- Il y a nécessité de remettre les choses dans l'ordre, ce n'est pas l'Europe qui fixe la politique européenne,... mais les gouvernements des États qui la compose !
- Si les pays qui compose l'Europe étaient antilibéraux... l'Europe mènerait une politique antilibérale !
et en tout état de cause, « Il ne suffit pas de sortir de l'Europe pour devenir souverain ![17] »
L'Europe au quotidien, c'est dans les territoires qu'elle se vit : agriculture, aménagement du territoire, pêche, cohésion sociale, services publics, etc....
Donc " Tout le monde parle de l'Europe ! Mais c'est sur la manière de faire cette Europe que l'on ne s'entend plus ! ". Jean Gabin dans " Le Président " (1961)
Et si, en fait, l'Europe n'avait pour rôle que :
- de faire adopter des mesures que les États membres ne peuvent pas faire passer ;
- de servir d'alibi à ces États pour leur permettre de dire :... " C'est pas nous, c'est Bruxelles " !
Et si la désobéissance aux traités et directives européennes était conçue et popularisée comme un outil capable d’accélérer l’émergence d’une communauté politique, un embryon de peuple européen ?
C'est la commission européenne qui en fait dirige l'Europe Rappel sur son rôle :
Instituée par le traité de Rome de 1957, la Commission européenne est l'une des principales institutions de l'Union européenne, avec le Conseil de l'Union européenne, le Parlement européen et le Conseil européen. Elle est la seule institution en mesure de proposer de nouveaux textes législatifs. Ceux-ci sont, dans la plupart des cas, soumis au Parlement européen et au Conseil de l'Union européenne puis appliqués dans les Etats membres[1] ;
Elle constitue surtout l'organe "exécutif " de l'Union européenne. Une fois les actes législatifs adoptés, la Commission européenne veille à leur application, sous le contrôle de la Cour de justice de l'UE (CJUE). De surcroît, elle gère les politiques de l'UE et alloue les financements européens : elle fixe les priorités budgétaires de l'UE, établit les budgets annuels (qui doivent être approuvés par le Parlement et le Conseil), et contrôle la façon dont les fonds sont utilisés. Enfin, à l'exception de la politique étrangère et de sécurité commune, elle assure la représentation extérieure de l'UE[1].
Composition :
Elle est composée d'un commissaire européen par État membre, soit 27 commissaires[2] ;
Ceux-ci sont proposés par les chefs d'État ou de gouvernement des États membres réunis au sein du Conseil européen, et approuvés par le Parlement européen[2] ;
La commission, la politique qu'elle mène, sont la traduction de la situation politique de chaque pays (de la gauche à l'extrême droite)
Question :qui imaginerai qu'un pays propose à Bruxelles un commissaire qui ne soit pas en adéquation avec l'orientation politique de ce pays ?
Quand les pays sont politiquement, socialistes (sociaux démocrates), à droite ou à l'extrême droite, ils désignent un commissaire pour porter une politique libérale, ultralibérale.... et l'Europe mène une politique libérale ou ultralibérale ;
Si les pays étaient à gauche, ils désigneraient un commissaire pour porter une politique de gauche.... et l'Europe mènerait une politique.... de gauche (on ne va pas débattre de la notion de " gauche ") !
La politique menée par l'Europe est donc celle que les pays membre de l'Europe demandent aux commissaires qu'ils ont désignés... de mener Ainsi, à votre avis, quelle politique les commissaires désignés par la France (voir liste ci dessous) ont-ils eu pour mandat de mener : une politique de gauche ? Evidemment que non !.... et il en est de même dans chaque pays !
Les traités adoptés par Bruxelles doivent être ratifiées par les parlement de chaque pays[3]..... ce qui est fait quasi systématiquement en France ;
Les règlements et les décisions deviennent automatiquement contraignants dans toute l’UE à la date de leur entrée en vigueur. Les directives doivent être transposées par les pays de l’UE dans leur législation nationale[5] ;
Inscrite depuis un demi-siècle dans la jurisprudence,le principe de « primauté » du droit européen signifie que le droit de l'Union prévaut sur les droits nationaux des États membres. Il bénéficie à toutes les normes de droit européen disposant d'une force obligatoire et s'exerce à l'égard de toutes les normes nationales[4].
Aujourd'hui.... quitter l'Europe (Frexit) pour changer de politique en France ?
D'une manière récurrente, cette demande revient sur les réseaux sociaux, or :
affirmer que c'est l'Europe qui dirige la France est.... FAUX, car Bruxelles mène la politique que les pays membres lui demande de mettre en oeuvre (via le parlement et la commission)!
Et quand Bruxelles mène une politique de droite (néolibérale), et qu'en France nous avons un gouvernement néolibéral, le « capitalisme populaire[7]» prôné par Emmanuel Macron, affirmer qu'il conviendrait de quitter l'Europe via un Frexit pour mettre en oeuvre une autre politiqueest.... ARCHI FAUX !
Alors qu'elle issue ?
Pour mener une autre politique,il faut d'abord œuvrer à ce que le peuple prenne le pouvoir en France, comme en Bolivie[8], au Chili[9].
C'est tout le sens de la stratégie politique mise en oeuvre par la France insoumise, pour, au travers de la " Fédération populaire[10] "rassembler sur les causes communes autour de l'avenir en commun[11].
Et une fois le pouvoir pris, la Constituante[12] lancée pour changer de fond en comble la Constitution, abolir la monarchie présidentielle et restaurer le pouvoir de l'initiative populaire (La 6e République commencera et ce sera une refondation de la France elle-même),la question de l'Europe sera posée !
Pas de frexit, mais au pire, une sortie des traités comme le propose la France insoumise
En effet, lorsqu'il y aura un gouvernement France insoumise, trois issues seront devant nous[13] dans les discussions avec nos partenaires européens. Toutes d'ailleurs reviennent à une sortie des traités.
Première possibilité : nous proposons un nouveau traité. La négociation se passe bien, et le nouvel accord est adopté ;
Autre possibilité : c'est non, ou plutôt c'est nein, et nous employons une option de retrait, c'est ce qu'a fait pendant longtemps le Royaume-Uni, qui consiste à se mettre d'accord avec nos partenaires pour ne pas appliquer certaines règles ;
Enfin, si c'est encore nein, il ne nous resterait plus que la désobéissance unilatérale concernant les traités.
🔴 FONDAMENTAL : Beaucoup de gens ignorent que désobéir aux traités européens, c’est légal[14].
En droit, l’Union européenne n’est ni un super-État, ni un État fédéral. C’est une organisation internationale. Autrement dit, contrairement par exemple aux États-Unis d’Amérique, elle n’a pas de souveraineté. Il n’existe que la souveraineté des États membres, dont la France, qui consentent, uniquement parce qu’ils ont souverainement signé des traités, à en appliquer les règles ;
Par conséquent la France a parfaitement le droit, en exerçant sa souveraineté, de décider qu’elle n’applique plus telle ou telle disposition des traités. Cela s’appelle « l’option de retrait[15]». Elle peut le faire de façon négociée : par exemple, le Danemark a négocié avec les autres pays de l’Union qu’il ne participerait pas à l'Euro (l'accord d'Édimbourg), alors que Schengen est prévu par les traités. La France peut aussi le faire unilatéralement : par exemple, la Suède a voté « non » par référendum sur l’adhésion à l’euro et depuis, elle n’utilise pas cette monnaie alors que cette dernière est prévue par les traités.
Il faut donc arrêter les réactions hystériques quand la France insoumise parle de désobéir aux traités européens : c’est légal, ça s’appelle « l’option de retrait ». Quant à savoir avec quels autres pays membres la France lancerait une grande « option de retrait », tout dépend quels gouvernements seront en place en Europe quand les insoumis auront pris le pouvoir par les urnes.
🔴EN DÉFINITIVE...
la désobéissance aux traités et directives européennes peut aussi être conçue et popularisée comme un outil capable d’accélérer l’émergence d’une communauté politique, un embryon de peuple européen[16].
Concrètement que veut mettre en oeuvre la France insoumise...
Plan A. Proposer une refondation démocratique, sociale et écologique des traités européens par la renégociation(c'est la sortie concertée des traités européens par l'abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d'autres règles.)
Plan B.en cas d'échec des négociations(c'est la sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d'autres coopérations. L'UE, on la change ou on la quitte. Le mandat de négociation de ces plans sera soumis au préalable à l'Assemblée nationale. La validation de ce processus passera nécessairement par une décision du peuple français par référendum).
Il faut sortir des traités européens (Jean-Luc Melenchon)
Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 20 février 2018 dans le cadre du débat sur l'élection des représentants au Parlement européen. Il a dénoncé la construction d'une Europe dans laquelle les peuples n'ont pas la capacité de s'exprimer puisque le Parlement européen n'a aucun pouvoir.
Il a expliqué que l'Union européenne ne permettait pas la solidarité entre les peuples puisqu'elle refuse l'harmonisation sociale et fiscale et donc la fraternité, à l'heure où l'extrême droite progresse à l'Est de l'Europe et est désormais donnée comme la deuxième force politique en Allemagne. Face à cette impasse, Jean-Luc Mélenchon a appelé à sortir des traités européens actuels et à « refonder l'Europe de la cave au grenier ».
Précision :
Je n'ai volontairement pas parlé du rôle du parlement européen qui s'inscrit dans la même logique. Car même si parfois il est est amené à adopter des décisions dont nous ne pouvons que nous satisfaire ( ex : la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité !), globalement sa composition politique allant des conservateurs aux libéraux leur donne 546 sièges sur 751[6].
la déduction des dons favorisée par Emmanuel Macron[4]
Septembre 2023 le Pape est à Marseille : Emmanuel Macron assistera à la messe, un « événement festif » selon l’Élysée[5]
...Religion et politique : un couple infernal à séparer de toute urgence[1]!
Ainsi commençait un texte que je publiais, ici même, le 11 février 2018 : " Loin de moi l'idée de focaliser le débat sur une religion, mais, en France, Macron remet le débat sur la table en voulant"Organiser l'Islam de France" et "Poser les jalons de toute l'organisation de l'Islam de France". A ce stade, il n'est pas inutile de rappeler que depuis la nuit des temps les religions ont été utilisées par des fous afin d'assouvir appétits de pouvoir et instincts meurtriers. Un prétexte bien commode puisque irrationnel. De l'Inquisition à Trump des terroristes ont semé la haine et la mort en leur nom. Il est urgent de les arrêter. Et, pour commencer, exigeons des paroles et actes politiques exempts de toute référence religieuse mortifère ![1] "
Aujourd'hui, face à l'instrumentalisation des religions à des fins politiciennes, à la remise en cause de la laïcité par le pouvoir, un retour en arrière s'impose pour éclairer le présent et construire l'avenir !
Comment la France, jadis régie par une monarchie de droit divin, est-elle devenue une République laïque ?
Exposé des principales dates qui ont marqué la laïcité en France depuis 1789.
