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11 janvier 2016 1 11 /01 /janvier /2016 09:19
Giorgio Agamben : « De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité »
Pour le philosophe italien Giorgio Agamben[1], l’état d’urgence n’est pas un bouclier qui protège la démocratie. Il a, au contraire, selon lui, toujours accompagné les dictatures.

Sources : le Monde.fr 23 décembre 2015

On ne comprend pas l’enjeu véritable de la prolongation de l’état d’urgence [jusqu’à la fin février] en France, si on ne le situe pas dans le contexte d’une transformation radicale du modèle étatique qui nous est familier. Il faut avant tout démentir le propos des femmes et hommes politiques irresponsables, selon lesquels l’état d’urgence serait un bouclier pour la démocratie.

 

Les historiens savent parfaitement que c’est le contraire qui est vrai. L’état d’urgence est justement le dispositif par lequel les pouvoirs totalitaires se sont installés en Europe. Ainsi, dans les années qui ont précédé la prise du pouvoir par Hitler, les gouvernements sociaux-démocrates de Weimar avaient eu si souvent recours à l’état d’urgence (état d’exception, comme on le nomme en allemand), qu’on a pu dire que l’Allemagne avait déjà cessé, avant 1933, d’être une démocratie parlementaire.

 

Or le premier acte d’Hitler, après sa nomination, a été de proclamer un état d’urgence, qui n’a jamais été révoqué. Lorsqu’on s’étonne des crimes qui ont pu être commis impunément en Allemagne par les nazis, on oublie que ces actes étaient parfaitement légaux, car le pays était soumis à l’état d’exception et que les libertés individuelles étaient suspendues.

 

On ne voit pas pourquoi un pareil scénario ne pourrait pas se répéter en France  : on imagine sans difficulté un gouvernement d’extrême droite se servir à ses fins d’un état d’urgence auquel les gouvernements socialistes ont désormais habitué les citoyens. Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques.


 

- Entretenir la peur

Cela est d’autant plus vrai que l’état d’urgence s’inscrit, aujourd’hui, dans le processus qui est en train de faire évoluer les démocraties occidentales vers quelque chose qu’il faut, d’ores et déjà, appeler Etat de sécurité (« Security State », comme disent les politologues américains). Le mot « sécurité » est tellement entré dans le discours politique que l’on peut dire, sans crainte de se tromper, que les « raisons de sécurité » ont pris la place de ce qu’on appelait, autrefois, la « raison d’Etat ». Une analyse de cette nouvelle forme de gouvernement fait, cependant, défaut. Comme l’Etat de sécurité ne relève ni de l’Etat de droit ni de ce que Michel Foucault appelait les « sociétés de discipline », il convient de poser ici quelques jalons en vue d’une possible définition.

 

Dans le modèle du Britannique Thomas Hobbes, qui a si profondément influencé notre philosophie politique, le contrat qui transfère les pouvoirs au souverain présuppose la peur réciproque et la guerre de tous contre tous : l’Etat est ce qui vient justement mettre fin à la peur. Dans l’Etat de sécurité, ce schéma se renverse : l’Etat se fonde durablement sur la peur et doit, à tout prix, l’entretenir, car il tire d’elle sa fonction essentielle et sa légitimité.

 

Foucault avait déjà montré que, lorsque le mot « sécurité » apparaît pour la première fois en France dans le discours politique avec les gouvernements physiocrates avant la Révolution, il ne s’agissait pas de prévenir les catastrophes et les famines, mais de les laisser advenir pour pouvoir ensuite les gouverner et les orienter dans une direction qu’on estimait profitable.

 

 

- Aucun sens juridique

De même, la sécurité dont il est question aujourd’hui ne vise pas à prévenir les actes de terrorisme (ce qui est d’ailleurs extrêmement difficile, sinon impossible, puisque les mesures de sécurité ne sont efficaces qu’après coup, et que le terrorisme est, par définition, une série des premiers coups), mais à établir une nouvelle relation avec les hommes, qui est celle d’un contrôle généralisé et sans limites – d’où l’insistance particulière sur les dispositifs qui permettent le contrôle total des données informatiques et communicationnelles des citoyens, y compris le prélèvement intégral du contenu des ordinateurs.

Le risque, le premier que nous relevons, est la dérive vers la création d’une relation systémique entre terrorisme et Etat de sécurité : si l’Etat a besoin de la peur pour se légitimer, il faut alors, à la limite, produire la terreur ou, au moins, ne pas empêcher qu’elle se produise. On voit ainsi les pays poursuivre une politique étrangère qui alimente le terrorisme qu’on doit combattre à l’intérieur et entretenir des relations cordiales et même vendre des armes à des Etats dont on sait qu’ils financent les organisations terroristes.

 

Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques
 

Un deuxième point, qu’il est important de saisir, est le changement du statut politique des citoyens et du peuple, qui était censé être le titulaire de la souveraineté. Dans l’Etat de sécurité, on voit se produire une tendance irrépressible vers ce qu’il faut bien appeler une dépolitisation progressive des citoyens, dont la participation à la vie politique se réduit aux sondages électoraux. Cette tendance est d’autant plus inquiétante qu’elle avait été théorisée par les juristes nazis, qui définissent le peuple comme un élément essentiellement impolitique, dont l’Etat doit assurer la protection et la croissance.

 

Or, selon ces juristes, il y a une seule façon de rendre politique cet élément impolitique : par l’égalité de souche et de race, qui va le distinguer de l’étranger et de l’ennemi. Il ne s’agit pas ici de confondre l’Etat nazi et l’Etat de sécurité contemporain : ce qu’il faut comprendre, c’est que, si on dépolitise les citoyens, ils ne peuvent sortir de leur passivité que si on les mobilise par la peur contre un ennemi étranger qui ne leur soit pas seulement extérieur (c’étaient les juifs en Allemagne, ce sont les musulmans en France aujourd’hui).


 

- Incertitude et terreur

C’est dans ce cadre qu’il faut considérer le sinistre projet de déchéance de la nationalité pour les citoyens binationaux, qui rappelle la loi fasciste de 1926 sur la dénationalisation des « citoyens indignes de la citoyenneté italienne » et les lois nazies sur la dénationalisation des juifs.

 

Un troisième point, dont il ne faut pas sous-évaluer l’importance, est la transformation radicale des critères qui établissent la vérité et la certitude dans la sphère publique. Ce qui frappe avant tout un observateur attentif dans les comptes rendus des crimes terroristes, c’est le renoncement intégral à l’établissement de la certitude judiciaire.

 

Alors qu’il est entendu dans un Etat de droit qu’un crime ne peut être certifié que par une enquête judiciaire, sous le paradigme sécuritaire, on doit se contenter de ce qu’en disent la police et les médias qui en dépendent – c’est-à-dire deux instances qui ont toujours été considérées comme peu fiables. D’où le vague incroyable et les contradictions patentes dans les reconstructions hâtives des événements, qui éludent sciemment toute possibilité de vérification et de falsification et qui ressemblent davantage à des commérages qu’à des enquêtes. Cela signifie que l’Etat de sécurité a intérêt à ce que les citoyens – dont il doit assurer la protection – restent dans l’incertitude sur ce qui les menace, car l’incertitude et la terreur vont de pair.

 

C’est la même incertitude que l’on retrouve dans le texte de la loi du 20 novembre sur l’état d’urgence, qui se réfère à « toute personne à l’égard de laquelle il existe de sérieuses raisons de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et la sécurité ». Il est tout à fait évident que la formule « sérieuses raisons de penser » n’a aucun sens juridique et, en tant qu’elle renvoie à l’arbitraire de celui qui « pense », peut s’appliquer à tout moment à n’importe qui. Or, dans l’Etat de sécurité, ces formules indéterminées, qui ont toujours été considérées par les juristes comme contraires au principe de la certitude du droit, deviennent la norme.


 

- Dépolitisation des citoyens

La même imprécision et les mêmes équivoques reviennent dans les déclarations des femmes et hommes politiques, selon lesquelles la France serait en guerre contre le terrorisme. Une guerre contre le terrorisme est une contradiction dans les termes, car l’état de guerre se définit précisément par la possibilité d’identifier de façon certaine l’ennemi qu’on doit combattre. Dans la perspective sécuritaire, l’ennemi doit – au contraire – rester dans le vague, pour que n’importe qui – à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur – puisse être identifié en tant que tel.

 

Maintien d’un état de peur généralisé, dépolitisation des citoyens, renoncement à toute certitude du droit : voilà trois caractères de l’Etat de sécurité, qui ont de quoi troubler les esprits. Car cela signifie, d’une part, que l’Etat de sécurité dans lequel nous sommes en train de glisser fait le contraire de ce qu’il promet, puisque – si sécurité veut dire absence de souci (sine cura) – il entretient, en revanche, la peur et la terreur. L’Etat de sécurité est, d’autre part, un Etat policier, car, par l’éclipse du pouvoir judiciaire, il généralise la marge discrétionnaire de la police qui, dans un état d’urgence devenu normal, agit de plus en plus en souverain.

 

Par la dépolitisation progressive du citoyen, devenu en quelque sorte un terroriste en puissance, l’Etat de sécurité sort enfin du domaine connu de la politique, pour se diriger vers une zone incertaine, où le public et le privé se confondent, et dont on a du mal à définir les frontières.

 

Note :

[1] Giorgio Agamben est né en 1942 à Rome (Italie). Philosophe, auteur d’une œuvre théorique reconnue et traduite dans le monde entier, il vient de publier La Guerre civile. Pour une théorie politique de la Stasi, traduit par Joël Gayraud (Points, 96 pages, 6,50 euros) et L’Usage des corps. Homo Sacer, IV, 2, traduit par Joël Gayraud (Seuil, 396 pages, 26 euros).


Pour en savoir plus :
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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 09:23
Le Front de Gauche, entre constat d’échec et recherche de solutions,.... se cherche une suite

Et maintenant ? Quasiment unanimes sur les difficultés qu’ils affrontent, entre divisions et absence de dynamique, les responsables du Front de gauche se sont retrouvés le 15 décembre pour réfléchir à la gauche de demain.

 

Source : l'Humanité du 16 décembre 2015 | et du 15 décembre 2015 mis à jour le 16 janvier 2016

- S’il n’est pas enterré, les dirigeants de ses principales formations, 
réunis en coordination[1], s’accordent à dire qu’il doit être dépassé.

« Le Front de gauche enterré par ses responsables  », «  Régionales fatales pour le Front de gauche  », «  Le Front de gauche en voie de dislocation  »… Depuis lundi, les faire-part de décès se multiplient dans la presse. Réunie le 15 décembre, la coordination du Front de gauche n’a pourtant pas acté sa fin mais son nécessaire dépassement, à en croire ses participants. «  Le projet, à la création du Front de gauche, était de travailler à un rassemblement majoritaire pour une autre politique de gauche. De ce point de vue, déjà avant les régionales mais plus encore après, il y a échec  », estime Marie-Pierre Vieu, membre de la direction du PCF. Un constat que chacun estime qu’il serait «  ridicule de nier  ». «  Un enterrement voudrait dire que ses forces n’ont plus vocation à voir comment elles peuvent écrire quelque chose pour la suite. Mais le Front de gauche ne suffit pas  », répond, pour sa part, Éric Coquerel, le coordinateur du Parti de gauche (PG).

 

 

- Un sentiment d’urgence plane

Si le point de départ peut se résumer en un «  On ne peut pas continuer comme ça  », la suite s’écrit surtout pour l’heure en questions  : «  Pourquoi n’y est-on pas parvenu  ? Comment dépasse-t-on le Front de gauche  ? Y aura-t-il une candidature commune de tout notre espace politique à la présidentielle  ? Comment parler à la fois à tous ceux qui se sont abstenus dans les quartiers populaires et à ceux qui ont utilisé un bulletin PS sans partager la politique gouvernementale  ? Comment répondre à la fois à la nécessité de rassemblement et à l’exaspération sociale  ?  » liste notamment le dirigeant du PG. Le tout dans un contexte loin d’être simple, avec la volonté de plus en plus affirmée d’une partie du PS de voir se créer un grand pôle de gauche s’étirant vers le centre. «  On est face à une tentative d’en finir avec la gauche tout entière. Nous, on veut se mettre à son service  », relève Marie-Pierre Vieu.

 

Une volonté commune se dessine au Front de gauche, celle de «  refonder la gauche  ». Reste à savoir comment. «  De multiples initiatives ont été prises. M6R, Chantiers d’espoir, Mouvement commun… Aucune n’a fait la démonstration de son efficacité  », constate Pierre Khalfa, d’Ensemble, qui voit «  deux conditions à remplir  : être clair avec le bilan des politiques menées depuis quatre ans et associer les citoyens car la refondation ne résultera pas d’accords d’appareils  ».

 

Un sentiment d’urgence plane, mais l’heure est à la réflexion. Chacune des formations doit réunir ses instances dans les prochains jours avant une nouvelle rencontre commune, la semaine prochaine, qui devrait arrêter les initiatives de la rentrée.

 

 

- Le Front de gauche entre constat d’échec et recherche de solutions

L’heure est au débat au sein du Front de gauche – sur son propre avenir, mais surtout sur l’avenir de la gauche et du pays –, sept ans après son lancement en 2008 avec l’objectif d’ouvrir une autre voie à gauche. Après les résultats des élections, le constat d’échec est globalement partagé. Malgré un FN écarté des exécutifs régionaux, «  le danger persiste et rien ne doit faire oublier la gravité de ce qui vient de se passer  », a déclaré Pierre Laurent dès les résultats du second tour connus. «  Nous sommes effectivement dos au mur. Je ne parle pas seulement de l’autre gauche, qui est dans un état de catastrophe avancé (...), je parle du camp progressiste et humaniste en général, car pour l’instant une vague brune déferle sur l’Europe  », a estimé, de son côté, Jean-Luc Mélenchon, dans les Inrocks.

 

Le diagnostic est d’abord celui de la responsabilité de la politique gouvernementale. «  Si le FN est passé depuis le début du quinquennat Hollande de 18 % à 30 %, c’est bien qu’il existe une exaspération  » liée à «  l’obstination de ne pas changer une politique qui échoue  », a analysé, hier, le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, jugeant que «  des apprentis sorciers jouent avec le feu  » en vue de 2017 «  pour arracher une victoire au second tour face au FN  ».

 

Aucun de ses dirigeants n’entend cependant exonérer le Front de gauche de ses propres difficultés. «  On est illisible. C’est une série d’échecs depuis les législatives de 2012. On est redevenu un cartel de partis  », a de nouveau estimé le coordinateur du Parti de gauche, Éric Coquerel. Si, sur France Info, hier matin, Olivier Dartigolles a jugé que le Front de gauche «  s’est planté  » et doit «  tout revoir du sol au plafond  », il ajoute que «  cela ne signifie pas que ses objectifs initiaux n’étaient pas les bons  ».

 

 

- Des grandes lignes se dessinent déjà

Sur le plan électoral, le résultat est mince. Au total, la coalition compte désormais 40 élus régionaux (29 PCF, 7 PG, 3 Ensemble et 1 République et socialisme), contre 126 élus en 2010 (95 PCF, 17 PG, 7 GU, 7 apparentés).

  • «  Le problème est beaucoup plus profond. Soit il y a un sursaut et quelque chose de neuf qui se crée, soit on risque de se marginaliser  », alerte Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble.
  • Néanmoins, les grandes lignes se dessinent déjà. «  Les prochaines semaines doivent ouvrir un débat sur la refondation de la gauche, et non pas de la gauche de la gauche  », avance Olivier Dartigolles, tout en prenant «  au sérieux  » la demande d’«  inflexion  » de la politique gouvernementale venue de Jean-Christophe Cambadélis.
  • «  Il faut refonder la gauche  », juge également Clémentine Autain. Sa formation a d’ailleurs appelé dès dimanche soir à des candidatures communes en 2017 de ceux qui «  aspirent à une alternative politique de rupture avec le libéralisme  ».
  • Côté PG, 2017 est aussi au centre des attentions. «  Il faut que (l’élection présidentielle) soit l’heure du peuple contre l’oligarchie  », a prévenu Jean-Luc Mélenchon, appelant à «  un véritable front populaire  ».
  • Et Éric Coquerel (PG) de préciser  : «  Si on veut éviter le pire, il faut préparer 2017 en construisant un mouvement, en arrêtant de se diviser, en étant capable de s’adresser au plus grand nombre, d’incarner les principes républicains.  »

 

Note :

[1] le 15 décembre 2015

 

Pour en savoir plus :

- J. L. Mélenchon : De Podemos au Front de gauche : cartel de partis ou mouvement global inclusif ?

- En 2016, PCF et PG veulent tourner la page du Front de gauche

- «La présidentielle doit servir à créer un nouveau rassemblement à gauche» Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche

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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 09:23
1950 à... : rétrospective des interventions militaires Françaises en Afrique

- Au moment ou la France victime d'attentats est engagée dans de nouvelles aventures guerrières en Irak et en Syrie (contre un «ennemi» qu’elle a contribué à créer) en violation de toute « légalité internationale », il n'est pas inutile de revenir sur ses différentes interventions en Afrique camouflées ou pas sous des motifs "humanitaires" ou de "sauvegarde de nos ressortissants".

- Car après les décolonisations (ce qui ne veut pas dire indépendance[1] ), la France signe une vingtaine d’accords de défense et de coopération avec ses anciennes colonies africaines et poursuit ses opérations occultes notamment sous couvert de ces "accords de défense"... ou "d'opérations humanitaires"  pour sauvegarder ses intérêts capitalistes de l'ex puissance coloniale.

- En vérité, si dans le cadre de la Françafrique,  avec la collaboration des « réseaux Foccart » la France  a orchestré avec efficacité et sans états d'âme le soutien des uns et la déstabilisation des autres, fort de moyens humains et financiers considérables (les libéralités d'Elf aidant), il s'agit plus aujourd'hui de  garantir l’accès aux matières premières stratégiques du continent (pétrole, uranium etc.), et d'essayer d'offrir des débouchés privilégiés aux multinationales françaises.

- Car en Afrique aussi les ressources énergétiques sont au coeur des conflits internationaux.

- La France entend poursuivre le rôle de "GENDARME DE L'AFRIQUE" qu'elle s'est attribuée avec le soutien des autres puissances occidentales.... autant de sources possibles d'actes de terrorisme en représailles !... et certains s'étonnent que nous n'ayons pas que des amis sur terre, que la France soit une cible, tentant dans un même mouvement d'en faire une question religieuse ou de "guerre de civilisation"[2] !

 

Eclairer modestement sur le rôle de la France en Afrique, telle est l'ambition de cet article.

 

