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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 08:27
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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 14:16
Le Grand Marché Transatlantique (TAFTA) : conséquences dans nos campagnes et nos assiettes

Source : %attac lundi 9 décembre 2013, par Aurélie Trouvé

- Quelques rappels sur le Grand Marché Transatlantique

Le 8 juillet 2013, l’Union européenne et les États-Unis ont entamé des négociations en vue de conclure un accord commercial bilatéral, le Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (PTCI/TAFTA - pour de plus amples informations lire notre dossier en ligne). Tous les États-membres ont donné mandat à la Commission européenne pour négocier au nom de l’Union cet accord, avec comme seule exception – à relativiser – les services audiovisuels. Même si François Hollande a affirmé début octobre qu’il fera tout pour que l’agriculture soit préservée dans le cadre de ces négociations, l’agriculture n’est pas prévue comme un secteur d’exception.

 

Ces négociations sont l’aboutissement de plusieurs années de lobbying des groupes industriels et financiers, européens et états-uniens. Le partenariat transatlantique serait un des accords de libre-échange et de libéralisation de l’investissement les plus importants jamais conclus, représentant la moitié du PIB mondial et le tiers des échanges commerciaux. Pour la Commission européenne, qui négocie au nom de tous les pays de l’Union européenne, il s’agit d’aligner le PTCI/TAFTA sur « le plus haut niveau de libéralisation » qui soit [1]. Elle souhaite même ériger l’accord en modèle, avec des conséquences pour tous les pays du monde.

 

Les négociations à l’OMC, qui ont été le moteur de la libéralisation du commerce notamment agricole depuis les années 90, sont actuellement bloquées. Face à ce constat, les grandes puissances, en particulier l’Union européenne et les États-Unis, se sont engagés dans une stratégie bilatérale et bi-régionale avec leurs partenaires commerciaux. Elles profitent alors d’un rapport de force très défavorable aux pays les plus pauvres, qui permet d’aller encore beaucoup plus loin que dans le cadre de l’OMC pour libéraliser les marchés [2]. Des centaines d’accord de ce type, dont fait partie le Grand marché transatlantique, sont conclus ou en cours. Ils doivent tous être notifiés auprès de l’OMC et permettre selon elle une « libéralisation substantielle de tout le commerce » entre les régions concernées.

 

Les multinationales européennes ont déployé un lobbying intense en perspective de l’ouverture des négociations du PTCI et ont eu de multiples contacts avec la Commission européenne. Dans le même temps, le public, leurs organisations, les élus n’ont pas accès aux informations de base. Ainsi, le mandat de la Commission européenne n’a pu être connu que grâce à des fuites. Il est impossible à l’heure actuelle de connaître les positions de part et d’autre au fur et à mesure des négociations et selon les sujets. Sans forte mobilisation citoyenne, l’opacité des négociations restera la règle.

 

 

- L’attaque des droits de douane agricoles [3]

Le mandat donné à la Commission européenne par le Conseil des ministres européen du commerce du 14 juin 2013 [4] appelle à une « réduction substantielle des tarifs douaniers ». Même s’il faut se méfier des comparaisons en termes de droits de douane moyens [5], elles donnent des premières indications. Si ces droits de douane sont en moyenne assez faibles de part et d’autre de l’Atlantique (2% selon le CEPII [6]), ils restent élevés dans certains secteurs. Dans l’agriculture par exemple, les droits de douane moyens s’avèrent, toujours selon le CEPII, de 7% côté Etats-Unis et de 13% côté Union européenne. Selon les produits, ils peuvent dépasser 200%, protégeant ainsi des secteurs hyper sensibles, notamment dans l’élevage. Les droits de douane sont souvent bien plus élevés du côté de l’Union européenne, en particulier sur les céréales, le sucre et les viandes. Par exemple, sur les carcasses congelées de viande bovine, ils s’avèrent plus de quarante fois supérieurs par rapport à ceux des Etats-Unis. Le même type de constat peut être fait sur beaucoup de produits laitiers et même sur les alcools, alors que la Commission avance l’idée qu’on pourrait davantage exporter dans ces secteurs avec une libéralisation des marchés [7].

 

Les droits de douane permettent à l’Union européenne de se protéger d’un taux de change plus favorable pour les productions états-uniennes. Ils permettent surtout de se protéger vis-à-vis d’une agriculture étatsunienne plus industrielle et plus « compétitive », du fait de la médiocrité des protections sociales et environnementales outre-Atlantique et d’une « restructuration agricole » beaucoup plus importante : une ferme dans l’Union européenne fait environ 13 hectares, contre 170 aux Etats-Unis. Sur 1000 hectares, on emploie 57 personnes dans l’Union européenne contre 6 aux Etats-Unis [8]. Il est faux de dire que l’Union européenne aurait une compétitivité éprouvée pour les produits agricoles et alimentaires : certes, les échanges agricoles sont excédentaires sur les dernières années, mais ils deviennent largement déficitaires si on enlève les boissons et si on inclue les produits de la pêche et les préparations alimentaires. Même FoodDrinkEurope, la Fédération des industries agroalimentaires européennes, conclut ainsi : « Considérant que le niveau tarifaire de la majeure partie des exportations aux USA de produits alimentaires et boissons est déjà tout à fait bas, nous pensons que l’industrie alimentaire et de boissons de l’UE dans son ensemble a relativement peu à gagner à un démantèlement tarifaire » [9].

 

Que se passerait-il si ces droits de douane étaient démantelés ? Face à la déferlante de produits agricoles américains, notre propre agriculture n’aurait d’autre possibilité que de s’engouffrer encore davantage dans un modèle agro-exportateur néfaste pour l’environnement et l’emploi. La Commission européenne reconnaît elle-même que les États-Unis souhaitent écouler une plus grande partie de produits alimentaires de base comme le blé et le soja (la plupart OGM). Ceci accentuerait encore les déséquilibres commerciaux et le renforcement en Europe du modèle d’alimentation animale maïs-soja, au détriment des prairies et protéines européennes, pourtant bénéfiques pour nos sols et l’environnement. La concurrence accrue aboutirait à la contraction des coûts de production, qui exigerait d’affaiblir les standards environnementaux, alimentaires, sociaux. Elle mènerait très certainement à une concentration des exploitations et à une spécialisation des régions, ainsi qu’à une réduction drastique des emplois agricoles. Les perspectives de promotion des circuits courts, de la relocalisation des activités agricoles et de l’agriculture paysanne seraient considérablement menacées. Un tel accord rendrait caduques les efforts menés par l’UE pour légitimer sa Politique agricole commune autour de pratiques plus agro-écologiques et de produits agricoles d’appellation géographiques et de qualité.

 

 

- L’introduction d’un nouveau mécanisme, le règlement des différends investisseurs-Etats

Normalement, les accords internationaux ne peuvent avoir d’effet règlementaire « direct » qu’après avoir été traduits dans la législation européenne, par l’Union elle-même. Ils peuvent faire également l’objet de plaintes entre les parties prenantes de cet accord, à savoir les États ou régions comme l’Union européenne. C’est le cas par exemple des accords de l’OMC, à travers des plaintes déposées auprès de l’Organe de règlement des différends et qui aboutissent parfois à des sanctions commerciales.

 

Mais, de la même façon que l’accord UE-Canada, qui est en passe d’être ratifié, le volet « investissement » du mandat de négociation du PTCI/TAFTA prévoit un mécanisme particulièrement menaçant : le règlement des différends investisseurs-Etats. Ce mécanisme permettrait à des multinationales de poursuivre directement l’Union européenne, des États ou des collectivités locales sous l’argument du non respect de l’accord établi, et ainsi de contester de nombreuses réglementations protectrices des consommateurs ou des économies locales. L’objectif : étendre le champ possible des investissements et « sécuriser » les bénéfices des investisseurs. Des experts « arbitres » délibèreraient alors indépendamment des juridictions publiques nationales ou communautaires.

 

On trouve de nombreux exemples de plaintes de multinationales dans le cadre d’accords bilatéraux d’investissement déjà conclus. Certains Etats ont ainsi été condamnés à des amendes très dissuasives, se chiffrant souvent en millions, voire en milliards de dollars. C’est le cas de l’Etat canadien, suite à une plainte de la multinationale Lone Pine, dans le cadre de l’accord de libre-échange Canada/États-Unis/Mexique : Lone Pine a demandé 250 millions de dollars de réparation pour des profits qu’elle n’a pu réaliser à cause du moratoire sur l’extraction des gaz de schiste mis en place par le Québec.

 

Les risques pour les normes européennes sanitaires, environnementales et de bien-être animal Tout porte à croire que les multinationales se saisiront de l’occasion offerte notamment par le règlement des différends investisseurs-États pour faire pression sur les normes sanitaires, environnementales et de bien-être animal. L’ONG américaine IATP et les Amis de la Terre Europe font ainsi état de nombreuses pressions déjà exercées par les multinationales, notamment américaines, auprès des décideurs publics dans le cadre des négociations transatlantiques [10]. Le représentant américain au commerce, Michael Froman, plaide déjà pour que les règlementations européennes s’alignent sur celles qui régissent l’agro-industrie américaine. Les lobbys de l’agro-business américain appellent quant à eux à prendre comme modèle l’accord transpacifique, en cours lui aussi de négociations, car cet accord « contient une partie sur les normes sanitaires et phytosanitaires avec de fortes disciplines allant plus loin que celles de l’OMC » [11]. Ils sont appuyées par certains États-membres européens, comme le Royaume-Uni dont le premier ministre David Cameron a déclaré : « Tout doit être sur la table. Et nous devons nous attaquer au cœur des questions règlementaires, de façon à ce qu’un produit accepté d’un côté de l’Atlantique puisse immédiatement entrer sur le marché de l’autre » [12].

 

L’Union européenne et les États-Unis présentent en effet de fortes différences de normes sanitaires, environnementales et de bien-être animal. Le risque est grand d’une harmonisation vers le bas. La Commission européenne se positionne d’ores et déjà pour que « les mesures sanitaires et phytosanitaires [SPS] soient revisitées de façon collaborative », de façon à ce que les « SPS de chaque côté soient fondées sur la science et les standards internationaux » et avec l’objectif de « minimiser les effets négatifs des mesures SPS sur le commerce » [13]. Ces formulations font craindre le pire pour le principe de précaution, non reconnu par les États-Unis mais qui figure au contraire dans les traités européens : dans l’Union européenne, ceux qui souhaitent introduire de nouveaux produits ou procédés de fabrication doivent faire la preuve de l’absence de risque. S’il y a controverse scientifique, alors le principe de précaution peut s’appliquer. Au contraire, pour les Etats-Unis, il doit y avoir preuve de la nocivité de ces produits ou procédés, par exemple pour la santé humaine.

 

Dans l’Union, ce principe de précaution s’applique en particulier aux OGM : ils sont soumis à une procédure d’autorisation, avec une évaluation des risques obligatoire réalisée par la puissance publique. Mais aux Etats-Unis, les produits OGM sont considérés comme « substantiellement équivalents » aux produits non OGM et ne requièrent pas d’évaluation de ce type. La liste des OGM autorisés à la culture, à l’élevage et à la consommation animale et humaine est ainsi sans commune mesure avec celle de l’Union européenne - la Food and Drug Administration est ainsi sur le point d’accepter la production et la vente de saumon OGM -. Selon l’étude réalisée par le Parlement européen [14], il existe donc des risques importants d’affaiblissement des procédures d’autorisation des OGM importés en Europe, menaçant d’élargir considérablement la liste des variétés autorisées à l’importation - une cinquantaine actuellement, en maïs, coton, soja, colza essentiellement -.

 

Ces risques pèsent également sur les variétés autorisées à la culture sur le sol européen - pour l’instant, uniquement le maïs MON 810 – et sur les interdictions pures et simples des cultures d’OGM émises par certains États-membres, dont la France. Tous ces risques sont d’autant plus importants que les industries de biotechnologie américaines en ont fait clairement leur objectif numéro un dans les négociations. Enfin, les lobbys industriels comptent affaiblir l’obligation européenne d’étiqueter tout produit non OGM, mais également annihiler les progrès réalisés en la matière d’une trentaine d’Etats américains [15]. L’ensemble des règles visant l’information des consommateurs, par exemple celles relatives à l’origine des produits, sont d’ailleurs visées explicitement par les multinationales, qui espèrent les faire passer pour des entraves au commerce dans l’accord transatlantique.

 

La volaille désinfectée avec des solutions chlorées fait partie également des quelques sujets majeurs de préoccupation dans cette étude réalisée par le Parlement européen. Les Etats-Unis tentent en effet depuis longtemps d’obtenir la possibilité d’en exporter vers l’Union : tandis que l’Union n’accepte que l’eau pour laver les carcasses de volailles pour des raisons sanitaires, les Etats-Unis autorisent différents produits de traitement contre les pathogènes. Les États-Unis ont déjà contesté cette interdiction d’exportation, qui leur a coûté des centaines de millions de dollars, dans le cadre de l’OMC et d’accords bilatéraux. Les négociateurs américains comptent donc sur l’accord en cours pour faire avancer le sujet.

 

Des interrogations demeurent également quant à la question du bœuf aux hormones. Rappelons qu’aux Etats-Unis, la plupart du bœuf produit et consommé est traité avec des hormones de croissance. Les ÉtatsUnis et le Canada avaient porté plainte à ce sujet auprès de l’OMC. Celle-ci leur avait donné raison, autorisant des sanctions commerciales. L’accord de 2009 entre Etats-Unis et Union européenne allège ces sanctions en échange d’une augmentation des quotas d’imports de bœuf américain sans hormones par l’Union. Cet accord devrait permettre selon le Parlement européen d’éviter certainement une nouvelle remise en cause dans le cadre de l’accord transatlantique. Mais rien n’est garanti.

