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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 08:25
Pourquoi préférer une monnaie commune... à une monnaie unique ?

Vouloir sortir de l’euro est une idée qui se défend. Mais elle n’est pas une fin en elle-même. Ne nous cachons, pas malgré ses faiblesses – qui seront rappelées plus tard – la monnaie unique possède un avantage : à défaut d’être un instrument de coopération économique, elle rend au moins impossible toute guerre monétaire au sein de la zone.

De plus, il est évident qu’une sortie non réfléchie peut avoir des effets désastreux aux niveaux économique et humain. Pour finir, il est essentiel de noter que nos gouvernements n’ont pas attendu l’euro, ni même le Serpent Monétaire Européen (SME), pour mener des politiques libérales.

En ce sens, nous pouvons affirmer avec Jacques Nikonoff qu’il « existe aujourd’hui une sortie de l’euro par la droite et même par l’extrême droite, et une sortie par la gauche »[1].

L’objet de cette brève est donc de présenter modestement une alternative réaliste et internationaliste à la monnaie unique permettant une sortie du capitalisme (sans être pour autant suffisante) : la monnaie commune.

 

Sources :  LA GAUCHE D'OPPOSITION par Kévin Victoire le 24 février 2014

- La Monnaie unique : concept et faiblesses

La nécessité de créer une union monétaire apparaît dès les années 1970. La fin du système de Bretton Woods[2] en 1971 favorise un retour de l’instabilité monétaire au niveau mondial. Dans une mondialisation sauvage qui se réorganise, les Etats se livrent à des « guerres monétaires » en dévaluant afin de gagner en compétitivité. Une fois généralisé, ce jeu ne fait que des perdants. C’est pourquoi, le Serpent Monétaire Européen né en 1972 afin de limiter les fluctuations entre les monnaies européennes. En 1979, il laisse sa place au Système Monétaire Européen, qui s’avère inefficace, les devises européennes sont victimes de spéculations qui les déstabilisent. L’euro est officiellement créé par le Traité de Maastricht de 1992. Il est introduit de manière immatérielle le 1er janvier 1999 et le 1er janvier 2002 de façon matérielle.

 

Dès le départ, la création de la monnaie unique pose divers problèmes. Le premier bémol à sa mise en œuvre provient de la théorie économique. Dans les années 1960, Robert Mundell, économiste canadien lauréat du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 1999, développe la « théorie des zones monétaires optimales ». Cherchant à comprendre sous quelles conditions une union monétaire peut devenir bénéfique, l’économiste met plusieurs critères en avant. Une zone monétaire est optimale si les économies qui la composent sont structurellement proches et qu’elles échangent beaucoup ensemble : le but étant que cycles soient homogènes dans toute la zone et ainsi de permettre une politique monétaire bénéfique à tous les pays ou toutes les régions. Si ces premières conditions ne sont pas respectées, il faut une grande mobilité des facteurs de production (capitaux et travailleurs très élevés), afin d’accommoder les chocs conjoncturels asymétriques. Si nous pouvons noter que ces conditions ne sont pas réunies en Europe, les États-Unis ne respectent pas non plus réellement ces critères – de grandes disparités existent entre les États et bien que supérieure à la zone euro, la mobilité des travailleurs reste insuffisante. Cependant, les États-Unis bénéficient d’une politique budgétaire fédérale permettant de combler ces lacunes. Le budget européen – 6 fois plus faible que le seul budget français – est évidemment insuffisant. Au jour d’aujourd’hui, le fédéralisme ne semble clairement pas une solution raisonnable pour une simple évidence : il n’existe pas de peuple européen[3] sur lequel une vraie démocratie pourrait se fonder[4]. Au moment de la mise en place de la zone euro, toutes ses choses étaient parfaitement sues[5]. Mais bizarrement la théorie économique s’adapte au projet européen dans les années 1990. Une nouvelle approche, dite des « critères endogènes », énonce que l’union monétaire produit d’elle-même les conditions de son optimisation. Si cette théorie a pu sembler se vérifier un moment[6], il est aujourd’hui clair que l’euro est un facteur de divergence, comme l’énonce le « Nobel » Paul Krugman [7].

 

Mais l’euro n’est pas qu’un instrument économiquement défaillant, c’est aussi une arme néolibérale. D’après le président de Démocratie libérale et ex-ministre chiraquien, Alain Madelin : « Le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour à l’expérience socialiste pure et dure. » En effet, l’euro peut être vu comme le mark – ancienne monnaie des Allemands – généralisé à la zone monétaire. Il traduit ainsi du modèle ordolibéral[8] germanique. L’obsession anti-inflationniste de la Banque Centrale Européenne (BCE), quand la plupart des autres grandes banques centrales se préoccupent aussi du plein emploi, en est par exemple le parfait exemple.

 

 

- Pourquoi une monnaie commune ?

Transformer l’euro actuel en monnaie commune – solution proposée par Frédéric Lordon ou Jacques Sapir ou encore Yves Dimicoli pour le PCF le 31 mars 2000 mais aussi Christian Picquet et Bruno Moschetto sans oublier Dominique Garabiol et le Parti de Gauche - peut être une réponse à ces diverses difficultés. Le principe peut sembler complexe à première vue. La monnaie commune est une sorte de SME amélioré. Dans ce système, chaque pays possède sa propre monnaie nationale (des « euros-francs », « euro-lires », …). Celles-ci ne sont pas cotées sur les marchés boursiers et ne sont donc pas soumises aux spéculations des financiers. Elles ne sont pas non plus convertibles directement entre elles mais uniquement au guichet de la BCE avec la monnaie commune (nouvel euro). Cette dernière servirait de moyen de paiement avec les monnaies extérieures à la zone et serait placée sur les marchés financiers. Dans ce contexte, les parités monétaires sont fixes et révisées régulièrement, de telle sorte que les balances courantes[9] sont constamment équilibrées entre les pays européens. Le rôle de la BCE est donc de maintenir les parités. La monnaie commune présente l’avantage de rendre aux États leur liberté en matière de politique monétaire. Il permet aussi d’éviter les pièges des triangles d’incompatibilités de Mundell[10] et de Rodrik[11]. Mais surtout, la monnaie commune met partiellement fin à la guerre économique généralisée à laquelle s’adonnent les pays européens et laisse des marches de manœuvre suffisantes aux États pour mener une politique antilibérale.

 

La souveraineté économique et monétaire est la condition sine qua non à une réussite du programme économique du Front de gauche – et de tout programme de gauche radicale. La transformation de l’euro de monnaie unique à monnaie commune semble indispensable. De manière concertée, elle minimise les coûts non négligeables de destruction de la devise européenne[12]. Elle permet ensuite de perpétuer une solidarité européenne fragile. Cependant, il est fort probable que tous les États de la zone n’acceptent pas cette proposition – voire la rejettent tous. Dans ce cas, il faudra le courage de sortir unilatéralement de la zone en donnant aux autres économies européennes la possibilité de nous rejoindre, afin de construire autre chose.

 

 

- Invité de notre émission «En direct de Mediapart», l'économiste Frédéric Lordon est revenu sur son dernier ouvrage : La Société des affects – Pour un structuralisme des passions.

 

Notes :

[1] Jacques Nikonoff – La confrontation : Argumentaire anti-FN

[2] Signés en 1944, les accords de Bretton Woods ont pour but de réguler les relations monétaires ainsi que de favoriser la reconstruction et le développement des pays touchés par la guerre.

[3] A ce sujet, les travaux d’Emmanuel Todd – notamment sur les systèmes familiaux – montrent que de grandes disparités anthropologistes subsistent entre les pays européens.

[4] Selon le philosophe et ex-révolutionnaire Régis Debray, une société ne peut se fonder que sur une transcendance. Avec des langues, institutions et cultures différentes, les peuples européens en sont loin actuellement.

[5] Au point, qu’en 1989, deux rapports, l’un du français Édouard Balladur et l’autre du britannique John Major, peu suspects de gauchisme ou d’extrémisme nationaliste, dénonçaient les faiblesses d’une hypothétique monnaie unique et préconisaient une monnaie commune.

[6] Les divergences ont un moment été masquées par une forte inflation dans les pays du sud de la zone, à PIB plus faible, favorisant un faux rattrapage.

[7] Selon lui, la monnaie unique à surtout pour but de concentrer les industries, les différentes régions profitant un maximum de leurs avantages comparatifs.

[8] Courant de pensée dominant en Allemagne, selon lequel le rôle de l’État est de créer et maintenir un cadre normatif permettant de favoriser la liberté économique.

[9] Solde des flux monétaires d’un pays résultant de ses échanges internationaux de biens et services, transferts courants et revenus.

[10] Ce principe développé par Robert Mundell et Marcus Fleming stipule qu’une économie ne peut pas avoir simultanément un régime de change fixe, une politique monétaire autonome et une parfaite liberté des capitaux. Une fois ce concept énoncé, l’échec du SME devient plus clair.

[11] S’inspirant de Mundell et Fleming, Dani Rodrik, économiste à Harvard, énonce qu’il est impossible d’avoir simultanément des États souverains, un régime démocratique et une zone parfaitement mondialisée. Ce triangle d’incompatibilité pose clairement  problème de la démocratie en zone euro.

[12] Jacques Sapir estimait fin 2012 les coûts techniques entre 300 et 700 millions d’euros. Un montant largement supportable.

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Euro

- Résolution du Parti de Gauche sur l’euro

Guillaume Etievant - Parti de Gauche : "Soyons prêts à sortir de l'euro....via l’instauration d’une monnaie commune"

- Yves Dimicoli PCF : Euro : impasse de la monnaie unique, espace pour une monnaie commune par

- Christian Picquet : "Il faut ouvrir le débat sur l'euro comme monnaie commune"

- Bruno Moschetto : Passer de la monnaie unique à la monnaie commune

- Dominique Garabiol : "La monnaie unique est déjà morte. Vive la monnaie commune!"

- Pour une monnaie commune sans l’Allemagne (ou avec, mais pas à la francfortoise) par Frédéric Lordon

- Sortir de l’euro ? par Frédéric Lordon

- Les scenarii de dissolution de l’euro par Jacques Sapir et Phillipe Murer

- Crise  l’euro : la perspective d’une monnaie commune européenne comme solution par Jacques Sapir

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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 08:10
Faut-il sonner le glas des 35 heures ? « Il n’y a jamais eu autant d’emplois créés qu’avec les 35 heures »

Source : AlterEcoPlus

- Les 35 heures fêtent leur 15 ans de mise en application.

Elles continuent malgré tout à faire l'objet d'attaques régulières de la part de responsables politiques, de droite comme de gauche.

 

La dernière venant d'Emmanuel Macron à l'occasion de l'université d'été du MEDEF alors que Mannuel Valls entend pour sa part "réformer le Code du Travail".

 

Je vous présente une vidéo "2 minutes pour comprendre" afin d'en finir avec le procès récurrent des 35 heures.

 

 

- C'était déjà en 2011, et cette fois là, c'était manuel Valls qui attaquait les 35H

Pour Jean-Luc Mélenchon, la polémique ouverte par les propos de Manuel Valls sur Europe 1 au sujet des 35 heures est d'autant plus inquiétante que le maire d'Evry est assez peu contredit au PS.

 

Pour en savoir plus :

- Entretien avec Barbara Romagnan (Députée PS, rapporteuse de la Commission d'enquête parlementaire sur l'impact de la RTT) : « Il n’y a jamais eu autant d’emplois créés qu’avec les 35 heures »

- Les 35 heures ont créé 350 000 emplois, affirme un rapport caché de l'Igas 

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 08:14
Le Parti de Gauche lance un appel : "Pour un sommet internationaliste du plan B"

Sources : le Parti de Gauche le 18/08/2015 par Eric Coquerel Co-coordinateur politique

- Le 3ème mémorandum imposé à la Grèce en échange d’un nouveau prêt de 86 milliards d’Euros a donc été adopté à la fois par le parlement Grec et par les pays de l’Eurogroupe.

Nous l’avons analysé dès sa sortie : il est pire que celui soumis au vote du référendum du 5 juillet. Il est même pire que les mémorandums précédents contre lesquels la victoire de Syriza s’était bâtie. Il va donc accroître l’austérité dans une Grèce sous perfusion, privée de tout moyen de relancer son activité économique. Impossible dans ces conditions d’éviter l’aggravation de la récession.

 

 

- Jusqu’au bout les responsables allemands auront menacé de ne pas valider l’accord.

Comme s’ils faisaient un cadeau mirifique à la Grèce. Pour justifier ce jeu de massacre, des responsables de l’Eurogroupe auront, la mine grave, expliqué que « les sommes prêtées sont conséquentes ». Que dire quand on sait que l’évasion fiscale coûte 1000 milliards d’euros aux peuples de l’UE sans émouvoir un instant ses mêmes instances dirigeantes ?

 

 

- Les sommes en jeu n’expliquent donc pas la rigidité de l’Eurogroupe vis à vis de la Grèce : il s’agit de questions politiques.

Il leur fallait punir et humilier le gouvernement de la gauche radicale en Grèce coupable de s’être opposé six mois durant à l’ordo-libéralisme et d’avoir indiqué la possibilité d’une nouvelle voie en Europe. Il fallait non seulement l’amener à la capitulation mais réclamer de lui qu’il fasse au moins mine de se soumettre à la logique politique de ses vainqueurs. D’où cette phrase dans l’accord reconnaissant dans la politique menée par Athènes les seules raisons de la situation du pays. Toute proportion gardée, les procès de Moscou ont eu recours à de pareilles méthodes…

 

 

- Il fallait aussi placer la Grèce en situation de rembourser les intérêts et les créances des financiers.

C’est d’ailleurs, une fois encore, à cela que servira la quasi-totalité des 86 milliards peut-être prêtés. Nous disons "peut-être" car comme le montre l’analyse de Romaric Godin dans un de ses excellents articles pour la Tribune, l’Eurogroupe peut à tout moment interrompre le goutte à goutte… (à lire ici)

 

 

- Derrière l’accord, il y aussi des promesses d’affaires juteuses.

L’obligation faite à la Grèce de privatiser plusieurs secteurs la contraint à brader (le couteau sous la gorge on ne vend jamais très cher) des pans entiers et rentables de son économie pour le bonheur de grands groupes et/ou puissances étrangères : électricité, eau, aéroports ou encore les ports du Pirée ou de Thessalonique,etc…. Les deux derniers exemples sont éclairants. Le tourisme dans les îles fait des 14 aéroports régionaux privatisés des opérations extrêmement rentables. On s’étonnera à peine que la mise ait été raflée par l’entreprise allemande Fraport pour seulement 1,2 milliard d’euros

 

Quant au port d’Athènes, il est le premier au monde en terme de trafic maritime (et le 10ème toutes catégories)… Derrière cet accord c’est donc un véritable dépeçage de la Grèce en cours : un colonisation de fait.

 

 

- Alexis Tsipras a du compter sur les voix de son opposition pour faire passer son plan au parlement, de plus en plus de députés de Syriza lui ayant fait défaut.

On aura compris pourquoi. Ce sont les mêmes raisons qui avaient poussé, le 13 juillet, le PG à demander aux parlementaires français de voter contre, bientôt suivi par les partis de l’autre gauche en France et la plupart en Europe. Le bilan, on l’a vu, est en effet catastrophique. Il l’est aussi d’un point de vue démocratique puisque l’accord voté revient sur le mandat du gouvernement Syriza. Pour le moment, Alexis Tsipras garde dans son pays encore un crédit certain. Il est en effet, justement, considéré comme un responsable politique honnête dans un milieu largement corrompu. La colère du peuple grec se tourne davantage vers les pays jugés les plus responsables de cette situation, l’Allemagne évidemment en tête. Cela ne durera sans doute pas quand les conséquences concrètes de ce 3ème mémorandum se feront sentir dans un pays déjà exsangue. La bonne nouvelle c’est qu’au sein de Syriza, le débat a lieu. L’heure de la résignation n’a pas sonné pour l’autre gauche grecque. On suivra donc attentivement son congrès en septembre. Et il serait étonnant que la magnifique résistance du peuple grec contre la Troïka tout au long de ces six mois se soit évaporée. Difficile d’en dire plus aujourd’hui, mais incontestablement la question grecque n’est pas derrière mais devant nous. L’irresponsabilité économique du 3ème mémorandum laisse de toutes façons le problème entier.

 

 

- Pour autant, nous ne ferons pas dans la langue de bois

Pour l’autre gauche européenne cette défaite est une rude nouvelle. Les avancées des uns sont en effet des points d’appui pour tous les partis de l’autre gauche en Europe. La superbe résistance du gouvernement Tsipras constituait un tremplin pour Podemos en Espagne dès les prochaines législatives et pour nous ensuite. Et ainsi de suite. Sa capitulation est donc une mauvaise nouvelle. Elle le sera encore plus si nous ne sommes pas capable d’en tirer des leçons et, donc, des propositions.

 

 

C’est pourquoi nous mettons aujourd’hui sur la table un

sommet du plan B.

 

 

 

 

  • Cette proposition part d’un constat : l’échec de Tsipras vient, justement, de l’absence de plan B.

En entrant dans les négociations sans plan crédible de sortie de l’Euro-Mark au cas où l’Eurogroupe n’accepterait aucun compromis, les négociateurs grecs se mettaient, malgré leur ténacité et le soutien toujours plus massif de leur peuple, en grande difficulté. Yanis Varoufakis l’a très bien expliqué depuis. L’échec de Tsipras, c’est celle d’une ligne qui espère réformer l’UE, même radicalement, en tablant in fine sur le bon vouloir des autres pays européens. Si on considère le rapport de force en défaveur de la Grèce (seulement 14ème pays de l’UE sur le plan économique, la Grèce compte en outre beaucoup sur les importations), Tsipras et ses négociateurs ont d’ailleurs plutôt bien joué cette phase en tablant au maximum sur les contradictions internes à l’UE et en recherchant l’appui de la France. En mobilisant aussi son peuple comme l’a montré le référendum.

  • Toute cette période a eu l’immense mérite de déciller les yeux à beaucoup sur l’intransigeance de Mme Merkel et des pays satellites de l’Allemagne.

Mais également sur la réalité de l’UE. Je devrais plutôt dire sa fiction. Il s’avère en effet que derrière la façade de l’UE, la géopolitique entre les puissances européennes reste prédominante. Et dans cette tectonique européenne c’est l’Allemagne qui impose ses vues. On ne construit en réalité pas l’UE mais une Europe allemande. Avant juillet, affirmer cette vérité vous valait d’être traité de germanophobe, aujourd’hui elle est monnaie courante. Or comprendre la situation à laquelle vous devez faire face est déjà la base pour espérer la transformer. Parler d’Europe allemande n’est pas pointer du doigt une nation tout entière mais l’ordo-libéralisme que promeuvent ses dirigeants au nom des intérêts de son électorat et plus précisément de ses possédants : celle d’un Euro fort et d’une politique monétariste propre à assurer la croissance allemande par une politique d’exportation agressive tout en rassurant ses rentiers. Et parce que les traités de l’UE sont conçus pour cette politique, on a la confirmation que rien ne sera possible dans le cadre actuel. On ne peut réformer, il faut agir pour casser ce carcan. C’est la condition même pour sortir les peuples européens de l’ornière austéritaire et relancer un projet coopératif entre eux.

  • En se privant de tout recours au plan B, confronté à un terrible blocus financier de son pays, Alexis Tsipras ne pouvait espérer même ébrécher le mur.

Mais force est de constater que le gouvernement grec a été bien seul dans ce qui reste à ce jour la première tentative d’un gouvernement européen de résister à l’Europe austéritaire. A l’inverse, face à lui l’oligarchie était, elle, bien unie. Alors que l’enjeu était grand pour les peuples d’Europe, nous n’avons jamais été plus de quelques milliers a manifester notre solidarité au cours de la période. Pire, nous n’avons pas été en capacité d’aider M. Tsipras sur le fond, sur les négociations, sur les solutions à trouver, sur la manière d’échafauder un plan B crédible aux yeux du peuple et dont les conséquences ne menacent pas d’être pires que la soumission. Le PGE aurait pu jouer ce rôle. Il n’a pas été en capacité de le faire, sans doute parce qu’envisager, ne serait-ce que comme moyen de pression, de sortir de l’Euro ne fait pas partie de ses scénarios dominants.

