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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 18:25
Le Front de gauche et la tectonique des pauvres

Sources : Cerises en ligne et Ensemble

Comment comprendre que le Front de gauche échoue à constituer une force politique puissante, un front populaire. Pour le sociologue Richard Dethyre, son problème majeur est précisément de s’intéresser, de s’adresser et faire avec les catégories populaires, et tout particulièrement avec les chômeurs, les précaires et tous les "sans".

 

L’échec du Front de gauche prend sa source dans son incapacité à s’enrichir de ce qui pourrait faire sa force. Le vote des chômeurs, des jeunes, des ouvriers pour 30 à 35 % d’entre eux pour le FN est analysé chez "nous" avec ce qui me semble être une distance sociale qui éclaire ou révèle la nature du problème que je voudrais développer ici. Chacun peut sans mal établir un lien entre ce vote, les abstentions massives, la crise sociale, la crise de confiance, le désespoir, le sentiment d’abandon… Ce qui me parait plus difficile, c’est d’évaluer réellement les ruptures que cela recouvre, et de tenter d’y pénétrer. Par exemple, en s’interrogeant sur la disparition du "sujet chômeur" dans les campagnes successives des élections municipales et européennes ; ou en s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles aucun maire de la gauche alternative ne tente de réunir ceux qui sont privés de travail afin de leur donner une place, une visibilité politique, de les aider à se rassembler.

 

 

- Culpabilisation et individualisation

S’interroger, c’est se plonger au cœur de la crise de la politique. Hier encore, à la fin des années 90, les maires réunissaient 850 chômeurs à Saint-Denis, 250 à Ivry, 400 à Aubervilliers, 350 à Vitry, et bien d’autres à Champigny, Valenton, Gentilly, Stains, Bobigny, Chevilly, Choisy-le-Roi, Montreuil, etc. En lieu et place de cette belle démarche, beaucoup d’élus ont ces dernières années créé des "forums pour l’emploi" avec stands pour apprendre à établir des CV, évaluer son employabilité… Que s’est-il donc produit pour renoncer à ce qui était si précieux ? Se poser la question, ou tenter d’y répondre, c’est déjà reconnaitre qu’il y a là un problème qui nous concerne directement. Alors, comment décortiquer la chose ?

 

Les campagnes de culpabilisation des chômeurs et la mise en place de suivis personnalisés par les institutions ont fait reculer l’approche collective, l’image du collectif, la responsabilité collective, la mobilisation collective. La massification du chômage n'est plus évaluée comme un phénomène relevant de décisions économiques et politiques. De fait, sur fond de campagne de culpabilisation, l’idée que pour y faire face il faut mettre en place des stratégies individuelles s’est imposée. Les institutions ont multiplié des programmes qui sont baptisés remobilisation, accompagnement. Laissant entendre que le retour à l’emploi passe par la capacité individuelle des chômeurs à être dans le moule duquel ils seraient sortis ou dans lequel ils ne seraient jamais entrés. Ces programmes, à l’efficacité desquels personne ne croit, personne ne veut envisager les effets politiques et sociaux pervers qu'ils produisent.

 

Après les récents résultats électoraux, à lire ce qui est couramment écrit, on croirait que personne n’ose considérer le sujet, comme s’il nous renvoyait une image que l’on ne veut pas voir.

 

 

- Un séisme caché, nié

Il nous faut déjà illustrer cette profonde rupture par les chiffres officiels (bien qu’ils soient largement triturés) : il y a 8,5 millions de chômeurs et travailleurs précaires ; 1 offre d’emploi pour 57 demandes, 130 millions de repas distribués au resto du cœur. Il s’agit du marqueur le plus tragique de la France d’aujourd’hui. Après avoir été licenciés, les "fins de droits" font la queue à la soupe populaire. Double humiliation.

 

La massification de la précarité

L’émiettement du travail, c’est notamment l’explosion du nombre de contrats à durée déterminée : en dix ans, il y a eu + 120 % des CDD de moins d’un mois et + 80 % des CDD de moins d’une semaine. 45 % des inscriptions mensuelles à Pôle emploi sont des fins de CDD. S’y ajoute le recours systématique aux emplois aidés.

35 % des SDF ont une feuille de paie. 10 % des plus pauvres ont 38 % de leurs ressources qui dépendent des allocations. Notre solidarité glisse vers un système de perfusion sociale minimale. La charité privée vient en relai de la charité publique. 2 290 000 personnes sont au RSA.

 

 

- Cette réalité là, un véritable séisme, n’a pas sa place dans la vie politique d’aujourd’hui. Pourquoi ? Qu’est ce qui est en jeu ?

Au-delà des chiffres, la connaissance de ce qu’ils représentent est essentielle. Parmi les forces militantes de la gauche alternative une distance sociologique s’est établie avec ce peuple. On assiste à une certaine "gentrification" de la gauche alternative. Qui révèle et alimente une désincarnation de son rapport à la société réelle, une distance avec le peuple tel qu’il est aujourd’hui ; à cela s’ajoute le dictat des comptables et des gestionnaires. Ainsi, rien ne pourra bouger si nous ne modifions pas la place que doit avoir le peuple dans une démarche de rassemblement : réelle, concrète, symbolique. Il faut avoir l’ambition première d’être POPULAIRE. Comment ?

 

C’est un long, mais indispensable processus. Bougeons nos représentations, notre manière de voir, nos priorités, notre militantisme. Mettons-nous résolument aux côtés de ceux qui sont délaissés, méprisés, humiliés, oubliés : comment parler du peuple sans rien partager avec lui ? J’ai lu pas mal de contributions intelligentes, mais aucune ne m’a convaincu quant à une réponse à ce besoin crucial.

 

Quelques fois, quand l’actualité est dramatique, Pôle emploi apparaît comme un lieu actif d’invalidation identitaire pour ceux qui y sont soumis… Mais qui s’y rend en portant un regard militant ? Quelles expériences échangeons-nous ? De quelles nouvelles pratiques est-il question ? Pour moi, la plus grande défaite, c’est de ne pas voir que le terrain de combat essentiel se trouve là, dans ces lieux de détresse. On peut en fait y puiser les arguments, les sujet et … les mots, y fourbir les armes. Comment faire émerger face aux logiques libérales la parole du peuple qui dit "Non, je ne peux pas payer les transports, ni mon loyer" ? Comment créer un rapport des forces à Pôle emploi, qui va vous demander pour la troisième fois le papier que vous avez déjà fourni, qui aura perdu votre dossier, qui soutiendra que vous ne l’avez pas déposé ? Nous sommes remplis d’émotion lorsque les frères Dardenne ou Robert Guédiguian mettent en scène la réalité sociale… Le réel est tout aussi émouvant.

 

On assiste à une certaine "gentrification" de la gauche alternative, qui révèle et alimente une désincarnation de son rapport à la société réelle, une distance avec le peuple tel qu’il est aujourd’hui.

 

 

- A-t-on réellement idée de ce qu’endurent tous ceux qui se heurtent aux guichets de la Sécu, de Pôle emploi ?

Ou celui qui subit l’accueil glacial en mairie pour n’avoir pas payé la cantine ou la colo, ou pour qui les courriers de sommation se succèdent. Ce sont les mêmes qui ne peuvent pas payer de loyer, les mêmes dont les enfants arrivés en âge de partir resteront à la maison surpeuplée. Mais qu’y pouvons-nous ? Nous ne sommes pas responsable du manque de logement, ce sont les gouvernements… Et comme le dit un maire adjoint : « On est bien obligé de faire un premier tri en fonction des ressources, il n’y a pas de logement. »

 

Que veut dire être privé de resto, de vacances, de projets ? Jamais de ciné, la voiture trop vieille que l’on ne peut plus réparer. Tout cela, pour le savoir, il faut le partager. Les plus fragiles sont poussés à une consommation à haut risque. Si tu n’as pas, tu n’es pas, dit la publicité ! À l’angoisse de ne pas pouvoir s’ajoute la honte, les humiliations, le sentiment de ne pas être capable. Ne jamais être en paix, et puis abandonner, ne plus demander, renoncer tellement tout parait difficile, impossible, et puis ruminer. Comme une lente maladie, la dérive s’impose et fait passer des millions de personnes de l’autre côté de la rive.

 

Eh bien, toutes ces personnes ne rencontrent pas ceux qui devraient les entendre, leur faire confiance, organiser avec eux l’action. Alors s’installe très vite en lieu et place de la citoyenneté un "Tous les mêmes" désignant tous "les politiques".

 

 

- 180 jours dans les Assedics

Lorsque nous avons créé l’APEIS en 1988, avec Malika, Rabah, ceux d’Arcueil, d’Ivry, de Bonneuil et des 14 villes communistes du Val-de-Marne, nous sommes restés 180 jours et souvent les nuits dans l’Assedic de Créteil, puis dans les autres antennes. Grâce à cette pratique nouvelle et volontaire, notre vision des possibles a totalement changé.

 

En l’absence de notre affirmation politique sur le sujet, ce sont les structures institutionnelles qui ont pris la place. Elles sont d’une froideur cruelle face à ces réalités. Leurs certitudes étouffent le sujet. Elles ont pris l’espace qui devrait être occupé par la citoyenneté. Elles construisent les cloisons étanches entre les catégories sociales.

 

Nous n’avons pas vu que le combat essentiel ne devait pas se mener centralement CONTRE les inégalités mais POUR l’égalité. C’est le socle majeur qui définit les droits de chacun et de tous, base d’adhésion à la société.

 

Y-a-t-il un lien entre ce constat et cette lente mais prévisible Bérézina électorale ? Ça vaut la peine de s’y arrêter. Par exemple, se demander comment est perçu l’écart sociologique que j’ai souligné entre les responsables (militants ou non) disposant d’un capital culturel, économique et social bien au-dessus de la majorité et les précaires, ouvriers, travailleurs pauvres, jeunes sans emploi ? Il faut lire à ce propos Pays de malheur, de Stéphane Beaud et Younes Amrani, où un jeune de cité écrit à un sociologue. Cette lecture m’a fait encore mieux évaluer la crise de l’égalité qui nous frappe. Nous n’avons pas vu que le combat essentiel ne devait pas se mener centralement CONTRE les inégalités mais POUR l’égalité. L’égalité en droit, au logement, à l’éducation, au travail, à la santé, à la justice. C’est le socle majeur qui définit les droits de chacun et de tous, base d’adhésion à la société, et qui construit le sentiment d’appartenance et la citoyenneté.

 

On constate le creusement de l’écart entre les riches et les pauvres… En réalité, c’est plus que ça. C’est une question d’échelle. Un continent, celui des gens précarisés, des chômeurs, des pauvres (salariés ou non), des immigrés, des sans-papiers, des mères célibataires, des jeunes dans la galère, des vieux sans ressources se détache du reste de la société. C’est la tectonique des pauvres. La planète des riches se réchauffe, mais ce sont les pauvres qui grelottent d’indifférence et de désespoir.

 

Personne bien sûr n’est indifférent, mais la précarité semble être un puits sans fond, alors, on s’indigne, mais que fait-on ? « a ne sert à rien de culpabiliser », m’a-t-on souvent dit, « c’est aujourd’hui plus dur qu’hier », puis « Il n’y a pas de perspectives », puis « Il y a moins de force qu’avant », puis « C’est plus le patron qu’on a en face comme avant », puis « Il y a plus d’individualisme », et puis, et puis…

 

Qu’est-ce qui peut expliquer ce vide, cette froideur, cette désincarnation de la vie politique ? Faut-il des abbés, des jeunes acteurs révoltés, qui, une nuit de Noël, transforment les quais d’un quartier bobo en camp de réfugiés dans la cinquième puissance mondiale, pour évaluer cette disqualification ? Où sont-ils les mouvements de révolte des "révolutionnaires" ?

 

 

- Le réel et les représentations

Le peuple, c’est qui le peuple ? Celui des temps chauds de la Commune à 68 en passant par 36 ? Le mouvement des "sans" ? Quelle représentation en avons-nous dans les temps glacés actuels ? Est-ce celle que nous renvoient les électeurs "inclus ? Consciemment ou non, les gestionnaires, sous la pression des populations "prescriptrices", essaient de justifier les politiques de solidarité locales qui subsistent.

Le risque, s’il n'y a pas de visibilité humaine, de dynamique politique, c’est que ces populations considèrent qu'elles sont un fardeau qui coûte cher. Se creuse ainsi le fossé de notre culture de solidarité et d’égalité (56 % des sondés considèrent que les chômeurs ne font pas tout ce qu’il faut…).

 

C’est un danger supplémentaire à souligner : en l’absence de mouvement socio-politique s’agrègent les idées droitières préconçues sur le pauvre et l’immigré. Apparaît le danger de la mise en concurrence des égaux (comme dit Robert Castel). Je crois qu’il faut se rappeler qu’un problème social ne sensibilise que s’il est reconnu comme tel, s’il est identifiable dans le champ politique, s’il pèse sur un rapport des forces, s’il émoustille les consciences. Notre sujet n’échappe pas à cette loi des mouvements sociaux (chômeurs, sans papiers, discriminés de toutes sortes).

 

Lorsque dans "Retour sur la condition ouvrière", Stéphane Baud et Michel Piallou interrogent leurs étudiants sur le nombre d’ouvriers en France, la réponse est très éloignée du nombre effectif de 6,7 millions… Les auteurs évoquent la disparition de l’espace socio-mental dans la société de la classe ouvrière. Quelle représentation a-t-on du peuple aujourd’hui ? C'est bien difficile à analyser, mais on peut partir de quelques ouvrages du côté de la sociologie, qui permettent de plonger dans le champ des représentations et ce qui les alimente. De fait, la classe ouvrière d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. Les chômeurs ne sont pas une classe et les précaires non plus.

 

 

- Pas bien avec les chômeurs, pas bien avec le travail

Le précaire n’est pas à la marge. Il est la figure emblématique du salariat, la variable d’ajustement comptable que l’on considère comme un coût à diminuer. Notre syndicalisme n’est pas en phase avec ce mouvement profond dans le travail.

 

Notre société est "CDI-centrée", "plein-emploi centrée". Bien que la discontinuité dans le travail pour des millions de salariés soit une réalité non choisie, nous continuons dans nos représentations et nos pratiques à évoquer et percevoir le travail "comme il était avant". Il faut un mouvement comme celui des intermittents pour que cette forme d’emploi (contrats courts, travail non rémunéré) qui s’impose désormais dans le monde du travail éclaire notre lanterne sur le sujet. Le précaire n’est pas à la marge. Il est la figure emblématique du salariat aujourd’hui et encore plus demain, la variable d’ajustement comptable que l’on considère comme un coût à diminuer. Le syndicalisme n’est pas en phase avec ce mouvement profond dans le travail. Dominique Lhuillier, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, remarquait que la recherche en psycho du travail se concentrait sur le travail, sur la souffrance au travail. Plus rien ou presque n’est étudié, publié sur "l’activité" des chômeurs. Pourtant, la souffrance au travail provoquée par des exigences intenables, un management de folie n’est-elle pas alimentée avant tout par la pression exercée sur le salariat par la menace du chômage ?

 

La coupure entre les partis et la société s’est aggravée. Elle a été spectaculaire à l’orée des années 90. Malgré les sans, Droit au logement, les mouvements des chômeurs comme auparavant ceux des femmes, la marche des beurs…, les grilles de lectures sont bureaucratisées et les appareils sont glacés. Les institutions, la comptabilité se sont souvent substituées à la politique. "Nos" élus ne peuvent plus s’appuyer sur les structures politiques et l’entourage intellectuel d’hier qui leur permettait de reprendre la main sur le sujet et de soutenir, voire d’aider concrètement au rassemblement des diverses catégories de surexploités.

 

Pourtant, une solidarité populaire s’exerce quotidiennement dans les cités en dehors de la représentation que nous en avons. Le pire, c’est que cette distance remarquable nous prive d’un maillon essentiel, mais surtout de l’intelligence qu’ils ont, de la capacité à alimenter ce qui nous manque de la vie réelle, de l’urgence et de la dynamique populaire dont on est privé.

 

Alors, que faire ? Je ne dispose évidemment pas de réponse "clef en main". Mais je suis persuadé qu’il n’y a pas d’autre chemin que celui de réhabiliter dans un même mouvement le collectif et l’altérité, le goût des autres et la démocratie. Cette voie (comme l’écrit Edgar Morin) implique fort heureusement plusieurs entrées, dont beaucoup ne sont pas balisées par le siècle passé.

 

Où sont-ils les mouvements de révolte des "révolutionnaires" ? Les militants investis dans ce champ ont besoin de l’oxygène qu’apporteraient une réflexion et une action faisant du chômage et de la précarité un champ de batailles politiques.

 

Toutefois, je veux partir de mon expérience pour la mettre en débat. Mes 11 années dans l’APEIS me permettent encore aujourd’hui de vivre avec mes amis une expérience formidable : la troupe de théâtre des Z’en Trop. Elles, ils représentent une ressource d’intelligence et de force pour transformer le monde, même s’ils sont largement méconnus et sous-estimés. Mais ils s’efforcent de faire en sorte de réincarner la politique par cette citoyenneté sans laquelle la démocratie s’asphyxie.

 

Faut-il se rappeler de la sentence de Warren Buffett : « Il y a une guerre de classe, c’est nous qui la menons, c’est nous qui la gagnons. » Des défaites idéologiques, nous en additionnons beaucoup trop. On ne transforme pas la société sans mener et gagner les batailles, toutes (même celles qui nous paraissent éloignées de notre périmètre social et culturel). Les militants investis dans ce champ ont besoin de l’oxygène qu’apporteraient une réflexion et une action faisant du chômage et de la précarité (aux conséquences extrêmes) un champ de batailles politiques. Car en réalité, l’oxygène est le produit dialectique entre le rapport à la société réelle et notre connaissance, notre action sur celle-ci.

 

Notre expérience du mouvement des chômeurs nous apprend qu’un lien étroit peut se tisser, une dynamique quasi fusionnelle se forge entre la certitude qu’il faut répondre à des urgences sociales et la nécessité (et la nature) du changement politique. Elle est alimentée par les implications personnelles : je partage, je suis indigné, je le fais partager, on se révolte… Ce refus s’enracine dans une culture qui s’identifie par un goût de la justice et de l’égalité et de la fraternité, que notre culture politique nous a aussi inculqué.

Le Front de gauche et la tectonique des pauvres

Les dernières fois où je suis allé au Resto du cœur, nous avons discuté pour les inviter à voir notre pièce, intitulée Comment ils ont inventé le chômage ? Nous en avons chanté la chanson et, ensemble, travaillé à mettre à distance la honte en évoquant les mécanismes économiques et politiques. Ça nous a fait du bien, ça a fait du lien. Mais il faudra plus. Beaucoup plus, partout et souvent.

 

L’alternative ne peut se construire qu’avec ceux qui semblent avoir disparu comme sujet politique mais qui au fond sont au centre de notre monde du travail. Notre groupe des Z’en Trop est un réel modèle de ce salariat d’aujourd’hui : sans emploi, mais pas sans activité… Sans imaginer que nous sommes exceptionnels, les projets politiques qui permettent de s’adresser aux précaires et chômeurs de Saint-Denis et d’ailleurs ne sont pas assez nombreux. Eh bien, il faut donner de l'éclat politique à ces événements, les soutenir, faire des petits avec... C’est la raison de notre entêtement.

 

Richard Dethyre, 27 juin 2014. Publié sur le site de Cerises.

