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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 10:02
Entre Valls et Le Pen, il y a la République !

Sources : LETANG MODERNE le 08/09/2014

C’est un odieux chantage que celui que déploie le Premier ministre, responsable et coupable en grande partie de la nausée profonde qui envahit le pays, évidemment pris en flagrant délit d’exécuter une politique contraire en tout point à celle pour laquelle Hollande a été élu, le voilà qu’il nous somme de le supporter au défaut de quoi nous serions responsables de l’arrivée au pouvoir de Madame le Pen.

 

 

- C’est un raisonnement tout spécieux, mais pas seulement.

C’est aussi la révélation criante de la tentation autoritaire des personnels politiques dont la seule mission est le service de la rente, des profits et des intérêts financiers.

 

Leur aveuglement cupide les conduit, de glissements en glissements, dans la négation même, non pas seulement de l’acceptation de la volonté populaire, mais de la démocratie tout court.

  • Que le Peuple vote contre le TCE, députés et sénateurs UMP et Solferiniens se mettent d’accord pour le ratifier.
  • Que le peuple élise un Président qui s’engage publiquement contre la finance et c’est un « youpee » de la bourse qui devient leur ministre de l’économie.

 

L’entre-soi consternant de ce microcosme au service des milliardaires est au sens propre du terme devenu politiquement irresponsable, les désaveux pourtant patents du peuple, élections après élections, les laissent tels les carreaux de marbres qui font les halls des grandes banques mondialisées.

 

Les lobbys et les puissances de l’argent qui les ont choisis comme commis ne se préoccupent pas plus de leurs états d’âmes que des aspirations du grand nombre…

Bon gré, mal gré, ils doivent s’exécuter : ou bien la guerre, ou bien le Pen…

 

Devant ce piège mortel, j’en entends encore qui veulent infléchir la politique du gouvernement, j’en entends d’autres qui espèrent de Hollande qu’il appelle une majorité rose rouge et verte pour mettre en place la politique au service du grand nombre.

 

 

- Ces deux espoirs sont malheureusement vains.

D’abord parce qu’on ne peut infléchir un corps sans masse, les ectoplasmes s’étalent c’est une loi physique.

 

Ensuite parce que cette majorité n’existe pas à l’Assemblée Nationale et que derrière la comédie des oppositions factices de l’UMP et des Solfériniens se cache le dogme du libéralisme économique qu’ils partagent comme un horizon indépassable.

 

Que le frondeur passent aux actes et Valls trouvera dans l’instant la poignée de voix manquantes dans les groupes de l’UDI ou de l’UMP.

 

La cinquième République permettait la stabilité politique et la coexistence d’une représentation nationale qui s’affrontait en représentant plus ou moins fidèlement les intérêts de leurs électeurs, elle devient un machin inepte lorsque droite et gauche mènent la même politique de concert et contre le peuple.

 

Voilà pourquoi la dissolution n’a pas de sens, voilà pourquoi la droite crie à qui veut l’entendre qu’elle ne veut pas cohabiter. Coupés définitivement des aspirations citoyennes, le système est tellement pourri qu’il n’offre plus aucune porte de sortie. Ils ne veulent même plus faire semblant de gouverner.

 

La crise économique, sociale, morale qui envahit le pays et l’Europe ne peut se sortir de ce cauchemar à l’occasion d’une simple crise de régime.

 

  • C’est l’irruption du peuple dans le débat public qui va permettre le sursaut nécessaire.
  • La République nous appelle de nouveau.
  • L’heure pour nous qui sommes la Gauche, n’est pas à redresser, réorienter ou réinventer la gauche.
  • L’heure est à prendre le pouvoir pour le redonner au peuple.

C’est notre tâche immédiate en même temps qu’elle est celle de toujours. C’est le fondement d’une nouvelle synthèse pour une République Sociale Écologiste et universelle !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus :

- mon dossier VIe République

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8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 12:57

Pour en savoir plus :

- mon dossier VIe République

Pourquoi une 6ème République ? Explications de Charlotte Girard
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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 13:17
Rothschild, une banque au cœur du pouvoir

Depuis Georges Pompidou, c'est une règle. La banque Rothschild est installée au cœur de la République, au croisement des affaires et de la politique. Dans le livre Rothschild, une banque au pouvoir, notre consœur Martine Orange mène une enquête fouillée sur une institution qui a retrouvé toute sa puissance.

 

Parmi les acteurs croisés, Emmanuel Macron nouveau ministre de l'économie de François Hollande dans le gouvernement  VallsII.

 

Le livre est disponible  ICI

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 13:34

Aujourd'hui plus que jamais une majorité de citoyens ont le sentiment que le monde politique n'a que faire de leurs opinions. La popularité des politiciens est au plus bas. Est-ce là un hasard ?

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 13:16
Jean-Luc Mélenchon : le mouvement Sixième République

Sources : le blog de jean-Luc-Mélenchon le 4 septembre 2014

On ne peut pas aborder la question de la 6ième république sans revenir au 5 mai 2013. Nous étions très nombreux dans la rue. L’affaire Cahuzac venait d’éclater. Elle nous avait soulevés d’indignation. Notre marche voulait montrer que d’autres institutions étaient nécessaires, qui rendraient impossibles l’impunité dont le ministre du Budget avait été le symbole. Nous faisions le lien entre la politique d’austérité que le gouvernement mettait en place en dépit de ses engagements, le régime de la monarchie présidentielle qui rendait possible ce coup de force, et le recrutement de ministres immoraux. Le thème avait rassemblé des partis et des organisations syndicales ainsi que des dizaines de personnalités. C’était marcher pour le « coup de balai » et la nécessité de la 6ème République. Tout l’appareil médiatico-politique du PS s’était arcbouté en me ciblant. « Le Monde » publiait un numéro de son magazine spécialement infâme avec photomontages et une première page ou j'étais comparé à Hitler. « Libération » m’avait attribué une phrase purement inventée : « la purification éthique » publiée à la une. La pression psychologique était telle qu’on vit même de bons amis faire des mines et des pauses lancinantes à propos du « balai » devenu symbole du populisme, caractérisation sans contenu sinon une haine du peuple mal dissimulée. Pour moi, c’était la quatrième manifestation de masse sur ce thème. Les trois précédentes avaient été appelées sur ce thème dans la campagne présidentielle, à la Bastille, place du capitole à Toulouse et au Prado à Marseille. Dans chacun des discours que j’y ai prononcés, j’ai développé un aspect de ce que l’idée pouvait contenir et ce qu’elle permettait de mettre à l’ordre du jour.

 

 

- Pour moi, cette question est le cœur de la stratégie de « révolution citoyenne »

C’est-à-dire d’un changement profond de la règle du jeu social par la voie démocratique. Dans ce projet, le changement de République se fait élisant une Assemblée constituante et en étendant le processus de prise du pouvoir en tous lieux où se joue la vie quotidienne des citoyens. La 6ème République est le premier point du programme présenté au meeting de Saint-Ouen à l’occasion de la fondation du Parti de gauche. Comme les évènements ont confirmé notre analyse d’alors ! A présent, le président de la République peut offrir sans contrepartie des milliards d’argent public au MEDEF, sans qu’il soit possible de l’en empêcher. Un Premier ministre est désigné après une déroute électorale sans précédent, dans la fraction la plus minoritaire de la majorité parlementaire. Aussitôt, celui-ci affiche sans vergogne une allégeance stupéfiante aux ultras du MEDEF et au président du patronat français. Il se fait acclamer par eux et renchérit aussitôt sur des mesures de la réaction la plus grossière comme le contrôle des chômeurs. Pendant ce temps, le pays agonise dans le chômage ; la pauvreté et la mal-vie s’étendent. L’inconscience à l’égard des défis écologiques et les impératifs de l’intérêt général humain sont stupéfiants de désinvolture. Et quoi encore ? La France est aussi engagée dans des guerres et des soutiens au plan international sans aucun débat public. Quoiqu’il arrive, quelle que soit la forme de la protestation du pays, qu’elle soit électorale, sociale, parlementaire, la monarchie présidentielle n’en a cure. Dès lors, le discrédit de toutes les institutions de la démocratie est si élevé que seule l’extrême droite peut y prospérer. Ses progrès sont un symptôme. La violence de la réaction du pays encore davantage : aux élections européennes, le peuple a laissé l’extrême droite se mobiliser sans réagir et en s’abstenant massivement. Mais c’est la cause qu’il faut traiter. Le pouvoir ne peut avoir recours au coup de force permanent qu’à la faveur d’institutions qui le lui permettent. Notre diagnostic commun était le bon le 5 Mai 2013 : c’est la forme du régime qui est en cause, c’est la constitution de la Cinquième République qui rend tout cela possible.

 

 

- C’est cela qu’il faut changer de fond en comble

Parfois on m’objecte : tout ça est trop abstrait, il faut mobiliser les gens à partir de leurs problèmes concrets. On sous-entend par là les questions de salaires ou de services publics et ainsi de suite. Pour ma part, je ne crois pas que l’action politique ne devient « concrète » qu’avec des discours tournés vers des clientèles concernées. Ni qu’il soit de bon augure de sous-estimer la capacité de compréhension du grand nombre. Une immense majorité de gens comprend que la question posée est : qui décide dans la société et au nom de quoi. Cette question est révolutionnaire. Elle ne connait pas de frontière. Elle s’applique aussi bien à la société tout entière qu’à la vie dans l’entreprise. Pourquoi la citoyenneté s’y arrêterait-elle ? Ce raisonnement conduit à donner une place essentielle aux processus constituants dans les révolutions de notre temps. Car en définissant la Constitution, le peuple s’identifie à ses propres yeux. Il se constitue lui-même en quelque sorte. Par exemple en disant quels droits sont les siens, en organisant sa façon de prendre les décisions, en définissant l’ensemble des pouvoirs qui agissent pour faire fonctionner tout cela.

