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2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 09:12
Charte éthique : les candidats FdG de la région (ALPC) Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes s'engagent !
- Dans le cadre des élections régionales, la liste Front De Gauche Aquitaine Limousin Poitou-Charentes s'engage :
  • Pour l'égalité Homme-Femme
  • Pour la laïcité
  • Contre la corruption, en signant en tant qu'élu la charte Anticor
  • Pour le non cumul des mandats
  • Contre le clientélisme (marchés publics)
  • Contre les paradis fiscaux
  • Pour la consultation directe des citoyens en cas de grand projet d'aménagement
  • Pour les referendums d'initiative citoyenne
  • Pour la protection des lanceurs d'alerte

 

- Vous trouverez l'intégralité de la charte en téléchargement ci dessous :

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

Charte éthique : les candidats FdG de la région (ALPC) Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes s'engagent !
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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 08:06

Le Front de gauche uni et ouvert : comme en région parisienne, EELV n’a pas voulu d’un accord avec le Front de Gauche qui assume en conséquence de porter seul une campagne citoyenne et anti-austéritaire.

 

Accord Politique en vue des régionales 2015 dans la région (ALPC) Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes

Accord Politique en vue des régionales 2015
dans la région ALPC

 

Les formations signataires (Ensemble, Parti Communiste Français, Parti de gauche)  s’engagent à impulser ensemble une liste commune en vue des élections régionales de décembre 2015.

 

Les élections régionales de décembre 2015 vont se tenir dans un contexte économique et social extrêmement dégradé et préoccupant. Le discrédit de la politique Hollande-Valls, déclinée par le parti socialiste dans l’ensemble des régions, fait le lit de la droite et de l’extrême droite. Comme partout en Europe, la doctrine libérale est à l’œuvre au service des intérêts de la finance. Les phénomènes climatiques inhabituels, ni passagers ni naturels, sont bien une conséquence du système dans lequel nous vivons. Cela rend plus que jamais nécessaire de construire un projet politique en rupture avec les logiques libérales mises en œuvre dans le pays. Ces élections doivent donc être une nouvelle étape de ce rassemblement d’une gauche qui combat l’austérité et veut construire une véritable alternative politique. L’enjeu est d’autant plus important que ces élections se dérouleront dans le cadre d’une « réforme » territoriale imposée sans concertation qui va accentuer les logiques de métropolisation et de concurrence entre les territoires, entre les salariés, au service de la guerre économique, au détriment des plus défavorisés.

 

  • Nous voulons mettre en œuvre des politiques régionales alternatives à celles qui sont menées aujourd’hui, en rupture avec les politiques d’austérité et de compétitivité. Pour cela nous voulons battre la droite et l’extrême droite mais aussi tous ceux qui mènent une politique de droite. En effet, la population de notre grande région n’a rien à gagner aux politiques libérales ou à voir s’implanter un parti d’extrême droite porteur d’une idéologie raciste et antisociale.
  • Nous voulons modifier les rapports de force à gauche de sorte que la volonté inflexible de résister à la finance devienne majoritaire à gauche. Parce que pour nous être de gauche c’est être pour la satisfaction des besoins sociaux, pour la planification écologique, pour la démocratie des lieux de travail aux institutions. En un mot, parce que nous sommes pour l’humain, d’abord.

 

Nos candidats auront pour objectif de rendre visible et crédible une alternative sociale, écologique et démocratique de gauche. Cela nécessite de rassembler une gauche anti-austérité unitaire et large dans son périmètre et en même temps exigeante sur son contenu et sans ambiguïté sur son projet politique.


Dans la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes les politiques libérales sont mises en oeuvre par le président de l’Association des Régions de France Alain Rousset et à ce titre chantre de la compétitivité et de l’austérité. Si notre liste s’oppose radicalement aux programmes de la droite et de d’extrême-droite, elle s’affrontera à la politique du candidat Alain Rousset sur nombre d’axes majeurs de son programme.

 

Nous proposons de nouvelles pratiques politiques, une autre conception du rassemblement, de l’action politique elle même. Nous voulons redonner du sens à l’action collective, porter jusque dans l’assemblée les aspirations populaires à vivre mieux. Nous refusons le scenario annoncé  d’une droite revancharde, ultra libérale face à un Parti socialiste cherchant à aménager la cure d’austérité imposée à notre peuple, avec en arbitre un Front National préparant l’élection présidentielle.

 

Alors que nombre de nos concitoyens se réfugient dans l’abstention ou dans un vote de colère, il s’agit, dans notre démarche, de rassembler et de mener campagne avec tous ceux qui, au-delà des partis, se reconnaissent dans cette gauche anti-austérité et écologiste  en favorisant une co-élaboration du programme, des listes et de la campagne, dans le cadre d’assemblées citoyennes représentatives.

 

Pour ces raisons, Ensemble!, le PCF et le Parti de gauche. présentent des candidats sous l’appellation commune « Xxxxxxxxxxxx » qui porteront en toute indépendance aux deux tours de scrutin d’autres choix de développement pour notre pays et notre région, sur la base d’orientations fortes en rupture avec les logiques libérales actuelles. La lutte contre les inégalités, les réponses aux urgences  sociales et écologiques, l’exigence démocratique et donc le combat pour l’instauration d’une constituante pour une Sixième République qui permette par ses institutions l’expression et la mise en œuvre de la volonté du peuple souverain, seront au centre de leurs préoccupations.


Les candidat-e-s présentés sur notre liste signeront une  charte éthique qui montrera notre volonté de renouveler les pratiques politiques (respect des engagements de campagne et implication citoyenne, signature de la charte anticor, non cumul des mandats…)

 

 

- Les points clefs  de notre programme

1 - Rompre avec l’austérité et développer les solidarités

  • défendre et renforcer les services publics sur l’ensemble du territoire.
  • défendre un enseignement public général, technique, professionnel et agricole de qualité non soumis aux intérêts économiques immédiats : soutenir l’enseignement public professionnel et limiter l’apprentissage, qui doit rester un dispositif secondaire ;
  • ne pas financer les établissements privés au-delà de ce que nous impose aujourd’hui la loi
  • engager la reconquête par le service public de la formation professionnelle…

 

2 - Agir pour l’égalité territoriale et contre la métropolisation

  • engager un réaménagement du territoire en s’opposant à tout ce qui renforce la métropolisation  ou la compétition entre les territoires.
  • favoriser le transport pour tous, par le développement des trains du quotidien (TER, trains d’équilibre du territoire) la mobilisation contre la fermeture de dessertes et de gares, la gratuité des transports, que nous opposons au tout LGV et aux bus Macron.
  • Nous voulons travailler les alternatives aux LGV et nous refuserons leur financement par les collectivités.

 

3 - Pour l’emploi : une économie répondant aux besoins sociaux et engageant la transition écologique

  • relocaliser les productions en favorisant les circuits courts et la coopération pour permettre un emploi de qualité
  • planifier la transition écologique pour une activité humaine respectueuse de l’environnement, par la défense des terres agricoles et le soutien à une agriculture paysanne de proximité et en empêchant les fermes-usines ; par le développement des transports publics partout et pour toutes et tous, par le développement du fret public, par la baisse de la consommation de ressources énergétiques importées (pétrole, gaz, uranium) et la promotion de la production d’énergies renouvelables.
  • favoriser l’appropriation sociale collective des entreprises par les salariés et soutenir l’ESS
  • conditionner les aides économiques à leur utilité sociale, démocratique ou environnementale dès le premier euro.
  • Pas d’aides économiques aux multinationales, qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires, ni à leurs filiales présentes sur le territoire régional.
  • Aider les sous traitants à ne plus dépendre d’un unique donneur d’ordre.

 

4 - Pour la démocratie, des lieux de travail aux institutions

  • nous nous opposons à la loi NOTRe qui casse le principe de l’égalité républicaine, les territoires  et la démocratie locale en éloignant les citoyens des lieux de décision.
  • apporter un soutien actif aux luttes sociales, démocratiques et environnementales : nous refusons toute neutralité de la collectivité en la matière. Nous mettrons en place de véritables consultations publiques pour tous les grands projets d’aménagement du territoire.
  • Créer à l’échelle des bassins d’emploi des structures associant les salariés, leur représentants les élus, aux critères d’attribution, au suivi et au contrôle des aides publiques.
  •  Redonner du sens à la fonction élective.
  • engager des pratiques financières honnêtes.
  • rendre compte en continu du mandat
  • impliquer les citoyens.
  • réinventer la démocratie dans l’Assemblée.

 

 

- La constitution des listes

Elle permettra :

  • - une démarche d’élaboration collective des listes, permettant une représentation large et ouverte sur le mouvement social, associatif et citoyen
  • - une répartition équitable et respectueuse de l’influence de chacun et de la nécessaire visibilité du pluralisme des composantes signataires sur l’ensemble des 3 régions actuelles

 

 

- Sur une éventuelle fusion

Nous voulons créer les conditions d’une majorité pour une alternative à l’austérité. Pour cela nous voulons changer les rapports de force politiques en donnant plus de poids au rassemblement de toutes celles et ceux qui refusent les politiques d’austérité.

 

La liste du FDG a pour ambition de diriger la future grande région pour la mise en œuvre de politiques pour et avec les citoyens.

Nous voulons faire du neuf.  Il ne s’agit pas de recommencer une union de la gauche, alors que l’orientation que nous portons est contradictoire à celle portée par le parti socialiste. Une fusion au second tour n’a rien d’automatique. Nous envisageons la possibilité de nous maintenir si les conditions du premier tour nous le permettent. Mais le mode de scrutin peut nous conduire à une fusion qui permette une juste représentation du vote de nos électeurs, conforme au résultat du premier tour, pour porter notre projet dans l’assemblée.


Le principe qui guidera nos discussions sera dans tous les cas l’indépendance des élus de notre liste qui n’est pas négociable pour tous les votes dans l’assemblée y compris le vote du budget.
Par ailleurs, nous assurons qu’il n’y aura pas de tri de la part de la liste arrivée en tête entre les candidats de la liste qui fusionne. De même l’exigence de la parité doit être assumée par les deux listes qui fusionnent et il doit y avoir un strict respect des résultats du premier tour.

 

Par ailleurs, les conditions et les modalités d’une éventuelle fusion doivent être discutées publiquement :

  • même si la loi prévoit que c’est la tête de liste régionale qui décide de la fusion, cette décision sera prise en toute clarté collectivement avec l’accord de l’ensemble des forces composant notre liste selon des conditions discutées préalablement
  • tous les débats avec les listes susceptibles de fusionner avec nous seront menés publiquement, pour que cela n’apparaisse pas comme des arrangements entre amis.

 

 

- La question des exécutifs

Dans cette élection, notre volonté est de porter des projets de transformation sociale, écologique et  démocratique réelle dans les régions. Si les conditions en sont créées, nous pourrons travailler à leur mise en œuvre jusque dans les exécutifs régionaux. Notre participation est donc absolument liée aux conditions qui la rendent possible. Il s’agit de la capacité à mettre en œuvre les points essentiels de notre programme. Que les choses soient claires : nos élus ne participerons pas à un exécutif régional qui continuerait les politiques actuellement mises en œuvre (austérité, métropolisation, compétition et concurrence entre les territoires). L’examen de ces conditions nécessitera une discussion collective des différentes composantes signataires avant toute discussion avec d’autres partis se réclamant de la gauche.

 

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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 08:15
Régionales 2015 : Appel du FDG Aquitaine - Limousin - Poitou/Charentes à EELV

Lundi 14 septembre 2015,

 

A l’attention d’Europe-Ecologie-Les Verts
Région Aquitaine – Limousin – Poitou Charentes

 

Chers amis,

Les élections régionales de décembre 2015 vont se tenir dans un contexte économique et social extrêmement dégradé et préoccupant. Le discrédit de la politique Hollande-Valls, déclinée par le parti socialiste dans l’ensemble des régions, fait le lit de la droite et de l’extrême droite. Comme partout en Europe, la doctrine libérale est à l'oeuvre au service des intérêts de la finance. La crise climatique et écologique s'amplifie sans que les gouvernements prennent la mesure de l'urgence qu'il y a à agir. Cela rend plus que jamais nécessaire de construire un projet politique en rupture avec les logiques libérales mises en oeuvre dans le pays.

 

Nous pensons que ces élections régionales doivent donc être une nouvelle étape du rassemblement d'une gauche qui combat l’austérité et veut construire une véritable alternative politique pour engager la transition écologique et répondre aux besoins sociaux de nos concitoyens. L’enjeu est d’autant plus important que ces élections se dérouleront dans le cadre d’une « réforme » territoriale imposée sans concertation qui va accentuer les logiques de métropolisation et de concurrence entre les territoires, entre les salariés, au service de la guerre économique, au détriment des plus défavorisés.

 

Dans ce contexte, nous appelons de nos voeux le rassemblement le plus large possible des forces politiques opposées à la politique gouvernementale et engagées dans des démarches citoyennes. Déjà dans un certain nombre de régions, des discussions sont engagées, et des accords FDG-EELV sont en passe d'être conclus.


Cette dynamique est positive et nous souhaitons l'amplifer. Afn de peser pour affrmer une voie alternative, une seule solution : nous rassembler !"

 

C'est pourquoi nous faisons la proposition d'une rencontre entre le FdG et EELV à l'échelle de la future grande région.


Fraternelles salutations,


Pour le Front de Gauche,
Sebastien Laborde Parti Communiste Français
Laurence Pache Parti de Gauche
Stéphane Lajaumont Ensemble

 

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- La réponse d'EELV

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 08:25
Jean-Luc Mélenchon : « La clarification politique n’a jamais été aussi avancée »

L'eurodéputé appelle à l'union avec les communistes aux régionales en Île-de-France, ainsi que dans les régions où le Parti de gauche est déjà allié aux écologistes. « On est en train d’atteindre notre but et on réussit à donner l’impression d’être complètement divisés », déplore-t-il. Il se prononce également pour la création de groupes parlementaires communs, en espérant qu'ils soient rejoints par des socialistes.

 

Sources : Médiapart le 16/09/2015 par Stéphane Alliès

A sa façon, Jean-Luc Mélenchon met les mains dans le cambouis de l'unité de la gauche de gauche. Alors que la préparation des élections régionales laisse entrevoir de fortes crispations entre le PCF et le reste du Front de gauche (Parti de gauche et Ensemble!), en Île-de-France et dans les régions où une alliance avec les écologistes d'EELV laisse de côté les communistes (en Auvergne-Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et PACA), le fondateur du Parti de gauche (PG) appelle à « colmater les brèches » et à « arrêter de tergiverser ». Aux yeux de l'ancien candidat à la présidentielle, « pour dépasser certains blocages, il faut parfois accepter de manger son chapeau ». Dans un entretien à Mediapart, Mélenchon demande que soient mises en œuvre des « missions de conciliation », sorte de « cabine de pilotage nationale », pour lever les divergences locales.

 

L'eurodéputé estime que « les difficultés liées à la récupération par le parti des têtes de listes » peuvent se « transcender » par un « sigle commun déposé au ministère de l’intérieur ». Et il propose que le Front de gauche se range derrière Pierre Laurent en région parisienne, en échange d'un rapprochement des communistes avec les listes EELV-PG existant ailleurs. « L’union de l’opposition de gauche, ce ne peut être l’union de bouts de l’opposition de gauche », dit-il. Enfin, Mélenchon plaide également pour la création de groupes parlementaires communs réunissant les élus du PCF, les proches de Cécile Duflot à EELV et espère voir s'y joindre des socialistes qui tireraient « les leçons de ce qui se passe en Angleterre » avec l'élection de Jeremy Corbyn.

 

 

- Médiapart : À la sortie de la fête de l’Humanité et à la veille des régionales, la situation est paradoxale pour vous. Communistes et écologistes sont autonomes du PS partout au premier tour, mais il n’y a pourtant pour l’heure qu’une seule région où vous êtes alliés tous ensemble. Et en l’état, il pourrait y avoir plus de régions où le Front de gauche est divisé qu’uni…

Jean-Luc Mélenchon : La droite et l’extrême droite semblent parties pour remporter une victoire écrasante. C’est ce qu’il faut empêcher en ouvrant un autre chemin. Où en sommes-nous ? D’abord soulignons que la clarification politique à laquelle on a travaillé depuis 2012 n’a jamais été aussi avancée : tout le Front de gauche est dans l’opposition de gauche, les Verts sont sortis du gouvernement, le PS n’a plus d’allié hormis le PRG, puisque même le MRC est aujourd’hui plus proche de nous que des socialistes. Sur le terrain il y a aussi pas mal d’endroits où nous sommes en passe de réussir l’union de tout le Front de gauche et des écologistes sur un nouveau sigle de rassemblement. Le point négatif, c’est qu’il n’y a pas de cabine de pilotage nationale. Je ne participe pas aux négociations ni à aucune composition de liste. Mais je suis un observateur vigilant et je me sens garant du désir d’union de l’autre gauche qui s’exprime partout. Mon rôle est moral, rien de plus, mais c’est important dans le moment historique que nous vivons.

