Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 08:08
Analyse : les mutations du paysage politique en France

Sources :  A l'encontre par François Sabado du NPA le 31 - mai - 2015

On a souvent abordé la situation française comme une « exception », en Europe. On parle de l’exception française, en faisant référence à une histoire encore marquée par la Révolution française de 1789.

 

Cela recouvrait, en fait : un certain type d’acquis sociaux, un puissant service public, un Etat fort, un mouvement ouvrier important et dynamique, un haut niveau des luttes de classes, des droits sociaux et des libertés démocratiques et laïques arrachées par des mobilisations populaires historiques.

 

Si l’Etat fort s’est maintenu, toutes les conquêtes sociales ont été remises en cause dans les dernières années.

 

La longue durée de la contre-réforme libérale depuis la moitié des années 1980, en France, son accélération avec la crise ouverte en 2008, la politique d’austérité et l’œuvre de démolition sociale entreprise par le gouvernement socialiste de Hollande ont déconstruit et démantelé ce qui a constitué cette exception française. Il ne s’agit pas d’un effondrement, mais d’une déconstruction, d’un démantèlement progressif.

 

 

- Des bouleversements socio-économiques

Les politiques d’austérité menées ces dernières années ne sont pas les énièmes politiques d’austérité, elles ont une tout autre ampleur. Elles visent un double objectif : Le premier, consiste à liquider ce qui reste du « modèle social français » qui est considéré par les classes dominantes comme un des principaux obstacles dans la concurrence capitaliste mondiale. Le deuxième, c’est de réorganiser la société, en passant de « l’économie généralisée de marché à la société de marché », privatisant, dérégulant et précarisant la vie économique comme sociale. D’où, le caractère central des « réformes du marché du travail » avec une déréglementation des relations sociales, une déconstruction du Code du travail qui affaiblissent les positions des salarié·e·s et renforcent celles du patronat. Ces politiques s’accompagnent aussi d’un chômage massif – en réalité, près de 20% de la population active –, d’une baisse du pouvoir d’achat avec le blocage des salaires et des retraites et d’une augmentation substantielle des impôts. La précarité a explosé.

 

Les politiques de réduction des budgets sociaux, des dotations des collectivités territoriales, du système de santé, de l’école publique, aggravent les conditions de vie des classes populaires. Les politiques d’aides et de cadeaux au patronat se sont traduits par un transfert de richesses de plusieurs dizaines de milliards qui sont allés des ménages vers les profits capitalistes. Certes, les conséquences de la crise ne sont pas aussi fortes qu’en Grèce, au Portugal ou en Espagne. La France reste la sixième puissance mondiale, il lui reste des positions importantes sur le marché mondial, elle a pu faire fonctionner une série d’amortisseurs sociaux face à la crise, mais les effets des politiques d’austérité sont dévastateurs. La reprise économique que connaissent l’Europe et le pays ne se traduit pas en emploi et en pouvoir d’achat. Il y a un appauvrissement des classes populaires, voire des processus de décomposition sociale dans certaines banlieues ou quartiers. Aux politiques d’austérité s’ajoutent des dérives autoritaires ; au nom de la politique antiterroriste, on remet en cause des droits démocratiques fondamentaux. On n’avait pas vu, en France, une telle situation où la gauche est liberticide, depuis la guerre d’Algérie.

 

Mais à la crise économique et sociale, s’ajoute une crise politique, justement parce que c’est la gauche (PS) qui fait cette politique, qui s’est attaquée aux travailleurs, qui a perdu toute une partie de sa base sociale et donc qui ne peut s’appuyer pour diriger que sur une assiette sociale et politique fort rétrécie.

 

 

- La transformation bourgeoise du Parti socialiste

En 2012, les socialistes occupaient tous les pouvoirs institutionnels : Présidence de la République, majorité à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les principales villes, dans les départements et dans quasiment toutes les régions. Aujourd’hui, ils les ont perdus ou vont les perdre. Aux dernières élections départementales où l’abstention a été de près de 50%, le PS n’est plus que le 3e parti avec 21 %, derrière le Front National avec 25% et la droite conservatrice avec 29%. Ils sont passés de 280’000 adhérents en 2006 à 130’000 adhérents en décembre 2014. Seulement 70’000 « militant·e·s » ont voté pour le prochain congrès. Mais le PS français ne connaît pas de « Pasokisation. Il compte encore plus de 20 % des suffrages. Il n’y a pas d’effondrement. La France n’est pas la Grèce. Cela renvoie aux différences de niveau de la crise dans les deux pays. Mais il y a un affaiblissement considérable du PS et surtout un changement de la nature profonde de ce parti. Il y a, ce qu’on pourrait appeler une accélération dans la transformation bourgeoise de la social-démocratie. Un processus qui vient de loin, mais qui s’accélère. Cette transformation s’est traduite par une intégration sans précédent des appareils de la social-démocratie dans les sommets de l’État et de l’économie globalisée. Les partis socialistes sont devenus « de moins en moins ouvrier et de plus en plus bourgeois ». La brutalité des politiques néolibérales endossées par la social-démocratie sape ses bases sociales et politiques.

 

Certains théoriciens du PS en France – les animateurs du « Think tank » Terra Nova – en ont conclu qu’il fallait changer les cibles sociales de la social-démocratie. Les ouvriers, les employés et les techniciens, devaient être remplacés par les cadres, les professions libérales et les couches supérieures du salariat. Bref, il fallait « changer de peuple ». La composition des organes de direction s’est, aussi, modifiée : les enseignants, les bureaucrates syndicaux, les avocats, (« les bistrotiers », ajoutait à l’époque Trotski), ont laissé place aux énarques [sortis de l’Ecole nationale d’administration], technocrates et financiers. Au point que les partis socialistes connaissent une espèce de dévitalisation, une rupture avec des pans entiers de leur histoire. Les adhérents sont remplacés par des professionnels de la politique : élus et assistants d’élus. Les politiques de l’Union européenne (UE) ont aggravé cette mutation qualitative. Sous des formes différentes, les partis socialistes se transforment en partis bourgeois. Deviennent-ils pour autant des partis bourgeois comme les autres ? Pas tout à fait, le fonctionnement de l’alternance exige des PS qu’ils marquent leur différence avec les autres partis bourgeois. Ils restent liés, par leur origine historique, au mouvement ouvrier, mais ce ne sont plus que des traces qui s’effacent dans la mémoire des militant·e·s. Cela crée néanmoins des contradictions et des oppositions au sein de ces partis. Ils peuvent garder un certain rapport au « peuple de gauche », même s’il est de plus en plus distendu. Cette mutation qualitative, si elle allait jusqu’au bout, transformerait ces partis en « partis démocrates à l’américaine ».

 

Cette transformation bourgeoise néolibérale – néolibérale est plus juste que social-libéral, car il n’y a pas grand-chose de social dans cette évolution de la social-démocratie – est maintenant cristallisée, mais elle n’est pas suffisante pour les courants les plus à droite des Partis socialistes. En France, par exemple, Manuel Valls [Premier ministre du Président François Hollande] a déclaré plusieurs fois, qu’« il fallait liquider toutes les références sociales- démocrates ». Emmanuel Macron, banquier et ministre des Finances de Hollande, a renchéri en appelant, lui aussi, à l’abandon de « toutes les vieilleries de la gauche ». Ce qu’ils veulent, c’est transformer le processus en cours en tendance achevée, quitte à casser le Parti socialiste. C’est une hypothèse qui, en cas de nouvelle débâcle aux prochaines présidentielles de 2017, peut emporter le PS. Les droites du PS sont, aujourd’hui, à l’offensive mais force est de constater que face aux tenants de la marche forcée vers la transformation néolibérale, les diverses oppositions ne renouent pas avec un réformisme classique et encore moins avec les idées des courants de gauche historiques de la social-démocratie. Les politiques néolibérales ne sont corrigées qu’à la marge. Les dirigeants de l’opposition interne au PS ont voté pour le « Pacte budgétaire européen » (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, signé en mars 2012.) Ils ont voté à l’Assemblée nationale pour l’ANI (Accord sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi) – une déréglementation des relations sociales – et l’allongement de l’âge de la retraite. Les années de contre-réforme néolibérales et les reculs qu’a connus le mouvement ouvrier en Europe sont passés par là. L’horizon de ceux qui au sein des partis socialistes s’opposent aux « trahisons » les plus criantes reste borné par les fondamentaux des politiques néolibérales.

 

 

- La droite et l’extrême droite à l’offensive

Du coup, cette politique conduit à la déroute électorale. A cette étape, la droite et l’extrême droite qui sont en pointe. Il est toujours hasardeux de se lancer sur des pronostics. Mais le plus probable, pour la prochaine élection présidentielle, c’est un deuxième tour à la présidentielle de 2017 entre le candidat de droite et Marine Le Pen. Le candidat socialiste sera éliminé au premier tour. Il ne peut compter que sur les « affaires judiciaires » qui peuvent liquider Sarkozy ou des divisions de la droite, telles, que celle-ci ne pourrait participer au deuxième tour de la présidentielle. Ces divisions sont un vrai problème pour la droite française. Elle bénéficie d’une poussée comme dans presque tous les pays d’Europe, mais, en France, il y a le Front national qui pèse de tout son poids – 25 % – sur la droite traditionnelle et qui la fissure. Il y a ainsi deux grands courants dans la droite. Un courant incarné par Sarkozy qui chasse sur les terres politiques du FN Front national), « pour le contenir et regagner des électeurs ». Il y a d’ailleurs dans une série de régions une réelle porosité entre les électorats de droite et d’extrême droite. Elle reprend ses thématiques racistes, autoritaires. Et un courant de la droite et du centre qui garde ses distances vis-à-vis des thèmes du FN. Les deux courants se situant dans le cadre de l’UE, à la différence du Front National. Jusqu’à maintenant, la droite a contenu la poussée de l’extrême droite, mais jusqu’à quand ?

 

Le Front national occupe déjà, une place centrale dans la vie politique. Avec ses 25 %, il s’est enraciné. Il a aujourd’hui un électorat populaire. Une question reste ouverte, ce sont les conséquences de la crise actuelle au sein de sa direction et de la famille Le Pen, puisqu’aujourd’hui la crise politique globale, touche maintenant, le Front national. Cette crise exprime des intérêts de clans, de cliques, des batailles financières, mais c’est aussi l’expression d’une lutte politique interne. Le Front national n’est pas un parti fasciste comme dans les années trente parce que nous ne sommes pas dans les années trente. L’origine de sa direction est fasciste, ses thèmes nationaux-socialistes reprennent les thématiques classiques de l’extrême droite, la préférence nationale, le racisme anti-immigré et anti-musulman sont au centre de sa politique. Ce n’est pas un parti fasciste, mais n’est pas un parti bourgeois comme les autres. Avec 25 %, il est confronté au problème du pouvoir. Et il y a visiblement un débat violent : il y a le vieux Jean-Marie Le Pen, pour qui l’accès au pouvoir est lié à l’effondrement du système et son remplacement par le mouvement nationaliste. Et il y a une autre stratégie, majoritaire dans le FN, actuellement, autour de Marine Le Pen qui vise à conquérir des positions dans le système pour diviser et exploser la droite traditionnelle afin d’en subordonner une partie importante. Mais ce n’est pas, comme en Italie, un projet à la Gianfranco Fini. Ce dernier, issu du Mouvement social italien, puis créateur de l’Alliance nationale en 1995), a rejoint en 2009 la formation de Berlusconi, Le Peuple de la liberté, avant de s’en séparer en 2010. Il fut ministre des gouvernements Berlusconi II et III.

 

La majorité du FN ne veut pas passer des alliances où elle serait en position subordonnée. Ses dirigeants veulent casser la droite et la remplacer. Du coup, ils sont dans une impasse, car en ne passant pas d’alliances ils ne peuvent franchir un certain seuil, sauf si la crise s’aggrave et que la droite traditionnelle explose. Pour le moment la droite contient cette pression, mais jusqu’à quand ?

 

Le plus préoccupant, au-delà des phénomènes électoraux, est une modification en profondeur de la société française. Tout un système de représentations sociales, culturelles, idéologiques est en train d’exploser. L’individualisme forcené, le rejet des solidarités, le racisme, l’islamophobie, l‘antisémitisme, la guerre des pauvres contre les pauvres avec une dénonciation hystérique de « l’assistanat ». Il y a quelques années, le PCF avait utilisé une formule pour exprimer la montée de phénomènes réactionnaires : « la société vire à droite ». On peut discuter la formule, mais on a un mouvement de ce type qui est la conséquence de la faillite de la gauche. Ainsi, si les manifestations (15 janvier 2015) contre l’attentat qui a frappé « Charlie » (7 janvier) ont suscité une réaction démocratique et humaniste de plusieurs millions de personnes dans les rues du pays. Cela ne s’est pas traduit par une baisse du racisme. Les réactions, favorisées par l’attitude des gouvernements et de l’Union Européenne, face aux migrants en Méditerranée, enregistrées dans les enquêtes d’opinion sont assez terribles. Elles montrent bien le degré « d’inhumanité » atteint dans des secteurs de la population.

 

 

- Des pistes pour une alternative anticapitaliste

« Vous ne voulez plus des classes ni de leur lutte ? Vous aurez les plèbes et les multitudes anomiques. Vous ne voulez plus des peuples ? Vous aurez les meutes et les tribus. Vous ne voulez plus des partis ? Vous aurez le despotisme de l’opinion ! »

Daniel Bensaïd, Éloge de la politique profane

 

Et dans ce cadre quelle est la situation du mouvement ouvrier : une dégradation du rapport de forces. Les courbes de la lutte de classes sont déclinantes. Nous sommes, aujourd’hui, en France, à un des points les plus bas depuis les années 1960. Les effectifs des organisations syndicales et des partis de gauche – toutes tendances confondues – reculent. La CGT (Confédération générale du travail), première organisation syndicale du pays, a connu une énorme crise de direction autour de problèmes de corruption. Pourtant les résistances sociales existent : luttes sur les salaires, sur l’emploi, manifestations d’enseignants, de soignants, des mobilisations écologistes. Toutefois, jusqu’à ce jour, elles n’ont pu bloquer les contre-réformes néolibérales et les attaques patronales. Pourtant, quand tous les verrous politiques et institutionnels sont bloqués, il peut y avoir des explosions sociales, mais comme l’indique la citation de Daniel Bensaïd, le problème, c’est le sens de ces explosions. La lutte de classes continue. Elle est aujourd’hui surtout menée par le patronat. Elle donne lieu à des résistances élémentaires, elle peut donner lieu à de brutales irruptions sociales. Le problème, c’est la traduction politique, en termes de conscience et d’organisation. Et là, il y a un vrai problème, dans la situation actuelle, en France.

 

Différence avec la Grèce et l’Espagne. Il n’y a pas de Syriza ou de Podemos en France, avec bien entendu les différences politiques et historiques entre les deux formations. Depuis 1995, il y a eu trois expériences politico-électorales et j’insiste sur la forme électorale de ces expériences. En 1995 avec Arlette Laguiller et Lutte Ouvrière ; en 2002 et 2007 avec la LCR – puis le NPA – et Olivier Besancenot ; et en 2010-2012, avec le Front de gauche et Jean Luc Mélenchon, qui ont obtenu en 2012 plus de 4, 5 millions de voix. Trois expériences qui ont montré les potentialités de réorganisation politique à la gauche de la gauche, mais aussi leurs limites et leur échec. Cela explique aussi l’espace laissé libre pour le Front National.

 

La gauche radicale est morcelée, en retrait, divisée sur ses rapports au PS. Le PCF s’est relancé avec le Front de gauche, mais il continue à décliner. Il compte moins de 40’000 membres. Il n’arrive surtout pas à rompre avec la direction du PS. Il refuse, certes de suivre le néolibéralisme de François Hollande et Valls, mais il est tout disposé à relancer une « union de la gauche » avec les Verts ou les opposants internes au PS, qui ont voté les principales contre-réformes du gouvernement. Mélenchon occupe une position plus à gauche, plus délimitée, que le Parti socialiste. Mais certaines de ses positions sont dominées par un nationalisme anti-allemand ou des sympathies pour Poutine dans le conflit ukrainien, ce qui complique les conditions pour discuter d’une alternative politique. Comment reconstruire une alternative sociale et politique anticapitaliste ? C’est la difficulté que nous avons, en essayant d’éviter les écueils sectaires ou les adaptations aux forces réformistes de gauche dominantes. Nous tentons d’y répondre :

 

  • par la construction de luttes ou de mobilisations sociales, en essayant d’obtenir des victoires partielles sur des questions sociales, en particulier sur les questions salariales, où il y a eu dans la dernière période, une série de luttes. Le terrain de la lutte démocratique contre tous les racismes comme le combat contre le FN – en particulier contre les effets de ses politiques discriminatoires dans les villes qu’il contrôle – doit être investi par les militant·e·s. En se saisissant de toutes les nouvelles configurations des mouvements sociaux : espaces urbains et pas seulement les usines, places, occupations. Dans les années quatre-vingt-dix, Daniel Bensaïd, mettait en garde contre « l’illusion sociale » et la sous-estimation des questions politiques. Aujourd’hui, tout en nous saisissant de tous les points d’appui politiques et institutionnels, il faut, plutôt se garder des « illusions politico-électorales », et rappeler que tout processus de transformation radicale doit s’appuyer sur l’auto-émancipation des travailleurs, leur auto-organisation, sur l’action directe ;
  • par une politique unitaire dans les luttes comme dans l’action politique pour rassembler toutes les forces qui rompent avec le PS. Ce n’est pas une coquetterie. Dans une situation de confusion, de rejet du PS, il faut, en même temps avancer un programme d’urgence anti-austérité à dynamique anticapitaliste et une démarcation nette vis-à-vis du PS, même si c’est difficile.
  • Nous n’avons pas d’expérience de type Syriza ou Podemos – même si, nous le soulignons, ces deux phénomènes ne sont pas identiques –, mais il y a une idée forte, c’est la nécessite de reconstruire un mouvement social et politique, neuf, extérieur aux vieilles organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, une nouvelle représentation politique. Cela passe par une série d’action et de débats unitaires auxquelles nous ne sommes pas toujours préparés ou qui sont refusés par les sectaires.

 

 

- Eléments de conclusion…

La conjonction de la longue durée de la contre-réforme néolibérale commencée à la fin des années 1970 – approfondie avec la crise de 2008 —, les destructions du stalinisme, les effets du « bilan du siècle » pour le mouvement ouvrier, toutes tendances réunies, la réorganisation très partielle d’un nouveau mouvement, ses différenciations, ses fragmentations, tout cela concourt à la fin du mouvement ouvrier historique. Cela est lié à la fin d’un type de capitalisme qui a modelé ce mouvement ouvrier durant des décennies, d’une certaine manière à la fin d’une époque… Pas à la fin de la lutte de classes, qui continue, mais qui produira de nouvelles expressions, de nouvelles organisations, avec le croisement de segments de l’ancien et du nouveau.

 

Il faut donc participer à la reconstruction, dans une conjoncture de dégradation des rapports de forces, mais surtout dans une période historique transitoire, instable, dans une situation du « déjà plus » – le capitalisme d’après-guerre, le mouvement ouvrier du siècle dernier — et du « pas encore », des luttes sociales et politiques d’ampleur qui produisent de la politique mais surtout de nouvelles expériences de construction de mouvements sociaux et politiques.

Partager cet article
Repost0
17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 08:10
Photo : assemblée représentative du M6R le 6 juin 2015

Photo : assemblée représentative du M6R le 6 juin 2015

Je publie ici en guise de tout premier billet un appel à rejoindre le m6r et à participer ainsi à une expérience inédite de démocratie.

En effet, après lecture de nombreux billets et commentaires appelant à la constitution de mouvements citoyens type Podémos et Siryza, il me semble que le Mouvement 6ème République est une réponse tout à fait pertinente à cette aspiration commune. Je reprends ici - modifié - le texte que l'ai publié en commentaire sur un autre post pour lui donner si possible plus de visibilité.

 

Source : Le blog de Grégoire Feybesse|1] le 08 Juin 2015

Le m6r a été crée en 2014 par Jean-Luc Mélenchon, par le biais d'un appel très sobre à rejoindre le mouvement pour entamer le processus devant mener à la convocation d'une assemblée constituante. L'idée de départ est simple : le manque de démocratie de la 5ème république est un constat déjà très largement partagé, alors pourquoi ne pas s'appuyer sur ce celui-ci pour susciter un élan constructif et contribuer à donner au peuple le sentiment de sa propre puissance, aider à créer les conditions de sa prise de pouvoir ?

 

 

- Des exemples simples de réformes institutionnelles nécessaires selon le m6r permettent de donner corps à cette vision et d'en souligner le potentiel révolutionnaire :

  • droit de révoquer les élus.
  • non cumul des mandats.
  • parité dans les assemblées.
  • référendum d'initiative populaire permettant de donner au peuple le pouvoir de créer ou d'abroger des lois (et un référendum non soumis à validation de l’exécutif, contrairement à l'arnaque mise en place sous Sarkozy).

