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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 09:32
 (3ème partie/fin) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

- Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (1ère partie).

 

- I – La politique désastreuse des gouvernements de François Hollande

- II – L’intégrité morale des hommes politiques remise en cause sur une vaste échelle

- III – Confusionnisme politique et brouillage des repères. Le désarroi des électeurs

- IV – La stagnation du Front de gauche.

- V – Il existe bien deux gauche en France, comme en Europe : une gauche qui remet en cause radicalement l’hégémonie de la classe dominante et une autre qui s’en accommode

- VI – Le dipôle UMP – PS déforme les lignes du champ politique

 

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- Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (2ème partie).

 

- VII – Refonder le Front de gauche ? Vers un Front du peuple ? Refonder la gauche ?

 

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Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage

- Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (3ème partie).

 

- VII – Refonder le Front de gauche ? Vers un Front du peuple ? Refonder la gauche ? (suite et fin)

 (3ème partie/fin) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

Le parti communiste des ouvriers de France (POCF, membre du FdG se pose aussi la question de l’organisation et indique dans son document d'analyse post-électorale du 02/06/2014, sur son site : "On nous dit souvent qu’il faut dépasser le caractère de cartel d’organisations. Nous pensons, quant à nous, que la question est plutôt de dépasser le cadre d’un cartel purement électoral. C’est sous cet angle qu’il faut, à notre avis, poser la question des adhésions individuelles : si on en reste aux questions purement électorales, s’il s’agit de désigner des candidats… nous n’avancerons pas davantage dans l’implication du plus grand nombre.…" Et il insiste sur la nécessité d’avoir une structure permettant de franches discussions aboutissant à de bons compromis.

 

Pour le Front de gauche, la proposition du philosophe marxien Jacques Bidet est tout à fait intéressante. On peut se reporter à son article dans l’Humanité du 7 mai 2014 intitulé : "Un avenir pour le Front de Gauche" Je souscris, pour ma part, totalement à son point de vue et j’invite vivement le lecteur à prendre connaissance de ce texte qui a le mérite d’être relativement court.

 

[E. DURAND : je considére moi aussi que sa proposition est la meilleure qui puisse être mise oeuvre :

....Non pas des « Associations du Front de Gauche », conçues comme des sections locales fictives d’un parti qui n’existe pas, mais quelque chose de plus large : des « Associations pour le Front de Gauche ». Elles auraient la responsabilité de coordonner la réflexion et l’action à mener au plan local, en participation à la réflexion et à l’action au plan national...]...

Non pas des « Associations du Front de Gauche », conçues comme des sections locales fictives d’un parti qui n’existe pas, mais quelque chose de plus large : des « Associations pour le Front de Gauche ». Elles auraient la responsabilité de coordonner la réflexion et l’action à mener au plan local, en participation à la réflexion et à l’action au plan national. - See more at: http://www.humanite.fr/un-avenir-pour-le-front-de-gauche-par-jacques-bidet-philosophe-526470#sthash.fsxgqMO7.dpuf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une autre idée intéressante est celle de Roger Martelli dans le webzine Regards du 31 mai 2014 . "Réflexions pour le Front de Gauche"…Il n’y a donc pas de solution purement partisane à la crise politique actuelle. Inutile d’envisager un parti central, au cœur d’une galaxie étendue, comme le PCF y parvint pendant quelques décennies ; mais un front de partis, fût-il élargi, ne suffit pas non plus. Le contact entre formations politiques est utile ; il n’est pas « la » solution. S’il faut reconstruire, c’est dans deux directions : associer à la construction de projets et d’initiative politique des forces et des individus qui ne sont pas dans le champ étroitement partisan ; bâtir des formes de fonctionnement collectif selon des modèles coopératifs, en réseaux, qui contredisent la tendance forte à confondre centralité et verticalité hiérarchique."

 

Mais encore faudrait-il ne pas oublier l’existence de l’Humain d’abord", qui certes n’est pas un programme définitif mais qui n’en reste pas moins un projet collectif de référence pour le FdG.

 

 

 

 

 

Un point de départ très basique, est que chaque composante du FdG veille à ce que son propre fonctionnement soit démocratique, c’est-à-dire prenne le temps d’organiser cette démocratie conformément aux statuts qu’ils ont choisis.

 

Remarquons que le soi-disant conflit de leadership pour le Front de gauche invoqué par certains responsables politiques et journalistes n’est qu’un écran de fumée : – tendant à masquer une carence organisationnelle structurelle et fonctionnelle du FdG – et tendant à éluder le véritable conflit de fond qui est le choix entre l’autonomie prônée par le Parti de Gauche et l’alliance avec le PS au premier tour des élections défendue par la direction du PCF. Remarquons d’ailleurs que la quasi-totalité des composantes du FdG considère que celui-ci doit être une organisation politique autonome alternative au PS.

 

Toujours sur cette thématique de l’organisation, une autre contribution qui fait réfléchir est celle de Jean Rabaté, dans le journal l’Humanité : "Front de gauche : l'adhésion directe est-elle souhaitable, nécessaire ou inopportune ? "

 

 

[E. DURAND : Je pense moi aussi que les adhésions directes.... "conduiraient tôt ou tard à la formation d’un nouveau parti et signeraient très probablement la fin du Front de Gauche en tant que facteur du large rassemblement plus que jamais nécessaire...]...

 

 

 

 

 

 

J’ai eu l’occasion sur le site du PG Midi Pyrénées d’apporter une contribution massive sur le thème : Le Front de gauche doit améliorer sa puissance organisationnelle, En utilisant les apports des sciences humaines contemporaines : théorie des organisations et de l’intelligence collective, la coopération en intelligence artificielle distribuée, etc.
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Première partie
- Seconde partie
- Troisième partie

On peut trouver dans cette étude les différents outils conceptuels permettant de penser une nouvelle organisation articulant les différentes composantes du Front de gauche.

 

C - Le capital symbolique du FdG doit être le miroir de son programme et de son projet de société.

Nous avons vu précédemment comment le capital symbolique pouvait se trouver déformé et même écrasé par l’optimisation du capital économique et perdre de son sens pour les électeurs. Ainsi, l’identité politique du FdG émanant de son projet de société et de son programme ne doit pas être assujettie à des considérations et stratégies relatives à la préservation ou à l’accroissement de son capital économique.

 

De cette manière, la perception du champ idéologique du FdG par la population n’est pas déformée par des comportements électoralistes d’alliance contre nature, de carriérisme, de lutte de places. Le capital symbolique du FdG se trouve ainsi préservé et est le reflet fidèle de ses positions économiques, sociales et culturelles structurant son champ idéologique.

 

Dans le cas contraire, le programme l’Humain d’abord est perçu comme un document démagogique, un catalogue de promesses électorales qui ne seront pas tenues. Le champ idéologique du FdG subsiste mais son capital symbolique s’effondre, et évidemment avec lui, ses scores électoraux. Dans une telle configuration, les agents politiques du FdG gardent leurs convictions mais leur crédibilité et leur audience tendent vers zéro.

 

Cette préoccupation de rendre indépendant, autant que faire se peut, le champ idéologique du FdG de son capital économique doit être d’autant plus affirmée que l’appareil idéologico–médiatique met tout en œuvre pour déformer ce champ, voire même l’effacer, afin d’affaiblirle plus possible son capital symbolique.

 

Nous avons vu aussi que le champ idéologique politique était bipolaire : CI = L U AL. (Le champ idéologique est l’union de deux composantes : le champ idéologique libéral et le champ idéologique antilibéral).

 

Les partis de droite et sociolibéraux sont porteurs de L et les partis de "l’Autre gauche" sont porteurs de A L. Toute la stratégie de la grande bourgeoisie au travers ses médias est d’écraser le capital symbolique correspondant à AL en usant de tous les moyens technologiques et cognitivo – psychologiques possibles. De sorte que tout comportement politique de "l’Autre gauche" conduisant à déformer son propre capital symbolique concourt à la réalisation des objectifs de la grande bourgeoisie.

 

D’autre part, la stratégie des alliances a aussi un autre inconvénient : le processus de contamination de la désespérance des électeurs. Les partis dominants entraînent dans leur chute les partis avec lesquels ils ont établi des alliances. C’est-à-dire que l’altération du capital symbolique des partis dominants se propage au sein du capital symbolique des partis alliés. Ce phénomène est confirmé par les résultats électoraux et les indices de confiance envers les partis politiques établis par les instituts de sondage.

