Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 avril 2018 1 16 /04 /avril /2018 20:37
Le capitalisme est aujourd’hui obligé de casser les conquis sociaux. Voilà donc l’ennemi : le capitalisme

" Il serait absurde de penser qu’on peut « réformer », « améliorer » ou « adoucir » le capitalisme. On n’a pas pu, par le passé, « améliorer » l’esclavage, « réformer » le colonialisme ou « corriger » les défauts du système de discrimination entre les hommes et les femmes. Les révolutionnaires de 1789 ont détruit la féodalité, la monarchie absolue et le servage. Impossible d’« améliorer » la féodalité ! " Jean Ziegler

 

Sources :  ResPUBLICA* par Évariste

- Quand le sage montre la lune, beaucoup regarde le doigt !

Quand on est mécontent de Sarkozy, on choisit Hollande, puis mécontent de Hollande on vote Macron. Bientôt Macron deviendra impopulaire. Est-ce que la solution sera de voter pour un autre représentant de l’oligarchie capitaliste ? La question devient la suivante : « Est-ce que les citoyens, les travailleurs ont intérêt à se bouger uniquement pour changer de gérant du capital ? » La société du spectacle souchée sur le dispositif médiatique du mouvement réformateur néolibéral tente toujours de nous pousser à changer de gérant du capital dès que celui qui est au pouvoir n’a plus assez de soutiens populaires. Et pour l’instant, il réussit à nous diviser.

 

D’abord, en attaquant le principe de laïcité. Jean Jaurès disait que sans la laïcité, il y aurait une division entre ouvriers catholiques et ceux qui ne le seraient pas. Et qu’avec la laïcité et la loi de séparation, la religion était reléguée dans la sphère privée des citoyens et que cela unifiaient le prolétariat en vue de satisfaire les revendications ouvrières (repos du dimanche-1906, retraites ouvrières et paysannes-1910, impôt sur le revenu-1914). En développant le relativisme culturel inhérent au mouvement réformateur néolibéral, le dispositif Macron réussit, pour l’instant, de diviser le camp progressiste sur ce thème mais en même temps, il développe le communautarisme religieux pour lui faire jouer certaines missions de service public qui lui sont transférées suite au processus de privatisation des services publics.

 

Mais aussi, en réussissant ici et là, à diviser le salariat en faisant rentrer dans les têtes que le malheur des chômeurs et des salariés sans statuts spéciaux sont dus à ceux qui ont des statuts spéciaux (salariés de l’énergie, de la SNCF, des trois fonctions publiques, etc.). Alors que le but du mouvement réformateur néolibéral est en fait de baisser le ratio de tous les salaires par rapport à la somme des richesses produites. Tout simplement parce qu’il a besoin de plus de dividendes pour alimenter la spéculation immobilière, seule possibilité d’avoir pour l’oligarchie des taux de profits élevés (but du capitalisme) depuis que les taux de profits dans l’économie réelle sont très bas (période néolibérale).

 

Aucune innovation technologique n’a réussi à faire remonter les taux de profits de l’ensemble de l’économie capitaliste contrairement aux innovations précédentes (électricité, machine à vapeur, automobile, train, avions, etc.). La guerre, moyen d’augmenter les taux de profits grâce à la destruction du capital ne peut avoir lieu qu’en dehors du monde développé vu les capacités de destruction massive des grands pays impérialistes en concurrence entre eux. L’intensification et la déshumanisation du travail a entraîné des nouvelles maladies professionnelles (surmenage, stress, troubles musculo-squelettiques, etc.) voire une augmentation du nombre de suicides sur les lieux du travail y compris dans la fonction publique. Il ne reste donc, pour les dirigeants du système, que la baisse des salaires directs et socialisés. D’où l’attaque contre le salariat et pour l’auto-entreprenariat, contre le Code du travail, l’attaque contre les statuts, contre la Sécurité sociale, l’école et les services publics. Et qu’il faut un autre modèle politique basé sur un nouveau mode de production pour retrouver le chemin de l’émancipation par l’augmentation du niveau de vie du plus grand nombre avec le développement de la sécurité sociale, de l’école et des services publics.

 

Comprenons également que pour faire baisser les salaires socialisés, il faut faire baisser toutes les retraites. Pour ce faire, le projet est de mettre tous les salariés et indépendants dans une caisse unique fonctionnant par points ou en comptes notionnels. Mais cela demande de casser préalablement les statuts spéciaux (type SNCF par exemple) et remplacer des fonctionnaires par des contractuels de droit privé. Voilà pourquoi la résistance de tous les travailleurs à l’attaque contre les cheminots, contre la privatisation des services publics, contre les fonctions publiques est nécessaire. Si nous perdons cette bataille, ce sera encore plus dur pour tous après.

 

Avec ce que nous venons de dire, on comprend pourquoi le nouveau gérant du capital, Emmanuel Macron, soutenu par les dirigeants de la finance internationale, de l’Union européenne, du grand patronat, de la haute technocratie administrative, de la quasi-totalité des médias, des intellectuels organiques du capital, et des artistes également organiques du capital, veut aller vite. Car il doit faire cela avant la mi-mandat.

 

Voilà pourquoi le dispositif macronien s’est sorti du bourbier de Notre-Dame-des-Landes pour se concentrer sur l’attaque contre les cheminots et pour développer la privatisation massive des services publics et la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires (50.000 dans la fonction publique d’Etat et 70.000 dans la fonction publique territoriale) via le Comité Action Publique 2022 (CAP 22). Le premier ministre a annoncé le 13 octobre dernier que le but était d’organiser « des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions ». Il devrait annoncer en mai 2018 les mesures précises. Outre les suppressions de postes de fonctionnaires et la déstructuration des missions de service public, on aura des embauches de contractuels de droit privé, la totale dématérialisation électronique d’ici 2002, la rémunération à la rentabilité, le renforcement du pouvoir des directeurs technocrates et la généralisation du « nouveau management public » (avec son lot de harcèlement, de stress, de maladies professionnelles nouvelles, de suicides sur les lieux de travail, etc.). Et là cela va impacter la vie quotidienne vu que tous les services publics y compris les services de proximité seront impactés.

 

 

- Et nos tâches dans tout cela ?

  • Pour l’instant, suite aux manifestations du 22 mars, nous avons le conflit des cheminots qui perdure avec un début de solidarité financière par collecte électronique, la journée interprofessionnelle de la CGT le 19 avril et la montée parisienne pour une marche le 5 mai 2018 lancée par Ruffin et Lordon avec une partie des forces syndicales le 4 avril dernier à la Bourse du travail de Paris, marche soutenue par la France insoumise. Notre première tâche est de faire converger l’ensemble de ces forces syndicales et politiques car sans convergence pas de victoire possible.

 

  • Notre deuxième tâche consiste à mener dans un moment de luttes sociales la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle pour combattre la division populaire comme notée en début d’article. Refusons la division du peuple et ciblons nos vrais adversaires qui participent de l’oligarchie capitaliste et de leurs alliés. Rassemblons le salariat et refusons le recul des conquis sociaux. Développons le lien entre le combat laïque et le combat social pour rassembler et promouvoir la souveraineté populaire. Le tout en utilisant toutes les méthodes d’éducation populaire refondée (réunions publiques, conférences populaires sans conférenciers, cinés-débats, débat théâtral, ateliers de lecture, etc.)

 

  • Notre troisième tâche est de prendre le temps de la formation politique pour ne pas déléguer le processus décisionnaire à des élites même populaires.

Si le combat social est une priorité immédiate pour lutter contre la politique mortifère et destructrice d’Emmanuel Macron, deux enjeux demeurent que nous aurions tort de mettre en seconde priorité. La crise écologique (climat, biodiversité, pollutions) demeure n’en déplaise au silence de Nicolas Hulot et la planification écologique est une exigence par rapport à l’appétit sans limite des tenant du néo-libéralisme. Raison de plus pour soutenir également le versant écologique de la lutte des cheminots dans la période car un politique écologique appelle le transfert programmé de la route vers le train tant pour les voyageurs que pour le fret. C’est-à-dire tout le contraire de la politique du gouvernement et de la direction de la SNCF. Cette dernière a développé des filiales privées de transport par route pour concurrencer le rail !

 

Le second enjeu est la crise migratoire que l’on peut résumer par ces deux chiffres, 25 millions de réfugiés climatiques en 1998, 250 millions à l’horizon 2050. Le bouleversement attendu de nos sociétés ne sera pas réglé par la loi Asile et Immigration telle qu’elle est présentée par Gérard Collomb, le sinistre d’Etat, au nom du gouvernement actuel.

 

Il y a encore loin de la coupe aux lèvres mais l’espoir demeure. Hauts les cœurs et échangeons entre nous.

Partager cet article
Repost0
13 avril 2018 5 13 /04 /avril /2018 22:03
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !

et le 5 MAI,... faisons la fête à Macron !

 

Le 19 mai, on participe massivement à l'initiative d'action unitaire CGT - FSU - Solidaire - UNEF à 11H place de la Motte Rouge à La Rochelle et le soir à 18h30 tous à L'AG pour préparer la fête à Macron du 5 Mai.

 

Sources :  La Fête à Macron La Rochelle

 

Madame, Monsieur, Chers ami.e.s et Camarades,

Le mercredi 4 avril, la Bourse du Travail à Paris était pleine à craquer, plus de 600 citoyens, syndicalistes, étudiantes, cheminot.e.s, etc. rassemblé.e.s. Et plus de 1200 autres personnes, à l’extérieur, qui n’ont pu rentrer.

A la quasi-unanimité, ces deux assemblées ont voté pour une manifestation nationale, à Paris, le samedi 5 MAI.

 

En réponse à l'appel national[1] nous venons de constituer le " Comité du 5 mai de La Rochelle "

Il est ouvert à toutes et tous : syndicats et syndicalistes, associations et membres d'associations, partis politiques et membres de partis politiques, citoyen.ne.s ..

Nous avons toutes et tous de bonnes raisons de dire STOP à MACRON et de créer une mobilisation sociale et citoyenne de masse pour arrêter le bras des casseurs.

Faut-il en dresser la liste ? Elle est longue. Trop longue.

Ordonnances travail et « nouveau pacte ferroviaire », hausse de la CSG pour les retraité.e.s, pour les étudiant.e.s, la sélection à l'université, pour les futurs licencié.e.s, ceux de Carrefour, Pimkie et tant d’autres, plafonnement des indemnités, « maltraitance institutionnelle » dans les Ehpad, sans que la ministre de la Santé trouve autre chose à y répliquer que : « La France n'a pas les moyens budgétaires. », nouvelles attaques contre les retraites à l'automne, menaces sur les statuts des fonctions publiques........

Cette même France du président Macron qui a supprimé l'Impôt sur la fortune pour les actionnaires et plafonné l’impôt sur le capital : les « moyens budgétaires », elle les a trouvés, en milliards et en urgence. Cette même France où les firmes du CAC40 accumulent près de cent milliards de profits, du jamais vu depuis 2007. Cette même France qui vient d'offrir aux multinationales opacité et impunité grâce au «secret des affaires».

En résumé : tout pour ceux qui ont déjà tout ; rien pour ceux « qui ne sont rien ».

Mais tout ne se passe pas aussi tranquillement. Partout ça résiste : les cheminot.e.s évidemment, les facs également, Air France, les hôpitaux, les éboueur.euse.s, les caissières, les électricien.ne.s... Mais en ordre dispersé, sans leur trait d'union. Si ces ruisseaux de colère convergeaient, quel fleuve puissant ne formeraient-ils pas.

Il y a autre chose aussi, moins visible, plus souterrain, mais plus massif, plus explosif : quelque chose qui ressemble à un vaste désir d’autre chose. Quoi ? On ne sait pas, ou pas encore. Mais autre chose que cet économisme étroit, cette bureaucratie patronale qui contrôle, qui « manage », qui évalue sans relâche, qui maltraite aussi. Et ne connaît rien d’autre que ses ratios.

Le texte du projet de loi sur la SNCF contient 84 fois le mot « concurrence ». Mais 0 fois « climat », « réchauffement », « biodiversité ». Leur projet de société ? Un dogme sans autre finalité que produire et vendre. Sans bonheur commun, sans solidarité, sans avenir ensemble. Les sans-statut dressés contre ceux qui en ont un afin de protéger ceux qui ont tout.

Il est probable que Macron ne se rende pas compte que, sous son règne, tout devient très clair, trop clair. Le moment est peut-être venu de lui faire savoir, pour notre part, où nous en sommes. Dans les ordonnances SNCF, se trouvent repliés tous les éléments d’un monde dont nous ne voulons pas. Si ce qui est clair pour nous ne l’est pas pour lui, rassemblons-nous donc pour le lui expliquer un peu plus nettement. Premier anniversaire à l’Elysée ? Qu’il sente non pas la bougie mais le vent du boulet.

 

La conscience grandit que cette affaire des cheminot.e .s nous concerne tous et toutes. Et par conséquent que la dispersion des luttes nous fera tous perdre. Nous pensons qu’il n’y a pas d’autre moyen de le dire qu’une grande manifestation nationale à Paris.

  • Que ce samedi 5 mai signale aux puissances d’argent qu’elles n’ont pas gagné, et que le plus grand nombre ne veut pas de leur monde.
  • Et que le 5 mai, ce grand nombre… se mette en marche !

 

Cet appel rochelais est lancé par des syndicalistes, des membres d'associations et des partis politiques ou pas. Nous appelons à rompre avec la néfaste division entre les mondes syndicaux, associatifs et politiques et ouvrir la voie d’une méthode : celle du « tous ensemble » et d’une unité tournée vers l’action.

C'est la raison pour laquelle nous vous proposons de nous rejoindre pour construire ensemble cette riposte citoyenne et sociale ayant le 5 mai pour étape et sans laquelle rien ne sera possible.

Nous sommes à votre disposition pour vous rencontrer et vous invitons à nous retrouver : jeudi 19 avril à 18h30 salle de Rompsay 27 rue de Chagnolet à Périgny Rompsay

 

Recevez nos salutations militantes

Le collectif

Notes :

[1] Appel au samedi 5 mai : faire sa fête à Macron !

Pour en savoir plus

- Le site national de la Fête à Macron

APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
APPEL aux ROCHELAIS : le 19 avril tous à l'AG pour préparer la fête à Macron !
Partager cet article
Repost0
30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 13:47
Poursuivons la mobilisation pour exiger la dissolution de la LDJ

- Au cours de l'été 2014 Israël lançait l'opération « Bordure protectrice », au cours de laquelle le nombre de civils palestiniens tués a atteint, un niveau sans précédent depuis la guerre des Six jours de juin 1967.

 

Alors qu'en France la mobilisation pour exiger qu'Israël cesse ses frappes sur Gaza s’amplifiait, la LDJ (Ligue de Défense Juive) multipliait les provocations et exactions.

 

Ainsi, suite au lancement de la campagne pour la dissolution de la Ligue de Défense Juive, par Jean-Jacques Candelier député communiste du Nord, le site qui accueillait la pétition "Wesign.it" subissait une attaque de grande ampleur et, les équipes techniques mobilisées peinaient pour garantir l'accès à la plateforme. 

 

Cette attaque par des soutiens de la Ligue de Défense Juive, confirmait la nécessité de se mobiliser contre ce groupuscule d'extrême droite qui sème la violence et cultive la haine. Pour exiger la dissolution de la Ligue de Défense Juive... une pétition était mise en ligne.

 

 

- Dans le même temps, pour la 7ème fois Facebook supprimait la page principale de la Ligue de Défense Juive, pour incitation à la haine et appel à la violence

Poursuivons la mobilisation pour exiger la dissolution de la LDJ

- Poursuivons l'action pour l'interdiction de la LDJ

Le 28 mars 2018, la LDJ (Ligue de Défense Juive) a chassé des représentants de la France Insoumise de la Marche Blanche organisée en hommage à Mireille Knoll aux cris sexistes et homophobes de : « Autain sale pute », « Insoumis enculés », « Mélenchon pédé »… Le groupuscule a ensuite participé au service d'ordre de madame Le Pen. La LDJ a ainsi récupéré et entaché – avec violence – cette manifestation organisée en l’honneur d’une personne décédée à laquelle le fils de madame Knoll avait pourtant invité « tout le monde » à participer pacifiquement.

 

La LDJ est une organisation d’extrême droite, branche française d’un mouvement créé aux Etats-Unis où il est classé depuis 2001 comme « organisation terroriste ». En Israël même, la Ligue est interdite depuis 2004, année où l’un de ses membres assassina 29 Palestiniens et blessa 125 personnes. En France, le groupuscule s’est fait maintes fois remarquer pour ses agressions et a déjà été condamné.

 

À l’heure actuelle, la LDJ jouit d’un statut flou qui ne l’empêche pas de s’en prendre à des élu-e-s du peuple et d’imposer sa propre marche brune au sein d’une Marche Blanche. Rappelons également que les propos sexistes et homophobes susmentionnés sont passibles de poursuites. Aussi, nous demandons à l’État d’agir en interdisant purement et simplement cette organisation criminelle, en bloquant les dons qui lui sont faits et en réprimant ses militants.

 

- Exigeons que l’État agisse en interdisant purement et simplement cette organisation criminelle

 

 

- Ligue de défense juive : milice ou bullshit ?

Bullshit est une expression d'anglais américain qui signifie littéralement « merde de taureau » ou « merde de bison », elle est l'équivalent de « foutaise », « connerie ». Elle sert à dénoncer un mensonge ou une exagération et la traduction la plus juste serait « c'est des conneries » dans la plupart des cas.

 

Le Média reçoit le fondateur de StreetPress qui s'est immergé avec la LDJ pour une enquête disponible sur leur site. Un entretien passionnant.

- En 2014, déjà des révélations explosives sur la LDJ

Partager cet article
Repost0
21 février 2018 3 21 /02 /février /2018 18:04
Benoit Hamon n'a t-il que le social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque à nous proposer ?

Le post ci-dessus du compte twitter du mouvement de Benoit Hamon en date du 16 février, constitue une réponse à la main tendue de Hamon... par le mouvement de Benoît Hamon lui même " Génération.s ". Ainsi, pour B. Hamon et son mouvement, Syriza et Sripras seraient de "gauche " et anti-austéritaires !

Pour en finir avec l'austérité, peut-être que Benoit Hamon aurait pu commencer par ne pas voter en faveur du plan d'étranglement de la Grèce qui a comme conséquence que les grecs sont en train de perdre tous leurs biens, les mettant littéralement à la rue. ?

 

- Des questions à poser à Benoit Hamon

  • Une question mérite à ce stade d'être posée : Quelles ambitions réelles B. Hamon a t-il pour la France et l'Europe ? Veut-il mettre en œuvre la politique de Syriza et Tsipras, et qui, après avoir trahi les grecs à l'issue du référendum, s'être couché devant la troïka, se traduit par une austérité renforcée, le bradage du pays au plus offrant et un enfoncement du peuple dans la misère ?

 

  • Seconde question : Que penser de l'alliance de Benoît Hamon et Yanis Varoufakis qui ont annoncé vouloir travailler ensemble sur la base d'un programme commun plusieurs listes nationales aux élections européennes de 2019.... alors même que la preuve formelle existe que Tsipras, Varoufakis et Dragasakis s’étaient bien mis d’accord en secret dès novembre 2014, c’est-à-dire deux mois avant l’élection de Tsipras, pour ne jamais appliquer le programme de Thessalonique. Ce programme, largement adopté lors du congrès de SYRIZA en septembre 2014, avait été présenté, durant la campagne de janvier 2015, comme la pierre angulaire et le cap incontournable de Tsipras et Varoufakis en cas de victoire le 25 janvier.

 

  • Troisième question : Pourquoi Benoit Hamon n'est-il pas interpellé par les déclarations de Varoufakis selon lesquelles, par exemple.... " Emmanuel Macron, serait le seul membre du gouvernement Hollande à comprendre la crise hellénique[6] " (Ils se sont rencontrés pour parler d'Europe et serait intéressant de savoir ce qu'ils se sont dit) ou encore que " Macron a gâché une formidable chance de changer l'Europe[3]"...

 

  • Quatrième question : Le versatile monsieur Varoufakis propose dorénavant « un plan B et même un plan C » comme alternative à l’Europe actuelle. Comment Benoît Hamon peut-il accepter cet alphabet-là après avoir affirmé son opposition à de telles déclinaisons face à la « France insoumise » ? N’a-t-il pas justifié par cela même son opposition à notre ligne d’action ? Tout cela serait désormais sans importance. Mais serait-ce sérieux ?[5]

 

  • Cinquième question : Benoît Hamon a affirmé  par ailleurs que des points essentiels, tels qu’une politique écologique répondant aux prérogatives de l’accord de Paris, peuvent être mis en place « à traités constants ». Au delà des discours, et des postures est-ce à dire que somme toute, l’Europe de Merkel lui convient ?

 

  • Sixième question : Une politique qui commence avec l’acceptation des politiques d’ajustements structurels ne peut finir autrement que par la négation des libertés puis par leur réduction volontaire et forcée. Tsipras a dévalé toute cette pente. Une semaine avant le tweet de « Génération », le gouvernement Syriza a en effet accepté d'appliquer un plan d'austérité supplémentaire[2]. Dès lors, parler de « volonté commune d’en finir avec l’austérité », c’est bien un retour au double langage Hollandais. Mais le plus grave est ailleurs. Car en plus du reste, Tsipras et son équipe ont décidé de réduire le droit de grève[1]. Ce n’est pas rien ça ? Comment Benoit Hamon peut-il envisager de faire liste commune et vouloir défendre un même programme avec un partenaire qui met en œuvre une telle politique et répond aux revendications sociales par la répression[8] ?

 

  • Et une petite dernière : Pourquoi les élus de Hamon comme Guillaume Ballas dénoncent-ils la social-démocratie (Twitter : La ratification de la Grande Co en Allemagne par le SPD est une des versions de cette alliance centre gauche-droite qui favorise l’extrême-droite et fragilise la démocratie. Avec d’autres, Générations proposera un autre chemin) mais continuent de siéger au chaud dans le groupe S&D au Parlement européen ?

 

  • En conclusion, Benoit Hamon, (et c'est lui qui le dit, " Nous avons un plan à traité constants " tout en précisant, pour entretenir l’ambiguïté « cela ne veut pas dire qu’on ne veut pas modifier les traités ») veut tout changer sans rien changer au niveau des traités européens... tout en disant le contraire ! Tout cela ne fait pas très sérieux, relève de la culture de l’ambiguïté, et vise un objectif, faire renoncer la France insoumise à son " Plan A, et son Plan B " pour ine fine.... ne rien changer ! Est-ce pour cela qu'il " Retisse " les liens avec le PS ? wait and see...

