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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 09:08
On vote en Grèce : un troisième tour pour rien ?

Sources : Hebdo l'Anticapitaliste - NPA par A. Sartzekis SARTZEKIS Andreas Athènes le 17 septembre 2015

Les élections de ce dimanche 20 septembre se préparent dans une certaine indifférence (née des désillusions dues aux retournements de Syriza), mais aussi sur fond de recompositions diverses dont on ne peut deviner pour l’instant la suite...

 

Le paradoxe, c’est que l’on discute partout politique, et l’enjeu est bien de montrer que le vrai « réalisme », c’est d’aller à la rupture avec la logique des mémorandums sur la base du Non de juin, ce que bien peu de courants évoquent dans leur campagne électorale !

 

 

- Quel gouvernement dimanche soir ?

C’est pour les médias le leitmotiv du scrutin. Alors que la pression d’un vote anti-droite semble redonner un peu d’avance à Syriza dans les sondages, une campagne issue des milieux économiques, et peut-être des instances européennes, presse pour un gouvernement « œcuménique », comme la Grèce en a déjà connu... pour le plus grand malheur de la population. Du coup, la droite joue sur deux tableaux : un discours ouvert aux thèses racistes des nazis, et l’assurance qu’elle pourrait gouverner avec Syriza pour mieux faire appliquer le mémorandum !

 

La direction de Syriza proteste contre cette éventualité, mais elle voit qu’elle a peu de chances d’avoir la majorité absolue en sièges et qu’Anel, le parti de droite extrême avec qui Syriza a gouverné (d’où l’accord militaire avec Israël), est en chute. Elle évoque désormais la possibilité de gouverner avec le Pasok, complice et acteur de toutes les attaques anti-populaires depuis 2010 ! Ce recentrage assumé amène aussi certains cadres ex-Pasok à se rapprocher de Syriza sur une base ouvertement social-libérale, d’où l’insistance de courants un peu gauche restant dans Syriza (courant wx-AKOA) pour mener la bataille pour une majorité absolue à Syriza. Question : que feront ces militantEs et surtout les électeurEs qui voteront « à gauche » pour Syriza dans le cas quasi évident d’alliances avec le Pasok ou le encore plus libéral Potami ?

 

 

- À gauche, ça fluctue

Ces derniers jours, on est bien loin d’il y a un mois, quand les premiers sondages donnaient Unité populaire comme troisième force (autour de 8 %). Aujourd’hui, les sondages tournent autour de 3 %, le seuil pour entrer au Parlement. Lafazanis a beau mettre en cause les instituts au service des partis dominants (certes les sondages en Grèce sont peu fiables), la campagne montre clairement qu’il n’y a pas pour le moment d’élan populaire vers la scission de gauche de Syriza. Au delà du malaise vis-à-vis d’ex­-ministres Syriza ayant géré leur fauteuil, l’objectif fixé ne fait pas rêver : « que Unité populaire devienne une force post-électorale décisive pour lancer un grand combat populaire et patriotique qui nous amènera rapidement au pouvoir » (Lafazanis à Salonique) ! Il n’est pas certain que cet axe réponde aux valeurs internationalistes de certains courants au sein de Unité populaire... De plus, si celui-ci a finalement désigné le vétéran antinazi Manólis Glézos, tête de liste nationale, Glézos appelle à voter Unité populaire... ou KKE !...

 

À quelques jours du vote, il manque toujours un appel central pour l’unité dans les luttes qui ne manqueront pas de surgir contre le mémorandum, la dette, les nazis... C’est pourtant le véritable enjeu de ces élections !

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Grèce

- Alexis Tsipras: « Une victoire de Syriza pour changer la Grèce et l’Europe »

- Sous les apparences, ce que disent les résultats des élections grecques

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 08:15
Pour un nouveau groupe parlementaire à gauche

par :

  • Sergio Coronado (groupe Ecologiste),
  • Philippe Noguès (ex PS),
  • Isabelle Attard (groupe Ecologiste),
  • Jacqueline Fraysse (groupe Gauche démocratique et républicaine)[1].

 

Source : Tribune publièe dans Libération le 10 septembre 2015

Face au désenchantement, au fossé qui ne cesse de se creuser entre les citoyens et les politiques, aux sentiments d’insécurité et de déclassement social qui s’expriment dans notre pays, il n’est plus possible de rester sans réagir.

 

Députés, nous constatons que les frontières des groupes constitués ne permettent pas qu’une offre politique alternative à la politique du gouvernement se fasse entendre. Face à la « caporalisation » du groupe socialiste majoritaire, à l’implosion du groupe écologiste, à l’absence de taille critique des autres groupes de gauche, il est urgent de faire bouger les lignes.

 

Nous voulons co-construire - dans le respect de chacun - une démarche politique cohérente et collective, qui ne soit pas seulement d’opposition mais surtout force de propositions.

 

Nous refusons de rester impuissants jusqu’à la fin du quinquennat, chacun dans son groupe parlementaire, satisfait de l’atomisation des initiatives critiques à gauche.

 

Nous proposons de créer un groupe rouge-rose-vert afin d’exprimer, avec efficacité, les aspirations de la société. Il ne s’agit pas, ici, de ralliement à un quelconque groupe existant mais d’une démarche unitaire concrète permettant la naissance d’un nouveau groupe ouvert aux élus choisissant de s’engager dans la voie d’une politique anti-austéritaire, écologiste et sociale.

 

A gauche nous sommes, en effet, de plus en plus nombreux à plaider pour une refondation et à partager le sentiment de l’urgence de l’engager. Quand certains font le pari de rebâtir sur les ruines de leurs propres partis après 2017, nous affirmons, nous, notre volonté d’agir dès aujourd’hui et de tout faire pour éviter le cataclysme annoncé.

 

Nous croyons au dépassement des chapelles politiques ainsi qu’à celui des formes traditionnelles d’engagement et de militantisme. Nous croyons au renouveau démocratique.

 

A quelques semaines de la COP 21 qui va se dérouler en France, il nous apparaît urgent de réinventer un nouveau modèle économique, écologique et social. Des solutions existent qui passent par une transformation du système productif, une adaptation des modes de vie et un partage plus équitable des ressources que les politiques d’austérité imposées actuellement, et la dictature du PIB, ne permettent pas.

 

Nous souhaitons, de fait, défendre, au-delà d’un simple verdissement du système actuel, une économie réellement juste et soutenable, qui permettra aux hommes et aux femmes de vivre bien, sans compromettre le bien-être de ceux qui vivront demain.

 

Députés issus de différents courants de la gauche, riches de la diversité de nos familles politiques, engagés pour un développement économique et social soutenable, nous entendons symboliser et représenter à l’Assemblée nationale les voix qui réclament une alternative.

 

Nous montrerons qu’une autre politique est possible, qui puisse redonner confiance en l’avenir et constituer un rempart contre la montée de l’extrême droite.

 

Nous appelons ainsi à la création d’un nouveau groupe parlementaire, composé de tous ceux qui n’acceptent pas la dérive libérale du gouvernement et qui refusent la résignation, le renoncement à leurs valeurs et à leurs convictions. Il est temps d’agir et de réagir. Ne pas s’engager, c’est accepter la déroute annoncée et demeurer sourd à l’exigence exprimée par nos concitoyens d’un tel rassemblement.

 

Nous savons que la construction d’une alternative de gauche et écologiste n’est pas chose facile. Mais là où nous pouvons agir, dans les communes, les départements, les régions et au Parlement, il est de notre devoir de tout faire pour contribuer à reconstruire l’espoir. On ne peut pas appeler au rassemblement tous les quatre matins et quand les conditions le rendent possible, ne pas en prendre l’initiative pour en faire un des leviers d’une politique de transformation. Pour notre part, nous y sommes prêts.

 

Note :

[1] Front de Gauche

 

Pour en savoir plus :

- « Les divergences entre écologistes et communistes ne sont pas insurmontables »

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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 08:19
Le car moins polluant que le train ? Le bilan carbone du train.
Le train est-il la priorité de la SNCF et du gouvernement ?
La loi Macron prouve qu'il n'en est rien !
 

Les libéraux et sociaux–libéraux ne manquent pas d’imagination pour trouver de pseudos arguments justifiant leurs privatisations. En voici encore un exemple en remplaçant des lignes de trains publiques par des lignes de cars privées. Ils ajoutent ici à l’argument classique du coût financier celui du coût écologique. Une fumisterie.

 

Source : Carfree.fr par Vincent Doumayrou le 10 /09/ 2015

Il y a six ans, un rapport de la Cour des Comptes se disait favorable au remplacement de nombreux trains TER par des autocars, pour des raisons de coût, mais aussi parce qu’un autocar plein pollue moins qu’un train diesel peu rempli. Depuis, au sein du petit monde des leaders d’opinion, on semble s’être passé le mot.

 

Ainsi, au cours d’une émission radiophonique consacrée au lancement des autocars de grandes lignes, Gilles Savary, député socialiste, Pierre Cardo, Président de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (ARAFER), et Jean-Marc Janaillac, PDG de Veolia Transport, saluaient conjointement le caractère écologique d’un autocar qui polluerait moins que certains trains Intercités tractés au diesel (peu importe que les autocars Isilines lancés par Veolia concurrenceront des trains qui fonctionnent dans leur quasi-totalité à l’électricité). Le 5 janvier dernier, le Président de la République est allé plus loin en réfutant l'idée que pour aller de Paris à Lyon l'autocar n'était pas écologique.

 

 

- François Hollande joue à Benoît XVI… mais devrait écouter Lénine

Ces éléments de langage participent d’un certain « dénigrement du train » (en français, « train-bashing ») destiné à préparer les esprits à la fermeture de secteurs entiers du réseau ferré. Car il faut bien justifier devant l’opinion cette négligence pour un moyen de transport réputé écologique, dans un contexte où François Hollande, tel le Pape au balcon de Saint-Pierre de Rome, pontifie sur la nécessité d’une action urgente pour lutter contre le réchauffement climatique.

 

Ce qui nous conduit à la question suivante : ces arguments sont-ils exacts ? Le train pollue-t-il plus que l’autocar ? Lénine disait, citant Hegel, qu’on peut toujours trouver des arguments à l’appui de n’importe quelle thèse, et cela se vérifie ici. Il fait peu de doute en effet qu’un autorail rempli de dix personnes consomme et pollue davantage, par passager, qu’un autocar aux normes Euro VI avec 50 personnes.

 

Mais Lénine ajoutait qu’au-delà de tel ou tel argument isolé, ce sont les faits généraux qui comptent. Et l’exemple repris en boucle du TER vide est en fait un cas extrême, et il n’est pas nécessaire d’avoir un bac + 10 en logique pour savoir qu’on risque fort de se tromper quand on déduit des choses générales d’un cas particulier.

 

 

- Particulier, car le phénomène des « TER vides » n’est en aucun cas une règle.

Sachant que les TER effectuent chaque année un parcours cumulé de 180 millions de trains-kilomètres, et un trafic de 13,6 milliards de voyageurs-kilomètres, on voit que le trafic est environ 75 fois plus élevé que l’offre, ce qui correspond à un remplissage bien décalé avec l’image du TER vide.

 

 

- Les chiffres donnés par les organismes d’expertise publics contredisent les discours

Des chiffres officiels sur la pollution et la consommation des différents moyens de transport existent par ailleurs. Les éminences du gouvernement pourraient utilement les consulter, en particulier lorsqu’ils émanent des propres services de l’État – les leurs.

 

D’abord, voyons la consommation et les émissions de différents moyens de transport selon l’écocomparateur de l’ADEME (l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour un aller simple de 500 km, peu ou prou la distance Paris – Lyon : http://quizz.ademe.fr/eco-deplacements/comparateur/

 

Le bilan énergétique s’entend exprimé en kilogramme d’équivalent-pétrole, le bilan carbonique en kilogramme de CO2 émis. Le bilan est fait sur la base du taux de remplissage moyen constaté.

Ne le dites pas à François Hollande, mais tous les chiffres sont favorables au train, qu’on le compare à la voiture particulière, à l’avion ou à l’autocar.

 

Les chiffres du service statistique du Ministère du développement durable nous donnent, pour chaque moyen de transport, les trafics, les émissions de CO2 et la consommation énergétique, non plus sur un trajet isolé, mais sur les données agrégées de tous les trafics faits chaque année en France.

Voici la source : http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/references/comptes-transports-2014.html – Télécharger « Séries longues – données au format Excel » – D Transports et développement durable ; E Transports de marchandises ; F Transports de voyageurs.

 

En tout, si on additionne les voyageurs-kilomètres (1 000 millions) et les tonnes-kilomètres (340 millions), 1 340 millions de kilomètres furent parcourus en France en 2014, dont 134 par transport ferroviaire, soit très exactement 10 % du total.

 

Or, selon l’onglet « D2G » du tableau « Transports et développement durable », les transports ferroviaires SNCF ne consommèrent que 0,8 million de tonne équivalent-pétrole (tep) en 2013 ; auxquelles il faut ajouter les transports ferroviaires autres que SNCF (opérateurs de fret concurrents à la SNCF, RATP, réseaux de métro en région), soit 25 % en plus environ, ce qui donne un total de 1 million de tep, sur 50,76 millions pour l’ensemble des moyens de transports, soit moins de 2 % de l’énergie consommée pour 10 % du trafic.

 

Le même tableau, en son onglet D3.1, montre que les transports intérieurs ont émis en France, pour 2013, 126 millions de tonnes de CO2, dont seulement… 1 million de tonne pour les transports ferrés, soit de l’ordre de 0,8 %.

 

En France, le transport ferroviaire a donc effectué 10 % des trafics, consommé 2 % de l’énergie et émis 0,8 % du CO2 liés au transport pour l’année 2014.

 

 

Pour en savoir plus :

- Embuscade contre le train

- SNCF. La loi Macron va coûter cher aux régions

- Bricolage présidentiel à propos du climat

- Le train, grand oublié de la transition énergétique ?

Le car moins polluant que le train ? Le bilan carbone du train.
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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 08:18
Crédit Photo:  Photothèque Rouge / JMB

Crédit Photo: Photothèque Rouge / JMB

Sources :  Le NPA par Gérard FLORENSON délégué syndicale CGT FRANCEAGRIMER

Les agriculteurs sont dans la rue. Après des semaines de manifestations et de blocages à l’initiative des éleveurs, des centaines de tracteurs ont envahi la capitale à l’appel de la FNSEA et du CNJA. Au-delà de la gêne occasionnée, les réactions de la population sont diverses : de la sympathie pour les éleveurs qui ne s’en sortent plus alors que les consommateurs paient le prix fort, mais aussi de l’incompréhension face aux manifestations parfois violentes de la colère paysanne quand cette profession semble bénéficier de beaucoup d’aides publiques et se plaindre toujours.

 

La reprise en main de la mobilisation des éleveurs luttant pour des prix rémunérateurs par le syndicat majoritaire, porteur de revendications qui s’inscrivent dans une autre logique, vient brouiller les cartes ; débordée par la base, la direction de la FNSEA chevauche le mouvement pour le récupérer et l’instrumentaliser. Les grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution, cibles des premières manifestations, sont exonérés de leurs responsabilités : la colère devrait se tourner contre les « charges », la fiscalité, l’administration, les contrôles, les écologistes..

 

Au service de quels intérêts ? L’arrivée de Xavier Beulin, tenant de l’agriculture capitaliste et promoteur des agrocarburants, à la tête du syndicat, a mis fin à la fiction de la défense de tous les paysans ; ses prédécesseurs étaient choisis parmi les petits éleveurs, même si leurs multiples casquettes leur assurait un meilleur revenu que leur production. Les masques sont tombés, le mythe de l’unité paysanne également, au point que Xavier Beulin s’est vu obligé de se justifier dans une lettre aux agriculteurs, ce qui ne lui a pas valu un accueil plus enthousiaste dans la manifestation.

 

Pour autant la crise qui frappe la paysannerie est bien réelle et même si pour telle ou telle production les conditions climatiques ou l’embargo russe peuvent en aggraver les conséquences cette crise n’est pas conjoncturelle. Même si les céréaliers paraissent mieux lotis le marché mondial pourrait ne pas être éternellement porteur. L’agriculture française se reconvertit à un rythme accéléré, ce qui se traduit par des différentiations de plus en plus importantes et par un nombre croissants de laissés pour compte, d’agriculteurs en grande difficulté.

 

 

- Des mutations qui laissent à l’écart beaucoup d’agriculteurs.

Depuis quelques années se développe en France une agriculture capitaliste, avec un décalage par rapport à d’autres pays qui s’étaient engagés plus tôt dans cette voie. Une agriculture capitaliste, ça n’est pas seulement des paysans propriétaires exploités par les marchands d’intrants et de machinisme, par les banques et par la distribution. La tendance est au développement de grandes exploitations industrialisées et très productives (souvent au détriment de la qualité et toujours au préjudice de la santé et de l’environnement) avec des coûts de production plus faibles que la moyenne. Ces exploitations existent en élevage comme dans les grandes cultures. Présentées comme des exemples de compétitivité dans le cadre d’un politique agricole axée vers les exportations, elles récupèrent la plus grosse partie des aides européennes et nationales, ce qui ne les empêche pas d’exiger toujours davantage de subventions et d’exonérations au prétexte que, fortement insérées dans les marchés mondiaux, elles affrontent la concurrence des pays à faible coût de main d’oeuvre. Cette agriculture industrielle, gourmande en eau et en intrants, dégage pourtant suffisamment de revenus pour intéresser désormais des investisseurs qui n’ont pas grand-chose à voir avec le monde paysan. Le projet de la ferme des mille vaches s’inscrit dans cette logique de développement d’usines à lait, à œufs, à viande, produisant à bas prix en fonction des exigences des industriels et de la grande distribution.