Sources : Le Grand Soir le 21 juillet 2014 | mis à jour le 16/08/2022

  • 1956 : Crise du canal de SuezContre l’avis de l’opinion internationale, la France et la Grande-Bretagne préparent une opération militaire d’envergure, baptisée  « opération 700 » pour les Français. En France, le gouvernement Mollet obtient un vote de confiance quasi unanime le 30 octobre, moins l'abstention des communistes et des poujadistes. La mission est de reprendre le contrôle du canal. Le plan (nom de code « Terrapin ») prévoit également une offensive israélienne contre l’Égypte qui débute le 29 octobre. Le commandement de l’opération est britannique, les Français ne conservant que le commandement de leurs unités, sans pouvoir de décision. Les Français, commandés par le général de corps d'armée André Beaufre, forment la force « A »[0].
  • 1961 : Tunisie. Opération : Lancée le 18 juillet 1961, par Charles de Gaulle avec pour but le maintien de la base militaire navale de Bizerte dans le giron de la France. Chef de l’État tunisien : Habib Bourguiba. Nom de l’opération : "Bouledogue" (transformée en opération « Charrue longue »).
  • 1964 : Gabon. Opération : lancée le 18 février 1964 par Charles de Gaulle pour le rétablissement, du président Léon M’ba après un putsch d’une partie de l’armée. Chef de l’État gabonnais : Léon M’ba. Nom de l’opération : ???
  • 1964 : Gabon. Opération : lancée le 18 février 1964 par Charles de Gaulle pour le rétablissement, du président Léon M’ba après un putsch d’une partie de l’armée. Chef de l’État gabonnais : Léon M’ba. Nom de l’opération : ???1968/1972 : Tchad. Opération : lancée par Charles de Gaulle et poursuivie par Georges Pompidou contre la rébellion du Tibesti au Tchad. L’armée française enregistre des pertes importantes. 39 tués dans les rangs français durant l’opération « Limousin » ainsi qu’une centaine de blessés. Chef de l’État tchadien : François Tombalbaye. Nom de l’opération : « Bison » et « Limousin ».
  • 1977 : Mauritanie. Opération : lancée par Valérie Giscard d'Estaing intervention conduite de décembre 1977 à juillet 1978 par l’armée de l’air dans le but de repousser le Front Polisario du territoire mauritanien, dans le secteur du train minéralier Zouérat-Nouadhibou et de libérer les coopérants français enlevés quelques mois auparavant. Chef de l’État mauritanien : Mokhtar Ould Daddah. Nom de l’opération : « Lamantin ». 
  • 1977 : Zaïre. Opération : lancée par Valérie Giscard d'Estaing en soutien au maréchal Mobutu Sese Seko contre la rébellion du Shaba. (19 mai - 14 juin). Chef de l’État zaïroi : Mobutu Sese Seko. Nom de l’opération : "« Verveine ».
  • 1978 : Zaïre. Opération : lancée par Valérie Giscard d'Estaing et menée dans la ville minière de Kolwezi envahie au début du mois de mai par les rebelles katangais, soutenus par l’Angola. Chef de l’État zaïroi : Mobutu Sese Seko. Nom de l’opération : « Léopard » ou « Bonite ».
  • 1978 : Tchad. Sur décision de Valérie Giscard d'Estaing, la France intervient une nouvelle fois de mars 1978 à mai 1980 pour contrer l’avancée du Frolinat (Front national de libération du Tchad). Chef de l’État tchadien : Félix Malloum. Nom de l’opération : "« Tacaud ».
  • 1979 : Centrafrique. Opération : l’empereur Jean-Bedel Bokassa est renversé. David Dacko est réinstallé au sommet de l’État. Sur décision de Valérie Giscard d'Estaing la France intervient de septembre 1979 à septembre 1981. Chef de l’État de Centrafrique : Jean-Bedel Bokassa. Nom de l’opération : «  Barracuda ».
  • 1983 : Tchad. Opération : à la demane de François Mitterand, le 18 août, 4 000 soldats français sont mobilisés en appui au président Hissène Habré mis en difficulté par les rebelles de Goukouni Oueddeye, soutenus par la Libye. L’opération durera jusqu’en février 1986. Chef de l’État tchadien : Hissène Habré. Nom de l’opération : «  Manta ».
  • 1986 : Tchad. Opération : sur décision de François Mitterand, le 15 février 1986, l’aviation française bombarde la base aérienne avancée de l’armée libyenne à Ouadi-Doum (Nord). Chef de l’État tchadien : Hissène Habré. Nom de l’opération : « Épervier ».
  • 1986 : Togo. Opération : François Mitterand envoie 150 parachutistes français qui débarquent en renfort au Togo : Sauvetage du président Gnassingbé Eyadéma, menacé par une tentative de coup d’État, le 23 septembre 1986. Des Chasseurs Jaguar dans le ciel de Lomé. Chef de l’État togolais: Gnassingbé Eyadéma.
  • 1987 : Burkina Faso : 15 octobre 1987, le monde apprenait le décès de Thomas Sankara, président du Burkina Faso. Son assassinat mettait fin à une expérience révolutionnaire sans précédent en Afrique. Durant quatre ans, Thomas Sankara avait défié la mainmise des ex-puissances coloniales sur son pays et impulsé des réformes destinées à le sortir du sous-développement ; sur la scène internationale, il s’était fait l’avocat des peuples du Sud en lutte contre l’impérialisme. L’assassinat du « Che africain » s’est déroulé dans les circonstances les plus obscures. Encore aujourd’hui le gouvernement français, soupçonné d’être l’un de ses commanditaires, refuse la nomination d’une commission d’enquête sur ce sujet[9].
  • 1989 : Comores. Opération : François Mitterand décide d'une intervention menée, du 7 au 16 décembre 1989, après l’assassinat du président Ahmed Abdallah et la prise de contrôle du pays par les mercenaires de Bob Denard. 1200 ressortissants français sont également sécurisés. Chef de l’État des Comores : Ahmed Abdallah. Nom de l’opération : « Oside ».
  • 1990 : Gabon. Opération : après l’adoption par le Parlement gabonais du multipartisme et la mort d’un responsable du parti gabonais du progrès (PGP) s’opposant au régime d’Omar Bongo, président de la République gabonaise, manifestations à Libreville et Port-Gentil du 22 au 24. De mai à juillet 1990, François Mitterand demande à l'armée d'évacuer 1800 étrangers après les émeutes de Libreville et de Port-Gentil. Chef de l’État gabonnais : Omar Bongo. Nom de l’opération : « Requin».
  • 1990 : Rwanda. Opération : début octobre, à la demande du président rwandais Juvénal Habyarimana, François Mitterand décide l'envoi, au Rwanda, de 300 militaires français basés à Bangui (Centrafrique), "ainsi que des armements légers et des munitions, dans le cadre d’une opération préventive" pour assurer la sécurité des 650 ressortissants français au Rwanda. La mission Noroit des soldats français au Rwanda perdure jusqu’en 1993. Soutien au régime du président Juvénal Habyarimana contre les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), d’octobre 1990 à décembre 1993. Chef de l’État rwandai : Juvénal Habyarimana. Nom de l’opération : "« Noirot »[14].
  • Mais aussi en  1990 :   Koweït. Opération : après l’invasion du Koweït par l’armée irakienne le 2 août, François Mitterand  engage la France qui participe à la coalition internationale pour l’évacuation du Koweït par l’Irak. Nom de l’opération : "Daguet" sous commandement américain dans le cadre de l'opération « Tempête du désert ».
  • 1991 : Zaïre. Opération : en raison des troubles commencés à Kinshasa durant lesquels des militaires pillent des entrepôts et des magasins pour protester contre le retard dans le paiement de leur solde, sur proposition de François Mitterand en septembre, la France et la Belgique envoient des parachutistes pour assurer la protection de leurs ressortissants ainsi que des autres ressortissants étrangers, notamment américains, en accord avec les pays concernés. Nom de l’opération : ???
  • 1991 : Djibouti. Opération : à la demande du gouvernement djiboutien, François Mitterand accepte  "de positionner des militaires français" à la frontière entre l’Ethiopie et Djibouti. Les Forces françaises de Djibouti (FFDJ) interviennent le 26 mai 1991 pour contrer l’avancée de l’armée éthiopienne sur Djibouti. L’intervention dure jusqu’au 2 juin. Chef de l’État Djiboutien : Hassan Gouled Aptidon. Nom de l’opération : « Godoria ».
  • Décembre 1992 avril 1993 : Somalie. Opération : François Mitterand  engage la France en soutien de la force de maintien de la paix des Nations unies présente sur place. À la chute du régime du général Siyad Barre en janvier 1991, la rivalité entre le général Aydid et le président intérimaire officiel Ali Mahdi dégénère en une guerre des clans et des actions de banditisme pour s’approprier l’aide humanitaire. La France envoie environ 2500 hommes. L’opération sera ensuite placée sous le commandement américain de la mission "Restore Hope". Chef de l’État somalien : Ali Mahdi. Nom de l’opération : « Oryx ».
  • 1993 : Rwanda. Opération : Extraction et évacuation de 77 ressortissants étrangers entre le 9 et le 11 février. François Mitterand annonce de l’envoi au Rwanda d’une seconde compagnie de militaires français s’ajoutant à celle déjà stationnée dans le pays depuis octobre 1990. Les autorités françaises précisent que cette force supplémentaire n’a d’autre objectif que d’assurer la sécurité des ressortissants français en une période de troubles. Le 15, démenti officiel par le ministère des affaires étrangères des déclarations faites le 14 par un représentant de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) affirmant que les troupes françaises présentes au Rwanda se seraient "battues aux côtés de l’armée rwandaise" contre les rebelles du Front patriotique rwandais. Le 20, annonce par le ministère des affaires étrangères de l’envoi au Rwanda de deux compagnies militaires supplémentaires pour "assurer la sécurité des ressortissants français et des autres étrangers". Chef de l’État rwandai : Juvénal Habyarimana. Nom de l’opération : « Volcan »[14] [14bis].
  • 1993 : Rwanda. Opération : Formation de l’armée rwandaise. Nom de l’opération : « Chimère » dont on peut apprécier les résultats : GENOCIDE DE PRES D’UN MILLION DE RWANDAIS. Chef de l’État rwandai : Juvénal Habyarimana[14] [14bis].
  • 1993 : Zaïre. Opération : Evacuation des ressortissants français. Kinshasa connaît des émeutes initiées par les militaires. L’ambassadeur de France Philippe Bernard et l’un de ses collaborateurs zaïrois ont été tués. Chef de l’État zaïroi  : Mobutu Sese Seko. Nom de l’opération : « Bajoyer ».
  • 1994 : Rwanda. Opération : L’assassinat des présidents rwandais et burundais, le 6 avril 1994, avec la destruction de leur avion au-dessus de Kigali, est suivi d’une vague de massacres à Kigali (Rwanda). Le 8, la France ferme son ambassade et décide d’évacuer 1 500 ressortissants alors que le président Habyarimana vient d’être assassiné et que débute le génocide. Chef de l’État rwandai : Juvénal Habyarimana qui vient d’être victime d’un attentat contre son avion. Nom de l’opération : « Amaryllis »[14] [14bis].
  • 1994 : ANNEE DU GENOCIDE RWANDAIS. Opération : la France intervient après l’adoption de la résolution 929 par le Conseil de sécurité de l’ONU de juin à août 1994. Chef de l’État rwandai : Théodore Sindikubwabo (intérim). Nom de l’opération : « Turquoise ». Une vidéo publiée par Mediapart éclaire sous un jour nouveau les accusations de "passivité" de l’armée française lors du génocide rwandais, qui a fait 800 000 victimes et accable l’armée française[13]

- La commission d’historiens, nommée par le président Emmanuel Macron pour étudier le rôle de la France au Rwanda au début des années 1990, a rendu son rapport le 26 mars. Elle conclut à des « responsabilités lourdes et accablantes » de Paris dans les crimes commis en 1994, notamment le génocide de près d’un million de Tutsis.[14[14bis].

  • 1995 : Comores. Opération : Bob Denard et une trentaine de mercenaires renversent le président Saïd Mohamed Djohar. A la demande de Jacques Chirac l’armée française intervient de septembre à octobre 1995, neutralise Bob Denard, le ramène en France où il est emprisonné. Chef de l’État des Comores : Saïd Mohamed Djohar. Nom de l’opération : « Azalée ».
  • 1996 : Cameroun. Opération : Jacques Chirac engage la France en soutien au régime camerounais dans le contentieux qui l’oppose au Nigeria au sujet de la presqu’île pétrolière de Bakassi. Elle est restituée au Cameroun par le Nigeria le 14 août 2008, après un arbitrage international. L’opération française, qui avait commencé le 16 février 1996, s’achèvera le 31 mai 2008. Chef de l’État camerounais : Paul Biya. Nom de l’opération : « Aramis ».
  • 1997 : Centrafrique. Opération : Jacques Chirac lance des représailles après la mort de deux militaires français tués par des rebelles le 4 janvier 1997 à Bangui. La France agit dans le cadre de la Mission de maintien de la paix de l’ONU. Chef de l’État de Centrafrique : Ange-Félix Patassé. Nom de l’opération : « Minurca ».
  • 1997 (juin) : Congo Brazzaville. Opération : Jacques Chirac mobilise la troupe pour officiellement pour évacuer les ressortissants étrangers durant la guerre civile qui oppose Sassou Nguesso appuyé par les forces angolaises à Pascal Lissouba lâché par Elf et la France. Chef de l’État du Congo Brazzaville : Pascal Lissouba. Nom de l’opération : « Pélican ».
  • 1997 (octobre) : Congo Brazzaville. Opération : Jacques Chirac lance une nouvelle intervention officiellement pour permettre des évacuations de ressortissants étrangers durant la guerre civile. Chef de l’État du Congo Brazzaville : Pascal Lissouba. Nom de l'opération « Antilope ».
  • 1998 : Guinée-Bissau. Opération : à la demande de Jacques Chirac évacuation de ressortissants et soutien d’une force interafricaine de paix. L’opération dure du 7 juin 1998 au 9 juin 1999. Chef de l’État de Guinée-Bissau : João Bernardo Vieira. Nom de l’opération «  Iroko ».
  • 1998 : République démocratique du Congo (RDC). Opération : Jacques Chirac envoie la troupe pour évacuer 2500 ressortissants français de Kinshasa entre août et octobre 1998. Chef de l’État de la RDC : Laurent-Désiré Kabila. Nom de l’opération : « Malachite ».
  • 1999 : Djibouti. Opération : Jacques Chirac engage les forces françaises en protection aérienne et maritime préventive à l’occasion du conflit Éthiopie-Érythrée de 1999 à 2000. Chef de l’État djiboutien : Ismail Omar Guelleh. Nom de l’opération : « Khor Angar ».
  • 1999 : Côte d’Ivoire. Opération : Jacques Chirac mobilise les forces aériennes du 25 au 31 décembre 1999, pour évacuer des personnalités locales menacées après le coup d’État du général Robert Gueï. Chef de l’État ivoirien : Henri Konan Bédié. Nom de l’opération : « Khaya ».
  •  Mais aussi en Octobre-décembre 2001 : Afghanistan.  Opération : à la suite des attentats du 11 septembre 2001, Jacques Chirac engage la France en participant à deux opérations internationales : la force internationale d’assistance et de sécurité sous commandement de l’Otan et l’opération « Liberté immuable » sous commandement américain.

         Les dernières troupes combattantes françaises quitteront l’Afghanistan en décembre 2012.

  • 2002 : Côte d’Ivoire .  Opération : 4000 hommes sont déployés en septembre 2002 par Jacques Chirac dans le cadre d’une force de maintien de la paix. Ils sont chargés d’assurer la protection des ressortissants européens et de s’interposer entre l’armée régulière et les rebelles nordistes. Chef de l’État ivoirien : Laurent Gbagbo. Nom de l’opération : « Licorne ».
  • 2003 : Centrafrique. Opération : intervention militaire française suite au coup d’Etat du général François Bozizé qui renverse le président Ange-Félix Patassé, en visite à l’étranger, et s’autoproclame chef de l’Etat. Jacques Chirac ordonne l'évacuation des ressortissants français et étrangers. Le 17 mars, déploiement de 300 soldats français sur l’aéroport de Bangui, pour permettre la poursuite de l’évacuation des ressortissants français et étrangers. Chef de l’État de Centrafrique : Ange-Félix Patassé. Nom de l’opération : ???
  • 2003 : République démocratique du Congo (RDC). Opération : dans le cadre d'une opération européenne en Ituri (nord-est de la RDC). Jacques Chirac engage des troupes françaises (les 3/4 des soldats déployés du 6 juin au 6 septembre 2003 sont français). Chef de l’État de la RDC : Joseph Kabila. Nom de l’opération :  «  Artémis ».
  • 2004 : Côte d’Ivoire. Opération : Destruction des aéronefs de l’armée ivoirienne après le bombardement de Bouaké dans lequel 9 soldats de la force Licorne ont trouvé la mort et 35 autres sont blessés. Jacques Chirac ordonne l'évacuation des ressortissants français. Les soldats tirent sur la foule lors de manifestations anti-françaises notamment devant le fameux hôtel Ivoire. L’opération « Licorne » est également entachée par l’affaire Firmin Mahé (torturé à jusqu’à ce que mort s’en suive par des militaires français dans une supposée opération de police). La justice française a été saisie de la mort des soldats français ????? Chef de l’État ivoirien : Laurent Gbagbo. Nom de l’opération : « Licorne »[6].
  • 2006 : Tchad. Opération : Jacques Chirac ordonne le soutien à l’armée tchadienne face aux rebelles dans le cadre du dispositif Épervier. L’aviation française effectue un tir de semonce devant une colonne "rebelle 250 km de Ndjamena. Chef de l’État tchadien : Idriss Déby Itno. Nom de l’opération : « Épervier ».
  • 2007 : Centrafrique. Opération : Le 3 mars, le camp des militaires français situé au sud de Birao depuis décembre 2006 est attaqué par les rebelles de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR). Sur ordre de Jacques Chirac plusieurs dizaine de parachutistes sont largués au-dessus de la ville pour défendre le détachement. Les soldats français et les forces armées centrafricaines (Faca) fidèles au président François Bozizé repoussent les rebelles quelques jours plus tard. Chef de l’État de Centrafrique : François Bozizé. Nom de l’opération : « Boali ».
  • 2008 : Tchad. Opération : Nicolas Sarkozy engage les troupes françaises pour la protection de l’aéroport de Ndjamena et l'évacuation des ressortissants français au Tchad. Echange de tirs entre l’armée française et les rebelles près de l’aéroport, soutien à Idriss Deby Itno sur fond de l’affaire de l’arche de Zoé[2]. Chef de l’État tchadien : Idris Deby Itno. Nom de l’opération : « Présence française au Tchad ».
  • 2008 : Djibouti. Opération : Nicolas Sarkozy ordonne le soutien logistique français à l’armée djiboutienne à la frontière érythréenne et la participation française au début de l’opération européenne de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden. Chef de l’État djiboutien : Ismail Omar Guelleh. Nom de l’opération : « Atalante ».
  • 2011 : Côte d’Ivoire. Opération : Nicolas  Sarkozy engage les forces françaises (Licorne) à Abidjan (Côte d’Ivoire) en appui des forces de l’ONU (ONUCI) qui bombardent les positions du Président sortant Laurent Gbagbo. Celui-ci, qui considère comme invalide l’élection de son concurrent Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de l’élection présidentielle de novembre 2010 par l’ONU, est accusé d’utiliser des armes lourdes contre des populations civiles. Alassane Ouattara est installé au pouvoir après le kidnapping de Laurent Gbagbo par les forces spéciales françaises. Chef de l’État de Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo. Nom de l’opération : « Licorne ».
  • 2011 : Libye. Opération : Nicolas  Sarkozy  prend l’initiative avec la Grande-Bretagne, de faire adopter par le Conseil de sécurité de l’Onu la résolution 1973, autorisant les Etats-membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des civils en Libye : la résolution prévoit une zone d’exclusion aérienne mais exclut toute force étrangère d’occupation. Les premiers avions français interviennent après l’adoption de la résolution de l’ONU. Chef de l’État libyen : Mouammar Kadhafi ( Lors de la prise de Tripoli par les rebelles soutenus par la coalition en , Mouammar Kadhafi fuit la capitale. Le 20 octobre, il est capturé, lynché et tué dans les environs de Syrte). Nom de l’opération : « Harmattan ».
  • 2013 : Centrafrique. Opération : François Hollande déploie quelque 600 soldats chargés de protéger les ressortissants français, alors que Bangui est menacé par la coalition rebelle Séléka opposée au pouvoir politique en place. Chef de l’État de Centrafrique : François Bozizé. Nom de l’opération : « Boali ».
  • 2013 : Mali. Opération : L’opération débute le 11 janvier à la demande de François Hollande . La veille, plusieurs centaines d’islamistes armés se sont emparés de Konna, petite ville du centre du pays. La France bombarde les positions des djihadistes. Chef de l’État malien : Pdt de l’Assemblée Nationale Dioncouda Traoré (intérim). Nom de l’opération : « Serval »[4].
  • 2013 : Somalie. Opération : sur ordre de François Hollande tentative de libération de l’otage français Denis Allex (un agent de la DGSE enlevé en mission), retenu depuis juillet 2009 échoue. L’otage aurait officiellement été assassiné par ses geôliers tandis que deux membres du commando français étaient tués par les islamistes somaliens. Chef de l’État somalien : Hassan Sheikh Mohamoud; Nom de l’opération : Ce fut un désastre total pour François Hollande.
  • 2013 : Centrafrique. Opération : François Hollande engage les forces françaises en soutien à la Mission internationale d'aide à la Centrafrique (Misca) contre les islamistes de la Seleka. Chef de l’État de Centrafrique : Michel Djotodia. Nom de l’opération : « Sangaris ».
  • 2014 : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso. Opération : François Hollande décide la fusion et le partage des moyens des armées françaises qui, jusqu’alors étaient dévolus à des opérations distinctes (l’opération « Serval » au Mali, déclenchée en 2013 et l’opération « Epervier » au Tchad, déclenchée en 1986) avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS). Nom de l’opération : « Barkhane »[10] qui est d'abord une histoire d'uranium[10bis][16].
  • Mais aussi en 2014 (15 septembre) : Irak. Opération : François Hollande (à la demande du gouvernement de l’Irak et dans le cadre des décisions du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier sa Résolution 2170 du 15 août ) engage les forces françaises pour assurer un soutien aérien aux troupes armées irakiennes dans leur lutte contre le groupe terroriste autoproclamé Daech qui se prétend État islamique (en coordination avec nos alliés présents dans la région). Nom de l’opération : « Chammal ».
  • 2015 (08 septembre) : Syrie. Opération : François Hollande invoquant les attentats dont la France a été victime depuis avril 2015 et l'arrivée de nombreux réfugiés syriens en Europe, engage les forces aériennes françaises en Syrie pour des missions d'observations en vue de préparer des frappes contre l'EI. Le 27 septembre, l'Élysée annonce que la France a effectué ses premières frappes en Syrie[8].
  • Ces opérations de guerre en Syrie n'ont aucune légalité : la Syrie n'est pas en guerre avec la France ; la Syrie n'a pas demandé l'assistance militaire de la France ; la France intervient sans mandat international de l'ONU. Nom de l’opération : « Chammal[11] ».

  • 2016 (25 février) : Libye. La France procède en Libye à des frappes ponctuelles très ciblées, préparées par des actions discrètes voire secrètes. Face à la menace de l’organisation Etat islamique (EI), la ligne fixée par le président François Hollande repose, pour l’heure, sur des actions militaires non officielles. Elles s’appuient sur des forces spéciales – leur présence, dont Le Monde a eu connaissance, a été repérée dans l’est de la Libye depuis mi-février par des blogueurs spécialisés[5] [7].
  • 2020 (02 février) : Mali. La France va déployer 600 soldats supplémentaires pour un renforcement de l’opération : « Barkhane »[12]. En janvier 2021 une frappe française a tué 19 civils en janvier, selon une enquête de l’ONU[15].
  • 2022 (15 août) Mali. Expulsée, la France a retiré hier ses dernières troupes du Mali[17]… 

Notes :

[0] Crise du canal de Suez

[1] au sens éconimique, militaire ou politique

[2] opération Zoé

[3] «Guerre de civilisation» : Manuel Valls adopte le vocabulaire de la droite ; N. Sarkozy : "Discours apocalyptique et choc de civilisations"

[4] Paris s’enlise dans le bourbier sahélien

[5] La France mène des opérations secrètes en Libye

[7] Trois militaires français tués : le gouvernement libyen accuse Paris de "violation" du territoire

[8] Syrie : François Hollande confirme la livraison d'armes aux rebelles dés 2012

[9] Assassinat de Sankara : pourquoi la France refuse-t-elle une enquête ? ; France insoumise : proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara

[10] Sahel. Le Mali épuisé par une longue et vaine « guerre contre le terrorisme »

[10bis] « Barkhane » une guerre qui est d'abord une histoire d'uranium

[11communiqué France insoumise : " Envoi de troupes françaises en Syrie : le peuple doit être consulté ! "

[12La France va déployer 600 soldats supplémentaires au Sahel

[13Génocide au Rwanda : une vidéo accable l’armée française

[14] Rwanda, retour sur un aveuglement international

[14bisRwanda : « Faillite » de la France mais pas de complicité de génocide, le rôle de Mitterrand pointé du doigt

[15] Mali : en janvier 2021 une frappe française a tué 19 civils en janvier, selon une enquête de l’ONU

[16] Barkhane : Emmanuel Macron, aux côtés de ses partenaires européens et africains, a officialisé le retrait militaire du Mali (mais pas le Sahel), au terme de neuf ans de lutte antijihadiste. 

[17] Expulsée du Mali, la France retiré hier ses dernières troupes du Mali… 

 

Pour en savoir plus :

- Révélation :”Voici les 22 présidents africains assassinés par la France depuis 1963″

- L'Afrique au temps des colonies : du premier comptoir aux indépendances

- Afrique du Sud : la France a joué un rôle central pour armer le régime de l'apartheid

- Libye, 3 soldats sous uniforme français tués, à quel titre ?

- Comment la France est devenue une cible « légitime » pour les groupes djihadistes

- Cameroun 1955-1962 : la guerre cachée de la France en Afrique

- Dans le marigot de la Françafrique, un faux conseiller de Hollande et un vendeur d’armes

- Un document signé Jacques Foccart établit la pratique des assassinats ciblés de l’Etat français

- Libye : La violence impérialiste n’a pas de fin ! Une seconde intervention en préparation ?