 

 

- Le processus constituant est l’acte fondateur de la conquête de la souveraineté par le peuple

Ce n’est pas un à côté de la stratégie révolutionnaire de notre temps. C’est son vecteur politique. Dans cet approche, se battre pour la convocation d’une Assemblée constituante, c’est ce battre d’abord pour l’existence même du peuple comme acteur de l’Histoire. Le peuple est constituant ou il n’est rien, comme Marx disait du prolétariat qu’il était révolutionnaire ou bien qu’il ne serait rien. Tout cela souligne l’importance d’une reconstitution solennelle du peuple politique. Il s’agit donc bien de convoquer une Assemblée constituante. Sans sa convocation, sans les élections qui la forment, sans les auditions de toutes sortes qu’elle doit organiser, la Constitution n’est qu’un coup de force supplémentaire. On en a assez vu ! Car depuis la promulgation de la Constitution de 1958 en France, le texte a été changé vingt-deux fois sans consultation populaire. Et, bien sûr, sans aucune participation des citoyens à la rédaction du texte ou des changements prévus. Quant à nous, il ne s’agit pas simplement de changer la règle du jeu mais de prendre le pouvoir. La Constituante dont je parle n’est pas un arrangement technique pour peaufiner les rouages. C’est une révolution de l’ordre politique pour répondre aux questions concrètes que le système est incapable de régler. Dans mon esprit, ce projet doit nécessairement reposer sur une action de masse dont les principes d’organisation doivent correspondre au projet. Autrement dit : tout le monde doit pouvoir y participer et l’animation doit être collégiale et tournante.

 

 

- Je crois en effet que les esprits y sont prêts

Dans tous les pays où l’on a fait appel à cette démarche, la réponse a été toujours très ample et au-delà des prévisions. Ce n’est pas une découverte pour moi. Je vais me permettre de me citer. Le 5 mai je m’étais exprimé avant le départ de la marche[1]. Et voici comment je m’étais résumé : « Rien n'est plus puissant, dit Victor Hugo, qu'une idée dont l'heure est venue ! Rien ne sera plus puissant que ce mouvement pour la 6ème République que nous construisons ensemble et dont vous voyez qu'il s'élargit, qu'il n'appartient à personne sinon qu'à vous-mêmes. Ce mouvement va encore s'élargir et je vous appelle à le construire là où vous êtes !"

 

Ma proposition devant le Parti de Gauche cet été est de reprendre l’ouvrage là où nous l’avions laissé avant la calamiteuse période des municipales.

 

Note

[1] Voir vidéo ci dessous

 

Pour en savoir plus :

- mon dossier VIe République

Discours de Jean-Luc Mélenchon - Marche citoyenne pour la 6ème République 5 mai 2012

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 09:40
Hollande ne pourra pas dissoudre le peuple

C’est finalement dans le TGV qui m’a conduit  puis ramené des Karellis, lieu traditionnel de l’université du PCF où j’étais convié à plusieurs débats, que j’ai trouvé le temps d’écrire cette note de rentrée. « Ma » rentrée pourtant, comme la plupart de mes camarades du PG, date de plus d’une semaine. Mais les occupations liées à notre Remue-Méninges à Grenoble ne m’ont pas laissé le temps d’assurer une concordance entre cette rentrée militante et sa traduction écrite.  Tant mieux : que n’aurai-je sinon raté ! Les déclarations de Montebourg et Hamon, Valls 2 succédant à Valls 1 ; François Hollande se donnant des airs « de » sous une pluie torrentielle à Sein puis à Paris (quoi que l’on puisse considérer cet accompagnement pluvieux comme faisant partie des constantes du Président de la république) ; Macron remplaçant Montebourg ; une standing ovation du Medef pour le 1er ministre ; son donneur d’ordre, Gattaz, annonçant les prochaines mesures antisociales du gouvernement avec, pour commencer, la dérégulation des seuils sociaux et du travail dominical ; l’abandon de tout encadrement des loyers etc… Bref autant de signes de l’accélération d’une crise politique et de régime. Si prégnante qu’elle n’a même pas pu attendre que soit passée l’université d’été du PS pour se manifester.

 

Donc où en sommes-nous ? A en croire les éditorialistes de la pensée unique qui se sont relayés cette semaine, eux aussi sont rentrés, tout pourrait maintenant rouler pour le gouvernement Valls 2. D’une part, le premier ministre dispose désormais d’hommes et de femmes qui adhèrent à sa politique. Fini les « gêneurs » de type Montebourg susceptibles d’effrayer les marchés et d’irriter Mme Merkel par des saillies certes impuissantes mais quand même mal venues. D’autre part, le Medef a adoubé Manuel Valls comme rarement premier ministre l’a été  sous la 5ème. Et s’il fallait encore rassurer les marchés et les actionnaires, la nomination d’un de leurs représentants, Emmanuel Macron, constitue la cerise sur le gâteau.

 

Source : le Blog d'Eric Coquerel Secrétaire national du parti de Gauche

- Vers l’échec assuré

Un Hollande à l’aise dans ses baskets de social libéral, une équipe prête à jouer loyalement le jeu, l’officine des patrons les plus libéraux derrière lui et la confiance des marchés : tout serait donc en place pour que la livraison des chiffres du chômage en juillet soit la dernière de ce type. On sait bien que ce ne sera pas le cas. Car en appliquant toujours plus drastiquement une politique vieille de 15 ans, celle du Blairisme triomphant, Hollande fait subir à notre pays les « recettes » qui ont menées dans le mur la France comme l’Europe. C’est en effet le moment de rappeler où en est la « reprise » de la zone Euro annoncée par ce charlatan depuis deux ans : comme la France, la croissance de l’Allemagne stagne et l’Italie est déjà entrée carrément en récession. Il n’y a donc pas besoin d’être devin pour décrire la situation  dans trois mois. C’est celle d’aujourd’hui : chômage en progression constante, activité en berne, toujours moins de services publics et de protection sociale, profits et dividendes des actionnaires en hausse. Et courbe de popularité du Président et du premier ministre au plus bas.

 

François Hollande ne réglera rien car c’est la politique à laquelle il croit – je résume : la main invisible du marché finira bien par arranger les choses si on lui fait suffisamment d’offrandes – qui est mauvaise et non pas spécialement les personnes qui l’appliquent. Même si en l’espèce, ils sont en plus mauvais.

 

C’est pourquoi François Hollande va échouer. Et à ce rythme je ne vois pas le gouvernement Valls 2 durer plus longtemps que le « glorieux » gouvernement de « combat » qui l’a précédé. Et si Hollande tient jusqu’en 2017, il y arrivera en lambeaux, mal parti pour franchir le 1er tour. Le socialiste Stéphane Delpeyrat a dans un tweet aussi rageur que lucide bien résumé le risque : « les 3% nous les atteindrons j’en suis sur. En mai 2017 ».

 

 

- Le peuple n’adhère pas au libéralisme

  • Pourquoi ces certitudes ?

Parce que le Medef n’a jamais fait une majorité dans ce pays. Pour des raisons historiques que ce billet n’a pas pour vocation de  détailler, mais dont la première est le souffle encore porteur de notre grande révolution,  le peuple français ne s’est au fond jamais converti à l’idéologie libérale. Sans forcément d’ailleurs emprunter des choix politiques clairs pour le dire. L’histoire de la 5ème le montre : Chirac bat le régent Balladur en dénonçant la fracture sociale, Sarkozy passe sur une entourloupe en s’appuyant sur la faiblesse du PS mais aussi l’ambigüité des discours concoctés par Gaino, Hollande l’emporte parce que l’Elysée vaut bien pour lui une grande messe contre la finance au Bourget et que justement son prédécesseur est châtié pour son libéralisme. Jusqu’à quand cela tiendra-t-il ? La question mérite d’être posée : la confusion qu’installe François Hollande en suivant la voie ouverte par Sarkozy, ayant un effet déflagrateur sur le peuple pourtant le plus politique au monde.  Mais j’ai la certitude que ce travail de sape ne sera pas suffisant pour inverser d'ici 2017 ce mouvement inscrit dans la longue durée. D’autant que notre peuple paye toujours davantage les conséquences néfastes de cette politique libérale. 

 

C’est l’analyse faite d’ailleurs par Marine Le Pen. Pourquoi sinon le Front national libéral et atlantiste de Jean-Marie Le Pen  s'avancerait-il désormais comme un parti national capitaliste ? Les ethnicistes ont compris que la prise du pouvoir en France est à ce prix. C’est aussi pourquoi, sur fond de crise, rien n’est assuré en cas de duel entre Marine Le Pen et un représentant de la droite traditionnelle au 2ème tour : pas sur  que cette fois un appel à la démocratie suffise à élire un représentant du camp libéral. Et si c’est le cas ce sera au profit d’une droite toujours plus travaillée par le programme xénophobe et antirépublicain du FN.

 

De cette analyse, on comprendra que qualifier un représentant de notre « camp » au 2ème tour de la Présidentielle est à bien des égards la meilleure assurance pour éviter le pire à notre pays.

 

  • Comment ?

En s’appuyant sur la formidable armée de réserve qui existe. Celle qui s’est largement abstenue aux européennes, qui ne supporte pas la politique appliquée mais qui, aujourd’hui, ne voit personne ou nulle force à même de la contester concrètement. Qu’elle s’abstienne en 2017 et la voie peut être ouverte pour Mme Le Pen ou en tous cas pour une droite travaillée par l’idéologie de l’extrême droite.

 

On aura compris que je ne crois pas dans la possibilité que le PS empêche ce scénario. Je pense même que François Hollande est en passe de le dissoudre comme l’ont été les partis de la gauche traditionnelle en Italie. J’écoute certains frondeurs en appeler à un congrès de leur parti, certains que Valls est minoritaire en son sein. Je ne partage pas cette illusion. Bien sûr, ce dernier n’a atteint que 5% à la primaire socialiste mais François Hollande en était sorti en tête et en dehors d’Arnaud Montebourg, aucun de ses concurrents ne dérogeait sur le fond au social libéralisme. Ce n’est qu’ensuite, en février 2012, que devant la poussée de Jean-Luc Mélenchon et du Front de Gauche, Hollande a fait dans la critique de la finance. Mais souvenez-vous de son interview au Guardian publié quasi en même temps que le Bourget. Ce rapport de force a-t-il changé dans le PS ? L’université de La Rochelle transformé en happening et où les frondeurs mobilisés ont fait entendre fortement leur voix pourrait le laisser penser. Je n’y crois pas. Je considère que ce parti a en réalité changé de nature comme de sociologie militante. D’ailleurs si les frondeurs se font entendre, et vu la brutalité de Valls cette semaine le contraire aurait été étonnant, il s’est trouvé 200 autres députés pour se dire en solidarité avec la politique menée. Il est fort possible, comme la SFIO à son époque, que le PS meure du « Hollandisme ». Mais d’ici là, ce n’est pas de lui que viendra l’issue. L’imaginer, concentrer nos efforts militants sur ce mirage nous ferait non seulement perdre un temps précieux mais semer encore plus d’ambiguïté sur notre compte vis à vis des français.

