Ruuben Kaalep, membre de Sinine Äratus, branche de Ekre, et Marine Le Pen, du Rassemblement national, 14/05/2019 en Estonie. (Capture d'écran Facebook)
Le RN côtoie beaucoup de représentants de partis ouvertement islamophobes, homophobes et transphobes
Au-delà de la rupture avec son partenaire allemand l’AfD, le Rassemblement national est toujours allié avec divers partis aux positions ouvertement racistes et homophobes. Jordan Bardella assume ces infréquentables, arguant ne pas chercher « des clones » au Parlement européen.
En pleine campagne des européennes, le Rassemblement national (RN) a officiellement rompu avec l’AfD (Alternative für Deutschland – Alternative pour l’Allemagne).
Le parti français d’extrême droite (le RN), qui s’était contenté de prendre ses distances au moment des révélations de Correctiv sur son partenaire d’outre-Rhin[1], a décidé de couper les ponts[2]après les propos tenus par Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD pour le scrutin du 9 juin. Ce dernier a récemment estimé que les SS nazis n’étaient « pas automatiquement des criminels ». Une rupture qui fait suite à des mois de tensions entre les deux alliés.
Mais au sein du groupe Identité et démocratie (ID) au Parlement européen, ou dans le cadre des discussions sur de futures coalitions, le RN côtoie beaucoup d’autres représentants de partis ouvertement islamophobes, homophobes et transphobes.
Questionné sur le sujet, Jordan Bardella s’était contenté de balayer la question : « Ça s’appelle l’Union européenne. La devise, c’est “ Unis dans la diversité ”. Je ne cherche pas des clones, je cherche des alliés au sein du Parlement européen », avait-il assumé.
Tour d’horizon de ses infréquentables partenaires européens.
🔴Tomio Okamura, SPD (République tchèque)
Président et fondateur du SPD tchèque (Liberté et démocratie directe), l’homme d’affaires d’origine japonaise Tomio Okamura[3] est allié au RN au sein du groupe ID. Ouvertement islamophobe, il expliquait en 2017 avoir pour projet d’interdire l’islam – qu’il compare au nazisme – et suggérait deux ans plus tôt à ses partisans d’aller « promener des porcs près des mosquées » pour faire fuir les musulmans du pays.
Dans son programme actuel, il propose encore le retour à la couronne tchèque, à l’autosuffisance alimentaire, l’arrêt de l’aide financière européenne à l’Ukraine et un référendum pour sortir de l’UE. Il affirme également que « les immigrants ne doivent pas avoir droit à l’asile ». Le 23 mai, Tomio Okamura accueillait à Prague ses alliés du groupe ID pour un meeting de campagne. Parmi eux, Fabrice Leggeri, troisième de la liste du RN pour les élections européennes.
🔴 George Simion, AUR (Roumanie)
Le 2 décembre 2023, à Florence (Italie), Jordan Bardella monte sur la scène du premier grand meeting de campagne organisé par le groupe ID et son allié italien de la Lega (la Ligue) Matteo Salvini[5]. Un peu plus tôt, à la tribune, George Simion[4], représentant du parti roumain AUR (Alliance pour l’unité des Roumains), défendait à la même tribune sa vision toute particulière de la campagne, qu’il entendait alors mener contre « la gauche qui veut supprimer les nations et la famille naturelle ».
« Ce que nous voyons en Europe, c’est l’enfer. Nous avons des migrants, la désindustrialisation, le déclin du christianisme, l’interdiction d’utiliser les mots “père” et “mère”. C’est un vrai enfer », avait-il lancé ce jour-là. Militant de la réunification avec la Moldavie, antivax et anti-avortement, George Simion écrit, dès la première page du manifeste de son parti, que « l’homme est la création de Dieu » et revendique son attachement à « la famille traditionnelle », en répétant que « Dieu a créé l’homme/père et la femme/mère, différents par nature ».
🔴 Roberto Vannacci, Ligue (Italie)
Le général italien Roberto Vannacci[6] a été choisi par Matteo Salvini, le plus proche allié de Marine Le Pen au niveau européen, pour mener la liste de son parti pour les élections européennes en Italie centrale. Le militaire s’est fait connaître en 2023 avec la publication d’un ouvrage xénophobe et homophobe, qui est devenu un succès de librairie en Italie et lui a valu une suspension de l’armée, ainsi que de nombreuses plaintes pour incitation à la haine.
Dans ce premier ouvrage intitulé Il mondo al contrario (non traduit, « le monde à l’envers »), il écrit par exemple : « Chers homosexuels, vous n’êtes pas normaux, faites-vous une raison. » Et s’en prend à une volleyeuse italienne noire, en affirmant qu’il est « clair que ses caractéristiques physiques ne représentent pas l’italianité ». Depuis le début de la campagne, il a déjà affirmé que Mussolini était « un homme d’État » et que les Italiens avaient nécessairement « la peau blanche ».
🔴 Kostadin Kostadinov, Vazrazhdane (Bulgarie)
Également présent aux côtés de Jordan Bardella[5] lors du meeting de Florence, Kostadin Kostadinov est président du parti bulgare Vazrazhdane (« Renaissance » en français, mais sans lien avec le mouvement d’Emmanuel Macron). Ouvertement prorusse, anti-LGBT et anti-rom, il a annoncé au mois de février avoir rejoint le groupe ID, quelques semaines après avoir participé à Moscou à un forum « pour la liberté des nations » organisé par des ministres de Vladimir Poutine.
Depuis l’exclusion de l’AfD du groupe pour les propos de sa tête de liste, Kostadin Kostadinov a proposé aux Allemands de créer un nouveau groupe « véritablement conservateur et souverainiste ». En décembre 2023, à Florence, il avait défendu sa vision organiciste de la nation, déclarant que « la population de souche européenne vieillit, diminue et se fait remplacer par des personnes africaines et asiatiques ». « Nos peuples ont leur propre système immunitaire et veulent lutter pour leur sauvegarde », avait-il précisé.Il y a quelques années, il qualifiait les Roms de « parasites » et de « vermines non humaines ».
🔴 Martin Helme, EKRE (Estonie)
Président du parti estonien EKRE (Parti populaire conservateur d’Estonie), résolument antirusse, Martin Helme revendiquait en 2013 vouloir « une Estonie blanche ». « Notre politique migratoire doit avoir une règle simple : si vous êtes noir, repartez ! », avait-il affirmé à la télévision. Nationaliste, défenseur comme Jordan Bardella de la thèse complotiste et raciste du « grand remplacement »,il dénonce régulièrement « le transgenrisme » et les « migrations de masse qui ont causé la mort et la destruction des sociétés ».
En 2019, membre de la coalition au pouvoir, il avait fêté son entrée au gouvernement en faisant un signe utilisé par les suprémacistes blancs lors de la cérémonie d’intronisation au Parlement estonien. Au congrès de son parti en 2023, il prévenait que tant qu’il dirigerait EKRE, celui-ci « ne [soutiendrait] pas l’homorévolution, la révolution verte, la vaccination forcée ou les sacrifices rituels, physiques ou mentaux, des enfants pour le culte de la transsexualité ».
🔴 Harald Vilimsky, FPÖ (Autriche)
Chef de file du FPÖ (Parti libéral autrichien) pour les élections européennes, Harald Vilimsky s’est opposé à l’exclusion de l’AfD du groupe ID. Résolument islamophobe, il s’inquiète du nombre de mosquées en Autriche et promet « une immigration zéro en provenance des pays islamiques ».
Dans son programme, il réclame « un pacte de remigration » et la fin de l’asile pour les personnes venant de l’extérieur de l’Europe. Lié entre 2016 et 2021 par un accord de coopération avec le parti de Vladimir Poutine, le FPÖ s’oppose aux sanctions contre la Russie et appelle dans son programme à stopper les aides militaires et financières à l’Ukraine.
🔴 Tom Van Grieken, Vlaams Belang (Belgique)
Nationaliste flamand, Tom Van Grieken tente depuis plusieurs années d’incarner une version plus « dédiabolisée » de son parti d’extrême droite. Ancien responsable d’un groupe étudiant ultranationaliste, il dirige un mouvement qui a fait sienne la thèse du « grand remplacement[7] » et s’oppose violemment à toute forme d’immigration.
En 2018, les partisans de Guy D’haeseleer, élu du Belang et candidat à une élection locale à Ninove, avaient célébré sa victoire avec des saluts nazis[8]. Un an plus tôt, le même postait sur Facebook une image d’enfants noirs qui se baignaient agrémentée d’un commentaire indiquant qu’il avait commandé « une mousse au chocolat ».
Au début du 20e siècle, le gouvernement français nourrit le projet d'intervenir en Ukraine et en Crimée pour secourir les forces anti-bolcheviques et mettre en échec la propagation de la tempête révolutionnaire
En décembre 1918, le pouvoir soviétique paraît aux abois.
Depuis six mois, le soulèvement de la Légion tchèque, manœuvré par les gouvernements français et britannique, a coupé la Sibérie et l’Oural de Moscou.
25 et 26 mai 1918, la Légion tchèque se soulève et sépare la Sibérie de l’URSS[1].
Avec l’aide monumentale de la Grande-Bretagne, de la France, des Etats Unis, du Japon, du Canada... les armées de l’amiral Koltchak marchent de la Volga vers le Kremlin.
24 décembre 1918 L’armée blanche sibérienne de Koltchak prend Perm et marche vers Moscou
En fait, les grands pays capitalistes sont intervenus en Russie dès la révolution pour tenter de mettre sur pied des armées contre-révolutionnaires, à terme démanteler le pays pour le plus grand profit de leurs grandes entreprises.
La France joue un rôle central en 1917/1918/1919 dans la constitution d’une alliance capitaliste internationale contre la Révolution russe Pourquoi la France joue-t-elle un tel rôle ?
🔴 La principale raison me paraît politique : des dirigeants nationalistes et impérialistes
Les dirigeants politiques (Clémenceau, Poincaré...) sortent de la Première Guerre mondiale en pleine euphorie. Ils vivent la France comme la nation militairement la plus forte de la planète d’où une responsabilité de puissance impérialiste principale. Ce comportement des dirigeants politiques est évidemment renforcé par le poids moral des principaux chefs militaires dans la population. Or, Foch comme Castelnau ou Franchet d’Espérey sont aussi profondément imbus de tradition nationaliste militariste conservatrice que les corps d’officiers autrichiens, russes, serbes et allemands dont le rôle a été si important dans le déclenchement de la guerre.
