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23 septembre 2024 1 23 /09 /septembre /2024 12:44
Gouvernement Barnier : tournez à droite, prenez l’impasse
Gouvernement Barnier : tournez à droite, prenez l’impasse
Gouvernement Barnier : tournez à droite, prenez l’impasse

Emmanuel Macron ayant fait de l’addition de deux défaites une victoire, les voilà au pouvoir. Pour combien de temps ?

« Il faudra s’en débarrasser aussitôt que possible », prévient Jean-Luc Mélenchon[7]

 

 

Emmanuel Macron a nommé samedi le gouvernement le plus à droite depuis douze ans. Derrière Michel Barnier, toutes les droites y figurent, quitte à bafouer les résultats du 7 juillet. La nomination de Didier Migaud à la justice fait figure de caution de gauche. Pour le reste, le coup de barre est aussi clair que l’édifice paraît bancal.

 

 

Source : Ramdani Ilyes | mis à jour le 27/09/2024

- C’est une bonne situation, ça, ministre de Michel Barnier ?
« Vous savez, je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation », répondraient sûrement les trente-neuf membres du nouveau gouvernement, paraphrasant Édouard Baer campant Otis dans Astérix : Mission Cléopâtre. Après tout, la vie, « c’est d’abord des rencontres, des gens qui [tendent] la main », poursuit, dans ce film, le scribe.

 

Au vu de la composition gouvernementale annoncée, samedi 21 septembre par un communiqué de l’Élysée[3], Michel Barnier a beaucoup tendu la main. Le nouveau chef du gouvernement offre à une vingtaine de parlementaires (anciens ou actuels) et de maires leur première expérience ministérielle, à parité entre les deux forces désormais associées au pouvoir, l’ancienne majorité et la droite Les Républicains (LR).

 

🔴  Du côté de la droite d’opposition, c’est Noël en septembre.

Dans un parti qui s’était accoutumé aux débâcles électorales, le gouvernement « Barnier 1 » offre une superbe occasion de goûter au pouvoir à toute une brochette d’élu·es qui observait les trains passer depuis douze ans.

 

🔴  Vieux routier de la droite, Michel Barnier a régalé toutes les chapelles de sa famille.

  • L’aile la plus conservatrice est là, incarnée par Bruno Retailleau[4], le président du groupe LR au Sénat, qui vivra au ministère de l’intérieur une première expérience gouvernementale dont il a rêvé pendant tout le quinquennat Sarkozy ;
  • Nouvelle secrétaire d’État à la consommation, Laurence Garnier[5], connue pour ses positions contre la constitutionnalisation de l’avortement ou le mariage homosexuel, incarne également cette droite dure, tout comme Patrick Hetzel, nommé à l’enseignement supérieur et à la recherche ;
  • Bruno Retailleau emmène également un de ses proches à Beauvau, Othman Nasrou, secrétaire d’État à la citoyenneté et à la lutte contre les discriminations ;
  • Privé de l’intérieur, Laurent Wauquiez reste à l’extérieur mais il place deux de ses compagnons de route au sein de l’exécutif :
    • le député Alexandre Portier (réussite scolaire et de l'enseignement professionnel) [NDLR : un ministre délégué défenseur de l’enseignement privé[5bis]] ;
    • et son ancien vice-président à la région Auvergne-Rhône-Alpes Nicolas Daragon (sécurité du quotidien).
  • Autre figure de LR, Xavier Bertrand pourra compter sur son ami François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne et nouveau ministre des transports, pour incarner son courant ;
  • Gérard Larcher, le puissant président du Sénat, a obtenu que son amie Sophie Primas soit nommée ; elle hérite du commerce extérieur ;
  • Valérie Pécresse se félicitera de l’arrivée d’Agnès Canayer, un soutien de longue date, au ministère de la famille ;
  • Et Michel Barnier ne s’est pas oublié, puisque sa fidèle Marie-Claire Carrière-Gée devient ministre déléguée à la coordination gouvernementale – une nouveauté.
  • Bizarre : les « macronistes de gauche » sont là : pour que la liste soit complète, il faut y ajouter deux figures du parti récompensées de leur fidélité :
    • Annie Genevard, secrétaire générale de LR, nommée ministre de l’agriculture ;
    • et François-Noël Buffet, influent président de la Commission des lois au Sénat, qui hérite du portefeuille de l’outre-mer.

 

 

- Jamais la scène politique n’avait donné à voir le rassemblement d’un tel nuancier des droites depuis la création de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), en 2002.

Et encore : à l’époque, les centristes de François Bayrou avaient boudé le grand rassemblement impulsé par Jacques Chirac. Cette fois-ci, ils sont bien là ! Après une interminable réunion, vendredi, où plusieurs figures du MoDem tentaient d’acter la non-participation de leur parti à ce nouvel exécutif, le choix contraire a été fait.

  • Jean-Noël Barrot, jusque-là chargé de l’Europe, est promu ministre des affaires étrangères ;
  • Geneviève Darrieussecq fait son retour au gouvernement, pour s’occuper des questions de santé, et Marina Ferrari passe du numérique au tourisme.

 

🔴  En tout, ce sont sept ministres du gouvernement Attal qui conservent des fonctions ministérielles.

  • Après avoir hurlé à la dérive droitière depuis des semaines, Agnès Pannier-Runnacher a accepté le portefeuille de la transition écologique et de l’énergie ;
  • Sébastien Lecornu, Rachida Dati et Catherine Vautrin retrouvent leurs vieux compagnons, comme on disait à l’époque du RPR, même si cette dernière s’occupera à présent des territoires ;
  • Quant à Guillaume Kasbarian, libéral parmi les libéraux, il s’occupera de la fonction publique.

 

 

- Décidé à n’oublier aucune sous-famille de sa nouvelle coalition, Michel Barnier a distribué les postes avec méthode.

  • Le Parti radical ?
    • Il propulse Nathalie Delattre, sa sénatrice et secrétaire générale, aux relations avec le Parlement (ce qui ne manquera pas de faire tiquer au Palais-Bourbon, plus explosif que jamais et dont elle n’a jamais été membre).
  • L’Union des démocrates et indépendants (UDI) ?
    • Elle aura trois ministres : Valérie Létard (logement), François Gatel (commerce, ruralité) et Fabrice Loher (pêche et mer).

 

Tout cela donne un gouvernement foisonnant, à défaut d’être très cohérent. Dans les derniers jours, beaucoup de choses ont bougé, pour mille raisons différentes :

  • un ténor qui s’insurge contre l’absence d’un proche ;
  • Emmanuel Macron qui émet de sérieuses réserves sur une nomination, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) qui fait remonter des soucis dans les déclarations d’intérêt de futurs ministres.
  • Des élus locaux ont aussi alerté Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, ou les têtes de l’exécutif elles-mêmes, sur le profil « sulfureux » de tel ou tel ministre pressenti.

 

 

- La caution Migaud Au milieu de ce va-et-vient désordonné, certaines nominations semblent avoir été décidées à la dernière minute.

  • À l’Éducation nationale, le profil d’Anne Genetet intrigue.
    • Députée des Français de l’étranger, médecin de formation, l’élue a travaillé sur la fiscalité des expatriés et sur leur protection sociale, sur les Uber Files et sur les ingérences étrangères ;
    • elle est membre de la commission de la défense après avoir siégé à celle des affaires étrangères ;
    • elle s’est intéressée à la gestion du corps diplomatique. Mais sur l’éducation nationale, rien ou si peu.

 

  • Comme à chaque remaniement, d’autres se lamenteront longtemps d’avoir loupé le train Barnier.
    • Stéphanie Rist aurait pu devenir ministre des solidarités si son suppléant n’avait pas refusé de siéger à l’Assemblée nationale ;
    • Et Violette Spillebout, Mathieu Lefèvre et d’autres députés du groupe Ensemble pour la République (EPR) ont cru leur heure venue ;
    • tandis que Gérald Darmanin a pensé, quant à lui, que sa proximité avec Emmanuel Macron allait lui sauver la peau.

 

🔴 Le handicap, grand absent du remaniement

L’absence de ministère dédié à la question du handicap est l’une des principales surprises de la nouvelle architecture gouvernementale. Au lendemain des Jeux paralympiques et des énièmes promesses d’inclusivité, le signal inquiète les associations spécialisées.

  • « Scandaleux, a tonné samedi soir sur X le Collectif Handicaps, qui en regroupe une cinquantaine. Même pas un secrétaire d’État. Ainsi 12 millions de personnes ne méritent pas un ministère. Le collectif condamne ce choix, inadmissible et incompréhensible. »
  • Le nouveau ministre des solidarités, Paul Christophe (Horizons), s’est empressé d’écrire un message sur le même réseau social. « J’ai toujours eu à cœur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées et une société plus inclusive, a-t-il écrit. Ce n’est pas demain que cela va changer ! Je m’y engage. »

 

 

- Mais le train Barnier était-il le bon ?

Lancé deux mois et demi après les élections législatives, il entrevoit avec inquiétude la prochaine gare, celle du budget. Faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, le nouveau chef du gouvernement devra procéder à la même litanie de 49-3 que ses prédécesseurs.

  • Et ensuite ?
    • La gauche et ses 193 députés ont déjà promis de le censurer[7] ;
    • sitôt que le Rassemblement national (RN) décidera d’en faire de même, la fine équipe Barnier tombera.

 

🔴 Vu l’aspect bancal de l’ensemble, la présence de Didier Migaud interroge

Qu’est-ce qu’est donc allé faire l’ancien député socialiste dans cette galère ? Nommé garde des Sceaux, l’actuel président de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) va quitter ses fonctions. Dans un gouvernement aussi à droite, il va vivre au rythme des pressions de Beauvau et des sections de Bercy, au vu de l’austérité budgétaire qui se prépare.