 

 

- Pour un Front de Gauche utile à construire son propre dépassement

  • L’issue viendra-t-elle du seul FDG et l’unité de l’autre gauche ?

Cela a été l’axe stratégique du PG depuis sa création. C’est dire s’il fait partie de notre ADN. Non sans réussite. Nous sommes ainsi quasiment parvenus à rassembler toute l’autre gauche. Avec le résultat que l’on sait : les 4 millions de voix de Jean-Luc Mélenchon en 2012 ont crédibilisé notre démarche. Mais pour finir deux ans après sur le récif des Européennes. Je ne reviendrai pas sur l’ensemble des raisons de cet échec. Je l’ai fait largement dans mes billets de juin. Mais la principale est celle-ci : nous n’avons pas été suffisamment dissociés de LA « gauche » qui gouverne pour apparaître comme son alternative plausible. Or, comme l’a affirmée justement Jean-Luc Mélenchon dans son discours de clôture à Grenoble, force est malheureusement de constater que « le système n’a plus peur de la gauche ». Résultat : en dehors de sa partie la plus politisée, le peuple qui veut le contester ne se tourne plus vers ce qui s’apparente à LA gauche. Injuste mais bien réel.

 

  • Est-ce à dire que FDG ne sert plus à rien ?

Evidemment non. Nous avons eu tant de mal à rassembler cette énergie militante qu’il serait stupide de la déconstruire gratuitement. Mais le FdG doit aujourd’hui utiliser cette capacité militante dans un projet qui nécessairement doit le dépasser. Comment fédérer le peuple, le remettre en mouvement, lui donner envie de reconquérir sa souveraineté politique ? Voilà la question. Il serait injuste de dire que le FdG ne se la pose pas depuis quelques temps. La notion de Front du peuple, progressivement reprise par les forces qui le composent, en est l’écho. On voit bien en tous cas que ce n’est pas le seul FdG, ni même la seule addition de forces politiques, qui sera à même d’atteindre cet objectif d’ici 2017. Il peut toujours par contre en être l'outil principal. S'il change.

 

 

- Le moteur du changement : la souveraineté du peuple

Le peuple ne se tournera donc pas vers nous s’il nous perçoit comme l’appendice contestataire d’un PS fantasmé comme le centre incontournable de la gauche. Mais ce ne sera pas non plus suffisant de lui proposer de nous mettre en tête de la gauche pour ensuite transformer celle-ci. Nous ne sommes pas parvenus à le convaincre de cette utilité, nous y parviendrons encore moins dès lors que Hollande et Valls captent la notion de gauche au profit d’une des politiques les plus socialement droitières de la 5ème République. II faut voir plus loin, plus large, plus en capacité de concrétiser le fait majoritaire dans un mouvement totalement indépendant du système et des jeux d’alliance qu’il implique, PS compris. C’est la raison pour laquelle Jean-Luc Mélenchon a mis sur la table le projet d’un mouvement pour la 6ème République au point de souhaiter y consacrer le plus clair de son temps. On aura compris qu’on ne parle pas là seulement transformation institutionnelle mais bien de changement de République au sens littéral du terme : une république citoyenne, sociale et écologiste en lieu et place de la monarchie présidentielle et de plus en plus oligarchique qui corsette la souveraineté populaire. Raison pour laquelle, seul le peuple pourra la constituer à travers l’assemblée qu’il se donnera pour cet objectif. 

 

Remettre le peuple en mouvement dépasse donc la simple accumulation de courants et de forces politiques. Un mouvement pour la 6ème république nécessitera ainsi  l’irruption de collectifs permettant une implication citoyenne maximum sans que l’on demande à ses membres de décliner leur appartenance politique.

 

Le Parti de Gauche va s’y engager. Nous allons, dès son Assemblée générale du 6 septembre, proposer la même chose au Front de Gauche. S’il veut jouer encore un rôle majeur, il ne peut plus être le lieu des ambigüités stratégiques et des polémiques qu’il a été depuis 2012. Cela implique déjà qu’il soit capable assez vite, la fin de l’année semble une butée réaliste respectueuse de la souveraineté de ses organisations, de se réorienter vers une stratégie nationale qui ne peut être, pour commencer, que celle de l’autonomie vis à vis du PS aux prochaines élections. C’est une condition de son utilité et de son maintien.

 

 

- Combattre le gouvernement Valls 2 comme n’importe quel gouvernement de droite.

Les autres forces et courants de la gauche anti austérité ? Dire que c’est le peuple qu’il faut ambitionner de fédérer indique l’objectif essentiel. Le moyen dont nous ne pouvons nous passer pour réussir. Mais il serait stupide de ne pas chercher à mobiliser dans ce dessein la dynamique accélératrice que ces forces peuvent constituer. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Si nous pensions l’inverse, nous arrêterions de construire le parti de gauche. Nous entendons donc œuvrer à l’unité de tout ce qui s’oppose à la politique actuelle.  C’est notamment le cas des collectifs issus de la marche du 12 avril qui veulent travailler à l’unité la plus large sur le front social des syndicats, associations, partis. Pour mieux résister mais pas seulement. Nous devons plus que jamais démontrer notre capacité à apporter des réponses immédiates et concrètes aux questions premières que se posent les français, l’emploi en premier lieu. Celles que sans attendre nous serions à même d'appliquer au gouvernement pour rompre avec le libéralisme et le productivisme et apporter un mieux-être rapide au pays.

 

Tout cela participe à la bataille contre le gouvernement Valls 2.  Qu’il faut évidemment  combattre sans attendre les Présidentielles comme nous le ferions de n’importe quel gouvernement de droite. Sa légitimité ne tient qu’à un fil, il faut faire en sorte de le faire tomber. Les autocollants « Valls Démission » sortis par le PG au moment où, ministre de l’intérieur, il promouvait sa politique du bouc émissaire  (il a largement continué cet été), vont pouvoir ressortir !

 

 

- Le révélateur du vote de  confiance à un gouvernement qu’il faut faire tomber

Dans notre esprit,  le processus alternatif décrit dans ce billet concerne tous les opposants de gauche. J’estime cependant que se profile un test décisif pour tous ceux qui appartiennent à l’actuelle majorité gouvernementale : c’est d’en sortir ! Franchement. Voilà pourquoi nous demandons aux « frondeurs » de tous type, qu’ils soient socialistes, EE-LV ou MRC de s’opposer réellement à la politique de Valls en empêchant qu’elle sévisse plus longtemps. Sinon rien ne sert de se sentir fort à l’applaudimètre à la Rochelle. Ils ne doivent pas voter la confiance au gouvernement et à fortiori, s’il passe cette épreuve, son budget. Non pas s’abstenir mais voter contre. C’est le courage que nous leur demandons de démontrer à ceux qui les ont élus mais aussi la condition pour construire ensemble l’avenir. C’est aussi un service pour eux-mêmes car le peuple ne fera pas le  tri entre ceux qui appliquent cette politique avec entrain et conviction et ceux qui la permettent en râlant. Hollande peut arriver à dissoudre le PS, voir la gauche mais pas le peuple… Et la note que ce dernier présentera sera salée.

 

 

- C’est reparti !

Je voudrais finir cette note en parlant du Parti de Gauche. L’échec des Européennes a pesé dans notre histoire et sur chacun d’entre nous. Nous sommes des militants faits de chair, de convictions et de sentiments, dévoués à une cause qui ne nous rapporte aucun confort matériel, au contraire. Nous avons nos fragilités. Juin a ainsi été difficile à passer pour beaucoup d’entre nous après la fatigue accumulée et la tension des élections municipales et européennes. Comme tout groupe humain, nos douleurs ne sont pas seulement politiques. Nous ne sommes évidemment pas immunisés contre la fragilité et la finitude de l’humanité. La disparition aussi inattendue qu’injuste de notre camarade et éditeur Bruno Leprince survenue la veille de notre Remue-méninge nous l’a rappelée dramatiquement.  J’ai toujours considéré que l’un des moteurs de l’engagement politique, dès lors qu’il n’est pas seulement un plan de carrière,  était de transcender notre nature éphémère en l’inscrivant dans une communauté de destin présente et à venir. Une chaine fraternelle qui nous conduit à nous battre pour l’actuelle humanité mais aussi pour ceux qui viendront après nous. Pour qu’ils puissent continuer à vivre sur cette planète et si possible mieux que nous. C’est, je suis sur, ce qui nous pousse à agir et à militer malgré tout, et encore plus, quand beaucoup d’entre nous redoutent qu’il soit trop rapidement minuit dans le siècle.  Nous refusons l’inéluctable.

 

Dans cette période difficile, notre Remue Méninge a été un moment politique exaltant dont nous ressortons plus forts. A son issue un militant ma interpellé d’un joyeux « c’est reparti ! ». Je l’ai gardé en esprit car il résumait bien je trouve le sentiment général. Parce que nous avons commencé collectivement à définir une autre stratégie, parce que nous en sommes sortis en ayant des idées claires sur « que faire ? ». Parce qu’aussi, au cours des débats et ateliers, tous remplis, nous avons appris des choses et en sommes sortis plus intelligent que nous n’y étions entrés. Et ce, grâce aussi à nos invités qui, tous, ont été pertinents et souvent brillants.

 

Accepter comme nécessaire le retrait de la coprésidence de Jean-Luc Mélenchon et de Martine Billard, nous a conduit à commencer aussi à réorganiser notre direction. Dans celle-ci je m’occuperai dorénavant de la coordination politique du PG sans cesser, pour le moment, de gérer les relations unitaires. Je vais me consacrer du mieux que je pourrai à cette nouvelle fonction, certain que si notre PG n’est pas une fin en soi, mais un outil, il reste terriblement précieux dans le moment politique que nous vivons. Et que cela donc vaut le coup de le renforcer.  Pour mieux combattre l’insupportable.

 

Pour en savoir plus :

- mon dossier VIe République

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 09:32
 (3ème partie/fin) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

- Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (1ère partie).

 

- I – La politique désastreuse des gouvernements de François Hollande

- II – L’intégrité morale des hommes politiques remise en cause sur une vaste échelle

- III – Confusionnisme politique et brouillage des repères. Le désarroi des électeurs

- IV – La stagnation du Front de gauche.

- V – Il existe bien deux gauche en France, comme en Europe : une gauche qui remet en cause radicalement l’hégémonie de la classe dominante et une autre qui s’en accommode

- VI – Le dipôle UMP – PS déforme les lignes du champ politique

 

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- Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (2ème partie).

