Nos gouvernants et par ricochet les médias qui les bichonnent ont les yeux rivés sur les courbes statistiques de la circulation du coronavirus, et surtout de la fréquentation des hôpitaux qu’elle induit. S’il y avait en effet plus de malades graves de la COVID que de structures hospitalières capables de les accueillir, alors ce serait la catastrophe. On ne pourrait plus cacher la misère
Atteinte aux libertés démocratiques sous couvert de lutte contre un coronavirus Jour après jour, s’appuyant sur une législation d’exception adoptée à l’occasion de l’épidémie de Covid[1] qui a débuté en mars 2020, O. Véran[2] annonce des décisions qui sont autant d’atteintes à des droits élémentaires...
Et toutes les villes et régions sont soumises aux aléas d’une carte sanitaire dont les critères ont été, en six mois, modifiés officiellement cinq fois. Et le gouvernement prépare d’autres mesures pouvant aller jusqu’à la remise en cause de la liberté de circuler. La première fonction de ces mesures confortées par une propagande visant à enraciner la peur et l’obéissance, c’est de camoufler la réalité de la politique gouvernementale : dislocation de la recherche scientifique sur les épidémies, destruction des stocks de masques, fermetures de lits d’hôpitaux et manque de personnels soignants, absence de tests au début de l’épidémie puis multiplication de tests peu fiables, entraves à la liberté de prescrire... ; le tout étant couronné par le « Ségur » de la santé.
Une recherche scientifique asphyxiée financièrement Tous les spécialistes le disaient depuis des années : une future pandémie serait, de manière quasi certaine, provoquée par un nouveau coronavirus, l’une des hypothèses les plus probables au côté de celle d’un flavivirus[3]. C’est au point qu’un romancier sud africain, après avoir consulté divers scientifiques, en avait fait le point de départ de son roman (Deon Meyer : L’Année du lion[4]. Fort logiquement, des scientifiques avaient commencé à travailler sur cette famille des coronavirus. Mais le gouvernement français – toujours soucieux d’économies sur le dos de la recherche publique – avait brisé le financement de cette recherche.
De même l’Union européenne (voir le témoignage édifiant de Bruno Canard, virologue au CNRS, lu lors du départ de la manifestation de l’enseignement supérieur et de la recherche - 9 mars 2020[5]). Et quand le coronavirus à l’origine de la maladie Covid 19 a surgi en Europe début 2020, la Recherche était désarmée. Or, il faut des années pour mettre au point un vaccin, qui devient obsolète si le virus mute. Et il faut de nombreuses années si l’on veut créer des médicaments à large spectre dans une famille virale, car cela implique de longues recherches scientifiques préalables sur l’ensemble de cette famille de virus.
Or ces recherches furent asphyxiées. C’est un premier crime impardonnable.
L’hôpital public au bord de la dislocation Durant toute l’année qui a précédé le début de l’épidémie, les personnels hospitaliers n’ont cessé de se mobiliser contre les fermetures de lits[6] et le manque de personnels, en particulier de soignants[7]. Le gouvernement a tourné le dos à ces revendications (notamment pour les personnels des services d’urgences : 300 euros par mois, ainsi que des embauches massives et l’ouverture de lits).
Lorsque l’épidémie a surgi, les services d’urgences ont donc immédiatement été submergés. Dans nombre de villes, à Paris par exemple, les malades étaient renvoyés chez eux, sans soin. On demandait aux malades de rester chez eux tant qu’ils ne suffoquaient pas ; mais alors, il était souvent trop tard : certains moururent à domicile[8], d’autres en arrivant à l’hôpital tardivement. Et nombre de personnes âgées moururent dans les Ehpad[9].
Plus encore : durant des semaines, le gouvernement a été incapable de fournir au personnel des masques et des blouses. Certains, contaminés, en sont morts.
Stocks de précaution détruits ou périmés
Antérieurement, à l’occasion d’une précédente épidémie, un important stock de masques avait été constitué sous le contrôle du ministère de la Santé. Mais à l’ouverture de l’épidémie de 2020, on découvrit que la quasi totalité des masques, jugés périmés, avaient été détruits et que le stock n’avait pas été renouvelé[10]. Imperturbable, le ministre Véran expliqua le 4 mars que « l’usage des masques était inutile » en dehors des règles d’utilisation définies, pour les professionnels en particulier[11]. (Le 18 mars 2020, Jérôme Salomon, Directeur général de la santé, indique de son côté : « Il ne sert à rien de porter des masques dans la rue»[12]).
Et rapidement, nombre de médicaments vinrent également à manquer, notamment des produits nécessaires aux anesthésistes. On apprendra quelques mois plus tard, en septembre, que ce n’était pas seulement les masques, mais la totalité des stocks dit stratégiques de médicaments qui avaient été mis à mal avant même le début de l’épidémie. Ainsi, pour les antibiotiques, les stocks s’étaient effondrés (à 12 millions d’unités au lieu de 86 millions[13]). Or, nombre de médecins jugeaient efficace le recours à certains antibiotiques pour réduire l’impact du virus.
Le confinement : une parade de pauvre C’est parce que le système de santé était asphyxié avant même l’apparition de l’épidémie, la Recherche désarmée, les stocks stratégiques défaillants que le gouvernement imposa cette mesure de confinement catastrophique sur le plan économique, sanitaire et humain, et profondément attentatoire à la liberté de circuler. Et, alors que certains médecins prônaient le dépistage systématique, le gouvernement s’y refusa des mois durant[14]... Pourtant, les laboratoires vétérinaires avaient offert leur aide dès le début de la crise[15]. La France, comme d’autres puissances impérialistes, n’eut ainsi comme recours qu’une réponse de pays pauvre.
Toute puissance des trusts pharmaceutiques
Bien évidemment, du fait des colossaux enjeux financiers, tous les grands laboratoires pharmaceutiques se lancèrent dans la course au vaccin, à de nouvelles molécules médicamenteuses, quitte à brûler les étapes (en particulier la recherche sur les effets secondaires) ou à bafouer les règles qu’ils ont eux-mêmes contribué à institutionnaliser (essais randomisés, type d’étude au demeurant soumis à bien des critiques, notamment parce que cela impliquait de renoncer à soigner une partie des malades).
En attendant la découverte d’un traitement miraculeux (miraculeux pour les profits de « Big pharma »), nombre de médecins tentèrent de sauver leurs malades en réutilisant (comme cela se fait depuis des décennies) des médicaments anciens déjà en usage pour d’autres pathologies (ou des pathologies proches) et dont les éventuels effets secondaires étaient parfaitement maîtrisés. Ce fut le cas avec le recours à l’hydroxychlorochine[16] ou/et à des antibiotiques. Il en résulta une formidable querelle, comme l’histoire de la médecine en connaît peu souvent, les désaccords entre spécialistes étant envenimés par les médias et des journalistes souvent incompétents sur le plan scientifique, et envenimés par des enjeux politiques et financiers.
Car les laboratoires pharmaceutiques veillaient au grain, inquiets de l’usage possible de médicaments déjà existants et peu coûteux. Et nombre de chercheurs et revues scientifiques dépendant des financements assurés par Big Pharma se sont faits les relais de leurs intérêts. Dans ces conditions, il est parfaitement compréhensible que, bien souvent, ceux qui observaient cette querelle furent, et demeurent, dubitatifs quant à l’intérêt ou l’inutilité de ce type de traitement (que l’on qualifie de « compassionnel » quand son efficacité est sujette à caution). Mais en cette affaire il y a au moins un point qui ne devrait guère prêter à débat et qui engage la responsabilité du ministre de la Santé, qui est la question de la liberté de prescription.
Remise en cause de la liberté de prescription Dans le cadre du serment d’Hippocrate, la liberté de prescription du médecin selon la maladie et l’état du malade est une question fondamentale[17]. Or, c’est ce droit à prescrire qu’Olivier Véran a remis en cause. On ne souvient que la revue The Lancet publia une étude selon laquelle l’hydroxychloroquine était dangereuse pour la santé. Dans les heures qui suivirent, sans même vérifier quoi que ce soit, Véran renforçait l’interdiction de l’usage de ce traitement[18]. Peu de jours après, fait rarissime, The Lancet retirait l’article publié tant étaient grossièrement fausses les données utilisées par cette prétendue « étude ». Et plusieurs des chercheurs associés à cette publication présentèrent leurs excuses. Mais pas Olivier Véran, qui refusa de retirer son interdiction de prescription[19].
Pourtant, il est reconnu que ce médicament banal ne présente à minima aucun danger particulier s’il est utilisé contre le Covid sous contrôle médical. De même les pressions se multiplièrent conte les médecins qui voulaient prescrire des antibiotiques pour faire face à ce virus (certains antibiotiques ayant des propriétés antivirales). Ces pressions furent exercées en particulier par l’ordre des médecins, qui alla jusqu’à convoquer deux médecins mosellans qui avaient prescrit un antibiotique à des malades du Covid (au lieu de se contenter de paracétamol...) et l’avaient fait savoir[20].
Deuxième vague ou Ségur de la Santé ? La vague épidémique une fois passée, et la population partiellement dé-confinée, les personnels hospitaliers et nombre de scientifiques, soutenus par l’immense majorité de la population, demandèrent des comptes au gouvernement sur l’état d’impréparation totale du système de santé et de sa déliquescence due à des années de rigueur budgétaire. Des commissions d’enquête furent lancées[22], des plaintes déposées, contre des membres du gouvernement notamment[23]. Et les rassemblements, puis des manifestations, reprirent devant les hôpitaux.
Certains s’imaginèrent que le gouvernement allait enfin satisfaire les revendications des personnels, sauvegarder l’hôpital public... d’autant que le ministère de la Santé multipliait les annonces sur l’arrivée d’une future deuxième vague. Si une deuxième vague menaçait, ne fallait- il pas de toute urgence pourvoir les postes non pourvus, financer des créations de postes, rouvrir des lits, renforcer les services d’urgences ?
Il n’en fut rien : le seul souci de Macron et Véran était de désarmer la mobilisation renaissante et de détourner la colère populaire. Le gouvernement convoqua une vaste concertation, le « Ségur de la santé[24] » : cette opération de dialogue social (lire : de déminage de la colère sociale) fut cautionnée par les organisations syndicales qui toutes, participèrent à son lancement. Puis les discussions s’éternisèrent. Il en ressortit des conclusions, entérinées par certaines organisations syndicales (ce qui ajouta la division à la confusion).
Les personnels eurent droit à des miettes, très loin de ce qu’ils revendiquaient[25]. Le gouvernement obtint des contreparties (renforcement de la gestion locale, projet de création d’une sous-catégorie de médecins..). Il obtint surtout le reflux de la mobilisation, au moins pour un temps. Sur cette base, les fermetures de lits purent reprendre[26].
