De plus en plus d’intellectuels, de militants ou de simples citoyens sont persuadés que le modèle de croissance de ces 6o dernières années n’est plus souhaitable, ni possible. La remise en cause du concept même de PIB (Produit intérieur brut) est largement présente dans le débat public. Malgré cela, le pourcentage d’augmentation de la production continue a être l’alpha et l’oméga de la vie en société. Couplé à l’hégémonie de l’idéologie de la « compétitivité » et au fétichisme de la marchandise, la vision productiviste de l’économie reste dominante. Le mot décroissance pose de bonnes questions mais il suscite aussi incompréhension, réticence et peur. Pourtant une croissance infinie sur une planète aux ressources non renouvelables est impossible. Les périls qui pèsent sur la biosphère ont atteint un seuil qui oblige à des ruptures majeures.
C’est la raison du projet écosocialiste, tandis que perdure ailleurs l’illusion dépassée de réponses sans remise en cause des rapports sociaux ni du fonctionnement de l’économie de marché.
Vous trouverez ci-après ma réflexion personnelle sur le sujet
Secrétaire nationale du parti de Gauche
A) La croissance en berne
Malgré les innombrables déclarations faisant de la croissance un totem, celle-ci est de longue date en baisse pour les pays industrialisés. En France, on est passé de 4,9 % d’augmentation annuelle moyenne pour la période 1950-1973 à 1,18 entre 2002 et 2012. Cette quasi-stagnation a des racines profondes, bien au delà des effets conjoncturels dûs aux crises successives :
- Le temps de l’énergie bon marché et du gaspillage massif des ressources naturelles est résolument derrière nous entraînant globalement une tendance à une moindre efficacité du système économique.
- Le consumérisme des pays riches a atteint ses limites. Les produits phares des 30 glorieuses (automobile, électroménager, ameublement) sont désormais entrés dans une phase de saturation des besoins et de simples renouvellements. La demande se déplace vers des services à faible productivité ou liés à l’évolution des modes de vie (à interroger d’ailleurs).
- Les cycles de croissance ont toujours été liés à des innovations majeures entraînant des gains considérables de productivité. Or comme le PIB, la productivité connaît elle aussi une tendance à la stagnation : 5% de gain annuel pendant les 30 glorieuses, 1% aujourd’hui. Notre société se caractérise par une panne des innovations susceptibles de relancer la machine de la production. Les fameuses « nouvelles technologie de l’information et de la communication » vantées jour et nuit par les médias ont un impact bien moindre que les découvertes du passé. Elles ne se traduisent pas pour le moment par la mise en place d’un régime d’accumulation durable et efficace.
Une situation écologique insoutenable
Les périls qui pèsent sur l’écosystème ont désormais atteint un seuil qui oblige à des ruptures majeures.
L’émission massive de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle a entraîné une hausse de 0.85 degré depuis 1880 et pourrait aboutir à une augmentation de 4.8 degré à l’horizon 2100 dans le scénario le plus pessimiste envisagé par le 5° rapport du GIEC publié en novembre 2014. Si cette évolution devait se poursuivre, les conséquences en seraient dramatiques : multiplication des accidents climatiques (tempêtes, inondations...) risque accru d’incendies, menaces sur la bio-diversité, déplacement des maladies tropicales, mouvement massif de population, baisse de rendement des cultures, montée des eaux due à la fonte des pôles et des glaciers (98 cm prévu et jusqu’à 7 M en cas de fonte des glaces du Groenland !) , risque de submersion des zones de delta, acidification des océans et disparition des coraux, modification des courants océaniques. Pour éviter cette catastrophe, il faut réduire d’au moins 70% les émissions pour limiter à 2 degré la hausse moyenne des températures. Un tel effort est impossible sans changement radical.
- La 6° extinction des espèces
En matière de bio-diversité, 17 000 espèces sont dès maintenant en danger dont : 1 oiseau sur 8, 1 conifère sur 4, 1 amphibien sur 3 et 1 mammifère sur 4. De même 70% des plantes et 37% des poissons d’eau douce sont concernés. Cette perte est due à la destruction des milieux naturels (forêts, prairie, zones humides) mais aussi à l’agriculture intensive et à l’usage des pesticides et insecticides. Qu’il s’agisse d’alimentation, de pollinisation animale, d’appauvrissement génétique des plantes, de vulnérabilité des récoltes ou de l’importance de la pharmacopée, la bio-diversité est inéluctablement liée au destin de l’humanité. L’affaiblir, c’est rendre plus difficile la vie humaine.
