22h25. Les émetteurs associés de Lisbonne transmettent la chanson kitch mais populaire du moment « Et après les adieux ». Premier signal des opérations.
0h20. Le programme Limite de la Radio Renaissance transmet « Grândola Vila Morena » de José Afonso. C’est le feu vert pour le Mouvement des Forces Armées (MFA) qui a réussi son entrée dans Lisbonne. Les objectifs d’occupation de sites stratégiques sont atteints.
.
Durant la nuit, les émetteurs de radio et télévisions sont pris, ainsi que le Terreiro do Passo, quartier des ministères face au fleuve Tejo, à Lisbonne.
4h20. Premier communiqué du MFA à la radio à partir du QG dans un stade de Lisbonne.
Le MFA demande à la population de rester chez elle et aux magasins de ne pas ouvrir.
Dès le matin, le temps que la population s’éveille et que l’information se diffuse comme une trainée de poudre, les Portugais sont rivés aux postes de radio et de télévision.
Mais, c’est sans compter sur la curiosité et le sentiment que « ça y est », « c’est possible », des milliers de personnes descendent dans les rues, entourent les militaires révolutionnaires comme les troupes restées loyales à l’ancien régime. Les femmes descendent des collines de Lisbonne avec quelques aliments pour nourrir les soldats et les encourager. Elles distribuent des oeuillets aux soldats qui les portent en boutonnière… au bout du fusil. Le Gouvernement fasciste, pris de vitesse par le MFA, est dispersé et le premier ministre avec ses proches se réfugie au Quartier Général Place du Carme encerclé par les blindés de l’école de cavalerie menée par le Capitaine Salgueiro Maia.
Les rangs loyalistes sont désarçonnés et atomisés, pris dans la liesse populaire. Le responsable des troupes loyalistes qui tentait de remonter la rue et la place Camões pour défaire les troupes de Salgueiro Maia appelle son Général pour dire qu’il est bloqué au milieu de la foule et que par chance le peuple pense qu’il est avec la révolution…
Parmi le peuple, dans la rue, les militant-e-s du MDEP/CDE, le parti d’opposition toléré mais surveillé, les militant-e-s du parti communiste et les syndicalistes apportent leur soutien aux militaires. 19h45. Le gouvernement fasciste de Marcelo Caetano annonce sa reddition inconditionnelle. Le plan était organisé depuis des mois, autour du major Otelo Saraiva de Carvalho par des militaires de gauche, des mouvements de résistance comme la LUAR, la ARA et le Parti Communiste, mais aussi beaucoup de résistant-e-s non affiliés, notamment un groupe de la ville de Santarém. D’autres appuis viennent de l’intérieur du Portugal et en liaison avec les noyaux de résistance de Paris, Londres et Moscou.
Le 1er mai 1974, un million de manifestant-e-s dans tout le pays montrent que l’impossible est devenu réalité.
Depuis avril 1974, l’alliance « Povo-MFA » est dans toutes les consciences et les cœurs portugais.
Aujourd’hui, les militaires d’avril sont privés de micros à l’Assemblée de la République et boycottent les cérémonies officielles depuis 3 ans pour protester contre l’austérité, le non respect de la Constitution de 1975.
L’émigration est aujourd’hui supérieure à celle du temps de la dictature, la pauvreté retrouve des niveaux inégalés… La Troika et ses plumitifs locaux du PS et des partis de droite appliquent une saignée sans précédent au peuple, multipliant les atteintes déjà importante depuis 1977 à aujourd’hui, faites à la Constitution de 1975 qui indiquait ouvrir la voie du socialisme pour le Portugal.
Une nouvelle révolution d’avril est nécessaire, une révolution citoyenne, forte des acquis de 1974-1975.
Le plan des 50 milliards de Valls et Hollande, s’inscrit dans la même ligne politique que celle que la Troika a imposée aux pays du Sud de l’Europe. Mêmes choix, même conséquences.
A nous dans toute l’Europe de mener la Résistance et d’ouvrir le champ du possible, 25 avril toujours !
En savoir plus,