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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 10:00
La biodiversité sous l'emprise de la finance ?
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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 08:05
Munich : le « bio » pour une eau non traitée et à faible coût au robinet

La ville de Munich incite depuis 1991 les agriculteurs situés dans la zone d’influence des points de captage d’eau à se convertir à l’agriculture biologique. Au robinet des Munichois aujourd’hui, une eau pure et non traitée.

 

Sources : Partage des eaux par MEIFFREN Isabelle, POINTEREAU Philippe, Solagro | Dernière mise à jour : décembre 2009 - Première publication : 2001

- Comment Munich, (1,3 millions d’habitants), peut-elle faire encore aujourd’hui l’économie de tout traitement de potabilisation de l’eau ?

Une partie de la réponse se trouve dans des décisions prises à la fin du siècle dernier. À cette époque, le système d’alimentation de la ville à partir des eaux de la vallée du Mangfall est mis en place. Bien que distante de 40 kilomètres, cette vallée, qui assure aujourd’hui 80 % de l’approvisionnement de l’agglomération, est choisie pour sa pluviométrie élevée, la capacité filtrante de ses sols, et surtout pour son altitude, qui permet une adduction gravitaire. À cette époque aussi, la municipalité procède à l’acquisition des terres agricoles du bassin hydrographique du Mangfall. La plupart des terrains sont boisés, l’idée – avant-gardiste pour l’époque – étant de créer un filtre naturel épurateur des eaux, lequel est « propriété de la ville » sur 1 600 hectares. D’ailleurs, et cela ne doit rien au hasard, la gestion et l’exploitation de ces boisements est assurée par le service forestier municipal pour le compte du service municipal… des eaux.

 

photo Meanest Indian, licence CC Une stratégie payante puisque – 1 200 analyses microbiologiques et 200 tests chimiques mensuels en font foi – les 110 millions de mètres cube consommés chaque année par les habitants de Munich et ses vingt communes environnantes sont, sans traitement préalable, d’une qualité qui s’apparente à une eau minérale.

 

Au début des années 90, toutefois, le service des eaux (privatisé en 1998) note avec inquiétude la très lente (mais constante depuis 30 ans) augmentation des teneurs en polluants d’originel agricole. Certes, les chiffres sortis des éprouvettes sont loin d’être inquiétants. Les plus mauvaises analyses font état d’un maximum de 15 milligrammes/litre et de 0,065 microgramme de pesticides au cours de l’année 1993, valeurs qui sont très en dessous des valeurs limites définies par les directives « nitrates » (50 mg/l) et « pesticides » (0,5 µg/l) de l’Union européenne.

 

 

- L’alerte est tout de même prise très au sérieux.

Acquérir des terres supplémentaires dans le périmètre des zones de captage pour les boiser est une solution rapidement écartée compte tenu des tensions sur le foncier. La ville décide donc d’encourager l’agriculture biologique sur l’ensemble des terres agricoles situées en amont, dans la vallée du Mangfall. Encourager : le mot est d’évidence trop faible, puisqu’au fil des ans, la ville va intervenir très directement sur tous les maillons de la filière, de la production à la commercialisation, se faisant fort d’assurer des débouchés aux produits biologiques dans ses propres établissements : crèches, cantines, etc.

 

  • Dans un premier temps, la ville a délimité le périmètre de protection des captages, soit une zone de 6 000 hectares, dont 2 250 de terres agricoles « à convertir », le reste étant occupé par la forêt.
  • Ce zonage effectué, la ville mobilise deux personnes pour suivre ce dossier et se rapproche d’associations de producteurs (Demetter, Bioland, Naturland) pour faire passer le message auprès des exploitants. Principal enseignement de cette phase de sensibilisation : la nécessité d’aider financièrement et techniquement les exploitants à passer le cap.
  • La municipalité finance intégralement le premier conseil prodigué par les associations de producteurs bio aux candidats à la conversion, de même que les contrôles annuels. Les agriculteurs doivent pour leur part adhérer à l’association de leur choix.
  • À ces subventions s’ajoute une aide municipale versée aux producteurs pour « honorer leur contribution à la protection de l’eau, compenser la diminution des rendements et les investissements ». Cette aide s’élevait à l’origine à 281 euros par hectare pendant les six premières années, dites de démarrage, puis à 230 euros par hectare les 12 années suivantes, que la terre soit en propriété ou en fermage.
  • Ces aides municipales ne sont pas exclusives des aides versées par l’État (environ 152 euros par hectare et par an pendant cinq ans) dans le cadre de ses programmes agroenvironnementaux. Les agriculteurs qui ne veulent ou ne peuvent pas remplir le cahier des charges pour l’élevage (pâturage obligatoire, contraintes au niveau de la stabulation) mais qui remplissent tous les autres critères exigés reçoivent, au titre de « membres libres » de l’association, une aide de 137 euros par hectare et par an. Par ailleurs, les agriculteurs localisés en marge du périmètre bénéficient des aides sur l’intégralité de leur parcelle si au moins une partie de leurs terres est située dans le périmètre de protection.

 

Les associations d’agriculture biologique ont pour leur part fondé un groupe de travail, également activement soutenu par la ville, qui s’occupe de la transformation des produits biologiques par des entreprises spécialisées et de l’ouverture de débouchés dans les commerces.

 

La première année (1993), 23 exploitations contractualisent, pour une surface totale de 800 hectares. En 1999, ils sont 92 sur environ 2 200 hectares, dont 1 600 dans la zone de conversion proprement dite. Il reste à l’époque 15 agriculteurs qui ne se sont pas convertis – mais cela ne serait, paraît-il, qu’une question de temps… Cette conversion rapide a été favorisée par le fait que, dans cette région dominée par l’élevage, les surfaces sont essentiellement des prairies.

 

Pour la municipalité, le coût du programme de soutien à l’agriculture biologique – 0,83 million d’euros par an, soit 0,01 euro par mètre cube d’eau distribué – n’est pas excessif, dans la mesure où la ville évite ainsi de coûteux traitements. À titre de comparaison, le seul coût de la nitrification est estimé en France à 0,3 euro par mètre cube.

 

Reste que les Bavarois profitent encore très mal de cette ressource de qualité, puisqu’ils ont l’habitude de boire à table de l’eau gazeuse. Les services de l’eau incitent les Munichois à gazéifier eux-mêmes l’eau du robinet. Mais n’oublions pas que les Munichois sont aussi de grands buveurs de bière, et que pour produire un litre de bière, il faut 30 litres d’eau d’excellente qualité !

 

 

- Post-scriptum (Olivier Petitjean, 2009)

Le cas de Munich est un bon exemple de stratégie de gouvernance reposant sur un cercle « vertueux », où toutes les parties prenantes sont gagnantes, reposant sur une bonne gestion des relations ville-campagne. Il n’est pas inutile de signaler que le service munichois de l’eau a dû être restructuré sous la pression des instances européennes (il a été autonomisé et « corporatisé » alors qu’il ne s’agissait auparavant que d’un département municipal) et subit encore aujourd’hui des pressions en vue d’une privatisation pure et simple.

photo wallyg, licence CC Un autre exemple souvent mentionné du type de stratégie développé par Munich est la manière dont la ville de New York, confrontée à la pression de l’Agence américaine de protection de l’environnement, a choisi (après plusieurs années de tergiversations et de débats) de privilégier un programme de restauration environnementale de la région des montagnes Catskills, d’où elle tire 90 % de son eau. Ce programme comprenait plusieurs volets comme l’achat de terres, le renforcement des réseaux d’égouts et d’épuration dans la zone concernée, ainsi qu’une série de mesures incitatives à une gestion durable des ressources (à travers par exemple la mise en place de services de conseil gratuits), pour un coût total de 1,5 milliard de dollars US, financé à travers l’émission d’obligations environnementales. L’autre option aurait été la construction d’infrastructures de filtrage et d’épuration pour un coût estimé entre 6 et 8 milliards de dollars US. Ce projet a été marqué par une conflictualité bien plus grande entre autorités et habitants de la ville et de la campagne que cela ne semble avoir été le cas à Munich. Il est vrai que la différence d’échelle entre les deux projets est significative. D’autres villes, comme Paris ou Beijing, ont engagé ce type de démarches, sous diverses formes, mais aucune de manière aussi poussée qu’à Munich et dans une moindre mesure New York. (Voir, en français, Politique intégrée des eaux : de l'eau pure, cela se paie !)

 

Pour en savoir plus :

- mon dossier Politique de l'eau

- Grenoble distribue une eau naturellement pure et sans traitement la moins chère des villes de France de plus de 100 000 habitants

- A financer : des terres bios pour protéger l’eau

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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 10:00
L’agent orange continue de contaminer des milliers d’enfants au Vietnam

Entre 1961 et 1971, de 100 à 350 millions de litres de défoliant sont déversés par l’armée américaine sur le Sud- Vietnam, signant le premier écocide de l’histoire de l’humanité. Cinquante ans et 3 millions de morts plus tard, l’agent orange poursuit ses ravages sur les populations et sur l’écosystème du pays.

 

Sources : NEXUS par Alexis Kropotkine | modifié le 28/01/2021

- Le génocide continue

Plus de quarante trois ans après le départ des troupes d’occupation américaines, les conséquences sanitaires et écologiques des épandages massifs d’agent orange et autres « agents chimiques arc-en-ciel » sur les forêts primaires d’Asie du Sud-Est continuent leur œuvre délétère dans un silence médiatique et politique assourdissant. À l’occasion du 50e anniversaire de l’opération Ranch Hand, Nexus est revenu sur le premier écocide de l’histoire de l’humanité, un conflit chimique majeur dans lequel forces indépendantistes, écosystèmes et populations civiles ont été transformés en objectifs militaires indifférenciés. (…)

 

  • Visualisez la suite de ce dossier en format papier (PDF)......... ci-dessous 👇

 

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Monsanto partenaire de l’armée américaine

 

Sources : Combat Monsanto

- L’Agent Orange, désherbant ou arme chimique ?

Après les révélations sur la toxicité de la dioxine TCDD émise lors de la fabrication de l’herbicide 2,4,5-T, Monsanto ne remet pas en cause sa production et bien au contraire, elle entre en contact avec le Pentagone pour développer l’usage militaire de son herbicide … L’économie de guerre a toujours été une importante manne financière pour la poignée de firmes multinationales qui dominent le marché des produits chimiques. Les chercheurs de Monsanto entrevoient déjà les avantages de leur puissant herbicide en temps de guerre, car il permet l’éradication des cultures et donc d’affamer les armées et les populations ennemies.

 

Après des essais de l’herbicide réalisés en 1959 au Vietnam par l’armée américaine, celle-ci semble satisfaite puisque au bout de deux ans 90% des arbres et buissons ont été détruits sur les zones aspergées. Ces tests déclenchent le feu vert de l’ « Opération Ranch Hand » qui commence officiellement le 13 janvier 1962. Dans un premier temps le but de l’opération est de dégager les routes, les voies d’eau et les frontières du Sud Vietnam pour tracer un no-man’s land face aux VietCongs, et dans un second temps de détruire les récoltes censées approvisionner les « rebelles ».

 

De 1962 à 1971, on estime que 80 millions de litres de défoliant ont été déversés sur 3.3 millions d’hectares de forêts et de terres. Plus de 300 villages ont été contaminés et 60% des défoliants utilisés étaient de l’Agent Orange, représentant l’équivalent de quatre cents kilos de dioxine pure . Or, selon une études de l’université Columbia (New York) publiée en 2003, la dissolution de 80 grammes de dioxine dans un réseau d’eau potable pourrait éliminer une ville de 8 millions d’habitants… [1]

 

- Monsanto connaissait les dangers de la dioxine présente dans l’Agent Orange.

L’épandage massif de l’Agent Orange affectera pour longtemps les populations civiles vietnamiennes mais aussi les soldats américains qui ont été tout autant exposés à la dioxine sans précaution. De plus, Monsanto a délibérément caché à l’armée que son désherbant 2,4,5-T en version militaire, ou Agent Orange, contenait une plus grande concentration de résidu de dioxine TCDD que la version agricole commune. Un document interne déclassé de la firme Dow Chemicals, datant du 22 février 1965, relate une réunion secrète des principaux fournisseurs de l’ « Agent Orange » dont Monsanto pour « discuter des problèmes toxicologiques causés par la présence de certaines impuretés hautement toxiques » dans les échantillons de 2,4,5-T fournis à l’armée [2]. Dow voulait faire part d’une étude interne qui montrait que « des lapins exposés à la dioxine développaient de sévères lésions au foie. » La question abordée par les fournisseurs de 2,4,5-T était de savoir s’il fallait prévenir le gouvernement de la toxicité de l’agent orange. Gerson Smoger, l’avocat de nombreux vétérans de la guerre du Viêt-nam, déclare que « La réunion a eu lieu dans le plus grand secret.[...] La question était de savoir s’il fallait informer le gouvernement. Ainsi que le prouve un courrier, dont j’ai également une copie, Monsanto reprocha à Dow de vouloir lever le secret. Et le secret fut gardé pendant au moins quatre années, celles où les épandages d’agent orange atteignirent un pic au Viêt-nam… » [3]

 

Finalement en 1969, une étude rend publique la nocivité de l’herbicide 2,4,5-T, après que l’Institut National de la Santé américain eu révélé que des souris soumises à des doses importantes du désherbant développaient des malformations fœtales et mettaient au monde des bébés mort-nés. Le 15 avril 1970, le Secrétaire à l’Agriculture annonce une interdiction d’usage du 2,4,5-T en raison « du danger qu’il représente pour la santé ».

 

En 1971, l’armée interrompt l’opération Ranch Hand et l’épandage de l’Agent Orange, mais ses effets dévastateurs ont continué bien après, du fait de la persistance de la dioxine dans le sol, l’eau et la chaîne alimentaire et de son caractère bioaccumulateur. Le Vietnam estime que 150 000 enfants souffrent aujourd’hui de malformations dûes à l’Agent Orange et que 800 000 personnes sont malades…

 

 

- Les vétérans américains victimes de la dioxine.

 

 

En 1978, Paul Reutershan, un vétéran atteint d’un cancer de l’intestin, porte plainte contre les fabricants de l’Agent Orange, il sera vite rejoint par des milliers de vétérans du Vietnam atteint de divers symptômes, pour constituer la premiere "action de groupe" ou « class action » jamais intenté contre Monsanto. Cette affaire sera révélatrice des méthodes de la firme de St Louis lorsqu’il s’agit d’affronter la justice.

