guerre mondiale.

 

Ces événements sont suivis d'une manière positive par la presse d'argent française, qui appelait alors Adolf Hitler " Monsieur Hitler "[1bis]. Et une partie du capital français voit en lui un sauveur,  reprenant le slogan " plutôt Hitler que le Front populaire "[2].

 

On connaît la suite : la trahison des " élites " économiques et politiques  françaises, les liens de celles-ci, dès avant guerre, avec les dirigeants nazis, puis en 1940, la " collaboration pour l'Europe nouvelle ", la lutte commune contre le "bolchévisme". ..

 

Mais, grâce aux victoires historiques du peuple soviétique et de son Armée rouge , l'Allemagne capitule, entraînant la libération des Etats européens, qui retrouvent ainsi leur souveraineté.

 

 

-La "parenthèse"  de "l'Europe allemande"  est-elle alors refermée ?

Non pas. L'Allemagne avec le soutien des Etats-Unis retrouve très vite sa puissance économique et sa domination financière et industrielle en Europe. Et son souci de placer celle-ci à son service pour ses objectifs. D'où la construction européenne, l'UE et l'euro. Et aussi la nouvelle " collaboration " des milieux économiques français à cette politique...

 

Certes, il n'y a plus de SS, de Gestapo, ni de dictature sanglante en Allemagne.

Les moyens ont changé. L'époque aussi.

 

 

-Nous sommes aujourd'hui dans une autre ère, celle du pouvoir accaparé par l'oligarchie financière.

La mise en tutelle des peuples se construit par d'autres moyens : la liquidation les nations, et d'abord celle de leur souveraineté tout en imposant aux peuples l'austérité généralisée.  Cette stratégie conduit à réduire les procédures parlementaires pour imposer sans délais la politique exigée par les donneurs d'ordre, les financiers et les transnationales.

 

L'oligarchisme a succédé au fascisme (L'oligarchisme et le néolibéralisme ne font ils pas qu'un et ne sont-ils pas une forme de fascisme [NDLR][4] ?).

 

En Europe, c'est à nouveau la puissante Allemagne qui commande. Et la France, le monde économique et ses fondés de pouvoir politiques, s'alignent comme en 1940.

 

Et le Président de la République veut substituer la "souveraineté européenne" à celle de la France[3]...

 

C'est pourquoi il est nécessaire de disculper notre voisin d'outre Rhin d'un passé brun, pour le rendre fréquentable. C'est la tâche dévolue aux médias, les  chiens de garde du capital.

 

 

COMMENTAIRE :

 

" L'histoire ne se répète pas, ou alors comme une farce... " (Karl Marx)

 

- Et pourtant, c'est l'oligarchie de l'époque qui a fait le choix de porter Hitler au pouvoir contre le peuple ;
- Et pourtant, au Brésil,
c'est aussi l'oligarchie, mais aussi les classes moyennes et de la petite bourgeoisie qui ont porté Bolsonaro au pouvoir et le Brésil au bord de l’abîme[A].

➡️ En France c'est la classe dominante qui de Mitterand à Macron s'est servi du FN/RN pour garder le pouvoir[B]

 

➡️ Comment, nos concitoyens :
- débordés par les difficultés de la vie quotidienne ;
- qui ne connaissent du terrain que les images que leur donnent les sondages ;
- à qui l'on présente le RN comme la seule alternative à Macron alors qu'il en est l'autre facette néolibérale... et que le néolibéralisme est un fascisme
[C]  ;
- à qui l'on ne cesse de rabâcher, à répéter en boucle le refrain « Le Pen populaire »....
ne se laisseraient-ils pas berner, tant il est incontestable que cela pèse sur les perplexes ?

 

➡️ L'oligarchie aux manettes leur dit insidieusement comment exprimer leur colère vis à vis de Macron, vers le RN/FN de Le Pen... plutôt que vers la France insoumise ou autre alternative du genre " Fédération populaire " !

Ce n’est pas nouveau. C’est la ligne « plutôt Hitler que le Front populaire[D] » remise au gout du jour.

 

 

-Lecture : " Big Business avec Hitler "

Hitler a comblé les attentes qu'industriels et banquiers avaient placées en lui.

 

C’est grâce au soutien des élites traditionnelles, et en particulier des grands industriels et des banquiers, que Hitler accéda au pouvoir. Le big business allemand, qui travaillait main dans la main avec le régime nazi, profitait largement de sa politique de guerre. Le IIIe Reich était un enfer pour le commun des mortels mais un paradis pour le grand capital.


Ailleurs aussi – en France, mais également en Belgique ou aux Pays-Bas –, le big business souhaitait l’arrivée d’un "homme fort". Et poussés par les grandes entreprises, les États-Unis oeuvraient en ce sens. Grâce à Hitler, celles-ci avaient engrangé des profits formidables dans l’exportation de carburant et du caoutchouc notamment, et la production de matériel de guerre pour les nazis représentait une belle opportunité pour les filiales – comme Ford – installées en Allemagne nazie. En outre, les dirigeants d’entreprise, qui avaient vu leurs profits croître en un temps record, entendaient les multiplier davantage en fournissant toutes les parties belligérantes, Royaume-Uni et Union soviétique inclus.


D’ou que vienne l’argent, la guerre était une promesse de bénéfices.


" Big business avec les nazis " par Jacques Pauwels explique analyse les relations qui unirent d’une part le monde des affaires en Allemagne et aux États-Unis et d’autre part Hitler, le NSDAP puis le régime nazi. Le big business, c’est ainsi que Pauwels choisit de nommer le « grand capital », a soutenu Hitler de ses premiers pas en politique jusqu’à la guerre.

 

Il expose aussi comment les élites économiques des États-Unis se sont engouffrées dans l’économie de guerre et en sont restées dépendantes, jusqu’à aujourd’hui

 

Notes :

[1] Prix Goncourt 2017 : "L’ordre du jour", ou comment les industriels ont choisi Hitler

[1bisComment Hitler a fasciné la presse étrangère

[1terLes origines patronales du fascisme italien

[2La droite versaillaise et décomplexée, sans parler de la droite nationaliste, a toujours été prête à choisir « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Si le slogan n’est pas avérée sous la plume ou dans la bouche d’un grand patron ou d’un dirigeant d’une des droites françaises de l’entre-deux-guerres, un intellectuel centriste écrivait en 1938 : « On ne comprendra rien au comportement de cette fraction de la bourgeoisie française si on ne l’entend murmurer à mi-voix : « Plutôt Hitler que Blum ».

C’était dans le numéro d’octobre 1938 de la revue Esprit (Lendemains d'une trahison), sous la signature d’Emmanuel Mounier, qui n’avait pas fait preuve d’un antinazisme primaire.

[3Emmanuel Macron milite pour une «souveraineté européenne réinventée»

[A] Le Brésil au bord de l’abîme. Bolsonaro et le retour du fascisme

[B] Mitterrand et le bon usage du FN

[CLe néolibéralisme est un fascisme

[DJean-Luc Mélenchon : « Plutôt Hitler que le Front Populaire »

 

Pour en savoir plus :

- " Hitler n'aurait pu prendre le pouvoir sans la complicité d'élites bourgeoises "

- 1933 : HITLER PREND LE POUVOIR

- Les conditions de l’arrivée de Hitler au pouvoir, il y a 80 ans. « Donnez-moi quatre ans et vous ne reconnaîtrez plus l’Allemagne »

- Ken Loach:  » Les riches soutiennent le fascisme quand ils sentent que leur argent est menacé  »

- Comment Londres et Wall Street ont mis Hitler au pouvoir

- Hitler, financé par les firmes U.S. (Business is business. Avant et après la Seconde Guerre mondiale, de grands groupes américains, de Ford à General Motors, ont produit en Allemagne du matériel utilisé dans les combats contre les Alliés. A suivre, un dossier sur la montée des fascismes dans l'Europe des années 30.)

- «Les gens devraient être plus conscients»: les dynasties commerciales qui ont bénéficié des nazis

 

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11 septembre 2018 2 11 /09 /septembre /2018 13:41
Le mouvement européen « Maintenant le peuple ! » pour une révolution citoyenne en Europe poursuit sa construction
Le mouvement européen « Maintenant le peuple ! » pour une révolution citoyenne en Europe poursuit sa construction
Le mouvement européen « Maintenant le peuple ! » pour une révolution citoyenne en Europe poursuit sa construction

Le mercredi 27 juin 2018 se tenait à Bruxelles une conférence de presse pour annoncer l’élargissement du mouvement européen « Maintenant le peuple ! ».