🔴 La France capitaliste a investi des sommes importantes en Russie
Avant et pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement français a mobilisé des moyens de propagande très importants pour pousser les citoyens à souscrire des emprunts d’État russes. Onze milliards et demi de francs-or ont ainsi été récoltés[3]. Trois banques françaises détiennent 30 % du capital des onze principales banques de la capitale tsariste. Plus du tiers des investissements industriels privés étrangers en Russie sont français en 1917. C’est surtout le grand patronat, d’une part français, d’autre britannique, qui pousse à profiter de la situation instable née de la révolution pour s’accaparer des richesses naturelles du pays.
🔴La préoccupation impérialiste permanente de Clémenceau
En décembre 1917, au moment où le gouvernement Clémenceau se heurte à de nombreuses difficultés militaires (la révolution d’Octobre a libéré de nombreuses divisions allemandes du Front de l’Est), sociales (grandes grèves de 1917, mutineries), politiques (les socialistes ont rompu l’Union sacrée[4][4bis], financières (lancement d’un nouvel emprunt d’Etat)... son principal souci, c’est en fait de contre-attaquer en Russie même, balayer les bolchéviks, répartir des zones d’influence économique avec les autres Etats capitalistes.
Le 23 décembre 1917, lendemain du début de la Conférence de Brest Litovsk, des représentants de la France et de la Grande-Bretagne se réunissent à Paris et concluent une convention pour le démembrement de la Russie en zones d’influence :
l’Angleterre se réserve les provinces baltes et le Caucase (surtout son pétrole) ;
la France choisit l’Ukraine de la Biélorussie à la Bessarabie et au Donetz (fer, charbon, bassin sidérurgique...) ainsi que les rives de la Mer Noire dont Odessa et la Crimée.
🔴Des dirigeants militaires conservateurs, va-t-en guerre contre le communisme
Foch, général en chef des armées alliées en 1918, pèse lourd dans les décisions prises par la France sur la fin de la guerre et dans les années suivantes. Or, il voit le combat contre le communisme comme une guerre classique avec ses fronts bien délimités. En mars 1919, convoqué à une réunion de chefs d’état pour donner son avis sur la question, il déclare " Le péril bolchéviste s’étend vers le Sud et vers la Hongrie, il faut l’arrêter à Odessa et à Lemberg[5]."
Avant même la fin de la Première Guerre Mondiale, le gouvernement français de Clémenceau se préoccupe plus de combattre les aspirations des peuples et préparer une intervention militaire directe en URSS que de finir rapidement la guerre contre l’Allemagne
En juin 1918, le général Louis Franchet d’Espérey, excellent d’un point de vue militaire, prend le commandement des armées alliées d’Orient à Salonique.En septembre, il dispose de forces imposantes pour passer à l’offensive : 8 divisions françaises (comprenant 18% de Sénégalais et Maghrébins), 6 divisions Serbes, 4 britanniques, 9 grecques et une italienne. En un mois, il bouscule les lignes bulgares et allemandes, pénètre largement en Serbie, entre dans Belgrade, obtient la capitulation de la Bulgarie, fait prisonniers 90000 Bulgares ainsi que l’armée allemande de Von Steuben[6].
L’armistice signé à Salonique le 29 septembre 1918 pour tout le Front d’Orient, libère les armées de Franchet d’Espérey qui pourraient pénétrer en Europe centrale sur les arrières allemands. D’ailleurs,le Haut commandement allemand réfléchit alors à un armistice sur tous les fronts.
Mais le gouvernement français préfère utiliser ces troupes françaises pour aider à la construction d’un Etat roumain militarisé au service de la France, préparer la naissance de la Pologne et la Tchécoslovaquie sur les mêmes bases, surveiller les peuples hongrois et bulgares, soutenir les armées blanches en Russie.
Ainsi, en octobre 1918, le général Franchet d’Esperey, commandant l’armée française des Balkans, reçoit l’ordre de stopper sa marche vers l’Europe centrale, de rassembler les troupes en Roumanie pour intervenir en Russie « afin d’y poursuivre la lutte contre les puissances centrales, mais encore pour réaliser l’encerclement économique du bolchevisme et en provoquer la chute ».
Dès la Première Guerre mondiale terminée, des troupes françaises d’Orient sont maintenues sous les drapeaux pour attaquer l’URSS
L’armistice du 11 novembre 1918 fait passer les troupes allemandes d’Ukraine sous commandement français pour affronter les rouges.Le gouvernement français est alors décidé à apporter le maximum de soutien au général Krasnov dans la zone du Don et au général Dénikine, commandant l’armée blanche du Sud.
Le 13 novembre 1918, une flotte alliée mouille devant Constantinople, prête à intervenir en URSS[7]. Elle comprend la deuxième escadre française, commandée par l’amiral Amet, et deux divisions de forces terrestres, avec le général Franchet d’Espérey.
Le 20 novembre 1918, des Russes blancs réunis à Jassy (en Roumanie, alliée de la France, où Berthelot et Franchet d’Espérey jouent un rôle très important) demandent officiellement à l’Entente (France, Grande Bretagne, Serbie...) l’envoi d’un corps expéditionnaire pour renverser les soviets[8].
Le lendemain, 21 novembre, Clémenceau brosse pour Franchet d’Espérey « un plan général pour l’isolement économique du bolchevisme en Russie en vue de provoquer sa chute ». Il s’agit d’occuper les ports et d’établir un « cordon sanitaire » : étouffer l’économie soviétique et isoler l’Europe de la contagion des idées révolutionnaires. L’importance donnée à l’occupation du Donbass montre bien que les objectifs économiques impérialistes priment[8].
Bientôt, la flotte "alliée" composée surtout de forces françaises débarque à Sébastopol (Crimée, 13 décembre) puis dans le port d’Odessa comme en pays conquis. En janvier 1919, viendront le tour des ports de Nikolaïeff et de Kherson.
Les unités françaises et alliées (Grecs, Polonais, Roumains...) opèrent conjointement avec les bandes séparatistes de Petlioura et de Gregoriev, avec les armées blanches de Krasnov dans la région du Don, de Denikine au Kouban.
Le 17 décembre 1918, le général français Borius débarque à Odessa avec la 156ème division. Trois compagnies de fusiliers marins aidées de "volontaires" russes et polonais prennent le contrôle du port ; 4000 Allemands gardent la gare et ses environs.
Le 25 décembre, la Crimée commence à être investie par des troupes françaises(débarquement du 175ème Régiment d’infanterie à Sébastopol).
Fin décembre et début janvier de nouveaux renforts français arrivent, par exemple le 8 janvier 1919, le 4ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (unité d’élite qui a joué un rôle important dans l’offensive de septembre) et une compagnie de mitrailleuses.
Toutes ces troupes sont placées sous le commandement du général d’Anselmequi a commandé en 1918 le 1er Groupement de Divisions de l’Armée d’Orient.
Fin janvier 1919, l’armée française a la haute main des bouches du Danube aux bouches du Dniepr (Kherson) en passant par celles du Boug ( Nicolaïeff) et du Dniestr (Tiraspol).
🔴Les capitaux français sont majoritaires dans la société contrôlant l’arsenal de Nicolaieff où se construisent des destroyers, des croiseurs légers, des remorqueurs, des sous-marins. Deux régiments grecs viennent compléter le dispositif français dans cette ville.
🔴La France joue alors un rôle central dans l’accompagnement des armées blanches pour renverser l’URSS. D’Anselme maîtrise un puissant émetteur radio dans le Sud alors qu’en Sibérie ce sont également des Français qui manœuvrent la station d’Omsk, capitale de l’Etat fascisant de Koltchak. Des techniciens français sont attendus pour faire entrer les deux en relation.
Comprendre le capitalisme des années 1900 à 1925 : un monde sans aucun sentiment
La principale caractéristique du grand patronat qui a poussé aux guerres coloniales puis à la Première Guerre mondiale, c’est l’absence totale de respect de la vie humaine.
Le travailleur colonial doit rapporter le maximum de profit jusqu’à sa mort.
Du Congo belge à l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 1961, un grand pays détruit par le colonialisme[9] ;
Colonisation française du Niger et du Tchad par la colonne Voulet Chanoine Joalland : un massacre de masse, un crime contre l’humanité (sur la base des archives militaires)[10][10bis] ;
11 août 1904 : le peuple herero de Namibie est écrasé par les troupes coloniales allemandes[11].
Le soldat doit accepter de se faire tuer pour sa nation (en fait, les profiteurs de son pays) avec courage, patriotisme et abnégation.
Ainsi, la majorité des militaires français de l’armée d’Orient sont des réservistes âgés de 30 à 50 ans. Mon grand-père, né en 1877, en a fait partie. Un nombre significatif de soldats de l’armée française d’Orient relève de la classe 1906 qui a fait son service puis a été rappelée pour toute la guerre.
Des équipages de la marine n’ont pas vu un port français depuis plusieurs années.
Les fantassins ont subi les pires conditions de vie et les pires boucheries. Et maintenant que la guerre contre l’Allemagne est terminée, voilà qu’on leur demande d’aller combattre en Russie.
Le civil russe suspecté de sympathie socialiste ou le soldat de l’armée rouge sont des fusillés en sursis
Les soldats français assistent à de fréquentes exécutions sommaires de bolcheviks présumés. A Kherson par exemple, un millier d’Ukrainiens soupçonnés d’attitude hostile aux armées blanches sont enfermés dans un hangar que l’artillerie française pilonne : le feu prend, aucun survivant. L’ordre fasciste règne dans les zones occupées par l’armée de Clémenceau et de Franchet d’Espérey.
De plus, les conditions de vie de l’armée française d’intervention en URSS sont catastrophiques
« Les services de l’arrière n’existent pas (...), le service postal est si mal assuré que les hommes restent plusieurs semaines sans aucune correspondance avec leurs familles (...), le service du ravitaillement est tel qu’en certains points des soldats français sont en partie vêtus d’uniformes hongrois (...) » (extraits du discours du député Kerguèzec revenant d’une mission d’enquête sur l’armée d’Orient).
Dans la marine, la discipline est insupportable, les brimades, corvées et mises aux fers incessantes.
6 février 1919 à Tiraspol éclate la première mutinerie française de la Mer Noire[12]
Tiraspol est une ville sur la rive gauche du Dniestr, intégrée dans la Russie fin 19ème siècle, début 20ème au sein du " gouvernement de Kherson " (Sud de l’Ukraine).
