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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 09:51

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12 janvier 2023 4 12 /01 /janvier /2023 09:59
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

La retraite à 64 ans : travaillez plus, pour gaver plus[1] !

 

... première action : signer la pétition 👉 ICI 

 

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, et même Emmanuel Macron ont un point commun : il y a peu, tout report de l’âge de départ à la retraite leur apparaissait comme une véritable arnaque[1bis].

 

 

Emmanuel Macron est " déterminé ", ne cesse-t-il d’affirmer. Il veut laisser son empreinte, avec cette réforme, lors de son dernier quinquennat. Il ne laissera pas s’éterniser les débats à l’Assemblée nationale soit il reçoit le soutien des Républicains, déjà quasiment acquis, soit il utilise le 49-3 (NDLR : voir il intègre la réforme dans un projet de budget de la Sécu rectificatif, cette option pourrait permettre à l’exécutif d’éviter d’avoir recours à un 49-3 en jouant sur les délais d’examen des lois de financement de la Sécu prévus à l’article 47-1 de la Constitution. Au bout de 20 jours de débat à l’Assemblée, le texte pourrait être transmis sans vote au Sénat[2]). 
Pourtant, cette réforme est rejetée par 8 Français sur 10. Toutes les organisations syndicales y sont opposées et sont déterminées à construire, ensemble, des mobilisations unitaires, avec grèves et manifestations, en janvier et février.
Cela fait trente ans que des réformes sont présentées comme le seul moyen de « sauver le système », soit en reculant l’âge de départ à la retraite, soit en augmentant le nombre des annuités de cotisations, soit, comme maintenant, en procédant à ces deux régressions cumulées.
Pourtant, dans son dernier rapport, sorti en septembre 2022, le Conseil d’orientation des retraites (COR) affirme : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite. »
Explications.

 

 

 PREMIER ARTICLE SUR LA RÉFORME MACRON... ICI 👉 : " Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent "

 

 

Sources : Yves Mestas | mis à jour le 18/02/2023

 

DEUXIÉME VOLET : L'HEURE DE VÉRITÉ... ET DE LA MOBILISATION SONT VENUES ! 👇

 

- Élisabeth Borne, Première ministre, vient d’annoncer le projet de réforme des retraites, dont le cœur est le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités.
Réforme qui sera présenté en conseil des ministres le 23 janvier, puis mis en débat à l’Assemblée nationale début février, pour un vote avant la fin du premier trimestre.

  • Quand Emmanuel Macron trouvait "hypocrite" de décaler l'âge légal de départ à la retraite
    Pourtant, Emmanuel Macron, le 25 avril 2019, tenait des propos bien différents : « Quand on est peu qualifié, quand on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! C’est ça, la réalité de notre pays ! Et on va expliquer aux gens : travaillez plus longtemps, jusqu’à 64 ans ! Franchement ce serait hypocrite de décaler l’âge légal[3] »
  • Décembre 2022, changement du discours d’Emmanuel Macron, sur TF1 : « Sans cette réforme, notre système de retraite par répartition est en danger. »
  • Ainsi, outre Emmanuel Macron, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, ont un point commun : il y a peu, tout report de l’âge de départ à la retraite leur apparaissait comme une véritable arnaque[1bis].

 

Alors, pourquoi ce revirement ?

Durant la campagne présidentielle 2022, le candidat Emmanuel Macron a signé le programme de stabilité envoyé à Bruxelles, qui spécifiait : « Ce programme de stabilité (est) en faveur (…..) de  la compétitivité des entreprises : c’est par exemple le cas de (…..) la baisse des impôts de production dès 2023. (…..) La maitrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment[4]. »

 

 

- Huitième réformes en trente ans
Depuis 1993, les attaques contre le système de retraite se succèdent, sous tous les gouvernements. C’est la huitième fois, depuis ternet ans, qu’un gouvernement entend réformer le système des retraites. Les discours se suivent et se ressemblent, depuis des décennies : « Il faut le réformer pour le sauver, car il est gravement déficitaire. » Cela fait donc trente ans que des réformes sont présentées comme le seul moyen de « sauver le système », soit en reculant l’âge de départ à la retraite, soit en augmentant le nombre des annuités de cotisations, soit, désormais, en procédant à ces deux régressions cumulées. Régulièrement, gouvernements, ministres, experts et médias inféodés expliquent qu’il faut faire une nouvelle réforme pour « sauver les retraites ». Mais ces réformes sont avant tout idéologiques.

 

 

- Que dit le Conseil d’orientation des retraites ?
Notre système de retraite serait donc en danger ? Ce n’est pas l’avis du Conseil d’orientation des retraites (COR). Créé en 2000, le COR est une structure rattachée à Matignon (Premier ministre), difficilement soupçonnable de positions gauchistes. Son rapport annuel est attentivement scruté par l’ensemble de la classe politique. Dans son dernier rapport de septembre 2022, nous pouvons lire : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite[5]. »

 

 

🔴 Remise des pendules à l'heure pour démasquer les mensonges de Macron et ses sbires :
Assemblée nationale 19 janvier 2023 : " Les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme ", indique le président du Conseil d'orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras. 👇

 

 

🔴 Pour l'’économiste Gilles Raveaud chez BFM Business : « Il n’y a pas de problème de financement des retraites. » 👇

 

L’économiste Gilles Raveaud chez BFM Business : « Il n’y a pas de problème de financement des retraites. »

 

Notre système de retraite a enregistré un excédent de 900 millions d’euros en 2021, malgré la crise sanitaire. Celui-ci est de 3,2 milliards d’euros pour 2022. Pour évaluer la situation des années à venir, le taux de chômage a son importance. Le gouvernement prévoyait un taux de chômage de 8,4% en 2027. Il a révisé ses chiffres et prévoit maintenant 5% de chômage pour 2027. Dans ces projections, le COR se base sur les estimations gouvernementales jusqu’en 2027. Au-delà, il établit ses propres hypothèses. Le COR prévoit, 7% de chômage en 2032 ; il est donc obligé de simuler une récession entre 2027 et 2032 dans ses calculs. Ce qui lui permet de faire, prudemment (notez le conditionnel), cette hypothèse : « La situation financière du système de retraite se détériorerait avec un déficit allant de -0,5% de PIB à -0,8% de PIB », dans les 10 prochaines années. Cela représente environ 10 milliards d’euros par an, soit moins de 3% du budget des retraites qui est de 340 milliards d’euros. Un déficit faible et contrôlé, selon le rapport du COR : « À plus long terme, de 2032 jusqu’à 2070, malgré le vieillissement progressif de la population française, la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable ou en diminution. »

 

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

Le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, qui soutient le président Macron, évoque une autre piste que celle du gouvernement. Elle consisterait à augmenter d’un point les cotisations patronales retraite, qui passeraient de 16,5% à 17,5% du salaire brut, et rapporteraient 7,5 milliards d’euros[6].

 

Car, le faible déficit des retraites à venir n’est pas la conséquence d’une dynamique incontrôlée des dépenses, mais bien d’un manque de ressources. L’octroi de primes (non-soumises à cotisation) en concurrence des augmentations de salaires, comme la « prime Macron » par exemple, est monnaie courante, depuis plusieurs années. De même, les exonérations de cotisations sur les bas salaires accordées aux entreprises assèchent la ressource des rentrées de cotisations dans les caisses de retraites[7].

 

Capitalisation vs/ répartition : le vrai match de cette réforme

 

 

- Les séniors sont évincés du marché du travail avant 62 ans
En 2021, selon la Dares[8] (service statistiques du ministère du travail), le taux d’emploi des plus de 60 ans est de 35,5%. Les entreprises poussent les salariés âgés vers la sortie, via des dispositifs comme les plans de départ volontaire, les ruptures conventionnelles en fin de carrière… Un phénomène qui ne touche pas que les ouvriers ; les cadres grisonnants sont, eux aussi, dans le viseur des employeurs. Pour les ouvriers, à 61 ans, le taux d’emploi est de 28% ; pour les sans diplôme, le taux est de 25%. Autant d’assurés sociaux qui sont en salle d’attente du « ni ni », c’est-à-dire ni en emploi ni en retraite.

 

Cela signifie que plus de 60% d’entre eux sont, soit au chômage suite à licenciement, soit en maladie, soit en invalidité, soit au RSA. Comme le dit le rédacteur en chef du magazine Santé & travail, « pour eux, reculer l’âge de départ, c’est les laisser dans la perspective de toucher une retraite plus faible puisqu’ils auront moins cotisé ». Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le taux de pauvreté des séniors ni en emploi ni en retraite atteint déjà, en effet, 32%[9] !

  • Les économies réalisées dans les caisses de retraites, ce sont les caisses de l’assurance-chômage, de l’assurance maladie et des minimas sociaux qui seront sollicitées pour les compenser.
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

 

- La retraite à 64 ans génère-t-elle des économies ?
Le Trésor a calculé, fin janvier, les économies réalisées avec un passage progressif de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans, à raison de trois mois de plus par an. Résultat, le solde du système s’améliorerait de 0,3% de produit intérieur brut (PIB), (environ 7,5 milliards d’euros à la valeur actuelle du PIB) d’ici 2027, et de 0,5% (12,5 milliards d’euros) d’ici 2032.

 

Une partie des économies réalisées sur les comptes des retraites sont annulées par l’augmentation des dépenses pour d’autres branches de la sécurité sociale ou pour les départements en charge d’une partie croissante de l’aide sociale[10]. Eloigner l’horizon de la retraite nécessite, pour certaines personnes, de rallonger les périodes de chômage, d’arrêt maladie ou de RSA. La Dares chiffre à 1,3 milliard d’euros les allocations chômage supplémentaires à verser avec un passage à 64 ans, tandis que la Drees évalue à 3,6 milliards d’euros la hausse du coût des autres prestations sociales ! Au total, cela représente environ 0,2% de PIB.

 

  • A contrario, le report de l’âge légal génère aussi des recettes pour les comptes publics. Tous ceux qui restent en emploi payent plus d’impôt sur le revenu et aussi de CSG, de même qu’ils continuent de cotiser aux différentes caisses… Le Trésor prévoit ainsi une hausse de 0,6% de PIB.

 

Au total, entre l’amélioration du solde des retraites (+0,5% de PIB), la hausse des dépenses des autres branches de la sécu (-0,2%) et les autres recettes (+0,6), le Trésor en conclut qu’un report de l’âge légal à 64 ans réduirait le déficit public de 0,9% de PIB dans 10 ans.

 

🔶 Retraites : la raison de ne pas faire comme nos voisins européens ? ▶️ Les retraités sont plus pauvres dans les pays où l’âge de départ est plus élevé. Simple, basique.

 

 

- Travailler plus longtemps, même pour les carrières longues et pénibles
🔴 Cette réforme reporte progressivement l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, mais avec une accélération de la loi Touraine-Hollande[11] pour atteindre les 43 annuités de cotisations (172 trimestres) en 2027 au lieu de 2035. L’âge d’annulation de la décote restera à 67 ans.

  • La réforme s’appliquera ainsi, à partir du 1er septembre 2023 (voir le tableau, ci-dessous) :
  • Pour les personnes nées en 1961, départ possible à 62 ans et trois mois ;
  • Pour les personnes nées en 1964, départ possible à 63 ans ;
  • Pour les générations nées en 1968 et après, départ possible à 64 ans, à condition d’avoir 43 années de cotisations, soit 172 trimestres.

 

 

🔴 Les petites pensions des retraités actuels et des futurs retraités seraient revalorisées à hauteur de 100 € brut par mois, à compter du mois de septembre 2023... pour atteindre ultérieurement quasiment 1 200 € brut, soit 85% du SmicA condition d’avoir une carrière complète !

 

🔴 Les « carrières longues » et les « métiers pénibles » devront travailler plus longtemps, alors qu’il est déjà difficile aujourd’hui de bénéficier de ces reconnaissances. En 2022, seulement 125 784 personnes sont parties de manière anticipée à la retraite, grâce au dispositif « carrière longue », selon le ministère du Travail.

 

🔴 Actuellement pour profiter d’un départ anticipé pour « carrière longue », il faut avoir cotisé quatre ou cinq trimestres avant la fin de ses 18 ans, pour un départ à 58 ans, ou avoir cotisé quatre ou cinq trimestres avant la fin de ses 20 ans pour un départ à 60 ans.

 

🔴 Selon Élisabeth Borne, la réforme Macron sera « une amélioration pour les carrières longues ». En réalité, le départ sera toujours anticipé de deux, quatre ou six ans avant l’âge légal (64 ans), mais en travaillant donc deux ans de plus :

  • Ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans, pourront partir à 58 ans ;
  • Ceux qui ont commencé à travailler à 15 ans, pourront partir à 59 ans ;
  • Ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans, pourront partir à 60 ans, contre 58 ans actuellement ;
  • Et ainsi de suite…

 

 

🔴 Les « métiers pénibles » devront également travailler plus longtemps. Pourtant, en 2022 déjà, seulement 9596 personnes ont bénéficié du dispositif « pénibilité », selon le ministère du travail. Actuellement, un compte pénibilité existe, qui permet de bénéficier d’un départ anticipé au mieux de deux ans. Les critères de pénibilité qui sont pris en considération ne sont plus qu’au nombre de six ; ils étaient dix auparavant, mais quatre d’entre eux ont été supprimés en octobre 2017, soit cinq mois seulement après l’arrivée au pouvoir du président Macron. De quoi faire douter d’une réelle volonté d’améliorer ce dossier.

  • Pourtant de nombreux métiers devraient être mieux pris en compte : ouvriers de l’industrie ou du BTP, agents d’entretien, aides à domiciles, caissières…

 

 

🔴 Par ailleurs, les « régimes spéciaux » seraient supprimés. Les nouveaux embauchés à la RATP, dans la branche industries électriques et gazières (IEG) et à la Banque de France seront notamment affiliés au régime général pour la retraite, a précisé la cheffe du gouvernement. Ce « chiffon rouge » a toujours été utilisé par les gouvernements pour opposer les salariés les uns aux autres, monter l’opinion publique contre une catégorie de salariés, afin d’imposer une régression des droits existants ou futurs de l’ensemble des régimes. L’anticipation de départ à la retraite pour certaines fonctions professionnelles, pour des raisons de pénibilités, comme à la RATP, dans les IEG, à la SNCF, etc., devrait, au contraire, être étendue à de nombreux salariés du privé. Une exception au système général reste néanmoins prévue par le projet Macron pour les professions libérales, les avocats, ainsi que pour les marins, les salariés de l’Opéra de Paris et de la Comédie française.

  • Les fonctionnaires qui exercent des métiers pénibles (dits « de catégorie active ») verraient, en revanche, leur âge de départ lui aussi repoussé de deux ans. Concrètement, les pompiers, policiers ou infirmiers pourraient alors faire valoir leurs droits à la retraite à 54 ou 59 ans, selon le métier exercé, contre 52 et 57 ans actuellement.

 

Par William Martinet député France insoumise #nupes ⚠️ Retraite minimum à 1200€ ? Mensonge ! 🕐 2 minutes pour comprendre la dernière arnaque du gouvernement. #StopRetraiteMacron #ReformesDesRetraites

 

-  L’heure de vérité
Emmanuel Macron est déterminé, ne cesse-t-il d’affirmer. Il veut laisser son empreinte, avec cette réforme, lors de son dernier quinquennat. Il ne laissera pas s’éterniser les débats à l’Assemblée nationale :

  • soit il reçoit le soutien des Républicains, déjà quasiment acquis ;
  • soit il utilise le 49-3 ;
  • (NDLR : voir il intègre la réforme dans un projet de budget de la Sécu rectificatif, cette option pourrait permettre à l’exécutif d’éviter d’avoir recours à un 49-3 en jouant sur les délais d’examen des lois de financement de la Sécu prévus à l’article 47-1 de la Constitution. Au bout de 20 jours de débat à l’Assemblée, le texte pourrait être transmis sans vote au Sénat[2]). 

 

🔴 Pourtant, cette réforme est rejetée par 8 Français sur 10[12].

  • 60% des Français disent "soutenir" ou éprouver de la " sympathie " à l'égard de la mobilisation contre la réforme des retraites[13] ;
  • Le soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites monte à 67% chez les employés, 65% chez les ouvriers et 68% chez les 50-64 ans[13] ;
  • 46% des personnes interrogées se disent prêtes " à se mobiliser " contre le projet du gouvernement " dans les prochaines semaines.[13] "

 

Toutes les organisations syndicales y sont opposées et sont déterminées à construire, ensemble, des mobilisations unitaires, avec grèves et manifestations, en janvier et février.

  • Réunis à la Bourse du travail, à Paris, les syndicats – la CFDT, Force ouvrière, la CFE-CGC, l’Unsa, Solidaires, la CFTC, la FSU et la CGT – ont appelé, mardi 10 janvier, les salariés à se mobiliser « fortement », lors d’une première journée de manifestations et de grève, le jeudi 19 janvier.

                              👇                                                                    Elles ont reçu le soutien politique de la #Nupes

COMMUNIQUÉ INTERSYNDICAL - RETRAITES : PREMIÈRE JOURNÉE DE MOBILISATION LE 19 JANVIER

👇                               

Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale - NUPES 11 janvier 2023

 

 

 

-  Une autre solution : le programme partagé de gouvernement de la NUPES[14]
📌 Garantir une retraite digne, ce qui signifie :

  • Restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous après quarante annuités de cotisation avec une attention particulière pour les carrières longues, discontinues et les métiers pénibles ;
  • Maintenir l’équilibre des retraites en soumettant à cotisation patronale les dividendes, participation, épargne salariale, rachats d’actions, heures supplémentaires, en augmentant de 0,25% par an le taux de cotisation vieillesse et en créant une surcotisation sur les hauts salaires ;
  • Rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron ;
  • Porter à minima au niveau du SMIC revalorisé toutes les pensions pour une carrière complète, et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté ;
  • Prendre en compte le revenu de solidarité active (RSA) pour valider des trimestres en vue de la retraite ;
  • Indexer le montant des retraites sur les salaires ;
  • Interdire au Fonds de réserve pour les retraites d’investir dans des secteurs polluants ;

📌 Augmenter les salaires et réduire les inégalités salariales dans l’entreprise :

  • Porter immédiatement le SMIC mensuel à 1 500 € net et accompagner les TPE/PME ;
  • Organiser une conférence sociale générale sur les salaires ainsi que dans chaque branche, qui aborderont notamment :
    • les augmentations de salaires, notamment pour les métiers occupés majoritairement par des femmes dans les secteurs du soin, du lien et du contact ;
    • les écarts de salaires : limiter l’écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut dans une entreprise ;
    • la répartition de la valeur : fixer un seuil minimal pour les revalorisations salariales, afin que la somme consacrée aux revalorisations salariales soit au moins égale à la croissance du retour à l’actionnaire (dividendes et rachats d’actions) ;
    • l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (salaires, formations, carrière, promotions…) : augmentation des sanctions financières et pénales (amendes, refus d’attribution de marchés publics), création de commissions de contrôle salarié dans les entreprises ;
    • la formation, les parcours professionnels et les conditions de travail ;
  • Revaloriser le traitement des fonctionnaires et dégeler le point d’indice ;
  • Interdire les parachutes dorés et les retraites chapeaux ;
  • Supprimer les stock-options.

 

« Pour nos retraites, une seule solution, faire front ensemble » : 250 syndicalistes appellent à la grève du 19 et à la marche du 21 janvier[15] !

 

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

Notes :

[1La retraite à 64 ans : travaillez plus, pour gaver plus

[1bis] Quand les (futurs) macronistes fustigeaient la retraite à 64 ans

[2] Retraites : après le 49-3, découvrez le 47-1, l’autre arme du gouvernement pour faire passer la réforme à l’Assemblée

[3] Quand Emmanuel Macron trouvait "hypocrite" de décaler l'âge légal de départ à la retraite

[4] La maitrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment comme le Président de la République s'y est engagé au cours de la campagne électorale. L'effort de maîtrise est réparti entre l'État, les collectivités territoriales et la sécurité sociale.

[5Rapport annuel du COR septembre 2022 - Evolutions et perspectives des retraites en France

[6] Réforme des retraites : François Bayrou veut « éclairer » l ....

[7] Pouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?

[8] En 2021, selon la Dares (service statistiques du ministère du travail), le taux d’emploi des plus de 60 ans est de 35,5%.

[9] Pauvreté : 32% des seniors sans emploi ni retraite vivent sous le seuil de pauvreté en France

[10] Quel est le rôle du département en matière d'aide sociale ?

[11] Aujourd'hui, sur la remise en cause de nos retraites, E. Borne dit entrer dans le cadre de la réforme Touraine de Hollande et du PS de l'époque

[12] SONDAGE EXPLOSIF : 80% des Français sont contre la retraite à 64 ans

[13] SONDAGE BFMTV - 60% DES FRANÇAIS APPROUVENT LA MOBILISATION CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES

[14Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[15] « Pour nos retraites, faire front ensemble » : 250 syndicalistes appellent à la grève du 19 et à la marche du 21 janvier

 

Pour en savoir plus :

- Petit guide contre les bobards de la réforme des retraites

- Retraite à 64 ans : Élisabeth Borne déclare la guerre sociale à 80% des Français

- Qui ne sera pas dans la rue le 19 janvier 2023 pour s’opposer à la retraite à 64 ans ?

- Scandale : 157 milliards d’aides pour le CAC40 et pas 10 milliards pour financer nos retraites ?

Capitalisation vs/ répartition : le vrai match de cette réforme

- Pour les salariés de plus de 60 ans, un taux de sortie de CDI plus bas dans les petites entreprises

- La réforme des retraites, un non-sens écologique

ATTAC. : les sept perfidies de la réforme des retraites 2023

Avertissement : 9 000 morts supplémentaires avant la retraite si Macron fait passer sa réforme

- Retraite à 64 ans : travaillez 2 ans de plus pour financer les cadeaux aux assistés d’en haut

- Femmes, pauvres, carrières incomplètes… quelles sont les premières victimes des inégalités entre les retraites ?

- Retraite à 64 ans : le coup fatal de Macron aux associations ?

- Retraites : une taxe de 2% sur la fortune des milliardaires français suffirait à financer un éventuel déficit

- Les retraites par leur histoire

- Communiqué du groupe parlementaire LFI-NUPES : L’Assemblée nationale n’a pas voté la retraite à 64 ans

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19 décembre 2022 1 19 /12 /décembre /2022 09:01
L’impérialisme et les impérialistes...

Seule l’action de ceux qui pensent qu’un autre monde est possible et agissent localement et globalement en ce sens permette qu’autre chose n’advienne que cet impérialisme (pas « super » du tout) et arrête ces impérialistes fauteurs de guerre...

 

 

Un spectre hante le monde en ces années vingt du vingt et unième siècle, celui de l’impérialisme, ou plus précisément de la guerre inter-impérialiste (et donc mondiale). C’est reparti « comme en 14 » ?

 

 

Sources : &ATTAC par Bernard Dreano[1] | 
-  Le super-impérialisme ?

Il faut d’abord revenir aux sens du mot. Quand on parle de l’impérialisme, on fait généralement allusion à une forme de l’économie capitaliste globalisée, un concept qui émerge au début du XXe siècle, dans les milieux marxistes et autres. Mais les impérialistes font plutôt référence aux activités politiques (et militaires) des grandes puissances, à leur emprise sur tout ou partie du monde (sous forme juridique « d’empires » comme les empires d’Europe centrale ou les empires coloniaux, ou non, comme la « république impériale » dominatrice des États-Unis). Les deux niveaux se distinguent, mais se recoupent aussi.

 

L'impérialisme: une étude Broché - 1er septembre 2005

Le premier qui parle d’impérialisme est sans doute l’économiste libéral britannique John A. Hobson, avec son livre de 1902 " Imperialism : A Study ", décrivant le système de l’oligarchie capitaliste. Des membres de la IIe internationale vont reprendre et approfondir ce concept, par exemple du côté des radicaux russes, les bolcheviks Lénine et Nicolas Boukharine, ou des réformistes sociaux-démocrates, l’Autrichien Rudolf Hilferding et l’Allemand Karl Kautsky (deux stars de la social-démocratie bien oubliées aujourd’hui).

  • Pour tous, l’impérialisme, c’est le capitalisme mondialisé avec la possession monopolisée des territoires d’une planète entièrement partagée, conséquence de la concentration de la production et du capital, de la fusion du capital bancaire et financier, de l’exportation massive de capitaux. Le « stade suprême du capitalisme » (Lénine) avant la crise finale de ce système et l’avènement du socialisme. Kautsky entrevoit la perspective d’un super-impérialisme, un monde « cartellisé », mais ouvert (libre-échangiste) permettant de passer pacifiquement au socialisme, tandis que la gauche (Lénine, Rosa Luxembourg) voit dans cette utopie la justification d’une soumission d’une aristocratie ouvrière profitant du système capitaliste mondialisé, au détriment des plus pauvres et des régions périphériques du monde.


À l’époque l’oligarchie, les « trusts » (on ne parle pas encore de multinationales), se développent à partir de bases nationales, dans les principales puissances où les États et les élites sont volontiers impérialistes au sens plus trivial du mot, c’est-à-dire imbus de supériorité « civilisationnelle », avides de conquêtes, et fortement militarisés. Il en résulte la Première Guerre mondiale, une guerre donc clairement inter-impérialiste[2].


À peine celle-ci terminée, le système financier mondial connait la crise de 1929 (qui part des États-Unis), immédiatement perçue comme LA crise majeure (sinon finale) de l’impérialisme.


Les conséquences de la Première Guerre mondiale et de la crise de 1929 provoquent la Seconde Guerre mondiale, une guerre inter-impérialiste comme la première, même si elle n’est pas que cela.

 


- La Seconde Guerre mondiale n’entraîne pas du tout l’effondrement du système capitaliste-impérialiste, mais débouche sur la tripartition du monde.

Incontestables triomphateurs, les États-Unis d’Amérique imposent leur domination sur le monde capitaliste (dit « libre »), grâce à leur force militaire, le privilège de leur monnaie associé à la prééminence des « institutions de Bretton Woods » (Fonds monétaire international et Banque mondiale) sur toutes les structures des nouvelles Nations unies, la puissance de leurs grandes entreprises, la diffusion de leurs biens culturels. Un impérialisme sous pilotage états-unien même si des contradictions demeurent, au sein duquel existent quelques « impérialismes secondaires », jouissant d’un relative autonomie d’action (on peut effectivement parler d‘impérialisme français[3][4]).


Face à ce bloc « occidental » s’affirme un camp (dit « socialiste »), qui échappe objectivement au système impérialiste au sens défini précédemment, car il n’est à l’évidence pas dominé par le capital financier, et qui se développe largement séparé du reste du monde. Mais où existent des tendances impérialistes, dominatrices et expansionnistes au deuxième sens du mot. Après leur rupture avec l’URSS en 1960-62 les Chinois décriront celles-ci comme « social-impérialisme ».

Mouvement des non-alignés

 

Dès 1920, Alexandre Zinoviev, le bolchevik, alors dirigeant de la toute jeune IIIe Internationale, avait proclamé au Congrès des peuples d’orient à Bakou, le « Djihad contre l’impérialisme ». C’est que, dès l’après-Première Guerre mondiale se levait le mouvement d’émancipation des peuples contre la domination impérialiste et coloniale. Elle allait s’amplifier après la Seconde Guerre mondiale, avec ce que l’économiste français Alfred Sauvy appelait « le tiers-monde », et s’incarner politiquement dans le Mouvement des non-alignés[5], des États refusant l’alignement sur les deux blocs et se réclamant peu ou prou de « l’anti-impérialisme ».

 


- Cette deuxième partie du XXe siècle connaît de très grandes mutations technologiques qui vont modifier le monde de la production et des échanges avec la troisième révolution industrielle (celle de l’électronique et de la bio-ingénierie)[6]

Les formes de l’impérialisme se modifient, une nouvelle division du travail s’organise au niveau mondial. Aux côtés des grandes entreprises multinationales traditionnelles (industrie, extraction) apparaissent progressivement de nouvelles entreprises géantes dans le numérique et le commerce. Surtout les échanges monétaires s’amplifient de manière exponentielle, accentuant la domination du capital financier transnational qui l’accompagne et la constitution d’une nouvelle oligarchie de super-riches.


André Gunder Frank, Samir Amin et d’autres décrivent ce monde comme un système avec son « centre » et ses périphéries (pays - ou secteurs à l’intérieur des pays, semi-périphériques et périphériques). Immanuel Walerstein fera la description la plus aboutie du système-monde[7], avec cette économie dite « de marché » mondialisée, gérée par le modèle néolibéral basé sur le libre-échange, c’est-à-dire la concurrence féroce et totalement faussée.


L’extension de ce modèle inégalitaire s’accentue à la fin du siècle. À partir de 1995, l’Organisation mondiale du commerce impose ses règles (de dérégulation) au détriment des droits des personnes, des communautés, des États et de la nature. Entretemps, le bloc soviétique, miné par ses contradictions internes et par la pression néolibérale s’est effondré.