Deuxième vague ou répliques ? L’hôpital plus que jamais en difficulté Durant tout l’été, le gouvernement redoubla de propagande pour créer une situation anxiogène : car la peur est un outil pour entraver les mobilisations. Pourtant, au moins jusque fin septembre, la reprise des hospitalisations et décès pour coronavirus fut extrêmement limitée. Rien à voir avec la croissance exponentielle enregistrée en mars. Mais outre que le gouvernement, alors que s’annonce une authentique vague de licenciements, préfère jouer d’une forme de « stratégie de la peur » pour prévenir des mobilisations contre ces licenciements, ce gouvernement sait que le système hospitalier est incapable de faire face à un rebond même ténu des hospitalisations.
Et que nombre de soignants sont en congé maladie ou démissionnent, écrasés par la surcharge de travail. Or, si l’on prenait au sérieux les discours du ministère de la Santé se disant capable de disposer de 12 000 lits en réanimation, il aurait fallu pourvoir 24 000 postes d’infirmières et 10 500 postes d’aides soignants supplémentaires. Le répit de l’été n’a pas été mis à profit pour donner à l’hôpital les moyens nécessaires en personnels, bien au contraire, ce dont le gouvernement est seul responsable.
Cette situation est à elle seule un pur scandale, qui nourrit un regain de protestations, comme Macron put le mesurer lui-même le 6 octobre à l’hôpital Rothschild face à la colère des personnels[27]. Le gouvernement cherche donc à éviter que le plus petit surcroît d’hospitalisations ne fasse paraître aux yeux de tous le scandale de la situation : c’est là, pour le gouvernement, l’une des principales déterminations de ses discours anxiogènes et de ses mesures coercitives.
État d’exception, et stratégie de la peur « à géométrie variable » L’inconvénient d’une « stratégie de la peur », c’est qu’elle n’incite pas à la reprise du travail. Or la priorité du gouvernement, c’est de remettre tous les salariés au travail. C’est la première détermination de sa politique. Ce qui ne va pas sans incohérences : ainsi les terrasses de café deviennent des dangers publics... quand les transports en commun sont déclarés tout à fait sûrs !
Le discours change ainsi du tout au tout. Il en est de même des écoles, dont l’ouverture est fondamentale pour que les parents puissent aller au travail. Les protocoles ne cessent de s’adapter à cet objectif. Car, en termes de moyens, rien n’a été fait pour garantir de quelconques mesures sanitaires : où sont donc les dizaines de milliers d’agents qu’il aurait fallu recruter pour aider à l’hygiène, les enseignants nécessaires à la réduction des effectifs par classe, les locaux supplémentaires ?
Pour atteindre l’objectif général de reprise du travail et éviter l’explosion du système de santé, pour gérer les incohérences de leur politique, Macron et son nouveau Premier ministre ont donc prolongé les mesures d’exception qui permettent au pouvoir de poursuivre les mesures liberticides et aux préfets d’individualiser ces mesures. Ainsi, en dépit de la réalité des données publiées, Marseille fut frappée fin septembre par des mesures générales (dont la fermeture totale des cafés et restaurants) jugées inacceptables par une grande partie de la population au vu du nombre réel des hospitalisations et décès[28]. Mais Véran pouvait ainsi régler quelques comptes avec une ville où il avait été durement critiqué...
Puis les mesures imposées à Marseille furent atténuées en même temps qu’elles étaient imposées dans d’autres villes, etc. Et, pour justifier ces mesures ajoutées de semaine en semaine, le gouvernement choisit de s’appuyer sur des critères qui font débat, en particulier sur les résultats des tests qui se sont multipliés à la fin de l’été.
Des tests très politiques
Au début de l’épidémie, le gouvernement n’a pas réalisé le dépistage systématique des personnes sympto-matiques. Puis a annoncé, à la fin du printemps, des tests massifs, mais il a alors choisi ou été incapable de les organiser. Finalement, à la fin de l’été, le nombre de tests pratiqués s’est envolé, dans une indescriptible pagaille : quiconque, asymptomatique ou non, pouvant se faire tester, il fallait attendre des jours pour passer un test dont les résultats n’étaient connus ensuite que des jours plus tard, et de ce fait inutiles, les personnes testées ayant alors souvent cessé d’être contagieuses.
Mais cela contribue à ruiner la Sécurité sociale, le gouvernement lui imposant de rembourser tous les tests (on parle de 10 milliards d’euros[29]). Et cette explosion du nombre de tests même inutiles se traduit par une hausse du nombre de « cas » dits « positifs », et permet toute une propagande gouvernementale pour justifier les mesures liberticides[38].
Or, facteur lourdement aggravant, l’hypersensibilité des tests pratiqués en France conduit à juger « positives » des personnes qui ne sont plus contagieuses depuis belle lurette, ou n’ont jamais été (ni ne sont) malades même à leur insu, sous une forme bénigne. En mettant l’accent sur les cas dits « positifs », en laissant croire que cela est synonyme de « cas contaminants », le gouvernement et les médias organisent la confusion, mêlant personnes pouvant contaminer et personnes ne le pouvant pas.
Un conseil fort peu scientifique Ce conseil, installé par le gouvernement, est censé apporter un avis scientifique pour « aider » le gouvernement à prendre des décisions. En réalité, ses avis sont bien plutôt politiques. En témoigne l’avis du 14 avril[30], constitué exclusivement d’un catalogue de considérations politiques parmi lesquelles domine la crainte que s’affirme une résistance à la politique du Pouvoir, dans une section intitulée « Éviter que ne se forme une « contre-société » sur Internet en période de crise ».
Ce qui conduit la Commission à un long développement titré : « Propositions pour « garder la confiance ». En témoigne l’avis rendu le 22 septembre[31], fondé sur une série de paramètres dont la crédibilité est jugée douteuse y compris par l’un des membres de la commission, Simon Cauchemez[32] : « il y a beaucoup d’incertitudes autour de ces paramètres » et précisant : il y a aussi « pas mal d’incertitudes liées à l’âge des patients hospitalisés, à la sévérité des cas admis à l’hôpital, et à l’évolution de la prise en charge ».
Ce qui n’empêche pas ce même conseil « scientifique » d’échafauder différents scénarios plus ou moins catastrophiques et de formuler un certain nombre de propositions tout en s’inquiétant que des « mesures fortes et précoces » puissent être « difficiles à accepter ». Parmi ces propositions, le confinement contraint de toutes les personnes jugées à risques, dont l’ensemble des personnes âgées, soit... 22 millions de personnes (celles jugées inutiles pour la production capitaliste). Le conseil reprend ainsi la proposition déjà formulée au printemps par J. F. Delfraissy[33], son président, et qui avait fait scandale, ce qui avait conduit ce monsieur à prétendre qu’il avait été « mal compris »...Et ce sont ces « avis » qui cautionnent et justifient les décisions les plus brutales et autoritaires que prend ensuite le gouvernement. Dissoudre un tel conseil est donc une revendication légitime[34] (d’autant que nombre de ses membres ont des liens financiers avec Big Pharma).
Perpétuation de l’état d’exception (sanitaire) En France comme quasiment partout ailleurs, l’épidémie permet d’imposer des mesures d’exception attentatoires aux libertés individuelles, et la pérennisation de ces mesures ; après avoir fait voter, au printemps, une loi instaurant un « régime transitoire » de « sortie de l’état d’urgence » applicable jusqu’au 30 octobre, le gouvernement a fait voter le 1er octobre sa prolongation jusqu’au 1er avril 2021[35].
Cette loi permet au gouvernement d’interdire les déplacements, de limiter les rassemblements, de fermer les établissements, de conserver les données individuelles collectées... Mieux encore : le gouvernement annonce pour janvier un projet de loi qui instituera un « dispositif pérenne de gestion de l’urgence sanitaire ». Même un député LREM s’inquiète : « on glisse progressivement vers davantage de restrictions sur les libertés individuelles ».
D’autres redoutent qu’en réaction contre ces mesures surgisse « une énergie contestataire potentiellement non maîtrisable ». De fait, tant que la mobilisation ne mettra pas en échec cette politique, le gouvernement continuera d’avancer, à l’instar du gouvernement du très « démocratique » du Québec qui vient d’interdire que l’on puisse recevoir ami ou famille à son domicile, et qui autorise la police – sur simple dénonciation – à pénétrer dans ces domiciles et infliger des amendes équivalant à un millier d’euros[36] !
Domestiquer la jeunesse et la population, faire passer de nouvelles réformes L’un des fils conducteurs de cette politique gouvernementale, dont témoigne l’obligation, dans les principales agglomérations, de porter un masque même dans une rue déserte, c’est la volonté de domestiquer la population[21]. Cette discipline, cette soumission de tous les instants à l’autorité de l’État, est une nécessité pour faire accepter le développement du chômage, l’extension imposée du télétravail à domicile, la remise en cause des statuts (dont celui des enseignants qui devraient accepter de travailler à distance comme en « présentiel »), et toutes les réformes prévues par le gouvernement (dont celle, maintenue, des retraites). Complément indispensable à cette politique coercitive : le dialogue social, auquel se prêtent les directions syndicales. Ainsi, comme il y a eu le « Ségur » de la santé, il doit y avoir bientôt le « Grenelle » de l’enseignement[37]. Une exigence principielle est donc le boycott de ce Grenelle.
Pour en finir avec cette politique Mettre fin à cette politique contre la santé publique implique de combattre à la fois pour les revendications formulées par les personnels hospitaliers, contre la soumission du ministère aux trusts pharmaceutiques, pour le financement massif de la Recherche publique et pour son indépendance, pour en finir avec les pseudos conseils scientifiques (qui sont très politiques), et en même temps d’imposer la rupture du dialogue social. Maisla politique du gouvernement forme un tout : la destruction de la Santé publique s’inscrit dans ce cadre.
Fondamentalement, gagner sur ces revendications n’implique pas seulement d’en finir avec Véran et sa politique. Elle implique tôt ou tard d’en finir avec toute cette politique, avec ce gouvernement. Ce qui implique la formation d’une alternative politique, qui passe en particulier par l’unité sur les revendications des salariés, de toute la population laborieuse. Sur cette perspective, mettre fin au le dialogue social serait un point d’appui décisif.