Une remarque : l’expérience du mouvement des chômeurs, c’est aussi celle de militants expérimentés de la gauche investis de responsabilités élargies. Ni Claire Villiers, ni Christophe Aguiton, Malika Zediri, François Dessanti, Robert Crémieux, ni moi et bien d’autres n’avons été remplacés.

 

Note :

Richard Dethyre : sociologue,  il crée en 1988 l’association pour l’emploi, l’information et la solidarité (APEIS). En 1992, il publie "La révolte des chômeurs" (Robert Laffont), suivi en 1998 de Chômeurs "La révolte ira loin" (La Dispute), puis chez le même éditeur Avec les saisonniers Une expérience de transformation du travail dans le tourisme social, en 2007. En 2010, il coordonne avec Karine Delpas le premier Forum social des saisonniers. En 2012, il est l’un des auteurs de "L’envers de la fraude sociale", ouvrage collectif sous la direction de Philippe Warin (La Découverte). La même année, il participe à la création de la troupe des Z’en Trop. Il est l’auteur de la pièce "Comment ils ont inventé le chômage", mise en scène Muriel Righeschi

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 22:48
Vote du budget rectificatif de la Sécurité sociale : la « fronde » n'était que médiatique !

"Fronde médiatique !"

 

Ainsi pouvons nous qualifier les gesticulations d'un quarteron de députés socialistes et d'EELV qui après avoir capturé l'attention des médias sur l'air du « vous allez voir ce que vous allez voir », se sont ine fine contentés d'une « abstention » (voir analyse du scrutin public n° 868) permettant de sauver le budget rectificatif de la Sécurité sociale (PLFRSS), par conséquent « Valls et Hollande » les bons soldats du MEDEF.

 

Il a bonne mine « l'Appel des 100 » des G. Filoche et autres prédicateurs à l'intention de leurs camarades socialistes pour qu'ils « mettent la politique de Valls en minorité au Parlement ».

 

 

- Car le vote d'aujourd'hui 8 juillet sur le budget rectificatif de la Sécurité sociale (PLFRSS) est sans appel !

  • Si les 46 députés PS et EELV[1] qui se sont "abstenus" sur le budget de la Sécurité sociale avaient voté "contre", le pacte de responsabilité, projet scélérat de François Hollande, aurait été repoussé.
  • Gattaz jubile. Il vient de recevoir 40 milliards de la majorité parlementaire aux ordres de Manuel Valls et de Hollande.
  • Jean-Luc Mélenchon avait raison de considérer que « le budget de la Sécu, c'est l'épreuve du feu ».. et d'estimer que «...Les frondeurs sont au pied du mur ! »

 

Ce soir à l'issue de la pseudo conférence sociale Manuel Valls pouvait être content de lui-même et méprisant pour ses opposants.... il savait que ses députés socialistes étaient rentrés dans les rangs... la « fronde » n'était que médiatique !

Ce soir le MEDEF peut faire de la surenchére, il sait que la "fronde" n'est que médiatique !

Vote du budget rectificatif de la Sécurité sociale : la « fronde » n'était que médiatique !

- Tout ça pour... ça !

C'était donc pour faire ça que les 21 et 22 juin, deux centaines de militants socialistes se réunissaient à Bellerive-sur Allier près de Vichy et débattre sur le thème: "Rassembler la gauche et les écologistes" ?

L'appel de Bellerive-sur-Allier» n'aura pas survécu aux débats parlementaires et votes qui s'en sont suivis :

 

En la matière, commentant l'Appel de Bellerive-sur-Allier (sur son site), je notais : " Toutes les motions ou résolutions ne valent que pour l’instant ou elles sont adoptées et n’engagent que ceux qui y croient !... La vérité sortira des « actes »..... C’est à l’examen du vote de chacun d’entre eux sur les dossiers que nous pourrons nous faire une opinion sur la sincérité de leur démarche politique d’opposition aux politiques libérales et d’austérité et visant à un sursaut des socialistes et de toute la gauche"

Nous sommes maintenant renseignés !

Et que l'on ne vienne pas nous resservir le plat de la révolte qui gronde et va s'exprimer massivement dans l'hémicycle à l'automne lors du vote du budget intitial 2015 !

 

 

- Une autre situation était en effet possible

Car Gérard Filoche avait lui aussi raison quand il écrivait le 8 juillet dernier « Donc, si, face a un chantage au vote bloqué, les 100 (et plus !) députés se rebellent, ils sauveront la mise, ils sauveront la gauche de la catastrophe annoncée, ils répondront à leurs électeurs, ils redonneront de l’espoir, courage, c’est le chemin de l’honneur. C’est de leurs rangs que doit sortir un autre gouvernement, un Premier ministre, des ministres de gauche, capables de faire une politique de gauche, attendue par les électeurs de gauche qui ont voté à gauche majoritairement en mai juin 2012. A gauche. »

 

Mais le PS est historiquement ainsi fait !

On peut, dans le même parti, à la fois :

  • élaborer et mettre en œuvre une politique de droite ;

  • gesticuler face aux médias pour entretenir l'illusion qu'au sein du PS une autre voie « à gauche » est possible ;

  • et se contenter de s'abstenir au parlement pour sauver le gouvernement et sa politique.

 

Á Gérard Filoche et autres « affligés » je dirai que vous avez raison d'écrire « Derrière le vote ou non, de la politique de Valls, c’est une question de vie ou de mort pour la gauche et le PS »..... mais 'en ce qui me concerne je ne verserai pas une larme sur la tombe du PS.

 

Le prix de ses trahisons est trop cher payé par le peuple !

Vote du budget rectificatif de la Sécurité sociale : la « fronde » n'était que médiatique !

- Mais prenons garde à ne pas tomber dans la désespérance !

La gauche se relèvera avec le peuple de gauche, dont les socialistes,....... mais sans le Parti socialiste qui n'a plus que le nom de « socialiste » !

 

Car au-delà du gouvernement ou de l’appareil PS, il reste encore des militants aux convictions socialistes profondément chevillées au corps. Il faut qu’ils comprennent que la ligne Hollande-Valls est maintenant bien installée, que le PS ne redeviendra pas social-démocrate et encore moins socialiste. Le PS français « de gauche » n’était qu’une queue de comète anachronique de l’ex social-démocratie européenne. Il est maintenant rentré dans le rang.

 

Ces militants tiennent à mener la bataille politique à l’intérieur de leur parti. Mais ils doivent se préparer à en sortir car sinon ils vont s’épuiser dans une lutte sans issue... et pendant ce temps là les coups vont continuer à pleuvoir sur le peuple ! La gauche de transformation sociale n’a pas trop de militants qui veulent se battre pour changer la société, qui refusent le fatalisme, la soumission au système, le « il n’y a pas d’autres solutions ». La gauche a besoin que tous ceux-là restent militants et à un poste de combat qui soit utile.

 

Bienvenue à ceux qui au PS auront le courage de rompre !

Note :

[1] Il étaient en revanche 41 à s'abstenir fin avril sur le programme de 50 milliards d'euros d'économies, présenté par le Premier ministre Manuel Valls.

 

Sur le même sujet, lire aussi :

- Sur le blog de Paul Jorion : Ami frondeur, il faut que je te parle !

- Les députés socialistes ont voté mercredi 2 juillet 2014 : la baisse du pouvoir d'achat des pensions de retraite supérieures à 1200€/mois.

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 10:14
Réforme territoriale  : Face au redécoupage permanent, un référendum s'impose !

François Hollande a annoncé au détour d’une interview le 6 mai au matin qu’il envisageait de supprimer les départements et de diviser par deux le nombre de régions. Il a dit qu’« il faut aller vite sur les réformes de notre territoire ».

Nous sommes aujourd'hui dans le vif du sujet !

 

Source : Le Parti de Gauche  par Claire Mazin

Pourquoi ce projet tout à coup si urgent n’a jamais été évoqué pendant la campagne présidentielle ? Et, pourquoi François Hollande a-t-il annoncé lors de ces vœux aux corréziens le 18 janvier 2014 qu’il était contre la suppression des départements ?

 

Ce projet de réforme territoriale n’est qu’un artifice de plus et parmi d’autres du PS agonisant au pouvoir pour obéir à Bruxelles. Il ne s’agit pourtant pas de sujets anecdotiques. Contrairement à ce que semble penser François Hollande, il ne s’agit pas là que d’un exercice de tracé sur une carte. L’organisation du territoire est un des éléments du pacte républicain. La revoir en profondeur à ce point c’est donc remettre en cause ce pacte. La précipitation du président de la République est le symptôme de la poursuite de ses attaques contre la République, de son mépris pour la démocratie et la souveraineté populaire et du diktat auquel il se plie de la Commission européenne, pro-régions et austéritaire.

 

- L’organisation territoriale est un pacte républicain

Les Départements ont été créés au moment de la Révolution Française, en novembre 1789. C’était la traduction d’une volonté politique forte pour valoriser l’appartenance à un ensemble national. Les départements étaient dirigés par une assemblée, composée de citoyens élus. Cette organisation a permis d’homogénéiser l’organisation territoriale, tout en conservant une administration locale. Ainsi, ont été supprimées les particularités des provinces d’Ancien Régime, considérées comme étant uniquement le reflet des privilèges de l’aristocratie locale.

 

A l’inverse, les Régions ont été créées beaucoup plus récemment, en 1955. Les régions de programme permettent la mise en œuvre décentralisée des plans nationaux, et ne sont pas dotées de représentants élus. Les Régions deviennent des établissements publics en 1972, toujours administrées par le préfet, représentant de l’Etat. Ce n’est qu’avec la loi de 1982 que les Régions sont gouvernées par des élus.

 

La création des départements est profondément politique, et n’a rien ni d’aléatoire, ni d’anodin. S’appuyer sur les régions comme structure principale de l’organisation territoriale et supprimer les départements c’est donc à la fois rayer cet héritage et avec lui un des fondements de la République.

 

- Un projet bidouillé, hors des réalités

Le projet de suppression des départements et d’agrandissement des régions, est justifié par un souci de lisibilité et d’économies. Deux arguments autant fallacieux que dangereux.

 

- La lisibilité d’abord.

C’est l’argument toujours invoqué à côté de la simplification pour masquer la suppression des services publics. En effet, induire que la suppression des départements rendra plus lisible l’action publique c’est considérer que les citoyens aujourd’hui ne comprennent pas ce que font les conseils généraux. Mais c’est faux, la majorité des personnes interrogées dans les récents sondages savent que les départements s’occupent d’action sociale et de routes, les deux principales compétences de ces collectivités locales avec les collèges.

 

C’est en fait pour répondre à la Commission européenne que l’on propose de telles mesures : celle-ci pousse à la régionalisation, pour affaiblir l’échelon étatique, et bénéficier ainsi de liens directs avec les Régions dans les Etats membres. Avec pour objectif d’asseoir encore davantage ses orientations libérales. Tout cela au prix d’une flambée des régionalismes encouragés par cette politique européenne et par l’anxiété induite par le tricotage et détricotage permanents des organisations territoriale. L’exemple de la Catalogne, de la montée en puissance de la Ligue du Nord en Italie ou la manifestation des indépendantistes bretons réclamant le rattachement de la Loire Atlantique à la région Bretagne au lendemain des annonces du Président de la République témoignent de ce danger pour l’unité des Etats et de la République en France.

 

- Les économies ensuite.

La suppression des départements et la fusion des régions seraient sources d’économies. Mais pourtant les départements sont aujourd’hui en charge du RSA, de la protection maternelle et infantile, de l’aide sociale à l’enfance, des pompiers, du recrutement des assistantes maternelles, de l’entretien des routes et des collèges…

 

Soit on considère que ces missions seront toujours assurées, que ce soit par les régions ou par un organisme de l’Etat et dans ces cas-là l’argument des économies est fallacieux. Soit les économies auront bien lieu, mais en sacrifiant les services publics existants aujourd’hui, par la suppression du lien de proximité que constituent les départements et incarné notamment par les travailleurs sociaux et les agents de terrain, soit en privatisant une partie de leurs missions, comme par exemple l’accompagnement des personnes âgées ou des personnes handicapées, accentuant les inégalités sociales d’accès aux soins et à la prise en charge. Et dans ce cas, l’argument est particulièrement dangereux.

 

Enfin, quelle ironie que cette argument d’économies quelques mois après l’adoption d’une loi qui consacre les Métropoles, échelon territorial en doublon des communes et inscrit dans une politique de concurrence entre territoires particulièrement coûteuse.

 

- Absence de consultation des français

Enfin, ce projet a été présenté, en trois phrases par le Premier Ministre et le Président de la République avec à chaque fois une insistance particulière sur la nécessité d’aller très vite. Aucune consultation des français n’est prévue sur ces sujets. Pourtant, ils n’ont pas voté un tel programme puisque cette réforme vient d’être sortie du chapeau. Pourtant, cela constituerait des changements profonds de leurs rapports à la puissance publique et des institutions qui font société et République. A ceux qui demandent un référendum, le ministre de l’Intérieur répond que cela n’est pas possible, que cela serait contreproductif car les français ne répondent en général pas vraiment à la question qui leur est posée.

 

C’est un nouveau mépris du peuple qui « n’aurait pas compris », auprès de qui « il faut faire de la pédagogie » et autres sornettes maintes fois entendues depuis le référendum sur la Constitution Européenne de 2005.

 

En fait, ils ont peur, car les français ont très bien compris et rejetteraient ce bidouillage. Ils ont peur d’une telle souveraineté populaire car le maître aujourd’hui, de Valls et Hollande, celui à qui ils rendent des comptes, et qui soutient ce projet, n’est pas le peuple français, mais la Commission et la Banque Centrale européennes. Comme des petits enfants qui ont peur de se faire taper sur les doigts en cas de fausse note, ils préfèrent éviter de poser la question, et inscrivent ainsi leur action dans la dynamique austéritaire de l’Union Européenne actuelle.

 

- Sur le même sujet, lire aussi :

- François Hollande sacrifie la république pour brutaliser les citoyens

- La nouvelle réforme territoriale: Une soumission au diktat européen

- Après les Départements, les communes

- Fusion des Régions. Claudy Lebreton réclame un référendum

- Réforme territoriale: La République tombe à l’eau

- Réaction du président de l'Assemblée des Département de France face à la nouvelle carte territoriale

- Chambardement social et territorial : Hollande aux ordres de Bruxelles

- La réforme territoriale n'engendrera pas d'économies, selon Moody's

- Intervention de Marc Dolez au Sénat lors de la discussion sur ce sujet : Soumettre à référendum le projet de loi relatif à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales

- Réforme territoriale: l'Assemblée dit "non" au réferendum

- Raoul Marc Jennar : Réforme territoriale : les raisons de la refuser

- Qui dit vrai ?

La reforme territoriale est devenue obligatoire par "contrainte budgétaire" et économies escomptées (voir document ci-dessous), au moins là c'est clair ! Même si selon l'agence Moody's, la réforme territoriale n'engendrera pas d'économies !

 

Et si la vrai raison était ailleurs ?

- soumission aux injonctions de Bruxelles..... ça on le sait ;

- on sait aussi que les "super régions" seront dotées de "super pouvoirs" avec possibilité de légiférer pour être encore plus "compétitives" face aux autres régions européennes et à la mondialisation ;

- et en matière d'amélioration, il y en a déjà qui considérent que le SMIC aurait dû rester régional, d'autres encore qu'il faut un SMIC régional pour sauver l'économie française....

Réforme territoriale  : Face au redécoupage permanent, un référendum s'impose !
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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 12:18
En finir avec les idées fausses propagées par l'extrême droite

Pierre-Yves BULTEAU


Sur fond de crise économique et sociale persistante, l’extrême droite propage ses idées et désigne les boucs émissaires : « Il n’y a jamais eu autant d’étrangers en France », « Nous sommes envahis par l’islam qui veut détruire notre mode de vie », « Si les entreprises licencient, c’est à cause des travailleurs indiens et chinois qui acceptent des salaires de misère ». Mensonges et idées fausses sont mobilisés pour des promesses illusoires : « Renvoyons les étrangers chez eux, le chômage disparaîtra », « Réservons les logements sociaux aux Français », « Sortons de l’euro pour rétablir la santé économique de la France »

 

Ce livre entend rétablir la vérité. Il analyse plus de 70 de ces idées reçues diffusées par l’extrême droite et les réfute une à une en s’appuyant sur des données solides. Au-delà des faits, il dévoile un discours de propagande selon lequel l’égalité des êtres humains ne serait pas une chance mais une menace. Accessible à un grand public, cet ouvrage constitue un antidote indispensable au discours du Front national et de ses satellites. Il met en garde contre les tentations autoritaires et illusoires du « chacun chez soi » et du « chacun pour soi », et invite au choix d’une société d’égalité, de liberté et de fraternité pour tous.

 

Ce livre est édité par Les Editions de l’Atelier en partenariat avec l’Institut de recherches de la FSU, La Ligue des Droits de l’Homme, Union syndicale Solidaires, VO Editions ; avec le soutien de la CGT, FIDL, FSU, JOC, MRAP, UNEF, UNL.

 

- Pour commander : ici

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6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 23:49
Palestine : Shimon Peres défend toujours la solution à deux Etats

Mis à jour le 18/07/2024

Il n'est pas inutile de rappeler qu'au moment ou un nouveau gouvernement d'Union Palestinienne est mis en place (regroupant le Fatah et le Hamas), ou de nouvelles élections présidentielle et législatives sont prévues d'ici à la fin de l'année, l’État d’Israël bafoue constamment le droit international. Dans le même temps, alors que l’Irak, la Syrie et, dans une moindre mesure, le Liban s’enfoncent dans la guerre confessionnelle, les opérations militaires en cours à Gaza et en Cisjordanie, à la suite de l’enlèvement et du meurtre de trois jeunes colons, font craindre une nouvelle explosion de violence.

 

Car la situation étant tendue après les meurtres d’adolescents israéliens et palestinien Netanyahou en profite pour bombarder Gaza, tenter d'obtenir des ripostes palestiniennes lui servant à justifier un engrenage guerrier avec en arrière pensée..... briser l'unité palestinienne retrouvée.

 

 

- Car la bande de Gaza est toujours sous blocus illégal.

 

Palestine : Shimon Peres défend toujours la solution à deux Etats

Elle constitue une véritable prison à ciel ouvert pour ses 1,5 millions d’habitants. Israël détient toujours des milliers de prisonniers politiques palestiniens, et ce n’est pas la libération de 26 d’entre eux tout récemment qui change la situation, d’autant que quelques jours après, quatre Palestiniens ont encore été tués par l’armée israélienne.

 

Le plan israëlien Prawer de judaïsation du Néguev prévoit toujours de déplacer près de 70 000 bédouins palestiniens de citoyenneté israélienne dans des cités réserves. La colonisation de la Cisjordanie se poursuit sans faiblir : alors même que le secrétaire d’Etat américain, John Kerry - visiblement lui-même gêné par les agissements du gouvernement israélien - était en visite dans le pays, les autorités annonçaient de nouvelles autorisations pour la construction de 5000 logements, à Jérusalem Est et en Cisjordanie. Enfin, le gouvernement israélien n’a aucunement l’intention de respecter les frontières d’un hypothétique Etat palestinien puisqu’il a bien indiqué sa volonté de maintenir une présence militaire dans la vallée du Jourdain, accompagnée d'un projet de construction d'une nouvelle "barrière de sécurité" entre la Cisjordannie et la Jordanie, dès lors que celle entre Israël et le Sinaï égyptien serait terminée.

 

Après le vote favorable de la France pour que la Palestine soit intégrée à l’Assemblée générale des Nations unies comme membre observateur, notre pays doit reconnaître l’Etat palestinien de manière bilatérale.