Dans le même temps, la laïcité est attaquée de toutes parts et instrumentalisée par ses adversaires historiques, intégristes religieux et racistes qui veulent aussi en faire un prétexte pour flétrir les musulmans. La laïcité est la condition de la liberté de conscience de chacun, de l'égalité et de la fraternité entre tous les citoyens quelle que soit leur option philosophique ou spirituelle. Elle rend possible une action de l'État au service de l'intérêt général.
Sources :Vie publique,la France insoumise|mis à jour le 14/09/2023
🔴 Texte en deux parties :
[A] - La laïcité en France depuis la Révolution : chronologie... [B] - Et la France insoumise, elle en dit quoi ?
[A]La période révolutionnaire 👉 1789 : La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen reconnaît la liberté de conscience : "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi".
👉 Novembre 1789 : Un décret met les biens du clergé à la disposition de la Nation. En contrepartie, l’État s’engage à "pourvoir d’une manière convenable aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres des autels, au soulagement des pauvres, aux réparations et reconstructions des églises, presbytères, et à tous les établissements, séminaires, écoles, collèges, hôpitaux, communautés et autres".
👉 Décembre 1789 : Les protestants sont reconnus en tant que citoyens et sont admis à tous les emplois.
👉 1790 :Adoption de la Constitution civile du clergé. L’Assemblée constituante assigne aux diocèses les limites des départements et brise la hiérarchie de l’appareil ecclésiastique. Les desservants de l’Église reçoivent un salaire de l’État et doivent prêter serment à la Constitution civile du clergé. La moitié des ecclésiastiques environ refuse de prêter serment et, bientôt, deux Églises s’opposent, l’une traditionnelle et fidèle au pape et l’autre constitutionnelle.
👉 Septembre 1791 : L’Assemblée constituante accorde le statut de citoyen aux juifs. Cette qualité avait déjà été reconnue aux juifs séfarades des régions de Bordeaux et d’Avignon en 1790.
👉 29 novembre 1791 : L’Assemblée législative adopte un décret qui déclare suspects et privés de leur pension les ecclésiastiques réfractaires qui ont refusé de prêter serment. Les édifices religieux ne peuvent être utilisés que par le clergé salarié par l’État.
👉 1792 : Institution de l’état civil séculier. Les registres d’état civil, jusqu'alors tenus par l’Église, sont transférés aux communes. Celles-ci consignent désormais naissances, mariages et décès. Le mariage civil devient la forme légale du mariage.
👉 7 mai 1794 : Un décret du 18 floréal an II, adopté par la Convention sur le rapport de Robespierre, institue un calendrier de fêtes républicaines, se substituant aux fêtes catholiques, ainsi que le culte de l’Être Suprême.
👉 21 février 1795 : Un décret du 3 ventôse an III établit un régime de séparation des églises et de l’État. Tout en affirmant le principe du libre exercice des cultes, le décret précise que l’État n’en salarie aucun, ne fournit aucun local et ne reconnaît aucun ministre du culte.
Le concordat 👉 15 juillet 1801 : Conclusion d’un concordat avec le pape Pie VII (concordat du 26 messidor an IX) : reconnaissance du culte catholique par l’État et prise en charge d’une partie de son fonctionnement par les finances publiques en échange de la renonciation par l’Église aux biens qu’elle possédait avant la Révolution. La religion catholique n’est pas la religion officielle de la France mais celle de "la grande majorité des Français".
👉 18 mars 1802 : Adoption de la loi du 18 germinal an X sur le concordat. Bonaparte ajoute à la loi des articles organiques qui réglementent l’exercice du culte catholique en France, reconnaissent et organisent les cultes luthérien et réformé. Ces articles sont rédigés par Jean-Étienne Portalis.
👉 17 mars 1808 : Un décret organise le culte israélite sur la base d’un consistoire central et de consistoires départementaux.
👉 15 mars 1850 : Publication de la loi relative à l’enseignement ("loi Falloux") dont les principales dispositions sont les suivantes : les écoles libres peuvent tenir lieu d’écoles publiques, pour les religieux le principe de la lettre d’obédience les dispense du brevet de capacité, les communes de plus de 800 habitants sont tenues d’ouvrir une école de filles.
👉 26 mars 1852 : Création par décret du Conseil central de l’Église réformée.
👉 28 mars 1882 :La loi sur l’enseignement primaire obligatoire substitue l’éducation morale et civique à l’éducation morale et religieuse.
👉 30 octobre 1886 : La loi Goblet exclut la possibilité pour les communes de subventionner une école libre pour satisfaire à l’obligation d’entretien d’au moins une école primaire. La loi interdit tout nouveau recrutement de congréganistes dans les écoles primaires publiques.
👉 1904 : Rupture des relations diplomatiques avec le Saint-Siège.
👉 7 juillet 1904 : Une loi sur les congrégations leur interdit d’enseigner et confisque les biens et propriétés des communautés.
La séparation des Églises et de l'État 👉 9 décembre 1905 :Loi de séparation des Églises et de l’État. L’État cesse de reconnaître, salarier et subventionner les cultes. La loi prévoit la création d’associations cultuelles "pour survenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice public d’un culte".
👉 2 janvier 1907 : À la suite du refus de l’Église catholique de constituer des associations cultuelles qui devaient succéder aux établissements publics du culte mis en place sous le concordat, promulgation de la loi concernant l’exercice public des cultes. L’article 1er dispose : "l’État, les départements et les communes recevront à titre définitif la libre disposition des archevêchés, évêchés, presbytères et séminaires qui sont leur propriété". Les édifices affectés aux cultes sont laissés à la disposition des fidèles ; la jouissance en est confiée aux associations cultuelles.
👉 13 avril 1908 : Une nouvelle loi consacre la perte du patrimoine immobilier de l’Église catholique. Les édifices affectés au culte lors de l’adoption de la loi de 1905 sont confiés aux communes. L’article 5 de la loi établit que l’État, les départements et les communes sont également responsables de l’entretien et de la conservation de ces édifices.
👉 17 août 1911 : Un décret supprime officiellement la direction générale des cultes, remplacée par un simple bureau des cultes.
👉 1918 : À la fin de la Première Guerre mondiale, l’Alsace-Moselle, qui avait été annexée à l’Empire allemand en 1871, revient à la France. Le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle demeurent sous le régime concordataire de 1802 modifié par l’Empire allemand (notamment sur les attributions des conseils presbytéraux et des consistoires ainsi que sur le statut des ministres des cultes)..
👉 1921 : Reprise des relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Un protocole est établi pour la nomination des évêques.
👉 Janvier 1924 :Signature des Accords Briand-Cerretti entre la France et le Vatican. La République reconnaît la soumission des associations diocésaines à la hiérarchie épiscopale tout en les considérant conformes à la loi de 1905.
👉 8 avril 1942 : Une loi supprime le délit de congrégation et prévoit que toute congrégation religieuse peut obtenir la reconnaissance légale par décret rendu sur avis conforme du Conseil d’État.
👉 4 octobre 1946 : Inscription dans la Constitution de la IVe République du principe de laïcité.
👉 31 décembre 1959 : Loi Debré sur la liberté de l’enseignement qui fixe les règles de fonctionnement et de financement (subventions) des établissements privés sous contrat.
👉 23 novembre 1977 : Décision du Conseil constitutionnel reconnaissant la liberté de l’enseignement comme un des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
Nouveaux débats sur la laïcité 👉 Octobre 1989 : Après l’interdiction faite à trois adolescentes musulmanes du collège de Creil d’assister aux cours si elles continuent à porter un "foulard islamique", une polémique s’engage.
➡️ Pour lire la suite sur cette thématique (Nouveaux débats sur la Laïcité) c'est ICI
La laïcité est attaquée de toutes parts et instrumentalisée par ses adversaires historiques, intégristes religieux et racistes qui veulent aussi en faire un prétexte pour flétrir les musulmans. La laïcité est la condition de la liberté de conscience de chacun, de l'égalité et de la fraternité entre tous les citoyens quelle que soit leur option philosophique ou spirituelle. Elle rend possible une action de l'État au service de l'intérêt général.
“ L’Eglise chez elle, et l’État chez lui ”
Les mots de Victor Hugo sont notre meilleur guide par Bastien Lachaud, député France insoumise (texte du 25 janvier 2020 extrait)
Pourquoi parler aujourd’hui de liberté de conscience, de blasphème ?
A l’heure où Emmanuel Macron mène une offensive sans précédent contre nos droits sociaux et cherche à imposer par la force une réforme qui détruit notre système de retraites fondé sur la solidarité, il peut sembler curieux de voir une partie de l’opinion s’engager depuis une semaine dans la polémique qui a entouré les propos de Mila, une adolescente qui a exprimé en des termes crus son rejet de l’Islam sur les réseaux sociaux. L’unité de notre famille politique et de tous les français dans le combat social, plutôt que les querelles intestines autour des questions religieuses, devrait être à l’ordre du jour. Il faut toutefois en dire quelques mots simples, loin des tourments de la polémique. Car ne rien dire, c’est risquer d’abandonner la parole aux tartufes et aux malfaisants, qui instrumentalisent sans cesse la question religieuse ou le discours sur la laïcité pour provoquer la confusion. Et c’est risquer, à terme, de semer les germes de la division que l’on veut précisément éviter.
Rappelons donc simplement les choses : la République garantit la liberté de conscience.
Cette liberté est absolue. La liberté d’expression, elle, n’est pas absolue, elle est limitée par la loi. Et seulement la loi. La loi interdit l’apologie des crimes, l’incitation à la haine, par exemple. Mais tout ce qui n’est pas interdit par la loi est protégé par la liberté d’expression. La liberté de critiquer, la liberté de caricaturer, la liberté de satire, la liberté artistique. C’est ce que d’innombrables personnes ont exprimé en reprenant le mot d’ordre “Je suis Charlie” en janvier 2015. La République est laïque, ce qui signifie qu’elle ne reconnaît aucun culte. Elle respecte et garantit la liberté des cultes, mais ne reconnaît aucun de leurs dogmes. Libre aux croyants de les suivre. Libre aux autres de ne pas les suivre. Libre donc de critiquer une religion ou ses dogmes. Libre de la caricaturer, même grossièrement. Il n’y a aucun blasphème en République.
Ces principes – la liberté de conscience et de culte, l’égalité des citoyens en tous domaines sans discrimination aucune, la séparation du politique et du religieux et la neutralité de l’Etat à l’égard de toutes les convictions – sont une condition fondamentale de la liberté de tous, croyants ou non croyants, de la paix civile, de ce que l’on a coutume d’appeler, même si l’expression est galvaudée, le vivre ensemble. Or, ils sont aujourd’hui presque quotidiennement mal compris, malmenés, bafoués, instrumentalisés. Cette confusion sème les germes de la division, d’un affrontement fratricide entre les français.
La confusion et l’équivoque règnent au plus haut sommet de l’Etat, et les principes laïques y sont malmenés.
Le président Macron a fait des déclarations inacceptables et contraires à la laïcité en prétendant que le lien entre l’Etat et l’Eglise aurait été abîmé. C’est une faute politique autant qu’une erreur historique, parce que ce lien a précisément été rompu, délibérément : l’Etat est neutre, laïque, ce qui permet la liberté de conscience et de culte.
