Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 09:00
Aux racines du FN. L’histoire du mouvement Ordre nouveau

Sources : La Fondation Jean Jaures par Joseph Beauregard Nicolas Lebourg Jonathan Preda

Ordre nouveau, qui fut le principal mouvement néofasciste français, fonda le Front national en 1972 et fut dissous en 1973. Véritable voyage historique au cœur de la radicalité, cette Etude préfacée par Jean-Yves Camus permet de comprendre cette phase de renaissance de l’extrême droite.

 

- Le livre est disponible  ICI

 

- ou tèléchargeable directement ci dessous

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 09:27
8 au 22 novembre 1918 : quand  le drapeau rouge flottait  sur la cathédrale de Strasbourg

Sources : Les productions de La Lanterne

En novembre 1918, après l’offensive de l’armée française renforcée par l’arrivée des troupes américaines, la débâcle allemande devenait inéluctable. Pour sauver l’honneur du Reich, les amiraux de la marine allemande, ancrée dans les ports de Kiel et de Wilhelmshafen, décidèrent d’engager un dernier combat, perdu d’avance, contre les navires anglais.

 

Mais les marins ne voulurent pas mourir pour rien ; le 3 novembre ils se révoltèrent et le drapeau rouge flotta bientôt sur tous les navires. La contagion révolutionnaire se répandit rapidement à Hambourg, Brême, Cologne, Munich et Berlin, ce qui contribua à la chute de l’Empire et à l’instauration de la première République en Allemagne. Les marins de Kiel, en grande partie alsaciens, revinrent alors au pays animés d’un fort sentiment révolutionnaire.

 

Entre le 8 et le 22 novembre, jour de l’arrivée des troupes françaises à Strasbourg, des conseils de soldats et d’ouvriers furent constitués par les marins dans les principales villes d’Alsace, non pas pour garder celle-ci dans le giron d’une Allemagne impérialiste et vaincue, mais bien pour la soustraire au capitalisme français et la maintenir dans une Allemagne qui serait révolutionnaire et internationaliste… Mais l’Histoire en décida autrement.

 

  • Un documentaire de 53 minutes écrit et réalisé par Jean-Noël Delamarre
  • Sur une idée originale de Philippe Joyeux

 

 

- Note d’auteur

« Quand on m’a dit qu’il y avait eu en novembre 1918 un drapeau rouge tout en haut de la flèche de la cathédrale, j’ai pas voulu y croire ! » nous raconte Didier Daeninckx . « Plus tard on m’a montré un film en 16mm noir et blanc tourné à l’époque et j’ai compris ce que ça pouvait avoir d’iconoclaste. On n’est pas dans l’injure mais dans quelque chose d’extrêmement violent et je crois qu’aujourd’hui encore, c’est une image qui n’a pas été admise et digérée. Le fait, non pas qu’il y ait eu un soviet à Strasbourg, mais que d’un seul coup, ce soit sur la cathédrale qu’on ait mis le drapeau rouge. »

 

En effet, qui aurait pu imaginer que, par un jour gris de novembre, dans le vent diabolique qui tourne autour de la cathédrale de Strasbourg comme pour en interdire l’accès, un « alpiniste » grimperait au sommet de la flèche, à 142 mètres du sol, et y accrocherait un drapeau… rouge en plus ?

  • Qui aurait pu imaginer que ce drapeau ne serait plus celui de l’Empire prussien ?
  • Qui aurait pu imaginer que ce drapeau ne serait pas encore celui de la République française ?
  • Qui aurait pu imaginer que ce drapeau serait celui de l’Internationale Socialiste, et que ce foulard rouge au cou d’une des plus haute cathédrales d’Europe, flotterait le temps d’une révolution ?

 

Ce sont ces quelques jours révolutionnaires en Alsace, et surtout au coeur de Strasbourg, que nous voulons relater dans ce documentaire. Nous irons tout d’abord à Kiel pour aller ensuite rejoindre Berlin, puis nous suivrons le parcours des marins revenus en Alsace pour y apporter la révolution, leur volonté d’organiser des conseils de soldats et d’ouvriers (appelés aussi « soviet ») à Colmar, Mulhouse, Haguenau, Strasbourg… Puis nous verrons comment l’opposition des alsaciens socialistes français a su détourner cette vague révolutionnaire pour activer l’arrivée de l’armée française, délivrant ainsi l’Alsace du joug allemand qu’il soit impérialiste ou bolchevique.

 

Il faut comprendre qu’après l’annexion de l’Alsace-Lorraine après la défaite de 1871, les Alsaciens (même chose pour les Mosellans) sont devenus des citoyens Allemands et devaient se conformer aux lois allemandes, dont l’obligation de faire le service militaire sous l’uniforme allemand. En 1914, 250 000 Alsaciens-Lorrains seront enrôlés dans l’armée allemande dont 15 à 16 000 envoyés dans la marine pour leur qualité de technicien mais surtout pour les éloigner d’un contact avec les « français de l’intérieur ». Ce sont ces marins qui se révolteront contre la hiérarchie militaire méprisante et qui porteront cette révolte jusqu’en Alsace.

 

Cette période « est bien la fin de la première guerre mondiale par la signature de l’Armistice et le retour de l’Alsace à la France. Mais ce n’est pas seulement ça. C’est beaucoup plus compliqué. Ce sont aussi les derniers jours du IIe Reich, son effondrement politique et militaire, la mutinerie des marins de Kiel en Allemagne qui s’organisent en conseils et dont le mouvement s’étend en quelques jours à toute l’armée, à toutes les usines du pays. L’Alsace fait encore partie de l’Allemagne et se couvre aussi de conseils de soldats et de conseils ouvriers. » (Jean-Claude Richez)

 

La « République des soviets » de Strasbourg, aussi brève que fût son existence, reste un feu d’artifice trouble, pleins de lueurs et d’ombres. Nous voudrions la faire revivre l’espace de quelques minutes, le temps bien court de notre documentaire.

 

- Pour en savoir plus ICI

Partager cet article
Repost0
11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 17:02
Les mutineries de 1917 du front.... à La Courtine

13 Janvier 2022 : Victoire pour la reconnaissance des 639 fusillés pour l’exemple de la Grande Guerre[1]

 

Cet article aborde les conditions de vie – et de mort – des soldats de l’armée française, pendant la première guerre mondiale, et notamment sur les mutineries qui éclatèrent en mai et juin 1917 dont celle des soldats russes du camp de La Courtine.

Ces événements sont trop peu connus, en France, alors qu’ils font partie, eux aussi, de notre histoire révolutionnaire. Notre principale source est le livre remarquable de l’historien américain Richard M. Watt : Trahison ? (Presses de la Cité, 1964).

 

Sources : La Riposte.org par Greg Oxley le 19 juillet 2009 | mis à jour le 14/01/2022

Les mutineries de 1917 – 1ère partie
- See more at: http://www.lariposte.org/2009/07/les-mutineries-1917-1ere-partie/#sthash.K7htoIWu.dpuf

A la fin de l’année 1916, après deux ans et demi de carnage, l’armée française était saignée à blanc. Le nombre total de soldats français tués au champ de bataille, morts des suites de leurs blessures, prisonniers ou portés disparus s’élevait à 1 300 000. Selon l’Etat-major de 1914, la guerre devait être une guerre de mouvement, rapidement conclue grâce à la « théorie de l’offensive ». Les premières attaques avaient ressemblé à celles du siècle précédent. Sur fond de musique militaire, drapeaux au vent, baïonnettes fixées, les soldats sont menés par des officiers gantés de blanc contre le feu dévastateur des mitrailleuses allemandes. « Dès que l’infanterie française avance, écrivait un officier britannique, elle est arrosée de shrapnels, et les malheureux fantassins sont abattus comme des lapins. Ils sont très braves et ne cessent de revenir à la charge à travers un feu d’enfer, mais sans succès. Leurs officiers sont splendides ; ils précèdent leurs troupes d’une vingtaine de mètres, aussi calmes qu’à la parade. Mais jusqu’à présent, je n’en ai pas vu un seul parcourir plus de cinquante mètres sans être abattu. »

 

 

- Effervescence

La bataille de la Marne, en septembre 1914, arrête enfin l’avance allemande. Mais alors commence l’enlisement dans l’horreur indescriptible de la guerre des tranchées. Au cours de l’année 1915, toutes les tentatives d’ouvrir une brèche dans les lignes adverses, ou de gagner du terrain à une échelle militairement significative, se soldent par un échec. L’année suivante, ni l’hécatombe de Verdun, en février, ni l’offensive de la Somme, en avril, ne débouchent sur une percée. Le général Nivelles, qui remplace Joffre, avait obstinément refusé d’abandonner son « plan » pour l’offensive de la Somme, et ce bien que les Allemands, au courant de ses moindres détails, aient ordonné un repli stratégique qui le rendait caduc. Le résultat fut une nouvelle débâcle. Le seul élément du plan qui s’est déroulé conformément aux prévisions, c’est le courage et l’élan des « poilus ». Agonisant dans des trous d’obus et dans les barbelés, trop d’hommes meurent pour rien, une fois de plus. Trois ans de combats, de terribles souffrances et de massacres n’ont abouti qu’à une nouvelle saignée de masse, pour quelques collines de l’Aisne. Dans le vaste désordre qui règne, le long du Chemin des Dames, les soldats, trahis par l’incompétence et le cynisme réactionnaire de leurs chefs, savent que les soldats russes ne veulent plus de la guerre impérialiste, que la révolution a éclaté, en Russie, et que le Tsar a été renversé. Dans l’armée française, aussi, la mutinerie est désormais dans l’air.

 

La première division d’infanterie coloniale avait la réputation d’être solide et obéissante. Elle avait souvent été à la pointe des assauts. Revenant du front, dans la nuit du 21 au 22 avril 1917, ce sont pourtant ces troupes qui s’écrient : « A bas la guerre ! On nous a fait assassiner ! » Averti des « symptômes d’effervescence » de ce genre, Nivelles ne veut rien entendre. Soucieux de sauver ce qui lui reste de sa crédibilité, il ordonne de nouveaux assauts futiles.

 

Une mutinerie éclate finalement le 29 avril, dans le 2e bataillon du 18e régiment d’infanterie. Lors de l’offensive ordonnée par Nivelles, à peine 200 des 600 membres du bataillon ont survécu. Cantonnés près de Soissons, ils ne parviennent pas à se remettre de cette expérience. Ils espèrent un transfert sur le front d’Alsace, un secteur relativement calme. Mais le 29, moins de deux semaines après le massacre, de nouveaux officiers qu’ils ne connaissaient et ne respectaient pas les informent qu’ils vont remonter en ligne. Ils se révoltent, scandent des mots d’ordre contre la guerre. On appelle alors une section de gendarmes, qui réussit à les mettre en ligne, et, à deux heures du matin, ils sont en route pour le front. En chemin, les gendarmes arrêtent plus ou moins arbitrairement une vingtaine de soldats, qu’ils considèrent comme des meneurs de la révolte. Une douzaine d’entre eux sont incarcérés. Un « conseil de guerre » composé d’officiers est mis en place. Il leur faut des condamnations « pour l’exemple ». Les prisonniers sont déportés en Guinée française, à l’exception du caporal Moulia et des soldats Cordonnier, Didier, Garrel et La Placette, qui sont condamnés à mort.

 

Les exécutions ont lieu quelques jours plus tard. Seul Moulia a survécu. Le 12 juin, alors qu’on le menait au peloton d’exécution, un tir de barrage déclenché par l’artillerie allemande s’abat sur le secteur. Profitant de la confusion, Moulia parvient à se cacher dans les bois. Vingt ans plus tard, sa présence sera signalée en Amérique du Sud.

 

 

- « A bas la guerre ! Mort aux responsables ! »

La mutinerie du 2e bataillon du 18e régiment a donc été réprimée rapidement et sévèrement. Mais elle n’était que la première d’une longue série de révoltes d’une bien plus grande ampleur. La mutinerie suivante éclata dans la 2e division coloniale, elle aussi cantonnée à Soissons, cinq jours à peine après celle du 2e bataillon. La 2e coloniale venait de mener trois attaques ruineuses. Pourtant, le 3 mai, elle reçoit l’ordre de se rassembler dans les quartiers dévastés, au nord de la ville, pour remonter au front, une fois de plus. Le camp de la division est inondé de tracts condamnant la guerre et appelant au renversement du système qui en est responsable.

 

Après tant de désastres, tant de morts, les troupes ne sont pas pressées de se mettre en rang. Sentant l’humeur récalcitrante des hommes, les officiers doivent adopter un ton circonspect, plus persuasif que directif. De nombreux soldats se présentent sans fusil. « Que se passe-t-il, les gars ? Où sont vos armes ? » D’abord une voix solitaire, au fond de la masse : « On ne marche pas, mon lieutenant ! » D’autres voix se lèvent. « A bas la guerre ! Mort aux responsables ! » Ils gardent une attitude respectueuse envers les officiers, obéissent aux ordres, mais refusent de monter au front, quoi qu’il arrive. La révolte éclate. Pratiquement tous les régiments de la division y participent. 200 soldats envahissent le quartier général du commandant divisionnaire, en criant « On ne marchera pas ! » Les officiers tentent en vain de reprendre le contrôle de la troupe. Mais partout, ils rencontrent la même situation. Les soldats sont prêts à défendre les tranchées, mais ne veulent pas participer à de nouvelles attaques, aussi futiles que meurtrières.

 

Finalement, dans la soirée, les régiments se forment et partent prendre place dans les tranchées, convaincus qu’ils ne doivent pas laisser les troupes en première ligne mourir sous le feu ou d’épuisement, faute de relève. En apparence, cette deuxième mutinerie, comme celle du 18e régiment, a été maîtrisée assez facilement. Mais comme l’écrit Richard M. Watt, l’auteur de Trahison ?, il y a une différence importante, entre les deux événements : « Il y avait [cette fois-ci] trop d’hommes à punir. Pour cette raison, les soldats comprirent – avec une intense satisfaction – que, désormais, ils pourraient tenir tête à leurs officiers, défier la froide et inexorable discipline plus ou moins impunément, et pourraient même refuser d’attaquer. Bref, les troupes elles-mêmes décideraient de leur vie ou de leur mort. Tout étonnés de cette simple vérité qu’ils avaient jusqu’alors ignorée, nos poilus allèrent de l’avant pour la partager avec toute l’armée. »

 

 

- Les mutineries de mai 1917 avaient comme trait commun de s’être produites, presque sans exception, dans des divisions d’infanterie.

Cela s’explique sans doute par le fait que l’infanterie avait souffert dans des proportions infiniment plus grandes que les divisions d’artillerie ou de cavalerie, aussi bien lors de la débâcle de l’offensive du général Nivelles que dans les autres épisodes du carnage impérialiste. A partir de juin, cependant, les révoltes prennent une ampleur sans précédent et s’étendent rapidement à pratiquement tous les corps de l’armée. Dès les premiers jours du mois, les trois régiments de la 9e division se soulèvent. « Nous ne monterons pas en ligne », disent les soldats. Ils menacent ouvertement de tirer sur les officiers qui s’aviseraient de les arrêter. « On veut bien garder les tranchées, mais on n’attaquera plus. C’est trop bête de marcher vers des mitrailleuses intactes. On en a assez de se faire tuer sur des barbelés. »

 

Les soldats commencent à tirer des conclusions politiques. Les « papillons » et autres feuilles de propagande semés dans les casernes et les tranchées, dont l’impact semblait jusqu’alors relativement limité, sont lus et commentés. « Si nous marchons quelque part, ce sera contre la Chambre des Députés ! » Nivelles s’inquiétait de cette politisation, comme l’indique, entre autres, un mémorandum adressé au Ministre de Guerre, Hubert Lyautey :

  • « Les tracts. – Depuis plus d’un an, des tracts, brochures, journaux pacifistes parviennent aux armées. On en découvre davantage en quinze jours qu’on n’en saisissait en trois mois, en 1916… Ils sèment le doute quant à la justice de la cause pour laquelle les soldats se battent. Ils font l’apologie de l’Allemagne, affirment l’impossibilité de la victoire, et prétendent que la paix seule résoudra les problèmes du charbon et de la vie chère. D’aucuns renferment les plus dangereuses indications et les pires conseils… Ces factums entament l’esprit d’offensive des combattants, les énervent, les découragent.
  • « Les réunions de permissionnaires. – Pendant leur permission, un certain nombre de soldats assistent à des réunions où, sous prétexte de traiter des questions corporatives, les chefs syndicalistes et anarchistes exposent des théories pacifistes. De retour aux tranchées, ils répètent à leurs camarades les arguments qu’ils ont entendus.
  • « Militaires en relations avec les meneurs. – Certains soldats restent en correspondance suivie avec les individus qui semblent conduire la propagande. Les lettres qu’ils leur adressent accusent réception de journaux, tracts, feuilles volantes qu’ils avouent avoir communiqués ou répandus…
  • « Propositions. – Il y aurait lieu de saisir les tracts dans les imprimeries qui les tirent, d’interdire les réunions où les discussions ne se limitent pas à des questions strictement professionnelles, de supprimer le journal révolutionnaire russe Natchalo, d’empêcher les menées de Sébastien Faure, Merrheim, Hubert et de la douzaine d’agitateurs qui les appuient, de briser la propagande pacifiste et d’exiger un travail normal dans les usines de guerre et les arsenaux. »

 

En effet, entre Paris et le front, le Ministère de la guerre considérait qu’il ne restait plus que deux divisions sur lesquelles l’Etat-major pouvait absolument compter. A Paris, des mouvements de grève rajoutaient à la panique qui s’installait dans les milieux gouvernementaux. Poincaré fut saisi d’horreur à la vue d’une manifestation d’ouvrières des fabriques de munitions, qui ont bruyamment terminé leur marche devant les fenêtres du Palais de l’Elysée.

 

 

- A Dormans, des soldats se soulèvent en scandant : « A bas la guerre et vive la révolution russe ! »

Incapables de comprendre leur propre responsabilité dans l’effondrement de l’armée, les généraux ne veulent y voir que l’œuvre de quelques « conspirateurs ». S’adressant au député Henri Gallichet, qui venait de témoigner d’une mutinerie à Soissons, le général Franchet D’Esperey assure qu’il existe « un véritable complot organisé qui tend à dissoudre toute discipline… Les meneurs étaient en relation à Paris avec des agents louches de désordre. L’enquête a démontré que les promoteurs de la rébellion projetaient de s’emparer d’une gare et de se faire transporter par chemin de fer à Paris pour y soulever la population contre la guerre. La révolution russe doit servir de modèle… Les troupes sont tenues en état de surexcitation continuelle par les journaux remplis de détails sur les évènements de Russie, par les relations d’incidents parlementaires hostiles aux généraux, par les exagérations pessimistes… Pourquoi ferme-t-on les yeux ? Pourquoi ne réprime-t-on pas ? Cela cessera ou nous n’aurons plus d’armée, et l’ennemi, en cinq jours, pourrait être devant Paris ! »

 

Le nombre de désertions augmente en flèche. Alors qu’à peine 509 désertions avaient été signalées, en 1914, puis 2 433 en 1915 et 8 924 en 1916, leur nombre s’élevait déjà aux alentours de 15 000 sur les six premiers mois de 1917.