- La France mise en cause dans les cinq dernières années de répression égyptienne

- L’œuvre négative du colonialisme français à la Réunion. De l’île vierge à la tentative de chirurgie sociale

- Histoires françafricaines : Guerre et massacres français au Cameroun 1956-1971

- Histoires françafricaines. L'intervention de l'Etat français pour destituer Laurent Gbagbo : répression et massacres de masse

- Histoires françafricaines : l'Etat français sous Mitterrand soutient et collabore avec un régime génocidaire au Rwanda en 1994

- Histoires françafricaines. La guerre secrète menée par De Gaulle-Foccart au Nigeria de 1967 à 1970. Biafra : plus d'un million de morts

- Que fait l’armée française au Sahel ? C’est en janvier 2013 que la France a décidé d’intervenir militairement au Mali. Près de cinq ans plus tard, l’instabilité s’est accrue dans tout le Sahel, et les groupes radicaux étendent leur influence. Si Paris renforce son pré carré et ses intérêts économiques, les peuples de la région paient le prix d’une guerre sans fin.

- Rwanda

- Dix ans après le génocide : Rwanda, retour sur un aveuglement international

La commission d’historiens, nommée par le président Emmanuel Macron pour étudier le rôle de la France au Rwanda au début des années 1990, a rendu son rapport le 26 mars. Elle conclut à des « responsabilités lourdes et accablantes » de Paris dans les crimes commis en 1994, notamment le génocide de près d’un million de Tutsis.

- Comprendre le génocide rwandais

- Rwanda: un document prouve l’ordre de la France de laisser s’enfuir les génocidaires

- RWANDA 1994 : DERNIÈRE DÉFAITE IMPÉRIALE DE LA FRANCE ?

- Rwanda : dénoncer sans relâche les responsabilités françaises

- Le Tchad et la France intensifient leur coopération militaire

- Interventions militaires françaises en Afrique par Céline Marin

- la France insoumise demande une " Commission d’enquête pour un bilan stratégique des opérations militaires extérieures (OPEX) "

- Quand la France exportait en Argentine ses méthodes de torture et de répression expérimentées en Indochine et en Algérie

- Mali/Niger

- 19 novembre 2021 : Des centaines de jeunes Burkinabé ont manifesté suite au passage de matériels militaires appartenant à l'Armée Français, des matériels en partance pour le Niger

- France isoumisr 13 janvier 2022 : Mali : sortir de l’impasse

- Macron s’enferre toujours plus au Mali

- Stéphane Lhomme, le directeur de l'Observatoire du nucléaire : « Mali : la France " a absolument besoin d'être là pour protéger ses mines d'uranium au Niger " »

- L’opération Barkhane ou l’impuissance destructrice au Sahel

- Barkhane : comment et pourquoi la France a été chassée du Mali

 

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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 09:10
Jeremy Corbyn

Jeremy Corbyn

En mai 2015, les conservateurs réussirent à emporter une majorité de 12 sièges au parlement, une première depuis John Major en 1992. Le Parti Travailliste quant à lui subissait une lourde défaite avec la disparation de la quasi-totalité de ses élus en Ecosse, qui était considérée jusqu’alors comme une forteresse travailliste imprenable.

 

Sources : La Riposte.org Ulrich Savary - Parti Travailliste, Altrincham le 22 décembre 2015

Ulrich Savary
Parti Travailliste, Altrincham

- Tout portait à croire que le Parti Travailliste n’allait pas se remettre de cette déroute électorale.

En effet, pour la deuxième fois consécutive, il perdait les élections législatives et poursuivait son déclin électoral avec la perte de plus de 4 millions de voix depuis son écrasante victoire de 1997.

 

Dès le lendemain, le dirigeant du parti, Ed Miliband, a donné sa démission. Le Parti Travailliste était enfoncé dans une crise profonde. La question était de savoir à quoi le parti travailliste sert-il ? Le socle politique sur lequel le Blairisme s’était construit avait alors disparu. En effet l’adaptation à l’économie de marche fut acceptée par bon nombre de militants du Parti Travailliste, si cela permettait de gagner les élections et d’empêcher les conservateurs de revenir au pouvoir. Le souvenir des années Thatcher suffisait à soutenir la ligne du « tout sauf les Tories ».

 

La droite du Parti Travailliste, et avec elle bon nombre de commentateurs et autres « experts », voyaient dans la défaite d’Ed Miliband la preuve que la gauche était morte, que le Parti Travailliste n’avait plus d’autre choix que de rompre définitivement tout lien avec le mouvement syndical et avec son histoire. Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est qu’il ne s’était pas transformé en parti capitaliste et que la gauche du parti, certes relativement atone depuis des années, s’était patiemment reformée autour de collectifs et de quelques députes qui ont toujours résisté à la transformation du parti en un « parti démocrate » de centre-droit. Ce dernier désastre politique fut l’opportunité tant attendue pour partir à l’assaut de la « citadelle Blairiste » et déclencher la renaissance politique de la gauche socialiste du Parti Travailliste.

 

En l’espace de quelques semaines, la candidature de Jeremy Corbyn, un député quasiment inconnu en dehors du cercle restreint de la gauche britannique, a enflammé l’imagination de centaines de milliers de personnes. Dès lors, une brèche s’est ouverte dans la citadelle « pro-capitaliste » qu’était devenue la direction du Parti Travailliste sous Tony Blair, Gordon Brown et Ed Miliband. Tel un phœnix renaissant de ses cendres, Corbyn a ravivé la flamme politique de la gauche du parti.
A son appel, et à celui des quelques milliers de militants que la gauche du parti pesait alors, des dizaines de milliers de jeunes salariés, d’étudiants, d’ancien militants et de syndicalistes sont venues grossir les rangs du parti.

 

Si en mai 2015 le Parti Travailliste ne rassemblait plus que 185,000 adhérents – dont la majorité était passive – en septembre le parti frôlait la barre des 400,000 adhérents ! En l’espace de quelques mois, une véritable armée s’est levée. Aujourd’hui, le Parti Travailliste a plus d’adhérents que les Conservateurs, les Libéraux Démocrates (centre droit) et l’UKIP (parti anti-européen et raciste) réunis ! La victoire écrasante Jeremy Corbyn en septembre (60% des voix) a fait de lui le dirigeant travailliste le plus confortablement élu de toute l’histoire du parti.

 


- Ce succès s’explique avant tout par les liens qui perdurent entre le Parti Travailliste et le mouvement syndical en Grande Bretagne.

Des syndicats tels que Unite (1.5 millions d’adhérents) ou encore Unisson (1.2 millions d’adhérents) sont affiliés au parti. Historiquement, le Parti Travailliste a été créé par le mouvement syndical pour être la voix de ce dernier au parlement. Contrairement à d’autres pays où les syndicats revendiquent leur indépendance politique, en Grande Bretagne c’est l’inverse qui s’est produit : les syndicats revendiquent leur appartenance politique.

 

Il s’est avéré impossible de dissocier le mouvement syndical du Parti Travailliste. Or, ces deux puissants syndicats britanniques ont soutenu Corbyn pendant la campagne interne. Et avec eux, d’autres syndicats ont fait de même, tels que le syndicat des gardiens de prison, ou encore celui de la Royal Mail (La Poste). Ce soutien syndical fut indispensable pour la mise en marche de la campagne. Des milliers de syndicalistes ont participé de manière active à la campagne interne, en appelant à rejoindre le Parti Travailliste et à soutenir Jeremy Corbyn. Pourtant, le succès de cette campagne a surpris même les plus optimistes. En se lançant ainsi dans une campagne militante, la gauche du parti travailliste a réussi à canaliser les frustrations sous-jacentes à la société britannique.

 

Les cinq dernières années ont vu une attaque sans précédent de la part des Conservateurs et de leurs alliés, les Libéraux Démocrates, à l’encontre des travailleurs. Les fonctionnaires ont soit perdu leur emploi, soit ils ont eu leur salaire gelé depuis les cinq dernières années. Les étudiants ont vu les frais d’inscription aux universités multipliés par trois pour atteindre £9,000 par an, forçant ainsi toute une génération d’étudiants à s’endetter pour payer leurs études. L’introduction des contrats « Zero Hours », dans lesquels vous ne savez jamais à l’avance combien d’heures vous allez travailler et donc quel salaire vous aurez, concerne aujourd’hui près d’un million de travailleurs.


Les handicapés ont quant à eux été une des cibles privilégiées du gouvernement, le ministère du travail poussant à l’annulation des aides accordées aux handicapés, prétextant que la majorité d’entre eux peuvent travailler et n’ont donc pas besoin de l’aide de l’Etat. Les conséquences de cette politique furent désastreuses. Des dizaines de milliers d’handicapés ont été réduits à une extrême pauvreté, poussant plusieurs milliers d’entre eux au suicide.

 

A coté de cela, les banques alimentaires ont explosé dans le pays avec l’atteinte en 2014 du cap d’un million de personnes qui en dépendent pour survivre, contre seulement 40,000 en 2007. Les prix des loyers à Londres et dans les grandes villes ont également explosé poussant de plus en plus de travailleurs pauvres à vivre dans des conditions misérables, voire même dans la rue. Aujourd’hui, la Grande Bretagne a 9 des 10 régions les plus pauvres d’Europe occidentale, avec des cas de prostitution infantile qui pullulent dans les banlieues ouvrières des grandes villes du Nord de l’Angleterre, où des centaines d’enfants sont laissés à l’abandon par les municipalités et les services sociaux, qui n’ont plus les moyens de faire face à la misère sociale.

 


- Les Conservateurs sont en train d’imposer un retour forcé à l’époque victorienne, où les pauvres et les travailleurs vivaient dans des conditions effroyables.

La misère sociale frappe toutes les communautés ouvrières du pays, sans exception. A Manchester, près d’un enfant sur trois ne mange pas à sa faim et est sous-alimenté. Si la pauvreté gangrène la société britannique, les plus aisés se sont quant à eux enrichis durant la même période, en spéculant notamment sur les prix de l’immobilier et en profitant des largesses du gouvernement les concernant en matière de fiscalité.

 

Si on regarde les chiffres de plus près, on s’aperçoit que 58% des Anglais n’ont pas voté pour les conservateurs, 73% des Gallois n’ont pas voté pour eux et 85% des Ecossais ont préféré voter pour un autre parti (avec les nationalistes qui l’ont emporté avec 51% des suffrages sur un programme de centre-gauche, qui sur bien des aspects était plus à gauche que celui du Parti Travailliste lui-même). David Cameron est ainsi le premier ministre le moins bien élu de l’histoire contemporaine du Royaume Uni. Les Conservateurs ont gagné par défaut. Jeremy Corbyn a été le seul à comprendre et à capter l’attention de beaucoup grâce à un discours simple et clair.


Il veut en finir avec la pauvreté, abolir les « contrat Zero hours », augmenter le salaire minimum et le faire passer à £10 de l’heure contre £6.50 actuellement, nationaliser le rail, nationaliser certaines banques, construire des logements sociaux et geler les loyers. Mais il s’est aussi engagé à combattre « bec et ongles » le gouvernement et soutenir les syndicats dans leur luttes. Il a réussi à donner un sens politique à l’énorme colère qui gronde dans le pays. C’est cela qui a permis le renforcement du Parti Travailliste, et c’est cela qui inquiète les capitalistes et les conservateurs.

 

Lors de la conférence des Conservateurs à Manchester, entre 85,000 et 100,000 personnes ont manifesté contre le gouvernement le 4 octobre. Il s’agissait de la plus grosse manifestation que Manchester ait connue depuis très longtemps, avec une participation record des jeunes salariés et étudiants et une présence massive du Parti Travailliste aux côtés des syndicats.


Le lendemain, un meeting organisé à l’appel de la Communication Workers Union (le syndicat de la Poste et Télécommunications) dans la cathédrale de Manchester contre la privatisation de la Royal Mail a fait plus que salle comble. Si à l’intérieur les 1,200 sièges étaient tous pris, à l’extérieur ce sont plus de 7,000 personnes qui s’étaient rassemblées dans les rues adjacentes pour écouter les divers orateurs et surtout Jeremy Corbyn. Près de 10,000 personnes ont ainsi assisté, et attendu parfois plus de 2 heures, pour voir et entendre le leader du Parti Travailliste.

 

Pour la première fois depuis des décennies, le Parti Travailliste représente l’espoir d’un changement politique profond. La popularité de Corbyn s’explique par le fait qu’il incarne ce changement. Le parti politique de la classe ouvrière britannique a été resusscité. Le pire cauchemar pour les capitalistes britanniques et les conservateurs serait que Corbyn devienne premier ministre. Faisons en sorte qu’il y parvienne !

 

Pour en savoir plus :

- Corbyn confirme son ancrage à la tête du parti travailliste

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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 09:26
Raphaël Alibert, garde des sceaux en 1940

Raphaël Alibert, garde des sceaux en 1940

Source : M Blogs le décembre 2015, par Franck Johannès

La déchéance de nationalité pour les binationaux est déjà possible dans notre code civil - pour les étrangers qui ont acquis la nationalité française et pour eux seuls. Le gouvernement entend l’étendre en 2016 aux binationaux nés français. La mesure est si étrangère aux valeurs républicaines qu’il faut pour cela réviser la Constitution – le Conseil d’Etat a été saisi pour avis le 1er décembre d’un projet de loi en ce sens qui devrait être présenté le 23 décembre au conseil des ministres.


C’est un moment grave : « il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois, soulignait Montesquieu en 1721. Mais le cas est rare, et, lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante ». La main des parlementaires a d’autant plus de raisons de trembler que la seule fois où la France a dénaturalisé des Français, c’était par loi du 22 juillet 1940, sous Vichy, pendant l’Occupation - juste avant de voter une loi sur le statut des juifs.

 

Le parallèle n’est pas absurde : « les étrangers ne doivent pas oublier que la qualité de Français se mérite », déclarait Raphaël Alibert, le ministère de la justice du maréchal Pétain, selon Le Journal des débats du 24 juillet 1940. « Etre Français, ça se mérite », écrit Robert Ménard, maire de Béziers sur le site Boulevard Voltaire. « Etre Français, ça se mérite. La nationalité française, ça se mérite. Tous les droits et les devoirs qui vont avec, ça se respecte », assurait Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, le 31 juillet 2010.

 

 

- Une loi sans précédent

La loi du 22 juillet 1940 n’était en effet que la première pierre d’une législation raciste et xénophobe sans précédent dans l’histoire du pays. Un mois plus tard, le 16 août, la loi conditionnait la profession de médecin aux Français, nés de père français. Le 27 août, le décret qui punissait la propagande antisémite est abrogé. Le 3 octobre est adopté le premier Statut des juifs, qui les exclut de la fonction publique, de l’armée, de l’enseignement et de la presse. Le lendemain une loi prévoit l’internement des étrangers d’origine juive ; le 29 mars 1941 est créé le Commissariat aux questions juives, avant un deuxième Statut des juifs, qui allonge la liste des interdictions professionnelles. Une loi permet enfin « d’aryaniser » les biens des juifs absents – déportés – jusqu’à la loi du 11 décembre 1942 qui impose aux Juifs cette mention sur leur carte d’identité, ils étaient sommés de porter l’étoile jaune depuis le mois de juin 1942.

 

Le décret-loi du 22 juillet 1940 prévoyait, lui, la révision systématique de toutes naturalisations accordées depuis 1927 – 1927, parce que la loi du 10 août 1927, qui en remplaçait une fort ancienne de 1889, facilitait l’acquisition de la nationalité française en réduisant de dix à trois ans la durée de domiciliation sur le territoire (cinq ans aujourd’hui) et en multipliant les cas d’accession automatique. De fait, de 1917 à 1940, près de 900 000 personnes ont acquis la nationalité française. Nous sommes aujourd’hui dans une fourchette nettement supérieure, puisque 100 000 personnes, bon an mal an, acquièrent la nationalité française aujourd’hui (105 613 en 2014 selon l'INSEE).

 

 

- Naturalisation et acquisition de nationalité

La loi de 1940 était ambiguë : elle portait officiellement sur « la révision des naturalisations » mais son article premier évoquait « la révision de toutes les acquisitions de nationalité française ». C’est très différent, la naturalisation et l’acquisition de nationalité n’ont rien à voir. Numériquement d’abord, les acquisitions de nationalité sont deux fois plus nombreuses que les naturalisations. Juridiquement ensuite, les enfants de parents naturalisés français sont Français, alors que les personnes naturalisées sont nées étrangères.

 

Le code civil français prévoit déjà la déchéance de nationalité d’un binational « s’il se comporte en fait comme le national d’un pays étranger », même s’il n’a pas été condamné (article 23-7) : une disposition étonnante - pour ne pas dire plus - quasiment tombée en désuétude et qui n’a jamais été examinée par le Conseil constitutionnel. L'article 25 prévoit lui une déchéance de nationalité pour les condamnés à « un crime ou délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », pour trahison – ou pour s’être soustrait aux obligations du service national, une disposition qui pourrait toucher nombre de quinquagénaires aujourd’hui.

 

 

- « Même s’il est né Français »

Il ne s’agit dans le code civil que de déchoir de leur nationalité des étrangers qui ont acquis la nationalité française. Le projet de révision constitutionnelle va plus loin : François Hollande l’a bien précisé le 16 novembre devant le Congrès, « nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né Français, je dis bien même s’il est né Français, dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité ».

 

Il y a une différence, mais de taille, avec la loi du 22 juillet 1940 : il n’est question aujourd’hui de déchoir de leur nationalité que les binationaux, et non pas tous les Français. Le chef de l’Etat n’a pas le choix – la loi Guigou de 1998 interdit de créer des apatrides, la ministre l’a fait ajouter dans ce fameux article 25 du code civil. Par ailleurs, François Hollande ne veut déchoir un binational que « lorsqu’il est définitivement condamné pour acte qualifié de crime ou de délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation » ou « pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme », alors que Philippe Pétain entendait réviser « toutes les acquisitions de nationalité française ».


A noter d’ailleurs la distinction que fait la loi entre les atteintes aux intérêts fondamentaux du pays et le terrorisme. Le terrorisme trouve là une existence juridique propre et entre pour la première fois dans la Constitution, notre loi fondamentale – l’organisation Etat islamique n’imaginait sans doute pas qu’elle amènerait la France à changer sa loi suprême.

 

 

- Des magistrats pour les basses besognes

La loi de 1940, comme toujours, a pris soin de s’entourer de précautions d’apparence juridique, et a laissé à une commission, composée par le garde des sceaux, le soin de donner un avis sur chaque déchéance de nationalité. La décision de dénaturalisation est prise, après avis de la commission, par décret du ministre de la justice. La loi ajoute une mention qui fait froid dans le dos : « cette mesure pourra être étendue à la femme et aux enfants de l’intéressé ». Une commission est donc mise en place – Vichy a toujours trouvé un magistrat pour les basses besognes -, elle est présidée par un conseiller d’Etat, et compte neuf autres membres, un magistrat de la Cour de cassation, quatre magistrats de cours d’appel, un représentant du ministère des affaires étrangères, un autre du ministère de l’intérieur, un troisième de la défense, un dernier du secrétariat d’Etat à la jeunesse et la famille.

 

Pendant quatre ans, la Commission va exclure de la communauté française 15154 personnes, dont le Journal officiel va publier les listes – un peu moins de la moitié auraient été juifs, encore qu’il soit difficile de l’établir. C’est peu, sur le nombre de personnes susceptibles d’être déchues (900 000) – c’est que la Commission, même si la loi n’en soufflait mot, était d’abord dirigée contre les juifs. Les étrangers juifs étaient depuis octobre 1940 internés dans un camp spécial ou en groupement d’étrangers – les dénaturalisés aussi. Le premier convoi de déportés (27 mars 1942) change la nature de la dénaturalisation, c’est bien vers la mort que les sages de la commission envoyaient désormais les déchus juifs de la nationalité.

 

 

- Alibert condamné à mort et gracié

Bernard Laguerre (les dénaturalisés de Vichy, 1940/1944, Vingtième siècle, revue d'histoire, n°20, octobre/décembre 1988) voit ainsi trois phases dans l’application de la loi du 22 juillet 1940. Une première, de juillet 1940 à mars 1942, purement française, « les retraits de nationalité sont en effet effectués au nom des critères propres à l’idéologie de la Révolution nationale », où l’on épure le pays en enferment les déchus dans des camps d’internement.


Une seconde, de l’été 1942 à l’été 1943, où l’Etat français, par le biais de la dénaturalisation, rend possible la déportation de personnes qui auraient autrement bénéficié de sa protection. Une troisième enfin, de l’automne 1943 à 1944, alors que les Nazis ont aboli toute distinction entre juifs français et juifs étrangers. La commission continue pourtant tranquillement à dénaturaliser, parce que, explique Bernard Laguerre, « on ne dénaturalise pas en fonction de la politique allemande, on dénaturalise au nom d’une certaine idée de la France et des Français ».

 

Raphaël Alibert, le garde des sceaux de la loi de 1940, a été condamné à mort par contumace à la Libération. En exil en Belgique, il a été gracié par le général de Gaulle en 1959. En 1945, le procureur général André Mornet a requis la peine de mort contre Pierre Laval et le maréchal Pétain. Il avait été membre de la commission de dénaturalisation du régime de Vichy.

 

Pour en savoir plus :

- Le projet de révision constitutionnelle

- L’avis du Conseil d’Etat sur la révision de la Constitution : prudence et embarras

- Marc Trevidic : «Sommes-nous prêts à recevoir les terroristes des autres ?»

 

 

- Déchéance de nationalité : le bloc identitaire applaudit bien fort !
Valls, Hollande et le PS se sont trouvés de nouveaux alliés idéologiques à l'extrême droite !

Déchéance de nationalité : le précédent ignoble de Vichy
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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 09:42
J. L. Mélenchon : De Podemos au Front de gauche : cartel de partis ou mouvement global inclusif ?

Sources : L'ére du Peuple le blog de Jean Luc Mélenchon le 23 decembre 2015.

- Le score spectaculaire de Podemos a retenu l’attention, a juste titre.

Donné pour très mal en point après la série d’élections en Catalogne qui avait en partie masqué les évolutions internes et environnantes après les municipales, le mouvement a opéré une « remontée » spectaculaire qui l’a ramené dans la course pour prendre la tête du pays. On devine que je me réjouis du résultat obtenu sous la direction de Pablo Iglesias et Inigo Eregon. Ce sont pour moi de vieilles connaissances.