Mais Macron ne s’est pas arrêté là dans ses outrages à la laïcité. Il a voulu nommer spécifiquement une “personnalité catholique” pour mener le chantier de Notre-Dame, commettant une discrimination religieuse patente et une atteinte directe au principe de laïcité.
Et que dire des récentes pitreries où le Président, toujours en visite officielle, donc en représentant de l’Etat, s’est affublé d’un signe religieux pour une visite.La France insoumise a toujours refusé un tel mélange des genres : le représentant d’une République laïque n’a pas à arborer de signes religieux ; les représentants de l’Etat n’ont pas à se plier aux exigences vestimentaires de telle ou telle religion – notre programme précise ainsi que nous refuserions “de rencontrer d’État à État ceux qui obligent nos ministres femmes à porter des accoutrements contraires à la dignité républicaine”.
Avant Emmanuel Macron, les présidents Sarkozy et Hollande ont déjà pratiqué ce mélange des genres, en acceptant le titre de chanoine de Latran, c’est-à-dire curé d’honneur du pape. Accepter cela est indigne d’un Président d’une République laïque, et contrevient encore directement à la laïcité, en acceptant, en tant que représentant de l’Etat, une distinction religieuse.
Non seulement le président et le gouvernement attentent à la neutralité de l’Etat, mais ils utilisent une laïcité à géométrie variable pour tantôt cajoler les uns, tantôt condamner les autres.
Le même pouvoir qui se félicite de la nomination d’une “personnalité catholique” – espérant peut être complaire à on sait quel électorat supposé – se raidit par ailleurs lorsqu’il prétend régenter la pratique des croyants d’une autre religion à travers le projet d’un supposé “ Islam de France ” organisé par l’Etat : délire gallican, bien loin de la laïcité, et qui porte atteinte à la liberté des croyants. De même, un ministre, Jean-Michel-Blanquer, se permet de s’affranchir de la neutralité de l’Etat pour donner un avis sur le port du voile qui ne serait “ pas souhaitable dans la société ” – non pas seulement chez les représentants de l’Etat ou à l’école, comme le prévoit la loi, mais dans l’ensemble dans l’espace public : un propos qui porte directement atteinte à la liberté de culte des musulmanes, alors qu’elle devrait être protégée, de la même manière que tous les autres choix spirituels et philosophiques.
Nous voilà ramenés quelques années en arrière, au moment de la funeste polémique sur le burkini !
La laïcité est malmenée par ceux qui l’instrumentalisent pour semer la haine contre les musulmans, tentant ainsi de cacher sous le masque d’un discours prétendument laïque ce qui n’est rien d’autre que du racisme à l’égard d’une partie de la population.
Ce procédé est habituel à l’extrême-droite, qui en a fait son fond de commerce. Mais il est à présent repris au sein même de la majorité présidentielle. Les représentants de la République En Marche n’hésitent pas à introduire sciemment le vocabulaire religieux dans le champ politique pour discréditer leurs adversaire, et à surfer sur la haine des musulmans propre à l’extrême droite. S’en prenant au mouvement social contre la réforme des retraites, un député de la majorité a ainsi tweeté : “ islamistes et syndicalistes radicaux, même combat contre la République et la démocratie ”. Pur fantasme ! On se demande bien quels “ islamistes ” le député en question a pu voir parmi les manifestants rassemblés devant le théâtre des Bouffes du Nord pour contester le président Macron ! A moins qu’il ne joue sur un sentiment raciste, qui lui fait imaginer de prétendus “islamistes” à la seule vue de personnes dont l’apparence lui déplaît, racisme qu’il cherche à exciter chez ceux à qui il s’adresse.
Ce discours finit par imprégner toute la société.
D’aucuns feignent de parler de laïcité ou de religion pour stigmatiser une population et un territoire entier. Dans ma propre circonscription, la ville d’Aubervilliers a été victime de ce procédé scandaleux. Une chaîne d’information en continu c’est ainsi permise de décrire la ville comme une “enclave islamiste”, sur la base de faits tronqués, de généralisations hâtives et sans fondements. “Enclave islamiste” ? Les priorités des habitants sont tout autres ; elles sont les mêmes que celles de tous les français : l’emploi, le logement, l’accès au services publics. Ceux d’entre eux qui croient vivent leur foi de façon pacifique et privée. Qu’ont-ils fait pour être suspectés et mériter la vindicte gratuite de quelques faiseurs d’opinion, si ce n’est ne pas avoir la soi-disant “bonne” origine, la bonne couleur de peau, le bon patronyme, la bonne religion ! Et l’on se permet d’accuser la maire communiste de la ville, de lui reprocher une prétendue complaisance. Elle, militante humaniste de toujours, qui a précisément quitté l’Algérie au début des années 1990 pour échapper aux menaces des fondamentalistes qui voulaient imposer la loi religieuse dans la société. Qu’a-t-elle fait pour mériter un tel traitement, si ce n’est de porter un nom algérien ? Ne soyons pas dupes : ceux qui stigmatisent et répandent ainsi la haine ne sont pas préoccupés par la laïcité et la liberté de conscience ; il ne font que dévoyer ces principes pour mieux cacher leur rejet d’une partie de nos compatriotes pour ce qu’ils sont. Militants antiracistes, nous n’accepterons jamais cela. Nous l’avons signifié en défilant le 10 novembre contre la haine anti-musulmans, tout comme nous l’avions fait contre l’antisémitisme.
Nous devons combattre ces faux semblants, ces mésusages des principes laïques.
Car dès lors que de toutes parts – y compris du côté du chef de l’Etat et de la majorité au pouvoir – l’on entretient la confusion, l’on pratique une laïcité à géométrie variable, il n’y a pas à s’étonner que les boussoles perdent le nord et que toutes les dérives soient permises. En invitant le religieux dans le débat public et en l’utilisant à des fins politiciennes, les apprentis sorciers ouvrent une boîte de pandore. Ils ouvrent grand la porte aux minorités agissantes les plus infimes et intolérantes, qui donnent à nouveau libre cours à leur ambition de voir le religieux régenter l’espace public.
C’est pourquoi il importe de répéter encore une fois des principes simples : on a le droit de critiquer une religion, comme on a le droit de critiquer un propos ou une chanson la critiquant. Mais on ne peut pas vouloir censurer la critique d’une religion, qui est protégée par la liberté d’expression. Libre à chacun de ne pas aimer un texte, une chanson, un dessin, de le trouver stupide ou obscène, mais libre aussi à l’auteur de les faire. Rien ne justifie que ceux qui se sentent offensés réagissent par la menace, la violence. Libre à eux de saisir la justice s’ils estiment qu’il y a incitation à la haine. En l’espèce, une telle plainte ne déboucherait vraisemblablement pas, car critiquer une religion n’est pas appeler à la haine raciale. Condamner la critique d’une religion, d’un Dieu – même quand elle utilise des termes vulgaire – ce serait rétablir un délit de blasphème. Ce serait accepter que la religion régente l’espace et la parole publiques. Ce serait n’être plus dans une République laïque.
Il est du devoir des militants de l’émancipation, des humanistes épris de concorde sociale et de tolérance que nous sommes de rejeter tout mélange du politique et du religieux, quelle que soit l’intention et d’où qu’il vienne – d’une religion ou d’une autre, d’un camp politique ou de l’autre. “ L’Eglise chez elle, et l’Etat chez lui ” : les mots de Victor Hugo sont notre meilleur guide. Là est le seul principe qui garantit la liberté de conscience et de culte de tous et l’harmonie entre nous. L’écrasante majorité de nos concitoyens, qu’ils soient croyants ou pas, ne demande pas autre chose !
Communautarisme, séparatisme, laïcité : Mélenchon répond à Macron
Le mardi 18 février 2020, Jean-Luc Mélenchon répondait en direct à l'intervention d'Emmanuel Macron sur le communautarisme, le séparatisme et la laïcité. Il a expliqué que parler de laïcité dans un territoire concordataire était une bien étrange idée et a dénoncé une prise de parole qui revenait encore une fois à montrer du doigt l'islam et la religion musulmane. Il a appelé sur ces questions à agir avec discernement et d'abord à vérifier, avant de mettre en place des dispositifs particuliers, que la loi existante ne permettait pas de répondre aux enjeux posés par le communautarisme. Jean
Luc Mélenchon a expliqué également que pour être forte, la laïcité ne devait pas être appliquée à géométrie variable. Il a donc appelé à arrêter les cérémonies religieuses officielles et la participation de représentants de l'État à ces cérémonies. Il a, enfin, dénoncé une nouvelle diversion dans les propos du président de la République.
La vie de Jean-Luc Mélenchon témoigne de son inlassable engagement pour la laïcité
N’en déplaise aux extrémistes de tout bord : nous, nous défendons la République jusqu’au bout !
Pour Jean-Luc Mélenchon, l'idée de gauche concernant la relation aux religions est simple : l'Église chez elle, l'État chez lui.
Mercredi 7 décembre 2022, Jean-Luc Mélenchon était invité à l’ILERI (Institut Libre des Relations Internationales) pour donner une conférence sur le thème « Fin du monde, fin d’un monde ? ». A cette occasion, il a souligne sa conception de l'idée de gauche concernant la relation aux religions est simple : l'Église chez elle, l'État chez lui. L'État n'a pas à se mêler de religion, ni pour dire ce qu'il doit y avoir dans la religion, ni pour laisser la religion occuper une place dans l'État.
Qu'en dit l'Avenir en commun ?
La laïcité est attaquée de toutes parts et instrumentalisée par ses adversaires historiques, intégristes religieux et racistes qui veulent aussi en faire un prétexte pour flétrir les musulmans. La laïcité est la condition de la liberté de conscience de chacun, de l'égalité et de la fraternité entre tous les citoyens quelle que soit leur option philosophique ou spirituelle. Elle rend possible une action de l'État au service de l'intérêt général.
Appel pour faire advenir une alternative populaire et démocratique ;
Appel pour changer ensemble la vie et l’avenir des habitant·es de Nouvelle-Aquitaine
Cet appel, dont vous retrouverez le texte complet ci-dessous, s'inscrit dans la démarche nationale de la France insoumise[1] appelant des programmes communs se traduisant par la mise en place dans un cadre national des coalitions, identifiées par un label, représentatives dans la composition des listes et le choix des têtes de listes de la diversité de celles et ceux qui les soutiennent pour mettre en œuvre des programmes de rupture sociale, écologique et démocratique dans les départements et régions du pays.
Les insoumis de la Nouvelle-Aquitaine souhaitent que l’avenir de la région s’articule autour d’un programme atteignable, concret, partagé et concerté répondant à trois grandes priorités :
- La mise en place d’un bouclier social immédiat ;
- La bifurcation écologique ;
- La rénovation démocratique au service de l’intérêt général...
A cette fin, ils vous invitent à signer et faire signer l’appel pour un cap commun en Nouvelle-Aquitaine ! ⬇️
La Nouvelle Aquitaine face aux défis sociaux et écologiques : Appel pour un cap commun, citoyen et populaire
Les faillites, les licenciements, le chômage : la réduction des moyens de subsistance frappe une grande partie d’entre nous du fait de politiques anti-redistributives aggravées par l’épisode de confinement face au coronavirus. Les loyers ne cessent d’augmenter et ainsi ce sont 10 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté aujourd’hui en France. La crise sociale ne se réglera pas en faisant encore des cadeaux aux 0.1 % les plus riches.