 

- VII – Refonder le Front de gauche ? Vers un Front du peuple ? Refonder la gauche ?

 

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Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage

- Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (3ème partie).

 

- VII – Refonder le Front de gauche ? Vers un Front du peuple ? Refonder la gauche ? (suite et fin)

 (3ème partie/fin) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

Le parti communiste des ouvriers de France (POCF, membre du FdG se pose aussi la question de l’organisation et indique dans son document d'analyse post-électorale du 02/06/2014, sur son site : "On nous dit souvent qu’il faut dépasser le caractère de cartel d’organisations. Nous pensons, quant à nous, que la question est plutôt de dépasser le cadre d’un cartel purement électoral. C’est sous cet angle qu’il faut, à notre avis, poser la question des adhésions individuelles : si on en reste aux questions purement électorales, s’il s’agit de désigner des candidats… nous n’avancerons pas davantage dans l’implication du plus grand nombre.…" Et il insiste sur la nécessité d’avoir une structure permettant de franches discussions aboutissant à de bons compromis.

 

Pour le Front de gauche, la proposition du philosophe marxien Jacques Bidet est tout à fait intéressante. On peut se reporter à son article dans l’Humanité du 7 mai 2014 intitulé : "Un avenir pour le Front de Gauche" Je souscris, pour ma part, totalement à son point de vue et j’invite vivement le lecteur à prendre connaissance de ce texte qui a le mérite d’être relativement court.

 

[E. DURAND : je considére moi aussi que sa proposition est la meilleure qui puisse être mise oeuvre :

....Non pas des « Associations du Front de Gauche », conçues comme des sections locales fictives d’un parti qui n’existe pas, mais quelque chose de plus large : des « Associations pour le Front de Gauche ». Elles auraient la responsabilité de coordonner la réflexion et l’action à mener au plan local, en participation à la réflexion et à l’action au plan national...]...

Non pas des « Associations du Front de Gauche », conçues comme des sections locales fictives d’un parti qui n’existe pas, mais quelque chose de plus large : des « Associations pour le Front de Gauche ». Elles auraient la responsabilité de coordonner la réflexion et l’action à mener au plan local, en participation à la réflexion et à l’action au plan national. - See more at: http://www.humanite.fr/un-avenir-pour-le-front-de-gauche-par-jacques-bidet-philosophe-526470#sthash.fsxgqMO7.dpuf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une autre idée intéressante est celle de Roger Martelli dans le webzine Regards du 31 mai 2014 . "Réflexions pour le Front de Gauche"…Il n’y a donc pas de solution purement partisane à la crise politique actuelle. Inutile d’envisager un parti central, au cœur d’une galaxie étendue, comme le PCF y parvint pendant quelques décennies ; mais un front de partis, fût-il élargi, ne suffit pas non plus. Le contact entre formations politiques est utile ; il n’est pas « la » solution. S’il faut reconstruire, c’est dans deux directions : associer à la construction de projets et d’initiative politique des forces et des individus qui ne sont pas dans le champ étroitement partisan ; bâtir des formes de fonctionnement collectif selon des modèles coopératifs, en réseaux, qui contredisent la tendance forte à confondre centralité et verticalité hiérarchique."

 

Mais encore faudrait-il ne pas oublier l’existence de l’Humain d’abord", qui certes n’est pas un programme définitif mais qui n’en reste pas moins un projet collectif de référence pour le FdG.

 

 

 

 

 

Un point de départ très basique, est que chaque composante du FdG veille à ce que son propre fonctionnement soit démocratique, c’est-à-dire prenne le temps d’organiser cette démocratie conformément aux statuts qu’ils ont choisis.

 

Remarquons que le soi-disant conflit de leadership pour le Front de gauche invoqué par certains responsables politiques et journalistes n’est qu’un écran de fumée : – tendant à masquer une carence organisationnelle structurelle et fonctionnelle du FdG – et tendant à éluder le véritable conflit de fond qui est le choix entre l’autonomie prônée par le Parti de Gauche et l’alliance avec le PS au premier tour des élections défendue par la direction du PCF. Remarquons d’ailleurs que la quasi-totalité des composantes du FdG considère que celui-ci doit être une organisation politique autonome alternative au PS.

 

Toujours sur cette thématique de l’organisation, une autre contribution qui fait réfléchir est celle de Jean Rabaté, dans le journal l’Humanité : "Front de gauche : l'adhésion directe est-elle souhaitable, nécessaire ou inopportune ? "

 

 

[E. DURAND : Je pense moi aussi que les adhésions directes.... "conduiraient tôt ou tard à la formation d’un nouveau parti et signeraient très probablement la fin du Front de Gauche en tant que facteur du large rassemblement plus que jamais nécessaire...]...

 

 

 

 

 

 

J’ai eu l’occasion sur le site du PG Midi Pyrénées d’apporter une contribution massive sur le thème : Le Front de gauche doit améliorer sa puissance organisationnelle, En utilisant les apports des sciences humaines contemporaines : théorie des organisations et de l’intelligence collective, la coopération en intelligence artificielle distribuée, etc.
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Première partie
- Seconde partie
- Troisième partie

On peut trouver dans cette étude les différents outils conceptuels permettant de penser une nouvelle organisation articulant les différentes composantes du Front de gauche.

 

C - Le capital symbolique du FdG doit être le miroir de son programme et de son projet de société.

Nous avons vu précédemment comment le capital symbolique pouvait se trouver déformé et même écrasé par l’optimisation du capital économique et perdre de son sens pour les électeurs. Ainsi, l’identité politique du FdG émanant de son projet de société et de son programme ne doit pas être assujettie à des considérations et stratégies relatives à la préservation ou à l’accroissement de son capital économique.

 

De cette manière, la perception du champ idéologique du FdG par la population n’est pas déformée par des comportements électoralistes d’alliance contre nature, de carriérisme, de lutte de places. Le capital symbolique du FdG se trouve ainsi préservé et est le reflet fidèle de ses positions économiques, sociales et culturelles structurant son champ idéologique.

 

Dans le cas contraire, le programme l’Humain d’abord est perçu comme un document démagogique, un catalogue de promesses électorales qui ne seront pas tenues. Le champ idéologique du FdG subsiste mais son capital symbolique s’effondre, et évidemment avec lui, ses scores électoraux. Dans une telle configuration, les agents politiques du FdG gardent leurs convictions mais leur crédibilité et leur audience tendent vers zéro.

 

Cette préoccupation de rendre indépendant, autant que faire se peut, le champ idéologique du FdG de son capital économique doit être d’autant plus affirmée que l’appareil idéologico–médiatique met tout en œuvre pour déformer ce champ, voire même l’effacer, afin d’affaiblirle plus possible son capital symbolique.

 

Nous avons vu aussi que le champ idéologique politique était bipolaire : CI = L U AL. (Le champ idéologique est l’union de deux composantes : le champ idéologique libéral et le champ idéologique antilibéral).

 

Les partis de droite et sociolibéraux sont porteurs de L et les partis de "l’Autre gauche" sont porteurs de A L. Toute la stratégie de la grande bourgeoisie au travers ses médias est d’écraser le capital symbolique correspondant à AL en usant de tous les moyens technologiques et cognitivo – psychologiques possibles. De sorte que tout comportement politique de "l’Autre gauche" conduisant à déformer son propre capital symbolique concourt à la réalisation des objectifs de la grande bourgeoisie.

 

D’autre part, la stratégie des alliances a aussi un autre inconvénient : le processus de contamination de la désespérance des électeurs. Les partis dominants entraînent dans leur chute les partis avec lesquels ils ont établi des alliances. C’est-à-dire que l’altération du capital symbolique des partis dominants se propage au sein du capital symbolique des partis alliés. Ce phénomène est confirmé par les résultats électoraux et les indices de confiance envers les partis politiques établis par les instituts de sondage.

 

D - Le FdG fort de son capital symbolique propre ne doit pas faire cavalier seul.

L’affirmation d’une identité politique propre ne signifie pas que le FdG doive s’encapsuler dans son organisation : bien au contraire, une identité forte lui permet de s’ouvrir largement sur l’ensemble du mouvement social, en contractant par exemple des alliances circonstancielles de lutte avec d’autres forces de gauche. (Voir ci-dessus 2B) et être un pôle central de résistance contre les politiques d’austérité et de régression sociale comme l’invite la coordination FdG dans son communiqué du 25 juin 2014.

 

Néanmoins, le piège à éviter est de dissoudre son capital symbolique dans un flux d’actions purement défensives faisant oublier son programme : l’Humain d’abord. Le FdG n’est pas une organisation de contestation de nature syndicale mais d’abord une force de proposition capable de prendre le pouvoir et mettre en œuvre une politique alternative . Le FdG ne peut définir son identité par une simple capacité de rassemblement et d’organisation des actions. Pour utiliser une métaphore, un catalyseur joue son rôle de catalyseur en raison de sa structure propre.

 

Le travail sur le programme et le projet de société, sur l’organisation, sur la formation, demande beaucoup de temps et ne doit pas être sacrifié sur l’autel de l’électoralisme et de l’activisme réactif, ce qui a été le cas jusqu’à présent, avec les résultats pitoyables que l’on connaît

 

4 - Qu’entendre par radicalité ? Radicalité ne signifie pas extrémisme

Abécédaire des réalités concrètes

Abécédaire des réalités concrètes

Le caractère ouvert et intégratif du programme du Front de gauche permet et facilite d’éventuelles alliances avec d’autres partiis de gauche tout en affirmant clairement son identité politique. Mais cette qualité intégrative ne signifie pas une intégration des idées d’autres mouvements sur n’importe quelle base. Cette intégration ne doit pas être contradictoire avec les orientations radic ales en rupture avec le capitalisme contemporain défendues par le FdG. Mais encore faudrait-il préciser ce que l’on entend par "radicalité" car ce mot même accompagné de l’adjectif "concrète", car sans précision de son contenu, il ne signifie rien. Cela nécessite, par exemple de définir clairement le périmètre de socialisation des moyens de production et d’échange (en précisant les différentes formes de cette socialisation par secteur : nationalisation, gestion territoriale, économie sociale et solidaire dont les coopératives, etc.). Quel contrôle pour imposer le pluralisme aux médias ? Quelle gestion des entreprises publiques et privées et quels nouveaux droits pour les travailleurs ? Quels types de gestion et d’encadrement pour le secteur financier et boursier ? Quelle fiscalité progressive sur le capital sur le travail ? Quelle doit être l’échelle des revenus ? Doit-on rendre au secteur public la totalité des bords de mer et de rivières ? Doit-on confisquer tout patrimoine excédant deux millions d’euros ? Quels grands principes pour une sixième république notamment dans le domaine de séparation des pouvoirs ? Ne pas aborder ces questions lorsque l’on parle de radicalité, c’est joué du pipeau. Évidemment je n’ai cité que quelques exemples et cette liste de questions est loin d’être exhaustive. (Pour alimenter la réflexion l'abécédaire des radicalités concrètes).