 

 

- Le premier, Pablo est un partenaire de longue date, au premiers pas de son travail.

J’ai siégé avec lui au Parlement européen et les occasions d’échanger n’ont pas manquées. Il a été le préfacier de la version espagnole de mon livre « Hareng de Bismarck ». Le second, Inigo, avait été accueilli aux rencontres d’été du PG de 2014. J’avais fait sa connaissance à Caracas et je le sais depuis tout ce temps fin analyste des sociétés en transition. Son analyse des nouvelles classes moyennes vénézuéliennes a fortement inspiré ma propre production sur l’analyse politique des sociétés urbanisées en temps de crise. Mais à l’époque, ni l’un ni l’autre, n’étaient pas à la mode dans la gauche française comme c’est le cas à présent. Ils sentaient trop fort le Venezuela et l’Amérique latine. Combien dorénavant ne jurent plus que par Podemos. C’est touchant. Naturellement c’est toujours pour retenir ce qui vient à l’appui des marottes de chacun… Aucun nouveau converti ne propose pour autant de mettre la photo d’un leader connu sur les bulletins de vote comme Podemos l’a fait avec celle de Pablo ! Ni de former un « mouvement citoyen » avec un scrutin majoritaire interne, ni de faire des votes électroniques pour les congrès. Ni de faire l’apologie de la « patrie », ni de rejeter le clivage droite gauche, ni de se réclamer de Ernesto Laclau et de la « raison populiste » (qu’il faut quand même avoir lu avant). Et ainsi de suite.

 

Car j’en passe bien d’autres, pour la centième partie de quoi j’ai déjà été pendu en effigie mille fois par tous ceux qui ont pourfendu ma personnalisation de l’action, fustigé mon patriotisme « déroulédiens », dénoncé mon autoritarisme et ainsi de suite ! Je laisse tout cela avec amusement. Bien sûr pour taquiner les médecins de Molière de l’autre gauche en France qui pullulent ces temps-ci. Mais aussi pour rappeler que tout cela ne se fit pas sans d’âpres polémiques sur place, loin du conte enchanteur débité par les nouveaux enthousiastes. Il y a quelques temps encore les mêmes ravis roucoulaient d’un même chant « Syrisa-et-Podemos » comme si c’était deux fois la même chose. L’un et l’autre n’ont rien à voir, pas même l’appartenance à la structure commune européenne du PGE dont Podemos ne veut pas être membre ! Depuis l’alignement d’Alexis Tsipras sur le mémorandum européen, après la photo de rigueur en bras de chemise, tout le monde oublie avec application l’épisode grec. Chacun se replie bravement vers le gagnant du soir, pour l’instant immaculé, sans autre forme d’examen. Cela mérite pourtant de s’y arrêter un sérieux moment. Non pour se rengorger d’une progression spectaculaire et s’en arroger la lumière mais pour travailler sérieusement à comprendre ce qui peut nous être utile.

 

 

- Car une question de fond nous est posée en ce qui concerne la stratégie d’action politique dans cette ère précise.

Mettons de côté ce qui n’est pourtant pas rien : les conditions particulières de la mobilisation sociale en Espagne qui ont porté le début de Podemos. « Ce n’est pas rien », dis-je, non pour reprendre le truisme des bavards « l’Espagne ce n’est pas la France et gnagnagna » mais pour pointer du doigt que c’est sur Podemos que s’est cristallisé politiquement cet élan. Pourquoi Podemos et pas IU ? De cela personne ne parle. Pourtant ce fut une bataille sévère. Izquierda Unida, construite essentiellement autour du Parti communiste espagnol et pour lequel Pierre Laurent a fait cette fois–ci encore un appel au vote, arrivait en tête de l’autre gauche à la sortie des élections européennes de 2014. Un point devant Podemos.

 

Les cadres fondateurs du mouvement Podemos étaient déjà en désaccord sur la stratégie appliquée par la majorité d’Izquierda Unida (IU). La répartition léonine au profit du PCE des places éligibles sur la liste Izquierda Unida aux européennes scella la rupture. Je maintins pour ma part la balance égale entre les deux formations sur les conseils de mes conseillers présents sur place étaient très sceptiques sur la viabilité de la tentative Podemos. Mais ce fut bien Podemos qui cristallisa ensuite politiquement tout le mouvement qui jusque-là se dirigeait en bonne partie sur IU. Et Podemos l’élargit bien au-delà. Le mouvement n’est pas seulement la projection politique pure et simple des « indignés ». Comme l’a dit l’un d’entre eux, il ne s’agissait pas seulement de mobiliser politiquement ceux qui occupèrent les « plazzas » mais aussi ceux qui étaient restés à « las casas », à la maison. C’est la méthode de cet élargissement qui importe et non le lien qui existe entre l’émergence d’une autre gauche et un mouvement social. Pourquoi Podemos et pas IU ?

 

 

- En réalité l’Espagne tranche une question pendante dans toute la recomposition en Europe.

Elle ne la tranche pas définitivement ni pour tout le monde en tous lieux et toutes circonstances. Mais elle répond à sa façon à une question posée partout : pour construire un pôle alternatif, faut-il faire un cartel de partis destiné à plus ou moins long terme à fusionner sur le mode Die Linke ou Syrisa ? Ou bien un mouvement global, inclusif de toutes les formes de participation individuelle ou collective sur le mode Podemos.

 

Pour ma part, après avoir proposé en vain des mois durant l’intégration en un même mouvement des composantes du Front de gauche et l’adhésion directe, j’ai opté pour l’expérimentation directe. Sur l’idée de François Delapierre qui devait en assurer le pilotage, nous avons lancé le Mouvement Sixième République. J’ai pu observer la puissance d’un mouvement inclusif. L’adhésion de cent mille personnes au projet est la plus importante pétition politique du pays depuis des années. Elle a été un banc d’essai de multiples formes d’auto organisation. Je regrette que maints laudateurs actuels de Podemos ne s’y soient pas intéressés. C’est la meilleure école politique que j’ai fréquenté depuis bien longtemps. J’avais annoncé dès le début que je me retirerai de l’animation du mouvement. Je pensais que François Delapierre pourrait revenir le prendre en charge. Sa maladie l’en empêcha. Mais du coup nous avons pu observer en direct la capacité de déploiement d’un mouvement totalement horizontal.

 

Le mouvement a certes vite ralenti son rythme. Il faut ici, sans démagogie, accepter l’idée qu’un mouvement sans leadership repérable a de grande difficulté à s’imposer sur la scène. Mais il ne s’est jamais éteint. L’essentiel est qu’il ait fait la preuve de la disponibilité de citoyens pour une idée aussi complexe que la convocation d’une assemblée constituante. Et qu’il ait démontré la capacité de convoquer une assemblée représentative du mouvement par élection interne, tirage au sort et délégation de familles politiques. Tout cela fut fait. N’empêche que l’initiative ne rentre dans aucune des cases connues de l’action politique traditionnelle de l’autre gauche en France. Rien de ce qui s’y est passé n’a retenu un instant son attention ou son intérêt sinon pour les traditionnels crocs en jambes et persiflages.Pour moi cette expérience est un modèle.

 

A côté de cela le summum de la modernité connue a consisté à faire des réunions confidentielles où des têtes blanches répètent jusqu’à la nausée les mêmes formules en faveur de « l’élargissement », « le dépassement » et ainsi de suite, à propos de structures de parti qui ne bougent pourtant pas d’un mètre leurs cloisons, les mêmes pratiques de tables rondes sans lendemain, les mêmes invocations à « faire du neuf » et de « l’action a la base » sans que l’on en aperçoive autre chose que l’intention évidemment louable. Dans tous ces cas, on identifie « la démocratie » à la capacité de critiquer tout et tout le monde sans trêve et sans limite avec un appétit de nivellement qui brise les jambes à quiconque dépasse d’une tête. On y assimile le « collectif » à la négociation entre groupes de taille très diverses pour parvenir au plus petit commun dénominateur. Je fais grâce ici des tirades sur « le projet » qui doit être d’abord mis au point. Je n’en doute pas. Mais nous ne partons pas de rien et l’essentiel est acquis depuis longtemps. Des années de travail de la Fondation Copernic, d’Attack et le programme « l'Humain d'abord » ont fourni une base qui est dorénavant largement acquise par tous. Ce n’est pas le projet le problème. Pas du tout.

 

 

- C’est la stratégie d’action l’enjeu.

Et à partir de là se trouve vraiment interpellé non pas seulement ce que nous croyons bon pour tous mais quels points d’appui nous avons dans la société pour l’aider à se mettre en mouvement. Un exemple. Sagit-il de rassembler la gauche ou de fédérer le peuple ? Avant de répondre « tous les deux bien sur » cela vaut la peine de s’interroger sur le contenu de cette différence qui en dit long ensuite sur la façon d’agir concrètement. Podemos reprend la formule de Robespierre quand ses leaders déclarent « nous sommes du peuple et nous allons avec le peuple ». J’avoue que j’avais été très surpris d’être aussi mal accueilli dans l’autre gauche quand fut proposé de s’appuyer sur ce concept de « peuple ». Nous en fîmes pourtant, François Delapierre, Clémentine Autain et moi le premier slogan de la campagne présidentielle de 2012 : « place au peuple ». De la même façon que nous réintégrâmes « la France la belle, la rebelle » considéré comme un slogan sans contenu par le partisan de la ligne « rassembler la gauche » qui traverse depuis le début le Front de gauche.

 

La France, la nation, la souveraineté sont des concepts tenus à distance par maints courants de l’autre gauche du moins tant qu’il s’agit de la France car pour le reste, comme par exemple la nation palestinienne, personne ne réprouve le contenu mobilisateur de l’idée. Bien sûr tout cela est l’arrière-plan non-dit de nos discussions. Mon livre « L'ère du peuple » développe cette doctrine : fédérer le peuple, former un front du peuple. J’en retrouve les mots par ci par là, chez l’un chez l’autre. Faute d’avoir tranché en pratique, l’espace politique s’est déformé sans nous. Le rassemblement de la gauche, cette mascarade, s’opère toujours autour du PS. Mais la fédération du peuple ? Evidemment c’est le Front national qui a pris la main à partir de secteurs populaires de la droite.

 

 

- Pour autant la partie n’est pas jouée.

La masse immense des abstentionnistes va se redéployer dans le vote de la présidentielle où les taux de participation sont plus élevés. Cette masse se déterminera par rapport au paysage qu’elle pourra observer. C’est-à-dire par rapport à ce qui existe déjà. Et par rapport aux opportunités qu’elle pourra y saisir. Les apparences et « la com » ne jouent pas le rôle essentiel dans ces moments-là. Ou seulement par effet de « simple exposition » comme disent les publicitaires c’est-à-dire le rabâchage médiatique. On doit s’habituer à l’idée que les médias continueront jusqu’au bout et en totale irresponsabilité civique à faire de Le Pen le vote de rejet du système et on peut compter sur les Pierre Gattaz pour y précipiter aussi les ouvriers. Sans oublier le prochain attentat et les digues arrachées avec soin par Hollande et Valls. La montée du FN, le niveau de l’abstention, la déchéance de la gauche officielle sont les condiments spécifiques de la décomposition de la société française. C’est dans ce contexte qu’il faut penser notre action et non dans la nostalgie ou l’imitation.

 

Je serai très étonné que dans le contexte actuel elle se détermine alors d’après la qualité et la position des virgules dans des textes savants qui affichent tous les marqueurs et symboles qui permettent ensuite de se faire classer à « l’extrême gauche » par nos adversaires narquois et ravis de l’aubaine que nous leur offrons. Et de même je ne crois pas qu’une campagne où que ce soit puisse échapper à la personnalisation, comme l’a très bien montré celle de Pablo Iglesias, après celle d’Alexis Tsipras. La nostalgie des vieux partis aux leaders qui apparaissent ou disparaissent sans qu’on sache pourquoi ne m’a jamais paru être attractive. Les gens veulent légitimement savoir à qui ils ont à faire. Tout cela sont les faux « débats » qui nous encombrent pour rien car ils n’ont aucune réponse totalement satisfaisante et restent totalement opaques vus du dehors de nos rangs.

 

 

- Pour ma part je crois à l’action comme principe fédérateur.

C’est dans l’action qu’un collectif peut se donner à voir d’une façon convaincante. Car dans ce cas chacun est visible dans son utilité au combat et non dans sa « sensibilité » qui ne peut exister qu’en opposition à celle des autres. L’action montre la cohérence et la solidarité des personnes et du groupe qui l’entreprend et la propose aux autres. Et elle invite tout un chacun à agir de même plutôt qu’à « se positionner ». L’action permet à la modernité réelle de s’affirmer. Car notre temps est celui d’une diversité personnelle culturelle et politique très avancée. On perd son temps à rechercher une identité commune qui sera toujours vécue par chacun comme une mutilation plus ou moins douloureuse. Cette obsession de l’accord complet propose une vision archaïque de comportements politiques fusionnels. Elle vient d’un passé où la gauche s’est confondu avec l’idée d’un socialisme « scientifique » conçu non comme une démarche s’appuyant sur la recherche des faits objectifs mais comme une communion des esprits dans « la vérité ». Pour moi la seule homogénéité souhaitable et exigible raisonnablement c’est celle qu’appelle l’action pour être menée à bien et pour cela seulement. Voilà pour l’instant ce que je crois utile de dire sur ce bilan des élections espagnoles. La suite de l’analyse et des actes que j’en déduis viendront à la rentrée.

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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 09:32
COP21 : cet accord ne sauve pas le climat, à nous d'agir !

Dès l'ouverture de la conférence, François Hollande avait décrit le type d'accord qu'il préconisait pour sauver le climat : universel et ambitieux à défaut de contraignant et différencié.

Toute la diplomatie de Laurent Fabius a donc consisté à obtenir une déclaration dont la rédaction puisse convenir à tous et les actes ne déplaire à personne.

Tout l'art de la synthèse molle est ainsi réuni dans cet accord. Du point de vue diplomatique on peut donc considérer que c'est un succès.

Pour sauver le climat c'est une autre histoire.

 

Source : le bog de Martine Billard, membre de la direction du Parti de Gauche | 16 décembre 2015

Diapo kismeL'accord de Paris doit entrer en vigueur en 2020 et prendre le relais du protocole de Kyoto qui à l'époque ne concernait que les pays développés. En comparaison, c'est un accord quasiment universel contenu dans un document en deux parties : l'accord proprement dit, de 16 pages et de 29 articles dans la version française, soumis à la ratification des états, précédé d'une partie de 22 pages appelée la « décision d'adoption » non soumise à ratification. Cette partie décision de la COP21 contient des précisions par rapport à l'accord et est modifiable par toute COP à venir. L'accord, ouvert à la ratification du 22 avril 2016 au 22 avril 2017, deviendra un traité international permanent s'il obtient la ratification de 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre.

 

Texte en français de l'accord issu de la COP21 : ICI

ou ci-dessous

 

- Analyse :

  • Droits

Tout ce qui concerne les droits a été retiré des articles contraignants de l'accord pour être relégué dans le préambule, ce qui en droit correspond à l'exposé des motifs et non à un article applicable. Aussi, outre la rédaction souvent plus que floue, ce préambule n'a pas de valeur normative.

 

Extrait du préambule 

"Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des mesures face à ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations".

 

Les droits de l'homme et autres droits, dont le droit à l'alimentation, sont donc réduits à des voeux pieux sans obligation. Pourtant 600 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de la faim en raison des dérèglements climatiques d’ici à 2080. Or la sécurité alimentaire a disparu de l'article 2 remplacée par la production alimentaire, ce qui ne garantit absolument pas le droit à l'alimentation.

 

Diapo emploi

De même la question de l'emploi, malgré la bataille de la Confédération syndicale internationale, a aussi été renvoyée dans le préambule « Tenant compte des impératifs d’une transition juste pour la population active et de la création d’emplois décents et de qualité conformément aux priorités de développement définies au niveau national »
 

  • Justice climatique

Cette notion n'apparaît que dans le préambule et avec une formule incroyable puisqu'elle revient à préciser que ce n'est pas important pour tous les pays. Notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la protection de la biodiversité, reconnue par certaines cultures comme la Terre nourricière, et notant l’importance pour certaines de la notion de « justice climatique », dans l’action menée face aux changements climatiques
 

  • Réchauffement limité à 1,5°C ? sans remise en cause des émissions de GES

Cette mention, exigée à juste titre par les îles du Pacifique et les pays les plus vulnérables, n'a été introduite que sous une forme très alambiquée : Article 2 -1 a) Contenant l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques

 

Diapo GES

De plus cette inscription dans l'accord va de pair avec des reculs par rapport au texte d'origine. Ainsi, sur la base du rapport du GIEC, le texte présenté à l'ouverture de la COP préconisait de baisser les émissions de 50 à 70% d'ici 2050 pour éviter un emballement climatique incontrôlable. Cet objectif a disparu. Or rester à 1,5°C impliquerait une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70 à 85 % d’ici 2100. Donc l'objectif des 2°C voire 1,5°C de hausse des températures qu'il ne faudrait pas dépasser n'est qu'un symbole, certes important, mais sans effet concret.
 

  • Émission du secteur aérien et maritime absentes

Ces émissions additionnées, sont aussi importantes que celles du Royaume-Uni et de l'Allemagne. Elles sont pourtant absentes du texte !
 

  • Révision tous les 5 ans d'un accord non contraignant

Il faut rappeler que les engagements de baisses d'émissions de GES des 187 pays qui ont remis leur copie, ne sont que volontaires et indicatifs (INDCs = contributions nationales volontaires) Ils figurent d'ailleurs seulement en annexe de l'accord. Tous les scientifiques ont pourtant alerté sur le fait que leur total permettait au mieux de maintenir la hausse de la température aux alentours de 3°C (contre 4°C si les émissions continuent sur le rythme actuel). Leur révision tous les 5 ans, acclamée comme une grande avancée, ne revient en fait qu'à inciter les états à revoir des contributions volontaires et non des engagements contraignants. De plus cette révision ne prendra effet qu'à partir de 2025, soit encore 8 ans d'émissions sans pression. Certes F. Hollande s'est engagé pour la France à proposer une amélioration pour 2020, mais d'abord ce n'est qu'un engagement au nom du futur président de la République dont personne n'est capable aujourd'hui de dire qui il sera. Ensuite il faudrait que les actes ne contredisent pas les discours, ce qui est pourtant la constante de ce gouvernement.
 

  • 100 milliards de dollars par an ?

C'était le seul engagement de la conférence de Copenhague en 2009 : 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour que les pays les plus vulnérables puissent faire face aux impacts des dérèglements climatiques. Les pays concernés demandaient une révision à la hausse. Au final, le point 54 de la partie « décision d'adoption » cite « d’un niveau plancher de 100 milliards de dollars par an « mais au point 115 les 100 milliards ne sont plus précisés comme un plancher pouvant donc être amélioré. Mais surtout ce n'est pas dans la partie accord et donc non soumis à ratification des états pour ne pas engager les USA qui auraient alors pu rejeter l'accord. Enfin l'origine de ces 100 milliards est tout aussi floue : nouveaux financements ou recyclage de fonds déjà prévus ? Fonds publics ou fonds privés ? Prêts ou dons ?
 

Diapo contre le marché

  • Pas d'indemnisation pour les pertes et dommages

L'acceptation d'une possible augmentation du montant de ce Fonds Vert n'a été cédée qu'en échange de l'abandon de toute responsabilité ou compensation des pays du nord. Les pays riches ont obtenu le dernier mot. 52.Convient que l’article 8 de l’Accord ne peut donner lieu ni servir de fondement à aucune responsabilité ni indemnisation ;
 

  • Équilibre et fausses solutions

L'équilibre tant vanté signifie en fait essayer d'échapper à la nécessité de baisser les émissions en utilisant toutes les astuces possibles du style enfouissement du CO2 ou autres technologies «d'atténuation». Le concept d'émissions nettes, c'est à dire les émissions moins celles qui peuvent être stockées, sorti par la porte a été réintroduit par la fenêtre sous le vocabulaire d'absorption, dans la partie décisions de la COP comme dans le texte de l'accord lui-même.

 

 

- Partie décisions :

  • III 31 a) Les Parties rendent compte des émissions anthropiques et des absorptions
  • c) Les Parties s’efforcent d’inclure toutes les catégories d’émissions anthropiques ou d’absorptions dans leurs contributions déterminées au niveau national et, dès lors qu’une source, un puits ou une activité est pris en compte, continuent de l’inclure
  • III 35 . Décide que les directives formulées conformément au paragraphe 31 ci-dessus garantissent qu’un double comptage est évité sur la base d’un ajustement correspondant par les Parties pour les émissions anthropiques par les sources et/ou les absorptions par les puits prises en compte dans leurs contributions déterminées au niveau national en vertu de l’Accord ;

 

et dans l'accord lui-même

  • Article 4 1. En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2, les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage de temps pour les pays en développement parties, et à opérer des réductions rapidement par la suite conformément aux meilleures données scientifiques disponibles de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle, sur la base de l’équité, et dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

 

Cette COP sera donc celle qui aura osé donner la priorité aux fausses solutions et en premier lieu au captage et stockage du carbone mis au même niveau que la réduction des émissions à la source.

 

Par ailleurs, cet accord ne permet pas de renforcer la lutte pour l'adaptation des pays déjà fortement touchés par les dérèglements climatiques. Il ne défini aucun mécanisme pour aider aux transferts de technologie à commencer par la levée des barrières que constituent les droits de propriété intellectuelle.
 

  • Diapo croissance verte Impasse total sur le modèle productiviste mondialisé et ses conséquences

Il est significatif qu'à aucun moment les énergies fossiles ne soient nommées dans le texte comme responsables des émissions de gaz à effet de serre, pas plus d'ailleurs que les énergies renouvelables comme solution. Le célèbre rapport du Massachusetts Institute of Technology "Les limites à la croissance" paru en 1972, considérait que vers 2025-2028 la planète ne serait plus en état de plus soutenir le mode de production et de consommation actuel. Pourtant le texte de l'accord de Paris fait la promotion de la croissance économique Article 10-5 « Il est essentiel d’accélérer, d’encourager et de permettre l’innovation pour une riposte mondiale efficace à long terme face aux changements climatiques et au service de la croissance économique et du développement durable. », au point que Ségolène Royal a jugé utile de tweeter «Heureuse de ce succès valeurs auxquelles je crois, pour lesquelles avec d'autres je me bats depuis si longtemps. Croissance verte, #COP21».
 

