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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 20:00
La mortalité routière est une mortalité de classe !
La mortalité routière est une mortalité de classe !

Des accidents de la route pas si accidentels... et davantage de morts au sein des classes

populaires !

 

Pour les députés insoumis, au nom de la sécurité routière, le gouvernement a décidé d’abaisser à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central. L’argument invoqué consiste à limiter les décès liés aux accidents de circulation, alors que le nombre de morts repart à la hausse depuis 2013. Cependant, ce lien ne pose pas toutes les bonnes questions, et fait l’impasse sur le caractère social de la mortalité routière. Une politique de sécurité routière doit voir plus loin.

En réalité, les accidents de la route ne sont pas qu’une question de vitesse autorisée. Cette réforme se contente de culpabiliser les automobilistes en laissant tranquilles les constructeurs de véhicules ou les assureurs ! Alors que la mortalité routière est une mortalité de classe. Les cadres supérieurs meurent 7 fois moins sur la route que les artisans ou commerçants, 6 fois moins que les étudiants, ou 4 fois moins que les ouvriers. Pour eux, c'est le libéralisme qui tue [1] !

Pourquoi un tel phénomène ?

 

Sources : Le Monde Diplomatique par Matthieu Grossetête[2] | Mis à jour le 14 juillet 2020

- Voici une inversion de courbe qui fait peu parler d’elle.

Pour la première fois depuis la naissance des politiques de sécurité routière, en 1972, quand la France enregistrait plus de 18 000 décès accidentels par an, la réduction du nombre de morts est contrariée deux années de suite. Après avoir augmenté de 3,5 % en 2014, la mortalité a crû de 2,3 % en 2015, pour atteindre 3 461 personnes. Et les premières estimations mensuelles de 2016 confirment cette évolution : on a enregistré une recrudescence des décès aux mois de février (+ 8,5 % par rapport à février 2015), de mars (+ 3 %) et de mai (+ 10 %).

 

Pour expliquer ce phénomène, les pouvoirs publics incriminent les conduites individuelles, comme si tous étaient égaux face aux accidents de la circulation. « Il appartient à chacun d’avoir conscience de sa responsabilité citoyenne et de réagir pour faire reculer le nombre de vies sacrifiées sur les routes », peut-on lire sur le site Internet du ministère de l’intérieur — dont dépend la direction de la sécurité et de la circulation routières (DSCR). Il appartiendrait donc à chacun de réfréner ses pulsions au volant, de ne pas boire, d’attacher sa ceinture, de respecter les limitations de vitesse, etc. Nul ne se risque à penser qu’un acte aussi personnel que la conduite d’un véhicule puisse être influencé par les inégalités sociales et que la hausse du nombre de morts puisse découler de la précarisation des classes populaires.

 

Pourtant, un accident de la route n’a souvent rien d’accidentel : il obéit à des régularités statistiques et demeure, indépendamment de son caractère singulier, le résultat prévisible de déterminations collectives. C’est un fait social qui ne se réduit pas aux agissements volontaires des individus.

 

- De plus longs trajets pour aller travailler

Alors qu’ils ne représentent que 13,8 % de la population française âgée de 15 ans et plus, les ouvriers comptaient pour 22,1 % des 3 239 personnes décédées sur la route en 2007[3] et pour 19 % des blessés hospitalisés[4]. À l’inverse, les cadres supérieurs, professions libérales et chefs d’entreprise (8,4 % de la population) ne totalisaient que 2,9 % des morts et blessés. Depuis plus de quarante ans, les experts gouvernementaux focalisent leur attention sur la surmortalité routière des « jeunes », auxquels ils attribuent un goût du risque particulièrement prononcé. Or l’âge n’annule en rien les différences sociales. Alors que 38 % du total des accidentés morts avaient moins de 30 ans, ce pourcentage s’élevait à presque 50 % chez les ouvriers. Si les morts sont bien souvent jeunes, c’est en grande partie parce que le groupe des ouvriers est de loin le plus jeune.

 

 

- Les cadres sont-ils naturellement plus vertueux au volant ?

Rien n’est moins sûr. Davantage que les catégories sociales favorisées, les ouvriers ont tendance à se tuer seuls, sans qu’un tiers soit impliqué. En d’autres termes, ils sont en danger bien plus qu’ils ne sont dangereux. En étudiant les comparutions pour homicide routier au tribunal de grande instance d’une importante ville de province, on constate une surreprésentation des cadres et professions intellectuelles supérieures, et une sous-représentation des ouvriers. Cette situation est en partie due au plus grand pouvoir protecteur des véhicules possédés par les personnes aisées[5], qui disposent d’airbags et de systèmes de freinage plus performants, d’habitacles renforcés, etc. Cela contribue à faire de leurs propriétaires des survivants potentiellement justiciables après un accident mortel.

 

Plusieurs juges de ce tribunal établissent d’eux-mêmes une corrélation directe entre la richesse des inculpés, la puissance de leurs voitures et leur sentiment d’omnipotence dans l’espace public, qui les amène parfois à négliger les usagers plus vulnérables, petites voitures, piétons, cyclistes, etc. « Si on prend les affaires d’homicides, nous explique l’un de ces juges, on a plutôt affaire à des gens à l’aise, qui ont des véhicules puissants. Des gens bien sous tous rapports, sans antécédents judiciaires et pour qui le monde s’effondre parce qu’ils ont fauché un scooter ou une mamie. Par exemple, on a eu cet ingénieur pressé qui devait prendre l’avion à Paris le jour même : il percute un piéton, s’arrête, appelle les secours et délègue aux gens arrêtés autour de lui pour repartir et prendre son avion. » Bien que surreprésentés, les prévenus favorisés bénéficient d’une certaine clémence. À coût humain et circonstances aggravantes équivalents, les ouvriers et les employés écopent de jugements « négatifs » — c’est-à-dire supérieurs à la peine médiane, soit dix mois d’emprisonnement ferme dans le tribunal étudié — deux fois plus fréquemment que les cadres, professions intellectuelles et professions intermédiaires : 59,3 % pour les premiers, contre 31 % pour les seconds.

 

La durée d’incarcération plus longue des inculpés de milieux populaires renvoie au fait que ces conducteurs sont moins souvent mariés : les juges font preuve d’une plus grande mansuétude à l’égard de ceux qui ont une famille. En outre, les ouvriers et employés sont proportionnellement deux fois et demie plus nombreux que les conducteurs aisés à être déférés en tant que détenus, ce qui pèse défavorablement sur l’issue du procès. On remarque le même type d’inégalités concernant les contrôles d’alcoolémie effectués par la police et la gendarmerie. Les ouvriers fournissent plus du quart des prévenus déférés pour une conduite en état d’alcoolémie jugée seule (c’est-à-dire sans qu’une autre infraction ait pu motiver le contrôle), au même niveau que les employés, alors que ces deux groupes représentent respectivement 16,3 % et 10,7 % de la population de 15 ans ou plus du département étudié.

 

Au-delà de l’inégale sécurisation des véhicules, les disparités sociales en matière d’accidents s’expliquent par les conditions de vie des classes populaires ainsi que par les ségrégations sociales de l’espace public. La mortalité routière apparaît tout d’abord comme une conséquence inattendue de l’étalement urbain et de la stratification résidentielle. Près de 80 % des accidents mortels ont lieu à la campagne. Or l’embourgeoisement des centres-villes relègue les classes populaires toujours plus loin des bassins d’emplois. En 2007, 28 % des ouvriers et 31 % des employés morts sur la route ont eu un accident en se rendant à leur travail, alors que ce trajet n’est en cause que dans 16 % du total des décès. Les catégories populaires sont plus nombreuses à emprunter quotidiennement les routes secondaires, plus dangereuses, tandis que les couches aisées circulent surtout en ville ou sur l’autoroute, l’infrastructure la plus sûre, avec 4 % des morts en 2012, mais également la seule qui exige des frais de péage.

 

 

- L’accident résulte donc de l’inégale exposition aux dangers de la vie, qui rend les plus démunis particulièrement vulnérables.

En ce sens, le caractère juvénile et populaire de la mortalité routière en dit long sur la crise vécue par les jeunes ruraux issus des familles ouvrières, que Nicolas Renahy a très bien décrite : étudiant un village de Bourgogne, le sociologue montre une jeunesse désœuvrée qui peine à s’insérer dans les espaces scolaire, professionnel, culturel et matrimonial, et qui adopte des conduites destinées à compenser ce manque de valorisation sociale[6]. Car le monde ouvrier, en proie à la désindustrialisation, aux délocalisations et au chômage de masse, ne fait plus office de sas d’intégration, cessant du même coup de protéger la jeunesse contre certains mécanismes d’autodestruction. Plus longtemps célibataires, voire condamnés à le rester, certains jeunes ruraux marginalisés peuvent être gagnés par un sentiment d’abandon qui les pousse à des stratégies de repli dans les relations de bande nouées autour de la voiture ou du deux-roues.

 

Dans un contexte de dégradation de l’estime de soi, le véhicule devient l’un des derniers espaces de célébration des valeurs de virilité[7]. Si cette sociabilité peut prendre une coloration positive avec des loisirs comme le tuning[8], où le rapport populaire à l’automobile s’exprime de manière collective, constructive et même créative, elle peut également amener à s’affirmer par la vitesse ou par la consommation excessive d’alcool. Ce n’est donc pas un hasard si, d’après l’examen détaillé de plus de cent procès-verbaux d’accidents mortels, 70 % des ouvriers et employés décédés sur la route se trouvaient dans une situation d’isolement affectif (célibataires, divorcés ou veufs), sinon de crise personnelle (instance de divorce, perte d’un proche, chômage prolongé, précarité professionnelle ou scolaire). La précarisation et la paupérisation des couches populaires raccourcissent l’horizon temporel et accentuent l’impératif de profiter de la vie tant qu’on le peut, l’avenir n’étant pas ou plus assuré ; dès lors, elles ne peuvent qu’accroître le risque de mourir sur la route.

 

 

- « On nous a muselés »

Nombre de fonctionnaires de terrain constatent empiriquement la surreprésentation des précaires parmi les personnes décédées. Mais leur hiérarchie administrative reste sourde à leurs alertes. Découragés face à ce mur d’indifférence, certains en arrivent à quitter leur poste, comme le montre, parmi d’autres, le cas de M. Romain T., ancien intervenant départemental de sécurité routière : « Je me suis rendu compte que le niveau social avait une grande importance dans l’accidentologie, nous confie-t-il. Ce sont les gens les plus défavorisés socialement qui sont les plus touchés. À l’époque, on nous a muselés. J’ai demandé à la préfecture de préparer une note de synthèse sur l’accidentologie et le lien social, et le préfet a refusé : il voulait mettre une chape de plomb là-dessus. » Dans la mesure où il contredit le discours feutré de l’administration, ce « savoir inconfortable[9]  » est ignoré, sinon contesté par les pouvoirs publics.

 

Loin d’être fortuite, la production sociale de l’ignorance sert alors le statu quo dans la gestion des problèmes publics. En témoigne l’hostilité qu’a suscitée M. Jacques S., chargé de mission sécurité routière qui a lui aussi fini par démissionner, quand il a proposé de diffuser les conclusions de notre étude : « Chaque année, nous sollicitons un expert capable d’apporter des éléments de culture autour de la sécurité routière. Après avoir lu votre livre, j’ai proposé de vous inviter, nous raconte-t-il. À partir de ce moment, les foudres se sont abattues sur moi. On m’a fait comprendre qu’en aucun cas on ne pouvait inviter une personne qui tenait un discours aussi “politiquement incorrect”, avec des commentaires du genre : “Tu mets en danger l’existence du plan départemental de sécurité routière” ; “Les classes sociales n’existent plus : il s’agit d’un discours archaïque digne des vieilles dictatures communistes”… »

 

Commode, la mise en cause des comportements individuels rend les questions de sécurité routière gouvernables sans imposer de toucher aux puissants intérêts impliqués dans la fabrique sociale des accidents de la circulation : les constructeurs de véhicules, les producteurs d’alcool, les assureurs, l’État, etc. De plus, contrairement à la prise en charge des causes profondes, la stigmatisation des conducteurs irresponsables peut facilement être convertie en objet de calcul et de gouvernement ; elle convient aux temps courts de la médiatisation et de l’évaluation de l’action publique. Enfin, ce discours est en phase avec le récit individualiste charrié par le modèle libéral : « Si tu veux t’en sortir, prends-toi en main ! »

 

Tout en éclairant d’un jour nouveau la « double peine des ouvriers[10]  », la connaissance disponible sur les inégalités routières pourrait avoir une portée stratégique pour mieux orienter les politiques publiques et contribuer à éviter nombre d’accidents. Paradoxalement, les classes populaires, jeunes et rurales, sont largement absentes des campagnes nationales de prévention diffusées à la télévision. Ces spots ciblent et mettent en scène des urbains, des familles avec enfants, des conducteurs de scooter, des passagers en costume trois-pièces. Soit des catégories de population assez peu exposées à la mortalité routière…

 

- Pourquoi de telles inégalités interroge pour sa part la France insoumise[1] ?

 

C’est que la plupart des accidents touchent les individus qui ont des horaires de travail atypiques (la nuit, ou en travail posté) et qui sont fatigués, physiquement ou moralement (une grande partie des victimes de la mortalité routière sont en instance de divorce, veufs, isolés ou en rupture sociale). A chaque fois que des salariés basculent en travail de nuit pour garder leur emploi, ou doivent parcourir 20 kilomètres de plus à l’aller pour se rendre au travail, ils prennent des risques accrus et finissent la journée épuisés. A chaque plan social, des individus doivent parcourir tout le département à la recherche d’une offre d’emploi. Et les politiques menées depuis le début du quinquennat Macron, dans la lignée des quinze années précédentes, renforcent toutes ces causes de mortalité routière. On s’en rend particulièrement compte avec la hausse des décès depuis 2013. La loi El Khomri puis les ordonnances Macron étendent la précarité, cause de mortalité routière.