 

- Cette décision de Tsípras et Syriza contre le droit de grève le fait officiellement changer de camp.

Car le droit de grève est une « liberté » fondamentale des travailleurs depuis qu’existe le mouvement ouvrier. C’est si grave que cela a justifié que le Parti de Gauche demande l'exclusion de Syriza du Parti de la Gauche Européenne (PGE) dont il est membre. Une demande à laquelle la direction du PCF, qui a présidé l’organisation pendant deux ans et dont son secrétaire général Pierre Laurent est encore vice-président a répondu qu’elle était « ridicule et sans objet ». Face au refus d'exclure Syriza du PGE, c'est  le Parti de Gauche qui a pris la décision de quitter le PGE  lors de son congrès du 30 et 31 juin 2018.

 

 

- Alors Benoit Hamon...,

Ex secrétaire national aux affaires européennes du PS, il offre son alliance de tous côtés. Mais en réalité il ne se cache pas de vouloir siphonner tout en affirmant qu’il nous laisse la porte ouverte « si nous changeons de position sur l’Europe ». Renoncer à nos idées pour avoir un accord ? Même pas en rêve !

 

Car s’allier avec ceux qui ont capitulé devant les Merckels, Hollande, la banque centrale européenne..., en s'essuyant les pieds sur le résultat du référendum (comme le PS et la droite l'ont fait, en France suite au référendum de 2005) et rejoindre, rassembler, aider les forces qui, par exemple en Grèce, avec « Unité populaire » et  Zoé Konstantopoulou  ont relevé le flambeau de la lutte indépendante.... le choix est vite fait quand on se prétend de gauche.... et vous le ferez-vous ? Il n'est pas trop tard !

 

" La consigne, c’est donc la patience. Et de ne nous mêler de rien. Une fois le paysage mieux dessiné, on avisera utilement. Jusque-là, tout ne peut être que vaine agitation. " Jean-Luc Mélenchon

 
Un nouveau cycle d'échéances électorales est commencé, et, dans ce cadre,  « Macron et Hamon, c’étaient que le pile et la face de la même pièce » comme l'affirme Bernard Friot[7] ?
 

Note :

[1] - Le Parlement grec a adopté, lundi soir, un nouveau train de mesures d’austérité et la restriction du droit de grève

[2] - Grèce : les retraités en colère contre la 12ème baisse de leurs pensions

[3] - Pour Varoufakis, Macron a "gâché une formidable chance" de changer l'Europe

[4] Pourquoi les élus de Hamon comme Guillaume Ballas dénoncent la social-démocratie mais continuent de siéger au chaud dans le groupe S&D au Parlement européen !

[5] Le versatile monsieur Varoufakis par Jean-Luc Mélenchon

[6] Varoufakis encense Macron

[7] Bernard Friot : « Macron et Hamon, c’est le pile et la face de la même pièce »

[8] GRÈCE : LE VIRAGE RÉPRESSIF DU GOUVERNEMENT SYRIZA. PAR STATHIS KOUVÉLAKIS ET COSTAS LAPAVITSAS

Benoit Hamon n'a t-il que le social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque à nous proposer ?
 
- Pour en savoir plus :

- Hamon/Mélenchon : l'accord était impossible... sauf... !

 

 

-« IL FAUT SORTIR DES TRAITÉS EUROPÉENS » Jean-Luc Mélenchon

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 20 février 2018 dans le cadre du débat sur l'élection des représentants au Parlement européen. Il a dénoncé la construction d'une Europe dans laquelle les peuples n'ont pas la capacité de s'exprimer puisque le Parlement européen n'a aucun pouvoir. Il a expliqué que l'Union européenne ne permettait pas la solidarité entre les peuples puisqu'elle refuse l'harmonisation sociale et fiscale et donc la fraternité, à l'heure où l'extrême droite progresse à l'Est de l'Europe et est désormais donnée comme la deuxième force politique en Allemagne. Face à cette impasse, Jean-Luc Mélenchon a appelé à sortir des traités européens actuels et à « refonder l'Europe de la cave au grenier ».

Pour en savoir plus :

- Alain Supiot : « La refondation de l’Europe ne pourra se faire sans sortir des Traités actuels »

 

 

-A ceux qui ont perdu la mémoire !

 

" Le PS place la gauche de la gauche sous surveillance "

Benoit Hamon n'a t-il que le social-libéralisme recyclé à la sauce Grecque à nous proposer ?

-L'ambition de Benoit Hamon n'était pas d'accéder au pouvoir en 2017... elle n'est pas de changer de politique européenne en 2019 !

La tâche que lui avait confié F. Hollande et le PS en 2012 était d'empêcher l'émergence d'une force politique à la gauche du PS en capacité de prendre le pouvoir pour remettre en cause la politique qu'il met en œuvre en France et défend à l'échelle européenne : le social-libéralisme.

En effet Hamon, déclarait déjà au Figaro en 2012, parlant de Hollande : « On lui assure un flanc gauche qui évite que certains électeurs se tournent vers Mélenchon ».

Pour les élections présidentielles de 2017, il a servi, comme c'était déjà le cas en 2012 de " protection du flanc gauche ".

 

Ce qui était vrai en 2012, en 2017 l'est encore aujourd'hui, non pas pour protéger Hollande, mais pour protéger le système. Ce n'est plus le PS qui est à la manœuvre, mais B. Hamon ex secrétaire national aux affaires européennes du PS (on a pu mesurer toute la pertinence des orientations prises par le PS sous son impulsion à l'époque) qui a repris le flambeau !

 

QU'ON SE LE DISE !

 

- Pour en savoir plus :

Partager cet article
Repost0
15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 12:01
Mélenchon a rempli le mot « gauche » au lieu de le brandir comme un étendard

Sources : POLITIS entretien avec Clémentine Autain le 14 février 2018.

- Politis : Quelles leçons tirez-vous des législatives partielles à Belfort et dans le Val-d’Oise, où la droite l’a emporté dimanche dernier ?

Clémentine Autain : L’enseignement majeur, c’est l’abstention grimpante. Pour le reste, je ne vois pas comment on peut tirer de grandes conclusions stratégiques. Dans ces circonscriptions de droite, la baisse de La République en marche profite malheureusement au parti Les Républicains, qui engrange sur la chute du FN. Le PS s’effondre de façon impressionnante ! La France insoumise [FI] s’ancre, s’affirmant comme le seul mouvement qui tient debout sur le flan gauche, ce qui lui donne de grandes responsabilités pour l’avenir. Mais elle ne capitalise pas pour l’instant sur l’effacement des autres partis de gauche. Or, pour passer des près de 20 % de la présidentielle à la majorité, il nous faut devenir plus attractifs et convaincants pour les abstentionnistes mais aussi pour des électeurs de gauche qui désertent. La marche est haute.

 

 

- Politis : Adrien Quatennens a estimé que, pour la partielle de Belfort, où la candidate de la FI était soutenue par le Mouvement républicain et citoyen (MRC) et le PCF, la « soupe de logos » avait agi comme un « repoussoir ». Est-ce aussi votre analyse ?

Clémentine Autain : Non. D’abord, parce que la candidate de la FI à Belfort avait un matériel de campagne siglé FI, loin de la kyrielle des logos. Ensuite, parce que le résultat dans le Val-d’Oise n’est pas meilleur. Enfin, parce que l’on pourrait voir les choses à l’inverse : le score de la candidate FI étant à peu près le même qu’en juin, où elle n’était soutenue par aucun autre parti, on pourrait aussi se dire que les électeurs du MRC et du PCF ne sont pas allés voter pour une candidate FI, pas plus que les anciens électeurs PS. Il faut s’interroger.

 

 

- Politis : Sur la capacité de la FI à faire l’unité à gauche ?

Clémentine Autain : J’ai toujours prôné l’unité. Mais, si pas plus aujourd’hui qu’hier les militants et électeurs de notre gauche ne veulent la division, le cartel d’organisations a perdu sa force propulsive. Jean-Luc Mélenchon l’a compris en se lançant dans la présidentielle avec un nouveau mouvement, la France insoumise. L’addition de sigles n’est pas l’élément déclencheur de la dynamique politique. L’unité des partis existants ne suffit plus, ne serait-ce que parce qu’ils se sont terriblement affaiblis. Pour autant, je suis convaincue que le pluralisme politique est un atout indispensable pour nous faire grandir, que la diversité des parcours militants est une richesse. Une force à vocation majoritaire est nécessairement diverse, et non un bloc monolithique.

 

 

- Politis : Jean-Luc Mélenchon s’est montré rude avec les syndicats cet automne…

Clémentine Autain : Sur le fond, il a posé la bonne question : comment peut-on construire un front social et politique ? Les syndicats y ont vu une forme d’arrogance ou de domination, je le regrette. Il faut travailler au dépassement du clivage entre syndicalisme et politique sans penser que cela signifiera la fin des distinctions entre les deux sphères. Depuis un siècle, les syndicats veulent, à raison, se défaire de leur inféodation aux partis politiques, mais cela nuit à tout le monde de penser le social et la politique comme deux univers distincts. Infliger une défaite à Macron suppose d’unir les forces qui n’acceptent pas ce mélange de libéralisme effréné et d’autoritarisme. La FI a un rôle moteur à jouer dans la constitution d’un front d’opposition sociale et politique.

 

 

- Politis : Que dire de vos rapports avec le PCF ?

Clémentine Autain : La discussion stratégique doit être menée clairement avec eux mais sans humilier ou mépriser. Sur le fond, la FI et le PCF partagent l’essentiel, même s’il reste des désaccords, sur le nucléaire par exemple. D’ailleurs, le PCF a fini par soutenir Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et les deux groupes à l’Assemblée nationale (FI et GDR) rament de concert contre la majorité. C’est sur la stratégie que le bât blesse aujourd’hui. Reste à savoir quelle est l’orientation du PCF pour les années à venir[1]…

 

 

- Politis : Celle de la FI semble claire, en tout cas.

Clémentine Autain : La boussole stratégique de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, qui s’est clairement démarqué du PS, a permis de crédibiliser notre proposition politique, totalement distincte du naufrage socialiste. Mélenchon a rempli le mot « gauche » au lieu de le brandir comme un étendard. Il a mis l’accent sur le mouvement, la nouveauté. Aujourd’hui, nous devons agréger plus encore pour bâtir l’alternative à Macron : des individus écœurés par la gauche et par la politique, mais aussi des courants historiques, des forces constituées, des intellectuels et des artistes, des corps intermédiaires. Une chose est de dire : on range les drapeaux rouges, c’est passé de mode. Une autre est de donner le sentiment qu’on jette dans les poubelles de l’histoire les acteurs et héritiers du mouvement ouvrier. Si le neuf doit dominer, l’histoire ne peut être balayée d’un revers de la main, et si l’on vise la constitution de majorités, aucune voix éprise de rupture sociale et écologiste ne peut manquer.

 

 

- Politis : Dans son interview au JDD, Adrien Quatennens fustige le rassemblement mais affirme que la FI pourrait rebâtir des liens avec le PS si celui-ci se choisissait Emmanuel Maurel pour premier secrétaire. N’est-ce pas contradictoire ?

Clémentine Autain : La gauche est en lambeaux. Mais pas toutes ses composantes pour les mêmes raisons. Les socialistes s’étiolent de n’avoir pas su proposer une alternative au libéralisme débridé et généralisé. Nous nous séparons de la gauche qui s’est laissée prendre par le pouvoir et l’argent. Si nous voulons prendre le pouvoir à ces destructeurs de vie et de liens, il faudra bien refaire une majorité d’idée et des alliances politiques. Que chacun fasse son boulot. Et que le dialogue reprenne sur les bases de la rupture avec quarante ans de politiques néolibérales et productivistes. Je souhaite une stratégie cohérente et fédératrice. Porteuse de colère mais plus encore d’espoir. Il faut que nous passions plus nettement d’un statut d’opposant à un rôle de proposant.

 

 

- Politis : À l’Assemblée, n’avez-vous pas peur d’être condamnés à l’impuissance comme l’étaient les frondeurs que vous critiquiez ?

Clémentine Autain : Notre présence à l’Assemblée permet de faire caisse de résonance dans le pays. C’est un point d’appui. Nous apparaissons comme l’opposition principale à la macronie. La droite est pétrifiée devant ce gouvernement qui lui emprunte le cœur de son logiciel. Les socialistes, éclatés et déboussolés, peinent à frapper les esprits. Face à cette politique qui aggrave les précédentes mais leur ressemble, notre projet représente l’autre chemin. Et il se manifeste avec cohérence, énergie et créativité.

 

 

- Politis : Quel bilan faites-vous de la construction du mouvement de la FI ?

Clémentine Autain : Je trouve très intéressant que le mouvement FI se garde de reproduire les schémas classiques des partis traditionnels, avec leur fonctionnement pyramidal. Je plaide pour une forme plus polycentrique, s’appuyant sur différentes légitimités, différents espaces d’impulsion. Inventer de nouvelles façons de faire mouvement commun est un pari nécessaire mais audacieux, et forcément fragile. Une fois que l’on s’émancipe des formes classiques, il faut encore trouver les mécanismes qui permettent la délibération collective. En période électorale, un candidat, un programme et les militants s’activent pour les défendre, les populariser. En dehors des élections, le temps vient du débat, des sujets à trancher. Comment faire vivre la conflictualité aussi inéluctable que souhaitable pour un mouvement démocratique ? Qui décide de la manière dont on dépense l’argent ? Comment se tranchent les grandes orientations stratégiques ? C’est précisément parce que la FI est une force vivante et non une secte que ces discussions émergent. On doit réfléchir à comment faire vivre le pluralisme en interne, sinon cela va finir par aller à l’encontre de l’efficacité

 

Note :

[1] Au PCF, une partie des militants montent au créneau pour faire prévaloir l’idée d’une gauche structurée par les deux grands partis du XXe siècle, le PS et le PCF

 

Pour en savoir plus :

- Jumel (député PCF) plaide pour "une addition des convergences" avec la France insoumise

- " Le bois mort et le radeau de la Méduse " par Manuel Bompard

- Manuel Bompard : « Être la 1ère force alternative et gagner la bataille culturelle »

Partager cet article
Repost0
11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 14:56
Religion et politique : un couple infernal à séparer de toute urgence !

Loi du 9/12/1905, art 2 : " La République ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte "

 

Loin de moi l'idée de focaliser le débat sur une religion, mais, en France, Macron remet le débat sur la table en voulant " Organiser l'Islam de France " et " Poser les jalons de toute l'organisation de l'Islam de France ". A ce stade, il n'est pas inutile de rappeler que depuis la nuit des temps les religions ont été utilisées par des fous afin d'assouvir appétits de pouvoir et instincts meurtriers. Un prétexte bien commode puisque irrationnel. De l'Inquisition à Trump des terroristes ont semé la haine et la mort en leur nom. Il est urgent de les arrêter. Et, pour commencer, exigeons des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse mortifère !

 

Sources :  Le Grand Soir par  Claire VÉRILHAC | mis à jour le 21 mai 2020

- On l’a déjà oublié mais Donald Trump, à peine investi Président des Etats Unis, annonçait déjà la couleur.

Pour son premier voyage officiel, en mai 2017, il se rendait dans les trois États religieux que sont le Vatican, l’Arabie Saoudite et Israël !

 

Ainsi commencera sa "croisade" qui l’amènera à désigner Jérusalem capitale d’Israël, comme il l’avait promis durant sa campagne à la droite évangélique, la remerciant ainsi de son important soutien électoral.

 

Pied de nez au droit international, risque d’embrasement du Proche Orient, dangers de l’importation du conflit, haines et replis communautaires attisés, tout ça est de peu de poids face aux magouilles politiciennes.

 

 

- Et ce n’est pas nouveau. En tous temps et en tous lieux le pouvoir politique a utilisé les religions pour arriver à ses fins.

C’est bien au nom d’une religion que, dès le Moyen Age, les inquisiteurs ont torturé et tué des milliers d’hommes et de femmes. Sous prétexte de combattre les "hérésies" l’Inquisition était déjà l’instrument par lequel les monarques, alliés à l’église catholique, imposaient leur pouvoir par la violence.

 

Notons qu’il fallait une bonne dose de " mauvaise foi " pour commettre ces crimes au nom d’un Jésus de Nazareth dont le seul acte un peu brusque, aux dires mêmes de ses biographies que sont les Évangiles, est celui d’un Juif pieux renversant les tables des changeurs de monnaies au Temple de Jérusalem. Pas bien méchant !

 

De toute évidence la terreur semée par l’Inquisition vise davantage à maintenir un pouvoir temporel, remis en cause par les Cathares ou les Templiers, et la religion n’est là qu’un prétexte.

 

Même chose pour les milliers de morts de la St Barthélémy et des guerres dites "de religion". Car derrière le combat théologique de la Réforme protestante c’est une lutte plus décisive qui se mène, contre un pouvoir politique et matériel, bien réel, celui de l’Eglise, du Pape et ... du Roi. Et c’est surtout cela qu’il fallait réprimer par tous les moyens. C’est d’ailleurs l’analyse qu’en fera Engels trois siècles plus tard.

 

 

- On voit bien que dès que sont associés " pouvoir " et " religion " la volonté de semer la terreur (dérivé du latin " terrere ", faire trembler), c’est à dire le terrorisme, n’est jamais très loin.

C’est même le compagnon de route habituel.

 

Ainsi dans la Palestine sous mandat, entre 1920 et 1948, on parlera de " terrorisme sioniste " pour désigner les attentats à l’encontre des civils arabes et des forces de l’ordre britanniques, mais aussi de " terrorisme juif ". Alors s’agissait-il de semer la terreur au nom d’un nationalisme, le sionisme, ou pour imposer la seule présence en Palestine d’un foyer religieux juif ? Sans doute les deux comme nous le montre hélas la suite de l’Histoire.

 

L’horreur nazie, elle, a assassiné méthodiquement et industriellement des millions de Juifs au nom de leur religion. Mais, pour que nul ne puisse échapper à sa condition, elle a développé le concept de " race " afin qu’il ne s’agisse plus seulement de foi, de baptême, et donc de conversion possible, mais de " nature ". On retrouve cet  "enrobage " racial chez les suprémacistes blancs américains comme chez les antisémites.

 

Mais en Europe, et particulièrement en France, nombre de voix politiques et médiatiques flirtent dangereusement avec ces théories raciales, par exemple lorsqu’elles exigent des seuls Musulmans qu’ils se positionnent contre le terrorisme.

 

Demande-t-on à tous les Juifs de prendre parti contre les massacres de Palestiniens ? A tous les Catholiques de se dissocier les prêtres pédophiles ? Heureusement non bien sur. Ils le font, à titre individuel ou collectif, s’ils le jugent souhaitable. Mais on ne les assigne pas tous, à priori, à leur seule religion.

 

Les Musulmans sont devenus des cibles permanentes et les propos racistes à leur égard désormais monnaie courante. Dans le cadre de l’état d’urgence c’est au nom de leur religion (supposée) qu’ils ont été arrêtés, perquisitionnés ou assignés à résidence quand bien même on n’avait rien de spécial à leur reprocher. Des coupables potentiels " par nature" là aussi !

 

Ce sont pourtant eux les principales victimes du terrorisme et la simple décence voudrait qu’on cesse de parler de "terrorisme islamique" et d’associer ainsi, comme le souhaitent les assassins, leurs crimes à une religion.

 

L’université du Maryland (Etats-Unis) a recensé l’intégralité des attaques terroristes qui ont eu lieu à travers le monde entre 2001 et 2016. Celles-ci ont coûté la vie à 188 272 personnes, sans compter les auteurs des faits eux-mêmes, et fait plus de 340 000 blessés. Les pays les plus frappés sont l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan. Et les musulmans représentent 90 % des victimes !

 

Et la liste macabre s’est encore allongée depuis : 150 morts à Kaboul en juin 2017, 300 dans une mosquée d’Égypte récemment, etc ...

 

 

 

- Mais comment en est-on arrivés là ?

Les dirigeants occidentaux, États-Unis en tête, ont soutenu, et soutiennent, systématiquement les régimes religieux les plus rétrogrades : Talibans, Israël ou Arabie Saoudite. En parallèle ils se sont acharnés à détruire les régimes laïques : Irak, Libye ou Syrie semant chaos, déstabilisation politique durable de régions entières, guerres, terrorisme, cortèges de réfugiés ...

 

Ce choix délibéré devrait interroger nombre d’observateurs mais on en trouve peu de traces. Politiciens et media préfèrent fermer les yeux lâchement plutôt qu’analyser la proximité idéologique qui lie les obscurantistes de tous poils : fondamentalistes musulmans, sionistes juifs et extrême droite chrétienne étasunienne.

 

Cette "coalition" de fait est responsable d’innombrables victimes civiles. Il faut y ajouter la présence sur le terrain de millions d’armes et la formation par les Etats-Unis et leurs alliés de combattants au gré de leurs intérêts stratégiques (pétroliers, militaires ou politiques).

 

 

- Ces combattants vont se recycler et se multiplier dans des pays où la population est essentiellement musulmane et souvent traversée par des divisions internes. Ainsi va naître le terrorisme qu’on dit " islamique ".

D’abord en Afghanistan avec Al-Qaïda (littéralement " la base ") mais qui recrute souvent ailleurs ses candidats au suicide. Ainsi sur les 19 auteurs des attentats du 11 septembre aux Etats Unis, 15 sont saoudiens.

 

En représailles, et bien qu’aucun Irakien ne soit impliqué, les dirigeants des États-Unis vont mentir à la communauté internationale et à leurs propres citoyens afin d’attaquer ... l’Irak !

 

Décision lourde de conséquence puisqu’elle aboutira, une fois le pays dévasté, à la création de l’État Islamique en 2006.

 

Ce mouvement terroriste se revendique d’un courant religieux et prétend à l’établissement d’un État. Pour cela il va s’engager dans des guerres d’abord en Irak puis en Syrie. Une conquête territoriale qui sera menée par des locaux rejoints bientôt par des combattants venant d’un peu partout y compris de France. Avec toujours en parallèle des attentats suicide au Proche et Moyen Orient ainsi qu’en Europe.