 

L’heure est venue pourtant de tourner la page.

 

 

 

 

Depuis plusieurs années le PG travaille sur un scénario « plan A/plan B » (à savoir : l’action d’un gouvernement mixant désobéissance/négociation avec les traités pour transformer radicalement l’UE - le plan A, avec celui de sortie de l’Euro en cas d’intransigeance en face - le plan B). Depuis les conclusions de notre forum de juin 2010 animé par Jacques Généreux (« gouverner face aux banques ») qui en traçaient déjà les perspectives sans le nommer, jusqu’à la plateforme de notre Congrès de juillet dernier précisant encore davantage ce que pourrait être ce scénario, en passant par les différentes déclarations de Jean-Luc Mélenchon et les travaux de notre commission économie animée par Guillaume Etiévant, le PG a largement contribué à le populariser.

 

 

- Aujourd’hui des responsables politiques européens l’évoquent clairement (tels Yanis Varoufakis ou Oskar Lafontaine).

Il faut donc travailler à le crédibiliser toujours plus. Mais on ne peut le faire chacun dans notre coin. Notre vision du plan B est internationaliste. Il ne s’agit pas de s’en tirer au mieux dans chacun de nos pays en comptant sur les marges de manœuvre plus ou moins fortes que sa puissance économique, son poids démographique lui donnent. Bien sûr, il est plus aisé de concevoir un plan B en France en sachant que le chantage qui a été exercé sur la Grèce serait moins efficace vis-à-vis de la 2ème puissance économique de l’UE. Mais à l’inverse, il sera beaucoup moins facile aux partisans de ce scénario que nous sommes d’accéder au pouvoir pour le réaliser si un à un nos partenaires de l’autre gauche en capacité de gouverner finissent par accepter les diktats de Bruxelles et Berlin. Voilà pourquoi, dès maintenant, en prévision de ce qui peut se passer en Espagne, en Irlande mais pourquoi pas de nouveau en Grèce selon l’évolution de la situation politique, il faut travailler concrètement tous ensemble à un plan B tenant compte des caractéristiques de chaque pays.

 

 

- C’est là notre proposition : un sommet internationaliste du plan B dès le dernier trimestre 2015.

Il réunirait toutes les forces de l’autre gauche de l’UE acceptant de travailler et de réfléchir concrètement à ce scénario, des personnalités, des économistes, des syndicalistes, des militants associatifs, altermondialistes.

 

  • Il pourrait évidemment voir associer des forces de pays non membres de l’UE mais voisins, y compris de l’autre côté de la Méditerranée, intéressés par cette internationalisme concret.
  • Il faut aller vite. Nous allons donc soumettre cette idée dans les jours à venir à des personnalités politiques de premier plan de nos différents pays afin qu’ils la fassent leur et appellent à ce sommet.
  • Ce qui vient de se passer en Grèce ne sera pas vain, et même utile, si nous sommes ainsi capables de réagir. Il est plus que temps de franchir un cap.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Le débat pour un "Plan B" à la fête de l'Humanité 2015

Le 12 septembre à la Fête de l'Humanité, Stefano Fassina (député, ancien vice-ministre de l’Economie et des Finances en Italie), Oskar Lafontaine (ancien ministre des Finances en Allemagne, co-fondateur de Die Linke Allemagne), Yanis Varoufakis (député, ancien ministre des Finances en Grèce) et Jean-Luc Mélenchon organisaient un débat pour un plan B en Europe.

 

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 13:15
Grèce, pourquoi la "capitulation" de Tsipras par Eric Toussaint

Mis à jour le 21 août 2019

Eric Toussaint[1] président du comité d'annulation de la dette donne une conférence à Lasalle ( Gard) sur la situation en Grèce . Il explique à partir de son expérience personnelle auprès du gouvernement Tsipras pourquoi, selon lui, celui-ci a capitulé devant le diktat de la troïka.

 

- Grèce : pourquoi la capitulation ? Une autre voie est possible

Version texte de la vidéo ci dessus.... ICI

Éric Toussaint analyse de manière critique l’attitude de Syriza en ce qui concerne la dette depuis 2010, pour expliquer comment le gouvernement grec en est venu à signer l’accord funeste du 13 juillet 2015. Une des explications fondamentales est la non prise en compte de l’audit de la dette qui aurait pourtant permis, en suspendant son paiement, de ne pas se soumettre aux diktats des créanciers. Éric Toussaint présente un plan B portant sur la dette, les banques, l’austérité, la monnaie et la fiscalité.

 

Note

[1] Éric Toussaint...... Depuis avril 2015, Éric Toussaint est le coordinateur scientifique de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque. Cette commission a été créée par la présidente du parlement grec.

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Grèce

- Synthèse du rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque

- Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à Bruxelles

- L'alternative à l'austérité

- La trahison de Tsipras ?

- Tsipras ne capitule pas il poursuit sa strategie

- Dette grecque : Alexis Tsipras aurait-il pu agir différemment ?

- LA RESPONSABILITÉ DE TSIPRAS DANS LE DÉSASTRE GREC

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 08:21

- On en débat !

Économie circulaire, autonomie hydrique et énergétique, écart salarial de 1 à 4 sans dividendes redistribués à des actionnaires....une " économie" exemplaire ?

 

Analyse par Emmanuel Druon[1]

Note :

[1] Entre écologie et compétitivité, Emmanuel Druon, président de Pocheco, fabricant d’enveloppes de gestion, a fait le choix de l’écolonomie. Un modèle de croissance, vertueux et responsable, qui préserve la planète et les hommes et lui assure 70 % des parts de marché en France.


En 15 ans, Emmanuel Druon, président de Pocheco, PMI qui fabrique des enveloppes de gestion depuis 1928, a fait passer sa production annuelle de 850 000 à 2 milliards d’unités. La recette du succès ? “L’écolonomie”, ou comment être compétitif tout en préservant la planète et les hommes. Pour lui, s’engager dans le développement durable est un moyen de réaliser des économies, de réduire la pénibilité des postes pour ses salariés et de se démarquer sur un marché ultra-concurrentiel. « Nous détenons 70 % des parts de marché sur notre secteur en France, contre 50 % en 2005 », revendique-t-il. Parmi ses 300 clients, on retrouve les grands comptes du secteur bancaire et de l’assurance, les opérateurs téléphoniques, les producteurs et distributeurs d’énergie… Depuis son arrivée à la tête de l’entreprise en 1997, puis son rachat en 2008, Emmanuel Druon se donne les moyens de son ambition. Les bénéfices sont intégralement réinjectés dans la PMI. Chaque année, 5 à 10 % du CA sont dédiés à la modernisation de l’usine. Les investis-sements répondent à trois objectifs : limiter l’impact sur l’environnement, augmenter la compétitivité et améliorer les conditions de travail. Du choix des matières premières à l’utilisation de produits non toxiques, en passant par la maintenance préventive des équipements et la gestion des déchets, il repense l’ensemble de la chaîne de production. Son obsession : la qualité du produit et du service rendu. Résultat, les enveloppes Pocheco sont 100 % recyclables et l’appareil de production est optimisé. L’usine décroche d’ailleurs plusieurs certifications (ISO 9001, OHSAS 18001 et ISO 14001). De plus, Emmanuel Druon investit dans sa propre station d’épuration et une bambouseraie pour traiter, filtrer et réutiliser les eaux usées. En 2008, il fait remettre en état les 13 000 m² de toiture du site et y fait installer 2 000 m² de revêtement végétal, 600 m² de panneaux photovoltaïques, des ruches et des puits de lumière pour économiser sur l’éclairage, soit 200 000 euros d’économies d’énergie par an.


Cet engagement, il le raconte dans Écolonomies, entreprendre et produire autrement, publié en 2012, dont les bénéfices sont reversés à l’association Pocheco Canopée Reforestation, œuvrant pour le reboisement du Nord-Pas-de-Calais. Il a également ouvert, en 2012, Pocheco Canopée Conseil, société B to B de conseil en écolonomie, et souhaite ouvrir la Maison de l’écolonomie pour sensibiliser le grand public. « En Californie, il y a la Silicon Valley. Ici, ce sera la “vallée de l’écolonomie” ! », espère ce dirigeant, tout sauf timbré !

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 09:27
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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 08:09
La machine de la terreur (“Quotidien des Rédacteurs” du 2 juillet 2015)

La machine de la terreur (“Quotidien des Rédacteurs” du 2 juillet 2015)

La (brève) campagne pour le référendum grec aura achevé de faire tomber les derniers oripeaux de l’idée démocratique à l’occidentale. Et confirmé la dérive clairement totalitaire d’une élite dirigeante aux abois.

 

Sources : Politis.fr le 03 juillet 2015

- A-t-on jamais vu pareil déchaînement contre un gouvernement ayant décidé de consulter ses citoyens quant au chemin délicat qu’il entendait emprunter ?

  • Intrusion grossière dans un processus démocratique avec des appels, que dis-je, des injonctions à voter oui de la part des autorités européennes :

« Un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe »

(Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne).

 

 

  • Menaces ouvertes de représailles en cas de vote contraire à ces injonctions, comme celle de Jeroen Djisselbloem, président de l’Eurogroupe, avertissant que toute négociation serait close si la Grèce vote "non".
  • Appel sans phare à un coup d’État : Martin Schultz, président du Parlement européen, ne vient-il pas d’exprimer son souhait de « voir la fin de l’ère Syriza en cas de victoire du "oui"aux réformes, pour qu’un gouvernement de technocrates puisse être formé » ?
  • Mensonges éhontés pour appuyer des arguments comme cette déclaration du ministre français Sapin invoquant de prétendues interventions de pays jaloux des "largesses" accordées par le FMI à la Grèce (affirmations solennellement démenties par les intéressés, l’Argentine et le Brésil, ceux-là prenant au contraire fait et cause... pour le gouvernement Tsipras !).
  • Pressions intérieures tout aussi brutales comme ce chantage révélé par Panagiotis Grigoriou sur son site Greek Crisis : en juin, des entreprises privées grecques n’ont payé que la moitié des salaires de leurs employés, en menaçant ces derniers de s’exposer à des licenciements massifs en cas de victoire du "non".

- La répression comme ultime méthode de gouvernement

Mais ces dangereuses dérives ne se limitent pas au seul cas grec. Celui-ci n’est au contraire que le point d’achèvement de l’idée démocratique à l’occidentale. Car il faut avoir les yeux et l’esprit sérieusement crottés pour ne pas en avoir vu se multiplier les signes de plus en plus criants de la tentation totalitaire :

  • La remise en cause sans complexe de tous les résultats électoraux "non conformes" : après le référendum français de juin 2005, les législatives grecques de janvier 2015 avaient déjà fait l’objet de ces remises en cause à peine voilées.
  • La militarisation galopante de l’espace démocratique : non seulement en Ukraine et dans les ex-pays dits de l’Est, mais également sur toutes les Zad récalcitrantes et dans tous les quartiers "échauffés" (cf. l’équipement des Robocops policiers abondamment déployés par les autorités en poste).
  • La multiplication des mesures répressives et liberticides : mises sur écoutes de tous les citoyens, limitation draconienne du droit de manifester comme en Espagne, répression féroce contre tous les lanceurs d’alerte tels Julian Assange ou Edward Snowden...
  • L’assujettissement complet des moyens d’informations devenus purs instruments de propagande au service de la pensée unique, comme on a pu encore le vérifier avec la La multiplication des mesures répressives et liberticides : mises sur écoutes de tous les citoyens, limitation draconienne du droit de manifester comme curée médiatique contre le référendum grec, tant dans les pays satellites européens qu’en Grèce même où TOUS les médias privés se sont faits les hérauts du "oui".

- Des ennemis

Cette fuite en avant totalitaire, qui ne prend même plus soin de se draper dans les oripeaux de l’apparence démocratique, illustre bien plus un désarroi qu’une position de force des dirigeants occidentaux. Ceux-là n’ont tout bonnement plus d’autres moyens, ni financiers, ni économiques, ni politiques, encore moins sociaux, d’assurer leur autorité auprès de leurs ouailles.

 

Pas d’autres moyens non plus, et c’est peut-être le plus important, de préserver les intérêts très privés de leurs commanditaires. Car là où les citoyens russes et chinois ont encore des chefs d’État, les populations occidentales n’ont plus depuis longtemps que les VRP appointés des lobbies de ces intérêts privés.

 

Dès lors, le spectacle démocratique n’a plus pour but que de valider le degré de soumission des majorités à leurs maîtres. Et l’effondrement de pratiquement tous les fondamentaux du système occidental néolibéral ne peut conduire qu’au chaos politique.

 

Le fossé est désormais définitif entre les citoyens et ceux qu’on ose plus appeler leurs "représentants". Quel qu’en soit l’issue, le résultat du référendum grec témoignera vite de cette rupture irréductible. Car quoi qu’en dise Alexis Tsipras, une victoire du "non" n’infléchira en rien la position inflexible de la Troïka. D’adversaires politiques, ceux-là sont clairement devenus des ennemis.

 

La Troïka transforme l'Europe en zone de guerre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La Troïka transforme l’Europe en zone de guerre
 

 

- La politique coloniale de l'Europe sur le dossier grec

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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 09:30

La technique : transformer des dettes privées en dettes d'États sur le dos des peuples de l'UE...

 

Mis à jour le 15 juillet 2015

L'arnaque faite à la Grèce en une image et une vidéo..

 

- Comment transformer une dette privée en dette publique ?

L'arnaque faite à la Grèce en une image et une vidéo..

 

Pour visionner la vidéo, cliquez ICI, source : %attac

 

 

- Pour consulter le texte de l'accord, cliquez ICI

- Pour une première analyse du texte par Eric Coquerel du Parti de Gauche, cliquez ICI

- Pour la version intégrale de l'accord annotée par l'ex-ministre des finances grec Yanis Varoufakis, cliquez ICI et ICI

 

 

- Six économistes passent au crible l’accord imposé par la zone euro[1]

Les économiste Frédéric Boccara, Michel Husson, Nasser Mansouri- Guilani, Henri Sterdyniak, Catherine Mathieu,Dominique Plihon décryptent le plan des eurocrates.

 

Point par point, less experts démontrent comment les réformes, les mesures ou les conditions d’attribution des aides imposées aux Grecs vont étouffer la Grèce et plonger son peuple dans une nouvelle récession, accroître le chômage, la précarité et la pauvreté, pour au final faire exploser de nouveau sa dette :

 

 

 

 

 

 

Note :

[1] l'Humanité

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Grèce

- Grèce : Tsipras "a signé pour éviter le désastre au pays"

- "Notre combat pour sauver la Grèce", interview de Yanis Varoufakis au New Statesman

 

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 08:18
Prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu : une fausse bonne idée ?

Pour la Cgt le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu est une nouvelle imposture !

 

  • En 2006, le Ministre de l’économie, des finances et de l’industrie ainsi que le Ministre délégué au budget, avaient chargé une mission d’approfondir le débat public sur le prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source.

Cette mission avait engagé, pour cela, une large concertation avec l’ensemble des représentants des acteurs concernés par cette réforme.

La Cgt y avait été auditionnée par cette mission le 5 février 2007, et, à cette occasion, avait fait part de son hostilité au projet de retenue à la source de l'impôt et formulé ses propositions.

  • A la demande de F. Hollande, le gouvernement Valls a remis ça à l'ordre du jour lors du conseil des ministres du mercredi 17 juin 2015 et a jeté les bases de la mise en œuvre du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu en 2018 .
  • Adopté, aujourd'hui, Macron veut passer à la mise en œuvre.... et ce n'est pas sans probléme pour ce choix qui reste une imposture !

 

Source : La Fédération  CGT des finances le 20 juin 2015

 L’introduction « irréversible » de la retenue à la source pour 2018 est une nouvelle imposture gouvernementale. Celle-ci ne constitue en rien les prémisses de la réforme fiscale nécessaire afin de rendre l’impôt plus juste et efficace.

Plus grave encore : sous prétexte de vouloir simplifier l’impôt sur le revenu pour les citoyens, le gouvernement créé en réalité les conditions de nouvelles inégalités et expose encore plus la vie privée des travailleurs vis-à-vis de leurs employeurs.

Pour autant, cette réforme n’entraînera pas de simplification pour les salariés. 

 

 

- 1. Grâce à la retenue à la source, nous n’aurions plus besoin de faire de déclaration de revenus…
FAUX. La retenue à la source ne changerait rien. Si l’administration fiscale peut avoir une connaissance automatique des salaires grâce au recoupement avec la déclaration de l’employeur, elle ne peut avoir connaissance des changements de situation de famille, des déductions fiscales dont pourrait bénéficier le contribuable (frais de garde d’enfant, travaux dans l’habitation, cotisation syndicale...). De plus, un certain nombre de revenus ne peuvent être connus de l’administration (par exemple les revenus locatifs). Les français devront donc continuer à faire une déclaration annuelle.

 

 

- 2. Finis les décalages entre la perception des revenus et le paiement de l’impôt…
FAUX. En cas de baisse des revenus par exemple, le montant de l’impôt ne pourrait pas être immédiatement modifié. En effet, les variations du montant de l’impôt découlent de critères qui ne pourront être connus qu’à l’occasion de la déclaration de revenus annuelle. Les rectifications éventuelles à opérer sur la retenue à la source se feraient, comme aujourd’hui, avec un an de décalage. L’impôt se calcule, en effet, en fonction du montant des revenus perçus durant une année, il faut donc attendre le 31 décembre avant de savoir ce que l’on doit pour l’année. La retenue à la source ne raccourcirait donc pas le décalage entre perception du revenu et paiement de celui-ci.

 

 

- 3. Au moins la retenue à la source simplifierait le paiement de l’impôt…
FAUX. La retenue à la source n’amènerait pas de bénéfice par rapport au dispositif de la mensualisation. Au contraire, aujourd’hui le contribuable peut choisir entre un paiement en trois fois ou un paiement mensuel. Avec la retenue à la source, les citoyens perdront cette liberté de choisir le mode de recouvrement le plus adapté pour chacun.

 

 

- 4. Ce nouveau mode de recouvrement ne recouvre aucun risque…
FAUX. La retenue à la source fournirait à l’employeur des éléments sur la vie privée des salariés (situation de famille, niveau de revenus du conjoint...) qui, pour la CGT, doivent absolument demeurer confidentiels.
L’impôt sur le revenu deviendrait un impôt indirect, n’étant plus payé directement par le contribuable à l’État. Moins visible, il faciliterait les fraudes, comme celle, massive, constatée pour la TVA, incitant également les entreprises à faire de la rétention de trésorerie et à réclamer une compensation représentative des frais de gestion du recouvrement de l’impôt sur le revenu, ce qui représentera une nouvelle dépense pour l’État.

 

 

- 5. Le non recouvrement de l’impôt sur les revenus de 2016 est une bonne nouvelle pour les contribuables…
VRAI ET FAUX. Une « année blanche » d’impôts sur le revenu aura forcément un impact sur les moyens donnés aux services publics pour accomplir leurs missions au bénéfice de tous. Dans une période où le gouvernement multiplie les cadeaux au patronat, sous forme d’exonération diverses, ce serait encore moins d’argent pour l’éducation, la santé, la justice, la police… Et donc une très mauvaise nouvelle pour les salariés, les retraités, les privés d’emploi. En revanche, cette décision serait de très bon augure pour ceux qui pourraient loger artificiellement certains revenus sur l’année d’exonération plutôt que sur l’année de taxation, développant les phénomènes d’optimisation fiscale agressive.

 

 

- 6. Impôt sur le revenu, des solutions existent, il faut...