 

 

La sécurité routière passe donc par la sécurité de l’emploi et la promotion d’horaires de travail stables et choisis.

 

De plus, les véhicules les plus protecteurs de leurs passagers sont généralement les plus chers, et donc possédés par des individus à revenus moyens ou élevés. Le capitonnage de l’habitacle ou la réactivité du freinage varient selon l’argent mis dans le véhicule. La sécurité routière passe donc aussi par la lutte contre la pauvreté. Quant aux accidents mortels, ils sont concentrés à la campagne (pour 80% d’entre eux).

 

Il n’y aura donc pas non plus de sécurité routière sans stopper clairement l’étalement urbain, et sans rapprocher les lieux de vie et les lieux de travail.

 

Mais la libéralisation des transports a aussi directement contribué à la mortalité routière : chaque gare qui ferme dans une petite ville condamne une partie de la population à des aller-retours redoublés en  véhicule motorisé. Beaucoup de Françaises et de Français préféreraient utiliser le TER ou le bus pour se rendre au travail, mais les lignes sont supprimées depuis des décennies ! Des 49.000 kilomètres de voies ferrées présentes sur le territoire en 1914, il n’en demeure plus que 30.000 kilomètres. Rappelons aussi que les routes les moins propices aux accidents sont les autoroutes… qui ont été privatisées en 2006, confiées aux trois-quarts à Vinci, Eiffage et Sanef, et dont le prix s’envole depuis lors (+1,6% en moyenne par an) ! Tout est donc mis en place pour enrichir des concessionnaires privés et repousser les conducteurs précaires ou pauvres en-dehors des transports les plus sûrs.

 

La sécurité routière passe donc par une re-nationalisation des autoroutes et du rail, et le maintien des TER en-dehors du marché.

 

Ainsi, la mortalité sur les routes de France est aussi directement connectée au gavage des super-riches. La casse du code du travail pour complaire au Medef, les politiques d’austérité dans les transports collectifs et le racket que nous subissons sur les autoroutes privatisées tuent au quotidien sur les routes secondaires. Le passage à 80 km/h ne change rien aux causes profondes d’accidents de circulation, et est contredit par toutes les autres politiques du gouvernement. Il n’y aura pas de vraie sécurité routière en se contentant de pointer du doigt les automobilistes !

 

Notes :

[1] France insoumise : Sécurité routière... quand le libéralisme tue

[2] Chercheur postdoctorant rattaché au Centre universitaire de recherches sur l’action publique et le politique, université de Picardie - Jules-Verne. Auteur d’Accidents de la route et inégalités sociales. Les morts, les médias et l’État, Éditions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2012.

[3] Seule année pour laquelle l’administration nous a fourni, non sans difficultés, des données nationales.

[4] Sur ces chiffres, cf. Matthieu Grossetête, Accidents de la route et inégalités sociales, op. cit.

[5] Yoann Demoli, « Carbone et tôle froissée, L’espace social des modèles de voitures », Revue française de sociologie, vol. 56, n° 2, Paris, 2015.

[6] Nicolas Renahy, Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale, La Découverte, Paris, 2005. Et « Pourquoi les jeunes ouvriers se tuent au volant », Le Monde diplomatique, septembre 2005.

[7] Stéphane Beaud et Michel Pialoux, Retour sur la condition ouvrière, Fayard, Paris, 1999.

[8] Le tuning est une activité consistant à personnaliser son véhicule en modifiant sa physionomie, ses performances, etc. Cf. Éric Darras, « Un lieu de mémoire ouvrière : le tuning », Sociologie de l’art, vol. 21, n° 3, Paris, 2012.

[9] Steve Rayner, « Uncomfortable knowledge : The social construction of ignorance in science and environmental policy discourses », Economy and Society, vol. 40, n° 1, Londres, 2012.

[10] Emmanuelle Cambois, Caroline Laborde et Jean-Marie Robine, « La “double peine” des ouvriers : plus d’années d’incapacité au sein d’une vie plus courte »

 

Pour en savoir plus :

- Pourquoi les jeunes ouvriers se tuent au volant : « Délinquance routière », machisme et crise sociale

- Le rapport secret sur le 80 km/h éventé

- Pourquoi la limitation à 80 km/h n'aura pas l'impact positif prétendu par le gouvernement

- Limitation à 80 km/h : l'argent des amendes ira aux hôpitaux, promet Edouard Philippe

- Davantage de morts au sein des classes populaires : Des accidents de la route pas si accidentels

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11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 14:53
La France en marche : retour satirique sur les 6 mois écoulés de 2017... et les suivants !

Les actualités parlantes de la France en marche

 

Sources : Le blog Youtube de John John

- En 2:33mn retour sur une journée historique où notre grand président et sa merveilleuse épouse auront su montrer au couple Trump toute la puissance et le glamour de la France !

 

- En 4:50mn : ils menacent l'ordre social de notre beau pays, ils sont le péril insoumis ! Peuple de France, aide notre bon président en apprenant à les reconnaitre !

 

- En 5:07mn : aujourd'hui, apprenez à vos enfants à reconnaitre les bons citoyens des dangereux terroristes !

 

- En 4:51mn : au programme des actualités de ce jour : " Soutien populaire à mademoiselle Pénicaud ! " ; " Visite du Vénézuela " ; " Vive le Qatar, gloire à Neymar ! "

 

- En 6:45mn au programme : le point sur l'Ouragan Irma, vive le président Macron, Florent Pagny et les bons français, un message de Philippe Torreton et le retour d'une grande actrice !

 

- En 7:16mn : Des bisous pour Manuel Valls ! Joignez-vous à notre antenne pour rendre hommage à Manuel Valls et faites le test pour savoir si vous êtes antisémites

 

- En 7:27mn : Hommage à Johnny Hallyday, the show must go on ! La France perd un héros et notre antenne lui rend hommage ! Mais grâce à notre glorieux président, le Rock'n Roll n'est pas mort !

 

- En 4:13mn : les vœux 2018 de la France en marche

 

- En 5:18mn : Citoyen français, reste vigilant sur le web et apprend à reconnaitre les bons youtubeurs des dangereux islamo-gauchistes du culte Insoumis !

 

- En 6:03mn : L'alimentation des bons français

Les bienfaits du Nutella et les excuses du patron de Lactalis sont au menu de ce 10eme épisode placé sous le signe de la diététique et de la gastronomie !

 

 

 

 

- En 6:25mn :  Le choix de Laurent Wauquiez permettra-t-il de relancer la franchise "Capitaine Super Réac" ? Retour sur la saga des studios "Les républicains pictures" !

 

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 15:10
Jean-Luc Mélenchon : « Je suis un indépendantiste français »

INTERVIEW - A l'approche du Conseil européen de Bruxelles de décembre 2017, jeudi, Jean-Luc Mélenchon tire la sonnette d'alarme et appelle à faire sauter les « verrous » sur l'harmonisation sociale, l'harmonisation fiscale et le changement de statut de la Banque centrale européenne. « Ma ligne, ce n'est pas le Frexit », plaide-t-il, comparant son « plan B[2] » à la « dissuasion nucléaire ».

 

Sources :  Les Echos.fr par Pierre-Alain Furbury et Renaud Honoré le 11 décembre 2017 | mis à jour le 04/08/2021

- Les Echos : Vous avez accru vos attaques contre l'Union européenne depuis quelques semaines. Comment qualifieriez-vous votre positionnement désormais sur l'Europe : souverainiste, eurosceptique voire europhobe ?

Jean-Luc Mélenchon : Le mot « souverainisme » nous aurait convenu s'il n'avait pas été utilisé dans un sens nationaliste qui ne convient pas à notre façon de voir. Si je suis souverainiste, c'est au sens de la souveraineté du peuple. Je suis plutôt un indépendantiste français.

 

 

- Les Echos : La France ne serait donc pas indépendante ?

Jean-Luc Mélenchon : Non en effet. Proposer de le redevenir c'est dire qui commande. Si les transferts de souveraineté que nous avons opérés vers les instances européennes avaient été confiés à un Parlement européen ayant un réel pouvoir de décision, mon point de vue serait peut-être différent. Mais celui-ci n'est pas un vrai Parlement : 70 % de ses délibérations n'ont aucun effet concret. Dans les années 1990, je militais pour un vrai fédéralisme. J'appelais à une constituante européenne. Mais j'ai réalisé, en 2005 [lors du référendum sur la constitution européenne, NDLR], que cette voie était impossible.

 

A présent nous voici plus proche du modèle du saint empire romain germanique que de la marche vers la République universelle à laquelle je rêvais. De plus, la France roule à contresens. En quoi serions-nous plus proches des pays baltes que nous ne le sommes des pays francophones de la Méditerranée comme l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie ?

 

 

-Les Echos : Vous avez rejeté l'idée que la France puisse être contributeur net au budget européen en citant Margaret Thatcher (« I want my money back »). Les conservateurs britanniques deviendraient-ils un modèle pour vous ?

Jean-Luc Mélenchon : Dans l'art de faire payer les autres ils ont à nous apprendre ! Nous sommes l'un des derniers pays en procédure de déficit excessif, et dans le même temps nous versons 20 milliards au budget européen pour n'en récupérer que 14 milliards. 6 milliards de dons ! Cela s'appelle une dépense somptuaire. Payer des routes aux Roumains et des aéroports aux pays baltes, c'est utile, mais ce n'est pas dans nos moyens actuels. Dans les années où nous sommes en déficit excessif, nous devrions avoir le droit de garder nos 6 milliards.

 

 

- Les Echos : Votre position est contradictoire : vous voulez une Europe plus solidaire et vous critiquez le budget européen, l'un des principaux outils de l'Europe en matière de solidarité...

Jean-Luc Mélenchon : Vous confondez solidarité et annexion. La vraie solidarité, c'est celle qui prendrait des mesures pour rompre le dumping social et fiscal dont l'Europe est en train de mourir. Car voila par où sont montés les nationalismes les plus obscurs en Hongrie, Slovaquie, en Autriche ou en Pologne. Mais qu'on ne caricature pas ma position : ma ligne, ce n'est pas le « Frexit ». Je crois à la puissance française. En Europe ses intérêts fondamentaux doivent être protégés. Faire l'Europe ? Oui si c'est sans défaire la France !

 

 

- Les Echos : Mais le budget européen a aussi servi à lutter contre le dumping social, en accélérant le développement et le niveau de vie de pays comme l'Espagne après son entrée dans l'UE en 1986...

Jean-Luc Mélenchon : Vous trouvez que l'Espagne va mieux qu'il y a 30 ans ? 500.000 personnes l'ont quittée en quatre ans. Bruxelles trouve son niveau de vie excessif et lui a imposé des plans d'austérité liquidant des pans entiers de l'Etat jusqu'au point où, aujourd'hui, la Nation même finit par ne plus avoir de sens pour une partie de la population qui veut l'indépendance. L'Espagne va très mal. Pourtant elle était réputée naguère être le bon élève avec son modèle de développement par la dette et la bulle immobilière.

 

 

- Les Echos : Votre « Plan A[1] » de réforme de l'Europe comporte une longue liste de revendications. Là-dedans, quelles sont vos priorités ?

Jean-Luc Mélenchon : Il faut sortir des Traités, notamment des deux derniers budgétaires qui sont les pires, et passer à autre chose. Cette autre chose n'a rien de mystérieux : en économie, c'est une politique keynésienne. Si ce que je disais était aussi extravagant, comment comprenez-vous que les banquiers centraux aient fait tourner la planche à billets comme nous le préconisions ? Mario Draghi, qui n'est pas un mélenchoniste, a offert 80 milliards tous les mois aux banques sans contrepartie. A la fin, un maigre ruissellement s'est opéré et on a vu la courbe déflationniste s'inverser. Mais ça ne suffit pas. Et pendant ce temps le système financier mondial est voué à l'explosion de nouvelles bulles. Le danger est partout. La vraie réponse passe par la fin de trois verrous : l'harmonisation sociale, l'harmonisation fiscale et le changement de statut de la BCE pour que celle-ci puisse prêter aux États.

 

 

- Les Echos : Emmanuel Macron dit travailler à l'harmonisation sociale et met en avant la réforme des travailleurs détachés...

Jean-Luc Mélenchon : C'est de la blague : il n'y a eu aucune amélioration. On a réduit le temps d'utilisation du recours aux travailleurs détachés, mais on n'a rien touché au principe scandaleux du paiement de la cotisation dans le pays d'origine. On doit payer ses cotisations dans le pays d'accueil.

 

 

- Les Echos : Pour faire bouger l'Europe, il faut des partenaires. Où les trouvez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon : Nous les trouverons si nous savons ce que nous voulons. Et si nous décidons, déjà, de parler des problèmes essentiels. Il faut une conférence pour sécuriser les frontières. Et une autre sur la dette, qui doit devenir un sujet politique en Europe. Personne ne la payera, tout le monde le sait. Et on connaît les moyens qu'on peut utiliser. Cela passera par le rachat de la dette publique par la BCE. Au maximum, cela produira 5 à 6 points d'inflation (NDLR : voir position défendue en 2021 sur la dette [3] [3bis]) [4] ! Et alors ? Le vrai problème c'est la dette privée, elle aussi insolvable. Il faut sécuriser cette dette, empêcher les défaillances par la relance de l'activité des débiteurs.

 

 

- Les Echos : Mais durant votre campagne, vous préconisiez aussi pour la dette française une solution plus radicale de « restructuration » de la dette illégitime...

Jean-Luc Mélenchon : Mon but, c'est de geler la dette. Si la banque centrale rachète les dettes des États, le problème est réglé. Elle peut en faire ce qu'elle veut ; il y a mille solutions techniques. Sinon, ce sera la pagaille et l'effondrement.

