La montée des inégalités aboutit logiquement au repli sur soi et au vote extrême... C'était vrai en 2014 et toujours plus d'actualité de la Suède à l'Italie...
Ce n’est pas par hasard que l’extrême droite se développe en France et dans plusieurs pays étrangers à partir des années 1980. C’est précisément à cette époque que le néo libéralisme prospère en surface puis en intensité. Il en est de même de l’abstention.
L'analyse développée dans cet article tout à fait judicieuse garde plus son actualité huit années et demi après sa parution.
Mais une question se pose : comment expliquer que des électeurs qui souffrent des inégalités décrites ici puissent voter pour une extrême droite qui n’accorde aucune valeur à l’égalité ?
Cela s’explique probablement par le fait que ces électeurs ne connaissent que très partiellement l’idéologie de l’extrême droite.
Des sondages ont d’ailleurs montré que les électeurs du FN – RN, pour la plupart d’entre eux, ne connaissent pas le programme de ce parti.
Pourquoi de grandes et illustres voix comme Stiglitz et Krugman stigmatisent-elles les inégalités ?
Pourquoi Piketty a-t-il écrit son monumental travail " Le Capital au XXIe siècle[1] " ayant aujourd'hui un retentissement mondial ?
Est-ce par plaisir - ou pour se distinguer ? - que, depuis le déclenchement de la crise, les économistes keynésiens n'ont de cesse de dénoncer le néo-libéralisme et son lot d'injustices, de dérégulations, de phobie irrationnelle vis-à-vis de la création monétaire, d'obsession pour la compétitivité et de hantise à l'encontre d'une inflation qui ne se matérialise décidément pas ?
S'il va de soi que cette condamnation est d'abord mue par un sentiment humaniste et de solidarité sociale élémentaire, elle est également pointée du doigt par nous - les hétérodoxes - car les inégalités nuisent foncièrement à la croissance économique.
Même les institutions néo-libérales s'inquiètent des inégalités
Alors, il est clair que la masse des spéculateurs et investisseurs boursiers qui s'enrichissent virtuellement jour après jour, il est évident que ceux qui profitent pleinement de la financiarisation ayant asservi l'outil de travail, il va de soi que ceux qui sont complètement déconnectés des réalités de la vie, n'ont que faire d'une croissance économique pérenne car ils ont - jusqu'à présent - gagné à tous les coups.Ils devraient pourtant commencer à se poser de sérieuses questions et à se rendre compte que leur orgie touche à sa fin, dès lors que des institutions symbolisant l'essence même du néo-libéralisme telles que le F.M.I.[2] et que le World Economic Forum concluent que « des sociétés moins égalitaires aboutissent à une croissance faible et fragile ».
L'immigration, cette véritable valeur ajoutée, ressentie comme une menace
Il en est de même pour l'immigration, source de croissance sur le long terme pour toute nation, car elle participe activement de la promotion de l'innovation et de la progression de la productivité. Ne feignons pas aujourd'hui d'être surpris par la montée en puissance des extrémismes, et ne soyons pas choqués par les succès électoraux des partis xénophobes. Ne soyons pas non plus surpris que les plus défavorisés et que la classe ouvrière - naguère acquis à la gauche - se reportent désormais en masse vers l'extrême droite.
Dans une société comme la nôtre burinée par les inégalités, où les entreprises favorisent le dumping salarial via l'embauche d'immigrés moins exigeants que les nationaux, où les loyers des logements sociaux connaissent une surenchère du fait de l'afflux d'étrangers, où les services publics sont de moindre qualité car dépassés par les évènements, il est fort compréhensible que l'immigration soit ressentie comme une menace et non pour ce qu'elle représente vraiment, c'est-à-dire une valeur ajoutée.
Seule une redistribution plus juste permettrait de ramener de la sérénité
Que droite et gauche républicaines ne s'en prennent qu'à elles et à leurs politiques respectives ayant toutes fait l'ardente promotion du néo-libéralisme si des pays comme la France et comme la Suisse subissent (NDLR et aujourd'hui la Suède et l'Italie) aujourd'hui l'émergence d'idéaux prônant le repli sur soi. Car seuls les riches aujourd'hui profitent vraiment de cette immigration et de ce travail à bon marché en s'enrichissant davantage, tandis que les pauvres pour leur part en subissent toutes les conséquences. En effet, pendant que le néo-libéralisme, que la financiarisation et que la dérégulation sauvage sont systématiquement synonymes de coupes salariales, de pertes de droits et - en finalité - de montées en puissance des haines et des intolérances, seule une redistribution plus juste des ressources est aujourd'hui susceptible de ramener la sérénité dans nos sociétés.
Mesdames et Messieurs du gouvernement et de l'opposition Républicaine : l'acceptation sans faille de vos citoyens à l'ouverture totale des frontières et à la globalisation, de même que leur adhésion à cette Europe mal aimée ne se matérialiseront que grâce à une croissance stable.
C'est-à-direpar une société plus égalitaire,en établissant enfin une croissance au long cours,exempte de l'implosion épisodique de bulles spéculatives, où le travail redeviendrait une valeur.
Michel Santi est un macro économiste et un spécialiste des marchés financiers.
L'Extrême-droite, rempart contre le (du) Capitalisme.
Jean-Christophe Sellin, conférence des AMFIS 2022, « Histoire de l’extrême droite en France »
Qu'est-ce que le fascisme ?
La politique de Macron se résume à : " Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi. Tu es riche donc méritant mais si tu es pauvre, c’est de ta faute, donc si c’est de ta faute, on ne t’aidera pas. " Ce précepte avait été inauguré par Adam Smith au XVIIIe siècle sur une base de rhétorique religieuse.
Il s'agit bien d'un extrémisme ultralibéral , une autre forme du fascisme. " Aide-toi et le ciel t'aidera "
Le fascisme apparaît quand les intérêts privés priment sur l’intérêt collectif, quand les gouvernements et leurs instruments de coercition sont au service du capital, des banques et des industriels et non plus au service du citoyen.
Il est entendu que le totalitarisme qui est une forme de fascisme engendre le mal absolu. Absolu parce que ce système ne connaît plus les limites de la moralité et de l’éthique. Le bien-être du citoyen n’a plus la moindre importance, et celui-ci est réduit à l’état d’outil de production, dans le meilleur des cas, de charge inutile quand il n’est pas apte à produire, voire à l’état de parasite à éliminer. Seule compte l’avidité de richesses de la caste dirigeante, toute autre considération étant devenue secondaire.
Georges Orwell avait compris la consubstantialité du fascisme et du capitalisme, disant qu’il ne sert à rien de lutter contre le fascisme si on ignore le capitalisme.
Les ceintures populaires des métropoles se sont portées un peu plus vers la gauche et les espaces extramétropolitains sont allés un peu plus vers l’extrême droite : les deux constats ne s’opposent pas l’un à l’autre ; ils sont deux faces de la même réalité.
Abstention, rapport des forces gauche/droite, vote des fonctionnaires, ancrage des idées d’extrême droite... Le résultat du cycle électoral 2022 continue de nourrir de vigoureux débats à gauche. Deux enquêtes récentes fournissent de nouveaux éléments de compréhension. Analyse de Roger Martelli.
Deux rapports viennent compléter les regards portés sur les élections de l’année. Le premier est paru cet été sur le site de Fondapol, la fondation de droite présidée par Dominique Reynié, sous le titre « Mutations politiques et majorité de gouvernement dans une France à droite[1] ». Le second est une note de recherche du politiste Luc Rouban, paru sur le site du Cevipof et portant sur « le vote des fonctionnaires à l’élection présidentielle de 2022[2] ». Les deux études s’appuient sur des données de l’institut de sondage OpinionWay, téléchargeables sur le site de Fondapol[3]. Nous en résumons ici les principales conclusions.
Abstention : vers l’infini et au-delà ? La crise politique s’épaissit. L’abstention grandit, d’élection en élection. À la présidentielle, elle est passée de 15,3% en 1965 à 27,9% en 2022. Aux législatives, elle s’incruste au-delà du seuil des 50%. L’enquête OpinionWay nous en livre les ressorts, sociologiques et politiques.
L’abstention législative garde les caractéristiques sociologiques qui séparent les catégories les plus aisées (35% d’abstentions chez les revenus mensuels supérieurs à 3500 euros) et les chômeurs (75% d’abstentions). L’âge, les faibles revenus, les statuts jugés inférieurs et les formations courtes continuent de creuser la distance des individus avec le fait électoral. Mais le motif de la prise de distance reste ouvertement politique : la moitié des abstentionnistes invoquent l’absence d’intérêt pour une élection dont on estime volontiers qu’elle ne sert à rien.