 

D’autres règles publiques d’importance pourraient se retrouver menacées dans cet accord, concernant les résidus de pesticides ou les additifs alimentaires. C’est le cas de l’interdiction dans l’Union européenne de l’usage de la ractopamine, utilisée par contre aux États-Unis dans l’alimentation animale pour stimuler la croissance et en modifier la qualité. La ractopamine apparaît pourtant dangereuse pour le bien-être animal et la santé humaine dans de nombreux articles de recherche, ce qui a amené une très grande majorité de pays dans le monde à en interdire la production et l’importation. Le Codex alimentarius, qui sert de standards internationaux alimentaires, a néanmoins récemment accepté dans ces standards un niveau minium possible de ractopamine, ce qui offre de nouveaux espoirs à l’industrie de la viande dans le cadre des négociations transatlantiques [16]. De même, la California Table Grape Commission vise les niveaux maximums de résidus de pesticides dans les fruits, dont beaucoup sont bien plus faibles en Europe qu’aux Etats-Unis.

 

En contrepartie, les autorités françaises et européennes soulignent la possibilité d’avancées sur le plan des Indications d’origine protégée, que les autorités états-uniennes pourraient reconnaître et qui permettraient d’empêcher, par exemple, la production de champagne états-unien. Mais rien n’est moins sûr, puisque les acteurs économiques côté États-Unis sont vent debout contre l’introduction de telles règlementations [17].

 

 

- Des risques pour les normes et l’agriculture paysanne américaines

Edouard Bourcieu, de la direction générale Commerce à Bruxelles, affirmait les intérêts des multinationales européennes en juillet dernier : « N’oublions pas que nous avons aussi des intérêts offensifs à défendre sur le volet agricole, afin de pouvoir exporter plus » [18]. Les ONG américaines soulignent ainsi les pressions exercées par les exportateurs européens, par la voix de BusinessEurope ou des industries agroalimentaires, pour affaiblir le « US Food safety Modernization Act » - lois votées en 2010 visant à prévenir les contaminations alimentaires -, les standards sur la qualité du lait [19] ou encore les lois américaines de protection des mammifères marins, qui induisent des restrictions aux importations. L’Union européenne pourrait également en profiter pour affaiblir certains niveaux de tolérance de présence de pathogènes dans les produits animaux, plus élevés outre-atlantique [20].

Un autre sujet d’importance intéresse les exportateurs européens : les politiques d’encouragement d’achat de produits locaux et plus sains par les écoles ou autres administrations publiques américaines. Ainsi, un programme fédéral encourage les partenariats entre écoles et fermes locales. Le mandat initial de la Commission européenne souligne son souhait de nouvelles règles de marchés publics dans tous les secteurs, menaçant ainsi ce type de politiques publiques et notamment le programme « Buy America », visant la relocalisation des activités.

 

 

- Une estimation biaisée des conséquences de l’accord

Concernant les conséquences de l’accord, la Commission Européenne s’appuie sur une étude du CEPR (Centre for Economic Policy Research), qui affiche une espérance de 0,21% de PIB d’ici 2027 dans le scénario qui semble le plus réaliste… soit 0,015% de croissance par an. Ces faibles résultats sont très inférieurs à la marge d’erreur du modèle et ne sont pas significatifs. Ils reposent sur des hypothèses éloignées de la réalité des marchés. En outre, les opportunités et les risques pour l’agriculture ne sont pas étudiés : l’agriculture est traitée comme un secteur industriel classique, occultant le fonctionnement spécifique des marchés agricoles [21]. Les impacts sur la sécurité sanitaire et bien d’autres sujets relatifs à l’agriculture et l’alimentation ne figurent pas dans le document final d’évaluation de l’accord de la Commission européenne [22]. Il est donc extrêmement important que d’autres institutions, mais aussi les organisations citoyennes, se saisissent de ces questions, mènent leurs propres investigations et informent le plus largement possible les citoyens sur les effets potentiellement désastreux de cet accord sur le plan social et environnemental.

 

Le Grand Marché Transatlantique (TAFTA) : conséquences dans nos campagnes et nos assiettes
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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 23:42
Stupéfiante union sacrée au Parlement européen

Source : Politis.fr par Michel Soudais

« La droite et les socialistes se préparent à faire une alliance au sommet de l’Union européenne » , avertit avertit jean Luc Mélencho dans un communiqué. Exagération ? Pas vraiment. « Jeudi 3 avril dernier, les groupes de droite (PPE), libéraux (ALDE) et sociaux-démocrates (S&D) du Parlement européen ont adopté une déclaration commune, poursuit le député européen du Parti de gauche. Celle-ci prévoit que les trois groupes se concerteront dès les élections passées pour « soumettre conjointement » au Conseil européen une proposition de nom pour la présidence de la Commission européenne. »

 

Cette déclaration conjointe des groupes PPE, S&D et ADLE existe bien. Elle peut être consultée sur le site du groupe PPE (droite), sur celui du S&D (groupe socialiste et démocrate), celui de l'ADLE (libéraux&démocrates). Et leurs présidents respectifs, Joseph Daul, Hannes Swoboda et Guy Verhofstadt, « s’engagent à dialoguer et à se consulter dès que possible après les élections européennes » sur le nom du futur président de la Commission européenne qu’ils n’imaginent pas venir d’un autre camp que d’un des leurs.

 

- Voici le contenu de leur déclaration conjointe :

« Conformément à la lettre et à l’esprit du traité, et tenant pleinement compte des résultats des élections européennes, nous nous engageons à lancer aussi vite que possible après les élections européennes un dialogue et des consultations, qui viseront à désigner, au sein de la famille politique capable de constituer la majorité qualifiée requise au Parlement européen, le candidat européen à la présidence de la prochaine Commission. »

« Le candidat du plus grand groupe sera le premier à tenter de constituer la majorité requise. Sur cette base, nous soumettrons conjointement une proposition au Conseil européen afin de lancer les consultations institutionnelles conformément à la Déclaration 11. »
 
« Le prochain président de la Commission devra être élu dans le cadre d’un processus transparent et non de manœuvres en coulisse. »
 
« Nos familles politiques se présenteront aux élections européennes avec leurs candidats respectifs à la présidence de la Commission européenne. »

« Le prochain président de la Commission devra être choisi parmi ceux-ci. Il s’agit de respecter les attentes des citoyens et de rendre l'Union européenne plus proche d’eux et plus démocratique. »

 

- A moins de huit semaines des élections européennes, cette entente sur l’après-scrutin, symptomatique de la cogestion qui règne au sein du Parlement européen, irrite fort Jean Luc Mélenchon co-président du PG qui devrait être le candidat du Front de gauche dans le Sud-Ouest, qui appelle les électeurs à « régler [leurs] comptes avec cette Europe et cette alliance dégoûtante » :

« Imaginez la même chose en France : le PS et l’UMP s’accordant dans le dos des Français pour choisir le Premier ministre !
C’est une nouvelle preuve de l’alignement politicien du PS sur la droite européenne.
Cette Europe est définitivement irréformable. Il faut en finir pour rendre leur pleine souveraineté aux peuples. »

 

Nota

Mais est-ce nouveau ? Non !

- lire :  Sociaux-libéraux, droite européenne alliés permanents ; 

- lire : Majorités "soviétiques" au parlement européen : l'étude qui dérange

- lire : Qui vote quoi au Parlement européen ?

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 21:00
Rompre avec l'AUSTÉRITÉ pour REFONDER L'EUROPE
Rompre avec l'AUSTÉRITÉ pour REFONDER L'EUROPE
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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 10:30
Campagne des européennes : le PS sait-il qu’il est au pouvoir ?

Source : Regards.fr par Guillaume Liégard

Si la campagne des élections européennes ne passionne guère les foules, elle livre déjà quelques perles. Ne doutant de rien, le Parti socialiste a en effet décidé de placer sa campagne… sous le signe de la lutte contre l’austérité.

 

Dès le 4 avril, celui qui était encore premier secrétaire du PS, Harlem Désir déclarait : « Il s’agit de rompre avec les politiques d’austérité imposées par les conservateurs et donner la priorité à la croissance et l’emploi ». Dans la foulée, les socialistes et leurs alliés du PRG convoquaient un meeting européen au Cirque d’hiver en présence de Martin Schulz, candidat du Parti socialiste à la présidence de la Commission européenne. L’affiche met d’ailleurs en exergue une phrase de ce dernier : « L’austérité en Europe est une erreur ». Pour faire bonne mesure, le matériel de campagne pour la circonscription d’Ile-de-France creuse le sillon : « Je veux une Europe qui protège », « 1.000 milliards d’évasion fiscale en Europe par an ! », « Stop au dumping social », indiquent les têtes de chapitre. Sur le site de campagne Choisir notre Europe on trouve aussi des mots d’ordre comme « Refuser l’austérité », assorti de l’ambition de « réviser le pacte de stabilité pour donner la priorité à la croissance, la relance et l’emploi ».

 

Bigre, se dit-on, voilà un personnel politique qui gagnerait à être au pouvoir. Le problème est que, justement, ils y sont. Martin Schulz, par exemple, à la suite d’un accord avec les conservateurs, est l’actuel président du Parlement européen. Surtout, il appartient au SPD qui, depuis les dernières élections législatives, participe au gouvernement d’Angela Merkel dans le cadre d’une grande coalition. Depuis plus de trente ans, socialistes européens et conservateurs ont voté tous les traités qui ont organisé la dérégulation de l’économie, les privatisations et la casse des services publics. Quant aux socialistes français, se prévaloir d’une quelconque lutte contre les politiques d’austérité au moment même ou Manuel Valls va faire voter le Pacte de responsabilité à l’Assemblée nationale, il fallait oser.

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 08:44
"Nous célébrons Jaurès !" - J.-L. Mélenchon

Il y a 100 ans, le 31 Juillet 1914, a 21h40, Jean Jaurès était abattu au Café du Croissant, par un étudiant nationaliste, Raoul Villain.
Toujours revenir à ce géant politique qui disait : “ Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ”.
Et à ceux que le ton des opposants de gauche dérange, ses paroles restent plus que jamais à méditer :  « Ah ! Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! » Jean Jaurès, 1906, au cœur d'un vaste mouvement social.

 

 

 

- Jean-Luc Mélenchon rend hommage à Jean-Jaurès

Jeudi 24 avril 2014, au lendemain de la visite chahutée de François Hollande à Carmaux, Jean-Luc Mélenchon a visité le musée Jaurès à Castres, dans le même département. Chaleureusement accueilli, il y a prononcé un discours pour célébrer Jaurès et dénoncer l'imposture de l'hommage de François Hollande.

 

 

Pour en savoir plus :

- JAURÈS et les riens par Maud Assila

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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 13:51
LAVALLS

Jeudi 1er mai 2014

Source : blog de Robert Mascarel

Ce titre n’est pas qu’un jeu de mots. Il reflète les nombreux points communs existant entre le sinistre Pierre Laval et Manuel Valls.

 

- Comme Laval fut « socialiste », Valls prétend l’être.

 

- Comme Laval fut un très jeune ministre de l’intérieur, le jeune Valls l’a aussi été.

 

- Comme Laval avait une conception autoritaire de l’Etat, Valls s’en vante aussi. Rappelons, à ce propos, que le modèle de Valls n’est pas Jaurès mais Clémenceau, qui n’a jamais été socialiste et qui, alors qu’il était président du Conseil (l’équivalent sous la 3ème République du Premier ministre de la 5ème République) s’était autoproclamé le « premier des flics » et qui n’a pas hésité, pour faire « honneur » à son titre, à réprimer sauvagement les grévistes. De ce jour, d’ailleurs, Jaurès s’était brouillé avec lui.

 

- Comme Laval fut président du Conseil, Valls est devenu Premier ministre.

 

- Comme Laval a entrepris une politique de déflation, Valls s’en fait également le chantre et l’applicateur zélé. Pour les mêmes raisons et avec les mêmes solutions. A savoir, une production industrielle en panne et une croissance ralentie, pour ce qui est des raisons, et une baisse autoritaire des salaires des fonctionnaires, pour ce qui est des solutions. En 1935, le résultat ne s’est pas fait attendre, le chômage a continué de croître, provoquant la chute du gouvernement qu’il dirigeait. Son échec a ouvert la voie au Front populaire. Le sort de Laval, en 1935, attend Manuel Valls. Immanquablement.

 

- Un seul point d’interrogation subsiste et subsistera, j’en forme le vœu, probablement toujours.

Pierre Laval, longtemps considéré comme respectable, longtemps socialiste, puis démocrate jusqu’en 1940, s’est mué, avec l’occupation de la France par les troupes de Hitler, en un atroce antisémite, soutien inconditionnel de Hitler. Plus encore que Pétain. Jusqu’à subir le sort qu’il méritait, son exécution en 1945.

 

Pour notre chance et pour la chance de Manuel Valls, il n’existe pas, aujourd’hui, l’équivalent de Hitler. Du moins à son niveau de puissance. Et s’il existait ? Là est le point d’interrogation. Que ferait-il ? Comme Laval ? A la décharge de Manuel Valls, cette interrogation vaut pour chacun(e) de nous.

 

Une chose est certaine, toutefois. Son comportement dans l’affaire Alstom ne laisse pas d’inquiéter. La défense de l’intérêt national paraît être le cadet de ses soucis. Dans le débat relatif au repreneur de cette grande entreprise française, intervenant dans un domaine stratégique essentiel pour l’indépendance de notre pays : les turbines nucléaires, sa préservation n’est pas mise en avant. L’essentiel porte sur le fait de savoir qui, de Siemens, l’allemand, ou de General Electric, l’américain, sera le moins coûteux en perte d’emplois.

 

Faute de taille critique, nous disent les économistes et les médias libéraux, repris en chœur par Hollande, le gouvernement et tous les politiciens libéraux de droite et de « gauche », Alstom ne peut faire autrement que de se faire manger par un groupe étranger ayant cette taille critique. Pour ceux-là, la nationalisation est donc impensable. Fi de l’intérêt national, alors que le secteur du nucléaire, secteur stratégique s’il en est, indispensable à notre indépendance est en jeu. Il n’y a pas si longtemps, un tel fatalisme aurait été assimilé à un acte de trahison.

 

En réalité, ce qui arrive aujourd’hui à Alstom est ourdi de longue date, aussi bien par les capitalistes français, que par les gouvernements successifs, de droite et de « gauche ».