 

Source : La France insoumise mis à jour le 17 mai 2019

-

Petit rappel

Le mouvement a été fondé à Lisbonne le 12 avril 2018[1] par La France insoumise, Podemos (Espagne) et le Bloco de Esquerda (Portugal).

 

Cette conférence de presse était diffusée en direct sur internet et peut être revisionnée ICI

 

 

-

Retrouvez ci-dessous la déclaration commune du 12 avril 2018

Le mouvement européen « Maintenant le peuple ! » pour une révolution citoyenne en Europe poursuit sa construction
Le mouvement européen « Maintenant le peuple ! » pour une révolution citoyenne en Europe poursuit sa construction

 

-Retrouvez ci-dessous la déclaration commune du 27 juin 2018

Donc, le mercredi 27 juin 2018 se tenait à Bruxelles une conférence de presse pour annoncer l’élargissement du mouvement européen « Maintenant le peuple ! » à trois nouvelles formations politiques : L’Alliance rouge-verte (Danemark), le Parti de gauche (Suède) et l’Alliance de gauche (Finlande).

 

  • Les représentants des mouvements ont signé une déclaration additionnelle au texte ci-dessus « Maintenant le peuple ! » qui avait été signé à Lisbonne le 12 avril 2018 (voir ci-dessus).

 

 
«MAINTENANT LE PEUPLE !»
Déclaration additionnelle* de Bruxelles, le 27 juin 2018
 

Ensemble, nous, forces progressistes, voulons un nouveau projet pour les peuples européens.

 

Nous nous opposons aux traités fondateurs de l’Union européenne qui placent les droits et les intérêts des entreprises au-dessus du droit et des intérêts des peuples et de la planète.

 

L’Europe n’a jamais été aussi riche tout en étant si inégale. 10 ans après l’éclatement de la crise financière, nous voyons que les dirigeants européens nous ont condamnés à une décennie perdue. L’application dogmatique et irrationnelle des politiques d’austérité n’a résolu aucun des problèmes structurels qui ont fait émerger cette crise. Au contraire, l’Union a sauvé les banques et leurs propriétaires, quand les coûts et les reproches ont dû être endossés par les peuples qui, eux, ont souffert et continuent de subir les sévères politiques d’austérité affectant leur bien-être et leurs droits. Cette politique doit être abandonnée.

 

Cela signifie que nous avons besoin d’autres règles européennes, libérées du dogme de la libéralisation du marché, des règles qui placent l’humain et la planète d’abord.

 

Il est temps de rompre avec les traités européens antidémocratiques. Il est temps de construire un nouvel ordre qui réfute l’austérité forcée et la promotion du dumping social et fiscal. Il est temps pour ceux qui croient en la démocratie et en la justice sociale de briser cette spirale descendante. Ensemble, nous voulons travailler à un changement réel pour les peuples, contre l’ancien ordre injuste.

 

Jamais le besoin n’a été aussi grand pour un mouvement progressiste et une coopération internationale fondée sur la démocratie et la solidarité. Le choix des peuples ne peut se trouver enfermé entre le statu quo néolibéral et l’extrême droite. Nous offrons une véritable alternative :

  • Nous lutterons contre le dumping social et pour des droits sociaux sécurisés. Les droits des travailleurs à la protection sociale, les lois et les conventions collectives doivent primer sur la libre circulation des entreprises. Nous nous opposons à ce que les travailleurs soient mis en concurrence les uns contre les autres, et voulons un espace de convergence sociale par le haut. Par conséquent, nous devons rompre avec les traités européens et abandonner le semestre européen. La coopération européenne doit être basée sur un protocole social qui place les conditions de travail et les droits sociaux et collectifs au-dessus de la libre circulation des services et des capitaux.

 

  • Nous exigerons une justice fiscale et un système financier équitable, car la libre circulation des capitaux ne doit pas être prioritaire par rapport au bien-être humain. Ensemble, nous nous opposerons à l’évasion fiscale et aux paradis fiscaux, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne. Nous travaillerons ensemble pour faire en sorte que les banques servent l’intérêt général et non les intérêts d’une poignée. À cette fin, nous nous efforcerons aussi de garantir le droit au contrôle public et le droit à la propriété publique du secteur bancaire.

 

  • Nous lutterons contre le changement climatique et pour la durabilité écologique. La réduction des émissions de gaz à effet de serre doit être une priorité essentielle. Nous devons donc rompre avec l’approche de l’Union fondée sur le marché face au changement climatique. Au lieu de cela, nous avons besoin d’une approche claire basée sur le climat, ainsi que d’investissements publics dans des énergies propres et sûres et des technologies vertes.

 

  • Nous défendrons l’égalité et les droits des femmes. Les attaques de l’Union européenne contre les structures et les services sociaux dans de nombreux pays constituent une menace pour l’égalité et les droits des femmes. Cela doit changer et l’égalité doit être réalisée en faisant de ce principe un élément central de toutes les politiques européennes. Nous défendons le droit à des avortements sûrs et légaux et nous opposons à toutes les formes de violences sexistes.

 

  • Nous exigeons des politiques commerciales internationales démocratiques et durables et rejetons les accords de libre-échange. Les intérêts des grandes entreprises ne peuvent pas passer outre les décisions démocratiques visant à protéger et renforcer la sécurité sociale, économique et écologique. Par conséquent, les clauses d’investissement donnant aux entreprises le droit de poursuivre les États doivent être retirées de tous les accords commerciaux de l’Union européenne.

 

  • Nous défendons le droit d’asile et nous opposons à l’Europe forteresse. Des personnes fuient leurs pays à cause de guerres, de conflits et de la pauvreté, ces migrations sont aussi souvent la cause de politiques interventionnistes et militaristes conduites dans par des pays tiers. L’Europe doit être un continent où les personnes cherchant refuge se voient garantis leurs droits et leur sécurité. Nous nous opposerons aux politiques xénophobes et racistes partout où elles menacent la démocratie et la dignité humaine.

 

  • Nous nous opposons à la militarisation de l’Union européenne. Aucun fonds budgétaire ne devrait aller à l’armement. Nous voulons l’interdiction effective de l’exportation d’armes vers les dictatures, les pays en guerre et les pays qui violent les droits de l’homme. Nous travaillerons communément pour mettre fin aux politiques extérieures néo-coloniales de l’Union et à la spoliation des ressources des autres pays.

 

Dans l’esprit de la Déclaration signée à Lisbonne le 12 avril 2018, nous collaborerons et ferons campagne à travers l’Union européenne sur ces questions. Nous sommes pour un changement fondamental. Nous n’en pouvons plus d’attendre. Nous voulons une coopération juste et équitable – fondée sur la démocratie et la solidarité – qui respecte la souveraineté du peuple et serve les intérêts du peuple.

 

Il est temps de construire l’Europe des peuples !

 

Et maintenant, le peuple !

 

* au texte de Lisbonne du 12 avril 2018

 

 

Le mouvement européen « Maintenant le peuple ! » pour une révolution citoyenne en Europe poursuit sa construction

-Manifeste commun du Bloco de Esquerda (Portugal), Podemos (Espagne) et La France insoumise

Une agriculture et une alimentation au service de la société dans le cadre de la construction d’une Europe des peuples... pour lire la suite...

 

Le mouvement européen « Maintenant le peuple ! » pour une révolution citoyenne en Europe poursuit sa construction

-Texte programmatique de la France insoumise pour les élections européennes

Le texte programmatique final pour les élections européennes « L’Avenir en commun,en Europe aussi ! » adopté le 8 décembre par la convention de la France insoumise  est disponible ICI

 

 

-Les candidats sur la liste de la France insoumise aux élections européennes de 2019

 

  • Portrait de Manon Aubry (tête de liste) : Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Pourquoi est-elle candidate ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI

 

  • Portrait de Jeanne Chevalier : Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Pourquoi est-elle candidate ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI
  • Portrait de Bernard Borgialli : Qui est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi est-il candidat ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI
  • Portrait de Philippe De Laporte : Qui est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi est-il candidat ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI
  • Portrait de Leïla Chaibi : Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Pourquoi est-elle candidate ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI
  • Portrait de Philippe Juraver : Qui est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi est-il candidat ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI
  • Entretien avec Marie-Laure Darrigade : Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Quel est son parcours ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI
  • Entretien avec Yannick Bedin : Qui est-il ? D’où vient-il ? Quel est son parcours ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI
  • Entretien avec Julie Garnier : Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Quel est son parcours ? Les réponses sont dans la vidéo qui est ICI

- Intervention de Jean-Luc Mélenchon sur l'Union européenne à l'Assemblée nationale le 22 octobre 2018.