 

D - Le FdG fort de son capital symbolique propre ne doit pas faire cavalier seul.

L’affirmation d’une identité politique propre ne signifie pas que le FdG doive s’encapsuler dans son organisation : bien au contraire, une identité forte lui permet de s’ouvrir largement sur l’ensemble du mouvement social, en contractant par exemple des alliances circonstancielles de lutte avec d’autres forces de gauche. (Voir ci-dessus 2B) et être un pôle central de résistance contre les politiques d’austérité et de régression sociale comme l’invite la coordination FdG dans son communiqué du 25 juin 2014.

 

Néanmoins, le piège à éviter est de dissoudre son capital symbolique dans un flux d’actions purement défensives faisant oublier son programme : l’Humain d’abord. Le FdG n’est pas une organisation de contestation de nature syndicale mais d’abord une force de proposition capable de prendre le pouvoir et mettre en œuvre une politique alternative . Le FdG ne peut définir son identité par une simple capacité de rassemblement et d’organisation des actions. Pour utiliser une métaphore, un catalyseur joue son rôle de catalyseur en raison de sa structure propre.

 

Le travail sur le programme et le projet de société, sur l’organisation, sur la formation, demande beaucoup de temps et ne doit pas être sacrifié sur l’autel de l’électoralisme et de l’activisme réactif, ce qui a été le cas jusqu’à présent, avec les résultats pitoyables que l’on connaît

 

4 - Qu’entendre par radicalité ? Radicalité ne signifie pas extrémisme

Abécédaire des réalités concrètes

Abécédaire des réalités concrètes

Le caractère ouvert et intégratif du programme du Front de gauche permet et facilite d’éventuelles alliances avec d’autres partiis de gauche tout en affirmant clairement son identité politique. Mais cette qualité intégrative ne signifie pas une intégration des idées d’autres mouvements sur n’importe quelle base. Cette intégration ne doit pas être contradictoire avec les orientations radic ales en rupture avec le capitalisme contemporain défendues par le FdG. Mais encore faudrait-il préciser ce que l’on entend par "radicalité" car ce mot même accompagné de l’adjectif "concrète", car sans précision de son contenu, il ne signifie rien. Cela nécessite, par exemple de définir clairement le périmètre de socialisation des moyens de production et d’échange (en précisant les différentes formes de cette socialisation par secteur : nationalisation, gestion territoriale, économie sociale et solidaire dont les coopératives, etc.). Quel contrôle pour imposer le pluralisme aux médias ? Quelle gestion des entreprises publiques et privées et quels nouveaux droits pour les travailleurs ? Quels types de gestion et d’encadrement pour le secteur financier et boursier ? Quelle fiscalité progressive sur le capital sur le travail ? Quelle doit être l’échelle des revenus ? Doit-on rendre au secteur public la totalité des bords de mer et de rivières ? Doit-on confisquer tout patrimoine excédant deux millions d’euros ? Quels grands principes pour une sixième république notamment dans le domaine de séparation des pouvoirs ? Ne pas aborder ces questions lorsque l’on parle de radicalité, c’est joué du pipeau. Évidemment je n’ai cité que quelques exemples et cette liste de questions est loin d’être exhaustive. (Pour alimenter la réflexion l'abécédaire des radicalités concrètes).

 

Lorsque l’on aborde concrètement ces questions et que l’on fait varier le curseur sur la ligne de partage public / privé autrement dit sur la graduation : intérêt général/intérêts privés, on s’aperçoit que la qualification "d’extrême gauche" attribuée au Front de gauche relève d’une escroquerie intellectuelle destinée à faire peur à la petite bourgeoisie et notamment aux socialistes "affligés" ou "frondeurs" qui, vus sous un autre angle, sont des socialistes apeurés et je ne parle pas ici des écologistes verts de peur. La mesure de la radicalité du FdG ne s’effectue pas à l’aide d’un sonomètre indiquant, en décibels, l’intensité sonore de la voix de Mélenchon dans un meeting, mais par une calme lecture du programme l’Humain d’abord, éclairé par une lampe de chevet.

 

Si, par aventure, quelconque petit-bourgeois apeuré – pas forcément membre du PS – faisait le louable effort de réaliser cette lecture, il constaterait alors que ce texte est loin de développer des positions extrémistes. Et si, de surcroît, ce texte évoquait en lui des réminiscences chrétiennes, et que, poussé par la force de sa curiosité, il s’enquérait de l’existence d’un texte analogue dans la littérature chrétienne, la curiosité ferait place à l’ébahissement. Se révélerait à lui que la politique sociale de l’Église actualisée par Benoît XVI dans son encyclique sociale Caritas in vertate (2009) dans ses thèses économiques et sociales ,convergent totalement avec le contenu de "l'Humain d'abord"  : affirmation d’une économie plurielle, développement des droits des travailleurs, lutte contre la pauvreté et des inégalités, développement de l’économie sociale et solidaire, prédominance du travail sur le capital, nécessité de maîtriser la finance etc..

 

Lisant ainsi cette encyclique à la lumière de quelques cierges, il découvrirait que sa position politique n’est pas à gauche mais bien à droite de celle du Vatican. Mais il invoquera alors, ce qui est martelé par les médias, les questions sociétales telles le mariage pour tous, la contraception et l’avortement (mesures qui concernent 1 % à 2 % des individus réellement concernée par une application effective de la loi à leur cas), cataloguant ainsi le Vatican de réactionnaire. Jeu un peu facile : c’est oublier que de refuser la maîtrise réelle de la finance et la réduction radicale des inégalités, c’est jeter des millions de personnes au chômage, faire sombrer des pans entiers de la société dans la pauvreté, provoquer la mort de millions de personnes dans le monde faute de nourriture ou de soins, etc. Alors quels sont les plus réactionnaires ? (Mais de toute façon, cette question ne se pose pas pour le FdG, puisque celui-ci a toujours défendu le mariage pour tous, la contraception et l’IVG).

 

Mais tous les socialiste affligés et les écologistes ne sont pas forcément apeurés car un certain nombre d’entre eux ont effectivement lu l’Humain d’abord et souscrivent à ses propositions. C’est donc pour une autre raison (que la peur engendrée par leurs fantasme d’extrémisme) , bien plus proche des réalités terrestres, que ceux-ci ne rejoignent pas le FdG. S’ils ne rejoignent pas le Front de gauche, c’est en raison du risque d’une perte de leur capital économique, autrement dit, du fait que le FdG n’offre pas les possibilités de promotion à la hauteur de celles offertes par le PS. Une rupture avec le PS occasionnerait une perte de tous les avantages que leur procure leur maison-mère.

 

Quant au nouveau parti, La Nouvelle Donne : nouvelle arnaque ? peut-on lire dans un article très amusant d'Agora Vox. Je ne sais. En tout cas, vu la proximité, voire l’identité de ses thèses, par rapport à celles du Front de gauche , on peut s’interroger sur les raisons de son existence, comme le fait l’auteur de l’article

 

[E. DURAND : Je m'interroge moi aussi sur l'émergence de cette nouvelle organisation à gauche du PS ? Relai ? Miroir aux alouettes ? A qui profite le "crime" ?]

 

 

 

 

 

- VIII – La conquête de l’autonomie.

L’ensemble des éléments contenus dans l’étude précédente conduit donc à soutenir le point de vue suivant :

 

...pour que le Front de gauche puisse continuer à exister et puisse se développer, il faut que la totalité de ses composantes affirme une stratégie autonome, indépendant du PS.

 

 

 

 

 

Concrètement, cela signifie le refus de toute alliance avec le PS au premier tour des élections et une alliance au deuxième tour négociée au cas par cas. C’est son identité politique qui est ici en jeu et la préservation de son capital symbolique, autrement dit de sa crédibilité et de ses capacités à faire adhérer les citoyens à son projet et son programme Si l’une de ses composantes refuse cette stratégie et reste au sein du Front de gauche, la totalité du FdG sera entraînée par sa chute prévisible.Le processus est déjà en cours.

 

Observons que cette manière de voir rapprocherait alors considérablement les organisations appartenant au groupe G3 et au groupe G4. Cette stratégie suppose l’acceptation d’une éventuelle décroissance, sur le court terme, de son capital économique.

