13 Janvier 2022 : Victoire pour la reconnaissance des 639 fusillés pour l’exemple de la Grande Guerre[2]
Les Croix de bois, chef-d’œuvre de Roland Dorgelès[1], en 1914s'engage volontaire , est un témoignage exceptionnel sur la Première Guerre mondiale.
Avec un réalisme parfois terrible mais toujours d’une généreuse humanité, la vie des tranchées nous est décrite dans toute son horreur et aussi sa bouffonnerie, son quotidien et ses moments d’exception.
, c'est aussi un témoignage sur
Sources : | mis à jour le 11/11/2022
La Guerre de 14, c'est aussi les 650 soldats français fusillés pour l’exemple.
2 500 noms de condamnés à mort à l’issue de plus de 140 000 jugements plus ou moins expéditifs. Environ 650 d’entre eux seront fusillés pour faire un exemple devant leurs régiments parce qu’ils ont abandonné leurs postes ou refuser d’obéir. Ces chiffres de la Mission du Centenaire de 14-18 se recoupent à quelques unités près de ceux du ministère de la défense (639) et des archives de la Justice militaire (647). S’y ajoutent les « exécutés sommaires », d’un coup de pistolet par les gradés, les fusillés dits de « droits communs » et pour espionnage, souvent un prétexte.
Ça porte le nombre de fusillés durant la Guerre de 14-18 à 1 009, selon la dernière mise à jour du 5 février 2015 de Mémoire des hommes.
Les états-majors ont commencé à fusiller pour l’exemple en 1914, suite à la 1ère bataille de la Marne (5 – 12 septembre 1914) qui fut une boucherie (plus de 110 000 morts côté franco-britannique). Les soldats désobéissent individuellement ou par petits groupes, abandonnent leurs postes, se mutilent pour être évacués à l’arrière.
En 1915, la guerre des tranchées occasionne des massacres inouïs pour la gloriole des généraux comme l’ont décrits Henri Barbusse dans « Le Feu », Maurice Genevoix dans « Ceux de 14 », Gabriel Chevallier dans « La Peur », récemment sortie sur les écrans du Cinéma. Ce ne sont plus des cas individuels de désobéissance et d’abandon de poste mais de régiments entiers, le 63ème R.I (régiment d’infanterie) donnant l’exemple. Ce sera l’année où le nombre de fusillés pour l’exemple sera le plus important (289 selon la Mission du Centenaire de 14-18, 237 selon les archives du Conseil de guerre).
Ces mutineries de régiments se multiplieront en 1917 comme au Chemin des Dames, parce que les soldats refusent non pas de se battre, mais de servir de chair à canon sans perspective de paix.
Les jugements des conseils de guerre sont sommaires et expéditifs (voir plus haut), il s’agit de faire un exemple devant les troupes. En effet, ces jugements se référaient au code de justice militaire du 9 juin 1857 qui condamnait à mort la désertion, l’abandon de poste et la désobéissance, l’outrage et voie de faits à un supérieur.
De plus, à peine la guerre déclarée, un décret du 10 août 1914 du ministre de la Guerre avait suspendu la faculté de former un recours en révision contre les jugements des conseils de guerre, autrement dit de faire appel !
Cent ans après, la question de leur réhabilitation collective n’est toujours pas tranchée.
Certains ont été réhabilités individuellement et donc reconnus « Morts pour la France ». Mais, ils n’ont pas été réhabilités collectivement comme l’exigent de nombreux comités et élus locaux ainsi qu’une proposition de loi du groupe parlementaire GRC (Gauche Républicaine et Citoyenne). Celle-ci propose que « les fusillés pour l’exemple » de la Première Guerre mondiale font l’objet d’une réhabilitation générale et collective et, en conséquence, la Nation exprime officiellement sa demande de pardon à leurs familles et à la population. Leurs noms sont portés sur les monuments aux morts de la Guerre de 1914-1918 et la « mention « Mort pour la France » leur est accordée. »
La Nation (le Parlement) a refusé cette proposition le 19 juin 2014. Cependant, une salle des « Fusillés pour l’exemple » a été ouverte, en novembre 2014, au musée de l’Armée aux Invalides.
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La Chanson de Craonne (du nom du village de Craonne) est une chanson contestataire, chantée par des soldats français durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1917.
Elle est interdite par le commandement militaire qui la censure en raison de ses paroles antimilitaristes (« on s'en va là-bas en baissant la tête », « nos pauvr' remplaçants vont chercher leurs tombes »), défaitistes (« c'est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher ») et subversives incitant à la mutinerie (« c'est fini, nous, les troufions, on va se mettre en grève ») alors qu'une guerre est en train de se livrer sur le territoire national.
2022, enfin la reconnaissance !
Sur proposition de Bastien Lachaud, député France insoumise, l’Assemblée nationale a adopté une loi visant à réhabiliter les fusillés pour l’exemple[2].
À Chauny, depuis 2019 un monument, érigé à l’initiative de la Libre Pensée, leur rend hommage. Souvenons-nous d’eux, pour l’exemple.
- Discours de Marcel LALONDE, maire de Chauny, pour l'inauguration du monument en hommage aux fusillés[3]
Chauny, depuis 2019 un monument, érigé à l’initiative de la Libre Pensée, rend hommage aux fusillés pour l’exemple.
Le 11 novembre 2022, Jean-Luc Mélenchon s’est rendu à Chauny pour prononcer un discours sur la paix devant le monument dédié aux soldats fusillés pour l'exemple.
Il était accompagné de Bastien Lachaud, député de la Seine-Saint-Denis, membre de la commission Défense nationale et des forces armées et auteur de la proposition de loi visant à réhabiliter les militaires « fusillés pour l'exemple » durant la Première Guerre mondiale[2].
Notes :
[1]
Par :
Éditions : AMAZON.fr
[2] Adoption par le parlement de la Proposition de Loi France insoumise visant à réhabiliter les militaires « 639 fusillés pour l’exemple » durant la Première Guerre mondiale
[3] Discours de Marcel LALONDE, maire de Chauny, pour l'inauguration du monument en hommage aux fusillés
- L’Assemblée refuse la réhabilitation collective des fusillés de 14-18
- Henri Bourgund, fusillé pour l’exemple sur ordre du général Pétain
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