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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 17:11
Quand c'est dit.... c'est dit !

Les dirigeants de ce pays ont, depuis 1996, retiré au moins 20 milliards(Mds) d'€ du système éducatif !

 

Sources : Pascal Anger : Pascal.anger@univ-angers.fr

C'est la déduction que l'on peut faire de la note[1] de la Depp (direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) de décembre 2017 faisant état de la dépense intérieure d'éducation (DIE qui inclut la dépense de l’État, des collectivités, des entreprises et des ménages soit 149,9 Mds d'Euros en 2016).

 

En effet si la France consacrait en 2018 le même pourcentage de richesse (sur PIB ) qu'en 1996, elle devrait engager au moins 23 Milliards d'Euros d'investissements supplémentaires.

 

En 1996 la France consacrait 7,7 % de son PIB à la DIE et en 2016 elle ne consacre plus que 6,7 %, soit un point de PIB en moins (autour de 2300 Mds d'Euros en 2017 - C'est la part État dans la DIE qui a le plus diminué en %).

 

Imaginons l'effet de levier considérable que cet ajout d'investissement provoquerait, en particulier dans l'enseignement supérieur.

 

Cette note indique aussi que la dépense par étudiant en moyenne depuis 2009 suit une tendance à la baisse : 11640 euros par étudiant en 2015, et 11510 euros en 2016 (moins 130 euros).

 

Pourquoi consacrer moins à l'éducation en 2017 qu'en 1996 ? Ces dépenses seraient inutiles ou non productive ? Mais pour qui ? Ceci relève bien de « drôles » de choix politiques !

 

Note

[1] Note d'information : Près de 150 milliards d'euros consacrés à l'éducation en 2016 : 6,7 % du PIB

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21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 08:29
Pourquoi la destruction de l’instruction publique est devenue l’objectif essentiel des gouvernements de la Ve république ?

Voilà plus d’un demi-siècle que l’instruction publique dans notre pays vit au rythme effréné des « réformes ».

Officiellement, il s’agit de promouvoir plus d’égalité, plus de « démocratie » dans un système réputé élitiste. En réalité, il s’agit non seulement de la destruction de l’instruction publique, car à notre époque d’extinction des Lumières, un public instruit est non seulement inutile mais même nuisible à la bonne marche des entreprises et des petites affaires gouvernementales, mais encore de l’existence même de la culture, de la « grande culture », qui est incompatible avec l’existence du « capitalisme tardif », de ce « capitalisme absolu » qui s’empare méthodiquement du contrôle des âmes comme de celui des corps.

 

Source : La Sociale par Denis Collin

- Les derniers mois de l'année 2016

Au cours des premiers mois de l’année 2016, c’est surtout la lutte contre la loi dite « loi travail » dont le nom est associé à la ministre Mme El Khomry qui a mobilisé les organisations syndicales, les militants et une large frange des salariés et de la jeunesse. Mais si dangereuse soit cette loi – et je n’ai pas l’intention d’en minimiser ici les dangers – elle est intervenue comme un opportun paravent d’une « réforme » encore plus dangereuse, une réforme qui n’a pas besoin d’un vote au Parlement, la réforme des collèges de Mme Najaud-Belkacem.

 

Pour ne citer qu’un point de cette réforme, rappelons qu’elle a porté le coup de grâce à l’enseignement, déjà bien mal en point, des langues anciennes, latin et grec. C’est évidemment très symbolique. La suppression du latin et du grec agit comme un révélateur d’un processus d’ensemble et d’un projet politique porté depuis des décennies par la classe dominante et ses porte-parole. L’humanisme de la Renaissance, celui qui a donné aux études le nom d’« humanités », est né du « retour » aux études des auteurs anciens, aux Grecs, les philosophes – c’est l’édition d’Henri Estienne de Platon (1578) qui continue d’être la base de toutes les éditions de ce père fondateur de la philosophie – mais aussi les poètes et les dramaturges, aux Latins païens aussi, à Lucrèce et à Cicéron et aux historiens latins, Tite-Live, Salluste, Quinte-Curce, des penseurs qui servirent de référence à la naissance de la pensée politique moderne. Et assénant le coup de grâce au latin et au grec, Mme Najaud-Belkacem, sans même le savoir sans doute, a décidé de refermer cette « parenthèse » de la modernité, du républicanisme, des Lumières et des aspirations universelles à la liberté qui est d’abord la liberté de l’esprit.

 

L’instruction classique – classique parce que c’était elle qui était dispensée dans les classes – visait à instruire les élèves à l’école des grands esprits (voir le superbe texte de Léo Strauss, Qu’est-ce qu’une éducation libérale ?). L’obéissance des élèves visait à les préparer à l’autonomie, c’est-à-dire à la capacité de se donner à soi-même sa propre loi, c’est-à-dire d’être un homme libre au sens plein du terme. On n’est libre disait Aristote que si l’on est capable de commander à des gens du même genre que soi. On n’est citoyen que si on a appris à obéir aux lois et il n’est pas d’autre moyen pour, devenu adulte, être capable de discuter ces lois, de les modifier quand elles doivent être modifiées. L’humanisme de la Renaissance et les Lumières faisaient le pont avec cet « humanisme » grec, celui d’Aristote, et avec le républicanisme romain d’un Cicéron.

 

 

- Ce pourrait n’être qu’un exemple.

En vérité, la suppression de l’enseignement des langues anciennes dans les établissements secondaires est le concentré des « réformes » de plus d’un demi-siècle. Réformes institutionnelles avec la loi Debré de 1959 qui vise à donner une place bien plus importante à l’enseignement privé, réformes des programmes et de l’organisation des cycles avec la réforme Fouchet du collège qui crée les CES et aboutira en 1975 au collège unique de René Haby. Réformes pédagogiques et réformes des contenus de l’enseignement et des objectifs que doit se donner l’école. Il serait fastidieux d’énumérer la liste de ces réformes qui s’additionnent les unes aux autres dans la même direction. Officiellement, on poursuit l’objectif de la « réussite scolaire » pour tous. Les « réformes » ont proclamé la nécessité d’en finir avec les discriminations sociales – l’école française serait élitiste – et d’adapter l’école à la réalité de la société d’aujourd’hui. Remarquons avant d’aller plus loin que ces deux objectifs se contredisent apparemment puisque la société dans laquelle nous vivons est de plus en plus inégalitaire et donc une école adaptée à la société actuelle serait une école renforçant les discriminations sociales … ce que font les réformes en dépit de leur objectif proclamé ! Mais il faut s’y habituer : la langue des « réformateurs » de l’école s’apparente à la « novlangue » du 1984 d’Orwell : les mots employés le sont parce qu’ils signifient en réalité le contraire de ce que le bon sens pouvait deviner. La paix, c’est la guerre, la liberté, c’est l’esclavage… L’égalité, c’est la discrimination, le savoir, c’est l’ignorance !

 

 

- Pour atteindre ces objectifs, il faut en finir avec le savoir « académique ».

Usant jusqu’à la corde une expression de Montaigne, on préfère les têtes bien faites aux têtes bien pleines … mais ce sont surtout des têtes vides que l’on va fabriquer. Avec le savoir académique doit s’effacer tout ce qui lui était lié : les disciplines ou les matières, le rapport professeur-discipline-classe, cette triade maléfique héritée des Jésuites soutiennent nos farouches révolutionnaires de l’école, genre Peillon. Mais aussi ce qui en découle : les notes, traumatisantes pour l’élève, auxquelles on va faire succéder ce qui est largement utilisé dans les entreprises : l’évaluation des compétences[1]. Au savoir « abstrait » – et en effet quoi de plus « abstrait » que les mathématiques ? – on va substituer des apprentissages « concrets » permettant à l’élève de s’exprimer, un élève qui n’a plus besoin de professeur – n’est-il pas depuis la réforme Jospin « l’élève-au-centre » ? – mais seulement d’une « personne ressource » qu’il pourra consulter quand il en éprouvera le besoin au cours du processus de « construction de son savoir »[2].