  • Sa présence a toutefois un mérite : elle permet à Michel Barnier de tenir sa promesse, celle selon laquelle la « gauche » serait représentée dans son équipe. Après avoir essuyé une dizaine de refus (au bas mot), l’ancien commissaire européen a fini par obtenir l’accord de l’ex-socialiste.
  • Le voilà exhibé en numéro 2 du gouvernement, une façon presque caustique de souligner l’incongruité de sa présence.

 

Le premier conseil des ministres aura lieu lundi, a annoncé Alexis Kohler depuis l’Élysée. Très vite, les équipes techniques vont devoir changer les plaques, les en-têtes et lancer de massives réimpressions d’urgence. Tout à sa volonté de marquer son territoire, Michel Barnier a changé les intitulés de la plupart des ministères :

  • La « cohésion des territoires » devient le « partenariat avec les territoires » ;
  • la culture se voit flanquée du patrimoine ;
  • la santé de l’accès aux soins :
  • et les armées des anciens combattants.

 

Tout cela va coûter cher, en attendant le prochain remaniement, le prochain premier ministre et les prochaines reformulations. D’ici là, c’est toute une génération d’élu·es macronistes et de droite qui se retrouvent, après s’être détestés puis rapprochés, avec pour nouveau point commun d’avoir perdu les élections du 7 juillet. Emmanuel Macron ayant fait de l’addition de deux défaites une victoire, les voilà au pouvoir. Pour combien de temps ?

 

 

🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 🔴 

 

 

- Le gouvernement Macron-Barnier : le plus à droite de l'histoire

Rappel du résultat des législatives anticipées[1][2] pour ceux qui n'auraient pas tout suivi :
1 - Coalition NFP 193 députés ; 2 - Coalition macroniens 166 députés ; 3 - Coalition RN Ciotti 142 députés ; 4 - LR 47 députés
PS : depuis ces résultats du 7 juillet, macron a perdu 4 députés. 2 sont allés chez Horizons et 2 chez les non inscrits.

 

Michel Barnier a composé le gouvernement le plus à droite de la Ve République. 

  • Critères d'entrée : homophobie, racisme, conflits d'intérêts, compatibilité avec le RN... 
  • Des ministres qui vont nous mener la vie dure... jusqu'à la censure

 

 

Notes :

[1] Résultats pour résultat des élections législatives 2024

[2] 142 pour le RN et Ciotti, 166 pour la macronie et 193 pour le NFP… voici la répartition finale de l’Assemblée nationale

[3] Annonce de la nomination du Gouvernement

[4] Racisme, homophobie, ami de Netanyahu... Qui est Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l'Intérieur ?

[5] Les visages de la honte : quels députés LR et RN ont voté contre le droit à l’IVG dans la Constitution ?

[5bisAlexandre Portier : un ministre délégué défenseur de l’enseignement privé

[6] Le Nouveau Front populaire demandera la censure du gouvernement Barnier

[7] Le Nouveau Front populaire retrouve son unité pour dénoncer le gouvernement Barnier : « Il faudra s’en débarrasser aussitôt que possible », prévient Jean-Luc Mélenchon

 

Pour en savoir plus :

- J’ai dissous l’Assemblée nationale. Adresse aux Français.

Le soumettre ou le démettre – L’analyse de Jean-Luc Mélenchon face au coup de force d’Emmanuel Macron

Comme Macron, Mac Mahon refusait déjà de reconnaître le résultat des élections il y a 147 ans

Michel Barnier à Matignon : comment Macron a pactisé avec Le Pen

- « Censure, mobilisation, destitution » – La réponse du NFP au coup de force de Macron

- France insoumise le 17 août 2024 : « Démettre le président plutôt que nous soumettre »

- Immigration, racisme, islamophobie : le « grand danger » du nouveau gouvernement Barnier

- Le gouvernement Barnier, une bourgeoisie affairiste et ultra-réactionnaire s’empare des ministères

 

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6 septembre 2024 5 06 /09 /septembre /2024 13:20
La gauche n’a pas de problème avec les sous-préfectures

Métropoles à gauche, ruralité au RN ?

Sébastien Rome :

- effectue ici un retour[0] en 2012 : " Le vote rural et le RN : la faute à Mélenchon ? "

- bat en brèche cette théorie fumeuse... notamment développée par F. Ruffin

 

 

La France des métropoles serait à gauche et la France rurale, périurbaine, des villes moyennes serait RN. Vous connaissez la chanson. Pour une gauche majoritaire dans le pays, il faut établir le bon diagnostic. Je vous soumets ici quelques idées et résultats qui invitent à abandonner la lecture simpliste métropole versus campagne. Et non, la France des sous-préfectures ne vote pas RN.

 

 

Source : Sebastien Rome député LFI | mis à jour le 13/09/2024

- Tribunes, ateliers aux universités d’été, déclarations publiques : une question prend de plus en plus de place : est-ce que la France hors des « métropoles », c’est-à-dire les petites et villes moyennes, les villages, vote principalement pour le Rassemblement national ?
Mais également : existe-t-il une opposition binaire entre une France des villes et une France des champs comme la fable d’Esope le décrivait au VIe siècle avant J.C ?
La réalité du réseau urbain français est plus complexe et ne ressemble pas à la fable du poète grec, où l’opulence du rat des villes impliquent l’insécurité permanente quand la tranquillité du rat des champs a pour corolaire la pauvreté. Il semblerait que pour certains, nous en sommes toujours là plus de deux millénaires après. Sur ce sujet, la récente analyse et typologie des espaces ruraux[1] démontre que certaines campagnes sont en déclin quand d’autres sont dynamiques et prospères, encore d’autres sont très attractives car dans des zones touristiques mais pauvres. Je ne reviens pas plus sur cet aspect laissant le soin d’explorer via le lien au-dessus la diversité des ruralités françaises.

 

 

🔴  Essayons donc de sortir de la carricature binaire et poursuivons en regardant quels sont les ressorts du vote dans les habitants des sous-préfectures, des villes moyennes en déprise et de la ruralité et surtout s’ils votent plus RN.

 

 

- Pour cela commençons par les travail de Olivier Bouba-Olga et Vincent Grimault, qui, dans un article pour Alternatives économiques, nous expliquent vraiment les différences de vote RN entre les villes et les campagnes[2].

Par un travail remarquable, ils démontrent le facteur explicatif du vote. « Le fait de montrer que le vote dépend de caractéristiques sociales plus que du lieu de vie permet d’invalider les interprétations en termes de gradient d’urbanité [plus on s’éloigne du centre-ville de la métropole, plus on vote RN], très souvent reprises, plus ou moins consciemment, dans les médias. »

L’écart des résultats, en données brutes, entre l’urbain et le péri-urbain ou le rural est de 11 points en défaveur pour la gauche. Dit autrement, si on regarde le pourcentage des résultats entre les villes et les campagnes, on a un écart de 11 points. Cela plaide pour une interprétation géographique du vote. Il y aurait un vote des quartiers différents de celui des clochers selon la nouvelle formule de François Ruffin[3].

 

Mais quand on observe le résultat des élections législatives au regard de la composition sociale de ces différents territoires (urbain, rural sous influence urbaine, rural autonome), on obtient une autre compréhension de la situation sociale du pays. Le vote des ouvriers, des employés, des cadres des villes et des champs varie assez peu selon leurs lieux de vie.

  • Ainsi, l’écart brut qui était de 11 points entre l’urbain et le rural tombe à 1 point pour le rural et à 3 points pour le rural sous influence urbaine (« périurbain »).
  • L’écart d’un point dans le rural n’est pas significatif. Cela veut dire que les ruraux ne votent pas différemment que les urbains mais selon leurs classes sociales.
  • Par contre, l’écart de 3 points dans le péri-urbain quand on neutralise l’effet de la composition sociale a une signification. Chez les habitants des zones péri-urbaines, il semble y avoir une légère influence du lieu de vie selon Olivier Bouba-Olga[4].

 

 

- Je propose ici d’expliquer cette influence géographique du vote par l’organisation sociale dans l’espace qui s’est mis en place en France selon le triptyque suivant :

triangle travail-foncier-mobilité

 

🔴 On sait que le niveau de diplôme est la corrélation la plus efficace dans l’explication du vote[5]. Plus on est diplômé, moins on vote RN. Avec un CAP/BEP, on a bien plus de probabilité de voter RN. Ces diplômes impliquent une position sociale, un éventail de professions et des revenus qui ne sont pas les mêmes que lorsque l’on a un diplôme du supérieur, c’est un truisme. On accède alors à un logement en rapport avec ce revenu selon le prix du foncier. Ce logement implique une mobilité insérée dans un réseau de transports collectifs/publics ou un réseau routier de transports privés/individualisés. Le crédit fait le lien entre ces trois éléments

 

🔴 On retrouve là la base du capitalisme actuel fait de réseaux, de spéculation et de dépréciation foncière, de l’exploitation du travail et du non-travail, où le système bancaire est central. Pour le dire schématiquement :

  • quand on a de très bons revenus, on vit soit en centre-ville, soit dans la banlieue chic ;
  • quand on est très pauvre, on vit soit dans les HLM, soit dans les centres anciens des villes (ou villages) en déprise ;
  • quand on a un salaire autour du salaire médian, soit 1 850 € (c-a-d 50 % des Français gagnent plus de 1850€ et 50 % gagnent moins), on va vivre au milieu de ces deux espaces, dans le périurbain.

 

🔴 On se distingue ainsi des plus pauvres en évitant les centres anciens, souvent dégradés tout en n’ayant pas les moyens accéder aux quartiers les plus prisés. La voiture est alors ce qui fait lien entre les espaces de consommation, de travail, de loisirs, de services publics. Le choix est de se mettre en retrait, « au calme »,  « à la campagne », à distance des espaces sociaux les plus stigmatisés, à des fins de distinction sociale et de reconnaissance sociale de réussite via l’accession à la propriété d’une maison individuelle.