 


- Cette fois-ci nous y sommes, est-ce le super-impérialisme ?

C’est ce que pense l’américain Francis Fukuyama, mais ce n’est pas du tout l’antichambre du socialisme mondial dans rêvait Kautsky, c’est la « fin de l’histoire » et le triomphe d’un modèle capitaliste auquel adhèrerait plus ou moins la planète entière. Le règne de « l’Empire », expliquent en 2000 Toni Negri et Michael Hardt[8], à direction américaine est un « ultra-impérialisme » où ce ne sont plus les États qui font la loi, mais les transnationales.

  • Les États les plus faibles se disloquent ;
  • dans l’ensemble les États, même ceux encore puissants, abandonnent leur rôle de médiateur entre l’économie nationale et les forces économiques externes, et deviennent des agences responsables d’adapter l’économie locale aux besoins du marché global.


Toutefois ce système monde est loin d’être ordonné, il est profondément injuste et violent, ce qui provoque dans les peuples révoltes, développement de mouvements de réaction identitaires, dislocation dans les sociétés et guerres. Il est surtout totalement incapable de répondre aux défis des crises écologiques qui menacent à court terme toute l’économie. L’hégémonie économico-politico-militaire du bloc « occidental » (les États-Unis, leurs alliés européens et de la zone Pacifique) est remise en cause, avec les échecs militaires, de l’Irak à l’Afghanistan ou à l’Afrique sahélienne, et surtout l’émergence d’autres puissances dans la nouvelle configuration de la division mondiale du travail, en particulier la Chine.

 

 
-  La guerre en Ukraine, première étape d’une guerre inter-impérialiste généralisée ?

  • Chronique de la « GUERRE GLOBALE » : tension extrême dans le DÉTROIT DE FORMOSE
    Cela signifie-t-il que nous sommes entrés dans une nouvelle phase, pouvant déboucher sur un conflit inter-impérialiste majeur comme au début du XXe siècle, avec comme moteur l’affrontement entre la Chine, puissance émergente et les États-Unis, puissance déclinante[9] ?
  • Et, dans ce contexte, la guerre engagée par la Russie contre l’Ukraine serait-elle un avant-goût de la conflagration générale, un peu comme les guerres balkaniques des années 1912-13 avant la mondiale de 1914 ?


La politique de la Fédération de Russie est, au début du XXIe siècle, clairement impérialiste au sens d’une politique de conquête (dans l’esprit de Poutine, de reconquête), de territoire et de zone d’influence, portée par une idéologie nationaliste suprématiste mêlant références néo-tsaristes et post-staliniennes. Les Ukrainiens sont victimes des impérialistes russes, ce qui ne signifie pas pour autant que la Russie, avec son État, et ses oligarques, soit encore une actrice impérialiste majeure au sein du « système monde », ce qu’était l’URSS entre 1945 et les années 1980. C’est une puissance moyenne (PIB de l’Italie), qui n’est riche que de ses ressources en matières premières et d’abord des hydrocarbures, et surtout disposant d’un appareil militaire surdimensionné (mais dont l’efficacité s’avère limitée) et d’un stock considérable d’armes nucléaires (argument politique, mais dont l’utilisation pratique est plus que problématique). Disposant de la capacité de paralyser l’ONU grâce à son droit de véto, Poutine espère compter sur des alliés inquiets de la puissance que conserve « l’Occident », ou soucieux de rompre avec « l’hégémonie » du super-impérialisme américain.


Le soutien de cet Occident, d’abord états-unien, aussi européen, aux Ukrainiens peut donner l’impression que la guerre inter-impérialiste est déjà en cours. D’autant qu’une rhétorique datant de la guerre froide, considérant cette guerre comme celle du monde « libre » contre le « totalitarisme » fleurit.

 


- Simple guerre locale d’agression impérialiste russe contre l’Ukraine ou (et ?) lever de rideau du grand affrontement ?

La situation n’est pas celle qui prévalait dans les années 1905-1914 sur plusieurs plans : les systèmes d’alliance ne sont pas stables comme ils l’étaient (plus ou moins) en Europe au début du XXe siècle ni comme les « blocs » de la guerre froide. L’interdépendance économique, qui existait au début du XXe siècle et que certains pensaient alors comme facteur de paix, est aujourd’hui beaucoup plus forte qu’à l’époque. Cependant, si la reproduction d’un scénario de type 1914 est peu probable, la situation est loin d’être rassurante pour autant.


La volonté de puissance chinoise d’une part, la volonté américaine de reprendre le contrôle d’autre part (cf. Trump), sont inquiétantes.

  • La course aux armements qui reprend un peu partout, quantitativement et qualitativement, est dangereuse.
  • La crise même du système monde impérialiste provoque crispations nationalistes et hystéries identitaires à une échelle inconnue depuis les années 1930.
  • Enfin, et surtout, la criminelle passivité des grandes puissances, États comme entreprises multinationales, face au changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité, va provoquer, provoque déjà, des situations intolérables qui vont à court terme décupler conflits et violences…


...À moins que l’action de ceux qui pensent qu’un autre monde est possible et agissent localement et globalement en ce sens permette qu’autre chose n’advienne de cet impérialisme (pas « super » du tout) et arrête ces impérialistes fauteurs de guerre.

 

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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 14:33
L'ampleur prise par " l'affaire Quatennens " commence à faire réellement peur... STOP !

Arrêtez donc de dresser les militants les uns contre les autres sur ce sujet... 

 

Aucun individu, #Quatennens ou autre, ne justifie le pugilat en cours sur les réseaux sociaux pour le grand plaisir de nos adversaires... dont certains se découvrent " insoumis " pour amplifier le phénomène !

 

 

Le débat prend une tournure à laquelle je ne m'attendais pas. Je comprends les réactions des uns et des autres. C'est vrai que la communication d’Adrien Quatennens est mal vécue par beaucoup d’insoumis.es. Mais Adrien serait-il d'accord avec ceux ou celles qui disent " je suspends mon activité militante " pendant 3 ou 4 mois voire plus ou ou " je radie les députés France insoumise pendant 4 mois ou plus[0] " ? Evidemment que NON !

Prenons du recul et regardons l'intérêt général, et l'intérêt général c'est de rester au combat ensemble pour le pouvoir d'achat, les retraites, contre l'extrême droite, ne pas de baisser les armes pour le plus grand plaisir de la macronie qui ne peut que s'en féliciter et crier VICTOIRE... et pire, aussi et souvent,... le cri de la " victoire " est porté aussi par des « amis » politiques !

 

 

Sources : Rue Du Blogule Rouge | Mis à jour le 25/01/2023

-  Cartes sur table

Que les ennemis politiques de la FI se soient emparés de la situation personnelle du député FI du Nord, c'est logique. Logique en tous les cas pour la droite, l'extrême droite et les macronards. Il fallait s'attendre à ce qu'ils essayent de faire croire à un mal systémique touchant la FI. “ Tous des violents, d'ailleurs, voyez Mélenchon, par le passé !

  • Que les “ amis de la FI “, hypocrites alliés de circonstances dans la NUPÈS, cherchent également à exploiter le filon, c'est aussi logique et en tous les cas on pouvait aussi s'y attendre. Que Coco Roussel[1], Sandrine Rousseau, Caroline de Haas, tous les champions purs, durs et autoproclamés du féminisme, s'en donnent à cœur joie, c'est dans l'ordre attendu des choses.
  • Mais que dans les rangs de la FI elle-même on aborde aussi ce sujet sous le prisme d'incessants reproches de moralisateurs opposés à toute expression publique de Quatennens, (NDLR : voire interprètent, dénaturent), ça devient vite insoutenable.

 

 

- Stop ! vous êtes en train de vous (NDLR : nous) autodétruire ! 
N'y a-t-il pas  beaucoup, beaucoup plus important pour montrer votre combativité politique, ou votre attachement à la moralité, ou votre dévouement à la cause féministe, ou même vos ambitions politiques personnelles[2] que de parler encore et encore de la gifle de Quatennens à sa femme ?

 

À l'heure du dérèglement climatique, de l'inflation, de la vie chère, de la guerre en Ukraine, de la réforme imminente des retraites, (NDLR : de la montée de l'extrême droite, de ses passages à l'attaque) et de l'utilisation systémique du 49/3 pour bâillonner le parlement, de la corruption aussi de certains parlementaires européens, nous avons besoin de vous tous pour mener ces combats-là plutôt que de votre focalisation sur le cas d’Adrien

 

D'ailleurs, on nous a dit au début, “ attendez pour juger, vous ne connaissez ni le contexte ni la situation réelle et personnelle du couple “. Et c'était vrai. Il était effectivement nécessaire d'attendre les décisions de la justice, car il est vrai, comme il cherche à le dire, quelle a condamné une " violence commise par un homme et non un homme violent ".

  • À sa suite, une décision politique a été prise par le groupe parlementaire de la FI[3]. Peut-être ne vous satisfait-elle pas entièrement " dans un sens ou dans l’autre, elle vous paraît ou trop ou pas assez sévère ", mais (NDLR : elle n'est pas été contestée par Adrien Quatennens qui s'y plie[4]),... elle a été prise, respectez-la !
  • Il n'a pas été question, que je sache, d'interdire à Adrien Quatennens de s'exprimer ? S'il souhaite le faire, n'est-ce pas son droit[4][5] ? Vouloir préciser publiquement comme Manon Aubry, Clémentine Autain ou Danielle Simmonet... et même Aurélie Trouvé qu’il ne doit pas parler  au nom des insoumis, c’est juste, mais inutile, car il ne le prétend en aucun cas... et ne le fait pas.

On en arrive même à des prises de position de certains groupes (de jeunes en particulier) qui menacent de se retirer de la FI (On est en droit d’ailleurs de se demander quelle était donc la force de leurs convictions si leur engagement en faveur du seul programme politique crédible de rupture pour l’avenir de la France peut être mis en balance avec un événement tel que la condamnation de Quatennens ?).

 

"Quelle époque !" : Clémentine Autain assume ses ambitions pour la présidentielle de 2027

(NDLR : on en arrive aussi à une instrumentalisation de " l'affaire Quatennens " pour justifier une remise en cause du fondement même de la France insoumise par ceux qui souhaitent sortir de notre organisation en MOUVEMENT politique et non en PARTI : ni une secte, ni un terrain de jeu, ni une avant-garde, ni un de ces partis enfermés dans le dialogue interne et voués aux manipulations médiatiques et groupusculaires. Notre but est de tout changer dans ce pays et de nous en donner les moyens sans régresser dans les impasses politiques et organisationnelles qui ont détruit successivement le Parti communiste comme le Parti socialiste et paralysent EELV... dans quels objectifs ? Servir les ambitions personnelles[7][9} ?)

 

 

-  Arrêtez donc de dresser les militants les uns contre les autres sur ce sujet 
Et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit : ce n'est pas un sujet futile, loin de là, c'est sérieux. Mais c'est tranché - semble-t-il démocratiquement - par le groupe parlementaire. Inutile d'en rajouter sans cesse !

 

 

👍 Et pour conclure...

" Un grand merci a toutes celles et ceux qui loin des querelles mesquines ou purement politiciennes continuent par leur présence a agir sur le terrain pour servir une cause humaine.

  • Oui l'urgence reste sociale ,climatique ,démocratique.
  • Oui l'urgence est et restera que nous soyons unis contre ce fléau, le capitalisme au service de la finance. " par Philippe Juraver

 

 

-------------------------------------

 

 

-  (N.D.L.R.) Tiens, au fait, la confidentialité judiciaire : pourquoi personne n'en parle... alors qu'indépendamment des faits reconnus par Adrien, tout est parti de là, et devrait être l'exigence politique fédératrice des insoumis à l'encontre de Gérard Darmanin qui cautionne... au lieu de se diviser

  • Le fait que déposer une main courante dans un commissariat, ce qui est sensé être confidentiel.... se retrouve dans la presse... ne dérange personne ?
  • Le fait que des policiers communiquent à la presse de contenu d'une main courante ne dérange personne ?
Quelle est la différence entre une main courante et une plainte simple?

 

🔴 Et après on dit aux femmes de signaler les atteintes dont elles sont victimes.... Comment peuvent-elles faire confiance à la police si leur dépôt de main courante peut être publié dans les médias et sur les réseaux sociaux ?

 

Une main courante relève du secret professionnel " Confidentielle. En cas de plainte simple, seul le Procureur  aura connaissance des faits dénoncés. En cas de main courante, vous serez libre de choisir les personnes à qui vous souhaitez la communiquer. Dans les deux cas, votre dossier sera couvert par le secret professionnel.[6] " 

 

Le cabinet du ministre de l’Intérieur a confirmé que Gérald Darmanin (Ministre de l'intérieur) a déposé une plainte pour diffamation à l'encontre d'Adrien Quatennens[8] qui avait affirmé « Plusieurs sources concordantes me disent que cela a été directement orchestré depuis le ministère de l’Intérieur. Je ne suis pas en mesure de l’affirmer moi-même aujourd’hui. »... permettra t-elle de faire la clarté sur le non respect des règles de confidentialité de la police ? C'est plus que souhaitable, c'est une nécessité !

 

👉 Se mobiliser pour imposer les respect des règles déontologiques de la police, la réformer de fond en comble... Voilà ce qui devrait être mobilisateur et fédérateur des insoumis et potentiellement de la gauche sur cette affaire !

 

Notes :

[0JE RADIE LES DÉPUTÉS LFI PENDANT 4 MOIS (au moins)

[1Inacceptable ! Fabien Roussel accable Adrien Quatennens

[2] « J’assume d’avoir de l’ambition » : Clémentine Autain, tournée vers 2027

[3] 13 décembre 2022 : Nous avons pris connaissance ce jour de la condamnation d’Adrien Quatennens.

[4] LA VOIX DU NORD " Adrien Quatennens : sa première interview après trois mois de silence "

[5] Adrien Quatennens, député du Nord, était ce jeudi 15 décembre 2022 interviewé par Bruce Toussaint sur BFMTV.

[6Quelle est la différence entre une main courante et une plainte simple ?

[7Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis : « Nous avons un problème de démocratie à LFI »

[8] Adrien Quatennens : la plainte de Gérald Darmanin pour diffamation a été déposée

[9] Clémentine Autain, l'insoumise solitaire qui lorgne la présidentielle 2027

 

Pour en savoir plus :

- 18 septembre 2022 : Adrien Quatennens a annoncé ce jour sa mise en retrait de ses fonctions de coordinateur de la France insoumise.

Adrien Quatennens : " ...on a jeté cet homme aux chiens... "

Clémentine Autain, tellement plus mesurée quand il s'agissait de l'affaire Strauss-Kahn !

- ADRIEN ET NOUS, FACE À NOUS-MÊMES PAR LAURENCE DUDEK : " Frapper un homme à terre quand il demande pardon, comment appelez-vous cela ? "

Me Julia Courvoisier plaide pour le droit inaliénable de se défendre quand on est accusé, y compris dans les médias. Et aussi pour le droit à la réinsertion, que le tribunal médiatique lui refuse.

- Adrien Quatennens exclu du Parti de gauche

 

Meeting de Saint-Etienne du 16 décembre 2022

Meeting de Saint-Etienne du 16 décembre 2022

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12 décembre 2022 1 12 /12 /décembre /2022 15:56
Au PCF, l’opposition à Fabien Roussel fait entendre sa voix
Au PCF, l’opposition à Fabien Roussel fait entendre sa voix

« Il y a la tentation de la direction de faire un congrès pour ou contre Fabien Roussel. Or le fond du débat est stratégique »

 

Après un Conseil national tendu, le projet de la direction du parti communiste pour le prochain congrès[1] n’a obtenu que 58 % des suffrages exprimés. Un appel signé par trente-cinq cadres critique une perte de boussole idéologique. Un événement, dans un parti aux habitudes légitimistes.

 

 

Sources : Mediapart par Mathieu Dejean | mis à jour le 30/01/2023

-  Est-ce un début de fronde ?
Les oppositions internes à Fabien Roussel, élu il y a quatre ans sur la promesse d’une réaffirmation identitaire du Parti communiste (PCF), sont sorties de leur réserve lors d’un conseil national (CN) tendu, les 3 et 4 décembre à Paris. Alors que le parti centenaire prépare son 39e congrès, prévu à Marseille (Bouches-du-Rhône) début avril 2023, le résultat du vote sur le projet de « base commune » de la direction, censé fixer les grandes orientations pour les quatre prochaines années, témoigne d’une défiance qui gagne du terrain.

 

Le texte présenté par la direction a certes obtenu 58 % des suffrages exprimés par les membres du CN (composé de la direction et des cadres intermédiaires du parti) : 84 voix pour, 55 contre et 5 abstentions sur 185 inscrits. Sur le papier, Fabien Roussel peut donc se targuer d’avoir obtenu une majorité (qui n’équivaut cependant qu’à 45 % du total des membres du CN, en comptant les absent·es).

  • « Ce résultat montre qu’il y a un débat dans le parti, mais qu’une très large majorité de la direction, des secrétaires départementaux – et je suppose des adhérents – se retrouvent dans l’orientation proposée », défend Christian Picquet, proche du secrétaire national, qui préside la commission du texte. Il voit même dans ce résultat « l’indice d’une progression significative », car la proposition de candidature de Fabien Roussel à la présidentielle n’avait obtenu que 52% des voix du CN en 2021.

 

 

-  La fracture
Il n’en demeure pas moins que le PCF est « fracturé en deux », comme le dit l’ancienne secrétaire nationale de l’Union des étudiant·es communistes (UEC), Anaïs Fley, qui siège au CN. Le « grand parti de la classe ouvrière » avait en effet habitué ses adhérent·es à davantage de légitimisme : « Ce n’est pas dans la culture communiste d’avoir un résultat comme celui-ci. D’habitude on évite d’avoir des votes qui se divisent. Là, il y a eu un gros débat sur le texte, qui n’a pas évolué car son sens n’était pas amendable », décrit Hadrien Bortot, secrétaire de section dans le XIXe arrondissement de Paris, présent ce week-end sous la coupole de Colonel-Fabien, le siège du PCF.

 

Signe supplémentaire de crispation : à la demande de Fabienne Haloui, secrétaire fédérale du PCF du Vaucluse, le vote s’est fait à bulletin secret, ce qui a irrité la direction. « Ce n’est pas commun au PCF de faire un vote à bulletin secret, confirme Christian Picquet. Je ne suis pas convaincu que ça avait véritablement un objet, mais c’est de droit dans nos statuts, et on y a accédé, ça ne nous a pas effrayés. »

 

Mardi 6 décembre, trente-cinq membres du CN ont cependant signé un appel confirmant l’ouverture d’un front oppositionnel. Parmi les signataires, des habitué·es de la fronde qui avaient notamment soutenu le texte « Pour un printemps du communisme » en 2018 (12 % des suffrages exprimés), comme Frank Mouly. Mais aussi des proches de l’ancien secrétaire national, Pierre Laurent, qui n’ont pas pour habitude de sortir du rang.

 

🔴 « Il y a la tentation de la direction de faire un congrès pour ou contre Fabien Roussel. Or le fond du débat est stratégique ». Hadrien Bortot, membre du Conseil national

 

Ils affirment que le texte de la direction « ne fait pas base commune », et regrettent en particulier une « non-prise en compte du risque imminent de prise de pouvoir par l’extrême droite » et « l’absence de discussion ouverte sur la Nupes et sur la conception du rassemblement portée par le PCF ». « Il y a la tentation de la direction de faire un congrès pour ou contre Fabien Roussel. Or le fond du débat est stratégique, politique, il s’agit d’une vision de ce que doit être le PCF dans la gauche », commente Hadrien Bortot, un des signataires. S’ils réunissent trois cents cotisants venant d’au moins trente fédérations d’ici le 8 janvier, il y aura donc une base commune alternative de leur part.

 

En cause, des divergences sur le bilan électoral du parti ces quatre dernières années : « L’objectif de la direction est de dire qu’on a volé de victoire en victoire pendant quatre ans… Comment construire une suite qui ait un tout petit peu d’efficacité à partir d’un bilan aussi déconnecté de la réalité ? », s’inquiète ainsi Frank Mouly, qui a manifesté sa « surprise » au CN.

 

Les communistes se divisent aussi sur l’analyse de la présidentielle. La direction met le score décevant de Fabien Roussel (2,3 % des suffrages exprimés) sur le compte de « l’hyper-présidentialisation de la vie politique » dont aurait bénéficié Jean-Luc Mélenchon. La stratégie de celui-ci, qualifiée à plusieurs reprises dans le texte de « populiste de gauche », aurait permis de répondre à « l’attente de radicalité de certains secteurs de la société et de tout un pan de la jeunesse, mais [en] ignorant délibérément la question stratégique clé de la reconquête des fractions du monde du travail qui se sont détournées de la politique ».

 

 

-  Le spectre de l’extrême droite
Quant à la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), elle a atteint un « plafond de verre », lit-on dans le texte qui sera bientôt envoyé aux adhérent·es. « Manifestement, Jean-Luc Mélenchon pense que le monde du travail, le salariat, doit se fondre dans un peuple qu’il mythifie, critique Christian Picquet. Il dit que le peuple est le nouvel acteur du changement, qui a son expression politique à travers LFI. Nous, nous disons que l’acteur du changement est le monde du travail, qui est la force motrice de l’union de tous ceux qui ont intérêt au dépassement du capitalisme. »

 

Cette manière de suggérer, en creux, que la Nupes serait le réceptacle d’une gauche « sans le peuple » a été contestée pendant le CN par des délégués soucieux de travailler au rassemblement à gauche. « Le rôle du PCF serait, pour la direction, d’aller conquérir des électorats des zones rurales et périphériques, mais poser la question en ces termes, c’est tomber dans un piège, estime ainsi Antoine Guerreiro, ancien secrétaire national de l’UEC et militant dans le Val-de-Marne. C’est faire fi de toutes les catégories de population qui se sont rassemblées autour de la Nupes, comme s’il fallait les séparer des autres. De plus, si la Nupes ne suffit pas, alors il faut proposer autre chose qui puisse faire ses preuves. »

 

Réforme des retraites : Fabien Roussel demande un référendum "plutôt qu'un blocage du pays"
Fabien Roussel veut un référendum "plutôt qu'un blocage du pays"

« Ce texte est habilement construit, mais on se pose comme des donneurs de leçons, et on ne prend aucun engagement. C’est la porte ouverte à ce qu’au final, toute la ligne politique du parti soit dictée par Fabien Roussel », abonde la jeune membre du CN Anaïs Fley. Les sorties médiatiques de celui-ci (Fabien Roussel) , comme sur la « gauche des allocations » à la Fête de l’Humanité en septembre[3], ou encore ces jours-ci sur le référendum sur les retraites (dans une interview à Ouest-France, il déclare que le PCF est le « meilleur allié » des chefs d’entreprise, et qu’il vaut mieux un référendum « qu’un blocage du pays, avec manifs, grèves et compagnies[4] ») ont fini par lui valoir des inimitiés.

 

 

-  Chacun à gauche doit faire une analyse critique, y compris le PCF.

Chaque force de gauche travaille bien trop souvent dans son propre couloir.

Laurence Cohen, sénatrice et membre du Conseil national du PCF : « Enfin, le danger d’une possible accession au pouvoir de l’extrême droite en 2027 est négligé aux yeux de ces communistes, hétérodoxes malgré eux ». « On a en France une gauche extrêmement affaiblie et un Rassemblement national en dynamique. Dans cette situation, chacun à gauche doit faire une analyse critique, y compris le PCF. Chaque force de gauche travaille bien trop souvent dans son propre couloir », affirme la sénatrice communiste Laurence Cohen, qui appelle de ses vœux « un texte qui ne donne pas dès le départ des conclusions ».

 

Certains communistes ne digèrent pas le choix fait en 2022 d’une candidature « quoi qu’il en coûte » de Fabien Roussel, alors que le Rassemblement national (RN) aurait pu être éliminé au premier tour : « Alors que l’exigence d’empêcher l’extrême droite d’accéder au second tour montait dans la campagne, on est apparu comme un obstacle à cet objectif, avec les conséquences que l’on sait : la force de propulsion dont le RN a bénéficié pour les législatives. C’est une faute grave, qui est passée sous le tapis », juge ainsi Frank Mouly.

 

Les critiques longtemps restées mezza-voce à l’intérieur du PCF se font donc entendre plus distinctement[2]. De là à présager un résultat inattendu au congrès d’avril, il y a cependant un pas. En 2018, le courant des « rénovateurs » ne pesait plus que 12% des voix. Cette fois-ci, une alliance avec d’anciens soutiens de Pierre Laurent pourrait se dessiner.

 

  • Celui-ci, qui préside le Conseil national, avait réuni 38 % des voix en 2018 sur sa propre « base commune ». Pour la première fois de l’histoire du PCF, les militants communistes avaient mis en minorité leur équipe dirigeante, propulsant Fabien Roussel à la tête du parti. Un coup de tonnerre que certains espèrent désormais répéter, en sens inverse.

 

 

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- Un texte premier alternatif à celui de la direction autour de Roussel est proposé aux militants du PCF.
Le 1er texte alternatif « Urgence de communisme », se veut une proposition de base commune différente de celle votée par le Conseil national, début décembre. Les signataires interrogent l’orientation et la stratégie de la direction sortante.

 

Il est soutenu par les anciens dirigeants du PCF (Marie-Georges Buffet et Pierre Laurent), ainsi que par des députés du PCF proches de la France insoumise et favorables à la NUPES. Il est également soutenu par Bernard Friot, qui voit ses thèses reprises, de façon édulcorée, dans ce texte.

  • Lire le texte alternatif à celui de Fabien Roussel ICI

ou ci-dessous 👇

L'ancienne députée européenne Marie-Pierre Vieu, la maire de Chevilly-Larue Stéphanie Daumin et la conseillère départementale de Seine-Saint-Denis Emilie Lecroq, sont les invitées de #LaMidinale pour aborder le sujet dutexte alternatif .

 

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9 décembre 2022 5 09 /12 /décembre /2022 08:53
Olivier Faure aux côtés d'Hélène Geoffroy, sa concurrente, lors du dernier congrès du PS, à Villeurbanne, en 2021

Olivier Faure aux côtés d'Hélène Geoffroy, sa concurrente, lors du dernier congrès du PS, à Villeurbanne, en 2021

L’union de la gauche sans LFI, ça n’a aucun sens politique, c’est suicidaire !

 

 

Le Parti socialiste entre dans sa campagne pour le congrès, qui se tiendra fin janvier 2023 à Marseille. Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, pourrait être challengé par deux autres motions.

Derrière Olivier Faure, Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol, trois équipes se disputent la direction du Parti socialiste. Mi-janvier, les adhérents les départageront sur la base de « textes d’orientation » aux stratégies bien distinctes.

La principale ligne de fracture : le rapport à la Nupes. Les socialistes ont fixé leur rendez-vous : à Marseille, du 27 au 29 janvier 2023.

 

 

Sources : Mediapart par Fabien Escalona | mis à jour le 26/01/2023

-  Dans leur affrontement pour la tête du Parti socialiste (PS), ses élites dirigeantes en passent encore par la production de textes collectifs.
C’est en effet sur cette base qu’elles seront départagées par les membres du parti à jour de leur cotisation, au cours d’un vote organisé le 12 janvier prochain, préalable au renouvellement de la direction qui sera acté lors du congrès prévu à Marseille à la fin du même mois.

 

Dévoilés il y a une semaine, trois « textes d’orientations » (TO) sont ainsi censés sublimer les luttes de pouvoir internes, par leur affirmation respective d’un cap doctrinal et stratégique singulier. Il y a celui des soutiens d’Olivier Faure, député et actuel premier secrétaire ; celui des soutiens d’Hélène Geoffroy, son opposante en 2021, maire de Vaulx-en-Velin ; et enfin celui des soutiens de Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen cherchant à incarner une voie médiane. Mediapart a passé en revue ces dissertations d’une grosse vingtaine de pages.

 

 

-  À première vue, les différences ne sautent pas aux yeux.

Tous les signataires de ces textes s’affirment conscients des grandes crises du moment, en tirent la conclusion qu’un retour des socialistes au pouvoir est nécessaire, sur la base d’une union de la gauche dans laquelle ils auront regagné en influence, afin de mettre en œuvre des politiques écologistes, féministes et de justice sociale, propres à regagner la confiance des catégories populaires.

 

Derrière ces passages obligés, des différences d’approche se logent malgré tout. Si elles servent bien sûr à se démarquer les uns des autres, il serait excessif de les considérer comme totalement artificielles.

  • D’une part, une fois écrites noir sur blanc, elles engagent un minimum les équipes qui les portent.
  • D’autre part, ces différences sont assez cohérentes pour traduire des degrés de radicalité distincts quant à la manière d’aborder la conflictualité sociale et la question écologique.
  • Enfin, leurs implications seraient lourdes en ce qui concerne la préservation (ou pas) de l’union des gauches la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) – à laquelle participe actuellement le PS.