  • Agriculture et forêts

Il est significatif que le mot agriculture n'apparaisse pas une seule fois dans le texte. Les terres, ne sont plus des terres agricoles ou des forêts, elles sont devenues de simples « puits et réservoirs de carbone », de simples outils de compensation et de stockage de carbone. De plus les populations qui y vivent sont tout simplement oubliées. Le Lima Paris Action Agenda (LPAA), plan d'action réunissant des acteurs étatiques mais aussi des acteurs privés, est institutionnalisé dans le texte, ouvrant la voie aux OGM et autres pratiques de l'agriculture industrielle. C'est donc la porte ouverte à la financiarisation de la nature et aux accaparements de terre qui permettront une fois de plus aux pollueurs les plus importants d'échapper à la nécessité de baisser leurs émissions en utilisant les systèmes de compensation.
 

Des initiatives telles que la « Climate Smart Agriculture » ou « agriculture intelligente », chère à Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, qui a surtout pour objectif de justifier toutes les pratiques de l'agro-industrie y compris les pesticides et les OGM dans le but de la « croissance verte » comme le précise la FAO, s’inscrivent dans l’esprit de produire toujours plus et de séquestrer plus de carbone.
 

Diapo Tafta ou climat

  • TAFTA ou Climat il faut choisir

Les accords transnationaux en cours de discussion eux sont réellement juridiquement contraignants. Ils permettent d'aller en justice contrairement à ce traité qui n'ouvrira pas cette possibilité d'autant que si des tribunaux d'arbitrage existent permettant aux multinationales d'attaquer les états, il n'existe pas de tribunal international pour juger les crimes contre la planète.
 

 

- Bilan

 

  • Cet accord n'est donc ni contraignant ni audacieux ni basé sur les principes de la justice climatique. Il ne va pas sauver le climat.
  • Mais il offre un point d'appui pour la construction d'un mouvement de justice climatique à l'échelle internationale qui pourra interpeller gouvernements, banques et multinationales en exigeant que les actes rejoignent les déclarations de bonnes intentions.
  • En France, l'accord sera soumis pour ratification au parlement. Ce sera le moment pour revendiquer des engagements bien plus fort et surtout précis et pour exiger l'abandon de toutes les politiques contraires à ce traité, à, commencer par l'abandon de l'aéroport de Notre-Dame des Landes.

 

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier COP21

- Jean-Luc Mélenchon : D’une COP à l’autre, on avance en reculant

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26 décembre 2015 6 26 /12 /décembre /2015 14:11
C’est sur le terrain des idées qu’il ne faut plus céder !

Réagissant aux nombreux articles publiés à l'issue des élections régionales sur l'état de la gauche de transformation sociale, c'est à la lecture de Roger Martelli "Gauche radicale : Continuer, c’est renoncer… « Le nouveau n’adviendra que des générations nouvelles »" que Patrick Job réagit.

 

Sources : Patrick Job pour Rue du Blogule Rouge La rochelle le 26 décembre 2015

- N’est-ce pas encore là une énième constatation de la défaite de “la vraie gauche“ qui n’analyse guère que ses résultats électoraux sans poser le problème de sa défaite idéologique ?
Électoralement en effet, on peut affirmer que le FN a perdu les élections. Il a moins de voix qu’aux présidentielles et n’a pas réussi à faire élire ses chefs. La droite en général n’est pas beaucoup plus avancée après s’être fait élire par des voix socialistes. Car toute analyse électorale doit tenir compte des abstentionnistes et des votes blancs ou nuls et non uniquement des pourcentages obtenus.

 


- Mais la défaite de la gauche semble malheureusement plus profonde car c’est celle des idées.

Sur les terrains économique, social, sociétal, nous avons perdu :

  • Combien ressentent positivement aujourd’hui la nécessité de rendre au peuple la propriété des moyens de production par des nationalisations ?
  • Combien se rendent vraiment compte que les progrès sociaux acquis dans les luttes ne doivent pas être démantelés au profit de quelques profiteurs du système capitaliste actuel ?
  • Combien de nos compatriotes ont-ils rendu les armes sur le terrain de la xénophobie et du racisme ordinaire ?


L’attraction des idées de droite et d’extrême droite est telle qu’elles paraissent majoritaires dans l’opinion et que du PS au FN, tout le monde semble maintenant d’accord sur ces thèmes essentiels abandonnés par la toute la gauche puisque même les députés PCF/Front de Gauche ont baissé leur culotte en votant la prolongation de l’état d’urgence.

 


- C’est ce combat idéologique qu’il nous est interdit d’abandonner.

C’est sur le terrain des idées qu’il ne faut plus céder. Les élections et leur tambouille ne viennent qu’ensuite confirmer ou infirmer l’action sur ce terrain des Idées.

 

Pour en savoir plus :

- Gauche radicale : Continuer, c’est renoncer… « Le nouveau n’adviendra que des générations nouvelles »

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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 09:18
A La Rochelle : pour les personnels territoriaux, deux semaines de congés en moins, c'est toujours NON !

Lors d'un précédent billet j'abordais ce sujet chaud et inhabituel au sein des services municipaux. Ou en sommes-nous ?

 

La rochelle le 21 décembre 2015 | mis à jour le 23/12/2015

- Pour ce patron de choc devenu maire, l'adversaire c'est la masse salariale... donc les personnels territoriaux

En effet, Jean-François Fountaine, l'actuel maire divers gauche de La Rochelle  (es PRG et ex PS), souhaite passer de 32H à 35H de travail par semaine.... ce qui revient concrètement à supprimer deux semaines de congés aux agents territoriaux (9,5 jours de congés).

 

En effet, depuis 15 ans, les 2.000 agents territoriaux rochelais travaillent 1.529 heures par an, soit 32 heures par semaine.

  • Or Jean-François Fountaine qui, en 1995 a été élu conseiller municipal sur la liste de Michel Crépeau, a contribué à la mise en place de ce dispositif social issu d'un protocole d'accord permettant, à l'époque, de créer 200 emplois ;
  • Or Jean-François Fountaine qui, entre 2008 et 2014 a été élu conseiller municipal sur la liste du député-maire socialiste Maxime Bono, n'a jamais contesté cette situation.

 

Aujourd'hui c'est en digne patron de choc (élu avec les voix d'une partie des électeurs de la liste UMP-UDI, dans la ligne politique austéritaire des Macron et Valls) qu'il s'appuie sur un rapport non contraignant de la Cour Régionale des Comptes pour remettre en cause ce qui avait été signé 15 ans plus tôt !

 

 

- Que préconise la Cour Régionale des Comptes ?

- la remise en cause de la durée du temps de travail sur les 3 collectivités CDA, CCAS et ville de La Rochelle, en se mettant en conformité avec les textes. Soit 78h de plus par an. (1529h contre 1607h)
- le non remplacement d'agents partant à la retraite ;
- la remise en cause de l’avancement d’échelon à la durée minimale de façon systématique à l’ensemble des agents ;
- le réexamen des modalités de bonification de congés des agents partant à la retraite.

 

La dégradation des conditions de travail des agents, la politique municipale de l'emploi se traduiront systématiquement par la dégradation des services rendus à nos concitoyens usagers des services publics. C'est déjà le cas avec l'absence de gardien pour ouvrir ou réceptionner les salles mises à disposition des associations le soir.

 

 

- J.F. Fountaine explique que...

"Les habitants trouvent logique cette démarche parce que certains cherchent du travail et d'autres travaillent beaucoup plus que cela", explique-t-il sur RMC.

  • Mais il se garde bien d'expliquer :

- que travailler 35 H au lieu de 32H va, à charge de travail constante, diminuer le nombre d'emplois municipaux.... donc contribuer a augmenter le chômage !

- que lorsqu'il y a des millions de chômeurs, le sens de l'histoire c'est : travailler moins et partager le travail sans baisse de salaire pour travailler tous et non pas l'inverse !

  • D'ailleurs ou sont les 32H ?

Prenons le service scolaire : ATSEM : Lundi et jeudi : 8h/17h15, Mardi et vendredi : 8h/16h30, Mercredi : 8h/12h30, Soit 40 heures semaines. Concièrge : lundi et jeudi 7h-12h15/14h-17h15, mardi et vendredi 7h-12h15/14h-17h30, mercredi 7h-12h30, soit 40 heures.

 

Les personnels municipaux ne veulent pas être les boucs émissaires des politiques d'austérité et une valeur d'ajustement budgétaire...... ils ont raison !

Ils n'ont pas à faire les frais des baisses de dotation de l'État !

 

 

- C'est fort de leur volonté de défendre la qualité du service public servi aux usagers, leurs conquis sociaux qu'ils poursuivent l'action..... NOUS DEVONS LES SOUTENIR !

Le personnel ne décolère pas et poursuit sa mobilisation :

 

- 14 décembre 2015 : J.F. Fountaine répond à la mobilisation syndicale par le huis clos !

En effet, fuyant la nouvelle mobilisation syndicale des personnels J.F. Fountaine a, dans le cadre d'un huis clos prémédité, fait entériner en catimini par le conseil municipal réduit (hors de la présence de l'opposition de gauche qui à quitté la séance en guise de protestation face au huis clos forcé) le développement de la vidéo-surveillance sur la Rochelle  : 28 pour, 4 contre, 2 abstentions.
Ainsi, 184 000€ d'argent public seront gaspillé en 2016, et ensuite 14 000€ par an pour le fonctionnement ! Soit, avec les extensions prévues, une dépense inutile de 788 000 € pour 30 caméras + le coût de fonctionnement.

 

Un vote donc favorable, sans débat public. La démocratie avance à La Rochelle !

Et pendant ce temps là, les cantines scolaires augmentent pour les plus démunis !

  • C'est ça une politique de gauche à la J.F. FOUNTAINE sur La Rochelle !

Carine Dufourg (CGT) et Sylvie Geffré (SUD) s’expriment après des élus. © XAVIER LÉOTY

Carine Dufourg (CGT) et Sylvie Geffré (SUD) s’expriment après des élus. © XAVIER LÉOTY

- En résumé la politique de J. F. Fountaine et de sa majorité politique (PRG-EELV) c'est une politique de droite qui ne dit pas son nom !

Ne sacrifier aucun projet en les réalisant à minima, sans moyens (ex nouveau plan de transport TRCR/Yelo), raboter les coûts de fonctionnement (donc la masse salariale et l'emploi des personnels territoriaux), réduire les dépenses sociales (subventions associatives), dégager de nouvelles recettes (ponctions sur les budgets des familles : cantines...), diminuer les dépenses de service public (dénonciation des accords sociaux à la RTCR)... et multiplier les dépenses inutiles (vidéo-surveillance, armement de la police municipale....).

 

C'est en effet une politique que la droite locale ne saurait combattre tant elle ressemble à celle qu'elle mettrait en oeuvre elle même !

 

  • Gageons que sur la question de savoir si La Rochelle à vélo doit être "plutôt bande ou piste cyclable ?" il y aura du monde pour s'exprimer, mais pour défendre le service public, les personnels territoriaux, c'est motus et bouche cousue dans la majorité municipale.....
  • Les employés municipaux et rochelais s'en souviendront en temps voulu !

 

 

- Les territoriaux de La Rochelle à l'Oratoire face au huis clos décrété par M. Fountaine

AG en plein Conseil :

 

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 09:40
Gauche populaire et gauche élitaire en France de 2010 à 2015. Le PS n’est pas la gauche !

La gauche n’est pas le PS, le PS n’est pas la gauche dans la mesure où la gauche ne se réduit pas au PS, loin s’en faut.

 

Sources : Le Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage | mercredi 16 décembre 2015.

Dans un article précédent, nous avons défini ailleurs ce que nous entendions par "gauche élitaire" et par "gauche populaire".

 

Nous nous intéressons ici à l’expression électorale de ces deux gauches. Contrairement à ce qui est continuellement martelé par les médias, la gauche ne se réduit pas au seul parti socialiste.

On utilise ici la terminologie de "gauche populaire" définie par le philosophe Jacques Bidet mais on pourrait l’appeler aussi "gauche alternative" ou "l’Autre gauche" mais ces terminologies sont imprécises et ne cessent pas sur un socle théorique solide

 

 

- Modes de totalisation

On utilise le pourcentage des voix obtenues par rapport aux suffrages exprimés.

  • Totaux pour le premier tour :

T1 :Total gauche élitaire : P.S (seul) +UG + éventuellement PRG

T2 : Total gauche populaire : PCF + PG éventuellement +FdG + DG + EELV + Extr.G

- Total gauche : T1+ T2

En cas de liste écologiste sans autre étiquette, on répartit les voix en deux parties égales.

  • Totaux pour le second tour :

T3 : Total gauche élitaire : P.S + UG/2 + éventuellement PRG

T4 : Total gauche populaire : PCF + PG éventuellement + deFdG + DG +UG/2 + EELV + Extr.G

- Total gauche : T3 + T4

 

  1. Les divers gauches (DG) sont au moins dans deux tiers des cas une association du FdG (ou de l’une de ces composantes) avec EELV.et des listes citoyennes ;
  2. Union de la Gauche (UG) au second tour résulte de la fusion de listes de la gauche élitaire et de la bouche populaire : d’où la division du score par deux pour chaque gauche ;
  3. Le même phénomène peut être vrai aussi au premier tour mais nous considérons alors la fraction de la gauche populaire adoptant cette stratégie comme gauche élitaire : d’où la totalisation avec le PS au premier tour pour obtenir la gauche élitaire ;
  4. Lorsqu’une liste écologiste se présente seule et sans autre étiquette, on répartit dans chaque bouche en deux fractions égales les voix obtenues ;
  5. Le premier pourcentage représente le nombre de voix obtenues par rapport au nombre de suffrages exprimés au niveau national ;
  6. Le second pourcentage représente la répartition en pourcentage du total des voix de gauche de la gauche élitaire et de la gauche populaire. Les pourcentages sont arrondis à l’unité la plus proche.

 

 

- Après calculs, on constate que la gauche populaire est donc beaucoup moins minoritaire que l’on pourrait le croire a priori.

Les alliances à géométrie variable du FDG et de EELV dont les voix peuvent se trouver déversées dans les "divers gauche" brouillent non seulement le paysage politique mais les résultats obtenus. En utilisant une technique de globalisation, on permet ainsi de mettre en évidence l’existence relativement importante d’une gauche différente de celle du parti socialiste. Tout est mis en œuvre par le PS et les médias pour occulter cette réalité.

 

Mais il faut pondérer ces résultats par les taux d’abstention et les votes blanc que l’on a fait apparaître pour chaque élection . Le premier pourcentage concerne le premier tour et le second concerne le second tour.

 

Le second tour ne permet pas de déterminer la répartition des deux types de gauche en raison des fusions de liste, fusions qui avantagent largement la gauche élitaire en termes de voix obtenues. Les partis politiques considérés ne mettent pas à disposition des citoyens et même des adhérents les statistiques complètes concernant le nombre d’élus obtenus à tous les niveaux. (municipal, départemental, régional législatif) , statistiques globalisées au niveau national : secret défense semble-t-il. En l’absence de ces données, les calculs réalisés, bien que très significatifs, ne peuvent être considérés comme exhaustifs.

 

  • Pour chaque élection, on a mentionné le lien qui permet d’accéder aux tableaux utilisés pour les calculs figurant sur le site du Ministère de l'Intérieur.

1 – Élections municipales de 2014 (23 et 30 mars) : source ICI

 

Totaux pour le premier tour : Totaux pour le second tour :
Total gauche élitaire : 18,02 % ; 46 % Total gauche élitaire : 16,67%

Total gauche populaire : 20,78%  ; 54 % (5,7 millions d’électeurs)

Total gauche populaire : 24,94  % (2,74 millions d’électeurs)
Total gauche : 38,80 % ; 100 % Total gauche : 41,61 %
  Abstentions et blancs 41,94 % et 41,44 % des inscrits

 

2 – Élections départementales 2015 (22 et 29 mars) : source ICI

 

 

Totaux pour le premier tour : Totaux pour le second tour :
Total gauche élitaire : 21,78 % ; 59 % Total gauche élitaire : 20 % ; 95 %

Total gauche populaire : 14,99% ; 41 % ( 3 millions d’électeurs)

Total gauche populaire : 11 % 17 %
Total gauche : 36,77 % ; 100 % Total gauche : 32,65 %
  Abstentions et blancs 52,49 % et 52,88 % des inscrits

 

3 – Élections cantonales 2011 (20 et 27 mars) : source ICI

 

Totaux pour le premier tour : Totaux pour le second tour :
Total gauche élitaire : 26,6% ; 51 % Total gauche élitaire : 37,04%

Total gauche populaire : 25,47% ; 49 % (2,3 millions d’électeurs)

Total gauche populaire : 13,39 %
Total gauche : 52,07% ; 100 % Total gauche : 50,43 %
  Abstentions et blancs 57,79 % et 62 32 % des inscrits

 

4 – Élections régionales 2015 1er tour (6 décembre) : source ICI

 

Totaux pour le premier tour :
Total gauche élitaire : 23,74 % ; 62 %

Total gauche populaire : 14,36 % ; 38 % (3,1 million d’électeurs)

Total gauche : 38,10 % ; 100 %
Abstentions et blancs 52,49 %

 

5 – Élections régionales de 2010. 1er tour (14 mars) : source ICI

 

Totaux pour le premier tour :
Gauche élitaire 29,14 % ; 54 %

Gauche populaire 24,48 % ; 46 % (2,3 million d’électeurs)

Total gauche 53,62 % ; 100 %
Abstentions et blancs 57,35 %

 

6 – Élections législatives de 2012 (10 et 17 juin) : source ICI

 

Totaux pour le premier tour : Totaux pour le second tour :
Total gauche élitaire : 31,48 % ; 59 %

Total gauche élitaire : 43,25 %

Total gauche populaire : 17,23 % ; 41 % (4,47 millions d’électeurs)

Total gauche populaire : 7,76 %
Total gauche : 41,8 % ; 100 % Total gauche : 51,01 %
  Abstentions et blancs 44,25 % et 45,48,% des inscrits

 

7 – Élections présidentielles de 2012 1er tour. (22 avril) : source ICI

 

Totaux pour le premier tour :
Total gauche élitaire : 28,63 % ; 65 %

Total gauche populaire : 15,12 % ; 35 % (5,43 Millions d’électeurs )

Total gauche : 43,75 % ; 100 %
Abstentions et blancs 22,04 % et 24,33 %

 

 

- Scores moyens :

Ils sont calculés sur les 7 élections.

Moyenne statistique globale prenant en compte les sept dernières élections.

Moyens en pourcentage des suffrages exprimés

La gauche élitaire obtient une moyenne de 25,63 % soit environ 26 %

 

 

- La gauche populaire obtient une moyenne de 18,92 % soit environ 19 %.

Le total des gauches obtient une moyenne de 44,55 % soit environ 45 %

La répartition moyenne gauche populaire / gauche élitaire sur les sept dernières élections s’établit ainsi, en arrondissant le pourcentage à l’unité la plus proche :

  • Gauche élitaire : 57,54 % arrondis à 58 %
  • Gauche populaire : 42,46 % arrondi à 42 %

En arrondissant grossièrement à 60 % et 40 %, la répartition gauche populaire / gauche élitaire est donc : 2/5 pour la gauche populaire et 3/5 pour la gauche élitaire.

 

 

- Conclusion

 

Réduire la gauche au PS, considérant L’autre gauche comme quantité

négligeable constitue donc une véritable escroquerie intellectuelle et une falsification de la réalité .

 

 

L’autre gauche selon les médias ne recueillerait que 4 % voire au plus 11 % alors que la moyenne est de 19 % . Cela donne un alibi justifiant leur quasi censure.

 

Nous connaissons les raisons profondes de cette falsification que nous avons analysée par ailleurs. Brièvement, il s’agit de faire croire qu’il n’existe pas d’autre alternative à gauche que celle du PS et plus généralement qu’il n’existe pas d’autres alternatives que l’ultralibéralisme dominant. Cette falsification des chiffres permet de justifier la censure et de démoraliser les forces militantes.

 

Cette censure médiatique non seulement frappe les organisations politiques alternatives de l’autre gauche mais écarte tout commentaire et analyse que partagent plus de 5 millions d’électeurs qui se trouvent ainsi écartés de l’espace public cognitif. S’il n’existe pas d’autres alternatives, il ne faut pas s’étonner que l’abstention est élevée et que le FN ne cesse de croître.

 

En évitant le plus possible de laisser la parole à la gauche populaire, les médias bayonnent une population équivalente à la somme des populations habitant les villes suivantes : Marseille + Lyon + Toulouse + Nice + Nantes + Strasbourg + Montpellier + Bordeaux = 3,2 millions d’habitants auxquelles on peut ajouter Paris intra-muros : 2,2 millions ce qui donne un total de 5,4 millions d’habitants. Si l’on ne voulait pas prendre Paris, il faudrait alors faire le total pour les 17 villes le plus peuplées de France (on arrêterait le total à Dijon) Voir la liste ICI

 

Mais ce genre de dictature ne semble pas être un problème pour les responsables politiques de l’Autre gauche qui reste prisonniers,, tels des poissons rouges, du bocal qui échappe à leur vision. Ceux-ci n’ont pas compris que le Front National n’est rien d’autre qu’une construction médiatique et qu’à l’inverse, leur impuissance résulte d’un effacement médiatique à leur encontre.

 

Pour en savoir plus :

- Le Parti Socialiste ou..... "la deuxiéme droite"

- Comment le PS français est-il devenu un parti du capital ?

- « Hollande met en pratique une version droitisée du blairisme »

- Le PS n'est pas de gauche !

- Parti socialiste : dernière station avant la chute ?

- Comment peut-on être socialiste ?

- Faut-il désespérer du Parti socialiste ?

- Le PS, ou : Comment s'en débarrasser ?

- Le PS, ce n’est pas “la gauche”.

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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 09:32
Revenu universel, nationalisations, audit de la dette, énergies vertes… Quel est le programme de Podemos ?

Podemos, le parti qui redonne espoir à la gauche en Espagne atteindra t-il ses objectifs dimanche 20 décembre, lors des l'élection des Députés et Sénateurs ? Il est trop tôt pour le dire !

Mais que veut PODEMOS ?

 

Le tout jeune parti espagnol Podemos – « Nous pouvons » – vient de fêter sa première année d’existence. Ce mouvement de gauche avait fait une entrée remarquée sur la scène politique lors des élections européennes, avec près de 8% des voix. Il se positionne désormais comme 3ème force politique en Espagne : il a attiré 15% des votants en Andalousie, en mars. Comment expliquer ce fulgurant succès ? Quel est son programme, sa stratégie politique et médiatique ? « La politique espagnole ne sera jamais plus comme avant, même si l’on disparaissait demain, affirme Miguel Urbán Crespo[1], député européen et n°2 de Podemos. Nous avons quelque chose que les partis n’ont pas, le soutien populaire de ceux qui veulent changer les choses. » Entretien.