 

 

- Il est urgent :

  • de passer des discours aux actes, en prenant de réelles sanctions à l’égard du gouvernement israélien pour le contraindre à appliquer les dizaines de résolutions des Nations unies le concernant ;
  • de procéder à la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens ;
  • de geler et de démantèler les colonies ;
  • de lever le blocus de Gaza et de reconnaitre l’Etat Palestinien dans les frontières de 1967.

 

Le peuple palestinien a  le droit de vivre dans un Etat viable en toute souveraineté, dans les frontières de 1967, et égalité des droits pour ceux résidant en Israël.

 

 

- La solution à deux États toujours d'actualité

- Après le discours prononcé le 25 mai 2014 par le pape François devant les autorités israéliennes à Tel-Aviv  « ........Par conséquent, je renouvelle l’appel que, de ce lieu, Benoît XVI a lancé : qu’il soit universellement reconnu que l’État d’Israël a le droit d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Qu’il soit également reconnu que le peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine, à vivre avec dignité et à voyager librement. Que la “solution de deux États” devienne réalité et ne demeure pas un rêve.» ;

 

- C'est maintenant le président israëlien sortant Shimon Peres qui s'est exprimé dimanche 6 juillet 2014 devant l'association de la presse étrangère en Israël. Il a précisé «... être toujours pour une solution à deux États et une reprise des négociations de paix.».

 

- Poursuivre la pression sur le gouvernement israélien

De plus, face au renforcement de la politique d'oppression du gouvernement isralien à l'encontre de l'ensemble des Palestiniens (la politique d'Israël dans ces territoires, présente pour l'ONU les caractéristiques de "l'apartheid" et du "nettoyage éthnique"[1]), il est plus que nécessaire d'apporter son soutien aux campagnes de BDS France (Boycott-Désinvestissement-Sanctions).

 

Chacun peut agir, notamment en boycottant les produits israéliens, en exigeant des entreprises françaises qu'elles ne participent pas à la colonisation et la politique d'apartheid du gouvernement israélien, et en demandant au Président et au gouvernement français d'appliquer de réelles sanctions à l'encontre de l'État d'Israël.

 

Le gouvernement français pratique la politique des "petits pas" dans la bonne direction.... c'est INSUFFISANT !

Le 24 juin 2014, le site Internet du ministère français des Affaires étrangères a publié une information peu visible mais inédite : "Il existe des risques liés aux activités économiques et financières dans les colonies israéliennes. Les transactions financières, les investissements, les achats, les approvisionnements ainsi que d'autres activités économiques dans les colonies ou bénéficiant aux colonies, entraînent des risques juridiques et économiques liés au fait que les colonies israéliennes, selon le droit international, sont construites sur des terres occupées et ne sont pas reconnues comme faisant partie du territoire d'Israël".

 

Notre gouvernement déconseille donc aux entreprises françaises de mener des activités économiques dans les colonies israéliennes. Voilà, enfin, une mesure concrète des pouvoirs publics français contre la colonisation.

Mais il ne s’agit que d’un petit pas tardif et surtout insuffisant dans la mise en oeuvre de l'avis de la Cour Internationale de justice en date du 9 juillet 2004.

 

- La paix ne pourra advenir qu'en obligeant Israël à respecter les Palestiniens et leurs droits universels et le boycott commence à faire peur à Israël. Pourquoi ?.... la réponse  ICI

 

Note :

[1] le Figaro : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/03/21/97001-20140321FILWWW00210-israel-l-onu-denonce-un-nettoyage-ethnique.php

 

Pour en savoir plus :

- Israéliens et Palestiniens paient des années de blocage du «processus de paix» : Abîme

- Le plateau du Golan est syrien : Les oubliés du Golan

- Par le Parti de Gauche : La coopération Europe-Israël : un appui pour la colonisation de la Palestine

- Palestine : Faudra-t-il attendre encore dix ans ?

- Un texte de 2009 d'une actualité criante : Israël a-t-il perdu la guerre ? Entretien avec l’historien israélien Shlomo Sand

- Israël-Palestine : Hollande choisit son camp, celui de la droite israélienne contre le peuple palestinien

- Rassemblement contre l'agression : Halte à la terreur et au massacre du peuple palestinien !

- 18 juillet 2024 : " la France exprime sa consternation à la suite de l’adoption par la Knesset d’une résolution rejetant la perspective d’établissement d’un État palestinien, en contradiction avec les résolutions adoptées au Conseil de sécurité des Nations unies "

De plus, face au renforcement de la politique d’oppression du gouvernement israélien à l’encontre de   l’ensemble des Palestiniens, le Bureau national du Parti de Gauche réuni le 16 novembre a décidé d’engager le Parti de Gauche dans le soutien aux campagnes de BDS France : Boycott Désinvestissement Sanctions. Chacun peut agir, notamment en boycottant les produits israéliens, en exigeant des entreprises françaises qu’elles ne participent pas à la colonisation et la politique d’apartheid du gouvernement israélien, et en demandant au Président et au gouvernement français d’appliquer de réelles sanctions à l’encontre de l’Etat d’Israël. La paix ne pourra advenir qu’en obligeant Israël à respecter les Palestiniens et leurs droits universels. - See more at: http://www.lepartidegauche.fr/actualites/communique/le-parti-gauche-s-engage-dans-les-campagnes-boycott-desinvestissement-sanctions-l-egard-d-israel-25718#sthash.QYbKsMg2.dpuf

 

Palestine : Shimon Peres défend toujours la solution à deux Etats
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6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 09:30
Liste nominative des signataires au bas du texte de la déclaration
Liste nominative des signataires au bas du texte de la déclaration

Liste nominative des signataires au bas du texte de la déclaration

Les peuples, l’environnement et la démocratie avant les profits et les droits des multinationales.
 

Sources : Confédération Générale du Travail

- Qui sommes-nous ?

Nous sommes une coalition d’organisations membres de la société civile européenne qui partage les profondes inquiétudes à l’égard des différentes menaces présentes dans le Transatlantic Trade and Investment Partnership TTIP (également connu sous le nom de Transatlantic Free Trade Agreement ou TAFTA voire GMT). Nous représentons un large éventail d’intérêts publics comprenant protection environnementale, la santé publique, l’agriculture, les droits des consommateurs et la protection des standards de contrôle dans l’alimentation et l’élevage, le respect des animaux, les acquis dans le social et le travail, les droits des travailleurs, le développement, l’accès du public à l’information et les droits des internautes, les services publics essentiels incluant l’éducation, l'intégrité des systèmes financiers et autres.
 

Nous sommes fortement engagés dans la lutte contre les négociations en cours sur le TTIP, afin d’assurer la transparence et la démocratie du débat politique. Tout accord doit servir les intérêts publics et notre avenir commun.


 

- Qu’est-ce que le TTIP ?

Le TTIP est un accord d’une grande portée qui se négocie actuellement entre la Commission Européenne (au nom des Etats Membres de l’UE) et le gouvernement américain. Cela ne touche pas tant les échanges commerciaux, dont les tarifs sont déjà majoritairement assez bas entre l’Europe et les USA, mais principalement les régulations, standards, droits des multinationales et garanties d’investissements.
 

Le TTIP proposé vise soi-disant à faciliter les investissements directs et à éliminer les obstacles administratifs inutiles à l’accès au marché pour les multinationales de chaque côté de l’Atlantique.
 

Cependant, les preuves acquises de la position du business et de l’industrie montrent que la focalisation sur des barrières non-tarifaires et des convergences de régulations, est utilisé pour permettre la dérégulation, augmenter les garanties des investisseurs, orienter les droits de propriété intellectuelle vers des monopoles et une course vers le bas. Les bénéfices économiques proclamés mais non confirmés sont très marginaux pour l’ensemble de la société, même dans le meilleur des scénarios. Toutes les évidences rassemblées suggèrent que ces objectifs menacent des droits importants acquis lors de longues luttes démocratiques et les intérêts sociétaux publics de l’Europe, des USA et du reste du monde.
 

Les négociations se déroulent derrière des portes closes, sans consultation exhaustive et effective du public. Les Parlements Nationaux ne sont même pas informés des détails des textes de négociation de la Commission, mais de rares bribes d’information fournies -ou ayant fuité- soulèvent de considérables inquiétudes.


 

- Quelles sont nos inquiétudes ?

  • Le manque de transparence et de procédure démocratique, qui rend impossible pour les citoyens et la société civile de superviser les négociations de façon à assurer que la protection des intérêts publics soit préservée. Actuellement ces négociations sont extrêmement partiales : les lobbies du business ont un accès privilégié aux informations et l’opportunité d’influencer les négociations.

  • Le chapitre de la proposition des investissements, particulièrement la clause de l’inclusion d’un Règlement des Différents Investisseur-État (RDIE, ou Investor State Dispute Settlement ISDS). Les dispositifs de l’ISDS donnent aux investisseurs les droits de poursuivre les états quand des décisions démocratiques -faites par des institutions publiques dans l’intérêt public- sont supposées avoir un impact négatif sur des profits anticipés. Ces dispositifs s’opèrent en dehors des tribunaux nationaux et compromettent notre système légal national ou européen et nos structures démocratiques votant des lois dans l’intérêt public.

  • La création de structures et de procédures de gouvernance nouvelles et anti-démocratiques, tendant à « harmoniser les régulations» comme la proposition du Regulatory Cooperation Council. Ces structures feront du TTIP une cible en mouvement constant, développée en secret par des bureaucrates non élus et des représentants des trusts. Ces structures anti-démocratiques menacent de faire baisser des standards et des règles importants conçus dans l’intérêt de la protection publique, ou d’interdire des améliorations à venir, sans prendre en compte des nécessités ou des mandats publics. Nous sommes aussi inquiétés par la perspective de renforcer la protection et l’application des « droits de propriété intellectuelle » qui pourraient invalider nos droits à la santé, à l’éducation et à la culture, ainsi qu’à la libre expression.
     

 

- Nos exigences et nos buts communs :

En nous basant sur les valeurs de solidarité internationale, de justice sociale, de protection de l’environnement et le respect des droits de l’homme, nous travaillons avec nos partenaires aux USA et dans d’autres parties du monde et nous exigeons :

  1. La transparence maintenant : les textes de négociation de la Commission Européenne ainsi que tous ses documents doivent être rendus publics pour permettre un débat ouvert et critique sur le TTIP.

  2. Un processus démocratique : incluant l’examen approfondi et l’évaluation des textes de négociation- qui assure que les décisions sont prises dans l’intérêt public et qui implique le parlement européen, des débats dans les parlements nationaux, dans les organisations de la société civile, les syndicats et tous les groupes concernés.

  3. Pas d’ISDS : toute clause contenant un dispositif du Règlement des Différents Investisseurs États (Investor State Dispute Settlement ISDS), doit être éliminé définitivement des négociations, et aucun autre dispositif ne doit être introduit (y compris indirectement à travers d’autres accords commerciaux préexistants ou ultérieurs), qui octroierait des privilèges aux investisseurs.

  4. Pas de Regulatory Cooperation Council : toute régulation des affaires, des conditions commerciales, des nomenclatures de produits et standards de production, doivent dépendre d’institutions et de processus démocratiquement contrôlés.

  5. Pas de dérégulation des législations sauvegardant et servant les intérêts publics : le niveau des législations sociales et du travail, la protection des consommateurs et de la santé publique, la protection de l’environnement, y compris la régénération des ressources naturelles, le bien-être animal, les standards d’hygiène alimentaire et les pratiques agricoles soucieuses du développement durable, l’accès à l’information et l’étiquetage, la culture et la médecine, la régulation des marchés financiers, ainsi que la protection des données personnelles, ont besoin d’être améliorés, non « harmonisés» vers le dénominateur commun le plus bas. La reconnaissance mutuelle n’est pas acceptable si elle compromet les standards et les dispositifs de sécurité démocratiquement choisis. Le principe de précaution doit être largement appliqué.

  6. Pas d’autre dérégulation ou d’autre privatisation des services publics : nous exigeons un accès garanti à une éducation de haute qualité, à un système de protection médicale et autres services publics, et une implication gouvernementale promouvant les emplois locaux, l’économie locale, la discrimination positive, l’esprit d’entreprise, l’économie solidaire et qui serve les intérêts publics.

  7. La promotion de pratiques agricoles favorisant la protection de l’environnement et la protection des fermes familiales.

  8. Les autorités publiques doivent conserver le pouvoir politique, maintenir les structures nécessaires à la sauvegarde de certains secteurs sensibles et des standards important défendant notre qualité de vie. Les continuelles violations du droit du travail devraient être sanctionnées par des amendes

 

Tout accord commercial entre les US et l’EU, maintenant et dans l’avenir, devrait répondre à ces exigences, suivre ces principes et promouvoir la coopération, la justice sociale et l’écologie durable.


 

- Signataires :

11.11.11, Belgium - Action For Breast Cancer Foundation, Malta - Africa Contact, Denmark - Africa Europe Faith and Justice Network (AEFJN) - Aitec-IPAM, France - aktion / arbeitsunrecht, Germany - Aktion Selbstbesteuerung e.V., Germany - APRODEV - Association of World Council of Churches related Development Organisations in Europe - aquattac, Europe-wide - Arbeitsgemeinschaft bäuerliche Landwirtschaft - AbL, Germany - ARC 2020 (Convention agricole et rurale 2020), Belgium - ÄrztInnen für eine gesunde Umwelt (AeGU, ISDE), Austria - ASEED Europe, Netherlands - Association d'Amitié Franco Vietnamienne, Comité de Choisy le Roi - Val de Marne, France - Attac Austria - ATTAC Denmark - Attac Finland - Attac France - Attac Germany - Attac Iceland - Attac Ireland - ATTAC SPAIN - Attac Sweden- ATTAC VLAANDEREN, Netherlands - ATTAC Wallonie-Bruxelles, Belgium - Austrian Federal Chamber of Labour - Austrian Trade Union Federation - BI Fracking freies Hessen, Germany - BI lebenswertes Korbach e.V., Germany - Both ENDS, the Netherlands - Campact e.V., Germany - CEE Bankwatch Network - Center for Encounter and Active Non-Violence, Austria - La CGT, France - Colibri, Germany - Collectif citoyen les Engraineurs, France - Collectif contre le grand marché transatlantique, Stop TAFTA, France - Collectif des Associations Citoyennes, France - Collectif Roosevelt, France - Compassion in World Farming, Europe-wide - Corporate Europe Observatory (CEO), Belgium - Dachverband Entwicklungspolitik Baden-Württemberg (DEAB), Germany - Eco Ruralis, Romania - Ecologistas en Acción, Spain - Educación para la Acción Crítica-EdPAC. Spain - in Welt Forum Freiburg, Germany - European Attac Network (EAN) - European Coordination Via Campesina (ECVC) - European Environmental Bureau - European Federation of Journalists - The European Public Health Alliance, Europe-wide - European Water Movement - Farms not Factories, UK - Fairwatch, Italy - Fondation Sciences Citoyennes, France - Food & Water Europe - Fracking Free Ireland - Freedom Fight Info, Serbia - Friends of the Earth Europe - Friends of the Earth Spain - GAIA : Grupo de Acção e Intervenção Ambiental, Portugal - Générations Futures, France - German League for Nature and Environment (Deutscher Naturschutzring DNR) - German NGO Forum on Environment and Development, Germany - GLOBAL 2000 : Friends of the Earth Austria - Global Marshall Plan Initiative, Europe-wide - GMO Information Center ("InfOMG"), Romania - Golias Hebdo et Golias Magazine, France - Greenpeace - The Health and Environment Alliance (HEAL), Belgium - Heaven or sHell, Sweden - IBFAN Europe - IBFAN Georgian Group - Ibfan Italia - Initiativ Liewensufank, Luxembourg - INKOTA-netzwerk, Germany - Institute for sustainable development, Slovenia - Irish Doctors Environmental Association, Ireland - Keep Ireland Fracking Free, Ireland - Kein Patent auf Leben! ("No Patents on Life!"), Germany - LEF, FGE, Belgium - Limerick Earth Day Network, Ireland - Local Urban Development European Network (LUDEN), Belgium - Mehr Demokratie, Germany - MENSCHENRECHTE 3000 e.V. (Human Rights 3000), Germany - MIM Moral in Motion, the Netherlands - Naturefriends International - NaturFreunde Deutschlands, Germany - Nicos Poulantzas Institute, Greece - NOAH - Friends of the Earth Denmark - ÖBV-Via Campesina AustriaPlatform aarde Boer  - consument, The Netherlands - Pokret za slobodu, Serbia - Portmarnock - Community Association, Beach committee, Ireland - PowerShift, Germany - PROVIEH, Verein gegen tierquälerische Massentierhaltung e.V., Germany - Quercus : National Association for Nature Conservation, Portugal - La Quadrature du Net, France - Romania Fara Ei, Romania - Schaliegasvrij Nederland, The Netherlands - Service Civil International - Slow Food Germany - Slow Food International - SOLIDARITÉ, France - SOMO, the Netherlands - StopTTIP UK - SÜDWIND, Austria - Transnational Institute - Transport & Environment, Belgium - Umweltinstitut München e.V., Germany - Unión Sindical Obrera (USO), Spain - UNISON, UKVédegylet Egyesület, Hungary - War on Want, UK - WEED : World Economy, Ecology & Development, Germany - Wemos, the Netherlands - Women in Europe for a Common Future, France , Germany, The Netherlands - Women’s International League for Peace and Freedom Holland - World Development Movement, UK - Workinggroup Food Justice, The Netherlands - X minus Y Solidarity Fund, The Netherlands

 

Pour en savoir plus :

- Les syndicats Britanniques se lancent dans la protestation contre le TTIP

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 10:18
Le grand marché transatlantique : les multinationales contre la démocratie (préface de J-L. Mélenchon)

Sources : le Parti de Gauche

Suite à la chute du mur de Berlin, l’Union européenne et les États-Unis sont en tractations en vue de créer un grand marché transatlantique.
Négocié sans publicité ni débat, ce projet exige de remanier en profondeur les lois, les institutions et les valeurs de nos sociétés. Basé sur la compétition économique et la marchandisation, ce projet renforce le pouvoir des multinationales face aux États qui vont se vendre en bradant nos protections sociales : soins de santé, pensions, conditions de travail, salaires, solidarités…
De plus, les accords transatlantiques menacent nos libertés civiles (droit à la vie privée, mouvements de contestation…), l’écologie et la démocratie.
Fait par et pour les multinationales, ce projet doit aboutir en 2015. Autrement dit, demain.
Respectivement anthropologue et politologue, Bruno Poncelet et Ricardo Cherenti travaillent en Belgique où ils publient régulièrement des articles sur le site www.econospheres.be
Jean-Luc Mélenchon, député européen GUE-NGL combat le grand marché transatlantique au Parlement européen depuis 2009. Il a interpellé à plusieurs reprises la Commission européenne. - See more at: http://www.lepartidegauche.fr/educpop/livre/le-grand-marche-transatlantique-les-multinationales-contre-la-democratie-preface-j-melenchon-28133#sthash.ELMon0Mo.dpuf

Suite à la chute du mur de Berlin, l’Union européenne et les États-Unis sont en tractations en vue de créer un grand marché transatlantique.
Négocié sans publicité ni débat, ce projet exige de remanier en profondeur les lois, les institutions et les valeurs de nos sociétés. Basé sur la compétition économique et la marchandisation, ce projet renforce le pouvoir des multinationales face aux États qui vont se vendre en bradant nos protections sociales : soins de santé, pensions, conditions de travail, salaires, solidarités…


De plus, les accords transatlantiques menacent nos libertés civiles (droit à la vie privée, mouvements de contestation…), l’écologie et la démocratie.
Fait par et pour les multinationales, ce projet doit aboutir en 2015. Autrement dit, demain.
Respectivement anthropologue et politologue, Bruno Poncelet et Ricardo Cherenti travaillent en Belgique où ils publient régulièrement des articles sur le site

 

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 13:41
Clémentine Autain ne tire pas tous les enseignements des derniers scrutins électoraux
Clémentine Autain se déclare : « Pour un rassemblement plus large que le FDG ! »

 

Sources : Politis n°1305 par Denis Sieffert et Léa Ducré

Pourquoi le rejet de la politique menée par le gouvernement n’a-t-il pas profité au Front de gauche ? Clémentine Autain (porte parole d'Ensemble composante du Front de Gauche) livre sa lecture des résultats et les leçons à en tirer. Elle appelle les forces politiques qui le composent à s’unir dans un projet attractif et à s’ouvrir dans une organisation politique plus souple, plus horizontale, qui lui permette de retrouver un véritable élan populaire.

