Non ! Hamon n’est pas un "gentil" de l’aile gauche du PS.
Il est un outil du système destiné à tromper et à empêcher le basculement de la France dans une forme de résistance mondiale à l’ordre capitaliste. B. Hamon a été choisi pour jouer le même rôle qu’Obama en 2008, quand le peuple des États-Unis menaçait d’entrer en révolution après les deux mandats calamiteux de Bush le petit.
- Imaginez une seconde ce que serait la force de frappe de la République française (je ne parle pas ici de la force de dissuasion nucléaire...) si son prochain Président de la République était Jean-Luc Mélenchon !
- Imaginez le message que le peuple français, en l’élisant lui, enverrait au monde ! Nous deviendrions un pôle de résistance à l’ordre capitaliste mondial et à son vecteur impérialiste.
John Fitzgerald Kennedy, dans son discours inaugural prononcé le 20 janvier 1961, a dit ces mots : “L’énergie, la confiance, le dévouement que nous allons offrir pour rendre possible cet avenir éclaireront notre pays et tous ceux qui le servent et l’éclat de ce feu est de nature à illuminer le monde.”
Ces paroles lyriques, Jean-Luc Mélenchon, j’en suis certain, pourrait les faire siennes. Il les a d’ailleurs déjà dites - autrement - à de multiples reprises ces derniers mois. Et, comme lui, je ne doute pas que son élection réveillerait des millions de gens en France, des millions de gens qui seraient prêts à prendre leur part du combat à mener et des changements à mettre en oeuvre. Je dis cela sans ignorer ou négliger que cette élection éveillerait aussi des sentiments bien peu amicaux à notre encontre, et déclencherait contre lui, contre ses ministres, contre nos ambassadeurs, contre les nouveaux responsables supérieurs des administrations de l’État et contre nous tous, des réactions très violentes de la part du système et de ceux qui le servent. Car les “collabos” ne se déclareront pas vaincus sans avoir lutté pied à pied contre nous. Qui sait ce qui peut nous arriver ! La stratégie du choc est leur stratégie de lutte contre les peuples qui ont des volontés rebelles ! Tenez-vous le pour dit et préparez-vous-y !
Cela ne doit pas vous faire mettre un genou à terre pour autant.
Car je crois aussi qu’aucun pouvoir, aussi despotique soit-il, ne peut rien contre un peuple qui a décidé de prendre - ou de reprendre - son destin en mains ! “Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux” disait La Boétie qui ajoutait : “ Un tyran n’a de pouvoir de nuire qu’autant que les hommes veulent bien l’endurer”. “La plus grande force des tyrans est l’inertie des peuples” disait pour sa part Nicolas Machiavel tandis que Dimitris Papachristos a écrit très justement que “Celui qui attend qu’on le libère restera un esclave toute sa vie”. Louise Michel avait fait sienne cette maxime : “Le peuple n’obtient que ce qu’il prend” et dans le même esprit : “Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent” avait reconnu Pierre Kropotkine.
Un autre extrait, célébrissime, du discours inaugural de JFK disait : “Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour votre pays !”
Ce que vous pouvez faire pour votre pays - et donc pour notre peuple - c’est déjà de ne pas vous tromper le 23 avril et, si J.L. Mélenchon parvient au second tour, le 7 mai !
Ensuite, quoi qu’il arrive, c’est de rester mobilisé et éveillé.
Même si J.L. Mélenchon est élu Président de la République, vous devez tous rester sur le pont car il ne fera pas tout, tout seul. Son gouvernement ne pourra tout faire de ce que nous envisageons de faire si le peuple tout entier n’exerce pas une pression très forte pour, d’une part, pousser au cul les “timides”, et, d’autre part et en même temps, jouer le rôle de “garde prétorienne” du nouveau pouvoir sur lequel les coups ne cesseront de pleuvoir, à verse !
Il ne s’agit pas – ou il ne s’agit plus – en 2017 de simplement voter pour un Président et lui donner carte blanche. Il faut passer à une autre ère de la démocratie, et cela sans même attendre le temps où sera rédigée collectivement puis mise en oeuvre une nouvelle constitution. Dans notre façon d’appréhender le pouvoir, le principe représentatif et la délégation, nous devons devenir des adultes et donc être instruits de ce qui se fait pour bien “conseiller” et orienter celles et ceux qui décideront pour nous, en notre nom. Nous devons exiger une pratique constante de la démocratie participative en attendant que la future constitution de la 6e République nous rende tout “le” pouvoir, tous “les” pouvoirs !