 

 

- Les Echos : Comment changer les traités si les autres ne veulent pas ?

Jean-Luc Mélenchon : C'est comme pour la dissuasion nucléaire : le principe même fait que vous n'avez pas besoin d'alliés. Moi j'ai un bouton qui s'appelle « plan B[2] ». Si - comme Emmanuel Macron - vous n'avez pas de dissuasion, vous n'avez pas de « plan A[1] » qui tienne. La menace ne vaut que si elle existe. Avec moi, elle existe.

 

 

- Les Echos : La sortie de l'Union est donc bien une option...

Jean-Luc Mélenchon : Je ne pars pas battu. Bon sang ! Tout ne dépend pas de la volonté des autres ! Voyez : Emmanuel Macron annonce l'interdiction du glyphosate dans trois ans malgré la décision européenne, il me donne raison. Mais il est sur le tapis roulant qui mène au plan B sans savoir comment le gérer. La France doit redevenir acteur et pas simplement être un « bon élève » de la volonté des autres. On ne peut pas faire l'Europe sans la France. J'adjure qu'on le comprenne : notre nation, sous toutes ses formes, est en danger. Si on ne réagit pas, l'Europe explosera ! La France, comme l'Allemagne, n'ont aucun intérêt à ce chaos.

 

 

- Les Echos : Pourquoi Angela Merkel céderait-elle à votre menace ? Même l'ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, qui ne vous soutient plus, pense le contraire.

Jean-Luc Mélenchon : Monsieur Varoufakis vient d'un pays qui pèse 2 % de l'économie européenne. Sa vision de l'Union européenne est faussée par un rapport de forces qu'il a été incapable de construire. L'Europe ne pourrait donc qu'être allemande ? Moi je fais le pari qu'elle bougera. Parce que nous sommes à l'endroit qui met en péril sa priorité absolue. La rationalité du comportement du gouvernement allemand CDU-CSU, c'est la politique de la rente. Et dans une politique de rente, on ne se paye pas un conflit avec son principal voisin et client.

 

 

- Les Echos : Le scepticisme ne vient pas simplement de l'Allemagne, mais du fait qu'on ne voit pas qui pourrait soutenir votre projet...

Jean-Luc Mélenchon : Il y a beaucoup de travail, en effet. Mais la politique est un art de réalisation et nous convaincrons. Ce que n'a pas su faire [le Premier ministre grec] Tsipras. Ce ne serait pas la première fois qu'en France, on réussit de grands tournants. Ce qu'a accompli le général de Gaulle après 1958 n'a pas été une mince affaire. La volonté ouvre des chemins à jamais inconnus des résignés.
 
 
 

- Les Echos : Vos emportements, vos attaques contre les journalistes, votre style qui vous vaut d'être taxé de populisme n'entame-t-il pas aussi votre crédibilité ?

Jean-Luc Mélenchon : Il me rend crédible auprès de ceux dont j'ai besoin pour construire un rapport de force. Si l'histoire n'était qu'un choc de raisonnements contradictoires, on vivrait dans un colloque savant. Non, c'est un choc d'intérêts. Ce que je propose heurte des intérêts très puissants. Après, il y a sans doute dans cette « théâtralité » un côté qui tient au Méditerranéen que je suis. Si j'étais président, je m'exprimerais sans doute différemment ; là, je suis le tribun du peuple - j'en suis fier. Car les barrières sont dans les têtes : on répète du matin au soir aux Français, notamment à ceux qui souffrent, qu'on ne peut pas faire autrement. Il y a un énorme effort à faire pour rompre le cercle de l'évidence médiatique.

 

 

- Cela pourrait-il vous conduire à travailler, sur les questions européennes, avec des gens de l'autre rive ?

Jean-Luc Mélenchon : La ligne politique et mes objectifs n'ont rien à voir avec ceux du FN ou des nationalistes. Mais tous ces gens rament pour moi d'une certaine manière, en contribuant à la construction d'un champ culturel où nos mots d'ordre - l'Europe ne protège pas les Français mais les menace - sont en train de devenir dominants. Il faut capitaliser positivement cette colère qui peut être dangereuse.

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2 janvier 2018 2 02 /01 /janvier /2018 14:04
Après les ordonnances contre le Code du Travail.... le SMIC dans l'oeil du cyclone
Après les ordonnances contre le Code du Travail.... le SMIC dans l'oeil du cyclone
Après les ordonnances contre le Code du Travail.... le SMIC dans l'oeil du cyclone

Avec un SMIC, un salarié ne peut s'offrir que 26 m2 à Bordeaux, et dix à Paris !

 

95 % des salariés payés au salaire minimum sont ouvriers ou employés. Près des deux tiers sont des femmes. Les jeunes aussi sont surreprésentés[1].

Après avoir inversé la hiérarchie des normes du code du travail, supprimé l’ISF et l’impôt sur les dividendes, réduit l’impôt sur les revenus du capital, le nouveau gouvernement des riches va-t-il s’attaquer au SMIC, comme le recommande Pierre Gattaz du Medef (il considère que la France a le Smic le plus élevé d’Europe[5]) mais aussi le groupe d’experts « indépendants » acquis à sa cause et comme le Figaro l'annonce[4] ?

Pourtant, selon ces derniers, la France se place sixième des salaires minimums les plus avantageux d’Europe, derrière bon nombre de ses voisins frontaliers[6].

Pour autant, replacé dans le système d’aides sociales, il ne permet pas à tout le monde d’échapper à la pauvreté, à commencer par les familles avec enfants[7].

 

Sources : L'Heure du Peuple par Les Socialistes insoumis par Liêm HOANG NGOC (Porte-parole « économie » de La France Insoumise) mis à jour le 09/08/2022

- Le comité d’experts sur le SMIC nommé par le gouvernement a fait la part belle aux adversaires du salaire minimum.

Selon un arrêté du premier ministre en date du 23 août 2017, un « groupe d’experts sur le salaire minimum de croissance » a été nommé par le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire, ainsi que la ministre du travail Muriel Pénicaud. Or, les experts en question ont été méticuleusement choisis pour leurs positions politiques par rapport au SMIC. Loin de constituer un lieu de réflexion ouvert sur la société et propre à délivrer des recommandations politiques favorables aux salariés, cette commission ressemble à un commando pour préparer une attaque contre le salaire minimum légal.

 

 

- Le SMIC un objet uniquement économique ?

Parmi ces cinq « experts », on trouve André Zylberberg, Isabelle Méjean Andrea Garnero, Marie-Claire Villeval et Gilbert Cette, nommé président du groupe d’experts sur le salaire minimum de croissance.

 

Ces « experts » sont tous les cinq économistes. Le gouvernement n’a jugé utile d’associer aucun universitaire membre d’une autre discipline (sociologue, historien, politiste, juriste…) comme si le salaire minimum n’était pas un élément fondamental de vie sociale de la nation mais un élément uniquement économique. Il a également écarté tout expert en-dehors du monde académique : ni syndicaliste, ni même chef d’entreprise d’ailleurs, ni élu, ni témoin d’expériences étrangères qui aurait pu témoigner des effets positifs de l’introduction du SMIC au Royaume-Uni ou en Allemagne, par exemple. Par ce choix, le gouvernement veut contribuer à sortir le SMIC du débat politique pour le réduire à une simple question technique, débattue entre économistes triés sur le volet.

 

 

- Rôle prépondérant d’« économistes atterrants »

En effet, le choix des économistes en questions est très idéologique. A la présidence de la commission est ainsi nommé Gilbert Cette. Cet économiste a été l’auteur en 2008, avec André Zylberberg également présent dans la commission, d’un rapport du Conseil d’analyse économique intitulé Salaire minimum et bas revenus : comment concilier justice sociale et efficacité économique ? A l’intérieur de ce document, le chœur des pleureuses s’est particulièrement distingué en déplorant un salaire minimum fixé par voie légale de manière uniforme, qui ne permettrait pas de lutter contre les inégalités. Cependant, en 2015, le taux de risque de pauvreté chez les personnes en emploi est de 7,5% en France, contre 9,5% en moyenne dans l’Union européenne ou 9,6% en Allemagne. Ils espéraient avec leur rapport « dépolitiser et dépassionner progressivement les débats » sur le SMIC. Comme si la question du niveau de vie et la dignité du salaire pouvaient être « dépassionnés » et abandonnés à une poignée d’économistes libéraux.

 

 

- Geler le SMIC

Les auteurs du rapport souhaitaient déjà liquider le SMIC en modifiant son évolution annuelle.

 

Un rappel s’impose : aujourd’hui, le SMIC est revalorisé légalement selon l’inflation, et il augmente de la moitié des « gains de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier ». Cela signifie le gain de pouvoir d’achat des salariés. En clair, il augmente selon la hausse des prix, et répercute aussi une partie du pouvoir d’achat. Gilbert Cette et André Zylberberg souhaitaient, eux, supprimer tout lien avec le pouvoir d’achat des salariés. Exemple : en 2016, le SMIC a été augmenté de 0,6% automatiquement. Si seule l’inflation avait été prise en compte, et pas l’augmentation du pouvoir d’achat, cette hausse n’aurait été que de 0,2%, soit trois fois moins ! Au lieu de passer de 1458€ à 1467 € par mois, le SMIC serait passé de 1458€ à 1461€. Le gain annuel serait tombé de 108€ à 36€.

 

 

- Vers un SMIC différent selon « l’âge ou la région »

Dans un entretien au journal Libération du 3 septembre 2015, Gilbert Cette persistait et signait. Il réclamait « un smic qui varie en fonction de l’âge ou encore de la région ». Vieille idée… puisque c’était le cas du SMIG (1950-1970) avant les accords de Grenelle de 1968, divisé entre vingt zones de « niveau de vie » ! A l’opposé de ce que défend Gilbert Cette, c’est le SMIC unifié qui harmonise progressivement les conditions de vie de la population. Segmenter le SMIC entre des catégories d’âges ou de régions, comme en Allemagne, augmenterait les inégalités, en organisant du dumping interne à l’intérieur du pays, des régions les moins développées vers les plus développées, des jeunes vers les vieux. Cela impliquerait aussi un renoncement au principe fondamental de salaire égal pour travail égal. Le SMIC jeune, par exemple, n’a jamais eu d’autre effet que de diminuer les revenus des jeunes là où il a été mis en place. Aucun employeur ne se rue pour embaucher des jeunes sous prétexte qu’ils sont moins chers – pour la bonne raison qu’effectivement, d’ores et déjà, les jeunes travaillent pour des salaires plus faibles que les salariés dotés d’ancienneté !

 

Par ailleurs, Gilbert Cette prétend discerner une relation entre les pays dotés d’un SMIC jeune, comme les Pays-Bas et le Royaume-Uni, et la faiblesse du taux de chômage. Effectivement, ces deux pays sont passés champions dans l’art de convertir des chômeurs en inactifs, avec des dispositifs de retrait du marché du travail. La grosse différence dans le chômage des jeunes est en réalité liée à leur taux d’activité. En France, 37% des moins de 25 ans sont sur le marché du travail, contre 68% aux Pays-Bas et 58% au Royaume-Uni.

 

 

- Vers plus de travailleurs pauvres ?

En effet, dans chacun des deux États, de nombreux étudiants sont obligés de travailler à temps partiel pour subvenir à leurs besoins et payer leurs études, surtout face au remplacement progressif des aides sociales par des crédits bancaires. En France, jusqu’à l’âge de 26 ans, la majorité des étudiants sont en-dehors du marché du travail. Aux Pays-Bas, dès 16 ans, la majorité des étudiants ou apprentis sont sur le marché du travail. Ils n’exercent que des emplois à faible durée et intermittents, mais comptent de ce fait dans la main d’œuvre, et diminuent le « taux de chômage » si l’on compare les deux pays sans tenir compte de leurs institutions respectives. Plus le nombre de personnes en emploi est élevé, plus le taux de chômage baisse : 1 chômeur sur 5 travailleurs équivaut à un taux de chômage à 20%, tandis qu’1 chômeur sur 6 travailleurs équivaut à un taux de chômage de 16,5%. Voilà d’où vient le taux de « chômage des jeunes » : moins de personnes sur le marché du travail en France qu’aux Pays-Bas, pour un nombre de chômeurs équivalent. Et il faudrait distribuer des petits emplois à 5 heures par semaine pour réaliser ce miracle néerlandais que Gilbert Cette appelle de ses vœux ?

 

 

- Une commission pour étouffer le débat ?

  • Second membre de cette commission, André Zylberberg, est surtout un auteur de mauvais pamphlets. Il a notamment corédigé le livre «  Le négationnisme économique[2», ouvrage d’une rare subtilité dans lequel il compare ses collègues doutant des poncifs libéraux à des négationnistes. Nous avons donc affaire à un économiste qui récuse le pluralisme académique, et tente de bâillonner par la diffamation ses collègues qui proposent d’autres conclusions théoriques. Dans ce livre, il n’hésite d’ailleurs pas à citer des études depuis invalidées pour leurs erreurs de calcul, ou bien à tordre leurs conclusions dans le sens qui l’arrange.

 

Il prétend que « certains travailleurs finiront par coûter plus qu’ils ne rapportent » avec les hausses du salaire minimum. Bizarrement, il est moins disert lorsque « certains capitaux finissent par coûter plus qu’ils ne rapportent » au pays ! Mais prenons l’argument au sérieux. Dans le cas d’une grande entreprise, elle doit être fort mal gérée si l’organisation du travail génère moins de 11€ de valeur ajoutée par heure. Dans le cas des petites entreprises, elles méritent un soutien lorsque les frais de location, d’escompte, de crédit bancaire, de démarchage et de sécurisation des débouchés sont bien trop élevés et les étranglent au profit des grands monopoles, d’où notre proposition d’une caisse de solidarité inter-entreprises.