 

- Politis.fr : Quel est votre sentiment au lendemain de ces élections européennes ?

Clémentine Autain : Comme beaucoup de personnes de gauche, je suis malheureuse de voir cette France bleu marine, cette abstention structurelle et la gauche défaite. Cependant, je ne partage pas cette idée de « séisme politique ». Même s’ils sont pires que prévus, les résultats me semblent raccords avec la situation telle qu’elle se trame depuis trente ans. Les politiques néolibérales produisent la désespérance qui est le terreau de l’extrême droite. Face à la crise de régime et de civilisation que nous traversons, la tentation du repli, d’un retour à l’ordre ancien est forte. C’est à nous d’imaginer l’autre chemin, celui de l’émancipation humaine, et de rendre cette voie désirable.

 

 

- Politis.fr : Est-ce que, tout de même, il n’y a pas eu certaines erreurs d’analyse sur le Front national ?

Clémentine Autain : Bien sûr. Dire qu’il y aurait 25 % de fascistes en France serait absolument faux. Il est important d’observer que le parti de Marine Le Pen n’est pas celui de Jean-Marie Le Pen. Le Front national a fait une mue qui le sort de ses outrances d’hier. Ça ne veut pas dire que ce n’est plus un parti raciste, xénophobe, autoritaire, mais il veut aujourd’hui rentrer dans le cadre démocratique. Marine Le Pen veut prendre le pouvoir et, pour cela, flirte avec la droite classique. Et elle capte les préoccupations sociales. Cela pose à la gauche une difficulté réelle. Pourtant, le Front national ne défend pas la protection sociale. Il porte le discours sur les « assistés », contre ces Français prétendus fainéants. Il est du côté de la propriété et du libéralisme économique. L’extrême droite se positionne à la fois dans l’antisystème et dans la réaction radicale. À nous de dire la dangerosité de son projet, notamment pour les catégories populaires. Il faut assumer la confrontation franche avec lui tout en sachant que c’est l’attractivité de notre propre projet qui sera déterminante pour faire reculer le FN. Cela suppose de nous dissocier plus clairement de la politique du gouvernement et de la majorité du PS.

 

 

- Politis.fr : Une autre question se pose tout naturellement : pourquoi n’est-ce pas la gauche de la gauche qui profite de ce contexte de crise ?

Clémentine Autain : La social-démocratie est en déroute partout en Europe, ce qui laisse en effet des potentialités fortes pour une gauche de transformation sociale et écologique. Mais ce n’est pas mécanique. Pourquoi en France le Front de gauche ne remporte pas la mise comme Syriza ? En Grèce, la mobilisation sociale est vigoureuse après les dégâts de neuf plans de rigueur. La France semble, elle, frappée de paralysie devant toutes ces alternances qui ne changent rien, face à ce gouvernement dit de gauche qui mène une politique de droite. Le Parti socialiste a une responsabilité majeure dans la situation actuelle. La politique de François Hollande a emporté toute la gauche, mais la défaillance mortifère du PS ne suffit pas à expliquer pourquoi le Front de gauche n’a pas davantage la main aujourd’hui. Nous devons balayer devant notre porte. On entend dire qu’il faudrait minorer le score du FN parce qu’il y a eu une forte abstention. Comme si tous ceux qui se sont abstenus n’auraient jamais voté à l’extrême droite ! Ce qui compte, c’est de voir quel est le camp qui a réussi à mobiliser le plus. Force est de constater que le FN a réussi, pas nous. Le Front de gauche n’a pas retrouvé les dynamiques de 2005, quand nous avons dit non au traité constitutionnel européen, et de 2012 autour de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. Cet essoufflement est la conséquence à la fois d’erreurs tactiques récentes et de difficultés de fond.

 

 

- Politis.fr : Pouvez-vous préciser l’analyse que vous faites de ces erreurs ?

Clémentine Autain : Au lendemain de la présidentielle et des législatives, le Front de gauche n’a pas su imaginer une architecture organisationnelle qui permette de pérenniser cette implication. Il s’est coupé de l’élan citoyen et militant. Le cartel d’organisations s’est alors très vite transformé en tête-à-tête mortifère entre le Parti communiste français et le Parti de gauche. Si le fonctionnement pyramidal et caporalisé peut avoir une efficacité à très court terme, il ne marche plus pour structurer et développer un espace politique dans la durée. Tant que nous ne proposerons pas une organisation politique plus souple, plus ouverte, plus horizontale, soucieuse du renouvellement de ses élus, porte-parole et cadres politiques, nous n’aurons pas cette force politique, sociale et intellectuelle porteuse de majorités.

 

 

- Politis.fr : Mais il y a aussi des causes plus profondes…

Clémentine Autain : Oui, le problème, c’est le travail de refondation qu’il reste à produire. Cette ambition s’exprime depuis longtemps mais la rénovation n’est pas prise au sérieux dans les lieux de direction. Le Front de gauche a des partis pris nets et identifiants. Il combat les logiques capitalistes et productivistes, il défend les retraites, le système social, la hausse des salaires, mais son projet n’est pas propulsif, il apparaît souvent comme porteur de recettes anciennes. Il faut faire un effort de novation : s’ouvrir sur la société, à la pensée critique contemporaine, au monde culturel pour inventer un nouvel imaginaire, des mots et une forme politique nous permettant d’être audibles et entraînant dans le monde contemporain. Car il ne s’agit pas de revenir à, mais d’aller vers. De nouvelles questions doivent être traitées, comme le consumérisme ou le droit à la ville. L’articulation entre individu et collectif, comme entre égalité et liberté, mérite d’être repensée. Si nous n’avons pas cette audace de l’expérimentation nouvelle, nous irons toujours dans le même mur.

 

 

- Politis.fr : Dans l’immédiat, quelles initiatives comptez-vous prendre ou soutenir ?

Clémentine Autain : Avant l’été, des initiatives doivent être prises pour initier un rassemblement plus large que le Front de gauche. Il faut tendre la main à tous ceux qui ont envie de s’engager sur cette construction alternative : dans le mouvement social, à Europe Écologie-Les Verts, au PS, à Nouvelle Donne, chez les féministes qui se sont présentées de façon autonome. Je trouve de plus en plus navrant cette coupure entre la gauche et le monde culturel et intellectuel. À Ensemble !, nous portons aussi l’exigence d’une refonte des rapports entre social et politique. Si nous prenons aujourd’hui nos responsabilités en nous renouvelant sur le fond comme sur la forme, il pourrait y avoir un élan populaire pour une gauche de transformation sociale et écologique à la hauteur des défis du XXIe siècle.

 

----------------------------------

Mon point de vue :

Pour un rassemblement plus large que le Front de Gauche certes ! »..... mais pas englobant le PS.... comme s'il n'était pas à la tête du pays et ne menait pas une politique de droite !

 

Pour en savoir plus sur le sujet :

- les articles portant sur le même thème

- Un couac ? Tremblay-Sevran (93) : étrange compromission politique

- Malgré le vote du budget rectificatif de la Sécurité Sociale, Clémentine Autain persiste et signe

- Les "frondeurs" combien de divisions ?

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 11:04
Photo : site de Christophe Léonard

Photo : site de Christophe Léonard

On a retrouvé le seul vrai frondeur du PS !

Source : Marianne texte mis à jour par mes soins le 30 août 2014

Après une semaine de fébrilité dans le camp socialiste, tous les frondeurs ont finalement décidé, le 1er juillet,  de voter la loi de finances rectificative (PLFR) pour 2014, alors même que leurs amendements ont été rejetés les uns après les autres. Tous ? Sauf un : Christophe Léonard, député des Ardennes, et irréductible qui est le seul des récalcitrants socialistes à être allé au bout de la démarche. Le seul à être cohérent en somme ?

 

Il a dû se sentir bien seul sur son banc dans l'hémicycle en voyant s’afficher les résultats. Et pour cause, Christophe Léonard est le seul de ses petits camarades « frondeurs » à avoir associé le geste à la parole en s’abstenant sur le projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2014. Vote de cohérence puisqu’il fait partie des 41 socialistes qui se sont abstenus sur le pacte de stabilité. « J’ai voté en conscience. Depuis le début, je dis que je ne pouvais pas valider un transfert de crédits, qui se compte en milliards d'euros, vers les entreprises sans aucune contrepartie. Il faut que cet argent soit conditionné à des obligations de création d’emplois et de non-délocalisation par exemple. Qu’il y ait en fait un vrai contrôle sur où vont ces fonds », nous précise-t-il.

Rien de bien nouveau puisque c’est le discours porté par
l'Appel des 100 depuis le début de la « jacquerie » des députés PS contre l'exécutif. Sauf que ce mardi après-midi, le Parlement a adopté par 307 voix contre 207 le PLFR et qu'il est le seul socialiste à s’être abstenu. Pour garder la face malgré une franche reculade, Christian Paul expliquait à la sortie de la réunion du groupe PS (à laquelle Manuel Valls a assisté) que « le PFLR peut-être voté parce qu’il comporte des baisses d’impôts auprès de quatre millions de familles ». De son côté, Jean-Marc Germain déclarait : « On a porté des débats, on n’a pas été entendu, mais ce qui reste dans le texte ne pose pas de problèmes majeurs »

 

Christophe Léonard, lui, tient bon sur ses positions. « Je ne comprends pas que l’on puisse faire un transfert massif de crédits des ménages aux entreprises sans contrôle. Je ne souhaite pas que cet argent serve aux dividendes de Gattaz. Je ne suis pas contre l’idée d'aider les entreprises pourtant. Il faut effectivement les aider à créer de l’emploi, à investir dans la recherche et dans la jeunesse. Mais avec ce texte, on a aucune assurance que l’argent aille au bon endroit » explique-t-il. « Je me suis abstenu sur le plan de stabilité qui a deux jambes : le PLFR et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Je continue dans cette logique. Il faut que les actes soient en cohérence avec ce que l'on dit. J’ai signé des tribunes et des amendements pour réclamer des contreparties, demandes qui n’ont pas été obtenues. Du coup, à mon modeste niveau, j’essaye d’être cohérent avec mes positions et mes idées et ce pourquoi les gens m'ont élu. »
 
Finalement, le gouvernement n’a plus vraiment de frayeurs à se faire. Puisque ce mardi après-midi, les frondeurs ont démontré qu’ils n’étaient ni 100, ni 41. Il ne sont plus qu'un en fait, en la personne de Christophe Léonard...

 

Pour en savoir plus :

- Vote du budget rectificatif de la Sécurité sociale : la « fronde » n'était que médiatique !

- La fronde s’amplifie chez les députés socialistes

- Les opposants au sein du Parti socialiste : combien de divisions ?

Les "frondeurs" combien de divisions ?
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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 14:37
La région Poitou-Charentes déclarée hors Grand Marché Transatlantique (TAFTA)

L'opposition au Grand Marché Transtatlantique (TAFTA) avance !

 

Lors de la session du 27 juin du Conseil Régional Poitou-Charentes sur proposition des élus EELV (voir ICI la motion), la Région Poitou-Charentes est déclarée hors "Grand marché Transatlantique (TAFTA)".

  • A noter, la motion a été adoptée par toute la gauche "PS y compris".

 

- Les 55 conseillers régionaux élus en 2010 se répartissent ainsi :

- Liste « Poitou-Charentes, une énergie d’avance : l’écologie, les emplois, la justice sociale » menée par Ségolène Royal : 39 conseillers

  • 22 élus du Parti socialiste et divers gauche.
  • 11 élus des Verts et d'Europe Écologie (dont les 2 déjà présents sur la liste de Ségolène Royal dès le premier tour).
  • 3 élus du Parti radical de gauche.
  • 3 élus dits "centristes humanistes" (présents sur la liste de Ségolène Royal dès le premier tour).

 

- Liste « Avec Dominique Bussereau, Poitou-Charentes, c’est vous » menée par Dominique Bussereau : 16 conseillers

  • 7 élus de l'UMP et divers droite.
  • 4 élus du Nouveau Centre.
  • 2 élus de CPNT.
  • 2 élus du Mouvement pour la France.
  • 1 élu du Parti chrétien-démocrate.

 

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 10:43
(Illustration Stefano Rossetto)

(Illustration Stefano Rossetto)

Sources : Libération

- Des responsables politiques du Front de gauche, d'EELV, de Nouvelle Donne appellent à rompre urgemment avec la politique de Hollande et Valls (voir liste des signataires en bas du texte).

Le choc qu’a représenté la double gifle administrée aux dernières élections n’en finit plus de provoquer des réactions inquiètes, voire effarées. Va-t-on vraiment laisser la gauche s’affaiblir sans limites jusqu’à disparaître comme en Italie ? Pour nécessaires qu’elles soient, ces réactions ont une faiblesse, celle d’être désordonnées, et partant de ne pas dégager une perspective commune et crédible de résistance et de reconquête.

 

La situation que nous connaissons a certainement des causes multiples. Il est donc normal qu’on cherche à les cerner, ce qui suppose que les analyses se développent, s’épaulent voire se confrontent. Mais le rythme de l’analyse n’est pas celui de l’action. Ou plutôt il n’est pleinement productif que s’il est pris dans une dynamique politique qui permette le regroupement plutôt que la culture de son point de vue propre.

 

 

- Or le temps nous presse ; le retard est si grand qu’il va venir bientôt à manquer.

Il existe entre nous un point d’accord fondamental. La responsabilité principale de l’affaissement du soutien aux diverses composantes de la gauche et de l’écologie politique, de la montée de l’abstention et du renforcement de l’extrême droite, réside dans la politique Hollande-Valls. Dans sa forme, tant le reniement des promesses de campagne fut total et provocateur, jusqu’à épouser sans complexe le langage même et les formules de l’adversaire libéral. Et bien sûr sur le fond, les choix successifs durcissant au fur et à mesure la conversion complète aux politiques de la finance et du Medef, imposées y compris contre les mobilisations populaires qui les contestent, qui sont pourtant particulièrement porteuses d’avenir. Politique de l’austérité qui fait pourtant la preuve partout qu’elle est le problème, pas la solution.

 

A quoi il faut ajouter le rejet d’une réelle et profonde transition énergétique, pourtant immédiatement indispensable et potentiellement créatrice de profusion d’emplois non délocalisables. Et l’abandon de la quasi-totalité des réformes sociétales promises, dont l’emblématique droit de vote pour les étrangers non communautaires. Ceci enfin dans une caricature des comportements antidémocratiques d’une Ve République manifestement à bout de souffle.

 

Cette politique est à la racine de nos difficultés. Il faut impérativement rompre avec elle. Il faut qu’elle soit combattue sans compromis (et déjà par le rejet du budget rectificatif, comme, urgemment, par l’abandon du Traité transatlantique) sans quoi il ne restera plus qu’à tenir la chronique d’une catastrophe inévitable.

 

C’est ce à quoi nous appelons. Mais ces appels sont condamnés à prêcher dans le désert s’ils restent dispersés. Nous nous devons de plus de ne pas nous cantonner au refus. Il faut donner à voir les issues possibles. Nous ne manquons pas d’idées pour les énoncer, parfois divergentes c’est vrai, mais bien plus souvent communes sur des points essentiels. Ce qui manque c’est l’affirmation que nous voulons nous y atteler ensemble et un cadre commun pour les discuter. Membres des Socialistes Affligés, d’Europe Ecologie-Les Verts, du PCF, du PG, d’Ensemble !, du Front de Gauche, de Nouvelle Donne, Féministes, Militant-e-s du mouvement social, nous appelons à agir en ce sens. Prendre ainsi nos responsabilités c’est aider à ce que se lève l’indispensable grand mouvement citoyen qui donnera corps à l’alternative à gauche. Nous ne souhaitons pas nous y substituer, mais aider au contraire à son mûrissement.

 

 

- Ne plus tarder, pas une minute.

 

Signataires : Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble !, Julien Bayou, conseiller régional EELV, Françoise Casteix, ancienne députée européenne, Nouvelle Donne, Leila Chaibi, membre du bureau national du PG, Caroline de Haas, militante féministe, François Longérinas, membre du Bureau national du PG, Isabelle Lorand, membre de l’exécutif national du PCF, Elise Lowy, conseillère régionale et membre du bureau exécutif d’EELV, Philippe Marlière, politologue, co-fondateur des socialistes affligés, Myriam Martin, porte-parole d’Ensemble !, Francis Parny, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France et membre de l’exécutif national du PCF, Jean-François Pélissier, conseiller régional d’Ile-de-France, porte-parole d’Ensemble !, Danielle Simonnet, conseillère de Paris, secrétaire nationale du PG, Marie-Christine Vergiat, députée européenne, Front de gauche, Marie-Pierre Vieu présidente du groupe Front de gauche Midi Pyrénées.

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 09:18
L’aveuglement des Occidentaux n’est pas seulement ridicule et regrettable, il devient dangereux

Le seul pays à même de casser la zone euro et sa logique destructrice, c’est la France

 

 

L'affaiblissement de la puissance américaine, le délitement de l'Union européenne et le retour de la Russie sur la scène internationale redessinent la géopolitique du monde. Un nouveau paradigme dans lequel la France peine à trouver sa place.

 

 

Source : "AtlantiCO UN VENT NOUVEAU SUR L'INFO par Emmanuel Todd

- AtlantiCO : Après avoir un temps cru à l’émergence d’une démocratie modèle en Ukraine, les chancelleries européennes et américaines semblent avoir été prises de court par la diplomatie de Moscou et les mouvements dans l’Est du pays. En quoi l’engagement de l’Occident a-t-il pu reposer sur un malentendu ?
Emmanuel Todd : Lorsque je repense à cette crise, je m’étonne de voir qu’elle ne s’inscrit pas dans la logique qui était en train de se dessiner en Europe jusqu’ici. Le début du XXIe siècle avait été marqué par un rapprochement des “Européens” et des Russes, avec l’établissement de positions communes assez fortes dans des moments de crise. On se souvient de la conférence de Troyes en 2003, où Chirac, Poutine et Schroeder avaient manifesté ensemble leurs refus de l’intervention américaine en Irak. Cet événement laissait l’impression d’un Vieux Continent évoluant globalement vers la paix tandis que l’Amérique de Georges W.


Bush, fidèle à la ligne Brezinski, restait dans un esprit de confrontation à l’égard de Moscou en s’appuyant sur d’anciens satellites soviétiques, avec les Pays baltes et la Pologne comme partenaires anti-russes privilégiés.