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Pour les insoumis, il faut des alternatives au confinement général
Le 3 novembre 2020, Jean-Luc Mélenchon intervenait à l’Assemblée nationale pour s’opposer à la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. Il a dénoncé une situation où la pandémie est « hors de contrôle » et où les consignes sanitaires ne sont pas pleinement obéies du fait de l’absence de consentement de la population aux mesures prises. Il a aussi expliqué que la multiplication des situations d’état d’urgence passant ensuite dans le droit commun posait un problème démocratique. Une position également défendue dans un document rendu public ce même jour sur la « dérive autoritaire de Macron[21] ».
Le président du groupe parlementaire « La France insoumise » a appelé à créer les conditions du consentement aux mesures sanitaires en trouvant des alternatives au confinement général. Il a notamment proposé de ré-ouvrir les commerces de proximité et à faire un roulement dans les classes d’école.
L’écosocialisme comme alternative politique, sociale et écologique à l’impasse capitaliste[4] ?
2020, le Parti de Gauche engage de nouvelles assisses pour l’écosocialisme[9]
Qu’est-ce que l’écosocialisme et comment l’envisager en pratique, notamment du point de vue de la planification ?
Face à l’urgence climatique, sociale et démocratique, face aux politiques d’austérités, aux logiques de délocalisation et de libre-échange, de perte d’indépendance des Etats, l’écosocialisme se présente comme un concept unificateur et une alternative politique puissante pour notre civilisation.
La crise sanitaire actuelle (coronavirus[2]) est bien la conséquence du mode capitaliste d’exploitation, de production, de consommation et d’échanges. Son caractère prédateur a martyrisé la nature, la biodiversité et a bouleversé notre rapport au vivant, aux espèces animales et végétales. Les effets sont amplifiés par les pressions austéritaires, les coupes sombres sur les services publics, la santé et les conséquences sociales sont considérables. Cette crise a clairement démontré que le capitalisme est incompatible avec l’intérêt général de l’avenir de la vie sur terre et de la planète elle-même.
Le Parti de Gauche[1] travaille à faire de l’écosocialisme une doctrine centrale face au capitalisme contemporain, mais aussi pratique pour présenter des solutions, des campagnes concrètes aux mouvements populaires et formations politiques françaises et internationales.
Au-delà et en deçà d’un programme de gouvernement, une ligne d’horizon doit être visible pour tous : un projet de société fondé sur une conception de l’Humain qui ne soit pas contradictoire avec les données de la science contemporaine.
Sources :Eric Durand | mis à jour le 02/06/2023
Qui l'eût cru ?
Le système capitaliste incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique pour 52% des Français ;
81%favorables au "refus d'accorder les aides de l'Etat aux entreprises polluantes sans contreparties écologiques contraignantes"... ce que propose la France insoumise[8].
Enquête réalisée en ligne entre le 27 mai et le 1er juin 2020 auprès d'un échantillon représentatif de 1.003 Français âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas[7].
Pour Corinne Morel Darleux : l’écosocialisme, réponse à l’impasse capitaliste[3]
Nous savons dorénavant que l’émancipation humaine ne peut être atteinte par la croissance sans fin : l’écosystème ne le permet pas. Ce constat nous oblige à repenser le système de production et d’échanges, et plus globalement l’ensemble de l’organisation sociale et politique. Dans ces conditions, nous proposons un nouvel énoncé de notre stratégie pour le futur de l’humanité : l’écosocialisme.
Ses méthodes sont la radicalité concrète, la planification écologique et la révolution citoyenne. Il est fondé sur la répartition des richesses, la prise en compte des contraintes écologiques, le refus des dominations et des oppressions de toutes sortes, la souveraineté populaire et le caractère démocratique, républicain et laïque de l’État.
L’écosocialisme est la jonction d’une écologie anticapitaliste et d’un socialisme débarrassé du productivisme, dans un projet de société alternatif porteur d’espérance.
Il n’est pas une utopie à laquelle le réel devrait se conformer, mais la réponse humaine raisonnée à la double impasse capitaliste et productiviste. Nos pensées et actions politiques sont radicales : elles vont à la racine des causes.
- Nous combattons donc les moteurs du système : le consumérisme sacrant l’accumulation matérielle, le creusement des inégalités sociales ; le productivisme qui épuise les écosystèmes, la mondialisation qui permet le dumping social et environnemental.
- Nous désignons les vrais coupables : l’oligarchie financière, les idéologues de la concurrence « libre et non faussée » et du libre-échange.
Nous devons sortir des mystifications socialistes et écologistes.
- Notre écologie à nous est sociale, liée aux combats historiques de la gauche. Elle est incompatible avec le libéralisme, qui, sous couvert de développement durable,fait perdurer la recherche du profit maximal, la dynamique impérialiste et le « court-termisme ».
- Elle réfute l’impasse sociale-démocrate qui voudrait que toute redistribution passe d’abord par la relance de la croissance. Les richesses existent, il n’y a pas lieu d’attendre pour les redistribuer. Et ce modèle d’expansion infinie est un suicide de notre civilisation. Nous n’attendons donc ni la croissance à tous crins ni les « bénéfices » de l’austérité, et ne croyons ni à l’une ni aux autres.
Notre projet implique, au contraire, une économie au service des besoins sociaux qui rompe avec la doxa libérale.
- Elle passe par la désobéissance aux directives de l’Europe libérale et engage la révision en profondeur du système productif par les « 4 R » : relocalisation, réindustrialisation, reconversion industrielle et redistribution du travail. Pour pallier les limites du PIB à mesurer le « bien-vivre », elle instaure la règle verte comme critère systématique d’empreinte écologique.
- L’écosocialisme est un combat internationaliste et universaliste, il reconnaît la dette écologique et sociale de l’industrialisation effrénée, et ses effets sur le climat, le pillage des ressources naturelles, l’accaparement des terres et la responsabilité des règles imposées par la Troïka.
Nous devons réaliser un « compromis inédit entre bleus de travail et souci de la planète 1 » .
- Des salariés en lutte sont porteurs de projets alternatifs impliquant déjà les principes de la planification écologique : prise en compte du temps long, contrôle des travailleurs et des usagers, maîtrise publique.
- Si la collectivité et l’État sont à refonder dans une VIe république assurant la souveraineté populaire, ils restent indispensables pour planifier la rupture, construire un cadre émancipateur et garantir l’égalité d’accès. Les biens communs comme l’eau, l’énergie, les services publics, qui jouent un rôle social et écologique essentiel, doivent être nationalisés en repensant l’articulation entre État, syndicats, associations et usagers.
Il faut lutter et résister pour inventer à travers des alternatives concrètes et des actions de désobéissance civique non-violente.
- En parallèle, il nous faut mener le combat idéologique par l’éducation populaire pour « décoloniser l’imaginaire » et dénoncer la vision d’un individu-consommateur docile. Nous en combattons les bras armés que sont la publicité, avec son cortège de marchandisation des corps et de sexisme, la mode et les médias, avec leur injonction d’achat permanente.
La remise en cause du système ne peut résulter d’une simple alternance électorale et de décisions venues d’en haut.
- Elle exige que les majorités parlementaires écosocialistes conjuguent leur actionavec des mouvements d’implication populaire dans tous les domaines. Cette réappropriation de l’initiative politique dans le but de déterminer quel est l’intérêt général, c’est ce que nous nommons la révolution citoyenne.
-Elle est indispensablepour éviter que le désespoir et la colère ne basculent du côté de la haine, et pour faire fleurir la révolution écosocialiste.»
L'écologie politique ne saurait passer sous silence la nécessaire rupture avec le capitalisme sans s’attaquer aux logiques productivistes qui dévastent, non seulement l’environnement, mais aussi les conditions d’existence de milliards d’êtres humains.
Pour Jacques Généreux[6] aux Assises pour l'écosocialisme : " l’écosocialisme est la quatrième voie ! "
Les 1er et 2 décembre 2012[5] le Parti de Gauche organisait des assises pour l'écosocialisme, retrouvez ci-dessous son intervention en vidéo
A cette occasion, il a expliqué, avec son talent pédagogique habituel, comment il concevait une société de développement humain, autrement dit, une société écosocialiste
L’écosocialisme est la quatrième voie qui consiste à considérer simultanément l’existence de tous les liens : ceux existants entre individus, entre individus et société, entre les individus et la Terre, entre les communautés et la société. L’individu n’est plus prisonnier d’une communauté car il multiplie la diversité de ses liens sociaux. Être avec soi et être avec les autres ne sont pas contradictoires mais elles sont deux tendances qui se nourrissent l’une de l’autre. De la même manière, solidarité et autonomie ne sont pas antagoniques.
Une société écosocialiste n’est donc pas fondée sur la compétition mais sur la coopération.
Si la compétition doit exister, elle ne peut être que ludique et en aucune manière être source de pouvoir. Une telle société attache plus d’importance à l’accumulation des liens qu’à l’accumulation des biens. La transition écologique nécessite une expansion sans précédent des services publics mais aussi une décroissance de l’accumulation des biens matériels.
Pour François Delapierre : L'écosocialisme est une bataille culturelle pour faire sauter les verrous idéologiques
Intervention de François Delapierre aux Assises pour l'écosocialisme de 2013
Congrès de Bordeaux du parti de gauche de mars 2013, présentation du manifeste écosocialiste
Lors de son congrès de Bordeaux en mars 2013, le Parti de gauche adopte un manifeste pour l'écosocialisme composé de 18 thèses, rattachant ainsi le Parti de gauche au courant écosocialiste. Ce manifeste présenté par Corinne Morel Darleux revendique un « socialisme débarrassé de la logique productiviste », ainsi qu'une « écologie farouchement anticapitaliste »
A télécharger :
Qu’est-ce que l’écosocialisme par Chaire de Michael (Institut La Boétie) 2023 Diffusée en direct le 31 mai 2023
L’écosocialisme a pour point de départ les analyses critiques de Marx sur le « progrès destructif » capitaliste, responsable de la « rupture du métabolisme » entre les sociétés humaines et la nature. On peut considérer Marx et Engels comme des précurseurs de l’écosocialisme...
En cette journée de printemps Barbara Stiegler[1] est radieuse. Le succès qu’elle remporte actuellement n’enlève rien à la simplicité qui est naturellement la sienne. Avant le confinement, ses conférences faisaient déjà un carton.
Il y a deux ans, la spécialiste de Nietzsche s’installe à Bordeaux où elle enseigne depuis quinze ans, (elle y est responsable du master : soin, éthique et santé). A cette époque elle n’imagine pas à quel point la société va traverser de telles turbulences.
Et alors qu’elle découvre la capitale girondine son quotidien est confronté aux mobilisations citoyennes. Elle va s’en faire le témoin privilégié. Entretien par Marie Neuville
Sources :france3 AquitaineEntretien par Marie Neuville | mis à jour le 13/08/2021
La crise sanitaire semble être le révélateur des failles du modèle néolibéral français de la santé publique. Vous l’aviez expliqué dans votre livre "Il faut s’adapter"[2]. Etait-ce prémonitoire ?