 

 

-  La participation à la Nupes en suspens

Hélène Geoffroy
Hélène Geoffroy

C’est sur cet aspect stratégique que les positions sont les plus tranchées. Si l’union de la gauche est vantée dans son principe, tout le monde n’en a pas la même conception. Le texte d’Hélène Geoffroy, en particulier, tire à boulets rouges contre le choix de s’intégrer à la Nupes[1]. Cet « accord “sauve-qui-peut” », sans légitimité militante, aurait transformé le PS en « filiale » de La France insoumise (LFI)[2].

 

Or le parti (N.D.L.R. " mouvement " pas " parti ") de Jean-Luc Mélenchon n’est pas considéré comme un partenaire digne des socialistes, comme l’atteste le passage déplorant que « c’est désormais le cynisme qui prime, un populisme qui heurte nos valeurs, qui théorise l’apport des voix du RN lors des motions de censure votées récemment ». Exagérée, cette dernière affirmation colle au discours anti-LFI primaire de certains membres de la majorité présidentielle, de même que l’usage du vocable « extrême gauche » pour désigner cette force politique.

 

L’union trouvée aux législatives est clairement venue nourrir le refrain que les soutiens d’Hélène Geoffroy martelaient déjà lors du dernier congrès, à savoir celui de l’abandon d’une identité socialiste originale par la direction sortante. La conclusion pratique de ce diagnostic est assumée : dès février 2023, un PS dirigé par cette équipe procéderait à la « suspension de la participation à la Nupes et [à la] réintégration des candidats aux législatives exclus » pour s’être présentés en dissidents.

Olivier Faure
Olivier Faure

 

Le texte d’Oliver Faure, au contraire, défend son choix en renvoyant ses concurrents à l’évanescence de tout chemin alternatif : « Nous entendons ceux qui disent “ l’union, oui, mais une autre union ”. Mais laquelle ? Personne n’a jamais apporté de réponse à cette question. » Les scores réalisés par le PS aux élections de portée nationale tenues depuis 2017, de même que ceux des candidatures dissidentes lors des législatives de juin dernier, ne laissent guère entrevoir, en effet, de martingale électorale plus crédible.

 

L’accord de la Nupes était la seule façon pour la direction sortante d’éviter d’affronter l’actuel congrès avec pour seul bilan, catastrophique, le score piteux d’Anne Hidalgo à l’élection présidentielle. Puisqu’ils ne peuvent pas dire les choses aussi frontalement, les « fauristes » insistent sur les bénéfices collectifs qu’en a tirés le PS, « de retour au cœur de la gauche » après avoir sauvé une trentaine de sièges à l’Assemblée. Et pour désamorcer les craintes de disparition, ils minimisent le caractère contraignant de cette union.

 

« La Nupes […] est une coordination de groupes parlementaires et un espace de dialogue permanent, écrivent-ils. […] Nous assumons d’être engagés dans cette union tout en nous distinguant et contestant, lorsque c’est nécessaire, la stratégie ou la communication de nos partenaires. » Sur les sujets internationaux notamment, les positions des députés socialistes se sont effectivement distinguées de celles de LFI. « Il ne suffit pas de revendiquer une place plus importante au sein de l’union : il faut la mériter et la gagner auprès des électeurs », ajoute la direction sortante, qui compte bien s’y employer.

Nicolas Mayer-Rossignol
Nicolas Mayer-Rossignol

 

À cet égard, les tournures de phrases du texte de Nicolas Mayer-Rossignol traduisent assez bien une position au milieu du gué, qui gagne en œcuménisme ce qu’elle perd en courage et en clarté : « Pour nous, l’accord électoral Nupes, qu’il fût jugé nécessaire ou pas, respectueux ou pas de notre implantation, a été le produit de l’état “ comateux ” de la gauche sociale et écologique depuis 2017. […] Elle (sic) ne peut pas être le cadre politique durable de l’Union de toute la Gauche et des écologistes pour gagner. »


D’où une vague proposition d’« états généraux de la transformation sociale et écologiste », dont on ne voit pas pourquoi le cadre, au demeurant imprécis, serait préféré par les partenaires actuellement rassemblés dans la Nupes. Par rapport au texte de l’opposition la plus ancienne à Olivier Faure, les reproches à LFI sont moins crus et adressés de manière plus vague, même si la force mélenchoniste est clairement visée par la distinction établie entre « radicalité » et « démagogies et populismes ».

 

 

-  « Front de classe » contre « socialisme écologique » ?
Sur le fond du cap politique, les trois documents n’offrent pas un éventail de positions aussi large qu’à l’époque où des personnalités comme Dominique Strauss-Kahn et Jean-Luc Mélenchon cohabitaient dans le même parti.

 

C’est logique : depuis 2017 en particulier, les départs vers la « grande coalition » macroniste et une scission de l’aile gauche ont sérieusement réduit la diversité idéologique du parti. Cela se sent notamment à propos de l’intégration européenne : un énième appel à une refonte des traités est commun à tous les textes d’orientation, mais sans réelle stratégie à l’appui, ce qui n’empêche pas certains de rejeter explicitement la désobéissance promue par les Insoumis.

 

On observe néanmoins que plus la proximité avec la Nupes est défendue, plus la politique générale préconisée est ancrée à gauche en termes idéologiques. Il en résulte une configuration originale.

  • Alors que la direction du PS avait historiquement campé sur un centre de gravité lui permettant de s’appuyer tantôt sur des sensibilités plus conservatrices, tantôt sur des sensibilités plus transformatrices, c’est l’équipe de Mayer-Rossignol qui tente d’incarner cet espace – soit pour être faiseuse de rois, soit pour ravir directement la tête du parti.


Les balancements et les évitements rhétoriques typiques de ce positionnement se retrouvent sans coup férir dans le texte intitulé « Refondations ! » :

  • La proportionnelle sera introduite, mais seulement pour la moitié des députés.
  • Les inégalités seront combattues « à la racine », mais le mode de production capitaliste n’est jamais nommé en tant que tel.
  • De même, la planification écologique est mise en avant mais presque incidemment, sans aucune précision sur ses modalités et son degré de contrainte.

 

C’est finalement la direction sortante qui se retrouve dans la posture la plus « radicale ».

  • Elle affiche l’ambition d’un « socialisme écologique », poursuivant « la justice et l’émancipation » en prenant au sérieux « la limitation des ressources dans un monde fini », et nomme les personnes dont elle défendra les intérêts (celles qui sont pénalisées par les « déterminismes sociaux »), mais aussi les groupes dont les intérêts matériels seront lésés par la « bifurcation » à accomplir ceux qui vivent du travail des autres » et « les 10 % les plus riches »).

 

À cet égard, une certaine confusion peut naître de l’emploi, dans le texte d’Hélène Geoffroy, de la notion de « front de classe » comme base sociale d’un PS refondé. La notion provient en ligne directe des années 1970, lorsque le parti s’était reconstruit sous l’égide de François Mitterrand, sur une ligne fort à gauche.
À l’époque, comme l’expliquait le politiste Paul Bacot, ce front de classe désignait « l’ensemble du salariat exploité » et d’autres couches non salariées partageant « une situation de totale dépendance par rapport aux sociétés capitalistes » (comme certains paysans et artisans). Il s’agissait par là de désigner un projet de dépassement du capitalisme grâce à la coalition des forces qui y avaient intérêt.
Et ce projet impliquait simultanément l’union de la gauche avec l’autre composante majeure de l’époque : le Parti communiste, en dépit de sa complaisance avec les régimes du bloc de l’Est.

 

À lire le texte de l’opposition la plus farouche à Olivier Faure, on en est très loin.

  • Premièrement, parce que l’union avec LFI est rejetée en parallèle, ce qui rend la portée stratégique de la notion contradictoire.
  • Deuxièmement, parce que les composantes de ce front de classe version 2022 sont tellement nombreuses qu’elles semblent désigner la société tout entière : les « catégories populaires », les « classes moyennes », mais aussi « les classes favorisées […] parties chez LREM [le parti macroniste – ndlr] ».

 

De manière symptomatique, aucun adversaire social n’est désigné, qui empêcherait de faire « France commune » ou de satisfaire les intérêts des personnes les plus fragiles. Quant à la « transition écologique », elle est réduite à une stratégie d’« efficacité plus que [de] sobriété énergétique », ce que tous les écolos conséquents dénoncent. Alors que les autres textes envisagent de diversifier les indicateurs de richesses et de progrès social, celui-ci parle uniquement d’une « croissance nouvelle » assez mal définie.

 

Au sein du petit milieu auquel le socialisme français a été réduit, certes plus homogène qu’avant, les trois lignes qui s’affronteront au congrès de Marseille restent donc bien identifiables. Selon celle qui l’emportera, la dynamique d’ensemble de la fragile union des gauches (#Nupes) en sera forcément affectée.

 

Notes :

[1Nupes  

[2la France insoumise

 

Pour en savoir plus :

- Le 80e congrès du PS pour les nuls

- Congrès PS : le socialiste converti au macronisme François Rebsamen a voté pour faire battre Olivier Faure

Des socialistes anti-Olivier Faure ont offert un million d’euros au Parti radical de gauche 👇

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5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 18:40
Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent
Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent

Réforme des retraites à 65 ans : 79 % des Français sont contre[0] !

 

68% des Français·es sont favorables à une réforme des retraites ... MAIS pour un départ à 60 ans[14] !..

 

Retraites : grande marche à Paris le 21 janvier pour lancer la bataille[13] !

 

 

L’ensemble des syndicats nationaux se retrouveront le 5 décembre au siège de la FSU, aux Lilas (Seine-Saint-Denis), pour se concerter sur l’organisation de la riposte à la réforme des retraites, dont le gouvernement doit annoncer les contours dès le 15 décembre. Cette intersyndicale réunira la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’Unsa, Solidaires et la FSU. Cette réunion intervient, alors que le calendrier s’accélère, même si, pour le moment, les contours détaillés de la future réforme restent à préciser.

Dans un entretien au Parisien paru le 1er décembre[1], la Première ministre Elisabeth Borne a réaffirmé sa volonté de mettre en œuvre la « promesse » électorale d’Emmanuel Macron (programme du 17 mars 2022) d’un recul de l’âge légal, confirmant la piste d’un « report progressif » à « 65 ans d’ici 2031[2] ». De plus, le contenu de cette réforme devrait être présenté dès le 15 décembre, juste avant la trêve des confiseurs, en pleines fêtes de fin d’année !

Aussitôt, la gauche a réagi unanimement à cette communication court-circuitant concertation politique et négociation sociale.

Pour le groupe socialiste, Boris Vallaud, a déclaré qu’il s’agit d’une « provocation », avant de poursuivre : « Le point d’arrivée de la concertation est identique au point de départ. Le gouvernement a fixé le cap il y a longtemps et a prévu de s’obstiner dans une réforme injuste, brutale et largement rejetée par les Français. ».

La macronie souffre d'autoritarisme et de mensonge compulsifs.

Pour la présidente du groupe de La France insoumise à l’Assemblée, Mathilde Panot, ces déclarations soulignent que « la macronie souffre d’autoritarisme et de mensonge compulsifs  ».

Le communiste Pierre Dharréville a dénoncé, lui aussi, des concertations aux allures de mascarade : « La Première ministre n’annonce rien de nouveau. Le gouvernement continue de réaffirmer son objectif de casse social tout en organisant des négociations avec les syndicats dont on se demande si elles sont le lieu d’une véritable discussion ou pour simplement décorer. » « Syndicats méprisés, parlement piétiné, démocratie abîmée ! », a scandé son collègue Nicolas Sansu (PCF) sur Twitter.

Au-delà des annonces précipitées d’Elisabeth Borne à la presse, aucun document de travail n’a d’ailleurs été diffusé aux partenaires sociaux.

 

 

Sources : Yves Mestas | mis à jour le 02/05/2023

- Il est donc temps de revenir sérieusement et précisément sur l’ensemble du dossier.

Manif. 9/01/2019 Paris, contre réforme retraites. Photo : Ishta

En 2019, le projet de réforme du « système universel unique par points[3] »  était présenté comme plus juste, plus solidaire. « Un euro cotisé donne les mêmes droits… », affirmait alors le gouvernement d’Edouard Philippe. Les femmes devaient même en être les « grandes gagnantes ». Le projet avait provoqué une très forte mobilisation sociale durant trois mois. La crise du COVID aidant, et malgré l’utilisation du 49.3, la réforme fut abandonnée.

 

Aujourd’hui, changement de registre. Le projet de reculer l’âge légal de la retraite à 65 ans ne promet plus l’équité ; il ne met en avant que le prétendu besoin d’équilibrer les comptes du système de retraite.

 

 

- Inspiré par les Jours heureux
L’histoire du système de retraite français pourrait se résumer ainsi : un long processus de construction, puis un détricotage progressif :

  • Le premier régime de retraite remonte à Louis XIV, pour les marins : la « caisse des invalides de la Marine Royale ». Plus tard, d’autres régimes de retraite sont mis en place, avec les pensions militaires en 1831, les pensions civiles des agents de l’Etat en 1853, la retraite des mineurs en 1894, des cheminots en 1909, des ouvriers de l’Etat en 1928…
  • Dans une France ruinée par la guerre et l’occupation, le ministre Ambroise Croizat crée, par les ordonnances d’octobre 1945, la Sécurité sociale, dont l’assurance vieillesse constitue l’une des branches, les autres étant la maladie, la famille, les accidents du travail. Cette institution s’inspire du programme du Conseil national de la Résistance (CNR)[4], baptisé « les Jours heureux ».

 

Le régime général des retraites s’applique, à l’époque, à tous les salariés du secteur privé (hors agriculture). Chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Le principe de fonctionnement du régime est un système par répartition : les cotisations des actifs de l’année servent à financer les pensions des retraités de la même année. L’âge minimum pour percevoir une retraite était fixé à 65 ans.

 

Au début, l’idée était de créer un système unique pour tous. Cependant, certaines professions (N.D.L.R. comme les agriculteurs et les commerçants) et certains organismes ont préféré conserver leur propre régime : c’est l’origine des régimes spéciaux.

 

Alors que la majorité des séniors vivaient dans la misère, ce nouveau système par répartition a réduit drastiquement le nombre de retraités pauvres. S’il y en a toujours trop, la France est encore l’un des pays du monde qui présente le plus faible taux de pauvreté chez les retraités.

 

En 1982, sous la présidence de François Mitterrand, une des mesures du gouvernement d’union de la gauche, figurant dans le « Programme commun », abaisse l’âge de la retraite à 60 ans, contre 65 auparavant, sous réserve d’avoir cotisé pendant 37,5 ans au moins (ordonnance du 26 mars 1982[5]).

 

 

- Des attaques en continu

Mais, depuis, les  attaques et le détricotage du système de retraite français ont été continus, sous tous les gouvernements !

  1. La réforme Balladur, en 1993, s’inscrit dans les réflexions du « Livre blanc » de 1991 porté par Michel Rocard : allongement progressif de la durée des annuités de 37,5 ans à 40 ans (soit 150 à 160 trimestres) ; changement du mode de calcul des pensions, passant des 10 meilleures années de salaire aux 25 meilleures années ; indexation des pensions versées aux retraités sur les prix et non plus sur les salaires…
  2. Le « plan Juppé », en 1995, propose d’aligner les régimes des fonctionnaires et des entreprises publiques (RATP, SNCF, EDF/GDF) sur celui du secteur privé. Après trois semaines de grève reconductible, le gouvernement recule ;
  3. La réforme Fillon, en 2003, allonge la durée des cotisations à 41 ans (164 trimestres) et instaure l’alignement de la durée de cotisation du public sur celle du privé, ajoutant la création de nouveaux produits d’épargne retraite.
  4. La réforme Woerth, en 2010, se distingue par l’allongement progressif de l’âge de départ à la retraite à 62 ans et par le report à 67 ans pour la retraite à taux plein.
  5. La réforme Touraine, en 2014, en rajoute, avec l’allongement progressif de la durée des cotisations à 43 annuités (172 trimestres)…

 

Manif. 9/01/2019 Paris, contre réforme retraites. Photo : Ishta

 

- L’équilibre financier du système de retraite est-il menacé ?
Le dernier rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) du 15 septembre 2022[6] mérite d’être lu :

  • « Après des années de déficit, le système de retraite enregistre un excédent de 900 millions d’euros en 2021. Ce bon résultat s’explique essentiellement par le rebond d’activité après la crise sanitaire. En 2022, l’excédent devrait s’élever à 3,2 milliards d’euros ».
  • Mais comme le dit le président du COR, « mieux vaut regarder l’évolution des dépenses de retraite dans le PIB (Produit intérieur brut) qui a vraiment un sens ».  Sur ce point, le rapport  précise : « En 2021, les dépenses de retraite représentait 13,8% du PIB, ce taux devrait rester stable jusqu’en 2027 (13,9% du PIB). De 2028 à 2032, la part des dépenses de retraite dans le PIB pourrait atteindre 14,2% voire 14,7% du PIB, en fonction des scénarios. De 2032 à 2070, la part des dépenses de retraite resterait stable, voire en diminution malgré le vieillissement de la population. »

 

La réforme des retraites de Macron/Borne est donc avant tout idéologique et ne vise pas, en réalité, un objectif d’équilibre financier. Comme l’a déclaré Elisabeth Borne, il s’agit plutôt de « dégager des marges de manœuvre » et même de dégager des excédents pour financer d’autres dépenses.

 

Jusqu’à aujourd’hui, la part de la richesse nationale distribuée aux retraités a régulièrement augmenté, à mesure que le nombre de retraités dans la population s’est accru. Sans difficulté, puisque la productivité progresse : un travailleur français produit en moyenne deux fois plus aujourd’hui qu’il y a 50 ans[7].

 

L’enjeu est de savoir où placer le curseur.

Depuis trente ans, la part du PIB consacrée aux retraites a doublé, passant de 7% à près de 14%. Rien n’empêche de continuer à consolider ainsi le système, en ajoutant quelques dixièmes de points de PIB. Notre système de retraite distribue plus de 300 milliards d’euros. Certains groupes financiers, comme BlackRock, tentent de mettre la main sur ce pactole.

 

 

- Un recul social d’un demi-siècle.
La Première ministre l’a annoncé : « Le report progressif de l’âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans d’ici 2031 » s’appliquera à partir de juillet 2023, avec un recul de 4 mois par an à partir de la génération née en 1961[2] [8]. Les générations nées en 1970 et après seront, quant à elles, pleinement intégrées dans la nouvelle réforme qui conduit à revenir plus de cinquante ans en arrière pour l’âge de départ à la retraite.

 

Le minimum de pension pour une carrière complète sera de 1200 euros, soit 85% du SMIC. En parallèle, les pensions devraient être réindexées sur l’inflation. Mais à quel niveau ? En 2022, les augmentations de 1,1% en janvier et de 4% en juillet ne couvrent pas l’inflation estimée à 8% en moyenne pour l’année.

 

Par ailleurs, les « régimes spéciaux » seront affiliés au régime général, pour les futurs recrutés de la Banque de France, de la RATP, de la SNCF, des industries électriques et gazières ex EDF/GDF.  Mais ceux de la police nationale, des militaires, de la pénitentiaire, des marins, des cultes, de l’Opéra national et de la Comédie française ne seraient pas concernés par la réforme.

 

  • Selon l’institut libéral Montaigne, l’économie générée par le projet de réforme actuel est évaluée à 7,7 milliards d’euros en 2027, et à plus ensuite. Un montant qui correspond aux coûts supplémentaires que représente le cumul de la baisse des droits de succession promise par Macron et de la suppression de la redevance audiovisuelle…

 

 

- Des mesures injustes et inégalitaires.
Un recul de l’âge de départ à la retraite serait injuste pour de nombreuses catégories de salariés. Il ne pèserait guère sur la carrière des cadres, car ayant rarement commencé à travailler avant 22 ans, les 43 ans de cotisations exigés à partir de la génération 1973 les amènent déjà à 65 ans. En revanche, pour toute personne entrée dans l’emploi avant 22 ans et ayant une carrière complète, il signifie concrètement devoir repousser sa retraite. Le dispositif de retraite anticipée pour longue carrière ne peut concerner que les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans, à condition d’avoir la durée suffisante de cotisations.

A l’âge de la retraite, 25% des plus pauvres sont déjà morts

 

Régulièrement, on entend les défenseurs de ces réformes expliquer que « parce que l’on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps », sans tenir compte du fait que c’est notamment à mesure que le temps de travail dans la vie a reculé que l’espérance de vie a augmenté. De plus, les écarts d’espérance de vie sont de 6 ans entre un cadre et un ouvrier, et même de 13 ans entre les 5% les plus riches et les 5% les plus pauvres.

(N.D.L.R. : Il est bien foutu ce graphique.. au premier jour du départ à la retraite 25% des plus pauvres sont déjà morts... Par contre, il faut attendre l’âge de 80 ans pour que cette proportion soit atteinte pour les 5% les plus riches.)

 

(N.D.L.R. : Le député Hadrien Clouet France insoumise #Nupes pose une question écrite au ministre du Travail. Une seule.

En cas de report à 65 ans du départ à la retraite, combien de personnes mourront avant d'y avoir accès ? Publiez les chiffres, assumez les morts... le gouvernement répondra t-il ?

 

Aujourd’hui, 40% des 50-62 ans sont au chômage. Les économies réalisées dans les caisses de retraites, ce sont les caisses de l’assurance-chômage et des minimas sociaux qui seront sollicitées pour les compenser.

 

Aucune nouvelle disposition n’est prévue pour les femmes, alors qu’elles gagnent en moyenne 25,7% de moins que les hommes et qu’elles constituent les gros bataillons des employés à temps partiel (80%), de même que leurs carrières sont plus souvent incomplètes en raison de l’arrivée des enfants, dont les conséquences professionnelles pèsent avant tout sur elles.

 

Manif. 9/01/2019 Paris, contre réforme retraites. Photo : Ishta
Manif. 9/01/2019 Paris, contre réforme retraites. Photo : Ishta

 

 

- Relancer des mesures de progrès social
Pour cela il faut revenir aux fondamentaux et valeurs de 1945 et 1982, pour permettre à tous de partir à la retraite à un âge décent, où l’on n’est pas cassé par le travail ou la maladie, et surtout avec un niveau de pension digne. La retraite est un nouvel âge de la vie, celui du temps libéré, durant lequel chacun peut s’investir autrement pour soi, ses proches et la collectivité.

 

Cinq grands principes devraient guider ces choix :

Frédéric Dabi (Ifop) : « La retraite à 60 ans est un horizon souhaité »
  1. Toute personne doit avoir le droit de partir en retraite à un âge raisonnable, à commencer par ceux qui ont commencé à travailler plus tôt. L’espérance de vie a augmenté dans les dernières décennies, mais stagne désormais. L’espérance de vie en bonne santé reste stable, autour de 63 ans. Voilà pourquoi il faut donner la liberté de partir à la retraite à 60 ans ;
  2. La préservation d’un calcul basé sur les annuités est fondamentale pour toute personne ayant commencé à travailler tôt. Aujourd’hui fixé à 43 ans, la proposition de ramener à 40 le nombre d’annuités serait une avancé, en intégrant le temps passé au RSA ;
  3. Aujourd’hui, le calcul du montant des pensions dans le privé est fait sur les 25 meilleures années d’activité, suite à la réforme Balladur en 1993. Mesure très pénalisante, avec la précarité, le chômage, des carrières hachées, notamment pour les femmes. Pour cela, il faut revenir au calcul du montant des pensions sur les 10 meilleures années ;
  4. Notre système de retraite a permis de sortir nos aînés de la misère et de maintenir le taux de pauvreté des retraités à un niveau environ deux fois inférieur à ceux de nos voisins européens. Selon Eurostat : 16% des retraités européens ont des revenus en dessous du seuil de pauvreté (19% en Allemagne). En France, le taux est d’environ 10% de retraités qui touchent moins de 60% du revenu médian[9]. Pour éviter cette situation, aucune retraite ne devrait se situer en dessous du seuil de pauvreté. Il est actuellement fixé à 1102 euros. Le minimum vieillesse doit être indexé au niveau du seuil de pauvreté ;
  5. Travailler toute sa vie au SMIC est déjà une difficulté chaque fin de mois. Partir à la retraite ne doit pas être une nouvelle étape qui prolonge et aggrave même ces atteintes à la dignité. Toute personne avec une carrière complète doit bénéficier d’une pension au moins égale au SMIC.

auquel on peut ajouter (N.D.L.R. : avoir une attention particulière pour les carrières longues, discontinues ; rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Macron ; indexer le montant des retraites sur les salaires).

 

 

- Pour quel coût ?
Plutôt que de maintenir une même taille de gâteau et d’y couper de plus petites parts, il est préférable de cuisiner un gâteau plus gros.

 

Les comptes de la sécurité sociale étaient en équilibres il y a 20 ans. Depuis, ils sont déséquilibrés par les exonérations massives de cotisations sociales. Ces exonérations étaient encore compensées par le budget de l’Etat en 2019, à hauteur de 40 milliards d’euros par an. Mais Emmanuel Macron a mis fin à cette compensation. Il vide les caisses des sécurités sociales pour imposer des mesures d’austérité[10].

 

D’autres marges de manœuvres existent.

De manière générale, toute augmentation des salaires représente mécaniquement une rentrée de cotisations et donc de l’argent pour financer les retraites.

  • Ainsi, l’obligation réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes pourrait dégager 5 milliards d’euros par an (N.D.L.R. L'écart salarial hommes/femmes en France s'élève à 16,5% selon Eurostat, un chiffre en légère hausse[11]) ;
  • Les besoins d’emplois dans l’hôpital, l’école, les transports, etc., ne manquent pas : 100 000 emplois créés dans les services publics, ce serait 1,3 milliards de cotisations supplémentaires ;
  • Soumettre à cotisation les revenus de l’intéressement, de la participation, de l’épargne salariale, ainsi que les revenus financiers des entreprises : ce seraient encore plusieurs milliards d’euros récoltés. La seule application de la cotisation vieillesse déplafonnée permettrait de lever quelque 4,4 milliards.

 

D’autres pistes permettent de lever de nombreux milliards d’euros à court terme.

  • Des sommes sont d’ores et déjà disponibles et inemployées : les réserves financières dans les différents régimes spécifiques de retraite et dans le fonds de réserve pour les retraites représentent un stock de 130 milliards d’€ (N.D.L.R. 127,4 milliards d’€ en 2019[12]) …

 

--------------------------

 

- Chaque jour de nouveaux éléments pour comprendre

Le gouvernement aimerait nous faire croire que la réforme des retraites est nécessaire pour « préserver » le système, mais – c'est ballot – il a écrit les vraies raisons dans des doc officiels... et il s'agit en réalité de financer la baisse des impôts pour les plus grosses entreprises, comme la suppression de la " cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) qui est l'une des composantes de la contribution économique territoriale (CET) avec la cotisation foncière des entreprises (CFE)[15] ". Elle est assise sur la valeur ajoutée produite au cours de la période de référence...

👉 La réforme des retraites n'est rien d'autre qu'une contreparties aux cadeaux fiscaux faits aux actionnaires (passés par 49.3). 👇
 

Pour rappel :

🔶 voir  Projet de Loi de Finances 2023, page 9, ICI 

🔶 Programme de Stabilité 2022-2027, page 16 ICI 

 

Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent
Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent

- Et maintenant... la mobilisation

 

 

Notes :

[0] Retraites : 79% des Français sont contre la réforme de Macron

[1] Réforme des retraites : la méthode Borne pour éviter les obstacles

[2] Si les rythmes d’évolution sont encore en discussion, ils pourraient être de quatre mois supplémentaires par année. Une personne née en 1962 pourrait ainsi travailler 8 mois de plus. Un an pour l’année 1963, etc. jusqu’à arriver à 65 ans de façon automatique.

[3] Mesures Macron : Les dangers de la retraite à points

[4programme du Conseil national de la Résistance

[5] 1982 : la retraite passe à 60 ans

[6] Rapport annuel du COR septembre 2022 - Evolutions et perspectives des retraites en France

[7] Selon le député de la France Insoumise, les salariés français sont de plus en plus productifs. Une raison qui justifierait la mise en place de la retraite à 60 ans.

[8] Réforme des retraites : la génération 1961 sera la première concernée, annonce Elisabeth Borne

[9] Pauvreté des retraités : la France (un peu) mieux lotie que ses voisins

[10] Le « Trou » de la Sécurité Sociale : un trou « fictif »... ou pas ? La dette « sociale » légitime ou pas ?

[11] Les niveaux d'écart de rémunération entre hommes et femmes varient considérablement d'une UE à l'autre

[12] Un financement en puisant dans les réserves

[13] Retraites : grande marche à Paris le 21 janvier pour lancer la bataille !

[14] 68% des Français·es sont favorables à une réforme des retraites ... MAIS pour un départ à 60 ans !..

[15] Qu’est-ce que la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ?