 

Pour obtenir gain de cause les vétérans doivent prouver qu’ils ont bien été contaminés par la dioxine présente dans l’Agent Orange lors de la guerre du Vietnam, et que cette dioxine TCDD est bien à l’origine de leurs maladies. Or pour sa défense, Monsanto répondra que la « dioxine est omniprésente dans la population américaine, l’environnement et les aliments… », ce qui est malheureusement vrai tant ce genre de pollution est répandue. Cependant les doses reçues par les vétérans sont bien supérieures aux doses que l’on peut ingérer dans un contexte normal, l’affaire n’est donc pas close.

 

Il faut ensuite prouver que la dioxine est un agent cancérigène par le biais d’études scientifiques qui doivent nécessairement porter sur le long terme, du fait du temps d’incubation du cancer. Monsanto possède ce genre d’étude depuis l’accident de Nitro en 1949, où plusieurs dizaines d’ouvriers furent exposés à la dioxine et qui furent suivis par le Dr Suskind. Pour prouver que la dioxine n’est pas cancérigène, Monsanto veut démontrer trente ans plus tard que les ouvriers exposés n’ont pas développé de pathologies particulières en comparaison à la population normale. C’est le Dr Roush, directeur médical de Monsanto, qui contrôlera le contenu des études de Monsanto publiées en 1980, 1983 et 1984. Comme l’on s’en doute les études de Monsanto concluront à l’absence de tout lien entre l’exposition au 2,4,5-T de l’Agent Orange et le cancer.

 

Les vétérans acceptent alors un réglement à l'amiable, et le 7 mai 1984 les fabricants de l’agent orange mettent sur la table 180 millions de dollars. Le juge ordonnera que 45.5% de la somme soit payée par Monsanto, en raison de la forte teneur en dioxine de son 2,4,5-T [4] C’est ainsi que 40000 vétérans recevront, selon les cas, une aide comprise entre 256 et 12800 dollars. L’affaire est close mais laisse un goût d’amertume dans la bouche des vétérans, qui doivent se contenter de dédommagements mineurs comparés aux frais de santé auxquels ils doivent faire face.

 

 

- La population civile vietnamienne toujours victimes de la contamination du territoire par la dioxine.

 

 

Comme nous l’avons vu plus haut, dans la définition scientifique de la dioxine, celle-ci est un agent tératogène qui favorise les malformations du fœtus. Cette caractéristique a profondément marquée l’opinion publique après les révélations sur les taux hautement anormaux de mortalité prénatal et postnatal au Vietnam dûs à des malformations rares et monstrueuses. C’est à Ho-Chi-Minh-Ville que l’on trouve la maternité de l’hôpital TU DU, la plus grande du pays. Les vietnamiens l’ont surnommé le « musée de horreur de la dioxine ». Dans la maternité, se trouve un laboratoire qui conserve tous les fœtus « monstrueux » dans du formol, on peut y voir des frères siamois partageant une seule tête disproportionnée, un tronc a deux têtes, des cas d’anencéphalie (absence de cerveau), de microcéphalie (petit cerveau), mais les mots scientifiques manquent pour décrire la plupart de ces anomalies génétiques.

 

La docteur Nguyen Thi Ngoc, aujourd’hui retraitée, s’occupe du « village de la paix », installé dans l’hôpital, qui représente l’un des douzes centres ouverts au Vietnam pour accueillir les enfants handicapés victimes de la dioxine de l’Agent Orange. Le docteur précise que la plupart des pensionnaires souffrent de problèmes neurologiques et d’anomalies organiques graves, certains sont alités car ils sont nés sans bras et sans jambes. D’après le docteur, les cas de malformations ont commencé à se multiplier depuis le milieu des années soixante, et continue encore aujourd’hui. En 2005, l’hôpital Tu Du a recensé 800 cas d’enfants nés avec des malformations, ce qui est largement supérieur à la moyenne internationale. Aujourd’hui, d’après les autorités vietnamiennes150.000 enfants souffrent de malformations supposément dûes la dioxine et 800.000 personnes sont malades.

 

Cependant, aucune responsabilité n’a encore été dégagée afin d’ouvrir des poursuites judiciaires et d’obtenir des dédommagements pour les victimes de la dioxine au Vietnam. Ces malformations ne sont tout simplement pas reconnues comme étant la conséquence d’une intoxication par la dioxine TCDD de l’agent orange. Pour l’heure, parmi les treize maladies reconnues par les Etats-Unis comme étant liées à la dioxine, une seule concerne une malformation congénitale. Un manque d’étude (« occidentales ») sur le long terme est une des lacunes dans la possibilité d’ouvrir un procès contre les responsables américains. Une des rares études disponibles est celle du Dr Hoang Trong Quynh et du Dr Arnold Scheter parue en 2003 [5]. Elle rapporte l’analyse du taux de dioxine chez des habitants vivant dans le village de Bien Hoa proche d’une ancienne base américaine utilisée pour les missions d’épandages de l’Agent Orange. Les résultats ont montré des taux de dioxine élevés, supérieurs à 5 parties par milliard (ppt), avec des pointes allant jusqu’à 413 ppt, y compris chez de jeunes enfants. Le taux moyen enregistré de dioxine chez les habitants des pays occidentaux est de 2ppt. De plus, certains échantillons de sols ou de sédiments prélevés dans la région de Bien Hoa, ont révélé des concentrations de TCDD exceptionnelles, supérieures à un million de ppt…Cependant aucune étude internationale n’a encore été menée afin de prouver définitivement le lien entre les malformations et l’agent orange.

 

Le 20 mars 2005, l’administration Bush annonçait l’annulation d’un programme de recherche binational entre les Etats-Unis et le Vietnam, qui devait porter sur la population vietnamienne et principalement sur le lien entre l’exposition à la dioxine et les malformations congénitales. Cette décision unilatérale signifie le report de toute possibilité d’action judiciaire contre les fabricants de l’Agent Orange, dont Monsanto.

 

 

- Et aujourd'hui, la lutte continue

C’est un événement historique. Une nouvelle étape pour la réparation du préjudice subi par les victimes de l’agent orange. Le procès intenté par Tran To Nga contre plusieurs multinationales agrochimiques s’est ouvert lundi 25 janvier au tribunal d’Evry dans l’Essonne. Sur le banc des accusés, des entreprises mondialement connues comme Bayer Monsanto et Dow Chemicals

 

Les conséquences humaines et environnementales de l’agent orange sont aujourd’hui encore très fortes, et les victimes vietnamiennes de cet herbicide n’ont jamais été indemnisées. Pour en parler, nous recevons au lendemain de l’ouverture du procès la plaignante et victime de l’agent orange Tran To Nga, la députée EELV Marie Toussaint très engagée sur le sujet, et un des trois avocats de la partie plaignante Bertrand Repolt.

Notes :

[1] D’après les estimations de Jane Mager Stellman, « The extent and patterns of usage of Agent Orange and other herbicides in Vietnam”, Nature, 17 avril 2003

[2] Le monde selon Monsanto, MM Robin, coedition La decouverte/Arte Ed.,2008, p60

[3] Le monde selon Monsanto, MM Robin, coedition La decouverte/Arte Ed.,2008, p60

[4] Peter SCHUK, Agent Orange on Trial. Mass Toxic Disasters in the Courts, Harvard University Press, Cambridge (Ma.), 1987, pp. 86-87 et 155-164. Monsanto a produit 29,5 % de l’agent orange utilisé au Viêt-nam, contre 28,6 % pour Dow Chemicals, mais certains de ses lots contenaient quarante-sept fois plus de dioxine que ceux de Dow.

[5] Arnold SCHEKTER, Hoang Trong QUYNH, Marian PAVUK, Olaf PÄPKE, Rainer MALISCH, John D. CONSTABLE, « Food as a source of dioxin exposure in the residents of Bien Hoa City, Vietnam », Journal of Occupational and Environmental Medicine, vol. 45, n° 8, août 2003, p. 781-788.

 

Pour en savoir plus :

- Au Vietnam, 36 ans après la guerre, l’agent orange tue encore

- Agent orange : en 2025 la guerre du Viêt Nam n’est pas finie

- Vietnam. Agent orange, les enfants du poison

- 2020 : Vietnam: la guerre n’est pas finie

- janvier 2021 : Les épandages de l'agent orange, un herbicide contenant de la dioxine, ont marqué le premier écocide historique, et ont eu de graves impacts sanitaires sur la population vietnamienne dont les jeunes générations subissent encore les conséquences.

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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 01:02
Hyperincinérateur d'Echillais : le Parti de Gauche demande un référendum

Sources :  le blog du Parti de Gauche OUEST17 |

 

Communiqué du Parti de Gauche Ouest 17

 

Incinérateur de Rochefort, les populations doivent avoir le dernier mot.
 
Depuis des mois, les populations du pays Rochefortais mènent une action exemplaire pour s'opposer à la volonté d'une grande majorité d'élus locaux d'imposer la construction d'un Hyper incinérateur, technique totalement dépassée par les enjeux environnementaux actuels, les possibilités alternatives offertes par les technologiques actuelles (méthanisation, etc...) mais source de profits substantiels pour l'opérateur VINCI.
 
Comptant sur le soutien de la ministre de l'environnement, celle-ci à cédé face aux lobbys patronaux enterrant un peu plus ses ambitions en matière de transition énergétique.
 
  • C'est inacceptable. Le COMITE OUEST 17 du Parti de Gauche renouvelle son soutien actif aux opposants et à leur association « Pays Rochefortais Alert' »
 
Car l'incinérateur est une fabrique de poisons reconnue comme telle, hautement toxiques en ce qui concerne notamment les cendres des filtres.
 
 
- Pour le Parti de Gauche :
  • l'incinération est en 2014 une technique totalement dépassée du point de vue écologique et économique. En dépit du bon sens, elle détruit des matériaux qui devraient être recyclés et produit de nouvelles matières à stocker.
  • la collecte des déchets, le tri, le recyclage et les traitements doivent relever du domaine public non délégué (régies), être de proximité au niveau communale pour re-localiser et créer des cercles vertueux ou nos déchets, notamment organiques, pourraient produire de l'énergie (méthanisation) ou venir alimenter l'agriculture locale, pour que chacun prenne ses responsabilités sans craindre d'être les éboueurs de tous.
 
Il est en effet absurde de vouloir transporter en camions les déchets de 97 communes sur un seul point de traitement et de gaspiller ainsi de l'énergie, dégrader les routes et augmenter les risques d'accidents....
 
Car la création des déchets, tout comme leur gestion est source aujourd'hui de profits et de rentes dégagées par les industriels du secteur, et cette situation ne peut plus durer, il faut y mettre un terme.
 
 
- Notre méthode est celle de la planification écologique.
Son objet est de remettre l'humain , les populations concernées au centre des décisions en se fixant des objectifs communément partagés par le débat et en se donnant les moyens de cette mise en oeuvre par la décision souveraine des citoyens
 
Nous ne pouvons mener une politique qui passe d'une solution à une autre instantanément, mais d'ores et déjà mettre un terme à son extension est une exigence immédiate.
 
. Notre conception de la planification de la politique des déchets est basée sur plusieurs éléments :
  • La réduction à la source des déchets : objectifs contraignants d'amélioration des processus industriels, interdiction des sacs plastiques etc. Il s'agit là d'un aspect important de la reconversion industrielle et fait appel à toute la créativité de nos ingénieurs, techniciens et ouvriers. C'est une dynamique d'innovation ;
  • L'obligation de la réparation des objets qui peuvent l'être : augmentation forte de la durée des garanties (lutter contre l'obsolescence), obligation de récupération des objets par les constructeurs et de développer les filières de réparation.
  • Obligation d'intégrer dans les filières industrielles le recyclage des objets produits, du traitement de leurs déchets, en s'appuyant sur les compétences et les entreprises existantes s'il le faut.
 
- Notre objectif ?
Interdire l'incinération des déchets organiques et plus largement de tout ce qui pourrait être recyclé tout en rendant possible et obligatoire une gestion alternative de ces différents déchets. Il est effectivement aberrant et tout à fait contre-productif de ne pas réutiliser ces matériaux dans les processus de production compte tenu du coût et du poids environnemental et écologique de l'extraction des matières premières.
 
Ce projet s'inscrit dans le même processus que les autres grands projets inutiles, tels l'aéroport de Notre-Dame-Des-Landes et le barrage du Testet à Sivens, dans lesquels se retrouvent toujours les mêmes grands groupes, notamment le vorace VINCI.
 
Le Parti de Gauche rappelle que des négociations sont en cours au niveau européen sur le Grand Marché Transatlantique (TTIP ou TAFTA, CETA, TISA). Si ceux-ci devait entrer en vigueur, cela mettrait fin à toute velléité d'opposition et de refus de ce genre de projet par les élus. En effet, ce serait un tribunal d'arbitrage privé qui pourraient statuer en faveur des groupes privés et pénaliser les collectivités locales ou l'état qui s'y opposeraient, et de surcroît avec de fortes amendes payées par les contribuables! (C'est le cas au Canada, en Australie, etc.)
 
La démocratie à sa place partout, tout le temps: au niveau local (consultations citoyennes), mais également au niveau national et européen.
 
 

C'est pour l'ensemble de ces raisons que le parti de Gauche, face à la volonté des élus d'imposer leur choix contre la volonté populaire, considèrent que le dernier mot doit revenir à la population et appelle au lancement d'un référendum sur les territoires concernés.

Hyperincinérateur d'Echillais : le Parti de Gauche demande un référendum

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Incinération

- Incinérateur d'Échillais : feu vert pour l'incinérateur

- Ainsi naissent les ZAD

 

- Lettre à Ségolène Royal : N’attendez pas les premières échauffourées entre des citoyens ex-pacifistes ! par Pays Rochefortais Alert'

lettre à Madame la Ministre de l'Ecologie par Pays Rochefortais Alert'

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 11:10
Une usine Monsanto assiégée en Argentine depuis plus d'un an

Source : LE FIGARO.fr le 09/10/2014

Cela fait un an qu'ils luttent contre Monsanto. Installés dans des campements de fortune, des habitants de Malvinas Argentinas, petite ville d'Argentine situé dans la région agricole de Cordoba, bloquent depuis septembre 2013 la construction d'une usine de conditionnement de maïs du géant américain.

 

Les habitants, qui arborent un T-shirt vert portant l'inscription «Non à Monsanto. Malvinas en lutte», dénoncent les dégâts environnementaux et sanitaires causés selon eux par la production intensive de cultures génétiquement modifiées. «Monsanto pollue. Monsanto ce sont les agrotoxiques, le glyphosate, le roundup. On ne veut pas que Monsanto s'installe sur cette terre. Sur ce bout de la nation, Monsanto nous n'en voulons pas», dénonce Vera Figueroa, habitante de Malvinas Argentinas, ville-dortoir de 15.000 habitants entourée de champs de maïs transgénique.