 

Elle suppose aussi une structure organisationnelle autrement plus élaborée et pensée que l’embryon d’organisation électoraliste existant actuellement. La mutualisation des moyens matériels et humains, l’utilisation des techniques modernes d’information couplées aux pratiques traditionnelles du porte-à-porte, d’assemblées citoyenne, etc, non seulement sur les périodes électorales mais en continu, permettrait d’augmenter considérablement à la fois la diffusion des idées et le capital symbolique du FdG. Cela suppose aussi une stratégie d’action concernant les médias

 

Fort heureusement, la stratégie d’autonomie est largement répandue au sein du Front de gauche.

- Sans aucune ambiguïté, le Parti de gauche défend cette stratégie avec détermination. On peut se reporter par exemple à l’article de Martine Billard coprésidente du Parti de gauche. "La stratégie d’autonomie par rapport au PS est indispensable et incontournable dans le journal l'Humanité  ; 

 

- Un certain nombre de personnalités du PCF sont aussi d’accord avec cette stratégie d’autonomie. Ainsi on peut se référer aussi à l’article, dans le même journal : Tribune collective Nicole Borvo Cohen-Séat, Marie-Pierre Boursier, Patrice Cohen- Séat, Jean-Paul Duparc, Élisabeth Gauthier, Frédérick Genevée, Alain Hayot, Francis Parny : "…L’objectif est de travailler à une nouvelle majorité de gauche ayant vocation à gouverner dans les toutes prochaines années. Face à un pouvoir socialiste qui refuse de se remettre en cause et dont les choix sont soumis au Medef et à Bruxelles, il nous faut donc continuer de proposer une rupture avec cette gauche libérale, ce qui suppose, aux premiers tours de toutes les élections politiques, des candidatures et des listes distinctes de celles du Parti socialiste. Dans ce cadre, la question clé est celle d’un rassemblement suffisamment large pour devenir une alternative crédible. Le Front de gauche a été créé dans cette perspective. L’espoir qu’il a suscité au moment de la présidentielle n’a pas été confirmé aux municipales et aux européennes Mais, comme Syriza en Grèce, nous devons faire preuve de persévérance et de créativité." ;

 

- De même, Clémentine Autain a développé cette thèse lors des dernières élections municipales. Néanmoins, son ambition d'élargir le Front de Gauche aux "frondeurs" du PS, (Qui rappelons-le ont voté le budget, celui de la Sécu, la réforme ferroviaire... du gouvernement Hollande – Valls) est incompatible avec une telle stratégie d’autonomie par rapport au PS ;

 

- On ne sera évidemment pas étonné de la position de la Gauche anticapitaliste qui prône aussi cette autonomie.

 

On peut penser que cette question vitale sera tranchée définitivement au sein du Front de gauche d’ici quelques mois En espérant que le PCF évitera un éclatement en son sein entre les autonomistes et les alliantistes.

 

Mais une chose est certaine.

Les médias soutiendront les alliantistes dans l’espoir de faire imploser le FdG et de faire disparaître le reste de capital symbolique du PCF qui a déjà été très entamé par sa participation à la gauche plurielle celle-ci ayant été incapable de répondre aux espérances sociales (emploi, retraites,…)

 

 

 

 

 

 

 

- IX – Capitaliser et accroître l’intelligence collective au-delà des échéances électorales

Nous indiquons ici les liens permettant d’accéder à chacun des acquis de l’intelligence collective des partis de la gauche antilibérale.

. Construire de nouveaux projets, de nouveaux programmes, nécessite aussi d’avoir une mémoire, de ne pas répéter les erreurs du passé et donc de prendre en compte le travail collectif passé. Il ne s’agit évidemment pas d’en faire des textes intangibles mais de les considérer comme des éléments de réflexion enrichissant le travail présent et futur. Évidemment, cette liste n’est pas exhaustive, d’autant que l’accès à ces données n’est pas forcément évident, comme nous allons le voir Le texte de base de départ est, pour le FdG : L’Humain d’abord Programme l’Humain d’abord L'humain d'abord Programme l'Humain d'abord ;

. Le texte de synthèse des collectifs anti libéraux en 2005 Les 125 propositions. Cliquez ici ici ou la ;

. Le texte du  programme commun du 27 juin 1972 ;

. La déclaration de Paris de 2003 contre la corruption( Les propositions d'Eva Joly et des juges anticorruption européens) ;

. Les 18 thèses pour l'éco-socialisme du Parti de Gauche ;

. Le Texte du 36e congrès du PCF ;

. Les 34 propositions de La Nouvelle donne ;

. Programme de EE–LV 2012 "Vivre mieux. vers une société écologique" ;

. Manifeste des économistes atterés ;

. 20 mesures pour une réforme bancaire par l’association ATTAC France ;

. Proposition pour le financement de la transition énergétique ATTAC France ;

. Grand marché transatlantique Non à l’Europe américaine (Le Parti de Gauche) ;

. Que faire de l'Europe ? Fondation Copernic ATTAC France ;

. Le programme du NPA.

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 09:31
(2ème partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (1ère partie).

 

- I – La politique désastreuse des gouvernements de François Hollande

- II – L’intégrité morale des hommes politiques remise en cause sur une vaste échelle

- III – Confusionnisme politique et brouillage des repères. Le désarroi des électeurs

- IV – La stagnation du Front de gauche.

- V – Il existe bien deux gauche en France, comme en Europe : une gauche qui remet en cause radicalement l’hégémonie de la classe dominante et une autre qui s’en accommode

- VI – Le dipôle UMP – PS déforme les lignes du champ politique

 

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Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage

- VII – Refonder le Front de gauche ? Vers un Front du peuple ? Refonder la gauche ?

(2ème partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée.

1 - Des affirmations de refondation parfois trop réactives et pas assez réfléchies.

Suite aux résultats électoraux désastreux des partis de la gauche au printemps 2014 et à l’orientation ultralibérale du gouvernement Hollande, différentes réunions et prises de position concernant l’avenir du FdG et plus généralement de la gauche ont eu lieu.

 

Pourtant observons d’abord qu’il est relativement difficile d’émettre un jugement solide sur la signification des résultats des élections européennes pour la raison suivante : Les Français sont de plus en plus sceptiques concernant le bien-fondé à l’appartenance de la France à l’union européenne comme en témoigne par exemple les derniers sondages.

 

De ce fait pour un grand nombre d’entre eux ils n’accordent pas grand intérêt à ces élections. "Ainsi, en dix ans, ce soutien a baissé de plus de 15 points, passant de 67% à 51% (avec une accélération remarquable depuis 2009, -11 points), traduction d’une méfiance grandissante vis-à-vis de l’Union ". Les sondages indiquent que cette désaffection est encore bien plus marquée pour les couches populaires.

 

Dans un article intitulé : "Européennes : le Front de gauche progresse sans élan," le journal L’Humanité du 27 mai indiquait avec justesse que le nombre de voix obtenues par rapport aux élections européennes de 2009 avait légèrement progressé (6,47 % 1 114 872 voix). Ce résultat cache de fortes disparités d’une circonscription à l’autre. Le Front de gauche obtient son meilleur score dans la circonscription sud-ouest avec Jean-Luc Mélenchon qui fait son entrée au Parlement européen avec plus de 8 % des voix.

 

D’autre part, pour ces deux dernières élections, municipales et européennes, ce qui semble échapper à la quasi totalité des responsables du FdG – et c’est bien triste – c’est que les médias déploient une stratégie de marginalisation absolue à l’égard des représentants FdG. Et au lieu de s’interroger à la seule lumière de ces résultats (pipés), sur le bien ou mal fondé de l’alliance avec le PS, au lieu d’invoquer de soi-disant querelles d’egos, ils devraient examiner en tout premier lieu, avec sérieux, comment la diffusion de leurs idées occupe bien peu d’espace par rapport à celles du PS, de l’UMP et du FN.

 

Évidemment les médias ne sont pas les seuls responsables : l’autre raison tient à un déficit organisationnel du FdG. D’autre part, s’il est parfaitement vrai que la stratégie d’alliance avec le PS a une incidence sur les résultats électoraux, nous verrons plus loin pourquoi, il faut bien comprendre que les médias n’ont pas une attitude neutre par rapport à cette stratégie d’alliance ou de non alliance du FdG avec le PS.