 

Depuis, le m6r a grandi (presque 87 000 signataires), et surtout, il s'autonomise à bon train. Lors de la première assemblée représentative du mouvement (le 6 juin dernier), Jean-Luc Mélenchon a symboliquement annoncé sa mise en retrait du mouvement et ainsi remis les clefs aux signataires. Chose inédite dans le paysage politique français, c'est ce qui s'est passé ! Les membres de l'assemblée ne se sont pas fait priés pour réclamer l'installation d'une démocratie à l'intérieur du mouvement plus avancée que n'importe où ailleurs.

 

 

- Petit aperçu, pêle-mêle de ce qui a été affirmé par cette première assemblée[2] :

  • révocabilité des élu-e-s (y compris en interne au m6r).

  • non cumul des mandats (idem).

  • parité de l'assemblée représentative du m6r.

  • horizontalité du mouvement et organisation décentralisée (du local vers le national).

  • auto-dissolution de l'assemblée représentative, en faveur d'une nouvelle assemblée élue suivant des principes plus démocratique (élection et tirage au sort) et sans cooptation.

  • référendum d'initiative populaire à l'échelle du mouvement.

  • indépendance proclamée vis à vis des partis politiques et des intérêts financiers.

  • affirmation des valeurs dont le mouvement est porteur : "Pour une République sociale, démocratique, laïque, féministe, écologique et émancipatrice".

  • diffusion en streaming et archivage de l'ensemble des travaux de la première assemblée représentative, la plaçant ainsi sous le contrôle des signataires de l'appel du m6r.

 

Parmi d'autres, dont un fonctionnement déjà transparent du point de vue financier (financement par dons des citoyens, comptes publiés). Alors certes, ce mouvement n'est pas encore parfait, et il y a de nombreuses zones d'ombre à éclaircir, mais dans quel parti politique, gauche et droite confondus, une telle démocratie existe-t-elle ? D'après d'anciens camarades de ce mouvement, même pas chez Nouvelle Donne.

 

Bien sûr, il ne s'agit pas de remplacer tel ou tel parti. Il s'agit simplement d'un mouvement citoyen qui essaie de s'auto-organiser pour rendre majoritaire dans le pays l'idée de convoquer une assemblée constituante.

 

En parallèle, le m6r élabore et propose un contenu souhaitable pour cette république et se propose de donner l'exemple à travers son propre fonctionnement. De plus, nous bénéficions d'une plate-forme de débat en ligne (Nous le Peuple) mise au point et régulièrement améliorée par des informaticiens bénévoles suivant les demandes des membres. Si elle est loin d'être parfaite à ce jour, elle permet néanmoins aux citoyens de débattre et de voter directement pour telle ou telle proposition, faisant vivre la démocratie, et contribuant à donner corps à l'horizontalité proclamée.

 

Donc n'hésitez pas à nous rejoindre, et inutile pour cela de quitter les partis auxquels vous appartenez, on accepte tout ceux qui se reconnaissent dans l'appel (voir m6r.fr). Plus on sera de fous...

 

Note :

[1] - Elu à l'Assemblée représentative du M6R, représentant du Poitou-Charentes

[2] - un compte rendu un peu plus étoffé ICI

 

Pour en savoir plus :

- mon dossier VIe République

- Appel du M6r.fr : Reprenons la main sur nos institutions

- Jean-Luc Mélenchon : Le M6R s'émancipe et vit sa vie

- Le M6R a choisi son assemblée représentative

- Cahier d'un membre de l'Assemblée Représentative du M6R

Partager cet article
Repost0
16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 08:15
Grèce, France, Europe : l'austérité tue, la démocratie meurt.

RÉSISTONS! MANIFESTATION À PARIS 15 H

SAMEDI 20 JUIN - rendez-vous STALINGRAD

 

Sources :  Avec les Grecs le 12 juin 2015

En Grèce et dans de nombreux pays européens, les puissances de l’austérité bafouent les droits fondamentaux des populations et la démocratie pour protéger les intérêts financiers. Elles érigent des murs aux frontières et provoquent ainsi de terribles catastrophes humaines. Aujourd’hui, les institutions européennes et gouvernements tentent de faire plier la Grèce, d’étouffer les voix qui proposent une autre Europe, celle de la dignité, de la solidarité, de la justice sociale.

 

Du 20 au 27 juin se tiendra une grande semaine de mobilisation européenne. Ensemble, à Rome, à Berlin, à Londres, à Athènes, à Madrid, à Bruxelles, à Paris et dans de nombreuses autres villes, nous répondrons à l’appel des mouvements grecs « Unis contre l’austérité et l’injustice sociale ».

 

 

- A l’appel du mouvement social grec :

« Le peuple grec en votant en faveur d’un gouvernement de gauche pour les soutenir, a décidé de briser le consensus néolibéral. La solidarité et le soutien populaire massif permettront d’atteindre le meilleur résultat dans l’affrontement entre notre camp et l’élite politique et économique européenne. Luttons pour une Europe de la dignité et de la solidarité et contre une Europe de profit, une Europe forteresse. Nous appelons toutes les forces sociales et politiques à  participer à la semaine de solidarité et à construire des coalitions nationales puissantes pour soutenir la lutte européenne contre l’austérité. »

 

En France, un appel à mobilisation a été lancé par des personnalités, organisations associatives, syndicales, politiques, sous forme d’une pétition ayant rassemblé plus de 20 000 signatures « La Grèce, une chance pour l’Europe ».

 

 

- La Grèce, une chance pour l’Europe :

« Nous demandons instamment à François Hollande de s’opposer à l’étranglement financier de la Grèce, ce double déni de démocratie par lequel il renie ses engagements devant les Français et nie le droit des Grecs à décider de leur destin. Nous appelons nos députés, élus de juin 2012, à se rappeler pourquoi et pour quoi ils ont été élus. Nous participerons aux actions conjointes organisées à la mi-juin à l’initiative des mouvements sociaux européens, à partir de nos villages et quartiers, de nos lieux de travail et d’étude, pour dire ensemble: nous sommes avec les Grecs pour la dignité et la justice, pour une autre Europe, »

 

Des actions, débats, rassemblements se tiendront partout en France. Nous vous invitons à prendre part à leur organisation, voire à en initier dans vos quartiers, villes ou villages.

 

A Paris, une manifestation aura lieu samedi 20 juin. Départ 15h  de Stalingrad pour la place de la République où se tiendront ensuite des assemblées citoyennes et un rassemblement festif.

 

Mobilisons-nous pour arrêter le massacre des droits et de la démocratie. Et pour dire aux institutions et dirigeants européens : non, vous ne nous représentez pas, votre Europe n’est pas la nôtre !

 

 

- Collectif Avec les Grecs    

ALG : ATTAC, Bloco des Esquerda France, CADTM, Collectif Roosevelt, Compagnie Erinna / Grèce Résistante, Club des socialistes affligés, Economistes Atterrés, EELV, Ensemble, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Grèce-France Résistance, GU, Jeunes écologistes, Les Amis du Monde diplomatique, Les effronté-e-s, Nouvelle Donne, NPA, PCF, PCOF, PG, Marches européennes, Mémoire des luttes, République et socialisme, Solidarité France-Grèce Santé, Syriza Paris, Transform!

 

 

-  CAC  Collectif pour un audit citoyen de la dette publique

Assos et collectifs : AC!, Act up-Paris, Aitec, Amis de la Terre, Attac, CADTM, CEDETIM-IPAM, Collectif National des Droits des Femmes, Collectif Richesse, Coopérative DHR, Économistes Atterrés, Fondation Copernic, Utopia, LDH, Marches Européennes, Marche Mondiale des Femmes France, RECit, Réseau Éducation Populaire.

 

Diapositive1

 

- Syndicats :

Confédération CGT, Fédération des Finances CGT, Fédération syndicale unitaire (FSU), Union SNUI-SUD Trésor Solidaires, Sud Banque populaire – Caisse d’épargne (Sud BPCE), Union syndicale Solidaires.

 

 

- En soutien :

Alternatifs, Europe Ecologie Les Verts (EELV), Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE), Mouvement politique d’éducation populaire (MPEP), Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Nouvelle Donne, Parti de Gauche (PG), Parti Communiste Français (PCF), Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti pour la Décroissance.

 

Nous arrivons au point culminant de cette séquence politique et nous devons réussir cette semaine d’action européenne, et notamment la Manifestation du 20 juin à Paris. C’est l’occasion d’élargir la mobilisation, d’engager toutes nos forces militantes et de toucher un public plus large.
 

- Il importe donc de diffuser très largement le tract ci dessous, par mail et en

version papier sur les lieux de diff prévues par vos organisations d’ici le 20 juin. - Au-delà, merci d’organiser la présence militante et citoyenne la plus large pour les évènements de cette semaine du 20 juin. 

 

 

 

 

 
 

- Vous trouverez ci-dessous les deux versions du tract pour la semaine européenne de soutien à la Grèce du 20 au 26 prochain. 

  • Le premier ICI  est destiné à la région parisienne et annonce la Manifestation du Samedi 20 juin à Paris. Le parcours est confirmé : départ Place Stalingrad à 15h vers la Place de la République.
  • Le deuxième ICI est destiné aux autres villes et régions : il est possible de le remplir avec le lieu et l’horaire de l’événement qui y sera prévu entre le 20 et le 26. 

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Grèce

- Grèce : le coup d’État ne sera pas télévisé

- Trois paires de claques : la Grèce en route vers la sécession

- Grèce : Une commission d’audit recommande la suspension du remboursement de la dette grecque

- Parti de Gauche : A Berlin, Bruxelles et Paris… Les austéritaires contre la démocratie

Partager cet article
Repost0
15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 08:03
Régionales 2015 : appel de Limousin Terre de Gauche - "Construire des listes de gauche anti austérité en Aquitaine-Poitou Charentes-Limousin"

Il est urgent de redonner le pouvoir au peuple !

 

Source :   le blog de  Limousin Terre de Gauche le 2 juin 2015

Les élections régionales de décembre 2015 vont se tenir dans un contexte économique et social extrêmement dégradé et préoccupant. Le discrédit de la politique Hollande-Valls, déclinée par le parti socialiste dans l’ensemble des régions, fait le lit de la droite et de l’extrême droite. Il rend plus que jamais nécessaire de construire un projet politique en rupture avec les logiques libérales mises en oeuvre dans le pays.

 

Cette démarche d’alternative politique, nous l’avons engagée à l’échelle du Limousin, dans le cadre de « Terre de Gauche », qui rassemblait en 2010 le Parti Communiste Français, le Parti de Gauche, le Nouveau Parti Anticapitaliste, des militants de la gauche alternative et qui regroupe, aujourd’hui encore, le PCF, le PG, ENSEMBLE!, une partie du NPA et des réseaux et collectifs militants dans les départements de Creuse, Corrèze et Haute-Vienne. Cette force politique, nous l’avons voulue clairement indépendante du PS.

 

Nous avons fait l’expérience d’une nouvelle méthode politique basée sur le travail collectif, l’éthique militante, le respect entre les différentes composantes, et le lien constant avec les citoyens engagés ou non dans les syndicats et associations. C’est cette interaction permanente et cette volonté d’ouverture et de transparence qui sont le cœur de la méthode Terre de Gauche.

 

Ce rassemblement a porté durant les cinq années écoulées des propositions en faveur d’un nouveau type de développement économique favorable à l’emploi, à la transition écologique, au développement des services publics, et à un aménagement équilibré et égalitaire du territoire.

 

Les élections régionales de décembre 2015 doivent être une nouvelle étape de ce rassemblement d’une gauche qui combat l’austérité. L’enjeu est d’autant plus important que ces élections se dérouleront dans le cadre d’une « réforme » territoriale imposée sans concertation qui va accentuer les logiques de métropolisation et de concurrence entre les territoires au service de la guerre économique, au détriment des plus défavorisés.

 

Nous proposons que la démarche engagée en Limousin soit prolongée et élargie à l’échelle de la région Aquitaine-Poitou Charentes-Limousin et des douze autres régions en rassemblant les forces du front de gauche et toutes celles et ceux qui veulent s’y inscrire. C’est pourquoi nous appelons à co-élaborer une charte et un programme de transformation sociale qui définissent les contenus et les engagements que les futurs élus porteront dans les assemblées régionales issues du scrutin de décembre.

 

Parce qu’il s’agit de porter ces exigences en toute indépendance aux deux tours de scrutin, nous lançons donc un appel à la constitution de listes initiées par le Front de Gauche et à implication citoyenne pour rassembler toutes celles et ceux qui refusent l’austérité.

 

Il est urgent de redonner le pouvoir au peuple !

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

- Appel d’ENSEMBLE! au rassemblement de la gauche qui refuse l’austérité : une alternative est possible !  

- Appel Régionales PG Aquitaine Limousin Poitou Charentes

Partager cet article
Repost0
13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 09:03
« Le Dernier tabou » « ...La majorité des harkis est restée et n’a pas été tuée... »

Un tabou à lever... dans la gauche de

transformation sociale aussi !

 

Avec « Le Dernier tabou », le journaliste Pierre Daum signe un nouvel ouvrage explosif sur l’histoire de la guerre d’Algérie. Il le présentera ce soir au Mucem.

Après Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952), et Ni valise ni cercueil, les Pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, le journaliste Pierre Daum signe chez Actes Sud Le Dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l’Indépendance un nouvel ouvrage qui questionne le passé colonial de la France.

- « Le Dernier tabou » de Pierre Daum.

Editions ACTES SUD, avrl i2015, 544 pages, 24,8€.

Le livre est disponible ICI

 

Sources : La Marseillaise.fr  par  jeudi 4 juin 2015

- Qu’est-ce qui vous a conduit à consacrer ce livre aux harkis qui témoigne d’une réalité plus complexe que celle communément admise par la mémoire collective ?

Cette nouvelle enquête s’inscrit dans le fil de mon précédent travail sur les pieds-noirs restés en Algérie après l’Indépendance. Elle permet de complexifier notre connaissance du passé colonial français en Algérie qui parfois reste figé sur certaines idées reçues. Mon travail sur les pieds-noirs m’avait permis de fissurer un des piliers du discours des nostalgiques de l’Algérie française qui martèlent qu’à l’Indépendance c’était « la valise ou le cercueil ». Avec cette nouvelle enquête, je fais exploser un deuxième pilier de leur discours selon lequel la France gaulliste aurait lamentablement abandonné en 1962 les harkis à la vengeance du FLN qui les aurait « massacrés » jusqu’au dernier. Je montre que ce ne fut pas le cas, et que la majorité des « harkis » est restée vivre en Algérie, sans y être tuée. Issus de la paysannerie, écrasés par une misère renforcée par la guerre après 130 ans d’oppression coloniale, ces hommes sont retournés dans leurs villages où les sociétés paysannes se sont retrouvées à devoir recoller les morceaux.

 

 

- Qui appelez-vous « harkis » ? Quel était leur nombre ?

Au départ je pensais me concentrer sur les harkis au sens premier du terme, c’est-à-dire des supplétifs de l’armée française. Au total, les différentes catégories de supplétifs de l’armée françaises comptaient 250 000 hommes adultes. Au cours de mon enquête, je me suis rendu compte que les supplétifs (civils avec des fonctions militaires) n’avaient pas été les seuls à porter l’uniforme français pendant la guerre. Il y avait également des militaires de carrière intégrés à l’armée française comme dans toutes les armées coloniales (50 000 hommes), ainsi que les appelés algériens du contingent (120 000 hommes). La conscription s’appliquait en effet aux jeunes d’Algérie comme de métropole et, dans une Algérie façonnée par 130 ans de colonisation, l’idée très ancrée que les Français étaient « ceux qui gouvernent » a conduit l’immense majorité des jeunes de 18 ans à répondre à l’appel du service militaire.

 

À tous ceux-là, j’ai ajouté les notables algériens ouvertement pro-français : maires, caïds, conseillers généraux, etc. Leur nombre est évalué à 30 000. En tout, ce sont donc 450 000 hommes adultes algériens qui se sont retrouvés à un moment ou à un autre du côté des Français.

 

 

- Ce chiffre que vous avancez provoque la fureur des deux côtés de la Méditerranée. Pourquoi est-il selon vous le « dernier tabou » de la guerre comme l’annonce le titre de votre ouvrage ?

Pour des raisons différentes. En Algérie, le simple fait d’avoir collecté ce chiffre en confrontant toutes les sources -ce que d’autres auraient pu faire- a créé un scandale. J’ai été attaqué par le ministre des Moudjahidine car mon livre contredit le discours officiel selon lequel le 1er novembre 1954, le peuple algérien se serait soulevé tout entier contre la puissance coloniale. Ceux qui ont pris les armes n’étaient qu’une minorité. Ils n’en sont que plus admirables. En France, le scandale c’est de dire que de nombreux harkis sont rentrés au village sans se faire « massacrer ». Cela met en fureur les associations de rapatriés et de harkis dont le discours est conditionné par les idéologues de l’Algérie française. Mais les harkis rapatriés en France -qui y ont été scandaleusement mal traités- forment une petite minorité : 25 000 hommes au maximum, auxquels s’ajoutent leurs familles. C’est bien là la révélation de mon livre : sur 450 000 Algériens qui ont combattu du côté de la France, une majorité est restée et n’a pas été tuée. Ce qui n’efface pas les milliers d’assassinats de « harkis » en 1962, dans une situation de chaos politique et de justice populaire expéditive.

 

 

- Comment s’est déroulée l’après-guerre d’Algérie pour cette majorité de harkis qui n’a pas été passée par les armes ?

La première année a été très douloureuse. Certains ont subi la torture, l’emprisonnement, des travaux forcés. Ensuite, leur réintégration aux sociétés paysannes traditionnelles s’est souvent accompagnée d’une cruelle relégation sociale. Aujourd’hui encore, alors que le peuple paysan algérien est progressivement sorti de l’extrême pauvreté, on constate que les harkis et leurs enfants ont tendance à avoir été maintenus dans cette misère originelle.

 

 

- Quelles étaient les motivations des harkis de l’époque ? Soixante ans après le début de la guerre que vous en ont dit les témoins que vous avez retrouvés ?

Mon enquête confirme des travaux antérieurs qui depuis une dizaine d’années ont complètement démonté cette fausse idée selon laquelle les harkis se seraient massivement engagés par amour du drapeau tricolore, par patriotisme, voire par désir de maintenir l’Algérie française. Ce discours est tenu depuis 50 ans par différents groupes sociaux. D’abord par les nostalgiques de l’Algérie française, mais aussi en miroir par toute une partie de la gauche et de l’extrême gauche françaises qui ont un rapport très suspicieux vis-à-vis des harkis qu’ils considèrent comme des traîtres, ce qui est aussi le point de vue de l’histoire officielle algérienne. Dans les médias algériens, je n’hésite pas à dire que finalement, le regard porté par les officiels algériens sur les harkis est exactement le même que celui des anciens de l’OAS. En réalité, les motivations principales des harkis étaient la pauvreté et la façon que l’armée française avait de mouiller certaines familles dans les villages aux yeux d’un FLN qui n’hésitait pas à pratiquer une violence aveugle. Les harkis, que j’ai retrouvés dans soixante villages différents, témoignent de cet aspect terriblement pervers de l’oppression coloniale. La France a placé des millions d’Algériens dans une situation telle que la seule solution pour donner à manger à leur famille ou pour se soustraire aux menaces du FLN était de frapper à la porte de la caserne française.

 

 

- Comment analysez-vous le rapport de suspicion qui existe encore aujourd’hui dans la gauche anti-coloniale à l’égard des harkis ?

Il résulte selon moi d’une erreur de compréhension de la complexité de la guerre d’Algérie. La grille de lecture de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation nazie, avec le clivage collaboration-résistance, a été plaquée à tort sur la guerre d’Algérie. Les harkis de 1954 ne sont pas les collabos de 1940, parce que leurs motivations n’étaient pas idéologiques. à l’issue de mon enquête, j’ai compris que les harkis constituent les ultimes victimes de la colonisation française en Algérie.

 

Pour en savoir plus :

- Algérie. Dès les années 1830 les socialistes étaient devenus les prosélytes de la colonisation peuplante...

Harkis, tout commence là : l'invasion coloniale et l'asservissement d'un peuple.

Harkis, tout commence là : l'invasion coloniale et l'asservissement d'un peuple.

Partager cet article
Repost0
12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 08:14
Le socialiste Liêm Hoang-Ngoc appelle les frondeurs à sortir du PS

L’ancien député européen, membre du bureau national sortant du PS, opte pour Syriza plutôt que Marceau Pivert.

 

Sources :  Politis.fr par Michel Soudais le 5 juin 2015

- Liêm Hoang-Ngoc invite ses camarades à rompre les rangs « pour poser les fondations d’une coalition avec les écologistes de conviction et le Front de Gauche ».

