- « Exempter le RN de tout antisémitisme quand on connaît son histoire pour en accuser LFI ? ! Mais quand le gouvernement a-t-il perdu le sens de la République ?[1] »
- Antisémitisme, l’arme fatale[1bis] ?
En taxant les députés NUPES et singulièrement LFI d'antisémitisme en plein hémicycle, le gouvernement et les députés Renaissance, banalisent le crime et parachèvent la respectabilité présumée du RN.
Sources :
Il ne leur reste que cela.
En l'absence de majorité, dans un contexte socio-économique hyper tendu, ce 2 août, le gouvernement a abattu sa dernière carte face à l'opposition de gauche en la vouant aux gémonies de l'antisémitisme.
Ce fut d'abord le très sioniste soutien du gouvernement Netanyahou, M Habib qui sonna la charge. Ses insultes auraient pu en " toucher une sans faire bouger l'autre ", tant l'homme est connu pour ces outrances pro israéliennes et islamophobes. Cependant, le garde des sceaux, qui au lendemain des législatives fut l'un des tous premiers à tendre la main à l'extrême droite, reprend à son compte les accusations. Enfin ce fut au tour de Madame Borne, première ministre sans portefeuille ni pouvoir de tenter avec ses gros sabots de scinder l'opposition de gauche en déclarant que bien sûr PCF EELV et PS étaient dans le champ républicain tout en excluant LFI.
Madame la première ministre, sans doute oublieuse de la quasi réhabilitation de Pétain, puis de Maurras par son patron entre 2018 et aujourd'hui, trouvait ce qu'elle pensait être une issue[2][3][3bis].
L'accusation d'antisémitisme, jusqu'ici, faisait figure d'arme atomique à l'encontre de l'accusé.
Or, l'utiliser en ce lieu (l'Assemblée Nationale) et ainsi a deux effets délétères :
- D'abord, elle banalise la gravité de l'accusation. Si, en effet, 75 députés étaient effectivement antisémites, ces derniers devraient être interdits d'assemblée, traduits devant la justice et condamnés. Or bien sûr rien de tel dans le cas présent. Conclusion, l'antisémitisme peut être brandi en plein parlement, par les plus hauts personnages de l'État sans que cela soit suivi du moindre effet réel hormis d'agiter les plateaux et les réseaux sociaux pour 24 heures. L'antisémitisme devient donc une accusation banale, courante, un effet de manche pour quiconque dispose d'une tribune.
- Le second but de l'opération mediatico politique est purement politicien : il consiste à accoler Gauche (radicale) à antisémitisme dans une sorte de délire révisionniste officiel afin de mieux disculper les vrais antisémites historique, le courant antisémite ultra majoritaire à savoir l'extrême droite. C'est ainsi que le délirant Onfray, en retraçant la généalogie de l'antisémitisme, évite soigneusement d'évoquer le nazisme...et même les antidreyfusards pour fustiger l'antisionisme. Tenter ainsi de bouter hors de la République le camp qui célèbre l'homme qui en a forgé la devise, Robespierre, ( et qui se battit pour la citoyenneté pour les juifs !), pourrait être ridicule mais...
C'est le troisième acte de la tragédie qui se joue en fait.
Après l'élection grotesque d'un Président détesté grâce à un électorat taxé aujourd'hui d'être antisémite, le deuxième acte fut celui de la trahison, par l'alliance manifeste de la minorité parlementaire avec les représentants fascistes du RN[4].
- Le troisième acte est celui où le noeud gordien se resserre sur les acteurs. En abattant un mois après les élections la carte offensive la plus disqualifiante pour l'opposition, la Macronie est déjà à nu. Une fois l'effet retombé, que lui restera t il ? Rien si ce n'est la gestion des pots cassés. La Macronie n'a plus rien en stock, ni contre LFI, ni surtout contre le RN.
La rentrée sera très compliquée à gérer
En effet, la rentrée sera très compliquée à gérer et le quatrième acte sera celui de la dissolution, celui où les protagonistes en se débattant dans tous les sens se condamnent définitivement. Le dernier acte sera le triomphe de l'extrême droite aux prochaines législatives qui aura pu nouer des alliance de Reconquête à LR, et qui sera en position de force si par miracle elle n'est pas majoritaire.
Les macronistes se sont donc définitivement engagé•es dans la voie de la collaboration active avec l’extrême droite.
- Macron aura donc sa cohabitation avec Le Pen.
- Les deux seront d'accord pour restreindre le droit d'expression de la gauche jugée extrémiste, puis la radicale, puis la modérée. On y va tout droit.
- Les Français regardent ailleurs.
Notes :
[1] Sandrine Rousseau : " Exempter le #RN de tout antisémitisme quand on connaît son histoire pour en accuser #LFI ?! Mais quand le gouvernement a-t-il perdu le sens de la république ? "
[1bis] L'antisémitisme, l’arme fatale ?
[2] Pétain « grand soldat », « pays réel », « nation organique » : Macron, le nauséabond glissement vers la rhétorique d’extrême-droite
[3] Scandale : Elie Hatem, défenseur de l’antisémite Charles Maurras, reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron
[3bis] Devant les députés LRM, Macron invoque Maurras pour parler du régalien
[4] Alliance Macron & Le Pen : le retour des années 30 ?
Pour en savoir plus :
- Jean-Luc Mélenchon : Sionisme et ainsi de suite…
- L’antisémitisme et « La France Insoumise »
- Non Emmanuel Macron, il n’y a pas deux Pétain mais un seul, et il est frappé d’indignité nationale
- Macron : Main tendue de Macron à l’extrême-droite : qui est ambigu avec la République ?
- Jean-Luc Mélenchon : Macron sert la soupe de Le Pen
- Un député français (UDI) “porte-parole” de Benyamin Netanyahou à l’Assemblée nationale
- L’antisémitisme tourne toujours à droite
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