Date de parution 08 septembre 2016
En bref
S’entretenir avec Jean-Luc Mélenchon, c’est raconter un engagement politique dont l‘histoire commence en 1968 et traverse les heures chaudes de la gauche au pouvoir et dans l’opposition, des mouvements sociaux, des décolonisations, de la chute du Mur et de l’émergence de la globalisation du capitalisme. Autant d’expériences marquantes pour qui veut rester ancré dans la quête d’un autre futur possible pour le monde. Une exigence plus forte que tous les conforts de situation auxquels il a renoncé en quittant le PS en 2008. Ici l’insoumission est autant un programme qu’un choix de vie personnel.
Ce livre écrit avec le journaliste Marc Endeweld nous fait découvrir le parcours d’un homme passionnément engagé, élu, ministre, brillant orateur et écrivain, qui politise tout ce qu’il touche. On y croise des personnages et des situations qui ont bouleversé la fin du siècle précédent et l’aube de celui-ci. On y saisit aussi la vision de la France et du monde qui inspire un projet politique pour les temps qui viennent.
Engagé dans la construction d’un nouveau mouvement politique en France pour mener une révolution citoyenne, Jean-Luc Mélenchon obtint plus de 11% et quatre millions de suffrages à l’élection présidentielle de 2012. Combien en 2017, pour celui qui se veut désormais le porte-parole des « insoumis » ?
À la rentrée de septembre paraitra au Seuil un « entretien biographique » que nous avons intitulé : « Le choix de l’insoumission ». C’est le journaliste Marc Endeweld qui mène le dialogue. Comme il est amusant de penser que son précédent ouvrage était consacré à Emmanuel Macron ! Quant à la forme, ce livre change donc des précédents dont j’ai pris la responsabilité puisque je ne n’y suis maître ni des thèmes choisis ni de ceux mis de côté. Tant mieux.
- Car je dois dire que c’est un rude exercice que de revenir sur l’histoire de tant d’années consacrées à l’engagement politique.
De plus il est tout à fait évident qu’il faut trier beaucoup dans la masse des évènements petits et grands auxquels j’ai participé de façon plus ou moins centrale. Et comme il ne pouvait être question d’en faire le catalogue des gens que j’ai rencontré et pratiqué, il y en a tant en Europe et dans le monde, il a fallu s’en tenir à l’essentiel de ce qui intervenait directement dans mon parcours. Mais à l’inverse, c’est toujours étrange de se voir enjamber des années, des gens et des circonstances sans s’y arrêter. Je ne le regrette pas. Je pense que les choix de mon interrogateur sont les bons. Ils sont radicalement « extérieurs » et n’impliquent pas de connivence ou de complaisances autres que celles qui surgissent naturellement de la conversation entre deux personnes qui s’intéressent à leur sujet.
- Car ce fut une conversation. Longue. Dense. Ses questions m’ont aussi agacé, parfois, cela va de soi !
Peut-être le sentirez-vous entre les lignes… Je ne sais pas comment il a supporté l’exercice mais je suis certain qu’il a bien gagné ses vacances. Je ressortais de nos séances également épuisé et bizarrement tourneboulé par ces heures passées à raconter tant de choses personnelles. L’engagement politique a occupé toute ma vie. Le fil rouge qui l’a mené ne s’est jamais rompu et pas davantage le ressort qui tend ma manière d’être du fait de cet engagement. Le sentiment étrange et que toute personne peut avoir en se retournant sur son passé pour le raconter aux siens s’aggrave chez moi du souvenir précis de la fuite en avant du monde dans lequel je me suis impliqué depuis l’âge de 16 ans.
- Ce livre est destiné à éclairer l’histoire des idées que je défends par le récit du parcours au cours duquel elles se sont forgées.
Il m’a paru important de faire connaitre ma détermination actuelle comme le résultat d’un parcours de vie et d’expériences et non comme une posture de campagne. Ma cohérence vient de loin. Elle mêle les leçons de plusieurs décennies d’implication sur plusieurs continents, plus d’une dizaine de pays, de rencontre avec autant de chefs d’États, de gouvernements et de partis engagés dans la vie démocratique ou dans la lutte armée, et plusieurs milliers de femmes et d’hommes engagés anonymes, parlant quatre ou cinq langues, vivant ou morts de tant de façons différentes.