La crise climatique sans précédent apparaît aujourd’hui non pas comme une perspective plus ou moins lointaine mais comme une réalité tangible pour tous. Que ce soit la perte de biodiversité, les enchaînements climatiques majeurs (sécheresses, canicules, inondations), ou les épisodes de pollution, jusqu’alors réservés aux grandes villes du sud maintenant étendus à nos campagnes, tout démontre l’emballement climatique et la responsabilité de nos activités sur celui-ci. La crise sanitaire actuelle est aussi une conséquence de ces dérèglements écologiques.
Tous ces bouleversements ont révélé l’incapacité du gouvernement à s’organiser pour y faire face.
En mars 2021 auront lieu les élections régionales et départementales. Face à ces inconséquences du pouvoir macroniste elles sont une opportunité pour faire face à l’urgence sociale et pour planifier les grandes bifurcations écologiques aujourd’hui indispensables dans le cadre des compétences dévolues aux collectivités territoriales.
C’est sur une nouvelle trajectoire que nous proposons aux organisations et mouvements politiques et citoyens, aux associations, syndicats s’inscrivant dans la résistance aux réformes néo-libérales d’Emmanuel Macron, d’accorder nos forces et nos démarches, parce que nous faisons séparément les mêmes constats et que globalement nous apportons des réponses convergentes. Il s’agit d’organiser la planification pour la satisfaction de l’intérêt général face aux défenseurs des intérêts privilégiés. Il est nécessaire de programmer ensemble l’avenir de la Nouvelle Aquitaine avec ces trois priorités :
La mise en place d’un bouclier social immédiat pour préserver la santé, l’emploi, les droits sociaux en imposant des conditions sociales et environnementales aux aides publiques dispensées par la région aux entreprises et aux associations, et en programmant des mesures d’aide et de solidarité pour les personnes et les familles en difficulté. L’accès à la culture est évidemment inclus dans cette stratégie régionale.
La bifurcation écologique pour des transports propres, une alimentation saine et une agriculture paysanne, locale et biologique : stopper l’artificialisation des terres agricoles et les grands projets inutiles et imposés, organiser une filière alimentaire scolaire bio et locale, préserver la ressource en eau, donner la priorité aux transports ferroviaires, voyageurs et marchandises, et à leur maillage équilibré. La situation géographique particulière de notre Région nous impose aussi d’agir face au recul du trait de côte et à la hausse du niveau des océans.
La rénovation démocratique au service de l’intérêt général en s’appuyant notamment sur l’implication citoyenne et la souveraineté populaire avec l’outil du référendum d’initiative citoyenne locale, avec l’application effective du mandat révocable de nos élu.e.s, et la mise en place d’une commission citoyenne de contrôle des budgets et financements.
A cela s’ajoute la crise sanitaire majeure à laquelle l’organisation de l’état n’a pas su ou pas voulu répondre, laissant l’auto-organisation aux hôpitaux publics et aux systèmes de santé faire face seuls, sans investissements techniques et en personnels à la hauteur des enjeux sanitaires. Cet exemple montre, s’il en est besoin, la nécessité de services publics suffisamment dotés et organisés, justement répartis à travers nos territoires, pour un égal libre accès à tous nos concitoyens.
Ces services publics seront encore plus précieux pour faire face à l’aggravation de la crise sociale et économique qui s’avance dans les centres urbains comme en zone rurale.
En mars 2021, tourner enfin la page ! Le président Rousset à une vison sur tous ces sujets , elle lui est propre et nous ne la partageons pas. Nous ne souhaitons pas continuer la voie qu’il a tracé durant ces nombreuses années, qui n’est finalement qu’une voie sans issue.
Il est aujourd’hui indispensable de répondre aux enjeux en fixant non pas un horizon, mais bien un objectif avec des points d’étapes, atteignables, concrets, partagés et concertés.
La complémentarité et l’égalité entre les trois anciennes régions fusionnées, Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin est une voie juste pour un développement équilibré de la Région Nouvelle Aquitaine, fondé sur la valorisation des atouts et des savoir-faire de chaque territoire. S’appuyer sur la coopération des territoires plutôt que sur la concurrence doit être la nouvelle méthode de travail.
Nous voulons engager les bifurcations nécessaires pour répondre aux enjeux de l’urgence écologique, de l’urgence sociale et de l’urgence démocratique et nous devons le faire avec les forces progressistes, humanistes, écologistes, féministes, avec les paysans, les artisans et PME, avec les citoyennes et les citoyens engagés pour l’écologie populaire et les droits sociaux, avec les membres des syndicats, associations, ONG, Gilets jaunes
Nous avons des objectifs sociaux, économiques et écologiques communs. Nous appelons à former des listes communes pour les élections départementales et régionales, à même de faire advenir une alternative populaire et démocratique pour changer ensemble la vie et l’avenir des habitant.e.s de Nouvelle Aquitaine.
A nous tous ensemble d'agir
Pour faire advenir une alternative populaire et démocratique ;
Pour changer ensemble la vie et l’avenir des habitant·es de Nouvelle-Aquitaine
👉Signez et faites signer l’appel pour un cap commun en Nouvelle-Aquitaine !
...Dans la cohérence avec notre appel régional du 16 octobre dernier (qui a recueilli 830 signataires !), nous appelons à un rassemblement porteur de l’intérêt général face aux intérêts particuliers, qui sera composé des forces politiques, associatives et sociales qui partagent nos objectifs :
✅ En finir définitivement avec l’ère Rousset, représentant des intérêts privés;
✅ S’engager au maintien et à la création d’emplois en refusant l’utilisation d’argent public sans contreparties des entreprises;
✅ Employer les moyens de la Région pour rétablir les services publics dans les territoires ruraux, notamment un service de transport ferroviaire répondant aux enjeux d’aménagement du territoire et de transition écologique;
✅ Assurer un accès inconditionnel à la santé et l’éducation, partout dans la Région....
Ces objectifs se traduisent concrètement par une stratégie politique de liste commune, construite pour diriger la Région, qui s’engage à ne faire aucun accord politicien avec la liste PS du libéral Macron-compatible Alain Rousset. Cette liste fera la place nécessaire aux acteurs des luttes sociales et environnementales qui souhaiteraient investir le champ politique sur notre région...
Le bal des hypocrites : Regarder les pleurer sur Bridgestone !
..., il faut reprendre le pouvoir, plutôt que de pleurer sur les conséquences du renoncement à tout pouvoir.
Depuis 30 ans ils regardent les usines partir. Depuis 30 ans ils laissent faire : zéro protection de l'industrie, zéro quota d'importation, zéro taxe aux frontières et aujourd'hui ils viennent faire les pleurnicheurs sur le parking de Béthune... Mais, comme le dit François Ruffin les traîtres, c'est eux !
La fermeture de l’usine Bridgestone : tout sauf une surprise Le fabricant de pneus a annoncé la fermeture de son usine de Béthune avec 863 licenciements à la clé. Des politiques de tous bords s’émeuvent de cette « trahison ». Mais en contrepartie des aides publiques déversées depuis des années, (entre 2008 et 2016 620 000 d'€ d'aides régionales, en 2008, la CDA de Béthune a versé presque 1,2 million d'€ au groupe japonais, en complément du versement de 620.000 euros de la Région mentionné précédemment. A cela s'ajoute 500.000 € du FEDER (fonds européen) ainsi que 320.000 € de l'Etat. Au total, les aides publiques depuis 2008 avoisinent donc 2,6 millions d'euros et ce n'est pas tout. , 1,8 million d'€ de CICE en 2017[1] et autant en 3018[4]), rien n’était exigé de l’entreprise.
La fermeture annoncée, le 16 septembre, de l’usine de Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais) risque de priver d’emploi 863 salariés. Soit la totalité de l’effectif. Face au désastre social à venir, chacun y va de son cri d’orfraie. Et découvre une nouvelle fois les limites des politiques publiques de subventions et d’aides aux industriels.
🔴 Pour la direction du fabricant japonais de pneus, les données sont simples : le site de Béthune n’est plus adapté au marché des véhicules de tourisme.
Dans un communiqué au ton compassionnel pour les salariés concernés, elle met en cause une tendance économique mettant une pression sur les prix alors que « l’usine de Béthune est la moins performante parmi toutes les usines européennes de Bridgestone ».
Cette dernière phrase dit évidemment tout du dumping social en marche dans l’Union européenne (UE) où Bridgestone continue de développer ses implantations au détriment de territoires historiques comme dans le Nord.
Le député communiste Fabien Roussel a immédiatement dénoncé les millions d’euros investis par l’industriel en Europe de l’Est au détriment de l’usine française [2]. Selon lui, Bridgestone a dépensé 140 millions d’euros en Pologne et 190 millions d’euros en Hongrie pour moderniser sa production.
« Avec de l’argent de l’UE », précise l’élu. De fait, dans un exercice de vérification, le site du Figaro confirme que l’un des investissements a bénéficié d’une large subvention européenne. En Pologne, accepté en 2013, le projet « a bénéficié d’une subvention européenne à hauteur de 24 millions d’euros ». Bruxelles participe à la création de déséquilibres au sein de l’Europe en déversant une manne quand, de l’autre côté du continent, l’outil de production se meurt à petit feu.
La course aux subventions et aux aides diverses est devenue une spécialité de ces industriels qui bénéficient des largesses des pouvoirs publics pour maintenir l’emploi au maximum, dans des territoires souvent sinistrés. En jouant le chacun pour soi, au-delà des frontières.
Aujourd’hui, les politiques de tous bords s’émeuvent, de tribunes en interviews, d’une supposée trahison de Bridgestone qui n’aurait pas respecté ses engagements en contrepartie des aides publiques touchées au fil des ans. Contreparties qui, dans les faits, n’existent pas.
" L’État ne doit plus verser d’aides publiques aux grandes entreprises sans contrepartie. L’État doit exiger le remboursement des aides publiques de la part des licencieurs en série. L’État ne doit pas hésiter à envisager la nationalisation des sites industriels que les financiers désintègrent pour leurs profits ", déclare la France insoumise[3].
Selon plusieurs médias reprenant des sources syndicales, Bridgestone a récupéré 1,8 million d’euros en 2018 au titre du CICE. Depuis, c’est sous forme d’allégements de cotisations sociales que l’entreprise a pu bénéficier de cette forme de subvention que vient de largement étriller, quant à son efficacité, un rapport d’évaluation.
🔴 Mais comme toute société éligible, l’industriel n’avait aucune obligation en terme d’emploi.
Il avait d’ailleurs décidé de se passer des services d’une centaine d’intérimaires en 2019 sans que cela n’émeuve aucun personnel politique.