 

En terre de tradition musulmane les cibles des terroristes sont essentiellement des soufies et des communautés réputées pour leur pratique d’un Islam non fondamentaliste mais tolérant et ouvert. En Europe leur objectif est surtout d’assurer la propagande médiatique et le recrutement de nouveaux adeptes, ce qui les conduit sans doute à revendiquer toutes tueries de masse, fussent-elles l’œuvre de criminels isolés.

 

Pour autant les cibles ne sont pas toujours choisies " au hasard ". Elles sont souvent en lien direct avec des religions comme l’école juive de Toulouse, la Synagogue de Copenhague, Charlie Hebdo après la diffusion des caricatures du Prophète, le musée juif de Bruxelles, le magasin Hyper Cacher à Paris ou encore le prêtre égorgé à Saint-Etienne de Rouvray.

 

Aux États-Unis les attentats contre des lieux de culte sont surtout l’œuvre de suprémacistes blancs. Comme en 2015 où un partisan revendiqué du nazisme et du Ku Klux Klan tuait neuf paroissiens dans une église de Charleston ou encore en 2017 où un homme massacrait 26 personnes dans une petite église du Texas.

 

Les EU détiennent d’ailleurs le record des tueries de masse. La forte présence de la religion dans l’espace public et la circulation des armes n’y sont pas étrangères bien sur, mais a amené de nombreux observateurs à s’interroger sur la personnalité des auteurs et leurs motivations. Quelles constantes relèvent-ils : dérangement mental, problèmes familiaux, inculture, embrigadement dans une organisation de nature sectaire souvent sous couvert religieux, parfois aussi des antécédents de violences domestiques, etc ...

 

 

 

- Mais il est un élément qui est commun à tous ces tueurs, qu’on les nomme terroristes ou pas, qu’ils soient étasuniens ou pas : ils sont tous candidats au suicide !

Et les religions sont sans doute le piège et le terreau idéal pour conduire des hommes fragiles à tuer et à se tuer (ou se faire tuer). Outre qu’elles offrent l’espoir d’un au-delà, elles apportent des réponses simplistes à des questions existentielles au fond légitimes. Et leurs versions fondamentalistes, qui visent à régir toute la vie des humains, trouvent chaque jour de nouveaux adeptes en quête d’identité dans un monde qui semble leur échapper.

 

Les religions ont tout à fait leur place dans notre culture en tant qu’œuvres littéraires au même titre que celles d’Aristote, Avicenne, Maïmonide, Descartes ou Spinoza. Car les trois religions du Livre, qui en réalité n’en sont qu’une, nous invitent à l’universalisme. Il y est question de notre fragile condition humaine et cela ne peut pas nous être totalement indifférent.

 

Encore faut-il interroger ces sources que sont la Bible, les Évangiles ou le Coran en les situant dans leur contexte historique, géographique et politique. Ce que font de passionnants exégètes talmudiques, coraniques, ou les penseurs de la Réforme par exemple.

 

Les fondamentalistes de tous poils rejettent, eux, ces analyses et n’admettent qu’une lecture au premier degré de ces textes, faisant fi du contexte dans lequel ils ont été écrits, opposant ainsi la croyance à la raison ce qui permet toutes les dérives. Ce serait de peu d’importance s’il ne s’agissait là que de quelques illuminés à qui on n’accorde pas un rôle politique majeur.

 

 

- Mais ce sont justement ces adeptes de l’ignorance qui sont au pouvoir

  • un président des EU redevable aux fondamentalistes chrétiens qui ont assuré son élection et qui rejettent en bloc la science, le savoir, le progrès ;
  • un premier ministre israélien qui s’appuie sur des textes vieux de 3 000 ans pour justifier colonisation, racisme, apartheid, massacres ...;
  • dirigeants saoudiens qui utilisent une religion pour s’affranchir du respect des droits humains fondamentaux.

C’est cette coalition obscurantiste qui décide de la marche du monde et qui fait son malheur !

 

C’est elle que les dirigeants français de tous bords ont choisi de soutenir. Or, elle est totalement illégitime, disqualifiée, pour combattre d’autres fondamentalistes et mettre fin à leurs crimes terroristes. Tous ces falsificateurs d’Histoire ont du sang sur les mains. Il est temps de leur rappeler.

 

 

- Cherchons donc à comprendre (sans vouloir aucunement excuser !) ce qui pousse ces politiciens à afficher publiquement des prises de position à caractère religieux, à s’en prendre à des croyants pour leurs convictions ou leurs pratiques, ou à se cacher honteusement derrière la laïcité pour faire passer un message raciste.

Manuel Valls, est en cela une sorte de caricature. Ancien Premier Ministre, actuel député, la religion est devenue son fond de commerce. De convictions politiques changeantes au gré des circonstances et de ses intérêts de carrière, il lui faut, pour continuer d’exister médiatiquement, affirmer par exemple sa proximité avec le judaïsme, inséparable selon lui d’un soutien indéfectible à la politique d’extrême droite israélienne, et évoquer sans cesse un "problème" musulman qui se nicherait partout, y compris sur ... les plages !

 

Cette volonté d’attiser les haines, les communautarismes, encourage toutes les intolérances et créée à coup sur de nouveaux adeptes pour toutes les sectes assassines.

 

Et cette escalade de la terreur est le climat idéal pour mettre en œuvre une politique aux relents totalitaires à base d’attaques contre les libertés, d’état d’urgence et autres remises en cause de droits qui sont l’honneur de notre pays, comme le droit d’asile.

 

 

https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 https://twitter.com/Action_Insoumis/status/944224430477148162 - Voilà où mène ce mariage contre nature entre religion et politique.

Il est grand temps de séparer ce couple infernal et la France s’est dotée d’un atout précieux, la laïcité, qui devrait lui permettre de jouer un rôle important en ce sens au niveau international.

 

La paix et la sécurité de tous sont en jeu. Les citoyens doivent le rappeler sans cesse à leurs représentants et exiger d’eux, pour commencer, des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse.

Pour en savoir plus :

- Organiser l'islam de France, la prochaine mission de Macron

- Comment dévoyer la laïcité sans lever les foules ? L’édulcorer, la falsifier… Dès l’école !

- Catherine Kintzler : « la laïcité a produit plus de libertés que ne l’a fait aucune religion investie du pouvoir politique »

- La gauche peut-elle être complice des religions ? " Nous assistons à un retour catastrophique des religions. Que le pouvoir politique de Macron s'en accommode, voire s'en félicite, ne doit pas nous étonner. Mais que la gauche, dont l'identité est laïque et fondée sur une critique rationnelle et raisonnable des méfaits des religions dans l'histoire, s'en fasse la complice est surprenant. Nouvelle défaite de la pensée progressiste ? "

- Kamel Bencheikh, écrivain : La laïcité, garantie d’un État moderne

- NON à un statut spécifique de #islam toutes les religions doivent être traitées de la même façon !

 

Partager cet article
Repost0
30 janvier 2018 2 30 /01 /janvier /2018 10:32
Les crapules de la République

La vérité sur le pillage de l'argent public !

 

-En savoir plus

Dans cette nouvelle enquête, Roger Lenglet et Jean-Luc Touly[1] s’attaquent au pillage  des biens de l’État. Lobbies, élus locaux, ministres, entreprises… les « liquidateurs » de la République redoublent d’imagination quand il s’agit de consolider leur assise politique et d’augmenter leurs revenus.

 

Des appels d’offre truqués aux prises illégales d’intérêts, des détournements de fonds publics aux multiples pots-de-vin et autres fraudes fiscales… ce livre dénonce les tractations inavouables, des attributions frauduleuses de marchés publics, des corruptions devenues systématiques, des arrangements qui aliènent des agents publics au privé. Il dresse le portrait d’élus mais aussi d’hommes de l’ombre participant à ce festin scandaleux laissant Marianne exsangue, allant même souvent jusqu’à hypothéquer la santé de la population.

 

Loin de sombrer dans le découragement, cette investigation est aussi l’occasion de montrer que des citoyens dénoncent ces affaires et en font condamner les responsables par la justice. Un tour d’horizon  décapant  qui porte enfin à la connaissance de tous des pratiques devenues trop fréquentes et scandaleuses pour être encore tolérées.    

 

En conclusion, dans la forêt vierge des corruptions, des pillages et des fraudes constituant le monde de nos décideurs économiques et politiques, dans le tintamarre des casseroles collées à leurs pas, Roger Lenglet et Jean-Luc Touly, se sont aventurés les yeux et les oreilles grands ouverts. Ca a donné un livre « Les Crapules de la République ».

 

- Par : Roger Lenglet et Jean-Luc Touly,

Éditions : FIRST Editions

ISBN :  9782412025000

Parution : 30-11-2017

Disponibilité : chez l'éditeur FIRST Editions

Pages : 320 pages

Prix papier TTC : 17,95 €

 

Notes

[1] Roger Lenglet est philosophe, et journaliste d'investigation. Jean-Luc Touly est militant associatif et juge prud'homal.

Spécialistes du lobbying et de la corruption, ils ont notamment cosigné aux éditions First Syndicats, corruption, dérives, trahisons (2013), Les recasés de la République (2015) et L'armoire est pleine (2016)

 

 

- Journaliste d'investigation, Roger Lenglet est l'invité du Grand Soir 3 ce mercredi 3 janvier.

Partager cet article
Repost0
26 janvier 2018 5 26 /01 /janvier /2018 15:44
Pascal Boniface : « Critiquer l’exécutif israélien, ce n’est pas être antisémite »

Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface publie un ouvrage pour répondre à ses détracteurs, parmi lesquels l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui l’estampillent « antisémite ».

 

Sources : L'Humanité entretien réalisé par Pierre Barbancey

-

L'Humanité : Vous vous estampillez « antisémite » en titre de votre dernier livre. C’est tout de même grave. Pourquoi ?

Pascal Boniface : Comme le montre la couverture du livre, je suis, pour certains, tamponné « antisémite ». C’est une accusation particulièrement grave qui m’a pénalisé personnellement, professionnellement, qui a également atteint ma famille. Pourtant, personne n’a jamais pu citer un seul de mes propos ou de mes écrits qui justifierait cela. Sinon, je me serais retrouvé devant la justice. Il y a des lois en France qui encadrent très sévèrement les propos antisémites et les propos racistes. C’est ce paradoxe que j’essaie d’expliquer dans ce livre. Autre source d’interrogation, les grands médias n’ont jamais essayé d’entamer une réelle réflexion par rapport à ces accusations. Récemment encore, Manuel Valls a demandé que les ministères cessent tout contact avec l’Iris. C’est pourtant un « think tank » que je dirige, qui emploie trente salariés et qui est reconnu au niveau international. De tels propos de la part d’un ancien premier ministre auraient dû interpeller les médias sur la liberté d’expression. Si un ministre russe avait osé une telle demande, il y aurait eu une levée de boucliers contre une telle ingérence dans le débat public. Là, ce n’est pas le cas. Même Marianne, magazine qui a posé la question, n’a pas relevé cela. Il y a donc le fait que ce procès injustifié qui m’est fait n’a jamais suscité le désir d’une enquête approfondie.

 

 

-

L'Humanité : Est-ce que ces accusations formulées contre vous depuis seize ans se posent de la même manière aujourd’hui ? N’est-ce pas la moindre critique de la politique israélienne qui est ainsi remise en cause et taxée d’antisémitisme ?

Pascal Boniface : Il existe une sorte d’assimilation de la part de certains entre antisémitisme et antisionisme. Ils prônent la liberté de critiquer le gouvernement israélien mais cette liberté serait contestable puisque tous ceux qui émettent des critiques, s’ils ne sont pas Israéliens, seraient des antisémites. Depuis quelque temps s’installe un autre phénomène. Ceux qui plaident pour la fin de la discrimination à l’égard des musulmans, exprimant le vœu que ces derniers puissent s’exprimer en tant que tels, sont taxés de pro-islamistes, de faire de l’antisémitisme.

 

 

-

L'Humanité : Pourquoi de telles attaques aujourd’hui ? Est-ce pour empêcher tout débat ou pour clouer au pilori toute critique de la politique israélienne ?

Pascal Boniface : Lors des premières attaques contre moi, en 2001, certains ont pensé que c’était passager. Or, ça s’est amplifié. La raison ne l’a pas emporté. Les accusations d’antisémitisme sont encore plus importantes aujourd’hui qu’à l’époque. La critique s’adresse maintenant à toute personne qui se lève pour dénoncer la politique du gouvernement israélien. Elle est profondément enracinée, devenue presque un réflexe conditionné justement parce que le gouvernement israélien est de plus en plus critiquable et que le soutien à cette politique est de moins en moins défendable. J’entends les dénonciations de la présence de l’extrême droite au sein du gouvernement autrichien. Mais l’extrême droite est encore plus présente au sein du gouvernement israélien. Et personne ne soulève le problème.

 

Certains ministres israéliens ont fait des déclarations ouvertement racistes qui seraient condamnées en France. Or, ces propos ne sont pas dénoncés. Il existe une gêne et donc il faut trouver un bouc émissaire. Dans la mesure où il est de plus en plus difficile de soutenir l’occupation, pour le gouvernement israélien, il est plus aisé de faire croire que les critiques ne sont pas émises pour des raisons politiques mais par antisémitisme. C’est également une façon d’empêcher le débat.

 

 

-

L'Humanité : Vous allez jusqu’à penser qu’il existe un problème de libertés publiques ?

Pascal Boniface : Oui. On le voit bien avec les multiples demandes d’interdiction de débats, de meetings… Une sorte de terrorisme intellectuel est à l’œuvre. On veut faire peur aux gens. De fait, beaucoup de mes collègues universitaires ou certains journalistes disent que sur le conflit israélo-palestinien ils pensent comme moi mais ne le diront pas publiquement. C’est vrai aussi pour des femmes et des hommes politiques. Il faudrait un débat sur les raisons de ce chantage qui est dangereux parce qu’il banalise l’antisémitisme. Si la critique du gouvernement israélien est antisémite, on voit bien qu’on se trompe de cible. Je dis souvent à mes interlocuteurs que, dans la lutte contre l’antisémitisme, je suis leur allié, mais par contre je ne le suis pas dans la protection de l’actuel gouvernement israélien. Pour eux, la protection du gouvernement israélien devient plus importante que la lutte contre l’antisémitisme puisqu’on me traite en ennemi. L’occupation d’un territoire par un pays était difficilement acceptable au XXe siècle, elle l’est encore moins au XXIe.

 

- Par : Pascal Boniface

Éditions : Max Milo | éditions

ISBN :  978-2-31500-824-7

Pagination : 208

Format : Broché

Dimensions : 15cm X 21cm

Disponibilité : chez l'éditeur Max Milo | éditions

Prix papier TTC : 18 €

 

Pour en savoir plus :

- Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 14:53
La France en marche : retour satirique sur les 6 mois écoulés de 2017... et les suivants !

Les actualités parlantes de la France en marche

 

Sources : Le blog Youtube de John John

- En 2:33mn retour sur une journée historique où notre grand président et sa merveilleuse épouse auront su montrer au couple Trump toute la puissance et le glamour de la France !

 

- En 4:50mn : ils menacent l'ordre social de notre beau pays, ils sont le péril insoumis ! Peuple de France, aide notre bon président en apprenant à les reconnaitre !

 

- En 5:07mn : aujourd'hui, apprenez à vos enfants à reconnaitre les bons citoyens des dangereux terroristes !

 

- En 4:51mn : au programme des actualités de ce jour : " Soutien populaire à mademoiselle Pénicaud ! " ; " Visite du Vénézuela " ; " Vive le Qatar, gloire à Neymar ! "

 

- En 6:45mn au programme : le point sur l'Ouragan Irma, vive le président Macron, Florent Pagny et les bons français, un message de Philippe Torreton et le retour d'une grande actrice !

 

- En 7:16mn : Des bisous pour Manuel Valls ! Joignez-vous à notre antenne pour rendre hommage à Manuel Valls et faites le test pour savoir si vous êtes antisémites

 

- En 7:27mn : Hommage à Johnny Hallyday, the show must go on ! La France perd un héros et notre antenne lui rend hommage ! Mais grâce à notre glorieux président, le Rock'n Roll n'est pas mort !

 

- En 4:13mn : les vœux 2018 de la France en marche

 

- En 5:18mn : Citoyen français, reste vigilant sur le web et apprend à reconnaitre les bons youtubeurs des dangereux islamo-gauchistes du culte Insoumis !

 

- En 6:03mn : L'alimentation des bons français

Les bienfaits du Nutella et les excuses du patron de Lactalis sont au menu de ce 10eme épisode placé sous le signe de la diététique et de la gastronomie !

 

 

 

 

- En 6:25mn :  Le choix de Laurent Wauquiez permettra-t-il de relancer la franchise "Capitaine Super Réac" ? Retour sur la saga des studios "Les républicains pictures" !

 

Partager cet article
Repost0
5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 15:10
Jean-Luc Mélenchon : « Je suis un indépendantiste français »

INTERVIEW - A l'approche du Conseil européen de Bruxelles de décembre 2017, jeudi, Jean-Luc Mélenchon tire la sonnette d'alarme et appelle à faire sauter les « verrous » sur l'harmonisation sociale, l'harmonisation fiscale et le changement de statut de la Banque centrale européenne. « Ma ligne, ce n'est pas le Frexit », plaide-t-il, comparant son « plan B[2] » à la « dissuasion nucléaire ».

 

Sources :  Les Echos.fr par Pierre-Alain Furbury et Renaud Honoré le 11 décembre 2017 | mis à jour le 04/08/2021

- Les Echos : Vous avez accru vos attaques contre l'Union européenne depuis quelques semaines. Comment qualifieriez-vous votre positionnement désormais sur l'Europe : souverainiste, eurosceptique voire europhobe ?

Jean-Luc Mélenchon : Le mot « souverainisme » nous aurait convenu s'il n'avait pas été utilisé dans un sens nationaliste qui ne convient pas à notre façon de voir. Si je suis souverainiste, c'est au sens de la souveraineté du peuple. Je suis plutôt un indépendantiste français.

 

 

- Les Echos : La France ne serait donc pas indépendante ?

Jean-Luc Mélenchon : Non en effet. Proposer de le redevenir c'est dire qui commande. Si les transferts de souveraineté que nous avons opérés vers les instances européennes avaient été confiés à un Parlement européen ayant un réel pouvoir de décision, mon point de vue serait peut-être différent. Mais celui-ci n'est pas un vrai Parlement : 70 % de ses délibérations n'ont aucun effet concret. Dans les années 1990, je militais pour un vrai fédéralisme. J'appelais à une constituante européenne. Mais j'ai réalisé, en 2005 [lors du référendum sur la constitution européenne, NDLR], que cette voie était impossible.

 

A présent nous voici plus proche du modèle du saint empire romain germanique que de la marche vers la République universelle à laquelle je rêvais. De plus, la France roule à contresens. En quoi serions-nous plus proches des pays baltes que nous ne le sommes des pays francophones de la Méditerranée comme l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie ?

 

 

-Les Echos : Vous avez rejeté l'idée que la France puisse être contributeur net au budget européen en citant Margaret Thatcher (« I want my money back »). Les conservateurs britanniques deviendraient-ils un modèle pour vous ?

Jean-Luc Mélenchon : Dans l'art de faire payer les autres ils ont à nous apprendre ! Nous sommes l'un des derniers pays en procédure de déficit excessif, et dans le même temps nous versons 20 milliards au budget européen pour n'en récupérer que 14 milliards. 6 milliards de dons ! Cela s'appelle une dépense somptuaire. Payer des routes aux Roumains et des aéroports aux pays baltes, c'est utile, mais ce n'est pas dans nos moyens actuels. Dans les années où nous sommes en déficit excessif, nous devrions avoir le droit de garder nos 6 milliards.

 

 

- Les Echos : Votre position est contradictoire : vous voulez une Europe plus solidaire et vous critiquez le budget européen, l'un des principaux outils de l'Europe en matière de solidarité...

Jean-Luc Mélenchon : Vous confondez solidarité et annexion. La vraie solidarité, c'est celle qui prendrait des mesures pour rompre le dumping social et fiscal dont l'Europe est en train de mourir. Car voila par où sont montés les nationalismes les plus obscurs en Hongrie, Slovaquie, en Autriche ou en Pologne. Mais qu'on ne caricature pas ma position : ma ligne, ce n'est pas le « Frexit ». Je crois à la puissance française. En Europe ses intérêts fondamentaux doivent être protégés. Faire l'Europe ? Oui si c'est sans défaire la France !

 

 

- Les Echos : Mais le budget européen a aussi servi à lutter contre le dumping social, en accélérant le développement et le niveau de vie de pays comme l'Espagne après son entrée dans l'UE en 1986...

Jean-Luc Mélenchon : Vous trouvez que l'Espagne va mieux qu'il y a 30 ans ? 500.000 personnes l'ont quittée en quatre ans. Bruxelles trouve son niveau de vie excessif et lui a imposé des plans d'austérité liquidant des pans entiers de l'Etat jusqu'au point où, aujourd'hui, la Nation même finit par ne plus avoir de sens pour une partie de la population qui veut l'indépendance. L'Espagne va très mal. Pourtant elle était réputée naguère être le bon élève avec son modèle de développement par la dette et la bulle immobilière.

 

 

- Les Echos : Votre « Plan A[1] » de réforme de l'Europe comporte une longue liste de revendications. Là-dedans, quelles sont vos priorités ?

Jean-Luc Mélenchon : Il faut sortir des Traités, notamment des deux derniers budgétaires qui sont les pires, et passer à autre chose. Cette autre chose n'a rien de mystérieux : en économie, c'est une politique keynésienne. Si ce que je disais était aussi extravagant, comment comprenez-vous que les banquiers centraux aient fait tourner la planche à billets comme nous le préconisions ? Mario Draghi, qui n'est pas un mélenchoniste, a offert 80 milliards tous les mois aux banques sans contrepartie. A la fin, un maigre ruissellement s'est opéré et on a vu la courbe déflationniste s'inverser. Mais ça ne suffit pas. Et pendant ce temps le système financier mondial est voué à l'explosion de nouvelles bulles. Le danger est partout. La vraie réponse passe par la fin de trois verrous : l'harmonisation sociale, l'harmonisation fiscale et le changement de statut de la BCE pour que celle-ci puisse prêter aux États.

 

 

- Les Echos : Emmanuel Macron dit travailler à l'harmonisation sociale et met en avant la réforme des travailleurs détachés...