L’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche a coïncidé avec un retournement de la posture américaine. Sa ligne, telle que je la percevais à l’époque, était d’apaiser les tensions avec l’Iran et la Russie pour mieux pouvoir engager le fameux “pivot” vers l’Asie où réside la menace de long-terme pour la puissance américaine. Ce retrait de Washington aurait dû renforcer la volonté des Européens, et particulièrement des Allemands, de se rapprocher de Poutine pour parachever un grand partenariat commercial, énergétique et industriel. Aurait ainsi pu se dessiner une Europe d’équilibres basée sur un moteur franco-germano-russe. Il est difficile de contester que l’Histoire a pris une toute autre direction : nous sommes en pleine confrontation entre la Russie et l’Union européenne, désormais sous leadership économique et diplomatique allemand.

 

Ce renversement s’explique je crois par un changement rapide de la posture allemande. On me déclare souvent germanophobe mais je ne pense être ni insultant, ni très loin de la vérité, en diagnostiquant que les élites de ce pays souffrent d’une certaine “bipolarité”psychologique et historique dans leurs rapports avec la Russie, hésitant, oscillant sans cesse entre bienveillance et conflit. Cette dualité est manifeste dans le glissement de Bismarck à Guillaume II, le premier souhaitant devenir le partenaire de l’Empire des Tsars, le second rentrant brutalement dans l’engrenage menant à 1914. Dans une séquence encore plus courte, nous aurons le Pacte Molotov Ribbentrop d’août 1939 , rapidement annulé par l’invasion par Hitler de la Russie en 1941. Les historiens évoqueront-ils un jour un basculement de Schröder à Merkel ?


C’est bien l’Allemagne qui désormais fait le jeu du côté occidental, mais un jeu hésitant entre phases agressives et moments de repli durant lesquels elle reprend sa posture conciliante, moments il est vrai de plus en plus brefs. C’est bien le voyage en Ukraine du ministre allemand des Affaires étrangères, Steinmeier, qui a marqué le début de la séquence actuelle. La présence de son homologue polonais Sikorski à Kiev était comme la garantie d’une posture agressive de la mission. On ne peut jamais soupçonner la Pologne de bipolarité vis-à-vis de la Russie : son hostilité est stable, atemporelle, une sorte de manie qui ne fait jamais place à la dépression. Laurent Fabius, fidèle à lui-même, ne savait sans doute pas ce qu’il faisait-là. Un Rainbow Warrior de plus à sa collection. Au-delà du blabla sur les valeurs libérales et démocratiques, rendu ridicule par le nouveau partenariat européen avec l’extrême-droite ukrainienne,le voyage de Kiev nous a révélé une nouvelle politique de puissance de l’Allemagne, dont l’objectif à moyen terme est dans doute de rattacher l’Ukraine (unie ou divisée, c’est secondaire) à sa zone d’influence économique en tant que source de main-d’œuvre bon-marché. C’est une opération que le Schroeder de 2003 n’aurait jamais mené.

 

 

- AtlantiCO : Selon vous, Vladimir Poutine jouerait l’apaisement et non l’escalade. L’Occident n’aurait-il donc rien compris ?
Emmanuel Todd : J’ai commencé ma “carrière” avec un livre qui prédisait l’effondrement du système soviétique, qu’on ne m’accuse donc pas de soviétophilie régressive. Je suis pourtant effaré de constater que durant les vingt dernières années s’est développée à l’inverse une véritable russophobie des élites occidentales. Les médias français sont en pointe dans ce délire, avec Le Monde en pole position. Pour suivre les évènements d’Ukraine je dois consulter les sites du Guardian, du Daily Telegraph, du New York Times, du Washington Post, du Spiegel et même du journal israélien Haaretz pour les questions d’antisémitisme. Tous hostiles à la Russie, ces journaux contiennent néanmoins de l’information exacte. Le Monde ne relaie même pas correctement les informations les plus élémentaires.

 

J’ai eu, ces derniers mois, le sentiment angoissant de vivre dans un pays sous-développé, coupé du monde réel, totalitaire d’une façon subtilement libérale. Mais je dois lire aussi les sites russes Ria Novosti en français et Itar-Tass en anglais parce qu’ aucun média occidental n’est capable de nous informer sur le point de vue russe. Exemple : au beau milieu d’une crise que nous devons d’abord analyser en termes de rapports de force géopolitiques, j’ai pu voir passer une foultitude d’articles, français comme anglo-saxons, s’acharnant sur l’”homophobie” du régime Poutine. Il est inquiétant pour l’anthropologue que je suis de voir les relations internationales sortir d’une logique rationnelle et réaliste pour rentrer dans des confrontations de moeurs dignes de sociétés primitives.


On surreprésente les différences culturelles, différences qui d’ailleurs ne sont en général pas celles que l’on croit. La question du machisme et de l’antiféminisme du régime russe a été de nouveau soulevée suite aux récents propos de Poutine sur Madame Clinton mais sur la base d’une ignorance radicale du statut des femmes en Russie. On compte à l’université russe 130 femmes pour 100 hommes, contre 115 en France, 110 aux Etats-Unis et… 83 en Allemagne. Selon ces critères la Russie est l’un des pays les plus féministes du monde, tout juste derrière la Suède (140 femmes pour 100 hommes)…

 

Le point de vue diplomatique russe dans cette crise n’est pas culturaliste et il est très simple: le groupe dirigeant russe ne veut pas de bases de l’Otan en Ukraine, s’ajoutant à l’encerclement balte et polonais. Point. La Russie veut la paix et la sécurité. Elle en besoin pour achever son redressement et elle a désormais les moyens de l’obtenir ainsi qu’on vient de le voir en Crimée. Un conseil final d’anthropologue : les Occidentaux agressifs qui veulent imposer leur système de moeurs à la planète doivent savoir qu’ils y sont lourdement minoritaires et que les cultures patrilinéaires dominent quantitativement. Notre mode de vie me convient personnellement, je suis heureux du mariage pour tous. Mais en faire la référence principale en matière de civilisation et de diplomatie, c’est engager une guerre de mille ans, que nous ne gagnerons pas.

 

 

- AtlantiCO : Vous voyez les Etats-Unis comme dépassés par la situation ukrainienne. En quoi le sont-ils ?

Emmanuel Todd : Les Américains ne savent pas où ils vont. La crise née en Europe les a lancés sur une trajectoire régressive et agressive parce qu'ils ont peur de perdre la face. L'affaire de Géorgie en 2008 avait déjà sérieusement entamé leur crédit de protecteurs du Continent. C'est ce qui peut expliquer le retour de bellicisme impérial qui s'est manifesté avec l'Ukraine, à rebours de la doctrine "nationale et reconstructrice "dessinée jusqu'ici par Obama. J'espère que ce revirement n'est que temporaire et que l'actuel locataire de la Maison Blanche saura reprendre le contrôle de sa politique étrangère, ce qui pour l'instant est loin d'être acquis.

 

Etant donné l'opposition toujours majoritaire de l'opinion américaine vis-à-vis d'une intervention militaire en Ukraine, j'ose toutefois me dire que cet espoir n'est pas totalement vain. 

 

Bien qu'ils se soient fait assez brutalement ”moucher” par Poutine avec le rattachement de la Crimée, les Américains ont toutefois une autre crainte, plus profonde, celle de voir l'Allemagne s'émanciper complètement de leur sphère d'influence. Si vous lisez Le grand échiquier de Brzezinski, œuvre majeure pour comprendre la diplomatie actuelle, vous comprendrez que la puissance américaine d'après-guerre repose sur le contrôle des deux plus grands pôles industriels de l'Eurasie : le Japon et l'Allemagne. La crise économique nous a montré que la Maison Blanche n'a pas su contraindre Berlin à abandonner les politiques d'austérités, de changer la politique monétaire de l'euro et plus largement de prendre part aux dispositifs de relance mondiale. L'inavouable vérité est qu'aujourd’hui les Etats-Unis ont perdu le contrôle de l'Allemagne et qu'ils la suivent en Ukraine pour que cela ne se voie pas.

 

Le recul de la puissance américaine devient réellement préoccupant. Washington est en état de choc après la prise de Mossoul en Irak par des combattants djihadistes. La stabilité du monde ne saurait donc dépendre de la seule puissance américaine. Je vais faire une hypothèse surprenante. L'Europe devient instable, simultanément rigide et aventuriste. La Chine est peut-être au bord d'un effondrement de croissance et d'une crise majeure. La Russie est une grande puissance conservatrice. Un nouveau partenariat américano-russe pourrait nous éviter de sombrer dans une « anarchie mondialisée » dont l’éventualité semble chaque jour plus réalisable. 

 
 

- AtlantiCO : Dans toute cette analyse la France semble totalement absente du jeu...

Emmanuel Todd : La France n'a selon moi pas à s'impliquer outre-mesure dans la crise ukrainienne, son histoire et sa géographie l'en éloignent naturellement. La seule place qu'elle pourrait concrètement occuper serait celle d'un bras droit de Berlin, une "ligne Charlemagne" aggravant le potentiel déstabilisateur du nouveau cours diplomatique allemand. L'idée d'une puissance française autonome n'a ici pas de sens. Trois nations ont une réelle importance dans le jeu ukrainien et plus largement européen : deux sont résurgentes, l'Allemagne et la Russie, l'une est dominante depuis 70 ans : les Etats-Unis. 

 

 

- AtlantiCO : Peut-on voir cette croisade du camp occidental en Ukraine comme le symptôme d'une difficulté toujours plus grande à se définir et à définir ce qui l'entoure, comment en est-il arrivé là ?

Emmanuel Todd : Les Occidentaux ont effectivement un grand mal à savoir ce qu'ils sont : les Allemands hésitent entre pacifisme et expansionnisme économique, les Américains oscillent entre la ligne impériale et la ligne nationale, et les Français ne savent plus vraiment où se placer dans cette situation confuse. Tout cela entraîne une lecture assez pauvre par les élites occidentales des événements, fait qu’illustre assez bien les interrogations de nombreux journalistes sur “ce que veut Poutine”, interrogations qui aimeraient sous-entendre que les “Européens” et les Américains savent très bien à l’inverse ce qu'ils veulent. C'est en vérité l'exact opposé qui est à l'œuvre, les Russes étant dans une volonté de puissance définie, importante mais limitée, tandis que l'Occident n'a in fine aucun objectif clair et lisible dans cette affaire. On peut même aller jusqu’à dire dans le cas des "Européens" que la russophobie est peut-être inconsciemment le seul cordon qui reste capable de faire tenir ensemble un espace politique et monétaire qui ne signifie déjà plus grand-chose. 

 

Dans un contexte de résurgence des Nations et de l'Histoire et sur fond de déliquescence de la zone euro, cet aveuglement des Occidentaux n'est pas seulement ridicule et regrettable, il devient dangereux. On doit cependant relativiser : nos problèmes comportent paradoxalement des avantages pour la stabilité du Continent. L'Europe de l'Ouest est habitée par une population vieille, encore très riche, et qui a beaucoup à perdre tandis que les Russes commencent tout juste à “souffler” après des années d'un déclin économique ravageur. La mortalité s'inverse , l'économie se stabilise, l'agriculture repart, et l'on peut parier qu'en dépit d'une véritable fierté d'appartenance nationale les Russes ne sont pas prêts à tomber d'ici demain dans un délire belliciste incontrôlable. 

 

 

- AtlantiCO : Vous semblez beaucoup moins critique à l’égard des Etats-Unis que du temps d’Après l’Empire. Vous vous dites même “pro-américain de gauche”…
Emmanuel Todd : Après l’Empire a effectivement été considéré un peu trop vite comme un classique de l’anti-américanisme alors que je m’étais donné du mal, tant dans les entretiens de promotions que dans le livre lui-même, pour expliquer qu’il n’était en rien motivé par une phobie . En vérité je prenais le contre-pied du Grand échiquier de M. Brzezinski, personnalité que je suis obligé de respecter pour son intelligence mais dont les rêves sont assez loin des miens. Ma posture était finalement celle d’un démocrate de gauche, et c’est d’ailleurs comme tel que le livre a été compris outre-Atlantique.


Je pense en réalité que la prédominance américaine en Europe est, à l’instar de la démocratie comme régime politique, la moins pire des solutions étant donné l’état d’effondrement idéologique dans lequel se trouve notre continent. Je pourrais même accepter sans inquiétude cette prédominance si était respecté le principe des contre-pouvoirs, principe si cher aux Pères Fondateurs. La Russie pourrait jouer le rôle salutaire de garde-fou, bien que le système interne en vigueur là-bas soit loin d’être ma tasse de thé. Il s’agirait là non seulement d’un équilibre bénéfique à la stabilité des relations internationales dans leur ensemble mais aussi bénéfique aux Américains eux-mêmes. Il n’est jamais sain pour soi-même de se croire tout puissant. Après l’échec du couple franco-allemand, je me dis, avec un brin d’ironie, qu’un couple américano-russe pourrait tenter sa chance. Ma déclaration n’est en rien un acte de “foi” à l’égard du modèle américain, j’y suis simplement poussé par l’inévitable deuil d’une Europe aujourd’hui dénuée de projet et d’identité.

 

 

- AtlantiCO : Vous avez justement parlé récemment d’une faillite de l’Europe nouvelle. Le Vieux Continent porte-t-il une responsabilité particulière dans l’incapacité de l’Occident à définir une nouvelle politique ?
Emmanuel Todd : Il n’y a selon moi plus rien à attendre de l’Europe. Que peut-on sérieusement attendre d’un espace qui n’arrive même pas à se débarrasser de l’euro alors que cela représente un intérêt crucial pour sa survie ? C’est en ce sens que je m’avoue aujourd’hui plus intéressé par ce qui se passe aux Etats-Unis. Le premier mandat d’Obama ne m’avait pas particulièrement impressionné mais force est de constater que la politique menée depuis la réélection de 2012, particulièrement la politique étrangère jusqu’à la crise ukrainienne, faisait preuve d’une réelle intelligence innovatrice… La vraie question reste donc de savoir si les Etats-Unis seront à même de se maintenir ou même de rebondir ou s’ils sombreront dans le déclin. Le cas européen est selon moi réglé.

 


- AtlantiCO : Vous disiez en 1995 lors de la réédition de L’Invention de l’Europe : “ce livre permettra de comprendre, dans vingt ans, pourquoi une unification étatique imposée en l’absence de conscience collective a produit une jungle plutôt qu’une société”. Comment envisagez-vous aujourd’hui l’avenir ?
Emmanuel Todd : Si j’ai pu réussir quelques « coups » prédictifs par le passé avec la chute de l’URSS, l’affaiblissement des Etats-Unis, les révolutions arabes et l’échec d’un euro mort-né, je suis bien obligé de reconnaître que l’aspect totalement nouveau de la situation actuelle me déroute. Si je n’arrête évidemment pas mes recherches, je suis bien obligé d’admettre que la multiplication des facteurs inédits rendent la prédiction quasiment impossible.

 

L’Europe est aujourd’hui riche, vieille, très civilisée et paisible, en dépit d’une dynamique incontestable de renaissance des nations. C’est un contresens historique d’affirmer que le racisme y progresse. Quand je compare cette époque à celle des années 1970 je suis frappé de voir à quel points les gens sont devenus plus tolérants aux différences(physiques, sexuelles…). Nous vivons dans un monde où la violence à grande échelle, la guerre, est difficilement concevable. Je resterais donc sceptique quant à un scénario apocalyptique au cœur même du Vieux Continent.


Pour ce qui est de l’euro, on voit bien aujourd’hui que cette monnaie ne pourra jamais fonctionner dans une accumulation de sociétés dont les langues, les structures et les mentalités n’ont finalement que très peu en commun. D’un autre côté, il est clair pour moi que le seul pays qui serait à même de casser la zone euro et sa logique destructrice, c’est la France. Mais j’ai fait le deuil d’une élite politique française capable d’affronter la réalité de son échec et de passer à autre chose.


Mais je suis historien avant tout. Ma tristesse de citoyen est atténuée par la possibilité d’observer une histoire qui continue, même gérée par des idiots, et qui est sur le point de s’accélérer.

 

Propos recueillis par Théophile Sourdille

 

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 17:28
De EELV aux députés Front de Gauche.... on en parle !

Loi ferroviaire, collectif budgétaire et autonomie des groupes parlementaires.... des sources de discussions !

 

Sources : blog de Martine Billard

En France et encore plus à gauche, il est de bon ton de rappeler qu'il n'y a pas de mandat impératif et que donc les parlementaires n'ont pas à dépendre de leur parti pour leurs votes au parlement. Il est indéniable que la Constitution rejette le mandat impératif. C'est positif car en cas d''évolution du parti auquel un député ou sénateur appartient contraire aux valeurs défendues au départ, il est sain de pouvoir voter différemment des consignes données.

 

En même temps, il est bien évident que les députés ne sont pas élus sur leur bonne bouille mais bien en quasi totalité parce qu'ils ont été présentés ou soutenus par un parti.

 

On peut donc espérer qu'il y ait un travail collectif entre le parti d'origine et le groupe parlementaire.

 

 

- Si je pose ce débat aujourd'hui, c'est suite à la loi sur la réforme ferroviaire.

J'ai été très étonnée de voir que tous les députés d'Europe Ecologie sans exception ont voté pour cette loi, pourtant exemple même d'une loi anti-écologique. En effet il s'agit d'anticiper le 4ème paquet ferroviaire européen qui généralise l'ouverture à la concurrence de tout le trafic ferroviaire. Ainsi le texte de loi du gouvernement prévoit bien que le SNCF est un service public ferroviaire mais qui participe du système ferroviaire ce qui en bon français signifie que à côté peuvent exister des sociétés privées. Or nous savons tous que l'ouverture à la concurrence de l'ensemble du service voyageur va déclencher une guerre des prix sur les quelques lignes rentables et que les pertes ainsi occasionnées par la baisse des tarifs sur ces lignes provoqueront, pour compenser, la fermeture des lignes considérées comme non rentables.

 

Comment les députés EELV justifieront-ils alors leur vote et ses conséquences dans la poursuite du démembrement de l'aménagement du territoire et dans l'augmentation de la circulation routière pour pallier à la disparition du rail ?

 

 

- Intriguée, je suis donc aller voir l'explication de vote.

C'est François de Rugy, le coprésident du groupe EELV, qui l'a prononcé. Entre autres propos, il a affirmé « Cette nouvelle structure garantit un haut niveau de service public ; elle préserve et renforce même le caractère public de notre système ferroviaire et elle est conforme au droit européen.... Les écologistes voteront pour ce projet de loi, texte nécessaire, responsable et prometteur.».

 

Là, je me frotte les yeux en me disant qu'il y a usurpation de dénomination car aucun écologiste de ce nom ne pouvait voter pour un tel démantèlement programmé du rail dans notre pays !

 

Renseignements pris auprès des militants de EELV, aucun débat ne semble avoir été organisé dans le parti pour discuter de cette loi et donc les députés ont pris leur décision tout seul. Je ne dis pas qu'il est possible que tous les textes de loi soient débattus dans les partis auxquels appartiennent les députés, mais celui-ci était d'importance et a donné lieu à plusieurs jours de grève des cheminots. Il apparaît donc de bon sens que les partis aient leur mot à dire sur le sujet.

 

 

- A ce propos, qu'en a-t-il été au Front de Gauche ?

Il n'y a pas de lien entre les 10 députés qui s'en réclament et le FdG en tant que tel. Nous avions bien essayé d'obtenir des rencontres programmées pour échanger sur les échéances parlementaires principales, mais nous nous sommes heurtés à un refus, toujours au nom de l'indépendance des parlementaires par rapport aux partis. Ils ont pourtant été élus grâce à notre soutien ! On peut imaginer que au moins les 7 députés du PCF ont des échanges avec la direction de leur parti, même si depuis 1993 ils sont eux aussi libres de leurs votes.