 

Briser les formes de la transmission du savoir au profit des inventions pédagogiques échevelées sorties des crânes des penseurs des prétendues « sciences de l’éducation », c’est absolument nécessaire quand on veut liquider les contenus des disciplines. Ainsi, tous les professeurs de mathématiques le savent bien, les mathématiques dans le secondaire ne sont plus que des mathématiques opératoires – il faut que ça serve – mais l’art de la démonstration, c’est-à-dire les mathématiques proprement dites, a pratiquement disparu. De même que les élèves de 5e ont maintenant le niveau des élèves de CM1 de 1987 – c’était notre série « le niveau monte » – de même les élèves qui entrent en classes préparatoires sont de moins en moins aptes à suivre les programmes des classes préparatoires scientifiques, programmes dont les ambitions ont été pourtant revues à la baisse.

 

On a suffisamment dit et redit combien l’enseignement de l’orthographe et de la grammaire françaises a été sacrifié sur l’autel de « l’expression » de l’élève : il n’a rien à dire, il ne sait pas parler, mais il doit s’exprimer, c’est-à-dire faire du bruit. Significativement, l’enseignement de la littérature française a fait une place de plus en plus large aux nouvelles « formes d’expression », comme les publicités, la bande dessinée, etc. Mais surtout la littérature n’est plus étudiée comme telle. On étudie les genres (par exemplaire le genre épistolaire), les styles (une large place est faite à la rhétorique) et les écoles (savoir si Baudelaire est un symboliste, voilà la grande question). Une culture superficielle (style « questions pour un champion ») remplace la véritable culture. Des esprits formatés selon les règles de la pensée unidimensionnelle (Marcuse) et propres seulement à une pensée opérationnelle doivent définitivement remplacer « l’honnête homme », capable de pensée dialectique. Tel est le sens profond des « réformes » dont l’inspiration – si l’on peut dire – est à l’œuvre dans tous les pays. Les réformes de l’école en Italie, par exemple, décalquent les réformes françaises ou, parfois, les anticipent.

 

 

- Mesurées selon les critères d’hier, ces réformes sont proprement catastrophiques.

Le niveau de langue et de culture d’un bachelier s’est effondré au cours des dernières décennies. On trouve aujourd’hui dans les classes préparatoires (dernières filières encore vaguement sélectives) des élèves qui n’auraient jamais pu décrocher le certificat d’études primaires il y a un demi-siècle. On ne s’étendra pas sur le niveau moyen des étudiants de première année des universités, encore bien plus faible. Avec la suppression des redoublements, on est à la veille de voir arriver en terminale de purs analphabètes – pour l’heure nous avons surtout une masse de demi-analphabètes, d’élèves pour qui les auteurs classiques de la langue française sont tout à fait incompréhensibles. Pour ne rien dire des prétendus « scientifiques » qui ne comprennent rien aux mathématiques et qui n’ont pas la plus petite idée de ce que pourrait signifier la notion de vérité dans les sciences.

 

Cependant, si ces réformes sont mesurées à l’aune des véritables objectifs de « réformateurs », l’école d’aujourd’hui est assez performante. Comme il s’agit d’organiser l’enseignement de l’ignorance – pour reprendre l’excellente formule de Jean-Claude Michéa – on ne peut que constater que l’école d’aujourd’hui est en bonne voie. Pas assez cependant pour les réformateurs et leurs commanditaires qui estiment que l’on donne toujours une trop grande place au savoir « abstrait » et « encyclopédique » et pas assez aux besoins pratiques des entreprises. C’est pourquoi l’école en fait toujours trop et on doit remplacer tout ce qui reste des enseignements disciplinaires par des mauvaises farces comme les EPI qui se prétendent « transdisciplinaires » et doivent surtout servir à éliminer et la classe et le cours et le professeur que les circulaires officielles désignent sous l’élégant vocable de « technicien de ressources »...

 

On le sait bien, un ignorant conscient de son ignorance est bien plus instruit que ces demi-cultivés et demi-analphabètes qui se croient instruits parce qu’on leur répète que les jeunes en savent plus que les vieux et que les enfants sont plus savants que les parents. Ainsi, les frustres connaissances de l’école primaire d’antan valaient beaucoup plus que la mélasse avec laquelle on bourre les cerveaux des enfants et des jeunes gens. Dira-t-on que j’exagère ? Essayons de faire passer le baccalauréat des années 60 aux élèves d’aujourd’hui : cette expérience de pensée que peut faire n’importe quel professeur ayant atteint aujourd’hui l’âge de la retraite donnerait incontestablement des résultats édifiants. On peut supputer – en usant du principe de charité –- qu’existerait tout de même une toute petite minorité d’élèves ayant échappé au massacre et qui réussirait cet examen, mais la très grande majorité serait recalée.

 

Mais, nous dit-on, si les élèves n’apprennent plus le latin ni le grec, ils apprennent des choses nouvelles et combien plus utiles, dont la dernière est « l’apprentissage du code informatique » à tous les niveaux de l’école. Il s’agit même selon les plus enthousiastes de l’apprentissage d’un nouveau langage ! Qu’un langage informatique ne soit un langage que par métaphore, tous ces gens n’en ont cure. Le « langage informatique » n’est rien d’autre qu’un outil de programmation des machines et on ne parle pas à une machine, on définit seulement les séquences de son fonctionnement. En son essence, un « programme informatique » très sophistiqué n’est pas différent du « programme » du lave-linge le plus humble et l’élément de base d’un processeur informatique est bien connu de tout le monde, c’est la « porte logique » que réalise un « va-et-vient » pour commander la lumière de votre chambre à coucher, par exemple. Présenter ce qui n’est qu’une technique, parfaitement inutile d’ailleurs pour 99,9 % des utilisateurs d’ordinateurs, comme un nouveau langage et un nouveau savoir, c’est donc une pure et simple mystification.

 

Il est bien possible que les instigateurs de cette nouvelle lubie ne connaissent rigoureusement rien à l’informatique et aient succombé à la fascination des petits enfants pour les jouets extraordinaires. Mais cette ignorance impardonnable à ce niveau de décision, a été entretenue, manipulée et exploitée sans vergogne par les marchands de quincaillerie – le ministère de l’EN a commandé 175 000 tablettes … pour commencer – et par les grandes entreprises du logiciel – le même ministère a signé des accords avec Microsoft qui aboutissent à ce que « le code » qu’on apprendra à l’école sera le code des produits Microsoft. Juteuse, très juteuse affaire.

 

 

- Le tableau d’ensemble est proprement désespérant.

Mais comme il ne faut ni rire ni pleurer mais comprendre, tâchons de ressaisir cette évolution dans un mouvement global. Le capitalisme aujourd’hui n’a plus aucun besoin de la culture. La culture qui servait de légitimation à la domination des dominants, est un accessoire superflu. La « marchandisation » totale du monde, c’est-à-dire la domination absolue de « l’équivalent général », l’argent, a impitoyablement réduit tous les hommes à la commune mesure, parfaitement égalitaire en son genre ; la grosseur du portefeuille. Tout le monde peut devenir riche – plus ou moins – et tout le monde est virtuellement un millionnaire : le ministre de l’économie, un certain Macron, voulait donner aux jeunes Français l’envie de devenir millionnaires. Puisque lui-même, Macron, dont la bêtise pourrait pourtant devenir proverbiale, y est parvenu, pourquoi pas vous ? Dès lors la culture n’est plus qu’un luxe inutile, et même plus un marqueur de distinction sociale. La culture que l’on acquiert en se formant soi-même, en formant son goût, en s’instruisant, doit faire place à la nouvelle culture, celle de « l’industrie de biens culturels », dans laquelle le navet à grand spectacle hollywoodien côtoie Cinquante nuances de Gray, un t-shirt avec l’effigie de la Joconde, ou une console pour jeux vidéos. Le besoin « culturel » du capitalisme est le besoin de consommateurs de biens de l’industrie culturelle, consommateurs qui s’abrutissent encore plus en consommant l’objet de leurs désirs – voir l’invraisemblable affaire du Pokemon-Go – et, aussi, le besoin de producteurs de biens culturels, c’est-à-dire d’informaticiens et de fabricants de camelote. Et Cicéron n’a plus rien à faire là-dedans. O tempora, o mores !