 

Mais dans la réalité, plus une entreprise est intensive en capital, plus elle embauche au SMIC. Et à l’inverse, plus une entreprise est petite, plus son taux de marge est élevé. Globalement, aucun des récents travaux de l’INSEE n’a jamais identifié de lien entre le niveau de salariés au SMIC et la rentabilité des entreprises. Même celles qui vont très bien embauchent allègrement au niveau du SMIC. Il s’agit d’un faux argument. S’il y a matière à décharger les PME, c’est sur leurs charges financières moyennes (intérêts d’emprunts, gestion de compte, frais de commission et de découverts…) qui pèsent au point de représenter entre 30 et 40% de leur chiffre d’affaire selon la taille et le secteur. Ou bien sur leur loyer : 150€ par mètre carré à Marseille, autant dire que 4m² ont le même prix qu’une revalorisation intégrale et immédiate du SMIC comme prévu par L’Avenir en commun !

 

  • L’économiste Marie-Claire Villeval ne se situe pas au même niveau de mauvaise foi que ses deux collègues. Elle appartient au courant de « l’économie comportementale », qui tente de simuler en laboratoire les réactions humaines. Ce courant est au centre d’un débat académique pour évaluer ses apports et ses limites : que peut-on réellement simuler en laboratoire, qui soit identique à la vie réelle ? Elle a notamment essayé d’appliquer son cadre théorique au marché de l’emploi, avec des conclusions qui laissent sceptique. Elle explique par exemple que « l’excès d’optimisme réduit l’efficacité de l’assurance-chômage », alors qu’on serait tenté de proclamer au contraire que le déficit d’assurance-chômage réduit l’optimisme .

 

Elle continue en assénant que « la crainte de perte de bien-être ou de pouvoir d’achat par un chômeur par rapport [à] son ancien emploi le conduit à refuser des offres d’emploi pourtant raisonnables ». Superbe glissement du scientifique au politique : nul ne saura ce qu’elle définit comme « offre d’emploi raisonnable », mais elle semble convaincue que les chômeurs devraient reprendre des offres d’emploi moins bien payées que leur emploi précédent. Cela permet de cerner un peu ce troisième membre de la commission.

 

  • Enfin, Isabelle Méjean, ne s’est jamais distinguée par des propos néolibéraux sur le marché de l’emploi. Nous sommes donc curieux des conclusions qu’elle apportera au groupe d’experts. Andrea Garnero, quant à lui, est expert de l’OCDE. Cette institution a longtemps eu la main lourde sur les préconisations libérales, même si elle entame une légère réorientation depuis quelques années. M. Garnero a en tout cas écrit des documents qui semblent plaider pour le salaire minimum, notamment lorsqu’il a montré avec d’autres chercheurs que la fixation des salaires plancher au niveau des branches couvrait moins de personnes qu’un salaire minimum légal . Mais que pèseront ces avis face à l’agenda politique et médiatique du duo Cette-Zylberberg ?

 

- Dire stop aux mensonges contre le SMIC

Mieux vaut prévenir que guérir, et donc rappeler quelques arguments. D’abord, le salaire minimum français n’est pas particulièrement élevé. Il est inférieur à celui du Luxembourg, de la Belgique, des Pays-Bas, de l’Australie ou même de l’Irlande. Le discours catastrophique sur la compétitivité de la France par rapport à l’étranger n’a pas de raison d’être. Le SMIC ne concerne que 10% de la main d’œuvre des PME françaises.


La France est un des pays d’Europe les moins ouverts au commerce international – ce qui est un point d’appui pour mener une autre politique – et 85% des salariés y travaillent dans un secteur préservé de la concurrence étrangère, comme le commerce de détail, l’hôtellerie, la restauration, l’enseignement, les services à la personne… Donc le SMIC n’occasionne aucun risque pour les emplois nationaux lorsqu’il augmente. Personne n’ira manger son hamburger à Varsovie ou Hanoï si Mac Donald’s est par exemple obligé d’augmenter ses salariés.

 

- Revaloriser le SMIC, une mesure d’intérêt général

Surtout, le SMIC a été dégradé depuis des décennies. La productivité horaire a progressé de 30% entre 1993 et 2011, alors que le salaire minimum ne gagnait que 10%. Les 20% d’écart sont partis dans les revenus des actionnaires, au lieu d’alimenter l’économie réelle et de prévenir une prochaine récession. Laisser le SMIC fondre à côté de la productivité revient à créer les conditions d’un prochain effondrement spéculatif, à cause de la hausse des profits du capital. Lorsque le SMIC augmente, cela profite d’abord aux petites entreprises au détriment des plus grandes. En effet, les personnes à petits revenus peuvent alors se permettre des dépenses en-dehors du strict minimum vital consommé dans des grands magasins pour profiter des prix les plus bas que pratique la grande distribution. Même au sein des grands distributeurs, certaines gammes gagnent à la hausse du SMIC, comme les produits bio ou les aliments de qualité supérieure qui sont plus consommés. Autant dire qu’un euro mis dans la hausse du SMIC est un euro directement envoyé en soutien à l’investissement et à la consommation, puisque les petits revenus n’épargnent presque pas, faute d’en avoir les moyens.

 

Enfin, toute hausse du SMIC se diffuse, et tous les salariés y ont un intérêt. En effet, l’augmentation des petits salaires conduit mécaniquement ceux du dessus à être réévalués, afin de maintenir les écarts salariaux (ou de les diminuer dans le cas des hauts salaires, qui peuvent rester stables). D’après l’INSEE, à l’horizon d’un an, une hausse du SMIC mensuel de 100€ conduit à une réévaluation de 50€ des salaires au niveau d’1,5 SMIC.

 

 

- Le SMIC : un objet politique

En nommant des experts très orientés qui rêvent de soustraire le SMIC du débat citoyen, Emmanuel Macron prouve le contraire. Il rappelle que le salaire minimum est une conquête politique et l’objet permanent d’un rapport de force social. Il n’a pas toujours existé. Créé en 1950 pour répondre aux revendications de dégel des salaires, il a alors pour objectif d’empêcher la pauvreté des travailleurs et de relancer la consommation. Deux ans plus tard, il est indexé sur l’inflation pour empêcher son écrasement par la hausse des prix. Il connaît son apogée en 1968, avec une hausse de 36% dans la foulée des accords de Grenelle. C’est un bien précieux, qui a longtemps permis (avant la montée du temps partiel) de faire rimer emploi avec dignité. Ces nominations doivent donc sonner comme un signal d’alarme.

 

Et si après le code du travail, le SMIC était la prochaine cible d’Emmanuel Macron ?

 

 

- Le rapport d’experts « indépendants » publié... maintenant, ils veulent s’attaquer au SMIC !

Le groupe d’experts de la Commission Nationale de la Négociation Collective vient de remettre son rapport annuel sur le SMIC, quelques semaines avant sa revalorisation du 1er janvier. Il recommande de mettre un terme aux mécanismes d’indexation du SMIC, garantissant jusqu’à présent le pouvoir d’achat des bas salaires. Cela concerne 11% des salariés. Le rapport propose en premier lieu de mettre fin aux « coups de pouce », permettant aux gouvernements d’accroître à discrétion les bas salaires. Il recommande en second lieu que lors de sa revalorisation annuelle, la progression du SMIC ne soit plus indexée sur l’inflation et sur l’évolution du salaire horaire de base des ouvriers et des employés, ou bien qu’elle soit uniquement dépendante de l’inflation.

 

Les auteurs indiquent qu’ils militent en faveur de la régionalisation du SMIC et de l’instauration d’un SMIC jeunes, mais que le contexte sociétal n’est pas propice à ces propositions. Ils considèrent enfin que le salaire minimum est un piètre instrument de lutte contre la pauvreté et se félicite de la hausse de la prime d’activité. Leurs arguments se résument à l’idée simpliste selon laquelle le coût du travail excessif est à l’origine du déficit de compétitivité de l’économie française et du chômage. Les « travaux » du clan des économistes orthodoxes auquel ils appartiennent ont servi de caution idéologique aux politiques qui se sont déployées pour détricoter le code du travail, réduire le coût du travail et rétablir le taux de marge des entreprises. Le coût de exonérations de cotisations sociales, combinées au CICE, s’élève désormais à 60 milliards, soit 3% du PIB. Alors que les effets de ces mesures sur la compétitivité et l’emploi ne sont pas probants, voila que les mêmes experts s’attèlent à préparer les esprit à la suppression des mécanismes d’indexation du SMIC, réputés renchérir le coût du travail non qualifié et entraîner une pression à la hausse des bas salaires négociés dans les branches.

 

 

- La baisse du coût du travail n’a pas amélioré la compétitivité et l’emploi

Alors même que la productivité des travailleurs de France est l’une des plus forte au monde[3], le coût du travail français évolue désormais à un rythme inférieur à celui observé en moyenne dans la zone euro. Symétriquement, le taux de marge brut converge vers à son plus haut taux historique. Malheureusement, les entreprises n’utilisent aucunement les profits pour investir et innover. Leur sous-investissement explique que le commerce extérieur reste structurellement déficitaire. La part des profits consacrés à l’investissement reste faible, alors que celle consacrée au versement de dividendes s’accroît. Elle s’élèvera d’autant plus que les revenus du capital sont désormais sous-taxés par la « Flat Tax » (le prélèvement forfaitaire unique permettant aux revenus du capital d’échapper au barème de l’impôt sur le revenu) et que l’impôt sur les dividendes a été supprimé.

 

Obsédés par le coût du travail, nos économistes officiels en oublient de regarder du côté du coût du capital, devenu exorbitant. Les modèles théoriques postkeynésiens, qu’ils méconnaissent, montrent pourtant qu’une hausse du taux de marge peut s’avérer contreproductive dans l’hypothèse où l’essentiel de la part des profits est versée sous forme de dividendes et où la propension à épargner des actionnaires est forte. Dans ce cas d’école, proche de la réalité actuelle, les politiques de l’offre ont pour effet pervers d’accroître la part de l’épargne dans l’économie, au détriment de la consommation et de l’investissement. C’est cette pression déflationniste qu’a craint la BCE il y a peu. Une telle situation appelle la mise en œuvre de politiques de monétaire et budgétaire de relance, ainsi qu’une hausse des salaires.

 

Une hausse du SMIC est certes susceptible d’engendrer une tension sur les coûts dans les services, où la productivité est stagnante. Néanmoins, dans ce secteur abrité de la concurrence internationale, une hausse sensible du prix relatif des services permet de faire face à la hausse générale des bas salaires. Un regain de demande et d’inflation est d’ailleurs souhaitable, dans la conjoncture déflationniste actuelle.

 

 

- Il faut augmenter le SMIC et les minima sociaux

Rappelons enfin que la fonction du SMIC n’est pas de lutter contre la pauvreté, mais de reconnaître, sur le territoire national, la valeur minimale de la force de travail que les ouvriers et les employés sont contraints de vendre pour vivre. Il est heureux que le SMIC situe au-dessus du seuil de pauvreté (pour un salarié à temps complet).

 

Pour lutter résolument contre la pauvreté, il faut porter le niveau des minima sociaux au niveau du seuil de pauvreté (60% du revenu médian), soit 1000 euros. Or nos experts « indépendants » ne l’imaginent jamais. Ils craignent, dans ce cas, que le trop faible écart entre les minima sociaux et le salaire minimum (dont ils veulent modérer la hausse) ne dés-incite les individus à travailler, d’où leur plaidoyer en faveur de la prime d’activité. Or celle-ci a pour inconvénient de laisser sur le bord du chemin des millions de chômeurs involontaires, ayant épuisé leur droit aux allocations chômage et condamnés à survivre avec des minima sociaux inférieurs au seuil de pauvreté. Augmenter simultanément le SMIC et les minima sociaux est une nécessité. Porter ces derniers au niveau du seuil de pauvreté « coûte » 10 milliards. Cette somme est à mettre en balance avec le montant, comparable, consacré par la loi de finance 2018 aux réformes fiscales en faveur de la détention et des revenus du capital.

 

Notes :

[1] Salariés au Smic : portrait d’une France populaire

[2] Pierre Cahuc, André Zylberberg, Le négationnisme économique, Comment s’en débarrasser ?, Flammarion, 2016.

[3] Ambassade de France à Prague : La productivité française, parmi les plus élevée au monde

[4] Un projet de loi porté par Bruno Le Maire envisagerait, selon Le Figaro, de réformer la revalorisation du salaire minimum.

[5] Non, Pierre Gattaz, la France n’a pas le Smic le plus élevé d’Europe

[6] la France se place sixième des salaires minimums les plus avantageux d’Europe, derrière bon nombre de ses voisins frontaliers.

[7] En France, le salaire minimum ne permet pas aux familles d’échapper à la pauvreté

 

Pour en savoir plus :

- Les 12 pays les plus productifs au monde : la France au XIe rang

- SMIC : Valls propose d’abaisser les salaires par Gérard Filoche

- Smic : le Medef s'empare de l'idée d'un salaire minimum « transitoire »

- Alternatives Économiques : Smic vers une réforme libérale radicale

- Gilbert Cette, la carte secrète de Macron qui prône un SMIC par région et par âge !

- Smic : un groupe d’expert préconise la fin du "coup de pouce annuel"

- France insoumise : Le SMIC, prochaine cible de Macron ?

- L'Avenir en commun : minimas sociaux,salaires et pensions

- immobilier : avec un Smic, un salarié ne peut s’offrir que 26 m² à Bordeaux, et dix à Paris

- Un projet de loi porté par Bruno Le Maire envisagerait, selon Le Figaro, de réformer la revalorisation du salaire minimum.

- Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes

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15 décembre 2017 5 15 /12 /décembre /2017 00:49
14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
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C’est devant une trentaine d'insoumis du " grand " La Rochelle qu’eut lieu une restitution de la convention de la France insoumise des 25 et 26 novembre.