 

Mais revenons à notre propos. On peut se rendre compte de la préoccupation de refonder le Front de gauche en parcourant la presse et quelques sites :

- "Passer du Front de gauche au front du peuple" titrait le journal l’Humanité du 20 juin 2014 Un projet de gauche pour la France ;

-  "Parti de gauche et PCF appellent à un Front du peuple chacun de leur côté" titrait Libération 15 juin 2014 ;

-  "Où v a le Front de gauche ?" titrait le webzine Les Inrocks Du 21 juin 2014

Article intelligent, présentant clairement les deux options incompatibles d’une refondation du Front de gauche ou d’un front du peuple. L’une restant dépendante du PS en voulant intégrer les socialistes et écologistes affligés (qui n’ont pas, pour autant, rompu avec le PS), l’autre voulant construire une force indépendante alternative au PS.

 

- Lors de son dernier Conseil national, le Parti de gauche a appelé à une "refondation" du Front de gauche et à la "convocation d’assises ouvertes", afin de "clarifier sa stratégie électorale" et de "réactualiser son programme", "Mélenchon ne privilégie plus son tête-à-tête avec le PCF au sein du Front de gauche" indiquait le Blog de France info du 15 juin 2014 ;

 

- Dans une perspective de recomposition de la gauche rose –rouge – vert, "Il faut réfléchir avec un coup d’avance pour rebondir en cas de déroute de notre camp. La recomposition de la gauche se fera vraisemblablement autour d’un axe rose, vert, rouge. La famille des socialistes doit plus que jamais maintenir des liens avec des formations comme le Front de Gauche (FDG) et Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) au lieu de construire de nouvelles majorités avec l’UDI..." pouvait-on lire dans l’Express du 15/0 5/2014 comme réponse de Liêm Hoang-Ngoc, membre du bureau national du PS et de l’aile gauche du parti, économiste et eurodéputé sortant aux journalistes. En savoir plus ICI  ;

 

- Dans la même veine, sur le site de la gauche unitaire (GU) on pouvait lire dans un article titré : "Poursuivre le débat de planification engagée au Front de gauche"

"Le Front de Gauche doit sortir des postures incantatoires, pour se replacer au cœur de la gauche, y porter une politique pour toute la gauche et y défendre la perspective d’une nouvelle majorité rose-vert-rouge rassemblant les forces et les partis qui refusent la politique libérale de François Hollande et Manuel Valls. Un nouvel élan est à ce prix !"

 

Cette prolifération de prises de position pour "élargir" ou "refonder" le FdG relayée, par les médias, fait dire à une blogueuse de Mediapart il s’agit d’une" grande offensive."

 

Mais un esprit critique vis-à-vis des médias devrait se poser la question : pourquoi soudainement autant de micro tendus pour entendre Pierre Laurent et d’autres , alors que leur présence sur les plateaux lors des trois dernières élections était plutôt fantomatique ?

 

 

 

 

 

 

Le journal l’Humanité a eu le mérite de laisser s’exprimer différents points de vue dans un dossier intitulé : "Le débat est ouvert".

 

Concernant notre propos, nous retiendrons les suivants :

- Tracer la perspective d’une alternative en France et en Europe par Martine Billard, Christian Picquet et Anne Sabourin

- Sur les luttes et les alternatives, comment construire un rassemblement à gauche  ?

- Des communistes pour une refondation ambitieuse du Front de gauche

- Crise de la politique, Front de gauche et élections européennes  : et maintenant  ?

- Gérard Piel : "Le prolongement du FDG est notre seule chance de résister"

- "Le Front de Gauche doit créer les conditions du nouveau bloc majoritaire"

- Un front du peuple pour la démocratie, l’égalité et la justice sociale

- Sur le blog de Mediapart du mouvement Ensemble du FdG , on pouvait lire le 6 juillet 2014 : " "Après l’euphorie des débuts du Front de gauche, sa nature de cartel de partis est devenue un handicap évident aux yeux de tous : électeurs, militants et responsables des formations qui l’ont initié. Désormais, l’idée que le Front de gauche doit se transformer pour faire place aux citoyens est explicitement défendue dans toutes ses instances et elle est portée publiquement… Sauf que cela ne se produit pas…" Source : ICI

- Sur le site du PG Midi-Pyrénées, on pouvait lire début juillet 2014 Gauche : ne plus tarder ! "Des responsables politiques du Front de gauche (PG, PCF, Ensemble...), d’EELV, de Nouvelle Donne appellent à rompre urgemment avec la politique de Hollande et Valls."

 

On assiste donc à une effervescence sans ligne directrice claire (au niveau global) consécutivement au tableau du brouillage des frontières dressé précédemment.

 

Néanmoins le ralliement des "frondeurs" du PS à la politique gouvernementale ainsi que d’une majorité des responsables de EE–LV a le mérite de rendre claires les options idéologiques de ces derniers. L’appel des 100 est resté sans suite !

 

 

 

 

 

 

2 - Programmes et alliances

Pour clarifier la situation, il est nécessaire maintenant de distinguer deux problèmes

 

A - Le problème de l’identité politique de chaque courant de la gauche.

Il ne suffit pas de créer un pôle de résistance contre les agressions multiples du néolibéralisme et de quelque gouvernement libéral ou social–libéral, ce qui réduirait l’action politique à une stratégie purement défensive, mais il faut aussi affirmer une identité politique propre alternative au néolibéralisme et à la politique gouvernementale en place.

 

Et cette identité politique passe nécessairement par l’élaboration d’un projet de société et d’un programme de gouvernement. Une telle élaboration nécessite en amont une analyse économique et sociale structurelle et critique du système capitaliste financiarsé contemporain. À cela s’ajoute une analyse critique des mesures gouvernementales prises par les pouvoirs en place aujourd’hui et ces dernières années.

 

Chaque courant ou parti peut alors avoir des analyses et des propositions alternative spécifiques. Par exemple, le Front de gauche dispose du programme "l'Humain d'abord" constitué de différents apports des partis qui le composent. EE–LV dispose du programme "Vivre mieux. Vers une société écologique". Le PG dispose de "18 thèses pour l'éco socialisme".

 

B - Le problème de l’alliance entre courants distincts

a) Soit pour s’opposer à certains fonctionnements du système capitaliste contemporain et pour s’opposer à une politique gouvernementale jugée par ces courants comme désastreuse pour la population. Cela n’implique pas forcément la demande de démission du gouvernement en place. Cela passe alors par l’élaboration d’une plate-forme politique conjoncturelle commune à la fois critique et constructive. C’est par exemple, la démarche adoptée par les syndicats à certains moments de leur histoire lorsqu’il organisent une unité d’action.

 

b) Soit pour prendre le pouvoir et gouverner ensemble. Cela suppose l’élaboration d’un projet de société et d’un programme de gouvernement commun dans les domaines économique, social, institutionnel et culturel. Ce fut par exemple le cas du programme commun de l’union de la gauche signée en 1972. Cette démarche nécessite la mise en commun des différents programmes afférents à chaque courant et souvent d’âpres négociations

 

3 - Définition d’une identité idéologique et politique

A - Distinguer programme et alliance.

Cette distinction entre ces deux problèmes permet de bien comprendre que l’on ne peut définir une identité politique d’un parti, d’un mouvement, d’un courant par une simple stratégie d’alliance, quelle que soit sa nature, ou par une simple opposition à un système économique ou une opposition à quelque politique gouvernementale.

 

Définir une identité politique nécessite la construction collective d’un programme économique et politique en toute indépendance des pressions exercées par les autres partis ou par les médias.

 

Cette construction collective nécessite aussi un haut niveau d’organisation démocratique qui demande en elle-même une réflexion collective. (On voit donc que la notion de programme n’est pas dissociable de la notion d’organisation lorsque l’on aborde le processus d’élaboration).

 

Ne pas faire cette distinction, c’est sombrer dans l’opportunisme politique, c’est condamner à terme son parti ou courant à la dislocation au gré des aléas des alliances et mésalliances. C’est aussi détruire les frontières politiques avec toutes les conséquences que l’on connaît.

 

Ainsi le Front de gauche ne peut subordonner son identité politique à un simple problème d’alliance ou de non alliance avec le PS ou avec quelconque autre parti.

 

Il lui appartient d’affirmer sa propre vision du monde, son,système de représentations sociales, sa philosophie politique et évidemment un projet de société accompagné d’un programme de gouvernement construits collectivement et démocratiquement, en déconnexion avec les aléas électoraux largement déterminés par la puissance médiatique.