En outre, et cela a provoqué la colère de Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, l’équipementier a récupéré une subvention régionale de 120 000 euros en 2017 pour financer de la formation. L’ex-ministre du travail, pourtant au fait de la liberté laissée aux entreprises aidées, a eu des mots très durs : « Une fermeture complète de ce site, c’est un assassinat. Et c’est un assassinat prémédité, prévu de longue date. […] On a affaire à des menteurs. »
Malgré cela, et pour ne pas perdre sa crédibilité d’élu aux côtés des salariés, il a indiqué que, si le groupe est prêt à « discuter d’un projet d’investissement sur ce site », l’État et les collectivités mettront alors de l’argent sur la table.
Au risque que l’histoire se répète ?
Car c’est exactement ce qui s’est déroulé pour l’ancienne usine Whirlpool à Amiens (Somme), devenue WN, qui a été vendue en licenciant à nouveau en juillet 2019 après avoir mobilisé énergie et fonds publics pour sauver le site industriel. « Un fiasco généralisé pour ce qui devait être la reprise pérenne du site de Whirlpool », écrivait Mediapart à l’époque [5].
Du côté du gouvernement, même aveuglement, où l’on feint la surprise face à une telle pratique de la part de Bridgestone et où l’on ne retient pas les leçons du passé.
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État à l’industrie, et Élisabeth Borne, ministre du travail, ont été dépêchées sur place le 21 septembre. Pour Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, il s’agit d’une « trahison ». Pour le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, c’est une décision « révoltante ».
La première, au micro d’Europe 1 [6], indiquait peu après l’annonce de Bridgestone : « Je trouve incroyable que dans ce moment particulier, où il y a des moyens pour investir dans les salariés, dans de nouveaux équipements, on ne donne pas un avenir au site de Bridgestone. » Elle faisait ainsi allusion au dispositif d’activité partielle longue durée (APLD) notamment, censé être l’arme antichômage au cœur de la crise. L’entreprise a déjà bénéficié du chômage partiel, en fermant momentanément son usine pendant le confinement.
🔴 Pourtant, et quand bien même le fabricant de pneus accepterait de surseoir provisoirement à fermer son usine en recueillant de l’argent public, ses déclarations sont claires
« Il n’existe pas d’alternative qui nous permettrait de surmonter les difficultés auxquelles nous sommes confrontés en Europe. Cette étape est nécessaire pour pérenniser les activités de Bridgestone à long terme », a déclaré Laurent Dartoux, le président de Bridgestone EMIA. Façon de dire que l’avenir est bien ailleurs, en Asie par exemple[6 bis].
Le député François Ruffin (La France insoumise), qui a vu les mêmes causes produire les mêmes effets dans l’Amiénois (Goodyear, Continental, Whirlpool), a quant à lui vertement critiqué les outrances du pouvoir local et du gouvernement. « Ces politiques qui viennent jouer les pleurnicheurs […], il n’y en a pas un qui a commencé à mettre en œuvre une solution protectionniste. [...] Je considère que les traîtres, les cyniques, les menteurs, c’est le gouvernement. Ce sont les anciens ministres, les ministres qui ont ces propos-là », a-t-il dénoncé sur RMC (Voir ci dessous " Regarder les pleurer sur Bridgestone ").
À l’issue de la rencontre entre les ministres, la direction de Bridgestone et l’intersyndicale, un accord de méthode a été conclu afin d’expertiser des pistes alternatives à la fermeture du site. S’il échoue, l’usine éteindra définitivement ses machines avant l’été 2021.
L’impasse des politiques néolibérales
Les mêmes qui prônent la liberté d’action pour les entreprises feignent de se lamenter de ses effets sur l’emploi. L’incapacité de lier les deux reflète l’aveuglement de cette politique de l’offre, version managériale du « ruissellement[7] ».
🔴 Derrière les larmes de crocodile et les indignations de façade, l’affaire Bridgestone révèle la faillite des politiques économiques menées depuis plus de 30 ans.
Des politiques soutenues, conçues et imaginées par les politiques qui se lamentent aujourd’hui sur le sort du site du fabricant de pneus japonais et qui pourraient se résumer en une seule phrase : faire confiance aux choix des entreprises.
Toute l’action publique a été fondée sur cette idée que, puisque ce sont les entreprises qui « créent des emplois », il faut leur donner les moyens de le faire, soit par des subventions directes, soit par de généreuses exonérations de cotisations sociales, soit par la baisse de la charge fiscale.
Cette vision était logique au regard de l’idéologie dominante et des méthodes qui en découlaient.
Tous les modèles macro-économiques sont « microfondés », autrement dit, ils sont la projection des comportements individuels des acteurs économiques au niveau d’une économie. Pour créer des emplois, il faudrait donc donner plus de moyens financiers d’embaucher aux entreprises. C’est, dans la vulgate politique, le fondement de la « politique de l’offre », qui consiste à penser que rendre le travail moins cher pour les employeurs les conduira à créer des emplois.
Cette pensée n’est donc rien d’autre qu’une forme de la théorie du « ruissellement[7] », qui s’appuie sur les entreprises.
Le calcul était le suivant : les exonérations, subventions et autres crédits d’impôts devaient retomber sur la population sous la forme d’une pluie d’emplois. Mais rien ne s’est produit comme prévu.
Dans un monde où la mobilité des capitaux est un totem, où la financiarisation des entreprises est généralisée, où la valeur actionnariale domine et où la production est un mal nécessaire, ces politiques, qui ne sont rien d’autre qu’une version naïve de la « main invisible » d’Adam Smith, sont vouées à l’échec. Les groupes internationaux agissent selon les « opportunités ». Ils viennent pour s’emparer de savoir-faire ou profiter de certaines « opportunités », et repartent dès qu’ils ont l’occasion d’accroître ailleurs leurs profits. Derrière le mirage de « l’attractivité » (la France a toujours été dans le trio de tête des pays les plus attractifs du monde), il y a une constante déception. Ces flux de capitaux repartent aussi vite qu’ils arrivent ; ils ne viennent pas pour assurer un développement mais pour opérer des razzias.
🔴 Jamais les promesses de ces politiques n’ont été tenues, ni le CICE, ni les exonérations de cotisations, ni les baisses d’impôts aux entreprises ni les réformes du marché du travail n’ont stoppé la dégradation de l’outil productif français.
Cette dégradation n’est pas une spécificité française, du reste. Malgré une politique fiscale et sociale ultra-agressive, le Royaume-Uni a connu le même phénomène de désindustrialisation massive depuis 40 ans.
On peut, certes, comme le font certains, prétendre que tout cela n’est pas suffisant.
Ce n’est pas assez d’avoir dépensé entre 2013 et 2019 134 milliards d’euros de CICE, d’avoir dépensé autant par an de subventions, d’avoir les taux de financement les plus bas de l’histoire, de promettre la baisse des impôts de production pour 10 milliards d’euros par an et celle de l’impôt sur les sociétés d’autant. Le tout dans un contexte où « l’optimisation fiscale » reste une pratique courante des grands groupes. On peut toujours le penser. Mais est-ce sérieux ?
En réalité, l’affaire Bridgestone vient appuyer à l’endroit précis de l’échec de ces politiques.
Car, enfin, voici une entreprise qui, non contente d’avoir bénéficié de toutes les aides, subventions et exonérations passées, pouvaient compter sur des promesses alléchantes : baisse des impôts sur la production et du taux d’impôt sur les sociétés, nouveau round de réforme du droit du travail, nouvelles aides directes dans le cadre du plan de relance. Mais rien n’y a fait. Les « anticipations rationnelles » de la multinationale l’ont conduite à fermer l’usine.
🔴 La vraie source de la colère des membres du gouvernement et de l’exécutif régional est donc avant tout la révélation de l’inanité de ces politiques qu’ils défendent depuis des décennies et qui sont prétendument créatrices d’emplois.
En transférant aux entreprises seules la tâche de créer des emplois dans un contexte de mondialisation financiarisée, ils se retrouvent régulièrement les dindons de la farce. Car si les entreprises sont libres, dans leur intérêt, de créer des emplois, elles sont tout aussi bien libres d’en détruire.
🔴 Le piège se referme alors sur ces dirigeants qui touchent du doigt cette réalité que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts des entreprises.
Lorsque l’on accepte le chantage à l’emploi comme un pilier de la politique économique, on transfère aux entreprises les principaux choix économiques et sociaux. On peut ensuite venir s’en plaindre, mais il y aurait là de quoi rire si la situation n’était pas aussi dramatique pour les salariés. Car ce sont bien les mêmes qui, par temps calme ou lors des grands discours théoriques, prétendent que l’économie, cela consiste à soutenir les entreprises.
N’est-ce pas Emmanuel Macron qui avait promis dans Forbes [8],le 1er mai 2018, la fin de « l’exit tax », cette taxe contre les fuites de capitaux, parce qu’elle découragerait les investissements ?
N’est-ce pas Jean Castexqui, lors de son discours de politique générale le 15 juillet, prétendait que « l’économie, c’est l’entreprise et l’initiative » [9] ; et que donc il fallait laisser faire ?
N’est-ce pas Bruno Le Maire qui refusait toute demande de contreparties aux baisses d’impôts sur la production parce que, comme il l’a dit aux Échos [10], « imposer des conditionnalités nous ferait perdre du temps pour la relance et conduirait à un échec » ?
Mais s’il n’y a pas de contreparties, c’est bien que les entreprises font toujours les bons choix. Pourquoi ensuite venir blâmer Bridgestone ? Parce que l’entreprise japonaise prouve déjà l’inefficacité du plan de relance par l’offre du gouvernement, venant démentir directement Bruno Le Maire, qui affirmait dans cette même interview que ce plan « produisait déjà ses effets » ?
🔴Il est vrai que, parfois, ces choix ne sont pas désintéressés.
Que penser du délégué interministériel aux restructurations Marc Glita, qui a participé aux négociations avec Bridgetone et qui, soudainement, selon le site Contexte, devient conseiller [11] du patron de Plastic Omnium et de l’AFEP, l’association des grandes entreprises, Laurent Burelle, par ailleurs un des plus farouches partisans du refus de toute contrepartie au plan de relance ? Peut-on sérieusement la veille prétendre défendre les emplois contre une entreprise « voyou » et le lendemain défendre la liberté totale des entreprises d’utiliser les cadeaux fiscaux à leur guise ? Et peut-on croire à l’engagement de l’État dans ce cas pour défendre réellement les emplois menacés par sa propre politique ?
🔴 Concrètement, cette politique est un désastre.
Elle désarme la puissance publique, décrédibilise l’action syndicale et ne stoppe nullement la désindustrialisation. Il n’y a là rien d’étonnant. La désindustrialisation est un phénomène assez général en Occident, la production à faible valeur ajoutée ayant été transférée dans des pays à bas coûts. Quant au haut de gamme, l’Allemagne s’en est assuré le monopole par sa politique mercantiliste fondée sur la modération salariale. Les autres en sont réduits à des expédients : bulle immobilière, destruction de l’État-providence ou encore fuite en avant financière.
🔴 Pendant longtemps, on a pensé que tout cela n’était pas si grave.
