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20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 14:18

Grand entretien 18 octobre 2017

« L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon
« L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon
« L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon

« Notre tactique, c'est celle du bélier : frapper sans pause, en comptant que la muraille finira par tomber ! On ne sait pas quand ! Il faut donc être endurant et avoir une stratégie de combat sur le long terme ».

 

Sources : Le1hebdo.fr propos recueillis par JULIEN BISSON et VINCENT MARTIGNY

-On vous présente comme le premier opposant de France. Quel est le sens, pour vous, du mot opposition ?
L’opposition ? Ce n’est qu’une étape vers la conquête du pouvoir. Du reste, quel mérite à être le premier opposant, quand les autres ne s’opposent pas ? Le PS est broyé. Il ne se relèvera pas avant un très long moment, s’il se relève un jour. Sa base sociale a disparu. Pas parce qu’elle est partie, mais parce qu’elle n’existe plus. Cette base, c’était la classe moyenne urbaine ascendante des années 1970. Monsieur faisait du jogging, madame de la bicyclette, et le gros chien blanc bondissait entre eux : c’est la pub pour le quartier des Pyramides à Évry, en 1980. Cette base sociale n’existe plus : la classe moyenne n’est plus ascendante, elle a peur du déclassement pour ses enfants, et elle a sombré dans le zapping consumériste. Donc le liant à partir duquel le PS assemblait les ouvriers et les ingénieurs s’est cassé.

 

Et il a choisi la fuite en avant dans l’illusion libérale des classes moyennes supérieures : c’est la cause profonde de son isolement quasi total. Mais ceux qui sont le plus en danger aujourd’hui, ce sont les partis de droite ! Ne sous-estimez pas Macron : quand il parle des « fainéants », il ne fait que reprendre le vocabulaire de la droite ras-du-bonnet ; c’est un signal de ralliement, il veut être le nouveau chef de la droite. Dans ce cas, le titre de premier opposant de France peut être suspect. Je ne veux pas d’une compétition dont je n’ai pas choisi les termes. Notre but, c’est de construire une majorité populaire autour de notre programme et de nous préparer à gouverner dans la révolution citoyenne. Il faut savoir choisir son terrain, s’y déployer et s’y tenir, sans se laisser entraîner dans des compétitions sans objet.

 


-Justement, quel est pour vous le terrain de l’opposition : l’Assemblée, la rue ?
Les deux. Voyez comment nous avons agi contre les ordonnances. On nous prédisait cinq députés à l’Assemblée ; on est dix-sept. On forme un groupe avec des notes différentes, des nuances. Un groupe qui marche à la bonne franquette. Mais il dégage une énergie énorme et contagieuse !

 


-Votre groupe comporte tout de même quelques fortes personnalités, de François Ruffin à Clémentine Autain. Comment cela se passe-t-il ?
Il faudrait leur demander leur ressenti ! Mais c’est simple entre nous. Il y a dix-sept têtes dures. On forme un groupe, pas une addition d’individus. Et j’ai un besoin total de les voir occuper le terrain. Plus il y a d’émetteurs du message, plus il se diffuse. Attention : ce sont de belles intelligences, et surtout des militants, avec souvent cinq ou dix ans d’expérience dans les bottes. Le petit Quatennens ne sort pas de l’œuf : certes, il n’a que 27 ans, mais il a une dizaine d’années d’expérience derrière lui.

 

 

-Qu’en est-il de la rue ? Vos appels aux casserolades ou au million de manifestants sur les Champs-Élysées n’ont pas été franchement couronnés de succès…
Vous vous trompez ! Chaque jour, on avance. La conscience collective du grand nombre progresse. Nous apprenons à assumer notre rôle central. Par exemple, nous ne sommes pas tombés dans le piège de la compétition avec les syndicats. Mais qui d’autres que nous, en politique, est capable de telles mobilisations de masse ? Parfois, bien sûr, on prend des coups. On apprend. Le 23 septembre dernier, on a été naïfs. La marche a été un énorme succès, mais on n’a pas été bons sur le service après-vente. Castaner a monté une belle diversion avec l’histoire du peuple et des nazis. C’est dommage, car cela a limité notre impact médiatique.

Notre tactique, c’est celle du bélier : frapper sans pause, en comptant que la muraille finira par tomber. On ne sait pas quand ! Il faut donc être endurant. Et avoir une stratégie de combat sur le long terme.

 

 

-Quel va être le rôle des Insoumis dans les cinq années à venir ?
Le point de départ, c’est le livre L’Ère du peuple en 2014, la théorie de la révolution citoyenne. Et le programme L’Avenir en commun. La théorie, c’est : le peuple fait la révolution citoyenne. Toute la question est de savoir comment on définit le peuple et en quoi consiste son action.

 

Deux éléments ont jailli pour produire la théorie de la révolution citoyenne :

  • le premier, c’est l’épuisement de tous les modèles de la « vieille gauche » – en atteste l’effondrement de la social-démocratie européenne, qui a longtemps été ma famille politique, et du communisme d’État. Beaucoup vivent ça comme un incident de parcours. Pas moi. Un monde est mort !
  • Le second déclencheur, c’est la prise de conscience écologique.

 

L’entrée dans l’écologie politique m’a fait sortir du cadre théorique dans lequel j’étais en train de mourir sur pied. L’écologie politique ramène aux fondamentaux. Il y a des biens communs, un seul écosystème compatible avec la vie de notre espèce, et ils sont menacés. La thèse sociale-démocrate est donc morte à jamais, car elle suppose une correction progressive des inégalités par une répartition inégalitaire des produits de la croissance – le développement serait infini alors que la ressource est finie. Quant au communisme d’État, il fonctionne lui aussi sur une illusion productiviste, aggravée du fait qu’il est incapable de s’auto corriger parce qu’il n’y a pas de démocratie. Donc il fallait reformuler un corpus théorique cohérent : identifier l’acteur de l’histoire, ses méthodes d’action, le programme capable de le fédérer et la place particulière de la démocratie et de la conflictualité pour renverser le vieux monde et faire vivre le nouveau.

 

-La France insoumise est-elle un parti ou un mouvement ?
C’est un mouvement. Nous ne voulons pas être un parti. Le parti, c’est l’outil de classe. Le mouvement est la forme organisée du peuple. L’idée, c’est d’articuler le mouvement, sa forme et son expression : le réseau. Je sais que ce n’est pas évident à comprendre pour les seniors de la politique qui trimballent leurs vieux scénarios des années soixante, mais le but du mouvement de la France insoumise n’est pas d’être démocratique mais collectif. Il refuse d’être clivant, il veut être inclusif. Ça n’a rien à voir avec la logique d’un parti. De plus, il doit être un organe utile. Alors les copains distribuent de la nourriture, vont chercher des vêtements, aident les gens à demander les prestations sociales auxquelles ils ont droit. Et pour le reste, le mouvement ne fait que des campagnes. Donc quand on nous demande où est la direction, ça peut vous paraître étrange, mais il n’y en a pas.


Nos observateurs sont enfermés dans une vision binaire opposant verticalité et horizontalité. Or le mouvement n’est ni vertical ni horizontal, il est gazeux. C’est-à-dire que les points se connectent de façon transversale : on peut avoir un bout de sommet, un bout de base, un bout de base qui devient un sommet… Pour le comprendre, il faut construire un nouvel imaginaire politique.

 

 

-Et le concept d’Insoumis, d’où vient-il ?
Lui aussi est très travaillé. Au point de départ, l’idée était de trouver un mot qui dise deux choses en même temps : une action collective et un comportement individuel. Le mot insoumis est ce qui correspond le mieux à l’individuation des rapports sociaux de notre temps. Au début, l’idée c’était « rebelle ». Mais rebelle ne dit rien de celui qui l’est. Insoumis, ça nous ramène à la racine individuelle du combat pour l’émancipation. Je dis : l’insoumission est un nouvel humanisme. J’ai rattaché notre mouvement à ses racines très profondes : l’époque où l’obscurantisme religieux commence à desserrer ses mâchoires de fer et où émerge la Renaissance, et avec elle un désir de liberté de pensée et de liberté politique. L’insoumis, c’est un concept en travail. Le crayon à la main, je complète en ce moment la thèse de l’insoumission humaniste.

 

 

-Dans le mouvement de la France insoumise, quel rôle joue Jean-Luc Mélenchon ?
Je sers de clé de voûte. Je laisse donc beaucoup les choses se faire toutes seules. C’est très anxiogène de bosser avec moi. Il n’y a pas de consigne, on ne sait pas ce que je veux. Moi je sais. Parfois, mais pas toujours. J’ai une foi totale dans la capacité auto-organisatrice de notre peuple. Ce n’est plus le même peuple que dans ma jeunesse, les gens sont très éduqués, ils ont moins de lectures communes, mais ils ont une ample culture partagée de vidéos, de films, de musiques. Tout le monde sait qui est Naomi Klein, tout le monde a vu son film La Stratégie du choc ; tout le monde a vu aussi, par exemple, les films Demain, La Sociale ou Divines. Donc le mouvement se construit sur une culture commune, et avec une capacité d’auto-instruction des masses humaines considérable.

 

 

-Votre électorat est aujourd’hui principalement constitué de gens aux revenus limités, mais souvent très diplômés. Qu’avez-vous prévu pour parler au peuple sans diplôme ?
Moi. Vous pouvez vous identifier à moi. J’assume le refus de ce monde. Ne pas être diplômé ne veut pas dire ne pas avoir d’idées ou de savoirs. Mon comportement valide leur insoumission spontanée. Les personnes que je croise dans la rue, dans le bus, dans le métro, sentent d’instinct celui qui est « avec nous ». C’est important, dans une société, de gagner les gens à la fois par ce qu’ils ont dans la tête et par les affects. Le mécanisme libéral qui broie les classes sociales continue à alimenter nos rangs, pas ceux des autres. Si on avait une société qui permettait aux classes populaires de s’élever, de croire en l’avenir de leurs enfants, alors le point d’équilibre serait sans doute plus modéré. Ce n’est pas le cas. Dans les milieux populaires, on cherche surtout à prouver qu’on est un mouvement utile. On a repris l’idée de caravanes militantes, qui vont à la rencontre des gens, qui les renseignent sur les droits sociaux dont ils peuvent bénéficier, qui les inscrivent sur les listes électorales, qui amènent des écrivains publics et des équipes sanitaires, qui mènent la bataille contre les punaises de lit !

 

On ne peut plus aujourd’hui se contenter de mettre une pile de prospectus sur une table et d’attendre le chaland. Il faut créer les équipes de potes, aller faire du porte-à-porte, et surtout rester et discuter. On prépare la masse qui va agir. Ça prend du temps ! Il faut avoir la patience des bâtisseurs. Pas question de faire semblant. On ne se contente pas d’espérer faire juste 5 % pour permettre de rembourser les frais de campagne. Je veux fédérer une majorité populaire et gouverner le pays. La dernière campagne a été féconde : seuls contre tous les autres partis, nous avons dû continuellement trouver le moyen d’être compris par le grand nombre. Bien sûr, de temps à autre, on fait des rechutes. On écrit des tracts qui jargonnent. Mais, globalement, les mentalités avancent. Voyez la bataille sur le Code du travail : c’est une réforme complexe, difficile à comprendre. On a maintenu la flamme. Est-ce qu’on va réussir à l’empêcher ? C’est une situation ouverte. La politique est un art de la réalisation. Il ne suffit pas de savoir, il faut faire. Et, à un moment, tu fais et tout peut basculer.

 

 

 

-Avec ces actions et la création du Média, un organe très proche de la France insoumise, reprenez-vous l’idée très communiste de création d’une forme de contre-société ?
Bien sûr. Le Média sera un espace culturel, ce qui signifie qu’il ne sera jamais « le » média du mouvement. Ça ne servirait à rien. J’ai déjà ma chaîne YouTube, et la plateforme des Insoumis compte cinq cent mille appuis. Il y a nos millions de tracts ! Le rôle du Média est de rendre possible et de structurer un espace culturel autonome de résistance et d’insoumission. Un espace culturel d’un type absolument nouveau, car il veut s’enraciner dans la francophonie.

 

Donc il va s’alimenter aussi au Québec, dans le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Notre horizon n’est pas celui du village franco-français ! Nous voyons grand pour agir en grand : la francophonie, troisième groupe de locuteurs au monde, c’est une bonne base. Je ne veux jouer aucun rôle dans la vie du Média. On a besoin de moi dans tellement d’autres secteurs moins bien lotis ! Il y a tellement d’autres initiatives sociétales. En ce moment, des copains réfléchissent à créer une organisation pour les enfants, sur le modèle des scouts, d’autres veulent créer des caravanes sanitaires… Le but numéro un du mouvement, c’est l’auto-organisation du peuple. C’est pour ça qu’on ne parle pas la même langue avec ceux qui me demandent : « Comment sera élue la direction du mouvement ? » On s’en fout comme de notre première chemise ! Le système multipolaire actuel nous convient. Qui fait attention au fait que toutes nos structures comportent une part de gens tirés au sort depuis le début ? Nous aurons bientôt une assemblée représentative du mouvement à moitié tirée au sort ! Nous engageons des révolutions radicales dans la manière d’organiser notre vie politique.

 

 

-C’est ce qui vous rapproche d’un mouvement comme La République en marche ! Qu’est-ce qui vous en différencie ?
Le fond. Les outils sont souvent les mêmes mais, ensuite, tout diverge. Par exemple, eux ont une plateforme qui fonctionne bien, très professionnelle. Mais tout est sous-traité à des entreprises qui ont des méthodes non politiques. En marche ! ne construit pas un mouvement de masse transversal ni une contre-société, ce n’est pas son sujet. Il est fondamentalement jupitérien. J’admets que, dans notre façon de faire, il y a aussi une dimension verticale. Mais elle n’est ni unique ni centrale.

 

 

-Qu’est-ce qui vous a éloigné de votre ancien partenaire, le Parti communiste ?
Quand j’ai quitté le PS au bout de trente ans, je voyais que la formule des cartels de partis qui fusionnaient était dominante en Europe : c’était Die Linke en Allemagne, Synaspismós, devenu Syriza, en Grèce. Partout revient la même formule : une coalition devient un parti. Mais, en France on bute sur une difficulté imprévue. Nous étions pour un front de gauche et la direction du PCF est pour des fronts de gauche. Tout a mal tourné. J’étais devenu une machine à cash électoral, mais ils ne voulaient pas entendre parler d’une organisation qui se construise par l’ancrage populaire de masse. J’ai compris que si on continuait sur cette voie, on croupirait à 6 %. Sans oublier le noir opportunisme des alliances dans les élections locales sous prétexte de « rassemblement de la gauche ». La direction actuelle du PC a rendu illisible le « front de gauche ». Mais, sur le terrain, les militants communistes ont largement fait équipe avec nous contre la tambouille. Leur congrès a repris notre thèse de la « révolution citoyenne ». Et, en retirant nos candidats dans six circonscriptions, nous avons permis l’élection de plus de la moitié des députés communistes. Nous ne sommes donc pas en guerre. Mais la divergence de stratégie ne doit pas être masquée : rassembler la gauche ou fédérer le peuple ? Les résultats électoraux ont tranché. Hélas, le PCF est à 2 % aux législatives.

 

 

 

-Comment expliquez-vous le décalage entre la description que vous faites de votre mouvement, qui se veut solidaire et bienveillant, et son image publique, parfois dure et agressive ?

Nos adversaires savent travailler ! Ils savent marquer des points contre nous. Ils ont l’appui du « parti médiatique », quasi unanime. Leur but essentiel est de nous attribuer une identité qui leur convient. On s’apprête à leur faire les poches, ils ne vont pas nous féliciter ! Donc il joue sur cette corde : Mélenchon est agressif, ses partisans sont durs, etc. Ils parviennent à rendre les nôtres super virulents sur les réseaux sociaux. Mais quand tu les retrouves dans la rue, tout le monde voit bien qu’ils sont bons comme du pain blanc. La morale de cela, c’est qu’il ne faut pas s’occuper de ce que les gens pensent de nous dans l’instant. Car on n’arrivera pas à empêcher qu’on nous caricature. Essayons plutôt d’en tirer parti. Le large public s’éduque petit à petit mais irrémédiablement. Le mépris populaire pour les médias a bien évolué : il est plus profond et conscient que jamais. Je sais que c’est dur. Moi aussi, il y a des jours où je me sens asphyxié par les buzz quotidiens que lancent les chiens de garde.

 

 

-Parlons d’un sujet plus important, mais pas moins polémique : la nation et l’Europe. Quelle est votre position aujourd’hui sur ces points ?

La nation est un mot à bords flous en France. Pour moi, il y a un concept central : le peuple est souverain. On oublie que j’ai passé presque dix ans à mener un combat fédéraliste au niveau européen, avec la gauche du SPD, pour aboutir à une assemblée constituante. Au bout d’un moment, j’ai laissé tomber. Leur Europe, celle des traités libéraux, a gagné. Le pli est désormais irréversible. Il faut avancer avec une autre méthode. Nous avons appelé ça « plan A et sinon plan B ». On ne peut pas laisser faire l’Europe en défaisant la France. Mais, en s’appuyant sur l’identité républicaine de la France, on peut faire une Europe des nations bien intégrée. Les Français comprennent ça ! Mais leurs élites sociales et médiatiques sont mondialistes. Nous sommes altermondialistes. J’ai été marqué par le sens du nationalisme latino. C’est un nationalisme de gauche, anti-impérialiste. Ça a un sens : tu ne peux pas construire un mouvement de masse à dix mille kilomètres de l’affect moyen de ton pays. La première fois qu’on a évoqué l’idée de chanter La Marseillaise dans les meetings, plusieurs de mes amis ne voulaient pas en entendre parler. Moi, j’y croyais. Si on fait une campagne présidentielle où on ne chante pas l’hymne national, qu’est-ce qu’on va chanter ? L’Internationale ? Ça exclut tous ceux qui ne la connaissent pas. Quand on a commencé à chanter La Marseillaise sur la place de Stalingrad à Paris en 2012, ceux qui chantaient le plus fort, c’étaient les jeunes dans le public. Pour moi, il était important de rendre à ce chant son caractère populaire, qui en fait partout dans le monde un chant révolutionnaire. J’y reviens : le concept central, c’est celui selon lequel le peuple est le seul souverain.

 

 

-L’Europe ne peut pas être le cadre de cette souveraineté ?
Alors le monde entier peut l’être ! Il n’y a qu’une seule humanité. Mais s’il faut commencer par un bout, commençons par former un peuple souverain. Le « peuple européen », qu’est-ce que c’est ? Je ne me sens rien de commun avec les pays baltes. C’est le bout du monde, même les Romains ne sont pas allés là-bas ! La grande matrice de l’Europe, ce sont les frontières de l’Empire romain. En deçà, la nation civique ; au-delà, la nation ethnique. Et quel déni de la réalité concrète ! Il y a un million de Maghrébins qui vivent aujourd’hui en France, dont une majorité sont français ! On a des familles en commun ! Mais on les traite en suspects ! Et on traiterait comme des frères de lointains Lituaniens sous prétexte qu’ils sont chrétiens ! Ce n’est pas mon histoire. Quand je parle de nation, il ne faut pas l’essentialiser. La nation, c’est le contenant de la République et de son peuple souverain. Ce qui m’intéresse, c’est le caractère républicain de la patrie. En France, la République fonde la nation, et pas l’inverse. Jospin me disait : il y avait la France avant la Révolution. Non ! C’était le royaume de France, les frontières étaient différentes, les gens aussi. Par conséquent, je n’accepterai jamais un nationalisme qui serait un ethnicisme. Je suis universaliste. Et je refuse absolument les abandons de souveraineté populaire sous prétexte de cantiques européistes creux et dangereux, comme le renoncement à notre autonomie en matière de défense.

 

 

-Si la France insoumise arrivait au pouvoir, respecterait-elle la démocratie ?
Mais oui ! On votera même plus que jamais ! Et on perdra des élections ! Et alors on s’en ira ! L’erreur est de croire que, parce qu’on essaye de se maintenir par la force, on peut avoir raison. Ni la force ni la guérilla. J’ai cru, comme beaucoup de gens de ma génération, à l’idée de la guérilla. On a aidé et armé le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) contre Pinochet. Aujourd’hui, on ne le ferait plus. L’action populaire et les bulletins de vote ! Ça durera le temps qu’il faut, mais le tyran finira par tomber. Et les copains ne mourront plus les premiers.

 

 

-La violence n’est pas une solution en politique ?
Jamais. C’est toujours nous qui perdons, c’est ce que la vie m’a appris. On n’est jamais assez armés, on perdra tout le temps et les meilleurs mourront. C’est un hasard local si on a pris le pouvoir comme cela à Cuba, et on l’a chèrement payé. Le Che est mort en Bolivie avec cette stratégie. Il n’y a pas d’exemple où on ait vaincu par les armes. En revanche, il y en a beaucoup où nous avons été vaincus parce que certains prenaient les armes. À un moment, j’en arrivais à dire : les seules révolutions durables sont celles où on vient aux actions avec ses gosses dans les landaus.

 

 

-Quels sont les penseurs qui ont nourri votre action et celle de la France insoumise ?
Je suis maintenant un bric-à-brac très avancé. C’est un processus très humain de culture accumulative : j’empile des romans, des essais, etc. En revanche, j’ai des repères fixes : le matérialisme historique, les livres de l’historien marxiste Denis Collin, et même des inspirations littéraires. Voyez mon fameux hologramme : c’est une idée que je sors d’Isaac Asimov, dans Fondation et Empire ! Ça ne se dit pas. Je pourrais aussi citer Philip K. Dick, dans la même veine. Après, pour comprendre les aspects premier degré répétitif, c’est quelque chose que j’ai trouvé chez Erskine Caldwell. Ses personnages sont des abrutis, qui répètent tout le temps la même chose, mais qui avancent par la force de l’évidence qu’ils ressentent. Un texte comme La Route au tabac est pour moi lumineux. Donc je suis aussi fait de romans. Parce que la théorie politique, le matérialisme historique, Gramsci, c’est bien beau, mais ce n’est pas forcément ce qui te rend créatif dans l’action. Pour cela, il y a la littérature. Quand mes assistants commencent à travailler avec moi, les premiers livres que je leur donne ce sont Socialisme utopique et socialisme scientifique d’Engels, puis la biographie de Louis XI par Paul Murray Kendall.

 

 

-Pourquoi Louis XI ?
Parce que c’est un génie ! Il affronte un adversaire riche et puissant, qui a tout pour lui. Lui arbore un chapeau pouilleux et n’est même pas sûr d’être le fils du roi. Mais il calcule. Toute sa force sera de parvenir à prendre Charles le Téméraire à son propre piège pour le mettre à terre. Ce livre est arrivé dans ma vie et m’a montré l’intelligence de cet homme plus qu’isolé, et qui va parvenir avec quelques compères à retourner la situation et triompher. Avec François Delapierre, l’ancien secrétaire national du Parti de gauche qui est décédé en 2015, nous appelions cela « la stratégie de la tête d’épingle ». Et puis, il faut lire l’Histoire de la révolution russe de Trotski, qui est indépassable et merveilleusement écrite. Et, avant tout, les histoires de la Révolution française, en commençant par celle de Michelet, pour une mise en bouche lyrique. Même si je ne suis pas d’accord avec lui, puisqu’il est antirobespierriste. Moi, j’ai épousé cette histoire à 14 ans, racontée par Thiers, ce qui ne manque pas de sel, non ? Lorsque j’étais trotskiste, j’ai choisi mon nom en référence à celui que Thiers insulte tout au long du livre, un bistrotier du nom de Santerre.

 

 

Qu’espérez-vous avoir accompli dans cinq ans ?-

J’espère avoir créé une grande puissance politique et un mouvement populaire de masse capable d’exercer le pouvoir. Actuellement, il y a 564 000 personnes qui appuient le mouvement. J’aime ce défi qui consiste à savoir ce qu’on fait avec un demi-million de personnes. Aujourd’hui, je n’en sais rien. Je pense qu’un simple clic de soutien peut, petit à petit, mener à un engagement très profond. Prenez la casserolade : personne ne sait comment ça marche, à commencer par moi. J’ai vu Besancenot en faire contre la loi El Khomri, ça m’a bien plu. Il y a des endroits où ça a pris, d’autres non. Une semaine plus tard, ça a repris à Toulouse, et dans les cortèges syndicaux ensuite. Des copains veulent les généraliser dans les marches. Progressivement, ça va devenir une marque de fabrique. En 2012, on avait essayé avec les balais, ça n’avait pas pris. La casserole, ça peut prendre. Le grand nombre doit construire ses rites d’identification.

 

Qu’est-ce que je veux accomplir ? Créer un mouvement populaire de masse qui sait pourquoi il fait les choses : faire triompher le programme L’Avenir en commun, avec une méthode et une organisation nouvelles. Le tout avec 17 députés, des milliers de groupes d’appui. Et une caisse pleine – on doit être le seul mouvement politique qui n’a aucune dette !

 

 

-Avez-vous déjà réfléchi à votre succession ?
J’ai eu l’orgueil de croire qu’on pouvait choisir son successeur. Il est mort. Aujourd’hui, je ne m’en préoccupe plus. Ce que je souhaite, c’est que le mouvement soit suffisamment large et puissant pour qu’il existe sans moi. Il y a beaucoup de talents et de jeunes en son sein. Ils se disputeront sans doute, mais ce ne sera plus mon affaire. Le triomphe du disciple est la gloire du maître. Le bon maître est celui qui apprend à l’élève à se déprendre de lui. Ma marque sera la contribution intellectuelle que j’aurai apportée pour fonder l’humanisme politique de ce siècle.

 

 

Pour en savoir plus :

- Mélenchon 2022 : nouvelle étape dans la stratégie de la révolution citoyenne

« L’insoumission est un nouvel humanisme » Jean-Luc Mélenchon
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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 13:38

 

- L'ancêtre de la Sécurité Sociale : la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen du 24 juin 1793 adoptée par les Montagnards

Article 21
Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler.

La sécu : des origines à nos jours, histoire d'une révolution par Mathilde Larrère

 

- En 2007 l'ancien n° 2 du MEDEF et ex directeur chez AXA sonne la charge contre la Sécurité Sociale

La sécu : des origines à nos jours, histoire d'une révolution par Mathilde Larrère

 

- La France insoumise propose la sécurité sociale intégrale

Le 15 janvier 2017, Jean-Luc Mélenchon était l’invité du «Grand Jury» sur RTL et LCI. Il a détaillé son programme sur la Sécurité sociale, proposant le remboursement à 100% des dépenses de santé. Voir le détail dans le livret thématique de l'AVENIR EN COMMUN.

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16 octobre 2017 1 16 /10 /octobre /2017 10:55
Budget 2018 : La fête de l’oligarchie ? Pas seulement... les députés insoumis sont à l'action !

Le groupe parlementaire de la France insoumise présente son contre budget[1] !

 

Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont disputé pendant dix ans le titre de « président des riches ». Aujourd’hui ils ont un challenger qui risque de rafler la mise. En quelques mois, Emmanuel Macron a engagé une série d’attaques contre notre modèle social d’une violence inouïe.

 

Sources : L'Heure du Peuple

Le budget de l’État pour 2018 (Projet de Loi de Finances, PLF) ne laisse aucune ambiguïté. Il montre que la priorité du gouvernement Philippe et du président Macron est de satisfaire les demandes de l’oligarchie.

 

 

- Rien n’est assez pour les riches

Le candidat Macron avait promis aux plus fortunés deux réformes particulièrement juteuses : la refonte de l’impôt sur la fortune (ISF) et la création d’une flat tax (taxe unique) sur les revenus issus du capital. Des mesures qui représentent un gain de pouvoir d’achat de 5 milliards d’euros pour les plus fortunés selon le Ministère des Finances.

 

Selon le PLF, l’ISF sera supprimé et remplacé par l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière) qui taxera seulement la richesse immobilière. Cette mesure, ciblée sur les 1 % plus riches, est censée orienter l’investissement des plus fortunés vers les activités productives et risquées. Elle répond à la fameuse « théorie du ruissellement » selon laquelle les revenus des plus fortunés financent l’investissement et l’emploi des « gens qui ne sont rien ».

 

En fait les études statistiques montrent que la croissance des inégalités nuit à l’efficacité du système productif. Pire, le nouvel IFI proposé par le gouvernement exonère de fiscalité la détention d’actions, d’obligation, mais aussi les fonds placés à l’étranger ou utilisés pour acheter des biens de luxe (yachts, voitures de luxe, etc.). Ainsi, les fonds dégagés par la collectivité pourront se retrouver dans la consommation somptuaire des plus riches ou fructifier dans le paradis fiscal de leur choix.

 

 

- Macron contre l’impôt progressif

Le PLF inclut aussi un Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) sur les revenus du capital. Les revenus issus du capital pourront être taxés au choix au barème de l’impôt sur le revenu ou au PFU fixé à 30 %. Le PFU permettra de se libérer de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux (CSG et CRDS). Comme les prélèvements sociaux sont déjà proportionnels, les gains pour les contribuables dépendront de leur tranche d’impôt sur le revenu qui, lui, est progressif. Ainsi, avec le PFU les gagnants seront ceux qui pourront échapper aux tranches supérieures de l’impôt. Selon une évaluation réalisée par l’OFCE, seuls les 5 % des ménages avec le plus haut niveau de vie auront intérêt à choisir cette « flat tax ».