Jean-Luc Mélenchon : C'est de la blague : il n'y a eu aucune amélioration. On a réduit le temps d'utilisation du recours aux travailleurs détachés, mais on n'a rien touché au principe scandaleux du paiement de la cotisation dans le pays d'origine. On doit payer ses cotisations dans le pays d'accueil.

 

 

- Les Echos : Pour faire bouger l'Europe, il faut des partenaires. Où les trouvez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon : Nous les trouverons si nous savons ce que nous voulons. Et si nous décidons, déjà, de parler des problèmes essentiels. Il faut une conférence pour sécuriser les frontières. Et une autre sur la dette, qui doit devenir un sujet politique en Europe. Personne ne la payera, tout le monde le sait. Et on connaît les moyens qu'on peut utiliser. Cela passera par le rachat de la dette publique par la BCE. Au maximum, cela produira 5 à 6 points d'inflation (NDLR : voir position défendue en 2021 sur la dette [3] [3bis]) [4] ! Et alors ? Le vrai problème c'est la dette privée, elle aussi insolvable. Il faut sécuriser cette dette, empêcher les défaillances par la relance de l'activité des débiteurs.

 

 

- Les Echos : Mais durant votre campagne, vous préconisiez aussi pour la dette française une solution plus radicale de « restructuration » de la dette illégitime...

Jean-Luc Mélenchon : Mon but, c'est de geler la dette. Si la banque centrale rachète les dettes des États, le problème est réglé. Elle peut en faire ce qu'elle veut ; il y a mille solutions techniques. Sinon, ce sera la pagaille et l'effondrement.

 

 

- Les Echos : Comment changer les traités si les autres ne veulent pas ?

Jean-Luc Mélenchon : C'est comme pour la dissuasion nucléaire : le principe même fait que vous n'avez pas besoin d'alliés. Moi j'ai un bouton qui s'appelle « plan B[2] ». Si - comme Emmanuel Macron - vous n'avez pas de dissuasion, vous n'avez pas de « plan A[1] » qui tienne. La menace ne vaut que si elle existe. Avec moi, elle existe.

 

 

- Les Echos : La sortie de l'Union est donc bien une option...

Jean-Luc Mélenchon : Je ne pars pas battu. Bon sang ! Tout ne dépend pas de la volonté des autres ! Voyez : Emmanuel Macron annonce l'interdiction du glyphosate dans trois ans malgré la décision européenne, il me donne raison. Mais il est sur le tapis roulant qui mène au plan B sans savoir comment le gérer. La France doit redevenir acteur et pas simplement être un « bon élève » de la volonté des autres. On ne peut pas faire l'Europe sans la France. J'adjure qu'on le comprenne : notre nation, sous toutes ses formes, est en danger. Si on ne réagit pas, l'Europe explosera ! La France, comme l'Allemagne, n'ont aucun intérêt à ce chaos.

 

 

- Les Echos : Pourquoi Angela Merkel céderait-elle à votre menace ? Même l'ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, qui ne vous soutient plus, pense le contraire.

Jean-Luc Mélenchon : Monsieur Varoufakis vient d'un pays qui pèse 2 % de l'économie européenne. Sa vision de l'Union européenne est faussée par un rapport de forces qu'il a été incapable de construire. L'Europe ne pourrait donc qu'être allemande ? Moi je fais le pari qu'elle bougera. Parce que nous sommes à l'endroit qui met en péril sa priorité absolue. La rationalité du comportement du gouvernement allemand CDU-CSU, c'est la politique de la rente. Et dans une politique de rente, on ne se paye pas un conflit avec son principal voisin et client.

 

 

- Les Echos : Le scepticisme ne vient pas simplement de l'Allemagne, mais du fait qu'on ne voit pas qui pourrait soutenir votre projet...

Jean-Luc Mélenchon : Il y a beaucoup de travail, en effet. Mais la politique est un art de réalisation et nous convaincrons. Ce que n'a pas su faire [le Premier ministre grec] Tsipras. Ce ne serait pas la première fois qu'en France, on réussit de grands tournants. Ce qu'a accompli le général de Gaulle après 1958 n'a pas été une mince affaire. La volonté ouvre des chemins à jamais inconnus des résignés.
 
 
 

- Les Echos : Vos emportements, vos attaques contre les journalistes, votre style qui vous vaut d'être taxé de populisme n'entame-t-il pas aussi votre crédibilité ?

Jean-Luc Mélenchon : Il me rend crédible auprès de ceux dont j'ai besoin pour construire un rapport de force. Si l'histoire n'était qu'un choc de raisonnements contradictoires, on vivrait dans un colloque savant. Non, c'est un choc d'intérêts. Ce que je propose heurte des intérêts très puissants. Après, il y a sans doute dans cette « théâtralité » un côté qui tient au Méditerranéen que je suis. Si j'étais président, je m'exprimerais sans doute différemment ; là, je suis le tribun du peuple - j'en suis fier. Car les barrières sont dans les têtes : on répète du matin au soir aux Français, notamment à ceux qui souffrent, qu'on ne peut pas faire autrement. Il y a un énorme effort à faire pour rompre le cercle de l'évidence médiatique.

 

 

- Cela pourrait-il vous conduire à travailler, sur les questions européennes, avec des gens de l'autre rive ?

Jean-Luc Mélenchon : La ligne politique et mes objectifs n'ont rien à voir avec ceux du FN ou des nationalistes. Mais tous ces gens rament pour moi d'une certaine manière, en contribuant à la construction d'un champ culturel où nos mots d'ordre - l'Europe ne protège pas les Français mais les menace - sont en train de devenir dominants. Il faut capitaliser positivement cette colère qui peut être dangereuse.

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 14:35
En France, 28% des actes médicaux sont-ils inutiles ?

Le chiffre a fait grand bruit. Il a envahi la « une » des médias pendant plusieurs jours. Selon une étude[1 et 2 ] commandée par la  Fédération hospitalière de France (FHF, émanation des directions d’hôpitaux), 28% des actes médicaux pratiqués en France seraient inutiles

Sources : Europe Solidaire sans Frontières par Jean-Claude Delavigne | mis à jour le 4 février 2020

-

Logiques marchandes

Cette étude statistique, qui porte seulement sur la chirurgie, ne démontre ni les conclusions ni les « chiffrages » (les 28 %) avancés par la FHF.

 

L’ampleur des écarts constatés laisse toutefois planer une forte suspicion d’actes chirurgicaux pratiqués sans discernement, voire totalement inutiles.

 

La FHF attire l’attention sur une réalité incontestable, conséquence de l’introduction de logiques marchandes dans le système de santé, et sur les dérives qu’elles engendrent.

 

Un système confié à des acteurs privés, dont la rémunération dépend du nombre d’actes pratiqués et de leur « rentabilité », incite à la multiplication des actes, et au choix des plus lucratifs, ainsi qu’à la sélection des patientEs.

 

-

Mutation des patientEs en clientEs

Cette logique a toujours pesé sur la médecine libérale « à l’acte » et les établissements privés commerciaux. Avec les réformes libérales des années 2000 et l’instauration de la « tarification à l’activité », elle s’est étendue aux établissements publics.

 

La pratique systématisée de la césarienne lors de l’accouchement, citée par l’étude, en fournit un bon exemple. Une intervention chirurgicale peut être nécessaire dans l’intérêt de la mère et de l’enfant. Son utilisation systématique relève, à l’inverse, d’une logique purement économique.

 

La programmation des accouchements à heure déterminée permet la réduction des coûts de personnel. La césarienne est, par ailleurs, un acte mieux valorisé, dans les barèmes, que l’accouchement simple (très peu « rentable »). Elle est donc plus -rémunératrice pour l’établissement.

 

L’irrationalité d’un système faisant intervenir, de manière mal coordonnée, une multitude d’acteurs libéraux et hospitaliers, favorise la répétition d’examens ou d’actes inutiles, tout comme la mutation du patienEt en clientE, « consommateur » et non acteur, de ses soins.

 

-

Une dénonciation dans quel but et pour quelles solutions ?

La dénonciation d’un système qui produit les actes inutiles est justifiée. Encore faudrait-il que ce soit pour permettre à touTEs d’accéder à des soins pertinents, de qualité. Telle n’est ni la perspective de la FHF ni celle de la ministre Buzyn. Cette dernière a ainsi mis en avant le chiffre de 30 % d’actes inutiles pour justifier l’accroissement de l’austérité budgétaire et les coupes dans les budgets hospitaliers, à l’occasion du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale.

 

La « pertinence des soins » devient alors le paravent idéologique garantissant seulement un « panier de soins » très réduit. Au-delà, seuls celles et ceux qui en auront les moyens (par leur assurance complémentaire ou leur fortune personnelle) pourront s’assurer des soins de qualité et même s’offrir, s’ils le veulent, les prestations les plus inutiles et les moins « pertinentes ».

 

Notes :

[1] Etude : la pertinence des actes et examens médicaux

[2] Atlas des variations de pratiques

 

Pour en savoir plus :

- Chirurgie : le scandale des opérations inutiles

- BLUES BLANCHES ET COUPES BUDGÉTAIRES : PETITE HISTOIRE DU FINANCEMENT DE L’HÔPITAL

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2017 5 15 /12 /décembre /2017 00:49
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »

C’est devant une trentaine d'insoumis du " grand " La Rochelle qu’eut lieu une restitution de la convention de la France insoumise des 25 et 26 novembre.

 

 

- Le vécu des 3 participants provenant du " grand La Rochelle "

Plus de 1 600 insoumis-es présents à Clermont Ferrand les 25 et 26 novembre dont 3 locaux (La Rochelle, Rivedoux et Perigny), rassemblés par table de 7 à 10 personnes, sont venus travailler :

- sur les grandes questions à traiter dès à présent pour les prochaines campagnes ;

- à l’élaboration d’une trame organisationnelle (déjà bien avancée) ;

- à la mise en place de deux chartes : l’une consacrée aux principes de la France Insoumise, adoptée à plus de 96 %, l’autre concernant les groupes d’action (qui remplacent les groupes d’appui), adoptée à plus de 93 %.

 

Ce fut l’occasion de découvrir le résultat du vote de plus de 69 000 insoumis, les semaines précédant la Convention avec en regret, le trop peut de temps laissé au débat.

 

Beau et cohérent résultat que celui découvert à Clermont-Ferrand, lors de la « Convention de la pérennité » telle que qualifiée par Jean-Luc Mélenchon  (cliquez ICI) :

 
 

- Les échanges ont façonné cette soirée rochelaise sur :

  • la présentation sommaire de la charte des Groupes d'action... consultable ICI

  • la présentation sommaire des principes de la FI... consultables ICI

  • Retour sur la synthèse des boîtes à idées, par grands sujets :

- Quelles campagnes et quels thèmes d’actions pour la France insoumise ? »... consultable ICI

- Synthèse de la boîte à idées « Quelle organisation pour le mouvement ? »... consultable ICI

- Synthèse de la boîte à idées « Quelles modalités d’actions pour la France Insoumise ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quels besoins de formation ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quelle plate-forme de financement ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quelle composition et quel rôle pour l’assemblée représentative ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quelles évolutions de la plate-forme nationale ? »... consultable ICI

- Synthèse de la boîte à idées « Quels outils pour faciliter la mise en mouvement ? »... consultable ICI

    Retour sur les autres enjeux de cette convention

    • La définition de l'espace politique... consultable ICI

    • Les 3 thèmes de campagnes nationales, (ceux qui ont été votés par les insoumis qui devient choisir, parmi 30 thèmes issus du programme L’Avenir en Commun, les 3 qui paraissaient devoir être traités en priorité) voir plus bas.

    • Présentation d'un résumé de la méthode Alinski  du nom d'un militant états-unien méconnu en France, Saul Alinsky (Comment combattre efficacement les inégalités sociales, les discriminations, le capitalisme ? Que faire pour surmonter la résignation et le fatalisme ambiants ? Par où commencer ?) dont une approche est... consultable ICI

    Deux exemples concrets :

    Tout n'est pas réglé, des zones d'ombres existent encore notamment sur les moyens pour mener l'activité, mais les choses ne vont pas manquer de continuer à bouger et s'affiner dans cet outil politique en perpétuelle construction.
     
     

    -

    Nécessité d'une campagne d'action à l'échelle de la CDA de la Rochelle

    Le débat aborde un sujet important pour l'ensemble des citoyens de la communauté d'agglomération (CDA) de La Rochelle : la question de la gestion de l'eau potable dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi NOTRe.
     
    En effet, la loi Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe), votée sous le quinquennat Hollande prévoit que la gestion de la distribution de l'eau soit obligatoirement transférée en 2018 et au plus tard au 1er janvier 2020 des communes... aux intercommunalités, chez nous à la CDA de la Rochelle.
     
    Sur La Rochelle, l'eau est gérée en régie Publique, dans les autres communes soit c'est la RESE qui en a la gestion soit c'est une délégation de service public confiée à la SAUR (entreprise privée).
     
    • Question : Lors du transfert de la gestion de l'eau à la CDA quelle décision sera prise ?
    - gestion de l'eau en régie communautaire ?
    - ou gestion dans le cadre d'une délégation de service public à la SAUR, à Véolia ou autre ?
     
    L'enjeu est de taille pour les usagers. En moyenne l'écart de prix entre une gestion en régie publique et une gestion privée est de l'ordre de 30%.
     
    • Question : Quelles intentions de J.F. Fountaine président de la CDA ?
    - lors de la campagne des municipales de 2014, il avait pris position pour une régie publique ;
    - mais depuis 2 ans, interpellé par l'association CEP17 qui milite pour une régie publique, aucune réponse n'est fournie ;
    - Des forces politiques opposées à la gestion publique de l'eau existent sur la CDA de LR dont notamment les maires de Sainte-Soulle et Chatelaillon, la droite, le PRG.....
     
    • Question : Quel est leur poids politique ?

    Aujourd'hui, il est impossible de dire, en cas de vote, qui l'emporterait entre les défenseurs de la régie publique et ceux de la gestion privée !

     
    Après discussion, décision est prise de proposer aux groupes d'action et insoumis de la CDA rochelaise d'engager une campagne de mobilisation des citoyens pour une gestion publique de l'eau.
     
     

    -

    Détail des votes sur les thèmes de campagne

    Une liste de propositions de campagne avait été élaborée à partir de la synthèse de la boîte à idées sur les thèmes de campagne. Cette liste a été par la suite enrichie dans le cadre d'une consultation organisée à ce sujet, au cours de laquelle 317 contributions ont été recueillies. Lors du vote, chaque votant devait choisir 3 campagnes parmi les 30 proposées.

     

    Voici les campagnes arrivées dans les trois premières positions :

    14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
    Partager cet article
    Repost0
    3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 19:47
    Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kabore et le président français, Emmanuel Macron, donnent une conférence de presse au Palais présidentiel au Burkina Faso le 28 novembre 2017.

    Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kabore et le président français, Emmanuel Macron, donnent une conférence de presse au Palais présidentiel au Burkina Faso le 28 novembre 2017.

    " Aujourd’hui, je ne suis pas certain que la Françafrique soit dans l’intérêt de la France. Les réseaux se servent eux-mêmes avant de servir la France. Ils s’affrontent, ce qui rend incompréhensible la politique française en Afrique.[4] "

     

     

    Au-delà des faux pas diplomatiques, voici un article de fond sur la manière dont Macron s’inscrit dans la continuité de la domination française (note et traduction de Danielle Bleitrach)

    Le président français Macron a été surpris par l’accueil hostile du public lors de sa visite au Burkina Faso. Une caravane d’accompagnement a été bombardée de pierres. Il y a eu plusieurs tentatives de protestation dans la capitale. Sa réaction montre ce qu’il représente : une continuation de la politique de Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, avec un style très différent et des slogans différents... y compris quand il aborde la question des " femmes et de l'Afrique[3] ".

     

    Sources :  Histoire et Société par Lode Vanoost | mis à jour le 25/09/2023

      Le président français Macron a donc effectué une visite de trois jours dans un certain nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, anciennes colonies françaises. En cela, il poursuit une tradition présidentielle. En outre Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981), François Mitterrand (1981-1995), Jacques Chirac (1995-2007, Nicolas Sarkozy (2007-2012) et François Hollande (2012-2017) se sont fait un point d’honneur  dans la premiers mois de leur mandat de visiter l’Afrique.

     

    Le dénominateur commun de leurs discours était alors toujours une «rupture avec les pratiques du passé», un «partenariat renouvelé» fondé sur «l’égalité et le respect mutuel». Ils devaient tous garder les troupes françaises (la légion étrangère) sur place «pour protéger la démocratie» et «défendre le progrès économique». Bref, changement de style rhétorique et continuité substantielle.

     

     

    -

    La politique obstinée de l’Afrique

    La France a depuis longtemps perdu son statut de puissance mondiale. Les jours de gloire où le français était la langue standard de la diplomatie internationale ne sont qu’un vague souvenir. La présence d’entreprises et de militaires français à l’étranger est négligeable par rapport aux États-Unis, mais cela ne signifie pas que l’Afrique n’est plus importante pour l’élite dirigeante du pays.

     

    Si la France prétend obstinément à une place en tant que puissance mondiale, cela repose sur trois piliers: faire partie  des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU avec droit de veto,  avoir son propre arsenal nucléaire et sa sphère d’influence en Afrique (et dans certaines villes plus petites dans les Caraïbes, la Guyane française et du Pacifique ). Le maintien de ces trois piliers détermine la politique étrangère du pays. Le président Macron poursuit cette tradition. Il utilise un style et une rhétorique différents de celles de ses prédécesseurs, mais en termes de contenu, cela revient à la même chose.

     

    Que les Burkinabés ne soient  pas convaincus par cet autre style n’est pas surprenant, du moins pas pour ceux qui regardent les nouveautés  du style. Macron a expliqué dans son discours aux étudiants universitaires de Ouagadougou qu’il était né en 1977 et que sa génération n’avait donc rien à voir avec le passé colonial. Selon lui, les Burkinabés feraient bien de laisser derrière eux ce passé et de réfléchir à leur avenir. Le peuple burkinabè n’a-t-il aucun intérêt à condamner l’impérialisme français? Les faits peuvent aider à clarifier cela.

     

     

    -

    Thomas Sankara, 1987

    Macron a promis l’ouverture des dossiers sur le rôle de la France dans l’assassinat du président Thomas Sankara en 1987. En dehors de la France, presque tout le monde a  convenu depuis longtemps que les services secrets français et l’armée ont facilité le coup d’état de 1987 de Blaise Compaoré, le second  de Sankara, et  le président Félix Houphouet-Boigny de la Côte d’Ivoire voisine. Ce dernier n’a pas toléré  l’exemple contagieux d’un président de gauche démocratiquement élu dans son pays voisin.

     

    Thomas Sankara toujours pas oublié par des millions d’Africains

    Thomas Sankara toujours pas oublié par des millions d’Africains

    Avec Compaoré, la France a trouvé un collaborateur empressé. Après le meurtre de Sankara Compaoré est resté président de 1987 à 2014, quand il a été mis sur la touche  par un soulèvement populaire et a dû fuir en Côte d’Ivoire. Entre-temps, il avait réussi à détruire tout progrès social réalisé sous Sankara et à faire du Burkina Faso l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. Entre-temps, il est lui-même devenu l’un des Africains les plus riches de tous les temps, avec des domaines, des châteaux et des villas en France et en Suisse. Les présidents Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande ont agi toutes ces années pour maintenir Compaoré sur son trône. Le soulèvement populaire de 2014 n’a pas été le premier contre son régime, mais le premier qui a réussi. Les soulèvements antérieurs ont toujours été sanglants, avec le soutien des Français.

     

    Si Macron pense ce qu’il dit à propos de Sankara, il peut déjà commencer à livrer Compaoré à la cour du Burkina Faso et procéder à la confiscation de tous ses biens en France.

     

    Macron ne fait pas ça. Combien et quels documents et documents seront rendus publics en 1987 cela reste à voir. A en juger par la pratique historique après des déclarations présidentielles similaires antérieures, ce sera décevant. Probablement, seules les choses évidentes qui ne peuvent plus être contredites seront confirmées et seules les personnes déjà décédées seront mentionnées.

     

     

    -

    Monétaire unie CFA

    En dehors des pays africains concernés, on sait à peine qu’il existe une union monétaire qui dure beaucoup plus longtemps que l’euro (officiellement l’Union monétaire européenne – UEM). L’UEM a débuté en 2002 après consultation entre les États membres de l’UE concernés. On ne peut pas en dire autant du syndicat CFA (Franc CFA). Il a été imposé par un pays à tous les autres.

     

    A l’origine, le syndicat était nommé FCFA ou Franc des Colonies Françaises d’Afrique lors de sa création en 1945 . Son objectif principal était de maintenir la politique monétaire des colonies entre les mains de la banque nationale française à Paris (pour plus de détails sur le CFA, voir note de bas de page [1] ).

     

    Lorsque les pays en question commencent à devenir indépendants à partir des années 1950 (après un dur combat contre la répression coloniale), les nouveaux Etats affaiblis par la guerre et les années d’exploitation économique se voient obligés de poursuivre cette union monétaire avec la France. L’adhésion à la FCA était en effet une condition pour obtenir des attributions  indispensables de la part du FMI et d’autres institutions internationales. Cela signifie que les pays africains concernés dépendent encore de la France pour leur politique monétaire.

     

    Si Macron pense que «les Africains doivent assumer leur propre responsabilité pour leur avenir», alors il peut retirer la France de cette union et laisser désormais la politique monétaire à ces pays africains[2] .

     

    Macron déclare qu’il est prêt à «réformer le CFA, pas à l’abolir», mais c’est ce que ses prédécesseurs ont toujours promis. Cela revenait toujours à une confirmation des relations de pouvoir existantes.

     

     

    -

    Dette post-coloniale africaine ?

    Comme il devenait clair pour la France que le pays ne serait plus en mesure de contrôler ses colonies en Afrique et en Asie, les négociations ont commencé sur le transfert du pouvoir formel aux nouveaux États (à l’exception de l’Algérie, qui espérait encore de la France).

     

    L’ancien dirigeant colonial a exigé une «compensation» pour la perte de propriété, pour les investissements faits dans l’infrastructure.

     

    La France avait déjà un mauvais précédent dans cette manière de travailler. Quand Haïti fut la première colonie au monde à combattre sa liberté en 1803, le pays fut obligé de payer une «compensation» pour être reconnu internationalement. Cette «dette»  le pays l’a payé depuis  122 ans. Le président Sarkozy s’est montré très indigné quand un journaliste lui a demandé si cela ne devait pas être l’inverse.