La dimension protestataire du vote est renforcée par la distribution des résultats. Les partis dominants n’ont plus le vent en poupe. Le PS et l’UMP se partageaient 56% des suffrages présidentiels en 2012, 26% en 2017 et 6% à peine en 2022. Le total des suffrages obtenus par Macron, Pécresse et Hidalgo approche tout juste le quart des électeurs inscrits (en 2017 encore, les candidats supposés « gouvernementaux » en totalisaient 38,2%).
Tout va bien pour le RN ! Si la coalition des députés composant la Nupes forme le second bloc derrière la majorité relative macronienne,c’est le Rassemblement national qui peut se présenter comme le premier groupe d’opposition. Le plus préoccupant est que ses réserves électorales semblent loin d’être négligeables : 55% seulement des électeurs de Marine Le Pen du mois d’avril sont allés aux urnes en juin et ils sont plus nombreux (58%) que ceux de Jean-Luc Mélenchon (40%) à expliquer que leur absence est un geste de protestation contre le système électoral.
Quelle que soit l’élection de référence, présidentielle ou législative, premier ou second tour, l’extrême droite est le courant politique qui a le plus progressé en cinq ans. Cette progression n’est pas seulement l’effet d’un choix par défaut : 39% des électeurs se disent « tout à fait » ou « plutôt d’accord » avec les idées du RN (le pourcentage est de 28% pour LFI). Du coup, près de la moitié des interrogés (47%) voient comme « une bonne chose » l’entrée en force de l’extrême droite à l’Assemblée.
Les élections suggèrent donc, tout à la fois, une poussée de l’extrême droite – y compris en dehors de ses zones de force devenues traditionnelles – et une droitisation de la droite. C’est là encore près de la moitié (47%) des électeurs LR qui se disent proches des idées du RN, au point que les électeurs de droite sont plus nombreux (39%) à souhaiter un accord de LR avec le RN qu’avec la Macronie (34%). Voilà qui n’a rien d’étonnant, si l’on tient compte de ce que, pour 59% d’entre eux, le RN est capable de gouverner et que, aux yeux de 52%, le parti lepéniste incarne même une société dans laquelle ils souhaiteraient vivre.
Du point de vue idéologique, on aurait tort de sous-estimer le poids persistant des enjeux migratoires. Il est vrai que la plupart des sondages suggèrent depuis quelques mois que l’immigration n’est plus dans le trio de tête des sujets qui « préoccupent » les Français (la palme revient en général au pouvoir d’achat, à l’insécurité et aux enjeux sanitaires).
Mais ce n’est pas parce que les mots de l’immigration n’affleurent pas sur le terrain qu’ils n’agissent pas, confortant la conviction classique selon laquelle le RN « dit tout haut ce que les Français pensent tout bas »… Quand OpinionWay propose par exemple à ses interlocuteurs l’item « La plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays et cela pose des problèmes de cohabitation », plus de 90% des proches de l’extrême droite répondent affirmativement. Mais 80% des électeurs de la droite classique en font de même et les deux tiers des « sans préférence partisane » et des abstentionnistes. Au total, ce n’est qu’une courte majorité de 53% qui repousse l’idée centrale de la grande menace migratoire.
Fonctionnaires : une citadelle pour la gauche ? Pour le Cevipof, Luc Rouban a scruté plus particulièrement le comportement des fonctionnaires.
Nous l’avons résumé ici en deux tableaux, le premier qui synthétise le vote salarié en fonction des statuts du public, le second qui mesure les grandes évolutions entre 2017 et 2022.
Le premier tableau confirme, dans le monde du salariat, la tripartition observée dans l’ensemble des suffrages exprimés. La droite et l’extrême droite (37% et 34%) sont en tête chez les salariés du privé, où la gauche est au-dessous de sa moyenne nationale (28%). En revanche la gauche est en tête (37%) dans la fonction publique d’État où elle dépasse sensiblement sa moyenne nationale et où l’extrême droite est plus à la traîne (28%). Les situations sont plus équilibrées dans les entreprises publiques, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière.
Les zones de force de la gauche restent dans le monde enseignant (49%) et les catégories A de la fonction publique (43%), celles de la droite macronisée restent du côté des cadres du privé et celles de l’extrême droite chez les policiers et militaires[5]. Mais cette situation a évolué entre 2017 et 2022, parfois de façon sensible.
Entre les présidentielles de ces années-là, la gauche radicale s’est renforcée chez les employés du privé, les fonctionnaires d’État et les catégories A, tandis que la droite a reculé dans la fonction publique d’État et les catégories A. Ce recul a droite est d’abord celui de la droite classique : à l’exception du monde enseignant – éloigné par quelques années de « blanquerisme » militant – la Macronie résiste plutôt bien, notamment en milieu hospitalier.
Mais, une fois de plus, c’est le Rassemblement national qui tire les marrons du feu. Il progresse de plus de 10% chez les cadres du privé, les enseignants et les hospitaliers et il se consolide sensiblement du côté des entreprises publiques et de la territoriale. La perte de confiance dans l’institution publique et la confusion grandissante du privé et du public brouillent les perceptions et déplacent les rapports de force électoraux.
Le second tour amplifie encore le mouvement. Marine Le Pen gagne 9% entre 2017 et 2022 dans la fonction publique d’État, 7% dans la territoriale et jusqu’à 15% chez les hospitaliers. Elle progresse dans toutes les catégories de fonctionnaires : 7% chez les « A », 13% chez les « B » et 9% chez les « C » (où elle attire les votes de 46% d’entre eux, quasiment la moitié de la catégorie).
Ayant pris ses distances avec l’ultralibéralisme de la droite traditionnelle, le RN a installé l’extrême droite comme une concurrente de la gauche sur le terrain du « social ». S’arc-boutant sur la défense des agents publics les plus défavorisés, Marine Le Pen a permis que, par un étonnant paradoxe, la protestation contre la confusion du privé et du public tourne avant tout au bénéfice de l’extrême droite, sans que le macronisme soit pour autant irrémédiablement distancé.
Le devoir de lucidité Malgré le grand retour de la gauche au sein de l’hémicycle (la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix[4]), le cycle électoral de l’année 2022 a tourné plutôt en faveur de l’extrême droite. L’image des « deux France » chère à Christophe Guilluy est certes trop simple pour être retenue. Mais la gauche aurait tort de sous-estimer une réalité globale marquée par une conjonction, qui n’est hélas pas propre à la France et qui juxtapose une translation vers la droite du champ politique et une division accentuée des catégories populaires.
La spectaculaire abstention de la consultation législative, notamment dans les catégories populaires, atténue l’image sociologique dessinée par le premier tour de la présidentielle d’avril. Mais elle ne contredit pas les tendances alors dégagées. Le tableau ci-dessous reprend les données de l’enquête OpinionWay, en triant les pourcentages de pénétration des votes Nupes et RN, de part et d’autre de leur moyenne nationale.
Plus que le vote Mélenchon d’avril, le vote en faveur de la Nupes est assez homogène : elle obtient rarement moins de 20% et rarement plus de 33%. Mais le profil général de cet électorat est typé : les pourcentages les plus élevés concernent les catégories jeunes, notamment lycéennes et étudiantes, les « CSP + » et les professions intermédiaires, les formations au-delà du baccalauréat, les revenus moyens et les grandes villes avec en tête l’aire urbaine de Paris et l’Île-de-France.
De son côté, le profil du vote RN est plus éclatémais reste dominé par les catégories les plus populaires et les moins pourvues en « capital » matériel et culturel, installé en dehors de l’espace métropolitain et francilien.
La crise voue chaque situation à l’instabilité et rien n’indique que l’extrême droite a gagné définitivement la bataille de l’hégémonie et engagé inexorablement le processus qui peut la conduire au pouvoir. Mais elle a pour l’instant marqué des points importants, sur les terrains où elle est attendue (la protection, l’identité, l’immigration) et sur ceux où on l’attendait beaucoup moins (le social, la peur de l’avenir, la colère devenue ressentiment).
La gauche va mieux, elle s’est renforcée sur son flanc gauche et elle s’est réunie entre mai et juin.Mais elle reste dans ses basses eaux, n’a que partiellement regagné des points dans les milieux populaires et elle se retrouve profondément déséquilibrée. Elle est plus que concurrencée par l’extrême droite sur le terrain de la colère et n’a pas encore convaincu que ses projets de société sont renouvelés, pertinents et réalisables. Le temps de l’entre-deux est celui des possibles : le problème est qu’il en est des progressifs et d’autres trop tangibles et régressifs. Promouvoir les uns et conjurer les autres n’est pas qu’une affaire de volonté : c’est avant tout une question de pensée – et donc de repensée – et un processus maîtrisé de pratique populaire partagée.
Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. Bertolt Brecht
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Retrouvez la conférence des #AMFIS2022 intitulée : « Vote RN et « assistanat » : que fait-on ?
Retrouvez la conférence des AMFIS 2022 intitulée : " Vote RN et " assistanat " : que fait-on ? ", avec : François Ruffin, député LFI-NUPES * Alma Dufour, députée LFI-NUPES * Charlotte Leduc, députée LFI-NUPES
Pour Gérald Darmanin, « Nous sommes face à un ensauvagement » de la société[1]!
Pour un militant associatif marseillais pour le logement : " à quoi reconnait-on qu'un arrivage de drogue a eu lieu ? Quand les retards de loyers sont payés dans les quartiers "
Les jeunes dits « de cité » forment la nouvelle « classe dangereuse » pour le système dans une société en proie à davantage d’incertitude économique et d’accentuation des crispations identitaires[2].
#Macroncron veut « porter un coup d’arrêt au trafic de drogue, assurer l’ordre républicain, faire “ place nette ” »[0] ! Or,...
" Déjà, au 19e siècle, de nombreux articles de journaux parlaient des violences entre bandes. Les adolescents en question étaient surnommés les « apaches » du nom de cette tribu indienne redoutée. On disait qu’ils étaient de plus en plus jeunes, de plus en plus violents. Exactement les mêmes adjectifs qu’aujourd’hui ! " rappelle l’historienne Véronique Blanchard[2bis].
Les phénomènes de la précarité, d’exclusion, de racisme et les nouvelles formes de discrimination qui perdurent maintenant depuis plus de trente ans ont irrémédiablement accentué les difficultés des classes populaires surtout celles des dernières générations ouvrières illustrées par les « jeunes de cité ». Cette dégradation des rapports sociaux dans les quartiers populaires a sans aucun doute accéléré le phénomène émeutier[3], les nouvelles formes de violence interpersonnelles[4], mais aussi la récurrence des conflits entre les jeunes des quartiers et les institutions républicaines[5]
Par ailleurs, dans beaucoup de récits recueillis, le passage en prison a coïncidé avec une forme de promotion, avec le passage d’un seuil, d’une délinquance de voie publique – embrouilles, vols, violences, petits trafics –, à une délinquance de niveau supérieur plus professionnalisée[6]... il faut donc tout faire pour l'éviter en s'attaquant aux causes.
Dans nos quartiers : violence, délinquance, drogue... une question qui n'est pas simple
Effectivement la chose n'est pas simple, mais c'est une question globale... et donc la réponse ne peut être que globale, non pas en terme répressif, mais en s'attaquant aux causes.... sauf à considérer que l'on ne veut pas légaliser le cannabis pour pouvoir continuer à gesticuler politiquement sur ce sujet et faire de l'insécurité une thématique clivante, médiatiquement sur exploitée pour détourner l'attention de l'essentiel, tout en laissant le trafic continuer pour perpétuer un minimum de ressources financières dans les quartiers les plus pauvres (comme aux USA).
Mais pour quelle raisons il y a t-il des trafics de drogue (essentiellement du cannabis) ?
Un ami Marseillais, militant associatif pour le logement me disait il y a quelques années : " Sais tu comment on voit quand il y a eu un arrivage de drogue ?.... quand les retards de loyer sont payés dans les quartiers ! " on avait là la synthèse du pourquoi et du comment ! ;
En affirmant « Avec la crise économique qui arrive, les gens auront encore plus besoin d’argent, si demain ils ne peuvent pas vendre illégalement du cannabis, ils vendront de la drogue dure », le député François Pupponi (Libertés et territoires), à sa façon, ne dit rien d'autre[8]même si, cette affirmation lui sert à justifier la NON légalisation du cannabis et par conséquent ne pas vouloir s'attaquer aux causes de ses trafics ;
Bordeaux le 9 septembre 2022 : « J’ai préféré gagner de l’argent facile plutôt que d’aller travailler »
Déféré devant le tribunal dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate, un prévenu questionné par la présidente d’audience avoue réaliser un chiffre d’affaires de près de 20 000 euros par mois. « Mais ce n’est pas du bénéfice,je gagnais entre 3 000 et 4 000 euros», admet-il pour reconnaître « ne plus vouloir se lever le matin pour aller travailler car là, c’était de l’argent facile. J’en voulais toujours plus et j’ai été pris au piège[8bis] ».
Pour le système libéral et le pouvoir à ses ordres,les trafics de drogue sont un outil pour maintenir la " paix sociale " dans les quartiers,en conséquence Darmanin fait des annonces|9] sans rien changer sur le fond en s'attaquant aux causes.... résultat :les amendes engendreront encore plus de trafic,... ne serait-ce que pour payer les amendes...
Il fautdonctoutà la fois : ➡️ s'attaquer aux causes :
à la question du chômage de masse dans les quartiers populaires.... qui pose ine fine la question de " pourquoi je bosserai à l'école, puisque ça ne sert à rien, y'a pas de boulot " ;
à la question du pouvoir d'achat, les salaires doivent permettent aux familles de vivre correctement pour donner envie aux enfants d'aller à l'école pour apprendre un métier... et travailler plus tard ce qui n'est pas le cas quand les Français qui gagnent moins de 2 000 € net par mois n’ont plus que quelques dizaines d’euros sur leur compte en banque dès le 10 du mois[10]... et amène automatiquement cette question : "Pourquoi je ferai ça comme job, ça ne paie pas " ? ;
à la question de la précarité professionnelle qui touche plus de 3,7 millions de personnes et frappe surtout les jeunes (les 15-29 ans forment à eux seuls la moitié des précaires)[15], l'autre moitié étant les femmes qui : représentent 53 % des personnes pauvres et 57 % des bénéficiaires du RSA ; constituent 70 % des travailleurs pauvres ; occupent 82 % des emplois à temps partiel[16]... le tout vivant dans ses mêmes quartiers, utilisés, depuis plus de 20 ans, et en accroissement, pour mettre la misère à l'écart au nom de la segmentation sociale des territoires[18] ;
➡️ S'attaquer aux causes c'est aussi :
reconstruire un État socialloin des politiques néo-libérales qui ont affaibli, voire supprimé purement et simplement les service public dans les quartiers, résultat tout à la fois de stratégies nationales et de choix locaux conséquence de la baisse des dotations de l’Etat pour les collectivités[17] ;
s'attaquer à la finance : en France, le trafic de drogue générait 2,7 milliards d'euros par an indiquait l'Insee dans une note de mai 2018 (dont un milliard d'euros le seul trafic de cannabis)[19]... que fait le gouvernement ?
Dans les paradis fiscaux et les réseaux financiers qui organisent et profitent du trafic de drogues dans les cités françaises, l’argent sale de la drogue se mêle à l’argent sale de l’évasion fiscale « Les îles Caïman ont des coffres-forts où se mélangent l’argent de l’évasion fiscale et l’argent de la drogue. Tant que l’on laissera ces paradis fiscaux-là, on continuera d’avoir ce trafic de drogues, d’armes, d’argent sale »[20]...
Saisir le portefeuille plutôt que le produit
La pression policière « n’a jamais été aussi importante » et pourtant « très inefficace », remarque Christian Ben Lakhdar[20bis].Pour lui, les sanctions se répercutent surtout sur les usagers, sur la saisie du produit, or «interpeller un client pour démanteler un trafic, ce n’est peut-être pas le meilleur choix»,... pour stopper le trafic, c’est plutôt au « portefeuille » qu’il faut s’attaquer.
Concluant : «Ce sont les avoirs criminels et le patrimoine des dealers, des têtes de réseaux, qu’il faut saisir », plaide t-il[21]. Pour que le trafic ne soit plus rentable, mieux vaut s’emparer du capital donc.
Mettre un terme à l’abandon des banlieues :45% des jeunes n’ont pas d’emploi, on compte deux fois moins de professionnels de santé pour 100 000 habitants, 40% de ces quartiers n’ont pas de crèches avec pourtant deux fois plus de familles monoparentales, 40% de bibliothèques en moins par habitant, trois fois moins d’équipements sportifs...
Ces chiffres rappellent combien la « normale » est insupportable pour les habitants des banlieues défavorisées.Sans justice sociale, rien ne changera !
Quand on dit que ces quartiers sont des quartiers prioritaires sur le papier, c’est faux en réalité[41]!