- La menace chimique
Qu’il s’agisse de l’air, de l’eau ou des sols, la pollution induite par les dizaines de milliers de molécules chimiques en circulation est maintenant incontestable : l’atmosphère remplie de particules fines et de multiples gaz irritants entraînerait la perte de 8 mois à 2 ans de vie en moyenne en Europe. La circulation massive des pesticides (présents dans 96% des eaux de surface), des perturbateurs endocriniens du type bisphénol ou PCB comme de dizaines de substances toxiques contenues dans nombres d’objet de la vie courante (tissus, meubles, produits ménagers, électroniques) seraient responsables d’une progression considérable de certaines pathologies comme le cancer, les malformations génitales, le diabète ou les AVC aboutissant à un surcoût de 13 à 20% des dépenses de santé et à une diminution de l’espérance de vie sans incapacité majeure !
Une étude récente montre l’impact de ces pollutions sur les femmes enceintes et les jeunes enfants amenant une érosion des facultés cognitives et l’augmentation quasi-exponentielle de certains troubles comme l’autisme. Les sols sont fortement dégradés par l’agriculture intensive, le tassement dû aux engins lourds, l’érosion, les déchets, l’imperméabilisation lié à l’urbanisme qui se traduisent par une baisse des rendements dans certaine zones ou une perturbation de la circulation d’eau potable. Outre l’acidification constatée des océans, ce sont pas moins de 269000 tonnes de plastique en suspension qui pollueraient les mers avec des conséquences majeures sur le milieu.
- L’épuisement des ressources naturelles
Les prélèvements sur les ressources renouvelables ou non concernent d’abord l’eau potable dont les quantités disponibles par habitant sont en constante régression, puis les minerais exploitables dont les gisements ne sont pas infinis. Au rythme de consommation actuelle, l’étain,le plomb et le cuivre en particulier devraient connaître un épuisement des stocks d’ici 30 ans. L’extraction des minerais consomme de plus en plus d’énergie. L’exploitation des « terres rares », indispensables à de nombreuses activités de haute technologie, largement concentrée aujourd’hui en Chine (40% des ressources estimées) provoque des dégâts environnementaux significatifs. Leur fin est aussi programmée aux alentours des années 2020. Le pétrole et le gaz dopés par les huiles et gaz de schiste ont vu leur extraction fortement augmentée au prix d’une catastrophe environnementale. L’utilisation de la totalité des réserves en énergies fossiles, dont le charbon signifierait un réchauffement de 4 degré à la fin du siècle. En outre, même si le rythme se ralentit (5,2 millions d’Ha entre 2000 et 2010 contre 8,3 entre 90 et 2000), la déforestation reste extrêmement préoccupante particulièrement en Amazonie,Afrique Équatoriale et Malaisie/Indonésie.
Les fausses solutions
Le rêve de « tout changer pour ne rien changer », c’est à dire trouver des réponses sans remettre en cause ni les rapports sociaux, ni le fonctionnement de l’économie de marché, amènent à de fausses solutions.
- Les gestes individuels
90 sociétés sont responsables de 63% des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1751 ! La modification des comportements individuels (tri sélectif, recyclage, économie de l’usage de l’eau, de l’électricité, remplacement des hamburgers par des salades bio, lutte contre le gaspillage alimentaire) ne peut donc être la seule solution.
- Le marché
L’orientation des choix économiques par des éco-taxes ou des marchés de droits à polluer n’a jamais démontré son efficacité et se heurte en profondeur à la logique de la concurrence et du profit.. Le mécanisme européen de marché d’émission du CO2 est un échec patent. Le prix de la tonne est passé de 25 euros en 2008 à 5 euros en 2014 alors qu’il faudrait un coût d’environ 70 € la tonne pour peut-être inciter à la réduction des émissions. Il en est de même pour le programme REDD de lutte contre la déforestation qui ne fait que développer des effets pervers pour les pays du Sud.
L’espoir d’une « croissance verte » est une vision à court terme qui ne remet en cause ni notre mode de développement ni les conditions de vie et de travail de la majorité de la population. Il ne règle en rien la question du type d’énergie et des réserves de métaux. L’idée d’un « capitalisme vert » est une impasse. Elle consiste à « imposer au capitalisme des règles qui lui sont totalement étrangères ». (M. Husson)
Avec la lutte contre le réchauffement climatique, les défenseurs du nucléaire se sentent ragaillardis. Le nucléaire n'émettrait pas de gaz à effet de serre et donc serait LA solution. Cette approche fait l'impasse déjà sur deux réalités. La construction des centrales nucléaires entraîne la production de gaz à effets de serre. Ensuite le nucléaire ne répond pas à la question globale de l'énergie mais uniquement à la demande en électricité. Cela ne règle donc en rien la question des carburants. Quant à la question du chauffage domestique, ce problème peut être réglé bien plus simplement par l'isolation des bâtiments et du chauffage d'appoint à base d'énergie renouvelable (selon les ressources du lieu : géothermie, bois, biomasse ...).