VIDÉO- Le site de conditionnement de maïs est bloqué par des habitants de la province de Cordoba qui dénoncent les méfaits de la culture OGM, massivement pratiquée en Argentine.

 

Les habitants vivant près des champs se plaignent de l'épandage aérien de produits chimiques. En janvier, la justice a officiellement suspendu les travaux dans l'attente d'une étude d'impact sur l'environnement. Une étude de l'Université de Rio Cuarto (UNRC), dans la province de Cordoba, a récemment établi un lien entre «produits chimiques agricoles et des pathologies liées au modèle agricole actuel», affirme le biologiste Fernando Manas. «Lorsque nous avons fait les premiers examens épidémiologiques avec l'université nationale de Cordoba, nous avons réalisé que notre quartier était l'un des plus affectés. Les maladies les plus communes selon cette étude sont les fausses couches, les malformations congénitales, les pathologies respiratoires, et surtout les maladies cutanées», énumère Eduardo Quispe, un habitant de Malvinas.

 

D'après les opposants, la situation est d'autant plus critique que l'Argentine utilise massivement les cultures OGM. D'après ArgenBio, organisme défendant l'utilisation des biotechnologies dans l'agriculture, 100% des cultures de soja et de coton, ainsi que 95% des plantations de maïs, sont transgéniques. Monsanto est présent depuis 50 ans en Argentine où il a commencé à planter du soja OGM en 1996. «Cela a été une vraie opportunité pour le pays, et l'Argentine est devenue rentable grâce à cette industrie», plaide Gabriela Levitus, chercheuse en biotechnologies d'Argenbio. Le pays est en effet devenu le premier exportateur mondial de produits dérivés du soja (farine, huile).

 

Dans les plaines fertiles de la Pampa et dans l'opinion publique argentine, les préoccupations des écologistes ne pèsent pas lourd face au lobby agricole qui fournit chaque année à la fragile économie argentine près de 10 milliards de dollars par an de recettes fiscales directes. «Pour générer la production dont nous avons besoin afin de nourrir le monde entier, c'est nécessaire d'avoir une agriculture rentable, beaucoup plus productive», assure Gabriela Levitus.

 

D'après ArgenBio, aucune étude scientifique n'a démontré la dangerosité des engrais, désherbants ou autres produits chimiques. Selon cette société, seule une mauvaise utilisation des produits peut conduire à des problèmes sanitaires. Monsanto espère désormais relancer son projet avec le soutien de certains habitants qui, eux, espèrent bénéficier de la création d'environ 400 emplois dans l'unité de conditionnement de maïs.

 

Pour en savoir plus :

- Deux bonnes nouvelles pour les anti-OGM

- Comprendre Monsanto dans une vidéo de 3mn. Si tu n’aimes pas Monsanto alors partage !!!

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 09:00
Des carottes dans le ciment : l’agriculture urbaine.

Sources : Le 4eme singe - posté dans  Agriculture, Alimentation, Alternatives [1]

Alors que les architectes et autres aménageurs du territoire préparent les nouveaux plans de développements, ils pensent très certainement aux routes, aux parkings, mais pensent-ils aux plantations productives, aux rôles des toits végétalisés et à la biodiversité ? Certainement pas. Ayant visité d’excellentes initiatives d’agriculture urbaine ces dernières années, cela me semble honteux pour deux raisons. Premièrement parce que l’agriculture urbaine est un domaine en expansion très rapide, et en le laissant donc de côté, ils prennent du retard, et deuxièmement parce qu’ils dessinent un futur qui en aura certainement grandement besoin. L’agriculture urbaine est un concept avant-gardiste. C’est ce dont nous avons besoin maintenant.

 

Afin d’amener l’agriculture urbaine et son potentiel dans nos discussions de ce mois-ci sur le sujet de la « Réimagination de l’urbanisme », qui de mieux pour en parler qu’André Viljoen et Katrin Bohn, architectes, universitaires et auteurs du livre récemment publié « Une seconde nature, l’agriculture urbaine : dessinez des villes productives ? ». Leur premier livre « Paysages Urbaines de productions continues », publié en 2004, insérait l’idée d’agriculture urbaine dans la profession d’architecte. Beaucoup de choses ont changé depuis. Je les ai contactés via Skype il y a de ça quelques semaines. Comme m’avait dit André, lorsqu’ils ont proposé il y a 10 ans à des éditeurs un livre sur l’agriculture urbaine la réaction avait été « L’agriculture ? On fait l’architecture ! ».

 

book

Le changement depuis leur premier livre a été remarquable. Par exemple, la ville de Berlin a adopté une stratégie urbaine de production, et de nombreuses histoires sur la façon dont cela se propage dans le monde sont présentées dans ce livre (quelques initiatives de villes en transition et leur travail sur la production urbaine de nourriture s’y trouvent aussi). Le livre se présente comme un recensement des plus récentes recherches et projets en la matière ainsi qu’un outil pour mettre en place de l’agriculture urbaine. Et c’est un succès dans les deux cas.

 

 

- L’agriculture urbaine et la nouvelle économie

Une des premières choses qui ressors du livre c’est combien les initiatives d’agriculture urbaine, à l’instar des groupes de transition, essayent d’inclure le concept de viabilité économique.

 

  • J’ai questionné Katrin sur cette tendance :

« Certains des exemples du livre fonctionnent et sont rentables. C’est LA condition pour que l’agriculture urbaine ait un véritable avenir. Mais cela ne signifie pas que ces schémas économiquement viables doivent être orientés vers la recherche du profit. Ils peuvent être des entreprises sociales. Mais ce que l’on a remarqué ces 10 dernières années, ce qui est crucial, c’est que si l’on veut maintenir cette affirmation de faisabilité pour l’agriculture urbaine, afin de changer les apparences des villes, on doit proposer des concepts dans lesquels l’agriculture est aussi un facteur économique. Cela ne peut pas rester sous forme de jardins communautaires. »

 

Pour Katrin, l’émergence de ces initiatives d’agriculture urbaine économiquement viables, un peu partout dans le monde, lui permet d’affirmer « Oui, l’agriculture urbaine est une bonne idée. Parce que l’on peut voir ces modèles qui fonctionnent ».

 

hackney

 

 

 

 

 

 

 

 

L’un des jardins du marché communautaire de Hackney.

 

L’un des meilleurs exemples de cela, qu’André tenait à souligner, ce sont les « Growing Communities de Hackney » à Londres. Ils ont construit une entreprise en expansion, qui inclus des formations, des potagers destinés aux marchés urbains, et un modèle en permanente évolution sur comment Londres pourrait mieux se nourrir.

 

  • Cependant, André reconnait que :

« Bien que l’on puisse constater l’émergence de ces projets qui commencent à être rentables économiquement, il y a toujours beaucoup de travail et les gérants doivent fournir un travail considérable. La plupart d’entre eux ont plusieurs sources de revenus. »

 

Comme exemple, il a cité ce qui est certainement la ferme sur toit d’immeuble la plus connu du monde, la Brooklyn Grange Farm à New York. Leur rentabilité économique ne provient pas simplement de la production de nourriture, mais d’une approche entrepreneuriale plus globale, m’a-t-il expliqué.

 

  • Ainsi :

« Ils opèrent économiquement en fonction de la quantité de nourriture qu’ils produisent, et celle-ci est importante, mais ils louent aussi l’espace pour des festivités, des mariages, des fêtes et d’autres évènements. C’est une partie importante de leur revenu à ce stade. Ceux qui fonctionnent uniquement grâce à la production ont tendance à utiliser l’hydroponie sur les toits. Ils sont légers, ils produisent intensivement et de manière conventionnelle, et je pense que ce qui peut être intéressant, c’est de se demander si l’hydroponie pourrait être converti en aquaponie ce qui se rapprocherait plus de systèmes fermées. »

 

brookBrooklyn Grange Farm, New York.

 

- Le défi de changer d’échelle

Un autre point clé pour rendre l’agriculture urbaine économiquement viable, selon André, c’est de la considérer comme partie intégrale d’un système circulaire fermé utilisant les déchets urbains pour le compost et l’alimentation.

 

  • Il le formule ainsi :

« Si ce point est compris alors il devient plus probable de la rendre économiquement viable en la pensant en relation avec le flux de déchets. »

 

Mais comment changer d’échelle ? Je suis intrigué par comment ils pensent possible l’adoption de l’agriculture urbaine par les architectes et autres aménageurs du territoire comme une donnée classique de leurs planifications.

 

  • Katrin m’a dit :

« A Brighton, où nous sommes basés, le conseil a inscrit dans son planning de renseignements un petit changement sur le site web, et lorsque vous soumettez une demande d’aménagement, ils vérifient l’espace de parking, la surface de fenêtres, la surface des balcons, mais aussi si vous réservez un espace pour faire pousser de la nourriture ».

 

Pour elle, cela pourrait être à travers ce genre de législation, qui est actuellement testée à Brighton et ailleurs, que l’agriculture urbaine pourrait se voir accepter, et inscrite. « La meilleure façon pourrait être via ces législations afin que les gens comprennent que leur conseil exige quelque chose et qu’ils bénéficieront donc d’aide pour cela », m’a-t-elle confié.

 

Ceci est possible à Brighton grâce aux Food Growing and Development, et à la note de suggestion que le conseil a mis en place en partenariat avec le département de Brighton and Hove Food. Bien que cela ne soit pas une condition pour obtenir un permis de construire, cela signifie que vous si vous suivez leurs recommandations vous bénéficierez d’un regard favorable sur votre demande. À Brighton, m’a confié André, « cela a eu un impact très important sur les demandes incluant des espaces de maraichage. »

 

  • Une nouvelle question vient alors se poser, comme André l’explique :

« Le challenge qui se profile alors est le suivant, si vous introduisez des espaces de maraichage, nous savons comment les mettre en place, mais reste la question de qui va s’en occuper et les faire évoluer. »

 

 

- Recenser les bénéfices de l’agriculture urbaine

Un des points clé pour étendre l’agriculture urbaine c’est de montrer les preuves indéniables des nombreux bénéfices qu’elle procure.

 

  • Comme André me l’a dit :

« Il y a de nombreuses études qui documentent les bienfaits pour le mental d’avoir accès à un espace ouvert, la cohésion sociale est améliorée grâce au maraichage en communauté. Le programme « Pouce Vert » à New York qui soutient les jardins communautaires a amassé bien des preuves des bénéfices sociaux et sanitaires, physiques et mentaux, de ces espaces. »

 

Mais il y a d’autres intérêts. André a pris l’exemple du High Line in New York, et bien que cette initiative soit principalement un jardin de plantes ornementales plutôt que comestibles, cela reste très attractif pour les gens, et cela a augmenté les prix du quartier. Prinzessinnengarten in Berlin nous montre bien que l’agriculture urbaine est un concept esthétique que les touristes apprécient, et un autre potager urbain, Marzahn, toujours à Berlin, témoigne de l’augmentation de l’attractivité d’un « quartier défavorisé » grâce à l’agriculture urbaine.

 

ruchesRûches au Prinzessinnengarten, Berlin.

 

 

- L’agriculture urbaine et la profession d’architecte

L’architecture est, comme le monde de la mode, soumis à des tendances. Ce qui est cool une année ne l’est plus l’année d’après, et la super idée de cette année pourrait se retrouver démoder dans 4 ans. Comment éviter cela ? Comment être sûr que l’agriculture urbaine soit durablement intégrée ?

 

  • Katrin admis que c’était effectivement un risque.

« Nous en sommes au stade où il nous faut faire comprendre aux gens l’importance de ces espaces en termes de parties essentielles des infrastructures écologiques d’une ville, de l’infrastructure de base d’une ville. Si ce pont mental est franchi, et si nous apportons suffisamment de preuves que c’est bel et bien le cas, alors ces espaces serons définitivement incorporées dans nos villes.»

 

En partant de ça, pour André et Katrin, il est aussi essentiel pour le développement de l’agriculture urbaine qu’il y ait beaucoup de recherches. Ils font partie d’un projet de recherche appelé « Transformations Urbaines, de la pratique à la règlementation ». En termes de recherche, André souligne le travail de Debra Solomon aux Pays-Bas, qu’elle a appelé « Urbaniahoeve ». Ils introduisent des paysages comestibles dans nombres de villes là-bas. Leur préoccupation majeure, en attendant la conférence de septembre 2015, est de développer des outils afin d’orienter et de faire émerger des changements dans les règlementations, en terme d’agriculture urbaine.

 

 

- Pour finir

« Seconde Nature Agriculture Urbaine » est assez extraordinaire. Si nous voulons créer un environnement qui s’inscrive dans ce futur à faible cout carbone que nous souhaitons tous, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas y inclure d’agriculture urbaine. Celle-ci doit être partout, et ce n’est clairement pas le cas pour l’instant, ça ne se propage pas assez vite. Je vous recommande fortement la lecture de ce livre.

Rob Hopkins.

 

Note :

[1] Traduction d’un article du blog de Rob Hopkins (co-fondateur du mouvement des villes en Transition)

 

Pour en savoir plus :

Une vidéo extraite du documentaire « Sacrée Croissance! » de Marie-Monique Robin :

Amy : L'agriculture urbaine transforme les villes - Sacrée croissance - ARTE

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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 12:11
Transition énergétique : une loi dangereuse, un gouvernement absurde

Sources :  Le blog de Jean-Luc Mélenchon membre du Parti de Gauche

Mardi 14 octobre, l’Assemblée nationale adopté le projet de loi « de transition énergétique pour la croissance verte ».

 

Les députés PS, PRG mais aussi Europe Ecologie-Les Verts ont voté pour.

 

Cette loi ne permet pas d’engager la transition énergétique dont le pays a besoin.
Elle contient même des dispositions dangereuses pour la souveraineté populaire en matière de politique énergétique.

 

La loi confirme et aggrave la confiscation de la politique énergétique par les

lobbys, EDF et le marché.

 

 

- Une loi qui manque d’ambition

Le projet de loi de Ségolène Royal vise une baisse de 50% de la consommation d’énergie d’ici 2050. Le scenario élaboré par l’association Negawatt démontre qu’il est possible de la réduire de 66% à cette échéance.

 

 

- Une loi qui acte la poursuite du nucléaire

  • La loi prévoit le maintien de la capacité actuelle de production électronucléaire à son niveau actuel de 63,2 gigawatts. Cela obligera seulement à fermer des réacteurs pour en ouvrir de nouveaux, pas pour réduire la production d’électricité nucléaire.
  • La loi n’autorise pas le gouvernement à fermer un réacteur. Elle laisse les pleins pouvoirs à EDF pour décider quel réacteur fermer au moment de la mise en route de l’EPR. Rien ne garantit donc la fermeture de la centrale de Fessenheim comme Hollande s’y est pourtant engagé en 2012.