  • S’attaquer sans concession à la fraude fiscale qui représente selon nos estimations près de 80 milliards de pertes pour l’Etat chaque année. Pour ce faire il convient de redonner les moyens humains et législatifs suffisants aux services de contrôle afin de pouvoir lutter efficacement contre les fraudeurs. Recettes attendues 8 milliards d’euros par an

  • Harmoniser la fiscalité entre les pays et éradiquer les paradis fiscaux

  • Réduire drastiquement les niches fiscales et les circonscrire à celles réellement utiles socialement ou économiquement. Recettes attendues 50 milliards d’euros par an

  • Augmenter largement l’incidence de l’impôt sur le revenu et ajouter des tranches d’imposition (voir page 3) Recettes attendues 18 milliards d’euros par an

  • Baisser les taxes indirectes et proportionnelles comme la TVA, le taux normal de la TVA serait ramené de 20 à 15 % et la TVA pourrait être supprimée sur les produits de première nécessité. dépenses attendues 35 milliards d’euros par an

  • Moduler l’impôt sur les sociétés en fonction du comportement des entreprises : augmenter l’impôt pour celles qui contribuent à la financiarisation de l’économie ; réduire l’impôt pour celles qui favorisent l’emploi, les salaires, l’investissement, la préservation de l’environnement...

  • Introduire les revenus dans le calcul des taxes locales (taxe d’habitation, taxe foncière)

  • Taxer davantage le capital en introduisant une véritable taxe sur les transactions financières visant l’ensemble des transactions à des taux suffisamment forts pour réduire la financiarisation de l’économie. Recettes attendues 24 milliards d’euros par an

 

Ces transformations du système fiscal le rendrait plus juste et seraient favorables économiquement à une très grande majorité de citoyens. Celles-ci permettraient également de rendre le système plus efficace en réorientant l’économie vers l’emploi et une meilleure rémunération des salaires.

 

En outre cette réforme du système permettrait de dégager des recettes supplémentaires afin d’assainir les finances publiques et de permettre le financement de services publics utiles à toute la population.

 

Il faut aussi rappeler que les intérêts de la dette pèsent plus de 40 milliards dans le budget de l’État. Lui permettre d’emprunter directement auprès de la Banque centrale européenne, sans passer par les banques, réduirait nettement cette charge qui profite exclusivement aux marchés financiers.

 

 

 

 

- 7. Les propositions de la CGT téléchargeables ci dessous :

- 8. Prélèvement à la source de l'impôt. Pour la CGT, la manipulation en marche !

 

- En 3 minutes, découvrez pourquoi la retenue à la source est à rejeter absolument.

Malgré la campagne de propagande du gouvernement, la retenue à la source est une véritable usine à gaz. Elle ne fera que compliquer le prélèvement de l'impôt sur le revenu pour les particuliers, conduira à de multiples rectifications et sera source de nombreuses erreurs. Qui plus est, elle entrainera inévitablement des pertes de recette pour l'État liées aux difficultés financières des entreprises, sans même parler de la fraude.

 

- Pourquoi refuser le prélèvement de l'impôt à la source, le 13 juillet 2018 groupe de la France insoumise à l’Assemblée Nationale

Le jeudi 13 juillet, le gouvernement a souhaité appeler le débat sur l’article 9 du projet de loi d’habilitation du gouvernement à prendre par ordonnances des mesures sur le code du travail. Objet de cet article « cavalier » : le prélèvement de l’impôt à la source. Les députés de la France insoumise se sont opposés à ce projet en donnant leurs raisons : complexité du dispositif, problèmes liés au respect de la vie privée des salariés, etc. Ils ont également posé une question de fond : accepte-t-on que l’État ne soit plus responsable du prélèvement de l’impôt et que cela soit confié à des entreprises privées ? Se sont exprimés : Éric Coquerel, Muriel Ressiguier, Jean-Luc Mélenchon, Ugo Bernalicis et François Ruffin.

Prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu : une fausse bonne idée ?
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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 08:33
Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

Dans son dernier rapport sur la stabilité financière, le Fonds monétaire international sonne l’alarme. Son propos, sur la retenue comme d’ordinaire, n’est pas aussi explicite que le nôtre. LE BILAN ajoute, aux aspects conjoncturels relevés par le FMI, une analyse structurelle du système financier.

 

Sources :  LE BILAN par Benoit Delrue le 02-06-2015 mis à jour le 15 decembre 2017

C’est un événement planétaire. Le Fonds monétaire international (FMI), organisme basé à Washington né des accords de Bretton Woods en 1944, qui a largement contribué à bâtir le système financier actuel, tire la sonnette d’alarme. Généralement rassurante, l’institution sort de ses habitudes pour mettre le doigt sur ce qui « accentue les tensions » dans l’économie mondiale. Bien sûr, le discours tenu par le FMI reste sobre et évite soigneusement les formules catégoriques et trop explicites. Néanmoins, après avoir déjà consacré son avant-dernier[1] rapport régulier – biannuel ou trimestriel – sur la stabilité financière aux « risques » encourus par les acteurs publics et privés de la finance internationale, l’édition d’avril 2015 du document franchit une marche supplémentaire[2].

 

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

La prochaine crise est inévitable. Pour le prouver, nous nous intéresserons de près aux signaux négatifs dont le FMI fait état, reposant comme à l’accoutumée sur une étude empirique des conjonctures. Dans un second temps, nous lierons à ces facteurs circonstanciels un examen structurel du système financier contemporain. Ce dernier, par une analyse plus profonde, sera révélé pour ce qu’il est – un géant aux pieds d’argile, sans cesse grandissant pour nourrir en milliards la caste des ultra-riches.

 

 

- Le printemps des crises

Le FMI fait état d’une conjoncture qui, mois après mois, « intensifie les risques » de survenue d’une nouvelle crise financière. Certains éléments, salués en France par les dirigeants politiques et les économistes de cabinet comme très favorables pour l’économie nationale, sont profondément déstabilisateurs pour le système international. Autrement dit, les causes d’une croissance française « élevée », à 0,6% au premier trimestre selon les estimations bienveillantes de l’Insee, mettent en danger des acteurs économiques de premier rang – donc l’équilibre financier planétaire.

 

 

- Taux d'intérêt records en France et en Allemagnerises

Le 1er juin 2015, les taux d’intérêt auquel la France emprunte sur les marchés ont atteint un nouveau record[3]. A dix ans, les obligations ont atteint le seuil de 0,8080% ; pour les maturités les plus courtes, les taux sont même négatifs depuis des mois, et ont même franchi, ce jour, la barre du -1% pour les échéances de trois ans. Une bonne nouvelle, à priori : enfin, l’Etat semble sortir des milliards d’euros d’intérêts réglés chaque année à ses créanciers. Sur LE BILAN, nous avons d’ailleurs insisté sur l'arnaque géante que représente la dette publique pour les travailleurs français. Mais du point de vue de l’équilibre des marchés, c’est une toute autre histoire.

 

En réalité, la ruée vers les dettes allemandes et françaises met à mal la rentabilité du secteur de l’assurance. L’outre-Rhin emprunte également à des taux très bas, pour une raison simple : comme les obligations françaises, les allemandes représentent le risque le plus faible du marché. Les compagnies d’assurance misent des quantités astronomiques de capitaux, souvent dans des placements périlleux. La probabilité de voir s’effondrer ces investissements, lucratifs mais dangereux, oblige les entreprises à placer certains œufs dans des paniers plus sûrs. Les emprunts des Etats ont toujours représenté une solidité, une garantie de remboursement quoiqu’il advienne. Mais dans la zone euro, certains pays ont inspiré davantage de craintes que de confiance : la Grèce, l’Italie, le Portugal ont subi, ces dernières années, des phénomènes de désinvestissement massif en raison des inquiétudes de restructuration de leurs dettes publiques ; et par le jeu du marché, leurs taux se sont alors relevé subitement, entraînant parfois de graves conséquences.

 

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

A contrario, face à l’instabilité des Etats du sud, les premières puissances de l’Union européenne ont incarné dans l’esprit des financiers une certaine intangibilité. Les dettes françaises et allemandes, malgré la santé relativement mauvaise de l’économie hexagonale, sont devenues les valeurs-refuge par excellence. Mais y investir a représenté un coût toujours plus important : désormais, ce sont les créanciers qui payent ces gros Etats pour pouvoir placer leurs capitaux entre leurs mains, d’où les taux négatifs. La loi du marché, théâtre d’un rapport de force permanent entre l’offre et la demande donne parfois des situations comme celles-ci ; et plus les investisseurs sont nombreux à acquérir des obligations françaises et allemandes, plus les taux d’intérêt continueront à baisser.

 

L’observateur non-averti pourrait croire que chacun trouve son compte dans ce mécanisme. Il sous-estimerait lourdement les pratiques hasardeuses, voire fâcheuses, des compagnies concernées. Axa, Predica, et Allianz vendent des contrats d’assurance en garantissant des taux de rémunération supérieurs ; elles promettent un rendement élevé aux particuliers, qui contractent des assurances-vie, des retraites par capitalisation ou placent leur épargne sur des investissements présentés comme profitables. Mais les difficultés du marché à restaurer la confiance, et les taux toujours plus bas des placements obligataires, creusent toujours plus l’écart avec les revenus prédits, dont les assurances jurent de se faire les garantes. En bout de course, les compagnies se rapprochent toujours plus du précipice, et leur chute pourrait être extrêmement sévère.

 

Au printemps déjà, le FMI mettait sérieusement en garde contre le phénomène de tension qui s’opère sur ce marché. Dans son rapport sur la stabilité économique mondiale, publié en avril, l’institution souligne que « la persistance des faibles taux d’intérêt mettra à rude épreuve un grand nombre d’établissements financiers ». Après avoir atteint, peu après la publication du rapport, le record absolu de 0,3%, puis être revenus à plus de 1% début mai, les intérêts des obligations sur dix ans replongent à nouveau. Or, le Fonds allait encore plus loin : « les tests de résistance réalisés par l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles font apparaître que 24% des assureurs risquent de ne pas pouvoir tenir leurs exigences de solvabilité, dans un scénario de persistance de faibles taux d’intérêt ». Autrement dit, dans ce « scénario » qui est de loin le plus probable de tous, un quart des compagnies se retrouveraient, ni plus ni moins, en incapacité de régler les prestations à leurs assurés – qu’il s’agisse de complémentaires retraites ou de tout autre contrat. L’ensemble du secteur de l’assurance, qui détient les capitalisations les plus élevées de la planète, se retrouverait bientôt plongé dans une crise aux conséquences faramineuses, et dont personne ne sait aujourd’hui s’il sera possible d’en sortir.

 

 

- Le pétrole et la guerre

Outre la crise des assurances, qui menace de frapper de plein fouet la zone euro, la situation internationale n’est pas au beau fixe. Un autre facteur, présenté en France comme bénéfique pour notre économie, est au cœur des préoccupations : la chute drastique du prix du pétrole. Le baril de Brent, après avoir atteint son plus haut historique à près de 140 dollars en juin 2008, avait largement pâti de la crise financière en tombant sous la barre des 40 dollars six mois plus tard. Mais son cours s’était immédiatement repris, revenant à 70 dollars en mai 2009, et oscillant autour des 100 dollars pendant près de cinq ans.

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

Voici exactement un an, le baril était à plus de 110 dollars : il entama, alors, sa baisse la plus longue jamais observée. Jusqu’en janvier 2015, pas un jour n’est passé sans que le prix du pétrole finisse par baisser ; après une timide reprise en mars, son cours stagne depuis deux mois et les observateurs craignent une nouvelle chute, vers les abysses cette fois. Au passage, si le Brent est le plus représentatif avec près de deux-tiers des échanges mondiaux, il est important de souligner que le baril de pétrole américain suit exactement la même courbe, avec la même baisse historique durant six mois[4]. Bien sûr, les Français ont vu ce phénomène comme une bonne affaire : notre pays, très consommateur d’essence et dénué de toutes ressources, a vu ces événements comme un soulagement. Le mauvais présage de feu Christophe de Margerie, patron de Total jusqu’à son décès en octobre dernier, qui prévoyait pour les prochains mois un prix à la pompe de 2 euros pour le sans plomb, était écarté. Mais là encore, les conséquences d’un processus excessifs seront lourdes.

 

Les pays exportateurs de pétrole, qu’il s’agisse des monarchies du Golfe ou des pays d’Amérique Latine, dont le Venezuela de notre camarade Nicolas Maduro, se retrouvent en grave difficulté financière. Le cercle vicieux est en œuvre depuis maintenant un an : la baisse du baril entraîne logiquement des profits moins élevés pour les Etats producteurs ; leurs dettes publiques et leurs devises deviennent des placements moins avantageux, voire plus dangereux, ce qui provoque le départ de nombreux financiers ; ces pays se trouvent pris dans un certain étau, entre moins de profits et moins d’investissements. Les entreprises qui y ont encore leurs placements, pour beaucoup européennes et américaines, font face à des risques toujours plus élevés pour leurs trésoreries. Plus globalement, la sortie accélérée des capitaux en devises monétaires concernées entraîne un cercle vicieux, qui déstabilise complètement le marché international des changes.

 

Ce dernier vacille d’autant plus qu’un autre facteur vient perturber l’équilibre financier du capitalisme planétaire, et non des moindres : les guerres. Les années 2010 voient une très forte recrudescence des hostilités armées, dont la présentation par nos « grands » médias comme de simples guerres civiles cache mal l’ampleur de leurs répercussions. Tout particulièrement, les guerres libyenne et syrienne, largement encouragées par l’OTAN qui a financé et armé les prétendus « rebelles », déstabilisent des régions entières, voire des continents. Le Maghreb et le Moyen-Orient pâtissent sévèrement, d’un point de vue financier, de la montée en puissance des groupes djihadistes. La Libye et la Syrie étaient des modèles économiques, tant en point de vue de leur produit intérieur que de la distribution des revenus au sein de leurs populations. Cette relative prospérité a poussé leurs voisins à lier des capitaux aux leurs, tant elles représentaient une stabilité prometteuse. Les événements meurtriers, qualifiés de « printemps arabe » alors qu’ils étaient pour l’essentiel provoqués par des milices de mercenaires, ont profondément rebattu les cartes dans les régions.

 

Les puissances occidentales, Union européenne et Etats-Unis en tête, minimisent largement l’aspect économique de ces guerres ; d’une part, parce qu’elles les ont délibérément déclenchées, d’autre part, parce que des pays comme les USA ou la France placent leurs pions sur l’échiquier économique. En Libye, par exemple, Total s’est rué sur les exploitations pétrolières, faisant peu de cas de la population locale et de son devenir. En Syrie, le pari fait par la France est d’abord et avant tout la chute du régime d’El Assad, encore aujourd’hui malgré l’horreur incarnée par Daech. De solides, la Syrie et la Libye sont désormais vouées à s’écrouler dans le ventre mou du tiers-monde. Mais d’autres entreprises occidentales ou internationales avaient misé gros sur les économies syrienne et libyenne ; nombre d’entre elles ont procédé au retrait d’une quantité importante de capitaux. Et ce phénomène a, lui aussi, bouleverse le marché des devises.

 

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

La dépréciation rapide des taux de change accentue les tensions qui pèsent sur les entreprises fortement endettées en devises [des Etats producteurs de pétrole ou en guerre] et cela a provoqué de fortes sorties de capitaux des pays émergents », constate le Fonds monétaire international. Ce dernier souligne la gravité financière des événements actuels : « l’augmentation de la volatilité des principaux taux de change a été la plus forte depuis la crise financière mondiale. La diminution des liquidités sur les marchés des changes et les marchés obligataires, de même que l’évolution de la composition des investisseurs, ont accentué les frictions dans les ajustements de portefeuille ». Les « frictions » dans les « ajustements » sont des euphémismes : même s’ils jurent ne jamais céder à la panique, l’assombrissement des perspectives internationales donne aux investisseurs des sueurs froides.

 

 

- Faillites bancaires en pagaille

Petit à petit, les conditions d’un krach se réunissent. Aux éléments observés par le Fonds monétaire, d’autres phénomènes sont à étudier de près. La  situation des marchés financiers, en particulier en Europe, donne à elle seule un signal extrêmement pessimiste pour l’avenir immédiat.

 

C’est d’abord une banque autrichienne qui a provoqué en Europe centrale des remous démesurés. Depuis la crise de 2008, Hypo Alpe Adria (HAA) est incapable de sortir la tête de l’eau, empêtrée dans toutes sortes de placements toxiques. En grave difficulté depuis 2014, ses problèmes viennent pour l’essentiel de sa filiale Heta, spécialisée dans les investissements à risque. Pour maintenir ses activités, HAA se voyait régulièrement aidée par les fonds publics : entre 2008 et 2015, ce sont 5,5 milliards d’euros qui ont été versés, sans contrepartie ni remboursement, par l’Etat autrichien à la banque. Face à la colère des contribuables, et à l’impasse de la situation, l’Autriche a pris une décision le 1er mars dernier : ne plus donner un euro à Heta, dont les actifs ne représentaient plus alors que 280 millions d’euros. Mais cette structure était organiquement liée à de nombreux acteurs financiers, en Europe de l’Est et également en Allemagne.

 

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

C’est notamment la Düsseldorf Hypotherkenbank, basée dans la capitale de Westphalie, qui a pâti le plus immédiatement de la faillite annoncée de Heta. Banque modeste et entièrement liée à HAA, Düsselhyp représente néanmoins une première étape d’un « effet boule de neige considérable[5] », concède le quotidien libéral en ligne la Tribune  : « avec un impact initial de 280 millions, on met en péril un bilan de 11 milliards, et un marché de quelque 400 milliards d’euros ». Pour éviter la contagion, l’Association allemande des banques privées (BdB) a immédiatement pris le contrôle de la Düsselhyp ; mais cette dernière n’est pas la seule concernée par la faillite de la filiale de la HAA, loin s’en faut. La bavaroise BayernLB et Dexia Kommunalbank sont exposées à hauteur de plusieurs milliards. Si les flammes apparentes ont été étouffées, le brasier pouvant provoquer une crise bancaire en Europe centrale reste intact.

 

Parallèlement, un pays bien plus petit mais plus proche de nous était ébranlé par une crise de premier ordre : Andorre. La principauté, dont le président de la République française est également le chef d’Etat, a fait face à une déstabilisation jamais vue. La Banque privée d’Andorre (Banca Privada d’Andorra, BPA) s’est retrouvée sous la coupe d’une enquête américaine, ouverte le 10 mars par la FinCEN, organisme attaché au Trésor chargé de lutter contre le crime financier. En cause, la BPA avait blanchi l’argent de mafias chinoises, russes et vénézuéliennes, selon les autorités américaines. L’aspect géopolitique dans l’affaire est important, tant les trois pays cités constituent des adversaires de premier plan pour l’impérialisme états-unien ; du point de vue économique, qui nous intéresse ici, l’affaire a provoqué un déficit de confiance sans précédent pour les plus de 7 milliards d’actifs de la BPA. Le petit Etat a pris le contrôle de la banque, fait inédit dans son histoire ; mais, comme le rappelle la Tribune[6], Andorre n’a « pas de filets de sécurité ». N’étant pas membre de la zone euro, la Banque centrale de Francfort ne le renflouerait pas en cas de faillite ; or, les actifs de la BPA sont deux fois supérieurs au produit intérieur brut de la principauté. Si elle venait à déposer le bilan, elle entraînerait dans sa chute bien d’autres institutions, à commencer par les banques espagnoles avec lesquelles elle entretient des partenariats financiers privilégiés.

