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24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 09:51
Marcel Paul, Ambroise Croizat. Chemins croisés d’innovation sociale.

Sources : le blog de michel Etievent

  • Marcel Paul. Etat civil : « enfant trouvé ». Raison sociale : ministre de la production industrielle à la Libération.
  • Ambroise Croizat. Etat civil : « fils de manœuvre ». Raison sociale : ministre du travail et de la sécurité sociale de 1945 à 1947.

 

Au fil de cet ouvrage, Michel Etiévent, historien, retrace entre documents inédits, les parcours féconds de Marcel Paul et d’Ambroise Croizat, deux personnages essentiels du vingtième siècle qui ont consacré leurs vies à l’invention sociale. Il suit l’extraordinaire chemin de Marcel Paul, enfant abandonné sur un banc, tour à tour secrétaire général de la fédération CGT de l’Energie, ministre communiste de la production industrielle du Général de Gaulle à Libération. Entre luttes, résistance, déportation, l’homme forge les plus grands acquis du siècle. Du conseiller de Paris, père des secours d’urgence et des crèches, au fondateur d’EDF-GDF et du statut des électriciens et gaziers, c’est une vie entière vouée à l’innovation sociale.

 

A ce chemin s’enchevêtre celui d’Ambroise Croizat, secrétaire de la Fédération CGT des métaux, député de Paris, ministre communiste du travail à la Libération. Bâtisseur de la sécurité sociale, créateur de la retraite pour tous, il laisse un héritage impressionnant : médecine du travail, comités d’entreprises, conventions collectives…Michel Etiévent entrelace les parcours de ces deux complices de luttes qui forgèrent ensemble ce qui fonde aujourd’hui l’identité sociale de notre pays. Avec ces biographies croisées, il nous livre le passionnant roman de deux hommes qui ont su donner au siècle le goût de la solidarité et de la dignité. Un livre brûlant d’actualité…

 

 

- Extrait article Laurent Etre "Humanité" 8 novembre 2008

"Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès" . ’est par ces mots qu’Ambroize Croizat, ministre du travail et de la Sécurité social de 1945 à 1947, infatigable militant de la dignité humaine et du monde du travail, acheva son dernier discours à l’assemblée nationale le 24 octobre 1950...

"je ne vous paie pas pour que vous m’indiquiez les articles du code m’interdisant de réformer, mais pour y trouver ceux qui vont me le permettre" lance Marcel Paul quelques années plus tôt, un jour de 1946, aux juriste de son ministère de la production industrielle.

Le "fils de manoeuvre" Croizat et Marcel Paul le "pitau" du nom que l’on donnait à l’aube du siècle dernier aux "enfants trouvés" ayant marqués leur siècle et l’histoire du mouvement ouvrier, c’est un certain engagement communiste, intransigeant que nous propose de redécouvrir Michel Etièvent, avec sa sensibilité d’écrivain, sa rigueur d’historien et sa conscience de journaliste en prise avec les enjeux et les luttes d’aujourd’hui.

 

Le livre est disponible  ICI

 

 

- Une conference sur Ambroise Croizat, et Marcel Paul

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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 22:30
16/18 septembre 1982... le "massacre évitable" de Sabra et Chatila

Le 16 décembre 1982, l’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution par 123 voix pour, 0 contre et 22 abstentions décidant que ce " massacre est un acte de génocide. "[1]

 

 

L'échange se passe à Jérusalem il y a trente ans jour pour jour. Morris Draper, ambassadeur itinérant du président Ronald Reagan au Proche-Orient, rappelle à ses interlocuteurs israéliens la "position fondamentale" des Etats-Unis : "Nous n'avons pas pensé que vous deviez entrer. Vous auriez dû rester en dehors."

Réponse d'Ariel Sharon, ministre israélien de la défense : "Que vous l'ayez pensé ou pas… Quand l'existence et la sécurité sont en jeu, tout est de notre responsabilité, on ne laissera jamais personne d'autre décider pour nous."

 

Sources : Le Monde.fr Proche Orient  par Sylvain Cypel | mis à jour le 19/09/2023

- Nous sommes le 17 septembre 1982, la réunion entre Américains et Israéliens a commencé à 12h30.

Le premier ministre, Menahem Begin, en est absent. Avec Ariel Sharon, Yitzhak Shamir, le ministre des affaires étrangères, et de hauts responsables des services de sécurité rencontrent l'ambassadeur Draper. L'échange précité est tiré d'une série de cinq documents (datés des 15, 16, 17, 18 et 20 septembre 1982) auxquels Seth Anziska, chercheur américain de l'université Columbia, a eu accès dans des archives israéliennes, et sur lesquels il fonde un article paru dans le New York Times, ce lundi 17 septembre, sous le titre "Un massacre évitable". Mis en ligne par le quotidien américain, ces documents, en hébreu et anglais, jettent une lumière crue sur la politique libanaise de Washington à cette époque et sur la relation américano-israélienne.

 

 

- Entre 800 et 2000 morts ou disparus

Ce 17 septembre, Morris Draper est soumis, surtout de la part d'Ariel Sharon, à une pression peu usuelle : "M. Draper, vous craignez d'être soupçonné d'être de mèche avec nous ? Niez-le et on le niera." Car au moment où cet échange a lieu, un massacre, qui va entrer dans l'histoire, est déjà en cours : celui des civils palestiniens des camps de Sabra et Chatila, à Beyrouth. Au total, entre 800 et 2 000 personnes seront exécutées ou vont disparaître. Des femmes sont violées, des enfants et des vieillards abattus, des hommes emportés vers des destinations inconnues. Commencé le 16, le massacre est mené par des phalangistes chrétiens et des miliciens des Forces libanaises, alliés de l'armée israélienne depuis le début de son invasion du Liban, le 6 juin.

 

Jusqu'à peu auparavant, Ariel Sharon a cru avoir triomphé. Les bombardements des grandes villes (Beyrouth, Tyr, Sidon…) ont abouti, le 1er septembre, au retrait de la capitale libanaise des groupes armés de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont l'éradication était l'objectif israélien. Les Américains ont supervisé ce retrait et donné à l'OLP des garanties que les populations palestiniennes seront protégées. De plus, Israël a vu son principal allié, le phalangiste chrétien Béchir Gemayel, être élu président de l'Etat libanais fin août. Mais, le 14 septembre, il est assassiné. Dans la nuit, le chef d'état-major israélien rencontre les chefs chrétiens à Beyrouth. Le matin du 15, contrevenant au cessez-le-feu, Tsahal envahit la ville. Le 16, les miliciens chrétiens entrent dans les camps palestiniens. La nuit, l'aviation israélienne éclairera les lieux pour les aider.

 

Ce 17, lorsque l'envoyé spécial américain rencontre ses interlocuteurs, le massacre est donc en cours. Que savent précisément les deux parties sur ce qui advient dans les camps ? Rien n'est avéré. Mais les Israéliens savent que les phalangistes y sont entrés, et, au moins depuis la veille au soir, leurs propres sources les ont informés d'éventuelles "tueries". Ils n'en disent mot.

 

 

- " Qui donc va les en empêcher ? "

Rapportée par les historiens, une rencontre, très pénible, avait déjà eu lieu la veille au soir. Morris Draper, accompagné de l'ambassadeur américain à Tel-Aviv, Sam Lewis, fait face à Ariel Sharon, au chef d'état-major israélien, Rafael Eitan, et au chef du renseignement militaire, le général Yehoshua Saguy (orthographié "Sagi" dans les documents). Washington et "les Libanais" demandent que Tsahal se retire de Beyrouth, rappelle l'Américain. Les "terroristes" sont toujours là, rétorque Ariel Sharon, "2 000 à 3 000, on a même leurs noms". Dès lors, qui va s'occuper des camps ?, demandent les Israéliens. Lorsque Morris Draper évoque "l'armée et les forces de sécurité libanaises", le général Saguy exige que "les Phalanges aussi" soient de la partie. Draper s'y oppose. "Et qui donc va les en empêcher ?", demandera le général israélien.

 

  • De fait, le patron du renseignement de Tsahal sait que les phalangistes y sont déjà. Mais la réunion-clé du lendemain, le 17, se déroulera comme si personne n'en avait connaissance. L'ambassadeur Draper y réitère l'exigence américaine que Tsahal montre des signes, même symboliques, de retrait de Beyrouth : "Israël ne devrait pas donner l'impression d'occuper une capitale arabe. (…) "
  • Sharon : "Qui va s'occuper de ces 2 000 terroristes ? C'est aussi votre intérêt. Qui va les attraper ? Bon, Fakhani, Sabra, Chatila, à notre avis, ils sont, disons 1 000, peut-être 500. On sait qu'ils y sont, bien équipés, armés et tout. Et vous voudriez qu'on se retire ?"… Draper insiste ; les Israéliens demandent à se consulter entre eux. A leur retour, ils acceptent le principe d'un retrait de Beyrouth, mais une fois passé Roch Hachana, le nouvel an juif, soit 48 heures plus tard.
  • Draper, pressé de conclure : "Le plan sera mis en œuvre sous 48 heures, telle est la politique."

 

- " Il n'en restera aucun "

Sharon préfère ne pas laisser d'ambiguïté : "Bon, alors, Fakhani, Sabra, Chatila, Bourj el-Barajneh…" Il nomme les lieux où, entre-temps, devra se mener la traque aux "terroristes".

  • Draper : "Des gens hostiles diront que Tsahal reste à Beyrouth pour permettre aux Libanais de tuer les Palestiniens dans les camps."
  • Sharon : "Alors on va les tuer, nous. Il n'en restera aucun. Vous ne sauverez pas (…) ces groupes du terrorisme international."
  • Draper : "Nous ne sommes intéressés à sauver aucun de ces gens."
  • Sharon : "Si vous ne voulez pas que les Libanais les tuent, nous les tuerons."
  • L'ambassadeur Draper réitère alors la "position du gouvernement : on veut que vous partiez. Laissez faire les Libanais". Le retrait israélien débutera trois jours plus tard.

 

Ce vendredi 17 verra le pire du massacre. Il n'y avait dans les deux camps ni 2 000, ni 1 000, ni 500 "terroristes" : les forces de l'OLP avaient bel et bien évacué Beyrouth. Après une seconde nuit de terreur, les phalangistes se retirent le samedi matin. Informé par son émissaire, l'ambassadeur Draper écrit à Ariel Sharon : "C'est horrible. J'ai un représentant dans les camps qui compte les corps. Vous devriez avoir honte." Le président Reagan tancera le premier ministre, Menahem Begin, en des termes d'une inhabituelle virulence.

 

 

- " Partiellement responsable "

Dans ses Mémoires, le secrétaire d'Etat, George Shultz, sera le plus sévère : "Les Israéliens ont dit qu'ils entraient dans Beyrouth (…) pour éviter un bain de sang, il s'avère qu'ils l'ont facilité et peut-être même suscité." Pour avoir fait confiance à leurs alliés, écrira-t-il, "le résultat brutal aura été que nous sommes partiellement responsables" de ce massacre.

 

En conclusion de son article, Seth Anziska écrit : "La leçon est claire : parfois un proche allié agit à l'inverse des intérêts et des valeurs américaines. Echouer à exercer la puissance américaine pour les défendre peut avoir des conséquences désastreuses." L'important, explique-t-il au Monde, n'est pas que les Israéliens aient "délibérément trompé" les Américains, selon l'expression qu'utilisera le sous-secrétaire d'Etat Lawrence Eagleburger, ou qu'ils l'aient fait par conviction. "L'essentiel tient en la faiblesse diplomatique face à leurs intimidations et aux reculades successives de l'ambassadeur Draper", qui finit par céder sur l'essentiel.

 

Obnubilé par son objectif de voir les Israéliens se retirer de Beyrouth, l'ambassadeur accrédite comme réel un fait non avéré – la présence de "terroristes" supposément restés par milliers dans les camps – et accorde à son allié 48 heures de présence supplémentaire dans la ville. "En résumé, il finit par dire aux Israéliens : 'Bon, allez-y, tuez les terroristes, et vous partirez ensuite.' Là est la faillite diplomatique américaine."

 

Notes :

[1Sabra et Chatila : Israéliens et phalangistes génocident les Palestiniens

 

Pour en savoir plus :

-

 

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26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 13:32

Mis en ligne le 26 août 2014

En pleine émission sur les sanctions russes, Xavier MOREAU entrepreneur et rédacteur pour Realpolitik TV balance un secret de polichinelle que très peu de médias ont osé dévoiler au grand public: la construction européenne a été officiellement financé par... les Etats-Unis.

 

Pour en savoir plus :

- Document dé-classifié de la CIA datant de février 1953. La preuve ULTIME que l'Union Européenne est une création Américaine (le lien mène vers le site officiel de la CIA).

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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 15:34
19 Août 1944 début de l'insurrection du peuple parisien pour se libérer sous le commandement d'Henri Rol-Tanguy

Animateur des Brigades internationales, au cœur de la Résistance pendant la libération de Paris, Henri Tanguy (1908-2002) fut l’une des figures héroïques de sa génération, l’un des hommes qui, sans tenir compte des revirements partisans, ont affronté le fascisme sans relâche.