 

 

- Pendant longtemps, le capital a eu besoin d’une main-d’œuvre ayant un minimum d’instruction.

C’est pourquoi il a, un peu partout, organisé une formation élémentaire de sa future « force de travail ». Ce n’est plus vrai aujourd’hui. Les idéologues et autres marchands de sommeil vantent « l’économie de l’intelligence ». Mais le mode de production capitaliste a dépassé le stade où il avait un besoin massif d’ouvriers qualifiés et d’ingénieurs : c’était l’époque de la montée des « cols blancs » et l’époque où les militants ouvriers réfléchissaient à la nouvelle place des ICT (ingénieurs, cadres et techniciens). C’étaient les années 60 et c’est une époque révolue. La grande transformation de la fin du XXe siècle a été celle de la catastrophe industrielle dans les pays avancés : des millions d’emplois supprimés par l’automatisation dans l’industrie, constructions mécaniques, électronique grand public, etc et transfert pour partie de ces emplois dans les pays émergents. Les emplois supprimés ont été principalement des emplois ouvriers. La classe ouvrière a chanté son chant du cygne dans les années 70 et elle a été invitée à quitter la scène pour laisser place aux « nouvelles classes moyennes » intellectuelles du secteur tertiaire. Mais aujourd’hui, cette nouvelle classe moyenne est dans le collimateur des modernisateurs. Tout le secteur des services commence à être massivement touché par les suppressions d’emplois : en 20 ans France-Télécom avec 180000 salariés a laissé la place à plusieurs entreprises qui totalisent moins de 100000 salariés … avant l’opération massive de « dégraissage » qui est annoncée. Dans le secteur bancaire, ce sont des milliers d’agences qui vont fermer. Il en va de même dans les grandes surfaces commerciales et chez les géants de la distribution. Et l’informatique elle-même est menacée par les progrès de ses propres techniques. En France on annonce plusieurs millions de suppressions nettes d’emplois au cours de la prochaine décennie. Le capital a besoin de petites mains taillables et corvéables à merci, de petites mains « uberisées » et non plus d’une classe de salariés qui pourraient s’appuyer sur la possession d’un métier et d’une solide qualification. Sans doute une élite possédant une solide formation technique et scientifique reste nécessaire, mais celle-ci n’est pas très nombreuse. Dès les années 90, l’OCDE annonçait la couleur. En 1996, un rapport de l’institution indiquait la marche à suivre pour en finir avec une instruction réelle : diminuer la qualité sans diminuer la quantité : « Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population. » En 1998, dans les locaux d’IBM-Deutschland à Stuttgart, le président du Conseil Fédéral du patronat allemand, Dieter Hundt, s’en est pris à « l’idéologie obsolète et erronée » de l’égalité dans le système éducatif. Tout cela signifie-t-il à terme la mort de l’école publique ? Pas tout à fait puisque, comme le fait remarquer l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) avec une rare lucidité – ou le comble du cynisme – les pouvoirs publics n’auront plus qu’à « assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres vont continuer à progresser »[3].

 

On relit ces textes aujourd’hui et on a la description exacte des politiques mises en œuvre par les gouvernements « de droite » comme « de gauche ». Et cette politique découle de la dynamique même du mode de production capitaliste.

 

Au début du siècle dernier Rosa Luxemburg énonçait l’alternative fondamentale de notre époque : socialisme ou barbarie. Le XXe siècle a illustré tragiquement le propos de Rosa. Notre siècle sous des formes nouvelles montre que c’est véritablement là que nous sommes à nouveau. La question brûlante que soulèvent les réformes scolaires est tout simplement celle de la préservation de la civilisation.

 

 

 

Notes :

[1] Sur cette question, on pourrait lire « L’approche par compétences, une mystification pédagogique » par Nico Hirtt, téléchargeable ICI

Du même auteur, lire aussi « En Europe, les compétences contre le savoir ».

[2] La « pédagogie » de la « classe inversée » où l’élève lit un cours chez lui et où le professeur l’aide à faire des exercices en classe prépare la suppression des professeurs.

[3] Nico Hirtt : « La mission scolaire » in Le Courrier de la planète, n°55 – Mai 2000

 

Pour en savoir plus :

- INFOGRAPHIE. Illettrisme : de grosses inégalités en France

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 08:24
17 septembre 2015 : Agir pour l'abrogation de la réforme du collège
17 septembre 2015 : Agir pour l'abrogation de la réforme du collège

Sources : Le Parti de Gauche, la UNSEN CGT 'Educ'Action, la CGT17

- Pour la CGT

La création du collège unique a permis la massification de l’enseignement en France, mais jamais les moyens (budgétaires et/ou pédagogiques) qui lui ont été alloués, n’ont permis de passer à la phase de démocratisation.

 

Le collège, pivot de notre système éducatif, ne permet donc pas de rompre avec la reproduction sociale et demeure un outil de tri social et d’orientation subie en fin de 3e, malgré les efforts des personnels y travaillant.


Pire, laissé à l’abandon depuis des années, il a contribué à l’accroissement des inégalités sociales et scolaires... lire la suite dans le 4 pages "Spécial" Réfome du collège : Analyse et propositions de la CGT-Educ'action  (mai 2015)

 

 

 

- Pour le Parti de Gauche, la réforme du collège, c'est la grande casse

Tant elle est rejetée que cette politique ne peut plus s’administrer que par la force. Après avoir piétiné le Parlement pour imposer la loi Macron par le recours à l’article 49-3, le gouvernement a choisi de brutaliser les enseignants et leurs organisations syndicales en adoptant par décret, au lendemain d’une journée de grève suivie à plus de 50%, la réforme du collège.

 

Saisissant l’occasion pour revenir à ses fondamentaux réactionnaires, notamment le retour au roman traditionnaliste du pays en guise d’enseignement de l’histoire, la droite s’est un temps élevée contre la réforme mais cette opposition de l’UMP n’a pas duré. Il est vrai que la réforme du collège de Najat Vallaud Belkacem s’inspire de celle initiée au lycée par le sarkozyste Châtel et qu’en matière éducative aussi c’est bien davantage un prolongement qu’une rupture qui marque la politique actuelle. Leur dénominateur commun est l’austérité dont les réformes pédagogiques ne sont plus que des habillages. Le socle commun mis en place par Fillon a ainsi été conservé et la loi Carle en faveur de l’école privée, votée par la précédente majorité, est toujours en vigueur.


En dépit des manœuvres de ce gouvernement libéral-autoritaire, l’opposition à la réforme du collège n’a cessé de s’élargir. L’éviction du président de la FCPE lors du dernier congrès de la principale fédération de parents d’élèves du pays tient notamment aux positionnements de sa direction en faveur de la réforme. Dans le même temps, une deuxième journée de grève, le 11 juin, a été suivie par un tiers des enseignants en collège, un niveau élevé dans un contexte peu propice à la mobilisation en raison de l’imminence du brevet et de la tenue des conseils de classe de fin d’année.

 

 

- Service public en péril

La réforme du collège c’est d’abord la fin de l’égalité de traitement des élèves. En confiant 20% des moyens horaires au bon vouloir du chef d’établissement et le soin d’affecter des volumes horaires disciplinaires par cycle (5e-4e-3e) et non plus par niveau d’enseignement (5e;4e;3e), le gouvernement introduit une rupture fondamentale avec le principe de grille horaire nationale sur lequel reposent programmes et diplômes nationaux. Demain, il sera possible, dans deux collèges différents, de voir dispensé dans l’un trois heures hebdomadaire de français en 5e quand dans l’autre les élèves du même niveau recevront une heure et demie de ce même enseignement chaque semaine.