Il a expliqué que l'Europe risquait désormais l'explosion après le Brexit et a dit que la France devait «jouer un rôle constructeur». Il a rappelé que l'Europe avait été construite pour la paix, pour le progrès social et pour l'écologie mais qu'aujourd'hui elle agissait contre ces trois idéaux.

 

Jean-Luc Mélenchon a également parlé de la contribution de la France au budget de l'Union européenne : 9 milliards d'euros par an. Il a expliqué que nous payions pour le rabais britannique et pour le rabais sur le rabais de l'Allemagne. Il a aussi dit pourquoi le budget européen était mal géré entre les impayés et la coûteuse bureaucratie des institutions de l'Union.

 

Enfin, il a appelé à mettre en place une conférence sur les dettes souveraines ainsi que sur les frontières et a dit qu'il fallait de la coopération plutôt que de la compétition.

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30 juillet 2018 1 30 /07 /juillet /2018 12:49
Le PCF vers un tête à tête avec l'austéritaire Syriza de Stripras au sein du PGE ?
Le PCF vers un tête à tête avec l'austéritaire Syriza de Stripras au sein du PGE ?
Le PCF vers un tête à tête avec l'austéritaire Syriza de Stripras au sein du PGE ?
Le PCF vers un tête à tête avec l'austéritaire Syriza de Stripras au sein du PGE ?
Le PCF vers un tête à tête avec l'austéritaire Syriza de Stripras au sein du PGE ?
Le PCF vers un tête à tête avec l'austéritaire Syriza de Stripras au sein du PGE ?

PGE : la clarification politique se fait par le vide.

 

Le Parti de la Gauche Européenne PGE[1] (ou European Left) est un parti politique européen. Créé en 2003, il regroupe une trentaine de partis communistes, « rouge-vert », socialistes ou démocratiques de gauche, de 17 États membres de l’Union européenne et 4 pays hors de celle-ci. À l'issue du congrès de Berlin (16-18 décembre 2016) après Pierre Laurent du PCF, Gregor Gysi[2] est élu nouveau président.

L'alliance au sein du PGE de forces aussi différentes que le PCF et Syriza porteur d'un  social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque.... sème la division.

La clarification se fait par le vide.

 

Sources : Initiative communiste et autres

- Février 2016 : le Parti communiste allemand (DKP) se retire du PGE

Les délégués du DKP ont eu de longs et difficiles débats . En 2005 le DKP sur décision de son ancien exécutif national a pris le statut d’observateur du PGE. Depuis des années, on se dispute à ce sujet chez les camarades [du DKP]

 

Les délégués avaient saisi l’exécutif du parti d’une motion : “ Le 21ème Congrès décide de mettre fin au statut d’observateur du DKP au sein du Parti de la gauche européenne ”. Dans les motifs à l’appui de cette proposition on peut lire, le PGE reconnaît les structures de l’Union européenne. Ce qui est en contradiction avec la demande des communistes de surmonter l’Union d’états (voir interview avec Patrik Köbele). Dans le passé, le PGE s’est reconnu la soi-disant “responsabilité”  de légitimer les interventions militaires dans les pays où les violations des droits de l’homme sont commises.

 

La motion a été débattue. Le PGE est " l’organisation clé des réformistes ”, a déclaré un camarade. Un délégué de Stuttgart a été très direct. En matière de lutte contre le fascisme et le mouvement de la paix, il est bien sûr naturel de coopérer avec les partis  de gauche et sociaux-démocrate. “ Mais ce n’est pas une raison pour adhérer à la même organisation. L’unité d’action et de l’adhésion sont deux choses complètement différentes. “

 

En effet, il a longtemps été discuté de la nature du PGE. Ceux qui plaident pour le maintien dans le PGE ont allégué qu’elle avait plutôt un caractère d’alliance. Mettre fin à l’état d’observateur, signifierait selon donc selon eux s’isoler. Au sein de l’exécutif du parti Uwe Fritsch, qui fait partie de l’opposition interne au sein du parti, s’est prononcé pour le statu quo.

 

L’UE est un «phénomène de l’impérialisme», a déclaré Hans-Peter Brenner, également membre de l’exécutif du parti. Selon lui, actuellement, l’Union Européenne est en train de s’armer, de construire sa propre puissance militaire. “Nous devons mettre fin aux illusions, on ne peut croire à une possibilité de réformer l’UE”, a déclaré Brenner. Le PGE tient pourtant précisément cette position.

 

C’est bien plus des deux tiers des délégués qui ont suivi dans la plupart des motions Patrik Köbele et la majorité de la direction nationale. Au sein du DKP, la direction nationale représente l’aile gauche, marxiste-léniniste du DKP. 99 camarades [délégués] ont, le 29 février 2016, voté pour la fin du statut d’observateur, 52 contre. Il y a eu six abstentions.

 

 

-Juin 2018 : le Parti de Gauche français (PG) quitte le PGE

Le PG, apparu fin 2008, avait rejoint formellement le PGE en décembre 2010 à son troisième congrès, date à laquelle le communiste Pierre Laurent en avait pris la présidence.

 

À l’issue du congrès suivant, fin 2013, le PG avait temporairement suspendu sa participation au PGE pour protester contre la reconduction à la tête de ce parti européen de Pierre Laurent, alors que ce dernier faisait campagne « derrière le PS » aux municipales à Paris[3]. Avant de le réintégrer pour la campagne européenne de 2014 dont le candidat du PGE à la présidence de la Commission européenne était… Alexis Tsipras.

 

La déclaration adopté lors du congrès du 29 juin au 1er juillet, à Villejuif rappelle[4] notamment que « le PG a interpellé l’exécutif du PGE sur le maintien de Syriza au sein du PGE[5] ».

 

La réponse était venue par Anne Sabourin, responsable des questions européennes au PCF et membre du secrétariat PGE, a jugé la demande d’exclusion « ridicule sur la forme et sur le fond ». « On est à un moment où face au macronisme européen et à la montée des extrêmes droites, il faut unir des forces de gauche radicale qui sont différentes, ont des politiques nationales et des cultures différentes  »[6].

 

Le PG a donc pris acte du refus de sa demande et acté sa sortie du PGE, considérant que « la période appelle plus que jamais à la clarification face à la politique austéritaire de l’UE » et que « toute application de cette politique par un parti membre du PGE déconsidère toute prise de position anti austéritaire des autres partis membres » tout en permettant « à l’extrême droite d’apparaître comme la seule issue au "système" ».

 

Autrement dit : Le Parti de Gauche ne peux plus appartenir au même parti européen qu’Alexis Tsipras, devenu le représentant de la ligne austéritaire en Grèce[7].

 

 

-Juin 2018 : le Parti Communiste Belge (PCB) décide de quitter le PGE

Réuni en congrès ce 30 juin 2018 juin le PCB a décidé à une majorité de 83% des voix adoptée à bulletin secret, de se retirer du Parti de la Gauche Européenne PGE[8].

 

Sur le plan politique, plusieurs motifs ont conduit à cette décision de sortie du PGE, parmi lesquels :

  • L’hostilité statutaire du PGE vis-à-vis du socialisme réel alors que l’écroulement de ce dernier constitue la base de la mondialisation capitaliste et la destruction d’un rapport de force qui était favorable aux travailleurs du monde entier ;
  • Le caractère unanime des décisions du PGE qui fige et stérilise le débat en le transformant en un club de discussion élitiste et technocratique ;
  • Le fait qu’en 2011, à l’occasion du 90e anniversaire de notre parti, « l’intervention du PGE » s’est limitée à la tenue d’un colloque à Bruxelles où la direction de notre parti n’a pas été officiellement invitée et où son histoire n’a même pas été évoquée ;
  • L’attitude inadmissible des dirigeants du PGE face à l’OTAN qui nous met en porte à faux avec notre exigence de sortie de l’OTAN en préalable à sa dissolution.
  • Il en va de même de l’attitude de Syriza et de son dirigeant Tsipras dans la crise grecque, attitude qui a contribué à discréditer la gauche radicale exception faite des partis communistes non membres du PGE ;
  • L’absence de liens privilégiés entre partis membres sur des questions communes, pourtant le fondement même du PGE. Entre autres, la fermeture de Caterpillar, où notre parti a été ignoré et d’autres partis privilégiés alors que nous avons été les premiers à défendre la réquisition des outils !

 

Nous considérons que Le PGE est à la politique ce que la CES est au syndicalisme, c’est-à-dire des organisations créées et soumises à l’Union Européenne laquelle depuis sa fondation reste une organisation capitalistique qu’il est impossible de réformer de l’intérieur. « L’Europe sociale » qui serait le résultat de réformes progressistes est une illusion pour les travailleurs.