 

Roger Bourderon s’attache ici aux trois visages de Rol-Tanguy, des usines Talbot, lieu de ses premiers combats militants, au PC souterrain de la place Denfert, quartier général de l’insurrection d’août 1944. Le communiste, entre jeune dans l’élite ouvrière des métallos, syndicaliste de choc. Le résistant : commissaire politique de la 14ͤ brigade internationale ; acteur majeur de la résistance armée de 1941 à 1944, devenu Rol en hommage à un camarade tombé en Espagne ; chef régional des FFI au moment de la libération de Paris, et comme tel, cosignataire de la capitulation allemande au côté de Leclerc. Le soldat : officier exemplaire des campagnes de France et d’Allemagne, relégué pour cause de guerre froide, de 1947 à 1962, au dépôt central des isolés à Versailles.

 

Fondée sur des archives et des témoignages inédits, cette biographie fait revivre une grande figure de combattant du XX ͤ siècle qui fut aussi un ardent militant de la mémoire de la guerre d’Espagne et de la Résistance. « De février 1937 au 8 mai 1945, j’ai toujours été au combat ; j’ai encore, dans le corps, une balle de mitrailleuse qui m’a frappé, le 18 juin 1938, sur le front de l’Ebre. »

 

Le livre est disponible  ICI

 

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Le 10 août 1944, c'est le début de la la grève insurrectionnelle des cheminots contre les nazis jusqu’aux grèves contre le libéralisme

 

 
 
 
Sources :  Le Parti de Gauche Midi Pyrénnées par Jacques Serieys - mise à jour 22 août 2014
 

Plan :

1) Les cheminots dans la Résistance

2) La grève insurrectionnelle de la Libération

3) Tous les 10 août : Commémoration de la grève insurrectionnelle du 10 août 1944

 

- 1) Les cheminots dans la Résistance

Créée à la veille de la guerre, le 1er janvier 1938, la Société Nationale des Chemins de fer français, représente alors la plus grosse entreprise de France avec ses 500 000 cheminots, munis d’une forte identité ouvrière collective : 8 cheminots sur 10 sont syndiqués.

 

Sous le régime de Vichy et l’Occupation, les cheminots vont subir de nombreuses attaques comme l’essai d’imposer un syndicat corporatif unique à travers la « Charte des cheminots », comme la réquisition de 10000 d’entre eux pour travailler en Allemagne.

 

Les cheminots forment pourtant la branche professionnelle la plus représentée dans la Résistance.

" En raison des facilités de circulation dont ils disposent et des multiples services qu’ils peuvent rendre aux organisations clandestines, les employés de la SNCF sont parmi les professions les plus sollicitées pour intégrer la Résistance organisée ou lui apporter une aide ponctuelle. Le recrutement est également favorisé par la force des solidarités professionnelles, syndicales ou politiques qui caractérise la corporation"

 

" Pendant l’occupation, les cheminots agissent en aidant d’abord les soldats français et britanniques prisonniers à passer en zone non occupée puis, avec le temps, ce type d’aide s’élargit aux aviateurs alliés, aux Juifs, aux réfractaires au travail en Allemagne, aux résistants entrés dans la clandestinité. Les cheminots jouent également un rôle-clé dans la diffusion de la presse clandestine, grâce à laquelle la plupart des grandes organisations clandestines développent leur influence(notamment le PCF en zone occupée et les grands mouvementsde zone sud). Quant au sabotage ferroviaire, les cheminots y contribuent surtout de façon indirecte, mais primordiale, en renseignant sur les transports allemands et en contribuant à la préparation du « plan vert » : le plan de paralysie du réseau ferroviaire simultané au débarquement de Normandie... C’est à partir du débarquement que la participation des cheminots au sabotage des voies et du matériel, par leurs conseils ou leur action directe, est amplement attestée". (exposition sur les cheminots et la Résistance, Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris Musée Jean Moulin dossier de presse)

 

Le bilan humain donné par l’historien Paul Durand est lourd : plusieurs centaines de cheminots fusillés, plus de 1 100 cheminots morts en déportation sur 2 480 déportés, 2 361 tués en service ou hors service.

 

Je ne peux terminer ce rappel sans insister sur une évidence synthétisée par François Mauriac, pourtant étranger socialement et politiquement à ce milieu "La classe ouvrière française, dans ses profondeurs, est seule à être restée fidèle à la patrie profanée."

 

 

- 2) La grève insurrectionnelle de la Libération

10 août 1944. Le comité central de grève des cheminots lance la grève insurrectionnelle contre l’occupant nazi et le régime de Vichy. Il s’agit là d’une des plus belles pages de l’histoire ouvrière internationale.

 

Voici l’exemple du dépôt de Montrouge :

Le 10 août, aux environs de neuf heures du matin, Georges Prunault, adjoint de Robert Herniot, responsable des comités populaires clandestins parmi les cheminots, prend la parole, protégé par un groupe de FTP : " Plus un train pour les nazis. " En quelques minutes, le résistant donne le signal de la grève générale avec occupation des locaux. Mais le dépôt reste sous la garde de soldats allemands. Aussi, le 13 août, une centaine de combattants commandée par le colonel Fabien l’attaque victorieusement. Les affrontements ont été particulièrement violents. Fabien lui-même est blessé à la jambe tandis que le FTP Maurice Delsupexhe est tué. ( L’Huma 19 août 2004);

 

Le syndicat CGT relaie largement l’appel. Le 10 août, après une manifestation de près de 1 000 personnes à Villeneuve-St-Georges, l’Union départementale du Val de Marne juge le climat effectivement favorable au déclenchement de la grève des cheminots en région parisienne.

 

A Vitry, Ivry, Montrouge, la population soutient les grèvistes.

Le 13 août, 3000 agents de la Compagnie du Métropolitain cessent également le travail. La grève se généralise ensuite créant de grosses difficultés pour les troupes hitlériennes en repli.

 

De plus, la réussite de la grève des cheminots et des traminots donne confiance à de nombreuses entreprises et professions qui entrent également dans la grève insurrectionnelle et vont participer en particulier aux combats pour la libération de Paris.

 

Cette grève insurrectionnelle dans une région parisienne encore occupée par les troupes du Reich a valu aux cheminots une distinction collective. A la Libération, ils ont reçu la Croix de guerre avec palme et la légion d’Honneur.

 

 

- 3) Tous les 10 août : Commémoration de la grève insurrectionnelle du 10 août 1944

Tous les 10 août, plusieurs sites ferroviaires commémoreront la grève insurrectionnelle du 10 Aout 1944.

 

Cette journée constitue un trait d’union entre la société et tous les cheminots, elle fait partie de notre histoire collective.

 

Ces dernières années, notre société a énormément souffert de ces divisions et oppositions qui ont affectées la cohésion sociale de notre pays.

 

Au-delà de s’atteler à recréer du lien social, nous avons la responsabilité collective d’entretenir ce devoir de mémoire et ainsi les transmettre aux prochaines générations.

Il ne faut surtout donc pas oublier que la corporation cheminote a payé un lourd tribut pendant l’occupation nazie avec notamment :

- 8938 cheminots qui ont laissé leur vie.

- 15977 cheminots qui ont été blessés pour faits de résistance

- 1157 qui sont morts en déportation.

L'Humanité du 23 août: Crédit :  Archives Humanité

L'Humanité du 23 août: Crédit : Archives Humanité

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Libération de Paris (24 au 26 août 1944) par les chars... espagnols de la nueve !

 

 

 

Le 24 août 1944, la 9ème compagnie du Régiment de marche du Tchad enfonce, Porte d’Italie, la ligne formée par la garnison allemande (environ 16000 à 20000h à ce moment-là).

 

Cette troupe d’élite de la 2ème DB est composée en particulier de 11 half-tracks. Son objectif consiste à trouer la résistance allemande pour aller renforcer les Parisiens insurgés qui ont pris l’Hôtel de Ville, en plein centre de la capitale. A 21h22, ils arrivent à destination.

 

Ces hommes-là étaient des républicains espagnols engagés dans l’armée française pour vaincre le fascisme. Pendant 60 ans, ils n’ont même pas été invités aux commémorations.

 

Premiers soldats de la France libre à entrer dans la capitale occupée, les Républicains Espagnols de "La Nueve" (la 9e) sont les héros oubliés de la victoire des Alliés contre l'occupation nazie. La Ville de Paris leur a rendu hommage le 24 février 2014 en remettant la Grande Médaille de Vermeil à trois de ses survivants.

 

Pour en savoir plus :

- 24 août 2014 hommage rendu aux combattants espagnols de la Nueve

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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 10:35
Une image du 19e siècle représentant la porte d'entrée du temple Yazidi du Cheikh Adi - DR

Une image du 19e siècle représentant la porte d'entrée du temple Yazidi du Cheikh Adi - DR

Qui sont les Yézidis, aujourd'hui chassés par les islamistes de l'Etat islamique ? Ce peuple, dont les représentants ont la réputation d'être des "adorateurs du Diable" en raison d'une religion différente de l'Islam classique, a beaucoup souffert dans l'Histoire.

 

Sources :  L'ORIENT LE JOUR  - propos recueillis par Ray Jabre Mouawad[1] le 11.08.2014

Le monde entier s'émeut, à juste titre, de la catastrophe qui s'abat sur les Yézidis de la région de Sinjar au nord-ouest de Mossoul, menacés d'être exterminés par les jihadistes de l'État islamique (EI) s'ils ne se convertissent pas à l'islam. Des dizaines de milliers de villageois ont quitté précipitamment leurs maisons pour trouver refuge dans les montagnes – qui culminent à 1 356 mètres – sans abris, sans eau ni nourriture.

 

Cette population paisible d'origine kurde traverse sans doute l'une des pires épreuves de son histoire, qui n'en a pas manqué. L'accusation est depuis longtemps (XVIIe siècle) la même : les Yézidis seraient des "adorateurs du diable", réputation complètement infondée qui provient sans doute d'une croyance de la secte en un ange déchu, qu'elle appelle "Malak Tawous", l'Ange-Paon, dont l'histoire ressemble étrangement à celle d'"Iblis", le diable, l'ange déchu du Coran.

 

Dans la tradition zoroastrienne, dont la religion syncrétique des yézidis a préservé quelques éléments, l'Ange-Paon, à cause de son orgueil, perd certes la faveur de Dieu, mais, pris de remords, se réconcilie avec lui. L'Ange-Paon n'est donc pas devenu, comme dans l'islam, la personnification du diable, Iblis, mais un ange qui est resté une émanation bienveillante de la divinité. Pour les Yézidis, le mal comme le bien résident plutôt dans l'être humain, qui lui choisit sa voie.

 

 

- Une religion sans statut

Le problème du peuple Yézidi est que sa religion a longtemps été basée sur des traditions orales. Il n'a eu que tardivement – fin XIXe siècle – des livres sacrés où ses croyances furent consignées. Il a de ce fait été exclu de la catégorie requise par les législations islamiques successives, celle des gens du Livre, qui a été accordée aux juifs et aux chrétiens auxquels elle a conféré un statut légal.

 

Bien que croyant en un Dieu unique, mais n'étant ni musulmans ni gens du Livre, les Yézidis se sont heurtés aux demandes de clarification des gouvernements de l'Empire ottoman dans le cadre de l'administration de leurs provinces, et ce n'est qu'en 1849 que leur communauté a été reconnue par l'Empire. Cela n'a pas empêché qu'ils soient menacés une fois de plus de conversion forcée en 1894, à l'époque du Sultan Abdel-Hamid II (1876-1909).

 

Pour échapper aux persécutions, il arrivait qu'un groupe de Yézidis demande aux patriarches syriaques-orthodoxes résidant au monastère de Deir al-Zaafaran à Mardine – au nord du Sinjar – de les déclarer chrétiens, ce que les patriarches faisaient volontiers. Ils savaient néanmoins que ces "adorateurs du soleil", car les Yézidis prient le matin en direction du soleil, ne feraient que nominalement partie de leur communauté.

 

- Liberté de culte

L'un des principaux centres de pèlerinage des Yézidis est la tombe de cheikh Aadi ibn Musafir, mort en 1162, à Lalish dans le Jabal Sinjar. Cheikh Aadi, originaire de la Békaa libanaise, a fondé au XIIe siècle la confrérie soufie sunnite des Aadawiyyah. Il a été en même temps considéré par les Yézidis, qui croient en la métempsycose, comme une réincarnation de Malak Tawus, l'Ange-Paon. Le pèlerinage à Lalish durant le mois d'avril donne lieu à un festival où les fidèles chantent des hymnes transmis oralement depuis des générations, et dansent.

 

Le sort des Yézidis du Sinjar a longtemps été lié à celui des chrétiens du nord de l'Irak, ou de la région de mardine au sud-est de la Turquie. Durant la Première Guerre mondiale ils ont accueilli au péril de leur vie dans leurs montagnes des dizaines de milliers de refugiés chrétiens arméniens et syriaques qui fuyaient les massacres et déportations ordonnés par le gouvernement turc.

