Ultralibéralisme et extrême droite : même combat !
L’extrême-droite réussit de plus en plus à imposer ses idées et ses thèmes dans le paysage médiatique et politique français. Un nouveau rapport de l’Observatoire des multinationales met en lumière l’un des facteurs méconnus de cette progression : le soutien d’un puissant réseau américain de think tank libertariens spécifiquement organisé pour mener la " bataille des idées " et qui a déjà de nombreuses victoires à son actif.
On attribue souvent à l’extrême droitel’idée qu’elle serait globalement antilibérale ou, pour utiliser un adjectif à la mode « illibérale » : cette étude montre qu’il n’en est rien. L’extrême droite est globalement économiquement libérale et même ultralibérale. Il n’est donc pas étonnant que le RN se rallie souvent aux mesures économiques du gouvernement Macron. Elle ne cesse de dénoncer la fiscalité jugée excessive imposée au patronat et ne dénonce jamais, évidemment, les exonérations fiscales accordées aux grosses sociétés.
Notre rapport
Le réseau Atlas, la France et l’extrême-droitisation des esprits, qui s’appuie en partie sur des documents internes inédits, est à la fois une présentation de l’Atlas Network, encore inconnu du public français, et une enquête sur ses partenaires dans l’Hexagone, dont certains comme l’Ifrap sont omniprésents dans les médias, tandis que d’autres comme l’IFP jouent un rôle clé dans la formation et la mise en réseau de leaders et porte-parole de droite et d’extrême-droite.
Lancé dans les années 1980, l’Atlas Network est aujourd’hui l’un des plus importants réseaux de think tanks au monde, financé par des fondations américaines comme celles des frères Koch et par des multinationales. Son objectif avoué est de recouvrir le monde de think tanks et autres organisations libertariennes et souvent ultraconservatrices pour "changer le climat des idées" et s’attaquer à des causes comme l’action climatique, la promotion des droits des femmes et des minorités, la justice fiscale ou encore les services publics.
Le réseau se prévaut de nombreuses victoires politiques tout autour de la planète :
- comme le rejet de référendums au Chili et en Australie ;
- le Brexit ;
- le départ forcé de Dilma Rousseff au Brésil ou encore l’élection en Argentine de Javier Milei, très proche du réseau ;
- Aux États-Unis, il se mobilise au côté des Républicains et espère fixer le programme politique de Donald Trump s’il est élu.
Un réseau bien ancré en France
Notre enquête revient sur l’histoire déjà ancienne du réseau Atlas en France et focalise l’attention sur cinq de ses partenaires dans l’Hexagone - l’Ifrap, Contribuables associés, l’IREF, l’Institut Molinari et l’IFP - qui illustrent la diversité des modes d’actions recommandés par Atlas pour influencer le climat des idées. Tous préfèrent rester discrets sur leurs liens avec le réseau américain. Tous ont de nombreux liens entre eux et avec des hommes d’affaires et des grandes fortunes, ainsi qu’avec toutes les nuances de la droite et de l’extrême-droite française.
De plus en plus efficaces et omniprésents dans les médias, où ils s’affichent comme experts objectifs ou comme défenseurs des simples contribuables, ils réussissent à imposer leurs idées et leurs thèmes parfois jusque dans les discours gouvernementaux, sur l’éducation ou le logement par exemple.
🔴 Les principales organisations françaises liées au réseau Atlas sont :
- L’Institut français de recherches économiques (Ifrap) : Un think tank libéral qui produit des recherches et des analyses sur des questions économiques et fiscales. L’Ifrap est l’un des partenaires les plus visibles d’Atlas en France et ses travaux sont fréquemment cités dans les médias (L’Ifrap : bon élève du réseau Atlas, et lobby des 10% les plus riches).
- Contribuables associés : Une association qui fait campagne pour la baisse des impôts et la réduction des dépenses publiques. Contribuables associés est membre du réseau Atlas depuis 2004.
- L’Institut de recherche sur les entreprises et les finances (IREF) : Un think tank libéral qui se concentre sur les questions de réglementation et de concurrence. L’IREF est un partenaire relativement récent d’Atlas, mais il est rapidement devenu un acteur influent dans le débat politique français.
- L’Institut Molinari : Un think tank libertarien qui promeut la société libre et les valeurs individualistes. L’Institut Molinari est l’un des partenaires les plus radicaux d’Atlas en France et ses idées sont souvent controversées.
- L’Institut de formation politique (IFP) : Une organisation qui forme des cadres et des militants politiques de droite et d’extrême droite. L’IFP n’est pas officiellement un partenaire d’Atlas, mais il a des liens étroits avec plusieurs membres du réseau.
Ce ne sont pas les seules organisations françaises liées au réseau Atlas. Le réseau compte de nombreux autres partenaires plus petits, ainsi que des liens informels avec des journalistes, des universitaires et des politiciens.
L’influence du réseau Atlas en France est croissante ces dernières années. Ses partenaires ont réussi à placer leurs idées dans le débat public et à influencer les politiques gouvernementales. Le réseau Atlas est un acteur important de la "nouvelle extrême droite" en France et ses activités devraient être observées attentivement .
🔴 L'intégrale du rapport de l’Observatoire des multinationales :
Pour en savoir plus :
- Qu’est-ce qu’Atlas, ce réseau climatosceptique d’extrême droite ?
- Ce réseau libertarien qui veut imposer ses idées en France
- Comment le réseau Atlas cible l’Europe
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