Après la réforme des rythmes scolaires au primaire, Hollande poursuit le processus de territorialisation du service public d’éducation. A l’unité du cadre républicain, il substitue une mosaïque de situations locales plaçant les familles dans une situation de dépendance vis à vis du choix des établissements dans lesquels leurs enfants seront scolarisés. Il met en péril la continuité du parcours éducatif des élèves amenés à changer d’établissement au cours de leur scolarité au collège.


L’institution d’un enseignement à géométrie variable s’annonce aussi comme le préalable à la mise en concurrence. Chaque collège tentera d’attirer à lui les élèves en « vendant » aux parents sa singularité. En instituant une logique de l’ « offre » dans le domaine éducatif, la réforme du collège préfigure la constitution d’un véritable marché scolaire et avec lui le creusement des inégalités.

 

 

- Collège au rabais

Le projet de Najat Vallaud Belkacem organise également le démantèlement des enseignements disciplinaires et avec lui des savoirs, méthodes et de la culture qui y sont associés. Il prévoit en effet, pour doter les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) institués par la réforme, de leur attribuer 20% des moyens horaires de l’établissement. Austérité oblige, ces moyens ne sont pas créés. Ils sont prélevés sur l’existant, les horaires auparavant affectés aux disciplines. Dans chaque collège, des arbitrages locaux conduiront ici à prendre aux mathématiques, là aux langues vivantes, ailleurs à la physique-chimie pour mettre en place les EPI, ateliers fourre tout, répondant à de vagues catégories (« développement durable », « corps, santé, sécurité » etc.) et dispensé par des enseignants non formés à cette fin. Ainsi, dans le cadre de l’EPI « Langues et cultures de l’Antiquité », un professeur d’histoire-géographie pourrait être amené à enseigner la langue latine.

 

Si l’interdisciplinaire a des vertus – et qu’il est en réalité déjà pratiqué dans les classes – mis au cœur des apprentissages il peut conduire à l’aggravation des difficultés des élèves les plus fragiles. Pour être approprié, pour en développer le goût, l’interdisciplinaire nécessite la maîtrise des bases disciplinaires. La ministre dit vouloir mettre fin à l’ « ennui » des élèves grâce aux EPI. Elle prépare en réalité des abîmes de perplexité pour le plus grand nombre des collégiens et la satisfaction de quelques uns, déjà doté du capital culturel leur permettant d’accéder à l’intelligibilité de la démarche.

 

Placée au cœur de la réforme, la mise en concurrence des disciplines au sein des collèges menace par ailleurs l’existence de certaines comme le latin et le grec. Elle conduit à la marginalisation d’autres enseignements : les arts plastiques et l’éducation musicale. Au total, les collégiens se verront retirés près de 400 heures d’enseignement disciplinaire de la 5e à la 3e.

 

Ce projet de collège au rabais, instituant le rabougrissement généralisé des savoirs à travers la réduction des contenus disciplinaires, s’inscrit dans la conception d’un enseignement fondé sur les compétences, étroites et périssables, au détriment des qualifications larges et durables. Cette vision est portée en France depuis les années 1980 par le MEDEF qui a d’ailleurs voté pour la réforme du collège au Conseil supérieur de l’éducation où il siège. Elle n’a d’autre ambition que de former des individus employables et jetables en lieu et place de citoyens émancipées, autonomes et cultivées et de travailleurs qualifiés. Le Parti de Gauche, partisan de l’école du peuple, école de l’égalité et de l’émancipation, s’inscrit donc dans l’opposition résolue à ce projet de collège au rabais.

 

 

- Le collège que nous voulons

Pour répondre véritablement aux enjeux éducatifs au collège, faire face à la croissance de la démographie scolaire et endiguer le décrochage des élèves en difficulté, le Parti de Gauche propose :

 

  • l’instauration d’un plan de recrutement massif permettant de revenir sur les postes supprimés sous Sarkozy et non récrées sous Hollande ;
  • la baisse des effectifs par classe et la généralisation des dédoublements ;
  • la mise en place d’une carte scolaire garantissant la mixité sociale ;
  • la restauration des horaires disciplinaires perdus et leur cadrage national ;
  • garantir de la liberté pédagogique des enseignants et s’appuyer sur l’expérience des mouvements pédagogiques dans le cadre du développement de la formation initiale et continue.
Réforme du collège
 
La grande casse

Tant elle est rejetée que cette politique ne peut plus s’administrer que par la force. Après avoir piétiné le Parlement pour imposer la loi Macron par le recours à l’article 49-3, le gouvernement a choisi de brutaliser les enseignants et leurs organisations syndicales en adoptant par décret, au lendemain d’une journée de grève suivie à plus de 50%, la réforme du collège.

Saisissant l’occasion pour revenir à ses fondamentaux réactionnaires, notamment le retour au roman traditionnaliste du pays en guise d’enseignement de l’histoire, la droite s’est un temps élevée contre la réforme mais cette opposition de l’UMP n’a pas duré. Il est vrai que la réforme du collège de Najat Vallaud Belkacem s’inspire de celle initiée au lycée par le sarkozyste Châtel et qu’en matière éducative aussi c’est bien davantage un prolongement qu’une rupture qui marque la politique actuelle. Leur dénominateur commun est l’austérité dont les réformes pédagogiques ne sont plus que des habillages. Le socle commun mis en place par Fillon a ainsi été conservé et la loi Carle en faveur de l’école privée, votée par la précédente majorité, est toujours en vigueur.
En dépit des manœuvres de ce gouvernement libéral-autoritaire, l’opposition à la réforme du collège n’a cessé de s’élargir. L’éviction du président de la FCPE lors du dernier congrès de la principale fédération de parents d’élèves du pays tient notamment aux positionnements de sa direction en faveur de la réforme. Dans le même temps, une deuxième journée de grève, le 11 juin, a été suivie par un tiers des enseignants en collège, un niveau élevé dans un contexte peu propice à la mobilisation en raison de l’imminence du brevet et de la tenue des conseils de classe de fin d’année.

Service public en péril

La réforme du collège c’est d’abord la fin de l’égalité de traitement des élèves. En confiant 20% des moyens horaires au bon vouloir du chef d’établissement et le soin d’affecter des volumes horaires disciplinaires par cycle (5e-4e-3e) et non plus par niveau d’enseignement (5e;4e;3e), le gouvernement introduit une rupture fondamentale avec le principe de grille horaire nationale sur lequel reposent programmes et diplômes nationaux. Demain, il sera possible, dans deux collèges différents, de voir dispensé dans l’un trois heures hebdomadaire de français en 5e quand dans l’autre les élèves du même niveau recevront une heure et demie de ce même enseignement chaque semaine.
Après la réforme des rythmes scolaires au primaire, Hollande poursuit le processus de territorialisation du service public d’éducation. A l’unité du cadre républicain, il substitue une mosaïque de situations locales plaçant les familles dans une situation de dépendance vis à vis du choix des établissements dans lesquels leurs enfants seront scolarisés. Il met en péril la continuité du parcours éducatif des élèves amenés à changer d’établissement au cours de leur scolarité au collège.
L’institution d’un enseignement à géométrie variable s’annonce aussi comme le préalable à la mise en concurrence. Chaque collège tentera d’attirer à lui les élèves en « vendant » aux parents sa singularité. En instituant une logique de l’ « offre » dans le domaine éducatif, la réforme du collège préfigure la constitution d’un véritable marché scolaire et avec lui le creusement des inégalités.

Collège au rabais

Le projet de Najat Vallaud Belkacem organise également le démantèlement des enseignements disciplinaires et avec lui des savoirs, méthodes et de la culture qui y sont associés. Il prévoit en effet, pour doter les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) institués par la réforme, de leur attribuer 20% des moyens horaires de l’établissement. Austérité oblige, ces moyens ne sont pas créés. Ils sont prélevés sur l’existant, les horaires auparavant affectés aux disciplines. Dans chaque collège, des arbitrages locaux conduiront ici à prendre aux mathématiques, là aux langues vivantes, ailleurs à la physique-chimie pour mettre en place les EPI, ateliers fourre tout, répondant à de vagues catégories (« développement durable », « corps, santé, sécurité » etc.) et dispensé par des enseignants non formés à cette fin. Ainsi, dans le cadre de l’EPI « Langues et cultures de l’Antiquité », un professeur d’histoire-géographie pourrait être amené à enseigner la langue latine.