C’était le discours sur la « destruction créatrice ». Sauf que, là encore, la promesse a perdu de sa superbe. En théorie, cette destruction créatrice concerne l’industrie : les emplois les moins productifs sont remplacés par des emplois plus productifs, plus nombreux grâce aux investissements. Mais le schéma n’est plus pertinent dans le capitalisme contemporain. Les gains de productivité sont minimes et le bas de gamme industriel, comme le haut de gamme, repose très largement sur une baisse relative du coût du travail. Comment en serait-il autrement ? Les investissements productifs sont coûteux et incertains, tandis que les marchés financiers et l’immobilier affichent de beaux rendements.
Le résultat de tout cela, c’est que les emplois créés ont été souvent d’assez mauvaise qualité: soit mal payés, soit précaires, soit fragmentés dans le temps. Les réformes du marché du travail, les subventions aux entreprises et autres baisses de cotisations sur les bas salaires ont encore aggravé le phénomène. Mais, progressivement, la numérisation et la destruction du droit du travail ont transformé pour beaucoup la tertiarisation en un cauchemar de précarité. On comprend que ces perspectives ne fassent pas rêver les ouvriers de Bridgestone et que même les hommes politiques n’osent plus défendre un tel mythe.
D’autant que la crise sanitaire est venue donner le coup de grâce à ce beau modèle. Les services connaissent avec les mesures sanitaires et les changements de comportement un choc négatif de productivité qui laisse présager de nouvelles pressions sur le travail. Parallèlement, les entreprises industrielles, elles, cherchent à maintenir leurs marges en accélérant les délocalisations, et ce ne sont pas les cadeaux fiscaux du gouvernement qui pourront freiner le phénomène.
🔴 Le cas Bridgestone est donc un nouveau symptôme de l’échec flagrant d’une politique économique qui transfère entièrement aux entreprises la création d’emplois et identifie leurs intérêts avec l’intérêt général.
Mais les choix micro-économiques ne sont que les conséquences des choix macro-économiques. La naïveté de la pensée du libre-échange, de la financiarisation et de la libre circulation des capitaux a produit des effets que les ouvriers de l’équipementier japonais peuvent amèrement constater, après tant d’autres. C’est bien pour cette raison que les rodomontades de politiques qui, partout, défendent le libre choix des entreprises comme créateur d’emplois ne sont pas sérieuses.
🔴 Le vrai enjeu, c’est bien celui du pouvoir.
Qui décide de quels emplois une société a besoin et de la manière d’assurer un niveau de vie décent à tous ? Le transfert de ces choix au seul marché, par ailleurs pas réellement libre dans les faits, tant la tendance oligopolistique du capitalisme contemporain est forte, conduit à un double effet : l’affaiblissement d’un État désarmé devenu l’idiot utile du capital et le creusement des inégalités de revenus et de conditions sociales.
Il semble donc urgent d’en finir avec ce « ruissellement » par les entreprises et le chantage à l’emploi. Et pour cela, il ne faut pas des hochets comme cette « charte des contreparties » proposée par Bruno Le Maire. Il faut un changement complet de logique.
Plutôt que de déverser des dizaines de milliards d’euros sur les entreprises, il faut assurer la création directe d’emplois dans la production et les services en rapport avec une définition démocratique des besoins, rendre l’intérêt de la délocalisation de certains sites moins attractif en renonçant à une mondialisation naïve et briser tout chantage à l’emploi par une vraie garantie de l’emploi et une assurance-chômage élargie. Bref, il faut reprendre le pouvoir, plutôt que de pleurer sur les conséquences du renoncement à tout pouvoir.
Que faire contre les ayatollahs de la concurrence ?
Par François Ruffin, député France insoumise. Bridgestone, 5G, néonicotinoïdes, même combat ! Vous me croyez pas ? Vous allez voir : derrière tout ça, il n’y a qu’une seule et même injonction, à la concurrence. La course en avant, qui devient une course au néant.
Jean-Luc Mélenchon, le 18 mars 2012 – discours pour la sixième République place de la Bastille
Je rentre fraîchement des AMFiS de Valence[1], après quatre jours denses et extrêmement enrichissants. Pour commencer, il est nécessaire de remercier les organisatrices et organisateurs, militantes et militants bénévoles pour l’excellente tenue de nos universités d’été de la France insoumise. Ceci étant dit, je vais passer directement au cœur de ce que m’a inspiré cette édition 2020 de nos AMFiS à Valence. Mon avis est qu’avec dix ans d’implication et de recul sur la théorie et la pratique politiques, la révolution citoyenne s’inscrit dans un temps long.
Je me souviens comme si c’était hier de mon premier grand meeting politique : c’était le lancement de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon le 29 juin 2011 à Paris, place Stalingrad[2]. A cette époque, tout jeune militant de 24 ans, je n’avais pas pris la mesure de ce qui allait être germé par le primo-candidat d’alors : les graines de la révolution citoyenne. La victoire de François Hollande n’avait pas permis de comprendre ce qui s’était passé lorsque pour la première depuis des décennies, une gauche radicale atteignait 11% à l’élection présidentielle. Les analyses de l’époque étaient centrées sur la personnalité du candidat Mélenchon. Pas sur ce qu’il portait à l’époque.
La théorie de l’ère du Peuple est absolument nécessaire et centrale pour comprendre qu’une révolution citoyenne se traduit sur un temps long.
Et les 11% de Jean-Luc Mélenchon sont la première étape de ce processus de révolution qui ne va pas s’arrêter. L’ère du Peuple décrit comment une révolution citoyenne passe par plusieurs étapes, parfois distinctes entre elles, parfois mêlées : ce sont les phases destituantes et constituantes. 2012 a été la première étape de la phase destituante du processus. Il s’agissait à l’époque de se redéfinir comme un « nous ». En cela, l’introduction du discours pour la 6ème République en 2012 place de la Bastille[3] est une illustration parfaite du mon propos. Je cite : « Et où on était passés ? Où on était disparus, tout ce temps ? On se manquait, on s’espérait, on s’est retrouvés ! Génie de la Bastille, qui culmine sur cette place, nous voici de retour ! Le Peuple des révolutions et des rebellions en France ! ». Ainsi, le « nous » était constitué.
La deuxième phase du processus destituant a donc été de lancer ce « nous » contre le « eux ».
C’est la période mondiale des Indignés, du mouvement des 99%. Elle se matérialiste par le lancement de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon le 5 juin 2016 à Paris[4] avec le défilé de la France insoumise. Toutes les professions ont défilé pour affirmer qu’ensemble,nous avons un « Avenir en Commun ».
La construction du programme a été faite avec les citoyens, les experts de tous les domaines, les associations et que sais-je encore. Cette nouvelle étape s’était voulue constituante, bien que la phase destituante était encore à l’œuvre. François Hollande en incapacité de se présenter, effondrement des partis traditionnels, émergence et élection d’Emmanuel Macron, le pays a continué à être traversé par le dégagisme de la phase destituante, alors même que le programme l’Avenir en Commun et Jean-Luc Mélenchon réunissaient 7 millions de voix et presque 20% à l’élection présidentielle de 2017.
Jean-Luc Mélenchon, le 5 juin 2016 au défilé de la France insoumise à Paris
Chacun le sait, ces deux phases sont encore et toujours à l’œuvre.
Le mouvement des Gilets Jaunes est passionnant en ce sens qu’il concentre, en son sein, les deux phases entremêlées de la révolution citoyenne qui adviendra dans les deux prochaines années. Pourquoi ? Une part immense du Peuple français a soutenu les GJ, même dans les phases les plus aigües de la crise. Les mots étaient sensiblement les mêmes que ceux que l’on retrouve partout où des révolutions citoyennes ont lieu : « Macron démission ! », « Dégage ! », et ainsi de suite. La phase destituante est donc bel et bien en cours entre 2018 et aujourd’hui alors que dans le même temps, la conscience de changer de république, de mode de pratiques politiques, allant vers plus de participation et de démocratie fait corps au sein des catégories de la population étant les plus éloignées de la politique. C’est la phase constituante qui est à l’œuvre.
Nous sommes en résonance avec ces deux phases.
Chacun a bien compris depuis l’élection d’Emmanuel Macron que LFI était la principale opposition, mais dans le même temps, à chaque fois que le Peuple est entré en scène, par l’intermédiaire des Gilets Jaunes ou des manifestations pour le climat, nous sommes sortis renforcés. La débat médiatique se trompe totalement en mettant en avant les faibles scores aux européennes et aux municipales, pour plein de raisons, et finalement, il faut les en remercier. Ils n’ont pas conscience de ce qui se joue pour la présidentielle de 2022.
Nous sommes en résonance, disais-je. En effet, quand Macron convoque un grand débat, ou une convention citoyenne pour le climat, nous nous rendons compte que les résultats de ces travaux sont toujours à 90% en accord avec le programme l’Avenir en Commun. Nous gagnons des batailles idéologiques et concrètes depuis quelques années et cela ne va que dans le sens de ce que nous théorisons depuis plus de 10 ans maintenant. Tout cela, Mélenchon l’a bien détaillé lors de sa conférence sur l’ère du Peuple aux AMFiS de 2020.
Passons maintenant à 2022.
Le discours de clôture des AMFiS d’été de Valence est un discours de campagne, quoi qu’on en pense. Radicalités concrètes, eau, énergie, propositions de fond et précisions tactiques, ce discours doit être vu par le plus grand nombre. D’ailleurs, l’intérêt a été grand puisque 3 chaînes d’informations en continu l’ont diffusé, 51 000 vues sur Youtube[5], 262 000 vues du meeting sur la seule page de Mélenchon sur Facebook, bref,l’audience a été large, et il faut l’amplifier !
Jean-Luc Mélenchon, le 23 août 2020 aux AMFiS d’été de la France insoumise à Valence
2022 s’inscrira donc dans la fin de la phase destituante et l’avènement de la phase constituante du Peuple français sera rendue possible avec l’ambition de créer des « causes communes », comme le dit Jean-Luc Mélenchon. Après avoir construit patiemment le « nous », après avoir identifié le « eux », il s’agira maintenant de redéfinir collectivement les règles qu’on voudra se voir appliquées, bref refonder le Peuple français. C’est la convocation d’une assemblée constituante, le passage à une 6ème République, le partage de la richesse, la réappropriation des biens communs, le déploiement des services publics grâce aux outils de planification (écologique et économique), la réindustrialisation des secteurs clés de notre économie, et l’affirmation d’une souveraineté populaire retrouvée !
Quelle que soit la décision de Jean-Luc Mélenchon d’être notre candidat, ce que je souhaite, le mois d’octobre sera essentiel comme étape du processus de révolution citoyenne dans notre pays.
Alors que les partis traditionnels pensent que notre courant politique est isolé et essoufflé du fait des résultats aux européennes et aux municipales, nous pouvons continuer d’avancer sous les radars. Ils sont, comme les médias mainstream, incapables de replacer la politique dans le temps long. Ils sont déconnectés du Peuple français, du fait de ne pas considérer les révolutions comme des constructions sociales et politiques, dans un continuum, avec des temps chauds et des temps froids. Faut-il leur rappeler qu’en 2017, Mélenchon tutoie le second tour avec LFI alors que les municipales et les européennes de 2014 ont été mauvaises, de même que les cantonales et les régionales de 2015 ?