 

Pendant ce temps, les tensions grandissantes entre Europe et Russie ont coûté au grand pays une grave crise bancaire, qui n’a pas fini de le secouer. De nombreux établissements ont fait faillite au printemps, passant les uns après les autres sous la tutelle par la Deposit Insurance Agency (DIA), l’organisme public chargé de reprendre les banques déposant le bilan. En mars, l’équivalent de 18 milliards d’euros manquait aux banques pour assurer leurs financements, rendant dès lors insuffisant le plan de recapitalisation de 13 milliards mis en place par l’Etat. « Un quart des banques russes sont au bord de l’asphyxie », annonçaient alors Les Echos[7]. Pour éviter de se retrouver, elle-même, en difficulté, la géante Sberbank se refusait alors à toute aide vis-à-vis de ses concurrents. Malgré son intransigeance apparente, elle a accusé de lourdes difficultés au premier trimestre, avec une division par deux de ses bénéfices sur un an selon les résultats annoncés la semaine dernière[8]. Le premier facteur de ces résultats est intrinsèque au système bancaire, avec notamment une diminution de 16% des revenus nets tirés par la banque des intérêts des crédits.

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

Enfin, après l’Allemagne et Andorre, c’est un autre voisin de la France qui semble proche de la tempête depuis ce printemps : l’Italie. Le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) a dévoilé, le 25 mars, un rapport qui a mis le feu aux poudres dans le microcosme de l’investissement financier. L’entreprise américaine d’audit et conseil, reprise par le magazine Challenges au mois d’avril[9], souligne « l’inflation galopante des crédits à risques des banques italiennes ». « Les prêts douteux augmentent sans cesse », souligne Jacques Sapir : « ils sont proches de 15 à 20% là où ils devraient être à 5% ». Du propre aveu de la Banque d’Italie, ces « prêts non performants » ont atteint 185 milliards d’euros en janvier, et continueront à augmenter en 2015 d’après PwC. Le système bancaire de notre voisin latin ne trouve plus grâce aux yeux des cabinets de conseil, comme Alpha Value, qui insiste sur le « fonctionnement coûteux » d’un « système éclaté », où « le niveau de fonds propres des banques est très bas ». La réaction est sans appel : les capitaux fuient désormais le pays. Après trois ans et demi de baisse, les taux d’intérêts des obligations italiennes remontent depuis trois mois[10], créant pour la finance nationale des tensions accrues. Challenges rappelle que « cette faiblesse a été mise en lumière par les tests de résistance de la BCE, en octobre, puisque neuf banques italiennes sur les quinze soumises à l’exercice ont échoué » aux « stress tests » de la Banque centrale. L’hebdomadaire économique, chantre du capitalisme, se fait franchement pessimiste sur l’avenir proche de la péninsule, reprenant en chapeau les propos de Sapir : « on peut s’attendre à une crise bancaire italienne majeure cet été ».

 

 

- Le retour des subprimes

Comme le veut la logique du marché, l’incertitude règne sur la suite des événements. Nous ne nous ferons pas oiseau de mauvais augure : il est impossible d’affirmer si la prochaine crise surviendra effectivement cet été. Néanmoins, le système financier est de plus en plus sous pression et les signaux négatifs ne manquent pas. Les faillites bancaires européennes, survenues pour des raisons diverses, restent jusqu’à présent des phénomènes isolés – mais, ajoutés aux processus globaux analysés par le FMI, créent les conditions d’une nouvelle crise.

 

Les « grands » médias se gardent bien d’aborder frontalement la question, trop attachés à défendre le système capitaliste, en glorifiant par exemple le 0,6% de croissance française. S’il est effectivement absurde de chercher à prédire la date du prochain krach, analyser en profondeur la situation des banques est par contre possible, utile et nécessaire. Il apparaît alors clairement que la prochaine crise aura bien lieu ; et qu’elle aura un retentissement, dans le monde et en France, sans doute plus puissant encore que celle de l’automne 2008. Pour comprendre le dernier krach, comme celui à venir, étudier la question des subprimes est éclairant. Loin d’être d’un autre âge, elle en dit long sur le système financier contemporain.

 

 

- Le d'or

A l’origine se trouve un système bancaire entièrement basé sur le crédit, dont les Etats-Unis sont le fer de lance. Au pays du « rêve américain », les revenus des travailleurs ont été comprimés pendant plus d’un demi-siècle ; à mesure que les profits des plus riches grimpaient en flèche, grâce aux hausses de production et aux gains de productivité, les salaires proportionnels n’ont fait que baisser. Pour soutenir artificiellement la consommation des ménages, les banques ont donc développé un outil formidable : les crédits à la consommation. Emprunter de l’argent est devenu toujours plus facile : pour acheter une maison ou une voiture, bien sûr, mais aussi un lave-linge, un aspirateur, et enfin pour payer ses baguettes. Les cartes de crédits, qui sont devenues la norme, permettent de régler ses achats du quotidien non plus avec l’argent présent effectivement sur le compte bancaire, mais avec de l’argent prêté par la banque que le consommateur devra rembourser les mois suivants. Comme chaque prêt, il comporte des taux d’intérêts élevés ; et avec un pouvoir d’achat artificiellement augmenté, les Américains se sont en fait retrouvés de plus en plus dans l’étau des banques.
 

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

Aux Etats-Unis, le phénomène de surendettement atteint des niveaux inimaginables en Europe ; des millions de foyers sont concernés. Dans un ersatz de régulation du système se sont développées les agences de notation : chaque créditeur, chaque individu qui emprunte de l’argent, se voit attribuer une note sur 1.000, allant de la solidité financière incarnée (1.000) à l’insolvabilité la plus totale (0). Ce système, le « FICO score », introduit en 1989 par la société de logiciels informatiques éponyme, s’est institutionnalisé et il n’est plus une compagnie de crédits qui ne le prend en compte. Dès la fin des années 1990 s’est formée une nouvelle catégorie de la population, les « mauvais payeurs », accumulant les dettes et les retards sur leurs remboursements : les subprimes. Fixé historiquement à 640, puis variable[11], il est un niveau du FICO score en-dessous duquel les ménages ne peuvent plus contracter de nouveau prêt, sauf à accepter des conditions particulières. A partir de 2001, le nombre d’individus catégorisés subprimes n’a cessé de croître.

 

Dans un processus décortiqué avec talent par Michael Moore dans son film Capitalism : A love story[12], les banques ont mis en place au début des années 2000 un système pernicieux. Les familles surendettées se sont vues proposer de prendre un crédit sur l’hypothèque de leur logement : en pleine ascension des prix de l’immobilier, s’est diffusée l’idée selon laquelle les maisons sont des « tas d’or », des « banques » à elles seules. Si un ménage, même endetté jusqu’au cou, vivait dans une maison estimée à 200.000 dollars, alors il pouvait emprunter une part proportionnelle à la banque, proche parfois de la valeur estimée du bien. Du point de vue des banques, le calcul était simple : en prêtant de l’argent, les ménages pourront consommer, investir, vivre mieux et dégager bientôt de quoi nous rembourser ; pour ce service, nous pouvons appliquer des taux d’intérêts fluctuants, très profitables, indexés sur le marché pour maximiser le rendement des prêts hypothécaires ; enfin, si la famille en vient à ne plus payer ses traites, nous pourrons saisir le logement, ce qui constitue une garantie de remboursement à coup sûr. Chacun sait aujourd’hui que ce scénario ne s’est pas déroulé comme prévu.

 

 

- La perversion du système

Si le mécanisme de crédits en était resté là, tout injuste qu’il est pour des travailleurs pris à la gorge, il n’aurait pas provoqué la tempête de 2008. En réalité, le système va beaucoup plus loin. La finance capitaliste repose sur un principe élémentaire : les établissements prêtent de l’argent qu’ils n’ont pas. Pour bien comprendre, nous allons prendre un exemple abstrait.

 

Mettons que mille individus demandent, chacun, un prêt de mille dollars à la banque A. Celle-ci n’a pas un million d’euros en poche ; mais elle peut en avoir seulement  100.000, soit 10%, et accorder malgré tout ces prêts. Le procédé est simple : pour récupérer le million de dollars, elle recourt marché financier. En émettant des actions, elle peut se financer massivement, pour réaliser ses opérations et au final, donner à ses financeurs une bonne rentabilité. Le plus souvent, ça fonctionne très bien : la banque A, si elle applique un taux d’intérêt moyen de 5% à ses clients, en redistribuant 3% aux actionnaires et en empochant 2% de commission, fait une excellente affaire. Cela signifie qu’elle a gagné 20.000 dollars, pour avoir prêté un argent qu’elle ne possède pas ; et au passage, elle a grassement rémunéré les actionnaires, qui auront davantage confiance en elle.

 

En réalité, les sommes sont bien plus élevées, donc les risques aussi. Pour parer les probabilités de ne pas se voir rembourser, la banque A veille à mutualiser les risques. Elle combine les engagements financiers : si une action reposait, au bout du compte, sur un seul crédit, elle ne vaudrait plus rien au cas où l’endetté ne rembourserait pas. La banque A veille donc à ce que chaque titre sur le marché corresponde à une somme de parts dans de nombreux crédits, étalés temporellement et géographiquement : c’est la titrisation. De plus, notre banque émet en réalité des actions pour un montant supérieur aux prêts qu’elle fournit aux ménages ; ainsi, elle place des capitaux dans une multitude d’investissements, sûrs ou très rentables. Avec une trésorerie toujours égale à 100.000 dollars, la banque A peut donc brasser, par exemple, deux millions de dollars sur les marchés financiers : tout repose sur la promesse de gains contenue dans le bénéfice qu’elle réalisera sur cette capitalisation élevée.

 

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Là où l’affaire se corse dangereusement, c’est que les deux millions de dollars de capitalisation font eux-mêmes l’objet d’une spéculation. A partir de ces actifs financiers sont émis des dérivés de crédit, consistant en des options d’achats – mais pas des promesses – des actions concernées. Ce mécanisme permet, a priori, de réduire les risques : un autre financeur, l’acheteur du dérivé, se porte garant pour l’actif et le « protège ». En réalité, c’est un moyen pour les financeurs de doper dans des proportions astronomiques la quantité de capitaux, donc les revenus qui leur sont liés – les dividendes notamment. Ce commerce juteux s’est placé, ces dernières décennies, au cœur du système financier international. Pour l’exemple de la banque A, les deux millions d’actifs financiers peuvent faire l’objet d’un montant équivalent de dérivés de crédit. La capitalisation totale de l’affaire est donc portée à quatre millions de dollars ; le tout, alors que seul un million a été effectivement prêté, et pourra fera l’objet de remboursement ; et alors que la trésorerie de la banque A est, encore et toujours, à 100.000 dollars, soit moins de 3% de la capitalisation totale prenant en compte les dérivés.

 

L’exemple présenté, derrière des sommes abstraites pour rendre les mécanismes intelligibles, est loin d’être une exception : c’est le modèle de la finance capitaliste. Il est question ci-dessus de dollars, pour ne pas trancher avec le présent exposé sur les subprimes ; mais le raisonnement reste parfaitement valable en euros ou en francs, étant donné que le mécanisme est tout autant utilisé par les compagnies d’assurance et les banques françaises. Revenons donc à notre exemple. A partir d’un millions de dollars dans l’économie réelle, qui représentent déjà un pouvoir d’achat artificiel pour les ménages endettés, ce sont quatre millions qui peuvent transiter sur les marchés et arroser copieusement les gros porteurs d’actions. Le système tient parce que les capitaux se renouvellent, parce que les ménages continuent de contracter toujours plus de crédits immobiliers ou à la consommation, et parce que les mouvements de fonds sont permanents. Il subsiste même si, parmi les 1.000 individus qui ont emprunté mille dollars à la base, 50 en viennent à ne pas pouvoir rembourser.  Mais à 100 insolvables, le système vacille dangereusement ; et si la confiance se perd, les capitaux s’enfuient aussi rapidement qu’ils sont arrivés.

 

 

- La crise des subprimes

Différents facteurs ont progressivement conduit à la crise des subprimes, survenue en août 2007. D’abord, les taux d’intérêts appliqués par les organismes de crédits pour les prêts hypothécaires se sont envolés, quand la Réserve fédérale – la banque centrale états-unienne – a rehaussé son taux directeur, de 1% en 2004 à plus de 5% en 2007. Dès lors, le montant des échéances mensuelles ont grimpé pour ceux qui avaient souscrit à un crédit subprime. Une raison rarement évoquée par les observateurs est le marasme économique états-unien : comme en France, bien qu’à un degré moindre, l’appareil industriel des USA a été progressivement démantelé, ces dernières décennies, par les grands groupes capitalistes qui ont délocalisé la production en Asie. Dans leur pays d’origine, ces entreprises maintenaient un chiffre d’affaire artificiellement élevé par de nombreux engagements financiers avec le secteur de la bancassurance ; ce n’est donc pas pour rien si des géants, comme General Motors, sont passés en 2008 à deux doigts de la faillite. Toujours est-il que le chômage des Etats-Unis a grimpé au cours des années 2000, renforçant la condition de pauvreté des travailleurs américains, et donc leur incapacité à payer leurs traites.

 

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Dès lors, un nombre grandissant de ménages se sont vus dans l’incapacité de régler les échéances mensuelles. Le phénomène grandissant, il a d’abord mis en danger les asset-backed security, ou ABS, les titres financiers conçus à partir des crédits subprimes. Les banques et assurances propriétaires de ces titres les avaient, elles-mêmes, transformés en toutes sortes de dérivés de crédits, dont les collateralised debt obligation ou CDO, considérés sûrs car mêlant les créances immobilières des subprimes à des titres obligataires émis par les Etats. Le rendement promis pour ces produits financiers était élevé, c’est pourquoi certains établissements, financiers voire immobiliers, s’étaient spécialisés dans la détention de ces titres. Plus les organismes détenaient de ces actions « toxiques », et plus rapidement ils se sont retrouvés piégés. En 2007 puis en 2008, ce sont des poids lourds qui ont successivement été atteints par la paralysie financière : la banque Bear Stearns, d’abord, pionnière dans les méthodes de titrisation – parfois répétées sur les mêmes produits pour espérer créer une cascade de profits. Investie à plus de 80% sur le marché des capitaux, délaissant l’économie réelle comme la gestion de patrimoine (10%), la Bear était la cinquième banque d’affaires de Wall Street. En situation de dépôt de bilan, elle a été rachetée en mars 2008 par la banque commerciale JPMorgan Chase à 10 dollars l’action, soit treize fois moins que son niveau d’octobre 2007.

 

Au printemps 2008, certains pensaient que le pire était passé ; mais l’étau ne faisait que commencer à se refermer sur des acteurs plus importants encore, comme le retrace le captivant docu-fiction Too big to fail[13]. Fannie Mae (FNMA) et Freddie Mac (FHLMC), deux sociétés par actions créées par le gouvernement fédéral pour augmenter la taille du marché des prêts hypothécaires, se sont retrouvées asphyxiée : à elles deux, elles assuraient envers les organismes de crédits 5.200 milliards de dollars d’hypothèques, soit des centaines de fois leurs fonds propres. Fin juillet, au bord de la faillite, le Trésor consent à prendre le contrôle des entreprises pour éviter la liquidation pure et simple. Enfin, ce fut au tour de Lehman Brothers, quatrième banque des Etats-Unis, de se retrouver sous le feu des projecteurs. Les événements ont alors sévèrement démenti l’adage courant dans le milieu de la finance américaine, appliqué notamment dans le cas de cette banque, selon lequel l’établissement serait « trop gros pour faire faillite ». Mi-septembre, faute de repreneurs, Lehman Brothers n’a eu d’autre choix que d’être liquidée, faisant s’envoler les promesses de rendements et de remboursements des innombrables acteurs financiers engagés avec elle. La faillite de la banque fut l’élément déclencheur du krach boursier international.

 

 

- Recave géante

Les observateurs se penchant sur l’étude de la crise financière mondiale se sont surtout focalisés sur la question des crédits subprimes, sur les conditions du marché américain, ou sur le comportement du Trésor – c’est d’ailleurs l’angle du téléfilm de HBO cité plus haut. Rares sont ceux qui se sont intéressés à la partie émergée de l’iceberg, le système financier lui-même.

 

Il est vrai que les subprimes, en tant que placements risqués qui ont fini dans le mur, sont l’élément déclencheur du krach international ; mais, finalement, ils n’en sont pas le moteur. La cause première de la crise réside dans la structure même de la finance capitaliste, c’est-à-dire la titrisation et la production de dérivés de crédits. Complexe et technique, la question est soigneusement évitée par les « grands » médias, tant obnubilés par leur audience que défenseurs invétérés du capitalisme contemporain. Pourtant, c’est bien la structure même de l’économie qui permet une telle spéculation, et qui engendrera des crises toujours plus violentes.

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

Au lendemain de la crise financière, les chefs d’Etat, rassemblés au Conseil européen ou au G20, ont multiplié les déclarations d’intention. En janvier 2009, Nicolas Sarkozy ouvrait à Paris la conférence internationale « Nouveau monde, nouveau capitalisme », en insistant : « on doit moraliser le capitalisme (…) ceux qui refusent la refondation, font le lit de ceux qui veulent détruire le capitalisme ». A ses côtés, Angela Merkel estimait que « la seule possibilité » était de « réformer le système financier », « pour inciter les marchés financiers à ne pas prendre trop de risque ». Tony Blair, alors jeune retraité de son poste de Premier ministre britannique et consultant financier pour les multinationales, abondait : « il faut une gouvernance mondiale afin de réguler le système financier face à la crise internationale ». Il est important de préciser que tous ces discours restèrent lettre morte. Plus aucun dirigeant ne parle de régulation, au contraire ; tous insistent sur le besoin de rendre l’économie « compétitive », donc de la libérer de toute contrainte – même, par exemple, pour établir un seuil de ratio entre fonds propres et capitalisation à ne pas dépasser.

 

Cette envie passagère de « moralisation » était une réponse contextuelle à des peuples interloqués par les sommes en jeu. En novembre 2008, pour « sauver les banques », les Etats ont mis des sommes astronomiques sur la table. Ainsi, la France a proposé 360 milliards d’euros de recapitalisation et d’argent frais aux banques qui le souhaitaient, une initiative alors saluée y compris par le Parti socialiste et le Front national, satisfaits de voir les grandes banques françaises extraites de la tempête. Sans aucune contrepartie, cette manne incroyable a été distribuée aux établissements financiers qui n’hésitaient pas, bientôt, à mordre la main qui les a nourris. Car ces centaines de milliards ont été financés par un large emprunt de l’Etat sur les marchés, c’est-à-dire aux mêmes banques et compagnies d’assurances bénéficiant du « plan de sauvetage » ; et elles n’hésitaient pas à tout faire pour maintenir, sur cette dette créée de toutes pièces, les taux d’intérêts les plus élevés. Dans un rare instant de lucidité[14], Le Monde relaya en janvier 2014 une étude selon laquelle « entre 200 et 300 milliards d’euros par an d’avantage financier » ont bénéficié aux banques européennes.

 

Même au cœur de la crise financière, en 2008, les principales banques françaises ont réalisé des milliards d’euros de bénéfices, distribuant à leurs dirigeants et actionnaires des gigantesques profits. Grâce à la recapitalisation gratuite fournie par les Etats, donc les travailleurs contribuables, aucune remise en question n’a été réalisée par les grands établissements financiers. En fait, alors que le krach venait de faire disparaître en poussière des milliers de milliards d’euros dans les bourses de la planète, les gouvernements et la grande bourgeoisie financière propriétaire des banques ont simplement veillé à remettre dix balles dans le flipper. Ou pour prendre une image plus appropriée aux méthodes de casino employées dans la finance capitaliste, à opérer une « recave » géante – paiement d’une nouvelle mise pour revenir à la table de jeu, après avoir perdu au poker. Les milliers de milliards d’euros dépensés par les Etats pour « aider » les banques ont permis à ces dernières de poursuivre leurs activités de spéculation, en prétextant que les cesser reviendrait à céder à la panique, le tout sous les applaudissements des politiciens européens. Dans ce mauvais cirque, les travailleurs ont été doublement perdants : d’abord, ce sont les petits porteurs et les salariés qui ont subi de plein fouet la crise financière ; ensuite, ce sont tous les contribuables, notamment les simples employés écrasés par les taxes, qui ont payé le remboursement de la dette publique, donc le « plan de sauvetage » du système.