 

Pour en savoir plus :

Inégalités salariales : une perte de 62 milliards pour l'économie française

Réforme des retraites : Fabien Roussel demande un référendum "plutôt qu'un blocage du pays"

- Réforme des retraites – Le PCF exige un référendum

- Jean-Luc Mélenchon : retraite 21 janvier... radicalité concrète

- Manuel Bompard : " En campagne pour nos retraites "

- SOCIAL – Retraites : l’heure de vérité

- La France connaît un mouvement social d’une ampleur considérable tant par sa massivité que par sa durée, le plus important depuis celui de décembre 1995. Pourtant, ce mouvement n’a pas, pour l’instant, réussi à faire fléchir le pouvoir. Cela n’est d’ailleurs pas la première fois. Retraites 2023 : essayer de tirer des leçons

 

Retraites : grande marche à Paris le 21 janvier pour lancer la bataille
Retraites : grande marche à Paris le 21 janvier pour lancer la bataille

 

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3 décembre 2022 6 03 /12 /décembre /2022 15:39
« Faut-il en finir avec la famille ? », la réponse de Raymond Debord

Il est urgent que les militants du champ politique et social soient plus nombreux à s’intéresser au champ transversal et paradoxal de la famille !

 

 

« Dépassant le clivage traditionnel entre la gauche et la droite, l’auteur montre que les véritables enjeux sur la question familiale se situent entre d’une part les pratiques et les attentes populaires et d’autre part une vision de la famille promue par les classes dominantes. » (4e de couverture)
Cet ouvrage très récemment paru aux Éditions Critiques (2022, 328 pages) est important, car il est le premier à embrasser le sujet de la famille dans la société contemporaine sous un angle politique et global depuis les livres de tendances foucaldienne ou bourdieusienne d’il y a quelques décennies
[1]. Il échappe à la sociologie descriptive et aux effets de mode par un point de vue théorique solide (celui des Appareils idéologiques d’État d’Althusser), combiné à une expérience professionnelle « du dedans » de l’institution familiale et à une solide documentation.
Au sein des politiques sociales, le champ de la famille ne jouit que de peu d’attention de la part des politiques et de peu de connaissance du public. Il s’y ajoute une représentation institutionnelle fort peu démocratique : celle de l’UNAF que l’auteur connaît intimement
[2].
Si l’on dépasse la tentation d’assimiler famille et familialisme, la lecture de cet ouvrage très détaillé, mais jamais jargonnant ni technocratique s’impose pour comprendre les particularités d’un système français issu de l’histoire (objet de la première moitié du livre de Raymond Debord
[0]), mais profondément remanié par l’avènement du néolibéralisme. La seconde partie s’attache aux enjeux de la période macronienne pour montrer la possibilité de résistance qu’offre la famille face à la montée d’un individualisme destructeur des solidarités.

 

 

Sources : ReSPUBLICA |

-  De 1848 à la fin de la IIIe République

A la fin du XVIIIe siècle et dans la première partie du XIXe, c’est la doctrine malthusienne qui domine et dicte les comportements de la bourgeoisie libérale : il faut limiter les naissances non seulement pour contrôler les pauvres, mais pour limiter la dispersion du capital lors des héritages.

A partir de 1848, trois courants se dessinent :

  • les réactionnaires qui placent la famille dans les « communautés naturelles » (nous dirions les corps intermédiaires) et n’approuvent pas le malthusianisme ;
  • les républicains, marqués par les travaux d’Auguste Comte (« La société est composée de familles, et non d’individus. ») et de Durkheim, mais, dans le contexte de l’hostilité franco-allemande et du déclin de la natalité, qui favorisent une politique résolument nataliste avec l’Alliance nationale contre la dépopulation (à laquelle adhèrent Jules Guesde ou Marcel Sembat) : ce leitmotiv des années qui précèdent la guerre de 14-18 reviendra d’ailleurs avant celle de 1939…
  • les catholiques sociaux adeptes du corporatisme sous l’influence de Le Play et de La Tour du Pin, encouragés par la doctrine de Léon XIII, qui favorisent les familles nombreuses, les organisations liées à l’Église – en particulier pour limiter les effets de l’école publique – et prônent le suffrage familial.

Au-delà de leurs différences, ces courants se rejoignent pour fonder une véritable idéologie familialiste, qui aura de beaux jours en particulier avec la multiplication des associations familiales, en attendant que la Ve République la dote d’un appareil étatique dédié.

 

Raymond Debord retrace au passage, en un chapitre plein de saveur, le cheminement de l’idée du suffrage familial dont le premier promoteur serait Lamartine (en 1848, il s’agissait de restreindre la portée du suffrage universel qui venait d’être octroyé) et le dernier tenant Michel Debré en 1948 encore. Il y eut entre-temps d’âpres discussions dans les années 1920 et 1930 en concurrence avec la question du vote féminin puis, finalement, le projet de constitution du maréchal Pétain du 30 janvier 1944, trop tardif pour entrer en vigueur, qui prévoyait des conditions d’éligibilité différentes pour les hommes et les femmes, et un double suffrage pour les pères de trois enfants et plus.

M. Le Pen prône la préférence « familiale et nationale »

 

L’auteur rappelle que le Front national, adepte dans une filiation contre-révolutionnaire de l’ordre naturel, faisait figurer le vote familial dans ses « 300 mesures pour le renouveau de la France » (N.D.L.R. : grâce auquel les pères voteraient pour leurs fils mineurs et les mères pour les filles[3]) en 1992, et que Jean-Marie Le Pen continua à le revendiquer jusqu’en 2002.

 

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carte postale vote familial

 

Ajoutons que l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et ses composantes départementales restent en 2022 le dernier bastion du vote familial ! Anachronisme que l’auteur ne semble pas juger prioritaire de combattre, contrairement à nous.

 

 

-  Ambiguïté des relations entre famille et mouvement ouvrier
Dans ce chapitre fondamental pour sa thèse, R. Debord part de l’idée que l’assimilation courante entre le mouvement ouvrier et socialiste et la gauche républicaine (bourgeoise et petite-bourgeoise) doit être ici révisée :

 

En fait, la famille reste considérée par une gauche convergeant avec le libéralisme comme le lieu à préserver de formation de l’individu libre. Après avoir examiné plus particulièrement les thèses de Proudhon, Marx et Engels, et celles des anarchistes néo-malthusiens, l’auteur note que le Parti socialiste, ouvert à l’émancipation féminine, « n’a jamais développé de positions théoriques propres sur la question familiale ».

 

Quant au Parti communisme, son adoption claire de la défense de la famille dans les années 30 a tout à voir avec le virage de la politique de l’URSS. Loin des thèses d’Alexandra Kollontaï, l’heure y est au natalisme et aux valeurs familiales. Paul Vaillant-Couturier écrit qu’il s’agit de « donner sa dignité à la famille en lui enlevant le caractère honteux de contrat commercial que lui donne le Code Napoléon ou de châtiment que lui donne l’Église. »

 

Affiche de 1935

Tout est en place pour la mise en place de la politique de la famille à laquelle le PCF va participer à la Libération.

 

 

-  De 1945 au « grand retournement »
Concernant la période de Vichy, au-delà d’une promotion symbolique de la famille insistante, l’auteur signale que la politique de Pétain n’est pas en opposition avec celle de ses prédécesseurs, notamment Daladier. Et que celle apparue à la Libération – sur d’autres bases il est vrai et avec une autre ampleur – n’est pas non plus en rupture avec les précédentes. Car en 1945 se forge une « nouvelle grande alliance entre bonapartistes gaullistes, catholiques sociaux et communistes », jusqu’au retour au pouvoir du libéralisme avec le président Giscard d’Estaing et sa ministre Simone Veil[4].

 

Nous ne pouvons suivre en détail les éléments de cet apogée des politiques familiales : création de l’UNAF et autres organismes consultatifs, intégration des caisses d’allocations familiales à la Sécurité sociale, création de la PMI… Bien sûr, près 1947, les secousses politiques vont se répercuter dans l’institution représentative et finalement les mouvements contrôlés par le PCF n’entreront pas à l’UNAF… L’analyse se poursuit avec celle des tensions entre catholiques traditionalistes, catholiques sociaux et représentants de la sensibilité laïque[5], exacerbées par des questions de représentativité qui conduiront à une réforme des statuts de l’Union votés en 1975.

 

Ce que Raymond Debord qualifie de « grand retournement », c’est un changement accéléré de la société qui correspond pour lui à la crise de l’« ordre productif keynesiano-fordiste » autour de 1973, mais déjà présente sous Pompidou. Il note ainsi à contre-courant des idées reçues que le passage accéléré des femmes du foyer domestique au monde du travail n’est pas dû à un effet « Mai-68 », mais bien aux besoins du capital qui l’a organisé.

 

La période du « libéralisme avancé » de Valéry Giscard d’Estaing conserve à l’État un rôle d’intervention notable (loi sur la contraception orale et réforme de l’autorité parentale) combiné une reconnaissance croissante des droits individuels. L’illustrent les idéologies du moment : MLF, FHAR[6], antipsychiatrie et dénonciation de la toxicité de la famille, tandis que s’affaisse l’influence des catholiques.

 

Dès 1977, pourtant, avec la fin des « expériences disruptives », Debord souligne que certains intellectuels de gauche inscrivent la défense de la famille dans une perspective anticapitaliste[7].

 

La centaine de pages consacrées à ce double constat sont les plus originales du livre, elles méritent d’interpeller la gauche et vont peut-être ébranler les convictions « spontanées » de certains de ceux qui s’en revendiquent. Le constat premier est que nos politiques de la famille sont passées du familialisme à la parentalité, puis de la parentalité à « l’enfantalité ».

 

 

-  Normes petites-bourgeoises et reclassement idéologique
Que la défense des droits de l’Homme ait fait place à l’idéologie des droits individuels, l’auteur l’illustre dans divers secteurs, dont l’Éducation nationale, tout en relevant le « recours croissant à des techniciens pour pallier ce qui est considéré comme relevant des carences parentales ». Si l’accord se fait sur la notion – floue – de l’intérêt de l’enfant, l’appréciation varie selon les catégories sociales, le bloc ouvriers, employés, professions intermédiaires se distanciant des normes de « bonne parentalité » qui correspondent à la nouvelle petite bourgeoisie urbaine, en particulier en matière de garde du jeune enfant et d’allaitement. Le reclassement qui accompagne ces évolutions idéologiques est finement analysé du point de vue des partis politiques et du point de vue des associations familiales. D’un côté, le mouvement socialiste – qui s’accommode globalement du néolibéralisme, « la défense des intérêts collectifs ne faisant plus recette », note Debord – s’illustre dans deux courants : celui de la CSF[8] et celui du CNAFAL[9] qui dénonce familialisme et cléricalisme. Rappelons qu’à droite figurent les AFC[10] et que le mouvement centriste Familles rurales est aujourd’hui dominant dans l’institution familiale. (On regrettera au passage que l’auteur ne consacre aucune analyse à la gouvernance de la CNAF et à son rôle.)

 

 

- Sous l’ère Macron
En 2017, Emmanuel Macron ne semblait pas accorder d’importance à la politique familiale. Dans une logique d’individualisation des droits, ses propositions concernent surtout les revendications homoparentales et les demandes des féministes en matière d’option de déclaration individuelle des revenus imposables pour les couples. Le premier quinquennat d’un président qui se défie des corps intermédiaires fait aussi planer des menaces sur l’institution UNAF, qui semblent aujourd’hui oubliées au prix de l’alignement de ses positions sur celles du gouvernement.

 

Parmi les mesures de la période allant dans le sens d’une étatisation au détriment des prérogatives familiales, on retiendra l’analyse par l’auteur de l’obligation scolaire généralisée à trois ans en 2019[11], sur laquelle il émet des réserves qui méritent d’être débattues.

 

Quant à la campagne des présidentielles de 2022, elle présente par rapport à 2017 des références explicites à la politique familiale, notamment aux familles monoparentales et à l’enfance. Au-delà des annonces, il reste aujourd’hui que la réalité budgétaire en termes de prestations familiales n’est pas brillante :

  • les transferts de la CAF vers d’autres branches de la Sécurité sociale continuent ;
  • l’accueil de la petite enfance souffre ;
  • l’indemnisation du congé parental s’effondre…
  • la prise en compte des facteurs démographiques (vieillissement, fécondité en baisse), même dans l’optique de la réforme des retraites, reste un impensé du gouvernement ;
  • enfin la situation des familles nombreuses se dégrade.


Si, dans la droite ligne de la pensée marxiste, Raymond Debord note que les idées de la classe dominante sont aussi les idées dominantes dans la société, il remarque qu’on peut s’interroger sur l’existence d’une morale « d’État » et sur la survie d’un familialisme conservateur. Suivent une série de discussions sur des questions d’actualité non résolues ; dans l’impossibilité d’en rendre compte, voici une simple liste de ces points de tension : la filiation et l’adoption, la bioéthique, les contradictions du féminisme, la place des pères, les théories du genre.

 

 

- Résilience de la famille
S’appuyant sur diverses enquêtes, l’auteur montre ensuite l’adhésion massive des Français aux valeurs familiales (« lieu de solidarité », « amortisseur social ». Pour lui :

Crise sanitaire et crise économique ne font que renforcer ce sentiment.

 

Autres signes : l’union légale, avec le Pacs et malgré la désaffection vis-à-vis du mariage, « fait de la résistance », et le salaire maternel revient dans les débats sous l’appellation de « revenu parental ».

 

L’ouvrage se termine avec la discussion de deux domaines connexes : les politiques de l’immigration[13] et le néomalthusianisme des milieux écologistes. Et avec une charge contre ce que l’auteur qualifie drôlement de « croyances de luxe » de la petite bourgeoisie intellectuelle : par exemple l’engouement pour les « mamans solo », pour la PMA, pour la pluriparentalité.

 

Et les dernières pages abordent de façon peu habituelle la place de la femme dans les milieux populaires (plutôt matricentrés) qui « sont aujourd’hui les principales victimes d’une précarisation économique renforcée par celle des liens affectifs ».
 

Cet ouvrage stimulant et critique, on le voit, ouvre des pistes de réflexion nombreuses dont certaines mériteraient des études précises sur les évolutions des comportements et des opinions en fonction des catégories sociales. Quid, par exemple, de l’hétérogamie croissante des unions, ou du célibat ?

 

 

Il reste à souhaiter que les militants du champ politique et social soient plus nombreux à s’intéresser au champ transversal et paradoxal de la famille !

 

 

Notes

[0] Raymond Debord, est cadre dans la protection de l’enfance. Docteur en sciences humaines, il est spécialiste de la famille et militant politique.

[1] Pour la première tendance Jacques Donzelot, Christopher Lasch ; pour la seconde, Remi Lenoir

[2] La Cours des comptes a relevé en 2017 que 12 % seulement des familles bénéficiaires d’allocations familiales y étaient représentées !

[3] M. Le Pen prône la préférence « familiale et nationale »

[4] Non sans raison, Raymond Debord estime que c’est Lucien Neuvirth plutôt que Simone Veil qui, pour la loi de 1967 sur la contraception, devrait passer à la postérité pour avoir incarné un point de bascule anthropologique majeur.

[5] Ce n’est qu’en 1977 qu’une association ouvertement laïque – le CNAFAL – entre à l’UDAF

[6] Front homosexuel d’action révolutionnaire

[7] En particulier Christopher Lasch qui n’a été traduit en français qu’en 2012 et que paradoxalement Éric Zemmour et les ultra-conservateurs catholiques ont été les seuls à saluer…

[8] Confédération sociale des familles, tendance cathos de gauche qui va tenir la direction de l’UNAF de 1996 à 2015.

[9] Conseil national des associations familiales laïques.

[10] Associations familiales catholiques, qui ont alimenté l’opposition au mariage « pour tous », devenues fillionnistes.

[11] L'instruction obligatoire dès 3 ans à la rentrée 2022-2023. Il a été approuvé par le haut comité de l'éducation puis par le conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec). Dans l'Hexagone, la loi a abaissé dès 2019, l'âge de l'instruction obligatoire à 3 ans au lieu de 6 ans. L’obligation scolaire dès 3 ans, une généralisation en trompe-l’oeil

[12] Je souligne. La transmission du capital culturel, en parallèle à celle du capital financier, est un aspect moins visible du rôle de la famille, mais de nature anthropologique.
[13] On constate à la deuxième génération que « les descendants d’immigrés sont plus éloignés des traditions de leurs parents que la population majoritaire »…

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 17:51
Marine Le Pen (France) - Jimmie Åkesson (Suède) - Giorgia Meloni (Italie) - Eric Zemmour (France) - Viktor Orbán (Hongrie) - Mateusz Morawiecki (Pologne)

Marine Le Pen (France) - Jimmie Åkesson (Suède) - Giorgia Meloni (Italie) - Eric Zemmour (France) - Viktor Orbán (Hongrie) - Mateusz Morawiecki (Pologne)

80 ans après, l’ombre de l’extrême droite s’étend sur l’Europe[10 !

 

Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne... Ensemble pour un front antifasciste[9!

 

 

Ces derniers mois la montée de l’extrême droite a fait la “une” des pages politiques des journaux européens à la suite de la victoire de coalitions droite/extrême droite lors des dernières élections législatives en Suède comme en Italie.

En Suède, pays exemplaire pour la social-démocratie qui a dominé la vie politique du pays pendant près d’un siècle, la droite et l’extrême droite ont gagné les élections du 11 septembre 2022, le parti des “ Démocrates de Suède ” devenant le 2e parti du pays après les sociaux-démocrates avec 20% des voix. Ce parti a été fondé en 1988 par des néo-nazis, il a légèrement modéré ses positions tout en restant marqué par ce passé et sa ligne actuelle est avant tout anti-immigration.

En Italie, la coalition formée par un parti de droite et deux partis d’extrême droite a gagné les élections du 25 septembre 2022, et c’est Giorgia Meloni[0], la dirigeante des “ Frères d’Italie ”, un parti néo-faciste, qui devient Premier Ministre du pays.

 

 

Sources : Europe Solidaire Sans Frontières par Christophe Aguiton | Mis à jour le 17/09/2024

-  Ces dernières victoires électorales ne sont pas des phénomènes isolés.

En Pologne comme en Hongrie, des partis populistes d’extrême droite sont au pouvoir depuis des années et dans les autres pays européens l’extrême droite progresse. Par exemple Vox, en Espagne, avait obtenu 15% des voix lors des législatives de 2019 et les sondages les donnent en nette progression, et en France Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement National a obtenu 23% des vois au 1er tour de l’élection présidentielle d’avril 2022 et 31% au 2nd tour[1].

 

Pour en rester au constat, la croissance de l’extrême droite en se limite pas à l’Europe. Dans d’autres régions du monde on voit surgir des dirigeants qui, comme Jair Bolsonaro au Brésil ou Donald Trump aux Etats-Unis, ressemblent beaucoup aux dirigeants d’extrême droite en Europe.

 

 

-  Des mouvements différents de ceux du 20e siècle
Quand on pense au fascisme italien ou au nazisme allemand des années 1920 et 1930, on comprend qu’il s’agit de partis qui construisent des milices violentes, rejettent la démocratie, s’attaquent avant tout au mouvement ouvrier et s’appuient sur une bourgeoisie qui veut rétablir l’ordre dans un continent marqué par des vagues révolutionnaires.

 

Les mouvements d’extrême droite européens actuels sont très loin du fascisme et du nazisme de l’entre-deux guerre, mais ils sont aussi différents de l’extrême droite qui s’est reconstruite après la 2e guerre mondiale. Des nostalgiques du fascisme ont reconstruit des partis, le MSI en Italie, le NPD en Allemagne ou le Front National en France[2], aujourd'hui RN, qui avaient tous les mêmes caractéristiques. Ils s’opposaient à l’immigration, mais ils étaient tout autant hostiles au communisme, aux syndicats et au mouvement ouvrier en général et étaient réactionnaires sur tout une série de sujets, les droits des femmes, l’homosexualité, etc.

 

Les partis d’extrême droite contemporains ont des positions différentes sur beaucoup de questions mais sont d’accord sur deux d’entre elles :

  • une obsession sur l’immigration, souvent liée à une haine de l’islam ;
  • et une défense de la nation contre les élites et les institutions qu’elles incarnent, en particulier l’Union Européenne.

 

Sur le reste, tout les séparent.

  • Certains partis sont conservateurs sur le plan des mœurs, antiféministes, anti-homosexuels et anti-avortement, en Pologne, Hongrie ou en Espagne... alors que d’autres, en France ou au Pays-Bas par exemple, s’appuieront sur les droits des femmes ou des homosexuels pour mieux s’attaquer à l’islam.
  • Certains soutiennent la Russie de Poutine, Orban en Hongrie ou Matteo Salvini en Italie, alors que d’autres sont pro-ukrainiens, comme le PiS polonais ou Giorgia Meloni en Italie.
  • Le changement climatique les a aussi séparé, certains d’entre eux niant ses causes humaines, tout comme les campagnes vaccinales contre la Covid-19.
  • La question des droits sociaux les divise également, en France Marine Le Pen, du RN, les défend et réclame verbalement le retour de la retraite à 60 ans (N.D.L.R. : mais dans les faits Marine Le Pen est contre la retraite à 60 ans et la hausse du SMIC[3][4])... alors que Eric Zemmour défend les entreprises et le néolibéralisme.

 

 

-  A la source de l’essor de l’extrême droite, la mondialisation néolibérale...

Depuis plusieurs décennies le monde est entré dans une phase de mondialisation néolibérale, ce qui a entraîné de nombreuses transformations dont certaines sont à la base de l’essor de l’extrême droite[5].

 

Trois d’entre elles sont particulièrement importantes.

  • La première est la croissance des inégalités et les transformations du travail.

Les pays européens, si l’on se réfère à l’indice Gini qui calcule le niveau d’inégalité pays par pays, sont parmi les plus égalitaires. Mais la mondialisation a permis une concentration des richesses toujours plus importante vers un tout petit nombre d’individus, et les élites sont perçues comme un monde à part, déconnecté de la vie quotidienne de la grande majorité de la population. Le néolibéralisme et la mondialisation ont entraîné une transformation profonde du travail, de nombreux emplois industriels ont disparu à cause des délocalisations, et pour ceux qui restent, tout comme ceux du secteur tertiaire, la précarité a progressé et les collectifs de travailleurs se sont fragmentés. Le résultat de ces évolutions, combiné à l’existence d’un filet de sécurité protégeant les plus pauvres, ont entraîné un tassement vers le bas de la pyramide des revenus et un sentiment de déclassement pour la classe ouvrière et les couches moyennes.

 

  • La seconde est l’affaiblissement des capacités des Etats et des institutions traditionnelles face à la puissance des marchés

Une évolution que l’on retrouve dans la plupart des régions du monde mais qui est particulièrement marquée en Europe où l’existence de l’Union Européenne éloigne encore plus les citoyens des lieux de décisions.

 

Dans les décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le commerce mondial était très limité, les principaux Etats, en Europe, avaient la possibilité de développer tel ou tel secteur d’activité et la vie politique s’organisait dans un bipartisme droite/gauche. Aujourd’hui les partis de droite ou de gauche dite “ de gouvernement ”, comme les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates ont des politiques comparables (N.D.L.R. : en France on l'a vu avec l'évolution du PS à partir de 1983 et sa finalité sous Hollande[6]) et ils perdent, des deux côtés, leurs électeurs traditionnels et l’on assiste, dans toute l’Europe à une fragmentation de la scène politique et à une percée de l’extrême droite qui, dans de nombreux pays, dépassent en voix les partis de droite traditionnels, (N.D.L.R. et en France la gauche traditionnelle comme en témoigne les résultats des élections présidentielles 2022 : Jadot : 4,63% ; Roussel : 2,28% ; Hidalgo : 1,75% ; Poutou : 0,77% ; Arthaud : 0,56%[6bis]).

 

  • La troisième transformation est la conséquence d’une « métropolisation » qui est une des conséquence de la mondialisation.

Il s’agit de l’adaptation des grandes villes aux besoins de l’économie néolibérale, à l’intensification des flux commerciaux et financiers et de la mise en relation des économies à l’échelle mondiale. Face à l’affaiblissement du rôle économique des Etats émerge un réseau hiérarchisé de métropoles qui dessine un archipel dominant l’économie mondiale. Mais la métropolisation a pour corollaire le déclin des territoires ruraux et des villes moyennes, très nombreuses en Europe, qui voient disparaître les services publics et la vie de leurs centres villes.

 

 

-  L’enjeu des classes populaires et des territoires ruraux
La percée de l’extrême droite ne peut se comprendre qu’en croisant les trois transformations que nous venons de rappeler. L’extrême droite perce chez les classes populaires et dans les territoires ruraux et les petites villes à cause d’un sentiment – qui est souvent une réalité factuelle – de déclassement et d’abandon face à un Etat qui ne les protège pas et est au service des élites. Toutes les études montrent l’importance des classes populaires dans l’électorat d’extrême droite.

 

Deux exemples :

  • les Démocrates de Suède a obtenu un score de 8% chez ceux qui ont fait des études supérieures et 25% chez ceux qui ont un plus faible niveau d’éducation ;
  • et, en France, le Rassemblement National a recueilli les voix de près de la moitiés des ouvriers mais seulement 15% des cadres[1].

 

La césure entre les métropoles et le reste des territoires est elle aussi frappante. En France presque toutes les grandes villes sont dirigées par la gauche et l’extrême droite y fait des scores très faibles alors que ce parti fait des scores importants dans les petites villes et les territoires ruraux. Une réalité que l’on observe dans de nombreux pays où les métropoles sont souvent plus à gauche que le reste du pays.

 

Ces réalités obligent les forces de gauche et les mouvements sociaux à une discussion stratégique. La gauche de gouvernement, qu’elle soit démocrate aux Etats-Unis, social-démocrate ou écologiste en Europe, a privilégié les questions “ sociétales ”, les droits des femmes, des communautés LGBTQ, l’antiracisme plutôt que les questions sociales qu’elle était prêt, dans la dernière période, à sacrifier aux noms des nécessités de l’économie dans une phase de mondialisation. Face à cette situation, une partie de la gauche explique qu’il faut relativiser les questions sociétales, en particulier sur l’immigration, pour se concentrer sur les questions sociales et tenter, par cette orientation, de regagner les classes populaires qui se sont tournées vers l’extrême droite.

 

Mais une nouvelle génération de mouvements politiques et de mouvements sociaux, en Europe comme dans le reste du monde, veut défendre l’ensemble de ces exigences, les questions sociales bien évidemment, mais aussi la justice climatique et environnementale, les droits des immigrés, des femmes et des minorités LGTB et l’antiracisme (N.D.L.R. : En France, c'est le cas de la France insoumise[7] et de la #Nupes[8]) !

 

Notes :

[0] Qui est Giorgia Meloni, la néofasciste qui s’apprête à gouverner l’Italie

[1Crise politique : le miroir électoral

[2] Les anciens SS ont reconstruit l'extrême droite française après 1945

[3] Marine Le Pen est contre la retraite à 60 ans et la hausse du SMIC

[4] Pouvoir d'achat : alliés, LREM, LR et le RN votent contre l'augmentation du SMIC à 1 500€ proposé par la #Nupes

[5] Le néo-libéralisme est le berceau de l’extrême droite

[6Mais pourquoi Olivier Faure du PS a t-il peur, en 2022, d'une baisse du FN/RN ?

[6bis] Présidentielles 2022 : ne cédons pas à la déception... la lutte continue !

[7] France insoumise

[8] La Nupes : Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[9] Allons-nous continuer longtemps à fermer les yeux sur la montée du fascisme européen ? Italie, Hongrie, Pologne…

[1080 ans après, l’ombre de l’extrême droite s’étend sur l’Europe !

 

Pour en savoir plus :

- ÉTAT DES LIEUX DE L'EXTRÊME DROITE EN EUROPE

Le vote d’ouvriers et d’employés pour des candidats d’extrême droite : une problématique à ne pas esquiver

Jean-Luc Melenchon : Le moment brun doit être repoussé par l’action

- Suisse : la droite et l’extrême droite suppriment le salaire minimum

- Italie : le projet de Meloni, une restauration réactionnaire et libérale

- Diaboliser Mélenchon, dédiaboliser Le Pen : le jeu terriblement dangereux de Macron

Que fait l'extrême droite lorsqu'elle est au pouvoir ? La chasse aux précaires. Elle supprime les revenus minimums, comme c'est le cas en Italie

- Juin 2023 : Confirmation de l'alliance droite/extrême-droite en Finlande pour former un gouvernement xénophobe et anti écologie.

LE RETOUR DE L’EXTRÊME-DROITE ALLEMANDE

- Martine Billard : " France : Tentation fasciste ? "

- « Remigration » : l'effroyable projet de l’extrême droite allemande de déporter 2 millions de personnes

- L’extrême droite allemande (AfD) veut déporter 2 millions de personnes, Le Pen et Bardella lui fait un « accueil chaleureux »

Analyse et alternatives - Un changement de période historique 

 

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25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 19:09
Quelques amendements d'obstruction
Quelques amendements d'obstruction
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Quelques amendements d'obstruction
Quelques amendements d'obstruction
Quelques amendements d'obstruction

Quelques amendements d'obstruction

Pour la 1ère fois de la 5ème République, un gouvernement s'est donc rendu coupable d'obstruction dans la niche d'un groupe parlementaire d'opposition.