 

En parallèle nous voyons renaître un tissu de petites exploitations, pas forcément en bio mais bénéficiant souvent de labels, privilégiant la vente directe, les marchés paysans, les circuits courts et les réseaux de commercialisation indépendants de la grande distribution. Ces exploitations, individuelles ou familiales, peuvent vivre grâce aux prix de vente plus élevés que leur permettent l’évitement d’intermédiaires trop puissants ainsi que le goût des consommateurs pour les produits de qualité. Leur existence est parfaitement tolérable par le système. Quand la demande se développe, l’industrie et la grande distribution s’y intéressent pour prélever leur part de bénéfice en proposant des débouchés aux producteurs. Quand elle reste marginale, elle est un alibi écologique, un supplément d’âme pour le capitalisme, sans compter que les nantis préfèrent bien se nourrir et réserver la malbouffe aux classes populaires. Cependant il s’agit souvent de marchés dits « de niche », représentant une faible part de la production de denrées alimentaires et il est illusoire de présenter ce modèle agricole comme une solution qui pourrait se généraliser dans le cadre du système. Les débouchés sont limités par le faible pouvoir d’achat d’une grande partie des consommateurs qui s’approvisionnent pour l’essentiel dans les grandes surfaces. Au-delà du pouvoir d’achat limité d’une population souvent contrainte de limiter son budget alimentaire pour faire face aux autres dépenses (logement et transports pèsent plus que l’alimentation) il est un autre obstacle au développement d’une agriculture locale de qualité : c’est la concentration des industries agroalimentaires et du commerce. Jadis chaque canton avait son moulin, son abattoir, son atelier de découpe, sa petite entreprise de transformation. Les uns ont disparu parce que moins rentables face à la concurrence des grandes minoteries ou des grands groupes, les autres ont été condamnés pour de prétendues raisons sanitaires, en fait faute d’investissements pour améliorer les installations. Chaque village avait sa boulangerie, sa boucherie, son épicerie : on sait la suite. Il ne s’agit pas d’idéaliser le passé : les petits paysans étaient pressurés par le négoce et la situation des salariés des entreprises artisanales n’avait rien d’enviable (elle ne l’est toujours pas). Une société débarrassée de l’exploitation capitaliste devra reconstruire sur d’autres bases, sous le contrôle des producteurs agricoles et industriels et de la population, les infrastructures locales indispensables pour un autre développement agricole. 

 

La majorité des exploitations n’appartient ni à l’une ni à l’autre de ces catégories. Petites ou moyennes, individuelles ou en société familiale, elles luttent pour survivre et dégagent de plus en plus souvent des revenus inférieurs au SMIC qui, contrairement au passé ou dominait la polyculture, ne sont plus compensés par une certaine autosuffisance. La force du système, bien appuyé en cela par la FNSEA, a été de convaincre ces agriculteurs qu’ils n’étaient pas des paysans travailleurs proches des salariés mais des chefs d’entreprise. Or non seulement ces agriculteurs se débattent dans un contexte de plus en plus concurrentiel, mais cette concurrence est loin d’être aussi libre et non faussée que le prétendent les libéraux. La situation la plus caricaturale est celle des éleveurs en intégration, devenus une main d’œuvre sans droits ni garanties. Mais bien d’autres sont totalement dépendants des grands groupes privés ou coopératifs, comme on vient de le voir avec Bigard et la Cooperl s’entendant comme larrons en foire pour boycotter le marché du porc breton et refuser d’appliquer les hausses de prix. Coincés entre les fournisseurs d’intrants et d’aliments qui imposent leurs prix de vente (souvent des prix mondialisés comme pour les céréales et le soja, ou liés aux cours du pétrole pour les engrais) et les grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution qui refusent d’augmenter leurs prix d’achat même de quelques centimes, ces agriculteurs sont littéralement étranglés. Ils le sont d’autant plus qu’ils ont suivi les conseils des pouvoirs publics : pour être compétitifs ils ont agrandi leur exploitation, ont investi et sont surendettés. Acculés, ils expriment d’abord leur rage, parfois sans discernement mais cette rage n’en est pas moins légitime : ils sont victimes d’un système qu’ils ne remettent que très confusément en question. Quand ils descendent dans la rue pour réclamer des prix qui couvrent les coûts d’exploitation et leur permettent de vivre, ils ne font que défendre leur droit à un emploi et à un salaire décent, un combat dont nous ne pouvons qu’être solidaires tout en mettant en avant les intérêts communs à celles et à ceux qui vivent de leur travail, que ce soit à la ferme, à l’usine ou dans un bureau.

 

 

- L’impasse productiviste et celle du nationalisme

La baisse des prix étant présentée comme inéluctable dans une économie mondialisée, il faudrait produire davantage pour s’en sortir, donc s’agrandir et augmenter les rendements ; et comme les marchés solvables ne sont pas illimités il faut être compétitifs pour les disputer à la concurrence étrangère. Moins de charges, moins de contraintes sanitaires et environnementales et la paysannerie française est sauvée ? C’est ce que prétend la FNSEA, mais aussi ce qu’avec quelques précautions de langage les gouvernements successifs ont mis en application. Sous couvert de simplification administrative les élevages peuvent ainsi s’agrandir sans enquête publique. Les agriculteurs qui suivent ce discours simpliste oublient deux choses : la première est que la surproduction provoquera une nouvelle baisse des prix, la seconde est que la course au gigantisme est d’abord une concurrence entre producteurs et que beaucoup resteront sur le carreau pour que d’autres puissent prospérer. C’est le résultat déjà prouvé du productivisme défendu par la FNSEA et par l’Etat, pourtant les deux s’obstinent à pousser les agriculteurs dans cette voie sans issue et à canaliser leur colère.

 

Quant au « produisons français » il sonne faux avec un modèle agricole tourné vers les exportations, comme si ces dernières n’avaient pas de contreparties. Brûler les camions espagnols où détruire des barquettes de viande allemande n’a aucun sens, sauf à renoncer à vendre à l’étranger des céréales et du vin. Le hochet de l’étiquetage « origine France » ne leurrera pas longtemps le monde agricole. En fait le combat pour imposer des prix rémunérateurs ne peut pas déboucher dans le cadre national puisque l’aval de la filière a toujours la ressource de se fournir à moindre coût dans un autre pays. On le voit dans la filière porcine où quelques centimes d’écart suffisent pour que les industriels délocalisent leurs approvisionnements. Seule une grève de la production menée à l’échelle européenne par des éleveurs refusant de se laisser mettre en concurrence, avec comme objectif un prix minimum garanti, pourrait les faire céder.  

 

Cette avancée n’épuiserait pas le sujet de la rémunération du travail agricole. Au-delà du prix à la production des mécanismes non marchands devront prendre en compte les écarts de rendements, la préservation des espaces ruraux et l’aménagement du territoire. L’accès au foncier, qui est une entrave à l’installation, doit être repensé de fond en comble. Vaste chantier programmatique qui doit être abordé avec la majorité des agriculteurs et non contre eux.

 

Pour en savoir plus :

- Décryptage du plan pour l’élevage : Trois milliards sans véritables solutions

- L’aveuglement de la FNSEA est responsable de la crise agricole

- La Confédération paysanne dénonce "le fossoyeur Beulin"

- Au cœur d’Avril-Sofiproteol et de la FNSEA : Xavier Beulin, l’homme aux mille bras

- La crise agricole émigre de Paris à Bruxelles

- Le plan de Xavier Beulin qui va faire disparaitre les petits paysans

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 08:24
Déclaration commune du Parti Communiste Français et de Gauche Unitaire sur le regroupement de la GU au sein du PCF

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées

 

Déclaration commune Parti Communiste Français et Gauche Unitaire (8 septembre 2015)

 

" Le Parti communiste français et Gauche unitaire s’inscrivent l’un et l’autre dans la continuité du combat séculaire des dominés et du mouvement ouvrier pour l’émancipation humaine, pour un monde de justice et d’égalité réelle, pour une société pleinement démocratique et fondée sur l’universalité des droits.

 

Nos deux organisations ont en commun de puiser au meilleur de la pensée humaine, de l’apport des Lumières, des idéaux mis en avant par la Révolution française, de l’action de Jaurès en faveur de la République sociale.

 

Elles se revendiquent, face à un capitalisme dont la cupidité n’a cessé de grandir, de l’apport irremplaçable de Marx, qui avait choisi le mot de communisme pour désigner le mouvement même d’abolition de l’ordre existant. Si l’histoire tourmentée du XX° siècle a profondément meurtri, et même dévoyé, cette belle promesse de « mise en commun » s’opposant à la concurrence de tous contre tous, il s’agit à présent de la réhabiliter afin de rouvrir enfin à l’humanité un horizon d’espérance.

 

Par-delà leurs histoires propres, leurs traditions politiques respectives, la manière dont ils ont pu appréhender le passé, le Parti communiste français et Gauche unitaire ont pu vérifier, à la chaleur du travail réalisé conjointement, qu’ils se retrouvaient dans une commune volonté de reconstruire une perspective crédible et ambitieuse de transformation sociale. Cela fait ainsi de nombreuses années que nos deux formations constatent leur convergence de vues. Elles portent une identique appréciation sur les menaces que font peser les politiques libérales sur l’avenir de la planète et sur la paix, sur les droits sociaux et conquêtes populaires, sur les politiques publiques garantes de la cohésion de notre société, sur les fondements mêmes de la République en France, sur les équilibres écologiques. Elles s’opposent de même aux orientations mises en œuvre par François Hollande et Manuel Valls qui, loin de rompre avec l’orthodoxie austéritaire et le pouvoir de la finance, s’efforcent de satisfaire les désidératas du grand patronat, tournant le dos à la majorité populaire qui avait rendu possible la victoire remportée sur Nicolas Sarkozy en 2012.

 

Elles mesurent également le risque que la situation de très grave crise sociale et politique que connaît notre pays ne profite à une droite dure et revancharde, avide d’en finir avec tout ce qu’il subsiste du programme du Conseil national de la Résistance. Elles s’inquiètent tout particulièrement de constater que le découragement et l’écœurement qui s’emparent de larges secteurs de la population font aujourd’hui le lit du Front national, de ses idées de haine et de son programme de discriminations. Elles réaffirment, dans cette situation de grands périls, la nécessité de faire grandir l’exigence d’une autre politique, pour rassembler de nouveau la gauche sur un nouveau projet social et démocratique et lui permettre de retrouver le chemin du peuple. Elles agissent dans ce cadre pour que le Front de gauche soit un instrument au service d’un tel rassemblement de la gauche sur la base d’un changement complet de cap, qu’il soit à même d’agir efficacement pour une nouvelle majorité de gauche et un gouvernement qui répondent aux attentes de nos concitoyens. Elles se retrouvent, s’agissant des prochaines élections régionales, autour de la nécessité de favoriser les rassemblements les plus larges, aux premiers et seconds tours, à partir de propositions audacieuses récusant la logique de l’austérité nationale, condition pour battre la droite et l’extrême droite, garder à gauche le plus grand nombre de Régions, aboutir à de nouveaux contrats majoritaires à la tête de celles-ci.

 

À partir de ces constats, au vu de l’ampleur des défis qu’il s’agit désormais de relever, et en fonction de l’appréciation portée sur ses six années d’action au sein du Front de gauche dont elle est l’une des trois composantes fondatrices, le III° Congrès de Gauche unitaire, fin juin 2015, a considéré que l’heure n’était plus à l’émiettement et à l’éparpillement des forces travaillant à ouvrir une nouvelle perspective pour la gauche. Elle a donc décidé de regrouper ses forces avec celles du Parti communiste français au sein de ce dernier. À la suite des discussions positives ayant eu lieu tout l’été avec la direction du PCF et des échanges, tout aussi positifs, entre militants des deux formations, cette décision a été définitivement ratifiée les 5 et 6 septembre par les délégués des sections de Gauche unitaire, réunis à Paris. Le regroupement sera effectif après qu’à son tour la réunion du conseil national du PCF qui se tiendra le jeudi 10 septembre en soit saisie. Pierre Laurent et Christian Picquet présenteront le même jour à la presse à 13h le sens de ce regroupement. À la fête de l’Humanité, l’aboutissement de ce processus sera présenté aux participants, à l’occasion d’une rencontre publique qui se tiendra sur le stand du conseil national du PCF, le samedi 12 septembre à 12h.

 

Dès la semaine qui suivra la fête de l’Humanité notre rassemblement sera alors totalement effectif au niveau des sections et fédérations concernées, ainsi qu’au Conseil national et au Comité exécutif national du PCF."

 

Parti communiste français

Gauche unitaire,

Paris, le 8 septembre 2015.

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 08:51
Régionales : le Parti de gauche espère s’allier dans cinq régions avec EELV

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées - L'Humanité - Politis mis à jour le 10 septembre 2015

Alors que la crise n’en finit pas de déchirer Europe Ecologie-Les Verts, le Parti de gauche espère tirer profit des prochaines clarifications au sein du parti écologiste pour se renforcer en vue des élections régionales. Eric Coquerel a estimé samedi que son parti pourrait s’allier avec EELV dans au moins cinq régions pour le scrutin de décembre, affirmant sentir « une appétence » de la part de la base militante du parti écologiste en pleine crise.

 

Les régions Rhône-Alpes-Auvergne, PACA, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Bourgogne Franche-Comté sont « les plus engagées » dans le processus, a précisé le coordinateur général du parti fondé par Jean-Luc Mélenchon lors d’un point-presse à l’université d’été du parti, à Toulouse. Des discussions pourraient par ailleurs reprendre en Bretagne, dans le Centre, les Pays-de-la-Loire et l’Ile-de-France, région à laquelle le parti « ne renonce pas », a-t-il déclaré.

 

Des binômes plutôt qu’un ralliement « On va vivre deux semaines absolument décisives, au cours desquelles il peut tout se passer », a estimé M. Coquerel, qui pense que la crise à EELV pourrait accélérer « dans un grand nombre de régions » le « choix stratégique » des écologistes. François de Rugy et Jean-Vincent Placé, qui ont tous deux claqué la porte de la formation écologiste cette semaine, s’étaient vivement opposés à la possibilité d’une alliance avec la gauche radicale pour les régionales., participant selon eux de la « dérive gauchiste » d’un parti devenu un « astre mort ».

 

Les leaders du PG sont cependant restés prudents, rappelant le refus de tout « ralliement » aux écologistes et leur préférence pour des « binômes » avec une tête de liste et un porte-parole de chaque parti.

 

 

- Les accords EELV-PG-PCF-Ensemble... avancent... lentement

  • En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, l’ensemble de ces forces se retrouvent autour d’une plate-forme qui vise à écrire le programme régional à partir de «  propositions citoyennes  », avant qu’une liste commune ne soit arrêtée en septembre. La rédaction d’un pré-projet fait cependant apparaître des difficultés.

L’évènement politique c’est la CHARTE ÉTHIQUE et

DÉMOCRATIQUE de Midi-Pyrenées-Languedoc-Roussillon..... voir ICI

 

  • En Provence Alpes Côte d’Azur, les Verts, Ensemble et le PG ont signé une déclaration commune début août et le PCF doit, lui, statuer lors d’une conférence régionale début septembre.

 

  • Dans le Nord, un texte, «  Tous unis contre l’austérité  », rassemble le Front de gauche et a été soumis aux écologistes, mais les discussions avec eux n’ont pas avancé depuis mi-juillet.

 

  • En Auvergne-Rhône-Alpes, le Parti de gauche (PG) et Ensemble, devraient sceller un accord avec EELV. Des difficultés sont apparues avec le PCF quant aux candidatures de la sénatrice Cécile Cukierman et du député André Chassaigne, désignés chefs de file par le PCF alors qu’EELV rechigne pour des raisons de cumul des mandats. «  Nous sommes tous deux conseillers régionaux sortants. Il ne s’agit pas d’une course au mandat mais d’un gage d’efficacité et du respect de la décision des communistes  », estime Cécile Cukierman qui reste ouverte à de nouveaux échanges et est déterminée à poursuivre son combat «  pour une région solidaire, rempart à l’austérité  » explique André Chassaigne.

 

Après la rupture des discussions avec les écologistes, les militants du Parti Communiste Français (PCF) de la future région Auvergne-Rhône-Alpes ont refusé le rassemblement anti-austéritaire à la gauche du PS et choisi la division en décidant que leur parti ferait liste à part au premier tour des régionales, selon les résultats d’un scrutin interne.

 

  • Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, l’accord entre le Front de Gauche et EELV paraissait près de la signature lorsque le quotidien Le Monde a publié un article sur le sujet ce 9 août 2015 (ci-dessous en italique). Cependant, la direction du PS et d’EELV pèsent contre ce processus et rien n’a avancé depuis.

 

C’est un petit poucet qui rêve de devenir un géant vert orné d’un bonnet rouge. Sandrine Rousseau, porte-parole nationale d’Europe-Ecologie Les Verts (EELV), refuse de voir la nouvelle région Nord - Pas-de-Calais - Picardie aux mains de Marine Le Pen (FN) ou Xavier Bertrand (LR), grands favoris de l’élection de décembre prochain. « Quand j’entends Xavier Bertrand dire “il faut mettre les gens au travail”, comme si c’étaient des fainéants, c’est scandaleux ! », lance-t-elle. La conseillère régionale écologiste a donc chaussé ses bottes pour battre la campagne autour d’une idée : faire une alliance avec le Front de gauche et constituer la seule alternative crédible dans une région qui pourrait basculer à l’extrême droite.

 

  • En région Ile de France, des contacts fréquents ont eu lieu pour avancer vers une liste commune et paraissent commencer à avancer en cette fin août 2015. EELV a désigné Emmanuelle Cosse comme tête de liste et le PCF Pierre Laurent. La région est dirigée par le PS depuis 17 ans. Le président sortant, Jean-Paul Huchon, a été évincé au profit de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale et ancien président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis.

 

 

En façade, l’unité semble quasi parfaite. « Nous devons proposer un rassemblement le plus large possible de l’opposition de gauche », lance Eric Coquerel pour le Parti de gauche (PG). « Nous allons faire une magnifique liste tous ensemble », renchérit Pierre Laurent pour le Parti communiste (PCF). Deux représentants d’EELV, Jérôme Gleizes et Francine Bavay, sont même venus en éclaireurs défendre leur idée d’un rassemblement le plus large possible à la gauche du PS.

 

Le Front de gauche tenait lundi 7 septembre à Paris une soirée de « travail » et de lancement de la campagne pour les régionales en Île-de-France. À trois mois du premier tour, aucun accord n’a encore permis de déboucher sur la constitution d’une liste. Le temps du « rassemblement citoyen » et de la construction du projet a, il est vrai, retardé les discussions entre partis.

 

Mais comme en région Auvergne Rhône-Alpes, l’application du non-cumul des mandats pose problème... revient également l’éternelle question des alliances avec le Parti socialiste.

 

  • En région Centre, les contacts actuels paraissent rendre possible un accord

 

  • En Bretagne, « l'ambition des communistes est d’avoir des listes Front de gauche qui rassemblent toutes les énergies citoyennes (…) et la gauche alternative et sociale a vocation à rencontrer la gauche écologiste. Ils sont en discussion avec EELV et nous devons nous revoir », a indiqué au Télégramme Xavier Compain, chef de file (PCF), avec Sylvie Larue (Ensemble).