 

Sur le terrain, les difficultés s’additionnent. Outre celles qui viennent de l’ambiance confuse du Front de gauche, s’ajoute que les statuts de tous les partis font que les décisions se prennent localement. Une aberration fédéraliste, qui nous met dans une faiblesse lamentable avant une élection qui a plus que jamais une signification nationale. Partout, les militants du PG ont travaillé à l’union avec les écologistes avec la meilleure volonté du monde. Tellement bien, qu’ils sont parvenus à des listes d’union dans la moitié des régions, alors qu’au départ EELV avait choisi l’autonomie. Je les félicite. Pour y parvenir, mes amis ont mis partout de côté toute ambition de tête de liste. Cela, alors même que l’image des Verts est considérablement dégradée. J’ai dû réagir et un peu élever la voix pour dire que ce n’était pas acceptable. Une annexion ! EELV a joué de la bonne foi et de l’esprit unitaire de ses partenaires. Je crois que les électeurs non plus n’ont pas envie d’être récupérés par un parti. La situation s’est débloquée lors des universités d’été d’EELV, et une première réunion inter-régionale a eu lieu. J’en suis content. Mais nous ne sommes pas quittes. Il faut encore donner aux communistes leur juste place.

 

Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, sur le stand du PG à la fête de l'Huma (avec Danielle Simonnet et Eric Coquerel)

Ensuite, puisque les 13 nouvelles régions ne correspondent à aucune structure de nos organisations, cela a complexifié d’autant les rythmes de négociation. Et cela explique que dans certains endroits les communistes sont en dehors de plusieurs rassemblements. Je ne l’accepte pas. C’est une question de fond. L’union de l’opposition de gauche, ce doit être une addition pas des soustractions. Je n’accepte pas qu’on veuille marginaliser les communistes.

 

En disant cela, je ne suis pas un bisounours du Front de gauche : j’ai en mémoire les offenses présentes, passées et même futures des dirigeants communistes à mon endroit. Mais les jalousies dont je fais l’objet, et les problèmes d’égo qui m’entourent ne me détournent pas du but historique : construire la relève de gauche à la faillite du PS, face à l’extrême droite. Je demande donc qu’on se remette autour d’une table pour trouver une issue, en particulier dans les deux régions stratégiques où la défaite du PS est assurée d’avance et où il faut avoir une parole politique forte et de gauche pour incarner la relève : la grande région Nord et PACA.

 

Désormais le temps presse, il faut colmater les brèches et arrêter de tergiverser. Pour cela, il faut rétablir un cadre national de prise de décision. Tout le monde a des grandes paroles sur la nécessité de l’union et personne ne fait rien. On ne peut pas laisser les choses en l’état. S’il le faut, je suis prêt à mener sur place, avec d’autres dirigeants communistes et écologistes nationaux, une mission de bons offices pour qu’on trouve les convergences nécessaires. Mais avec ou sans moi, toute mission de conciliation me conviendra.

 

 

- Médiapart : Vous n’avez pas peur qu’en tentant d’imposer des décisions d’appareils nationaux, on entrave des dynamiques locales et citoyennes ?

Jean-Luc Mélenchon : C’est toute la difficulté de la situation. Épargnons-nous les méfiances envers des appareils nationaux. Des appareils, il en existe aussi localement et ils ne sont pas plus tendres. Il s’agit souvent de reconduire beaucoup de sortants. Mais il est vrai qu’il existe des dynamiques locales, avec des assemblées citoyennes qui préparent le futur de la gauche. J’y suis très attaché. Je propose de leur donner le plus de pouvoir possible, sans pour autant jeter à la poubelle nos partis qui sont indispensables à l’action.

 

Il persiste des problèmes ? Et alors ? Trouvons les solutions ! Il suffit de le vouloir. Pour dépasser certains blocages, il faut parfois accepter de manger son chapeau. Ne rien faire serait une faute de notre part. Il faut qu’il y ait des missions de conciliations qui se mettent en place. J’insiste pour qu’on le fasse en priorité dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Tout de même, face au FN, à la droite et aux socialistes en déroute, le devoir commande ! Il faut à tout prix trouver les moyens de proposer une alternative crédible !

 

Ces moyens existent, on peut régler une par une toutes les difficultés. Les difficultés liées à la récupération par le parti des têtes de listes ? Elles se transcendent par un sigle commun déposé au ministère de l’intérieur. À partir de là, on peut présenter des binômes ou des trinômes en tête de liste, l’essentiel étant que le résultat ne soit approprié par personne. Sinon les électeurs ne se déplaceront pas. Ils ne veulent pas être récupérés !

 

Ensuite, pour arbitrer les divergences, il est clair que nous n’y arriverons pas du sommet. Donc il faut des assemblées représentatives régionales, de nos partis et des citoyens, qui s’engagent à nos côtés. J’en ai parlé en janvier dernier, on m’a dit que c’était une usine à gaz. Nous l’avons expérimenté au Mouvement pour la 6e République (M6r) et cela a fonctionné. On est au XXIe siècle et il faut s’y adapter… les réseaux sociaux le permettent.

 

 

- Médiapart : Concrètement, ça fonctionnerait comment ?

Jean-Luc Mélenchon : Les gens signent un texte, une volonté d’engagement ou de soutien, ils peuvent le faire en ligne, puis ils élisent des représentants, on peut aussi en tirer au sort une partie. Et on fixe une représentation pour les partis. Je ne dis pas que c’est la seule formule possible, mais c’est possible et c’est jouable dans le délai qu’il nous reste. On ne peut plus traîner, sinon on donne une image répulsive à notre peuple qui est déjà dans un état d’insurrection froide contre les politiques et les institutions du pays, qui risque de se traduire par un niveau d’abstention extrêmement élevé.

 

« Si on met ses utopies en avant comme condition de l’union, c’est le règne du sectarisme »

 

 

- Médiapart : En Île-de-France, la situation est particulièrement ubuesque. Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, refuse votre proposition de se ranger derrière elle, et le Front de gauche ne parvient pas à se mettre d’accord entre trois de ses dirigeants nationaux (Pierre Laurent – PCF ; Éric Coquerel – PG et Clémentine Autain – Ensemble !). C’est “l’autre gauche” la plus bête du monde ?

Jean-Luc Mélenchon : Vous n’avez pas tort. Maintenant, l’art de la politique c’est aussi de partir des réalités qui parfois s’imposent à vous. On aurait pu rêver autre chose. Que Pierre Laurent reste sur son analyse initiale de ne pas se présenter pour cause de non-cumul des mandats. Que lui qui dénonce sans cesse les « castings présidentiels » ne se crispe pas sur sa tête de liste, alors qu’on pourrait se mettre d’accord sur une personnalité de la société civile, on n’en manque pas en région parisienne. Qu’Emmanuelle Cosse ne nous éconduise pas aussi grossièrement. Et qu’elle ne préfère pas un groupuscule de centre-droit, Cap 21, à l’alliance avec le Front de gauche, au nom de l’unité de son parti qui explose chaque jour un peu plus. Mais c’est comme ça. À deux mois du scrutin il faut assumer la difficulté et débloquer ce qui peut l’être.

 

Pour autant, je ne me résigne pas. Je suis sûr que si Emmanuelle Cosse acceptait l’unité avec le Front de gauche, Pierre Laurent en serait le premier partisan. Mais il y a peu de chance qu’elle abandonne l’arrogance de sa posture. Elle a multiplié les obstacles : introduire comme préalable l’adhésion à l’idée d’une France fédérale et au droit de faire des lois régionales est une provocation. D’ailleurs, rien de tout cela n’est possible avec les élections régionales.

 

Donc, j’ai bien compris que Pierre Laurent fait de sa présence comme tête de liste « virtuelle » une question identitaire. Mes amis doivent entendre cela, même si je sais que ce n’est pas facile à admettre. De leur côté, les communistes doivent comprendre que si un effort est fait en Île-de-France pour apaiser les esprits, il faut qu’ils en fassent eux aussi ailleurs. Certes le PCF est très décentralisé, mais il a aussi une orientation nationale. Pierre Laurent a déjà été tête de liste en Île-de-France. N’exagérons pas le problème. Il l’a dit : il ne siégera que s’il est élu président de région. Si tel est le cas, qui s’en plaindrait ?

 

Jean-Luc Mélenchon et Cécile Duflot

L’union de l’opposition de gauche, ce ne peut être l’union de bouts de l’opposition de gauche. Il faut à tout prix parvenir à se présenter tous ensemble, avec les communistes, là où nous sommes déjà en alliances avec les écologistes. Il faut faire des additions partout ! Je recommande au PG de ne pas mettre de préalable sur les têtes de liste si cela doit conduire à la division. Inscrivons notre lutte pour l’éthique et la répartition des tâches dans la durée, n’en faisons pas un ultimatum destructeur. Soyons unitaires pour deux : les électeurs nous en seront reconnaissants.  

 

Je suis consterné par cette situation : on est en train d’atteindre notre but, nous avons isolé le PS et prouvé qu’on pouvait se rassembler et on réussit à donner l’impression d’être complètement divisés. Les alliances à la carte, sous couleur de baratin localiste, vont nous tuer plus sûrement que n’importe quelle querelle doctrinale ! Et que les choses soient claires, ces élections n’ont rien à voir avec la présidentielle. Je demande juste que tout le monde se confronte à la réalité pour les régionales, et qu’on arrête de se braquer pour des histoires de têtes de liste ! Tout ça est dérisoire…

 

 

- Médiapart : Sur le plan national, comment jugez-vous la proposition de création d’un nouveau groupe parlementaire émanant de quatre députés, Sergio Coronado (EELV), Philippe Noguès (ex-PS), Isabelle Attard (ex-Nouvelle Donne) et Jacqueline Fraysse (apparentée PCF) ?

Jean-Luc Mélenchon : C’est une autre occasion unique d’accélérer le cours de l’histoire. J’ai découvert cette tribune avec enthousiasme. À mon tour, j’appelle à la création d’un groupe commun dans les deux assemblées. À la veille de l’examen du budget, un nombre significatif de députés pourrait nous rejoindre. Ce nouveau groupe pourrait devenir un pôle de référence d’où pourrait partir une multitude d’initiatives.

 

Là, Cécile Duflot doit faire un effort et m’écouter même si elle ne m’aime pas. Son groupe écologiste a explosé. Je l’adjure de faire preuve de sang-froid et de responsabilité. Elle est en mesure de débloquer la situation si elle fait le pas que les quatre proposent. Un nouveau groupe peut être la locomotive d’une nouvelle gauche dans le pays.

 

Il ne faudrait pas que l’initiative échoue pour des histoires de présidence de groupe. Comme pour les régionales, on peut imaginer des binômes, une présidence tournante. Et même si ce devait être André Chassaigne le président de ce nouveau groupe, et qu’on trouverait les communistes bien gourmands de le demander, il faudrait l’accepter si c’était la seule condition pour que cet événement politique se produise. Car ce serait nettement mieux que d’avoir deux petits groupes à la limite de la survie. Au reste, Chassaigne a tenu bon depuis 2012 et ses états de services dans l’opposition de gauche sont plus constants que des opposants plus récents. Si j’étais député dans ce nouveau groupe, je voterai pour lui. 

 

Il y a des divergences ? Oui, c’est vrai. Mais il y en avait aussi entre les écologistes et les socialistes, et ça ne les empêchait pas de voter ensemble !

 

 

- Médiapart : N’y a-t-il pas un risque à toujours minimiser ces divergences entre forces politiques à la gauche du PS ? Sur la laïcité, le fédéralisme ou le jacobinisme, l’énergie, la géopolitique, etc. Et si ce qui vous sépare était finalement aussi important que ce qui vous réunit ? Cela pourrait expliquer aussi pourquoi le rassemblement est si compliqué ?

Jean-Luc Mélenchon : Qu’on n’invente pas des prétextes artificiels à mesure qu’on avance ! Il y a des débats qui surgissent à la dernière minute, pour provoquer volontairement des désaccords. Quand Emmanuelle Cosse pose comme condition de reconnaître le fédéralisme en France et le droit de faire des lois locales, c’est juste une provocation gratuite. Si on met ses utopies en avant comme condition de l’union, c’est le règne du sectarisme.

 

Pour les sujets de divergences qui sont dans l’actualité immédiate, on a trouvé une solution crédible, elle s’appelle la démocratie. Au Front de gauche, on a réglé notre désaccord sur le nucléaire en parlant de “sortie des énergies carbonées et mise en œuvre d’un référendum sur la sortie du nucléaire”. S’il y a un problème entre nous sur le fédéralisme, la réponse se trouve dans les débats que l’on aurait au sein de l’assemblée constituante pour une VIe république. Pareil sur la candidature de Paris aux Jeux olympiques. On n’est pas tous d’accord, le PG et les Verts sont contre, le PCF pour, et alors ? C’est inimaginable de consulter la population francilienne sur le sujet ? On l’a fait aux États-Unis ! Le proposer serait autrement plus dynamique qu’un compromis pourri ou un blocage absurde !

 

« Retricoter à toute vitesse un réseau européen »

 

 

- Médiapart : Cet éventuel nouveau groupe parlementaire pourrait-il accueillir des députés PS en rupture de ban ?

Jean-Luc Mélenchon : Je n’ose placer la barre trop haut par habitude de la déception, mais si un ou deux changeaient déjà de camp et rejoignaient un tel groupe commun, cela permettrait d’ouvrir la brèche et d’enlever à Valls sa majorité parlementaire. Il n’y a pas des opportunités comme celle-là tous les matins. Des gens comme Benoît Hamon ou Pouria Amirshahi devraient tirer les leçons de ce qui se passe en Angleterre. La victoire de Jeremy Corbyn à la direction du parti travailliste montre que la social-démocratie peut commencer un nouveau cycle.

 

C’est d’Angleterre qu’est parti le blairisme qui a pourri le mouvement socialiste international et contaminé tous les partis sociaux-démocrates européens, du SPD allemand au Pasok grec, en passant par le PSOE espagnol et le Parti démocrate italien. La victoire de Corbyn est un encouragement. En Italie, un congrès d’unification des gauches socialistes, écologistes et communistes est prévu pour novembre. Il n’y a pas que la déprime liée à la crise grecque, il y a aussi des signaux positifs de changement. Et je m’adresse aux députés socialistes pour leur dire qu’ils peuvent être à leur tour des déclencheurs. Ils sont jeunes, ils ont le pouvoir d’écrire l’histoire au lieu de se limiter à gérer leur carrière.

 

 

- Médiapart : À la fête de l’Huma, vous avez lancé votre sommet “pour un plan B en Europe” avec Yanis Varoufakis, alors que les communistes ont martelé leur soutien à Syriza et à Tsipras…

Jean-Luc Mélenchon : Que les choses soient claires, je ne suis pas devenu anti-Tsipras ! Ça n’a pas de sens. Je ne sais plus comment dire : je sais très bien que la partie n’est pas terminée, et que le moment de la renégociation de la dette grecque va arriver. Et je sais très bien qu’un gouvernement Syriza réélu, ce n’est pas pareil que la droite gagnante. Je crois d’ailleurs qu’il va gagner et j’espère aussi que les dissidents d’Unité populaire [la scission de l’aile gauche de Syriza emmenée par Zoe Konstantopoulou - ndlr] auront une représentation parlementaire. L’union se reconstruira le moment venu pour affronter l’Europe qui va piétiner la Grèce. Je ne donne pas de leçon aux autres, mais j’en tire pour nous. Je parle du point de vue de celui qui ne veut pas être assimilé à ceux qui sont capables de signer un accord de super austérité, après avoir organisé un référendum contre. Je suis fidèle au programme, pas aux personnes. C’est la raison pour laquelle j’ai applaudi le partenariat conclu entre le PG et Unité populaire, qui reste fidèle au programme anti-austérité. Mais ça ne veut pas dire que nous faisons la campagne d’Unité populaire aux élections grecques. Quel sens concret cela aurait ?

 

Je voudrais qu’on évite les simplifications qui ne tiennent pas compte du caractère tragique de ce qui se passe en Europe. Tout l’est de l’Europe est rempli de fascistes et nous sommes à l’état de traces dans tous ces pays. Aujourd’hui, nous nous appuyons encore sur quelques positions en Grèce, en Espagne, en France, un peu en Allemagne, en Slovénie et, désormais, nous connaissons un changement à l’intérieur du camp travailliste anglais. Or il nous faut retricoter à toute vitesse un réseau européen, exactement comme l’ont fait les camarades d’Amérique latine à la fin du siècle dernier.