 

Plus tard, dans le cadre du nouvel État irakien, ils ont souffert comme les autres tribus kurdes de la politique d'arabisation forcée menée par le régime de Saddam Hussein. Après la chute du régime baassiste en 2003, tant le gouvernement autonome du Kurdistan que la nouvelle Constitution irakienne leur ont accordé la liberté de culte. Mais celle-ci est remise en question une fois de plus, en même temps que celle des chrétiens de la région de Mossoul, eux aussi menacés par l'EI.

 

Note :

[1]Historienne et chercheure à l'Universite Saint-Joseph, Ray Jabre Mouawad est membre fondatrice de l'Association pour la restauration et l'étude des fresques médiévales

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 09:46

- Un député britannique donne un cours d’histoire à un auditeur.

Georges Galloway, député britannique antisioniste et pro-palestinien, donne une leçon d’histoire à un auditeur de confession juive. Cet auditeur ne répondant pas par trois fois à la question « De quel droit la Grande-Bretagne et d’autres pays européens peuvent-ils vous donner le pays des autres ? » (en référence à la spoliation de la Palestine au profit de la création de l’État d’Israël)

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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 22:19
Et si on parlait de Robespierre

C’est après Thermidor (juillet 1794) et la liquidation du groupe « robespierriste » que s’invente le mythe de la Terreur[1]

 

Le véritable crime de Robespierre : avoir défié la toute-puissance des riches[2]

 

 

Sources : Le Parti de Gauche, les vidéos de la télé de gauche | mis à jour le 23/06/2023

- Le Parti de Gauche rend hommage à Maximilien Robespierre à l'occasion des 220 ans de son exécution.

- Mathilde Larrère, membre de la commission Histoire du parti, explique les raisons de cet hommage.

 

 

- Paul Vannier, co-secrétaire du PG Paris explique les circonstances et la portée de la mort de Robespierre et de ses compagnons lors du Thermidor.

 

- Vendredi 21 septembre 2012, Jean-Luc Mélenchon a prononcé un discours devant le Panthéon à l'occasion du 220ème anniversaire de la République, répondant ainsi à l'invitation de la Société des études robespierristes.

 

- Cécile Obligi, historienne et conservatrice à la BNF, s'attaque au cliché tenace d'un Robespierre despote et "bourreau de la Vendée".

 

- Aujourd'hui on va revenir sur un des événements les plus importants de l'histoire française : la Révolution !
Et au passage, tentons d'aborder une de ces figures les plus controversées et les plus débattues aujourd'hui....Robespierre ! Alors...héros ou barbare sanguinaire ?

 

- Robespierre, reviens !

Alexis Corbière, Conseiller de Paris et Secrétaire national du Parti de Gauche, présentait à Nîmes avec Claude Mazauric, Historien et auteur de la préface, le livre qu'il a coécrit avec Laurent Maffeïs : "Robespierre Reviens !".

 

- Jean-Luc Mélenchon face à Robespierre

Le 8 octobre 2016, Jean-Luc Mélenchon était l'invité de l'émission « Et si c'était vous ? » sur la chaîne « Toute l'Histoire ». Une émission consacrée à Robespierre et à la Révolution française. 

 

-  Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ?
Figure centrale de la Révolution, Robespierre est l'objet d'une légende noire, qui masque en réalité un discours critique de la Révolution.

Revivez la table-ronde du département d'histoire de l'Institut La Boétie en date du mardi 20 juin 2023 !

 

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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 20:09

Les paroles... ICI

 

 

France. 2009 Video clip du groupe ZEBDA. Produit par la Conseil Régional de Midi Pyrénées. 9 mn 50.

De tergiversation en reculades, d’atermoiements en renoncements, la Gauche qui vient d’accéder au pouvoir en 2012, est-elle en train de tuer pour la énième fois le grand tribun socialiste ?...

31 juillet 1914, ils ont tué Jaurès. Hommage en chansons..
31 juillet 1914, ils ont tué Jaurès. Hommage en chansons..
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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 13:09
24 juin 1793, un anniversaire oublié

Source : blog de Raoul Marc Jennar | mis à jour le 26-08-2020

Il y a 221 ans, le 6 Messidor, an I de la République, c’est-à-dire le 24 juin 1793, la Convention adopte et promulgue la Constitution de l’An I, la première Constitution républicaine française. Le texte est précédé d’une Déclaration des Droits qui complète et précise celle de 1789.

 

Aux droits individuels affirmés en 1789, la Déclaration de 1793 ajoute des droits économiques et sociaux : droit au travail, droit à l’instruction, droit à l’aide sociale.

 

- Relevons, en outre, quelques articles qui ont gardé une remarquable actualité :

  • Article 16 : « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution. »
  • Article 18 : « Tout homme peut engager ses services, son temps ; mais il ne peut se vendre ni être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister qu’un engagement de soins et de reconnaissance, entre l’homme qui travaille et celui qui l’emploie. »
  • Article 21 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »
  • Article 25 : « La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable. »
  • Article 28 : « Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer la Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures. »
  • Article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

 

Certes, l’application de cette Constitution fut suspendue jusqu’à la fin de la guerre imposée par les monarchies d’Europe coalisées contre la toute jeune République. Et Thermidor mit fin aux espérances qu’elle contenait.

 

Gracchus Babeuf et la Conjuration des Egaux en 1795-1796, les révolutionnaires de 1848, ceux de la Commune de 1871, comme toutes celles et ceux qui, de tous temps et en tous lieux, se sont battus pour les idéaux de justice et d’égalité se sont reconnus et se reconnaissent encore dans ce qui demeure la Constitution la plus démocratique jamais adoptée en France.

 

« L’idée d’un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu’aux heures de difficulté et de crise, elle s’offrait à la conscience de la nation. Une première fois, en 1793, le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l’apparent oubli et l’apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. » Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, lycée d’Albi, 30 juillet 1903.

 

Note : le texte intégral de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 24 juin 1793  Marc

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 18:15

Source : Blog René Blanchemanche

En 1360, le traité de Bretigny fixait les frontières de l'Aquitaine historique. Des frontières guidées par le bon sens.

Au traité de Bretigny (1360), Édouard III renonce au trône de France, mais il conserve l'Aquitaine, le Poitou, l'Aunis, la Saintonge et Calais.

Qui connait le traité de Bretigny ?
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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 21:55
L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

Source : extrait de Vu du Droit par Sylvain Ferreira

- L’Histoire prise en otage

Les commémorations officielles du 75e anniversaire du Jour-J s’achèvent avec la cérémonie internationale de Courseulles-sur-Mer, site ô combien symbolique du retour du général de Gaulle en France le 14 juin 1944. Après les cérémonies de Caen pour rendre hommage aux résistants français assassinés le 6 juin par les Allemands, la cérémonie franco-britannique de Ver-sur-Mer ce matin, et le grand show américain de Colleville-sur-Mer en milieu de journée, Emmanuel Macron a jugé que sa présence à cette dernière cérémonie était facultative. Il a préféré déléguer à Edouard Philippe le soin de représenter la France. C’est la seconde fois depuis le début de son mandat que le locataire de l’Elysée s’illustre par son absence à une cérémonie commémorative ; la première c’était le 8 août 2018 dans sa bonne ville d’Amiens où il n’avait pas daigné honorer nos alliés britanniques de sa présence pour commémorer le succès commun de nos armes contre l’Allemagne impériale en 1918. Cette nouvelle bourde inqualifiable est justifiée par des impératifs d’agenda, nous disent les services de communication de Sibeth Ndiaye. Nos alliés apprécieront la capacité d’Emmanuel Macron à planifier ses activités en fonction du calendrier.

 

 

- Mais, au-delà de cette faute, une autre absence a marqué ces commémorations, cette fois à l’insu de l’intéressé.

En effet, le président Vladimir Poutine n’a tout simplement pas été convié sur les plages de Normandie ! Pire, au cours de son discours ce matin au cimetière américain d’Omaha Beach, Emmanuel Macron n’a pas jugé bon d’évoquer le rôle de l’Armée rouge au cours de l’été 1944 alors qu’il a tenu à rappeler le rôle de tous les pays d’Europe dans l’opération Overlord. Malgré le poids monstrueux supporté par l’Union soviétique au cours de la guerre, malgré les trois grandes offensives menées (Bagration[1] – Lvov/Sandomierz – Iasi/Kishinev) par l’Armée rouge entre le 22 juin et le 20 août 1944 sur un front qui va alors de Leningrad à la mer Noire, Emmanuel Macron n’a donc pas jugé opportun ni d’inviter son homologue russe, ni même de mentionner le rôle déterminant de l’Armée rouge. Cela est d’autant plus inacceptable que la chancelière Merkel était quant à elle bien présente. Rappelons également que l’Union soviétique a payé le plus lourd tribut à la victoire finale contre le nazisme avec la perte de 27 à 30 millions de ses citoyens, des milliers de villages ont subi le même sort qu’Oradour-sur-Glane, et enfin sur l’ensemble de la guerre 4 soldats allemands sur 5 furent tués par l’Armée rouge. Cette insulte à l’histoire ne peut être justifiée par les tensions diplomatiques actuelles. L’histoire ne peut pas être l’otage des querelles du présent entre les alliés d’hier.

 

 

- Enfin, les commémorations officielles ont été marquées par l’absence d’un acteur majeur dont personne n’ose parler : le public, relégué loin des lieux de rassemblement des « grands » de ce monde.

Les mesures de sécurité prises pour assurer la sécurité des officiels ont abouti, dès 6h du matin et jusqu’à 23h, à la fermeture de la RN13 entre Caen et Isigny-sur-mer – une artère régionale vitale – puis à la fermeture progressive des routes secondaires au nord de cet axe interdisant à la fois l’accès aux plages, mais aussi les déplacements des habitants, y compris ceux qui travaillent. Depuis le début du Centenaire de la Grande Guerre, cette mise à l’écart du public est devenue une norme. Elle marque encore un peu plus la fracture entre d’un côté l’hypocrisie du discours mémoriel officiel et de l’autre l’accaparement des cérémonies par des « élites » qui, souvent, mènent des politiques contradictoires avec ce qu’elles viennent célébrer. L’exemple d’Emmanuel Macron est d’une rare pertinence dans ce domaine, puisqu’il est le fossoyeur du programme politique du Conseil National de la Résistance et qu’il assimile Vichy à la France depuis son élection.

 

 

- La kermesse de la mémoire

En marge des commémorations officielles, le tourisme de mémoire a mobilisé des milliers de personnes depuis le début du mois et jusqu’à la fin du week-end de Pentecôte pour permettre au public de plonger dans l’histoire du Jour-J. Pourtant, si la volonté initiale est louable, les manifestations qui en découlent ne le sont pas forcément. Tout d’abord, l’ambiance générale constatée sur place manque souvent de mesure et de recueillement, sauf lorsqu’on visite les nécropoles. Ensuite, le label « Jour-J » est devenu un produit commercial à l’instar du Christ et de la Vierge Marie à Lourdes. Par exemple, si les commerçants de Bayeux affichent sur leurs vitrines d’émouvantes photos de leurs échoppes telles qu’elles étaient en 1944, ce n’est pas que par goût de transmission de l’Histoire.

 

Les musées sont également touchés par ce problème. Ceux visités la semaine dernière proposent eux aussi – à des degrés divers – des étagères chargées de livres d’histoire qui côtoient celles pleines des verres et de mugs ou d’autres souvenirs d’un goût plus ou moins douteux. Que penser par exemple des chapeaux roses pour les petites filles frappées de l’insigne de la Big Red One – la 1re division d’infanterie américaine – proposés par l’Overlord Museum à deux pas du cimetière de Colleville-sur-Mer ? De même, les musées participent à la construction d’une image fausse du débarquement qui est unanimement présenté comme « la plus grande opération militaire » de l’Histoire. Là encore, comme l’absence remarquée d’invitation au président Poutine, il n’est jamais fait mention des opérations gigantesques, bien plus importantes que le débarquement, mises en œuvre au même moment par les Soviétiques. Par ailleurs, la présence de nombreux reconstituteurs pose également question quant au sérieux et à l’authenticité de leur démarche historique. Si certains sont d’un sérieux quasi professionnel qui permet aux plus jeunes d’approcher et de comprendre les réalités de la vie quotidienne des combattants de l’époque, d’autres ressemblent plus à des amateurs au comportement parfois plus festif que scientifique, voire irresponsable lorsqu’ils sont au volant de leurs véhicules.

 

Bref, loin du discours officiel et derrière le vernis des présentations télévisées, l’Histoire ne sort pas grandie de cette 75e commémoration du débarquement allié en Normandie. Le Centenaire de la Grande Guerre avait déjà montré de nombreux signes de faiblesses en la matière et, malheureusement, le Jour-J ne fait que les confirmer. Il appartient donc aux historiens mais aussi au public averti de travailler encore et encore pour porter un message clair, dégagé des intérêts partisans afin de transmettre l’histoire correctement.

 

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- Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?

En réalité, nous savons très exactement les raisons pour lesquelles Charles de Gaulle refusait systématiquement de commémorer le débarquement de Normandie le 6 juin. Il s’en est longuement expliqué devant Alain Peyrefitte, en 1963 et en 1964, alors que celui-ci était son ministre de l’information et qu’il le voyait en tête-à-tête plusieurs fois par semaine.