     

    Si Macron pense respecter l’Afrique et finalement enterrer l’héritage du colonialisme, il peut décider de rembourser les profits coloniaux qu’il a gagnés avec l’oppression de millions d’Africains.

     

    Macron, comme ses prédécesseurs, n’a pas l’intention de rouvrir le débat sur cette dette coloniale.

     

     

    -

    Présence militaire en Afrique

    Comme ses prédécesseurs Sarkozy et Hollande, l’attaché de presse de Macron justifie la présence permanente des troupes françaises dans les anciennes colonies, arguant qu’elles sont là pour combattre la terreur fondamentaliste et protéger la démocratie. En réalité, ces troupes étaient déjà là lors de l’indépendance. Elles ne sont jamais vraiment partis.

     

    Ces troupes françaises se sont mêlées à plusieurs reprises à la lutte politique interne des pays concernés, la France ayant toujours opté pour ces forces ou personnes qui ont accepté la domination française. L’exemple de Compaoré au Burkina Faso a déjà été donné, mais la liste des interventions françaises est longue.

     

    Si Macron croit reconnaître la souveraineté des pays africains concernés, il peut commencer par retirer toutes les troupes françaises d’Afrique. 

     

    Ce n’est pas non plus l’intention de cet homme.

     

     

    -

    Contrebandiers de la population libyenne

    Macron a reçu une question sur la traite des êtres humains en Libye. Il a complètement rejeté toute responsabilité pour la catastrophe humanitaire en Libye : « Montre-moi les trafiquants belges, français ou allemands là-bas. Il n’y en a pas. Ils sont tous Africains!  »

     

    Cela  a presque été oublié, mais ce ne sont pas les États-Unis, ni la Grande-Bretagne, qui ont lancé l’attaque contre la Libye, mais la France. C’est le président Sarkozy qui a commencé à bombarder unilatéralement, avant même que les États-Unis et la Grande-Bretagne aient réfléchi à la manière dont ils interviendraient. Grâce à cette initiative unilatérale, l’affaire a pris de l’ampleur. En d’autres termes, la France porte une lourde responsabilité dans la catastrophe humanitaire en Libye (voir la responsabilité européenne pour les marchés d’esclaves libyens est écrasante ) constituant un enfer qui ne date pas d'hier.

     

    Macron prétend être le premier vrai président post-colonial de la France, parce qu’il est né en 1977. Chroniquement, c’est vrai. Mentalement pas. Macron est synonyme de continuité de la politique de l’Afrique française.

     

    Note :

    [1] Le syndicat CFA comprend deux pièces avec un autre taux lié, le franc de l’ UEMOA Afrique de l’ Ouest comprend le Bénin, le Burkina Faso, Côte – d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo et le franc de l’ Afrique centrale Union CEMAC avec le Cameroun, le Congo (Brazzaville), le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad. La Guinée et le Mali sont sortis de l’union avec leur indépendance. Madagascar et la Mauritanie l’ont fait en 1973. Le Mali est redevenu membre en 1984.  

    [2] Macron et ses prédécesseurs prétendent que le CFA peut déjà mener sa propre politique monétaire, mais les faits contredisent cela. Il y a une explication simple à cela: pas les structures formelles, mais l’équilibre des forces détermine qui est en charge.

    [3] « Macron, les femmes et l’Afrique : un discours de sélection sexuelle et de triage colonial »

    [4] Du Mali à la Guinée, Thomas Dietrich revient sur les reconfigurations de la Françafrique

     

     

    -Réponse Inspirante de Mamadou Koulibaly à Emmanuel Macron

    Le président Emmanuel Macron vient d’arriver vendredi 20 décembre 2019 à Abidjan où il restera 48 heures pour fêter Noël avec les soldats français de la base de Port-Bouët. Une visite qui se déroule à un moment où le pays exprime son ras-le-bol de la France, comme le dit l'ancient président de l'assemblée ivoirienne, Mamadou Koulibaly dans un message qu'il adresse au président français : " Il n'y a pas de sentiment anti-français ... Monsieur Macron, mais un ras-le-bol ".

     

    Il s'agit d'un discours juste inspirant que tout africain doit écouter et partager : « M. Macron, vous pouvez donner 1000 fois des instructions à nos chefs d’Etat... » Mamadou Koulibaly s’adresse directement à Emmanuel Macron. 

     

    Le rêve africain est plus fort que jamais et est porté par la nouvelle génération. Il est sans nul doute que le véritable rêve africain doit partir du continent et inspirer le monde entier. Et qu'il revient à nous-même Africains de saisir ce rêve et d’écrire notre propre épopée. Nombre d'Africains œuvrent déjà dans l'ombre d'autres dans la lumière et apportent leur contribution dans plusieurs domaines malgré un élan africain difficile. Mais la jeunesse continue de manquer de repère, l'Afrique manque de plus en plus de héros. 

     

     

    -Le lundi 27 février 2023, le président français a annoncé un nouveau cap pour la politique africaine de Paris.
    Il a promis de faire preuve de plus « d’humilité » et a annoncé une présence militaire française moins visible dans les pays d’Afrique francophone.

     

    Mais derrière les beaux mots, les promesses gonflées de figures de style, y a-t-il une once de sincérité chez Emmanuel Macron ? Car au niveau des annonces concrètes, c’est le désert de Gobi. En effet, le président français n’a pas annoncé la fermeture des quatre bases militaires permanentes en Afrique (Dakar, Abidjan, Libreville et Djibouti), comme cela avait été un temps envisagé. Macron a simplement promis une réduction d’effectifs dans ces bases, et une plus grande implication des armées africaines. Il n’a également pas fait d’annonce sur les soldats français encore présents au Sahel, qui sont appelés à rester au Niger ou Tchad. D’ailleurs, Macron s’inscrit dans la plus pure tradition de la Françafrique, en faisant une tournée dès mercredi au Gabon ou encore au Congo-Brazzaville, des dictatures soutenues de longue date par l’Elysée.

     

    Dans sa nouvelle carte blanche, notre journaliste Thomas Dietrich démonte le discours de Macron sur l’Afrique, un discours qui restera sans doute sans lendemains concrets.

     

     

    Pour en savoir plus :

    - Groupe parlementaire France insoumise : Demande de la levée du secret défense concernant l’assassinat de Thomas Sankara

    - Groupe parlementaire France insoumise : Macron au Burkina Faso : des propos méprisants et indignes !

    - Rétrospective des interventions militaires Françaises en Afrique

    - Comprendre le franc CFA en quatre questions

    - Non, les pays africains ne «versent pas un impôt colonial à la France»

    - Libye : La violence impérialiste n’a pas de fin ! Une seconde intervention en préparation ?

    - Il était une fois la guerre oubliée du Cameroun

    - La Françafrique n'est pas morte, elle est devenue l'Africa France

    - Jean-Luc Mélenchon : Qui va réparer la clim en Afrique ?

    - L’économiste Kako Nubukpo fustige la position du président français sur le CFA, qu’il juge « imprécise et caricaturale » : Franc CFA : les propos de M. Macron sont « déshonorants pour les dirigeants africains »

    - Un cadre de la Francophonie suspendu après une tribune anti-CFA publiée sur « Le Monde Afrique »

    - Quand le président de la France se gausse de l’Afrique ! Macron Président, sur les traces de Sarkozy

    - La France donne un ultimatum à la Guinée équatoriale de mettre fin à sa nouvelle monnaie

    - 15 Etats d'Afrique de l'Ouest veulent remplacer le franc CFA par une monnaie unique dès 2020

    - Mamadou Koulibaly à Macron, les africains refusent la mainmise de l’Etat français sur leurs autorités

    - 2020 : Emmanuel Macron appelle à son tour à «annuler» les dettes des pays africains ,.... elle est seulement suspendue 

    - Thomas Dietrich : annulation de la dette des pays africains, une dette illégitime, contractée le plus souvent par des dictateurs

    - Au Niger, la démocratie toujours confinée et Emmanuel Macron a choisi son camp

    - Septembre 2021 : coup d’état en Guinée... l’arrestation « prévisible » d’Alpha Condé

    - Montpellier 2021, la Françafrique à bout de souffle

    - Un an après les émeutes de Dakar, radioscopie du sentiment antifrançais

    - Tribune insoumise : En Afrique, repenser une stratégie à bout de souffle

    - Emmanuel Macron proclame de Libreville la fin de la Françafrique

     

    Partager cet article
    Repost0
    25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 17:22
    Manuel Bompard : « Être la 1ère force alternative et gagner la bataille culturelle »

    A l’occasion de la Convention nationale de la France insoumise à Clermont-Ferrand, les 25 et 26 novembre, Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France insoumise, revient sur le moment politique et l’avenir du mouvement.

     

    Sources : L'Heure du Peuple

    -

    LdP : Quel bilan faites-vous des six premiers mois de la présidence Macron ?

    Manuel Bompard : L’écran de fumée n’a pas mis longtemps à s’estomper. Macron s’est attaqué aux salariés et aux plus modestes avec le code du travail et les APL. Il a jeté des dizaines de milliers d’emplois aidés au chômage, fragilisant tout le tissu associatif. Il a offert plusieurs milliards d’euros aux riches en supprimant l’impôt sur la fortune.

     

    Il a abandonné ses promesses écologiques et laissé passer le CETA : une partie s’applique déjà sans qu’aucun citoyen ou parlementaire n’ait pu donner son avis. Il a ajouté à cette politique désastreuse une arrogance et un mépris de classe révoltant.

     

    Les choses sont finalement assez simples : il est le président des riches, des lobbys productivistes, des multinationales et des exilés fiscaux. Il faut l’arrêter !

     

     

    -

    LdP : La France insoumise est apparue comme le premier opposant. C’était un objectif ? Vous allez continuer comme cela ?

    Manuel Bompard : Bien sûr, il était nécessaire de s’emparer de ce drapeau. Car il éclaire les véritables alternatives proposées au pays : le « chacun pour soi » de Macron ou le « tous ensemble » auquel nous aspirons.

     

    Ainsi, les masques sont tombés : les Républicains partagent la politique du pouvoir. Le PS ne s’y oppose pas, comme l’a montré son vote sur la confiance au gouvernement. Quant au Front National, il a prouvé à nouveau qu’il n’est pas du côté de ceux qui souffrent et qu’il fait primer ses intérêts de boutique sur ceux du plus grand nombre.

     

    La France insoumise a assumé cette responsabilité. Elle a engagé ses forces dans la marche contre le coup d’état social et a mené une bataille de tous les instants à l’Assemblée Nationale. Elle continuera bien sûr à être en première ligne !

     

     

    -

    LdP : La bataille contre les ordonnances semble perdue. Pourquoi ? M. Macron est-il trop fort ? Comment résister ?

    Manuel Bompard : Macron a remporté une première manche. Pourtant, les études montrent que son projet est largement minoritaire dans le pays. Nous devons comprendre pourquoi. Bien sûr, on peut toujours chercher des excuses mais il vaut mieux regarder les choses en face : cette bataille a été trop mal menée pour être victorieuse.

     

    La France insoumise avait pris l’initiative d’une marche nationale le 23 septembre. Son succès aurait pu être un point d’appui pour la mobilisation. Il aurait fallu pour cela que l’ensemble des forces engagées dans cette bataille prépare une initiative commune et mobilisatrice. C’était le sens de la proposition qu’a faite Jean-Luc Mélenchon sur la place de la République.

     

    Elle est malheureusement restée sans suite. Une absurde division entre le syndical et le politique a paralysé l’action collective et offert une victoire facile au président de la République. Il est temps de réagir !

     

     

    -

    LdP : Dans la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas réclamé de la gauche. Allez-vous continuer dans cette voie ou souhaitez-vous incarner la gauche face à un Macron toujours plus de droite ?

    Manuel Bompard : Macron mène clairement une politique de droite : il a exaucé tous les rêves des libéraux ! Est-ce qu’il suffirait pour autant d’incarner la gauche pour être une alternative sérieuse ? Je ne crois pas. La gauche et la droite ne sont plus des catégories mobilisatrices. Le quinquennat de Hollande a brouillé les pistes et les premiers mois de Macron, présenté comme un homme de gauche, ont fini d’achever le tableau. Il me semble plus efficace de démasquer l’extrémisme de ce projet qui est au service exclusif d’une toute petite partie de la population. Opposons-lui un projet raisonnable au service du peuple : partager les richesses pour que chacun puisse vivre dignement ; permettre à tous d’avoir accès aux soins ; en finir avec la mainmise de la finance sur l’économie réelle ; prendre enfin à bras le corps l’impératif écologique. Ne sommes-nous finalement pas tout simplement du côté du bon sens ?

     

     

    -

    LdP : Benoît Hamon a participé à la marche du 23 septembre, proposez-vous l’union des partis de gauche ?

    Manuel Bompard : Nous avons dit pendant la campagne présidentielle que l’enjeu n’était pas de rassembler la gauche, mais de fédérer le peuple. Cela signifie que nous ne parviendrons pas à conquérir une majorité populaire si l’on se contente de juxtaposer des étiquettes. Face à l’épuisement de la vie démocratique du pays, il faut proposer à la société dans son ensemble des perspectives remobilisatrices.

     

    Pour autant, la participation de Benoit Hamon à la marche du 23 septembre était une bonne nouvelle. En effet, toutes celles et ceux qui refusent la politique désastreuse du gouvernement doivent pouvoir agir ensemble. Ce doit être la priorité aujourd’hui pour que le peuple cesse de régler la note de cette oligarchie qui nous gouverne.

     

     

    -

    LdP : Du livre l’Ère du peuple de J. L. Mélenchon aux travaux de Chantal Mouffe et Ernesto Laclau, la FI s’inscrit dans une stratégie populiste. Est-ce uniquement une stratégie ou un projet politique en soi ?

    Manuel Bompard : Le populisme est une notion ambivalente, comme l’a par exemple détaillé B. Schneckenbuger. Ce terme illustre l’idée que les oligarques se font du peuple : une masse confuse et dangereuse. Mais ce n’est bien sûr pas notre conception du populisme.

     

    La France insoumise puise le sens de son action dans la théorie de la révolution citoyenne. Il s’agit de construire le chemin vers un changement radical, par la voix démocratique, avec l’objectif d’instaurer un humanisme social et écologique. Ce chemin, c’est celui de la mise en mouvement du peuple. Il faut donc construire le peuple ! Construire le peuple, c’est passer d’une population atomisée et impuissante à une force de transformation. C’est notre objectif. En ce sens, la France insoumise s’inscrit dans une stratégie populiste.

     

     

    -

    LdP : La FI tient sa première convention depuis les législatives. Vous voulez rester un « mouvement » et non devenir un parti. Mais c’est quoi un « mouvement » ?

    Manuel Bompard : Le mouvement est la forme d’organisation du peuple. Son rôle est donc d’être déclencheur : il s’agit de fédérer des individus qui veulent reprendre leur destin en main. La France insoumise propose pour cela des « éléments fédérateurs » comme le programme « L’Avenir en commun » ou la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle.

     

    Le mouvement est donc un cadre regroupant des individus qui partagent le même programme. Il ne demande pas d’adhésion. Il organise son activité à travers une plate-forme numérique qui permet de se réunir autour d’objectifs concrets, d’agir ensemble, de faire un don ou de commander du matériel. Il ne s’organise pas de manière pyramidale. Il accueille en son sein une multiplicité de formes et de rythmes d’engagement. C’est un objet souple et poreux, qui se glisse dans tous les interstices de la société.

     

     

    -

    LdP : Quelle feuille de route sortira de cette convention ? Comment abordez-vous la période qui vient, sans élection avant un an et demi ? Le mouvement peut-il survivre à ce rythme nouveau ?

    Manuel Bompard : La France insoumise est déjà le premier opposant au pouvoir en place. Mais elle ne s’en contente pas. Elle veut également être la première force d’alternative et gagner la bataille pour l’hégémonie culturelle autour de ses idées. C’est pourquoi la convention doit permettre de choisir, à travers un vote en ligne sur la plate-forme, trois sujets de campagne que le mouvement va mener jusqu’à sa prochaine convention. C’est un premier objectif.

     

    Dans le même temps, face à la défiance massive vis-à-vis de la politique, la France insoumise veut également montrer son utilité immédiate. Elle entend donc s’engager dans des actions de solidarité concrète et va s’organiser pour jouer le rôle de catalyseur des dynamiques de mobilisation populaire.

     

    Faire reculer le pouvoir, incarner la première force d’alternative et montrer par l’action immédiate son utilité, voilà déjà une belle feuille de route !

     

     

    -

    LdP : Le programme L’Avenir en commun a convaincu beaucoup d’insoumis d’entrer dans l’action. Comment le faire vivre désormais ?

    Manuel Bompard : Le programme « L’Avenir en commun » a passé son baptême du feu électoral. Il a été construit par un travail patient d’enrichissement à travers des contributions individuelles ou collectives et des auditions de personnalités, de chercheur ou de syndicalistes. Il a réuni 7 millions de voix à l’échelle du pays : c’est un formidable outil pour le mouvement. Désormais, le programme se précise et s’enrichit, notamment dans les livrets thématiques. On en recense une quarantaine et ils permettent de compléter « L’Avenir en commun » sur des grandes questions comme l’écologie, le logement ou la santé.

     

    Enfin, le mouvement va s’engager dans un travail d’ateliers législatifs. Il s’agit désormais de décliner avec les citoyens nos propositions en texte de lois. Ainsi, nous aurons préparé les premières lois que nous proposerons au pays une fois arrivés au pouvoir.

     

     

    -

    LdP : Cette convention se veut tournée vers la base (contribution à la boîte à idées, priorité donnée au développement des groupes d’action). Est-ce parce que la FI a besoin de s’enraciner davantage ?

    Manuel Bompard : La France insoumise s’est construite dans le rythme effréné d’une campagne présidentielle. Au lendemain de celle-ci, elle a encore accueillie des dizaines de milliers de citoyens qui sont venus joindre leurs forces à l’effort collectif des élections législatives.

     

    Aujourd’hui le mouvement compte près de 5000 groupes d’action dans tout le pays, en métropole comme en outre-mer, et même auprès des Français résidant à l’étranger. Un des enjeux de la convention est de proposer un cadre commun qui permet à la fois de maintenir une cohérence dans l’action tout en conservant cette souplesse et cette énergie qui ont fait notre force.

     

    Ce n’est pas une question si simple à résoudre. C’est pourquoi nous avons voulu recueillir les idées et les propositions des insoumis à travers les boites à idées. Près de 3000 contributions ont été reçues et elles ont donné lieu à des synthèses extrêmement riches et utiles pour le mouvement.

     

     

    -

    LdP : J. L. Mélenchon parle d’un mouvement « gazeux » avec plusieurs éléments (Groupes d’action, groupe parlementaire, espace politique, espace des luttes etc.), pouvez-vous nous dire comment va fonctionner la FI ? Quelle place auront les insoumis dans les grandes décisions ?

    Manuel Bompard : À l’heure actuelle, le mouvement a une forme polycentrique. Il ne se structure pas de manière classique avec une direction identifiée, mais dispose de plusieurs équipes et espaces nationaux qui confrontent les points de vue pour éclairer les prises de décisions. À l’occasion de cette convention, une assemblée représentative sera mise en place pour réunir des membres de ces espaces et des insoumis tirés au sort sur la plate-forme et au sein des groupes d’action. Elle aura notamment pour mission de mettre en œuvre les décisions importantes du mouvement qui seront prises par un vote en ligne des insoumis sur la plate-forme. En fait, il s’agit d’inventer un mouvement de type nouveau qui permet la participation collective des insoumis, sans pour autant se structurer comme un parti politique traditionnel. C’est donc une équation complexe. La France insoumise l’aborde avec modestie. Elle se veut un mouvement évolutif qui revendique un droit à l’expérimentation. Par conséquent, le mouvement précisera ses formes d’organisation au fur et à mesure de son évolution.

     
     
    -----------------------------------------------------
     

    -

    Manuel Bompard : " Il ne suffit pas d'additionner des étiquettes pour créer des dynamiques "

    Ce weekend, Pierre Laurent a appelé les amis de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon à se retrouver pour des listes communes aux européennes de 2019. Pendant ce temps, Benoît Hamon lançait son mouvement Génération.s au Mans. Et du côté de la Corse, les élections territoriales ont éliminé la gauche dès le premier tour. Tour d’horizon avec Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France insoumise.

    Partager cet article
    Repost0
    19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 19:25
    Christophe Aguiton : «  Les biens communs deviennent aujourd’hui une alternative tant au capitalisme qu’à l’étatisme »

    Christophe Aguiton, un chercheur militant

     

    Entré à France Télécom à la fin des années 1990, le militant syndical participe à la création de SUD PTT. Militant associatif et politique dans les milieux altermondialistes, Christophe Aguiton participe à la création d’Agir ensemble contre le chômage (AC  !) et d’Attac. L’auteur de Le monde nous appartient (éditions Plon) dirige un séminaire sur «  Internet, communication et société  » à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et est enseignant en sociologie du Web au sein de l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée.

    Le membre d’Attac et chercheur en sciences sociales analyse dans son dernier ouvrage[1] l’histoire récente de la gauche à l’échelle internationale. Il cible les «  problèmes stratégiques  » afin de «  réactualiser la doctrine de la gauche  », à travers des expériences comme celles de Syriza, de Podemos ou du Parti des travailleurs brésilien.

     

    Sources : L'Humanité entretien par Audrey Loussouarn

    - L'HUMA : Quelle est votre analyse de la période électorale de laquelle nous sortons ?
    Christophe Aguiton : Ce qui s’est passé pendant la période électorale est tout à fait comparable à ce qui se passe dans d’autres pays européens où la social-démocratie s’effondre ou baisse de façon significative et où s’affirment la gauche radicale mais aussi les forces populistes et xénophobes d’extrême droite. Juste avant les élections françaises on a vu ainsi, en Islande, la gauche radicale réaliser un score de plus de 25% et aux Pays-Bas le Parti socialiste, membre de la GUE[2] et qui vient historiquement de l’extrême-gauche, et le parti des animaux, parti d’extrême-gauche là-bas, ont fait presque 15%.

     

    - L'HUMA : Macron poursuit le travail de Hollande, en pire. Peut-on vraiment dire que la social-démocratie a échoué en France ?