 

 

- La bulle éclatera

L’un des premiers principes du capitalisme est l’opacité dans laquelle les dirigeants économiques opèrent. Les propriétaires de capitaux ont un droit inaltérable à l’anonymat, à la « liberté » de spéculer avec des sommes à peine croyables, et n’ont de comptes à rendre à personne. Il est donc très difficile de connaître la situation réelle des banques aujourd’hui, et pour l’observateur étranger aux cercles de pouvoirs, se fier aux indices laissés par le marché sont la seule option. Le rapport du FMI est, à lui seul, un puissant révélateur sur l’état d’esprit dans lequel se trouvent les dirigeants financiers, pourtant versés d’ordinaires dans l’autosatisfaction et le déni des risques.

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

« La délégation de la gestion quotidienne de portefeuille crée des problèmes d’incitation entre investisseurs ultimes et gestionnaires, ce qui peut encourager des comportements déstabilisateurs et amplifier les crises », dit le Fonds monétaire international. « La stabilité financière n’est pas fermement établie dans les pays avancés et les risques se sont intensifiés dans beaucoup de pays émergents » poursuit l’organisme international, dans un discours dont la platitude n’a d’égale que le caractère exceptionnel. Le meilleur résumé se trouve sans doute dans les constatations les plus techniques : « Les options de rachat facile et la présence d’un «avantage du précurseur» peuvent provoquer des risques de ruée, et la dynamique des prix ainsi enclenchée peut s’étendre à d’autres compartiments du système par le conduit des marchés de financement, des bilans et des garanties. ». Au cas où ça ne vous semble pas très clair, en langage FMIste, ça signifie que la prochaine crise internationale est pour très bientôt.

 

 

- Ça gonfle, ça gonfle

L’autre institution internationale issue de Bretton Woods, la Banque mondiale, présente des statistiques qui peuvent être un marqueur très intéressant. Pourtant, comme l’INSEE, la façon dont les données sont présentées et structuraient gomment volontairement les paradoxes béants de l’économie contemporaine, pour mieux défendre l’ordre établi ; de plus, la Banque accuse un grave retard dans la publication des chiffres, les derniers en date étant ceux de l’année 2013. Néanmoins ils restent instructifs : les capitalisations boursières totales des entreprises cotées[15], après avoir accusé le coup en 2007-2008 et en 2011, sont nettement reparties à la hausse. Elles marquent une reprise en flèche des spéculations boursières, alors même que les économies réelles ont tendance, elles, à patiner.

 

Les ratios capital/actif des banques ont suivi, en sens inverse, la même courbe[16] : ces dernières années, la part de fonds réels contenue dans la capitalisation des établissements financiers a lourdement diminué ; et tout indique que le mouvement s’est accéléré entre 2013 et 2015, une période non traitée par la Banque mondiale. Cette courbe internationale n’a pas été suivie par la France : notre pays a légèrement amélioré son ratio ces dernières années. Il faut dire que les banques hexagonales partaient de très loin : en 2013, dernier chiffre connu, les établissements français ne disposaient toujours que de 5,4% de fonds propres par rapport à l’ensemble de leurs actifs financiers. C’est, à très peu de choses près, au même niveau que l’exemple que nous donnions : une capitalisation à deux millions d’euros pour un capital réel à 100.000 euros.

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

Plus probant encore, la montée vertigineuse des capitalisations est constatable par l’évolution des places boursières, autant valable en points d’indice qu’en montant monétaire. Le Dow Jones, qui avait atteint les 14.198 points en octobre 2007, a dégringolé dans les mois qui ont suivi, passant brièvement sous la barre des 8.000 points début 2009. Mais très rapidement, il a repris un rythme de croissance soutenu, franchissant son record avec 14.268 points en mars 2013, et ne cessant de crever le plafond depuis. Le 19 mai 2015, il a établi son plus haut niveau en fermeture à 18.312 points ; au soir du 1er juin, il était toujours supérieur à 18.000.

 

La Bourse de Paris et son indice phare suivent la même déroutante course. Supérieur à 5.000 points en ce début du mois de juin, il atteint surtout des niveaux de capitalisation record. Mi-juillet 2007, avant d’être affecté par la crise des subprimes, le CAC 40 établissait un record avec tout juste 1.300 milliards d’euros. Il a ensuite lourdement baissé dans les dix-huit mois qui ont suivi : d’environ 1.000 milliards début 2008, le CAC n’était plus qu’à 570 milliards d’euros début 2009. Depuis, l’indice boursier français n’a fait que grimper, si bien que ce printemps, le record de juillet 2007 a été allègrement franchi. Le CAC s’est élevé au-dessus des 5.000 points, en finissant le 1er juin avec une capitalisation de 1.353,28 milliards d’euros ; et le 27 avril, il a même réalisé un record en clôturant à 1.415 milliards.

 

 

- L’explosion pour bientôt

Ces chiffres qui se succèdent semblent ne pas signifier grand-chose, et il est vrai qu’ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ce sont de petits révélateurs d’un mouvement global : jamais la capitalisation, en France et dans le monde, n’a été aussi élevée. En ajoutant l’ensemble des établissements financiers, le fossé entre l’économie réelle et la spéculation boursière devient une abîme. Dans cette course effrénée, la bulle gonfle encore et toujours, en quantité et en proportions, faisant apparaître toujours plus nettement la seule perspective possible : l’éclatement violent de ce gonflement artificiel, le plus grand que l’Histoire aura connu.

 

Les grands porteurs d’action, les milliardaires de la grande bourgeoisie financière, savent parfaitement jouer avec les règles du marché ; quand l’éclatement surviendra, ils en seront les premiers informés, car ils disposent de tous les outils pour visualiser l’évolution proche des actifs financiers. En attendant, ils s’empiffrent sans aucun cas de conscience : en 2014, les dividendes du CAC 40 ont bondi de 25%. Dévoilés, sans bruit[17], en février 2015, ils ont atteint 56 milliards d’euros pour la seule année dernière, et pour les seules quarante entreprises présentes dans l’indice. Le record, accompli en 2007 avec 57,1 milliards d’euros, est frôlé.

Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser

Dirigeants économiques, politiciens et éditorialistes poursuivent leurs activités, vaquent à leurs occupations sans se soucier de la suite. Pourtant, dans les sphères proches du pouvoir – réel, celui de la grande bourgeoisie – la certitude d’une crise prochaine se dessine plus clairement. Et cette fois, personne ne sait exactement comment en sortir. Les Etats, déjà étranglés par une dette gigantesque due au « sauvetage » de 2008 et aux intérêts des créanciers, auraient bien du mal à allonger la monnaie pour « recaver » une deuxième fois dans la même décennie. Mais pour l’instant, nos très chères élites font l’économie d’une telle discussion.

 

Le scénario se confirmera : si ce n’est pas cet été, ni en 2016, ce sera à coup sûr dans les prochaines années. Le système financier capitaliste est un monstre gigantesque, en croissance permanente, construit toujours plus sur du vide. La sortie de la crise financière de 2008 par une extorsion massive de richesses aux peuples, organisée par la caste politico-médiatique aux ordres de la classe capitaliste dominante, a simplement accordé un sursis de quelques ans au système en place. La crise des subprimes, et le krach international consécutif, ont révélé la nature même du régime économique de notre époque, où l’artifice cache mal les blessures profondes. Il ne reste plus qu’à espérer que les peuples, à commencer par les travailleurs français, en fassent une occasion de pousser à la transformation radicale de notre société. Céder à la servitude une nouvelle fois mettrait à genoux la France, sa classe ouvrière, son restant de souveraineté ; se redresser, au contraire, est toujours possible. Il faudra, simplement, arrêter de s’incliner devant la poignée de milliardaires et leurs avatars politiques, de la gauche socialiste à l’extrême-droite chauvine.

 

  • Les indices ne manquent pas pour annoncer la crise prochaine. Déjà, le FMI sonne l’alarme, dérogeant à ses habitudes les plus élémentaires ; ensuite, les faillites en série dans l’espace européen sont un signal fort de ce qui adviendra ; enfin, la structure même de la finance capitaliste pousse l’économie, à vitesse grand V, vers le prochain krach boursier.
  • Il ne fait nul doute que la prochaine crise arrivera ; ce peut être cet été, ou dans cinq voire dix ans, mais elle est inéluctable.
  • La course effrénée conduite par les grands financiers, poussés par la caste politico-médiatique, fera beaucoup de dégâts – et avant tout chez les travailleurs qui nourrissent le monde de richesses, plutôt que chez les spéculateurs qui gonflent leur fortune.
  • La question qui doit nous animer, désormais, est moins la façon dont cette crise se déroulera, ou le moment auquel elle surviendra ; mais ce que nous ferons, en tant que peuple déjà âprement exploité, quand l’économie mondiale sera à nouveau à la croisée des chemins.

 

PS :

L’article est consultable sur la nouvelle version du BILAN à cette adresse, pour un plaisir de lecture accru. Profitez-en !

 

Notes :

[1] : http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/gfsr/2014/02/pdf/execsumf.pdf

[2] : http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/gfsr/2015/01/pdf/execsumf.pdf

[3] : https://www.banque-france.fr/economie-et-statistiques/changes-et-taux/les-indices-obligataires.html

[4] : http://prixdubaril.com/

[5] : http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/l-allemagne-tente-de-contenir-la-contagion-de-la-crise-bancaire-autrichienne-461187.html

[6] : http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/andorre-menacee-par-une-crise-bancaire-de-grande-ampleur-460932.html

[7] : http://www.lesechos.fr/01/03/2015/lesechos.fr/0204192794824_la-crise-bancaire-s-accelere-en-russie.htm

[8] : http://fr.euronews.com/2015/05/28/la-banque-russe-sberbank-victime-de-la-crise-et-des-sanctions/

[9] : http://www.challenges.fr/economie/20150402.CHA4540/l-italie-est-elle-au-bord-d-une-crise-bancaire-majeure.html

[10] : http://www.borse.it/spread/quotazioni/BTP_BUND/90/giorni

[11] : http://www.argentumlux.org/documents/JEL_6.pdf

[12] : https://www.youtube.com/watch?v=mzuPeyi7FWc

[13] : http://www.hbo.com/movies/too-big-to-fail/

[14] : http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/01/27/les-banques-europeennes-et-le-jackpot-des-garanties-d-etat_4354966_3234.html

[15] : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/CM.MKT.LCAP.GD.ZS

[16] : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/FB.BNK.CAPA.ZS/countries

[17] : http://www.leparisien.fr/economie/cac-40-56-milliards-d-euros-de-dividendes-reverses-aux-actionnaires-09-02-2015-4518971.php

 

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- Pour Jean-Luc Mélenchon, le 30 novembre 2017 : « il va y avoir une crise car la bulle financière va éclater et personne ne paiera jamais cette dette. »

Jean-Luc Mélenchon était l'invité de "L'Émission politique" sur France 2. Une émission au cours de laquelle il a déclaré. : « Ecoutez moi bien car c’est une chose très importante pour l’histoire des années qui viennent… Premièrement, il va y avoir une nouvelle crise parce que la bulle financière va éclater. Deuxièmement, personne ne paiera jamais cette dette. Faites-moi plutôt confiance pour essayer d’en sortir par le haut tranquillement, gentiment, plutôt que de laisser tout se détruire et les économies plonger dans le chaos ! Eh bien, je vous donne rendez-vous dans un an ou deux et on discutera de savoir où on en est. »

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21 mai 2015 4 21 /05 /mai /2015 08:12
" Jeunes étudiantes portant des minijupes marchant dans la rue " à Kaboul en 1972

 

- Afghanistan, 20 ans de guerre en travers de la gorge[2] !

- La « perte » de l’Afghanistan par les États-Unis est un repositionnement et la nouvelle mission n’est pas une « guerre contre le terrorisme », mais contre la Russie et la Chine[3] .

 

  • Du 27 avril 1978 au 27 avril 1992, des forces de gauche sont au pouvoir en Afghanistan.
  • 27 décembre 1979 : l’armée soviétique entre dans Kaboul à la demande du gouvernement Najibullah confronté aux guerrillas féodalo-islamistes épaulées par les USA et plusieurs pays arabes.
  • Le retrait des soviétiques puis la défaite de la gauche afghane trois ans plus tard amènent l’exode de centaines de milliers de familles progressistes et laissent place à la propagation d’un islamisme de masse.
  • Les Etats Unis comme tous les pays occidentaux, comme la Chine, comme les prétendus nouveaux philosophes auraient mieux fait d’y réfléchir à deux fois avant de soutenir et fournir à foison des armes et de l’argent pour les mollahs et les madrasas.
  • Cet article a été rédigé en 2006. Depuis..............................

 

Sources : le Parti de Gauche Midi-Pyrénées le 28 mai 2006 par Jacques Serieys | mis à jour le 19/08/2021

- 1- Remarques sur l’histoire de l’Afghanistan jusqu’en 1978

Placé sur la grande route de la soie, au carrefour de l’Asie (entre Perse, Russie, Turco-mongols, Chine et Inde...), l’Afghanistan a connu une histoire riche depuis le néolithique. Les villes de Kaboul, Hérat, Kandahar, Balk, Bagram, Ghazni... ont resplendi à plusieurs époques au coeur de la Bactriane antique puis de la grande civilisation des Kouchans, dans l’Empire ghaznévide... Ensuite, le développement du capitalisme international par les routes maritimes laissa l’Afghanistan à l’écart des évolutions du monde ; les villes perdirent beaucoup de leur puissance économique, sociale et culturelle au profit d’un féodalisme rural dominé par de grands propriétaires terriens et des chefs de guerre, au profit aussi de mollahs autour desquels s’organisait la vie des villages.

 

Des historiens russes ont daté les prémisses d’un Etat afghan du 17ème siècle (principautés féodales de Akora et de Teri) et de 1713 lorsque plusieurs chefs féodaux locaux s’entendirent pour chasser le gouverneur de Kandahar nommé par le Shah d’Iran. Ceci dit, l’absence de relations économiques entre les territoires n’a pas poussé à la naissance d’un peuple ou d’une nation. Le pouvoir politique s’est donc disputé au gré des rapports de forces dans un chaos permanent. Les moments d’unification furent rares comme sous la domination du clan Sadozai de la tribu Durrani (ethnie pachtoun).

 

Reste de cette histoire une mosaïque d’ethnies (Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks, Hazaras, Turkmènes, Kirghizes, Aïmaks, Baloutches, Nouristanis...), de tribus, de sous-tribus, de clans, de langues séparés par l’histoire (innombrables déplacements de population et innombrables conquérants), par la géographie (hautes montagnes, grands déserts), par des intérêts divergents, par des religions différentes, par l’attraction économique et culturelle de civilisations voisines.

 

- De 1839 à 1919, la Grande Bretagne essaya en vain d’imposer son protectorat sur ces populations guerrières et indépendantes. A plusieurs reprises, les armées britanniques connurent des défaites humiliantes (bataille de Gandamak en janvier 1842). C’est surtout de cette lutte contre l’envahisseur colonial que date un nationalisme féodalo-monarchique afghan d’autant plus que c’est lui qui traça les premières frontières.

 

- En 1919, une nouvelle guerre entre Britanniques et Afghans (dirigés par le prince Amanullah Khan) se termine par une défaite des British Armed Forces ; par souci de protection, Kaboul se tourne vers la jeune Union des Républiques Socialistes Soviétiques. L’Afghanistan est le premier Etat à reconnaître l’URSS et à signer avec elle des traités de coopération et de non-agression.

 

- De 1919 à 1929, l’Afghanistan connaît une décennie de développement à l’européenne : création de routes, de lycées, développement des villes, infrastructure étatique permettant de collecter l’impôt... L’émancipation de la femme afghane progresse rapidement (éducation, abolition du port du voile, interdiction de la polygamie, interdiction du mariage des jeunes filles avant l’âge de 9 ans, droit de vote). Qui porte cette politique ?

  • Sur le fond, des couches sociales citadines
  • Au sommet de l’Etat, des modernisateurs comparables au turc Kemal Atatürk, en plus démocratiques et plus progressistes.

 

- Survient alors en Afghanistan, ce qui était arrivé durant la révolution française

La majorité des paysans de sociétés rurales restées les plus féodales soutiennent leurs anciens oppresseurs (religieux et grands propriétaires) contre ceux qui croient pouvoir les libérer. La structure sociale et idéologique paraît alors plus forte que toute aspiration individuelle ou collective. L’intérêt trouvé par des abrutis locaux dans le maintien du patriarcat paraît plus important que la réforme agraire, l’éducation... Les religieux organisent une révolte qui oblige Aminullah à quitter le pays.

 

- Du 17 janvier 1929 au 13 octobre 1929, l’Afghanistan subit une première domination sanglante des fondamentalistes avec Habibullah Ghazi comme roi. Ce dernier est assassiné par Mohammad Nadir Shah qui convoque une Loya Jirgah (assemblée traditionnelle réunissant les chefs religieux, tribaux et militaires) pour être proclamé roi en septembre 1929 ; avec lui les fondements du pouvoir retournent aux chefs religieux et tribaux.

 

- Jusqu’en 1973, Mohammad Nadir Shah puis son fils Mohammed Zaher Chah siègent sur le trône royal afghan. Dans les années 1950 et 1960, la poussée tiers mondiste mondiale, les liens entre les Etats Unis et l’ennemi pakistanais expliquent les liens renoués avec l’URSS : construction de barrages, de centrales hydro-électriques, d’usines, scolarisation des femmes, droit de ne pas porter le voile... L’Afghanistan fait alors partie de la zone d’influence soviétique : les officiers comme beaucoup de hauts fonctionnaires sont formés en URSS ou au moins par ses coopérants. Les Etats-Unis veulent aussi prouver leur capacité à mener à bien des projets (barrage du Helmand, aéroport de Kaboul...). De 1963 à 1973, le pays connaît une période de monarchie constitutionnelle avec une constitution, des partis politiques déclarés et reconnus (à droite des parti islamistes, à gauche le PDPA).

 

- De 1969 à 1973, plusieurs années de sécheresse, de mauvaises récoltes et de famine affaiblissent la monarchie.

 

- En 1973, le général Daoud renverse son cousin et beau-frère, le roi Mohammed Zaher Khan, instaure la république et en devient le premier président. Ce dictateur populiste dispose d’une faible assise sociale. Il essaie de s’appuyer à la fois sur la haute aristocratie féodale et sur des couches sociales urbaines en cooptant son réseau politique. Des chefs islamistes commencent à rejoindre le Pakistan pour constituer des groupes de résistance comme le tadjik Ahmed Chah Massoud et le pachtoune Gulbudin Hekmatyar. Des guerillas islamistes commencent à se former. Rapidement, le pouvoir subit ce poids politique conservateur et adopte une attitude répressive vis à vis de la gauche formée par le PDPA (Babrak Karmal).

 

 

- 2- 27/04/1978 : la gauche afghane au pouvoir

La répression violente exercée par le pouvoir contre les progressistes met de plus en plus la gauche en situation d’impasse. Le 17 avril 1978, un dirigeant du PDPA, connu et apprécié, est assassiné en pleine rue. La grande manifestation de protestation organisée par ce parti deux jours plus tard est réprimée de telle manière (vaste rafle) que toute la gauche se sent en danger de mort.

 

Pour éviter le processus génocidaire de la gauche qu’a connu l'Indonésie en 1965, des officiers progressistes réalisent un coup d’état qui bénéficie alors d’un large soutien populaire tellement Daoud s’était fait d’opposants et ennemis.

 

Ainsi, le 27 avril 1978, arrive au pouvoir le PDPA (People’s Democratic Party of Afghanistan).

Qu’est-ce que le PDPA ? Un parti né en 1965 dans le sillage de la montée tiers-mondiste, émancipatrice et révolutionnaire des années 1960.