 

L’une des mutineries les plus importantes a lieu à proximité de Cœuvres, à quelques kilomètres de Soissons, le 2 juin, dans le 310e régiment d’infanterie. Le 30 mai, un autre régiment est passé par Cœuvres – en route, semblait-il, pour le front. Mais il était évident que les soldats n’avaient pas l’intention de s’y rendre. Ils sont passés devant les hommes du 310e, en criant : « A bas la guerre ! Faites comme nous et la guerre s’arrêtera ! La liberté ou la mort ! » Finalement, le régiment en rébellion est chassé de Cœuvres par une troupe de cavalerie et de mitrailleurs. Mais l’incident laisse sa marque sur les hommes du 310e, désormais en ébullition. Ici et là, ils entonnent L’Internationale.

 

Le lendemain, ils reçoivent l’ordre de quitter Cœuvres. Mais ils refusent. Ils élisent des délégués chargés de maintenir une « discipline révolutionnaire » dans le régiment – suivant en cela, comme bien d’autres régiments français, l’exemple des « soviets de députés des soldats » élus dans les régiments russes. Ils tiennent ainsi pendant quatre jours, avant de se rendre. Les deux-tiers des hommes sont incarcérés près de Soissons. Une quinzaine d’entre eux est condamnée aux travaux forcés. Seize hommes sont condamnés à mort. Mais cela n’a pas mis fin à la révolte dans l’armée française. Dans la deuxième semaine de juin, le 298e régiment d’infanterie lance une insurrection, prend le contrôle du village de Missy-aux-Bois et y établit son propre « gouvernement révolutionnaire ».

 

Dans ses mémoires, Poincaré relate que les insurgés ont écrit des lettres collectives à leurs officiers. Ils y disent qu’ils ne remonteront plus au front et exigent la conclusion d’une « paix immédiate et honorable ». Lorsque les officiers rejettent leur démarche, les soldats les expulsent de Missy-aux-Bois. Des barricades sont érigées autour de la ville. La « discipline révolutionnaire » s’impose à tous. Le commandant élu par les insurgés publie une déclaration pour expliquer à la population locale que les soldats « ne sont ni des voleurs, ni des assassins ». Il interdit toute forme de pillage ou de vol.

 

L’Etat-major ne peut pas tolérer cette insurrection. Dans le contexte de juin 1917, elle risque de déclencher une insurrection générale des poilus. Les autorités militaires décident donc de la réprimer dans le sang, si nécessaire. Une division de cavalerie encercle les insurgés et les prive de nourriture. Au bout de trois jours, isolés et affamés, ils se rendent. Plusieurs soldats, considérés à tort ou à raison comme les « meneurs », seront sommairement exécutés.

 

Les mutineries de 1917 du front.... à La Courtine

- 1917 : la mutinerie des soldats russes à La Courtine

En décembre 1915, Paul Doumer, futur Président de la République, se rend à Petrograd, dans un Empire Russe chancelant. La guerre fait rage et l’armée française connaît une pénurie d’hommes : le haut fonctionnaire français vient demander au Tsar Nicolas II un soutien en soldats pour les envoyer au front. La France veut 40 000 hommes, qui seront armés et équipés par elle. Peu attaché à la vie de ses sujets, Nicolas II accepte.

 

Partis de Vladivostok, les soldats Russes débarquent à Marseille le 20 avril 1916. Ils sont acclamés en héros par la population française, qui voit en eux une relève inattendue et inespérée. Dès leur arrivée, ils sont envoyés au front.

 

Tenus isolés de leurs compatriotes civils, les soldats ne savent pas ce qui se passe chez eux. On ne les utilise que pour servir de chair à canon : pendant l’offensive Nivelle, quatre mille appelés russes sur vingt mille trouveront la mort. Cette tuerie marque un tournant : après elle, les mutineries se généraliseront aussi bien dans l’armée française que dans l’armée allemande et parmi les appelés russes. Pour couper court à une rébellion latente, les Russes sont envoyés dans les Vosges et en Haute-Marne. C’est alors qu’ils sont informés des bouleversements que connaît leur pays : la révolution russe est en marche. Depuis le renversement de la monarchie tsariste par une grève générale insurrectionnelle, en mars 1917, une situation de « double pouvoir » existe. D’un côté, le gouvernement officiel, dont Kerenski sera le Ministre de la Guerre à partir d’avril, avant d’en devenir le chef en juillet ; de l’autre, les ouvriers et les soldats russes organisés dans des soviets (assemblées), qui manifestent de plus en plus d’impatience à l’égard du gouvernement, dont ils attendent des mesures énergiques contre la guerre et ses conséquences dramatiques.

 

 

- Les soldats russes retenus en France veulent être partie prenante de ce bouleversement révolutionnaire

Suivant l’exemple des soviets russes, des comités sont créés par des appelés mais aussi par des civils russes exilés. Dans les Vosges, la revue de troupe du premier mai 1917 tourne à la manifestation : les gradés se retrouvent face à des drapeaux sur lesquels le mot « liberté » a été écrit. Ce n’est là qu’un premier mouvement de rébellion ; d’autres vont suivre et le Ministère de l’Intérieur, qui s’inquiète de la possible influence du contingent russe sur les troupes françaises, décide alors de les transférer dans un lieu le plus éloigné possible de tout contact avec les populations civile et militaire. Ils seront ainsi transférés dans la Creuse, au camp de La Courtine, qui avait servi auparavant de camp de prisonniers.

 

La première Brigade arrive fin juin à La Courtine, et la deuxième le 5 juillet. Pour rallier cette dernière à sa cause, la première brigade organise une grande réunion dans la nuit du 5 au 6 juillet. Avec des mots rageurs et passionnés, ils appellent leurs camarades à la désertion pour ne plus combattre en France et rentrer auprès des leurs : « Dès notre arrivée en France, on a considéré le soldat russe non comme un homme, mais comme un objet utile et n’ayant pour seule valeur que sa capacité au combat. Mais au premier combat, une partie d’entre nous perd cette valeur et suit le sort déplorable d’un fardeau inutile jeté dans les hôpitaux. Pour éviter cela, il faut s’unifier et catégoriquement refuser d’aller au front. [...] Nous exigeons qu’on nous renvoie en Russie, d’où nous avons été chassés par la volonté de Nicolas le sanglant. Là-bas nous serons du côté de la liberté, du côté du peuple laborieux et orphelin. »

 

Cependant, la seconde brigade hésite à les rejoindre ; tous ne sont pas encore acquis à la cause révolutionnaire et ont sûrement peur des représailles. Leurs supérieurs agiront à temps pour éviter un ralliement massif : le 8 juillet, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire Russe, craignant une mutinerie généralisée, décide de quitter le camp en compagnie de tous les officiers supérieurs et de dix mille hommes. Dix mille soldats « rebelles » restent donc seuls dans le camp. Pour la première fois, ils choisissent eux-mêmes leurs chefs. Après Baltaïs, qui négocie sans résultat avec les émissaires de Kerenski leur retour en Russie, c’est un Ukrainien, Globa, qui prend la tête des rebelles.

 

Pendant les négociations, les soldats aident la population dans ses travaux agricoles. Effrayé par l’influence des russes en pleine révolte sur la population locale, l’État-major français envoie début août trois mille soldats français encercler le camp. Les consignes sont strictes : utiliser la force en cas d’insubordination.

 

 

- A partir de là, la tragédie suit son cours inéluctable

Le 12 septembre, la population civile est évacuée. Le 14 septembre, le Général Commandant du Corps Expéditionnaire russe donne 48 heures aux mutins pour se rendre. Mais, le 16 septembre, aucun mutin ne s’y résout. Pendant que les musiciens jouent la Marseillaise et la Marche Funèbre de Chopin, les premiers obus atterrissent sur le camp, et les mutins se réfugient dans les casernes. Le lendemain, les coups de canons reprennent. Les redditions se multiplient, mais une centaine des plus déterminés, assiégés et bombardés, résiste. Enfin, le 19 septembre, les derniers mutins se rendent.

 

Le bilan officiel est de 9 morts chez les mutins. Le bilan officieux, établi par différents historiens, fait lui état d’au mLe bilan officiel est de 9 morts chez les mutins. Le bilan officieux, établi par différents historiens, fait lui état d’au moins une centaine de morts et de blessés. 81 meneurs seront incarcérés à l’Île d’Aix. Après la répression, il restera à La Courtine 7 500 soldats russes ne jouissant d’aucune liberté, et les comités seront dissous. « Libérés » sous réserve de travail forcé, ce n’est qu’en 1919 que ceux qui le désirent pourront rentrer chez eux en échange de prisonniers français.

 

Finalement, l’histoire aura laissé une ironie dans ces terribles évènements : venu jusqu’en Russie tsariste chercher des hommes à envoyer se faire massacrer en silence pour la cause impérialiste, le gouvernement français s’est trouvé avoir ramené sur son territoire des citoyens enthousiastes de la Russie révolutionnaire. De leur côté, Kerenski et son gouvernement ont payé leur lâcheté au prix fort. Quelques mois après avoir refusé le rapatriement aux mutins, le gouvernement de Kerenski s’est fait balayer par la nouvelle vague insurrectionnelle qui porta au pouvoir les soviets des travailleurs, soldats et paysans russes.

 

 

--------------------------------

 

 

Un rapport d'historiens, remis au ministre des Anciens combattants, préconise des pistes pour réintégrer dans la mémoire nationale ces soldats français.

 

Sources : Francetv info publié le

Certains ont refusé d'aller se battre. D'autres se sont mutinés. Un rapport d'historiens, remis mardi 1er octobre au ministre des Anciens combattants, Kader Arif, préconise des pistes pour réintégrer dans la mémoire nationale ces soldats français, souvent "fusillés pour l'exemple" par les leurs, entre 1914 et 1918. "On compte autour de 600 à 650 fusillés pour des faits relevant de la désobéissance militaire", recense ce rapport issu du groupe de travail animé par le président du Conseil scientifique de la Mission du Centenaire, Antoine Prost.

 

Cent ans après le début du premier conflit mondial, "un large consensus existe dans notre société pour estimer que la plupart n'étaient pas des lâches" mais de "bons soldats, qui avaient fait leur devoir et ne méritaient pas la mort", souligne le document. Ses auteurs rappellent le discours de Lionel Jospin, en 1998, à Craonne (Aisne), appelant à ce que ces soldats "plongés dans un désespoir sans fond [qui] refusèrent d'être des sacrifiés", réintègrent "notre mémoire collective nationale", ainsi que l'appel de Nicolas Sarkozy, dix ans plus tard à Verdun, défendant la mémoire des "fusillés pour l'exemple".

 

Le rapport avance en conclusion quatre scénarios possibles pour les pouvoirs publics. Les auteurs écartent les deux premières solutions, "ne rien faire" ou une "réhabilitation générale". La troisième solution, "la réhabilitation au cas par cas", constituerait une entreprise "très lourde", "d'un coût hors de proportion avec ses résultats probables". Les auteurs du rapport ne cachent pas leur préférence pour une quatrième solution : "une déclaration solennelle éventuellement renforcée d'un projet pédagogique". Mardi, le gouvernement a promis que ces soldats ne seraient pas des oubliés de l'histoire.

 

 

-----------------------------------------

 

Jean Luc Mélenchon Discours sur la guerre et la paix - 11 novembre 2013

 

 

- La Chanson de Craonne est une chanson antimilitariste écrite en 1917.

Elle a été écrite à partir de l'air de Bonsoir M'amour (Charles Sablon), chantée par Emma Liebel


Elle fut chantée par les soldats qui se sont mutinés (dans plus de soixante des cent divisions de l'armée française) après l'offensive très meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des Dames.


Cette chanson anonyme a sûrement plusieurs auteurs. Elle a continuellement évolué au cours de la guerre en fonction des lieux principaux de combat. Elle apparaît sous le nom de La Chanson de Lorette évoquant la bataille de Lorette à Ablain-Saint-Nazaire se déroulant entre octobre 1914 et octobre 1915. Ensuite, la chanson est transformée pour évoquer le plateau de Champagne au cours de l'automne 1915. En 1916, elle devient une chanson sur Verdun... plus de renseignements (dont les paroles retrancrites par Paul Vaillant Couturier)

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 10:00
L’agent orange continue de contaminer des milliers d’enfants au Vietnam

Entre 1961 et 1971, de 100 à 350 millions de litres de défoliant sont déversés par l’armée américaine sur le Sud- Vietnam, signant le premier écocide de l’histoire de l’humanité. Cinquante ans et 3 millions de morts plus tard, l’agent orange poursuit ses ravages sur les populations et sur l’écosystème du pays.

 

Sources : NEXUS par Alexis Kropotkine | modifié le 28/01/2021

- Le génocide continue

Plus de quarante trois ans après le départ des troupes d’occupation américaines, les conséquences sanitaires et écologiques des épandages massifs d’agent orange et autres « agents chimiques arc-en-ciel » sur les forêts primaires d’Asie du Sud-Est continuent leur œuvre délétère dans un silence médiatique et politique assourdissant. À l’occasion du 50e anniversaire de l’opération Ranch Hand, Nexus est revenu sur le premier écocide de l’histoire de l’humanité, un conflit chimique majeur dans lequel forces indépendantistes, écosystèmes et populations civiles ont été transformés en objectifs militaires indifférenciés. (…)

 

  • Visualisez la suite de ce dossier en format papier (PDF)......... ci-dessous 👇

 

----------------------------------

 

Monsanto partenaire de l’armée américaine

 

Sources : Combat Monsanto

- L’Agent Orange, désherbant ou arme chimique ?

Après les révélations sur la toxicité de la dioxine TCDD émise lors de la fabrication de l’herbicide 2,4,5-T, Monsanto ne remet pas en cause sa production et bien au contraire, elle entre en contact avec le Pentagone pour développer l’usage militaire de son herbicide … L’économie de guerre a toujours été une importante manne financière pour la poignée de firmes multinationales qui dominent le marché des produits chimiques. Les chercheurs de Monsanto entrevoient déjà les avantages de leur puissant herbicide en temps de guerre, car il permet l’éradication des cultures et donc d’affamer les armées et les populations ennemies.

 

Après des essais de l’herbicide réalisés en 1959 au Vietnam par l’armée américaine, celle-ci semble satisfaite puisque au bout de deux ans 90% des arbres et buissons ont été détruits sur les zones aspergées. Ces tests déclenchent le feu vert de l’ « Opération Ranch Hand » qui commence officiellement le 13 janvier 1962. Dans un premier temps le but de l’opération est de dégager les routes, les voies d’eau et les frontières du Sud Vietnam pour tracer un no-man’s land face aux VietCongs, et dans un second temps de détruire les récoltes censées approvisionner les « rebelles ».

 

De 1962 à 1971, on estime que 80 millions de litres de défoliant ont été déversés sur 3.3 millions d’hectares de forêts et de terres. Plus de 300 villages ont été contaminés et 60% des défoliants utilisés étaient de l’Agent Orange, représentant l’équivalent de quatre cents kilos de dioxine pure . Or, selon une études de l’université Columbia (New York) publiée en 2003, la dissolution de 80 grammes de dioxine dans un réseau d’eau potable pourrait éliminer une ville de 8 millions d’habitants… [1]

 

- Monsanto connaissait les dangers de la dioxine présente dans l’Agent Orange.

L’épandage massif de l’Agent Orange affectera pour longtemps les populations civiles vietnamiennes mais aussi les soldats américains qui ont été tout autant exposés à la dioxine sans précaution. De plus, Monsanto a délibérément caché à l’armée que son désherbant 2,4,5-T en version militaire, ou Agent Orange, contenait une plus grande concentration de résidu de dioxine TCDD que la version agricole commune. Un document interne déclassé de la firme Dow Chemicals, datant du 22 février 1965, relate une réunion secrète des principaux fournisseurs de l’ « Agent Orange » dont Monsanto pour « discuter des problèmes toxicologiques causés par la présence de certaines impuretés hautement toxiques » dans les échantillons de 2,4,5-T fournis à l’armée [2]. Dow voulait faire part d’une étude interne qui montrait que « des lapins exposés à la dioxine développaient de sévères lésions au foie. » La question abordée par les fournisseurs de 2,4,5-T était de savoir s’il fallait prévenir le gouvernement de la toxicité de l’agent orange. Gerson Smoger, l’avocat de nombreux vétérans de la guerre du Viêt-nam, déclare que « La réunion a eu lieu dans le plus grand secret.[...] La question était de savoir s’il fallait informer le gouvernement. Ainsi que le prouve un courrier, dont j’ai également une copie, Monsanto reprocha à Dow de vouloir lever le secret. Et le secret fut gardé pendant au moins quatre années, celles où les épandages d’agent orange atteignirent un pic au Viêt-nam… » [3]

 

Finalement en 1969, une étude rend publique la nocivité de l’herbicide 2,4,5-T, après que l’Institut National de la Santé américain eu révélé que des souris soumises à des doses importantes du désherbant développaient des malformations fœtales et mettaient au monde des bébés mort-nés. Le 15 avril 1970, le Secrétaire à l’Agriculture annonce une interdiction d’usage du 2,4,5-T en raison « du danger qu’il représente pour la santé ».

 

En 1971, l’armée interrompt l’opération Ranch Hand et l’épandage de l’Agent Orange, mais ses effets dévastateurs ont continué bien après, du fait de la persistance de la dioxine dans le sol, l’eau et la chaîne alimentaire et de son caractère bioaccumulateur. Le Vietnam estime que 150 000 enfants souffrent aujourd’hui de malformations dûes à l’Agent Orange et que 800 000 personnes sont malades…

 

 

- Les vétérans américains victimes de la dioxine.

 

 

En 1978, Paul Reutershan, un vétéran atteint d’un cancer de l’intestin, porte plainte contre les fabricants de l’Agent Orange, il sera vite rejoint par des milliers de vétérans du Vietnam atteint de divers symptômes, pour constituer la premiere "action de groupe" ou « class action » jamais intenté contre Monsanto. Cette affaire sera révélatrice des méthodes de la firme de St Louis lorsqu’il s’agit d’affronter la justice.

 

Pour obtenir gain de cause les vétérans doivent prouver qu’ils ont bien été contaminés par la dioxine présente dans l’Agent Orange lors de la guerre du Vietnam, et que cette dioxine TCDD est bien à l’origine de leurs maladies. Or pour sa défense, Monsanto répondra que la « dioxine est omniprésente dans la population américaine, l’environnement et les aliments… », ce qui est malheureusement vrai tant ce genre de pollution est répandue. Cependant les doses reçues par les vétérans sont bien supérieures aux doses que l’on peut ingérer dans un contexte normal, l’affaire n’est donc pas close.