La récente visite du représentant de Die Linke (dont Gregor Gysi, président du PGE, est membre), Dietmar Bartsch, dans l’une des colonies israéliennes près de la bande de Gaza où il a planté des arbres dans le cadre de la coopération avec l’organisation sioniste « Keren Kayemet » (fonds national juif), connu pour sa grande responsabilité dans la politique de nettoyage ethnique contre les palestiniens, conforte notre décision....

 

 

-Et le Parti Communiste Français (PCF) ?

À la veille du 38e congrès du PCF, on peut se demander si le PCF ne sera pas bientôt bien seul au sein du PGE. En effet,  la question de la sortie du PGE n’est au programme ni du texte retenu par la direction du PCF-PGE (Pierre Laurent est coprésident du PGE), ni de la plupart des bases alternatives (y compris celle conduite par A. Chassaigne) à l’exception d’une seule.

 

A moins d'un sursaut et la décision de quitter le PGE, le PCF se dirige au sein du PGE, et au grand dam de nombre de marxistes, vers un tête à tête avec l'austéritaire Syriza de Stripras qui a choisi un virage répressif pour faire taire l'opposition sociale[9].

Note :

[1] Parti de la gauche européenne

[2] Gregor Gysi

[3] Le Parti de Gauche suspend sa participation au PGE

[4] Insoumission, République et Écosocialisme (Texte de Congrès 2018)

[5] Le Parti de Gauche s’adresse au PGE

[6] Le PG demande l'exclusion de Syriza du Parti de la gauche européenne

[7] Syriza et Tsipras, après avoir  trahi les grecs à l'issue du référendum , s'être couché devant la troïka, se traduit par une austérité renforcée, le bradage du pays au plus offrant et un enfoncement du peuple dans la misère -  le gouvernement Syriza a en effet accepté d'appliquer un plan d'austérité supplémentaire en plus du reste, Tsipras et son équipe ont décidé de réduire le droit de grève

[8] Pourquoi le PCB a quitté le Parti de la Gauche Européenne (PGE)

[9] GRÈCE : LE VIRAGE RÉPRESSIF DU GOUVERNEMENT SYRIZA. PAR STATHIS KOUVÉLAKIS ET COSTAS LAPAVITSAS

 

Pour en savoir plus :

- Benoit Hamon n'a t-il que le social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque à nous proposer ?

- Jean-Luc Mélenchon Fête de l'Huma 2018 : Le message essentiel des dirigeants communistes aura été de taper sur « La France insoumise » tout en lançant des appels à « l’union des gauches ».

- Marie-George Buffet : "On ne va pas arriver aux élections européennes avec cinq listes de gauche"

- Les votes au moment des Congrès nationaux fixent l’image d’une organisation qui fut autrefois le plus grand parti de France. Cette fois, le Congrès s’annonce comme celui d’un parti éclaté et globalement rétracté.

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5 juillet 2018 4 05 /07 /juillet /2018 21:26
Jean-Luc Mélenchon : « L’Europe est engagée dans une catastrophe »
Jean-Luc Mélenchon : « L’Europe est engagée dans une catastrophe »

À un an des élections européennes, et alors qu’il s’est lancé dans une tournée pour rencontrer des représentants de la gauche européenne et internationale, le leader de La France insoumise revient pour Médiapart du 2 Juillet sur sa stratégie. Il entend constituer une force mondialisée qui pourrait rivaliser avec le néolibéralisme.

 

Sources : Midi Insoumis, Populaire et Citoyen entretien réalisé par Lénaïg Bredoux et Pauline Graulle

Jean-Luc Mélenchon veut multiplier les alliances. Ce lundi 2 juillet, le leader de La France insoumise se rendait à Madrid pour une conférence, puis un meeting commun avec son homologue de Podemos, Pablo Iglesias. La semaine dernière (le 27 juin), il retrouvait au Parlement européen, à Bruxelles, des responsables de partis de gauche finlandais, suédois et danois afin d’élargir le mouvement « Et maintenant le peuple », créé le 12 avril avec Catarina Martins, responsable du « Bloco » portugais, et Pablo Iglesias[1].

 

Le 29 mai, toujours à Bruxelles, le député de Marseille allait célébrer le 13e anniversaire du « non » au référendum du Traité constitutionnel européen en compagnie de camarades italiens, allemands, portugais, espagnols ou grecs. Le 9 mai, il s’était envolé vers la Russie pour aller soutenir le leader du front de gauche russe, Sergueï Oudaltsov. En juillet, il devrait se rendre au Mexique, puis au Maghreb. À l’automne, il prendra la direction de l’Amérique du Nord où il rendra visite à Gabriel Nadeau-Dubois, l’ancien porte-parole étudiant devenu l’incarnation du renouvellement de la gauche québécoise…

 

À un an des élections européennes, le leader de La France insoumise affûte sa stratégie à l’international. Il l’a répété ce lundi matin lors d’une conférence de presse qu’il a tenue en espagnol aux côtés de Pablo Iglesias, son partenaire européen le plus proche : la stratégie d’alliance européenne est la première pierre d’une alliance mondialisée. À terme, il espère voir naître un « club », lieu d’échanges où pourraient se retrouver les représentants de l’alternative au néolibéralisme.

 

En fin de semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon nous recevait dans son bureau de l’Assemblée nationale pour faire le point sur les évolutions de la politique en Europe et à l’international. Il est revenu longuement sur sa stratégie de co-construction d’une force mondialisée pour tenir tête à un libéralisme qu’il juge mortifère, mais aussi sur ses positions concernant les migrants bloqués en Méditerranée ou les élections au Mexique où, pour la première fois, la gauche l’a emporté dimanche.

 

 

- Médiapart : À un an des européennes, vous venez d’élargir votre coalition avec le Bloco portugais et les Espagnols de Podemos à de nouveaux partis de l’Europe du Nord (l’Alliance rouge-verte au Danemark, le Parti de gauche suédois et l’Alliance de gauche en Finlande). Quel est le sens politique de cette initiative ?

Jean-Luc Mélenchon : Elle est indispensable pour l’Histoire. Nous sommes dans une phase où la politique libérale a produit un monstre : en Europe, l’essentiel de la réplique à la politique néolibérale se fait aujourd’hui du côté de l’extrême droite, contrairement à l’Amérique latine où le souffle du volcan est allé de notre côté. En Europe, aujourd’hui, la vermine est partout. En France même, madame Le Pen a fait 10 millions de voix à la présidentielle, et elle a encore progressé entre les deux tours… Les Républicains et, sur certains points, Macron lui courent derrière.

 

 

- Médiapart : Et l’Italie a un gouvernement d’extrême droite, comme la Hongrie ou l’Autriche…

Jean-Luc Mélenchon : Et la Pologne ! Le problème, c’est que l’émergence de l’extrême droite est directement liée à la politique socialement destructrice des libéraux et au machiavélisme des eurolâtres avec leur chantage permanent : « C’est nous ou l’extrême droite. » Sans compter l’absence d’une alternative politique humaniste crédible dans tous les pays. C’est pourquoi je milite pour ce « nouvel humanisme » – c’est-à-dire, pour le dire vite, la vocation des êtres humains à s’intégrer harmonieusement dans la société par l’égalité, et avec la nature et les animaux par l’écologie. C’est cet intérêt général humain qu’il faut opposer aux racistes et aux productivistes. La gauche, en France, s’est suicidée. C’est à nous [La France insoumise – ndlr] d’avancer, nous n’avons pas le choix, c’est notre responsabilité historique : il faut qu’existe coûte que coûte ce pôle humaniste en Europe. Et tout est à faire. Quand je pense à l’Italie, je me souviens de l’imagination, de l’inventivité, de l’enracinement du parti communiste italien. Tout cela a été détruit de manière sidérante. Il faut donc qu’on reprenne pied à toute vitesse, là, et dans nombre de pays. D’où cette coalition à l’échelle européenne qui amorce un point de rassemblement nouveau dans le paysage.

 

 

- Médiapart : Comment voulez-vous mener cette « bataille culturelle », alors que c’est bien l’extrême droite qui a le vent en poupe ?

Jean-Luc Mélenchon : Certes, nous avançons dans des conditions effroyables. Notre adversaire n’est pas seulement idéologique, mais anthropologique, sociologique. Partout, le libéralisme a diffusé le venin de la fin des solidarités, de la compétition de chacun contre tous, l’accoutumance à la précarité et à la souffrance du vivant… Il faut donc affronter ce monde comme un tout, car il sape les fondamentaux de ce que nous sommes et de la civilisation humaine menacée de disparition. Depuis le début, je sais qu’il s’agit là d’un défi tragique. L’Europe est engagée dans une catastrophe de première grandeur et rien ne semble pouvoir l’empêcher. Le nouvel humanisme a donc besoin de gagner rapidement dans au moins un pays. Le nôtre allumerait un brasier mondial. Mais il faut entreprendre cette bataille, tout en sachant que la société qui nous intéresse, les fameux « 99 % », n’est pas une masse homogène.