    Christophe Aguiton : Toute une partie de l’appareil du PS, mais aussi de leurs électeurs, ont basculé d’autant plus facilement chez Macron qu’ils partageaient beaucoup de ses orientations. Le PS, ce n’est pas nouveau, a un électorat très composite incluant de nombreux sociaux-libéraux. Ce qui s’est passé en France a des analogies avec ce qui s’est passé en Italie : la majorité du Parti communiste italien s’était social-démocratisé, puis transformé en parti démocrate en ouvrant la voie à Matteo Renzi. Comme François Hollande et Manuel Valls l’ont fait pour Emmanuel Macron ces cinq dernières années. Mais l’extrême centre, comme l’appellent des dirigeants de Podemos, s’effondre. Car attention aux illusions d’optique liées à la victoire de Macron. Il n’a obtenu que 24 % au premier tour et cela en captant l’essentiel de l’électorat du PS et une partie de celui de la droite et du centre. Les partis de gouvernement, l’axe traditionnel de l’alternance, n’ont obtenu, tous ensemble, que 50 % des voix !

     

     

    - L'HUMA : Comment analysez-vous ce chamboule-tout politique ?

    Christophe Aguiton : La crise de 2007-2008 a ouvert une toute nouvelle situation. Avant cette crise, beaucoup pensaient que la mondialisation libérale était inévitable. Le mouvement altermondialiste avait commencé à combattre cette idée, mais sans réussir à faire évoluer le cœur de l’électorat. Les choses basculent dans la dernière décennie parce que les classes populaires et les couches moyennes sont directement touchées. On l’a vu aux États-Unis mais aussi en Europe, où la crise de la dette va aggraver encore la situation avec les mesures d’austérité qui vont se multiplier. En Espagne, par exemple, le mouvement des indignés va démarrer en 2011 sur la crise du logement et le refus des expulsions. À partir de là, on assiste partout à un rejet de la mondialisation libérale. Il va profiter à deux types de forces : celles du populisme de droite, xénophobe ou fasciste selon les pays, et celles de la gauche radicale. Et ce n’est pas fini. Les politiques d’austérité qui continuent dans toute l’Europe, et notamment en France comme le montrent les premières mesures d’Emmanuel Macron, vont produire les mêmes effets. La chance que nous avons est que la gauche est tout aussi forte sur le plan électoral que l’extrême droite.

     

     

    - L'HUMA : Comment expliquer que Jean-Luc Mélenchon ait obtenu 19,6 % des votes exprimés ?

    Christophe Aguiton : Il a mis en avant deux éléments clés, qui ont aussi été au cœur des stratégies de Podemos et de Syriza. Tout d’abord, il a mis en avant sa certitude qu’il était possible de gagner et d’arriver au pouvoir. Cet élément est une véritable rupture par rapport aux discours traditionnels du PCF et de l’extrême gauche. Cette dernière se présente aux élections « pour défendre ses idées », comme l’ont fait Arlette Laguiller puis Nathalie Artaud, ou pour « favoriser les luttes », comme la LCR puis le NPA. Le PCF, depuis les années 1980, est candidat pour « rééquilibrer la gauche », pour qu’elle comprenne un pôle vraiment de gauche. En mettant en avant la possibilité de gagner, Jean-Luc Mélenchon a débloqué les votes dans deux secteurs, pas forcément pro-Mélenchon au départ. Les quartiers populaires, pour qui le discours républicain et laïc n’allait pas de soi, ont voté massivement pour lui en voyant dans sa candidature le moyen de sortir de la crise et de l’abandon de leurs quartiers. Et puis il y a l’électorat des centres-villes, des intellectuels précaires présents dans Nuit debout, qui n’étaient pas forcément en phase avec une campagne autocentrée autour du candidat mais qui ont vu eux aussi l’opportunité de bousculer l’ordre établi. C’est la même stratégie qui a permis à Syriza de décoller face au KKE, le parti communiste traditionnel en Grèce, qui était pourtant mieux implanté socialement et électoralement, et qui a donné à Podemos son élan initial. C’est la « révolution par les urnes », comme le disaient aussi Chavez et d’autres dirigeants sud-américains. L’autre argument, qu’a repris Jean-Luc Mélenchon, c’est la rupture avec l’ancien monde, comme en Grèce avec le Pasok ou en Espagne avec le PSOE. C’est une double stratégie qui a été gagnante sur le plan électoral mais qui peut aussi poser problème pour demain. Vous avez des militants qui vont être convaincus qu’ils vont gagner vite. L’idée de perdre du temps dans des assemblées syndicales, associatives ou populaires n’est pas leur culture. Tout cela peut rendre compliquée l’articulation entre les mouvements sociaux et la France insoumise.

     

     

    - L'HUMA : Loi travail XXL, baisse des APL… les mobilisations sociales sont en passe de se multiplier. Qu’est-ce que cela augure pour la gauche ?

    Christophe Aguiton : Il ne faut pas croire à un lien direct entre mobilisations sociales et recomposition politique. Après mai 1968 les législatives ont vu la victoire massive de la droite et c’est plus tard que la gauche s’est réorganisée autour de l’union de la gauche. En Espagne, on met souvent les indignés et Podemos sur le même plan. Certes, Podemos s’est appuyé sur l’expérience du 15-M (le mouvement des indignés – NDLR) mais après sa disparition. Quand il existait encore, il n’était pas question d’une traduction politique. Idem en France : ce n’est pas Nuit debout qui a créé la France insoumise mais Jean-Luc Mélenchon, homme politique, ancien socialiste devenu dirigeant du Parti de gauche. Il a réussi à capter cet électorat mais, entre les deux, il n’y a pas de lien direct. Le bon score du candidat à la présidentielle va peser dans le rapport de forces futur, quand il y aura des mobilisations. Et ce sera avec l’expérience des nombreuses luttes que nous venons de connaître, contre la loi travail, pour le soutien aux réfugiés, contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, contre les discriminations, etc.

     

     

    - L'HUMA : Pour agglomérer ces revendications très parcellaires, un défi de taille s’annonce pour la gauche. Qu’entendez-vous par la nécessité d’organiser une « alliance nouvelle » ?

    Christophe Aguiton : Au siècle dernier, les forces de gauche partageaient l’idée que seule la classe ouvrière ou le prolétariat pouvaient porter une alternative au capitalisme. Les dernières expériences de victoire de la gauche, en Amérique du Sud en particulier, ont été conduites par des forces sociales différentes, paysans ou indigènes en Bolivie, par exemple. Le discours des mouvements et de la gauche a alors évolué en parlant du « peuple » ou des « 99 % » popularisés par Occupy Wall Street. Des catégories trop larges pour permettre une compréhension pragmatique de ce qui se passe sur le terrain et pour donner des outils pour une action réflexive des acteurs sociaux sur leur propre devenir. Pour ce qui est de la France, il me semble qu’il faut, sur le plan stratégique, partir de trois types d’acteurs. Le mouvement ouvrier qui, en France, est centré autour des services publics, qui ont été au cœur des mobilisations syndicales de ces dernières années. Celui-ci est très affaibli mais il ne disparaît pas et c’est le seul secteur qui a des organisations pérennes. Deuxième élément, les couches intellectuelles qui sont le produit d’une génération qui a eu accès à l’enseignement supérieur. Quel que soit leur statut précis, ils se vivent pour la plupart comme dans une situation de précarité et ils ont été au cœur de Nuit debout et votent très à gauche. Les troisièmes sont les habitants des quartiers populaires, souvent d’origine immigrée. On les retrouve dans beaucoup de luttes, comme dans le soutien à Gaza ou contre les discriminations et les violences policières mais, comme les jeunes intellectuels, ils n’ont pas d’organisations pérennes et s’informent et se mobilisent par les réseaux sociaux. On voit bien qu’il existe des différences importantes entre ces trois secteurs, tant dans leurs modes de mobilisation que dans leurs cultures politiques, mais œuvrer à leur articulation me semble essentiel. Beaucoup y travaillent et on a pu voir, à Nuit debout, des invitations de dirigeants syndicaux ou des appels à agir avec les migrants et réfugiés. Rien ne va de soi, mais c’est la seule voie possible.

     

     

    - L'HUMA : Quels sont, selon vous, les questionnements que doit mener la gauche ?

    Christophe Aguiton : Le premier vise à rompre avec une logique binaire où face au capitalisme, au marché et à la propriété privée, la gauche défend les nationalisations et la planification économique, c’est-à-dire un recours massif à l’État. Cette vision s’était imposée au début du XXe siècle dans la social-démocratie et le travaillisme britannique puis dans le mouvement communiste, à un moment où se refermait la mondialisation du XIXe siècle et où se développaient dans des États-nations très puissants la grande entreprise intégrée et les grands réseaux techniques, trains, électricité, télécommunications. Cette opposition binaire est remise en cause aujourd’hui et on voit se développer une autre perspective qui est celle des biens communs avec l’idée de la gestion directe par les travailleurs, en retrouvant les coopératives qui étaient au cœur du socialisme du XIXe siècle, ou l’émergence de nouveaux biens communs comme ceux du numérique. Les défis écologiques nous obligent également à réfléchir différemment en cessant de considérer l’eau et les autres ressources de la nature comme de simples biens à exploiter. Les biens communs deviennent aujourd’hui une alternative tant au capitalisme qu’à l’étatisme.

     

     

    - L'HUMA : Vous évoquez également l’idée que la question démocratique doit être au centre des préoccupations à gauche...

    Christophe Aguiton : Oui, et c’est une question qui est cohérente avec la façon d’organiser la société et la production. La démocratie représentative est aujourd’hui l’objet de critiques répétées car elle est basée sur une compétition visant à sélectionner les « meilleurs », ce qui conduit à la reproduction d’un système dominé par les élites et en phase avec le capitalisme et la loi du marché. Face à cela, la pratique du pouvoir en Amérique du Sud, en particulier au Venezuela, en Bolivie et Équateur, a vu des présidents de gauche élus au suffrage universel utiliser leur pouvoir et leur charisme pour s’opposer aux élites traditionnelles qui contrôlaient l’économie et les médias. Cette pratique a été théorisée par des intellectuels comme Ernesto Laclau et Chantal Mouffe ainsi que par les dirigeants de Podemos. Ce modèle-là défend le volontarisme politique qui va résoudre les problèmes par le haut, en renforçant de facto le poids de l’État. Face à cette opposition binaire un troisième choix est possible : la « démocratie radicale » qui s’appuie sur l’implication directe des acteurs que l’on retrouve dans la gestion des biens communs, avec des pratiques telles que les référendums d’initiative populaire, le tirage au sort ou les décisions au consensus. Certes, de même que les « communs » ne se substitueront pas totalement au marché, qui existait bien avant le capitalisme, ou à l’État, nous continuerons à élire des représentants. Mais une stratégie qui s’appuie sur les communs et la démocratie radicale redonne le pouvoir aux acteurs populaires.

     

    Note :

    [1] La Gauche du XXIe siècle, éditions la Découverte, 242 pages, 17 euros.

    [2] GUE : Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique

    Partager cet article
    Repost0
    8 novembre 2017 3 08 /11 /novembre /2017 15:51
    Un peu d’humilité à l’égard de la Chine, bon sang !
     
    Sources : Bruno Guigue 
    - L’affligeante nullité des commentaires de la presse française sur le 19ème congrès du parti communiste chinois (18-24 octobre) est éloquente.
    Qu’avons-nous appris ? Quasiment rien à vrai dire, sinon que la dictature communiste est abominable, que Xi Jin Ping a été déifié, que la Chine croule sous la corruption, que son économie est chancelante, son endettement abyssal et son taux de croissance en berne. Enfilade de lieux communs et fausses évidences à l’appui, la vision française de la Chine a brillé une fois encore par un simplisme narquois qui masque à peine une ignorance crasse. Il suffit d’avoir entendu une seule émission de Vincent Hervouët sur Europe 1 pour prendre la mesure de ce vide sidéral.
     
     
     
    - Il faut dire que la Chine ne fait rien pour faciliter les distinctions tranchées - dignes du lit de Procuste - et les catégories préétablies auxquelles ce petit monde médiatique voudrait la plier à tout prix. Communiste, capitaliste, un peu des deux, ou autre chose encore ?
    Dans les sphères médiatiques, on y perd son chinois. Inconsciemment, on le sent bien, nos commentateurs aimeraient pouvoir dire que la Chine n’est plus communiste, ce serait tellement plus simple. Convertie au libéralisme, cette nation rebelle réintégrerait le droit commun. Retour à l’ordre des choses, cette capitulation idéologique validerait la téléologie de l’homo occidentalis. Absorbant la Chine, le capitalisme mondialisé pourrait enfin déboucher le Champagne.
     
     
     
    - Mais voilà, c’est une romance libérale, une de plus.
    Le PCC n’a nullement renoncé à son rôle dirigeant dans la société, et il fournit son ossature à un Etat qui tire sa force de sa souveraineté. Hérité du maoïsme, l’Etat central conserve la maîtrise de la politique monétaire et contrôle le secteur bancaire. Doté depuis les lois de 2008 d’une fiscalité moderne, d’un code du travail et d’un système social - certes imparfaits -, il s’est fixé pour objectif numéro un l’élévation du niveau de vie de la population. Restructuré dans les années 1990, le secteur public demeure la colonne vertébrale de l’économie chinoise : avec 40% des actifs et 50% des profits générés par l’activité industrielle, il est prédominant dans la sidérurgie, l’énergie et l’électricité.
     
     
     
      - Aucun commentateur ne l’a fait, mais il suffit de lire la résolution finale du 19ème congrès pour mesurer l’ampleur des défis de la Chine contemporaine.
    Lorsque cette résolution affirme que “le Parti doit s’unir pour remporter la victoire décisive de l’édification intégrale de la société de moyenne aisance, faire triompher le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère, et lutter sans relâche pour réaliser le rêve chinois du grand renouveau de la nation”, il faut peut-être prendre ces déclarations au sérieux. Avec 89 millions de membres, le PCC n’est pas en perte de vitesse. Mais il lui faudra stimuler la consommation intérieure, réduire les inégalités sociales et juguler la pollution - un véritable fléau -, s’il veut conserver l’appui d’une population en voie d’urbanisation accélérée.
     
     
     
    - En Occident, la vision de la Chine est obscurcie par les idées reçues.
    On s’imagine que l’ouverture aux échanges internationaux et la privatisation de nombreuses entreprises ont sonné le glas du “socialisme à la chinoise”. Mais c’est faux. Pour les Chinois, cette ouverture est la condition du développement des forces productives, et non le prélude à un changement systémique. Les “zones d’exportation spéciale” ont dopé la croissance, mais cette insertion dans la mondialisation s’est effectuée aux conditions fixées par l’Etat. Pour Pékin, il fallait accumuler les capitaux afin de poursuivre les réformes. Elles ont permis de sortir 700 millions de personnes de la pauvreté, soit 10% de la population mondiale. Il n’est pas étonnant que le 19ème congrès ait réitéré le choix d’une économie mixte en insistant sur les défis de l’urbanisation et la nécessaire réduction des inégalités.
     
     
     
    - Depuis 40 ans, la Chine change à un rythme déconcertant et brouille les repères habituels.
    Un pays qui assure 30% de la croissance mondiale et dont on juge que sa croissance “fléchit” lorsqu’elle est à 6,5% mérite quand même le détour. On peut ironiser sur ce communisme qui fait la part belle au capitalisme, ou encore évoquer le spectre d’un capitalisme d’État, mais à quoi bon ? Les communistes chinois se moquent bien des catégories dans lesquelles nos appareils idéologiques désignent la réalité chinoise. Ils la connaissent mieux que nous, et ils savent que nous n’avons aucune prise sur notre propre réalité. La puissance qui est la leur et l’impuissance qui est la nôtre suffisent à nous disqualifier. Si seulement la France était un État souverain, peut-être aurions-nous quelque chose à dire. Mais franchement, mettez-vous à la place des Chinois. Allons, un peu d’humilité !
     
    Pour en savoir plus :
    Partager cet article
    Repost0
    4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 10:52
    Pierre Bourdieu : L’essence du néolibéralisme

    Sources : Le MONDE diplomatique par Pierre Bourdieu Sociologue, professeur au Collège de France.  mars 1998 | mis à jour le 13/07/2020

    Le monde économique est-il vraiment, comme le veut le discours dominant, un ordre pur et parfait, déroulant implacablement la logique de ses conséquences prévisibles, et prompt à réprimer tous les manquements par les sanctions qu’il inflige, soit de manière automatique, soit — plus exceptionnellement — par l’intermédiaire de ses bras armés, le FMI ou l’OCDE, et des politiques qu’ils imposent : baisse du coût de la main-d’œuvre, réduction des dépenses publiques et flexibilisation du travail ? Et s’il n’était, en réalité, que la mise en pratique d’une utopie, le néolibéralisme, ainsi convertie en programme politique, mais une utopie qui, avec l’aide de la théorie économique dont elle se réclame, parvient à se penser comme la description scientifique du réel ?

     

     

    Cette théorie tutélaire est une pure fiction mathématique, fondée, dès l’origine, sur une formidable abstraction : celle qui, au nom d’une conception aussi étroite que stricte de la rationalité identifiée à la rationalité individuelle, consiste à mettre entre parenthèses les conditions économiques et sociales des dispositions rationnelles et des structures économiques et sociales qui sont la condition de leur exercice.

     

    Il suffit de penser, pour donner la mesure de l’omission, au seul système d’enseignement, qui n’est jamais pris en compte en tant que tel en un temps où il joue un rôle déterminant dans la production des biens et des services, comme dans la production des producteurs. De cette sorte de faute originelle, inscrite dans le mythe walrasien [1] de la « théorie pure », découlent tous les manques et tous les manquements de la discipline économique, et l’obstination fatale avec laquelle elle s’accroche à l’opposition arbitraire qu’elle fait exister, par sa seule existence, entre la logique proprement économique, fondée sur la concurrence et porteuse d’efficacité, et la logique sociale, soumise à la règle de l’équité.

     

    Cela dit, cette « théorie » originairement désocialisée et déshistoricisée a, aujourd’hui plus que jamais, les moyens de se rendre vraie, empiriquement vérifiable. En effet, le discours néolibéral n’est pas un discours comme les autres. A la manière du discours psychiatrique dans l’asile, selon Erving Goffman[2], c’est un « discours fort », qui n’est si fort et si difficile à combattre que parce qu’il a pour lui toutes les forces d’un monde de rapports de forces qu’il contribue à faire tel qu’il est, notamment en orientant les choix économiques de ceux qui dominent les rapports économiques et en ajoutant ainsi sa force propre, proprement symbolique, à ces rapports de forces. Au nom de ce programme scientifique de connaissance, converti en programme politique d’action, s’accomplit un immense travail politique (dénié puisque, en apparence, purement négatif) qui vise à créer les conditions de réalisation et de fonctionnement de la « théorie » ; un programme de destruction méthodique des collectifs.

     

    Le mouvement, rendu possible par la politique de déréglementation financière, vers l’utopie néolibérale d’un marché pur et parfait, s’accomplit à travers l’action transformatrice et, il faut bien le dire, destructrice de toutes les mesures politiques (dont la plus récente est l’AMI, Accord multilatéral sur l'investissement, destiné à protéger, contre les États nationaux, les entreprises étrangères et leurs investissements), visant à mettre en question toutes les structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur : nation, dont la marge de manœuvre ne cesse de décroître ; groupes de travail, avec, par exemple, l’individualisation des salaires et des carrières en fonction des compétences individuelles et l’atomisation des travailleurs qui en résulte ; collectifs de défense des droits des travailleurs, syndicats, associations, coopératives ; famille même, qui, à travers la constitution de marchés par classes d’âge, perd une part de son contrôle sur la consommation.

     

    Le programme néolibéral, qui tire sa force sociale de la force politico-économique de ceux dont il exprime les intérêts — actionnaires, opérateurs financiers, industriels, hommes politiques conservateurs ou sociaux-démocrates convertis aux démissions rassurantes du laisser-faire, hauts fonctionnaires des finances, d’autant plus acharnés à imposer une politique prônant leur propre dépérissement que, à la différence des cadres des entreprises, ils ne courent aucun risque d’en payer éventuellement les conséquences —, tend globalement à favoriser la coupure entre l’économie et les réalités sociales, et à construire ainsi, dans la réalité, un système économique conforme à la description théorique, c’est-à-dire une sorte de machine logique, qui se présente comme une chaîne de contraintes entraînant les agents économiques.

     

    La mondialisation des marchés financiers, jointe au progrès des techniques d’information, assure une mobilité sans précédent de capitaux et donne aux investisseurs, soucieux de la rentabilité à court terme de leurs investissements, la possibilité de comparer de manière permanente la rentabilité des plus grandes entreprises et de sanctionner en conséquence les échecs relatifs. Les entreprises elles-mêmes, placées sous une telle menace permanente, doivent s’ajuster de manière de plus en plus rapide aux exigences des marchés ; cela sous peine, comme l’on dit, de « perdre la confiance des marchés », et, du même coup, le soutien des actionnaires qui, soucieux d’obtenir une rentabilité à court terme, sont de plus en plus capables d’imposer leur volonté aux managers, de leur fixer des normes, à travers les directions financières, et d’orienter leurs politiques en matière d’embauche, d’emploi et de salaire.

     

    Ainsi s’instaurent le règne absolu de la flexibilité, avec les recrutements sous contrats à durée déterminée ou les intérims et les « plans sociaux » à répétition, et, au sein même de l’entreprise, la concurrence entre filiales autonomes, entre équipes contraintes à la polyvalence et, enfin, entre individus, à travers l’individualisation de la relation salariale : fixation d’objectifs individuels ; entretiens individuels d’évaluation ; évaluation permanente ; hausses individualisées des salaires ou octroi de primes en fonction de la compétence et du mérite individuels ; carrières individualisées ; stratégies de « responsabilisation » tendant à assurer l’auto-exploitation de certains cadres qui, simples salariés sous forte dépendance hiérarchique, sont en même temps tenus pour responsables de leurs ventes, de leurs produits, de leur succursale, de leur magasin, etc., à la façon d’« indépendants » ; exigence de l’« autocontrôle » qui étend l’« implication » des salariés, selon les techniques du « management participatif », bien au-delà des emplois de cadres. Autant de techniques d’assujettissement rationnel qui, tout en imposant le surinvestissement dans le travail, et pas seulement dans les postes de responsabilité, et le travail dans l’urgence, concourent à affaiblir ou à abolir les repères et les solidarités collectives[3].

