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8 janvier 2024 1 08 /01 /janvier /2024 14:29
Enjeux migratoires en Europe et dans le monde

En Europe, les flux migratoires ne sont pas essentiellement irréguliers[18]...

L'immigration est toujours un exil forcé, une souffrance... Il faut aller à la cause des maux et les éradiquer.

 

 

Depuis les années 1990, l’Europe est devenue l’une des plus importantes régions d’immigration au monde, compte tenu de sa position géographique dans son face-à-face méditerranéen, de son histoire, de l’ouverture à l’Est, et de son image quant au respect des droits de l’Homme et à l’accueil des réfugiés. Mais sa politique migratoire est marquée par la montée des populismes et des démocraties illibérales, où la peur et le rejet de l’Autre migrant occupent une large place.

Migrations : comprendre et convaincre par Catherine WIHTOL DE WENDEN, directrice de recherches au cnrS (centre de recherches internationales-ceri, Sciences po)

 

 

Sources : Catherine WIHTOL DE WENDEN | mis à jour le 09/10/2024

- Les migrants internationaux sont, selon les Nations unies[1], 284 millions, soit plus du double qu’à la fin du XXe siècle, mais ils ne représentent qu’un peu plus de 3 % de la population mondiale.
Selon les Nations unies, un migrant international est quelqu’un qui est né dans un pays et s’est déplacé vers un autre pour une période d’au moins un an. Aujourd’hui les migrations se dirigeant vers le nord du monde (environ 140 millions, Sud-Nord et Nord-Nord) sont en train d’être dépassées par les migrations se situant au sud de la planète (Sud-Sud et Nord-Sud). Quelques chiffres viennent illustrer ce phénomène à la fois global par son ampleur (peu de régions au monde non concernées) et de plus en plus régionalisé (davantage de migrants venant de la même région que de migrants venus d’ailleurs). On compte 11,5 millions de migrants internationaux en Amérique latine, majoritairement sud-américains ; 26,5 millions en Afrique ; 50 millions aux Etats-Unis ; 85 millions en Asie et Océanie ; 45 millions en Europe et 13 millions en Russie.

 

 

- Facteurs structurels de la migration
Des facteurs structurels expliquent la permanence des migrations, quelles que soient les politiques menées pour les dissuader.

  • Tout d’abord l’entrée du monde dans la mobilité : depuis les années 1990, le monde est en mouvement, du fait de l’ouverture d’espaces autrefois clos par des frontières étanches (Chine, Cuba, Europe de l’Est) mais aussi au sud du monde, avec la généralisation de l’accès à un passeport. Il est devenu facile de sortir de chez soi, mais difficile d’entrer ailleurs en raison d’un système de visas très hiérarchisé selon le « risque migratoire » de tel ou tel pays d’origine[2]. Ce phénomène s’est inversé depuis la fin du XIXe siècle, période de la première grande migration de masse[3], où il était plus difficile de sortir de son pays que d’entrer ailleurs car les grands empires considéraient leur population comme une richesse démographique, fiscale, agricole et militaire et les empêchaient souvent de sortir.
  • Autres facteurs structurels : les grandes lignes de fracture du monde, avec des régions qui cumulent les indicateurs les plus bas du développement humain (espérance de vie à la naissance, taux de scolarisation, niveau de ressources en parts du PIB national), parfois peu éloignées des régions les plus riches[4]. Ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent loin mais celles et ceux qui ont des réseaux de connaissances liés aux diasporas transnationales, qui sont câblés sur les nouvelles technologies… L’offre des passeurs pour ceux qui n’ont pas de visas s’est aussi multipliée, de même que les crises politiques, économiques et sanitaires, au Sud. Pour l’instant, les catastrophes environnementales induisent surtout des migrations internes et de voisinage.

 

Les plus grands moteurs de départ sont l’absence d’espoir, l’aspiration à changer de vie notamment chez les plus diplômés, la nécessité de fuir un pays en guerre, les discriminations à l’égard des femmes. De nouvelles figures des migrants internationaux apparaissent avec, par exemple, des touristes qui finissent par s’installer au soleil, chez les séniors ou des diplômés du Sud venant chercher des opportunités au Sud et au Nord.

 

Les profils de migrants ne se sont pas seulement diversifiés, ils sont devenus plus flous : les catégorisations des migrants se sont parfois effacées, entre le demandeur d’asile et celui qui cherche du travail notamment avec la suspension de l’immigration de travail salarié depuis le milieu des années 1970, en Europe. Hier, le réfugié était socialement très différent du travailleur, peu qualifié et rural. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus proches du fait de l’urbanisation et des progrès de la scolarisation au sud du monde. Dans le même temps, dans un contexte de dissuasion, de répression et de militarisation, les frontières se sont fermées pour le plus grand nombre (les deux tiers de la population de la planète), avec une série d’instruments de contrôle qui tiennent souvent lieu de politique migratoire (accords de réadmission avec les pays du Sud, politiques d’externalisation des frontières, système Schengen, accords de Dublin sur l’asile, Système d’information Schengen-SIS fichant sans-papiers, déboutés du droit d’asile ou condamnés cherchant à pénétrer les frontières de l’Union européenne-UE)…

 

 

- Crises en série et lignes de fracture
Des crises se sont succédé : révolutions arabes de 2011, crise syrienne de 2015, Covid-19, crise ukrainienne de 2022. L’UE est face aux plus grands mouvements de réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, même si la plupart de ces derniers ont trouvé l’hospitalité dans les pays les plus proches de chez eux : Iran et Pakistan pour les Afghans, Syrie pour les Irakiens, Turquie et Liban pour les Syriens, Pologne, Hongrie, Roumanie et Moldavie pour les Ukrainiens. Ces crises ont amené à leur tour des lignes de fracture en Europe : crise de l’hospitalité entre l’Est et l’Ouest, lors de la crise syrienne. L’Allemagne a alors été le principal pays d’accueil (plus d’un million de personnes entre 2015 et 2016), alors que les pays de Visegrad[5] ont refusé l’hospitalité à ces populations non désirées. Une crise s’est aussi amorcée avec le système européen de Dublin : le Sud reçoit l’essentiel des nouveaux arrivants (Italie, Grèce, Espagne, Malte), lesquels leur sont renvoyés par les autres pays européens s’ils ont traversé leurs frontières. Ce qui nourrit, dans les pays du Sud, un sentiment d’abandon par les autres pays européens.

 

Le Pacte européen pour l’immigration et l’asile de 2020, qui devrait être adopté au printemps 2024, a prévu, pour y remédier, une solidarité obligatoire de tous les pays. Ce Pacte conserve une dimension essentiellement sécuritaire, qui reprend les politiques antérieures de trente ans d’âge de renvoi, de dissuasion et de répression, alors même que ces politiques n’ont pas démontré d’effets sur la diminution des mouvements migratoires[6]. Un filtrage des demandes d’asile aux frontières extérieures de l’UE permettra en outre d’arrêter ceux qui viennent de pays « sûrs ». L’Europe est au carrefour de plusieurs espaces migratoires qui ont connu beaucoup de mutations au cours des vingt dernières années : l’espace euro-méditerranéen, la circulation migratoire Est-Ouest, et de plusieurs défis contradictoires comme, d’un côté, la crise du Covid, l’Ukraine, le risque environnemental, et, de l’autre, le vieillissement, les pénuries de main-d’œuvre, la crise de l’hospitalité sur fond de montée des populismes.

 

 

- L’Euroméditerranée en mouvement(s)
Les migrations entre l’Europe et la rive Sud de la Méditerranée[7] sont vécues comme un défi du fait de l’écart démographique entre les deux rives (âge médian en Europe de 41 ans, contre 25 au Maghreb et 19 en Afrique subsaharienne), des réfugiés, du terrorisme et des migrants à la recherche de travail. L’Europe cherche à fermer ses frontières, sans y parvenir. Pourtant, elle vieillit et manque de main-d’œuvre, très qualifiée, moyennement qualifiée et peu qualifiée dans les métiers dits en tension (restauration, tourisme, médecine, agriculture…).

 

La Méditerranée constitue l’un des plus importants espaces migratoires au monde, un espace migratoire régional constitué essentiellement de migrants de la rive Sud mais aussi, dans le passé, du sud de l’Europe[8]. Le monde euro-méditerranéen connaît aussi de nouvelles migrations, comme l’installation des séniors au soleil (Français au Maroc et en Tunisie, Anglais à Malte, Allemands en Espagne) ou l’exode des jeunes qualifiés vers le sud du monde (Maroc, Amérique du Sud). La migration étudiante est aussi une autre composante des migrations intra-méditerranéennes avec un exode des cerveaux du sud de l’Europe vers le Nord (Italiens, Espagnols, Portugais, Grecs)[9].

 

Les pays d’Europe du Sud, qui ont longtemps été des pays d’émigration, sont devenus des pays d’immigration au milieu des années 1980 et ont dû adopter à la hâte des politiques migratoires (régularisation des sans-papiers, contrôle des frontières externes, acquis communautaire). Ils ont reçu et continuent à recevoir des migrants arrivés par la mer tout en étant des pays touristiques, une cohabitation parfois difficile même pour ceux qui ont aussi besoin de main-d’œuvre. Malgré des configurations migratoires différentes, propres à l’histoire et à la géographie de chacun, ils sont devenus les garde-frontières de l’UE.

 

 

- Coronavirus et interdépendances
La fermeture des frontières nationales a été l’une des premières mesures adoptées par de nombreux pays européens pour limiter la propagation du coronavirus. D’autres pays ont ensuite emboîté le pas[10], révélant aux migrants du Nord que les frontières n’étaient plus ouvertes à tous et qu’ils devenaient indésirables au Sud. Le moment de leur réouverture s’est étalé dans le temps, d’abord progressivement, avec les frontières internes, notamment dans les pays de tourisme (Italie, Espagne, Portugal, Grèce).

L’Organisation mondiale des migrations (OIM) a observé une baisse importante du trafic en Méditerranée centrale, de la Libye à l’Italie ou vers la Grèce. L’Europe n’était plus attractive, du fait de la fermeture des frontières et des risques sanitaires – le continent étant particulièrement touché par la pandémie. L’épidémie a suspendu les arrivées de migrants en Europe et leur circulation entre pays membres. Le droit d’asile s’est arrêté, avec la fermeture des guichets.

 

Mais la crise a surtout révélé la dépendance des pays d’immigration à l’égard de leur main-d’œuvre immigrée. Ainsi l’Italie et le Portugal ont décidé de régulariser les sans-papiers travaillant dans les métiers des soins à la personne, compte tenu des besoins dans ce secteur. En Allemagne, la pénurie de travailleurs saisonniers agricoles s’est fait sentir, notamment pour les récoltes de printemps, habituellement effectuées par des Ukrainiens. En Espagne, les ramasseuses de fraises marocaines se sont heurtées au blocage des frontières, mettant en péril leurs familles au Maroc. En Italie, les saisonniers marocains n’ont pu revenir qu’au compte-gouttes comme au Royaume-Uni, où les Roumains sont revenus travailler dans les champs[11].

 

Le Covid-19 n’a pas sonné la fin des migrations mais il a accéléré les migrations internes de retour vers les régions d’origine[12]. Il a aussi montré l’interdépendance structurelle des pays riches à l’égard des pays pauvres.

 

 

- Les réponses face à la crise ukrainienne
La crise ukrainienne est venue allonger la liste des pays créant le plus de réfugiés (le plus grand nombre de départs dans le temps le plus bref), avec un accueil surtout en Pologne (pour près de la moitié d’entre eux), en Roumanie, Moldavie, en République tchèque et en Hongrie.

 

C’est une migration de voisinage entre pays ayant eu une proximité culturelle : l’ouest de l’Ukraine était une partie de la Pologne avant 1945, le Sud a appartenu à l’Autriche[13]. Même chose en République tchèque, en Roumanie et Moldavie.