 

Notre initiative du "Plan B" se révèle incroyablement attractive. Honnêtement, je ne m’attendais pas à un impact pareil. La presse européenne a couvert l’événement, la retransmission du meeting sur internet a été fortement suivie, y compris à l’étranger. la tribune que nous avons publiéee sert de texte fondateur, et plusieurs partis ou courants politiques se montrent intéressés. Donc on commence à recueillir les signatures individuelles d’élus ou de personnalités, et on va faire en sorte que la première réunion, qui aura lieu avant la fin de l’année à Paris ou à Bruxelles, regroupe plutôt des intellectuels, des économistes et des responsables de mouvements sociaux.

 

Il y a urgence, car on est dans un moment étrange de l’histoire où on a le sentiment que les décideurs européens ne sont pas vraiment maîtres de ce qu’ils font et, on le voit avec Schäuble, se laissent entraîner dans des surenchères folles. S’ajoute désormais l’affaire des migrants, qui est un “booster” inouï pour l’extrême droite.

 

 

- Médiapart : Sur la question des migrants, comment faire autrement dans l’urgence ?

Jean-Luc Mélenchon : Ma position était de dire qu’il n’y a pas d’alternative à l’accueil. Ce n’est même pas idéologique : on ne peut rien faire d’autre tout simplement. Enfin, on pourrait sans doute faire autrement que de les mettre dans des camps. Les quotas n’ont pas de sens. Soit le traité de Schengen existe, soit il est aboli sans qu’on ne nous ait prévenus. Mais ceux qui ont traversé toutes ces épreuves ne se laisseront pas enfermer dans un train qui les conduirait vers une autre zone de misère. Ils veulent avoir eux aussi la liberté de circuler, et il est illégal de les en empêcher.

 

Mais l’essentiel est de remédier aux causes de cet afflux migratoire. Donc en finir avec les politiques économiques qui ruinent le sud sahélien et avec les logiques de guerre aveugle que François Hollande semble vouloir continuer. Qu’est-ce que de nouveaux bombardements vont régler ? La solution se trouve dans l’organisation au plus vite d’une conférence internationale où on discute avec ceux qui ont concrètement les doigts dans Daech. Parce que Daech ne tombe pas du ciel. C’est l’enfant des financements qataris, saoudiens, turcs… Et le bénéficiaire des ventes d’armes et d’achat de pétrole de contrebande par des pays occidentaux.

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 08:15
Pour un nouveau groupe parlementaire à gauche

par :

  • Sergio Coronado (groupe Ecologiste),
  • Philippe Noguès (ex PS),
  • Isabelle Attard (groupe Ecologiste),
  • Jacqueline Fraysse (groupe Gauche démocratique et républicaine)[1].

 

Source : Tribune publièe dans Libération le 10 septembre 2015

Face au désenchantement, au fossé qui ne cesse de se creuser entre les citoyens et les politiques, aux sentiments d’insécurité et de déclassement social qui s’expriment dans notre pays, il n’est plus possible de rester sans réagir.

 

Députés, nous constatons que les frontières des groupes constitués ne permettent pas qu’une offre politique alternative à la politique du gouvernement se fasse entendre. Face à la « caporalisation » du groupe socialiste majoritaire, à l’implosion du groupe écologiste, à l’absence de taille critique des autres groupes de gauche, il est urgent de faire bouger les lignes.

 

Nous voulons co-construire - dans le respect de chacun - une démarche politique cohérente et collective, qui ne soit pas seulement d’opposition mais surtout force de propositions.

 

Nous refusons de rester impuissants jusqu’à la fin du quinquennat, chacun dans son groupe parlementaire, satisfait de l’atomisation des initiatives critiques à gauche.

 

Nous proposons de créer un groupe rouge-rose-vert afin d’exprimer, avec efficacité, les aspirations de la société. Il ne s’agit pas, ici, de ralliement à un quelconque groupe existant mais d’une démarche unitaire concrète permettant la naissance d’un nouveau groupe ouvert aux élus choisissant de s’engager dans la voie d’une politique anti-austéritaire, écologiste et sociale.

 

A gauche nous sommes, en effet, de plus en plus nombreux à plaider pour une refondation et à partager le sentiment de l’urgence de l’engager. Quand certains font le pari de rebâtir sur les ruines de leurs propres partis après 2017, nous affirmons, nous, notre volonté d’agir dès aujourd’hui et de tout faire pour éviter le cataclysme annoncé.

 

Nous croyons au dépassement des chapelles politiques ainsi qu’à celui des formes traditionnelles d’engagement et de militantisme. Nous croyons au renouveau démocratique.

 

A quelques semaines de la COP 21 qui va se dérouler en France, il nous apparaît urgent de réinventer un nouveau modèle économique, écologique et social. Des solutions existent qui passent par une transformation du système productif, une adaptation des modes de vie et un partage plus équitable des ressources que les politiques d’austérité imposées actuellement, et la dictature du PIB, ne permettent pas.

 

Nous souhaitons, de fait, défendre, au-delà d’un simple verdissement du système actuel, une économie réellement juste et soutenable, qui permettra aux hommes et aux femmes de vivre bien, sans compromettre le bien-être de ceux qui vivront demain.

 

Députés issus de différents courants de la gauche, riches de la diversité de nos familles politiques, engagés pour un développement économique et social soutenable, nous entendons symboliser et représenter à l’Assemblée nationale les voix qui réclament une alternative.

 

Nous montrerons qu’une autre politique est possible, qui puisse redonner confiance en l’avenir et constituer un rempart contre la montée de l’extrême droite.

 

Nous appelons ainsi à la création d’un nouveau groupe parlementaire, composé de tous ceux qui n’acceptent pas la dérive libérale du gouvernement et qui refusent la résignation, le renoncement à leurs valeurs et à leurs convictions. Il est temps d’agir et de réagir. Ne pas s’engager, c’est accepter la déroute annoncée et demeurer sourd à l’exigence exprimée par nos concitoyens d’un tel rassemblement.

 

Nous savons que la construction d’une alternative de gauche et écologiste n’est pas chose facile. Mais là où nous pouvons agir, dans les communes, les départements, les régions et au Parlement, il est de notre devoir de tout faire pour contribuer à reconstruire l’espoir. On ne peut pas appeler au rassemblement tous les quatre matins et quand les conditions le rendent possible, ne pas en prendre l’initiative pour en faire un des leviers d’une politique de transformation. Pour notre part, nous y sommes prêts.

 

Note :

[1] Front de Gauche

 

Pour en savoir plus :

- « Les divergences entre écologistes et communistes ne sont pas insurmontables »

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 08:24
Déclaration commune du Parti Communiste Français et de Gauche Unitaire sur le regroupement de la GU au sein du PCF

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées

 

Déclaration commune Parti Communiste Français et Gauche Unitaire (8 septembre 2015)

 

" Le Parti communiste français et Gauche unitaire s’inscrivent l’un et l’autre dans la continuité du combat séculaire des dominés et du mouvement ouvrier pour l’émancipation humaine, pour un monde de justice et d’égalité réelle, pour une société pleinement démocratique et fondée sur l’universalité des droits.

 

Nos deux organisations ont en commun de puiser au meilleur de la pensée humaine, de l’apport des Lumières, des idéaux mis en avant par la Révolution française, de l’action de Jaurès en faveur de la République sociale.

 

Elles se revendiquent, face à un capitalisme dont la cupidité n’a cessé de grandir, de l’apport irremplaçable de Marx, qui avait choisi le mot de communisme pour désigner le mouvement même d’abolition de l’ordre existant. Si l’histoire tourmentée du XX° siècle a profondément meurtri, et même dévoyé, cette belle promesse de « mise en commun » s’opposant à la concurrence de tous contre tous, il s’agit à présent de la réhabiliter afin de rouvrir enfin à l’humanité un horizon d’espérance.

 

Par-delà leurs histoires propres, leurs traditions politiques respectives, la manière dont ils ont pu appréhender le passé, le Parti communiste français et Gauche unitaire ont pu vérifier, à la chaleur du travail réalisé conjointement, qu’ils se retrouvaient dans une commune volonté de reconstruire une perspective crédible et ambitieuse de transformation sociale. Cela fait ainsi de nombreuses années que nos deux formations constatent leur convergence de vues. Elles portent une identique appréciation sur les menaces que font peser les politiques libérales sur l’avenir de la planète et sur la paix, sur les droits sociaux et conquêtes populaires, sur les politiques publiques garantes de la cohésion de notre société, sur les fondements mêmes de la République en France, sur les équilibres écologiques. Elles s’opposent de même aux orientations mises en œuvre par François Hollande et Manuel Valls qui, loin de rompre avec l’orthodoxie austéritaire et le pouvoir de la finance, s’efforcent de satisfaire les désidératas du grand patronat, tournant le dos à la majorité populaire qui avait rendu possible la victoire remportée sur Nicolas Sarkozy en 2012.

 

Elles mesurent également le risque que la situation de très grave crise sociale et politique que connaît notre pays ne profite à une droite dure et revancharde, avide d’en finir avec tout ce qu’il subsiste du programme du Conseil national de la Résistance. Elles s’inquiètent tout particulièrement de constater que le découragement et l’écœurement qui s’emparent de larges secteurs de la population font aujourd’hui le lit du Front national, de ses idées de haine et de son programme de discriminations. Elles réaffirment, dans cette situation de grands périls, la nécessité de faire grandir l’exigence d’une autre politique, pour rassembler de nouveau la gauche sur un nouveau projet social et démocratique et lui permettre de retrouver le chemin du peuple. Elles agissent dans ce cadre pour que le Front de gauche soit un instrument au service d’un tel rassemblement de la gauche sur la base d’un changement complet de cap, qu’il soit à même d’agir efficacement pour une nouvelle majorité de gauche et un gouvernement qui répondent aux attentes de nos concitoyens. Elles se retrouvent, s’agissant des prochaines élections régionales, autour de la nécessité de favoriser les rassemblements les plus larges, aux premiers et seconds tours, à partir de propositions audacieuses récusant la logique de l’austérité nationale, condition pour battre la droite et l’extrême droite, garder à gauche le plus grand nombre de Régions, aboutir à de nouveaux contrats majoritaires à la tête de celles-ci.

 

À partir de ces constats, au vu de l’ampleur des défis qu’il s’agit désormais de relever, et en fonction de l’appréciation portée sur ses six années d’action au sein du Front de gauche dont elle est l’une des trois composantes fondatrices, le III° Congrès de Gauche unitaire, fin juin 2015, a considéré que l’heure n’était plus à l’émiettement et à l’éparpillement des forces travaillant à ouvrir une nouvelle perspective pour la gauche. Elle a donc décidé de regrouper ses forces avec celles du Parti communiste français au sein de ce dernier. À la suite des discussions positives ayant eu lieu tout l’été avec la direction du PCF et des échanges, tout aussi positifs, entre militants des deux formations, cette décision a été définitivement ratifiée les 5 et 6 septembre par les délégués des sections de Gauche unitaire, réunis à Paris. Le regroupement sera effectif après qu’à son tour la réunion du conseil national du PCF qui se tiendra le jeudi 10 septembre en soit saisie. Pierre Laurent et Christian Picquet présenteront le même jour à la presse à 13h le sens de ce regroupement. À la fête de l’Humanité, l’aboutissement de ce processus sera présenté aux participants, à l’occasion d’une rencontre publique qui se tiendra sur le stand du conseil national du PCF, le samedi 12 septembre à 12h.

 

Dès la semaine qui suivra la fête de l’Humanité notre rassemblement sera alors totalement effectif au niveau des sections et fédérations concernées, ainsi qu’au Conseil national et au Comité exécutif national du PCF."

 

Parti communiste français

Gauche unitaire,

Paris, le 8 septembre 2015.

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 08:14
Le Parti de Gauche lance un appel : "Pour un sommet internationaliste du plan B"

Sources : le Parti de Gauche le 18/08/2015 par Eric Coquerel Co-coordinateur politique

- Le 3ème mémorandum imposé à la Grèce en échange d’un nouveau prêt de 86 milliards d’Euros a donc été adopté à la fois par le parlement Grec et par les pays de l’Eurogroupe.

Nous l’avons analysé dès sa sortie : il est pire que celui soumis au vote du référendum du 5 juillet. Il est même pire que les mémorandums précédents contre lesquels la victoire de Syriza s’était bâtie. Il va donc accroître l’austérité dans une Grèce sous perfusion, privée de tout moyen de relancer son activité économique. Impossible dans ces conditions d’éviter l’aggravation de la récession.

 

 

- Jusqu’au bout les responsables allemands auront menacé de ne pas valider l’accord.

Comme s’ils faisaient un cadeau mirifique à la Grèce. Pour justifier ce jeu de massacre, des responsables de l’Eurogroupe auront, la mine grave, expliqué que « les sommes prêtées sont conséquentes ». Que dire quand on sait que l’évasion fiscale coûte 1000 milliards d’euros aux peuples de l’UE sans émouvoir un instant ses mêmes instances dirigeantes ?

 

 

- Les sommes en jeu n’expliquent donc pas la rigidité de l’Eurogroupe vis à vis de la Grèce : il s’agit de questions politiques.

Il leur fallait punir et humilier le gouvernement de la gauche radicale en Grèce coupable de s’être opposé six mois durant à l’ordo-libéralisme et d’avoir indiqué la possibilité d’une nouvelle voie en Europe. Il fallait non seulement l’amener à la capitulation mais réclamer de lui qu’il fasse au moins mine de se soumettre à la logique politique de ses vainqueurs. D’où cette phrase dans l’accord reconnaissant dans la politique menée par Athènes les seules raisons de la situation du pays. Toute proportion gardée, les procès de Moscou ont eu recours à de pareilles méthodes…

 

 

- Il fallait aussi placer la Grèce en situation de rembourser les intérêts et les créances des financiers.

C’est d’ailleurs, une fois encore, à cela que servira la quasi-totalité des 86 milliards peut-être prêtés. Nous disons "peut-être" car comme le montre l’analyse de Romaric Godin dans un de ses excellents articles pour la Tribune, l’Eurogroupe peut à tout moment interrompre le goutte à goutte… (à lire ici)

 

 

- Derrière l’accord, il y aussi des promesses d’affaires juteuses.

L’obligation faite à la Grèce de privatiser plusieurs secteurs la contraint à brader (le couteau sous la gorge on ne vend jamais très cher) des pans entiers et rentables de son économie pour le bonheur de grands groupes et/ou puissances étrangères : électricité, eau, aéroports ou encore les ports du Pirée ou de Thessalonique,etc…. Les deux derniers exemples sont éclairants. Le tourisme dans les îles fait des 14 aéroports régionaux privatisés des opérations extrêmement rentables. On s’étonnera à peine que la mise ait été raflée par l’entreprise allemande Fraport pour seulement 1,2 milliard d’euros

 

Quant au port d’Athènes, il est le premier au monde en terme de trafic maritime (et le 10ème toutes catégories)… Derrière cet accord c’est donc un véritable dépeçage de la Grèce en cours : un colonisation de fait.

 

 

- Alexis Tsipras a du compter sur les voix de son opposition pour faire passer son plan au parlement, de plus en plus de députés de Syriza lui ayant fait défaut.

On aura compris pourquoi. Ce sont les mêmes raisons qui avaient poussé, le 13 juillet, le PG à demander aux parlementaires français de voter contre, bientôt suivi par les partis de l’autre gauche en France et la plupart en Europe. Le bilan, on l’a vu, est en effet catastrophique. Il l’est aussi d’un point de vue démocratique puisque l’accord voté revient sur le mandat du gouvernement Syriza. Pour le moment, Alexis Tsipras garde dans son pays encore un crédit certain. Il est en effet, justement, considéré comme un responsable politique honnête dans un milieu largement corrompu. La colère du peuple grec se tourne davantage vers les pays jugés les plus responsables de cette situation, l’Allemagne évidemment en tête. Cela ne durera sans doute pas quand les conséquences concrètes de ce 3ème mémorandum se feront sentir dans un pays déjà exsangue. La bonne nouvelle c’est qu’au sein de Syriza, le débat a lieu. L’heure de la résignation n’a pas sonné pour l’autre gauche grecque. On suivra donc attentivement son congrès en septembre. Et il serait étonnant que la magnifique résistance du peuple grec contre la Troïka tout au long de ces six mois se soit évaporée. Difficile d’en dire plus aujourd’hui, mais incontestablement la question grecque n’est pas derrière mais devant nous. L’irresponsabilité économique du 3ème mémorandum laisse de toutes façons le problème entier.

