Si les électeurs ont en général la mémoire courte, nombre d'entre eux n’oublient pas qu’ Hamon est l’heureux héritier du bilan Hollande, qu'il est le complice de la Loi Travail, de la Loi Macron, auxquelles il s’est opposé bien mollement.
Mais il est surtout responsable, alors au gouvernement, du vote du traité budgétaire européen (TSCG) en 2012 et du CICE (40 milliards offerts gracieusement au MEDEF sans contrepartie).
Erreur de jeunesse diront certains ! Dont acte ! Regardons y néanmoins de plus près !
Quelle crédibilité, quels moyens possède Benoît Hamon candidat président pour mettre en œuvre, aujourd’hui, une politique de justice sociale après avoir été ministre d’un gouvernement qui l’a niée en bloc ?
L'ambition de Benoit Hamon n'est pas d'accéder au pouvoir !
La tâche que lui a confié Hollande et le PS est d'empêcher l'émergence d'une force politique à la gauche du PS en capacité de prendre le pouvoir pour remettre en cause la politique qu'il met en œuvre en France et défend à l'échelle européenne : le sociallibéralisme.
A cette fin, en 2017, il sert, comme c'était déjà le cas en 2012 de " protection du flanc gauche ". En effet Hamon, en 2012, parlant de Hollande : « On lui assure un flanc gauche qui évite que certains électeurs se tournent vers Mélenchon ». Ce qui était vrai hier l'est encore aujourd'hui, non pas pour protéger Hollande, mais pour protéger le PS.
- Ainsi, soit il arrive à rassembler les écologistes (qui eux aussi ne voient pas d'un bon œil émerger une force de gauche remettant en cause, entre autre, leur approche européenne) et la France Insoumise sous la bannière d'un PS dominant et..... in fine c'est, la même politique qui continue avec au passage une France insoumise totalement discréditée ;
- Soit il n'y arrive pas, les présidentielles sont perdues, et le PS même en lambeau se présente comme la seule force capable de rassembler contre l'extrême droite.... et la droite extrême constituant un socle pour se reconstruire et au passage la France insoumise est mise à l'index pour responsable de la défaite ;
- Dans ce dernier schéma Hollande et la direction du PS sacrifient définitivement Hamon et le PS au profit du tandem Macron/Bayrou rejoint par la partie la plus à droite du PS dans la perspective d’un second tour Macron – Fillon...... et le tour est joué au service de la même politique !
Dans les deux cas, toute perspective de transformation sociale pourrait être perdue à long terme. Voilà l'enjeu de la manœuvre Hollande/Hamon/Macron leur permettant d'atteindre par une autre voie l'objectif qu'ils s'étaient fixé dans le cadre de la primaire dite "de la gauche " mais que la France Insoumise a réussi a déjouer en n'y participant pas !
Benoit Hamon n'a pas les moyens de mener une autre politique que celle de Hollande et de la majorité du PS
Si Benoit Hamon comptait que le PS s’épure de lui-même (vers Macron) pour pouvoir garder le logo sans les personnages, avec l'alliance Macron/Bayrou, c’est partiellement raté. Ceux-là même qui comptaient rejoindre Macron sont donc pour l'essentiel désormais assignés à résidence.
Enferré dans l’héritage du quinquennat et incapable de trancher et de rompre avec les politiques passée et ses dépositaires, Benoît Hamon va donc devoir gérer en plus l’effet rebond de l’ossification de l’appareil du PS autour de sa candidature. Plus que jamais le PS va être appelé à apparaître en tant que tel pour reconstituer des frontières. Et donc à s’immobiliser sur la politique passée car incapable de recréer la moindre dynamique populaire sur d'autres choix.
Benoit Hamon invite au rassemblement de la gauche, sous la forme d’une « majorité parlementaire » qu’il appelle Mélenchon et Jadot à constituer. Cette proposition est louche pour plusieurs raisons.