 

🔴 Si le vote ne dépend pas du territoire mais de la condition sociale, comme le démontre entre autres Olivier Bouba-Olga, on doit comprendre les rapports sociaux que les habitants de ces différents territoires entretiennent collectivement les uns avec les autres. Ces rapports sociaux s’inscrivent dans les territoires qui sont ainsi socialement marqués, avec plus d’ouvriers/employés dans les espaces péri-urbains qui cherchent à se rapprocher des lieux de vie les plus valorisés socialement et dans le même temps qui chercher à se distinguer des lieux de vie les plus stigmatisés.

 

 

- Il ne faut donc pas penser les communes indépendamment les unes des autres ou selon leur nombre d’habitants, mais dans les relations qu’elles (et leurs habitants) entretiennent en termes de distinction sociale.

Chercher à comprendre le vote des habitants de communes par tranche du nombre d’habitants n’a pas de sens. Deux villages moins de 1 000 habitants n’auront pas la même fonction si l’un est la « banlieue » chic d’une métropole et l’autre dans un « arrière-pays » pauvre.

  • Dans l’Hérault, l’ancien chef-lieu d’Olargues (550 hab.), dans le Haut Languedoc n’a rien à voir avec Saint-Jean-de-Cuculles (483 hab.) à quelques kilomètres de Montpellier.
  • A Olargues, au premier tour le candidat NFP est 1er 50%, le RN 31% et Renaissance 12% (circo NFP 32% - RN 48% - Renaissance 13 %).
  • A Saint-Jean-de-Cuculles, la candidate RN fait 37 % (41% circo), le candidat Renaissance 35% (22 dans la circo) et celui du NFP 26% (33% dans la circo).
  • Pareillement, cela n’a pas plus de sens de classer Mende, préfecture de la Lozère (38% NFP et 30% RN), avec Plan-de-Cuques (1er tour 57% RN et 13% NFP), connu pour son centre commercial aux portes de Marseille !
  • Auch préfecture du Gers (NFP en tête) n’a rien à voir avec Tassin-la-Demi-Lune dans la banlieue aisée de Lyon (Renaissance en tête).

Ces communes ont des fonctions totalement différentes dans le territoire bien qu’équivalentes en nombre d’habitants.

Mende en 1969

Mende en 1969

🔴 Ainsi, dans l’Hérault, charité bien ordonnée commençant par soi-même, on observe que les villes qui ont/avaient des fonctions de centralité (centralité aussi bien administrative, commerciale ou historique), quelle que soit leur taille, votent plus à gauche que leurs alentours. Il y a ainsi des systèmes de halo. Montpellier vote plus à gauche que ses extérieurs. Mais c’est aussi le cas de Lodève, Ganges, Clermont-l'Hérault, Saint-Pons-de-Thomières… et même de Béziers.

Rapport de forces NFP/RN Hérault 2nd tour 2024 © les 577

Rapport de forces NFP/RN Hérault 2nd tour 2024 © les 577

vote NFP Hérault

Si la carte de gauche montre un marquage net entre la côte urbanisée qui vote RN et les piémonts ruraux (Cévennes, Larzac, Haut-Languedoc) qui vote à gauche, on perçoit des petites villes qui ont des fonctions de centralités entourées de vote RN : Pézenas, Ganges, Bédarieux, Clermont l’Hérault, Lodève, Montpellier. Sur la carte de droite, on voit que les centralités qui ont mis le RN en tête ont aussi un vote à gauche plus élevé que leur environnement (Sète, Béziers, Lunel). L’effet de halo est clairement visible.

 

 

🔴 La carte du Rhône est assez typique de la répartition sociale dans l’espace qui implique une répartition des votes. Un centre, la métropole de Lyon avec ses banlieues intégrées au système urbain puis une ceinture plus privilégiée où le vote libéral domine et enfin le RN avec les centralités de Tarare et l’Arbresle.

Rhône 1er tour

Rhône 1er tour

Dans la 9e circonscription du Rhône, au nord-est du département, le candidat NFP, Jean-Henri Soumireu-Lartigue (PS) est 1er à Villefranche-sur-Saône (35%) et second à Belleville-en-Beaujolais (24%)

Rhône NFP

quand il est troisième (23%) dans la circonscription après le RN (35%) et la droite (25%). Abdel Yousfi (PCF) dans la 11e circonscription est en tête à Givors (48%) mais troisième dans la circonscription (22%).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

🔴 Comme pour l’Hérault, l’aspect homogène du vote pour le RN et le NFP dans la Drôme cache des différences d’intensité. Montélimar qui a mis le RN en tête, vote plus à gauche que son environnement

Drôme NFP RN

Drôme NFP RN

Drôme NFP

proche. C’est aussi assez évident pour Die, Crest, Romans-sur-Isère et bien sûr Valence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

🔴 Ce schéma fonctionne assez bien à toutes les échelles : centre du village et sa périphérie, une petite ville avec ses villages, des petites villes avec une grande ville, Paris avec le Nord, le Sud et l’Est de la France où le RN réalise ses meilleurs scores[6].

 

 

-  Afin de vérifier cette hypothèse et partant de ce constat, je me suis efforcé de compiler les résultats dans les sous-préfectures de France (3,5 millions d’inscrits) selon les trois blocs : centre, gauche, extrême droite.
Le résultat est édifiant. La gauche est en tête dans la France des sous-préfectures. Mais comme ces sous-préfectures n’ont pas le même statut dans le territoire [parfois la sous-préfecture est la commune la plus peuplée, comme Saint-Denis dans le 93], j’ai regardé les résultats selon que la sous-préfecture était la première, deuxième ou troisième commune du département en nombre d’habitants.

Résultats par bloc dans les sous-préfectures (1er tour)

Résultats par bloc dans les sous-préfectures (1er tour)

🔴 Mais j’ai souhaité tester plus avant cette idée de communes qui remplissent des rôles de centralité (cliquez une définition sur le site l’Observatoire des Territoires) sans nécessairement être une sous-préfecture.

 

🔴 Je me suis donc appuyé sur le programme « Action Cœur de Ville » qui concerne 245 communes. Selon l’Agence nationale pour la cohésion des territoires[7] des « villes moyennes, qui jouent un rôle de centralité au sein des régions, n’ont pas réellement fait l’objet de politiques publiques de l’État ciblées sur les enjeux de revitalisation ces dernières décennies, et de leurs centres-villes en particulier. Certaines de ces villes présentent pourtant les caractéristiques de territoires délaissés ou dévitalisés, pour lesquels une action publique spécifique s’impose et, plus globalement, pour lutter contre les fractures territoriales. D’autres, bien que moins en difficulté, doivent être soutenues dans leur fonction de centralité. » Cela représente plus de 4,6 millions d’inscrits.

 

🔴 Ainsi, si ces communes ont des difficultés de logements et de commerces vacants, connaissent des taux de chômage et de pauvreté élevés, un sous-équipement public et privé, nous devrions donc voir apparaître un vote RN motivé par la colère (« fâchés pas fachos »), le délaissement, le « sentiment d’abandon », le recul des services publics et la fuite des entreprises. 

 

🔴 C’est plutôt l’hypothèse de la centralité qui l’emporte. La gauche surperforme dans ces communes qui n’ont rien à voir avec les métropoles. Il s’agit bien de communes moyennes en difficulté. Une des explications serait que les services publics y soient plus présents, ce qui réduirait l’idée du sentiment d’abandon. Effectivement, dans ces territoires, le secteur public pèse plus lourd dans le poids économique local, comme l’a démontré Laurent Davezies[8]. Cela conduit à une plus grande sensibilité à la fermeture de ces services publics, qui sont pratiquement les seuls à offrir des emplois quand le tissu industriel est parti. Les emplois dans les collectivités, souvent premiers employeurs, les Ehpad, les écoles, les chambres consulaires… sont centraux.

 

🔴 Si je crois que la présence des services publics a une influence, je la situe ailleurs.

  • On retrouve dans ces administrations des postes d’encadrements de la fonction publique avec un nombre de diplômés plus important qui ont plus tendance à voter à gauche.
  • On trouve aussi dans ces territoires plus de pauvreté, à la fois dans des HLM plus présents (les communes autour sont souvent en dessous des seuils d’obligation de production d’HLM et évite donc d’en produire pour « se préverser » des pauvres) et dans l’habitat dégradé de centre-ville offrant du logement social dit « de fait » (moins cher qu’en HLM et plus rapidement accessible). « Parmi les personnes gagnant moins de 900 euros par mois, le leader de LFI rassemble 34 % des voix, contre 26 % pour Marine Le Pen. » nous rappelle Libération[9] présentant les travaux de Piketty-Cagé.
résultats action cœur de villes

résultats action cœur de villes

🔴 L’idée qu’il existe un halo autour d’un centre peut avoir sa pertinence si on la généralise à toutes les échelles et si on ne se limite pas caricaturalement aux métropoles.

On ne peut pas en rester à l’idée de deux France :

  • celles des métropoles qui votent à gauche et pour Macron parce qu’elles sont mondialisées par le haut (cadres) et par le bas (main-d’œuvre ouvrière racisée) ;
  • et le reste, leurs périphéries, voteraient à l’extrême droite parce qu’elles sont blanches et populaires.

 

 

- Nous venons de voir que l’ensemble de ce qui est décrit ci-dessus montre que la binarité bourg/tours est fausse.
Cette lecture ne marche pas au regard des faits. Les bourgs centraux votent plus à gauche que leur environnement proche. Mais si le RN est très haut autour, il sera tout de même assez haut au centre. Bien que les clivages soient avant tout sociaux, on peut dégager une relation entre des centres, quelles que soient leurs tailles, et leurs périphéries. Ces relations semblent s’emboîter à toutes les échelles du pays, qui continue de s’organiser autour de son centre principal, Paris, puis des centres secondaires, les métropoles, puis ainsi de suite dans un réseau qui maille le pays de plus en plus finement. À chaque maille, le centre plus urbain vote plus à gauche que sa périphérie même quand ce centre ne compte que 500 habitants.