Ce Peuple constituant ne se déplace que lors de la seule élection susceptible de renverser la table : l’élection présidentielle. Et c’est exactement à cela qu’il faut continuer de travailler pour 2022.
Retrouvez la conférence des AMFiS 2020 « Des droits nouveaux pour une 6e République » avec :
Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2017
Chaque élection présidentielle voit ses manœuvres d’appareil et ses stratégies bancales se mettre en place. Ce sont souvent les mêmes modes de fonctionnement, les mêmes arrangements de coin de table. Les lignes politiques ne sont finalement jamais mises en discussion et c’est la course de petits chevaux qui se lance. On est bien loin de l’implication populaire que chacun brandit comme un mantra.
Lors de la campagne de 2017, l’alpha et l’oméga de la réflexion politique pouvait se résumer à cela : lutter-et-faire-barrage-à-la-droite-et-l’extrême-droite.
De réflexion, en définitive, il s’était agit plus de postures pour empêcher qu’une gauche plus radicale ne s’installe dans le pays. Pourtant, cela n’a pas empêché Jean-Luc Mélenchon de réunir près de 20% des suffrages à l’élection présidentielle[1].
Pourquoi ?
Parce que le choix des électeurs ne s’est pas porté sur des postures anti-droite-et-extrême-droite, mais bien sur des visions politiques, des propositions concrètes. Nous avions beaucoup travaillé en amont, et sous les radars médiatiques sur les questions économiques, sociales, démocratiques et européennes. L’attelage Hamon-Jadot[2] s’est fracassé parce que les gens ne voyaient pas vraiment la différence entre ce qui sortait du quinquennat Hollande et la candidature d’une personne du PS, membre du gouvernement Hollande, soutenue par des écologistes eux-mêmes membres du gouvernement Hollande. Ils étaient atones sur les questions essentielles que sont la géopolitique, le rapport aux institutions européennes et sur une vision clairement anti-libérale de l’écologie.
Si 2017 avait son mantra contre la droite et l’extrême-droite, on voit maintenant que la tendance est sur la question écologique.
Pour l’heure, chacun avance ses pions. Génération.s de Benoît Hamon a compris qu’il ne serait qu’une force d’appoint. Le sens de la candidature d’Hamon aux européennes en 2019 avait son sens. Se compter pour voir où son mouvement se situait sur l’échelon politique. L’échec fût cuisant. Et ce n’est pas faire injure aux camarades de Génération.s que de le dire. Ils se mettent dans la roue d’EELV[3], qui sort a priori renforcé de la séquences européennes/municipales.Je dis bien a priori car aux européennes, le peu de gens qui ont voté ne l’ont pas fait sur des questions d’orientations politiques et pour les municipales, là où les verts sont partis seuls, ils n’ont pas fait de miracles[4].L’enracinement local de leurs partenaires a joué à plein et tirer des plans sur la comète pour une élection si particulière qu’est l’élection présidentielle semble franchement présomptueux.
A cette heure, la presse en fait des tonnes sur la candidature de Jadot[6], les ambitions présidentielles d’Eric Piolle[6], le fait que Macron ne se sentirait menacé que par Anne Hidalgo, que Jean-Marie Bigard[5] sera candidat ou que Michel Onfray[5] prendrait la tête des « souverainistes des deux bords ».
Dans la vraie vie, tout ça, c’est de la littérature.
A l’heure où nous parlons, que ce soit le PS[7] ou EELV, aucune de ses forces ne dispose d’une ligne politique claire. Ils n’ont pas de programme, personne ne connait leurs orientations, et tout le monde sait que les liens avec le libéralisme, le marché, la flexibilité du marché du travail et autres ne seront pas coupés. L’écologie de marché, c’est le même tarif. On peut présenter sous l’angle que l’on veut, avec un joli papier cadeau, cette ligne politique reste minoritaire et les français n’en veulent pas[8].
A chaque élection, c’est la même chose.
La seule question qui vaille et à laquelle tout ce petit monde ne veut surtout pas répondre est la suivante :
Il ne s’agit pas ici de faire les victimes des méchants camarades qui ne veulent pas travailler avec la France insoumise. C’est une réalité.A de nombreuses reprises, le PS ou les Verts ont expliqué que la gauche réunie, c’est sans Mélenchon. La posture d’exclusion de base, avec de l’expérience, chacun le sait, ça ne rassemble pas grand-chose. Les sondages sont ce qu’ils sont, mais en août 2020, Jean-Luc Mélenchon est crédité de 13%[9] des intentions de votes, (le seul qui franchit la barre des 10 % d'intentions de vote malgré tout ce qu’il a subi depuis 2017), quand Jadot monte tout juste à 8%[9] et le PS à 3%[9]. Qui plus est, en politique, les pourcentages ne s’additionnent pas forcément et malgré cela, un attelage PS/EELV resterait malgré tout derrière Mélenchon.
Malgré les déconvenues européennes et municipales, la France insoumise reste, qu’on le veuille ou non, le moteur de la révolution citoyenne dont le pays a besoin. En 2015, Mélenchon émargeait à 8% dans les sondages. En 2020, à deux ans de l’élection, il est déjà à 13%. S’il y a un attachement des français, jeunes, précaires ouvriers et salariés pour sa candidature, c’est parce qu’il incarne une ligne constante, claire et cohérente avec ses engagements de longue date.
2022 sera un tournant pour notre pays.
Trois options s’offrent aux français :
le repli xénophobe ;
la logique ultra-libérale ;
et enfin la mise à plat et la redéfinition du cadre collectif.
Je reste persuadé que nous avons besoin d’une sixième République, d’un président avec moins de pouvoirs, d’une règle verte et d’une planification écologique, d’une réindustrialisation du pays, d’un réel partage de la richesse, et d’apaiser les tensions qui s’exacerbent dans la société.
Pour cela, nous avons besoin de clarté et de cohérence...
Pas de ces jeux de petits chevaux et d’accords de coin de table.
" Celui qui exerce le pouvoir sans l’appui du peuple est condamné à gouverner contre lui " Eric Coquerel
Eric Coquerel (député France insoumise) : " Nous avons du travail ! Pour que des mobilisations sociales viennent opposer une résistance à un exécutif qui prépare à un retour vers le passé en remettant sa réforme de retraite sur la table. Sur le terrain des mobilisations comme des urnes, qui ne peuvent s’opposer dans une perspective de transformation radicale, il est urgent de proposer une alternative au retour d’une union de la gauche dont le centre de gravité serait une ligne « socialécolo- libérale ».
C’est notre proposition de fédération populaire. Un cadre d’unité social et électoral capable de réunir des forces politiques mais aussi, syndicales et associatives, et plus largement citoyennes, pour une stratégie politique de rupture et de conquête du pouvoir. Ce cadre pourrait agir dans les mobilisations et se présenter à toutes les élections qui nous séparent des présidentielles et législatives tout comme dans les mobilisations sociales.
Nous sommes en plein dans l’œil du cyclone. Je le dis, car la vie politique ne se résume pas à une analyse froide de résultats éléctoraux. Nous ne gagnerons pas sans la mobilisation populaire, et nous n’exercerons pas le pouvoir correctement si nous ne sommes pas un débouché politique concret à la résistance du peuple. C’est au fond, aussi, l’avertissement que je formule sur ces municipales : " celui qui exerce le pouvoir sans l’appui du peuple est condamné à gouverner contre lui[1] ".
L’institut de sondages IFOP a sorti une enquête très intéressante au sujet de la perception des français quant à leur propre positionnement politique. L’enquête menée sur 2041 personnes du 7 au 10 juillet 2020, tout de même, montre queles français s’auto-positionnent de moins en moins à gauche sur un axe Gauche-Droite[2]. En effet, seuls 13% des français se définissent comme de gauche dans cette étude(dansla même enquête produite en juin 2019, seulement 15% des Français déclaraient se reconnaître dans la notion de " Gauche "[3]). Dans le même temps, ils sont respectivement 32% et 39% à se positionner au centre et à droite de l’échiquier politique. Notons quand même que 16% des personnes interrogées ne se prononcent pas quant à leur auto-positionnement sur cet axe. Le journal droitier Le Point, ayant commandé le sondage, y voit que c’est le signe d’une droitisation de la France. A mon sens, le journal fait une erreur d’analyse de la situation politique de notre pays.
Question : On classe habituellement les Français sur une echelle qui va de la gauche à la droite, où - est la position la plus à gauche et 10 la position la plus à droite.
Vous personnellement, où diriez-vous que vous vous situez sur cette échelle ?
L’effondrement du concept de Gauche dans la tête des gens n’est dû qu’à la politique menée par les gens se réclamant de la Gauche Autant le dire tout de suite, dans l’esprit de beaucoup, François Hollande a été le dernier Président de la République de gauche que la France ait connue. Ce constat est malheureux, mais la moindre diffusion de tracts sur les marchés donne la température de cet ancrage très vivace dans les têtes de nos concitoyens. Et disons-le, le Parti Socialiste avec Hollande Président, ce fût un long chemin de croix. Toutes les trahisons y sont passées. L’ANI (accord national interprofessionnel), le CICE, les lois sécuritaires, la loi El Khormi, les lois Macron, la fermeture de Florange, la déchéance de nationalité, Manuel Valls Premier Ministre, l’absence de renégociation de TSCG et la promesse non tenue d’amnistier les syndicalistes condamnés pour leurs luttes de défense des emplois, et ainsi de suite. Bref, chacun connait le réquisitoire. Ces gens ont tué l’idée de gauche dans notre pays pour des dizaines d’années.
Si le concept de gauche est mort et enterré dans la tête de nos concitoyens, les idées de gauche n’ont jamais eu autant le vent en poupe. Pensons à la relocalisation de l’industrie, le développement l’agriculture paysanne, biologique et zéro déchet, le partage des richesses, la planification écologique, l’investissement fort dans un système de santé universel, le RIC, la sixième république et que sais-je encore. Néanmoins, vue la défiance qu’ont les citoyens, à tort ou à raison, chacun pourra se faire son idée, envers la représentation politique de façon générale, et de la gauche en particulier, ânonner sans cesse à l’union de la gauche peut apparaître comme un formidable repoussoir à l’arrivée au pouvoir des idées pourtant bien ancrées à gauche. C’est pourtant ce que n’ont et ne cessent de faire les thuriféraires de la social-démocratie mollassonne et eurobéate.
C’est dans ce contexte que Jean-Luc Mélenchon, depuis 2018, a proposé l’émergence de ce que les insoumis appellent une « Fédération Populaire[4] ». Nos camarades de la GRS (Gauche Républicaine et Socialiste) avec Emmanuel Maurel parlent quant à eux de « Front Populaire du XXIème siècle ». Si les appellations sont différentes, nous sommes fondés à penser que le fond est relativement proche. Il s’agit donc de fédérer les forces associatives, syndicales, politiques et citoyennes. Pas dans un but électoraliste, mais avec l’idée qu’à partir de là peut s’auto-organiser la société et la constitution d’un véritable front populaire. La chose n’est pas aisée, et la formule, loin d’être magique.