Cet économiste, ancien député européen et membre sortant du bureau national du parti socialiste, a publié ce midi une tribune en ce sens sur le monde.fr cosignée par le politologue Philippe Marlière, avec qui il avait créé l’an dernier le Club des socialistes affligés. Du point de vue de la motion B, que soutenait Liêm Hoang-Ngoc, le congrès de Poitiers est un échec, écrivent-ils :

« La fronde, a échoué. Le PS restera contrôlé par ceux qui n’entendent pas remettre en cause le virage néolibéral imposé par le chef de l’État. »

 

Ce congrès n’a pas non plus été le « congrès de clarification attendu », notent-ils, la direction ayant plagié les propositions économiques de son opposition pour ratisser large et éviter le débat.

 

 

- « L’aile gauche du PS est désormais au pied du mur » , estiment-ils.

Il lui faut choisir entre rester au Parti socialiste ou travailler à construire « une alternative attractive » avec EELV et le Front de gauche. C’est évidemment la voie pour laquelle plaident Liêm Hoang-Ngoc et Philippe Marlière. Cela serait « susceptible de remobiliser, dès les prochaines échéances électorales, le bataillon des électeurs socialistes qui s’abstiennent », écrivent-ils, et « déciderait peut-être » EELV et le Front de gauche « à dépasser leurs différends pour s’entendre, comme les 18 composantes de gauche qui forment Syriza en Grèce ».

 

 

- Si l’aile gauche du PS choisit de rester dans le vieux « parti d’Epinay à bout de souffle », elle ne parviendra pas à inverser le cours de l’histoire.

C'est en effet ce que prédisent les auteurs :

« Elle peut certes se prévaloir d’avoir exercer une influence relative dans la mesure où ses thèses ont fini par infuser le texte de la direction. Mais elle sait que la politique qu’elle recommande ne sera pas appliquée. En rentrant dans le rang, la gauche du PS est condamnée à servir de caution à une politique poussant les salariés à la déshérence électorale… et le candidat du PS à l’élimination au premier tour de la prochaine élection présidentielle. »

 

 

- Il y a un an, en conclusion d’un colloque des Socialistes affligés, Liêm Hoang-Ngoc était clair !

Il estimait en effet que les socialistes contestant la politique du gouvernement avaient le choix entre deux stratégies :

  • Celle de Marceau Pivert, le leader de historique de l’aile gauche de la SFIO, consistant à peser à l’intérieur du PS pour changer sa ligne et donc celle de la politique du gouvernement ;
  • Celle de Syriza qui impose de construire du neuf à côté et en confrontation avec le PS pour lui contester sa domination sur la gauche.


La stratégie de Marceau Pivert supposait qu’il soit possible de transformer le PS de l’intérieur. Une hypothèse que le congrès de Poitiers a totalement infirmée, jugent Liêm Hoang-Ngoc et Philippe Marlière.

 

Pour en savoir plus :

- PS : et la fronde s’en est allée…

- Les frondeurs du PS doivent fonder une coalition avec les Verts et le Front de gauche

- Pourquoi nous quittons le PS et pourquoi nous invitons nos camarades à ne plus y jouer les cautions de gauche

Partager cet article
Repost0
11 juin 2015 4 11 /06 /juin /2015 08:17
La reconquête de notre bien commun, le Service Public,  ça commence le 13 juin à Guéret !

Sources : Le Parti de Gauche

L’ensemble des forces syndicales, associatives et politiques présentes [1] ont confirmé leur volonté de mettre pleinement leurs forces en convergence pour mener la bataille pour des services publics pour toutes et tous sur l’ensemble du territoire, des services publics de qualités, accessibles, démocratisés. Elles souhaitent réussir à impliquer les citoyens dans la lutte pour la défense et le développement des services publics, les impliquer dans la définition de leurs besoins et dans la manière de pouvoir y répondre.

 

 

- Ce rassemblement d’une diversité et d’une surface inédite est possible car nous nous trouvons au carrefour d’un choix de société à effectuer :

  • d’un côté le chacun pour soi, le marché libre et non faussé, le repli identitaire, le mépris des peuples et des salariés qui cache celui de la démocratie, la recherche du profit comme seul moteur ;
  • de l’autre celui de l’égalité, de la solidarité, de la République, du partage des richesses, de l’internationalisme.

 

 

- Les forces présentes appellent à une grande manifestation militante, populaire et festive à portée nationale à Guéret le 13 juin 2015.

 

Elles attendent 10 000 personnes de toute la France : citoyens-usagers, professionnels élus ! Tous sont les bienvenus pour réussir cette mobilisation.

 

De nombreux transports collectifs sont d’ores et déjà prévus au départ de: Angoulême, Ruffec, Sarlat, Quimper, Lille, Paris, Toulouse, Montaigu, Luçon, Nice, Lure, Bordeaux, Tarbes, Tours, Les Combrailles, etc. Une très forte mobilisation des habitantes et habitants du Limousin est attendue et a déjà commencé.

 

Cette grande mobilisation sera aussi pour nous l’occasion de débattre tout au long de la journée, de se réunir, de comparer les expériences, de créer des zones de rencontre et de partage entre militants et citoyens souhaitant se mobiliser pour LEUR service public, de prendre des renseignements, de rencontrer des délégations d’autres pays (Grèce, Espagne, Allemagne, etc.), mais aussi de faire la fête : un grand concert est prévu jusque tard dans la nuit.

 

Cette manifestation n’est pas un point d’orgue mais le commencement d’une mobilisation qui est appelée à prospérer. C’est pourquoi les militants des services publics poseront dès le lendemain dimanche 14 juin les jalons pour lancer les assises du service public du XXIème siècle sur l’ensemble du territoire qui permettront d’aboutir à la rédaction d’un nouveau manifeste en juin 2016 à Paris.

 

La reconquête de notre bien commun, le Service Public,
ça commence le 13 juin à Guéret !

L’ensemble des forces syndicales, associatives et politiques présentes ont confirmé leur volonté de mettre pleinement leurs forces en convergence pour mener la bataille pour des services publics pour toutes et tous sur l’ensemble du territoire, des services publics de qualités, accessibles, démocratisés. Elles souhaitent réussir à impliquer les citoyens dans la lutte pour la défense et le développement des services publics, les impliquer dans la définition de leurs besoins et dans la manière de pouvoir y répondre.

Ce rassemblement d’une diversité et d’une surface inédite est possible car nous nous trouvons au carrefour d’un choix de société à effectuer :

d’un côté le chacun pour soi, le marché libre et non faussé, le repli identitaire, le mépris des peuples et des salariés qui cache celui de la démocratie, la recherche du profit comme seul moteur,
de l’autre celui de l’égalité, de la solidarité, de la République, du partage des richesses, de l’internationalisme.

Les forces présentes appellent à une grande manifestation militante, populaire et festive à portée nationale à Guéret le 13 juin 2015.

Elles attendent 10 000 personnes de toute la France : citoyens-usagers, professionnels élus ! Tous sont les bienvenus pour réussir cette mobilisation. De nombreux transports collectifs sont d’ores et déjà prévus au départ de: Angoulême, Ruffec, Sarlat, Quimper, Lille, Paris, Toulouse, Montaigu, Luçon, Nice, Lure, Bordeaux, Tarbes, Tours, Les Combrailles, etc. Une très forte mobilisation des habitantes et habitants du Limousin est attendue et a déjà commencé.

Cette grande mobilisation sera aussi pour nous l’occasion de débattre tout au long de la journée, de se réunir, de comparer les expériences, de créer des zones de rencontre et de partage entre militants et citoyens souhaitant se mobiliser pour LEUR service public, de prendre des renseignements, de rencontrer des délégations d’autres pays (Grèce, Espagne, Allemagne, etc.), mais aussi de faire la fête : un grand concert est prévu jusque tard dans la nuit.

Cette manifestation n’est pas un point d’orgue mais le commencement d’une mobilisation qui est appelée à prospérer. C’est pourquoi les militants des services publics poseront dès le lendemain dimanche 14 juin les jalons pour lancer les assises du service public du XXIème siècle sur l’ensemble du territoire qui permettront d’aboutir à la rédaction d’un nouveau manifeste en juin 2016 à Paris.

La reconquête de notre bien commun, le Service Public,
ça commence le 13 juin à Guéret !


La Conférence de presse de la convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics du 12 mai 2015 a réuni de nombreux représentants syndicaux, associatifs et politiques :

AGGOUNE Fatah (Trésorier de l’Association de Financement de Guéret 2015), BESANCENOT Olivier (NPA), BUCAS-FRANCAIS Anne (membre du Conseil d’Administration de l’UNRPA), COME Pierron (NPA), COQUEREL Eric (SN PG), CORMAND David (SN adjoint EELV), DEFAIX Bernard (Secrétaire de la Convergence), FLATREAUD Vivianne (CGT Serv Pub), FOUCAUD Edouard (Nouvelle Donne), GALEPIDES Nicolas (SG Sud PTT), HALLINGER Patrick (Convergence Tours), HOANG NOC Liem (fondateur des Socialistes atterrés), JALLAMION Michel (Président de la Convergence), LAADJ Nicolas (Sud Santé Sociaux), LANGLARD Laurent (porte-parole FNME-CGT), LARROUTUROU Pierre (co-fondateur Nouvelle Donne), LAURENT Pierre (SN PCF), LEMAIRE Arlette (SN FSU), LUXI Pascale (Solidaires Assemblée nationale), MARTET Michel (Ensemble), MATHURIN Isabelle (PCF), MENARD Pierre (Président Convergence Nationale Rail), NAY Françoise (Présidente Coord hôpitaux&maternité de proximité), N’GUYEN Christian (Convergence Creuse), PARIS Jean-Jacques (SG de l’ANECR), PARROT Evelyne (UGFF-CGT), PELISSIER Jean-François (co-porte-parole d’Ensemble), PETRIARTE Patrice (Solidaires Assemblée nationale), PIERREL Christian (porte-parole du PCOF), SULTAN Philippe (Copernic), TALBOT Baptiste (SG CGT Services Publics), THIBERVILLLE Marc (CGT Cheminots),THOMAS Denis (FSU), TURBET-DELOF Denis (SN Union Syndicale Solidaires).

Pour la Convergence des Services Publics,
Michel Jallamion, président.
facebook : Convergence Services Publics
site: www.convergence-sp.org

Document docx

Document pdf

- See more at: https://www.lepartidegauche.fr/communique/la-reconquete-notre-bien-commun-le-service-public-ca-commence-le-13-juin-gueret-32290#sthash.mGR2XKoK.dpuf

La reconquête de notre bien commun, le Service Public,  ça commence le 13 juin à Guéret !

- Pour en savoir plus sur le contenu et les modalités de l'initiative :

 

  •  le site de Convergence Services Publics ICI
  • la page facebook : Convergence Services Publics ICI
  • la présentation de l'initiative en conférence de presse sous format Document docx ICI
  • la présentation de l'initiative en conférence de presse sous format Document pdf ICI

 

 

- [1] La liste des organisations à l'initiatives de ce rassemblement est la suivante :

Confédération CGT,FSU, Union Syndicale Solidaires, Confédération paysanne, Fédération Autonome de la Fonction Publique, EPSU, UGFF-CGT, Fédération des Services Publics-CGT,  FNME-CGT, Fédération CGT Equipement-Environnement, Fédération CGT Finances, SYAC CGT, CGT Banque de France, FERC-CGT, Fédération CGT des Cheminots, SNA Concurrence Consommation Répression des Fraudes CGT, Syndicat CGT des Finances Publiques, l’Union Fédérale des retraités de la Police nationale CGT, Sud PTT, Sud Rail, Sud-Santé Sociaux, Sud-Santé Solidaires APHP, Solidaires Finances publiques, Sud Collectivités territoriales, Solidaires Douanes, Union syndicale de la Psychiatrie, Fédération Générale des Retraités Fonction Publique, CGT Lille et environs, Sud éducation Limousin, Convergence des Hôpitaux en Lutte contre l’Hôstérité, Coordination Eau Bien Commun France,  Coordination Nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité, Convergence nationale Rail, Collectif « La santé n’est pas une marchandise », Coordination Eau Adour-Garonne, Coordination Eau IDF, Coordination nationale des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception, Fondation France-Libertés, Le Planning Familial, Association d’usagers pour la Défense du Service Public du pays de Luçon, Association de défense des Services Publics et de leurs usagers-Hautes-Alpes, Collectif 37 notre santé en danger, Collectif des résistances en Comminges, Collectif nantais pour le droit à la santé et à la protection sociale pour toutes et tous, Collectif de défense et de développement des services publics (CDDSP) de l’Ardèche, CDDSP Combrailles, CDDSP Corrèze, CDDSP Creuse, CDDSP Hautes Pyrénées, Comité de vigilance pour le maintien des services publics de proximité Lure-Luxeuil (Haute-Saône), Comité Pluraliste de Défense et de Promotion de la ligne SNCF-Béziers-Clermont, comité citoyen de vigilance des services publics Romorantinais, Convergence Services Publics d’Indre et Loire, Mouvement de sauvegarde, de promotion et de démocratisation des services publics en sud gironde, Vivent les services publics Bouches-du-Rhône,  Collectif Alternative A l’Austérité,  l’Appel des Appels, ATTAC, AITEC, CNAFAL, les Economistes Atterrés, Droit au Logement, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Réseau Éducation populaire, Résistance Sociale, UFAL, Union nationale des retraités et des personnes âgées, ANECR, Cap à Gauche en Corrèze, collectif « Aveyron Majorité Citoyenne », Démocratie et  Socialisme, Gauche Avenir, Maintenant la Gauche, Ensemble!, EELV, Gauche Unitaire, Jeunes Ecologistes, Mouvement Jeunes Communistes de France, Nouvelle Donne, NPA, PCF, PCOF, PG, Parti de la Gauche Européenne, République et Socialisme

 

Pour en savoir plus :

- l'appel de Guerret

Partager cet article
Repost0
9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 08:08
"L’Europe se désagrège et personne ne sait quel sera le premier domino à tomber"
  • Grèce, Royaume-Uni, l'Union européenne craque de toutes parts.
  • Pour Coralie Delaume, auteur de l'essai "Europe. Les États désunis" (Michalon), l’UE se délite en raison de ses propres règles.
  • Pour l'animatrice du blog "L'Arène nue", ça ne fait en effet aucun doute : la crise que traverse l'UE trouve en effet ses fondements "dans les choix mêmes des pères fondateurs de l’Union européenne".
  •  

    Source : Marianne

    - Marianne : La situation actuelle de l’Union européenne était-elle selon vous écrite de longue date ?
    Coralie Delaume : La crise que connaît l’Europe actuellement est une crise à la fois économique et démocratique. La première était prévisible au moins depuis la création de l'euro. La seconde trouve son origine très en amont, dans les choix mêmes des pères fondateurs de l’Europe. Ceux-ci ont fait le choix dès le début de mettre sur pied non une Europe politique mais une Europe technique, supposée devoir générer des solidarités de fait.


    C’est ce que l’on a appelé la « méthode des petits pas » de Jean Monnet, qui consistait à imbriquer des secteurs précis de plus en plus nombreux, et à mettre les peuples devant le fait accompli. Une sorte de « fédéralisme furtif » si l'on veut. Il n'y a jamais eu de grande ambition démocratique là derrière, au contraire. Une ponction lente des prérogatives des nations pour les transférer à des échelons supranationaux ne pouvait qu'aboutir à terme à un déficit démocratique. Le choix de la supranationalité plutôt que la coopération traditionnelle entre nations européennes — par la voie simple de la diplomatie classique — portait nombre de problèmes en germe.


    Pour ce qui est de la crise économique, on trouve l'une de ses sources principales dans la création de la monnaie unique. Le partage d'une même monnaie par des pays aux structures économiques très différentes, la mise en place d'une monnaie fédérale sans Etat fédéral auquel s'adosser, était voué à l'échec. Au lieu de les faire converger, l'euro a contribué à faire diverger les différentes économies, notamment en imposant aux pays d'Europe du Sud un fonctionnement « à l’allemande » fait de rigueur budgétaire et d'inflation quasi nulle, qui ne leur convient pas. 

     

    "On parle encore de “couple franco-allemand” mais on devrait davantage parler d'une servitude volontaire de la France"

     

     

     

     

    - Marianne : Le vrai risque d’un départ du Royaume-Uni de l’Union européenne ne serait-il pas celui d’une étendue de la domination économique allemande sur le continent européen ?

    Coralie Delaume : Cela renforcerait en effet sa centralité économique, politique, géographique. La relation franco-allemande est désormais très déséquilibrée. On parle encore de « couple » mais on devrait davantage parler d'une servitude volontaire consentie par de la France vis-à-vis de l’Allemagne.


    Un départ éventuelle du Royaume-Uni est une chose, mais on voit bien globalement que toute les nations dites « périphériques » sont actuellement la proie de tensions centrifuges. On le voit bien avec la Grèce par exemple. L'Allemagne deviendrait évidemment le pivot d'une Union européenne réduite au noyau central.

     

     

    - Marianne : La crainte de perdre un nouveau pays peut-il amener les institutions européennes à adopter une attitude plus conciliante dans ses négociations avec le gouvernement d’Alexis Tsipras ?
    Coralie Delaume : Non, je n'en suis pas convaincue. « Les Européens » pourront tenter de faire des concessions mineures pour se laisser le temps de voir venir. C'est ce que fait d'ailleurs la BCE, contrainte et forcée. Au départ, elle a cru pouvoir faire mettre le gouvernement Tsipras à sa merci en fermant aux banques grecques l'accès au refinancement normal. Du coup, ces banques se refinancement uniquement via l'accès à la liquidité d'urgence (ELA). Mais c'est au tour de la BCE d'être à présent coincée, et elle n'en finit plus de devoir relever le plafond de l'ELA, en attendant mieux.


    Il pourrait y avoir éventuellement le déblocage de la dernière tranche de l'actuel plan d’aide, de 7,2 milliards d’euros, ou la négociation d'un troisième plan d'aide à partir de juin. Ou, beaucoup mieux, une restructuration de la dette. Mais là, si la Grèce parvient à obtenir ça, il fait bien voir que ça donnera des idées à d'autres pays. En Espagne par exemple, le parti Podemos ne manquerait pas de faire campagne sur l'idée d'obtenir les mêmes concessions que son parti frère Syriza.


    En tout cas, il faut bien voir que depuis 2008, les décisions économiques qui sont prises constituent un bricolage. Cela permet d’ « acheter du temps », de faire tenir la zone euro, mais ça ne résout pas les problèmes de structure de celle-ci. Et les problèmes économiques deviennent politiques, avec la montée de l’eurosceptisme dans tous les pays. On sent de nombreuses forces centrifuges à l'œuvre. L’Europe se désagrège, et personne ne sait quel sera le premier domino à tomber…

     

    "Entre perdre l'Ecosse et sortir de l'UE, le Royaume-Uni va sans doute devoir choisir... "

     

     

     

     

    - Marianne : L’Union européenne pourra-t-elle accepter dans les futures négociations les mesures revendiquées par le gouvernement Cameron, comme celle du « carton rouge » (c’est-à-dire la dotation aux chambres parlementaires nationales d’un droit de véto sur les décisions de la Commission européenne ne respectant pas le principe de subsidiarité) ?
    Coralie Delaume : Je pense que le Royaume-Uni, souhaite surtout obtenir des concessions. Il est intéressé par le libre-échange avec l'UE, mais souhaite couper un à un les fils qui le relient à la bureaucratie bruxelloise. Peut-être utilisera-t-il également le chantage au « Brexit » pour tenter de faire accélérer les négociations dans le cadre du traité transatlantique ?


    De toute façon, les Anglais ont de la ressource. Ils sont branchés sur tout le monde anglophone, sur leurs anciennes colonies... Après, reste le problème écossais. Les indépendantistes du SNP dominent désormais très largement l'Ecosse. Or il s'agit d'un parti de gauche européiste. Entre perdre l'Ecosse et sortir de l'UE, il va sans doute falloir choisir…

     

     

    - Marianne : Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a déclaré récemment que « si le gouvernement grec juge nécessaire un référendum sur la question de la dette, alors qu'il le fasse. » Comment interpréter cette nouvelle provocation ?
    Coralie Delaume : Au sein du gouvernement allemand Wolfgang Schäuble semble s'être donné pour rôle de « terroriser » les Grecs. Il fait le « mauvais flic ». Angela Merkel passe derrière pour recoller les morceaux. Elle, c'est le « bon flic ». Un peu comme Varoufakis pour la Grèce, qui va à l’affrontement, avec un Tsipras qui joue ensuite l’apaisement. Mais je pense que si ça ne tenait qu'à Schäuble, tout aurait déjà été fait pour faire obtenir un « Grexit », car il a des convictions ordo-libérales très fortes.


    En réalité, les deux camps doivent avoir compris qu'il n'y a guère d'issue à long terme, mais chacun s'efforce de montrer que l'impasse des négociations est imputable à l'autre.
    Pour ce qui est de la Grèce, il est très probable que Tsipras soit en train de préparer doucement son opinion à une sortie de l'euro. Il lui faut un peu de temps pour montrer qu'il n'y a pas d'autre issue à une opinion encore rétive. Peu à peu, les Grecs réalisent qu'ils ont un mur en fasse d'eux, et l'idée fait son chemin. Aujourd'hui, près de 20% d'entre eux sont favorable à un retour à la drachme. C'est peu, mais on était à moins de 10% avant l'arrivée au pouvoir de Tsipras.