 

L'objectif : empêcher l'adoption d'un loi qui ne lui convenait pas. C'est un véritable coup de force antidémocratique !

 

Mais comme l'a dit Caroline Fiat : nous ne vous lâcherons pas !

 

Les insoumis ont démontré leur utilité nationale et leur capacité propositionnelle. Les insoumis ont su marquer dans l’opinion leur journée de niche ce qui est une satisfaction pour leur travail parlementaire. Hormis les fanatiques, les observateurs savent quelle maitrise et quelle cohésion politiques ont été déployées. Ensuite, un succès considérable a été remporté. Celui sur l’IVG. Un succès parce qu’il parle à toute la société. Parce qu’il inscrit la France dans une bataille mondiale sur le droit des femmes à disposer de leur corps. Et l’ouverture du débat sur l’interdiction de la corrida fonctionne comme un compte à rebours désormais engagé avant l’interdiction effective. Enfin, sur le plan plus modeste de l’action purement politique, parce que la macronie ressort une fois de plus en lambeaux de l’épisode. Elle a manifesté des connivences d’enthousiasme et d’applaudissements avec le RN sur la corrida avant de s’enfoncer dans le mépris que lui voue désormais tous les élus des outre-mer. 

Enfin, pour nous combattre, la macronie a franchi des caps inconnus. C’est ainsi la première fois qu’un gouvernement organise et participe par ses ministre à de l’obstruction parlementaire contre une niche législative de l’opposition. L’obstruction irresponsable a pris des proportions inouïes. Au total, il s’agit de 2 000 amendements et sous-amendements déposés sur l’ensemble de nos textes en séance. En direct ce sont 1 824 amendements déposés contre les 3 textes discutés : IVG : 671, Corrida : 836, Réintégration des soignants : 317. S’ils avaient été tous traités sans que nous retirions corrida il y en avait pour 60 heures de débat – à une vitesse modérée. C’est-à-dire 2 jours et demi sans dormir. La macronie c’est ça[0] !

 

 

Sources : Manuel Bompard |

-  La séance du Jeudi 24 octobre à l'Assemblée Nationale fait l'actualité de la journée.

Ici ou là, on dénonce l'ambiance électrique des débats pour jeter à nouveau le discrédit sur les parlementaires. Mais en réalité, que s'est-il passé ?
L'organisation des débats prévoit ce que l'on appelle des niches parlementaires[1]. Dans ce cadre, chaque groupe dispose d'une journée dans l'année pour inscrire à l'ordre du jour les propositions de loi de son choix. Ce jeudi 24 novembre, c'était le tour de la France Insoumise. 

 

Chaque groupe peut inscrire autant de textes qu'il souhaite à l'ordre du jour. Mais les débats commencent à 9H et s'arrêtent quoi qu'il arrive à minuit. A cette heure là, si un texte n'a pas été voté, il ne peut pas être approuvé par les députés.

 

 

-  Ce jeudi, 24 novembre, nous avions choisi d'inscrire plusieurs textes à l'ordre du jour

Le groupe LFI présentera 12 propositions de loi et de résolution : création d'une commission d'enquête sur les liens #Macron et #Uber, hausse du SMIC, inscription de l'IVG dans la constitution, fin de la corrida, réintégration des soignants suspendus, etc[2] ...

 

Mercredi soir, nous avons remarqué que les groupes #LREM, #LR et #RN avaient déposé un très grand nombre d'amendements sur nos textes, pour nous empêcher de pouvoir notamment faire voter notre loi sur l'IVG et sur la corrida.

 

Comme le règlement le permet, nous avons donc décidé de retirer nos deux premiers textes (Pour une commission d’enquête UberFiles ; Pour l’augmentation du SMIC à 1600€ net )pour commencer directement par le débat sur l'IVG. Nous avions par ailleurs déposé un amendement de réécriture sur ce texte pour faire tomber de nombreux amendements d'obstruction.

 

 

-  Cela a parfaitement fonctionné.

#IVG dans la Constitution : Aujourd’hui la France parle au monde.

Ainsi, nous avons réussi à faire voter par l'Assemblée Nationale l'inscription de l'IVG dans la Constitution.

 

C'est une victoire historique : la France peut être le 1er pays dans le monde à garantir constitutionnellement le droit à l'avortement !

 

Proposition de loi pour abolir la corrida[3]

Nous avons ensuite demandé le retrait des amendements d'obstruction loufoques déposés par des députés #LREM, #LR et #RN sur la corrida afin de permettre le débat. Mais ceux-ci ont refusé et n'ont pas voulu retirer un seul de ces amendements. (Plus de 800 amendements ont été déposés[4il est impossible d'arriver au vote dans les délais impartis).

 

Interdiction de la corrida: le député LFI Aymeric Caron dénonce "l'obstruction parlementaire" et retire son texte

Nous avons donc été obligé de retirer ce texte la mort dans l'âme[4bis]. C'est un crève-coeur. Car nos camarades, et notamment le rapporteur Aymeric Caron, avaient beaucoup travaillé sur ce sujet. De nombreuses associations et citoyens attendaient ce moment avec impatience.

 

 

-  Avec le retrait contraint de ce texte, la proposition de loi sur la réintégration des personnels soignants[5] suspendus pendant la crise sanitaire s'est ouvert vers 17H30.

Il n'y avait que 20 amendements sur ce texte, soit environ 2 à 3 heures de débat avec les explications de vote.

 

Le débat a commencé dans des bonnes conditions. Vers 19H50, nous avons examiné un amendement de suppression déposé par un député #LREM et un député #LR. Ces amendements ont été largement battus : cela voulait donc dire qu'une majorité des députés soutenaient notre proposition.

 

A 20H, c'était la pause des débats. Lors de la reprise à 21H30, 200 nouveaux amendements avaient été déposé par les macronistes. Il s'agissait de purs amendements d'obstruction, remplaçant " personne " par " personnel " ou " n'exerçant " par " qui n'exercent "[6].

  • Mais il y'avait un problème.
    • Un député ne peut pas ajouter un " amendement " pendant l'examen d'un texte, mais seulement un " sous-amendement ". Or pour déposer leurs 200 sous-amendements, les macronistes s'étaient appuyé sur un amendement déposé par un député #LR absent à la reprise.
    • Par conséquent, son amendement ne pouvait pas être examiné et les sous-amendements d'obstruction allaient tomber immédiatement. Nous allions donc pouvoir aller jusqu'au bout et voter cette loi !


 
- Mais c'était sans compter sur le déni total de démocratie du gouvernement.
Car si un député ne peut pas ajouter un amendement en séance, le gouvernement dispose lui du pouvoir de le faire. Il gagna donc du temps avec des interventions interminables du ministre, des rappels au règlement et des interruptions de séance à répétition.

 

« Vous pouvez sourire, mais vous saurez quelque chose : tel le roseau, je plie mais je ne romps pas ! »
Caroline FIAT, députée France insoumise #Nupes

Puis, le gouvernement déposa un amendement identique à celui du député #LR non présent. Il récupéra donc les sous-amendements des députés #LREM qui sinon allaient disparaitre.

A 22H, il restait donc 200 amendements à examiner et il n'était plus possible de finir dans les temps.

 

 


- Pour la 1ère fois de la 5ème République, un gouvernement s'est donc rendu coupable d'obstruction dans la niche d'un groupe parlementaire d'opposition.

L'objectif : empêcher l'adoption d'un loi qui ne lui convenait pas. C'est un véritable coup de force antidémocratique !

 

  • Certains nous opposent une obstruction de notre part sur les retraites. Cela n'a rien à voir. Car le gouvernement, lui, peut prolonger des débats dans la nuit ou ouvrir de nouvelles journées sur un texte. L'obstruction fait alors durer le débat mais elle n'empêche pas l'adoption.
  • D'autres nous disent que ce texte n'est pas acceptable et qu'il ne fallait pas l'adopter. Ce n'est pas le sujet. Car s'ils ont le droit de le penser, ils sont minoritaires à le croire. C'est l'Assemblée Nationale, dans sa majorité, qui décide si un texte est acceptable ou non !
  • D'autres enfin cherchent à faire diversion en dénonçant telle ou telle parole prononcée dans l'hémicycle. Voilà par exemple que l'on cherche des noises au député guadéloupéen du groupe LIOT Olivier Serva car il a demandé de se taire à un député macroniste qui ne cessait de l'invectiver.

 

 

- Il y'avait en effet de la tension et de la colère hier soir à l'Assemblée Nationale.

Comment s'en étonner quand des députés ont fait 10 ou 20 heures de vol pour venir voter et que le gouvernement leur empêche de le faire (députés Outre-mer et Territoires (LIOT)) ? Comment leur reprocher face à un tel passage en force ?

 

Pour notre part, nous continuerons de déposer les textes de loi qui nous semblent nécessaire pour faire avancer notre pays. Nous sommes fiers d'être le groupe à l'origine de l'inscription de l'IVG dans la constitution !

 

Quand à hausse du SMIC, la fin de la corrida, la réintroduction des soignants suspendus, la garantie d'autonomie pour les jeunes ou la titularisation des AESH, nous regrettons de ne pas avoir pu les débattre.

 

Mais comme l'a dit Caroline Fiat : nous ne vous lâcherons pas !... Mathilde Panot, interpelles la présidente de l'Assemblée Nationale par courrier[7] !

 

 

-  Mathilde Panot, Présidente du groupe parlementaire France insoumise
L'Assemblée Nationale adopte l'inscription de l'IVG dans la Constitution  : " Je suis très émue de ce vote ce soir. Pour ces femmes qui luttent, partout dans le monde...cette victoire est pour vous ".

 

Niche parlementaire France insoumise 2022 : coup de force gouvernemental pour faire obstruction !
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13 novembre 2022 7 13 /11 /novembre /2022 21:24
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !

La France insoumise n’existe jamais pour elle-même mais toujours pour la mise en mouvement du peuple avec un objectif :  « se réorganiser pour aller chercher ceux qui manquent »[1] !

 

Entré dans une phase de réorganisation : notre ambition est la pérennité d’un très grand mouvement collectif dans lequel nous saurons une fois de plus nous dépasser comme nous l’avons fait déjà tant fois en si peu d’années[2]

 

 

Six mois après une élection par défaut et par contrainte, Emmanuel Macron semble déjà à bout de souffle. La victoire de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) au premier tour des élections législatives a débouché sur l’absence de majorité pour le président de la République et son gouvernement. D’ailleurs, la première ministre s’est dérobée au vote de confiance et gouverne depuis à coup de 49.3 pour imposer son projet.

Christian Rodriguez a un message à faire passer à tous les insoumis[3] : « Les relations fortes entre nous tous, c’est le plus précieux. Ce qui nous unit, ce n’est pas seulement une candidature, une élection. Ce qui nous unit, c’est la lutte. La France insoumise, l’Insoumission, ça permet de faire avancer la lutte. Il ne faut pas lâcher. On perd, on revient, on remonte la montagne. C’est un éternel engagement. Que faire d’autre ? Je te disais que j’allais mourir à 18 ans. J’ai la force pour me battre jusqu’au bout. Je ne vois pas d’autre horizon que la lutte. On se bat, on échoue, on se bat, on échoue, jusqu’à la victoire ! ».

 

 

 PREMIER ARTICLE SUR LA CONSTRUCTION DU MOUVEMENT INSOUMIS ICI 👉 : " NI PARTI NI AVANT GARDE, LE MOUVEMENT INSOUMIS "

 

 

SECOND ARTICLE ICI

👉 : LE MOUVEMENT FRANCE INSOUMISE ET SON MODE D'ENRACINEMENT

🖍Dans le second article, Jean-Luc Mélenchon traite de la forme du Mouvement en relation avec son fondement théorique dans la thèse de l’Ere du peuple[9]. Où l’on trouve l’explication du mot « gazeux » à propos du Mouvement.

 

 

 

 

Sources : La France insoumise | mis à jour le 26/08/2023

 

TROISIÈME ARTICLE : VOICI LA NOUVELLE ORGANISATION DU MOUVEMENT PROPOSÉE ET VALIDÉE PAR L'ASSEMBLÉE REPRÉSENTATIVE DU 10 DÉCEMBRE 2022

 

- Emmanuel Macron se révèle donc incapable de faire face à l’explosion des prix, à l’augmentation de la pauvreté et de la précarité, et à l’aggravation de la crise climatique.

Il ne reste au pouvoir qu’en utilisant les pires instruments d’une 5ème République aujourd’hui à bout de souffle. Pire encore, il veut reporter l’âge de départ à la retraite à 65 ans, une mesure inacceptable qui pénalisera en premier lieu les catégories populaires. Construire et faire gagner une majorité populaire est un objectif toujours plus nécessaire !

 

 

- Le mouvement de la France insoumise est né en 2016 pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon et son programme l’Avenir en commun[4] à l’élection présidentielle de 2017.

Le résultat inédit réalisé à cette occasion s’est traduit par l’élection d’un groupe de 17 député·es à l’Assemblée nationale qui a jeté les bases d’une véritable alternative à la politique d’Emmanuel Macron. Depuis lors, dans les institutions comme dans la rue, la France insoumise a été de toutes les batailles et de tous les combats. Elle a enrichi considérablement son programme, l’Avenir en commun, en y intégrant le travail réalisé par les associations, les ONGs, les organisations syndicales ou les collectifs citoyens tout comme celui réalisé par nos parlementaires. Ce travail conséquent nous a permis de réaliser un résultat historique en 2022 et de construire la Nouvelle Union populaire écologique et sociales (NUPES) : 22% des voix pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle et 75 député·es de la France insoumise élu·es au sein de la NUPES.

 

 

- Ce résultat est le fruit d’une stratégie claire et partagée de rassemblement de notre peuple dans l’action et dans le vote, autour d’un programme en rupture avec le système capitaliste.

Notre objectif, qui est plus que jamais à portée de luttes et de voix, reste le même : faire gagner une majorité populaire pour transformer la vie de millions de gens. Nous devons donc franchir une nouvelle étape du déploiement de notre mouvement.

 

 

- Ce document (plan de travail pour renforcer la France insoumise pour gagner !) est le résultat d’un processus engagé au moment des AMFIS d’été à travers plusieurs ateliers organisés sur l’avenir de la France insoumise.

Ce processus a été conduit par la Coordination des espaces de la France insoumise qui s’est réunie à 20 reprises depuis juillet pour une durée totale d’environ 50 heures. Il a été alimenté par des contributions des membres des différents espaces de la France insoumise, du réseau des élu·es locaux·ales et par un atelier organisé lors du séminaire de rentrée de l’intergroupe parlementaire (Assemblée nationale et Parlement européen) des 22 et 23 septembre.

 

🔴 Il a permis d’aboutir sur un plan de travail en 17 points regroupés autour de quatre axes principaux (cliquez ICI pour voir le détail des 17 points de la partie 1).

 

Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !

 

- Ce plan de travail sera enrichi et précisé lors d’une Assemblée représentative du mouvement, prévue le samedi 10 décembre prochain

 

🔴 Elle travaillera à la mise en œuvre et à l’enrichissement des différents axes de travail et installera pour un an, à partir des pôles nationaux, la nouvelle Coordination des espaces du mouvement. (cliquez ICI pour voir le détail de la partie 2).

 

Il sera mis en œuvre dans les prochaines semaines et dans les prochains mois. Chaque point sera précisé et annoncé à l’ensemble des insoumis·es au moment de sa mise en place.

 

La Coordination des espaces se réunit de manière hebdomadaire. Sa composition est paritaire. Peuvent en être membres les personnes qui militent au sein de la France insoumise, prennent en charge un des pôles nationaux du mouvement et ne sont ni salarié·e du mouvement, ni collaborateur·rice d’élu·e. Les élu·es qui sont à jour de leurs cotisations et les parlementaires qui reversent l’intégralité du financement public au mouvement peuvent également en être membres.

 

La présence y est obligatoire :

  • tout espace non représenté lors de deux réunions successives devra modifier ses représentant·es au sein de la Coordination des espaces ;
  • et toute personne non présente lors de trois réunions successives pourra être remplacée.

La Coordination des espaces sera renouvelée chaque année sur la base d’un rapport d’activité de chacun des espaces du mouvement.

 

Par la suite, la France insoumise se réunira au moins deux fois par an en Assemblée représentative. Elle regroupe les membres de la Coordination des espaces, un binôme paritaire en charge de l’animation de chaque pôle du mouvement, ainsi qu’un·e insoumis·e tiré·e au sort parmi les animateur·rices de groupes d’action certifiés de chaque département, des outre-mer et des français·es de l’étranger. Sa composition est paritaire : les départements sont représentés alternativement par une femme et par un homme. L’Assemblée représentative fait le lien entre la Coordination des espaces et les groupes d’action du mouvement.

 

 

- Voici la nouvelle organisation du mouvement proposée et validée par l'Assemblée Représentative du 10 décembre 2022[5]

  • La coordination des espaces assure la réalisation de nos campagnes, actions et événements.
  • Le conseil politique est l’espace d’échanges sur les orientations stratégiques et les campagnes du mouvement.

 

Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
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- Pour une majorité populaire[5] !

  • Découvrez la nouvelle stratégie de la France insoumise sur ces visuels :
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- Analyse de Jean-Luc Mélenchon... " On change pour que ça change "
Ce que j'en retiens :

  • " ...Surtout, il faut savoir ménager le seul outil dont nous disposons... Notre mouvement appartient d’abord à la cause qu’il sert... LE PEUPLE !
  • L’organisation reste centrée sur des objectifs d’action et de conquête de secteurs nouveaux de la population et des territoires.
  • Tout le monde a sa place sur le pont de combat. "

 

📌 J'en conclus que, la France insoumise n'est pas au service d'une mêlée confuse d’ambitions présidentielles... mais toujours pour la mise en mouvement du peuple avec un objectif :  « se réorganiser pour aller chercher ceux qui manquent » et GAGNER !

 

On change pour que ça change

 

 

- Un certain nombre de choses ont été dites qui ne correspondent pas à la réalité
Manuel Bompard revient sur les critiques contre la nouvelle organisation de la France insoumise, et
explique le nouveau processus de travail.

 

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8 novembre 2022 2 08 /11 /novembre /2022 14:59
Au centre, debout, Itamar Ben-Gvir, le 2 novembre 2022

Au centre, debout, Itamar Ben-Gvir, le 2 novembre 2022

Les lendemains d’élections ont montré que la société israélienne est devenue en partie religieuse et en grande partie raciste[1], la haine des Arabes étant son principal carburant, sans personne pour s’y opposer...

 

25 novembre 2022 : Israël Benjamin Netanyahu signe son premier accord de coalition avec l'extrême droite[0]... et, un mois plus tard, présente un programme « encourageant » la colonisation en Cisjordanie[7]...

 

et Macron veut « renforcer les liens » entre les deux pays (en soutenant donc ce régime d'apartheid et la violation des résolutions de l'ONU)[6]...

 

Tandis que les élections anticipées du 1er novembre 2022 ont vu les suprémacistes juifs faire une percée historique au Parlement, un nouveau visage de l’Etat hébreu se dessine. S’il se confirme dans la composition du prochain gouvernement, il devrait imposer à ses alliés occidentaux un réexamen de leurs relations avec Israël...

 

 

Sources : A l'encontre par Gideon Levy | mis à jour le 20/07/2023

- Que pensiez-vous qu’il allait se passer ?
Que pensait la gauche sioniste, qui a sombré dans le coma après les Accords d’Oslo de 1994[2] ? Qu’il était possible de revenir au pouvoir en sortant du coma ? Les mains vides ? Sans alternative et sans leadership ? Sur la seule base de la haine de Netanyahou ? En dehors de cela, cette gauche sioniste n’avait rien à offrir.

 

Personne ne devrait être surpris par ce qui s’est passé (l’obtention d’une majorité de sièges à la Knesset – 64 sur 120 – de la coalition menée par Benyamin Netanyahou du Likoud et Itamar Ben-Gvir du Otzma Yehudit[2bis]). Il ne pouvait en être autrement. Cela a commencé avec l’occupation (en 1967) – pardonnez cette mention ennuyeuse et clichée[3] – mais c’est alors que cela a vraiment commencé. Il fallait que cela débouche sur un gouvernement ouvertement raciste et de « transfert » des Palestiniens.

  • Cinquante ans de propagande contre les Palestiniens et de manœuvres de terreur à leur égard ne pouvaient pas aboutir à « un gouvernement de paix ».
  • Cinquante ans de soutien presque total à l’occupation, de la part de la gauche et de la droite sionistes, ne pouvaient se terminer autrement qu’avec Ben-Gvir comme héros populaire[4].
  • Une occupation sans fin ne pouvait que conduire au gouvernement Benyamin Netanyahou-Itamar Ben-Gvir.

Car si vous devez avoir une occupation, alors vous devez embrasser sa version authentique, celle qui ne s’en gêne le moins du monde, c’est-à-dire la version Ben-Gvir.

 

Il était tout simplement impossible de poursuivre les illusions – Juif et démocratique, occupation éclairée, occupation temporaire – et tout ce répertoire de phrases usées. Le temps de la vérité était arrivé, et c’est ce que Netanyahou et Ben-Gvir vont nous expliquer.

 

 

- Hier (2 novembre), Israël s’est réveillé à l’aube d’un nouveau jour, dans lequel tous les bavardages et les euphémismes appartiennent désormais au passé.
Désormais, l’occupation n’est plus que occupation. Il en va de même pour la suprématie juive en Israël. Désormais, le sionisme est promu au rang de racisme déclaré. Hier, la mort de la ligne verte, frontière établie le 4 juin 1967, (et surnommée « mur de la honte » (par analogie avec le Mur de Berlin) ou « mur d'annexion », voire également « mur de l'Apartheid »[5], par la gauche israélienne) a également été officiellement déclarée : l’occupation est ici et partout.

  • Quiconque pensait que ce qui se passe à Yitzhar (colonie israélienne au sud de la ville de Naplouse) ne reste qu’à Yitzhar ne faisait que se tromper ;
  • Quiconque pensait que Yesha (coopérative agricole établie dans le Néguev se réclamant initialement du sionisme de gauche) est là-bas et pas ici se trompait.

Depuis longtemps, maintenant, Yesha se rapproche à grands pas d’Israël, avec son nationalisme et son fondamentalisme enracinés. Pendant toutes ces années, personne ne s’est levé pour l’arrêter. Aujourd’hui, il est trop tard. Il y a deux jours, cette dynamique s’est conclue.

 

 

- Il est inutile de poursuivre, maintenant, une campagne de dénonciation.
Yair Lapid a siphonné les votes travaillistes, les travaillistes n’ont pas fusionné avec le Meretz (formation dite de gauche qui ne dispose plus de sièges à la Knesset), Balad (formation nationaliste palestinienne) n’a pas rejoint la liste commune. Tous ces éléments n’auraient été que des analgésiques temporaires pour une maladie incurable. Même si tout cela ne s’était pas produit, rien du tableau général n’aurait été différent : la société qui s’est formée dans ce pays est en partie religieuse et en grande partie raciste, la haine des Arabes étant son principal carburant, et il n’y avait personne pour s’y opposer.

 

 

- Ce qui s’est passé il y a deux jours n’a pas commencé il y a deux jours.
Peut-être que c’est Golda Meir (première ministre de mars 1969 à juin 1974, antérieurement ministre du Travail et de la Sécurité sociale de 1949 à 1956, puis des Affaires étrangères de 1956 à 1966) qui a commencé, peut-être Shimon Peres (plusieurs fois premier ministre, entre septembre 1984 et octobre 1986, entre novembre 1995 et juin 1996), mais quoi qu’il en soit, aucun de leurs successeurs n’a essayé de faire autrement pour endiguer la marée. Avez-vous vraiment pensé que Yair Lapid (ministre des Affaires étrangères de juin 2021 à fin juin 2022, puis premier ministre dès le 1er juillet 2022), un droitier modéré et creux, rempli de bonnes intentions, était capable d’offrir une alternative à Ben-Gvir ? Quelle alternative ? Tuer en douceur ? Embrasser Emmanuel Macron (lors de sa réception à l’Elysée le 22 août 2022) ? Maintenant, Israël a décidé qu’il préférait ne pas être gentil quand il s’agit de tuer. Le prochain gouvernement évitera au moins de faire de l’esbroufe.

 

 

- Pendant des années,...

  • une gauche et un centre à la dérive qui manquent de leadership et de courage ont désespérément essayé de se prosterner devant la droite et de lui ressembler. Il fallait que cela se termine avec Ben-Gvir et avec le nationaliste Shas (parti religieux ultraorthodoxe créé en 1984). Il n’y avait pas d’autre issue possible ;
  • les Israéliens ont parlé du « peuple élu », de l’Holocauste après lequel tout est permis, des Arabes qui veulent nous jeter à la mer, de notre droit à la terre en raison des récits bibliques, de l’Armée de défense d’Israël (Tsahal) comme l’armée la plus morale du monde, de David contre Goliath, des Arabes israéliens comme une cinquième colonne, du monde entier qui est contre nous et du fait que quiconque nous critique est un antisémite.

 

Que pensions-nous qu’il ressortirait de tout cela ? Ben-Gvir, en fait, a pris son temps. Il aurait pu faire son grand tabac il y a longtemps. C’est ce qui arrive quand vous avez un Bolsonaro et pas de Lula en face de lui. C’est ce qui arrive lorsque les cris de « Mort aux Arabes », qui seront désormais répétés dans les écoles lors de la réunion matinale, n’ont pas été accueillis par un seul cri de « Liberté pour les Arabes ». C’est là que ça a commencé, c’est là que ça se termine.

 

Notes :

[0]  En Israël Benjamin Netanyahu signe son premier accord de coalition avec l'extrême droite. Le nouveau ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben-Gvir, a été condamné en 2007 pour incitation raciste contre les Arabes. Ils veulent la mort de la Palestine.

[1] Divers analystes ont qualifié l’évolution politique d’Israël comme étant marquée par un «ethno-nationalisme» dominant. « Qu’est-ce que l’ethnonationalisme ? » par Arthur Kemp, un texte fondamental

[2] QU'EST-CE QUE LES ACCORDS D’OSLO ?

[2bisOtzma Yehudit, anciennement Otzma LeYisrael, est un parti politique d'extrême droite10 israélien créé en novembre 2012

[3] Une des facettes de la réalité de l’occupation est aujourd’hui décrite ainsi, y compris par un quotidien tel que 24 heures, le 1er novembre 2022. Nous ne citerons que ce passage : « Des attaques aux formes très variées, parfois coordonnées entre différentes colonies ou avant-postes, avec la police et l’armée israéliennes à proximité, comme l’a confirmé un rapport de l’ONG israélienne Breaking the Silence publié l’été dernier. Sans compter les menaces des colons armés sur les Palestiniens et le harcèlement moral et psychologique au quotidien qui les poussent à partir. »

[4] Selon le Jerusalem Post du 2 novembre, selon des sources issues d’Otzma Yehudit, la formation d’Itamar Ben-Gvir et de Bazalel Smotrich, ce dernier veut « expulser par bateau et par avion ceux qui agressent des soldats de Tsahal », autrement dit tout Palestinien manifestant une résistance quelconque à l’occupation ou à une discrimination au sein de l’Etat hébreu, tout cela présenté sous l’angle d’une « lutte contre le terrorisme ». Ben Gvir a ajouté qu’il fallait expulser Ayman Odeh, Arabe israélien, dirigeant du Parti communiste et président de la coalition électorale Liste arabe unie. Parmi ses autres cibles, on retrouve les membres d’ONG « étrangères » qui analysent la réalité israélienne et dénoncent les diverses formes de répression touchant les Palestiniens. Ben Gvir vise le ministère de l’Intérieur et un ou deux ministères liés au secteur de «la sécurité».

[5] Le Mur d'apartheid

[6Macron a déjà, sans concertation, ni débat, donné la position de la France en félicitant Netanyahu pour sa victoire, et veut « renforcer les liens » entre les deux pays (en soutenant donc ce régime d'apartheid et la violation des résolutions de l'ONU)

[7] Dans un communiqué, le Premier ministre israélien a présenté les différents points qu’il souhaite mettre en place lors de son mandat

 

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/israel-macron-felicite-netanyahu-pour-sa-victoire-veut-renforcer-les-liens-entre-les-deux-pays-20221106?fbclid=IwAR0iUssQ1_kBuJjm7BnI7CpXcsnMUdpa-1ApV4M_KBmYeAHUXly98qBVk1I

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/israel-macron-felicite-netanyahu-pour-sa-victoire-veut-renforcer-les-liens-entre-les-deux-pays-20221106?fbclid=IwAR0iUssQ1_kBuJjm7BnI7CpXcsnMUdpa-1ApV4M_KBmYeAHUXly98qBVk1I

Pour en savoir plus :

- En 2016, un général de Tsahal comparait l’atmosphère en Israël à celle de l’Allemagne des années 1930 

- Peux-tu donner un aperçu de la situation politique en Israël, à l’approche de nouvelles élections ?