En 1918, l’armée française fait rapidement de Tiraspol un point d’appui essentiel de son dispositif. Par exemple, les chars d’assaut Renault livrés aux troupes françaises d’Odessa le seront par des chalands venant de cette ville située près de l’embouchure du Dniestr sur la Mer noire.
Début février 1918, une petite unité russe favorable à la révolution arrive devant Tiraspol en descendant la rive du fleuve. Elle tire quelques coups de canon et met en batterie des mitrailleuses.
Le général Berthelot, présent en Roumanie où il a joué un rôle militaire très important de 1916 à 1918, décide d’envoyer des forces conséquentes pour ne pas prendre de risque : un train blindé, des chars d’assaut, des unités françaises de zouaves, des Tchèques, des Polonais... En fait, la défense de Tiraspol est essentiellement assurée par le 58ème Régiment français d’infanterie et les soldats de cette grosse unité n’ont guère envie de combattre les Russes. Il a suffi le 4 février, d’un petit mouvement de repli pour que des militaires des 6ème, puis 5ème et 7ème compagnies abandonnent leur poste.
Après une période de repos, de reprise en mains et d’arrivée de renforts, le colonel Lejay veut lancer l’attaque pour reprendre Tiraspol, en commençant par une préparation d’artillerie. Sont également présents, côté français une unité du 501ème Régiment d’Artillerie d’Assaut et un bataillon du Régiment de Marche d’Afrique...Mais les artilleurs concernés refusent de faire avancer leurs engins, encore plus de tirer.
Les officiers enferment ces artilleurs dans un petit périmètre afin d’éviter la contagion aux autres troupes. Arrivent alors les pioupious du 2ème bataillon qui prennent fait et cause pour les mutins ; leur commandant " réussit à rétablir une situation périlleuse " d’après le rapport.... Quelques heures plus tard, lorsque les officiers espèrent enfin relancer l’offensive, les mutins refusent à nouveau de marcher. L’autre bataillon les rejoint... Lorsque la dernière "unité fidèle" décide de rallier la sédition, l’enthousiasme est tel parmi les soldats que les officiers n’ont plus aucune autorité.
🔴Les arguments des mutins sont exposés très clairement dans le rapport qui suivra "La guerre est finie. L’armistice est signé. Nous nous sommes battus pendant quatre ans. Nous ne sommes pas en guerre contre les bolcheviques... "
Clémenceau réclame une sévérité extrême contre les mutins. Par contre les généraux présents dont D’Anselme et Franchet d’Espérey préfèrent une certaine souplesse " à une répression aveugle dangereuse à court terme ".
En fait, le 9 février, le régiment est à nouveau en ordre de marche. " Les recherches faites n’ont permis de découvrir aucun meneur " note le colonel Lejay en conclusion.
9 mars 1919, L’armée française évacue Kherson puis Nicolaieff Après les évènements de Tiraspol, les troupes françaises déployées sur les rives de la Mer noire essaient de " tenir " la vaste zone qui leur est attribuée. Les accrochages se multiplient avec les unités " rouges ".
Dans " 1919 : les illusions de la gloire" (Editeur Robert Laffont, 1979 [13]), Claude Paillat (pourtant loin d’être pro-bolchévique) développe l’analyse suivante à partir des documents d’époque " A l’évidence, la population, bon gré mal gré, faisait cause commune avec les révolutionnaires. Progressivement aussi, l’Armée rouge, en s’améliorant, faisait front. Son avance dans le Don et le Donetz remettait en cause les importants succès obtenus dans le Caucase par les Blancs. La propagande communiste parvenait à créer des failles chez les séparatistes ukrainiens, isolés, rongés par des "soviets d’ouvriers" et des "Comités de soldats". Notre situation, déjà précaire, s’effritait. Le risque de mutinerie augmente en effet dans les rangs des régiments Français ; des zouaves du 1er Régiment de Marche d’Afrique quittent leur unité et justifient leur attitude "Les officiers nous bourrent le crâne. On nous a trompés..."
Le 8 mars 1919, des détachements de l’armée rouge approchent de la ville de Kherson qui représente l’avant-garde française vers l’Est en direction des armées blanches.
Deux compagnies du 176e régiment d’infanterie s’opposent à un ordre d’attaque. " Aucun homme ne bougea... ; tous opposaient non seulement une force d’inertie que l’on sentait concertée d’avance mais encore un refus catégorique se traduisant par des murmures et des paroles d’indiscipline. " Face à un officier qui tente de les mener de façon rude les traitant de " lâches ", l’excitation monte, mais les soldats restent aussi fermes dans leur refus de combattre.
Le lendemain, 9 mars, l’armée française évacue le port et la ville de Kherson.
Bientôt,Nicolaieff est également abandonné malgré les capitaux français déjà investis.
Le 11 mars 1919, Franchet d’Espérey envoie un télégramme (7107/3) à Clémenceau président du Conseil " Nous n’avons plus comme adversaires actuels en Russie méridionale des bandes bolchéviques mais une armée bien commandée, encadrée, parfaitement disciplinée, rétablissant l’ordre à la place du désordre. Autour de nous, et, derrière nous, hostilité presque unanime de la population, dissolue et xénophobe, qui corrompt nos soldats et leur tire dans le dos dès que l’armée bolchevique apparaît. "
Le lendemain 12 mars, le général Berthelot envoie un télégramme à Clémenceau et Franchet d’Espérey de même teneur.
L’évacuation d’Odessa
Depuis le début de l’intervention militaire française en URSS, la ville d’Odessa a été mise en avant comme bastion mondial face au communisme.
Aussi, l’ordre qui règne dans cette grande ville occupée par l’armée de la république française relève bien plus de la dictature militaire fascisante que des du respect des droits de l’homme.
1er mars 1919, Jeanne Labourbe, institutrice communiste, est fusillée à Odessa[14] ;
L’ordre français règne à Odessa :
L’armée française essaie de miser sur une répression dure pour terroriser la population, ainsi le bombardement du village autour de l’usine traitant les eaux pour Odessa ;
Ainsi, encore à Odessa, l’exécution de deux civils à la mitrailleuse puis la pendaison de leurs corps aux grilles de la gare.
Cela ne faisait que monter un peu plus la population contre les soldats.
🔴Pourtant, le 14 mars, l’armée française décrète l’état de siège.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Art 7. - Aussitôt l’état de siège déclaré, les pouvoirs dont l’autorité civile était revêtue pour le maintien de l’ordre et la police passent tout entiers à l’autorité militaire ;
Art. 9. - L’autorité militaire a le droit :
1° - de faire des perquisitions, de jour et de nuit, dans le domicile des citoyens ;
2° - d’éloigner les repris de justice et les individus qui n’ont pas leur domicile dans les lieux soumis à l’état de siège ;
3° - d’ordonner la remise des armes et munitions, et de procéder à leur recherche et à leur enlèvement ;
4° - d’interdire les publications et les réunions qu’elle juge de nature à exciter ou à entretenir le désordre.
🔴La poursuite des mutineries parmi les militaires français - Le 21 mars, la 1ère compagnie du 40ème Régiment d’infanterie se met en grève sur le tas et " dépose ses équipements ".
- Le même jour, la compagnie du 19ème Régiment d’Artillerie de Campagne fait de même. Devant la justice militaire, les mutins affirment n’avoir aucune couleur politique mais assument leur acte " On se moque des conseils de guerre. On nous sacrifie pour des milliards. La guerre n’est pas déclarée contre les bolcheviques. Je n’ai pas de fonds russes. En France, on s’amuse ; ici on se fait tuer..."
- Le 22 mars, le développement du mouvement d’humeur atteint une compagnie du 15ème Régiment du Génie. Un gradé cherche à user de son autorité pour mater les soldats. L’Internationale est alors reprise en chœur par ces troupes qui devaient servir de bastion face au communisme international.
🔴 Le 29 mars, Clémenceau se trouve obligé d’ordonner l’évacuation d’Odessa et le repli sur la "ligne du Dniestr"
Le retrait se fait dans des conditions surprenantes.
L’attitude mutine de plusieurs unités se maintient, par exemple pour plusieurs groupes du 19e régiment d’artillerie à Odessa le 5 avril.
Des sapeurs du 7e génie fraternisent et laissent aux bolcheviks du matériel avant de quitter la ville.
20 avril 1919 : Les mutins de la Mer Noire hissent le drapeau rouge sur les vaisseaux de guerre français (le France, le Jean Bart, La Justice)
Du 10 au 30 avril 1919, se déroulent les grandes mutineries de marins.
En Roumanie, à Galatz, le chef mécanicien André Marty projette de s’emparer du torpilleur Protêt, d’enfermer les officiers et de rallier les bolcheviks à Sébastopol. Le complot découvert, il est arrêté le 16 avril et sera condamné à vingt ans de travaux forcés.
Le 17 avril, sur le croiseur France, des protestations éclatent ; quatre matelots sont enfermés, mais, deux jours plus tard, l’équipage révolté les libère, élit des délégués, exige le retour à Toulon.
Le 20, le drapeau rouge est hissé sur le France, le Jean-Bart, La Justice au chant de L’Internationale. L’après-midi, des marins qui manifestent dans Sébastopol avec la population essuient le feu de soldats grecs. Le calme revient les jours suivants, les délégués, d’abord seuls obéis, voient leur rôle décroître. Mais le Jean-Bart ainsi que le France regagnent Toulon et Bizerte.
Une autre mutinerie a lieu le 25 sur le Waldeck-Rousseau devant Odessa. Un comité de marins décide la révolte, exige la délivrance de Marty et le retour en France. Dans les jours suivants, le bâtiment rentre en France ainsi d’ailleurs que tous les navires de la mer Noire. Mais l’effervescence continue en mai et en juin à Toulon, à Brest, à Bizerte, en Grèce (sur le Guichen avec Charles Tillon) et même à Vladivostok...
🔴 Cette crise, qui surprit le commandement, a plusieurs causes.
Des raisons matérielles : hiver pénible, courrier désorganisé, corvées incessantes dans les ports paralysés par les grèves des dockers russes.
Les équipages sont démoralisés par une guerre longue, et l’armistice, pour eux, c’est la démobilisation : « Nous ne sommes pas en guerre contre les Russes ; nous voulons rentrer en France », répètent-ils. Marty nous dit que les marins lisaient les journaux pacifistes comme La Vague et Le Journal du peuple ainsi que les discours des députés socialistes contre l’intervention.