 

Sur la réforme ferroviaire, il est indéniable que nous étions nombreux à être un peu inquiet après certaines déclarations d'André Chassaigne, le président du groupe.

 

A commencer par certaines interventions en commission du développement durable « Nous approuvons les objectifs du projet de loi : apporter une réponse aux enjeux de qualité, de coût, de soutenabilité financière du service public, mais aussi de modernité sociale, dans l’intérêt des usagers, des salariés et des territoires. De même, nous apprécions que le ministre souhaite la constitution d’un groupe public ferroviaire fort. » ou « Il faut veiller à ce que certains amendements déposés par des collègues adeptes du libéralisme ne constituent pas des mèches lentes avec un bâton de dynamite au bout. Plusieurs de ceux présentés aujourd’hui peuvent créer des difficultés quant à l’acceptation future du texte. » ce qui laisse sous-entendre qu'à ce moment André Chassaigne s'apprête à adopter le texte. Puis vient sa question au 1er ministre le 17 juin « est-ce que vous vous engagez à ce qu’il puisse y avoir, durant cette discussion, des avancées qui permettent de faire en sorte que nous disposions d’un service public du fer capable de combattre les dysfonctionnements et de répondre aux besoins des usagers ? » suivie de son intervention dans le débat général qui annonçait « c’est en fonction des réponses que vous nous ferez – en particulier sur la question de l’employeur unique – que nous voterons ou non ce texte. ». Tout cela donnait l'impression qu'il suffisait de pas grand chose pour qu'André Chassaigne ne vote pas contre ce texte.

 

Heureusement au final les 10 députés du Front de Gauche ont voté contre cette réforme sinon nous aurions eu du mal à nous présenter devant les cheminots !

 

 

- La prochaine échéance est le vote mardi du collectif budgétaire.

Aucune inquiétude côté Front de Gauche, tous les députés voteront contre.

 

Côté EELV, qu'en sera-t-il ? Aucun de leurs amendements significatifs, notamment ceux encadrant le CICE, n'a été adopté. Après l'annonce de la « sous-estimation » de 700 000 euros sur son patrimoine par le ministre Jean-Marie Le Guen, chargé des relations avec le parlement, appeler le peuple français à faire des sacrifices relève de l'indécence la plus totale. Dans ces conditions, les députés devraient encore plus suivre la recommandation de leur parti et ne pas voter pour le collectif budgétaire. Mais à ce jour, il est plus vraisemblable que certains votent pour pendant que d'autres s'abstiendront.

 

Le nombre de ceux qui oseront ainsi tenir tête au gouvernement aura un fort impact politique car cela dessinera le camp de ceux qui rejettent l'austérité dans ce pays.

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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 11:05
Des élections européennes aux nouvelles perspectives politiques
 

Source : Martine Billard Co-présidente du Parti de Gauche

Pour tirer les leçons de l’ensemble de la séquence électorale qui vient de se terminer, des affaires à l’UMP, de la politique du gouvernement et des conséquences de tout cela sur la décomposition politique en cours à droite comme à gauche, il était nécessaire de prendre du recul. Et même ainsi, il est encore bien difficile de cerner précisément ce qu’il faut faire dans les mois à venir. C’est le temps du tâtonnement, il faut savoir le reconnaître.

 

 

- Pas la peine de tourner autour du pot : nous avons été battus à l’élection européenne

Les électeurs qui s’étaient mobilisés, portés par l’espoir lors de l’élection présidentielle derrière la candidature de Jean-Luc Mélenchon, n’ont pas vu cette fois-ci la nécessité de se déplacer. Beaucoup a été dit sur les raisons de cette abstention. Il serait erroné et dangereux de l’analyser comme une progression du désintérêt pour la chose publique. En fait, dans le contexte actuel et pour les européennes après le déni du vote démocratique contre le TCE en 2005, nombre d’électeurs n’ont pas vu l’intérêt de se déplacer car ils ont pensé que leur suffrage ne servirait à rien, n’aurait aucun pouvoir sur la modification des politiques européennes. Quant à la frange d’électeurs qui avaient été convaincus par le programme écologique de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, ils sont pour beaucoup retournés au vote EELV ou Nouvelle Donne cette fois-ci. Après, il y a tous les problèmes liés à l’image du Front de Gauche ces derniers mois, je ne vais pas développer plus ici car beaucoup a déjà été dit, et je pense que si les conséquences sont réelles, elles n’expliquent pas tout.

 

Dans une telle situation, la première tentation peut être « d’insulter notre électorat », d’un côté les classes populaires qui ne sont pas allé voter, de l’autre les classes moyennes « versatiles ». Pas de plus grande erreur. Il n’y aura pas de révolution citoyenne sans la majorité de la population. Ce n’est donc pas en se repliant sur « la classe ouvrière » parée de toutes les vertus qu’on trouvera la solution pour débloquer la situation. Pour recréer une dynamique, il faut non seulement convaincre les classes populaires, en retrait des élections mais aussi des mobilisations, de reprendre leur place dans le combat pour changer de société. Cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique. Ce n’est pas par une incantation au retour sur le terrain -comme si nous l’avions abandonné !- ni à « l’immersion dans les masses », qu’on réglera la question du rapport de force. D’abord, pour ce qui est du PG, nous n’avons que 12 000 adhérents, fatigués à juste titre après 5 années intenses. L’époque où le PC avait des centaines de milliers d’adhérents avec un réseau dense d’organisations dans les communes populaires, de la jeunesse jusqu’aux retraités, est terminée. Et cela ne sert à rien de rêver de le reconstruire. Un seul parti politique ne pourra plus être l’organisateur principal des mobilisations. Sans oublier aujourd’hui le poids du FN et la montée des intégrismes religieux qui détournent nombre de citoyens de la lutte politique vers le conflit ethnique ou religieux.

 

Alors oui il faut résister, mais ce n’est pas la seule somme des combats de résistance qui renversera le système, pas plus d’ailleurs que des heures de débat à ressasser le bilan, sinon nous l’aurions renversé depuis longtemps. Il nous faut trouver l’alchimie entre combats au quotidien indispensables et initiatives politiques globales, articulant anciennes formes de résistances, syndicats et associations, et nouvelles formes qui peuvent apparaître dans la lutte. Mais pour le moment nous ne sommes pas en Espagne. Il n’y a ni mouvement des Indignés ni marées citoyennes en France.

 

La deuxième tentation est le repli sur soi, chacun sur nos partis, qui le PCF, qui le PG, etc., chacun étant évidemment le meilleur et le seul capable de reconstruire le rapport de force. Le repli sur soi amène à considérer que seules « les masses » sont « pures », que tout le reste est politicien. Ce type d’expérience se termine toujours de la même manière : le rabougrissement. J’ai vécu cela à une époque chez les Verts, je connais par cœur. Le NPA a aussi été victime de cette illusion qu’il pouvait se passer de tout le monde, de toute alliance politique. On voit où cela l’a mené.

 

 

- L’isolationnisme ne mène nulle part, sauf au sectarisme.

En période de reflux, il faut au contraire ouvrir les portes, les fenêtres, humer ce qui se passe et être disponible pour toute recomposition, bien évidemment sans tomber dans l’aventure politique ni les combines politiciennes.

 

C’est ainsi que nous avons pratiqué après l’éparpillement des candidatures à la présidentielle de 2007 et le désastre électoral qui s’en est suivi ainsi que la démoralisation et les rancœurs. Cela a pris du temps, des appels par ci, par là, des rencontres. Nous étions tous motivés par la compréhension d’une urgence : si nous n’allions pas vers le rassemblement, vers la recomposition, la gauche française de transformation sociale allait subir le sort de la gauche italienne : elle allait disparaître de notre pays, laissant ainsi le champ libre au social-libéralisme. C’est ce qui a rendu évidente la création du Front de Gauche ainsi que celle du Parti de Gauche.

 

 

- Aujourd’hui tout renforcement du front de forces antiaustéritaires est positif. Toute faille dans le dispositif PS de soutien au gouvernement est utile.

Nous ne pouvons pas rester isolés. Nous avons besoin de rassembler tous ceux qui rejettent maintenant la politique austéritaire, pas pour des raisons de basse cuisine politicienne mais parce que tout affaiblissement des capacités du gouvernement à imposer ses politiques libérales est positif pour la vie quotidienne de nos concitoyens. La marche vers un front politico-social passe aussi par l’élargissement du front politique.

 

Ils mettent du temps à se décider ? Certes, mais ne boudons quand même pas notre plaisir de voir que c’est parce que nous avons eu raison dès le début dans notre analyse sur ce qu’allait être la politique de Hollande, parce que nous n’avons eu de cesse de mener la bataille contre le « il n’y a pas d’autres solutions », montré que tous ceux qui luttaient pouvaient s’appuyer sur notre fermeté, notre cohérence, qu’aujourd’hui d’autres peuvent faire le pas sans avoir peur de se retrouver isolés.

 

 

- Bienvenue donc à EELV qui a décidé de quitter le gouvernement.

Le débat fait rage aussi en son sein entre ceux qui, dans la perspective de la présidentielle de 2017, font feu de tout bois contre le gouvernement et ceux qui espèrent pouvoir négocier leur retour à un moment ou à un autre et encore plus le renouvellement de l’accord électoral qui les a faits sénateurs et députés. Il faut dire que leur sortie du gouvernement a été mal préparée car ceux qui l’ont décidée étaient convaincus que François Hollande, entre perdre les Verts ou s’obstiner à prendre Valls comme 1er ministre, allait choisir de garder les ministres Verts. Erreur d’appréciation qui a obligé Cécile Duflot à annoncer sa sortie sous peine d’être déconsidérée à tout jamais (encore que la politique soit le seul endroit où on voit des résurrections) à la grande fureur de ceux qui rêvaient d’être calife à la place du calife et en l’occurrence d’être ministre à la place de Cécile Duflot et Pascal Canfin.

 

Doit-on refuser de discuter parce que nous avons des désaccords importants sur certains dossiers ? Est-ce jouer le jeu traditionnel du système que de mener le débat politique ? Sommes-nous trop guidés par les élections et les négociations entre appareils ? Non. Ce qui importe ce sont les actes. Le conseil fédéral d’EELV a appelé à rejeter le collectif budgétaire. Ce n’est pas anodin.

 

 

- Bienvenue de même à ceux qui au PS auront le courage de rompre.

Nous nous trouvons encore dans un entre-deux : une fraction de nos concitoyens ne veut plus rien savoir du PS, jusqu’à l’expression d’une haine d’autant plus forte que ce sont des électeurs qui ont voté pour François Hollande au second tour de l’élection présidentielle. Ils ont aussi souvent tendance à mettre toute la gauche dans le même sac : « gauche et droite c’est pareil, ils ne pensent qu’à eux, ils se moquent du peuple ». D’autres hésitent encore et restent attachés à l’idée de gauche. Il nous faut gérer cette contradiction au plus près et de la façon la plus fine possible : ni refuser le débat avec ceux qui hésitent ni apparaître comme uniquement préoccupés de manœuvres politiciennes.

 

Le fait que nous soyons présents dans les luttes sociales, démocratiques, écologiques est la meilleure démonstration de ce qui est notre priorité. Nous n’avons jamais fait passer les élections avant les luttes. Au contraire, nous avons à chaque fois utilisé les périodes électorales qui ouvrent de faibles lucarnes médiatiques : Jean-Luc Mélenchon l’a magistralement fait pendant la campagne présidentielle et nous l’avons de nouveau fait avec le soutien de nos listes autonomes municipales à chaque lutte locale avec laquelle nous étions en phase. Il nous faut marcher sur les deux jambes : luttes et résistances au quotidien d’un côté, bataille politique y compris dans les élections, de l’autre.

 

C’est parce que nous avons confiance en notre capacité à ne pas abandonner ce terrain que nous pouvons nous préoccuper aussi de la bataille politique. Les médias ne s’intéressent qu’aux petites phrases ? C’est vrai. Qu’y pouvons-nous ? Ce n’est pas en nous taisant que les médias vont faire des grands reportages sur nos combats au quotidien. Croire cela, c’est se faire de grandes illusions sur le rôle et la place des médias : ils sont au service du système, pour son maintien en place. Qu’il y ait des journalistes qui font bien leur boulot, qui informent sans distorsion ? Bien évidemment il y en a, mais malheureusement pour ce qui est des journalistes politiques des radios, télévisions et des quotidiens ils sont vraiment l’exception. Nous n’y pouvons rien, c’est ainsi. Refuser de leur répondre ? La tentation est souvent grande mais dans ce cas on laisse à d’autres le soin de parler pour nous et en général, pas en bien. Nous ne sommes pas sûrs qu’ils ne vont pas déformer nos propos en les coupant au bon endroit ou en les sortant de leur contexte ? Oui c’est vrai. Aucun choix n’est très satisfaisant. Alors nous faisons de notre mieux. Mais pour ce qui est du Monde, de Libération, du Nouvel Observateur, c’est quand même le microcosme politique, qui certes fait beaucoup parler dans les couloirs du parlement et des médias, avec cet entre-soi entre monde politique et monde médiatique, mais la grande masse de nos concitoyens ne lit aucun de ces journaux et ils ne perdent rien car le temps où cette presse était réellement de gauche relève d’un passé lointain. Aujourd’hui ce sont les meilleurs défenseurs du système.

 

Au niveau de sa direction, le PS a achevé sa mue de parti social démocrate en parti libéral. Il faut maintenant que cela soit intégré par tous les militants du Front de Gauche. Pour toute une génération qui a été formée dans la bataille du Programme commun, de l’Union de la Gauche puis de la Gauche plurielle, du désistement républicain, réaliser que l’époque des alliances avec le PS est terminée, c’est douloureux. Pour celles et ceux qui comme moi n’ont pas baigné dans cette culture, c’est évidemment plus facile. Les rythmes ne sont pas les mêmes selon les années de militantisme, la proximité avec le PS, le type d’insertion dans le monde du travail, les fins de mois plus ou moins difficiles.

Il faut maintenant que nous amenions les militants socialistes sincères à comprendre et à prendre acte de cette évolution et en tirer les conséquences. La seule différenciation du PS avec la droite traditionnelle porte dorénavant, non sur les questions sociales, sans même évoquer les questions économiques, mais sur les questions sociétales. Et encore il n’ose même pas tenir tête à la droite sur tout.

 

 

- Il n’y a plus rien à attendre de l’appareil PS. Donc cela ne sert à rien de l’interpeller, cela fait perdre du temps, de l’énergie et sème la confusion. Le problème n’est pas de rassembler « la gauche » au sens mythique du terme. C’est terminé. C’est autre chose qu’il faut construire. PC et PG avancent la proposition d’un Front du peuple. C’est l’objectif.

En attendant, il y a des étapes, surtout dans une situation politique où le moins que l’on puisse dire est que nous ne sommes pas à l’offensive mais plutôt dos au mur. Malgré toutes ses imperfections, le Front de Gauche, cabossé, critiqué, objet de ressentiment, reste le seul outil que nous avons tant que nous n’arrivons pas à le dépasser en un front plus large, plus ancré à la base, avec plus de capacités de mobilisations citoyennes. Aujourd’hui nous en avons besoin pour organiser le soutien aux luttes car la réaction du gouvernement, à commencer par Manuel Valls, face au mouvement des cheminots est très significative : ayant réussi à casser toute éventuelle unité du mouvement syndical en se mettant la CFDT dans la poche, Hollande-Valls ont décidé d’aller au bras de fer contre la CGT et Solidaires. Et pour cela ils peuvent compter sur les chiens de garde du capital pour tromper les citoyens. En face, hélas, nous n’avons pas les mêmes moyens pour contrer cette misérable offensive contre les travailleurs même si nous faisons tout ce que nous pouvons pour soutenir les cheminots comme notre présence dans les rassemblements ou le tract du PG distribué dans toutes les gares. Ils n’hésitent pas non plus à utiliser la répression contre tous ceux qui résistent que ce soit la Confédération Paysanne, le DAL, les syndicalistes un peu partout et maintenant les intermittents. Quand j’écris cela, j’ai comme un goût amer dans la bouche car j’ai l’impression de réécrire ce que j’ai pu dire du gouvernement Sarkozy. Mais après tout ce n’est pas la première fois que la social-démocratie trahit la « gauche » : c’est un ministre de la SFIO, Jules Moch, qui envoya l’armée contre les mineurs en 1948 faisant 6 morts, de nombreux blessés et plus de 3 000 licenciements accompagnés de l’expulsion des logements. C’est un président du conseil SFIO, Guy Mollet, qui vota les pleins pouvoirs au général Massu pendant la guerre d’Algérie.

 

Mais au-delà du gouvernement ou de l’appareil PS, il reste encore des militants aux convictions socialistes profondément chevillées au corps. Il faut qu’ils comprennent que la ligne Hollande-Valls est maintenant bien installée, que le PS ne redeviendra pas social-démocrate et encore moins socialiste. Le PS français « de gauche » n’était qu’une queue de comète anachronique de l’ex social-démocratie européenne. Il est maintenant rentré dans le rang. Ces militants tiennent à mener la bataille politique à l’intérieur de leur parti. Mais ils doivent se préparer à en sortir car sinon ils vont s’épuiser et se démoraliser inutilement. Nous n’avons pas trop de militants qui veulent se battre pour changer la société, qui refusent le fatalisme, la soumission au système, le « il n’y a pas d’autres solutions ». Nous avons besoin que tous ceux-là restent militants et à un poste de combat qui soit utile.

 

Pour être sortie des Verts, je sais que ce n’est jamais facile de rompre le lien avec un parti auquel on a appartenu des années. Il y a les combats menés en commun localement avec les copains, on espère toujours que demain sera mieux, qu’on va pouvoir reprendre la majorité. C’est tellement éprouvant de reconnaître que tout cela est terminé. Je sais aussi que pendant ce moment de recherche, pour l’extérieur, la décision ne va pas assez vite et on est vite accusé de ne pas vouloir bouger pour garder sa place. Combien de fois pendant ces semaines où à plusieurs militants verts nous discutions sur ce qu’il y avait de mieux à faire, n’ai-je entendu "de toute façon elle ne va pas sortir, elle préfère rester au chaud, garder sa place de députée."

 

Oui une rupture politique est douloureuse. Nous-mêmes lorsque nous avons rompu avec les Verts nous avons pris le temps de construire notre sortie car nous ne voulions pas la concevoir comme une aventure personnelle, mais bien comme une démarche politique construite et utile. Les camarades qui ont quitté le PS pour créer le PG ont fait de même, ils ont pris le temps de préparer leur projet pour le lancer dans les meilleures conditions. Certes la situation est différente aujourd’hui puisque le Front de Gauche existe et que donc toute rupture avec le PS ne rend pas orphelin. Mais on peut comprendre que l’état du FdG aujourd’hui fasse hésiter. Pourtant déjà certains ont commencé à rompre les amarres, responsables de section, élus locaux ou le délégué d’Homosexualité et Socialisme (HES) par exemple. Cela ne sert à rien de mépriser les camarades qui ont du mal à franchir le pas, il faut leur tendre la main. Mais l’attente ne pourra pas durer des mois : les semaines à venir vont être décisives avec le vote du collectif budgétaire.

 

Que ce soit EELV ou les députés PS qui élèvent la voix depuis plusieurs mois, les deux vont devoir choisir : ce lundi 23 juin commence à 16h le débat sur la loi de finance rectificative suivi la semaine suivante de celui sur le financement de la sécurité sociale, donc l’application concrète de la politique d’austérité et des 50 milliards de baisse des dépenses publiques. Le vote qu’ils feront sera regardé de près et déterminera la suite.