 

 

- Médiapart : Que voulez-vous dire ?

Jean-Luc Mélenchon : Nous devons bien sûr mobiliser les classes populaires, mais ne pas oublier ou repousser les classes moyennes supérieures « sachantes ». Or celles-ci ont horreur des décibels, alors que le cœur de notre stratégie, c’est la conflictualité, car sans conflictualité, pas de conscience. Il faut pourtant aller les chercher, ces « petits bourgeois gentilshommes », faire le pari de leur intelligence et de leur culture. Nous avons besoin d’eux, les ingénieurs, les architectes, les professeurs. Ils sont centraux pour porter l’avenir et notamment la transition écologique.

 

Notre combat a pris un sale coup il y a trois ans. Je me souviens très bien quelle fête on avait faite, parce que les Grecs venaient de voter « non » au référendum [sur l’acceptation ou non du plan d’austérité proposé par la Troïka – ndlr]. Pour nous, le scénario latino était en marche : la chaîne avait enfin craqué en Europe, un peuple éduqué par cinq mois de bataille politique au pouvoir avait résisté. C’était l’apothéose. Huit jours plus tard, avec l’annonce par Alexis Tsipras [le premier ministre grec – ndlr] qu’il signait quand même l’accord avec l’Union européenne, notre plan international s’est effondré, tué de l’intérieur. La décision de Tsipras nous a pris à revers, elle nous a cloués. On s’est entendu dire : « Ce que fait Tsipras montre que vous ne savez que faire les malins, car quand vous arrivez au pouvoir, vous pliez. »

 

 

- Médiapart : Trois ans plus tard, Alexis Tsipras est toujours au pouvoir et il vous reproche de vous cantonner à une « posture révolutionnaire ». Nul autre pays européen n’a vu la gauche triompher aux élections. Qu’est-ce qui vous fait croire que votre stratégie européenne va fonctionner, cette fois ?

Jean-Luc Mélenchon : Tsipras ne gouverne pas. Il exécute le plan de la Troïka. Son pays est ruiné, la dette est plus importante qu’au départ, les libertés ont reculé. Ses reproches sont donc des aigreurs. On se passe de lui. Notre score de quasi 20 % à l’élection présidentielle a été un coup de tonnerre. L’expérience du mouvement de La France insoumise est désormais un modèle, comme le confirme l’interview de Sahra Wagenknecht dans vos colonnes. Une nouvelle séquence politique commence[2].

 

 

- Médiapart : Il y avait eu Podemos, avant La France insoumise !

Jean-Luc Mélenchon : Bien sûr ! Ce fut un modèle de bien des façons. Podemos a essuyé les plâtres de ce deuxième temps « mouvementiste » de la gauche radicale, comme on nous appelle parfois – mais je n’aime pas ce mot. Notre campagne présidentielle a permis d’aller encore plus loin sur les plans théorique et pratique. On nous observe du monde entier. On est loin du temps où nous étions considérés comme les intransigeants, réunis autour d’un type un peu bizarre, qui ne veut parler avec personne – bref, toutes ces salades que l’on entend encore en France et qui se propageaient ailleurs. Nous avons fait la preuve que nous pouvions dépasser les sociaux-démocrates, dans la proportion de un à trois, ce qui était une première en Europe, la Grèce mise à part. Et ce résultat nous a rendus suffisamment forts pour construire un dialogue fécond avec Podemos et le Bloco.

 

 

- Médiapart : Mais n’est-il pas obsolète ? Votre plan B, soit la possibilité de sortir de l’Union européenne en cas de désaccord, était une réponse politique à la crise grecque et à l’absence d’espoir dans une partie de la gauche…

Jean-Luc Mélenchon : Il est vrai que depuis la création du Forum du Plan B, il y a eu de nombreux changements : la social-démocratie a été battue en France ; le cœur de la social-démocratie européenne, le SPD allemand, est en train de s’effondrer après avoir choisi de rebâtir une coalition avec Angela Merkel ; en Europe du Nord, la social-démocratie est malade de son incapacité à avoir un partenaire patronal indépendant de la finance mondiale et de la pression allemande.

 

Parallèlement, la construction européenne est entrée dans une impasse irréversible : d’abord, parce que tout reposait jusqu’ici sur le fait que la France et l’Allemagne étaient interdépendantes. Aujourd’hui, la moitié du commerce extérieur de l’Allemagne se fait avec la Chine. Quant à Emmanuel Macron, il a échoué à apporter la moindre réponse à la crise européenne. Dix pays d’Europe du Nord et de l’Est se sont ligués contre ses propositions. Il n’a aucune autorité vis-à-vis de l’Europe de l’Est. Sa reprise des idées du PS sur le budget et le Parlement de la zone euro sont mortes dans les mains d’Angela Merkel. Glyphosates, travailleurs détachés, pacte social européen… il a tout raté !

 

Enfin, nous assistons à l’effondrement moral de l’Union européenne : la question de la migration. Après avoir laissé se développer une guerre économique entre les pays au sein même de l’UE, après avoir choisi de devenir une Europe de la défense et donc de la guerre, l’Europe finit par laisser mourir les gens en Méditerranée, qui sont aussi les réfugiés de ses guerres et de sa politique économique. Cet effondrement moral est au moins aussi important que la dislocation économique et l’écroulement de l’idée d’une Europe de la paix. « Notre avenir est en Méditerranée »

 

 

- Médiapart : Justement, sur la question migratoire, au moment de la crise de l’Aquarius, vous avez signé un communiqué des députés de La France insoumise et dénoncé la position de la France. Mais vous n’avez fait aucun commentaire sur votre blog, où vous développez l’actualité politique que vous jugez saillante. Pourquoi ce choix de ne pas entrer dans le débat ?

Jean-Luc Mélenchon : Je vous renvoie à la minute de silence de mon meeting de Marseille [pendant la campagne présidentielle de 2017 – ndlr], à nos interventions sur la loi asile immigration, à nos visites dans les camps de rétention, à notre soutien sans faille à ceux qui se sont engagés dans le combat, à mes passages dans les médias et à ma revue de la semaine, publiée avant-hier sur le sujet. Entrer dans ce débat, oui, mais s’y laisser enfermer par la droite et l’extrême droite, non. C’est la droite et l’extrême droite qui veulent faire de cette question l’alpha et l’oméga du débat politique. Que voulez-vous dire de plus, à part qu’il faut tout faire pour que les gens ne partent pas de chez eux et que, quand ils sont là, il faut les accueillir et s’en occuper dignement ? Je le répète depuis trois ans. Les mises en demeure d’en rajouter sont totalement contre-productives.

 

 

- Médiapart : Que signifie pour vous « s’en occuper » ? Êtes-vous par exemple pour des régularisations massives ?
Jean-Luc Mélenchon : Il y a beaucoup de personnes à régulariser. Notamment les salariés sans papiers. Et ceux qui relèvent du droit d’asile. Et les réfugiés économiques des guerres et des politiques commerciales de l’Union européenne. Mais je veux dire tout aussi clairement que je n’ai jamais été pour la liberté d’installation, une idée qui ne vient pas de nos rangs dans l’Histoire. Ma position personnelle est assez traditionnelle dans notre famille idéologique. Jaurès a bien montré comment on utilisait la main-d’œuvre importée à bas prix contre les conquêtes sociales, et pourquoi il fallait garantir à tous les travailleurs les mêmes droits. De plus, on ne peut imaginer de « protectionnisme solidaire », comme le prévoit notre programme, sans frontières. Les frontières sont, dans mon esprit, des points d’appui pour notre projet. Je suis internationaliste et altermondialiste. Pas libre-échangiste et mondialiste

 

- Médiapart : Mais vous parlez de « responsabilité historique » face à « l’effondrement » de l’Europe. Pour vous, la question migratoire n’en fait pas partie ? N’êtes-vous pas « responsable » de mener la bataille culturelle sur ce sujet ?

Jean-Luc Mélenchon : Nous n’y avons jamais manqué ! Mais il ne faut pas se laisser entraîner là où l’extrême droite veut nous amener : c’est-à-dire nous faire dire que si l’on accepte un bateau, il faut accepter tout le monde. Il faut sortir du cadre imposé par l’extrême droite, pour que vienne l’heure de construire des ponts avec les pays de la Méditerranée. La vérité, c’est que nous sommes, nous Français, plus proches des Tunisiens, des Marocains ou des Algériens que des Lettons ou des Estoniens. Notre avenir est en Méditerranée et en francophonie. L’Europe allemande n’est pas notre destin.