 

Pour faire simple, l’acte de décès d’Alstom (sans h) remonte au 10 mars 1995, sous Chirac, le jour de l’arrivée de Serge Tchuruk à la tête du groupe Alcatel-Alsthom (avec h). Celui-ci a aussitôt entrepris de dépecer le groupe qui, de fusions en absorptions, ou en concentrations, s’était constitué en un siècle. Tout cela, au nom de l’idée en vogue à ce moment-là, chez les capitalistes français : à savoir la nécessité de se recentrer sur son cœur de métier. En l’occurrence les télécommunications (Alcatel, devenu Alcatel-Lucent). La partie Alsthom étant livrée à l’encan.

 

Ce faisant, les capitalistes français faisaient l’inverse de ce qui se pratiquait dans le monde, où se constituaient au contraire des conglomérats géants multiactivités. S’il en est ainsi, c’est que hier comme aujourd’hui, les gouvernements français successifs n’ont aucune politique industrielle, convaincus qu’ils sont que notre industrie doit se fondre dans un ensemble européen, parfaitement hypothétique et disparate.

 

Le dépeçage du groupe, c’est-à-dire la perte délibérée de la taille critique qu’avait Alcatel-Alsthom, qui justifie aujourd’hui que Alstom ne puisse résister aux assauts de General Electric ou de Siemens, s’est opéré sous le regard complice des gouvernements successifs.

 

Il faut savoir que, pour cette basse besogne, Serge Tchuruk, polytechnicien issu de l’école des Mines, était le P-DG le mieux payé de France.

 

Le coup de grâce a été porté en 1998, sous Jospin, quand le groupe Alcatel-Alsthom, issu du groupe CGE (Compagnie Générale d’Electricité), a éclaté en trois entités distinctes et indépendantes : Alcatel, Alstom et Cégélec. La descente aux enfers, pour les trois entités commençait.

 

Ce n’est pas faute, qu’avant même que tout cela arrive, tous les syndicats, toute la gauche, hormis le parti socialiste, aient alerté l’opinion sur ce qui allait inévitablement se passer. Mais comme nous ne faisons pas partie des belles personnes, nous n’avons pas été écoutés. Nous ne le sommes pas davantage aujourd’hui par Hollande et Valls.

 

Ainsi, il en va sous Hollande-Valls comme sous Laval d’avant-guerre, lui aussi au nom de l’Europe, mais hitlérienne. Ce n’est fort heureusement pas le cas aujourd’hui.

 

Le trait commun à tous ces dirigeants, c’est qu’ils se défient du peuple. Ils préfèrent s’en remettre aux banquiers et aux employeurs et à ceux issus des grandes écoles. Pour les dégâts que l’on voie sous nos yeux.

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 14:50
13 MAI : Myriam MARTIN à NIORT (Tête de liste FdG OUEST - Elections Européennes)
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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 12:43
Alstom : la nationalisation pour résister au privé

COMMUNIQUÉ DE MYRIAM MARTIN

Le 29 avril 2014

Source : site de campagne du Front de Gauche circonscription Ouest

General Electric, puis Siemens sont sur les rangs pour racheter la branche énergie dont la direction d’Alstom veut se débarrasser.

 

Occupant une place centrale dans le secteur de l’énergie et des centrales hydrauliques, Alstom reste une entreprise bénéficiaire. L’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie, la récession qui a touché l’Europe depuis la crise financière a fait croître son taux d’endettement mais celui-ci reste inférieur à la moyenne des entreprises françaises.

 

En fait, le démantèlement annoncé est la conséquence de la décision de Bouygues, actionnaire à hauteur de 30%, de vendre ses parts pour réinvestir son capital dans d’autres secteurs, comme la téléphonie.

 

Cette décision de la direction met en danger la branche construction de tramways et de TGV et les emplois qui vont avec.

 

Il est inacceptable que le sort de cette entreprise dépende du comportement spéculatif d’actionnaires qui déplacent leurs capitaux à la recherche de placements plus rentables.

 

Le sort d’une activité industrielle de première importance et des salariés est en jeu.

 

Je ne suis pas d’accord avec les solutions avancées, que ce soit le rachat par General Electric, ou par Siemens comme le préférerait le gouvernement.

Des suppressions massives d’emplois en seraient la conséquence.

 

Il faudrait un service public de l’énergie en Europe, mais le préalable c’est la rupture avec la « concurrence libre et non faussée ».

 

Concernant Alstom, le gouvernement doit prendre ses responsabilités et nationaliser, sous le contrôle des salariés et de leurs organisations syndicales, le groupe pour sauvegarder les secteurs stratégiques menacés.

 

Je suis résolument aux côtés des salariés qui doivent se poser beaucoup de questions sur leur avenir. Ils doivent être informés en toute transparence de la situation existante.

 

Je les soutiens dans leur démarche et leur action collective pour défendre leurs emplois.

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29 avril 2014 2 29 /04 /avril /2014 16:11
Les annonces de M. Valls : de l’esbrouffe !
Déclaration de Myriam Martin, tête de liste Front de gauche dans l’Ouest

Mardi 24 avril 2014

Source : site de campagne du Front de Gauche circonscription Ouest

En déplacement dans l’Eure-et-Loir, M. Valls vient d’annoncer une « mesure forte » en faveur des retraités modestes, mesure qui devrait être présentée, en juin, dans le cadre du projet de loi de finances rectificatives.

 

Seraient concernés les retraités touchant 8 à 900 euros par mois et qui sont au niveau du seuil de pauvreté.

 

Ce ne sont pas quelques euros de plus qui changeront la situation de toutes les catégories de la population qui font les frais de la politique d’austérité.

 

Ces mesurettes seront mangées par l’augmentation du coût de l’énergie et le montant des loyers. En effet, comment peut-on vivre dignement en-dessous de 1700 euros par mois !

 

La vérité c’est que la pacte de responsabilité, qui doit être voté à l’Assemblée nationale le 29 avril, prévoit des sacrifices importants pour les couches populaires pour distribuer des cadeaux au patronat : 30 milliards en plus pour les patrons sans obligation de création d’emplois, 22 milliards à échéance 2017 en moins dans la poche des salariés.

 

L’augmentation de 7 milliards de la TVA au 1er janvier c’était pour financer le CICE !

 

Même fausse mansuétude concernant les fonctionnaires dont le point d’indice est bloqué depuis quatre ans. Une « clause de revoyure » serait prévue au cas où la croissance reviendrait. Ce n’est pas ça qui va compenser la perte de pouvoir d’achat subi.

 

C’est pourquoi, les députés du Front de gauche, le 29 avril, voteront contre l’adoption du pacte de responsabilité.

 

La politique libérale de F. Hollande et de M. Valls offre un boulevard à la droite qui ne rêve que de réformes structurelles, comme la fin de la durée officielle du travail à 35h, et de coupes dans les dépenses publiques encore plus sévères.

 

Le 12 avril, nous étions plusieurs dizaines de milliers dans la rue pour une alternative à l’austérité. Très vite donnons une suite à cette belle manifestation unitaire pour faire grandir l’alternative sociale, démocratique, écologique et féministe.

 

Le 25 mai, à l’occasion des élections européennes, il faut battre dans les urnes tous les partisans de la politique d’austérité en votant pour la liste du Front de gauche.

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 09:33
Élections européennes, l'intégralité de la liste Front de Gauche pour l'OUEST !

- Les 18 candidat(s) de la liste européenne du Front de Gauche pour l'Ouest  ICI

- Le tract de lancement de la campagne est en piéce jointe ou à télécharger ICI

 

 

 

 

 

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 09:51
Comment le PS français est-il devenu un parti du capital ?

Par Denis Collin pour La Sociale Jeudi 17/04/2014

- Sommaire

  • [A] Un constat : la défaite de la gauche est historique au sens plein du terme
  • [B] La gauche comme système politique de subordination des classes populaires
  • [C] Continuité et changement
  • [D] La social-démocratie telle qu’elle fut
  • [E] Explications de la « grande trahison »
  • [F] Involution de la trajectoire de la social-démocratie
  • [G] Comment le PS français est devenu est parti du capital ? Hier ...
  • [H] Comment le PS est devenu un parti du capital ? Aujourd’hui...

 

- [A] Un constat : la défaite de la gauche est historique au plein sens du terme

La défaite historique du PS aux municipales de 2014 a été enterrée sous le vacarme médiatique orchestré autour de la prétendue montée du Front National ou le changement de gouvernement. Mais cette débâcle est le signe de quelque chose de bien plus profond : la décomposition accélérée de la « gauche » non seulement en France mais dans l’Europe entière entraîne avec elle tout le mouvement ouvrier organisé. Il suffit de jeter un œil du côté de l’Italie : la « gauche » a disparu purement et simplement même en termes électoraux. Le PD, défini comme parti de centre-gauche, a renoncé à toute référence « de gauche » et l’actuel président du conseil PD, Matteo Renzi, issu de l’aile démocrate-chrétienne serait classé en France quelque part entre Bayrou et Copé. Les vestiges de la gauche, le PRC (dernier débris du PCI) et quelques autres groupuscules n’ont plus aucune représentation parlementaire et risquent d’être dans l’impossibilité de présenter une liste pour les élections européennes.

 

C’est un phénomène historique de première importance et qui doit être compris dans toute son ampleur, au premier chef par ceux qui se refusent à considérer que « le capitalisme borne notre horizon » (comme l’ont voulu établir voilà déjà près d’un quart de siècle les congressistes du PS). La « gauche » a connu des crises graves dans le passé, notamment quand une large fraction de ses dirigeants ont voté les pleins pouvoirs à Pétain. Elle a été profondément déchirée par la « guerre froide ». La vieille SFIO s’est déshonorée dans les guerres coloniales, pour ne parler que de la France. Mais il y avait toujours eu jusqu’à présent une partie de la gauche qui résistait et dès que l’occasion se présentait elle redevenait le drapeau des espérances des classes populaires. Aujourd’hui, en France comme en Italie, mais aussi – quoique à un degré moindre dans les autres pays européens – la gauche est tout bonnement pulvérisée. Et aucune résistance sérieuse, aucune relève, aucun alternative ne se lève. « Je suis écœuré » : voilà ce que l’on entend le plus souvent dans le « peuple de gauche », chez ces militants, ces électeurs, fidèles jusqu’alors et qui déjà ne votent plus ou ne voteront plus la prochaine fois. Cet écœurement est cependant la manifestation du retard considérable de la conscience sur la réalité historique et de la propension de chaque génération à aller au plus court et ainsi à se bercer d’illusions qui finissent toujours par se fracasser en faisant des dégâts souvent irréversibles.

 

 

- [B] La gauche comme système politique de subordination des classes populaires

L’effondrement de la gauche en tant que telle peut difficilement être tenu pour une catastrophe. La gauche est une chimère dont la fonction fut le plus souvent d’être le « gérant loyal du capitalisme » (Blum lors de son procès). Ainsi que Jean-Claude Michéa l’a fort opportunément rappelé dans ses derniers ouvrages, le mouvement ouvrier, syndicaliste, anarchiste, socialistes de toutes obédiences, y compris marxistes ne s’est jamais défini comme « gauche » avant le début du XXe siècle. La distinction droite/gauche, née pendant la révolution française, était une distinction entre les deux grandes fractions de la bourgeoisie, la droite représentant la fraction monarchiste, anti-républicaine et hostile à la démocratie, souvent liée aux vestiges de l’Ancien Régime, et la gauche, républicaine, appuyée sur les classes moyennes traditionnelles, souvent anticléricale, et dont le vieux parti radical fut l’expression la plus achevée. Mais de la droite (maurrassienne et monarchie, par exemple) jusqu’à l’extrême gauche radicale, tous se tenaient sur le terrain de la propriété privée des moyens de production et du « marché libre ». Le mouvement ouvrier quant à lui n’a commencé à exister qu’en s’affirmant en dehors de ce dispositif droite/gauche interne aux classes dominantes, quand, en juin 1848, les ouvriers réclamant le droit au travail et la république sociale affrontent les forces armées « républicaines ». C’est avec l’affaire Dreyfus ou plus exactement avec les suites politiques de l’affaire Dreyfus que les socialistes en sont venus à s’inscrire comme l’aile gauche de la gauche bourgeoise – non difficultés d’ailleurs, puisque la première expérience de participation socialiste à un ministère bourgeois, l’expérience de Millerand rencontra une puissante hostilité dans les rangs socialistes et renforça les tendances anti-parlementaires dans le mouvement syndical. Le quiproquo réside en ceci : pour défendre le droit et la simple justice, il est évident que toutes les alliances sont justifiées puisqu’elles visent un objectif précis, dans préjuger des positions des uns et des autres sur les autres sujets ; mais cela n’implique évidemment pas qu’il y ait communauté de vues sur tout l’horizon historique. Ce quiproquo a eu dans toute notre histoire un effet simple : entre tous les alliés, la direction de l’alliage a été donnée par « le plus à droite » (si on veut garder la distinction droite/gauche) et les partis ouvriers membres de telles alliances « de gauche » ont toujours été conduits à limiter drastiquement leurs objectifs propres avec ce qui est compatible avec le programme de leurs alliés radicaux, c’est-à-dire à enfermer les revendications prolétariennes dans le cadre de ce qui est compatible avec le maintien de la propriété capitaliste et les alliances internationales que cela suppose. L’alliance à gauche n’est une alliance que si on dit qu’un cavalier et son cheval sont alliés. Les ouvriers, comme d’habitude, ont joué le rôle des chevaux et les cavaliers ou les cochers étaient les bourgeois républicains.