 

Mais je ne voudrais pas que certains pensent que seules ces batailles politiques me préoccupent. J’ai dit pourquoi elles ne me semblaient pas anodines et pourquoi il fallait les mener.

 

Mardi j’étais au rassemblement des intermittents, hier à celui des cheminots. La tâche de la semaine c’est le soutien sans faille à ces deux luttes, notamment avec la présence demain à Paris à la manifestation interprofessionnelle. Puis la participation à la journée de grèves et de manifestations de toutes les professions en colère appelée par la CGT le jeudi 26 juin car comme le dit la CGT, des mobilisations se développent également dans les secteurs des transports, électriciens et gaziers, de la santé, et de l’industrie pharmaceutique, services publics, etc."

 

Puis le 1er juillet tous à Amiens pour soutenir les militants de la Confédération Paysanne en butte à la répression pour refuser le projet de la ferme des mille vaches et les 5 et 6 juillet à Notre-Dame-des-Landes

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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 13:25
Il faut voter contre le budget rectifié par Valls

Les députés d’Europe Ecologie les Verts et les « frondeurs » du PS ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas, ou bien qu’il faut encore donner du temps « pour voir » !

 

Sources : blog de Jean-Luc Mélenchon par Jean-Luc Mélenchon

Il faut voter contre ce budget. Car si le gouvernement n’est pas arrêté cette fois-ci, le pays va dévaler la pente d’une façon accélérée. La prochaine étape est déjà prévue : ce sera le budget pour 2015, première année du plan d’austérité de 50 milliards d’euros prévus d’ici 2017. Il faut tout faire pour arrêter cette folie.

 

Mon camarade Jacques Généreux et les camarades de la commission économique du Parti de Gauche qui ont rédigé deux contre-budgets ne s’étaient pas trompés. A leur suite, combien de fois ai-je présenté le raisonnement pour expliquer comment la spirale récessive est entretenue par les politiques de coupes budgétaires. A présent, ce qui était montré du doigt avec mépris est rejoint de tous côtés. Et jusque dans les bureaux de Bercy. La députée PS Valérie Rabault, rapporteur du budget à l’Assemblée l’écrit dans son rapport. Selon les calculs de la direction du Trésor, une administration placée sous la tutelle du ministre Michel Sapin, le plan d’économies de 50 milliards d’euros proposé par le gouvernement Valls pour 2015-2017 va entraîner la suppression de 250 000 emplois et coûter 0,7% de croissance ! Dans le même temps, les cadeaux faits au MEDEF sous le nom de « pacte de responsabilité » ne créeraient que 190 000 emplois et 0,6% de croissance. Or, les coupes budgétaires sont en grande partie destinées à financer ce cadeau au MEDEF. Le bilan serait donc globalement négatif : le résultat de la politique économique et budgétaire du gouvernement sera la destruction de 60 000 emplois ! Et chacun de ceux qui seraient créés selon Sapin couterait 130 000 euros par tête. Un chiffre à rapprocher des 3000 euros par assuré social que « coûte » le régime des intermittents du spectacle !

 

 

- Le mécanisme est simple à comprendre.

Je le répète depuis des années. La baisse des dépenses publiques aggrave la crise. La baisse des investissements publics et le gel du pouvoir d’achat des fonctionnaires et des prestations de sécurité sociale comme les retraites compriment l’activité économique du pays. Et, de cette façon, détruisent des emplois. C’est aussi ce que dit l’INSEE. L’Institut national de la statistique a publié ce mercredi 25 juin des prévisions de croissance ajustées pour cette année. Bilan ? L’INSEE est bien moins optimiste que le gouvernement. Il prévoit au mieux 0,7% sur l’année quand le gouvernement espérait 1%. Et l’INSEE est convaincu que le chômage continuera d’augmenter dans le pays. Il ne voit aucun signe de reprise de l’activité privée. Il prévoit que l’économie française ne créera que 54 000 nouveaux emplois cette année. Ceux-ci viendront « exclusivement de la montée en charge de l’emploi aidé dans les administrations publiques ». Merci le MEDEF ! De toute façon cela « ne suffira pas pour absorber la hausse de la population active ». Chaque année, 140 000 personnes arrivent en âge de travailler ! Pour mémoire, il n’y en a que 56 000 dans ce cas en Allemagne. Par conséquent, la hausse brutale du chômage est certaine. Cela veut dire que toutes les img_4737tensions dans notre société vont s’aggraver. L’économie, c’est toujours, d’abord, un état de la société, et cela englobe tous les aspects de son fonctionnement.

 

 

- Ainsi, tout montre que le gouvernement Valls conduit la France à l’échec économique et au désastre social.

L’administration du Trésor et l’INSEE sont de cet avis aussi. Malgré les faits et les calculs de sa propre administration, Michel Sapin continue, envers et contre tout, à imposer la politique d’austérité décidée à Bruxelles. Son objectif n’est donc pas la croissance ou l’emploi. Sinon on le verrait réagir à ce que tout le monde sait. Il est seulement question d’être « le bon élève de la classe européenne » selon le mot de Hollande. Servons la finance, pensent-ils, et la finance nous servira, tel est leur crédo ! « On a besoin de la finance » a d’ailleurs déclaré Manuel Valls au patron d’Axa !

 

Les députés d’Europe Ecologie et les « frondeurs » du PS ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas, ou bien qu’il faut encore donner du temps « pour voir ». Il est désormais de leur responsabilité d’empêcher cette catastrophe qui s’avance chaque jour un peu plus. Qu’ils rompent les rangs et votent avec nous contre l’austérité de Manuel Valls et du gouvernement ! Mais ce que je viens de voir avec le vote sur la réforme ferroviaire ne me donne pas beaucoup d’espoir dans ce sens et je m’en voudrais de créer des illusions sur le sujet.

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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 11:27
L’écologie peut-elle être apolitique ?
 

Source : blog de Robert Mascarell membre du Parti de Gauche 12

Après une succession de découvertes scientifiques qui nous avaient, pour un temps, rendus semblables aux dieux, nous sommes arrivés à une prise de conscience assez sereine des limites de l’homme et de la Terre.

 

Nous n’avons plus tout à fait le sentiment qui animait Pascal le croyant lorsqu’il écrivait : « En regardant tout l’univers muet et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable et qui s’éveillerait sans connaître où il est, sans moyen d’en sortir. Et sur cela, j’admire comment on entre point en désespoir d’un si misérable état. »

 

Il y a eu un écho contemporain de ce cri d’angoisse. On le trouve dans le livre titré « L’Homme » d’un athée, le biologiste Jean Rostand : « Que l’homme terrestre soit ou non, dans l’univers, seul de son type, qu’il ait ou non des frères lointains et disséminés dans les espaces, il n’en résulte guère pour lui de différence dans la façon d’envisager sa destinée. Atome dérisoire perdu dans le cosmos inerte et démesuré, il sait que sa fiévreuse activité n’est qu’un petit phénomène local, éphémère, sans signification et sans but. Aussi n’a-t-il d’autre ressource que de s’appliquer à oublier l’immensité brute qui l’écrase et qui l’ignore. » Et le même savant de pousser dans « Pensées d’un biologiste » un cri de colère : « L’espèce humaine passera, comme ont passé les dinosauriens et les stégocéphales. Peu à peu la petite étoile qui nous sert de soleil abandonnera sa force éclairante et chauffante. Toute vie alors aura cessé sur la Terre qui, astre périmé, continuera de tourner sans fin dans les espaces sans bornes. Alors, de toute la civilisation humaine ou surhumaine, découvertes, philosophies, idéaux, religions, rien ne subsistera. Il ne restera même pas de nous ce qui reste de l’Homme de Néanderthal dont quelques débris au moins ont trouvé un asile dans les musées de son successeur. En ce minuscule coin d’univers sera annulée pour jamais l’aventure falote du protoplasma, aventure qui, déjà, peut-être s’est achevée sur d’autres mondes, aventure qui en d’autres mondes peut-être se renouvellera. Et partout soutenue par les mêmes illusions, créatrice des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l’échec final et à la ténèbre infinie. »

 

J’ai tenu à citer en entier cette page salubre parce qu’elle nous accule absolument à découvrir ce qui rend acceptable d’une part la nature de l’homme et d’autre part, la condition humaine.

 

Mais puisque, décidément, notre présence sur Terre n’est qu’une aventure passagère, constatons que l’aventure humaine oppose deux forces, comme Nietzsche l’a si bien démontré.

 

La première c’est physis (étymologiquement nature), certains hellénistes disent aussi phusis, c’est-à-dire la loi de la nature. Le libéralisme économico-politique a son origine dans ce mouvement naturel. Le personnage platonicien de Calliclès dans Gorgias éclaire la philosophie de ce mouvement, « qui oppose ce qui est vrai et beau selon la nature, c’est-à-dire le déploiement spontané de la force vitale, aux multiples entraves que, sous le nom de « lois », la coalition des faibles a progressivement établies pour empêcher LA JUSTE DOMINATION DES FORTS. »

 

La seconde c’est nomos (étymologiquement loi). C’est l’effort des hommes à travers des institutions pour maîtriser les effets de cette force. Il est à l’origine de la loi des hommes.

 

Nietzsche voyait dans la loi des hommes l’expression et le moyen pour les plus faibles de survivre en empêchant les plus forts de vaincre.

 

En résumé, physis la nature, ce sont les tenants de l’inné, l’individu, l’individualisme. Nomos, la loi, ce sont les tenants de l’acquis, le peuple, le collectif, la masse.

 

Tel Janus, ces deux composantes de notre monde ont depuis des temps très lointains pris différentes apparences.

 

Physis, la nature, et sa loi, maîtresse incontestée des êtres, des choses, pendant des millénaires, fut un jour menacée par l’apparition de l’imaginaire et plus précisément de la conscience. Nomos s’incarna et devint l’Etat moderne avec sa justice et sa police. Le rôle de la police résulte de la délégation par la collectivité d’un droit légal à la violence, pour la survie du plus grand nombre. Les deux conceptions de l’existence se rejoignent pourtant dans la mesure où il faut sauver le total et penser au salut individuel.

 

Ainsi, l’homme est pris entre le désir de dépasser les autres et la nécessité d’être avec les autres à l’exemple de la communion chrétienne et de l’égalitarisme socialiste. La maçonnerie tendant à vouloir équilibrer le désir et la nécessité. Notre histoire n’est que l’alternance et l’opposition de ces deux forces. Tantôt, Physis règne : c’est la guerre (« que le plus fort gagne », « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts »), c’est le temps des pulsions où l’homme dépasse en férocité l’animal qui se borne à détruire par instinct et donc sans aucun sadisme son ennemi. La perversité atteint son summum quand Physis, pour continuer à dominer, convoque délibérément Nomos à son service. Ce que Jean-Jacques Rousseau a constaté avec beaucoup de pertinence : « Nul n’est assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. »

 

Tantôt, mais très rarement, Nomos, non perverti, règne : c’est la paix civile (« aidons-nous les uns les autres »).

 

L’enjeu est donc de résoudre cette contradiction sans faire disparaître l’un des deux composants, car inéluctablement le composant disparu renaîtrait sous une autre forme.

 

Aujourd’hui, alors que « la maison brûle », comme l’a si justement dit le président de la République, Jacques Chirac, en 2002, à Johannesburg, de la résolution de cette contradiction il dépend que l’échéance menaçant la survie de notre espèce et de toutes les espèces vivantes, soit retardée.

 

La bataille est loin d’être gagnée. Pour preuve, les propos tenus en 2000 par le président du Medef à ce moment-là, Monsieur Ernest-Antoine Seillières, dans la revue des sociétés d’assurance « Risques » : « Autour du risque, on retrouve une sorte de succédané de la lutte des classes » (que voilà une parole de connaisseur. Au passage, je suis heureux de ne pas être le seul à en constater l’existence). Et Seillières d’expliquer que : « Les batailles sur le risque, la sécurité alimentaire ou sanitaire, la sécurité des produits, sont aussi la manière moderne de lutter contre les entreprises innovantes, une manière d’en contester la légitimité ». « Quand on ne peut plus combattre l’entreprise au nom du profit et de l’exploitation, on utilise le risque, la protection de la santé et de l’environnement. » Monsieur Seillières en déduit donc que la société se divise « en riscophiles et en riscophobes », et il se dit convaincu que « dans une période de transformations aussi fortes que celles que nous connaissons, l’avenir appartient davantage aux riscophiles qu’aux riscophobes ».

 

Soulignons que nos « bons » riscophiles se ménagent des parachutes dorés et ne prennent des risques qu’avec la peau des autres.

 

Quand je vous disais que l’opposition entre la physis et la nomos continue à faire rage.

Ainsi, non contents d’être à l’origine des pollutions industrielles du passé, voilà que des entrepreneurs revendiquent le droit de continuer à polluer, sans état d’âme, au nom de la liberté de produire et de créer de la valeur.

 

A propos de liberté, je ne résiste pas au plaisir de citer Albert Einstein : « Je me refuse à croire en la liberté et en ce concept philosophique. Je ne suis pas libre, mais tantôt contraint par des pressions étrangères à moi ou tantôt par des convictions intimes. » ; ou bien encore Lacordaire, chrétien social : « Entre le pauvre et le riche, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

 

Arrivé à ce stade de ma planche, je ressens que certains frères se disent : « Mais où Robert veut-il nous emmener ? Quand va-t-il répondre à la question posée dans le titre de sa planche ? ».

 

Vous allez voir, je l’espère, que le détour que j’ai pris n’est pas si incongru que cela, et qu’aujourd’hui encore, Physis et Nomos ne sont pas mortes, y compris et surtout dans les débats relatifs à l’environnement.

 

Avant d’en arriver à traiter le cœur du sujet annoncé dans le titre de cette planche, s’est posé à moi un problème de méthodologie :

  • soit, m’appuyant sur les travaux de scientifiques produits lors de la convention de Rio en 1992, ou à l’occasion de la ratification par quelques pays du protocole de Kyoto en 1997, ou à l’occasion de la tenue de la conférence internationale sur la gouvernance écologique à Paris en février 2007, je vous assène une quantité astronomique de chiffres prouvant tous que le réchauffement climatique va s’accélérant et que l’homme en est le principal responsable,
  • soit, nous convenons tous ensemble que ce phénomène n’est plus discutable et, dès lors, nous pouvons passer à l’étape supérieure de la réflexion. Celle qui consiste à tenter d’analyser les raisons d’une telle situation, voilà pour hier, et à réfléchir sur les moyens de faire face à sa dégradation, voilà pour demain.

 

Vous avez compris que je ne vais pas vous asséner des chiffres, mais je vais vous proposer de réfléchir, en vous demandant de garder constamment en mémoire le débat existant entre les notions de physis et de nomos.

 

Convenons que l’état écologique de notre planète est en raison directe de la révolution industrielle apparue il y a un peu plus de deux siècles. Jusque-là, l’homme vivait essentiellement des produits de la culture et de l’élevage, suivant le rythme des saisons. Avec la multiplication des inventions, nous sommes entrés progressivement dans l’ère industrielle. Le productivisme s’est installé en maître de tous nos modèles économiques, qu’ils soient d’essence capitaliste ou communiste.

 

Il n’y avait rien à redire à cette orientation, tant la misère était grande. Peu importait, à la limite, la façon de répartir les fruits du travail des hommes. Même s’ils étaient mal partagés, les plus pauvres voyaient, néanmoins, leur sort s’améliorer.

 

Les luttes des déshérités pour une meilleure répartition des richesses, pouvant aller jusqu’à vouloir maîtriser le pouvoir politique, comme la détermination des privilégiés à vouloir le garder à tout prix, avaient la même finalité : produire et consommer toujours plus. Peu importait les retombées sur l’environnement. Nul ne s’en souciait, à droite comme à gauche. C’est que les ressources de la Terre paraissaient inépuisables, et l’aptitude des forces de la nature à se régénérer indestructible.

 

Si bien que du strict point de vue étroitement partisan, les hommes et femmes de gauche n’ont pas davantage qualité que ceux et celles de droite à se prétendre meilleurs défenseurs de l’environnement. Si là s’arrêtait ce travail, il serait logique de dire que l’écologie peut être un courant de pensée apolitique, n’ayant à s’inspirer ni des pratiques de droite ni des pratiques de gauche.

 

Mais, croissance démographique et économique aidant et, à l’inverse, épuisement des réserves fossiles et réchauffement climatique de la Terre à un horizon proche avérés ont obligé l’ensemble de la classe politique de la plupart des pays à prendre en compte ces phénomènes dans leur approche du pouvoir. On pourrait s’en féliciter si l’occasion était saisie de poser les problèmes sans aucun tabou. Tel n’est pas le cas, y compris par ceux qui font profession de foi écologiste.

 

Pour illustrer mon propos je vais m’en tenir au débat franco-français pour cette élection présidentielle.

 

Trois têtes d’affiche expriment les diverses nuances du courant écologique : Nicolas Hulot, Corinne Lepage et Dominique Voynet. Deux se disent apolitiques, mais s’affichent dans les entourages de Jacques Chirac pour l’un, de François Bayrou pour l’autre. La dernière ne cache pas son ancrage à gauche. Voilà pour leur engagement partisan. Mais au-delà, où sont leurs différences ? Elles sont ténues. Tous les trois inscrivent leur action dans l’acceptation des règles du libéralisme économique, tout en préconisant un autre mode de production et de consommation.

 

Autant dire qu’ils essaient de réaliser la quadrature du cercle.

 

Notez que, en soi, ce positionnement constitue un véritable engagement politique, quoi qu’en disent ceux qui prétendent à l’apolitisme de leur combat écologique. Si vous doutiez de la justesse de cette affirmation, je tiens à rappeler que tous les responsables écologistes, sans exception, ont pris position, le 29 mai 2005, lors du référendum, pour ou contre le traité constitutionnel européen. Les trois têtes d’affiche susdites ont d’ailleurs voté et appelé à voter pour ce projet. Des étoiles du mouvement écologiste de moindre magnitude ont, elles, voté et appelé à voter non.

 

Personne ne niera, j’en suis convaincu, que le traité constitutionnel avait un contenu éminemment politique, sauf à considérer que son inscription dans la perspective exclusive du renforcement des règles du libéralisme économique ne soit pas un choix politique.

 

A ce stade de ma planche, je tiens à dire que je ne fais reproche à aucun des écologistes d’avoir pris position pour ou contre le traité constitutionnel européen. Ce disant, je suis, en revanche, beaucoup plus sévère à l’encontre des écologistes qui, passé l’intermède du débat européen, se drapent à nouveau dans la posture de l’apolitisme, qui serait seul vertueux, par opposition à ceux dont l’engagement écologique serait sali par leur choix partisan.

 

Mais laissons là ces batailles picrocholines et revenons à l’essentiel, c’est-à-dire à la question : L’écologie peut-elle être apolitique ?

 

Nous venons de voir que ses hérauts, même quand ils s’en défendent, se complaisent dans la politique politicienne. Le devenir de l’humanité sur Terre vaut mieux que cela. Et là, je vais en revenir à physis et à nomos.

 

Tout d’abord je vais m’appesantir sur un paradoxe : physis, je le soulignais au début de ma planche, c’est la primauté de la loi de la nature. Or, qui dit nature dit environnement. On pourrait donc être tenté de dire que ceux qui font souvent référence au respect des lois de la nature en sont donc les meilleurs défenseurs. Mais là tout se complique.