Si l’interdisciplinaire a des vertus – et qu’il est en réalité déjà pratiqué dans les classes – mis au cœur des apprentissages il peut conduire à l’aggravation des difficultés des élèves les plus fragiles. Pour être approprié, pour en développer le goût, l’interdisciplinaire nécessite la maîtrise des bases disciplinaires. La ministre dit vouloir mettre fin à l’ « ennui » des élèves grâce aux EPI. Elle prépare en réalité des abîmes de perplexité pour le plus grand nombre des collégiens et la satisfaction de quelques uns, déjà doté du capital culturel leur permettant d’accéder à l’intelligibilité de la démarche.

Placée au cœur de la réforme, la mise en concurrence des disciplines au sein des collèges menace par ailleurs l’existence de certaines comme le latin et le grec. Elle conduit à la marginalisation d’autres enseignements : les arts plastiques et l’éducation musicale. Au total, les collégiens se verront retirés près de 400 heures d’enseignement disciplinaire de la 5e à la 3e.

Ce projet de collège au rabais, instituant le rabougrissement généralisé des savoirs à travers la réduction des contenus disciplinaires, s’inscrit dans la conception d’un enseignement fondé sur les compétences, étroites et périssables, au détriment des qualifications larges et durables. Cette vision est portée en France depuis les années 1980 par le MEDEF qui a d’ailleurs voté pour la réforme du collège au Conseil supérieur de l’éducation où il siège. Elle n’a d’autre ambition que de former des individus employables et jetables en lieu et place de citoyens émancipées, autonomes et cultivées et de travailleurs qualifiés. Le Parti de Gauche, partisan de l’école du peuple, école de l’égalité et de l’émancipation, s’inscrit donc dans l’opposition résolue à ce projet de collège au rabais.

 

 Le collège que nous voulons

Pour répondre véritablement aux enjeux éducatifs au collège, faire face à la croissance de la démographie scolaire et endiguer le décrochage des élèves en difficulté, le Parti de Gauche propose :


-l’instauration d’un plan de recrutement massif permettant de revenir sur les postes supprimés sous Sarkozy et non récrées sous Hollande
-la baisse des effectifs par classe et la généralisation des dédoublements
-mise en place d’une carte scolaire garantissant la mixité sociale
-la restauration des horaires disciplinaires perdus et leur cadrage national
-garantir de la liberté pédagogique des enseignants et s’appuyer sur l’expérience des mouvements pédagogiques dans le cadre du développement de la formation initiale et continue

- See more at: https://www.lepartidegauche.fr/dossier/reforme-college-la-grande-casse-32797#sthash.g19mbMcp.dpuf

 

Pour en savoir plus : 

- Architecture de la réforme décret, arrêté et annonces liées + commentaires CGT

- Comparaison entre l’existant et le projet de grilles horaires de la réforme du collège

- Bilan annonces faites par la ministre en dehors du décret et de l’arrêté

- Le tract de la CGT-Éduc'action sur la réforme du collège

- tract du Parti de Gauche : Fini le collège unique, place au collège inique !

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 08:02
Au PS, la laïcité se forge à l’école privée

Source : Le blog de François Cocq par François Cocq, Secrétaire national à la politique territoriale et à l’éducation du parti de Gauche

- « Il faut développer les enseignements scolaires privés sous contrat ».

Telle est la sinistre proposition qui figure dans le rapport sur la « cohésion républicaine » présenté le 1er février par les responsables du Parti Socialiste devant les secrétaires de sections réunis à Paris. Et Laurent Dutheil, secrétaire national du PS à la laïcité et aux institutions d’enfoncer le clou dans un communiqué daté du 26 février en appelant au «développement de l’enseignement privé confessionnel musulman ». Désormais, pour le PS, la laïcité se résume donc à l’égalité de traitement des religions, sans se soucier du principe d’organisation sociale qui doit régir la place de ces dernières. Jaurès reviens, ils sont devenus fous !

 

La formulation officielle de ce qui constitue une rupture majeure et manifeste avec l’histoire de la pensée socialiste mérite qu’on s’y arrête. En réponse aux assassinats politiques des 7, 8 et 9 janvier, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis avait appelé à une convention qui se tenait à Paris le 1er février devant l’ensemble des secrétaires de section. Dans ce cadre, trois rapports étaient présentés : l’un sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme, le deuxième sur la coordination européenne en matière de lutte contre le terrorisme, et le troisième, cheveu sur la soupe, sur la préservation de la cohésion républicaine.

 

  • C’est donc dans ce dernier (à lire ICI) que figure la proposition qui nous intéresse (le reste méritera aussi qu’on y revienne tant les reniements et trahisons républicaines volent au PS en escadrille).

 

Présenté par Laurent Dutheil, le rapport sur la “cohésion républicaine” rassemble tout le spectre de ce que le PS compte comme chapelles. Voyez plutôt les signataires : Alain Bergounioux, Florence Augier, Ericka Bareigts, Jean-Louis Bianco, Colombe Brossel, Sylviane Bulteau, Luc Carvounas, Marie Colou, Kamel Chibli, Karine Gloanec-Maurin, Elsa di Méo, Samia Ghali, Estelle Grelier, François Kalfon, Marc Mancel, Emmanuel Maurel, Sandrine Mazetier, Claude Roiron, Isabelle This-Saint-Jean, Yannick Trigance. Des valssistes qui rédigent l’épitaphe du PS, aux prétendus gardiens de l’héritage socialiste au sein du parti,, ils sont tous là ! Celles et ceux qui considèrent que le Parti Socialiste est divers et que, dans ses instances, des courants structurés représentent plus d’intérêt et de perspectives que d’autres en seront pour leurs frais. Pauvres militant-e-s sincères salis par les vilénies de leurs chefs…

 

 

- Sur le fond maintenant.

On se souvient des propositions scandaleuses formulées mi-janvier par Jean-Louis Bianco sous couvert de l’Observatoire de la laïcité qu’il préside et qui avaient poussé plusieurs de ses membres à se désolidariser de ces annonces. Parmi celles-ci, outre “le recrutement d’aumôniers musulmans dans les prisons”, on retrouvait déjà “le soutien à la creation d’établissements privés de théologie musulmane et de formation à l’islamologie” et “la prise en compte de toutes les pratiques convictionnelles et confessionnelles présentes sur le territoire de la république”. Comme une synthèse, Jean-Louis Bianco est de ceux qui avec le rapport sur la “cohésion républicaine” affichent aujourd’hui leur volonté de voir se développer l’enseignement privé confessionnel.

 

Il faut à ce stade s’arrêter sur la formulation initiale du rapport. La proposition de “déveloper les établissements scolaires privés sous contrat” a beau s’insérer dans la partie du document intitulée “Se pose enfin la question de l’islam français”, elle n’en est pas moins rédigée sous la forme d’une proposition générale qui englobe les enseignements privés sans même évoquer leur caractère confessionnel et/ou marchand. C’est bien l’enseignement scolaire privé sous contrat en tant que tel qui est promu par les rédacteurs comme une alternative, ou pour le moins un complément utile et nécessaire, à l’école publique ! On sait dans l’histoire du mouvement ouvrier que c’est par l’écrit que l’on entérine des modifications dans le champ des idées. Le propos est ici trop grave et trop décisif pour croire qu’il ne s’agirait que d’une maladresse rédactionnelle.

 

 

- Avant même que de s’aventurer dans le champ du religieux, le PS marque donc une rupture profonde avec le principe général de laïcité et sa déclinaison pour l’Ecole de la République.

