Sources : Le Parti de Gauche, la UNSEN CGT 'Educ'Action, la CGT17
Pour la CGT
La création du collège unique a permis la massification de l’enseignement en France, mais jamais les moyens (budgétaires et/ou pédagogiques) qui lui ont été alloués, n’ont permis de passer à la phase de démocratisation.
Le collège, pivot de notre système éducatif, ne permet donc pas de rompre avec la reproduction sociale et demeure un outil de tri social et d’orientation subie en fin de 3e, malgré les efforts des personnels y travaillant.
Pire, laissé à l’abandon depuis des années, il a contribué à l’accroissement des inégalités sociales et scolaires... lire la suite dans le 4 pages "Spécial" Réfome du collège : Analyse et propositions de la CGT-Educ'action (mai 2015)
Pour le Parti de Gauche, la réforme du collège, c'est la grande casse
Tant elle est rejetée que cette politique ne peut plus s’administrer que par la force. Après avoir piétiné le Parlement pour imposer la loi Macron par le recours à l’article 49-3, le gouvernement a choisi de brutaliser les enseignants et leurs organisations syndicales en adoptant par décret, au lendemain d’une journée de grève suivie à plus de 50%, la réforme du collège.
Saisissant l’occasion pour revenir à ses fondamentaux réactionnaires, notamment le retour au roman traditionnaliste du pays en guise d’enseignement de l’histoire, la droite s’est un temps élevée contre la réforme mais cette opposition de l’UMP n’a pas duré. Il est vrai que la réforme du collège de Najat Vallaud Belkacem s’inspire de celle initiée au lycée par le sarkozyste Châtel et qu’en matière éducative aussi c’est bien davantage un prolongement qu’une rupture qui marque la politique actuelle. Leur dénominateur commun est l’austérité dont les réformes pédagogiques ne sont plus que des habillages. Le socle commun mis en place par Fillon a ainsi été conservé et la loi Carle en faveur de l’école privée, votée par la précédente majorité, est toujours en vigueur.
En dépit des manœuvres de ce gouvernement libéral-autoritaire, l’opposition à la réforme du collège n’a cessé de s’élargir. L’éviction du président de la FCPE lors du dernier congrès de la principale fédération de parents d’élèves du pays tient notamment aux positionnements de sa direction en faveur de la réforme. Dans le même temps, une deuxième journée de grève, le 11 juin, a été suivie par un tiers des enseignants en collège, un niveau élevé dans un contexte peu propice à la mobilisation en raison de l’imminence du brevet et de la tenue des conseils de classe de fin d’année.
Service public en péril
La réforme du collège c’est d’abord la fin de l’égalité de traitement des élèves. En confiant 20% des moyens horaires au bon vouloir du chef d’établissement et le soin d’affecter des volumes horaires disciplinaires par cycle (5e-4e-3e) et non plus par niveau d’enseignement (5e;4e;3e), le gouvernement introduit une rupture fondamentale avec le principe de grille horaire nationale sur lequel reposent programmes et diplômes nationaux. Demain, il sera possible, dans deux collèges différents, de voir dispensé dans l’un trois heures hebdomadaire de français en 5e quand dans l’autre les élèves du même niveau recevront une heure et demie de ce même enseignement chaque semaine.
Après la réforme des rythmes scolaires au primaire, Hollande poursuit le processus de territorialisation du service public d’éducation. A l’unité du cadre républicain, il substitue une mosaïque de situations locales plaçant les familles dans une situation de dépendance vis à vis du choix des établissements dans lesquels leurs enfants seront scolarisés. Il met en péril la continuité du parcours éducatif des élèves amenés à changer d’établissement au cours de leur scolarité au collège.
L’institution d’un enseignement à géométrie variable s’annonce aussi comme le préalable à la mise en concurrence. Chaque collège tentera d’attirer à lui les élèves en « vendant » aux parents sa singularité. En instituant une logique de l’ « offre » dans le domaine éducatif, la réforme du collège préfigure la constitution d’un véritable marché scolaire et avec lui le creusement des inégalités.
Collège au rabais
Le projet de Najat Vallaud Belkacem organise également le démantèlement des enseignements disciplinaires et avec lui des savoirs, méthodes et de la culture qui y sont associés. Il prévoit en effet, pour doter les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) institués par la réforme, de leur attribuer 20% des moyens horaires de l’établissement. Austérité oblige, ces moyens ne sont pas créés. Ils sont prélevés sur l’existant, les horaires auparavant affectés aux disciplines. Dans chaque collège, des arbitrages locaux conduiront ici à prendre aux mathématiques, là aux langues vivantes, ailleurs à la physique-chimie pour mettre en place les EPI, ateliers fourre tout, répondant à de vagues catégories (« développement durable », « corps, santé, sécurité » etc.) et dispensé par des enseignants non formés à cette fin. Ainsi, dans le cadre de l’EPI « Langues et cultures de l’Antiquité », un professeur d’histoire-géographie pourrait être amené à enseigner la langue latine.