 

Les militants de gauche qui le créent veulent :

  • s’attaquer aux structures féodales rurales, au pouvoir des grands propriétaires terriens, à l’intégrisme religieux, à la grande bourgeoisie prédatrice ;
  • promouvoir l’alphabétisation des garçons et des filles, développer la semaine de 40 heures, instaurer une sécurité sociale...
  • construire un Etat de droit républicain en lieu et place de la corruption régnante ; faire perdre ainsi à la multitude de mollahs leur rôle traditionnel de prédicateurs porteurs de la parole d’Allah, de chefs politiques, de juges, de maîtres d’école ;
  • utiliser cet Etat planificateur pour développer un réseau de coopératives agricoles, des organismes publics de crédit pour aider les artisans...
  • s’appuyer socialement sur les travailleurs, les petits paysans, les intellectuels, les couches urbaines.

 

La majorité des cadres du PDPA proviennent des milieux enseignants, journalistes, bourgeoisie urbaine cultivée, quelques officiers formés en URSS.

 

Dès l’été 1978, des zones rurales s’insurgent et sont rejointes par plusieurs garnisons. Le Sud-Est, région de forte implantation islamiste est en sécession.

 

 

- 3 - La décision des USA de renverser la gauche afghane date du début juillet 1979

Dès le début juillet 1979, les Etats Unis décident d’intervenir en Afghanistan par le biais :

  • d’une part d’une assistance financière et militaire aux moudjahiddin (« guerriers saints ») ;
  • d’autre part d’un soutien direct de la part du Pakistan voisin (préparation d’un gouvernement fantôme à Peshawar, formation militaire, logistique...).

 

Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité de Jimmy Carter, a affirmé en janvier 1998 que c’est « le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul[1] ».

 

Pire, la CIA comme l’administration du Pentagone mise sur le fait qu’en intervenant massivement, l’URSS va se trouver obligée de faire de même et de s’engluer dans le "piège afghan".

 

La décision américaine se traduit rapidement par une extension des guérillas. Elle représente un tel encouragement politique et militaire que la garnison de Kaboul elle-même se soulève et passe à l’opposition.

 

En octobre, la moitié des 85000 soldats de l’armée ont quitté leur affectation, rejoignant généralement l’insurrection contre le PDPA.

 

Les dirigeants du PDPA sont à présent dépassés par les enjeux stratégiques mondiaux qui se jouent dans leur pays. D’ailleurs, leur division s’exacerbe au plus mauvais moment entre d’une part le Khalq (Peuple) majoritaire, radical et assez peu politisé), d’autre part le Parcham (Etendard).

 

 

- 4 - 27/12/1979 : l’armée soviétique entre dans Kaboul

Le PDPA dirigé par le Khalq :

  • promeut des mesures progressistes dont il escompte le soutien du milieu paysan pauvre et modeste (alphabétisation, annulation des emprunts immobiliers ruraux, réduction de la dot, interdiction du mariage des enfants, interdiction des prêts financiers au bazar, redistribution de terres...);
  • se bat face à ses ennemis, les emprisonne, les abat parfois.

 

Dans le contexte montagnard afghan d’isolement géographique et culturel de nombreuses zones, les mollahs (religieux), les grands propriétaires et les maliks (chefs de villages) montent contre le gouvernement des populations rurales pourtant rationnellement intéressées par ces réformes.

 

Quatre autres éléments pèsent alors contre la réussite du PDPA :

  • l’action prosélyte de pays musulmans contre les "communistes" de Kaboul. L’Arabie saoudite apporte un financement considérable aux sept organisations de moudjahidines dès juillet 1979 au plus tard ;
  • le contexte international de réaction avec les USA en gendarmes du monde. Le 3 juillet 1979, Washington décide de fournir une aide financière et militaire considérable aux moudjahidines ;
  • le rôle de la dictature pakistanaise dont les services secrets servent de relai entre Washington, Ryad, les "zones tribales" et les guérillas afghanes ;
  • la poussée islamiste iranienne aux portes des régions rurales les plus conservatrices d’Afghanistan (Sud-Est).

 

Confronté à ce soutien international des forces impérialistes et abruties, le gouvernement afghan demande officiellement à treize reprises à l’URSS une intervention militaire pour le soutenir. Moscou analyse la situation et répond non avec pour argument essentiel que cela renforcerait les religieux et le soutien qu’ils reçoivent des pays capitalistes.

 

Pourtant, le gouvernement soviétique accroît son intervention en Afghanistan après deux évènements importants :

  • le soulèvement de la garnison d’Herat (aux portes de l’URSS) contre le PDPA ;
  • l’assassinat en septembre 1979 du président afghan (PDPA) Noor Mohammed Taraki.

 

Environ 55000 soldats soviétiques participent à l’intervention en cette fin d’année 1979. Ils appuient l’arrivée au pouvoir de Babrak Karmal, dirigeant modéré du PDPA, proche d’eux. Ils poussent à une attitude conciliante vis à vis de la religion et des religieux. 2000 prisonniers politiques sont libérés ; les discours et communiqués officiels commencent par Bismillah (au nom d’Allah).

 

 

- 1979, c’est l’année de la révolution khomeiniste en Iran.

Il aurait été logique que les Etats Unis restent prudents vis à vis de guérillas religieuses pour éviter une propagation islamiste ; or, ils vont peser de tout leur poids pour soutenir et armer ces groupes profondément réactionnaires. C’est dans ces conditions qu’ils utiliseront Oussama Ben Laden pour faire parvenir des armes et de l’argent ici et là. Chaque année, de 1981 à 1989, Washington va y engloutir environ 500 millions de dollars auxquels s’ajoutent les aides financières et en armement du Pakistan, de l’Arabie saoudite, de l’Iran, de la Chine, de l’Egypte...

 

Dans le même temps, des volontaires affluent de divers pays du monde arabo-musulman pour aider les moudjahidines (Algériens, Philippins, Saoudiens, Égyptiens...).

 

Les effectifs soviétiques augmentent rapidement : 85 000 hommes en mars 1980, 118 000 en 1982.

Sur 10 ans, plus de 900 000 jeunes Soviétiques servent en Afghanistan, 14 000 d’entre eux sont tués et 75 000 blessés, victimes d’armes fournies par l’Occident.

 

Cependant, les moudjahidines contrôlent une partie de plus en plus importante de l’Afghanistan rural.

 

En 1988, Gorbatchev décide le retrait des troupes russes, retrait complètement terminé en février 1989.

 

Ne sous-estimons pas dans cet échec du PDPA et de l’URSS, le rôle considérable des médias occidentaux (dont les grands médias français), présentant les moudjahidines en référence aux "Résistants" de 1940 1945. Grotesque bêtise !

 

 

- 5 - L’Afghanistan depuis le retrait soviétique

Notons seulement trois faits :

  • l’Afghanistan progressiste du président de la république Najibullah tient seul au pouvoir durant plusieurs années jusqu’au 27 avril 1992 face à des guérillas soutenues par les Etats Unis, le Pakistan, l’Arabie... l’Oumma... En mars 1989, tous les réactionnaires et ignorantistes au service des USA croient pouvoir écraser l’armée afghane à présent privée de tout soutien soviétique. A partir du Pakistan proche, des forces considérables avancent vers Jalalabad et en entreprennent le siège. Surprise : des forces de l’armée régulière de Najibullah brisent ce siège et font éclater l’unité des islamistes ;
  • dès le printemps 1990, un tartuffe pro-occidental nommé Boris Eltsine arrive au pouvoir à Moscou. L’isolement international de Kaboul s’accroît de façon inexorable rappelant la fin de la république espagnole avec une retirada aussi massive et aussi dramatique ;
  • La politique menée par le PDPA est indiscutablement meilleure pour le pays que tout ce qu’a connu l’Afghanistan depuis, à savoir la longue guerre civile entre factions de 1992 à 1996, puis la dictature des talibans, puis l’intervention militaire américaine. Notons un point : en 14 ans de présence du PDPA au gouvernement à Kaboul (intervention soviétique comprise), les spécialistes s’accordent sur environ 8000 Afghans moudjahidines exécutés. Une fois ce parti vaincu, les seuls combats entre factions islamistes dans la capitale ont fait plus de cent mille morts en un an.

 

Oui, il exista un Afghanistan de gauche qui présentait de nombreux défauts mais qu’il aurait fallu soutenir plutôt que de céder aux sirènes médiatiques au service des ignares obtus dirigeant la CIA.

 

Je ne peux terminer sans rappeler comment est mort le dernier président réel de l’Afghanistan auquel un jour l’histoire rendra hommage : lors de la prise de Kaboul en avril 1992, il essaie de quitter son pays mais en est empêché par le clan de Dostom devenu un allié des USA après le départ des soviétiques suite à des arguments sonnants et trébuchants. En 1996, les talibans prennent Kaboul, s’emparent de l’ancien président réfugié dans un bâtiment des Nations Unies :

 

Quoiqu’en pensent Le Figaro, L’Express, le Nouvel observateur, Le Monde et La Dépêche du Midi, l’humanité pensante n’était pas du côté des guerriers saints soutenus par les faucons de Washington. Avec le PDPA, les réverbères recevaient de l’électricité pour éclairer les rues et non pour pendre sans aucun procès un ancien président de la république.

 

- 6 - 1997-2001 : les Talibans

- 7 - Intervention de l’OTAN

- 8 - 31/12/2014 : Les forces de l'Otan mettent fin à leur intervention déclenchée en 2001 pour chasser les Talibans d'Afghanistan

- 9 - 15/08/2021 : les talibans font chuter le gouvernement afghan et prennent le pouvoir

Jean-Luc Mélenchon : " La victoire des talibans en Afghanistan déclenche légitimement un flots de commentaires et l’angoisse y domine, à juste titre. Engagé dès la première heure contre cette intervention militaire des USA (soi-disant en réplique aux attentats du 11 septembre 2001), je suis d’autant plus révolté contre le résultat final de ces vingt ans de guerre. J’ai déjà dit que j’avais chaleureusement applaudi la défaite des USA au Vietnam. Leur défaite (cette fois-ci encore), par contre, ne me procure qu’affliction et colère contre eux et je ne veux pas m’en cacher. Elle me soulève de dégoût pour ceux qui ont conduit les évènements jusqu’à ce point. Car tout était hautement prévisible depuis le premier jour. [2]"
 
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- Afghanistan : Jean-Luc Mélenchon " pour comprendre la guerre, suivez les pipelines ! "

Intervention de Jean-Luc Mélenchon le 18 septembre 2019 à l’Assemblée nationale à propos d’un traité de coopération entre l’Union européenne et l’Afghanistan.
Le président du groupe «La France insoumise» a commencé son exposé par parler de la première cause de la guerre : le pétrole et les pipelines. Il a dénoncé le rôle néfaste des États-Unis qui, après avoir entretenu Al Qaïda, sont intervenus militairement officiellement pour détruire cette organisation terroriste.

 

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé les hypocrisies contenues dans le texte de l’accord de coopération UE-Afghanistan, pointant notamment du doigt la question des droits des femmes ou encore de la liberté de conscience. Il a dénoncé un énième accord de libre-échange prônant par exemple la libre circulation des capitaux dans les échanges avec un pays qui est le premier producteur de drogue.

 

 

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 08:10
Le hareng de Bismarck (le poison allemand)

Sources : éditions Plon par Jean-Luc Mélenchon

- Ceci est un pamphlet.

Mon but est de percer le blindage des béatitudes de tant de commentateurs fascinés par l'Allemagne. Je prends la plume pour alerter : un monstre est né sous yeux, l'enfant de la finance dérégulée et d'un pays qui s'est voué à elle, nécrosé par le vieillissement accéléré de sa population. L'un ne serait rien sans l'autre. Cette alliance est en train de remodeler l'Europe à sa main.

 

Dès lors, l'Allemagne est, de nouveau, un danger. Le modèle qu'elle impose est, une fois de plus, un recul pour notre civilisation. Ce poison allemand est l'opium des riches. Changer la donne politique et faire changer l'Allemagne sont devenus une seule et même chose. Il faut le faire avant qu'il ne soit trop tard.

 

- Le livre est disponible ICI

 

 

- Pour en savoir plus sur l'ouvrage

Jean-Luc Mélenchon était ce matin l’invité de J-J. Bourdin sur BFM TV afin de présenter son nouvel ouvrage (dans toutes les bonnes librairies dès demain) : le hareng de Bismarck. A partir de 10’49’’ (!), après les fadaises journalistiques (la famille Le Pen, Hollande...) qui permettent de ne pas laisser l'invité parler de l’essentiel.

 

Dix ans après la victoire du NON au Traité Constitutionnel Européen (TCE), expression majoritaire du peuple souverain bafoué(e) par les gouvernements successifs, ce livre remet les pendules à l’heure sur la situation ordo libérale actuelle, dont le « modèle » allemand (enfin décrypté tel qu’il est) et son gouvernement sont le moteur.

« Ceux qui ne connaissent pas l’Histoire sont condamnés à la revivre » – L’allemand Karl MARX

Vidéo à retrouver ici :

J.L Mélenchon parle de son livre le hareng de Bismarck chez bourdin 06 mai 2015

 

Voici comment Jean-Luc Mélenchon a commencé à présenter cet ouvrage dans une interview au journal Le Point qu'A Gauche publie simultanément.

 

- « En politique, il faut toujours un ennemi. Dans ce livre, vous en désignez un : les Allemands. Pourquoi eux et non plus les États-Unis ?

Jean-Luc Mélenchon : Vous y allez fort ! Non, ce n’est pas mon état d’esprit. Je ne m’en prends pas à un « génome » allemand qui les pousserait à vouloir toujours dominer. Je ne suis pas en manque d’ennemi. Le mien reste la finance et le productivisme. Mais l‘Allemagne est devenue leur avant-garde. Dès lors non seulement l’Europe n’est plus le grand projet social dont nous rêvions. Mais elle ne garantit plus la paix. Car dans ce concert de nations, l’une d’entre elle, l’Allemagne, prend le pas sur les autres et impose un modèle économique, l’ordolibéralisme. Il sert ses intérêts mais conduit inéluctablement à la catastrophe. Mon livre lance l’alerte. L’Europe va sombrer dans les violences dans les nations comme entre elles. Le supplice de la Grèce le prouve.

 

 

- Qu’est-ce que l’ordo-libéralisme que vous dénoncez ?

Les Allemands ont inventé cette vieille théorie. Elle professe que la politique est frivole et l’économie sacrée. On sanctuarise donc des règles économiques considérées des lois de la nature. Donc, on les met hors du champ des décisions politiques. En réalité c’est l’emballage d’un égoïsme de classe bien précis. Mme Merkel gouverne un pays en panne démographique. Les retraités toujours plus nombreux forment le gros de ses électeurs ! La retraite par capitalisation des vieillards allemands exige toujours plus de dividendes. Donc moins de salaires et d’investissements. La finance règne. Elle domine le capitalisme allemand grâce à la dérégulation organisée par le PS allemand : un comble !

 

 

- Dont la règle d’or des déficits ?

Les niveaux des déficits, en effet. Mais aussi la monnaie fétichisée, l’inflation et la dette diabolisés. C’est une vision dogmatique très bornée. Les leaders allemands l’assument sans s’en rendre compte. Ainsi quand l’odieux ministre de l’économie allemande, M. Schaubble, déclare : la France « serait contente que quelqu’un force le Parlement… » il ajoute : « mais c’est difficile, c’est la démocratie ». Cette précision est comme un manifeste de l’ordo-libéralisme : la démocratie est un problème dans la mesure où elle permet au politique de nier le dogme économique sacré. La France, son histoire, sa culture, c’est exactement l’inverse : toutes nos constitutions républicaines se sont mêlées d’économie. Pourquoi devrions-nous renoncer à notre modèle ? A mes yeux il est supérieur au modèle allemand quand il s’agit d’organiser la vie humaine en société ? L’ordo-libéralisme est anti-républicain. Il détruit les liens sociaux et la vie civique.

 

 

- Pierre Moscovici estime que vous commettez un contre-sens et affirme que Schauble plaisantait…

La servilité de Pierre Moscovici fait honte!

 

 

- Pardon mais les Allemands ne nous imposent pas grand-chose. Cela fait neuf ans que nous ne respectons pas la règle des 3% de déficit… Donc, l’ordo-libéralisme, on lui donne tourne le dos allégrement !

Ce que vous dîtes est incroyable : des traités inapplicables doivent-ils être sacralisés ? Les traités sont choses humaines. Il faut discuter de leur contenu par rapport à leur résultat. Nage-t-on dans le bonheur en Europe ? Le chômage et la pauvreté martyrisent des masses humaines considérables. Partout l’extrême-droite monte. L’Allemagne, elle, accumule les excédents commerciaux ? Et qu’en fait-elle ? Elle les place sur les marchés financiers car elle a étouffé en Europe, l’activité économique pour les employer. Ce faisant, l’Allemagne alimente elle-même la bulle financière qui va bientôt produire un nouveau désastre en explosant. Bonjour le modèle !

 

 

- Pensez-vous réellement que François Hollande puisse vendre aux Allemands le modèle français ?

Non. François Hollande a changé de camp. Il roule pour l’ordo-libéralisme. Les Français ne savaient pas qu’en votant Hollande, ils élisaient Merkel. Il a avoué d’ailleurs : « La France veut être le meilleur élève de la classe européenne ». Pour moi la France n’est l’élève de personne et elle peut apprendre beaucoup aux autres ! Tant qu’à faire, sur bien des sujets, mieux vaut qu’elle soit le maitre !

 

 

- A vous lire, les Allemands usurpent une réputation de sérieux. C’est gonflé, quand même…

En France nous adorons par modes successives, des « modèles ». On a eu droit aux « dragons asiatiques », puis, aux « tigres européens » tels l’Irlande ou l’Espagne. Des tigres de papier, en vérité, qui se sont effondrés avec l’explosion de la bulle financière en 2008. Et revoilà donc, le « modèle allemand », efficace, discipliné. Une illusion ! L’économie allemande est délabrée. Avec des équipements en ruine, et douze millions de pauvres, avec de moins en moins d’enfants, les jeunes qui quittent le pays, des vieux qu’ils relèguent, et une espérance de vie en recul, qui veut être allemand ?

 

Mon livre reprend le débat européen. On affichait qu’on ferait l’Europe sans défaire la France. Pour l’instant, on défait la France sans faire l’Europe des êtres humains. L’Allemagne nous domine, nous gronde, nous corrige, nous coupe de nos bases méditerranéennes ! Que reste-t-il ? Juste un grand marché qui nie notre modèle colbertiste qui est notre atout. En France, l’entrepreneur se met à la file du peloton ouvert par l’État. Quand on décide de faire des fusées, c’est l’État qui prend les choses en main. Et aujourd’hui, nous avons 50% du marché mondial… Et je pourrai citer bien d’autres exemples. Il n’y a pas une seule réussite européenne qui ne soit, à l’origine, française. Pas une seule ! L’Allemagne nous plombe !

 

 

- Vous donnez le sentiment que la France n’a plus rien à faire avec l’Allemagne…

Non, je ne dirai pas les choses comme ça. L’Allemagne est là de toute façon. Mais on ne peut accepter sa domination. Mon livre montre ses abus de pouvoir. Et sa manie d’imposer aux autres ce qu’elle croit bon pour elle. La sortie raisonnable, ce n’est pas de s’affronter avec eux mais de les remettre à leur place. Et de porter sans complexe notre propre message universaliste. Le retraité allemand n’est pas seul au monde : il faut aussi prendre en compte le sort des jeunes français et celui de la planète. L’Europe est la première puissance économique du monde. Cela nous impose des responsabilités. Or, l’ordo-libéralisme allemand ne permet pas de les endosser. Aucune ! »

 

Pour en savoir plus :

- Cécile Duflot critique violemment le « nationalisme étroit » de Jean-Luc Mélenchon

- Réponse à la tribune critique de Cécile Duflot sur le Hareng de Bismarck

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 09:45

C'était un mardi pas comme les autres. Alors que certains célébraient leur liberté, d'autres n'y avaient pas le droit.