 

 

 

 

 

 

 

D’autre part, l’élaboration de son programme ne peut reposer sur une démarche clanique fermée ou sur le travail d’une commission d’experts déconnectés des réalités sociales mais au contraire sur une démarche ouverte intégrant tous les apports d’autres programmes de partis, de plates-formes de congrès syndicaux ou d’associations, ou de travaux importants réalisés par des universitaires, des parlementaires, etc. jugés comme positifs par les adhérents du Front de gauche.

 

Évidemment tout citoyen de bonne volonté au sein d’assemblées citoyennes et d’ateliers de réflexion peut apporter sa contribution ancrée sur son expérience propre.

 

Bref, ce programme devrait être une condensation des réflexions menées par l’intelligence collective du mouvement social.

 

 

 

 

Il ne faut pas perdre de vue que tous les mouvements sociaux passés ou récents dits "révolutionnaires" qui n’ont pas été portés par un programme clair élaboré par une intelligence collective porteuse des aspirations populaires ont conduit à un échec et parfois à des répressions sanglantes.

 

Cela implique une capitalisation et une exploitation adaptée du travail intellectuel passé et certainement pas une mise au rencard dans les poubelles de l’Histoire de ce travail collectif. Le programme "l'Humain d'abord" devrait-il être jeté dans les corbeilles des bureaux de vote après dépouillement des bulletins de ces dernières élections ?

 

Certainement pas ! Car un programme digne de ce nom ne doit pas être assujetti à une démarche purement électoraliste. Certes ce programme nécessite approfondissement enrichissement, amélioration dans sa forme et dans son contenu, mais il reste une base de travail essentielle dans l’affirmation de l’identité du Front de gauche comme force politique non assujettie aux tactiques et stratégies électorales du moment.

 

L’identité du Front de gauche ne repose pas essentiellement sur des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon, Pierre-Laurent, Clémentine Autain, etc. comme s’acharne à le faire croire l’ensemble des médias au service de la grande bourgeoisie, mais repose sur un programme politique de transformation sociale.

 

B - Le problème de la structure organisationnelle du FdG.

Mais un projet de société et un programme de gouvernement ne suffisent pas à définir complètement l’identité politique d’une organisation, surtout lorsqu’elle est composite comme celle du Front de gauche. Il faut qu’existe une structure organisationnelle assurant la cohésion, la coordination , la cohérence de l’action tant au niveau national que local.

 

Le désarroi provoqué par le manque d’organisation du Front de gauche est particulièrement bien exprimé dans un texte intitulé : "Du cartel de partis au rassemblement citoyen" sur le site du mouvement Ensemble du FdG.

 

 

 

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 09:30
(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

La professionnalisation de la politique dans le contexte du néolibéralisme a maintenant pleinement produit ses effets :

- Perte de crédibilité des partis traditionnels,
- corruption,
- progression de l’extrême droite,
- grande difficulté pour les forces politiques alternatives à faire front et s’organiser

 

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Hervé Debonrivage

- I – La politique désastreuse des gouvernements de François Hollande

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Austérité budgétaire, cascade de reculades et d’engagements non tenus sous la pression des groupes financiers et du Medef la politique économique ultralibérale menée par François Hollande non seulement conduit la France à un désastre économique mais a déjà provoqué deux échecs électoraux successifs d’une grande ampleur générant un champ politique en bouleversement : affaiblissement important de l’influence électorale du PS le plaçant à terme en difficulté financière, stagnation du Front de gauche, montée en puissance du FN (arrivé en tête dans 71 départements) améliorant notablement sa situation financière et abstention record.

 

Colère, résignation, découragement, sentiment de trahison ont conduit une bonne partie de l’électorat de gauche à s’abstenir et une partie de l’électorat populaire à voter pour le Front National.

 

Comme le fait remarquer à juste titre Thomas Piketty, le PS n’a pas mis à profit ses dix années d’opposition, pour élaborer un programme électoral et de gouvernement à la hauteur des enjeux économiques et sociaux (notamment dans le domaine de la fiscalité) qu’exigeait la situation préoccupante de notre pays après 10 années de règne de la droite aggravé encore par la crise financière internationale. On constate ici les effets de l’absence de débats d’idées, de larges concertations avec les syndicats, associations et différentes composantes de la gauche, l’absence d’une ligne idéologique définie : improvisation, opportunisme, absence de perspectives claires et dynamiques.

 

Tout se réduit à une gestion comptable à courte vue reposant sur des dogmes libéraux assis sur aucune base scientifique et dont les effets désastreux sont déjà connus.

 

Je ne m’étendrai pas plus longtemps sur cette politique désastreuse qui a fait l’objet d’une myriade d’articles.... Mais cette politique économique calamiteuse se déroule dans un contexte politique global particulièrement dégradé.

 

 

- II – L’intégrité morale des hommes politiques remise en cause sur une vaste échelle

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée
  • Côté PS, après le scandale Cahuzac, deux conseillers de François Hollande sont mis en cause : Aquilino Morelle et Faouzi Lamdaoui.
  • - Le secrétaire d’État socialiste Jean-Marie Le Guen assujetti à l’impôt sur la fortune, qui a initialement « sous-déclaré » son patrimoine d’environ 700 000 euros à la HAT, devrait subir un redressement fiscal ;

    - La ministre déléguée à la francophonie Yamina Benguigui a cédé à la fin du mois de janvier pour 430 000 € de parts dans une société belge qu’elle n’aurait pas mentionnées dans sa déclaration de patrimoine

    * Au niveau local, des élus ou têtes de liste sont mis en examen :

    - Le député-maire Jean-Pierre Kucheida, Patrick Sève, Jean-Noël Guérini.

    Malgré des reculs concernant le texte sur la transparence du patrimoine des élus, la commission de la transparence rappelle à l'ordre 296 élus. La réticence et les tergiversations des élus pour publier leur patrimoine ne peuvent qu’alimenter la suspicion des électeurs.

     

    • Côté UMP, la situation est bien plus catastrophique encore.

    Suspicion de fraude à l’occasion des élections internes et, guerre des chefs, différentes affaires judiciaires concernant Nicolas Sarkozy, l’affaire Bygmalio 

     

    • Côté FN...

    - Marine Le Pen condamné pour de faux tracts.

    * Au Niveau local, le FN n'est pas non plus épargné par les affaires.

    Trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, jusqu’en mars 2012, Olivier Duguet a été condamné en juin 2012 à six mois de prison avec sursis dans une affaire d’escroquerie au préjudice de pôle emploi dont le montant s’élève à plus de 100 000 euros.

    Les comptes en Suisse de Jean-Marie Le Pe "Le président d’honneur du Front national est aussi visé par une enquête préliminaire sur son patrimoine ouverte fin 2013, déclenchée après que la Commission pour la transparence financière de la vie politique a évalué son enrichissement personnel à 1 127 000 euros entre 2004 et 2009 et l’a jugé suspect", d’après des informations recueillies par Médiapart.

     

    Il est bien évident que quelles que soient les issues judiciaires de ces différentes affaires largement relayées par les médias, ces différentes mises en cause affectent considérablement la crédibilité des responsables politiques.

     

     

    - III – Confusionnisme politique et brouillage des repères. Le désarroi des électeurs.

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Il manque un élément au tableau noir précédent pour mieux comprendre la situation dans laquelle se trouvent les électeurs : le brouillage des frontières politiques, ce qui est confirmé par plusieurs sondages.

Tentons de faire un inventaire des différents nuages de brume qui s’accumulent sur la scène politique avant l’orage.

1 . Il n’y a plus de différence entre la ligne économique conduite par le PS et celle conduite par l’UMP ou le centre ;

 

2 . Le Front national pille et récupère un certain nombre de positions du Front de gauche : lutte contre les délocalisations et la désindustrialisation, dénonciation du libre-échange aveugle, nécessité de promouvoir les investissements publics, etc.d’où son attraction, ce qui relativement nouveau, envers une partie des couches populaires ;

 

3 . Et la confusion arrive à son comble lorsque le PCF décide de faire alliance avec le PS au premier tour dans plus de la moitié des communes aux dernières élections municipales, alors que par ailleurs il n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la politique d’austérité du gouvernement Hollande et alors que le FdG dispose d’un programme spécifique : "l'Humain d'abord".

 

Dans ces conditions, ce programme ne peut être que perçu comme un slogan électoral dépourvu de contenu ou perçu comme un lot de promesses qui ne seront pas tenues.