 

Sources : BASTAMAG par Sophie Chapelle et Simon Gouin le 14 avril 2015

- Basta ! : En décembre prochain, se dérouleront les élections nationales espagnoles. Si vous obtenez une majorité au parlement, quelles mesures prioritaires allez-vous mettre en place ?

Miguel Urbán Crespo : Face à ceux qui pratiquent le « sauvetage des banques », nous proposons un sauvetage citoyen (el rescate ciudadano). Ce programme prévoit d’abord de mettre fin au processus de privatisation des services publics. Puis, d’effectuer un audit citoyen des comptes publics et de la dette. Se pose ensuite la question de la précarité énergétique. La Constitution espagnole prévoit la nationalisation des secteurs fondamentaux s’il y a un problème d’urgence sociale et si les entreprises privées ne satisfont pas ces besoins fondamentaux. Nous sommes dans ces deux cas là.

 

 

- Basta ! : Vous souhaitez donc nationaliser les entreprises ?

Miguel Urbán Crespo : Non, nous n’allons pas arriver et dire : « Nous nationalisons ». Mais plutôt : « Soit vous répondez aux besoins fondamentaux, soit nous appliquons la loi ». Notre objectif est d’avoir un gouvernement qui fasse appliquer la loi à « ceux d’en haut », car la loi est toujours appliquée à « ceux d’en bas ». Appliquer la loi, c’est par exemple s’appuyer sur la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg qui indique que la loi espagnole sur les hypothèques [qui protège les banques et non les consommateurs] est illégale [2]. On ne peut pas continuer à virer les gens de chez eux sans alternative en matière de logement. Dans le domaine de la santé, tout le monde doit avoir accès aux soins. Enfin, nous proposons de mettre en place un revenu universel afin de sortir les gens de l’exclusion sociale. En Espagne, 60 000 familles n’ont pas de revenus.

 

 

- Basta ! : Que prévoyez-vous face à la précarité énergétique ?

Miguel Urbán Crespo : L’Espagne importe des énergies fossiles, alors qu’on a beaucoup de vent et de soleil. Nos industries d’énergie renouvelable sont importantes, mais elles ont été complètement dévastées par les intérêts de l’oligopole énergétique espagnol. Or, l’énergie verte est bien plus génératrice d’emplois que la production d’énergie basée sur l’extraction de pétrole ou de gaz. Il faut changer la structure du système de l’énergie en Espagne et ses intérêts. L’autoconsommation doit aussi être développée. On a par exemple des petits producteurs d’électricité dans les « communautés de voisins » [regroupements de propriétaires]. Il est important de leur permettre d’entrer sur le réseau électrique et d’injecter ce que ces communautés ne consomment pas, de les aider à financer leur investissement. Au final, c’est comme la roue d’un moulin. Pour que la roue tourne, il faut mettre de l’eau. L’eau, c’est l’initiative politique : il faut la diriger et savoir où va la rivière.

 

 

- Basta ! : Outre ces mesures d’urgence, quel est votre programme à moyen et long terme ?

Miguel Urbán Crespo : Les problèmes en Espagne sont immenses. Il faut par exemple revenir sur l’économie du tourisme qui génère une prédation environnementale et une bulle immobilière. Le secteur des services en la matière est surdimensionné et est confronté à la violation des droits sociaux et du travail. Raison pour laquelle il faut parler de changements de modèle productif.

 

 

- Basta ! : Dans ce modèle productif alternatif, il y a l’agriculture, qui peut être protectrice de l’environnement et génératrice d’emplois. Quelles sont les idées de Podemos sur ce sujet ?

Miguel Urbán Crespo : Nous sommes dans la phase de construction de ce programme agricole. Globalement, nous souhaitons développer une agriculture de proximité, soutenable pour l’environnement, qui consomme peu d’énergies fossiles, en évitant les transports et en favorisant les circuits courts. Nous souhaitons aussi éviter la concentration des terres agricoles dans les mains de quelques-uns. Nous travaillons avec des coopératives, pour la socialisation des terres de qualité, et contre les OGM.

 

 

- Basta ! : Fin 2014, la dette de l’Espagne s’élevait à 1 034 milliards d’euros, soit 97,7 % du PIB. Faut-il la rembourser ?

Miguel Urbán Crespo : A part Mariano Rajoy [le Premier ministre conservateur actuel], tout le monde sait que l’on ne peut pas payer la dette espagnole. Mais comment communiquer sur le sujet ? Si on dit aux gens qu’on ne va pas payer la dette, cela les choque, ils pensent que tu es un voleur. Les dettes, tu les paies. Notre position, c’est de déterminer ce que l’Espagne doit payer au sein de cette dette. A la télévision, pour traduire le problème avec des images simples, on prend l’exemple suivant : vous prenez un café et un jus d’orange dans un bar. Le serveur vous dit : c’est 600 euros. Vous lui demandez pourquoi. Il vous répond que vous allez payer l’addition de tous les gens qui sont en train de boire autour de vous. Évidemment, vous allez dire non, vous n’allez pas inviter tout le monde. C’est un peu ce qu’il s’est passé avec la dette espagnole. Ils veulent qu’on paie l’addition de choses que nous n’avons pas prises. Or, on ne va pas payer ce qui n’est pas notre dette. Mais ce que l’on doit réellement, on le paiera. Tout en renégociant comment le payer.

 

 

- Basta ! : Podemos semble renouveler les méthodes politiques. Pourquoi est-ce nécessaire ?

Miguel Urbán Crespo : Quand vingt personnes possèdent 60 % des richesses de notre pays, c’est de la corruption. On ne peut pas l’accepter, il faut changer cela. Il faut lancer un processus constitutionnel pour changer les règles du jeu. C’est comme l’histoire des pommes pourries : la question ce n’est pas les pommes mais le panier qui est pourri et qui contamine les pommes. Si tu prends quatre pommes magnifiques, même avec une queue de cheval et des boucles d’oreille [Miguel Urbán fait ici référence à Pablo Iglesias, le secrétaire général de Podemos], et que tu les mets dans ce panier pourri, les pommes vont pourrir. Ce n’est pas une question individuelle mais de système. Et nous pourrions nous aussi pourrir si nous ne changeons pas les règles du jeu et de système.

 

 

- Basta ! : Votre positionnement politique est surprenant : Podemos n’est ni de droite, ni de gauche, affirme Pablo Iglesias, le secrétaire général...

Miguel Urbán Crespo : Parmi les dirigeants de Podemos, nous avons toujours dit que nous sommes de gauche. Il n’y a qu’à voir comment nous nous habillons ! Vous n’avez jamais vu un dirigeant du Parti populaire avec une queue de cheval et une boucle d’oreille [à l’image de Pablo Iglesias] (rires). Mais l’important n’est pas de savoir d’où nous venons, mais plutôt ce que nous voulons construire. Le problème est que la politique électorale, ce n’est plus la politique des « mouvements ». Pour la plupart des gens, dans la politique électorale, la gauche c’est le Parti socialiste et la droite c’est le Parti populaire. Si tu entres dans cette logique électorale, tu te retrouves dans les marges de l’un ou de l’autre de ces partis. Or, nous avons déjà passé trop de temps à occuper les marges.

 

Nous, nous voulons construire une nouvelle centralité. Cette centralité a déjà été construite socialement par le mouvement de résistance aux politiques d’austérité, à l’instar du mouvement des indignés. Cette centralité existe socialement mais pas électoralement. Il y a beaucoup de gens qui ont voté pour le Parti populaire, tout en pensant qu’il faut sauver les familles et pas les banques. Moi je veux que ces gens là soient avec nous. Ce sont des travailleurs, des ouvriers, qui subissent la crise de plein fouet. Je dis toujours la chose suivante : quand la police vient t’expulser de ta maison, elle ne te demande pas pour qui tu as voté. Moi je ne veux pas demander aux gens pour qui ils ont voté. Personne ne mérite d’être expulsé de sa maison...

 

 

- Basta ! : Des tensions semblent apparaître entre la base de Podemos qui vient de nombreux mouvements sociaux – dont celui des Indignés – et ses dirigeants. Pablo Iglesias a par exemple déclaré, en octobre 2014, que le « ciel ne se prend pas par consensus, mais par un assaut ». Qu’en pensez-vous ?

Miguel Urbán Crespo : Je ne suis pas un fétichiste du consensus. J’aime la confrontation, la discussion. Mais à un moment il faut arriver à un accord. Il n’y a pas toujours besoin de structures ou de passer par des urnes, même internes. Podemos a été créé sur la base d’accords, pas sur la base d’affrontements. L’enjeu est que tout le monde se reconnaisse dans cet accord. J’ai répondu à Pablo à la suite de cette déclaration qu’il faudrait d’abord que nous nous mettions d’accord sur où se situe le ciel... Bien sur, nous avons beaucoup de tensions politiques, organisationnelles. Mais cela signifie que Podemos est un mouvement vivant, pas une structure pré-configurée.

 

 

- Basta ! : Podemos a été critiqué pour sa discrétion sur le projet de loi qui visait à restreindre le droit à l’IVG en Espagne...

Miguel Urbán Crespo : Non, nous n’avons pas été critiqués pour cela. Mais parce qu’une camarade de la direction, dans un cours de formation de communication politique, a dit une phrase malheureuse. Quand tu dois passer à la télévision et que tu es dans une campagne électorale, tu ne peux pas parler de tout, seulement de deux thèmes. Tu dois donc analyser les deux questions qui te mettent en position de gagner. Et notre camarade a déclaré que ce n’est pas sur le thème de l’avortement que l’on allait gagner dans le domaine de la communication... Mais nous sommes bien sur pour le droit à l’avortement, personne ne le met en discussion. On préfère toutefois frapper, au niveau de la communication, sur la question des banques plutôt que sur l’avortement, afin de nous positionner par rapport au Parti populaire et au Parti socialiste. Cela a été critiqué durement en interne.

 

 

- Basta ! : Faut-il a tout prix se démarquer du Parti socialiste ?

Miguel Urbán Crespo : Il y a ce que l’on peut faire à la télé en matière de campagne électorale, et tous les autres moyens de communication dont nous disposons – les réseaux sociaux, notre site web. On ne doit pas oublier les luttes et les revendications. Le droit à l’avortement est une question fondamentale. Cela m’est égal d’être proche du Parti socialiste sur cette revendication. Mais je suis d’accord aussi sur le fait que dans notre communication, il ne sert à rien de lancer des campagnes en faveur du droit à l’avortement. La force de Podemos, c’est sa capacité à avoir ses propres revendications sur les réseaux sociaux que personne n’avait imaginé jusqu’ici et qu’aucun autre parti en Europe ne possède. Notre compte Facebook dénombre 10 millions de personnes – le compte en lui-même est partagé par un million de personnes mais à travers ses répliques on atteint les dix millions. Le twitter de Pablo [Iglesias] c’est presque un millions de followers à lui seul. Sur ces réseaux sociaux, tu peux dire ce que tu veux sur l’avortement et cela va toucher plus de gens que sur les médias traditionnels. On n’avait pas ça avant.

 

 

- Basta ! : Podemos n’hésite pas à fréquenter assidûment les plateaux télé. N’est-ce pas risqué ?

Miguel Urbán Crespo : On a brisé un tabou historique dans le mouvement social ou des forces d’extrême gauche de ne pas aller dans les moyens traditionnels de communication. Nous avons compris qu’il fallait aller à la télévision, que l’on pouvait communiquer mieux que nos adversaires. On a passé quatre ans à se former, on a créé notre propre chaine de télévision, avec nos débats, tous les jours, sur la manière dont nous pouvions battre la droite... On a même ramené dans nos émissions des gens de la droite. Nous avons été critiqués pour cela, mais nous en avions marre de nous disputer entre nous. Et cela nous unissait de discuter contre ces personnes de droite (rires). Ça nous paraît plus intelligent. Nous avons commencé à aller dans les débats télévisés de droite et d’extrême droite pour discuter avec eux et faire en sorte que ce soient eux qui soient mis en minorité sur les plateaux.

 

Personnellement, j’ai commencé à parler à la télé avec une crainte : je voulais surtout que l’on ne me reconnaisse pas. Je portais une casquette, des lunettes de soleil noires et une écharpe autour du cou. Lors de ma première apparition à la télé avec Pablo, nous étions tous pareils, il ne fallait pas donner son nom. Maintenant, il faut que l’on te connaisse et communiquer d’une autre façon. La manipulation de la télé est stupéfiante, c’est certain. Mais si tu n’y entres pas, c’est toi qui te fais manipuler et tu vas perdre. Il faut briser ce tabou.

 

 

- Basta ! : Quelles sont vos convergences avec le parti grec Syriza ?

Miguel Urbán Crespo : Podemos et Syriza ont en commun un point important : ils représentent un avenir de changement pour le peuple grec et espagnol. Dans les deux cas, c’est une réaction politico-électorale à l’appauvrissement général qu’impose la Troïka avec ses politiques structurelles d’austérité envers la population. Mais il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous sommes très différents, parce que nous sommés nés dans un contexte politique et culturel différents. Nous disions précédemment que Podemos n’est ni de droite ni de gauche. Syriza veut dire « coalition de la gauche radicale » !

 

 

- Basta ! : Y a t-il des mouvements en France avec lesquels des alliances sont possibles ?

Miguel Urbán Crespo : Sûrement, mais je ne les connais pas. Nous sommes dans le même groupe que le Front de gauche au Parlement européen. Nous avons beaucoup de liens historiques avec le NPA [Nouveau parti anticapitaliste] et des mouvements sociaux français. Mais pour le moment, nous sommes très occupés en Espagne. Il y a déjà beaucoup de choses à faire ici. Nous nous concentrons davantage sur les peuples du Sud de l’Europe, surtout sur le cas de la Grèce. Il est plus important de travailler avec le peuple, plutôt qu’avec telle ou telle organisation. De construire les solidarités. Car nous avons de nombreux terrains en commun.

 

 

- Basta ! : Pour vous, Podemos est de moins en moins un mouvement, et de plus en plus un parti politique. Ce qui est « négatif », dites-vous. Pourquoi ?

Miguel Urbán Crespo : Je crois qu’il faut que l’on ressemble le moins possible aux partis que l’on combat. Car ils auront toujours plus de moyens, plus d’argent, etc.. Mais nous avons quelque chose qu’eux n’ont pas : le soutien populaire de tous ces gens qui veulent changer les choses. Cela permet de multiplier les capacités, beaucoup plus que dans une structure très forte, centralisée. Podemos ne doit pas être le programme d’un parti mais celui d’un peuple. On ouvre le débat sur ce programme à tout le monde. Si le peuple considère que c’est son programme, il le défendra comme le sien. Il le défendra contre nous qui sommes en haut de Podemos si nous ne voulons plus l’appliquer. Il le défendra aussi contre des organisations externes qui tentent de le boycotter. La souveraineté nous paraît essentielle. Ce qui est certain, c’est que la politique espagnole ne sera jamais plus comme avant, même si l’on disparaissait demain. Podemos a changé de façon conséquente la compréhension de la politique dans notre pays. Que l’on arrive ou pas au gouvernement, c’est un acquis.

 

Notes

[1Député européen depuis le 5 mars 2015, Miguel Urbán Crespo est l’un des deux fondateurs de Podemos. « J’ai commencé à faire de la politique dès 1993 à l’âge de 13 ans. J’ai milité dans les jeunesses communistes. Puis je me suis engagé dans différents mouvements sociaux (d’occupation où je fus porte-parole à Madrid, mouvements pour une vie digne, etc.) », explique-t-il.

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17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 09:06
Jean-Luc Mélenchon : Front de gauche, et "l’autre gauche" sont dos au mur !

Le soir du second tour des élections régionales, au siège du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon nous a fait part de son analyse du vote FN, de son désarroi face à l’éclatement du Front de Gauche, et de sa vision de l’avenir de "l’autre gauche". Entretien.

 

Sources : Les InROCKS le 2 14/12/2015 | 09h50

- Les InROCKS : les élections régionales 2015 ont été marquées par la montée du Front national, qui a monopolisé les débats et a conduit à la disparition de la gauche au deuxième tour dans deux grandes régions. Comment éviter que le score du FN augmente encore la présidentielle de 2017 ? 

Jean-Luc Mélenchon : Il faut réussir à re-latéraliser le champ politique. La tactique de Manuel Valls consiste à détruire la gauche au profit d’un nouvel agglomérat du type “Parti démocrate” en Italie, qui fédère tous les centristes. En l’occurrence, ça a été efficace aux régionales puisque dans l’entre-deux tours l’UDI a pris ses distances avec les Républicains. Et ce soir Valls a de nouveau mis en avant le thème de la lutte commune contre l’extrême droite et le jihadisme. Face à cela, Mme Le Pen a donné une latéralisation : les mondialistes contre les patriotes. Moi j’ai dit : le peuple contre l’oligarchie. Ce sont nos marqueurs, et c’est ainsi que nous allons aborder les prochaines batailles démocratiques.

 

Il se peut que la présidentielle souffre de ce qui vient de se passer, et qu’elle se déroule, elle aussi, dans une ambiance de peur et de méfiance. C’est ce que veut François Hollande : il rêve d’un deuxième tour où il suffit qu’il soit là, c’est-à-dire d’un deuxième tour où elle est là. La présidentielle pourrait donc commencer directement sous le signe du chantage. Mais il est aussi possible que les gens ne soient pas dupes, puisqu’on leur a déjà fait le coup deux fois. Ils pourraient tout aussi bien se dire, à l’inverse : “Je n’abandonne pas mes convictions au premier tour à la porte du bureau de vote, car je ne les retrouve pas en sortant”. Glorieuse incertitude des élections.

 

 

- Les InROCKS : La gauche sort considérablement affaiblie de ces élections, en dépit du fait que le FN n’a remporté aucune région…

Jean-Luc Mélenchon : Nous sommes effectivement dos au mur. Je ne parle pas seulement de l’autre gauche, qui est dans un état de catastrophe avancé – je ne sais même pas si elle est guérissable, du fait de cette épouvantable manie des appareillons –, je parle du camp progressiste et humaniste en général, car pour l’instant une vague brune déferle sur l’Europe. Le dernier vote qui a eu lieu dans un pays européen, en Pologne, a vu l'élimination de la gauche, qui n’a plus un seul élu au Parlement. J’espère que ce cycle va s’inverser avec les élections espagnoles.

 

 

- Les InROCKS : Certains à gauche vous reprochent de ne pas aller assez loin dans la critique de la mondialisation et de l’Europe, ce qui expliquerait l’échec du Front de gauche à capter le mécontentement populaire face au Front national. Pensez-vous qu’il faut aller plus loin ? 

Jean-Luc Mélenchon : On a passé notre temps à critiquer l’Europe. Nous sommes les seuls à construire un Comité du un plan B pour l'Europe ; en 2009 il n’y a que moi qui ai mis dans ma profession de foi la lutte contre le grand marché transatlantique ; à l’élection présidentielle j’ai été le seul à parler du mécanisme européen de stabilité financière voté en février ; c’est aussi nous qui avons convoqué la manifestation contre la signature du Traité européen. Il est injuste de dire que nous ne faisons rien sur ce terrain.

 

De même, concernant le FN, c’est moi qui ai proposé d’opter pour une ligne d’attaque “Front contre Front”. J’ai gagné mille voix en trois semaines à Hénin-Beaumont [lors des élections législatives de 2012, ndlr]. Qu’en a-t-on retenu ? Que j’étais en échec et que la ligne n’était pas la bonne. Pourtant tout le reste jusqu’à présent n’a produit que des bavardages. Il est normal qu’il y ait débat, mais tout le monde doit balayer devant sa porte. Et si je dois le faire, je ne balaye pas les détritus des autres.

 

 

- Les InROCKS : La stratégie “Front contre Front” est-elle encore pertinente aujourd’hui ? 

Jean-Luc Mélenchon : La dimension du combat contre le Front national a complètement changé. On s’adapte au fur et à mesure. Il y a quinze ans, j’étais pour l’interdiction du Front national et je faisais campagne avec Charlie Hebdo. Nous n’étions pas nombreux, et on nous expliquait déjà qu’il ne fallait pas s’y prendre comme cela, qu’il fallait critiquer, etc. Qu’est-ce que ça a donné ? Ils sont à 30 %, ils sont à la porte du pouvoir ! J’aimerais que tous ceux qui ont fait des critiques à ce moment-là balayent devant leur porte.

 

marine

Quand vous voyez la Une de Marianne qui dit “Plus que 18 mois pour éviter ça!”, avec Mme Le Pen en présidente de la République, les journalistes sont persuadés entre eux que les gens vont pleurer des grosses larmes et prendre conscience du danger. Or c’est l’effet inverse qui se produit sur des millions de gens qui se disent : “Ah bon ? On est près de gagner ? Alors allons-y !” Si vous me mettez en Une en disant “Plus que 18 mois pour éviter ça!”, les anciens ressortiront de leur tombe pour voter pour moi. Les journalistes en général ne comprennent rien à la psychologie de masse.

 

 

- Les InROCKS : Comment interprétez-vous le vote FN ?

Jean-Luc Mélenchon : Certains prétendent que c’est la petite France aigre qui vote FN. Non ! Les gens ont voté FN pour tout faire sauter. Ils n’ont pas fait ça par erreur, ils ne se sont pas trompés, et parfois même ils n’ont rien contre les Arabes et les musulmans. Ils votent FN juste pour tout faire sauter, parce que la bonne société leur a dit : “Ce dont nous avons plus peur que tout, c’est de Mme Le Pen”.

 

Si le pays essuie encore un choc comme celui reçu le 13 novembre, nous allons avoir encore plus de mal à nous faire entendre. Avant le 13 novembre, l’unique objet des discussions était le niveau auquel serait Mme Le Pen. A partir du 13 novembre, le sujet a été d’un côté à quel point l’immigration et les musulmans sont dangereux, et de l’autre à quel point Mme Le Pen est dangereuse.

 

Le cynisme du pourvoir c’est qu’il joue avec ça. Il se vante d’avoir obtenu le retrait de ses candidats dans deux régions et d’avoir fait pression en vain dans une troisième. Eux-mêmes reconstruisent un paysage qui est entièrement centré autour de Mme Le Pen.

 

 

- Les InROCKS : Quel bilan tirez-vous de la campagne pour le Front de gauche ? 