La loi acte donc la poursuite du nucléaire sans que le peuple n’en ait jamais

discuté.

 

 

- La privatisation des barrages hydroélectriques engagée

  • La loi prévoit que les concessions des barrages hydroélectrique qui arrivent à échéance seront ouvertes la concurrence.
  • Les futures concessions seront confiées à des Sociétés d’économies mixtes, mêlant des capitaux publics (Etat, collectivités locales) et des capitaux privés.

Le gouvernement s’aligne sur les exigences de libéralisation de l’Union

européenne.

 

Dans le « programme national de réforme » envoyé à la Commission européenne en mai 2014, le gouvernement avouait déjà qu’« un renouvellement par mise en concurrence des concessions d’exploitation des installations hydroélectriques sera privilégié ».

 

Ségolène Royal retourne sa veste.

 

Dans l’élection présidentielle de 2007, elle proposait la création d’un « pôle public de l’énergie entre EDF et GDF ». Cette idée ne figure évidemment pas dans la loi. Mais Ségolène Royal ouvre même une nouvelle étape de la privatisation de l’énergie.

 

 

- Seuls les députés du Front de Gauche ont voté contre la privatisation des barrages.
Les députés PS, même « frondeurs », et les députés EELV ont voté pour la privatisation (le détail du vote).

 

EDF encore plus abandonné au privé ?

  • Selon Le Monde, le gouvernement étudie la vente d’une partie du capital d’EDF. Aujourd’hui l’Etat détient encore 84,5% du capital de l’entreprise. Mais le gouvernement veut obtenir 5 à 10 milliards de recettes en vendant ces actions. Il a déjà vendu des actions Orange, EADS, Safran… Mais pour atteindre l’objectif de 5 à 10 milliards de recettes, « vendre du EDF est le seul moyen » selon Le Monde.
  • Autre symbole, le gouvernement a nommé un nouveau président et proposé de nouveaux membres du Conseil d’administration d’EDF. Pour siéger au Conseil d’administration, le gouvernement a notamment proposé Laurence Parisot, l’ancienne présidente du MEDEF !

 

Ces deux décisions traduisent la volonté d’abandonner toujours plus EDF au privé alors que l’urgence écologique impose une reprise en main publique et citoyenne de cet outil pour engager une véritable transition énergétique.

 

 

- L’incohérence au pouvoir

En matière d’énergies renouvelables marines, Ségolène Royal propose de constituer une « filière d’excellence »

 

...mais le gouvernement a abandonné la filière « hydroliennes » d’Alstom à General Electric au printemps.

 

L’Etat n’aura pas de droit de veto dans la nouvelle filiale contrairement à ce qu’il a exigé pour les activités d’Alstom liées au nucléaire.

 

 

- Même incohérence en matière de transport

  • Le projet de loi fait du développement de la voiture électriquele levier quasi-unique de la réduction des émissions de gaz à effet de serre en matière de transport, sans se soucier des besoins de production électrique supplémentaire !
  • La loi est muette sur le rail alors que le développement du ferroutage est indispensable pour réduire les transports routiers. Le gouvernement renvoie à sa loi ferroviaire adoptée en juin qui entérine l’ouverture à la concurrence en matière ferroviaire. Or, depuis l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, entre 2005 et 2012, la part du ferroviaire a baissé de 1 point (10,6% à 9,6% entre 2005 et 2012) quand la part de la route a augmenté 1,7 point (81,9% à 83,6% entre 2005 en 2012).
  •  

Le lendemain du vote de la loi par les députés, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron ne trouvait rien de mieux à faire que d’annoncer le développement de lignes de bus pour concurrencer des lignes de trains désormais hors de prix ou remplacer les lignes abandonnées ou fermées. Une mesquinerie sociale doublée d’une absurdité écologique !

 

Pendant que l’Assemblée débattait de la transition énergétique, Ségolène Royal a annoncé unilatéralement l’abandon de l’éco-taxe. Certes, l’éco-taxe était mal conçue depuis le départ, mais son abandon a été annoncé brutalement, sans aucune réflexion sur la fiscalité écologique ni sur les recettes nécessaires au financement de plus de 120 projets de transports en commun que l’écotaxe devait financer !

 

 

- La transition énergétique sacrifiée sur l’autel de l’austérité

La loi sur la transition énergétique ne masquera pas le manque criant de moyens financiers.


La ministre Ségolène Royal promet 10 milliards d’euros sur 3 ans.

C’est très insuffisant : selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), il faudrait 30 milliards par an. Il n’y a plus d’argent ? C'est bien moins que les 40 milliards que Hollande à donné aux actionnaires avec le « pacte de responsabilité » ;

 

L’essentiel de l’argent promis par le gouvernement ne consistera pas en des investissements publics mais seulement en des « crédits d’impôts » accordés au fil de l’eau, notamment aux propriétaires de logement ;

 

Le budget de l’Ecologie est encore sacrifié dans le budget pour 2015. Le gouvernement prévoit une baisse de 5,8% en 2015, après la baisse de 6,5% en 2014. Le budget de l’Ecologie perdra 400 millions d’euros l’an prochain !

 

L’actualité du débat sur la transition écologique confirme plus que jamais la pertinence des propositions portées par Jean-Luc Mélenchon depuis la campagne présidentielle de 2012 :

  • Passer à la 6e République pour soumettre la politique énergétique à la souveraineté populaire et mettre fin à la confiscation du débat par les lobbys. Par exemple en organisant un référendum pour sortir du nucléaire.
  • Rompre avec l’Union européenne pour empêcher la privatisation des services publics de l’énergie et des transports
  • Sortir de l’austérité et faire les investissements publics massifs dans la transition énergétique. Ce serait une bonne manière d’engager une relance écologiquement soutenable de l’activité économique et de l’emploi.

 

Pour en savoir plus :

- mon dossier nucléaire

- Le scandale des énergies renouvelables

- Ségolène Royal : La trahison énergétique

- Approches de la CGT sur la transition énergétique

- Développement humain durable, pour la CGT : Une loi de transition énergétique loin de l’amorcer !

Transition énergétique : une loi dangereuse, un gouvernement absurde
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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 16:06
Il n'y aura pas de transition énergétique sans une révolution du foncier

Transition énergétique ? Occupez-vous d’abord du foncier !

 

Ministres et spécialistes n’ont que ce mot en bouche : il faut ré-no-ver les logements de façon à ce qu’ils consomment moins d’énergie. C’est bon pour le porte-monnaie, la balance commerciale de la France, l’emploi, l’atmosphère, la Planète.

Sans cela, nous n’atteindrons jamais les objectifs de réduction de nos gaz à effet de serre retenus par l’Europe. La maison (et le bureau), c’est il est vrai autour de 40 % de notre consommation énergétique. Un poste important !

Pour chacun de nous, c’est la facture la plus lourde, surtout en hiver. Alors, i-so-lons ! Changeons la chaudière ! Installons un compteur in-te-lli-gent ! on ne peut pas faire autrement. L’avenir est à ce prix.

 

Source : Médiapart par Frédéric Denhez mis à jour le 02/07/2022

- Très cher, la rénovation énergétique…

Très élevé, ce prix. Entre 10 000 et 50 000 € selon l’état énergétique du logement, les matériaux choisis et les coûts de main-d’œuvre. Une facture importante que la baisse de la consommation induite ne permet pas de compenser, car celle-ci ne résiste pas longtemps à la hausse constante du prix du kWh. En cinq ans environ le bénéfice est annulé. D’autant que s’ajoute à la bête mais tenace hausse du coût de l’énergie, l’effet de notre psychologie : j’en ai souvent parlé, l’effet rebond rogne de 30 à 50 % les économies réalisées en raison du fait que nous profitons de celles-ci pour, par exemple, monter légèrement la température de consigne de la chaudière toute neuve.

 

La rénovation énergétique des logements comprend aussi des coûts cachés, des « externalités », qui peuvent en annuler totalement l’intérêt. Car c’est une affaire très technique que d’envelopper un bâtiment dans une peau censée réguler ses échanges avec l’extérieur, installer des panneaux photovoltaïques, une vanne trois voies ou une VMC double flux. Il faut des compétences que tous les artisans n’ont pas, d’autant que les matériels et matériaux évoluent vite tout en se complexifiant. Rénover, ce n’est pas coller du BA-13 derrière un parpaing. Surtout, il faut aux professionnels penser le bâtiment dans son ensemble, en modélisant bien la circulation de l’air, l’humidité, les inévitables ponts thermiques (voyez cette thermométrie édifiante de FLIR Systems en photo de haut de page), l’inertie thermique des murs.

 

Dans les faits, une bonne rénovation nécessite souvent un maître d’œuvre. Sinon, on doit se préparer à des malfaçons et, à tout le moins, des désillusions. Une isolation de murs en pierre par l’intérieur conduit souvent à pourrir ceux-ci par l’humidité qu’auparavant ils pouvaient évacuer. Mais une isolation par l’extérieur qui a mal traité les ponts thermiques que sont les appuis de fenêtre peut aussi conduire à une accumulation d’humidité (et donc, une perte de chaleur), à ce niveau. Rénover une maison tout en laissant la cheminée ouverte et les fenêtres sans volets n’a pas non plus beaucoup de sens.

 

 

- … parce que trop cher, le mètre carré !

Il ne faut donc pas attendre de la rénovation thermique des bâtiments les bénéfices mirifiques qui sont affichés. Il y aura des pertes. Mieux vaudrait, si l’on était cohérent, casser les passoires (disons que c’est la moitié du bâti actuel) pour construire à la place des bâtiments réellement « passifs ». Mais là encore, attention ! Ils sont chers, beaucoup plus que ce que l’on dit : pas 3 ou 4 % en plus, mais 20 à 30 %, à moins qu’on ne les bâtisse soi-même, ce qui est parfaitement possible (en kit, par exemple), moyennant beaucoup de temps. Faire construire est coûteux parce qu’encore une fois les matériaux et les matériels performants sont chers et complexes, et les bons artisans se font désirer.

C’est le prix à payer pour moins consommer qui in fine empêchera la transition énergétique d’atteindre ses nobles objectifs. Prix d’autant plus élevé que… le prix du logement, avant même d’en changer les fenêtres, est, en France, exorbitant. Comment voulez-vous inciter les Français à ré-no-ver alors qu’ils ont au cou la corde bancaire pour une génération ? Qu’ils vont claquer le tiers au moins de leurs revenus durant la période où ils seront le plus productifs pour simplement faire partie de la caste enviée des propriétaires ? Tant que les prix ne chuteront pas, que le système de Ponzi du marché immobilier ne se sera pas effondré, il ne pourra y avoir de transition énergétique.

 

Vu comme ça, la question trouve une réponse dans la polémique stérile et pathétique sur la loi Alur. C’est elle qui aurait gelé toute construction en France, alors qu’elle n’est même pas entrée en action, faute de décrets d’application ! Cette tentative d’encadrer les loyers, certes très mal vulgarisée, a été vidée de son sens par le lobby immobilier qui n’a pas intérêt à ce que l’offre rejoigne enfin la demande. La société non plus d’ailleurs : si le marché de l’immobilier - et de la terre agricole - est délirant en France, c’est parce que les propriétaires et ceux qui espèrent l’être y ont tout intérêt. Pour compenser le coût du crédit, rien de tel en effet que l’espoir d’une forte plus-value à la revente. Or, celle-ci naît de la faiblesse de l’offre par rapport à la demande. Et puisque tout le monde veut être propriétaire, il faut que les prix montent en permanence, c’est-à-dire qu’il y ait toujours moins de logements pour toujours plus de gens prêts à payer toujours plus chers. Ce dont ensuite tout le monde se plaint, y compris la Fédération des promoteurs immobiliers après s’être félicité du doublement de la valeur de la maison en dix ans. C’est bien cela, un système de Ponzi (excellente infographie de Idé, pour la Dépêche).

 

 

- Que faire ? Précipiter l’éclatement de la bulle…

Vous en doutez ? La hausse va continuer ? La bulle est un fantasme ? C’est toujours « le moment d’acheter », comme disent les magazines ? 

 

Regardez ces graphes :

  • le premier (que j’ai réalisé à partir de données d’Empruntis.com et du Huffington Post) montre ce que l’on peut acheter à Paris, en remboursant 1 500 €/ mois durant 20 ans : trois fois moins de surface qu’il y a 17 ans, alors que les taux de crédit ont été divisés par 2 ! Et dire que le lobby immobilier continue d’affirmer que seule la baisse des taux relancera le secteur… Si l’on prolonge la tendance, la capacité d’achat sera de 0 m2 aux alentours de 2030. Absurde !

 

 

  • Le second graphique, issu de l’incontournable équipe de Jacques Friggit, au CGEDD, montre la même chose d’une façon différente : combien de temps faut-il pour s’acheter le même bien moyen, en France ? 27 ans, contre 13 ans en 1997 ! Regardez bien l’année 1991 : ça grimpe, et ça chute sévère pour près de dix ans. À bon entendeur…

 

 

  •  Le troisième graphique, lui aussi sorti des cerveaux de l’équipe de Friggit, montre à quel point le marché est déconnecté de l’économie réelle : la courbe de l’indice prix/revenus (en noir), qui monte lorsque les prix augmentent plus vite que les revenus, ou quand ils baissent moins vite que les revenus, se situe aujourd'hui à un gouffre béant d’écart de celle indiquant le nombre de ventes (en rouge). Autrement dit, nous sommes dans une bulle. Pour savoir ce que ça fait, une bulle, quand elle éclate, je vous renvoie au graphique précédent.

 

Conclusions :

1) tout est en place pour que la pyramide de Ponzi s’écroule,

2) l’histoire montre que les taux bas sont une incitation à acheter qui entretient la hausse des prix. Et inversement. Le prix d’achat est définitif alors qu’un emprunt peut se renégocier. Mieux vaut donc préférer acheter avec des prix bas et des taux élevés que l’inverse, les deux étant toujours liés. L’éclatement de la bulle viendra donc sans doute de la hausse des taux. Ça tombe bien, le taux directeur de la BCE, qui vient d’être abaissé, ne pourra plus aller plus bas…

 

 

- … et abolir la propriété, telle qu’elle existe en France

Comme les taux bas, aider une fois encore les aspirants propriétaires à grands coups d’argent du contribuable ne fera que maintenir les prix à un niveau trop élevé. Les subventions ont toujours créé un effet d’aubaine pour les vendeurs, elles n’ont jamais fait baisser les prix ni incité à construire. Sinon, on l’aurait remarqué. La France est droguée aux aides publiques. Parce que chez elle la propriété est une pathologie. Une dictature mentale qui la rend dingue, immobilise un argent considérable qui ne circule pas dans l’économie (celle de la rénovation énergétique !) et réduit le niveau de vie des Français.