 

 

- Il suffit donc de relire les passages pertinents de l’ouvrage de Peyrefitte "C’était de Gaulle", tome 2, paru en 1997.

 

EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE 

———–– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 ————-

  • 30 octobre 1963

En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses : cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.

 

À la fin du Conseil du 30 octobre 1963 au Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »

 

Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les casser aussi.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
  • « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. » 

Salon doré

Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?

 

Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.

 

Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie).

 

Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

 « De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! » (Winston Churchill)

  • « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

 

Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !

 

Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.

 

NOTE : AMGOT = « Allied military government for occupied territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.

 

Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.

 

Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.  

 

Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France(AMGOT).

 

Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !

 

Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !

 

« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !

 

  • « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »

Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

Charles de Gaulle commémore le débarquement de Provence le 15 août 1964 : cf. extrait d’actualités disponible sur le site de site de l'INA.

 

Charles-de-Gaulle : – Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leurs rimes, de leur patrie ! Mais m’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non !

 

« Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquille, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve, qu’ils paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes !

 

Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »

 

Il reprend : « Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront là pour les honorer dignement. »

NOTE : Sainteny et Triboulet étaient respectivement Ministre des anciens combattants et Ministre de la coopération en 1964.

 

  • 13 mai 1964

Espérant que le général aura oublié sa vive réplique, ou en tout cas aura oublié que c’est à moi qu’il l’a adressée, je remets la question sur le tapis, 10 mois et demi plus tard, le 13 mai 1964.

 

  • « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

Alain Peyrefitte : « Ne craignez-vous pas, si nous ne devons pas du moins quelques explications, que votre absence du 6 juin en Normandie soit mal interprétée ?

 

Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit ! Il n’a jamais été question que j’y aille ! Je ne suis pas allé pour le cinquième anniversaire ; ni pour le dixième ; ni pour le quinzième. Pourquoi voulez-vous que j’y aille pour le vingtième ? Et j’ai demandé au Premier ministre de ne pas y aller non plus. D’ailleurs, le Premier ministre anglais n’y va pas. Johnson ira pas non plus. Pourquoi irions-nous ?

(Évidemment, Wilson et Johnson n’y vont pas, parce que De Gaulle n’y va pas.)

 

Alain Peyrefitte : – Eisenhower et Montgomery doivent y aller.

 

Charles-de-Gaulle : – Ce sont des acteurs, qui se font payer cher à la télévision. »

Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur participation, ne sont pas venus.

 

  • 10 juin 1964

Après le Conseil du 10 juin 1964, le Général laisse percer encore son agacement : « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? S’étaient-ils battus pour que la France recouvre sa liberté, pour qu’elle contribue à sa délivrance ? Que faisaient-ils pendant la guerre ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

 

Et lui, il a dû se battre pour que le débarquement ne se passe pas complètement de la France libre. S’il a prononcé son discours de Bayeux le 16 juin 1946, ce ne fut pas pour commémorer le débarquement du 6 juin, mais son débarquement sur les talons des Américains, le 16 juin 1944 à Bayeux.

 

Il recule son fauteuil, cale son dos. Il a envie de parler.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
  • « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? »
  • Charles-de-Gaulle : « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? Ce qu’ils voulaient, c’était glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.

     

    Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël. Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. »

     

    Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.

    NOTE  : Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en guerroyant, avaient fait, dans l’oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer les armes avant d’avoir libéré Paris et Strasbourg.

     

    • « Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. »

    Charles-de-Gaulle : « Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possibles. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français.

     

    « Effectivement, si les Anglo-Saxons avaient pu mener leur stratégie jusqu’au bout, ils auraient peut-être réussi à frapper l’Allemagne au cœur plus vite. De toute façon, Hitler aurait fini par être battu, et la France aurait fini par être libérée. Mais si les Français étaient restés passifs, et si nous n’avions pas eu de part à la défaite d’Hitler, c’est au bout du compte lui qui aurait vaincu la France. »

     - FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE -

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 —————-

     

     

    - Ce que Roosevelt et les américains voulaient vraiment faire de la France en 1944

    de gaulle ROOSEVELT Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

     

    •  « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »
     

    (Franklin Roosevelt, Président des États-Unis, le 23 novembre 1942, devant les émissaires de Charles de Gaulle à la Maison Blanche)

     

    Pour comprendre quels étaient les objectifs de Franklin Roosevelt, et des cercles dirigeants américains, quant à l’avenir de la France après le débarquement, il est utile de relire un passage essentiel des Mémoires de Guerre.

     

    Nous sommes en novembre 1942. Les Anglo-Américains viennent de réaliser le débarquement en Afrique du nord française (Opération Torch), d’ailleurs sans en avoir prévenu le chef de la France Libre. L’affaire a été un succès militaire éclatant puisque les troupes françaises (pétainistes) d’Afrique du nord se sont rendues au bout de 48 heures, après avoir fait seulement semblant de se battre.

     

    En revanche, une décision fait scandale, aussi bien au sein des Français Libres réfugiés à Londres que parmi l’opinion publique britannique : le général américain Eisenhower, bien entendu avec le plein accord du président Roosevelt, a décidé de maintenir l’Amiral Darlan, l’un des dauphins de Pétain, au pouvoir à Alger. En somme, Darlan a retourné sa veste et les Américains l’en récompensent en le maintenant dans ses fonctions à la tête de l’Afrique du nord française !

     

    Sitôt la nouvelle connue, Charles de Gaulle décide d’envoyer deux émissaires à Washington pour protester avec la dernière énergie auprès du président Rososevelt. Lequel les reçoit et leur livre une vision de la France d’après-guerre proprement scandaleuse. C’est ce célèbre passage des Mémoires de Guerre :

    Il n’en faut pas davantage pour que le Président Roosevelt surmonte, à l’égard de Darlan, les scrupules démocratiques et juridiques que, depuis plus de deux années, il opposait au général de Gaulle. Par son ordre, Clark reconnaît le haut-commissaire et entame avec lui des négociations qui aboutissent, le 22 novembre, à un accord en vertu duquel Darlan gouverne et commande, pourvu qu’il donne satisfaction à ses vainqueurs anglo-saxons.

     

    Sans doute, le Président fait-il publier une déclaration affirmant que les arrangements politiques conclus entre Eisenhower et Darlan ne sont « qu’un expédient temporaire. » Mais recevant, le 23, André Philip et Tixier et s’irritant de leurs protestations, il leur crie : « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

    Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome 2, l’Unité, 1942-1944, chapitre « Tragédie »

    Page 48 (édition Plon)

     

    On voit donc bien la collusion qu’il y avait entre les autorités américaines et les autorités du régime de Vichy. Le président Roosevelt et les cercles dirigeants américains voulaient disposer, au sortir de la guerre, d’une France aussi domestiquée que celle qu’avait souhaitée Hitler. C’était finalement un conflit d’impérialisme entre les Américains et les Allemands, rien d’autre.

     

    Et Roosevelt souhaitait promouvoir les pétainistes contre de Gaulle parce qu’il savait parfaitement qu’ils seraient infiniment plus dociles, pour obéir à Washington comme ils obéissaient à Berlin, plutôt que le Fondateur de la France Libre, dont l’intransigeance sur l’indépendance de la France était déjà légendaire.

     

    Cette vision stratégique de ce que devait devenir la France d’après-guerre selon Washington a été confirmée et précisée par Charles de Gaulle, vingt ans après les événements. Toujours à Alain Peyrefitte, dans un autre passage capital de l’ouvrage C’était de Gaulle. Passage que voici  :

     

     

    —- EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE —-

    ———————— Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

    de gaulle roosevelt était un type qui voulait dominer univers Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

     

    • « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. »

     

    Charles-de-Gaulle : « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. Il pensait que le jour où les Américains auraient débarqué en France, si le Maréchal était encore là, il n’aurait rien à leur refuser ; ce qui était bien vrai.

     

    Ensuite, Vichy étant devenu vraiment impossible, il a laissé tomber Vichy. Il a essayé de se rattraper sur Giraud.

     

    Puis, voyant que ça ne donnait rien, il a essayé de se rabattre sur Herriot. Il a même tenté de fabriquer un gouvernement à Paris au moment où j’allais y entrer, avec Laval, Herriot. Tout ça été manigancé avec Otto Abetz [Représentant de Hitler à Paris sous l’Occupation] et avec Allen Dulles, qui était à Genève pour le compte de la CIA. »

     

    Alain Peyrefitte : – Allen Dulles

     

    Charles de Gaulle : – Oui, c’est ça. D’abord moi, en arrivant à Paris, j’aurais foutu ce gouvernement au [trou][...]. Vous pensez, à l’époque, Herriot, Laval et Abetz ça ne pesait pas lourd. Mais Roosevelt se figurait qu’Herriot assurerait la continuité avec la IIIe et Laval avec Vichy, et que tout ça allait apparaître comme la République.

     

    Seulement, Hitler, ça l’a exaspéré quand il a su ça. Il a dit : « De quoi, de quoi ? Laval, Herriot, et tout ceux-là ? » Alors, il a fait savoir à Laval de s’en aller à Sigmaringen, il l’a fait dire aussi au Maréchal, il a désavoué Abetz, il a fait remettre Herriot dans sa prison. Il a tout nettoyé.

     

    Roosevelt voulait imposer aux Français Pierre Laval et Édouard Herriot Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    Le gouvernement que Roosevelt (ci-dessus) voulait imposer aux Français en 1944 : Pierre Laval et Édouard Herriot (ci-dessous)   !

     

    L’opération avait été préparée en concertation avec le chef de la CIA Allen Dulles et l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz… 

    CIA Allen Dulles et lambassadeur dHitler à Paris Otto Abetz Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    Le Président Roosevelt refusa toujours de reconnaître la légitimité de la France Libre, préférant maintenir une ambassade auprès de Pétain et du régime de Vichy jusqu’en novembre 1942, puis usant des manœuvres les plus tortueuses pour tenter d’écarter Charles de Gaulle du pouvoir et installer, à sa place, des dirigeants plus malléables.

     

    Ainsi, en août 1944, soit plus de deux mois après le débarquement de Normandie, le Président Roosevelt espérait encore installer au pouvoir à Paris Édouard Herriot – homme politique radical de la IIIe République – et Pierre Laval – la figure la plus honnie de la Collaboration, avec lequel il avait d’ailleurs des liens de parenté par alliance. Ce projet scandaleux, minutieusement décrit par de Gaulle dans ses Mémoires de guerre, avait été ourdi par une étroite concertation entre le chef de la CIA Allen Dulles, l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz et le dauphin de Pétain.

     

    Allen Dulles (1893 – 1969) fut le premier directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA), du 26 février 1953 au 29 novembre 1961, et l’un des sept membres de la commission Warren chargée d’enquêter sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

     

    Il était également le frère cadet de John Foster Dulles, Secrétaire d’État des États-Unis du gouvernement Dwight Eisenhower, de 1953 à 1959, et actionnaire principal de la United Fruit Company, société bananière influente dans les républiques bananières d’Amérique latine.

     

    Allen Dulles est un personnage des plus controversés : sa carrière au sein de l’État américain ne cessant d’être émaillée de conflits d’intérêts personnels et familiaux plus ou moins importants, dus à sa participation à la vie de grands groupes industriels internationaux ainsi qu’à la carrière de son frère John Foster Dulles qui travailla lui aussi pour ces grands groupes.

     

    Otto Abetz (1903 – 1958), francophone et francophile, représenta l’Allemagne en France en 1938 et en 1939, d’où il fut expulsé le 30 juin 1939 comme présumé espion. Le 8 juillet 1940, à la suite de l’armistice entre la France et l’Allemagne, il fut de nouveau envoyé en France. Nommé ambassadeur de l’Allemagne le 3 août 1940, il conserva ce poste jusqu’en 1944 et travailla à mettre en place une politique de collaboration. En juillet 1949, le tribunal militaire de Paris le condamna à 20 ans de travaux forcés pour crimes de guerre, en particulier pour son rôle dans l’organisation de la déportation des juifs de France vers les camps de la mort. Il fut libéré en avril 1954.

     

    Charles de Gaulle : « Bohlen [L’ambassadeur des États-Unis en France] se comporte envers moi comme Roosevelt il y a vingt ans. Il reçoit en permanence des députés, des sénateurs, des journalistes, et il les monte contre nous. Je n’en ignore rien. Ils font tous ça, les Américains.

    Bohlen ambassadeur des États Unis en France Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    NOTE : Charles E. Bohlen (1904 – 1974) fut ambassadeur des États-Unis en France de 1962 à 1968. Très hostile à de Gaulle, Charles E. Bohlen avait des liens de parenté proches avec Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, héritier des aciéries Krupp, l’un des principaux fabricants d’armes de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, criminel nazi reconnu coupable de pillage et de crime contre l’humanité le 31 juillet 1948, et condamné à douze ans d’emprisonnement et à la confiscation de ses biens.

     

    Charles de Gaulle : « Roosevelt, c’était pareil, il ne traitait qu’avec des gens qui étaient mes ennemis. Il avait autour de lui, à Washington, des types comme Chautemps.