 

 

- [C] Continuité et changement

Le seul rôle qu’ait jamais joué la gauche fut toujours de canaliser les mouvements populaires dans les limites de la propriété capitaliste. Aux moments cruciaux, du reste, cette « gauche » a été soit impuissante, soit a explosé. Il suffit de rappeler l’effondrement du pays en 1939-1940. Les radicaux (à quelques rares et honorables exceptions près se sont retrouvés dans le camp des défaitistes et pour certains ont fini dans la plus abjecte des collaborations). Une grande partie des socialistes a voté les pleins pouvoirs à Pétain au moment où les seules forces de résistance au nazisme se trouvaient à droite avec De Gaulle ou dispersées dans des petits groupes marginaux issus de la gauche – le PCF n’ayant rejoint que tardivement la résistance, tentant d’abord toutes sortes de manœuvres indignes comme les démarche auprès des autorités d’occupation pour obtenir la reparution légale de « L’Humanité ». Les dernières formes d’Union de la Gauche que nous ayons connues sous la présidence de Mitterrand ou lors du gouvernement Jospin de 1997-2002 ont été globalement menés sous le signe d’une adaptation croissante aux exigences du capital financier international. La nouveauté avec Hollande est qu’il n’y a absolument aucune mesure qui puisse rappeler que la gauche défend le peuple contre « ceux du château » comme le disait avec une emphase mensongère Mauroy. Le gouvernement Hollande est ouvertement un gouvernement Hollande-Medef qui a pris comme cible le « coût du travail », c’est-à-dire s’est donné pour tâche de réduire encore plus la part du travail dans le revenu national et d’augmenter les dividendes des actionnaires. Réduction du budget de l’État en économisant sur les prestations sociales et sur les dotations aux collectivités locales, baisse des « charges sociales », autrement dit salaire différé, cadeaux fiscaux aux patrons en voie de surpasser ceux que Sarkozy avait décidé. Il est impossible de déceler aujourd’hui la moindre divergence entre droite et gauche. L’augmentation vertigineuse de l’abstention n’exprime une baisse de la conscience politique de nos concitoyens, mais au contraire une vrai maturation : ils comprennent que la gauche n’est qu’un attrape-nigauds et que fondamentalement droite et gauche sont la même chose présentée sous deux emballages différents, un peu comme toutes les marques de lessive dans les rayons des hypermarchés.

 

 

- [D] La social-démocratie telle qu'elle fut

Cette appréciation globale de la gauche inclut les responsabilités de tous les partis qui se réclament de la gauche, même ceux qui se veulent aujourd’hui dans « l’opposition de gauche ». On dira quelques mots plus loin du PCF et du PG en omettant les divers groupes qui se nourrissent des rares miettes qui tombent de la table des grands. Mais pour l’heure il faut traiter de la social-démocratie, c’est-à-dire France du PS. Le diagnostic de Lénine, Trotski ou Rosa Luxemburg concernant les partis issus de la vieille internationale ouvrière fondée en 1889 est absolument exact : ils sont « passés définitivement du côté de l’ordre bourgeois ». En se ralliant à l’union sacrée leurs propres bourgeoisies nationales, ces partis se sont faits les complices de la grande boucherie de 1914, mère de toutes les horreurs que ce siècle à produites. En Allemagne, en 1918-1919, alors que l’Allemagne du Kaiser s’est effondrée, la social-démocratie allemande, en liaison avec les envoyés des États-Unis, participe au gouvernement de Max von Baden et Ebert, dirigeant de la SPD propose même d’organiser le sauvetage de la monarchie. Face à l’insurrection spartakiste, les Ebert, Noske et Scheidemann ont été les organisateurs directs de la contre-révolution et de l’assassinat de leurs anciens camarades de parti, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Ils ont organisé ou couvert la formation des « corps francs » d’où sont sortis les SA. Quand, une décennie plus tard, il faudra organiser le front unique pour empêcher Hitler de prendre le pouvoir, le KPD de Thaelmann, suivant la politique folle dictée par Staline, qualifiera la social-démocratie de « social-fascisme », allant même jusqu’à prophétiser que la victoire d’Hitler serait le premier pas vers la victoire de Thaelmann. Mais si folle que fût cette politique, elle n’aurait jamais été suivie par la base du KPD s’ils n’avaient pas eu le souvenir brûlant des hordes du « chien sanglant » Noske lâchée contre les spartakistes. Les nazis n’oublieront pas les signalés services que leur avait rendus Noske. En 1933, Göring demandera à Noske, président de la région de Hanovre, de rester à son poste. On peut accumuler les exemples historiques qui confirmeraient abondamment le diagnostic porté il y a un siècle sur la social-démocratie. La SFIO venue au pouvoir sans l’avoir vraiment voulu en 1936[1] s’empressa de décréter « la pause » et laissa la république espagnole se faire étrangler par un coup d’État militaire appuyé par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. La non-intervention dictée par la diplomatie britannique était de ce fait la politique de la SFIO. La suite est logique : vote massif des pleins pouvoirs à Pétain en 1940 et après la guerre on retrouvera la SFIO dans toutes les aventures coloniales, Indochine, Suez, guerre d’Algérie… Le « socialisme scandinave » qui fit longtemps figure de modèle n’échappe pas à ce mouvement. La Suède non seulement resta neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, mais encore elle signa dès 1940 un pacte avec l’Allemagne nazie par lequel elle permettait le passage sur son territoire des trains militaires allemands. Il est vrai que les Suédois étaient classés parmi les « Aryens » dans le délire raciste hitlérien et que la Suède s’était très tôt signalée par une politique eugéniste de grande ampleur…

 

 

- [E] Explications de la "grande trahison"

Les explications de cette « grande trahison » ne manquent pas. L’explication traditionnelle des marxistes selon laquelle la social-démocratie serait l’expression de l’aristocratie ouvrière liée aux sur-profits réalisés par l’impérialisme n’est pas très convaincante. Plus généralement l’explication par la trahison des dirigeants traîtres ne convient guère. Le sociologue Robert Michels, dans un ouvrage fondateur sur Les partis politiques avait lui aussi pointé le caractère foncièrement conservateur de ces nouvelles élites issues des partis socialistes et des syndicats. Nous avons essayé (voir notre Le cauchemar de Marx) de donner une explication plus complète qui suppose qu’on refuse l’idée que la social-démocratie ait brusquement changé « de nature » en août 1914. une histoire critique du socialisme serait nécessaire, une histoire qui serait une histoire philosophique, sociologique et psychanalytique et ne se laisserait par enfermer dans les canons de l’historiographie traditionnelle. Une telle histoire inclurait nécessairement une analyse critique du rôle qu’a joué l’idéologie marxiste dans la formation de la IIe Internationale. J’emploie à dessein le terme « idéologie marxiste » pour désigner ce complexe de représentations et de croyances systématisées dans une sorte de catéchisme révolutionnaire ou plutôt historiciste et évolutionniste, élaboré par les papes autoproclamés du marxisme, les Kautsky et les Plekhanov, avec, hélas la bénédiction d’Engels. Cette idéologie marxiste promettait le salut aux salariés tout en présentant le mode de production capitaliste comme l’étape nécessaire dans cette voie. Elle a bien fonctionné comme idéologie à destination des classes subalternes pour rendre le règne du capital tolérable. Armée de cette idéologie à fortes connotations religieuses, la social-démocratie a pu ainsi agir comme un outil efficace d’intégration de la classe ouvrière au mode de production capitaliste. Sa crise et son effondrement aujourd'hui ne serait que la conséquence de son plein succès dans cette entreprise.

 

Les premières générations du mouvement ouvrier ont été constituées d’hommes (et de femmes) arrachés à leur condition de travailleurs indépendants. L’exode rural (parfois très violent comme lors de l’expulsion des petits paysans du Royaume Uni) et la ruine des petits artisans indépendants – parfois après un passage d’exploitation forcenée du travail à la maison, comme les canuts – ont été d’abord une dégradation brutale des conditions de vie et une humiliation intolérable. Dans la conscience populaire devenir un salarié pouvait s’apparenter à être réduit en esclavage. Devenir salarié, c’était tomber au bas de l’échelle sociale. C’est d’ailleurs pour cette raison que les premiers organisateurs du mouvement ouvrier furent souvent des artisans ou des hommes chez qui restait vif le souvenir de cette indépendance perdue. Le proudhonnisme, si influent dans le mouvement ouvrier français exprimait parfaitement cet état d’esprit : l’association ou la coopérative était le retour à la propriété individuelle du travailleur sur la base de la socialisation de la production. C’est du reste cette perspective que Marx conserve, à peine modifiée dans le Capital lorsqu’il énonce la perspective du remplacement du mode de production capitaliste par « les producteurs associés ». L’expropriation des expropriateurs est vue comme la « restauration de la propriété individuelle sur la base des acquêts de la socialisation ». C’est aussi la raison pour laquelle, dans la lignée de Marx et de Proudhon, le mouvement ouvrier a longtemps inscrit sur son drapeau « abolition du salariat et du patronat » (cf. Charte d'Amiens de la CGT, 1906).

 

En faisant du capitalisme une étape nécessaire de l’histoire dans la conception standardisée du matérialisme historique, et en faisant des ouvriers salariés le nouveau sujet historique, le marxisme aboutissait de fait à la glorification du salariat et donnait des raisons de l’accepter. La nationalisation étatique des grands moyens de production et d’échange promettait l’avènement d’une société de salariés. Et du même coup, il permettait l’intégration des ouvriers rebelles dans le mode de production capitaliste. Mieux : Lénine en vint à glorifier la discipline d’usine comme l’apprentissage de la discipline révolutionnaire.

 

Ainsi l’organisation ouvrière et sa bureaucratie devenaient des éléments intégrés au fonctionnement conflictuel du mode de production capitaliste. On ne peut donc pas parler de « trahison » : le socialisme historiquement constitué à partir de la création de l’Internationale ouvrière (la IIe Internationale) a accomplit ce qui était au fond le cœur de son programme : la justification historique de la transformation des couches populaires et des vieilles classes moyennes en salariés dont il défendait les intérêts en tant que salariés. Et c’est pour cette raison qu’il en est venu très rapidement à défendre le salariat, c’est-à-dire le système dans lequel les ouvriers se font concurrence pour vendre leur force de travail au capitaliste.

 

 

- [F] Involution de la trajectoire de la social-démocratie

Ce sont donc des raisons fondamentales – qui mettent radicalement en cause le marxisme comme idéologie et ses contradictions qui expliquent que la social-démocratie est « passée définitivement du côté de l’ordre bourgeois. » Mais entre 1914 et aujourd’hui beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

 

Les trotskystes ont soutenu pendant très longtemps – je ne sais pas bien ce qu’ils soutiennent aujourd’hui – que les partis de la social-démocratie étaient des « partis ouvriers bourgeois », c’est-à-dire des partis qui par leur composition sociale et par leur programme officiel se voulaient des partis ouvriers, représentants des intérêts du prolétariat, mais dont l’appareil dirigeant était au service de la bourgeoisie. On peut discuter la caractérisation mais elle dut quelque chose d’assez juste. La social-démocratie défend le mode de production capitaliste en général mais ne peut vivre, ses élus ne peuvent être élus, son appareil ne peut exister que si le mouvement ouvrier et les institutions qui protègent les salariés (sécurité sociale, retraites, conventions collectives, salaires réglementés) gardent une existence consistante.

 

Mais précisément ceci n’est plus le cas aujourd'hui. Ni Allemagne, ni en Italie, ni en Espagne, ni en France les partis de la social-démocratie ne défendent en quelque manière que ce soit les intérêts immédiats de la classe ouvrière. Le changement de sens du mot « réformisme » est ici tout à fait révélateur. Au début du XXe siècle le débat entre révolutionnaires et réformistes portait sur la question de savoir si une révolution sociale était nécessaire pour faire advenir une nouvelle société ou si l’accumulation progressive de réformes produirait insensiblement cette transformation. Ensuite, le réformisme consista dans la politique vivant non à change de rapports sociaux de production, mais à réformer le mode de production capitaliste pour le rendre plus civilisé et éviter toute transformation sociale radicale. Ce fut l’époque du keynésianisme de gauche et de l’économie mixte. Aujourd'hui, le réformisme consiste à aligner les contre-réformes qui visent à la destruction de tous les acquis ouvriers. Ainsi, Schröder avec le plan Hartz a mis en pièces des réformes sociales dont certaines dataient de Bismarck. Le gouvernement Hollande (sous la forme Ayrault et encore plus sous la forme Valls) se propose ouvertement et sans la moindre vergogne de faire reculer les salaires, par la confiscation du salaire différé (baptisé « charges salariales »), par une attaque sans précédent contre la sécurité sociale, par une aggravation de la réforme des retraites des gouvernements de droite, et on pourrait allonger encore très longtemps la liste. En 1986, dans une analyse percutante, Jean-Pierre Garnier et Louis Janover définissaient le PS comme « La deuxième droite » (éditions Robert Laffont). L’analyse était parfaitement exacte et la suite des événements n’a fait que la confirmer.

 

 

- [G] Comment le PS français est-il devenu un parti du capital ?

En 2001, dans L’illusion plurielle (éditions JC Lattès), Jacques Cotta et moi analysions la compénétration du PS et des milliers du grand capital. En voici un extrait :

« Le révélateur le plus clair des évolutions du Parti Socialiste est sans aucun doute le poids croissant que les grands patrons jouent dans ses rangs et … le poids croissant du PS dans les rangs du patronat. Au risque d’employer des gros mots comme “ classes sociales ”, voire “ lutte des classes ”, on doit bien chercher quelles sont les racines de classe du Parti Socialiste. Nous avons vu plus haut comment le parti lui-même, dans ses grandes masses, s’était nettement déplacé des ouvriers vers la “ upper middle class ”, des petits et moyens fonctionnaires vers les cadres supérieurs et les “ managers ”. Il faut maintenant étudier comment les réseaux du parti Socialiste et les réseaux du grand patronat, de ce qu’on appelait jadis la “ grande bourgeoisie monopolistique ” s’entremêlent au point parfois de se confondre. Sans aucun doute, si on étudie sa base sociale, la droite classique continue de représenter la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie traditionnelles. Mais dès qu’on va vers les sphères supérieures de la pyramide du capitalisme, la densité de socialistes au mètre carré s’accroît sérieusement.