- La première, rappelée par , est que Hamon, candidat du PS, n’est pas pour autant secrétaire du parti. Il n’a donc pas le contrôle des investitures aux élections législatives, qui sont pour la plupart déjà décidées. Or si la primaire a confirmé que les sympathisants socialistes tendent à gauche, le parti tend à droite : et NE PERMETTRONT PAS L'ÉMERGENCE D'UNE AUTRE POLITIQUE QUE CELLE MENÉE SOUS LE QUINQUENNAT HOLLANDE. Qu’attendre de parlementaires nommés Valls, El Kohmri, Vallaud-Belkacem et consort ?
- La seconde est que Benoit Hamon ne maitrise pas le Parti Socialiste, la au congrès du PS de juin 2015 à Poitiers (le courant qu'incarne Benoit Hamon est minoritaire au sein des parlementaires du PS).
- Les pseudo " frondeurs " n'ont au maximum rassemblé autour d'eux qu'.... sur 577...... ça ne fait pas une majorité !
Un fait mérite d’être souligné !
- Après avoir prêché pendant des mois la loyauté et le rassemblement, le PS voit des députés, rallier ou être tentés de rallier le duo Macron/Bayrou. Or nous n'avons entendu aucun cacique appeler à ce qu’un tel ralliement soit sanctionné d’une exclusion du PS ou d’une déchéance de l’investiture. Sur la lancée d’une dynamique née d’une éventuelle victoire d’Hamon, le PS ferait donc élire des partisans de Macron aux législatives !
- On ne saurait mieux se mettre en situation d’impuissance : être un président sans majorité. Qu’en pense Hamon ? Rien - mais son porte-parole Guillaume Balas avant de se faire accusateur : " se les poser, ce serait empêcher le rassemblement ".
- Il faut pourtant être bien naïf pour ne pas s’inquiéter de l’attitude de la majorité du PS face à son candidat...... et tout observateur de la chose politique ou tout être humain échaudé par l'épisode de " mon adversaire c'est la Finance " comprendra qu'avant de s'engager il convient, de Benoit Hamon pour que cela ne constitue pas un nouveau coup de poignard dans le dos !
- D'ailleurs l'accord (en vérité PS/EELV) en est le témoignage criant car typique des accords Verts-PS tels que signés depuis 1997 : des formules alambiquées qui cachent le fait que le PS ne compte pas mettre en œuvre ce qu'il signe. Il n'engage que ceux qui croient encore aux promesses en l'absence de rapport de force. Il permettra peut-être à EELV où ce qu'il en restera à la sortie de cette séquence de garder un nombre plus que réduit de députés mais sûrement pas de quoi constituer un groupe. Visiblement les leçons du passé ne sont pas tirées.
Ce n'est donc pas une question " d'égo, de personne " contrairement à ce que certains s'évertuent à vouloir nous faire croire, mais une question éminemment politique !
L’appel à une majorité parlementaire de Hamon est louche pour une autre raison : si le PS était de gauche, cette majorité parlementaire serait déjà à l’œuvre !
Et pourtant, a t-on entendu Benoit Hamon émettre un désaccord, protester, quand, le 11 janvier 2017 le groupe des sénateurs PS à voté la non abrogation de la Loi El Khomri ! NON ! Benoit Hamon a-t-il désavoué les El Khomri le 11/01/17 ? La réponse, est NON !
Pendant toute la durée du quinquennat, Mélenchon n’a eu de cesse d’appeler les députés PS à faire bloc avec les écologistes et le Front de Gauche pour voter contre le gouvernement. Le président n’aurait alors eu d’autre choix que de nommer un premier ministre qui aurait eu le soutien de la majorité, ministre choisi sur sa gauche : Hamon ou Montebourg, par exemple. Jamais les députés PS n’ont rompu les rangs, se contentant d’abstentions qui ne remettaient rien en cause.
- Leur complaisance a été particulièrement évidente lorsque le gouvernement usa du 49.3. Les prétendus frondeurs n’ont jamais envisagé de voter une motion de censure, et se sont justifiés de leur dérobade par un seul argument : faire tomber le gouvernement, c’était remettre la droite au pouvoir.