➡️ Répondre aux besoins urgents :
aider les parents à surmonter les difficultés avec les enfants (par exemple : quel peut être l'autorité parentale quand c'est l'ado. qui fournit l'argent pour payer tout ou partie du loyer, la cantine des frères et sœurs ? en faisant le guetteur) ;
la grande majorité des adolescents considèrent leurs parents comme des modèles, des références pour se construire[11]. Quel modèle peuvent-ils constituer, quelle crédibilité peuvent-ils avoir, quand ils sont dans l'impossibilité de répondre à leurs attentes parfois tout simplement de leur permettre de se nourrir, quand 20 % des Français ne peuvent pas manger trois fois par jour[12], quand 1 enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté et ne mange pas toujours à sa faim, comme à Paris[13] ;
aider les parents à faire valoir leur droits sociaux, ce qui sous entend de reconstruire les services publics dans les quartiers (En novembre 2017, « 49% des personnes éligibles à une des aides sociales versées par les conseils départementaux ou les Caisses d'allocations familiales en ignoraient l'existence.» et 40% des gens qui on droit au RSA n'en bénéficiaient pas[14]) ;
➡️ S'attaquer aux causes c'est enfin y mettre des moyens :
remettre en place la police de proximité dans les quartiers (supprimée par Sarkozy en 2003[23]) à titre de prévention et de renseignement... et ce dans une démarche de respect citoyen, par exemple en instaurant une traçabilité des contrôles d'identité ;
augmenter les moyens de la police notamment en OPJ(officier police judiciaire) dont le service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF) [unité de police judiciaire commune à la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) et à la direction générale des finances publiques (DGFIP)]pour remonter les filières.... et pas mettre des contraventions sur les guetteurs et les consommateurs !
et dans le même temps, légaliser le cannabis pour casser les trafics comme cela a été proposé par les parlementaires de la France insoumise dans un projet de loi[22]... rejeté par le parlement le 1 janvier 2022[23];
le tout nécessitant d'y " investir " de gros moyens sur le long terme, et remettre en cause la logique économique et sociale libérale en place.
➡️ J'entends ici et là les propos suivants :
« Maintenant dans ma circonscription, c'est le RN qui a gagné... On verra ce qu'il propose ! »
Que propose le RN (Rassemblement National) de nouveau : s'attaquer aux causes ? Non !On en a la confirmation avec le vote de la loi pouvoir d'achat de Macron qui ne prévoie ni relance des salaires, du SMIC, ni blocage des prix des produits de 1ére nécessité, ni blocage des loyers, ni blocage du prix du carburant à 1,4€, ni de mesures en faveur des jeunes pour leur garantir garanti r une autonomie, qui les portera au-dessus du seuil de pauvreté (1 063€ pour une personne seule) et que le RN a voté[23bis].... .
Alors quoi ? Simplement renforcer la répression policière et judiciaire, sanctionner, emprisonner, expulser les délinquants dont les parents sont d'origines étrangères... qui seront remplacés par d'autres... dans d'autres lieux, mais resteront concentrés dans les zones géographiques les plus densément peuplées, au cœur des métropoles régionales à forte population étudiante et dans les départements périurbains ou situés à proximité des grandes agglomérations (là ou sont les " clients ").
En conclusion... Il ne faut pas se mentir : le trafic de drogue prospère d'abord sur la misère sociale et constitue un véritable " système D ou de compensation sociale[6] "...et pour y remédier, "Le tout répressif ne fonctionne pas ![25] " . Un constat surprenant pourtant indéniable : Si l'on veut sortir de l'économie souterraine et criminelle[24], il nous faut absolument changerde système.
Relocaliser notre industrie, donner aux gens les moyens de vivre et aux jeunes de se construire un avenir, refonder et redévelopper nos services publics, investir partout et notamment dans les quartiers populaires pour qu'ils puissent revivre dans la dignité et ce, avec les deniers issus du partage des richesses. Ce sont les seules solutions pour redonner à tous le goût et les moyens des jours heureux.... sans le cannabis !
et, en plus, comme le propose la France insoumise :
Changer de stratégie en matière d'Addictions et drogues La politique française en matière de drogues mais aussi d’autres consommations addictives et néfastes (alcool, tabac, médicaments) se résume trop souvent à la répression ou à l’hypocrisie. Pourtant les addictions concernent plusieurs millions de personnes. L’Office français des dépendances et toxicomanies estime ainsi que 8 % des adultes présenteraient un risque chronique d’addiction à l’alcool et un quart (27 %) une addiction au tabac. L’usage problématique ou la dépendance au cannabis concernerait 7 % des adolescents de 17 ans et 3 % des 18-64 ans. C’est une affaire de santé publique ! L’heure est venue de changer de stratégie pour lutter plus efficacement et plus humainement contre les addictions[37].
Ce qui sous entend de : Légaliser et encadrer par un monopole d’État la consommation, la production et la vente de cannabis à des fins récréatives dans des conditions permettant de lutter contre l’addiction, voir ce projet de loi
Refonder une police républicaine La République a besoin d’une justice, mais également d’une police qui lui soit loyale, et qui soit attachée aux principes de l’état de droit. La police doit agir pour la protection des libertés individuelles et collectives[38]... contrairement au projet de réforme de la police judiciaire de Macron qui menace l’efficacité des enquêtes et l’indépendance de la justice[39].
Refonder la justice au nom du peuple En République, la justice est rendue au nom du peuple. Mais la justice n’a plus les moyens de ses missions : elle a été laissée à l’abandon par les gouvernements successifs. Les pressions sur elle se sont multipliées. Les liaisons dangereuses aussi. Il faut des moyens humains et financiers pour qu’elle soit bien assurée, et dans des délais raisonnables[40].
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Pour aller plus loin :Socio-histoire de la délinquance juvénile d'un ancien quartier ouvrier de « banlieue rouge » en mutation par Éric Marlière (extrait)
Vers une décomposition irréversible de la « classe ouvrière » depuis les années 1990 : consommation, individualisme, trafic de drogue et chômage juvénile de masse[2]
La rationalisation du trafic de drogues dures et de substances douces avec les revenus substantiels et confortables qu’il procure (enfin pour les jeunes situés en haut de la pyramide) a contribué, en partie, à atténuer sensiblement les comportements violents jugés contre-productifs. En effet, ces comportements visibles dans l’espace public sont susceptibles d’alerter la police et donc de mettre en danger l’activité des délinquants[27]. Mais l’ancrage temporel dans la précarité et l’exclusion sociale (voire ethnique) modifient les modes de vie dans les espaces juvéniles du quartier.
Les formes d’encadrement des classes populaires s’estompent progressivement dans les années 1990 et les manières de se représenter le monde des enfants d’ouvriers et d’immigrés (de la première et surtout la deuxième génération) changent radicalement.Précisons également que les « jeunes de cité » rencontrent des trajectoires multiples et plurielles [28] et ceux qui commettent des actes déviants représentent à peine 15 % des jeunes du quartier au début des années 2000. Cependant, la plupart d’entre eux ne se reconnaît plus dans ce que les chercheurs appellent la « culture ouvrière ». Dans ce contexte, on assiste à une fragmentation des rapports sociaux entre jeunes des cités du quartier selon les parcours scolaires, culturels et la nature des activités quotidiennes [29]. Cette nouvelle segmentation du lien social juvénile local accentue les parcours individuels et les stratégies personnelles mettant un terme au sentiment communautaire qui caractérisait la « classe ouvrière » lors des périodes précédentes. Au sein du pôle déviant de la jeunesse populaire, nous pouvons y distinguer une sorte d’élite (« cerveau de la drogue locale, fiché au grand banditisme) qui représente une infime minorité et, à côté, ceux que l’on pourrait classer de petits trafiquants et de « délinquants ordinaires ». Mais si les « délinquants » sont fortement minoritaires parmi les jeunes ici, ils rythment, à eux seuls, le quotidien du quartier.
La vente de drogue rapporte des revenus substantiels uniquement à l’élite des trafiquants et ceux qui se sont bien implantés durablement dans ce type de business. Pour les autres, c’est un pari dangereux en raison d’une concurrence impitoyable (violence, règlements de comptes, etc.) et d’une présence policière de plus en plus répressive.... MAIS QUI NE S'ATTAQUE PAS ou peut a l'ELITE, aux CIRCUITS FINANCIERS qu'alimente la drogue.
L’imbrication de faits sociaux comme la fermeture des usines, la fin d’une société du plein emploi, la précarité qui explose la pauvreté qui éclate (En 2019, 9,2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire[30]) et l’arrivée des drogues dures dans les quartiers populaires est liée à la dégradation des conditions de vie et des perspectives d’avenir de la jeunesse des « cités ». Les mutations des modes de production ont pour conséquences les transformations des modes de délinquance en l’espace de trente ans dans les « quartiers sensibles » qui voient de plus en plus de jeunes imprégnés par des activités illégales en raison des effets sociaux de la précarité grandissante au sein des classes populaires du quartier [31].