 

Il faut ensuite prouver que la dioxine est un agent cancérigène par le biais d’études scientifiques qui doivent nécessairement porter sur le long terme, du fait du temps d’incubation du cancer. Monsanto possède ce genre d’étude depuis l’accident de Nitro en 1949, où plusieurs dizaines d’ouvriers furent exposés à la dioxine et qui furent suivis par le Dr Suskind. Pour prouver que la dioxine n’est pas cancérigène, Monsanto veut démontrer trente ans plus tard que les ouvriers exposés n’ont pas développé de pathologies particulières en comparaison à la population normale. C’est le Dr Roush, directeur médical de Monsanto, qui contrôlera le contenu des études de Monsanto publiées en 1980, 1983 et 1984. Comme l’on s’en doute les études de Monsanto concluront à l’absence de tout lien entre l’exposition au 2,4,5-T de l’Agent Orange et le cancer.

 

Les vétérans acceptent alors un réglement à l'amiable, et le 7 mai 1984 les fabricants de l’agent orange mettent sur la table 180 millions de dollars. Le juge ordonnera que 45.5% de la somme soit payée par Monsanto, en raison de la forte teneur en dioxine de son 2,4,5-T [4] C’est ainsi que 40000 vétérans recevront, selon les cas, une aide comprise entre 256 et 12800 dollars. L’affaire est close mais laisse un goût d’amertume dans la bouche des vétérans, qui doivent se contenter de dédommagements mineurs comparés aux frais de santé auxquels ils doivent faire face.

 

 

- La population civile vietnamienne toujours victimes de la contamination du territoire par la dioxine.

 

 

Comme nous l’avons vu plus haut, dans la définition scientifique de la dioxine, celle-ci est un agent tératogène qui favorise les malformations du fœtus. Cette caractéristique a profondément marquée l’opinion publique après les révélations sur les taux hautement anormaux de mortalité prénatal et postnatal au Vietnam dûs à des malformations rares et monstrueuses. C’est à Ho-Chi-Minh-Ville que l’on trouve la maternité de l’hôpital TU DU, la plus grande du pays. Les vietnamiens l’ont surnommé le « musée de horreur de la dioxine ». Dans la maternité, se trouve un laboratoire qui conserve tous les fœtus « monstrueux » dans du formol, on peut y voir des frères siamois partageant une seule tête disproportionnée, un tronc a deux têtes, des cas d’anencéphalie (absence de cerveau), de microcéphalie (petit cerveau), mais les mots scientifiques manquent pour décrire la plupart de ces anomalies génétiques.

 

La docteur Nguyen Thi Ngoc, aujourd’hui retraitée, s’occupe du « village de la paix », installé dans l’hôpital, qui représente l’un des douzes centres ouverts au Vietnam pour accueillir les enfants handicapés victimes de la dioxine de l’Agent Orange. Le docteur précise que la plupart des pensionnaires souffrent de problèmes neurologiques et d’anomalies organiques graves, certains sont alités car ils sont nés sans bras et sans jambes. D’après le docteur, les cas de malformations ont commencé à se multiplier depuis le milieu des années soixante, et continue encore aujourd’hui. En 2005, l’hôpital Tu Du a recensé 800 cas d’enfants nés avec des malformations, ce qui est largement supérieur à la moyenne internationale. Aujourd’hui, d’après les autorités vietnamiennes150.000 enfants souffrent de malformations supposément dûes la dioxine et 800.000 personnes sont malades.

 

Cependant, aucune responsabilité n’a encore été dégagée afin d’ouvrir des poursuites judiciaires et d’obtenir des dédommagements pour les victimes de la dioxine au Vietnam. Ces malformations ne sont tout simplement pas reconnues comme étant la conséquence d’une intoxication par la dioxine TCDD de l’agent orange. Pour l’heure, parmi les treize maladies reconnues par les Etats-Unis comme étant liées à la dioxine, une seule concerne une malformation congénitale. Un manque d’étude (« occidentales ») sur le long terme est une des lacunes dans la possibilité d’ouvrir un procès contre les responsables américains. Une des rares études disponibles est celle du Dr Hoang Trong Quynh et du Dr Arnold Scheter parue en 2003 [5]. Elle rapporte l’analyse du taux de dioxine chez des habitants vivant dans le village de Bien Hoa proche d’une ancienne base américaine utilisée pour les missions d’épandages de l’Agent Orange. Les résultats ont montré des taux de dioxine élevés, supérieurs à 5 parties par milliard (ppt), avec des pointes allant jusqu’à 413 ppt, y compris chez de jeunes enfants. Le taux moyen enregistré de dioxine chez les habitants des pays occidentaux est de 2ppt. De plus, certains échantillons de sols ou de sédiments prélevés dans la région de Bien Hoa, ont révélé des concentrations de TCDD exceptionnelles, supérieures à un million de ppt…Cependant aucune étude internationale n’a encore été menée afin de prouver définitivement le lien entre les malformations et l’agent orange.

 

Le 20 mars 2005, l’administration Bush annonçait l’annulation d’un programme de recherche binational entre les Etats-Unis et le Vietnam, qui devait porter sur la population vietnamienne et principalement sur le lien entre l’exposition à la dioxine et les malformations congénitales. Cette décision unilatérale signifie le report de toute possibilité d’action judiciaire contre les fabricants de l’Agent Orange, dont Monsanto.

 

 

- Et aujourd'hui, la lutte continue

C’est un événement historique. Une nouvelle étape pour la réparation du préjudice subi par les victimes de l’agent orange. Le procès intenté par Tran To Nga contre plusieurs multinationales agrochimiques s’est ouvert lundi 25 janvier au tribunal d’Evry dans l’Essonne. Sur le banc des accusés, des entreprises mondialement connues comme Bayer Monsanto et Dow Chemicals

 

Les conséquences humaines et environnementales de l’agent orange sont aujourd’hui encore très fortes, et les victimes vietnamiennes de cet herbicide n’ont jamais été indemnisées. Pour en parler, nous recevons au lendemain de l’ouverture du procès la plaignante et victime de l’agent orange Tran To Nga, la députée EELV Marie Toussaint très engagée sur le sujet, et un des trois avocats de la partie plaignante Bertrand Repolt.

Notes :

[1] D’après les estimations de Jane Mager Stellman, « The extent and patterns of usage of Agent Orange and other herbicides in Vietnam”, Nature, 17 avril 2003

[2] Le monde selon Monsanto, MM Robin, coedition La decouverte/Arte Ed.,2008, p60

[3] Le monde selon Monsanto, MM Robin, coedition La decouverte/Arte Ed.,2008, p60

[4] Peter SCHUK, Agent Orange on Trial. Mass Toxic Disasters in the Courts, Harvard University Press, Cambridge (Ma.), 1987, pp. 86-87 et 155-164. Monsanto a produit 29,5 % de l’agent orange utilisé au Viêt-nam, contre 28,6 % pour Dow Chemicals, mais certains de ses lots contenaient quarante-sept fois plus de dioxine que ceux de Dow.

[5] Arnold SCHEKTER, Hoang Trong QUYNH, Marian PAVUK, Olaf PÄPKE, Rainer MALISCH, John D. CONSTABLE, « Food as a source of dioxin exposure in the residents of Bien Hoa City, Vietnam », Journal of Occupational and Environmental Medicine, vol. 45, n° 8, août 2003, p. 781-788.

 

Pour en savoir plus :

- Au Vietnam, 36 ans après la guerre, l’agent orange tue encore

- Agent orange : en 2025 la guerre du Viêt Nam n’est pas finie

- Vietnam. Agent orange, les enfants du poison

- 2020 : Vietnam: la guerre n’est pas finie

- janvier 2021 : Les épandages de l'agent orange, un herbicide contenant de la dioxine, ont marqué le premier écocide historique, et ont eu de graves impacts sanitaires sur la population vietnamienne dont les jeunes générations subissent encore les conséquences.

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 16:32
Histoire du travail des enfants en France

"Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre
Qui produit l'argent en créant la misère
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil"
Victor Hugo

 

Sources : Les droits de l'enfant

Si les excès dans l’emploi de la main d'oeuvre juvénile amenèrent dès le début de l’ère industrielle moderne les premières protestations et les premières tentatives de codification des conditions de travail, force est de reconnaître que le travail des enfants n’est pas une spécialité du 19ème siècle et de la révolution industrielle, loin de là. C’est d’abord une tradition dans le monde rural et plus particulièrement paysan. A cette époque la durée de vie est suffisamment courte pour que l’adolescent soit vite considéré comme un adulte et l’enfant comme un adolescent.

 

Pendant des siècles, la plupart des enfants ont travaillé dès leur plus jeune âge. A la campagne, ils étaient employés aux travaux des champs. A la ville, ils aidaient leurs parents artisans. Le travail se faisait en famille et ils devenaient souvent ce qu'était leurs père : paysan, maçon, ouvrier... Ainsi, très jeunes, ils apprenaient le métier. Certains enfants, issus de familles nombreuses, étaient placés comme ouvriers dans des fermes ou chez des patrons.

 

  • Les premières traces historiques du travail des enfants remontent à 1572, époque à laquelle des enfants participent à l’exploitation minière dans les Vosges Saônoises.
  • Dès le 17ème siècle, les ramoneurs savoyards sont des enfants.
  • La manufacture textile de Sedan emploie les enfants dès l’âge de sept ans.
  • Dans la manufacture de Saint-Gobain, les enfants sont nombreux : quarante âgés de sept à douze ans en 1780; ils transportent les copeaux, les tuiles, la terre dans des paniers.
  • Dans la région de Tourcoing, en 1790, sur 8.000 personnes employés dans la filature, 3.000 sont des enfants ; dans cette ville du peignage de la laine, il arrive que des enfants se noient dans les fosses où l’on lave la laine.
  • Le règlement intérieur de la papeterie MONTGOLFIER à Annonay, en 1785, stipule que "parmi les ouvrages de la fabrication, il y en a où les enfants en très bas âge peuvent être occupés; les pères et les mères auront soin d’y faire travailler leurs enfants".

 

Au début des années 1840, on aurait compté jusqu’à 143.000 enfants dans la grande industrie, dont 93.000 dans le seul secteur textile.

 

 

- Travail des enfants en usine

  • Le 19ème siècle et la révolution industrielle

Travail des enfants en usine (photo : DR)Au 19ème siècle, l'enfant semble exercer une fascination distante. On rencontre aussi bien l'être gracieux et conventionnel, le malheureux abandonné dans les cloaques putrides que les avatars de l'enfant sauvage. On discerne bien, dans nombre de domaines, une multiplication des indices : l'enfant maltraité, tyrannisé et molesté allant du Petit Chose à Poil de Carotte, emplit timidement la littérature ; les enquêteurs sociaux, arpentant les strates de la société, découvrent le travail des enfants et donnent des descriptions hallucinées qui pousseront le législateur à intervenir ; à la fin des années 1870, tandis que la criminologie prend son essor et invente le "criminel-né ", l'enfant suscite un regain d'intérêt, il est surveillé avec plus d'intensité, car dès sa naissance il représente une menace virtuelle. Mais, c'est Victor Hugo qui impose en 1853 la vision de l'enfant mort, victime expiatoire de la violence politique ; puis, dix ans plus tard, il donne le spectacle du massacre de Gavroche.

 

En 1840, les femmes et les enfants représentaient 75% de la main-d'œuvre textile. Ajoutons à cela, qu'au 19ème siècle, 150 millions d'enfants dans le mon- de exerçaient une activité professionnelle à temps complet et 100 millions à temps partiel. Il est donc compréhensible que le 19ème siècle soit qualifié de siècle noir en matière d'exploitation enfantine. Au XIX siècle, le développement prodigieux des machines, l'apparition de nouvelles techniques et l'extension rapide du chemin de fer entraînent des changements très importants en France. L'utilisation de la machine à vapeur se généralise dans tous les domaines d'activités : moissonneuses, machines-outils, trains, bateaux, pompes, métiers à tisser...

 

Pour répondre à cette demande très forte de construction de machines, la métallurgie se développe rapidement à partir de 1820, la consommation de minerai de charbon et de fer augmente.
Des centres industriels faisant appel à une main-d’œuvre importante apparaissent. Les ouvriers y sont regroupés dans de grandes usines. Parallèlement à cette évolution, les petits ateliers familiaux commencent à disparaître.
Les historiens appellent cette période la "révolution industrielle".

 

  • Des enfants dans les mines

Pendant longtemps, jusque vers 1880, les enfants ont travaillé dans les mines. Leur petite taille leur permettait de se glisser dans les galeries les plus étroites. Ils poussaient des wagonnets remplis de charbon, au risque de se faire écraser quand, à bout de force, ils ne pouvaient plus retenir la lourde charge. Ils subissaient les mêmes risques que les adultes et vivaient dans des conditions effroyables, parfois dès l'âge de six ans. C'est ainsi qu'à Béthune, en 1861, lors d'un accident dans la mine, sur dix-huit morts, on compta sept enfants dont certains avaient juste neuf ans.

 

  • Des journées de 15 heures

Les conditions de travail sont très pénibles pour tous. Beaucoup d'enfants font partie d'équipes d'adultes ; ils sont soumis aux mêmes horaires et ne sont pas mieux traités.
Dans les mines de charbon, la durée de travail est habituellement de onze à douze heures ; elle va jusqu'à quatorze heures et, très fréquemment, on fait une double journée, si bien que l'ensemble des travailleurs reste sous terre en activité vingt-quatre heures, assez souvent même, trente-six heures d'affilé.

 

  • A l'usine dès l'âge de 8 ans

Au 19ème siècle, les usines étant de plus en plus mécanisées, de nombreux postes de travail sont occupés par des manœuvres sans qualification. dès l'âge de 8 ou 9 ans, les enfants sont employés à ces travaux qu'aucune machine ne peut exécuter à cette époque. Les patrons encouragent le travail des enfants. Leur habilité et leur petite taille sont bien utiles pour certaines tâches. Et surtout, un adulte effectuant un travail similaire doit être payé trois à quatre fois plus. Bien souvent, comme leurs salaires ne sont pas suffisant pour vivre, les parents eux-mêmes font embaucher leurs enfants par l'usine.

 

  • Les enfants sont moins payés que les adultes

Travail des enfants dans une usine (photo : DR)Le salaire des adultes est nivelé vers le bas par la présence des enfants dans les usines.
Le salaire d'un enfant varie en effet entre 5 centimes et deux francs alors qu'un adulte gagne 2 francs par jour, une femme, un franc et un enfant 45 centimes pour les moins de 12 ans, 75 centimes entre 13 et 16 ans.
À Mulhouse en 1835 le pain coûte de 12 à 15 centimes la livre, la viande de bœuf 45 centimes la livre, le lait 15 centimes.


Les patrons dominateurs et paternalistes n'hésitent pas à confier aux enfants des tâches ingrates.
La transformation des industries permet la création d'emplois de complément qui ne réclament ni force physique ni qualification mais plutôt une habilité et des facilités enfantines.
L'apport d'un salaire d'appoint pour la famille explique l'attitude conciliante des parents.

 

  • Le nombre d'enfants au travail au 19ème siècle

Les opinions divergent sur ce point. Certains historiens estime que les enquêtes réalisées au 19ème siècle amplifient grandement le phénomène, d'autres historiens (les marxistes par exemple) pensent le contraire. Entre 1840 ET 1850, selon une enquête réalisée dans 63 départements et dans des entreprises de plus de 10 salariés, il y avait 131 000 enfants travailleurs pour 670 000 hommes et 254 000 femmes. Pendant la même période, selon le recensement de la statistique générale de France, il y avait 143 665 enfants travailleurs dans la grande industrie  dont 93 000 dans  le seul  secteur du  textile pour  une main  d'œuvre totale de 1 055 000 ouvriers.

 

En 1868, un nouveau recensement donne un total de 99 212 enfants concernés par la loi de 1841 (voir ci-dessous) : 5 005 entre 8 et 10 ans, 17 471 entre 10 et 12 ans, 77 000 entre 12 et 16 ans auquel il faut ajouter 26 503 enfants qui ne sont pas concernés par la loi (parce qu'employés dans des ateliers de moins de 10 ouvriers). Au total, il y aurait à cette date 125 715 enfants travailleurs pour 1,1 million d'ouvriers. En 1896, par rapport la population active, les moins de 15 ans sont 3,1 % et les 15-19 ans 9,8 % à travailler.
Il semble donc que le nombre d'enfants au travail ait été en chute constante durant le siècle. Tendance qui s'explique par la mécanisation, la dépression économique de la fin du siècle (à partir de 1873) et les lois sociales même si elles sont difficilement appliquées.

 

  • Où travaillent les enfants ?

Le textile dévore les enfants. Dans les filatures, l'agilité, la souplesse, la petite taille des enfants sont utilisées par exemple pour attacher les fils brisés sous les métiers à tisser en marche, nettoyer les bobines encrassées, ramasser les fils de coton. Les enfants sont aussi chargés de surveiller les machines (ils doivent alors rester jusqu'à 16 heures debout), de travailler à la machine à dévider (ils sont alors assis sur des tabourets trop hauts pour eux afin de les empêcher de relâcher leurs efforts).


Les mines, les usines métallurgiques accueillent également des enfants : manœuvres, ils descendent dans les galeries plus étroites où ils peuvent se tenir debout et pousser des chariots.
Dans les petites industries, les enfants échappent à la législation. L'exploitation y est donc plus dure qu'ailleurs. Toujours dans le secteur du textile, la dentelle des campagnes de Bayeux à Cherbourg où les petites filles de 4-5 ans sont exploitées ; les filatures de soie de Jujurieux dans l'Ain exclusivement féminines où des adolescentes de 13-18 ans évoluent ; dans les fabriques de toiles d'Oberkampf ; dans le chiffon parisien, la verrerie, l'impression, les petits métiers...

 

À la campagne, les métiers se sont diversifiés et les séjours dans les ateliers alternent avec d'autres activités. Le travail est alors pénible par la durée et la difficulté des tâches à accomplir.

 

  • Des premières voix se font entendre contre le travail des enfants

C'est seulement en 1840 que les premiers débats sur le travail des enfants s'amorcent autour d'un projet de loi présenté par le Baron DUPIN Les députés et sénateurs débattent âprement de ce projet destiné à limiter le travail excessif des enfants. Pendant de longues séances, les élus vont s’interroger sur les retombées économiques de cette initiative. Peut-on les faire entrer aux filatures à huit ans révolus seulement, ne les faire travailler que quarante-huit heures par semaine, et veiller à ce qu’ils aient deux heures d’enseignement primaire par jour ?


Les opposants à la réforme s’inquiètent au nom de la liberté de l’industrie et du droit du père à " diriger l’éducation de ses enfants, choisir leurs travaux, préparer leurs travaux". Les partisans de la réforme évoquent les rapports accablants du Docteur VILLERME et d’autres enquêteurs sociaux qui ont longuement visité les mines et manufactures françaises de cette première moitié du XIXème siècle. Ils dépeignent les "misérables créatures hébétées par un inconcevable excès de travail, et réduites à l’état des machines dont elles ne sont plus que les accessoires obligés". Les chiffres des recensements des jeunes gens éclopés et difformes qui arrivent au service militaire, en provenance des départements très manufacturiers, sont indiqués : 9.930 pour 10.000 contre 4.029 dans les départements très agricoles. Mais, plus que les considérations sanitaires et morales, c’est l’exemple britannique qui pèsera ; en effet, depuis 1802, le Parlement Anglais a commencé à mettre un terme aux "cruels abus" de ce genre.