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

- Élections régionales 2015 : Une lettre du Parti de Gauche

- Mélenchon : « Vers la moitié des 13 régions en alliances du Front de gauche, d’EELV et de mouvements citoyens »

 

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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 08:26
Parti de Gauche : " Avec la 6e République, reprenons vraiment le pouvoir ! "

Nous subissons depuis plus de 4 ans la politique d’un président élu pour en finir avec l’ère Sarkozy qui continue pourtant la même politique : restrictions budgétaires, destruction des services publics et de notre système de protection sociale, privatisations, casse des acquis sociaux, courbettes européennes, etc. Hollande est illégitime parce qu’il fait le contraire de ce pour quoi il a été élu.

Face à un pouvoir usé et discrédité, rien dans le système actuel de la 5e République ne nous permet d’inverser le cours des choses. Le peuple ne donne réellement son avis qu’une fois tous les 5 ans, le reste du temps, il n’est jamais écouté et est prié de subir les décisions dictées depuis le palais présidentiel… et en silence de préférence.

Pour que ça change, reprenons le pouvoir et vite, passons à la 6e République !

 

Sources :  le Parti de Gauche par Sylvie Aebischer et Boris Bilia

- 1) L’impasse démocratique de la 5e ou le vol de la souveraineté

Comment en sommes-nous arrivés là ? Toutes les institutions de la 5e République organisent la mise à distance du peuple. Le temps politique est concentré autour de l’élection présidentielle du « monarque présidentiel ». Doté de larges pouvoirs, irrévocable, le président de la République est la pièce centrale de cette démocratie d’apparat. Le parlement n’exerce aucun contre-pouvoir face au président et le gouvernement est l’exécutant de la volonté présidentielle. Les citoyens n’ont aucun droit de regard sur la politique menée entre les élections qui ne sont jamais que la consécration de la captation du pouvoir par les professionnels de la politique. Pas étonnant que l’abstention progresse d’élection en élection… et que les affaires à répétition manifestent l'épuisement de ce système !

 

Le droit à la liberté politique et économique

Mais la captation du pouvoir va plus loin : la France s’inscrit dans un système de relations internationales contraignantes qui restreignent gravement la souveraineté du peuple c’est-à-dire sa capacité à décider librement de son destin. L’union européenne a constitutionnalisé les politiques libérales de privatisation des services publics et l’euro. C’est même la Commission européenne qui valide aujourd’hui les projets de budgets des États membres ! Certains choix économiques tels que le protectionnisme solidaire ou les nationalisations sont impossibles dans ce cadre, c’est la définition même de la suppression de la liberté, un réel vol de souveraineté.

 

Dans son fonctionnement actuel, l’euro repose sur des politiques monétaires limitant l’intervention des États dans l’économie. Au niveau international, l’OMC, le FMI et les accords multilatéraux comme le GMT ou le Tisa jouent exactement le même rôle en imposant le carcan libéral et sa doctrine économique : quel que soit le choix du peuple, le gouvernement est censé mener toujours la politique du Medef. La sortie de ce cadre est possible si le peuple le décide !

 

Mais ce carcan des traités arrange bien l’oligarchie politico-économique en place afin de mettre en scène leur soumission consentie à ces politiques parce qu’ils en partagent les fondements. Quant aux médias, majoritairement sous intérêts privés, ils organisent la restriction du champ des possibles en mettant en scène un bipartisme reposant sur les mêmes évidences économiques… où le diable de confort du système qu’est Marine Le Pen joue parfaitement son rôle de garde-fou des aspirations démocratiques et progressistes du peuple français. Le vote utile est à la politique, ce que le «There is no Alternative» est à l’économie : une imposture pour protéger le système oligarchique.

 

• Une nouvelle hiérarchie des normes

Comment sortir de l’austérité alors qu’elle est encadrée par la Commission européenne et le traité de Lisbonne ? Il faut réhabiliter la souveraineté populaire par l’institution d’une nouvelle hiérarchie des normes en France. Il est urgent d’assurer à la fois la prééminence des droits économiques, sociaux et environnementaux sur les illégitimes traités européens libéraux. En outre, le recours obligatoire au référendum pour tout changement de la constitution ou adoption de traité international comprenant des transferts de souveraineté permettra de rester dans ce cadre démocratique et souverain.

 

La question que nous devons nous poser est bien qui doit décider ? Qui a le pouvoir ? Le Medef ou le peuple ? Quelques politiciens ou le grand nombre ? Quelques technocrates européens non élus ou les 99% ? Reprenons le pouvoir et pour ça c’est tout le système qu’il faut changer, en réécrivant les règles du jeu autour d’une 6e République réellement démocratique, sociale et écologique.

 

 

- 2) Un processus constituant pour l’implication citoyenne

• L’objectif de la mise en mouvement du peuple

La 6e République que nous prônons est d’abord une méthode : remettre le peuple en marche pour qu’il exerce réellement sa souveraineté. Seule une assemblée constituante pourra définir librement les règles de fonctionnement de la future constitution : le système nous opprime, il est temps de changer les règles du jeu !

 

Mais écrire une constitution n’est pas un débat d’experts, le texte proposé devra être l’aboutissement d’un processus populaire de masse. Et qui sera alimenté par débat public organisé parallèlement aux travaux de l’assemblée constituante avec la participation des citoyens, des organisations sociales et politiques au travers de toutes formes de rencontres publiques (forums, états-généraux, assemblées populaires, …). C’est seulement si le peuple s’approprie les enjeux de la constituante, si le processus constituant devient le fruit d’un vrai mouvement populaire que le débat ne sera pas confisqué par ceux qui veulent se passer du peuple.

 

• Des citoyens tous investis, des représentants désintéressés

Dans ce processus pour la 6e République, c’est le débat et la confrontation des projets qui permettront de garantir une constitution défendant réellement l’intérêt général. Le Parti de Gauche soutient plusieurs principes institutionnels afin de garantir que le peuple conservera bien le pouvoir.

 

Le peuple doit d’abord pouvoir exercer un contrôle de ses élus qui doivent lui rendre des comptes. C’est le principe du référendum révocatoire : tout représentant qui ne respecte pas les engagements pour lesquels il a été élu doit pouvoir être révoqué par le peuple. On peut imaginer que, comme dans certains États des Etats-Unis ou au Vénézuela, si à mi mandat une partie suffisante du corps électoral le demande un référendum révocatoire soit organisé. Ainsi le vote n’est plus une délégation totale, ni une remise de soi : le peuple garde le dernier mot.

 

Nous proposerons aussi des réflexions pour que le peuple soit régulièrement consulté sur les décisions importantes. Il doit aussi avoir un droit de de pétition et d’initiative législative. Mais l’implication citoyenne doit aller au-delà des élections, c’est à tous les échelons que l’on doit faire place au peuple : dans les entreprises, dans les services publics… La démocratie passe notamment par un statut du bénévole et du militant, sur la base du partage du temps de travail, qui favoriserait l’engagement politique et associatif des citoyens.

 

Il est urgent de mettre en place des mécanismes permettant d’arrêter la professionnalisation de la vie politique qui éloigne les élus des préoccupations du peuple et fait que leurs décisions politiques peuvent être plus guidées par leur carrière et non par l’intérêt général. Ainsi un statut de l’élu permettra les allers-retours entre le mandat politique et le monde du travail. Cela sera rendu d’autant plus indispensable que l’interdiction du cumul des mandats et notamment une limite des mandats dans le temps permettra une implication du plus grand nombre et une démocratisation des représentants politiques. Les rémunérations devront également être encadrées et transparentes et le contrôle des promesses de campagne sera favorisé.

 

 

- 3) Vers des droits nouveaux : garantir au peuple de garder le pouvoir

Pour que la démocratie soit effective, le peuple doit pouvoir exercer son pouvoir dans toutes les strates de la cité. Pour cela, les institutions doivent mettre en place des garde-fous face au pouvoir économique. C’est pour nous une condition essentielle pour que les citoyens puissent décider librement de leur avenir. Et c’est possible en inscrivant des droits nouveaux dans la constitution qui ne pourront pas être remis en cause.

• Une 6e République sociale

Permettre au peuple d’exercer réellement sa souveraineté implique de revoir l’ordre juridique qui fonde aujourd’hui la suprématie des intérêts privés sur les droits humains fondamentaux.

 

Les propositions économiques et sociales progressistes se heurtent aujourd’hui à l’ordre institutionnel actuel qui consacre le droit de propriété, mais aussi la liberté d’entreprendre et la liberté du commerce comme des normes supérieures. Or le peuple n’a jamais débattu de ces principes qui fondent tout l’ordre juridique : assumons le débat ! Nous proposons au contraire comme principe fondateur que l’intérêt général prime sur les intérêts particuliers et garantir à tous les membres d’une société les moyens d’exister. Ainsi nous reconnaîtrions le droit au logement et le droit au travail comme des droits supérieurs au droit de propriété. Le droit de propriété pourrait être redéfini comme un droit d'usage soumis au respect des droits fondamentaux d'autrui et de l'intérêt général.

 

Il s’agit aussi de repenser l’exercice du pouvoir dans les entreprises. Comment lutter contre le chômage et augmenter les salaires tant que les actionnaires sont tout-puissants dans les entreprises ? Les salariés seront aussi citoyens dans les entreprises : il est urgent de doter les comités d’entreprises d’un droit de veto sur les grandes orientations de l’entreprise, de créer un droit de préemption pour que les salariés puissent reprendre leur entreprise sous forme coopérative…

 

• Une 6e République écologique

Comment engager la transition énergétique sans libérer la politique des lobbys ? Parce que les enjeux climatiques ne peuvent être pris en compte dans une économie régie par une vision de court terme, nous proposons d’établir une « règle verte » qui fixera un cadre pour solder la « dette écologique ». Il s’agit de ne pas consommer plus de ressources que l’écosystème ne peut en reproduire sur une période équivalente, ni de rejeter plus de déchets qu’il ne peut en absorber. Une fois inscrite dans la constitution, cette règle permettra de s’opposer aux puissances financières qui saccagent notre environnement. Il faudra également soumettre les grandes questions comme l’avenir du nucléaire à la décision des citoyens !

 

Une nouvelle République du XXIe siècle pourra reconnaitre des biens publics comme universels telles que l’eau, l’énergie et toutes les ressources naturelles de manière générale. Ces biens communs seraient ainsi soustraits au marché pour permettre leur gestion collective sur le long terme. Il en va de même avec l’interdiction du brevetage du vivant afin de de soustraire la biodiversité des néfastes échanges marchands.

 

• Une 6e République pour de nouveaux droits personnels

Il n’y a pas de liberté collective sans garantie profonde des libertés individuelles. La 6e République pourrait être l’occasion de garantir de nouveaux droits individuels comme le droit à la fin de vie dans la dignité, le droit de disposer librement de son corps et le droit à une santé pérenne. L’extension de la loi laïque de 1905 à tout le territoire de la République sera également un cap logique dans l’émancipation collective et le respect de chacun.

 

Pour en savoir plus :

- mon dossier VIe République

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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 08:36
27, 28 août 1789 : naissance du clivage droite gauche

Cet article explique sur quelles bases se sont créées d’une part la droite ( défense de la Tradition et de l’ordre établi, exécutif fort, catholicisme d’Etat, racisme, préjugés contre la culture, refus des droits de l’Homme et du suffrage universel...), d’autre part la gauche ( démocratie, souveraineté populaire, droits de l’homme et du citoyen, égalité, fraternité, liberté, raison, citoyenneté, bien public, suffrage universel, droits sociaux)

 

Sources : Le Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Jacques Serieys

- Les 27, 28 août 1789 les députés à l’Assemblée constituante se répartissent pour la 1ère fois géographiquement dans leur salle de Versailles. Pour faciliter le décompte des voix :

  • les disciples d’un droit de veto absolu du Roi sur toute loi votée par les députés se rangent à droite.
  • les élus favorables à un système politique constitutionnel, donc sans droit de veto absolu du roi, se rangent à gauche de la salle

En fait, trois sujets sont à l’ordre du jour en cette fin août et expliquent l’apparition de ce clivage droite gauche :

  • droit de veto royal absolu,
  • maintien du catholicisme comme religion d’Etat du royaume.
  • droits de l’homme et du citoyen (votée le 26 août). Selon plusieurs historiens, la première séparation géographique entre Droite et Gauche dans l’Assemblée serait née le 26 août 1789 lors du débat sur la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen lorsque la place du culte avait été évoquée : les défenseurs du Roi et de la Religion se seraient positionnés d’emblée à Droite, les démocrates à Gauche.

A partir du 11 septembre, l’assemblée reprend le débat sur le droit de veto absolu du roi dont les partisans se rangent encore à droite.

 

 

- L’évolution des privilégiés et de leurs laquais d’avant 1789 se fait naturellement vers cette droite de 1789 :

  • même volonté de maintenir le roi comme autorité supérieure d’un chef non soumis aux aléas de la démocratie ;
  • même refus de considérer un individu du peuple comme un humain ayant des droits d’où refus des droits de l’homme. La déclaration des droits est votée par la Constituante le 26 août 1789 mais les cliques réactionnaires interviennent sans cesse auprès du roi pour qu’il ne la ratifie pas, d’où leur combat en cette fin août et septembre 1789 pour le droit de veto absolu du souverain. Louis XVI ne promulguera cette déclaration que le 3 novembre 1789 après l’émeute populaire des 5 et 6 octobre ;
  • même refus de considérer un individu du peuple comme un humain ayant des droits d’où refus du suffrage universel (décembre 1789) ;
  • même refus de la liberté d’opinion d’où la volonté de maintenir le catholicisme comme religion d’Etat ;
  • même volonté d’user de boucs émissaires mis hors de la communauté pour détourner contre eux et au profit du pouvoir en place les rancoeurs du peuple. L’utilisation de l’antisémitisme par un orateur influent de la droite de 1789 comme l’abbé Maury est flagrante en ce sens.

 

 

- L’évolution des progressistes d’avant 1789 se fait naturellement vers la gauche de 1789

Beaucoup de députés de cette gauche ont déjà lutté avant 1789 contre les injustices féodales. Département par département, tous les historiens ont noté ce passage progressif de témoin.

 

Parmi les députés de gauche, prenons le cas de Robespierre sur la question du veto royal : " Celui qui dit qu’un homme a le droit de s’opposer à la Loi, dit que la volonté d’un seul est au-dessus de la volonté de tous... il a créé un monstre inconcevable en morale et en politique, et ce monstre c’est le veto royal...qui substitue aux Lois éternelles de la justice et de la raison l’incertitude des conjonctures frivoles... Dés qu’une fois, on croira à l’égalité des hommes, au lien sacré de la fraternité, à la dignité de la nature humaine, alors on cessera de calomnier le Peuple dans l’Assemblée du Peuple... On n’appellera plus la liberté une licence dangereuse, le généreux dévouement des bons citoyens une folie... Aucune puissance ne peut s’élever au dessus de celle de la Nation".

 

 

- Une autre division droite gauche apparaît durant ces derniers mois de 1789, division qui se maintiendra :

  • la droite appelle "défense de l’ordre" la défense des intérêts des privilégiés ;
  • la gauche privilégie la recherche de solutions politiques pour donner un débouché institutionnel aux aspirations justes du mouvement social et ainsi permettre un progrès sociétal

En octobre 1789, le peuple meurt de faim et réclame du pain ; les proches du roi veulent faire voter une loi martiale et engager la troupe. Robespierre s’y oppose le 21 octobre : "Les ennemis du bien public réclament une loi martiale. C’est comme si l’on vous disait le peuple s’attroupe parce que le peuple meurt de faim, il faut l’égorger. Il y a d’autres mesures à prendre. Il est question de découvrir pourquoi le peuple meurt de faim, (qui participe) à cette conjuration formidable contre le salut de l’Etat ? Là, ce sont des évêques... ailleurs ce sont des accapareurs de grains.. ceux qui ont juré d’étouffer dans son berceau la liberté française".

 

Le lendemain 22 octobre, Robespierre lutte pour le suffrage universel mais est battu par une majorité préférant le suffrage censitaire. Par contre, en décembre, il est majoritaire pour le droit des comédiens, non catholiques et juifs à devenir citoyens, droit qui fait hurler la droite groupée autour de l’abbé Maury.

 

Ce rappel un peu long permet de comprendre les bases sur lesquelles se fonde d’une part la droite ( défense de la Tradition et de l’ordre établi, exécutif fort, catholicisme d’Etat, racisme, préjugés contre la culture, refus du suffrage universel...), d’autre part la gauche ( démocratie, souveraineté populaire, droits de l’homme et du citoyen, égalité, fraternité, liberté, raison, citoyenneté, bien public, suffrage universel, droits sociaux)

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 08:17
Suharto avec les président et vice-président US, Kennedy et Johnson. DR

Suharto avec les président et vice-président US, Kennedy et Johnson. DR

Le 50e anniversaire des massacres de masse en Indonésie vient rappeler que dès lors que leurs intérêts sont tant soit peu menacés, l’impérialisme et les classes dominantes à son service se révèlent sous leur vrai visage, tout sauf « démocratique »…

 

Sources :  le NPA n°67 par Christine Schneider le 18/08/2015

Vu de France, que connaît-on de ce pays ? Bali est la destination paradisiaque soumise à un tourisme forcené. Aceh, au nord de Sumatra, est la région la plus touchée par le tsunami de 2004, où la Charia a force de loi, et où s’échouent depuis le début de l’année les réfugiés du Bangladesh et de Thaïlande. Quant à la Papouasie, annexée en 1969, les journalistes y sont interdits de parole sur les exactions commises par les militaires et la police. Considérée d’un point de vue plus global, l’Indonésie est généralement présentée comme l’une de ces « économies émergentes » qui devrait nous redonner confiance dans l’avenir du capitalisme.

 

Plusieurs « anniversaires » ont lieu cette année : la Conférence des Non-alignés de Bandung en 1955, le coup d’Etat militaire de Suharto et les massacres des communistes indonésiens en 1965, l’annexion du Timor en 1975. On ne s’arrêtera ici qu’aux deux premiers évènements. Ils sont liés, car c’est bien la menace que l’Indonésie joue un rôle clé dans la mise en place d’un nouvel ordre mondial lors de la Conférence de 1955 qui a amené les Etats-Unis, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à soutenir activement, en 1965 et après, le coup d’Etat puis la dictature de Suharto. C’est ainsi que voilà 50 ans, suite au coup d’Etat, l’Indonésie subit l’un des plus sanglants massacres de l’histoire.