 

Il faut nous soigner.

En rendant la propriété pas plus attractive que la location ou qu’un placement financier. Encadrer le marché serait un minimum. Fixer des prix maximums, appliquer des impôts confiscatoires au-delà. C’est le cas dans la plupart des pays d’Europe du Nord y compris en Allemagne que l’on aime tant à copier. Allez voir un peu de l’autre côté du Rhin comment les loyers et les bails sont encadrés ! Une sorte de fermage urbain. On ne peut pas dire pour autant qu’Angela Merkel est à la tête d’un bastion communiste.... Non plus du Danemark, des Pays-Bas ou de la Suède !

 

Or, dans ces pays, la propriété n’est qu’un ensemble de droits et devoirs réglementant l’usage du foncier… qui n’appartient à personne, si ce n’est à tout le monde. Bien public, le foncier n’est pas aliénable. Attribuable pour x années, il n’est pas achetable, mais à louer. Quand vous achetez un appartement à Rotterdam, vous ne payez que les murs, pas le sol. Un loyer trimestriel est réclamé par la collectivité pour l’utilisation de celui-ci. Ces pays construisent beaucoup parce que la propriété n’est pas une fin en soi, et aussi parce que les promoteurs et les acheteurs n’ont pas le foncier à acquérir avant même d’avoir coulé la dale de béton ! Qui plus est, dans le neuf, les coopératives d’acheteurs, maîtres d’œuvre, font bâtir sans passer par un promoteur. Encore cela de gagné.

 

Imaginez cela en France…

 

Foncier = bien public pour que l’énergie n’aggrave plus les inégalités sociales

 

 

...oui mais cela reviendrait à abolir la propriété telle qu’elle existe en France depuis la Révolution.

  • Parce qu’il faudrait considérer que le foncier urbain est un bien public géré par les collectivités, et que le foncier agricole, de par son importance fondamentale pour notre alimentation, est un bien commun sous la responsabilité de la Nation.
  • Parce qu’il faudrait planifier sur le long terme l’allocation du foncier pour tel ou tel usage, à l’échelle de chaque bassin de vie, c’est-à-dire le nombre et l’emplacement des logements, le nombre de logements à rénover, année après année, sur au moins une génération.
  • Parce que le permis de construire ne serait plus dans les mains des maires, mais d'un petit millier d’agglomérations.

 

Certes, une telle transition foncière serait douloureuse pour les propriétaires actuels à qui la folie du marché a injecté l’espoir de caresser un jour l’état de rentier. Mais en laissant faire, la dictature du foncier privera nos enfants et petits-enfants de tout espoir de se loger décemment, près de leur travail, et leur interdira de vivre en consommant peu d’énergie. Des logements énergivores situés loin des villes : la dictature du foncier enchaînera les générations de demain à la dictature de la voiture, laquelle compte dans le budget énergie des ménages autant que le chauffage de la maison… En tout, 10 % du budget mensuel familial (limite théorique de la précarité énergétique, 16% pour les familles les moins aisées ou habitant le plus loin de leurs lieux de travail, ou les plus âgées - dont les logements sont trop grands, mal isolés, chauffés au fioul), en ne comptant que le gaz, l’électricité, le bois, l’essence. Avec le budget total de l’auto, on arrive à 16-17% (25-30% pour les familles citées). Immobilier, énergie, voiture, le triple étranglement pour une part croisante de la population chaque jour plus fragilisée par la crise.

 

La transition énergétique est une question foncière parce qu’elle est une question sociale. Tant que la classe moyenne peinera à se loger, elle consommera toujours trop d’énergie.

 

Vous l’avez compris, il n’y aura pas de transition énergétique avec un marché immobilier en roue libre. La transition est en fait une révolution foncière. Y compris pour la terre agricole, mais de cela je vous causerai plus tard.

 

 

 

 

 

- Question : faut-il aussi en finir avec la propriété immobilière lucrative ?

Dans le fond, est-il acceptable qu’une minorité de la population s’enrichisse de la galère à se loger de la majorité des autres, et ce, de façon exponentielle dans le temps ?[1]

 

Note :

[1] Pourquoi il faut en finir avec la propriété immobilière lucrative ?

- (billet repris samedi 13 septembre dans CO2, mon amour, sur Inter : http://www.franceinter.fr/emission-co2-mon-amour-avec-jean-louis-fournier-ecrivain-facetieux)

- docs : ponts thermiques © FLIR systems, Ponzi © idé/La Dépêche, mètre carré © Empruntis/Huffington Post/FD, durée d’emprunt et prix/CGEDD.

 

Pour en savoir plus :

- Pour l'historien Pierre Vermeren, une des solutions pour atténuer les fractures relevées par Christophe Guilluy dans son livre La France périphérique pourrait être de réaménager nos centres-villes.

- Les facteurs fonciers et immobiliers de la crise du logement

- L’association Noéés propose une charte pour doper le logement « abordable ». Le point

- La Rochelle : l'obligation de 30% de logements abordables vous semble-t-elle suffisante ?

- Réglementation thermique : la RT 2012 contre-productive ?

- Selon la Fédération des promoteurs immobiliers, les prix des logements neufs ont bondi de 17% depuis 2008, pénalisant les classes modestes, moyennes et les jeunes

- Stupéfiant rapport de la fondation Abbé Pierre

 

- sur Foncier = bien public pour que l’énergie n’aggrave plus les inégalités sociales

- Dissocier le foncier de l’immobilier

- DISSOCIER LE FONCIER ET LE BÂTI, UNE DES NOMBREUSES PROPOSITIONS POUR FAIRE BAISSER LE PRIX DES LOGEMENTS

- Proposition de loi déposée par Jean-Luc Lagleize (Modem)

 

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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 09:15
Photo : CC Stéphane Demolombe

Photo : CC Stéphane Demolombe

Et si la production d’énergie était écologique, démocratique, et participative ? Dans le Pays de Redon, entre Bretagne et Pays de la Loire, une aventure unique en France est menée : celle de la construction d’un parc éolien coopératif. Ce projet, fondé sur des savoir-faire nouveaux, pourrait aujourd’hui être diffusé et transféré sur d’autres territoires. Se réapproprier les questions énergétiques, confisquées par l’État et les experts d’EDF, c’est possible. C’est ce qu’on apprend, depuis 10 ans, dans le pays de Redon. Reportage.

 

Sources :  Basta! wwwbastamag.net par Nolwenn Weiler mis à jour le 06-06-2015

Au départ, il y a Michel Leclercq, prof de dessin retraité, et Eric et Laure Vaillant, maraîchers dans le pays de Redon (Bretagne et Pays-de-Loire). Ecolos, tous les trois, ils veulent installer une éolienne sur leur terrain, pour produire de l’énergie propre. « Cela s’est avéré compliqué et très fastidieux », se souvient Michel. « Et si on montait plutôt un parc éolien collectif ? », se sont-ils demandé. Cela s’est avéré encore plus compliqué. Mais la plus-value, c’est une aventure collective hors normes. Avec un projet ancré dans un territoire, et maîtrisé de bout en bout par la population locale. « Nous avions envie de réunir les gens autour d’un projet constructif, raconte Michel. Nous voulions nous battre pour quelque chose, alors que nous sommes plutôt habitués à nous battre contre... »

 

La réflexion collective commence en septembre 2002. Avec une trentaine de personnes. « Dès l’accord de la mairie sur le principe d’un parc éolien coopératif, nous faisons une réunion publique » précise Michel. « Nous tenions à ce que les riverains pilotent le projet et aient leur mot à dire, qu’ils participent au financement. Pour qu’il y ait des revenus locaux, car l’impact principal d’un parc éolien est local. » Deux zones sont identifiées pour implanter des éoliennes : Sévérac-Guenrouët en Loire-Atlantique et Béganne, dans le Morbihan. Pour encadrer les récoltes de fonds et le financement des études de faisabilité, l’association Éoliennes en pays de Vilaine (EPV) est créée. Nous sommes en mai 2003.

 

 

- Une entreprise pas comme les autres

Arrive ensuite le temps des études pour l’obtention de permis de construire. Une entreprise sous statut SARL, Site à Watts, voit le jour. « Cette structure était plus adaptée aux financements de ces études qu’une association, » précise Michel. Le capital de cette SARL pas comme les autres regroupe des adhérents d’EPV, mais aussi trois CIGALES (Clubs d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaire) réunissant 60 personnes. Le Conseil général de Loire Atlantique est également entré au capital de la SARL par l’intermédiaire d’une Société d’économie mixte (SEM).

 

Parmi les « cigaliers », Christophe Baron, agriculteur. « Intégrer ce projet, c’était logique pour moi. J’ai un rapport fort à l’environnement », explique ce producteur de lait bio à Allaire, dans le Morbihan. Il y a trois ans, il a posé des panneaux photovoltaïques sur les toits de sa ferme. Et possède un « échangeur à plaques » dans sa salle de traite, qui lui permet de produire de l’eau chaude, en récupérant la chaleur du lait. Convaincu des projets collectifs, il fait partie d’un Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) depuis toujours. « Je me suis rendu compte, avec EPV et Site à Watts, que c’est une chance d’avoir ce statut juridique, pour qui veut jouer collectif en agriculture. » Pour l’éolien, c’est largement plus compliqué ! Il faut inventer un statut pour un projet collectif jamais pratiqué jusque-là.

 

 

- D’énormes difficultés administratives

Aux savoir techniques de cette filière industrielle qu’il faut acquérir, les passionnés d’EPV ont dû ajouter l’apprentissage des outils financiers et juridiques, pour d’encadrer leur projet hors normes. Et quand on leur demande de récapituler les difficultés de ce vaste chantier, qui dure depuis 8 ans, salariés et bénévoles répondent comme un seul homme : « elles sont administratives ! » Charlène Suire, embauchée en mai 2010 par EPV, vient du secteur éolien privé, où elle a travaillé pendant deux ans. « Dans le secteur éolien, tout est long, explique-t-elle. Les études de faisabilité, les négociations avec les propriétaires, l’obtention des permis de construire. Sans compter que les textes de loi évoluent constamment. Mais quand on veut en plus faire participer une centaine de particuliers à l’exploitation d’un parc éolien, les contraintes juridiques sont encore pire ! »

 

Le Grenelle II, qui impose un minimum de cinq éoliennes par parc, favorise la centralisation et les grands projets plus difficiles à faire accepter par le voisinage. Il n’est pas favorable à l’éolien coopératif. Rien à voir avec nos voisins allemands ou danois. Chez eux, l’éolien s’est lancé sur ce modèle coopératif. C’est le point de départ de la filière. Les outils financiers sont donc au point depuis longtemps. « Au Danemark, 20% du parc doit être en participation citoyenne, explique Pierre Jourdain, salarié de Site à Watts. Il y a une obligation légale. En Ontario, au Canada, il y a des tarifs de rachat pour entreprises préviées et pour projets citoyens. Chez nous, il y a un frein culturel évident. Les projets participatifs ne sont pas habituels en France, d’autant moins en production d’énergie, pour laquelle on a l’habitude de tout déléguer à EDF. » Cela permet pourtant une réflexion collective et une appropriation par les citoyens des questions énergétiques. Sans être expert pour autant.

 

 

- Une troisième structure pour la gestion des parcs

Les investisseurs (privés et publics) et riverains ont insisté pour financer un parc de leur territoire. Une troisième structure a dû être montée, pour la construction et l’exploitation des éoliennes. « La création de deux Sociétés par actions simplifiée (SAS) permet de relocaliser les projets. Cela permet en plus à Site à watts de garder sa compétence en développement de parcs éoliens », note Pierre Jourdain. A Béganne, la SAS qui gèrera les 4 éoliennes de 2 mégawatts, s’appellera Bégawatts⋅

 

Pour que tout cela voit le jour, il a fallu une motivation quotidienne ! Aux conseils de l’Union régionale des sociétés coopératives de production (SCOP) se sont ajoutés une persévérance quasi sans faille de l’équipe et un vrai soutien de la population. Qui a toujours été tenue informée. Des bonnes et moins bonnes nouvelles. « Des réunions publiques sont organisées très régulièrement, explique Charlène Suire. Même quand le projet patine. Pour que les gens sachent pourquoi. » Le Zeff, un bulletin d’information, est édité régulièrement. Au printemps dernier, un autre rouage est venu compléter ces allers-retours entre porteurs de projet et population : le comité de suivi. Composé d’une petite dizaine de riverains et animé par Charlène Suire, ce comité est chargé d’assurer une information de proximité aux riverains inquiets, ou non, du lancement des travaux.

 

 

- « Gouvernance industrielle coopérative »

L’équipe d’EPV, Site à Watts et Bégawatts est maintenant lancée dans le dernier et plus grand défi de cette aventure : la gouvernance d’un projet de type industriel à plusieurs, particuliers, Cigales, collectivités locales, Caisse des dépôts,... Sachant que le budget est de 12 millions d’euros, dont 25% de fonds propres. Le reste est emprunté, à une banque assez visionnaire et confiante pour accepter. Ni EPV, ni Site à Watts, ni Bagawatts ne peuvent faire d’appel public à épargne. Un outil participatif et financier a donc été créé : Energie partagée.

 

Cette « plate-forme de l’éolien citoyen » est une structure nationale qui va récolter l’investissement citoyen sur des projets d’énergies renouvelables. Le site de Béganne pourra, entre autres, en bénéficier. Mais pour associer plus de 99 personnes à une société (ce qui est le cas du projet de parc éolien coopératif), il faut un visa de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Énergie partagée attend ce visa pour pouvoir se lancer son appel à épargne populaire. L’objectif ? Que cette façon de produire de l’énergie « démocratique et écologique » se diffuse. Et que la France, champion mondial de l’énergie nucléaire, se mette enfin à imaginer un autre modèle énergétique.

 

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- Le coopératif peut-il éviter les dérives ?

 

Parcs éoliens : des élus locaux soupçonnés de corruption

 

Le Service central de prévention de la corruption pointe la multiplication des "prises illégales d'intérêts" d'élus locaux impliqués dans le développement de la filière éolienne, relève "Le Figaro".

 

Sources : francetvinfo publié le 04/07/2014

Certains élus locaux profitent-ils des parcs éoliens ? Le Service central de prévention de la corruption (SCPC) met en garde les pouvoirs publics contre la multiplication des "prises illégales d'intérêts" d'élus locaux impliqués dans le développement de la filière éolienne, selon un rapport cité vendredi 4 juillet par Le Figaro (article payant)[1].