Jean-Luc Mélenchon : Tous les pires pronostics se sont réalisés pour nous au premier tour : une bataille de chiens entre communistes et verts pour avoir les têtes de liste de l’opposition de gauche – résultat, il n’y a plus d’opposition de gauche du tout –, et des campagnes concurrentes illisibles. C’est une catastrophe. J’étais personnellement pour une campagne nationale, avec un état-major national, une répartition des têtes de liste, des mots d’ordre communs, etc. Mais on m’a fait prévaloir je ne sais quelle réalité des territoires, qui est une vue fumeuse et complètement idéologique. Il n’y a aucun territoire qui existe entre Guéret et Biarritz : le seul territoire qui les sépare, c’est la France. Qu’on ne vienne pas me faire croire que les gens ont pris conscience d’une réalité régionale qui n’existe pas. On a mené une campagne qui n’était même pas au niveau d’une campagne cantonale. Il faut que cela cesse.

 

 

- Les InROCKS : Le Front de gauche (FDG) ne survivra donc pas dans sa forme actuelle aux élections régionales ? 

Jean-Luc Mélenchon : Non, ça c’est clair. Les gens sont braves, ils veulent bien voter FDG, mais quand ils vont dans le bureau de vote il y a deux bulletins sur lesquels il y a le logo FDG : que voulez-vous qu’ils y comprennent ? Nous avons eu un mal de chien à construire le FDG, et maintenant qu’il est identifié par tout le monde, on le vide de son contenu. Pourquoi ? Pour une série d’élections locales dans lesquelles les appareillons misent 100 % de leur existence, car les cadres de ces organisations sont pour la plupart des élus régionaux.

 

C’est totalement démoralisant quand on fait le tour. Les Verts ont bien manœuvré : ils ont fait un chantage partout où ils voulaient la tête de liste, et partout où on ne la donnait pas ils partaient séparément. Ensuite ils ont ramassé tous les votes, puisque les régions où nous sommes unis avec eux ont été comptées pour eux. On nous attribue ainsi 4,5 % des voix, en nous enlevant trois ou quatre régions.

 

J’ai cru à la bonne foi des Verts, qui me disaient qu’ils étaient d’accord pour faire un label national d’opposition de gauche. Ils n’en ont rien fait. Je voulais déposer ce label au ministère de l’Intérieur pour qu’on soit comptabilisés ensemble dans la catégorie “opposition de gauche”, mais le ministère de l’Intérieur a remis les gens dans des cases. Cela fait beaucoup de déceptions les unes derrière les autres. Il faut reformuler une proposition politique qui tienne compte de tout cela.

 

Je commence à penser que, bien sûr, le rassemblement des sigles est indispensable, mais que bâtir sa réflexion politique à partir de ça serait une erreur totale : ce qui a un sens politique c’est la combinaison d’une masse de gens qui ne vont pas voter, et d’une masse de gens qui votent de manière insurrectionnelle contre le système et utilisent n’importe quel bulletin de vote qui leur passe à portée de main. Croire qu’il suffirait d’afficher je ne sais quelle union des groupuscules pour satisfaire aux besoins d’union du peuple français contre l’oligarchie est une vue de l’esprit.

 

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- Trois jours après le premier tour des élections régionales, Jean-Luc Mélenchon prend la parole.

- Au siège du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon tire les leçons du second tour des élections régionales

Jean-Luc Mélenchon : Front de gauche, et "l’autre gauche" sont dos au mur !
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16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 09:28
Roger Martelli : « Pour vivre, la République doit être refondée »
Roger Martelli[1] pointe les responsabilités dans la montée de l’extrême droite qui se nourrit de l’« état 
de guerre ». Face aux crispations identitaires, il appelle la gauche à remettre l’égalité au cœur de son projet.
 
Sources : L'Humanité

- L'Humanité : Comment expliquez-vous que ­l’extrême droite et les forces ­rétrogrades soient arrivées à ce niveau d’influence ?

Roger Martelli : Faut-il s’en étonner ? Ce que nous vivons est en gestation depuis plus de trois décennies. Désormais l’économie a pris le pas sur la politique, la majorité de la gauche a renoncé à l’égalité et a tourné le dos au « changer la vie », l’État ne veut plus réguler, le salariat est réduit à la précarité et la droite s’est alignée sur l’extrême droite. L’espérance sociale a reculé. Ce qui nourrissait la colère et l’esprit de lutte s’est transformé en ­ressentiment et en esprit d’exclusion. Une partie du peuple se détourne de la chose publique, une autre veut donner un coup de pied dans la fourmilière. Telle est la base commune de l’abstention et de la poussée de l’extrême droite.

 

Ceux qui ont stimulé ou accepté cette évolution sont responsables. Il fut un temps où la gauche tout entière croyait à la ­possibilité de l’égalité des conditions, où l’on rêvait de changement de société, où l’État voulait peser sur l’économie, où la droite n’avait pas oublié complètement la Libération et le gaullisme, où le monde ouvrier campait sur des acquis obtenus de haute lutte. Ce n’est plus le cas. À la gauche de la gauche, nous n’avons pas pu empêcher ce recul et, de 
ce fait, nous nous sommes affaiblis. À nous maintenant de ­comprendre pourquoi.

 

 

- L'Humanité : Oui, et pourquoi le FN parvient-il, lui, à surfer sur les effets de cette crise politique ?

Roger Martelli : Parce que l’extrême droite a gagné la bataille des idées. L’égalité a structuré la vie politique depuis la Révolution : la droite croit aux vertus de l’inégalité (base de la compétition), la gauche à celles de l’égalité. Or, au fil des décennies, l’égalité a reculé au profit de l’identité. La question centrale ne serait plus celle de la justice, mais tournerait autour du sentiment que « l’on n’est plus chez soi ».

 

L’extrême droite a imposé cette idée dès les années 1970, la droite l’a peu à peu intériorisée (souvenons-nous du débat de Sarkozy sur « l’identité française ») et, hélas, une partie de la gauche y est aujourd’hui sensible.

 

 

- L'Humanité : Vous évoquez la survalorisation de la question identitaire au détriment de celle d’égalité. Mais n’apparaît-elle pas comme une réponse aux peurs individuelles face à un monde capitaliste ­divisé en prise aux guerres et dont la globalisation uniformise les droits vers le bas ?

Roger Martelli : Notre monde est instable et dangereux. Mais comment pourrait-il en être autrement quand partout règnent les lois de la concurrence, de la gouvernance et des rapports de puissance ? Les inégalités sont plus grandes que jamais, les discriminations sont le lot des individus et des peuples et la souveraineté populaire est un vain mot. Quant à ce qu’on appelle « l’état de guerre », c’est purement et simplement une construction, amorcée aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. En réalité, c’est la conclusion logique d’une longue évolution, commencée dès le début des années 1990. On s’est mis alors à ­expliquer que les luttes sociales étaient désormais caduques, que l’essentiel était le conflit des « civilisations » et que l’avenir était à la guerre des « identités ». Il y a une cohérence terrible entre le primat de l’identité, le choc des civilisations et l’état de guerre. L’extrême droite en fait ses choux gras.

 

Si l’on ne se sort pas de cette nasse, la justice sociale restera en panne et notre monde pourrait bien se retrouver devant un nouvel août 1914. En pire… Il ne faut pas mettre le petit doigt dans la logique de l’état de guerre. Si l’on veut remédier au désordre du monde et à ses périls, il faut s’attaquer à ce qui le produit : l’injustice et le déni de démocratie. Voilà des décennies que l’on tourne le dos aux exigences de développement économe des capacités humaines. Persévérer dans cette cécité est une aberration, si ce n’est pas un crime.

 

 

- L'Humanité : Comment ce combat pour l’égalité doit-il se traduire concernant la nation ?

Roger Martelli : La nation n’est pas un astre mort, mais nous vivons dans un seul monde, ce qui fait de l’interdépendance des peuples et du partage les clés de l’avenir humain. Contre la barbarie et pour la justice, il n’y a plus de projet qui puisse se penser comme « avant tout national ». Tout discours qui contourne cette exigence est inefficace et stimule l’avancée frontiste. L’obsession nationale nourrit aujourd’hui le repliement frileux et l’esprit d’exclusion. Il ne faut pas laisser la mondialité à la mondialisation du capital et au jeu des puissances. En bref, on ne dispute pas le nationalisme au Front national : on le combat.

 

 

- L'Humanité : Dans la dernière période, on a assisté à de nombreux glissements lourds de conséquences. Comment y résister dans le champ politique ?

Roger Martelli : Le social-libéralisme forgé par Tony Blair contient trois volets : ­l’acceptation des normes de la mondialisation financière (la compétitivité), la mise au travail (la précarité plutôt que le ­chômage) et l’ordre social (au nom de la sécurité). François Hollande et Manuel Valls ont fait ce choix. Il inspire désormais toute leur action, y compris face au terrorisme. Or cette méthode bafoue la justice et nourrit le désordre alors même qu’elle prétend le résorber.

 

Si le choix du pouvoir est efficace, c’est sur un seul point : il détruit le socle historique de la gauche et du mouvement plébéien et démocratique français. Ce faisant, il désarçonne les catégories populaires et il exacerbe la radicalisation à droite. Sans doute cela pose-t-il de redoutables problèmes à la droite classique. Mais cela porte surtout en avant le FN. Jeu de Gribouille, incroyablement périlleux…

 

Dans ce contexte, rien ne sert d’invoquer la République ou d’appeler au rassemblement de la gauche. Pour vivre, la République doit être refondée en devenant participative et sociale. Quant à la gauche, la question n’est pas tant de la rassembler que de la reconstruire. Ce n’est possible qu’à partir de ses valeurs : égalité, liberté, solidarité… et donc esprit de rupture.

 

Note :

[1] Roger Martelli est Historien 
et codirecteur de Regards

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 10:18
Déclaration du Parti de Gauche à l’issue du second tour des régionales

Sources :  le Parti de Gauche

- A l’issue de ces Régionales, la France est dans un très mauvais état.

La mobilisation de millions de concitoyen-ne-s ayant choisi un bulletin de vote opposé à leurs convictions a permis d’éviter le pire, que le FN remporte des régions. Cela ne saurait cacher la progression en voix du FN dont les thèmes auront marqué toute cette campagne, avec parfois même le concours du gouvernement, dans un climat de mensonges, de peur, de surenchère sécuritaire et xénophobe.

 

Ailleurs les triangulaires ont permis, le plus souvent avec un écart réduit, la victoire tantôt aux listes LR, tantôt aux listes conduites par le PS. Ces dernières ont évité la déroute en bénéficiant de la mobilisation d’un électorat qui, malgré tout, s’est servi de ce bulletin pour empêcher une droite, aiguillonnée par le FN, d’aggraver encore plus la situation. Cela n’a pas été suffisant en Ile-de-France où le rejet de la politique gouvernementale a lesté la liste de Bartolone, quand la liste de Pécresse a profité d’un bon report d’une partie de l’électorat du FN, notamment des supporters de la Manif pour Tous. Le PS aurait tort de se satisfaire d’avoir conservé 5 régions sur les 12 de France métropolitaine. Ce résultat n’est en aucun cas un vote d’adhésion pour la politique menée par le gouvernement.

 

 

- Le bilan de Manuel Valls est terrible.

Il a décidé d’anéantir toute représentation de gauche dans deux régions, sans utilité autre que ses calculs politiciens pour 2017 comme le démontre le résultat maintenu de Jean-Pierre Masseret en ACAL qui n’ a pas empêché la défaite de Philippot. Le bilan social du gouvernement est celui d’un pays défiguré par un chômage et une pauvreté record, quand les dividendes des actionnaires ne cessent de croître. Un Etat affaibli par la baisse des dépenses publiques, une activité économique en berne, un accord COP21 en trompe l’oeil et qui n’est absolument pas à la hauteur de l’urgence climatique. Le bilan moral est aussi sans appel : en reprenant la mesure du FN de déchéance de la nationalité, il a de fait validé la bataille culturelle menée par l’extrême droite xénophobe. Avec la poursuite de cette politique le pire est devant nous.

 

 

- Si François Hollande agissait en homme d’Etat,...

il prendrait acte de la situation et renverrait Manuel Valls afin de de rompre radicalement avec la politique austéritaire de l’offre qui conduit le pays vers l’abime. Il proposerait la seule loi d’urgence qui vaille, celle d’un collectif budgétaire donnant la priorité au pacte social et écologique sur le pacte de stabilité.

 

 

- Si le PS agissait en parti de gauche,...

le sursaut invoqué hier par Jean-Christophe Cambadélis serait celui de se tourner vers un Front Populaire pour mettre en mouvement le peuple à l’opposé du social-libéralisme qui a gangréné son parti depuis des années. La situation est en effet aussi grave que celle des années 30.

 

 

- Mais nous n’avons pas d’illusions. Il faut donc plus que jamais travailler à une autre voie.

Dès les législatives de 2012, l’autre gauche n’aura jamais su faire fructifier ni même simplement rassembler l’élan populaire qui s’était porté derrière la candidature présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Chaque élection intermédiaire a brouillé plus encore nos messages, par un refus de nationaliser les enjeux, quand le FN lui n’a cessé de se construire dans une stratégie de conquête du pouvoir.

 

 

- L’abstention qui reste massive révèle bien cette insurrection froide qui n’a pas trouvé encore sa voie.

Le FN continue sa progression, mais il n’a pas gagné. La colère du peuple doit trouver une expression positive, notre responsabilité est immense pour y contribuer.

 

Il est désormais impératif d’être audacieux et de défricher d’autres formules politiques que celles qui ont échoué pour mettre en mouvement.

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 09:10
Des outils pour combattre le FN et l'idéologie d'extrême droite

Sources : Association VISA

- Qui est l'Association VISA ?

VISA est une association intersyndicale composée d’une cinquantaine de structures syndicales : la FSU et plusieurs de ses syndicats, l’Union Syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, de la CNT, de l’UNEF et le syndicat de la Magistrature.

 

Les militants de VISA, depuis 1996, recensent, analysent, dénoncent, les incursions de l’extrême droite et plus particulièrement du Front national sur le terrain social. VISA se veut être un outil d’information et de réflexion pour toutes les forces syndicales qui le souhaitent afin de lutter collectivement contre l’implantation et l’audience de l ’extrême droite dans le monde du travail.

 

Les 17,9 % de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2012, confirmés dans de nombreuses régions aux législatives, montrent que le discours fasciste s ’est installé durablement dans la société française. Cette situation ne peut nous laisser indifférents tant les « valeurs » et l’idéologie portées par le FN sont aux antipodes des idéaux de solidarité et de progrès défendus par nos organisations syndicales.

 

Nous, syndicalistes, avons une responsabilité particulière pour dénoncer les pseudos solutions du FN qui consistent à dresser les uns contre les autres les précaires, les immigrés, les chômeurs et ceux qui ont un emploi. Notre devoir est de défendre, de façon intransigeante, dans notre propagande et nos actions, la solidarité de tout le salariat quels que soient son origine ou son statut.

 

Ce combat antifasciste doit être pris en charge par toutes les organisations syndicales, de la base au sommet. Autant que possible, cette contre offensive syndicale doit se faire dans l’unité la plus large. VISA est partie intégrante de ce combat et y contribue :

- En informant sur les dangers et le développement de l’extrême droite en France, en Europe et dans le monde ainsi que sur les « passerelles » avec la droite dure.
- En analysant de manière critique les propositions dites sociales de l’extrême droite.
- En relayant sur son site toutes les prises de positions, actions des organisations syndicales contre l’extrême droite.
- En dénonçant toutes les discriminations racistes, sexistes, homophobes au sein et hors des entreprises.
- En se faisant l’écho de toutes les actions de solidarité avec les sans papiers.
- En aidant, par des outils adaptés (journées de formation, brochures, affiches etc.), les équipes syndicales à se former et se mobiliser pour démystifier, aux yeux des salarié-e-s les propositions prétendues sociales de l’extrême droite.
- En alertant sur la présence dans les structures syndicales de militants d’extrême droite se prétendant responsables syndicaux.

 

 

- VISA met des outils à notre disposition

  • L’association VISA a publié, en 2010, une brochure intitulée « FN, le pire ennemi des salarié-e-s » dont la version papier est épuisée..... elle est disponible ICI en lecture et téléchargement direct et gratuit.

Des outils pour combattre le FN et l'idéologie d'extrême droite
  • L’association VISA a aussi publié la brochure « Contre le programme du FN», un outil à la disposition des citoyens et militants syndicaux

  • Décortiquer le programme du Front National n’est pas chose aisée, pour une raison fondamentale : pour les fascistes, les questions programmatiques sont secondaires et essentiellement tactiques. Leur vrai et unique programme est l’Etat fort ; entendons par là un Etat où les libertés démocratiques sont fortement restreintes, en attendant d’être liquidées, un Etat où le mouvement ouvrier - partis et syndicats - est muselé, détruit, ou transformé en officine corporatiste ; un Etat où l’idéologie nationaliste et chauvine tient le haut du pavé, d’abord contre les immigrés soit disant responsables de tous les maux, puis contre « l’étranger », individu ou pays, contre lequel il faut se prémunir voire s’armer (…)

     

    Cette brochure de 48 pages a donc l’ambition de livrer une analyse syndicale pour contrer le discours et le programme du FN qui risquent de tromper un nombre important de salariés et de fonctionnaires. Mise sous presse mi-février, cette brochure a été réalisée alors que le FN n’avait pas encore publié tout son programme dans le détail. Néanmoins, sa lecture permet de convaincre tout un chacun de la nature toujours profondément d’extrême droite, donc anti-sociale, du FN.

     

    Au sommaire de cette brochure, préfacée par Jean Paul Gautier (politologue) :

    • L’économie vue du FN : « nationaliser » et aggraver la crise !
    • Social, emploi, pouvoir d’ achat : poudre aux yeux et mise au pas
    • Le programme fiscal du FN : incohérent et malhonnête !
    • Le Front national et l’école :  le faux tournant républicain
    • « Préférence nationale » ou « Priorité nationale » : un projet raciste
    • Marine Le Pen : Femmes et Homos ... le double langage
    • Du marigot fasciste à Ron Paul, Poutine ... et Lieberman

    Elle peut être commandée ICI

     

    • L’association VISA a également publié la brochure « Lumière sur mairies brunes », un outil pour Garder la mémoire… pour mieux combattre la progression de l’extrême droite dans les têtes et dans les urnes.

    Garder la mémoire… pour démontrer que le Front national n’a pas changé depuis 1972, qu’il est toujours un parti raciste, xénophobe, nationaliste et férocement hostile à l’action syndicale.


    Composé par Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes (VISA), ce livre est une  «boîte à outils». On y trouve le récit détaillé des faits et méfaits du Front national et de ses alliés au terme d’une année d’exercice du pouvoir municipal dans les quinze villes qu’ils occupent depuis le printemps 2014.


    Si depuis cette date, le FN ne transforme pas brutalement les villes conquises en laboratoires d'expérimentations fascistes, il n'en demeure pas moins que nombre de leurs délibérations sont marquées du sceau de la destruction des politiques sociales, du racisme, de la stigmatisation des étrangers et des populations d'origine immigrée et de la mise au pas des opposants.


    Attaques frontales contre la culture, baisses drastiques des subventions aux associations non soumises, surarmement des policiers municipaux, noms de rues changés, appropriation et falsification de symboles ouvriers, fonctionnaires territoriaux mis sous pression, ségrégation dans l'attribution des logements sociaux... Tel est le quotidien dans les municipalités brunes dont ce livre dresse le catalogue accablant, mais indispensable, pour amplifier la riposte.


    On peut également y découvrir les analyses et communiqués de VISA ainsi que les expressions syndicales (CGT, Solidaires, FSU, CFDT) et intersyndicales qui sont autant de coups de projecteurs sur les réponses à apporter aux incursions du FN sur le terrain social. La lecture de ce livre permettra à chacun-e, de contrer les discours haineux et la démagogie sociale de l’extrême droite.

    • Elle peut être commandée ICI

     

    Pour en savoir plus :

    - Mon dossier extrême droite

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 09:57

Sources : ENSEMBLE! et Politis.fr et en dernier lieu L'ére du Peuple :

- Retour sur les résultats :

  • Sur la nouvelle région

Au second tour ce sera bonnet blanc & blanc bonnet ! (Elections régionales 2015, région Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes)
  • Sur la Charente Maritime
Au second tour ce sera bonnet blanc & blanc bonnet ! (Elections régionales 2015, région Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes)
  • 3,63% pour le Front de Gauche en Charente Maritime ;
  • 4,85% pour le Front de Gauche sur l'ensemble de la nouvelle Région (ALPC) Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes...
  • Le résultat est sans appel.... les 100 215 électeurs du Front de Gauche ne seront pas représentés à l'assemblée régionale ! Personne pour porter et défendre les valeurs de l'Humain Dabord !

     

     

    - Constatons que le Front de gauche est globalement en panne

    Bien sûr, les comparaisons ne sont pas faciles avec un scrutin précédent où subsistaient dans quelques régions des configurations d’alliance avec le PS, telles qu’elles avaient été inaugurées par Robert Hue en 1998. La comparaison est d’autant plus malaisée que, dans deux cas (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et PACA), le PCF se trouvait dans une alliance de tout le Front de gauche et des Verts, avec deux têtes de listes écologistes. Si l’on additionne les cas où le PC ne regroupe pas tout le Front de gauche (0,4%), où il est à la tête de coalition de type Front de gauche (3,8 %) et les deux rassemblements avec les Verts (1,5 %), on parvient au total de 5,7 %. En 2010, le Front de gauche en avait obtenu 5,9 % alors qu’il n’était pas présent en tant que tel dans toutes les régions. Difficile de voir dans ce résultat global l’indice d’une progression. Même si les résultats sont intéressants en Normandie ou en Île-de-France…

     

    La comparaison est plus éclairante encore, si l’on met côte-à-côte le résultat de dimanche et celui des élections européennes de 2014. À l’exception de la Normandie et de l’Île-de-France, le PCF et le Front de gauche sont partout en retrait. En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, la perte est d’un tiers du niveau initial, dans six autres cas la perte se situe entre un tiers et un cinquième. Or les européennes de 2014 étaient déjà elles-mêmes en retrait sur le score présidentiel précédent…

     

    Le résultat global est donc incontestablement décevant. D’ores et déjà, le FDG est au-dessous du seuil des 5% dans six régions françaises, où il comptait en tout 42 conseillers, sur les 127 qu’il avait fait élire nationalement, pour les trois quarts issus des rangs du PCF. Le Front de gauche pouvait espérer tirer avantage du glissement vers la droite du socialisme de gouvernement. Il n’en a rien été pour l’instant. Depuis le mois d’avril 2012, le Front de gauche ne cesse d’enregistrer des résultats en recul sur ce que laissait augurer le scrutin présidentiel, où Jean-Luc Mélenchon avait cristallisé l’aspiration à une gauche bien à gauche.