     

    Alain Peyrefitte : – Et Saint John Perse.

     

    Charles-de-Gaulle : – Oui, Léger qui avait été limogé par Paul Reynaud. Et d’autres du même tonneau, avec qui Roosevelt prenait le thé. Ils le montaient contre moi, en remâchant leurs échecs. Seulement, ça continue. Alors, Bohlen ne voit que nos adversaires, les Mitterrand et les Maurice Faure.

    Camille Chautemps ministre dÉtat du Front populaire successeur de Léon Blum Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

     NOTE : Camille Chautemps, ministre d’État du Front populaire, successeur de Léon Blum de juin 1937 à mars 1938 à la tête du gouvernement, fut vice-président du Conseil des gouvernements Édouard Daladier, puis du gouvernement Paul Reynaud. Ardent partisan de l’Armistice et très hostile à de Gaulle, il fit partie du gouvernement de Philippe Pétain jusqu’au 12 juillet 1940. En novembre 1940, chargé d’une mission officieuse, il partit pour Washington, et choisit d’y demeurer jusqu’en 1944.

     

    Alexis Léger secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940 Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    NOTE : Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940, artisan de la rencontre de Munich (et grand poète sous le pseudonyme de Saint-John-Perse) avait été mis en disponibilité par Paul Reynaud, Président du Conseil, le 20 mai 1940. Il s’était ensuite réfugié aux États-Unis.

     

    Charles de Gaulle : « Churchill, lui non plus, n’admettait pas qu’on ne plie pas. Au lieu de trouver des gens de caractère qui lui auraient tenu tête, il s’entourait de gens qui étaient couchés par terre.

     

    « Je me rappelle un soir, quand j’ai rencontré Roosevelt pour la première fois, au Maroc. Roosevelt voulait m’obliger à me soumettre à Giraud. J’ai envoyé Roosevelt faire foutre, poliment mais fermement. Alors, Churchill m’a fait une scène invraisemblable. Je l’ai mal pris, et je lui ai dit : « Qu’est-ce que ça veut dire : On ne vous comprend pas ? Vous n’êtes pas digne de votre charge ! » Je l’ai très mal traité.

     

    Alors, le dernier jour, on s’est réuni autour de Roosevelt pour se dire adieu. Churchill, devant tout le monde, a commencé à me refaire une scène en me disant : « Vous n’avez pas suivi le Président. » Il piquait une lèche éhontée à Roosevelt, et c’est Roosevelt qui, à la fin, a trouvé que ça suffisait et lui a imposé silence. Il a dit : « Maintenant, il faut que ces deux généraux se serrent la main devant les photographes. »

     

    « La politique de Roosevelt, c’était exactement celle qu’ont aujourd’hui les Américains dans le Sud-Est asiatique. Ils ne peuvent pas en imaginer d’autre. Des marionnettes, c’est ça qu’ils veulent en face d’eux. »

    – FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE

    ————————– Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

     

     

    Général Giraud promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    La marionnette nommée Général Giraud, promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle.

     

    Cette célèbre et hypocrite poignée de mains entre de Gaulle et le général Giraud, pétainiste passé au service des Américains, fut exigée par Roosevelt lors de l’entrevue des quatre hommes au Maroc en 1942. On distingue Roosevelt (à gauche) et Churchill (à droite) assis à l’arrière-plan, en train de contempler avec satisfaction cette scène de théâtre organisée devant les appareils photos des journalistes de la presse anglo-saxonne.

     

    Le président américain voulait absolument promouvoir Giraud, personnage falot, peu intelligent et sans tempérament, pour empêcher Charles de Gaulle d’accéder au pouvoir. Car le patron de la Maison Blanche, qui était intelligent et sournois, avait parfaitement compris que de Gaulle était le seul homme d’État français, le seul capable de faire échec au projet des États-Unis de vassaliser la France après la fin de la guerre.

     

    - Conclusion

    La commémoration du 6 juin 1944 en très grandes pompes, avec les plus hautes autorités de l’État, semble parfaitement légitime et nécessaire à nos compatriotes, tellement des pans entiers de l’Histoire réelle ont été occultés depuis 70 ans.

     

    Il est donc plus que temps que les Français fassent pour de bon le « travail de mémoire » qu’on leur demande, à condition de le faire dans son intégralité, sans biais ni a priori, et sans passer sous silence les actions précises des Alliés, et tout spécialement des Américains à l’encontre de la souveraineté et de l’indépendance de la France.

     

    S’il y a certes toutes les raisons pour s’incliner devant la mémoire des soldats anglais, canadiens et américains morts sur le sol de France, qui ont contribué de façon décisive à la fin de l’Occupation nazie, il n’y a en revanche aucune raison de permettre aux États-Unis d’Amérique de camoufler les objectifs politiques peu reluisants qui étaient ceux de leur gouvernement à l’époque des faits.

     

    Il est important que les Français, et notamment les jeunes générations, sachent que Roosevelt avait décidé :

    • de placer la France « libérée » sous son occupation militaire américaine,
    • de lui imposer une « fausse monnaie » imprimée aux États-Unis,
    • et de maintenir Pierre Laval au pouvoir, figure hideuse et honnie de la Collaboration et de l’intelligence avec l’ennemi, et tout cela avec la complicité de l’ambassadeur d’Hitler en France.

     

    Par la même occasion, il serait utile de rappeler le soutien financier considérable qu’apporta l’oligarchie industrielle et financière américaine à Adolf Hitler et à son régime pendant toute les années 30 ,et pendant encore une grande partie de la guerre. Les travaux d’Anthony Sutton, désormais de plus en plus connus, permettent notamment de jeter une lumière crue sur cette coopération secrète entre les États-Unis et l’Allemagne hitlérienne.

     

    Tous ces rappels historiques permettraient à Washington de faire à son tour, et utilement, son « travail de mémoire » et sa « repentance ». Cela permettrait aussi d’inviter Washington à abandonner ses prétentions à l’hégémonie mondiale.

     

    Au lieu de se plier servilement à l’opération de communication voulue par Washington afin de légitimer son hégémonie actuelle sur l’Europe et la France - par Union européenne et Otan interposées -, le président Hollande devrait ainsi garder à l’esprit que son rôle est d’enseigner la vérité historique aux jeunes générations et d’être « le garant de l’indépendance nationale », comme le lui en fait obligation l’article 5 de notre Constitution......

     

    - Sur le même sujet, lire aussi :

    -  Le débarquement vécu par la Résistance intérieure  par Roland Leroy, dirigeant de la Résistance en Normandie, ancien directeur de l'Humanité, député honoraire

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 13:26
Jean Moulin Président Conseil national de la Résistance
Jean Moulin Président Conseil national de la Résistance

Jean Moulin Président Conseil national de la Résistance

Alors que le Front populaire laissant la place à une bourgeoisie préférant Hitler au peuple, puis à l'occupation avec, à Vichy, un gouvernement aux ordres d'Hitler,... ils ont, dans la clandestinité, osé rêver d'une France belle et humaine.

 

Il y a 71 ans, jour pour jour, le 27 mai 1943 se tenait la première réunion du CNR Programme du (Conseil National de la Résistance)

 

Aujourd'hui :

- face aux descendants de cette même bourgeoisie aux manettes en France et en Europe ;

- face à des gouvernements de droite comme de "gauche" qui, les servant avec avilissement, trahissent le peuple et poussent le Front National au devant de la scène politique.....

redressons la tête.

 

Les partis d’extrême droite progressent fortement à l’image du Front National - See more at: http://www.lepartidegauche.fr/actualites/dossier/europeennes-etat-d-urgence-politique-28467#sthash.AIe7VGVR.dpuf

Alors que le phénomène étant reproduit dans toute l'Europe, les partis d’extrême droite progressent fortement, c'est à nous qu'il appartient de redonner l'espoir.

Vive l'humain d'abord et une 6ième République ! Place au peuple !

 

- LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE

Le CNR se réunit pour la première fois le 27 mai 1943, clandestinement, dans un appartement parisien, sous la présidence de Jean Moulin, représentant en France occupée du Général de Gaulle (installé à Londres puis à Alger comme chef de la France libre). Jean Moulin sera arrêté par les nazis en juin de la même année. Lui ont succédé Georges Bidault, démocrate chrétien, puis, à la Libération, le 15 septembre 1944, Louis Saillant, CGT.

Le CNR regroupait :

  • huit mouvements de RÉSISTANCE intérieure : "Combat", "Libération zone Nord", "Libération (Sud)", "Francs-tireurs partisans (FTP)", "Front national" (rien à voir avec le Front national actuel), "Organisation civile et militaire" (OCM), "Ceux de la Résistance" (CDLR), "Ceux de la Libération" (CDLL),
  • les deux grandes confédérations syndicales de l'époque : CGT (réunifiée) et CFTC,
  • six représentants des principaux partis politiques reconnaissant la France Libre, dont le parti communiste, le parti socialiste, les radicaux, la droite républicaine et les démocrates-chrétiens.

 

Le CNR a défini son programme prévisionnel pour la Libération le 15 mars 1944. Comme vous pourrez le constater, on y trouve des objectifs d’une troublante actualité.

 


LE PROGRAMME DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE

 

Née de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la RÉSISTANCE n'a pas d'autre raison d'être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée.

 

Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n'est, en effet, qu'en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l'image de sa grandeur et la preuve de son unité.

 

Aussi les représentants des organisations de la RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R. ,

délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s'unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d'action immédiate contre l'oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste.

 

- I - PLAN D'ACTION IMMÉDIATE

 

Les représentants des organisations de RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R.

 

Expriment leur angoisse devant la destruction physique de la Nation que l'oppresseur hitlérien poursuit avec l'aide des hommes de Vichy, par le pillage, par la suppression de toute production utile aux Français, par la famine organisée, par le maintien dans les camps d'un million de prisonniers, par la déportation d'ouvriers au nombre de plusieurs centaines de milliers, par l'emprisonnement de 300.000 Français et par l'exécution des patriotes les plus valeureux, dont déjà plus de 50.000 sont tombés pour la France.

 

Ils proclament leur volonté de délivrer la patrie en collaborant étroitement aux opérations militaires que l'armée française et les armées alliées entreprendront sur le continent, mais aussi de hâter cette libération, d'abréger les souffrances de notre peuple, de sauver l'avenir de la France en intensifiant sans cesse et par tous les moyens la lutte contre l'envahisseur et ses agents, commencée dès 1940.

 

Ils adjurent les gouvernements anglais et américain de ne pas décevoir plus longtemps l'espoir et la confiance que la France, comme tous les peuples opprimés de l'Europe, a placés dans leur volonté d'abattre l'Allemagne nazie, par le déclenchement d'opérations militaires de grande envergure qui assureront, aussi vite que possible, la libération des territoires envahis et permettront ainsi aux Français qui sont sur notre sol de se joindre aux armées alliées pour l'épreuve décisive.

 

Ils insistent auprès du Comité Français de la Libération Nationale pour qu'il mette tout en oeuvre afin d'obtenir les armes nécessaires et de les mettre à la disposition des patriotes. Ils constatent que les Français qui ont su organiser la RÉSISTANCE ne veulent pas et d'ailleurs ne peuvent pas se contenter d'une attitude passive dans l'attente d'une aide extérieure, mais qu'ils veulent faire la guerre, qu'ils veulent et qu'ils doivent développer leur RÉSISTANCE armée contre l'envahisseur et contre l'oppresseur.

 

Ils constatent, en outre, que la RÉSISTANCE Française doit ou se battre ou disparaître; qu'après avoir agi de façon défensive, elle a pris maintenant un caractère offensif et que seuls le développement et la généralisation de l'offensive des Français contre l'ennemi lui permettront de subsister et de vaincre.

 

Ils constatent enfin que la multiplication des grèves, l'ampleur des arrêts de travail le 11 Novembre qui, dans beaucoup de cas, ont été réalisés dans l'union des patrons et des ouvriers, l'échec infligé au plan de déportation des jeunes français en Allemagne, le magnifique combat que mènent tous les jours, avec l'appui des populations, dans les Alpes, dans le Massif Central, dans les Pyrénées et dans les Cévennes, les jeunes Français des maquis, avant garde de l'armée de la Libération, démontrent avec éclat que notre peuple est tout entier engagé dans la lutte et qu'il doit poursuivre et accroître cette lutte.

 

En conséquence, les représentants des organisations de RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R.

 

Déclarent que c'est seulement par l'organisation, l'intensification de la lutte menée par les forces armées, par les organisations constituées, par les masses, que pourra être réalisée l'union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la libération nationale inséparable, comme l'a dit le Général De Gaulle, de l'insurrection nationale qui, ainsi préparée, sera dirigée par le C.N.R, sous l'autorité du C.F.L.N, dès que les circonstances politiques et militaires permettront d'assurer, même au prix de lourds sacrifices, son succès.

 

Ils ont l'espoir que les opérations de la Libération du pays, prévues par le plan de l'état major interallié, pourront ainsi être, le cas échéant, avancées grâce à l'aide apportée par les Français dans la lutte engagée contre l'ennemi commun, ainsi que l'a démontré l'exemple glorieux des patriotes corses.