     

    L’institution pratique d’un monde darwinien de la lutte de tous contre tous, à tous les niveaux de la hiérarchie, qui trouve les ressorts de l’adhésion à la tâche et à l’entreprise dans l’insécurité, la souffrance et le stress, ne pourrait sans doute pas réussir aussi complètement si elle ne trouvait la complicité des dispositions précarisées que produit l’insécurité et l’existence, à tous les niveaux de la hiérarchie, et même aux niveaux les plus élevés, parmi les cadres notamment, d’une armée de réserve de main-d’œuvre docilisée par la précarisation et par la menace permanente du chômage. Le fondement ultime de tout cet ordre économique placé sous le signe de la liberté, est en effet, la violence structurale du chômage, de la précarité et de la menace du licenciement qu’elle implique : la condition du fonctionnement « harmonieux » du modèle micro-économique individualiste est un phénomène de masse, l’existence de l’armée de réserve des chômeurs.

     

    Cette violence structurale pèse aussi sur ce que l’on appelle le contrat de travail (savamment rationalisé et déréalisé par la « théorie des contrats »). Le discours d’entreprise n’a jamais autant parlé de confiance, de coopération, de loyauté et de culture d’entreprise qu’à une époque où l’on obtient l’adhésion de chaque instant en faisant disparaître toutes les garanties temporelles (les trois quarts des embauches sont à durée déterminée, la part des emplois précaires ne cesse de croître, le licenciement individuel tend à n’être plus soumis à aucune restriction).

     

    On voit ainsi comment l’utopie néolibérale tend à s’incarner dans la réalité d’une sorte de machine infernale, dont la nécessité s’impose aux dominants eux-mêmes. Comme le marxisme en d’autres temps, avec lequel, sous ce rapport, elle a beaucoup de points communs, cette utopie suscite une formidable croyance, la free trade faith (la foi dans le libre-échange), non seulement chez ceux qui en vivent matériellement, comme les financiers, les patrons de grandes entreprises, etc., mais aussi chez ceux qui en tirent leurs justifications d’exister, comme les hauts fonctionnaires et les politiciens, qui sacralisent le pouvoir des marchés au nom de l’efficacité économique, qui exigent la levée des barrières administratives ou politiques capables de gêner les détenteurs de capitaux dans la recherche purement individuelle de la maximisation du profit individuel, instituée en modèle de rationalité, qui veulent des banques centrales indépendantes, qui prêchent la subordination des Etats nationaux aux exigences de la liberté économique pour les maîtres de l’économie, avec la suppression de toutes les réglementations sur tous les marchés, à commencer par le marché du travail, l’interdiction des déficits et de l’inflation, la privatisation généralisée des services publics, la réduction des dépenses publiques et sociales.

    Sans partager nécessairement les intérêts économiques et sociaux des vrais croyants, les économistes ont assez d’intérêts spécifiques dans le champ de la science économique pour apporter une contribution décisive, quels que soient leurs états d’âme à propos des effets économiques et sociaux de l’utopie qu’ils habillent de raison mathématique, à la production et à la reproduction de la croyance dans l’utopie néolibérale. Séparés par toute leur existence et, surtout, par toute leur formation intellectuelle, le plus souvent purement abstraite, livresque et théoriciste, du monde économique et social tel qu’il est, ils sont particulièrement enclins à confondre les choses de la logique avec la logique des choses.

     

    Confiants dans des modèles qu’ils n’ont pratiquement jamais l’occasion de soumettre à l’épreuve de la vérification expérimentale, portés à regarder de haut les acquis des autres sciences historiques, dans lesquels ils ne reconnaissent pas la pureté et la transparence cristalline de leurs jeux mathématiques, et dont ils sont le plus souvent incapables de comprendre la vraie nécessité et la profonde complexité, ils participent et collaborent à un formidable changement économique et social qui, même si certaines de ses conséquences leur font horreur (ils peuvent cotiser au Parti socialiste et donner des conseils avisés à ses représentants dans les instances de pouvoir), ne peut pas leur déplaire puisque, au péril de quelques ratés, imputables notamment à ce qu’ils appellent parfois des « bulles spéculatives », il tend à donner réalité à l’utopie ultraconséquente (comme certaines formes de folie) à laquelle ils consacrent leur vie.

     

    Et pourtant le monde est là, avec les effets immédiatement visibles de la mise en œuvre de la grande utopie néolibérale : non seulement la misère d’une fraction de plus en plus grande des sociétés les plus avancées économiquement, l’accroissement extraordinaire des différences entre les revenus, la disparition progressive des univers autonomes de production culturelle, cinéma, édition, etc., par l’imposition intrusive des valeurs commerciales, mais aussi et surtout la destruction de toutes les instances collectives capables de contrecarrer les effets de la machine infernale, au premier rang desquelles l’Etat, dépositaire de toutes les valeurs universelles associées à l’idée de public, et l’imposition, partout, dans les hautes sphères de l’économie et de l’Etat, ou au sein des entreprises, de cette sorte de darwinisme moral qui, avec le culte du winner, formé aux mathématiques supérieures et au saut à l’élastique, instaure comme normes de toutes les pratiques la lutte de tous contre tous et le cynisme.

     

    Peut-on attendre que la masse extraordinaire de souffrance que produit un tel régime politico-économique soit un jour à l’origine d’un mouvement capable d’arrêter la course à l’abîme ? En fait, on est ici devant un extraordinaire paradoxe : alors que les obstacles rencontrés sur la voie de la réalisation de l’ordre nouveau — celui de l’individu seul, mais libre — sont aujourd’hui tenus pour imputables à des rigidités et des archaïsmes, et que toute intervention directe et consciente, du moins lorsqu’elle vient de l’Etat, par quelque biais que ce soit, est d’avance discréditée, donc sommée de s’effacer au profit d’un mécanisme pur et anonyme, le marché (dont on oublie qu’il est aussi le lieu d’exercice d’intérêts), c’est en réalité la permanence ou la survivance des institutions et des agents de l’ordre ancien en voie de démantèlement, et tout le travail de toutes les catégories de travailleurs sociaux, et aussi toutes les solidarités sociales, familiales ou autres, qui font que l’ordre social ne s’effondre pas dans le chaos malgré le volume croissant de la population précarisée.

     

    Le passage au « libéralisme » s’accomplit de manière insensible, donc imperceptible, comme la dérive des continents, cachant ainsi aux regards ses effets, les plus terribles à long terme. Effets qui se trouvent aussi dissimulés, paradoxalement, par les résistances qu’il suscite, dès maintenant, de la part de ceux qui défendent l’ordre ancien en puisant dans les ressources qu’il recelait, dans les solidarités anciennes, dans les réserves de capital social qui protègent toute une partie de l’ordre social présent de la chute dans l’anomie. (Capital qui, s’il n’est pas renouvelé, reproduit, est voué au dépérissement, mais dont l’épuisement n’est pas pour demain.)

     

    Mais ces mêmes forces de « conservation », qu’il est trop facile de traiter comme des forces conservatrices, sont aussi, sous un autre rapport, des forces de résistance à l’instauration de l’ordre nouveau, qui peuvent devenir des forces subversives. Et si l’on peut donc conserver quelque espérance raisonnable, c’est qu’il existe encore, dans les institutions étatiques et aussi dans les dispositions des agents (notamment les plus attachés à ces institutions, comme la petite noblesse d’Etat), de telles forces qui, sous apparence de défendre simplement, comme on le leur reprochera aussitôt, un ordre disparu et les « privilèges » correspondants, doivent en fait, pour résister à l’épreuve, travailler à inventer et à construire un ordre social qui n’aurait pas pour seule loi la recherche de l’intérêt égoïste et la passion individuelle du profit, et qui ferait place à des collectifs orientés vers la poursuite rationnelle de fins collectivement élaborées et approuvées.

     

    Parmi ces collectifs, associations, syndicats, partis, comment ne pas faire une place spéciale à l’Etat, Etat national ou, mieux encore, supranational, c’est-à-dire européen (étape vers un Etat mondial), capable de contrôler et d’imposer efficacement les profits réalisés sur les marchés financiers et, surtout, de contrecarrer l’action destructrice que ces derniers exercent sur le marché du travail, en organisant, avec l’aide des syndicats, l’élaboration et la défense de l’intérêt public qui, qu’on le veuille ou non, ne sortira jamais, même au prix de quelque faux en écriture mathématique, de la vision de comptable (en un autre temps, on aurait dit d’« épicier ») que la nouvelle croyance présente comme la forme suprême de l’accomplissement humain.

     

    Notes :

    [1] NDLR : par référence à Auguste Walras (1800-1866), économiste français, auteur de De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur (1848) ; il fut l’un des premiers à tenter d’appliquer les mathématiques à l’étude économique.

    [2] Erving Goffman, Asiles. Etudes sur la condition sociale des malades mentaux, Editions de Minuit, Paris, 1968.

    [3] On pourra se reporter, sur tout cela, aux deux numéros des Actes de la recherche en sciences sociales consacrés aux « Nouvelles formes de domination dans le travail » (1 et 2), no 114, septembre 1996, et no 115, décembre 1996, et tout spécialement à l’introduction de Gabrielle Balazs et Michel Pialoux, « Crise du travail et crise du politique », no 114, p. 3-4.

     

     

    -Comment le néolibéralisme défait la démocratie

    Pierre Dardot, Christian Laval, présentation: Stanislas D'Ornano.

     

    Partager cet article
    Repost0
    1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 18:36
    Jean-Luc Mélenchon : de Macron à l'hypocrisie de la Chartre d'Amiens

    << Avoir le point >> ou pas !

     

    Sources : L'ERE DU PEUPLE par Jean Luc Mélenchon

    J’ai dit au fil d’une discussion avec les journalistes qui m’accompagnaient à Athènes que « pour l’instant, Macron a le point ». « Pour l’instant » n’y fit rien, même si j’ai dit déjà la même chose à TF1 il y a quinze jours. Ici, 24 heures plus tard j’aurais reconnu avoir « perdu une bataille » ! Rien de moins ! Et ainsi de suite d’une rangée de moutons médiatiques à l’autre. Et comme la joie n’a pas de frontière, j’ai même retrouvé l’information telle que reformatée par les machines à buzz française dans la presse espagnole. Le buzz a donc fonctionné, étouffant aussitôt tout le reste de ce que j’ai dit et fait en Grèce. Nouvelle vérification du fait que la sphère médiatique ne rend pas compte de l’actualité mais la fabrique dans un format sensationnaliste correspondant au niveau de culture qu’elle suppose rencontrer chez ses lecteurs. Je dirai que son but n’est pas d’informer mais d’empêcher de penser.

     

     

    -Car mon propos n’était pas celui d’un commentateur mais celui d’un protagoniste engagé dans une lutte pour la défense de ce qu’il croit fondamental.

    Je ne pousserai pas l’impudence jusqu’à rappeler qu’un plus illustre que moi fit en son temps la distinction entre perdre une bataille et perdre une guerre. Et fonda toute sa stratégie sur ce constat. Combien sauraient de quoi je parle dans ces médias ? Que comprennent-ils à une nuance ? Mon intention est d’interpeller les miens, ceux de ma famille politique et sociale. Comment je sais que Macron a le point aujourd’hui ? Parce qu’il peut se permettre d’avancer sur tant de front sociaux sans ralentir. Comment est-ce possible alors qu’il n’a pas de base sociale pour sa politique dans le pays ? Voilà la question que je pose. Je le fais non pour poser une question mais pour faire comprendre qu’il faut une réponse concrète.

     

    La forme et la tactique de résistance à la politique du gouvernement ne peut plus rester enfermée dans le « chacun de son côté ». Il est plus que temps d’organiser la jonction des efforts entre le mouvement social, associatif et les forces politiques de la résistance au coup d’État social. Je prends la responsabilité de le dire haut et fort avant qu’il ne soit trop tard. Et je ne vois pas d’intérêt à appliquer des piqûres de ciment en niant ce que tout le monde sait et voit. Quand la CFDT invite a une réunion qui se finit dans un bistrot parce que la centrale a refusé de prêter une salle à ceux qui ne sont pas de son avis et qu’elle congédie, un seuil dans le dérisoire n’est-il pas franchi ? Et combien d’autres choses à pointer. Comme ces négociations séparées de certaines branches professionnelles, cruel démenti du système syndical confédéré où la force du collectif est poussée à s’émietter.  Ne pas accepter de le voir, c’est renoncer à imaginer la réponse à la question : comment inverser le cours des évènements ? Voilà la seule question qui vaille. C’est celle que je pose.

     

     

    -Bien-sûr, le 16 novembre, il faut être dans la mobilisation syndicale.

    Comme à chaque étape, « La France insoumise » mobilise aux côtés des syndicats alors que l’inverse n’est jamais vrai. Personne, y compris parmi ceux qui donnent des leçons, ne mobilise autant. Mais on ne peut en rester là, tel est mon message. Contre les ordonnances, il ne s’agit pas de faire un baroud d’honneur. Il s’agit de mener une lutte avec clarté sur l’objectif et les moyens de l’atteindre : faire reculer le pourvoir, sauver nos acquis sociaux et une  manière de vivre en société ! C’est de cela dont on parle. Le 23 septembre, dans mon discours place de la République, conformément aux conclusions de notre groupe parlementaire, j’avais fait le geste de nous mettre en retrait en appelant les syndicats a diriger tout le mouvement et en proposant une marche générale avenue des Champs Élysées. La suite, nous l’avons sous les yeux. La stratégie qui a échoué face à El Khomri a encore moins bien marché face à Macron. Je ne vois aucune raison de faire semblant de ne pas l’avoir vu.

     

    Car de notre côté, dans l’hémicycle, nous nous sommes trouvés progressivement absolument seuls sur la barricade. Le débat du projet de loi de finance de la Sécurité sociale a pu être bouclé en quatre jours pourtant annoncés de longue date sans un seul instant de mobilisation spécifique. Une nouvelle fois, le dogme du « mouvement social indépendant de la politique » a montré sa limite. Je le dis parce qu’à ce rythme tous les acquis sociaux essentiels du pays vont y passer et nous aurons été cloués dans une double interdiction : interdit de critiquer « la seule politique possible » d’un côté, interdiction de discuter de l’organisation de la lutte de l’autre.

     

     

    -La « Charte d’Amiens » sans cesse invoquée une nouvelle fois aura eu bon dos.

    Il serait temps que nombre de ceux qui s’y réfèrent pour stigmatiser la présence des organisations politiques dans le combat social se demandent si ce document qui date de 1905 et résulte de la bataille entre marxistes et anarchistes au début du siècle précédent doit rester un dogme sans nuance 111 ans plus tard. Car ce texte fixe une stratégie d’unité ouvrière en tenant à distance les « sectes socialistes » (à l’époque, en 1905, il y a cinq partis socialistes) pour permettre le déclenchement de la « grève générale révolutionnaire »… Parmi les dirigeants du mouvement social actuel, qui a l’intention de préparer aujourd’hui une « grève générale révolutionnaire » comme cela est prévu dans la « charte d’Amiens »? Personne !

     

     

    -Il faut donc en finir avec cette hypocrisie.

    Il faut savoir faire équipe et savoir joindre les efforts de mobilisation entre la sphère politique et la sphère du mouvement social. Et je dis le mouvement social en pensant non seulement au syndicalisme mais à tout l’univers associatif, lui aussi laissé de côté à présent en dépit de ses propres efforts pour se mobiliser. Bref, nous avons besoin d’une convergence populaire. En tous cas je le dis clairement : les organisations politiques ont toute leur place dans la mobilisation et la conduite du mouvement de résistance sociale. La jonction entre elles et les organisations du mouvement syndical et associatif est indispensable face à la politique de Macron. Car cette politique vise en fait, à partir du terrain social, à une reconstruction politique générale de la société. Ce n’est donc pas seulement une « question syndicale » qui est posée. Ni la refonte du code du travail, ni la destruction de la Sécurité sociale ne sont des questions exclusivement syndicales. Ce sont des questions de société qui ont un contenu hautement politique comme nous ne cessons de le dire à la tribune de l’Assemblée et au pays.

     

    Pour en savoir plus :

    - Jean-Luc Mélenchon : «La France est dans un état surcritique, tout peut basculer»

    - Pour Mélenchon, «la France reste un volcan». Selon le leader de La France insoumise, le pays demeure en ébullition. Et si la mobilisation n’a pas eu lieu, c’est la faute à la désorganisation et aux bisbilles syndicales.

    -Jean-Luc Mélenchon : « Les syndicats sont mortels, comme les partis »

    - Un œil sur la lutte ( partie 1) et Un œil sur la lutte ( partie 2)

    Page d'Histoire : 1895 : naissance de la CGT

    - Ordonnances SNCF : l’occasion par Frédéric Lordon, 20 mars 2018

    - Dilemmes français – Syndicalisme et politique : liaison dangereuse ou tragédie moderne ?

    Partager cet article
    Repost0
    20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 14:18

    Grand entretien 18 octobre 2017

    « L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon
    « L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon
    « L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon

    « Notre tactique, c'est celle du bélier : frapper sans pause, en comptant que la muraille finira par tomber ! On ne sait pas quand ! Il faut donc être endurant et avoir une stratégie de combat sur le long terme ».

     

    Sources : Le1hebdo.fr propos recueillis par JULIEN BISSON et VINCENT MARTIGNY

    -On vous présente comme le premier opposant de France. Quel est le sens, pour vous, du mot opposition ?
    L’opposition ? Ce n’est qu’une étape vers la conquête du pouvoir. Du reste, quel mérite à être le premier opposant, quand les autres ne s’opposent pas ? Le PS est broyé. Il ne se relèvera pas avant un très long moment, s’il se relève un jour. Sa base sociale a disparu. Pas parce qu’elle est partie, mais parce qu’elle n’existe plus. Cette base, c’était la classe moyenne urbaine ascendante des années 1970. Monsieur faisait du jogging, madame de la bicyclette, et le gros chien blanc bondissait entre eux : c’est la pub pour le quartier des Pyramides à Évry, en 1980. Cette base sociale n’existe plus : la classe moyenne n’est plus ascendante, elle a peur du déclassement pour ses enfants, et elle a sombré dans le zapping consumériste. Donc le liant à partir duquel le PS assemblait les ouvriers et les ingénieurs s’est cassé.

     

    Et il a choisi la fuite en avant dans l’illusion libérale des classes moyennes supérieures : c’est la cause profonde de son isolement quasi total. Mais ceux qui sont le plus en danger aujourd’hui, ce sont les partis de droite ! Ne sous-estimez pas Macron : quand il parle des « fainéants », il ne fait que reprendre le vocabulaire de la droite ras-du-bonnet ; c’est un signal de ralliement, il veut être le nouveau chef de la droite. Dans ce cas, le titre de premier opposant de France peut être suspect. Je ne veux pas d’une compétition dont je n’ai pas choisi les termes. Notre but, c’est de construire une majorité populaire autour de notre programme et de nous préparer à gouverner dans la révolution citoyenne. Il faut savoir choisir son terrain, s’y déployer et s’y tenir, sans se laisser entraîner dans des compétitions sans objet.

     


    -Justement, quel est pour vous le terrain de l’opposition : l’Assemblée, la rue ?
    Les deux. Voyez comment nous avons agi contre les ordonnances. On nous prédisait cinq députés à l’Assemblée ; on est dix-sept. On forme un groupe avec des notes différentes, des nuances. Un groupe qui marche à la bonne franquette. Mais il dégage une énergie énorme et contagieuse !

     


    -Votre groupe comporte tout de même quelques fortes personnalités, de François Ruffin à Clémentine Autain. Comment cela se passe-t-il ?
    Il faudrait leur demander leur ressenti ! Mais c’est simple entre nous. Il y a dix-sept têtes dures. On forme un groupe, pas une addition d’individus. Et j’ai un besoin total de les voir occuper le terrain. Plus il y a d’émetteurs du message, plus il se diffuse. Attention : ce sont de belles intelligences, et surtout des militants, avec souvent cinq ou dix ans d’expérience dans les bottes. Le petit Quatennens ne sort pas de l’œuf : certes, il n’a que 27 ans, mais il a une dizaine d’années d’expérience derrière lui.

     

     

    -Qu’en est-il de la rue ? Vos appels aux casserolades ou au million de manifestants sur les Champs-Élysées n’ont pas été franchement couronnés de succès…
    Vous vous trompez ! Chaque jour, on avance. La conscience collective du grand nombre progresse. Nous apprenons à assumer notre rôle central. Par exemple, nous ne sommes pas tombés dans le piège de la compétition avec les syndicats. Mais qui d’autres que nous, en politique, est capable de telles mobilisations de masse ? Parfois, bien sûr, on prend des coups. On apprend. Le 23 septembre dernier, on a été naïfs. La marche a été un énorme succès, mais on n’a pas été bons sur le service après-vente. Castaner a monté une belle diversion avec l’histoire du peuple et des nazis. C’est dommage, car cela a limité notre impact médiatique.

    Notre tactique, c’est celle du bélier : frapper sans pause, en comptant que la muraille finira par tomber. On ne sait pas quand ! Il faut donc être endurant. Et avoir une stratégie de combat sur le long terme.

     

     

    -Quel va être le rôle des Insoumis dans les cinq années à venir ?
    Le point de départ, c’est le livre L’Ère du peuple en 2014, la théorie de la révolution citoyenne. Et le programme L’Avenir en commun. La théorie, c’est : le peuple fait la révolution citoyenne. Toute la question est de savoir comment on définit le peuple et en quoi consiste son action.

     

    Deux éléments ont jailli pour produire la théorie de la révolution citoyenne :

    • le premier, c’est l’épuisement de tous les modèles de la « vieille gauche » – en atteste l’effondrement de la social-démocratie européenne, qui a longtemps été ma famille politique, et du communisme d’État. Beaucoup vivent ça comme un incident de parcours. Pas moi. Un monde est mort !
    • Le second déclencheur, c’est la prise de conscience écologique.