 

Les choix pour les plus riches et la finance ne s’arrêtent pas à ces deux mesures phares. Du côté des entreprises les grands groupes vont aussi bénéficier de l’attention du président jupitérien. Ainsi, la taxe additionnelle sur les dividendes et le rachat d’actions sera abrogée, tout comme la taxe sur les très hauts salaires dans la finance et l’assurance. Le Ministère des Finances estime que le programme de Macron va augmenter les profits des entreprises de 8 milliards, dont 4 milliards bénéficieront aux grands groupes et 1 milliard aux PME.

 

 

- Les classes populaires au régime sec

Si quantitativement les baisses d’impôts sur le capital sont les plus importantes, le gouvernement centre sa communication sur l’exonération de taxe d’habitation pour 80 % des ménages. Aujourd’hui 15 % des familles sont déjà exemptées de cet impôt. Cette mesure est censée bénéficier aux fameuses classes moyennes. Contrairement à la célérité affichée pour les gestes aux plus riches, cette mesure sera étalée sur 3 ans alors que l’ISF est réformé en un an. La taxe d’habitation est un impôt injuste et rempli de contradictions mais cette étatisation sans garanties peut remettre en question l’autonomie financière des collectivités locales, déjà mise à mal par l’austérité. Et elle ne règle en rien le manque de progressivité de l’impôt sur le revenu. Si le PLF 2018 peut cajoler les riches c’est parce que les classes populaires vont se serrer la ceinture. Les 10 milliards des baisses de fiscalité du PLF 2018 seront financées par des baisses de la dépense publique, et notamment celles qui ciblent les classes populaires.

 

Dans le budget de l’État, deux missions font particulièrement les frais de la foudre jupitérienne : le logement et les emplois aidés. Les APL seront une nouvelle fois baissées pour les résidents dans le parc social (de l’ordre de 50 euros par mois pour réaliser 1,7 milliards d’économies). Le gouvernement explique que les coupes n’auront pas d’impact sur le pouvoir d’achat des familles car les bailleurs sociaux devront réduire leurs loyers. Toutefois, cela obligera les bailleurs sociaux à rogner leur budget d’entretien ou de construction. Et, à la fin ceci se traduira par une perte de qualité de vie pour les habitants des HLM et des familles devront se loger plus cher dans le parc privé.

 

Le PLF, prévoit également une amputation du budget de la politique de l’emploi de 1,5 milliard d’euros. Dans le viseur les emplois aidés jugés inutiles et inefficaces. Or ces contrats aidés solvabilisent des tâches d’intérêt général, notamment dans les associations, et ciblent des personnes éloignées du marché du travail. Leur passage de 320 000 en 2017 à 200 000 en 2018 constituera le plus grand plan social de l’histoire du pays : 120 000 emplois détruits !

 

 

- Le service public dans le viseur

Les économies seront massives aussi pour l’assurance maladie : 4,2 milliards d’euros. L’hôpital public en fera les frais alors qu’il est le dernier filet de protection pour les publics fragilisés par la crise. À ceux qui s’inquiètent de l’augmentation (2 euros) du forfait hospitalier, le Macron réplique que les français ne souffriront pas de cette mesure car ils sont couverts par une assurance complémentaire prenant en charge cette dépense. Il veut ignorer que nombre de français n’ont pas les moyens de cotiser à assurance complémentaire. Et surtout que les mutuelles ont annoncé qu’elles devront augmenter leurs tarifs pour faire face à ce nouveau coût. Ainsi, la contribution sociale (publique) restera inchangée mais les frais de mutuelle (privés) augmenteront.

 

Enfin, les collectivités locales devront à nouveau réduire leurs frais de fonctionnement en 2018 (2,6 milliards). Cette maîtrise sera d’autant plus simple que le PLF prévoit des nouvelles attaques envers la fonction publique : gel du point d’indice, rétablissement du jour de carence et nouvelle baisse des effectifs en vue. Le service public garant de l’intérêt général sera encore fragilisé pour servir les intérêts particuliers des plus nantis.

Robin des bois à l’envers en somme.

 

 

 

-Toujours plus de cadeaux aux riches, Macron aggrave les injustices

Au moment où l’exécutif serre la ceinture du plus grand nombre, plus de 4,5 milliards d’euros vont être offerts aux plus fortunés, en remplaçant l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par un impôt sur la fortune immobilière (IFI), et la mise en place de cadeaux sans garantie, comme la progressivité de l’impôt avec le PFU (prélèvement forfaitaire unique) qui coûtera près de 2 milliards à l’État.

Budget 2018 : La fête de l’oligarchie ? Pas seulement... les députés insoumis sont à l'action !

 

-Jean-Luc Mélenchon : « IL FAUT DÉ-FINANCIARISER L'ÉCONOMIE»

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale le 17 octobre 2017. Il a dénoncé la logique du gouvernement qui ne va conduire qu'à augmenter la spéculation boursière et a proposé de définanciariser l'économie pour favoriser l'investissement réel dans les entreprises.

 

-Le contre budget de la France insoumise présenté par le groupe parlementaire [1]

Ce contre-budget a été initié par la France insoumise et ses députés : il a été préparé par la commission du programme de la France insoumise, les économistes et hauts fonctionnaires du mouvement, en lien avec le groupe parlementaire et ses députés.

 

Pourquoi présenter ce contre-budget alors que l’Insee annonce que l’économie française va mieux ?

Les chiffres annoncés n’ont aucun rapport avec la politique menée. Il s’agit d’un rebond mondial correspondant aux cycles classiques du capitalisme avant qu’une prochaine bulle spéculative n’éclate. Même le FMI s’inquiète aujourd’hui de la différenciation entre l’économie réelle et la sphère financière[2].

 

Or, le gouvernement en donne plus à la finance et favorise, par ses réformes fiscales, la spéculation boursière. Nous pensons qu’avec cette politique économique proposée par Emmanuel Macron et son Premier ministre, il existe un vrai risque, au contraire, de ne pas faire bénéficier la France de ce rebond économique. Ils font courir un risque au pays quand arrivera la prochaine crise. C’est la dépense publique qui a permis ces dernières années que la France évite la récession.

 

Nous proposons ainsi de soutenir la demande en augmentant le salaire minimum de 15% et en revalorisant tous les revenus qui découlent du travail (pas une retraite en dessous du Smic, hausse du minimum vieillesse…). Ce n’est pas le travail qui coûte cher mais le capital. Il n’y a donc aucune raison pour que ces revenus ne soient pas imposés comme ceux du travail.

Budget 2018 : La fête de l’oligarchie ? Pas seulement... les députés insoumis sont à l'action !

 

  • Le document complet est disponible en téléchargement, en version PDF ci-dessous
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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 20:44
Le coup d'état social décortiqué par le texte et l'image

- Remerciements.

Énorme travail de  Tobias Revol  (qui a réalisé ces visuels) et de José Ribes (pour les textes) qui permet de constater les différentes régressions que les ordonnances Macron vont engendrer.


Tobias Revol écrit :

Voici un avant-après de ce qui changera pour nous si Macron réussi son coup d'état social. J'invite toutes et tous le monde à prendre connaissance des ordonnances, à partager cet album, et éventuellement à l'imprimer pour faire connaître le plus possible ce que Macron et ses copains financiers nous préparent !

 

C'est un véritable coup de force et c'est un siècle de lutte sociale qui sont sur le point d'être réduit au néant !!!
 

Le coup d'état social décortiqué par le texte et l'image

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 14:59
Les frontières et l’Europe

Sources : Blog Jean Luc Mélenchon

Pendant la campagne de l’élection présidentielle, j’ai proposé qu’existe une conférence permanente sur les frontières en Europe. À l’époque, le point de départ était la situation créée par l’adhésion de la Crimée à la Russie dans le cadre des événements de l’Ukraine. À l’époque, l’opinion de la caste était chauffée à blanc par le sentiment anti-russe. On ne pouvait parler de rien. Dans la mesure où j’avais été assimilé à un partisan de Vladimir Poutine, tout ce que je disais était immédiatement interprété dans la version la plus fantasque.

 

Bien sûr, depuis, la situation s’est bien stabilisée. Le gouvernement français et le président Macron ont pratiquement repris au mot près ce que je disais à propos des solutions à la situation en Syrie. La réception de Vladimir Poutine à Versailles est passée par là. Mais la question que je voulais poser demeure. Que fera-t-on en Europe quand des frontières bougent ? Assez stupidement, mes détracteurs de l’époque m’accusèrent de vouloir remettre en cause ces frontières. Naturellement, il n’en était rien. Puis je partais de l’idée que puisqu’elles avaient bougées, comme c’était le cas en Ukraine, alors la question se poserait de nouveaux à toute l’Europe. J’évoquais l’éventuelle sécession de l’Écosse et de la Catalogne, mais peut-être aussi demain de la Flandre et de la Wallonie. Depuis s’est ajouté la question de l’Irlande en raison du Brexit et du rétablissement de la frontière entre les deux Irlande. Et ainsi de suite.

 

La situation en Catalogne a ramené ma question sur le devant de la scène. On remarquera qu’elle se règle sans débat, par la force. L’Union européenne a dit qu’elle soutiendrait Madrid contre Barcelone. De son côté, la maire de Barcelone demande à l’Europe d’intervenir dans le litige. Naturellement, rien n’est prévu. On aurait tort de croire à une situation isolée. Naturellement la question de la Catalogne espagnole se pose dans les conditions particulières de l’Histoire de ce pays. Pour autant, selon moi, il est significatif que la crise éclate avec cette violence au moment où la mise en œuvre des directives européennes en Espagne ont tendu toutes les relations internes de ce pays. Autrement dit, les fractures actuelles repassent sur les vieilles cicatrices.

 

On aurait tort de croire qu’une telle configuration ne concerne que l’Espagne. On ne peut oublier qu’aux dernières élections législatives, le corps électoral en Corse a donné trois députés aux autonomistes sur quatre élus. Beaucoup d’esprits étroits oublient que l’Italie ou l’Allemagne sont des États-nations très récents. Et si l’on va vers les frontières de l’Est, on ne trouve que les Eurobéats français pour avoir oublié que la Slovaquie et la Tchéquie se sont séparées, d’une part, et, d’autre part, que l’interdiction d’enseigner dans une autre langue que l’ukrainien en Ukraine ne se contente pas de viser la minorité russe du Donbass mais également les Polonais, les Hongrois et quelques autres en Ukraine qui se vivent dorénavant comme des minorités opprimées.

 

C’est pourquoi j’écris de nouveau ces lignes. Le temps des polémiques et des injures absurdes inventées pour nuire dans une compétition électorale est dorénavant derrière nous. Peut-être peut-on à présent parler sérieusement d’un sujet qui finira par concerner la France, sa sécurité et son voisinage. S’il n’existe aucune voie pacifique proposée et encadrée par la communauté internationale, ces sortes de questions ne peuvent se régler autrement que par la force. Il n’y a pas d’entre-deux.

 

Poser la question, ce n’est pas souhaiter le problème, n’en déplaise à mes adversaires. Leur ignorance leur fait méconnaître que les accords d’Helsinki de 1975, toujours en vigueur, affirment que les frontières peuvent bouger dans le cadre d’un consentement des parties concernées. Ce consentement ne peut se constater sans que des règles aient été énoncées pour le vérifier. J’y reviens donc. Il existe un cadre commun de la Méditerranée à l’Oural : l’OSCE.

 

La question des frontières ne se limite pas aux aspects culturels du sujet. Elle implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs. Les générations dirigeantes actuelles n’ont aucune perception sérieuse sur le sujet. Le dernier événement dans ce domaine est considéré par eux comme un sujet exotique. L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. 400 000 personnes sont mortes dans cette aventure. N’est-il pas frappant que le président de la République n’en ait pas dit un mot dans cette étrange allocution de la Sorbonne ? Au contraire, il s’est engagé de façon plus aveuglée que jamais dans une vision d’intégration européenne anti-nationale. On l’a  entendu plaider à la fois la « souveraineté européenne » contre la souveraineté nationale, puis la disparition des commissaires européens « issus des grands pays » avant d’aboutir à une « défense européenne », liée a l’OTAN, des plus évaporées.

 

Pour ma part je n’oublie ni les permanences de l’Histoire, ni ce fait qu’elle a toujours été tragique en Europe. Il est temps de faire l’Histoire avant de se laisser défaire par elle.

 

Pour en savoir plus :

- Jean-Luc Mélenchon veut une « conférence sur la sécurité » en Europe

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26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 10:09
source : http://www.manuelbompard.fr

source : http://www.manuelbompard.fr

Manuel Bompard est mathématicien et a été directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon. C’est une des chevilles ouvrières de La France Insoumise et de sa stratégie. Nous avons souhaité l’interroger dans le cadre de notre série d’été sur la France Insoumise.

 

Sources : LE VENT SE LÈVE

-

LVSL : Vous faites partie d’une génération qui maîtrise les codes d’internet, désormais au cœur de la stratégie de la France Insoumise. Peut-on voir dans la campagne de 2017 une bifurcation dans l’usage politique d’internet ?

Manuel Bompard : Je ne suis pas sûr que l’on puisse parler de virage ou de bifurcation. En réalité, cela n’a pas été aussi brutal, il y a eu un certain nombre d’étapes intermédiaires pour passer de la campagne du Front de Gauche en 2012 à la campagne de la France Insoumise en 2017.  Il ne s’agit pas d’un processus chimiquement pur à travers lequel on passerait d’une stratégie à l’autre. Il y a eu des tâtonnements, des essais, à l’instar du Mouvement pour la 6ème République (M6R). Par cette expérimentation, nous avons insisté sur la notion de réseau social au sens large : nous avons mis en place une plateforme numérique qui visait à remplacer le rôle traditionnel des organisations politiques.  

 

Aujourd’hui, la plateforme France Insoumise permet de faire ce que faisaient traditionnellement les partis politiques : commander du matériel, s’organiser collectivement avec d’autres personnes, etc. Cela permet de fonctionner de manière moins rigide que les organisations politiques, et de commencer à mettre en ouvre notre principale idée : rendre le mouvement poreux vis à vis de la société. L’impasse dans laquelle nous étions, y compris avec le Front de Gauche, c’est que la frontière entre les militants politiques engagés et le reste de la population était devenue presque impossible à franchir. Les gens percevaient les militants comme des moines. La démarche M6R était un premier test pour déterminer si nous arrivions à remédier à cela. 

 

A une échelle encore embryonnaire, les élections intermédiaires ont été marquées par des tentatives, dans certains départements et dans certaines régions, d’aller au delà des cartels d’organisations politiques pour faire des mouvements plus larges ouverts à tous ceux qui souhaitaient y participer.  Des initiatives citoyennes qui sont restées assez marginales, car ce sont des élections qui ne politisent pas la société. Mais il y avait des bribes, des tests.

 

« Le mot « Insoumis » joue le rôle de ce que Laclau appelle le signifiant vide : chacun y vient avec ses revendications, c’est une manière de passer du particulier au collectif »

 

A la fin d’une campagne électorale on a toujours tendance à refaire l’histoire, mais beaucoup de nos initiatives relevaient de l’intuition, sans avoir été théorisées à l’avance. Je sais qu’à LVSL, vous êtes des lecteurs d’Ernesto Laclau et de Chantal Mouffe. Chez ces deux auteurs, il y a une idée importante, celle du « signifiant vide ». Prenez le mot « Insoumis » par exemple. On ne l’a pas choisi suite à une discussion théorique mais en inscrivant cinquante slogans sur une feuille avant de choisir celui qui nous plaisait le plus. D’ailleurs, on optait au début pour « La France Insoumise, le peuple souverain », puis nous nous sommes dits que « La France Insoumise » c’était suffisant. Mais après quelques mois, nous nous sommes rendus compte que le mot « Insoumis » joue le rôle de ce que Laclau appelle le signifiant vide, c’est à dire que chacun y vient avec sa revendication, son sujet, comme une manière de passer du particulier au collectif. On peut être insoumis pour de multiples raisons.

 

- LVSL : Quelle place accordez-vous aux réseaux sociaux dans votre action politique ?

Manuel Bompard : Il faut commencer par définir ce qu’on entend par réseaux sociaux. Il y a d’abord la plateforme numérique de la France Insoumise qui constitue un premier test d’auto-organisation par internet. Les gens peuvent s’engager par internet dans des dynamiques de mobilisation. On trouve aussi le Discord Insoumis, qui prolonge la plateforme avec des initiatives qui émergent par elles-mêmes.  

 

Internet a pris une telle place dans la vie aujourd’hui, que nous nous sommes demandés comment utiliser au mieux tous les outils proposés pour mener la bataille culturelle. La dimension « nouveaux médias » a été très forte dans la campagne avec l’usage de Youtube. Facebook et Twitter c’est presque désuet maintenant, tout le monde le fait. Pour lutter contre l’idéologie dominante sur internet, les nouveaux médias comme Youtube permettent d’élaborer une stratégie précise. Nous avons à ce sujet des sources d’inspiration, la Tuerka notamment [programme de télévision animé par Pablo Iglesias en Espagne]. 

 

 

- LVSL : L’expérience espagnole des précurseurs de Podemos a donc été une source d’inspiration dans la création de vos propres médias ?

Manuel Bompard : Oui, bien sûr. Mais il ne s’agit pas seulement d’être ses propres médias. Être ses propres médias, cela fait 40 ans qu’on en entend parler. Tout le monde veut être son propre média. L’idée forte que l’on retrouve dans la Tuerka, et que l’on a essayé de mettre en œuvre à notre tour – peut être pas encore suffisamment –  c’est de s’approprier les codes populaires. Nous ne voulons pas faire un nouveau média élitiste uniquement destiné au groupe de personnes déjà intéressées par ce qu’on raconte. Il ne suffit pas de faire des reportages sur la Loi travail, des interviews de syndicalistes engagés, même si c’est très bien. On ne peut pas concurrencer les médias traditionnels sur ce créneau, car c’est un média de niche.

source : http://www.publico.es/publico-tv/otra-vuelta-de-tuerka/490285/otra-vuelta-de-tuerka-jean-luc-melenchon

source : http://www.publico.es/publico-tv/otra-vuelta-de-tuerka/490285/otra-vuelta-de-tuerka-jean-luc-melenchon

Ce qui me semble important, et nous l’avons décliné dans l’émission Esprit de campagne, c’est donc l’idée de s’approprier les codes populaires, ceux des séries télévisées, des JT, afin de les retourner contre le système. C’est la dimension la plus importante, et elle vient d’Espagne. Podemos a beaucoup travaillé là dessus. Pour prendre un exemple, on pourrait imaginer une série à la House of Cards dans laquelle nous serions au pouvoir, nous nous confronterions aux évènements de l’actualité et nous nous montrerions sous une forme de shadow cabinet dynamique. 

 

De ce point de vue, le travail de la France Insoumise sur les réseaux sociaux est lié au fait qu’on ne souhaite pas rester entre nous, heureux de comprendre le code du travail mieux que les autres. Non, nous voulons parvenir à utiliser des codes de communication qui permettent à tout le monde de se sentir intéressé, afin que notre message percute la vie quotidienne de chacun.

 

 

- LVSL : Quelle était la stratégie médiatique de la France Insoumise durant la campagne électorale ? 

Manuel Bompard : Notre objectif était de répondre à l’invisibilisation dans les médias. Nous avons réalisé deux types d’émission dans cette optique. La première, Pas vu à la télé, avait vocation à remédier à l’invisibilisation des gens qu’on ne voit jamais sur les plateaux de télévision, ces gens qui luttent contre le contrôle au faciès, pour le droit à mourir dans la dignité, des gens investis dans le combat pour la question sociale. Nous nous sommes dits que si les médias ne voulaient pas en parler, nous allions le faire.  

 

La deuxième émission, c’est la Revue de la semaine, qui remédiait cette fois-ci à l’invisibilisation des thématiques. Cela nous permettait de parler des thèmes dont on avait envie de parler. Antoine Léaument, entre autres, a fait un boulot formidable sur ce sujet. L’émission Pas vu à la télé était un format un peu trop long pour devenir véritablement viral, donc les jeunes de l’équipe ont poussé pour adopter un format plus court, qui correspondait mieux à ce qui se faisait le plus sur Youtube. Nous avons repris les codes des youtubers, des vidéos qui fonctionnaient le mieux. On nous a notamment mis en garde sur le fait de ne pas rechercher l’esthétique, car ce n’est pas forcément le plus efficace. C’est vrai pour les vidéos, mais aussi pour tous les visuels qu’on publie sur les réseaux sociaux : on a constaté que les visuels les plus beaux ne sont pas nécessairement ceux qui marchent le mieux. 

 

 

- LVSL : On a beaucoup parlé de la construction du « personnage » Jean-Luc Mélenchon dans la campagne…

Manuel Bompard : Oui, c’est une autre dimension de la campagne qui allait au delà des réseaux sociaux, à savoir quelle figure devait incarner Jean-Luc Mélenchon dans l’élection présidentielle. En 2012, il tenait la position de celui qui devait enfoncer des portes à coups de pied. Cela a été beaucoup critiqué, mais c’est facile de refaire l’histoire a posteriori. On l’avait théorisé mais cette fois-ci cela ne pouvait pas être la même chose. Jean-Luc Mélenchon disposait déjà d’une notoriété et il n’était plus nécessaire d’ouvrir les portes à coups de pied. Au contraire, il fallait essayer de construire un seuil de crédibilité. Pour plaisanter, on parlait de la figure de « l’instituteur du peuple ». 

 

« Quand on a préparé les deux grands débats, on a voulu que Jean-Luc Mélenchon soit au dessus, qu’il n’entre pas dans la basse-cour avec les autres, qu’il tienne un discours pour l’intérêt du pays et du peuple. »

 

Jean-Luc [Mélenchon] devait incarner la figure rassurante. Quand on a préparé les deux grands débats, on a voulu faire en sorte qu’il soit au dessus, qu’il n’entre pas dans la basse cour avec les autres, qu’il tienne un discours pour l’intérêt du pays et du peuple. Y compris, s’il le faut, qu’il donne la leçon à tout le monde. Nous voulions qu’il démontre sa maîtrise des sujets, que son humanité ne se fait pas au détriment d’une forme de  sérieux et de crédibilité. Ça a marché dans les débats, avec l’humour, dont on ne parle pas assez. L’humour en politique est très important. La petite blague sur « il faut bien qu’il y ait un débat au PS » a bien fonctionné, par exemple.

 

 

- LVSL : Dans quelle mesure avez-vous tenté de mener ce travail de crédibilisation, de présentation de la France Insoumise comme force alternative ? 

Manuel Bompard : Ce travail, nous devons le mener, et je ne suis pas sûr que nous soyons encore parvenus à le faire. Je n’ai aucun regret sur la campagne, mais manifestement c’est sur cet aspect là que nous n’avons pas réussi à remplir notre objectif. C’est peut être ce qui nous a coûté la victoire : les gens étaient plutôt d’accord avec notre programme, mais cela leur faisait encore peur. En même temps, nous voulons transformer radicalement la société. Évidemment, si vous ne voulez apeurer personne, il suffit de dire que vous n’allez rien changer. Il faut bien trouver un compromis, car au bout d’un moment la communication prend le dessus, on évince la conflictualité et on ne change pas la société. 

 

Dans la campagne, nous avons décidé de nous centrer sur le programme, ce n’est pas toujours ce que font les candidats aux élections. Certains candidats sont créés sur la base d’une stratégie ou sur une ligne, le nôtre l’a été sur un programme, que nous avons beaucoup travaillé. On a sorti le programme en décembre, puis on a lancé les livrets thématiques. C’était une manière de montrer qu’on avait le programme le plus fouillé, un programme sérieux et raisonnable. Dans ce travail, nous avons mis à distance cet écueil de l’extrême gauche qui consiste à concevoir le programme comme un panier de course. Nous avons fait attention à garder un seuil de crédibilité. 

Source : http://www.rfi.fr/france/20170219-presidentielle-2017-jean-luc-melenchon-chiffre-son-programme

Source : http://www.rfi.fr/france/20170219-presidentielle-2017-jean-luc-melenchon-chiffre-son-programme

Nous avons donc sorti le livre L’Avenir en commun. Nous l’avons largement diffusé et nous avons organisé deux journées nationales autour du programme. Ensuite, l’émission sur le chiffrage a été un temps fort dans la crédibilisation. On a essayé de désamorcer les polémiques de manière intelligente. On a manié l’humour et la dérision, ce qui évite de nous situer dans la marginalité, marginalité dans laquelle vous vous placez plus rapidement si vous jouez la figure du syndicaliste en colère.

 

Encore une fois, tout n’a pas été théorisé, on affinait et on ajustait nos intuitions au fil du temps. La crédibilisation, on l’avait posée comme un objectif en tant quel tel, dans les conditions actuelles je pense qu’on l’a plutôt bien réussi. Désormais, il nous faut approfondir ce travail. 

 

 

- LVSL : Comment envisagez-vous aujourd’hui de poursuivre dans cette voie ?

Manuel Bompard : D’abord, il ne faut pas avoir peur d’être la première force d’opposition. Il ne faut pas vouloir s’en cacher. Certains copains disent « non, on n’est pas la première force d’opposition, on est la force d’alternative ». Je suis d’accord pour dire que nous sommes la première force d’alternative, mais il ne faut pas avoir peur d’incarner les responsabilités qui sont les nôtres, et les responsabilités qui sont les nôtres consistent aussi à s’opposer aux mauvais coups. Mais évidemment, cela ne suffit pas.

 

A l’Assemblée notamment, quand on combat un projet de loi, il faut déposer une contre-proposition de loi. Les règlements de l’assemblée ne permettent pas toujours de le faire mais rien n’empêche d’organiser une conférence de presse des députés pour présenter ce que nous aurions fait à ce moment là. Des outils de communication pourraient nous permettre de montrer ce qu’on ferait si on était aux responsabilités.

 

Il y a aussi un aspect moins communicationnel, davantage tourné vers le terrain : nous devons être présents dans la société, pas uniquement être la force alternative parce qu’on a le meilleur programme. Nous débattons aujourd’hui de l’auto-organisation, de la manière dont la France Insoumise peut être un outil pour le peuple quand il se met en mouvement. Aux universités d’été, nous avons fait des ateliers sur les formes d’auto-organisation qui existent à Marseille, par exemple avec des gens qui s’organisent entre eux pour gérer le ramassage des ordures car il n’est plus assuré près de chez eux. D’autres qui s’organisent pour assurer la sécurité du quartier, mais d’une manière plus intelligente que l’extrême droite. Tout cela est sans doute très embryonnaire, mais c’est une source d’inspiration géniale.

 

« Notre alternative n’a de sens que si elle est poreuse vis-à-vis de la société, elle n’est pas un enfermement dans un espace saturé de codes militants (…) On essaie de faire émerger un ordre alternatif. »

 

C’est à mettre en lien avec la crédibilité, car lorsque les gens ont un problème de logement et commencent à construire un collectif, si leur premier réflexe est de venir nous voir pour savoir comment on peut les aider, cela signifiera qu’on a une crédibilité pour résoudre les problèmes concrets. Résoudre les problèmes, ce n’est pas seulement une question de communication nationale. Au quotidien, localement, quand quelqu’un a une galère,  il faut être là pour l’aider.

 

Je le relie à ce que je disais précédemment sur la porosité du mouvement avec la société. Il ne s’agit pas de former un petit groupe de gens dans un coin, coupé du reste de la société et heureux de partager les mêmes codes. Notre alternative n’a du sens que si elle est poreuse vis-à-vis de la société, elle n’est pas un enfermement dans un espace saturé de codes militants, ce n’est pas de cette manière que je l’envisage. Notre espace a vocation à agréger et non pas à mettre à distance les gens. On essaie de faire émerger un ordre alternatif. 

 

 

- LVSL : Vous évoquiez tout à l’heure la théorisation a posteriori et les écrits d’Ernesto Laclau et de Chantal Mouffe. Dans quelle mesure leurs travaux ont-ils influencé votre démarche ? 

Manuel Bompard : Effectivement, tout n’est pas de l’intuition, et heureusement. C’est pour cela que nous faisons des journées comme celles-ci, avec des formations théoriques. Parfois, les signaux que nous envoient la société ne sont pas suffisamment mûrs pour percevoir que cela correspond à une théorie, on en prend parfois conscience a posteriori. C’est ce que je disais sur le mot « Insoumis », c’est dans la pratique que l’on a compris son impact. Je ne crois pas au fait que la théorie précède la pratique, c’est une idée réductrice. Je crois qu’il y a une dialectique entre la théorie et la pratique en permanence. On avait des fondements théoriques lorsqu’on a lancé la campagne, et les retours du terrain ont impacté cette dernière. On ne peut pas se contenter de plaquer une théorie, car si la société ne réagit pas comme on l’entend, on va dans le mur. 

 

On a bien sûr une dette intellectuelle, pas seulement envers le courant populiste, mais aussi vis-à-vis du marxisme, vis-à-vis des fondamentaux de l’écologie politique. Pour revenir à la campagne, nous avions effectivement travaillé Laclau et Mouffe, notamment. Cela ne signifie pas que nous sommes d’accord dans l’équipe avec l’ensemble des théories de Chantal Mouffe et d’Ernesto Laclau. Tous les gens de l’équipe n’ont pas le même rapport à Laclau. Personnellement, je fais partie de ceux qui en sont le plus proche, mais d’autres en sont plus éloignés. Nous nous inspirons plutôt de principes, car certains aspects de leurs travaux sont très théoriques, nous sommes plus focalisés sur la mise en application.