Des tracts et journaux clandestins sont édités par les bolcheviks, en particulier par le groupe communiste français animé à Odessa par Jeanne Labourbe, qui sera fusillée le 1er mars 1919. Le ministre de la Marine affirme d’ailleurs, le 17 juin, aux députés que la cause des troubles est la propagande révolutionnaire.
Ces mutineries n’expliquent qu’en partie l’évacuation ; en fait, il n’y avait qu’une division à Odessa et les Alliés comptaient surtout sur les Blancs : ils furent très déçus par Denikine. Ces mouvements sont importants dans la mesure où ils s’intègrent dans une crise politique et sociale mondiale qui dépasse la simple histoire militaire.
Face à la montée de l’extrême-droite partout en Europe, il est temps d’organiser la résistance, et de construire un mouvement d’espoir[8]!
Tête de liste en France, Manon Aubry est impliquée dans l’animation d’une alliance européenne baptisée « Maintenant le peuple ![3] ». Celle-ci contourne le PGE, le parti européen historique de la gauche radicale, marqué par l’influence communiste. Mais la portée de cette coopération est encore très faible.
Sur la scène politique française, l’identité de la liste[1][2] de La France insoumise (LFI), menée par l’eurodéputée sortante Manon Aubry, est assez claire.
D’une part, sa composition est censée témoigner d’une « union populaire » à laquelle les autres partis de gauche se seraient refusés.
D’autre part, le message politique est centré autour de l’ambition d’apparaître comme le « camp de la paix » et d’œuvrer pour une rupture avec les dogmes austéritaire et libre-échangiste de l’Union européenne (UE).
🔴En parallèle, sur la scène européenne, Manon Aubry fait campagne au nom d’une alliance largement inconnue du grand public : « Maintenant le peuple ![3]».
L’originalité de ce regroupement est d’impliquer des formations importantes d’une famille politique, la gauche radicale, qui dispose déjà d’un parti européen depuis 2004. De la même façon que les sociaux-démocrates, les Verts ou encore les libéraux disposent du leur, le Parti de la gauche européenne (PGE) est censé rassembler les forces engagées pour une rupture avec le modèle socioéconomique dominant.
Depuis le 24 février dernier, le PGE dispose d’ailleurs d’un manifeste européen pour le scrutin du 9 juin, et d’un chef de file en la personne de Walter Baier, déjà élu président de l’europarti en décembre 2022. Dans le langage de l’UE, ce communiste autrichien est le Spitzenkandidat du PGE, c’est-à-dire celui qui serait envoyé à la présidence de la Commission européenne en cas – plus qu’improbable – de victoire.
C’est pourtant en dehors de ce cadre institutionnel que Manon Aubry et ses alliés ont adopté une déclaration commune à Paris, le 17 novembre 2023. Signée par les membres officiels de « Maintenant le peuple ! » – à savoir LFI, la Liste de l’unité (Danemark), Podemos (Espagne), l’Alliance de gauche (Finlande), le Bloc de gauche (Bloco, Portugal) et le Parti de gauche (Suède), elle vante « un projet de rupture » qui soit « la voix des travailleurs, de tous les laissés-pour-compte, et de ceux qui se battent pour notre planète ».
Un sommet élargi à d’autres partis a ensuite été organisé à Copenhague, le 16 février dernier. Une série d’engagements en est ressortie, de la taxation des superprofits à la fin des « règles budgétaires absurdes », en passant par un « commerce équitable ». Sur la quinzaine de formations présentes, une dizaine a signé le texte, dont les six membres officiels de « Maintenant la gauche ! », mais aussi des partis basque (EH Bildu), italien (Sinistra italiana), luxembourgeois (Déi Lénk) et même allemand (Die Linke).
🔴« Nous voulons créer un cadre de coopération flexible, pour donner à voir une alternative franche au système actuel de cogestion de l’UE, explique Manon Aubry à Mediapart. Plus largement, notre objectif est de définir un modèle de gauche pour le XXIe siècle. Il s’agit de proposer une offre politique qui traite ensemble les questions sociales et climatiques, pour mieux acter un changement radical du modèle économique. »
L’eurodéputée nie toute idée de compétition avec le PGE, dont certains membres de « Maintenant la gauche ! » font pleinement partie, là où LFI n’y est qu’observatrice. Mais elle (Manon Aubry) compte bien attirer définitivement des formations susceptibles d’envoyer des élus au Parlement européen le 9 juin prochain, comme des partis régionaux espagnols, ou encore Razem en Pologne. L’initiative révèle en creux la faiblesse historique des tentatives de coopération entre partis de gauche radicale. Elle reste d’ailleurs elle-même très modeste, suscitant le scepticisme d’observateurs extérieurs.
Un réseau partisan émancipé de la tradition communiste Pour comprendre comment s’est développé « Maintenant le peuple ! », qui apparaît comme un objet mi-complémentaire, mi-concurrent du plus institutionnel PGE, il faut en retracer la genèse.
Tout commence à partir de 2015, à la suite de la capitulation du gouvernement mené par Syriza[4], le parti de gauche radicale grec, face à ses créditeurs européens. Entre janvier 2016 et mars 2017 se tiennent une demi-douzaine de « sommets du plan B[5] » pour rompre avec l’Europe austéritaire, dans lesquels sont discutées des hypothèses de désobéissance aux traités, voire de sortie de la zone euro.
La démarche ne va pas plus loin que ces rencontres éphémères. Mais elle est la matrice du lancement, en avril 2018 à Lisbonne, de « Maintenant le peuple ! ». Le chercheur Vladimir Bortun, auteur d’un ouvrage non traduit sur la décennie perdue par la gauche en matière de coopération transnationale, parle même d’un « plan B 2.0 ». Les fondateurs initiaux – LFI, les Espagnols de Podemos et les Portugais du Bloco –, sont rapidement rejoints par des partis nordiques, historiquement méfiants envers l’intégration européenne.
Ce n’est cependant pas véritablement la radicalité de la critique de l’UE qui constitue la colonne vertébrale pérenne de l’alliance. Depuis 2018, les notions de sortie de l’euro ou de désobéissance des traités ont en effet été édulcorées, voire se sont évaporées. À vrai dire, certains membres comme Podemos ne se les sont jamais véritablement appropriées. En revanche, ces partis correspondent à la composante la plus neuve de la gauche radicale, qui adhère à un libéralisme culturel prononcé et à la remise en cause du productivisme, en plus du combat contre le néolibéralisme.
« C’est une alliance qui rassemble des partis ouverts sur les questions écolos et féministes, convaincus d’une ligne discursive centrée sur la volonté populaire et la justice climatique, analyse le chercheur en science politique Vincent Dain. La création de “ Maintenant le peuple ! ” témoigne d’une volonté de LFI et de Podemos, à l’époque, de prendre davantage la main par rapport aux partis de tradition communiste, qui étaient forts dans les organisations existantes, comme le PGE. »
Le PGE […] est une machine institutionnelle difficilement maniable et peu dynamique. De fait, l’importance de se démarquer de l’identité et de l’influence communiste concernait les trois initiateurs de l’alliance. En Espagne et au Portugal, Podemos et le Bloco se sont construits en rivalité avec des partis communistes anciens. En France, entre fin 2015 et début 2018, Jean-Luc Mélenchon s’est émancipé du Front de gauche[6], dans lequel il cohabitait difficilement avec le Parti communiste (PCF).
« Les communistes ont traditionnellement un poids assez important dans le PGE, parce qu’ils en ont été les fondateurs, rappelle l’eurodéputé Emmanuel Maurel, élu sur la liste LFI aux européennes de 2019 et colistier du PCF pour le scrutin du mois de juin. Pierre Laurent en a longtemps été le président [de 2010 à 2016 – ndlr]. Or les communistes sont vécus par Mélenchon et d’autres comme une force empêchante. »
Entre les communistes et des cultures davantage « rouges-vertes », les points de divergence ne manquent pas, par exemple autour de la place à accorder au nucléaire et au gaz dans l’évolution de la consommation énergétique. Mais l’envie de s’émanciper du fonctionnement du PGE tient aussi à ce qu’il est une machine institutionnelle difficilement maniable et peu dynamique.
Certes, le PGE compte désormais près d’une trentaine de partis membres. Mais cela n’empêche pas que des organisations significatives manquent à l’appel, tandis que l’hétérogénéité existante se révèle déjà pesante en termes de coordination. Le processus interne de prise de décision, fondé sur le consensus, n’arrange rien en maximisant les risques de lenteur et de choix correspondant au plus petit dénominateur commun. Si bien qu’aujourd’hui encore, le PGE est un des partis transnationaux les plus faibles de l’UE.
À la « gauche de la gauche » européenne, une coopération minimale Une des traductions de cette faiblesse réside dans l’absence d’articulation entre le PGE et le Groupe de la Gauche au Parlement européen (ex-GUE/NGL), dont Manon Aubry est la coprésidente avec l’Allemand Martin Schirdewan. Ce groupe, au demeurant, est encore plus éclectique que le PGE, avec un grand écart entre d’un côté des élus communistes orthodoxes accrochés à une vulgate hors d’âge (comme les PC portugais ou tchèque), et de l’autre des élus plus proches de la famille écolo (comme celui du parti animaliste néerlandais).
🔴« On a pu se réunir sur l’essentiel : la lutte contre le libre-échange et l’austérité », défend Manon Aubry, qui estime aussi que « sous ce mandat, notre identité politique a été plus forte car on a donné la voix sur des sujets majeurs en se distinguant du reste du Parlement européen ». De fait, les statistiques de vote indiquent que par rapport aux autres groupes de gauche, l’ex-GUE/NGL est le moins aligné sur l’ensemble de l’hémicycle (même si elle l’est tout de même davantage que les groupes d’extrême droite).
" En dépit de l’internationalisme que la gauche radicale professe, elle donne la priorité à l’arène politique nationale. " Vladimir Bortun, politiste.
Les mêmes indiquent cependant aussi que sa cohésion interne est plus faible que celle des sociaux-démocrates, et surtout celle des Verts. « Il s’agit d’un groupe confédéral avec une liberté de vote totale des délégations, explique Emmanuel Maurel. L’hétérogénéité est la plus forte sur ce qui touche aux questions de sécurité et de défense, ou encore aux questions environnementales. » On pourrait y ajouter les conceptions de l’intégration européenne elle-même, puisque les votes du groupe s’avèrent les plus dispersés lorsqu’il s’agit de se prononcer sur l’élargissement de l’Union ou la révision des traités.