 

Le SCPC, qui dépend du ministère de la Justice, évoque un "phénomène d'ampleur" dans son rapport d'activité 2013. "Le développement de l'activité éolienne semble s'accompagner de nombreux cas de prise illégale d'intérêts impliquant des élus locaux", est-il écrit dans ce document. Selon le rapport, les élus en question sont attirés par "les revenus substantiels tirés de l'implantation d'éoliennes sur des terrains leur appartenant et par un régime fiscal favorable"

 

 

- Jusqu'à 100 000 euros annuels

Pas-de-Calais, Normandie, Hérault, Bretagne… Le rapport cite de nombreux exemples. "L'ingérence des élus" se retrouve à différentes étapes de la procédure d'implantation des éoliennes : pour définir la zone, autoriser le permis de construire... Avec des baux allant de 20 à 30 ans, l'élu ou sa famille peut empocher "jusqu'à 100 000 euros annuels dans ses caisses personnelles", rapporte Le Figaro

 

Le SCPC met aussi en avant la pression exercée par les opérateurs éoliens sur les élus à travers des "chartes morales d'étroites collaborations". Il se dit "destinataire d'un nombre croissant de procédures engagées" portant sur des "dérives graves entraînant des recours devant les juridictions administratives" et des "plaintes déposées auprès de plusieurs parquets". Plusieurs élus ont déjà été condamnés, notamment en Haute-Loire et dans l'Orne. 

 

Le SCPC juge "impératif d'empêcher et de sanctionner toute confusion entre l'intérêt public, que doivent servir les élus dans le cadre de leur mandat, et l'intérêt personnel qu'ils peuvent retirer d'une opération". Il réclame un audit afin d'évaluer le risque d'"atteintes à la probité beaucoup plus graves, comme celui de la corruption".

 

Note :

[1] Parcs éoliens : des élus locaux soupçonnés de corruption

 

Pour en savoir plus :

- Éolien : la France ne doit pas laisser passer sa (dernière ?) chance

- santé : les médecins allemands incitent à arrêter totalement l'éolien

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 11:37
Hyperincinérateur de Rochefort : Ségolène Royal abdique devant Vinci

Sources :  Médiapart

Tandis qu'elle affirme spectaculairement ses prérogatives de ministre de l'Écologie, sur le gaz de schiste notamment, étrangement, en son fief de Poitou-Charente, Ségolène Royal cède à Vinci qui veut y construire un hyperincinérateur ! Un projet démentiel contre lequel la population manifestait samedi, dans les rues de Rochefort (17). Reportage et enquête sur une lutte emblématique contre un des « Grands projets inutiles et imposés ».

 

Place Colbert, à Rochefort, où Jacques Demy tourna de nombreuses scènes des Demoiselles de Rochefort (Joël Anselme)Ils sont plus de 2000 à répondre à l'appel de Pays Rochefortais Alert' [1], l'association qui fédère les oppositions au projet d'incinérateur géant du groupe Vinci. « On est malgré tout étonnés du succès », se félicite Roland Lopez, un des animateurs de l'association, « nous sommes plus nombreux encore que lors de la grande manifestation de mars dernier ! »
Place Colbert, à Rochefort  (Joël Anselme)
 

Faut dire que les militants de l'association n'ont pas ménagé leurs efforts : des dizaines de milliers de tracts distribués à Rochefort (25 000 habitants) et alentours (dans les boites aux lettres, aux carrefours, aux marchés, etc.), une réunion publique d'information, en septembre, qui fait salle comble ... En une année d'existence, Pays Rochefortais Alert' rassemble plus dun millier d'adhérents. Capable de mobiliser la population, de collecter 30 000 euros pour attaquer en justice et de développer expertises et contre-projets, elle est le levain d'un mouvement citoyen avec laquelle le lobby de l'hyperincinérateur doit compter.

 

Le futur hyperincinérateur serait à Échillais ,sur la carte juste en-dessous de Rochefort (DR)Le futur hyperincinérateur serait à Échillais ,sur la carte juste en-dessous de Rochefort (DR)

 

Sous la lumière resplendissante de la Charente-Maritime, sur la place Colbert, bordée de demeures aux façades néoclassiques, , la foule rassemblée s'ébranle pour un périple de trois heures dans la ville. Au son du clairon, trompettes, caisses claires, tam tam, poêles à frire, percussions de boites de conserves et bouteilles en plastique, retentissent les slogans : « Non, non, à l'incinérateur ! », « De l'air pour les générations futures ! », « Trop fiers pour être la poubelle du 17 ! »...

 

L'ambiance est joyeuse mais grave aussi car chacun des manifestants est conscient que Vinci est à deux doigts de réussir son coup. Son projet, porté par le syndicat intercommunautaire du littoral (SIL) qui regroupe cinq communautés d'agglomération (200 000 habitants, le tiers de la population de Charente-Maritime), est de construire un hyperincinérateur des déchets ménagers à Échillais, sur la rive sud du fleuve Charente, en face de Rochefort-sur-mer (17). Il n'attend plus que le feu vert de la préfète. Laquelle, militante de l'UMP et ardente zélatrice du projet Vinci, a les mains libres depuis qu'en septembre, Ségolène Royale, remisant ses prérogatives de ministre de l'Écologie, lui a donné carte blanche.

Chacun des 3000 manifestants est conscient que Vinci est à deux doigts de réussir son coup (Céline Lemoine)

« Si Ségo ne fait rien, qui fera quelque chose ? » interrogent Paloma et Angela, deux lycéennes en terminale, . « C'est un peu lâche » jugent-elles. Pourtant, tout commence bien quand, en juin dernier, Ségolène Royal ordonne à la préfecture de bloquer le dossier. « L’incinération est une technique complètement dépassée », proclame-t-elle alors. Insistant sur le fait qu'il existe des solutions « plus intelligentes et plus respectueuses de l’environnement », elle vante les bienfaits de l’économie circulaire et demande à 20 collectivités de s’engager dans la démarche Zéro déchet.                                                                                                                      

 

Étrangement, au fil des semaines, le discours de la ministre de l'Écologie s'édulcore. Ce que Anne, enseignante en micro-biologie venue de Surgères (17), résume ainsi : « Elle change beaucoup d'avis, c'est difficile de connaître sa position. »

 

Et puis, le 30 septembre, interpellée sur France Inter [2] par un auditeur qui lui reprochait « de ne pas se bouger beaucoup par rapport à la préfète qui doit donner son autorisation d'exploitation du super-incinérateur », Ségolène Royal a cette réponse pour le moins extravagante de la part d'une ministre, par ailleurs notoirement jalouse de ses prérogatives : « Je ne suis pas favorable aux incinérateurs, je considère qu'il y a d'autres solutions (...) si j'étais élue de ce territoire, jamais je ne ferais d'incinérateur. » Pour conclure qu' « on est dans une démocratie (…) les citoyens choisissent leurs élus, les élus prennent des décisions, moi mon rôle de ministre est de leur dire qu'il y a d'autres solutions. »

 

« Le risque est d'autant moins acceptable qu'il existe des alternatives à ce projet d'hyperincinérateur ! » (Joël Anselme)« Je me suis dit : encore un bel exemple de langue de bois ! » s'énerve Jérome, ingénieur en biologie marine, venu manifester avec ses collègues de travail. « Elle a d'abord dit qu'elle était contre mais elle laisse les élus et la préfète faire le job, ça m'a paru bizarre. » Pour Christophe, père au foyer, « Ségolène Royal dit : “je suis contre le projet d'incinérateur et je vous soutiens ” (du bout des lèvres), mais sans rien faire, c'est un peu trop facile, elle dit blanc et noir en même temps , ce n'est pas une position politique ! » « J'espérais qu'elle aurait un peu plus de cran ! », s'exclame Jean-Loup, jeune retraité rochefortais.
 

 « Peut-être a-t-elle peur des représailles ? » s'interrogent nos deux lycéennes. Roland Lopez, de Pays Rochefortais alert', également élu d'opposition à Échillais (sans étiquette) et l'unique élu du SIL qui soit hostile au projet Vinci, note que le revirement de Ségolène Royal date de quelques jours avant sa reconduction dans ses fonctions de mi-

« Le risque est d'autant moins acceptable qu'il existe des

alternatives à ce projet d'hyperincinérateur ! » (Joël Anselme)

 

nistre, le 25 août, à l'occasion du remaniement gouvernemental : « Nous on pense qu'elle a reçu l'ordre de minorer sa position sur ce dossier. » Ségolène Royal, chantre de la « bravitude » n'aurait été reconduite à son poste de ministre de l'Écologie par Manuel Vals et François Hollande qu'à condition de laisser la voie libre au projet d''hyperincinérateur de Vinci ?

Au moment où se discute la loi sur la transition énergétique...
Au moment où se discute la loi sur la transition énergétique...

 

À moins qu'il ne s'agisse d'un troc sordide : on se souvient qu'en opposant son véto au projet d'autoroute A 831 qui devait dévaster le marais poitevin, la ministre de l'Écologie a déclenché la foudre des élus. Sollicité par ces derniers, Manuel Valls avait tranché en leur faveur... Au final, le projet d'autoroute serait effectivement abandonné mais, en contre partie, Vinci sauverait son hyperincinérateur ?...

 

Ainsi la Charente-Maritime a-t-elle elle aussi son « GPII », sinistre acronyme qui désigne les Grands projets inutiles et imposés, qui se multiplient en France et en Europe. Comme l'écrivait à leur propos Alain Devalpo, dans un pamphlet à l'humour grinçant : « Pour paraphraser George Orwell, dont l’un des personnages déclarait : “La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force” », je n’hésiterai pas à l’affirmer : l’inutile, c’est rentable ! » [3]

 

« On n'en a pas besoin » s'exclament Paloma et Angela. Pour elles l'hyperincinérateur est « une invitation à produire encore plus de déchets ». Bénédicte, professeur d' histoire géographie, est là surtout pour « mon enfant (dans la poussette, avec elle), mes élèves et tous les enfants du Pays rochefortais : « En les regardant, je me suis senti obligée de faire quelque chose. »

 

L'hyperincinérateur aggraverait la pollution d'une zone humide particulièrement fragile (DR)L'hyperincinérateur aggraverait la pollution d'une zone humide particulièrement fragile (DR)

 

Le projet Vinci prévoit la destruction des deux incinérateurs actuels (l’un situé à Oléron datant de 1975, l’autre construit en 1990 déjà à Échillais) qui seraient remplacés par un hyperincinérateur pouvant brûler 75 000 tonnes de déchets par an. « Pourquoi détruire deux incinérateurs dont l'un, celui d'Échillais, vient d'être remis aux normes à grands frais, en 2005, et est classé comme le deuxième incinérateur le plus performant de France pour ses qualités thermiques ? » interroge Pays Rochefortais Alert'.

 

Pour Christophe, « c'est tellement pas le sens de l'histoire que même sans rien savoir on ne peut qu'être contre, et quand on sait que l'avenir c'est diminuer et valoriser déchets ! »« En tablant toujours sur 350 kg de déchets par an et par habitants dans dix ans, le SIL explique la nécessité d'un gros incinérateur », rappelle Roland Lopez. Or si « on trie bien ses déchets, c'est 30 à 40 % de poubelles en moins, et si on trie aussi bien tous les plastiques, emballages compris, c'est 40 à 60 % en moins. La solution est là », explique Xavier Boulard, l'un des animateurs de Pays Rochefortais Alert'. [4] Souriants sous le soleil, Yannou et Éliot, collégiens, soulignent avec bon sens qu' « on paie pour polluer mais si chacun faisait un effort on pourrait polluer moins pour payer moins ! »

 

L''usine passerait de 2 000 m2 actuellement (en vert) à plus de 20 000 m2 et sa hauteur de 16 mètres à 42 mètres (à droite)L''usine passerait de 2 000 m2 actuellement (en vert) à plus de 20 000 m2 et sa hauteur de 16 m à 42 m (à droite)

 

Pharaonique, le projet Vinci ferait passer l'usine de 2 000 m2 actuellement à plus de 20 000 m2 et sa hauteur de 16 mètres à 42 mètres ! Sa cheminée dépasserait le fameux Pont transbordeur voisin, le dernier encore en service en France, joyau touristique de l'agglomération de Rochefort, vedette du chef d'œuvre de Jacques Demy, Les demoiselles de Rochefort..

 

Ainsi défiguré, l'estuaire de la Charente, ne risquerait pas d'obtenir le label Grand site de France pas plus que l'inscription par l'Unesco du Pont transbordeur au Patrimoine mondial de l'humanité que revendiquent les élus... les mêmes qui défendent l'hyperincinérateur ! Lequel aggraverait la pollution, surtout en métaux lourds, de l'air et de l'eau d'une zone humide particulièrement fragile, mettant en péril un écosystème qui abrite de nombreuses espèces animales et végétales (la Ligue de protection des oiseaux (LPO), dont le siège national est à Rochefort, a émis, avec d'autres associations de défense de l'environnement, un avis défavorable au projet Vinci).

 

Quels ravages provoquerait le « Vincinérateur » dans des secteurs économiquement vitaux pour la région comme l'ostréiculture (8 000 emplois et 245 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel) et aussi le thermalisme à Rochefort (15 000 curistes, 108 salariés, 15 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel ) ?

 

140 camions viendraient décharger dans le Pays rochefortais les déchets de 97 communes
140 camions viendraient décharger dans le Pays rochefortais les déchets de 97 communes

 

Un choix « complêtement incohérent » pour Béatrice, cadre dans la Fonction publique, originaire de Bordeaux. « On était des “urbains bordelais” et on a renoncé à certaines choses en venant ici à Rochefort , une ville tournée vers la nature, avec ses marais, sa station de lagunage écologique... et là elle se tire une balle dans le pied ! »

 

« Il n'y a aucun risque pour la santé » scandent sans relache Vinci et ses affidés. Ce n'est pas l'avis de 102 médecins rochefortais opposés au projet d'incinérateur géant. D'abord regroupés dans un collectif, Santé environnement du littoral (SEL), ils viennent d'élargir leur combat en créant un « collectif de médecins citoyens », Veille santé environnement 17.