Barbara Stiegler :Je n’ai eu aucune prémonition, j’ai même pris tardivement la mesure de cette pandémie. Mais c’est vrai sur le fond, mon livre démontre l’écueil du modèle néolibéral, un choix qui entraîne l’explosion des mobilités, l’accélération des rythmes, la compétition effrénée pour les ressources, autant de facteurs qui conduisent à une destruction des systèmes, qu’ils soient sanitaires, éducatifs, sociaux ou qu’ils touchent des corps vivants et des écosystèmes. Des crises comme celle-là vont se reproduire si on ne change pas.
Pourquoi une telle improvisation dans la gestion de cette crise ? Barbara Stiegler :C’est vrai que nous ne sommes pas dans un pays pauvre, nous sommes la 6e puissance économique mondiale ; les causes sont liées à une vision néolibérale de la manière de gouverner.
La pénurie n’est pas involontaire, elle a été sciemment orchestrée par les dirigeants des entreprises pour s’adapter à la compétition mondiale.
Le modèle néolibéral organise une société de flux basée sur des ressources rares. Une entreprise qui a des stocks perd des points.
Moins il y a de lits de matériels, de médicaments, de personnels, plus il y a d’agilité, d’innovation de dépassement, d’adaptation et cela est considéré comme moteur de progrès. C’est une façon de montrer que l’on est en avance au regard du monde d’avant. Il faut être performant, moderne, autrement dit "Il faut s’adapter" ! C’est avec cette injonction que s’est faite la gestion de l’hôpital.
Sauf qu’à flux tendu il est impossible de faire face à l’imprévu. Cette vision néolibérale est totalement contraire aux conditions de la vie et aux besoins fondamentaux des vivants. Et ce n’est pas valable que pour l’hôpital.
C’est aussi le cas dans le monde de la recherche et de l’enseignement, détruit par cette culture de l’optimisation et de l’innovation sur fond de pénurie.
Vous dénoncez la médecine proactive, est-ce une erreur d’avoir voulu remplacer le bon vieux docteur ? Barbara Stiegler :Dans la médecine classique, on tient compte du patient de sa plainte, de son mal. Mais cela est jugé archaïque et dépassé. La médecine proactive, portée par les prouesses du numérique, tourne le dos à la médecine traditionnelle qui porte assistance à la personne malade.
La médecine dite " proactive " demande à l’individu de taire sa souffrance, de s’adapter, y compris dans un environnement dégradé et d’être comptable de la manière dont il optimise les risques.
Elle fait l’impasse sur ce qui est négatif, refuse d’avoir une vision critique sur les causes de nos pathologies. Refusant de regarder en face la souffrance, la mort et le négatif, elle fantasme l’optimisation de la performance.
De plus cette médecine de l’innovation, focalisée sur les nouvelles technologies et le biomédical, est incapable de prévenir ce genre de crise sanitaire car elle est dépourvue de toute réflexion critique sur les facteurs environnementauxdes maladies et sur nos organisations sociales, qui sont pourtant des déterminants fondamentaux en santé publique.
A la lumière de ce modèle, ce virus venu d’Asie ne pouvait qu’être sous-évalué, il ne pouvait apparaître que comme une « grippette » n’ayant aucune incidence sur la puissance de notre système sanitaire.
Dans la vision néolibérale, la conduite des individus doit être modelée par les recommandations des experts. Mais cette crise du coronavirus, comme la crise climatique, révèle le retard des gouvernants, dont les visions sont de plus en plus inadaptées aux réalités et dont les décisions sont de plus en plus éloignées du bon sens des populations.
C’est leur aveuglement du flux et leur phobie irrationnelle des stocks qui leur a,par exemple, fait détruire nos stocks de masques, nos contingents de lits et nos effectifs de soignants.
C’est le même aveuglement qui les conduit à supprimer des postes de chercheurs et d’enseignants capables d’avoir une vision sur le temps long, pour leur substituer une main d’œuvre précaire, fluide, adaptable.
Il y a en réalité beaucoup d’argent dans la santé et l’éducation mais affecté à une logique de flux, qui détruit la stabilité nécessaire réclamée par ces métiers. Cette pression du flux conduit à installer la pénurie et la compétition partout, alors même qu’il y a une débauche de dépenses du côté du management, de l’évaluation, de la machine normative et réglementaire.
Dans ces métiers de santé, d’éducation et de recherche, nous passons de plus en plus de temps à l’évaluation, à l’optimisation, à la compétition et de moins en moins de temps à soigner, éduquer et faire de la recherche.
C’est cela le néolibéralisme : un Etat très fort, tatillon et bureaucratique, avec, dans les entreprises des dirigeants et des managers qui donnent des caps, appliquent des politiques intrusives, invasives, qui harcèlent.
C'est un Etat qui est dans le contrôle de tout, à la différence de l’ultra-libéralisme " trumpien " qui lui " laisse faire " et abandonne les populations aux forces sauvages du privé ou du marché. Ces deux formes de libéralisme, qui servent le marché de manière très différente, sont tout aussi dangereuses l’une que l’autre.
Comment pouvons-nous parvenir à cette démocratie sanitaire que vous appelez de vos vœux ? Barbara Stiegler :A l’hôpital mais pas seulement, dans tous les domaines, les premières lignes doivent reprendre la main.
Dans la santé, l’éducation, la recherche, les médias, les institutions culturelles….
Les politiques et managers ont transformé ces métiers qui formaient la base de nos démocraties, ils leur ont imposé des réformes permanentes, exigé de la flexibilité et de l’adaptabilité, c'est-à-dire en fait, une forme de soumission, en imposant l’idée que c’était aller dans le sens de l’histoire.
Sauf que, mobilisations après mobilisations, la colère ne retombe pas, les élites continuent de se discréditer.
Au lieu de passer leur temps à dénoncer les fake news des réseaux sociaux et à expliquer que pouvoir rime avec savoir, les gouvernants gagneraient à reconnaître leur retard, ce décalage qui sape leur autorité.
C’est pourquoi les choix de santé publique, d’éducation, d’environnement doivent être l’affaire de tous et non des experts et des dirigeants.
Le néolibéralisme n’est pas seulement sur les places financières ou dans les entreprises il est en chacun de nous, dans nos minuscules façons de vivre, il est temps de retrouver notre puissance vitale et d’agir sur notre propre environnement local.
Gilets jaunes, manifestations hospitalières, crise du corona virus, l’individu comprend qu’il n’est plus tout seul face à son écran, face à son chef, face à sa hiérarchie et que les populations de citoyens peuvent elles aussi " s’armer " collectivement, par-delà les clivages de secteurs, de classes et de générations.
On comptera les morts Barbara Stiegler :J'avoue regarder le futur avec un mélange d’inquiétude et d’espérance, celui d’une philosophe qui a trouvé ici et maintenant une autre façon de respirer.
Même si elle sait que la lutte sera âpre et qu’il faudra tenir dans le temps, elle croit au réveil politique … En ce jour de printemps le ciel est clair et l’horizon dégagé.
Lors des manifestations, on pouvait lire sur les banderoles des hospitaliers " vous comptez votre argent, on comptera les morts ". C’était il y a un an, aujourd’hui les soignants du terrain se disent prêts à reprendre les clés du camion.
Le 15 avril, devant la commission des lois du Sénat[1], le dénommé Jean-François Delfraissy, président du « Conseil scientifique » de Macron avertissait (comme s’il lui appartenait de décider) que 18 millions de personnes devraient demeurer assignées à résidence, au-delà du 11 mai, sans limitation de durée : étaient menacées de ce projet les personnes jugées comme étant les plus à risque de développer une forme grave de coronavirus.
Étaient notamment visées les « personnes d’un certain âge, au-dessus de 65 ou de 70 ans », les personnes ayant des affections de longue durée (ALD) et des « sujets jeunes ayant une pathologie mais aussi obèses », selon les termes de Jean-François Delfraissy. « Tout ça, ça fait 18 millions de personnes », indiquait-il. Pour ces personnes, « on continuera le confinement ».
Et jusqu’à quand ? « Pour combien de temps, je ne sais pas » répondait-il. « En attendant peut-être un médicament préventif ».
Ce projet, c’était une sorte de coup d’État contre 18 millions de citoyens qui, à la différence du reste de la population, n’auraient pas retrouvé le droit de libre circulation, la possibilité d’activités de plein air, de vie sociale, etc… Ce projet complétait le dispositif visant à renvoyer au travail, le plus vite possible, les personnes non touchées par cette limite d’âge.
C’était le prix que l’on devait payer pour la politique de destruction de l’hôpital public et d’asphyxie de la Recherche.
Un délire du seul président du Conseil scientifique ?
Jean-François Delfraissy s’était peut-être un peu trop engagé devant le Sénat, mais il n’avait rien inventé. Il s’inscrivait dans la continuité de l’allocution présidentielle du 13 avril. Simplement, Macron avait été légèrement plus prudent dans son propos : «Pour leur protection, nous demanderons aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester même après le 11 mai confinées, tout au moins dans un premier temps. Je sais que c’est une contrainte forte. Je mesure ce que je vous demande et nous allons, d’ici le 11 mai, travailler à rendre ce temps plus supportable pour vous. Mais il faudra essayer de s’y tenir pour vous protéger, pour votre intérêt.»
Mais lui-même ne contestait pas la déclaration de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui venait de déclarer le 12 avril : « Sans vaccin il faut limiter autant que possible les contacts des seniors ». Cela implique de maintenir le confinement des personnes âgées : « Les enfants et les jeunes jouiront plus tôt de davantage de liberté de mouvement que les personnes âgées et celles avec des antécédents médicaux», expliquait-elle, « espérant » le développement d’un vaccin « vers la fin de l’année».
Un concert de protestation contre un projet mortifère Ce qui n’était sans doute pas prévu, c’est le tollé de protestations qui s’éleva ; protestations des personnes menacées d’abord, et protestations de médecins et de psychologues également. Par exemple, un chef de service en médecine gériatrique rappela qu’en ce qui concerne les personnes résidant en Ehpad « certains sont en train de se laisser mourir ».
Et là, ce qu’on programmait, c’était la mort lente pour 18 millions de personnes, Ehpad ou pas Ehpad, toutes condamnées à péricliter sur place : un sacré moyen de faire des économies pour les caisses de retraites. Et en cas de canicules, ces millions de « vieux » et de personnes jugées fragiles auraient été condamnées à rester enfermées dans les fournaises urbaines : combien de morts en perspective ?