 

Je me permets même descendre à une maille plus petite. Alors que j’allais à la rencontre du maire de Tressan, petite commune de 637 habitants, qui n’est pas une centralité, ce dernier m’interroge : « Pourquoi ma commune vote-t-elle majoritairement à gauche quand toutes les communes autour votent à 60 % RN ? ». Me voilà heureux de cette question, car j’étais venu justement ce jour de premier tour des législatives pour cette raison. Je l’interroge à mon tour : « Combien as-tu de lotissements ? » « Aucun », me dit-il.

 

🔴 On retrouve ainsi le rapport à l’espace que je décrivais en premier.

  • Quand un village n’a pas produit de périphérie, il vote moins RN.
  • Le centre produit de l’égalité quand la périphérie implique une distinction.

Par ailleurs, je crois que le votent massif pour le RN dans les villages de l’arc méditerranéen est lié à la trop grande rapidité de la croissance urbaine de ces villages par l’apport de populations, non pas immigrées, mais d’autres régions de France choisissant de se distinguer radicalement des classes populaires. Ils sont soit retraités, soit des travailleurs, souvent indépendants, dans la sphère de l’économie dite « résidentielle[10] ».

Tressan

Tressan

🔴 Ainsi, reprenant mon triptyque travail-foncier-mobilité, on comprend l’enjeu essentiel d’agir sur ces trois leviers en même temps, notamment pour desserrer l’étau du crédit, qui est prépondérant pour des personnes qui n’ont toujours pas de capital pour investir dans un logement et dans deux ou trois voitures. Comment se passer d’un crédit avec un salaire moyen ? On retrouve ici même les motivations du vote RN : de revanche sociale sur les classes supérieures (anti-élite économique et/ou culturelle) et de vote de distinction sociale sur les classes inférieures non-blanches ou ostracisées sous le nom de « cas-soc ». Ces électeurs sont des classes intermédiaires dont le lieu de vie est entre deux centres, socialement placés entre des zones où il y a plus pauvre que soit et des zones où il y a plus riche que soit.

 

 

- Nous pouvons affirmer qu’il y a un objectif stratégique pour la gauche en général et la France insoumise en particulier à aller à la conquête électorale (municipale) dans les centralités à chaque échelle géographique.
Dans les métropoles bien sûr, mais aussi dans les plus petites villes qui donnent un avantage à la gauche. Ces centralités sont pratiquement toujours le centre de l’intercommunalité et systématiquement la « capitale » de l’agglomération ou de la métropole.
Elles influent donc positivement ou négativement sur leur environnement proche.

 

Prendre ces villes en gestion municipale doit conduire à des politiques de rupture affichées qui ne se concentrent pas sur la centralité pour conserver son siège de maire, reproduisant par-là les politiques de métropolisation et d’attractivité concurrentielle des territoires (le cas de Montpellier qui se ferme à son territoire environnant et le concurrence est en cela caricatural) à différentes échelles, mais au contraire à la déconcentration.

 

🔴 La « démétropolisation » planifiée, qui vise à créer des contrepoids aux centralités (c’est-à-dire à élargir aux périphéries la centralité), sera une œuvre d’égalité sociale entre les habitants de territoires si différents socialement et, ce faisant, elle affinera et élargira le réseau urbain par une juste répartition des services publics et de l’emploi privé. Mais pour cela, il faudra que le citoyen reprenne la main sur le triptyque travail-foncier-mobilité aujourd’hui aux mains du marché qui fait son beurre dans les zones attractives et délaisse les zones où les profits semblent ne pas exister.

 

 

Notes :

[0Sébastien Rome retour en 2012 : " Le vote rural et le RN : la faute à Mélenchon ? "

[1] Une nouvelle typologie des espaces ruraux en France

[2] Analyse Ce qui explique vraiment les différences de vote RN entre les villes et les campagnes

[3François Ruffin  "Je demande à la gauche de conjuguer la France des bourgs et des tours. Des quartiers et des clochers, de n'abandonner personne ! »

[4] « Le résultat principal que nous obtenons est le suivant : l’écart brut entre rural autonome ou rural sous influence et urbain observé dans le tableau 1, de l’ordre de 11 points de pourcentage, tombe à 1,3 point pour le rural autonome et à 3 points pour le rural sous influence. Il est donc très sensiblement réduit, les écarts de vote entre rural et urbain sont pour une large part le résultat d’effets de composition sociale. Deuxième résultat, cette réduction est plus forte dans le rural autonome que dans le rural sous-influence, l’écart de 3 points reste non négligeable, les effets de composition sociale n’expliquent pas tout. » nous disent Olivier Bouba-Olga et Vincent Grimault dans la note méthodologique suivante : Note-méthodo.pdf (univ-poitiers.fr) 

 

 

 

 

 

 

 

[5Résultats des législatives 2024 : âge, profession... Comment ont voté les Français ?

Tableau historique de la France La formation des courants politiques de 1789 à nos jours

[6] Il est à nuancer selon les traditions locales de votes. Le site www.unehistoireduconflitpolitique.fr permet de générer des cartes. J’ai choisi l’une représentant le vote PCF aux législatives de 1978 (la gauche de « rupture » de l’époque) à gauche celle de la Nupes en 2022 à droite (avec le slogan « Mélenchon 1er ministre »). On voit une permanence dans certaines zones du territoire : les Cévennes, le Vercors, l’Allier, Alpes de Hautes, le centre de la Bretagne… comme Hervé le Bras l'a fréquemment démontré dans ses ouvrages dont le dernier est " Tableau historique de la France - La formation des courants politiques de 1789 à nos jours " chez Seuil.

 

 

[7Agence nationale pour la cohésion des territoires

[8« L’Etat a toujours soutenu les territoires » Ou « Inégalités et justice territoriales vont-elles de pair ? »

[9Présidentielle 2022 : est-il vrai que les «classes populaires» ont plus voté Mélenchon que Le Pen ?

[10Il y a économie résidentielle et économie résidentielle...

 

👉 Les commentaires ICI

 

Pour en savoir plus :

- Institut La Boétie : colloque « Extrême droite : le dessous des cartes. Comment la vaincre »

La gauche actualise sa stratégie à l’aune du livre de Cagé et Piketty

Législatives, européennes 2024 : Quatrième bloc, la stratégie gagnante de la France insoumise

- « Missive depuis le Midi Rouge devenu brun » – L’analyse du député Sébastien Rome

Comment le RN s’est imposé, Benoit Bréville, Pierre Rimbert, Serge Halimi

- Les électeurs ordinaires du Rassemblement National

- Ruffin : la honte en entier et pas à moitié

 

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25 décembre 2023 1 25 /12 /décembre /2023 14:04
STOP ! Car avec Raphaël Glucksmann, un autre Macron est possible
STOP ! Car avec Raphaël Glucksmann, un autre Macron est possible

Les médias ont essayé Roussel pour contrer Mélenchon. Ça ne marche pas. Maintenant c'est Gluckmann pour contrer LFI aux européennes...

Ça ne marchera pas, car il est le nouvel enfant prodige de la bourgeoisie de gauche[6] !

Nous avons besoin d'une gauche radicale, pas d'un Macron Bis, d'un va-t-en-guerre, partisan de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE pour le plus grand plaisir du marché[7]  ! 

 

 

Raphaël Glucksmann, l’eurodéputé, qui copréside le petit parti Place publique, nouvel espoir de la gauche réformiste, libérale à la sauce Cazeneuve, Hollande, en passant par la présidente d'Occitanie Carole Delga... ou déçus de Macron[1] qui ne se retrouve pas dans le bruit et la fureur : « Il faut que nous devenions un aimant politique » dit le tenant d’une « social-démocratie molle ».

Outre ses ambitions pour les européennes de 2024, la candidature commune en gestation PS PCF EELV pour 2027 qu'annoncent les TRACTATIONS en cours confirmées par Tondelier[2], travaillée par Faure, Autain, Guedj, Bayou, Faucillon, Ruffin[5], adoubé par l'ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, fera pschitt.

 

 

Sources : Pierre Rimbert | mis à jour le 11/06/2024

-  Il a 44 ans, des diplômes clinquants, un regard habité et des envies de changement.

Entouré de jeunes chefs d’entreprise et de « porteurs de causes » issus de la « société civile », en 1018, il lance un « mouvement politique » destiné à « sauver les démocraties libérales » menacées par l’« insurrection populiste » [NDLR : pour ne pas dire #Populaire]. Parce que c’est notre projet, exhorte-t-il, « à nous, désormais, de marcher ».

 

 

-  Après la formation de M. Emmanuel Macron, voici " Place publique ", fondée en novembre par l’essayiste Raphaël Glucksmann.

L’un domine le centre droit ; l’autre investit le centre gauche, où la désintégration du Parti socialiste laisse un vide et des classes moyennes cultivées désemparées. D’où va-t-on désormais proclamer que rien ne va plus et qu’il faut tout changer — sauf l’essentiel : les structures économiques et sociales ? Avec Les Enfants du vide (publié en 2018 Allary Éditions), livre-manifeste publié cet automne, Glucksmann a d’un coup comblé la béance. De L’Obs à L’Humanité en passant par Mediapart, on s’arrache l’homme providentiel. Il est chez lui sur France Inter, louangé permanent au Monde, en « une » de Libération, en couverture de Politis. Des personnalités socialistes, écologistes ou communistes projettent sur son visage souriant leurs aspirations ravalées. Glucksmann a compris que son public cible n’aimait rien tant que battre sa coulpe, triturer sa mauvaise conscience, ruminer ses échecs et y remédier au moyen de recettes toujours identiques, mais ripolinées aux couleurs du jour — le vert, en l’occurrence. Cela tombe bien : Raphaël, qui s’est souvent trompé, met en scène confessions et conversion. À L’Obs (4 octobre 2018), il confie : « Je dois réapprendre à m’oublier. » Ambitieux programme.