 

Dans cette mise en pratique, on retrouve l’idée de transversalité, le fait de mobiliser des affects. La principale source d’inspiration dans la théorie populiste, c’est le refus du marxisme mécanique qui imprègne la culture d’une partie de la gauche radicale. Quand j’ai commencé la politique, il n’y a pas si longtemps, j’ai fait des formations au matérialisme. Je suis un scientifique, ma première réaction c’était de dire « mais si l’avènement de la révolution est inéluctable du fait du développement des forces productives, alors à quoi sert-il que nous fassions tout cela ? ». J’avais une vision purement mécanique des processus marxistes, dans lesquels tout est supposé se dérouler selon un schéma prédéfini. Ensuite, il y a eu Gramsci, avec ses contradictions, puis Laclau et Mouffe, qui nous apprennent à ne pas voir les choses d’un point de vue mécanique.

 

source : http://www.manuelbompard.fr

source : http://www.manuelbompard.fr

Il ne suffit pas que les gens soient d’accord à 100% avec le programme pour qu’ils votent pour nous. Dans une campagne comptent aussi les émotions, les atmosphères, les dynamiques collectives. Car la force va à la force. Nous avons pensé notre campagne en séquences, chaque séquence devant se terminer par un rassemblement de masse. Et à chaque fois, cette masse devait grandir. Notre premier pari était le rassemblement de Stalingrad en juin 2016. Ensuite, la convention de Lille en octobre 2016 pour que les gens comprennent qu’on créait un objet politique nouveau. Puis la séquence du 18 mars, avec le rassemblement sur la place de la République. Il ne s’agit pas uniquement de convictions sur la base du programme, il nous fallait créer une atmosphère, tout cela devait être joyeux. J’étais très content lorsque j’ai vu que le mot le plus associé à notre campagne était le bonheur. C’est un affect, cela signifie qu’on a fait passer un message, les gens souriaient dans nos meetings. Cette dimension du populisme me semble très importante. 

 

La question de la frontière est aussi essentielle. C’est un classique, on le faisait déjà auparavant, mais on a continué à désigner des ennemis, à nous construire en opposition à l’oligarchie. L’idée centrale consiste à ne pas avoir de délimitation préalable au sein de la population, autre que cette frontière avec l’oligarchie. On s’adresse à la population dans son ensemble, y compris des gens qui, traditionnellement, ne sont pas nos électeurs. C’était marrant, parce que beaucoup de gens nous ont dit que leurs grands parents qui ont toujours voté à droite ont cette fois-ci voté pour Mélenchon. C’est hallucinant. Certains se demandent si c’est vraiment cela qui a fonctionné dans la campagne. Je crois que oui, ce n’est pas une réécriture de l’histoire : on a mordu sur des secteurs qui n’étaient traditionnellement pas de notre électorat. C’est une dimension qu’on peut considérer comme « héritée »  du populisme.

 

« Du populisme, je retiendrais donc ces éléments : la transversalité, se construire à travers une frontière, mobiliser des affects, parler de sujets qu’on n’évoque pas habituellement. »

 

Ensuite, il faudrait qualifier ce que veut dire « populisme », car il y a beacoup de théories populistes. Dans notre équipe, Benoit Schneckenburger a écrit un livre sur le populisme. Laclau et Mouffe sont intéressants, et Chantal Mouffe était présente aux universités d’été, mais le populisme ne se réduit pas à leurs écrits.

 

Je retiendrais donc ces éléments : la transversalité, se construire à travers une frontière, mobiliser des affects, parler de sujets qu’on n’évoque pas habituellement. Quand on s’empare de la question vegan, des droits des animaux, on fait de la transversalité, de même lorsqu’on publie un livret sur le terrorisme et qu’on parle de l’armée : les gens ne nous voyaient pas arriver sur ces sujets.

 

 

- LVSL : Une dimension centrale de la campagne a consisté à s’éloigner des codes traditionnels de la gauche radicale. Vous évoquiez les signifiants vides, comment en êtes-vous venus à adopter des éléments de discours différents de ceux de 2012 ? 

Manuel Bompard : Au début de la campagne, on s’est rendu compte que tous nos mots avaient été volés, et on ne savait plus lesquels utiliser. Le débat est parfois crispant quand il s’agit de déterminer si on doit utiliser le terme « gauche » ou non. Entre nous la question ne se pose pas, on se considère tous de gauche. Mais le mot « gauche » nous a été volé. Il est difficile aujourd’hui de parler de gauche, de socialisme, de communisme, même si ce sont des beaux mots. Le progressisme, Macron nous l’a dérobé. Même les fachos se mettent à nous voler des mots, des symboles, comme le patriotisme. Les Républicains ont pris la République. Il faut donc inventer de nouveaux mots, et nous n’avons pas fini de régler cette question. 

 

On parle d’opposition écologique et sociale, mais nous ne sommes pas seulement une opposition. On parle d’humanisme social et écologique, mais c’est un peu long comme dénomination. Peut-être que le mot « Insoumis » est le bon, car c’est celui qui s’impose dans la société.  On débat, on se pose des questions. Écosocialisme c’était un beau mot, mais parler de socialisme aujourd’hui…

 

 

- LVSL : Ne faudrait-il pas disputer à Macron le progressisme pour éviter d’être relégué dans la catégorie des « conservateurs de tous bords » qu’il cherche à construire ? 

Manuel Bompard : Oui, il a déjà commencé à le faire. Lorsqu’il explique que « les Français n’aiment pas les réformes », par exemple. C’est la rhétorique sarkozyste, et il faut la démonter. C’est une belle construction de sa part par ailleurs. Il a réussi à créer cette contradiction dans la société entre ceux qui sont pour la réforme et ceux qui sont pour l’immobilisme. Mais nous ne sommes pas pour l’immobilisme, il y a 300 propositions dans notre programme.

 

- LVSL : Les acteurs qui s’opposent à la future Loi Travail peuvent être tentés d’adopter une posture défensive sur le thème « il faut défendre 100 ans de lutte sociale »…

Manuel Bompard : C’est vrai. On peut se permettre de dire cela quand on conteste la méthode. On ne peut pas laisser passer le fait que Macron utilise les ordonnances au milieu de l’été pour changer une législation héritée de 100 ans de travail. Ce n’est pas forcément un problème de dire cela. Parce que c’est une manière de renforcer notre argument : Macron ne peut pas briser tout ce travail en deux mois. En revanche, sur le fond, ce discours n’est pas efficace.

 

« Il faut retourner les outils de l’adversaire contre lui : ce que Macron propose de faire à propos du droit du travail, c’est ce qui a été fait depuis vingt ans. »

 

Sur un plateau télévisé, la question n’est pas de savoir ce qui est juste mais de savoir ce qui peut être utilisé comme un outil. Dans le film La Sociale, de Gilles Perret, l’un des protagonistes s’exprime et regrette que nous ayons abandonné la marche en avant sur le code du travail et adopté de purs discours de résistance pour conserver ce que nous avons réussi à obtenir par le passé. Je sais que nos adversaires vont essayer de nous enfermer dans ce discours. Il faut donc prendre les choses dans l’autre sens, retourner les outils de l’adversaire contre lui : ce que Macron propose de faire à propos du droit du travail, c’est ce qui a été fait depuis vingt ans. 

 

 

- LVSL : Dans les meetings, le slogan qui revient le plus est « Résistance », ce qui témoigne d’une certaine manière de la persistance d’une position défensive…

Manuel Bompard : Oui, le problème c’est que nous n’avons pas trouvé autre chose, et cela ne se fait pas tout seul. Pendant la campagne, on a aussi scandé « Dégagez ! ». Là encore, on ne peut pas faire comme s’il n’y avait aucun lien entre 2012 et 2017. Toute la première partie de notre longue histoire, c’est la création d’un premier espace de contestation sur lequel se sont ensuite développés des terreaux plus larges. « Résistance », c’est un héritage de 2012 auquel les gens sont attachés. C’est comme cela que je le vois.

 

- LVSL : L’enjeu de ces prochaines années consiste-t-il à passer de la logique de résistance à la mise en évidence qu’il est possible de prendre le pouvoir et de faire les choses autrement ?

Manuel Bompard : Si le problème se résumait aux slogans dans les meetings, on aurait pris le pouvoir dans ce pays depuis longtemps. Il ne suffira pas de changer nos slogans, même s’ils ont leur importance et construisent une histoire. En Espagne, Iñigo Errejón insiste beaucoup sur l’échéance des élections municipales. Mais pour nous, il y aura d’abord un affrontement crucial avec le pouvoir lors des élections européennes, car le mode de scrutin, la centralisation des listes autour des grands partis, vont en faire le premier test électoral.  Cela ne va pas être facile, mais ce sera un affrontement national avec le pouvoir. Les élections municipales, c’est un peu différent, certains phénomènes ne sont pas toujours déterminés par le contexte national. 

 

Par ailleurs, il ne faut pas, au nom d’une forme de guerre de position, abandonner totalement la guerre de mouvement. On peut toujours essayer de se construire une crédibilité, en gommant tous les points de conflictualité, en faisant des compromis. Mais on peut aussi considérer que notre crédibilité viendra de l’échec des autres. Il faut faire attention à ce qu’on fait, les gens sont énervés. Je suis d’accord à 99% avec Iñigo Errejón, mais je crois qu’il faut réussir à exprimer une radicalité qui existe dans la société. Le slogan « Résistance » dans les meetings n’est peut être pas le plus approprié, mais  le slogan de Podemos en juin 2016, « le sourire d’un pays » n’exprimait pas suffisamment la colère.

 

« Je ne voudrais pas qu’au nom de la crédibilisation, nous options pour une stratégie gentillette qui ne parle qu’aux centres-villes : il y a de la colère dans ce pays. »

 

On ne peut pas être l’excité qui crie et qui n’est jamais content. Mais on ne peut pas non plus être ceux qui pensent que tout va bien, que le pays est magnifique. Il y a des problèmes dans ce pays, il y a de la colère, des gens qui sont énervés, qui en ont marre et qui envoient tout balader. Il faut aussi leur parler. Je ne voudrais pas qu’au nom de la crédibilisation, nous options pour une stratégie gentillette qui ne parle qu’aux centres villes : il y a de la colère dans ce pays.

 

 

- LVSL : Comment envisagez l’avenir du mouvement en termes d’organisation, de structuration ? 

Manuel Bompard : Nous avons lancé une boite à idées pour recueillir les opinions des inscrits. A titre personnel, je suis radicalement opposé à ce qu’on décline le mouvement en structures locales, en une organisation avec des responsables par villes, des secrétaires fédéraux. Cela nous ramènerait deux ans en arrière. Ce qui ne signifie pas qu’il faille négliger l’échelle locale. Mais je suis opposé à ce que nous construisions une organisation locale qui transforme tout en positions de pouvoir et oriente l’activité du mouvement exclusivement vers l’intérieur. C’est précisément ce qui crée l’absence de porosité : vous vous regardez les uns les autres pendant que le monde extérieur s’éloigne

 

Il me semble qu’une des forces de la FI dans les campagnes a été sa facilité d’accès : on vient, on dit ce qu’on a envie de faire, et en vingt minutes on peut commencer à appartenir au mouvement. Et pas seulement de manière formelle, mais appartenir en agissant. C’est l’action qui fédère. Une deuxième grande force a été la multiplicité des formes et des rythmes d’engagement, des méthodes utilisées. Si vous n’avez pas le temps parce que vous travaillez ou vous vous occupez de votre famille, mais que vous avez deux heures de libre, vous pouvez les mettre à contribution en passant des coups de téléphone pour convaincre des électeurs. Ou à l’inverse, si vous avez trois jours par semaine parce que vous êtes à mi-temps, alors vous pouvez participer à une caravane dans les quartiers. Chacun, selon son parcours, ses compétences, son savoir-faire et ses envies peut apporter une pierre à l’édifice. Le mouvement fédère par l’action et par les objectifs communs, le programme étant l’objectif autour duquel tout le monde se retrouve.

 

Troisième point : un mouvement tourné vers l’action et non vers les discussions théoriques. Non pas parce qu’il ne faut pas avoir de débats théoriques. Nous en avons, comme en témoignent notre échange et les débats qu’on a organisés aux amphis d’été. Mais toujours avec l’idée d’articuler la théorie et la pratique : mieux comprendre le monde pour le transformer, et le transformer pour mieux le comprendre. Je ne méprise pas les cercles de réflexion théorique, mais ce n’est pas ce que nous souhaitons construire. Nous souhaitons que la plateforme permette une fluidité d’action, qu’elle crée aussi une multiplicité de points de contact avec des secteurs particuliers de la société, comme un mouvement à plusieurs têtes.

source : http://www.liberation.fr/france/2017/08/24/la-france-insoumise-ouvre-ses-premieres-journees-d-ete-a-marseille_1591761

source : http://www.liberation.fr/france/2017/08/24/la-france-insoumise-ouvre-ses-premieres-journees-d-ete-a-marseille_1591761

Dans mon esprit, on pourrait avoir des espaces pour les syndicalistes, pour les élus, pour les écologistes, et chacun de ces espaces contribuerait à une même galaxie avec une certaine autonomie d’action. Notre mouvement doit pouvoir se glisser dans tous les interstices de la société et générer chaque fois des espaces qui s’adaptent à la forme de cet interstice. Par exemple, les copains qui sont allés à Bure nous disent qu’il y a une radicalité dans les mouvements écologistes à côté de laquelle on ne peut pas passer. Mais si on dit aux gens de la ZAD de venir dans la France Insoumise, ce n’est pas leur truc. On doit essayer d’avoir un espace, un point de contact entre eux et nous, on pourrait les aider et eux pourraient nous apporter beaucoup de leur côté. Et dans mon idée, n’importe quelle action locale doit être appuyée et financée : si un groupe d’appui veut mener une campagne parce qu’un établissement va fermer à côté de chez eux, ils peuvent compter sur la plateforme nationale.

 

La dernière dimension concerne l’auto-organisation, même s’il reste encore beaucoup à défricher. On fait parfois des erreurs. Dans mon groupe d’appui, on a fait des tests et on s’est rendu compte qu’on se trompait lorsqu’on pensait à la place des gens : nous ne sommes pas des prestataires de services, nous n’avons pas vocation à aller dans les quartiers pour leur imposer des choses, nous ne sommes pas des commerciaux. Nous avons donc changé d’approche, on a cherché à créer un espace de discussion dans le quartier pour faire émerger par les habitants des revendications et des projets d’auto-organisation. Et on ne va surtout pas le faire à leur place, on va les laisser faire et leur servir de point d’appui. On réfléchit donc à avoir des locaux dans les grandes villes où l’on peut expérimenter ce type de pratique, un peu comme le fait Podemos. Voila mon état d’esprit à cette heure, même s’il reste des choses à préciser.

 

 

- LVSL : Cette formule peut-elle se révéler durable avec le passage d’une séquence politique chaude à une phase plus froide ? Pensez-vous que les Insoumis resteront mobilisés ?

Manuel Bompard : La présidentielle est une période chaude, les particules s’accélèrent et il y’a des collisions dans tous les sens. La période inter-électorale est plus froide. Bien sûr que des gens mobilisés dans la campagne le seront moins demain, la question c’est de savoir à quel niveau et en quelle proportion. Il me semble, et les journées d’été en attestent, qu’il y a certes une frustration de ne pas avoir réussi mais aussi et surtout le sentiment qu’on a préparé le terrain pour la fois d’après. Il y a un enthousiasme, une volonté conquérante, et l’actualité sociale va être chargée. Nous avons une position centrale dans la société, les gens s’intéressent à ce qu’on fait. Autant de raisons qui les poussent à continuer à se mobiliser. les résultats des élections offrent des potentialités. Les scores réalisés dans les quartiers populaires des grandes villes sont extraordinaires. Nous y sommes très attendus, on l’a vu avec les caravanes pendant l’été, les gens nous disent « au moins vous, vous revenez là, vous ne nous avez pas abandonnés ». Et en tant que militant politique, quand vous entendez ça, normalement vous revenez encore la fois d’après, car il y a une responsabilité qui pèse sur vos épaules.

 

« Les scores réalisés dans les quartiers populaires des grandes villes sont extraordinaires. Nous y sommes très attendus, on l’a vu avec les caravanes pendant l’été. »

 

Je ne dis pas que les 500 000 personnes qui ont signé sur la plateforme vont être en mouvement en permanence, si c’était le cas, on ferait reculer la Loi travail très facilement. Mais quelque chose a pris, quelque chose est né. Tout cela ne va pas être facile, on l’a vu lors des législatives. Nous avons nous-mêmes perdu des voix dans les législatives. Mais en réalité, je suis d’accord avec tous ces gens qui ne sont pas retournés voter : on a fait campagne en expliquant qu’il fallait passer à une VIe Républque, et pour cela prendre le pouvoir dans le cadre de la Ve et gagner la présidentielle. Mais une fois la présidentielle passée, on a dû expliquer que les législatives donnaient tout de même la possibilité de freiner Macron. Les gens votent pour que leurs problèmes soient résolus, pas pour embêter celui qui a été élu à la présidentielle. Des gens se sont mobilisés lors de la présidentielle conscients que c’est là que tout se jouait, puis ont considéré que c’était plié et qu’il fallait encore attendre cinq ans. Il y en a, mais je pense qu’on observe tout de même un enthousiasme et une source énergie.

 

 

- LVSL : Comment la France Insoumise entend-elle lutter contre le Front national ?

Manuel Bompard : D’abord, on prend en compte les problèmes des gens, la misère. Ce n’est pas très original, mais c’est la base. On n’a pas peur de s’aventurer sur des terrains glissants, comme le travail détaché. Deuxièmement, on refuse de lui laisser l’apanage de certains sujets, comme la laïcité, le droit de vivre en sécurité dans ce pays. A un moment donné, nous avons réussi à nous faire enfermer dans l’idée que nous n’étions pas préoccupés par les questions de sécurité. Mais qui sont les premières victimes des problèmes de sécurité ? Ce ne sont pas les bourgeois du XVIe arrondissement de Paris. On parle souvent de la violence dans les quartiers populaires, et les premières victimes des violences dans les quartiers populaires sont les habitants de ces quartiers populaires. 

 

Il ne faut pas laisser ces thèmes au Front national, ni lui laisser les symboles : le drapeau, l’hymne. Si quelque chose a progressé dans la campagne c’est bien cela. Et pas seulement dans notre campagne, dans le pays : les gens étaient fiers d’avoir le drapeau bleu-blanc-rouge. C’est quelque chose de collectif : quand tout le monde commence à le porter, on se dot « je suis comme lui, je peux aussi le porter ». Quand seuls les fachos brandissent le drapeau, on se dit « je ne le prends pas, sinon on va me dire que je suis avec eux ».

 

« Il ne faut pas laisser ces thèmes au Front National, ni lui laisser les symboles : le drapeau, l’hymne (…) Ce n’est pas parce qu’on parle de son pays qu’on est nationaliste. »

 

Il faut accepter de poser la question européenne. Peut être que cela nous a fait perdre des voix. Tous les gens de la classe moyenne supérieure que je rencontre me disent que si on avait eu un discours plus apaisé sur l’Europe on aurait pu gagner. Mais je connais aussi plein de gens qui n’auraient pas voté pour nous si cela avait été le cas. Il faut travailler : ce n’est pas tant un problème de radicalité que de précision quant à la manière de formuler ce sujet. On ne doit donc pas laisser le monopole de la question européenne et du protectionnisme au Front National.

 

Il ne faut pas nous laisser gangréner par un courant qui considère que tout se joue à l’échelle internationale, que la nation n’est plus un levier pour changer la société, qu’il faut se concentrer sur les conférences internationales. Je crois totalement l’inverse. Je respecte cet état d’esprit mais nous pensons que le pouvoir se prend dans le cadre de la nation. Il faut bien entendu travailler avec d’autres pays mais c’est d’abord dans le pays dans lequel on est qu’on veut prendre le pouvoir. Ce n’est pas parce qu’on parle de son pays qu’on est nationaliste.

 

C’est aussi le cas sur la question de la laïcité. Certains courants à gauche ont fait des bêtises, ont considéré par exemple, ce qui est insultant pour tout le monde, qu’on ne progresserait dans les quartiers populaires que si on commençait à faire des compromis avec la question laïque. C’est considérer que les habitants des quartiers populaires sont déterminés par la religion, c’est absurde. Certains ont une religion, c’est très bien, ils en ont le droit. Mais ne faisons pas ce type de bêtises qui créent un terreau pour le FN.

 

Et dernière chose, il faut cesser avec ce discours de la diabolisation qui les renforce. A chaque fois que vous dites à Marine Le Pen qu’elle est le diable, les gens veulent voter pour le diable, car ceux qui sont présentés comme les organisateurs du paradis proposent un paradis qui ne leur correspond pas.

 

Pour en savoir plus :

- Les mouvements qui sont restés sur une addition de forces ont tous échoué – Entretien avec Eric Coquerel

- Manuel Bompard : « Être la 1ère force alternative et gagner la bataille culturelle »

- LE POPULISME EN 10 QUESTIONS

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19 septembre 2017 2 19 /09 /septembre /2017 13:57
A La Rochelle aussi.... Mon aéroport, mon aéroport !
A La Rochelle aussi.... Mon aéroport, mon aéroport !

Pour mémoire : En 2014, un Français sur quatre (25%) a pris l’avion, et seuls 4 % l’ont pris régulièrement, en 2019 ce chiffre est a été porté à 1/3 soit 36%[1bis].

217 millions d'€ de fonds publics ont été attribués en Charente Maritime, à Ryanair entre 2003 et 2021[18]

Dernière heure : 26 juillet 2022, la Commission européenne a jugé que les compagnie aérienne low-cost Ryanair et Jet2 avaient bénéficié d'aides d'État « incompatibles avec les règles de l'UE », concernant l'aéroport de La Rochelle, entre 2003 et 2010. Elle appelle la France à récupérer leur montant auprès des compagnies, soit 8,4 millions d'euros[17]... mais Ryanair ne veut pas rembourser les aides reçues[22]...

 

 

" Y a-t-il trop d'aéroports en France ? C'est la question, presque aussi vieille que le transport aérien, à laquelle tente de répondre un rapport sur le maillage aéroportuaire françaises, présenté en février 2017 au Conseil supérieur de l'aviation civile " écrit Bruno Trévidic pour Les Echos.fr et qui conclue " La France compte un trop grand nombre de petits aéroports régionaux déficitaires "

Et pendant ce temps là, les contribuables sont mis lourdement à contribution par les collectivités pour combler le tonneau des danaïdes des déficits aéroportuaires et autres soutiens aux compagnies à bas-coûts déguisés ou pas !
 
Et ça continue : Le déficit de l’aéroport s’élève à 1,694 million d’euros en 2017. L’Agglomération de La Rochelle et le Département vont y palier... et rebelote en 2018[9]... en 2019[10] .
Et ça continue encore et encore : L’aéroport de La Rochelle/ré, placée dans le giron du Syndicat mixte des aéroports de La Rochelle-Île de Ré et de Rochefort-Charente-Maritime, termine en effet 2021 sur un déficit de 4,2 millions d’euros sensiblement égal à celui de 2020[10bis].
 
 

Sources : par Eric DURAND | mis à jour le 07/02/2024

- Sans mon aéroport, je suis perdu, je suis assassiné ! On me coupe la gorge, on me dérobe..  tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde : sans mon aéroport, il m'est impossible de vivre !

 

Ainsi, tel Harpagon, qui face à la disparition de sa pauvre "cassette", se sent mourir, nos élus locaux municipaux et départementaux, les "décideurs" et autres acteurs économiques, les VIP et autres cadres supérieurs, les bobos de Ré ou d'ailleurs s’inquiètent pour l'avenir " de leur aéroport " de La Rochelle-île de Ré (qui, jusqu'en 2018, ne participaient pas à son financement pour ceux de l'Ile de Ré) !

 

Tous demandent de " l'argent public ", eux les défenseurs du marché libre et non faussé, les défenseurs des privatisations pour avoir leur aéroport à leur porte !

 

Et pourtant, des fonds publics, il y en a..... et même beaucoup, pour financer " leur activité privée " alors qu'ils font défaut pour financer les services publics de proximité dont ont besoin les citoyens (rochelais y compris), et les plus modestes en particulier !

  • Aéroport à la Rochelle : 2015 : 210 000 à 220 000 passagers par an et 2,2 millions d'euros d'aides publiques       

et aussi, autre exemples d'aéroports régionaux :                                                         

  • Poitiers : 2015 : 122 947 passagers par an et 2,1 millions d'aides publiques
  • Angoulême : 2015 : 2 443 passagers par an et 0,8 million d'aides publiques
  • Limoges : 2015 : 292 607 passagers et 7,5 millions d'aides publiques
A La Rochelle aussi.... Mon aéroport, mon aéroport !

- L'aéroport de la Rochelle-île de Ré : une infrastructure au service de Ryanair... et autres low-cost..., de vols privés ou d'affaires au frais de la collectivité... et aux retombées économiques contestées.

C'est dans ce contexte que les modalités de financement de l’aéroport et de subventionnement de certaines compagnies a donné lieu à un litige opposant la Chambre de commerce et d'industrie de La Rochelle (CCI) gestionnaire de l’aéroport, et le département de Charente-Maritime, financeur pour partie. Saisie par la CCI , la Chambre régionale des comptes de Poitou-Charentes a rendu un avis le 26 juillet 2007 donnant en partie raison à la CCI.


Le rapport de la Commission Régionale des Comptes publié le 13 mai 2008 montre que Ryanair disposait d’avantages exceptionnels.... au frais du contribuable !


La CCI a passé le premier contrat avec Ryanair le 1er décembre 2003, ce contrat couvre la période du 1er mai au 31 décembre 2003. Le contrat précise que « La chambre de commerce et d’industrie s’engage à verser à la compagnie une contribution financière de 340 000 versée en deux fois à raison de 185 000 € à la signature de la convention et 155 000 € assortis d’un justificatif des dépenses de promotion engagées par la compagnie qui devaient atteindre au moins 500 000 €. » Le rapport d’observations précise aussi que « Ces concours publics, assimilables à une aide d’État, au sens de l’article 87 du traité instituant la Communauté européenne, auraient dû être notifiés préalablement à la Commission européenne, conformément aux dispositions de l’article 88 paragraphe 3 du traité. »


D’autre part, la cour régionale des comptes souligne que « La reconduction en avril 2006 de l’engagement financier de la chambre de commerce et d’industrie pour une nouvelle période triennale est contraire aux lignes directrices communautaires du 9/12/2005 sur les aides au démarrage pour les compagnies aériennes au départ d’aéroports régionaux (2005/C312/01) qui prévoient notamment que les aides au démarrage doivent être dégressives et accordées pour une durée maximale de 3 ans. » Gil Roy, estime quant à lui sur le site Aérobuzz que la CCI aurait versé 12 € par passager, soit environ 2,2 M€ en 2006. En novembre 2010, un article de Sud-Ouest "Ryanair ne veut pas voler seul " informe sur la nature des demandes de Ryanair. On y apprend notamment que « la compagnie irlandaise low-cost a sollicité un soutien financier auprès du Conseil général et de la Communauté d’agglomération rochelaise (CdA). La même somme - soit 56 000 euros - est demandée à chacun. La subvention totale payée indirectement par l’aéroport s’élèverait alors à 269 000 € pour l’ensemble des lignes. Cette subvention a augmenté d’un peu moins de 100 000 € par rapport à l’année précédente. »

 

Le 12 décembre 2010, le Parti de Gauche interpellait l'ensemble des Conseillers Généraux de Charente Maritime pour leur demander de s'opposer au financement d'une ligne Ryanair " La Rochelle-Porto ".[1]
 

Le 17 décembre, le Conseil Général a refusé cette subvention à Ryanair, évitant ainsi une nouvelle ponction dans les poches des contribuables Charentais Maritimes.[2]

 

  • La commission européenne y met le nez !

Le 8 février 2012, la Commission européenne ouvre une enquête approfondie afin de déterminer si les accords financiers concluent entre les pouvoirs publics français et l'aéroport de La Rochelle, ainsi que les remises et les accords de commercialisation convenus entre l'aéroport et quelques-unes des sociétés aériennes qui l'utilisent, étaient conformes aux règles de l'UE en matière d'aides d'État[2bis].

 

Mais cela n'interpelle pas la communauté de commune (CDA) de La Rochelle, le département  !

Les subventions reprirent de plus belle !

Ainsi, en 2019, le Conseil Général a voté, une nouvelle contribution de 1,1 million d'€ en faveur du Syndicat Mixte (Le Syndicat Mixte des Aéroports de la Rochelle/Ile de Ré et Rochefort/Charente Maritime) et dont la majeure partie ira à l'Aéroports de la Rochelle/Ile de Ré[10].

...et dans le même temps, les retombées économiques de l’aéroport de La Rochelle seraient « surévaluées » !