Outre ces divisions historiques sur le rapport à l’UE, le politiste Vladimir Bortun pointe d’autres facteurs qui entravent la coopération interne à la gauche radicale. Les partis qui en relèvent, souligne-t-il auprès de Mediapart, « tendent à manquer des ressources matérielles nécessaires pour une activité transnationale pérenne, dans la mesure où ils ont un faible accès aux ressources étatiques (par manque de succès électoral) ou à des riches donateurs (contrairement aux droites extrêmes) ».
« En dépit de l’internationalisme que la gauche radicale professe, ajoute-t-il, elle donne la priorité à l’arène politique nationale. Ce n’est pas seulement dû à son influence limitée à l’échelle européenne. C’est aussi le reflet d’une vision réformiste qui voit la politique avant tout en termes de gains dans les institutions, et pas assez en termes de construction d’un pouvoir populaire par en bas. »
Atouts et limites de « Maintenant le peuple ! » « Maintenant le peuple ! » est-elle en mesure de renverser cette difficulté structurelle ?
Son degré de cohésion idéologique et stratégique apparaît plus élevé qu’au sein de l’ex-GUE/NGL ou du PGE, ce qui devrait théoriquement faciliter l’activité commune.
Son identité semble également plus adaptée aux préoccupations des sociétés contemporaines et des jeunes générations, par rapport à des partis encore marqués par l’identité communiste du XXe siècle, parfois forts localement mais en déclin structurel global.
Force est de constater, cependant, qu’entre sa création et sa relance actuelle, l’activité de l’alliance a été famélique. Sur la page d’accueil de son site internet, aucune entrée n’apparaît entre l’annonce d’un « nouveau commencement » au lendemain des européennes de 2019 et la publication il y a quatre mois d’une déclaration politique. « Le “plan B ” comme “ Maintenant le peuple ! ” sont restés des affaires très institutionnalisées », regrette Vladimir Bortun, qui parle d’un « projet plutôt élitiste » à ce stade.
L’alliance assiste en outre à la descente aux enfers d’un de ses membres fondateurs, Podemos[7]. « Le parti est testé autour de 2 % aux européennes, rappelle Vincent Dain, qui en est un des spécialistes. Le mode de scrutin généreux pourrait tout de même lui permettre d’envoyer Irene Montero au Parlement européen, ce qui lui garantirait une présence institutionnelle minimale. Mais la perte de vitesse et d’influence est vertigineuse. »
Le pari de Podemos consiste à faire le gros dos en attendant que la coalition Sumar, qui l’a supplanté à la gauche du spectre politique espagnol, perde sa crédibilité à force de coller à son allié de centre-gauche, le PSOE, qui dirige le gouvernement.Rien ne dit cependant qu’en pareil cas Podemos serait encore en mesure d’apparaître comme un débouché crédible. Et pendant ce temps, Sumar multiplie les rencontres avec les Verts européens, qui seraient ravis d’en accueillir les élus dans son groupe au Parlement européen.
Le déclin de Podemos symbolise la clôture d’un cycle qui fut marqué par les luttes anti-austérité, et qui fut largement gâché en termes de pratique internationaliste par les partis de gauche. Si les dogmes néolibéraux n’ont pas disparu de la conjoncture actuelle, celle-ci est enrichie – et complexifiée – par l’ascension des droites extrêmes et les conflits en Ukraine et au Proche-Orient. À ce stade, les textes adoptés par « Maintenant le peuple ! » sont encore trop évasifs pour se faire une idée de son apport sur ces terrains.
Maintenant le peuple : déclaration commune pour les européennes !
« Nous pensons que l’Europe a besoin d’une gauche combative, qui ne compromet pas ses valeurs et se bat pour un projet de rupture. »
L'alliance Maintenant le Peuple qui réunit les leaders des partis gauche européens a adopté une déclaration commune pour préparer la bataille des européennes : Manuel Bompard : La France Insoumise ; Mariana Mortàgua : Bloco de Esquerda ; Li Andersson : Vasemmistoliitto ; Nooshi Dadgostar : Vänsterpartiet ; Ione Belama : Podemos ; Pelle Dragsted : Enhedslisten
« Rien ne doit exclu[1] », a déclaré Emmanuel Macron le 26 février 2024, à propos de l’envoi de troupes de notre pays en Ukraine. Un dérapage ? Non, le chef de l’Etat a persisté et signé en déclarant quelques jours plus tard : « il n’y a aucune limite[2] » dans la guerre face à la Russie.
Macron persiste et signe dans Le Parisien : " il faudra (peut-être) avoir des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes (...). La force de la France, c'est que nous pouvons le faire[12] ".
« Nous ne voulons pas de la guerre sur le continent européen ! La République française doit travailler à construire la paix », avait réagi Jean-Luc Mélenchon à Paris[3].
Seuls les groupes de La France Insoumise et communiste ont voté contre l’accord d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine signée par Macron et Zelinsky.
Le 12 mars 2024, l’Assemblée nationale a débattu de l’accord franco-ukrainien sur la sécurité, signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le 16 février dernier[4]. Celui-ci engage Paris et Kiev pour une durée de dix ans, comprenant notamment un renforcement de la coopération militaire. Il pose également deux objectifs politiques : l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne et dans l’OTAN, ce à quoi les insoumis s’opposent. S’ensuivra un vote purement symbolique.
Les députés ont débattu mardi de la stratégie française d’aide à l’Ukraine et voté, de manière non contraignante, sur l’accord bilatéral de sécurité signé avec Kiev. Ils l’ont approuvé à 372 voix pour, et 99 voix contre. Au total, 101 députés se sont abstenus[5].
Les 169 députés Renaissance ont voté pour ;
Les 88 élus RN se sont abstenus ;
Les 75 députés « insoumis » ont voté contre;
Chez Les Républicains, 49 ont voté pour et 11 se sont abstenus. Deux n’ont pas pris part au vote ;
Au MoDem, 49 députés ont voté pour et il y a une abstention ;
Les 31 députés socialistes ont voté pour ;
Les 30 députés Horizons ont voté pour ;
Chez les écologistes, 20 élus ont voté pour et une a voté contre. Un député n’a pas pris part au vote ;
Chez les communistes, les 22 élus se sont opposés à l’accord;
Dans le groupe LIOT, 20 d’entre eux ont voté pour et deux députés n’ont pas pris part au vote ;
Enfin chez les non-inscrits : David Habib, Jean-Charles Larsonneur, Hubert Julien-Laferrière et Emmanuelle Ménard ont voté pour, Nicolas Dupont-Aignan a voté contre et Véronique Besse s’est abstenue.
👉 voir aussi le site de l’Assemblée nationale avec les résultats nominatifs et par groupe[6].
🔴Le 12 mars 2024, en application de l’article 50 – 1 de la constitution (et non de l’article 53), les 75 membres de France Insoumise et les 22 membres du groupe communiste ont voté contre le traité d’assistance de sécurité entre la France et l’Ukraine.
🔴Ils constituent donc les 99 votes contre. Il y a eu 372 votes pour dont les votes du parti socialiste et les votes du parti écologiste. Les 88 députés du RN se sont abstenu. Il y a eu au total 101 abstentions.
Ukraine : le vote de La France Insoumise est parfaitement cohérent car contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix[3]
Conférence des frontières, garanties de sécurité mutuelle : ce que propose LFI pour mettre fin à la guerre
Dès le début du conflit, LFI s’est distinguée par la défense d’objectifs clairs et simples : cessez-le-feu, retraite des troupes russes, discussion sur la sécurité en Europe dans le cadre de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) où siègent les États-Unis et la Russie. Quelques heures après l’agression russe sur le sol ukrainien, le jeudi 24 février 2022, Jean-Luc Mélenchon dénonçait une invasion qui « change le cours de l’Histoire en Europe » et constitue un recul alors que le recours à la force n’était plus considéré comme un des moyens pour régler les conflits sur le vieux continent.
Comment mettre fin à une guerre et éviter l’escalade guerrière qui risquerait de provoquer un conflit nucléaire ? « Le cessez-le-feu est la première étape pour construire la paix en Ukraine » pour Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, qui plaident pour « discuter des conditions concrètes dans lesquelles le conflit s’arrête ». C’est tout le sens de la proposition portée depuis le premier jour du conflit par le co-président de l’Institut La Boétie. Discuter de la paix en assurant des « garanties de sécurité mutuelle » aux belligérants, aux Ukrainiens comme aux Russes.
Un certain… Emmanuel Macron proposait la même chose le 3 décembre 2022. « C’est aussi de cela que nous avions discuté avec le président Biden, c’est l’architecture de sécurité dans laquelle nous voulons vivre demain, comment nous protégeons nos alliés et les États membres, en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie, le jour où elle reviendra autour de la table », avait déclaré le chef de l’État sur TF1[7]. Une idée qui n’aura pas fait long feu, comme en témoigne la rhétorique guerrière qui a supplanté l’idée d’une conférence pour la paix.
🔴Deux ans après le début du conflit, cette rhétorique guerrière inonde les débats en France et suspecte de complicité ou de connivence avec le régime poutinien toute voix qui porte la négociation pour la paix. Or, ces deux années l’ont démontré de plus belle : l’issue n’est pas militaire mais bien diplomatique.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron et ses partisans avancent sur l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou l’OTAN.
Les insoumis s’y opposent pour plusieurs raisons :
« Cela n’est pas possible sans harmonisation fiscale et sociale », a avancé le député LFI Arnaud Le Gall ce matin en conférence de presse. Le salaire minimum Ukrainien tourne autour de 200 euros.
Difficile alors d’entendre l’adhésion de l’Ukraine quand des millions de travailleurs en pâtiraient.
Quant à l’OTAN, l’adhésion de l’Ukraine irait dans le sens inverse de la garantie de sécurité pour les Russes. Des garanties de sécurité sont nécessaires pour les Ukrainiens comme pour les Russes.
« Les conditions d’un accord de paix sont sur la table », a expliqué Manuel Bompard, coordinateur national de LFI.
Le président ukrainien envisage la possibilité de référendums d’auto-détermination.