L’opinion publique n’était pas unanime non plus pour dénoncer ces abus ; la preuve en est que, quelques années plus tard, Jules SIMON pour avoir écrit un ouvrage intitulé "l’ouvrier de huit ans" dans lequel il s’élevait contre ces faits se voyait accusé de vouloir ruiner l’industrie française, en particulier dans les textiles où l’on disait ne pouvoir réduire le temps de travail de l’enfant puisqu’il était calqué sur celui des ouvriers plus âgés. Cette résistance à toute amélioration de la situation des enfants est mise en évidence par la multiplicité des textes législatifs qui vont se succéder et par la modestie de leurs portée.

 

  • Le lien entre le travail des enfants et la scolarisation

Travail des enfants en usine (photo DR) L’évolution historique du travail des jeunes reste lié à celle de la scolarité obligatoire. Instituée en 1874, la gratuité de l’enseignement primaire fût votée le 16 juin 1881, et le 26 mars 1882, la loi de Jules FERRY établit l’enseignement laïc obligatoire. Cette loi fût renforcée en 1892, les enfants ne pouvant être admis au travail avant douze ou treize ans pour les titulaires du certificat d’étude. La limitation de l’âge d’embauche sera porté à seize ans en 1959, ordonnance entrée en vigueur le 1er juillet 1967.


L'enseignement technique et professionnel émerge avec l'introduction d'ateliers dans les écoles sous l'intitulé : "science d'application à l'industrie" ; c'est un échec. En 1880, des écoles manuelles d'apprentissages sont en place.


Il existe d'autre moyens pour les enfants de s'instruire :
- Cours privés
- Cours du soir pris en charge par les frères
- Écoles de fabriques (Schneider au Creusot)
- Écoles municipales (école de tissage de la Croix Rousse à Lyon)
Reste que 90 % des enfants d'ouvriers n'ont aucun accès à l'éducation. La bourgeoisie se réserve l'accès aux lycées fondés par Napoléon, dans les collèges royaux comme Louis Le Grand. Les études de droit ou de médecine terminent un cursus réussi.

 

Cependant la prise en charge patronale "du berceau à la tombe" bouche les perspectives. A Monceau les Mines, par exemple, la règle est de conduire l'adolescent le jour même où se termine sa scolarité chez l'ingénieur des houillères.

 

  • Les premiers textes de loi

C’est dans ce contexte que fût enfin votée le 22 mars 1841 la loi limitant l’âge d’admission dans les entreprises à huit ans, mais uniquement dans les entreprises occupant plus de vingt ouvriers.


A Mulhouse, en 1845, si les enfants de moins de douze ans ont disparu des filatures de coton, ceux de douze à seize ans travaillent douze à treize heures par jour. Ailleurs on en trouve de huit à neuf ans souvent à la machine à dévider, sur des tabourets trop hauts pour les empêcher de relâcher leurs efforts. Dans l’impression, on en trouve à partir de huit ans travaillant neuf à onze heures.


En 1851, apparaît la loi limitant la durée du travail à dix heures au-dessous de quatorze ans, et à douze heures entre quatorze et seize ans. En 1874, la limitation de l’âge d’admission à l’embauche sera fixée à douze ans; le travail de nuit sera interdit et le repos du dimanche deviendra obligatoire pour les ouvriers âgés de moins de seize ans. Cette protection était bien sûr insuffisante mais elle avait le mérite d’avoir posé le problème et d’exister puisqu’il faudra attendre cinquante ans pour voir un texte destiné à protéger les femmes (1892), ou pour voir une allusion au travail de l’adulte (1893).

 

  • D'autres voient le jour dès le début du XXème siècle

Des mesures efficaces concernant la protection des jeunes au travail ne seront promulguées qu’à partir de 1905. La loi du 7 décembre 1926 interdit l’affectation des enfants aux travaux dangereux, insalubres, où ils seraient exposés à " des émanations préjudiciables pour leur santé".


La liste des travaux interdits aux enfants (et aux femmes) avait déjà fait l’objet du décret du 21 mars 1914, qui sera successivement modifié en 1926, 1930, et 1945 ; ce décret comporte un tableau "B" énumérant les travaux interdits aux enfants, et un tableau "C " qui constitue la liste de 125 établissements ou ateliers auxquels les enfants (et les femmes) n’auront accès que sous certaines conditions, notamment d’âge pour les mineurs de quatorze à dix-huit ans. Ce dernier texte, désuet, sera remplacé par le décret du 19 juillet 1958, relatif aux travaux dangereux pour les enfants et les femmes.

 

Pour en savoir plus :

- le travail des enfants en France

- le travail des enfants en France à l'heure actuelle

- "Le monde du travail en France 1800-1950" de Alain DEWERPE

- "Des enfants du XVIème au XVIIIème siècle" de Karine DELORBE

- Le travail des enfants au XIXe siècle

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 11:59
17 octobre 1961 : « Ici on noie les Algériens »

28 mars 2024 : malgré les tentatives de l’extrême-droite, nostalgique de l’Algérie française et héritière de l’OAS,  l'Assemblée nationale reconnaît enfin et condamne le massacre des Algériens du 17 octobre 1961[2] .

 

 

Ce jour-là, des dizaines d’Algériens ont été noyés dans la Seine ou massacrés par la police française à Paris. C’est un devoir de justice de ne pas l’oublier.

Le 17 octobre 1961 alors que la guerre d’Algérie touche à sa fin, le FLN appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Paris pour dénoncer le couvre-feu raciste imposé quelques jours plus tôt aux Algériens et par extension à tous les Maghrébins (obligation d’être sans cesse isolé, et interdiction aux travailleurs algériens de sortir de 20h30 à 5h30, les cafés tenus par des musulmans doivent fermer à 19h...). Cette manifestation rassemble environ 30.000 personnes.

Redoutant d’être débordés, CRS et policiers frappent durement. Le premier bilan, dressé dans la nuit, fait état de 2 tués et de 64 blessés parmi les Algériens, de 13 blessés côté maintien de l’ordre. Dans les heures qui suivent, 11 538 Algériens sont arrêtés puis rassemblés au Palais des sports, en attendant d’être expulsés vers leur « douar d’origine »

C’est Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur, qui confie une mission à un magistrat du Conseil d’État, d’une indiscutable intégrité, Dieudonné Mandelkern, assisté par trois historiens, pour dépouiller les archives policières.. le bilan 38 morts et 266 blessés... 48 selon un autre rapport demandé par Guigou, 98 morts selon les recherches de l'historien Benjamin Stora[1].

Source : al Kanz | mis à jour le 28/03/2024

Le 17 octobre 1961, le préfet Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde durant le régime de Vichy et à ce titre organisateur de la déportation de 1 690 juifs, commandita le massacre de 300 Algériens (NDLR sur la réalité du nombre de victimes)[1].

 

Obéissant à Papon, comme en 40, des policiers réprimèrent dans le sang une manifestation pacifique. Une gigantesque rafle accompagna le massacre : « le 17 octobre 1961, en plus du massacre perpétré dans les rues de Paris, la préfecture de police a planifié l’incarcération d’au moins 11 538 personnes d’origine algérienne – et 12 520 au plus, en recoupant différentes sources documentaires de l’administration », rappelait en octobre 2010 feu Owni, site d’excellente facture, dans un dossier consacré à cette "honte française".

 

Aujourd’hui, à l’initiative de l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, une plaque commémorative rappelle qu’en 1961 on noya ici des Algériens.

17 octobre 1961 : « Ici on noie les Algériens »

Aussi infâme que cela puisse être, cette initiative nécessaire pour panser les blessures et apaiser coeurs et mémoires fut dénoncée par la droite parisienne, qui « estima, par la voix de Claude Goasguen, que ce geste est une +provocation+ », rapporta alors Le Monde, l'Humanité pour sa part présentant l’agenda des commémorations.

 

Il a fallu attendre 2012 pour que le Sénat six jours après la déclaration de François Hollande rompant le silence officiel sur la "répression sanglante" de la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961 adopte une résolution, proposée par le groupe communiste, demandant que "la France reconnaisse ces faits", texte adopté par 174 voix pour, et 168 contre.

 

D’aucuns continuent aujourd’hui encore de plaider pour une négation de ces tragiques événements.

 

 

- A l'occasion du 51 ème  anniversaire du 17 octobre 1961, a été publié ce témoignage  d'un soldat français qui revenait de la guerre d'Algérie.

 

- Discours d’Eric Coquerel, député France insoumise de la 1ère circonscription de la Seine-Saint-Denis, lors de l’inauguration de la plaque commémorative en hommage aux victimes du 17 octobre 1961, à Saint-Ouen.

 

17 octobre 1961 : « Ici on noie les Algériens »

Note :

[1les chiffres du nombre de victimes 

[228 mars 2024 : l'Assemblée nationale reconnaît enfin et condamne le massacre des Algériens du 17 octobre 1961.

 

Pour en savoir plus :

- Ce que l’Humanité publiait en octobre 1961

- 17 octobre 1961 : "Ce massacre a été occulté de la mémoire collective"

- 17 octobre 1961, un crime d’État oublié. Tribune de Mouloud Aounit, président d’Honneur du MRAP, et Madjid Si Hocine, animateur du collectif l’Égalité d’abord !

- 17 octobre 1961: pour Macron, c'est un « crime inexcusable », mais pas « un crime d’Etat »

17 octobre 1961, un crime d’État oublié. Tribune de Mouloud Aounit, président d’Honneur du MRAP, et Madjid Si Hocine, animateur du collectif l’Égalité d’abord ! - See more at: http://www.humanite.fr/17-octobre-1961-17-octobre-2011-lagenda-des-commemorations#sthash.lnVcARfs.dpuf
17 octobre 1961, un crime d’État oublié. Tribune de Mouloud Aounit, président d’Honneur du MRAP, et Madjid Si Hocine, animateur du collectif l’Égalité d’abord ! - See more at: http://www.humanite.fr/17-octobre-1961-17-octobre-2011-lagenda-des-commemorations#sthash.lnVcARfs.dpuf

- Le Sénat reconnaît la répression du 17 octobre 1961

- Le massacre du 17 octobre 1961 à Paris : « ici on noie les Algériens ! »

 

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 10:00
Barbarie disent-ils…

« Chaque fois qu’un homme a fait triompher la diginité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte »
Peau noire, masques blancs

 

Source : Fondation Frantz Fanon lundi 29 septembre 2014

Les décapitations filmées d’otages occidentaux en Irak et d’un randonneur français en Algérie suscitent légitimement un sentiment d’horreur et une condamnation unanime et sans appel. Ces assassinats insensés ne peuvent être le fait que de criminels pervers au service d’une idéologie déviante. Ces mises en scène macabres viennent à la suite d’images tout aussi insoutenables montrant des exécutions de masse d’hommes désarmés. L’émotion produite par ce théâtre de la cruauté est cependant froidement manipulée par des médias et des relais politiques en Occident. La qualification sans cesse reprise de « barbaries », perpétrées par des « barbares », répond à la volonté de déshumaniser les auteurs de ces atrocités. Hors du limès de la Civilisation, ils ne relèvent plus du droit commun et ne sont plus passibles des lois ordinaires. Il s’agit pour la propagande blanche, conforme à ses usages établis et ses traditions éprouvées, de dénoncer l’irréductible barbarie de « l’autre » présenté comme totalité indistincte pour mieux soumettre ou exterminer, au-delà des criminels, toute une société. Ou comme dans les cas de l’Irak et de la Syrie de détruire des Etats.

 

Ces assassinats médiatiques sont représentés par les organes de propagande comme des actes irrationnels d’une radicale altérité, quasiment non-humaine. Mais bien davantage, des échelles du Levant à celles de Barbarie, ces atrocités seraient inhérentes à une sphère ethnico-religieuse, l’Islam, qui malgré des nuances langagières, reste intrinsèquement dangereuse, quasi-incompréhensible et systématiquement opposée à un Occident dont, par essence et définition, les valeurs humanistes sont définitivement supérieures à toutes les autres.

 

Dans un amalgame éhonté mais clairement assumé, les musulmans d’ici et d’ailleurs, suspectés de connivence « culturelle » avec les assassins, sont sommés par des policiers de la pensée de se désolidariser publiquement de ces crimes. Il leur est enjoint d’approuver la nouvelle guerre moyen-orientale de l’Occident et les bombardements « vengeurs » décidés par la Civilisation.

Ces arguments d’une propagande essentialiste visant à diaboliser des communautés toutes entières sont odieux et totalement ineptes. Cette propagande de stigmatisation et de culpabilisation est d’autant plus inacceptable que ces journalistes-procureurs seraient particulièrement bien placés, s’ils faisaient leur métier, pour évoquer, en spécialistes, la sauvagerie systématique et des exactions d’une ampleur sanguinaire inouïe de ceux dont les armes se tournent contre les populations arabo-musulmanes depuis des décennies.

 

Ces journalistes, qui martèlent le mot de barbarie, qu’ont-ils écrit sur les centaines de milliers de morts civiles en Irak, sur le recours au phosphore blanc et aux munitions à l’uranium appauvri contre des populations civiles ? Qui parmi ces parangons de la Civilisation a évoqué le sort de ces dizaines d’enfants mal formés à Falloujah et ailleurs du fait de l’utilisation d’armes interdites ?

 

A-t-on entendu des cris d’indignation de la part de cette presse au garde-à-vous, lorsque la très civilisée Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’état américaine, justifiait la mort de cinq cent mille enfants irakiens ? Qui de cette presse ou de ces chaines de télévision s’est insurgé devant le fait que dans ce pays des droits de l’homme des criminels au moins aussi sadiques que ceux de l’Etat Islamique puissent mourir dans leurs lits grâce aux amnisties et à l’amnésie d’Etat ?

Mais il n’est nul besoin de remonter aux guerres coloniales au nom des « Lumières » de la génération précédente pour reconnaitre une même sauvagerie contemporaine, tout aussi indécente, qui se drape des valeurs de la Démocratie et des Droits de l’Homme. Barack Obama, prix Nobel de la paix, peut ainsi mener sept guerres depuis qu’il a reçu cette distinction qui a définitivement perdu toute signification morale. Qui parmi ces médias évoque les dizaines de milliers de victimes innocentes des frappes de drones à travers le monde ? La mort, sous les missiles guidés et les bombes « intelligentes », de cinq cent enfants de Ghaza n’est -elle pas une « barbarie » ? Tout comme les bombardements d’écoles gérées par les Nations Unies seraient tout au plus les dégâts collatéraux de frappes chirurgicales. Il est vrai que sans images et ensevelis sous la mystification et le silence complice des journalistes de l’infotainment, les dizaines de milliers de morts des guerres asymétriques n’existent pas. Pures statistiques, les cadavres déchiquetés de pauvres et de désarmés ne suscitent aucune émotion.

 

Il n’est donc nul besoin d’effectuer de minutieuses recherches pour découvrir que la réalité de la « barbarie » est fort différente de ce que cette presse en battle-dress veut faire accroire. On ne tentera pas non plus d’établir ici la généalogie politique de l’Islamisme fanatique fabriqué par les monarchies du Golfe et armé par l’Occident. Qui se souvient des missiles français Milan, des armes anglaises et américaines généreusement fournis aux « moudjahidine » afghans, hier freedom-fighters et aujourd’hui talibans extrémistes ?

Les mises en scène d’assassinats abjects dans des circonstances horribles par des psychopathes apolitiques ne peuvent, en aucun cas, servir de prétexte à des manipulations haineuses. Le discours sur la barbarie asséné par les relais de propagande, destiné à désigner de faux ennemis intérieurs, vise à faire taire ceux parmi les musulmans en Europe qui dénoncent les aventures guerrières au Moyen-Orient. A faire oublier ceux commis par les alliés de l’Occident. Et également, en jouant sur la peur à jeter en pâture des minorités visibles « d’apparence musulmane » à une opinion matraquée que l’on cherche à conditionner depuis des années. Ces gesticulations autour d’une soi-disant barbarie musulmane ne parviennent pas à masquer la vérité sanglante d’un Occident colonialiste hier, impérialiste aujourd’hui, qui assume sans discontinuer depuis le dix-neuvième siècle ses guerres éminemment civilisées et très sanguinaires dans le monde arabo-musulman. Les criminels de l’Etat Islamique ont été à bonne école.

 

Dans le dispositif éprouvé de préparation psychologique, la barbarie de l’autre est la justification ultime de la guerre. Or, les « guerres » éternelles contre le terrorisme, engagées depuis des dizaines d’années, loin d’avoir endigué le phénomène, l’ont généralisé et complexifié. Il ne fait guère de doute, à la lumière de l’expérience, que le refus d’approches politiques et la fascination pour la guerre manifestée par les dirigeants occidentaux, outre une dangereuse régression du droit international, ne produira qu’un surcroit de subversion.

 

Les premiers et les pires barbares sont parmi nous.

 

 

 

 

Pour en savoir plus sur le même sujet :

- 16/18 septembre 1982... le "massacre évitable" de Sabra et Chatila

- Le 8 Mai 1945, c'est aussi..... le Massacre de Sétif !

- Quand l’Europe chrétienne colonialiste, France et Espagne en tête, donnait des leçons de décapitation et de barbarie aux musulmans

Partager cet article
Repost0
24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 09:51
Marcel Paul, Ambroise Croizat. Chemins croisés d’innovation sociale.

Sources : le blog de michel Etievent

  • Marcel Paul. Etat civil : « enfant trouvé ». Raison sociale : ministre de la production industrielle à la Libération.
  • Ambroise Croizat. Etat civil : « fils de manœuvre ». Raison sociale : ministre du travail et de la sécurité sociale de 1945 à 1947.

 

Au fil de cet ouvrage, Michel Etiévent, historien, retrace entre documents inédits, les parcours féconds de Marcel Paul et d’Ambroise Croizat, deux personnages essentiels du vingtième siècle qui ont consacré leurs vies à l’invention sociale. Il suit l’extraordinaire chemin de Marcel Paul, enfant abandonné sur un banc, tour à tour secrétaire général de la fédération CGT de l’Energie, ministre communiste de la production industrielle du Général de Gaulle à Libération. Entre luttes, résistance, déportation, l’homme forge les plus grands acquis du siècle. Du conseiller de Paris, père des secours d’urgence et des crèches, au fondateur d’EDF-GDF et du statut des électriciens et gaziers, c’est une vie entière vouée à l’innovation sociale.