 

Consécutivement au tableau précédent décrivant le brouillage des frontières, on assiste donc à une certaine effervescence sans ligne générale claire pour progresser vers plus de lumière.

 

Comment peut-on alors imaginer qu’il existe bien deux gauches en France et non une seule : celle du PS et de ses satellites ? Pour le coup, c’est le FN qui peut apparaître pour une fraction de l’électorat populaire comme celui qui peut être porteur d’une vraie radicalité "Anti système’’ ! Un comble !

 

Cette idée qu’il n’existerait qu’une seule gauche, celle incarnée par le PS, est rabâchée par tous les médias qui n’invoquent que "La gauche" (sous-entendu : le Front de gauche n’existe pas et la seule gauche est le PS). Et évidemment, le FN développe la même idée de concert avec les médias.

 

Et comme toujours, cette confusion favorise non seulement l’abstention mais aussi l’extrême droite

 

 

 

  • Mais la confusion ne s’arrête pas là !

Une partie des élus du PS dits les "affligés" ou "frondeurs" contestent la politique d’austérité de Hollande – Valls

– alors qu’existe déjà les contestataires de la "Nouvelle donne"… qu’ils ne rejoignent pas

– ils continuent de soutenir la politique gouvernementale en votant la réforme ferroviaire le 24 juin, la loi de finances rectificative (PLFR) pour 2014 le 1er juillet, et le 8 juillet, le budget rectificatif de la sécurité sociale (PLFRSS) !

Comme le dit Jean-Luc Mélenchon : "la fronde a fait pschitt !"

 

  • Et la confusion continue encore avec les positions contradictoires de EELV

D’un côté une fraction suivant la position de François de Rugy veut toujours collaborer avec le gouvernement Et l’autre, suivant la décision de Duflot et Canfin décide de quitter le gouvernement

Mais il est clair que, bien que critiques, Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écolos, Barbara Pompili et François de Rugy, coprésidents du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, et enfin Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale n’ont nullement l’intention de couper les ponts avec le PS

 

Dans cette confusion générale, pour un nombre grandissant d’électeurs, les partis politiques ne sont plus porteurs d’une ligne politique et d’un programme mais apparaissent comme des écuries électorales dépensant l’essentiel de leur énergie à obtenir à tout prix des sièges grâce à toutes sortes de combines d’appareils et de renoncements..

 

Et pour couronner le tout, le Front National apparaît comme la seule organisation politique ayant une ligne politique claire et non ambiguë notamment du fait que ce parti n’a contracté aucune alliance avec d’autres partis de droite au premier tour des élections.(même s’il peut exister des porosités ponctuelles entre l’UMP et le FN au niveau local ayant conduit au deuxième tour à des désistements du candidat FN pour celui de l’UMP)

 

Dans un tel contexte, ce qui s’impose donc au Front de gauche, c’est la clarification de ses positions et l’affirmation d’un programme et d’un projet de société lisibles et alternatifs non assujettis à des contingences électorales et à une géométrie variable.

 

 

 

 

 

- IV – La stagnation du Front de gauche.

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Une question alors simple s’impose, et qui est d’ailleurs assez souvent posée par des journalistes à des responsables du Front de gauche : comment se fait-il que la situation politique dégradée actuelle ne profite pas au Front de gauche mais engendre plutôt l’abstention et un meilleur ancrage du Front National ? Pire encore, toutes les prévisions économiques Front de gauche sont confirmées par les faits. Ses analyses économiques sont, pour l’essentiel, partagées par un grand nombre d’économistes pas forcément affiliées au FdG. En outre, contrairement aux autres partis, aucun responsable du FdG n’a été l’objet de quelconques poursuites judiciaires.

 

La réponse est le plus souvent évasive ou de type économiste : c’est la faute de la politique économique d’austérité de François Hollande, de l’abandon des fondamentaux économiques de la gauche,…Ou encore d’autoflagellation invoquant des carences qui ne mettent pas en évidence la question fondamentale de la capacité de diffusion des idées du FdG.

 

En voici un exemple emblématique, parmi d’autres : "…mais le Front de gauche n’apparaît toujours pas comme une alternative au social-libéralisme. C’est une question majeure qu’il faut désormais prendre à bras-le-corps. Je suis convaincu de la justesse de la stratégie de Front de gauche, mais je m’interroge sur ses contours et sa mise en mouvement. Le Front de gauche dans sa forme actuelle (cartel d’organisations), dans la cohérence de son projet (qu’oppose-t-il concrètement aux idéologies du coût du travail et de baisse de la dépense publique, ou bien encore à la dérive présidentialiste ou sur la laïcité... ?), dans l’image qu’il véhicule (trop force d’opposition et non de propositions, trop sectaire et pas assez susceptible de rassembler au-delà de lui-même des socialistes et des écologistes, des syndicalistes et des acteurs culturels, des féministes et des antiracistes...), bref le Front de gauche ne fait pas envie."

 

Ces explications apparaissent comme extrêmement insuffisantes comme réponses à la question. Nous allons, pour notre modeste part, essayer d’y répondre.

L’absence de percée du FdG lors des dernières élections relèvent des causes suivantes :

1 . La politique désastreuse de François Hollande dont l’impopularité frappe aussi le FdG – du fait que celui-ci lui a apporté 4 millions de voix au premier tour des présidentielles. – du fait que le PCF a contracté de nombreuses alliances avec le PS au premier tour des élections municipales. Pour de nombreux électeurs, le FdG apparaît ainsi comme coresponsable de la situation actuelle ;

 

2 . La stratégie de marginalisation du FdG par les médias tendant à gommer son existence sur la scène politique, c’est-à-dire l’existence même d’une seconde gauche. Cela se réalise par utilisation de trois tactiques : – déséquilibres considérables dans les temps de parole et espaces rédactionnels au détriment du FdG et à l’avantage de l’UMP et du PS. Aucun débat ou quelconque publicité concernant le programme du FdG " L’humain d’abord." – formatage libéral et dépolitisation – mise en avant du FN ;

 

3 . L’absence d’une stratégie politique à l’égard des médias et plus généralement concernant tous les moyens d’information et de communication. L’absence d’une organisation structurée et dynamique entre les différentes composantes du FdG fondée sur la coopération et la mutualisation des moyens techniques et humains. L’absence enfin d’une politique de formation des militants et des citoyens à la hauteur des enjeux et de la complexité sociale et économique.

 

Il résulte de tout cela une faible diffusion des idées et des propositions du FdG malgré les efforts considérables et tout le talent de Jean-Luc Mélenchon notamment lors de ses meetings pour éclairer les citoyens.

 

 

 

 

 

 

- V – Il existe bien deux gauche en France, comme en Europe : une gauche qui remet en cause radicalement l’hégémonie de la classe dominante et une autre qui s’en accommode.

J’ai évité ici d’utiliser la terminologie gauche radicale ou anticapitaliste et gauche réformiste ou réformatrice car ces termes sont tellement galvaudés qu’il est difficile de les utiliser sans en préciser le sens. Je préfère une terminologie relative au positionnement des sous-groupes dominés par rapport à la classe dominante.J’ai développé ce point de vue, plus en détail, ailleurs. Les turbulences qui agitent le PS au cours de son histoire, ne peuvent faire oublier qu’il existe bien deux gauches en France.

 

On ne va pas refaire ici l’histoire du parti socialiste, mais chacun sait que le PS a non seulement a accompagné le néolibéralisme depuis 1984 mais a été un agent actif pour sa construction et son développement malgré les quelques réformes sociales importantes qu’il a pu mettre en œuvre, réformes qui ont été ensuite l’objet d’attaques et de régression (retraite à 60 ans, loi de 35 heures notamment).

 

  • On peut se référer à l’excellente "Histoire du réformisme en France depuis 1920" (de 1920 à 1974 édité en 1976 aux éditions sociales ) rédigé par un collectif d’historiens. Cet ouvrage en deux tomes n’a pas été réédité mais on peut se le procurer d’occasion sur Internet pour un prix dérisoire au regard du volume considérable de données historiques qu’il contient ;
  • Pour la période 1981 à nos jours, on a une bonne rétrospective critique du PS réalisée par le sociologue Jean-Pierre Garnier dans une vidéo "La deuxiéme droite" faisant ainsi référence au livre du même titre qu’il a publié en 1984 –86 et réédité en avril 2013. L’extrait de la vidéo à partir de la 27ème minute sur la néo petite bourgeoisie est particulièrement éclairant et permet en effet de ne se faire aucune illusion sur les velléités des "frondeurs" du PS ;
  • Pour la période récente on peut aussi se référer au livre de Michel et Monique Pinçon Charlot "La violence des riches", aux chapitre où il est question du parti socialiste.(notamment le chapitre III). Le livre est disponible en ligne ICI.