 

 

 

- Un passé au parfum d’épices

L’Indonésie est l’un des plus grands Etats archipélagiques avec les Philippines. Ce sont plus de 13 000 îles, au milieu de la « ceinture de feu », avec le risque permanent d’éruptions volcaniques de très grande ampleur. Aujourd’hui, ce sont plus de 250 millions d’habitants, concentrés sur quatre grandes îles soit 70 % du territoire : Java, la plus peuplée, Sumatra, Sulawesi et Kalimantan. C’est un pays que traversent trois fuseaux horaires, comme de Londres à Téhéran.

 

L’espace indonésien regroupe encore sur son territoire un très grand nombre de peuples, de cultures et de langues différentes. Au niveau de l’espace central (Java et Sumatra), il appartient à l’aire culturelle du monde malais. Nous ne raconterons pas ici l’histoire des Etats indianisés, le royaume de Shrivijaya centré sur Sumatra du 5e au 14e siècle, l’essor du royaume du Mojopahit au 14e siècle, les premiers Etats musulmans à Java au 15e siècle. Il faut surtout garder à l’esprit l’arrivée des Chinois et l’ancienneté des relations commerciales dans toute l’Asie du Sud-est bien avant cette époque, ainsi que l’introduction de l’Islam au travers des marchands, les premiers musulmans n’étant pas des Arabes mais des Indiens convertis à l’Islam d’Asie centrale ou du Yu-Han.

 

Les îles les moins connues aujourd’hui, mais qui ont attiré les européens dès le début du 16e siècle, sont celles de l’archipel des Moluques : les « îles aux épices ». Ces marchandises précieuses, utilisées en cuisine et en pharmacie, étaient soumises à de fortes taxes par leurs intermédiaires chinois, malais, ottomans… Deux routes les acheminaient vers l’Europe : l’une par la mer, l’autre terrestre, celle de la soie. Ce sont d’abord les Portugais qui montèrent des expéditions maritimes pour tenter de trouver la « route des Indes » et s’affranchir de ces taxes. Arrivés aux Moluques, ils parvinrent à des accords avec les princes locaux pour la production des épices. Les Anglais, puis les Hollandais les combattirent militairement et soumirent les sultanats locaux. Pour bâtir un monopôle et mieux contrôler toute la production, les Hollandais allèrent jusqu’à concentrer les plantations sur quelques îles en faisant arracher les arbres des plus grandes. A Banda, ils massacrèrent la population qui s’y opposait.

 

 

- La période coloniale

Muscade, girofle, poivre, cannelle, piments, vanille feront la fortune de la Compagnie des Indes orientales, implantée dès 1619 à Batavia (l’actuelle Jakarta), sur l’île de Java. A la fin du 18e siècle, l’Etat néerlandais assumait la responsabilité directe de l’exploitation. Les villages indonésiens étaient corvéables et sur les bonnes terres étaient aménagées des plantations de café, de canne à sucre, d’indigo.

 

A la fin du 19e siècle, après le creusement du Canal de Suez, les Indes orientales se rapprochèrent de la métropole, l’émigration de colons néerlandais s’intensifia. Les transformations de la révolution industrielle en Europe et dans le monde, la course aux matières premières influèrent sur les choix des cultures agricoles. Deux nouveaux produits furent cultivés : l’hévéa et l’huile de palme. Des mines d’étain furent exploitées. L’histoire de l’Indonésie est un exemple particulièrement cynique d’une métropole qui exploite méthodiquement sa colonie à son seul profit. Les Etats-Unis s’intéressèrent aux ressources en pétrole et au caoutchouc dès le début du 20e siècle.

 

Le contrôle de cet immense territoire fut cependant un processus de longue durée qui se fit par annexions successives. Au début du 19e siècle, une révolte éclata suite à la modification du mode de fermage. Les Hollandais tirèrent la leçon de cette rébellion d’un prince local, adossée à un mécontentement profond des paysans. Désormais, ils flattèrent la noblesse javanaise afin de garder le contrôle des populations par son intermédiaire.

 

 

- Vers l’indépendance

Au début du 20e siècle, un mouvement nationaliste divers se forma principalement autour de deux courants, le mouvement islamiste et le mouvement socialiste. Le premier grand parti nationaliste musulman, le Sarekat Islam,  était d’ailleurs lui-même inspiré au début par les idées socialistes, dont la figure de proue à sa création était Henk Sneevliet, futur cadre de l’Internationale communiste puis de l’Opposition de gauche animée par Trotsky.

 

A la fondation du Parti nationaliste indonésien (PNI), Soekarno utilisa le slogan « Nasakom » pour tenter d’établir l’unité du mouvement nationaliste indonésien : une harmonie entre nationalisme, religion (« Agama ») et communisme. Durant cette période, une nouvelle langue fut choisie, le « Bahasa », qui est aujourd’hui la langue enseignée dans toutes les écoles du pays, afin de renforcer l’idée d’une nation qui en tant que telle n’avait jamais existé avant l’époque coloniale du moins à cette échelle.

 

En 1941 commençait la guerre du Pacifique. En 1942, les Japonais débarquèrent. Ils furent accueillis tout d’abord en libérateurs, mais menèrent une politique brutale d’exactions et de pillage afin de mettre les ressources de l’Indonésie au service de leur effort de guerre. Les nationalistes indonésiens étaient partagés entre collaboration et résistance. Après avoir imaginé une annexion, les Japonais leur promirent l’indépendance à la fin de la guerre. Ils favorisèrent la mise en place d’un corps militaire, préfiguration de la future armée indonésienne, puis d’une organisation de masse rassemblant les musulmans.

 

A la fin de la guerre, malgré la volonté des Hollandais de récupérer leur colonie, l’indépendance fut finalement proclamée, mais elle fut suivie de quatre ans de lutte armée. Les Hollandais utilisèrent les aides du plan Marshall à la reconstruction des Pays-Bas pour faire débarquer des troupes en Indonésie. Le 27 décembre 1949, lorsqu’enfin les Hollandais acceptèrent l’indépendance, la situation économique était catastrophique.

 

 

- Soekarno, un dirigeant anti-impérialiste confronté à ses propres contradictions

Le président Soekarno est à la fois le fondateur de l’Indonésie moderne et celui du « Mouvement des pays non-alignés ». Derrière le mythe du dirigeant anti-impérialiste se trouvait un nationaliste populiste et autocrate.

 

En 1950, l’Indonésie était plongée dans le chaos et devait faire face à trois défis : construire une nation en faisant l’unité d’un pays soumis à de nombreux mouvement centrifuges ; s’entendre sur la place de l’islam alors que de nombreux mouvements militaient pour l’établissement de la Charia ; faire face à la question sociale et tout particulièrement au problème de la réforme agraire.

 

Pour faire l’unité de l’Indonésie et réaliser le slogan de la jeunesse indonésienne en 1928 (« Une patrie, une nation, une langue »), Soekarno réprima des mouvements de contestation de diverse nature. Dès 1948, il tenta d’écraser le mouvement communiste en s’appuyant sur l’armée. Puis il dut faire face à la rébellion du Darul Islam qui mena une lutte armée dans les années 1950 pour établir un Etat islamique. Il s’opposa au mouvement de sécession dans les Moluques, encouragé par les Hollandais. Il proclama la loi martiale en 1957 pour faire face à des rébellions militaires locales. Il annexa la Papouasie qui réclamait son indépendance.

 

Soekarno lança en 1959 le principe de la « démocratie dirigée » destinée à renforcer considérablement le pouvoir présidentiel, tout en s’appuyant sur le « Pancasila ». Devenu le fondement idéologique de l’Etat, le Pancasila est formé de cinq principes : unanimité et délibération, unité du pays, justice sociale pour tous, foi en une humanité juste et civilisée, croyance en l’existence d’un dieu unique. Cela veut dire un Etat non pas laïc mais multiconfessionnel sur la base de cinq religions : l’islam, le catholicisme, le protestantisme, l’hindouisme et le bouddhisme. L’islam était mis au même rang que les autres religions, l’idée nationale semblant primer sur le reste.

 

Dans ce contexte, Soekarno finit par trouver dans le Parti communiste indonésien (PKI) un allié de poids, qui a fait le choix de soutenir les aspects progressistes de sa politique après avoir renouvelé assez profondément sa direction et sa stratégie. Le PKI parlait de conquérir le pouvoir dans la légalité et faisait passer les intérêts nationaux avant les intérêts de classe. Formé en 1920 et issu du Parti socialiste, le PKI était l’un des plus importants partis communistes hors Union Soviétique. Il avait survécu à deux fortes répressions : l’une en 1927 par les autorités coloniales hollandaises, l’autre en 1948 par le nouveau gouvernement indonésien. En 1956, lors des dernières élections pluripartistes, il avait recueilli 16,7 % des voix, tandis que le parti nationaliste (PNI) de Soekarno en obtenait 25 %. En 1962, trois millions de membres du PKI étaient recensés, ainsi que de 10 à 20 millions de sympathisants dans les organisations de masse proches. Le pays avait alors 115 millions d’habitants.

 

 

- Après Bandung, la fuite en avant

En 1955, l’Indonésie s’affirmait à l’échelle internationale. Soekarno prit l’initiative de la Conférence afro-asiatique, qui symbolisa l’éveil du Tiers Monde. 25 pays d’Afrique et d’Asie furent réunis à Bandung – dont l’Inde de Nehru et la Chine de Mao et Zhou Enlai. C’était l’affirmation d’une troisième voie possible dans le contexte de la guerre froide. C’était aussi pour Soekarno une manière de faire oublier les difficultés internes.

 

Fin 1957, l’Indonésie entrait dans une crise économique importante due à la baisse des produits d’exportation vers le marché mondial, mais également à l’état chaotique d’une administration minée par la corruption. La roupie indonésienne s’effondrait. Les syndicats de gauche militaient pour qu’on saisisse les biens des Hollandais. Mais lorsque les entreprises furent nationalisées, l’armée en prit le contrôle et entendit en profiter sur le plan politique et économique. Dans les entreprises les nouveaux patrons, souvent militaires, s’opposèrent à la participation ouvrière. La mise en œuvre de l’économie dirigée se fit difficilement. En 1960, la réforme agraire qui prévoyait de limiter la taille des propriétés, une redistribution des terres et un partage des récoltes, se heurta également à des résistances. Au final, tout ceci ne fit que polariser davantage les tensions entre d’un côté le PKI et de l’autre les militaires.

 

En 1963, après un cessez le feu entre l’Indonésie et les Hollandais et plusieurs mois d’administration onusienne de la colonie hollandaise, l’ouest de la Nouvelle-Guinée (la Papouasie ou Irian Jaya) passa sous administration indonésienne, malgré la résistance indépendantiste. Toujours en 1963, la fédération de Malaisie fut proclamée par les Britanniques avec l’intégration des anciens territoires britanniques de l’île de Bornéo. Cela mit fin à l’ambition nationaliste de Soekarno qui voulait défendre l’idée d’une grande Indonésie dépassant les frontières coloniales. En réaction, l’Indonésie sortit de l’ONU et des institutions issues de Bretton Wood en 1965 et nationalisa toutes les entreprises étrangères.

 

Aux yeux des Américains, qui l’avaient pourtant soutenu face aux Hollandais en 1948-1949, Soekarno apparaissait de plus en plus incontrôlable, alors même que les Etats-Unis engagés dans le « bourbier vietnamien » avaient justement besoin d’alliés fiables dans la région.

 

 

- 1965, bien plus qu’un coup d’Etat militaire

Le 30 septembre 1965, l’assassinat de sept généraux était imputé aux communistes. Ce fut le point de départ et le prétexte pour justifier le coup d’Etat du général Suharto, qui se transforma assez rapidement en un véritable pogrom visant à l’extermination des communistes ou supposés tels.

 

L’assassinat des généraux fut revendiqué par un « Mouvement du 30 septembre » (GS30 ou Gerakan September Tiga Puluh), qui aurait voulu protéger Soekarno d’une tentative de coup d’Etat de généraux de droite complotant depuis plusieurs années. S’agissait-il à l’inverse d’un coup d’Etat raté, soutenu par les communistes, ou encore d’une mise en scène – mais manipulée par qui ? Toujours est-il qu’Aidit et Lukman, respectivement président et vice-président du PKI, étaient eux-mêmes à ce moment-là membres du gouvernement. Et que le PKI, après avoir soutenu le GS30, se rétracta et ne mobilisa pas ses sympathisants pour les soutenir. Par contre, le général Suharto profita d’une lutte interne au sein de l’armée pour s’emparer du pouvoir, tout en écrasant ce mouvement de rébellion, avant d’écarter Soekarno et se lancer dans une croisade contre le communisme.

 

Après la reprise en main de la capitale Jakarta, une propagande massive fut lancée. Renommé Gestapu, le GS30 fut présenté comme un complot soutenu par la Chine, avec un scénario de prise du pouvoir et l’installation d’une dictature prônant l’athéisme. Les militaires mobilisèrent la population au nom de la défense des traditions et de la religion, transformant ce combat en une lutte vitale pour la défense de son identité. Dans l’imagerie propagandiste, les généraux avaient été émasculés par des prostituées membres de Gerwani, l’organisation des femmes du PKI.

 

L’extermination du courant communiste fut progressive : interdiction du parti et de ses organisations sœurs ; puis, une semaine plus tard, des jeunes anti-communistes d’une association islamique (la Nhahdlatul Ulama, forte de plusieurs millions de membres) commencèrent à incendier les locaux du PKI avec leurs occupants. L’armée encouragea la population à l’aider, et des groupes d’extrême droite furent dépêchés pour tuer. A Bali, par exemple, des unités de l’armée disposaient de listes de personnes à exécuter.

 

Mais la répression fut infiniment plus large. Car très rapidement, on s’en prit à tous les partisans d’une réforme agraire et à tout opposant à la tradition des castes issues de l’hindouisme. A Sumatra, ce furent les travailleurs agricoles des plantations. Les Chinois, considérés comme riches et exploiteurs, figurèrent également parmi les victimes, principalement à Java. Toutes les organisations liées au PKI furent touchées : les femmes, les paysans, les syndicats, etc.

 

L’ampleur des massacres est estimée entre 500 000 et 1 million de morts. Au-delà d’un simple coup d’Etat, la classe dominante tenta d’éradiquer d’un coup l’ensemble des contradictions qui minaient le pays depuis l’indépendance.

 

 

- Le rôle des Etats Unis, de la Banque Mondiale et des puissances occidentales

L’Indonésie fit alors son retour au sein du « monde libre » dans un bain de sang. En 1966, l’ambassadeur US à Jakarta prenait la peine de rassurer Suharto : « les Etats-Unis voient plutôt d’un bon œil et admirent ce que l’armée est en train de faire ». Il est reconnu que la CIA avait donné une liste de 5000 personnes à liquider, et que cela est devenu un modèle notamment pour le coup d’Etat militaire au Chili.

 

L’Indonésie rejoignit le FMI en 1967 et obtint une annulation de la dette contractée par Soekarno, ainsi qu’une aide supplémentaire pour résorber la crise du pays, tout en fermant l’œil sur la corruption. Les décennies suivantes virent l’économie se développer à travers une mise en coupe réglée des richesses naturelle du pays. La BBC parle d’un « régime autoritaire qui a autorisé les technocrates à gérer le pays avec succès ». L’Indonésie de Suharto, comme le Chili de Pinochet avec l’« Ecole de Chicago », devint un terrain d’expérimentation des politiques néolibérales.

 

La double fonction de l’armée perdurait : défense contre l’ennemi intérieur, mais également acteur économique. La corruption était érigée en système. Le centre, c’est-à-dire Java, récupérait les revenus de la périphérie avant d’en redistribuer une fraction selon un système de népotisme qui a fait de la famille Suharto la plus riche du pays. Un programme de transmigration, c’est-à-dire le déplacement volontaire ou forcé de paysans javanais vers d’autres îles, constitua le moyen de contourner la réforme agraire mais fut source de conflits avec les populations locales, comme en Papouasie.

 

 

- L’histoire revisitée sous la dictature et les traces aujourd’hui

Chaque année au 1er octobre, tous les écoliers doivent regarder un film sur le G30S qui justifie l’action de Suharto, la mise à l’écart de Soekarno et la répression du Parti communisme. Mais c’est en fait toute l’histoire qui a été revisitée pendant la dictature au profit d’un « ordre nouveau » censé marquer une nouvelle naissance pour l’Indonésie.

 

Les cartes d’identité des rescapés des camps de travail et d’internement portaient l’inscription « ET » pour ex-tapol (ancien prisonnier politique). Ils étaient astreints à résidence et frappés d’interdits professionnels, leurs familles placées sous contrôle collectif. Les familles des communistes ou supposés tels ont été discriminées. Aujourd’hui, se dire communiste reste tabou et passible d’emprisonnement. On présente souvent l’Indonésie comme un pays musulman modéré, et de fait il existe plusieurs traditions en son sein. Mais il est toujours impossible de se dire athée ou même agnostique, d’autant que la question a aussi un enjeu politique.

 

Le travail de la Commission sur les droits de l’Homme et de « réconciliation et vérité » est bloqué depuis 2012 sur la reconnaissance des massacres de 1965, mais également sur les plus de 1200 morts, 90 blessés et 30 disparus des émeutes de 1998 qui ont mis fin à la dictature de Suharto dans le contexte de la crise asiatique.

 

Les blocages ne viennent pas que des militaires, qui occupent toujours une place déterminante dans la vie du pays. Ce n’est pas non plus uniquement le résultat d’un « lavage de cerveau » après des dizaines d’années d’une dictature qui avait une dimension totalitaire. C’est aussi un phénomène profondément ancré dans la société parce que des millions de gens ont participé aux massacres collectifs de 1965-1966 et que la peur d’une vengeance a été transmise aux générations suivantes. Prendre en compte l’ampleur de ce qui a été en réalité l’amorce d’un génocide permet de comprendre la difficulté aujourd’hui à briser le silence sur cette histoire.

 

Pour en savoir plus :

  • Livres

- « Le Parti communiste indonésien », Françoise Cayrac-Blanchard, Fondation nationale des sciences politiques, A. Colin, 1973.

- « Dissidence : Pramoedya Ananta Toer, itinéraire d’un écrivain révolutionnaire indonésien », Anton Aropp, Ed. Kailash, 2004.

- « Mitt Romney, la diplomatie à la pointe du fusil », Johann Hari, Le Monde Diplomatique, octobre 2012.

- « La Banque mondiale et le FMI en Indonésie : une intervention emblématique », Eric Toussaint, CADTM , 2 novembre 2014.

  • Films

- « The Act of Killing », 2012 et « Look of Silence », 2014, Joshua Oppenheimer. 