 

A ce chemin s’enchevêtre celui d’Ambroise Croizat, secrétaire de la Fédération CGT des métaux, député de Paris, ministre communiste du travail à la Libération. Bâtisseur de la sécurité sociale, créateur de la retraite pour tous, il laisse un héritage impressionnant : médecine du travail, comités d’entreprises, conventions collectives…Michel Etiévent entrelace les parcours de ces deux complices de luttes qui forgèrent ensemble ce qui fonde aujourd’hui l’identité sociale de notre pays. Avec ces biographies croisées, il nous livre le passionnant roman de deux hommes qui ont su donner au siècle le goût de la solidarité et de la dignité. Un livre brûlant d’actualité…

 

 

- Extrait article Laurent Etre "Humanité" 8 novembre 2008

"Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès" . ’est par ces mots qu’Ambroize Croizat, ministre du travail et de la Sécurité social de 1945 à 1947, infatigable militant de la dignité humaine et du monde du travail, acheva son dernier discours à l’assemblée nationale le 24 octobre 1950...

"je ne vous paie pas pour que vous m’indiquiez les articles du code m’interdisant de réformer, mais pour y trouver ceux qui vont me le permettre" lance Marcel Paul quelques années plus tôt, un jour de 1946, aux juriste de son ministère de la production industrielle.

Le "fils de manoeuvre" Croizat et Marcel Paul le "pitau" du nom que l’on donnait à l’aube du siècle dernier aux "enfants trouvés" ayant marqués leur siècle et l’histoire du mouvement ouvrier, c’est un certain engagement communiste, intransigeant que nous propose de redécouvrir Michel Etièvent, avec sa sensibilité d’écrivain, sa rigueur d’historien et sa conscience de journaliste en prise avec les enjeux et les luttes d’aujourd’hui.

 

Le livre est disponible  ICI

 

 

- Une conference sur Ambroise Croizat, et Marcel Paul

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 22:30
16/18 septembre 1982... le " massacre évitable " de Sabra et Chatila

Le 16 décembre 1982, l’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution par 123 voix pour, 0 contre et 22 abstentions décidant que ce " massacre est un acte de génocide. "[1]

 

 

L'échange se passe à Jérusalem il y a trente ans jour pour jour. Morris Draper, ambassadeur itinérant du président Ronald Reagan au Proche-Orient, rappelle à ses interlocuteurs israéliens la " position fondamentale " des Etats-Unis : " Nous n'avons pas pensé que vous deviez entrer. Vous auriez dû rester en dehors. "

Réponse d'Ariel Sharon, ministre israélien de la défense : " Que vous l'ayez pensé ou pas… Quand l'existence et la sécurité sont en jeu, tout est de notre responsabilité, on ne laissera jamais personne d'autre décider pour nous. "

 

 

Sources : Le Monde.fr Proche Orient | mis à jour le 27/09/2024

- Nous sommes le 17 septembre 1982, la réunion entre Américains et Israéliens a commencé à 12h30.

Le premier ministre, Menahem Begin, en est absent. Avec Ariel Sharon, Yitzhak Shamir, le ministre des affaires étrangères, et de hauts responsables des services de sécurité rencontrent l'ambassadeur Draper. L'échange précité est tiré d'une série de cinq documents (datés des 15, 16, 17, 18 et 20 septembre 1982) auxquels Seth Anziska, chercheur américain de l'université Columbia, a eu accès dans des archives israéliennes, et sur lesquels il fonde un article paru dans le New York Times, ce lundi 17 septembre, sous le titre " Un massacre évitable ". Mis en ligne par le quotidien américain, ces documents, en hébreu et anglais, jettent une lumière crue sur la politique libanaise de Washington à cette époque et sur la relation américano-israélienne.

 

 

- Entre 800 et 2000 morts ou disparus

Ce 17 septembre, Morris Draper est soumis, surtout de la part d'Ariel Sharon, à une pression peu usuelle : " M. Draper, vous craignez d'être soupçonné d'être de mèche avec nous ? Niez-le et on le niera. " Car au moment où cet échange a lieu, un massacre, qui va entrer dans l'histoire, est déjà en cours : celui des civils palestiniens des camps de Sabra et Chatila[1][2], à Beyrouth. Au total, entre 800 et 2 000 personnes seront exécutées ou vont disparaître. Des femmes sont violées, des enfants et des vieillards abattus, des hommes emportés vers des destinations inconnues. Commencé le 16, le massacre est mené par des phalangistes chrétiens et des miliciens des Forces libanaises, alliés de l'armée israélienne depuis le début de son invasion du Liban, le 6 juin.

 

Jusqu'à peu auparavant, Ariel Sharon a cru avoir triomphé. Les bombardements des grandes villes (Beyrouth, Tyr, Sidon…) ont abouti, le 1er septembre, au retrait de la capitale libanaise des groupes armés de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont l'éradication était l'objectif israélien. Les Américains ont supervisé ce retrait et donné à l'OLP des garanties que les populations palestiniennes seront protégées. De plus, Israël a vu son principal allié, le phalangiste chrétien Béchir Gemayel, être élu président de l'Etat libanais fin août. Mais, le 14 septembre, il est assassiné. Dans la nuit, le chef d'état-major israélien rencontre les chefs chrétiens à Beyrouth. Le matin du 15, contrevenant au cessez-le-feu, Tsahal envahit la ville. Le 16, les miliciens chrétiens entrent dans les camps palestiniens. La nuit, l'aviation israélienne éclairera les lieux pour les aider.

 

Ce 17, lorsque l'envoyé spécial américain rencontre ses interlocuteurs, le massacre est donc en cours. Que savent précisément les deux parties sur ce qui advient dans les camps ? Rien n'est avéré. Mais les Israéliens savent que les phalangistes y sont entrés, et, au moins depuis la veille au soir, leurs propres sources les ont informés d'éventuelles " tueries ". Ils n'en disent mot.

 

 

- Qui donc va les en empêcher ?

Rapportée par les historiens, une rencontre, très pénible, avait déjà eu lieu la veille au soir. Morris Draper, accompagné de l'ambassadeur américain à Tel-Aviv, Sam Lewis, fait face à Ariel Sharon, au chef d'état-major israélien, Rafael Eitan, et au chef du renseignement militaire, le général Yehoshua Saguy (orthographié " Sagi " dans les documents). Washington et " les Libanais " demandent que Tsahal se retire de Beyrouth, rappelle l'Américain. Les " terroristes " sont toujours là, rétorque Ariel Sharon, " 2 000 à 3 000, on a même leurs noms ". Dès lors, qui va s'occuper des camps ?, demandent les Israéliens. Lorsque Morris Draper évoque " l'armée et les forces de sécurité libanaises ", le général Saguy exige que " les Phalanges aussi " soient de la partie. Draper s'y oppose. Et qui donc va les en empêcher ? ", demandera le général israélien.

 

  • De fait, le patron du renseignement de Tsahal sait que les phalangistes y sont déjà. Mais la réunion-clé du lendemain, le 17, se déroulera comme si personne n'en avait connaissance. L'ambassadeur Draper y réitère l'exigence américaine que Tsahal montre des signes, même symboliques, de retrait de Beyrouth : " Israël ne devrait pas donner l'impression d'occuper une capitale arabe. (…) "
  • Sharon : Qui va s'occuper de ces 2 000 terroristes ? C'est aussi votre intérêt. Qui va les attraper ? Bon, Fakhani, Sabra, Chatila, à notre avis, ils sont, disons 1 000, peut-être 500. On sait qu'ils y sont, bien équipés, armés et tout. Et vous voudriez qu'on se retire ? "… Draper insiste ; les Israéliens demandent à se consulter entre eux. A leur retour, ils acceptent le principe d'un retrait de Beyrouth, mais une fois passé Roch Hachana, le nouvel an juif, soit 48 heures plus tard.
  • Draper, pressé de conclure : " Le plan sera mis en œuvre sous 48 heures, telle est la politique. "

 

- " Il n'en restera aucun "

Sharon préfère ne pas laisser d'ambiguïté : " Bon, alors, Fakhani, Sabra, Chatila, Bourj el-Barajneh… " Il nomme les lieux où, entre-temps, devra se mener la traque aux " terroristes ".

  • Draper : " Des gens hostiles diront que Tsahal reste à Beyrouth pour permettre aux Libanais de tuer les Palestiniens dans les camps. "
  • Sharon : " Alors on va les tuer, nous. Il n'en restera aucun. Vous ne sauverez pas (…) ces groupes du terrorisme international. "
  • Draper : " Nous ne sommes intéressés à sauver aucun de ces gens. "
  • Sharon : " Si vous ne voulez pas que les Libanais les tuent, nous les tuerons. "
  • L'ambassadeur Draper réitère alors la " position du gouvernement : on veut que vous partiez. Laissez faire les Libanais ". Le retrait israélien débutera trois jours plus tard.

 

Ce vendredi 17 verra le pire du massacre. Il n'y avait dans les deux camps ni 2 000, ni 1 000, ni 500 " terroristes " : les forces de l'OLP avaient bel et bien évacué Beyrouth. Après une seconde nuit de terreur, les phalangistes se retirent le samedi matin. Informé par son émissaire, l'ambassadeur Draper écrit à Ariel Sharon : " C'est horrible. J'ai un représentant dans les camps qui compte les corps. Vous devriez avoir honte. " Le président Reagan tancera le premier ministre, Menahem Begin, en des termes d'une inhabituelle virulence.

 

 

- " Partiellement responsable "

Dans ses Mémoires, le secrétaire d'Etat, George Shultz, sera le plus sévère : Les Israéliens ont dit qu'ils entraient dans Beyrouth (…) pour éviter un bain de sang, il s'avère qu'ils l'ont facilité et peut-être même suscité. " Pour avoir fait confiance à leurs alliés, écrira-t-il, " le résultat brutal aura été que nous sommes partiellement responsables " de ce massacre.

 

En conclusion de son article, Seth Anziska écrit : " La leçon est claire : parfois un proche allié agit à l'inverse des intérêts et des valeurs américaines. Echouer à exercer la puissance américaine pour les défendre peut avoir des conséquences désastreuses. " L'important, explique-t-il au Monde, n'est pas que les Israéliens aient " délibérément trompé " les Américains, selon l'expression qu'utilisera le sous-secrétaire d'Etat Lawrence Eagleburger, ou qu'ils l'aient fait par conviction. " L'essentiel tient en la faiblesse diplomatique face à leurs intimidations et aux reculades successives de l'ambassadeur Draper ", qui finit par céder sur l'essentiel.

 

Obnubilé par son objectif de voir les Israéliens se retirer de Beyrouth, l'ambassadeur accrédite comme réel un fait non avéré – la présence de "terroristes" supposément restés par milliers dans les camps – et accorde à son allié 48 heures de présence supplémentaire dans la ville. " En résumé, il finit par dire aux Israéliens : ' Bon, allez-y, tuez les terroristes, et vous partirez ensuite. ' Là est la faillite diplomatique américaine. "

 

Notes :

[1Sabra et Chatila : Israéliens et phalangistes génocident les Palestiniens

[2Massacre de Sabra et Chatila

 

Pour en savoir plus :

- Le conflit du Sud-Liban de 1978 se produit du 14 au 21 mars 1978 lorsque l'armée israélienne envahit une partie du Liban du Sud.

-

 

16/18 septembre 1982... le " massacre évitable " de Sabra et Chatila
Partager cet article
Repost0
26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 13:32

Mis en ligne le 26 août 2014

En pleine émission sur les sanctions russes, Xavier MOREAU entrepreneur et rédacteur pour Realpolitik TV balance un secret de polichinelle que très peu de médias ont osé dévoiler au grand public: la construction européenne a été officiellement financé par... les Etats-Unis.

 

Pour en savoir plus :

- Document dé-classifié de la CIA datant de février 1953. La preuve ULTIME que l'Union Européenne est une création Américaine (le lien mène vers le site officiel de la CIA).

Partager cet article
Repost0
19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 15:34
19 Août 1944 début de l'insurrection du peuple parisien pour se libérer sous le commandement d'Henri Rol-Tanguy

Animateur des Brigades internationales, au cœur de la Résistance pendant la libération de Paris, Henri Tanguy (1908-2002) fut l’une des figures héroïques de sa génération, l’un des hommes qui, sans tenir compte des revirements partisans, ont affronté le fascisme sans relâche.

 

Roger Bourderon s’attache ici aux trois visages de Rol-Tanguy, des usines Talbot, lieu de ses premiers combats militants, au PC souterrain de la place Denfert, quartier général de l’insurrection d’août 1944. Le communiste, entre jeune dans l’élite ouvrière des métallos, syndicaliste de choc. Le résistant : commissaire politique de la 14ͤ brigade internationale ; acteur majeur de la résistance armée de 1941 à 1944, devenu Rol en hommage à un camarade tombé en Espagne ; chef régional des FFI au moment de la libération de Paris, et comme tel, cosignataire de la capitulation allemande au côté de Leclerc. Le soldat : officier exemplaire des campagnes de France et d’Allemagne, relégué pour cause de guerre froide, de 1947 à 1962, au dépôt central des isolés à Versailles.

 

Fondée sur des archives et des témoignages inédits, cette biographie fait revivre une grande figure de combattant du XX ͤ siècle qui fut aussi un ardent militant de la mémoire de la guerre d’Espagne et de la Résistance. « De février 1937 au 8 mai 1945, j’ai toujours été au combat ; j’ai encore, dans le corps, une balle de mitrailleuse qui m’a frappé, le 18 juin 1938, sur le front de l’Ebre. »

 

Le livre est disponible  ICI

 

-------------------------------------

 

Le 10 août 1944, c'est le début de la la grève insurrectionnelle des cheminots contre les nazis jusqu’aux grèves contre le libéralisme

 

 
 
 
Sources :  Le Parti de Gauche Midi Pyrénnées par Jacques Serieys - mise à jour 22 août 2014
 

Plan :

1) Les cheminots dans la Résistance

2) La grève insurrectionnelle de la Libération

3) Tous les 10 août : Commémoration de la grève insurrectionnelle du 10 août 1944

 

- 1) Les cheminots dans la Résistance

Créée à la veille de la guerre, le 1er janvier 1938, la Société Nationale des Chemins de fer français, représente alors la plus grosse entreprise de France avec ses 500 000 cheminots, munis d’une forte identité ouvrière collective : 8 cheminots sur 10 sont syndiqués.

 

Sous le régime de Vichy et l’Occupation, les cheminots vont subir de nombreuses attaques comme l’essai d’imposer un syndicat corporatif unique à travers la « Charte des cheminots », comme la réquisition de 10000 d’entre eux pour travailler en Allemagne.

 

Les cheminots forment pourtant la branche professionnelle la plus représentée dans la Résistance.

" En raison des facilités de circulation dont ils disposent et des multiples services qu’ils peuvent rendre aux organisations clandestines, les employés de la SNCF sont parmi les professions les plus sollicitées pour intégrer la Résistance organisée ou lui apporter une aide ponctuelle. Le recrutement est également favorisé par la force des solidarités professionnelles, syndicales ou politiques qui caractérise la corporation"

 

" Pendant l’occupation, les cheminots agissent en aidant d’abord les soldats français et britanniques prisonniers à passer en zone non occupée puis, avec le temps, ce type d’aide s’élargit aux aviateurs alliés, aux Juifs, aux réfractaires au travail en Allemagne, aux résistants entrés dans la clandestinité. Les cheminots jouent également un rôle-clé dans la diffusion de la presse clandestine, grâce à laquelle la plupart des grandes organisations clandestines développent leur influence(notamment le PCF en zone occupée et les grands mouvementsde zone sud). Quant au sabotage ferroviaire, les cheminots y contribuent surtout de façon indirecte, mais primordiale, en renseignant sur les transports allemands et en contribuant à la préparation du « plan vert » : le plan de paralysie du réseau ferroviaire simultané au débarquement de Normandie... C’est à partir du débarquement que la participation des cheminots au sabotage des voies et du matériel, par leurs conseils ou leur action directe, est amplement attestée". (exposition sur les cheminots et la Résistance, Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris Musée Jean Moulin dossier de presse)

 

Le bilan humain donné par l’historien Paul Durand est lourd : plusieurs centaines de cheminots fusillés, plus de 1 100 cheminots morts en déportation sur 2 480 déportés, 2 361 tués en service ou hors service.

 

Je ne peux terminer ce rappel sans insister sur une évidence synthétisée par François Mauriac, pourtant étranger socialement et politiquement à ce milieu "La classe ouvrière française, dans ses profondeurs, est seule à être restée fidèle à la patrie profanée."

 

 

- 2) La grève insurrectionnelle de la Libération

10 août 1944. Le comité central de grève des cheminots lance la grève insurrectionnelle contre l’occupant nazi et le régime de Vichy. Il s’agit là d’une des plus belles pages de l’histoire ouvrière internationale.

 

Voici l’exemple du dépôt de Montrouge :

Le 10 août, aux environs de neuf heures du matin, Georges Prunault, adjoint de Robert Herniot, responsable des comités populaires clandestins parmi les cheminots, prend la parole, protégé par un groupe de FTP : " Plus un train pour les nazis. " En quelques minutes, le résistant donne le signal de la grève générale avec occupation des locaux. Mais le dépôt reste sous la garde de soldats allemands. Aussi, le 13 août, une centaine de combattants commandée par le colonel Fabien l’attaque victorieusement. Les affrontements ont été particulièrement violents. Fabien lui-même est blessé à la jambe tandis que le FTP Maurice Delsupexhe est tué. ( L’Huma 19 août 2004);

 

Le syndicat CGT relaie largement l’appel. Le 10 août, après une manifestation de près de 1 000 personnes à Villeneuve-St-Georges, l’Union départementale du Val de Marne juge le climat effectivement favorable au déclenchement de la grève des cheminots en région parisienne.

 

A Vitry, Ivry, Montrouge, la population soutient les grèvistes.

Le 13 août, 3000 agents de la Compagnie du Métropolitain cessent également le travail. La grève se généralise ensuite créant de grosses difficultés pour les troupes hitlériennes en repli.

 

De plus, la réussite de la grève des cheminots et des traminots donne confiance à de nombreuses entreprises et professions qui entrent également dans la grève insurrectionnelle et vont participer en particulier aux combats pour la libération de Paris.

 

Cette grève insurrectionnelle dans une région parisienne encore occupée par les troupes du Reich a valu aux cheminots une distinction collective. A la Libération, ils ont reçu la Croix de guerre avec palme et la légion d’Honneur.

 

 

- 3) Tous les 10 août : Commémoration de la grève insurrectionnelle du 10 août 1944

Tous les 10 août, plusieurs sites ferroviaires commémoreront la grève insurrectionnelle du 10 Aout 1944.

 

Cette journée constitue un trait d’union entre la société et tous les cheminots, elle fait partie de notre histoire collective.

 

Ces dernières années, notre société a énormément souffert de ces divisions et oppositions qui ont affectées la cohésion sociale de notre pays.

 

Au-delà de s’atteler à recréer du lien social, nous avons la responsabilité collective d’entretenir ce devoir de mémoire et ainsi les transmettre aux prochaines générations.

Il ne faut surtout donc pas oublier que la corporation cheminote a payé un lourd tribut pendant l’occupation nazie avec notamment :

- 8938 cheminots qui ont laissé leur vie.