 

 

- Le vécu des 3 participants provenant du " grand La Rochelle "

Plus de 1 600 insoumis-es présents à Clermont Ferrand les 25 et 26 novembre dont 3 locaux (La Rochelle, Rivedoux et Perigny), rassemblés par table de 7 à 10 personnes, sont venus travailler :

- sur les grandes questions à traiter dès à présent pour les prochaines campagnes ;

- à l’élaboration d’une trame organisationnelle (déjà bien avancée) ;

- à la mise en place de deux chartes : l’une consacrée aux principes de la France Insoumise, adoptée à plus de 96 %, l’autre concernant les groupes d’action (qui remplacent les groupes d’appui), adoptée à plus de 93 %.

 

Ce fut l’occasion de découvrir le résultat du vote de plus de 69 000 insoumis, les semaines précédant la Convention avec en regret, le trop peut de temps laissé au débat.

 

Beau et cohérent résultat que celui découvert à Clermont-Ferrand, lors de la « Convention de la pérennité » telle que qualifiée par Jean-Luc Mélenchon  (cliquez ICI) :

 
 

- Les échanges ont façonné cette soirée rochelaise sur :

  • la présentation sommaire de la charte des Groupes d'action... consultable ICI

  • la présentation sommaire des principes de la FI... consultables ICI

  • Retour sur la synthèse des boîtes à idées, par grands sujets :

- Quelles campagnes et quels thèmes d’actions pour la France insoumise ? »... consultable ICI

- Synthèse de la boîte à idées « Quelle organisation pour le mouvement ? »... consultable ICI

- Synthèse de la boîte à idées « Quelles modalités d’actions pour la France Insoumise ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quels besoins de formation ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quelle plate-forme de financement ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quelle composition et quel rôle pour l’assemblée représentative ? »... consultable ICI

- Synthèse de la cogitation « Quelles évolutions de la plate-forme nationale ? »... consultable ICI

- Synthèse de la boîte à idées « Quels outils pour faciliter la mise en mouvement ? »... consultable ICI

    Retour sur les autres enjeux de cette convention

    • La définition de l'espace politique... consultable ICI

    • Les 3 thèmes de campagnes nationales, (ceux qui ont été votés par les insoumis qui devient choisir, parmi 30 thèmes issus du programme L’Avenir en Commun, les 3 qui paraissaient devoir être traités en priorité) voir plus bas.

    • Présentation d'un résumé de la méthode Alinski  du nom d'un militant états-unien méconnu en France, Saul Alinsky (Comment combattre efficacement les inégalités sociales, les discriminations, le capitalisme ? Que faire pour surmonter la résignation et le fatalisme ambiants ? Par où commencer ?) dont une approche est... consultable ICI

    Deux exemples concrets :

    Tout n'est pas réglé, des zones d'ombres existent encore notamment sur les moyens pour mener l'activité, mais les choses ne vont pas manquer de continuer à bouger et s'affiner dans cet outil politique en perpétuelle construction.
     
     

    -

    Nécessité d'une campagne d'action à l'échelle de la CDA de la Rochelle

    Le débat aborde un sujet important pour l'ensemble des citoyens de la communauté d'agglomération (CDA) de La Rochelle : la question de la gestion de l'eau potable dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi NOTRe.
     
    En effet, la loi Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe), votée sous le quinquennat Hollande prévoit que la gestion de la distribution de l'eau soit obligatoirement transférée en 2018 et au plus tard au 1er janvier 2020 des communes... aux intercommunalités, chez nous à la CDA de la Rochelle.
     
    Sur La Rochelle, l'eau est gérée en régie Publique, dans les autres communes soit c'est la RESE qui en a la gestion soit c'est une délégation de service public confiée à la SAUR (entreprise privée).
     
    • Question : Lors du transfert de la gestion de l'eau à la CDA quelle décision sera prise ?
    - gestion de l'eau en régie communautaire ?
    - ou gestion dans le cadre d'une délégation de service public à la SAUR, à Véolia ou autre ?
     
    L'enjeu est de taille pour les usagers. En moyenne l'écart de prix entre une gestion en régie publique et une gestion privée est de l'ordre de 30%.
     
    • Question : Quelles intentions de J.F. Fountaine président de la CDA ?
    - lors de la campagne des municipales de 2014, il avait pris position pour une régie publique ;
    - mais depuis 2 ans, interpellé par l'association CEP17 qui milite pour une régie publique, aucune réponse n'est fournie ;
    - Des forces politiques opposées à la gestion publique de l'eau existent sur la CDA de LR dont notamment les maires de Sainte-Soulle et Chatelaillon, la droite, le PRG.....
     
    • Question : Quel est leur poids politique ?

    Aujourd'hui, il est impossible de dire, en cas de vote, qui l'emporterait entre les défenseurs de la régie publique et ceux de la gestion privée !

     
    Après discussion, décision est prise de proposer aux groupes d'action et insoumis de la CDA rochelaise d'engager une campagne de mobilisation des citoyens pour une gestion publique de l'eau.
     
     

    -

    Détail des votes sur les thèmes de campagne

    Une liste de propositions de campagne avait été élaborée à partir de la synthèse de la boîte à idées sur les thèmes de campagne. Cette liste a été par la suite enrichie dans le cadre d'une consultation organisée à ce sujet, au cours de laquelle 317 contributions ont été recueillies. Lors du vote, chaque votant devait choisir 3 campagnes parmi les 30 proposées.

     

    Voici les campagnes arrivées dans les trois premières positions :

    14 décembre, les insoumis Rochelais en cogitation : « Convention nationale, et maintenant ? »
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    1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 16:12
    Henri Peña-Ruiz en 2012

    Henri Peña-Ruiz en 2012

    Sources :  Le site de la France insoumise par Henri Pena-Ruiz le 21/08/2016 mis à jour le 21 mai 2020

    La laïcité n’est pas le produit d’une culture, qui serait celle de l’occident judéo-chrétien. C’est au contraire un idéal d’émancipation conquis à rebours de cette culture, souvent dans le sang et les larmes. Liberté de conscience, égalité des divers croyant(e)s et des athées, refondation de la puissance publique par le seul intérêt général : l’idéal laïque est limpide, et simple à définir. Certes l’émancipation qu’il promeut reste partielle et Marx a raison de dire que l’émancipation socio-économique est nécessaire. Mais lui-même salue l’œuvre laïque de la Commune de Paris, qui applique le propos de Victor Hugo : « Je veux l’Etat chez lui et l’Eglise chez elle ». Il insiste ainsi sur la dialectique des émancipations. N’opposons pas les registres d’émancipation sous prétexte que souvent les différents types de discriminations interfèrent.

    Laïcité : un principe d'émancipation

    Pour les femmes, premières victimes des sacralisations religieuses du patriarcat, c’est essentiel. L’intersection des injustices ne doit pas permettre de calomnier la laïcité. Ainsi une femme noire et musulmane invitée à ôter son voile pour garder des enfants de toutes origines dans une crèche publique n’est pas victime de racisme parce qu’elle est musulmane et noire, et de sexisme parce qu’elle est femme. Sa couleur de peau et son sexe ne la dispensent pas de rester discrète sur sa religion quand il s’agit de respecter la neutralité vestimentaire par souci de ne pas heurter les enfants et les familles qui ne croient pas en Dieu ou sont adeptes d’une autre religion. Si elle-même, croyante, place son enfant dans une crèche, elle vivra mal qu’un employé de la crèche porte sur son teeshirt « je suis athée ». Blanc et catholique, un homme exerçant la même fonction est tenu au même devoir de réserve.

     

    Pourquoi rappeler au FN que les bûchers de l’Inquisition, la censure violente de la science et de l’art, l’oppression et l’intolérance, ont d’abord été le fait de l’Occident chrétien ? Pour souligner que son invocation de la laïcité n’est qu’une imposture ethnocentriste. Le FN tourne le dos à l’universalisme laïque en se faisant adepte du « choc des civilisations » qui oppose le « nous » et le « eux ». Il conjugue le privilège et la stigmatisation. On installe une crèche chrétienne dans une mairie (comme à Béziers) tout en distillant l’amalgame entre musulmans et terroristes islamistes. Bref choyons nos traditions et restons entre nous.

    Laïcité : un principe d'émancipation

    Ce n’est pas la civilisation chrétienne qui a inventé la laïcité, mais la résistance aux violences qu’elle provoqua. Ce rappel vaut également pour les  islamistes, prompts à voir dans la laïcité l’oppression d’une culture par une autre, voire une forme de racisme et de colonialisme. La laïcité fait partie de la tradition des opprimés chère à Walter Benjamin.   Des cathares aux humanistes athées, des protestants aux juifs dits déicides, des musulmans aux francs-maçons, l’oppression fut cruelle. Voir dans la laïcité un facteur de racisme est aberrant. Une symétrie se dessine entre l’idéologie ethnocentriste de l’extrême droite identitaire et l’enfermement communautariste promu par l’islamisme politique. L’universalisme laïque, construit à distance des préjugés, est aux antipodes de l’idéologie ethnocentriste des colonisateurs. Il l’est aussi du communautarisme oppressif qui conjugue le totalitarisme théocratique et la domination machiste chère aux sociétés patriarcales.

     

    Il est grand temps de cesser d’accabler la laïcité d’adjectifs multiples destinés à la relativiser, à l’affaiblir, voire à en donner des définitions contradictoires. Deux exemples, au-delà des insinuations propres à la notion malveillante de « laïcité ouverte ». La laïcité peut-elle être « concordataire » si on reconnaît qu’avec la liberté de conscience elle promeut aussi l’égalité ? En bonne logique, non. Le concordat déroge au principe d’égalité, car il instaure des privilèges pour l’Eglise. La notion de « laïcité concordataire » est aussi contradictoire que celle de cercle carré. Il en va de même pour la  notion de « laïcité identitaire » qui s’appliquerait au FN voire à une certaine droite classique. La laïcité fonde un cadre juridique pour assurer l’égale liberté des options spirituelles, athée ou religieuses. Mais elle n’impose aucune identité, car elle laisse chaque être humain libre de se définir. Concéder que le FN serait laïque est une lourde erreur, et une faute irresponsable.

     

    Trêve de notions-pièges, comme celle d’islamophobie. Celle-ci, selon le regretté Charb, « laisse entendre qu’il est plus grave de détester l’islam, c’est-à-dire un courant de pensée parfaitement critiquable, que les musulmans eux-mêmes. Or, si critiquer une religion n’est pas un délit, discriminer quelqu’un en raison de son appartenance religieuse l’est incontestablement. » (« Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » Editions Les Échappés, Paris 2015). Faudra-t-il dénoncer également l’athéophobie et en faire un délit ? Qu’est-ce qui est respectable ? C’est évidemment la personne humaine, avec sa liberté de croire, et non sa croyance ou son incroyance. Que devient sinon la liberté d’expression ? La notion de « racisme antimusulman » ne joue pas sur l’ambiguïté, comme celle d’islamophobie, notion piège destinée à interdire toute critique de l’islamisme. On a le droit de rejeter des convictions, mais non les personnes, qui ne se réduisent pas à elles. Prétendre qu’un être se confond avec sa conviction et n’est capable d’aucune distance à son égard est une forme de mépris, ou de condescendance. On a une croyance, mais on n’est pas sa croyance. Certes les fanatiques refusent une telle distinction et se prétendant blessés dans leur être glissent vers le terrorisme. Mais qui peut oser les excuser ? Protéger une religion sous prétexte qu’elle est celle des pauvres c’est  consacrer le supplément d’âme d’un monde sans âme. Il y a mieux à faire : lutter simultanément contre les causes sociales de la pauvreté et contre la mystification qui les fatalise. Bref, je suis et serai toujours Charlie.

     

    Dans le même ordre d’idée, il faut distinguer l’antisémitisme, qui s’en prend aux juifs comme tels, de l’antisionisme, hostile à un projet politique qui conduit les Palestiniens à devenir étrangers en leurs propres terres. Le mouvement « La paix maintenant » qui lutte contre les colonisations serait-il antisémite ? Monsieur Vals déraisonne quand il amalgame l’antisémitisme et l’antisionisme. Naïveté ou mauvaise foi ? Sa laïcité prétendue ne l’a pas empêché, étant premier ministre, de se rendre à Rome aux frais de la République pour assister à la canonisation de Jean Paul II. Clémenceau, président du conseil, refusa quant à lui d’assister au Te Deum donné en 1918 à Notre-Dame de Paris.

     

     

    Quant à l’islamisme politique il s’appuie sur une certaine lecture du Coran qui n’en retient que les versets belliqueux pour justifier le terrorisme. Le verset 29 de la sourate IX affirme : « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ». Un verset contredit par le verset 256 de la sourate II, qui stipule : « Pas de contrainte en religion » (lè  ikrahè fi din)». Il est donc faux de dire que les attentats contre Charlie puis contre l’hyper cacher et le Bataclan n’ont rien à voir avec la religion musulmane. S’il s’agit de faire de la prévention contre le racisme anti-musulman, la dénonciation de l’amalgame  entre musulmans et terroristes islamistes n’implique nullement de préserver l’Islam, qui rend possibles plusieurs interprétations. Dans la bataille des idées, le choix des mots est essentiel, surtout quand on veut éclairer la politique par la culture. Le même genre d’analyse vaut d’ailleurs pour les deux autres monothéismes.

     

    Ainsi dans l’Ancien Testament Moïse ordonne à la tribu des Lévi de tuer les infidèles alors qu’un des dix commandements dit « Tu ne tueras point ». 3000 morts en une journée. Le livre de Josué raconte les massacres qui jalonnent la marche du « peuple élu » vers la « terre promise ». Yigal Amir s’y réfère pour assassiner Yitzhak Rabin le 4 Novembre 1995. Il considère en effet que le retrait de Cisjordanie prévu par le processus de paix d’Oslo priverait les Israéliens de « l’héritage biblique récupéré grâce aux colonies ». Le massacre d’Hébron relève de la même inspiration religieuse. Le matin du 25 février 1994, Baruch Goldstein entre dans la partie musulmane du Tombeau des Patriarches au moment où 800 palestiniens musulmans font la prière de l’aube (fajr). Placé dans le dos des fidèles, il en tue 29 et en blesse 125.