 

Il y a là un paradoxe apparent. Le socialisme français traditionnel, s’il avait une vraie base ouvrière, comportait aussi dans ses rangs de nombreux éléments des classes moyennes traditionnelles : artisans, commerçants, médecins et avocats, petits patrons, des gens qui soit venaient de la clientèle traditionnelle du parti radical soit étaient d’anciens ouvriers ou des enfants d’ouvriers qui gardaient la fibre socialiste de leurs origines en dépit de leur élévation dans la hiérarchie sociale. La vieille SFIO justifiait d’ailleurs son réformisme et même son modérantisme obstiné par la nécessité impérieuse de sceller l’alliance de la classe ouvrière et de ces couches moyennes. Un jour que ses camarades français l’interrogeaient sur la véritable nature de la SFIO, Trotski leur répondit qu’elle était “ un parti de bistrotiers ”, qualification un peu méprisante mais loin d’être fausse, à condition de ne pas oublier que les bistrotiers socialistes étaient souvent d’anciens ouvriers socialistes qui s’étaient mis à leur compte et combattaient l’opium du peuple par le gros rouge et l’absinthe… Mais c’est aussi chez ces bistrotiers que s’organisait la vie politique ouvrière et syndicale, à l’heure où les partis qui prétendaient parler au nom des prolétaires n’étaient pas encore d’imposants propriétaires immobiliers. Le PS actuel, à l’évidence n’a plus rien à voir avec ce “ parti de bistrotiers ” … même si Jack Lang s’est démené pour faire classer le Fouquet’s monument historique.

 

À cet ancien bloc de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie (bloc qui trouvait d’ailleurs son complément dans l’alliance traditionnelle des socialistes et des radicaux), le socialisme de l’an 2000 substitue une nouvelle alliance de classes, celle des cadres supérieures, des nouvelles couches enrichies par le néolibéralisme et la mondialisation et des capitalistes des multinationales. On ne peut pas imaginer renversement politique plus complet. Il y a, certes, toujours eu des patrons socialistes, voire révolutionnaires. À tout seigneur, tout honneur : Engels dirigeait la filiale de l’entreprise paternelle à Manchester et Robert Owen, un des fondateurs du communisme, était également un entrepreneur. Précisons : il y a depuis longtemps de grandes familles capitalistes dont le cœur penche à gauche. Ainsi chez les Riboud ou les Seydoux les convictions de gauche sont de tradition… Il y a des hommes de gauche qui ont réussi à monter des entreprises florissantes. C’est le cas des anciens trotskistes André Essel et Max Théret, qui fondent la FNAC. Il y a Jacques Maillot avec “ Nouvelles Frontières ” et Gilbert Trigano avec le “ Club Med ”. Dans le cinéma ou l’édition, on trouverait aussi de nombreux représentants de ces hommes d’affaires de gauche. Tous ceux-là sont des capitalistes qui ont des convictions de gauche et parfois n’ont pas hésité à utiliser leur poids social et leurs moyens financiers au service de leurs convictions et pour la plupart sont gens fort respectables. L’évolution à gauche de certains courants chrétiens va également amener son lot de “ patrons sociaux ”, principalement parmi les amis de la CFDT. Enfin, le parcours personnel de François Mitterrand amène vers le PS des gens qui ne sont pas du tout de gauche, mais vont soutenir la gauche par amitié avec le Président de République – on pourrait ici citer André Rousselet, PDG des taxis G7 qui deviendra le premier dirigeant de Canal Plus.

 

À partir des années 80, c’est un tout autre processus qui se met en place. Des fonctionnaires et responsables socialistes vont utiliser leur accès au pouvoir comme un tremplin pour devenir des hommes des affaires – et parfois des affairistes – pendant que certains représentants de l’établissement financier se rapprochent du Parti Socialiste parce qu’ils prennent conscience que sous Mitterrand, “ les socialistes nous débarrassent du socialisme ” comme le dit un des personnages du téléfilm de Marco Pico, “ Les enfants du printemps ”.

 

À l’occasion de l’arrivée de Laurent Fabius à Bercy, lors du remaniement ministériel du printemps 2000, le Monde s’intéresse aux réseaux de nouveau ministre des Finances. Avec le sens de l’hyperbole qui lui est propre quand il s’agit des socialistes, le grand quotidien du soir détaille les constituants de la “ galaxie pourvoyeuse d’idées du ministre de l’économie "[2]. Sur les indications, semble-t-il, de Henri Weber, sénateur de Seine-Maritime, ex-leader de la Ligue Communiste des années 60 et 70, un homme qui a ses entrées au MEDEF depuis qu’il a consacré au patronat une étude respectueuse, le rédacteur du Monde, décompose ainsi les cercles qui gravitent autour de Laurent Fabius. Viennent d’abord, sans que cela soit par un ordre d’importance réelle, les Socialistes avec le courant fabiusien du PS qui continue de contrôler en gros un quart de l’appareil du parti. Suivant les leçons de François Mitterrand, Fabius contrôle sa baronnie haute normande avec science, méthode et main de fer dans un gant de velours, mais il ne veut pas être trop lié au Parti Socialiste. D’où le deuxième cercle des intimes, cercle informel où son ancien directeur de cabinet, Louis Schweitzer, PDG de Renault, joue un rôle clé. Autour de Schweitzer, on retrouve, toujours selon le Monde, Serge Weinberg, président du directoire de Pinault-Printemps-La Redoute, qui fut chef de cabinet de Laurent Fabius lorsque ce dernier était ministre du budget. À ses côtés, un autre ancien du cabinet de Laurent Fabius, Charles-Henri Filippi, directeur général du CCF et Patrick Careil, PDG de la banque Hervé. La formule de ce deuxième cercle : comment passer des cabinets ministériels aux sommets du capitalisme français ?

 

À cette “ garde rapprochée ”, il faut ajouter tous ceux qui occasionnellement peuvent donner un coup de main ou dont les conseils sont sollicités. La liste donnée par le Monde est, là encore, assez significative : Patrick Ponsolle, PDG d’Eurotunnel, ancien directeur adjoint du cabinet de Laurent Fabius quand il était ministre du budget, Pascal Beaufret, directeur financier adjoint de Alcatel, son ancien conseiller technique à l’industrie et à Matignon, Lionel Zinzou, associé-gérant chez Rothschild et Cie, sa plume quand il était Premier Ministre, Édouard Stern, président d’International Real Returns, Philippe Calavia, directeur général délégué d’Air France, conseiller technique à Matignon de 1984 à 1986, Jean-Dominique Commolli, PDG de la SEITA, ancien chargé de mission à Matignon. Là encore la formule : haut fonctionnaire, cabinet ministériel, manager capitaliste semble fonctionner à plein rendement. On comprend mieux de qui Fabius est le porte-parole quand il arrive au gouvernement avec la ferme volonté de baisser les impôts sur les plus hauts revenus et de détaxer les stocks-options que Juppé avait surtaxées.

 

Dans ces multiples réseaux, on retiendra le rôle central joué par le PDG de Renault, Louis Schweitzer. Voilà un patron de gauche qui, plus que dix ou cent thèses, dit ce qu’est aujourd’hui la gauche, et singulièrement ce qu’est le Parti Socialiste. Louis Schweitzer, en tant que PDG de l’entreprise phare qu’est Renault, a montré de façon éclatante comment on peut être “ de gauche ” et se comporter comme un patron de choc. Élève de l’ENA de 1968 à 1970, Louis Schweitzer a intégré l’inspection des Finances. En 1981, il devient directeur de cabinet de Laurent Fabius au ministère du budget et à l’industrie ; quand son patron devient Premier Ministre, il occupera les mêmes fonctions à Matignon. Quand la droite revient au pouvoir en 1986, il rejoint Renault dont il devient le PDG en 1992. S’affirmant résolument de gauche, Schweitzer réfute l’étiquette de “ patron de gauche ” car “ il n’y a malheureusement pas trente six façons de gérer une entreprise. "[3] C’est exactement la position d’un Tony Blair. Mais Schweitzer n’en fait pas une théorie. Il applique. Aux côtés de Fabius d’abord. Dans le grand jeu du mécano industriel des années 80 et après que Jean-Pierre Chevènement eût été mis sur la touche, c’est Fabius en effet qui va jouer un rôle central, dans les restructurations. C’est l’époque où la sidérurgie française est dépecée pour cause de non-compétitivité. Le gouvernement de gauche réalise ce que la droite – Giscard et Barre – n’avait pas réussi à faire en raison de la révolte des ouvriers … alors soutenus par la gauche. La Lorraine est mise au pain sec. Les ouvriers de la sidérurgie sont invités à se reconvertir en Schtroumpfs. Face à la droite, Fabius se plaint et se vante tout à la fois : nous avons fait “ le sale boulot ”. Maitre d’œuvre : Louis Schweitzer. Une étape décisive est accomplie dans la destruction politique de la classe ouvrière française. En tant que PDG de Renault, Schweitzer va poursuivre son œuvre. Lui qui a très largement organisé les nationalisations de 1981 va être l’artisan de la privatisation de Renault et de la liquidation de la “ forteresse ouvrière ”. En 1996, c’est lui qui fait pression sur le gouvernement Juppé pour arracher la privatisation de Renault : l’État conservait encore la majorité et Juppé, pas téméraire pour deux sous, lâche 6 % pour ramener la part de l’État à 46 %. C’est encore le gouvernement de droite qui impose cinq administrateurs publics à Renault alors que Schweitzer n’en voulait que trois. Ce n’est certainement pas à gauche qu’on trouverait des étatistes aussi sourcilleux. Heureusement, la gauche revient au pouvoir en 1997. Comme il n’y a pas “ trente six façons de gérer une entreprise ”, c’est sans état d’âme qu’il annonce brutalement la fermeture de l’usine Renault de Vilvoorde. Décision que Jospin, une fois élu, confirmera. Dès juillet 1996, Schweitzer a embauché un spécialiste en restructurations, venu de chez Michelin, Carlos Ghosn. C’est lui qui va restructurer l’ex Régie. Puis, début 1999, c’est la prise de contrôle de Nissan et les restructurations menées au pas de charge par un Carlos Ghosn qui peut démontrer tout son savoir-faire. Pendant des années, on avait mobilisé les Français contre le péril jaune – on n’oubliera pas les impayables déclarations de Mme Edith Cresson sur les “ fourmis ” japonaises. Les conditions de travail y étaient présentées comme un véritable bagne. Les ouvriers japonais ont pu tester qu’il y a pire qu’un patron japonais, qu’il y a un bagne plus terrible que la gestion paternaliste traditionaliste de l’Empire du Soleil Levant. Licenciements, destruction des avantages sociaux, chasse aux gains de productivité (cadences, flexibilité) : le patron “ socialiste ” n’a pas pris de gants. Et du même coup, il a fait justice des récriminations hypocrites dont les socialistes français nous ont abreuvés pendant des années. En France, il fallait faire des sacrifices à cause de la concurrence “ déloyale ” de l’Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, c’est un des leurs qui demande aux Japonais des sacrifices en raison de la concurrence … des pays occidentaux qui ont mis à genoux la fière industrie automobile nippone !

 

Hasard du calendrier : quelques jours après le retour de Laurent Fabius au gouvernement, Denis Kessler, numéro deux du MEDEF et patron de la branche “ assurances ” de l’organisation patronale, recevait la légion d’honneur des mains du baron Ernest-Antoine Seillière. Rendant compte de cette petite sauterie bien parisienne, le Monde titre : “ La rosette de Denis Kessler réunit la gauche, la droite et le CAC 40. "[4]” Ce n’est pas que la rosette qui réunit tout ce beau monde ; Denis Kessler, à lui seul, est un concentré de toute la période historique que nous venons de vivre. En remettant la rosette, le baron résume, “ taquin ”, dit le Monde, l’évolution de Denis Kessler par la très classique formule : “ Quand on n’est pas gauche à vingt ans, c’est qu’on n’a pas de cœur ; quand on n’est pas de droite à quarante, c’est qu’on n’a pas de tête. ”

 

En effet, Denis Kessler fut dans les années 70 un des représentants de l’aile gauche de la CFDT. Spécialiste des retraites, il écrit un livre avec Dominique Strauss-Kahn puis finit par se faire embaucher comme fonctionnaire du CNPF avant de rentrer chez AXA. Hasard malencontreux (?), AXA, groupe dirigé par une des figures de proue du capital financier français, Claude Bébéar, a conclu un accord d’un genre nouveau avec la CFDT recentrée de Mme Notat : pour la première fois en France, les cotisations syndicales sont directement prélevées sur la feuille de paie des salariés. L’autogestion des années 60 et 70 s’est muée en pur corporatisme, en nouvelle forme de ce syndicalisme à cotisations obligatoires dont les ouvriers d’Europe de l’Est se sont progressivement débarrassés, en commençant par la révolte de Gdansk pour finir avec l’effondrement du mur de Berlin. Cette petite digression suffit pour montrer que le parcours de Denis Kessler n’est pas aussi bizarre qu’on pourrait le croire au premier abord. Mais l’histoire ne se termine pas là. Après son passage chez AXA, Denis Kessler revient au CNPF devenu MEDEF pour devenir le patron de la branche “ assurances ”, la FFSA. Protégé de Claude Bébéar, Denis Kessler a la réputation d’un défenseur du “ libéralisme intégral ” – comme tout le monde est rallié au libéralisme, il faut maintenant introduire des qualificatifs subtils pour en distinguer les diverses nuances. Bras de droit de Ernest-Antoine Seillière, Denis Kessler est le théoricien de la “ refondation sociale ”, c'est-à-dire d’une révolution radicale des rapports entre les partenaires sociaux, mettant à bas le vieux paritarisme, limitant drastiquement le champ d’intervention de la loi et de l’État. À ses côtés, on remarquera la présence de François Ewald, philosophe mais aussi ancien militant de la Gauche Prolétarienne, devenu un critique de l’État Providence.