- 15977 cheminots qui ont été blessés pour faits de résistance

- 1157 qui sont morts en déportation.

L'Humanité du 23 août: Crédit :  Archives Humanité

L'Humanité du 23 août: Crédit : Archives Humanité

-------------------------------------

Libération de Paris (24 au 26 août 1944) par les chars... espagnols de la nueve !

 

 

 

Le 24 août 1944, la 9ème compagnie du Régiment de marche du Tchad enfonce, Porte d’Italie, la ligne formée par la garnison allemande (environ 16000 à 20000h à ce moment-là).

 

Cette troupe d’élite de la 2ème DB est composée en particulier de 11 half-tracks. Son objectif consiste à trouer la résistance allemande pour aller renforcer les Parisiens insurgés qui ont pris l’Hôtel de Ville, en plein centre de la capitale. A 21h22, ils arrivent à destination.

 

Ces hommes-là étaient des républicains espagnols engagés dans l’armée française pour vaincre le fascisme. Pendant 60 ans, ils n’ont même pas été invités aux commémorations.

 

Premiers soldats de la France libre à entrer dans la capitale occupée, les Républicains Espagnols de "La Nueve" (la 9e) sont les héros oubliés de la victoire des Alliés contre l'occupation nazie. La Ville de Paris leur a rendu hommage le 24 février 2014 en remettant la Grande Médaille de Vermeil à trois de ses survivants.

 

Pour en savoir plus :

- 24 août 2014 hommage rendu aux combattants espagnols de la Nueve

Partager cet article
Repost0
15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 10:35
Une image du 19e siècle représentant la porte d'entrée du temple Yazidi du Cheikh Adi - DR

Une image du 19e siècle représentant la porte d'entrée du temple Yazidi du Cheikh Adi - DR

Qui sont les Yézidis, aujourd'hui chassés par les islamistes de l'Etat islamique ? Ce peuple, dont les représentants ont la réputation d'être des "adorateurs du Diable" en raison d'une religion différente de l'Islam classique, a beaucoup souffert dans l'Histoire.

 

Sources :  L'ORIENT LE JOUR  - propos recueillis par Ray Jabre Mouawad[1] le 11.08.2014

Le monde entier s'émeut, à juste titre, de la catastrophe qui s'abat sur les Yézidis de la région de Sinjar au nord-ouest de Mossoul, menacés d'être exterminés par les jihadistes de l'État islamique (EI) s'ils ne se convertissent pas à l'islam. Des dizaines de milliers de villageois ont quitté précipitamment leurs maisons pour trouver refuge dans les montagnes – qui culminent à 1 356 mètres – sans abris, sans eau ni nourriture.

 

Cette population paisible d'origine kurde traverse sans doute l'une des pires épreuves de son histoire, qui n'en a pas manqué. L'accusation est depuis longtemps (XVIIe siècle) la même : les Yézidis seraient des "adorateurs du diable", réputation complètement infondée qui provient sans doute d'une croyance de la secte en un ange déchu, qu'elle appelle "Malak Tawous", l'Ange-Paon, dont l'histoire ressemble étrangement à celle d'"Iblis", le diable, l'ange déchu du Coran.

 

Dans la tradition zoroastrienne, dont la religion syncrétique des yézidis a préservé quelques éléments, l'Ange-Paon, à cause de son orgueil, perd certes la faveur de Dieu, mais, pris de remords, se réconcilie avec lui. L'Ange-Paon n'est donc pas devenu, comme dans l'islam, la personnification du diable, Iblis, mais un ange qui est resté une émanation bienveillante de la divinité. Pour les Yézidis, le mal comme le bien résident plutôt dans l'être humain, qui lui choisit sa voie.

 

 

- Une religion sans statut

Le problème du peuple Yézidi est que sa religion a longtemps été basée sur des traditions orales. Il n'a eu que tardivement – fin XIXe siècle – des livres sacrés où ses croyances furent consignées. Il a de ce fait été exclu de la catégorie requise par les législations islamiques successives, celle des gens du Livre, qui a été accordée aux juifs et aux chrétiens auxquels elle a conféré un statut légal.

 

Bien que croyant en un Dieu unique, mais n'étant ni musulmans ni gens du Livre, les Yézidis se sont heurtés aux demandes de clarification des gouvernements de l'Empire ottoman dans le cadre de l'administration de leurs provinces, et ce n'est qu'en 1849 que leur communauté a été reconnue par l'Empire. Cela n'a pas empêché qu'ils soient menacés une fois de plus de conversion forcée en 1894, à l'époque du Sultan Abdel-Hamid II (1876-1909).

 

Pour échapper aux persécutions, il arrivait qu'un groupe de Yézidis demande aux patriarches syriaques-orthodoxes résidant au monastère de Deir al-Zaafaran à Mardine – au nord du Sinjar – de les déclarer chrétiens, ce que les patriarches faisaient volontiers. Ils savaient néanmoins que ces "adorateurs du soleil", car les Yézidis prient le matin en direction du soleil, ne feraient que nominalement partie de leur communauté.

 

- Liberté de culte

L'un des principaux centres de pèlerinage des Yézidis est la tombe de cheikh Aadi ibn Musafir, mort en 1162, à Lalish dans le Jabal Sinjar. Cheikh Aadi, originaire de la Békaa libanaise, a fondé au XIIe siècle la confrérie soufie sunnite des Aadawiyyah. Il a été en même temps considéré par les Yézidis, qui croient en la métempsycose, comme une réincarnation de Malak Tawus, l'Ange-Paon. Le pèlerinage à Lalish durant le mois d'avril donne lieu à un festival où les fidèles chantent des hymnes transmis oralement depuis des générations, et dansent.

 

Le sort des Yézidis du Sinjar a longtemps été lié à celui des chrétiens du nord de l'Irak, ou de la région de mardine au sud-est de la Turquie. Durant la Première Guerre mondiale ils ont accueilli au péril de leur vie dans leurs montagnes des dizaines de milliers de refugiés chrétiens arméniens et syriaques qui fuyaient les massacres et déportations ordonnés par le gouvernement turc.

 

Plus tard, dans le cadre du nouvel État irakien, ils ont souffert comme les autres tribus kurdes de la politique d'arabisation forcée menée par le régime de Saddam Hussein. Après la chute du régime baassiste en 2003, tant le gouvernement autonome du Kurdistan que la nouvelle Constitution irakienne leur ont accordé la liberté de culte. Mais celle-ci est remise en question une fois de plus, en même temps que celle des chrétiens de la région de Mossoul, eux aussi menacés par l'EI.

 

Note :

[1]Historienne et chercheure à l'Universite Saint-Joseph, Ray Jabre Mouawad est membre fondatrice de l'Association pour la restauration et l'étude des fresques médiévales

Partager cet article
Repost0
8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 09:46

- Un député britannique donne un cours d’histoire à un auditeur.

Georges Galloway, député britannique antisioniste et pro-palestinien, donne une leçon d’histoire à un auditeur de confession juive. Cet auditeur ne répondant pas par trois fois à la question « De quel droit la Grande-Bretagne et d’autres pays européens peuvent-ils vous donner le pays des autres ? » (en référence à la spoliation de la Palestine au profit de la création de l’État d’Israël)

Partager cet article
Repost0
4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 22:19
Et si on parlait de Robespierre

C’est après Thermidor (juillet 1794) et la liquidation du groupe « robespierriste » que s’invente le mythe de la Terreur[1]

 

Le véritable crime de Robespierre : avoir défié la toute-puissance des riches[2]

 

 

Sources : Le Parti de Gauche, les vidéos de la télé de gauche | mis à jour le 23/06/2023

- Le Parti de Gauche rend hommage à Maximilien Robespierre à l'occasion des 220 ans de son exécution.

- Mathilde Larrère, membre de la commission Histoire du parti, explique les raisons de cet hommage.

 

 

- Paul Vannier, co-secrétaire du PG Paris explique les circonstances et la portée de la mort de Robespierre et de ses compagnons lors du Thermidor.

 

- Vendredi 21 septembre 2012, Jean-Luc Mélenchon a prononcé un discours devant le Panthéon à l'occasion du 220ème anniversaire de la République, répondant ainsi à l'invitation de la Société des études robespierristes.

 

- Cécile Obligi, historienne et conservatrice à la BNF, s'attaque au cliché tenace d'un Robespierre despote et "bourreau de la Vendée".

 

- Aujourd'hui on va revenir sur un des événements les plus importants de l'histoire française : la Révolution !
Et au passage, tentons d'aborder une de ces figures les plus controversées et les plus débattues aujourd'hui....Robespierre ! Alors...héros ou barbare sanguinaire ?

 

- Robespierre, reviens !

Alexis Corbière, Conseiller de Paris et Secrétaire national du Parti de Gauche, présentait à Nîmes avec Claude Mazauric, Historien et auteur de la préface, le livre qu'il a coécrit avec Laurent Maffeïs : "Robespierre Reviens !".

 

- Jean-Luc Mélenchon face à Robespierre

Le 8 octobre 2016, Jean-Luc Mélenchon était l'invité de l'émission « Et si c'était vous ? » sur la chaîne « Toute l'Histoire ». Une émission consacrée à Robespierre et à la Révolution française. 

 

-  Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ?
Figure centrale de la Révolution, Robespierre est l'objet d'une légende noire, qui masque en réalité un discours critique de la Révolution.

Revivez la table-ronde du département d'histoire de l'Institut La Boétie en date du mardi 20 juin 2023 !

 

Partager cet article
Repost0
31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 20:09

Les paroles... ICI

 

 

France. 2009 Video clip du groupe ZEBDA. Produit par la Conseil Régional de Midi Pyrénées. 9 mn 50.

De tergiversation en reculades, d’atermoiements en renoncements, la Gauche qui vient d’accéder au pouvoir en 2012, est-elle en train de tuer pour la énième fois le grand tribun socialiste ?...

31 juillet 1914, ils ont tué Jaurès. Hommage en chansons..
31 juillet 1914, ils ont tué Jaurès. Hommage en chansons..
Partager cet article
Repost0
24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 13:09
24 juin 1793, un anniversaire oublié

Source : blog de Raoul Marc Jennar | mis à jour le 26-08-2020

Il y a 221 ans, le 6 Messidor, an I de la République, c’est-à-dire le 24 juin 1793, la Convention adopte et promulgue la Constitution de l’An I, la première Constitution républicaine française. Le texte est précédé d’une Déclaration des Droits qui complète et précise celle de 1789.

 

Aux droits individuels affirmés en 1789, la Déclaration de 1793 ajoute des droits économiques et sociaux : droit au travail, droit à l’instruction, droit à l’aide sociale.

 

- Relevons, en outre, quelques articles qui ont gardé une remarquable actualité :

  • Article 16 : « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution. »
  • Article 18 : « Tout homme peut engager ses services, son temps ; mais il ne peut se vendre ni être vendu ; sa personne n’est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité ; il ne peut exister qu’un engagement de soins et de reconnaissance, entre l’homme qui travaille et celui qui l’emploie. »
  • Article 21 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »
  • Article 25 : « La souveraineté réside dans le peuple ; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable. »
  • Article 28 : « Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer la Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures. »
  • Article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

 

Certes, l’application de cette Constitution fut suspendue jusqu’à la fin de la guerre imposée par les monarchies d’Europe coalisées contre la toute jeune République. Et Thermidor mit fin aux espérances qu’elle contenait.

 

Gracchus Babeuf et la Conjuration des Egaux en 1795-1796, les révolutionnaires de 1848, ceux de la Commune de 1871, comme toutes celles et ceux qui, de tous temps et en tous lieux, se sont battus pour les idéaux de justice et d’égalité se sont reconnus et se reconnaissent encore dans ce qui demeure la Constitution la plus démocratique jamais adoptée en France.

 

« L’idée d’un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu’aux heures de difficulté et de crise, elle s’offrait à la conscience de la nation. Une première fois, en 1793, le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l’apparent oubli et l’apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. » Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, lycée d’Albi, 30 juillet 1903.

 

Note : le texte intégral de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 24 juin 1793  Marc

Partager cet article
Repost0
17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 18:15

Source : Blog René Blanchemanche

En 1360, le traité de Bretigny fixait les frontières de l'Aquitaine historique. Des frontières guidées par le bon sens.

Au traité de Bretigny (1360), Édouard III renonce au trône de France, mais il conserve l'Aquitaine, le Poitou, l'Aunis, la Saintonge et Calais.

Qui connait le traité de Bretigny ?
Partager cet article
Repost0
11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 21:55
L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

Source : extrait de Vu du Droit par Sylvain Ferreira

- L’Histoire prise en otage

Les commémorations officielles du 75e anniversaire du Jour-J s’achèvent avec la cérémonie internationale de Courseulles-sur-Mer, site ô combien symbolique du retour du général de Gaulle en France le 14 juin 1944. Après les cérémonies de Caen pour rendre hommage aux résistants français assassinés le 6 juin par les Allemands, la cérémonie franco-britannique de Ver-sur-Mer ce matin, et le grand show américain de Colleville-sur-Mer en milieu de journée, Emmanuel Macron a jugé que sa présence à cette dernière cérémonie était facultative. Il a préféré déléguer à Edouard Philippe le soin de représenter la France. C’est la seconde fois depuis le début de son mandat que le locataire de l’Elysée s’illustre par son absence à une cérémonie commémorative ; la première c’était le 8 août 2018 dans sa bonne ville d’Amiens où il n’avait pas daigné honorer nos alliés britanniques de sa présence pour commémorer le succès commun de nos armes contre l’Allemagne impériale en 1918. Cette nouvelle bourde inqualifiable est justifiée par des impératifs d’agenda, nous disent les services de communication de Sibeth Ndiaye. Nos alliés apprécieront la capacité d’Emmanuel Macron à planifier ses activités en fonction du calendrier.

 

 

- Mais, au-delà de cette faute, une autre absence a marqué ces commémorations, cette fois à l’insu de l’intéressé.

En effet, le président Vladimir Poutine n’a tout simplement pas été convié sur les plages de Normandie ! Pire, au cours de son discours ce matin au cimetière américain d’Omaha Beach, Emmanuel Macron n’a pas jugé bon d’évoquer le rôle de l’Armée rouge au cours de l’été 1944 alors qu’il a tenu à rappeler le rôle de tous les pays d’Europe dans l’opération Overlord. Malgré le poids monstrueux supporté par l’Union soviétique au cours de la guerre, malgré les trois grandes offensives menées (Bagration[1] – Lvov/Sandomierz – Iasi/Kishinev) par l’Armée rouge entre le 22 juin et le 20 août 1944 sur un front qui va alors de Leningrad à la mer Noire, Emmanuel Macron n’a donc pas jugé opportun ni d’inviter son homologue russe, ni même de mentionner le rôle déterminant de l’Armée rouge. Cela est d’autant plus inacceptable que la chancelière Merkel était quant à elle bien présente. Rappelons également que l’Union soviétique a payé le plus lourd tribut à la victoire finale contre le nazisme avec la perte de 27 à 30 millions de ses citoyens, des milliers de villages ont subi le même sort qu’Oradour-sur-Glane, et enfin sur l’ensemble de la guerre 4 soldats allemands sur 5 furent tués par l’Armée rouge. Cette insulte à l’histoire ne peut être justifiée par les tensions diplomatiques actuelles. L’histoire ne peut pas être l’otage des querelles du présent entre les alliés d’hier.

 

 

- Enfin, les commémorations officielles ont été marquées par l’absence d’un acteur majeur dont personne n’ose parler : le public, relégué loin des lieux de rassemblement des « grands » de ce monde.

Les mesures de sécurité prises pour assurer la sécurité des officiels ont abouti, dès 6h du matin et jusqu’à 23h, à la fermeture de la RN13 entre Caen et Isigny-sur-mer – une artère régionale vitale – puis à la fermeture progressive des routes secondaires au nord de cet axe interdisant à la fois l’accès aux plages, mais aussi les déplacements des habitants, y compris ceux qui travaillent. Depuis le début du Centenaire de la Grande Guerre, cette mise à l’écart du public est devenue une norme. Elle marque encore un peu plus la fracture entre d’un côté l’hypocrisie du discours mémoriel officiel et de l’autre l’accaparement des cérémonies par des « élites » qui, souvent, mènent des politiques contradictoires avec ce qu’elles viennent célébrer. L’exemple d’Emmanuel Macron est d’une rare pertinence dans ce domaine, puisqu’il est le fossoyeur du programme politique du Conseil National de la Résistance et qu’il assimile Vichy à la France depuis son élection.

 

 

- La kermesse de la mémoire

En marge des commémorations officielles, le tourisme de mémoire a mobilisé des milliers de personnes depuis le début du mois et jusqu’à la fin du week-end de Pentecôte pour permettre au public de plonger dans l’histoire du Jour-J. Pourtant, si la volonté initiale est louable, les manifestations qui en découlent ne le sont pas forcément. Tout d’abord, l’ambiance générale constatée sur place manque souvent de mesure et de recueillement, sauf lorsqu’on visite les nécropoles. Ensuite, le label « Jour-J » est devenu un produit commercial à l’instar du Christ et de la Vierge Marie à Lourdes. Par exemple, si les commerçants de Bayeux affichent sur leurs vitrines d’émouvantes photos de leurs échoppes telles qu’elles étaient en 1944, ce n’est pas que par goût de transmission de l’Histoire.

 

Les musées sont également touchés par ce problème. Ceux visités la semaine dernière proposent eux aussi – à des degrés divers – des étagères chargées de livres d’histoire qui côtoient celles pleines des verres et de mugs ou d’autres souvenirs d’un goût plus ou moins douteux. Que penser par exemple des chapeaux roses pour les petites filles frappées de l’insigne de la Big Red One – la 1re division d’infanterie américaine – proposés par l’Overlord Museum à deux pas du cimetière de Colleville-sur-Mer ? De même, les musées participent à la construction d’une image fausse du débarquement qui est unanimement présenté comme « la plus grande opération militaire » de l’Histoire. Là encore, comme l’absence remarquée d’invitation au président Poutine, il n’est jamais fait mention des opérations gigantesques, bien plus importantes que le débarquement, mises en œuvre au même moment par les Soviétiques. Par ailleurs, la présence de nombreux reconstituteurs pose également question quant au sérieux et à l’authenticité de leur démarche historique. Si certains sont d’un sérieux quasi professionnel qui permet aux plus jeunes d’approcher et de comprendre les réalités de la vie quotidienne des combattants de l’époque, d’autres ressemblent plus à des amateurs au comportement parfois plus festif que scientifique, voire irresponsable lorsqu’ils sont au volant de leurs véhicules.

 

Bref, loin du discours officiel et derrière le vernis des présentations télévisées, l’Histoire ne sort pas grandie de cette 75e commémoration du débarquement allié en Normandie. Le Centenaire de la Grande Guerre avait déjà montré de nombreux signes de faiblesses en la matière et, malheureusement, le Jour-J ne fait que les confirmer. Il appartient donc aux historiens mais aussi au public averti de travailler encore et encore pour porter un message clair, dégagé des intérêts partisans afin de transmettre l’histoire correctement.