 

Lorsque l’on aborde concrètement ces questions et que l’on fait varier le curseur sur la ligne de partage public / privé autrement dit sur la graduation : intérêt général/intérêts privés, on s’aperçoit que la qualification "d’extrême gauche" attribuée au Front de gauche relève d’une escroquerie intellectuelle destinée à faire peur à la petite bourgeoisie et notamment aux socialistes "affligés" ou "frondeurs" qui, vus sous un autre angle, sont des socialistes apeurés et je ne parle pas ici des écologistes verts de peur. La mesure de la radicalité du FdG ne s’effectue pas à l’aide d’un sonomètre indiquant, en décibels, l’intensité sonore de la voix de Mélenchon dans un meeting, mais par une calme lecture du programme l’Humain d’abord, éclairé par une lampe de chevet.

 

Si, par aventure, quelconque petit-bourgeois apeuré – pas forcément membre du PS – faisait le louable effort de réaliser cette lecture, il constaterait alors que ce texte est loin de développer des positions extrémistes. Et si, de surcroît, ce texte évoquait en lui des réminiscences chrétiennes, et que, poussé par la force de sa curiosité, il s’enquérait de l’existence d’un texte analogue dans la littérature chrétienne, la curiosité ferait place à l’ébahissement. Se révélerait à lui que la politique sociale de l’Église actualisée par Benoît XVI dans son encyclique sociale Caritas in vertate (2009) dans ses thèses économiques et sociales ,convergent totalement avec le contenu de "l'Humain d'abord"  : affirmation d’une économie plurielle, développement des droits des travailleurs, lutte contre la pauvreté et des inégalités, développement de l’économie sociale et solidaire, prédominance du travail sur le capital, nécessité de maîtriser la finance etc..

 

Lisant ainsi cette encyclique à la lumière de quelques cierges, il découvrirait que sa position politique n’est pas à gauche mais bien à droite de celle du Vatican. Mais il invoquera alors, ce qui est martelé par les médias, les questions sociétales telles le mariage pour tous, la contraception et l’avortement (mesures qui concernent 1 % à 2 % des individus réellement concernée par une application effective de la loi à leur cas), cataloguant ainsi le Vatican de réactionnaire. Jeu un peu facile : c’est oublier que de refuser la maîtrise réelle de la finance et la réduction radicale des inégalités, c’est jeter des millions de personnes au chômage, faire sombrer des pans entiers de la société dans la pauvreté, provoquer la mort de millions de personnes dans le monde faute de nourriture ou de soins, etc. Alors quels sont les plus réactionnaires ? (Mais de toute façon, cette question ne se pose pas pour le FdG, puisque celui-ci a toujours défendu le mariage pour tous, la contraception et l’IVG).

 

Mais tous les socialiste affligés et les écologistes ne sont pas forcément apeurés car un certain nombre d’entre eux ont effectivement lu l’Humain d’abord et souscrivent à ses propositions. C’est donc pour une autre raison (que la peur engendrée par leurs fantasme d’extrémisme) , bien plus proche des réalités terrestres, que ceux-ci ne rejoignent pas le FdG. S’ils ne rejoignent pas le Front de gauche, c’est en raison du risque d’une perte de leur capital économique, autrement dit, du fait que le FdG n’offre pas les possibilités de promotion à la hauteur de celles offertes par le PS. Une rupture avec le PS occasionnerait une perte de tous les avantages que leur procure leur maison-mère.

 

Quant au nouveau parti, La Nouvelle Donne : nouvelle arnaque ? peut-on lire dans un article très amusant d'Agora Vox. Je ne sais. En tout cas, vu la proximité, voire l’identité de ses thèses, par rapport à celles du Front de gauche , on peut s’interroger sur les raisons de son existence, comme le fait l’auteur de l’article

 

[E. DURAND : Je m'interroge moi aussi sur l'émergence de cette nouvelle organisation à gauche du PS ? Relai ? Miroir aux alouettes ? A qui profite le "crime" ?]

 

 

 

 

 

- VIII – La conquête de l’autonomie.

L’ensemble des éléments contenus dans l’étude précédente conduit donc à soutenir le point de vue suivant :

 

...pour que le Front de gauche puisse continuer à exister et puisse se développer, il faut que la totalité de ses composantes affirme une stratégie autonome, indépendant du PS.

 

 

 

 

 

Concrètement, cela signifie le refus de toute alliance avec le PS au premier tour des élections et une alliance au deuxième tour négociée au cas par cas. C’est son identité politique qui est ici en jeu et la préservation de son capital symbolique, autrement dit de sa crédibilité et de ses capacités à faire adhérer les citoyens à son projet et son programme Si l’une de ses composantes refuse cette stratégie et reste au sein du Front de gauche, la totalité du FdG sera entraînée par sa chute prévisible.Le processus est déjà en cours.

 

Observons que cette manière de voir rapprocherait alors considérablement les organisations appartenant au groupe G3 et au groupe G4. Cette stratégie suppose l’acceptation d’une éventuelle décroissance, sur le court terme, de son capital économique.

 

Elle suppose aussi une structure organisationnelle autrement plus élaborée et pensée que l’embryon d’organisation électoraliste existant actuellement. La mutualisation des moyens matériels et humains, l’utilisation des techniques modernes d’information couplées aux pratiques traditionnelles du porte-à-porte, d’assemblées citoyenne, etc, non seulement sur les périodes électorales mais en continu, permettrait d’augmenter considérablement à la fois la diffusion des idées et le capital symbolique du FdG. Cela suppose aussi une stratégie d’action concernant les médias

 

Fort heureusement, la stratégie d’autonomie est largement répandue au sein du Front de gauche.

- Sans aucune ambiguïté, le Parti de gauche défend cette stratégie avec détermination. On peut se reporter par exemple à l’article de Martine Billard coprésidente du Parti de gauche. "La stratégie d’autonomie par rapport au PS est indispensable et incontournable dans le journal l'Humanité  ; 

 

- Un certain nombre de personnalités du PCF sont aussi d’accord avec cette stratégie d’autonomie. Ainsi on peut se référer aussi à l’article, dans le même journal : Tribune collective Nicole Borvo Cohen-Séat, Marie-Pierre Boursier, Patrice Cohen- Séat, Jean-Paul Duparc, Élisabeth Gauthier, Frédérick Genevée, Alain Hayot, Francis Parny : "…L’objectif est de travailler à une nouvelle majorité de gauche ayant vocation à gouverner dans les toutes prochaines années. Face à un pouvoir socialiste qui refuse de se remettre en cause et dont les choix sont soumis au Medef et à Bruxelles, il nous faut donc continuer de proposer une rupture avec cette gauche libérale, ce qui suppose, aux premiers tours de toutes les élections politiques, des candidatures et des listes distinctes de celles du Parti socialiste. Dans ce cadre, la question clé est celle d’un rassemblement suffisamment large pour devenir une alternative crédible. Le Front de gauche a été créé dans cette perspective. L’espoir qu’il a suscité au moment de la présidentielle n’a pas été confirmé aux municipales et aux européennes Mais, comme Syriza en Grèce, nous devons faire preuve de persévérance et de créativité." ;

 

- De même, Clémentine Autain a développé cette thèse lors des dernières élections municipales. Néanmoins, son ambition d'élargir le Front de Gauche aux "frondeurs" du PS, (Qui rappelons-le ont voté le budget, celui de la Sécu, la réforme ferroviaire... du gouvernement Hollande – Valls) est incompatible avec une telle stratégie d’autonomie par rapport au PS ;

 

- On ne sera évidemment pas étonné de la position de la Gauche anticapitaliste qui prône aussi cette autonomie.

 

On peut penser que cette question vitale sera tranchée définitivement au sein du Front de gauche d’ici quelques mois En espérant que le PCF évitera un éclatement en son sein entre les autonomistes et les alliantistes.

 

Mais une chose est certaine.

Les médias soutiendront les alliantistes dans l’espoir de faire imploser le FdG et de faire disparaître le reste de capital symbolique du PCF qui a déjà été très entamé par sa participation à la gauche plurielle celle-ci ayant été incapable de répondre aux espérances sociales (emploi, retraites,…)

 

 

 

 

 

 

 

- IX – Capitaliser et accroître l’intelligence collective au-delà des échéances électorales

Nous indiquons ici les liens permettant d’accéder à chacun des acquis de l’intelligence collective des partis de la gauche antilibérale.

. Construire de nouveaux projets, de nouveaux programmes, nécessite aussi d’avoir une mémoire, de ne pas répéter les erreurs du passé et donc de prendre en compte le travail collectif passé. Il ne s’agit évidemment pas d’en faire des textes intangibles mais de les considérer comme des éléments de réflexion enrichissant le travail présent et futur. Évidemment, cette liste n’est pas exhaustive, d’autant que l’accès à ces données n’est pas forcément évident, comme nous allons le voir Le texte de base de départ est, pour le FdG : L’Humain d’abord Programme l’Humain d’abord L'humain d'abord Programme l'Humain d'abord ;

. Le texte de synthèse des collectifs anti libéraux en 2005 Les 125 propositions. Cliquez ici ici ou la ;

. Le texte du  programme commun du 27 juin 1972 ;

. La déclaration de Paris de 2003 contre la corruption( Les propositions d'Eva Joly et des juges anticorruption européens) ;

. Les 18 thèses pour l'éco-socialisme du Parti de Gauche ;

. Le Texte du 36e congrès du PCF ;

. Les 34 propositions de La Nouvelle donne ;

. Programme de EE–LV 2012 "Vivre mieux. vers une société écologique" ;

. Manifeste des économistes atterés ;

. 20 mesures pour une réforme bancaire par l’association ATTAC France ;

. Proposition pour le financement de la transition énergétique ATTAC France ;

. Grand marché transatlantique Non à l’Europe américaine (Le Parti de Gauche) ;

. Que faire de l'Europe ? Fondation Copernic ATTAC France ;

. Le programme du NPA.

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 09:31
(2ème partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (1ère partie).