 

Eh bien, chose étonnante, la seule confédération de salariés qui réponde positivement à l’invitation de Denis Kessler de Ernest-Antoine Seillière et qui accepte sa problématique est … la CFDT de Mme Notat. Cette “ refondation sociale ” trouve d’ailleurs des applications concrètes. Denis Kessler a inventé le PARE, un système de gestion des chômeurs calqué sur le modèle punitif de Mrs Thatcher et de son successeur néo-travailliste, Tony Blair. Encore une fois, seule la CFDT –aux côtés du groupuscule qu’est la CFTC- en accepte le principe. Que le monde est petit ! Syndicaliste gauchiste des années 60, patron libéral des années 2000, Denis Kessler reste fidèle à son organisation syndicale.

 

 

Quand on sait que la CFDT possède plus que des relais puissants dans l’appareil socialiste, la boucle est bouclée … et nous ramène à notre petite sauterie décorative. “ C’est presque une réunion du CAC 40 ”, dit Denis Kessler. Autour de lui et des dirigeants du MEDEF nous pouvons croiser Dominique Strauss-Kahn et Philippe Séguin, Claude Bébéar et Michel Bon, le PDG de France Télécom. Des patrons clairement à droite comme Vincent Bolloré ou Michel Pébereau et des patrons au cœur qui penche à gauche, comme les dirigeants de Schlumberger. Des dirigeants de la CFTC et de la CGC et comme le confiait Denis Kessler lui-même, “ Nicole Notat serait bien venue, mais elle est en vacances. ”

 

L’enchevêtrement des liens entre l’appareil du PS, la haute fonction publique, les patrons des grandes entreprises capitalistes et certains milieux syndicaux ou mutualistes est presque inextricable. Quand on tire un fil, tout vient progressivement. De tous les ministères importants partent des fils multiples qui vont conduire d’ambitieux énarques, de brillants inspecteurs des finances vers les sommets du capitalisme privé, souvent même du capitalisme privatisé. Pierre Bérégovoy est ministre des Affaires Sociales puis ministre des Finances entre 1982 et 1986. Comme directeur de cabinet, il appelle un homme jeune et brillant qui devient “ dircab ” à l’âge de 33 ans. À ce poste, Jean-Charles Naouri va être un des premiers artisans de la libéralisation des marchés financiers qui restera la “ grande œuvre ” de Pierre Bérégovoy – pour une telle opération, seul un ministre autodidacte issu des rangs ouvriers pouvait convenir. Selon la rumeur, rapportée par le Monde (15 septembre 1997), Jean-Charles Naouri aurait dit, lors de son pot d’adieu après la défaite de la gauche en 1986 : “ Dans la vie, il y a deux choses qui comptent : le pouvoir et l’argent. Nous avons eu le pouvoir, maintenant il nous faut l’argent. ” Apocryphe ou non, cette phrase résume admirablement et la trajectoire de Jean-Charles Naouri, et celle d’une large partie de la génération qui va accéder au pouvoir avec François Mitterrand. Naouri quitte donc la fonction publique et devient associé-gérant chez Rothschild – un parcours assez semblable à celui de l’ancien conseiller de Fabius, Laurent Zinzou. Chez Rothschild, d’ailleurs on peut faire des rencontres intéressantes. Nicolas Bazire, directeur de cabinet de M. Édouard Balladur sera, lui aussi, associé-gérant. En 1987, Jean-Charles Naouri crée le fond d’investissement Euris qui prend rapidement de l’ampleur, empilant les structures. Non seulement il a l’appui de Rothschild mais aussi celui de Lazard Frères, une compagnie financière qui accueillera bientôt dans ses rangs l’ancienne secrétaire générale adjointe de l’Élysée sous François Mitterrand, Mme Anne Lauvergeon. Celle-ci, après Alcatel, finira par prendre en main les destinées de la COGEMA. Mais ne nous égarons pas, ce qui est si facile : dès qu’on entre dans les méandres du grand capital, on trouve des socialistes et des hommes et femmes de confiance des socialistes dans tous les couloirs.

 

En 1991, Naouri entre dans le domaine de la distribution. Il reprend Rallye et Go Sport en se liant au groupe Casino dont il prend 30 % en échange de ses actifs dans Rallye. La financière Euris est ainsi devenue un important groupe de distribution. Inquiété par la commission parlementaire qui enquête sur la manière dont certains grands patrons ont profité largement de la liquidation de certains actifs du Crédit Lyonnais, Naouri règne sur un groupe qui pèse plus 10 milliards et sa fortune personnelle est évaluée à plus de 1,5 milliards de francs. Si la gauche n’a pas réglé la question sociale, en voilà un au moins qui a réglé sa propre question sociale ! Dans leur livre “ L’entreprise barbare "[5], Albert Durieux et Stéphane Jourdain épinglent d’ailleurs Go Sport comme une de ces entreprises qui pratiquent le harcèlement systématique de leurs salariés, au point de fonctionner, disent ces deux auteurs, quasiment comme une secte.

 

On pourrait aussi s’intéresser aux heurs et malheurs de l’économiste Alain Bloubil, un autre proche de Pierre Bérégovoy qui, tout comme Naouri, aura maille à partir avec la justice, notamment à propos d’un méchant délit d’initié concernant Péchiney. Sans oublier quelques amitiés plus ou moins intéressées qui précipiteront l’intègre Bérégovoy dans la spirale infernale qui se terminera au bord du canal du Nivernais au petit matin du 1er mai 1993. Qu’on nous permette une digression et une interprétation. Pierre Bérégovoy, on s’en souvient, avait bénéficié d’un prêt à un taux avantageux de la part de Roger-Patrice Pelat, un homme d’affaires proche de François Mitterrand, qui sera soupçonné d’avoir bénéficié, lui aussi, d’un délit d’initiés dans l’affaire Péchiney qui vient d’être évoquée. Blessé d’être accusé de corruption par certains journaux, lâché par une partie de ses amis, confronté au désastre de la gauche aux élections du printemps 1993 qui ramènent le PS à un niveau d’avant le congrès d’Épinay, les raisons ne manquent point pour pousser au geste fatal cet homme fatigué par 14 ans presque ininterrompus de ministères exposés. Ancien ouvrier ajusteur, entré à 16 ans à la SNCF, qui a refusé les compromissions de la SFIO et rejoint le PSA en 1958 et Pierre Mendès-France dans l’aventure qui conduit au PSU, puis à la reconstruction d’une nouvelle force socialiste basée sur l’Union de la Gauche, Pierre Bérégovoy est peut-être confronté, en ce printemps de 1993, au bilan catastrophique de la vie de celui qui avait pensé la mettre sous le signe de la lutte pour la justice sociale. Acteur mais aussi victime des années fric, Pierre Bérégovoy a peut-être brutalement compris quel monstre était sorti des deux septennats socialistes.

 

On pourrait continuer l’énumération. Nous avons vu deux premiers ministres socialistes Fabius et Bérégovoy. Mais les amis et collaborateurs de Mauroy et Rocard ont aussi des trajectoires intéressantes. Ainsi Christian Blanc, ancien préfet qui s’est illustré lors de la négociation en Nouvelle-Calédonie, devenu patron de la RATP puis PDG d’Air France et organisateur de l’entrée de la compagnie dans l’ère du libéralisme et de la privatisation, Christian Blanc que “ L’Événement du Jeudi ” présente en ces termes : “ Homme de gauche et patron de choc ” (30/11/1995). Démissionnaire d’Air France en 1997, Christian Blanc vient d’être nommé vice-président de la filiale française de la compagnie financière Merryl Lynch. Belle carrière pour un préfet. On pourrait encore citer les spécialistes de l’aller-retour, par exemple, Martine Aubry, ministre puis DRH chez Péchiney puis à nouveau ministre chargée des Affaires Sociales et du Travail. On pourrait aller faire un tour du côté de Pierre Mauroy et croiser Jean Peyrelevade, devenu PDG du Crédit Lyonnais, dont il assure le redressement après le naufrage sous la présidence de Jean-Yves Haberer. Ancien directeur du Trésor nommé Bérégovoy, Haberer présidait aux destinées du Crédit Lyonnais quand se sont nouées les grandes affaires qui devaient le conduire à la quasi-faillite. Une affaire exemplaire des liens entre politiques, hommes d’affaires et aventuriers, qui devait être suivie du “ repas des fauves "[6] ” auquel se livreront les grands capitaines de la finance française avec la complicité du CDR, l’organisme chargé de la liquidation des actifs du Lyonnais, mis en place par Édouard Balladur. Parmi les “ fauves ” qui se partageront les dépouilles de la vénérable institution, on retrouve les holdings de François Pinault et de Jean-Charles Naouri…

 

Il y a un homme qui symbolise mieux que tout cette grande confrérie du fric de droite et du fric de gauche. C’est Alain Minc, tantôt pour la gauche moderne, tantôt pour la droite, consultant et écrivain prolixe (surtout à la photocopieuse : ça va plus vite qu’au stylo). “ Pour fêter ses 50 ans, Minc réunit à la table du Grand Véfour, le 14 avril 1999, un “ nectar de Who's Who”. Par ordre alphabétique, citons Martine Aubry, Pierre Bergé, Vincent Bolloré, Michel Bon, Jean-Marie Colombani, Jean Drucker, Franz-Olivier Giesbert, Bernard Kouchner, Philippe Labro, Pascal Lamy, Gérard Mestrallet, Jean-Charles Naouri, Jean Peyrelevade, François Pinault, David de Rothschild, Ernest-Antoine Seillière, Louis Schweitzer, Anne Sinclair, Dominique Strauss-Kahn et Jean-Claude Trichet. Attention, précise un de ces heureux invités, ce n'étaient pas pures mondanités : “C'est vrai qu'Alain est snob comme un pot de chambre ”, mais  “ les gens qui étaient là n'auraient normalement jamais dîné ensemble ”.[7] ”

 

Il y a évidemment des différences importantes entre les types d’hommes. Louis Schweitzer ou Christian Blanc ne ressemblent pas à Jean-Charles Naouri. Mais ces différences deviennent secondaires si on considère que le lien et le passage entre la politique et les affaires, qui constituait l’exception, est devenu la règle dans les cabinets socialistes. Ce qui était vrai essentiellement des partis de droite est devenu une des caractéristiques du Parti Socialiste et cela a nécessairement une signification politique.

 

Si, prenant un peu de recul, on considère maintenant le tableau d’ensemble, on ne manquera pas d’être frappé par la dynamique qui s’est mise en route avec l’arrivée au pouvoir de la gauche en 1981. Toute une génération de hauts fonctionnaires, souvent encore jeunes, va arriver aux affaires. Unissant idées modernistes, voire teintées de gauchisme à une forte culture de la compétence technique, ils vont progressivement pénétrer tous les rouages de l’appareil d’État et de l’économie. Puis, chevauchant la vague néolibérale, eux qui furent embauchés sous l’enseigne de la “ rupture avec le capitalisme ” vont se retrouver à la tête des plus grandes entreprises, souvent privatisées sous les gouvernements de droite et de gauche. On passe d’un capitalisme d’État qui se voulait “ socialiste ” à un capitalisme privé qui a pris entièrement le contrôle de l’État. En changeant ce qui doit être changé, ce processus rappelle étrangement le démantèlement de l’ex-Union Soviétique. Les bureaucrates formés à l’école du Gosplan vont engager la privatisation de l’économie d’État … et s’en partager les dépouilles.

 

Nous n’avons qu’effleuré les phénomènes de corruption, les “ affaires ” qui ont pourri le deuxième septennat de Mitterrand. Les “ affaires ” sont révélatrices, mais elles ne sont pas l’essentiel et peuvent même le masquer. L’essentiel c’est la transformation radicale de la relation entre le PS et les classes dominantes et du même coup le bouleversement de tout le champ politique, qui ne se circonscrit pas à la géographie parlementaire mais concerne la représentation politique de la nation dans toutes ses composantes et avec tous ses conflits. Cette transformation des liens entre les possesseurs de capital – les vrais, pas les petits épargnants qui se font plumer dans l’opération Eurotunnel – et le Parti Socialiste a plusieurs conséquences :

  • Le PS n’est plus un parti pour la gestion loyale du capitalisme en temps de crise, comme ce fut le cas en 1936. Il est une solution sérieuse et durable pour les classes dominantes, au même titre que le sont les partis de la droite classique. Nous avons même vu que le PS possède sur ces derniers quelques avantages décisifs, notamment celui d’être moins lié à la tradition conservatrice pesante pour la “ nouvelle économie ”.

  • Cette transformation du PS s’est opérée dans la douleur, la déception et les dégoûts des uns, l’enrichissement insolent et la corruption des autres. Avec Lionel Jospin, cette phase est terminée. Le ménage est en gros fait. Les défauts inévitables des “ nouveaux riches ” s’estompent avec l’habitude. Au total, le rigorisme protestant de Lionel Jospin aura été l’instrument de la normalisation consécutive à cette mutation du Parti Socialiste.

  • Du point de vue de sa composition sociale, de son appareil, des liens qu’il entretient avec la société civile, le PS est désormais le parti du “ bloc central ” cher à Valery Giscard d’Estaing.[8]

 

Encore une fois, il ne s’agit pas d’opposer un PS soi-disant “ révolutionnaire ” ou au moins fortement contestataire des années 70 au PS assagi par le pouvoir. Le PS a évolué par petites secousses, enregistrant tel tournant gouvernemental – en rouspétant – avançant, mezzo voce, telle innovation théorique. Il n’y a pas eu de congrès de Bade-Godesberg comme pour la SPD. Pas de spectaculaire changement de sigle. Et pourtant il a subi, en profondeur, une sorte de transsubstantiation qui bouleverse tout le paysage politique français. La seule chose qui le sépare maintenant du “ centre droit ”, de la démocratie chrétienne en particulier, c’est peut-être la relation à l’Église catholique. En dépit du poids des “ cathos de gauche ”, le PS reste largement un parti laïque. Mais l’affaiblissement du contrôle politique de l’Église, la désagrégation de la démocratie chrétienne européenne – crise du CDU, explosion de la DC italienne – et la montée d’une nouvelle droite réactionnaire – Haider en Autriche, “ centristes ” suisses – laissent augurer de nouveaux reclassements. »

 

- [H] Comment le PS est devenu un parti du capital ? Aujourd’hui...