Si l’interdisciplinaire a des vertus – et qu’il est en réalité déjà pratiqué dans les classes – mis au cœur des apprentissages il peut conduire à l’aggravation des difficultés des élèves les plus fragiles. Pour être approprié, pour en développer le goût, l’interdisciplinaire nécessite la maîtrise des bases disciplinaires. La ministre dit vouloir mettre fin à l’ « ennui » des élèves grâce aux EPI. Elle prépare en réalité des abîmes de perplexité pour le plus grand nombre des collégiens et la satisfaction de quelques uns, déjà doté du capital culturel leur permettant d’accéder à l’intelligibilité de la démarche.
Placée au cœur de la réforme, la mise en concurrence des disciplines au sein des collèges menace par ailleurs l’existence de certaines comme le latin et le grec. Elle conduit à la marginalisation d’autres enseignements : les arts plastiques et l’éducation musicale. Au total, les collégiens se verront retirés près de 400 heures d’enseignement disciplinaire de la 5e à la 3e.
Ce projet de collège au rabais, instituant le rabougrissement généralisé des savoirs à travers la réduction des contenus disciplinaires, s’inscrit dans la conception d’un enseignement fondé sur les compétences, étroites et périssables, au détriment des qualifications larges et durables. Cette vision est portée en France depuis les années 1980 par le MEDEF qui a d’ailleurs voté pour la réforme du collège au Conseil supérieur de l’éducation où il siège. Elle n’a d’autre ambition que de former des individus employables et jetables en lieu et place de citoyens émancipées, autonomes et cultivées et de travailleurs qualifiés. Le Parti de Gauche, partisan de l’école du peuple, école de l’égalité et de l’émancipation, s’inscrit donc dans l’opposition résolue à ce projet de collège au rabais.
Le collège que nous voulons
Pour répondre véritablement aux enjeux éducatifs au collège, faire face à la croissance de la démographie scolaire et endiguer le décrochage des élèves en difficulté, le Parti de Gauche propose :
- l’instauration d’un plan de recrutement massif permettant de revenir sur les postes supprimés sous Sarkozy et non récrées sous Hollande ;
- la baisse des effectifs par classe et la généralisation des dédoublements ;
- la mise en place d’une carte scolaire garantissant la mixité sociale ;
- la restauration des horaires disciplinaires perdus et leur cadrage national ;
- garantir de la liberté pédagogique des enseignants et s’appuyer sur l’expérience des mouvements pédagogiques dans le cadre du développement de la formation initiale et continue.
Réforme du collège
La grande casse
Tant elle est rejetée que cette politique ne peut plus s’administrer que par la force. Après avoir piétiné le Parlement pour imposer la loi Macron par le recours à l’article 49-3, le gouvernement a choisi de brutaliser les enseignants et leurs organisations syndicales en adoptant par décret, au lendemain d’une journée de grève suivie à plus de 50%, la réforme du collège.
Saisissant l’occasion pour revenir à ses fondamentaux réactionnaires, notamment le retour au roman traditionnaliste du pays en guise d’enseignement de l’histoire, la droite s’est un temps élevée contre la réforme mais cette opposition de l’UMP n’a pas duré. Il est vrai que la réforme du collège de Najat Vallaud Belkacem s’inspire de celle initiée au lycée par le sarkozyste Châtel et qu’en matière éducative aussi c’est bien davantage un prolongement qu’une rupture qui marque la politique actuelle. Leur dénominateur commun est l’austérité dont les réformes pédagogiques ne sont plus que des habillages. Le socle commun mis en place par Fillon a ainsi été conservé et la loi Carle en faveur de l’école privée, votée par la précédente majorité, est toujours en vigueur.
En dépit des manœuvres de ce gouvernement libéral-autoritaire, l’opposition à la réforme du collège n’a cessé de s’élargir. L’éviction du président de la FCPE lors du dernier congrès de la principale fédération de parents d’élèves du pays tient notamment aux positionnements de sa direction en faveur de la réforme. Dans le même temps, une deuxième journée de grève, le 11 juin, a été suivie par un tiers des enseignants en collège, un niveau élevé dans un contexte peu propice à la mobilisation en raison de l’imminence du brevet et de la tenue des conseils de classe de fin d’année.
Service public en péril
La réforme du collège c’est d’abord la fin de l’égalité de traitement des élèves. En confiant 20% des moyens horaires au bon vouloir du chef d’établissement et le soin d’affecter des volumes horaires disciplinaires par cycle (5e-4e-3e) et non plus par niveau d’enseignement (5e;4e;3e), le gouvernement introduit une rupture fondamentale avec le principe de grille horaire nationale sur lequel reposent programmes et diplômes nationaux. Demain, il sera possible, dans deux collèges différents, de voir dispensé dans l’un trois heures hebdomadaire de français en 5e quand dans l’autre les élèves du même niveau recevront une heure et demie de ce même enseignement chaque semaine.