Dans la soirée de jeudi, l’Académie de médecine prenait position avec force contre un dé-confinement par tranche d’âge.
Une psychologue clinicienne parlait de mesure « arbitraire, injuste, discriminante et anticonstitutionnelle» et s’inquiétait : « une colère sourde est en train de monter dans les rangs des seniors ». Des proches du pouvoir s’en inquiétèrent. C’est le cas d’Alain Minc : « Vous allez voir monter la révolte des vieux, la révolte en cheveux blancs, très fortement dans les semaines qui viennent. » (16 avril sur France info).
Un projet imbécile Mais le pire, c’est que ce projet est imbécile. Il prétend protéger les vieux ? Mais en les enfermant, il anéantit l’essentiel de leur possibilité d’activité physique, sportive et sociale, réduisant ainsi leur espérance de vie, et vise à les détruire moralement.
Il prétend aussi s’appliquer aux personnes ayant des affections de longue durée, quel que soit l’âge : mais certaines de ces ALD exigent au contraire que la personne touchée ait une activité physique et sportive importante.
Il menace les personnes « obèses » alors qu’elles ont besoin d’activité. Et comment ferait la police pour les contrôles ? Au faciès pour les vieux ? Avec un pèse-personne pour les obèses ?
Marche arrière Renoncer à ce projet était devenu inévitable. Au moins pour un temps et sous cette forme.
L’annonce est tombée vendredi, en début de soirée, directement de l’Elysée : « Le chef de l’État ne souhaite pas de discrimination entre nos concitoyens après le 11 mai » et « en appellera à la responsabilité individuelle». En précisant : le chef de l’État a souhaité faire cette mise au point en voyant « monter le débat sur la situation de nos aînés, après les déclarations du Pr Jean-François Delfraissy».
Affaire réglée ? Ce n’est pas si simple. Car les medias oublient l’autre versant des déclarations faites par le président du Conseil scientifique institué par Macron. « Faire un covid dans des conditions tout à fait raisonnables » ?
Rappelons que le professeur Delfraissy porte deux casquettes. D’abord, il est président du Comité consultatif national d’éthique. Ensuite, il est devenu président du nouveau conseil scientifique créé le 11 mars. C’est sur ce conseil que s’est appuyé Macon pour justifier le maintien des élections municipales.
« Il y a un conflit d’intérêt entre devenir le porte-parole de la stratégie gouvernementale et la présidence du Comité d’éthique », écrit à juste titre un scientifique marseillais[2].
Lors de son audition devant la commission sénatoriale, Jean-François Delfraissy indique avec cynisme que, à côté des 18 millions de personnes qui resteraient confinées, figurent 50 millions de personnes pouvant reprendre une activité même si elles tombent malades.
On doit prendre connaissance des deux versants de cette intervention telle qu’il l’a formulée, et en particulier de la fin de ce passage :
« Quelle population nous allons avoir devant nous quand nous allons sortir du confinement ? Et bien, on peut de façon extrêmement schématique, diviser la France en trois parties : Premièrement des personnes qui sont les plus à risques de développer une forme grave. Ça va rester. Ce sont les personnes d’un certain âge disons, dans lesquelles d’ailleurs je suis, donc au-dessus de 65 ou de 70 ans. Ce sont les personnes qui ont des affections de longue durée, qui ont des multi pathologies, insuffisances respiratoires, cardiaques etc., enfin les ALD, et puis ce sont des sujets jeunes ayant une pathologie mais aussi obèses puisque vous savez que c’est un facteur de gravité pour les formes graves. Alors tout ça, ça fait 18 millions de personnes. Donc, de toute façon, numérique ou pas numérique, nous avons à la sortie du confinement 18 millions de personnes qui sont à risque d’être contaminées et de continuer à développer une forme grave.
Donc, ces 18 millions de personnes, ce n’est pas un scoop, et bien, on continuera le confinement. Dans des conditions, pour combien de temps, je ne sais pas, en attendant qu’on trouve peut être un médicament préventif, mais il faudra poursuivre le confinement parce qu’elles sont à risque de développer une forme grave.
Deuxièmement il y a les 50 millions de Français plus jeunes beaucoup moins à risque de développer, finalement, faisant, pouvant faire un Covid dans des conditions, je dirais tout à fait raisonnables, qui sont et qui posent la question de la remise dans une certaine forme d’activité et avec le questionnement plus particulier des plus jeunes, qui est une question qui est un peu à part.
Puis il y a une troisième population qui est environ un million de personnes qui sont les SDF, les personnes en grande précarité, un certain nombre de migrants sur lesquels ont a très peu de données et vous avez vu qu’il y a beaucoup de mouvement, beaucoup de notes concernant ces populations les plus fragiles mais somme toute on a très peu de data. Si vous me demandez la prévalence du Covid dans ces populations, il n’y a aucune bonne étude actuellement qui permet tout à fait de le réaliser. »
Un conseiller « scientifique » au service du patronat Ce président du Conseil scientifique passe par pertes et profits 1 million de personnes. C’est déjà scandaleux. Mais pour le plus grand nombre, il considère qu’ils peuvent reprendre « une certaine forme d’activité» car ils peuvent «faire» un Covid sans problème majeur (de « façon tout à fait raisonnable »). C’est exactement la position du Medef : on prend quelques dispositions préventives, et au boulot !
Le confinement des vieux n’était donc que le pendant de la reprise du travail par les autres, comme les deux faces d’une même médaille.
Et ça, Alain Minc ne l’a pas dénoncé, et Macron ne le remet pas en cause… puisque c’est exactement l’objectif qui est le sien, au compte du patronat.
C’est donc l’entièreté de ce dispositif qui doit être combattu.
Combattre pour le droit des salariés à un strict respect des conditions sanitaires sur le lieu de travail, et combattre contre tout projet (qui peut revenir) de confinement sans fin des « non productifs » sont les deux faces d’un même combat.
Cela passe par quelques exigences simples, en particulier :
Satisfaction immédiate de toutes les revendications des personnels hospitaliers
Droit de retrait maintenu sans pertes de salaires ni de jours de congés ;
Droit de contrôle et d’opposition des salariés sur toute éventuelle reprise, paiement à 100% du salaire ;
Refus d’une reprise scolaire sans tests et garanties sanitaires, refus d’une pseudo « reprise » dont l’objectif n’est que d’assurer la garde des enfants pour que les parents puissent reprendre le travail ;
Réquisition de toutes les entreprises nécessaires à la santé publique ;
Abrogation de la loi d’urgence sanitaire qui met en cause les droits démocratiques et des ordonnances.
Jean-Luc Melenchon : " Autant le dire clair : la crise sociale va être terrible ! "
Si l’économie productive n’est pas réanimée, le choc de la récession va détruire des millions d’emplois dans le monde, désorganisant les chaînes longues d’interdépendances des capacités productives.
À conditions et méthodes capitalistes égales, la violence du choc économique va donc avoir un impact social de très grande magnitude. Ce qui s’est toujours traduit dans l’Histoire par de grosses secousses politiques. Je ne développe pas ici. Je veux attirer l’attention sur autre chose. Les observateurs sans naïveté savent que la compétition pour que la sortie de crise donne un avantage comparatif est commencée. C’est dire l’état d’esprit qui règne. La date de sortie de confinement des Allemands en est une illustration des plus criantes.
Il faut donc tenter deux opérations en même temps :retrouver du crédit en grande quantité et faire bifurquer le modèle de production pour écologiser et relocaliser les appareils de production pour réduire les bien trop longues chaînes d’interdépendance qui les constituent d’un bout à l’autre de la planète. Le contexte aura été utile si nous le faisons car il n’y a pas de meilleure préparation aux chocs qui vont suivre : celui d’autres épidémies désormais certaines, et celui du changement climatique. Sinon, souvenons nous que des deux précédentes impasses de l’économie capitaliste mondiale sont sorti deux guerres mondiales qui ont failli emporter la civilisation humaine (pour lire l'intégrale[2]) .
Ainsi, le 17 avril 2020 à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon a affirmé que la dette des États ne pourrait pas être remboursée et qu’il fallait « abattre le mur de la dette ».
Il a aussi soutenu que face à une situation aussi dangereuse qui peut mener les États à la guerre ou à la banqueroute, l’Europe se dérobait. Il a dénoncé l’échec subi par notre pays sur la question des eurobonds et a expliqué que la banque centrale du Royaume-Uni prêtait directement au gouvernement britannique et que la banque centrale américaine avait carrément aboli le risque en rachetant les dettes publiques et privées.
Jean-Luc Mélenchon a infine proposé que la dette des États soit rachetée par la Banque centrale européenne pour être transformée en dette perpétuelle à intérêt nul afin que les États retrouvent leurs capacités de financement et préparent la transition écologique[1].
Source :Eric Durand| mis à jour le 25/09/2022
Commençons déjà par dresser l'état des lieux de la dette en 2020
Car aujourd'hui, elle est à nouveau agitée pour que le peuple ait peur et se taise... alors que Le ministre du Budget a annoncé l'installation d'un groupe de travail chargé de réfléchir au redressement, à terme, des finances publiques françaises, c'est à dire au retour de l'austérité[6] :
On nous dit en effet : la dette atteindra 2 798 Mrd d'€ en 2021 soit 116,2% du PIB. Du jamais vu depuis la 2iéme guerre mondiale[4]
C'EST FAUX !... TAUX D'ENDETTEMENT 2020 de la France 14,5 % du Pib annuel[5]!
La dette perpétuelle, une vieille idée qui a déjà fait ses preuves
Le principal avantage d’une obligation perpétuelle est de ne pas avoir à rembourser le capital de la dette vu qu’il n’y a pas d’échéance, mais seulement à verser des intérêts calculés sur le capital (dans le cadre de la proposition de J.L. Melenchon à intérêt nul) et ce, théoriquement de façon illimitée.
L’idée d’une dette perpétuelle est loin d’être nouvelle.
En plus d’être un spécialiste des obligations à très long terme (50 voire 100 ans), le Royaume-Uni a déjà émis, à plusieurs reprises, des obligations perpétuelles. Certains titres de dette datant du 18ème siècle sont ainsi toujours actifs mais l’inflation a depuis rendu leur remboursement quasi-insignifiant. Lors de la première guerre mondiale, le gouvernement britannique a aussi émis le « War Loan », qui reste la plus importante dette perpétuelle du Royaume aujourd’hui, estimée à 2,5 milliards d’euros. Mais plus pour longtemps, puisque le Trésor britannique a décidé de racheter le 9 mars prochain l’intégralité de cette dette, qui versait 5 puis 3,5% d’intérêt par an. La majorité des 120,000 détenteurs en détiennent toutefois pour moins de 1.000 livres. Le gouvernement britannique veut en effet profiter des taux extrêmement bas à l’heure actuelle pour racheter ses vieilles dettes et n’exclut pas d’émettre de nouvelles obligations perpétuelles, qui deviennent encore plus intéressantes dans ces conditions.