Les lignes low cost rapporteraient 35 à 37 millions d’euros par an au territoire. Une affirmation fortement contestée par la Chambre régionale des comptes, qui une fois sorti la calculette, a publié récemment un rapport selon lequel ce serait plutôt autour des 15 millions, voire encore moins[21].…

 

 

- Tout cela a valu à l'aéroport de la Rochelle-île de Ré d'être montré du doigt

«  L’aéroport de La Rochelle est-il mal géré ? » titrait le journal Sud-Ouest du 22/10/2016 :

« Déficit, low-cost, irrégularités… La Chambre régionale des comptes a passé la gestion de la Chambre de commerce et d’industrie au crible Pour Robert Butel, qui préside la chambre consulaire, la réponse est catégoriquement « non ».... MAIS... la question, ce sont les « sages » de la Chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine qui la soulèvent entre les lignes du rapport qui a été publié sur son site Internet.


La question méritait en effet d'être posée pour la CCI qui gère cette structure aéroportuaire et qui, après avoir le 30 juillet 2014, accordé 489 200 € à Ryanair Limited, à Dublin, pour de la publicité en ligne....  accusait 7,96 millions d’euros de pertes.

 

Avec des chiffres conséquents à la clé :

  • 7,96 millions d’euros, par exemple : c’est le montant cumulé des pertes d’exploitation de l’aéroport entre 2006 et 2014 ;
  • 10,46 millions, aussi : le montant des aides financières versées aux compagnies aériennes pour qu’elles desservent La Rochelle.
  • A noter que la CCI a reçu 3,55 millions des collectivités locales (Communauté d’agglo de La Rochelle et Conseil général surtout) pour l’aider à payer. Ryanair se taillant la part du lion en recevant, à elle seule, 7,66 millions d’euros soit plus de 6 € par passager transporté. »

 

Source : Rapport de février 2017 Caractéristiques des principaux aéroports de la région Nouvelle Aquitaine

Source : Rapport de février 2017 Caractéristiques des principaux aéroports de la région Nouvelle Aquitaine

- Et pourtant, sur La Rochelle-île de Ré ils n'ont de cesse d'en redemander !

Ainsi, après la réforme des régions, début 2017, les aéroports (déficitaires) de la Nouvelle-Aquitaine ont été dans l’attente d’une décision stratégique du Conseil régional qui entendait « réfléchir avant de payer ».

 

Cette situation a été vécue comme une menace à La Rochelle, où la gestion de l’aéroport est sur le point de passer sous le contrôle d’un syndicat mixte dans lequel le Département de la Charente-Maritime et la Communauté d’agglomération rochelaise souhaitent continuer à entendre tomber les espèces sonnantes et trébuchantes pour financer les compagnies low-cost. [5] fruit des politiques de dérégulation du transport aérienne des gouvernements successifs, tout en entretenant une concurrence aérienne déloyale.

 

Face à la dilapidation des fonds publics, des réactions modestes commencent à se manifester parmi les élus rochelais !

 

En la matière je soutiens totalement les propos tenus par l'élu de la majorité municipale rochelaise Jean Marc Soubeste le jeudi 25 janvier 2017 au conseil communautaire de la CDA de La Rochelle :

 

«  Faut il encore une fois subventionner l'aéroport de La Rochelle Ré ?
La question était à l'ordre du jour du Conseil communautaire d'hier soir :
Depuis que je siège (2014 NDLR) dans ce Conseil communautaire c'est au moins La 5 éme délibération pour subventionner l'aéroport de La Rochelle Île de Ré que nous examinons :
411 000 euros en décembre 2015, 320 000 euros en juin 2016 sans parler du soutien financier à la ligne La Rochelle Lyon..


Bien sûr ce n'est pas nouveau : par exemple entre 2002 et 2005 ce sont plus de 3 millions d'euros que les différentes collectivités ont attribué à la CCI pour compenser le déficit d'exploitation de cet aéroport...malgré une progression du trafic.
L'an dernier ici même nous avions été plusieurs élus à nous interroger sur l'utilisation de ces sommes et leurs justification. On peut regretter qu'aucun document complémentaire ne soit alors venu éclairer notre vote.


Pour ma part, j'ai deux grandes interrogations :

  • La première porte sur la logique économique d'un modèle qui fait payer aux contribuables du territoire la course aux tarifs les plus bas possibles des compagnies low-cost ? Le département et La CDA vont contribuer à hauteur de 600 000 euros chacun soit 1,2M. Le calcul est simple : 240 000 passagers ....il suffirait d'une augmentation de 5 euros par passager pour atteindre un équilibre. Thomas juin, Directeur de l'aéroport déclarait que " depuis trois ans les aéroports se livrent une bataille pour être les plus attractifs et avoir les coûts les plus bas pour que les compagnies puissent venir se poser". Sommes nous vraiment dans notre rôle en participant à la mise en concurrence de territoires qui se situent pour beaucoup dans la nouvelle grande région ? Je ne le crois pas.

 

  • La second interrogation concerne la cohérence de nos politiques : A quoi cela sert il de s'engager fortement dans la réduction des émissions de CO2 à travers des documents d'urbanisme, des politiques de mobilité quand on a pour ambition de doubler le trafic aérien sur notre territoire à l'horizon 2020 ?

Aussi, je trouve regrettable que cette délibération ne soit pas adossée à trois engagements :
- celui d'une information du Conseil quant aux montants des sommes attribuées à L'aéroport et à leurs utilisations
- celui de réaliser une étude indépendante sur l'importance des retombées économiques de l'aéroport au delà d'une simple multiplication du nombre de passagers par un panier moyen de dépenses.
- engagement enfin sur une réflexion stratégique d'aménagement du territoire et de développement économique intégrant l'arrivée d'un TGV à plus grande vitesse, intégrant la modernisation de la ligne Bordeaux Nantes qui va nous rapprocher de deux grands aéroports métropolitains, intégrant l'évolution nécessaire vers une relocalisation des activités et la réduction des émissions de CO2.


Voilà pourquoi cher collègue je ne voterai pas cette subvention. »

 

  • En 2014, 86% du trafic de La Rochelle-île de Ré était assuré par des compagnies bas-coûts... financées à coups de fonds publics[3] dont 400 000€ par an de la région[5] qui s'ajoutent aux subvention du département de la CDA de La Rochelle..
  • Hors du trafic low-cost, cet aéroport n'a aucune justification (en 2015 sur les 210 000 passagers seulement  29 400 n'étaient pas clients de compagnies à bas-coûts)
  • Et la CCI de La Rochelle poursuit cette politique multipliant les dessertes[7] (en 2019 17 lignes régulières en haute saison[10]) en visant, (toujours au frais du contribuable) que la fréquentation du site aéroportuaire monte à 400 000 passagers, soit pratiquement le double d’aujourd’hui[6].... donc au moins le DOUBLE DE SUBVENTION PUBLIQUE. STOP !

 

 

- Et aujourd'hui, le montage juridique à changé, mais la politique reste la même

Pour la majorité départementale et les élus locaux de La Rochelle et Rochefort la Charente Maritime, est la deuxième destination touristique en France et doit se donner le moyen de développer le trafic aérien indispensable au désenclavement du territoire et à son développement économique (les retombées économiques sont évaluées à 70 millions d'€ en 2018 [mais pas démontrées DNLR])[10]

 

Ainsi, le Conseil Général de Charente Maritime avait proposé, dés 2015, la création d'une structure réunissant les plateformes aéroportuaires de La Rochelle/Ré et Rochefort/Charente Maritime. L'objectif était d'optimiser le fonctionnement, de mutualiser les investissements et de développer les complémentarités des deux sites[10]

 

Un Syndicat Mixte des Aéroports de la Rochelle/Ile de Ré et Rochefort/Charente Maritime a vu le jour le 1er janvier 2019. Il regroupe le département de la Charente Maritime, la Région Nouvelle Aquitaine, et l'Agglomération de La Rochelle, la Communauté de Communes de l'Ile de Ré, l'Agglomération de Rochefort et la Chambre de Commerce et d'Industrie de La Rochelle[10]

 

Ainsi, en 2019, le Conseil Général a voté, une nouvelle contribution de 1,1 million d'€ en faveur du Syndicat Mixte (Le Syndicat Mixte des Aéroports de la Rochelle/Ile de Ré et Rochefort/Charente Maritime) et dont la majeure partie ira à l'Aéroports de la Rochelle/Ile de Ré pour un total de 240 154 passagers en 2018, loin du seuil de rentabilité estimé à 80 000 passagers ans[10].

 

Aujourd'hui, si, pour les politiques en place, le tourisme international constitue un enjeu de la mondialisation[11], la réponse n'est pas, (comme le comité régional du tourisme de la Région Auvergne - Rhône-Alpes le pratique[12]), dans la drague d'une clientèle lointaine et aisée, avec à la clé, un coût environnemental exorbitant... ce qui constitue « Une ineptie », mais de mettre le paquet pour favoriser le tourisme local

 

En effet, les nuages de haute altitude liés aux émissions de particules renforcent le réchauffement de l'atmosphère. Ces cirrus, dont l'effet radiatif est encore plus important que celui lié aux émissions de CO2, vont encore se développer à la faveur de l'explosion du trafic aérien (l'impact des traînées d'avion va tripler d'ici 2050).[14].

 

  • La puissance publique se doit de défendre les populations devant les risques qu’engendrent dérèglement climatique et perte de biodiversité..... alors :

- " Cessons de vouloir attirer les touristes étrangers[12] " pour compenser la faiblesse du pouvoir d'achat de nos concitoyens (quatre Français sur dix ne partent pas en vacances)[12bis]...... ;

- Au moment ou une prise de conscience apparaît (honte d'emprunter l'avion, prix attractifs, volonté de prendre le temps de voyager…) se traduisant, en Europe, par une résurrection possible du train de nuit[15]," Cessons les trajets en avion lorsqu'ils sont faisables en trains, en interdisant l’exploitation de toute ligne aérienne sur lesquelles le train "permet un temps de trajet équivalent au temps de trajet de l'avion soit 2h30 " comme le propose le député France insoumise François Ruffin[13] .

 

 

- Car au delà des propos de l'élu (Jean Marc Soubeste) que j'approuve, c'est bien la pertinence même de l'existence de cet aéroport qui est posée dans le cadre du maillage national

 

A La Rochelle aussi.... Mon aéroport, mon aéroport !

 

  • France : 1 aéroport pour 358 000  habitants[4]
  • Royaume uni : 1 aéroport pour 1.2 million d'habitants (3 fois moins)[4]
  • Allemagne : 1 aéroport pour 4,3 millions d'habitants (12 fois moins)[4]

Vivent-ils moins bien ?


En 2016, la cour des comptes évaluait à 800 000 passagers annuels[4] et 1 million en 2020[4bis] le seuil de rentabilité d'un aéroport.

  • En France seuls 15 aéroports hors Paris atteignent ce seuil.[4]
  • Proche de nous, seuls Nantes et Bordeaux dépassent ce seuil.
  • Pour l'atteindre la Rochelle devrait multiplier son trafic par 4.... Impensable pour cet aéroport urbain qui, en 2018 n'a enregistré que 240 154 passagers (tout de même en progression de 8,44% par rapport à 2017 au frais du contribuable)[10] et 233 000 en 2019[10bis].


Ces 144 aéroports sont au service de QUI , des populations locales ?
Alors que l'ensemble de la population subventionne largement des compagnies low-cost qui s'assoient sur la législation sociale, seule une minorité y a accès !
En définitive, nombre d'aéroports coûtent cher et ne servent quasiment à rien si ce n'est à une infime clientèle " d'affaire " masquée derrière du bas coût massif.

 

Considérant qu'il y trop d'aéroports en France, le Point soulignait en mars 2016 que : «  la présence d'un aéroport pouvant accueillir des vols internationaux figure souvent parmi les trois premières questions lors des audits des grands groupes. D'où l'acharnement de nombreux élus quand il est question du maintien de l'activité aéroportuaire.... »  au frais des contribuable.

 

 

- Rien ne justifie de maintenir et développer des aéroports à moins de 200 km l'un de l'autre

Les critiques quant au nombre d'aéroports viennent, aujourd'hui, du secteur aérien lui-même L'ECHO touristique s'en faisant, en 2014, le porte-parole en soulignant :

«  Le Board of Airlines Represantatives (Bar)[8] en France dénonçait récemment le "nombre pléthorique d’aéroports en France dont les coûts sont finalement supportés par les compagnies aériennes opérant en France sans bénéfice pour le transport aérien dans son ensemble.

Il y a 84 aéroports en France métropolitaine qui ont des passagers commerciaux. 66 se répartissent environ 4,3% du trafic français.... et 40 aéroports représentent moins de 0,3% du trafic soit environ 300 000 passagers", précise Jean-Pierre Sauvage, président du Bar France ". »

 

Si l'on peut discuter de la notion «  les coûts sont finalement supportés par les compagnies aériennes » quant on sait le coup pour les contribuables des subventions accordées au low-cost, il n'en demeure pas moins vrai que cette prise de position ne manque pas d'interpeller.

 
Dans le débat en cours, il reste il argument de poids développé par le journal Le Point qui, en mars 2016 développe, a juste titre, que : «  ...la carte aéronautique française doit toujours être superposée à celle du ferroviaire... » précisant :

«   Ces transporteurs à la recherche des moins-disants pour les prestations au sol suscitent la concurrence entre aéroports. Mais la carte aéronautique française doit toujours être superposée à celle du ferroviaire. Des lignes aériennes (Paris-Lille, Paris-Nantes, Paris-Lyon, Paris-Strasbourg, etc.) sont mortes ou mourantes avec l'arrivée du TGV. D'autres, dont des transversales, sont menacées avec l'ouverture intégrale à grande vitesse de Paris-Strasbourg, Paris-Rennes et Paris-Bordeaux d'ici à 2017. Quid de l'avenir d'un vol Poitiers-Lyon quand Poitiers-Paris-Lyon est parcouru à 300 km/h sur le rail ? »

 

Analyse pertinente à développer quand un aéroport comme celui de La Rochelle-île de Ré est situé à :

  • moins de 2h de route et 190 km de l'aéroport de Bordeaux Mérignac
  • moins de 2h de route et 150 km de l'aéroport de Nantes Atlantique

deux localités reliées par le rail à la Rochelle

 

 

- Maintenir des aéroports à de si courtes distances les uns des autres est une démarche à contre-courant du sens de l’histoire.
Les transports collectifs répondent mal aux besoins. Ils n’apparaissent pas comme une alternative crédible à la voiture particulière.

 

La priorité doit aller à la réduction des impacts négatifs des transports en matière de consommation d’énergie, de climat, de santé et de sécurité.

 

Plutôt que de combler le tonneau sans fond des "déficits" aéroportuaires , utilisons l'argent public pour développer des moyens de transports intercités alternatifs, n'utilisant pas d'énergie fossile, plus efficaces, comme par exemple :

  • électrifier les lignes SNCF desservant Nantes et Bordeaux depuis La Rochelle ;
  • passer ces dessertes ferroviaires en cadencement à 160 km/H ;
  • les équiper avec du matériel moderne

et permettre de desservir ces aéroports dans des conditions dignes de ce nom.

 

Certes des travaux sont entrepris, mais c'est sans commune mesure face aux moyens à mettre en œuvre pour répondre aux enjeux de déplacements des populations et de lutte contre les moyens de transports émetteurs de gaz a effet de serre.
.

 

La France avec 144 aéroports est championne européenne toutes plateformes confondues du nombre d'aéroports par habitant.....
  • Oui les aéroports sont trop nombreux en France !
  • Oui, rien ne justifie les aéroports de La Rochelle, Rochefort, Poitiers...... !
  • Or, si pour que Bordeaux ou Nantes apparaissent comme une alternative crédible il y a urgence à mettre en œuvre une autre politique de transport du national au local, des choix peuvent, sans attendre, être fait de la région Nouvelle Aquitaine... à la CDA de la Rochelle :

- permettant de s'inscrire dans une politique de transports collectifs répondant mieux aux besoins notamment dans les liaisons intercités.

- ne serais-ce qu'en cessant d'arroser de fonds publics les compagnies low-cost ce qui alimente  la dérégulation du trafic aérien et le dumping social !

 

Pour ça il faut que cela devienne l'affaire des citoyens.... et qu'il y ait d'autres majorités politiques à tous les niveaux !

 

 

- Dernière heure : Bruxelles demande le remboursement de 8,4 millions perçus par Ryanair et Jt2 à La Rochelle[17]

Il n'y a pas matière à hurler ! La demande de Bruxelles ne représente que 3.8% des sommes perçues par Ryanair entre 2003 et 2021.

En effet, selon Thomas Juin, directeur général du Syndicat mixte de l’aéroport, " 176 millions d'€ entre 2003 et 2013, 217 millions d'€ en poussant l’examen jusqu’en 2021, ont été attribués à Ryanair "[18].

 

Aides d'Etat: Commission autorise plusieurs mesures françaises en faveur des aéroports de Beauvais et de La Rochelle; ordonne la récupération d'environ 8,5 million d'euros d'aides incompatibles auprès des compagnies aériennes Ryanair et Jet2 en lien avec leurs activités à l'aéroport de La Rochelle

 

À la suite d'une enquête ouverte il y a dix ans, en 2012[2bis], et dont les conclusions viennent d'être publiées[17], Bruxelles estime que " « plusieurs contrats de services aéroportuaires et contrats de services marketing conclus par l'aéroport de La Rochelle entre 2003 et 2010 avec les compagnies aériennes Ryanair et Jet2 » ne respectaient pas le cadre légal des aides d'État. "

 

Par ailleurs, la Commission a considéré que " plusieurs contrats de services aéroportuaires et contrats de services marketing conclu par l'aéroport de La Rochelle entre 2003 et 2010 avec les sociétés aériennes Ryanair et Jet2 constituaient des aides d'État incompatibles ".

 

Conclusion : "

  • Ces aides étaient considérées comme incompatibles, la France doit  récupérer auprès de Ryanair et Jet2 les aides d'État illégal, dont le montant s'élève respectivement à environ 8,4 millions d'euros et 81 000 euros. "
  • On attend que la CDA de La Rochelle, le Conseil général s'expliquent sur l'attribution de ces « avantages économiques injustifiés. » "
  • Les collectivités doivent être au service collectif de la population, veiller à assurer à chacun l'égalité d'accès aux droits sociaux, à l'enseignement la connaissance, la culture, aux transports, au travail et aux loisirs, mais ne doit pas être au service de la rentabilité financière d'entreprises privées.
  • STOP à l'utilisation libérale des fonds publics.

 

 

- Pour terminer : une vision globale pour l'alternative à l'aérien à partir d'un exemple

Voici les dix itinéraires les plus empruntés par les avions de Valljet, leader français du jet privé, première compagnie française d’aviation d’affaires[19], entre les mois de mai 2020 et juillet 2022. 7 se font à l’intérieur de la France et 8 ont une alternative en train. Pas de régulation mais bien une interdiction pure et simple[20].

 

 

Note :

[1] STOP ! Ryanair ne doit plus s'enrichir sur le dos des contribuables de Charente-Maritime

[1bis]  En 2014, un Français sur quatre (25%) a pris l’avion, et seuls 4 % l’ont pris régulièrement[1], en 2019 ce chiffre est a été porté à 1/3 soit 36%.

[2] Première Victoire contre Ryanair en Charente Maritime !

[2bisLe 8 février 2012, la Commission européenne a ouvert une enquête approfondie

  • Ci-dessous, la version en Pdf  👇

3] Rapport de février 2017 Caractéristiques des principaux aéroports de la région Nouvelle Aquitaine

[4] Paris Match : Y a-t-il trop d'aéroports en France ?

[4bisCes aéroports français en manque de passagers qui bénéficient de millions d’euros de subventions publiques

[5] Ces aéroports déficitaires, suspendus à la Région Nouvelle-Aquitaine

[6] À l’horizon 2020, la CCI de La Rochelle veut que la fréquentation du site aéroportuaire monte à 400 000 passagers, soit pratiquement le double d’aujourd’hui

[7] Nouvelle ligne aérienne entre La Rochelle et Leeds

[8] BAR France, « Board of Airlines Representatives », est une association loi 1901 qui regroupe les directeurs généraux représentants pour la France des compagnies aériennes, quelle que soit leur nationalité, exerçant une activité en France. BAR France a pour objectif d’être l’interlocuteur des pouvoirs publics et des partenaires économiques dans l’ensemble des domaines du transport aérien en France.

[9] Le déficit de l’aéroport s’élève à 1,694 million d’euros en 2017. L’Agglomération de La Rochelle et le Département vont y palier.

[10] Magazine de la Charente Maritime n°71 de juillet 2019

[10bis] Aéroport de La Rochelle : le déficit de 4,2 millions nourrit le débat départemental

[11] le tourisme international constitue un enjeu de la mondialisation

[12] Cessons de vouloir attirer les touristes étrangers

[12bis] Quatre Français sur dix ne partent pas en vacances)

[13] FRANÇOIS RUFFIN VEUT INTERDIRE L'AVION SUR LES COURTS TRAJETS EN FRANCE

[14] Réchauffement climatique : l'impact des traînées d'avion va tripler d'ici 2050

[15] Et si le train de nuit revoyait le jour ?

[16] Pour mémoire : En 2014, un Français sur quatre a pris l’avion, et seuls 4 % l’ont pris régulièrement.

[17] Bruxelles demande le remboursement de 8,5 millions perçus par Ryanair à La Rochelle

[18] selon Thomas Juin, directeur général du Syndicat mixte de l’aéroport, " 176 millions d'€ entre 2003 et 2013, 217 millions d'€ en poussant l’examen jusqu’en 2021, ont été attribués à Ryanair

  • Ci-dessous, la version en Pdf  👇

[19Le leader français du jet privé brûle la planète en toute impunité

[20] Source https://twitter.com/Portes_Thomas/status/1563886840104554498

[21] Les retombées économiques de l’aéroport de La Rochelle seraient « surévaluées », se situant autour des 15 millions, voire encore moins

[22Aéroport de La Rochelle : Ryanair ne veut pas rembourser les aides reçues

 

Pour en savoir plus :

- Pourquoi il y a trop d'aéroports en France

- 13 mai 2008 ... La chambre régionale des comptes de Poitou-Charentes a adressé un rapport d'observations sur les aides à la compagnie Ryanair lors de la reprise de la liaison

- La France compte un trop grand nombre de petits aéroports régionaux déficitaires

- L'ECHO Touristique : Il y a trop d'aéroports en France

- Rapport sur le maillage aéroportuaire français février 2017

- Aéroport de La Rochelle-île de Ré : le trafic en hausse d’1,91% en 2016

- Le déficit de l’aéroport s’élève à 1,694 million d’euros en 2017. L’Agglomération de La Rochelle et le Département vont y palier.

- Charente-Maritime : l’aéroport de La Rochelle-Ré veut grandir

- En Suède, "la honte de prendre l'avion" gagne du terrain, la fréquentation des aéroports baisse au profit des gares

- Au lieu de mettre le paquet pour favoriser le tourisme local, le comité régional du tourisme de la Région Auvergne - Rhône-Alpes drague une clientèle lointaine et aisée. Avec à la clé, un coût environnemental exorbitant. « Une ineptie », s’insurge l’autrice de cette chronique.

- France insoumise : Question écrite sur les Pollutions aéroportuaires

- Moins d’avions, plus de trains !

- Charente-Maritime : une conférence comme tribune aux défenseurs de l’avion

- Charente-Maritime : vous sentez-vous coupable de prendre l’avion ?

- Aéroport de La Rochelle : l’Etat signe un chèque de 2,5 millions d’euros pour financer la ligne aérienne La Rochelle – Lyon

- Aéroport de La Rochelle : l’île de Ré critiquée sur le plan financier

- Aéroport de La Rochelle : le déficit 2021 de 4,2 millions nourrit le débat départemental

- Aéroport de La Rochelle : le trafic passagers 2022 se rapproche de celui de 2019

- Aéroport La Rochelle : Aéroluxe conteste sa sortie de piste

- L'aéroport de La Rochelle accusé de subventions détournées au profit de Ryanair

- Les aéroports dits intermédiaires entrent dans une zone de turbulence prévient la Cour des comptes. La Nouvelle-Aquitaine, avec huit aéroports de taille moyenne (Bergerac, Pau, Brive, Limoges, la Rochelle, Poitiers, Agen), est très concernée

- Aéroport La Rochelle-île de Ré : des perquisitions liées aux subventions à Ryanair

 

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17 septembre 2017 7 17 /09 /septembre /2017 20:07
Le service rendu par Pierre Laurent à la France insoumise

@Pierre Laurent : " en plein mouvement contre les #OrdonnancesMacron, l'adversaire c'est macron et le Medef, pas Jean Luc Mélenchon " #faute

 

(Sce : Canard enchainé)

(Sce : Canard enchainé)

Sources : Chroniques du YETI par Pierrick Tillet

-Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, se lâche
Fête de l’Huma : en s'en prenant à Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent (PCF) rend un service inestimable à celui-ci et à son mouvement.

 

Qu’est-ce qui lui a pris, au secrétaire national du vieux PCF, d’éreinter aussi stupidement le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, absent de la fête à la Courneuve pour cause de déplacement à la Réunion ?

Le service rendu par Pierre Laurent à la France insoumise
Le service rendu par Pierre Laurent à la France insoumise

Mais certains de ses lieutenants étaient bien présents, à écouter ce discours fort indélicat à leur encontre. Ils s’en émurent, comme quantité d’insoumis sur les réseaux sociaux.

 

Ceux-ci ont pourtant tort de se formaliser. Pierre Laurent, fort probablement à l’insu de son plein gré et plus certainement par excès de dépit, a juste coupé le cordon ombilical entre son vieux monde politique et un nouveau en pleine ébullition.

 

Partant, il aide finalement la force montante insoumise à s’affranchir sans état d’âme des pesanteurs du passé. Il pourrait même avoir dissuadé les derniers accros à la stratégie de l’union (Clémentine Autain)

 

La @FranceInsoumise présente en nombre à l'allocution de @plaurent_pcf à la #FetedeLhuma !
La @FranceInsoumise présente en nombre à l'allocution de @plaurent_pcf à la #FetedeLhuma !
La @FranceInsoumise présente en nombre à l'allocution de @plaurent_pcf à la #FetedeLhuma !
La @FranceInsoumise présente en nombre à l'allocution de @plaurent_pcf à la #FetedeLhuma !
La @FranceInsoumise présente en nombre à l'allocution de @plaurent_pcf à la #FetedeLhuma !
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La @FranceInsoumise présente en nombre à l'allocution de @plaurent_pcf à la #FetedeLhuma !

-Aller de l’avant sereinement sans regarder sur les bas-côtés

L’union fantasmée des forces de gauche est un leurre éventé. Celle-ci n’interpelle plus guère que les militants fatigués. Elle n’est en rien un gage d’une convergence de l’opinion publique autour d’un projet. comme on a hélas pu le vérifier en 2012 avec feu le Front de gauche.

 

Ce qui se passe actuellement, c’est une recomposition complète du paysage politique, avec « dégagisme » sans pitié des vieilles lunes obsolètes du monde d’avant : LR, EELV, PS, PCF…  Même le FN vient de se prendre un sacré coup sur le nez. Et Besancenot n’est plus qu’une ombre pathétique.

 

Tant pis si les chiens aboient au passage de la caravane. Tant mieux si la meute médiatique gueule à s’en égosiller. C’est juste signe qu’elle sent le danger et panique. Ne reste à ces fantômes qu’à décrocher en répandant leurs aigreurs (Pierre Laurent) ou tenter de raccrocher leur wagonnet à une locomotive qui les dépasse (Hamon le 23 septembre).

 

La France insoumise doit continuer d’aller sereinement de l’avant, sans regarder sur les bas-côtés, encore moins derrière elle.  À la fête de l’Huma, Pierre Laurent vient de lui donner un sacré coup-de main.

 

Pierrick Tillet

 

---------------------------------------------

 

Rassembler OUI ! Mais rassembler quoi ?

Si c'est les partis, c'est NON... si c'est le peuple, c'est OUI !

 

-C'est le type de rassemblements que la France insoumise met en œuvre

Depuis le début de la campagne des élections présidentielles, nous n'avons eu de cesse de tenir le même langage " C'est le peuple que nous voulons rassembler, pas les partis " !

 

Car certains ont tellement la mémoire courte......

Le service rendu par Pierre Laurent à la France insoumise

.... qu'ils sont prêts à remettre ça !

Le PS à la fête de l'Huma pour prêcher l'unité http://www.parti-socialiste.fr/parti-socialiste-present-a-fete-de-lhumanite/

Le PS à la fête de l'Huma pour prêcher l'unité http://www.parti-socialiste.fr/parti-socialiste-present-a-fete-de-lhumanite/

Le service rendu par Pierre Laurent à la France insoumise

- Il n'y a pas " d'enjeu de pouvoir " pour la France insoumise

Nous sommes au cœur d'une bataille politique sur la conception du rassemblement à mettre en œuvre pour battre politiquement Macron, la droite et l’extrême droite.

 

Contrairement à ce qu'affirme Pierre Laurent, en ayant l'ambition de " RASSEMBLER LE PEUPLE " la France insoumise n'a pas vocation à rassembler le pays derrière J.L. Mélenchon, mais à rassembler une majorité sur un programme en l’occurrence aujourd'hui, L'AVENIR EN COMMUN.