 

Les proclamateurs du retour aux lois de la nature sont ceux-là même qui, au nom de ces lois, justifient que les relations entre les hommes ne sont mues que par l’esprit de compétition.

 

En avril 1998, je vous ai présenté un travail intitulé : La compétition : moteur du progrès ou suicide collectif ? J’y pourfendais les tenants des lois de la nature, à l’occasion lois divines, et j’y soutenais que, en résumé, avec force exemples : « La lutte pour la vie n’est pas réductible à une compétition sans règles, et le plus souvent au contraire, elle prend la forme de ce qu’il faut bien appeler une coopération, même si certains individus y laissent leur vie. »

 

Plus loin, je continuais : « La coopération m’apparaît plus que jamais nécessaire même sur le plan de la pensée, qu’elle soit rationnelle ou symbolique. Dans notre humanité, la pensée sous-tend l’action et l’action sous-tend la vie, laquelle sous-tend le devenir de notre espèce. N’oublions jamais que, heureusement, la compétition est volontairement encore freinée par la crainte de la destruction de la planète. »

 

Si j’avais un mot à changer à ce que je vous disais en avril 1998, ce serait pour dire que j’étais encore trop optimiste quand j’écrivais « que, heureusement, la compétition est volontairement encore freinée par la crainte de la destruction de la planète. »

 

Depuis lors, cette crainte de la destruction de la planète n’arrête plus les dirigeants économiques et politiques de ce monde. L’arrivée au pouvoir du sinistre Busch, début 2001 aux USA, entraîne l’humanité entière et toutes les formes de vie inéluctablement vers l’abîme, dans le silence complice des dirigeants des autres pays, profitant de la crétinisation des peuples à laquelle ils ont d’ailleurs pris une part active.

 

Partout, les Etats et les collectivités publiques, pourtant seuls dépositaires de l’intérêt général, sont tournés en dérision. Priorité est donnée aux intérêts particuliers, via les entreprises, plus précisément via les grands groupes multinationaux. Eh bien ! je ne retiens pas la doctrine selon laquelle la somme des égoïsmes individuels aboutirait à l’optimum économique. Comme Einstein dans « Comment je vois le monde ? », je pense que : « L’argent pollue toute chose et dégrade inexorablement la personne humaine. »

 

Un écologiste digne de ce nom ne peut pas faire l’économie d’une analyse de l’évolution du capitalisme. Car, ne nous y trompons pas, le capitalisme d’aujourd’hui n’est pas dirigé par des ultra-libéraux intrinsèquement mauvais, par opposition à des libéraux moins ultras qui le dirigeraient avec plus d’humanité. Rien ne tient à la qualité des hommes, tout dépend des changements structurels du capitalisme inscrits dans sa matrice.

 

Le capitalisme moderne est né il y a un peu plus de deux cents ans, et par accumulation et concentrations successives au fil des décennies, les petites entreprises, terreau du capitalisme, devenant de plus en plus grandes, ont commencé à être dirigées par leur fondateur, puis par leurs héritiers de sang, puis par des petits groupes d’actionnaires nationaux, puis par des actionnaires croisés détenant des actions dans plusieurs entreprises du même pays, puis par de gros actionnaires transnationaux, puis par des actionnaires transnationaux gros et petits. Les petits confiant la gestion de leurs économies à de grands financiers à la tête des banques, sociétés d’assurance, fonds de pension. C’est à ce stade de développement que se trouve le capitalisme aujourd’hui. Mais nous ne sommes pas arrivés au stade ultime de ces mouvements de concentration, accumulations capitalistes aidant.

 

Le résultat, c’est que le capitalisme, qui longtemps a vécu de la production et pour la production industrielle, via le travail des hommes et les investissements, devient de plus en plus un capitalisme financier anonyme se gobergeant du rapport de l’argent, via la spéculation, et de moins en moins de la production.

 

L’autre résultat, c’est que toutes les économies sont mesurées à l’aune de leur taux de croissance, sans considération du contenu de cette croissance. Toutes les activités économiques sont donc comptabilisées : celles utilement sociales, comme celles qui ne le sont pas, voire qui sont nuisibles. Si bien que l’humanité entière est engagée dans une fuite en avant, au péril des forêts, des ressources naturelles, de nombre d’espèces vivantes,….

 

Le système capitaliste mondial est donc appelé à être dirigé selon des critères encore plus contraignants que ceux d’aujourd’hui pour l’énorme majorité des hommes. Ses dirigeants nous paraîtront donc encore plus ultra-libéraux que nos plus ultra-libéraux actuels. C’est consubstantiel au capitalisme. Par égoïsme, ses dirigeants sont prêts à nous conduire jusqu’à la chute finale de l’humanité. Et le fait que le système capitaliste ait triomphé du système communiste ne le rend pas meilleur pour autant. Au contraire, et là j’en viens, paradoxalement, à regretter l’absence de concurrence.

Je ne suis pas un scientifique, mais je suis persuadé que l’irréversible est d’ores et déjà atteint. Le train du capitalisme mondial est lancé à une telle allure que, même si dès demain le genre humain était gagné par la raison, au point qu’il mette en place un système mondial philosophico-politico-économique idéal, la catastrophe n’en serait que retardée. Puissé-je me tromper.

 

Et une fois n’est pas coutume, je n’emprunterai pas à Marx, bien que je m’en réclame plus que jamais, pour vilipender le capitalisme, je m’en tiendrai au regard des catholiques sociaux sur le libéralisme, tel qu’il est publié dans l’Encyclopédie Universalis : « Le catholicisme social –ce trait est particulièrement accusé à ses origines- se présente doublement comme l’adversaire du libéralisme, non seulement il en récuse les thèses et les maximes, mais il lui impute la responsabilité des maux qui affligent la condition ouvrière : la libre-concurrence érigée en règle, l’intérêt particulier élevé à la hauteur d’un principe, le culte du progrès ont engendré cette société inhumaine. »

 

Mais même si la bataille me paraît perdue, je me battrai de toutes mes forces pour faire reculer l’échéance. Et c’est là que revient Nomos.

 

Seule la loi des hommes et non la loi de la nature, et encore moins la loi divine, peut permettre d’arbitrer entre les intérêts particuliers et l’intérêt général. Mon propos ne consiste pas à vouloir opposer ces deux types d’intérêt. Leur coexistence est nécessaire pour favoriser l’harmonie entre les hommes eux-mêmes, mais également entre les hommes et toutes les autres formes de vie sur Terre. Etant bien entendu, toutefois, que prééminence devra être redonnée à l’intérêt général, au détriment, s’il le faut, des intérêts particuliers.

 

Le choix du contenu de la croissance, par exemple, ne peut être dévolu au secteur privé. Il ne s’agit pas de produire pour produire, sans égard pour l’environnement. Si bien que l’acte de produire doit être collectivement déterminé non plus en pensant taux de croissance indifférenciée, mais en forgeant un modèle mathématique pour fixer le taux d’utilité sociale. Pour illustrer ma pensée, je prends pour exemple, a contrario, de l’ineptie économique dévastatrice de l’environnement, la pratique, se généralisant, de la production éclatée à travers le monde d’un article composite. Ainsi, dans mon exemple, l’assemblage des pièces composant cet article dont la première pièce, fabriquée en France, est ensuite assemblée avec la deuxième fabriquée en Turquie, puis avec la troisième fabriquée à Singapour, et ainsi de suite, pour enfin revenir finie en France. Que d’énergie gaspillée et de pollution générée. Or, selon les critères d’aujourd’hui fondant le taux de croissance, la multitude des allées et venues de cet article à travers le monde crée de l’activité économique de transport entrant positivement dans la détermination du taux de croissance.

 

Les tenants de la liberté façon renard libre dans le poulailler, peu soucieux de l’intérêt économique général, n’intègrent évidemment pas les coûts financiers occasionnés sur l’environnement par ces pratiques : gaspillage de fluides énergétiques en voie de raréfaction, production inconsidérée de CO2 provoquée par les transports multiples. Les peuples sont les cochons de payants de cette gabegie.

 

Pour faire cesser cette absurdité, on voit bien que seule une puissance publique mondiale, ce serait l’idéal, mais si ce n’est pas possible un service public d’échelon géographique inférieur, pourrait y mettre un frein.

 

Dans le même but, il revient à la société de déterminer les secteurs de l’activité économique devant être gérés sous le contrôle étroit de la puissance publique. Il devrait en être ainsi de la gestion de tous les fluides énergétiques en général, de celle de l’eau, de la production des médicaments, des services de l’enseignement, des dépenses militaires, des infrastructures des transports (routes, voies ferrées),….

 

Une telle organisation socio-économique va à l’encontre du tout libéral, à l’œuvre dans le monde entier. Ce disant, je ne me fais pas le chantre de la croissance zéro, encore moins de la décroissance, je défends une croissance raisonnable, mesurée à l’aune de l’intérêt général.

 

Que ce soit sous l’empire de la nécessité ou sous celui de la raison, l’heure n’est certainement pas si éloignée que cela où le genre humain, pour son salut, devra se détourner des billevesées des gourous du capitalisme. Quant à ceux qui se disent écologistes, ils ne pourront pas indéfiniment s’abriter dans le cocon du non-choix, sauf à se discréditer.

 

La domination écrasante des forces de l’argent, sous le joug desquelles nous vivons aujourd’hui, ne m’émeut guère. Sauf à accepter de se suicider collectivement, nous devrons obligatoirement passer d’une société de concurrence généralisée à une société de coopération.

 

In petto, certains d’entre-vous pensent probablement que tout n’est pas perdu, depuis que les ci-après Al Gore, ex-vice-président des Etats-Unis, et Nicholas Stern, ex-dirigeant de la Banque mondiale, nous alertent, le premier à travers son film « Une vérité qui dérange », le second par son rapport chiffrant à 5 500 milliards d’euros le coût de l’inaction face au changement climatique. Et ces frères de se dire, que s’il s’avère que les actions écologiques peuvent être un marché juteux, les financiers s’y engouffreront et dès lors tous les espoirs seront permis. Il n’est pas interdit de croire, et puis si cela en aide certains à vivre, grand bien leur fasse. Pour ma part, je persiste à dire qu’il est illusoire d’attendre la félicité d’un système fondé sur l’égoïsme.

 

Mon scepticisme se trouve renforcé par l’attitude de la quasi totalité des classes politiques à travers le monde. La nôtre ne déroge pas à la règle. Les palinodies autour de la signature du pacte écologique proposé par Nicolas Hulot ont plutôt été pitoyables. Mais là n’est pas l’essentiel. Il se trouve dans les programmes de tous les candidats à notre élection présidentielle, y compris ceux que je soutiens plus que les autres : ceux de la gauche antilibérale. Alors que chaque jour qui passe confirme la responsabilité de l’homme dans la gravité et plus encore l’urgence du péril écologique, aucun des programmes n’est infléchi radicalement.

 

Tous se situe dans la logique du gagner, du produire et du consommer toujours plus, comme dans celle de la nécessité d’un taux de croissance économique et démographique le plus élevé possible, sans considération de contenu.

 

Autant l’objectif que les plus pauvres puissent raisonnablement consommer davantage est juste, autant il faut avoir le courage de dire que ce ne sera possible que si, parallèlement, la consommation des plus riches diminue considérablement. Je vais même jusqu’à dire que cette réduction pourrait me frapper personnellement, à la marge certes, tant je suis conscient de consommer le superflu, du superflu, du superflu. Il va sans dire que, simultanément, les revenus des plus pauvres devront augmenter sensiblement, pendant que ceux des plus riches devront largement diminuer.

 

Là, je veux tordre le cou au principe, unilatéral, des vases communicants défendu par les plus fortunés, consistant à dire qu’il est difficile d’augmenter les bas salaires, au risque d’augmenter le coût du travail et donc d’affaiblir la compétitivité de notre économie. Curieusement, le même principe ne vaudrait pas pour les revenus pharamineux perçus par les plus riches. Il ne faut donc pas y toucher.

 

Ne pas poser le problème des contenus de la production, de la consommation, des taux de croissance économique et démographique, comme de celui des écarts de revenus, c’est condamner nos descendants au pire, plus vite qu’on ne le croit. Aujourd’hui cette sentence ressortit à l’utopie.

 

Les prudes disent fautivement que la masturbation rend sourd, les écologistes, dignes de ce nom, devraient dire : l’égoïsme rend à coup sûr sourd et aveugle.

 

Mais qui mieux que Albert Einstein pouvait conclure mon exposé : « Les excès du système de compétition et de spécialisation prématurée sous le fallacieux prétexte d’efficacité, assassinent l’esprit, interdisent toute vie culturelle et suppriment même les progrès dans les sciences d’avenir. »

 

Inverser cette réalité nécessite que dans le couple physis-nomos, nomos occupe enfin la place prépondérante.

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 14:29
Après la rencontre avec EELV : pour fédérer le peuple, ni laisse, ni muselière !

Sources : blog de Jean-Luc Mélenchon par Jean-Luc Mélenchon

La rencontre au siège d’EELV, rue du Chaudron à Paris, avait été proposée par nos hôtes. Il est vite apparu qu’il fallait y répondre positivement car le contraire eut été tout simplement une marque de sectarisme démoralisant mis à notre charge. Cette considération l’emporta sur l’inconvénient qu’il y a avait à répondre positivement à une invitation également adressée au MoDem. Nous avons d’ailleurs posé la question. Quel pouvait être le sens d’une relance du MoDem par les Verts à l’heure où il vient de reformer une alliance avec l’UDI, proche de l’UMP ? La réponse est que le MoDem avait appelé à voter Hollande. Dès lors, EELV a estimé que cette formation avait sa part à prendre dans le bilan. Puis, très rapidement, on nous informa que de toute façon la question était close : le MoDem n’a pas répondu à EELV ! Ce dont personne parmi ses membres n’avait l’air d’être déçu.

Après la rencontre avec EELV : pour fédérer le peuple, ni laisse, ni muselière !

- La discussion a été libre, argumentée et amicale.

Rien n’est donc venu parasiter l’accès au fond des questions posées. EELV propose un dialogue sur le projet de gauche à construire et suggère trois thèmes pour l’engager, sans exclure que d’autres questions puissent être aussi traitées. Ces thèmes sont : la relance de l’emploi, celle de la transition énergétique et celle de la démocratie. Sur ces trois questions, plusieurs interventions ont permis de se faire une idée de l’intérêt qu’il y aurait à les traiter. Mais franchement, qui en doutait ? Ce n’était pas l’essentiel. Pour ma part, je ne doute pas que, quelles que soient les difficultés, on trouve un point fédérateur sous lequel traiter les contradictions de position. Contrairement aux apparences, ce point n’est jamais le plus petit commun dénominateur mais plutôt le point de la plus haute exigence.

 

Par exemple, parler de la relance de l’emploi est plus facile si l’on part de l’objectif du plein emploi c’est-à-dire au moins quatre millions de poste de travail à créer et stabiliser. Exemple lié : l’agriculture. Si l’on veut venir au modèle de l’agriculture paysanne, il faut trouver quatre-cent mille nouveaux agriculteurs. C’est un défi de formation, mais aussi de niveau des rémunérations de la population paysanne et donc des niveaux des salaires ouvriers consommateurs, et ainsi de suite dans un continuum de politique où le social et l’écologique se tiennent dans un même programme nécessairement touche-à-tout. On sort alors des dissertations abstraites pour entrer dans le domaine très exigeant de la prévision et de la planification. La vraie difficulté n’est donc pas là.

Après la rencontre avec EELV : pour fédérer le peuple, ni laisse, ni muselière !

- Il a été dit que la reconstruction de la gauche elle-même serait le résultat d’une construction commune de projet.

Mais il faut ajouter qu’elle passe aussi par la solidarité et la construction d’une communauté de vue avec le mouvement social. Difficile d’imaginer un projet commun dans les transports si on se coupe du mouvement des cheminots et qu’on vote le paquet ferroviaire… En toute hypothèse, la crédibilité du projet dépend finalement de qui le porte et le prépare. C’est pourquoi tout finit par se concentrer sur ce que l’on va appeler le périmètre de la rencontre prévue par EELV. Clairement, en réponse à Clémentine Autain, il lui fut dit que le projet dont parlait EELV ne visait « pas à être un projet alternatif ». Puis, non moins clairement, il fut répondu à Martine Billard, qui demandait la précision, que le PS en tant que tel serait invité à ces rencontres ! On devine dans ces conditions que la douche fut fraîche ! Mais le mérite de la franchise était là.

Après la rencontre avec EELV : pour fédérer le peuple, ni laisse, ni muselière !

- Deux positions se sont alors exprimées dans la délégation du Front de gauche.

L’une portée par le PCF considérant que ce serait un premier pas que de telles rencontres, l’autre qu’il ne saurait être question de faire semblant de croire que le PS en tant que tel puisse faire autre chose que ce que veut le gouvernement. Ce n’est pas une marque de sectarisme que de refuser le podium commun et la photo de famille avec le PS. C’est la marque d’une certaine compréhension de ce qu’est l’esprit public aujourd’hui. Nous y laisserions notre crédibilité ! Le PS a déjà tué le mot « gauche ». Il mène le pays au chaos social et politique. Sa politique ne peut pas marcher ni produire le moindre mieux dans la situation. Pourquoi aller faire croire qu’on peut débattre d’un projet commun pour le futur avec comme présent le compagnonnage de tels fossoyeurs ? Au demeurant, toute cette construction bizarre fait plutôt penser à un test qu’à une véritable proposition. Peut-être EELV voulait-il vérifier pour ses propres tendances et débats internes que cette voie-là n’existait pas. En effet, elle n’existe pas. En tous cas, pas avec nous. Car ceux qui veulent se réunir avec le PS peuvent déjà le faire dans le cadre du comité de liaison mis en place par Jean Christophe Cambadélis avec le PRG, le MUP du communiste Robert Hue et avec les Verts eux-mêmes.

Après la rencontre avec EELV : pour fédérer le peuple, ni laisse, ni muselière !

- Il ne peut être question d’embarquer le PG ni le Front de Gauche en tant que tels sur ce pont que veut construire EELV avec les autres accompagnateurs du PS. Je pense que nous allons avoir cette discussion à la coordination du Front de Gauche. Je crois que tout le monde sera d’accord pour ne pas engager notre Front dans cette proposition d’EELV. Bien sûr, si le PCF veut toutefois s’y associer, c’est sa liberté de parti et, tout en le regrettant, nous observerons sans commentaires. Et sans regrets, car tout cela n’ira strictement nulle part, c’est une certitude selon nous. Par contre, s’il s’agit de bâtir un rassemblement fédérateur sur la base d’un programme commun alternatif, alors oui, le dialogue peut avoir lieu et la recherche du point fédérateur peut être travaillée. Disons les choses comme elles sont. De notre côté, nous ne passerons pas des mois à jouer de la mandoline et à attendre que les arrangements de toutes sortes se fassent ou se défassent à la carte. Le but de notre travail n’est pas de fédérer des partis mais le peuple lui-même.

 

Le système n’a pas peur de la gauche ! Le système a peur du peuple. Voilà ce que nous avons appris de la période récente. Et la gauche à construire et à réhabiliter, c’est celle qui est fidèle au peuple et à ses demandes et besoins. Ni laisse, ni muselière : les frondeurs devraient y réfléchir.

Jean-Luc Mélenchon

 

Pour en savoir plus :

- Réponse du parti de Gauche à la lettre d'Emmanuelle Cosse rédigée au nom d’EELV

- La rencontre vue par Libération : Ecologistes et Front de gauche apprennent à se parler

- La rencontre vue par le magazine Regards.fr : Les Verts et le Front de gauche se parlent en face

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