     

    Quant aux Evangiles, deux paraboles attribuées au Christ, interprétées littéralement, débouchent également sur la violence. La parabole du Banquet stipule à propos des infidèles « Contrains les d’entrer(dans ma maison) » (en latin, compelle intrare). Selon la lecture littérale d’Augustin, la parabole du bon grain et de l’ivraie légitime la répression contre les « infidèles ». L’inquisiteur Torquemada s’en est servi pour justifier les bûchers de l’Inquisition. L’Eglise Catholique a longtemps utilisé la théorie des deux glaives formulée par Bernard de Clairvaux (devenu Saint Bernard), qui considère le pouvoir politique comme le bras séculier pour réprimer les hérétiques.


    Cessons de brouiller les cartes à propos de la laïcité, bel idéal d’émancipation si l’on prend la peine d’en comprendre le sens. Sachons articuler le combat laïque et le combat social, car l’heure est grave.

    Laïcité : un principe d'émancipation
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    29 novembre 2017 3 29 /11 /novembre /2017 13:21
    Retour de plongée au sein de la convention de la France insoumise
    Retour de plongée au sein de la convention de la France insoumise

    Ça roule fort, mais c'est complexe la France insoumise !

     

    Sources : Le blog de François Longerinas

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    Le pari de proposer une nouvelle offre politique a été largement remporté avec l'émergence de ce mouvement.

    La véhémence et l'agressivité que subissent beaucoup de celles et ceux qui ont le malheur de laisser entendre qu'ils se reconnaissent dans la FI en est un indice, parmi d'autres. « C'est là que cela se passe »... si l'on souhaite poursuivre le chemin vers une société juste, égalitaire et soucieuse de la protection de l'environnement, condition incontournable de la survie de l'espèce humaine sur la Planète.

     

    Beaucoup de personnes qui critiquent notre mouvement n'ont aucune idée de ce qui s'y passe, à l'intérieur et polarisent leurs regards sur le personnage de Jean-Luc Mélenchon. On peut comprendre que le  bonhomme en agace plus d'un, mais il suffit d'en causer avec les et les autres, au sein de la FI, pour se rendre compte que JLM, dont chacun reconnaît les qualités d'orateur, la culture et l’intelligence, ne fait pas l'unanimité. C'est normal. Et puis il y en a qui adorent le logo et d'autres qui le trouvent nul, d'autres encore qui sont fans des nationalisations alors que certains défendent une démarche autogestionnaire...

     

    D'autant que la diversité des personnes engagées au sein de la FI révèle des références idéologiques et culturelles mêlant altermondialisme, pensées libertaires, communistes, social-démocrates radicales, écologistes et même situationnistes... dont seul le programme L'Avenir en commun est le point de référence partagé. La FI n'est pas un appareil monolithique, mais bien un mouvement pluriel, bien loin d'une armée derrière son général en chef.

     

    Bien-sûr, on n'est pas les seuls dans le paysage politique issu de la Gauche, et nous ne pouvons faire comme si les militant.e.s du NPA, du PCF, du M1717, de LO, d'AL, d'EELV... ne partagaient avec nous cette ambition de transformer la société en profondeur. On ne peut faire comme si ces organisations n'existaient pas. L'unité avec eux est nécessaire si l'on veut gagner contre Macron et sa bande de financiers la bataille pour le Droit du travail, les emplois associatifs, le développement des énergies renouvelables en alternative au nucléaire, et j'en passe.

     

    Il nous faut donc être capables de débattre. Sur le fond.

     
     

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    La bataille pour pérenniser un tel mouvement atypique est loin d'être gagnée...

    D'abord parce que nos adversaires, les néo-libéraux, les réacs de tous poils, nos ennemis, les fachos et nos « concurrents » de la vraie Gauche traditionnelle, ne nous laissent passer aucune erreur, aucun bégaiement, aucune maladresse. Sans parler de mes confrères et consœurs journalistes, dont beaucoup sont atteints culturellement par la vague néo-libérale, voire confondent liberté d'expression et libéralisme économique. Mais ce n'est pas mon sujet du jour.

    Retour de plongée au sein de la convention de la France insoumise

     Je me suis moi-même engagé dans la France insoumise de manière déterminée quand j'ai perçu, au début de cette année, que la mayonnaise prenait, en particulier par l'écho que rencontraient les propos de Jean-Luc Mélenchon dans les quartiers populaires, desquels je me suis quelque peu rapproché en venant habiter à Saint-Denis, dans le 9-3. Et quelle ne fut ma surprise de voir des dizaines de jeunes venir échanger avec nous, distribuer les tracts, voire même s'emparer du drapeau tricolore en déambulant dans la ville. Je ne suis pas pour autant devenu un fan des symboles républicains de la Nation, mais cela m'a interrogé, voire troublé. 

     

    La France insoumise regroupe, à travers ses groupes d'action, quelques dizaines de milliers de personnes, en faisant l'une des forces militantes les plus importantes du pays. Au sein de celle-ci, tout le monde s'entend à dire que les regroupements locaux, nommés dorénavant « groupes d'action » sont appelés à s'auto-organiser comme bon leur semble.

     

    La Convention nationale que nous venons de vivre a rassemblé plus de 1500 Insoumis.e.s, dont 80% avaient été tirés au sort parmi plusieurs milliers de volontaires. Les trois cents autres étaient des membres de l'Espace politique, lieu rassemblant régulièrement les représentants de toutes les sensibilités de la FI (PG, PCF, Ensemble, Ecologie sociale) et les animatrices et animateurs de groupes de travail qui avaient produit les livrets thématiques.

     

     

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    Ce week-end, l'ambiance était chaleureuse et dynamique.

    A un rythme soutenu, de samedi après-midi à dimanche matin, nous avons travaillé sur la mise en œuvre des trois thèmes de campagne décidés par les 55000 participants au vote décisionnel. A savoir la lutte contre la pauvreté, la sortie du nucléaire et le développement des énergies renouvelables et enfin le combat contre l'optimisation et l'évasion fiscale. Des centaines d'idées ont germé en termes d'actions concrètes et d'objectifs à atteindre. Que du bon !

     

    Dimanche, la matinée a été essentiellement consacrée aux modes de fonctionnement du mouvement. C'est là sans doute que nous avons le moins progressé, tant il est difficile de faire du neuf. Certes nous sommes au clair pour développer un travail de terrain, dans les quartiers urbains comme dans les villages, en mobilisant les citoyens, autant pour résister à la dégradation sociale et écologique que pour mettre en œuvre des alternatives concrètes et locales afin de se prouver qu'on peut vivre, produire et consommer autrement.

     

    Le problème est plutôt que nous n'avons pas encore trouvé toutes les manières de faire tourner le mouvement. Du côté des groupes locaux, pas de problème, chacun s'organise et agit comme bon lui semble. Au plan national, plusieurs instances, comme « l'espace politique », le groupe parlementaire et le collectif Programme ont pour mission de donner à toutes et à tous les outils pour agir et réfléchir.

     

    Nous avons la chance d'avoir un groupe à l'Assemblée fort de sa diversité et de son énergie. Cette force d'action et d'intervention d''élus, qui réussissent à être à la fois sur le terrain et à la tribune du Parlement pour combattre la politique gouvernementale et faire des propositions alternatives. Chapeau à elles et à eux!

     

    Il n'en demeure pas moins que nous n'avons pas encore trouvé la solution de tous les modes de décision au nom de la FI, à tel point que chacun.e peut de fait donner son avis et le rendre public, au nom du mouvement et de son statut en son sein : député, groupe local d'action, groupe thématique... Mais qui va décider au plan national de s'engager ou non dans un mouvement unitaire ? De signer un appel ? Aujourd'hui on bricole...

     

     

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    Il manque tout de même une maille au filet.

    Je reconnais que ce n'est pas simple. Ayant rejoint les Verts il y a plus de vingt ans en particulier pour une promesse de « la politique autrement », j'ai vu se dégrader un fonctionnement horizontal à connotation conseilliste... en un amas de magouilles internes aboutissant à l'émergence de boutiques et d'écuries au service d'égos arrivistes.

     

    L'affaire n'est donc pas gagnée. Et chacun le sait. Si la FI finissait par tomber dans une forme-parti traditionnelle, certes rénovée dans l'apparence, mais centralisée au service d'un petit groupe au nom de l'efficience, cela ne durera pas. Personne n'en est dupe et ces interrogations ont été l'objet de discussions à la quasi totalité des tables de discussion de la Convention de ce week-end.


    Je comprends les vieux militants qui se méfient de toutes les dérives qu'ils ont connues autrefois dans leurs partis. C'est leur droit. Mais me préoccupent (et me rassurent) bien plus les interrogations de ces milliers de jeunes qui ont rejoint la FI dans la suite,  logique à leurs yeux, de leurs engagements à Nuit debout, dans les ZAD, dans le soutien aux migrants ou au sein de leur organisation syndicale contre la loi Travail...

     

    Bref ce n'est pas gagné. Et que celles et ceux qui n'y croient pas nous lâchent les baskets et nous laissent essayer... 

     

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    Pour en savoir plus sur la convention des 25 et 26 novembre 2017

    Le samedi 25 et dimanche 26 novembre, la France insoumise organisait sa troisième Convention. Revivez cet événement en vidéo !

     

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    25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 17:22
    Manuel Bompard : « Être la 1ère force alternative et gagner la bataille culturelle »

    A l’occasion de la Convention nationale de la France insoumise à Clermont-Ferrand, les 25 et 26 novembre, Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France insoumise, revient sur le moment politique et l’avenir du mouvement.

     

    Sources : L'Heure du Peuple

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    LdP : Quel bilan faites-vous des six premiers mois de la présidence Macron ?

    Manuel Bompard : L’écran de fumée n’a pas mis longtemps à s’estomper. Macron s’est attaqué aux salariés et aux plus modestes avec le code du travail et les APL. Il a jeté des dizaines de milliers d’emplois aidés au chômage, fragilisant tout le tissu associatif. Il a offert plusieurs milliards d’euros aux riches en supprimant l’impôt sur la fortune.

     

    Il a abandonné ses promesses écologiques et laissé passer le CETA : une partie s’applique déjà sans qu’aucun citoyen ou parlementaire n’ait pu donner son avis. Il a ajouté à cette politique désastreuse une arrogance et un mépris de classe révoltant.

     

    Les choses sont finalement assez simples : il est le président des riches, des lobbys productivistes, des multinationales et des exilés fiscaux. Il faut l’arrêter !

     

     

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    LdP : La France insoumise est apparue comme le premier opposant. C’était un objectif ? Vous allez continuer comme cela ?

    Manuel Bompard : Bien sûr, il était nécessaire de s’emparer de ce drapeau. Car il éclaire les véritables alternatives proposées au pays : le « chacun pour soi » de Macron ou le « tous ensemble » auquel nous aspirons.

     

    Ainsi, les masques sont tombés : les Républicains partagent la politique du pouvoir. Le PS ne s’y oppose pas, comme l’a montré son vote sur la confiance au gouvernement. Quant au Front National, il a prouvé à nouveau qu’il n’est pas du côté de ceux qui souffrent et qu’il fait primer ses intérêts de boutique sur ceux du plus grand nombre.

     

    La France insoumise a assumé cette responsabilité. Elle a engagé ses forces dans la marche contre le coup d’état social et a mené une bataille de tous les instants à l’Assemblée Nationale. Elle continuera bien sûr à être en première ligne !

     

     

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    LdP : La bataille contre les ordonnances semble perdue. Pourquoi ? M. Macron est-il trop fort ? Comment résister ?

    Manuel Bompard : Macron a remporté une première manche. Pourtant, les études montrent que son projet est largement minoritaire dans le pays. Nous devons comprendre pourquoi. Bien sûr, on peut toujours chercher des excuses mais il vaut mieux regarder les choses en face : cette bataille a été trop mal menée pour être victorieuse.

     

    La France insoumise avait pris l’initiative d’une marche nationale le 23 septembre. Son succès aurait pu être un point d’appui pour la mobilisation. Il aurait fallu pour cela que l’ensemble des forces engagées dans cette bataille prépare une initiative commune et mobilisatrice. C’était le sens de la proposition qu’a faite Jean-Luc Mélenchon sur la place de la République.

     

    Elle est malheureusement restée sans suite. Une absurde division entre le syndical et le politique a paralysé l’action collective et offert une victoire facile au président de la République. Il est temps de réagir !

     

     

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    LdP : Dans la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas réclamé de la gauche. Allez-vous continuer dans cette voie ou souhaitez-vous incarner la gauche face à un Macron toujours plus de droite ?

    Manuel Bompard : Macron mène clairement une politique de droite : il a exaucé tous les rêves des libéraux ! Est-ce qu’il suffirait pour autant d’incarner la gauche pour être une alternative sérieuse ? Je ne crois pas. La gauche et la droite ne sont plus des catégories mobilisatrices. Le quinquennat de Hollande a brouillé les pistes et les premiers mois de Macron, présenté comme un homme de gauche, ont fini d’achever le tableau. Il me semble plus efficace de démasquer l’extrémisme de ce projet qui est au service exclusif d’une toute petite partie de la population. Opposons-lui un projet raisonnable au service du peuple : partager les richesses pour que chacun puisse vivre dignement ; permettre à tous d’avoir accès aux soins ; en finir avec la mainmise de la finance sur l’économie réelle ; prendre enfin à bras le corps l’impératif écologique. Ne sommes-nous finalement pas tout simplement du côté du bon sens ?