Le monde ouvrier n’existant plus comme système d’encadrement populaire et de représentations sociales, ces enfants d’ouvriers et d’immigrés sont, dans une certaine mesure, contraints de s’adapter en faisant preuve de pragmatisme aussi bien sur le marché du travail que dans le domaine de l’illégalité [32]. Et surtout, ces jeunes — qui ne pourront devenir ouvriers comme leur pères — peinent également à être salariés : ils sont au carrefour des transformations sociales et des crispations culturelles de la société française [33]. La situation sociale critique de ces jeunes depuis plus de trois décennies semble se pérenniser et ne trouve toujours pas, à l’heure actuelle, un débouché politique, économique et social favorable (le phénomène de trahison de la gauche sous Hollande qui s'est traduit par un recul social, la répression du mouvement des gilets jaunes a accentué le phénomène) sauf dans des situations extrêmes comme la délinquance, l’émeute ou la radicalité idéologique[34]. Les quatrième et cinquième générations ouvrières du quartier ont, dans une certaine mesure, des dénominateurs communs comme la galère, l’exclusion ou le racisme [35]. Néanmoins, la première génération de « jeunes de cité » revendiquait des droits avec la « marche pour l’égalité » en 1983 dans l’espoir d’une insertion professionnelle et sociale possible et réelle dans la société tandis que la seconde, confrontée davantage à la discrimination dans un contexte de mutations des rapports de production, s’illustre dans les émeutes urbaines et s’installe plus durablement dans la marginalité [36].
Conclusion : La décomposition de la « classe ouvrière » a donc des conséquences chaotiques sur le quotidien des générations ouvrières observées dans les quartiers et leurs descendants... et ces jeunes dits « de cité » forment la nouvelle « classe dangereuse » dans une société en proie à davantage d’incertitude économique et d’accentuation des crispations identitaires.
Pour aller plus loin, analyse du sociologue Marwan Mohammed[6]
Comment expliquer la prévalence des formes de délinquance dans les quartiers ?
Pour le sociologue Marwan Mohammed, elles reposent, pour leurs auteurs, sur une logique de compensation sociale :ces comportements transgressifs peuvent en effet être lus comme des formes déviantes d’adaptation aux normes dominantes, ce que Merton avait appelé, dans sa théorie de la frustration relative, le « conformisme déviant ». Tous les milieux et classes sociales partagent les mêmes fins, les mêmes objectifs sociaux : consommer, s’affirmer, être reconnu socialement.
Seuls les moyens d’y accéder diffèrent, selon les positions sociales. Pour ces jeunes comme pour tous, l’urgence est de devenir quelqu’un et, dans un contexte de pression matérialiste, de consommer un peu.
Quelles sont les voies possibles pour y parvenir, dans des territoires où le décrochage scolaire et le taux de chômage sont particulièrement importants ?
Quelques-uns vont être doués pour le sport, les arts. Sans que ce soit mécanique, d’autres vont compenser par des moyens transgressifs et entrer en délinquance. Mais, contrairement à ce que l’on croit, là aussi, les places sont limitées : s’engager et durer dans ce milieu demande un certain nombre de compétences, de motivations et de ressources.
Plutôt que de penser enfermement ou éloignement, il faudrait travailler à réduire le vivier, en amont des parcours de délinquance... s'attaquer aux causes
Par exemple, entre cent-vingt et cent-cinquante-mille personnes sortent du système scolaire chaque année sans qualification. C’est là-dessus qu’il faudrait agir. Des propositions existent, mais se heurtent à l’absence de volonté politique des pouvoirs qui se sont succédés et instrumentalisent la violence à des fins politiciennes pour justifier leur raison d'être (ex Gérard Darmanin, le RN, LR). A l’autre bout de la chaîne, il faut investir dans une vraie politique de réinsertion et de désistance.
La question de la sortie de la délinquance doit faire l’objet d’une véritable politique publique, pas d’un agrégat de dispositifs à la fois dispersés et limités,ce qui sous entend d'en donner les moyens à la justice, ce qui est loin d'être le cas en France[26].
[27] C’est pourquoi nous verrons que d’autres phénomènes ont participé à une accalmie « de façade » dans ce quartier sans pour autant que la véritable violence et les faits de délinquance aient véritablement disparu.
[28] Éric Marlière, Jeunes en cité. Diversité des trajectoires ou destins communs ?, Paris, L’Harmattan, 2005.
[29] Éric Marlière, « Les jeunes de cité. Territoires et pratiques culturelles », Ethnologie française, 4, 2008, p. 711-721.
[31] Gérard Mauger , Le milieu, la bande et la bohême populaire. Études de sociologie de la déviance des jeunes des classes populaires (1975-2005), Paris, Belin, 2006.
[32] Laurent Mucchielli, « L’évolution de la délinquance juvénile en France (1980-2000) », Sociétés contemporaines, n° 53, 2004, p. 101-134.
[33] Éric Marlière, « Jeunes des banlieues et émeutes urbaines », in Bernard Roudet (dir.), Regard sur les jeunes en France, Paris, PUL, p. 127-145.
[35] Stéphane Beaud et Olivier Masclet, « Des “ marcheurs ” de 1983 aux “ émeutiers ” de 2005. Deux générations sociales d’enfants d’immigrés », Les Annales HSS, juillet-août 2006, n° 4, p. 809-843.
[36] Saïd Bouamama, Les classes et quartiers populaires. Paupérisation, ethnicisation et discrimination, Paris, Éditions du Cygne, 2009.
De plus en plus d'accidents du travail mortels dans l'Hexagone... il faut en finir avec la souffrance au travail... et surtout pas allonger la durée de vie au travail comme le propose Macron en réformant les retraites !
La Confédération européenne des syndicats (CES) a publié le 28 avril une enquête consacrée à la mortalité au travail dans laquelle la France s’illustre tristement avec le deuxième taux de mortalité rapporté à la population au travail[0]...
et de son côté, l’OIT fait de la santé et sécurité au travail un droit fondamental[1]...
« Ils étaient ouvrier du bâtiment, menuisier, jeune saisonnier, conducteur de poids lourd... Ils sont tous morts au travail entre le 18 et le 21 juillet 2022 », a dénoncé la CGT du ministère du Travail dans un communiqué publié mercredi. Se référant au comptage effectué par le professeur d'histoire Mathieu Lépine sur son compte Twitter « Accident du travail : silence des ouvriers meurent[1bis] », la CGT déplore les décès de neuf personnes en seulement quatre jours.
S'ajoute à cela la mort, le 27 juillet, de deux ouvriers qui intervenaient sur le chantier d'un téléphérique à Chamonix, en Haute-Savoie[2].
Et le 3 août, à Bergerac : huit blessés dont quatre graves après une explosion dans une usine classée Seveso[3].
2017, dans la continuité de la Loi Myriam El Khomri adoptée sous la houlette de Hollande et Valls, qui lui sert de point d'appui, Emmanuel Macron fait passer la réforme du code du Travail.
Dans sa Loi Travail (ordonnances travail[6]) figure (titre 1) la fusion des instances représentatives du personnel : Dans les entreprises de plus de 50 salariés, une instance unique nommée " comité social et économique " (CSE) remplacera et fusionnera le comité d'entreprise, le comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et les délégués du personnel....
Résultat :
Une commission " santé, sécurité et conditions de travail " (CSSCT) a été instaurée dans toutes les entreprises et établissements de plus de 300 salariés.Mais le CHSCT était quant à lui obligatoire dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés.
La plupart des entreprises comprises entre 50 et 300 salariés ne disposeront donc plus d'une instance représentative du personnel dédiée aux risques professionnels ;
La commission dans les entreprises de plus 300 salariés ne s'est pas substituer réellement aux CHSCT.Ses prérogatives et missions telles que définies, notamment à l’article L 4612-1 du Code du travail, ne sont pas reprises dans le texte[7] ! ;
Et les chiffres le confirment : le taux d’entreprises disposant d’une instance dédiée aux questions de santé, de sécurité et de conditions de travail est passé de 53,1 % en 2018 à 21 % en 2020[6bis]... résultat une entreprise sur cinq est hors la loi[6bis]....