 

 

- Pour autant, nous ne ferons pas dans la langue de bois

Pour l’autre gauche européenne cette défaite est une rude nouvelle. Les avancées des uns sont en effet des points d’appui pour tous les partis de l’autre gauche en Europe. La superbe résistance du gouvernement Tsipras constituait un tremplin pour Podemos en Espagne dès les prochaines législatives et pour nous ensuite. Et ainsi de suite. Sa capitulation est donc une mauvaise nouvelle. Elle le sera encore plus si nous ne sommes pas capable d’en tirer des leçons et, donc, des propositions.

 

 

C’est pourquoi nous mettons aujourd’hui sur la table un

sommet du plan B.

 

 

 

 

  • Cette proposition part d’un constat : l’échec de Tsipras vient, justement, de l’absence de plan B.

En entrant dans les négociations sans plan crédible de sortie de l’Euro-Mark au cas où l’Eurogroupe n’accepterait aucun compromis, les négociateurs grecs se mettaient, malgré leur ténacité et le soutien toujours plus massif de leur peuple, en grande difficulté. Yanis Varoufakis l’a très bien expliqué depuis. L’échec de Tsipras, c’est celle d’une ligne qui espère réformer l’UE, même radicalement, en tablant in fine sur le bon vouloir des autres pays européens. Si on considère le rapport de force en défaveur de la Grèce (seulement 14ème pays de l’UE sur le plan économique, la Grèce compte en outre beaucoup sur les importations), Tsipras et ses négociateurs ont d’ailleurs plutôt bien joué cette phase en tablant au maximum sur les contradictions internes à l’UE et en recherchant l’appui de la France. En mobilisant aussi son peuple comme l’a montré le référendum.

  • Toute cette période a eu l’immense mérite de déciller les yeux à beaucoup sur l’intransigeance de Mme Merkel et des pays satellites de l’Allemagne.

Mais également sur la réalité de l’UE. Je devrais plutôt dire sa fiction. Il s’avère en effet que derrière la façade de l’UE, la géopolitique entre les puissances européennes reste prédominante. Et dans cette tectonique européenne c’est l’Allemagne qui impose ses vues. On ne construit en réalité pas l’UE mais une Europe allemande. Avant juillet, affirmer cette vérité vous valait d’être traité de germanophobe, aujourd’hui elle est monnaie courante. Or comprendre la situation à laquelle vous devez faire face est déjà la base pour espérer la transformer. Parler d’Europe allemande n’est pas pointer du doigt une nation tout entière mais l’ordo-libéralisme que promeuvent ses dirigeants au nom des intérêts de son électorat et plus précisément de ses possédants : celle d’un Euro fort et d’une politique monétariste propre à assurer la croissance allemande par une politique d’exportation agressive tout en rassurant ses rentiers. Et parce que les traités de l’UE sont conçus pour cette politique, on a la confirmation que rien ne sera possible dans le cadre actuel. On ne peut réformer, il faut agir pour casser ce carcan. C’est la condition même pour sortir les peuples européens de l’ornière austéritaire et relancer un projet coopératif entre eux.

  • En se privant de tout recours au plan B, confronté à un terrible blocus financier de son pays, Alexis Tsipras ne pouvait espérer même ébrécher le mur.

Mais force est de constater que le gouvernement grec a été bien seul dans ce qui reste à ce jour la première tentative d’un gouvernement européen de résister à l’Europe austéritaire. A l’inverse, face à lui l’oligarchie était, elle, bien unie. Alors que l’enjeu était grand pour les peuples d’Europe, nous n’avons jamais été plus de quelques milliers a manifester notre solidarité au cours de la période. Pire, nous n’avons pas été en capacité d’aider M. Tsipras sur le fond, sur les négociations, sur les solutions à trouver, sur la manière d’échafauder un plan B crédible aux yeux du peuple et dont les conséquences ne menacent pas d’être pires que la soumission. Le PGE aurait pu jouer ce rôle. Il n’a pas été en capacité de le faire, sans doute parce qu’envisager, ne serait-ce que comme moyen de pression, de sortir de l’Euro ne fait pas partie de ses scénarios dominants.

 

L’heure est venue pourtant de tourner la page.

 

 

 

 

Depuis plusieurs années le PG travaille sur un scénario « plan A/plan B » (à savoir : l’action d’un gouvernement mixant désobéissance/négociation avec les traités pour transformer radicalement l’UE - le plan A, avec celui de sortie de l’Euro en cas d’intransigeance en face - le plan B). Depuis les conclusions de notre forum de juin 2010 animé par Jacques Généreux (« gouverner face aux banques ») qui en traçaient déjà les perspectives sans le nommer, jusqu’à la plateforme de notre Congrès de juillet dernier précisant encore davantage ce que pourrait être ce scénario, en passant par les différentes déclarations de Jean-Luc Mélenchon et les travaux de notre commission économie animée par Guillaume Etiévant, le PG a largement contribué à le populariser.

 

 

- Aujourd’hui des responsables politiques européens l’évoquent clairement (tels Yanis Varoufakis ou Oskar Lafontaine).

Il faut donc travailler à le crédibiliser toujours plus. Mais on ne peut le faire chacun dans notre coin. Notre vision du plan B est internationaliste. Il ne s’agit pas de s’en tirer au mieux dans chacun de nos pays en comptant sur les marges de manœuvre plus ou moins fortes que sa puissance économique, son poids démographique lui donnent. Bien sûr, il est plus aisé de concevoir un plan B en France en sachant que le chantage qui a été exercé sur la Grèce serait moins efficace vis-à-vis de la 2ème puissance économique de l’UE. Mais à l’inverse, il sera beaucoup moins facile aux partisans de ce scénario que nous sommes d’accéder au pouvoir pour le réaliser si un à un nos partenaires de l’autre gauche en capacité de gouverner finissent par accepter les diktats de Bruxelles et Berlin. Voilà pourquoi, dès maintenant, en prévision de ce qui peut se passer en Espagne, en Irlande mais pourquoi pas de nouveau en Grèce selon l’évolution de la situation politique, il faut travailler concrètement tous ensemble à un plan B tenant compte des caractéristiques de chaque pays.

 

 

- C’est là notre proposition : un sommet internationaliste du plan B dès le dernier trimestre 2015.

Il réunirait toutes les forces de l’autre gauche de l’UE acceptant de travailler et de réfléchir concrètement à ce scénario, des personnalités, des économistes, des syndicalistes, des militants associatifs, altermondialistes.

 

  • Il pourrait évidemment voir associer des forces de pays non membres de l’UE mais voisins, y compris de l’autre côté de la Méditerranée, intéressés par cette internationalisme concret.
  • Il faut aller vite. Nous allons donc soumettre cette idée dans les jours à venir à des personnalités politiques de premier plan de nos différents pays afin qu’ils la fassent leur et appellent à ce sommet.
  • Ce qui vient de se passer en Grèce ne sera pas vain, et même utile, si nous sommes ainsi capables de réagir. Il est plus que temps de franchir un cap.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Le débat pour un "Plan B" à la fête de l'Humanité 2015

Le 12 septembre à la Fête de l'Humanité, Stefano Fassina (député, ancien vice-ministre de l’Economie et des Finances en Italie), Oskar Lafontaine (ancien ministre des Finances en Allemagne, co-fondateur de Die Linke Allemagne), Yanis Varoufakis (député, ancien ministre des Finances en Grèce) et Jean-Luc Mélenchon organisaient un débat pour un plan B en Europe.

 

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 08:10
Pour une coalition des gauches radicales

Par Liêm Hoang-Ngoc Nouvelle Gauche socialiste, ancien député socialiste (emmanuelliste) au Parlement européen

 

Sources : Parti de Gauche Midi-Pyrénées par Liêm Hoang-Ngoc

Le virage social-libéral imposé par le chef de l’État provoquera tôt ou tard une reconfiguration de la gauche française. En faisant la promotion d’une politique de l’offre dont l’objectif est avant tout de redresser les profits, le PS se «  pasokise  » peu à peu et est en passe de quitter le camp de ceux qui entendent accroître la protection et le pouvoir des salariés. Le transfert public de 41 milliards par an en faveur des profits, le plafonnement des indemnités prud’homales, l’extension du travail du dimanche, l’incrimination du contrat à durée indéterminée, le gel des salaires, la réduction des dépenses sociales en sont les cruels symboles. Cette situation n’est pas spécifique à la France. Le déploiement de la logique ordo-libérale, imposée par la chancelière allemande, s’est fait à la faveur de la complaisance, au Conseil européen, de tous les chefs d’État et de gouvernement membres des Partis socialistes frères. Aucun ne s’est opposé au traité budgétaire. Tous appliquent les directives imposant austérité budgétaire et «  réformes structurelles  », dont ils ont chargé la Commission de surveiller l’application. Le PSOE espagnol, le PS portugais, le Pasok grec ont fait les frais de cette stratégie d’accompagnement de l’ordo-libéralisme. Le Labour britannique vient encore d’être défait, pour ne pas s’être remis de sa dérive vers la troisième voie. Le sort du PS français semble désormais scellé par les salariés et par ses propres électeurs, qui n’usent même plus de leur droit de vote, pour ne pas avaliser une politique que la droite n’a jamais osé appliquer.

 

C’est pourquoi nous avons quitté le PS pour fonder la Nouvelle Gauche socialiste (NGS). De nombreuses démissions, et non des moindres, suivent déjà. NGS rencontre d’ores et déjà un franc succès auprès d’anciens militants cadres socialistes. NGS peut remobiliser toutes celles et tous ceux qui s’abstiennent, sans, pour l’heure, se tourner vers les forces alternatives au PS. Nous proposons à toutes ces forces, comme en Grèce, de faire émerger une coalition à la française des gauches radicales, alternative au PS.

 

La perspective d’une telle coalition suscite un engouement évident sur les réseaux sociaux, où l’on ressent le même frémissement que celui perçu dans les réseaux militants ayant participé à Guéret à la manifestation en faveur des services publics. Elle est susceptible, à terme, de supplanter le PS, à la faveur d’une reprise des luttes sociales. Pour faire émerger cette perspective politique, les forces du Front de gauche et du mouvement écologiste doivent, à l’évidence, dépasser leurs différends. Ces derniers ont certes quelques fondements (tel le désaccord sur le rythme de la sortie du nucléaire), mais ils sont loin d’être indépassables. C’est surtout la logique de la Ve République, conduisant chaque famille à promouvoir son candidat à l’élection présidentielle, qui retarde le moment de l’émergence d’une coalition de toute la gauche alternative.

 

Cette logique mortifère est en théorie moins prégnante lors des élections régionales, où la constitution de coalitions rassemblant les forces qui combattent l’austérité et promeuvent la transition écologique devrait, a priori, ne pas poser de problème. Elle pourrait être l’occasion, pour toutes ces familles, de se présenter devant des assemblées citoyennes mobilisant de nouvelles forces vives. Cela sera le cas dans certaines régions. Certaines forces sont malheureusement tentées de cultiver leur autonomie en se repliant sur des pratiques politiques dépassées et/ou en négociant avec le plus offrant. Il n’est pas évident que le PS de Poitiers soit désormais en mesure de leur offrir autant que le PS d’Épinay.

 

Pour en savoir plus :

- La gauche anti-austérité en quête d’union élargie

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 08:28
Élections régionales 2015 : Une lettre du Parti de Gauche

Lettre ouverte aux organisations du Front de Gauche, d’EELV, Nouvelle Donne et NGS

 

Le SEN du PG écrit à toutes les forces avec lesquelles il se retrouve en discussion dans les régions pour des rassemblements citoyens. Ses représentants porteront ces questions dans les débats des universités d’été qui commencent en cette fin de semaine.

 

Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,

 

Alors que s’avance la rentrée scolaire, la situation de notre pays ne s’est pas améliorée. Le gouvernement continue sa politique économique austéritaire qui aggrave la crise sociale et empêche la mise en oeuvre d’une véritable politique écologique digne de ce nom. Les discours sur la nécessité de réorienter l’économie pour plus d’écologie sont régulièrement contredits par les faits et ce alors que la France va accueillir la COP21. La crise démocratique s’approfondit et nombreux sont celles et ceux qui n’ont plus aucune espérance dans leur représentation politique. Le parti socialiste continue tel un bateau ivre. La droite et l’extrême-droite sont en embuscade.


C’est dans ce contexte terrible que s’annoncent les prochaines élections régionales. Il est plus que jamais nécessaire qu’une alternative émerge. Ces élections peuvent y contribuer. Les partis qui, comme les nôtres, ont en commun de refuser la politique du gouvernement ont une responsabilité première.

 

D’autant que dans beaucoup de régions, tous ensemble souvent, séparément parfois, nos partis soutiennent des rassemblements nouveaux qui voient le jour et offrent une perspective d’espoir. Ceux-ci regroupent les militant-e-s de nos différentes organisations, souvent dans le cadre de démarches nouvelles et plus larges d’implication citoyenne dans la construction de cette alternative.

 

Ces constructions plus ou moins avancées se sont faites jusqu’à maintenant région par région. Face à la gravité exceptionnelle de la situation, il faut accélérer ce processus y compris en contribuant à débloquer les situations là où c’est nécessaire. Le temps est venu d’une discussion nationale pour soutenir et développer ces rassemblements dans un maximum de régions. A nous de proposer des dispositifs permettant une lisibilité nationale de ces listes que nous devons construire ensemble.

 

 

- Nous pensons que ces rassemblements doivent se faire autour d’un label national commun construit autour des principes suivants :

  • L’autonomie par rapport au gouvernement et la défense de politiques nouvelles, en rupture avec l’austérité, au service du progrès social et de la transition écologique et s’appuyant sur une démocratie renouvelée en rupture avec les pratiques présidentielles des régions.
  • Une charte éthique et démocratique d’engagement, incluant notamment le refus du cumul à commencer par celui entre un mandat régional et un mandat national, afin de mettre en oeuvre concrètement une exemplarité politique seule à même de renouer le lien avec les citoyens du pays.
  • La mise en place d’assemblées représentatives au plan départemental et régional associant des représentants des collectifs citoyens et des mouvements politiques, syndicaux ou associatifs s’engageant dans ces rassemblements.
  • Une représentation équilibrée et diverse des différentes sensibilités de notre rassemblement et des acteurs et actrices engagées de nos territoires notamment en ce qui concerne les têtes de liste que nous pourrions proposer ensemble dans cet esprit.

 

Pour en discuter ensemble, nous vous proposons donc de nous rencontrer dans les prochains jours. Il y a urgence pour que les prochaines élections régionales ne soient pas un nouvel acte manqué de l’émergence d’une alternative citoyenne au service de l’écologie, de la solidarité et de la démocratie.

 

Salutations écosocialistes,

Paris le 20 Août 2015

Pour le Secrétariat exécutif national du PG, Eric Coquerel et Danielle Simonnet, coordinateurs politiques

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

- Régionales : "Un rendez-vous central pour les écologistes"

- Sandrine Rousseau (EE-LV) : “Avec le Front de gauche, il existe de nombreuses convergences”

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11 juillet 2015 6 11 /07 /juillet /2015 14:02
Élections régionales 2015 : Communiqué du Front de Gauche (PCF, ENSEMBLE !, PG, GU) Région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes

Sources :  le Parti de Gauche de Charente

Réuni en coordination régionale à Bordeaux le 8 juillet 2015, les organisations du Front de Gauche (PCF, ENSEMBLE !, PG, GU) appellent à un large rassemblement en vue des élections de décembre 2015 et au-delà, pour que la justice sociale, l’écologie, la démocratie et un aménagement équilibré des territoires s’impose enfin.

 

Il s’agit de combattre les politiques proposées par la droite et l’extrême-droite, et de s’inscrire en rupture avec les politiques libérales et d’austérité menées par le parti socialiste au gouvernement. Dans nos trois régions (Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin), les majorités dominées par le PS accompagnent et parfois amplifient ces politiques.

 

Nous appelons toutes les forces politiques disponibles (EELV, NPA, Nouvelle Donne, …) les femmes et les hommes, militants écologistes, socialistes, syndicalistes, associatifs, acteurs culturels et citoyens qui partagent cette ambition à construire avec nous ce rassemblement.