Nationalisme d’Etat et intégrisme nationaliste : le cas d’Israël

Après les élections législatives, le visage nouveau et inquiétant d’Israël

L’Afrique du Sud demande qu’Israël soit déclaré " État d’apartheid "

Cinq anciens ministres des Affaires étrangères accusent Israël de pratiquer une forme d'apartheid dont l'ancien chef de la Diplomatie française, Hubert Védrine.

Depuis janvier, plus de 650 structures où vivaient environ 750 Palestiniens ont été démolies par Israël...

- « Ces colons savent qu’ils peuvent agir en toute impunité »

- Les élections israéliennes ont reflété l’enracinement d’une extrême droite juive antidémocratique, raciste et décomplexée.

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4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 19:06
Jean-Luc Mélenchon : " Le mouvement France insoumise et son mode d’enracinement "

Les principes fondamentaux de la France insoumise[0]...

 

La France insoumise, un mouvement « gazeux » pour décrire la forme qui s’impose quand la « température » s’accroit par l’action populaire.

 

 

Je prolonge ici le fil des informations que je crois utile de donner sur la construction du Mouvement Insoumis.
C’est une exception de « la gauche », « radicale » ou pas, telle qu’elle se présente dans le monde. Sa forme, ses résultats et sa stratégie sont sans équivalent. Elle suscite un intérêt et des discussions un peu partout ici et là. Certes en France des articles et livres sporadiques (et très peu lus) se contentent d’en faire des caricatures absurdes et insultantes. Mais quelques exceptions ont aussi voulu comprendre le mécanisme en place chez les Insoumis autant sur le plan programmatique qu’organisationnel. Il arrive même que certains envisagent mon rôle personnel autrement que comme la caricature d’un gourou ou d’un nouveau Mao ou Jésus Christ comme l’a fait « Le Monde » ou « Maximilien Illich Mélenchon » comme l’a proposé «  Le Figaro » dans une contraction des prénoms de Robespierre et de Lénine. Je précise que je ne leur en veux nullement. Je trouve normal que ces journaux expriment la profondeur de leur pensée à la hauteur de celle qu’ils pensent être celle de leurs lecteurs. Ils les connaissent mieux que moi.

Ceci est donc la troisième partie de ce que je voulais communiquer sur ce sujet. Je pense en faire bientôt une de ces petites brochures qui peuvent être utiles a ceux qui militent dans nos rangs pour faire connaitre et aider à comprendre ce que nous essayons de faire.

 

 PREMIER ARTICLE SUR LA CONSTRUCTION DU MOUVEMENT INSOUMIS ICI 👉 : " NI PARTI NI AVANT GARDE, LE MOUVEMENT INSOUMIS "

 

 

Sources : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le 18/11/2022

 SECOND ARTICLE : LE MOUVEMENT ET SON MODE D'ENRACINEMENT

- Quel est le rapport entre la forme du mouvement et son projet politique ?
Je le résume à ma manière. C’est celle de l’un de ses fondateurs et non le moindre. La théorie de l’ère du peuple[1] et de la révolution citoyenne[2] postule que le peuple est le nouvel acteur de l’histoire à l’âge de l’anthropocène[3] et des huit milliards d’humains. Elle identifie ce peuple en trois formes (ce n’est pas la nomenclature de la géographie) :

  • le peuplement (le nombre des gens) ;
  • la population (les relations sociales qui les organisent) ;
  • et le peuple (moment où ils s’instituent et se constituent politiquement).

 

 

- Trois états d’une même réalité ?
Oui comme par exemple c’est le cas de l’eau. C’est à la fois un liquide, un solide, ou un gaz selon sa température tout en restant la même matière. De là le mot « gazeux » pour décrire la forme qui s’impose quand la « température » s’accroit par l’action populaire. Les processus de révolutions citoyennes dans le monde montrent partout sans exception le déroulement d’un processus en trois phases également :

  • instituante (« nous, le peuple nous demandons ceci ou cela ») ;
  • destituante (« qu’ils s’en aillent tous ») ;
  • et constituante (« il faut désormais faire comme ceci ou cela »).

De la population et des problèmes de son existence matérielle vient l’émergence du peuple politique.

 

 

- Le mouvement de la France insoumise est l’interface entre les deux états.

  • Il est éclaireur (des possibles) et déclencheur (d’actions) ;
  • Il ne vise pas à construire une avant-garde révolutionnaire mais à rendre possible par tous les moyens de la démocratie l’émergence d’un peuple lui-même révolutionnaire.

Sur le plan concret, le Mouvement se présente sous la forme d’une interface dans un continuum.

  • Ses élus sont la pointe avancée du processus de politisation du peuple ;
  • Ses candidats en sont le maillon immédiatement précédent ;
  • et ses groupes d’action la première forme d’expression populaire.

Nous avons donc pour structure de base les groupes d’action dont la composition est à la discrétion de ceux qui les forment. Eux sont les éclaireurs et les déclencheurs. Quant à la forme de représentation politique populaire préfigurant les assemblées citoyennes de quartier, nous les organisons à partir des circonscriptions ou nos députés sont élus ou bien où nos candidats même battus ont recueilli les suffrages populaires. Ce schéma a été adopté cet été au cours de nos AMFIS d’été et la première réunion de ce type s’y est tenue.

 

D’un côté il y a donc :

  • trois cent cinquante mille membres inscrits ayant parrainé notre programme et nos candidats. Ils définissent leur niveau d’engagement personnel de la simple lecture des circulaires internes à l’inscription dans un groupe d’action certifié ;
  • De l’autre, une représentation des millions de suffrages recueillis par les candidats réunis en assemblée populaire de circonscription. Entre les deux, les assemblées autour des candidats ou des Groupes d’action.

 


- Tout cela est continuellement en chantier.
Tout évolue au fur et à mesure des expériences vécues. En ce moment nous vivons une phase de réorganisation. En effet, nous vivons un nouveau choc de croissance assez désarticulant quand tant de cadres du siège central et des régions sont devenus députés. La création du groupe parlementaire à 75 est en effet par nécessité un processus qui prend du temps. Passer d’une addition d’individus qui souvent ne se connaissaient pas avant cela à une organisation cohérente n’est pas une affaire qui se règle d’un claquement de doigts comme dans une rédaction autoritaire. Il y faut beaucoup de fraternité et de bienveillance.

  • D’autant que le groupe n’est pas le Mouvement et ne peut plus être sa direction de court terme. Trop nombreux à 75 et trop occupés à organiser collectivement en deux heures et demie chaque semaine l’activité parlementaire.
  • D’autant plus encore que tous les membres du groupe ne sont pas des Insoumis.
    Certains appartiennent pour le reste à des partis autonomes et indépendants comme le Parti ouvrier indépendant (POI) de Jérôme Legavre, le Parti de Gauche, le parti réunionnais de Jean-Hugues Ratenon ou le parti de la Révolution écologique pour le vivant d’Aymeric Caron. Sans oublier « Picardie Debout » de François Ruffin qui a déposé depuis fin juillet un nouveau parti. D’autres constituent des groupes parallèles tandis que leurs membres animent des groupes d’action fondus dans le mouvement sans affichage comme les « communistes insoumis » (trois députés), « ensemble insoumis » (quatre députés). Certains n’avaient aucune appartenance en arrivant, pas même au Mouvement Insoumis.

 

 

- C’est toute cette diversité que le Mouvement fait vivre ensemble depuis désormais six ans soit à l’Assemblée soit dans le pays soit aux deux.
Et ça fonctionne...
Avec 17 députés issus de cinq partis sans majorité dans le groupe, je n’ai pas vu un seul vote divergent à l’Assemblée en cinq ans. La méthode a donc fait ses preuves pour garantir liberté et unité sans déchirements. Le seul impératif qui ne pardonne pas chez les insoumis, c’est de ne pas faire réellement le boulot pour lequel on a un titre de responsabilité. Ou pire : de le faire sans le souci du collectif. Evidemment il faut faire preuve d’esprit positif, de tolérance mutuelle à l’égard des « caractères » car la pâte humaine insoumise est assez évidemment faite de rébellion et de caractères offensifs… Et alors ? La preuve de la valeur du mouvement, ce sont ses résultats.

 

  • Les évolutions du mouvement[4] proposés à la validation des insoumis·es par la dernière Assemblée représentative ont été adoptées le 8 juillet 2019[5]. L’organigramme qui en résulte[6} est en évolution permanente et différentes pages et fonctionnalités complémentaires ont été ajoutées au fur et à mesure de leur constitution.

 

 

- Nous irons plus loin dans les voies de l’innovation et de la perpétuelle remise en cause de nos méthodes.
Mais pas pour céder aux injonctions médiatiques. Par sens des responsabilités.

  • Nous sommes désormais la grande et première force de gauche. Nous sommes une des rares exceptions à l’effondrement général de la gauche en Europe.
  • En France, les partis de gauche traditionnels se sont effondrés en dessous de la barre des 5% aux présidentielles.

Nous devons assumer notre rôle. Ni une secte, ni un terrain de jeu, ni une avant-garde, ni un de ces partis enfermés dans le dialogue interne et voués aux manipulations médiatiques et groupusculaires. Notre but est de tout changer dans ce pays et de nous en donner les moyens sans régresser dans les impasses politiques et organisationnelles qui ont détruit successivement le Parti communiste comme le Parti socialiste et paralysent EELV.

 

🖍Entré dans une phase de réorganisation, notre ambition est la pérennité d’un très grand mouvement collectif dans lequel nous saurons une fois de plus nous dépasser comme nous l’avons fait déjà tant fois en si peu d’années.

 

 

POUR UNE MAJORITÉ POPULAIRE Renforcer la France insoumise pour gagner !

 

 

TROISIÈME ARTICLE ICI 👉 : VOICI LA NOUVELLE ORGANISATION DU MOUVEMENT PROPOSÉE ET VALIDÉE PAR L'ASSEMBLÉE REPRÉSENTATIVE DU 10 DÉCEMBRE 2022

🖍La France insoumise n’existe jamais pour elle-même mais toujours pour la mise en mouvement du peuple avec un objectif :  « se réorganiser pour aller chercher ceux qui manquent ».

 

 

Notes :
[0] Les principes de la France insoumise

[1Jean-Luc Mélenchon travaille depuis plusieurs années à l’élaboration d’une théorie universelle correspondant au retour du Peuple sur la scène politique au 21ème siècle. Cette théorie n’est pas encore achevée : Jean-Luc Mélenchon l’enrichit et l’ajuste depuis plus de 7 ans. Régulièrement, il la présente en conférences (Mexique, Espagne récemment) et partage ses réflexions avec les intellectuels et penseurs qu’il rencontre : L’ère du peuple " : sortie de la version 2016 de poche

[2] Révolution citoyenne ?

[3L'Anthropocène est une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l'avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques.

[4] « La France insoumise, un mouvement évolutif »

[5] L’Assemblée représentative de la France insoumise se déroulait les Samedi 22 et dimanche 23 juin 2019

[6] La France insoumise, comment ça marche ?

 

Pour en savoir plus :

- Jean-Luc Mélenchon : " Contre la minorité gouvernementale... pour un nouveau Front populaire ! "

Jean-Luc Mélenchon : " ...La stratégie de la conflictualité part de l’idée que c’est par le conflit que l’on découvre un autre aspect de la réalité et donc la nécessité de l’alternative. Elle est productrice de conscience. Mais personne n’a dit que la production de conscience devrait déboucher sur la violence révolutionnaire. Elle doit déboucher sur de la radicalité politique, ce qui n’est pas synonyme de violence révolutionnaire. C’est pourquoi le cœur de ma stratégie, celle de la révolution citoyenne, c’est le processus constituant. Au sens ultra traditionnel, c’est-à-dire le peuple s’auto-constitue en faisant une assemblée constituante. Alors ça ne marche pas toujours génialement. Mais pour moi, il n’y a pas de stratégie alternative... "

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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 17:36
Jean-Luc Mélenchon :  " Ni parti ni avant-garde, le mouvement insoumis "

Comment les choses se passent réellement chez les insoumis ?

 

Un Mouvement et non un parti,... le modèle des « courants » n’en est pas un pour nous.

 

 

Jean-Luc Mélenchon : ici je traite du Mouvement « La France insoumise[1] ».
Ma formule sur le caractère « gazeux » du Mouvement dont j’ai parlé il y a quatre ans dans une interview revient sans cesse. Et quelques commentateurs en déduisent des conclusions conformes à leur propre engagement politique hostile aux insoumis.
Le mieux donc est de fournir les données pour expliquer comment les choses se passent réellement chez les Insoumis.
Ainsi chacun pourra se faire sa propre idée. Sur nous et autant sur l’honnêteté intellectuelle des campagnes de dénigrements permanents dont nous faisons l’objet.

 

 

Sources : Ni parti ni avant-garde, le mouvement insoumis par Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le 01/11/2022

 PREMIER ARTICLE SUR LA CONSTRUCTION DU MOUVEMENT INOUMIS
- Le mouvement insoumis est une construction sans précédent en France.
En Europe, il est unique. Il est beaucoup regardé dans la « gauche radicale » des divers continents. En effet, son fonctionnement ne correspond à rien de connu jusque-là. Après des années d’articles, colloques et tribunes verbeuses sur la nécessité de « dépassement de la forme parti », quand un exemple concret se présente peut-être faut-il d’abord l’observer sans trop d’idées préconçues. Nos résultats en moins de dix ans devraient le suggérer au lieu d’en rester aux absurdités répétées à notre encontre en général et au mien en particulier. Mais pour être bien compris j’ai besoin d’abord de faire constater à nos lecteurs le niveau des affabulations colportées à notre sujet.

 


- « Chez les verts, au PS, les militants sont appelés à voter pour choisir leur numéro 1. Pas chez vous, pourquoi ? ”
Ainsi m’agresse dès sa première question Astrid de Villaines du Huffingtonpost, dans l’émission « Dimanche en Politique » devant près d’un million de téléspectateurs. C’est faux ! Mais elle s’en moque. Les faits, quelle importance ? La légende est servie. Ce n’est pas le seul cas loin de là. Dans « Le Monde » c’est le dénigrement permanent sur ce sujet en plus de l’open bar à qui veut dire du mal des Insoumis et/ou de moi. Le plus souvent c’est à coup de témoins qui « préfèrent garder l’anonymat ». Pourquoi seraient-ils anonymes ? Quels risques courent-ils ?


📌 La réalité occultée à notre sujet est à l’inverse de ce qui est rabâché.
Commençons par le plus simple. Pas élus nos responsables ? C’est l’inverse : tous sont élus. Tous et toutes. Sans exception.

  • La présidente du groupe et tout le bureau du groupe à l’Assemblée nationale ont été élus par les députés du groupe. Le bureau se réunit chaque lundi et le groupe chaque mardi.
    • Ils définissent eux-mêmes leur stratégie et contenu par consensus, tirage au sort et parfois par vote ;
    • Même situation au Parlement européen pour les deux présidentes de la délégation française insoumise et du groupe international européen « Gauche Unie[2] » ;
    • Idem pour le « coordinateur » élu par la coordination des « espaces » (secteurs d’action) du mouvement. Leurs représentants sont eux-mêmes élus dans ces « espaces ». Cette coordination se réunit toutes les semaines. Ses décisions sont appliquées sans autre filtre ;
    • Le personnel du siège, les organes d’expression du mouvement sont réunis une fois par semaine pour des bilans de séquence ;
    • La fédération d’élus insoumis et apparentés élit son bureau national. Toutes les directions de secteur du Mouvement sont en doublon mixte (femme/homme). Les votes se font sur candidatures ou proposition des uns ou des autres. Le critère ? Être « connu·e et reconnu·e » comme actif. C’est-à-dire faisant « le boulot » et surtout « travaillant en collectif ». C’est pourquoi parfois l’élection n’est pas le seul moyen d’avoir des responsabilités au mouvement insoumis. Se proposer pour prendre en charge une tâche est parfois une voie simple et directe d’accès aux responsabilités. Il a bien fallu faire comme ça au début de notre activité.

🔴 En tous cas, il n’est pas question ici de répartition entre états-majors de courant, ni de factions, ni de club de supporters, ni de vedette frivole, ni de titre ronflant sans engagement personnel ni résultats.


📌 Et le Mouvement dans son ensemble ?
Il tient des Conventions nationales à la cadence d’une tous les deux ans. Ses membres sont en parti élus par le secteurs d’action, et en partie (majoritaire) tirés au sort. De même pour les « Assemblées représentatives » (selon les besoins et les urgences, trois depuis cinq ans) ou les Assemblées représentatives des Groupes d’action dont les membres sont tirés également au sort.

 


- Un Mouvement, comme un Parti, a trois problèmes à régler dans la Cinquième République.
Le programme, la stratégie et les candidatures aux élections.

Normalement, la discussion et la pluralité des avis portent sur ces trois sujets pendant des périodes déterminées. Le harcèlement médiatique a créé un déballage permanent très personnalisé sans règles ni limites rendant impossible toute maturation interne.

  • Le programme :

Au contraire, chez les insoumis le programme fait l’objet d’une actualisation permanente. Un processus sérieux et tranquille depuis 2012 conclut par des votes en lignes. La mise à jour se fait par trois voies.

- D’abord le processus d’amendement au fil des textes de lois, rapports et commissions d’enquête à l’Assemblée nationale.

- Puis par les sessions ouvertes d’amendement en lignes (3000 amendements venus de cette façon à chacune des deux étapes dans l’édition actualisée en 2020 et 2021) et un processus de consultation populaire[4].

- Enfin par le travail de mise au point des « livrets thématiques » au long de l’année.

 

Qui fait mieux ? Plus ouvert ? Plus collectif ?  Plus productif ? Et sans déchirement.

 

  • Voyons la stratégie à présent :

Cette question a été tranchée avec la conclusion de l’accord NUPES. Mais la ligne unitaire avait été mise en échec à trois reprises auparavant d’abord avec l’offre de Front populaire[3] puis ensuite avec le Big Bang au lendemain de l’élection européenne. Le cap fut tenu et atteint dans sa forme la plus claire : adoption d’un programme partagé de 640 mesures de rupture et un accord électoral de candidat unique dès le premier tour.

 

  • Autre sujet qui génère toujours son lot de mécontents (aussitôt médiatiquement encouragés pour divertir le public) : les candidatures aux élections nationales, européennes ou législatives :

✅ Chez les Insoumis, ces candidatures sont établies à partir des listes de propositions remontées du terrain et des groupes d’action ou des propositions de la commission nationale.

- D’abord soumises à des équipes territoriales dont les membres sont aux 2/3 tirés au sort ;

- Elles sont au final tranchées par un comité électoral national. Celui-ci met en application les critères de choix établis par le mouvement (et parfois par la loi) : sociaux professionnels, parité, diversité, âges, etc..

 

Faut-il regretter le résultat ainsi acquis ? Les groupes parlementaires élus ne sont-ils pas plutôt une réussite de variété professionnelle observée par tout le monde ?

 

✅ La candidature à l’élection présidentielle ?
En 2022, les groupes parlementaires se sont réunis. La question a été posée devant eux de savoir qui était candidat. Je fus le seul. J’avais auparavant consulté en ligne (20 000 réponses)[5] sur cette hypothèse (je n’en étais pas convaincu). Puis ma proposition a été acceptée. À l’unanimité. Elle fut ensuite subordonnée au recueil préalable de 150 000 parrainages. Puis une fois ceux-ci acquis il y eut le vote d’une Convention nationale à Reims[6] qui fut également unanime. Ni lutte de clan, ni cliques, ni marchandage.

 

Faut-il le regretter ? Le résultat de 2017 comme celui de 2022 ne montrent-ils pas l’efficacité de ces méthodes ouvertes plutôt qu’aux lamentables primaires auto destructrices pour ceux qui les pratiquent ? Qui fait mieux ? Quel modèle devrions-nous imiter ? Il n’y a en a pas. C’est plutôt nous qui servons de référence pour des tas d’organisations (si nos renseignements sont bons).

 


- Il n’y a pas de « courant » dans le Mouvement Insoumis.
Nous n’en avons pas voulu dès la fondation. Nous n’en voulons toujours pas.

  • On voit chaque jour le résultat du modèle de fonctionnement sur la base des courants : de micro parti dans le parti, s’entredétruisant à longueur de confidences à la presse et réduisant à néant le travail des équipes militantes par des querelles vénéneuses et opaques.
  • Il tourne pour finir à la compétition de simples écuries présidentielles ou à la salle des enchères pour les postes éligibles.
  • La situation actuelle du PS et d’EELV et le pilonnage médiatique qu’ils subissent à cause de cela ne nous fait pas rêver. Dérapages internes et manipulations médiatiques ne sont pas séparables.
  • L’expérience montre comment loin d’être un moyen de démocratie cette pratique est au contraire un obstacle complet au travail collectif. Bien sûr cette façon de faire à une histoire honorable dans le passé. Mais elle correspond à un état de la société et de la « forme parti » qui n’a plus de réalité.
  • Les courants n’existaient autrefois qu’au PS. Ils étaient d’abord d’authentiques passerelles entre le monde salarial et associatif. Un milieu très développé à l’époque, implanté et structuré dans une population qui l’était tout autant. La pluralité de la presse accomplissait alors un travail civique d’animation du débat. Cette époque est révolue en tous points. La société est socialement explosée et la presse est à 90 % dans les 9 mains de gens qui pensent et veulent la même chose[7].

🔴 Nous avons donc fait un autre choix d’organisation en analysant notre époque et l’inadaptation de la « forme parti » face à notre projet politique et à l’état de notre société. 

Et d’abord celui d’être un Mouvement et non un parti.

  • Dans ce cas la seule référence commune « obligatoire » est le programmeTous sont appelés à travailler à son perfectionnement et à sa victoire. A rien d’autre.
  • Tout le reste est à la libre appréciation de chacun. Nous n’avons aucun « passé commun » à défendre, aucune prophétie à réaliser, aucune propriété exclusive de nos idées. Nous sommes provisoires et conscients de l’être dans un moment très spécial de réorganisation générale de la société et de l’action politique.


La pluralité des opinions et des analyses n’a de sens que sur les points où une décision doit être prise.

  • C’est le cas de la discussion sur le programme ou la stratégie. Comme je l’ai dit nous avons réglé cette question d’une manière originale : « au long cours » au fil de l’année et des travaux des députés et des livrets thématiques, puis au cours des sessions de réactualisation.
  • Aucune autre formation politique n’accorde une telle place et un tel pluralisme à la définition de son programme. Un sondage a montré comment l’adhésion au programme était la première motivation pour 80%[8] du vote insoumis. C’est un très grand succès pour nous et une puissante motivation pour persévérer.

 


- Ainsi le modèle des courants n’en est pas un pour nous.
Il ne correspond ni à la « forme Mouvement » ni à la nature de la liaison de celui-ci avec la société telle que nous les concevons. Nous en avons eu la confirmation avec l’évolution de nos amis de PODEMOS. Leur mouvement a choisi pour finir d’adopter le système des courants (« plateformes ») avec prime au vainqueur, secrétaire général et interdiction de la « double militance » dans un autre parti. Nous ne sommes pas intéressés à reproduire ce qui en est résulté. Notre formule a fait ses preuves. Elle continue d’évoluer autant que possible en dépit des pressions ininterrompues de certains médias dans laquelle je vois pour ma part une volonté de prendre le pouvoir sur nous ou de nous désorganiser pour le seul profit des objectifs de leurs propriétaires. Le comprendre nous aide à n’en tenir aucun compte.

 


- Ce qui fédère concrètement le mouvement, ce qui rend possible sa cohésion et sa discipline de travail, c’est l’action.
Tout le reste est du domaine de la libre détermination de chacun (références théoriques, philosophie, lien dans l’histoire). Y compris pour ce qui concerne la structure de base qu’est le groupe d’action : chacun peut créer ou quitter celui de son choix.

Cela peut parfois comporter des inconvénients comme :

  • lorsque des gens s’approprient mon nom pour créer des groupes Facebook ou autre.
  • Ou quand des gens s’approprient le nom Insoumis ou notre sigle ici ou là pour des aventures locales ou des règlements de comptes.

Ce n’est pas si dur à régler en bonne intelligence. Mais le régime de liberté générale et d’incitation à l’initiative spontanée (« la consigne est : n’attendez pas les consignes ») à d’innombrables vertus. Je les mesure d’autant mieux quand je regarde autour de nous. Ou quand je me réfère à mes propres souvenirs au PS. En effet les gens ne savent pas combien les courants soit-disant « garants de la démocratie » sont peu démocratiques avec ceux qui les composent. Notre système met notre fonctionnement hors de portée du star système, des gens qui marchandent leur pouvoir de nuisance des pique-assiettes et des ralliés de la vingt-cinquième heure.

  • L’action qui nous unit c’est celle des campagnes d’opinion et de mobilisations.

Celles-ci sont déterminées par des consultations en ligne. Ce sont ensuite nos participations à des luttes déclenchées sur le terrain par les uns et les autres et spécialement par des collectifs de citoyens. Et enfin ce sont les campagnes électorales puisque c’est le lieu de la démocratie républicaine. Cela forme un tout cohérent sur le plan doctrinal et politique. Mais cela insupporte aussi. « Le Monde » enrage : “ L’action, la campagne permanente une méthode efficace qui a aussi permis à LFI et sa direction d’éviter les débats et les discussions ”. Sans commentaire.

 


- Je ne regrette pas cette longue description. 
Il m’a paru utile de la faire pour qu’on comprenne mieux comment nous essayons de construire d’un genre si différent. Des personnes qui me lisent auront sans doute l’idée de la diffuser à l’occasion quand on reverra paraitre des caricatures fielleuses comme on en trouve dans « Le Monde » chaque fois qu’il est question de notre mouvement ou de moi.

 

 

SECOND ARTICLE ICI 👉 : LE MOUVEMENT FRANCE INSOUMISE ET SON MODE D'ENRACINEMENT

🖍Dans le second article, Jean-Luc Mélenchon traite de la forme du Mouvement en relation avec son fondement théorique dans la thèse de l’Ere du peuple[9]. Où l’on trouve l’explication du mot « gazeux » à propos du Mouvement.

 

Notes :

[1] La France insoumise fondée fondé le 10 février 2016

[2] Groupe de la Gauche au Parlement européen

[3] Jean-Luc Mélenchon : " Contre la minorité gouvernementale... pour un nouveau Front populaire ! "

[4] La consultation populaire a pour objectif d’auditionner un maximum de personnes partout en France, dont les contributions participeront à la réflexion programmatique autour de L’Avenir en commun.

[5] Jean-Luc Mélenchon demande leur avis à ses militants sur une éventuelle candidature en 2022

[6] Convention de l’Union Populaire de Reims

[7] Est-il vrai que « 90% des grands médias appartiennent à neuf milliardaires » ?

[8] sondage réalisé le 10 avril 2022, jour du scrutin par Ifop-fiducial pour TF1 et LCI 

[9] Jean-Luc Mélenchon travaille depuis plusieurs années à l’élaboration d’une théorie universelle correspondant au retour du Peuple sur la scène politique au 21ème siècle. Cette théorie n’est pas encore achevée : Jean-Luc Mélenchon l’enrichit et l’ajuste depuis plus de 7 ans. Régulièrement, il la présente en conférences (Mexique, Espagne récemment) et partage ses réflexions avec les intellectuels et penseurs qu’il rencontre : L'ère du peuple

 

Pour en savoir plus :

- FAQ sur la stratégie d’opposition du groupe LFI

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21 octobre 2022 5 21 /10 /octobre /2022 19:10
Jean-Luc Mélenchon : " Contre la minorité gouvernementale... pour un nouveau Front populaire ! "

Front populaire : Stratégie et organisation...

 

« ...il faut avancer sans se laisser impressionner ni détourner de son fil conducteur. »

 

 

Introduction : Stratégie et organisation
Les discussions sur la stratégie politique ou la forme des organisations politiques ne sont pas les plus simples à présenter. Elles passionnent les connaisseurs souvent très pointilleux mais elles saoulent bon nombre des autres. Pourtant, je crois ce post utile dans la phase politique actuelle. Je commence cette fois-ci avec la stratégie que je crois souhaitable. Mon analyse sur le mouvement est déjà rédigée mais je la réserve pour ma prochaine publication. Car il s’agit de mettre de l’ordre dans une certaine confusion des idées qui circulent à notre sujet. 

Ainsi en est-il de la phrase de mon discours dans la marche du 16 octobre : « nous dessinons les contours d’un Front Populaire[1] ». Cela ne suffira pas c’est certain à calmer la haine de classe médiatique qui nous entoure. Mais est-ce souhaitable ?