De plus le nucléaire, contrairement à ce qui est toujours faussement affirmé, ne règle pas la question de l'indépendance énergétique puisque l'uranium n'existe que dans un nombre réduit de pays. Enfin l'argument central pour refuser le nucléaire est tout simplement son danger entre la gravité des accidents (Tchernobyl et Fukushima sont pourtant là pour nous le rappeler) et le problème de la durée de vie et du stockage des déchets radioactifs.
- La techno-science
La plupart des solutions proposées pour sortir de la crise écologique reposent sur une croyance aveugle dans les capacités scientifiques et technologiques. Pour limiter le réchauffement à 2°C, il faut une réduction de 70 à 85% des émissions de CO2 donc une diminution de l’intensité CO2 (rapport entre émission et point de CO2) 3 fois plus rapide que celle constatée depuis 40 ans. Rien en l’état actuel des techniques ne permet d’imaginer produire plus en émettant moins. Sauf à rentrer dans des scénarios dignes de la science-fiction, il faut donc envisager une diminution annuelle du PIB mondial d’environ 3% par an jusqu’en 2050, à moduler bien sûr en fonction du niveau de richesse et de pollution accumulé... Les fanatiques de la techno-science proposent de faire baisser la température par « géo-ingéniérie » : ensemencement en fer des océans, pulvérisation d’aérosols soufrés dans l’atmosphère, capture et stockage du CO2, filtre des rayons solaires... Ces illusions technologiques, le plus souvent impraticables, produiraient des effets extrêmement négatifs (modification du régime des moussons, aggravation de l’acidification des océans). Bref, les nouveaux apprentis sorciers du climat sont prêts à tout pour continuer à polluer tout en gagnant de l’argent !
Qu’en est-il des arguments contre la décroissance ?
Évacuons immédiatement une première approche qui récuserait la décroissance au motif que comme la croissance elle utiliserait les mêmes mesures mettant la production au coeur de l’analyse économique. Il s’agirait alors de privilégier de « nouveaux indicateurs » plus qualitatifs, aussi nombreux que complexes. Cette approche qui est loin d’être absurde, a toutefois l’inconvénient de ne pas s’affronter directement à l’activité économique telle qu’elle existe dans l’immédiat.
Cela nous amène à traiter d’une autre façon très répandue d’escamoter la croissance comme projet global. Elle consiste à expliquer que dans l’avenir certains secteurs doivent diminuer et d’autres augmenter sans que la question du solde soit jamais clairement posée. Cette présentation ne prend évidemment pas en compte la nécessité de la diminution nette de la production telle que nous l’avons examiné plus haut.
Prôner la décroissance reviendrait à proposer de passer d'une austérité subie à une austérité choisie. Ce tour de passe-passe vise de fait à faire accepter l'austérité. La remise en cause en profondeur du système économique est escamotée au profit d'une question de curseur et de choix démocratique. C'est une vision individualiste où il suffirait de choisir ce qu'on est prêt à accepter comme réduction de consommation sans remettre en cause les choix de production. Une politique d'austérité a pour objectif de réduire la consommation en baissant considérablement les dépenses publiques. L'accès à des services comme l'éducation, la santé, les transports ... devient donc dépendant de la capacité de chaque usager à remplacer les services publics précédemment disponibles par des services privatisés bien plus coûteux que seules les catégories les plus fortunées peuvent se payer.
La baisse de consommation n'est donc pas une austérité choisie mais une austérité imposée à ceux qui n'ont pas les moyens. Cela peut très bien s'accompagner d'une baisse des dépenses socialement utiles et d'une augmentation des dépenses inutiles. De même que le capitalisme vante la politique des gestes individuels du type éteindre l'électricité en sortant de la pièce ou fermer le robinet d'eau pour surtout ne pas remettre en cause le système capitaliste, l'austérité choisie vise surtout à ne pas poser la question de la répartition des richesses et du mode de production.