Quatre ans après l’adoption des ordonnances travail, les premiers résultats sont là : une dégradation prévisible[8]des conditions de travail, une souffrance au travail qui ne cesse de croitre
Et ce qui suit en est l'une dés conséquences des plus désastreuses :
3,5 accidents mortels pour 100 000 salariés français, pire résultat en Europe, voilà le fruit des politiques de Hollande et Macron soit plus de deux fois plus que la moyenne de l'UE (1,7 accident mortel pour 100 000 salariés).
Les données d'Eurostat, une direction générale de la Commission européenne chargée de produire des informations statistiques à l'échelle de l'UE sont la source de ces chiffres (les plus récents en la matière mais qui remontent à 2019) qui montrent qu'il y a en France 3,5 accidents du travail mortels pour 100 000 salariés, soit plus de deux fois plus que la moyenne de l'UE (1,7 accident mortel pour 100 000 salariés).
L'Hexagone détient donc bel et bien le bonnet d'âne des accidents du travail mortels, devant la Bulgarie (3,4 pour 100 000 salariés) et le Luxembourg (3,13). Les Pays-Bas sont quant à eux les meilleurs élèves, avec seulement 0,48 accident du travail mortels pour 100 000 salariés.
La France occupe également la première place du triste podium des pays où ont lieu le plus d'accidents du travail non-mortels, proportionnellement à la population.
En 2019, on en a recensé 3425 pour 100 000 salariés. C'est plus qu'au Portugal (2681) et en Espagne (2513), qui sont respectivement en deuxième et troisième positions en la matière.
Alors quelles réponses apporter pour faire face à cette dégradation su vécu au travail ?
Oui, il y à urgence à abroger les lois travail initiées par François Hollande et Emmanuel Macron et en finir avec la souffrance au travail
La CGT porte des exigences et actions fortes de la part du gouvernement :
Une politique pénale du travail sévère, poursuivant et condamnant fermement la délinquance patronale ;
Le renforcement des droits de retrait et d’alerte des salarié.es ;
La suppression des régimes de précarisation des travailleur.ses ;
La suppression du recours massif à la sous-traitance dans les activités telles que le BTP, le nettoyage… ;
L’engagement de la responsabilité civile et pénale des donneurs d’ordre pour les accidents du travail chez les sous-traitants,
Des évolutions de la réglementation pour protéger la santé et la sécurité des travailleur.ses : rétablissement de la dérogation pour l’affectation des jeunes à des travaux dits dangereux, adoption de règles précises pour prévenir les risques liés aux fortes chaleurs, …
Le retour des CHSCT comme contre-pouvoir pour la protection de la santé des travailleur.ses ;
Le doublement des effectifs de l’inspection du travail et des services de prévention (Carsat, médecine du travail), assurer leur indépendance et leur donner de nouveaux et véritables pouvoirs coercitifs (nouveaux arrêts d’activité notamment)[4].
En définitive, tout commence par des actes politiques forts
Le tout passe en effet par l'abrogation des lois travail initiées par François Hollande et les ordonnances d'Emmanuel Macron... comme souhaité par 63 % des Français qui se prononcent pour[9], et qui, pour se faire, peuvent compter sur le soutien de la France insoumise[10], et de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale #Nupes[11].
Monument aux victimes de l'amiante à Condé sur Noireau (Calvados)
« Chaque accusation publique sera poursuivie devant les tribunaux. Car il est temps que cesse cette infamie. »
Ce mardi 2 août, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti et la Première ministre Elisabeth Borne se sont déshonorés. En donnant un caractère officiel au procès abject en antisémitisme mené à l’encontre de la France insoumise, ils ont, non seulement, insulté une partie de la représentation nationale mais ont rendu, par la même, un bien mauvais service à la lutte contre l’antisémitisme.
Sources :parManuel Bompard (Député France insoumise #Nupes de Marseille)|
Eric Dupond-Moretti parle de Jérémy Corbyn, l’ancien chef du Parti travailliste britannique. Il faut rappeler que si celui-ci a été suspendu de son parti le 29 octobre 2020 à la suite de la publication d’un rapport sur l’antisémitisme, il a été réintégré par l’instance dirigeante du parti le 17 novembre 2020[1]. Il ne lui était d’ailleurs pas reproché des propos ou des actes antisémites, mais de ne pas avoir agi suffisamment contre l’antisémitisme. De plus, nous n’avons pas de lien particulier avec lui. Profiter de sa présence en France pour transformer nos parlementaires en antisémites est donc d’une malhonnêteté crasse. C’est l’histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours.
Pire encore, alors que cette résolution est à l’initiative de nos camarades communistes, Elisabeth Borne l’utilise pour flageller les insoumis tout en absolvant les autres groupes de la NUPES. Car en réalité, elle n’a rien à faire de la véracité des attaques qu’elle profère.Elle poursuit seulement un objectif politique : détacher la France insoumise des autres composantes de la NUPES pour empêcher toute possibilité d’alternative à gauche. Mais cette tentative est vaine, comme l’a démonté notre réaction commune face aux propos des ministres au sein de l’hémicycle.
Ces interventions ne s’appuient donc sur aucun élément sérieux. Elles ne visent qu’à propager le poison de la rumeur pour disqualifier l’opposition principale à Emmanuel Macron et à sa politique. Car une fois ces polémiques absurdes écartées, il ne reste plus que les faits. Ils sont simples et méritent d’être énoncés clairement.
Aucun militant, dirigeant ou élu de la France insoumise n’a jamais tenu de propos ou commis d’actes antisémites.
Aucune poursuite pour antisémitisme n’a jamais été engagé contre une personne appartenant à la France insoumise.
Les procédures judiciaires engagées par Jean-Luc Mélenchon contre ceux qui l’avaient accusé d’antisémitisme se sont traduites par des condamnations pour diffamation.
Le débat politique, même conflictuel, mérite mieux que ces tentatives de disqualification.
Elles posent d’ailleurs un problème de cohérence. Car s’il y a des antisémites sur les bancs de l’Assemblée Nationale, il faut les traduire devant les tribunaux. Et si nous sommes, nous, députés de la France insoumise, des antisémites, alors il n’est pas compréhensible que trois ministres du gouvernement d’Emmanuel Macron viennent débattre (sans complaisance) avec nous lors de nos prochaines universités d’été. Dupond-Moretti et Borne doivent donc s’excuser.
Car nous n’avons pas l’intention de courber l’échine.
Chacune de ces attaques donnera lieu, de notre part, à une réaction claire et immédiate, comme nous l’avons fait ce mardi en quittant l’hémicycle.
Et chaque accusation publique sera poursuivie devant les tribunaux.
Mesures Macron d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat :« On aura vu le vrai visage du RN »...
Résultat « Ceux qui ne sont rien » auront des miettes[1] !
...la loi « pouvoir d’achat » n’augmente pas le pouvoir d’achat mais entérine sa baisse[1bis] !
Demandée par la #Nupes[2] (LFI, EELV, le PCF et le PS), la hausse du SMIC à hauteur de 1 500 € nets n'a pas été adoptée par les députés. 257 parlementaires, dont Marine Le Pen ou Aurore Bergé, ont en effet voté contre. (257 parlementaires ont voté contre, 121 pour et 4 se sont abstenus, selon le site de l'Assemblée[3]) « Main dans la main RN et macronistes refusent l'augmentation du SMIC. La pire droite d'Europe », a lancé sur Twitter Jean-Luc Mélenchon, l'ancien candidat insoumis à la présidentielle[4].
« On aura vu le vrai visage du RN qui vote contre les intérêts des plus pauvres. On aura vu le vrai visage de LREM qui s’allie avec le RN pour protéger les intérêts des plus riches », commente quant à lui le jeune député LFI Louis Boyard[5].
SMIC. « Nous voterons l’essentiel des mesures que vous proposez », avait, la veille du vote, déclaré Marine Le Pen dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, en s’adressant au gouvernement[6].
Quel autre exemple que celui-ci pour illustrer l’alliance LREM & RN qui a été observé pendant plusieurs semaines à l’Assemblée ?
Après que les députés macronistes aient votés pour faire élire deux députés d’extrême-droite du RN à la vice-présidence de l’Assemblée[7] ;
après que les députés du RN aient refusé de voter la motion de censure du gouvernement[8]...
nouvelle épisode de l’alliance capital-fasciste : le 20 juillet 2022l’alliance LREM & RN a voté d'une seule voix contre l’augmentation du SMIC à 1500€ net proposée par la gauche (amendement #Nupes[9]), et lors du vote global de l'article 4 du projet de loi (qui ne prévoit pas le SMIC à 1 500€), vote POUR[10].
Défendus par le parti présidentiel et par son allié objectif, le Rassemblement national, les intérêts du capital sont bien gardés.