 

Dans un rayon de 30 km autour des incinérateurs, il y a un excès de risque de développer des cancers de 6% à 23%
Dans un rayon de 30 km autour des incinérateurs, il y a un excès de risque de développer des cancers de 6% à 23%

 

L'un de ses animateurs, Paul Delègue, médecin hospitalier sur Rochefort, s'insurge contre de soit-disant « nouvelles normes très très partielles qui ne concernent que 17 produits sur les 2000 sortis des fumées des incinérateurs. On pense aux particules fines, ultrafines, aux nanoparticules, aux perturbateurs endocriniens... Le risque est d'autant moins acceptable qu'il existe des alternatives à ce projet d'hyperincinérateur ! » [5] L'Institut de veille sanitaire (INVS) a publié une étude, en 2008, qui montre que, dans un rayon de 20km à 30 km autour des incinérateurs, il y a un excès de risque de développer des cancers de 6% à 23 %. La Rochelle, Royan, Saintes et Surgères ne seraient pas épargnées.

 

Enfin, le projet Vinci prévoit la mise en place d'un tri mécano biologique (TMB) destiné à produire un compost aussi dispendieux que nocif... interdit par nos voisins européens. Et, « cerise sur le gâteau », il ne respecte pas les normes de construction parasysmique, dans une région particulièrement à risque !

 

Un désastre programmé... facturé 100 millions d'euros à la collectivité (pour commencer !...), qui s'endetterait pour au moins 20 ans.

 

Le « vincinérateur » bénéficie du soutien inconditionnel d'élus de gauche comme de droite (Joël Anselme)
Le « vincinérateur » bénéficie du soutien inconditionnel d'élus de gauche comme de droite (Joël Anselme)

 

En avril 2013, les deux maires des communes les plus concernées par le futur hyperincinérateur (Échillais et Soubise) sont gracieusement invités, ainsi que leurs épouses, par l'entreprise Vinci à un « voyage d'étude » de quatre jours... en Martinique. Selon le journal Sud-Ouest qui cite, sans le nommer, « un fin connaisseur de la politique locale » , l'attitude des deux élus serait à mettre sur le compte de la « naïveté », quoique « cela laisse à penser que c'est une récompense pour un service rendu » [6].

 

« Étrangement, les élus sortent tous les mêmes arguments, les mêmes « éléments de langage », du genre : “La cheminée de votre voisin vous pollue également ” », constate Xavier Boulard de Pays Rochefortais Alert'. « Ils semblent insensibilisés à toute opinion contraire, c'est comme s'ils avaient été “programmés” pour défendre coûte que coûte et par tous les moyens le projet de Vinci, et cela quelle que soit leur étiquette politique ».

 

« En les regardant, je me suis senti obligée de faire quelque chose. » (Céline Lemoine)
« En les regardant, je me suis senti obligée de faire quelque chose. » (Céline Lemoine)

 

 

C'est l'ex-maire PS de Rochefort (1997-2014), Bernard Grasset, ancien préfet et alors président du SIL, champion du cumul des mandats, qui fut à l'initiative du projet d'hyperincinérateur en 2012. Ce sont le nouveau maire d'Échillais, Michel Gaillot, « sans étiquette » et celui de Rochefort, Hervé Blanché, UMP, qui proclament, la main sur le cœur, leur opposition à l'hyperincinérateur lors de la campagne des municipales en 2014 pour, une fois élus, s'en faire les défenseurs les plus véhéments ! Quant aux maires des petites communes, ils font profil bas pour obtenir des subventions auprès du conseil général présidé par l'omnipotent Dominique Bussereau (UMP)... ardent défenseur du « Vincinérateur ».

 

S'agissant de la « démocratie » et du « dialogue » vantés par la ministre de l'Écologie pour mieux se défausser, le comble est que celle-ci est bien placée pour en juger l'inanité : Ségolène Royal a participé en personne à l'enquête publique sur le projet d'hyperincinérateur où elle s'est positionné contre, à l'instar de 895 autres personnes, dont plus de 100 médecins et une dizaine d'associations. Un avis impudemment ignoré par le SIL, en contradiction flagrante avec la directive européenne qui prévoit la prise en compte de l'avis du public lors de l’élaboration de projets relatifs à l’environnement ... « Ce déni de démocratie n’est pas acceptable ! » avait déclaré Ségolène Royal au sujet de pratiques similaires... concernant l'incinérateur de Fos-sur-mer.

 

18 heures, de retour place Colbert, contre « l'inacceptable », les manifestants prennent rendez-vous pour les actions futures.

 

Notes :

[1] Le site de Pays Rochefortais Alert'

[2] France inter, l'interview de Ségolène Royal

[3]« L'art des grands projets inutiles », Le Monde diplomatique, août 2012

[4] « Incinérateurs de Rochefort, les antis ne molissent pas », Kharinne Charov, Sud Ouest, 12 octobre 2012

[5] Le 6 octobre 2014, à écouter sur France Bleue

[6] « Rochefortais : un voyage d'études aux Antilles qui fait jaser », David Briand, Sud Ouest, 26 novembre 2013

 

• Contactés par mail, Ségolène Royal, Hervé Blanché et Michel Gaillot n'ont pas répondu à nos questions

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier Incinération

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 10:50
Les huîtres sont malades, l’Ifremer est attaqué

Les naissains d’huîtres connaissent une mortalité massive, due à un virus depuis 2008. L’association Ostréiculteur traditionnel, qui regroupe des producteurs d’huîtres nées en mer, assigne Ifremer en justice pour négligence et défaut de surveillance. Enjeu : une forme d’industrialisation de la culture du mollusque.

 

Sources : Reporterre le quotidien de l'écologie par I. Rimbert 7-10-2014 | mis à jour le 05-04-2015

« Par cette action en justice, on veut mettre Ifremer devant ses responsabilités ». Pour Benoît Le Joubioux, président d’Ostréiculteur Traditionnel, l’heure n’est plus à la complainte, mais aux actes.
 

L’association, regroupant plus de soixante-dix producteurs issus des sept bassins ostréicoles français, saisit cette semaine le tribunal administratif de Rennes en référé contre l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer).

 

 

- Pas de réaction face à l’hécatombe

L’association reproche en effet à l’établissement public d’avoir laissé se dégrader, par négligence, la situation de la filière conchylicole. Depuis 2008, la mortalité des huîtres de moins d’un an, les naissains, affecte entre 60 et 90 % de la production dans la plupart des sites ostréicoles français. Une hécatombe due à un variant de l’Herpès virus de l’huître, qui n’a cessé de se développer malgré les appels à l’aide des ostréiculteurs.

 

Une requête contre Ifremer avait été déposée en 2010 par  l’association au tribunal administratif de Rennes, donnant lieu à l’élaboration d’un rapport d’expertise judiciaire, sorti en avril, qui met notamment en cause Ifremer pour sa gestion de la crise.

 

L’association estime que l’institut n’a pas mis en garde le ministère de l’agriculture sur les risques importants de diffusion du virus, et n’a pas suggéré la prise de mesures de prévention et d’éradication du virus pourtant identifié dès 1991.

 

De plus, « Ifremer n’a pas produit d’études épidémiologiques avant 2008, pas plus qu’il n’a proposé de protection des zones ostréicoles saines, ni cherché à recueillir et diffuser des informations auprès des professionnels. Par ailleurs, il n’y a eu ni surveillance active ni contrôles sanitaires des écloseries avant 2010 », déplore Benoît Le Joubioux.

 

Les ostréiculteurs traditionnels soupçonnent également Ifremer d’être, via la création et commercialisation d’huîtres stériles à croissance rapide* (les triploïdes), la cause d’un appauvrissement du patrimoine génétique du bivalve, ce qui aurait diminué leur résistance face au virus tueur.

 

Un soupçon qu’Ifremer balaie d’un revers de main dans le rapport d’expertise judiciaire, qualifiant d’amalgame le lien entre la production de triploïdes et la surmortalité des mollusques. Pour autant, aucune étude scientifique ne vient étayer ces dires.

 

Yannick Stéphant, ostréiculteur retraité et membre de l’association plaignante, va plus loin : « Nous pensons que l’huître tétraploïde (géniteur de la triploïde) est fragilisée à la base par une consanguinité. On a besoin d’un généticien pour effectuer ces recherches, mais on se heurte à deux problèmes : le coût, et le fait que tout est verrouillé par Ifremer. »

 

 

- Déni de responsabilité

Pierre-Yves Matel, avocat des plaignants, demande donc une indemnisation pour les préjudices subis, une clarification des missions confiées à Ifremer, ainsi qu’un étiquetage des huîtres permettant au consommateur de distinguer les huîtres d’écloseries de celles nées en mer.

 

Dans le rapport d’expertise judiciaire, Ifremer, « laboratoire national et européen de référence pour les maladies des mollusques depuis 1995 », se définit comme « un institut de recherche pour 70 % de son activité, qui n’a pas vocation à assister techniquement la profession ostréicole, ni à surveiller les maladies de l’huître ».

 

« Faux », rétorque l’avocat. L’institut, qui exerce des missions techniques sur le terrain, est tenu de donner son avis à l’Etat pour une bonne gestion sanitaire de la mer et de ses concessions ostréicoles.

 

Pour Pierre-Yves Matel, « Ifremer est dans le déni de responsabilité, et conteste son obligation de surveillance du milieu. Or son décret de création, datant de 1984, stipule clairement cette obligation de surveillance et d’optimisation des ressources aquacoles ».

 

Pour autant, l’établissement se dédouane de toute faute, renvoyant la responsabilité notamment à la Direction départementale des affaires maritimes. Contacté par téléphone, Ifremer n’a pas souhaité réagir sur la question.

 

 

- La recherche laisse place à l’activité commerciale

Benoît Le Joubioux rappelle également que « l’institut, en tant qu’Epic (Etablissement public, industriel et commercial) se consacre pour près de 30 % à des activités commerciales, telles que la vente des super géniteurs (les huîtres tétraploïdes) auprès d’écloseries. Les tétraploïdes sont vendues par Ifremer 1000 euros pièce aux écloseries. Ce mâle peut féconder une quinzaine d’huîtres diploïdes femelles et donner ainsi naissance à trente millions d’huîtres triploïdes ».

 

Un marché intéressant qui représente une manne financière importante pour l’établissement.

 

« Ifremer, qui doit faire face à la diminution des fonds publics, abandonne petit à petit la recherche fondamentale au profit d’activités commerciales et lucratives comme le développement de brevets », constate Pierre-Yves Matel.

 

La redéfinition des rôles d’Ifremer, via une mission d’information parlementaire, permettrait peut-être de savoir si l’établissement est à même de remplir ses missions de service public au niveau des épizooties (maladies touchant les animaux) qui frappent le littoral français, car le problème s’étend désormais aux moules et aux coquilles St Jacques.

 

 

- À quand l’étiquetage ?

« Pouvoir différencier l’huître née en écloserie de l’huître née en mer, c’est une information que nous devons au consommateur car elle lui permet de faire un choix conscient », explique Yannick Stephant. De plus, cela permettrait la traçabilité des huîtres. « Si un problème est identifié dans une écloserie, l’étiquetage permet d’isoler le lot suspect ».

 

« L’étiquetage a été discuté au Comité National de Conchyliculture sans jamais être fait. Qu’est ce qui bloque ? » s’interroge Benoît le Joubioux. Pour le CNC, l’absence de réglementation s’explique par le fait que la triploïde n’est considérée ni comme un « nouveau produit », ni comme un OGM, bien qu’étant génétiquement manipulée.

 

Joël Labbé, sénateur du Morbihan apparenté EELV, s’est emparé de cette question en proposant un amendement (refusé) dans le cadre de la loi sur la consommation en janvier, qu’il entend transformer en proposition de loi, « très probablement en avril 2015, lors d’un colloque sur l’ostréiculture qui se tiendra au sénat ».

 

Car pour lui, « la prolifération des triploïdes pose des questions cruciales : elles présentent un danger pour le patrimoine génétique de l’huître, car elle s’avère non stérile à 100 % contrairement à ce qui a été annoncé. Et leur production rend les ostréiculteurs dépendants des écloseries. » Dans une logique qui n’est pas sans rappeler celle du brevetage du vivant façon Monsanto.

 

Qualifié d’apprenti sorcier par l’association Ostréiculteur Traditionnel, Ifremer n’entend pourtant pas en rester là. Depuis plusieurs années, l’établissement travaille sur la production d’huîtres résistantes à l’herpès virus. « L’un des seuls moyens connus pour sauver l’ostréiculture française », selon l’institut. « Ou laisser la nature reprendre ses droits », selon les ostréiculteurs traditionnels.

 

Note :

* Depuis le début des années 2000, l’Ifremer a mis au point et développé la production de l’huître triploïde (dont l’institut détient le brevet depuis 2004). Ce mollusque est créé en faisant se reproduire une huître naturelle diploïde (dont les chromosomes vont par paires), avec un super géniteur dont Ifremer possède le brevet, l’huître tétraploïde (dont les chromosomes vont par 4). Le résultat est une huître triploïde (dont les chromosomes vont par 3), qui grandit en deux ans au lieu de trois, et qui est censée être stérile.

Ainsi, elle ne produit pas de laitance en été et peut donc être consommée toute l’année, et plus seulement « les mois en r ». Ces triploïdes sont produites en écloseries privées, contrairement à la méthode traditionnelle de captage des naissains en mer

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28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 17:12
Echillais l'incinération c'est toujours NON !

Sources : Eric DURAND | mis à jour le 24/02/2021

- Ségolène Royal prend position contre l'incinération !

Le 23 Juin sur France-Inter, elle affirmait son opposition à l'Incinérateur d'Echillais : voir ici

 

- Nous avons eu la réponse le 22 août.... le reniement

En effet, Ségolène Royal a annoncé ce vendredi à La Rochelle qu'elle n'était pas favorable à la construction d'un super incinérateur pouvant accueillir 85 000 tonnes de déchets à Echillais près de Rochefort (17). Elle revoit le projet à la baisse et veut inciter à produire moins de déchets ménagers.

 

Autour de Ségolène Royal, les élus ont décidé d’abandonner le tri mécano biologique et de réduire le tonnage brûlé dans le futur incinérateur, sans le remettre en cause.

 

Ségolène Royal de La Rochelle ne connait certaniement pas la Ségolène Royal qui est le 31 mars contre l'incinérateur de Fos sur Mer ;

 

Les populations riveraines appellent à nouveau à la mobilisation..... SOUTENONS LES !

 

 

- Révélation : les maires de Soubise et d’Échillais sont allés en Martinique, à l’invitation de Vinci, le futur constructeur

Sud-Ouest revèle que ce sont les journalistes du «Littoral» qui ont vendu la mèche en révélant q'un voyage en Martinique en avril 2013 a été offert par l'entreprise Vinci, constructeur du futur centre, aux maires d'Échillais et de Soubise, Henri Sanna et Robert Chatelier, ainsi qu'à leurs épouses.....

 

Rien de tel pour indiquer aux élus quel est le bon choix !