 

L’accueil des Ukrainiens a tranché avec celui des Syriens, Irakiens, Afghans et autres Moyen-orientaux, en 2015. L’UE leur a appliqué la directive dite « protection temporaire » de 2001, créée pour les réfugiés de la crise dans l’ex-Yougoslavie, et jamais appliquée. Ce statut temporaire évite la durée de la procédure d’asile, permet de travailler immédiatement et de retourner dans son pays d’origine alors que c’est impossible pour les réfugiés classiques, sans risque de perdre leur statut. Enfin, la solidarité entre les pays européens et l’hospitalité se sont déployées avec le concours des pouvoirs publics. Comme en Allemagne en 2015, les pouvoirs publics français ont déployé des moyens hier considérés comme impossibles à satisfaire en mobilisant collectivités territoriales et citoyens volontaires pour l’hébergement, l’ouverture d’écoles et de cours de français, l’accès à des logements sociaux et à des soins immédiats[14].

 

  • On peut espérer que cet épisode fera jurisprudence dans la politique européenne de l’asile et incitera les pays européens à remettre à plat leur politique migratoire en ouvrant davantage de voies légales d’entrée.

 

 

- L’Europe et ses frontières : perspectives
La montée du populisme et des démocraties illibérales dans nombre de pays européens, y compris en Europe du Nord (Suède et Danemark), et la recherche des votes d’extrême droite pour gagner les élections conduisent à une surenchère sur la fermeture des frontières. Cela alimente des peurs, à court terme, peu fondées, comme l’« invasion » des déplacés environnementaux et le « déversement » des Africains en Europe ou le « grand remplacement[17] », alors que le vieillissement des Européens n’est pas pris en compte.

 

Les déplacés environnementaux ne sont pas une menace à court terme pour l’Europe. Ce sont, pour l’essentiel, des migrations internes et des migrations Sud-Sud. Leur nombre est évalué à une soixantaine de millions[15], mais les experts du climat (le Giec) considèrent qu’ils pourraient atteindre 150 à 200 millions à la fin du siècle. La plupart se déplacent dans leur propre pays : ce sont les plus pauvres, soucieux de garder des modes de vie liés au milieu naturel (agriculture, élevage, pêche). Une petite partie décide de franchir les frontières mais reste souvent à proximité de leur pays d’origine. Ils ne bénéficient pas du statut de réfugiés car ils ne sont pas considérés comme craignant ou ayant été victimes de persécutions, selon les termes de la convention de Genève, et les tentatives de définition d’un autre statut international (l’initiative Nansen de 2011) n’ont pas abouti.

 

Les causes de ces déplacements sont multiples :

  • Liées à des phénomènes naturels aussi vieux que le monde (éruptions volcaniques, cyclones, tornades) mais aussi à des phénomènes récents de sécheresse, de dégel, de montée des eaux, d’inondations, de coulées de boue et d’engloutissement d’îles par la mer. Les régions les plus touchées sont l’Asie pacifique pour 68 % des cas, l’Asie du Sud pour 14,8 %, l’Amérique latine (7,3 %). Beaucoup de ces pays n’ont pas les moyens de faire face aux catastrophes environnementales[16] et ce sont les plus pauvres qui seront les plus exposés, comme aux Etats-Unis, lors du cyclone Katrina frappant la Nouvelle-Orléans. Ce sont les pays du Sud, proches des pays concernés par les crises environnementales, qui seront les plus touchés par les migrants environnementaux.
  • Des conflits de valeurs divisent l’Europe et ses migrations : entre libéralisme économique et sécurité militarisée des frontières, entre éthique de la solidarité et de l’hospitalité et nationalismes, entre besoins de main-d’œuvre, vieillissement et utilisation de l’immigration à des fins électorales et populistes.

De nombreux défis concernant la cohésion sociale montrent que l’Europe tarde à adopter des mesures adaptées à une immigration de peuplement, à la différence de pays comme les Etats-Unis, le Canada, ou l’Australie, car elle peine à se considérer comme continent d’immigration : lutte contre les discriminations, introduction de la diversité dans la définition de la citoyenneté, dialogue avec l’islam, droit de vote local des non-Européens, démocratisation du droit à la mobilité avec des frontières plus ouvertes aux migrations de travail. C’est pourquoi, face à des politiques d’opinion s’appuyant sur les sondages, l’enjeu est de taille : il s’agit de convaincre.

 

🔴 Pour aller plus loin...

 

- Jean-Luc Mélenchon : " Il faut s’attaquer aux causes qui provoquent l’afflux de migrants "

Pour lutter contre l’immigration massive – qui d’ailleurs est principalement interne aux pays en voie de développement –, il faut s’attaquer aux causes des migrations : l’impossibilité de tout développement des pays de départ, en raison des dettes et des politiques d’ajustement structurel imposées par le Fonds monétaire international [FMI] ou la Banque mondiale, le pillage des ressources par les multinationales et le libre-échange...

Notes :

[1Rapport Undesa (Département des affaires économiques et sociales des Nations unies), 2022.

[2] Les Afghans n’ont accès qu’à vingt-cinq pays environ, voisins et pauvres, alors que les Japonais, Coréens du Sud, Européens et Américains du Nord ont le plus large accès au monde sans visa.

[3] On parle à l’époque d’une migration de cinquante-millions d’Européens.

[4] La Méditerranée est ainsi une ligne de fracture démographique, économique, politique, sociale et culturelle importante, malgré les nombreux liens transnationaux qui la traversent.

[5] Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque.

[6] Trois-cent-trente-mille entrées irrégulières en 2022, selon l’agence Frontex (agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes), soit 30 % de plus qu’en 2021, et un niveau égal à celui d’avant la pandémie.

[7] Voir Catherine wihtol de wenden, « Migrations méditerranéennes », in Pouvoirs n° 183, p. 87-98.

[8] Les Turcs constituent la plus importante diaspora transnationale en Europe, devant les Marocains, puis Portugais, Italiens, Espagnols, Algériens et Roumains, mais leur répartition varie beaucoup selon les pays d’accueil.

[9] Enrico Pugliese, Quelli che se ne vanno, Bologna, Il Mulino, 2018.

[10] Par exemple aux Etats-Unis, en Asie, au Maghreb, en Afrique sub-saharienne, en Australie et dans le Golfe.

[11] Pour mémoire, la concurrence avec les travailleurs de l’Est européen a été l’un des thèmes favoris du Brexit.

[12] Ce fut le cas pour les Ukrainiens quittant la Pologne, ainsi que les Vénézuéliens et les Afghans de retour chez eux.

[13] Ceci explique l’accueil de ces anciens Hongrois par le gouvernement de Viktor Orban, qui avait déjà généreusement accordé des passeports hongrois à certains d’entre eux.

[14] Cet accueil peut être comparé à celui des Vietnamiens à la fin des années 1970, lié à la volonté de montrer un Occident protégeant les victimes du communisme.

[15] Parmi eux, quarante-millions de migrations internes.

[16] C’est le cas du Bangladesh, classé au premier rang des pays vulnérables en 2014, du fait de la fonte des glaciers de l’Himalaya qui se déversent dans les deux grands fleuves de ce pays delta.

[17] D'hier à aujourd'hui : la thèse du « grand remplacement »

[18« En Europe, les flux migratoires ne sont pas essentiellement irréguliers » – Entretien avec Maxime Guimard

 

Pour en savoir plus :

Politique migratoire Macron/Le Pen : préférence nationale, un remède de charlatan

- Crise des réfugiés : s'attaquer aux causes des migrations

- Jean-Luc Mélenchon, son programme Afrique : « Nous combattrons le fléau de la prédation ultralibérale qui s’abat sur le continent »

- Les causes de l’immigration – Quand le libre-échange sème la misère

 

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25 décembre 2023 1 25 /12 /décembre /2023 14:04
STOP ! Car avec Raphaël Glucksmann, un autre Macron est possible
STOP ! Car avec Raphaël Glucksmann, un autre Macron est possible

Les médias ont essayé Roussel pour contrer Mélenchon. Ça ne marche pas. Maintenant c'est Gluckmann pour contrer LFI aux européennes...

Ça ne marchera pas, car il est le nouvel enfant prodige de la bourgeoisie de gauche[6] !

Nous avons besoin d'une gauche radicale, pas d'un Macron Bis, d'un va-t-en-guerre, partisan de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE pour le plus grand plaisir du marché[7]  ! 

 

 

Raphaël Glucksmann, l’eurodéputé, qui copréside le petit parti Place publique, nouvel espoir de la gauche réformiste, libérale à la sauce Cazeneuve, Hollande, en passant par la présidente d'Occitanie Carole Delga... ou déçus de Macron[1] qui ne se retrouve pas dans le bruit et la fureur : « Il faut que nous devenions un aimant politique » dit le tenant d’une « social-démocratie molle ».

Outre ses ambitions pour les européennes de 2024, la candidature commune en gestation PS PCF EELV pour 2027 qu'annoncent les TRACTATIONS en cours confirmées par Tondelier[2], travaillée par Faure, Autain, Guedj, Bayou, Faucillon, Ruffin[5], adoubé par l'ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, fera pschitt.

 

 

Sources : Pierre Rimbert | mis à jour le 08/01/2025

-  Il a 44 ans, des diplômes clinquants, un regard habité et des envies de changement.

Entouré de jeunes chefs d’entreprise et de « porteurs de causes » issus de la « société civile », en 1018, il lance un « mouvement politique » destiné à « sauver les démocraties libérales » menacées par l’« insurrection populiste » [NDLR : pour ne pas dire #Populaire]. Parce que c’est notre projet, exhorte-t-il, « à nous, désormais, de marcher ».

 

 

-  Après la formation de M. Emmanuel Macron, voici " Place publique ", fondée en novembre par l’essayiste Raphaël Glucksmann.

L’un domine le centre droit ; l’autre investit le centre gauche, où la désintégration du Parti socialiste laisse un vide et des classes moyennes cultivées désemparées. D’où va-t-on désormais proclamer que rien ne va plus et qu’il faut tout changer — sauf l’essentiel : les structures économiques et sociales ? Avec Les Enfants du vide (publié en 2018 Allary Éditions), livre-manifeste publié cet automne, Glucksmann a d’un coup comblé la béance. De L’Obs à L’Humanité en passant par Mediapart, on s’arrache l’homme providentiel. Il est chez lui sur France Inter, louangé permanent au Monde, en « une » de Libération, en couverture de Politis. Des personnalités socialistes, écologistes ou communistes projettent sur son visage souriant leurs aspirations ravalées. Glucksmann a compris que son public cible n’aimait rien tant que battre sa coulpe, triturer sa mauvaise conscience, ruminer ses échecs et y remédier au moyen de recettes toujours identiques, mais ripolinées aux couleurs du jour — le vert, en l’occurrence. Cela tombe bien : Raphaël, qui s’est souvent trompé, met en scène confessions et conversion. À L’Obs (4 octobre 2018), il confie : « Je dois réapprendre à m’oublier. » Ambitieux programme.

 

Lui qui fut tour à tour de rôle :

  • admirateur de M. Nicolas Sarkozy en 2008 ;
  • animateur de la revue néoconservatrice Le Meilleur des mondes ;
  • conseiller du président géorgien néolibéral et atlantiste Mikheïl Saakachvili, lui qui admettait volontiers : « Ça ne m’a jamais fait vibrer de manifester pour les retraites » (M Le magazine du Monde, 22 mars 2014)[4] ;

Les réformes de Saakachvili en Géorgie – conseillé par Glucksmann de 2005 à 2012 – sont pourtant loin d’être anodines : abolition du salaire minimum, licenciement de 60 000 fonctionnaires, abaissement de l’impôt sur les sociétés de 20 % à 15 %, et de l’impôt sur les dividendes de 10 % à 5 %. En 2009, la Géorgie était d’ailleurs considérée par Forbes comme le quatrième pays avec la pression fiscale la plus faible au monde.