 

Mais aussi :

- Indonésie : colonisation, Soekarno, génocide de 1965

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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 08:05
Martine Billard secrétaire nationale du Parti de Gauche : Pourquoi la décroissance est incontournable !

De plus en plus d’intellectuels, de militants ou de simples citoyens sont persuadés que le modèle de croissance de ces 6o dernières années n’est plus souhaitable, ni possible. La remise en cause du concept même de PIB (Produit intérieur brut) est largement présente dans le débat public. Malgré cela, le pourcentage d’augmentation de la production continue a être l’alpha et l’oméga de la vie en société. Couplé à l’hégémonie de l’idéologie de la « compétitivité » et au fétichisme de la marchandise, la vision productiviste de l’économie reste dominante. Le mot décroissance pose de bonnes questions mais il suscite aussi incompréhension, réticence et peur. Pourtant une croissance infinie sur une planète aux ressources non renouvelables est impossible. Les périls qui pèsent sur la biosphère ont atteint un seuil qui oblige à des ruptures majeures.

C’est la raison du projet écosocialiste, tandis que perdure ailleurs l’illusion dépassée de réponses sans remise en cause des rapports sociaux ni du fonctionnement de l’économie de marché.

Vous trouverez ci-après ma réflexion personnelle sur le sujet

 

Source : le blog de Martine Billard Secrétaire nationale du parti de Gauche

- A) La croissance en berne

Malgré les innombrables déclarations faisant de la croissance un totem, celle-ci est de longue date en baisse pour les pays industrialisés. En France, on est passé de 4,9 % d’augmentation annuelle moyenne pour la période 1950-1973 à 1,18 entre 2002 et 2012. Cette quasi-stagnation a des racines profondes, bien au delà des effets conjoncturels dûs aux crises successives :

  • Le temps de l’énergie bon marché et du gaspillage massif des ressources naturelles est résolument derrière nous entraînant globalement une tendance à une moindre efficacité du système économique.
  • Le consumérisme des pays riches a atteint ses limites. Les produits phares des 30 glorieuses (automobile, électroménager, ameublement) sont désormais entrés dans une phase de saturation des besoins et de simples renouvellements. La demande se déplace vers des services à faible productivité ou liés à l’évolution des modes de vie (à interroger d’ailleurs).
  • Les cycles de croissance ont toujours été liés à des innovations majeures entraînant des gains considérables de productivité. Or comme le PIB, la productivité connaît elle aussi une tendance à la stagnation : 5% de gain annuel pendant les 30 glorieuses, 1% aujourd’hui. Notre société se caractérise par une panne des innovations susceptibles de relancer la machine de la production. Les fameuses « nouvelles technologie de l’information et de la communication » vantées jour et nuit par les médias ont un impact bien moindre que les découvertes du passé. Elles ne se traduisent pas pour le moment par la mise en place d’un régime d’accumulation durable et efficace.

 

 

- B) Une situation écologique insoutenable

Les périls qui pèsent sur l’écosystème ont désormais atteint un seuil qui oblige à des ruptures majeures.

  • Le réchauffement climatique

L’émission massive de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle a entraîné une hausse de 0.85 degré depuis 1880 et pourrait aboutir à une augmentation de 4.8 degré à l’horizon 2100 dans le scénario le plus pessimiste envisagé par le 5° rapport du GIEC publié en novembre 2014. Si cette évolution devait se poursuivre, les conséquences en seraient dramatiques : multiplication des accidents climatiques (tempêtes, inondations...) risque accru d’incendies, menaces sur la bio-diversité, déplacement des maladies tropicales, mouvement massif de population, baisse de rendement des cultures, montée des eaux due à la fonte des pôles et des glaciers (98 cm prévu et jusqu’à 7 M en cas de fonte des glaces du Groenland !) , risque de submersion des zones de delta, acidification des océans et disparition des coraux, modification des courants océaniques. Pour éviter cette catastrophe, il faut réduire d’au moins 70% les émissions pour limiter à 2 degré la hausse moyenne des températures. Un tel effort est impossible sans changement radical.

 

  • La 6° extinction des espèces

En matière de bio-diversité, 17 000 espèces sont dès maintenant en danger dont : 1 oiseau sur 8, 1 conifère sur 4, 1 amphibien sur 3 et 1 mammifère sur 4. De même 70% des plantes et 37% des poissons d’eau douce sont concernés. Cette perte est due à la destruction des milieux naturels (forêts, prairie, zones humides) mais aussi à l’agriculture intensive et à l’usage des pesticides et insecticides. Qu’il s’agisse d’alimentation, de pollinisation animale, d’appauvrissement génétique des plantes, de vulnérabilité des récoltes ou de l’importance de la pharmacopée, la bio-diversité est inéluctablement liée au destin de l’humanité. L’affaiblir, c’est rendre plus difficile la vie humaine.

 

  • La menace chimique

Qu’il s’agisse de l’air, de l’eau ou des sols, la pollution induite par les dizaines de milliers de molécules chimiques en circulation est maintenant incontestable : l’atmosphère remplie de particules fines et de multiples gaz irritants entraînerait la perte de 8 mois à 2 ans de vie en moyenne en Europe. La circulation massive des pesticides (présents dans 96% des eaux de surface), des perturbateurs endocriniens du type bisphénol ou PCB comme de dizaines de substances toxiques contenues dans nombres d’objet de la vie courante (tissus, meubles, produits ménagers, électroniques) seraient responsables d’une progression considérable de certaines pathologies comme le cancer, les malformations génitales, le diabète ou les AVC aboutissant à un surcoût de 13 à 20% des dépenses de santé et à une diminution de l’espérance de vie sans incapacité majeure !

 

Une étude récente montre l’impact de ces pollutions sur les femmes enceintes et les jeunes enfants amenant une érosion des facultés cognitives et l’augmentation quasi-exponentielle de certains troubles comme l’autisme. Les sols sont fortement dégradés par l’agriculture intensive, le tassement dû aux engins lourds, l’érosion, les déchets, l’imperméabilisation lié à l’urbanisme qui se traduisent par une baisse des rendements dans certaine zones ou une perturbation de la circulation d’eau potable. Outre l’acidification constatée des océans, ce sont pas moins de 269000 tonnes de plastique en suspension qui pollueraient les mers avec des conséquences majeures sur le milieu.

 

  • L’épuisement des ressources naturelles

Les prélèvements sur les ressources renouvelables ou non concernent d’abord l’eau potable dont les quantités disponibles par habitant sont en constante régression, puis les minerais exploitables dont les gisements ne sont pas infinis. Au rythme de consommation actuelle, l’étain,le plomb et le cuivre en particulier devraient connaître un épuisement des stocks d’ici 30 ans. L’extraction des minerais consomme de plus en plus d’énergie. L’exploitation des « terres rares », indispensables à de nombreuses activités de haute technologie, largement concentrée aujourd’hui en Chine (40% des ressources estimées) provoque des dégâts environnementaux significatifs. Leur fin est aussi programmée aux alentours des années 2020. Le pétrole et le gaz dopés par les huiles et gaz de schiste ont vu leur extraction fortement augmentée au prix d’une catastrophe environnementale. L’utilisation de la totalité des réserves en énergies fossiles, dont le charbon signifierait un réchauffement de 4 degré à la fin du siècle. En outre, même si le rythme se ralentit (5,2 millions d’Ha entre 2000 et 2010 contre 8,3 entre 90 et 2000), la déforestation reste extrêmement préoccupante particulièrement en Amazonie,Afrique Équatoriale et Malaisie/Indonésie.

 

 

- C) Les fausses solutions

Le rêve de « tout changer pour ne rien changer », c’est à dire trouver des réponses sans remettre en cause ni les rapports sociaux, ni le fonctionnement de l’économie de marché, amènent à de fausses solutions.

 

  • Les gestes individuels

90 sociétés sont responsables de 63% des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1751 ! La modification des comportements individuels (tri sélectif, recyclage, économie de l’usage de l’eau, de l’électricité, remplacement des hamburgers par des salades bio, lutte contre le gaspillage alimentaire) ne peut donc être la seule solution.

 

  • Le marché

L’orientation des choix économiques par des éco-taxes ou des marchés de droits à polluer n’a jamais démontré son efficacité et se heurte en profondeur à la logique de la concurrence et du profit.. Le mécanisme européen de marché d’émission du CO2 est un échec patent. Le prix de la tonne est passé de 25 euros en 2008 à 5 euros en 2014 alors qu’il faudrait un coût d’environ 70 € la tonne pour peut-être inciter à la réduction des émissions. Il en est de même pour le programme REDD de lutte contre la déforestation qui ne fait que développer des effets pervers pour les pays du Sud.

 

L’espoir d’une « croissance verte » est une vision à court terme qui ne remet en cause ni notre mode de développement ni les conditions de vie et de travail de la majorité de la population. Il ne règle en rien la question du type d’énergie et des réserves de métaux. L’idée d’un « capitalisme vert » est une impasse. Elle consiste à « imposer au capitalisme des règles qui lui sont totalement étrangères ». (M. Husson)

 

  • Le nucléaire

Avec la lutte contre le réchauffement climatique, les défenseurs du nucléaire se sentent ragaillardis. Le nucléaire n'émettrait pas de gaz à effet de serre et donc serait LA solution. Cette approche fait l'impasse déjà sur deux réalités. La construction des centrales nucléaires entraîne la production de gaz à effets de serre. Ensuite le nucléaire ne répond pas à la question globale de l'énergie mais uniquement à la demande en électricité. Cela ne règle donc en rien la question des carburants. Quant à la question du chauffage domestique, ce problème peut être réglé bien plus simplement par l'isolation des bâtiments et du chauffage d'appoint à base d'énergie renouvelable (selon les ressources du lieu : géothermie, bois, biomasse ...).

 

De plus le nucléaire, contrairement à ce qui est toujours faussement affirmé, ne règle pas la question de l'indépendance énergétique puisque l'uranium n'existe que dans un nombre réduit de pays. Enfin l'argument central pour refuser le nucléaire est tout simplement son danger entre la gravité des accidents (Tchernobyl et Fukushima sont pourtant là pour nous le rappeler) et le problème de la durée de vie et du stockage des déchets radioactifs.

 

  • La techno-science

La plupart des solutions proposées pour sortir de la crise écologique reposent sur une croyance aveugle dans les capacités scientifiques et technologiques. Pour limiter le réchauffement à 2°C, il faut une réduction de 70 à 85% des émissions de CO2 donc une diminution de l’intensité CO2 (rapport entre émission et point de CO2) 3 fois plus rapide que celle constatée depuis 40 ans. Rien en l’état actuel des techniques ne permet d’imaginer produire plus en émettant moins. Sauf à rentrer dans des scénarios dignes de la science-fiction, il faut donc envisager une diminution annuelle du PIB mondial d’environ 3% par an jusqu’en 2050, à moduler bien sûr en fonction du niveau de richesse et de pollution accumulé... Les fanatiques de la techno-science proposent de faire baisser la température par « géo-ingéniérie » : ensemencement en fer des océans, pulvérisation d’aérosols soufrés dans l’atmosphère, capture et stockage du CO2, filtre des rayons solaires... Ces illusions technologiques, le plus souvent impraticables, produiraient des effets extrêmement négatifs (modification du régime des moussons, aggravation de l’acidification des océans). Bref, les nouveaux apprentis sorciers du climat sont prêts à tout pour continuer à polluer tout en gagnant de l’argent !

 

 

- D) Qu’en est-il des arguments contre la décroissance ?

Évacuons immédiatement une première approche qui récuserait la décroissance au motif que comme la croissance elle utiliserait les mêmes mesures mettant la production au coeur de l’analyse économique. Il s’agirait alors de privilégier de « nouveaux indicateurs » plus qualitatifs, aussi nombreux que complexes. Cette approche qui est loin d’être absurde, a toutefois l’inconvénient de ne pas s’affronter directement à l’activité économique telle qu’elle existe dans l’immédiat.

 

Cela nous amène à traiter d’une autre façon très répandue d’escamoter la croissance comme projet global. Elle consiste à expliquer que dans l’avenir certains secteurs doivent diminuer et d’autres augmenter sans que la question du solde soit jamais clairement posée. Cette présentation ne prend évidemment pas en compte la nécessité de la diminution nette de la production telle que nous l’avons examiné plus haut.

 

  • Austérité choisie contre austérité subie ?

Prôner la décroissance reviendrait à proposer de passer d'une austérité subie à une austérité choisie. Ce tour de passe-passe vise de fait à faire accepter l'austérité. La remise en cause en profondeur du système économique est escamotée au profit d'une question de curseur et de choix démocratique. C'est une vision individualiste où il suffirait de choisir ce qu'on est prêt à accepter comme réduction de consommation sans remettre en cause les choix de production. Une politique d'austérité a pour objectif de réduire la consommation en baissant considérablement les dépenses publiques. L'accès à des services comme l'éducation, la santé, les transports ... devient donc dépendant de la capacité de chaque usager à remplacer les services publics précédemment disponibles par des services privatisés bien plus coûteux que seules les catégories les plus fortunées peuvent se payer.

 

La baisse de consommation n'est donc pas une austérité choisie mais une austérité imposée à ceux qui n'ont pas les moyens. Cela peut très bien s'accompagner d'une baisse des dépenses socialement utiles et d'une augmentation des dépenses inutiles. De même que le capitalisme vante la politique des gestes individuels du type éteindre l'électricité en sortant de la pièce ou fermer le robinet d'eau pour surtout ne pas remettre en cause le système capitaliste, l'austérité choisie vise surtout à ne pas poser la question de la répartition des richesses et du mode de production.

 

  • Décroissance et pouvoir d’achat

A gauche, la décroissance est souvent assimilée à tort à l’austérité et à la baisse du pouvoir d’achat des classes populaires. Il y a là en effet un débat important avec une vision réductrice du progressisme : celle du « toujours plus ». A la notion de pouvoir d’achat, nous opposons celle du « pouvoir de vivre ». Est-ce un progrès de toujours dépenser plus pour les déplacements domicile/travail, pour plus de consommations médicales afin de réparer les dégâts de modes de vie pathogènes, pour plus de vêtements à la mode, de gadgets à durée limitée, de nourriture jetée à la poubelle ? Toutes ces dépenses augmentent le PIB mais pas le bien vivre. Au delà d’un certain seuil, atteint pour une part importante de la population des pays riches, il n’y a plus de rapport mécanique entre sentiment de bonheur et enrichissement matériel. La décroissance signifiera un accroissement du « bien vivre » pour la majorité de la population, tandis que les possesseurs de yacht et les usagers des palaces auront du souci à se faire.

 

  • Décroissance et chômage

La décroissance serait synonyme de chômage de masse. L’emploi est la résultante de 3 composantes majeures : l’évolution de la population active, le rapport consommation/productivité et le temps de travail. Il faut revenir sur l’intensification du travail, créer de l’emploi sans avoir peur de faire baisser la productivité ou en la mettant au service de la réduction du temps de travail. En effet, le temps de travail a connu une baisse spectaculaire interrompue seulement par les politiques libérales de ces 30 dernières années. Ce blocage de la diminution du temps de travail est d’ailleurs une des origines de la montée actuelle du chômage avec une division entre ceux qui travaillent trop et ceux qui sont dépourvus d’emploi. Il faut reprendre et accélérer la tendance à la réduction en commençant pas un passage immédiat aux 32 heures. Si la transition écologique supprimera des emplois, les plus nocifs, dans la finance, la publicité ou les services, elle créera aussi de nouveaux emplois dans les énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments, la réparation. De même, l’agriculture paysanne crée plus d’emplois que l’agriculture industrielle. Dans les services où la machine a remplacé le contact humain (Postes, Banques, Chemins de fer ...), où le « taper 1, taper2, taper ... » revient à exclure de nombreuses personnes de leur accès, des emplois peuvent être recréés.

 

  • Décroissance et pays pauvres

Enfin la décroissance empêcherait les pays pauvres d’accéder au même niveau de vie que les nations les plus riches. C’est l’inverse : consommer mieux et plus sobrement dans nos pays permettra un meilleur partage, la possibilité d’un développement endogène et la fin des pillages. Il s’agit de reconnaître au paysan bengali ou africain le droit de vivre en satisfaisant ses besoins essentiels, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Ce sont les pays du Nord, ceux dont l’empreinte écologique est insoutenable, qui sont visés. Mais les pays émergents ne sont pas obligés de faire les mêmes erreurs que celles commises par l’industrialisation à outrance. Le cas de la Chine est le plus frappant. Les niveaux de pollution et d’émission de CO2 engendrés par une croissance déséquilibrée ne sont pas tenables dans l’intérêt même d’une population qui en subit les effets les plus nocifs. Les pays émergents doivent aujourd’hui intégrer la notion de limite de la planète dans leurs choix de développement et refuser le modèle du tout extrativiste au bénéfice du nord ainsi que celui de l’agriculture industrielle exportatrice et de l’agroforesterie destructrice des forêts primaires et provoquant l’épuisement des sols.

 

 

- E) Ecosocialisme et décroissance

  • Le Bien Vivre

La décroissance est un projet de rupture radicale avec le modèle social consumériste et marchand. Face au fétichisme de l’accumulation d’objets comme outil de réalisation de soi et de rapport aux autres, l’écosocialisme promeut une autre logique, centrée sur le « bien vivre » : « moins de biens, plus de liens ». La décroissance introduit avec force la notion de limites à l’opposé de la démesure qui gouverne les sociétés contemporaines : désirs illimités, affirmation de la toute puissance de l’individu et croyance irraisonnée dans les vertus de la science et de la technologie. La pensée progressiste a longtemps imaginé que toute avancée scientifique était par définition émancipatrice si elle se déployait dans un cadre public. Cette idée est désormais caduque. La question n’est plus de savoir si une technique est possible mais si elle répond à des besoins réels. Au-delà, le risque est grand de tomber dans une dépendance qui institue une nouvelle forme d’asservissement de l’homme à la techno-science. Des avancées médicales oui, des robots pour s’occuper des personnes âgées, non !

 

L’autre vision novatrice concerne le rapport au temps. L’accélération permanente, le « toujours plus vite » conduit au burn-out. Il faut réhabiliter la lenteur, rejeter l’injonction d’immédiateté et la dictature du « temps réel », négation de la démocratie. Prendre le temps de méditer, lire, dormir, flâner, mais aussi décider collectivement.

 

  • Pour une démondialisation solidaire

Une écologie radicale est impossible sans rompre avec la mondialisation libérale. Il ne s’agit pas seulement d’en finir avec la « spéculation financière » repartie de plus belle depuis la crise de 2008. C’est l’ensemble des échanges internationaux qu’il faut rééxaminer. Une part considérable de ceux-ci est constituée de commerce intra-firmes (entre filiales d’une même multinationale) et intra-branches (on vend et on achète des produits similaires entre différents pays). Cette circulation effrénée de services et de marchandises génère le dumping social, des pollutions insupportables et est incompatible avec les impératifs écologiques. La multiplication des transports génère des pollutions devenus insupportables.

