Le cas français d’une petite ville « exemplaire »
Le fort développement de la vidéosurveillance dans l’espace public, en France, à partir des élections présidentielles de 2007, n’a pas fait l’objet d’évaluations scientifiques.
Cet article propose une étude de cas et un travail de terrain dans une petite ville dotée d’un système de vidéosurveillance considéré comme exemplaire par les pouvoirs publics locaux.
Quels enseignements de l'étude ?
L’étude montre que la vidéosurveillance n’assure ni prévention ni dissuasion des actes de délinquance et qu’elle n’a globalement aucun impact sur le niveau de la délinquance enregistrée.
L’étude illustre également le phénomène de déplacement des problèmes. Elle permet ensuite de mesurer la contribution de la vidéosurveillance au travail de police judiciaire, montrant que cette contribution est réelle mais limitée.
Au final, la vidéosurveillance apparaît essentiellement comme un outil municipal de gestion urbaine de proximité, qui n’a que peu de rapport avec la politique locale de sécurité et de prévention.
L’auteur analyse alors les ressorts politiques du succès de cette technologie, montrant qu’elle a constitué une ressource politique tant pour le gouvernement qui a décidé d’inciter à sa généralisation que pour les élus locaux désireux d’afficher une action dans le domaine, le tout en lien avec le fort développement des industries de la sécurité.
Par : Laurent Mucchielli (Laboratoire Méditerranéen de Sociologie [UMR 7305 CNRS et Aix-Marseille Université])
Éditions : Médecine & Hygiène Dans Déviance et Société 2016/1 (Vol. 40)
ISSN : 0378-7931
ISSN en ligne : 2296-4096
Périodicité : 4 nos /an
Disponibilité : chez l'éditeur
Prix TTC : 5 €
Pour en savoir plus :
- L'analyse du sociologue Laurent MUCCHIELLI avec la ville de Lyon est cinglante : "la vidéo-surveillance coûte très cher et ne sert pas à grand-chose"
- Laurent Mucchielli : "La vidéosurveillance ne résout pas la délinquance... elle la déplace"
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