 

------------------------------

 

- Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?

En réalité, nous savons très exactement les raisons pour lesquelles Charles de Gaulle refusait systématiquement de commémorer le débarquement de Normandie le 6 juin. Il s’en est longuement expliqué devant Alain Peyrefitte, en 1963 et en 1964, alors que celui-ci était son ministre de l’information et qu’il le voyait en tête-à-tête plusieurs fois par semaine.

 

 

- Il suffit donc de relire les passages pertinents de l’ouvrage de Peyrefitte "C’était de Gaulle", tome 2, paru en 1997.

 

EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE 

———–– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 ————-

  • 30 octobre 1963

En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses : cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.

 

À la fin du Conseil du 30 octobre 1963 au Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »

 

Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les casser aussi.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
  • « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. » 

Salon doré

Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?

 

Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.

 

Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie).

 

Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

 « De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! » (Winston Churchill)

  • « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

 

Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !

 

Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.

 

NOTE : AMGOT = « Allied military government for occupied territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.

 

Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.

 

Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.  

 

Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France(AMGOT).

 

Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !

 

Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !

 

« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !

 

  • « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »

Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »

Charles de Gaulle commémore le débarquement de Provence le 15 août 1964 : cf. extrait d’actualités disponible sur le site de site de l'INA.

 

Charles-de-Gaulle : – Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leurs rimes, de leur patrie ! Mais m’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non !

 

« Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquille, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve, qu’ils paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes !

 

Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »

 

Il reprend : « Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront là pour les honorer dignement. »

NOTE : Sainteny et Triboulet étaient respectivement Ministre des anciens combattants et Ministre de la coopération en 1964.

 

  • 13 mai 1964

Espérant que le général aura oublié sa vive réplique, ou en tout cas aura oublié que c’est à moi qu’il l’a adressée, je remets la question sur le tapis, 10 mois et demi plus tard, le 13 mai 1964.

 

  • « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

Alain Peyrefitte : « Ne craignez-vous pas, si nous ne devons pas du moins quelques explications, que votre absence du 6 juin en Normandie soit mal interprétée ?

 

Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit ! Il n’a jamais été question que j’y aille ! Je ne suis pas allé pour le cinquième anniversaire ; ni pour le dixième ; ni pour le quinzième. Pourquoi voulez-vous que j’y aille pour le vingtième ? Et j’ai demandé au Premier ministre de ne pas y aller non plus. D’ailleurs, le Premier ministre anglais n’y va pas. Johnson ira pas non plus. Pourquoi irions-nous ?

(Évidemment, Wilson et Johnson n’y vont pas, parce que De Gaulle n’y va pas.)

 

Alain Peyrefitte : – Eisenhower et Montgomery doivent y aller.

 

Charles-de-Gaulle : – Ce sont des acteurs, qui se font payer cher à la télévision. »

Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur participation, ne sont pas venus.

 

  • 10 juin 1964

Après le Conseil du 10 juin 1964, le Général laisse percer encore son agacement : « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? S’étaient-ils battus pour que la France recouvre sa liberté, pour qu’elle contribue à sa délivrance ? Que faisaient-ils pendant la guerre ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

 

Et lui, il a dû se battre pour que le débarquement ne se passe pas complètement de la France libre. S’il a prononcé son discours de Bayeux le 16 juin 1946, ce ne fut pas pour commémorer le débarquement du 6 juin, mais son débarquement sur les talons des Américains, le 16 juin 1944 à Bayeux.

 

Il recule son fauteuil, cale son dos. Il a envie de parler.

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
  • « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? »
  • Charles-de-Gaulle : « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? Ce qu’ils voulaient, c’était glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.

     

    Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël. Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. »

     

    Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.

    NOTE  : Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en guerroyant, avaient fait, dans l’oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer les armes avant d’avoir libéré Paris et Strasbourg.

     

    • « Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. »

    Charles-de-Gaulle : « Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possibles. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français.

     

    « Effectivement, si les Anglo-Saxons avaient pu mener leur stratégie jusqu’au bout, ils auraient peut-être réussi à frapper l’Allemagne au cœur plus vite. De toute façon, Hitler aurait fini par être battu, et la France aurait fini par être libérée. Mais si les Français étaient restés passifs, et si nous n’avions pas eu de part à la défaite d’Hitler, c’est au bout du compte lui qui aurait vaincu la France. »

     - FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE -

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 —————-

     

     

    - Ce que Roosevelt et les américains voulaient vraiment faire de la France en 1944

    de gaulle ROOSEVELT Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

     

    •  « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »
     

    (Franklin Roosevelt, Président des États-Unis, le 23 novembre 1942, devant les émissaires de Charles de Gaulle à la Maison Blanche)

     

    Pour comprendre quels étaient les objectifs de Franklin Roosevelt, et des cercles dirigeants américains, quant à l’avenir de la France après le débarquement, il est utile de relire un passage essentiel des Mémoires de Guerre.

     

    Nous sommes en novembre 1942. Les Anglo-Américains viennent de réaliser le débarquement en Afrique du nord française (Opération Torch), d’ailleurs sans en avoir prévenu le chef de la France Libre. L’affaire a été un succès militaire éclatant puisque les troupes françaises (pétainistes) d’Afrique du nord se sont rendues au bout de 48 heures, après avoir fait seulement semblant de se battre.

     

    En revanche, une décision fait scandale, aussi bien au sein des Français Libres réfugiés à Londres que parmi l’opinion publique britannique : le général américain Eisenhower, bien entendu avec le plein accord du président Roosevelt, a décidé de maintenir l’Amiral Darlan, l’un des dauphins de Pétain, au pouvoir à Alger. En somme, Darlan a retourné sa veste et les Américains l’en récompensent en le maintenant dans ses fonctions à la tête de l’Afrique du nord française !

     

    Sitôt la nouvelle connue, Charles de Gaulle décide d’envoyer deux émissaires à Washington pour protester avec la dernière énergie auprès du président Rososevelt. Lequel les reçoit et leur livre une vision de la France d’après-guerre proprement scandaleuse. C’est ce célèbre passage des Mémoires de Guerre :

    Il n’en faut pas davantage pour que le Président Roosevelt surmonte, à l’égard de Darlan, les scrupules démocratiques et juridiques que, depuis plus de deux années, il opposait au général de Gaulle. Par son ordre, Clark reconnaît le haut-commissaire et entame avec lui des négociations qui aboutissent, le 22 novembre, à un accord en vertu duquel Darlan gouverne et commande, pourvu qu’il donne satisfaction à ses vainqueurs anglo-saxons.

     

    Sans doute, le Président fait-il publier une déclaration affirmant que les arrangements politiques conclus entre Eisenhower et Darlan ne sont « qu’un expédient temporaire. » Mais recevant, le 23, André Philip et Tixier et s’irritant de leurs protestations, il leur crie : « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

    Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome 2, l’Unité, 1942-1944, chapitre « Tragédie »

    Page 48 (édition Plon)

     

    On voit donc bien la collusion qu’il y avait entre les autorités américaines et les autorités du régime de Vichy. Le président Roosevelt et les cercles dirigeants américains voulaient disposer, au sortir de la guerre, d’une France aussi domestiquée que celle qu’avait souhaitée Hitler. C’était finalement un conflit d’impérialisme entre les Américains et les Allemands, rien d’autre.

     

    Et Roosevelt souhaitait promouvoir les pétainistes contre de Gaulle parce qu’il savait parfaitement qu’ils seraient infiniment plus dociles, pour obéir à Washington comme ils obéissaient à Berlin, plutôt que le Fondateur de la France Libre, dont l’intransigeance sur l’indépendance de la France était déjà légendaire.

     

    Cette vision stratégique de ce que devait devenir la France d’après-guerre selon Washington a été confirmée et précisée par Charles de Gaulle, vingt ans après les événements. Toujours à Alain Peyrefitte, dans un autre passage capital de l’ouvrage C’était de Gaulle. Passage que voici  :

     

     

    —- EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE —-

    ———————— Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

    de gaulle roosevelt était un type qui voulait dominer univers Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

     

    • « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. »

     

    Charles-de-Gaulle : « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. Il pensait que le jour où les Américains auraient débarqué en France, si le Maréchal était encore là, il n’aurait rien à leur refuser ; ce qui était bien vrai.

     

    Ensuite, Vichy étant devenu vraiment impossible, il a laissé tomber Vichy. Il a essayé de se rattraper sur Giraud.

     

    Puis, voyant que ça ne donnait rien, il a essayé de se rabattre sur Herriot. Il a même tenté de fabriquer un gouvernement à Paris au moment où j’allais y entrer, avec Laval, Herriot. Tout ça été manigancé avec Otto Abetz [Représentant de Hitler à Paris sous l’Occupation] et avec Allen Dulles, qui était à Genève pour le compte de la CIA. »

     

    Alain Peyrefitte : – Allen Dulles

     

    Charles de Gaulle : – Oui, c’est ça. D’abord moi, en arrivant à Paris, j’aurais foutu ce gouvernement au [trou][...]. Vous pensez, à l’époque, Herriot, Laval et Abetz ça ne pesait pas lourd. Mais Roosevelt se figurait qu’Herriot assurerait la continuité avec la IIIe et Laval avec Vichy, et que tout ça allait apparaître comme la République.

     

    Seulement, Hitler, ça l’a exaspéré quand il a su ça. Il a dit : « De quoi, de quoi ? Laval, Herriot, et tout ceux-là ? » Alors, il a fait savoir à Laval de s’en aller à Sigmaringen, il l’a fait dire aussi au Maréchal, il a désavoué Abetz, il a fait remettre Herriot dans sa prison. Il a tout nettoyé.

     

    Roosevelt voulait imposer aux Français Pierre Laval et Édouard Herriot Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    Le gouvernement que Roosevelt (ci-dessus) voulait imposer aux Français en 1944 : Pierre Laval et Édouard Herriot (ci-dessous)   !

     

    L’opération avait été préparée en concertation avec le chef de la CIA Allen Dulles et l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz… 

    CIA Allen Dulles et lambassadeur dHitler à Paris Otto Abetz Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    Le Président Roosevelt refusa toujours de reconnaître la légitimité de la France Libre, préférant maintenir une ambassade auprès de Pétain et du régime de Vichy jusqu’en novembre 1942, puis usant des manœuvres les plus tortueuses pour tenter d’écarter Charles de Gaulle du pouvoir et installer, à sa place, des dirigeants plus malléables.

     

    Ainsi, en août 1944, soit plus de deux mois après le débarquement de Normandie, le Président Roosevelt espérait encore installer au pouvoir à Paris Édouard Herriot – homme politique radical de la IIIe République – et Pierre Laval – la figure la plus honnie de la Collaboration, avec lequel il avait d’ailleurs des liens de parenté par alliance. Ce projet scandaleux, minutieusement décrit par de Gaulle dans ses Mémoires de guerre, avait été ourdi par une étroite concertation entre le chef de la CIA Allen Dulles, l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz et le dauphin de Pétain.

     

    Allen Dulles (1893 – 1969) fut le premier directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA), du 26 février 1953 au 29 novembre 1961, et l’un des sept membres de la commission Warren chargée d’enquêter sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

     

    Il était également le frère cadet de John Foster Dulles, Secrétaire d’État des États-Unis du gouvernement Dwight Eisenhower, de 1953 à 1959, et actionnaire principal de la United Fruit Company, société bananière influente dans les républiques bananières d’Amérique latine.

     

    Allen Dulles est un personnage des plus controversés : sa carrière au sein de l’État américain ne cessant d’être émaillée de conflits d’intérêts personnels et familiaux plus ou moins importants, dus à sa participation à la vie de grands groupes industriels internationaux ainsi qu’à la carrière de son frère John Foster Dulles qui travailla lui aussi pour ces grands groupes.

     

    Otto Abetz (1903 – 1958), francophone et francophile, représenta l’Allemagne en France en 1938 et en 1939, d’où il fut expulsé le 30 juin 1939 comme présumé espion. Le 8 juillet 1940, à la suite de l’armistice entre la France et l’Allemagne, il fut de nouveau envoyé en France. Nommé ambassadeur de l’Allemagne le 3 août 1940, il conserva ce poste jusqu’en 1944 et travailla à mettre en place une politique de collaboration. En juillet 1949, le tribunal militaire de Paris le condamna à 20 ans de travaux forcés pour crimes de guerre, en particulier pour son rôle dans l’organisation de la déportation des juifs de France vers les camps de la mort. Il fut libéré en avril 1954.

     

    Charles de Gaulle : « Bohlen [L’ambassadeur des États-Unis en France] se comporte envers moi comme Roosevelt il y a vingt ans. Il reçoit en permanence des députés, des sénateurs, des journalistes, et il les monte contre nous. Je n’en ignore rien. Ils font tous ça, les Américains.

    Bohlen ambassadeur des États Unis en France Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    NOTE : Charles E. Bohlen (1904 – 1974) fut ambassadeur des États-Unis en France de 1962 à 1968. Très hostile à de Gaulle, Charles E. Bohlen avait des liens de parenté proches avec Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, héritier des aciéries Krupp, l’un des principaux fabricants d’armes de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, criminel nazi reconnu coupable de pillage et de crime contre l’humanité le 31 juillet 1948, et condamné à douze ans d’emprisonnement et à la confiscation de ses biens.

     

    Charles de Gaulle : « Roosevelt, c’était pareil, il ne traitait qu’avec des gens qui étaient mes ennemis. Il avait autour de lui, à Washington, des types comme Chautemps.

     

    Alain Peyrefitte : – Et Saint John Perse.

     

    Charles-de-Gaulle : – Oui, Léger qui avait été limogé par Paul Reynaud. Et d’autres du même tonneau, avec qui Roosevelt prenait le thé. Ils le montaient contre moi, en remâchant leurs échecs. Seulement, ça continue. Alors, Bohlen ne voit que nos adversaires, les Mitterrand et les Maurice Faure.

    Camille Chautemps ministre dÉtat du Front populaire successeur de Léon Blum Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

     NOTE : Camille Chautemps, ministre d’État du Front populaire, successeur de Léon Blum de juin 1937 à mars 1938 à la tête du gouvernement, fut vice-président du Conseil des gouvernements Édouard Daladier, puis du gouvernement Paul Reynaud. Ardent partisan de l’Armistice et très hostile à de Gaulle, il fit partie du gouvernement de Philippe Pétain jusqu’au 12 juillet 1940. En novembre 1940, chargé d’une mission officieuse, il partit pour Washington, et choisit d’y demeurer jusqu’en 1944.

     

    Alexis Léger secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940 Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    NOTE : Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940, artisan de la rencontre de Munich (et grand poète sous le pseudonyme de Saint-John-Perse) avait été mis en disponibilité par Paul Reynaud, Président du Conseil, le 20 mai 1940. Il s’était ensuite réfugié aux États-Unis.

     

    Charles de Gaulle : « Churchill, lui non plus, n’admettait pas qu’on ne plie pas. Au lieu de trouver des gens de caractère qui lui auraient tenu tête, il s’entourait de gens qui étaient couchés par terre.

     

    « Je me rappelle un soir, quand j’ai rencontré Roosevelt pour la première fois, au Maroc. Roosevelt voulait m’obliger à me soumettre à Giraud. J’ai envoyé Roosevelt faire foutre, poliment mais fermement. Alors, Churchill m’a fait une scène invraisemblable. Je l’ai mal pris, et je lui ai dit : « Qu’est-ce que ça veut dire : On ne vous comprend pas ? Vous n’êtes pas digne de votre charge ! » Je l’ai très mal traité.

     

    Alors, le dernier jour, on s’est réuni autour de Roosevelt pour se dire adieu. Churchill, devant tout le monde, a commencé à me refaire une scène en me disant : « Vous n’avez pas suivi le Président. » Il piquait une lèche éhontée à Roosevelt, et c’est Roosevelt qui, à la fin, a trouvé que ça suffisait et lui a imposé silence. Il a dit : « Maintenant, il faut que ces deux généraux se serrent la main devant les photographes. »

     

    « La politique de Roosevelt, c’était exactement celle qu’ont aujourd’hui les Américains dans le Sud-Est asiatique. Ils ne peuvent pas en imaginer d’autre. Des marionnettes, c’est ça qu’ils veulent en face d’eux. »

    – FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE

    ————————– Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

     

     

    Général Giraud promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle Lhistoire vraie : il y a 50 ans, le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo saxons »

    La marionnette nommée Général Giraud, promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle.

     

    Cette célèbre et hypocrite poignée de mains entre de Gaulle et le général Giraud, pétainiste passé au service des Américains, fut exigée par Roosevelt lors de l’entrevue des quatre hommes au Maroc en 1942. On distingue Roosevelt (à gauche) et Churchill (à droite) assis à l’arrière-plan, en train de contempler avec satisfaction cette scène de théâtre organisée devant les appareils photos des journalistes de la presse anglo-saxonne.

     

    Le président américain voulait absolument promouvoir Giraud, personnage falot, peu intelligent et sans tempérament, pour empêcher Charles de Gaulle d’accéder au pouvoir. Car le patron de la Maison Blanche, qui était intelligent et sournois, avait parfaitement compris que de Gaulle était le seul homme d’État français, le seul capable de faire échec au projet des États-Unis de vassaliser la France après la fin de la guerre.

     

    - Conclusion

    La commémoration du 6 juin 1944 en très grandes pompes, avec les plus hautes autorités de l’État, semble parfaitement légitime et nécessaire à nos compatriotes, tellement des pans entiers de l’Histoire réelle ont été occultés depuis 70 ans.

     

    Il est donc plus que temps que les Français fassent pour de bon le « travail de mémoire » qu’on leur demande, à condition de le faire dans son intégralité, sans biais ni a priori, et sans passer sous silence les actions précises des Alliés, et tout spécialement des Américains à l’encontre de la souveraineté et de l’indépendance de la France.

     

    S’il y a certes toutes les raisons pour s’incliner devant la mémoire des soldats anglais, canadiens et américains morts sur le sol de France, qui ont contribué de façon décisive à la fin de l’Occupation nazie, il n’y a en revanche aucune raison de permettre aux États-Unis d’Amérique de camoufler les objectifs politiques peu reluisants qui étaient ceux de leur gouvernement à l’époque des faits.

     

    Il est important que les Français, et notamment les jeunes générations, sachent que Roosevelt avait décidé :

    • de placer la France « libérée » sous son occupation militaire américaine,
    • de lui imposer une « fausse monnaie » imprimée aux États-Unis,
    • et de maintenir Pierre Laval au pouvoir, figure hideuse et honnie de la Collaboration et de l’intelligence avec l’ennemi, et tout cela avec la complicité de l’ambassadeur d’Hitler en France.

     

    Par la même occasion, il serait utile de rappeler le soutien financier considérable qu’apporta l’oligarchie industrielle et financière américaine à Adolf Hitler et à son régime pendant toute les années 30 ,et pendant encore une grande partie de la guerre. Les travaux d’Anthony Sutton, désormais de plus en plus connus, permettent notamment de jeter une lumière crue sur cette coopération secrète entre les États-Unis et l’Allemagne hitlérienne.