- Décroissance et pouvoir d’achat
A gauche, la décroissance est souvent assimilée à tort à l’austérité et à la baisse du pouvoir d’achat des classes populaires. Il y a là en effet un débat important avec une vision réductrice du progressisme : celle du « toujours plus ». A la notion de pouvoir d’achat, nous opposons celle du « pouvoir de vivre ». Est-ce un progrès de toujours dépenser plus pour les déplacements domicile/travail, pour plus de consommations médicales afin de réparer les dégâts de modes de vie pathogènes, pour plus de vêtements à la mode, de gadgets à durée limitée, de nourriture jetée à la poubelle ? Toutes ces dépenses augmentent le PIB mais pas le bien vivre. Au delà d’un certain seuil, atteint pour une part importante de la population des pays riches, il n’y a plus de rapport mécanique entre sentiment de bonheur et enrichissement matériel. La décroissance signifiera un accroissement du « bien vivre » pour la majorité de la population, tandis que les possesseurs de yacht et les usagers des palaces auront du souci à se faire.
- Décroissance et chômage
La décroissance serait synonyme de chômage de masse. L’emploi est la résultante de 3 composantes majeures : l’évolution de la population active, le rapport consommation/productivité et le temps de travail. Il faut revenir sur l’intensification du travail, créer de l’emploi sans avoir peur de faire baisser la productivité ou en la mettant au service de la réduction du temps de travail. En effet, le temps de travail a connu une baisse spectaculaire interrompue seulement par les politiques libérales de ces 30 dernières années. Ce blocage de la diminution du temps de travail est d’ailleurs une des origines de la montée actuelle du chômage avec une division entre ceux qui travaillent trop et ceux qui sont dépourvus d’emploi. Il faut reprendre et accélérer la tendance à la réduction en commençant pas un passage immédiat aux 32 heures. Si la transition écologique supprimera des emplois, les plus nocifs, dans la finance, la publicité ou les services, elle créera aussi de nouveaux emplois dans les énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments, la réparation. De même, l’agriculture paysanne crée plus d’emplois que l’agriculture industrielle. Dans les services où la machine a remplacé le contact humain (Postes, Banques, Chemins de fer ...), où le « taper 1, taper2, taper ... » revient à exclure de nombreuses personnes de leur accès, des emplois peuvent être recréés.
- Décroissance et pays pauvres
Enfin la décroissance empêcherait les pays pauvres d’accéder au même niveau de vie que les nations les plus riches. C’est l’inverse : consommer mieux et plus sobrement dans nos pays permettra un meilleur partage, la possibilité d’un développement endogène et la fin des pillages. Il s’agit de reconnaître au paysan bengali ou africain le droit de vivre en satisfaisant ses besoins essentiels, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Ce sont les pays du Nord, ceux dont l’empreinte écologique est insoutenable, qui sont visés. Mais les pays émergents ne sont pas obligés de faire les mêmes erreurs que celles commises par l’industrialisation à outrance. Le cas de la Chine est le plus frappant. Les niveaux de pollution et d’émission de CO2 engendrés par une croissance déséquilibrée ne sont pas tenables dans l’intérêt même d’une population qui en subit les effets les plus nocifs. Les pays émergents doivent aujourd’hui intégrer la notion de limite de la planète dans leurs choix de développement et refuser le modèle du tout extrativiste au bénéfice du nord ainsi que celui de l’agriculture industrielle exportatrice et de l’agroforesterie destructrice des forêts primaires et provoquant l’épuisement des sols.
Ecosocialisme et décroissance
- Le Bien Vivre
La décroissance est un projet de rupture radicale avec le modèle social consumériste et marchand. Face au fétichisme de l’accumulation d’objets comme outil de réalisation de soi et de rapport aux autres, l’écosocialisme promeut une autre logique, centrée sur le « bien vivre » : « moins de biens, plus de liens ». La décroissance introduit avec force la notion de limites à l’opposé de la démesure qui gouverne les sociétés contemporaines : désirs illimités, affirmation de la toute puissance de l’individu et croyance irraisonnée dans les vertus de la science et de la technologie. La pensée progressiste a longtemps imaginé que toute avancée scientifique était par définition émancipatrice si elle se déployait dans un cadre public. Cette idée est désormais caduque. La question n’est plus de savoir si une technique est possible mais si elle répond à des besoins réels. Au-delà, le risque est grand de tomber dans une dépendance qui institue une nouvelle forme d’asservissement de l’homme à la techno-science. Des avancées médicales oui, des robots pour s’occuper des personnes âgées, non !
L’autre vision novatrice concerne le rapport au temps. L’accélération permanente, le « toujours plus vite » conduit au burn-out. Il faut réhabiliter la lenteur, rejeter l’injonction d’immédiateté et la dictature du « temps réel », négation de la démocratie. Prendre le temps de méditer, lire, dormir, flâner, mais aussi décider collectivement.