Mieux vaut savoir que je suis donc de ce fait hors de portée des intimidations du présent et des pressions habituelles du monde des importants des medias et de la communication que j’ai vu à l’œuvre dans assez de circonstances et de lieux pour en connaître les ressorts et l’inépuisable arrogance. Cet entretien ne fonctionne donc pas comme une justification des choix qui émaillent mon parcours mais comme un bilan raisonné pour en tirer tout le suc. En tant que tel, l’objet est un défi. Car dans notre temps d’infantilisation de tous les débats, de bipolarisation de toute question en noir et blanc, de vindicte ou d’adoration également sans nuance, l’art des bilans soupesé est bien perdu.
- Publier cet entretien m’a semblé être une contribution utile pour le combat que j’entreprends en étant candidat à l’élection présidentielle de 2017 dans le but de changer le cours de l’histoire de notre pays.
J’ai cru tout au long de mon engagement que ce grand retournement du cours de l’histoire était aussi nécessaire que juste. Ce que le monde a fait de lui-même confirme qu’il ne tient aucune des promesses au nom desquelles les choix progressistes ont été écartés. Penser de plus loin que depuis la dernière « Une » sensationnaliste du jour, du titre en teasing d’un article en ligne ou du dernier matraquage audiovisuel est une ardente obligation qui s’impose comme un devoir de musculation permanente pour notre cause.
- Je crois en effet qu’il faut enraciner notre campagne dans une participation de chaque personne qui s’y engagera avec le devoir de garder les yeux grands ouverts.
Car nous entreprenons bien davantage qu’une campagne électorale. Il s’agit de construire en commun une conscience et une pratique commune à des millions de personnes. Cela non seulement en vue de leur vote mais en préparation de leur implication personnelle dans le processus qui suivrait notre victoire. Ce que j’ai nommé « la révolution citoyenne » n’est pas un slogan mais un programme concret de gouvernement qui ne peut se mener à la façon traditionnelle du haut vers le bas.
- Je conclus en replaçant ce livre dans le contexte éditorial qui l’inclut.
Car ce livre d’entretien prend place dans un ensemble de parutions qui s’épaulent l’une l’autre. Le choix de l’insoumission, est un entretien biographique. Le livre rend compte d’un parcours. Ce n’est ni un livre programme, ni un livre de confidences intimes. Il est destiné à vous permettre de savoir si selon vous je suis ou non capable d’accomplir ce que j’annonce et de tenir bon au vu de ce qu’a été mon parcours et du bilan que j’en fais. Je vous envoie mon CV en quelque sorte. Mais cela n’a de sens qu’en relation avec le reste.
Le livre reste l’énoncé du projet auquel se réfère mon action. Déjà vendu à 60 000 exemplaires, il existe dorénavant dans une édition sérieusement remaniée en poche au prix très accessible de trois euros. De son côté, , vendu à 70 000 exemplaires, va faire l’objet d’une nouvelle édition en poche aussi cette fois-ci. Je vais le replacer dans le contexte du « plan b » face à l’implosion en cours du modèle libéral de construction européenne. Car à mes yeux, vous le savez, la doctrine « ordolibérale » qui gouverne l’Europe et l’a transformée en une camisole de force contre les peuples a son origine, sa continuité et ses impératifs à Berlin dans un choix communs à la droite et au PS allemands.
Au mois de décembre paraîtra la version éditée du programme qui fait suite à de 2012. Le texte sera issu des , depuis février dernier, des menées par Jacques généreux et Charlotte Girard depuis mai et des propositions des organisations politiques participantes à « la France insoumise » en septembre et octobre et enfin du vote de la première Convention de « la France insoumise ».
Je dis que ces livres s’épaulent. Mais en premier lieu ils font appel à la réflexion, à la connaissance, à la possibilité pour chacun non pas d’adhérer tout ce qui s’y trouve mais de décider si au total la personne qui les aura lu peut s’inclure dans le combat proposé compte tenu du nombre de ses points d’accords sur le projet, la méthode et la capacité du candidat à les mettre en œuvre compte tenu de son expérience.
Mon projet avec cette parution c’est qu’en me rapprochant de qui me découvrira de cette façon, je puisse du même coup être mis à distance critique raisonnée par chacun.
Pour en savoir plus :
- J.L. Mélenchon : « Je veux faire de la présidentielle un référendum sur les traités européens »
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