7 citoyens sur 10 opposés à la loi El Khomri, 3 mois de luttes syndicales et le succès de la grosse manifestation à Paris, des initiatives en province le 14 juin en pleine compétition européenne de football, des milliers de policiers et gendarmes mobilisés en permanence, certains très fatigués qui « pètent les plombs », d’autres qui matraquent à tout va, des députés socialistes totalement discrédités par leur attitude de « petits toutous » qui avalent sans problème le 49-3, la cote de François Hollande à 11% de satisfaits et celle de Valls à 14%...le bon sens ne peut qu’interroger sur cette démarche suicidaire pour l’avenir politique de tous les futurs candidats socialistes. En effet, qui peut penser aujourd’hui qu’aux présidentielles et aux législatives tout ce beau monde ne va pas subir une raclée mémorable ?
Il y a à l’évidence des intérêts « supérieurs » qui guident nos gouvernants, ou plutôt des injonctions. Les plus importantes, les plus évidentes sont celles de la Commission européenne.
En effet, il est important de mieux connaître certains aspects de la gouvernance européenne et son articulation avec les « réformes » nationales. Chaque année, le cycle du semestre européen redémarre, en prenant en compte les épisodes précédents. Tout au long du processus les gouvernements rendent compte à la Commission de ce qu’ils ont fait et celle-ci énonce de nouvelles recommandations. Ainsi, la Commission a « inspiré », pour la France :
• Le CICE et le Pacte de Responsabilité.
• La loi Macron.
• La loi Rebsamen.
• La réforme territoriale.
• La loi santé.
• Les réformes des retraites.
• Les réformes de l’assurance-chômage.
• La loi El Khomri.
Pour 2016, la Commission Européenne a produit
Elles traitent notamment des déficits publics, du système de santé et de retraite, de la rémunération du travail, du contrat de travail, du droit du travail et de la hiérarchie des normes, des liens entre les systèmes d’éducation et le monde du travail, de l’apprentissage et de la formation professionnelle, de la libéralisation des services et des professions réglementées, du système d’assurance chômage, des obstacles pour les entreprises, des effets de seuil pour les Institutions Représentatives du Personnel, des impôts.
On voit bien que la Commission « s’intéresse » à tout ce qui compose le modèle social français pour le faire exploser, conformément au Traité de Maastricht et aux autres qui ont suivi. Petit à petit, elle avance ses pions à une vitesse qui dépend des résistances des Peuples. C’est sûr qu’en ce moment le mouvement social unitaire contre la loi El Khomri freine beaucoup le rouleau compresseur. Il est donc fondamentalement important que celui-ci continue et même s’amplifie. Dans ce contexte, il a été intéressant d’apprendre jeudi 2 juin que la CFE-CGC modifiait son appréciation et dénonçait à présent la loi travail. Le groupe des syndicats béni oui-oui de la loi travail se rétrécit…
La situation est relativement inédite car cette grande bataille se déroule contre un pouvoir qui a été mis en place sous le label « Gauche », contrairement à 2010 avec la bataille des retraites face à un pouvoir sarkoziste. Certes, il ne faut pas avoir beaucoup d’illusions sur la capacité des parlementaires à modifier leur attitude, quoi que. Evidemment, très peu d’entre eux connaissent la réalité du vécu des salariés du privé et du public car les ouvriers se comptent sur les doigts d’une main à l’intérieur de l’hémicycle.
Il ne faut pas que cette réalité de l’emprise des institutions européennes sur la politique des Nations soit un élément de résignation, comme quand on voudrait nous faire croire que « le Marché » est tout puissant, que la mondialisation financière est inéluctable. Ce que des traités basés sur la concurrence des salariés européens entre eux, le moins-disant social, la libre circulation des capitaux, ont établi, peut être annulé et remplacé par des politiques de coopération, de développement harmonieux et respectueux des hommes et de l’Environnement, de création d’emplois, d’augmentation du pouvoir d’achat.
Il faut pour cela du courage, une conviction forte que l’Intérêt Général ne peut pas être résumé à celui des privilégiés mais qu’il est celui de la masse du Peuple. Celles et ceux qui gouvernent notre Pays ne possèdent visiblement pas ces qualités. Il faut donc très vite les remplacer, et en même temps mettre à bas, par des voies pacifiques et démocratiques, la Vème République et son régime de monarchie présidentielle, pour construire une VIème vraiment démocratique et sociale.
Une utopie ? Bien sûr que non. Voyons l’Histoire de France : elle est plein de moments où des hommes et des femmes désintéressés ont su bousculer l’ordre établi, et souvent dans des conditions bien plus difficiles qu’aujourd’hui. A nous toutes et tous, femmes et hommes de bonne volonté, de dépasser les querelles de « boutique » et de savoir nous unir sur l’essentiel.
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