 

Il faut relocaliser les productions en n’échangeant entre pays que l’indispensable. De même que nous prônons la souveraineté alimentaire, il faut se diriger vers la souveraineté industrielle. Ce processus de démondialisation est solidaire car il doit se penser non pas dans une logique de marché (diminution des coûts), ni de guerre commerciale entre tous, mais par la coopération des peuples fondée sur la satisfaction des besoins sociaux. Bien loin d’un « repli sur soi », il nécessite la mise en place d’un protectionnisme solidaire.

 

  • Empreinte écologique et dette écologique

L’empreinte écologique mondiale a dépassé la capacité biologique de la Terre à produire ce dont nous avons besoin et à absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980. Si tous les habitants de la planète consommaient autant que les Français, il faudrait disposer de 2,5 planètes. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait disposer de 5 planètes. Nous sommes donc maintenant en surconsommation, ce qui signifie que nous puisons dans nos réserves en surexploitant la nature (l’exemple le plus criant est celui des ressources en poisson). Voilà pourquoi une décroissance globale est indispensable. Pour que cela ne se fasse pas au bénéfice des pays riches ou des oligarchies de tout pays, il est impossible de laisser faire le marché et la concurrence libre et non faussée. D’où les propositions du Parti de Gauche d’inscrire la règle verte dans la constitution d’une 6e république et de mettre en œuvre une planification écologique. C’est tout le défi de l’écosocialisme.

 

  • Planification écologique

Il n’y a donc pas d’autre solution qu’une décroissance des ponctions sur la nature à l’échelle de la planète. Si on ne veut pas que cela s’effectue sauvagement et donc au bénéfice des pays riches et des oligarchies quelque soit leur pays d’origine, il faut surtout ne pas laisser faire le marché et la concurrence libre et non faussée. Il faut donc l’organiser et l’outil pour cela est la planification écologique avec deux principes de base :

 

- la règle verte : La règle verte consiste à inscrire dans la constitution le fait de ne pas prélever plus de ressources et de ne pas produire plus de déchets que ce que notre pays peut supporter. Le calcul se base sur l’utilisation de la notion d’empreinte écologique afin de réduire l’utilisation de ressources non renouvelables et de limiter les ressources renouvelables à ce que l’écosystème a le temps de renouveler. Les choix économiques, agricoles, énergétiques, d’aménagement du territoire et de transports doivent être planifiés afin de respecter cette règle verte et de réorienter production, échange et consommation selon leur utilité sociale et écologique. Cela nécessite une action qui soit à la fois coordonnée, volontariste et inscrite dans le long terme, tout en engageant des moyens immédiats pour les premières ruptures. Cela suppose d’identifier au préalable les biens communs et les services publics qui constituent les droits fondamentaux, de trouver le niveau pertinent d’articulation entre le central et le local, explorer les voies de la socialisation et de la réappropriation citoyenne.

 

- la reconnaissance de la dette écologique des pays industrialisés envers les autres pays. Le développement des pays du nord s’est effectué en pillant les ressources des pays du sud et ce pillage continue de nos jours sous des formes diverses par l’appropriation des matières premières, des terres et de la biodiversité sous la forme de la brevetabilité du vivant. Ce pillage doit donc cesser et être remplacé par des échanges justes partant des besoins des populations des pays du sud, de la nécessité de ces pays d’aller vers leur autonomie et leur souveraineté sous toute ses formes afin de ne plus dépendre des pays du nord. La coopération entre pays, basée sur l’intérêt général des populations des pays pillés, doit remplacer les mécanismes de marché. Les pays industrialisés ayant le plus de responsabilités dans le réchauffement climatique non seulement dans la durée mais aussi dans les quantités rapportées au nombre d’habitants, doivent faire les efforts principaux dans la réduction des émissions de gaz à effets de serre.

 

- La décroissance ce n’est donc pas une question morale.

- Ce n’est pas non plus revenir à la bougie ni se priver des avancées technologiques qui soulagent les êtres humains de tâches pénibles.

- La décroissance c’est le choix de la sobriété heureuse pour que la vie humaine soit encore longtemps possible sur notre planète terre.

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 08:22
Jules Vallès : " La trilogie de la rébellion "

Avec cette trilogie romanesque largement autobiographique, Jules Vallès se fait le porte-parole des humbles et des opprimés face à un pouvoir tout-puissant.

 

- "L'enfant" en quelques mots

"A tous ceux  ui crevèrent d'ennui au collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre."
Jules Vallès

Fils d'un professeur de collège méprisé et d'une paysanne bornée, Jules Vallès raconte : « Ma mère dit qu'il ne faut pas gâter les enfants et elle me fouette tous les matins. Quand elle n'a pas le temps le matin, c'est pour midi et rarement plus tard que quatre heures. » Cette enfance ratée, son engagement politique pour créer un monde meilleur, l'insurrection de la Commune, Jules Vallès les évoqua, à la fin de sa vie, dans une trilogie : L'Enfant, Le Bachelier et L'Insurgé. La langue de Jules Vallès est extrêmement moderne. Pourtant, l'histoire de Jacques Vingtras fut écrite en 1875 et c'est celle des mal-aimés de tous les temps !

 

Préface de Philippe Bonnefis

 

- Par : Jules Vallès

Éditions : Le Livre de Poche

Nombre de pages : 352 p.

Date de parution : 26/07/1972

EAN / ISBN : 9782253002918

Disponibilité : en librairie ou chez l'éditeur Le Livre de Poche
Prix : 4,10 €TTC

 

 

- "Le bachelier" en quelques mots

"A CEUX qui nourris de grec et de latin sont morts de faim,je dédie ce livre."
Jules Vallès.

Jules Vallès, jeune bachelier, ne trouve pas de travail pour une raison bien simple : « J’ai dix ans de colère dans les nerfs, du sang de paysan dans les veines, l’instinct de révolte… ne voyant la vie que comme un combat, espèce de déserteur à qui les camarades même hésitent à tendre la main, tant j’ai des théories violentes qui les insultent et qui les gênent ; ne trouvant nulle part un abri contre les préjugés et les traditions qui me cernent et me poursuivent comme des gendarmes. » Dans ce deuxième volume autobiographique, entre L’Enfant et L’Insurgé, Jacques Vingtras le réfractaire manifeste au Quartier latin, échafaude avec ses amis mille projets révolutionnaires. L’écriture est enflammée, pleine d’humour. La Commune se profile à l’horizon. En attendant, il faut vivre : il sera pion.


Préface d’André Stil., commentaires et notes de Pierre Pillu.

 

- Par : Jules Vallès

Éditions : Le Livre de Poche

Nombre de pages : 448 p.

Date de parution : 26/09/1972

EAN / ISBN : 9782253009115

Disponibilité : en librairie ou chez l'éditeur Le Livre de Poche
Prix : 5,10 €TTC

 

 

- "L'insurgé" en quelques mots

"AUX MORTS DE 1871 A TOUS CEUX qui, victimes de l’injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait  et formèrent, sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs, je dédie ce livre."
Jules Vallès.

Toute la vie de Vallès est tendue vers la Commune. Lorsque les insurgés s’emparent de Paris, il devient maire du xixe arrondissement. Le lendemain de l’insurrection, il est condamné à mort par contumace. Son journal, Le Cri du peuple, est interdit. Dans ce troisième volume autobiographique, après L’Enfant et Le Bachelier, l’auteur montre son héros, Jacques Vingtras, sur les barricades, dans le feu de l’action, au milieu des morts et des blessés. Son écriture rapide, sa vision fulgurante des scènes de combat, font de ce livre le cri de la Commune. Jules Vallès mourut, épuisé, à cinquante-trois ans, en murmurant : « J’ai beaucoup souffert. »

Préface, commentaires et notes de Roger Bellet.

 

- Par : Jules Vallès

Éditions : Le Livre de Poche

Nombre de pages : 416 p.

Date de parution : 26/07/1972

EAN / ISBN : 9782253011767

Disponibilité : en librairie ou chez l'éditeur Le Livre de Poche
Prix : 5,10 €TTC

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 08:14
Le Parti de Gauche lance un appel : "Pour un sommet internationaliste du plan B"

Sources : le Parti de Gauche le 18/08/2015 par Eric Coquerel Co-coordinateur politique

- Le 3ème mémorandum imposé à la Grèce en échange d’un nouveau prêt de 86 milliards d’Euros a donc été adopté à la fois par le parlement Grec et par les pays de l’Eurogroupe.

Nous l’avons analysé dès sa sortie : il est pire que celui soumis au vote du référendum du 5 juillet. Il est même pire que les mémorandums précédents contre lesquels la victoire de Syriza s’était bâtie. Il va donc accroître l’austérité dans une Grèce sous perfusion, privée de tout moyen de relancer son activité économique. Impossible dans ces conditions d’éviter l’aggravation de la récession.

 

 

- Jusqu’au bout les responsables allemands auront menacé de ne pas valider l’accord.

Comme s’ils faisaient un cadeau mirifique à la Grèce. Pour justifier ce jeu de massacre, des responsables de l’Eurogroupe auront, la mine grave, expliqué que « les sommes prêtées sont conséquentes ». Que dire quand on sait que l’évasion fiscale coûte 1000 milliards d’euros aux peuples de l’UE sans émouvoir un instant ses mêmes instances dirigeantes ?

 

 

- Les sommes en jeu n’expliquent donc pas la rigidité de l’Eurogroupe vis à vis de la Grèce : il s’agit de questions politiques.

Il leur fallait punir et humilier le gouvernement de la gauche radicale en Grèce coupable de s’être opposé six mois durant à l’ordo-libéralisme et d’avoir indiqué la possibilité d’une nouvelle voie en Europe. Il fallait non seulement l’amener à la capitulation mais réclamer de lui qu’il fasse au moins mine de se soumettre à la logique politique de ses vainqueurs. D’où cette phrase dans l’accord reconnaissant dans la politique menée par Athènes les seules raisons de la situation du pays. Toute proportion gardée, les procès de Moscou ont eu recours à de pareilles méthodes…

 

 

- Il fallait aussi placer la Grèce en situation de rembourser les intérêts et les créances des financiers.

C’est d’ailleurs, une fois encore, à cela que servira la quasi-totalité des 86 milliards peut-être prêtés. Nous disons "peut-être" car comme le montre l’analyse de Romaric Godin dans un de ses excellents articles pour la Tribune, l’Eurogroupe peut à tout moment interrompre le goutte à goutte… (à lire ici)

 

 

- Derrière l’accord, il y aussi des promesses d’affaires juteuses.

L’obligation faite à la Grèce de privatiser plusieurs secteurs la contraint à brader (le couteau sous la gorge on ne vend jamais très cher) des pans entiers et rentables de son économie pour le bonheur de grands groupes et/ou puissances étrangères : électricité, eau, aéroports ou encore les ports du Pirée ou de Thessalonique,etc…. Les deux derniers exemples sont éclairants. Le tourisme dans les îles fait des 14 aéroports régionaux privatisés des opérations extrêmement rentables. On s’étonnera à peine que la mise ait été raflée par l’entreprise allemande Fraport pour seulement 1,2 milliard d’euros

 

Quant au port d’Athènes, il est le premier au monde en terme de trafic maritime (et le 10ème toutes catégories)… Derrière cet accord c’est donc un véritable dépeçage de la Grèce en cours : un colonisation de fait.

 

 

- Alexis Tsipras a du compter sur les voix de son opposition pour faire passer son plan au parlement, de plus en plus de députés de Syriza lui ayant fait défaut.

On aura compris pourquoi. Ce sont les mêmes raisons qui avaient poussé, le 13 juillet, le PG à demander aux parlementaires français de voter contre, bientôt suivi par les partis de l’autre gauche en France et la plupart en Europe. Le bilan, on l’a vu, est en effet catastrophique. Il l’est aussi d’un point de vue démocratique puisque l’accord voté revient sur le mandat du gouvernement Syriza. Pour le moment, Alexis Tsipras garde dans son pays encore un crédit certain. Il est en effet, justement, considéré comme un responsable politique honnête dans un milieu largement corrompu. La colère du peuple grec se tourne davantage vers les pays jugés les plus responsables de cette situation, l’Allemagne évidemment en tête. Cela ne durera sans doute pas quand les conséquences concrètes de ce 3ème mémorandum se feront sentir dans un pays déjà exsangue. La bonne nouvelle c’est qu’au sein de Syriza, le débat a lieu. L’heure de la résignation n’a pas sonné pour l’autre gauche grecque. On suivra donc attentivement son congrès en septembre. Et il serait étonnant que la magnifique résistance du peuple grec contre la Troïka tout au long de ces six mois se soit évaporée. Difficile d’en dire plus aujourd’hui, mais incontestablement la question grecque n’est pas derrière mais devant nous. L’irresponsabilité économique du 3ème mémorandum laisse de toutes façons le problème entier.

 

 

- Pour autant, nous ne ferons pas dans la langue de bois

Pour l’autre gauche européenne cette défaite est une rude nouvelle. Les avancées des uns sont en effet des points d’appui pour tous les partis de l’autre gauche en Europe. La superbe résistance du gouvernement Tsipras constituait un tremplin pour Podemos en Espagne dès les prochaines législatives et pour nous ensuite. Et ainsi de suite. Sa capitulation est donc une mauvaise nouvelle. Elle le sera encore plus si nous ne sommes pas capable d’en tirer des leçons et, donc, des propositions.

 

 

C’est pourquoi nous mettons aujourd’hui sur la table un

sommet du plan B.

 

 

 

 

  • Cette proposition part d’un constat : l’échec de Tsipras vient, justement, de l’absence de plan B.

En entrant dans les négociations sans plan crédible de sortie de l’Euro-Mark au cas où l’Eurogroupe n’accepterait aucun compromis, les négociateurs grecs se mettaient, malgré leur ténacité et le soutien toujours plus massif de leur peuple, en grande difficulté. Yanis Varoufakis l’a très bien expliqué depuis. L’échec de Tsipras, c’est celle d’une ligne qui espère réformer l’UE, même radicalement, en tablant in fine sur le bon vouloir des autres pays européens. Si on considère le rapport de force en défaveur de la Grèce (seulement 14ème pays de l’UE sur le plan économique, la Grèce compte en outre beaucoup sur les importations), Tsipras et ses négociateurs ont d’ailleurs plutôt bien joué cette phase en tablant au maximum sur les contradictions internes à l’UE et en recherchant l’appui de la France. En mobilisant aussi son peuple comme l’a montré le référendum.

  • Toute cette période a eu l’immense mérite de déciller les yeux à beaucoup sur l’intransigeance de Mme Merkel et des pays satellites de l’Allemagne.

Mais également sur la réalité de l’UE. Je devrais plutôt dire sa fiction. Il s’avère en effet que derrière la façade de l’UE, la géopolitique entre les puissances européennes reste prédominante. Et dans cette tectonique européenne c’est l’Allemagne qui impose ses vues. On ne construit en réalité pas l’UE mais une Europe allemande. Avant juillet, affirmer cette vérité vous valait d’être traité de germanophobe, aujourd’hui elle est monnaie courante. Or comprendre la situation à laquelle vous devez faire face est déjà la base pour espérer la transformer. Parler d’Europe allemande n’est pas pointer du doigt une nation tout entière mais l’ordo-libéralisme que promeuvent ses dirigeants au nom des intérêts de son électorat et plus précisément de ses possédants : celle d’un Euro fort et d’une politique monétariste propre à assurer la croissance allemande par une politique d’exportation agressive tout en rassurant ses rentiers. Et parce que les traités de l’UE sont conçus pour cette politique, on a la confirmation que rien ne sera possible dans le cadre actuel. On ne peut réformer, il faut agir pour casser ce carcan. C’est la condition même pour sortir les peuples européens de l’ornière austéritaire et relancer un projet coopératif entre eux.

  • En se privant de tout recours au plan B, confronté à un terrible blocus financier de son pays, Alexis Tsipras ne pouvait espérer même ébrécher le mur.

Mais force est de constater que le gouvernement grec a été bien seul dans ce qui reste à ce jour la première tentative d’un gouvernement européen de résister à l’Europe austéritaire. A l’inverse, face à lui l’oligarchie était, elle, bien unie. Alors que l’enjeu était grand pour les peuples d’Europe, nous n’avons jamais été plus de quelques milliers a manifester notre solidarité au cours de la période. Pire, nous n’avons pas été en capacité d’aider M. Tsipras sur le fond, sur les négociations, sur les solutions à trouver, sur la manière d’échafauder un plan B crédible aux yeux du peuple et dont les conséquences ne menacent pas d’être pires que la soumission. Le PGE aurait pu jouer ce rôle. Il n’a pas été en capacité de le faire, sans doute parce qu’envisager, ne serait-ce que comme moyen de pression, de sortir de l’Euro ne fait pas partie de ses scénarios dominants.

 

L’heure est venue pourtant de tourner la page.

 

 

 

 

Depuis plusieurs années le PG travaille sur un scénario « plan A/plan B » (à savoir : l’action d’un gouvernement mixant désobéissance/négociation avec les traités pour transformer radicalement l’UE - le plan A, avec celui de sortie de l’Euro en cas d’intransigeance en face - le plan B). Depuis les conclusions de notre forum de juin 2010 animé par Jacques Généreux (« gouverner face aux banques ») qui en traçaient déjà les perspectives sans le nommer, jusqu’à la plateforme de notre Congrès de juillet dernier précisant encore davantage ce que pourrait être ce scénario, en passant par les différentes déclarations de Jean-Luc Mélenchon et les travaux de notre commission économie animée par Guillaume Etiévant, le PG a largement contribué à le populariser.

 

 

- Aujourd’hui des responsables politiques européens l’évoquent clairement (tels Yanis Varoufakis ou Oskar Lafontaine).

Il faut donc travailler à le crédibiliser toujours plus. Mais on ne peut le faire chacun dans notre coin. Notre vision du plan B est internationaliste. Il ne s’agit pas de s’en tirer au mieux dans chacun de nos pays en comptant sur les marges de manœuvre plus ou moins fortes que sa puissance économique, son poids démographique lui donnent. Bien sûr, il est plus aisé de concevoir un plan B en France en sachant que le chantage qui a été exercé sur la Grèce serait moins efficace vis-à-vis de la 2ème puissance économique de l’UE. Mais à l’inverse, il sera beaucoup moins facile aux partisans de ce scénario que nous sommes d’accéder au pouvoir pour le réaliser si un à un nos partenaires de l’autre gauche en capacité de gouverner finissent par accepter les diktats de Bruxelles et Berlin. Voilà pourquoi, dès maintenant, en prévision de ce qui peut se passer en Espagne, en Irlande mais pourquoi pas de nouveau en Grèce selon l’évolution de la situation politique, il faut travailler concrètement tous ensemble à un plan B tenant compte des caractéristiques de chaque pays.