 

Lui qui fut tour à tour de rôle :

  • admirateur de M. Nicolas Sarkozy en 2008 ;
  • animateur de la revue néoconservatrice Le Meilleur des mondes ;
  • conseiller du président géorgien néolibéral et atlantiste Mikheïl Saakachvili, lui qui admettait volontiers : « Ça ne m’a jamais fait vibrer de manifester pour les retraites » (M Le magazine du Monde, 22 mars 2014)[4] ;

Les réformes de Saakachvili en Géorgie – conseillé par Glucksmann de 2005 à 2012 – sont pourtant loin d’être anodines : abolition du salaire minimum, licenciement de 60 000 fonctionnaires, abaissement de l’impôt sur les sociétés de 20 % à 15 %, et de l’impôt sur les dividendes de 10 % à 5 %. En 2009, la Géorgie était d’ailleurs considérée par Forbes comme le quatrième pays avec la pression fiscale la plus faible au monde.

  • et se déclarait au printemps 2017 « fier » de l’élection de M. Macron, revendique à présent Occupy Wall Street et dit « nous » quand il parle de la gauche. « On a zappé complètement la question sociale », admet-il. « Mon logiciel de pensée a contribué à former l’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui » (Mediapart, 14 novembre 2018). La mise à jour dudit « logiciel » copie-colle les constats effectués depuis des lustres par ceux que combattait hier Raphaël : « On voit les entreprises multinationales refuser les lois des nations et chercher à leur imposer les leurs. On voit les banques sauvées par l’argent public maquiller leurs comptes et cacher leurs fonds dans des paradis fiscaux. » À tout cela s’ajoute la menace d’un anéantissement de la planète par le réchauffement climatique ;
  • veut unifier la gauche (sans La France insoumise) en vue des élections européennes de 2019, mais sa proposition est rejetée par Europe Écologie Les Verts et n’aboutit ni avec Génération.s ni avec le Parti communiste français ;
  • est le 16 mars 2019, soutenu par la direction du Parti socialiste à la tête d'une liste d'alliance avec PP et Nouvelle Donne aux européennes. Cette décision suscite des critiques au sein de PP, que décide de quitter Thomas Porcher, dénonçant une « trahison » et l'absence de « vote en interne » sur la question. Claire Nouvian quitte également le mouvement et expose huit mois après les élections européennes les motifs de son départ lors d'une interview accordée à L'Obs décrivant des « pratiques politiques exécrables » et une incompatibilité de personnalité avec Raphaël Glucksmann[3]...

se retrouve, le 26 mai 2019, élu député européen, sa liste étant arrivée en sixième position, avec 6,2 % des suffrages exprimés et six élus.

 

 

-  Alors, que faire ?

Contre « les anciennes idéologies, les vieux partis, les antiques structures », contre les inégalités et le gaz carbonique, Glucksmann propose plus de participation citoyenne, plus d’écologie, plus d’Europe. « Nous assumons l’horizon d’une République européenne », écrit-il. Des « porteurs de causes » aussi frétillants que MM. Valéry Giscard d’Estaing, François Bayrou, Daniel Cohn-Bendit et Bernard-Henri Lévy ânonnent les éléments de ce credo depuis bientôt quatre décennies. Les papys du vide ont trouvé leur héritier.

 

 

-  A nous de construire l'Avenir avec l'Union Populaire

 

 

🔴 dont on a déjà le programme 👇

 

Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

 

 

-  Raphaël Glucksmann : " un autre Macron est possible "

Dès le début de sa campagne. Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste pour les élections européennes du 9 juin prochain, a expliqué, pour défendre sa candidature, qu'elle devait permettre de sortir de ce qu'il appelait le triptyque Macron, Mélenchon, Le Pen. Il suggérait ainsi que le débat public, à quelques mois de ces élections, valorisait principalement les macronistes, les insoumis et l'extrême droite. Mais la réalité est un peu différente.
Nouvel épisode de Quelle époque formidable, par Sébastien Fontenelle.

 

 

-  Macron - Glucksmann : combien de points communs ?

Mais a quelle heure est il censé être de gauche ? Aucune, la preuve ci-dessous

 

 

Notes :

[1] Jamais encarté dans un parti, le député européen sera la tête de liste des socialistes aux élections européennes de juin

[2] PRÉSIDENTIELLE 2027: MARINE TONDELIER ANNONCE QU'UNE CANDIDATURE COMMUNE DE LA GAUCHE " SE PRÉPARE "

[3] « Dégoutée » par la politique, Claire Nouvian dégomme Glucksmann, Place publique et le PS

[4] Dans la famille Glucksmann, le fils est conseiller du chef d'Etat géorgien, Mikheïl Saakachvili.

[4bis] RAPHAËL GLUCKSMANN, NOUVEL ENFANT PRODIGE DE LA BOURGEOISIE DE GAUCHE

[5] « Ruffin fait du bien à la politique »

[6RAPHAËL GLUCKSMANN, NOUVEL ENFANT PRODIGE DE LA BOURGEOISIE DE GAUCHE

[7Raphaël Glucksmann “ Si vous votez pour nous, nous soutiendrons l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. ”

 

Pour en savoir plus :

2019, le Conseil national du PS a approuvé une résolution désignant l'essayiste comme tête de liste pour les européennes.

Raphaël Glucksmann, nouvel espoir de la social-démocratie ?

Européennes 2024 : une « large majorité » de la gauche est pro-européenne estime Raphaël Glucksmann

- Manuel Bompard LFI élections européennes 2024 : “ Il est hors de question de se ranger derrière Raphaël Glucksmann”. L’eurodéputé “ participe d’un groupe au Parlement européen qui gouverne l’UE avec les macronistes et la droite. Nous sommes dans l’opposition. ”

- Martine Billard : Enjeux des européennes à gauche

- Le hollandisme, la gôche anti-Mélenchon, c’est non. Belle mise au clair de François Ruffin sur Raphaël Glucksmann !

- Raphaël Glucksmann : un " humaniste " à géométrie variable

Raphaël Glucksmann, l’imposture de la gauche du dollar ?

- À quoi sert Raphaël Glucksmann ?

- L'union de la gauche sans Mélenchon ? Réponse de Manon Aubry à Gluxmann

RAPHAËL GLUCKSMANN, NOUVEL ENFANT PRODIGE DE LA BOURGEOISIE DE GAUCHE

Pour Glucksmann et le PS, maintenant c'est la confrontation

- Raphaël Glucksmann, fossoyeur du nouveau front populaire : « Il n’y aura pas d’accord avec LFI »

 

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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 09:56
12 Novembre 2023 : « Le jour où l’extrême droite a été réhabilitée par la droite »
12 Novembre 2023 : « Le jour où l’extrême droite a été réhabilitée par la droite »

Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme !

Les macronistes sont tombés tous seuls dans le piège qui a déjà détruit LR[0]

 

 

Écrire en temps de guerre médiatique est un exercice un peu délicat, j’en conviens. Cela peut être imprudent. Un mot, pour peu qu’on le torde sans frein, peut être fatal. Des heures durant sur tant de médias il n’est question de moi que pour m‘insulter, m’attribuer le pire soit par des invités plus ou moins fanatisés soit par des « journalistes » suivant fidèlement des éléments de langage absolument identiques d’une rédaction à l’autre. Certains moments sont spécialement pénibles pour moi par la haine qu’ils expriment, les menaces qu’ils encouragent, ou l’injustice de ce qu’ils diffusent et les calomnies qu’ils rabâchent.
La pseudo exégèse de Mediapart pour porter ses insinuations d’antisémitisme m’a particulièrement choqué. Et le fait de savoir de qui vient cette bassesse n’enlève rien à leur indignité. Je tiens à le dire. Mais par tweet, j’ai pu accompagner l’actualité sans passer par la case déchiqueteuse de ces prétendues interviews pleines de haine et de mauvaise foi que subissent mes camarades. Le tweet permet à la fois de contrôler mot à mot et de placer à bon escient les chiffons rouges à destination des médias.
Je ne suis pas seul sous la douche à boues. En ce moment nuit et jour les insoumis sont pilonnés médiatiquement (attention cette expression est une image. NDR). Il faut le prendre pour ce que c’est : une guerre (c’est une image NDR) des mots. Pour construire des prises de conscience raisonnée, il faut rendre les coups avec efficacité : court, clair, net. Encore est-ce trop pour certains ! « Quand va-t-on lui couper le tweet », demande Marine Tondelier à mon sujet avec sa finesse bien connue.

 

 

Sources : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le

- Mais la conscience politique est bien un tout.

Certes l’actualité des crimes de guerre et la propagande des partisans du soutien inconditionnel au droit de Netanyahu à tuer tout le monde à Gaza, submerge tout. Mais les autres points de tensions de la société continuent pourtant leur vie sous les radars. Ils produiront leurs effets publics le moment venu. Ainsi en est-il des questions sociales qui étranglent la masse de notre peuple. Le moment venu évidemment une étincelle mettra le feu à la plaine (il s’agit d’une métaphore. NDLR).



- Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme.

Or, c’est un enjeu stratégique pour nous. En effet, les racismes sous toutes leurs formes sont un frein interne puissant contre l’unité populaire dont nous avons besoin. L’antisémitisme est une forme de racisme restant fondamentalement l’apanage de l’extrême droite. Celle-ci était pourtant l’invité très attendue par les organisateurs de la marche. Dès lors, l’union populaire contre l’antisémitisme dans une mobilisation commune devenait impossible à réaliser.