L’examen du texte « paquet pouvoir d’achat » à l’Assemblée nationale, a laissé éclater au grand jour ce que l’insoumission martèle depuis des mois : Marine Le Pen et le Rassemblement national, derrière la communication, portent un programme économique de saignée des classes populaires[11] : Refus d’augmenter les salaires, mais également de bloquer les prix, de dégeler le point d’indice des fonctionnaires, recul sur les retraites, arnaque sur l’ISF, remboursement de la dette, maintien de la flat-tax, austérité dans les services publics… Marine Le Pen défend, main dans la main avec Emmanuel Macron, les intérêts du capital contre le travail.
Macron et Le Pen, main dans la main contre l’augmentation du SMIC Un accord de fond qui ne date pas d’hier. Pendant la campagne présidentielle, Marine Le Pen s’était positionnée contre l’augmentation du SMIC, comme Emmanuel Macron. Candidate du peuple et du pouvoir d’achat ? Que nenni. À la place, la responsable du Rassemblement national (RN) proposait de supprimer des cotisations sociales pour augmenter le salaire net[12].C’est-à-dire prendre dans notre poche gauche pour mettre quelques euros dans notre poche droite.
Quoi de plus normal pour Marine Le Pen de VOTER POUR[13]le « paquet pouvoir d’achat » proposé par le gouvernement, ce projet de loi qui donne toujours plus au capital qu’au travail, validant le non blocage des prix, la non hausse du SMIC, des pensions de retraites au delà de l'inflation, la revalorisation des minimas sociaux au dessus du seuil de pauvreté, le non gel des loyers... ?
Par ce geste, le RN acte son rapprochement idéologique avec le macronisme.
Ses députés approuvent la distribution de miettes et de chèques, portée par les députés LREM.Le parti d’extrême-droite montre aux yeux du monde qu’il n’a jamais lutté pour la hausse des salaires :
Que le RN ne compte pas changer de position à ce sujet ;
Que le RN est bien un allié tacite de Macron, un allié des intérêts du capital, contre les intérêts des travailleurs.
Le député France Insoumise, Adrien Quatennens a dénoncé avec vigueur l’hypocrisie du RN.
« Le partage de la valeur, ce ne sont pas des primes. Ce sont des augmentations de salaires et offrir les conditions d’une vie digne aux travailleurs, de vivre de leur travail. Ce que précisément, vous aussi, en bonne alliée de la macronie, vous refusez. […] Vos électeurs vous voient. Vous vous couchez contre la logique macroniste qui vise à verser des primes aléatoires et des chèques ! », s’est-il exclamé dans l’hémicycle[14].
« Nous voterons l’essentiel des mesures que vous proposez » : pour quelles miettes le RN a-t-il voté ? Un article a été publié ici même[15]par les insoumis pour décortiquer le « paquet pouvoir d’achat » du gouvernement.
Que contient-il ? Miettes, chèques et mesurettes.
Voilà, ce alors que les Français sont pris à la gorge par l’inflation et qu’ils ont un besoin urgent d’augmentation de leurs salaires, ce que le RN a avalisé :
Une revalorisation du point d’indice des fonctionnaires (+3,5%), présentée comme historique, mais inférieure à l’inflation. Cela revient à une perte sèche de pouvoir d’achat de 2,25% sur l’année pour les fonctionnaires ;
Aucun effort demandé aux 3,5% d’ultra-riches qui possèdent la moitié des logements du pays, alors que les Français vont pâtir de l’inflation des loyers, qui est leur premier poste de dépenses ;
Pas d’augmentation du SMIC ;
Pas de blocage des prix de l’essence et des biens de première nécessité ;
Aucune taxation des milliardaires qui se sont gavés pendant la crise sanitaire ;
Des primes pour les entreprises qui le voudront bien, des miettes payées par… le contribuable.
En définitive, un paquet pouvoir d’achat d’où est absent le mot « salaires ».
Voilà ce que le RN a soutenu, main dans la main avec la macronie et les Républicains.
Une lune de miel pour soutenir le capital plutôt que le travail.
L’alliance capital-fasciste se confirme chaque jour un peu plus.
Et pourtant...
Malgré la propagande macroniste,les français ont compris que la loi sur le pouvoir d'achat était surtout une manière de protéger les superprofits.
Pour en savoir plus...
Macron et Le Pen contre les hausses de salaire ! | Débats à l'Assemblée
« Exempter le RN de tout antisémitisme quand on connaît son histoire pour en accuser LFI ? ! Mais quand le gouvernement a-t-il perdu le sens de la République ?[1] »
En taxant les députés NUPES et singulièrement LFI d'antisémitisme en plein hémicycle, le gouvernement et les députés Renaissance, banalisent le crime et parachèvent la respectabilité présumée du RN.
Il ne leur reste que cela. En l'absence de majorité, dans un contexte socio-économique hyper tendu, ce 2 août, le gouvernement a abattu sa dernière carte face à l'opposition de gauche en la vouant aux gémonies de l'antisémitisme.
Ce fut d'abord le très sioniste soutien du gouvernement Netanyahou, M Habib qui sonna la charge. Ses insultes auraient pu en " toucher une sans faire bouger l'autre ", tant l'homme est connu pour ces outrances pro israéliennes et islamophobes. Cependant, le garde des sceaux, qui au lendemain des législatives fut l'un des tous premiers à tendre la main à l'extrême droite, reprend à son compte les accusations. Enfin ce fut au tour de Madame Borne, première ministre sans portefeuille ni pouvoir de tenter avec ses gros sabots de scinder l'opposition de gauche en déclarant que bien sûr PCF EELV et PS étaient dans le champ républicain tout en excluant LFI.
Madame la première ministre, sans doute oublieuse de la quasi réhabilitation de Pétain, puis de Maurras par son patron entre 2018 et aujourd'hui, trouvait ce qu'elle pensait être une issue[2][3][3bis].
L'accusation d'antisémitisme, jusqu'ici, faisait figure d'arme atomique à l'encontre de l'accusé. Or, l'utiliser en ce lieu (l'Assemblée Nationale) et ainsi a deux effets délétères :
D'abord, elle banalise la gravité de l'accusation. Si, en effet, 75 députés étaient effectivement antisémites, ces derniers devraient être interdits d'assemblée, traduits devant la justice et condamnés. Or bien sûr rien de tel dans le cas présent. Conclusion, l'antisémitisme peut être brandi en plein parlement, par les plus hauts personnages de l'État sans que cela soit suivi du moindre effet réel hormis d'agiter les plateaux et les réseaux sociaux pour 24 heures. L'antisémitisme devient donc une accusation banale, courante, un effet de manche pour quiconque dispose d'une tribune.
Le second but de l'opération mediatico politique est purement politicien : il consiste à accoler Gauche (radicale) à antisémitisme dans une sorte de délire révisionniste officiel afin de mieux disculper les vrais antisémites historique, le courant antisémite ultra majoritaire à savoir l'extrême droite. C'est ainsi que le délirant Onfray, en retraçant la généalogie de l'antisémitisme, évite soigneusement d'évoquer le nazisme...et même les antidreyfusards pour fustiger l'antisionisme. Tenter ainsi de bouter hors de la République le camp qui célèbre l'homme qui en a forgé la devise, Robespierre, ( et qui se battit pour la citoyenneté pour les juifs !), pourrait être ridicule mais...
C'est le troisième acte de la tragédie qui se joue en fait.
Après l'élection grotesque d'un Président détesté grâce à un électorat taxé aujourd'hui d'être antisémite,le deuxième acte fut celui de la trahison, par l'alliance manifeste de la minorité parlementaire avec les représentants fascistes du RN[4].
Le troisième acte est celui où le noeud gordien se resserre sur les acteurs. En abattant un mois après les élections la carte offensive la plus disqualifiante pour l'opposition, la Macronie est déjà à nu. Une fois l'effet retombé, que lui restera t il ? Rien si ce n'est la gestion des pots cassés. La Macronie n'a plus rien en stock, ni contre LFI, ni surtout contre le RN.
La rentrée sera très compliquée à gérer
En effet, la rentrée sera très compliquée à gérer et le quatrième acte sera celui de la dissolution,celui où les protagonistes en se débattant dans tous les sens se condamnent définitivement.Le dernier acte sera le triomphe de l'extrême droite aux prochaines législatives qui aura pu nouer des alliance de Reconquête à LR, et qui sera en position de force si par miracle elle n'est pas majoritaire.
Les macronistes se sont donc définitivement engagé•es dans la voie de la collaboration active avec l’extrême droite.
Macron aura donc sa cohabitation avec Le Pen.