 

 

- C’est là notre proposition : un sommet internationaliste du plan B dès le dernier trimestre 2015.

Il réunirait toutes les forces de l’autre gauche de l’UE acceptant de travailler et de réfléchir concrètement à ce scénario, des personnalités, des économistes, des syndicalistes, des militants associatifs, altermondialistes.

 

  • Il pourrait évidemment voir associer des forces de pays non membres de l’UE mais voisins, y compris de l’autre côté de la Méditerranée, intéressés par cette internationalisme concret.
  • Il faut aller vite. Nous allons donc soumettre cette idée dans les jours à venir à des personnalités politiques de premier plan de nos différents pays afin qu’ils la fassent leur et appellent à ce sommet.
  • Ce qui vient de se passer en Grèce ne sera pas vain, et même utile, si nous sommes ainsi capables de réagir. Il est plus que temps de franchir un cap.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Le débat pour un "Plan B" à la fête de l'Humanité 2015

Le 12 septembre à la Fête de l'Humanité, Stefano Fassina (député, ancien vice-ministre de l’Economie et des Finances en Italie), Oskar Lafontaine (ancien ministre des Finances en Allemagne, co-fondateur de Die Linke Allemagne), Yanis Varoufakis (député, ancien ministre des Finances en Grèce) et Jean-Luc Mélenchon organisaient un débat pour un plan B en Europe.

 

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 08:10
Pour une coalition des gauches radicales

Par Liêm Hoang-Ngoc Nouvelle Gauche socialiste, ancien député socialiste (emmanuelliste) au Parlement européen

 

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Liêm Hoang-Ngoc

Le virage social-libéral imposé par le chef de l’État provoquera tôt ou tard une reconfiguration de la gauche française. En faisant la promotion d’une politique de l’offre dont l’objectif est avant tout de redresser les profits, le PS se «  pasokise  » peu à peu et est en passe de quitter le camp de ceux qui entendent accroître la protection et le pouvoir des salariés. Le transfert public de 41 milliards par an en faveur des profits, le plafonnement des indemnités prud’homales, l’extension du travail du dimanche, l’incrimination du contrat à durée indéterminée, le gel des salaires, la réduction des dépenses sociales en sont les cruels symboles. Cette situation n’est pas spécifique à la France. Le déploiement de la logique ordo-libérale, imposée par la chancelière allemande, s’est fait à la faveur de la complaisance, au Conseil européen, de tous les chefs d’État et de gouvernement membres des Partis socialistes frères. Aucun ne s’est opposé au traité budgétaire. Tous appliquent les directives imposant austérité budgétaire et «  réformes structurelles  », dont ils ont chargé la Commission de surveiller l’application. Le PSOE espagnol, le PS portugais, le Pasok grec ont fait les frais de cette stratégie d’accompagnement de l’ordo-libéralisme. Le Labour britannique vient encore d’être défait, pour ne pas s’être remis de sa dérive vers la troisième voie. Le sort du PS français semble désormais scellé par les salariés et par ses propres électeurs, qui n’usent même plus de leur droit de vote, pour ne pas avaliser une politique que la droite n’a jamais osé appliquer.

 

C’est pourquoi nous avons quitté le PS pour fonder la Nouvelle Gauche socialiste (NGS). De nombreuses démissions, et non des moindres, suivent déjà. NGS rencontre d’ores et déjà un franc succès auprès d’anciens militants cadres socialistes. NGS peut remobiliser toutes celles et tous ceux qui s’abstiennent, sans, pour l’heure, se tourner vers les forces alternatives au PS. Nous proposons à toutes ces forces, comme en Grèce, de faire émerger une coalition à la française des gauches radicales, alternative au PS.

 

La perspective d’une telle coalition suscite un engouement évident sur les réseaux sociaux, où l’on ressent le même frémissement que celui perçu dans les réseaux militants ayant participé à Guéret à la manifestation en faveur des services publics. Elle est susceptible, à terme, de supplanter le PS, à la faveur d’une reprise des luttes sociales. Pour faire émerger cette perspective politique, les forces du Front de gauche et du mouvement écologiste doivent, à l’évidence, dépasser leurs différends. Ces derniers ont certes quelques fondements (tel le désaccord sur le rythme de la sortie du nucléaire), mais ils sont loin d’être indépassables. C’est surtout la logique de la Ve République, conduisant chaque famille à promouvoir son candidat à l’élection présidentielle, qui retarde le moment de l’émergence d’une coalition de toute la gauche alternative.

 

Cette logique mortifère est en théorie moins prégnante lors des élections régionales, où la constitution de coalitions rassemblant les forces qui combattent l’austérité et promeuvent la transition écologique devrait, a priori, ne pas poser de problème. Elle pourrait être l’occasion, pour toutes ces familles, de se présenter devant des assemblées citoyennes mobilisant de nouvelles forces vives. Cela sera le cas dans certaines régions. Certaines forces sont malheureusement tentées de cultiver leur autonomie en se repliant sur des pratiques politiques dépassées et/ou en négociant avec le plus offrant. Il n’est pas évident que le PS de Poitiers soit désormais en mesure de leur offrir autant que le PS d’Épinay.

 

Pour en savoir plus :

- La gauche anti-austérité en quête d’union élargie

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25 août 2015 2 25 /08 /août /2015 08:17
L'équateur champion du monde de la reforestation

Sources : TV5MONDE

L'équateur a battu un record mondial en plantant près de 650 000 arbres en une seule journée. Près de 50 000 personnes se sont mobilisées pour parvenir à un tel exploit. Un record officiellement homologué par le Guiness Book.

 

A Guano, au coeur de l'équateur, le président Rafael Correa s'est vu remettre le certificat par le fameux Guiness Book des records. Il récompense un programme gouvernemental en faveur de la reforestation.

 

L'exploit a eu lieu le 16 mai dernier. En une journée, partout dans le pays quelque 650 000 arbres ont été plantés par des dizaines de milliers de volontaires.

 

Jusqu'en 2000, l'équivalent de 400 terrains de football étaient détruits chaque année. Depuis 2012, le taux de déforestation a été divisé par deux et d'ici 2017 le pays ambitionne purement et simplement d'éradiquer la déforestation.  

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 08:28
Élections régionales 2015 : Une lettre du Parti de Gauche

Lettre ouverte aux organisations du Front de Gauche, d’EELV, Nouvelle Donne et NGS

 

Le SEN du PG écrit à toutes les forces avec lesquelles il se retrouve en discussion dans les régions pour des rassemblements citoyens. Ses représentants porteront ces questions dans les débats des universités d’été qui commencent en cette fin de semaine.

 

Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,

 

Alors que s’avance la rentrée scolaire, la situation de notre pays ne s’est pas améliorée. Le gouvernement continue sa politique économique austéritaire qui aggrave la crise sociale et empêche la mise en oeuvre d’une véritable politique écologique digne de ce nom. Les discours sur la nécessité de réorienter l’économie pour plus d’écologie sont régulièrement contredits par les faits et ce alors que la France va accueillir la COP21. La crise démocratique s’approfondit et nombreux sont celles et ceux qui n’ont plus aucune espérance dans leur représentation politique. Le parti socialiste continue tel un bateau ivre. La droite et l’extrême-droite sont en embuscade.


C’est dans ce contexte terrible que s’annoncent les prochaines élections régionales. Il est plus que jamais nécessaire qu’une alternative émerge. Ces élections peuvent y contribuer. Les partis qui, comme les nôtres, ont en commun de refuser la politique du gouvernement ont une responsabilité première.

 

D’autant que dans beaucoup de régions, tous ensemble souvent, séparément parfois, nos partis soutiennent des rassemblements nouveaux qui voient le jour et offrent une perspective d’espoir. Ceux-ci regroupent les militant-e-s de nos différentes organisations, souvent dans le cadre de démarches nouvelles et plus larges d’implication citoyenne dans la construction de cette alternative.

 

Ces constructions plus ou moins avancées se sont faites jusqu’à maintenant région par région. Face à la gravité exceptionnelle de la situation, il faut accélérer ce processus y compris en contribuant à débloquer les situations là où c’est nécessaire. Le temps est venu d’une discussion nationale pour soutenir et développer ces rassemblements dans un maximum de régions. A nous de proposer des dispositifs permettant une lisibilité nationale de ces listes que nous devons construire ensemble.

 

 

- Nous pensons que ces rassemblements doivent se faire autour d’un label national commun construit autour des principes suivants :

  • L’autonomie par rapport au gouvernement et la défense de politiques nouvelles, en rupture avec l’austérité, au service du progrès social et de la transition écologique et s’appuyant sur une démocratie renouvelée en rupture avec les pratiques présidentielles des régions.
  • Une charte éthique et démocratique d’engagement, incluant notamment le refus du cumul à commencer par celui entre un mandat régional et un mandat national, afin de mettre en oeuvre concrètement une exemplarité politique seule à même de renouer le lien avec les citoyens du pays.
  • La mise en place d’assemblées représentatives au plan départemental et régional associant des représentants des collectifs citoyens et des mouvements politiques, syndicaux ou associatifs s’engageant dans ces rassemblements.
  • Une représentation équilibrée et diverse des différentes sensibilités de notre rassemblement et des acteurs et actrices engagées de nos territoires notamment en ce qui concerne les têtes de liste que nous pourrions proposer ensemble dans cet esprit.

 

Pour en discuter ensemble, nous vous proposons donc de nous rencontrer dans les prochains jours. Il y a urgence pour que les prochaines élections régionales ne soient pas un nouvel acte manqué de l’émergence d’une alternative citoyenne au service de l’écologie, de la solidarité et de la démocratie.

 

Salutations écosocialistes,

Paris le 20 Août 2015

Pour le Secrétariat exécutif national du PG, Eric Coquerel et Danielle Simonnet, coordinateurs politiques

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

- Régionales : "Un rendez-vous central pour les écologistes"

- Sandrine Rousseau (EE-LV) : “Avec le Front de gauche, il existe de nombreuses convergences”

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 08:12
Vladimir Poutine contre l'universalisme occidental

Selon l'analyste Mathieu Slama, ce qui se joue entre Vladimir Poutine et les dirigeants européens, ne se situe pas simplement autour de la question ukrainienne mais au niveau des idées, "sur quelque chose de bien plus fondamental et décisif". Deux visions du monde qui s'entrechoquent, " la démocratie libérale et universaliste" côté européen et "la nation souveraine et traditionaliste, de l'autre ", côté Poutine.

 

Sources : Marianne par Mathieu Slama

Nous rejetons l'universalisme du modèle occidental et affirmons la pluralité des civilisations et des cultures. Pour nous, les droits de l'homme, la démocratie libérale, le libéralisme économique et le capitalisme sont seulement des valeurs occidentales, en aucun cas des valeurs universelles. » L'homme qui a prononcé ces mots est Alexandre Douguine, intellectuel néo-eurasiste de la droite radicale russe, dans un entretien accordé à la revue Politique internationale en 2014. Au fil des années, il s'est lié d'amitié avec un certain nombre de dignitaires du Kremlin et de la Douma. Depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, il est omniprésent dans les médias, appelant ni plus ni moins à « la prise de Kiev » et à la guerre frontale avec l'Ukraine. « L'Ukraine de l'Est sera russe », assure-t-il. Contrairement à ce qu'affirment certains intellectuels anti-Poutine en France (Bernard-Henri Lévy notamment), Douguine n'est pas « le penseur de Poutine », la relation directe entre les deux hommes étant difficile à établir. Cependant, force est de constater qu'on retrouve, dans certains discours du président russe, une même vision du monde qui est celle d'un monde multipolaire, où la dimension cardinale est la souveraineté nationale et où « universalisme » est l'autre mot pour désigner l'ambition hégémonique occidentale.

 

On peut reprocher beaucoup de choses à Vladimir Poutine, mais il y a une chose qu'il est difficile de lui contester, c'est son intelligence et l'imprégnation qu'il a de la culture et de l'âme russes.

 

 

- D'un côté, la démocratie libérale et universaliste ; de l'autre, la nation souveraine et traditionaliste

En cela, nous dit Hubert Védrine dans le dernier numéro du magazine Society consacré à Poutine, il se distingue très nettement de ses homologues européens : « C'est un gars [sic] très méditatif, qui a énormément lu. Vous ne pouvez pas dire ça d'un dirigeant européen aujourd'hui. Il y a une densité chez Poutine qui n'existe plus chez les hommes politiques. » 

 

Dans un discours absolument fondamental d'octobre 2014 devant le Club Valdaï, réunion annuelle où experts, intellectuels et décideurs viennent parler de sujets liés à la Russie, Poutine a brillamment exposé l'essentiel de sa doctrine. Morceaux choisis : « La recherche de solutions globales s'est souvent transformée en une tentative d'imposer ses propres recettes universelles. La notion même de souveraineté nationale est devenue une valeur relative pour la plupart des pays » ; « Un diktat unilatéral et le fait d'imposer ses propres modèles aux autres produisent le résultat inverse. Au lieu de régler les conflits, cela conduit à leur escalade ; à la place d'Etats souverains et stables, nous voyons la propagation croissante du chaos ». 

 

Difficile de ne pas voir l'influence, même indirecte, d'Alexandre Douguine dans un tel discours. Poutine situe son combat contre l'Occident non pas sur la seule question ukrainienne, mais sur quelque chose de bien plus fondamental et décisif. Poutine et l'Occident, ce sont deux visions du monde irréconciliables qui s'affrontent, la démocratie libérale et universaliste, d'un côté, face à la nation souveraine et traditionaliste, de l'autre.

 

La différence entre Douguine et Poutine est cependant de taille. Là où le premier défend une vision idéologique et quasi eschatologique de la mission russe - « La crise ukrainienne n'est qu'un petit épisode d'une confrontation très complexe entre un monde unipolaire et multipolaire, entre la thalassocratie[civilisation de la mer, l'Amérique] et la tellurocratie [la civilisation de la terre, la Russie] », Libération du 27 avril 2014 -, le second reste un homme d'Etat pragmatique qui sait qu'on gagne d'abord les batailles par l'habileté dans la négociation et la recherche de compromis politiques. Là où Douguine rejette en bloc le libéralisme, Poutine y voit, notamment dans sa dimension économique, un moyen d'accroître la prospérité de la Russie.

 

Raison de plus, pour l'Europe, d'éviter l'escalade et d'adopter une diplomatie un peu plus indépendante des Etats-Unis vis-à-vis de la Russie. Dans le cas contraire, la prophétie de Douguine d'un nouveau « choc des civilisations » risque fort de se réaliser.

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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 08:40
L’actuel projet européen dérive vers l’euro-dictature

Sources :  le blog de Patrick  Le  Hyaric, (directeur de L'Humanité, député européen) le 22/07/2015

- La démocratie naissait à Athènes quand Solon, l’un des sept sages de la Grèce, décida d’annuler les dettes des pauvres envers les riches

Il y a quelques jours, derrière les portes blindées de leurs salles climatisées, les mandataires européens de l’oligarchie ont fait tout le contraire ! Au nom d’une prétendue impérieuse nécessité de rembourser une dette dont le peuple n’est en rien responsable, ils ont encore plus serré le garrot qui étouffe la démocratie.

 

L’ « a-démocratie », le profond mal qui ronge chaque jour un peu plus l’actuel projet européen, dérive vers l’euro-dictature. Oh, certes, point de chars dans les rues, aucune troupe qui vous pourchasse. Tout est présenté comme légal à partir de traités européens écrits dans les antichambres de Bruxelles, recopiant des textes faxés de Berlin. Ils appellent cela le droit européen. Et quand il advient que ces textes sont rejetés par une majorité d’électeurs, soit on les oblige à revoter jusqu’à ce qu’ils disent « oui », soit, comme en France et aux Pays Bas, on ne prend même pas la peine d’y mettre les formes. On applique ce qui a été rejeté.

 

Les serviteurs des intérêts particuliers de l’oligarchie ont franchi dans la nuit du 13 au 14 juillet dernier un pas supplémentaire dans le piétinement de la démocratie et de la souveraineté populaire. Le gouvernement grec, issu d’une nouvelle majorité parlementaire démocratiquement élue, avec le double mandat de rester dans la zone euro et de mettre en œuvre une autre politique que celle qui, jusque-là, détruisait la Grèce et plaçait la population dans une insupportable crise humanitaire. Ce mandat a été bafoué, non pas par Alexis Tsipras, mais par les dirigeants européens qui ont exercé un odieux chantage à l’exclusion de la Grèce de la zone euro. Aucun chef d’Etat, quelle que soit sa sensibilité politique, ne s’y est opposé, dans la pure tradition du consensus droite-social-démocratie qui préside depuis l’origine à la construction européenne. Ce dictat était assorti d’une attaque financière sans précédent, d’une fermeture étanche des robinets du crédit par la Banque Centrale Européenne, d’une menace d’effondrement du système bancaire et de l’économie grecque, avec pour première conséquence, l’incapacité de verser les salaires des fonctionnaires et les pensions de retraites. Soumis à ce véritable « commandement à exécution » n’offrant comme seule perspective que le chaos, Alexis Tsipras a été contraint d’accepter une mise sous tutelle de son pays, accompagnée d’un catalogue de cruautés, et de vols ; des disciplines d’austérité pire que celles qui avaient conduit le pays au bord du gouffre. Contraint de les accepter mais pas de les approuver, les jugeant « mauvaises » car sachant pertinemment qu’elles ne pourraient que tout aggraver.

 

 

- Le mémorandum imposé avec cette violence inouïe fixe en effet des objectifs que les plus libéraux des économistes jugent inatteignables.