 

 

- Le site de l’Estuaire de la Charente – Arsenal de Rochefort postule pour être "grand site de France"

Le grand site  entend se doter d’une stratégie de conservation, de gestion et de valorisation des richesses patrimoniales, naturelles et culturelles (son incinérateur, son marais, ses oiseaux...), avec l’Etat et les partenaires associés.

Cette stratégie prend en compte l’ensemble du Grand Site afin d’offrir aux visiteurs les richesses naturelles et culturelles (son incinérateur, son marais, ses oiseaux...) qui sont disséminées sur tout le territoire. Elle s’appuie sur toutes les opportunités de mise en réseau, de circulations douces et d’accueil dans toutes les communes.

Préserver la qualité de vie des habitants afin qu’ils en fassent bénéficier les visiteurs.....

 

 

- Ségolène Royal.... ou la valse à trois temps !

Et hop ! A nouveau Interpellée le 1er Octobre sur France Inter par un auditeur, la ministre de l'Ecologie renvoie la responsabilité de la construction aux élus locaux.

 

Ségolène Royal nous repasse le plat de Lionel Jospin sur un air de "l’État ne peut pas tout" !

A qui va t-on faire croire de telles balivernes ! Si l’État, un ministre de la République dans son domaine de compétence ne "peut pas tout" et renvoie la balle aux élus locaux (loin de moi l'idée de les dédouaner de leurs responsabilités)..... à quoi sert le Ministre ?
La Préfète appliquera la politique que la Ministre de tutelle lui aura demandé d'appliquer.... si elle donne son accord..... c'est que Ségolène Royal n'aura fait que de la communication sans volonté politique de s'y opposer !


Et les électeurs déjà passablement écœurés d'avoir à subir une politique de "droite" sous un gouvernement dit "de gauche" auront ce raisonnement basique et contestable, mais fort compréhensible..... a quoi il sert d'aller voter.... puisque les politiques ne peuvent rien !

 

Pour en savoir plus :

- Non à l'hyperincinérateur d'Echillais !

- Incinérateur : pas à Echillais, et plus à Port-Neuf Chef de Baie La Rochelle !

- Rendement thermique des incinérateurs par installation

- Incinérateur de Rochefort : les anti ne mollissent pas

- De quoi serais-je mort, dans 40 ans ?

- Incinérateur d’Échillais : chronique d’une lutte citoyenne

Incinérateur d’Echillais : le compost n’était pas aux normes

Estuaire de la Charente Grand Site de France : son incinérateur, son marais, ses oiseaux

Estuaire de la Charente Grand Site de France : son incinérateur, son marais, ses oiseaux

Le rassemblement du 11 octobre 2014 à Rochefort

Le rassemblement du 11 octobre 2014 à Rochefort

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 09:15
La France encore condamnée sur l’eau, un secteur sous la coupe d’un lobby

La France a été de nouveau condamnée par la justice européenne à cause de son incapacité à améliorer la qualité de ses eaux. C’est la cinquième condamnation ! Une situation dont est responsable le “lobby de l’eau” que dénonce dans son nouveau livre le spécialiste Marc Laimé.

 

Sources : Reporterre le quotidien de l'écologie mis par Philippe Desfilhes publié le 05 sept 2014

La France a de nouveau été condamnée ce jeudi 4 septembre 2014 par la justice européenne pour manquement à ses obligations de lutte contre la pollution aux nitrates. « Cette décision est regrettable mais justifiée. C’est la cinquième fois que la France est condamnée par l’Europe pour non respect de réglementation, après des condamnations en 2001, 2004, 2008 et 2013. Elle a également été condamnée par les juridictions administratives françaises comme en 2009 par la Cour administrative d’appel de Nantes », rappelle Marc Laimé, spécialiste de l’eau.

 

Cette condamnation est d’autant plus consternante que Paris risque de surcroit une amende forfaitaire d’une trentaine de millions d’euros plus des astreintes journalières jusqu’à ce que les objectifs soient atteints. La justice européenne menace en effet de prononcer un deuxième arrêt dans les prochains mois si la France ne redresse pas la situation. “Et ce seront au final les usagers de l’eau qui régleront l’addition”, déplore Marc Laimé.

 

Cette fois-ci, la Cour a retenu six motifs de condamnation, concernant les effluents d’élevages mais aussi les épandages d’engrais minéraux. Un motif concerne les notions fondamentales de respect de l’équilibre de la fertilisation, et de calcul des quantités réellement apportées aux parcelles.

 

En effet, explique M. Laimé, la réglementation française mise en cause aujourd’hui ne veille pas à ce que les agriculteurs et les autorités de contrôle soient en mesure de calculer correctement la quantité d’azote pouvant être épandue afin de garantir l’équilibre de la fertilisation. « Il n’y aura pas de réponse réglementaire solide sans une réponse agronomique et politique forte pour faire émerger un nouveau modèle agricole durable et non polluant. Or le résultat de l’action du lobby de l’eau est que la politique de l’eau se décide en France au ministère de l’Agriculture et non pas à celui de l’Ecologie », se désole-t-il.

 

 

- Un marché de vingt-trois milliards d’euros annuels

Le dernier livre de Marc Laimé s’attaque au lobby qui a fait main basse sur la gestion de l’eau en France, un marché qui génère vingt-trois milliards d’euros chaque année. « On peut mettre un nom et une photo sur chacun des membres de ce lobby. Ce ne sont pas des individus en costard-cravate qui passent leur temps dans les grands restaurants avec des députés ou des sénateurs mais des professionnels qui siègent dans toutes les instances officielles de la gestion de l’eau », explique à Reporterre l’ancien journaliste (Marc Laimé. Il a travaillé pour Le Canard Enchaîné ou L’Usine nouvelle), et est désormais consultant en eau et assainissement pour les collectivités locales. A ce titre, il est en prise quotidiennement avec le lobby de l’eau français dont il est devenu l’une des bêtes noires.


- Marc Laimé -

 

 

- Un lobby omniprésent

Qui sont les membres de ce lobby ? Une petite centaine de personnes, hommes politiques, hauts-fonctionnaires, associatifs, représentants de l’agriculture, de l’industrie et de l’énergie et des grands organismes de recherche spécialisés, installés à l’intérieur du système et omniprésents.

 

D’abord les élus, car il en faut pour prendre la direction des Comités de bassins et de diverses commissions. Marc Laimé les appelle dans son livre des « demi-solde » de la politique car ce sont quasiment tous des inconnus au niveau national (le seul d’entre eux à avoir une certaine notoriété est André Santini, député-maire d’Issy-les-Moulineaux).

 

« Le lobby compte une vingtaine d’élus de tous bords qui ont été co-optés à un moment de leur carrière et ont érigé le conflit d’intérêt en mode de gouvernance », dénonce-t-il. Ces « barons » de l’eau multiplient les casquettes. C’est ainsi qu’ils peuvent faire voter des budgets d’institutions publiques qu’ils dirigent en faveur d’entités privées dans lesquelles ils siègent.

 

Ces élus ont fait alliance avec les représentants de deux grands corps de l’Etat issus de l’ENGREF (Ecole nationale du génie rural et des eaux et forêts) et des Ponts-et-Chaussées. Ces hauts-fonctionnaires « trustent » tous les postes de décision dans les six ou sept ministères concernés (à commencer par celui de l’Agriculture où se décide la politique de l’eau en France) puis dans les services concernés de l’Etat (les DREAL, DRIRE et autres DDTM ou MISEN).

 

On retrouve ensuite ce que Marc Laimé appelle les « porteurs d’intérêt » des secteurs de l’agriculture, de l’industrie et leurs fédérations professionnelles, dont évidemment la FNSEA et Veolia, Suez et Saur. Puis viennent les représentants des grands organismes de recherche comme l’OIE (Office international de l’eau) ou le BRGM (Bureau de recherche géologiques et minières) qui prennent de plus en plus d’importance car, selon le livre, on assiste à un détournement progressif de la recherche publique pour des intérêts privés.

 

Marc Laimé explique au fil des quatre-cents pages l’alliance qui s’est nouée et renforcée entre tous les acteurs du lobby depuis que la France, au début des années soixante, a organisé la gestion de ses eaux par bassins versants, via six Agences de l’eau. « Ce modèle de gestion a fait école dans le monde entier, mais ses dérives constituent aujourd’hui le frein majeur aux réformes indispensables à ce système à bout de souffle », constate-t-il.

 

 

- L’absence de tout contrôle démocratique

Son ouvrage n’est pas un livre de plus sur les ententes sur le marché de la distribution et la position dominante de Veolia ou de Suez. Il analyse les causes structurelles qui ont conduit à l’impasse qu’il décrit. « L’action de ce lobby a fait que la gestion de l’eau a graduellement échappé à tout contrôle démocratique. C’est d’ailleurs la seule politique publique financée par l’impôt qui ne fasse l’objet d’aucun contrôle ni à l’Assemblée nationale ni au Sénat. Le résultat est sidérant : on ne connaît ce que coûte la gestion de l’eau dans notre pays qu’à deux milliards d’euros près ! »

 

Pour appuyer sa démonstration et achever de convaincre de l’impuissance des politiques face à la machine bureaucratique contrôlé par le lobby, Marc Laimé relate en détail comment la ministre de l’Ecologie Delphine Batho (vite limogée et remplacé par Philippe Martin qui a abandonné toute velléité de réforme) s’est vu empêchée d’engager tout changement.

 

« Le lobby a fait systématiquement obstacle à toute mesure pouvant s’apparenter à une remise en cause non seulement de la politique de l’eau mais surtout des politiques agricoles qui sont un désastre pour la qualité de l’eau ».

 

Son récit est d’autant plus passionnant et bien étayé qu’il a participé avant et pendant la campagne électorale de François Hollande à un « think tank » interne au PS sur les problèmes que connaît la gestion de l’eau en France et les réformes à conduire.

 

En fait l’histoire ne fait que bégayer. Le lobby de l’eau avait agi de la même façon pour procéder à l’enterrement de la loi Voynet en 2002. Le retour de la gauche au pouvoir en 2012 aurait pu laisser croire à des réformes, aussi urgentes qu’indispensables. « Il n’en a rien été, et c’est même pire », se désole Marc Laimé.

 

Pour en savoir plus :

- Parti de Gauche : "une autre politique agricole est possible"

- L'Europe condamne la France pour ses eaux polluées aux nitrates

- Par Gabriel Amard : L’eau n’a pas de prix. Vive la régie publique !

- Pollution aux nitrates : la France de nouveau condamnée par la justice européenne

- Point de vue de : Benoît BITEAU Parti Radical de Gauche (Secrétaire National (Agriculture) & Délégué Régional)

- La malédiction des phosphates : dans les coulisses polluées et désertifiées de l’agriculture chimique

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 13:40
La Chine aurait décidé la fin des recherches sur le maïs et le riz OGM et d'interdire leurs cultures !
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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 10:51
Le Premier ministre Dmitri Medvedev

Le Premier ministre Dmitri Medvedev

Passé sous silence dans les flots de l'actualié médiatique contrôlée par les puissances de "l'argent", le Premier ministre Dmitri Medvedev a annoncé en avril dernier que la Russie n’importerait plus des produits contenant des OGM, affirmant que la nation a suffisamment d’espace et de ressources suffisantes pour produire de la nourriture organique.

 
Sources :  RESEAU INTERNATIONAL mis à jour le 23 février 2016
Si les Américains aiment manger des produits contenant des OGM, qu’ils mangent  Nous n’avons pas besoin de le faire; nous avons assez d’espace et la possibilité de produire des aliments biologiques « -. Medvedev
 
La Russie envisage de rejoindre la longue liste (et sans cesse croissante) des pays anti-OGM . Il le fait après qu’un groupe de scientifiques russes a exhorté le gouvernement à envisager au moins un moratoire de 10 ans sur les OGM et d’étudier de manière approfondie leur influence sur la santé humaine.
 
« Il est nécessaire d’interdire les OGM, d’imposer un moratoire (sur) pendant 10 ans. Alors que les OGM seront interdits, nous pouvons planifier des expériences, des essais ou peut-être même de nouvelles méthodes de recherche qui pourraient être développés. Il a été prouvé que non seulement en Russie, mais aussi dans de nombreux autres pays dans le monde, les OGM sont dangereux. Méthodes d’obtention des OGM ne sont pas parfaits, donc, à ce stade, tous les OGM sont dangereux. 
 
La Consommation et l’utilisation des OGM obtenus d’une certaine manière peut conduire à des tumeurs, les cancers et l’obésité chez les animaux. La Bio-technologies devraient certainement être développés, mais les OGM devraient être arrêtés. Nous devrions cesser de les propager. « - Irina Ermakova, vice-président de l’Association nationale pour la sécurité de la Russie génétique;
 
Un certain nombre de scientifiques du monde entier ont clairement souligné les dangers potentiels associés à la consommation d’OGM. J’ai récemment publié un article intitulé « 10 études scientifiques démontrant que les OGM peuvent être nocifs pour la santé humaine », vous pouvez lire que dans plein ICI. Ce ne sont que quelques-uns choisie parmie les centaines d’études qui sont maintenant disponibles dans le domaine public, il semble qu’ils continuent de faire surface année après année.
 
La Russie interdit complètement les OGM, comme un grand, pays développé c’est un grand pas en avant dans la création d’une plus grande sensibilisation en ce qui concerne les OGM. Demandez-vous, pourquoi tant de pays interdit les OGM et les pesticides ? C’est parce que la preuve pointe vers le fait qu’ils ne sont pas sûrs, ils sont jeunes, et ne savent pas assez sur eux pour consommer en toute sécurité. Ils ne sont pas nécessaire, alors pourquoi ils les produisent ?
 
Au cours des dernières années, la sensibilisation sur les OGM a grimpé en flèche. Activisme a joué un rôle important dans le réveil d’une grande partie de la population de la Terre en ce qui concerne les OGM. Les gens commencent à poser des questions et obtenir des réponses.
 
En Février, la Douma d’Etat a présenté un projet de loi interdisant la culture de produits alimentaires OGM. Le président Poutine a ordonné que les citoyens russes soit protégés des OGM. Le Comité de l’agriculture Unis ont appuyé la recommandation de l’interdiction par le parlement russe, et la résolution entrera pleinement en vigueur en Juillet 2014.
 
Juste pour montrer ce que nous pouvons faire lorsque nous nous réunissons et le changement de la demande et du partage de l’information à l’échelle mondiale. Le changement se produit, et un réveille à de nouveaux concepts de notre réalité tous les jours. OGM ne sont que le début, nous avons beaucoup de choses à débarrasser sur notre planète. Nous commençons tous à voir à travers les fausses justifications pour une nécessité des OGM.
 
Pour en savoir plus :
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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 09:39
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