Le massacre du 8 mai 1945 marquera la radicalisation du mouvement nationaliste.

 

- Khateb Yacine parle du 8 mai 1945, "du côté de Sétif", en Algérie !!!

 

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 08:05
Heinrich Himmler, le chef de la Gestapo et de la Waffen SS, sur le front russe, en 1942.(1)

Heinrich Himmler, le chef de la Gestapo et de la Waffen SS, sur le front russe, en 1942.(1)

Oui, le RN est « l’héritier de Pétain », le FN a été fondé par des anciens nazis[0] !

Malgré cette histoire, les médias dominants et le camp présidentiel passent leur temps à dédiaboliser le RN issu du FN

 

 

L'idéologie des combattants volontaires des légions nazies contre le «judéo-bolchevisme» a alimenté les idées de l’extrême droite radicale d’après-guerre et lui a donné la capacité de se réorganiser.

 

 

Sources : SlateFR par Nicolas LebourgLebourg | mis à jour le 16/01/2024

En faisant du 8 mai un jour férié, le Président François Mitterrand a voulu souligner comment la victoire contre le nazisme était celle de l’ensemble des Français. Il prolongeait ainsi le récit gaullo-communiste, opposant une France de la Résistance à un gouvernement de Vichy qui n’eût été que trahison de quelques élites. A dire vrai, la défaite de l’Axe fut aussi celle de certains Français.

 

 

- En effet, sur ses 900.000 membres en 1944, la Waffen-SS était composée pour moitié de non-Allemands.

Ce que l’extrême droite radicale nomme «la grande armée européenne» avait attiré son lot de Français, acquis à l’édification du « Nouvel ordre européen » promis par la propagande nazie. Quelles étaient ces unités françaises ? Quels hommes y trouvait-on ?...

 

Avec l'ouverture du front de l’Est le 22 juin 1941, la propagande du IIIe Reich abandonne le nationalisme grand-allemand et affirme prendre la tête d'une croisade pour la sauvegarde de l'Europe. Pour la propagande pro-germanique, l'Alliance des Anglais, des Américains et des Soviétiques implique bientôt de désigner l'unité européenne comme prise entre les mâchoires d'un ennemi unique.

 

Capitalisme et communisme seraient les deux éléments matérialistes désagrégeant les nations et les âmes des peuples au profit de l'instauration d'une ploutocratie juive planétaire. Le discours sur « l’anéantissement » du « judéo-bolchevisme » désigne dorénavant un monstre judéo-américano-soviétique dont «l’impérialisme» agresserait l’Europe.

 

🔴 En France, dès l'ouverture du front oriental, les principaux groupements collaborationnistes lancent ensemble la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme (LVF) qui constitue le 638e régiment de la 7e division de la Wehrmacht (6.000 hommes). Un des cadres de l'Institut des Questions Juives envisage de donner pour symbole à la nouvelle troupe… une croix gammée bleu-blanc-rouge… Le cardinal Baudrillart apporte sa bénédiction à la LVF en considérant que «cette légion constitue une chevalerie nouvelle. Ces légionnaires sont les croisés du XXe siècle». Les volontaires prêtent serment à Hitler le 12 octobre 1941.

 

 

- Les Croisés contre le bolchevisme
Deux des chefs politiques collaborationnistes font le pas de l’engagement: Jacques Doriot et Pierre Clémenti.

  • Le premier est issu du communisme et est le leader du Parti Populaire Français, un parti adepte d’un conservatisme de choc habillé d’un style fasciste.

L’engagement européen mène à une radicalisation de Doriot et du PPF, qui en 1943 n’hésitent plus à se revendiquer « totalitaire » et « européen ». L’engagement de Doriot lui permet d’accroitre son aura auprès des plus ardents collaborationnistes, mais attire force antipathie au PPF. Pour guider le parti durant ses absences, il le confie à Victor Barthélémy (futur secrétaire-général du Front national). Il est abattu en Allemagne en 1945.

  • Le second leader à prendre l’uniforme de la LVF est Pierre Clémenti.

Son Parti Français National-Collectiviste (il s’appelait national-communiste mais l’Occupant lui a demandé de changer de nom) est bien plus modeste et, malgré son nom, relève d’une extrême droite assez classique. Quoique condamné à mort à la Libération, il sera ensuite de tous les coups de l’extrême droite radicale européenne, en particulier au sein d’une Internationale, le Nouveau ordre européen, fondée en 1951 par l’ex-trotskyste, ex-stalinien et ex Waffen-SS René Binet

 

L’anticommunisme est bien le ciment de cet engagement. Il s’agit d’un thème populaire, apte à entraîner le soutien de masses et à susciter des vocations. En 1942, sous l'impulsion des services de propagande allemands, le Comité d'Action Antibolchevique produit une exposition « Le Bolchevisme contre l'Europe », parrainée par les pays européens de l'Axe. Elle reçoit 370.000 visiteurs à Paris, 160.000 à Lille, et encore près de 30.000 à Toulouse où elle se trouve entre le 6 mai et 8 juin 1944.

 

Affiche pour le recrutement des Français.

La LVF dispose de son propre organe de propagande pour mobiliser ses membres : Le Combattant européen. Il est dirigé par Marc Augier, ancien militant de gauche et futur écrivain à succès sous le pseudonyme de Saint Loup. Saint Loup popularisera dans les années 1960-1970 une vision «pop» de la SS, lui inventant une fraction ésotérique prête au coup de force pour imposer une Europe des régions. Mais, dès la guerre, il a le goût de la romance… 

 

Qu’importe que l’action militaire de la LVF soit tout à fait médiocre, Augier excelle à transformer le récit de sa faiblesse combattante en drame épique. Il sait donner une perspective. Membre du « Groupe Collaboration », il a dirigé sa branche des Jeunes de l’Europe Nouvelle. Ses militants diffusent en France, La Jeune Europe, un journal destiné aux jeunes intellectuels, publiant dans ses colonnes toute l’intelligentsia de l’extrême droite européenne, lancé en 12 langues en 1942 afin de représenter la concorde continentale naissant avec la SS européenne. Les militants passent ensuite pour l'essentiel à la Milice ou à la  brigade SS Frankreich.

 

🔴 La Milice est quant à elle fondée en janvier 1943 afin de soutenir l'effort allemand dans le cadre de la répression de la Résistance. Pour la Milice, il n’y a pas de différence entre front de l’Est et guerre civile intérieure : elle ne voit là qu’un seul ennemi. Son chef Joseph Darnand souhaite la transformer en parti unique, et en formation armée unique absorbant la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme qui combat à l'Est. En août, il renforce sa position en jurant fidélité à Hitler et intégrant la Waffen-SS. Avec ses 25.000 miliciens, dont un grand nombre inactifs, il escompte radicaliser le régime de Vichy pour l'entraîner de l'autoritarisme vers le totalitarisme. Il sera exécuté à la Libération.

 

 

- La Waffen-SS française
En 1943, le IIIe Reich accorde aux Français le droit de rejoindre la Waffen-SS au sein de la brigade Frankreich (2.500 hommes). Les brochures promouvant l'engagement alternent l'argumentaire idéologique magnifiant « l'union de la jeunesse européenne contre le nihilisme bolcheviste » et un descriptif sportif (les SS à la plage, à cheval, en motocyclette, etc.) et alimentaire (avec composition des menus... soit un argument de poids en son contexte). 

 

Les hommes de la Frankreich, de la LVF et des Miliciens sont enfin versés dans la Division Charlemagne de la Waffen-SS en novembre 1944 (moins de 8.000 hommes).

 

Selon François Duprat, cadre mais aussi historien des extrêmes droites, le tout premier Français accepté dans la SS fut Jean-Marie Balestre. Il était avant-guerre membre du service d’ordre de la Ligue Internationale contre l’Antisémitisme, mais dès l’été 1940, proche de Clémenti, on le trouve impliqué dans des violences antisémites en compagnie de son ami Robert Hersant.

  • Dans Devenir, (le journal des SS francophones), Balestre trace les grands traits d’une idéologie qui a plus à voir avec celle de l’extrême droite radicale d’après-guerre qu’avec le nationalisme grand-allemand. Le futur président de la Fédération Internationale du Sport Automobile (de 1978 à 1991) certifie alors que les SS français savent qu’Hitler « les conduira au triomphe total, et ils savent aussi que, grâce à eux, la France y aura participé ».
  • Dans les pages de Devenir, on est très loin de l’état d’esprit des croisés de 1941 – d’où d’ailleurs quelques tensions dans la Charlemagne. Ici, on applaudit à la mort des nations grâce à « l’homme nordique qui renaît aujourd’hui », « enraciné » et défait de « l’orientalisme » chrétien. L’écrivain Lucien Rebatet (qui participe après-guerre à la presse d’extrême droite), y salue les Allemands nazis, les Roumains de la Garde de Fer, les antisémites des Etats-Unis, les nationalistes argentins, tous ceux qui ont « l’esprit européen, l’esprit aryen, l’esprit révolutionnaire ». Et de conclure que les engagés du front de l’Est sont « l’élite de cette Internationale aryenne qui refera demain le monde sans Juifs, sans démocrates, sans trusts. Camarades SS de 18 nations, je vous adresse, le bras tendu, notre salut, le salut aryen. Mort aux juifs ! »

 

 

- Les décombres
La sortie de guerre est particulièrement délicate pour ces hommes. Ils ont franchi le Rubicon et, jusqu’au bout souvent, veulent y croire. Ainsi, le SS Marcel Lhomet écrit-il dans une lettre en date du 30 mars 1944 : « C'est un SS qui t'écris. C'est la formation SS qui parle. Nous sommes un ordre de chevalerie, un ordre de soldats, nos lois sont dures. Notre voie est toute droite, sans compromis, et notre but est la victoire européenne, de la Race. [Hitler est] l'homme qui seul est capable de façonner les destinées de l'Occident et de la France ».

 

La Charlemagne est prise dans les tourments de la fin du conflit.

  • Certains de ses hommes sont à Berlin lors de sa chute.
  • D’autres ont été faits prisonniers par les Russes sur le front de l’Est, tel Jean Castrillo, qui s’y découvre slavophile, s’y convertit à l’orthodoxie, et participera après-guerre aux débuts de la Nouvelle droite et sera un cadre du FN. Il sera alors toujours auprès de Pierre Bousquet[2].

 

Face à la débâcle, Bousquet est lui parvenu à se faire passer pour un Français du Service du Travail Obligatoire auprès de l’armée américaine. Le voici engagé par les Américains pour organiser l’arrestation puis le renvoi vers la France des collaborationnistes... Il compte dans l’extrême droite d’après-guerre. Revenu à Paris, il participe en 1946 à un groupe clandestin d’ex Waffen-SS qui tente de placer ses membres dans les mouvements anticommunistes pour pouvoir les manœuvrer.

 

 

🔴 Lorsqu’en 1972 survient la création du Front National, Bousquet n’est pas enthousiaste. C’est alors Georges Bidault, l’ancien président du Conseil National de la Résistance avec lequel il s’est lié, qui l’invite à y participer, même si lui-même préfère demeurer en retrait. C’est avec Bousquet que Jean-Marie le Pen va déposer les statuts du jeune Front National, dont l’ancien de la Charlemagne est le premier trésorier[34]. Même si lui et Castrillo quittent le FN fin 1980 en considérant que, depuis l’assassinat de Duprat, Israël tiendrait Jean-Marie le Pen, de nombreux membres de la Nouvelle droite et du FN seront à ses obsèques en 1991. 

 

En termes militaires, l’apport des Français à la SS n’a pas eu de grande importance....
Mais, en termes politiques, les anciens SS jouent après-guerre un rôle essentiel  dans la reconstruction des extrêmes droites, y faisant montre de capacités d’élaboration idéologique et organisationnelle.

 

 

* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

 

 

🔴 Concrètement à titre d'exemple.....

Voici Léon Gaultier[19], chroniqueur à « Radio Vichy », un des fondateurs de la Milice française, il combattit sous l'uniforme allemand de la Waffen-SS avec le grade de Untersturmführer, il commanda une unité française sur le Front de l'Est durant l'été 1944. et fut l'un des co-fondateurs du Front National en 1972.

 

 

Cette photo[1] date de 1943 où il était Waffen SS. Vous savez ceux qui ont participé à l'extermination de juifs, tziganes, homosexuels, handicapés, autistes et j'en passe... Non le FN n'a pas changé, il a juste repeint sa façade...

 

- CONNAISSEZ VOUS LES FONDATEURS DU FN ?

  • Pierre Bousquet, secrétaire général du Parti de l'Unité Française et ancien de la division SS Charlemagne [2] ;
  • Roger Holeindre, ancien résistant, OAS, fait partie du service d'ordre de Jean-Louis Tixier-Vignancour, fondateur du Parti national populaire, participe à la fondation du FN. [3] ;
  • Alain Robert, pour Ordre nouveau et le GUD [4] ;
  • Victor Barthélemy, ancien du Parti communiste français, puis de la LVF, puis secrétaire général du PPF (voir son livre de mémoires " Du communisme au fascisme ") [5] ;
    et comme il faut frapper le fer tant qu'il est chaud, qui sont les politiques suivants ?
  • Jacques Bompard - Membre fondateur du Front national en 1972 - crée OAS Cambronne, un réseau de soutien à l'OAS. Il rejoint par la suite les rangs du mouvement étudiant d'extrême droite Occident dont il intégrera plus tard le secrétariat national puis à Ordre nouveau après la dissolution d'Occident en 1968 [6] ;
  • Jack Marchal - Adhérent du mouvement Occident dès 1966, il rejoint en 1968 le noyau fondateur du Groupe union défense (GUD) et entre à la direction politique d'Ordre nouveau, dont il dirige la presse. Il participera à ce titre à la création du Front national en 1972 avant de rejoindre deux ans après le Parti des forces nouvelles. Il a rejoint le Front national en 1984 [7] ;
  • Jean-François Galvaire - Membre d'Ordre nouveau en 1970, il fut l'un des fondateurs du Parti des forces nouvelles (PFN). Il devient par la suite conseiller régional Poitou-Charentes pour le Front national et président des Amis de National Hebdo [8] ;
  • Pascal Gauchon - ex-rédacteur en chef de Défense de l'Occident, il fut membre d'Ordre nouveau, puis devint secrétaire général du Parti des forces nouvelles, mouvement d'extrême droite, de 1974 à 1981. En mai 1979, il participe, en 4e position, derrière Michel de Saint-Pierre, Jean-Louis Tixier-Vignancour et Jean-Marie Le Pen, à la tentative de liste commune PFN/FN pour les élections européennes [9] ;
  • Martial Bild -organe du Parti des forces nouvelles (PFN), puis adhère deux ans plus tard, en septembre 1980 [10] ;
  • Didier Lecerf - Il fut membre de la direction du Parti des forces nouvelles et l'un des principaux rédacteurs du journal Pour une force nouvelle. Il rejoint, en 1984, le Front national [11] ;
  • Georges-Paul Wagner – Ancien d’Action Française, élu député des Yvelines en 1986, sous les couleurs du Rassemblement national, fondateur avec Roland Hélie et Philippe Colombani, de l'Institut d'histoire et de politique, centre de formation au service du FN [12] ;
  • Georges Theil - condamné en 2001 par la Cour d'appel de Grenoble pour contestation de crimes contre l'Humanité, condamné le 3 janvier 2006 à 6 mois de prison ferme pour des propos tombant sous le coup de la loi Gayssot qui réprime le négationnisme de la Shoah. conseiller régional FN en Rhône-Alpes de 1998 à 2004 [13] ;
  • François Brigneau, ancien milicien, condamné pour collaboration avec les nazis, relaxé, puis à nouveau condamné pour diverses raisons et notamment diffamation [14] ;
  • Dominique Chaboche, ancien de Occident [15] ;
  • André Dufraisse, ancien collaborateur [16] ;
  • François Duprat, journaliste et ancien de Ordre nouveau, diffuseur du négationnisme, assassiné en 1978 [17] ;
  • Roland Gaucher, ancien collaborateur, après-guerre, il est condamné pour intelligence avec l'ennemi [18] :
  • Léon Gaultier, ancien proche collaborateur du Secrétaire général à l'Information du gouvernement du Maréchal [19] ;
  • Pierre Marion, un des fondateurs de la Milice, il a combattu sous l'uniforme allemand de la Waffen- SS sur le Front de l'Est durant l'été 1944 ;
  • Jean-Jacques Susini – Créateur de l’OAS, condamné deux fois par contumace, à la peine de mort par la Cour de sûreté de l'État, pour son appartenance à l'OAS et comme inspirateur de l'attentat manqué contre Charles de Gaulle. Amnistié sur décision du général de Gaulle en 1968, Candidat pour le Front national aux élections législatives de 1997 dans les Bouches-du-Rhône [20] ;
  • Pierre Sergent - participant du putsch d'Alger, chef d'état major de l'OAS-Métropole en 1961, condamné à mort par contumace par deux fois en 1962 et 1964, lors du procès par la Cour de Sureté de l'État des 8 principaux dirigeants de l'OAS, amnistié en 1968. Élu en 1986 député des Pyrénées-Orientales sous l'étiquette du Front national qu'il avait rejoint en octobre 1972 [21] ;
  • Albert Rosset - a déclaré à propos des chambres à gaz (11 octobre 2004, Lyon, conférence de presse du FN, en présence de Bruno Gollnisch) : « Il faut faire la différence entre la mémoire vécue et la mémoire rapportée. Moi, j'ai vu les chambres à gaz, je les ai même utilisées. Elles ont servi à désinfecter des milliers de prisonniers, pouilleux ou atteint du typhus ». Conseiller régional Front National de la région Rhône-Alpes, élu sur le département de l'Ardèche [22] ;
  • Fabrice Robert – Militant de troisième Voie (TV) organisation nationaliste révolutionnaire française, née en 1985 de la fusion du Mouvement nationaliste révolutionnaire avec des dissidents du Parti des forces nouvelles, dissoute en 1992, réactivée en 2010 sous l'impulsion de Serge Ayoub et dissoute de nouveau en 2013. Conseiller municipal du Front national à La Courneuve [23] ;
  • Alain Renault - Secrétaire général d'Ordre nouveau, secrétaire général du Front national (FN) jusqu'en 1980 [24] ;
  • Jean Madiran - décoré de la Francisque, secrétaire de Charles Maurras, collabore à l'hebdomadaire Rivarol et à L’Action Française. Ses écrits expriment sans retenue antisémitisme et antimaçonnisme, “Nous sommes à droite de l’extrême droite.” disait-il, Compagnon de route du Front national [25] ;
  • Guillaume Luyt - Ancien militant royaliste et dirigeant d'Unité radicale, il a succédé à Samuel Maréchal comme chef du Front national de la jeunesse (FNJ) [26] ;
  • Alain de La Tocnaye – OAS , Parti nationaliste français, Mouvement Travail Patrie, condamné à mort le 4 mars 1963. Le 11 mars, sa peine est commuée en prison à perpétuité. Il est gracié et libéré en 1968, Front national, au sein duquel il n'a pas de responsabilité particulière [27] ;
  • Serge Jeanneret - Action française, chef adjoint de cabinet d'Abel Bonnard dans le gouvernement Pierre Laval. En 1986, il adhère au Front national. Il est élu conseiller régional FN d'Île-de-France, puis vice-président du groupe FN [28] ;
  • Gilbert Gilles - intègre la Waffen SS (au sein de la Division Charlemagne, avec le grade de Oberscharführer), a ensuite appartenu à l'OAS, puis adhéra au Front national [29] ;
  • Pierre Descaves -s'engage en 1961 dans l'Organisation armée secrète (OAS), rejoint le Front national en 1984, membre du comité central [30] ;
  • Jean-Pierre Cohen -adhère à 20 ans à l'OAS, Membre du comité central du Front national [31] ;
  • Christian Bouchet -rejoint en 1971 la Nouvelle Action française, cadre dirigeant du mouvement nationaliste-révolutionnaire européen, puis secrétaire-général des mouvements Troisième voie, Nouvelle résistance et Unité radicale, FN depuis 2008 [32] ;
  • Thibaut de La Tocnaye, également militant et membre du front national [33]

 

 


- La proximité du Front national et du nazisme

" Ni de près ni de loin " va répétant Marine Le Pen pour situer son parti par rapport aux mouvements d'extrême droite radicale (nazisme, néo-nazisme, fascisme, etc.). Politproductions montre ici qu'en ce qui concerne tant le passé que le présent et l'avenir, cette antienne est un déni de la part de la Présidente du Front national qui discrédite totalement son entreprise de "dédiabolisation".