 

Soit rassembler " la gauche " comme le préconisent Laurent, Hamon, Ensemble, le PS, EELV ce qui exclue d'entrée ceux qui ne se retrouvent plus dans " la gauche ", ne votent plus ou votent FN....... ou RASSEMBLER LE PEUPLE dans une démarche transversale et hors parti ce qui vise à intégrer tous les exclus de la politique ou qui ne se retrouvent plus dans les partis traditionnels....... et ils sont des millions ! Environ 40% du corps électoral.

 

La France insoumise est sur cette démarche là depuis 2 ans.... et nous n'en changerons pas n'en déplaise à Laurent, Hamon et les autres !

 

 

-

Et si, finalement, nous prenions ça avec une note d'humour !

Le service rendu par Pierre Laurent à la France insoumise
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10 septembre 2017 7 10 /09 /septembre /2017 22:00
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris

- Le 9 septembre, succès de la rentrée politique des insoumis de la Charente Maritime à Tonnay Charente

C'est avec plus de 150 participants, dans une ambiance studieuse et festive que les insoumis de Charente Maritime ont effectué leur rentrée politique.

  • LE MATIN ( l'instant des insoumis à huis-clos) :

    Compte-rendu des  AmFIs des 24 au 27 août à Marseille, puis atelier "boîte à outils" - moment d'échange et de propositions sur la structuration et l'organisation de la FI (parti politique, association, organisation horizontale, quel pérennisation et développement de l'encrage territorial) mais aussi : quelle activité en direction des quartiers et entreprises, etc..... ?.

  • L'objectif : apporter des contributions collectives sur la plateforme nationale (boite à idées).

Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
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  • APRÈS-MIDI : ATELIERS STUDIEUX et intermèdes musicaux

I - Loi travail 2 - " Ce que le gouvernement impose, comment les citoyens s'opposent ", dans une salle pleine, en présence de Caroline AVRIL représentante du syndicat SUD solidaires (l'UD-CGT17 s'est excusée au dernier moment) et du député insoumis Loïc Prud'homme.

Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
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II - Le CETA - " accord de libre-échange avec le Canada appliqué à partir du 21 septembre - et maintenant ? " En présence de membres de Stop tafta et d’Attac

III - Produits sains et circuits court - " la solution s'organise ! " En présence de membres de la confédération paysanne, de producteurs locaux, de membres d'associations de développement de la production alimentaire locale  et du député insoumis Loïc Prud'homme

 

Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
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Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris

IV - Solidarités et initiatives citoyennes - en présence de membres de l'association Zéro déchet et de Pays Rochefortais Alert qui s'oppose à l'hyper-incinérateur d'Echillais

V - Accueil des migrants en Charente Maritime, il y a urgence " - En présence de membres du Comité Anti-Expulsion

 

Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
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VI - Égalité des chances dans l’école de la République : une rentrée scolaire sous tension - En présence de membres de l'Éducation nationale et de représentants d'associations de parents d'élèves

 

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VII - Soirée conviviale 

- Le Mystère du journaliste jaune, conférence gesticulée de Philippe Merlan[1]

- Chansons d'Alain Lanatrix

Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris

- Et maintenant ? L'heure est à l'action...

  • Le 12 septembre

Les insoumis de Charente Maritime, n'ont pas attendu d'ordre pour inviter les citoyens à participer, aux côtés des syndicats, à l’action du 12 septembre et des jours qui suivront... parce-qu-ils sont dans les entreprises, dans la cité, dans la vie économique sociale.... !

 

Chez les insoumis, la consigne : " c'est n'attendez pas la consigne ! "

Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
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Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
  • Le 23 septembre
  • Si le combat contre ce gouvernement et sa politique est syndical et social, il est aussi tout autant politique. C'est pourquoi la France insoumise a décidé de faire de la date du 23 septembre (lendemain de la présentation et de l'adoption des ordonnances en Conseil des Ministres) une marche nationale contre le coup d'état social. Ce sera l'occasion de dire non à la casse du code du travail mais également au monde qui l'accompagne.

     

    Cette marche ne sera pas seulement la marche des insoumis.e.s. Elle est ouverte à toutes celles et ceux qui en partagent les objectifs. Malgré les contraintes d'un déplacement à Paris, il est très important qu'un maximum de personnes y participent car c'est la force du nombre qui fera vaciller le gouvernement.

     

    Le 23 septembre, déferlons sur Paris !

    - Pour participer à la manifestation et aller à Paris en bus, au départ de La Rochelle... c'est ICI

Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris
Après le 9 septembre les insoumis du 17 mobilisés pour l'action le 12, le... et le 23 septembre à Paris

Notes :

[1] Captation de la conférence gesticulée de Philippe Merlant du 24 mai 2014, lors des Rencontres des Médias Libres et du journalisme de résistance à Meymac (Corrèze) en trois parties : partie 1 - partie 2 - partie 3

 

Pour en savoir plus :

- la fête départementale des insoumis du 17 en photos

- Fête insoumise à Tonnay-Charente (17)

- 12 et 23 septembre : conjuguer le politique et le social

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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 20:02
1973-2017 : l’effondrement idéologique de la “gauche” française

Sources : Le Grand*Soir par Bruno GUIGUE

-D'hier.... à aujourd'hui
En 1973, le coup d’État du général Pinochet contre le gouvernement d’Unité populaire au Chili provoqua une vague d’indignation sans précédent dans les milieux progressistes du monde entier. La gauche européenne en fit le symbole du cynisme des classes dominantes qui appuyèrent ce “pronunciamiento”. Elle accusa Washington, complice du futur dictateur, d’avoir tué la démocratie en armant le bras meurtrier des militaires putschistes. En 2017, au contraire, les tentatives de déstabilisation du pouvoir légitime au Vénézuéla ne recueillent au mieux qu’un silence gêné, un sermon moralisateur, quand ce n’est pas une diatribe antichaviste de la part des milieux de gauche, qu’il s’agisse des responsables politiques, des intellectuels qui ont pignon sur rue ou des organes de presse à gros tirage.

 

Du PS à l’extrême-gauche (à l’exception du “Pôle de renaissance communiste en France”, qui a les idées claires), on louvoie, on ménage la chèvre et le chou, on reproche au président Maduro son “autoritarisme” tout en accusant l’opposition de se montrer intransigeante. Dans le meilleur des cas, on demande au pouvoir légal de faire des compromis, dans le pire on exige qu’il se démette. Manuel Valls, ancien premier ministre “socialiste”, dénonce la “dictature de Maduro”. Son homologue espagnol, Felipe Gonzalez, trouve scandaleux l’appel aux urnes, et il incrimine “le montage frauduleux de la Constituante”. Mouvement dirigé par la députée de la “France Insoumise” Clémentine Autain, “Ensemble” condamne le “caudillisme” du pouvoir chaviste. Eric Coquerel, également député de la FI et porte-parole du Parti de gauche, renvoie dos-à-dos les fauteurs de violence qui seraient à la manœuvre “des deux côtés”, tout en avouant ingénument qu’il n’a “pas envie de critiquer Maduro”.

 

 

- Entre 1973 et 2017, que s’est-il passé ?
Il y a un demi-siècle, la gauche française et européenne était généralement solidaire - au moins en parole - des progressistes et révolutionnaires des pays du Sud. Sans méconnaître les erreurs commises et les difficultés imprévues, elle ne tirait pas une balle dans le dos à ses camarades latino-américains. Elle ne distribuait pas les responsabilités entre les putschistes et leurs victimes en rendant une sorte de jugement de Salomon. Elle prenait parti, quitte à se tromper, et ne pratiquait pas, comme la gauche actuelle, l’autocensure trouillarde et la concession à l’adversaire en guise de défense. Elle ne disait pas : tout cela, c’est très vilain, et tout le monde a sa part de culpabilité dans ces violences regrettables. La gauche française et européenne des années 70 était sans doute naïve, mais elle n’avait pas peur de son ombre, et elle ne bêtifiait pas à tout bout de champ lorsqu’il s’agissait d’analyser une situation concrète. C’est incroyable, mais même les socialistes, comme Salvador Allende, pensaient qu’ils étaient socialistes au point d’y laisser leur peau.

 

 

- A voir l’ampleur du fossé qui nous sépare de cette époque, on est pris de vertige.
La crise vénézuélienne fournit un exemple commode de cette régression parce qu’elle se prête à une comparaison avec le Chili de 1973. Mais si l’on élargit le spectre de l’analyse, on voit bien que le délabrement idéologique est général, qu’il traverse les frontières. Lors de la libération d’Alep par l’armée nationale syrienne, en décembre 2016, les mêmes “progressistes” qui font la fine bouche devant les difficultés du chavisme ont fait chorus avec les médias détenus par l’oligarchie pour accuser Moscou et Damas des pires atrocités. Et la plupart des “partis de gauche” français (PS, PCF, PG, NPA, Ensemble, EELV) ont appelé à manifester devant l’ambassade de Russie, à Paris, pour protester contre le “massacre” des civils “pris en otage” dans la capitale économique du pays.


Bien sûr, cette indignation morale à sens unique occultait la véritable signification d’une “prise d’otages” qui eut lieu, en effet, mais par les milices islamistes, et non par les forces syriennes. On put le constater dès que les premiers couloirs d’évacuation furent mis en place par les autorités légales : les civils fuirent en masse vers la zone gouvernementale, parfois sous les balles de leurs gentils protecteurs en “casque blanc” qui jouaient au brancardier côté cour et au djihadiste côté jardin. Pour la “gauche”, le million de Syriens d’Alep-Ouest bombardés par les extrémistes customisés en “rebelles modérés” d’Alep-Est ne comptaient pas, la souveraineté de la Syrie non plus. La libération d’Alep restera dans les annales comme un tournant de la guerre par procuration menée contre la Syrie. Le destin aura aussi voulu, malheureusement, qu’elle signale un saut qualitatif dans l’avachissement cérébral de la gauche française.

 

 

- Syrie, Venezuela : ces deux exemples illustrent les ravages causés par l’indigence de l’analyse conjuguée à la couardise politique.

Tout se passe comme si les forces qui tenaient lieu de “forces vives” dans ce pays avaient été anesthésiées par on ne sait quel puissant sédatif. Parti des sphères de la “gauche de gouvernement”, le ralliement à la doxa diffusée par les médias dominants est général. Convertie au néo-libéralisme mondialisé, l’ancienne social-démocratie ne s’est pas contentée de tirer une balle dans le dos à ses ex-camarades des pays du Sud, elle s’est aussi tirée une balle dans le pied. Transformé en courant minoritaire - social-libéral - au sein d’une droite plus dévouée que jamais au capital, le PS s’est laissé cannibaliser par Macron, la savonnette à tout faire de l’oligarchie capitaliste euratlantique. Dans les années 70, même la droite française “libérale éclairée”, avec Giscard d’Estaing, était plus à gauche que le PS d’aujourd’hui, ce résidu vermoulu dont l’unique fonction est de distribuer les sinécures aux rescapés du hollandisme.

 

 

- La page de Solférino une fois tournée, on pouvait alors espérer que la “gauche radicale” prendrait le relais en soldant les comptes des errements passés.
Mais la “France insoumise”, malgré son succès électoral du 23 avril 2017, est un grand corps mou, sans colonne vertébrale. On y trouve des gens qui pensent que Maduro est un dictateur et d’autres qui pensent qu’il défend son peuple. Ceux qui dénoncent l’adhésion de la France à l’OTAN pleuraient à chaudes larmes sur le sort de ses mercenaires wahhabites à Alep. La main sur le cœur, on se proclame contre l’ingérence étrangère et l’arrogance néo-coloniale au Moyen-Orient, mais on veut “envoyer Assad devant la CPI”, ce tribunal d’exception réservé aux parias du nouvel ordre mondial. Le président syrien, nous dit-on, est un “criminel”, mais on compte quand même sur le sacrifice de ses soldats pour éliminer Daech et Al-Qaida. Ces contradictions seraient risibles, si elles ne témoignaient d’un délabrement plus profond, d’un véritable collapsus idéologique.

 

Elle a beau vouloir rompre avec la social-démocratie, cette gauche adhère à la vision occidentale du monde et à son droit-de-l’hommisme à géométrie variable. Sa vision des relations internationales est directement importée de la doxa pseudo-humaniste qui partage le monde en sympathiques démocraties (nos amis) et abominables dictatures (nos ennemis). Ethnocentrique, elle regarde de haut l’anti-impérialisme légué par les nationalismes révolutionnaires du Tiers Monde et le mouvement communiste international. Au lieu de se mettre à l’école d’Ho Chi-Minh, Lumumba, Mandela, Castro, Nasser, Che Guevara, Chavez et Morales, elle lit Marianne et regarde France 24. Elle croit qu’il y a des bons et des méchants, que les bons nous ressemblent et qu’il faut taper sur les méchants. Elle est indignée - ou gênée - lorsque le chef de la droite vénézuélienne, formé aux USA par les néo-conservateurs pour éliminer le chavisme, est mis sous les verrous pour avoir tenté un coup d’Etat. Mais elle est incapable d’expliquer les raisons de la crise économique et politique au Venezuela. Pour éviter les critiques, elle répugne à décrire comment la rupture des approvisionnements a été provoquée par une bourgeoisie importatrice qui trafique avec les dollars et organise la paralysie des réseaux de distribution en espérant saper la légitimité du président Maduro.

 

 

- Indifférente aux mouvements de fond, cette gauche se contente de participer à l’agitation de surface.

En proie à une sorte de divertissement pascalien qui la distrait de l’essentiel, elle ignore le poids des structures. A croire que pour elle, la politique n’est pas un champ de forces, mais un théâtre d’ombres. Elle prend parti pour les minorités opprimées à travers le monde en omettant de se demander pourquoi certaines sont visibles et d’autres non. Elle préfère les Kurdes syriens aux Syriens tout court parce qu’ils sont minoritaires, sans voir que cette préférence sert leur instrumentalisation par Washington qui en fait ses supplétifs et cautionne un démembrement de la Syrie conforme au projet néo-conservateur. Elle refuse de voir que le respect de la souveraineté des États n’est pas une question accessoire, qu’elle est la revendication majeure des peuples face aux prétentions hégémoniques d’un Occident vassalisé par Washington, et que l’idéologie des droits de l’homme et la défense des LGBT servent souvent de paravent à un interventionnisme occidental qui s’intéresse surtout aux hydrocarbures et aux richesses minières.

 

On pourra chercher longtemps, dans la production littéraire de cette gauche qui se veut radicale, des articles expliquant pourquoi à Cuba, malgré le blocus, le taux de mortalité infantile est inférieur à celui des USA, l’espérance de vie est celle d’un pays développé, l’alphabétisation est de 98% et il y a 48% de femmes à l’Assemblée du pouvoir populaire (merci à Salim Lamrani et à Flavien Ramonet, enfin, de l’avoir fait). On n’y lira jamais, non plus, pourquoi le Kérala, cet Etat de 33 millions d’habitants dirigé par les communistes et leurs alliés depuis les années 50, a l’indice de développement humain de loin le plus élevé de l’Union indienne, et pour quelle raison les femmes y jouent un rôle social et politique de premier plan. Car les expériences de développement autonome et de transformation sociale menées loin des projecteurs dans des contrées exotiques n’intéressent guère nos progressistes, fascinés par l’écume télévisuelle et les péripéties du barnum politicien.

 

 

- Et pendant ce temps là....
Dopée à la moraline, intoxiquée par le formalisme petit-bourgeois, la gauche boboïsée signe des pétitions, elle intente des procès et lance des anathèmes contre des chefs d’État qui ont la fâcheuse manie de défendre la souveraineté de leur pays. Ce manichéisme lui ôte la pénible tâche d’analyser chaque situation concrète et de regarder plus loin que le bout de son nez. Elle fait comme si le monde était un, homogène, traversé par les mêmes idées, comme si toutes les sociétés obéissaient aux mêmes principes anthropologiques, évoluaient selon les mêmes rythmes. Elle confond volontiers le droit des peuples à s’auto-déterminer et le devoir des États de se conformer aux réquisits d’un Occident qui s’érige en juge suprême. Elle fait penser à l’abolitionnisme européen du XIXème siècle, qui voulait supprimer l’esclavage chez les indigènes en y apportant les lumières de la civilisation au bout du fusil. La gauche devrait savoir que l’enfer de l’impérialisme aujourd’hui, comme du colonialisme hier, est toujours pavé de bonnes intentions. Lors de l’invasion occidentale de l’Afghanistan, en 2001, on n’a jamais lu autant d’articles, dans la presse progressiste, sur l’oppression des femmes afghanes et l’impératif moral de leur libération. Après quinze ans d’émancipation féminine au canon de 105, elles sont plus couvertes et illettrées que jamais.

 

Pour en savoir plus :

- Emmanuel Maurel : « Ce n’est pas un départ du PS, c’est une scission »

Une partie de la droite vénézuellienne en action
Une partie de la droite vénézuellienne en action
Une partie de la droite vénézuellienne en action

Une partie de la droite vénézuellienne en action

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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 15:42
9 septembre : rentrée politique des insoumis de Charente Maritime
Des insoumis en réunion préparatoire au 9 septembre
Des insoumis en réunion préparatoire au 9 septembre
Des insoumis en réunion préparatoire au 9 septembre
Des insoumis en réunion préparatoire au 9 septembre
Des insoumis en réunion préparatoire au 9 septembre

Des insoumis en réunion préparatoire au 9 septembre

La période politique qui s'est déroulée depuis les élections a été particulièrement porteuse d'annonces de mauvais coups pour la majorité de nos concitoyens.

 

Certains, comme la poursuite de la remise en cause de 100 ans de conquêtes sociales, ont été adoptés et ce malgré le travail remarquable de nos élus à l'Assemblée nationale notamment contre la loi travail et qui, en dépit de leur nombre limité, ont mis le gouvernement en difficulté sur ses projets.


C'est dans ce contexte que les insoumis de Charente Maritime ont décidé de faire du Samedi 9 septembre un temps politique fort, tremplin pour reprendre l'action politique de terrain permettant de rassembler les citoyens notamment à l'occasion des journées de lutte des 12 septembre et 23 septembre.

 

 

- Ce sera la rentrée politique des insoumis de la Charente Maritime

  • le lieu : Centre Richard 3 avenue de Gaulle, Tonnay-Charente 17 430
9 septembre : rentrée politique des insoumis de Charente Maritime

Elle se tiendra en deux temps :
- Le matin, de 11H à 13H l'instant des insoumis à huis-clos temps de discussion interne

- Ensuite ouverture au public : auberge espagnole à partir de 12H30 (invitez vos amis !)
  • avec à partir de 14H : Rencontre, débats, moments de convivialité...
  • Nous voulons aussi faire de l’après midi,  un moment de rencontre avec des acteurs associatifs.

 

- Pour s'inscrire à l'initiative du 9 septembre, c'est ICI

 

 

- Demandez le programme !

9 septembre : rentrée politique des insoumis de Charente Maritime
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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 20:34
FI – FN : deux conceptions diamétralement opposées du peuple
FI – FN : deux conceptions diamétralement opposées du peuple

Entre France insoumise et Front national, de solides divergences..... :

" Un populisme démocratique, soucieux l'amélioration de la gouvernance et respectueux des institutions républicaines,... ou un populisme réactionnaire consistant à monter les perdants de la crise contre ceux qui sont encore plus perdants ? [1] "

 

La lecture de la totalité de l’article montre que Diderot avait aussi une vision classiste du peuple.

Extrait :

"Il ne reste donc dans la masse du peuple que les ouvriers et les Laboureurs. Je contemple avec intérêt leur façon d’exister ; je trouve que cet ouvrier habite ou sous le chaume, ou dans quelque réduit que nos villes lui abandonnent, parce qu’on a besoin de sa force. Il se lève avec le soleil, &, sans regarder la fortune qui rit au-dessus de lui, il prend son habit de toutes les saisons, il fouille nos mines et nos carrières, il dessèche nos marais, il nettoie nos rue, il bâtit nos maisons, il fabrique nos meubles ; la faim arrive, tout lui est bon ; le jour finit, il se couche durement dans les bras de la fatigue.

 

Le laboureur, autre homme du peuple, est avant l’aurore tout occupé à ensemencer nos terres, à cultiver nos champs, à arroser nos jardins. Il souffre le chaud, le froid, la hauteur des grands, l’insolence des riches, le brigandage des traitants, le pillage des commis, le ravage même des bêtes fauves, qu’il n’ose écarter de ses moissons par respect pour les plaisirs des puissants. Il est sobre, juste, fidèle, religieux, sans considérer ce qui lui en reviendra. Lucas épouse Colette, parce qu’il l’aime ; Colette donne son lait à ses enfants, sans connaitre le prix de la fraicheur et du repos. Ils grandissent ces enfants, et Lucas ouvrant la terre devant eux, leur apprend à la cultiver. Il meurt, et leur laisse son champ à partager également ; si Lucas n’était pas un homme du peuple, il le laisserait tout entier à l’ainé. Tel est le portrait des hommes qui composent ce que nous appelons peuple, et qui forment toujours la partie la plus nombreuse et la plus nécessaire de la nation."

 

Sources : Le Parti de Gauche Midi-Pyrénées texte de base par Hervé Debonrivage modifié le 17 juin 2019

Avec l'élection de Macron, l’élection présidentielle de 2017 n'a pas permis à un peuple français fragmenté et démoralisé de se reconstruire en une République nouvelle au service de l’intérêt général.

Rien n'est réglé, bien au contraire.

 

 

- Nous vivons une crise globale

  • 1 – Une crise politique

Les élections de 2017 ont pris un caractère exceptionnel car après 40 ans d’alternance droite – gauche PS, la situation sociale et économique de notre pays n’est guère brillante et pour la première fois, il n’est pas assuré que nos enfants aient de meilleures conditions de vie que nous. Dans un pays considéré comme sixième puissance mondiale par son PIB, la précarité et le chômage touchent toutes les catégories sociales, les services publics, notamment dans la santé, se sont dégradés et dans le même temps les inégalités de revenus et de patrimoine battent des records historiques. Notre pays compte 9 millions de pauvres. Ainsi, les partis et la représentation politiques ont perdu leur crédibilité pour un nombre considérable de nos concitoyens. La social-démocratie européenne est en crise et le PS, qui a détruit la notion même de gauche et se trouve éclaté, écartelé, en est un des symptôme éloquent.

 

  • 2 – Une crise systémique du mode de production capitaliste.

Les politiques néolibérales successives arrivent à une impasse : il suffit de regarder la courbe et le tableau de croissance du PIB depuis 1950. Pour lisser les fluctuations annuelles, on peut calculer les moyennes par tranche de 10 ans. On constate une décroissance de la progression du PIB qui atteint maintenant un taux compris entre 0 et 2 %. Cela veut dire que le mode de production capitaliste qui a été pendant longtemps favorable au développement des forces productives ne l’est plus : il a perdu de son efficacité dans la production de richesses pour des raisons trop longues à expliquer ici. Ainsi, le mode de production capitaliste actuellement fortement financiarisé entre en contradiction avec le développement des forces productives nécessaires à la satisfaction des besoins diversifiés de la population. On assiste ainsi à une paupérisation de larges franges de la société. Un examen de l’histoire économique mondiale depuis les quatre derniers siècles nous indique alors que nous sommes dans une situation prérévolutionnaire.

 

Tel est le fondement de la crise économique, sociale et politique actuelle. Voilà pourquoi les partis traditionnels mettant en œuvre ces politiques économiques plus ou moins ultra–libérales ont perdu de leur crédibilité, sauf pour ceux évidemment qui en font un instrument d’enrichissement personnel ou un système de croyances.

 

  • 3 – La crise de l’État-nation comme matrice constitutive du peuple.

Ce n’est pas tout. Cette crise politique se traduit aussi par une crise de l’État-nation qui est le fondement de la cohérence nationale depuis la mise en place d’un pouvoir royal centralisé, le roi incarnant dans l’ancien régime la souveraineté du peuple. Avec la révolution française, l’État-nation prend son appui sur la République et la souveraineté devient plus abstraite avec la référence à l’intérêt général et à la volonté générale. Le libéral Bertrand De Jouvenel dans son ouvrage "Le Pouvoir" a bien expliqué cela .

 

- a) Crise de l’État

Mais cet État censé représenter l’intérêt général ou du moins arbitrer entre les intérêts privés des possédants et la puissance publique au service du peuple démuni se trouve de plus en plus privatisé. La notion d’homme d’État qui avait un sens pendant les 30 glorieuses (1945 – 1975) finit par se vider de son sens par la soumission de l’État aux intérêts des multinationales. La dette publique envers les puissances privées constitue "la chaîne d’or" de cette soumission selon l’expression de l’économiste Ernest Mandel. Les politiques de privatisation successives font que maintenant le patrimoine public ne représente que 2 % du patrimoine de la France. Par exemple, 95 % de nos rivières, trois quarts de nos forêts sont privés. Crise de l’État et de sa puissance donc.

 

- b) Crise de la Nation.

En même temps, on assiste à une crise de la Nation . Les institutions financières internationales, les institutions européennes remettent profondément en cause la souveraineté nationale et par leur caractère antidémocratique la souveraineté populaire. La mondialisation des échanges, la segmentation de la production d’un groupe industriel dans différents pays font éclater les cadres nationaux.

 

- c) Crise de la République.

Il en résulte une crise de la république elle-même, les intérêts privés dominant l’intérêt général : lobbying, corruption, paradis fiscaux en sont les éléments les plus spectaculaires. Cela s’accompagne d’une crise de la démocratie représentative.

 

 

- Le peuple fragmenté par la crise
Le peuple n’existe pas en soi : seule existe une population sur un territoire donné. Le peuple est une construction politique.

Ainsi la notion de peuple et du vivre ensemble qui reposait depuis longtemps sur l’État-nation républicain est en train de se désagréger sous nos yeux, mais pour le voir, encore faut-il qu’ils soient ouverts. Et la perte des repères républicains pour bon nombre de nos concitoyens devient une menace pour la démocratie. La crise de la politique actuelle dans ses dimensions institutionnelles ne se réduit donc pas simplement à une crise de la Ve République comme on l’entend souvent.

 

À ce délitement du contrat social s’ajoute une fragmentation socio-économique de la société en raison de la diversification et de la multiplication de nouveaux métiers, de l’hétérogénéité des conditions de vie et de travail dans les classes populaires, de la segmentation de production au niveau mondial et tout cela sur un fond de développement de la précarité, du chômage et de la pauvreté contrastant avec l’augmentation du nombre de grandes fortunes.

 

 

- Redéfinir le peuple.
Comment peut ou va se résoudre cette période de crise pré-révolutionnaire à court ou moyen terme ? Par une redéfinition du peuple puisque la matrice d’État-nation ne joue plus son rôle.

 

Se présente alors à la population française le choix suivant de reconstruction :

  • Soit par une révolution brune fondée sur un populisme de droite qui risque de déboucher sur une guerre civile : c’est le choix du FN et et de sa représentante Marine le Pen (MLP) ;
  • Soit par une révolution pacifique citoyenne fondée sur un populisme de gauche. C’est la voie proposée par le mouvement de la France insoumise représenté par Jean-Luc Mélenchon (JLM) auteur du livre "L’ère du peuple". Une telle révolution citoyenne nécessitera l’implication d’un grand nombre de nos concitoyens pour refonder le peuple dans une sixième république mettant en œuvre une assemblée constituante permettant de renouveler la quasi-totalité du personnel politique et de refonder les institutions.

 

La petite bourgeoisie et l’intelligentsia en perdition idéologique n’ont pas compris cette évidence : la neutralisation du populisme de droite ne peut se faire que par la mise en œuvre d’un « populisme » de gauche

 

 

-Mais le terme « populisme » est un mot fourre-tout et souvent péjoratif qu’il faut préciser.
Répétons-le : un peuple est une construction politique. On appellera donc ici " populisme " le processus de construction politique d’un peuple.

 

Mais, évidemment entre ces deux alternatives, il y a la poursuite et l'aggravation de la politique existante (avec quelques correctifs éventuels en fonction des rapports de forces) s’appuyant sur ce qui reste des appareils politiques traditionnels la soutenant directement ou pas (Le PS, L R...) mais surtout sur le mouvement "En marche" d’Emmanuel Macron financé et porté à bout de bras par un réseau important d’hommes d’affaires (voir l’article du Monde diplomatique sur Macron de mars 2017).

 

Une fois les élections passées, il n'en demeure pas moins vrai que jamais en France la probabilité pour qu’un parti d’extrême droite puisse accéder au pouvoir (à plus ou moins long terme) n’a été aussi grande (la politique de macron ne peut qu'accentuer le phénomène de rejet), ce qui explique la nécessité de clarifier la situation.

 

 

-Deux conceptions du peuple à l’ordre du jour.
Pour être plus précis, quelles sont ici les deux conceptions qui s’affrontent ? Deux conceptions antagoniques du Peuple. Un peuple, comme une tribu implique un Eux et un Nous.

 

On assiste actuellement à la confrontation entre des visions du peuple.