  • et se déclarait au printemps 2017 « fier » de l’élection de M. Macron, revendique à présent Occupy Wall Street et dit « nous » quand il parle de la gauche. « On a zappé complètement la question sociale », admet-il. « Mon logiciel de pensée a contribué à former l’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui » (Mediapart, 14 novembre 2018). La mise à jour dudit « logiciel » copie-colle les constats effectués depuis des lustres par ceux que combattait hier Raphaël : « On voit les entreprises multinationales refuser les lois des nations et chercher à leur imposer les leurs. On voit les banques sauvées par l’argent public maquiller leurs comptes et cacher leurs fonds dans des paradis fiscaux. » À tout cela s’ajoute la menace d’un anéantissement de la planète par le réchauffement climatique ;
  • veut unifier la gauche (sans La France insoumise) en vue des élections européennes de 2019, mais sa proposition est rejetée par Europe Écologie Les Verts et n’aboutit ni avec Génération.s ni avec le Parti communiste français ;
  • est le 16 mars 2019, soutenu par la direction du Parti socialiste à la tête d'une liste d'alliance avec PP et Nouvelle Donne aux européennes. Cette décision suscite des critiques au sein de PP, que décide de quitter Thomas Porcher, dénonçant une « trahison » et l'absence de « vote en interne » sur la question. Claire Nouvian quitte également le mouvement et expose huit mois après les élections européennes les motifs de son départ lors d'une interview accordée à L'Obs décrivant des « pratiques politiques exécrables » et une incompatibilité de personnalité avec Raphaël Glucksmann[3]...

se retrouve, le 26 mai 2019, élu député européen, sa liste étant arrivée en sixième position, avec 6,2 % des suffrages exprimés et six élus.

 

 

-  Alors, que faire ?

Contre « les anciennes idéologies, les vieux partis, les antiques structures », contre les inégalités et le gaz carbonique, Glucksmann propose plus de participation citoyenne, plus d’écologie, plus d’Europe. « Nous assumons l’horizon d’une République européenne », écrit-il. Des « porteurs de causes » aussi frétillants que MM. Valéry Giscard d’Estaing, François Bayrou, Daniel Cohn-Bendit et Bernard-Henri Lévy ânonnent les éléments de ce credo depuis bientôt quatre décennies. Les papys du vide ont trouvé leur héritier.

 

 

-  A nous de construire l'Avenir avec l'Union Populaire

 

 

🔴 dont on a déjà le programme 👇

 

Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

 

 

-  Raphaël Glucksmann : " un autre Macron est possible "

Dès le début de sa campagne. Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste pour les élections européennes du 9 juin prochain, a expliqué, pour défendre sa candidature, qu'elle devait permettre de sortir de ce qu'il appelait le triptyque Macron, Mélenchon, Le Pen. Il suggérait ainsi que le débat public, à quelques mois de ces élections, valorisait principalement les macronistes, les insoumis et l'extrême droite. Mais la réalité est un peu différente.
Nouvel épisode de Quelle époque formidable, par Sébastien Fontenelle.

 

 

-  Macron - Glucksmann : combien de points communs ?

Mais a quelle heure est il censé être de gauche ? Aucune, la preuve ci-dessous

 

 

Notes :

[1] Jamais encarté dans un parti, le député européen sera la tête de liste des socialistes aux élections européennes de juin

[2] PRÉSIDENTIELLE 2027: MARINE TONDELIER ANNONCE QU'UNE CANDIDATURE COMMUNE DE LA GAUCHE " SE PRÉPARE "

[3] « Dégoutée » par la politique, Claire Nouvian dégomme Glucksmann, Place publique et le PS

[4] Dans la famille Glucksmann, le fils est conseiller du chef d'Etat géorgien, Mikheïl Saakachvili.

[4bis] RAPHAËL GLUCKSMANN, NOUVEL ENFANT PRODIGE DE LA BOURGEOISIE DE GAUCHE

[5] « Ruffin fait du bien à la politique »

[6RAPHAËL GLUCKSMANN, NOUVEL ENFANT PRODIGE DE LA BOURGEOISIE DE GAUCHE

[7Raphaël Glucksmann “ Si vous votez pour nous, nous soutiendrons l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. ”

 

Pour en savoir plus :

2019, le Conseil national du PS a approuvé une résolution désignant l'essayiste comme tête de liste pour les européennes.

Raphaël Glucksmann, nouvel espoir de la social-démocratie ?

Européennes 2024 : une « large majorité » de la gauche est pro-européenne estime Raphaël Glucksmann

- Manuel Bompard LFI élections européennes 2024 : “ Il est hors de question de se ranger derrière Raphaël Glucksmann”. L’eurodéputé “ participe d’un groupe au Parlement européen qui gouverne l’UE avec les macronistes et la droite. Nous sommes dans l’opposition. ”

- Martine Billard : Enjeux des européennes à gauche

- Le hollandisme, la gôche anti-Mélenchon, c’est non. Belle mise au clair de François Ruffin sur Raphaël Glucksmann !

- Raphaël Glucksmann : un " humaniste " à géométrie variable

Raphaël Glucksmann, l’imposture de la gauche du dollar ?

- À quoi sert Raphaël Glucksmann ?

- L'union de la gauche sans Mélenchon ? Réponse de Manon Aubry à Gluxmann

RAPHAËL GLUCKSMANN, NOUVEL ENFANT PRODIGE DE LA BOURGEOISIE DE GAUCHE

Pour Glucksmann et le PS, maintenant c'est la confrontation

- Raphaël Glucksmann, fossoyeur du nouveau front populaire : « Il n’y aura pas d’accord avec LFI »

- Raphaël Glucksmann : « “ Place publique ” ne soutient pas Lyes Louffok, candidat LFI porté par le NFP, pour la législative partielle du 12 janvier 2025 »

 

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20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 11:57
Nouvel élargissement de l'Union Européenne : une folie économique et politique

L’antériorité de l’adhésion à l’OTAN sur l’adhésion à l’UE démontre que les pays candidats ne voient cette dernière que comme le pendant politico-économique de la première

L’hypothétique « convergence » risque de prendre encore des décennies, surtout en cas de nouvel élargissement

Tous les États membres devront payer davantage et recevoir moins...

 

 

La guerre en Ukraine a relancé le processus d’élargissement de l’UE vers l’Est et les Balkans à un rythme effréné. Motivée par des raisons géopolitiques, à savoir endiguer la puissance russe sur le continent européen, cette expansion soulève pourtant d’immenses questions économiques et politiques. En intégrant en son sein des États pauvres, l’Union européenne encouragerait en effet une nouvelle vague de délocalisations et de dumping social et soumettrait les agriculteurs du continent à une terrible concurrence. En outre, le seul moyen d’éviter des blocages politiques d’une Europe à 34 ou 35 serait de renforcer le fédéralisme, en rognant encore davantage les pouvoirs de décision des États-membres. Un scénario délétère poussé par les élites européennes en dehors de tout mandat démocratique.

 

 

🔴 Pour lire la suite cliquez sur l'image 👇

 

 

NOUVEL ÉLARGISSEMENT DE L’UE : UNE FOLIE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

 

Pour en savoir plus :

- Pour Manuel Bompard, député LFI, l’adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne serait une folie !

- Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

 

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29 novembre 2023 3 29 /11 /novembre /2023 17:03
Peter Mertens : « La guerre économique prépare la guerre militaire »

Les pays du Sud Global savent très bien que les sanctions économiques sont des actes de guerre économique.

Les États-Unis veulent désormais entraîner l’Europe dans leur guerre économique contre la Chine

L’altermondialisme passe aussi par une forme de pragmatisme sur les enjeux internationaux

 

 

Érosion de l’hégémonie du dollar, « mutinerie » des pays du Sud contre la politique étrangère occidentale, montée en puissance des BRICS, guerre économique des États-Unis envers la Chine… Le système international né de la fin de la Guerre Froide, dominé par l’hyperpuissance américaine, est en train de s’effondrer et de laisser place à un nouvel ordre mondial multipolaire.

Plutôt que de prendre acte de cette nouvelle donne et de diversifier ses liens avec le reste du monde, l’Europe s’aligne toujours plus sur Washington. Mais est-il encore possible de mettre en place une politique altermondialiste, alors que les BRICS se comportent parfois eux-mêmes de manière impérialiste ?

Peter Mertens, secrétaire général du Parti du Travail de Belgique[1], l’affirme, à condition de prendre un tournant radical dans notre politique étrangère. Entretien réalisé par William Bouchardon et Amaury Delvaux, avec l’aide de Laëtitia Riss.

 

 

Sources : Le vent se Lève | mis à jour le 01/08/2024

-Le Vent Se Lève : Vous êtes secrétaire général du Parti de Travail de Belgique (PTB), aux côtés de Raoul Hedebouw, et vous venez de publier " Mutinerie ". Comment notre monde bascule (à paraître en français aux éditions Agone début mars 2024[2], ndlr) afin d’analyser les recompositions du système international. Dans quelle mesure votre parcours au sein du PTB a-t-il nourri l’élaboration de ce livre ?

Peter Mertens : J’ai été président du Parti du Travail de Belgique (PTB) entre 2008 et 2021, date à laquelle Raoul Hedebouw a pris ma succession. Avec d’autres membres, j’ai participé au nécessaire renouveau du parti (tout en conservant un socle idéologique marxiste, ndlr) à partir du milieu des années 2000, où nous étions alors un petit parti avec des tendances sectaires. Ce renouveau nous a pris plus de 10 ans. Notre analyse était la suivante : " nous devions construire un rapport de force et un parti de la classe travailleuse, capable de peser en Belgique ".

 

Avec la croissance du parti, il y a beaucoup plus de travail, c’est pourquoi nous avons dédoublé le leadership du parti : Raoul Hedebouw est le président et le porte-parole principal et j’en suis le secrétaire général. Comme nous étions concentrés sur la construction du rapport de force en Belgique, nous étions moins occupés avec ce qui se passait à l’étranger. Désormais, nous sommes en train de remettre nos tâches internationalistes à la hauteur des défis d’aujourd’hui. Et sur ce terrain, nous sommes en contact avec de nombreux mouvements et partis à la gauche de la social-démocratie, en Europe et ailleurs dans le monde. 

 

C’est grâce à ce leadership collectif et à ces rencontres que j’ai pu écrire ce livre, qui n’est pas juste un projet individuel. Je m’appuie aussi sur le service d’étude de notre parti, dirigé par notre directeur politique David Pestieau. Lui et son équipe m’ont aidé à rechercher des documents exhumés dans mon livre, notamment les textes de l’OTAN et de l’Organisation Mondiale du Commerce.

 

 

-Le Vent Se Lève :  Ces organisations occidentales sont au cœur du système international qui a été hégémonique jusqu’à récemment. Le titre de votre livre fait cependant référence à une contestation grandissante du règne de l’hyperpuissance américaine. Comment expliquez-vous que les pays du Sud soient de plus en plus réticents à s’aligner sur la position américaine ?

MUTINERIE Comment notre monde bascule

Peter Mertens : Le titre du livre vient d’une déclaration de Fiona Hill, une ex-membre du National Security Council américain (organe qui conseille directement le Président américain en matière de défense et d’affaires étrangères, ndlr). Selon elle, l’abstention de la plupart des pays du Sud Global sur les sanctions contre la Russie était une « mutinerie »[2bis]. Soyons clairs : la majorité de ces États ont condamné l’invasion illégale de la Russie sur le territoire ukrainien, ce qui est logique vu que nombre d’entre eux ont été envahis de multiples fois et connaissent bien l’importance de la souveraineté. 

 

Toutefois, concernant les sanctions, ils n’ont pas suivi Washington. C’est là aussi logique : un pays sur dix sur la planète subit, sous une forme ou une autre, des sanctions de la part de Washington. Ces pays savent très bien que les sanctions économiques sont des actes de guerre économique. Or, dans la majorité des cas, les conséquences de ces sanctions sont supportées par les peuples des pays en question et ces mesures n’ont aucun effet sur le régime politique en place.

 

Ici, en Europe, nous ne nous en sommes pas rendus compte ; l’eurocentrisme nous aveugle. Le regard de la majorité des peuples du Sud Global sur les événements internationaux est pourtant très différent de la vision développée en Europe. J’ai récemment discuté avec beaucoup de personnes issues du Sud Global et j’ai constaté des moments de fractures profonds avec l’Occident.