 

 

Hommage du RN à Jean-Marie Le Pen, un retour aux sources nazies
Hommage du RN à Jean-Marie Le Pen, un retour aux sources nazies

 

Note :

[0] Oui, le RN est « l’héritier de Pétain », le FN a été fondé par des anciens nazis

[1]  Archive photo du «United States Holocaust Memorial Museum, courtesy of James Blevins»

[2Pierre Bousquet ; [3] Roger Holeindre ; [4] Alain Robert ; [5Victor Barthélemy ; [6Jacques Bompard ; [7Jack Marchal ; [8Jean-François Galvaire ; [9Pascal Gauchon ; [10Martial Bild ; [11Didier Lecerf ; [12Georges-Paul Wagner ; [13Georges Theil[14François Brigneau ; [15Dominique Chaboche ; [16André Dufraisse ; [17François Duprat ; [18Roland Gaucher ; [19Léon Gaultier ; [20Jean-Jacques Susini ; [21Pierre Sergent ; [22Albert Rosset , [23Fabrice Robert ; [24Alain Renault ; [25Jean Madiran : [26Guillaume Luyt ; [27Alain de La Tocnaye ; [28Serge Jeanneret ; [29Gilbert Gilles ; [30Pierre Descaves ; [31Jean-Pierre Cohen ; [32Christian Bouchet ; [33Thibaut de La Tocnaye

[34Proche de Georges Bidault, Pierre Bousquet dépose les statuts du Front national avec son premier président, Jean-Marie Le Pen, à sa fondation en 1972.

 

Pour en savoir plus :

- La collaboration au nazisme en Europe: Pétain et les autres

- La France des fondateurs du FN n’était pas à Londres, mais à Vichy

- Pierre Bousquet, premier trésorier du Front National était un ancien Waffen-SS

- Le Pen et le Vél d’Hiv : « Une tentative de créer du clivage »

- Mais, au fait, qui est l’homme qui déposa les statuts du Front national (FN) il y a 50 ans jour pour jour, le 5 octobre 1972, avec Jean-Marie Le Pen ?

Aux racines du FN. L’histoire du mouvement Ordre nouveau

RN-FN, historique d’un parti fondé par des Waffen-SS que certains veulent réhabiliter

Hommage du RN à Jean-Marie Le Pen, un retour aux sources nazies

 

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 08:07
Michel Collon - L'OTAN est une association de criminels

Sources : Eric Durand | mis à jour le 19/08/2022

- L’Otan, c’est quoi ?

C’est l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. L’Otan peut également être appelé Nato (acronyme anglais de «North Atlantic treaty organization»), l’Alliance ou encore l’Alliance atlantique. Concrètement, l’Otan est une alliance de pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Le texte de ce traité est signé le . L'OTAN regroupe actuellement 30 pays membres, dont la France, les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne ou encore la Turquie. Les derniers pays ayant intégré l’Otan Macédoine du Nord et le Monténégro (Pour voir l'intégrale).

 

 

- Quel est son but ?

En théorie, maintenir la paix sur les continents américain et européen et assurer une défense commune contre les menaces extérieures. Avant tout par la diplomatie et par la collaboration politique. Mais si ces moyens ne sont pas suffisants, l’Otan possède des capacités militaires qui lui permettent de conduire des «opérations multinationales de gestion de crise», c’est-à-dire des interventions armées.

 

Notez que l’Otan obéit à un principe majeur: l’attaque de l’un ou plusieurs de ses membres doit être considérée comme une attaque dirigée contre tous, ce qui implique de répondre par une «défense collective». C’est l’article 5 du Traité de Washington, ou Traité de l’Atlantique Nord, le traité fondateur de l’Otan. Cet article 5 n’a été invoqué qu’une seule fois, en réponse aux attentats terroristes du 11-Septembre.

 

- Quelle est son histoire ?

L’Alliance a été créée en 1949 pour assurer la sécurité du continent européen après la Seconde Guerre mondiale. Deux Etats préoccupent alors l’Otan: l’Allemagne et l’Union soviétique.

 

En 1991, l’empire soviétique n’existe plus, la Russie est à l’agonie économique, la guerre froide est terminée. Mais cette année-là marque le début des guerres de Yougoslavie, soit dix ans de conflits, d’abord en Slovénie, puis en Croatie, en Bosnie, au Kosovo et en Macédoine. L’Otan intervient en Bosnie en 1995 et au Kosovo en 1999. En 2001, les attentats du 11-Septembre font jouer un nouveau rôle à l’Otan, qui s’engage dans une « guerre contre le terrorisme ». En mars 2011, intervention militaire en Libye, et à partir du , l'ensemble des opérations sont conduites par l'OTAN dans le cadre de l'opération Unified Protector[1].

 

Et la France ?

  • 7 mars 1966 : La France est donc l’un des membres fondateurs de l’OTAN. Malgré cela, le 7 mars 1966, le général DE GAULLE, alors président de la République française, annonce dans une lettre adressée au président américain, Lyndon B. JOHNSON, le retrait de la France de la structure militaire de l’OTAN. »La France, écrit-il, se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entravé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’OTAN.«  
  • 7 novembre 2007 : La réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord est annoncée par le président de la République Nicolas Sarkozy au Congrès à Washington le 7 novembre 2007.
  • À l'Assemblée nationale, cette politique donne lieu à une motion de censure le 8 avril 2008 et à un vote de confiance le 17 mars 2009. Les deux votes sont favorables au gouvernement et le vote de confiance entérine le retour. Ce retour devient effectif lors du sommet de l'OTAN à Strasbourg-Kehl les 3 et 4 avril 2009.


 

- Comment fonctionne l’Otan ?

Pour agir, l’Otan doit prendre des «décisions» qui doivent faire «consensus». Autrement dit, une décision doit être adoptée par chacun des membres. Dans les faits, il n’y a pas de vote à l’Otan. Les Etats discutent entre eux jusqu’à ce qu’une décision acceptable par tous soit prise. Il arrive que les pays membres conviennent de ne pas s’accorder sur un point particulier.

 

Pour éclairer les membres dans leur prise de décisions, des centaines d’experts et de responsables civils et militaires se rendent chaque jour au siège de l’Otan, à Bruxelles, pour échanger des informations et partager des idées.

 

 

- Michel Collon : " Toutes les guerres de l'OTAN sont des guerres de pillage "

Exraits de " Ce soir ou jamais " du 22-05-2012 de Frédéric Taddeï.

 

 

- OTAN : Pour aller plus loin 

  • OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 1/3

 

OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 1/3

 

  • OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 2/3

 

OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 2/3

 

  • OTAN : mercenaires et propagande au service d’une machine de guerre 3/3

 

La réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN

 

Note :

[1] « Libye : point de situation opération Harmattan no 14 » [archive], sur www.defense.gouv.fr, (consulté le 1er avril 2011).

 

Pour en savoir plus

- L’OTAN, instrument de domination militaire au profit des Etats Unis et du capitalisme

- La Colombie, vieil allié stratégique de Washington-OTAN

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6 avril 2015 1 06 /04 /avril /2015 08:00
Comment comprendre l’économie ?

- Si vous ne comprenez rien à l'économie... une bonne explication, bien claire

Riches, pauvres, patrons, employés… les concepts sont nombreux. Voici un court résumé, sorte de cours d’économie 101, qui fait le tour de la question.

 

Vous verrez, c’est… plus clair.

 

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16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 09:00
 Comprendre le scrutin des départementales en 5 minutes

Les 22 et 29 mars, les Français sont appelés aux urnes pour les élections départementales. Cette année, le mode de scrutin a grandement changé, dans l'optique d'assurer la parité et de simplifier le découpage des cantons. Le Monde vous aide à y voir plus clair et vous explique à quoi ressembleront les bulletins de vote.

Pour en savoir plus :

- Mon dossier : Elections départementales

 

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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 09:00
Indiens d’Amérique : un génocide tranquille et presque achevé

C’est l’un des plus grands génocides de l’histoire, plus grand encore que celui qui nous est continuellement ressassé, car l’on parle ici de 80 millions à 100 millions de personnes! Et pourtant, celui-ci continue tranquillement. Les amérindiens sont « protégés », principalement en tant que source de revenus, avec la visite des zoos réserves, grâce au cinéma, à la culture, mais sinon… Leur principal droit est celui-ci de conserver le silence, aux États-Unis, le « blanc » reste maitre !

Les Etats-Unis ne voient pas d’un bon oeil que le sort des Indiens d’Amérique soit pour la première fois à l’ordre du jour des Nations-Unies. Car il s’agit de se pencher sur le sort d’une population de 2,7 millions d’habitants ravagés par une multitude de fléaux et dans des proportions effroyables. Mais qu’en attendre? Car la parole de ces exterminés est inaudible.

 

Sources : Les moutons enragés par Benji et le blog de Stephane Trano sur Marianne

 

Un jour d’avril 1973, un militant noir américain pour les droits civiques, Ray Robinson, qui a longtemps suivi Martin Luther King, débarque à Wounded Knee, dans le Dakota du Sud. Il souhaite apporter son soutien à la cause des « Native Americans », ainsi que l’on nomme les Indiens aux Etats-Unis, qui manifestent contre les injustices dont ils sont victimes dans le pays. Wounded Knee est un lieu emblématique et de sinistre mémoire. C’est là, en effet, que furent massacrés et jetés dans une fosse commune entre 150 et 300 hommes, femmes et enfants au matin du 29 décembre 1890, par le 7ème régiment de Cavalerie du Colonel James Forsyth. Sitôt arrivé dans ces lieux où résident toujours une petite communauté indienne, Ray Robinson appelle sa femme qui lui demande de rentrer à la maison, inquiète car elle sait que la situation sur place est explosive. Elle ne le reverra jamais. Après avoir reçue l’annonce de la mort de son époux, Cheryl n’a jamais pu savoir ce qui était arrivé à son mari ni où son corps avait été enterré.

 

Voilà quelques jours, quarante ans plus tard, Cheryl a fait le voyage de Détroit à Sioux City pour témoigner de son histoire. Le gouvernement américain refuse toujours de communiquer sur le sort de son mari, officiellement parce que le cas est toujours en cours d’investigation par le bureau du FBI de Minneapolis. A Wounded Knee, plus personne ne se souvient de Ray Robinson. Une épisode parmi tant d’autres dans l’histoire des militants de la cause des Indiens d’Amérique, qui n’a jamais bénéficié d’un large soutien populaire et que beaucoup voudraientt voir s’éteindre.

 

 

- Et de fait, cynisme et indifférence se conjuguent pour ensevelir année après année la mémoire des peuples indiens presqu’entièrement anéantis en Amérique du Nord.

On ne va pas le nier, les Apaches, les Cheyennes, les Iroquois, les Sioux ou les Esquimaux ne nous inspirent pas, la plupart du temps, un sentiment extrême de culpabilité. Mais ce n’est rien comparé au pays du Western et de la Country. Pas plus que le Jazz ou le Blues ne suscitent leur part de tristesse chez leurs amateurs et ne réveillent chez eux les souvenirs tragiques des lynchages des Noirs, ces genres populaires ne renvoient à la réalité d’un génocide toujours en cours dans l’indifférence générale.

 

Lorsqu’un Américain de l’Illinois souhaite acheter ses cigarettes à bas prix (un paquet coûte ici actuellement 10 dollars), il prend la route du sud de l’Etat ou de l’Indiana voisin, pour s’approvisionner dans l’un des territoires octroyés aux tribus indiennes locales. Là, il paiera son paquet de cigarettes 4 dollars en moyenne. Dans un certain nombre de ces tribus, qui sont des milliers à travers les Etats-Unis, on peut également se procurer de l’alcool à bon marché, jouer au casino (dans 452 d’entre-elles) ou, si l’on se sent possédé par le mal (ce qui est très en vogue), consulter un shaman. Il est toujours très exotique de s’offrir une escapade dans ces drôles d’endroits. Pourtant, l’Américain moyen ne s’y risque pas trop.

 

En effet, 2,1 millions de ces Indiens, soit l’écrasante majorité, vivent largement sous le seuil de la pauvreté. La vision offerte par bien des campements tient purement du bidonville. Et une fois passé ses limites, c’est un voyage en enfer qui commence. L’alcoolisme y prend des proportions catastrophiques. Le chômage y bat tous les records du pays. La maladie s’y propage et tue comme dans les pires zones de la planète. Le suicide, celui des jeunes en particulier, crève le plafond des statistiques. Les Indiens vivant à l’extérieur des tribus n’y reviennent eux-mêmes que pour se faire soigner lorsqu’ils n’ont pas, chose courante, accès au système de santé américain.

 

  • Anthony B. Bradley est Professeur de Théologie au King’s College de New York et Spécialiste des questions raciales aux Etats-Unis. « Si quiconque pense que le gouvernement fédéral sait ce qui est bon pour les communautés locales, explique t-il, il ferait bien de visiter une Réserve Indienne Américaine. Les Natifs Americains [Indiens d’Amérique, NDA] sont aujourd’hui plongés dans le cauchemar de la privation de soins et d’économie qui est la conséquence directe des problemes crées par le Gouvernement lequel, en imposant des solutions sensees résoudre les problemes, rend ceux-ci bien pires en retirant aux communautées leur autonomie. »

 

Tel est le prix à payer pour les Indiens d’Amérique, afin de rester sur la terre de leurs ancêtres, grâce aux concessions faites par le gouvernement fédéral. Pourtant, les Etats abritant ces réserves n’ont de cesse de rogner ces droits et de tenter de récupérer par tous les moyens ces espaces.

 

Pire, une certaine propagande laissant entendre que les Indiens d’Amérique auraient fait le choix de vivre dans ces conditions a fort bien fonctionné dans l’esprit collectif. Or, cela repose sur une contre-vérité historique.

 

 

- L’une des plus graves violations des Droits de l’Homme dans le monde

En effet, peu rappellent le grand mouvement de délocalisation qui fut la conséquence de l’Indian Removal Act [Loi sur le Retrait Indien, NDA] lequel, au milieu du XIXe siecle, contraint les Indiens à délaisser leurs terres historiques au gouvernement pour se concentrer dans les zones qui leur étaient réservées en échange. En 1890, il était devenu interdit aux Indiens de sortir hors de leurs réserves afin de s’approvisionner en nourriture. Une étude du Professeur Jeffrey E.Holm, de l’Université de Médecine du Nord Dakota, a mis en évidence que le changement de régime alimentaire imposé durant des décennies aux tribus indiennes a engendré une surmortalité aujourd’hui toujours existante, en raison des pathologies qu’elles ont engendrées pour des peuples qui ne pouvaient plus se nourrir comme ils l’avaient fait durant des millénaires.

 

En 2010, les Etats-Unis, dans la foulée du Canada, fut le dernier pays au monde à ratifier la Déclaration des droits des Peuples indigènes aux Nations-Unies. Une des rares concessions faites par un pays qui place souvent l’Histoire au dernier rang de ses préoccupations, si ce n’est pour en offrir une version idéalisée. Mais en l’espèce, il est impossible d’idéaliser la réalité sur laquelle s’est construite l’Amérique. En effet, 90% des tribus amérindiennes ont disparu à la suite de l’arrivée des Européens en Amérique du Nord, la plus grande partie à cause des maladies, la partie restante par les armes.

 

Mais ce n’est pas tant cette réalité historique qui rend ces jours-ci le rôle du Professeur James Anaya complexe, en tant que Rapporteur spécial des Nations-Unies sur les Peuples indigènes. Bien que, pour la première fois de leur histoire, l’organisation se penche, du 23 avril au 4 mai, sur le sort des Indiens d’Amérique, ce qui en soit est déjà un événement notable, c’est avant tout pour regarder en face une réalité qui n’est pas celle du passé mais celle du présent.

 

Cette réalité concerne les 2,7 millions d’Indiens vivant actuellement sur le territoire des Etats-Unis, et qui constitue l’un des cas de violation des droits de l’homme a grande échelle le plus emblématique de toutes les nations développées.

 

Les chiffres parlent d'eux-mêmes:

  • Les Indiens d'Amérique vivent en moyenne 6 ans de moins que les autres Américains
  • Ils ont 770% de risques en plus de mourir d'alcoolisme
  • Ils ont 665% de risques en plus de mourir de Tuberculose
  • Ils ont 420% de risques en plus de mourir de Diabète
  • Ils ont 280% de risques en plus de mourir d'accidents
  • Ils ont 52% de risques en plus de mourir de Pneumonie et de Grippe
(Source: Commission des Etats-Unis sur les Droits Civils, 2004:8)
 

Les Indiens d'Amérique se sont vus accorder la citoyenneté américaine en 1924. Mais ils ont pour longtemps encore été exposes au même sort que les Noirs américains, empêchés d'accéder à l'enseignement scolaire, victimes de la ségrégation.

 

Ce n'est qu'en 1969 qu'ils se sont organises, dans la foulée de la loi sur les Droits civils des Indiens votée l'année précédente. C'est à cette époque qu'ils ont obtenu ce dont les Américains blancs jouissaient depuis deux siècles: la liberté d'expression et d'information, la protection contre les recherches et les arrestations arbitraires, le droit d'engager un avocat pour se défendre, la protection contre les punitions inhumaines et dégradantes, contre les cautions excessives, l'abolition de la peine systématique d'un an d'emprisonnement ou de 5000 dollars d'amende quel que soit le délit commis, le droit d'être jugé par un jury, et ainsi de suite.

 

 

- Mais à l'heure actuelle, aucun Indien d'Amérique, citoyen des Etats-Unis, n'a accès à la plénitude des droits des autres citoyens américains.

Une réalité qui peut prendre des aspects accablants pour l'Administration américaine. Ainsi, le 6 novembre 2008, le Gouverneur du Dakota du Sud, Michael Rounds, décrète l'état d'urgence car son Etat est recouvert par une épaisse couche de neige et de glace qui le paralyse. Mais les réserves indiennes seront exclues du dispositif. 

 

Mais le pire pour ces tribus à l'heure actuelle vient probablement de la pression des Etats pour s'accaparer leurs terres. Les conflits sont nombreux à travers tout le pays. Ils sont allumes sous divers motifs, comme la volonté du Gouverneur de New York, en 2007, d'étendre la taxation de l'Etat aux territoires de la Nation des Seneca, ce qui a engendre une violente bagarre juridique. Et bien que les territoires laisses aux Indiens soient pour la majorité pauvres en ressources et difficiles d'accès, leur contestation par les Etats qui les abritent sont de plus en plus courantes. 

 

Toutefois, la pente naturelle démographique et sociologique suivie par cette population dont la Constitution américaine fait fi devrait se résoudre par le procédé le plus naturel du monde dans les décennies qui viennent : l'extinction.

 

Daniel Bushell nous parle de l'arrivée des blancs aux Amériques. Comment ils ont massacré 100 millions d'Indiens dans ce qui est le pire génocide de l'Histoire et comment les mensonges de ceux qui sont devenus les Etats-Uniens ne datent pas d'hier.

Pour que le génocide Amérindien soit reconnu Crime contre l'Humanité

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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 10:20
Gérard Filoche et le Parti de Gauche décortiquent Macron

- La loi Macron décortiquée avec argumentation et beaucoup d'humour par Gérard Filoche

- Formation militante: La Loi Macron dans le texte par le Parti de Gauche

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Loi Macron

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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