A mon échelle, en septembre 2019, j’ai eu le plaisir de répondre favorablement à l’invitation de mon camarade Denis Lamard, conseiller régional GRS de Bourgogne-Franche-Comté à leur rentrée politique. Durant un court discours, j’y avais défendu devant des représentants d’EELV et de Génération.s l’impérieuse nécessité de fédérer les luttes afin de gagner des batailles culturelles et politiques. J’ai donc parlé de fédération populaire[5], pensant à cette époque, comme aujourd’hui, qu’elle serait la seule voie à une prise de pouvoir en 2022. Non pas juste une prise de pouvoir institutionnelle, mais avec un réel soutien populaire et ancré profondément dans la société. Car prendre le pouvoir sans les forces vives du pays, c’est risquer des échecs terribles.
Mais pour fédérer le Peuple, encore faut-il commencer par s’adresser à lui dans son ensemble. C’est par exemple en cela que Jean-Luc Mélenchon est présent sur YouTube, mais aussi plus récemment sur Twitch et TikTok. Il est absolument inenvisageable de manquer de s’adresser à une foultitude de personnes qui ne seront jamais exposées, de près ou de loin, aux propositions que nous pouvons faire pour le pays. Avec seulement 13% de français se définissant de gauche (contre 15% en 2019), il semble illusoire que tout miser sur la réactivation du mot de gauche soit d’une aide quelconque pour la prise du pouvoir. A y regarder de plus près, l’auto-positionnement des sympathisants de la France insoumise est intéressant : alors que 41% d’entre eux se définissent de gauche (c’est beaucoup), 59% ne se positionnent pas là, et se répartissent entre le centre, le non-choix et la droite. Nous observons le même phénomène avec les électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Je vous incite à regarder également où s’auto-positionnent les électeurs de Benoît Hamon et les sympathisants EELV.
Celles et ceux qui se définissent de gauche savent pertinemment que la France insoumise porte un projet fondamentalement ancré dans l’histoire de ce courant politique : l'AVENIR EN COMMUM[6]. Le problème n’est donc pas là.
Le plus ardu réside dans le fait d’amener la masse de nos concitoyens sur un programme de gauche sans agiter le repoussoir de la Hollandie et ses queues de comètes gesticulantes. C’est bel et bien la constitution d’une Fédération Populaire qui doit nous occuper. Demain, ce n’est pas si loin…
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Débat aux universités d’été de la France insoumise à Valence : Fédération populaire ou union de la gauche ?
Avec :Olivier Besancenot (ancien candidat à l'élection présidentielle, NPA, visio) - Aurélie Trouvé (porte-parole d'Attac) - Benoit Teste (secrétaire général de la FSU) - Pierre Lacaze (responsable des élections au PCF) - Jérôme Gleyzes (ex-membre de la direction d'EELV) - Claire Monod (porte-parole de Génération·s) - Eric Coquerel (député LFI) - Sarah Legrain (coordination des espaces LFI)
Présidentielle 2022 : pour une investiture populaire de 150 000 parrainages citoyens Le mardi 27 octobre 2020, Jean-Luc Mélenchon tenait une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour présenter une proposition de loi qu’il déposait ce jour pour permettre un parrainage citoyen à l’élection présidentielle.
Le président du groupe « La France insoumise » a expliqué qu’il s’appuyait sur la proposition de la commission Jospin sur la rénovation et la déontologie de la vie politique créée en 2012 par François Hollande. Il a dit que cette proposition serait une deuxième voie qui pourrait exister à côté du parrainage par les 500 signatures de maires. Il a appelé à en discuter dans le cadre de la commission Debré qui étudiait la possibilité d’un report des élections départementales et régionales.
Jean-Luc Mélenchon a mis en garde contre une abstention qui pourrait être record pour l’élection présidentielle de 2022, comme le montrait un sondage récent. Il a appelé à permettre une implication citoyenne renforcée dans cette élection.
Cliquez sur l’image pour voir le document PDF mis à jour
👉 L’avenir en commun est le programme porté par Jean-Luc Mélenchon. Co-écrit par des milliers de citoyens, il a été choisi par 7 millions d’électeurs en 2017. Cette version est actualisée pour tenir compte de 3 années de mobilisations sociales et de travail parlementaire.
Jean-Luc Melenchon : " Autant le dire clair : la crise sociale va être terrible ! "
Si l’économie productive n’est pas réanimée, le choc de la récession va détruire des millions d’emplois dans le monde, désorganisant les chaînes longues d’interdépendances des capacités productives.
À conditions et méthodes capitalistes égales, la violence du choc économique va donc avoir un impact social de très grande magnitude. Ce qui s’est toujours traduit dans l’Histoire par de grosses secousses politiques. Je ne développe pas ici. Je veux attirer l’attention sur autre chose. Les observateurs sans naïveté savent que la compétition pour que la sortie de crise donne un avantage comparatif est commencée. C’est dire l’état d’esprit qui règne. La date de sortie de confinement des Allemands en est une illustration des plus criantes.
Il faut donc tenter deux opérations en même temps :retrouver du crédit en grande quantité et faire bifurquer le modèle de production pour écologiser et relocaliser les appareils de production pour réduire les bien trop longues chaînes d’interdépendance qui les constituent d’un bout à l’autre de la planète. Le contexte aura été utile si nous le faisons car il n’y a pas de meilleure préparation aux chocs qui vont suivre : celui d’autres épidémies désormais certaines, et celui du changement climatique. Sinon, souvenons nous que des deux précédentes impasses de l’économie capitaliste mondiale sont sorti deux guerres mondiales qui ont failli emporter la civilisation humaine (pour lire l'intégrale[2]) .
Ainsi, le 17 avril 2020 à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon a affirmé que la dette des États ne pourrait pas être remboursée et qu’il fallait « abattre le mur de la dette ».
Il a aussi soutenu que face à une situation aussi dangereuse qui peut mener les États à la guerre ou à la banqueroute, l’Europe se dérobait. Il a dénoncé l’échec subi par notre pays sur la question des eurobonds et a expliqué que la banque centrale du Royaume-Uni prêtait directement au gouvernement britannique et que la banque centrale américaine avait carrément aboli le risque en rachetant les dettes publiques et privées.
Jean-Luc Mélenchon a infine proposé que la dette des États soit rachetée par la Banque centrale européenne pour être transformée en dette perpétuelle à intérêt nul afin que les États retrouvent leurs capacités de financement et préparent la transition écologique[1].
Source :Eric Durand| mis à jour le 25/09/2022
Commençons déjà par dresser l'état des lieux de la dette en 2020
Car aujourd'hui, elle est à nouveau agitée pour que le peuple ait peur et se taise... alors que Le ministre du Budget a annoncé l'installation d'un groupe de travail chargé de réfléchir au redressement, à terme, des finances publiques françaises, c'est à dire au retour de l'austérité[6] :
On nous dit en effet : la dette atteindra 2 798 Mrd d'€ en 2021 soit 116,2% du PIB. Du jamais vu depuis la 2iéme guerre mondiale[4]
C'EST FAUX !... TAUX D'ENDETTEMENT 2020 de la France 14,5 % du Pib annuel[5]!
La dette perpétuelle, une vieille idée qui a déjà fait ses preuves
Le principal avantage d’une obligation perpétuelle est de ne pas avoir à rembourser le capital de la dette vu qu’il n’y a pas d’échéance, mais seulement à verser des intérêts calculés sur le capital (dans le cadre de la proposition de J.L. Melenchon à intérêt nul) et ce, théoriquement de façon illimitée.
L’idée d’une dette perpétuelle est loin d’être nouvelle.
En plus d’être un spécialiste des obligations à très long terme (50 voire 100 ans), le Royaume-Uni a déjà émis, à plusieurs reprises, des obligations perpétuelles. Certains titres de dette datant du 18ème siècle sont ainsi toujours actifs mais l’inflation a depuis rendu leur remboursement quasi-insignifiant. Lors de la première guerre mondiale, le gouvernement britannique a aussi émis le « War Loan », qui reste la plus importante dette perpétuelle du Royaume aujourd’hui, estimée à 2,5 milliards d’euros. Mais plus pour longtemps, puisque le Trésor britannique a décidé de racheter le 9 mars prochain l’intégralité de cette dette, qui versait 5 puis 3,5% d’intérêt par an. La majorité des 120,000 détenteurs en détiennent toutefois pour moins de 1.000 livres. Le gouvernement britannique veut en effet profiter des taux extrêmement bas à l’heure actuelle pour racheter ses vieilles dettes et n’exclut pas d’émettre de nouvelles obligations perpétuelles, qui deviennent encore plus intéressantes dans ces conditions.
La France n’est pas non plus une débutante dans le domaine.
Le premier véritable emprunt public émis en 1535 sous François 1er était une dette perpétuelle, alors appelée « rente ». En 1825, l’Etat français a émis une obligation perpétuelle de 3% qui a couru jusqu’en 1987, date à laquelle ces titres de dette, mis en Bourse, ont tous été rachetés par le Trésor. De la même manière, une dette perpétuelle émise à la Libération a été définitivement rachetée à la fin des années 80.
Samedi 18 avril à l'occasion de la première manif numérique en ligne Jean-Luc Mélenchon expliquait que la dette des États doit être rachetée par la Banque centrale européenne pour être transformée en dette perpétuelle à intérêt nul.
Jean-Luc Melenchon : coronavirus, « Il faut annuler la dette »
Comment annuler la dette pour redémarrer l’économie :" Plutôt que de racheter aux banques privées des titres de dettes des États , la BCE les achèterait directement aux États. Elle les stockerait en dette perpétuelle à intérêt négatif (c’est le cas des emprunts de long terme aujourd’hui). Les États retrouveraient leur capacité de financement pour de nouveaux emprunts et l’ancienne dette fondrait petit à petit, au fil de l’inflation dans les coffres de la Banque Centrale Européenne. Et ne serait jamais payée. Car bien sûr ces dettes ne seront jamais payées " déclare J.L. Melenchon le 11 avril.
Décryptage de la solution Melenchon (par LE BON SENS - Antoine Léaument)
Pour faire face à la crise économique provoquée par la crise sanitaire du coronavirus, le gouvernement a décidé de creuser la dette. Celle-ci va maintenant dépasser les... 115% du PIB. Elle est devenue impayable, sauf à vouloir y consacrer tous les moyens de l'État pendant les cent prochaines années. Impensable alors qu'il nous faut engager au plus vite la transition écologique et développer de nouveau nos services publics. C'est pourquoi Jean-Luc Mélenchon propose de l'annuler.
Dans cette vidéo, j'explique pourquoi la dette est d'abord un outil politique utilisé par les libéraux pour détruire les services publics et les remplacer petit à petit par le privé. Je montre aussi comment ils l'utilisent pour faire toujours plus de cadeaux fiscaux aux plus riches alors qu'il faudrait au contraire les imposer davantage.
Je parle également de la politique dite de « quantitative easing » mise en place par la BCE pour racheter aux banques privées une partie de leurs titres de dettes, y compris des dettes d'État. Je présente enfin la proposition de Jean-Luc Mélenchon d'une annulation de la dette des États qui passerait en sa transformation en une dette perpétuelle à taux nul. Une proposition de bon sens désormais partagée même par des libéraux comme Alain Minc.