  • La première fracture est la guerre des États-Unis contre l’Irak en 2003, qui était illégale et basée sur un mensonge[3]. Au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique Latine et en Asie, c’est un moment charnière majeur.
  • La crise financière de 2008 constitue le deuxième moment charnière. En Europe, cette crise nous a contraint à sauver les banques avec l’argent public et a eu pour conséquence l’austérité. Pour les pays du Sud, cette crise a été plus profonde encore et a montré la fragilité de l’hégémonie du dollar américain, autour duquel est organisé tout le commerce international.

 

 

-Le Vent Se Lève :  Renaud Lambert et Dominique Plihon s’interrogent en effet sur la fin du dollar[4] dans le dernier numéro du Monde Diplomatique. De nouveaux accords commerciaux sont, par ailleurs, conclus dans d’autres monnaies et les banques centrales commencent à diversifier le panier de devises qu’elles ont en réserve. Est-ce une des conséquences de la guerre en Ukraine ?

Peter Mertens : Cette érosion du dollar débute avec la crise financière de 2008. C’est à ce moment-là que l’idée des BRICS[5] est réellement née, bien qu’il existe également d’autres raisons historiques à son émergence. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud se sont rassemblés car ils veulent faire du commerce sur une autre base que celle du néo-colonialisme, en mettant en place un système financier proposant des alternatives de paiements au dollar. C’est pour cela qu’ils ont créé une banque d’investissement dirigée par Dilma Rousseff, l’ancienne présidente du Brésil. Certes, le dollar reste hégémonique, mais cela constitue malgré tout une nouvelle donne.

 

Est-ce vraiment la fin du dollar ?

Parmi leurs sanctions contre la Russie, les autorités américaines ont débranché la Russie du système international de paiement SWIFT, dont le siège est en Belgique. L’usage de cette puissante arme de guerre économique a entraîné une panique dans beaucoup de pays du Sud, car ils ont réalisé qu’elle pouvait aussi être utilisée contre eux. Avec ce genre de sanction, les États-Unis peuvent prendre otage les pays avec leur propre argent ! Cela a sans doute incité certains pays à vouloir rejoindre les BRICS. Lors de leur dernier congrès à Johannesburg fin août, les BRICS ont accueilli 6 nouveaux membres (l’Argentine, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Ethiopie, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis, ndlr), sur un total de 40 pays candidats[6]. C’est un vrai saut qualitatif.

 

De ce point de vue, la guerre en Ukraine est en effet un autre moment charnière, en raison des sanctions. J’en citerai encore deux autres :

  • D’abord, la COP de Copenhague en 2009, où les pays occidentaux ont refusé de prendre des mesures fortes pour le climat et pour aider les pays pauvres face au changement climatique.
  • Enfin, le refus des pays occidentaux de lever les brevets sur les vaccins contre le Covid-19, qui a marqué une fracture profonde face à un problème mondial.

 

Depuis le 7 octobre, la guerre contre la Palestine constitue un nouveau point de rupture, dont l’impact est potentiellement le plus important. L’axe guerrier États-Unis-Israël pratique une violence extrême, pensant être au-dessus de toutes les lois internationales et pouvoir se permettre n’importe quoi. Mais cet axe est plus isolé que jamais. Partout dans le monde, le deux poids deux mesures est devenu évident. Entre 2003 et 2023, il y a donc eu plusieurs moments de fractures majeurs entre l’Occident et le reste du monde ! Et pourtant, la grande majorité de l’establishment et des médias vivent encore dans la période d’avant 2003.

 

 

-Le Vent Se Lève : Outre le dollar et leur armée, les États-Unis disposent également d’une puissance technologique redoutable, qu’ils utilisent pour faire avancer leurs intérêts. Les GAFAM espionnent ainsi le monde entier, tandis que de nouvelles rivalités autour des microprocesseurs se mettent en place avec la Chine. Est-il possible d’échapper à l’emprise des États-Unis en matière technologique ? 
Peter Mertens : Je pense qu’il faut regarder en face la puissance économique des BRICS : en termes de PIB mondial, ils pèsent désormais plus que le G7 (qui regroupe ce qui était les 7 pays les plus industrialisés au monde, ndlr). Cette puissance économique constitue une différence avec le mouvement des non-alignés des années 60-70. A l’époque, les États-Unis ont pu tuer le mouvement des non-alignés grâce à la dette. Puis l’URSS s’est effondrée et ils se sont retrouvés sans rivaux sérieux. Mais désormais, la situation est différente, notamment en raison du poids économique de la Chine. La réaction des États-Unis est claire : ils lui ont déclaré la guerre économique. J’emploie le mot guerre de manière délibérée : la guerre commerciale prépare la guerre militaire[7]. Les bateaux de l’OTAN qui encerclent la Chine et les sanctions prises par les États-Unis contre Pékin font partie de la même stratégie.

 

Dans mon nouveau livre, je cite longuement Alex W. Palmer, un spécialiste américain des microprocesseurs. En 2022, deux dates sont importantes selon ce chercheur : le 24 février 2022 avec l’invasion de la Russie en Ukraine et le 7 octobre 2022, date à laquelle les USA ont pris les mesures pour interdire presque tout développement des microprocesseurs en Chine.

Puces : Washington rallie le Japon et les Pays-Bas contre la Chine

D’après lui, ces mesures sont un acte de guerre économique inédit, dont l’objectif est de détruire tout développement économique en Chine[8]. Les États-Unis veulent désormais entraîner l’Europe dans leur guerre économique contre la Chine. Récemment, Joe Biden a convoqué le premier ministre néerlandais Mark Rutte à Washington pour lui ordonner de cesser l’exportation vers la Chine des machines fabriquées par la firme hollandaise ASML, qui sont essentielles pour la fabrication des semi-conducteurs de dernière génération. Le premier ministre hollandais a accepté sans contrepartie

 

Les États-Unis sont inquiets de l’avance de la Chine dans les secteurs de technologies de pointe. Il y a de quoi : sur les 90 domaines les plus avancés au niveau des sciences et technologies, la Chine mène la danse dans 55 d’entre eux[10]. Les États-Unis ne l’ont pas vu venir. C’est pour cela qu’ils réagissent désormais par le protectionnisme et la guerre économique. Jack Sullivan (influent conseiller à la sécurité nationale auprès de Joe Biden, ndlr) l’affirme de manière assez transparente : « C’est fini le globalisme d’avant ; il faut du protectionnisme ; c’est fini avec le néolibéralisme ; c’en est fini avec l’accès de la Chine au marché international. »

 

On constate la même dynamique sur les ressources énergétiques, qui ont toujours formé l’infrastructure du système capitaliste. Au XIXe siècle, c’était le charbon, puis au XXe le pétrole. De l’arrivée de British Petroleum en Irak en 1902 aux guerres du Golfe, d’innombrables guerres ont été menées pour le pétrole. Désormais, c’est la guerre des batteries qui est lancée : tout le monde se rue sur le lithium et les ressources essentielles pour l’électrification. Là aussi, les États-Unis se montrent très agressifs vis-à-vis de la Chine et des BRICS. Malgré tout, je pense que les États-Unis ne parviendront pas à restreindre la montée en puissance de la Chine.

 

 

-Le Vent Se Lève : Hormis cette opposition à l’hégémonie américaine, il est tout de même difficile de voir ce qui rassemble les BRICS. Par ailleurs, il existe de réelles tensions entre des pays au sein de ce bloc, notamment entre la Chine et l’Inde. Peut-on vraiment attendre quelque chose d’un groupe aussi hétérogène ?

Analyse. Le sommet des Brics annonce-t-il un “changement tectonique” international ?

Peter Mertens : Aucune valeur ne réunit les BRICS ! C’est une association de pays strictement pragmatique, car c’est comme ça que l’ordre mondial fonctionne. La gauche a souvent une lecture erronée car elle pense en termes de morale et de « valeurs ». Or, l’impérialisme et les forces anti-impérialistes ne pensent pas en ces termes mais plutôt en termes de pouvoir politique et économique. Les BRICS ne sont pas un projet de gauche, mais un projet pragmatique visant à servir les intérêts de ces pays, en créant une alternative au dollar et au Fonds Monétaire International et en cherchant à favoriser le commerce Sud-Sud.

 

Je ne suis évidemment pas dupe. L’Inde connaît de grandes tensions avec la Chine et Modi est un homme d’extrême-droite. Ses trois grands amis étaient Jair Bolsonaro, Donald Trump et Boris Johnson. Il est responsable de l’assassinat de plus de 750 paysans[11] lors de la plus grand révolte de l’histoire indienne de la paysannerie et a laissé des razzias racistes contre les musulmans avoir lieu.

 

De même en Arabie Saoudite : c’est le despotisme total. Il n’y a aucune liberté pour la classe travailleuse et pour les femmes. Il n’empêche que l’entrée de l’Arabie Saoudite dans les BRICS marque un tournant. En 1971, avec les pétrodollars, les États-Unis ont promis à l’Arabie Saoudite d’avoir toujours des armes et une stabilité politique en échange de pétrole bon marché. Désormais, l’Arabie Saoudite vend son pétrole à la Chine non plus en dollars, mais en yuans ! Bien sûr que c’est un régime haïssable. Mais en matière de politique internationale, on ne peut pas juste réagir émotionnellement en fonction de « valeurs », il faut analyser l’échiquier mondial avec réalisme. Et la réalité est que les BRICS défient le système construit autour du dollar. Personnellement, bien que je ne soutienne pas les régimes de certains pays des BRICS, je considère leur émergence comme une bonne nouvelle parce qu’elle défie l’unilatéralisme et l’hégémonie américaine pour la première fois depuis 1991. 

 

Mais en parallèle de la mutinerie menée par les BRICS, il y a également une mutinerie au sein de ces pays. En Inde, je suis avec attention les luttes des paysans, des femmes et de la classe travailleuse contre le régime de Modi[11]. De même, l’Afrique du Sud connaît une corruption énorme, le fossé entre riches et pauvres y est considérable et le régime politique est fortement critiqué par la population. Lula est un progressiste, mais son gouvernement n’est pas pour autant socialiste[12]. Et contre les concessions faites aux grands propriétaires fonciers au Brésil, je soutiens ceux qui luttent pour les droits des paysans, comme le Mouvement des Paysans sans Terre.

 

 

-Le Vent Se Lève : Dans votre livre, vous rappelez l’histoire du mouvement tiers-mondiste, à partir notamment de la conférence de Bandung en 1955. Ce mouvement était porteur d’espoir pour un rééquilibrage des relations internationales et de l’économie mondiale. Croyez-vous à la résurgence de l’altermondialisme et sur quelles bases ? Les tentatives consistant à faire revivre cet esprit de « non-alignement », notamment de la part de Lula, vous semblent-elles prometteuses ?
Peter Mertens : Je crois que la tentative opérée par les BRICS de permettre un commerce dans d’autres monnaies que le dollar relève surtout du pragmatisme. Mais cette démarche est déjà un acte progressiste en soi. Regardons en face la situation depuis les années 50-60 : la dette des pays du Tiers Monde doit être payée en dollars. Cela signifie que ces pays doivent privilégier des monocultures tournées vers l’exportation, plutôt que des productions au service de leurs propres populations, afin d’obtenir des dollars. Et quand ils ont des difficultés à refinancer leur dette, le Fonds Monétaire International (FMI) ne leur octroie des prêts qu’à condition de couper dans les services publics, les salaires et les pensions et de privatiser davantage. Tout cela ne fait que les rendre plus dépendants des États-Unis et de l’Europe. C’est un mécanisme néocolonial ! Désormais, pour la première fois, les pays du Tiers Monde peuvent refinancer leur dette, indépendamment du FMI, grâce à la banque des BRICS. Certes, ce n’est pas un emprunt socialiste mais au moins c’est un mécanisme honnête et sans conditions. Quand bien même ce n’est un progrès en direction du socialisme, cela reste un progrès pour les pays du Sud Global, qui doit être soutenu.