La France n’est pas non plus une débutante dans le domaine.
Le premier véritable emprunt public émis en 1535 sous François 1er était une dette perpétuelle, alors appelée « rente ». En 1825, l’Etat français a émis une obligation perpétuelle de 3% qui a couru jusqu’en 1987, date à laquelle ces titres de dette, mis en Bourse, ont tous été rachetés par le Trésor. De la même manière, une dette perpétuelle émise à la Libération a été définitivement rachetée à la fin des années 80.
Samedi 18 avril à l'occasion de la première manif numérique en ligne Jean-Luc Mélenchon expliquait que la dette des États doit être rachetée par la Banque centrale européenne pour être transformée en dette perpétuelle à intérêt nul.
Jean-Luc Melenchon : coronavirus, « Il faut annuler la dette »
Comment annuler la dette pour redémarrer l’économie :" Plutôt que de racheter aux banques privées des titres de dettes des États , la BCE les achèterait directement aux États. Elle les stockerait en dette perpétuelle à intérêt négatif (c’est le cas des emprunts de long terme aujourd’hui). Les États retrouveraient leur capacité de financement pour de nouveaux emprunts et l’ancienne dette fondrait petit à petit, au fil de l’inflation dans les coffres de la Banque Centrale Européenne. Et ne serait jamais payée. Car bien sûr ces dettes ne seront jamais payées " déclare J.L. Melenchon le 11 avril.
Décryptage de la solution Melenchon (par LE BON SENS - Antoine Léaument)
Pour faire face à la crise économique provoquée par la crise sanitaire du coronavirus, le gouvernement a décidé de creuser la dette. Celle-ci va maintenant dépasser les... 115% du PIB. Elle est devenue impayable, sauf à vouloir y consacrer tous les moyens de l'État pendant les cent prochaines années. Impensable alors qu'il nous faut engager au plus vite la transition écologique et développer de nouveau nos services publics. C'est pourquoi Jean-Luc Mélenchon propose de l'annuler.
Dans cette vidéo, j'explique pourquoi la dette est d'abord un outil politique utilisé par les libéraux pour détruire les services publics et les remplacer petit à petit par le privé. Je montre aussi comment ils l'utilisent pour faire toujours plus de cadeaux fiscaux aux plus riches alors qu'il faudrait au contraire les imposer davantage.
Je parle également de la politique dite de « quantitative easing » mise en place par la BCE pour racheter aux banques privées une partie de leurs titres de dettes, y compris des dettes d'État. Je présente enfin la proposition de Jean-Luc Mélenchon d'une annulation de la dette des États qui passerait en sa transformation en une dette perpétuelle à taux nul. Une proposition de bon sens désormais partagée même par des libéraux comme Alain Minc.
Depuis début mars, la crise économique et boursière s’est développée avec rapidité, menaçant l’ensemble du système financier international, sans que l’on puisse prédire quelle sera son ampleur et sa durée.
La lecture dominante qui est faite de cette crise, dans la presse économique en particulier, est qu’il s’agit d’un « accident », d’une crise imprévue provoquée par une épidémie, et que tout peut revenir dans l’ordre au plus vite quand l’épidémie aura été surmontée.
Mais une autre lecture apparaît dès que l’on aborde certains des principaux développements de cette crise : celle d’une profonde crise du système capitaliste, qui était en gestation avant le début de l’épidémie, et dont l’épidémie est le déclencheur puis l’accélérateur, une crise du mode de production capitaliste lui –même.
Une cause « extérieure » à l’économie ? Un éditorial du quotidien Les Échos (17 mars) est significatif de l’analyse dominante : « Les frontières européennes vont être fermées. Ce moment dramatique va causer des dégâts économiques. Bruno Le Maire s’emploie avec énergie à les minimiser en utilisant les instruments éprouvés en 2008. Tant mieux (…) Contrairement à 2008, le virus n’est pas dans l’économie, mais extérieur : elle pourra rebondir. En Chine, la production industrielle a plongé de 13% en janvier-février, mais elle repart. Cela signifie que ce moment Sur cette base, l’auteur (Dominique Seux) affirme donc : « Le meilleur moyen de limiter la catastrophe économique est que la crise sanitaire dure le moins longtemps possible ».
Formellement, l’auteur a raison sur un point : le point de départ de la crise relève d’abord d’un fait « biologique », non de l’économie (sachant qu’on peut aussitôt faire remarquer : sa diffusion a été facilitée par la mondialisation accrue de l’économie, par les politiques d’austérité qui ont affaibli les systèmes de santé, et par le retard à agir des gouvernements qui craignaient d’abord le coût financier des mesures à prendre). terrible n’est pas indépassable ».
Mais il y a une contradiction dans ce raisonnement formel : comment peut-on écrire que la cause de la crise actuelle est fondamentalement différente de celle de 2008 (alors interne à l’économie) et se féliciter que les outils pour surmonter cette crise soient les mêmes que ceux utilisés en 2008 ? Un même remède pour deux causes inverses ?
Or, ce sont bien les mêmes « instruments éprouvés » (sic) qui sont mis en oeuvre aujourd’hui comme en 2008 : taux d’intérêts quasi nuls et achats massifs de titres obligataires par les banques centrales, pour sauver les banques privées et éviter la faillite des États, explosion des dettes des États pour surmonter la crise économique.
Ce paradoxe pose question :
- si les « remèdes » sont les mêmes qu’en 2008, n’est-ce pas précisément parce que, au-delà de la cause immédiate, il s’agit de soigner les mêmes faiblesses fondamentales du système économique ?
- Et parce que le virus a activé, au sein de l’économie, les mêmes contradictions qu’en 2008, et avec une plus grande intensité encore ?
Des capacités de production excédentaires avant même la crise Pourtant, durant les mois précédents le début de cette épidémie,nombre d’indicateurs montraient clairement que, douze ans après la crise de 2007-2008, une nouvelle crise du système capitalisme menaçait,sans qu’on puisse dire alors quel en serait l’élément déclencheur ni le moment précis du début de cette crise.
L’automobile ?Ses capacités mondiales de production étaient déjà largement excédentaires, et les ventes, qui avaient fortement progressé de 2009 à 2018, étaient en baisse depuis 2018. Pour la seule année 2018,les ventes avaient reculé de 0,8% dont 3.5% pour le Chine;
Le transport maritime ?Dès août 2018, les entreprises de transport avaient commencé de réduire leurs capacités sur la plupart des voies commerciales. Puis la baisse s’est accélérée à partir de la mi-janvier 2020 ;
Le transport aérien ?La hausse croissante de ce mode de transport avaient conduit les compagnies aériennes à une avalanche de commandes auxquelles les fabricants d’avions n’arrivaient que péniblement à faire face ;
Mais en même temps, ce mode de transport ultra-concurrentiel à l’échelle internationale ne laissait aux compagnies qu’une faible marge de profit, les poussant à faire des économies de personnels. Ainsi, le 27 février, la direction de KLM présente un plan de réduction des effectifs de 1770 postes sur trois ans, plan préparé dès avant l’ouverture de la crise. Dès lors, le moindre imprévu majeur s’avère catastrophique, et va se traduire par des faillites et des annulations de commandes.
Le pétrole ? La situation de surproduction mondiale (due notamment aux nouveaux modes d’extraction en Amérique du nord) poussait depuis des années à la baisse des prix. Celle-ci avait été partiellement endiguée depuis trois ans par un accord de cartel passé entre l’OPEP et la Russie pour réduire la production. La baisse plus forte de la demande, début 2020, a fait – pour un temps au moins – voler en éclats cet accord. « L’endettement bon marché a créé des bulles complètement folles »
La situation est analogue en ce qui concerne la Bourse et différents secteurs tels l’immobilier. Le formidable krach actuel est provoqué par l’épidémie, mais cela fait des mois (voire des années) que nombre d’économistes s’inquiétaient de la formation de bulles spéculatives, et en avaient identifié la cause majeure.
L’un des fondateurs de la société de gestion et d’investissement Tikehau Capital a beau jeu de rappeler (Les Échos du 20 mars 2020) : « Cela fait au moins deux ans que nous alertons sur l’existence d’une bulle tout à fait inhabituelle. À la suite des interventions des banques centrales après 2008, le levier a augmenté partout dans la sphère financière, que ce soit dans le coté ou dans le non coté. Cet endettement bon marché a fait s’envoler le prix des actifs et créé des bulles complètement folles. Il y aura des ajustements, que ce soit dans l’immobilier, le capital-investissement, la dette et même le marché de l’art… ». L’ennui pour ce financier (qui gère « seulement » 23,8 milliards d’actifs quand certains fonds en gèrent plus 500 milliards…), c’est que ce qui se prépare, ce ne sont pas seulement des « ajustements », mais un effondrement.
C’est cette montagne de dettes, déjà considérable en 2008 et qui n’a fait que croître depuis, qui constitue aujourd’hui une menace majeure : la brutale incapacité des entreprises à rembourser leurs emprunts met en difficulté les banques et fissure, par des mécanismes divers, l’ensemble du système financier.
C’est ce qui conduit les Banques centrales et les gouvernements à utiliser les mêmes instruments qu’en 2008, à une échelle plus importante encore. Mais ces dettes gigantesques, cet Himalaya de capital fictif, ce n’est pas un coronavirus qui les a créées …
Une crise prévisible… et prévue
Le 29 novembre 2018, Capital publiait un article : «La prochaine crise pourrait être un véritable tsunami, selon l’économiste Georges Nurdin, consultant et écrivain».
Sur le caractère prévisible de cette crise, et prévue par divers économistes, on peut relire aussi les articles publiés par L’insurgé d’octobre-novembre 2019, le premier étant titré : « L’économie mondiale au point de bascule ». L’épidémie de Covid-19 intervient dans une situation déjà instable : elle fait basculer la situation, puis accélère le développement de la crise.
L'économiste Jean-Luc Ginder confirme cette analyse : «La crise financière et économique était annoncée. La crise sanitaire causée par le coronavirus n’en est pas la cause mais l’accélérateur».