Les processus que nous avions analysés à l’époque n’ont fait que se développer au cours des quinze dernières années. Dans son livre L’imposteur (Balland, 2014), Jacques Cotta établit précisément les liens profonds existants entre les milieux du capital financier (singulièrement les grandes banques), les hauts fonctionnaires sarkozystes et les hiérarques du PS. Il montre aussi comment la CFDT, dont les dirigeants ont une forte propension à investir la direction des entreprises privées colonisent véritablement l’appareil d’État. De ce point de vue l’accord Hollande-Gattaz autour du « pacte de responsabilité » et la nomination de Valls, celui qui voulait il y a encore peu de temps débaptiser le PS pour faire disparaître le mot « socialiste » ne fait que parachever une évolution dont on peut fixer le point de départ au « tournant de la rigueur » engagé par le gouvernement Mauroy en 1982.

 

On l’a souligné, cette évolution a un centre de gravité : les engagements « européens », c’est-à-dire la soumission du PS au dogme de la « concurrence libre et non faussée » (qui figurait déjà dans le traité de Rome!). C’est Delors qui a convaincu Mitterrand l’atlantiste de donner la priorité à la « construction européenne » en 1982-1983. C’est ensuite Mitterrand qui, secondé par Bérégovoy, a pris le camp des ultra-européistes en mettant en place « le grand marché », en libéralisant les transactions financières, en déréglementant à tout va. Les « bébés Delors » vont un rôle croissant et parmi eux un certain François Hollande qui dès 1983 servait de « nègre » à Max Gallo pour un livre qui appelait déjà à rompre avec tous les « dogmes socialistes » intitulé La nouvelle alliance. C’est au Pascal Lamy qui va prendre la direction de l’OMC où il œuvrera avec constance pour le triomphe de la nouvelle économie libérale, ce même Lamy qui vient de déclarer qu’il vaut mieux un job à 500€ que d’être chômeur.

 

En vérité, les sommets du PS n’ont plus aucun lien réel avec les citoyens en général pour ne rien dire des classes populaires. Ils appartiennent à cette « classe capitaliste transnationale » (TCC) si bien analysée par Leslie Sklair. Les maires des métropoles (Paris et Lyon) ou les barons des grandes régions font également partie de cette classe « hors sol ». Et avec eux toute une camarilla d’experts et de conseillers qui naviguent entre la direction des grandes entreprises et les cabinets ministériels.

 

Maintenir l’illusion qu’il existe quelque chose comme « la gauche » qui unirait les ouvriers licenciés, les RMIstes et les sept millions (au moins) de travailleurs pauvres aux barons « socialistes », c’est faire preuve d’un aveuglement radical ou d’une aptitude singulière à la reptation devant les puissants, à moins qu’il ne s’agisse de participer à une opération d’enfumage nécessaire pour sauvegarder sinécures et voitures de fonction.

 

Note :

[1] Le rôle dirigeant dans le gouvernement du Front Populaire devait échoir aux radicaux. Mais la grève générale bouleversa les calculs, et à la place de Herriot ou Daladier, la classe dirigeante demanda à Léon Blum de prendre les choses en main.

[2] Le Monde, Jeudi 20 Avril 2000

[3] Libération – Lundi 5 mai 1997

|4] Le Monde, Vendredi 21 Avril 2000

[5] Albin Michel 1999

[6] Pour reprendre le titre du livre de Thierry Pfister et Fabrizio Calvi.

[7] Libération - 10 décembre 1999 ; Compte rendu du livre de Éric Dupin, “ Un capitaliste français ” (J.C. Lattès, 1999)

[8] Dans Démocratie française, VGE, encore Président de la République, expliquait que la France devait être “ gouvernée au centre ” puisque l’évolution sociale et économique était en train de constituer un bloc central des classes moyennes qui reléguait la lutte des classes aux poubelles de l’histoire.

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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 21:26

L'affiche officielle Front de Gauche Européennes circonscription Ouest

NOTRE CANDIDATE pour les élections européennes !

Source : le site de campagne du Front de Gauche Grand Ouest

 

Myriam Martin est issue d’une famille ouvrière communiste et cégétiste. Elle s’engage en politique en 1986 après la grève contre le projet Devaquet.

 

Elle rejoint la LCR à Toulouse participant à tous les combats de l’époque, dans le syndicalisme étudiant, contre le racisme et le FN.

 

Devenue prof en lycée professionnel en 1995 elle participe à toutes les luttes de son secteur et elle est actuellement toujours déléguée syndicale CGT au sein de son établissement.

 

Sous les couleurs de la LCR, elle représente son organisation lors d’échéances électorales devenant porte-parole locale en 2002.En 2008, la liste qu’elle conduit aux municipales de Toulouse, « Debout, la gauche qui ne renonce pas », (LCR / Motivé-e-s / Collectifs antilibéraux) enregistre un score de 5,07 %, soit 6817 voix.

 

Myriam Martin a participé activement à la fondation du NPA. Elle conduit la liste de ce parti aux élections européennes dans le Sud-Ouest en 2009 (5,62 % des voix) et celle des régionales en Midi-Pyrénées en 2010 (2,73 %). Elle est désignée porte-parole nationale du NPA en 2011.

 

Mais en 2012, pour les présidentielles, elle appelle à voter Jean-Luc Mélenchon. Dans la foulée elle rejoint le Front de Gauche avec la Gauche Anticapitaliste (issue du NPA). Elle œuvre désormais à la construction du FDG.

 

Vidéo de présentation  :

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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 20:34
Myriam Martin, tête de liste Front de gauche dans l'Ouest

La page du site de campagne : https://www.facebook.com/EuropeennesFdGOuest?notif_t=fbpage_fan_invite

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La loi électorale n° 2003-327 du 11 avril 2003 a créé huit circonscriptions en France, pour l'élection des députés français au parlement européen.


- Nombre de députés par circonscription (répartition en vigueur depuis 2009)

Myriam Martin, tête de liste Front de gauche dans l'Ouest


- Les huit circonsriptions métropolitaines sont les suivantes :

 

Ce régime électoral est entré en vigueur pour les élections de juin 2004, sur la base d'un siège de député européen pour environ 780 000 habitants. Un décret pris en application de la loi a réparti les sièges entre circonscriptions. Il s'est à nouveau appliqué pour les élections de 2009.

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 10:50

- Coup d'état ou mobilisation citoyenne magnifique ?
Une vidéo de 37 minutes tournée à vif après la manifestation du samedi 12 avril place de la nation à Paris. Des militants du Parti de Gauche donnent leur point de vue sur la victoire aux municipales à Grenoble et répondent aux interprétations fallacieuses de la presse, de la direction nationale d’Europe Ecologie les Verts et d’un certain nombre d’orphelins de l’accord avec un PCF qui avait choisi de soutenir le PS… Quelque chose d’important s’est passé dans cette ville...

 

Dans une autre dimension, la démonstration est aussi faite que l'on peut battre le parti socialiste et construire une alternative politique dans ce pays !

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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 09:57
Faisons des élections européennes un referendum sur le Grand Marché Transatlantique !

Le 23 mai 2014, Jean-Luc Mélenchon était l'invité du journal de 20h00 de TF1. Il a appelé à faire des élections européennes un véritable référendum contre le Grand Marché Transatlantique et a réaffirmé son opposition à ce projet contre lequel il lutte depuis six ans.

 

 

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 13:03
Qui est François Hollande ?
  • Le Hollandisme révolutionnaire

  • Source : le Parti de Gauche Midi-Pyrénées  par Philippe Marlière

    Il y a deux ans, un démographe donnait une interview choc dans les colonnes du Nouvel observateur. Contre la droite sarkozyste « inégalitaire » qui désignait des boucs émissaires (immigrés, jeunes, chômeurs) comme responsable de la crise, il saluait l’« appréciation très perspicace du sens de l’histoire » de François Hollande, ainsi que son plaidoyer pour une présidence « normale ». Il voyait un candidat socialiste « revenu au principe d’égalité », qui « prend le parti du peuple ». Il pariait sur un « hollandisme révolutionnaire » qui poserait la question du pouvoir de la finance une fois aux commandes de l’État, car les circonstances économiques et politiques du moment « l’amèneraient à se radicaliser ». [1]

     

    N’accablons pas l’auteur de ces fortes paroles : le pronostic de notre démographe s’est en partie avéré pertinent : d’une part, les « circonstances » ont effectivement amené le président de la république à se radicaliser. Seulement c’est une radicalisation à droite, et non à gauche, qu’il a opérée. D’autre part, le hollandisme est effectivement de nature « révolutionnaire » dans le paysage politique français : Thatcher avait son ennemi de l’intérieur, les mineurs, Hollande a désormais le sien : la gauche de transformation sociale. Deux ans à peine après son élection, je propose une ébauche topographique du hollandisme présidentiel : où se situe-il et où nous amène-t-il ?

     

     

    - À droite du New Labour

    Le cap a été fixé dès le lendemain de l’élection présidentielle. Contrairement à la promesse de campagne, il n’y a eu aucune renégociation du pacte de stabilité germano-européen qui condamne virtuellement l’eurozone à des politiques d’austérité ad aeternam. La politique sociale et économique du gouvernement est uniquement au service des intérêts des possédants. Le monde de la finance et de l’actionnariat, vivement décrié dans le discours du Bourget, est choyé. Il n’est pas une semaine sans que le gouvernement ne lui a octroie de nouveaux abattements fiscaux au nom d’un surréaliste « ras-le-bol fiscal ». Les patrons du CAC 40 ou de start up menacent et leurs vœux sont aussitôt exaucés. Le pacte de responsabilité est la caricature de ce hollandisme antisocial : faire des milliards d’euros d’économie sur le dos des travailleurs, petits et moyens, pour les redistribuer aux patrons et actionnaires sans contrepartie économique et sociale. Le hollandisme révolutionnaire n’est vraiment pas l’adversaire de la finance. Il est, au contraire, son plus fidèle et dévoué allié.

     

    François Hollande a prétendu avoir entendu le message du peuple et tiré les enseignements de la déroute des municipales. Dans la foulée, il a nommé le plus droitier des dirigeants socialistes. Insouciance, mépris des électeurs, légèreté dans l’exercice de ses fonctions ? C’est possible. N’écartons pas cependant une décision mûrement réfléchie : le néolibéralisme autoritaire de Manuel Valls tient aussi de feuille de route du hollandisme.

     

    J’ai vécu l’arrivée de Tony Blair à la tête du Parti travailliste (en 1994), puis son accession au pouvoir (en 1997), ainsi que ses réélections (en 2001 et 2005). Pendant cette période, la « troisième voie » blairiste était considérée à Solferino comme une variante soft du thatchérisme. À l’automne 1997, j’accompagnais une délégation du Parti socialiste emmenée par François Hollande à Downing Street. En sortant de la résidence du premier ministre, il me glissa : « Nous, en France, on ne fera jamais du blairisme ».

     

     

    - Bisounours politiques

    Je le dis aujourd’hui sans forcer le trait : le hollandisme est une variante de droite du blairisme. Hollande partage avec Tony Blair la même conception du monde dans lequel les classes ont disparu (« We’re all middle class now ! »). Dans cet univers apaisé, les luttes de classes n’ont donc plus lieu d’être. La gauche et la droite sont devenues des notions désuètes puisque les représentants des deux camps s’entendent pour mener les mêmes politiques. Sur la planète des bisounours politiques, Hollande croit jouer dans la cours des Grands : Angela Merkel, Barak Obama ou le monde du business.

     

    Blair cultivait un atavisme étatsunien qui nous valut une guerre d’Irak fabriquée de toutes pièces. Hollande nous offre « l’Europe, l’Europe, l’Europe ! ». Chez Hollande, l’Europe n’est jamais celle des peuples, de la culture ou de la solidarité. C’est l’Europe des élites, des possédants, des marchés et des entreprises. Il ne reculera pas, n’en démordra pas : l’Europe des dominants est son unique projet. François Mitterrand l’avait rejointe après avoir tourné le dos à la social-démocratie de gauche au moment du tournant de la rigueur. [2] Hollande l’avait déjà adoptée avant d’entrer à l’Élysée. Le retour en Hollandie de Jean-Pierre Jouyet, ami intime, ex-ministre sarkozyste et autre cabri européen, corrobore mon développement. En nommant Jouyet secrétaire général de l’Élysée, Hollande réaffirme la ligne droitière décomplexée inaugurée lors de la conférence de presse de janvier dernier.

     

    Cessons les médiocres débats sémantiques : François Hollande n’est ni un socialiste, ni un social-démocrate. Il ne se rattache pas non plus à la tradition sociale-libérale. Hollande est un centriste qui se positionne dans le sens du vent néolibéral. C’est ici que réside la nature historiquement révolutionnaire du hollandisme : il est fondamentalement hostile aux valeurs et aux politiques de la gauche.

     

    Notes

    [1] Emmanuel Todd, « Je parie sur le hollandisme révolutionnaire », Le nouvel onservateur, 05/03/2012 ;

    [2] Philippe Marlière, « Republican King », London Review of Books, Vol. 36, No. 8, 17 avril 2014.

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 11:26

80 000 ou 100 000 personnes à la marche pour dire "Maintenant Çà Suffit" à François Hollande ! Peu importe..... c'est un IMMENSE SUCCÈS !


L'opposition de gauche est dans la rue !

 

Avec le 12 avril.... l'opposition de gauche et l'alternative politique se construisent pas à pas !
Avec le 12 avril.... l'opposition de gauche et l'alternative politique se construisent pas à pas !

JL Mélenchon souriant avec le socialiste Liem Hoang Ngoc (membre du bureau national du PS), Eric Coquerel du PG, Philippe Poutou du NPA,....

 

Avec le 12 avril.... l'opposition de gauche et l'alternative politique se construisent pas à pas !
Avec le 12 avril.... l'opposition de gauche et l'alternative politique se construisent pas à pas !
Avec le 12 avril.... l'opposition de gauche et l'alternative politique se construisent pas à pas !