De leur côté, les Russes se disent favorables à un cessez-le-feu, pour reconstituer leur défense. Ce n’est pas souhaitable, mais cela ouvre une fenêtre afin que tout le monde puisse se mettre autour de la table.
Les bons esprits affirment que négocier avec Poutine reviendrait à une capitulation de l’Ukraine.
Une position va-t-en-guerre qui balaye d’un revers de la main le sens même de la diplomatie et de la quête d’un mode de résolution des conflits qui ne passerait pas par les tueries.
Ce n’est pas parce que quelqu’un a déclenché la guerre qu’on ne peut pas faire la paix. « Il faut sortir de cette idée que créer les conditions d’une négociation, c’est forcément céder à l’ensemble des exigences de Vladimir Poutine. Celui qui a envahi a violé le droit international, il ne s’agit pas de lui donner raison. Si vous voulez la paix, vous devez écouter ce que chacun a à dire. », a précisé Manuel Bompard.
De même, les esprits va-t-en-guerre oublient la démarche unique de LFI quant à l’accueil des opposants au régime poutinien en France[8], une démarche singulière que n’observe aucune autre formation politique à part celle de Jean-Luc Mélenchon.
La prolongation du conflit est particulièrement dommageable pour l’Ukraine... mais pas que ! Déjà 444 000 morts[10], et 486 milliards de dollars de destructionsdirectes[9] dans lequel il faudra compter un affaiblissement considérable du potentiel industriel et agricole. Et à cela s’ajoute une énorme pollution des sols.
En revanche, les sanctions contre la fédération de Russie ont relancé la croissance économique de ce pays dans tous les domaines : agricole, commerciale et industrielle. Son taux de croissance du PIB est évalué à 3,6 % par la banque mondiale en 2023 contre 0,8 % pour la France.
Ce sont les pays européens qui, par effet boomerang, souffrent le plus des sanctions contre la Russie.
Les seuls bénéficiaires de la guerre sont les États-Unis d’Amérique du côté occidental.
La continuation de la guerre va être catastrophique pour l’Ukraine et va provoquer une récession de l’économie européenne.
🔴La France aura dépensé depuis février 2022 pour près de 15 milliards d’euros pour l’Ukraine. Voici approximativement le décompte : traité d’assistance signé par Macron :
3 milliards d’euros ;
+ 8 milliards d’euros (sur les 50 milliards votés par le Parlement européen) ;
+3,8 milliards d’aides militaires en 2022 et 2023 soit 14,8 milliards ;
auxquels il faut ajouter environ 600 millions d’euros pour l’aide aux réfugiés. On dépasse ainsi un total de 15 milliards d’euros.
🔴Pendant ce temps, on nous annonce un plan d’austérité de 10 milliards d’euros ;
et on nous a annoncé l’obligation d’augmenter l’âge de la retraite de deux ans en raison d’un déficit de 12 milliards pour les retraites.
Dans le même temps,le déficit de la balance commerciale de la France bat des records historique : 99,6 milliards d’euros en 2023, 164 milliards d’euros en 2022.Ce sont les deux plus gros déficits de la balance commerciale enregistrés depuis 1945.
Mais ce n’est pas tout : 2022, le déficit du budget de l’État en France s’est élevé à 126,8 milliards d’euros, soit 4,8 % du produit intérieur brut (PIB).
En 2023, le déficit a augmenté pour atteindre 173,3 milliards d’euros,
Pour éviter des erreurs de jugement, comme celles des médias qui prédisaient voici un an l’effondrement de la Russie et de Vladimir Poutine, il est important d’analyser les rapports de force.
Voici seulement quelques éléments concernant la Russie :
Selon des documents divulgués des services de renseignement américains citent le FSB russe, les forces russes auraient subi 110 000 pertes au 28 février 2023[11].
La Russie a augmenté son budget militaire de 68 % en 2024ce qui ne l’empêche pas d’augmenter dans de nombreux secteurs son potentiel industriel.
Et l’aménagement de son territoire dans sa partie orientale..N’oublions pas que le territoire de la fédération de Russie couvre 11 fuseaux horaires
La Russie dispose de missiles hypersoniques dépassant de plus de 10 fois la vitesse du son les rendant ininterprétables.
🔴Les dirigeants européens, les sociaux-démocrates et les écologistes aveuglés idéologiquement par une représentation fantasmatique de la Russie ont totalement sous-évalué les capacités économiques, financières, militaires et diplomatiques sur la scène internationale de la fédération de Russie. Ces gens souffrent d’un lourd défaut d’analyse rationnelle et historique de la réalité : je suis tout à fait d’accord sur ce point avec l’analyse de Jacques Baud et de Caroline Galactéros.
🔴Oui, le vote de La France Insoumise n’est pas seulement pacifiste, humaniste, il est réaliste.
Ukraine : La France doit être à la pointe de la paix !
« Dans l’épreuve internationale, la France doit être un agent de la solution et non une partie du problème. Ce débat est un simulacre, vous avez déjà signé l'accord de sécurité avec l’Ukraine ! En Ukraine, à Gaza, au Congo, la France doit être à la pointe du combat pour la paix ! Être un agent de la solution et non une partie du problème. » Arnaud Le Gall, dépuré France insoumise /Ñupes
En Europe, les flux migratoires ne sont pas essentiellement irréguliers[18]...
L'immigration est toujours un exil forcé, une souffrance... Il faut aller à la cause des maux et les éradiquer.
Depuis les années 1990, l’Europe est devenue l’une des plus importantes régions d’immigration au monde, compte tenu de sa position géographique dans son face-à-face méditerranéen, de son histoire, de l’ouverture à l’Est, et de son image quant au respect des droits de l’Homme et à l’accueil des réfugiés. Mais sa politique migratoire est marquée par la montée des populismes et des démocraties illibérales, où la peur et le rejet de l’Autre migrant occupent une large place.
Migrations : comprendre et convaincre par Catherine WIHTOL DE WENDEN, directrice de recherches au cnrS (centre de recherches internationales-ceri, Sciences po)
Lesmigrantsinternationaux sont, selon les Nations unies[1], 284 millions, soit plus du double qu’à la fin du XXe siècle, mais ils ne représentent qu’un peu plus de 3 % de la population mondiale. Selon les Nations unies, un migrant international est quelqu’un qui est né dans un pays et s’est déplacé vers un autre pour une période d’au moins un an. Aujourd’hui les migrations se dirigeant vers le nord du monde (environ 140 millions, Sud-Nord et Nord-Nord) sont en train d’être dépassées par les migrations se situant au sud de la planète (Sud-Sud et Nord-Sud). Quelques chiffres viennent illustrer ce phénomène à la fois global par son ampleur (peu de régions au monde non concernées) et de plus en plus régionalisé (davantage de migrants venant de la même région que de migrants venus d’ailleurs). On compte 11,5 millions de migrants internationaux en Amérique latine, majoritairement sud-américains ; 26,5 millions en Afrique ; 50 millions aux Etats-Unis ; 85 millions en Asie et Océanie ; 45 millions en Europe et 13 millions en Russie.
Facteurs structurels de la migration Des facteurs structurels expliquent la permanence des migrations, quelles que soient les politiques menées pour les dissuader.
Tout d’abord l’entrée du monde dans la mobilité : depuis les années 1990, le monde est en mouvement, du fait de l’ouverture d’espaces autrefois clos par des frontières étanches (Chine, Cuba, Europe de l’Est) mais aussi au sud du monde, avec la généralisation de l’accès à un passeport. Il est devenu facile de sortir de chez soi, mais difficile d’entrer ailleurs en raison d’un système de visas très hiérarchisé selon le « risque migratoire » de tel ou tel pays d’origine[2]. Ce phénomène s’est inversé depuis la fin du XIXe siècle, période de la première grande migration de masse[3], où il était plus difficile de sortir de son pays que d’entrer ailleurs car les grands empires considéraient leur population comme une richesse démographique, fiscale, agricole et militaire et les empêchaient souvent de sortir.
Autres facteurs structurels : les grandes lignes de fracture du monde, avec des régions qui cumulent les indicateurs les plus bas du développement humain (espérance de vie à la naissance, taux de scolarisation, niveau de ressources en parts du PIB national), parfois peu éloignées des régions les plus riches[4]. Ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent loin mais celles et ceux qui ont des réseaux de connaissances liés aux diasporas transnationales, qui sont câblés sur les nouvelles technologies… L’offre des passeurs pour ceux qui n’ont pas de visas s’est aussi multipliée, de même que les crises politiques, économiques et sanitaires, au Sud. Pour l’instant, les catastrophes environnementales induisent surtout des migrations internes et de voisinage.
Les plus grands moteurs de départ sont l’absence d’espoir, l’aspiration à changer de vie notamment chez les plus diplômés, la nécessité de fuir un pays en guerre, les discriminations à l’égard des femmes. De nouvelles figures des migrants internationaux apparaissent avec, par exemple, des touristes qui finissent par s’installer au soleil, chez les séniors ou des diplômés du Sud venant chercher des opportunités au Sud et au Nord.
Les profils de migrants ne se sont pas seulement diversifiés, ils sont devenus plus flous : les catégorisations des migrants se sont parfois effacées, entre le demandeur d’asile et celui qui cherche du travail notamment avec la suspension de l’immigration de travail salarié depuis le milieu des années 1970, en Europe. Hier, le réfugié était socialement très différent du travailleur, peu qualifié et rural. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus proches du fait de l’urbanisation et des progrès de la scolarisation au sud du monde. Dans le même temps, dans un contexte de dissuasion, de répression et de militarisation, les frontières se sont fermées pour le plus grand nombre (les deux tiers de la population de la planète), avec une série d’instruments de contrôle qui tiennent souvent lieu de politique migratoire (accords de réadmission avec les pays du Sud, politiques d’externalisation des frontières, système Schengen, accords de Dublin sur l’asile, Système d’information Schengen-SIS fichant sans-papiers, déboutés du droit d’asile ou condamnés cherchant à pénétrer les frontières de l’Union européenne-UE)…
Crises en série et lignes de fracture Des crises se sont succédé : révolutions arabes de 2011, crise syrienne de 2015, Covid-19, crise ukrainienne de 2022. L’UE est face aux plus grands mouvements de réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, même si la plupart de ces derniers ont trouvé l’hospitalité dans les pays les plus proches de chez eux : Iran et Pakistan pour les Afghans, Syrie pour les Irakiens, Turquie et Liban pour les Syriens, Pologne, Hongrie, Roumanie et Moldavie pour les Ukrainiens. Ces crises ont amené à leur tour des lignes de fracture en Europe : crise de l’hospitalité entre l’Est et l’Ouest, lors de la crise syrienne. L’Allemagne a alors été le principal pays d’accueil (plus d’un million de personnes entre 2015 et 2016), alors que les pays de Visegrad[5] ont refusé l’hospitalité à ces populations non désirées. Une crise s’est aussi amorcée avec le système européen de Dublin : le Sud reçoit l’essentiel des nouveaux arrivants (Italie, Grèce, Espagne, Malte), lesquels leur sont renvoyés par les autres pays européens s’ils ont traversé leurs frontières. Ce qui nourrit, dans les pays du Sud, un sentiment d’abandon par les autres pays européens.