Là est la racine de l’échec populaire de la marche du dimanche 12. Oui, échec, car d’habitude quand il s’agit de mouvement de fond du pays, les proportions sont toutes autres. 200 000 contre l’agression du cimetière juif de Carpentras[1], 4 millions contre l’assassinat de la rédaction de « Charlie »[2].


Quand le peuple profond s’y met, ça donne 963 000 dans tout le pays pour une seule manifestation sur les retraites, selon les chiffres de la police (2,5 millions selon l’intersyndicale[3]). Mais à part la CFDT et l’UNSA, tout le reste du mouvement syndical et social français est resté en retrait. Une bonne partie de la communauté juive aussi a boudé l’événement comme le prouvent les chiffres annoncés. Bref, un gâchis total.

 


- Pourtant cette marche est un succès politicien.

« L’arc républicain » a franchi un pallier en s’affichant uni sur le terrain et en se validant les uns les autres. Le « monde d’avant » s’est reconstitué, affiché et a paradé, tout à sa joie des retrouvailles derrière sa banderole de tête. La droite, le PS Hollande, Cazeneuve, la Macronie amnistiaient l´extrême droite. En échange, celle-ci cesse le combat politique « antisystème ». Tous les rejetés des dix dernières années étaient là : deux anciens Présidents de la République battus, quatre anciens premiers ministres, tous rejetés, sans oublier deux anciens présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Pour ne citer que ceux-là.


Tous les partis de droite sans exception, toute l’extrême droite plus les groupuscules communautaires violents avaient mobilisé. Et avec eux toute « la gauche d’avant » franchissant elle aussi un palier comme le déclarait Fabien Roussel dans une interview sur place affirmant lancer là « le début de quelque chose de nouveau » entre les trois composantes. Bonjour le baptême ! À la base, l’enthousiasme n’a pas suivi. Le cordon sanitaire n’excédait pas trente manifestants débordés par un simple drapeau royaliste. Et dans les sections ce fut la Bérézina.


Comme dans cette assemblée parisienne où sur cinquante communistes un vota pour aller à la manif et quarante neuf pour le contraire. En région ce fut souvent pire. Donc : tous unis et seulement cent mille personnes si l’on accepte les chiffres des organisateurs. Autant que nous seuls, place de la République en 2017 et 2022, une place plus vaste et plus remplie que l’esplanade des Invalides.

 


- Tout cela a été pourtant préparé de longue main et s’est expérimenté au fil des mois dans les votes communs de la macronie et du RN à l’Assemblée Nationale, loin des yeux du grand public.

Voilà donc pour le prétendu « succès » claironné par tous les répondeurs automatiques.


🔴  « Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir, un bide en nombre, un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite »

 

En fait oui : un succès de manœuvre politicienne. La presse étrangère ne s’y trompe pas. La grand quotidien allemand Der Spiegel par exemple titre : « Pour les juifs de France, Le Pen devient acceptable ». Je ne le crois pas. Mais c’est l’illusion qu’il s’agissait de propager. Je crois au contraire que nous avons besoin d’une vraie mobilisation commune sous la houlette du mouvement social pour refuser d’être embrigadé dans un racisme contre un autre.


Et puisque j’ai déjà cité le Pape je cite à présent le recteur de la mosquée de Paris : « C’est l’heure du choix, déclare-t-il avec noblesse. Pas entre les musulmans et les juifs. Pas entre Israël et un État palestinien dont l’édification s’avère plus que jamais urgente. Non. Il faut choisir entre l’humanisme et l’horreur »[4].. Avant cela il avait protesté : « Les musulmans de France subissent des accusations abjectes qui les (…) rendent tous complices des pires dérives, qui ne sont pas les leurs » parlant de l’antisémitisme.

 


- En effet, cette marche du 12 novembre fut entourée et précédée de violences délibérées.

Violences verbales, islamophobie assumée. Mais aussi violences physiques de la LDJ[5] (Ligue de Défense Juive, NDLR), la milice du CRIF contre le rassemblement au Monument de la rafle du Vel’ d’Hiv’ organisé par les organisations politiques de la jeunesse de gauche avec les syndicats étudiants et lycéens. Mais aussi violences contre des journalistes de France info dénoncées par leur rédaction qui n’ont nommé pourtant ni leurs agresseurs ni « la manifestation aux abords de laquelle » ils ont été frappés.


Des députés ont été insultés et menacés de mort, les musulmans insultés à longueur d’interviews de Zemmour et de Meyer Habib pour ne parler que d’eux. Une ambiance haineuse et sectaire se débridait tout au long du cortège dès qu’un imprudent passait là et pas seulement aux abords des rangs des partisans de l’extrême droite dont c’était " le jour de gloire enfin arrivé[6] ".


Un violent sectarisme régnait. La poignée de socialistes, celle plus maigre encore de communistes et d’EELV ont essuyé leur lot d’injures et de crachats dès leur arrivée. Même Roussel qui avait pourtant annoncé une fois de plus la sortie du PCF hors de la Nupes pour se faire bien voir de la droite qui tenait la rue n’eut droit qu’à des quolibets. Ces trois chefs ont marché tête basse sans obtenir leur absolution du public ultra droitier qui les entourait. On imagine comment auraient été accueillis les Insoumis s’ils avaient eu la sottise de croire les bonnes paroles des initiateurs de cette manipulation ou d’écouter les conciliateurs qui espéraient les y pousser.

 

 

- Telle était cette marche. Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir.

Un bide en nombre. Mais aussi un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite dont nombre de dirigeants de la droite classique et de la macronie se sont réjouis comme le fit Edouard Philippe. Tout cela fut immédiatement capté par le grand nombre poussé alors à rester à l’écart de la marche.


🔴  « Cet évènement représente un palier dans la vie politique de notre pays »

 

Au demeurant, les macronistes eux-mêmes n’avaient pas le cœur à l’ouvrage. Car ils savaient comment les maniganceurs de cette marche avaient volontairement mis hors du jeu Emmanuel Macron lui-même. Lui fut très grossièrement sommé de rallier une démarche organisée par les siens, sans en être informé et d’approuver le périmètre politique et les mots d’ordre. Sagement et comprenant à temps la manœuvre qui dénaturait aussi gravement la fonction qu’il doit encore assurer quatre ans, il s’abstint de s’y joindre[0].


Aussitôt la machine médiatico-politique qui insulte et salit nuit et jour quand elle se met en meute se mit en mouvement contre lui, tous azimuts. Au point où le prétendu CRIF relaya mot pour mot les répliques de Netanyahou à Macron. Et cela le jour où celui-ci décidait de menacer de raser Beyrouth au Liban comme il rasait Gaza[7], tout en conseillant comme un parrain aux chefs d’États arabe de « garder le silence » « dans leur intérêt » !


Dans ce contexte le CRIF se sentit pousser des ailes et l’association loi de 1901 exigea « des clarifications de la France ». Pas moins ! Et toute la fachosphère médiatique se mit aussitôt à l’agonir d’injures et de menaces, jusqu’à des menaces de mort publiquement vociférées comme slogan dans la marche du 12 novembre.

 

 

- Sous cet angle, il est certain que cet évènement représente un palier dans la vie politique du pays.

En effet il parvient à dessiner ce que serait cet « arc républicain[7bis] » où le RN , les Zemmour et la droite seraient bien intégrés et seulement séparés de la « gauche d’avant », paraît-il, par un pauvre cordon symbolique bien maigrichon.


Les supplétifs de la « gauche d’avant » feraient bien de se méfier. Déjà la fameuse marche à l’appel du CRIF dans les beaux quartiers ne leur avait pas valu de compliments de la part des bénéficiaires de leur dévotion. Anne Hidalgo dut être exfiltrée sous les injures. Olivier Faure y manifesta tandis qu’on lui criait dessus : « Zemmour président ». Je plains ces gens.


Les voilà désormais ramenés à la case départ politique d’où la Nupes les avait tirés. Les revoilà marchant avec le Front National comme hier avec les « syndicats » de police[8]. Même veulerie sous la charge médiatique, même rêve d’être les « gentils » de la comédie se chargeant de dénigrer les opposants inconfortables que sont les LFI. Venir à cette marche leur convenait. Venir à celle où appelait toute la gauche sociale et syndicale quinze jours auparavant leur répugnait : aucun des trois n’y appela et aucun n’y vint. Avant de faire le contraire une semaine plus tard.

 


- Pour nous les Insoumis, le défi est désormais dans l’accélération du processus politique que nous affrontons et que le pays subit.

Nos repères ne doivent être en aucun cas les diktats et caprices de la sphère médiatique. Celle-ci est à présent extrêmement extérieure aux questions vivantes dans la société.


Le crime contre l’humanité que les dominants protègent par des diversions de toutes sortes ne pourra être effacé par aucun subterfuge. Notre première tâche est d’alimenter en masse les consciences à cette occasion, jour après jour et dans le détail dans tous les milieux. Il s’agit de construire une prise de conscience durable en faisant comprendre les raisons, les origines, les connexions de ce massacre et de l’introduction en France du schéma politique du « choc des civilisations ».


Il faut voir loin. La guerre générale qui menace au Proche-Orient et aux frontières de l’Europe nécessite un solide armement moral et politique du plus grand nombre. Car elle forme un tout avec l’écroulement social de notre société en voie de quart-mondisation et le délabrement général accéléré sous les coups du changement climatique. Tout cela doit être compris et les réponses comprises et partagées. À ce prix, notre peuple sera fort dans l’épreuve qui s’avance. Sinon il n’y a ni perspectives ni espoir.

 

  • Le futur de la République et d’une société délivrée de tous les racismes n’est pas dans le triste carré de tête des revenants vus à la marche de ce dimanche.
  • Ni non plus dans sa cohue en fin de cortège entre les Zemmour et le Pen.
  • Ni dans les piteux du cordon sanitaire.