 

 

- Médiapart : Pour revenir à l’Europe : quelles sont les prochaines étapes de la construction de votre coalition ?

Jean-Luc Mélenchon : Deux discussions très approfondies sont en cours. Avec le PS hollandais d’un côté et le Sinn Féin en Irlande de l’autre. Ce sont des partis constitués, qui font plus de 10 % des voix aux élections. Nous avons également des contacts en Grèce avec le parti de Zoé Konstantopoúlou [ex-proche de Tsipras en rupture de ban – ndlr] et en Italie avec Potere al Popolo, Stefano Fassina [ancien ministre du gouvernement Letta, qui a quitté le Parti démocrate italien pour fonder Gauche italienne – ndlr] et sans doute le maire de Naples.

 

 

- Médiapart : Discutez-vous avec le leader du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn ?

Jean-Luc Mélenchon : Nous avons des contacts. Mais avec Corbyn, je préfère « laisser retomber la poussière ». Je veux y voir clair. Le Labour est membre de l’Internationale socialiste… Et je ne comprends pas pourquoi les travaillistes ne parviennent pas à se positionner sur le Brexit.

 

 

- Médiapart : À plus long terme, vous visez aussi la construction d’un « club mondial »… Quel regard portez-vous sur la victoire d’AMLO au Mexique, après une série de défaites de la gauche en Amérique du Sud et la dérive autoritaire de plusieurs pays comme le Venezuela et l’Équateur dont vous étiez proche ?

Jean-Luc Mélenchon : Il n’y a pas de dérive autoritaire au Venezuela, mais une lutte rendue explosive par les États-Unis et l’extrême droite locale. En Équateur, je désapprouve formellement la politique de coup de force judiciaire de la présidence. Je condamne aussi la dérive de la Colombie contre les accords de paix et la politique des assassinats ciblés. Je dénonce celle du Brésil contre la gauche et Lula aujourd’hui emprisonné. L’élection d’AMLO au Mexique, comme la présence, au second tour, de Petro en Colombie sont d’immenses nouvelles. Évidemment, la « gôche » sociale-démocrate a combattu partout contre nos candidats ! Et nous, le peuple, l’avons battue. On disait close la décennie démocratique et sociale, on voit que ce n’est pas vrai. Après AMLO, Lula sera élu au Brésil et Mauricio Macri chassé en Argentine. Nous sommes en train de reprendre la main.

 

 

- Médiapart : Que pensez-vous du phénomène Sanders aux États-Unis ?

Jean-Luc Mélenchon : Il faut aussi regarder du côté de l’Amérique du Nord. Longtemps, je me suis désintéressé des États-Unis. Je ne les percevais que comme l’empire du mal ! C’était une erreur. Avec Bernie Sanders, nous devons nous voir en octobre ou novembre. Évidemment, des points doivent être éclaircis entretemps pour dissiper tous les malentendus – je veux notamment m’assurer qu’il a bien compris que je voulais que la France sorte de l’OTAN. Mais nous sommes raccord sur le reste, dans les grandes lignes. D’ici là, nous venons d’assister à une belle victoire à New York, avec la victoire surprise à la primaire démocrate d’une jeune femme, Alexandria Ocasio-Cortez, soutenue par Sanders, contre un baron du parti. Le dégagisme est une donnée mondiale. Il est la clef de compréhension des événements dans tous les pays que nous venons d’évoquer. Et le thème central des campagnes des nôtres. Pour moi, c’est le levier majeur de notre temps face à la crise écologique et sociale de la civilisation humaine.

 

Note :

[1] Le mouvement européen «Maintenant le peuple» s’élargit !

[2] L’Allemande Sahra Wagenknecht dévoile les contours de son futur mouvement, inspiré des Insoumis

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21 février 2018 3 21 /02 /février /2018 18:04
Benoit Hamon n'a t-il que le social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque à nous proposer ?

Le post ci-dessus du compte twitter du mouvement de Benoit Hamon en date du 16 février, constitue une réponse à la main tendue de Hamon... par le mouvement de Benoît Hamon lui même " Génération.s ". Ainsi, pour B. Hamon et son mouvement, Syriza et Sripras seraient de "gauche " et anti-austéritaires !

Pour en finir avec l'austérité, peut-être que Benoit Hamon aurait pu commencer par ne pas voter en faveur du plan d'étranglement de la Grèce qui a comme conséquence que les grecs sont en train de perdre tous leurs biens, les mettant littéralement à la rue. ?

 

- Des questions à poser à Benoit Hamon

  • Une question mérite à ce stade d'être posée : Quelles ambitions réelles B. Hamon a t-il pour la France et l'Europe ? Veut-il mettre en œuvre la politique de Syriza et Tsipras, et qui, après avoir trahi les grecs à l'issue du référendum, s'être couché devant la troïka, se traduit par une austérité renforcée, le bradage du pays au plus offrant et un enfoncement du peuple dans la misère ?

 

  • Seconde question : Que penser de l'alliance de Benoît Hamon et Yanis Varoufakis qui ont annoncé vouloir travailler ensemble sur la base d'un programme commun plusieurs listes nationales aux élections européennes de 2019.... alors même que la preuve formelle existe que Tsipras, Varoufakis et Dragasakis s’étaient bien mis d’accord en secret dès novembre 2014, c’est-à-dire deux mois avant l’élection de Tsipras, pour ne jamais appliquer le programme de Thessalonique. Ce programme, largement adopté lors du congrès de SYRIZA en septembre 2014, avait été présenté, durant la campagne de janvier 2015, comme la pierre angulaire et le cap incontournable de Tsipras et Varoufakis en cas de victoire le 25 janvier.

 

  • Troisième question : Pourquoi Benoit Hamon n'est-il pas interpellé par les déclarations de Varoufakis selon lesquelles, par exemple.... " Emmanuel Macron, serait le seul membre du gouvernement Hollande à comprendre la crise hellénique[6] " (Ils se sont rencontrés pour parler d'Europe et serait intéressant de savoir ce qu'ils se sont dit) ou encore que " Macron a gâché une formidable chance de changer l'Europe[3]"...

 

  • Quatrième question : Le versatile monsieur Varoufakis propose dorénavant « un plan B et même un plan C » comme alternative à l’Europe actuelle. Comment Benoît Hamon peut-il accepter cet alphabet-là après avoir affirmé son opposition à de telles déclinaisons face à la « France insoumise » ? N’a-t-il pas justifié par cela même son opposition à notre ligne d’action ? Tout cela serait désormais sans importance. Mais serait-ce sérieux ?[5]

 

  • Cinquième question : Benoît Hamon a affirmé  par ailleurs que des points essentiels, tels qu’une politique écologique répondant aux prérogatives de l’accord de Paris, peuvent être mis en place « à traités constants ». Au delà des discours, et des postures est-ce à dire que somme toute, l’Europe de Merkel lui convient ?

 

  • Sixième question : Une politique qui commence avec l’acceptation des politiques d’ajustements structurels ne peut finir autrement que par la négation des libertés puis par leur réduction volontaire et forcée. Tsipras a dévalé toute cette pente. Une semaine avant le tweet de « Génération », le gouvernement Syriza a en effet accepté d'appliquer un plan d'austérité supplémentaire[2]. Dès lors, parler de « volonté commune d’en finir avec l’austérité », c’est bien un retour au double langage Hollandais. Mais le plus grave est ailleurs. Car en plus du reste, Tsipras et son équipe ont décidé de réduire le droit de grève[1]. Ce n’est pas rien ça ? Comment Benoit Hamon peut-il envisager de faire liste commune et vouloir défendre un même programme avec un partenaire qui met en œuvre une telle politique et répond aux revendications sociales par la répression[8] ?

 

  • Et une petite dernière : Pourquoi les élus de Hamon comme Guillaume Ballas dénoncent-ils la social-démocratie (Twitter : La ratification de la Grande Co en Allemagne par le SPD est une des versions de cette alliance centre gauche-droite qui favorise l’extrême-droite et fragilise la démocratie. Avec d’autres, Générations proposera un autre chemin) mais continuent de siéger au chaud dans le groupe S&D au Parlement européen ?