 

- I – La politique désastreuse des gouvernements de François Hollande

- II – L’intégrité morale des hommes politiques remise en cause sur une vaste échelle

- III – Confusionnisme politique et brouillage des repères. Le désarroi des électeurs

- IV – La stagnation du Front de gauche.

- V – Il existe bien deux gauche en France, comme en Europe : une gauche qui remet en cause radicalement l’hégémonie de la classe dominante et une autre qui s’en accommode

- VI – Le dipôle UMP – PS déforme les lignes du champ politique

 

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Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage

- VII – Refonder le Front de gauche ? Vers un Front du peuple ? Refonder la gauche ?

(2ème partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

1 - Des affirmations de refondation parfois trop réactives et pas assez réfléchies.

Suite aux résultats électoraux désastreux des partis de la gauche au printemps 2014 et à l’orientation ultralibérale du gouvernement Hollande, différentes réunions et prises de position concernant l’avenir du FdG et plus généralement de la gauche ont eu lieu.

 

Pourtant observons d’abord qu’il est relativement difficile d’émettre un jugement solide sur la signification des résultats des élections européennes pour la raison suivante : Les Français sont de plus en plus sceptiques concernant le bien-fondé à l’appartenance de la France à l’union européenne comme en témoigne par exemple les derniers sondages.

 

De ce fait pour un grand nombre d’entre eux ils n’accordent pas grand intérêt à ces élections. "Ainsi, en dix ans, ce soutien a baissé de plus de 15 points, passant de 67% à 51% (avec une accélération remarquable depuis 2009, -11 points), traduction d’une méfiance grandissante vis-à-vis de l’Union ". Les sondages indiquent que cette désaffection est encore bien plus marquée pour les couches populaires.

 

Dans un article intitulé : "Européennes : le Front de gauche progresse sans élan," le journal L’Humanité du 27 mai indiquait avec justesse que le nombre de voix obtenues par rapport aux élections européennes de 2009 avait légèrement progressé (6,47 % 1 114 872 voix). Ce résultat cache de fortes disparités d’une circonscription à l’autre. Le Front de gauche obtient son meilleur score dans la circonscription sud-ouest avec Jean-Luc Mélenchon qui fait son entrée au Parlement européen avec plus de 8 % des voix.

 

D’autre part, pour ces deux dernières élections, municipales et européennes, ce qui semble échapper à la quasi totalité des responsables du FdG – et c’est bien triste – c’est que les médias déploient une stratégie de marginalisation absolue à l’égard des représentants FdG. Et au lieu de s’interroger à la seule lumière de ces résultats (pipés), sur le bien ou mal fondé de l’alliance avec le PS, au lieu d’invoquer de soi-disant querelles d’egos, ils devraient examiner en tout premier lieu, avec sérieux, comment la diffusion de leurs idées occupe bien peu d’espace par rapport à celles du PS, de l’UMP et du FN.

 

Évidemment les médias ne sont pas les seuls responsables : l’autre raison tient à un déficit organisationnel du FdG. D’autre part, s’il est parfaitement vrai que la stratégie d’alliance avec le PS a une incidence sur les résultats électoraux, nous verrons plus loin pourquoi, il faut bien comprendre que les médias n’ont pas une attitude neutre par rapport à cette stratégie d’alliance ou de non alliance du FdG avec le PS.

 

Mais revenons à notre propos. On peut se rendre compte de la préoccupation de refonder le Front de gauche en parcourant la presse et quelques sites :

- "Passer du Front de gauche au front du peuple" titrait le journal l’Humanité du 20 juin 2014 Un projet de gauche pour la France ;

-  "Parti de gauche et PCF appellent à un Front du peuple chacun de leur côté" titrait Libération 15 juin 2014 ;

-  "Où v a le Front de gauche ?" titrait le webzine Les Inrocks Du 21 juin 2014

Article intelligent, présentant clairement les deux options incompatibles d’une refondation du Front de gauche ou d’un front du peuple. L’une restant dépendante du PS en voulant intégrer les socialistes et écologistes affligés (qui n’ont pas, pour autant, rompu avec le PS), l’autre voulant construire une force indépendante alternative au PS.

 

- Lors de son dernier Conseil national, le Parti de gauche a appelé à une "refondation" du Front de gauche et à la "convocation d’assises ouvertes", afin de "clarifier sa stratégie électorale" et de "réactualiser son programme", "Mélenchon ne privilégie plus son tête-à-tête avec le PCF au sein du Front de gauche" indiquait le Blog de France info du 15 juin 2014 ;

 

- Dans une perspective de recomposition de la gauche rose –rouge – vert, "Il faut réfléchir avec un coup d’avance pour rebondir en cas de déroute de notre camp. La recomposition de la gauche se fera vraisemblablement autour d’un axe rose, vert, rouge. La famille des socialistes doit plus que jamais maintenir des liens avec des formations comme le Front de Gauche (FDG) et Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) au lieu de construire de nouvelles majorités avec l’UDI..." pouvait-on lire dans l’Express du 15/0 5/2014 comme réponse de Liêm Hoang-Ngoc, membre du bureau national du PS et de l’aile gauche du parti, économiste et eurodéputé sortant aux journalistes. En savoir plus ICI  ;

 

- Dans la même veine, sur le site de la gauche unitaire (GU) on pouvait lire dans un article titré : "Poursuivre le débat de planification engagée au Front de gauche"

"Le Front de Gauche doit sortir des postures incantatoires, pour se replacer au cœur de la gauche, y porter une politique pour toute la gauche et y défendre la perspective d’une nouvelle majorité rose-vert-rouge rassemblant les forces et les partis qui refusent la politique libérale de François Hollande et Manuel Valls. Un nouvel élan est à ce prix !"

 

Cette prolifération de prises de position pour "élargir" ou "refonder" le FdG relayée, par les médias, fait dire à une blogueuse de Mediapart il s’agit d’une" grande offensive."

 

Mais un esprit critique vis-à-vis des médias devrait se poser la question : pourquoi soudainement autant de micro tendus pour entendre Pierre Laurent et d’autres , alors que leur présence sur les plateaux lors des trois dernières élections était plutôt fantomatique ?

 

 

 

 

 

 

Le journal l’Humanité a eu le mérite de laisser s’exprimer différents points de vue dans un dossier intitulé : "Le débat est ouvert".

 

Concernant notre propos, nous retiendrons les suivants :

- Tracer la perspective d’une alternative en France et en Europe par Martine Billard, Christian Picquet et Anne Sabourin

- Sur les luttes et les alternatives, comment construire un rassemblement à gauche  ?

- Des communistes pour une refondation ambitieuse du Front de gauche

- Crise de la politique, Front de gauche et élections européennes  : et maintenant  ?

- Gérard Piel : "Le prolongement du FDG est notre seule chance de résister"

- "Le Front de Gauche doit créer les conditions du nouveau bloc majoritaire"

- Un front du peuple pour la démocratie, l’égalité et la justice sociale

- Sur le blog de Mediapart du mouvement Ensemble du FdG , on pouvait lire le 6 juillet 2014 : " "Après l’euphorie des débuts du Front de gauche, sa nature de cartel de partis est devenue un handicap évident aux yeux de tous : électeurs, militants et responsables des formations qui l’ont initié. Désormais, l’idée que le Front de gauche doit se transformer pour faire place aux citoyens est explicitement défendue dans toutes ses instances et elle est portée publiquement… Sauf que cela ne se produit pas…" Source : ICI

- Sur le site du PG Midi-Pyrénées, on pouvait lire début juillet 2014 Gauche : ne plus tarder ! "Des responsables politiques du Front de gauche (PG, PCF, Ensemble...), d’EELV, de Nouvelle Donne appellent à rompre urgemment avec la politique de Hollande et Valls."

 

On assiste donc à une effervescence sans ligne directrice claire (au niveau global) consécutivement au tableau du brouillage des frontières dressé précédemment.

 

Néanmoins le ralliement des "frondeurs" du PS à la politique gouvernementale ainsi que d’une majorité des responsables de EE–LV a le mérite de rendre claires les options idéologiques de ces derniers. L’appel des 100 est resté sans suite !

 

 

 

 

 

 

2 - Programmes et alliances

Pour clarifier la situation, il est nécessaire maintenant de distinguer deux problèmes

 

A - Le problème de l’identité politique de chaque courant de la gauche.

Il ne suffit pas de créer un pôle de résistance contre les agressions multiples du néolibéralisme et de quelque gouvernement libéral ou social–libéral, ce qui réduirait l’action politique à une stratégie purement défensive, mais il faut aussi affirmer une identité politique propre alternative au néolibéralisme et à la politique gouvernementale en place.

 

Et cette identité politique passe nécessairement par l’élaboration d’un projet de société et d’un programme de gouvernement. Une telle élaboration nécessite en amont une analyse économique et sociale structurelle et critique du système capitaliste financiarsé contemporain. À cela s’ajoute une analyse critique des mesures gouvernementales prises par les pouvoirs en place aujourd’hui et ces dernières années.

 

Chaque courant ou parti peut alors avoir des analyses et des propositions alternative spécifiques. Par exemple, le Front de gauche dispose du programme "l'Humain d'abord" constitué de différents apports des partis qui le composent. EE–LV dispose du programme "Vivre mieux. Vers une société écologique". Le PG dispose de "18 thèses pour l'éco socialisme".

 

B - Le problème de l’alliance entre courants distincts

a) Soit pour s’opposer à certains fonctionnements du système capitaliste contemporain et pour s’opposer à une politique gouvernementale jugée par ces courants comme désastreuse pour la population. Cela n’implique pas forcément la demande de démission du gouvernement en place. Cela passe alors par l’élaboration d’une plate-forme politique conjoncturelle commune à la fois critique et constructive. C’est par exemple, la démarche adoptée par les syndicats à certains moments de leur histoire lorsqu’il organisent une unité d’action.

 

b) Soit pour prendre le pouvoir et gouverner ensemble. Cela suppose l’élaboration d’un projet de société et d’un programme de gouvernement commun dans les domaines économique, social, institutionnel et culturel. Ce fut par exemple le cas du programme commun de l’union de la gauche signée en 1972. Cette démarche nécessite la mise en commun des différents programmes afférents à chaque courant et souvent d’âpres négociations

 

3 - Définition d’une identité idéologique et politique

A - Distinguer programme et alliance.