 

Bordeaux, le 8 juillet 2015

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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 08:14
Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Source : Le Parti de Gauche Midi-Pyrénées le 29 mai 2015

- Une alternative au tripartisme par Éric Coquerel Coordinateur politique du Parti de Gauche

Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Année de la recomposition politique , 2015 ? Pour le système, elle a déjà un nom  : le tripartisme. Le PS compte dessus pour imposer François Hollande en 2017 comme candidat unique de la «  gauche  » au 1er tour au nom du vote utile. Il prétend donc conserver sa place centrale «  à gauche  ». Mais une gauche qui aurait tout d’un parti «  démocrate  » à l’américaine. La mue de l’UMP en parti «  républicain  » compléterait le tableau. Mais le troisième larron de l’attelage n’entend pas se contenter de jouer le diable de confort du système. Le «  jour des petits couteaux  » entre les Le Pen n’est pas un débat sur le fond – les événements récents confirment le FN comme force d’extrême droite antirépublicaine – mais sur la stratégie de prise de pouvoir. Le FN pourrait ainsi se sentir suffisamment fort pour faire des propositions d’alliance à la droite au 2e ou 3e tour des régionales. Le degré de dangerosité pour la démocratie n’est évidemment pas égal entre ces trois composantes. Reste que pour tous ceux qui refusent une Ve République toujours plus monarchique, austéritaire et productiviste, il est impératif de dégager une alternative indépendante au tripartisme. Il n’y a pas d’autre issue. C’est d’ailleurs la même équation qui se pose partout en Europe et que Syriza a su résoudre à son avantage. C’est même le seul espoir pour renverser ou éviter les politiques de droite et d’extrême droite, y compris quand elles sont appliquées par un gouvernement social-libéral.

 

Avons-nous une chance raisonnable d’y parvenir  ? Première hypothèse  : ceux qui, au PS, s’opposent à la politique de Valls remportent le prochain congrès. La situation, et donc notre stratégie, en seraient évidemment changées. Cette hypothèque sera levée dans un mois. Elle posera d’ailleurs la question inverse aux frondeurs s’ils s’avèrent minoritaires. Nos bras, dans ce cas, leur seront ouverts. Car dans cette situation, il y a un espoir. Si le système tente de l’effacer, «  notre  » gauche ne l’est pas. Nous conservons un socle disponible de 10-11 % dans le pays. Ce n’est pas suffisant pour incarner seuls l’alternative, mais c’est une base suffisante pour impulser une nouvelle dynamique. Dans ce cadre, les régionales vont bien sûr jouer un rôle important car c’est la dernière étape avant la présidentielle. Nous devons nous mettre en ordre de bataille pour y enregistrer un progrès à même de nous crédibiliser en alternative. Dans cet objectif, le Front de gauche peut encore jouer un rôle décisif en contribuant à des rassemblements citoyens de tous ceux qui refusent le désordre austéritaire. Cela nécessite d’avancer avec méthode. À commencer par concrétiser ce que nous avons seulement ébauché  : des listes indépendantes, cela va de soi, des forces du système  ; un effort rassembleur vis-à-vis d’EELV, Nouvelle Donne, des socialistes d’opposition, le NPA…  ; par-dessus tout un véritable engagement pour susciter une implication citoyenne, seule à même de remettre le peuple en mouvement. Je m’arrête sur ce dernier aspect. Si on le prend au sérieux, cela oblige les partis à se mettre au service de ce rassemblement citoyen. Donc laisser un rôle décisionnaire à tous ceux qui seraient volontaires pour travailler à cette démarche, d’où notre proposition d’assemblées représentatives de ces listes. Enfin, parce que nous ne pouvons pas être la seule démarche nationale à en être privé, il faudra une appellation nationale pour l’identifier. Bien évidemment, parallèlement, il convient de travailler à un accord programmatique. Il devra faire face à cinq urgences  : la désagrégation de la souveraineté populaire à laquelle nous répondons par la constituante, la VIe République et la désobéissance européenne, l’austérité et les inégalités au bénéfice des revenus du capital, la casse des principes d’égalité républicaine, la préservation de notre écosystème, la paix. Mais le passé commun de la gauche antilibérale a montré sa capacité à régler cette question. C’est moins évident de notre capacité à nous rassembler dans un même mouvement et assurer une permanence dans notre stratégie. Mais avons-nous le droit d’échouer  ?

 

 

- Une action de transformation sociale par Fanélie 
Carrey-Conte Députée PS 
de Paris

Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Une urgence pour la gauche au pouvoir  : en finir avec l’impuissance. Trop souvent les citoyens ont le sentiment que l’action politique ne sert à rien, que les choses se décident ailleurs, que leur souveraineté populaire n’est plus incarnée, et cela doit cesser. Il faut que les décisions prises par les gouvernants pèsent à nouveau sur le réel, apportent des transformations pour la vie quotidienne de tous, et en particulier des plus fragiles. Une nécessité  : redonner confiance en la gauche. Ce sont les solutions de gauche qui permettront de répondre aux vrais défis du XXIe siècle. Creusement des inégalités, en particulier de patrimoine, enjeux environnementaux et climatiques, profondes mutations sociétales et économiques liées à l’ère numérique, nécessaire refondation démocratique… Il nous faut impérativement démontrer aux Français qui doutent que ce n’est ni dans le délaissement et le désintérêt citoyen, ni dans les propositions xénophobes et de repli portées par l’extrême droite que se trouvent les réponses qui permettront de faire face à ces défis, pourtant vitaux pour notre avenir collectif. Ce sont à l’inverse les solutions portées par la gauche – interventionnisme de la puissance publique, égalité, justice sociale… –, qui, n’en déplaise aux tenants du glissement social-libéral, n’ont jamais été aussi modernes, et seront gage d’efficacité. Mais, pour convaincre, il faut aujourd’hui reconstruire l’adhésion et l’espoir.

 

Un impératif pour cela  : rassembler la gauche. La majorité qui avait permis l’élection de François Hollande en 2012 n’a cessé depuis de s’étriquer. Les dernières élections départementales ont vu dans trop d’endroits la gauche se présenter en ordre dispersé, s’affaiblir mutuellement. La confiance est perdue. Or, le rassemblement de la gauche est nécessaire pour construire dans la société une dynamique politique permettant de rendre ses valeurs majoritaires dans les têtes et les cœurs, et pour permettre de poursuivre dans la durée une action de transformation sociale à travers les échéances électorales à venir. Le Parti socialiste, qui assume le pouvoir, a une responsabilité première. Il lui faut être lucide sur la défiance existant aujourd’hui parmi les citoyens, et surtout sur les raisons de celle-ci  : inefficacité des politiques menées, engagements non tenus, déceptions face à certains choix non conformes à nos valeurs. Il lui faut agir vite, très vite, afin que les deux années qui viennent ne soient pas annonciatrices d’une catastrophe démocratique qui pourrait se produire en 2017 si rien ne change. Il lui faut enfin comprendre que le rassemblement ne se bâtira pas sur une injonction, ni sur une logique de culpabilisation face aux dangers de l’extrême droite. Il n’existera que sur la base d’une orientation partagée, et clarifiée. L’intériorisation du mantra libéral «  il n’y a pas d’autre politique possible  » doit cesser, de même que l’appropriation de théories comme l’insuffisante flexibilité du marché du travail, les protections des salariés considérées comme des freins à l’emploi… Il faut à l’inverse renouer d’urgence avec les fondamentaux  : le rôle de la gauche au pouvoir est avant tout de faire que son action contribue à ce que les citoyens vivent mieux. Pouvoir d’achat, salaires, égalité républicaine à travers une action offensive sur les territoires délaissés, retour assumé de la puissance publique… C’est sur la base de telles orientations que la convergence des forces des gauches pourra à nouveau s’opérer. Il est encore temps, mais plus pour longtemps  : agissons.

 

 

- Une gauche refondée par Marie-Pierre Vieu Membre 
de l’exécutif 
du PCF

Quelle stratégie politique à gauche pour le rassemblement populaire  ?

Pour moi, déverrouiller le débat politique est aujourd’hui moins lié à des questions de contenu qu’à notre capacité ou plutôt incapacité collective à construire le rassemblement qui le validera. L’actualité corrobore le constat d’Emmanuel Todd d’une «  France inégalitaire et autoritaire en rupture avec son peuple  » et toute représentation institutionnelle.

 

L’austérité au cœur des politiques européennes réduit l’espace public et met à mal le droit à l’égalité tandis que la pression sur les salaires hypothèque les parcours de vie. La fracture sociale revêt les formes multiples de l’exclusion territoriale, raciale, culturelle. L’insécurité progresse, la violence régit les rapports sociaux. Le choix du gouvernement à l’instar des PS européens d’affronter ce débat avec les remèdes de la droite pèse sur les consciences. Le donnant-donnant chute sur la loi Macron, Charlie justifie celle relative au renseignement. La rupture est consommée avec l’histoire de la gauche, ses repères. Cela renforce les forces les plus réactionnaires, une droite extrémisée, le FN, sans libérer pour autant un espace pour l’alternative. C’est en fait à un effritement, une délégitimation et une atomisation du camp du progrès social que nous assistons. Comment en sortir sinon par l’affirmation d’une offre de rassemblement qui transcende la situation  ? On pense à 1936 et au Conseil national de la Résistance, à l’union de la gauche qui a rendu possible la victoire de 1981 sur la base du programme commun.

 

La création du Front de gauche en 2009 est aussi une nouvelle union de forces de gauche et citoyennes. Née de l’exigence de sortir du diktat de la concurrence libre et non faussée, l’humain d’abord et la campagne de 2012 lui ont permis de remettre dans le débat public les questions de redistribution sociale, écologique, VIe République et réorientation de la construction européenne, démontrant l’unité des aspirations sociales, démocratiques et écologiques dans le combat antilibéral. La suite n’est pas à la hauteur, et pèse dans les blocages que nous rencontrons. Certains imputent la faute au manque de démarcation vis-à-vis du PS. Mon sentiment est que le Front de gauche, encore plus depuis l’élection d’une majorité socialiste, n’a pas dépassé dans son mode de réflexion et de fonctionnement les débats de posture, les logiques d’organisation et les repliements identitaires pour être la force propulsive utile aux luttes sociales et au mouvement populaire.

 

C’est cet obstacle que nous devons dépasser  : en continuant à œuvrer au rassemblement du FG, en développant toutes les passerelles possibles avec les autres forces politiques sociales, les militants, élus, acteurs de terrain, citoyens qui cherchent à sortir de l’étau actuel, en trouvant des formes de débat, de prises de décision, de souveraineté et de militance partagées. Le congrès du PS ne va pas rouvrir un espace pour la gauche mais tenter d’unifier les socialistes autour de la préservation de l’existant en favorisant le tripartisme et reléguant à la marginalité politique tout ce qui concourra à valider d’autres choix à gauche. Cela doit amplifier notre détermination à multiplier les rassemblements citoyens, avec le FG, EELV, des socialistes, des élus locaux, des acteurs de terrain, comme cela a eu lieu pendant les départementales. Les renforcer au moment des régionales sur des sujets comme la défense des services publics. Mais la question est de ne pas en rester à des alliances électorales conjoncturelles pour donner force et cohésion à ce mouvement de fond sur le terrain social, politique, culturel de la bataille pour l’hégémonie. Le PCF s’engage dans les chantiers d’espoir pour en faire des lieux d’échanges et de construction ancrés dans la proximité. Il est encore force motrice du Forum des alternatives qui permettra fin mai de faire converger à Paris tous les acteurs et forces de transformation, dont Syriza. C’est à cette hauteur d’une refondation de la gauche que nous devons nous hisser. Sans lâcher sur la visée émancipatrice qui est la nôtre.

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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 10:48
Élections régionales : Appel du PG Aquitaine-Limousin-Poitou Charentes

Le Parti de Gauche réuni à Fargues de Langon (33) en coordination régionale (en présence de nombreux militants venus de 11 départements de la grande région) s’adresse à tous les citoyens, à toutes les organisations, à toutes celles et ceux qui s’opposent à la politique gouvernementale pour construire des régions écosocialistes et anticapitalistes répondant à leurs besoins et à leurs aspirations dans une alternative de gauche.

Cet appel n’est qu’un début, nous vous invitons à venir construire ensemble un projet démocratique, républicain, écologique et social.

 

Source :  le Parti de Gauche de Charente le 18 mai 2015

La coordination régionale du Parti de Gauche Aquitaine Limousin Poitou-Charentes s’est réunie les 16 et 17 mai 2015 afin de réfléchir aux élections régionales de décembre 2015.

 


- La réforme territoriale s’inscrit dans un contexte global d’austérité.

Les nouvelles régions, dessinées dans l’objectif de mise en concurrence des territoires, se traduiront par plus d’inégalités, moins de services publics, moins de démocratie. La métropolisation et maintenant le redécoupage des régions éloignent les citoyens des lieux de décisions, de leurs élu-e-s locaux, affaiblissant leur capacité d’intervention dans la vie publique. Les moyens publics seront concentrés dans les grandes métropoles, aux dépens de zones rurales et périphériques où le manque d’emploi et de services publics se fait durement sentir via la réforme de l’État.

 

Nous refusons une région à deux vitesses, où seules les grandes métropoles seraient dotées d’emploi et de ressources publiques. Nous refusons le déclin agricole et industriel de notre région et la concentration des activités économiques.

 

 

- Ce contexte alarmant appelle une réponse :

  • des régions écosocialistes et anticapitalistes

  • des régions qui servent d’appui à la lutte contre l’austérité en développant les services publics comme mode de gestion du bien commun

  • des régions qui préfèrent la coopération des territoires plutôt que leur mise en concurrence

  • des régions qui soient des collectivités réellement démocratiques, au services des besoins concrets des populations, sur les sujets qui nous touchent au quotidien comme les Lycées, les TER…

  • des régions, conscientes de la crise climatique, qui s’engagent dans la transition écologique et promeuvent l’agriculture paysanne.

  • des régions qui créent de véritables projets économiques de long terme pour l’emploi, plutôt que de distribuer aveuglément des subventions qui s’évaporent au fur et à mesure des délocalisations.

  • des régions qui refusent de voir leur économie devenir exclusivement tertiaire. Des régions qui s’engagent dans un aménagement durable du territoire et non dans des Grands Projets Inutiles et Imposés (tels les LGV ou les Center Parcs).

 

 

- Nous n’oublions pas que ce contexte local s’inscrit dans une logique nationale, celle de la remise en cause de l’égalité de tous les citoyens sur le territoire.

C’est pour cela qu’il nous semble aussi important, par delà les enjeux locaux, de réaffirmer la laïcité comme le socle de notre vivre ensemble en réaffirmant la République sociale, celle que Jean Jaurès appelait de ses vœux, comme projet politique.

 

 

- Dans ce contexte, notre responsabilité est de construire une alternative clairement indépendante des politiques menées par le Parti Socialiste aux différents échelons de notre pays.

Nous sommes inquiets du boulevard qu’ouvrent ces politiques délétères à la droite et au FN, mais fermement convaincus que la réponse c’est l’engagement citoyen. Il est possible de porter un programme de rupture qui donne à voir des radicalités concrètes et soit en même temps une étape dans la construction d’une force politique nouvelle de rupture avec le système dominant.

 

Les élections régionales sont un moment de cette construction. Pour nous, avoir des élu-e-s n’est pas une fin en soi mais un moyen. Nous voulons des élu-e-s militant-e-s, en mesure d’incarner dans les assemblées cette dynamique nouvelle.

 

 

- Le Front de Gauche est un point d’appui et le patrimoine de tou-te-s ceux et celles qui ne se résignent pas à l’ordre économique dominant.

Nous sommes attaché-e-s à la démarche unitaire qu’il a initiée. Pour être pertinente elle doit pouvoir s’élargir et s’ouvrir.

 

 

- Nous pensons que la construction d’une alternative de gauche à la politique du PS doit marcher sur deux jambes :

- élargir les dynamiques unitaires ;

- mais aussi s’ouvrir à la participation citoyenne et même la susciter.

Des initiatives existent, nous devons nous appuyer dessus. Ainsi, les assemblées citoyennes qui se mettent en place sur les territoires, comme à Pau ou en Creuse, des appels citoyens, les démarches de rassemblement du Front de Gauche, d’EELV et de Nouvelle Donne initiées aux départementales sont autant de points positifs. Les camarades du NPA et tous ceux et celles qui s’opposent à la politique du gouvernement y sont bienvenus. L’appel de la Convergence des Services Publics à manifester à Guéret le 13 juin est un point d’appui.

 

De même nous regardons favorablement l'adresse de la coordination régionale d'<<Ensemble>>, ainsi que l’appel de Limousin terre de gauche qui tient son université de printemps le 30 mai 2015.

 

 

- Nous appelons à la convergence de celles et ceux qui s’opposent à la politique gouvernementale et s’inscrivent dans une alternative de gauche.

