Saluons la mémoire de ces victimes d'un crime d'Etat et aussi les milliers, européennes et algériennes victimes de l'OAS, toujours oubliées... mais pas par tous : en juin 2022 le RN fait « l'apologie de l’Algérie française et des crimes de la colonisation[1] »
Massacre du métro Charonne : La responsabilité de l'État doit être reconnue[2] !
Ce jour-là, une manifestation pacifiste pour la Paix en Algérie se déroule dans les rues de Paris. 9 travailleurs, tous syndiqués à la CGT dont 8 communistes, sont assassinés par les brigades spéciales de police, sur ordre du préfet Maurice Papon. Ce collaborateur notoire durant l'occupation nazie avait été gardé en place par les gouvernements successifs complices avec les forces de l'argent. Le général de Gaulle, président de la République, l'avait même .
En ce 8 février 1962, de Gaulle gouverne la France depuis le 1er juin 1958
Le 7 février 1962, dix charges plastiques explosent au domicile de diverses personnalités, une est retrouvée sur un rebord de fenêtre au domicile du ministre des Affaires culturelles, André Malraux, 19 bis, avenue Victor Hugo, à Boulogne-sur-Seine.
Des éclats de verre blessent cruellement une fillette de quatre ans, Delphine Renard. L'émotion est immense et les syndicats et partis de gauche appellent les citoyens à se rassembler place de la Bastille, à Paris, dès le lendemain soir, jeudi 8 février 1962.
Le ministre de l'Intérieur Roger Frey interdit la manifestation dans la crainte de débordements. Le préfet de police Maurice Papon, qui s'est déjà illustré dans la , déploie d'importants effectifs de police sur la place de la Bastille pour en interdire l'accès.
« TOUS EN MASSE, ce soir à 18 h 30, place de la Bastille », dit un tract unitaire :
Les assassins de l'OAS ont redoublé d'activité. Plusieurs fois dans la journée de mercredi, l'OAS a attenté à la vie de personnalités politiques, syndicales, universitaires, de la presse et des lettres. Des blessés sont à déplorer ; l'écrivain Pozner est dans un état grave. Une fillette de 4 ans est très grièvement atteinte. Il faut en finir avec ces agissements des tueurs Fascistes. Il faut imposer leur mise hors d'état de nuire. Les complicités et l'impunité dont ils bénéficient de la part du pouvoir, malgré les discours et déclarations officielles, encouragent les actes criminels de l'OAS.
Une fois de plus, la preuve est faite que les antifascistes ne peuvent compter que sur leurs forces, sur leur union, sur leur action. Les organisations soussignées appellent les travailleurs et tous les antifascistes de la région parisienne à proclamer leur indignation, leur volonté de faire échec au fascisme et d'imposer la paix en Algérie. »
Le matin du 8, Maurice Papon, préfet de Paris, rencontre une délégation syndicale et interdit la manifestation. Les délégués maintiennent la manifestation et diffusent à la radio des mots d’ordre d’appel au calme. Le soir, les cortèges formés dans Paris veulent rejoindre la Bastille. Mais face à la présence massive des forces de l’ordre, ayant pour ordre de disperser les manifestants en « faisant preuve d’énergie », des cortèges refluent et se rejoignent au croisement Voltaire-Charonne.
Plus de 4000 manifestants font face aux unités des compagnies spéciales d’intervention. Alors que le mot d’ordre de dispersion vient d’être donné et que les premiers rangs de manifestants ont fait demi-tour, la préfecture ordonne de charger. Au même moment une autre unité de policiers se place sur le boulevard Voltaire....
Les manifestants pris en tenaille n’ont pour issues que les petites rues latérales, les portes cochères des immeubles, ou les bouches du métro Charonne....
Au métro, la bousculade provoque la chute de plusieurs personnes sur lesquelles les suivants s’entassent, matraqués par les policiers qui projettent sur eux grilles d’arbres et d’aération du métro, d
Neuf militants CGT et membres du PCF meurent sous les coups ou étouffés....
Les autorités nieront leurs responsabilités, accusant tour à tour les manifestants d’avoir provoqué l’émeute et les membres de l’OAS de s’être déguisés en policiers ! Une loi d’amnistie sera votée en 1966 pour interdire toute mise en cause du pouvoir.
Le 13 février 1962, près d’un million de personnes viennent rendre hommage aux victimes des violences policières lors de leurs obsèques.
Note :
La SFIO, les socialistes de cette époque, ne participe pas, ni de près ni de loin aux actions pour la Paix en Algérie. Lorsque la SFIO gouverne la France de 1956 à 1958, la Guerre d'Algérie bat son plein. François Mitterrand devient ministre de l'Intérieur, puis ministre de la Justice. Il se déclare solidaire avec l'envoi du contigent d'appelés en Algérie, le 23 mai 1956. De plus, il n'hésite pas, pendant cette guerre, de donner un avis défavorable au recours en grâce des condamnés à mort dont les dossiers lui furent soumis. 45 combattants pour une Algérie indépendante furent guillotinés, dont aucun n'était un poseur de bombe. Mais c'était guillotiner pour l'exemple.
Notes :
[1] Quand le RN fait « l'apologie de l’Algérie française et des crimes de la colonisation » et notamment de l'attentat du Petit Clamart
[2] MASSACRE DU MÉTRO CHARONNE : La responsabilité de l'État doit être reconnue !
Pour en savoir plus :
- Il y a cinquante ans, les médias et le massacre du 17 octobre 1961
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