Le Pacte européen pour l’immigration et l’asile de 2020, qui devrait être adopté au printemps 2024, a prévu, pour y remédier, une solidarité obligatoire de tous les pays. Ce Pacte conserve une dimension essentiellement sécuritaire, qui reprend les politiques antérieures de trente ans d’âge de renvoi, de dissuasion et de répression, alors même que ces politiques n’ont pas démontré d’effets sur la diminution des mouvements migratoires[6]. Un filtrage des demandes d’asile aux frontières extérieures de l’UE permettra en outre d’arrêter ceux qui viennent de pays « sûrs ». L’Europe est au carrefour de plusieurs espaces migratoires qui ont connu beaucoup de mutations au cours des vingt dernières années : l’espace euro-méditerranéen, la circulation migratoire Est-Ouest, et de plusieurs défis contradictoires comme, d’un côté, la crise du Covid, l’Ukraine, le risque environnemental, et, de l’autre, le vieillissement, les pénuries de main-d’œuvre, la crise de l’hospitalité sur fond de montée des populismes.
L’Euroméditerranée en mouvement(s) Les migrations entre l’Europe et la rive Sud de la Méditerranée[7] sont vécues comme un défi du fait de l’écart démographique entre les deux rives (âge médian en Europe de 41 ans, contre 25 au Maghreb et 19 en Afrique subsaharienne), des réfugiés, du terrorisme et des migrants à la recherche de travail. L’Europe cherche à fermer ses frontières, sans y parvenir. Pourtant, elle vieillit et manque de main-d’œuvre, très qualifiée, moyennement qualifiée et peu qualifiée dans les métiers dits en tension (restauration, tourisme, médecine, agriculture…).
La Méditerranée constitue l’un des plus importants espaces migratoires au monde, un espace migratoire régional constitué essentiellement de migrants de la rive Sud mais aussi, dans le passé, du sud de l’Europe[8]. Le monde euro-méditerranéen connaît aussi de nouvelles migrations, comme l’installation des séniors au soleil (Français au Maroc et en Tunisie, Anglais à Malte, Allemands en Espagne) ou l’exode des jeunes qualifiés vers le sud du monde (Maroc, Amérique du Sud). La migration étudiante est aussi une autre composante des migrations intra-méditerranéennes avec un exode des cerveaux du sud de l’Europe vers le Nord (Italiens, Espagnols, Portugais, Grecs)[9].
Les pays d’Europe du Sud, qui ont longtemps été des pays d’émigration, sont devenus des pays d’immigration au milieu des années 1980 et ont dû adopter à la hâte des politiques migratoires (régularisation des sans-papiers, contrôle des frontières externes, acquis communautaire). Ils ont reçu et continuent à recevoir des migrants arrivés par la mer tout en étant des pays touristiques, une cohabitation parfois difficile même pour ceux qui ont aussi besoin de main-d’œuvre. Malgré des configurations migratoires différentes, propres à l’histoire et à la géographie de chacun, ils sont devenus les garde-frontières de l’UE.
Coronavirus et interdépendances La fermeture des frontières nationales a été l’une des premières mesures adoptées par de nombreux pays européens pour limiter la propagation du coronavirus. D’autres pays ont ensuite emboîté le pas[10], révélant aux migrants du Nord que les frontières n’étaient plus ouvertes à tous et qu’ils devenaient indésirables au Sud. Le moment de leur réouverture s’est étalé dans le temps, d’abord progressivement, avec les frontières internes, notamment dans les pays de tourisme (Italie, Espagne, Portugal, Grèce).
L’Organisation mondiale des migrations (OIM) a observé une baisse importante du trafic en Méditerranée centrale, de la Libye à l’Italie ou vers la Grèce. L’Europe n’était plus attractive, du fait de la fermeture des frontières et des risques sanitaires – le continent étant particulièrement touché par la pandémie. L’épidémie a suspendu les arrivées de migrants en Europe et leur circulation entre pays membres. Le droit d’asile s’est arrêté, avec la fermeture des guichets.
Mais la crise a surtout révélé la dépendance des pays d’immigration à l’égard de leur main-d’œuvre immigrée.Ainsi l’Italie et le Portugal ont décidé de régulariser les sans-papiers travaillant dans les métiers des soins à la personne, compte tenu des besoins dans ce secteur. En Allemagne, la pénurie de travailleurs saisonniers agricoles s’est fait sentir, notamment pour les récoltes de printemps, habituellement effectuées par des Ukrainiens. En Espagne, les ramasseuses de fraises marocaines se sont heurtées au blocage des frontières, mettant en péril leurs familles au Maroc. En Italie, les saisonniers marocains n’ont pu revenir qu’au compte-gouttes comme au Royaume-Uni, où les Roumains sont revenus travailler dans les champs[11].
Le Covid-19 n’a pas sonné la fin des migrations mais il a accéléré les migrations internes de retour vers les régions d’origine[12]. Il a aussi montré l’interdépendance structurelle des pays riches à l’égard des pays pauvres.
Les réponses face à la crise ukrainienne La crise ukrainienne est venue allonger la liste des pays créant le plus de réfugiés (le plus grand nombre de départs dans le temps le plus bref), avec un accueil surtout en Pologne (pour près de la moitié d’entre eux), en Roumanie, Moldavie, en République tchèque et en Hongrie.
C’est une migration de voisinage entre pays ayant eu une proximité culturelle : l’ouest de l’Ukraine était une partie de la Pologne avant 1945, le Sud a appartenu à l’Autriche[13]. Même chose en République tchèque, en Roumanie et Moldavie.
L’accueil des Ukrainiens a tranché avec celui des Syriens, Irakiens, Afghans et autres Moyen-orientaux, en 2015. L’UE leur a appliqué la directive dite « protection temporaire » de 2001, créée pour les réfugiés de la crise dans l’ex-Yougoslavie, et jamais appliquée.Ce statut temporaire évite la durée de la procédure d’asile, permet de travailler immédiatement et de retourner dans son pays d’origine alors que c’est impossible pour les réfugiés classiques, sans risque de perdre leur statut. Enfin, la solidarité entre les pays européens et l’hospitalité se sont déployées avec le concours des pouvoirs publics. Comme en Allemagne en 2015, les pouvoirs publics français ont déployé des moyens hier considérés comme impossibles à satisfaire en mobilisant collectivités territoriales et citoyens volontaires pour l’hébergement, l’ouverture d’écoles et de cours de français, l’accès à des logements sociaux et à des soins immédiats[14].
On peut espérer que cet épisode fera jurisprudence dans la politique européenne de l’asile et incitera les pays européens à remettre à plat leur politique migratoire en ouvrant davantage de voies légales d’entrée.
L’Europe et ses frontières : perspectives La montée du populisme et des démocraties illibérales dans nombre de pays européens, y compris en Europe du Nord (Suède et Danemark), et la recherche des votes d’extrême droite pour gagner les élections conduisent à une surenchère sur la fermeture des frontières. Cela alimente des peurs, à court terme, peu fondées, comme l’« invasion » des déplacés environnementaux et le « déversement » des Africains en Europe ou le « grand remplacement[17]», alors que le vieillissement des Européens n’est pas pris en compte.
Les déplacés environnementaux ne sont pas une menace à court terme pour l’Europe. Ce sont, pour l’essentiel, des migrations internes et des migrations Sud-Sud. Leur nombre est évalué à une soixantaine de millions[15], mais les experts du climat (le Giec) considèrent qu’ils pourraient atteindre 150 à 200 millions à la fin du siècle. La plupart se déplacent dans leur propre pays : ce sont les plus pauvres, soucieux de garder des modes de vie liés au milieu naturel (agriculture, élevage, pêche). Une petite partie décide de franchir les frontières mais reste souvent à proximité de leur pays d’origine. Ils ne bénéficient pas du statut de réfugiés car ils ne sont pas considérés comme craignant ou ayant été victimes de persécutions, selon les termes de la convention de Genève, et les tentatives de définition d’un autre statut international (l’initiative Nansen de 2011) n’ont pas abouti.
Les causes de ces déplacements sont multiples :
Liées à des phénomènes naturels aussi vieux que le monde (éruptions volcaniques, cyclones, tornades) mais aussi à des phénomènes récents de sécheresse, de dégel, de montée des eaux, d’inondations, de coulées de boue et d’engloutissement d’îles par la mer. Les régions les plus touchées sont l’Asie pacifique pour 68 % des cas, l’Asie du Sud pour 14,8 %, l’Amérique latine (7,3 %).Beaucoup de ces pays n’ont pas les moyens de faire face aux catastrophes environnementales[16] et ce sont les plus pauvres qui seront les plus exposés, comme aux Etats-Unis, lors du cyclone Katrina frappant la Nouvelle-Orléans. Ce sont les pays du Sud, proches des pays concernés par les crises environnementales, qui seront les plus touchés par les migrants environnementaux.
Des conflits de valeurs divisent l’Europe et ses migrations : entre libéralisme économique et sécurité militarisée des frontières, entre éthique de la solidarité et de l’hospitalité et nationalismes, entre besoins de main-d’œuvre, vieillissement et utilisation de l’immigration à des fins électorales et populistes.
De nombreux défis concernant la cohésion sociale montrent que l’Europe tarde à adopter des mesures adaptées à une immigration de peuplement, à la différence de pays comme les Etats-Unis, le Canada, ou l’Australie, car elle peine à se considérer comme continent d’immigration : lutte contre les discriminations, introduction de la diversité dans la définition de la citoyenneté, dialogue avec l’islam, droit de vote local des non-Européens, démocratisation du droit à la mobilité avec des frontières plus ouvertes aux migrations de travail.C’estpourquoi, face à des politiques d’opinion s’appuyant sur les sondages, l’enjeu est de taille : il s’agit de convaincre.