 

Certes, cela ne suffit pas pour construire un altermondialisme de gauche. C’est pourquoi nous devons aussi soutenir les mouvements de gauche dans ces pays, afin de peser sur l’agenda politique. On peut tout à fait soutenir le MST au Brésil pour mettre la pression sur Lula, tout en reconnaissant qu’il joue un rôle important pour nos idées au niveau international. De la même manière, je soutiens le NUMSA, le syndicat des métallos sud-africains, qui lutte contre la corruption considérable au sein du gouvernement de l’ANC, tout en étant en accord avec la politique extérieure de l’Afrique du Sud. Bien sûr que la gauche a des valeurs à défendre, mais je refuse d’interpréter toute la complexité du monde actuel uniquement en termes de valeurs. L’altermondialisme passe aussi par une forme de pragmatisme sur les enjeux internationaux.

 

 

EN ALLEMAGNE, LA MORT DU PACIFISME

-Le Vent Se Lève : L’Union européenne tend à s’aligner sur les États-Unis, contrairement à ce qu’affirment nos dirigeants. S’ils prétendent réguler l’action des GAFAM, ou encore bâtir une « autonomie stratégique » en matière internationale ou de réindustrialisation, la réalité est que nous sommes de plus en plus dépendants des Américains, y compris dans des domaines où cela était encore peu le cas, comme les énergies fossiles. Comment peut-on retrouver une véritable autonomie ? Cela implique-t-il une rupture avec l’Union européenne ? 
Peter Mertens : Ce qui s’est passé en Europe suite à la guerre en Ukraine, surtout en Allemagne, est grave. Quelques semaines après le début du conflit, le Bundestag a renié sa politique de non-militarisation de l’économie vieille de 75 ans et a investi plus de 100 milliards d’euros dans le budget de la défense[13]. Tout ce qui existait en termes de liens avec la Russie, notamment de la part de la social-démocratie allemande – dont les liens de Schröder avec Gazprom (l’ancien chancelier allemand a ensuite siégé au conseil d’administration de la compagnie russe, ndlr) sont le symbole le plus évident – a été détruit. Il s’agit d’un bouleversement considérable : la mémoire des comportements barbares des nazis, qui étaient presque arrivés à Moscou, a longtemps conduit à une politique de coopération entre l’Allemagne et la Russie, plutôt que d’agressivité. En quelques semaines à peine, les États-Unis ont réussi à briser cela.

 

Cette coupure brutale avec la Russie a suscité des remous au sein des grandes entreprises allemandes : les grands patrons de BASF, de Bosch ou Siemens ont demandé au gouvernement allemand de ne pas rompre les liens avec Gazprom, car ils souhaitaient continuer de bénéficier du gaz russe bon marché. En se rendant dépendante du gaz américain, beaucoup plus cher, l’Allemagne est rentrée en récession. En prenant des sanctions contre la Russie, l’Europe a donc pris des sanctions contre elle-même et s’est tirée une balle dans le pied. De surcroît, avec l’Inflation Reduction Act (IRA), les États-Unis tentent d’attirer sur leur territoire des firmes européennes, notamment de technologie de pointe, grâce à d’importantes subventions et remises d’impôts. La réaction de l’Union Européenne à cette offensive américaine a été très faible. Aucune politique industrielle européenne autonome n’émerge[14].

 

Les États-Unis veulent maintenant répliquer cela avec la Chine. C’est une folie : non seulement ils auront beaucoup de mal à se couper de la Chine, mais l’Europe en aura encore plus : nous échangeons avec la Chine 850 milliards d’euros de marchandises chaque année[15] ! J’ajoute que la neutralité carbone en Europe dépend pour l’instant de la technologie chinoise. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je suis d’accord avec les patrons de Bosch, Siemens, Volkswagen et Mercedes quand ils demandent de ne pas reproduire avec la Chine ce que l’Europe a fait avec la Russie. Dans le conflit inter-impérialiste entre capitalistes, j’espère que la bourgeoisie européenne se comportera de manière sérieuse et dira non à la bourgeoisie américaine qui veut nous entraîner dans de nouveaux conflits.

Bien sûr, je n’ai aucune illusion : la bourgeoisie européenne ne veut pas une Europe progressiste, mais cherche au contraire à imposer aux peuples européens une nouvelle dose d’austérité. Elle entend également conserver des relations néo-coloniales avec une partie du monde, bien que le rejet de la France en Afrique ne cesse de grandir[16]. Mais c’est la même dialectique que pour les BRICS : on ne peut pas raisonner uniquement en termes de « gentils » et de « méchants », il y a de nombreuses contradictions sur lesquelles il faut jouer. Donc je soutiens les capitalistes allemands dans leur opposition aux États-Unis, mais continue de défendre une Europe socialiste, contre les intérêts de ces grandes entreprises.

 

 

-Le Vent Se Lève : Il est vrai que les sanctions prises à l’encontre de la Russie ont renforcé la dépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis. Pensez-vous qu’il soit possible de réorienter l’Union européenne vers une politique socialiste ? Ou faut-il rompre avec les traités européens et construire de nouveaux cadres de coopération ?
Peter Mertens : Ma position sur cette question est liée à l’histoire belge : nous sommes un petit pays qui a été créé pour jouer le rôle d’État-tampon entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Un changement de société au niveau de la seule Belgique, ça n’existe pas! ! Je plaide donc pour une autre société, une autre industrialisation et une autre forme de commerce à l’échelle continentale. Cela passera, selon moi, par plus d’échanges entre ceux qui luttent et qui résistent dans toute l’Europe pour créer une rupture au sein de l’Union Européenne.

 

Mais cela suppose que nous soyons à la hauteur. J’en ai assez de la dépression collective de la gauche européenne qui passe son temps à se lamenter de la percée de l’extrême-droite ! Quand je vais en Amérique latine ou en Inde, eux aussi s’inquiètent de la montée du fascisme, mais surtout ils le vivent et ils luttent. Bien sûr que l’extrême-droite progresse et nous menace. Mais pour reconquérir une partie de la classe travailleuse tentée par le vote fasciste, on ne peut pas se contenter de se plaindre. La droite et l’extrême-droite s’appuient sur une narratif dépressif, selon lequel la classe travailleuse n’existe pas et l’immigration va nous détruire.

 

Face à cela l’extrême-droite), il faut recréer un narratif autour de la lutte des classes et rebâtir une conscience commune chez les travailleurs. Les mobilisations sociales massives que nous avons connu récemment en Angleterre, en Allemagne et en France sont des points d’appui. Comme la grève des ouvriers de l’automobile aux États-Unis, avec une belle victoire à la clé[17] ! Et puis nous devons être là où sont les gens, c’est-à-dire avant tout dans les quartiers populaires et sur les lieux de travail, pas seulement avec les intellectuels. Ce n’est que comme cela que nous pourrons arrêter la tentation fasciste au sein de la classe travailleuse.

 

Par exemple, avec notre programme Médecine pour le peuple (initiative de médecine gratuite dans les quartiers populaires[18], ndlr), on touche des personnes qui votent pour le Vlaams Belang (extrême-droite indépendantiste flamande, ndlr). Plutôt que de les exclure, nous discutons avec eux et tentons de les convaincre. Les gens sentent si vous êtes honnêtes et convaincus du discours que vous portez. Donc il faut un langage clair et franc, comme celui de Raoul Hedebouw, qui permet d’attirer vers nous des gens en colère en raison de leur situation précaire et de politiser cette colère. Si l’on se contente des livres, on ne changera rien. Il faut aussi des gens sur le terrain.

 

Notes :
[1] Peter Mertens, secrétaire général du Parti du Travail de Belgique

[2] A paraître en français aux éditions Agone début mars 2024

[2bis] Fiona Hill: l'Ukraine dans le nouveau désordre mondial

[3] Irak 2003 : un mensonge pour une guerre

[4] Est-ce vraiment la fin du dollar

[5] Brics

[6] Les Brics, un nouvel ordre mondial alternatif ?

[7] Chronique de la « GUERRE GLOBALE » : tension extrême dans le DÉTROIT DE FORMOSE 

[8«Un acte de guerre»: le blocus du silicium contre la Chine en Amérique

[9Puces : Washington rallie le Japon et les Pays-Bas contre la Chine

[10] Ces sept domaines où la Chine a déjà dépassé le reste du monde

[11] Réforme agricole en Inde: Modi fait volte-face et annonce son abrogation dans un but électoraliste

[12] LULA FAVORI AU BRÉSIL : VICTOIRE OU MORT DE LA GAUCHE ?

[13EN ALLEMAGNE, LA MORT DU PACIFISME

[14EMBARGO SUR LE PÉTROLE RUSSE : L’UE SE TIRE-T-ELLE UNE BALLE DANS LE PIED ?

[15] Relations commerciales de l'UE avec la Chine. Faits, chiffres et derniers développements.

[16] Comment Macron a perdu l’Afrique

[17] AUX ÉTATS-UNIS, LES SYNDICATS ENCHAÎNENT LES VICTOIRES

[18« LE DROIT À LA SANTÉ PASSE PAR UNE SOCIÉTÉ PLUS ÉGALITAIRE » – ENTRETIEN AVEC SOFIE MERCKX (PTB)

 

Pour en savoir plus :

VERS LA FIN DE L’HÉGÉMONIE DU DOLLAR ?

- En Inde, la colère paysanne défie le pouvoir du Premier ministre Narendra Modi

- INDE : DES RÉFORMES AGRAIRES ENTRAÎNENT LA PLUS GRANDE GRÈVE DU MONDE

CHRISTOPHE VENTURA : « LULA NE COMPTE PAS MONTRER PATTE BLANCHE À WASHINGTON »

- LES ERREMENTS DU CAMPISME ET DU « CAMPISME INVERSÉ »

- Entretien avec Jean-Luc Mélenchon autour de son dernier livre. | « Si nous sommes alignés sur les États-Unis d’Amérique, nous nous impliquons dans la confrontation organisée autour de la défense de son hégémonie ! »

- Mondialisation, capitalisme et hégémonie - Sur l’aiguisement de la rivalité sino-étatsunienne et l’histoire chinoise

 

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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 09:56
12 Novembre 2023 : « Le jour où l’extrême droite a été réhabilitée par la droite »
12 Novembre 2023 : « Le jour où l’extrême droite a été réhabilitée par la droite »

Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme !

Les macronistes sont tombés tous seuls dans le piège qui a déjà détruit LR[0]

 

 

Écrire en temps de guerre médiatique est un exercice un peu délicat, j’en conviens. Cela peut être imprudent. Un mot, pour peu qu’on le torde sans frein, peut être fatal. Des heures durant sur tant de médias il n’est question de moi que pour m‘insulter, m’attribuer le pire soit par des invités plus ou moins fanatisés soit par des « journalistes » suivant fidèlement des éléments de langage absolument identiques d’une rédaction à l’autre. Certains moments sont spécialement pénibles pour moi par la haine qu’ils expriment, les menaces qu’ils encouragent, ou l’injustice de ce qu’ils diffusent et les calomnies qu’ils rabâchent.
La pseudo exégèse de Mediapart pour porter ses insinuations d’antisémitisme m’a particulièrement choqué. Et le fait de savoir de qui vient cette bassesse n’enlève rien à leur indignité. Je tiens à le dire. Mais par tweet, j’ai pu accompagner l’actualité sans passer par la case déchiqueteuse de ces prétendues interviews pleines de haine et de mauvaise foi que subissent mes camarades. Le tweet permet à la fois de contrôler mot à mot et de placer à bon escient les chiffons rouges à destination des médias.
Je ne suis pas seul sous la douche à boues. En ce moment nuit et jour les insoumis sont pilonnés médiatiquement (attention cette expression est une image. NDR). Il faut le prendre pour ce que c’est : une guerre (c’est une image NDR) des mots. Pour construire des prises de conscience raisonnée, il faut rendre les coups avec efficacité : court, clair, net. Encore est-ce trop pour certains ! « Quand va-t-on lui couper le tweet », demande Marine Tondelier à mon sujet avec sa finesse bien connue.

 

 

Sources : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le

- Mais la conscience politique est bien un tout.