Et le peuple français, s’il se comporte ainsi chez lui, redeviendrait un exemple pour le monde. Bien plus encore : si ce nouveau pouvoir, exercé au sommet par Jean-Luc Mélenchon, son gouvernement, l’administration, nos ambassadeurs et leurs services, accomplissaient l’oeuvre que nous aurions légitimée par l’élection de ce candidat-là, donc si le Président Mélenchon et les pouvoirs publics français entamaient, dès le 8 mai, un dialogue nouveau avec ces États européens, africains, asiatiques, sud-américains qui sont nos alliés naturels, bien plus que d’autres avec qui nous sommes actuellement liés, et si la France commençait à parler au monde au nom des peuples insoumis, des peuples opprimés et des nations dont le vocable officiel dit qu’elles n’ont pas encore “émergé”, peut-être même que la France ne serait plus seulement un “exemple” comme je l’ai dit ci-dessus, mais un véritable “phare”, dans l’esprit kennedyen du premier extrait que j’ai cité plus haut !
D’autres pays dans le monde ont amorcé cette résistance et cette reconquête.
Et même si nous ne nous retrouvons pas entièrement en eux, il serait utile et profitable à tous que nous travaillions de concert avec eux pour vaincre ces oligarchies capitalistes qui ont repris le contrôle du monde, alors qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les peuples étaient entrés, pour certains d’entre-eux, notamment en Europe, dans une ère de progrès, progrès qui a été interrompu dans les années 70 et qui n’a cessé d’être déconstruit, pierre après pierre, les pouvoirs politiques de nos pays se dessaisissant de leurs prérogatives au profit soit des entreprises, soit de structures politiques et juridiques illégitimes, tout ceci bien sûr en violation constante des volontés populaires si souvent exprimées.
Mélenchon n’est pas le candidat idéal ? Faudrait-il qu’il le soit pour que nous le soutenions ?
Alors, il est vrai que certains d’entre vous pensez que J.L. Mélenchon n’est pas le candidat idéal. Sans doute n’est-il pas parfait. Sans doute défend-il parfois des positions qui ne sont pas les vôtres. Nous sommes un peuple divers et il est donc logique que nous ne pensions pas tous la même chose sur tous les sujets. Moi-même, je ne suis pas le doigt sur la couture du pantalon vis-à-vis de J.L. Mélenchon quand je le trouve trop timide sur la question européenne ou sur certains thèmes économiques et sociaux.
Pour autant, et j’insiste sur ce point, quelle alternative avons-nous ? Je n’en vois aucune. tous les autres candidats en situation de parvenir au second tour sont détestables, soit par leur projet, soit par leur passif.
Alors, certains me disent que ce genre de discours, c’est finalement appeler à soutenir "le moindre mal". Je ne suis pas d’accord ! J.L. Mélenchon, ce n’est pas le moindre mal ! C’est un bien ! Ce n’est peut-être pas "le" bien, mais c’est un plus grand bien, comparé à ce que nous vivons depuis le début de la mise en oeuvre de la stratégie du choc.
- J.L. Mélenchon – ce n’est pas rien, d’autant qu’il est le seul à le proposer parmi les "grands" candidats – s’engage à organiser une Constituante, c’est-à-dire à rendre au peuple son pouvoir constituant. Via des représentants élus et tirés au sort (selon des conditions et modalités à définir), nous, le peuple français, réécrirons notre constitution et ainsi nous déciderons du type de régime que nous voulons, des droits nouveaux que nous nous reconnaissons, des obligations que nous acceptons, et de celles que nous imposerons à tous nos représentants et à tous les détenteurs d’une parcelle de pouvoir dans l’État, les collectivités locales, les entreprises...