Nous appelons à co-construire ensemble cette démarche, à créer des assemblées représentatives des assemblées citoyennes pour que les citoyen-ne-s se saisissent de celles-ci avec les partis engagés. Le but doit être de se doter d’une charte et d’un programme qui définisse les contenus et les engagements mutuels que nous porterons pour cet objectif de clarté et d’indépendance politique. Nous sommes disponibles pour participer à cette construction et appelons à la réunion de toutes les forces susceptibles d’y participer.

 

Fargues de Langon, le 17 Mai 2015

 

Pour en savoir plus :

- Mon dossier élections régionales 2015

- Appel d’ENSEMBLE! au rassemblement de la gauche qui refuse l’austérité : une alternative est possible !  

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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 08:11
Jean-Luc Mélenchon : La méthode de la convergence citoyenne

Les résultats des élections en Espagne sont très intéressants à étudier pour en faire notre miel. Evidemment, leur premier impact c’est qu’ils contrebalancent la tendance de l’Europe du nord et de l’est que la vague brune domine pour l’instant assez nettement. Dans la partie qui se joue sur le continent, ce n’est pas rien.

Le choc que la Grèce va provoquer dans les prochains jours alimentera les tourbillons en cours de façon imprévue. Cette vue continentale doit nous servir de repère sans nous abandonner au regard pointilliste et superficiel des « commentateurs ». L’essentiel, pour cet épisode, c’est que nous ne soyons pas défaits partout tout le temps.

 

Source :  le blog de Jean-Luc Mélenchon

- La mémoire collective des Espagnols contient l’expérience des puissants mouvements des Indignés (appelés comme ça par les commentateurs français) et davantage encore par les « marées citoyennes ».

Mobilisations par thèmes tels que : éducation, santé, mines, sans oublier les mouvements locaux contre les confiscations, les expulsions et ainsi de suite… Dans ce cas, « fédérer le peuple », comme j'en ai repris la formule, c’est fédérer des mots d’ordre et des populations mobilisées autour d’eux. Rien à voir avec le traditionnel « rassemblement de la gauche » qui enferme dans les tractations entre états-majors et surtout oblige aux vieilles gesticulations de « mise au pied du mur », « l’union est un combat », qui sont autant de phases devenues des rites confinés et autodestructeurs. La préparation des élections régionales et locales d’Espagne a été un processus d’une toute autre nature. Je donne le lien vers le récit qu'en fournit Manuel Bompard sur son blog. Manu est secrétaire national du PG, militant dans le grand sud-ouest. Il fait partie de la génération la plus engagée dans la méthode des convergences citoyennes qu’il applique en grand dans son secteur. Ce n’est un secret pour personne que l’équipe du PG s’implique de très près dans l’étude et le partage avec les militants espagnols qui constituent la nouvelle nébuleuse alternative. On ne compte plus les allers et retours des uns et des autres et les participations croisées de chacun d’entre nous à des « évènements » montés de chaque côté des Pyrénées. Exactement comme nous le sommes avec les Tunisiens par exemple aussi. De nos jours il est possible d’avoir un haut niveau d’intégration de l’activité politique internationale quand on en a la volonté politique. Nous l’avons, et les cadres du PG circulent beaucoup, à tous les niveaux de l’organisation. Je le mentionne pour signaler l’existence d’une culture commune en cours de construction avec tout ce que cela implique de doutes, d’hésitations et de fulgurances aussi.

 

 

- Pour autant, le processus électoral de cette fin de semaine si magnifique ne peut être réduit à la seule percée de Podemos.

Le dire n’enlève rien à celle-ci car elle est bien réelle et en ce sens digne de tout notre intérêt. Il faut aussi considérer cette percée dans son ampleur. Car nul ne peut oublier que Podemos est, à l’origine, une scission de Izquierda Unida, l’équivalent du Front de Gauche en France. Je résumerai le motif de cette séparation en disant que l’équipe initiale de Podemos rejetait l’hégémonie du PCE (Parti communiste espagnol) sur Izquierda Unida et son approche trop « conventionnelle » dans la situation politique espagnole. Pour ma part, je suis resté lié aux deux groupes sachant que les faits trancheraient entre eux quant à la stratégie et que nous pourrions éventuellement être utiles à des rapprochements ultérieurs. Podemos ne s’est pas trompé sur son intuition. Ses résultats en attestent. Izquierda Unida doit intégralement se refonder pour être utile à la phase suivante. Ou bien elle sera rayée définitivement de la carte.

 

 

- Mais Podemos est lui aussi tributaire de plus grand que lui : le processus de révolution citoyenne en Espagne.

Dès lors, il faut noter que le résultat des listes municipales est très nettement plus large que celui des listes « pure Podemos » aux élections des autonomies. Les listes aux municipales ont été préparées dans une démarche citoyenne ample de longue durée de maturation. Certes, elles tirent leur dynamique et leur maturité de l’onde longue d’expérience portée par les marées citoyennes et les organisations de résistances civiques. Mais le processus concret de mise en œuvre de la démarche citoyenne a été une contribution permettant de transformer l’essai, c’est-à-dire le passage d’un mouvement informel à la phase où une liste ordonnée va le représenter. Cela peut paraître abstrait. Mais c’est une question terriblement brulante dans l’activité pratique.

 

 

- A son exemple, ou en même temps, nombre de nos amis ici ont commencé en France le même processus.

Il a été surtout expérimenté à échelle large, pour la première fois, dans les élections départementales. On ne partait pas de rien. Au contraire, on avait un exemple. Nous avons fait le bilan de ce qu’a été concrètement, sur le terrain, l’expérience de la campagne de Grenoble. A présent, nous sommes engagés dans la même méthode un peu partout dans le pays en vue des élections régionales. Naturellement tout cela est passé, passe, et passera sous les radars. Tant mieux. Des processus aussi délicats ne peuvent se construire sous la lumière déformante des spots.

 

 

- Les difficultés ne manquent pas.

D’abord celles qu’importent dans ce genre de construction la vie des organisations petites et grandes du monde politique conventionnel. En Espagne, la question de la rupture avec le PS a été réglée par les démarches citoyennes depuis le début, alors qu’en France elle traîne encore. En Espagne, la question de la convergence pratique des partis et des citoyens s’est réglée dans l’action. Incluse la question de la présentation des candidats qui n’est pas la chose la plus simple à mettre en œuvre. En France, si l’on met de côté l’engagement du PG, aucun parti en tant que tel n’accepte nationalement d’aider sans contrepartie les convergences citoyennes. Ce qui n’empêche pas, sur le terrain, que la démarche soit accompagné par des organisations très différentes. PG, Nouvelle Donne et EELV se trouvent souvent ensemble sur le terrain dans ce genre de démarche. Parfois, certaines structures du PCF s’y intègrent aussi. Mais le plus important est la façon avec laquelle se mène et s’organise la mise en place des « appels citoyens ». Il s’agit de leur réunion concrète, depuis leur mise en ligne sur la toile jusqu’à la constitution « d’assemblée représentatives » de l’ensemble des personnes qui soutiennent. Moment clef que celui où il s’agit de confier la conduite des opérations et les décisions politiques qui vont avec. Ce moment contient toute la difficulté de la mise en œuvre.

 

 

- J’ai pris le temps d’entrer dans les détails de la mise en œuvre plutôt que d’approfondir l’analyse du résultat électoral espagnol lui-même.

C’est que je me sens en campagne pour faire avancer une idée qui est en même temps une stratégie politique de conquête du pouvoir. En publiant « L’Ère du peuple », je voulais vulgariser les fondements de la théorie de la révolution citoyenne en tant que cadre d’analyse de la réalité de la fin du monde néolibéral en cours de route selon moi. Je dois dorénavant la détailler comme pratique concrète à mesure des évènements. Car rien ne me paraît plus vain que ces innombrables appels et autres déclarations en vue d’une « refondation de la gauche » qui se répètent et se concurrencent sans le début du commencement d’une mise en œuvre. Même quand ils viennent de nos rangs au Front de Gauche. Comment expliquer que depuis janvier soit sur la table la proposition de former une assemblée représentative du Front de Gauche sans que l’idée ait avancé d’un mètre ni reçu de réponse ? Comment expliquer que la proposition de former des listes à partir d’appels citoyens et d’assemblées représentatives des signataires ne puisse se réaliser qu’à la base et quasiment dans le silence des sommets ?

 

 

- Dans les faits, la démarche des convergences citoyennes pour les régionales est une opération concrète de reconstruction à partir de l’action.

Et des élections. Ce point n’est pas un détail. La question que se posent les démarches citoyennes ce n’est pas la qualité du texte à rédiger, son contenu complet et la vérification de la présence de tous les mantras de notre gauche. C’est de convaincre un maximum de gens de s’associer à un objectif politique commun. La preuve du pudding, comme on le sait, c’est qu’on le mange. La preuve de l’intérêt pour Podemos et les citoyens espagnols c’est qu’on en fasse autant qu’eux.

 

 

- L’Espagne, et la Grèce, en ce qui nous concerne, cela n’a rien à voir.

On y voit mises en œuvre les deux thèses qui animent un vrai débat entre les membres de la nouvelle gauche mondiale. Sous le choc des politiques néo-libérales les sociétés cherchent un nouveau leadership politique. Verrouillés par l’alternance des deux partis qui font la même politique, nos sociétés se dirigent vers un point « qu’ils s’en aillent tous » dans des formes et avec des mots d’ordre différents selon les pays. Dans cet entre-deux, comment avancer une alternative ? En organisant une confrontation dans la forme traditionnelle partis contre partis ou en misant sur des mouvements populaires de base de récupération du pouvoir citoyen. Ou un mix des deux. Cette question ne peut recevoir de réponse « à froid ». Elle trouve sa réponse dans les événements concrets, la mémoire collective et les traditions politiques de chaque pays ou même de chaque zone dans un pays. La formule Syriza repose sur une alliance puis une fusion d’un large arc de partis d’abord seulement coalisés. Cela est impossible en France car le Parti communiste (mais peut-être n’est-il pas le seul réellement) ne veut pas d’une telle fusion qu’il considère comme une dissolution de son identité après 90 ans d’existence contre vents et marées. Pourrait-on envisager des fusions partielles ? La proposition du PG dans ce sens n’a reçu que des fins de non-recevoir de tous ses partenaires dans le Front de Gauche. La formule Syriza dans cet aspect n’aura donc pas lieu en France. Mais le Front de Gauche peut-il y pourvoir à sa place ? C’est peu probable. Le Front de Gauche a manqué son rendez-vous en se noyant aux municipales.

 

 

- Pour autant, le Front de Gauche existe.

Il représente un repère respecté pour de très nombreuses personnes et électeurs. Dans plusieurs départements, l’intégration des composantes est très avancée. L’action collective est constante. Mais ailleurs, ça se passe très mal et les plaies électorales saignent toujours. Reste que le Front de Gauche existe et c’est sans doute le plus beau levier dont nous disposons à cette heure. Peut-il capter une dynamique du terrain ? C’est possible s’il va au bout de l’analyse de ce qui vient de se passer en Espagne et de ce qui est en cours en France même. L’avenir du Front de Gauche est son dépassement dans un mouvement plus large au service duquel il doit se placer. Ce mouvement doit s’ancrer dans la participation citoyenne. Comment faire ? Voir plus haut.

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7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 08:05
Martine Billard : &quot;A mes amis qui pensent que les partis n'ont plus de raison d'être&quot;

Source : blog de Martine Billard par Martine Billard le 25/03/2015

De nos jours défendre la nécessité d'avoir des partis politiques est presque suicidaire tant le discours général veut que les partis soient dépassés et représentent des obstacles à la démocratie. Disons-le tout net si quelqu'un était capable de me proposer une autre forme d'organisation efficace et plus démocratique, je dirais oui tout de suite. Mais j'ai longtemps cherché, fréquenté tous les collectifs, appels, revues, réseaux divers pour arriver à la conclusion que certes les partis étaient énervants par de nombreux aspects mais que personne n'avait trouvé comment les remplacer de manière durable.

 

En réalité la méfiance exprimée aujourd'hui dans les enquêtes ne concernent pas que les partis mais l'ensemble des « institutions ». Ainsi selon une étude du Cevipof, 76% des Français ne font pas confiance aux partis politiques juste devant 72% qui ne font pas confiance aux médias, chiffre qui monte d'ailleurs à 84 % pour les proches du Front de Gauche quant aux médias. Il faut dire que vu comment ils nous traitent, ce rejet n'est pas étonnant. Cette rupture des citoyens envers les dirigeants s'exprime notamment par le fait que 44% d'entre eux pensent que les politiques s’intéressent « peu » à leurs préoccupations et un tiers (34%) « pas du tout » alors qu'en1977 la majorité (53%) avait un avis positif. Le décrochage s'est fait en 1983, soit sous Mitterrand lors du tournant de la rigueur.

 

Cette distance s'exerce aussi à l'égard des syndicats puisque 68% des français expriment leur méfiance à leur égard aujourd'hui alors qu'en 2010, au moment de la mobilisation contre la loi sur les retraites de Sarkozy, 55% leur faisaient confiance.

 

Or, à part les libéraux qui en profitent pour conclure qu'il faut supprimer les syndicats, personne d'autre ne développe cette analyse. En fait des expériences ont existé dans les années 80, notamment en Italie avec le développement de ce qui s'appelaient les Cobas (comités de base) par des salariés qui trouvaient que les syndicats ne les défendaient pas assez. Mais ces structures ont fini par coexister avec les syndicats. Dans les années 70 en France des comités de lutte ont aussi existé pour desserrer le contrôle que faisait peser le PCF à l'époque sur la CGT. Mais avec le reflux des luttes, ces structures ont disparu et aujourd'hui tous ceux qui continuent à se battre pour la défense des intérêts des salariés se rendent bien compte que la meilleure manière de le faire c'est de renforcer la syndicalisation.

 

En Amérique Latine, il y a certes eu des révolutions citoyennes sans parti politique important existant au préalable mais dans des conditions de mobilisation de masse et de crise du système politique qui n'ont rien à voir avec la situation actuelle de la France.

 

Alors pourquoi faudrait-il tirer de la défiance par rapport aux partis, la nécessité de les supprimer ? Aujourd'hui une majorité de français qui font de la politique le ferait en dehors des partis ? Mais ce n'est pas nouveau. Dans les années 70 il y avait beaucoup plus de militants hors partis qu'à l'intérieur. Qui a oublié le Secours Rouge par exemple ? Les énormes mobilisations contre le coup d'état au Chili ? Les comités de lutte de tout genre, aux lycées, en fac, dans les quartiers... ATTAC, à ses débuts, a mobilisé beaucoup de militants hors parti (plus de 40 000 adhérents au total), tout comme la formidable mobilisation contre le TCE en 2005 et les CUAL avant qu'ils ne se fracassent sur l'élection présidentielle de 2007. Les moments de lutte intense rassemblent bien au delà des partis. Mais heureusement qu'il y a des partis dans les moments de reflux pour garder des lieux de formation de nouvelles générations et des capacités d'initiatives sans compter l'aptitude à se présenter massivement aux élections.

 

Certains vont dire, oui mais en Espagne, il y a Podemos. Certes mais Podemos est bien un parti et très organisé et avec une direction nationale bien que l'Espagne soit un parti fédéral.

 

La question n'est donc pas à mon avis d'en terminer avec la forme parti. La capacité à répondre aux tâches politiques du moment repose sur la compréhension de la situation et des réponses à y porter ainsi qu'à la volonté de ne pas construire sa petite boutique en pensant qu'on a la vérité révélée.

 

Aujourd'hui concrètement en France, des pas importants ont été fait pour en finir avec l'émiettement politique en créant le Front de Gauche et en cherchant constamment à l'élargir. Avec les municipales une nouvelle période s'est ouverte avec les premiers rassemblements avec EELV. Elle s'est poursuivie lors des départementales donnant de très bons résultats dans de nombreux endroits. Il n'y a aucun cas de recul de ces rassemblements par rapport à des résultats antérieurs. Alors certes nous aimerions aller beaucoup plus vite, surtout que le FN continue sa progression ; ne pas faire deux pas en avant pour parfois en faire un en arrière ensuite. En tous les cas la leçon à tirer de ces départementales c'est qu'il faut continuer et approfondir l'union dans l'indépendance du PS, sur laquelle peut s'appuyer l'engagement citoyen, au jour le jour et pas seulement lors des élections. Cela veut dire aussi aller dans les mêmes dispositions d'esprit pour les régionales. Pas à pas, mais ferme sur la direction, sans jamais se décourager, et en essayant d'aller plus vite mais sans s'impatienter et tout rompre dans les passages difficiles, c'est ainsi que nous reconstruirons de l'espoir et de l'envie de s'impliquer car nous démontrerons que nos partis sont utiles. Et c'est aussi ainsi que nous préparerons les cadres pour dépasser chacun de nos partis dans une nouvelle organisation qui portera les combats démocratiques, sociaux et écologiques.