     

    "La tendance lourde, c'est l'absence de croissance dans toute l'Europe, et un approfondissement des divergences entre les pays"

     

     

     

     

    - Marianne : L’agence Eurostat a dévoilé hier sa première estimation du PIB du premier trimestre de l’année 2015, correspondant à une augmentation de 0,4%, couplé à une croissance annuelle de 1% dans la zone euro. Secondé par une croissance en hausse en France, en Italie et en Allemagne, ce rebond signifie-t-il, selon vous, que l’Europe sort la tête de l’eau ?

    Coralie Delaume : Pas du tout, ce sont des soubresauts conjoncturels, de petits rattrapages ou de petites pauses habituelles qui ne signent en rien un retournement de conjoncture. J'avoue que j'ai presque cessé de m’intéresser à ces chiffres. La tendance lourde, c'est l'absence de croissance dans toute l'Europe, et un approfondissement des divergences entre les pays créditeurs et pays débiteurs. Par exemple, l’excédent commercial allemand n'en finit jamais d'augmenter : 217 milliards d'euros en 2014 soit 11% de plus que l'année précédente. Et le chômage reste à 25% en Espagne et en Grèce. Ça oui, c'est spectaculaire, et ça montre des déséquilibres majeurs. La zone euro est profondément mal foutue ! 

     

     

    - Marianne : La situation en Europe en cas d’un « Grexit » et d’un « Brexit » pourrait-elle placer l’Union sous un angle géopolitique instable, avec un Est sous l’œil avide de la Russie de Vladimir Poutine et un forcing des Chinois sur les accords économiques ?
    Coralie Delaume : Je vous avoue que la Russie ne m'inquiète pas, au contraire. Un rapprochement avec la Russie pourrait bénéficier à toute l'Europe, en la rééquilibrant. On ne peut tout de même pas souhaiter une Europe rabougrie, autiste, recroquevillée sur un noyau dur dominé par l'Allemagne. Avec un Royaume-Uni en train de filer en douce et une Russie perçue comme une menace. Le général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe, lui qui appelait de ses vœux une Europe « de l'Atlantique à l'Oural ».


    Mais il faut être vigilant. Car le Royaume-Uni est ouvert a des liens privilégié avec les Etats-Unis. La Russie, elle, a manifesté beaucoup de pragmatisme à la suite des sanctions votées contre elle, en allant chercher d'autres partenariats en Asie. Le dindon de la farce in fine.... ce sera nous ! Il faut retrouver un équilibre sain entre les différentes nations d'Europe, Russie comprise.

     

    Pour en savoir plus :

    - L’abdication

Partager cet article
Repost0
8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 08:14
Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Source : Le Parti de Gauche Midi-Pyrénées le 29 mai 2015

- Une alternative au tripartisme par Éric Coquerel Coordinateur politique du Parti de Gauche

Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Année de la recomposition politique , 2015 ? Pour le système, elle a déjà un nom  : le tripartisme. Le PS compte dessus pour imposer François Hollande en 2017 comme candidat unique de la «  gauche  » au 1er tour au nom du vote utile. Il prétend donc conserver sa place centrale «  à gauche  ». Mais une gauche qui aurait tout d’un parti «  démocrate  » à l’américaine. La mue de l’UMP en parti «  républicain  » compléterait le tableau. Mais le troisième larron de l’attelage n’entend pas se contenter de jouer le diable de confort du système. Le «  jour des petits couteaux  » entre les Le Pen n’est pas un débat sur le fond – les événements récents confirment le FN comme force d’extrême droite antirépublicaine – mais sur la stratégie de prise de pouvoir. Le FN pourrait ainsi se sentir suffisamment fort pour faire des propositions d’alliance à la droite au 2e ou 3e tour des régionales. Le degré de dangerosité pour la démocratie n’est évidemment pas égal entre ces trois composantes. Reste que pour tous ceux qui refusent une Ve République toujours plus monarchique, austéritaire et productiviste, il est impératif de dégager une alternative indépendante au tripartisme. Il n’y a pas d’autre issue. C’est d’ailleurs la même équation qui se pose partout en Europe et que Syriza a su résoudre à son avantage. C’est même le seul espoir pour renverser ou éviter les politiques de droite et d’extrême droite, y compris quand elles sont appliquées par un gouvernement social-libéral.

 

Avons-nous une chance raisonnable d’y parvenir  ? Première hypothèse  : ceux qui, au PS, s’opposent à la politique de Valls remportent le prochain congrès. La situation, et donc notre stratégie, en seraient évidemment changées. Cette hypothèque sera levée dans un mois. Elle posera d’ailleurs la question inverse aux frondeurs s’ils s’avèrent minoritaires. Nos bras, dans ce cas, leur seront ouverts. Car dans cette situation, il y a un espoir. Si le système tente de l’effacer, «  notre  » gauche ne l’est pas. Nous conservons un socle disponible de 10-11 % dans le pays. Ce n’est pas suffisant pour incarner seuls l’alternative, mais c’est une base suffisante pour impulser une nouvelle dynamique. Dans ce cadre, les régionales vont bien sûr jouer un rôle important car c’est la dernière étape avant la présidentielle. Nous devons nous mettre en ordre de bataille pour y enregistrer un progrès à même de nous crédibiliser en alternative. Dans cet objectif, le Front de gauche peut encore jouer un rôle décisif en contribuant à des rassemblements citoyens de tous ceux qui refusent le désordre austéritaire. Cela nécessite d’avancer avec méthode. À commencer par concrétiser ce que nous avons seulement ébauché  : des listes indépendantes, cela va de soi, des forces du système  ; un effort rassembleur vis-à-vis d’EELV, Nouvelle Donne, des socialistes d’opposition, le NPA…  ; par-dessus tout un véritable engagement pour susciter une implication citoyenne, seule à même de remettre le peuple en mouvement. Je m’arrête sur ce dernier aspect. Si on le prend au sérieux, cela oblige les partis à se mettre au service de ce rassemblement citoyen. Donc laisser un rôle décisionnaire à tous ceux qui seraient volontaires pour travailler à cette démarche, d’où notre proposition d’assemblées représentatives de ces listes. Enfin, parce que nous ne pouvons pas être la seule démarche nationale à en être privé, il faudra une appellation nationale pour l’identifier. Bien évidemment, parallèlement, il convient de travailler à un accord programmatique. Il devra faire face à cinq urgences  : la désagrégation de la souveraineté populaire à laquelle nous répondons par la constituante, la VIe République et la désobéissance européenne, l’austérité et les inégalités au bénéfice des revenus du capital, la casse des principes d’égalité républicaine, la préservation de notre écosystème, la paix. Mais le passé commun de la gauche antilibérale a montré sa capacité à régler cette question. C’est moins évident de notre capacité à nous rassembler dans un même mouvement et assurer une permanence dans notre stratégie. Mais avons-nous le droit d’échouer  ?

 

 

- Une action de transformation sociale par Fanélie 
Carrey-Conte Députée PS 
de Paris

Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Une urgence pour la gauche au pouvoir  : en finir avec l’impuissance. Trop souvent les citoyens ont le sentiment que l’action politique ne sert à rien, que les choses se décident ailleurs, que leur souveraineté populaire n’est plus incarnée, et cela doit cesser. Il faut que les décisions prises par les gouvernants pèsent à nouveau sur le réel, apportent des transformations pour la vie quotidienne de tous, et en particulier des plus fragiles. Une nécessité  : redonner confiance en la gauche. Ce sont les solutions de gauche qui permettront de répondre aux vrais défis du XXIe siècle. Creusement des inégalités, en particulier de patrimoine, enjeux environnementaux et climatiques, profondes mutations sociétales et économiques liées à l’ère numérique, nécessaire refondation démocratique… Il nous faut impérativement démontrer aux Français qui doutent que ce n’est ni dans le délaissement et le désintérêt citoyen, ni dans les propositions xénophobes et de repli portées par l’extrême droite que se trouvent les réponses qui permettront de faire face à ces défis, pourtant vitaux pour notre avenir collectif. Ce sont à l’inverse les solutions portées par la gauche – interventionnisme de la puissance publique, égalité, justice sociale… –, qui, n’en déplaise aux tenants du glissement social-libéral, n’ont jamais été aussi modernes, et seront gage d’efficacité. Mais, pour convaincre, il faut aujourd’hui reconstruire l’adhésion et l’espoir.

 

Un impératif pour cela  : rassembler la gauche. La majorité qui avait permis l’élection de François Hollande en 2012 n’a cessé depuis de s’étriquer. Les dernières élections départementales ont vu dans trop d’endroits la gauche se présenter en ordre dispersé, s’affaiblir mutuellement. La confiance est perdue. Or, le rassemblement de la gauche est nécessaire pour construire dans la société une dynamique politique permettant de rendre ses valeurs majoritaires dans les têtes et les cœurs, et pour permettre de poursuivre dans la durée une action de transformation sociale à travers les échéances électorales à venir. Le Parti socialiste, qui assume le pouvoir, a une responsabilité première. Il lui faut être lucide sur la défiance existant aujourd’hui parmi les citoyens, et surtout sur les raisons de celle-ci  : inefficacité des politiques menées, engagements non tenus, déceptions face à certains choix non conformes à nos valeurs. Il lui faut agir vite, très vite, afin que les deux années qui viennent ne soient pas annonciatrices d’une catastrophe démocratique qui pourrait se produire en 2017 si rien ne change. Il lui faut enfin comprendre que le rassemblement ne se bâtira pas sur une injonction, ni sur une logique de culpabilisation face aux dangers de l’extrême droite. Il n’existera que sur la base d’une orientation partagée, et clarifiée. L’intériorisation du mantra libéral «  il n’y a pas d’autre politique possible  » doit cesser, de même que l’appropriation de théories comme l’insuffisante flexibilité du marché du travail, les protections des salariés considérées comme des freins à l’emploi… Il faut à l’inverse renouer d’urgence avec les fondamentaux  : le rôle de la gauche au pouvoir est avant tout de faire que son action contribue à ce que les citoyens vivent mieux. Pouvoir d’achat, salaires, égalité républicaine à travers une action offensive sur les territoires délaissés, retour assumé de la puissance publique… C’est sur la base de telles orientations que la convergence des forces des gauches pourra à nouveau s’opérer. Il est encore temps, mais plus pour longtemps  : agissons.

 

 

- Une gauche refondée par Marie-Pierre Vieu Membre 
de l’exécutif 
du PCF

Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Pour moi, déverrouiller le débat politique est aujourd’hui moins lié à des questions de contenu qu’à notre capacité ou plutôt incapacité collective à construire le rassemblement qui le validera. L’actualité corrobore le constat d’Emmanuel Todd d’une «  France inégalitaire et autoritaire en rupture avec son peuple  » et toute représentation institutionnelle.

 

L’austérité au cœur des politiques européennes réduit l’espace public et met à mal le droit à l’égalité tandis que la pression sur les salaires hypothèque les parcours de vie. La fracture sociale revêt les formes multiples de l’exclusion territoriale, raciale, culturelle. L’insécurité progresse, la violence régit les rapports sociaux. Le choix du gouvernement à l’instar des PS européens d’affronter ce débat avec les remèdes de la droite pèse sur les consciences. Le donnant-donnant chute sur la loi Macron, Charlie justifie celle relative au renseignement. La rupture est consommée avec l’histoire de la gauche, ses repères. Cela renforce les forces les plus réactionnaires, une droite extrémisée, le FN, sans libérer pour autant un espace pour l’alternative. C’est en fait à un effritement, une délégitimation et une atomisation du camp du progrès social que nous assistons. Comment en sortir sinon par l’affirmation d’une offre de rassemblement qui transcende la situation  ? On pense à 1936 et au Conseil national de la Résistance, à l’union de la gauche qui a rendu possible la victoire de 1981 sur la base du programme commun.

 

La création du Front de gauche en 2009 est aussi une nouvelle union de forces de gauche et citoyennes. Née de l’exigence de sortir du diktat de la concurrence libre et non faussée, l’humain d’abord et la campagne de 2012 lui ont permis de remettre dans le débat public les questions de redistribution sociale, écologique, VIe République et réorientation de la construction européenne, démontrant l’unité des aspirations sociales, démocratiques et écologiques dans le combat antilibéral. La suite n’est pas à la hauteur, et pèse dans les blocages que nous rencontrons. Certains imputent la faute au manque de démarcation vis-à-vis du PS. Mon sentiment est que le Front de gauche, encore plus depuis l’élection d’une majorité socialiste, n’a pas dépassé dans son mode de réflexion et de fonctionnement les débats de posture, les logiques d’organisation et les repliements identitaires pour être la force propulsive utile aux luttes sociales et au mouvement populaire.

 

C’est cet obstacle que nous devons dépasser  : en continuant à œuvrer au rassemblement du FG, en développant toutes les passerelles possibles avec les autres forces politiques sociales, les militants, élus, acteurs de terrain, citoyens qui cherchent à sortir de l’étau actuel, en trouvant des formes de débat, de prises de décision, de souveraineté et de militance partagées. Le congrès du PS ne va pas rouvrir un espace pour la gauche mais tenter d’unifier les socialistes autour de la préservation de l’existant en favorisant le tripartisme et reléguant à la marginalité politique tout ce qui concourra à valider d’autres choix à gauche. Cela doit amplifier notre détermination à multiplier les rassemblements citoyens, avec le FG, EELV, des socialistes, des élus locaux, des acteurs de terrain, comme cela a eu lieu pendant les départementales. Les renforcer au moment des régionales sur des sujets comme la défense des services publics. Mais la question est de ne pas en rester à des alliances électorales conjoncturelles pour donner force et cohésion à ce mouvement de fond sur le terrain social, politique, culturel de la bataille pour l’hégémonie. Le PCF s’engage dans les chantiers d’espoir pour en faire des lieux d’échanges et de construction ancrés dans la proximité. Il est encore force motrice du Forum des alternatives qui permettra fin mai de faire converger à Paris tous les acteurs et forces de transformation, dont Syriza. C’est à cette hauteur d’une refondation de la gauche que nous devons nous hisser. Sans lâcher sur la visée émancipatrice qui est la nôtre.

Partager cet article
Repost0
5 juin 2015 5 05 /06 /juin /2015 08:07
Les grecs vont-ils enfin pouvoir souffler ?

Source :   le blog de Paul Jorion par François Leclerc le 1er juin 2015 | mis à jour le 5 juin 2015

Le dénouement est probablement proche, sous la forme d’un accord qui reste à acter. Un dîner réunissant ce soir Angela Merkel, François Hollande et Jean-Claude Juncker devrait le décider, mais sans encore nécessairement le claironner. Cela donnera raison à Alexis Tsipras, qui n’a cessé de réclamer « un accord politique », connaissant son monde et sachant que le terrain du réalisme économique était parfaitement secondaire. Tentant une fois encore de renverser la situation et le rapport de force, dans l’attente de cette rencontre, il a appelé ses interlocuteurs dans une tribune publiée par Le Monde à cesser de faire preuve « d’irréalisme » et a dénoncé les « solutions déraisonnables » exigées par ses interlocuteurs – ce qui est beaucoup leur demander – mais il devrait finir par avoir gain de cause, à condition toutefois qu’un habillage soit trouvé afin de préserver les apparences, une fois des derniers ajustements trouvés par le Groupe de Bruxelles.

 

Afin d’arriver à ses fins, Alexis Tsipras avait jeudi dernier à Riga rencontré Angela Merkel et François Hollande, et la chancelière avait ensuite souligné que « la France et l’Allemagne ont offert leur aide à la Grèce et au Premier ministre grec, s’il y a des questions à discuter ». La voie était ouverte. Si cela se confirme, le gouvernement grec et l’équipe des négociateurs mériteront un grand coup de chapeau pour avoir fait preuve de tant d’opiniâtreté, et accessoirement pour avoir respecté le mandat des électeurs, ce qui n’est pas si fréquent ! Alexis Tsipras a d’ailleurs débuté son article dans Le Monde en leur rendant hommage, rappelant que « le 25 janvier 2015, le peuple grec a pris une décision courageuse. ».

 

Dans cette tribune à lire absolument, le premier ministre et leader de Syriza rétablit soigneusement les faits et explicite les conséquences des décisions restant à prendre, évacuant les grossiers rideaux de fumée de la machine de propagande des créanciers de la Grèce. Avec force, il analyse les raisons de l’intransigeance qui a été opposée à la Grèce et s’inscrit habilement dans le débat sur l’avenir de l’Europe qui s’ouvre, ne voulant pas s’en tenir à la seule explication qu’elle a pour but de masquer l’échec de la stratégie européenne en vigueur. Il revendique « l’approfondissement de l’intégration européenne dans un contexte d’égalité et de solidarité entre ses peuples et ses citoyens », qu’il oppose à l’avènement d’une Europe où la démocratie serait abolie, à l’image de ce qui a tenté d’être fait en Grèce, en application d’une stratégie qu’il qualifie de « rupture et finalement de la division ».

 

C’est cette leçon là qui devrait être retenue par ceux qui l’attendaient sans trop oser l’espérer, et non pas celle que les dirigeants européens étaient à tort certains de donner en organisant l’asphyxie financière de la Grèce. A force de persévérance, la résistance paie. Bravo !

 

 

- A lire aussi sur le même site...

La Grèce est en train de gagner mais chut ! ne le dites surtout pas : ça pourrait tout faire capoter !.... lire la suite ICI

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Grèce

- Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »

- Grèce : les vraies négociations peuvent commencer

- L’UE n’a pas d’argent pour la Grèce, mais a 11 milliards d’Euros pour un pays non membre, l’Ukraine. Victoria Nuland avait eu raison, « F**K the EU »

- Grèce : « Une stratégie d’asphyxie et de totalitarisme économique »

- La présidente du Parlement grec veut la «vérité» sur la dette

- La Grèce se donne du temps pour négocier

- Grèce : Tsipras contre-attaque face aux Européens

- Dans une tribune publiée vendredi par le Financial Times, vingt-cinq économistes de renommée internationale, dont Joseph Stiglitz et Thomas Piketty, lancent un appel pour que « le bon sens économique et l’humain » l’emportent. La voici traduite en français.

Partager cet article
Repost0
3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 10:48
Élections régionales : Appel du PG Aquitaine-Limousin-Poitou Charentes

Le Parti de Gauche réuni à Fargues de Langon (33) en coordination régionale (en présence de nombreux militants venus de 11 départements de la grande région) s’adresse à tous les citoyens, à toutes les organisations, à toutes celles et ceux qui s’opposent à la politique gouvernementale pour construire des régions écosocialistes et anticapitalistes répondant à leurs besoins et à leurs aspirations dans une alternative de gauche.

Cet appel n’est qu’un début, nous vous invitons à venir construire ensemble un projet démocratique, républicain, écologique et social.

 

Source :  le Parti de Gauche de Charente le 18 mai 2015

La coordination régionale du Parti de Gauche Aquitaine Limousin Poitou-Charentes s’est réunie les 16 et 17 mai 2015 afin de réfléchir aux élections régionales de décembre 2015.

 


- La réforme territoriale s’inscrit dans un contexte global d’austérité.

Les nouvelles régions, dessinées dans l’objectif de mise en concurrence des territoires, se traduiront par plus d’inégalités, moins de services publics, moins de démocratie. La métropolisation et maintenant le redécoupage des régions éloignent les citoyens des lieux de décisions, de leurs élu-e-s locaux, affaiblissant leur capacité d’intervention dans la vie publique. Les moyens publics seront concentrés dans les grandes métropoles, aux dépens de zones rurales et périphériques où le manque d’emploi et de services publics se fait durement sentir via la réforme de l’État.

 

Nous refusons une région à deux vitesses, où seules les grandes métropoles seraient dotées d’emploi et de ressources publiques. Nous refusons le déclin agricole et industriel de notre région et la concentration des activités économiques.

 

 

- Ce contexte alarmant appelle une réponse :

  • des régions écosocialistes et anticapitalistes

  • des régions qui servent d’appui à la lutte contre l’austérité en développant les services publics comme mode de gestion du bien commun

  • des régions qui préfèrent la coopération des territoires plutôt que leur mise en concurrence

  • des régions qui soient des collectivités réellement démocratiques, au services des besoins concrets des populations, sur les sujets qui nous touchent au quotidien comme les Lycées, les TER…

  • des régions, conscientes de la crise climatique, qui s’engagent dans la transition écologique et promeuvent l’agriculture paysanne.

  • des régions qui créent de véritables projets économiques de long terme pour l’emploi, plutôt que de distribuer aveuglément des subventions qui s’évaporent au fur et à mesure des délocalisations.

  • des régions qui refusent de voir leur économie devenir exclusivement tertiaire. Des régions qui s’engagent dans un aménagement durable du territoire et non dans des Grands Projets Inutiles et Imposés (tels les LGV ou les Center Parcs).

 

 

- Nous n’oublions pas que ce contexte local s’inscrit dans une logique nationale, celle de la remise en cause de l’égalité de tous les citoyens sur le territoire.