Ainsi Jaurès, en 1910 dans sa célèbre intervention « Pour la laïque » à la chambre des députés, affirmait « qu’il pouvait être du droit de l’Etat d’organiser un service public national de l’enseignement » en précisant immédiatement : « J’entends un service national où seraient appelés tous les enfants de France ». « Tous » les enfants de France…Reprenant Proudhon, Jaurès explicitait en quoi l’éducation, dans sa visée universaliste et émancipatrice, doit garantir à l’enfant un cadre qui soit tout à la fois commun à toutes et tous, mais aussi préservé des velléités restrictives qui peuvent s’opérer au nom du dogme, qu’il soit religieux ou marchand : « L’enfant a le droit d’être éclairé par tous les rayons qui viennent de tous les côtés de l’horizon, et la fonction de l’Etat, c’est d’empêcher l’interception d’une partie de ces rayons ». Voilà qui lui permettait de conclure : « Je ne crois pas qu’il y ait d’objection de doctrine, d’objection de principe à ce que l’enseignement national pour tous soit organisé ». Là où Jaurès étayait sur le fond la question du monopole de l’éducation, le PS de 2015 de l’après Charlie se dresse face à lui pour promouvoir l’enseignement privé face à l’Ecole publique de la République et provoquer ainsi l’éclipse de l’humanisme universel…

 

  • La formulation complémentaire apportée par le secrétaire national du PS Laurent Dutheil dans son communiqué du 26 février (à lire ICI) n’y change rien.

 

Au contraire, elle approfondit la redéfinition de la laïcité à la sauce PS. Celui-ci prône en effet «le développement de l’enseignement privé confessionnel musulman ». L’enseignement privé dont il est question est cette fois précisé : il s’agit bien de l’enseignement confessionnel musulman. Est-ce à dire que le PS se fait le chantre de celui-ci ? Non bien sûr. Mais ce que recouvre cette proposition, c’est le passage d’une laïcité où l’Etat ne reconnait ni ne salarie aucun culte comme le veut la loi de 1905 à une pseudo-laïcité où les religions doivent bénéficier d’une égalité de traitement. Les religions sortent ainsi du seul champ spirituel et sont de fait reconnues comme des acteurs temporels à même de prendre en charge ce que certains appellent des « droits-créances » pour l’Etat comme le droit à l’éducation (pour ma part, et vous m’excuserez cette digression sur laquelle je reviendrai, un droit créance n’est rien de plus que la résultante des droits naturels de liberté et d’égalité et c’est pourquoi je considère cette réintroduction politique du religieux comme une atteinte au principe même du droit naturel si vaillamment défendu par Maximilien Robespierre).

 

 

- Concrètement, le PS promeut un financement public étendu pour les établissements scolaires privés et notamment ceux à caractère confessionnel.

Là où l’argent public devrait aller à la seule école publique, celle de toutes et tous, le PS propose de rajouter à la manne de 9 milliards d’euros annuels distribués à l’enseignement privé, il est vrai à 90% confessionnel et catholique, le nécessaire pour développer l’enseignement privé musulman. C’est l’égalité des chances des religions en somme !

 

Mais c’est justement sur ce terrain que Jaurès devrait revenir jouer la mauvaise conscience des ex-socialistes du PS. Jaurès n’était pas qu’un penseur. Il partait du réel et des rapports de force pour construire un cheminement politique. C’est pourquoi après avoir montré le point d’arrivée dans son discours « Pour la laïque », il concluait celui-ci en donnant le manuel pour engranger des victoires immédiates comme autant de points d’appui. Pour Jaurès, « la question scolaire rejoint la question sociale » et il engage le gouvernement à se donner les moyens d’accueillir tous les enfants dans des conditions de réussite : « Comment aurions-nous le droit de recruter, même par la loi, des écoliers nouveaux si nous laissons des classes de 60, 70 élèves ? Comment le pourrions-nous si nous n’avons pas le courage de pousser jusqu’à 14 ans la scolarité (NDA : lire aujourd’hui 18 ans) »?  Que préconisent pourtant les vaillants solfériniens d’aujourd’hui sinon distribuer au privé l’argent que n’a pas l’école publique ?

 

 

- Comme souvent en pareil cas, PS et gouvernement sont les deux jambes d’un même fantôme qui marche à reculons.

Le PS n’avait pas sitôt digéré son renoncement en la matière que Bernard Cazeneuve, sous couvert de la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem, reprenait la balle au bond : « L’enseignement privé confessionnel musulman doit pouvoir se développer dans le respect des principes républicains. (…) Ces établissements peuvent conclure des contrats d’association. » Où quand les renoncements socialistes forgent les ruptures d’Etat…

 

Le Parti socialiste démantèle chaque jour un peu plus les cadres qui définissent l’ideal d’un humanisme universel et émancipateur. Nul adhérent du Parti socialiste ne doit aujourd’hui ignorer la trahison de notre histoire commune sauf à adhérer à la nouvelle pensée en restant dans ce corps sans vie. Jaurès terminait quant à lui à la chambre par cette sentence : “Laïcité de l’enseignement, progrès social, ce sont deux formules indivisibles. Nous n’oublierons ni l’une ni l’autre, et, en républicains socialistes, nous lutterons pour toutes les deux”. Indubitablement, le PS ne peut prétendre aujourd’hui ni à la filiation républicaine, ni à la filiation socialiste.

 

- A lire du même auteur :

Quand les banques sont invitées à venir endoctriner à l’école !

- Tous les textes de cet auteur relatifs à l'école : ICI

 

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 10:11
Le périscolaire payant partout, c’est maintenant !

Sources : Le blog de François Cocq  François Cocq et Paul Vannier, responsables nationaux du Parti de Gauche

Le 30 octobre, le Parlement a été saisi de l’article 55 du projet de loi de finances pour 2015. A travers celui-ci, le gouvernement Valls s’apprêtait à liquider l’essentiel du fonds d’amorçage pour la réforme des rythmes scolaires. Devant le tollé suscité, le Premier Ministre au annoncé devant le Sénat mardi qu’il maintiendrait pour 2015 ce fonds. Les 300 millions d’euros dégagés en gage de soumission à Bruxelles et pour payer les cadeaux du Pacte de responsabilité au MEDEF ne seraient pas sans conséquences sur la nature même de l’Ecole publique.

 

  • Là où le fonds d’amorçage comprend jusqu’à présent un socle de base de 50€ par enfant et une part majorée de 40€ aux communes en difficultés, le projet de budget en termine avec la partie versée à tous : « ce montant n’est pas versé au titre de l’année scolaire 2015-2016 ».

 

Le gouvernement Valls s’était pourtant engagé. Le 7 mai 2014, le ministre de l’Education nationale d’alors, Benoît Hamon, confirmait la reconduction du fond d’amorçage pour l’année scolaire 2015-2016. Depuis, patatras ! Najat Vallaud-Belkacem et les comptables de Bercy ont fait leur œuvre.

 

  • Dès la rentrée prochaine, les maires devront donc choisir : augmenter la fiscalité locale ou rendre payant l’accès au temps périscolaire. Directement ou indirectement, les familles auront à payer. A Lyon par exemple, l’accès au temps périscolaire est déjà facturé aux parents 120 euros en moyenne par an et par enfant.

 

La priorité de Hollande à l’éducation c’est donc la fin à la gratuité du temps passé à l’école. D’ailleurs, celle-ci était dans le décret laissée au libre choix des communes. C’est aussi une école inégalitaire où, en fonction des moyens, en fonction des communes, seront proposés, ici de véritables ateliers animés par des professionnels, là des garderies surpeuplées encadrées par des personnels non formés, ou pire encore, rien.

 

Pour légitimer la réforme, Najat Vallaud-Belkacem brandit l’ « intérêt de l’enfant ». Argument d’autorité qui a fait son temps. Il est dérisoire. Les témoignages, l’expérience, tout indique que la réforme fatigue davantage les écoliers. Contre cette tentative de dépolitisation du débat, il faut revenir aux véritables enjeux de la réforme.

 

La territorialisation de l’école est l’un des instruments de l’austérité. Pièce d’un vaste assemblage, la réforme territoriale, elle organise la pénurie à tous les étages. A présent, le piège se referme. L’Etat abandonne le financement de sa réforme au moment même où il diminue de façon drastique ses dotations aux collectivités locales : -3,7 milliards d’euros dans le budget 2015 et notamment -2,07 Mds€ aux communes, celles-là mêmes qui sont appelées à financer la réforme des rythmes scolaires.