Il est de nouveau dans une recomposition générale du paysage politique de la résistance. Il est de nouveau urgent de laisser s’épuiser toutes seules les formules démenties par la vie. Roussel ne veut pas de la Nupes, Faure non plus et le groupe parlementaire dont il est membre l’a déjà retiré de son nom. Leur signature, leurs engagements ne valaient rien.

 

  • Pouvons-nous l’ignorer ?
  • Subir de nouvelles invectives, outrances et mise en cause personnelles ?
  • Accepter de voir notre image abîmée par le spectacle de divergences aussi incompréhensibles que venimeuses ?

Nous n’avons pas eu besoin de tout cela pour parvenir au point où nous avons amené nos idées et notre programme dans la confiance populaire. Ne confions à personne le soin de faire le travail nécessaire.


Mieux vaut admettre combien notre confiance a été trompée que de continuer à espérer une aide qui nous sera toujours refusée avec mépris, ingratitude et méchanceté. L’enjeu n’est pas les bons points pour bonne conduite délivrés par l’officialité mais la survie de la démocratie dans un pays dévoré par l’autoritarisme du sommet, le sectarisme des intermédiaires et la désorientation des bases populaires.

 

🔴  Pour aller plus loin : Tribune – Jean-Luc Mélenchon : « Turbulences des sommets »

 

 

- Dans ce 167e numéro de la Revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon revient sur les dernières actualités.

Et, dans ce cadre, il :

  • commence par parler du conflit au Proche-Orient, pour rappeler l’importance des frontières dans les conflits internationaux.
  • revient sur la théorie du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, soulignant ses limites conceptuelles et son utilisation pour justifier des politiques de domination. Au XXIème siècle, elle s’ajoute au concept de « guerre totale » et donne lieu à ce qu’on nomme « le nettoyage ethnique ». 
  • revient alors sur la nécessité d’un cessez-le-feu, ce qu’il soutient dès sa première déclaration suite aux attaques du 7 octobre 2023
  • souligne ensuite l'impact des conflits étrangers sur la politique nationale.
  • critique alors l’organisation de la marche contre l'antisémitisme du 12 novembre 2023, affirmant que l'absence de l'appel à la lutte contre tous les racismes a empêché beaucoup de monde de participer. Il souligne la nécessité d'une mobilisation massive contre tous les racismes, l’antisémitisme et l’extrême droite et appelle  les insoumis à manifester samedi 18 novembre à cet égard.

 

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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 08:52
Notion de... Gauche et droite... un peut d'histoire

En ces temps troublés où les différences entre la politique de ceux qui se réclament de la gauche et la droite tendent à de venir de plus en plus floues incertaines, il est peut être nécessaire de revenir aux fondamentaux, c’est à dire aux aux origines de ces deux mouvances. Plongée dans une histoire vieille de 250 ans et pleine de paradoxes.

 

Source :  L'Audible le 20 janvier 2013 par Alex

- Qui peut dire aujourd’hui ce que sont la gauche et la droite  ?

En 1789, au début de la Révolution française, la césure était pourtant très claire  : ceux qui s’étaient mis à gauche de Bailly, président de l’Assemblée Nationale Constituante, étaient pour l’établissement d’une constitution, puis favorables à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789. Ceux qui étaient à droite étaient contre. Ainsi originellement les députés de droite apparaissaient comme les conservateurs de l’ordre ancien, celui de la société de l’Ancien Régime, basée sur la hiérarchie inamovible des trois ordres, Clergé, Noblesse et Tiers-Etat. La gauche défendait le droit naturel de toute l’humanité et la droite, le poids de la tradition et l’inégalité de fait par la naissance et le rang. Mais ces principes gravés dans le marbre semblent en réalité bien trop simples pour saisir la complexité de la question  ; d’autant que ces gens étaient tous monarchistes  !

 

 

- Initialement, c’est au XVIIIe siècle qu’il faut chercher l’origine de l’opposition entre deux courants radicalement opposés mais qui ont changé de nature au cours des siècles.

En effet, le Siècle des Lumières marque la montée en puissance de la bourgeoisie qui s’empare du pouvoir économique et financier. Il lui manque le pouvoir politique. La réaction nobiliaire qui sévit à partir de la seconde moitié du siècle lui ferme les portes des charges parlementaires et de la Cour du Roi. Les bourgeois et certains nobles écartés du pouvoir adhèrent aux idées des philosophes des Lumières qui prônent le libéralisme dans toutes ses formes sur le modèle anglo-saxon. Libéralisme politique et libéralisme économique vont de pair selon eux.

 

Le 18 janvier 1771, le Parlement de Paris ayant réitéré son refus de siéger pour entériner les décisions royales, le garde des sceaux Maupeou convainc le roi de briser son opposition systématique. Louis XV envoie ses mousquetaires au domicile des récalcitrants et les fait exiler en province, sans tenir compte des protestations de l’opinion éclairée, des bourgeois et même des princes de sa propre famille. Pourtant les parlementaires étaient de fervents partisans de la réaction nobiliaire, étant eux-mêmes nobles  !

 

Le chancelier Maupeou supprime les parlements coupables de vénalité, forme un nouveau parlement avec des magistrats dociles et, par un édit révolutionnaire, supprime la vénalité des offices. L’égalité de tous les sujets du royaume devant la justice est même enfin garantie. Pourtant, l’opinion publique s’oppose avec véhémence contre ces mesures royales favorables au Tiers-Etat  ! Les «parlements Maupeou» sont tournés en dérision par Beaumarchais. Seul Voltaire applaudit le vieux roi Louis XV. Mais il en vient à changer d’avis en lisant les Mémoires judiciaires de Beaumarchais.

 

Pourtant, progressivement, en dépit des reproches concernant leur supposée corruption, les nouveaux magistrats trouvent leur place au sein du nouveau système judiciaire. Louis XV et son gouvernement, n’ayant plus à craindre de remontrances, peuvent enfin agir en multipliant les réformes toutes plus hardies les unes que les autres. A la mort de Louis XV, le 10 mai 1774, la réforme Maupeou entreprise depuis 1771 a mis fin aux anciens parlements hostiles aux réformes voulues par le Roi. Les nouveaux magistrats sont dévoués à Sa Majesté. La justice est exercée principalement par les tribunaux royaux et même les nobles et les ecclésiastiques payent des impôts  ! La monarchie française est devenue pleinement absolue. Au sens moderne du terme, Louis XV apparaissait donc comme ayant beaucoup d’idées de gauche, malgré son statut de monarque absolu  !

 

Mais son successeur, le jeune Louis XVI, commet l’erreur de renverser le ministère Maupeou et de rappeler le Marquis de Maurepas déchu par Louis XV pour avoir écrit une épigramme contre sa favorite Madame de Pompadour 25 ans plus tôt. Le 27 septembre 1774, croyant s’octroyer les bonnes grâces de l’opinion éclairée, Louis XVI rétablit tous les anciens parlements supprimés par son grand-père. Funeste décision. «On peut sans exagération dire que la Révolution date de 1774», écrit l’historien Jean Tulard. Toutes les réformes du ministère Maupeou sont annulées et l’on en revient à l’ancien système privilégiant la Noblesse et le Clergé  ! Quinze ans plus tard, la Révolution éclate lors des Etats Généraux, réunis en raison des graves difficultés financières du royaume et de la situation de blocage des réformes par les parlements, rétablis par Louis XVI et la Haute Noblesse en 1774. Les dépenses considérables lors de la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis entre 1776 et 1783 ont précipité le pays dans un marasme financier auquel s’ajoutent les mauvaises récoltes de 1787 et 1788. Les bourgeois du Tiers-Etat sont pour une libéralisation politique et économique. La suppression de la réglementation du commerce des grains plusieurs fois rétablie sous Louis XV puis Louis XVI avait pourtant entraîné des problèmes frumentaires catastrophiques. Mais rien n’y fait : pour les bourgeois, libéralisme politique et économique vont de pair. Rien ne doit s’opposer aux lois du Marché. Adam Smith est passé par là.

 

 

- Ce sont pourtant les mêmes libéraux qui votent avec enthousiasme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789.

Mais les années suivantes, 1790-1791, sont marquées par le vote des lois Le Chapelier et Allarde qui entérinent la suppression des corporations et l’interdiction du droit de grève. Pour couronner le tout, l’Assemblée Nationale Législative maintient par décret l’esclavage dans les colonies françaises le 13 mai 1791  ! Ce ne sont pas vraiment des mesures de gauche  ! Les principes de 1789 sont manifestement foulés au pied par la majorité des députés. A contrario, en 1793, les Montagnards dont Saint Just et Robespierre rédigent la Constitution de l’An I pour expliciter et renforcer les Principes de 1789. Une loi sur l’assistance aux personnes âgées est pour la première fois votée  : ce sont les premières retraites avant l’heure  ! L’ancêtre de notre Sécurité Sociale devait même voir le jour  !

 

La constitution garantissait même l’instruction pour tous. Répudiant la philosophie libérale, elle prévoit l’intervention de l’Etat en faveur des pauvres : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en procurant les moyens d’existence à ceux qui sont hors d’état de travailler » (art. 21). « La société doit mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens » (art. 22). Ce caractère social de la constitution de 1793 ne va cependant pas jusqu’à une remise en cause du droit de propriété, en dépit des idées de Robespierre sur sa limitation, et demeure au nombre des droits « naturels imprescriptibles » de l’Homme (art. 1 et 2). La Terreur hélas ne leur donnera pas l’opportunité de la faire appliquer. L’esclavage sera pourtant aboli provisoirement en février 1794. Collot d’Herbois, dernier chef des Montagnards, en voulant faire appliquer la Constitution de l’An I après la chute de Robespierre le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), tombera sous les coups de l’impitoyable réaction thermidorienne. Ainsi à cette époque, les Montagnards apparaissent comme les représentants de la gauche et les thermidoriens partisans de la droite.

 

 

- Mais la nature de la gauche et de la droite ont changé par rapport à 1789.