 

Ils affirment solennellement que la France qui, malgré l'armistice, a poursuivi sans trêve la guerre, entend plus que jamais développer la lutte pour participer à la libération et à la victoire.

 

***

 

Pour mobiliser les ressources immenses d'énergie du peuple français, pour les diriger vers l'action salvatrice dans l'union de toutes les volontés, le C.N.R décide :

 

D'inviter les responsables des organisations déjà existantes à former des comités de villes et de villages, d'entreprises, par la coordination des formations qui existent actuellement, par la formation de comités là où rien n'existe encore et à enrôler les patriotes non organisés.

 

Tous ces comités seront placés sous la direction des comités départementaux de la libération (C.D.L). Ils seront soumis à l'autorité des C.D.L qui leur transmettront, comme directives, la plate-forme d'action et la ligne politique déterminée par le C.N.R.

 

Le but des ces comités sera, à l'échelon communal, local et d'entreprise, de faire participer de façon effective tous les Français à la lutte contre l'ennemi et contre ses agents de Vichy, aussi bien par la solidarité et l'assistance active à l'égard des patriotes sous l'impulsion et le soutien donnés aux revendications vitales de notre peuple. Par dessus tout, leur tâche essentielle sera de mobiliser et d'entraîner les Français qu'ils auront su grouper à l'action armée pour la Libération.

 

Ces comités devront, selon les circonstances et en se conformant aux instructions données par les C.D.L, appuyer et guider toutes les actions menées par les Français contre toutes les formes d'oppression et d'exploitation imposées par l'ennemi, de l'extérieur et de l'intérieur.

 

Ces comités devront :

1) Développer la lutte contre la déportation et aider les réfractaires à se cacher, à se nourrir, à se vêtir et à se défendre, enlevant ainsi des forces à l'ennemi et augmentant le potentiel humain de la RÉSISTANCE ;
 
2) Traquer et punir les agents de la Gestapo et de la Milice de DARNAND ainsi que les mouchards et les traîtres ;
 
3) Développer l'esprit de lutte effective en vue de la répression des nazis et des fascistes français ;
 
4) Développer, d'une part, la solidarité envers les emprisonnés et déportés; d'autre part, la solidarité envers les familles de toutes les victimes de la terreur hitlérienne et vichyssoise ;
 
5) En accord avec les organisations syndicales résistantes, combattre pour la vie et la santé des Français pour une lutte quotidienne et incessante, par des pétitions, des manifestations et des grèves, afin d'obtenir l'augmentation des salaires et traitements, bloqués par Vichy et les Allemands, et des rations alimentaires et attributions de produits de première qualité, réduites par la réglementation de Vichy et les réquisitions de l'ennemi, de façon à rendreà la population un minimum de vital en matière d'alimentation, de chauffage et d'habillement ;
 
6) Défendre les conditions de vie des anciens combattants, des prisonniers,des femmes de prisonniers, en organisant la lutte pour toutes les revendications particulières ;
 
7) Mener la lutte contre les réquisitions de produits agricoles, de matières premières et d'installations industrielles pour le compte de l'ennemi ; saboter et paralyser la production destinée à l'ennemi et ses transports par routes, par fer et par eau ;
 
8) Défendre à l'intérieur de la corporation agricole les producteurs contre les prélèvements excessifs, contre les taxes insuffisantes, et lutter pour le remplacement des syndicats à la solde de Vichy et de l'Allemagne par des paysans dévoués à la cause de la paysannerie française.

 

Tout en luttant de cette façon et grâce à l'appui de solidarité et de combativité que développe cette lutte, les comités de villes, de villages et d'entreprises devront en outre :

 

a) Renforcer les organisations armées des Forces Françaises de l'Intérieur par l'accroissement des groupes de patriotes : groupes francs, francs-tireurs et partisans, recrutés en particulier parmi les réfractaires ;

 

b) En accord avec les états majors nationaux, régionaux et départementaux des F.F.I, organisées milices patriotiques dans les villes, les campagnes et les entreprises, dont l'encadrement sera facilité par des ingénieurs, techniciens, instituteurs, fonctionnaires et cadres de réserve, et qui sont destinés à défendre l'ordre public, la vie et les biens des Français contre la terreur et la provocation, assurer et maintenir l'établissement effectif de l'autorité des Comités départementaux de la Libération sur tout ce qui aura été ou sera créé dans ce domaine pour le strict rattachement aux F.F.I dont l'autorité et la discipline doivent être respectées par tous.

 

Pour assurer la pleine efficacité des mesures énoncées ci-dessus, le C.N.R prescrit de l'état major national des Forces Françaises de l'Intérieur, tout en préparant minutieusement la coopération avec les Alliés en cas de débarquement, doit :

1) Donner ordre à toutes les formations des F.F.I de combattre dès maintenant l'ennemi en harcelant ses troupes, en paralysant ses transports, ses communications et ses productions de guerre, en capturant ses dépôts d'armes et de munitions afin d'en pourvoir les patriotes encore désarmés ;

 

2) Faire distribuer les dépôts d'armes encore inutilisés aux formations jugées par lui les plus aptes à se battre utilement dès à présent et dans l'avenir immédiat ;

 

3) Organiser de façon rationnelle la lutte suivant un plan établi avec les autorités compétentes à l'échelon régional, départemental ou local, pour obtenir le maximum d'efficacité ;

 

4) Coordonner l'action militaire avec l'action de RÉSISTANCE de la masse de la nation en proposant pour but aux organisations régionales paramilitaires d'appuyer et de protéger les manifestations patriotiques, les mouvements revendicatifs des femmes de prisonniers, des paysans et des ouvriers contre la police hitlérienne, d'empêcher les réquisitions de vivres et d'installations industrielles, les rafles organisées contre les réfractaires et les ouvriers en grève et défendre la vie et la liberté de tous les Français contre la barbare oppression de l'occupant provisoire.

 

***

 

Ainsi, par l'application des décisions du présent programme d'action commune, se fera, dans l'action, l'union étroite de tous les patriotes, sans distinction d'opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi se constituera dans la lutte une armée expérimentée, rompue au combat, dirigée par des cadres éprouvés devant le danger, une armée capable de jouer son rôle lorsque les conditions de l'insurrection nationale seront réalisées, armée qui élargira progressivement ses objectifs et son armement.

 

Ainsi, par l'effort et les sacrifices de tous, sera avancée l'heure de la libération du territoire national ; ainsi la vie de milliers de Français pourra être sauvée et d'immenses richesses pourront être préservées.

 

Ainsi dans le combat se forgera une France plus pure et plus forte capable d'entreprendre au lendemain de la libération la plus grande oeuvre de reconstruction et de rénovation de la patrie.

 

- II - MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE

 

Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en oeuvre pour atteindre ce but qui est la Libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupés au sein du C.N.R. proclament qu'ils sont décidés à rester unis après la Libération :

 

1 ) Afin d'établir le gouvernement provisoire de la République formé par le Général de Gaulle pour défendre l'indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle ;

 

2 ) Afin de veiller au châtiment des traîtres et à l'éviction dans le domaine de l'administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l'ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration ;

 

3 ) Afin d'exiger la confiscation des biens des traîtres et des trafiquants de marché noir, l'établissement d'un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d'occupation, ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l'armistice par les gouvernements de l'Axe et par leurs ressortissants dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliénable ;

 

4 ) Afin d'assurer :

  • l'établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;
  • la pleine liberté de pensée, de conscience et d'expression ;
  • la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l'égard de l'État, des puissances d'argent et des influences étrangères ;
  • la liberté d'association, de réunion et de manifestation ;
  • l'inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;
  • le respect de la personne humaine ;
  • l'égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;

 

5) Afin de promouvoir les réformes indispensables :

a) Sur le plan économique :

  • l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie ;
  • une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l'image des États fascistes ;
  • l'intensification de la production nationale selon les lignes d'un plan arrêté par l'État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;
  • le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurances et des grandes banques ;
  • le développement et le soutien des coopératives de production, d'achats et de ventes, agricoles et artisanales ;
  • le droit d'accès, dans le cadre de l'entreprise, aux fonctions de direction et d'administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l'économie.

 

b) Sur le plan social :

  • le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l'amélioration du régime contractuel du travail ;
  • un rajustement important des salaires et la garantie d'un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d'une vie pleinement humaine ;
  • la garantie du pouvoir d'achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;
  • la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d'un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l'organisation de la vie économique et sociale ;
  • un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'État ;
  • la sécurité de l'emploi, la réglementation des conditions d'embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d'atelier ;
  • l'élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l'expérience de l'Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu'aux salariés de l'industrie, par un système d'assurance contre les calamités agricoles, par l'établissement d'un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d'accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d'un plan d'équipement rural ;
  • une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;
  • le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste.

 

c) Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales.

 

d) La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture la plus développée quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.

 

Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime de basse réaction instauré par Vichy et qui rendra aux institutions démocratiques et populaires l'efficacité que leur avaient fait perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont précédé la capitulation. Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l'action gouvernementale.

 

L'union des représentants de la RÉSISTANCE pour l'action dans le présent et dans l'avenir, dans l'intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourraient freiner leur action et ne servir que l'ennemi.

 

En avant donc, dans l'union de tous les Français rassemblés autour du C.F.L.N et de son président, le général De Gaulle !

 

En avant pour le combat, en avant pour la victoire, afin que VIVE LA FRANCE !

 

Nota :

Une grande partie de ce programme a été effectivement appliquée après la guerre (sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des féodalités économiques à la Libération, droit à la culture pour tous, presse écrite délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales agricoles, etc). Ce programme de mars 1944 constitue encore de nos jours le socle des conquêtes sociales aujourd'hui menacées et méthodiquement démantelées tant par les gouvernements de droite que par ceux dits "de gauche"..

 

Pour en savoir plus :

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 17:44
Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !

La guerre d’Algérie a commencé à Sétif le 8 mai 1945 !

 

 

Le 8 mai 1945, tandis que la France fêtait la victoire, elle réaffirme dans le sang sa domination coloniale en Algérie : 45.000 morts à Sétif, Guelma, Kherrata et dans tout le Constantinois... Ce traumatisme radicalisera irréversiblement le mouvement national... 

 

 

Source : Rebellyon.Info | mis à jour le 8 mai 2023

- Jour de liesse ? Fête de la libération ? Pas pour tout le monde...

Le 8 mai 1945 signi­fie la fin du nazisme. Il cor­res­pond aussi à l’un des moments les plus san­glants de l’his­toire natio­nale. La répres­sion colo­nia­liste venait d’y faire ses pre­miers accrocs face à une popu­la­tion farou­che­ment déter­mi­née à se pro­mou­voir aux nobles idéaux de paix et d’indé­pen­dance.

Faim, famine, chô­mage et misère sem­blaient résu­mer la condi­tion sociale de la popu­la­tion musul­mane algé­rienne colo­ni­sée par la France, popu­la­tion sur­tout agri­cole sou­vent dépla­cée car les colons s’étaient saisis des meilleu­res terres, et de plus dans une période de guerre, de séche­resse et de récol­tes déci­mées par les aca­ri­des. « Des hommes souf­frent de la faim et deman­dent la jus­tice... Leur faim est injuste. » écrivait Albert Camus début 1945 dans Combat.

 

Le 8 mai 1945 fut un mardi pas comme les autres en Algérie. Les gens mas­sa­crés ne l’étaient pas pour diver­sité d’avis, mais à cause d’un idéal. La liberté. Ailleurs, il fut célé­bré dans les inters­ti­ces de la capi­tu­la­tion de l’état-major alle­mand. La fin de la Seconde Guerre mon­diale, où pour­tant 150.000 Algériens s’étaient enga­gés dans l’armée aux côtés de de Gaulle. Ce fut la fin d’une guerre. Cela pour les Européens. Mais pour d’autres, en Algérie, à Sétif, Guelma, Kherrata, Constantine et un peu par­tout, ce fut la fête dans l’atro­cité d’une colo­ni­sa­tion et d’un impé­ria­lisme qui ne venait en ce 8 mai qu’annon­cer le plan de redres­se­ment des volon­tés farou­ches et éprises de ce saut liber­taire.
 
 Photo : Sétif Fontaine Ain El Fouara

Photo : Sétif Fontaine Ain El Fouara

 

- Sétif, mardi 8 mai 1945

Dès 8 heures du matin, une foule esti­mée aux envi­rons de 10.000 per­son­nes était ras­sem­blée devant la mos­quée de la gare. Puis elle enta­mait son élan rue des Etats-Unis pour se diri­ger vers le centre-ville, rue Georges Clémenceau... Pacifiques, dépi­tés et désar­més, les pai­si­bles mani­fes­tants scan­daient des slo­gans de paix et de liberté. « Indépendance », « Libérez Messali Hadj », « L’Algérie est à nous ». Ils s’étaient donnés pour consi­gne de faire sortir pour la pre­mière fois le dra­peau algé­rien. La riposte fut san­glante.