 

Austérité oblige, il faudra arbitrer : financer l’achat du matériel, les sorties, la réfection de l’école ou bien l’organisation du temps périscolaire. Pour réduire la dépense, certains recourent déjà à des prestataires de service, engageant la marchandisation de l’école. A Alfortville, le sénateur maire socialiste Carvounas, a lancé un appel d’offre, comme pour n’importe quel marché public, pour organiser le temps périscolaire de sa commune.

 

L’austérité administrée par la territorialisation n’est pas un projet pour l’école. C’est une politique soumise à la finance qui déstructure l’Ecole comme bien commun et lieu du savoir universel. Porosité et confusion savamment entretenues entre temps scolaire et périscolaire sont ainsi sources de graves remises en cause à l’heure où est imposé un socle commun de compétences. Ce qui ne serait pas dans l’un pourrait être rejeté dans l’autre avec toutes les inégalités devant un même droit à l’éducation que cela comporte. Voilà qui inquiète jusqu’à l’ancien ministre de l’Education Nationale Jack Lang  qui réclamait sur France-Inter le 22 octobre  « un plan ambitieux pour les arts et la culture à l’école».

 

  • Nous qui voulons construire l’école de la 6e République, celle de l’égalité et de l’émancipation, nous abrogerions le décret sur les rythmes scolaires et lancerions une concertation pour mettre en œuvre un véritable service public du périscolaire financé par l’Etat, cadré nationalement et mise en œuvre par des personnels formés sous statut.

 

  • Rejetée par l’ensemble des acteurs éducatifs, « dévitalisée » par le gouvernement lui-même, cette  réforme destructrice de l’école républicaine doit être abandonnée. Il est encore temps de faire reculer le gouvernement !

 

 

 

Note :

[1] Tribune publiée dans Libération jeudi 30 octobre

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 10:02
Au cinéma : la résistance par le vin !

Source : Le Parti de Gauche |

« Le monde actuel ne marche pas. Le modèle occidental est en faillite. La résistance s’impose, à commencer par le quotidien. »

C’est en ces termes très militants que le réalisateur Jonathan Nossiter a débuté la présentation de son film « Résistance Naturelle », lors de l’avant-première organisée en sa présence à Paris le 28 avril.

 

10 ans après le succès de « Mondovino » qui pointait les dangers de la mondialisation pour le vin en Europe, Nossiter met son « cinéma artisan » au service des viticulteurs qui tentent de sauver le vin en le réinventant de manière paysanne et écologique dans l’aventure du « vin naturel ». Il a filmé pour cela plusieurs vignerons italiens, « résistants malgré eux », devenus révolutionnaires sans le vouloir. Loin de toute démagogie, ceux-ci racontent comment, du Piémont au Chianti, ils ont essayé de redonner vie à la terre et aux vignes menacés de mort par des dizaines d’années de traitements chimiques et de standardisation marchande.

 

- Le sol comme bien public menacé.

Véritable intellectuel paysan, le vigneron Stefano Bellotti rappelle ainsi cette vérité matérialiste largement méconnue : 90 % de la vie organique sur terre se trouve dans le sol. Et, échantillons de terres à la main, il montre comment les pesticides ont tué les sols et atrophié la vigne. Les racines d’une vigne non bio ne descendent plus qu’à 60 cm dans la terre et n’ont plus qu’une centaine de mètres de racines secondaires. Les traitements ont ainsi fait perdre à la liane qu’est la vigne une grande capacité de sa puissance d’extraction minérale et organique des sols. Une richesse essentielle pour la qualité et la diversité du goût du raisin et du vin. Alors que les vignes cultivées de manière biologique et même bio-dynamiques puisent dans la terre jusqu’à 10 m et développent jusqu’à 5km de racines secondaires. Belloti montre aussi que les pesticides réduisent les capacités de photosynthèse de la plante et donc aussi sa capacité à absorber du CO2. Et il pointe les dangers d’eugénisme viticole induit par les semenciers de l’agro-business depuis que les vignes sont plantées en sélection clonale plutôt qu’en sélection massale, qui garantissait une diversité permanente. Non seulement tout cela a une conséquence sur le goût mais aussi sur la santé. Belloti montre qu’il y a une corrélation puissante entre les épidémies de cancers et l’usage intensif des pesticides, tant dans le temps que dans l’espace.


- L’agriculture, affaire de culture. Le vin, objet de civilisation.

Nossiter2 Nossiter montre bien cependant que ces travailleurs de la terre se gardent la plupart du temps de toute illusion naturaliste ou environnementaliste. Belloti explique ainsi que l’agriculture est avant tout une affaire de culture. Pour lui la production d’un vin est une création qui allie la puissance de la nature et l’imagination de l’homme. Une conception qui fait fortement écho à la défense du vin comme « objet de civilisation » développée par Jean-Luc Mélenchon en campagne européenne dans son discours de Montpellier le 21 mai dernier. Et, en adepte cachée de l’éco-socialisme, la vignerone toscane Giovanna Tiezzi vante la remise en phase des temps historiques de l’humanité et du temps biologique de l’éco-systéme. Très durs envers les régulations libérales qui ont tenu les appellations contrôlées à l’écart de toute exigence écologique, ils n’en concluent pas moins que les appellations doivent redevenir un bien commun. En particulier en Italie où elles ont été construites de manière largement mercantiles dans les années 1970, à la différence de la France où elles résultent de 100 ans de régulations culturelles et sociales collectives

 

- La responsabilité accablante de l’Union européenne.

En guise de conclusion, le film ne manque pas de pointer la responsabilité accablante de l’Union européenne dans ce désastre. Le vigneron Corrado Dottori rappelle que l’Europe a pris le contrôle total de deux dimensions essentielles de la société : la monnaie et l’alimentation via l’agriculture. Le film pointe que l’Union européenne a mis les lois et pouvoirs au service du seul marché en matière agricole. Et qu’à travers l’hygiénisme mercantile promu dans l’alimentation, l’Europe vise aussi à contrôler les comportements humains jusque dans l’intimité de chacun. Une réflexion qui n’est pas sans rappeler la critique du « nouvel ordre globalitaire » qui selon Jean-Luc Mélenchon impose les normes marchandes dans toutes les dimensions de la vie.

 

- Le vin et la révolution.

Fortement critique, le film n’en est pas moins optimiste et joyeux, les nombreux vins dégustés aidant. Belloti explique ainsi qu’on peut faire revivre une terre en 6 ans en la convertissant en bio. Et ces paysans résistants donnent un exemple de liberté et d’audace qui peut inspirer tous les domaines. Nossiter décrit ainsi le vigneron Belloti : "quelqu’un qui n’a peur de personne, qui s’exprime avec une liberté sauvage et dont chacune des expressions de la pensée a un sens éthique et politique, tourné vers la collectivité". Une invitation à l’action collective qui n’est pas sans rappeler l’appel lancé en 1905 par Jean Jaurés aux vignerons du Languedoc devant la cave de Maraussan : « Paysans, ne demeurez pas à l’écart. Mettez ensemble vos volontés, et, dans la cuve de la République, préparez le vin de la Révolution sociale ! » Un appel aussi relayé le 22 mai dernier par Jean-Luc Mélenchon avec les vignerons de Montagnac qui craignent les dangers du grand marché transatlantique pour le vin .

 

Nota :

« Résistance naturelle », un film de Jonathan Nossiter, dans 60 salles en France à partir du 18 juin.

 
 

- Jean-Luc Mélenchon, le vin et le bio.....

Dans cette vidéo, le vin est abordé en tant qu'objet de civilisation. Jean-Luc Mélenchon et les différents intervenants expliquent en quoi l’élaboration des normes viticoles a fait l’objet d’une lutte sociale. Le film montre ensuite que ces normes sont aujourd’hui menacées par le projet de Grand Marché Transatlantique. Enfin, la nécessaire transition écologique de l’agriculture est défendue à travers l’exemple de vignerons bio.