     

     

    - Mais qui en sera surpris vu l'état l’état "d’imbroglio permanent" dans lequel se trouve le Front de Gauche ?

    Il n'est pas inutile de rappeler ici ce qu'écrivait récemment Jean-Luc Mélenchon dans L'ére du Peuple :

    • " Le Parti de gauche a abordé les élections régionales avec l’idée de permettre l’émergence et la visibilité de « l’opposition de gauche ». Il s’agissait de ne pas laisser passer l’opportunité d’élargir ce que le Front de Gauche a voulu incarner depuis le début. C’est-à-dire l’existence d’une alternative à gauche à la politique du PS.
    • Cette possibilité semblait bien ouverte avec la sortie du gouvernement d’EELV. De plus, notre principal allié dans le Front de gauche, le PCF, affirmait sans relâche la nécessité « d’élargir le rassemblement ». Le terrain semblait facile à bâtir ou à déminer. D’autant que dans le même temps, les uns et les autres déclaraient vouloir profiter de la circonstance pour se donner les moyens d’une « implication citoyenne » approfondie.
    • Mais entre les déclarations de chacun et la réalité, le même vieux gouffre s’est ouvert dans la meilleure tradition politicienne. Seuls mes amis (du Parti de Gauche), pleins d’une confondante naïveté, renoncèrent sans contrepartie à quelque tête de liste que ce soit pensant favoriser partout le rassemblement en montrant l’exemple.
    • Leur insistance à faire adopter des chartes éthiques est remarquable dans un tel contexte.
    • Le reste fut une foire d’empoigne locale, un chantage permanent à la division de la part de partenaires obnubilés par la tête de liste, sans la moindre coordination nationale pour essayer d’équilibrer la représentation de chacun. "

     

    Le résultat calamiteux du Front de Gauche et des Verts est le fruit d’un refus obstiné de faire une campagne nationale, sous un label commun, dans un système d’alliance unifié et visible par tous et partout. Quatre combinaisons d’alliance pour treize régions, c’est un record !

     

    Et, localement, que l'on ne vienne pas nous parler de "beau rassemblement" en Charente Maritime :

Au second tour ce sera bonnet blanc & blanc bonnet ! (Elections régionales 2015, région Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes)

- quand une grande partie des adhérents du PCF ont rejeté la candidature de leur secrétaire fédéral comme tête de liste départementale, décidé de ne pas faire campagne (à souligner que lors des élections régionales de 2010 ce sont eux qui avaient sauvé l'honneur du PCF par leur présence sur une liste de rassemblement contre leur direction fédérale qui avait refusé de faire campagne, militant pour une liste commune avec le PS pour le 1er tour), dissensions dont la presse ne manqua pas de se faire l'écho ;

Au second tour ce sera bonnet blanc & blanc bonnet ! (Elections régionales 2015, région Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes)

- quand la liste de "rassemblement" de Charente Maritime n'a pu unir l'ensemble des composantes du FdG, du fait de la volonté de la direction du PCF17 de minorer la place de "ENSEMBLE!" sur la liste...

 

 

- Plus globalement :

" Depuis les massacres du 13 novembre, nous sommes entrés dans un autre monde...... En empruntant une partie des propositions de l’extrême droite et en s’alignant sur les mots de la droite, le PS et son gouvernement ont brisé une digue décisive. Le nombre de ceux qui peuvent préférer l’original à la copie a été gratuitement augmenté dans une perspective étroitement électoraliste d’ailleurs parfaitement illusoire." soulignait récemment Jean-Luc Mélenchon dans L'ére du Peuple.

 

En définitive, le résultat de dimanche est celui d’une mobilisation parfaite de l’extrême droite stimulée par l’onde de choc des attentats et le pilonnage médiatique. Combinée à l’effondrement de l’engagement électoral de la population, à une abstention de masse, et au refus de faire une campagne nationale Front de Gauche[1], le tableau se lit désormais comme une insurrection civique froide sur le mode « Qu’ils s’en aillent tous ».

 

Sur un autre plan, le mode de scrutin modifié en 1999, qui devait minorer le FN, lui donne les clés !

  • Le PS, la gauche et les écologistes disparaissent dans deux régions au moins, plus vraisemblablement dans trois les discussions entre la direction du PS et Jean-Pierre Masseret continuant en vue d’aboutir à la reddition de ce dernier dans la région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes ;
  • Manuel Valls, qui présidait une possible disparition de la gauche du fait de la montée du FN, est en passe de réaliser sa prophétie. En grande partie à cause des effets de la politique qu’il conduit sous la direction de François Hollande. Son silence au soir du scrutin était assourdissant.

 

Le naufrage de ce 6 décembre a en effet une autre cause.... le mode de scrutin !

Plus ancienne, et donc oubliée de notre société sans mémoire, la modification du mode de scrutin n’en a pas moins produit ses effets, agissant comme un couperet. De 1986 à 1998, les conseils régionaux étaient élus à la proportionnelle à un tour sur listes départementales. Passer la barre de 5 % permettait d’avoir des élus et donc aux principaux courants politiques d’être représentés.

 

Mais pour nos formations gouvernementales l’absence d’une majorité de godillots était insupportable. En 1998, faute de majorité nette en leur faveur, quelques notables de droite ont passé accord avec le Front national pour emporter les présidences et constituer des majorités de gestion avec l’extrême droite. Ce fut le prétexte pour changer la loi électorale.

 

Le mode de scrutin que l’on connaît aujourd’hui, imaginé par le PS et le gouvernement Jospin, voté par le PS, le RPR et l’UDF, avait pour but de minorer la représentation du FN. Ce qui fut le cas en 2004 et 2010. Mais en accordant une prime de 25 % à la liste arrivée en tête, ce mode de scrutin lui donne aujourd’hui possiblement les clefs de deux à trois régions, alors même que l’extrême droite n’y réuni pas la majorité des suffrages exprimés. Et c’est cette disposition qui oblige les listes PS, confrontées à cette éventualité, de se faire hara-kiri pour tenter de l’empêcher.

 

On savait déjà combien l’inversion du calendrier électoral voulu par Lionel Jospin (il s’agissait de reporter la date des élections législatives pour qu’elles se tiennent quelques semaines après la présidentielle, et non quelques semaines avant) avait dramatiquement renforcé le fait présidentiel et étouffé le débat à gauche. On découvre aujourd’hui les effets anti-démocratiques de la réforme du mode de scrutin régional du même Lionel Jospin. Il est plus que temps de songer à refonder nos institutions..... une VIéme République s'impose !

 

 

- Un vaste projet de recomposition du paysage politique avec l'instrumentalisation du FN

Cette situation s'inscrit dans une vaste manoeuvre de recomposition du paysage politique dans laquelle la liquidation du PS est planifiée. Hollande, Valls, la direction du PS.... sont à la manoeuvre et utilisent le FN dans cet objectif !

 

Manuel Valls, ne cesse t-il pas de répéter que « le mot "socialisme" est dépassé » et que « le PS devra, un jour, changer de nom pour être en cohérence avec notre temps » avec en ligne de mire la construction d'une "maison commune" ?


Les élections régionales 2015 en sont un nouveau témoignage dramatique dans laquelle nous assistons à une partie de billard à 3 bandes avec en arrière pensée les prisidentielles de 2017, et ce au nom de la lutte contre le FN qui peut se schématiser ainsi :

- tout faire pour monter le FN en mayonnaise ;
- faire des primaires à gauche pour éliminer "la gauche (les forces situées à la gauche du PS) "... et ne garder que le PS ;
- appeler à l'union nationale, quitte a constituer une force politique unique
(ce dont rêve Valls) "droite - centre - PS" au nom de la lutte contre le FN (une partie des forces de droite rejoignant le FN et l'autre cette nouvelle force) ;
voilà ce à quoi s'emploie Valls, Hollande et la rue de Solférino.... quitte à liquider le PS au passage !
In fine ce serait le bipartisme à l'américaine !

 

 

- Et maintenant ?

Sur la région (ALPC) Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes un second tour opposera :

  • Alain Rousset (PS) ;
  • Virginie Calmels (LR) ;
  • et Jacques Colombier (FN).

 

Les forces politiques se sont exprimées :

  • Pour le PCF[2] c'est notamment : "Au deuxième tour nous appelons à dire non à l'austérité qui nourrit la désespérance et à ne laisser aucune chance à la droite et l'extrême-droite de prendre les rênes de la Région."... Mais comment "dire non à l'austérité qui nourrit la désespérance" en votant A. ROUSSET qui en est le représentant local et aura en charge de la mettre en oeuvre au travers du budget régional ?
  • Pour le Parti de Gauche et ENSEMBLE![3] c'est notamment : ".... plus que jamais reconstruire une perspective d'avenir est nécessaire : dans l'immédiat, elle implique de n'accorder aucune voie à la droite et à l’extrême droite dimanche."

 

- Et que l'on ne vienne pas me sortir que la République est en danger en Aquitaine-Limousin-Poitou/Charentes.... les chiffres démontrent le contraire !
- Par contre Virginie CALMETS et Alain ROUSSET sont, au nom de l'austérité, porteurs d'une même politique libérale qui va à l'encontre des besoins des populations en matière d'emplois, de services publics, de développement des territoires, de défense de l'environnement !

 

le 13 décembre, je n'accorderai aucune voie à la droite et à l’extrême droite..... ce sera bonnet blanc & blanc bonnet !

...JE VOTERAI BLANC !

 

Au second tour ce sera bonnet blanc & blanc bonnet ! (Elections régionales 2015, région Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes)
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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 21:45
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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 09:59
Front de Gauche : l’état d’imbroglio permanent

Sources : L'ére du Peuple le blog de Jean Luc Mélenchon le 2 decembre 2015

- Comme il semble loin le moment où l’on envisageait la stratégie à mettre en œuvre pour les élections régionales !

La vérité c’est que depuis lors, et surtout depuis les massacres du 13 novembre, nous sommes entrés dans un autre monde. À cette heure, l’ethnicisme, l’idéologie sécuritaire, et toute la panoplie des fondamentaux de la droite et de l’extrême droite tiennent le haut du pavé dans les esprits. Et les sondages amplifient cette perception de la réalité. La nouveauté qui aggrave la débandade de nos idées c’est que l’idéologie sécuritaire a pris pied dans nos rangs.

 

En empruntant une partie des propositions de l’extrême droite et en s’alignant sur les mots de la droite, le PS et son gouvernement ont brisé une digue décisive. Le nombre de ceux qui peuvent préférer l’original à la copie a été gratuitement augmenté dans une perspective étroitement électoraliste d’ailleurs parfaitement illusoire. En effet, c’est ce qui se produit quand, dans l’angoisse d’une situation comme celle que nous vivons, ceux dont c’est le devoir et l’honneur de proposer un cap s’abaissent à valider des trouvailles aussi nauséabondes par exemple que la déchéance de la nationalité pour les binationaux. Car dans l’instant, et avant toute mesure effective, ils transforment en suspects des millions de gens du fait de leurs origines plus ou moins lointaines et pas toujours voulues.

 

Mais cela ne nous émancipe pas de nos propres responsabilités. L’autre gauche est une nouvelle fois en ordre dispersé dans ses réactions aux évènements. Le message de résistance à l’air du temps est dilué jusqu’au point d’être quasi inaudible. De mon côté, je m’efforce, autant que je peux, d’exprimer ce que nous savons et ressentons en marchant au pas de ce qui peut être entendu par un pays traumatisé et anxieux. Mais comment échapper à la question que m’a posé, sur "France 3 ", madame Françoise Fressoz du journal Le Monde : « comment comptez-vous peser si vous êtes déjà si divisés entre vous comme sur le vote à propos de l’état d’urgence ».

 

 

- Sur le sujet, pourtant, mon opinion est faite depuis toujours.

Je ne crois, ni n’ai jamtais cru que ce type de dispositif favorise la sécurité collective. Dans un pays qui a déjà adopté dix lois antiterroristes en dix ans, dont trois du fait de l’actuel président, il y avait mieux à faire que de légiférer dans l’urgence sur l’urgence. Mais j’ai cru de mon devoir de ne pas déclencher sur le sujet une polémique qui aurait aggravé les divisions et méconnu le vrai trouble qu’ont ressenti ceux qui ont voté l’état d’urgence.

 

En toute hypothèse, il y a avait trois positions dans les rangs de l’opposition de gauche. Le vote « contre » porté par trois socialistes et trois Verts, le vote « pour » et même… l’abstention ! Comme si un sujet où se débat l’équilibre toujours difficile entre liberté et sécurité on pouvait s’en remettre aux autres du soin de décider. Pour ce qui concerne les parlementaires « Front de Gauche », c’est-à-dire communistes pour la quasi-totalité, il n’y aura pas eu ni un amendement ni un vote « contre » à l’Assemblée et au total les votes « pour » auront été majoritaires face aux vote abstention. Sur la poursuite des bombardements en Syrie, tous se sont abstenus sans une seconde de discussion avec la coordination du Front de Gauche.

 

Quoiqu’il en soit, j’ai dit depuis longtemps combien je déplore que les groupes prennent leurs décisions sans concertation avec la coordination politique du Front de Gauche. Une nouvelle fois, il m’aura fallu découvrir dans la presse ce qui se vote et qui le fait. Sans réclamer aucun privilège, un peu de contact avec moi serait fraternel et bienvenu car c’est à moi qu’on demande ensuite d’expliquer et de commenter dans des médias qui se régalent de mon embarras. L’imbroglio d’une séquence commencée dans l’approbation sans réserve de l’état d’urgence (le groupe étant absent de la réunion de la commission des lois où se discutaient les amendements) et s’achevant dans l’abstention majoritaire au Sénat dans le groupe sénatorial « communiste citoyen et républicain » est une nouvelle démonstration de l’incohérence et de la panne stratégique sur laquelle débouche cette incroyable « indépendance des groupes et des élus ». Cette indépendance n’a jamais existé dans le passé de toutes les familles politiques de la gauche depuis l’origine de nos organisations et n’existe nulle part au monde dans les partis de gauche. J’y suis fermement opposé. Et je compte bien qu’il en aille autrement pour la prochaine législature avec ceux qui porteront la même étiquette politique que moi.

 

 

- L’imbroglio est partout.

Et surtout au pire endroit, c’est-à-dire face au suffrage universel. Les élections régionales nous voient arriver dans une cohue illisible nationalement. Et cela au moment où il y a le plus besoin de clarté de détermination et d’unité de l’opposition de gauche si elle veut être entendue par les gens normaux qui veulent des responsables qui assument leurs positions et non de confus psalmodiateurs de messages partidaires.

 

J’ai participé à la réunion où le PG a fixé sa ligne d’action. Je peux témoigner que mes amis ont abordé les élections régionales avec l’idée de permettre l’émergence et la visibilité de « l’opposition de gauche ». Il s’agissait de ne pas laisser passer l’opportunité d’élargir ce que le Front de Gauche a voulu incarner depuis le début. C’est-à-dire l’existence d’une alternative à gauche à la politique du PS. Cette possibilité semblait bien ouverte avec la sortie du gouvernement d’EELV. De plus, notre principal allié dans le Front de gauche, le PCF, affirmait sans relâche la nécessité « d’élargir le rassemblement ». Le terrain semblait facile à bâtir ou à déminer. D’autant que dans le même temps, les uns et les autres déclaraient vouloir profiter de la circonstance pour se donner les moyens d’une « implication citoyenne » approfondie.

 

Mais entre les déclarations de chacun et la réalité, le même vieux gouffre s’est ouvert dans la meilleure tradition politicienne. Seuls mes amis, pleins d’une confondante naïveté, renoncèrent sans contrepartie à quelque tête de liste que ce soit pensant favoriser partout le rassemblement en montrant l’exemple. Leur insistance à faire adopter des chartes éthiques est remarquable dans un tel contexte. Le reste fut une foire d’empoigne locale, un chantage permanent à la division de la part de partenaires obnubilés par la tête de liste, sans la moindre coordination nationale pour essayer d’équilibrer la représentation de chacun. Pour affronter une élection forcément nationale, puisque les nouvelles régions n’ont aucune homogénéité locale, rien de plus ridicule que cette façon de laisser la ligne nationale résulter des arrangements, amitiés et détestations, locaux. Avec la poussée du Front national et la pression du « vote utile », rien de pire que cet éparpillement puéril sans vision d’ensemble. C’est dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie que l’irresponsabilité a atteint son pic. La chance se présentait d’une liste commune de toute l’opposition de gauche puisque EELV avait accepté la fusion avec le FDG. Elle aurait pu se présenter comme une alternative au PS et donc comme un rude challenger face au FN. Mais l’ordre du monde est bien gardé. La liste d’union rassemblée autour d’EELV et du PG avec Sandrine Rousseau s’est vu opposer une liste identitaire du PCF déclenchant une polémique gratuite dans nos rangs en raison de son appropriation du sigle « Front de Gauche ».

 

 

- Au final, le tableau est affligeant.

Impossible d’aller dans une émission de télé ou de radio en étant capable de dire comment s’appellent nos listes puisqu’autant de « territoires », autant de noms plus poétiques les uns que les autres, choisis sans concertation entre régions. Localement, l’annexion des listes par la couleur de la tête de liste est faite sans vergogne par la presse locale qui de toute façon n’entend déjà rien aux subtilités au-delà du tripartisme bovin que le PS lui a vendu comme la nouvelle grille de lecture du monde politique en France. Et comment lui en vouloir quand nous sommes réduits à l’état de confettis. Le paradoxe est donc à son comble. Car des listes d’opposition de gauche, autonomes du PS, seront présentées devant les électeurs dans l’ensemble des régions. Le PS se retrouve, lui, isolé dans toutes les régions. C’est la première fois. Mais en face il n’y a pas d’alternative cohérente sauf dans quelques régions où l’on a su se regrouper pour agir ensemble mais où on souffre durement de l’absence de référence nationale.

 

 

- Je fais un rapide tableau d’ensemble.

Je sais combien il restera assez largement incompréhensible et assommant à lire pour mes lecteurs. Mais il faut bien le faire. Finissons-en. L’unité de l’opposition de gauche n’est complète que dans deux régions: en Midi-Pyrénées/Languedoc Roussillon et PACA. Cette construction, unissant notamment le FDG et EELV, a pour objectif de nous permettre d’être en tête de la gauche au soir du 1er tour. Cela constituerait un événement politique. Mais comment y parvenir sans visibilité nationale au moment où toute la campagne est devenue totalement nationale ? Deux autres régions voient également un rassemblement entre le PG, EELV, la Nouvelle Gauche Socialiste et Nouvelle Donne. Mais là, le PCF a décidé de présenter sa propre liste. C’est le cas dans le Nord Pas de Calais Picardie et en Auvergne Rhône-Alpes. Dans six autres, le Front de Gauche uni incarnera seul ce rassemblement puisque EELV y a choisi de faire cavalier seul : Île-de-France, Bretagne, Normandie, Aquitaine Poitou-Charentes Limousin, Alsace Champagne-Ardenne Lorraine, Bourgogne Franche-Comté.

 

Pour terminer ce puzzle, le PG sera absent dans deux régions (Centre et Pays-de-Loire) et plusieurs départements faute de n’avoir trouvé d’accord ni avec le PCF ni avec EELV, qui partent seuls, chacun de leur côté.

 

 

- Bilan de ce galimatias : l’opposition de gauche existe en fait. Mais pas en liste.

Le soir de l’annonce des résultats nous allons être humiliés. Notre score sera éclaté entre trois ou quatre type de listes. Le score du Front de Gauche devra porter la croix des listes du seul PCF captant cette appellation. Et il sera diminué du nombre des voix des listes ou nous partons avec EELV tout le Front de gauche ou seulement le PG.

  • Un sac de nœuds illisible nationalement et parfois même localement.
  • Un gâchis total !
  • Un boulet au pied pour des mois et des mois en pleine crise politique !
  • Pour moi, c’est un crève-cœur.
  • Je peux le dire tranquillement : c’est la dernière fois.
  • On ne m’y recollera plus.
  • J’en ai assez de devoir rendre des comptes pour des situations qui m’ont été imposées de force et que je désapprouve totalement.
  • Les déclarations unitaires suivies de noirs sectarismes, les « constructions originales » qui sont des feuilles de vignes sur les vieilles pratiques bureaucratiques, rien de tout cela ne correspondait déjà à la période précédente.

Dans le contexte, c’est tout simplement le néant groupusculaire assuré.

 

Pour en savoir plus :
-
Mon dossier Front de Gauche et Front du Peuple

- Le Front de gauche se remettra-t-il des élections régionales ?

- par Jean-Luc Mélenchon : Quelle poisse !

Front de Gauche : l’état d’imbroglio permanent
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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 09:46
Crédits photo : Présidence de la République du Mexique

Crédits photo : Présidence de la République du Mexique

Sources : L'Ere du Peuple par jean-Luc Mélenchon

Depuis lundi 30 novembre, la conférence mondiale sur le climat se tient à Paris. Les principaux dirigeants de la planète tiennent des propos généreux. Mais c’est pour mieux cacher leur refus d’engager vraiment la lutte contre le changement climatique.

 

La COP21 qu’est-ce que c’est ?

C’est la 21e conférence des parties de la Convention cadre de l’ONU sur le changement climatique. Elle regroupe 195 pays. Le but est de parvenir à un accord international permettant de limiter le réchauffement climatique et de faire face aux changements qui en découlent. Le sommet de Paris a débuté le 30 novembre et s’achèvera le 11 décembre. Les discussions de préparation durent depuis des mois.

 

 

- L’urgence climatique de plus en plus forte, des conséquences dramatiques

Selon l’Organisation météorologique mondiale :

  • les émissions de gaz à effet de serre ont battu un nouveau record en 2014
  • l’année 2015 devrait être l’année la plus chaude jamais connue.

L’ONU a indiqué récemment que plus de 600 000 personnes étaient mortes depuis 20 ans du fait de catastrophes naturelles dont le nombre et la violence augmentent du fait du changement climatique. 90% des victimes vivaient dans les pays pauvres.... pour lire la suite...

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier COP21

- le Parti de Gauche : Un projet d’accord inacceptable

- Comment Greenpeace a piégé des scientifiques en marge de la COP21

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