- Pour une démondialisation solidaire
Une écologie radicale est impossible sans rompre avec la mondialisation libérale. Il ne s’agit pas seulement d’en finir avec la « spéculation financière » repartie de plus belle depuis la crise de 2008. C’est l’ensemble des échanges internationaux qu’il faut rééxaminer. Une part considérable de ceux-ci est constituée de commerce intra-firmes (entre filiales d’une même multinationale) et intra-branches (on vend et on achète des produits similaires entre différents pays). Cette circulation effrénée de services et de marchandises génère le dumping social, des pollutions insupportables et est incompatible avec les impératifs écologiques. La multiplication des transports génère des pollutions devenus insupportables.
Il faut relocaliser les productions en n’échangeant entre pays que l’indispensable. De même que nous prônons la souveraineté alimentaire, il faut se diriger vers la souveraineté industrielle. Ce processus de démondialisation est solidaire car il doit se penser non pas dans une logique de marché (diminution des coûts), ni de guerre commerciale entre tous, mais par la coopération des peuples fondée sur la satisfaction des besoins sociaux. Bien loin d’un « repli sur soi », il nécessite la mise en place d’un protectionnisme solidaire.
- Empreinte écologique et dette écologique
L’empreinte écologique mondiale a dépassé la capacité biologique de la Terre à produire ce dont nous avons besoin et à absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980. Si tous les habitants de la planète consommaient autant que les Français, il faudrait disposer de 2,5 planètes. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait disposer de 5 planètes. Nous sommes donc maintenant en surconsommation, ce qui signifie que nous puisons dans nos réserves en surexploitant la nature (l’exemple le plus criant est celui des ressources en poisson). Voilà pourquoi une décroissance globale est indispensable. Pour que cela ne se fasse pas au bénéfice des pays riches ou des oligarchies de tout pays, il est impossible de laisser faire le marché et la concurrence libre et non faussée. D’où les propositions du Parti de Gauche d’inscrire la règle verte dans la constitution d’une 6e république et de mettre en œuvre une planification écologique. C’est tout le défi de l’écosocialisme.
- Planification écologique
Il n’y a donc pas d’autre solution qu’une décroissance des ponctions sur la nature à l’échelle de la planète. Si on ne veut pas que cela s’effectue sauvagement et donc au bénéfice des pays riches et des oligarchies quelque soit leur pays d’origine, il faut surtout ne pas laisser faire le marché et la concurrence libre et non faussée. Il faut donc l’organiser et l’outil pour cela est la planification écologique avec deux principes de base :
la règle verte : La règle verte consiste à inscrire dans la constitution le fait de ne pas prélever plus de ressources et de ne pas produire plus de déchets que ce que notre pays peut supporter. Le calcul se base sur l’utilisation de la notion d’empreinte écologique afin de réduire l’utilisation de ressources non renouvelables et de limiter les ressources renouvelables à ce que l’écosystème a le temps de renouveler. Les choix économiques, agricoles, énergétiques, d’aménagement du territoire et de transports doivent être planifiés afin de respecter cette règle verte et de réorienter production, échange et consommation selon leur utilité sociale et écologique. Cela nécessite une action qui soit à la fois coordonnée, volontariste et inscrite dans le long terme, tout en engageant des moyens immédiats pour les premières ruptures. Cela suppose d’identifier au préalable les biens communs et les services publics qui constituent les droits fondamentaux, de trouver le niveau pertinent d’articulation entre le central et le local, explorer les voies de la socialisation et de la réappropriation citoyenne.
la reconnaissance de la dette écologique des pays industrialisés envers les autres pays. Le développement des pays du nord s’est effectué en pillant les ressources des pays du sud et ce pillage continue de nos jours sous des formes diverses par l’appropriation des matières premières, des terres et de la biodiversité sous la forme de la brevetabilité du vivant. Ce pillage doit donc cesser et être remplacé par des échanges justes partant des besoins des populations des pays du sud, de la nécessité de ces pays d’aller vers leur autonomie et leur souveraineté sous toute ses formes afin de ne plus dépendre des pays du nord. La coopération entre pays, basée sur l’intérêt général des populations des pays pillés, doit remplacer les mécanismes de marché. Les pays industrialisés ayant le plus de responsabilités dans le réchauffement climatique non seulement dans la durée mais aussi dans les quantités rapportées au nombre d’habitants, doivent faire les efforts principaux dans la réduction des émissions de gaz à effets de serre.
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