 

Pourtant, pro­fi­tant du jour du marché heb­do­ma­daire, ce 8 mai 1945, les orga­ni­sa­teurs avaient rap­pelé aux pay­sans venus des vil­la­ges de dépo­ser tout ce qui pou­vait être une arme (cou­teau, hâche, faux...). Derrière les dra­peaux des alliés, c’étaient les écoliers et les jeunes scouts qui étaient au pre­mier rang suivis des por­teurs de la gerbe de fleurs, et les mili­tants sui­vaient juste der­rière pour éviter tout débor­de­ment de la masse pay­sanne.

 

A la vue d’un dra­peau algé­rien vert et blanc, qui avait été déployé en cours de route, les poli­ciers avaient jailli du bar­rage et avaient atta­qué la foule pour s’empa­rer du dra­peau. Un mili­tant avait expli­qué que le dra­peau étant sacré, il est impos­si­ble de le remi­ser une fois sorti. Le maire socia­liste de la ville sup­plie de ne pas tirer. Mais c’est à ce moment que tout dérape quand un ins­pec­teur tire, tue celui qui por­tait ce dra­peau à ce moment-là et deux coups de feu en sou­tien de la part d’Européens par­tent du café de France. Dans la pani­que pro­vo­quée par les pre­miers coups de feu, à d’autres fenê­tres des Européens tirent à leur tour sur la foule.

 

 

- « On a tiré sur un jeune scout » !

Ce jeune « scout » fut le pre­mier martyr de ces inci­dents : Saâl Bouzid, 22 ans, venait par son souf­fle d’indi­quer sur la voie du sacri­fice la voie de la liberté. K. Z., âgé alors de 16 ans, affirme non sans amer­tume à ce propos : « Il gisait mou­rant par-devant le ter­rain qui sert actuel­le­ment d’assiette fon­cière au siège de la wilaya. Nous l’avons trans­porté jusqu’au doc­teur Mostefaï... et puis... » L’émotion l’étouffe et l’empê­che de conti­nuer...

 

Bien que la pani­que ait gagné l’ensem­ble des mani­fes­tants, un mili­tant avait sonné le clai­ron pour que la gerbe de fleurs soit dépo­sée. Cela se pas­sait à 10 heures du matin. Le car de la gen­dar­me­rie ayant eu du retard était arrivé en fon­çant en direc­tion des mani­fes­tants fau­chant les pré­sents.
 
Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !

 

Surgit alors la pré­pa­ra­tion du mas­sa­cre des Algériens. Une milice d’Européens est formée à qui on donne des armes ; l’armée, la police et la gen­dar­me­rie sont déployées... C’est une véri­ta­ble chasse à toutes per­son­nes musul­ma­nes.

 

Le 9 mai, à Sétif, ce sont 35 Algériens qui ont été abat­tus parce qu’ils ne savaient pas qu’un couvre feu avait été établi. Le rap­port du com­mis­saire divi­sion­naire, M. Bergé, expli­quait que chaque mou­ve­ment jugé sus­pect pro­vo­quait le tir : « les musul­mans ne peu­vent cir­cu­ler sauf s’ils por­tent un bras­sard blanc déli­vré par les auto­ri­tés et jus­ti­fi­ca­tions d’un emploi dans un ser­vice public. »
Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !
Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !

 

- Guelma, mardi 8 mai 1945

A Guelma, à 16 heures, un ras­sem­ble­ment s’était orga­nisé hors de la ville. Les mili­tants des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML) atten­daient, en fait, les ins­truc­tions venant de Annaba. A 17 heures le cor­tège s’était ébranlé avec les pan­car­tes célé­brant la vic­toire des alliés ainsi que leurs dra­peaux entou­rant un dra­peau algé­rien. Arrivé à l’actuelle rue du 8 mai, le cor­tège avait été arrêté par le sous préfet Achiary. Il ne res­tait plus que 500 mètres pour attein­dre le monu­ment aux morts.

 

Le sous préfet, Achiary - futur chef de l’OAS créé à Madrid en 1961 -, hors de lui avait intimé l’ordre de jeter les pan­car­tes, dra­peaux et ban­de­ro­les. Un socia­liste nommé Fauqueux avait râlé auprès du sous préfet : « Monsieur le sous préfet est ce qu’il y a ici la France ou pas ? ». C’est alors, comme un coup de fouet, Achiary saisit le revol­ver dont il s’est armé, entre dans la foule droit sur le porte dra­peau et tire. Son escorte ouvre le feu sur le cor­tège qui s’enfuit, décou­vrant dans son reflux le corps du jeune Boumaza. A Guelma ce jour-là il y a déjà 4 Algériens tués, mais aucun Européen.

 

Le 9 mai, à Guelma, la milice diri­gée par Achiary avait tenu sa pre­mière séance au cours de laquelle l’adjoint Garrivet pro­po­sait : « Nous allons étudier la liste des per­son­nes à juger. Commençons par nos anciens élèves ». Une per­qui­si­tion au local des AML a permis de saisir les listes nomi­na­ti­ves des res­pon­sa­bles et mili­tants, tous consi­dé­rés comme sus­pects, qui seront incar­cé­rés, sou­vent tor­tu­rés, et exé­cu­tés par four­nées entiè­res.

 

Photo : Arrestations de civils menés vers leur propre exécution et finir brûlés dans des fours à chaux de Guelma

Photo : Arrestations de civils menés vers leur propre exécution et finir brûlés dans des fours à chaux de Guelma

 

- Kherrata, mardi 8 mai 1945

C’est aussi mardi jour de marché, et il n’y a pas de défilé prévu pour la fin de la deuxième guerre mon­diale, ce 8 mai, dans ce gros vil­lage tran­quille, situé au pied d’une chaîne mon­ta­gneuse, à quel­ques dizai­nes de kilo­mè­tres de la Méditerranée. En fin de mati­née on y apprend les tue­ries poli­ciè­res de Sétif. Les nou­vel­les se répan­dent vite parmi la popu­la­tion de Kherrata. Les Européens pren­nent peur, l’admi­nis­tra­teur colo­nial leur dis­tri­bue des armes et ils se plan­quent dans une for­te­resse. Tandis qu’on donne l’ordre au crieur public d’annon­cer le couvre-feu, celui-ci au contraire par­court tous les vil­la­ges à l’entour en appe­lant la popu­la­tion musul­mane à se ras­sem­bler à Kherrata.

 

Ce sont 10.000 per­son­nes qui vont arri­ver durant la nuit à Kherrata. Dès l’aube du 9 mai, une grande agi­ta­tion règne au centre de Kherrata grouillant de monde. Les Musulmans sachant que les Européens étaient armés, et prêts à les tuer, se sont ras­sem­blés pour envi­sa­ger com­ment se défen­dre. Certains ont coupé les lignes télé­pho­ni­ques, et d’autres ont cher­ché des armes au tri­bu­nal et dans trois mai­sons, qui furent incen­diées. L’admi­nis­tra­teur colo­nial et le juge de paix furent tués. Les 500 Européens qui étaient dans la for­te­resse tirè­rent alors sur la foule déchaî­née qui tra­ver­sait le vil­lage avec des dra­peaux algé­riens, tandis qu’on enten­dait les « you-you » des femmes.

 

Même s’ils avaient une grande cons­cience révo­lu­tion­naire, beau­coup parmi les insur­gés algé­riens ne savaient pas quoi faire. Pour savoir com­ment réagir, ils se sont alors ras­sem­blés dans la mon­ta­gne à Bouhoukal, mais l’armée fran­çaise était déjà en marche. Le peu de monde qui avait des fusils se mit en grou­pes dans les gorges et à l’entrée de Kherrata pour retar­der l’arri­vée des gen­dar­mes et des trou­pes. Mais dans cette révolte, qui allait vite être étouffée par l’armée, il n’y eu en tout et pour tout sur ce sec­teur que 10 morts et 4 bles­sés parmi les mili­tai­res et les Européens.

 

  • Vers midi, les auto­mi­trailleu­ses de l’armée fran­çaise se met­tent à tirer de loin sur les popu­la­tions de Kherrata et des vil­la­ges avoi­si­nants, suivi de près par les tirs impres­sion­nants du bateau-croi­seur Duguay-Trouin sur les crêtes des monts de Babor, et l’après-midi c’est l’avia­tion qui bom­bar­dait les envi­rons. Bombardements, tirs nour­ris et fusilla­des firent que plu­sieurs mil­liers d’Algériens furent mas­sa­crés. Vers 10 heures du soir, la légion étrangère fran­chis­sait les gorges et arri­vait au vil­lage com­plè­te­ment vidé de ses habi­tants musul­mans.

 

Photo : propagande coloniale - (à la mode Tartarin de Tarascon) : on distribue des armes sans munitions aux civils pour un besoin de propagande : « les insurgés déposent les armes ». Ils feront TOUS partie des victimes assassinées, jetées vivantes du haut de la falaise de Kherrata (voir les gorges de Kherrata au fond de la photo) et enfin ramassées et brulées dans des fours à chaux.

Photo : propagande coloniale - (à la mode Tartarin de Tarascon) : on distribue des armes sans munitions aux civils pour un besoin de propagande : « les insurgés déposent les armes ». Ils feront TOUS partie des victimes assassinées, jetées vivantes du haut de la falaise de Kherrata (voir les gorges de Kherrata au fond de la photo) et enfin ramassées et brulées dans des fours à chaux.

 

- Un des plus atroces massacres coloniaux de la part de la France

Suite aux assas­si­nats d’Algériens à Sétif et à Guelma, des grou­pes d’indi­gè­nes avaient, dans leur repli, riposté en tuant des Européens. [1] S’en suit une répres­sion extrê­me­ment vio­lente dans les rues et les quar­tiers de ces deux villes impor­tan­tes, alors que la presse fran­çaise parle abu­si­ve­ment de ter­ro­risme algé­rien. Pendant une semaine, l’armée fran­çaise, ren­for­cée par des avions et des chars, se déchaîne sur les popu­la­tions de la région et tue sans dis­tinc­tion. À la colère légi­time des Algériens, la réponse du gou­ver­ne­ment fran­çais, dans lequel se trouve, mais oui, le PS et le PC, aux côtés de de Gaulle, ne s’est, en tout cas, pas fait atten­dre en mobi­li­sant toutes les forces de police, de gen­dar­me­rie, de l’armée, en envoyant des ren­forts de CRS et de parachutistes, et même en recru­tant des mili­ciens, qui ne se gênent pas de fusiller des Algériens de tous âges et sans défense.
 
Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !
Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !

 

De Sétif, la répres­sion san­glante s’est géné­ra­li­sée. Elle allait tou­cher tout le pays durant tout le mois de mai. L’Algérie s’embra­sait sous les feux brû­lants du prin­temps 1945. Le géné­ral Weiss, chef de la cin­quième région aérienne, avait ordonné le 13 mai le bom­bar­de­ment de tous ras­sem­ble­ments des indi­gè­nes sur les routes et à proxi­mité des vil­la­ges.

 

  • Kateb Yacine, écrivain algé­rien, alors lycéen à Sétif, écrit : « C’est en 1945 que mon huma­ni­ta­risme fut confronté pour la pre­mière fois au plus atroce des spec­ta­cles. J’avais vingt ans. Le choc que je res­sen­tis devant l’impi­toya­ble bou­che­rie qui pro­vo­qua la mort de plu­sieurs mil­liers de musul­mans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimente mon natio­na­lisme. »
  • « Je témoi­gne que la mani­fes­ta­tion du 8 mai était paci­fi­que. En orga­ni­sant une mani­fes­ta­tion qui se vou­lait paci­fi­que, on a été pris par sur­prise. Les diri­geants n’avaient pas prévu de réac­tions. Cela s’est ter­miné par des dizai­nes de mil­liers de vic­ti­mes. À Guelma, ma mère a perdu la mémoire... On voyait des cada­vres par­tout, dans toutes les rues. La répres­sion était aveu­gle ; c’était un grand mas­sa­cre. »

 

Dans les loca­li­tés envi­ron­nan­tes à Sétif, Ras El Ma, Beni Azziz, El Eulma, des douars entiers furent déci­més, des vil­la­ges incen­diés, des dechras et des famil­les furent brû­lées vives. On raconte le mar­tyre de la famille Kacem. Korrichi, son fils Mohamed et son frère Nouari furent tor­tu­rés et tués à bout por­tant... Les légion­nai­res pre­naient les nour­ris­sons par les pieds, les fai­saient tour­noyer et les jetaient contre les parois de pierre où leurs chairs s’éparpillaient sur les rochers...
 
Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !

 

- L’armée fran­çaise avait pla­ni­fié l’exter­mi­na­tion de mil­liers d’Algériens.

Pour mettre à exé­cu­tion leur des­sein les sol­dats fran­çais avaient pro­cédé au regrou­pe­ment de toutes les popu­la­tions avoi­si­nant les côtes-est de Béjaïa à Bordj Mira en pas­sant par Darguina, Souk El-Tenine et Aokas. Toutes les popu­la­tions de ces régions étaient for­cées de se regrou­per sur les plages de Melbou. L’occu­pant n’avait en tête que la liqui­da­tion phy­si­que de tout ce beau monde. Des sol­dats armés fai­saient le porte-à-porte à tra­vers la ville de Sétif et cer­tai­nes régions envi­ron­nan­tes, et obli­geaient hommes, femmes et enfants à sortir pour monter dans des camions.