C’est pour cela qu’il nous semble aussi important, par delà les enjeux locaux, de réaffirmer la laïcité comme le socle de notre vivre ensemble en réaffirmant la République sociale, celle que Jean Jaurès appelait de ses vœux, comme projet politique.

 

 

- Dans ce contexte, notre responsabilité est de construire une alternative clairement indépendante des politiques menées par le Parti Socialiste aux différents échelons de notre pays.

Nous sommes inquiets du boulevard qu’ouvrent ces politiques délétères à la droite et au FN, mais fermement convaincus que la réponse c’est l’engagement citoyen. Il est possible de porter un programme de rupture qui donne à voir des radicalités concrètes et soit en même temps une étape dans la construction d’une force politique nouvelle de rupture avec le système dominant.

 

Les élections régionales sont un moment de cette construction. Pour nous, avoir des élu-e-s n’est pas une fin en soi mais un moyen. Nous voulons des élu-e-s militant-e-s, en mesure d’incarner dans les assemblées cette dynamique nouvelle.

 

 

- Le Front de Gauche est un point d’appui et le patrimoine de tou-te-s ceux et celles qui ne se résignent pas à l’ordre économique dominant.

Nous sommes attaché-e-s à la démarche unitaire qu’il a initiée. Pour être pertinente elle doit pouvoir s’élargir et s’ouvrir.

 

 

- Nous pensons que la construction d’une alternative de gauche à la politique du PS doit marcher sur deux jambes :

- élargir les dynamiques unitaires ;

- mais aussi s’ouvrir à la participation citoyenne et même la susciter.

Des initiatives existent, nous devons nous appuyer dessus. Ainsi, les assemblées citoyennes qui se mettent en place sur les territoires, comme à Pau ou en Creuse, des appels citoyens, les démarches de rassemblement du Front de Gauche, d’EELV et de Nouvelle Donne initiées aux départementales sont autant de points positifs. Les camarades du NPA et tous ceux et celles qui s’opposent à la politique du gouvernement y sont bienvenus. L’appel de la Convergence des Services Publics à manifester à Guéret le 13 juin est un point d’appui.

 

De même nous regardons favorablement l'adresse de la coordination régionale d'<<Ensemble>>, ainsi que l’appel de Limousin terre de gauche qui tient son université de printemps le 30 mai 2015.

 

 

- Nous appelons à la convergence de celles et ceux qui s’opposent à la politique gouvernementale et s’inscrivent dans une alternative de gauche.

Nous appelons à co-construire ensemble cette démarche, à créer des assemblées représentatives des assemblées citoyennes pour que les citoyen-ne-s se saisissent de celles-ci avec les partis engagés. Le but doit être de se doter d’une charte et d’un programme qui définisse les contenus et les engagements mutuels que nous porterons pour cet objectif de clarté et d’indépendance politique. Nous sommes disponibles pour participer à cette construction et appelons à la réunion de toutes les forces susceptibles d’y participer.

 

Fargues de Langon, le 17 Mai 2015

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

- Appel d’ENSEMBLE! au rassemblement de la gauche qui refuse l’austérité : une alternative est possible !  

Partager cet article
Repost0
3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 08:11
Jean-Luc Mélenchon : La méthode de la convergence citoyenne

Les résultats des élections en Espagne sont très intéressants à étudier pour en faire notre miel. Evidemment, leur premier impact c’est qu’ils contrebalancent la tendance de l’Europe du nord et de l’est que la vague brune domine pour l’instant assez nettement. Dans la partie qui se joue sur le continent, ce n’est pas rien.

Le choc que la Grèce va provoquer dans les prochains jours alimentera les tourbillons en cours de façon imprévue. Cette vue continentale doit nous servir de repère sans nous abandonner au regard pointilliste et superficiel des « commentateurs ». L’essentiel, pour cet épisode, c’est que nous ne soyons pas défaits partout tout le temps.

 

Source :  le blog de Jean-Luc Mélenchon

- La mémoire collective des Espagnols contient l’expérience des puissants mouvements des Indignés (appelés comme ça par les commentateurs français) et davantage encore par les « marées citoyennes ».

Mobilisations par thèmes tels que : éducation, santé, mines, sans oublier les mouvements locaux contre les confiscations, les expulsions et ainsi de suite… Dans ce cas, « fédérer le peuple », comme j'en ai repris la formule, c’est fédérer des mots d’ordre et des populations mobilisées autour d’eux. Rien à voir avec le traditionnel « rassemblement de la gauche » qui enferme dans les tractations entre états-majors et surtout oblige aux vieilles gesticulations de « mise au pied du mur », « l’union est un combat », qui sont autant de phases devenues des rites confinés et autodestructeurs. La préparation des élections régionales et locales d’Espagne a été un processus d’une toute autre nature. Je donne le lien vers le récit qu'en fournit Manuel Bompard sur son blog. Manu est secrétaire national du PG, militant dans le grand sud-ouest. Il fait partie de la génération la plus engagée dans la méthode des convergences citoyennes qu’il applique en grand dans son secteur. Ce n’est un secret pour personne que l’équipe du PG s’implique de très près dans l’étude et le partage avec les militants espagnols qui constituent la nouvelle nébuleuse alternative. On ne compte plus les allers et retours des uns et des autres et les participations croisées de chacun d’entre nous à des « évènements » montés de chaque côté des Pyrénées. Exactement comme nous le sommes avec les Tunisiens par exemple aussi. De nos jours il est possible d’avoir un haut niveau d’intégration de l’activité politique internationale quand on en a la volonté politique. Nous l’avons, et les cadres du PG circulent beaucoup, à tous les niveaux de l’organisation. Je le mentionne pour signaler l’existence d’une culture commune en cours de construction avec tout ce que cela implique de doutes, d’hésitations et de fulgurances aussi.

 

 

- Pour autant, le processus électoral de cette fin de semaine si magnifique ne peut être réduit à la seule percée de Podemos.

Le dire n’enlève rien à celle-ci car elle est bien réelle et en ce sens digne de tout notre intérêt. Il faut aussi considérer cette percée dans son ampleur. Car nul ne peut oublier que Podemos est, à l’origine, une scission de Izquierda Unida, l’équivalent du Front de Gauche en France. Je résumerai le motif de cette séparation en disant que l’équipe initiale de Podemos rejetait l’hégémonie du PCE (Parti communiste espagnol) sur Izquierda Unida et son approche trop « conventionnelle » dans la situation politique espagnole. Pour ma part, je suis resté lié aux deux groupes sachant que les faits trancheraient entre eux quant à la stratégie et que nous pourrions éventuellement être utiles à des rapprochements ultérieurs. Podemos ne s’est pas trompé sur son intuition. Ses résultats en attestent. Izquierda Unida doit intégralement se refonder pour être utile à la phase suivante. Ou bien elle sera rayée définitivement de la carte.

 

 

- Mais Podemos est lui aussi tributaire de plus grand que lui : le processus de révolution citoyenne en Espagne.

Dès lors, il faut noter que le résultat des listes municipales est très nettement plus large que celui des listes « pure Podemos » aux élections des autonomies. Les listes aux municipales ont été préparées dans une démarche citoyenne ample de longue durée de maturation. Certes, elles tirent leur dynamique et leur maturité de l’onde longue d’expérience portée par les marées citoyennes et les organisations de résistances civiques. Mais le processus concret de mise en œuvre de la démarche citoyenne a été une contribution permettant de transformer l’essai, c’est-à-dire le passage d’un mouvement informel à la phase où une liste ordonnée va le représenter. Cela peut paraître abstrait. Mais c’est une question terriblement brulante dans l’activité pratique.

 

 

- A son exemple, ou en même temps, nombre de nos amis ici ont commencé en France le même processus.

Il a été surtout expérimenté à échelle large, pour la première fois, dans les élections départementales. On ne partait pas de rien. Au contraire, on avait un exemple. Nous avons fait le bilan de ce qu’a été concrètement, sur le terrain, l’expérience de la campagne de Grenoble. A présent, nous sommes engagés dans la même méthode un peu partout dans le pays en vue des élections régionales. Naturellement tout cela est passé, passe, et passera sous les radars. Tant mieux. Des processus aussi délicats ne peuvent se construire sous la lumière déformante des spots.

 

 

- Les difficultés ne manquent pas.

D’abord celles qu’importent dans ce genre de construction la vie des organisations petites et grandes du monde politique conventionnel. En Espagne, la question de la rupture avec le PS a été réglée par les démarches citoyennes depuis le début, alors qu’en France elle traîne encore. En Espagne, la question de la convergence pratique des partis et des citoyens s’est réglée dans l’action. Incluse la question de la présentation des candidats qui n’est pas la chose la plus simple à mettre en œuvre. En France, si l’on met de côté l’engagement du PG, aucun parti en tant que tel n’accepte nationalement d’aider sans contrepartie les convergences citoyennes. Ce qui n’empêche pas, sur le terrain, que la démarche soit accompagné par des organisations très différentes. PG, Nouvelle Donne et EELV se trouvent souvent ensemble sur le terrain dans ce genre de démarche. Parfois, certaines structures du PCF s’y intègrent aussi. Mais le plus important est la façon avec laquelle se mène et s’organise la mise en place des « appels citoyens ». Il s’agit de leur réunion concrète, depuis leur mise en ligne sur la toile jusqu’à la constitution « d’assemblée représentatives » de l’ensemble des personnes qui soutiennent. Moment clef que celui où il s’agit de confier la conduite des opérations et les décisions politiques qui vont avec. Ce moment contient toute la difficulté de la mise en œuvre.

 

 

- J’ai pris le temps d’entrer dans les détails de la mise en œuvre plutôt que d’approfondir l’analyse du résultat électoral espagnol lui-même.

C’est que je me sens en campagne pour faire avancer une idée qui est en même temps une stratégie politique de conquête du pouvoir. En publiant « L’Ère du peuple », je voulais vulgariser les fondements de la théorie de la révolution citoyenne en tant que cadre d’analyse de la réalité de la fin du monde néolibéral en cours de route selon moi. Je dois dorénavant la détailler comme pratique concrète à mesure des évènements. Car rien ne me paraît plus vain que ces innombrables appels et autres déclarations en vue d’une « refondation de la gauche » qui se répètent et se concurrencent sans le début du commencement d’une mise en œuvre. Même quand ils viennent de nos rangs au Front de Gauche. Comment expliquer que depuis janvier soit sur la table la proposition de former une assemblée représentative du Front de Gauche sans que l’idée ait avancé d’un mètre ni reçu de réponse ? Comment expliquer que la proposition de former des listes à partir d’appels citoyens et d’assemblées représentatives des signataires ne puisse se réaliser qu’à la base et quasiment dans le silence des sommets ?

 

 

- Dans les faits, la démarche des convergences citoyennes pour les régionales est une opération concrète de reconstruction à partir de l’action.

Et des élections. Ce point n’est pas un détail. La question que se posent les démarches citoyennes ce n’est pas la qualité du texte à rédiger, son contenu complet et la vérification de la présence de tous les mantras de notre gauche. C’est de convaincre un maximum de gens de s’associer à un objectif politique commun. La preuve du pudding, comme on le sait, c’est qu’on le mange. La preuve de l’intérêt pour Podemos et les citoyens espagnols c’est qu’on en fasse autant qu’eux.

 

 

- L’Espagne, et la Grèce, en ce qui nous concerne, cela n’a rien à voir.

On y voit mises en œuvre les deux thèses qui animent un vrai débat entre les membres de la nouvelle gauche mondiale. Sous le choc des politiques néo-libérales les sociétés cherchent un nouveau leadership politique. Verrouillés par l’alternance des deux partis qui font la même politique, nos sociétés se dirigent vers un point « qu’ils s’en aillent tous » dans des formes et avec des mots d’ordre différents selon les pays. Dans cet entre-deux, comment avancer une alternative ? En organisant une confrontation dans la forme traditionnelle partis contre partis ou en misant sur des mouvements populaires de base de récupération du pouvoir citoyen. Ou un mix des deux. Cette question ne peut recevoir de réponse « à froid ». Elle trouve sa réponse dans les événements concrets, la mémoire collective et les traditions politiques de chaque pays ou même de chaque zone dans un pays. La formule Syriza repose sur une alliance puis une fusion d’un large arc de partis d’abord seulement coalisés. Cela est impossible en France car le Parti communiste (mais peut-être n’est-il pas le seul réellement) ne veut pas d’une telle fusion qu’il considère comme une dissolution de son identité après 90 ans d’existence contre vents et marées. Pourrait-on envisager des fusions partielles ? La proposition du PG dans ce sens n’a reçu que des fins de non-recevoir de tous ses partenaires dans le Front de Gauche. La formule Syriza dans cet aspect n’aura donc pas lieu en France. Mais le Front de Gauche peut-il y pourvoir à sa place ? C’est peu probable. Le Front de Gauche a manqué son rendez-vous en se noyant aux municipales.

 

 

- Pour autant, le Front de Gauche existe.

Il représente un repère respecté pour de très nombreuses personnes et électeurs. Dans plusieurs départements, l’intégration des composantes est très avancée. L’action collective est constante. Mais ailleurs, ça se passe très mal et les plaies électorales saignent toujours. Reste que le Front de Gauche existe et c’est sans doute le plus beau levier dont nous disposons à cette heure. Peut-il capter une dynamique du terrain ? C’est possible s’il va au bout de l’analyse de ce qui vient de se passer en Espagne et de ce qui est en cours en France même. L’avenir du Front de Gauche est son dépassement dans un mouvement plus large au service duquel il doit se placer. Ce mouvement doit s’ancrer dans la participation citoyenne. Comment faire ? Voir plus haut.

Partager cet article
Repost0
28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 08:08
Les « Républicains », opération de communication pour une captation d’héritage ?

Citoyenneté, service public, laïcité Où sont les vrais républicains ?

 

Par Martine Billard, membre de la direction du Parti de gauche, Anicet Le Pors, conseiller d’État honoraire, ancien ministre et Pierre Serna, directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française, professeur à Paris-I Panthéon- Sorbonne.

 

Source : l'Humanité le 19 mai 2015 | mis à jour le 07 juin 2015

Les « Républicains », opération de communication pour une captation d’héritage ?

- Sarkozy privatise jusqu’à  la République par Martine Billard, membre de 
la direction du Parti de gauche

Le changement de nom de l’UMP n’est rien d’autre qu’une vulgaire opération de marketing pour faire oublier les turpitudes du parti de Nicolas Sarkozy. Ce mécanisme n’a rien de nouveau dans la sphère commerciale. Que faire lorsque le nom de votre entreprise est synonyme de corruption, de scandales ? Changer d’enseigne. Combien d’entreprises, d’ailleurs souvent liées à la droite, ont agi ainsi ces dernières décennies, le cas le plus emblématique étant la Générale des Eaux, devenue Vivendi puis Veolia… L’UMP s’inscrit donc dans une démarche similaire. Cela ne fera pas oublier les affaires auxquelles nombre de ses dirigeants sont mêlés (Karachi, Bygmalion…) et ne changera rien pour son président. Sarkozy il est, Sarkozy il restera, et le nouveau parti héritera des casseroles de l’ancien, malgré la tentative de blanchiment.

 

Dans l’histoire politique française, c’est au sein de la droite que les partis changent le plus souvent de nom. Et si la référence à la République est si présente depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce n’est pas un hasard. Ils ont longtemps porté un discours idéologique de rejet de la Révolution française, ainsi que de la laïcité, les rendant ainsi suspects de vouloir le rétablissement de la monarchie sous une forme ou une autre. À la Libération, la droite a besoin de reconstruire un parti qui rompt avec le discrédit de Vichy et de l’État français de Pétain. Le premier parti ainsi créé, le MRP (Mouvement républicain populaire), incorpore donc la référence à la République dans son nom. Les suivants, à l’exception du RPF de De Gaulle de 1947 à 1955, feront de même : l’UNR (Union pour la nouvelle République), l’UDR (Union pour la défense de la République) qui donnera lieu à l’expression d’« État UDR » tellement les gouvernements de cette époque, tous de droite, seront marqués par l’affairisme, le RPR (Rassemblement pour la République), lié lui aussi à nombre de scandales comme l’affaire des lycées d’Île-de-France, celle des emplois fictifs de la Mairie de Paris, celle des HLM de Paris…). À chaque fois, la dénomination change, mais les pratiques restent les mêmes.

 

Pas de nouveauté, donc, dans la démarche. Mais, cette fois-ci, Nicolas Sarkozy, qui ose tout, a décidé de s’accaparer totalement la République en s’appelant « Les Républicains » et même de privatiser cette dénomination en la déposant à l’Inpi (Institut national de la propriété industrielle), ce qui vaut protection juridique contre toute utilisation par des tiers. Et dès que les médias parleront des républicains, le premier réflexe sera de penser au parti de Nicolas Sarkozy. Vous pouviez vous dire anti-UMP ; dorénavant, vous deviendrez anti-« Républicains » !

 

Plus profondément, quelle parodie et quelle tristesse. Au moment où les valeurs républicaines – liberté, égalité, fraternité – sont attaquées de toutes parts (loi sur le renseignement, explosion des inégalités, montée de la xénophobie), c’est le parti qui, dans sa course derrière le FN, est le plus en pointe dans ces attaques qui s’approprierait la dénomination « Républicains ». La République n’appartient à personne, ou plutôt elle appartient à tous les Français. Personne n’a le droit de s’adjuger l’utilisation exclusive de républicain et encore moins cette droite qui n’a que le mot répression à la bouche, qui est obséquieuse pour les puissants et dure pour le peuple et qui dresse les Français les uns contre les autres. L’UMP devenue « ripouxblicains », c’est le beau nom de républicains qui sera sali, avec le risque que le rejet de la droite ne devienne le rejet de la République. Non, la droite revancharde, réactionnaire moralement et libérale économiquement, et socialement, ne peut privatiser ce qui est notre bien commun à tous.

Les « Républicains », opération de communication pour une captation d’héritage ?

- C’est le fond qui manque le plus par Anicet Le Pors, conseiller d’État honoraire, ancien ministre

Il va de soi que l’on doit dénoncer la captation d’héritage par l’UMP. Toutefois, il me semble plus utile de se demander si cette captation n’est pas rendue possible par une insuffisante défense et une fructification déficiente de cet héritage par ses héritiers. La question et la réponse valent également pour le détournement par le Front national de valeurs républicaines. Trois thèmes, notamment, font l’objet de ces captations : la souveraineté, le service public, la laïcité.

 

La nation est et demeure le niveau le plus pertinent d’articulation du particulier et du général. Le refuge dans la religion du libéralisme européen, comme le dogme d’une irrévocabilité de l’euro font obstacle à toute recherche sur l’avènement d’une nouvelle civilisation fondée sur l’intervention active des peuples. Après l’échec du XXe siècle « prométhéen », nous sommes entrés dans une phase de décomposition sociale, de perte de repères, qui s’accompagne d’un double mouvement d’individuation et de mondialisation, laquelle n’est pas seulement celle du capital. S’ensuit, au sein de cette « métamorphose », la nécessité d’un double approfondissement concernant, d’une part, la citoyenneté (valeurs, moyens, dynamique), d’autre part, l’avènement d’un genre humain porteur de valeurs universelles, développant interdépendances, coopérations, solidarités. Seule la nation est en mesure d’animer la dialectique entre ces deux pôles. Seule la souveraineté nationale et populaire lui en donne le moyen. La République française se définit aujourd’hui dans cette responsabilité historique que ne peut assumer le libéralisme.

 

Le XXIe siècle a vocation à être l’« âge d’or » du service public. Les Français sont attachés au service public qui, depuis la fin du XIXe siècle, a fait l’objet dans notre pays d’une théorisation constante. Le service public, contesté par l’économie de marché, est consubstantiel à la République française. Mais dans la crise, cet attachement se traduit généralement par des comportements défensifs, alors que la socialisation objective des relations humaines invite à une autre ambition. La montée de l’« en-commun » appelle celle de services publics au plan mondial. Mais cette constatation en appelle une autre : celle de la nécessité de la propriété publique, car le service public ne peut être « hors sol ». « Là où est la propriété, là est le pouvoir ! » disions-nous. La formule ne serait-elle plus vraie ? Pourquoi ? La question doit être remise sur le chantier, car ce n’est pas l’invocation tous azimuts de « pôles publics », objets économico-politiques non identifiés, qui y répond.

 

La laïcité est normalement au cœur de la confrontation politique dans la République et dans le monde. À la lumière de l’expérience du siècle passé, il s’agit de sortir des idéologies messianiques, des religions – fussent-elles séculières – prétendant substituer la loi de transcendances à la loi des hommes. On n’est pas quitte avec la laïcité en la qualifiant d’ouverte, de positive, de raisonnable. Pas davantage en faisant preuve de complaisance à l’égard de comportements ostentatoires dans l’exercice du service public. Car, si la laïcité est liberté de conscience, elle est tout autant neutralité de l’État, ce qui est trop souvent oublié. Les juridictions administratives et judiciaires peinent à valider les règles de droit nécessaires. Les forces laïques ne répliquent aux atteintes que de manière insuffisante et confuse. La revendication est quasi inexistante. Serait-il, par exemple, si difficile de mettre en perspective la fin du régime concordataire d’Alsace-Moselle ? Là se ferait clairement la différence avec « Les Républicains ». Et pas seulement avec eux.