 

  • En conclusion, Benoit Hamon, (et c'est lui qui le dit, " Nous avons un plan à traité constants " tout en précisant, pour entretenir l’ambiguïté « cela ne veut pas dire qu’on ne veut pas modifier les traités ») veut tout changer sans rien changer au niveau des traités européens... tout en disant le contraire ! Tout cela ne fait pas très sérieux, relève de la culture de l’ambiguïté, et vise un objectif, faire renoncer la France insoumise à son " Plan A, et son Plan B " pour ine fine.... ne rien changer ! Est-ce pour cela qu'il " Retisse " les liens avec le PS ? wait and see...

 

- Cette décision de Tsípras et Syriza contre le droit de grève le fait officiellement changer de camp.

Car le droit de grève est une « liberté » fondamentale des travailleurs depuis qu’existe le mouvement ouvrier. C’est si grave que cela a justifié que le Parti de Gauche demande l'exclusion de Syriza du Parti de la Gauche Européenne (PGE) dont il est membre. Une demande à laquelle la direction du PCF, qui a présidé l’organisation pendant deux ans et dont son secrétaire général Pierre Laurent est encore vice-président a répondu qu’elle était « ridicule et sans objet ». Face au refus d'exclure Syriza du PGE, c'est  le Parti de Gauche qui a pris la décision de quitter le PGE  lors de son congrès du 30 et 31 juin 2018.

 

 

- Alors Benoit Hamon...,

Ex secrétaire national aux affaires européennes du PS, il offre son alliance de tous côtés. Mais en réalité il ne se cache pas de vouloir siphonner tout en affirmant qu’il nous laisse la porte ouverte « si nous changeons de position sur l’Europe ». Renoncer à nos idées pour avoir un accord ? Même pas en rêve !

 

Car s’allier avec ceux qui ont capitulé devant les Merckels, Hollande, la banque centrale européenne..., en s'essuyant les pieds sur le résultat du référendum (comme le PS et la droite l'ont fait, en France suite au référendum de 2005) et rejoindre, rassembler, aider les forces qui, par exemple en Grèce, avec « Unité populaire » et  Zoé Konstantopoulou  ont relevé le flambeau de la lutte indépendante.... le choix est vite fait quand on se prétend de gauche.... et vous le ferez-vous ? Il n'est pas trop tard !

 

" La consigne, c’est donc la patience. Et de ne nous mêler de rien. Une fois le paysage mieux dessiné, on avisera utilement. Jusque-là, tout ne peut être que vaine agitation. " Jean-Luc Mélenchon

 
Un nouveau cycle d'échéances électorales est commencé, et, dans ce cadre,  « Macron et Hamon, c’étaient que le pile et la face de la même pièce » comme l'affirme Bernard Friot[7] ?
 

Note :

[1] - Le Parlement grec a adopté, lundi soir, un nouveau train de mesures d’austérité et la restriction du droit de grève

[2] - Grèce : les retraités en colère contre la 12ème baisse de leurs pensions

[3] - Pour Varoufakis, Macron a "gâché une formidable chance" de changer l'Europe

[4] Pourquoi les élus de Hamon comme Guillaume Ballas dénoncent la social-démocratie mais continuent de siéger au chaud dans le groupe S&D au Parlement européen !

[5] Le versatile monsieur Varoufakis par Jean-Luc Mélenchon

[6] Varoufakis encense Macron

[7] Bernard Friot : « Macron et Hamon, c’est le pile et la face de la même pièce »

[8] GRÈCE : LE VIRAGE RÉPRESSIF DU GOUVERNEMENT SYRIZA. PAR STATHIS KOUVÉLAKIS ET COSTAS LAPAVITSAS

Benoit Hamon n'a t-il que le social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque à nous proposer ?
 
- Pour en savoir plus :

- Hamon/Mélenchon : l'accord était impossible... sauf... !

 

 

-« IL FAUT SORTIR DES TRAITÉS EUROPÉENS » Jean-Luc Mélenchon

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 20 février 2018 dans le cadre du débat sur l'élection des représentants au Parlement européen. Il a dénoncé la construction d'une Europe dans laquelle les peuples n'ont pas la capacité de s'exprimer puisque le Parlement européen n'a aucun pouvoir. Il a expliqué que l'Union européenne ne permettait pas la solidarité entre les peuples puisqu'elle refuse l'harmonisation sociale et fiscale et donc la fraternité, à l'heure où l'extrême droite progresse à l'Est de l'Europe et est désormais donnée comme la deuxième force politique en Allemagne. Face à cette impasse, Jean-Luc Mélenchon a appelé à sortir des traités européens actuels et à « refonder l'Europe de la cave au grenier ».

Pour en savoir plus :

- Alain Supiot : « La refondation de l’Europe ne pourra se faire sans sortir des Traités actuels »

 

 

-A ceux qui ont perdu la mémoire !

 

" Le PS place la gauche de la gauche sous surveillance "

Benoit Hamon n'a t-il que le social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque à nous proposer ?

-L'ambition de Benoit Hamon n'était pas d'accéder au pouvoir en 2017... elle n'est pas de changer de politique européenne en 2019 !

La tâche que lui avait confié F. Hollande et le PS en 2012 était d'empêcher l'émergence d'une force politique à la gauche du PS en capacité de prendre le pouvoir pour remettre en cause la politique qu'il met en œuvre en France et défend à l'échelle européenne : le social-libéralisme.

En effet Hamon, déclarait déjà au Figaro en 2012, parlant de Hollande : « On lui assure un flanc gauche qui évite que certains électeurs se tournent vers Mélenchon ».

Pour les élections présidentielles de 2017, il a servi, comme c'était déjà le cas en 2012 de " protection du flanc gauche ".

 

Ce qui était vrai en 2012, en 2017 l'est encore aujourd'hui, non pas pour protéger Hollande, mais pour protéger le système. Ce n'est plus le PS qui est à la manœuvre, mais B. Hamon ex secrétaire national aux affaires européennes du PS (on a pu mesurer toute la pertinence des orientations prises par le PS sous son impulsion à l'époque) qui a repris le flambeau !

 

QU'ON SE LE DISE !

 

- Pour en savoir plus :

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 15:10
Jean-Luc Mélenchon : « Je suis un indépendantiste français »

INTERVIEW - A l'approche du Conseil européen de Bruxelles de décembre 2017, jeudi, Jean-Luc Mélenchon tire la sonnette d'alarme et appelle à faire sauter les « verrous » sur l'harmonisation sociale, l'harmonisation fiscale et le changement de statut de la Banque centrale européenne. « Ma ligne, ce n'est pas le Frexit », plaide-t-il, comparant son « plan B[2] » à la « dissuasion nucléaire ».

 

Sources :  Les Echos.fr par Pierre-Alain Furbury et Renaud Honoré le 11 décembre 2017 | mis à jour le 04/08/2021

- Les Echos : Vous avez accru vos attaques contre l'Union européenne depuis quelques semaines. Comment qualifieriez-vous votre positionnement désormais sur l'Europe : souverainiste, eurosceptique voire europhobe ?

Jean-Luc Mélenchon : Le mot « souverainisme » nous aurait convenu s'il n'avait pas été utilisé dans un sens nationaliste qui ne convient pas à notre façon de voir. Si je suis souverainiste, c'est au sens de la souveraineté du peuple. Je suis plutôt un indépendantiste français.

 

 

- Les Echos : La France ne serait donc pas indépendante ?

Jean-Luc Mélenchon : Non en effet. Proposer de le redevenir c'est dire qui commande. Si les transferts de souveraineté que nous avons opérés vers les instances européennes avaient été confiés à un Parlement européen ayant un réel pouvoir de décision, mon point de vue serait peut-être différent. Mais celui-ci n'est pas un vrai Parlement : 70 % de ses délibérations n'ont aucun effet concret. Dans les années 1990, je militais pour un vrai fédéralisme. J'appelais à une constituante européenne. Mais j'ai réalisé, en 2005 [lors du référendum sur la constitution européenne, NDLR], que cette voie était impossible.

 

A présent nous voici plus proche du modèle du saint empire romain germanique que de la marche vers la République universelle à laquelle je rêvais. De plus, la France roule à contresens. En quoi serions-nous plus proches des pays baltes que nous ne le sommes des pays francophones de la Méditerranée comme l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie ?

 

 

-Les Echos : Vous avez rejeté l'idée que la France puisse être contributeur net au budget européen en citant Margaret Thatcher (« I want my money back »). Les conservateurs britanniques deviendraient-ils un modèle pour vous ?

Jean-Luc Mélenchon : Dans l'art de faire payer les autres ils ont à nous apprendre ! Nous sommes l'un des derniers pays en procédure de déficit excessif, et dans le même temps nous versons 20 milliards au budget européen pour n'en récupérer que 14 milliards. 6 milliards de dons ! Cela s'appelle une dépense somptuaire. Payer des routes aux Roumains et des aéroports aux pays baltes, c'est utile, mais ce n'est pas dans nos moyens actuels. Dans les années où nous sommes en déficit excessif, nous devrions avoir le droit de garder nos 6 milliards.