 

Alors bien évidemment qu'il y a beaucoup à améliorer dans nos fonctionnements, qu'on peut apprendre des méthodes les plus démocratiques de Podemos, qu'il faut être capable d'utiliser les nouvelles possibilités offertes par internet mais sans les idéaliser non plus. Car au final, les outils internet peuvent et doivent aider à la préparation, mais le plus démocratique c'est quand même le débat en face à face, en prenant le temps et en cherchant ensemble la construction d'une réponse commune quitte à la valider ensuite en utilisant le vote par internet.

 

De même, l'action politique à l'échelle d'un pays ne peut pas être que l'addition d'actions locales ou partielles. Le rapport de force ne peut pas se construire que localement. Il arrive un moment où il faut une convergence nationale et il en existe d'autres où l'impulsion va partir nationalement. Tout dépend du sujet et de l'objet de la mobilisation. Il est donc vain d'opposer local et national, direction et base. Tout est dans l'articulation et la façon de faire.

 

 

Il serait donc dangereux de jeter le bébé avec l'eau du bain !
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2 avril 2015 4 02 /04 /avril /2015 08:03
Mélenchon, de la Gauche au Peuple (article 3/3)

Nous ne parlerons pas d'actualité. Nous ne parlerons pas de ses piques, bons mots et polémiques. Nous ne parlerons de scrutins ni d'alliances. En un mot comme en mille, tout a déjà été dit, ailleurs et partout, sur ces sujets. Jean-Luc Mélenchon est l'une des voix les plus connues, parce que médiatique, du socialisme critique contemporain : le personnage, comme le projet politique qu'il porte, ne fait naturellement pas l'unanimité dans la grande et cacophonique famille anticapitaliste — trop autoritaire et institutionnel pour les libertaires, trop social-démocrate pour les communistes radicaux, trop républicain pour les trotskystes...

 

L'intéressé a pourtant déclaré un jour : « Nous sommes tous des socialistes, des communistes, des écologistes, des trotskystes et même des libertaires à notre manière ! Nous sommes tout cela et nous sommes passionnément républicains ! Bref, nous sommes de gauche, en général et en particulier. Nous prenons tout et nous répondons de tout. » C'était en 2008. Or, depuis quelques mois, Mélenchon amorce un virage politique que l'on ne peut ignorer : le système, explique-t-il, ne redoute pas la gauche (qu'il peut à sa guise récupérer) mais le peuple. Dépassionner l'homme public pour rendre intelligible le cheminement de cette évolution : telle est l'ambition de cet article en trois parties dont vous trouverez ci-dessous la dernière partie.

 

Partie 3
Source : Revue-Ballast.fr par Alexis Gales - 11 mars 2015 Etudiant et orwellien.
- Être de culture et ordre globalitaire  

Cette stratégie contre-hégémonique prend sens dans une critique globale d’un économisme qui consiste à ne lire la société qu’en fonction des rapports de force dans le monde productif. Dès l’origine, le marxisme porte en lui un axiome intenable : la primauté des conditions de production sur les structures mentales de représentation du réel. Après la linéarité des processus historiques, Mélenchon attaque un autre pilier d’une lecture matérialiste de l’histoire : l’opposition entre infrastructure et superstructure. Le bannissement ad vitam aeternam  des représentations dans l’insignifiance constitutive de la superstructure biaise la compréhension des phénomènes sociaux contemporains.

 

Par conséquent, Mélenchon fustige la mutilation méthodologique qui consiste à réaliser une «  découpe stricte entre infrastructure des rapports réels de production et superstructure intellectuelle, culturelle et artistique » (débat suivant la projection du documentaire Rêver le travail). C’est la vision anthropologique même de l’Homme qui est tronquée puisque l’imbrication être de culture-être social se révèle inopérante dans le catéchisme marxiste. Au contraire, chez Mélenchon, « les êtres humains sont d’abord des êtres de culture, en même temps et même avant que des êtres sociaux » (ibid.). Les conséquences pratiques de ce renversement doivent être prises dans leur intégralité : « On ne penche pas à gauche à la seule lecture de son bulletin de paie » (À la conquête du Chaos). Il aime à rajouter qu’on ne fait pas des révolutions pour « des différentiels d’inflation » mais toujours pour « des idées si abstraites que la dignité ou la liberté ».

 

  • « Chaque consommateur devient un rouage d’une mécanique globale d’asservissement où la marchandise nous enrôle à la fois dans un modèle culturel et dans un modèle social. »

 

Sa démonstration semble limpide : pour qu’une société où un petit nombre se gave sur le dos d’un grand nombre fonctionne, il faut que le très grand nombre soit d’accord ou résiste mollement. C’est donc, pour Mélenchon, par une forme d'envoûtement que le système capitaliste se perpétue. Notre quotidien est régi par une structure implicite : « Chaque être incorpore la logique du système productiviste par ses consommations » (p. 132). Ainsi, une culture individualisante fondée sur la réalisation de soi par la consommation de biens et de services fait littéralement corps en chacun de nous. Chaque consommateur devient un rouage d’une mécanique globale d’asservissement où la marchandise nous enrôle à la fois dans un modèle culturel – consommer pour être – et dans un modèle social – « le moins cher s’opère au prix du sang et des larmes : délocalisation, baisse des salaires, abandon des normes sanitaires et environnementales… » (p. 133). Cet ordre est théorisé par Jean-Luc Mélenchon sous la dénomination globalitaire : il « produit, selon la paraphrase du Manifeste de Parti Communiste que l’on doit à Miquel Amoros, à la fois l’insupportable et les hommes capables de le supporter ».

 

L’ordre est premièrement global. Il est partout. À la fois culturel et économique, il s’appuie sur les secteurs de la production pour contaminer l’école, le service public, la vie familiale ou les relations amicales. De l’ordre de l’ineffable, Mélenchon guette ses apparitions sporadiques jusqu’à l’incorporation et le conditionnement. La spécificité de la globalité moderne, par rapport aux systèmes du passé, réside dans son unicité : il n’existe plus de monde extérieur concurrent. Contre-empire, contre-culture et contre-valeurs ont été happés par un mécanisme holiste produisant un monde sans bord où l’ailleurs se confond avec l’ici. Deuxièmement, il est totalitaire puisqu’« il formate l’intimité de chacun » (p. 131). L’ordre social le plus efficace n’est pas celui imposé de l’extérieur, mais celui qui s’incorpore dans l’être, celui qu’on s’approprie alors qu’il nous est dicté, celui qu’on s’impose à soi-même. L’ordre globalitaire s’immisce dans chaque interstice de l’existence. Le contrôle collectif se réalise par « ses aspects non politiquement visibles » : par le comportement d’autrui culturellement formaté par l’appareil culturel dominant, les médias.

 

Toutefois, Mélenchon reconnaît la responsabilité historique de sa famille politique : le système globalitaire n’a pu prospérer que sur les ruines de ce qu’il appelle la « mémoire-savoir ». Il analyse que la gauche moderne, sombrant dans la « culture de l’instantanéité », a totalement désinvesti la production de cette mémoire collective des conflits sociaux – « l’école du mouvement social » – comme contrepoids à l’information marchande globalisée. En effet, la conséquence directe s’est manifestée dans l’abolition de la pensée critique, actualisée dans les luttes concrètes, qu’a historiquement portée le mouvement ouvrier. De surcroît, faire péricliter la mémoire légitime la stratégie de « disqualification du passé » à l’heure où il apparaît comme un refuge de valeurs morales et de traditions minimales opposables à la modernité globalitaire.

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Extrait de l'affiche Les nouveaux chiens de garde
 

L’écosocialisme

Le tableau est quasiment complet. L’ultime étape correspond à la synthèse doctrinale de ses influences philosophiques successives. Deux synthèses majeures jalonnent le parcours intellectuel de Jean-Luc Mélenchon. La première, propre à l’histoire politique française, s’incarne dans la figure de Jean Jaurès et permet d’opérer une synthèse entre socialisme et République, entre marxisme et philosophie des Lumières, entre matérialisme et idéalisme : la République sociale. Cette inspiration jaurésienne se retrouve chez Mélenchon dans nombres de sujets, comme la question des institutions politiques du socialisme ou la recherche d’une imbrication des émancipations politiques, juridiques, économiques et sociales – la dialectique des émancipations du philosophe Henri Penä-Ruiz.

 

  • « Comment allier la figure de l’Homme doué de raison des Lumières, dont l’existence est mue par la maîtrise de la nature, avec la défense de cette dernière ? »

 

La seconde vint se greffer avec l’apparition d’un nouveau paradigme que le vieux mouvement socialiste français a dû intégrer à son corpus initial, au risque de renier quelques-uns de ses fondamentaux. L’écologie – discours savant sur l’interaction des organismes vivants avec leur environnement – entra dans le débat public à force d’alertes de scientifiques et de catastrophes dites naturelles à répétition. Mélenchon reconnaît volontiers sa dette intellectuelle à l’égard des Verts. Comment allier la figure de l’Homme doué de raison des Lumières, dont l’existence est mue par la maîtrise de la nature, avec la défense de cette dernière ? Comment allier le développement illimité des forces productives et la société d’abondance que propose le communisme avec la finitude des ressources terrestres ? Aggiornamento de la pensée ou art de la synthèse conceptuelle, l’écosocialisme soumet une interpénétration des approches matérialistes, du socialisme, du communisme, de la philosophie des Lumières, de l’universalisme, du républicanisme et de la laïcité.

 

 

- Histoire de la nature et histoire de l’Homme  

Vacciné d’emblée contre la réification de la nature par certaines branches du mouvement écologiste grâce à sa formation marxiste, Mélenchon apposa le terme politique après celui d’écologie. Il ne s’agit pas de sauver une Nature essentialisée contre l’Homme, mais bien de sauver l’humanité contre les dégâts que l’activité humaine capitaliste fait subir à son écosystème. Sa posture n’est compréhensible qu’en re-contextualisant l’émergence du phénomène écologique – rapidement lié au nébuleux développement durable – dans une ambiance générale de neutralisation sémantique de l’écologie, notamment portée par Daniel Cohn-Bendit.

 

  • « Critique sociale et critique écologique, loin de s’exclure mutuellement, se combinent. »

 

Dans ce cadre de pensée, l’apport du marxisme permet de réactualiser la critique du capitalisme par le biais de l’écologie. L’analyse marxiste des contradictions inhérentes au capitalisme s’étaient jusque-là bornée aux crises économiques, sanitaires, guerrières ou culturelles, oubliant la crise des crises : celle qui remet en cause l’existence même de l’humanité en tant qu’espèce. Au même titre que le capitalisme concentre, du fait de sa dynamique d’accumulation illimitée, les moyens de production dans les mains d’un groupe toujours plus restreint de possédants et élargit ainsi la base des exploités qui retourneront leurs armes contre lui, sa ponction effrénée sur les ressources épuisables de la planète sonnera le glas de « sa cohérence et sa pérennité » (L’autre gauche, Mélenchon). Jean-Luc Mélenchon se sert de l’arme dialectique pour inclure la nouveauté conceptuelle écologique dans la marche matérialiste de l’Histoire. Et, en effet, la dialectique de la nature fait partie intégrante du travail philosophique du jeune Marx, qu’on s’intéresse à L’idéologie allemande ou aux Manuscrits de 1844 : « L’Histoire des hommes et celle de la nature se conditionnent réciproquement ». Bien que la transcription rétrospective d’une pensée à l’aune de sa contemporanéité représente certainement une limite à ne pas franchir – il ne s’agit évidemment pas d’affirmer que Marx théorisa inconsciemment le réchauffement climatique, le trou dans la couche d’ozone ou les énergies renouvelables –, la méthode matérialiste d’explication du monde part de la nature, c’est-à-dire « du corps non-organique de l’homme » (Marx), puisque la dépendance de l’Homme à la nature « est préalable à la forme historique de société qu’elle peut prendre » (L’autre gauche). De ce constat découle une hiérarchie bouleversée pour le mouvement socialiste : la critique sociale n’est plus exclusive puisque la lutte des classes est tributaire de la perpétuation « des conditions de vie propice à l’espèce humaine », de l’écosystème humain.

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Critique sociale et critique écologique, loin de s’exclure mutuellement, se combinent : « La crise sociale doit être réglée d’après les exigences que met en scène la crise écologique » (ibid.). D’où l’apostasie, pour la gauche radicale, quant à la nature productiviste du système. L’aggiornamento écosocialiste réfute désormais explicitement à la fois l’idée social-démocrate, qui consiste à remettre du charbon dans la machine capitaliste dans l’espoir qu’il en résulte des droits sociaux et une plus équitable répartition des richesses et communiste du développement illimité des forces productives.

 

 

- De l’égalité devant la nature à l’égalité entre les Hommes  

Le courant progressiste issu des Lumières porte cette contradiction dès l’origine : comment prouver rationnellement l’abstraction de l’égalité statutaire des individus entre eux ? Au fond, l’humanisme séculier est une croyance, au même titre que la supériorité raciale ou religieuse. Comme le mentionne souvent en galéjant Mélenchon, l’inégalité entre les Hommes sautent aux yeux à quiconque s’y arrête un instant : « Il y a des grands, des petits, des femmes, des hommes, des gros, des jaunes, des noirs, des intelligents, des moins intelligents ». Cette abstraction constitutive de la modernité a toujours fonctionné sous dimension performative : l’égalité formelle se réalisait en la déclarant. L’écologie politique a octroyé au mouvement de la modernité une nouvelle assise heuristique dans sa lutte séculière contre la réaction. En effet, le raisonnement tenu notamment par Jean-Luc Mélenchon se fonde sur l’universalité de la dépendance des êtres humains par rapport à leur écosystème : « Il n’y a qu’un seul écosystème compatible avec la vie humaine ».

 

  • « L’écosystème humain, s’il est unique, est un bien commun de l’humanité que les intérêts privés ne peuvent accaparer. »

 

La recherche scientifique informe sur l’équilibre métastable de l’environnement terrestre qui nous accueille. L’Homme en tant qu’espèce ne représente qu’un infime moment de l’histoire de la Terre ; des conditions particulières ont rendu possible son développement tant et si bien que le bouleversement stochastique de ces conditions initiales remet en cause la survie de l’espèce. Par conséquent, si l’on réduit, en toutes hypothèses, l’être humain à sa caractéristique première, on trouve sa dépendance vitale à son environnement. L’aporie conceptuelle et logique d’une humanité découplée de son corps inorganique valide donc le pressentiment des philosophes du XVIIIe siècle et des révolutionnaires français : les êtres humains sont semblables. Et l’écologie politique rajoute : du fait de leur dépendance mutuelle à l’unique écosystème rendant leur existence possible. De l’égalité des hommes face à la nature à l’égalité des Hommes entre eux, il n’y a qu’un pas, que Mélenchon franchit au service de la grande idée d’égalité.

 

 

- Du bien commun universel à la République laïque  

Mélenchon, et à travers lui sa famille politique, réactualise l’idée originelle du communisme grâce à l’écologie politique. L’écosystème humain, s’il est unique, est un bien commun de l’humanité que les intérêts privés ne peuvent accaparer. Ce glissement de l’interdépendance des Hommes envers leur capacité de produire leur moyen d’existence à l’interdépendance envers l’écosystème humain justifie la nécessité de socialiser ces biens communs. Par exemple, la bataille pour extraire l’exploitation des réserves aqueuses du giron marchand représente un cas concret de cette communalisation des biens universels.  Ce ne sont donc pas les intérêts privés guidés par la main invisible du marché qui doivent assurer une allocation optimale des ressources naturelles de l’écosystème,  comme le propose la green economy – paradigme suggérant de transformer la nature en un panier de biens échangeables sur un marché auquel s’adjoint un prix. De l’intuition communiste, l’écologie politique comme formulée par l’ex candidat à la présidentielle, aboutit au régime institutionnel précis où il n’est pas question « de dire ce qui est pour moi mais ce qui est bon pour tous » : la République. Puisque l’écosystème nous concerne tous, l’égide sous lequel doit se poser le débat est celui de l’intérêt général humain.