  • Pour Marine Le Pen et le FN, le Eux, ce sont les immigrés, les étrangers, les musulmans. Le Nous ce sont les Français de souche avec nos ancêtres les gaulois, les traditionalistes, les catholiques. Une telle vision est diabolique au sens étymologique (diable, du grec diabállô, celui qui divise) puisqu’elle introduit une division au sein de la population entre différentes catégories sociales en tentant de les opposer et cela peut aller jusqu’à la désignation d’ennemis intérieurs pouvant entraîner des "chasses aux sorcières". Cette conception s’appuie sur un terrain favorable : délitement des liens sociaux et une montée de l’individualisme, l’ affaiblissement des organisations syndicales, la diversification des conditions de travail et de vie des classes populaires et aussi, de manière conjoncturelle, sur la peur du terrorisme. Cet esprit de division s’applique aussi à l’absolutisation de la notion de nation placée en opposition avec d’autres : c’est le nationalisme. Celui-ci se nourrit des dégâts sociaux occasionnés par une politique économique néolibérale de l’union européenne . Les principes d’égalité et de fraternité sont alors écrasés par les notions d’identité et de repli sur soi, nourries la peur des autres.

 

Peuple et classes sociales pour l’extrême droite.

Pour l’extrême droite, comme l’ont bien montré différents sociologues , la division en classes sociales dominants/dominés est absente de leur représentation du monde. Pour elle, il n’y a pas les patrons d’un côté et les salariés de l’autre mais simplement "l’économie réelle" où collaborent les uns et les autres sans conflit fondamental d’intérêts. Mais cette conception est plus généralement celle de la droite. La terminologie "élite" pour le FN peut désigner tout à la fois technocrates, intellectuels, journalistes au service de "l’establishment".

 

  • Pour Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise, le Eux ce sont les capitalistes des grands groupes industriels et financiers (mais pas les entrepreneurs de PME, TPE, artisans, petits commerçants), les actionnaires fortunés les grandes fortunes. Le Nous ce sont d’abord les salariés, les classes populaires et les travailleurs indépendants dont les les petits entrepreneurs, les artistes, etc.

 

Peuple et classes sociales pour JL M.

On retrouve une conception d’origine marxiste ou issue de la révolution française (voir la notion de peuple chez Diderot en annexe ) : classe dominante et classe dominée mais corrigée et augmentée : l’exploitation de la force de travail par extraction directe de la plus-value n’étant plus le seul critère. Par subordination réelle, le sous-traitant d’un grand groupe industriel ou financier fait partie de la classe dominée.

 

La classe dominante comprend deux pôles : celui de la propriété et celui de l’organisation – compétence (le savoir) : experts en tous genres à très hauts salaires. Ces gestionnaires sont spécialisés et sont affectés dans les différents secteurs de la société : gestion du capital, gestion industrielle, socioculturelle et idéologique, gestion politique. La classe dominée est constituée des salariés du public et du privé et travailleurs indépendants dont les petites entreprises, professions libérales etc.. On n’introduit pas dans cette optique des divisions entre les salariés en les opposant : entre les salariés du public et les salariés du privé par exemple.

 

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon n’est rien d’autre qu’un socialiste jaurèsien toujours attaché à cette représentation d’une société divisée en 2 grandes classes qui se sont certes complexifiées mais d’intérêts toujours antagoniques. Ce qui est en cause, ce ne sont pas des capitalistes en particulier, des individus mais un système. La finance n’est pas un bouc émissaire comme le serait l’arabe, le fonctionnaire, l’immigré, etc pour un adepte du FN.

 

En revanche, comme dit plus haut, l’extrême droite n’a pas du tout cette vision " classiste ". En cas de remise en cause du fonctionnement capitaliste, elles ne voit les choses qu’en terme individuel de patrons voyous, de cliques d’affairistes associés en bandes de malfaiteurs pervertissant ainsi un capitalisme à visage humain, un bon capitalisme patriote… Cette manière de voir peut déboucher sur la théorie du complot et des boucs émissaires usuriers comme cela a été le cas avec le nazisme à l’antisémitisme nauséabond et meurtrier.

 

Ainsi pour les classes populaires, au-delà de la confrontation superficielle sur des programmes (d’autant plus que le FN ne se gène pas de pratiquer le copier-coller d’une partie du programme de ses adversaires de gauche. La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon en ont fait les frais en 2017 sans expliquer comment le financer), il y a confrontation entre deux conceptions du peuple.

 

 

-Une conception républicaine contre une conception ethno-nationaliste du peuple.
Il découle de ce qui a été dit précédemment, que le populisme de gauche de Jean-Luc Mélenchon valorise la solidarité entre les salariés par exemple, alors qu’un populisme de droite va au contraire mettre en exergue les différences diverses entre les salariés et voire leur couleur de peau et leur filiation génétique par le sang qui fait alors disparaître le droit du sol.

 

  • Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise défendent l’égalité des droits inscrit dans la déclaration des droits de l’homme alors que Marine Le Pen et le FN défendent la préférence nationale.
  • Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise s’opposent aux dispositions restreignant les libertés (à l’instar de la ligue des droits de l’homme ) comme comme la loi renseignement et le prolongement excessif de l’État d’urgence par exemple, alors que Marine Le Pen et le FN sont favorables à ces restrictions.

 

En bref, le populisme de gauche républicain de Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise défend les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et le droit du sol constitutifs de la république française alors que le populisme de droite de Marine Le Pen et le FN défend une conception nationale-étatiste ethnicisée

 

Fédérer le peuple autour des valeurs de la république, de l’écologie et du progrès social.

Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise n’ont pas une conception nationaliste des droits et de l’intérêt général. Ce "penser global " se déploie simultanément sur plusieurs axes :

  • celui des droits avec la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 héritière de celle de1789 ; l’ONU notamment pour le règlement des conflits, l’OIT pour le droit des travailleur au niveau mondial.
  • celui de la solidarité-fraternité avec la notion d’intérêt général humain dans la protection de l’écosystème global (couche d’ozone, enjeux climatiques, risque nucléaire…) et des écosystèmes locaux (biodiversité, pollution des villes,…)
  • celui de l’harmonie des échanges économiques entre les peuples avec la charte de La Havane reprise par le programme L’avenir en commun. Il s’agit de rompre avec un libre échange sauvage et de concevoir une économie ouverte régulée par une harmonisation fiscale, sociale et environnementale tout en protégeant les productions locales.

 

 

-Entre ces deux pôle populistes, une sphère politique en décomposition
Il est évident que les libéraux, comme Macron ou Bayrou et autres Républicains ne partagent pas non plus la vision classiste de la société de Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise. Il en est de même pour Cambadélis, Hamon et autres PS ou PRG, mais ils partagent un socle de valeurs commun : celui de la République et de la démocratie dans leurs principes..

 

Ce n’est pas le cas du FN. Ainsi, Valls est plus proche du FN que Macron car il a utilisé les mêmes techniques que l’extrême droite pour diviser les salariés, et on se rappelle aussi de sa chasse aux Roms…

 

Pour eux tous, les super riches, les patrons du CAC 40 font partie du peuple puisque pour eux il n’existe pas d’antagonisme irréductible de classes.

 

Macron est à l’image de la crise politique qui l'accompagne : prototype du technocrate arriviste et manipulateur, promu par Attali et Minc, il est soutenu par le monde de la finance. Toujours les mêmes recettes néolibérales dans la continuité aggravée de Hollande et Sarkozi. Pro-européen, l’application de ses recettes économiques conduira en réalité à l’explosion de l’union européenne. Des économistes comme Piketty et Généreux sont d’accord sur ce point.

 

Aux Etats-Unis nous avons récemment assisté à une confrontation Saunders/ Trump entre deux populismes mais les médias ont tout fait pour effacer Sanders et favoriser Clinton. Le résultat a été l’élection de Trump : le populiste de droite.

 

En France, les médias ont, lors de la campagne des élections présidentielles, tenté d'effacer, de caricaturer, d'écraser Jean-Luc Mélenchon en le prenant en étau par la promotion de Hamon et de Le Pen avec le surplomb écrasant de Macron, puis en tentant de le rallier en vain à Macron contre le Pen. Nous avons, cette fois ci, eu Macron.

 

La jonction des populismes n'est pas et ne sera pas à l'ordre du jour !

 

A nous d'œuvrer pour, lors des prochaines échéances électorales, faire triompher le populisme de gauche en rassemblant le peuple.

 

---------------------------

 

- Une troisième conception du populisme fait son apparition : c'est la version " macronienne " !

https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/nous-sommes-des-vrais-populistes-nous-sommes-avec-le-peuple-affirme-emmanuel-macron-devant-les-maires-de-france-1119251.html?fbclid=IwAR11qn1MqX6DDTFuQwM5V7FtbjFkmJGObLNP_48fSIj1oJ-5XW3Yss2Yb8M

https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/nous-sommes-des-vrais-populistes-nous-sommes-avec-le-peuple-affirme-emmanuel-macron-devant-les-maires-de-france-1119251.html?fbclid=IwAR11qn1MqX6DDTFuQwM5V7FtbjFkmJGObLNP_48fSIj1oJ-5XW3Yss2Yb8M

-Les AMFiS - Conférence - Théorie et pratique du populisme de gauche

Conférence du samedi 26 août aux AMFiS d'été de la France insoumise, animée par Manuel Bompard, avec Chantal Mouffe (professeure de philosophie politique) et François Ruffin (journaliste, député de la France insoumise).

Note :
[
1] Iñigo Errejón  (cofondateur et stratège de Podémos )  : « La plus grande réforme qui soit est celle de l'ordre »

 

Pour en savoir plus :

- La gauche et le peuple. Chantal Mouffe. La grande table du 28/03/2017. France culture

- Conférence de Jean-Luc Mélenchon et Chantal Mouffe intitulée "L’heure du peuple" Le 21/10/2016

- Débat entre Jean-Luc Mélenchon et Jacques Julliard. France Culture le 31/12/2011 Le peuple a-t-il toujours raison ?

- La fable du nationalisme de Mélenchon. On trouvera dans cet article quelques développements sur le concept de nation et de nationalisme.

- Construire un peuple de Chantal Mouffe. Editions du Cerf . (paru le 07/04/2017). 248 p . 19 €

- L’ère du peuple par Jean-Luc Mélenchon.. Éditions Pluriel. (Février 2016)

- LFI : de l’Avenir en commun à la reconstruction du Peuple.

- " Ce que l’extrême droite ne nous prendra pas " par Frédéric Lordon

- ' La démocratie a besoin de passion et de confrontation '

- La précarité pour tous : Racisme de l’intelligence par Pierre Bourdieu

- Principes pour une gauche populiste

- Entre France insoumise et Front national, de solides divergences

- Iñigo Errejón  (cofondateur et stratège de Podémos )  : « La plus grande réforme qui soit est celle de l'ordre »

- Thomas Guénolé : “ Les populiste s”, pour en finir avec les amalgames idiots

- Tous populistes !Un mot qui signifie « panique »

- Ralliement d'Andréa Kotarac au RN : non, il n'y a pas de “convergence des populismes”

- LE POPULISME EN 10 QUESTIONS

- Populisme de gauche : prendre le risque d’un avenir

- Le populisme un phénomène social plutôt que politique

FI – FN : deux conceptions diamétralement opposées du peuple
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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 09:27
Jean-Luc Mélenchon : Seul le cas par cas peut fonctionner.

Le << rassemblement de l'opposition de gauche >> ne peut pas avoir lieu avec des gens qui ont choisi de ne pas s'opposer.

 

Tirant le bilan de la cession parlementaire qui se termine, Jean-Luc Mélenchon revient notamment sur ce que certains souhaitent remettre sur la table : « l’union de l’opposition de gauche » ou qui voient au travers de la saisine du Conseil constitutionnel sur la loi travail, un " acte fondateur " pour la gauche.

 

Sources : Penser après l'hémicycle  par Jean-Luc Mélenchon

- La méthode des additions ponctuelles
Pendant cette session extraordinaire de l’Assemblée, nous avons été conduits à tester beaucoup de méthodes de combat politique. Certaines notamment que nous n’avions jamais pratiqué dans le passé. On connait notre refus absolu de tout retour à la tambouille mortifère du « rassemblement de la gauche ». Il s’est renforcé quand nous avons vu pour quelle réponse nous avons pris au mot le PS qui prétendait que devait se rassembler « l’opposition de gauche ». Nous avions dit : « il y a un ticket d’entrée, le vote contre la confiance au nouveau gouvernement d’Edouard Philippe ».

 

La réponse est venue en deux temps. D’abord cinq membres du groupe PS ont voté la confiance pour trois seulement qui ont voté contre et vingt-quatre autres se sont s’est abstenus. Ensuite, sans un mot d’argumentation, le secrétaire général du PS, Jean-Christophe Cambadélis, toujours en poste, a dénoncé mon « gauchisme autoritaire » et mon « populisme échevelé » en réponse à une question passe plat du « Monde » qui demandait si on pouvait « encore » parler avec moi quand on est socialiste. Le final est arrivé quand est venue l’heure de voter sur les ordonnances contre le code du travail. Quatorze députés PS ont voté contre mais la majorité du groupe, soit dix-huit députés, n’a pas participé au vote. En toute hypothèse, le « rassemblement de l’opposition de gauche » ne peut donc avoir lieu avec des gens qui ont choisi de ne pas s’opposer.

 

Ce tour d’horizon de « l’opposition de gauche » étant achevé, j’en viens à la tactique de combat adoptée à l’assemblée pour unir des efforts quand cela est possible. Car la ligne d’action reste de dénouer par l’action tout ce que les intrigues de Palais quelles qu’elles soient embrouillent et clouent au sol. Sans complexe et sans a priori passer à guet en s’appuyant sur chaque point de passage disponible.

 

 

- Seul le cas par cas peut fonctionner.
Nous l’avons testé avec un amendement pour faire « sauter le verrou de Bercy ». Nous avions vu qu’à une voix près, un amendement pour le faire avait été repoussé en commission après un épisode assez rocambolesque de trois votes confus, conclu par « assis/debout » d’anthologie. L’initiative fut donc prise de proposer à tous ceux qui le voudraient de déposer ensemble un amendement commun en séance plénière. Six groupes sur sept, c’est-à-dire tout le monde, de LR à FI en passant par le Modem, le PS et les communistes, tout le monde sauf « La République en Marche » se retrouva sur un amendement commun. Une conférence de presse commune a même eu lieu pour présenter l’initiative. C’est d’ailleurs pour effacer l’impression d’isolement total de la majorité que le président de séance se lança dans des manœuvres de présentation des amendements qui tourna à la foire d’empoigne généralisée. Mais l’expérience nous a parue efficace.

 

Nous l’avons donc renouvelée pour déposer un recours constitutionnel contre l’ordonnance sur la loi travail. En effet pour déposer un tel recours il faut disposer de soixante signatures de députés ou de sénateurs. Aucun de nos groupes ne les a. Et la somme des insoumis et des communistes ne réunit que trente-trois signatures. L’accord a pu se faire du PS à des autonomistes corses incluant les insoumis et les communistes.

 

En vain cherchera-t-on à en faire un accord « d’union de l’opposition de gauche ». Les raisons que j’ai évoquées suffisent pour comprendre pourquoi ce ne peut être le cas. Mais de même que nous signons avec LR pour « faire sauter le verrou de Bercy », nous signons avec le PS quand bien même la majorité de ses membres n’a pas voté contre l’ordonnance sur le code du travail. Telle est la méthode des « additions ponctuelles ». Elle n’a pas valeur d’accord politique global. Elle ne préjuge d’aucune suite. Elle existe pour un objet clairement délimité. Et conforme à notre programme.

 

Comme ce sont des étapes spectaculaires et significatives, je les cite. Mais il faut savoir que la même méthode a été appliquée à des dizaines d’amendements de LR ou du PS : nous les avons appuyés de nos votes quand ils étaient conformes à notre programme. La méthode des « additions ponctuelles » doit être lue pour ce qu’elle est : le refus des attitudes sectaires, la volonté de ne pas s’en tenir aux étiquettes pour avancer dans l’action que nous avons choisie. Et d’un autre côté, c’est le refus de donner des blancs-seings ou des amnisties à qui que ce soit. Et nous admettons évidemment qu’il en aille de même pour ceux qui sont ponctuellement nos alliés dans une bataille. Je veux dire qu’ils ne doivent se sentir lié à rien d’autres nous concernant quand ils agissent avec nous.

 

Pour en savoir plus :

- Saisine du Conseil constitutionnel sur la loi travail : Chassaigne (PCF) évoque "un acte fondateur" pour la gauche

- Réunis à Angers, les militants du Parti communiste français préparent la rentrée sociale, appellent à l’union et pourfendent Jean-Luc Mélenchon.

- « Universités d’été : Emmanuel Maurel, un socialiste chez les insoumis » – Le Point, samedi 26 août 2017

 

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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 18:27
Le verrou de Bercy toujours bloqué par la force politique du Capital

La soumission de " la République en marche "

Rejet de la suppression du verrou de Bercy : une occasion ratée de lutter contre la fraude fiscale !

 

Sources : ATTAC France  le 21 juillet 2017

Pour lutter réellement contre la fraude et l’évasion fiscales, Attac propose une série de mesures concrètes, parmi lesquelles la suppression du verrou de Bercy.

 

Le « verrou de Bercy » désigne le monopole du ministère du Budget sur les décisions de poursuites judiciaires pour fraude fiscale : en France, seul Bercy peut engager des poursuites pénales pour fraude fiscale, sur avis de la commission des infractions fiscales, qui filtre les dossiers de fraudeurs susceptibles d’être transmis à la justice. De ce fait, chaque année, seulement 2 % des infractions fiscales sont transmises à la justice, un ratio à faire pâlir d’envie tous les autres délinquant·e·s ! Il faudrait au contraire permettre à la justice et au fisc d’agir en toute indépendance par rapport au pouvoir politique. Faire sauter le « verrou de Bercy », c’est supprimer le monopole du ministre du Budget en matière d’ouverture de poursuites pénales et supprimer la commission des infractions pénales. Cette revendication a une portée symbolique forte. Elle est portée largement par la société civile.

 

Le Parlement a failli voter cette suppression. Le 11 juillet, le Sénat avait adopté – contre l’avis du gouvernement – un amendement demandant la suppression du verrou de Bercy. Mercredi 20 juillet les députés de la « République en marche ! » ont rétabli de justesse en commission des lois ce verrou (25 voix contre 24).

 

Plutôt que de chercher à économiser quelques milliards d’euros en gelant le point d’indice des fonctionnaires, en remettant en cause les APL ou en dégradant encore les services publics, le gouvernement ferait mieux de s’attaquer à l’évasion fiscale : rappelons qu’elle ampute chaque année les budgets publics de 60 à 80 milliards d’euros, soit l’équivalent du déficit public. Pourquoi le gouvernement ne donne-t-il pas la priorité à la lutte contre l’évasion fiscale ? Ne devrait-il pas renforcer les effectifs du fisc et de la justice, notoirement insuffisants pour lutter contre l’évasion fiscale ?

 

Attac se félicite que les débats parlementaires aient fait apparaître un large soutien à cette mesure (votée par des députés de la France insoumise, du Parti communiste, du Parti socialiste, du MoDem, du groupe Les Constructifs et de Les Républicains), qui n’a donc été rejetée que par la volonté du gouvernement suivie par la majorité LREM. Cela montre que les revendications que nous portons ne demandent qu’un peu de volonté politique.

 

Attac poursuivra dès la rentrée ses actions afin d’obtenir de nouvelles avancées concrètes dans la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.

 

ATTAC France

 

Pour en savoir plus :

- Quelques rappels sur l’évasion fiscale par Attac France

 

 

- Les députés de la France insoumise font feu de tout bois pour obtenir la suppression du " verrou de Bercy "

Le 25 juillet 2017 dans le cadre du débat sur le projet de loi pour redonner confiance dans la vie publique, les députés insoumis ont lancé le débat sur le verrou de Bercy. Un débat houleux dans lequel la ministre et la rapporteuse En Marche ont défendu ce verrou qui permet au ministre des Finances de bloquer une enquête sur des fraudeurs du fisc. Sont intervenus pour les insoumis : Alexis Corbière, Éric Coquerel,

Le verrou de Bercy toujours bloqué par la force politique du Capital
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25 juillet 2017 2 25 /07 /juillet /2017 13:33
« La France Insoumise » ni refuge ni donneuse de leçons. Une construction en devenir pour le peuple

Françis Parny nous livre son bilan au bout de Dix-huit mois « d’apprentissage » de la France insoumise. Treize ou quatorze de pratique en son sein. Sa réflexion a évoluée au cours de ces mois passés avec d’autres militant-e-s. Aujourd’hui il éprouve le besoin de dire où il en est, à titre individuel bien sûr, mais pleinement dans la France insoumise pour discuter de ce qu’elle est, de ce qu’elle doit rester et de l’objectif qu’elle se donne.

 

Sources : Le blog de Françis Parny par Françis Parny ex membre du CN du PCF

- Un mouvement se dessine autour de la France insoumise (FI).

Il est le fait de personnes qui, individuellement ou collectivement, veulent la rejoindre.

 

Beaucoup de socialistes ont rejoint la « Nouvelle gauche socialiste » à l’intérieur de la FI tout comme de nombreux et nombreuses communistes rejoignent l’association « communistes insoumis et insoumises » qui se créée au sein, toujours, de la FI. Le 26 juin dernier l’espace politique national du mouvement a accueilli la coopérative politique « écologie sociale ». Et le 13 juillet des dirigeants de l’organisation « Ensemble » ont rendu public un texte dans lequel ils annoncent leur souhait de rejoindre cet espace.

 

 

- Bienvenus !

C’est la reconnaissance du résultat obtenu par Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise. Le résultat c’est-à-dire 7 millions de personnes qui se sont prononcées principalement sur un programme, 7 millions de personnes conscientes de leur acte politique. Et c’est aussi, bien sûr, la reconnaissance que la FI va jouer un rôle important dans la recomposition politique à laquelle nous assistons.

 

Mais ce rassemblement nécessite une réflexion sur son organisation. La FI ne peut pas être le refuge de tous les gens de gauche et de l’écologie qui ont été déçus par leurs organisations et le positionnement de celles-ci dans la dernière période.

 

La France insoumise a déjà une histoire.

 

Un scrutin a validé la proposition politique et les formes nouvelles de celle-ci. Il s’agit d’en tirer les enseignements.

 

 

- La révolution à partir de la réalité concrète

Jean-Luc Mélenchon n’est pas entré en campagne sur un coup de tête. Pas plus qu’il aurait navigué a vue en fonction de ses humeurs. Il a annoncé, très tôt, la théorie révolutionnaire à laquelle il croyait. Il l’a écrit dans un livre « L’ère du peuple » revu dans une nouvelle édition publiée à nouveau en 2014. Sans théorie révolutionnaire pas de révolution.

 

Et la base de cette théorie part d’une analyse marxiste de la société. Une analyse concrète de la réalité concrète comme disait le philosophe, qui débouche sur le constat de dérives sans précédent à ce jour, de nos sociétés qui rendent impossible leurs poursuites sans catastrophes sociales, économiques et écologiques, sans mises en cause des valeurs humanistes de notre République.

 

Le discours prononcé par Jean-Luc Mélenchon au théâtre Déjazet le 15 février 2016 avait décrit le paysage dans lequel nous sommes : une financiarisation sans répit de notre économie, de notre société et du monde qui remet en cause notre écosystème et développe une géopolitique agressive à l’égard des peuples.

 

Et, pour celles et ceux qui en douterait, cette analyse débouchait sur des engagements s’inscrivant dans la lutte des classes : définanciariser l’économie et la société, mettre la main sur une bonne partie des richesses produites pour domestiquer la production et libérer la consommation afin de créer les conditions d’une vie digne, émancipatrice dans le respect du seul écosystème compatible avec ces objectifs.

 

Toutes les institutions de notre pays se sont mis au service de la doxa néolibérale, de ce « capitalisme absolutisé » comme le dénommait Jacques Rancière en réfléchissant au phénomène de nuits debout. Oui tous les partis dès lors que François Hollande obligeait le PS à la rejoindre. Et dès lors aucune voix ne voulait plus s’élever « à gauche » pour dénoncer ce néolibéralisme préférant se rallier aux faux fuyants de la dite politique d’austérité menée par Bruxelles qui n’en est que la conséquence.

 

Jean-Luc Mélenchon faisait remarquer, comme d’autres philosophes ou sociologues, combien cette domination idéologique sans partage, avait créé les conditions d’une « servitude volontaire » des gens à l’égard de ce système qui était arrivé à leur faire croire à la fois qu’ils pouvaient satisfaire leurs désirs dans un modèle consumériste qui passait son temps, à coup de publicité, à choisir pour eux ces désirs ; et en même temps que la performance dans la concurrence était le nec plus ultra de toute activité humaine.

 

Il ne s’agît nullement d’enfermer les personnes dans cette dépendance mais de mener la bataille idéologique afin de conforter celles qui refusent cette main « invisible » qui veut les guider et qui pressentent que ce refus constitue un acte d’insoumission nécessaire à leur liberté comme l’est celle d’un fils à l’égard de son père.

 

Oui insoumis. Et voici un mot qui va à la rencontre du désir des gens.

 

 

- Fédérer le peuple

Cette réflexion « grand angle » dans laquelle je m’excuse d’avoir sans doute résumé les idées qu’elle porte, avec le risque de ne pas en rendre compte telles qu’elles le méritent, nous éloigne-t-elle des questions de l’organisation aujourd’hui et demain de la France insoumise ?

 

Je ne le crois pas, car « fédérer le peuple » et non pas rassembler la gauche, refuser le populisme ou réfléchir à son contenu, mettre les gens en action, compter sur la décentralisation de l’initiative sans intermédiaires sont autant de choix qui « fondent » la France insoumise.

 

Par exemple ce fût une campagne pour fédérer le peuple et non pour rassembler la gauche.

 

Certains objectent que peut-être les deux ne sont pas contradictoires ? Mais la vie a tranché, le peuple sait sur quoi débouche le rassemblement de la gauche : sur François Hollande et le néo libéralisme dont son successeur va développer la logique terrifiante. Toute initiative qui se serait adressée à la gauche aurait désavoué l’engagement de faire autrement.

 

Si nous sommes aujourd’hui dans l’ère du peuple ce n’est pas par décret de qui que ce soit, c’est le résultat de la déroute des partis. Droite et gauche, car Macron procède aussi de cette déroute.

 

Et cet effacement des partis supposait l’émergence d’une alternative sans laquelle l’abstention se serait encore développée. Il fallait faire une proposition politique au peuple de France, et dans cette 5ème république, oui, elle devenait possible par les excès même de la place que prend cette élection présidentielle.

 

Il ne s’agit pas d’égo, on se comprend bien, pas de solo non plus - encore que le solo donne au jazz le sel de l’invention qui en fait toute notre joie - il s’agit de l’utilisation de cette institution, notre république à ce jour, pour la retourner contre elle-même et mettre le peuple au centre du débat. Et c’est ce qui s’est passé, pendant quinze mois ; sans pause ; inlassablement ; expliquer le monde que nous proposions : alternatif à celui qui nous écrase ; redonner de l’espoir.

 

C’est le peuple qui a détruit l’autre voie, celle du rassemblement de la gauche, celle des primaires, celle du rassemblement des candidats de gauche à la présidentielle. Et ce choix a été la conséquence de l’expérience car tous ces rassemblements ont échoués par le passé et ce sont terminés dans le maintien du système.

 

Et les promoteurs des alliances « les plus larges » n’ont jamais imaginé la décision qui aurait pu conduire Jean-Luc Mélenchon au deuxième tour, éliminant l’hypothèque Le Pen et gagnant l’élection. Où sont les égos déplacés, incapables de s’effacer devant l’intérêt général ?

 

 

- Un peuple dans l’espoir

Oui un homme a incarné l’espoir. Et alors ?

La grande délibération nationale que constitue cette élection a eu le dernier mot. C’est le peuple qui a choisi.

 

Un choix en pleine conscience. Quel plaisir nous avions d’aller au-devant des citoyens et citoyennes pour leur proposer « L’avenir en commun » et de les entendre nous énumérer toutes les propositions principales qu’il contient avant même de l’ouvrir : la sixième république, une nouvelle répartition des richesses, la transition écologique, l’économie de la mer, l’indépendance de notre pays pour une politique de paix, une république ouverte à toutes et tous… etc…

 

Et ce peuple a repris confiance en lui, il a acquis sans doute l’espoir que demain personne ne peut plus tenir la main de personne et que cet acte d’insoumission génère pour chacun et chacune, l’avènement d’une conscience individuelle engagée dans un projet commun sans intermédiaires.

 

Tout cela ne peut pas se mettre entre parenthèse jusqu’à la prochaine échéance. Et la forme d’organisation que va se donner La France insoumise est sans doute décisive pour développer une « révolution citoyenne permanente ».

 

 

- Un mouvement pas un parti

C’est pourquoi l’espace politique de la France insoumises ne peut ressembler progressivement à un front gauche rénové, complété, mais toujours caractérisé comme un cartel d’organisation.

 

Il ne s’agit pas de faire des procès d’intention a toutes celles et tous ceux que nous accueillons avec plaisir. Un espace politique national rassemblant tous ces courants d’idées c’est bien. C’est un gage de pluralisme et d’enrichissement de la pensée collective. A l’image de notre groupe à l’Assemblée Nationale.

 

Mais cela ne peut être « la » forme d’organisation principale. Imaginez, à chaque échelon territorial la reproduction de tels cartels à l’intérieur de la FI, dans les communes, les départements, les régions, avec une préparation des municipales où chacun comptera le niveau de sa présence. Ce serait l’enfer dont nous sortons !

