Une enquête IFOP confirme un pourcentage Front National très supérieur à la moyenne dans les bureaux de vote proches des casernes de la gendarmerie mobile, lors des élections présidentielles 2012.
Satory, un lieu de triste mémoire
La présence de l’armée en ce lieu date du moment où tous les poltrons de la guerre de 1870 ont décidé d’écraser le peuple parisien qui avait résisté face à l’armée allemande. Les régiments de Versaillais sont donc partis de là pour assassiner lâchement des dizaines de milliers de braves gens. C’est au camp de Satory que des milliers de communards furent détenus (dont Louise Michel) dans des conditions ignobles sans abri ni soin d’où un grand nombre de morts (certains abattus et inhumés sur place). C’est également ici que quelques grands républicains ont été exécutés en temps de paix comme le colonel Rossel, 27 ans (fusillé le 28 novembre 1871), celui qui avait dénoncé tôt la « trahison envers la patrie et le peuple » des dirigeants de droite et chefs militaires choisissant la défaite pour mieux restaurer un ordre conservateur, celui qui s’était échappé du camp de Metz vendu au roi de Prusse par le maréchal Bazaine, celui qui avait choisi ensuite de combattre aux côtés de "ceux qui ne s’avouent pas vaincus", « du côté du peuple ».
Le vote de la gendarmerie mobile à Satory
Actuellement, le camp de Satory abrite plusieurs unités de l’armée ( Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT), Service industriel de maintien en condition opérationnelles des matériels terrestres de l’armée de terre (SIMTer), Section technique de l’armée de terre (STAT), la 3e Base de Soutien au Commandement (3e BSC) et l’élite de la gendarmerie, particulièrement :
le Groupement blindé de gendarmerie nationale ayant un rôle de choc, de formation et de conseil au bénéfice de l’ensemble de la gendarmerie.
le GSIGN (groupement de sécurité et d’intervention de la gendarmerie nationale) dont le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN).
Les gendarmes mobiles et leurs familles représentent près de 100% d’un seul bureau de vote en France : le bureau n°10 (Clément Ader) de Versailles Satory, situé à proximité du camp de Satory. Le quartier compte environ 5000 habitants dont 1500 gendarmes.
En 2012, les résultats du premier tour sont les suivants :
M. Le Pen | F. Bayrou | F. Hollande | J. - L. Mélenchon | |
46,1% | 22,9% | 11,7% | 11% | 3,6% |
Ce vote ne représente pas une exception (52,94% pour le FN en 2011).
Le quartier de Satory compte un autre bureau comptant des personnels de la Défense plus divers dans lequel le pourcentage du FN est légèrement moins élevé.
Le vote de la gendarmerie mobile en France
L’IFOP a réalisé une enquête remarquable pour conclure « tous les bureaux abritant une caserne de la gendarmerie mobile affichent un vote pour Marine Le Pen à la présidentielle très nettement supérieur à la moyenne de leur ville (ou arrondissement pour Paris et Lyon). Dans tous les cas étudiés dans cette présente analyse (sauf une exception), le bureau où se trouve la caserne est même le bureau de la ville qui accorde le plus fort vote à Marine Le Pen. Ce constat assez impressionnant se vérifie dans tous les types d’environnement et quel que soit le contexte sociologique et politique... En fonction du nombre de gendarmes affectés dans la caserne, le poids de la communauté gendarmique dans le corps électoral du bureau de vote variera assez sensiblement et mathématiquement, plus les gendarmes mobiles et leurs familles seront nombreux et plus la spécificité électorale de leur bureau de vote sera marquée. La spécificité du vote des gendarmes mobiles ne ressort pas uniquement lorsque l’on compare les résultats électoraux de leur bureau de vote avec la moyenne de la ville, les écarts apparaissent également avec les bureaux de vote limitrophes de la caserne ».
Même lorsque le pourcentage d’électeurs gendarmes mobiles ne représente que 15% à 50% du corps électoral, cette affirmation se confirme. Notons par exemple le score FN dans les bureaux suivants auxquels sont rattachés des escadrons de gendarmerie mobile :
Hyères : 42,1% ; Dijon : 30,8% ; Toulouse : 27,7% ; Drancy : 32,9% ; Amiens : 23,8% ; Maisons-Alfort : 24,5% ; Lyon Bron : 24,9% ; Aubervilliers : 21,8% ; Mont de Marsan : 20,2% ; Melun : 24% ; Orléans : 19,8%
L’IFOP note un autre point important. Le vote pour l’UMP au premier tour dans ces bureaux est aussi fort sinon plus que la moyenne nationale et locale. C’est la gauche qui est presque inexistante.
Dernier argument approuvant le constat d’un vote Front National aussi fort au plan national qu’à Satory, l’IFOP a réalisé une estimation statistique (non remise en cause par les statisticiens comme par la gendarmerie) du vote FN en 2012 dans la gendarmerie mobile au plan national.
Le résultat est le suivant :
M. Le Pen | F. Bayrou | F. Hollande | Extrême gauche | |
Ce vote FN de la gendarmerie mobile correspond-il au vote de l’ensemble de la gendarmerie et des forces de maintien de l’ordre ?
Plusieurs éléments statistiques vont dans le sens d’une réponse positive à cette question.
L’enquête de l’IFOP ne concerne pas seulement les gendarmes mobiles mais aussi les fameux Gardes républicains.
8% à 10% des gendarmes de Satory quittent ce camp chaque année sans que cela change la sympathie générale pour le Front National.
L’Essor, journal de la gendarmerie nationale, considère que le sur-vote FN se retrouve généralement dans la gendarmerie, y compris rurale : « Les conclusions de cette étude peuvent-elles être étendues à tous les gendarmes ? Globalement sans doute, mais dans des proportions qui restent à préciser . Car l’Ifop a observé ce qu’il appelle un "sur-vote frontiste" chez les gardes républicains (casernés à Paris et à Nanterre), très net, mais moindre que chez les GM. S’agissant de la gendarmerie départementale, les outils de l’Ifop ne lui ont pas permis d’établir des mesures précises. Mais on ne voit pas pour quelles raisons les gendarmes de cette subdivision de l’Arme aurait un comportement très différent.
Enfin l’Ifop s’est demandé si ce "tropisme frontiste" valait aussi pour les autres forces en charge du maintien de l’ordre. S’agissant des gardiens de prisons, sur la base de l’analyse de plusieurs bureaux de vote où avec leurs familles ils représentent une part significative des personnes inscrites sur les listes électorales, la réponse est oui : 2 fois plus d’électeurs pour Marine Le Pen à Fresnes, dans le bureau 6 qu’en moyenne sur la ville... »
L’IFOP avance comme cause : « Le vécu professionnel, l’esprit de corps et les valeurs qui y sont rattachées aboutissent donc à une expression électorale vraiment très spécifique et très différente de celle du reste des Français. »
Enquête à suivre.... et à complèter....
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