- Bien que tous les journaux aient entériné cet argument, il est totalement faux.
- L’argument suppose que la censure du gouvernement entraînerait mécaniquement la dissolution de l’Assemblée Nationale et donc des élections législatives que la droite aurait gagnées.
- Or ce n’est pas ce que prescrit l’article 50 de la Constitution : en cas de motion de censure, le premier ministre démissionne et le président doit en nommer un autre, qui forme un nouveau gouvernement.
- Si les frondeurs avaient censuré le gouvernement, ils auraient tout simplement contraint Hollande à nommer l’un d’eux premier ministre, pour qu’il forme un gouvernement auquel la majorité parlementaire aurait accordé sa confiance.
D'ailleurs les vents contraires ont commencé a souffler sur les promesses d'Hamon qui s'il n'y prend garde pourraient rapidement ressembler à un certain :
- Hamon veut " relancer l'Europe " alors que la France doit s'extraire des traités européens & adopter la stratégie prédéfinie planA/ planB ;
- Hamon veut sortir à terme du nucléaire et atteindre 100% d'énergie renouvelable à l'horizon 2050..... et pour ça continue la construction de l’epr de Flamanville
- Hamon annonçait vouloir abroger la Loi travail..... On oublie vite que Myriam El Khomri dans le 18ème et Manuel Valls à Evry sont candidats aux législatives. Cela signifie que la ministre de la Loi Travail, et le 1er ministre du 49-3 se présentent en promettant – via Hamon – d’abroger la Loi Travail et le 49-3, ce qui se traduit aujourd'hui, résultat de cette situation par la promesse d'une "nouvelle loi travail " !
Dans ce contexte, l'issue ne pouvait pas être autre !
: "J’ai rencontré Benoît Hamon vendredi soir. Longuement et sereinement nous avons fait l’examen de la situation. Nous avons fait le tour de nos convergences et de nos divergences.... À cinquante jours du premier tour, il n’est pas possible de régler la différence qui par exemple nous sépare sur la question essentielle de l’Europe...."...
Conclusion : la mobilisation populaire est la seule issue pour écrire un autre scénario
Cela fait quatre ans que Benoit Hamon pouvait s’atteler à « tourner la page » et réorienter le gouvernement vers la gauche. Il n’en a jamais rien fait ; il ne s’est livré qu’à quelques déclarations médiatiques, assorties d’abstentions sans conséquence, pour construire une crédibilité de gauche dont il recueille aujourd’hui les fruits. C’est bien joué - un beau bluff. Mais nous aurions bien tort de tomber dans le panneau.
Bien sûr, un gentil Benoit Hamon qui propose de raser gratis avec le revenu universel, promet de renverser la forteresse néolibérale qu’est l’Union Européenne sans douleur ni violence ni éclats de voix, c’est plus agréable qu’un Jean-Luc Mélenchon qui appelle à la révolution citoyenne. Mais il faut voir les choses en face : nous ne vivons pas une époque agréable et les épreuves qui nous attendent ne seront pas une partie de campagne. Il n’y a pas de solution de facilité.
En ces temps extrêmes, c’est la radicalité, et même la promesse de lendemains difficiles (qui imagine que nos adversaires de classe nous laisseraient faire sans réactions politiques, économiques...), qui devraient être les marques de la crédibilité.
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En définitive, notre responsabilité est donc (comme nous y appelle : de convaincre cette moitié des Français qui n’a pas encore fait de choix de vote. Dans les cités et les entreprises, à la ville et dans le monde rural, par le débat et la formation mutuelle, faisons de cette élection un moment victorieux de mobilisation et d’adhésion à un projet construit..... c’est ce peuple que nous voulons fédérer contre l’oligarchie qui tient tous les pouvoirs.
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Téléchargeable ici : http://www.melakarnets.com/index.php
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