 

La démarche suivie par ces différents groupes est critique sans doute de l’expérience que les personnes qui les composent, ont vécus dans leur organisation. Mais leur réaction est tout naturellement de penser que leur apport spécifique d’écologiste, de communiste, d’anti capitaliste… est indispensable à la force de la FI et qu’ils sont les porteurs de cette spécificité.

 

Un tel raisonnement pousse à la quantification de chaque composante.

Justement le contraire de ce que doit être un mouvement où les enjeux de pouvoir doivent être réduit au maximum.

 

 

- Délibération et action

Alors quelle France insoumise voulons nous ?

Pas un parti mais un mouvement, disons-nous. Ça veut dire quoi ?

Il faut revenir à notre boussole : quelle forme pouvons-nous donner à notre mouvement pour que le peuple prenne ses affaires en main.

 

Il faut des lieux de délibération collective auxquels participent toutes les composantes du mouvement. L’espace politique national est un de ces lieux. Sa réflexion doit permettre de vérifier que les décisions, les actions, les bilans que nous tirons de nos activités sont conformes à nos objectifs. Cela ne se juge pas sur chaque décision mais d’un point de vue global sur l’ensemble de notre activité dans une période donnée.

 

La confiance doit prévaloir dans un mouvement. Cela n’exclue pas le contrôle, mais il peut se faire à postériori.

 

Et le plus grand nombre des insoumis et des insoumises doivent participer à ces délibérations et ces moments de recul sur notre activité. Notamment avec celles et ceux qui ne veulent pas être dans un groupe politique de la FI.

 

Cela nécessite des rencontres nationales régulières comme l’ont été dans la campagne présidentielle, le rassemblement de Lille sur le programme, ou celui de Villejuif pour le lancement de la campagne législative. Un nouveau rassemblement se fera avant la fin de l’année pour réunir deux à trois mille membres de la FI.

 

Nos décisions doivent être prises en fonction de ces délibérations collectives. Mais elles ne le seront pas à la suite d’un vote majoritaire dans je ne sais quel nouveau comité directeur. Elles doivent porter sur l’actualité du moment comme sur les objectifs à moyen et long terme de la FI.

 

Elles seront portées par la personnalité qui dans la campagne présidentielle l’a fait sans être contestée. Porté également à l’assemblée nationale par un groupe qui ne cesse d’affirmer sa richesse collective.

 

Toutes ces décisions – aujourd’hui - doivent s’inscrire dans la volonté tenace, opiniâtre, de combattre ce pouvoir et tournées vers les actions les plus large possible. Mais elles doivent aussi s’appuyer sur notre patrimoine programmatique « l’avenir en commun » dans un processus d’éducation populaire qui le fera devenir largement majoritaire.

 

Nous n’avons pas la vue courte et partisane. Ce n’est pas à l’horizon de trois ans ou de cinq que nous combattons. Il faut être dans l’action qui rassemble le plus largement possible pour conforter chacune et chacun dans son choix que l’avenir dépend de chacun et chacune d’entre eux.

 

Ainsi en est-il de la récente proposition d’une grande manifestation à la bastille le 23 septembre contre le coup d’état social.

 

 

- Et voilà nos détracteurs habituels de nouveau au front !

Et bien non, pas plus que sa candidature aux présidentielles cette décision est une décision solitaire de Jean-Luc Mélenchon. Encore moins maintenant. 500 000 personnes peuvent réagir et valider ou pas cette proposition et les autres qui viendront.

 

Mais comme pour la présidentielle nous n’attendrons pas la mise en place de cartels d’organisations dont le rassemblement est toujours soumis à la négociation sans fin du niveau de revendication qu’il faut exprimer.

 

Nous respectons les syndicats et leurs actions, nous soutenons celles-ci, mais que tout le monde prenne les initiatives de la France insoumise comme s’ajoutant aux autres avec la volonté de s’adresser au peuple tout entier.

 

Ce rapport direct au peuple nécessite qu’aucun intermédiaire n’existe entre la structure nationale de la FI et toutes ses organisations locales.

 

Pas d’empilage d’échelons territoriaux qui sont le fait des partis et qui sont le lieu d’enjeux de pouvoir loin des préoccupations d’intérêt général. Les groupes locaux peuvent très bien se concerter s’ils estiment nécessaire une réflexion ou une action plus large. Cela s’appelle la coopération.

 

- Nos idées en commun

Il y a une démarche de tous ces « groupes » que nous comprenons bien parce que nous-mêmes, communistes insoumis, nous l’avons exprimée.

 

Ils veulent entrer dans l’espace politique de la FI comme porteur, à juste titre, d’idées spécifiques telles que l’écologie, l’anticapitalisme, le socialisme, le communisme, le féminisme ou l’altermondialisme.

 

Mais n’y-a-t-il pas quelque chose qui unit toutes ces orientations ?

 

Il n’y a pas d’écologie qui ne soit anticapitaliste, pas de communisme non plus, et l’éco socialisme mis en place par le parti de gauche constitue elle-même une doctrine clairement anticapitaliste. Bref ce qui nous unit c’est l’anticapitalisme.

 

Nous n’avons pas peur de nommer le monde dont nous ne voulons pas. Et nous disposons avec « L’avenir en commun » d’un projet alternatif, améliorable sans doute, qui nous unit.

 

Et nos « groupes » sont-ils dépositaires des idées spécifiques dont ils se réclament ? Toutes ces idées sont déjà présentes dans la FI par les centaines de milliers de personnes qui constituent ce mouvement.

 

Alors pourquoi nous-mêmes avons-nous constitué un tel groupe : « l’association des communistes insoumis et insoumises ».

 

Parce que ces groupes peuvent être des lieux de transition fraternelle pour celles et ceux qui hésitent à faire le pas.

 

Nous pouvons témoigner, nous communistes insoumis, que notre présence depuis des mois à l’intérieur de la France insoumise est non seulement reconnue mais toujours plus importante selon le degré d’engagement de notre part au service de ce collectif.

 

C’est pourquoi nous proposons dans nos statuts que notre association rassemble celles et ceux qui se réclament des idées communistes et qui, indissociablement, s’engagent tout de suite dans la FI, dans ses actions, dans ses réflexions.

 

 

- Pas de spectateurs, des acteurs en mouvement.

Je crois pour ma part, que les groupes constitués dans l’espace politique existeront de façon transitoire. Ils sont appelés à disparaître. La condition étant que le mouvement soit suffisamment fort pour que chacun y reconnaisse les idées qu’il porte.

 

Et puis ces groupes ne peuvent représenter ceux qui sont sans partis et qui sont sans doute immensément majoritaire dans les 500 000. Ceux-là, celles-là, ne veulent pas passer par le tamis de partis. Ils veulent porter eux-mêmes leurs ambitions et leur « représentation » dans les moments de délibération comme dans l’action et cela est indispensable pour le mouvement. J’ai déjà évoqué que cela passe, pour moi, par des assemblées, au plan national, réunissant des milliers d’insoumises et d’insoumis.

 

 

- Le populisme, l’extrême droite

La campagne présidentielle a également été marquée par un débat - qui n’a pas bien été approfondi - sur le populisme.

 

Puisque le peuple voulait « dégager » les partis il était nécessaire qu’une autre proposition lui soit faite. Et, comme nous l’avons déjà dit, dans la 5ème république c’est un homme candidat ou une femme candidate qui peut le faire. Le peuple « prend » ou il ne prend pas. Ou bien il se laisse berner par le chantage au renoncement de son choix le plus profond pour cause de vote utile. Mais s’il est séduit, une espérance collective peut naître. Un peuple politique peut se construire pour le meilleur et non pour le pire.

 

Marine Le Pen s’est adressée directement au peuple, on l’a dite populiste. Et donc tous les populismes seraient à rejeter. Le populisme serait « nécessairement » de droite.

 

Mais alors tout d’abord, mettons-nous d’accord : le FN est-il une organisation fasciste ou un parti populiste d’extrême droite ?

 

Que madame Le Pen aie fait 21% au lieu des 27% annoncés dans les premiers sondages de la campagne n’est pas le résultat de la démobilisation de son électorat. Une partie de ses électeurs ont trouvé un vote de contestation du système dans la personne de Jean-Luc Mélenchon et du programme qu’il portait qu’ils ont trouvé plus positif.

 

Jean-Luc Mélenchon a permis une mobilisation plus grande dans les quartiers populaires mais aussi de regagner dans le monde ouvrier et salarié en général, des voix sur Mme Le Pen, même si celle-ci est restée en tête parmi les ouvriers. L’anti système du FN ne fonctionne que si les autres partis confirment dans leurs pratiques ce système.

 

S’ils le dénoncent clairement ils ouvrent une autre voie aux votes de mécontentements. On s’est moqué du populisme de gauche sans examiner son contenu réel.

 

Et le comportement habituel de « la gauche » est une nouvelle fois apparu sous forme d’appel au « rassemblement le plus large » pour rejeter « la menace fasciste » que représenterai le FN contribuant ainsi à la légende du vote utile.

 

D’abord je n’ai jamais trouvé remarque plus convaincante que celle d’Edgard Morin à ce propos. Il disait qu’il ne sert à rien face à l’extrême droite, de se rassembler pour crier « No passaran ! » et que la seule solution c’est, « tout simplement », de proposer une autre voie.

 

Le FN est-il aujourd’hui un parti fasciste ? Ceux qui ont essayé au travers de cette assertion de le faire reculer n’y sont pas arrivé. N’est-ce pas la preuve que ce terme ne traduit pas la menace bien réelle que représente ce parti ?

 

Le FN déploie sa xénophobie dans le cadre d’un populisme de droite qui se développe dans de nombreux pays proches de nous et le plus souvent, par rejet de l’Europe libérale.

 

Alors il y a bien un populisme de droite porté par le FN. Il s’adresse aux pulsions les plus obscures et les moins « sociables » d’une partie de la population : il prône la haine de « l’autre », le repli sur soi dans la concurrence, le repli de la France sur elle-même. Il tient un discours sur l’Europe aujourd’hui non stabilisé car son discours n’est conduit par aucune conviction profonde mais seulement par la perception de sa rentabilité électorale. Tout cela porte un nom : la démagogie.

 

Quand Jean-Luc Mélenchon s’adresse au peuple il n’y a jamais aucune démagogie dans ses propos. Il tient un discours exigeant qui s’adresse à la raison et au cœur et qui trace cette « autre voie » dont parle Edgard Morin. S’il y a populisme – et pourquoi pas - le contenu des propos lui donne une autre nature.

 

Le front populaire en 36 s’est fait d’ailleurs à la fois contre le fascisme et pour un programme social sans précédent. La tâche du jour est de réaliser un front populaire pour une alternative à cette société capitaliste, pour prendre le pouvoir et le rendre au peuple.

 

 

- « Majorité politique ? »

Cette conquête du pouvoir dépend-elle d’un « majorité politique » ou d’une majorité populaire ? Là encore j’entends qu’il faudrait les deux ?

 

Si majorité politique veut dire rassemblement d’organisations qui se « mettent d’accord » sur un programme de gouvernement pour demander au peuple de leur faire confiance, alors je ne vois pas en quoi cela serait différent de ce qui était proposé avant 2017 et qui a été rejeté par le peuple.

 

Le « forum » est le lieu où se décide la gestion de la cité. C’est l’acte politique le plus fort du peuple. C’est seulement ensuite que l’on désigne celles et ceux qui auront la tâche de gouverner.

 

D’ailleurs si nous voulons changer de République c’est aussi pour revenir à un régime parlementaire dans lequel les choix de majorité se feront après le choix du peuple.

 

L’opposition à la politique de Mr Macron et la construction de son alternative n’ont pas besoin de préalables. Si nous pensons que les « cartels » ont démontré leur inefficacité dans la vie publique, il n’y a pas de raison d’en faire un modèle à l’intérieur de la FI.

 

Nous pensons que la prise de pouvoir se construit dans l’action populaire et le rôle que la France insoumise entend bien y jouer avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent, fort de leurs diversités.

 

L’opposition au « monde » que défend le président Macron existe, elle se fait entendre à l’assemblée nationale. Bien sûr toutes les forces, toutes les contributions qui vont dans le même sens sont les bienvenues.

 

Mais ne laissons pas croire que l’enthousiasme du peuple dépend d’une « alliance la plus large possible » d’organisations diverses ; c’est le rassemblement le plus large qui sera produit par l’enthousiasme du peuple.

 

 

- Le critère de l’action

L’opposition au gouvernement Macron se construit à la fois dans la rue, à l’assemblée nationale et par les actions concrètes d’élus-e-s et de pratiques renouvelé-e-s.

 

Notre groupe à l’assemblée en donne une première forme intéressante. Les députés FI parlent au nom du peuple. Certains par leur origine en témoignent plus que d’autres mais toutes et tous, par leur parlé et le contenu de leurs interventions, « sont » le peuple. Femmes et hommes. Même les médias doivent le reconnaître.

 

Et ces députés ne sont pas dans un rapport de clientèle avec celles et ceux qui les ont élus. Ils parlent à l’assemblée et vont ensuite là où il y a des luttes. A « Notre dame des landes » ce ne sont pas des députées FI du 44 qui y sont allés, comme à la place de la République, comme partout où le peuple se mobilise. Ils ne préparent pas leur réélection, ils se mettent au service du peuple. Ils iront aussi là où ils et elles ont été élus, bien sûr. Ils seront présents partout où c’est nécessaire et les électeurs et électrices qui les ont élus leur seront gré d’une telle attitude.

 

 

- La présence dans la société

Cette présence doit se faire dans des formes renouvelées. Il ne s’agît pas d’être « moderne » mais de prendre en compte que les conditions mêmes du combat changent et vont continuer de changer.

 

La société française se délite sous les coups de boutoirs de la finance et de ses représentants. Mr Macron va aggraver cette situation. En particulier l’intervention publique se réduit comme peau de chagrin. Le peuple attendra-t-il la disparition complète de cette intervention ou bien n’est-il pas déjà en train de rechercher des formes nouvelles d’organisation sociale qui se substituent à « rien » ?

 

La question se pose dans les entreprises comme dans les quartiers ou dans les campagnes. Les actions pour la reprise d’une entreprise, pour la défense ou la création d’une petite exploitation agricole, pour le maintien ou le remplacement d’un service public de proximité, toutes ces actions et d’autres qui s’imaginent dans les nouvelles pratiques sociales ne peuvent être l’objet d’un combat victorieux sans imposer des choix nouveaux de gestion débarrassés de la financiarisation de toute action d’intérêt général. C’est un champ d’expérimentation pas complètement nouveau mais qui va s’amplifier et l’efficacité des actions entreprises n’est pas gagnée d’avance.

 

Constatons que de telles luttes sont au cœur de notre programme.

 

N’oublions pas non plus la solidarité à l’égard des « minorités » de toute nature et des plus démunis, qui sont le critère de l’humanité d’un projet de société social, écologique et culturel.

 

L’utilisation du crowdfunding est intéressante car elle est utilisée par de simples citoyens et citoyennes dans des domaines très divers pour subvertir l’incapacité publique à servir des projets d’intérêt général. Il peut s’agir de l’organisation de circuit court de distribution qui combattent la malbouffe et la cherté de la vie ; de la réalisation de jardins vivriers en zone urbaine ou pas ; de la concrétisation de projets artistiques de compagnies ou artistes divers, las de tendre leur sébile aux princes indomptables … etc…

 

Toutes ces formes d’action solidaires, nouvelles, s’ajoutent bien sûr et ne s’opposent pas à celles plus anciennes du mouvement associatif.

 

La présence au cœur de tous ces rassemblements ouvriers, paysans et populaires est sans doute le défi de l’action des insoumis et des insoumises. Il ne s’agît pas de tenir la main à qui que ce soit, bien sûr, mais d’être présent dans toutes leurs luttes et dans toutes ces expérimentations d’auto organisation sociale.

 

Et si nous pouvions tous écouter en direct les débats de l’assemblée nationale nous y constaterions l’opiniâtreté avec laquelle les député-e-s de la FI relaient et la souffrance sociale, et les luttes, et les espoirs de toutes les composantes de notre peuple. Notre honneur et notre fierté.

 

Vivement notre propre chaine d’information.

 

Pour en savoir plus :

- Francis PARNY : NOUS CREONS « LES COMMUNISTES INSOUMIS & INSOUMISES »

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24 juillet 2017 1 24 /07 /juillet /2017 08:31
J.L. M. : À propos du mouvement « La France Insoumise »

Sources : Site de la France Insoumise par Jean-Luc Mélenchon le 10 juillet 2017

- Je voudrais donner des nouvelles du développement du mouvement « la France Insoumise ».

On me pose en effet beaucoup de questions sur ce sujet. Il est vrai que l’incroyable surcharge de travail et de nouveautés qui a succédé immédiatement à la campagne électorale des élections législatives ne nous a guère laissé le temps d’en traiter. J’ai dû réagir au débotté parfois. En effet j’ai dû constater des tentatives de création sauvage de structures collectives par secteur d’activité telle que « jeunesse », « syndicalistes », « élections sénatoriales », etc. Il s’agissait à l’évidence de tentatives d’appropriation du mouvement et de son label. Elles n’ont aucune légitimité, aucun accord de ma part ni de celle d’aucun des membres de l’équipe nationale qui a animé le mouvement jusqu’à ce jour.

 

 

- Une situation particulière existe concernant les élections municipales 2020.

Je dois dire que je me suis aussi inquiété de la propension constatée dans de nombreux endroits à passer directement de l’élection législative à la préparation des élections municipales. Il me parait très discutable d’enjamber trois ans de combats concrets contre la politique d’un gouvernement spécialement féroce en réduisant la perspective politique a une élection dans trois ans, en supposant que sa date ne soit pas déplacée. Pour autant, je crois cependant que la préoccupation est légitime ! Elle peut donner lieu à des activités de terrain extrêmement fécondes. Ce point-là ne fait pas de doute dans mon esprit. Mais c’est mon devoir de prendre toutes les dispositions possibles pour éviter là encore une appropriation qui conduirait inévitablement à un rétrécissement du mouvement autour de ceux qui se sentiraient d’ores et déjà investis d’une responsabilité de candidat. J’ai trop vu dégénérer de grands élans en petits marigots et chefferies locales pour ne pas me sentir aujourd’hui en devoir de nous en prémunir.

 

Une fois ceci posé, il va de soi qu’il y a une façon de préparer les municipales qui est conforme à l’esprit dans lequel « La France insoumise » a été constituée et a remporté ses succès électoraux. Cette façon de faire, c’est celle qu’avait illustrée Danielle Simonnet et ses équipes à Paris. Elle consiste à investir les mobilisations locales qui ont une signification d’intérêt général. Le travail des volontaires de la France insoumise est alors double. Il s’agit d’une part d’apporter de l’aide à ces mobilisations et d’autre part d’en rendre visible la signification politique implicite. Encore une fois, il ne s’agit pas de « récupérer » un mouvement, ou d’essayer stupidement de lui apposer notre étiquette. C’est le contraire. Il s’agit de conforter son indépendance, son autonomie, sa dynamique propre parce que c’est de cette façon qu’il peut être le plus « contagieux ».

 

J’ai connu par exemple une mobilisation contre l’installation d’une supérette dans un quartier qui en comptait déjà plusieurs. Ou bien des batailles pour la création de régies municipales de l’eau, ou bien pour l’ouverture d’un bureau de poste, la création d’un arrêt sur une ligne de bus, la rénovation d’une école et ainsi de suite. Toutes ces luttes avaient évidemment un ancrage que l’on peut même qualifier de « micro local ». Mais chaque fois, elles comportaient des enseignements d’ample portée. Elles contiennent donc un potentiel de politisation des consciences extrêmement ample. Il y a fort longtemps déjà qu’à mes yeux, dans le cadre de la vision de la société que porte mon livre L’Ère du peuple, les luttes urbaines, dans leur champ particulier, et pour les populations en dehors des lieux de travail, sont comparables aux luttes syndicales. Elles contiennent le plus souvent et spontanément des contenus anticapitalistes, écologistes et d’approfondissement démocratique. Elles ont une autre vertu. Elles créent des liens entre tous ceux qui s’y impliquent, quelles que soient leurs opinions et leur situation. Des lors, elles construisent un sentiment d’identité collective et des solidarités qui en font une véritable école de cette fameuse « auto-construction du peuple » comme sujet politique. En ce sens, elles sont tout à fait centrales et déterminantes pour le sens même de notre projet politique.

 

Je crois donc en effet que, dès la rentrée de septembre-octobre, il faudra proposer une réflexion, une méthode, un mode d’emploi sur le thème. On peut d’ores et déjà en préfigurer le schéma général. D’une part, il s’agira avant tout de s’impliquer dans toutes les luttes locales existantes. Puis, bien sûr, de mettre en place un processus collectif de production d’un programme local de gestion alternative. Il va de soi sur ce point que la démarche s’inscrit dans la longue durée. Enfin, il faudra innover radicalement en s’impliquant et en proposant toutes sortes de mesures d’auto-organisation de la population. Elles préfigurent en effet les « communes populaires » du type de celles qui ont toujours émergé dans l’histoire profonde de notre pays chaque fois que l’État s’est montré défaillant. Et c’est peu dire qu’il l’est aujourd’hui puisqu’il a pratiquement disparu d’amples zones du territoire, laissant en panne tous les réseaux pourtant essentiels à l’existence de la population.

 

Cette étape de notre travail commun viendra en son temps. Il va de soi qu’il ne saurait être question de procéder de quelque manière que ce soit à des investitures de candidature. La priorité reste à l’action, c’est-à-dire à ce qui peut nous rassembler sans compétition de personne ni bataille de pouvoir.

 

À mes yeux, la légitimité à représenter « La France insoumise » ne peut venir d’autres choses que de son rôle dans l’action et à son service. Pour les élections législatives, nous nous sommes efforcés partout d’investir des femmes et des hommes qui symbolisaient un parcours d’engagement personnel. Le résultat est sous nos yeux : le groupe parlementaire de la France insoumise est composé de militants qui ont une expérience du traitement de dossiers très divers, de la prise de parole, et du maniement d’une pensée globale. Même nos « spécialistes » sont aussi tous des généralistes. Le contraste absolu que vous pouvez observer entre nos députés « professionnels » dès leur arrivée et l’amateurisme sidéré des élus de « La République en marche » ne doit rien à la qualité des personnes. Sur ce plan, toutes se valent. La différence, c’est le niveau et le degré de politisation et d’implication dans la vie citoyenne avant l’élection. Il me semble que le moment venu, pour nous, le critère de sélection des candidats se devra encore être celui-là.

 

Dans ces conditions, tout le processus qui nous conduira dans ces élections doit rester aussi longtemps que possible ouvert à tout ce que la vie fera surgir de luttes, de combattants et ainsi de suite. Naturellement, on pourra envisager bientôt la mise en place de cadres d’action pour réaliser ce travail, et même de « référents » pour les coordonner. Mais ni ces cadres ni ces personnes ne sauraient résumer toute l’existence de « La France insoumise ». Et ils n’impliqueront aucun droit lié à l’ancienneté. Le mieux sans doute sera que l’on constitue un groupe de travail national sur ce sujet comme nous l’avons fait pour les élections législatives.

 

 

- Le calendrier de notre mouvement ne peut se limiter à des prévisions électorales.

Des tâches urgentes se présentent devant nous. J’ai déjà indiqué dans mon précédent post qu’il ne saurait être question de se perdre en bavardages à propos de l’organisation, et des prochaines élections, dans un tel contexte. Cet été doit demeurer un temps de mobilisation concret. Il faut partout remettre à l’ordre du jour les caravanes des droits sociaux. Personne ne comprendrait qu’elles n’aient lieu que les années électorales, comme ce fut le cas l’été précédent. Au contraire, la méthode simple de ces caravanes avec l’utilisation de la plate-forme d’identification des droits sociaux de chacun est plus que jamais nécessaire avant une rentrée qui s’annonce très difficile sur le plan financier pour les familles. À cette occasion, les caravanes doivent faire aussi le travail d’éducation populaire et de diffusion de l’information concernant les ordonnances sur le code du travail. En effet nous avons besoin d’avoir un socle large à la rentrée de personnes informées pour engager l’action avant la publication le 21 septembre du texte définitif des ordonnances.

 

À la fin du mois d’août, enfin, nous nous retrouverons à Marseille pour une sorte de « déboulé estival ». On s’y retrouvera dans un méli-mélo de conférences, de débats et de présence sur le terrain évidemment. Il ne faut pas croire que ce moment soit purement rituel. Il correspond à une attente, un besoin de se retrouver après le repos et avant l’assaut. Naturellement, tout le monde ne sera pas là. Je connais d’avance toutes les difficultés qui peuvent se rencontrer à ce propos. Mais elles ne doivent pas nous conduire à annuler systématiquement tout ce qui est possible au motif que tout n’est pas possible. Ces deux rendez-vous, celui des caravanes de l’été et de la rencontre nationale fin août, sont très concrets. Ils représentent un plan de travail déjà bien assez fourni. Devront surgir des bilans, des propositions, des idées qu’il faudra mettre en forme en vue de la tenue au mois d’octobre de la deuxième Convention nationale du mouvement « La France insoumise ». Sans doute cette deuxième Convention devra, bien sûr, prendre des dispositions pour l’organisation dans la durée de la vie du mouvement. Mais aucune urgence n’impose de figer les choses. Il faut se donner du temps, de l’expérience, du savoir-faire.

 

 

- Avant toute chose je veux rappeler qu’il ne saurait être question de transformer « La France insoumise » en parti politique.

Il s’agit d’être et de rester en mouvement. Une sorte de label commun. Mais personne dans notre pays n’a l’expérience d’un mouvement qui compte 500 000 personnes venues en appui d’une campagne politique ! Toutes les propositions que j’ai entendues ou vu arriver jusqu’à moi ne font que reproduire les anciennes structures et préoccupations du passé, liées à la forme spécifique d’un parti politique. Comme je l’ai déjà écrit ici, nous somme nombreux, dans l’expérience de l’élection présidentielle puis de celle des législatives à avoir bien compris qu’un « mouvement » n’existe que dans et par l’action, c’est-à-dire par des campagnes. Celle-ci fédère les personnes sans exiger rien d’autre d’elles que leur participation, quel que soit leur motif de le faire.

 

Les questions que je viens d’aborder relèvent d’un registre particulier à mes yeux. C’est celui de la théorie :

La thèse centrale de L’Ère du peuple est que le peuple est le « nouvel » acteur de l’histoire. Il est défini par sa situation sociale réelle, c’est-à-dire son mode d’existence quotidien autour des réseaux. De même que le parti est la forme d’organisation vouée à une classe sociale, le mouvement est la forme d’organisation liée à l’existence du peuple, aux pulsations de son activité, aux formes spécifiques de son auto-organisation.

Encore faut-il placer ces notions abstraites dans le contexte particulier dans lequel nous évoluons dorénavant.

 

La grève politique froide qu’a été l’abstention massive aux élections législatives après celle déjà remarquée à l’élection présidentielle signale la permanence d’un haut niveau de « dégagisme ». La fin de « l’envoûtement macroniste » sera bien plus rapide que beaucoup l’ont cru. Ce processus est engagé. Il détermine la forme et le mode de travail d’une opposition politique telle que la nôtre. Je l’ai annoncé sans fard à la tribune de l’Assemblée nationale au nom de notre groupe parlementaire : nous ne voulons pas seulement être l’opposition au gouvernement mais l’alternative au monde qu’il incarne. Cela signifie que nous avons la certitude de voir s’écrouler sous nos yeux non seulement un gouvernement mais davantage encore le « monde » qu’il incarne c’est-à-dire tout ce catéchisme libéral qu’il veut porter à son comble. Le Macronisme se présente comme une tentative générale de passage en force. Mais la base sociale des bénéficiaires de ce passage en force est extrêmement étroite. À supposer qu’elle lui soit vraiment acquise, ce qui n’est pas démontré, la France des start-ups et de l’uberisation, représente en réalité un secteur social marginal du pays. Le harcèlement médiatique et la « communication » ne peuvent suffire à compenser la faiblesse intrinsèque d’un tel groupe social.

 

Notre projet doit donc être d’être clairement à la hauteur d’une situation totalement mouvante. Il va falloir s’adapter et rebondir sans cesse sans se laisser enfermer par des cadres d’action qui se tromperaient d’époque ou bien, plus simplement, ignorerait que l’action est première. Nous disposons à cette heure d’un dispositif tout à fait exceptionnel. 7 millions de personnes ont voté pour nous et elles savaient pourquoi. 500 000 personnes nous ont rejoint pour former le mouvement en réseau « la France insoumise ». Nous disposons d’un groupe parlementaire qui nous permet d’être le brise-glace permanent sur tous les fronts qu’ouvrira l’action du gouvernement. Le souci essentiel doit rester d’être capables de se rendre disponibles. Les milliers de volontaires des groupes d’appuis, la disponibilité de ceux qui nous ont déjà rejoints dans les votes à la présidentielle et aux législatives, tout cela doit pouvoir sans cesse entrer en résonance et en cohérence sans être entravé par les blocages traditionnels.