Cette distinction entre ces deux problèmes permet de bien comprendre que l’on ne peut définir une identité politique d’un parti, d’un mouvement, d’un courant par une simple stratégie d’alliance, quelle que soit sa nature, ou par une simple opposition à un système économique ou une opposition à quelque politique gouvernementale.

 

Définir une identité politique nécessite la construction collective d’un programme économique et politique en toute indépendance des pressions exercées par les autres partis ou par les médias.

 

Cette construction collective nécessite aussi un haut niveau d’organisation démocratique qui demande en elle-même une réflexion collective. (On voit donc que la notion de programme n’est pas dissociable de la notion d’organisation lorsque l’on aborde le processus d’élaboration).

 

Ne pas faire cette distinction, c’est sombrer dans l’opportunisme politique, c’est condamner à terme son parti ou courant à la dislocation au gré des aléas des alliances et mésalliances. C’est aussi détruire les frontières politiques avec toutes les conséquences que l’on connaît.

 

Ainsi le Front de gauche ne peut subordonner son identité politique à un simple problème d’alliance ou de non alliance avec le PS ou avec quelconque autre parti.

 

Il lui appartient d’affirmer sa propre vision du monde, son,système de représentations sociales, sa philosophie politique et évidemment un projet de société accompagné d’un programme de gouvernement construits collectivement et démocratiquement, en déconnexion avec les aléas électoraux largement déterminés par la puissance médiatique.

 

 

 

 

 

 

 

D’autre part, l’élaboration de son programme ne peut reposer sur une démarche clanique fermée ou sur le travail d’une commission d’experts déconnectés des réalités sociales mais au contraire sur une démarche ouverte intégrant tous les apports d’autres programmes de partis, de plates-formes de congrès syndicaux ou d’associations, ou de travaux importants réalisés par des universitaires, des parlementaires, etc. jugés comme positifs par les adhérents du Front de gauche.

 

Évidemment tout citoyen de bonne volonté au sein d’assemblées citoyennes et d’ateliers de réflexion peut apporter sa contribution ancrée sur son expérience propre.

 

Bref, ce programme devrait être une condensation des réflexions menées par l’intelligence collective du mouvement social.

 

 

 

 

Il ne faut pas perdre de vue que tous les mouvements sociaux passés ou récents dits "révolutionnaires" qui n’ont pas été portés par un programme clair élaboré par une intelligence collective porteuse des aspirations populaires ont conduit à un échec et parfois à des répressions sanglantes.

 

Cela implique une capitalisation et une exploitation adaptée du travail intellectuel passé et certainement pas une mise au rencard dans les poubelles de l’Histoire de ce travail collectif. Le programme "l'Humain d'abord" devrait-il être jeté dans les corbeilles des bureaux de vote après dépouillement des bulletins de ces dernières élections ?

 

Certainement pas ! Car un programme digne de ce nom ne doit pas être assujetti à une démarche purement électoraliste. Certes ce programme nécessite approfondissement enrichissement, amélioration dans sa forme et dans son contenu, mais il reste une base de travail essentielle dans l’affirmation de l’identité du Front de gauche comme force politique non assujettie aux tactiques et stratégies électorales du moment.

 

L’identité du Front de gauche ne repose pas essentiellement sur des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon, Pierre-Laurent, Clémentine Autain, etc. comme s’acharne à le faire croire l’ensemble des médias au service de la grande bourgeoisie, mais repose sur un programme politique de transformation sociale.

 

B - Le problème de la structure organisationnelle du FdG.

Mais un projet de société et un programme de gouvernement ne suffisent pas à définir complètement l’identité politique d’une organisation, surtout lorsqu’elle est composite comme celle du Front de gauche. Il faut qu’existe une structure organisationnelle assurant la cohésion, la coordination , la cohérence de l’action tant au niveau national que local.

 

Le désarroi provoqué par le manque d’organisation du Front de gauche est particulièrement bien exprimé dans un texte intitulé : "Du cartel de partis au rassemblement citoyen" sur le site du mouvement Ensemble du FdG.

 

 

 

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 09:30
(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

La professionnalisation de la politique dans le contexte du néolibéralisme a maintenant pleinement produit ses effets :

- Perte de crédibilité des partis traditionnels,
- corruption,
- progression de l’extrême droite,
- grande difficulté pour les forces politiques alternatives à faire front et s’organiser

 

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage

- I – La politique désastreuse des gouvernements de François Hollande

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Austérité budgétaire, cascade de reculades et d’engagements non tenus sous la pression des groupes financiers et du Medef la politique économique ultralibérale menée par François Hollande non seulement conduit la France à un désastre économique mais a déjà provoqué deux échecs électoraux successifs d’une grande ampleur générant un champ politique en bouleversement : affaiblissement important de l’influence électorale du PS le plaçant à terme en difficulté financière, stagnation du Front de gauche, montée en puissance du FN (arrivé en tête dans 71 départements) améliorant notablement sa situation financière et abstention record.

 

Colère, résignation, découragement, sentiment de trahison ont conduit une bonne partie de l’électorat de gauche à s’abstenir et une partie de l’électorat populaire à voter pour le Front National.

 

Comme le fait remarquer à juste titre Thomas Piketty, le PS n’a pas mis à profit ses dix années d’opposition, pour élaborer un programme électoral et de gouvernement à la hauteur des enjeux économiques et sociaux (notamment dans le domaine de la fiscalité) qu’exigeait la situation préoccupante de notre pays après 10 années de règne de la droite aggravé encore par la crise financière internationale. On constate ici les effets de l’absence de débats d’idées, de larges concertations avec les syndicats, associations et différentes composantes de la gauche, l’absence d’une ligne idéologique définie : improvisation, opportunisme, absence de perspectives claires et dynamiques.

 

Tout se réduit à une gestion comptable à courte vue reposant sur des dogmes libéraux assis sur aucune base scientifique et dont les effets désastreux sont déjà connus.

 

Je ne m’étendrai pas plus longtemps sur cette politique désastreuse qui a fait l’objet d’une myriade d’articles.... Mais cette politique économique calamiteuse se déroule dans un contexte politique global particulièrement dégradé.

 

 

- II – L’intégrité morale des hommes politiques remise en cause sur une vaste échelle

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée
  • Côté PS, après le scandale Cahuzac, deux conseillers de François Hollande sont mis en cause : Aquilino Morelle et Faouzi Lamdaoui.
  • - Le secrétaire d’État socialiste Jean-Marie Le Guen assujetti à l’impôt sur la fortune, qui a initialement « sous-déclaré » son patrimoine d’environ 700 000 euros à la HAT, devrait subir un redressement fiscal ;

    - La ministre déléguée à la francophonie Yamina Benguigui a cédé à la fin du mois de janvier pour 430 000 € de parts dans une société belge qu’elle n’aurait pas mentionnées dans sa déclaration de patrimoine

    * Au niveau local, des élus ou têtes de liste sont mis en examen :

    - Le député-maire Jean-Pierre Kucheida, Patrick Sève, Jean-Noël Guérini.

    Malgré des reculs concernant le texte sur la transparence du patrimoine des élus, la commission de la transparence rappelle à l'ordre 296 élus. La réticence et les tergiversations des élus pour publier leur patrimoine ne peuvent qu’alimenter la suspicion des électeurs.

     

    • Côté UMP, la situation est bien plus catastrophique encore.

    Suspicion de fraude à l’occasion des élections internes et, guerre des chefs, différentes affaires judiciaires concernant Nicolas Sarkozy, l’affaire Bygmalio 

     

    • Côté FN...

    - Marine Le Pen condamné pour de faux tracts.

    * Au Niveau local, le FN n'est pas non plus épargné par les affaires.

    Trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, jusqu’en mars 2012, Olivier Duguet a été condamné en juin 2012 à six mois de prison avec sursis dans une affaire d’escroquerie au préjudice de pôle emploi dont le montant s’élève à plus de 100 000 euros.

    Les comptes en Suisse de Jean-Marie Le Pe "Le président d’honneur du Front national est aussi visé par une enquête préliminaire sur son patrimoine ouverte fin 2013, déclenchée après que la Commission pour la transparence financière de la vie politique a évalué son enrichissement personnel à 1 127 000 euros entre 2004 et 2009 et l’a jugé suspect", d’après des informations recueillies par Médiapart.

     

    Il est bien évident que quelles que soient les issues judiciaires de ces différentes affaires largement relayées par les médias, ces différentes mises en cause affectent considérablement la crédibilité des responsables politiques.

     

     

    - III – Confusionnisme politique et brouillage des repères. Le désarroi des électeurs.

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Il manque un élément au tableau noir précédent pour mieux comprendre la situation dans laquelle se trouvent les électeurs : le brouillage des frontières politiques, ce qui est confirmé par plusieurs sondages.

Tentons de faire un inventaire des différents nuages de brume qui s’accumulent sur la scène politique avant l’orage.

1 . Il n’y a plus de différence entre la ligne économique conduite par le PS et celle conduite par l’UMP ou le centre ;

 

2 . Le Front national pille et récupère un certain nombre de positions du Front de gauche : lutte contre les délocalisations et la désindustrialisation, dénonciation du libre-échange aveugle, nécessité de promouvoir les investissements publics, etc.d’où son attraction, ce qui relativement nouveau, envers une partie des couches populaires ;

 

3 . Et la confusion arrive à son comble lorsque le PCF décide de faire alliance avec le PS au premier tour dans plus de la moitié des communes aux dernières élections municipales, alors que par ailleurs il n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la politique d’austérité du gouvernement Hollande et alors que le FdG dispose d’un programme spécifique : "l'Humain d'abord".

 

Dans ces conditions, ce programme ne peut être que perçu comme un slogan électoral dépourvu de contenu ou perçu comme un lot de promesses qui ne seront pas tenues.

 

Consécutivement au tableau précédent décrivant le brouillage des frontières, on assiste donc à une certaine effervescence sans ligne générale claire pour progresser vers plus de lumière.

 

Comment peut-on alors imaginer qu’il existe bien deux gauches en France et non une seule : celle du PS et de ses satellites ? Pour le coup, c’est le FN qui peut apparaître pour une fraction de l’électorat populaire comme celui qui peut être porteur d’une vraie radicalité "Anti système’’ ! Un comble !

 

Cette idée qu’il n’existerait qu’une seule gauche, celle incarnée par le PS, est rabâchée par tous les médias qui n’invoquent que "La gauche" (sous-entendu : le Front de gauche n’existe pas et la seule gauche est le PS). Et évidemment, le FN développe la même idée de concert avec les médias.