🔴Pour aller plus loin...
Jean-Luc Mélenchon : " Il faut s’attaquer aux causes qui provoquent l’afflux de migrants "
Pour lutter contre l’immigration massive – qui d’ailleurs est principalement interne aux pays en voie de développement –, il faut s’attaquer aux causes des migrations : l’impossibilité de tout développement des pays de départ, en raison des dettes et des politiques d’ajustement structurel imposées par le Fonds monétaire international [FMI] ou la Banque mondiale, le pillage des ressources par les multinationales et le libre-échange...
Notes :
[1] Rapport Undesa (Département des affaires économiques et sociales des Nations unies), 2022.
[2] Les Afghans n’ont accès qu’à vingt-cinq pays environ, voisins et pauvres, alors que les Japonais, Coréens du Sud, Européens et Américains du Nord ont le plus large accès au monde sans visa.
[3] On parle à l’époque d’une migration de cinquante-millions d’Européens.
[4] La Méditerranée est ainsi une ligne de fracture démographique, économique, politique, sociale et culturelle importante, malgré les nombreux liens transnationaux qui la traversent.
[5] Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque.
[6] Trois-cent-trente-mille entrées irrégulières en 2022, selon l’agence Frontex (agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes), soit 30 % de plus qu’en 2021, et un niveau égal à celui d’avant la pandémie.
[7] Voir Catherine wihtol de wenden, « Migrations méditerranéennes », in Pouvoirs n° 183, p. 87-98.
[8] Les Turcs constituent la plus importante diaspora transnationale en Europe, devant les Marocains, puis Portugais, Italiens, Espagnols, Algériens et Roumains, mais leur répartition varie beaucoup selon les pays d’accueil.
[9] Enrico Pugliese, Quelli che se ne vanno, Bologna, Il Mulino, 2018.
[10] Par exemple aux Etats-Unis, en Asie, au Maghreb, en Afrique sub-saharienne, en Australie et dans le Golfe.
[11] Pour mémoire, la concurrence avec les travailleurs de l’Est européen a été l’un des thèmes favoris du Brexit.
[12] Ce fut le cas pour les Ukrainiens quittant la Pologne, ainsi que les Vénézuéliens et les Afghans de retour chez eux.
[13] Ceci explique l’accueil de ces anciens Hongrois par le gouvernement de Viktor Orban, qui avait déjà généreusement accordé des passeports hongrois à certains d’entre eux.
[14] Cet accueil peut être comparé à celui des Vietnamiens à la fin des années 1970, lié à la volonté de montrer un Occident protégeant les victimes du communisme.
[15] Parmi eux, quarante-millions de migrations internes.
[16] C’est le cas du Bangladesh, classé au premier rang des pays vulnérables en 2014, du fait de la fonte des glaciers de l’Himalaya qui se déversent dans les deux grands fleuves de ce pays delta.
L’antériorité de l’adhésion à l’OTAN sur l’adhésion à l’UE démontre que les pays candidats ne voient cette dernière que comme le pendant politico-économique de la première
L’hypothétique « convergence » risque de prendre encore des décennies, surtout en cas de nouvel élargissement
Tous les États membres devront payer davantage et recevoir moins...
La guerre en Ukraine a relancé le processus d’élargissement de l’UE vers l’Est et les Balkans à un rythme effréné. Motivée par des raisons géopolitiques, à savoir endiguer la puissance russe sur le continent européen, cette expansion soulève pourtant d’immenses questions économiques et politiques. En intégrant en son sein des États pauvres, l’Union européenne encouragerait en effet une nouvelle vague de délocalisations et de dumping social et soumettrait les agriculteurs du continent à une terrible concurrence. En outre, le seul moyen d’éviter des blocages politiques d’une Europe à 34 ou 35 serait de renforcer le fédéralisme, en rognant encore davantage les pouvoirs de décision des États-membres. Un scénario délétère poussé par les élites européennes en dehors de tout mandat démocratique.
La propagande massive n’a pas cessé avec la fin de la seconde guerre mondiale. Nous y sommes confrontés tous les jours en écoutant la plupart des médias mainstream. (Économique, politique, géostratégique etc…)... membres du gouvernement y compris[0] !
Bernays l’avait bien décrit en expliquant pourquoi il était aisé de manipuler les plus instruits[1]…
Le changement de société passe par une réappropriation de l’information, car on a beau être intelligent, si on ne raisonne pas sur des informations justes, on raisonne faux... La preuve ci-dessous.
Billet en hommage aux livres de Jean-Claude Michéa (son fameux L’enseignement de l’ignorance[2]) et de Jean-Paul Brighelli (La fabrique du crétin[3])… Voici une très intéressante étude de l’Ifop (Institut français d’opinion publique), qui est le plus ancien du pays, créé en 1938. Il a donc réalisé des sondages forts intéressants
L'opinion sur les accords de Munich « À la suite de la signature des accords de Munich le 29 septembre 1938[3bis] par la France, la Grande- Bretagne, l’Italie et l’Allemagne, Jean Stoetzel réalise le tout premier sondage politique : 57 % des personnes interrogées déclarent approuver ces accords tandis que 37 % les jugent néfastes[4].
Les autres questions posées dans cette enquête apportent des éléments de compréhension sur l’état d’esprit d’un peuple pris entre deux tensions qui s’avèreront contradictoires. D’un côté, figure la crainte d’un nouvel embrasement mondial, vingt ans seulement après la fin de la Grande Guerre, qui explique cette recherche du compromis avec l’Allemagne nazie et pour finir le « lâche soulagement » après Munich. Pour 73 % des personnes interrogées, une nouvelle guerre mondiale entraînerait la destruction de la civilisation.
De l’autre côté, le sondage de l’Ifop montre que le renoncement de Munich s’accompagne désormais de fortes résolutions pour l’avenir.A la question « pensez-vous que la France et l’Angleterre doivent désormais résister à toute nouvelle exigence de Hitler, 70 % des Français répondent oui, 17 % manifestent leur opposition. Cette adhésion à l’idée que Munich doit être une sorte de « der des der » face à la politique d’expansion du Führer est majoritaire dans tous les segments de la population, à l’exception des professions libérales ainsi que des commerçants et des industriels interrogés rejetant à plus des deux tiers l’idée qu’il faut résister à toute nouvelle exigence allemande. […]
Pour autant, même après l’invasion allemande de la Bohème-Moravie, les Français, tout en prenant la mesure des menaces extérieures, refusent dans leur majorité de croire à la guerre.Seuls 37 % des personnes interrogées par l’Ifop en mai 1939 estiment que le pays sera inévitablement entraîné dans une guerre en 1939 ou en 1940 (63 % ne le pensent pas ou se disent sans opinion). Ce n’est qu’en juillet 1939 soit moins de 40 jours avant l’invasion de la Pologne par l’armée allemande et la déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne à l’Allemagne que l’on assiste à un basculement relatif de l’opinion :45 % des interviewés (contre 34 %) pronostiquent une guerre dès 1939.
76 % considèrent que « si l’Allemagne tente de s’emparer de la ville libre de Dantzig par la force, nous devrons l’en empêcher au besoin par la force ».L’opinion était désormais prête à mourir pour Dantzig. »
Qui a le plus aidé à battre l’Allemagne ? Un sondage mené par l’Ifop en mai 1945, sur l’ensemble du territoire français désormais libéré (et confirmant un sondage de septembre 1944 auprès des Parisiens), a montré que les interviewés apparaissent bien conscients du rapport de force et du rôle des alliés dans la guerre, et ce malgré la censure et la difficulté sous l’occupation à accéder à une information fiable.
Ainsi, une très nette majorité (57 %) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national, ne recueillent respectivement que 20 % et 12 %. (N.B. Il ne s’agit évidement pas ici de minorer l’importance de l’effort accompli par les USA, tant industriel qu’humain)
Mais ce qui est proprement sidérant est que cette vision de l’opinion publique s’est inversée de manière très spectaculaire avec le temps, comme l’ont montré deux sondages réalisés en 1994, en 2004 et en mai 2015[5] :
C’est tout de même formidable En 1945, les Français qui ont vécu sous la censure ont bien compris qui a vraiment battu l’Allemagne, mais 70 ans plus tard, c’est une Histoire totalement différente qui est dans nos esprits !
Le sondeur britannique ICM a réalisé le même sondage en 2015 dans plusieurs pays d’Europe. Voici le résultat :
Cela interpelle quant à la notion d’Histoire…
« Les vainqueurs sont ceux qui écrivent l’Histoire. C’est celle-là qui est rédigée dans nos livres d’école, pas la vraie Histoire telle qu’elle s’est déroulée, mais une Histoire qui caresse le camp des gagnants. L’Histoire a cessé, depuis longtemps d’être la somme des humanités aujourd’hui elle n’appartient qu’à une poignée d’individus. » [Maxime Chattam, Les arcanes du chaos[6]]
Et mieux encore, le sondage de 2004 fournit des informations surprenantes quand on regarde en détail (c’est identique en 2015) :
On retrouve pour une fois les les Cadres et les Ouvriers dans la même catégorie – ceux qui ont fait le plus et le moins d’études !
On note aussi, étonnement, que l’orientation politique n’a pas une si grande influence…
« La manipulation des élites est encore plus facile que celle des masses. » [Jean Yanne]
En effet, quelques rappels sur les 80 millions de morts de la seconde guerre mondiale:
Soulignons que les 25 millions de Soviétiques morts se répartissent principalement par nationalité en :
.Russie : 14 millions (13 % de la population de 1940) – 7 M de soldats, 7 M de civils ;
.Ukraine : 7 millions (16 %) – 1,7 M de soldats, 5,3 M de civils (NB. Il s’agit surtout des civils Ukrainiens du Centre et de l’Est, hors Galicie – sauf pour les Juifs) ;
.Biélorussie : 2,3 millions (25 %) – 0,6 M de soldats, 1,7 M de civils.
Les pertes militaires en Europe durant la deuxième guerre mondiale :
Et en Asie :
Et le total des morts militaires par pays :
Ainsi :
Ceci est cohérent avec la répartition des divisons de l’armée allemande :
___Front Est _Front Ouest _Autres . 1942: 179(79%) | 38(17%) | 9(4%) . 1943: 187(73%) | 50(20%) | 19(7%) . 1944: 165(60%) | 86(31%) | 23(9%)