Les « Républicains », opération de communication pour une captation d’héritage ?

- Le grand ami de la dynastie républicaine des Bush par Pierre Serna, directeur 
de l’Institut d’histoire de 
la Révolution française, professeur 
à Paris-I Panthéon- Sorbonne

Je me demande bien pourquoi les collègues universitaires, les spécialistes de la politique, les sociologues des partis s’étonnent tant de la volonté de capture du mot « républicain » par le camp de l’ancien président de la République. Même Marcel Gauchet y est allé de sa feinte ou cynique incantation à demander un adjectif après République, comme si la droite n’avait pas kidnappé depuis longtemps des symboles forts, issus de la Révolution française, censés représenter le peuple en colère, en révolte, en arme, libre et émancipé, à commencer par le bonnet phrygien comme emblème de feu le RPR de Jacques Chirac. Ainsi, ou bien on prend la posture scandalisé : il n’a pas le droit moralement de faire cela… quoi ? accaparer le mot République ! Comme si la République en soi, se suffisait… la République peut être celle de Bonaparte, par exemple, et, pourquoi ne pas l’écrire, celle de mai 1958 et de son quasi-coup d’État, sans parler de certains articles de notre Constitution, dont le fameux 16 qui donne tous les pouvoirs au président en cas de crise ! Ou bien on prend la posture critique, tant pis pour la République, la bourgeoise s’est vendue tant de fois, la faussement égalitaire est à bout de souffle et ne sert plus qu’à la reproduction des élites entre elles ! Les deux positions sont des impasses et le piège tendu fonctionne…

 

En effet, ces deux prises de position après le coup de bluff de Nicolas Sarkozy confondent République et démocratie, impossibles pourtant à penser en forme de synonymie, à moins de courir de graves dangers et de faire semblant d’ignorer qu’une république peut être autoritaire et qu’une démocratie, manipulée par le plébiscite, peut être pire. Pourtant, la Révolution et tout le XIXe siècle, et une grande partie de la gauche au XXe siècle, ont voulu et pensé une République démocratique, c’est-à-dire un régime de souveraineté du peuple – des citoyens mus par un espoir d’idéal – inscrit dans un horizon à atteindre : liberté, égalité fraternité jamais conquises, à désirer tout le temps, à édifier à chaque instant par le vivre-ensemble, le pouvoir être différent et le vouloir jouir des mêmes droits, à chaque moment de la vie civile, civique et privée.

 

Est-ce ce modèle français de République démocratique que revendique Nicolas Sarkozy ? Pas du tout et, une fois de plus, le débat mené de façon franco-française appauvrit la réflexion et rate la cible authentique : le président des « Républicains » envoie pourtant un message on ne peut plus clair. Il n’a pas de grande culture de la République démocratique de Robespierre, de Danton aussi, de Quinet, de Jaurès, de Péguy, de Jean Zay, de Germaine Tillion. En revanche, il est, reste et demeure fasciné par le modèle américain et son ultralibéralisme des plus violents par la casse sociale qu’il provoque. Le message devient plus clair : « Républicains », cela veut dire copier le parti des néoconservateurs les plus féroces qui soient de l’autre côté de l’Atlantique et, du même coup, vouloir forcer ses opposants à devenir les démocrates, aussi peu représentatifs d’une gauche républicaine et démocratique que le sont les partisans de Barack Obama ou de madame Clinton.

 

Nicolas Sarkozy ne veut pas accaparer la République comme on l’entend de ci et de là. Il veut simplement tourner la page de la République démocratique telle qu’elle s’est construite en France, avec ses luttes sociales, son éducation civique et civile, son instruction pour tous, son refus des communautarismes sectaires et son égalité comme objectif à réaliser pour construire la citoyenneté. Ce n’est pas tomber dans une américanophobie stérile que de pointer ce que masque le jeu autour du mot « républicain ». C’est plutôt tenter de dévoiler la part de cynisme de Nicolas Sarkozy à vouloir brouiller les cartes, par sa fascination des faucons américains et de leur république agressive et ploutocratique. Par pitié, ne jouons pas son jeu : ce n’est pas de l’histoire de France qu’il s’agit dans cette histoire de manipulation du mot « république », mais du refus à exprimer clairement de concevoir son avenir dans sa transformation en une petite Amérique, la succursale du clan Bush, les amis de vacances de Nicolas Sarkozy, ses protecteurs républicains.

 

Pour en savoir plus :

- Les Républicains : la nouvelle pompe à fric de Sarkozy

Les « Républicains », opération de communication pour une captation d’héritage ?
Partager cet article
Repost0
27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 08:07
L’esprit de la Résistance toujours d’actualité

Il y a soixante-et-onze ans, un programme social audacieux

 

L’histoire avancerait-elle à reculons ? Si le programme du Conseil national de la Résistance (CNR), à la pointe du progrès économique et social, a pu s’appliquer à partir de 1944 dans un pays ravagé par la guerre, on ne voit pas pourquoi, dans une France et une Europe regorgeant de richesses, des changements de même ampleur ne seraient désormais qu’une aimable utopie incompatible avec les « contraintes » financières. En fait, tout dépend du rapport des forces politiques et sociaux...

 

Source :  le Monde Diplomatique par Serge Wolikoff [1]

Tout comme les systèmes de retraites et les dépenses de santé, l’organisation du travail ne pourrait donner lieu, nous dit-on, qu’à une seule « réforme » possible. Ce discours est actuellement dominant dans l’Europe occidentale du début du XXIe siècle, après plus de cinquante ans de paix et de croissance. Pourtant, dans la France dévastée de l’après-guerre, on a fait d’autres choix en appliquant Programme du Conseil National de la Résistance (CNR) élaboré dans la clandestinité et adopté le 15 mars 1944. Le progrès vers plus de justice sociale ne vaudrait donc qu’en temps de pénurie, tandis que l’abondance de la production justifierait l’extension de l’inégalité à tous les domaines de la société !

 

L’histoire du CNR, réuni pour la première fois en mai 1943 au 48, rue du Four, à Paris, à la barbe de l’occupant nazi, et son programme, adopté un peu moins d’un an plus tard, méritent davantage qu’un simple salut rhétorique. Dans la nuit de l’Occupation, pendant plusieurs mois, des résistants se réunirent au péril de leur vie, s’échangèrent des documents en vue de rédiger un programme destiné à définir la politique de la France au lendemain de sa libération, car ils avaient présents à l’esprit les événements ayant jalonné la politique de leur pays depuis une décennie.

 

Le CNR, qui rassemble les mouvements de résistance, les syndicats (CGT et CFTC), mais aussi les partis et tendances politiques (Parti radical, Parti socialiste, Parti communiste, Démocrates populaires, Alliance démocratique et Fédération républicaine) en lutte contre le régime de Vichy et l’occupant allemand, traduit la prise de conscience de la nécessaire unité du combat démocratique. Il s’appuie sur la mémoire des victoires, mais aussi des désillusions et de l’oubli des engagements qui ont accompagné les combats depuis une décennie.

 

De ce point de vue, le Front populaire avait été une réponse exaltante à la crise sociale, économique, aussi bien que morale et culturelle, de la France du début des années 1930. L’unité d’action des Partis communiste et socialiste, puis son élargissement au Parti radical, la réunification syndicale, mais aussi l’alliance avec le monde associatif, de 1935 à 1938, avaient permis de renverser le cours de l’évolution politique et sociale engagée par les forces de droite. En réponse aux discriminations contre les étrangers expulsés, à la marginalisation économique et culturelle des classes populaires, le Front populaire avait été l’occasion, pour les ouvriers notamment, de faire irruption sur la scène publique, d’y prendre leur place. En 1936, l’engagement massif des salariés dans les grèves, comme dans les manifestations, témoignait d’une forte politisation associant antifascisme et revendication sociale.

 

Mais la démocratisation amorcée par l’action conjointe d’un mouvement populaire et du gouvernement était très vite retombée ; nombre de réformes promises avaient été abandonnées, le spectre de la guerre divisant ceux qui, jusqu’alors, avaient dénoncé le militarisme. La politique à l’égard de l’Espagne républicaine, de 1936 à 1938, avait provoqué de premières failles que le pacte germano-soviétique, en août 1939, allait élargir. La division des composantes du Front populaire accompagna la mise en cause des institutions républicaines par des forces conservatrices qui situaient désormais l’ennemi à l’intérieur du pays. La défaite militaire de 1940 face à l’armée allemande fut aussi celle d’une République qui, après avoir répudié les enthousiasmes de 1936, laissa la place à un régime de revanche sociale et de réaction.

 

L’Etat français, qui prétendait, sous l’autorité du maréchal Pétain, établir une révolution nationale associée à la collaboration avec l’occupant, mit en œuvre une politique au service des grands intérêts économiques, reléguant à nouveau le monde du salariat dans un rôle subalterne. Le Front populaire fut, en tant que tel, rendu responsable de la défaite. Le procès de Riom au début de 1941, qui devait populariser cette thèse grâce à la mise en accusation des anciens ministres, tourna au fiasco et dut être interrompu. Il reste que les divisions des forces du Front populaire et la fin de la République marquèrent fortement les débuts de la Résistance. Le chemin qui, de 1940 à 1943, mène de sa diversité à son unification fut difficile et complexe.

 

A la fin de l’année 1942, le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, l’entrée des troupes allemandes dans la zone sud de la France, la contre-offensive de l’armée soviétique à Stalingrad traduisent une modification du rapport des forces en faveur des nations unies contre les puissances fascistes. La place et le rôle à venir des résistances nationales se trouvent d’autant plus remis en question que les Britanniques et les Américains n’accordent qu’une importance minime à la résistance intérieure, et dénient à de Gaulle la qualité de seul représentant légitime de la France.

 

Les événements d’Afrique du Nord, marqués par des négociations et des compromis avec les militaires et l’administration de Vichy, donnent, début 1943, une grande acuité à cette question. Du côté de la Résistance intérieure, les difficultés étaient autres : elles tenaient à l’hétérogénéité des organisations et à la diversité de leurs objectifs. Les uns, tels les mouvements, nourrissaient de fortes préventions envers des partis politiques tenus pour responsables de la faillite de la République. Les forces politiques, elles, se trouvaient dans des situations très contrastées : si le Parti communiste pouvait se prévaloir d’une organisation et d’une activité indéniables forgées dans l’action clandestine depuis longtemps, il n’en allait pas de même des autres partis, à commencer par le Parti socialiste, dont la reconstitution était récente et dont nombre de ses anciens militants avaient préféré s’investir dans divers mouvements et réseaux. Le syndicalisme, que le régime de Vichy avait tenté d’intégrer dans des structures officielles, était encore marqué par les divisions internes avivées par le pacte germano-soviétique.

 

Ces préventions entre organisations traduisaient à la fois des désaccords tactiques et des héritages culturels et politiques différents. De même, les incompréhensions entre la Résistance intérieure et la France libre autour de De Gaulle reflétaient des divergences sur le rôle et la place des civils dans la perspective de la libération du pays. Le processus d’unification sera impulsé par l’action de Jean Moulin, qui en avait reçu la mission explicite de De Gaulle. Les contacts directs noués à Londres entre le Parti communiste et de Gaulle créent une situation favorable, de même que l’acceptation, par les alliés, de la constitution, à Alger, le 3 juin 1943, d’un Comité français de libération nationale, présidé par De Gaulle, et embryon d’un véritable gouvernement de la Résistance.

 

Ce contexte éclaire la formation du CNR, le 27 mai 1943, ainsi que sa composition. Finalement, l’organisme regroupe 8 représentants des mouvements de résistance, 6 des partis ou tendances politiques, 2 des syndicats. Ces forces n’avaient pas les mêmes titres à faire valoir en termes d’action sur le terrain et d’ancienneté dans le combat. La présence de partis politiques comme les radicaux (Marc Rucart) et surtout l’Alliance démocratique (Joseph Laniel) ou la Fédération républicaine (Jacques Debu-Bridel), nettement situées à droite, exprimait la volonté d’ouvrir la Résistance à des forces politiques devant faire contrepoids à l’influence communiste. Cette dernière s’appuyait sur l’action de son parti et de ses militants, notamment sur le terrain de la lutte armée dans le cadre des Franc-tireurs et partisans, eux-mêmes dépendant du Front national pour l’indépendance de la France, mouvement représenté au CNR par Pierre Villon. A côté du représentant de la CGT (Louis Saillant), qui se réunifie au même moment (accords du Perreux le 17 avril), figure pour la première fois le représentant de la CFTC (Gaston Tessier), ce qui traduit l’engagement du syndicalisme chrétien dans la Résistance, au moment où la majeure partie de la hiérarchie catholique continue d’apporter son soutien la politique de collaboration du régime de Vichy.

 

 

- Définition d’une République nouvelle

Cette présence du catholicisme social est confirmée par la participation des Démocrates populaires au titre des partis politiques. C’est d’ailleurs leur représentant, Georges Bidault, qui, après l’arrestation de Jean Moulin le 21 juin, prend la direction du CNR. C’est pendant l’hiver 1943-1944 que la rédaction d’un projet de texte commun est mis à l’ordre du jour. Il s’agit de répondre aux préoccupations de plusieurs partis et mouvements, en résonance avec les discussions qui se déroulaient à Alger, notamment à l’Assemblée consultative, au sujet de la politique à mettre en œuvre en France après la Libération. L’élaboration du document fut lente et laborieuse. Le texte adopté fut le fruit de discussions et d’échanges ralentis par les combats et la clandestinité. Les tensions et les différences d’appréciation reflétaient la diversité des organisations membres du CNR : les partis politiques du centre droit étaient réticents à l’égard de mesures économiques et sociales radicales, mais leur poids dans l’action résistante était faible, et tout le monde convenait de la nécessité de réformes profondes pour reconstruire le pays et la démocratie.

 

L’affirmation unanime des fondements démocratiques de la vie politique attestait une volonté commune de renouer avec la République, malgré la crise de 1940. En fait, la divergence principale portait sur l’équilibre à tenir entre, d’un côté, l’action immédiate et le rôle de la Résistance intérieure dans les combats en vue de la libération et, de l’autre, le programme de réformes, tant sociales et économiques que politiques, à définir pour la France d’après-guerre. Les socialistes avaient mis l’accent sur les réformes de structure, tandis que les communistes insistaient davantage sur la lutte armée, la mobilisation de masse contre l’occupant et le rôle des comités de base. Pour autant, avec l’appui des syndicats et des mouvements, on parvint à la définition de grands objectifs communs et de réformes.

 

Ce programme commun, qui s’inscrivait dans une tradition politique française longtemps marquée par les échéances électorales, avait, dans le contexte de la Résistance, un caractère très novateur en associant l’action avec un projet essentiellement centré sur les questions économiques et sociales, décisives pour le monde du travail, mais aussi pour la reconstruction du pays. Le réalisme des propositions tenait également à leur ancrage dans les revendications et les expériences des luttes conduites depuis le Front populaire.

 

La collusion des milieux économiques dirigeants avec l’occupant, les souffrances des salariés de l’industrie et des travailleurs agricoles, leur participation à l’action résistante, donnaient sa légitimité à un programme mettant l’accent sur les droits sociaux et l’égalité des citoyens, sur la primauté de l’intérêt général dans la gestion des ressources nationales et dans la définition d’une République nouvelle.

 

Note :

[1] Serge Wolikoff Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne et directeur de la Maison des sciences de l’homme de Dijon (article paru en mars 2004 et toujours d'une ardente actualité).

 

Pour en savoir plus :

- Comme il y a 71 ans, redressons la tête !

- Mars 2014 : 70e anniversaire de l'appel du CNR

- 2015 : mettons Ambroise Croizat au coeur du 70ème anniversaire de la sécurité sociale

Partager cet article
Repost0
26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 08:15
Grèce : quel premier bilan pour la gauche, après cent jours de gouvernement ?

Où en est la gauche anti-austérité au pouvoir en Grèce depuis fin janvier ? Après cent jours de gouvernement, le Premier ministre Alexis Tsipras semble pris en tenaille, coincé entre, d’un côté, les exigences des créanciers du pays et, de l’autre, ses 2,2 millions d’électeurs qui attendent que les promesses soient tenues a minima. Voici un décryptage des points de blocages, des déceptions mais aussi de « la Grèce qui change malgré tout ».

 

Sources : BASTAMwww.bastamag.net par Nikos Smyrnaios sur son blog

Le nouveau gouvernement grec vient de passer le cap de cent jours au pouvoir. Il est donc possible de faire un bilan provisoire de son action. Dans ce texte je tenterai de recenser les principales difficultés rencontrées ainsi que les critiques qui lui sont adressées avant de décrire les aspects qui laissent entrevoir malgré tout un espoir de changement positif.

 

 

- Le « compromis honorable » introuvable

Le premier constat qu’on fait à Athènes est que le temps semble suspendu. Rien n’a changé en apparence depuis trois mois. Tout le monde attend le résultat des négociations avec les créanciers qui s’éternisent. Le gouvernement de Tsipras paye aujourd’hui le prix de son inexpérience et de son impréparation : l’accord du 20 février n’a pas assuré le versement de la dernière tranche du précédent programme de financement, ni la liquidité nécessaire en provenance de la Banque centrale européenne (BCE). L’État grec se trouve donc constamment au bord de la cessation de paiements.

 

Pourtant le gouvernement a fait de nombreuses concessions face à la pression des institutions et le risque d’une faillite imminente. Il a également honoré l’ensemble de ses obligations envers les créanciers – plusieurs milliards d’euros déjà prélevés sur le budget de l’État qui du coup n’ont pas été utilisés pour relancer l’activité ou réparer les services publics. En effet, l’économie du pays stagne dans ce climat d’incertitude. Les prévisions de croissance pour l’année 2015 ont été revues fortement à la baisse de 1,4 % à 0,8 %. Le chômage reste extrêmement élevé. Et la Grèce n’a pas touché un euro de la part du mécanisme de soutien financier européen depuis bientôt un an.

 

 

- Tsipras pris en tenaille à l’intérieur

Sur le front de la politique intérieure le premier ministre est coincé : d’un côté l’opposition et les médias dominants le pressent de « signer » avec les créanciers, quelques soient les conditions de l’accord. Pour ce faire ils brandissent des sondages douteux, supposés montrer que les Grecs sont « prêts à tous les sacrifices pour garder l’Euro » et reproduits largement par les médias européens. Ce que l’opposition veut c’est une compromission humiliante qui montrerait ainsi que la rhétorique anti-austéritaire de Syriza était bien du « populisme utopique ».

 

De l’autre côté l’aile gauche du parti et les millions d’électeurs de classes populaires et moyennes souffrant de la crise qui ont élu ce gouvernement attendent que celui-ci respecte a minima ses promesses électorales : pas de diminution des pensions et des salaires ; reforme de l’impôt pour plus de justice sociale ; régulation du marché de travail ; lutte contre la corruption, la fraude fiscale et les oligarques ; allégement du fardeau des dettes bancaires ; augmentation du salaire minimum…

 

Tsipras et son gouvernement doivent donc à tout prix obtenir des créanciers un accord « défendable » en interne, faute de quoi la popularité dont ils jouissent toujours risque de s’envoler et la majorité parlementaire qui les soutient imploser. Ceci d’autant plus que de nombreuses voix à gauche s’élèvent désormais pour critiquer leur gestion du pouvoir. En effet, des signes inquiétants se font jour : manque de transparence dans les processus de prise décision, concentration du pouvoir entre les mains du premier cercle de Tsipras, marginalisation d’un certain nombre de personnalités du parti, difficulté à s’ouvrir à la société civile.

 

 

- Le cas emblématique de la télévision publique

Récemment, les critiques se sont cristallisées autour de la désignation de la direction de ERT, la radiotélévision publique ressuscitée après la fermeture décidée de manière autoritaire par le précédent gouvernement à l’été 2013 (Basta ! était sur place à l’époque). En effet, la loi définissant les nouveaux statuts de ERT ne comporte que peu de garanties au niveau de son indépendance face au pouvoir politique, du contrôle par les citoyens, de l’implication de salariés à sa gestion...

 

De plus, la désignation du nouveau président et du nouveau directeur exécutif se sont faites de manière opaque. Le processus a été conduit par le ministre Nikos Pappas, un proche de Tsipras, sans qu’un projet soit présenté formellement par les différents candidats, seulement des CV qui ont été “examinés dument” mais on ne sait pas par qui.

 

Les critiques ont été plus fortes encore en raison des personnalités choisies. Le président choisi pour la nouvelle ERT est Dionissis Tsaknis, un chanteur et compositeur populaire, proche des mouvements sociaux, dont les convictions exprimées publiquement sont très ancrées à gauche. Mais en même temps il n’a aucune expérience dans l’audiovisuel et c’est aussi l’un des artistes qui a le plus profité de la bulle des industries culturelles grecques dans les années 90 et 2000.