     

    L’entrée dans l’écologie politique m’a fait sortir du cadre théorique dans lequel j’étais en train de mourir sur pied. L’écologie politique ramène aux fondamentaux. Il y a des biens communs, un seul écosystème compatible avec la vie de notre espèce, et ils sont menacés. La thèse sociale-démocrate est donc morte à jamais, car elle suppose une correction progressive des inégalités par une répartition inégalitaire des produits de la croissance – le développement serait infini alors que la ressource est finie. Quant au communisme d’État, il fonctionne lui aussi sur une illusion productiviste, aggravée du fait qu’il est incapable de s’auto corriger parce qu’il n’y a pas de démocratie. Donc il fallait reformuler un corpus théorique cohérent : identifier l’acteur de l’histoire, ses méthodes d’action, le programme capable de le fédérer et la place particulière de la démocratie et de la conflictualité pour renverser le vieux monde et faire vivre le nouveau.

     

    -La France insoumise est-elle un parti ou un mouvement ?
    C’est un mouvement. Nous ne voulons pas être un parti. Le parti, c’est l’outil de classe. Le mouvement est la forme organisée du peuple. L’idée, c’est d’articuler le mouvement, sa forme et son expression : le réseau. Je sais que ce n’est pas évident à comprendre pour les seniors de la politique qui trimballent leurs vieux scénarios des années soixante, mais le but du mouvement de la France insoumise n’est pas d’être démocratique mais collectif. Il refuse d’être clivant, il veut être inclusif. Ça n’a rien à voir avec la logique d’un parti. De plus, il doit être un organe utile. Alors les copains distribuent de la nourriture, vont chercher des vêtements, aident les gens à demander les prestations sociales auxquelles ils ont droit. Et pour le reste, le mouvement ne fait que des campagnes. Donc quand on nous demande où est la direction, ça peut vous paraître étrange, mais il n’y en a pas.


    Nos observateurs sont enfermés dans une vision binaire opposant verticalité et horizontalité. Or le mouvement n’est ni vertical ni horizontal, il est gazeux. C’est-à-dire que les points se connectent de façon transversale : on peut avoir un bout de sommet, un bout de base, un bout de base qui devient un sommet… Pour le comprendre, il faut construire un nouvel imaginaire politique.

     

     

    -Et le concept d’Insoumis, d’où vient-il ?
    Lui aussi est très travaillé. Au point de départ, l’idée était de trouver un mot qui dise deux choses en même temps : une action collective et un comportement individuel. Le mot insoumis est ce qui correspond le mieux à l’individuation des rapports sociaux de notre temps. Au début, l’idée c’était « rebelle ». Mais rebelle ne dit rien de celui qui l’est. Insoumis, ça nous ramène à la racine individuelle du combat pour l’émancipation. Je dis : l’insoumission est un nouvel humanisme. J’ai rattaché notre mouvement à ses racines très profondes : l’époque où l’obscurantisme religieux commence à desserrer ses mâchoires de fer et où émerge la Renaissance, et avec elle un désir de liberté de pensée et de liberté politique. L’insoumis, c’est un concept en travail. Le crayon à la main, je complète en ce moment la thèse de l’insoumission humaniste.

     

     

    -Dans le mouvement de la France insoumise, quel rôle joue Jean-Luc Mélenchon ?
    Je sers de clé de voûte. Je laisse donc beaucoup les choses se faire toutes seules. C’est très anxiogène de bosser avec moi. Il n’y a pas de consigne, on ne sait pas ce que je veux. Moi je sais. Parfois, mais pas toujours. J’ai une foi totale dans la capacité auto-organisatrice de notre peuple. Ce n’est plus le même peuple que dans ma jeunesse, les gens sont très éduqués, ils ont moins de lectures communes, mais ils ont une ample culture partagée de vidéos, de films, de musiques. Tout le monde sait qui est Naomi Klein, tout le monde a vu son film La Stratégie du choc ; tout le monde a vu aussi, par exemple, les films Demain, La Sociale ou Divines. Donc le mouvement se construit sur une culture commune, et avec une capacité d’auto-instruction des masses humaines considérable.

     

     

    -Votre électorat est aujourd’hui principalement constitué de gens aux revenus limités, mais souvent très diplômés. Qu’avez-vous prévu pour parler au peuple sans diplôme ?
    Moi. Vous pouvez vous identifier à moi. J’assume le refus de ce monde. Ne pas être diplômé ne veut pas dire ne pas avoir d’idées ou de savoirs. Mon comportement valide leur insoumission spontanée. Les personnes que je croise dans la rue, dans le bus, dans le métro, sentent d’instinct celui qui est « avec nous ». C’est important, dans une société, de gagner les gens à la fois par ce qu’ils ont dans la tête et par les affects. Le mécanisme libéral qui broie les classes sociales continue à alimenter nos rangs, pas ceux des autres. Si on avait une société qui permettait aux classes populaires de s’élever, de croire en l’avenir de leurs enfants, alors le point d’équilibre serait sans doute plus modéré. Ce n’est pas le cas. Dans les milieux populaires, on cherche surtout à prouver qu’on est un mouvement utile. On a repris l’idée de caravanes militantes, qui vont à la rencontre des gens, qui les renseignent sur les droits sociaux dont ils peuvent bénéficier, qui les inscrivent sur les listes électorales, qui amènent des écrivains publics et des équipes sanitaires, qui mènent la bataille contre les punaises de lit !

     

    On ne peut plus aujourd’hui se contenter de mettre une pile de prospectus sur une table et d’attendre le chaland. Il faut créer les équipes de potes, aller faire du porte-à-porte, et surtout rester et discuter. On prépare la masse qui va agir. Ça prend du temps ! Il faut avoir la patience des bâtisseurs. Pas question de faire semblant. On ne se contente pas d’espérer faire juste 5 % pour permettre de rembourser les frais de campagne. Je veux fédérer une majorité populaire et gouverner le pays. La dernière campagne a été féconde : seuls contre tous les autres partis, nous avons dû continuellement trouver le moyen d’être compris par le grand nombre. Bien sûr, de temps à autre, on fait des rechutes. On écrit des tracts qui jargonnent. Mais, globalement, les mentalités avancent. Voyez la bataille sur le Code du travail : c’est une réforme complexe, difficile à comprendre. On a maintenu la flamme. Est-ce qu’on va réussir à l’empêcher ? C’est une situation ouverte. La politique est un art de la réalisation. Il ne suffit pas de savoir, il faut faire. Et, à un moment, tu fais et tout peut basculer.

     

     

     

    -Avec ces actions et la création du Média, un organe très proche de la France insoumise, reprenez-vous l’idée très communiste de création d’une forme de contre-société ?
    Bien sûr. Le Média sera un espace culturel, ce qui signifie qu’il ne sera jamais « le » média du mouvement. Ça ne servirait à rien. J’ai déjà ma chaîne YouTube, et la plateforme des Insoumis compte cinq cent mille appuis. Il y a nos millions de tracts ! Le rôle du Média est de rendre possible et de structurer un espace culturel autonome de résistance et d’insoumission. Un espace culturel d’un type absolument nouveau, car il veut s’enraciner dans la francophonie.

     

    Donc il va s’alimenter aussi au Québec, dans le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Notre horizon n’est pas celui du village franco-français ! Nous voyons grand pour agir en grand : la francophonie, troisième groupe de locuteurs au monde, c’est une bonne base. Je ne veux jouer aucun rôle dans la vie du Média. On a besoin de moi dans tellement d’autres secteurs moins bien lotis ! Il y a tellement d’autres initiatives sociétales. En ce moment, des copains réfléchissent à créer une organisation pour les enfants, sur le modèle des scouts, d’autres veulent créer des caravanes sanitaires… Le but numéro un du mouvement, c’est l’auto-organisation du peuple. C’est pour ça qu’on ne parle pas la même langue avec ceux qui me demandent : « Comment sera élue la direction du mouvement ? » On s’en fout comme de notre première chemise ! Le système multipolaire actuel nous convient. Qui fait attention au fait que toutes nos structures comportent une part de gens tirés au sort depuis le début ? Nous aurons bientôt une assemblée représentative du mouvement à moitié tirée au sort ! Nous engageons des révolutions radicales dans la manière d’organiser notre vie politique.

     

     

    -C’est ce qui vous rapproche d’un mouvement comme La République en marche ! Qu’est-ce qui vous en différencie ?
    Le fond. Les outils sont souvent les mêmes mais, ensuite, tout diverge. Par exemple, eux ont une plateforme qui fonctionne bien, très professionnelle. Mais tout est sous-traité à des entreprises qui ont des méthodes non politiques. En marche ! ne construit pas un mouvement de masse transversal ni une contre-société, ce n’est pas son sujet. Il est fondamentalement jupitérien. J’admets que, dans notre façon de faire, il y a aussi une dimension verticale. Mais elle n’est ni unique ni centrale.

     

     

    -Qu’est-ce qui vous a éloigné de votre ancien partenaire, le Parti communiste ?
    Quand j’ai quitté le PS au bout de trente ans, je voyais que la formule des cartels de partis qui fusionnaient était dominante en Europe : c’était Die Linke en Allemagne, Synaspismós, devenu Syriza, en Grèce. Partout revient la même formule : une coalition devient un parti. Mais, en France on bute sur une difficulté imprévue. Nous étions pour un front de gauche et la direction du PCF est pour des fronts de gauche. Tout a mal tourné. J’étais devenu une machine à cash électoral, mais ils ne voulaient pas entendre parler d’une organisation qui se construise par l’ancrage populaire de masse. J’ai compris que si on continuait sur cette voie, on croupirait à 6 %. Sans oublier le noir opportunisme des alliances dans les élections locales sous prétexte de « rassemblement de la gauche ». La direction actuelle du PC a rendu illisible le « front de gauche ». Mais, sur le terrain, les militants communistes ont largement fait équipe avec nous contre la tambouille. Leur congrès a repris notre thèse de la « révolution citoyenne ». Et, en retirant nos candidats dans six circonscriptions, nous avons permis l’élection de plus de la moitié des députés communistes. Nous ne sommes donc pas en guerre. Mais la divergence de stratégie ne doit pas être masquée : rassembler la gauche ou fédérer le peuple ? Les résultats électoraux ont tranché. Hélas, le PCF est à 2 % aux législatives.

     

     

     

    -Comment expliquez-vous le décalage entre la description que vous faites de votre mouvement, qui se veut solidaire et bienveillant, et son image publique, parfois dure et agressive ?

    Nos adversaires savent travailler ! Ils savent marquer des points contre nous. Ils ont l’appui du « parti médiatique », quasi unanime. Leur but essentiel est de nous attribuer une identité qui leur convient. On s’apprête à leur faire les poches, ils ne vont pas nous féliciter ! Donc il joue sur cette corde : Mélenchon est agressif, ses partisans sont durs, etc. Ils parviennent à rendre les nôtres super virulents sur les réseaux sociaux. Mais quand tu les retrouves dans la rue, tout le monde voit bien qu’ils sont bons comme du pain blanc. La morale de cela, c’est qu’il ne faut pas s’occuper de ce que les gens pensent de nous dans l’instant. Car on n’arrivera pas à empêcher qu’on nous caricature. Essayons plutôt d’en tirer parti. Le large public s’éduque petit à petit mais irrémédiablement. Le mépris populaire pour les médias a bien évolué : il est plus profond et conscient que jamais. Je sais que c’est dur. Moi aussi, il y a des jours où je me sens asphyxié par les buzz quotidiens que lancent les chiens de garde.

     

     

    -Parlons d’un sujet plus important, mais pas moins polémique : la nation et l’Europe. Quelle est votre position aujourd’hui sur ces points ?

    La nation est un mot à bords flous en France. Pour moi, il y a un concept central : le peuple est souverain. On oublie que j’ai passé presque dix ans à mener un combat fédéraliste au niveau européen, avec la gauche du SPD, pour aboutir à une assemblée constituante. Au bout d’un moment, j’ai laissé tomber. Leur Europe, celle des traités libéraux, a gagné. Le pli est désormais irréversible. Il faut avancer avec une autre méthode. Nous avons appelé ça « plan A et sinon plan B ». On ne peut pas laisser faire l’Europe en défaisant la France. Mais, en s’appuyant sur l’identité républicaine de la France, on peut faire une Europe des nations bien intégrée. Les Français comprennent ça ! Mais leurs élites sociales et médiatiques sont mondialistes. Nous sommes altermondialistes. J’ai été marqué par le sens du nationalisme latino. C’est un nationalisme de gauche, anti-impérialiste. Ça a un sens : tu ne peux pas construire un mouvement de masse à dix mille kilomètres de l’affect moyen de ton pays. La première fois qu’on a évoqué l’idée de chanter La Marseillaise dans les meetings, plusieurs de mes amis ne voulaient pas en entendre parler. Moi, j’y croyais. Si on fait une campagne présidentielle où on ne chante pas l’hymne national, qu’est-ce qu’on va chanter ? L’Internationale ? Ça exclut tous ceux qui ne la connaissent pas. Quand on a commencé à chanter La Marseillaise sur la place de Stalingrad à Paris en 2012, ceux qui chantaient le plus fort, c’étaient les jeunes dans le public. Pour moi, il était important de rendre à ce chant son caractère populaire, qui en fait partout dans le monde un chant révolutionnaire. J’y reviens : le concept central, c’est celui selon lequel le peuple est le seul souverain.

     

     

    -L’Europe ne peut pas être le cadre de cette souveraineté ?
    Alors le monde entier peut l’être ! Il n’y a qu’une seule humanité. Mais s’il faut commencer par un bout, commençons par former un peuple souverain. Le « peuple européen », qu’est-ce que c’est ? Je ne me sens rien de commun avec les pays baltes. C’est le bout du monde, même les Romains ne sont pas allés là-bas ! La grande matrice de l’Europe, ce sont les frontières de l’Empire romain. En deçà, la nation civique ; au-delà, la nation ethnique. Et quel déni de la réalité concrète ! Il y a un million de Maghrébins qui vivent aujourd’hui en France, dont une majorité sont français ! On a des familles en commun ! Mais on les traite en suspects ! Et on traiterait comme des frères de lointains Lituaniens sous prétexte qu’ils sont chrétiens ! Ce n’est pas mon histoire. Quand je parle de nation, il ne faut pas l’essentialiser. La nation, c’est le contenant de la République et de son peuple souverain. Ce qui m’intéresse, c’est le caractère républicain de la patrie. En France, la République fonde la nation, et pas l’inverse. Jospin me disait : il y avait la France avant la Révolution. Non ! C’était le royaume de France, les frontières étaient différentes, les gens aussi. Par conséquent, je n’accepterai jamais un nationalisme qui serait un ethnicisme. Je suis universaliste. Et je refuse absolument les abandons de souveraineté populaire sous prétexte de cantiques européistes creux et dangereux, comme le renoncement à notre autonomie en matière de défense.

     

     

    -Si la France insoumise arrivait au pouvoir, respecterait-elle la démocratie ?
    Mais oui ! On votera même plus que jamais ! Et on perdra des élections ! Et alors on s’en ira ! L’erreur est de croire que, parce qu’on essaye de se maintenir par la force, on peut avoir raison. Ni la force ni la guérilla. J’ai cru, comme beaucoup de gens de ma génération, à l’idée de la guérilla. On a aidé et armé le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) contre Pinochet. Aujourd’hui, on ne le ferait plus. L’action populaire et les bulletins de vote ! Ça durera le temps qu’il faut, mais le tyran finira par tomber. Et les copains ne mourront plus les premiers.

     

     

    -La violence n’est pas une solution en politique ?
    Jamais. C’est toujours nous qui perdons, c’est ce que la vie m’a appris. On n’est jamais assez armés, on perdra tout le temps et les meilleurs mourront. C’est un hasard local si on a pris le pouvoir comme cela à Cuba, et on l’a chèrement payé. Le Che est mort en Bolivie avec cette stratégie. Il n’y a pas d’exemple où on ait vaincu par les armes. En revanche, il y en a beaucoup où nous avons été vaincus parce que certains prenaient les armes. À un moment, j’en arrivais à dire : les seules révolutions durables sont celles où on vient aux actions avec ses gosses dans les landaus.

     

     

    -Quels sont les penseurs qui ont nourri votre action et celle de la France insoumise ?
    Je suis maintenant un bric-à-brac très avancé. C’est un processus très humain de culture accumulative : j’empile des romans, des essais, etc. En revanche, j’ai des repères fixes : le matérialisme historique, les livres de l’historien marxiste Denis Collin, et même des inspirations littéraires. Voyez mon fameux hologramme : c’est une idée que je sors d’Isaac Asimov, dans Fondation et Empire ! Ça ne se dit pas. Je pourrais aussi citer Philip K. Dick, dans la même veine. Après, pour comprendre les aspects premier degré répétitif, c’est quelque chose que j’ai trouvé chez Erskine Caldwell. Ses personnages sont des abrutis, qui répètent tout le temps la même chose, mais qui avancent par la force de l’évidence qu’ils ressentent. Un texte comme La Route au tabac est pour moi lumineux. Donc je suis aussi fait de romans. Parce que la théorie politique, le matérialisme historique, Gramsci, c’est bien beau, mais ce n’est pas forcément ce qui te rend créatif dans l’action. Pour cela, il y a la littérature. Quand mes assistants commencent à travailler avec moi, les premiers livres que je leur donne ce sont Socialisme utopique et socialisme scientifique d’Engels, puis la biographie de Louis XI par Paul Murray Kendall.

     

     

    -Pourquoi Louis XI ?
    Parce que c’est un génie ! Il affronte un adversaire riche et puissant, qui a tout pour lui. Lui arbore un chapeau pouilleux et n’est même pas sûr d’être le fils du roi. Mais il calcule. Toute sa force sera de parvenir à prendre Charles le Téméraire à son propre piège pour le mettre à terre. Ce livre est arrivé dans ma vie et m’a montré l’intelligence de cet homme plus qu’isolé, et qui va parvenir avec quelques compères à retourner la situation et triompher. Avec François Delapierre, l’ancien secrétaire national du Parti de gauche qui est décédé en 2015, nous appelions cela « la stratégie de la tête d’épingle ». Et puis, il faut lire l’Histoire de la révolution russe de Trotski, qui est indépassable et merveilleusement écrite. Et, avant tout, les histoires de la Révolution française, en commençant par celle de Michelet, pour une mise en bouche lyrique. Même si je ne suis pas d’accord avec lui, puisqu’il est antirobespierriste. Moi, j’ai épousé cette histoire à 14 ans, racontée par Thiers, ce qui ne manque pas de sel, non ? Lorsque j’étais trotskiste, j’ai choisi mon nom en référence à celui que Thiers insulte tout au long du livre, un bistrotier du nom de Santerre.

     

     

    Qu’espérez-vous avoir accompli dans cinq ans ?-

    J’espère avoir créé une grande puissance politique et un mouvement populaire de masse capable d’exercer le pouvoir. Actuellement, il y a 564 000 personnes qui appuient le mouvement. J’aime ce défi qui consiste à savoir ce qu’on fait avec un demi-million de personnes. Aujourd’hui, je n’en sais rien. Je pense qu’un simple clic de soutien peut, petit à petit, mener à un engagement très profond. Prenez la casserolade : personne ne sait comment ça marche, à commencer par moi. J’ai vu Besancenot en faire contre la loi El Khomri, ça m’a bien plu. Il y a des endroits où ça a pris, d’autres non. Une semaine plus tard, ça a repris à Toulouse, et dans les cortèges syndicaux ensuite. Des copains veulent les généraliser dans les marches. Progressivement, ça va devenir une marque de fabrique. En 2012, on avait essayé avec les balais, ça n’avait pas pris. La casserole, ça peut prendre. Le grand nombre doit construire ses rites d’identification.

     

    Qu’est-ce que je veux accomplir ? Créer un mouvement populaire de masse qui sait pourquoi il fait les choses : faire triompher le programme L’Avenir en commun, avec une méthode et une organisation nouvelles. Le tout avec 17 députés, des milliers de groupes d’appui. Et une caisse pleine – on doit être le seul mouvement politique qui n’a aucune dette !

     

     

    -Avez-vous déjà réfléchi à votre succession ?
    J’ai eu l’orgueil de croire qu’on pouvait choisir son successeur. Il est mort. Aujourd’hui, je ne m’en préoccupe plus. Ce que je souhaite, c’est que le mouvement soit suffisamment large et puissant pour qu’il existe sans moi. Il y a beaucoup de talents et de jeunes en son sein. Ils se disputeront sans doute, mais ce ne sera plus mon affaire. Le triomphe du disciple est la gloire du maître. Le bon maître est celui qui apprend à l’élève à se déprendre de lui. Ma marque sera la contribution intellectuelle que j’aurai apportée pour fonder l’humanisme politique de ce siècle.

     

     

    Pour en savoir plus :

    - Mélenchon 2022 : nouvelle étape dans la stratégie de la révolution citoyenne

    « L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon
    Partager cet article
    Repost0

    Rédacteur

    • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
    • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
    • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

    La France insoumise

    -Pour une MAJORITÉ POPULAIRE, renforcer la France insoumise pour GAGNER !

    🔴  La France insoumise et ses 75 députés sont au service des Françaises et des Français face à l'inflation et l'accaparement des richesses par l'oligarchie.

    ✅ La dissolution, nous y sommes prêts ! 
    Avec la #Nupes, la France Insoumise propose l’alternative 


    📌 Pourquoi La France insoumise, ses origines ? La France insoumise : comment ? La France insoumise : pour quoi faire ?

    Autant de questions dont vous trouverez les réponses... ✍️ en cliquant ci-dessous 👇

     

    Qu’est-ce que La France insoumise ? - Nouvelle brochure

     

    -N'attendez pas la consigne !

    ✅ Pour rejoindre la France insoumise et AGIR ENSEMBLE pour GAGNER : cliquez ci-dessous 👇

     

    La France insoumise

     

    - La chaîne télé de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

     

    - Le blog de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

    Jean-Luc Mélenchon le blog

     

    Recherche

    La France insoumise à l'Assemblée Nationale

     Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

    Sur les réseaux sociaux  :

    Facebook  - Twitter

    Le JOURNAL L'INSOUMISSION

    ✍️ cliquez ci-dessous 👇

    L'Insoumission

     

    ✅ S'inscrire à la Newsletter 👇

     

     

    Le site du Parti de Gauche

     Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

     

    Manifeste pour l'Ecosocialisme

     Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

     

    Mouvement pour la 6e République

     Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

     

    Des outils pour combattre le FN et l'idéologie d'extrême droite française

    🔴  Observatoire de l’extrême droite de l'Insoumission

     Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇

    Observatoire de l’extrême droite l'insoumission

     

     Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇


    🔴  et aussi : Observatoire national pour « mettre sous surveillance » l’extrême droite

     Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