Certes l’actualité des crimes de guerre et la propagande des partisans du soutien inconditionnel au droit de Netanyahu à tuer tout le monde à Gaza, submerge tout. Mais les autres points de tensions de la société continuent pourtant leur vie sous les radars. Ils produiront leurs effets publics le moment venu. Ainsi en est-il des questions sociales qui étranglent la masse de notre peuple. Le moment venu évidemment une étincelle mettra le feu à la plaine (il s’agit d’une métaphore. NDLR).



- Je ne crois pas que la marche du 12 novembre à Paris ait la moindre conséquence sur la lutte contre l’antisémitisme.

Or, c’est un enjeu stratégique pour nous. En effet, les racismes sous toutes leurs formes sont un frein interne puissant contre l’unité populaire dont nous avons besoin. L’antisémitisme est une forme de racisme restant fondamentalement l’apanage de l’extrême droite. Celle-ci était pourtant l’invité très attendue par les organisateurs de la marche. Dès lors, l’union populaire contre l’antisémitisme dans une mobilisation commune devenait impossible à réaliser.


Là est la racine de l’échec populaire de la marche du dimanche 12. Oui, échec, car d’habitude quand il s’agit de mouvement de fond du pays, les proportions sont toutes autres. 200 000 contre l’agression du cimetière juif de Carpentras[1], 4 millions contre l’assassinat de la rédaction de « Charlie »[2].


Quand le peuple profond s’y met, ça donne 963 000 dans tout le pays pour une seule manifestation sur les retraites, selon les chiffres de la police (2,5 millions selon l’intersyndicale[3]). Mais à part la CFDT et l’UNSA, tout le reste du mouvement syndical et social français est resté en retrait. Une bonne partie de la communauté juive aussi a boudé l’événement comme le prouvent les chiffres annoncés. Bref, un gâchis total.

 


- Pourtant cette marche est un succès politicien.

« L’arc républicain » a franchi un pallier en s’affichant uni sur le terrain et en se validant les uns les autres. Le « monde d’avant » s’est reconstitué, affiché et a paradé, tout à sa joie des retrouvailles derrière sa banderole de tête. La droite, le PS Hollande, Cazeneuve, la Macronie amnistiaient l´extrême droite. En échange, celle-ci cesse le combat politique « antisystème ». Tous les rejetés des dix dernières années étaient là : deux anciens Présidents de la République battus, quatre anciens premiers ministres, tous rejetés, sans oublier deux anciens présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Pour ne citer que ceux-là.


Tous les partis de droite sans exception, toute l’extrême droite plus les groupuscules communautaires violents avaient mobilisé. Et avec eux toute « la gauche d’avant » franchissant elle aussi un palier comme le déclarait Fabien Roussel dans une interview sur place affirmant lancer là « le début de quelque chose de nouveau » entre les trois composantes. Bonjour le baptême ! À la base, l’enthousiasme n’a pas suivi. Le cordon sanitaire n’excédait pas trente manifestants débordés par un simple drapeau royaliste. Et dans les sections ce fut la Bérézina.


Comme dans cette assemblée parisienne où sur cinquante communistes un vota pour aller à la manif et quarante neuf pour le contraire. En région ce fut souvent pire. Donc : tous unis et seulement cent mille personnes si l’on accepte les chiffres des organisateurs. Autant que nous seuls, place de la République en 2017 et 2022, une place plus vaste et plus remplie que l’esplanade des Invalides.

 


- Tout cela a été pourtant préparé de longue main et s’est expérimenté au fil des mois dans les votes communs de la macronie et du RN à l’Assemblée Nationale, loin des yeux du grand public.

Voilà donc pour le prétendu « succès » claironné par tous les répondeurs automatiques.


🔴  « Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir, un bide en nombre, un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite »

 

En fait oui : un succès de manœuvre politicienne. La presse étrangère ne s’y trompe pas. La grand quotidien allemand Der Spiegel par exemple titre : « Pour les juifs de France, Le Pen devient acceptable ». Je ne le crois pas. Mais c’est l’illusion qu’il s’agissait de propager. Je crois au contraire que nous avons besoin d’une vraie mobilisation commune sous la houlette du mouvement social pour refuser d’être embrigadé dans un racisme contre un autre.


Et puisque j’ai déjà cité le Pape je cite à présent le recteur de la mosquée de Paris : « C’est l’heure du choix, déclare-t-il avec noblesse. Pas entre les musulmans et les juifs. Pas entre Israël et un État palestinien dont l’édification s’avère plus que jamais urgente. Non. Il faut choisir entre l’humanisme et l’horreur »[4].. Avant cela il avait protesté : « Les musulmans de France subissent des accusations abjectes qui les (…) rendent tous complices des pires dérives, qui ne sont pas les leurs » parlant de l’antisémitisme.

 


- En effet, cette marche du 12 novembre fut entourée et précédée de violences délibérées.

Violences verbales, islamophobie assumée. Mais aussi violences physiques de la LDJ[5] (Ligue de Défense Juive, NDLR), la milice du CRIF contre le rassemblement au Monument de la rafle du Vel’ d’Hiv’ organisé par les organisations politiques de la jeunesse de gauche avec les syndicats étudiants et lycéens. Mais aussi violences contre des journalistes de France info dénoncées par leur rédaction qui n’ont nommé pourtant ni leurs agresseurs ni « la manifestation aux abords de laquelle » ils ont été frappés.


Des députés ont été insultés et menacés de mort, les musulmans insultés à longueur d’interviews de Zemmour et de Meyer Habib pour ne parler que d’eux. Une ambiance haineuse et sectaire se débridait tout au long du cortège dès qu’un imprudent passait là et pas seulement aux abords des rangs des partisans de l’extrême droite dont c’était " le jour de gloire enfin arrivé[6] ".


Un violent sectarisme régnait. La poignée de socialistes, celle plus maigre encore de communistes et d’EELV ont essuyé leur lot d’injures et de crachats dès leur arrivée. Même Roussel qui avait pourtant annoncé une fois de plus la sortie du PCF hors de la Nupes pour se faire bien voir de la droite qui tenait la rue n’eut droit qu’à des quolibets. Ces trois chefs ont marché tête basse sans obtenir leur absolution du public ultra droitier qui les entourait. On imagine comment auraient été accueillis les Insoumis s’ils avaient eu la sottise de croire les bonnes paroles des initiateurs de cette manipulation ou d’écouter les conciliateurs qui espéraient les y pousser.

 

 

- Telle était cette marche. Un bide pour la lutte contre l’antisémitisme en dépit des moyens politico-médiatiques et institutionnels immenses déployés pour la faire réussir.

Un bide en nombre. Mais aussi un bide du fait du choix d’un périmètre politique incluant l’extrême droite dont nombre de dirigeants de la droite classique et de la macronie se sont réjouis comme le fit Edouard Philippe. Tout cela fut immédiatement capté par le grand nombre poussé alors à rester à l’écart de la marche.


🔴  « Cet évènement représente un palier dans la vie politique de notre pays »

 

Au demeurant, les macronistes eux-mêmes n’avaient pas le cœur à l’ouvrage. Car ils savaient comment les maniganceurs de cette marche avaient volontairement mis hors du jeu Emmanuel Macron lui-même. Lui fut très grossièrement sommé de rallier une démarche organisée par les siens, sans en être informé et d’approuver le périmètre politique et les mots d’ordre. Sagement et comprenant à temps la manœuvre qui dénaturait aussi gravement la fonction qu’il doit encore assurer quatre ans, il s’abstint de s’y joindre[0].


Aussitôt la machine médiatico-politique qui insulte et salit nuit et jour quand elle se met en meute se mit en mouvement contre lui, tous azimuts. Au point où le prétendu CRIF relaya mot pour mot les répliques de Netanyahou à Macron. Et cela le jour où celui-ci décidait de menacer de raser Beyrouth au Liban comme il rasait Gaza[7], tout en conseillant comme un parrain aux chefs d’États arabe de « garder le silence » « dans leur intérêt » !


Dans ce contexte le CRIF se sentit pousser des ailes et l’association loi de 1901 exigea « des clarifications de la France ». Pas moins ! Et toute la fachosphère médiatique se mit aussitôt à l’agonir d’injures et de menaces, jusqu’à des menaces de mort publiquement vociférées comme slogan dans la marche du 12 novembre.

 

 

- Sous cet angle, il est certain que cet évènement représente un palier dans la vie politique du pays.

En effet il parvient à dessiner ce que serait cet « arc républicain[7bis] » où le RN , les Zemmour et la droite seraient bien intégrés et seulement séparés de la « gauche d’avant », paraît-il, par un pauvre cordon symbolique bien maigrichon.


Les supplétifs de la « gauche d’avant » feraient bien de se méfier. Déjà la fameuse marche à l’appel du CRIF dans les beaux quartiers ne leur avait pas valu de compliments de la part des bénéficiaires de leur dévotion. Anne Hidalgo dut être exfiltrée sous les injures. Olivier Faure y manifesta tandis qu’on lui criait dessus : « Zemmour président ». Je plains ces gens.


Les voilà désormais ramenés à la case départ politique d’où la Nupes les avait tirés. Les revoilà marchant avec le Front National comme hier avec les « syndicats » de police[8]. Même veulerie sous la charge médiatique, même rêve d’être les « gentils » de la comédie se chargeant de dénigrer les opposants inconfortables que sont les LFI. Venir à cette marche leur convenait. Venir à celle où appelait toute la gauche sociale et syndicale quinze jours auparavant leur répugnait : aucun des trois n’y appela et aucun n’y vint. Avant de faire le contraire une semaine plus tard.

 


- Pour nous les Insoumis, le défi est désormais dans l’accélération du processus politique que nous affrontons et que le pays subit.

Nos repères ne doivent être en aucun cas les diktats et caprices de la sphère médiatique. Celle-ci est à présent extrêmement extérieure aux questions vivantes dans la société.


Le crime contre l’humanité que les dominants protègent par des diversions de toutes sortes ne pourra être effacé par aucun subterfuge. Notre première tâche est d’alimenter en masse les consciences à cette occasion, jour après jour et dans le détail dans tous les milieux. Il s’agit de construire une prise de conscience durable en faisant comprendre les raisons, les origines, les connexions de ce massacre et de l’introduction en France du schéma politique du « choc des civilisations ».


Il faut voir loin. La guerre générale qui menace au Proche-Orient et aux frontières de l’Europe nécessite un solide armement moral et politique du plus grand nombre. Car elle forme un tout avec l’écroulement social de notre société en voie de quart-mondisation et le délabrement général accéléré sous les coups du changement climatique. Tout cela doit être compris et les réponses comprises et partagées. À ce prix, notre peuple sera fort dans l’épreuve qui s’avance. Sinon il n’y a ni perspectives ni espoir.

 

  • Le futur de la République et d’une société délivrée de tous les racismes n’est pas dans le triste carré de tête des revenants vus à la marche de ce dimanche.
  • Ni non plus dans sa cohue en fin de cortège entre les Zemmour et le Pen.
  • Ni dans les piteux du cordon sanitaire.

Il est de nouveau dans une recomposition générale du paysage politique de la résistance. Il est de nouveau urgent de laisser s’épuiser toutes seules les formules démenties par la vie. Roussel ne veut pas de la Nupes, Faure non plus et le groupe parlementaire dont il est membre l’a déjà retiré de son nom. Leur signature, leurs engagements ne valaient rien.

 

  • Pouvons-nous l’ignorer ?
  • Subir de nouvelles invectives, outrances et mise en cause personnelles ?
  • Accepter de voir notre image abîmée par le spectacle de divergences aussi incompréhensibles que venimeuses ?

Nous n’avons pas eu besoin de tout cela pour parvenir au point où nous avons amené nos idées et notre programme dans la confiance populaire. Ne confions à personne le soin de faire le travail nécessaire.


Mieux vaut admettre combien notre confiance a été trompée que de continuer à espérer une aide qui nous sera toujours refusée avec mépris, ingratitude et méchanceté. L’enjeu n’est pas les bons points pour bonne conduite délivrés par l’officialité mais la survie de la démocratie dans un pays dévoré par l’autoritarisme du sommet, le sectarisme des intermédiaires et la désorientation des bases populaires.