 

Et comme toujours, cette confusion favorise non seulement l’abstention mais aussi l’extrême droite

 

 

 

  • Mais la confusion ne s’arrête pas là !

Une partie des élus du PS dits les "affligés" ou "frondeurs" contestent la politique d’austérité de Hollande – Valls

– alors qu’existe déjà les contestataires de la "Nouvelle donne"… qu’ils ne rejoignent pas

– ils continuent de soutenir la politique gouvernementale en votant la réforme ferroviaire le 24 juin, la loi de finances rectificative (PLFR) pour 2014 le 1er juillet, et le 8 juillet, le budget rectificatif de la sécurité sociale (PLFRSS) !

Comme le dit Jean-Luc Mélenchon : "la fronde a fait pschitt !"

 

  • Et la confusion continue encore avec les positions contradictoires de EELV

D’un côté une fraction suivant la position de François de Rugy veut toujours collaborer avec le gouvernement Et l’autre, suivant la décision de Duflot et Canfin décide de quitter le gouvernement

Mais il est clair que, bien que critiques, Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écolos, Barbara Pompili et François de Rugy, coprésidents du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, et enfin Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale n’ont nullement l’intention de couper les ponts avec le PS

 

Dans cette confusion générale, pour un nombre grandissant d’électeurs, les partis politiques ne sont plus porteurs d’une ligne politique et d’un programme mais apparaissent comme des écuries électorales dépensant l’essentiel de leur énergie à obtenir à tout prix des sièges grâce à toutes sortes de combines d’appareils et de renoncements..

 

Et pour couronner le tout, le Front National apparaît comme la seule organisation politique ayant une ligne politique claire et non ambiguë notamment du fait que ce parti n’a contracté aucune alliance avec d’autres partis de droite au premier tour des élections.(même s’il peut exister des porosités ponctuelles entre l’UMP et le FN au niveau local ayant conduit au deuxième tour à des désistements du candidat FN pour celui de l’UMP)

 

Dans un tel contexte, ce qui s’impose donc au Front de gauche, c’est la clarification de ses positions et l’affirmation d’un programme et d’un projet de société lisibles et alternatifs non assujettis à des contingences électorales et à une géométrie variable.

 

 

 

 

 

- IV – La stagnation du Front de gauche.

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Une question alors simple s’impose, et qui est d’ailleurs assez souvent posée par des journalistes à des responsables du Front de gauche : comment se fait-il que la situation politique dégradée actuelle ne profite pas au Front de gauche mais engendre plutôt l’abstention et un meilleur ancrage du Front National ? Pire encore, toutes les prévisions économiques Front de gauche sont confirmées par les faits. Ses analyses économiques sont, pour l’essentiel, partagées par un grand nombre d’économistes pas forcément affiliées au FdG. En outre, contrairement aux autres partis, aucun responsable du FdG n’a été l’objet de quelconques poursuites judiciaires.

 

La réponse est le plus souvent évasive ou de type économiste : c’est la faute de la politique économique d’austérité de François Hollande, de l’abandon des fondamentaux économiques de la gauche,…Ou encore d’autoflagellation invoquant des carences qui ne mettent pas en évidence la question fondamentale de la capacité de diffusion des idées du FdG.

 

En voici un exemple emblématique, parmi d’autres : "…mais le Front de gauche n’apparaît toujours pas comme une alternative au social-libéralisme. C’est une question majeure qu’il faut désormais prendre à bras-le-corps. Je suis convaincu de la justesse de la stratégie de Front de gauche, mais je m’interroge sur ses contours et sa mise en mouvement. Le Front de gauche dans sa forme actuelle (cartel d’organisations), dans la cohérence de son projet (qu’oppose-t-il concrètement aux idéologies du coût du travail et de baisse de la dépense publique, ou bien encore à la dérive présidentialiste ou sur la laïcité... ?), dans l’image qu’il véhicule (trop force d’opposition et non de propositions, trop sectaire et pas assez susceptible de rassembler au-delà de lui-même des socialistes et des écologistes, des syndicalistes et des acteurs culturels, des féministes et des antiracistes...), bref le Front de gauche ne fait pas envie."

 

Ces explications apparaissent comme extrêmement insuffisantes comme réponses à la question. Nous allons, pour notre modeste part, essayer d’y répondre.

L’absence de percée du FdG lors des dernières élections relèvent des causes suivantes :

1 . La politique désastreuse de François Hollande dont l’impopularité frappe aussi le FdG – du fait que celui-ci lui a apporté 4 millions de voix au premier tour des présidentielles. – du fait que le PCF a contracté de nombreuses alliances avec le PS au premier tour des élections municipales. Pour de nombreux électeurs, le FdG apparaît ainsi comme coresponsable de la situation actuelle ;

 

2 . La stratégie de marginalisation du FdG par les médias tendant à gommer son existence sur la scène politique, c’est-à-dire l’existence même d’une seconde gauche. Cela se réalise par utilisation de trois tactiques : – déséquilibres considérables dans les temps de parole et espaces rédactionnels au détriment du FdG et à l’avantage de l’UMP et du PS. Aucun débat ou quelconque publicité concernant le programme du FdG " L’humain d’abord." – formatage libéral et dépolitisation – mise en avant du FN ;

 

3 . L’absence d’une stratégie politique à l’égard des médias et plus généralement concernant tous les moyens d’information et de communication. L’absence d’une organisation structurée et dynamique entre les différentes composantes du FdG fondée sur la coopération et la mutualisation des moyens techniques et humains. L’absence enfin d’une politique de formation des militants et des citoyens à la hauteur des enjeux et de la complexité sociale et économique.

 

Il résulte de tout cela une faible diffusion des idées et des propositions du FdG malgré les efforts considérables et tout le talent de Jean-Luc Mélenchon notamment lors de ses meetings pour éclairer les citoyens.

 

 

 

 

 

 

- V – Il existe bien deux gauche en France, comme en Europe : une gauche qui remet en cause radicalement l’hégémonie de la classe dominante et une autre qui s’en accommode.

J’ai évité ici d’utiliser la terminologie gauche radicale ou anticapitaliste et gauche réformiste ou réformatrice car ces termes sont tellement galvaudés qu’il est difficile de les utiliser sans en préciser le sens. Je préfère une terminologie relative au positionnement des sous-groupes dominés par rapport à la classe dominante.J’ai développé ce point de vue, plus en détail, ailleurs. Les turbulences qui agitent le PS au cours de son histoire, ne peuvent faire oublier qu’il existe bien deux gauches en France.

 

On ne va pas refaire ici l’histoire du parti socialiste, mais chacun sait que le PS a non seulement a accompagné le néolibéralisme depuis 1984 mais a été un agent actif pour sa construction et son développement malgré les quelques réformes sociales importantes qu’il a pu mettre en œuvre, réformes qui ont été ensuite l’objet d’attaques et de régression (retraite à 60 ans, loi de 35 heures notamment).

 

  • On peut se référer à l’excellente "Histoire du réformisme en France depuis 1920" (de 1920 à 1974 édité en 1976 aux éditions sociales ) rédigé par un collectif d’historiens. Cet ouvrage en deux tomes n’a pas été réédité mais on peut se le procurer d’occasion sur Internet pour un prix dérisoire au regard du volume considérable de données historiques qu’il contient ;
  • Pour la période 1981 à nos jours, on a une bonne rétrospective critique du PS réalisée par le sociologue Jean-Pierre Garnier dans une vidéo "La deuxiéme droite" faisant ainsi référence au livre du même titre qu’il a publié en 1984 –86 et réédité en avril 2013. L’extrait de la vidéo à partir de la 27ème minute sur la néo petite bourgeoisie est particulièrement éclairant et permet en effet de ne se faire aucune illusion sur les velléités des "frondeurs" du PS ;
  • Pour la période récente on peut aussi se référer au livre de Michel et Monique Pinçon Charlot "La violence des riches", aux chapitre où il est question du parti socialiste.(notamment le chapitre III). Le livre est disponible en ligne ICI.

 

Nous avons d’ailleurs consacré un article à ce sujet sur ce site "Les réseaux de François Hollande dans le monde le la finance".

 

Tout citoyen qui connaît l’histoire du parti socialiste et de ses relais syndicaux, sait parfaitement que ce parti est hégémonique, et possède son propre système Tina (There is no alternative) de sauvegarde. Sa composante majoritaire ne se laisse guère influencer ni par les courants internes censés représenter la gauche du PS, ni par quelconque pression extérieure de gauche.

 

Certes pendant de brèves périodes, le PCF a pu influencer et infléchir à gauche la direction du PS, mais cela était possible en raison du poids électoral du PCF de l’époque (conditionnant ainsi par désistement l’élection de très nombreux candidats socialistes) et de l’existence de la puissance soviétique.

 

Mais avancer un tel argument depuis les années 1995 relève de l’aveuglement ou plutôt de la mauvaise foi.

 

 

 

 

Il est vrai que certaines luttes sociales de forte intensité peuvent influer et infléchir quelque peu la fraction dominante du PS, mais celle-ci est beaucoup plus sensible aux pressions du Medef et des banques qu’aux revendications des salariés. Mais observons que ces luttes sociales ont relevé plutôt de la responsabilité des organisations syndicales que du PCF.

 

Dans de telles circonstances, plutôt exceptionnelles, les parlementaires du Front de gauche ont pu prendre le relais et avoir une certaine utilité ponctuelle en déposant des amendements plus favorable aux salariés.

 

Combien d’amendements déposés par les parlementaires communistes ou du Front de gauche (pression extérieure) ou par les parlementaires socialistes dits contestataires (pression intérieure) ont été retenus ? Une quantité négligeable du point de vue statistique ? Il est dommage que le site des parlementaires du FdG, (par ailleurs tout à fait soucieux de l’information des citoyens car leur site est très informatif), ne nous permet pas de disposer d’une telle information qui pourrait être actualisée après chaque saison parlementaire. Ensuite un bilan pourrait être fait sur la totalité de la mandature

 

 

- VI – Le dipôle UMP – PS déforme les lignes du champ politique

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Nous empruntons à Pierre Bourdieu les concepts sociologiques de champ, de capital symbolique et de capital économique.

 1 - Les institutions de la Ve République favorisent la bipolarisation de la vie politique en France. Difficile pour un petit parti de survivre. Ce système institutionnel incite les partis à contracter des alliances pour pouvoir maintenir leur existence. Ces institutions déterminent les règles du jeu du champ politique (représentatif) pour une bonne part. Elle favorise la personnalisation et les concentrations de pouvoir.

 

2 -