 

  • « La dimension laïque et rationnelle de l’espace public est inextricablement liée à la question écologique. »

 

Parallèlement, il convient de préciser que c’est par le débat argumenté et la démocratie que les citoyens atteindront l’intérêt général. Dans la vision que soumet le Parti de Gauche, l’écologie n’est pas l’apanage d’experts scientifiques opinant sur des bisbilles techniciennes. Au contraire, le mode d’organisation écologique de la production soumise à la règle verte (« telle qu’on ne puisse prendre à la terre ce qu’elle est capable de renouveler en une année »), en tant que décision humaine (donc de son caractère temporaire et modifiable), s’inscrit dans cette recherche constante de l’intérêt général. Toutefois, encore faut-il que l’espace public qui accueille ce débat soit « débarrassé des vérités révélés ». La dimension laïque et rationnelle de l’espace public est inextricablement liée à la question écologique.

Jean-Luc Mélenchon à Aguarico, où il a symboliquement plongé la main dans une mare de pétrole.
 

De la gauche vers le peuple.

Du peuple vers Jean-Luc Mélenchon ?

L’intellectuel Mélenchon a posé un diagnostic du monde qui l’entoure et de la configuration politique qui se dessine en Europe. En réponse, le stratège Mélenchon entame le virage tactique de rigueur. Une fois les influences historiques et intellectuelles démêlées, tout esprit qui porte un intérêt minimal pour le cours des événements ne peut se satisfaire d’un constat froid, d’un simple cheminement de pensée. La question sort souvent de la bouche d’un journaliste feignant son imminente délectation : pourquoi ne profitez-vous pas électoralement de la colère populaire ? Et malgré cela, elle est fondamentale. La balayer d’un revers de main pour ne pas entretenir le défaitisme ne vaut pas mieux que les réponses à l’emporte-pièce des éternels donneurs de leçons. Reformulons notre interrogation dans les termes d’un débat qui permette de donner quelques clés d’analyse plutôt que d’asséner une vérité. Pour quelles raisons le processus historique de la révolution citoyenne qui, dans ses spécificités nationales, s’est concrétisée en Amérique latine et semble dessiner un chemin – sinueux, dirons certain – en Grèce et en Espagne, ne se répercute-t-il pas en France avec le Front de Gauche ?

 

 

- En attendant le désastre social

  • « Pour quelles raisons le processus historique de la révolution citoyenne ne se répercute-t-il pas en France avec le Front de Gauche ? »

 

Le premier élément de réponse consiste à assumer l’explication gramscienne du rôle des tranchées entre crise économique et crise d’hégémonie du système politique. Si l’on compare la situation des bases matérielles en France – niveau de revenu, taux de pauvreté, précarité de l’emploi, taux de chômage etc. – avec celle que connaît les Espagnols ou les Grecs, la différence de degré n’est pas négligeable. Sans se lancer dans un fastidieux exercice comptable, quelques données mettent les idées au clair : 24% de chômage en Espagne, 26% en Grèce, 10% en France ; suivant tous les indicateurs le taux de pauvreté en Grèce et Espagne est supérieur de 10 points à celui de la France. Une des interprétations possibles afin d’expliquer la dynamique pour l’instant non-majoritaire du Front de Gauche réside dans l’amortissement de la crise économique de 2008 par des tranchées redistributrives comme les indemnités chômage, les prestations sociales et le maintien d’une dépense publique relativement élevée. En effet, les cures d’austérité grecques et espagnoles sont d’une autre échelle : hausse de plusieurs points de différentes taxes dont la TVA, baisse nette du salaire des fonctionnaires, privatisations brutales, diminution des allocations chômage, des prestations sociales et des pensions de retraites, flexibilisation du marché du travail, réduction drastique de l’investissement public et des dotations aux collectivités locales, etc.

 

Autrement dit, est survenue dans ces pays une explosion des bases matérielles qui produisaient le consensus incarné par la social-démocratie (centre-gauche) et la démocratie-chrétienne (centre-droit). L’altération des conditions d’existence, doublée du démantèlement de certaines tranchées, a entraîné une crise d’hégémonie politique (ou crise de régime) permettant une ré-articulation des latéralisations politiques. Pablo Iglesias de Podemos donne un exemple du lien entre bouleversement des bases matérielles et bifurcation de la manière de penser des gens. Il explique que l’explosion de la bulle immobilière, suivie des saisies par les banques des biens immobiliers, ont retourné l’hégémonie juridique du droit inaliénable de propriété. S’est imposée progressivement comme supérieure l’idée d’un droit au logement décent pour tous, chose inimaginable, nous dit-il, dans le sens commun d’avant la crise.

 

  • « L’explosion de la bulle immobilière suivie des saisies par les banques des biens immobiliers ont retourné l’hégémonie juridique du droit inaliénable de propriété. »

 

Jean-Luc Mélenchon, qui récuse la politique du pire[1], est conscient du moment charnière où se trouve la classe moyenne française qui « se cramponne à des certitudes de pacotilles que le parti médiatique lui sert à grosse louche », note de blog du 4 février 2015). Il sait que la clef de tout processus révolutionnaire efficace est le basculement de ceux qui voient encore un intérêt à participer activement à la défense de ce système. Ce retournement semble s’être produit en Grèce et Espagne par un profond déclassement social.

Podemos, 2014, par Pau Barrena/Bloomberg

 

- Occuper l’espace délaissé par la social-démocratie

La séquence politique des révolutions citoyennes d’Amérique latine, de l’ascension au pouvoir de Syriza et prochainement de Podemos, présente une similitude majeure : l’investissement par une force politique de l’espace laissée vide par la social-démocratie et la démocratie chrétienne. En effet, s’opère un recentrement idéologique et programmatique de ces deux anciennes familles politiques autour des préceptes néolibéraux. Cela conduit à la marginalisation puis la scission de leurs branches antilibérales : le républicanisme et le socialisme « à gauche » – type Jean-Pierre Chevènement et Jean-Luc Mélenchon en France –, l’autoritarisme et le souverainisme « à droite » – type Philippe de Villiers et Nicolas Dupont-Aignan. Ce que la vulgate médiatique caricature en extrémisme, radicalisme ou populisme, ne correspond en réalité qu’à la traduction contemporaine – penchant écologiste et féministe en plus – de la rhétorique du compromis avec le capitalisme : rôle d’intervention et de redistribution de l’État, pilote de la conjoncture par les instruments budgétaires et monétaires, défense des services publics, souveraineté populaire, justice sociale, redistribution des richesses en faveur du travail, relance par la demande, etc.

 

 

- La spécificité française : le Front National

  • « La vague bleu marine ne se construit évidemment plus sur la vieille garde royaliste, nazie, pro-Algérie française ou le discours reaganien de son père. »

 

Dans chacune des configurations nationales évoquées plus haut, ce no man’s land politique n’a fait l’objet que d’une relative concurrence de l’extrême gauche révolutionnaire et de groupes nationalistes. Si elle n’épuise pas la complexité des phénomènes en jeu, une approche de l’histoire politique de ces pays permet de comprendre l’absence d’une force contre-hégémonique concurrente, populiste de droite, sur le même espace vide qu’est le Front National en France. Les pays d’Amérique latine, l’Espagne et la Grèce partagent un trait historique commun : une phase de transition récente (moins de quarante ans) de régimes dictatoriaux à des démocraties formelles. Si la droite autoritaire et nationaliste a été dissoute et réduite au statut de groupuscules en Amérique latine, elle est inaudible dans l’Europe du Sud. D’abord, en Espagne, les franquistes sont incorporés dans le Parti Populaire et ne peuvent donc jouer la carte anti-système. Puis, en Grèce, la formation néo-nazie Aube Dorée ne porte aucune réflexion stratégique sur un hypothétique devenir majoritaire en se réfugiant derrière des symboles très clivants ; pour reprendre le débat sur les signifiants flottants, on peut difficilement faire signifiant plus fermé que la rhétorique et l’iconographie nazies... Ainsi, Syriza et Podemos n’ont pas de concurrents populistes sérieux contre qui batailler pour la constitution hégémonique du sujet politique « peuple » - l’unique ennemi à affronter est la caste.

 

À l’inverse, Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche doivent manœuvrer avec un adversaire populiste de droite. L’implantation dans le paysage politique français du Front National depuis les années 1970 est une donnée majeure : ce n’est pas un mais deux discours qui tentent d’occuper ce même espace. En effet, il s’agit de nommer et d’analyser avec précision celui qu’on désire combattre. Il est sans doute essentiel de rappeler publiquement et à intervalles réguliers que, selon la formule consacrée, si la façade a changé l’arrière-boutique reste la même : les déclarations de candidats FN aux départementales sont là pour qu'on ne l'oublie pas. Néanmoins, tout stratège politique doit analyser avec rigueur et précision le changement de paradigme impulsé par Marine Le Pen depuis 2011. La vague bleu marine ne se construit évidemment plus sur la vieille garde royaliste, nazie, pro-Algérie française ou le discours reaganien de son père. C’est bien la mouvance souverainiste menée par l’ancien chevènementiste Florian Philippot – toujours prompt à faire l’éloge du Parti communiste de Georges Marchais – qui influence le discours de Marine Le Pen.

 

  • « La tactique proposée par Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle fut celle du Front contre Front. »

 

Jean-Luc Mélenchon ne s’y trompe pas : « Elle répète des pans entiers de mes discours ». Le journal Fakir, dans un très bon article intitulé « Quand Marine Le Pen cause comme nous » (n°63), démontre la reprise un à un des thèmes historiques de la gauche par le parti frontiste : la critique de l’Union Européenne, la souveraineté du peuple, les multinationales qui ne payent pas d’impôt, les évadés fiscaux, le système financier prédateur, la pauvreté, le chômage, un État planificateur, la laïcité, etc.

 

 

- Front contre Front : peuple contre peuple

Marine Le Pen ne se contente pas de reprendre à son compte les analyses et les propositions classiquement connotées « à gauche ». Elle n'ignore rien du rôle des identités collectives en politique et s’en sert pour constituer, elle aussi, son peuple comme potentialité contre-hégémonique. En plus de l’opposition verticale entre le haut et le bas se superpose une opposition horizontale entre nous – le peuple français – et eux – les immigrés, les étrangers, les assistés. Par conséquent, le Front National embrasse à la fois des problématiques sociales et des problématiques culturelles qui mettent en jeu le rapport à l'autre et les modes de vie. Loin d’être la bête irréfléchie que d'aucuns croient, le Front National version Philippot est une machine gramscienne à investir le sens commun et les signifiants flottants. La mise en avant de la notion d’insécurité, qui va de la précarité de l’emploi jusqu’aux questions identitaires, en passant par les conditions de vie quotidiennes, exprime bien la mue populiste de l’extrême droite traditionnelle. Insécurité sociale, culturelle et physique se combinent dans un même discours unitaire, qui prend appui, ou le prétend, sur les expériences et ressentis individuels et collectifs.

 

  • « Au peuple identitaire du Front National, Mélenchon répond par l’inclusion dans son peuple républicain des vagues d’immigration récente. »

 

La tactique proposée par Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle fut celle du Front contre Front. Prenant acte de l’inefficacité des postures morales – danger du fascisme, les heures les plus sombres de notre histoire, valeurs républicaines, etc. –, l’ancien candidat à l’investiture choisit de décortiquer le programme économique du Font National pour mettre en évidence ses incohérences. Après avoir donné la contradiction dans l’émission phare de la campagne « Des paroles et des actes », sur France 2, avec Marine Le Pen, il va l’affronter sur ses terres aux législatives d’Hénin-Beaumont. Front contre Front mais aussi peuple contre peuple. Au peuple identitaire du Front National, Mélenchon répond lors de son discours sur les plages du Prado à Marseille à Marseille par l’inclusion dans son peuple républicain des vagues d’immigration récente, notamment « arabes et berbères du Maghreb », cibles privilégiées de la communauté nationale exclusive de ses rivaux.

 

- Assumer la radicalité populiste

Pour l’instant, le Front National s'avance en tête. Depuis la campagne pour les élections européennes, la stratégie offensive menée par le Front de Gauche contre Marine Le Pen, pour la conquête de cette espace politique vide décrit précédemment, semble se chercher. Jean-Luc Mélenchon présente deux explications majeures : l’une exogène et l’autre endogène à son camp. La première pointe celle des médias dominants qui, selon lui, jouent la carte Marine Le Pen. D’une part, « le parti médiatique » multiplie les publi-reportages la mettant en scène et centralise ses thématiques de prédilection. D’autre part, les producteurs principaux de contenus idéologiques structurent un air du temps identitaire par la mise en agenda permanente, et encore plus depuis les attentats de début janvier, de faits divers où se répètent à l’infini les signifiants antisémitisme, islam, islamisme, musulmans, juifs, religions, banlieues, délinquance, etc. Ainsi, le discours du Front de Gauche, où prédominent les référents économiques et sociaux, s’ancrerait plus difficilement dans un sens commun bombardé de conflits culturels (là où celui de Marine Le Pen s’y calque idéalement).

 

  • « Une partie du Front de Gauche se voit encore comme force d’appoint du Parti Socialiste aux élections (ce qui ne fait que redorer le blason supposément anti-système du Front National). »

 

La seconde endosse une responsabilité certaine qu’il renvoie à ses camarades communistes. « Le Front de Gauche s’est rendu illisible » par des accords aux municipales avec le Parti Socialiste. Sans nier la puissance d’injonction du message médiatique, intéressons-nous à ce domaine maîtrisable par Jean-Luc Mélenchon et ses alliés : la stratégie politique. Dans la configuration actuelle, assumer la radicalité populiste parait être la seule voie de crête empruntable. Assumer la radicalité populiste signifie construire un « autre populisme ». Cela implique de s’emparer et d’arroser les racines contemporaines de l’opposition peuple-oligarchie pour que fleurisse une nouvelle hégémonie sur la représentation du peuple. Pour le dire sans ambages : il n’est plus possible de délaisser au Front National le monopole du discours radical – même s’il n’est que d’apparence – d’un point de vue socialiste, ou pour le dire autrement, d’un point de vue anticapitaliste.

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Assumer la radicalité populiste suppose de comprendre les conditions d’émergence d’une situation populiste qui donnent sa matérialité à ce discours. Comme l'estime Mélenchon, elle se définit par l’ère de la souveraineté limitée, de l’illégitimité du grand nombre au profit de règles automatiques de bonne gouvernance, de la démocratie conditionnée aux arrangements d’experts. Ainsi, des revendications et thématiques longtemps éteintes redeviennent clivantes si et seulement si elles se présentent sous l’angle de la souveraineté. Dans cette configuration, refuser certains sujets car faisant écho à des marqueurs historiques du Front National – pour ne pas faire son jeu – revient à oublier qu’ils renvoient, avant toute chose, à la situation populiste dont les données se définissent de plus en plus par en haut. Quelle expression a, par exemple, marqué le sens commun pour décrire ce que Jean Louis Michéa nomme l’alternance unique du PS et de l’UMP ? L’UMPS. Pablo Iglesias de Podemos – qu’on peut difficilement taxer de fasciste – ne louvoie pas lorsqu’il est question de qualifier les politiques menées par les deux partis de gouvernements espagnols en alternance depuis 1982 : « La différence je ne la vois pas, c’est pepsi cola et coca cola ». Encore une fois, la question à se poser porte sur la radicalité de l’analyse dans la situation populiste et sa traduction dans les actes. Jean-Luc Mélenchon en est bien conscient – il n’hésite pas à dire qu’« Hollande, à maints égards, c’est pire que Sarkozy » –, mais une partie du Front de Gauche se voit encore comme force d’appoint du Parti Socialiste aux élections (ce qui ne fait que redorer le blason supposément anti-système du Front National).

 

De même, tout ce qui apparaît comme ayant été exclu de la délibération publique par ceux d’en haut, donc en dehors du champ de la souveraineté populaire – de la monnaie unique au protectionnisme en passant par les politiques migratoires –, détient une forte potentialité de clivage en situation populiste. Toute ambition hégémonique du sens commun qui n’assume pas la conflictualité sur des sujets déjà investis par le concurrent lui laisse le champ libre. Il s’agit à chaque fois de les réarticuler d’un point de vue social et économique, là où le Front National leur donne une signification identitaire et nationaliste. Ne pas laisser le champ libre sans rien céder sur le fond. Telle est la singularité de la ligne de crête populiste par rapport aux lacets de la gauche : plus sinueuse car débarrassée de la volonté d’incarner le Vrai et le Bien dans l’Histoire, plus dangereuse puisqu’à vocation majoritaire, mais menant aussi de façon plus directe jusqu'aux sommets car elle s’adresse et construit le sujet politique de notre ère : le peuple.

 

Note :

[1] Cette position de Karl Marx entre protectionnisme et libre-échange résume assez correctement ce qu’est faire la politique du pire : « Mais en  général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l'extrême l'antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C'est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange. »

 

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