 

🔴  Pour aller plus loin : Tribune – Jean-Luc Mélenchon : « Turbulences des sommets »

 

 

- Dans ce 167e numéro de la Revue de la semaine, Jean-Luc Mélenchon revient sur les dernières actualités.

Et, dans ce cadre, il :

  • commence par parler du conflit au Proche-Orient, pour rappeler l’importance des frontières dans les conflits internationaux.
  • revient sur la théorie du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, soulignant ses limites conceptuelles et son utilisation pour justifier des politiques de domination. Au XXIème siècle, elle s’ajoute au concept de « guerre totale » et donne lieu à ce qu’on nomme « le nettoyage ethnique ». 
  • revient alors sur la nécessité d’un cessez-le-feu, ce qu’il soutient dès sa première déclaration suite aux attaques du 7 octobre 2023
  • souligne ensuite l'impact des conflits étrangers sur la politique nationale.
  • critique alors l’organisation de la marche contre l'antisémitisme du 12 novembre 2023, affirmant que l'absence de l'appel à la lutte contre tous les racismes a empêché beaucoup de monde de participer. Il souligne la nécessité d'une mobilisation massive contre tous les racismes, l’antisémitisme et l’extrême droite et appelle  les insoumis à manifester samedi 18 novembre à cet égard.

 

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22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 19:36

Les samedi 21 et dimanche 22 octobre 2023, l'Institut La Boétie organisait un colloque exceptionnel « Extrême droite : le dessous des cartes. Comment la vaincre[1]. »
Aujourd’hui, l’extrême droite s’impose à la télévision, dans les rues, et même sur la scène politique, sans rencontrer suffisamment de résistance. Malheureusement, les discours qui l’entourent oscillent entre le constat auto-réalisateur de sa montée inexorable, et l’idée qu’elle ne serait qu’une force du passé. L’extrême droite contamine le champ politique et médiatique, brouillant les frontières entre ses différentes manifestations. Il est donc impératif d’analyser de près ce qu’elle représente aujourd’hui, dans toutes ses nuances, pour la contrer sous toutes ses formes.
Le colloque « Extrême droite : le dessous des cartes » avait pour objectif d’examiner ce phénomène en profondeur, de faire le plein d’analyses et d’arguments pour vaincre l’extrême droite, de s'armer intellectuellement dans le combat décisif contre l’extrême droite.

 

 

Source : Institut La Boétie |

- Samedi, de 10h30 à 11h : Introduction par Clémence Guetté, co-présidente de l’Institut La Boétie : « Thèses stratégiques pour vaincre l’extrême droite »

Dans son mot d'ouverture « Thèses stratégiques pour vaincre l’extrême droite », elle détaillera l'état d'esprit de la fondation, les ambitions portées par cet événement et la stratégie insoumise pour vaincre l'extrême-droite.

 

 

- Samedi, de 11h à 12h30 : La première plénière porte sur la médiatisation de l'extrême droite et l'extrême droitisation des médias.

Il s’agit ici de revenir sur la médiatisation croissante des idées d’extrême droite ces 30 dernières années, et la façon dont les médias ont contribué à l’élargissement considérable de leur audience en assurant leur entrée dans les foyers et à leur banalisation, leur assurant une place dans le débat politique et idéologique dominant. Il est question d’analyser les discours que les médias portent sur l’extrême droite autant que les discours qu’elle y porte et les stratégies qu’elle met en œuvre. Il est aussi un moment de réflexion sur l’extrême droitisation des médias, stade avancé de la banalisation de ce courant en même temps que résultat de stratégies capitalistiques.

 

Avec :

  • Pauline Perrenot, journaliste, membre d’Acrimed, autrice de « Médias et extrême droite : la grande banalisation » ;
  • René Monzat, journaliste, auteur de « Enquêtes sur la droite extrême » ;
  • Samuel Bouron, maître de conférences en sociologie, auteur de « ‪Entrer en politique par la bande médiatique ?‪ »

 

 

- Dimanche, de 10h00 à 12h : Revivez la seconde plénière : Qui vote pour l’extrême droite ? Structure sociale et motivations électorales du bloc d’extrême droite

Notre deuxième plénière porte sur l’analyse du bloc d’extrême droite, de ses tendances, de ses structurants et de ses faiblesses, et permet donc de distinguer les mécanismes à l'œuvre entre les blocs issus des élections présidentielle et législative, et notamment ceux de droite et d’extrême droite, avec déjà en France le début d’un glissement de composition électorale du bloc de droite à celui d’extrême droite,  comme observé dans de nombreux pays d’Europe où des coalitions se constituent. 

 

Il s’agit ici de discuter des déterminants du vote d’extrême droite, qu’ils soient sociaux ou culturels, alors qu’il est souvent présenté comme seulement un vote “perdu” par la gauche mais en réalité cimenté par des repères sociaux, idéologiques et culturels nouveaux ou propres, dans une analyse qui doit être géo-sociale. Il est question aussi des contradictions sociologiques au sein de ce bloc entre le vote RN et Reconquête par exemple.

 

Avec :

  • Yann Le Lann, maître de conférences en sociologie, collectif Quantité Critique ;
  • Safia Dahani, politiste, EHESS ;
  • Raphaël Challier, sociologue ;
  • Violaine Girard, sociologue, co-autrice de « Le vote FN au village : trajectoires de ménages populaires du périurbain » ;
  • Félicien Faury, docteur en sciences politiques, auteur de « Vote FN et implantation partisane dans le Sud-Est de la France : racisme, rapports de classe et politisation »

 

 

- Dimanche, de 13h00 à 14h30 : dernière plénière portant sur la lutte anti-écologique de l’extrême droite et ses formes particulières.

D’une part, elle paraît être souvent à l’avant-garde du développement d’un climato-négationnisme, donc du refus de constater l’ampleur et la réalité scientifique de la crise climatique. D’autre part, elle s’emploie à recycler des principes rationalistes ou traditionalistes pour développer une doctrine d’écologie réactionnaire opposée à la bifurcation écologique, qui fait de la défense de la nature une opportunité pour développer son projet raciste et conservateur.

 

Nous tenterons d’analyser ces deux directions prises par l’extrême droite face à la question écologique, en tension ou en contradictions, et comment elles s’inscrivent dans le rejet des causes profondes et des issues globales à apporter à cette crise considérant de façon centrale la responsabilité portée par le système capitaliste.

 

Avec :

  • Antoine Dubiau, chercheur en écologie politique, auteur du livre « Écofascismes » ;
  • Ève Gianoncelli, politiste, autrice de « Des racines du socialisme à la politique chrétienne par la racine : l’union radicale conservatrice et ses limites » ;
  • Sylvain Laurens, sociologue, co-auteur de « Les gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique » ;
  • Claire Lejeune, co-responsable du département de planification écologique de l’Institut La Boétie

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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 14:06
La gauche actualise sa stratégie à l’aune du livre de Cagé et Piketty

La France insoumise peaufine la stratégie du « 4e bloc »[3]... et, lors des législatives, européennes 2024 : le quatrième bloc est la stratégie gagnante de la France insoumise[4]

 

Les conclusions de l’essai de Julia Cagé et Thomas Piketty sur l’importance du critère de classe dans le vote et le retard du « bloc social-écologique » dans les classes populaires rurales alimentent les réflexions et les controverses d’une gauche en recherche d’une stratégie victorieuse.

 

 

Source : Médiapart extrait | mis à jour le 06/09/2024

- Le 20 septembre, Jean-Luc Mélenchon ne boudait pas son plaisir d’accueillir Julia Cagé et Thomas Piketty dans un amphithéâtre rempli au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), à Paris, pour une conférence de l’Institut La Boétie (ILB), qu’il copréside.

« Vous êtes ici, en quelque sorte, chez vous », a-t-il lancé aux coauteurs de l’essai de la rentrée, " Une histoire du conflit politique (Seuil) ", précisant que s’il n’y a pas de compagnonnage politique entre eux et La France insoumise (LFI), au moins y a-t-il une parenté de pensée : « Les Insoumis et les Insoumises pensent que l’analyse électorale est un enjeu idéologique. »

 

Dans leur somme de 851 pages, les deux économistes décortiquent les résultats de 12 élections présidentielles et 41 élections législatives, de 1789 à 2022, dans les 36 000 communes de France. Un travail qui ne pouvait donc qu’intéresser les Insoumis. Par la quantité de données analysées, révélant les failles et les marges de progression de chaque bloc politique, les deux économistes se sont de fait quasiment convertis en oracles de la gauche. Leurs conclusions – sur le caractère plus déterminant que jamais de la classe sociale dans le vote, la marge de progression du bloc social-écologique dans les classes populaires rurales et le potentiel retour d’une bipolarisation gauche/droite – ont de quoi rendre le camp mélenchoniste optimiste.

 

 

- Mais des nuances sur la stratégie électorale qui découle des enseignements du livre se dessinent.

L’insistance des auteurs sur les écarts de vote entre mondes rural et urbain et l’idée que « la gauche n’a pas de proposition très construite pour attirer les classes populaires rurales » confortent l’analyse formulée par François Ruffin après les élections législatives de 2022. Celui-ci avait identifié les campagnes populaires, la France des bourgs et des villages, comme le point faible de LFI, sur lequel le mouvement devait travailler en priorité – même s’il a déjà progressé en 2022 par rapport à 2017, en remportant des législatives dans la Creuse, l’Ille-et-Vilaine ou encore la Haute-Vienne. Lors d’un débat avec Clémentine Autain à la Fête de l’Humanité le 16 septembre, le député de la Somme a fait référence à cette source de légitimation scientifique, estimant que désormais, pour lui, le chemin était « clair ».

 

 

- La France insoumise peaufine la stratégie du « 4e bloc »
« Non seulement le livre de Julia Cagé et Thomas Piketty offre un élan d’optimisme sur une victoire de la gauche, mais il permet d’objectiver quelque chose qui se dessinait après les législatives de 2022, que François avait posé dans le débat public, à savoir les enjeux géographiques du travail qu’il nous reste à faire », abonde Clémentine Autain, interrogée par Mediapart. Pour la députée de Seine-Saint-Denis, « la question des services publics est une partie de la réponse pour atteindre l’objectif d’unifier les classes populaires rurales et urbaines : il galvanise notre propre public, et peut contribuer à l’élargir ».

 

🔴 Ce n’est pas tout à fait la lecture que fait Jean-Luc Mélenchon, pour qui la clef d’une prochaine victoire de la gauche réside dans la mobilisation du « 4e bloc », c’est-à-dire les 26 millions d’abstentionnistes du second tour des législatives de 2022. Il vise en particulier les jeunes de 18 à 24 ans, qui ont voté pour lui à 38 % au premier tour de la présidentielle, mais se sont abstenus à 66 %, et les quartiers populaires.

 

🔴 « Bien sûr, il faut aller chercher les milieux ruraux déclassés : qui va dire le contraire ? Mais le gros de la troupe qui va nous faire gagner, ce sont les quartiers populaires, où on vote pour nous à 80 % au premier tour mais où 30 % seulement vont voter. […] La priorité, c’est de les convaincre eux, et pour ça, il faut parler clair, cru, dru, et dur », a-t-il lancé à ses convives le 20 septembre. Il se distingue ainsi des observations faites par François Ruffin cet été, estimant que « poser la radicalité n’est plus utile ». Le livre de Cagé et Piketty a donc rapidement alimenté des controverses préexistantes, chacun ayant tendance à y voir une confirmation de sa propre thèse.

 

 

- Nous pouvons l’emporter en parvenant à mobiliser davantage les catégories populaires. Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise

Interrogé par Mediapart, Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, qui a dialogué avec Julia Cagé et Thomas Piketty, estime ainsi que leur travail légitime la stratégie insoumise de conquête des abstentionnistes. Les deux universitaires montrent que pendant une longue période, notamment les années 1960-1970, « les communes pauvres votaient plus que les communes riches », en particulier dans les banlieues populaires, du fait du travail de mobilisation du Parti communiste français (PCF). Il y aurait donc une réserve de voix à récupérer.