 

Dès lors, des camions de type GMC conti­nuaient à char­ger toute per­sonne qui se trou­vait sur leur pas­sage. Le convoi pre­nait la direc­tion de Kherrata. Les habi­tants de cette autre ville his­to­ri­que n’allaient pas échapper à l’embar­que­ment qui les menait avec leurs autres conci­toyens de Sétif, vers le camion de la mort. Les mil­liers d’Algériens furent déchar­gés depuis les bennes des camions au fond des gorges de Kherrata. L’hor­reur n’était pas ter­mi­née pour ces pau­vres « bou­gnouls » comme aimaient les sur­nom­mer les colons fran­çais. Des héli­co­ptè­res dénom­més « Bananes » sur­vo­laient les lieux du mas­sa­cre pour ache­ver les bles­sés. Une véri­ta­ble bou­che­rie humaine allait per­met­tre, plus tard, aux oiseaux cha­ro­gnards d’inves­tir les lieux.

 

Avec la venue de l’été, la cha­leur monte... et l’odeur de la mort. Vers Guelma, faute de les avoir tous enter­rés assez pro­fond ou brûlés, trop de cada­vres ont été jetés dans un fossé, à peine recou­verts d’une pel­le­tée de terre. Les débris humains sont trans­por­tés par camion. Le trans­port est effec­tué avec l’aide de la gen­dar­me­rie de Guelma pen­dant la nuit. C’est ainsi que les restes des 500 musul­mans ont été amenés au lieu dit « fon­taine chaude » et brûlés dans un four à chaux avec des bran­ches d’oli­viers.

 

Alors que l’on sait que ce sont en tout 102 Européens ou mili­tai­res qui ont été tués, et 110 bles­sés, à ce moment-là, en riposte aux tue­ries des auto­ri­tés fran­çai­ses, malgré un minu­tieux tra­vail de recher­ches, il est aujourd’hui abso­lu­ment impos­si­ble de savoir le nombre exact d’assas­si­nats per­pé­trés par la France parmi les Algériens. Tout a été fait pour que cet énorme mas­sa­cre soit le plus pos­si­ble dis­si­mulé à l’opi­nion publi­que. On peut esti­mer cepen­dant qu’il y a eu à ce moment-là plu­sieurs dizai­nes de mil­liers de bles­sés algé­riens, pas loin de cent mille. Selon l’armée amé­ri­caine cet énorme mas­sa­cre de la France de de Gaulle, par l’armée fran­çaise, la police et les mili­ciens, aurait fait 45.000 morts. C’est le chif­fre, qui peut sem­bler peut-être vrai­sem­bla­ble, retenu offi­ciel­le­ment désor­mais par les Algériens.

 

Dans la mati­née du fati­di­que 8 mai, en guise de riposte à cette mani­fes­ta­tion paci­fi­que, la police ouvrit le feu... Plusieurs d’entre acteurs et témoins encore en vie sont ainsi soumis à la souf­france du sou­ve­nir et le devoir de dire ce qu’ils ont vécu, vu, entendu dire et se dire. Ils crai­gnent pour la pos­té­rité, l’amné­sie.

 

Parler à Sétif du 8 mai 1945 rend obli­ga­toire la cita­tion de noms-phares : Abdelkader Yalla, Lakhdar Taârabit, Laouamen dit Baâyou, Bouguessa Askouri, Gharzouli, Rabah Harbouche, Saâd Saâdna, Miloud Begag, Saâdi Bouras, Benattia, le Dr Hanous, le Dr Saâdane, Bachir Ibrahimi, et beau­coup d’autres que seul un tra­vail sérieux ins­ti­tu­tion­nel pour­rait les lister et en faire un fron­ton mémo­rial.

 

Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !

 

- Le 8 mai 1945, un des plus atro­ces mas­sa­cres colo­niaux est per­pé­tré par cette France fraî­che­ment libé­rée.

Et, à Sétif en Algérie, où est orga­ni­sée une mani­fes­ta­tion paci­fi­que indé­pen­dan­tiste par les mili­tants du PPA (Parti Populaire Algérien), le gou­ver­ne­ment fran­çais envoie l’armée, sous le com­man­de­ment du géné­ral Duval. Dans une répres­sion vio­lente contre la popu­la­tion civile, des navi­res de guerre tirent et l’avia­tion bom­barde la popu­la­tion de Sétif. 10.000 sol­dats sont enga­gés dans une véri­ta­ble opé­ra­tion mili­taire. Ils sont issus de la Légion étrangère, des tabors maro­cains, des tirailleurs séné­ga­lais et algé­riens. En outre, des mili­ces se for­ment sous l’œil bien­veillant des auto­ri­tés, et se livrent à une véri­ta­ble chasse aux émeutiers. Le géné­ral Duval déclare que « Les trou­pes ont pu tuer 500 à 600 indi­gè­nes. » Le nombre de vic­ti­mes est aujourd’hui estimé à au moins 30.000 morts.

 

  • Le drame est passé ina­perçu dans l’opi­nion métro­po­li­taine.

x Le quo­ti­dien com­mu­niste L’Humanité assure alors que les émeutiers étaient des sym­pa­thi­sants nazis ! Il faudra atten­dre le 27 février 2005 pour que, lors d’une visite à Sétif, M. Hubert Colin de Verdière, Ambassadeur de France à Alger, qua­li­fie les « mas­sa­cres du 8 mai 1945 de tra­gé­die inex­cu­sa­ble. » Cet évènement cons­ti­tue la pre­mière reconnais­sance offi­cielle de sa res­pon­sa­bi­lité par la République fran­çaise.

Pourtant, en ce jour de com­mé­mo­ra­tion de la liberté, de la fin du joug nazi, pas un mot ne sera dit sur ce mas­sa­cre de la France colo­niale. Rappellons qu’il en est d’autres (Madagascar 1947, Paris le 17 octo­bre 1961, Alger le 26 mars 1962...). Cette France qui fait tein­ter ses médailles aujourd’hui, à coup de célé­bra­tions idéo­lo­gi­ques, conti­nue de pra­ti­quer le déni his­to­ri­que sur ses pro­pres crimes.

 

- Aujourd’hui seront rapel­lés la bar­ba­rie nazie et les crimes de Vichy.
- Aujourd’hui seront oubliés les crimes colo­niaux, ou encore le fait que les der­niers camps de concen­tra­tion en France pour Tziganes n’ont fermé qu’en 1946, que Papon n’a jamais été inquiété pour les crimes qu’il a commis en tant que préfet de la Ve République, la nôtre.

 

Les crimes commis par la France sont struc­tu­rels. Cette France-là nous ne l’aimons pas.

par D i s s i d e n c e . f r

 

Pour en savoir plus

Sur le même sujet, lire aussi : Sétif, Guelma, l'autre 8 mai 1945

- Parce que le 8 mai 1945, ce fut aussi CA !!!

- mais aussi : Les crânes oubliés de la conquête de l’Algérie

- La guerre d’Algérie a commencé à Sétif

 

Le visage de la France colonialiste en Algerie

Le visage de la France colonialiste en Algerie

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 10:17

Source : les dossiers de l'Humanité

Il y a aujourd'hui tout juste soixante ans, le 7 mai 1954, l'armée coloniale française subissait sa première et la plus retentissante défaite dans une cuvette alors inconnue dans le nord du Tonkin. À cette occasion, l'Humanité ouvre ses archives : portraits de Raymonde Dien et Henri Martin, jeunes militants communistes engagés contre dans la lutte contre la guerre d’Indochine, retour sur la bataille de Diên Biên Phû par le correspondant de l'Humanité entre 1980 et 1986 ou encore le portrait de général Vo Nguyen Giap, héros militaire de l'indépendance vietnamienne et artisan de la débâcle française.

 

    À voir en vidéo : La bataille du Tigre et de l'Éléphant", un documentaire (en vietnamien) de Daniel Roussel avec le témoignage du général Vo Nguyen Giap :

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 08:44
"Nous célébrons Jaurès !" - J.-L. Mélenchon

Il y a 100 ans, le 31 Juillet 1914, a 21h40, Jean Jaurès était abattu au Café du Croissant, par un étudiant nationaliste, Raoul Villain.
Toujours revenir à ce géant politique qui disait : “ Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ”.
Et à ceux que le ton des opposants de gauche dérange, ses paroles restent plus que jamais à méditer :  « Ah ! Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! » Jean Jaurès, 1906, au cœur d'un vaste mouvement social.

 

 

 

- Jean-Luc Mélenchon rend hommage à Jean-Jaurès

Jeudi 24 avril 2014, au lendemain de la visite chahutée de François Hollande à Carmaux, Jean-Luc Mélenchon a visité le musée Jaurès à Castres, dans le même département. Chaleureusement accueilli, il y a prononcé un discours pour célébrer Jaurès et dénoncer l'imposture de l'hommage de François Hollande.

 

 

Pour en savoir plus :

- JAURÈS et les riens par Maud Assila

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 12:26

Source : Place au Peuple par Par Bruno Fialho

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9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 09:54
Mars 2014 : 70e anniversaire de l'appel du CNR

Les résistants ne se sont pas seulement battus contre Hitler et contre les nazis : ils avaient un idéal...

Ils l'ont consigné dans le Programme du Conseil National de la Résistance  adopté dans la clandestinité le 15 Mars 1944 (voir le texte intégral du (voir le texte intégral du Programme du Conseil National de la Résistance) et aimeraient bien qu'on n'oublie pas complètement leur héritage, ce pour quoi ils se sont battus !

Lors de la commémoration du 60ème anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance, 13 résistants de la première heure avaient lancé un appel aux jeunes générations, pour que la flamme de la résistance ne s'éteigne jamais.

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 12:14
1871-2023 : la Commune fête ses 152 ans.

" La Commune fut l'une des expériences les plus démocratiques depuis l'aube de la société de classes " Karl Marx[1]

 

La Commune de Paris est une période insurrectionnelle de l’histoire de Paris qui dura un peu plus de deux mois, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Cette insurrection contre le gouvernement, issu de l’Assemblée nationale qui venait d’être élue au suffrage universel masculin, ébaucha pour la ville une organisation proche de l’autogestion ou d’un système communiste.

La Commune est à la fois une réaction à la défaite française de la guerre franco-prussienne de 1870 et au siège de Paris, et une manifestation de l’opposition entre le Paris républicain, considéré comme « rouge », et une Assemblée nationale à majorité monarchiste.

 

Sources : Eric Durand | Mis à jour le 10/03/2023

- Le 28 mars 1871, la commune de Paris était proclamée.

Comme chaque année, la commémoration de ce gouvernement insurrectionnel, principalement ouvrier, a débuté le 18 mars notamment à Paris.

Née d'un réflexe patriotique et républicain, l'expérience des Communards porte un projet démocratique, social et égalitaire qui interpelle encore aujourd'hui.

 

 

- La Commune symbolise la rupture entre le travail et le capital 28 mars.

Nombre des éléments portés par la Commune de Paris ont été repris dans le Programme du Conseil national de la résistance, que le patronat, la bourgeoisie, et notamment les gouvernements de droite et sociaux libéraux s'emploient à vouloir éliminer.

 

 

- Comprendre, évoquer, perpétuer le souvenir de la commune, c'est faire oeuvre utile pour construire l'avenir.

C'est ce que je propose au travers de ces quatre documents vidéo.

 

 

- La Commune de Paris en Chanson  

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 12:06
J.-L. Mélenchon à propos de la vie de Louise Michel dans "Label Histoire" sur France3 IDF
J.-L. Mélenchon à propos de la vie de Louise Michel dans "Label Histoire" sur France3 IDF

Jean-Luc Mélenchon : « Nous plaçons le Parti de Gauche sous l'auspice tutélaire des deux visages qui dorénavant nous accompagneront : Jean Jaurès et Louise Michel[2] »

 

L’institutrice et poétesse Louise Michel[1disparut en 1905, année de la séparation des Églises et de l’État et de la première phase de la révolution russe. Celle que la presse surnomma « la grande druidesse de l’anarchie » fut l’une des figures de la Commune de Paris et appuya, déportée en Nouvelle-Calédonie, la lutte des Kanak contre le régime colonial au nom des idéaux qui l’avaient justement poussée dans les rangs de la Commune.

Elle fut libertaire et n’en était pas moins, pour reprendre les mots de l’un de ses biographes, « ouverte à toutes les tendances du socialisme révolutionnaire ». Elle fut féministe et insistait sur la nécessité de lier le combat pour l’égalité entre les sexes à celui du prolétariat tout entier.

Elle fut ardente défenseuse des animaux et ne manquait pas de rappeler que leur exploitation, par les humains, était à l’origine de son implication révolutionnaire. Elle fut bien souvent minoritaire et continuait d’en appeler à « la vile multitude » : le peuple, la masse des déshérités, ceux qui font face à la « gueule des canons » et aux « appétits des parasites ». « Tout va ensemble », lançait-elle : on ne saurait mieux dire.

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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