Car au-delà des secteurs particuliers ci-dessus évoqués, il faut rappeler que – pour une part majeure - la crise de 2007-2008 avait été surmontée par le recours à des taux d’intérêts quasi nuls (voire négatifs) pratiqués par les banques centrales qui avaient inondé la planète de liquidités, permettant aux États, aux entreprises et aux particuliers d’accroître leur endettement. À cela s’étaient ajoutées des mesures exceptionnelles, les banques centrales prenant en pension, massivement, titres d’états et obligations d’entreprises. Dans le cas de la Banque centrale européenne (BCE), les rachats d’actifs étaient encore, peu avant la crise, de 20 milliards d’euros mensuels.
Ces mesures, appliquées des années durant, ont permis de prolonger la phase de croissance et de maintenir en vie des « entreprises zombies ». C’est cet extraordinaire château de cartes qui menace de s’effondrer.
En quelques semaines, nombre d’entreprises ne peuvent plus rembourser leurs dettes, mettant les banques en difficulté. Le marché des titres à très court terme émis par les entreprises commence à vaciller.
Le marché des obligations d’État est lui aussi menacé, les états risquent de ne plus pouvoir refinancer leurs dettes… Jusqu’à la première semaine de mars, les États pouvaient encore emprunter à des taux dérisoires. Refinancer leurs dettes monstrueuses sans problème. Mais très vite, à la mi-mars, la situation dérape : pour les obligations à 10 ans, l’Allemagne reste à taux négatif, mais la France passe d’un taux négatif à un taux positif (quasi + 0,5% le 13 mars). Le taux italien passe de 1% à 2,5%.
Il ne s’agit plus donc seulement d’un choc sur le système productif provoqué par une épidémie.Ce sont notamment les dettes accumulées antérieurement qui peuvent transformer le choc en une grande récession. Il s’agit désormais d’une crise générale du capitalisme et de son système financier.
Mars 2020 : mesures chocs et tirs de bazooka Très vite, des mesures massives sont décidées par les banques centrales et par les gouvernements :
Mardi 3 mars, la Réserve fédérale américaine (FED) annonce par surprise une baisse de ses taux directeurs, désormais situés entre 1 et 1,25%. L’impact est limité. Une semaine plus tard, l’Allemagne annonce que 550 milliards d’euros de prêts bancaires aux entreprises seront garantis par l’État ;
Dimanche 15 mars, la FED baisse ses taux à 0% et annonce de nouveaux achats de titres ;
Lundi 16 mars, en France, nouvelle salve de mesures faisant suite à celles annoncées le 12 mars. Une enveloppe de 300 milliards d’euros permettra de garantir tous les nouveaux prêts sollicités par les entreprises auprès des banques ;
Le mercredi 18 mars, la BCE frappe un grand coup : un programme d’urgence de 750 milliards d’euros pour acheter des obligations publiques et privées afin de calmer les marchés obligataires et éviter notamment que les emprunts des États ne deviennent prohibitifs. Dès le lendemain, elle achète de la dette d’État à pleines brassées. Ce même jour, l’État français peut donc lever 7,5 milliards à moyen terme sans trop de mal ;
Le vendredi 20 mars, le taux pour l’obligataire Français à 10 ans retombe en partie (+ 0,24%), et pour l’italien à 1,74 : les marchés sont donc rassurés, partiellement. Mais le risque d’une envolée des taux demeure élevé : d’ores et déjà, on prévoit pour la zone euro 350 milliards d’euros d’émissions publiques en 2020, en plus des emprunts prévus avant la crise.
Des circonstances extraordinaires exigent une action extraordinaire Cette déclaration de Christine Lagarde, la présidente de la BCE, le jeudi 19, vaut pour l’ensemble de banques centrales. Toutes baissent leurs taux d’intérêt. Pour les banques des puissances dominantes, le taux à 0% devient la règle.
Le recours au « quantitative easing » (QE, ou assouplissement quantitatif) mis en oeuvre depuis 2008 par la FED, la BCE et la Banque du Japon repart de plus belle : cela consiste à émettre du papier monnaie pour racheter des titre de dette, ce qui revient à financer sans limite la dette privée et publique.
Ce PEPP (programme d’achat urgence pandémique) lancé par la BCE représente 6% du PIB de la zone euro et monte à 1100 milliards d’euros le total des achats de dette prévus cette année. Au Royaume-Uni, la BoE renforce de 200 milliards ses achats de titres, etc.
Pour la FED, ce sera sans limites. Le 23 mars, elle annonce qu’elle achètera des titres « dans les quantités nécessaires » alors qu’elle avait déjà annoncé une relance de QE à hauteur de 700 milliards de dollars (500 milliards de titres du Trésor et au moins 200 milliards de titres adossés à des créances hypothécaires…). À cela vont s’ajouter d’autres mesures à hauteur de 300 milliards, en particulier l’achat sur le marché secondaire d’obligations émises par de grandes entreprises. Des mesures concernent aussi les marchés des prêts aux étudiants et des crédits à la consommation.
Le qualificatif d’« extraordinaire » s’applique aussi à l’intervention des États. Finies, les politiques cherchant à contenir l’endettement ! C’est déficit à tout va : non seulement les États garantissent à hauteur exceptionnelle les emprunts bancaires des entreprises, mais ils augmentent les dépenses publiques alors même que les ressources fiscales vont s’effondrer.
Ainsi, le 25 mars, le Sénat américain annone un accord entre Républicains et Démocrates, et avec le gouvernement, pour un plan « historique » de soutien à l’économie à hauteur de 2000 milliards. Ce plan prévoit des aides directes aux Américains et des prêts aux entreprises, en particulier du secteur aérien.
Bis repetita ? En fait, ce ne sont pas seulement les remèdes déjà utilisés en 2008 qui sont mis en oeuvre. D’emblée, les premières décisions vont bien au-delà des doses utilisées en 2008.
Qu’on en juge :
Les garanties d’emprunts données par l’État ? En Allemagne (réputée pour sa prudence) cette garantie équivaut à 16% du PIB. C’est énorme. Certes, ce n’est pas à proprement parler une « dépense » qui doit être budgétée car les emprunts garantis doivent être remboursés. Mais qui peut croire qu’ils seront tous remboursés, et dans quelle part ?
Le plus vraisemblable, c’est qu’une grande partie (voire la totalité) ne sera jamais remboursée.
L’envolée du déficit budgétaire ? Selon la banque UBS, les mesures budgétaires adoptées dans le monde représentent déjà 2% du PIB mondial, qui s’ajoutent aux déficits prévus avant la crise : un montant supérieur aux mesures adoptées en 2009, l’année la plus difficile pour l’économie lors de la précédente crise. Le seul plan américain équivaut à 10% du PIB du pays, sans comparaison avec le plan décidé en 2008 par Obama, à hauteur de 400 milliards.
Les mesures de « quantitative easing » ? Elles passent outre les limites que la BCE s’était fixée à elle-même, par exemple ne pas détenir plus de 33% de la dette d’un État, limite qui était déjà atteinte pour plusieurs d’entre eux.
Ce faisant, on entre dans des territoires inconnus : rien ne garantit que les brèches qui s’ouvrent dans le système financier seront colmatées. D’autant que les principaux leviers disponibles pour limiter la crise ont déjà été utilisés à l’excès, ce qui les rend moins efficaces.
Ainsi, avant même l’ouverture de la crise, les taux directeurs des banques centrales étaient très bas, une constante depuis 2008 : ce qui limite les possibilités de baisses supplémentaires. De ce fait, les deux baisses de taux décidées par la FED (3 mars et 15 mars) n’ont pas suffi pour arrêter la panique boursière.
Quant à la Banque Centrale européenne, son principal taux directeur (le taux de dépôt) était déjà négatif, à moins 0,5%.
Sans parler des défaillances d’États : avant même l’ouverture de la crise, l’Argentine est contrainte une fois encore de restructurer sa dette monumentale. Au FMI, elle demande de pouvoir rééchelonner le remboursement de 44 milliards de dollars. Et, le 9 mars, c’est le Liban – écrasé par une dette publique équivalente à 170% de son PIB - qui se déclare incapable de rembourser une échéance de 1,2 milliards de dollars. D’autres pays suivront.
Vers une baisse massive des investissements Dans cette situation, mêmes les entreprises qui pourront tenir le choc – avec ou sans l’aide des États – vont réduire leurs investissements, voire les arrêter complètement. Ce qui va aggraver la crise économique. Mais le propre du capitalisme, c’est que chaque capitaliste fait comme bon lui semble pour ses profits. L’industrie pétrolière est ainsi l’une des premières à annoncer des réductions d’investissements, de l’ordre de 20%, soient 100 milliards de dollars (250 milliards de dollars en 2020 et 2021 dans l'exploration-production) à l’échelle mondiale selon des estimations faites en mars.
Par contre, les plans de soutien gigantesques vont permettre de sauver des entreprises qui étaient, dès avant la crise, au bord de la faillite.
Ainsi Boeing : son nouveau modèle, le 737 MAX est cloué au sol depuis un an, et cet avion a été qualifié, le vendredi 6 mars, par la commission des transports du Congrès américain, d’avion « fondamentalement défectueux et dangereux ». En janvier 2020, sa production est à l’arrêt. Pour Boeing, c’est une catastrophe.
Puis, le 25 mars, c’est la production des avions long-courriers qui est suspendue pendant 14 jours. Aussitôt, Boeing appelle l’État américain à son secours… Et obtient satisfaction : on lui garantirait ses emprunts à hauteur de 60 milliards. À cela s’ajoute une aide directe de 17 milliards. Avant même que la décision soit officielle, l’action de Boeing rebondit en Bourse.
En Italie, Alitalia était en quasi faillite, aucun repreneur n’en voulait… La crise du transport aérien l’achève, et la sauve : le 17 mars, le gouvernement italien annonce qu’il va prendre le contrôle de ce fleuron italien du transport aérien. 500 millions d’euros pourraient être injectés.
« Helicopter money » et crise monétaire Aussi importants soient les moyens mis en oeuvre par les banques centrales et les gouvernements durant le mois de mars, il est certain qu’ils ne suffiront pas à entraver la crise qui se développe par paliers. Dans les pays dominés (dits « en voie de développement »), le recours au confinement n’est même pas envisageable pour des raisons financières, et c’est une catastrophe sanitaire qui se prépare. Au Bénin, le Président vient de renoncer au confinement : « Si nous prenons des mesures qui affament tout le monde, elles finiront très vite par être bravées et bafouées. ».
Dans les pays dominants, aussi puissants soient-ils, la crise sanitaire et sociale est encore en plein développement : aux États-Unis mêmes, le système de santé n’est pas préparé à un tel choc, et déjà les travailleurs mis en chômage se comptent par millions (3,3 millions de travailleurs ont fait une première demande d’allocations-chômage entre le 14 et le 21 mars[2])... et laFrance entre en récession le 6 avril après le recul de 6% du PIB au premier trimestre.