 

Son directeur exécutif, Lambis Tagmatarhis, est quant à lui un cadre expérimenté de l’audiovisuel en provenance du privé, proche de l’establishment médiatico-financier. Il symbolise l’ère des excès du paysage médiatique. Ce choix controversé avait comme objectif déclaré d’éviter de placer un proche de Syriza ou quelqu’un sans l’expérience requise. Mais il a conduit des nombreuses personnalités respectées comme le professeur Yorgos Pleios, le journaliste Yorgos Avgeropoulos ou l’ancien directeur technique de ERT Nikos Mihalitsis à refuser d’intégrer le conseil d’administration de la radiotélévision publique .

 

Un autre problème pour la nouvelle ERT sera la cohabitation en son sein de deux groupes d’anciens salariés : ceux, les plus nombreux, qui se sont battus pendant deux ans pour sa réouverture à travers la radiotélévision autogérée ERTopen et ceux qui n’ont pas hésité à intégrer NERIT, la structure fantomatique mis en place par le gouvernement précédent. Les tensions entre les deux seront donc inévitables.

 

 

- Les tâches herculéennes

Ce recours à des dirigeants de l’ancien « régime » illustre également la difficulté que connaît ce gouvernement pour s’entourer des cadres aux compétences nécessaires à la gestion du pays. Les professionnels affirmés susceptibles d’être utiles dans de nombreux secteurs de l’administration ont souvent immigré ou sont politiquement incompatibles avec le programme de Syriza. D’autres sont tout simplement très bien payés dans le privé. Or, l’état lamentable des finances ne permet pas au gouvernement de proposer à ses collaborateurs des salaires décents par rapport à l’énormité des tâches à accomplir.

 

En effet, les cadres gouvernementaux se trouvent en première ligne. Disposant des budgets anémiques, voir inexistants, ils sont obligés de composer avec une administration peu efficace, lente et bureaucratique. Ils sont systématiquement confrontés à la corruption de certains agents et aux intérêts privés qui ont profité pendant des années des deniers publics.

 

A titre d’exemple, selon le témoignage d’une députée, lors d’une visite de l’une de plus grandes prisons du pays à Domokos aucune archive sur les marchés lucratifs de fournitures n’a été trouvée. Toutes les traces des pratiques douteuses du passé avaient tout simplement disparu. Autre exemple, on a découvert que la capacité d’accueil affichée des prisons grecques était largement surestimé par l’administration pénitentiaire. La surpopulation, déjà dramatique, est donc pire que ce qu’on croyait. Le ministère a été obligé d’entreprendre un nouveau comptage de la réelle capacité d’accueil des prisons du pays, calculée cette fois-ci en fonction des standards internationaux.

 

 

- La bataille pour assainir les médias

Même situation au secrétariat général de la communication où Lefteris Kretsos, le nouveau responsable qui a quitté une carrière d’universitaire en Grande Bretagne pour assumer la fonction, a découvert des situations ubuesques : des journalistes payés par l’agence de presse public APE qui n’ont jamais mis les pieds dans les locaux, ni produit la moindre information ; des locaux à l’étranger inexploités voir abandonnés ; des archives audiovisuels publics dans un piteux état.

 

Kretsos, un proche de Pappas, est en première ligne dans la bataille que le gouvernement tente de mener contre les oligarques qui contrôlent les médias. Il a ainsi récemment exigé le paiement des sommes dues par les chaînes privées pour l’utilisation des fréquences. Les chaines ont justifié leur manquement en évoquant la mise à disposition gratuite du temps d’antenne aux partis politiques, censée compenser le prix de l’utilisation des fréquences. Une excuse qui sonne comme un aveux.

 

L’autre tâche urgente pour le secrétaire général à la communication est l’examen des conditions dans lesquelles les chaînes privées en quasi-faillite ont obtenu des prêts avantageux des banques, qui elles mêmes avaient été précédemment re-capitalisées avec de l’argent public. Une disposition de la loi de refondation de ERT prévoit que le gouvernement peut révoquer les licences des stations de télévision qui ne peuvent pas payer leurs dettes. Des hommes d’affaires Grecs mais aussi étrangers sont en embuscade pour récupérer les fréquences si redistribution il y a. Faute d’une régulation suffisante et strictement appliquée le risque de créer une nouvelle oligarchie médiatique est existant.

 

Le projet de ré-agencement du système médiatique grec inclut également l’assainissement du paysage de l’information en ligne. Pour ce faire le gouvernement entend favoriser les sites d’information qui assurent un journalisme de qualité et se fonde sur des modèles économiques transparents, au détriment de ceux qui dépendent des financements douteux et qui pullulent sur l’internet grec diffusant rumeurs et fausses informations. Si l’idée est louable sa mise en œuvre risque d’être compliquée.

 

 

- La Grèce qui change malgré tout

Pour s’apercevoir que la Grèce est réellement en train de changer lentement, il faut s’éloigner du triste spectacle qu’offre la négociation avec les créanciers et s’intéresser à la politique de basse intensité qui vise à changer des pratiques et des mentalités fortement ancrées depuis longtemps. La reforme pénitentiaire en cours qui vise à désengorger les prisons et améliorer les conditions de vie des détenus, même si c’est à moyens quasiment constants, est à ce titre emblématique. Il s’agit d’insuffler une nouvelle mentalité dans un système inhumain qui pendant longtemps a fonctionné à l’écart de la société.

 

Le même effort, très compliqué, est déployé en direction de la police. Samedi dernier a ainsi eu lieu sur la place Syntagma, devant la parlement, le premier festival de cannabis au centre d’Athènes. Pas un seul policier en uniforme n’est venu perturber cette fête de la jeunesse athénienne qui a repris possession des lieux après des années de répression féroce instaurant un climat de terreur policière au cœur de la ville. Cependant le ministre de la police Panousis reste une bête noire pour des nombreux militants et électeurs de Syriza à cause de ses déclarations droitières répétées.

 

Autre front de ce type, le ministère de la Culture, longtemps mis au services d’une conception nationaliste et étroite de l’art et de l’histoire, tente de s’assainir et de s’ouvrir. Ainsi le secrétaire général à l’archéologie a par exemple découvert des services désorganises et des locaux délabrés. Il a également révélé des multiples manipulations politiques des fouilles en cours dans le nord de la Grèce visant à gonfler la « fierté nationale » et faire diversion des politiques austéritaires mises en œuvre par le précédent gouvernement.

 

Enfin, le procès en cours des principaux dirigeants d'Aube dorée pour participation à une organisation criminelle est aussi un signal fort pour les populations d’origine étrangère. Ces-dernières peuvent de nouveau circuler sans peur dans les rues d’Athènes puisque les attaques racistes impunies ont drastiquement diminué (sans disparaître).

 

Dans la même veine, la libération des centaines de migrants des centres de détention immondes mis en place avec des fonds européens, la couverture maladie universelle, y compris pour les étrangers, le droit du sol remplaçant le droit du sang pour les enfants d’immigrés, le retrait des circulaires stigmatisant séropositifs et toxicomanes et la remise sur pied du système de soin pour les malades mentaux qui est en cours clôturent une période qui restera tristement célèbre dans l’histoire du pays : celle d’un racisme d’État violent et qui pour l’instant reste impuni.

 

Enfin, il faut ajouter aux points positifs évidement les mesures contre la pauvreté extrême – mais qui touchent une fraction seulement de ceux qui en ont besoin – , la réintégration des fonctionnaires licenciés injustement (dont les femmes de ménage du ministère de l’Économie et les employés de ERT), la reforme de l’Éducation nationale vers plus d’égalité et la mise en place d’une commission d’audit sur la dette par le Parlement. Des débuts encourageants mais dont la suite est conditionnée par l’issue des négociations avec les créanciers et la réussite, qui reste hypothétique, de la politique économique qui s’en suivra.

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Grèce

Partager cet article
Repost0
22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 08:05
Il y a 10 ans : le NON au TCE (superbe vidéo)

Jean-Claude Juncker, déclare dans le Figaro qu’ « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ».

Une déclaration de guerre contre la décision du peuple grec. Cela nous rappelle qu'en 2005 le peuple français a voté à 55% contre le TCE, les Hollandais à 61% - sans qu’on respecte leur choix - pour une Europe sociale.

 

 

- A votre disposition

Montage de 16 extraits du net en 2005 et 2 épilogues de Bernard Teper (ResPUBLICA et du Réseau d'éducation populaire) et François Cocq (AGAUREPS-Prométhée, maire adjoint de Champigny s/Marne, Parti de Gauche) en 2015 pour reprendre la discussion pour sortir de l’Europe des banques.

 

- Un NON populaire et floué où 3/4 des électeurs de gauche avaient dit leur refus !

 

Il y a 10 ans : le NON au TCE (superbe vidéo)

- Qu’ont-ils fait de notre 29 mai 2005 ? Que reste t-il de notre NON ?

Lire ICI la contribution d'Eric Coquerel, Secrétaire national du Parti de Gauche

 

 

- 2018 - Anniversaire du Non français au TCE lors du référendum de 2005

Il y a 10 ans : le NON au TCE (superbe vidéo)
Partager cet article
Repost0
21 mai 2015 4 21 /05 /mai /2015 08:12
" Jeunes étudiantes portant des minijupes marchant dans la rue " à Kaboul en 1972

 

- Afghanistan, 20 ans de guerre en travers de la gorge[2] !

- La « perte » de l’Afghanistan par les États-Unis est un repositionnement et la nouvelle mission n’est pas une « guerre contre le terrorisme », mais contre la Russie et la Chine[3] .

 

  • Du 27 avril 1978 au 27 avril 1992, des forces de gauche sont au pouvoir en Afghanistan.
  • 27 décembre 1979 : l’armée soviétique entre dans Kaboul à la demande du gouvernement Najibullah confronté aux guerrillas féodalo-islamistes épaulées par les USA et plusieurs pays arabes.
  • Le retrait des soviétiques puis la défaite de la gauche afghane trois ans plus tard amènent l’exode de centaines de milliers de familles progressistes et laissent place à la propagation d’un islamisme de masse.
  • Les Etats Unis comme tous les pays occidentaux, comme la Chine, comme les prétendus nouveaux philosophes auraient mieux fait d’y réfléchir à deux fois avant de soutenir et fournir à foison des armes et de l’argent pour les mollahs et les madrasas.
  • Cet article a été rédigé en 2006. Depuis..............................

 

Sources : le Parti de Gauche Midi-Pyrénées le 28 mai 2006 par Jacques Serieys | mis à jour le 19/08/2021

- 1- Remarques sur l’histoire de l’Afghanistan jusqu’en 1978

Placé sur la grande route de la soie, au carrefour de l’Asie (entre Perse, Russie, Turco-mongols, Chine et Inde...), l’Afghanistan a connu une histoire riche depuis le néolithique. Les villes de Kaboul, Hérat, Kandahar, Balk, Bagram, Ghazni... ont resplendi à plusieurs époques au coeur de la Bactriane antique puis de la grande civilisation des Kouchans, dans l’Empire ghaznévide... Ensuite, le développement du capitalisme international par les routes maritimes laissa l’Afghanistan à l’écart des évolutions du monde ; les villes perdirent beaucoup de leur puissance économique, sociale et culturelle au profit d’un féodalisme rural dominé par de grands propriétaires terriens et des chefs de guerre, au profit aussi de mollahs autour desquels s’organisait la vie des villages.

 

Des historiens russes ont daté les prémisses d’un Etat afghan du 17ème siècle (principautés féodales de Akora et de Teri) et de 1713 lorsque plusieurs chefs féodaux locaux s’entendirent pour chasser le gouverneur de Kandahar nommé par le Shah d’Iran. Ceci dit, l’absence de relations économiques entre les territoires n’a pas poussé à la naissance d’un peuple ou d’une nation. Le pouvoir politique s’est donc disputé au gré des rapports de forces dans un chaos permanent. Les moments d’unification furent rares comme sous la domination du clan Sadozai de la tribu Durrani (ethnie pachtoun).

 

Reste de cette histoire une mosaïque d’ethnies (Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks, Hazaras, Turkmènes, Kirghizes, Aïmaks, Baloutches, Nouristanis...), de tribus, de sous-tribus, de clans, de langues séparés par l’histoire (innombrables déplacements de population et innombrables conquérants), par la géographie (hautes montagnes, grands déserts), par des intérêts divergents, par des religions différentes, par l’attraction économique et culturelle de civilisations voisines.

 

- De 1839 à 1919, la Grande Bretagne essaya en vain d’imposer son protectorat sur ces populations guerrières et indépendantes. A plusieurs reprises, les armées britanniques connurent des défaites humiliantes (bataille de Gandamak en janvier 1842). C’est surtout de cette lutte contre l’envahisseur colonial que date un nationalisme féodalo-monarchique afghan d’autant plus que c’est lui qui traça les premières frontières.

 

- En 1919, une nouvelle guerre entre Britanniques et Afghans (dirigés par le prince Amanullah Khan) se termine par une défaite des British Armed Forces ; par souci de protection, Kaboul se tourne vers la jeune Union des Républiques Socialistes Soviétiques. L’Afghanistan est le premier Etat à reconnaître l’URSS et à signer avec elle des traités de coopération et de non-agression.

 

- De 1919 à 1929, l’Afghanistan connaît une décennie de développement à l’européenne : création de routes, de lycées, développement des villes, infrastructure étatique permettant de collecter l’impôt... L’émancipation de la femme afghane progresse rapidement (éducation, abolition du port du voile, interdiction de la polygamie, interdiction du mariage des jeunes filles avant l’âge de 9 ans, droit de vote). Qui porte cette politique ?

  • Sur le fond, des couches sociales citadines
  • Au sommet de l’Etat, des modernisateurs comparables au turc Kemal Atatürk, en plus démocratiques et plus progressistes.

 

- Survient alors en Afghanistan, ce qui était arrivé durant la révolution française

La majorité des paysans de sociétés rurales restées les plus féodales soutiennent leurs anciens oppresseurs (religieux et grands propriétaires) contre ceux qui croient pouvoir les libérer. La structure sociale et idéologique paraît alors plus forte que toute aspiration individuelle ou collective. L’intérêt trouvé par des abrutis locaux dans le maintien du patriarcat paraît plus important que la réforme agraire, l’éducation... Les religieux organisent une révolte qui oblige Aminullah à quitter le pays.

 

- Du 17 janvier 1929 au 13 octobre 1929, l’Afghanistan subit une première domination sanglante des fondamentalistes avec Habibullah Ghazi comme roi. Ce dernier est assassiné par Mohammad Nadir Shah qui convoque une Loya Jirgah (assemblée traditionnelle réunissant les chefs religieux, tribaux et militaires) pour être proclamé roi en septembre 1929 ; avec lui les fondements du pouvoir retournent aux chefs religieux et tribaux.

 

- Jusqu’en 1973, Mohammad Nadir Shah puis son fils Mohammed Zaher Chah siègent sur le trône royal afghan. Dans les années 1950 et 1960, la poussée tiers mondiste mondiale, les liens entre les Etats Unis et l’ennemi pakistanais expliquent les liens renoués avec l’URSS : construction de barrages, de centrales hydro-électriques, d’usines, scolarisation des femmes, droit de ne pas porter le voile... L’Afghanistan fait alors partie de la zone d’influence soviétique : les officiers comme beaucoup de hauts fonctionnaires sont formés en URSS ou au moins par ses coopérants. Les Etats-Unis veulent aussi prouver leur capacité à mener à bien des projets (barrage du Helmand, aéroport de Kaboul...). De 1963 à 1973, le pays connaît une période de monarchie constitutionnelle avec une constitution, des partis politiques déclarés et reconnus (à droite des parti islamistes, à gauche le PDPA).

 

- De 1969 à 1973, plusieurs années de sécheresse, de mauvaises récoltes et de famine affaiblissent la monarchie.

 

- En 1973, le général Daoud renverse son cousin et beau-frère, le roi Mohammed Zaher Khan, instaure la république et en devient le premier président. Ce dictateur populiste dispose d’une faible assise sociale. Il essaie de s’appuyer à la fois sur la haute aristocratie féodale et sur des couches sociales urbaines en cooptant son réseau politique. Des chefs islamistes commencent à rejoindre le Pakistan pour constituer des groupes de résistance comme le tadjik Ahmed Chah Massoud et le pachtoune Gulbudin Hekmatyar. Des guerillas islamistes commencent à se former. Rapidement, le pouvoir subit ce poids politique conservateur et adopte une attitude répressive vis à vis de la gauche formée par le PDPA (Babrak Karmal).

 

 

- 2- 27/04/1978 : la gauche afghane au pouvoir

La répression violente exercée par le pouvoir contre les progressistes met de plus en plus la gauche en situation d’impasse. Le 17 avril 1978, un dirigeant du PDPA, connu et apprécié, est assassiné en pleine rue. La grande manifestation de protestation organisée par ce parti deux jours plus tard est réprimée de telle manière (vaste rafle) que toute la gauche se sent en danger de mort.

 

Pour éviter le processus génocidaire de la gauche qu’a connu l'Indonésie en 1965, des officiers progressistes réalisent un coup d’état qui bénéficie alors d’un large soutien populaire tellement Daoud s’était fait d’opposants et ennemis.

 

Ainsi, le 27 avril 1978, arrive au pouvoir le PDPA (People’s Democratic Party of Afghanistan).

Qu’est-ce que le PDPA ? Un parti né en 1965 dans le sillage de la montée tiers-mondiste, émancipatrice et révolutionnaire des années 1960.

 

Les militants de gauche qui le créent veulent :

  • s’attaquer aux structures féodales rurales, au pouvoir des grands propriétaires terriens, à l’intégrisme religieux, à la grande bourgeoisie prédatrice ;
  • promouvoir l’alphabétisation des garçons et des filles, développer la semaine de 40 heures, instaurer une sécurité sociale...
  • construire un Etat de droit républicain en lieu et place de la corruption régnante ; faire perdre ainsi à la multitude de mollahs leur rôle traditionnel de prédicateurs porteurs de la parole d’Allah, de chefs politiques, de juges, de maîtres d’école ;
  • utiliser cet Etat planificateur pour développer un réseau de coopératives agricoles, des organismes publics de crédit pour aider les artisans...
  • s’appuyer socialement sur les travailleurs, les petits paysans, les intellectuels, les couches urbaines.

 

La majorité des cadres du PDPA proviennent des milieux enseignants, journalistes, bourgeoisie urbaine cultivée, quelques officiers formés en URSS.

 

Dès l’été 1978, des zones rurales s’insurgent et sont rejointes par plusieurs garnisons. Le Sud-Est, région de forte implantation islamiste est en sécession.

 

 

- 3 - La décision des USA de renverser la gauche afghane date du début juillet 1979

Dès le début juillet 1979, les Etats Unis décident d’intervenir en Afghanistan par le biais :

  • d’une part d’une assistance financière et militaire aux moudjahiddin (« guerriers saints ») ;
  • d’autre part d’un soutien direct de la part du Pakistan voisin (préparation d’un gouvernement fantôme à Peshawar, formation militaire, logistique...).

 

Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité de Jimmy Carter, a affirmé en janvier 1998 que c’est « le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul[1] ».

 

Pire, la CIA comme l’administration du Pentagone mise sur le fait qu’en intervenant massivement, l’URSS va se trouver obligée de faire de même et de s’engluer dans le "piège afghan".

 

La décision américaine se traduit rapidement par une extension des guérillas. Elle représente un tel encouragement politique et militaire que la garnison de Kaboul elle-même se soulève et passe à l’opposition.

 

En octobre, la moitié des 85000 soldats de l’armée ont quitté leur affectation, rejoignant généralement l’insurrection contre le PDPA.

 

Les dirigeants du PDPA sont à présent dépassés par les enjeux stratégiques mondiaux qui se jouent dans leur pays. D’ailleurs, leur division s’exacerbe au plus mauvais moment entre d’une part le Khalq (Peuple) majoritaire, radical et assez peu politisé), d’autre part le Parcham (Etendard).

 

 

- 4 - 27/12/1979 : l’armée soviétique entre dans Kaboul

Le PDPA dirigé par le Khalq :

  • promeut des mesures progressistes dont il escompte le soutien du milieu paysan pauvre et modeste (alphabétisation, annulation des emprunts immobiliers ruraux, réduction de la dot, interdiction du mariage des enfants, interdiction des prêts financiers au bazar, redistribution de terres...);
  • se bat face à ses ennemis, les emprisonne, les abat parfois.

 

Dans le contexte montagnard afghan d’isolement géographique et culturel de nombreuses zones, les mollahs (religieux), les grands propriétaires et les maliks (chefs de villages) montent contre le gouvernement des populations rurales pourtant rationnellement intéressées par ces réformes.