JL Mélenchon du PG avec le socialiste Liem Hoang Ngoc (membre du bureau national du PS), Alexis Tsipras membre de SYRIZA, candidat de la gauche européenne à la présidence de la Commission européenne, Pierre Laurent du PCF...

Avec le 12 avril.... l'opposition de gauche et l'alternative politique se construisent pas à pas !

et des militants EELV.....
L'opposition de gauche et l'alternative politique se construisent pas à pas !

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Déclaration du Parti de Gauche

La gauche ? Elle était aujourd'hui dans la rue

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9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 19:48
EELV : tournant ou continuité ?

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Source : Gauche anticapitaliste

Europe Écologie – Les Verts (EÉ-LV) vient, ces dernières semaines, de marquer la situation politique. D’abord par les résultats obtenus par la formation lors des élections municipales. Et, ensuite, par la décision – prise par les ministres écologistes, puis ratifiée par leur parti – de ne pas participer au gouvernement dirigé par Manuel Valls.

Il convient d’analyser un peu en détail ces deux éléments… avant d’en tirer éventuellement des conclusions en termes d’orientation politique.

- Derrière les résultats électoraux

Concernant les résultats de EÉ-LV, on peut utilement se référer à ce qu’écrit R. Martelli (1) : « si l’on s’en tient aux 65 communes (ndlr : de plus de 3 500 habitants) où des écologistes concourraient au suffrage, ils atteignent le score de 9,1 %. Dans 25 cas, ils sont au-dessus de 10 % et, bien sûr, ils remportent Grenoble ».

 

Une remarque qui rejoint les conclusions de la plupart des commentateurs, qui ont noté que les listes EÉ-LV avaient connu un réel succès. Ou, au minimum, qu’elles n’avaient pas été sanctionnées comme l’ont été les autres listes gouvernementales, à commencer par les listes socialistes. Alors même que EÉ-LV participait au gouvernement, y avait deux ministres et était donc « objectivement » co-responsable du bilan désastreux du gouvernement Ayrault, aussi bien sur le plan social… que sur le plan écologique ! Il ne semble pas non plus que l’on puisse expliquer cette indulgence de l’électorat pour EÉ-LV par la pertinence des réformes que les écologistes ont impulsées ou par la flamboyance de leur personnel politique.

- Deux autres explications méritent donc d’être creusées.

La première concerne la thématique écologiste proprement dite : ce que nous disent – ou, plutôt, nous rappellent… - les résultats est aussi qu’un secteur significatif de l’opinion considère qu’il y a effectivement une urgence écologique bien réelle et que c’est là une opinion suffisamment importante pour lui accorder son suffrage. Même dans une élection où, pour la grande majorité des électeurs - qui se déplacent… - et dans la plupart des localités, l’enjeu est de savoir si la commune aura un maire de gauche ou un maire de droite. Cécile Dufflot l’enregistre d’ailleurs avec satisfaction : « Dans ce contexte de désolation, le score des listes écologistes est plus qu’une consolation, il est un espoir et constitue le socle du renouveau des forces du changement. La différentiation positive des écologistes a été appréciée et comprise » (2). Allons plus loin : non seulement une frange significative de l’électorat souhaite exprimer ses préoccupations écologistes mais, en plus, il lui apparaît naturel de le faire à travers le vote EÉ-LV. Cette expression partidaire particulière de l’écologie politique a pourtant un bilan extrêmement mitigé : qu’il s’agisse de sa participation aux gouvernements dirigés par Lionel Jospin de 1997 à 2002 ou au gouvernement de Jean-Marc Ayrault depuis deux ans. Autant de gouvernements qui ne se sont pas spécialement distingués par des réalisations écologistes… quand ils n’ont pas purement et simplement tourné le dos à leurs engagements dans ce domaine. Reste que, à une échelle un peu large et même si ce n’est pas vraiment mérité, l’écologie reste assimilée autrefois aux Verts, aujourd’hui à EÉ-LV… En contrepoint à ce constat, il faut aussi noter que si cette « adhésion » à l’écologie politique est significative, elle reste nettement minoritaire dans l’opinion : ainsi, 56% des Français pensent que l’absence de ministres Verts au gouvernement est « une bonne chose » (3). Et ce résultat n’exprime sûrement pas une demande de plus de radicalisme écologiste mais, plutôt, un soulagement !

 

La seconde explication des succès municipaux écologistes concerne l’électorat des Verts, sa nature sociale et ses motivations. Naturellement, il faut rester prudent, éviter les caricatures : le vote écolo n’est évidemment pas réservé aux « bobos » surdiplômés des centres-ville ! Mais on peut quand même risquer une hypothèse qui, naturellement, mériterait d’être validée par des études électorales précises : les couches sociales qui constituent la base électorale de EÉ-LV ne sont pas celles qui paient aujourd’hui le plus durement la crise, celles qui sont le plus exaspérées par la politique sociale libérale et ses conséquences dramatiques en termes de chômage, de précarité, de pauvreté et de désagrégation sociale. Du coup, pour cet électorat peu abstentioniste, la tentation est moindre - que dans les couches populaires plus paupérisées - de sanctionner EÉ-LV à cause de participation au gouvernement. Et plus grande la sensibilité à apprécier la différentiation positive des écologistes …

 

Reste à apprécier le contenu politique réel de cette différentiation. D’un double point de vue : celui des électeurs et celui des dirigeant-e-s du mouvement. La décision de présenter des listes autonomes EÉ-LV - ou, plus encore, des listes avec associations citoyennes voire des listes avec le Front de gauche (ou certaines de ces composantes) - constitue-t-elle un virage stratégique, une rupture dont le départ du gouvernement serait, par ailleurs, la traduction logique ? Les votes pour EÉ-LV signifient-ils un soutien à cette stratégie d’autonomie (par rapport à la gauche libérale), l’approbation d’une ligne plus « radicale », d’une orientation « plus à gauche » ? Ce qui ouvrirait évidemment des perspectives d’alliances…

 

En fait, les choses sont nettement plus ambivalentes. Ainsi, l’autonomie électorale – au sens de la présentation de listes (ou de candidat-e-s) autonomes vis-à-vis du PS et donc, de fait, concurrents – est plutôt la règle, qu’il s’agisse des présidentielles, des européennes ou des régionales. Concernant les élections municipales, la stratégie électorale (de premier tour) est traditionnellement à géométrie variable. En fait, les législatives - où EÉ-LV doit désormais ses élus et son groupe parlementaire au bon vouloir du PS – font plutôt figure d’exception. Ces élections municipales ne marquent donc pas une rupture : les Verts puis EÉ-LV ont une tradition d’autonomie électorale et de compétition avec le PS. Mais autonomie électorale ne signifie pas automatiquement plus grande radicalité ou positionnement plus à gauche. Cela peut tout aussi bien illustrer une rivalité avec le PS, sur le même créneau politique et sur les mêmes couches sociales.

- Rupture politique ou manœuvre politicienne ?

Justement : la décision récente de EÉ-LV de ne pas participer au nouveau gouvernement dirigé Manuel Valls constitue-t-elle la matérialisation d’une évolution et d’une véritable rupture ? Ou bien s’agit-il d’une posture politique et électoraliste, EÉ-LV prenant quelques distances avec une majorité gouvernementale discréditée, dans la perspective de tirer son épingle du jeu lors des prochaines consultations (européennes, régionales et… présidentielle de 2017) ? Avec une once de mauvaise foi - dans la mesure où, lorsque les Verts participaient au gouvernement, les commentateurs les interpellaient régulièrement sur les couleuvres qu’ils étaient obligés d’avaler… - ces mêmes commentateurs n’ont pas manqué de souligner le paradoxe qu’il y avait à quitter le gouvernement au moment où leur était offert tout ce qu’ils avaient revendiqué en vain : un grand ministère de l’Écologie, l’assurance du maintien de la position gouvernementale sur les gaz de schiste, une inflexion sur l’EPR, une dose de proportionnelle et, vraisemblablement, la fin de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes… Et de tracer le portrait d’écologistes décidément imprévisibles…

 

Mais, au-delà des préventions – évidemment justifiées ! – par rapport à la personnalité et à l’orientation politique de Manuel Valls, que disent les dirigeants d’EÉ-LV, à commencer par les ex-ministres, pour justifier leur position ? Pour Cécile Dufflot (2), la cause est entendue : « Alors était-ce une bonne proposition ? Optiquement, oui. Mais politiquement, quelles garanties avions nous après deux ans de gouvernement commun qu’elle serait appliquée ? Aucune, puisque le président de la République a clairement indiqué que son cap ne varierait pas d’un pouce ». Et de rappeler que, précisément, EÉ-LV réclamait depuis plusieurs mois un « changement de cap » anticipant la demande exprimée par les électeurs lors des municipales. Pascal Canfin insiste, lui, sur la contradiction entre une transition écologique – qui nécessite des investissements – et le maintien d’une politique économique d’austérité et de réduction des déficits « qui nous conduit dans le mur ». On pourrait juste s’étonner… que les ministres EÉ-LV ne s’en soient pas rendu compte plus tôt ! Toujours est-il qu’aujourd’hui, ils affirment un nouveau credo : « Sans changement de cap, sans davantage de fermeté face aux lobbies, sans bras de fer avec Bruxelles, sans faire le choix d’une politique de relance écologique, la transition restera un mot creux, une opération de communication destinée à être vidée de son sens comme le fût jadis le Grenelle de l’environnement » (2).

 

Soulignons aussi un élément du discours de C. Dufflot passé un peu inaperçu : détaillant avec une certaine cruauté les offres politiques « nouvelles » de M. Valls, elle s’est fait un malin plaisir d’indiquer à quelle page de l’accord passé (en novembre 2011) entre EÉ-LV et le PS (4) on pouvait les trouver ! Autrement dit, M. Valls semblait s’engager à mettre en œuvre des propositions… sur lesquelles le PS s’était déjà engagé il y a 3 ans… et qu’il avait oubliées depuis.

 

Reste à apprécier l’ampleur du changement de ligne que représente pour EÉ-LV le départ du gouvernement et les perspectives que cela peut (ou non) ouvrir. Notons d’abord que simultanément à cette décision, à son annonce et à sa justification, les dirigeants de EÉ-LV ont tenu à réaffirmer immédiatement un double positionnement : premièrement, EÉ-LV a vocation à « exercer le pouvoir ». C. Dufflot est tout à fait explicite à ce sujet : « Je continue donc plus que jamais de défendre le principe de la participation à un gouvernement et je souhaite un jour faire part de mon expérience aux quatre, cinq, dix membres écologistes d’un futur gouvernement, dans un rapport de force différent et avec des partenaires plus désireux de conduire réellement une politique écologique, au-delà des postures de communication ». De façon tout à fait claire, le positionnement plus autonome en pratique et la non-participation au gouvernement ne signifient pas un changement de stratégie, encore moins le choix de « l’opposition de gauche ». La stratégie demeure : « l’autonomie des écologistes et le rassemblement avec la gauche ». Et sa déclinaison actuelle est le vote de confiance par une majorité de députés écologistes, les autres s’abstenant. Ce qui sanctionne, qu’on le veuille ou non, une appartenance à la majorité…

 

Ce que conforte la seconde affirmation : pas question d’ouvrir la voie à de convergences avec le Front de gauche, renvoyé pour l’occasion à son archaïsme productiviste. C’est le point de vue ferme, répété tout aussi bien aussi bien par E. Cosse (secrétaire nationale de EÉ-LV) que par C. Dufflot : « je veux dire ici une chose bien claire : je ne crois pas à la guerre des gauches. Et l’écologie politique ne servira jamais de variable d’ajustement ou d’idiot utile dans les règlements de compte entre les forces déclinantes du productivisme ». Pas question donc de convergences électorales (pour les élections européennes, par exemple), ni dans l’action : EÉ-LV ne participera pas aux manifestations du 12 avril… même si des écologistes, y compris des élu-e-s, seront présents

- Pour poursuivre la discussion

On l’aura compris : le départ d’EÉ-LVV du gouvernement modifie évidemment le cadre du débat à gauche. Mais, pour autant, cela ne dégage pas une voie royale dont l’alliance municipale victorieuse de Grenoble serait le signe avant-coureur…. La fin de non-recevoir assez brutale adressée par EÉ-LV aux ouvertures de Jean-Luc Mélenchon et du Parti de Gauche montre bien que le chemin risque d’être long et tortueux !

 

Il ne faut pas sous-estimer les obstacles. Bien sûr, EÉ-LV bataille vigoureusement pour garder le monopole de l’expression politique de l’écologie. Il serait peu raisonnable de penser construire des convergences politiques avec EÉ-LV en mettant de côté les thématiques écologistes ! Or, de ce point de vue, force est de constater que, au moins en termes d’image pour le Front de Gauche, les positionnements de Ensemble ou du Parti de Gauche pèsent peu face à ceux de la principale composante, le Parti communiste dont la culture demeure profondément marquée par le productivisme. Raison supplémentaire pour mener vigoureusement ces débats au sein du FdG…

 

Mais chercher des convergences politiques sur le terrain de l’écologie n’implique pas seulement de se confronter à l’héritage obsolète du vieux mouvement ouvrier. Cela implique aussi de se confronter aux illusions du capitalisme vert qui constituent le credo de la plupart des responsables d’EÉ-LV. Plus que jamais, il nous faut conjuguer la critique sociale anticapitaliste et la préoccupation écologiste. L’écosocialisme, en quelque sorte…

François Coustal

 

Notes

1. Roger Martelli : « Bilan des municipales. Décevant Pénible,pour le PCF, décevant pour le Front de Gauche ». Publié initialement sur le site Cerises. On peut le lire aussi sur le site Ensemble

2. Discours de Cécile Duflot au Conseil Fédéral d’EELV

3. Sondage BVA / I-Télé / CQFD / Le Parisien - Aujourd'hui en France  (publié le 6 avril 2014)

4. « 2012-2017 : socialistes et écologistes, ensemble pour combattre la crise et bâtir un autre modèle de vivre ensemble ».

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Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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