Après la réforme des rythmes scolaires au primaire, Hollande poursuit le processus de territorialisation du service public d’éducation. A l’unité du cadre républicain, il substitue une mosaïque de situations locales plaçant les familles dans une situation de dépendance vis à vis du choix des établissements dans lesquels leurs enfants seront scolarisés. Il met en péril la continuité du parcours éducatif des élèves amenés à changer d’établissement au cours de leur scolarité au collège.
L’institution d’un enseignement à géométrie variable s’annonce aussi comme le préalable à la mise en concurrence. Chaque collège tentera d’attirer à lui les élèves en « vendant » aux parents sa singularité. En instituant une logique de l’ « offre » dans le domaine éducatif, la réforme du collège préfigure la constitution d’un véritable marché scolaire et avec lui le creusement des inégalités.
Collège au rabais
Le projet de Najat Vallaud Belkacem organise également le démantèlement des enseignements disciplinaires et avec lui des savoirs, méthodes et de la culture qui y sont associés. Il prévoit en effet, pour doter les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) institués par la réforme, de leur attribuer 20% des moyens horaires de l’établissement. Austérité oblige, ces moyens ne sont pas créés. Ils sont prélevés sur l’existant, les horaires auparavant affectés aux disciplines. Dans chaque collège, des arbitrages locaux conduiront ici à prendre aux mathématiques, là aux langues vivantes, ailleurs à la physique-chimie pour mettre en place les EPI, ateliers fourre tout, répondant à de vagues catégories (« développement durable », « corps, santé, sécurité » etc.) et dispensé par des enseignants non formés à cette fin. Ainsi, dans le cadre de l’EPI « Langues et cultures de l’Antiquité », un professeur d’histoire-géographie pourrait être amené à enseigner la langue latine.
Si l’interdisciplinaire a des vertus – et qu’il est en réalité déjà pratiqué dans les classes – mis au cœur des apprentissages il peut conduire à l’aggravation des difficultés des élèves les plus fragiles. Pour être approprié, pour en développer le goût, l’interdisciplinaire nécessite la maîtrise des bases disciplinaires. La ministre dit vouloir mettre fin à l’ « ennui » des élèves grâce aux EPI. Elle prépare en réalité des abîmes de perplexité pour le plus grand nombre des collégiens et la satisfaction de quelques uns, déjà doté du capital culturel leur permettant d’accéder à l’intelligibilité de la démarche.
Placée au cœur de la réforme, la mise en concurrence des disciplines au sein des collèges menace par ailleurs l’existence de certaines comme le latin et le grec. Elle conduit à la marginalisation d’autres enseignements : les arts plastiques et l’éducation musicale. Au total, les collégiens se verront retirés près de 400 heures d’enseignement disciplinaire de la 5e à la 3e.
Ce projet de collège au rabais, instituant le rabougrissement généralisé des savoirs à travers la réduction des contenus disciplinaires, s’inscrit dans la conception d’un enseignement fondé sur les compétences, étroites et périssables, au détriment des qualifications larges et durables. Cette vision est portée en France depuis les années 1980 par le MEDEF qui a d’ailleurs voté pour la réforme du collège au Conseil supérieur de l’éducation où il siège. Elle n’a d’autre ambition que de former des individus employables et jetables en lieu et place de citoyens émancipées, autonomes et cultivées et de travailleurs qualifiés. Le Parti de Gauche, partisan de l’école du peuple, école de l’égalité et de l’émancipation, s’inscrit donc dans l’opposition résolue à ce projet de collège au rabais.
Le collège que nous voulons
Pour répondre véritablement aux enjeux éducatifs au collège, faire face à la croissance de la démographie scolaire et endiguer le décrochage des élèves en difficulté, le Parti de Gauche propose :
-l’instauration d’un plan de recrutement massif permettant de revenir sur les postes supprimés sous Sarkozy et non récrées sous Hollande
-la baisse des effectifs par classe et la généralisation des dédoublements
-mise en place d’une carte scolaire garantissant la mixité sociale
-la restauration des horaires disciplinaires perdus et leur cadrage national
-garantir de la liberté pédagogique des enseignants et s’appuyer sur l’expérience des mouvements pédagogiques dans le cadre du développement de la formation initiale et continue
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Pour en savoir plus :
- Architecture de la réforme décret, arrêté et annonces liées + commentaires CGT
- Comparaison entre l’existant et le projet de grilles horaires de la réforme du collège
- Bilan annonces faites par la ministre en dehors du décret et de l’arrêté
- Le tract de la CGT-Éduc'action sur la réforme du collège
- tract du Parti de Gauche : Fini le collège unique, place au collège inique !