 

Bien sûr, je le sais bien, d’ores et déjà de nombreux militants politiques, parfois même des groupes entiers, ont tiré la leçon de ce qu’ils ont vu et du travail que nous avons accompli. Nombreux sont ceux qui ont décidé d’ores et déjà de rejoindre « La France insoumise ». Ils éprouvent alors la même difficulté que nous : comment faire ? En effet « La France insoumise » n’est pas un cartel de partis et ne le sera jamais car nous avons fait l’expérience cruelle des limites d’un tel système. Elle ne sera pas non plus elle-même un parti comme je viens de le dire. Il faut donc accepter qu’existe un temps de transition dont on ne connaît pas à cet instant la date de la fin. Pour la convention de Lille, nous avions innové avec pragmatisme. « L’assemblée représentative du mouvement » qui était alors naissant était composée de divers collèges. Il y avait, on s’en souvient, la moitié de participants tirés au sort.

 

Mais dans l’autre moitié il y avait notamment ce que nous avions appelé « l’espace politique ». Celui-ci réunit depuis le premier jour des représentants des groupements politiques qui voulaient appuyer la campagne et le développement de « la France insoumise ». Ce cadre nous a apporté ce que le mouvement n’était pas en état de produire et qu’il eût été dangereux pour sa cohésion de solliciter. Je pense ici à la capacité d’expertise politique, de propositions d’actions, et de mise à disposition de militants et de cadres politiques chevronnés. Cet « espace » continue son travail. Vous avez lu dans ma précédente publication son petit texte de synthèse de fin de campagne. C’est donc dans ce cadre que nous pouvons continuer à accueillir les regroupements politiques, les revues et les bulletins qui veulent « s’associer » à « La France insoumise ». Le dernier en date a été celui de l’ex député Sergio Coronado et de ses amis venus de EELV ! Ainsi, au total, je nous crois disposés correctement pour le trimestre qui vient. À chaque jour suffit sa peine.

 

Pour en savoir plus :

- Francis PARNY : NOUS CREONS « LES COMMUNISTES INSOUMIS & INSOUMISES »

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4 juillet 2017 2 04 /07 /juillet /2017 20:17
Ils mettent en musique la contre révolution sociale

Ils mettent en musique la contre révolution sociale

... contre tout ce qui de près ou de loin combat la contre-révolution sociale que préparent Emmanuel Macron et son gouvernement.

 

On pouvait croire au lendemain des élections présidentielles et législatives que les attaques souvent infondées contre la « France Insoumise » et ses militants connaitraient un répit. Il n’en est rien.

 

Sources : La Sociale par Jacques Cotta

Les derniers développements concernant Jean Luc Mélenchon lui-même dénotent un regain d’énergie de la part de tous ceux qui font du « Mélenchon Bashing » leur fonds de commerce. Danièle Obono et Mathilde Panot, élues « France Insoumise », respectivement dans la 17éme circonscription de Paris et la 10ème du val de marne, témoignent malgré elles d’un acharnement redoublé contre le seul pôle qui revendique et affirme son indépendance vis-à-vis d’Emmanuel Macron et qui s’oppose radicalement à la politique de régression sociale que le gouvernement s’apprête à mettre en œuvre. Ce qui ici nous occupe, ce sont évidemment les arguments utilisés par des journalistes ou des représentants de l’oligarchie médiatico-politique, mais à la lumière de la situation, d’éclairer les termes et les enjeux de la bataille idéologique qui s’annonce.

 

Durant des années les questions idéologiques ont été laissées de côté, sous prétexte que « l’existence déterminant la conscience », il suffisait de gagner les conditions politiques permettant de modifier l’existence pour que la conscience suive. En laissant le terrain libre, peu à peu, le capital a gagné une hégémonie sur les masses, pour reprendre Gramsci, et la bataille idéologique a été cédée pas à pas, au point de voir aujourd’hui le monde d’Orwell s’imposer. Les mots sont utilisés pour leur contraire. Il est question de « charges » en lieu et place de cotisations sociales, de « liberté du travail » lorsqu’il s’agit de sa suppression, de « sécurité » pour état d’urgence permanent et menace sur les libertés de tous les citoyens. La pensée est diluée. Tout est fait pour interdire au citoyen de comprendre, d’analyser et donc d’agir pour modifier ses conditions d’existence. Il est donc urgent de reprendre lorsque cela se pose les termes des discussions, de rectifier, de mettre à nu les mensonges, de combattre sur le terrain des idées qui s’insinuent en toutes questions, souvent sous la forme de la calomnie, du mensonge, de la bêtise aussi. Et cela d’autant plus lorsque sont mis en cause de façon ignominieuse, raciste ou encore abjecte les militants qui n’ont de cesse que de combattre pour l’intérêt général.

 

 

-

Du prétendu salaire à l’histoire du Matheux

Les méthodes utilisées mettent en lumière l’existence d’un arc entre la « Fachospère » qui se démène sur les réseaux sociaux et ses propagateurs qui s’emparent des idées nauséeuses. Dernière en date, « les revenus de Jean Luc Mélenchon qui avoisineraient les 40 000 euros mensuels ». L’attaque lancée sur des sites d’extrême droite est tellement grossière qu’elle devait être relayée de façon plus raisonnable, plus prompt à convaincre. Et c’est là que la bataille idéologique, la vraie, est engagée. Après un décompte des salaires de députés, des frais de fonctionnement parlementaires, de conseiller général, la conclusion serait sans appel : aucun élu –à fortiori Mélenchon- n’aurait droit de se qualifier d’insoumis et de vouloir défendre des intérêts étrangers aux siens, vu l’état de ses revenus. En un mot comme en cent, seuls les porteurs de bleus de travail sont habilités à parler des ouvriers. Pour les autres, silence ! Disqualifiée donc la « France Insoumise » qui ose se prononcer contre tout recul social imposé par le gouvernement Macron.

 

L’argument a une histoire. Ce sont d’abord les staliniens dans les années 60 et ensuite qui au nom du « monopole » du parti communiste de l’implantation dans la classe ouvrière qualifiait ses opposants de « petits bourgeois déguisés en ouvriers » pour mieux interdire toute voix discordante. Il n’est pas inintéressant de constater que l’argument aujourd’hui est recyclé par les tenants de la finance qui voient à juste titre le danger pour le système d’une implantation de la « France Insoumise » dans les couches les plus défavorisées. Mais comme l’explique le bon sens, et comme l’expliquaient en leur temps Marx ou Jaurès, ce n’est pas l’habit qui compte, mais le programme. Et c’est précisément ce qui fâche les censeurs des temps actuels. Derrière les attaques qui visent Mélenchon, ce n’est pas seulement l’homme qui est concerné, mais l’ensemble des insoumis, leur regroupement, leur programme et leur capacité à mener l’action unie pour la défense des travailleurs, des jeunes, des retraités, des salariés, et avec eux l’ensemble des couches sociales que Macron veut « matraquer », qui sont menacés.

 

La question du Matheux est également pleine d’enseignement, non pas sur le fond qui est assez limpide, mais sur le positionnement de tous ceux qui en ont fait argument. De quel droit un politique qui a fait carrière jusqu’à l’assemblée ou dans les ministères se permet-il de critiquer un médaillé Fields de mathématiques ? Tout est là. Et cela devrait suffire à discréditer Mélenchon pour son « fameux ton agressif », sa renommée « violence passive ».

 

Les défenseurs du « Matheux » ont le mérite de souligner par leur attitude ce qu’est la soumission totale à l’autorité, au pouvoir, et par opposition permettent de comprendre pleinement l’insoumission dont se réclament des centaines de milliers. La médaille Fields de Cédric Villani lui donnerait autorité sur toute chose, puisque reconnu dans son domaine par une institution renommée. Mais pourquoi faudrait-il par principe se plier à l’autorité, même lorsque celle-ci est en total décalage avec le sujet abordé. C’est bien la question de l’obéissance qui est posée. Plus encore que la soumission, c’est la servilité qui est ici revendiquée. Car on peut être excellent en mathématiques, et archi nul en économie ou en social ! La question est celle du code du travail, du contrat, de la loi « travail » XXL que prépare Macron et qu’il destine aux ordonnances. Il n’y a là aucune inconnu, aucune équation à résoudre. Juste un choix à faire. Et c’est porter crédit à l’intelligence de Villani que de lui proposer quelques explications sur le sujet afin de lui éviter de se fourvoyer dans une régression sociale sans précédent. Ambition généreuse peut-être présomptueuse car comme ses défenseurs, le Matheux, élu REM, a vraisemblablement déjà fait son choix… C’est ce qui nous intéresse, le reste n’est que brouillard répandu pour interdire une fois encore la discussion sur les véritables enjeux.

 

 

-

Et les ouvriers, ils sont où ?

En écho à la simple question salariale qui interdirait à celui qui se situe au-dessus de la moyenne de porter attention au sort fait au plus grand nombre, la question posée sur « C News » à la nouvelle élue Mathilde Panot est aussi révélatrice du combat idéologique que mène l’oligarchie pour asseoir son pouvoir et interdire toute contestation politique organisée. En substance « il n’y a pas d’ouvriers élus à l’assemblée, pas un, et vous le regrettez, mais à la France insoumise, vous êtes comme les autres ». Et pour enfoncer le clou : « vous-même êtes issue de sciences po, donc vos reproches, il faut les faire à vous-mêmes ».

 

Il est intéressant de noter le but recherché dans ce type d’interpellation de la part de journalistes qui tous les jours ronronnent pour faire tourner la machine médiatique. Il faut créer le buzz, et là, l’angle est simple : REM, LR, PS, France Insoumise, FN, tous sont logés à la même enseigne, sans ouvrier, sans peuple, sans reconnaissance, sans légitimité. Il faut ramener le mouvement « la France Insoumise » au niveau des autres, ce qui d’ailleurs n’est pas totalement faux. En ce qui concerne l’abstention par exemple (voir sur ce site : le deuxième tour des législatives, un vote plein d'enseignements ) nul n’est épargné.

 

Mais là n’est pas le sujet.

La différence entre la France Insoumise et tous les autres est faite du programme.

 

Sans être ouvriers dans leur condition sociale, les élus de la France Insoumise, dès lors qu’ils sont fidèles à leur engagement, sont les seuls à avoir obtenu leur mandat sur un programme qui précisément défend l’ouvrier, le salarié, le retraité… L’argument qui veut mettre tout le monde dans le même sac, rejeté par les français, vise à désarçonner. Mais que vaut l’argument sur le fond des choses ? Si le programme est ce qui compte, et non la tambouille permanente, les ouvriers sont bien présents à l’assemblée. Ils y ont un groupe, une représentation, un point d’appui. Que leurs députés soient issus de sciences po ou d’ailleurs, là n’est pas le problème. La question une fois encore est celle du programme, de la détermination, de la fidélité, tout simplement. L’ouvrier est plus présent à l’assemblée dans les conditions actuelles que si un ouvrier salarié y était élu sur des positions de compromis avec Macron et ses soutiens politico financiers. Les ouvriers y sont présents par la France Insoumise, tout simplement, comme d’ailleurs les banquiers y sont installés avec les élus « macroniens » de EM et leurs soutiens du PS ou de LR.

 

 

-

L’idéologie xénophobe à l’œuvre

Ils ne reculent devant rien, et il n’aura pas fallu longtemps pour que les relents racistes propagés par la « Fachosphère » submergent des commentateurs zélés qui pourtant une semaine avant en appelaient à Macron pour faire barrage à Le Pen.

 

C’est le quotidien le « Figaro » qui s’est lancé, dénonçant « une député Insoumise » qui « défend le droit de dire Nique la France », ce qui « soulève une bronca ». Comme la machine est faite pour se nourrir elle-même, la « bronca » dont il est question nous ramène au plateau de RMC où était invitée la veille la députée Danièle Obono. Le « Figaro » donc dans le sillage de RMC.

 

Pour les besoins de la propagande, « Figaro » et RMC remontent aux années 2010 et à la mise en examen du chanteur du groupe de rap « ZEP » coupable d’une chanson intitulée « Nique la France », et d’un sociologue, pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence ». Au départ, une plainte de « l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne », une association d’extrême droite. La « Fachosphère » donc en action.

 

Avec d’autres, Danièle Obono signe en 2012 une pétition à l’initiative des « Inrocks » en soutien au chanteur et au sociologue poursuivis. Il n’en fallait pas moins pour que l’entreprise de propagande soit engagée pour décrédibiliser, pour marginaliser, au moyen d’arguments racistes et communautaristes inadmissibles. L’échange est éloquent :

« En tant que députée, êtes-vous fière d’avoir signé ? »

« Pour défendre la liberté d’expression de ces artistes, oui. Parce que ça fait partie des libertés fondamentales »

« Vous pouvez dire "vive la France" ? » ose un journaliste.

« Je peux dire « vive la France », mais pourquoi, en soi ? Je ne me lève pas le matin en disant "Vive la France" »

« Vous signez plus facilement nique la France que vous ne dites "vive la France » !

Voilà comment donc est née « la bronca ».

Ainsi journalistes et chroniqueurs évitent le fond de la question. Les propos incriminés dans la chanson de ZEP en 2010 : « Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes. Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes ».

 

Le contenu social et politique de l’appel signé par Obono est tout simplement gommé. Le capitalisme, le colonialisme, l’impérialisme, autant de mots en isme qui ne mériteraient aucune attention, aucun intérêt. Ce qui compte, là, pour discréditer la nouvelle députée et la « France insoumise », est le simple « Nique la France », synonyme de rejet pur et net de la république. La bataille idéologique bat son plein. Tous les observateurs ont pu constater dans les derniers mois l’inflexion sérieuse de la « France Insoumise » sur la question nationale, la réhabilitation dans les rassemblements du drapeau bleu blanc rouge, son lien à la révolution française fondatrice de la république, l’engouement provoqué dans la jeunesse notamment lors des réunions tenues par Jean Luc Mélenchon. C’est cela que la bataille idéologique se propose de casser et c’est pour cela que Danièle Obono est devenue la cible du petit personnel de l’oligarchie médiatico-politique.

 

En réalité, c’est le combat contre la république sociale qui est menée par ces chroniqueurs, la désincarnation de la république du contenu dont elle peut et doit être chargée. Le système tolère la république pour peu qu’elle ne remette pas en cause les privilèges de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. Il tolère la république synonyme de capitalisme, d’impérialisme, de colonialisme. Tel est le sens de cette histoire qui dépasse de très loin les seules offuscations morales. Car celles-ci prêteraient à rire. Quelle tête auraient en effet pu faire nos pseudos moralistes de pacotilles face à André Breton évoquant « une nation de porcs et de chiens », face à Léo Ferré parlant du « temps que j’baise ma marseillaise », face à Aragon lorsqu’il « conchie l’armée française", ou encore Renaud qui déclare « votre République, moi j’la tringle ».

 

L’attitude de ces « moralistes » d’occasion et leurs propos sont identiques à ceux du Front Nationale, lorsque dans le ton ils ne sont pas pires. Qu’aurait-on entendu si en pleine campagne électorale Marine Le Pen avait interpellé Danièle Obono la noire, en omettant de s’adresser à Mamère par exemple ou bien d’autres, blancs comme neige, également signataires de la même pétition, mais ignorés contrairement à la députée de la France Insoumise.

 

 

-

Conclusion provisoire

Nous pouvons donc constater que l’hystérie anti Mélenchon et anti « France Insoumise » est loin de se calmer. Tout est bon, mensonge, calomnies, racisme… Et souvent bêtise pour duper le peuple, les travailleurs, les jeunes que le gouvernement craint de retrouver sur son chemin dans les mois qui viennent.

 

Le but recherché est simple.

Il faut interdire à un regroupement politique comme la « France Insoumise » de faire le lien entre les difficultés quotidiennes subies par les français et la politique dictée par Macron et son gouvernement.

 

Comme l’indiquait Gramsci, l’enjeu de la période revient à « détruire une hégémonie pour en créer une nouvelle » dans le cadre d’un affrontement dont l’issue est déterminée par les positions acquises avant l’échange de coups. La question stratégique est concentrée dans la relation qui se construit entre le regroupement politique et les couches sociales dont le mouvement pourra bouleverser l’ordre établi. C’est pourquoi si « l’action est nécessaire pour combattre l’hégémonie bourgeoise », la conscience indispensable n’est pas spontanée. Elle doit s’appuyer sur une analyse et une compréhension scientifique du monde et de l’histoire. Et une compréhension des arguments abjectes qui sont propagés et qu’il faut relever, souligner, expliquer pour mieux les démonter et permettre d’avancer.

 

Pour en savoir plus :

- Déblayer le terrain et renouer le fil d'une ancienne tradition - 14/05/17

- Le gouvernement nommé par Macron prépare une contre-révolution sociale (WSWS)

- L'axe Mélenchon - Macron ou l'art de choisir ses ennemis avec soin

 

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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 17:34
Mélenchon, Ruffin et les Sans-cravates : une menace à prendre au sérieux

Comme le dit Xavier Bertrand : " Méfions nous de la France Insoumise " !

 

- Extraits d’un article d’une revue de l’oligarchie Challenges par Bruno Roger-Petit
- Pour l’ouverture de la nouvelle législature, les députés de la France insoumise ont choisi la provocation, jouant les Sans-cravates comme les nouveaux Sans-culottes. Sauf que c’est plus qu’une provocation, c’est un message politique lourd de sens et de menace...

 

Sources : Le site du Parti de Gauche Midi-Pyrénées

Un homme seul, en chemise blanche, se tient obstinément assis tandis que les autres, autour de lui, célèbrent l’ascension de leur pair au Perchoir. Nous sommes mardi après-midi, au Palais Bourbon, François de Rugy vient d’être élu président de l’Assemblée et les députés le saluent, ainsi que le dit la tradition républicaine, pour saluer le nouveau Primus. Tous, sauf François Ruffin, qui consulte son iPhone. L’image marque les esprits et c’est logique, puisqu’elle a été pensée dans ce dessein : pour dire une rupture républicaine. Elle fait jaser, mais sans que les commentateurs de l’instant paraissent en avoir perçu la signification profonde.

 

Il est possible de gloser politique durant des heures et des heures sur les chaînes d’information continue et passer à côté de l’essentiel, le politique lui-même. Et c’est bien dommage, tant il y a à dire sur un geste lourd de sens et de conséquences. Car l’image Ruffin, donc le message, n’était pas seulement la manifestation d’une provocation comme les affectionne le personnage (qui a été imité par les autres députés de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon en tête), en vérité, il s’agit bien davantage qu’une renonciation de mal-élevé aux us et coutumes du temple républicain. Oui, elle est bel et bien une rupture.

 

Que signifie, en son essence, le geste de Ruffin ? Qu’il refuse de s’associer à un monde qu’il rejette. Qu’il n’en est pas. Qu’il ne veut pas de la carte. Qu’il est ici et ailleurs en même temps. Qu’il est le peuple selon l’idée qu’il s’en fait. Le vrai peuple. Le peuple décidé par Ruffin.

 

 

-

L’homme du peuple face aux agents de l’oligarchie

Le nouveau député de la Somme ne voit pas François de Rugy, président élu de l’Assemblée, comme son égal en République, un député jouissant des mêmes droits que lui, mais comme un adversaire de classe. Il ne le considère pas comme un élu, porteur de la même légitimité que lui, mais comme un agent de l’oligarchie. Il ne le juge pas comme son égal, mais en ennemi de classe. Et Ruffin porte le même regard sur les autres députés, LREM, LR, PS et autres qui se sont levés, eux aussi, pour saluer le nouveau quatrième personnage de l’Etat. Je ne suis pas comme eux parce que je suis le peuple, le seul, le vrai, et qu’ils ne le sont pas. Ce sont des apparences de député, rien d’autre, mais en réalité, ce sont des agents de l’oligarchie et des puissances d’argent, des marionnettes aux mains du banquier Macron, leur légitimité est nulle.

 

François Ruffin n’est pas un rigolo. Sa posture n’est pas un clin d’œil, à l’exemple de l’apparition, unique, d’un député socialiste en bleu de travail, à la fin des années 90. Le geste a été conçu pour poser le décor. Le député de la Somme n’est pas un trublion venu là pour amuser la galerie, mais pour construire un peuple. Et pour construire ce peuple, il lui faut changer la perception de l’Assemblée nationale, signifier que ceux qui y siègent ne sont pas des élus du peuple, mais d’autre chose, entre forces occultes et forces de l’argent.

 

Ce mercredi matin sur Europe 1, Jean-Luc Mélenchon n’a pas dit autre chose. La polémique sur l’absence de cravates lors de la séance inaugurale de la législature porte bien au-delà du débat sur le respect du règlement et des usages en cours depuis un siècle et demi au Palais Bourbon. L’objectif n’est pas de casser des codes pour se faire repérer par les caméras le temps d’un journée, il est de donner corps politique à la représentation de la France insoumise en députation.

 

« La question des codes vestimentaires a été portée par notre camp. Par exemple par le Tiers-État lors des États généraux » a déclaré Jean-Luc Mélenchon. Passons vite sur le point de savoir si l’abbé Grégoire, Bailly, Mirabeau, Sieyès et quelques autres se reconnaîtraient aujourd’hui en Mélenchon et Ruffin et venons-en au point qui nous importe : le président du groupe parlementaire de la France insoumise estime qu’il siège dans une Assemblée où, à l’image des Etats généraux de l’Ancien régime, tous les élus ne sont pas égaux en droit et en représentation...

 

 

-

Des Sans-culottes aux Sans-cravates

L’assimilation Sans-culottes et Sans-cravates ne relève pas du simple divertissement. Elle est une arme politique de destruction massive du système. Quand Mélenchon dit : " Il y avait des Sans-culottes, il y aura désormais des Sans-cravates ", il ne plaisante pas. Il pose très sérieusement les bases de la lutte politique qu’il entend mener. Le peuple contre les aristocrates. Les floués contre les nantis. Les pauvres contre les riches. Le bas contre le haut.

 

Application à la lettre des préceptes politiques de l’idéologue d’extrême gauche qui a pensé Syriza et Podemos, Chantal Mouffe, qui entend "Construire un peuple" pour l’amener à remplacer le peuple ancien.

 

Mélenchon et Ruffin ressuscitent effectivement la Révolution. Non pas l’esprit des constituants de 1789, mais plutôt celui des Hébertistes de 1793. Avec eux, c’est l’esprit du Père Duchesne (le Fakir de l’époque) qui entre à l’Assemblée nationale, comme il était entré à la Convention avec Hébert, Roux et Chaumette et les Enragés. Ceux-là aussi entendaient « se mettre à la portée de cette classe peu instruite du peuple qui ne pourrait comprendre d’importantes vérités si elles n’étaient énoncées avec des expressions qui lui sont particulières »...

 

Donc, haro sur la cravate, ennemie du peuple et des classes populaires ! A la lanterne la cravate de l’oligarchie ! ..

 

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" Les insoumis n'ont que faire des accords de l'ancien temps " J.L. Mélenchon
vendredi 30 juin 2017.
 

Troisième intervention de Jean-Luc Mélenchon en séance à l’Assemblée nationale le 28 juin 2017 (retrouvez la première ICI, et la seconde ICI).

 

Pour bien comprendre ce qui s’est passé, quelques éléments de contexte :

- Lors de la première intervention de Jean-Luc Mélenchon, le groupe « Les Constructifs » (proche d’En Marche) a déposé une candidature au poste de questeur de l’Assemblée nationale, en ne respectant pas les accords issus de la réunion des présidents de groupe qui voulaient que ce poste soit attribué au groupe d’opposition le plus important : « Les Républicains », suivant la règle des points existant préalablement.

 

- Jean-Luc Mélenchon propose qu’au lieu de six vice-présidents de l’Assemblée, il y en ait sept, de manière à ce que chaque groupe politique puisse être représenté. - Lors de la seconde intervention de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du groupe « Les Constructifs » a été élu questeur. Le groupe « Les Républicains » proteste. Jean-Luc Mélenchon réitère sa proposition de passer de six à sept vice-présidents afin que chaque groupe soit représenté à la vice-présidence. - Lors de cette troisième intervention, les règles préexistantes de l’Assemblée n’ayant pas été suivies, Jean-Luc Mélenchon annonce que la France insoumise dépose la candidature de Mathilde Panot à la vice-présidence de l’Assemblée, six postes étant donc à pourvoir sur la base d’une élection.

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26 juin 2017 1 26 /06 /juin /2017 20:04
La gauche est morte ? Vive la France Insoumise ?

Nous sortons d’un long cycle politique marqué par la domination hégémonique du parti socialiste. En simplifiant les composantes de la gauche, on peut dire qu’il y a une gauche réformiste et une gauche révolutionnaire. La stratégie d’union de la gauche, que le PCF porte encore, a échoué.

 

Sources : Le blog Médiapart d'Alain Duparquet

- Elle part du présupposé qu’il est impossible pour le courant révolutionnaire d’accéder au pouvoir.

C’est d’ailleurs d’autant plus vrai que le déclin du PCF a rendu totalement inconcevable une victoire communiste à l’élection présidentielle.On élit la social démocratie, car elle seule peut passer au second tour. On cherche à passer le compromis politique le plus haut possible et on espère que l’action syndicale et populaire fera le reste. Penser que le PS pouvait-être le cheval de Troie pour entrer au pouvoir et ensuite et que le « changement » s’impose par la suite petit à petit, pas à pas… Cette stratégie a échoué en 1981, puis en 1998 et encore plus en 2012.  Fondamentalement, la cause de cet échec est d’abord dans l’échec de la social démocratie elle-même. Il n’y a pas de compromis entre les intérêts capitalistes et les intérêts du peuple. Le capital veut toute le politique libérale et rien que le politique libérale. C'est dit et sans appel, l'union de la gauche a abouti à la loi-travail. On ne doit pas permettre à cette gauche de survivre.

 

Assurément, ce qui a changé depuis les années 1970, c’est le carcan européen, singulièrement avec les traités de Maastricht, de Lisbonne et l’avènement de l’euro. C’est même sur ce terrain là que ce joue concrètement la traditionnelle distinction entre révolutionnaires et réformistes. Toute proposition de politique de gauche qui n’indique pas comment elle va s’attaquer à ce problème est vouée à l’échec. C’est le préalable indispensable à toute union. C’est le clivage majeur. On peut toujours réajuster en permanence le plan A et le plan B proposés dans l’avenir en commun, en fonction des évolutions de l’Europe elle-même et des traités commerciaux, mais on ne peut pas éluder ce combat là, et on ne peut pas gagner sans éducation populaire sur ce sujet. Il y aura rassemblement contre cette Europe là ou il n’y aura rien car dans ce carcan rien n’est possible.

 

D’autant plus, que si d’aventure, un pouvoir de gauche dominé par le PS ou son successeur, venait à voir le jour et continue d’appliquer les directives de Bruxelles, il ne causera que malheur et désillusion, faisant le lit du Front National.

 

 

- Il vaut mieux que la gauche perde pour longtemps que de faire cela. 

Mélenchon a eu raison de dire :"Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer. Nous allons tourner la page des gens qui nous ont trahi pendant cinq ans".

 

Notre peuple ne s'en sortira pas en retournant dans les vieilles ornières. Après l'échec de Macron, ce sera soit le FN qui incarne l'horreur, soit le programme l'Avenir en commun qui incarne l'espoir. La FI est le grain de sable qui mettra en échec les combines conduisant de nouveau à la social démocratie.

 

Dans toutes les élections intermédiaires, il faudra une stratégie claire qui évite toute compromission...quitte à perdre. Car quand on gagne avec des illusions, on les perd ensuite plus durement avec tout le reste.

 

Servir de nouveau de force d’appoint de la social –démocratie serait donc une très mauvaise solution. L’union n’est donc souhaitable que sur la base d’une politique de rupture claire. Les socialistes ont échoué, qu’ils fassent preuve d’humilité, qu’ils passent leur tour et acceptent de nous soutenir.

 

Le programme l'Avenir en commun, élaboré par le croisement d'experts, basé sur le programme l'humain d'abord et amendé par des milliers d'internautes doit être le ciment de la reconstruction de l'alternative au capitalisme. Contrairement au programme commun qui était un compromis entre partis, le programme l'avenir en commun doit mettre tout le monde d'accord, si je puis dire. Le PS et le PC et bien d'autres ont leur place pour le soutenir et aider les citoyens sans carte dans leurs efforts. Si ils veulent être utiles, ils doivent se mettre au service du mouvement populaire.

 

Certes, la France insoumise n’est pas parfaite, ni d’ailleurs aboutie mais elle est assurément le point de départ de quelque chose de neuf, le prolongement des luttes sociales contre les politiques européennes, comme est une des suites du formidable non de gauche du 29 mai 2005, la correction du brouillon qu’a constitué le Front de gauche et une réponse aux questionnements de Nuit Debout.

 

 

- Et maintenant

Que faire de la France Insoumise ? Comment avoir les avantages des partis traditionnels sans en avoir les inconvénients ? Comment faire agir les 500 000 soutiens tout en laissant à chacun son indépendance et sa liberté d’action ? Comment se structurer dans le local afin de conquérir de villes, des régions, des départements ?

 

Voici entre autres les questions qui sont maintenant ouvertes.

La tâche est immense.

 

Pour en savoir plus :

- PCF-France insoumise, l’impossible unité

- La France Insoumise et le PCF auront des groupes parlementaires séparés à l’Assemblée

- Xavier Bertrand : "Méfions-nous du danger de la France insoumise"

- Emmanuel Maurel : « Ce n’est pas un départ du PS, c’est une scission »

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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