 

 

- Les Echos : Votre position est contradictoire : vous voulez une Europe plus solidaire et vous critiquez le budget européen, l'un des principaux outils de l'Europe en matière de solidarité...

Jean-Luc Mélenchon : Vous confondez solidarité et annexion. La vraie solidarité, c'est celle qui prendrait des mesures pour rompre le dumping social et fiscal dont l'Europe est en train de mourir. Car voila par où sont montés les nationalismes les plus obscurs en Hongrie, Slovaquie, en Autriche ou en Pologne. Mais qu'on ne caricature pas ma position : ma ligne, ce n'est pas le « Frexit ». Je crois à la puissance française. En Europe ses intérêts fondamentaux doivent être protégés. Faire l'Europe ? Oui si c'est sans défaire la France !

 

 

- Les Echos : Mais le budget européen a aussi servi à lutter contre le dumping social, en accélérant le développement et le niveau de vie de pays comme l'Espagne après son entrée dans l'UE en 1986...

Jean-Luc Mélenchon : Vous trouvez que l'Espagne va mieux qu'il y a 30 ans ? 500.000 personnes l'ont quittée en quatre ans. Bruxelles trouve son niveau de vie excessif et lui a imposé des plans d'austérité liquidant des pans entiers de l'Etat jusqu'au point où, aujourd'hui, la Nation même finit par ne plus avoir de sens pour une partie de la population qui veut l'indépendance. L'Espagne va très mal. Pourtant elle était réputée naguère être le bon élève avec son modèle de développement par la dette et la bulle immobilière.

 

 

- Les Echos : Votre « Plan A[1] » de réforme de l'Europe comporte une longue liste de revendications. Là-dedans, quelles sont vos priorités ?

Jean-Luc Mélenchon : Il faut sortir des Traités, notamment des deux derniers budgétaires qui sont les pires, et passer à autre chose. Cette autre chose n'a rien de mystérieux : en économie, c'est une politique keynésienne. Si ce que je disais était aussi extravagant, comment comprenez-vous que les banquiers centraux aient fait tourner la planche à billets comme nous le préconisions ? Mario Draghi, qui n'est pas un mélenchoniste, a offert 80 milliards tous les mois aux banques sans contrepartie. A la fin, un maigre ruissellement s'est opéré et on a vu la courbe déflationniste s'inverser. Mais ça ne suffit pas. Et pendant ce temps le système financier mondial est voué à l'explosion de nouvelles bulles. Le danger est partout. La vraie réponse passe par la fin de trois verrous : l'harmonisation sociale, l'harmonisation fiscale et le changement de statut de la BCE pour que celle-ci puisse prêter aux États.

 

 

- Les Echos : Emmanuel Macron dit travailler à l'harmonisation sociale et met en avant la réforme des travailleurs détachés...

Jean-Luc Mélenchon : C'est de la blague : il n'y a eu aucune amélioration. On a réduit le temps d'utilisation du recours aux travailleurs détachés, mais on n'a rien touché au principe scandaleux du paiement de la cotisation dans le pays d'origine. On doit payer ses cotisations dans le pays d'accueil.

 

 

- Les Echos : Pour faire bouger l'Europe, il faut des partenaires. Où les trouvez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon : Nous les trouverons si nous savons ce que nous voulons. Et si nous décidons, déjà, de parler des problèmes essentiels. Il faut une conférence pour sécuriser les frontières. Et une autre sur la dette, qui doit devenir un sujet politique en Europe. Personne ne la payera, tout le monde le sait. Et on connaît les moyens qu'on peut utiliser. Cela passera par le rachat de la dette publique par la BCE. Au maximum, cela produira 5 à 6 points d'inflation (NDLR : voir position défendue en 2021 sur la dette [3] [3bis]) [4] ! Et alors ? Le vrai problème c'est la dette privée, elle aussi insolvable. Il faut sécuriser cette dette, empêcher les défaillances par la relance de l'activité des débiteurs.

 

 

- Les Echos : Mais durant votre campagne, vous préconisiez aussi pour la dette française une solution plus radicale de « restructuration » de la dette illégitime...

Jean-Luc Mélenchon : Mon but, c'est de geler la dette. Si la banque centrale rachète les dettes des États, le problème est réglé. Elle peut en faire ce qu'elle veut ; il y a mille solutions techniques. Sinon, ce sera la pagaille et l'effondrement.

 

 

- Les Echos : Comment changer les traités si les autres ne veulent pas ?

Jean-Luc Mélenchon : C'est comme pour la dissuasion nucléaire : le principe même fait que vous n'avez pas besoin d'alliés. Moi j'ai un bouton qui s'appelle « plan B[2] ». Si - comme Emmanuel Macron - vous n'avez pas de dissuasion, vous n'avez pas de « plan A[1] » qui tienne. La menace ne vaut que si elle existe. Avec moi, elle existe.

 

 

- Les Echos : La sortie de l'Union est donc bien une option...

Jean-Luc Mélenchon : Je ne pars pas battu. Bon sang ! Tout ne dépend pas de la volonté des autres ! Voyez : Emmanuel Macron annonce l'interdiction du glyphosate dans trois ans malgré la décision européenne, il me donne raison. Mais il est sur le tapis roulant qui mène au plan B sans savoir comment le gérer. La France doit redevenir acteur et pas simplement être un « bon élève » de la volonté des autres. On ne peut pas faire l'Europe sans la France. J'adjure qu'on le comprenne : notre nation, sous toutes ses formes, est en danger. Si on ne réagit pas, l'Europe explosera ! La France, comme l'Allemagne, n'ont aucun intérêt à ce chaos.

 

 

- Les Echos : Pourquoi Angela Merkel céderait-elle à votre menace ? Même l'ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, qui ne vous soutient plus, pense le contraire.

Jean-Luc Mélenchon : Monsieur Varoufakis vient d'un pays qui pèse 2 % de l'économie européenne. Sa vision de l'Union européenne est faussée par un rapport de forces qu'il a été incapable de construire. L'Europe ne pourrait donc qu'être allemande ? Moi je fais le pari qu'elle bougera. Parce que nous sommes à l'endroit qui met en péril sa priorité absolue. La rationalité du comportement du gouvernement allemand CDU-CSU, c'est la politique de la rente. Et dans une politique de rente, on ne se paye pas un conflit avec son principal voisin et client.

 

 

- Les Echos : Le scepticisme ne vient pas simplement de l'Allemagne, mais du fait qu'on ne voit pas qui pourrait soutenir votre projet...

Jean-Luc Mélenchon : Il y a beaucoup de travail, en effet. Mais la politique est un art de réalisation et nous convaincrons. Ce que n'a pas su faire [le Premier ministre grec] Tsipras. Ce ne serait pas la première fois qu'en France, on réussit de grands tournants. Ce qu'a accompli le général de Gaulle après 1958 n'a pas été une mince affaire. La volonté ouvre des chemins à jamais inconnus des résignés.
 
 
 

- Les Echos : Vos emportements, vos attaques contre les journalistes, votre style qui vous vaut d'être taxé de populisme n'entame-t-il pas aussi votre crédibilité ?

Jean-Luc Mélenchon : Il me rend crédible auprès de ceux dont j'ai besoin pour construire un rapport de force. Si l'histoire n'était qu'un choc de raisonnements contradictoires, on vivrait dans un colloque savant. Non, c'est un choc d'intérêts. Ce que je propose heurte des intérêts très puissants. Après, il y a sans doute dans cette « théâtralité » un côté qui tient au Méditerranéen que je suis. Si j'étais président, je m'exprimerais sans doute différemment ; là, je suis le tribun du peuple - j'en suis fier. Car les barrières sont dans les têtes : on répète du matin au soir aux Français, notamment à ceux qui souffrent, qu'on ne peut pas faire autrement. Il y a un énorme effort à faire pour rompre le cercle de l'évidence médiatique.

 

 

- Cela pourrait-il vous conduire à travailler, sur les questions européennes, avec des gens de l'autre rive ?

Jean-Luc Mélenchon : La ligne politique et mes objectifs n'ont rien à voir avec ceux du FN ou des nationalistes. Mais tous ces gens rament pour moi d'une certaine manière, en contribuant à la construction d'un champ culturel où nos mots d'ordre - l'Europe ne protège pas les Français mais les menace - sont en train de devenir dominants. Il faut capitaliser positivement cette colère qui peut être dangereuse.

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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