Même ceux qui l’ont rédigé n’attendent sans doute pas qu’ils le soient. Leur ambition essentielle est de dissuader les populations de tous les états européens de s’engager dans une autre voie que celle de l’austérité à perte de vue et d’un autre type de construction européenne. Avec la Grèce, c’est un exemple qu’ils veulent faire pour que, du nord au sud de l’Europe, les populations courbent l’échine. Pour y parvenir, peu importe de sacrifier la démocratie et les libertés individuelles et collectives. Peu importe de bafouer les principes de solidarité, de souveraineté populaire qui ont présidé à la création de l’Union européenne. Peu importe, pour eux, de leur substituer, dans les consciences, les venins de la xénophobie, du nationalisme, du racisme et de l’antisémitisme. En ce sens, ils jouent avec le pire, celui qui consiste à opposer la population de tel Etat à celles de ses voisins. Ce sont de dangereux aventuriers qu’Alexis Tsipras, Syriza et une majorité de grecs ont eu le courage d’affronter. Plus que jamais, nous leur devons reconnaissance et solidarité. Etant absolument opposé au mémorandum qui n’est qu’un mandat de colonisation du pays par les institutions européennes, je me garderai bien de leur donner des leçons en « changements progressistes ». Je laisserai aux grecs eux-mêmes, à mes amis de Syriza le soin de trouver, avec leur population, les meilleures voies possibles pour continuer à avancer. Il convient toujours de se méfier des leçons que nous pourrions donner d’ici, loin de l’inconfort absolu des feux de l’action et des lourdes chenilles des pressions politiques et économiques. Au vrai, avons-nous nous-mêmes fait tout ce qu’il fallait depuis le 25 janvier dernier pour contribuer à créer un mouvement donnant de la force au gouvernement Syriza ? Les mêmes institutions européennes contaminées par la doxa ultralibérale de la grande coalition allemande attendent que nous brulions A. Tsipras et ce qu’il incarne sur le bûcher qu’elles ont elles-mêmes érigé. Ne leur faisons pas ce cadeau qui ouvrirait encore plus grandes les portes aux extrêmes- droites européennes. Pour l’heure, nous devrions concentrer beaucoup d’efforts à la solidarité concrète avec le peuple Grec en agissant pour que la Banque Centrale Européenne alimente le réseau bancaire hellène sans condition, réclamer les fonds européens nécessaires permettant à la Grèce de faire face à ses obligations pour le premier accueil des migrants en Europe, le déblocage des fonds structurels européens qui lui est dû, amplifier la bataille qui prend désormais une nouvelle ampleur pour une restructuration de l’insoutenable dette, aider à la création d’un vrai fonds pour le développement et l’investissement productif ouvrant la voie au recul du chômage et de la misère ; organiser la solidarité active pour la démocratie et le respect de la souveraineté populaire.

 

 

- Mais notre solidarité doit aussi prendre la forme d’un travail profond et persévérant, indispensable pour répondre aux lourdes questions qui se posent aux partis et mouvements progressistes de toute l’Europe !

En effet, non seulement la crise de l’actuelle construction européenne atteint son paroxysme, mais l’idée même de construire un projet commun européen est désormais sérieusement atteinte. Ceci alors que, plus que jamais l’unité des nations et des peuples, leurs interventions, sont indispensables pour faire face aux puissants et inquiétants défis communs de l’époque. Qu’il s’agisse des tourmentes mondiales de la finance, du surarmement et des guerres, qu’il s’agisse des migrations forcées par la misère, les guerres et le terrorisme, des défis de l’environnement et du climat, ou de créer les conditions de la transformation des institutions internationales et des enjeux de progrès humains.

 

 

- Les dirigeants européens, installés sous la coupe de la coalition allemande, n’ont que faire de ces défis.

Pire, puisqu’en stimulant les antagonismes entre les différents peuples, ils ne font qu’alimenter ce qui pourrait les pousser à s’affronter, pas seulement au plan économique. La Grèce sert ainsi de laboratoire. Cela concerne chaque famille, chaque citoyen vivant en Europe qu’il soit grec ou irlandais, portugais ou italien, français, allemand, danois ou slovaque. Il s’agit, pour les partisans de cette Union européenne, conçue pour faire vivre le capitalisme à son stade actuel, de savoir jusqu’où les populations pourraient accepter la destruction des droits sociaux, économiques, démocratiques, leur culture et de leur environnement. Le grand capital allemand, celui de « la grande Allemagne », a déjà mis sous protectorat les pays les plus proches, ceux issus de l’effondrement soviétique. Il est en contradiction et en compétition avec d’autres sphères de capitaux nationaux français ou italiens ou encore de pays accueillant des mastodontes nord-américains exonérés de fiscalité. Quant aux populations des différentes nations – à ne jamais confondre avec les oligarques qui mènent la danse -, elles sont considérées comme des variables d’ajustement de cette guerre économique.

 

La preuve en a été cyniquement administrée avec cette tentative de créer un prétendu fonds destiné à recueillir 50 milliards d’actifs issus de la vente de biens publics grecs, que M. Schäuble voulait installer au Luxembourg, précisément dans la structure financière dont il est lui-même le président et qui a déjà servi à la privatisation des biens public de la RDA ! Son rapatriement en Grèce, sous contrôle des institutions européennes, n’empêchera pas le pillage organisé des biens du pays, objectif pour lequel il a été créé.

 

 

- Ces derniers événements européens posent avec une acuité nouvelle et dans des conditions inédites la question d’une transformation radicale de la construction européenne.

Il s'agit d'aller vers une union de nations et de peuples solidaires et associés. Les puissances financières ne l’ignorent pas et réclament, à la faveur de cette crise, une intégration capitaliste encore plus poussée, avec de nouveaux reculs de la démocratie. Les forces progressistes européennes, par leurs capacités d’innovation et de rassemblement, sauront-elles se hisser à la hauteur de cette offensive de très grande ampleur et des évolutions qu’elle provoque dans les opinions publiques des différents Etats ? Tel pourrait bien être l’enjeu majeur de la période historique qui s’ouvre. Il reste beaucoup à faire pour pouvoir l’affronter avec des chances de succès. En avoir conscience et y travailler jusqu’à se doter des outils nécessaires, en terme de projet et de propositions, de démarche et d’actes politiques à l’échelle du continent, permettrait de reprendre l’initiative pour une Europe solidaire du travail, de la création et de l’émancipation humaine.

 

Il y va aussi de la crédibilité d’une autre politique pour sortir de l’austérité perpétuelle et, plus fondamentalement, d’une politique de transformation sociale et écologique. Questions essentielles posées à tout militant progressistes de bonne foi. Constater le tournant historique à l’œuvre nous oblige à vérifier sérieusement si nos propositions, nos stratégies sont opérantes, c’est-à-dire susceptibles de créer un mouvement majoritaire tel qu’il puisse faire plier les tenants de l’Europe de l’argent et des marchands. La violence de l’affrontement politique et social contre le monde du travail et de la création, contre tout choix émis souverainement par les électrices et électeurs de telle ou telle nation, appelle à poser, hors de tous les dogmes, avec patience, courage et détermination, les questions des niveaux et de la qualité du rapport de force social, politique, idéologique, culturel à créer dans chaque pays et, indissociablement, à l’échelle du continent. Et nous avons à le faire en créant les conditions des rassemblements les plus larges, les plus conscients face à une infime minorité de privilégiés qui aujourd’hui dicte sa loi à l’immense majorité. Tout doit être fait pour éviter la division des peuples et la mise en concurrence des travailleurs. La transformation-refondation de l’Europe ne viendra pas de l’addition de petits changements. Elle devra être partie intégrante d’un mouvement politique d’ampleur européenne dans lequel ce qui se passe à Paris ou à Madrid nourrit et s’enrichit de ce qui bouge à Rome, à Londres ou à Berlin. Comment s’y prendre pour le préparer sinon par un travail profond sur nous même, mêlant débats, rencontres, confrontations, associant les forces sociales, politiques et écologiques pour des élaborations inédites, avec l’objectif qu’elles puissent devenir des forces matérielles susceptibles de changer la donne. Les forces anti-austérité et celles qui souhaitent une autre construction européenne doivent se rencontrer et se souder face à l’offensive des tenants de l’austérité, du chômage et du recul de la démocratie, pour inventer ce chemin nouveau de la transformation structurelle de nos sociétés et de l’Europe. Il devient urgent que ce débat s’ouvre et que cet important travail commence.

 

 

- C’est une grande responsabilité des mouvements progressistes et transformateurs dans notre pays.

La France, trait d’union entre l’Europe du nord et du sud, deuxième puissance européenne, a un rôle majeur à jouer pour contrer les objectifs néocoloniaux et austéritaires de l’oligarchie européenne, dans une situation devenue très dangereuse. Les nationalismes et les droites extrémistes sont désormais en embuscade. Des tensions nouvelles apparaissent. Les contradictions à l’œuvre menacent du pire. Comment faire que leur résolution apporte le meilleur pour tous ? Sûrement pas en acceptant aujourd’hui le sacrifice, sur l’autel de la rapacité des banques et des dettes, des sociétés grecque, irlandaise, italienne, portugaise ou espagnole, la nôtre demain et allemande, après-demain. L’un des enjeux du combat immédiat est d’agir pour obtenir une conférence européenne sur l’allègement des dettes et que les mille milliards de création monétaire de la Banque Centrale Européenne servent a alléger les souffrances des peuples et mettre en œuvre un plan audacieux d’investissement créateur d’emploi, et de formation adapté aux nécessités de la transition environnementale.

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 08:16
Pour la 6e République ! (texte adopté par le m6r)

Ce texte a été adopté par le M6R à plus de 90% suite au vote de ses signataires.

Pour en savoir plus, cliquez ici. Vous visitez notre site pour la première fois ?

Signez pour la 6e République en bas de cet article. 

 

Source : le site du m6r.fr

 

Citoyennes, citoyens

Liberté, égalité, fraternité. Depuis la Révolution de 1789, cette devise fait la grandeur de la République française. Mais, trop souvent, ces principes sont encore bafoués. L’égalité entre les hommes et les femmes, les riches et les pauvres, les élus et les électeurs est loin d’être appliquée. La société actuelle favorise l’individualisme et la compétition au détriment de la fraternité et de la solidarité.

 

Le M6R agit pour instaurer la 6e République, afin d’engager l’humanité dans la voie du progrès humain. Ce bouleversement implique une insurrection civique, une révolution citoyenne.

 

Seul le peuple est légitime pour accomplir cette tâche : convoquer une assemblée constituante dans le cadre d’un processus large pour en finir avec la monarchie présidentielle de la Ve République et balayer l’oligarchie qui dirige le pays.

 

La 6e République sera démocratique, sociale, écologique, laïque, féministe et émancipatrice. Elle assurera la souveraineté du peuple dans tous les domaines et garantira de nouveaux droits pour toutes et tous.

 

 

- 1) Pour une Assemblée constituante

Notre ambition est de rendre majoritaire l’idée d’une assemblée constituante pour instaurer la 6e République dès 2017. Pour cela, nous participons aux débats qui animent et traversent notre pays. Nous encourageons les initiatives citoyennes et solidaires. Nous agissons ainsi pour convaincre le grand nombre. Nous œuvrons à faire entendre la voix du peuple à tous les niveaux et par tous les moyens (actions numériques, manifestations, réunions, interventions lors des élections …).

 

 

- 2) Au peuple de décider

Nous voulons en finir avec le règne des décisions prises sans le peuple et contre lui. Nous voulons refonder les règles d’exercice du pouvoir pour permettre l’intervention citoyenne permanente. Les institutions de la 6e République feront des citoyens les véritables détenteurs de la souveraineté et du pouvoir politique. Aucun membre ou ancien membre du parlement ou d’un gouvernement de la Ve République ne pourra siéger à l’Assemblée constituante. Aucun membre de la Constituante ne pourra exercer une fonction qu’il aura instituée. Les travaux issus de l’Assemblée constituante seront soumis à référendum.

 

 

- 3) Le peuple souverain

Nous défendons l’intérêt général humain. Par notre action, nous entendons contribuer à fédérer le peuple dans sa lutte pour la démocratie et de nouveaux droits. Le peuple doit pouvoir décider par lui-même ce qui est bon pour toutes et tous et exercer enfin sa souveraineté. Nous défendons l’unité et l’indivisibilité de la République et de la nation fondée par la communauté légale des citoyens ainsi que la démocratie à tous les niveaux. Nous considérons comme illégitime tout traité transférant des éléments de souveraineté non ratifié par référendum. Nous ne reconnaissons pas l’autorité juridique des instances supranationales antidémocratiques (UE, OMC, FMI, Otan, …).Nous prônons la fraternité entre les peuples.

 

 

- 4) Des droits nouveaux

Nous prônons le partage des richesses, la défense de l’écosystème qui permet la vie humaine, la laïcité qui garantit la liberté de conscience, l’égalité entre tous les êtres humains, en particulier l’égalité femme-homme (donc l’abolition du patriarcat), le respect et l’extension des droits et libertés personnels y compris sur internet, l’accès à la culture, à des médias indépendants et à l’éducation pour toutes et tous. L’air, l’eau, l’alimentation, le vivant, la santé, l’énergie, la monnaie ne sont pas des marchandises mais des biens communs. Pour garantir ces droits fondamentaux et gérer démocratiquement les biens communs, le droit de propriété doit être encadré, la propriété sociale protégée et les services publics développés. Partisans de la République sociale, nous défendons la démocratie dans l’entreprise et la création de droits nouveaux sur le lieu de travail pour garantir la souveraineté et la citoyenneté des salariés dans l’entreprise.

 

 

- 5) Une démarche citoyenne

Le M6R est une démarche citoyenne inédite, ouverte à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans l’appel figurant ci-dessous. Son organisation est horizontale et seule la consultation de l’ensemble de ses membres peut engager le mouvement. Il défend et pratique la représentativité sans cumul des responsabilités et des mandats, la révocabilité et le contrôle des élus ainsi que la mobilisation citoyenne permanente. Il prône l’initiative citoyenne de référendums et de lois.

 

 

- 6) Transparence et vigilance civique

Le M6R est indépendant des intérêts économiques et des partis politiques : il est financé par les dons des citoyens et pratique le financement participatif. Les donateurs financent les projets qu’ils souhaitent parmi ceux proposés et sélectionnés par les membres. Tous les comptes sont publics. Face à la corruption de la 5e République, la transparence sur les recettes et les dépenses est la meilleure réponse. Le M6R prône la vigilance citoyenne par la transparence et défend l’inéligibilité à vie des élus condamnés pour des faits de fraude et de corruption.

 

  • Téléchargez le texte ICI

 

  • Partagez ce texte pour le faire connaître et faire signer pour la 6e République :


    

   

  • Je demande l’élection d’une assemblée constituante qui fonde avec les citoyens la 6e République. Une République débarrassée de la monarchie présidentielle et fondant les nouveaux droits personnels, écologiques et sociaux dont notre pays a besoin.

 

Je recevrai par mail les informations sur le Mouvement pour la 6e République.

 

Je signe !

Pour en savoir plus :

- mon dossier VIe République

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15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 08:11
"Au nom du Temple" Israël et l'irrésistible ascension du messianisme juif (1967 - 2013) ; "Le Grand Aveuglement" Israël et l'irrésistible ascension de l'islam radical

Charles Enderlin était le correspondant permanent de France 2 à Jérusalem de 1981 à 2015.

 

- En quelques mots

Plongeant ses sources dans la haute antiquité biblique, le fondamentalisme messianique juif a pris son essor en juin 1967, après la conquête de la Cisjordanie et, surtout, du Haram Al-Sharif, le troisième lieu saint de l’Islam - là où se trouvent aussi les ruines du Temple d’Hérode, là où le patriarche Abraham avait prétendu sacrifier son fils Isaac.

 

Convaincus que le monde est entré dans l’ère eschatologique, les militants de ce mouvement religieux, allié à la droite nationaliste, s’opposent à toute concession territoriale, et a fortiori à la création d’un Etat palestinien souverain et indépendant. Les idéaux, la politique, les principes qui avaient inspiré le sionisme des origines, libéral et pragmatique, ont été, à mesure que progressait la pénétration du fondamentalisme juif dans la société israélienne, de plus en plus marginalisés.

 

Dans ce nouveau document d’enquête, Charles Enderlin décrit la lente diffusion de l’idée messianique et son corollaire, le développement de la colonisation juive en Cisjordanie, qui, selon lui, rend impossible toute solution à deux Etats. Un nouvel Israël est-il en train de naître, menant le Proche-Orient à un point de non-retour ?

 

 

- Par : Charles Enderlin

Éditions : SEUIL.com

Nombre de pages : 384 p.

Disponibilité : en librairie ou chez l'éditeur SEUIL.com
Prix : 20,00 €

 

 

Pour en savoir plus :

- du même auteur lire : "Le Grand Aveuglement" paru en octobre 2009 chez Albin MichelLe Grand Aveuglement de Charles Enderlin

- En quelques mots

En encourageant le développement à Gaza de la branche la plus extrémiste des Frères musulmans, Israël a joué avec le feu pendant près de deux décennies. Les gouvernements successifs à Tel-Aviv n'ont-ils pas longtemps cru que le cheikh Yassine, fondateur du Hamas, pouvait être « l'antidote à l'OLP » ? Il est vrai qu'à l'époque, les Etats-Unis eux-mêmes, en finançant et en armant les Moudjahidines afghans, avaient grandement sous-estimé la menace islamiste. Ni la CIA ni les services de renseignement israéliens n'ont pris alors la peine d'analyser - voire de traduire - les textes diffusés par ces organisations. Ils découvriront trop tard qu'ils ont, de fait, participé à la création du Hamas et d'Al-Qaïda.

 

Dans ce nouveau document d'enquête, l'auteur du Rêve brisé (2002) et des Années perdues (2006), correspondant permanent de France 2 à Jérusalem, raconte, à partir de sources exceptionnelles et souvent exclusives, l'incompréhension, l'aveuglement, le double-jeu parfois des services de renseignement et des politiques à Jérusalem, à Tel-Aviv et à Washington. Il décrit aussi comment l'occupation israélienne, le développement de la colonisation dans les territoires palestiniens et la politique américaine au Proche-Orient ont fait le lit de l'Islam radical.Autant de leçons d'histoire à méditer par tous ceux qui prétendent oeuvrer à une paix juste et durable dans la région.

 

« Un livre passionnant sur les relations des Israéliens et des Américains avec l'Islam. » L'Express Jacques Attali« Un excellent livre d'histoire sur le machiavélisme de ceux qui, parfois, la font déraper. » Claude Angeli. Le Canard Enchainé« Incroyable récit que cette montée des intégristes appuyée par leurs pires ennemis. » Martine Gozlan Marianne« Cette chronique livre quelques clés pour comprendre l'incapacité des acteurs du processus de paix à se tolérer. » Laurent Zecchini. Le Monde.

 

- Par : Charles Enderlin

Éditions : Albin Michel

Nombre de pages : 384 p.

Disponibilité : en librairie ou chez l'éditeur Albin Michel
Prix : 21,10 €

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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