 

Nous avons d’ailleurs consacré un article à ce sujet sur ce site "Les réseaux de François Hollande dans le monde le la finance".

 

Tout citoyen qui connaît l’histoire du parti socialiste et de ses relais syndicaux, sait parfaitement que ce parti est hégémonique, et possède son propre système Tina (There is no alternative) de sauvegarde. Sa composante majoritaire ne se laisse guère influencer ni par les courants internes censés représenter la gauche du PS, ni par quelconque pression extérieure de gauche.

 

Certes pendant de brèves périodes, le PCF a pu influencer et infléchir à gauche la direction du PS, mais cela était possible en raison du poids électoral du PCF de l’époque (conditionnant ainsi par désistement l’élection de très nombreux candidats socialistes) et de l’existence de la puissance soviétique.

 

Mais avancer un tel argument depuis les années 1995 relève de l’aveuglement ou plutôt de la mauvaise foi.

 

 

 

 

Il est vrai que certaines luttes sociales de forte intensité peuvent influer et infléchir quelque peu la fraction dominante du PS, mais celle-ci est beaucoup plus sensible aux pressions du Medef et des banques qu’aux revendications des salariés. Mais observons que ces luttes sociales ont relevé plutôt de la responsabilité des organisations syndicales que du PCF.

 

Dans de telles circonstances, plutôt exceptionnelles, les parlementaires du Front de gauche ont pu prendre le relais et avoir une certaine utilité ponctuelle en déposant des amendements plus favorable aux salariés.

 

Combien d’amendements déposés par les parlementaires communistes ou du Front de gauche (pression extérieure) ou par les parlementaires socialistes dits contestataires (pression intérieure) ont été retenus ? Une quantité négligeable du point de vue statistique ? Il est dommage que le site des parlementaires du FdG, (par ailleurs tout à fait soucieux de l’information des citoyens car leur site est très informatif), ne nous permet pas de disposer d’une telle information qui pourrait être actualisée après chaque saison parlementaire. Ensuite un bilan pourrait être fait sur la totalité de la mandature

 

 

- VI – Le dipôle UMP – PS déforme les lignes du champ politique

(1ère partie) : Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée

Nous empruntons à Pierre Bourdieu les concepts sociologiques de champ, de capital symbolique et de capital économique.

 1 - Les institutions de la Ve République favorisent la bipolarisation de la vie politique en France. Difficile pour un petit parti de survivre. Ce système institutionnel incite les partis à contracter des alliances pour pouvoir maintenir leur existence. Ces institutions déterminent les règles du jeu du champ politique (représentatif) pour une bonne part. Elle favorise la personnalisation et les concentrations de pouvoir.

 

2 - Par ailleurs, la professionnalisation de la vie politique détermine les conditions d’existence matérielles et morales des élus.

 

Ainsi, l’UMP et le PS sont les principaux pourvoyeurs de salaire et d’emplois pour ces professionnels de la politique via les dotations de l’État, (plus généralement de la puissance publique) et des dotations émanant d’organismes ou de personnes privés. Ils ont aussi pourvoyeurs de prestige et de postes permettant d’exercer différents pouvoirs.

 

Sont concernés par ces salaires (appelés souvent indemnités) et emplois non seulement les élus eux-mêmes (que Bourdieu appelle les mandataires) mais leurs colistiers, leurs conseillers, une partie du personnel territorial, une partie des fonctionnaires d’État et de responsables de multiples organismes techniques et même certains membres de leur famille Son évidemment, sont concernés aussi les fonds propres et l’emploi des permanents de ces partis.

 

Même le PCF n’échappe pas à cette analyse : il dispose de permanents, il crée de l’emploi dans différents journaux, magazines. Certes les 40 librairies de son réseau de diffusion n’existent plus mais il en reste quelques-unes survivantes "Tout ceci donne le sentiment d’une absence de réflexion globale sur la place du livre au sein du monde communiste. Il n’est donc guère étonnant que l’édifice se soit totalement effondré avec la fin du « communisme réel ». À ce jour, il n’existe plus de maisons d’édition intrinsèquement liées au PCF (mais des éditeurs proches comme Le Temps des cerises et La Dispute), et il ne reste que quatre des 40 librairies que compta le réseau La Renaissance-Messidor" (Source : le Parti Communiste Français et le livre)

 

Mais le PCF n’est évidemment pas le parti rêvé pour les carriéristes car une partie des indemnités est versée au parti. "En 2011, , 46% des revenus du PCF, soit plus de 14 millions d’euros, provenaient de ses élus. Les dons représentaient aussi une part non négligeable de son budget (16%) avant le financement public (12%) et les cotisations de ses adhérents (10%)." Source : ICI.

 

Les subventions de l’État perçues par les partis politiques dépendent du nombre de voix obtenues et du nombre d’élus. "Ainsi, en 2013, le montant global versé aux partis et formations politiques de métropole et d’outre-mer s’est élevé à 70 083 332,15 € dont notamment : 28 480 742,50 € pour le PS ; 19 870 309,79 € pour l’UMP ; 5 543 646,41 € pour le FN ; 3 521 792,11 € pour Europe Écologie-Les Verts ; 3 222 320,99 € pour le PCF (décret n°2013-430 du 27 mai 2013) Plus d’informations ICI.

 

En outre, en cas d’échec électoral, le réseau construit par le parti ou l’élu sur de longues années permet un reclassement non seulement de l’élu mais aussi d’un certain nombre des agents politiques ou administratifs "victimes" de la défaite : le parti joue le rôle d’une agence de reclassement. Mais tout ce processus, évidemment, ne se réalise pas toujours sans difficultés et dans la transparence.

 

Observons que  le montant de ces indemnités est loin d'être négligeable  surtout dans un contexte de rigueur salariale qui dure depuis 30 ans et dans un contexte de chômage de masse qui frappe aussi les personnels hautement qualifiés.

 

En appliquant le concept d’idéologie développé par Marx dans son célèbre ouvrage L’idéologie allemande et par Althusser, aux responsables politiques, il est clair que l’idéologie des élus, c’est-à-dire leur ligne politique, est influencée par ces facteurs économiques : c’est l’effet de ce qu Bourdieu appelle le capital économique (CE).

 

3 - Capital économique et capital symbolique dans le champ politique.

Les représentations sociales et politiques déterminant notamment des options de programmes et de projets de société constituent le champ idéologique des responsables,des militants politiques et en particulier des élus Les vecteurs stables de propagation de ce champ sont les partis politiques, les médias et plus généralement les appareils idéologiques. Dans leur forme communicationnelle, on les nomme souvent convictions.

 

Le champ idéologique des élus ou représentants (appelés mandataires par Bourdieu) tel qu’il est perçu par les électeurs (appelés mandants) constitue le capital symbolique de ces mandataires (voir un cours sur les concepts de Pierre Bourdieu ICI).

 

Il est possible de rapprocher la notion de capital symbolique à celle de "valeur perçue" utilisée en marketing : "La valeur perçue est la valeur d’un bien, d’une marque ou d’un service qu’un individu perçoit, au-delà de sa valeur d’usage et/ou de sa valeur d’échange. La valeur perçue est donc subjective en fonction des besoins de l’individu, mais également en fonction de la perception qu’il peut avoir de l’élément concerné" (source : l'encyclopédie du marketing.

 

Ce champ idéologique (CI) et ce capital symbolique sont plus ou moins assujettis au capital économique (CE) et se trouve ainsi déformés voire même partiellement altérés ou écrasés lorsque les agents politiques accordent plus d’importance à leur capital économique qu’à leur capital symbolique pour les raisons expliquées ci-dessus.

 

Cette situation n’est pas sans analogie avec le couple conceptuel valeur d’usage/valeur d’échange développée par Marx. Dans le système capitaliste, le pôle dominant est la valeur d’échange des marchandises exprimées monétairement par leur prix. L’aliénation des partis politiques dans le cadre d’un système capitaliste de plus en plus financiarisé avec le néolibéralisme est la domination du capital économique sur le capital symbolique. Cette aliénation induit un comportement politique bien connu : l’électoralisme. L’activité politique se résume aux campagnes électorales.