- J.L. Mélenchon est le seul à s’engager à cela et c’est ce qui est le plus fondamental pour moi, au-delà de l’accord que je peux avoir avec lui sur une très large partie de son projet. Aussi longtemps qu’une révolution au sens traditionnel n’éclate pas pour que le peuple reprenne par la force le pouvoir qui lui a été enlevé par la loi, il n’y a que la loi pour défaire la loi et la refaire, à commencer par la loi fondamentale, la constitution ! Et donc les urnes ! Pour que celui qui présidera le régime, et celles et ceux qui seront envoyés dans nos institutions pour faire la loi, soient les bonnes personnes... Au-delà de la question du projet, d’autres paramètres seront à prendre en compte, avec la plus grande attention. Car si, dans les prochaines semaines, se confirme la montée en puissance et en crédibilité du candidat Mélenchon, ne doutez pas que se rallieront à lui les amis du dernier jour, ceux qui n’en sont pas, et qui se rapprochent seulement d’une force de nature à sauvegarder leurs propres intérêts ! Ceux-là, nous les repérerons aisément. D’ailleurs, ici ou là, il y en a déjà qui se font remarquer... Il est si facile de les reconnaître...
Cet engagement de faire la Constituante et tout ce qui a été dit par J.L Mélenchon à ce sujet, de même que certaines déclarations, plusieurs fois répétées, quant à ce qu’il envisage de faire lui-même, indiquent - sauf à l’accuser de mensonge - qu’il sera fidèle à l’esprit nouveau qu’il essaie, depuis deux ans au moins, de faire souffler sur le pays. Ce nouvel esprit non pas tant des lois que du pouvoir, est en phase avec son temps. J.L. Mélenchon, sur ce sujet comme sur bien d’autres, a saisi ce qui fait notre temps et essaie d’y adapter la manière de gouverner et de traiter avec le peuple. Qui d’autre que lui, aujourd’hui, parmi les “grands” candidats susceptibles de parvenir au second tour dans notre inique système électoral de monarchie présidentielle, a choisi d’adopter la même ligne de conduite ? Cherchez bien, vous ne trouverez personne !
Le système politique que propose J.L. Mélenchon et la France insoumise dans le projet L’Avenir en commun, c’est notamment que chaque citoyen, quelles que soient ses opinions, ses préférences, ses affinités, ou à l’inverse ses aversions... pourra prendre sa part dans le débat politique de la nation ou de son territoire, et participer à la prise de décision juridique. Et sur cette base, les politiques menées seront alors de nouveau le reflet de la volonté populaire et nos lois (comme les délibérations de nos assemblées locales) deviendront vraiment l’expression de la volonté générale dans l’esprit de Jean-Jacques Rousseau.
En conséquence, sauf si vous êtes partisans du système actuel de confiscation du pouvoir par quelques-uns, je pense que vous devriez appuyer Jean-Luc Mélenchon, quel que soit votre sentiment à son sujet, car il vous donnera, à vous aussi, la possibilité concrète de vous exprimer et de prendre votre part, quand bien même vos opinions politiques ne seraient pas les siennes. Vous pourrez, grâce à lui, peser sur la décision après que de larges débats aient été organisés et souvent des votes directs car, il l’a souvent répété, “Nous voterons beaucoup désormais”. Réfléchissez à cela.
Enfin, pour conclure, je dirais que ses opinions à lui, comme les miennes, et comme celles de toute la France insoumise, opinions qui sont aussi partagées très au-delà de ce mouvement citoyen qu’est la France insoumise, c’est de rendre le peuple français libre, indépendant, souverain, à l’intérieur du pays, comme à l’égard des autres pays du monde. Or redevenir ainsi, libres, indépendants et souverains, nécessite des ruptures géopolitiques et géostratégiques majeures (telles que sortir de l’OTAN et de l’UE mais aussi de la Banque Mondiale, de l’OMC et du FMI par exemple, tout en renforçant l’ONU, contrairement aux velléités du nouveau Président et du Congrès des États-Unis dont il est fait mention dans la presse depuis quelques jours) et aussi des ruptures avec la trame économique, politique et culturelle qui guide notre pays depuis trois décennies, ce qui nous impose de restaurer le plein pouvoir économique et monétaire de nos institutions nationales et le plein pouvoir du peuple dans tous les domaines de la vie publique, sans oublier le plein pouvoir des travailleurs dans l’entreprise, afin que nous puissions mettre en oeuvre notre projet de progrès pour tous, cet “Avenir en commun” que nous proposons comme ferment national et républicain pour les 5 ans à venir.
Pour en savoir plus :
- Mon dossier : Primaires - Elections présidentielles 2017
- Laurent Binet : « Une vraie gauche pourrait accéder au pouvoir »