 

Vous trouverez dans cette vidéos des interventions (par ordre d’apparition) de :
- Jean-Luc Mélenchon, député européen
- Serge Azaïs, viticuteur coopérateur à Montagnac (Languedoc)
- René Morenao, Président de la cave coopérative de Montagnac (Languedoc)
- Jonathan Nossiter, cinéaste artisan
- Jean-Pierre Frick, vigneron bio (Alsace)
- Claude Buchot, vigneron bio (Jura)
- Valentin Morel, vigneron bio (Jura)

La responsabilité accablante de l’Union européenne.

En guise de conclusion, le film ne manque pas de pointer la responsabilité accablante de l’Union européenne dans ce désastre. Le vigneron Corrado Dottori rappelle que l’Europe a pris le contrôle total de deux dimensions essentielles de la société : la monnaie et l’alimentation via l’agriculture. Le film pointe que l’Union européenne a mis les lois et pouvoirs au service du seul marché en matière agricole. Et qu’à travers l’hygiénisme mercantile promu dans l’alimentation, l’Europe vise aussi à contrôler les comportements humains jusque dans l’intimité de chacun. Une réflexion qui n’est pas sans rappeler la critique du « nouvel ordre globalitaire » qui selon Jean-Luc Mélenchon impose les normes marchandes dans toutes les dimensions de la vie.

Le vin et la révolution.

Fortement critique, le film n’en est pas moins optimiste et joyeux, les nombreux vins dégustés aidant. Belloti explique ainsi qu’on peut faire revivre une terre en 6 ans en la convertissant en bio. Et ces paysans résistants donnent un exemple de liberté et d’audace qui peut inspirer tous les domaines. Nossiter décrit ainsi le vigneron Belloti : "quelqu’un qui n’a peur de personne, qui s’exprime avec une liberté sauvage et dont chacune des expressions de la pensée a un sens éthique et politique, tourné vers la collectivité". Une invitation à l’action collective qui n’est pas sans rappeler l’appel lancé en 1905 par Jean Jaurés aux vignerons du Languedoc devant la cave de Maraussan : « Paysans, ne demeurez pas à l’écart. Mettez ensemble vos volontés, et, dans la cuve de la République, préparez le vin de la Révolution sociale ! » Un appel aussi relayé le 22 mai dernier par Jean-Luc Mélenchon avec les vignerons de Montagnac qui craignent les dangers du grand marché transatlantique pour le vin .

 

Laurent Maffeïs

« Résistance naturelle », un film de Jonathan Nossiter, dans 60 salles en France à partir
du 18 juin.

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L’agriculture, affaire de culture. Le vin, objet de civilisation.

Nossiter2 Nossiter montre bien cependant que ces travailleurs de la terre se gardent la plupart du temps de toute illusion naturaliste ou environnementaliste. Belloti explique ainsi que l’agriculture est avant tout une affaire de culture. Pour lui la production d’un vin est une création qui allie la puissance de la nature et l’imagination de l’homme. Une conception qui fait fortement écho à la défense du vin comme « objet de civilisation » développée par Jean-Luc Mélenchon en campagne européenne dans son discours de Montpellier le 22 mai dernier. Et, en adepte cachée de l’éco-socialisme, la vignerone toscane Giovanna Tiezzi vante la remise en phase des temps historiques de l’humanité et du temps biologique de l’éco-systéme. Très durs envers les régulations libérales qui ont tenu les appellations contrôlées à l’écart de toute exigence écologique, ils n’en concluent pas moins que les appellations doivent redevenir un bien commun. En particulier en Italie où elles ont été construites de manière largement mercantiles dans les années 1970, à la différence de la France où elles résultent de 100 ans de régulations culturelles et sociales collectives.

La responsabilité accablante de l’Union européenne.

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 11:57
Paradoxes et potentialités des politiques éducatives municipales

Source : MARIANNE 24 février 2014

Par : Francis Daspe est président de la Commission nationale Education du Parti de Gauche. Il est également secrétaire général de l'’AGAUREPS-Prométhée

Les politiques éducatives qu’une municipalité peut mener sont frappées d’un étrange paradoxe. A première vue, il n’y a pas grand-chose qui soit en capacité d’infléchir les orientations nationales. Cependant, à bien y regarder, on constate que s’offre à une municipalité désireuse de contribuer à la transformation sociale un certains nombre de leviers porteurs de radicalités concrètes. Et ceci dans le strict respect du périmètre des compétences municipales.

 

- Les politiques éducatives qu’une municipalité peut mener sont frappées d’un étrange paradoxe.

A première vue, il n’y a pas grand-chose qui soit en capacité d’infléchir les orientations nationales : réparer les dégâts causés à l’Ecole de la République relève de la gageure. Le rôle des municipalités dans les politiques éducatives n’est pas de se substituer aux défaillances du service public national. D’une certaine manière, c’est rassurant ; l’échelon municipal doit rester dans l’impossibilité de remettre en cause le cadre national républicain. Car la principale menace réside bien actuellement dans la territorialisation de l’éducation, quels qu’en soient les leviers utilisés : l’autonomie et la gestion managériale sous la droite, la déclinaison de l’acte III de la décentralisation sous le gouvernement socialiste. Cependant, à bien y regarder, on constate que s’offre à une municipalité désireuse de contribuer à la transformation sociale un certains nombre de leviers porteurs de radicalités concrètes. Et ceci dans le strict respect du périmètre des compétences municipales.

 

- La laïcité en constitue un exemple éloquent.

Elle stipule l’égalité de tous, expulse les marchands du temple, élargit les horizons de la gratuité, récuse les communautarismes aliénants, ouvre les voies de l’émancipation. L’actualité nous montre à quel point elle est trop souvent battue en brèche. Les choix en matière de restauration scolaire peuvent favoriser la relocalisation de l’activité par l’encouragement aux circuits courts. Les emplois du périscolaire doivent devenir pérennes, sous statut public, bénéficier d’une véritable formation, avec la mise hors-la-loi de la précarité. En filigrane, se dessine la création d’un service public de l’animation et de l’accueil de l’enfance au niveau d’une commune. Cette initiative locale peut ensuite impulser une extension à l’échelon national. 
 

- Une exigence d’utilisation de l’argent public à des fins d’intérêt général servira de boussole à l’action municipale, en définissant une sorte de traçabilité.

Par exemple, la loi Carle ne pourra pas être appliquée : l’argent de tous ne peut pas financer l’école du choix de quelques uns. La sectorisation scolaire visera à favoriser mixité sociale et vivre-ensemble. Elle sera dans les faits un antidote aux processus de ségrégation et de clientélisme. L’application d’une adaptation du quotient familial sur les différents tarifs des activités des centres de loisirs et de la restauration scolaire, en plus de faire progresser la justice sociale au quotidien, s’inscrit dans le nécessaire combat des idées. Il s’agit d’habituer au principe que chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit selon ses besoins. C’est de cette manière que, pour reprendre Gramsci, se reconquiert l’hégémonie culturelle. 

 

- Ces quelques leviers sont de nature à initier des inflexions majeures à la société.

Ils offrent, en fin de compte, la possibilité de changer l’école en profondeur par un heureux retournement : on ne peut transformer l’école sans avoir au préalable commencé à réformer la société. Voire sans changer de société. Le gouvernement se heurte en effet à cette insoluble contradiction. Impossible en effet de refonder l’école de la République si le projet de société ne récuse pas d’emblée la logique d’une société du marché, le cadre de l’austérité ou ne prend pas en compte la réalité d’une lutte des classes. 
 

- Ces paradoxes ouvrent des potentialités insoupçonnées à la grande œuvre de transformation sociale et de renforcement de l’édifice républicain.

Les politiques municipales éducatives ont vocation à servir de laboratoire aux politiques de résistance. A condition de ne se pas se tromper dans l’usage qui en est fait. S’ingénier à réformer l’école sans entreprendre de transformer la société se révèle une impasse, au même titre que tenter de faire croire que les politiques nationales et les politiques locales ne s’impacteraient pas mutuellement.

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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