Dans cette situation, les banques centrales, y compris la BCE, vont devoir multiplier les mesures « non orthodoxes » : acheter des actifs financiers risqués, et recourir à l’arrosage financier direct, sans contrepartie, pour soutenir l’investissement et la consommation en chute libre. C’est ce que l’on appelle, métaphoriquement, l’ « helicopter money». Et si la BCE n’a pas le droit, théoriquement, de s’engager dans cette politique, elle pourrait contourner l’interdiction : ce serait les gouvernements qui mettraient eux-mêmes en oeuvre ce soutien financier direct, et émettraient pour cela des titres du Trésor… que la BCE achèterait.
En outre, aux Etats-Unis, l’argent distribué par cette mesure spectaculaire pourrait mettre jusqu’à quatre mois pour tomber du ciel : L’«helicopter money arrivera en retard». La preuve que les appellations choc ne tiennent pas toujours leurs promesses !
Mais le risque d’une telle politique, ce n’est pas seulement la formation de nouvelles bulles, cela pourrait être une crise monétaire majeure, une fuite générale devant la monnaie. Ce serait un véritable cataclysme !
Les travailleurs devront payer
- Les travailleurs paient dés à présent : c’est la seule certitude pour les capitalistes. Dès aujourd’hui au prix de leur santé, car les entreprises qui ont des clients s’opposent à ce que les salariés exercent leur droit de retrait avec le soutien du gouvernement(C’est surtout quand la fuite des clients les contraint à fermer – comme dans l’automobile - qu’elles disent se soucier de la santé des salariés.)
- Et ils devront payer demain,que la crise sanitaire soit ou non surmontée :
Déjà, la loi que vient de faire voter Macron[1] en donne un avant-goût, puisqu’elle prévoit notamment de réduire les droits concernant les congés et d’augmenter le nombre d’heures supplémentaires ;
Dans un entretien au JDD, le numéro 2 des Républicains préconise de supprimer jusqu'à 5 jours de RTT pour financer la santé et l'agriculture. Il propose en contrepartie d'augmenter les salaires en permettant par exemple "aux entreprises d’accorder jusqu’à 5000 euros de prime totalement défiscalisée et désocialisée"....
et nous n'en sommes qu'au début !
Cela laisse présager d’importants combats sociaux. Déjà, alors mêmes qu’ils sont entravés par les mesures de confinement, des travailleurs ont organisé des grèves en Italie et en Espagne. Mais au-delà de ces combats à venir, rarement la nécessité de remettre en cause les fondements du capitalisme n’aura été si grande.
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" Les trois quarts " des restructurations n'ont pas de rapport avec le Covid-19, dénonce Philippe Martinez (CGT)
Face aux suppressions de postes en cascade annoncées ces dernières semaines, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez réclame un engagement des entreprises à ne pas licencier pour prétendre aux prêts accordés par l'Etat[3].
Notes :
[1]22 mars 2020 : l'Assemblée adopte définitivement le projet de loi relatif à l'état d'urgence sanitairequi s'attaque aux congés payés, aux 35h, au repos dominical.... . Les députés insoumis dénoncent les conséquences sociales, et rejoints par la Gauche Démocrate et Républicaine, 3 du Groupe Socialistes et apparentés et 1 Groupe Libertés et Territoires et votent contre. Et Olivier Falorni député de la 1ére circonscription de Charente Maritime? Il ne trouve rien à y redire... et, de concert avec LREM, Les Républicains, Le Mouvement Démocrates et apparentés, l'UDI et Libertés et Territoires et le RN, il vote pour!
Selon Nicolas Framont, sociologue la crise sanitaire inédite que nous traversons actuellement ne fait qu’accentuer des problèmes préexistants.
Originaire de Rochefort-sur-mer en Charente-Maritime et possédant des attaches en Saintonge, le sociologue du travail Nicolas Framont, co-rédacteur en chef de la revue « Frustration », expert en conditions de travail dans les entreprises et conseiller aux affaires sociales du groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale, analyse les premiers effets de la crise sanitaire actuelle. Un point de vue très engagé et clivant.
« Sud Ouest ». Qu’est-ce que cette crise sanitaire nous apprend sur notre société ? Y a-t-il déjà des enseignements à en tirer ? Nicolas Framont : Ce qui me frappe depuis quelques jours, c’est que ça souligne des inégalités sociales très fortes, notamment sur les conditions de protection des uns et des autres par rapport au virus. C’est comme si les inégalités sociales existantes se radicalisaient encore plus. Des gens qui sont diplômés et qui ont de l’argent partent dans des résidences secondaires où ils peuvent travailler à distance, parce qu’ils ont un métier davantage intellectuel que manuel ; du coup, ils se retrouvent beaucoup plus protégés face au virus. Dans les cas extrêmes, quand on est député, on est mieux dépisté et mieux soigné que quand on est ouvrier.
Ça exacerbe les inégalités. Il en existe déjà face à la santé en temps normal, même sans virus ; on meurt plus tôt quand on est ouvrier que quand on est cadre, on est moins bien soigné tendanciellement. Là, vous avez des ouvriers et des employés à qui on demande d’aller travailler, qui risquent leur vie et celle de leurs proches plus que les autres. Comme, par ailleurs, ils ont un moins bon accès à la santé, tout se cumule.
« Sud Ouest ». Est-ce une situation vraiment inédite ou peut-on la comparer à d’autres crises plus ou moins lointaines dans l’histoire ? Nicolas Framont : Cela fait plusieurs générations qu’une situation comme ça ne s’est pas produite. On peut la comparer aux périodes de guerre où les plus beaux, les plus fortunés s’en sortent mieux. Ça me fait penser à la guerre de 14–18 où l’on envoyait les ouvriers continuer à faire tourner la machine, pendant que les autres se mettaient à l’abri.
Quand Macron dit que nous sommes en guerre et que ceux qui vont mener cette guerre sont les ouvriers, mettant en jeu leur santé pour faire tourner la machine, on voit bien qu’il y a une énorme différence entre ceux qui descendent dans les tranchées et ceux qui sont en retrait.
« Sud Ouest ». Est-ce que les réseaux sociaux et la vitesse de circulation de l’information changent quelque chose par rapport à des crises plus anciennes ? Nicolas Framont : Ça permet de subir un peu moins. Beaucoup de gens sont plus organisés, ils ont pu échanger des témoignages, par exemple pour obtenir un droit de retrait. Ce qui reste de démocratie et d’endroit où l’on peut discuter collectivement, ce sont les réseaux sociaux. C’est une grande chance. Sans ça, on serait vraiment isolés les uns des autres. Ils permettent encore d’exprimer un avis critique.
« Sud Ouest ».Nous sommes confinés mais pas isolés ? Nicolas Framont : Malheureusement, avec les inégalités sociales, il existe encore plusieurs centaines de milliers, voire des millions de personnes qui n’ont pas accès à Internet en France. Elles vont se retrouver complètement isolées. Ça peut être des personnes âgées, des personnes pauvres qui sont exclues de cet espace d’échange. C’est donc un atout pour la plupart des gens, mais pas pour tous.
« Sud Ouest ».Quels sujets d’étude pourraient vous inspirer avec ce qui se passe actuellement ? Nicolas Framont : Sur la question du travail, ça interroge beaucoup sur ce qu’est un métier essentiel ou pas : quand il faut tout arrêter, qu’est-ce qu’il est important de poursuivre et qu’est-ce qu’il faut stopper ?
Ça interroge notre production mais aussi nos besoins : qu’est-ce qu’il est important de continuer de consommer, qu’est-ce qu’un bien de première nécessité ? Ces questions interrogent beaucoup notre système économique, de production et de consommation. On voit Amazon continuer de tourner, mais est-ce qu’Amazon est essentiel ? C’est une question d’interprétation.
« Sud Ouest ».De quels aspects de la crise pouvez-vous vous emparer dans votre travail ? Nicolas Framont : Les conséquences de la crise sur les inégalités sociales et sur le travail sont nombreuses. C’est déjà quelque chose sur lequel je me penche. Une chose m’a particulièrement interpellé, c’est que le premier tour des élections municipales s’est quand même déroulé. Quelle est sa valeur ? On s’est retrouvé, dimanche soir, avec des résultats commentés alors qu’il y avait 70 % d’abstention dans certaines villes. Donc quel est le sens d’une démocratie où l’on ne respecte pas les circonstances du vote ?
Cette épidémie arrive après les gilets jaunes, après de grandes grèves. Il y a une remise en cause de notre système politique et de notre modèle économique. Cette épidémie, c’est un peu la cerise sur le gâteau. Elle crée des problèmes nouveaux. Mais tous les problèmes et toutes les questions qu’elle soulève, on en avait déjà parlé avant ! La situation des hôpitaux, ça fait deux ans qu’on en parle et qu’il y a des manifestations. Les inégalités sociales, on en parle évidemment depuis longtemps. La question de la classe politique et de l’état de notre démocratie, c’est aussi un sujet. Ce n’est pas tant une question de rupture qu’une exacerbation des problèmes qu’on avait déjà.
« Sud Ouest ».Est-ce que nous sortirons de cette crise différents de ce que nous étions avant ? Faut-il en attendre des changements ? Nicolas Framont : Il faut réclamer des changements, mais ça va dépendre du bon vouloir des citoyens. Je ne suis pas sûr que la crise sanitaire produise naturellement des changements. Ce qu’est en train de faire le gouvernement, c’est d’essayer de préserver à peu près notre économie telle qu’elle était et non pas de changer les choses, de changer de paradigme. Là, on ne se dirige pas vers un changement, mais vers la préservation de l’existant.
À titre personnel, j’aimerais bien qu’on profite de ça pour changer un système qui ne contentait finalement personne, qui créait des besoins inutiles alors qu’il ne permettait pas d’assouvir les besoins essentiels. Mais je suis incapable de dire si ça va se produire. Ça peut même être un retour en arrière. Il y a plein de possibilités qui pourraient être mauvaises sur le plan démocratique. On va certainement affronter une grande crise économique et financière à la sortie, parce que notre économie est fondée sur la croissance perpétuelle et qu’on ne peut pas gérer la récession ; on va donc avoir d’énormes problèmes.
La question est : est-ce qu’on va en profiter pour changer cet état de fait ?
En janvier, une étude avait montré qu’une majorité des Français étaient prêts à changer le système économique[1]. J’imagine qu’après cette crise, ce désir sera encore plus fort. Profitons-en.
Nous sommes confinés mais pas isolés, et la lutte est, aujourd'hui, le seul outil à notre disposition Pour pouvoir manifester malgré le confinement, ci-dessous un modèle d'attestation dérogatoire
Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.
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