L’exposition médiatique est une composante de la construction de la conscience politique de notre temps. L’effet pédagogique des attaques grossières dont nous faisons l’objet sans trêve depuis dix ans participe pleinement à une robuste formation politique des insoumis. C’est le principal apport du journalisme voyou. Qui a entendu sur RTL Alba Ventura surréaliste baver sur « l’échec » de notre marche du 16 octobre et ironiser sur « la gifle » que j’aurai reçue, savent de quel genre de « journalisme » je parle. Tout cela, c’est autant de signes du moment de tensions créé par la conjonction des facteurs de dislocation du pays dont les médias sont des agents très actifs au service du projet de l’oligarchie française. Il faut le supporter avec autant de sang froid que possible. L’ennemi sait qui dérange vraiment le scénario de la macronie à perpétuité. Dès lors, il faut avancer sans se laisser impressionner ni détourner de son fil conducteur.  

 

 

Sources : Le crépuscule des dieux par Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le 05/11/2022

- Front Populaire
Il y a trois ans et à deux reprises, j’ai présenté dans le journal Libération, au nom des Insoumis, la proposition d’un nouveau Front Populaire[2]. Cette idée fut repoussée au motif que ce Front ne pouvait se faire qu’autour du centre gauche et sous-entendu explicitement « sans la LFI ». Sur le terrain pourtant, et notamment dans les Bouches du Rhône, toutes les occasions d’action communes entre partis, syndicat et associations furent travaillées et pratiquées souvent avec succès. D’un autre côté, trois lettres envoyées aux divers niveaux de responsabilités communistes en vue du renouvellement de notre alliance aux présidentielles et aux législatives n’eurent de leur côté aucune réponse[3]. Il est vrai que nous étions alors bien dépités. Car on voyait bien comment il s’agissait de marginaliser LFI pour pouvoir l’expulser de toute coalition. Et cela fut fait aux régionales en PACA[4]. Mais ce dépit fut surmonté par l’action. Au vu des résultats à l’élection présidentielle, on devrait plutôt les remercier d’avoir fini de convaincre nos amis qu’il n’y avait rien à attendre du pseudo « discours unitaire » des centres gauche. Je fais ces rappels pour signaler la continuité de la stratégie portée par LFI. Cela parce que l’analyse sociale qui la sous-tend reste la même

 

 

-  Dans la théorie de « l’ère du peuple[5] et de la révolution citoyenne[6] », le peuple est le nouvel acteur politique de notre époque.

L'ère du peuple - Poche édition revue et augmentée Jean-Luc Mélenchon

Le « peuple » est défini par sa relation sociale aux réseaux collectifs dont il dépend pour reproduire son existence matérielle. La nature publique ou privée de ces réseaux, les conditions sociales pour y accéder, formatent la relation sociale fondamentale de la vie dans nos sociétés et les inégalités de mode de vie. Bien sûr ce « peuple » intègre les salariés. Mais il ne s’y limite pas. D’autres catégories sociales y entrent de plein droit à égalité de dépendance des réseaux et du droit d’y accéder. Ce sont les chômeurs, les retraités, les étudiants, les lycéens, les précaires, les paysans, les artisans, les auto entrepreneurs etc... Aucun d’entre eux ne peut défendre ses droits autrement que par l’action politique sous toutes ses formes démocratiques depuis le vote jusqu’à l’action symbolique ou spectaculaire dans la rue. 

 

 

-  Ainsi sont dessinés deux milieux d’expression démocratiques au deux points de contacts fondamentaux du fonctionnement de la société avec chaque individu.

D’abord le lieu de travail où les syndicats organisent l’information et l’action. Ensuite la Cité en général ou les organisations politiques et les associations en font autant. La stratégie de Front populaire est celle qui veut rassembler dans une même mobilisation les deux acteurs fondamentaux que sont le Peuple et les salariés.

 

Elle a un préalable et des conditions.

  • Le préalable : d’abord le refus de la division entre ces deux secteurs et la logique sectaire des « chasses gardées », le refus de la ligne d’accompagnement du libéralisme et enfin le refus des discriminations excluant de la lutte (racisme, religion, sexisme etc.) ;
  • La condition : une ferme volonté d’agir ensemble. Et, tout autant : la possibilité de le faire. Ici commence le rôle spécifique de notre coalition politique NUPES qui peut jouer le rôle d’unificateur et de déclencheur de cette action. 

 

 

-  Mais entre le schéma théorique abstrait et la réalité telle qu’elle est, il y a une distance comme chacun a pu s’en apercevoir.

D’une façon générale, disons que la confiance est à construire après des années de division générale et de palabres sans effet. D’autres limites existent autrement plus contraignantes. Les confédérations syndicales ont chacune leurs raisons de refuser l’action politico-sociale commune. Cela semble insurmontable. Mieux vaut donc y renoncer pour éviter de perdre du temps ou de créer des tensions inutiles. Et pire : de se faire promener de réunion en réunion qui retardent pour rien l’action et la mettent en danger.

 

Une autre approche est possible. Celle qui part des réalités comme toujours. Ceux des syndicats et associations qui refusent par principe l’action commune ne doivent pas être harcelés ni même interpellés. La bonne relation se construira autrement. Et quand bien même des propos aussi sectaires que ceux de Philippe Martinez sont tenus et répétés, il ne faut pas y répliquer. Sont-ils représentatifs de la confédération quelques mois avant son congrès ? Les deux plus importantes fédérations de la CGT ont appelé à la marche du 16 octobre dont celle qui conduit la remarquable lutte des salariés des raffineries. Au moins un membre du bureau confédéral faisait de même. Sur le terrain nombre de syndicats de branche et de sections locales des syndicats appellent souvent à se joindre à l’action avec nous. Les statuts de la CGT permettent tout cela. Et nous, de notre côté, tout au long de l’année nous affirmons sur le terrain notre solidarité avec leurs actions. Le respect mutuel interdit les polémiques avec une expression du sommet confédéral. Elles ne changeraient rien en toute hypothèse. Alors à quoi bon ? 

 

 

-  Mais compte tenu de ce qui vient de se passer, il est temps d’en tirer des leçons.

Tenons-nous à une soigneuse équidistance. Ni alignement systématique ni polémiques. Mieux vaut en effet se retenir de prendre parti entre les diverses confédérations syndicales quand leur choix divergent. Pourquoi ? Parce que les syndicats sont divisés tandis que les organisations politiques de gauche sont unies. Se mêler d’affaires syndicales c’est faire entrer dans nos rangs des polémiques sans objet puisque leur conclusion n’est pas de notre ressort. Ici encore il faut être dans le réel. Un autre système de relations est possible. 

 

Il y a des branches syndicales avec lesquelles la convergence est un fait, il y a des confédérations et syndicats qui, sans s’engager, ont des propos bienveillants et invitent publiquement leurs adhérents à faire leurs choix d’action en citoyens libres. FSU, Solidaires, FO et CFDT sont dans ce cas. Certes d’un autre côté il y a un Philippe Martinez qui passe de « la CGT n’appelle pas » à une formule violente « ne participe pas », deux jours avant la marche. Les prétextes évoqués sont lamentables comme ce « contre la vie chère c’est aussi le combat de Macron » et autres thèmes dont il n’avait jamais parlé dans les réunions unitaires.

 

Où est alors le point d’équilibre le plus positif ? Pas besoin de faire un dessin.

Sur le terrain c’est encore plus net. Je l’ai bien vu aux messages que j’ai reçus à propos de la journée d’action quand cette date de la journée d’action du 29 septembre a été mise en place sans concertation. J’ai eu de nombreuses remarques d’amis insoumis engagés dans divers syndicats que cette méthode indispose. Ils ne comprenaient pas pourquoi nous prenions parti en y appelant. Sans compter tous ceux qui ne croient pas à l’efficacité de ces journées d’action sans lendemain. D’autant plus quand les congrès d’organisation sont à l’ordre du jour et avec eux des opérations de recomposition dont nous ne devons en aucun cas nous mêler

 

 

-  La stratégie de Front Populaire se construit avec ceux qui la veulent.

L’objectif c’est l’unité du Peuple (tel que défini plus haut) contre la politique de Macron. Tant mieux si c’est aussi celles des organisations, cela amplifie le travail de mobilisation. Tant pis quand ce n’est pas possible. A quoi bon démoraliser tout le monde avec des interpellations médiatiques ? Comme nous l’avons démontré dans le champ politique, l’arbitre des stratégies est dans le peuple. Il faut avoir confiance en lui. Le 16 octobre nous avons bien vu comment il a réglé son compte a un mois de bashing ininterrompu pourtant soigneusement relayé de tous côtés. 

 

 

-  Et puis il y a ce qui avance bien.

J’ai été informé que dans plusieurs régions des collectifs se forment, unissant syndicat, partis et associations. Avec les organisations qui ont partagé la convocation de la marche du 16, la co-construction de l’action à égalité de droits et devoirs s’est bien engagée en octobre. Toutes ces organisations semblent acquises à l’idée de ne pas laisser sans suite la première manche du rapport de force populaire avec Macron, réussie ce 16 octobre. Une ambiance ouverte et amicale est là. Elle est un gage de sérieux et d’efficacité. L’affirmation d’un peuple politique regroupé sur ses bases écologiques et sociales revendicatives est aussi la condition de la reconquête des secteurs populaires plongés dans la résignation ou le vote d’extrême droite.

 

  • Bref, « dessiner les contours d’un Front Populaire », ce n’est pas le réaliser. Mais c’est le rendre possible.
  • C’est la prochaine étape du déroulement de notre stratégie générale.

 

 

-----------------------

 

 

-  Le 16 octobre 2022, Jean-Luc Mélenchon prenait la parole ainsi que plusieurs portes parole d’autres organisations qui avaient appelé à la marche contre la vie chère et l’inaction climatique.

Extrait : " ...retenez bien cela. Souvenez-vous, une chose est plus précieuse que tout. Ce n’est pas l’unité des partis politiques. Et tous les partis de gauche ont appelé à la marche. Ce n’est pas même la magnifique unité des fédérations syndicales, des organisations de jeunesses syndicales, des syndicalistes. Ils ont appelé à la marche et participé à sa grandeur. Rappelez-vous, l’unité du peuple est plus précieuse que tout. Ce peuple ne se laisse pas diviser par sa couleur de peau, par sa religion, par son appartenance politique ou son indifférence. L’Unité populaire est la solution à la crise ouverte... "

 

" ...Nous avons le devoir et la responsabilité politique d’appeler à la lutte les retraités, les chômeurs, les précaires, les lycéens, les étudiants. Ils ne sont pas salariés mais ils sont le peuple. Et nous, la NUPES, sommes l’alliance du peuple sous la forme d’un groupe parlementaire.... "

 

" ...Nous sommes en train de dessiner la construction d’un nouveau Front populaire. Il exercera le pouvoir dans son pays le moment venu et, comme chaque fois, il commencera par s’occuper du pauvre peuple. De ceux qui pâtissent et ne peuvent se défendre pour obtenir le blocage des prix, l’augmentation des salaires, le rétablissement de l’impôt sur la fortune... "

 

" ...Regardez-vous, vous êtes le nombre. Vous êtes la force. Vous seuls savez comment faire fonctionner le pays. Ne vous résignez pas ! Une autre vie est possible, débarrassée du pillage du profit. Un autre monde est possible, libéré du saccage du productivisme capitaliste. Oui, nous le pouvons si nous le voulons. L’Union populaire peut devenir un Front populaire ! Et nous le souhaitons tous. »

 

Jean-Luc Mélenchon : " Contre la minorité gouvernementale... pour un nouveau Front populaire ! "
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11 octobre 2022 2 11 /10 /octobre /2022 10:02
5/10/1789 Parisiennes vont chercher le roi à Versailles

5/10/1789 Parisiennes vont chercher le roi à Versailles

Jean-Luc Mélenchon : « L’onde de choc de la Révolution de 1789 n’est pas épuisée »[0]

 

« Ainsi, faire référence à la Révolution française serait devenu du fascisme », par Alexis Corbière[1]

 

« Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre. ». Ce tweet de Jean-Luc Mélenchon, fait il y a quelques jours avait vocation à appeler à participer à la marche contre la vie chère et l’inaction climatique. Sa référence historique, un épisode connu de la Révolution française, pouvait sembler assez banal à qui est familier des discours du leader insoumis ou même du mouvement social traditionnel français.... et pourtant elle a provoqué l’indignation de la majorité et l’embarras d’une partie de la gauche[2].

 

 

Sources :  l'Insoumission par Antoine Salles-Papou | mis à jour le 26/07/2023

- La référence à 1789 est en effet un trait commun aux grands meetings insoumis, aux cortèges syndicaux et aux manifestations gilets jaunes.

Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre.

Rien de particulièrement provocateur à priori. Pourtant, le tweet a suscité des réactions indignées et même affolées de la part de représentants politiques, intellectuels et journalistiques du pouvoir macroniste... et l’embarras d’une partie de la gauche. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a parlé « d’appel à la violence sociale ».

 

Quant à Aurore Bergé, présidente du groupe du Président à l’Assemblée nationale, elle carrément jugé qu’après son tweet, Jean-Luc Mélenchon n’était « pas crédible pour continuer à être un homme politique ». Pour elle, il s’agit ni plus ni moins d’un appel à « la guillotine » et de « mots que l’on a pas le droit d’employer ». Le grand intellectuel et ami d’E. Zemmour, E. Naulleau a réagi avec mesure : « avec cet appel à l’émeute et au meurtre, Jean-Luc Mélenchon quitte à jamais le champ républicain ».

 

 

- Bien sûr, il y a dans ces mots excessifs une part surjouée, une tactique pour décrédibiliser par avance la mobilisation de la NUPES[3] contre la vie chère et l’inaction climatique prévue le 16 octobre.
Mais elle est assez maladroite quand on y pense. Car son effet a été plutôt de mettre en lumière la date de la marche et de replacer le clivage politique entre la macronie et la NUPES et sur le champs social. De plus, il n’est pas certain que les insoumis et leurs alliés qui cherchent à mobiliser pour cette manifestation soient choqués par la référence à la marche des femmes de 1789. C’est même plutôt le contraire qui est certain.

 

De ce point de vue, on peut penser que la réaction du pouvoir était plus épidermique que contrôlée. Quelque chose de plus que le simple calcul politique se joue ici. Dans l’exagération ridicule des réactions à un simple tweet, il se montre une sincérité dans le dégout, la haine ou la peur suscités par la référence révolutionnaire. Cet épisode n’est pas sans rappeler un autre. C’était au début du premier mandat d’Emmanuel Macron. La France Insoumise avait organisé une marche contre la réforme du code du travail[4].

 

"C’est la rue qui a abattu les rois, c’est la rue qui a abattu les nazis…": l’anaphore de Mélenchon contre Macron

Jean-Luc Mélenchon avait dans son discours à cette occasion énuméré tout ce que “ la rue ” avait accompli dans l’histoire contemporaine française en commençant par la Révolution en finissant son énumération par “ la défaite des nazis ”[5]. Là encore l’évocation d’un récit historique nationale où le peuple tient une place centrale et glorieuse avait tordu d’indignation et de colère les macronistes.

 

Ils avaient criés ensemble à la « fake news », à la réécriture de l’histoire et à la sortie du champs « républicain ». Encore une fois : que les représentants du bloc bourgeois attaquent ceux du bloc populaire est normal et attendu. La question est plutôt : pourquoi l’attaquer là dessus ? Ou dit autrement : pourquoi détestent-ils tant la Révolution française ? 

 

 

- L’esprit revanchard de la bourgeoisie française
Il y a un état d’esprit particulier de la bourgeoisie française. Le macronisme[6] l’incarne parfaitement. Cet état d’esprit on pourrait le caractériser d’un seul mot : revanchard. Depuis le début de l’ère néolibérale, la bourgeoisie française a longtemps eu l’impression d’être à la traîne dans les “réformes” à accomplir. Justifié ou pas, ce sentiment est tellement fort qu’il fait partie désormais des lieux communs les plus partagés au sein de la bourgeoisie française.

 

Elle jalouse ses homologues anglo-saxons, d’Allemagne ou d’Europe du nord. Et elle utilise fréquemment les mots “ archaïque ”, “ en retard ” ou “ irréformable ” pour désigner l’état de son propre pays, signe de sa grande frustration. Cet état d’esprit vient de plusieurs événements traumatiques qui ont démontré la capacité de résistance populaire relativement plus grande en France que dans d’autres pays.

  • D’abord, au début des années 1980, alors que Thatcher et Reagan triomphaient au Royaume-Uni et au États-Unis, le peuple français portait à la victoire la gauche sur un programme radical : le programme commun socialistes-communistes[7].
  • Même s’il y a eu le tournant de 1983 et même si l’esprit du programme commun n’y a pas survécu, cette victoire de 1981 a laissé des traces. Elle explique la relative lenteur à mettre en place certaines réformes néolibérales en France. Certains des acquis de 1981, en total contradiction avec le mouvement de réforme du capitalisme ont même duré 30 ans comme la retraite à 60 ans. Ensuite, il y a eu plusieurs mouvements sociaux victorieux contre des réformes néolibérales.
Le Non français au traité constitutionnel européen (mai 2005) Sur deux lectures « polaires » du scrutin

On peut penser en particulier au retrait de la loi sur l’université en 1986 ou aux grandes grèves de 1995. Même à la fin des années 1990 et au début des années 2000, il y a encore des victoires politiques pour le camp antilibéral. Le gouvernement Jospin intègre des ministres communistes et fait les 35h, même s’il y aussi des éléments plus en phase avec le capitalisme mondial dans son bilan. Et en 2005, le référendum sur la constitution européenne, qui voulait valider l’inscription dans le marbre des principes ordo-libéraux, a donné la victoire au “ non ”[8].

 

 

 - De sorte qu’en mettant à la suite tous ces évènements, on peut dire que le peuple français a une histoire particulière de résistance au rouleau compresseur néolibéral, en tout cas à l’intérieur de l’espace européen / nord-américain.
Comme le montrent des économistes comme Bruno Amable et Stefano Palombarini, ceci explique les chemins particuliers pris par le néolibéralisme à la française, par lesquels les blocs de droite et de gauche ont essayé tant bien que mal de retarder certaines transformations et qui finissent par la cristallisation d’un bloc bourgeois.

 

Avec Macron, la bourgeoisie française a enfin trouvé son petit Thatcher à elle, celui qui ne reculera pas devant les oppositions populaires et qui pourra enfin adapter l’économie française à la mondialisation[9]. Elle tient enfin sa revanche. Sauf que c’est totalement à contre-temps. Elle a la mentalité des bourgeoisies anglo-saxonnes des années 1980 mais 40 ans plus tard. Macron mène, au nom de son bloc bourgeois, un combat d’arrière garde avec une posture d’arrière garde et des méthodes d’arrière garde.

 

La bourgeoisie française, du fait de son obsession pour le “ retard français ” est elle-même devenue arriérée. Par définition, elle n’est pas équipée pour faire face aux problèmes contemporains puisqu’elle se croit encore dans une autre époque. 

 

 

- Le problème du national-populaire

Révolution passive

Cette spécificité a des conséquences sur son état mental, sur son imaginaire et sur les imaginaires qu’elle est capable de déployer comme élite de la société. En France, la transformation néolibérale a bien eu lieu avant l’arrivée de Macron, et même depuis les années 1980, mais sous la forme d’une “ révolution passive[10] ”, pour reprendre une expression du communiste italien mort en 1937 Antonio Gramsci.

 

Le dirigeant du PCI a passé les onze dernières années de sa vie dans les prisons fasciste. Il y a écrit des « cahiers » dans lesquels il tâche d’analyser comment s’organise la domination d’une classe sociale, la bourgeoisie, dans des sociétés complexes, c’est-à-dire les sociétés capitalistes avancées. Il décrit un certain nombre de dispositifs hégémoniques encore utilisés aujourd’hui pour comprendre les mécanismes de domination, la politique en régime capitaliste, l’État et les dynamiques de luttes de classes. Dans l’un de ses cahiers, Gramsci compare les situations de la bourgeoisie française et italienne. Les deux utilisent le même outil politique, administratif et culturel pour reproduire leur situation dominante : l’État-nation.

 

Mais elles diffèrent dans la manière dont cet État Nation unitaire a été créé.

  • En s’appuyant sur des révolutions populaires, par en bas, en France.
  • Ou bien uniquement par en haut dans le cas de la réalisation de l’unité italienne.

Ces conditions historiques expliquent pour Gramsci la faiblesse spécifique de la bourgeoisie italienne. En particulier, c’est en partie pour cela selon lui qu’elle n’est pas parvenue à créer de culture « nationale-populaire », c’est-à-dire une culture qui, bien que légitimant la domination bourgeoise, incorpore des éléments émanant du peuple.

 

Il n’y a pas, pour lui (Antonio Gramsci), de romancier ou de journaliste italien qui capte une partie de la culture profonde populaire et la transforme en idéologie bourgeoise. Cette absence de culture ou encore de « sentiment » national-populaire en italien signifie que les visions morales répandues en Italie ne sont pas aussi alignées qu’elles pourraient l’être avec les intérêts du haut de la société. Un siècle plus tard, on peut dire que c’est la bourgeoisie française qui se retrouve dans la situation des élites transalpines décrites par Gramsci. La transformation néolibérale de son pays a eu lieu par en haut, et sans intégrer de composante populaire.

 

 

- La réforme du capitalisme français s’est faite d’abord en catimini, par les aspects qui se voyaient le moins comme la libéralisation financière.
Puis elle a été externalisée en quelque sorte, par l’Union européenne. Les gouvernements qui ont mené cette réforme, notamment les privatisations et libéralisations de grands pans de l’économie l’ont justifié, non par les bienfaits intrinsèques de ces changements mais par le fait qu’ils étaient une nécessité pour construire l’Europe.

Jacques Chirac : un libéral ambivalent qui dénonçait la « fracture sociale »

C’est-à-dire au final comme une contrainte imposée de l’extérieur[11].

Encore au milieu des années 1990, Jacques Chirac menait encore campagne sur le thème de la “ fracture sociale ”[12], c’est-à-dire en mobilisant des affects très éloignés de la révolution néolibérale.

 

La bourgeoisie française, dans les décennies 1980 et 1990 n’a pas construit de récit national-populaire capable d’accompagner le changement néolibéral. Face aux conditions du rapport de forces avec les masses populaires françaises, elle a préféré développer une stratégie de contournement, de transformation uniquement par en haut, négligeant la “ réforme intellectuelle et morale ” c’est-à-dire le changement des mentalités. On peut pour s’en convaincre comparer cette attitude de la bourgeoisie française avec la façon dont les bourgeoisies états-uniennes ou britanniques ont mené les mêmes transformations dans leurs pays.

 

Dans ces nations (états-uniennes ou britanniques), les réformes économiques et sociales ont été soutenues et accompagnées par un nouveau récit sur le prestige national, avec la victoire finale dans la guerre froide notamment,  ou sur ce qui signifie être britannique ou américain : exaltation de l’esprit d’entreprise individuel, revivification de l’ “ american dream ”, etc. On peut noter dans le domaine de la culture, un âge d’or du blockbuster patriotique avec un héro individualiste à Hollywood dans les années 1980, avec des séries comme Rocky ou Rambo. Des pans entiers de l’histoire populaire des États-Unis sont mis en avant avec le prisme de ce patriotisme néolibéral : la révolution de 1776 évidemment, mais aussi l’histoire de l’immigration dans le pays ou celle des pionniers.


Bref, s’il serait abusif de parler de révolution “ par en bas ”, il est certain en tout cas que la révolution néolibérale au États-Unis a été attractive pour d’amples fractions populaires en tant qu’elle a pris la forme d’une “ réforme intellectuelle et morale ” de la culture populaire nationale. En France, donc, rien de tout cela puisque la bourgeoisie nationale a mené la transformation sans ni le concours du peuple, ni même son consentement. Avec le temps, cette indifférence au peuple s’est transformée en handicap structurel.

 

  • Le sentiment que le peuple lui faisait perdre du temps dans la course au néolibéralisme, sa frustration de ne pouvoir l’emmener avec elle ouvertement lui ont fait développer une aversion extrême pour le populaire national français. La bourgeoisie française n’est plus capable d’intégrer des composantes populaires à l’identité nationale française tant elle les haï.

 

Son rapport au récit historique national est en fait un symptôme de sa faiblesse. Elle peine à intégrer les épisodes révolutionnaires ou même seulement populaires à un récit historique mobilisateur et unificateur sur la Nation française. Ce que pourtant elle était parvenue à faire dans le passé. Elle voit cette irruption du peuple sur la scène de l’histoire soit comme incongrue, soit comme une source de retard pour la France, soit carrément comme la matrice de tous les malheurs de l’Humanité au 20ème siècle.

 

Son incapacité à formuler un récit national populaire fragilise bien sûr encore plus sa position. Elle n’est bonne qu’à contempler les “fractures françaises” et geindre dessus sans se rendre compte que c’est sa propre arriération qui en est la cause. À cause des conditions particulières de la révolution néolibérale en France, la bourgeoisie française ne joue pas son rôle d’élite dans la société : pas de capacité d’homogénéisation, pas de direction entrainante pour la société, pas d’attractivité. Elle en est réduite pour perpétuer sa domination à des réflexes régressifs : se renfermer sur elle même politiquement et culturellement.

 

 

- Une opportunité pour le bloc populaire 

Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon

Pour le camp populaire[13], il est important de comprendre cette configuration particulière. Elle confirme la fragilité structurelle du bloc bourgeois, proportionnelle d’ailleurs à son agressivité. Mais elle offre aussi une brèche. La voie est donc ouverte pour articuler notre propre récit national-populaire. C’est-à-dire donner à des éléments de la culture populaire française un autre sens, pour promouvoir d’autres valeurs, visions du monde, imaginaires en ligne avec des objectifs révolutionnaires : collectivisme, harmonie avec le monde vivant, égalité, émancipation, etc.


Par exemple, pour reprendre l’exemple du récit historique, en utilisant intelligemment les mémoires collectives pour en faire un élément qui soude entre elles les fractions du peuple dans une perspective progressiste. De ce point de vue, le travail politique pour construire un récit sur la révolution française, et plus largement sur l’histoire et ce que signifie “ français ” est une tâche révolutionnaire de premier ordre. Les nombreuses références de Jean-Luc Mélenchon sont de ce point de vue bien plus que du folklore. Elles font partie d’une stratégie de construction hégémonique qui a d’autant plus de chances de fonctionner qu’elle se base sur une faiblesse structurelle de l’adversaire.

 

  • Le sociologue Federico Tarragoni et l’historienne Déborah Cohen reviennent longuement sur cet aspect dans un article récent « Mélenchon, le populisme et l’histoire[14] » paru sur le site AOC. Dans la même veine, on peut citer le travail du député insoumis Antoine Léaument. Lui aussi s’en explique longuement dans un article publié par Le Vent Se Lève « La République a un contenu politique et nous le revendiquons[15] ». Ce travail peut venir combler un vide et réduire les fractures à l’intérieur des espaces populaires de façon à renforcer à la fois l’étendue et la dynamique de notre bloc.

 

 

- Pour conclure
Ici nous avons parlé particulièrement de la question du récit historique. Elle est cruciale pour impulser une « réforme intellectuelle et morale » dans un autre sens. Mais il conviendrait de faire la démonstration et d’explorer les moyens de mener ce travail politique en cinéma, en littérature, dans la télévision, la culture internet, etc.

 

Notes :

[0Jean-Luc Mélenchon : « L’onde de choc de la Révolution de 1789 n’est pas épuisée »

[1« Ainsi, faire référence à la Révolution française serait devenu du fascisme », par Alexis Corbière

[2Là Jean Luc tu peux faire mieux.

[3] Marche contre la vie chère et l'inaction climatique - #Marche16Octobre

[4] Réforme du Code du travail : 150.000 Insoumis dans les rues à Paris

[5] "C’est la rue qui a abattu les rois, c’est la rue qui a abattu les nazis…": l’anaphore de Mélenchon contre Macron

[6] Le macronisme est un autoritarisme : « projet de société global »

[7] Le Programme commun

[8] Nette victoire du "non" au référendum

[9Le « progressisme », une auto-définition du macronisme ?

[10La révolution passive est une transformation des structures politiques et institutionnelles sans processus sociaux forts par les classes dirigeantes pour leur propre préservation, et DÉCOUVRONS ANTONIO GRAMSCI 

[11] C'est la faute à l'Europe, c'est la faute à l'Europe..... STOP !

[12] Jacques Chirac : un libéral ambivalent qui dénonçait la « fracture sociale »

[13] Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon

[14] Mélenchon, le populisme et l’histoire

[15] « LA RÉPUBLIQUE A UN CONTENU POLITIQUE ET NOUS LE REVENDIQUONS » – ENTRETIEN AVEC ANTOINE LÉAUMENT, DÉPUTÉ DE L’ESSONNE

 

Pour en savoir plus :

Le Président Macron et la « nation organique »

 

 

- Vous parlez de ses contemporains qui ont inventé cette légende noire pour le discréditer aux yeux du peuple ? 
Sur le sujet, une excellente lecture d’un historien spécialiste de la période.