Les deux seront d'accord pour restreindre le droit d'expression de la gauche jugée extrémiste, puis la radicale, puis la modérée. On y va tout droit.
Le 22 juillet au matin, à 6h après une nuit de débats, la loi intitulée « Mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat » a été adoptée en première lecture. Le groupe LFI-NUPES a voté contre[1]. Hendrick Davi, député LFI-NUPES revient ici sur les raisons de ce vote.
L’INSEE a révélé que sur un an les prix avaient augmenté de 5,8% en juin 2022[2]. Sur la même période, selon le Magazine « Que Choisir », la hausse atteint 24% pour l’essence, 28% pour le gaz et 7% pour l’alimentaire. Pour le seul premier trimestre 2022, les loyers ont augmenté de 2,48%[3]. Ces hausses frappent encore plus les ménages modestes, qui allouent près de 50% de leurs revenus au loyer. Ces hausses conduisent à de nombreuses luttes sur les salaires en France (SNCF, Transavia, Golden Tulip) et en Europe (poste britannique).
Mais la situation récente a aussi été marquée par deux canicules exceptionnelles qui ont conduit à des mégas feux détruisant près de 20 000 hectares de forêts dans les Landes. Comment ne pas voir les conséquences désastreuses du changement climatique et l’urgence de sortir des énergies fossiles ?
Or cette loi, mal rédigée, faite de bric et de broc, ne répond en rien aux enjeux de la période et le gouvernement a refusé la plupart des amendements qui auraient pu en améliorer le contenu.
D’une part :
la loi ne compense pas la perte de la valeur de nos revenus avec l’inflation ;
d’autre part elle aggrave les émissions de gaz à effet de serre avec l’importation de gaz de schiste américains et la relance d’une centrale à charbon.
Entrons dans les détails.
L’article 1 prévoit l’augmentation du plafond de la prime dite Macron.
Cette prime défiscalisée peut être versée par les entreprises aux salariés. Cette mesure pose plusieurs problèmes :
D’abord, elle ne bénéficiera pas à tous les salariés, mais seulement ceux qui sont dans des entreprises qui ont les moyens et la volonté de la verser. En 2021, seulement 4 millions de personnes l’ont touchée sur 25 millions de salariés (soit 16%)[4] et le montant moyen versé était de 506 euros en moyenne[4], bien en deçà du plafond de 1000€ ;
Rien n’indique que l’augmentation du plafond changera dans les mêmes proportions l’augmentation des versements ;
Mais surtout des primes versées annuellement et sans aucune garantie ne constituent pas une solution pour des millions de citoyens pour payer chaque mois l’essence et l’alimentation ou pour avoir une garantie pour un bailleur.
Pire, les entreprises qui ont des marges importantes pourront verser cette prime défiscalisée en lieu et place d’une augmentation de salaires ;
C’est donc possiblement un frein à de vraies augmentations de salaires. Or comme ces primes sont défiscalisées, c’est un manque à gagner de cotisations pour la sécurité sociale, ce qui risque de peser notamment sur le système de retraites.
Dans la même veine, le gouvernement a décidé avec l’article 2 de faciliter l’intéressement.
L’intéressement dépend des profits de l’entreprise et il est prioritairement versé sur des plans d’épargne salariale défiscalisés. C’est encore un moyen d’éviter les hausses de salaires en proposant des alternatives défiscalisées et irrégulières. Actuellement, les exonérations de cotisations sur les diverses formes d’intéressement coûtent 1,7 Md€ par an. C’est donc une mauvaise solution pour le pouvoir d’achat, comme pour notre modèle social.
Le reste des articles présente quelques avancées même si elles sont souvent largement insuffisantes.
L’article 4vise à limiter le nombre de branches professionnelles pour lesquelles les minima sont en dessous du SMIC, par exemple en fusionnant les branches.
Selon nous, il aurait été préférable de conditionner des aides publiques au fait d’avoir des minima de branche au-dessus du SMIC. Nous avons proposé de porter le SMIC à 1500€ net. Sans succès, car le bloc de droite LR, RN et LREM a voté contre !
L’article 5prévoit une revalorisation anticipée de 4 % à partir de juillet des droits et prestations sociales indexés sur l’inflation.
Mais cette revalorisation est insuffisante vue l’inflation.
L’article 6prévoit la revalorisation anticipée des APL à hauteur de 3,5 % et le plafonnement de l’indice de référence des loyers à 3,5 % jusqu’au deuxième trimestre 2023.
C’est notoirement insuffisant. Par exemple, pour un loyer de 600 euros et des APL de 200 euros, l’augmentation de 3,5 % des deux se traduit par un maigre gain de 7 euros d’APL et 21 euros de loyer supplémentaire, soit 168 euros de perte annuelle.
Nous avons proposé le gel des loyers. Sans succès, car le bloc de droite LR, RN et LREM a voté contre[4bis] !
L’article 7oblige les vendeurs en ligne à garantir au consommateur un “ accès facile, direct et permanent à une fonctionnalité dédiée ” à la résiliation du contrat conclu et à lui indiquer clairement la date de la fin du contrat lorsque le consommateur décide de résilier le contrat.
LREM s’est opposé à l’extension de cette obligation à plus de secteurs.
L’article 8concerne la même garantie pour les assurances.
Pour tous ces articles, le débat a été entre d’un côté ceux qui proposaient des primes (LREM, LR, et RN) et de l’autre ceux (la NUPES dans sa diversité) qui exigeaient la hausse générale des salaires, leur indexation sur l’inflation étant la seule mesure permettant de garantir en réalité la valeur de nos salaires et donc de notre travail.
L’inflation...
L’inflation actuelle n’est pas causée par la seule guerre en Ukraine ou par une augmentation des salaires, elle est causée aussi (et surtout) par l’explosion des dividendes des entreprises, qui alimentent la spéculation dans de nombreux secteurs et des blocages dans les chaînes d’approvisionnement mondiales suite au COVID. C’est le chaos capitaliste qui génère actuellement l’inflation et sûrement pas nos salaires. Choisir la hausse des salaires plutôt que des primes défiscalisées ou de l’intéressement, c’est contraindre les entreprises à réajuster la répartition de la valeur ajoutée entre les salaires et les dividendes.Rappelons que les entreprises du CAC 40 ont versé 80 milliards d’euros en dividendes à leurs actionnaires en 2021[5], soit l’équivalent de 3200€ par salarié français…
Mais ce texte en plus d’être largement insuffisant pour contrer la paupérisation des salariés, présente des dispositions nocives pour l’environnement et le climat.
Afin de sécuriser l’approvisionnement énergétique,...
l’article 13prévoit que le ministre chargé de l’énergie puisse obliger l’opérateur d’un terminal méthanier flottant à le maintenir en exploitation pour la durée fixée par ce ministre ;
l’article 14la construction d’un terminal flottant d’importation de gaz naturel liquéfié (gaz de schiste américain) au Havre ;
L’article 15 permet aux exploitants de centrales à charbon de recourir “ en cas de reprise temporaire d’activité ” à des CDD et des contrats de mission pour leurs recrutements, notamment en faisant revenir les salariés en cours de reclassement suite à la fermeture initiale ;
Par dérogation au droit du travail, la durée des CDD ainsi conclus peut atteindre 36 mois au lieu de 18.
Enfin, l’article 19 prévoit la validation du décret du 11 mars 2022 qui oblige EDF à vendre plus d’énergie à prix cassé à ses concurrents, pour l’année 2022 et ce “ à titre exceptionnel ”.
Bref, comme le gouvernement a été incapable d’organiser la transition énergétique, il est obligé de relancer l’exploitation et l’usage d’énergies fossiles, à cause des risques liés à la crise en Ukraine. Le principal problème de cette approche, c’est qu’à aucun moment le gouvernement ne planifie la sortie des énergies fossiles de façon conséquente en développant les transports en commun, la rénovation des logements et le développement des énergies renouvelables. Pire, le dernier article menace la survie de notre opérateur historique EDF en le contraignant à revendre à perte de l’électricité à ses concurrents.
Sur les questions écologiques, comme sur les articles sur le pouvoir d’achat, le même bloc LR, LREM et RN s’est opposé aux amendements proposant d’autres solutions, ou à minima limitant dans le temps le recours aux énergies fossiles.
Pour toutes ces raisons, il était inconcevable de voter une telle loi climaticide et organisant la perte de notre pouvoir d’achat et donc de pouvoir de vivre de nos concitoyens.
Il est nécessaire maintenant que les salariés se battent partout par la grève et les manifestations pour obtenir de leurs dirigeants les augmentations de salaires que le gouvernement et ses alliés de LR et du RN ont refusé de leur donner.