 

Quatre autres éléments pèsent alors contre la réussite du PDPA :

  • l’action prosélyte de pays musulmans contre les "communistes" de Kaboul. L’Arabie saoudite apporte un financement considérable aux sept organisations de moudjahidines dès juillet 1979 au plus tard ;
  • le contexte international de réaction avec les USA en gendarmes du monde. Le 3 juillet 1979, Washington décide de fournir une aide financière et militaire considérable aux moudjahidines ;
  • le rôle de la dictature pakistanaise dont les services secrets servent de relai entre Washington, Ryad, les "zones tribales" et les guérillas afghanes ;
  • la poussée islamiste iranienne aux portes des régions rurales les plus conservatrices d’Afghanistan (Sud-Est).

 

Confronté à ce soutien international des forces impérialistes et abruties, le gouvernement afghan demande officiellement à treize reprises à l’URSS une intervention militaire pour le soutenir. Moscou analyse la situation et répond non avec pour argument essentiel que cela renforcerait les religieux et le soutien qu’ils reçoivent des pays capitalistes.

 

Pourtant, le gouvernement soviétique accroît son intervention en Afghanistan après deux évènements importants :

  • le soulèvement de la garnison d’Herat (aux portes de l’URSS) contre le PDPA ;
  • l’assassinat en septembre 1979 du président afghan (PDPA) Noor Mohammed Taraki.

 

Environ 55000 soldats soviétiques participent à l’intervention en cette fin d’année 1979. Ils appuient l’arrivée au pouvoir de Babrak Karmal, dirigeant modéré du PDPA, proche d’eux. Ils poussent à une attitude conciliante vis à vis de la religion et des religieux. 2000 prisonniers politiques sont libérés ; les discours et communiqués officiels commencent par Bismillah (au nom d’Allah).

 

 

- 1979, c’est l’année de la révolution khomeiniste en Iran.

Il aurait été logique que les Etats Unis restent prudents vis à vis de guérillas religieuses pour éviter une propagation islamiste ; or, ils vont peser de tout leur poids pour soutenir et armer ces groupes profondément réactionnaires. C’est dans ces conditions qu’ils utiliseront Oussama Ben Laden pour faire parvenir des armes et de l’argent ici et là. Chaque année, de 1981 à 1989, Washington va y engloutir environ 500 millions de dollars auxquels s’ajoutent les aides financières et en armement du Pakistan, de l’Arabie saoudite, de l’Iran, de la Chine, de l’Egypte...

 

Dans le même temps, des volontaires affluent de divers pays du monde arabo-musulman pour aider les moudjahidines (Algériens, Philippins, Saoudiens, Égyptiens...).

 

Les effectifs soviétiques augmentent rapidement : 85 000 hommes en mars 1980, 118 000 en 1982.

Sur 10 ans, plus de 900 000 jeunes Soviétiques servent en Afghanistan, 14 000 d’entre eux sont tués et 75 000 blessés, victimes d’armes fournies par l’Occident.

 

Cependant, les moudjahidines contrôlent une partie de plus en plus importante de l’Afghanistan rural.

 

En 1988, Gorbatchev décide le retrait des troupes russes, retrait complètement terminé en février 1989.

 

Ne sous-estimons pas dans cet échec du PDPA et de l’URSS, le rôle considérable des médias occidentaux (dont les grands médias français), présentant les moudjahidines en référence aux "Résistants" de 1940 1945. Grotesque bêtise !

 

 

- 5 - L’Afghanistan depuis le retrait soviétique

Notons seulement trois faits :

  • l’Afghanistan progressiste du président de la république Najibullah tient seul au pouvoir durant plusieurs années jusqu’au 27 avril 1992 face à des guérillas soutenues par les Etats Unis, le Pakistan, l’Arabie... l’Oumma... En mars 1989, tous les réactionnaires et ignorantistes au service des USA croient pouvoir écraser l’armée afghane à présent privée de tout soutien soviétique. A partir du Pakistan proche, des forces considérables avancent vers Jalalabad et en entreprennent le siège. Surprise : des forces de l’armée régulière de Najibullah brisent ce siège et font éclater l’unité des islamistes ;
  • dès le printemps 1990, un tartuffe pro-occidental nommé Boris Eltsine arrive au pouvoir à Moscou. L’isolement international de Kaboul s’accroît de façon inexorable rappelant la fin de la république espagnole avec une retirada aussi massive et aussi dramatique ;
  • La politique menée par le PDPA est indiscutablement meilleure pour le pays que tout ce qu’a connu l’Afghanistan depuis, à savoir la longue guerre civile entre factions de 1992 à 1996, puis la dictature des talibans, puis l’intervention militaire américaine. Notons un point : en 14 ans de présence du PDPA au gouvernement à Kaboul (intervention soviétique comprise), les spécialistes s’accordent sur environ 8000 Afghans moudjahidines exécutés. Une fois ce parti vaincu, les seuls combats entre factions islamistes dans la capitale ont fait plus de cent mille morts en un an.

 

Oui, il exista un Afghanistan de gauche qui présentait de nombreux défauts mais qu’il aurait fallu soutenir plutôt que de céder aux sirènes médiatiques au service des ignares obtus dirigeant la CIA.

 

Je ne peux terminer sans rappeler comment est mort le dernier président réel de l’Afghanistan auquel un jour l’histoire rendra hommage : lors de la prise de Kaboul en avril 1992, il essaie de quitter son pays mais en est empêché par le clan de Dostom devenu un allié des USA après le départ des soviétiques suite à des arguments sonnants et trébuchants. En 1996, les talibans prennent Kaboul, s’emparent de l’ancien président réfugié dans un bâtiment des Nations Unies :

 

Quoiqu’en pensent Le Figaro, L’Express, le Nouvel observateur, Le Monde et La Dépêche du Midi, l’humanité pensante n’était pas du côté des guerriers saints soutenus par les faucons de Washington. Avec le PDPA, les réverbères recevaient de l’électricité pour éclairer les rues et non pour pendre sans aucun procès un ancien président de la république.

 

- 6 - 1997-2001 : les Talibans

- 7 - Intervention de l’OTAN

- 8 - 31/12/2014 : Les forces de l'Otan mettent fin à leur intervention déclenchée en 2001 pour chasser les Talibans d'Afghanistan

- 9 - 15/08/2021 : les talibans font chuter le gouvernement afghan et prennent le pouvoir

Jean-Luc Mélenchon : " La victoire des talibans en Afghanistan déclenche légitimement un flots de commentaires et l’angoisse y domine, à juste titre. Engagé dès la première heure contre cette intervention militaire des USA (soi-disant en réplique aux attentats du 11 septembre 2001), je suis d’autant plus révolté contre le résultat final de ces vingt ans de guerre. J’ai déjà dit que j’avais chaleureusement applaudi la défaite des USA au Vietnam. Leur défaite (cette fois-ci encore), par contre, ne me procure qu’affliction et colère contre eux et je ne veux pas m’en cacher. Elle me soulève de dégoût pour ceux qui ont conduit les évènements jusqu’à ce point. Car tout était hautement prévisible depuis le premier jour. [2]"
 
-------------
 
- Afghanistan : Jean-Luc Mélenchon " pour comprendre la guerre, suivez les pipelines ! "

Intervention de Jean-Luc Mélenchon le 18 septembre 2019 à l’Assemblée nationale à propos d’un traité de coopération entre l’Union européenne et l’Afghanistan.
Le président du groupe «La France insoumise» a commencé son exposé par parler de la première cause de la guerre : le pétrole et les pipelines. Il a dénoncé le rôle néfaste des États-Unis qui, après avoir entretenu Al Qaïda, sont intervenus militairement officiellement pour détruire cette organisation terroriste.

 

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé les hypocrisies contenues dans le texte de l’accord de coopération UE-Afghanistan, pointant notamment du doigt la question des droits des femmes ou encore de la liberté de conscience. Il a dénoncé un énième accord de libre-échange prônant par exemple la libre circulation des capitaux dans les échanges avec un pays qui est le premier producteur de drogue.

 

 

Partager cet article
Repost0
20 mai 2015 3 20 /05 /mai /2015 08:04
Alliance pour une nouvelle gauche - tribune de responsables d'EELV et d'Ensemble!

Source : pour l'Alternative et l'Autogestion-44 - tribune parue dans Libération le 7 mai.

Après la débâcle des élections départementales, la gauche est en vente à la découpe. Le gouvernement et le Parti socialiste ont été une nouvelle fois sanctionnés dans les urnes. L’abstention record, tout comme la course en tête du FN, expriment à la fois l’écœurement et le rejet du système politique dans son ensemble. Mais la colère populaire n’a débouché, pour le moment, que sur le ressentiment et le repli aussi réactionnaire qu’autoritaire. 

Comment pourrions-nous nous laisser enfermer dans deux logiques mortifères, se nourrissant l’une l’autre : d’un côté, l’austérité et la régression ; de l’autre, la réaction autoritaire et la xénophobie ? Nous devons prendre nos responsabilités et conjurer ce scénario de la désespérance.

La reconstruction d’une force politique émancipatrice, en phase avec les urgences sociales et environnementales est un impératif urgent auquel il faut dès maintenant s’atteler. 

 

La première étape est de faire émerger un pôle rassemblant toutes celles et ceux qui veulent donner une colonne vertébrale sociale et écologique à une nouvelle gauche. Car il n’y a pas d’écologie conséquente et populaire sans rupture avec la logique du profit et le dogme de l’austérité. Et il n’y a pas d’émancipation humaine sans préservation de l’écosystème, et donc sortie du modèle consumériste et productiviste. 

L’articulation entre le mouvement ouvrier et l’écologie politique permet de poser la question des finalités de l’économie. Elle nous ramène à des choix fondamentaux, qui consistent à tourner l’économie vers la satisfaction des besoins du grand nombre et la préservation de la planète. 

Nous refusons d’attendre Godot, ce retour de la croissance des années 60 ni possible ni souhaitable. Le cap doit être clair : ce n’est pas la compétitivité que nous recherchons, mais la construction d’une «société du bien vivre» à même d’assurer à chacune et à chacun une vie meilleure. 

Quant à la méthode, une seule permet d’avancer : la démocratie véritable en lieu et place de la «gouvernance» qui donne aux élites le pouvoir de décider pour le peuple. 

Une nouvelle république, c’est-à-dire un changement radical de notre fonctionnement institutionnel et démocratique, doit être mise en œuvre à travers la fin du présidentialisme, la proportionnelle, le statut de l’élu : le chantier est immense et ne s’arrêtera pas aux portes des entreprises. 

 

Les salariés, comme les usagers, ont leur mot à dire dans le cours de la production. Ce qu’on produit, et la façon de le produire, doit devenir l’affaire de toutes et de tous. 

Pour permettre une dynamique sociale, culturelle, citoyenne, il faut fédérer toutes celles et ceux qui veulent changer le monde et ne considèrent pas qu’il n’y a qu’une seule alternative possible, celle de la gestion du capitalisme tel qu’il est. La nouvelle gauche ne naîtra pas d’un cartel de partis, mais le signal d’une alliance nouvelle doit donner l’envie de s’engager à ces millions de nos concitoyens, qui attendent un sursaut, une initiative. 

A la condition de dire ensemble que nous sommes prêts à changer nos pratiques, et inventer le projet et la stratégie de transformation sociale et écologique du XXIe siècle. 

La réappropriation de la politique par les citoyens commence par en bas, à partir des valeurs de l’écologie, de l’autonomie, de l’égalité, de la dignité. Nos forces politiques doivent être prêtes à dépasser les logiques d’appareils, et les vieilles routines pour créer, à l’image des mouvements grecs et espagnols, une nouvelle force politique. 

Impulsés par des responsables du mouvement social, du monde culturel et intellectuel critique, du Front de gauche, de Nouvelle Donne et d’Europe Ecologie-les Verts, les Chantiers d’espoir, avec leur prochain rendez-vous le 20 juin, constituent un point d’appui. 

Si nous ouvrons nos portes et nos fenêtres sur ce qui bouge, résiste, s’invente dans les sociétés, alors nous aurons l’énergie nécessaire pour recomposer et refonder la gauche sur la base d’un projet de civilisation alternatif au modèle de développement croissanciste et productiviste, qui seule peut réenchanter le monde et lui donner du sens, antidote à tous les extrémismes. Alors ayons confiance dans la force de nos idées, et osons être ambitieux. Pour notre part, nous y sommes prêts. 

 

Jacques Boutault, Sergio Coronado, Jérôme Gleizes et Elise Lowy, Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), Clémentine Autain, Myriam Martin, Jean-François Pellissier et Marie Pierre Thoubans (Ensemble-Front de gauche). 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2015 5 15 /05 /mai /2015 08:07
Concordat : au nom du ciel, des privilèges terrestres

Sources : Libération le 18/02/2015 par Henri Pena-Ruiz [1]

Au lieu de réaffirmer la laïcité, certains parlent aujourd’hui de l’affaiblir encore un peu plus en s’inspirant du concordat qui sévit encore en Alsace-Moselle. Ils ne veulent pas voir qu’avec la liberté de conscience, l’égalité de droits des croyants et des athées est essentielle. Ce principe républicain requiert la disparition des privilèges des religions, donc l’abrogation du concordat et non son extension.

 

 

- Quelques repères historiques.

Le 9 décembre 1905, Marianne se sépare de Dieu. Non pour lui faire la guerre, mais pour s’émanciper de sa tutelle, tout en le libérant de son contrôle. La République reconduit, ainsi, la religion à sa vocation revendiquée de démarche spirituelle qui n’engage que ses fidèles. Elle met à égalité les divers croyants, les athées et les agnostiques, et s’élève à l’universel en se réservant pour le bien commun à tous.

 

Rompant avec le concordat napoléonien et avec le bonapartisme dominateur qui l’animait, elle ne nomme plus les prêtres, laissant ce soin aux autorités religieuses. Une telle liberté va de pair avec la suppression des privilèges financiers des religions concordataires. Désormais, les salaires des responsables religieux et la construction des lieux de culte seront à la charge des seuls fidèles. La laïcité s’accomplit, simple et limpide, comme la devise républicaine dont elle met en œuvre les principes : liberté de conscience, égalité de droits, universalité fraternelle de la chose publique, désormais dévolue à l’intérêt général et non aux intérêts particuliers des croyants.

 

Cet avènement laïc est une double émancipation. Comme dit le poète croyant Victor Hugo : « L’Etat chez lui, l’Eglise chez elle. » C’en est donc fini du concordat de 1802-1807, que Bonaparte Napoléon avait assorti d’un catéchisme impérial et d’un sacre propre à ressusciter la collusion de la religion et du pouvoir politique. Avec ce concordat, le droit divin était revenu, comme au temps de la monarchie absolue qui faisait du roi le « ministre de Dieu sur la Terre » (Bossuet). Lecteur de Machiavel, Napoléon ne restaurait les privilèges des religions que pour obtenir en retour une sacralisation de sa domination. Régression vers l’Ancien Régime, et non seuil de laïcisation, le concordat avait reconduit le gallicanisme, qui donne au chef politique un pouvoir religieux. Une balance à deux plateaux. D’un côté, de l’argent pour les cultes et les clergés ; de l’autre, une allégeance contrôlée. Je paie, donc je contrôle. Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Napoléon s’en explique. Ce qu’il dit des responsables ecclésiastiques est peu flatteur : « Je suis entouré de prêtres qui me répètent sans cesse que leur règne n’est pas de ce monde, et ils se saisissent de tout ce qu’ils peuvent. Le pape est le chef de cette religion du ciel, et il ne s’occupe que de la Terre. » Le mécénat intéressé, car il l’est presque toujours, achète donc l’allégeance. Ainsi, le pape Paul III commanda à Michel-Ange la fresque du Jugement dernier, et son successeur, Paul IV, fit censurer le chef-d’œuvre par Da Volterra, chargé de repeindre les nus, et surnommé « Il Braghettone » (« le culottier »). « Cachez ce sein que je ne saurais voir » (le Tartuffe, acte III, scène 2).

 

 

- Transposons pour récuser un argument faussement évident.

La République devrait financer des mosquées voire des instituts de théologie musulmane, et elle pourrait ainsi les contrôler. Quelle étrange idée de la liberté religieuse ! Quel croyant peut accepter ce gallicanisme dominateur, qui en somme achète la soumission ? Chantage. « Je vous paie. Mais gare à ce que vous direz ! ». Voilà bien un retour à l’Ancien Régime, car la relation de dépendance entre les personnes prend la place de la loi républicaine. Une métaphore commune le dit : « Celui qui paie l’orchestre dicte la musique. » Oublie-t-on qu’en République ce n’est pas la domination qui joue, mais la loi commune à tous ? Une loi que le peuple se donne à lui-même, contrat de tous avec chacun et de chacun avec tous. L’égalité horizontale des contractants prend la place de la dépendance verticale. Et, pour obtenir le respect des droits humains, nul besoin de l’acheter. Un imam, qui appelle à battre une femme, comme l’imam Bouziane à Lyon en avril 2004, est passible de poursuites pénales pour incitation à la violence et mise en danger de l’intégrité physique d’une personne. Tel est l’état de droit, et il n’a rien à voir avec le chantage implicite du mécénat religieux. Il est illusoire et même révoltant de vouloir payer pour contrôler. C’est d’ailleurs faire preuve d’une sorte de mépris condescendant pour les fidèles d’une religion que de se substituer à eux pour la délivrer de ses dérives intégristes. La République se contente de dire le droit et de poser, ainsi, les limites de pratiques religieuses qui lui contreviendraient. En parallèle, les religions doivent procéder à une adaptation issue de l’intérieur et non achetée de l’extérieur.

 

 

- Retour dans les départements concordataires d’Alsace-Moselle.

Les trois composantes du droit local y sont le concordat napoléonien, les lois allemandes dont une qui fait du blasphème un délit et d’autres qui créent des droits sociaux, et la loi Falloux qui installe les cours de religion dans les écoles publiques, avec demande obligée de dérogation pour les familles qui n’en veulent pas pour leurs enfants. Ces trois composantes sont distinctes et parfaitement dissociables. Si bien que l’abrogation du concordat et du délit de blasphème, ainsi que le transfert des cours de religion des écoles publiques à la sphère privée des familles n’entraînent nullement la suppression des droits sociaux spécifiques des alsaciens-mosellans.

 

Le concordat est une survivance archaïque et antirépublicaine, puisqu’il consacre des privilèges institutionnels et financiers pour les religions, au mépris de l’égalité des croyants et des athées. Il n’a aujourd’hui plus rien d’un accord équilibré, puisque ces privilèges n’ont désormais aucune contrepartie. Le président de la République, certes, nomme des responsables religieux, mais ce sont les autorités religieuses qui les choisissent. Le donnant, donnant napoléonien ne correspond plus à rien. Il ne reste plus que des privilèges, évidemment attentatoires à l’égalité et coûteux pour toute la République du fait qu’elle salarie les prêtres, les rabbins et les pasteurs. L’universel est sacrifié sur l’autel du particulier. Un comble en temps de crise et de vaches maigres pour les services publics communs à tous !

 

Il est temps d’abroger le concordat que certains voudraient bien étendre pour tuer définitivement la laïcité en communautarisant l’argent public. Dans le même esprit il y a mieux à faire pour la République que de financer des instituts privés de théologie musulmane sous prétexte de lutter contre les causes du fanatisme religieux. Le respect des lois laïques et républicaines, l’Ecole refondée pour instruire, et une politique sociale réaffirmée, peuvent y pourvoir de façon plus sûre.

 

Note :

[1] Henri PENA-RUIZ Ancien membre de la commission Stasi sur l'application du principe de laïcité

 

Pour en savoir plus :

- le Parti de Gauche et le concordat

Partager cet article
Repost0

Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

La France insoumise

-Pour une MAJORITÉ POPULAIRE, renforcer la France insoumise pour GAGNER !

🔴  La France insoumise et ses 71 députés sont au service des Françaises et des Français face à l'inflation et l'accaparement des richesses par l'oligarchie.

✅ La dissolution, nous y sommes prêts ! 
Avec la #Nupes, la France Insoumise propose l’alternative 


📌 Pourquoi La France insoumise, ses origines ? La France insoumise : comment ? La France insoumise : pour quoi faire ?

Autant de questions dont vous trouverez les réponses... ✍️ en cliquant ci-dessous 👇

 

Qu’est-ce que La France insoumise ? - Nouvelle brochure

 

-N'attendez pas la consigne !

✅ Pour rejoindre la France insoumise et AGIR ENSEMBLE pour GAGNER : cliquez ci-dessous 👇

 

La France insoumise

 

- La chaîne télé de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

 

- Le blog de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

Jean-Luc Mélenchon le blog

 

Recherche

La France insoumise à l'Assemblée Nationale

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

Sur les réseaux sociaux  :

Facebook  - Twitter

Le JOURNAL L'INSOUMISSION

✍️ cliquez ci-dessous 👇

L'Insoumission

 

✅ S'inscrire à la Newsletter 👇

 

 

Le site du Parti de Gauche

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Manifeste pour l'Ecosocialisme

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Mouvement pour la 6e République

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Des outils pour combattre le FN et l'idéologie d'extrême droite française

🔴  Observatoire de l’extrême droite de l'Insoumission

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇

Observatoire de l’extrême droite l'insoumission

 

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇


🔴  et aussi : Observatoire national pour « mettre sous surveillance » l’extrême droite

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