La gauche est toujours favorable aux principes de 1789, mais est clairement opposée au libéralisme économique pour éviter la disette voire la famine. L’extrême gauche est favorable au maintien de la Terreur. La droite n’est plus monarchiste  ; c’est désormais l’extrême droite qui est favorable au retour à l’Ancien Régime. Mais la droite ne veut pas appliquer la Constitution de l’An I contraire aux principes du libre-échange puisque la Constitution de l’An I entérinait la Réglementation du commerce des grains. La répartition des richesses n’est également pas la préoccupation de ces députés avides de richesse. N’oublions pas que la Convention Thermidorienne donnera naissance au Directoire  ! La Convention Thermidorienne met fin à la Révolution en ordonnant le massacre des habitants des faubourgs Saint Marcel et Saint Antoine, quartiers les plus révolutionnaires de Paris. La Garde Nationale dépossédée de ses éléments populaires et devenue entièrement bourgeoise s’exécute. Le terme «  révolution  » est même officiellement interdit en 1795 et la funeste Place de la Révolution, où se trouvait la guillotine est rebaptisée «  Place de la Concorde  », le nom qu’on lui connaît aujourd’hui.

 

Mais cette concorde est obtenue par la force et le sang versé des Parisiens et des Parisiennes. Les femmes et les enfants n’ont même pas été épargnés par ce carnage  ! Les Thermidoriens ont versé autant de sang que ceux qu’ils nommaient péjorativement les «  Terroristes  »  ! La gauche comme la droite sont coupables de bon nombre d’exactions à cette époque. Mais la gauche les a faites en raison des invasions étrangères et des menaces à l’intérieur du territoire, sans avoir le temps de faire triompher ses valeurs. La droite, quant à elle, a commis des crimes pour prévenir une nouvelle révolution qui aurait renversé les bourgeois et instaurer la Constitution de l’An I. En 1796, le Directoire qui se veut toujours républicain , même si le régime n’a plus que les apparences de la République depuis bien longtemps  ; fait réprimer l’insurrection monarchiste de l’Eglise Saint Roch par le Général Napoléon Bonaparte. Ce même Bonaparte prend le pouvoir entre le 18 et le 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799). Son discours au soir de son coup d’Etat est bien connu  : «  Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée  ! Elle est finie  !  » Ce qui veut dire que l’on en revient à 1789, comme par enchantement  ! Mais le Premier Consul n’appliquera pas vraiment ces principes et finira par établir l’Empire. Le Code Civil du 31 mars 1804 ne reprendra pas les idées avant-gardistes de la Constitution de l’An I. En ce sens, Napoléon Ier apparaît bien comme un homme essentiellement de droite voire d’extrême droite avec l’établissement d’une noblesse d’empire et du rétablissement de l’esclavage dans les colonies, à l’exception de la période des Cent Jours en 1815 durant laquelle il avait fait d’importantes concessions sociales.

 

 

- Au final...

L’on peut considérer que la quintessence de ce que sont la gauche et la droite aujourd’hui en France prend racine à la fin du Siècle des Lumières et durant toute la période révolutionnaire. Originellement portée par les idées bourgeoises couplant libéralisme économique et libéralisme politique, la gauche a évolué en se ralliant à une réglementation du Marché par l’Etat, autrefois voulue par le Roi garantissant par là même l’application des droits naturels de l’Homme. La droite qui défendait l’Ancien Régime est devenue l’extrême droite et l’ancienne gauche favorable au libéralisme politique et économique a fini par imposer ses idées par la force lors de la réaction thermidorienne et devenir la nouvelle droite. La gauche avec l’avènement du Consulat défendra un retour à une république plus démocratique, sous l’Empire, elle prônera un retour à la République purement et simplement. Sous la Restauration, l’échiquier politique majoritaire sera à nouveau comme au début de la Révolution entre les partisans d’une monarchie constitutionnelle et ceux d’un retour à l’Ancien Régime. Mais le clivage entre la gauche et la droite observé à la fin du XVIIIe siècle reviendra avec force durant les périodes suivantes et il est encore perceptible de nos jours.

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 08:36
27, 28 août 1789 : naissance du clivage droite gauche

Cet article explique sur quelles bases se sont créées d’une part la droite ( défense de la Tradition et de l’ordre établi, exécutif fort, catholicisme d’Etat, racisme, préjugés contre la culture, refus des droits de l’Homme et du suffrage universel...), d’autre part la gauche ( démocratie, souveraineté populaire, droits de l’homme et du citoyen, égalité, fraternité, liberté, raison, citoyenneté, bien public, suffrage universel, droits sociaux)

 

Sources : Le Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Jacques Serieys

- Les 27, 28 août 1789 les députés à l’Assemblée constituante se répartissent pour la 1ère fois géographiquement dans leur salle de Versailles. Pour faciliter le décompte des voix :

  • les disciples d’un droit de veto absolu du Roi sur toute loi votée par les députés se rangent à droite.
  • les élus favorables à un système politique constitutionnel, donc sans droit de veto absolu du roi, se rangent à gauche de la salle

En fait, trois sujets sont à l’ordre du jour en cette fin août et expliquent l’apparition de ce clivage droite gauche :

  • droit de veto royal absolu,
  • maintien du catholicisme comme religion d’Etat du royaume.
  • droits de l’homme et du citoyen (votée le 26 août). Selon plusieurs historiens, la première séparation géographique entre Droite et Gauche dans l’Assemblée serait née le 26 août 1789 lors du débat sur la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen lorsque la place du culte avait été évoquée : les défenseurs du Roi et de la Religion se seraient positionnés d’emblée à Droite, les démocrates à Gauche.

A partir du 11 septembre, l’assemblée reprend le débat sur le droit de veto absolu du roi dont les partisans se rangent encore à droite.

 

 

- L’évolution des privilégiés et de leurs laquais d’avant 1789 se fait naturellement vers cette droite de 1789 :

  • même volonté de maintenir le roi comme autorité supérieure d’un chef non soumis aux aléas de la démocratie ;
  • même refus de considérer un individu du peuple comme un humain ayant des droits d’où refus des droits de l’homme. La déclaration des droits est votée par la Constituante le 26 août 1789 mais les cliques réactionnaires interviennent sans cesse auprès du roi pour qu’il ne la ratifie pas, d’où leur combat en cette fin août et septembre 1789 pour le droit de veto absolu du souverain. Louis XVI ne promulguera cette déclaration que le 3 novembre 1789 après l’émeute populaire des 5 et 6 octobre ;
  • même refus de considérer un individu du peuple comme un humain ayant des droits d’où refus du suffrage universel (décembre 1789) ;
  • même refus de la liberté d’opinion d’où la volonté de maintenir le catholicisme comme religion d’Etat ;
  • même volonté d’user de boucs émissaires mis hors de la communauté pour détourner contre eux et au profit du pouvoir en place les rancoeurs du peuple. L’utilisation de l’antisémitisme par un orateur influent de la droite de 1789 comme l’abbé Maury est flagrante en ce sens.

 

 

- L’évolution des progressistes d’avant 1789 se fait naturellement vers la gauche de 1789

Beaucoup de députés de cette gauche ont déjà lutté avant 1789 contre les injustices féodales. Département par département, tous les historiens ont noté ce passage progressif de témoin.

 

Parmi les députés de gauche, prenons le cas de Robespierre sur la question du veto royal : " Celui qui dit qu’un homme a le droit de s’opposer à la Loi, dit que la volonté d’un seul est au-dessus de la volonté de tous... il a créé un monstre inconcevable en morale et en politique, et ce monstre c’est le veto royal...qui substitue aux Lois éternelles de la justice et de la raison l’incertitude des conjonctures frivoles... Dés qu’une fois, on croira à l’égalité des hommes, au lien sacré de la fraternité, à la dignité de la nature humaine, alors on cessera de calomnier le Peuple dans l’Assemblée du Peuple... On n’appellera plus la liberté une licence dangereuse, le généreux dévouement des bons citoyens une folie... Aucune puissance ne peut s’élever au dessus de celle de la Nation".

 

 

- Une autre division droite gauche apparaît durant ces derniers mois de 1789, division qui se maintiendra :

  • la droite appelle "défense de l’ordre" la défense des intérêts des privilégiés ;
  • la gauche privilégie la recherche de solutions politiques pour donner un débouché institutionnel aux aspirations justes du mouvement social et ainsi permettre un progrès sociétal

En octobre 1789, le peuple meurt de faim et réclame du pain ; les proches du roi veulent faire voter une loi martiale et engager la troupe. Robespierre s’y oppose le 21 octobre : "Les ennemis du bien public réclament une loi martiale. C’est comme si l’on vous disait le peuple s’attroupe parce que le peuple meurt de faim, il faut l’égorger. Il y a d’autres mesures à prendre. Il est question de découvrir pourquoi le peuple meurt de faim, (qui participe) à cette conjuration formidable contre le salut de l’Etat ? Là, ce sont des évêques... ailleurs ce sont des accapareurs de grains.. ceux qui ont juré d’étouffer dans son berceau la liberté française".

 

Le lendemain 22 octobre, Robespierre lutte pour le suffrage universel mais est battu par une majorité préférant le suffrage censitaire. Par contre, en décembre, il est majoritaire pour le droit des comédiens, non catholiques et juifs à devenir citoyens, droit qui fait hurler la droite groupée autour de l’abbé Maury.

 

Ce rappel un peu long permet de comprendre les bases sur lesquelles se fonde d’une part la droite ( défense de la Tradition et de l’ordre établi, exécutif fort, catholicisme d’Etat, racisme, préjugés contre la culture, refus du suffrage universel...), d’autre part la gauche ( démocratie, souveraineté populaire, droits de l’homme et du citoyen, égalité, fraternité, liberté, raison, citoyenneté, bien public, suffrage universel, droits sociaux)

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  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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