     

    Tous ces rappels historiques permettraient à Washington de faire à son tour, et utilement, son « travail de mémoire » et sa « repentance ». Cela permettrait aussi d’inviter Washington à abandonner ses prétentions à l’hégémonie mondiale.

     

    Au lieu de se plier servilement à l’opération de communication voulue par Washington afin de légitimer son hégémonie actuelle sur l’Europe et la France - par Union européenne et Otan interposées -, le président Hollande devrait ainsi garder à l’esprit que son rôle est d’enseigner la vérité historique aux jeunes générations et d’être « le garant de l’indépendance nationale », comme le lui en fait obligation l’article 5 de notre Constitution......

     

    - Sur le même sujet, lire aussi :

    -  Le débarquement vécu par la Résistance intérieure  par Roland Leroy, dirigeant de la Résistance en Normandie, ancien directeur de l'Humanité, député honoraire

L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
L’histoire vraie : le 6 juin 1964, Charles de Gaulle refusait de commémorer « le débarquement des anglo-saxons »
Partager cet article
Repost0
28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 13:26
Jean Moulin Président Conseil national de la Résistance
Jean Moulin Président Conseil national de la Résistance

Jean Moulin Président Conseil national de la Résistance

Alors que le Front populaire laissant la place à une bourgeoisie préférant Hitler au peuple, puis à l'occupation avec, à Vichy, un gouvernement aux ordres d'Hitler,... ils ont, dans la clandestinité, osé rêver d'une France belle et humaine.

 

Il y a 71 ans, jour pour jour, le 27 mai 1943 se tenait la première réunion du CNR Programme du (Conseil National de la Résistance)

 

Aujourd'hui :

- face aux descendants de cette même bourgeoisie aux manettes en France et en Europe ;

- face à des gouvernements de droite comme de "gauche" qui, les servant avec avilissement, trahissent le peuple et poussent le Front National au devant de la scène politique.....

redressons la tête.

 

Les partis d’extrême droite progressent fortement à l’image du Front National - See more at: http://www.lepartidegauche.fr/actualites/dossier/europeennes-etat-d-urgence-politique-28467#sthash.AIe7VGVR.dpuf

Alors que le phénomène étant reproduit dans toute l'Europe, les partis d’extrême droite progressent fortement, c'est à nous qu'il appartient de redonner l'espoir.

Vive l'humain d'abord et une 6ième République ! Place au peuple !

 

- LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE

Le CNR se réunit pour la première fois le 27 mai 1943, clandestinement, dans un appartement parisien, sous la présidence de Jean Moulin, représentant en France occupée du Général de Gaulle (installé à Londres puis à Alger comme chef de la France libre). Jean Moulin sera arrêté par les nazis en juin de la même année. Lui ont succédé Georges Bidault, démocrate chrétien, puis, à la Libération, le 15 septembre 1944, Louis Saillant, CGT.

Le CNR regroupait :

  • huit mouvements de RÉSISTANCE intérieure : "Combat", "Libération zone Nord", "Libération (Sud)", "Francs-tireurs partisans (FTP)", "Front national" (rien à voir avec le Front national actuel), "Organisation civile et militaire" (OCM), "Ceux de la Résistance" (CDLR), "Ceux de la Libération" (CDLL),
  • les deux grandes confédérations syndicales de l'époque : CGT (réunifiée) et CFTC,
  • six représentants des principaux partis politiques reconnaissant la France Libre, dont le parti communiste, le parti socialiste, les radicaux, la droite républicaine et les démocrates-chrétiens.

 

Le CNR a défini son programme prévisionnel pour la Libération le 15 mars 1944. Comme vous pourrez le constater, on y trouve des objectifs d’une troublante actualité.

 


LE PROGRAMME DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE

 

Née de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la RÉSISTANCE n'a pas d'autre raison d'être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée.

 

Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n'est, en effet, qu'en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l'image de sa grandeur et la preuve de son unité.

 

Aussi les représentants des organisations de la RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R. ,

délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s'unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d'action immédiate contre l'oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste.

 

- I - PLAN D'ACTION IMMÉDIATE

 

Les représentants des organisations de RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R.

 

Expriment leur angoisse devant la destruction physique de la Nation que l'oppresseur hitlérien poursuit avec l'aide des hommes de Vichy, par le pillage, par la suppression de toute production utile aux Français, par la famine organisée, par le maintien dans les camps d'un million de prisonniers, par la déportation d'ouvriers au nombre de plusieurs centaines de milliers, par l'emprisonnement de 300.000 Français et par l'exécution des patriotes les plus valeureux, dont déjà plus de 50.000 sont tombés pour la France.

 

Ils proclament leur volonté de délivrer la patrie en collaborant étroitement aux opérations militaires que l'armée française et les armées alliées entreprendront sur le continent, mais aussi de hâter cette libération, d'abréger les souffrances de notre peuple, de sauver l'avenir de la France en intensifiant sans cesse et par tous les moyens la lutte contre l'envahisseur et ses agents, commencée dès 1940.

 

Ils adjurent les gouvernements anglais et américain de ne pas décevoir plus longtemps l'espoir et la confiance que la France, comme tous les peuples opprimés de l'Europe, a placés dans leur volonté d'abattre l'Allemagne nazie, par le déclenchement d'opérations militaires de grande envergure qui assureront, aussi vite que possible, la libération des territoires envahis et permettront ainsi aux Français qui sont sur notre sol de se joindre aux armées alliées pour l'épreuve décisive.

 

Ils insistent auprès du Comité Français de la Libération Nationale pour qu'il mette tout en oeuvre afin d'obtenir les armes nécessaires et de les mettre à la disposition des patriotes. Ils constatent que les Français qui ont su organiser la RÉSISTANCE ne veulent pas et d'ailleurs ne peuvent pas se contenter d'une attitude passive dans l'attente d'une aide extérieure, mais qu'ils veulent faire la guerre, qu'ils veulent et qu'ils doivent développer leur RÉSISTANCE armée contre l'envahisseur et contre l'oppresseur.

 

Ils constatent, en outre, que la RÉSISTANCE Française doit ou se battre ou disparaître; qu'après avoir agi de façon défensive, elle a pris maintenant un caractère offensif et que seuls le développement et la généralisation de l'offensive des Français contre l'ennemi lui permettront de subsister et de vaincre.

 

Ils constatent enfin que la multiplication des grèves, l'ampleur des arrêts de travail le 11 Novembre qui, dans beaucoup de cas, ont été réalisés dans l'union des patrons et des ouvriers, l'échec infligé au plan de déportation des jeunes français en Allemagne, le magnifique combat que mènent tous les jours, avec l'appui des populations, dans les Alpes, dans le Massif Central, dans les Pyrénées et dans les Cévennes, les jeunes Français des maquis, avant garde de l'armée de la Libération, démontrent avec éclat que notre peuple est tout entier engagé dans la lutte et qu'il doit poursuivre et accroître cette lutte.

 

En conséquence, les représentants des organisations de RÉSISTANCE, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R.

 

Déclarent que c'est seulement par l'organisation, l'intensification de la lutte menée par les forces armées, par les organisations constituées, par les masses, que pourra être réalisée l'union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la libération nationale inséparable, comme l'a dit le Général De Gaulle, de l'insurrection nationale qui, ainsi préparée, sera dirigée par le C.N.R, sous l'autorité du C.F.L.N, dès que les circonstances politiques et militaires permettront d'assurer, même au prix de lourds sacrifices, son succès.

 

Ils ont l'espoir que les opérations de la Libération du pays, prévues par le plan de l'état major interallié, pourront ainsi être, le cas échéant, avancées grâce à l'aide apportée par les Français dans la lutte engagée contre l'ennemi commun, ainsi que l'a démontré l'exemple glorieux des patriotes corses.

 

Ils affirment solennellement que la France qui, malgré l'armistice, a poursuivi sans trêve la guerre, entend plus que jamais développer la lutte pour participer à la libération et à la victoire.

 

***

 

Pour mobiliser les ressources immenses d'énergie du peuple français, pour les diriger vers l'action salvatrice dans l'union de toutes les volontés, le C.N.R décide :

 

D'inviter les responsables des organisations déjà existantes à former des comités de villes et de villages, d'entreprises, par la coordination des formations qui existent actuellement, par la formation de comités là où rien n'existe encore et à enrôler les patriotes non organisés.

 

Tous ces comités seront placés sous la direction des comités départementaux de la libération (C.D.L). Ils seront soumis à l'autorité des C.D.L qui leur transmettront, comme directives, la plate-forme d'action et la ligne politique déterminée par le C.N.R.

 

Le but des ces comités sera, à l'échelon communal, local et d'entreprise, de faire participer de façon effective tous les Français à la lutte contre l'ennemi et contre ses agents de Vichy, aussi bien par la solidarité et l'assistance active à l'égard des patriotes sous l'impulsion et le soutien donnés aux revendications vitales de notre peuple. Par dessus tout, leur tâche essentielle sera de mobiliser et d'entraîner les Français qu'ils auront su grouper à l'action armée pour la Libération.

 

Ces comités devront, selon les circonstances et en se conformant aux instructions données par les C.D.L, appuyer et guider toutes les actions menées par les Français contre toutes les formes d'oppression et d'exploitation imposées par l'ennemi, de l'extérieur et de l'intérieur.

 

Ces comités devront :

1) Développer la lutte contre la déportation et aider les réfractaires à se cacher, à se nourrir, à se vêtir et à se défendre, enlevant ainsi des forces à l'ennemi et augmentant le potentiel humain de la RÉSISTANCE ;
 
2) Traquer et punir les agents de la Gestapo et de la Milice de DARNAND ainsi que les mouchards et les traîtres ;
 
3) Développer l'esprit de lutte effective en vue de la répression des nazis et des fascistes français ;
 
4) Développer, d'une part, la solidarité envers les emprisonnés et déportés; d'autre part, la solidarité envers les familles de toutes les victimes de la terreur hitlérienne et vichyssoise ;
 
5) En accord avec les organisations syndicales résistantes, combattre pour la vie et la santé des Français pour une lutte quotidienne et incessante, par des pétitions, des manifestations et des grèves, afin d'obtenir l'augmentation des salaires et traitements, bloqués par Vichy et les Allemands, et des rations alimentaires et attributions de produits de première qualité, réduites par la réglementation de Vichy et les réquisitions de l'ennemi, de façon à rendreà la population un minimum de vital en matière d'alimentation, de chauffage et d'habillement ;
 
6) Défendre les conditions de vie des anciens combattants, des prisonniers,des femmes de prisonniers, en organisant la lutte pour toutes les revendications particulières ;
 
7) Mener la lutte contre les réquisitions de produits agricoles, de matières premières et d'installations industrielles pour le compte de l'ennemi ; saboter et paralyser la production destinée à l'ennemi et ses transports par routes, par fer et par eau ;
 
8) Défendre à l'intérieur de la corporation agricole les producteurs contre les prélèvements excessifs, contre les taxes insuffisantes, et lutter pour le remplacement des syndicats à la solde de Vichy et de l'Allemagne par des paysans dévoués à la cause de la paysannerie française.

 

Tout en luttant de cette façon et grâce à l'appui de solidarité et de combativité que développe cette lutte, les comités de villes, de villages et d'entreprises devront en outre :

 

a) Renforcer les organisations armées des Forces Françaises de l'Intérieur par l'accroissement des groupes de patriotes : groupes francs, francs-tireurs et partisans, recrutés en particulier parmi les réfractaires ;

 

b) En accord avec les états majors nationaux, régionaux et départementaux des F.F.I, organisées milices patriotiques dans les villes, les campagnes et les entreprises, dont l'encadrement sera facilité par des ingénieurs, techniciens, instituteurs, fonctionnaires et cadres de réserve, et qui sont destinés à défendre l'ordre public, la vie et les biens des Français contre la terreur et la provocation, assurer et maintenir l'établissement effectif de l'autorité des Comités départementaux de la Libération sur tout ce qui aura été ou sera créé dans ce domaine pour le strict rattachement aux F.F.I dont l'autorité et la discipline doivent être respectées par tous.

 

Pour assurer la pleine efficacité des mesures énoncées ci-dessus, le C.N.R prescrit de l'état major national des Forces Françaises de l'Intérieur, tout en préparant minutieusement la coopération avec les Alliés en cas de débarquement, doit :

1) Donner ordre à toutes les formations des F.F.I de combattre dès maintenant l'ennemi en harcelant ses troupes, en paralysant ses transports, ses communications et ses productions de guerre, en capturant ses dépôts d'armes et de munitions afin d'en pourvoir les patriotes encore désarmés ;

 

2) Faire distribuer les dépôts d'armes encore inutilisés aux formations jugées par lui les plus aptes à se battre utilement dès à présent et dans l'avenir immédiat ;

 

3) Organiser de façon rationnelle la lutte suivant un plan établi avec les autorités compétentes à l'échelon régional, départemental ou local, pour obtenir le maximum d'efficacité ;

 

4) Coordonner l'action militaire avec l'action de RÉSISTANCE de la masse de la nation en proposant pour but aux organisations régionales paramilitaires d'appuyer et de protéger les manifestations patriotiques, les mouvements revendicatifs des femmes de prisonniers, des paysans et des ouvriers contre la police hitlérienne, d'empêcher les réquisitions de vivres et d'installations industrielles, les rafles organisées contre les réfractaires et les ouvriers en grève et défendre la vie et la liberté de tous les Français contre la barbare oppression de l'occupant provisoire.

 

***

 

Ainsi, par l'application des décisions du présent programme d'action commune, se fera, dans l'action, l'union étroite de tous les patriotes, sans distinction d'opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi se constituera dans la lutte une armée expérimentée, rompue au combat, dirigée par des cadres éprouvés devant le danger, une armée capable de jouer son rôle lorsque les conditions de l'insurrection nationale seront réalisées, armée qui élargira progressivement ses objectifs et son armement.

 

Ainsi, par l'effort et les sacrifices de tous, sera avancée l'heure de la libération du territoire national ; ainsi la vie de milliers de Français pourra être sauvée et d'immenses richesses pourront être préservées.

 

Ainsi dans le combat se forgera une France plus pure et plus forte capable d'entreprendre au lendemain de la libération la plus grande oeuvre de reconstruction et de rénovation de la patrie.

 

- II - MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE

 

Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en oeuvre pour atteindre ce but qui est la Libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupés au sein du C.N.R. proclament qu'ils sont décidés à rester unis après la Libération :

 

1 ) Afin d'établir le gouvernement provisoire de la République formé par le Général de Gaulle pour défendre l'indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle ;

 

2 ) Afin de veiller au châtiment des traîtres et à l'éviction dans le domaine de l'administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l'ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration ;

 

3 ) Afin d'exiger la confiscation des biens des traîtres et des trafiquants de marché noir, l'établissement d'un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d'occupation, ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l'armistice par les gouvernements de l'Axe et par leurs ressortissants dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliénable ;

 

4 ) Afin d'assurer :

  • l'établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;
  • la pleine liberté de pensée, de conscience et d'expression ;
  • la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l'égard de l'État, des puissances d'argent et des influences étrangères ;
  • la liberté d'association, de réunion et de manifestation ;
  • l'inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;
  • le respect de la personne humaine ;
  • l'égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;

 

5) Afin de promouvoir les réformes indispensables :

a) Sur le plan économique :

  • l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie ;
  • une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l'image des États fascistes ;
  • l'intensification de la production nationale selon les lignes d'un plan arrêté par l'État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;
  • le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurances et des grandes banques ;
  • le développement et le soutien des coopératives de production, d'achats et de ventes, agricoles et artisanales ;
  • le droit d'accès, dans le cadre de l'entreprise, aux fonctions de direction et d'administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l'économie.

 

b) Sur le plan social :

  • le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l'amélioration du régime contractuel du travail ;
  • un rajustement important des salaires et la garantie d'un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d'une vie pleinement humaine ;
  • la garantie du pouvoir d'achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;
  • la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d'un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l'organisation de la vie économique et sociale ;
  • un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'État ;
  • la sécurité de l'emploi, la réglementation des conditions d'embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d'atelier ;
  • l'élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l'expérience de l'Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu'aux salariés de l'industrie, par un système d'assurance contre les calamités agricoles, par l'établissement d'un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d'accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d'un plan d'équipement rural ;
  • une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;
  • le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste.

 

c) Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales.

 

d) La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture la plus développée quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.

 

Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime de basse réaction instauré par Vichy et qui rendra aux institutions démocratiques et populaires l'efficacité que leur avaient fait perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont précédé la capitulation. Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l'action gouvernementale.

 

L'union des représentants de la RÉSISTANCE pour l'action dans le présent et dans l'avenir, dans l'intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourraient freiner leur action et ne servir que l'ennemi.

 

En avant donc, dans l'union de tous les Français rassemblés autour du C.F.L.N et de son président, le général De Gaulle !

 

En avant pour le combat, en avant pour la victoire, afin que VIVE LA FRANCE !

 

Nota :

Une grande partie de ce programme a été effectivement appliquée après la guerre (sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des féodalités économiques à la Libération, droit à la culture pour tous, presse écrite délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales agricoles, etc). Ce programme de mars 1944 constitue encore de nos jours le socle des conquêtes sociales aujourd'hui menacées et méthodiquement démantelées tant par les gouvernements de droite que par ceux dits "de gauche"..

 

Pour en savoir plus :

Partager cet article
Repost0

Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

La France insoumise

-Pour une MAJORITÉ POPULAIRE, renforcer la France insoumise pour GAGNER !

🔴  La France insoumise et ses 71 députés sont au service des Françaises et des Français face à l'inflation et l'accaparement des richesses par l'oligarchie.

✅ La dissolution, nous y sommes prêts ! 
Avec la #Nupes, la France Insoumise propose l’alternative 


📌 Pourquoi La France insoumise, ses origines ? La France insoumise : comment ? La France insoumise : pour quoi faire ?

Autant de questions dont vous trouverez les réponses... ✍️ en cliquant ci-dessous 👇

 

Qu’est-ce que La France insoumise ? - Nouvelle brochure

 

-N'attendez pas la consigne !

✅ Pour rejoindre la France insoumise et AGIR ENSEMBLE pour GAGNER : cliquez ci-dessous 👇

 

La France insoumise

 

- La chaîne télé de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

 

- Le blog de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

Jean-Luc Mélenchon le blog

 

Recherche

La France insoumise à l'Assemblée Nationale

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

Sur les réseaux sociaux  :

Facebook  - Twitter

Le JOURNAL L'INSOUMISSION

✍️ cliquez ci-dessous 👇

L'Insoumission

 

✅ S'inscrire à la Newsletter 👇

 

 

Le site du Parti de Gauche

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Manifeste pour l'Ecosocialisme

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Mouvement pour la 6e République

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Des outils pour combattre le FN et l'idéologie d'extrême droite française

🔴  Observatoire de l’extrême droite de l'Insoumission

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇

Observatoire de l’extrême droite l'insoumission

 

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇


🔴  et aussi : Observatoire national pour « mettre sous surveillance » l’extrême droite

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