     

     

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    LdP : Benoît Hamon a participé à la marche du 23 septembre, proposez-vous l’union des partis de gauche ?

    Manuel Bompard : Nous avons dit pendant la campagne présidentielle que l’enjeu n’était pas de rassembler la gauche, mais de fédérer le peuple. Cela signifie que nous ne parviendrons pas à conquérir une majorité populaire si l’on se contente de juxtaposer des étiquettes. Face à l’épuisement de la vie démocratique du pays, il faut proposer à la société dans son ensemble des perspectives remobilisatrices.

     

    Pour autant, la participation de Benoit Hamon à la marche du 23 septembre était une bonne nouvelle. En effet, toutes celles et ceux qui refusent la politique désastreuse du gouvernement doivent pouvoir agir ensemble. Ce doit être la priorité aujourd’hui pour que le peuple cesse de régler la note de cette oligarchie qui nous gouverne.

     

     

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    LdP : Du livre l’Ère du peuple de J. L. Mélenchon aux travaux de Chantal Mouffe et Ernesto Laclau, la FI s’inscrit dans une stratégie populiste. Est-ce uniquement une stratégie ou un projet politique en soi ?

    Manuel Bompard : Le populisme est une notion ambivalente, comme l’a par exemple détaillé B. Schneckenbuger. Ce terme illustre l’idée que les oligarques se font du peuple : une masse confuse et dangereuse. Mais ce n’est bien sûr pas notre conception du populisme.

     

    La France insoumise puise le sens de son action dans la théorie de la révolution citoyenne. Il s’agit de construire le chemin vers un changement radical, par la voix démocratique, avec l’objectif d’instaurer un humanisme social et écologique. Ce chemin, c’est celui de la mise en mouvement du peuple. Il faut donc construire le peuple ! Construire le peuple, c’est passer d’une population atomisée et impuissante à une force de transformation. C’est notre objectif. En ce sens, la France insoumise s’inscrit dans une stratégie populiste.

     

     

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    LdP : La FI tient sa première convention depuis les législatives. Vous voulez rester un « mouvement » et non devenir un parti. Mais c’est quoi un « mouvement » ?

    Manuel Bompard : Le mouvement est la forme d’organisation du peuple. Son rôle est donc d’être déclencheur : il s’agit de fédérer des individus qui veulent reprendre leur destin en main. La France insoumise propose pour cela des « éléments fédérateurs » comme le programme « L’Avenir en commun » ou la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle.

     

    Le mouvement est donc un cadre regroupant des individus qui partagent le même programme. Il ne demande pas d’adhésion. Il organise son activité à travers une plate-forme numérique qui permet de se réunir autour d’objectifs concrets, d’agir ensemble, de faire un don ou de commander du matériel. Il ne s’organise pas de manière pyramidale. Il accueille en son sein une multiplicité de formes et de rythmes d’engagement. C’est un objet souple et poreux, qui se glisse dans tous les interstices de la société.

     

     

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    LdP : Quelle feuille de route sortira de cette convention ? Comment abordez-vous la période qui vient, sans élection avant un an et demi ? Le mouvement peut-il survivre à ce rythme nouveau ?

    Manuel Bompard : La France insoumise est déjà le premier opposant au pouvoir en place. Mais elle ne s’en contente pas. Elle veut également être la première force d’alternative et gagner la bataille pour l’hégémonie culturelle autour de ses idées. C’est pourquoi la convention doit permettre de choisir, à travers un vote en ligne sur la plate-forme, trois sujets de campagne que le mouvement va mener jusqu’à sa prochaine convention. C’est un premier objectif.

     

    Dans le même temps, face à la défiance massive vis-à-vis de la politique, la France insoumise veut également montrer son utilité immédiate. Elle entend donc s’engager dans des actions de solidarité concrète et va s’organiser pour jouer le rôle de catalyseur des dynamiques de mobilisation populaire.

     

    Faire reculer le pouvoir, incarner la première force d’alternative et montrer par l’action immédiate son utilité, voilà déjà une belle feuille de route !

     

     

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    LdP : Le programme L’Avenir en commun a convaincu beaucoup d’insoumis d’entrer dans l’action. Comment le faire vivre désormais ?

    Manuel Bompard : Le programme « L’Avenir en commun » a passé son baptême du feu électoral. Il a été construit par un travail patient d’enrichissement à travers des contributions individuelles ou collectives et des auditions de personnalités, de chercheur ou de syndicalistes. Il a réuni 7 millions de voix à l’échelle du pays : c’est un formidable outil pour le mouvement. Désormais, le programme se précise et s’enrichit, notamment dans les livrets thématiques. On en recense une quarantaine et ils permettent de compléter « L’Avenir en commun » sur des grandes questions comme l’écologie, le logement ou la santé.

     

    Enfin, le mouvement va s’engager dans un travail d’ateliers législatifs. Il s’agit désormais de décliner avec les citoyens nos propositions en texte de lois. Ainsi, nous aurons préparé les premières lois que nous proposerons au pays une fois arrivés au pouvoir.

     

     

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    LdP : Cette convention se veut tournée vers la base (contribution à la boîte à idées, priorité donnée au développement des groupes d’action). Est-ce parce que la FI a besoin de s’enraciner davantage ?

    Manuel Bompard : La France insoumise s’est construite dans le rythme effréné d’une campagne présidentielle. Au lendemain de celle-ci, elle a encore accueillie des dizaines de milliers de citoyens qui sont venus joindre leurs forces à l’effort collectif des élections législatives.

     

    Aujourd’hui le mouvement compte près de 5000 groupes d’action dans tout le pays, en métropole comme en outre-mer, et même auprès des Français résidant à l’étranger. Un des enjeux de la convention est de proposer un cadre commun qui permet à la fois de maintenir une cohérence dans l’action tout en conservant cette souplesse et cette énergie qui ont fait notre force.

     

    Ce n’est pas une question si simple à résoudre. C’est pourquoi nous avons voulu recueillir les idées et les propositions des insoumis à travers les boites à idées. Près de 3000 contributions ont été reçues et elles ont donné lieu à des synthèses extrêmement riches et utiles pour le mouvement.

     

     

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    LdP : J. L. Mélenchon parle d’un mouvement « gazeux » avec plusieurs éléments (Groupes d’action, groupe parlementaire, espace politique, espace des luttes etc.), pouvez-vous nous dire comment va fonctionner la FI ? Quelle place auront les insoumis dans les grandes décisions ?

    Manuel Bompard : À l’heure actuelle, le mouvement a une forme polycentrique. Il ne se structure pas de manière classique avec une direction identifiée, mais dispose de plusieurs équipes et espaces nationaux qui confrontent les points de vue pour éclairer les prises de décisions. À l’occasion de cette convention, une assemblée représentative sera mise en place pour réunir des membres de ces espaces et des insoumis tirés au sort sur la plate-forme et au sein des groupes d’action. Elle aura notamment pour mission de mettre en œuvre les décisions importantes du mouvement qui seront prises par un vote en ligne des insoumis sur la plate-forme. En fait, il s’agit d’inventer un mouvement de type nouveau qui permet la participation collective des insoumis, sans pour autant se structurer comme un parti politique traditionnel. C’est donc une équation complexe. La France insoumise l’aborde avec modestie. Elle se veut un mouvement évolutif qui revendique un droit à l’expérimentation. Par conséquent, le mouvement précisera ses formes d’organisation au fur et à mesure de son évolution.

     
     
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    Manuel Bompard : " Il ne suffit pas d'additionner des étiquettes pour créer des dynamiques "

    Ce weekend, Pierre Laurent a appelé les amis de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon à se retrouver pour des listes communes aux européennes de 2019. Pendant ce temps, Benoît Hamon lançait son mouvement Génération.s au Mans. Et du côté de la Corse, les élections territoriales ont éliminé la gauche dès le premier tour. Tour d’horizon avec Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France insoumise.

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    25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 16:21
    " maturité de la dette " : Bruno Lemaire donne raison à J.L. Mélenchon

    Sources : blog de Robert Mascarell | mis à jour le 26/02/2021

    La dette, publique, uniquement, est devenue l’épouvantail brandi, à tout propos et hors de propos, par tous nos gouvernants depuis 1983, pour justifier les pires attaques contre tous nos droits sociaux. Macron et son gouvernement ayant passé la surmultipliée.

     

    À les en croire donc, notre pays serait criblé de dettes, hypothéquant l’avenir de nos enfants, qui seraient condamnés à la rembourser ad vitam aeternam, parce que, irresponsables que nous sommes, nous avons fait le choix délibéré de vivre au-dessus de nos moyens.

     

    Rendez-vous compte, notre dette s’élève à 2000 milliards d’euros, soit 96 % de notre PIB.

     

    Jusqu’à ce dimanche matin, de ce 19 novembre, j’oscillais entre la honte de ne pas penser à mes deux enfants et à mes quatre petites filles, et ma volonté de leur sacrifier toutes mes habitudes de consommation. Lorsqu’à 10h15 du matin, me réveillant d’une courte nuit, pour m’être couché à 3h40 du matin, à l’issue d’une fête endiablée, j’ai eu l’inestimable idée de tourner le bouton de ma radio, sur Europe 1, puis celui de ma télé, sur Cnews. Les deux stations recevant le ministre de l’économie, Bruno Lemaire[1], dans le cadre de l’émission « Le grand rendez-vous ».

     

    Au bout de 24’20’’ de bla bla bla, entre gens de très bonne compagnie (Lemaire et David Doukhan (Europe 1), le journaliste-présentateur de l’émission, et les deux intervieweurs complaisants, Nicolas Barré (journal Les Échos) et Laurence Ferrari (Cnews)), Bruno Lemaire a mis fin à ma mauvaise conscience.

     

    À ce moment crucial, Doukhan a lancé l’interview sur la situation boursière très délicate du groupe Altice/SFR. Il a donc rappelé que ce groupe, c’était 10 000 salariés en France et, surtout, 50 milliards d’euros de dettes. En une minute, dans sa réponse, sur Europe1 B. Lemaire a tout de suite dédramatisé la situation du groupe en ces termes : « Il ne faut pas céder au catastrophisme sur ce modèle d’endettement. […..] Je rappelle que la maturité de la dette est à 6 ans. Ça laisse quand même du temps. »

     

    Sans s’en rendre compte, en une minute, B. Lemaire a donné raison à J.L. Mélenchon qui, le 13 NOVEMBRE 2017, à l’Assemblée nationale, a magistralement redémontré que la dette publique française n’avait rien de démesuré. En effet, JLM fait cette démonstration depuis des années.

     

    Le député de la France insoumise, J.L. Mélenchon a rappelé aux députés que la maturité de la dette publique française (c’est-à-dire la durée moyenne de remboursements des prêts contractés) était de 7 ans et 31 jours (en réalité, au 30 septembre 2017, la maturité de notre dette est de 7 ans et 257 jours

    • Preuve en mains !
    Agence France Trésor

    Agence France Trésor

    Fort de cette donnée officielle, Mélenchon a expliqué combien il était injuste de dire de notre dette qu’elle était égale à 96 % du PIB d’une seule année, alors que celle-ci va être remboursée en au moins 7 ans. Le vrai taux d’endettement de la France n’est donc plus de 96 %, mais de 96/7,70 (7 ans et 257 jours), soit 12,5 % seulement.

     

    Rappelons que les banques considèrent que le taux de remboursement des crédits consentis aux ménages peut aller jusqu’à 33 % de leurs revenus mensuels, sans qu’il y ait surendettement de leur part. Ce taux de 33 % est calculé sur la base de la totalité du crédit à rembourser (principal et intérêts) divisé par le nombre d’années mis par le ménage pour rembourser sa dette. Le même système s’applique également aux entreprises privées.

     

    Avec ses 12,5 % de taux d’endettement, l’État français est donc très loin d’être surendettée.

     

    Cette manière plus juste de calculer le taux d’endettement, permet à B. Lemaire de relativiser la dette du groupe Altice/SFR. À juste titre, il la divise par 6 (nombre d'années de  remboursement de ses crédits) précisant en effet :  " Je rappelle également que la maturité de la dette d‘Altice est de six ans ".

     

    Alors quid d'un tel calcul pour la dette de la France ?

     

    Si nous étions naïfs, nous pourrions nous étonner qu’il ne relativise pas de la même manière la dette publique de la France. Mais nous ne sommes pas naïfs. Nous savons bien que cette manière de présenter la dette publique de la France, avec des chiffres aussi énormes et aussi injustes, n’a rien d’innocente. Elle est destinée à faire admettre au bon peuple dépolitisé que la dette du pays est si considérable qu’il doit accepter tous les sacrifices qui lui sont demandés.

     

    Mon propos ne vise évidemment pas le seul Bruno Lemaire. Tous les gouvernants français, depuis 1983, mais également tous les gouvernants libéraux étrangers, Bruxelles, présentent les chiffres de la dette publique de la même manière. Histoire de calmer les foules.

     

    Note :

    [1] Ministre de l'Économie et des Finances en fonction depuis le 17 mai 2017

     

    Pour en savoir plus :

    - La dette agitée pour que le peuple ait peur : STOP à l'enfumage !

    - Agence France Trésor

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    24 novembre 2017 5 24 /11 /novembre /2017 21:36
    Ne jamais lâcher le fil de l’eau par J.L. Mélenchon

    Maintenant je veux parler d’une question qui passe trop souvent inaperçue dans le champ de nos sujets. Il s’agit de l’eau. Le cycle de l’eau est au cœur de tous les processus vitaux de notre écosystème.

    Certains savent que l’invariance des formes qui s’observe dans la nature jusque dans ses détails est directement liée à la part d’eau que chaque chose contient. Depuis plusieurs années, les équipes avec lesquelles je milite le plus intensément se sont profondément engagées sur ce front. Car il s’agit d’un front bien à l’image de notre époque.