  • « L’analyse sur le temps long démontre que la plus faible participation électorale des classes populaires n’est pas une fatalité ; les classes populaires participaient autant, voire à certaines périodes davantage que les classes dominantes. Nous avons donc raison quand nous disons que nous pouvons l’emporter en parvenant à mobiliser davantage les catégories populaires », analyse Manuel Bompard.
  • « C’était une époque où les catégories populaires s’imaginaient conquérir l’appareil d’État. Aujourd’hui, elles ont tellement été trahies par ceux qui l’ont conquis en leur nom, qu’on se retrouve avec la situation présente », abonde le député insoumis Hadrien Clouet, élu dans la Haute-Garonne avec un taux de participation en nette hausse par rapport à 2017 (+ 7 points), ce qui en fait un cas à part.
  • À ses yeux, pour que LFI passe du stade de « pôle de résistance » à une force alternative majoritaire, il faut s’appuyer sur un travail militant acharné auprès des classes populaires. Il rapporte ainsi avoir fait « une campagne massive pour l’accès aux droits dans les banlieues populaires » : « Les gens m’ont tous vu trois fois sur le seuil de leur porte, pour leur dire des choses socialement utiles, alors que l’État se retire de partout. » Une pratique plus difficile dans les campagnes pavillonnaires, où « on subit la disparition des lieux de sociabilité », rapporte-t-il.

 

🔴 À la conférence de l’ILB, la sociologue Marion Carrel abondait dans ce sens, affirmant, d’une part, quil serait « dramatique » de « laisser tomber les abstentionnistes au motif que stratégiquement ils sont trop loin du vote » et, d’autre part, que « les conditions sociales et politiques d’une remobilisation existent ».

 

🔴 « L’expérience des discriminations, en particulier territoriales, raciales et religieuses, suscite une politisation ordinaire qui a du mal à être captée par les organisations politiques et associatives. Cette politisation ordinaire peut amener à un retour possible au vote, à condition d’un travail militant de longue haleine, qui s’appuie sur des leaders de quartier, et que les formats d’engagement soient participatifs, portés sur l’action », a-t-elle décrit.

 

 

- Unifier les classes populaires : un objectif partagé
Sur le plan programmatique, alors que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), basée sur le programme de LFI[2], est traversée de tensions du fait de la volonté de ses partenaires de rééquilibrer l’alliance vers le centre pour « rassurer » un électorat de gauche modéré, le travail de Cagé et Piketty leur donne tort aux yeux des Insoumis :

 

🔴 « Les classes populaires participent davantage lorsque la gauche est organisée autour d’un pôle de rupture avec le capitalisme (PCF historique ; PS des années 1970 et du Programme commun), ce qui valide notre positionnement programmatique. Et j’ajoute que l’on voit s’esquisser une hausse de la participation populaire entre 2017 et 2022, à laquelle nous ne sommes sans doute pas étrangers », argumente Manuel Bompard.

 

Au-delà des rangs insoumis, le livre incite les partis à des convergences politiques : une audition de Cagé et Piketty est d’ailleurs prévue à l’Assemblée nationale le 4 octobre par des député·es de la Nupes. Pour Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste (PS), l’un des apports du livre est d’affirmer « que le sentiment de désaffection des classes populaires n’est pas d’abord lié à une panique morale et identitaire mais à un sentiment de relégation économique et sociale en dehors des métropoles. Les solutions, c’est de ramener de l’emploi et des services publics dans les zones périurbaines ».


Cet enseignement permet de mettre à distance l’idée d’« insécurité culturelle » un temps popularisée par le Printemps républicain avec l’essayiste Christophe Guilluy, qui avait fait dériver le PS vers des thématiques identitaires – une pente que semble prendre aujourd’hui le PCF de Fabien Roussel lorsqu’il flatte un chauvinisme supposé de la France des villages.

 

Pour les écologistes aussi, le livre donne matière à penser. Le diagnostic à leur égard y est plus déprimant. Cagé et Piketty décrivent un profil de vote écologiste atypique à gauche, très urbain et où « plus les communes sont riches, plus elles votent pour l’écologie politique, sauf au sommet de la distribution des revenus ». Ils concluent : « Pour de nombreux électeurs issus des catégories populaires ou des territoires défavorisés, le vote écologiste est souvent associé à un discours certes respectable et même indispensable sur le plan des objectifs, mais qui en pratique tend à négliger la question des inégalités sociales et risque de se retourner contre les plus modestes, qui ne semblent pas toujours figurer parmi les priorités de ce courant politique, généralement considéré comme plus proche des classes urbaines relativement favorisées. »

 

🔴 Pour avoir la majorité aux législatives, il faut gagner dans plus de 289 circonscriptions, donc il faut aussi gagner dans des endroits où on est plus fragiles.

 

 

- Dialogues avec Cagé et Piketty : Géographie des votes de gauche et stratégie de conquête électorale

L’Institut La Boétie a pour vocation d’organiser, pour le camp de l’émancipation, le dialogue, l’interface entre monde politique et monde universitaire. C’est pourquoi il a organisé, le 20 septembre 2023, une soirée d’échanges autour de cet ouvrage " Une histoire du conflit politique : Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022 " 

 

 

- Ce livre est " Une histoire du conflit politique : Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022 "

  • Qui vote pour qui et pourquoi ?
  • Comment la structure sociale des élec­torats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ?

En s’appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques des 36 000 communes de France couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une his­toire du vote et des inégalités à partir du laboratoire français.

 

 

- Au-delà de son intérêt historique, ce livre apporte un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement.

La tripartition de la vie politique issue des élections de 2022, avec d’une part un bloc central regroupant un électorat socialement beaucoup plus favorisé que la moyenne – et réunissant d’après les sources ici rassemblées le vote le plus bourgeois de toute l’histoire de France –, et de l’autre des classes populaires urbaines et rurales divisées entre les deux autres blocs[1], ne peut être correctement analysée qu’en prenant le recul historique nécessaire. En particulier, ce n’est qu’en remontant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à une époque où l’on observait des formes similaires de tripartition avant que la bipolarisation ne l’emporte pendant la majeure partie du siècle dernier, que l’on peut comprendre les tensions à l’œuvre aujourd’hui. La tripartition a toujours été instable alors que c’est la bipartition qui a permis le progrès économique et social. Comparer de façon minutieuse les différentes configurations permet de mieux envisager plusieurs trajectoires d’évolutions possibles pour les décennies à venir.

 

Une entreprise d’une ambition unique qui ouvre des perspectives nouvelles pour sortir de la crise actuelle. Toutes les données collectées au niveau des quelques 36 000 com­munes de France sont disponibles en ligne en accès libre sur le site unehistoireduconflitpolitique.fr, qui comprend des centaines de cartes, graphiques et tableaux interactifs auxquels le lecteur pourra se reporter afin d’approfondir ses propres analyses et hypothèses.

 

-  Par :

  • Julia Cagé professeure à Sciences Po Paris et lauréate du Prix du meilleur jeune économiste (2023)
  • Thomas Piketty directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et professeur à l’École d’économie de Paris.

Éditions : Les Editions SEUIL

Date de parution : 8 septembre 2023

Pages : 864

Disponibilité : ICI

Format : 15,6 cm x 21,9 cm

Prix papier TTC : 27 €

 

Notes :

[1Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon

[2] Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[3] Manuel Bompard ; Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

[4] Législatives, européennes 2024 : Quatrième bloc, la stratégie gagnante de la France insoumise

 

Pour en savoir plus :

- LES OBSTACLES À « LA RECONQUÊTE DU VOTE POPULAIRE RURAL » : DISCUSSION SUR L’OUVRAGE DE CAGÉ ET PIKETTY

- L’appel de ces députés NUPES pour l’union populaire : « Il faut continuer le combat pour le programme de rupture signé par chacun en 2022 »

 

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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 10:44
Sénatoriales 2023 en bois de sapin pour la Nupes

Le « plafond de verre » de la gauche, c’est elle qui le construit dans les élections.

D’aucuns encore se réjouissent de provoquer les mêmes dégâts aux élections européennes... puis les municipales...

et les présidentielles de 2027 ?

 

 

 

Sources : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le 30/09/2023

- Dans nombre de départements, les pronostiqueurs nous annonçaient entre 10 et 20 voix aux élections sénatoriales.

Ça ne s’est jamais passé comme ça. Dans une grande majorité de départements, les insoumis réalisent des scores bien plus significatifs. Ils multiplient par trois, quatre, cinq, six, dix le nombre des grands électeurs insoumis d’abord recensés comme tels. De la sorte, en dépit du caractère parfois très volontairement dépolitisées des candidatures, y compris celles de la « vieille gauche » se présentant comme la « gauche des territoires », le bulletin de vote LFI rassemble les grands électeurs !

 

Nous faisons ainsi[1] :

▶️ 133 voix en Isère.

▶️ 127 voix  en Seine-et-Marne.

▶️ 114 voix  en Essonne.

▶️ 95 voix  en Indre-et-Loire.

▶️ 111 voix  en Loire-Atlantique.

▶️ 99 voix en Meurthe-et-Moselle.

▶️ 91 voix dans le Nord.

 

D’aucuns prétendaient que nous agirions comme un « repoussoir ». Aujourd’hui ils en sont réduits à se demander ce qui a fait fuir loin d’eux tant de grands électeurs ! Le repoussoir n’est donc pas là où on l’attendait. À l’inverse, là où il a été possible d’apporter notre participation dans un cadre unitaire, le résultat a suivi. Dans la clarté de l’orientation programmatique, nous faisons élire deux sénateurs issus de la gauche de rupture (Val-d’Oise et Réunion). Ian Brossat, qui a cru pouvoir parler de victoire de la ligne Roussel, aurait mieux fait de se taire.

 

 

- Car si l’union s’était faite, comme nous le proposions, la NUPES aurait fait élire 11 sénateurs supplémentaires

Ou ? Dans l'Isère, la Loire-Atlantique, la Moselle, le Nord, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales, Paris, l'Essonne, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, les Français de l’étranger. Pas moins. Souvenons-nous que nous demandions une seule position éligible pour tout le pays. C’était trop, nous a-t-on répliqué. La division de la NUPES, attisée par les Roussellistes, a provoqué encore d’autres fractionnements et dissidences à gauche entre diverses variétés de socialistes, comme en Seine-Saint-Denis par exemple. Au final, le PCF perd deux ou trois sièges du fait de sa préférence pour le splendide isolement. Ainsi les diviseurs systématiques ont empêché la progression de tous. Leur éparpillement facilite l’élection des sénateurs d’extrême droite. Du coup, les équilibres au Sénat sont inchangés. Et la vieille gauche plafonne.

 

 

- Le « plafond de verre » de la gauche, c’est elle qui le construit dans les élections.

D’aucuns encore se réjouissent de provoquer les mêmes dégâts aux élections européennes. Puis, ce seront les élections municipales, pour lesquelles la vielle gauche prévoit de « décider à la base ». Ce qui veut dire que les Insoumis seront de nouveau ostracisés, partout où cela arrangera les roitelets locaux. Mieux vaut en tirer la leçon dès à présent !

 

Notes :

[1] Publication des candidatures et des résultats aux élections : Sénatoriales 2023

 

Pour en savoir plus :

- PS, PCF et EELV enterrent la NUPES pour les Sénatoriales de 2023

- Sénatoriales : La France insoumise dénonce un "enterrement de la Nupes" avant une possible alliance PS-EELV-PCF

Élections sénatoriales : la France insoumise défendra partout le programme de la NUPES

- Élections sénatoriales : le refus de l’union autour de la NUPES aura coûté à la gauche près de 10 sièges

-Sénatoriales 2023 : LFI a-t-elle fait perdre des sièges à la gauche, et combien ?

- « Les Français préfèrent Roussel » ? Un sondage IFOP dit lesquels….

Élections européennes 2024 POUR UNE LISTE UNIE DE LA NUPES : MOBILISATION CITOYENNE, APPEL À SIGNER MASSIVEMENT PAR TOUTES ET TOUS !

 

Sénatoriales 2023 en bois de sapin pour la Nupes
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