 

 

 

-  Par : Jean-Clément Martin

Éditions : Perrin

Date de parution : 01/01/2016
Pages : 367
Disponibilité : chez l'éditeur Perrin
Format : 140 mm x 210 mm
Poids : 0.445 kg
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30 septembre 2022 5 30 /09 /septembre /2022 13:40
Le néo-libéralisme est le berceau de l’extrême droite

La montée des inégalités aboutit logiquement au repli sur soi et au vote extrême... 
C'était vrai en 2014 et toujours plus d'actualité de la Suède à l'Italie...

 

Ce n’est pas par hasard que l’extrême droite se développe en France et dans plusieurs pays étrangers à partir des années 1980. C’est précisément à cette époque que le néo libéralisme prospère en surface puis en intensité. Il en est de même de l’abstention.

L'analyse développée dans cet article tout à fait judicieuse garde plus son actualité huit années et demi après sa parution.

Mais une question se pose : comment expliquer que des électeurs qui souffrent des inégalités décrites ici puissent voter pour une extrême droite qui n’accorde aucune valeur à l’égalité ?

Cela s’explique probablement par le fait que ces électeurs ne connaissent que très partiellement l’idéologie de l’extrême droite.

Des sondages ont d’ailleurs montré que les électeurs du FN – RN, pour la plupart d’entre eux, ne connaissent pas le programme de ce parti.

 

 

Sources : Michel Santi, économiste texte publié en 2014 | mis à jour le 31/05/2023

- Pourquoi ?...

  • Pourquoi de grandes et illustres voix comme Stiglitz et Krugman stigmatisent-elles les inégalités ?
  • Pourquoi Piketty a-t-il écrit son monumental travail " Le Capital au XXIe siècle[1] " ayant aujourd'hui un retentissement mondial ?
  • Est-ce par plaisir - ou pour se distinguer ? - que, depuis le déclenchement de la crise, les économistes keynésiens n'ont de cesse de dénoncer le néo-libéralisme et son lot d'injustices, de dérégulations, de phobie irrationnelle vis-à-vis de la création monétaire, d'obsession pour la compétitivité et de hantise à l'encontre d'une inflation qui ne se matérialise décidément pas ?
  • S'il va de soi que cette condamnation est d'abord mue par un sentiment humaniste et de solidarité sociale élémentaire, elle est également pointée du doigt par nous - les hétérodoxes - car les inégalités nuisent foncièrement à la croissance économique. 

 

 

- Même les institutions néo-libérales s'inquiètent des inégalités

Alors, il est clair que la masse des spéculateurs et investisseurs boursiers qui s'enrichissent virtuellement jour après jour, il est évident que ceux qui profitent pleinement de la financiarisation ayant asservi l'outil de travail, il va de soi que ceux qui sont complètement déconnectés des réalités de la vie,  n'ont que faire d'une croissance économique pérenne car ils ont - jusqu'à présent - gagné à tous les coups. Ils devraient pourtant commencer à se poser de sérieuses questions et à se rendre compte que leur orgie touche à sa fin, dès lors que des institutions symbolisant l'essence même du néo-libéralisme telles que le F.M.I.[2] et que le World Economic Forum concluent que « des sociétés moins égalitaires aboutissent à une croissance faible et fragile »

 

 

- L'immigration, cette véritable valeur ajoutée, ressentie comme une menace

Il en est de même pour l'immigration, source de croissance sur le long terme pour toute nation, car elle participe activement de la promotion de l'innovation et de la progression de la productivité. Ne feignons pas aujourd'hui d'être surpris par la montée en puissance des extrémismes, et ne soyons pas choqués par les succès électoraux des partis xénophobes. Ne soyons pas non plus surpris que les plus défavorisés et que la classe ouvrière - naguère acquis à la gauche - se reportent désormais en masse vers l'extrême droite.

 

Dans une société comme la nôtre burinée par les inégalités, où les entreprises favorisent le dumping salarial via l'embauche d'immigrés moins exigeants que les nationaux, où les loyers des logements sociaux connaissent une surenchère du fait de l'afflux d'étrangers, où les services publics sont de moindre qualité car dépassés par les évènements, il est fort compréhensible que l'immigration soit ressentie comme une menace et non pour ce qu'elle représente vraiment, c'est-à-dire une valeur ajoutée. 

 

 

- Seule une redistribution plus juste permettrait de ramener de la sérénité

Que droite et gauche républicaines ne s'en prennent qu'à elles et à leurs politiques respectives ayant toutes fait l'ardente promotion du néo-libéralisme si des pays comme la France et comme la Suisse subissent (NDLR et aujourd'hui la Suède et l'Italie) aujourd'hui l'émergence d'idéaux prônant le repli sur soi. Car seuls les riches aujourd'hui profitent vraiment de cette immigration et de ce travail à bon marché en s'enrichissant davantage, tandis que les pauvres pour leur part en subissent toutes les conséquences. En effet, pendant que le néo-libéralisme, que la financiarisation et que la dérégulation sauvage sont systématiquement synonymes de coupes salariales, de pertes de droits et - en finalité - de montées en puissance des haines et des intolérances, seule une redistribution plus juste des ressources est aujourd'hui susceptible de ramener la sérénité dans nos sociétés

 

  • Mesdames et Messieurs du gouvernement et de l'opposition Républicaine : l'acceptation sans faille de vos citoyens à l'ouverture totale des frontières et à la globalisation, de même que leur adhésion à cette Europe mal aimée ne se matérialiseront que grâce à une croissance stable.
  • C'est-à-dire par une société plus égalitaire, en établissant enfin une croissance au long cours, exempte de l'implosion épisodique de bulles spéculatives, où le travail redeviendrait une valeur.

 

🔴   Michel Santi est un macro économiste et un spécialiste des marchés financiers.

Il est l'auteur de :  " Splendeurs et misères du libéralisme " et " L'Europe, chronique d'un fiasco politique et économique "

 

----------------------------------

 

-  L'Extrême-droite, rempart contre le (du) Capitalisme.

Jean-Christophe Sellin, conférence des AMFIS 2022, « Histoire de l’extrême droite en France »

  • Qu'est-ce que le fascisme ? 
    • La politique de Macron se résume à : " Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi. Tu es riche donc méritant mais si tu es pauvre, c’est de ta faute, donc si c’est de ta faute, on ne t’aidera pas. " Ce précepte avait été inauguré par Adam Smith au XVIIIe siècle sur une base de rhétorique religieuse.
    • Il s'agit bien d'un extrémisme ultralibéral , une autre forme du fascisme. " Aide-toi et le ciel t'aidera "
    • Le fascisme apparaît quand les intérêts privés priment sur l’intérêt collectif, quand les gouvernements et leurs instruments de coercition sont au service du capital, des banques et des industriels et non plus au service du citoyen.
    • Il est entendu que le totalitarisme qui est une forme de fascisme engendre le mal absolu. Absolu parce que ce système ne connaît plus les limites de la moralité et de l’éthique. Le bien-être du citoyen n’a plus la moindre importance, et celui-ci est réduit à l’état d’outil de production, dans le meilleur des cas, de charge inutile quand il n’est pas apte à produire, voire à l’état de parasite à éliminer. Seule compte l’avidité de richesses de la caste dirigeante, toute autre considération étant devenue secondaire. 

Georges Orwell avait compris la consubstantialité du fascisme et du capitalisme, disant quil ne sert à rien de lutter contre le fascisme si on ignore le capitalisme.

 

https://twitter.com/JLMelenchon/status/1568531312557932546

https://twitter.com/JLMelenchon/status/1568531312557932546

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19 septembre 2022 1 19 /09 /septembre /2022 10:57
Crise politique : le miroir électoral

Les ceintures populaires des métropoles se sont portées un peu plus vers la gauche et les espaces extramétropolitains sont allés un peu plus vers l’extrême droite : les deux constats ne s’opposent pas l’un à l’autre ; ils sont deux faces de la même réalité.

 

Abstention, rapport des forces gauche/droite, vote des fonctionnaires, ancrage des idées d’extrême droite... Le résultat du cycle électoral 2022 continue de nourrir de vigoureux débats à gauche. Deux enquêtes récentes fournissent de nouveaux éléments de compréhension. Analyse de Roger Martelli.

Deux rapports viennent compléter les regards portés sur les élections de l’année. Le premier est paru cet été sur le site de Fondapol, la fondation de droite présidée par Dominique Reynié, sous le titre « Mutations politiques et majorité de gouvernement dans une France à droite[1] ». Le second est une note de recherche du politiste Luc Rouban, paru sur le site du Cevipof et portant sur « le vote des fonctionnaires à l’élection présidentielle de 2022[2] ». Les deux études s’appuient sur des données de l’institut de sondage OpinionWay, téléchargeables sur le site de Fondapol[3]. Nous en résumons ici les principales conclusions.

 

Sources : Regards.fr par Roger Martelli | mis à jour le 29/11/2022

- Abstention : vers l’infini et au-delà ?
La crise politique s’épaissit. L’abstention grandit, d’élection en élection. À la présidentielle, elle est passée de 15,3% en 1965 à 27,9% en 2022. Aux législatives, elle s’incruste au-delà du seuil des 50%. L’enquête OpinionWay nous en livre les ressorts, sociologiques et politiques.

 

(1) La colonne additionne le pourcentage des interviewés qui répondent : « Parce qu’aucun candidat ne correspond à mes idées », « C’est ma façon de protester contre le système politique actuel », « C’est la même politique qui est menée quel que soit le résultat » et « Mon vote ne sert à rien ».

 

L’abstention législative garde les caractéristiques sociologiques qui séparent les catégories les plus aisées (35% d’abstentions chez les revenus mensuels supérieurs à 3500 euros) et les chômeurs (75% d’abstentions). L’âge, les faibles revenus, les statuts jugés inférieurs et les formations courtes continuent de creuser la distance des individus avec le fait électoral. Mais le motif de la prise de distance reste ouvertement politique : la moitié des abstentionnistes invoquent l’absence d’intérêt pour une élection dont on estime volontiers qu’elle ne sert à rien.

 

La dimension protestataire du vote est renforcée par la distribution des résultats. Les partis dominants n’ont plus le vent en poupe. Le PS et l’UMP se partageaient 56% des suffrages présidentiels en 2012, 26% en 2017 et 6% à peine en 2022. Le total des suffrages obtenus par Macron, Pécresse et Hidalgo approche tout juste le quart des électeurs inscrits (en 2017 encore, les candidats supposés « gouvernementaux » en totalisaient 38,2%).

 

 

- Tout va bien pour le RN !
Si la coalition des députés composant la Nupes forme le second bloc derrière la majorité relative macronienne, c’est le Rassemblement national qui peut se présenter comme le premier groupe d’opposition. Le plus préoccupant est que ses réserves électorales semblent loin d’être négligeables : 55% seulement des électeurs de Marine Le Pen du mois d’avril sont allés aux urnes en juin et ils sont plus nombreux (58%) que ceux de Jean-Luc Mélenchon (40%) à expliquer que leur absence est un geste de protestation contre le système électoral.

 

Quelle que soit l’élection de référence, présidentielle ou législative, premier ou second tour, l’extrême droite est le courant politique qui a le plus progressé en cinq ans. Cette progression n’est pas seulement l’effet d’un choix par défaut : 39% des électeurs se disent « tout à fait » ou « plutôt d’accord » avec les idées du RN (le pourcentage est de 28% pour LFI). Du coup, près de la moitié des interrogés (47%) voient comme « une bonne chose » l’entrée en force de l’extrême droite à l’Assemblée.

 

Les élections suggèrent donc, tout à la fois, une poussée de l’extrême droite – y compris en dehors de ses zones de force devenues traditionnelles – et une droitisation de la droite. C’est là encore près de la moitié (47%) des électeurs LR qui se disent proches des idées du RN, au point que les électeurs de droite sont plus nombreux (39%) à souhaiter un accord de LR avec le RN qu’avec la Macronie (34%). Voilà qui n’a rien d’étonnant, si l’on tient compte de ce que, pour 59% d’entre eux, le RN est capable de gouverner et que, aux yeux de 52%, le parti lepéniste incarne même une société dans laquelle ils souhaiteraient vivre.

 

Du point de vue idéologique, on aurait tort de sous-estimer le poids persistant des enjeux migratoires. Il est vrai que la plupart des sondages suggèrent depuis quelques mois que l’immigration n’est plus dans le trio de tête des sujets qui « préoccupent » les Français (la palme revient en général au pouvoir d’achat, à l’insécurité et aux enjeux sanitaires).

 

Mais ce n’est pas parce que les mots de l’immigration n’affleurent pas sur le terrain qu’ils n’agissent pas, confortant la conviction classique selon laquelle le RN « dit tout haut ce que les Français pensent tout bas »… Quand OpinionWay propose par exemple à ses interlocuteurs l’item « La plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays et cela pose des problèmes de cohabitation », plus de 90% des proches de l’extrême droite répondent affirmativement. Mais 80% des électeurs de la droite classique en font de même et les deux tiers des « sans préférence partisane » et des abstentionnistes. Au total, ce n’est qu’une courte majorité de 53% qui repousse l’idée centrale de la grande menace migratoire.

 

 

- Fonctionnaires : une citadelle pour la gauche ?
Pour le Cevipof, Luc Rouban a scruté plus particulièrement le comportement des fonctionnaires.

Nous l’avons résumé ici en deux tableaux, le premier qui synthétise le vote salarié en fonction des statuts du public, le second qui mesure les grandes évolutions entre 2017 et 2022.

 

[cliquez sur le graphique pour l’agrandir]

 

Le premier tableau confirme, dans le monde du salariat, la tripartition observée dans l’ensemble des suffrages exprimés. La droite et l’extrême droite (37% et 34%) sont en tête chez les salariés du privé, où la gauche est au-dessous de sa moyenne nationale (28%). En revanche la gauche est en tête (37%) dans la fonction publique d’État où elle dépasse sensiblement sa moyenne nationale et où l’extrême droite est plus à la traîne (28%). Les situations sont plus équilibrées dans les entreprises publiques, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière.

 

Les zones de force de la gauche restent dans le monde enseignant (49%) et les catégories A de la fonction publique (43%), celles de la droite macronisée restent du côté des cadres du privé et celles de l’extrême droite chez les policiers et militaires[5]. Mais cette situation a évolué entre 2017 et 2022, parfois de façon sensible.

Entre les présidentielles de ces années-là, la gauche radicale s’est renforcée chez les employés du privé, les fonctionnaires d’État et les catégories A, tandis que la droite a reculé dans la fonction publique d’État et les catégories A. Ce recul a droite est d’abord celui de la droite classique : à l’exception du monde enseignant – éloigné par quelques années de « blanquerisme » militant – la Macronie résiste plutôt bien, notamment en milieu hospitalier.

 

  • Mais, une fois de plus, c’est le Rassemblement national qui tire les marrons du feu. Il progresse de plus de 10% chez les cadres du privé, les enseignants et les hospitaliers et il se consolide sensiblement du côté des entreprises publiques et de la territoriale. La perte de confiance dans l’institution publique et la confusion grandissante du privé et du public brouillent les perceptions et déplacent les rapports de force électoraux.
  • Le second tour amplifie encore le mouvement. Marine Le Pen gagne 9% entre 2017 et 2022 dans la fonction publique d’État, 7% dans la territoriale et jusqu’à 15% chez les hospitaliers. Elle progresse dans toutes les catégories de fonctionnaires : 7% chez les « A », 13% chez les « B » et 9% chez les « C » (où elle attire les votes de 46% d’entre eux, quasiment la moitié de la catégorie).
  • Ayant pris ses distances avec l’ultralibéralisme de la droite traditionnelle, le RN a installé l’extrême droite comme une concurrente de la gauche sur le terrain du « social ». S’arc-boutant sur la défense des agents publics les plus défavorisés, Marine Le Pen a permis que, par un étonnant paradoxe, la protestation contre la confusion du privé et du public tourne avant tout au bénéfice de l’extrême droite, sans que le macronisme soit pour autant irrémédiablement distancé.

 

 

- Le devoir de lucidité
Malgré le grand retour de la gauche au sein de l’hémicycle (la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix[4]), le cycle électoral de l’année 2022 a tourné plutôt en faveur de l’extrême droite. L’image des « deux France » chère à Christophe Guilluy est certes trop simple pour être retenue. Mais la gauche aurait tort de sous-estimer une réalité globale marquée par une conjonction, qui n’est hélas pas propre à la France et qui juxtapose une translation vers la droite du champ politique et une division accentuée des catégories populaires.

 

La spectaculaire abstention de la consultation législative, notamment dans les catégories populaires, atténue l’image sociologique dessinée par le premier tour de la présidentielle d’avril. Mais elle ne contredit pas les tendances alors dégagées. Le tableau ci-dessous reprend les données de l’enquête OpinionWay, en triant les pourcentages de pénétration des votes Nupes et RN, de part et d’autre de leur moyenne nationale.

 

[cliquez sur le graphique pour l’agrandir]

 

  • Plus que le vote Mélenchon d’avril, le vote en faveur de la Nupes est assez homogène : elle obtient rarement moins de 20% et rarement plus de 33%. Mais le profil général de cet électorat est typé : les pourcentages les plus élevés concernent les catégories jeunes, notamment lycéennes et étudiantes, les « CSP + » et les professions intermédiaires, les formations au-delà du baccalauréat, les revenus moyens et les grandes villes avec en tête l’aire urbaine de Paris et l’Île-de-France.
  • De son côté, le profil du vote RN est plus éclaté mais reste dominé par les catégories les plus populaires et les moins pourvues en « capital » matériel et culturel, installé en dehors de l’espace métropolitain et francilien.

 

La crise voue chaque situation à l’instabilité et rien n’indique que l’extrême droite a gagné définitivement la bataille de l’hégémonie et engagé inexorablement le processus qui peut la conduire au pouvoir. Mais elle a pour l’instant marqué des points importants, sur les terrains où elle est attendue (la protection, l’identité, l’immigration) et sur ceux où on l’attendait beaucoup moins (le social, la peur de l’avenir, la colère devenue ressentiment).

 

La gauche va mieux, elle s’est renforcée sur son flanc gauche et elle s’est réunie entre mai et juin. Mais elle reste dans ses basses eaux, n’a que partiellement regagné des points dans les milieux populaires et elle se retrouve profondément déséquilibrée. Elle est plus que concurrencée par l’extrême droite sur le terrain de la colère et n’a pas encore convaincu que ses projets de société sont renouvelés, pertinents et réalisables. Le temps de l’entre-deux est celui des possibles : le problème est qu’il en est des progressifs et d’autres trop tangibles et régressifs. Promouvoir les uns et conjurer les autres n’est pas qu’une affaire de volonté : c’est avant tout une question de pensée – et donc de repensée – et un processus maîtrisé de pratique populaire partagée.

 

Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.  Bertolt Brecht

 

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- Retrouvez la conférence des #AMFIS2022 intitulée : « Vote RN et « assistanat » : que fait-on ?

Retrouvez la conférence des AMFIS 2022 intitulée : " Vote RN et " assistanat " : que fait-on ? ", avec : François Ruffin, député LFI-NUPES * Alma Dufour, députée LFI-NUPES * Charlotte Leduc, députée LFI-NUPES

 

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12 septembre 2022 1 12 /09 /septembre /2022 21:51
La faute politique de Fabien Roussel secrétaire national du PCF

« Gauche des allocs » : quand le Parti communiste entretient le mythe de la paresse des pauvres[2bis]

Fabien Roussel, candidat communiste ayant rassemblé 2% des bulletins au premier tour de l'élection présidentielle, a attaqué ce week-end “ la gauche des allocations ”, depuis la Fête de l'Humanité. Une faute politique... alors que les allocations sont un droit constitutionnel[2]

 

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français, multiplie depuis quelques jours les déclarations provocatrices opposant une supposé « gauche qui doit le défendre le travail » à une « gauche des allocations et des minima sociaux ». M. Roussel est même allé jusqu’à affirmer : « Je veux mettre fin à un système qui nourrit le chômage par les allocations chômage et par le RSA ». Des propos d’une extrême gravité. Il me semble important de s’y arrêter ici.

 

Sources : Bastien Parisot | mis à jour le 20/10/2022

- Le chef de fil du Parti Communiste Français a quand même réussi une sacrée performance : se mettre l'intégralité de la gauche à dos en pleine Fête de l'Humanité.
La raison ? L'ancien candidat à la présidentielle a tancé “ la gauche des allocations ” ce week-end, affirmant lui préférer “ la gauche du travail ”[1]. Formule on ne peut plus surprenante pour un homme à la tête du parti d'Ambroise Croizat, membre du Parti Communiste en son temps et “père” de la Sécurité Sociale en France.

France insoumise, PS et EELV : chez les autres forces constituant la NUPES, la réaction a été unanime. Toutes se sont ainsi opposées aux déclarations de Roussel… qui a également du essuyer des critiques venant de ses rangs.

  • Il faut dire que cette déclaration semble plus sortie de la bouche d'un dirigeant de droite, voire d'extrême-droite[1bis], que de celle d'un communiste. 

 

 

- Sans repartir ici dans des explications techniques, rappelons que ces allocations visées par Roussel ont été pensées comme un “ revenu de remplacement ”
Ce revenu de remplacement vient subvenir aux besoins des Français lors d'une période de diminution ou de baisse de leurs revenus. Autrement dit : chaque mois, une partie de votre salaire est prélevée pour assurer ce revenu aux personnes en difficulté… et c'est précisément votre participation à ce système qui vous permet de profiter, en cas de besoin, de ce même revenu dit “ de remplacement ”. Bref, pour faire encore plus simple : ces allocations ne sont ni un cadeau de l'État, ni un acte de générosité, ni un privilège réservé à d'éventuels fainéants, mais une politique économique et sociale visant à assurer que toutes et tous puissent vivre dignement sur le territoire, peu importe leur situation, précaire ou non.

 

Il s'agit donc, bien sûr, de l'une des conquêtes sociales les plus importantes dans notre pays. Notez que j'utilise volontairement le terme de “ conquête ”, et non d’“ acquis ”, tant les libéraux de tous poils ne cessent de détricoter, doucement mais sûrement, chacune de ces conquêtes lorsqu'ils sont au pouvoir.

 

Au contraire il faudra combattre ensemble, salariés, précaires et chômeurs la réforme de l’assurance chômage.
Stéphane Peu : Député de la 2ème circonscription de la Seine Saint Denis. Militant PCF

 

Rappelez-vous toujours que ce n'est pas le capital qui augmente la valeur de la richesse : c'est le travail, et rien d'autre.

 

 

- Et c'est précisément là que le bât blesse
En reprenant ainsi le verbe accusatoire et offensif contre “ les allocs ”, Roussel donne du crédit aux discours dénonçant “ l'assistanat ”. Il participe à l'index tendu contre “celles et ceux qui en profitent”, “ceux qui ne bossent pas et qui pompent nos salaires”, et autres foutaises populistes entendues ici et là et rabâchées inlassablement par la droite depuis toujours. Il brouille les pistes, jette un flou sur le sens de nos luttes (je parle de la gauche toute entière) dans l'Histoire. C'est une faute politique assez incroyable pour un dirigeant communiste. Et alors que l'extrême-droite semble plus forte que jamais sous la Vème République, il n'est vraiment pas nécessaire que des personnalités de gauche leur servent ainsi la soupe.

 

Mathilde Panot met Fabien Roussel en PLS en face sans langue de bois.

 

 

- En tout état de cause, il y a d'autres urgence à traiter

  • Rappelons que la “ fraude sociale ” estimée en France (c'est à dire la fraude aux cotisations sociales et aux prestations sociales de la CAF) ne représente qu'un dixième de la fraude fiscale : environ 10 milliards pour la première, contre 100 milliards pour la seconde. Comprenez : la fraude des pauvres nous coûte 10 fois moins cher que celle des riches, comme le montre si bien ce graph d'Alternatives éco.

 

La fraude fiscale écrase la fraude sociale
Graphique d'Alternatives Économiques

 

  • Rappelons aussi que la France insoumise et la NUPES se mobilisent pour diffuser une pétition visant à taxer les super-profits[3] des multinationales profitant de la crise économique pour s'enrichir. Rappelons que sur les 6 premiers mois de 2022, les bénéfices des grandes entreprises du CAC 40 s'élèvent à… 73 milliards d'euros.

 

Déjà plus de 100 000 signatures sur la pétition #TaxeSuperProfits !

 

Dommage que Fabien Roussel n'ait pas préféré porter ce sujet dans le débat public, plutôt que d'inventer une “ gauche des allocs ” à combattre.

 

 

- Je dois bien admettre ici avoir eu une pensée pour les militants communistes assistant à tout cela.
Car mis à part le cercle rapproché du candidat ayant bénéficié de 2% des votes au premier tour de l'élection présidentielle, il est difficile de penser que des militants de gauche ayant à cœur l'émancipation et la défense des classes populaires, puissent donner quelque crédit ou quelque intérêt à un tel discours. Si j'imagine aisément qu'il doit être difficile de voir son engagement réduit à de telles sorties médiatiques largement reprises par la droite, je n'ai aucune légitimité à dire ce que les militants communistes doivent faire. Je n'en ai d'ailleurs pas plus l'intention. Mais je sais qu'ils tiendront bientôt un congrès qui devrait leur permettre de clarifier leurs priorités politiques et l'orientation de leur parti.

 


- Éteindre l'incendie ?

Roussel a tenté, depuis, de justifier son discours. Il a notamment affirmé, fièrement, qu'il disait tout haut ce que les Français pensaient tout bas… virant ainsi dans le populisme le plus gras.

  • Certains initiés seront peut-être surpris de me lire taper sur le “ populisme ”.

C'est tout le problème de ce terme qui veut dire deux choses : lorsqu'il définit une stratégie politique visant à simplifier son discours à l'extrême pour être compris de tous, en assumant de reprendre des codes populaires, des formes connues de toutes et tous, et en dépassant les cadres et les méthodes traditionnelles des partis politiques pour être efficace dans son discours de masse, alors oui, le populisme est une stratégie politique qui peut se défendre et qui a d'ailleurs fait ses preuves. À l'inverse, lorsqu'il définit une méthode visant à reprendre tout argument entendu ici et là pour donner l'illusion de coller aux revendications populaires… dans ce cas, non merci. Cela ressemble d'ailleurs plus à une tentative de stratégie marketing qu'à une stratégie politique…

 

  • Revenons à Roussel.

Sur les réseaux sociaux, des comptes de soutien ont essayé d'éteindre l'incendie, depuis 48 heures, en affirmant que le patron du PCF avait simplement affirmé qu'il valait mieux travaillé qu'être au chômage. Affirmation on ne peut plus logique et que peu de monde contestera. Malin… mais pas tellement pertinent, puisque les propos de Roussel ont largement tourné et que la sphère militante a largement eu le temps de les lire. Non, le député communiste a bien ciblé “ les allocations ”, qu'il a opposé au “ travail ”. Foutaises... et le délire continue

 

Divergences au sein de la Nupes : "Il y a ceux qui défendent le droit à la paresse.

 

Bref. Je ne vais pas expliquer ici à l'équipe de Roussel comment gérer une crise. Nul doute qu'avec de telles sorties, c'est l'expérience qui leur permettra de bientôt savoir le faire.

 

  • Sur les réseaux sociaux, notons également un nombre impressionnant de comptes fachos ayant pris la défense de Fabien Roussel.

Sidérant, et bien souvent la boussole qu'on est en train de se tromper de combat. Roussel a raison ” aurait pu devenir leur leitmotiv, tant leur joie de voir ainsi un leader de gauche reprendre leurs mots habituels semblait les contenter. Sûrement aussi insistent-ils pour tenter de bordéliser les NUPES, espérant secrètement faire exploser le bloc populaire ayant confirmé sa force et son implantation lors des élections cette année ?

 

C'est peine perdue : sur les allocs, c'est Roussel contre tous. Enfin, contre toute la gauche, mais soutenu par la droite toute entière. Bref, pas de quoi faire sauter la baraque.

 

Voici les comptes les plus suivis par les personnes ayant liké ce tweet de  @Fabien_Roussel .
Voici les comptes les plus suivis par les personnes ayant liké le tweet de Fabien_Roussel .

 

 

- À quoi joue Roussel ?
Reste que tout cela résulte d'une volonté affichée depuis plusieurs semaines de faire de la surenchère et de multiplier les provocations vis à vis de la NUPES.
À quelle fin ? Pour servir quel objectif ?

Après s'être rendu coupable de l'élimination de la gauche au premier tour de l'élection présidentielle en avril dernier,...

 

 

quel est le sens de toutes ces sorties, petites phrases, qui plaisent plus à la droite, parfois extrême, qu'à la gauche ? Et jusqu'où passera-t-il l'outrance ?
Seul Roussel sait.

 

 

---------------------------------------

 

  • Un travail et un salaire décent pour toutes et tous. 
  • Protection et aide pour celles et ceux qui en ont besoin. 
  • Les deux ne s'opposent pas. Ils sont inséparables. 

C'était le combat d'Ambroise Croizat au fondement même de la protection sociale.
Fabien Roussel devrait le relire

 

 

Un travail et un salaire décent pour toutes et tous.  Protection et aide pour celles et ceux qui en ont besoin.

 

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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