    Le bien commun et la marchandisation n’y font pas bon ménage, une fois de plus. Mes lignes sont donc aussi un hommage au travail de nos amis. Des hommes comme Gabriel Amard ont payé cher leur engagement quand une société marchande d’eau payait une entreprise pour le dénigrer.

     

    Sources : L'ÈRE DU PEUPLE par Jean-Luc Mélenchon

    -La question est arrivée à l’Assemblée nationale sous la forme d’une proposition de loi.
    La semaine passée était examinée en commission des lois de l’Assemblée nationale un texte sur « la compétence Eau et Assainissement » des collectivité locales. Elle émane du groupe Les Républicains ! Faut-il que l’étiquette nous interdise de regarder le contenu ? Nous avons décidé de partir des faits et des propositions. Quitte à faire nous-mêmes d’autres propositions. Pour comprendre l’enjeu, il faut saisir le contexte législatif d’une part et la situation réelle des gens démunis d’autre part.

     

    Commençons par le contexte. La loi Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe), votée sous le quinquennat Hollande prévoit que le pouvoir dans ce domaine soit obligatoirement transférée en 2018 des communes vers les intercommunalités. Cela va dans le sens de la réforme territoriale menée par Hollande. Elle est très hostile aux pouvoirs et libertés communales héritées de la grande Révolution qui mit fin à l’ancien régime féodal. La manœuvre vient de loin. La vision européenne telle que défendue d’une lettre de mission à l’autre par la Commission européenne dissout les villes au profit des agglomérations, structures technocratiques vide de réalité humaine. Elle magnifie aussi les très grandes régions au détriment du département et même des anciennes régions à taille humaine.

     

     

    -La proposition de loi de nos adversaires de LR veut revenir sur cette disposition de la loi NOTRe. Nous aussi.

    Pour cela et pour ne froisser personne ils proposent de rendre « facultatif » le transfert de cette « compétence Eau et Assainissement ». Ce n’est pas follement audacieux ni suffisant sur le sujet. Mais nous avons décidé de soutenir leur proposition de loi. Tout en l’amendant.

     

    C’est cohérent avec la conception que nous avons de l’organisation de la République et la place prépondérante que doivent avoir les communes dans ce cadre. En l’occurrence, le fait que les communes gèrent la distribution et l’assainissement de l’eau est un héritage direct de la Révolution. Cela date de 1790. Cela ne doit pas empêcher, bien sûr, que les communes puissent se grouper pour gagner en efficacité. Mais à condition que ce soit sur une base volontaire. En partant de la libre délibération communale on a plus de chance de voir l’intérêt général mieux pris en compte. Car un indice doit retenir notre attention. Il s’avère que dans la situation actuelle, la distribution de l’eau est plus souvent gérée en régie publique lorsqu’elle se passe au niveau des communes. Elle est au contraire plus souvent confiée à des multinationales privées lorsqu’elle est gérée au niveau intercommunal.

     

    Cet échelon plus éloigné présente deux avantages pour les puissances d’argent. D’abord il est souvent moins exposé au regard des citoyens usagers que ne l’est celui de la commune. Ensuite, il constitue de plus grands marchés et donc de plus grandes opportunités de profits. Car pour une entreprise comme Véolia, la gestion de l’eau est une activité comme une autre. Son objectif n’est pas l’eau mais la rémunération des actionnaires. Ceci explique que le prix soit supérieur pour l’usager lorsque c’est le privé le gérant. Dans les faits, dans la dernière décennie passée, toutes les villes qui sont passées d’une gestion privée à une régie publique ont baissé le prix de l’eau. Ainsi en a-t-il été de Paris à Castres ou de Rouen à Grenoble.

     

    Au total, la gestion en régie publique est 25% moins chère pour l’usager.

     

     

    -La gestion en régie publique est aussi un meilleur gage de respect du « droit à l’eau ».

    L’expression peut surprendre. Car ce droit n’est toujours pas reconnu explicitement dans le droit français. Pourtant il est considéré comme un droit fondamental de la personne humaine depuis une résolution de l’assemblée générale des Nations Unies du 28 juillet 2010. Ne croyons pas que ce droit ait été oublié faute de réalité au problème qu’il pose ! En effet, jusqu’en 2013, on dénombrait environ 100 000 foyers subissant chaque année des coupures d’eau en raison de factures impayées. À cette date, une loi est entrée en vigueur pour interdire cette pratique. Pourtant, les distributeurs d’eau n’ont pas cessé de couper l’eau, en toute illégalité. Ainsi, la fondation Danielle Mitterrand, engagée sur ces sujets, a recensé, après la promulgation de la loi, plus de 1200 témoignages de familles ayant eu à subir de telles coupures.

     

    Pour que le droit s’applique, il faut bien souvent que les usagers victimes de ces abus attaquent en justice les distributeurs. 13 actions en justice ont été intentées et gagnées par la Fondation Danielle Mitterrand. Une décision du Conseil constitutionnel est intervenue dans le même sens. Mais les géants du secteur semblent toujours décidés à ne pas appliquer la loi. Cela s’explique bien sûr par la faiblesse des montants des amendes qui sont infligées. Il faut en effet comparer leur montant avec le chiffre d’affaire d’une entreprise comme Véolia qui est de 25 milliards d’euros ! Ou même avec le salaire annuel de son PDG, Antoine Frérot, de 1,3 millions d’euros. La Fondation Danielle Mitterrand rapporte cette phrase d’un représentant du service client d’une entreprise de distribution d’eau à une personne victime de coupures d’eau : « nous imposons notre propre loi ». La généralisation de la gestion publique permettrait d’éviter que des intérêts privés fassent la loi du fait de leur puissance financière !

     

    -Danièle Obono et Ugo Bernalicis ont donc défendu plusieurs amendements sur ce texte visant à rendre effectif le droit à l’eau.

    Le but est de promouvoir sa gestion comme bien commun plutôt que comme marchandise. C’était le sens du livret thématique de la France insoumise à ce sujet.

     

    Une fois de plus, je veux situer le problème. En France, ce sont 300 000 personnes qui n’ont pas accès à l’eau courante potable. Et deux millions d’autres sont dans de très grandes difficultés pour payer leurs factures. L’eau n’est pas un produit que l’on peut décider de rayer de ses priorités. À 2% de manque on a soif. A 10% on délire. A 12% on meurt ! Plus globalement, l’ONU évalue à 40 litres la quantité d’eau dont a besoin une personne pour vivre et assurer sa dignité. Nous avons donc proposé que ces premiers litres soient rendus totalement gratuits. Pour cela, il faut supprimer la part fixe du prix de l’eau. Aujourd’hui, cette part représente environ un tiers du prix. Un tiers du prix qui reste le même qu’on utilise l’eau pour boire, pour cuisiner, pour se laver ou pour remplir sa piscine.

     

    L’idée défendue par nos députés en commission des lois est celle d’une tarification progressive de l’eau : de la gratuité pour les usages vitaux jusqu’à une sur-tarification pour les usages excessifs.

     

    Dans cette même ligne, ils ont argumenté pour la généralisation d’une disposition que les communes peuvent utiliser de manière facultative : la différenciation du prix selon la nature de l’usager. Il s’agit d’appliquer un barème de prix différent selon que l’usage soit domestique, public, agricole ou industriel. Ainsi, les mésusages de l’eau, qui gâchent cette ressource pour des raisons économiques seraient sanctionnés financièrement. Enfin, garantir le droit à l’eau c’est s’assurer que les plus démunis de notre société n’en soient jamais privés. À ce titre, l’installation de toilettes, de fontaines et de douches publiques et gratuites en nombre suffisant dans toutes les communes est indispensable.

     

    Tous ces amendements défendus par la France insoumise furent rejetés par la majorité en commission. Pourquoi ? Qui a donné mandat aux députés de « La République en Marche » de rejeter toute avancée d’un droit aussi fondamental ? Que proposent les macronistes comme alternative aux personnes qui n’ont plus accès à l’eau ? De s’en passer ? D’en acheter en bouteille ?

     

     

    -Le 04/10/2017 Danièle Obono et Ugo Bernalicis proposent "la gratuité des besoins vitaux en eau"

     

    - LREM refuse de concrétiser le droit à l’eau !

    Sources : La France insoumise

    Le 30 novembre 2017, lors de l’examen de la proposition de loi à l’initiative du groupe MODEM relative à la gestion de l’eau, le groupe de la France Insoumise a déposé de nombreux amendements pour instaurer un droit à l’eau effectif et réel, au delà de sa simple proclamation dans le code de l’environnement :


    « L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général.
    Dans le cadre des lois et règlements ainsi que des droits antérieurement établis, l’usage de l’eau appartient à tous et chaque personne physique, pour son alimentation et son hygiène, a le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables par tous.
    Les coûts liés à l’utilisation de l’eau, y compris les coûts pour l’environnement et les ressources elles-mêmes, sont supportés par les utilisateurs en tenant compte des conséquences sociales, environnementales et économiques ainsi que des conditions géographiques et climatiques. » (Article L210-1)
    Nous avons donc déposé plusieurs amendements pour instaurer une taxation différenciée selon les usages, la gratuité ou a minima l’exonération de la TVA pour les premiers mètres cube d’eau, etc.
    Évidemment, aucun n’a été adopté, avec une argumentation de plus en plus vide de sens, la ministre allant même jusqu’à nous faire le coup du « monopole des préoccupations sociales »…

     

    Voir ici toutes les propositions de la France Insoumise sur l’Eau bien commun.

    Affaire à suivre…

     

    Pour en savoir plus :

    - Une commune française décrète l’eau « bien commun de l’humanité » et la rend presque gratuite

    Mort annoncée de la gestion communale de l’eau par  par Marc Laimé

    - Argumentaire aux insoumis de la CDA de La Rochelle à propos de l’EAU potable

    - Au Royaume-Uni, la privatisation de l’eau sous le feu des critiques

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    19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 19:25
    Christophe Aguiton : «  Les biens communs deviennent aujourd’hui une alternative tant au capitalisme qu’à l’étatisme »

    Christophe Aguiton, un chercheur militant

     

    Entré à France Télécom à la fin des années 1990, le militant syndical participe à la création de SUD PTT. Militant associatif et politique dans les milieux altermondialistes, Christophe Aguiton participe à la création d’Agir ensemble contre le chômage (AC  !) et d’Attac. L’auteur de Le monde nous appartient (éditions Plon) dirige un séminaire sur «  Internet, communication et société  » à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et est enseignant en sociologie du Web au sein de l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée.

    Le membre d’Attac et chercheur en sciences sociales analyse dans son dernier ouvrage[1] l’histoire récente de la gauche à l’échelle internationale. Il cible les «  problèmes stratégiques  » afin de «  réactualiser la doctrine de la gauche  », à travers des expériences comme celles de Syriza, de Podemos ou du Parti des travailleurs brésilien.

     

    Sources : L'Humanité entretien par Audrey Loussouarn

    - L'HUMA : Quelle est votre analyse de la période électorale de laquelle nous sortons ?
    Christophe Aguiton : Ce qui s’est passé pendant la période électorale est tout à fait comparable à ce qui se passe dans d’autres pays européens où la social-démocratie s’effondre ou baisse de façon significative et où s’affirment la gauche radicale mais aussi les forces populistes et xénophobes d’extrême droite. Juste avant les élections françaises on a vu ainsi, en Islande, la gauche radicale réaliser un score de plus de 25% et aux Pays-Bas le Parti socialiste, membre de la GUE[2] et qui vient historiquement de l’extrême-gauche, et le parti des animaux, parti d’extrême-gauche là-bas, ont fait presque 15%.

     

    - L'HUMA : Macron poursuit le travail de Hollande, en pire. Peut-on vraiment dire que la social-démocratie a échoué en France ?

    Christophe Aguiton : Toute une partie de l’appareil du PS, mais aussi de leurs électeurs, ont basculé d’autant plus facilement chez Macron qu’ils partageaient beaucoup de ses orientations. Le PS, ce n’est pas nouveau, a un électorat très composite incluant de nombreux sociaux-libéraux. Ce qui s’est passé en France a des analogies avec ce qui s’est passé en Italie : la majorité du Parti communiste italien s’était social-démocratisé, puis transformé en parti démocrate en ouvrant la voie à Matteo Renzi. Comme François Hollande et Manuel Valls l’ont fait pour Emmanuel Macron ces cinq dernières années. Mais l’extrême centre, comme l’appellent des dirigeants de Podemos, s’effondre. Car attention aux illusions d’optique liées à la victoire de Macron. Il n’a obtenu que 24 % au premier tour et cela en captant l’essentiel de l’électorat du PS et une partie de celui de la droite et du centre. Les partis de gouvernement, l’axe traditionnel de l’alternance, n’ont obtenu, tous ensemble, que 50 % des voix !

     

     

    - L'HUMA : Comment analysez-vous ce chamboule-tout politique ?

    Christophe Aguiton : La crise de 2007-2008 a ouvert une toute nouvelle situation. Avant cette crise, beaucoup pensaient que la mondialisation libérale était inévitable. Le mouvement altermondialiste avait commencé à combattre cette idée, mais sans réussir à faire évoluer le cœur de l’électorat. Les choses basculent dans la dernière décennie parce que les classes populaires et les couches moyennes sont directement touchées. On l’a vu aux États-Unis mais aussi en Europe, où la crise de la dette va aggraver encore la situation avec les mesures d’austérité qui vont se multiplier. En Espagne, par exemple, le mouvement des indignés va démarrer en 2011 sur la crise du logement et le refus des expulsions. À partir de là, on assiste partout à un rejet de la mondialisation libérale. Il va profiter à deux types de forces : celles du populisme de droite, xénophobe ou fasciste selon les pays, et celles de la gauche radicale. Et ce n’est pas fini. Les politiques d’austérité qui continuent dans toute l’Europe, et notamment en France comme le montrent les premières mesures d’Emmanuel