 

Cette professionnalisation conduit aussi à utiliser des techniques de marketing de type commercial : appel à des agences de communication, spin doctors, utilisation des instituts de sondage pour connaître les idéologies des populations cibles et pour avoir un indice de popularité, utilisation synchrone des différents supports médiatiques pour véhiculer la bonne parole, les bons slogans, etc.

 

Les partis politiques deviennent alors des écuries de course électorale, des entreprises concurrentes se partageant les parts du marché électoral.

 

 

 

 

Tels sont les moyens mis en œuvre pour optimiser le capital économique (en maximisant le nombre de postes de pouvoir obtenus aux élections et donc les ressources financières) et l’action du champ idéologique (par l’étendue et l’ampleur des procédés de persuasion à destination des mandants, appelés plus couramment électeurs). Ce type de management politique poussé à sa logique extrême aboutit à la marchandisation du politique c’est-à-dire que le capital symbolique (positions idéologiques) devient un "argument de vente" pour augmenter le capital économique. Dans un tel cas, l’agent politique ne croit plus à ce qu’il dit mais construit des discours de toutes pièces en fonction des études sociologiques du marché idéologique électoral réalisé par les instituts de sondages.

 

Précisons maintenant la nature du champ idéologique des partis.

Nous avons défini dans un autre article comment les dominés se positionnent en quatre sous-groupes par rapport au groupe dominant "G". Nous plaçons dans le contexte historique actuel de la France. Je rappel schématiquement cette typologie.

  • Le groupe G1 est le sous-groupe des "collaborateurs" : il partage totalité des représentations de la classe dominante. Politiquement, il est constitué des partis de droite. L’extrême droite en est la roue de secours si les sous-groupes G3 et G4 deviennent plus importants que les deux premiers groupes.
  • Le groupe G2 est le sous-groupe des "collaborateurs critiques" : il partage en bonne partie les mêmes représentations que le premier groupe dans le domaine économique. Ses différences s’affirment surtout dans le domaine sociétal Politiquement, il est constitué du PS, du PRG et de EELV. Ces deux groupes partagent l’idéologie du libéralisme avec ses différentes variantes.
  • G3 est le sous-groupe que j’ai appelé "réactif" qui ne partage pas le système de représentations dominant mais qui n’a pas élaboré un système idéologique et politique élaboré de remplacement. Politiquement, il est constitué des partis dits d’extrême gauche et de la mouvance anarchiste.
  • Le sous-groupe G4 que j’ai appelé "cognitif" ne partage pas non plus les représentations sociales et politiques du groupe dominant et dispose d’un système de représentations propre alternatif. Politiquement il est constitué des partis du Front de gauche. Syndicalement, il est essentiellement constitué de la CGT, la FSU, Sud solidaire Les groupes G3 et G4 partagent une idéologie anti-libérale avec quelques variantes.

 

Le champ idéologique "CI" est donc bipolaire : libéral (L) et antilibéral (AL). Ce n’est rien d’autre que l’expression idéologique de la lutte de classe entre dominants et dominés si l’on adopte un point de vue marxiste.

 

4 – Le jeu d’alliances assujetti au capital économique est régi par le dipôle UMP –PS

a) Lorsque deux partis d’un même sous-groupe de dominés établissent une alliance, pour conserver ou accroître leur capital économique, le capital symbolique respectif de chaque parti ne se trouve pas trop altéré.La lisibilité politique reste relativement claire et la confiance des électeurs (croyances dirait plutôt Bourdieu) n’est pas trop entamée si l’alliance a été réalisée loyalement. C’est par exemple le cas de l’UMP et de partis du centre. Pour ne pas perdre un nombre de sièges importants, de nombreux centristes ont préféré se rallier à Nicolas Sarkozy et à l’UMP plutôt que de suivre de manière autonome François Bayrou et le MoDem.

 

Mais ce n’est pas toujours le cas, si l’alliance ne se réalise pas loyalement et devient conflictuelle. C’est par exemple le cas de l’alliance PS –EELV. Dans tous les cas, le parti dont le capital économique est le plus important est (ou a tendance à être) hégémonique.

 

b) Lorsque deux partis de deux sous groupes de dominés différents contractent une alliance, pour conserver ou augmenter leur capital économique, le capital symbolique de chaque parti se trouve altéré dans des proportions semblables s’ils ont un capital économique de niveau à peu près équivalent.. C’est généralement le cas pour les alliances contractées par des partis de droite et sociaux démocrates en Europe

 

Si l’un des deux partis a un capital économique beaucoup plus faible que l’autre, celui-ci voit son capital symbolique fortement altéré voire écrasé La confiance des électeurs se trouve alors fortement remise en cause. Les repères politiques sont alors brouillés C’est le cas de l’alliance PCF–PS. Au fil des alliances successives avec le PS depuis les années 1990, le capital économique et le capital symbolique du PCF ne font que décroître, pouvant même le placer derrière les partis du groupe G3 qui n’ont contractés aucune alliance avec le PS (Voir les détails statistiques cliquant ICI et LA

 

5 – Lorsque le capital économique fait exploser le capital symbolique

Lorsque l’augmentation du capital économique jusqu’à l’enrichissement personnel devient le moteur principal de l’action politique, la corruption et la violation des lois républicaines peuvent s’installer d’abord dans l’opacité puis parfois apparaître au grand jour.

 

D’autre part, la politique marketing, ponctuée de meetings extrêmement coûteux, d’une stratégie publicitaire budgétivore, peut devenir un gouffre financier pour certains partis et conduire à des conduites illégales dont on ne détaillera pas ici la variété décrite par Mediapart. Les différents scandales consécutifs à ces pratiques ont pour conséquence une quasi destruction du capital symbolique porté par certaines personnalités ou même par la totalité d’un parti dont la crédibilité alors s’effondre.

 

La situation devient alors critique pour la démocratie lorsque cet effondrement touche la quasi-totalité des partis. Et c’est effectivement le cas en France depuis ces 10 dernières années où les taux d’abstention ne font que croître pour atteindre des valeurs record.

 

Les médias parlent alors de la "crise de confiance des Français envers la classe politique". Ainsi, selon un sondage du CEVIPOF de janvier 2014, 87% des Français pensent que les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens D’autre part,69% des personnes interrogées estiment que la démocratie en France ne fonctionne pas très bien ou pas bien du tout, contre 48% en 2009. (Ce sondage a eu lieu avant l’affaire Bygmalion et la mise en examen de Sarkozy).

 

Cela fait dire au sociologue Jean-Pierre le Goff "Nous assistons aujourd'hui à l'autodestruction du monde politique".

 

 

 

 

Mais cette hypertrophie de l’importance accordée au capital économique finit par retourner celui-ci contre lui-même lorsque la justice se mêle de l’affaire et provoque alors un effondrement financier.

 

6 – Lorsque le capital économique modifie le capital symbolique par mimétisme stratégique

Comme le montrent certaines études ou reportages récents, le FN n’est pas épargné par la politique marketing et l’obsession d’augmenter son capital économique. Pour capter l’électorat populaire et se parer d’une image défendant les intérêts des travailleurs, le FN reprend à son compte un certain nombre de thématiques du Front de gauche qui constitue pour lui son principal concurrent pour ce type d’électorat. Ainsi est-il amené à modifier jusqu’à le restructurer son ancien capital symbolique destiné aux classes moyennes (commerçants et artisans, professions libérales). Cela ne l’empêche pas pour autant de conserver certains anciens marqueurs comme la dénonciation du fiscalisme, de l’immigration sauvage, etc. lui permettant en même temps de se distinguer du Front de gauche et de conserver son électorat traditionnel.

 

L’absence d’alliances électorales officielles avec l’UMP lui permet d’avoir un capital symbolique propre le présentant comme une force politique alternative possible pour une frange non négligeable de l’électorat. Cette stratégie se paye par un nombre d’élus très restreints affectant ainsi son capital économique.

 

 

- VII – Refonder le Front de gauche ? Vers un Front du peuple ? Refonder la gauche ?

 

La suite, voir : "Le Front de gauche en quête d’identité dans un contexte de crise économique et politique généralisée (2ème partie)."

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